ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
M
MAE - MAJ - MARG - MARJ - MAU - MER - MIN - MONS
M’AME NICOLAS
Opérette en un acte, livret de Gaston Villemer, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1873.
MA FILLE
Opérette en un acte, livret d'Alexis Bouvier, musique d’Isidore-Edouard Legouix, représentée aux Délassements-Comiques le 20 mars 1866.
MA FOLIE-BERGÈRE
Opérette en un acte, musique de M. A. Pilot, représentée aux Folies-Bergère le 17 février 1877.
MA MIE ROSETTE
Opérette en trois actes, livret de Jules Prével et Armand Liorat, musique de Paul Lacôme, représentée aux Folies-Dramatiques le 04 février 1890. L'ouvrage devait s'appeler d'abord la Jeunesse de Henri IV. Le, livret, qui met en scène un épisode romanesque des jeunes amours du Vert-Galant, manque autant de nouveauté que d'invention ; il y a là des souvenirs du Diable à quatre et de Victorine ou la Nuit porte conseil. La musique, fraîche, aimable, gracieuse, lui est de beaucoup supérieure. A signaler, au premier acte, le duo : Nous allons entrer en ménage, la chanson du roi et de gentils couplets ; au second, le chœur de la migraine, un gracieux rondeau de Rosette et les couplets du Cocorico ; au troisième, un morceau d'ensemble bien construit et un charmant duo entre le roi et Rosette. Interprètes : Mlles J. Nesville, Noémie Vernon, Thirion et Montbars, MM. Huguet, Gobin, Vandenne et Bellucci.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MA PETITE AMIE
Opérette en deux actes, livret de Serge Veber, lyrics de Roger Bernstein, musique de Georges Van Parys. Création aux Bouffes-Parisiens le 31 janvier 1937, avec Mmes Loulou Hégoburu, Germaine Roger ; MM. Henri Defreyn, René Dary, Robert Goupil, Carlos Conte.
"Anecdote aimable qui nous fait assister aux aventures d'une jeune fille évadée de sa pension anglaise pour diriger une troupe de danseuses et qui, échouant chez son propre père, devient la fée protectrice de celui-ci et finit par épouser elle-même l'amoureux de sa belle-mère. D'adroits couplets ornent cette anecdote sans prétention." (Larousse Mensuel Illustré, 1937)
MA TANTE AURORE ou LE ROMAN IMPROMPTU
Opéra-comique en deux actes, livret de Charles de Longchamps, musique de François-Adrien Boieldieu.
Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 13 janvier 1803, sous la direction de Théodore Lefèbvre.
Représenté à l'Opéra le 26 mars 1806 lors d'une représentation au bénéfice de Mme Saint-Aubin de l'Opéra-Comique après vingt ans de service.
Représentation au Théâtre-Lyrique (alors Opéra-National, salle du Théâtre-Historique) le 18 octobre 1851.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 27 en 1851, 19 en 1852, 14 en 1853, 10 en 1856.
« Cet ouvrage avait primitivement trois actes ; mais le dernier, ayant été mal accueilli à la première représentation, fut définitivement supprimé à la seconde. Le sujet du poème ne manque pas d'originalité. La Tante Aurore est une vieille fille romanesque qui ne veut marier sa nièce qu'à un héros éprouvé par mille aventures. On organise une scène de brigands, d'attaque à main armée, etc., et on triomphe de la résistance de la tante. La musique de cet opéra est plus correcte, mieux instrumentée que celle du Calife de Bagdad, et offre des motifs pleins de grâce et d'esprit. L'ouverture ne module que de la quinte à la tonique, et cependant son allure mélodique est si élégante, l'orchestration en est si finement agencée qu'on l'entend encore avec plaisir. Le premier duo entre Valsain et Frontin : Malgré de trop justes alarmes, joint à une facture tout italienne un accompagnement d'un goût exquis. Le quatuor des amants : Toi par qui l'on fait des romans ! est une imitation visible du célèbre quatuor de l'Irato, opéra de Méhul, représenté deux ans auparavant, et lui est bien inférieur. Les fautes de prosodie y abondent ; mais il y règne une franche gaieté. Vient ensuite le rondeau de Julie : D'un peu d'étourderie. Dans les couplets de la tante Aurore : Je ne vous vois jamais rêveuse, une des meilleures inspirations de Boieldieu, le caractère et la manie de la vieille fille sont exprimés avec cette finesse de touche dont il avait le secret. Le duo qui suit : Quoi, vous avez connu l'amour ? est traité avec beaucoup d'esprit ; les rentrées ajoutent à la partie vocale des nuances qui la font valoir comme dans les meilleurs ouvrages de Cimarosa. Le second acte est loin d'égaler le premier ; l'intérêt de la pièce s'amoindrit et avec lui la verve du compositeur. Il renferme cependant un duo qui est un chef-d'œuvre : De toi, Frontin, je me défie. L'opéra de Ma tante Aurore eut un grand succès et consacra définitivement la réputation naissante de Boieldieu. Le rôle de Frontin fut un triomphe pour le chanteur Martin. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La première représentation de Ma tante Aurore est du 13 janvier 1803 ; la pièce avait trois actes, dont les deux premiers obtinrent un succès éclatant. Quant au troisième, il dut être supprimé après avoir été violemment sifflé. Mais on pourrait peut-être le rétablir aujourd'hui, devant public d'un atticisme moins chatouilleux ; car la cause principale du tumulte était dans le travestissement de Martin en nourrice, plaisanterie que le parterre d'alors trouva d'un goût trop osé. — Cependant, de ce malencontreux troisième acte est restée une romance longtemps célèbre pour cette particularité que sa mélodie n'emploie que trois notes. Jean-Jacques Rousseau avait déjà essayé de résoudre le même problème (air : Que le jour me dure ; n° 53 du recueil intitulé Consolations des misères de ma vie). Mais il ne menait son motif qu'à la seizième mesure, tandis que celui de Boieldieu eu compte trente-six. Cette romance de Ma tante Aurore (dit Charles Maurice, dans ses Épaves) « obtint une réussite inattendue parmi les Anglais que les suites de la paix d'Amiens avaient attirés à Paris. » — Voir Boieldieu, par Arthur Pougin ; un vol. in-8, Charpentier, 1875. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MA TANTE DORT
Opéra-comique en un acte, livret d’Hector Crémieux, musique d’Henri Caspers. => partition ; livret
Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 21 janvier 1860 avec Mmes Delphine Ugalde (Martine), Duran (Gabrielle), Caroline Vadé (la Marquise), MM. Meillet (Scapin), Auguste Legrand (le Chevalier).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 22 en 1860, 40 en 1864, 5 en 1868.
Première à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 septembre 1860 avec Mmes Delphine Ugalde puis Léocadie Lemercier (Martine), Léonie Bousquet (Gabrielle), Hermance Révilly (la Marquise), MM. Mocker (Scapin), Ponchard (le Chevalier).
Repris à l'Opéra-Comique en 1862.
« C'est une fort jolie pièce, à la fois plaisante et de bon goût. L'introduction jouée par l'orchestre et accompagnée discrètement par les voix, le quatuor : Ma tante dort, l'air bouffe de Scapin : Chez les valets, il faut le reconnaître, et le trio : Scapin est mort, sont les morceaux saillants de la partition, qui a été interprétée par Meillet et Mme Ugalde. Cet ouvrage a été repris à l'Opéra-Comique en 1862. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Arlequinade dont les costumes avaient été copiés sur les gravures du livre de M. Maurice Sand : Masques et Bouffons. En 1862, Mme Ugalde transporta pièce et musique à l'Opéra-Comique. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MA VIEILLE BRANCHE
Opérette en un acte, livret de Hermil (dit Milher) et Numès, musique d’Edouard Deransart, représentée à l’Alcazar d’hiver en 1882.
MACBETH
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Claude Joseph Rouget de Lisle et Auguste Hix, musique de Chelard, ballets de Gardel, représenté à l'Académie royale de musique le vendredi 29 juin 1827 dans des décors de Ciceri, avec Dabadie (Duncan), Dérivis (Macbeth), Ad. Nourrit (Douglas); Mlle Cinti (Moïna) et Mme Dabadie (Macbeth).
« C'est l'ouvrage de Shakespeare et de Ducis, réduit aux proportions de trois actes. Macbeth, généralissime de l'armée écossaise, vient de remporter une victoire décisive ; égaré dans une forêt, il pénètre dans la caverne des sorcières qui lui prédisent qu'il sera roi. Entraîné par sa femme, il poignarde Duncan, crime qu'elle révèle pendant un accès de somnambulisme ; le coupable est arrêté. Succès. »
[Almanach des spectacles, 1828]
« L'arrangement du chef-d’œuvre de Shakespeare pour la scène lyrique n'était pas heureux, surtout à l'Opéra français, où l'action et les paroles du poème sont pour la majeure partie du public le principal de la représentation. Chelard, compositeur excellent, vit sa partition dédaignée, abandonnée par l'administration elle-même. Il y a de très belles choses dans cet ouvrage, mais l'harmonie en est tellement travaillée qu'il n'a pu être compris du public. Le compositeur quitta la France et fit entendre Macbeth à Munich avec le concours de Pellegrini et de Mlle Nanette Schechner, bonne cantatrice. L'opéra réussit complètement. Il en fut de même en Angleterre, où Mme Schroeder-Devrient chanta avec talent le rôle de lady Macbeth. M. Chelard, excellent contre-pointiste, a été dédommagé plus tard de son insuccès en France par la vogue qu'ont obtenue ses solfèges. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« On y remarqua le trio des sorcières, ainsi que plusieurs chœurs d'une belle facture et d'une grande sonorité. Cet opéra toutefois n'était pas destiné à rester au répertoire ; il réussit mieux en Allemagne qu'à Paris.«
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MACBETH
Mélodrame italien en quatre actes, livret de Francesco Maria Piave (1810-1876), d’après la tragédie de William Shakespeare, musique de Giuseppe Verdi.
Personnages : Macbeth, général (baryton) ; Banquo, général (basse) ; Lady Macbeth (soprano lyrico-dramatique) ; dame d’honneur de Lady Macbeth (mezzo-soprano) ; Macduff, noble écossais (ténor) ; Duncan, roi d’Ecosse (rôle muet) ; Malcolm, son fils (ténor) ; Fleance, fils de Banco (rôle muet) ; un médecin (basse) ; un domestique ; un tueur ; un héraut (basse).
L’action se déroule en Ecosse, en 1040.
Première représentation à Florence, Teatro alla Pergola, le 14 mars 1847, avec Marianna Barbieri-Nini (Lady Macbeth), Felice Varesi (Macbeth), Brunacci, Benedetti, sous la direction d’A. Munzio.
Puis il fut joué à Saint-Pétersbourg en 1855 sous le titre de Sivardo il Sassone.
Le 21 avril 1865, une version française fut montée à Paris, au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet), avec un nouveau livret de Maffei (1798-1885) traduit par Nuitter et Beaumont, et une partition adaptée aux goûts du public français, avec Mmes Rey-Balla (Lady Macbeth), Mairot [Meirot] (dame d'honneur), Renaudy (3e fantôme) ; MM. Monjauze (Macduff), Ismaël (Macbeth), Jules Petit (Banquo), Huet (Malcolm), Caillot (chef des Sicaires), Eugène Troy (officier du Palais), Prosper Guyot (un médecin), Péront (1er fantôme), Gilland (2e fantôme), sous la direction d’Adolphe Deloffre.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 14 en 1865.
« Ce sujet fantastique, où le surnaturel joue un rôle si puissant, était complètement en dehors des moyens du compositeur et en opposition avec la nature très humaine et toute nerveuse de son talent. Aussi nous ne pouvons signaler que des efforts plus ou moins heureux, mais aucun morceau vraiment inspiré ni exprimant une situation avec la force qu'exige le drame de Shakespeare. Le chœur des sorcières n'est que bizarre ; le duo de baryton et basse, entre Macbeth et Banco, est bien écrit ; la cavatine de lady Macbeth est pleine d'énergie, mais exige trop de cris et d'efforts. Le meilleur morceau de tout l'opéra est le duo entre Macbeth et sa femme : Fatal mia donna. Dans le second acte, la scène du festin est médiocrement traitée, le brindisi est vulgaire. La scène de l'apparition, dans le troisième acte, est manquée. Le chœur : Ondine e silfidi est agréable. Dans le dernier acte, l'air de Macduff, la scène de somnambulisme et l'air de Macbeth n'offrent rien de bien remarquable. Cet opéra, mis en dix tableaux avec des paroles françaises de MM. Nuitter et Beaumont, fut représenté au Théâtre-Lyrique le 21 avril 1865. La tentative de M. Carvalho échoua. Nous le répétons : l'ensemble de l'opéra de Macbeth est monotone et n'offre pas de morceaux saillants. Nous nous empressons toutefois de constater que M. Verdi a écrit pour la scène française des airs de ballet d'une grande originalité rythmique. Dans aucun de ses ouvrages il n'a fait chanter les premiers violons avec autant de délicatesse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est au printemps de 1847, et sur le théâtre de la Pergola, de Florence, que Macbeth fut chanté pour la première fois. Le maestro Verdi remania profondément son œuvre ayant de la faire entrer au répertoire du Théâtre-Lyrique ; il y ajouta plusieurs morceaux, entre autres des airs de ballet dont l'originalité et la grâce piquante ont été très appréciées. — Les principaux rôles étaient tenus par Ismaël, Petit et Mme Rey-Balla. — Le drame de Shakespeare a été traité plus d'une fois en musique. L'Opéra a donné, en 1827, un Macbeth de Chélard, dont les paroles étaient de Rouget de Lisle, l'auteur de la Marseillaise. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Le Macbeth de Verdi est, par rapport à celui de Shakespeare qui lui servit de modèle, un peu sommaire. Mais cet opéra présente un grand intérêt musicalo-dramatique : les scènes des sorcières, soulignées par un ensemble d'instruments à vent, celles de l'assassinat du roi, de l'apparition du spectre de Banquo et des promenades nocturnes de Lady Macbeth sont d'un effet singulièrement frappant.
ACTE I. — Des sorcières rencontrées sur la lande prédisent à Macbeth une ascension vertigineuse et à Banquo que ses fils accéderont à la dignité royale.
Poussé par son insatiable épouse, Macbeth assassine le roi Duncan et fait porter les soupçons sur le fils de Duncan, qui s'est enfui en Angleterre. Profitant de son absence, Macbeth s'empare de la couronne d'Écosse.
ACTE II. — Macbeth fait poignarder Banquo, mais le fils de celui-ci réussit à s'échapper. Au cours d'un banquet, le spectre de Banquo apparaît, terrorisant Macbeth.
ACTE III. — Les sorcières mettent en garde Macbeth contre Macduff, mais le rassurent en lui affirmant qu'il n'a rien à craindre tant que la forêt de Birnam ne se met pas en marche contre lui.
Lady Macbeth encourage son époux à faire disparaître tous ceux qui pourraient encore lui être un obstacle. Mais, tourmentée par sa mauvaise conscience, elle erre toutes les nuits sans pouvoir trouver le sommeil, jusqu'à ce que la mort la délivre.
ACTE IV. — Malcolm et Macduff attaquent le château de Macbeth. Chaque soldat étant camouflé en portant une branche d'arbre, la forêt elle-même semble se déplacer. Macbeth est abattu par Macduff que tous acclament roi légitime d'Écosse. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
MACBETH
Drame lyrique en un prologue, trois actes et sept tableaux, livret d’Edmond Fleg, d'après la tragédie de William Shakespeare, musique d’Ernest Bloch (composé entre 1904 et 1909).
Personnages : Macbeth, général de l’armée du roi (baryton) ; Macduff, noble écossais (basse chantante) ; Banquo, général écossais (ténor grave) ; Duncan, roi d’Ecosse (ténor) ; Malcolm, son fils (ténor) ; Lennox, noble écossais (ténor grave) ; le portier (baryton) ; un vieux (basse) ; un serviteur (ténor) ; un assassin (basse) ; première apparition (basse) ; un médecin (basse) ; Lady Macbeth (soprano) ; Lady Macduff (soprano) ; la fille de Macduff (mezzo-soprano) ; première sorcière (soprano) ; deuxième sorcière (mezzo-soprano) ; troisième sorcière (contralto) ; seconde apparition (contralto) ; une dame d’honneur (contralto) ; Fleange, fils de Banquo (rôle muet) ; le bébé de Macduff (rôle muet) ; des cavaliers, des dames de la cour, des soldats, des paysans, les apparitions.
L’action se déroule en Ecosse, en 1040.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 30 novembre 1910. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.
Mmes Lucienne BRÉVAL (Lady Macbeth), Lucy VAUTHRIN (Lady Macduff), Jenny FAYOLLE (Fléance), CARRIÈRE (le fils de Macduff), ESPINASSE, Suzanne BROHLY et CHARBONNEL (trois Sorcières), Alice RAVEAU (une Apparition), la petite PRIVAT (un enfant).
MM. Henri ALBERS (Macbeth), Félix VIEUILLE (Macduff), Paul PAYAN (le Vieillard), Raymond GILLES (Lennox), PASQUIER (le Serviteur), Louis AZÉMA (le Meurtrier), DELVOYE (le Portier), GUILLAMAT (l'Apparition), François MARIO (Malcolm), Jean LAURE (Banco), FEODOROFF (Duncan).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
13 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
MACCHABÉES (LES)
[Die Maccabäer]
Opéra allemand en trois actes, livret de Salomon Hermann Mosenthal (1821-1877), version française d’Edouard Blau et Philippe Maquet (vers 1895), musique d’Anton Rubinstein, représenté à Berlin, Königliche Theater, le 17 avril 1875.
MAÇON (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Sewrin, musique de Lebrun, représenté à Feydeau le 04 décembre 1799. C'est une bluette sans intérêt.
MAÇON (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et de Germain Delavigne, musique d'Esprit Auber.
Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 mai 1825, avec Mmes Pradher (Irma), Eugénie Rigaut (Henriette), Marie Julie Boulanger (Mme Bertrand), Eléonore Colon (Zobéïde), MM. Lafeuillade (Léon de Mérinville), Ponchard (Roger), Vizentini (Baptiste), Darancourt (Usbeck), Henri (Rica), Belnie (un garçon de noce), sous la direction de François Pasdeloup.
Reprise à l'Opéra-Comique le 17 janvier 1845.
« Au milieu d'une noce, le maçon est enlevé par des inconnus pour murer la porte d'une grotte où sont enfermés deux amants surpris par un Turc jaloux ; il ne sait où on l'a conduit. Le hasard lui fait découvrir la retraite de ces infortunés, et il les délivre. Gaieté, esprit, intérêt, musique agréable, tout a contribué au succès de cet ouvrage, dont le sujet est rapporté dans les Mémoires de Bachaumont. »
[Almanach des spectacles, 1826]
« Tout est joli dans cet ouvrage, qui a eu le plus grand succès, et est resté au répertoire. Tout le monde connaît l'air : Du courage, à l'ouvrage. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MADAME ANGOT À CONSTANTINOPLE
Opérette en trois actes, paroles de M. Seminilny, musique de M. Valentin, représentée au Havre le 11 avril 1874.
MADAME ANGOT ET SES DEMOISELLES
Opérette , représentée au théâtre des Folies-Marigny en 1874.
MADAME BONIFACE
Opéra-comique en trois actes, livret d’Ernest Depré et Charles Clairville, musique de Paul Lacôme, représenté aux Bouffes-Parisiens le 20 octobre 1883.
« Madame Boniface est une gentille confiseuse du siècle dernier, dont le mari, qu'elle aime d'ailleurs, est ridiculement jaloux. Celui-ci l'envoie tout à coup à Orléans, pour la soustraire aux assiduités d'un grand seigneur, le comte Annibal de Tournedor. Mais le comte est un matois, qui, ayant eu vent de la chose, se déguise en cocher pour conduire lui-même la jeune femme, qu'il emmène non à Orléans, bien entendu, mais simplement dans son hôtel. Boniface, informé, éperdu, a recours à la justice, qui se déclare impuissante. Il songe alors à quitter Paris et à retourner simplement dans son pays d'Auvergne, lorsqu'il apprend que Friquette, sa femme, a réussi à s'échapper des mains de M. le comte et qu'elle en est sortie... comme elle y était entrée. Et pendant ce temps, le comte Annibal a été joué par son ami Fridolin, qui lui a soufflé sa fiancée. Tout est bien qui finit bien. A part les invraisemblances inhérentes au genre, le livret de Madame Boniface est amusant et très acceptable. La musique est agréable, fine et distinguée. On en peut signaler, au premier acte, la romance d'Annibal : Comme la fleur..., le trio des cornets et la valse insérée dans le finale ; au second, les couplets à trois voix : Change, change, un joli petit chœur, un duo bien construit et les couplets de Friquette : Il faut se taire ; enfin, au troisième, les couplets de Fridolin et la chanson auvergnate. Mme Théo apportait sa voix aiguë et sa grâce un peu mignarde au personnage de Friquette ; M. Piccaluga, un vrai chanteur au baryton velouté et plein de charme, débutait brillamment dans celui d'Annibal, après avoir fâcheusement végété à l’Opéra-Comique ; les autres rôles étaient tenus par MM. Maugé (Boniface), Charles Lamy (Fridolin), Riga (de la Vieille-Brèche), Désiré (Jacquot) et Mlle Levasseur (Isabelle). »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MADAME BONJOUR
Opérette, musique de Friedrich von Flotow, représentée à Vienne dans le mois de juin 1861. Cet ouvrage est le même que celui qui a pour titre la Veuve Grappin.
MADAME BOVARY
Drame lyrique en trois actes et sept tableaux, livret de René Fauchois, d'après le roman de Gustave Flaubert, musique d’Emmanuel Bondeville.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 01 juin 1951. Mise en scène de Louis Musy. Maquettes des décors et costumes d'André Planson. Décors exécutés par Deshays. Costumes exécutés par H. et A. Mathieu, la maison Madelle, et dans les Ateliers de l'Opéra-Comique par Thérèse Marjollet.
Mmes Jacqueline BRUMAIRE (Emma Bovary), Jeanne MATTIO (Félicité), Marguerite LEGOUHY (Mme Lefrançois), LEROY-THIEBAUT (Artémise), Claire CHAUVET (Virginie), Geneviève DUPUIS (Jeanne), Cécile SONNYS (une Commère), Simone FLAMENT, Yvette GENTY, Simone HEURTAULT et Denise JOLY (quatre Femmes).
MM. Roger BOURDIN (Lheureux), Michel DENS (Rodolphe), Émile ROUSSEAU (Homais), Louis RIALLAND (Charles Bovary), Charles CLAVENSY (Rouault), Xavier SMATI (l'Abbé Bournisien), Serge RALLIER (Léon), Michel ROUX (l'Aveugle), André NOEL (Nicolas), Charles DAGUERESSAR (Charlot), Jean ÉNIA (Arthur), Julien THIRACHE (Lestiboudois), Gustave ARSCHODT et Jean MICHEL (deux Paysans), Georges LAURENT (un Meunier, Eugène), Jean-Louis CARTIER (Binet, le Capitaine des Pompiers), Georges THERY (un Meunier, le Maire), Albert CARLE (Médéric), Étienne GILLY (Jules), Raphaël MAGNICOT (Martin), Richard HAVERBECK (Louis), Fernand LEDUC (Victor), Georges OLIVIER (Anthème), Roch PALERME (Arsène), André DUDOUET (un Meunier).
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
29e représentation le 26 avril 1962.
Mmes Andrée ESPOSITO (Emma Bovary), Solange MICHEL (Félicité), Gabrielle RISTORI (Mme Lefrançois).
MM. René BIANCO (Lheureux), Michel DENS (Rodolphe), Charles CLAVENSY (Homais), Jean GIRAUDEAU (Charles Bovary), Georges ALVES (Rouault), Jacques MARS (l'Abbé Bournisien), Rémy CORAZZA (Léon), Pierre GERMAIN (l'Aveugle), Jacques LOREAU (Nicolas), Antoine GRIFFONI (Charlot), Georges DAUM (Arthur), Julien THIRACHE (Lestiboudois).
Chef d'orchestre : Jésus ETCHEVERRY.
14 représentations en 1951, 7 en 1952, 1 en 1953, 2 en 1954, 2 en 1955, 11 en 1962, 3 en 1963, soit 40 au 31.12.1972.
MADAME BUTTERFLY
[Madama Butterfly]
Tragédie lyrique italienne en trois actes, livret de Luigi Illica (1857-1919) et Giuseppe Giacosa (1847-1906), d’après la pièce de David Belasco tirée d’une nouvelle de John Luther Long ; version française de Paul Ferrier ; musique de Giacomo Puccini.
Personnages : Cio-Cio-San, dite Madame Butterfly (soprano); Suzuki, sa servante (mezzo-soprano); Kate Pinkerton, l’épouse américaine de Pinkerton (soprano); F. B. Pinkerton, officier de la Marine américaine (ténor) ; Goro, marieur (ténor) ; Sharpless, consul des Etats-Unis à Nagasaki (baryton) ; le prince Yamadori, riche Japonais (baryton) ; le Bonze, oncle de Cio-Cio-San (basse) ; le commissaire impérial (basse) ; l’officier du registre (baryton) ; l’enfant de Cio-Cio-San ; les parents et les amis de Cio-Cio-San ; des domestiques.
Création à la Scala de Milan le 17 février 1904, par :
Mmes Rosina STORCHIO (Cio-Cio-San), GIACONIA (Suzuki).
MM. ZENATELLO (Pinkerton), G. DE LUCA (Sharpless), PINI-CORSI (Goro), sous la direction de Cleofonte CAMPANINI.
Création de la version définitive (profondément remaniée) le 28 mai 1904 à Brescia, avec Krusceniski et Zenatello, sous la direction d’Arturo Toscanini.
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LONDRES Covent Garden 10.07.1905 |
NEW YORK Metropolitan 11.02.1907 |
Cio-Cio-San |
E. DESTINN |
G. FARRAR |
Souzuki |
LEJEUNE |
L. HOMER |
|
|
|
Pinkerton |
E. CARUSO |
E. CARUSO |
Sharpless |
A. SCOTTI |
A. SCOTTI |
Goro |
X |
A. REISS |
Chef d’orchestre |
CAMPANINI |
A. VIGNA |
Première fois à Londres, au Covent-Garden, le 10 juillet 1905 ; au Metropolitan de New York le 11 février 1907.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 29 octobre 1909, dans la version française, avec Mmes Zorah Dorly (Cio-Cio-San), Symiane (Souzouki), Sonia (Kate Pinkerton), Paulin (la mère de Cio-Cio-San), De Bolle (la cousine), Aubry (la tante), MM. Saldou (Pinkerton), de Cléry (Sharpless), Dua (Goro), Colin (le prince Yamadori), Delaye (le bonze), Villier (Yakousidé), Danlée (le commissaire impérial), Engel (l'officier du registre), sous la direction de S. Dupuis.
Première à l'Opéra-Comique le 28 décembre 1906. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly. Costumes de Félix Régamey.
Mmes Marguerite CARRÉ (Cio-Cio-San), Berthe LAMARE (Souzouki), Marguerite BÉRIZA (Kate), OLRY (la Mère), Rachel LAUNAY (la Cousine), VILLETTE (la Tante), petite PLANSON (l'enfant)
MM. Edmond CLÉMENT (Pinkerton), Jean PÉRIER (Scharpless), Maurice CAZENEUVE (Goro), Fernand FRANCELL (le Prince Yamadori), HUBERDEAU (le Bonze), Louis AZÉMA (Yakusidé), DE POTTER (le Commissaire impérial), FÉVRIER (l'Officier du registre).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
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01.10.1909 Opéra-Comique
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19.04.1912 Opéra-Comique (100e) |
21.06.1912 Opéra-Comique
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01.07.1916 Opéra-Comique (127e) |
13.11.1927 Opéra-Comique (455e) |
19.04.1928 Opéra-Comique (467e) |
22.05.1929 Opéra-Comique (500e) |
Cio-Cio-San |
M. CARRÉ |
M. CARRÉ |
M. CARRÉ |
Marthe DAVELLI |
Andrée CORTOT |
M. SOYER |
M. SOYER |
Souzouki |
LAMARE |
S. BROHLY |
S. BROHLY |
M. MATHIEU |
CERNAY |
CERNAY |
L. ESTÈVE |
Kate |
BROHLY |
HEILBRONNER |
HEILBRONNER |
J. CALAS |
Y. BREKA |
Y. BREKA |
Y. BREKA |
la Mère |
B. MARIETTI |
B. MARIETTI |
B. MARIETTI |
VILLETTE |
VILLETTE |
VILLETTE |
VILLETTE |
la Cousine |
GANTERI |
POUMAYRAC |
GANTERI |
CARRIÈRE |
PLA |
PLA |
PLA |
la Tante |
VILLETTE |
VILLETTE |
VILLETTE |
MARINI |
JULLIOT |
JULLIOT |
JULLIOT |
l'Enfant |
petite PLANSON |
petite PRIVAT |
petite PRIVAT |
petite MORTIER |
petite DORIS |
petite DORIS |
petite DORIS |
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Pinkerton |
Léon BEYLE |
F. FRANCELL |
F. FRANCELL |
Ch. FONTAINE |
LEGRAND |
VILLABELLA |
R. GIRARD |
Scharpless |
ALLARD |
J. PÉRIER |
J. PÉRIER |
J. PÉRIER |
TUBIANA |
André ALLARD |
André ALLARD |
Goro |
Maurice CAZENEUVE |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Yamadori |
FRANCELL |
PASQUIER |
PASQUIER |
DE CREUS |
MATHYL |
MATHYL |
MATHYL |
le Bonze |
PAYAN |
BELHOMME |
PAYAN |
BELHOMME |
MORTURIER |
GILLES |
MORTURIER |
Yakusidé |
BELHOMME |
PAYAN |
BELHOMME |
PAYAN |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
Commissaire |
VAURS |
VAURS |
VAURS |
DELOGER |
E. ROUSSEAU |
E. ROUSSEAU |
E. ROUSSEAU |
Officier |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
Chef d'orchestre |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
Albert WOLFF |
G. VISEUR |
LAUWERYNS |
LAUWERYNS |
LAUWERYNS |
|
28.01.1931 Opéra-Comique (555e) |
03.03.1938 Opéra-Comique (643e) |
10.06.1945 Opéra-Comique
|
28.10.1945 Opéra-Comique
|
01.02.1950 Opéra-Comique (811e) |
24.05.1951 Opéra-Comique (827e) |
11.12.1955 Opéra-Comique (924e) |
Cio-Cio-San |
Yoshiko MIYAKAWA |
F. HELDY |
Jane ROLLAND |
Georg. CAMART |
Jeanne SEGALA |
Geori BOUE |
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Souzouki |
BERNADET |
J. MATTIO |
Jeanne MATTIO |
Jeanne MATTIO |
Raymonde NOTTI-PAGES |
Jeannine COLLARD |
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Kate |
FENOYER |
M. DROUOT |
Germaine CHELLET |
Germ. CHELLET |
Madeleine DROUOT |
Germaine CHELLET |
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la Mère |
VILLETTE |
VILLETTE |
VILLETTE |
FENOYER |
Jacqueline CAUCHARD |
Andrée GABRIEL |
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la Cousine |
CHAMPAGNE |
SECONDI |
Lily DANIERE |
Lily DANIERE |
Lily DANIERE |
Jany DELILLE |
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la Tante |
JULLIOT |
LEGOUHY |
LECONTE |
Christ. GAUDEL |
Christ. GAUDEL |
Georgette SPANELLYS |
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l'Enfant |
petite DORIS |
petite ANCELIN |
petite Zabeth BREYNE |
Dany MOUCHOT |
Nicole BELLAMY |
Arlette KOCKLER |
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Pinkerton |
Jean NEQUEÇAUR |
L. ARNOULT |
Pierre FOUCHY |
André SEGUY |
Edouard KRIFF |
RIALLAND |
RIALLAND |
Scharpless |
W. TUBIANA |
W. TUBIANA |
Jean VIEUILLE |
Emile ROUSSEAU |
Emile ROUSSEAU |
Robert JEANTET |
VIEUILLE |
Goro |
DE CREUS |
R. HERENT |
Jacques HIVERT |
LE PRIN |
Paul PAYEN |
Paul PAYEN |
Jacques HIVERT |
Yamadori |
GÉNIO |
G. COURET |
Jean DROUIN |
Jean DROUIN |
Gabriel COURET |
P. GIANNOTTI |
R. MASSARD |
le Bonze |
GILLES |
L. DUFONT |
G. WION |
G. WION |
Gustave WION |
Gustave WION |
Jacques MARS |
Yakusidé |
P. PAYEN |
JULLIA |
POUJOLS |
MAURANE |
Jean GIRAUD |
Jean GIRAUD |
Jean GIRAUD |
Commissaire |
BEKAERT |
RAVOUX |
PAYEN |
PAYEN |
Julien THIRACHE |
Julien THIRACHE |
Henri BEDEX |
Officier |
POUJOLS |
POUJOLS |
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Chef d'orchestre |
LAUWERYNS |
G. CLOËZ |
G. CLOËZ |
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Jean FOURNET |
Pierre DERVAUX |
Albert WOLFF |
817 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 19 en 1951, 18 en 1952, 15 en 1953, 16 en 1954, 21 en 1955, 25 en 1956, 20 en 1957, 20 en 1958, 10 en 1959, 31 en 1960, 31 en 1961, 25 en 1962, 23 en 1963, 15 en 1964, 20 en 1965, 21 en 1966, 16 en 1967, 13 en 1968, 11 en 1969, 12 en 1970, 16 en 1971, 2 en 1972, soit 1217 au 31.12.1972.
Première fois au Palais Garnier, (les 2e et 3e actes seulement) le 28 juin 1928, à l'occasion d'une représentation de Gala.
Mmes HELDY (Cio-Cio-San), ESTEVE (Souzouki), GERVAIS (Kate), la petite DORIS (l'Enfant).
MM. VILLABELLA (Pinkerton), Robert COUZINOU (Sharpless), DUBOIS (Goro), GILLES (Yamadori).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
L'action se déroule au Japon au début du XXe siècle. Un officier américain, Pinkerton, a épousé une petite Japonaise, Cio-Cio-San, dite Madame Butterfly, qu'il a ensuite abandonnée quand son navire a levé l'ancre. Butterfly a pris ce mariage tout à fait au sérieux et, trois ans après, elle attend encore Pinkerton, quand le Consul américain lui apporte une lettre de rupture. Elle n'y peut croire, d'autant que le navire de Pinkerton entre en ce moment même dans la rade. Mais Pinkerton s'est marié en Amérique, et sa femme vient chercher l'enfant qu'il a eu de Cio-Cio-San. Désespérée, la pauvrette se donne alors la mort.
ACTE I. — Sur la colline, près de Nagasaki. Une maison japonaise avec terrasse et jardin. Au loin, la rade, le port et la ville de Nagasaki.
Au lever du rideau, Goro, l'interprète, explique à Pinkerton, le fonctionnement des « shoris » de la maison qu'il va habiter. Des serviteurs se présentent ; on apprête le mariage de Pinkerton avec la jeune Cio-Cio-San. Le Consul Sharpless arrive, tout essoufflé. Pinkerton lui fait part du caprice qu'il a eu d'épouser la petite Japonaise, fantaisie qu'il entend bien être sans lendemain, vu la souplesse de la loi du pays. Butterfly paraît avec ses amies, puis ses parents, l'officier du registre et le Commissaire impérial. La cérémonie est rapidement liquidée, mais à la fin survient le vieil Oncle Bonze dont les malédictions véhémentes, adressées à celle qui trahit ses dieux pour épouser un étranger, jettent un froid. Les parents s'éloignent en reniant la pauvrette, qui tombe en sanglotant dans les bras de son époux. Pinkerton l'entraîne dans la maisonnette [Duo : Bimba degli occhi... / Fille aux grands yeux pareils à des étoiles...].
ACTE II. — L'intérieur de la maison de Butterfly.
La chambre est plongée dans une demi-obscurité. Souzouki prie. Butterfly est seule depuis trois ans. La misère est prochaine, mais la jeune femme conserve fermement l'espoir que Pinkerton reviendra comme il l'a promis [Grand Air de Butterfly : Un bel di vedremo... / Sur la mer calmée...]. Butterfly et Souzouki s'embrassent, puis la servante se retire. Dans le jardin paraissent alors Goro et Sharpless. Le Consul frappe discrètement et entre. Il tire de sa poche une lettre de Pinkerton. Butterfly est tout émue. L'entretien est interrompu par l'arrivée du Prince Yamadori, un soupirant qui espère épouser Butterfly, déliée depuis longtemps de son hymen avec Pinkerton, selon la loi japonaise, mais non selon celle des Etats-Unis par laquelle Cio-Cio-San s'estime sérieusement liée. Le Prince part, navré, gardant cependant encore un peu d'espoir. Sharpless, avec une réelle émotion, donne à la pauvrette connaissance du message de rupture de Pinkerton. Butterfly n'y veut pas croire, court dans la chambre et revient triomphalement avec son enfant sur l'épaule. Elle demande à Sharpless d'écrire à Pinkerton qu'un fils attend ici son père. Le Consul le promet et sort rapidement. Souzouki entre alors, traînant Goro qui a répandu de fâcheux propos sur l'enfant de Butterfly. Butterfly menace de le tuer, puis, prise de dégoût, le repousse du pied. Goro s'enfuit. Butterfly reporte alors sa pensée vers l'enfant.
On entend un coup de canon : c'est un navire qui entre en rade, un navire américain, celui qui ramène Pinkerton ! Dans une grande exaltation, Butterfly court sur la terrasse, fait mettre des fleurs dans toutes les pièces de la maison et se prépare à recevoir l'époux si longtemps attendu. La nuit vient, l'enfant s'endort, étendu sur un coussin. Souzouki s'endort aussi, accroupie. Butterfly reste seule, toujours debout et immobile.
ACTE III. — Même décor.
[Introduction Symphonique.]
On entend des cris au loin, dans la baie, des bruits de chaînes, d'ancres, de manœuvres maritimes. Le grand jour est là. Souzouki s'éveille, va vers Butterfly et lui frappe sur l'épaule. Butterfly est toujours persuadée que Pinkerton viendra encore. Butterfly berce son enfant en l'emportant dans la chambre. Souzouki hoche tristement la tête. On frappe légèrement à la baie du fond, puis plus fort. Pinkerton et Sharpless entrent avec précaution. S'adressant à Souzouki, ils lui avouent que la femme de Pinkerton, celle qu'il a épousée en Amérique, est là. Pinkerton, toujours plus agité, va et vient dans la pièce et l'examine, ému de retrouver l'asile de son bonheur. Poussée par Sharpless, Souzouki sort au jardin rejoindre Mrs Pinkerton. Vaincu par l'émotion, Pinkerton comprend enfin tout le mal qu'il a fait sans le vouloir et n'ose paraître lui-même devant la délaissée. Serrant la main du Consul, il sort vivement.
Souzouki revient du jardin avec Kate Pinkerton qui s'arrête au pied de la terrasse, enjoignant à la servante de Butterfly de dire à celle-ci qu'elle est venue cherchant l'enfant.
Butterfly entre précipitamment et cherche partout celui qu'elle croit trouver là. Elle aperçoit Kate, interroge Sharpless et comprend enfin la triste vérité. Dans une heure, ils pourront revenir et l'enfant leur sera remis, puisque telle est la volonté de son père.
Tout le monde parti, Butterfly se remet lentement. Voyant que le jour est venu, elle fait fermer tous les « shoris », allume une lumière devant le Bouddha, va à l'armoire, en retire un voile qu'elle jette par-dessus le paravent, puis elle prend le couteau qui est accroché au mur, en baise religieusement la lame, la tenant à deux mains par la pointe et à la poignée, lit à voix basse les mots qui y sont gravés, puis l'appuie de côté sur sa gorge...
La porte de gauche s'ouvre : on voit le bras de Souzouki qui pousse l'enfant vers sa mère. Butterfly laisse tomber le couteau et caresse encore une fois le petit avant de le renvoyer dans le jardin, par le « shori » entr'ouvert. Puis elle ramasse le couteau et passe derrière le paravent... On entend le couteau tomber à terre, puis le voile est tiré derrière le paravent. Du dehors, à cet instant, Pinkerton appelle Butterfly. Elle reparaît, alors, chancelante, et essaie de se diriger vers la porte. Mais ses forces la trahissent... elle tombe morte.
« Principaux personnages : Cio-Cio-San (Butterfly) ; F.-B. Pinkerton ; Sharpless, consul américain à Nagasaki ; etc.
L'action se passe à Nagasaki, de nos jours.
Les mariages à terme du Japon ont inspiré à Loti Madame Chrysanthème et à John-L. Long et David Belasco Madame Butterfly. Le thème de ce drame lyrique est si simple qu'il se peut raconter en peu de mots : tout l'intérêt de la pièce est dans le décor et dans l'atmosphère que lui crée la musique.
Donc, au premier acte, nous assistons au mariage de Butterfly et de Pinkerton. Pour l'Américain, il s'agit d'une simple fantaisie sans lendemain, à laquelle mettra un terme naturel le départ de son navire, puisque aux termes de la loi japonaise l'abandon prolongé entraîne ipso facto le divorce. Pour Butterfly, la chose est tout à fait sérieuse et elle se considère comme l'épouse de Pinkerton pour la vie.
Au second acte, Butterfly est seule depuis trois ans. Elle seule continue à croire de toute son âme au retour de son mari. En l'attendant, elle prend patience en reportant toute sa tendresse sur l'entant qu'elle a eu de lui. Elle repousse toutes les avances d'autres épouseurs qui se présentent.
Sharpless, le consul, arrive porteur d'un message de rupture. La pauvre femme se refuse à y croire. Et justement, comme pour lui donner raison, le navire de Pinkerton entre en rade. Plus de doute : il va venir ! Et elle fait mettre des fleurs dans toutes les pièces de la maison...
Acte troisième : la nuit est venue, mais Pinkerton n'a pas paru. La confiance de Butterfly est à peine ébranlée. Tandis qu'elle est sortie, arrivent Sharpless, Pinkerton et la femme qu'il a épousée en Amérique. En apprenant la vérité, l'époux infidèle comprend le mal qu'il a fait sans le vouloir et n'ose pas paraître devant la délaissée. C'est sa femme qui, avec une infinie délicatesse, ouvrira les veux à la pauvre mousmé et lui demandera l'enfant, promettant d'être pour lui la plus tendre des mères. Butterfly reste les yeux secs : dans cet effondrement de toute sa vie elle ne trouve pas de larmes. Elle fait dire au père de repasser dans une heure : son enfant lui sera remis.
Tout le monde est parti. Butterfly allume alors une lampe devant le Bouddha, tire de l'armoire un voile blanc qu'elle jette par dessus le paravent, puis prend un couteau. Elle fait ses adieux à son fils, puis le dépose dans le jardin. Elle passe alors derrière le paravent... on entend tomber le couteau... le voile est tiré. La pauvre femme paraît mortellement frappée, chancelle et tombe aux pieds de Pinkerton, accouru plein d'angoisse. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« La trame de ce fait divers lyrique est menue, menue, comme toutes choses du Japon vu à la manière de Pierre Loti. Les broderies d'un paravent à trois panneaux la raconteraient mieux que nous, avec plus de couleur locale — car, mélodie à part, c'est presque uniquement un prétexte à décors. MM. John L. Long et David Belasco, les premiers pères de Madame Butterfly, ont, sous ce nom gracieux, fait revivre — et mourir — une Madame Chrysanthème plus féminine et tragique — et qui se souvient de Lakmé... Sur ce sujet, MM. Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, traduits en français par Paul Ferrier — collaborateurs habituels du maestro Giacomo Puccini — ont inspiré son dernier grand succès musical à l'auteur de la Bohème et de la Tosca — dont la cadette Butterfly, créée d'abord le 17 février 1904, à Milan, où elle tomba sous une cabale, a été interprétée pour la première fois en France le 28 décembre 1906, après une carrière heureuse à l'étranger.
***
En escale à Nagasaki, Pinkerton, officier de la marine américaine, contracte avec la jolie mousmée Cio-Cio-San (Butterfly), un mariage de fantaisie à la mode du pays nippon. C'est-à-dire que de telles unions sont résiliables sans cérémonie, puisqu'il suffit d'un abandon pour constituer le divorce — et Pinkerton compte bien, sa curiosité satisfaite et son caprice passé, s'en aller tranquillement avec son navire sans plus se soucier de la poupée fragile avec laquelle il aura joué au ménage.
Malheureusement, la gentille Japonaise n'a pas compris l'amour de cette façon-là. Tout entière, elle s'est donnée à un sentiment qu'elle croyait réciproque ; et lorsque Pinkerton est parti — lui laissant un enfant en guise de souvenir — elle ne peut supposer qu'elle attend en vain son retour. Sans se décourager, elle éconduit quelques prétendants plus sincères et n'écoute pas plus leurs conseils qu'elle ne se résigne à prendre au sérieux la lettre de rupture qui lui est remise par les soins du consul américain, Mr. Sharpless... d'autant plus que le navire de Pinkerton vient d'être signalé. Butterfly se réjouit.
Cependant, le navire est entré en rade — et Pinkerton n'a pas encore paru. Butterfly sort pour procéder à ses préparatifs de fête. L'officier paraît enfin — en compagnie d'une jeune compatriote qu'il a épousée aux Etats-Unis ! Le consul américain lui apprend que sa petite Nippone lui est restée fidèle et n'a pas cessé de l'aimer — et Pinkerton, désolé, ne sait plus que faire... Sa femme, alors, se chargera de révéler à sa rivale la pénible vérité. Les paroles qu'elle lui adresse sont assurément pleines de tact et de cœur — mais il ne s'agit de rien moins que de lui enlever l'enfant, avec toutes sortes de bonnes promesses...
Cio-Cio-San a compris — elle demeure en apparence impassible et passive ; — tout, dans son attitude, semble justifier la légèreté de son époux et la réputation de sentimentalité superficielle que l'on a faite à ses pareilles... Elle s'incline, elle accepte ; Pinkerton pourra venir reprendre son fils.
Butterfly adresse à l'enfant des adieux navrants... Elle achève de mystérieux apprêts, religieux et funèbres, et, lorsqu'elle entend Pinkerton, disparaît un instant derrière un paravent voilé. L'officier perçoit un bruit sourd, une plainte — il se précipite.... et reçoit dans ses bras la pauvre amoureuse, qui s'est poignardée, simplement. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MADAME CARTOUCHE
Opéra-comique en trois actes, livret de William Busnach et Pierre Decourcelle, musique de Léon Vasseur, représentée aux Folies-Dramatiques le 19 octobre 1886, avec Mmes Marie Grisier-Montbazon (Sylvine), Jeanne Becker (Olympe) ; MM. Vauthier (La Bretèche), Gobin (Grégoire), Guy (Anicet), Riga (Grippardin), Bellucci (Le Courrier), Duhamel (Léveillé).
« Livret un peu obscur, mais en somme amusant et gai, quoique d'une gaité parfois un peu bien grosse, avec aussi peu de vraisemblance que possible, ce qui ne tire pas à conséquence en matière d'opérette ; musique assez agréable, dont on peut détacher quelques morceaux : au premier acte, un duo sentimental, Dis-moi comment l'amour t'a pris, et un duo bouffe ; au second, un amusant chœur de brigands ; et au troisième un duo de soprano et baryton fort bien venu. La pièce était bien jouée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MADAME CHRYSANTHÈME
Conte lyrique en un prologue, quatre actes et un épilogue, livret de Georges Hartmann et André Alexandre, musique d’André Messager. Création au théâtre de la Renaissance le 26 janvier 1893. => fiche technique
MADAME CLARA (SOMNAMBULE)
Folie musicale en un acte, livret d’Albert Vanloo et Eugène Leterrier, musique d’Isidore-Edouard Legouix, représentée au Palais-Royal le 15 mars 1877.
MADAME DE POMPADOUR
Opérette en trois actes et quatre tableaux, version française d'Albert Willemetz, Max Eddy et Jean Marietti, musique de Léo Fall. Création française au Théâtre Marigny le 17 mai 1930, avec Mmes Vecart (Mme de Pompadour), J. Marèse (Belotte), M. Thibault (Madeleine) ; MM. R. Burnier (René), R. Hérent (Calicot), Nelson (Poulard).
« Au cabaret du Jardin des Muses, Mme de Pompadour inconnue, s'éprend d'un jeune noble ; mais il y a également là un chansonnier qui se moque de la favorite. Celle-ci fait arrêter tout le monde par le ministre Maurepas, venu là pour surprendre la favorite. Elle tient ainsi dans ses filets le jeune noble. Louis XV surprend celui-ci chez sa maîtresse. Or, c'est précisément le mari d'une des amies de Mme de Pompadour : tout s'arrangera. Sur ces péripéties compliquées, Léo Fall a écrit une partition délicate qui tient de l'opérette viennoise et de l'opéra-comique. »
(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1930)
MADAME DE RABUCOR
Opéra bouffe en un acte, livret d'Adolphe Jaime, musique de Mme C. de Sainte-Croix, représenté aux Bouffes-Parisiens en février 1874.
MADAME DIOGÈNE
Opérette en un acte, paroles de MM. Legentil et Ryon, musique de M. Queille, représentée au concert de la Scala le 17 mars 1880.
MADAME DUGAZON
Opéra-comique en un acte, livret de Louis Leloir et Paul Gravollet, musique de Charles Hess.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 mai 1902. Mise en scène d’Albert Carré. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Mathilde de CRAPONNE (Madame Dugazon), COSTES (Marton).
M. André ALLARD (Dugazon).
Chef d'orchestre : GIANNINI.
12 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Ceci est une simple bleuette, qui ne rappelle même pas une anecdote plus ou moins authentique de l'existence de l'admirable artiste que fut Mme Dugazon. C'est un sujet de fantaisie, où les auteurs ont simplement imaginé une petite scène de jalousie et de raccommodement entre Mme Dugazon et son mari aux premiers jours de leur union — union qui ne fut d'ailleurs ni très longue ni très heureuse, et qui se rompit plus tard par un divorce. Sur cette bleuette M. Charles Hess a brodé une petite musique aimable, légère, à la fois bien écrite et sans prétention et telle qu'elle convenait au sujet. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MADAME FAVART
Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Jacques Offenbach.
Première représentation à Paris, Folies-Dramatiques, le 28 décembre 1878, avec Mmes Juliette Girard [Simon-Girard] (Madame Favart), Gélabert (Suzanne), MM. Lepers (Favart), Luco (le Major Cotignac), Simon-Max (Hector de Boispréaux), Maugé (De Pont-Sablé), Octave (Biscotin), Speck (le Sergent Larose), sous la direction de Victor Herpin.
« Le genre de l'opérette s'accommode volontiers du libertinage élégant du XVIIIe siècle et, en empruntant les usages et le langage de cette époque, les auteurs peuvent éviter la trivialité des mœurs contemporaines. Voici l'analyse rapide de la pièce. Mme Favart aime son mari et veut lui demeurer fidèle. Pour éviter le courroux de Maurice de Saxe, le pauvre Favart a été obligé de se cacher et sa femme de prendre divers déguisements. Tous deux s'intéressent aux amours d'Hector de Beaupréaux et d'une jeune fille nommée Suzanne. Comme Hector ne peut être agréé qu'après avoir été nommé lieutenant de police à Douai, Mme Favart obtient cette place pour lui du marquis de Pontsablé en se faisant passer pour la femme d'Hector. Pontsablé, chargé d'arrêter l'actrice, se rend chez Hector, où les deux comédiens sont cachés. Il ne reconnaît pas Mme Favart, qui est déguisée en servante et envoie Suzanne au maréchal de Saxe qui, pour célébrer la victoire de Fontenoy, veut faire jouer devant lui la Chercheuse d'esprit. Suzanne est dans le plus grand embarras ; elle n'est jamais montée sur les planches et ne peut jouer le rôle de Nicette. Mme Favart la tire d'affaire ; elle est venue au camp sous un déguisement ; elle joue le rôle a merveille, obtient du roi sa grâce personnelle, celle de son mari et la disgrâce de Pontsablé. En traitant ce sujet léger, où tout est factice et de convention, le compositeur était dans son élément ; aussi sa partition est-elle une de ses meilleures et des plus variées. Les ensembles sont toujours bien vulgaires ; mais les couplets sont agréablement tournés, et il y en a beaucoup. La ronde égrillarde :
Ma mère aux vignes m'envoyit
Je n' sais comment ça s' fit,
est un pastiche du style de ce temps ; elle a été naturellement bissée par le public des Folies-Dramatiques. Les couplets de Suzanne priant son père de lui laisser épouser Hector ont un certain charme que la vulgaire familiarité des paroles laisse encore subsister ; la chanson de l'Échaudé, chantée par Favart, semble tirée, paroles et musique, du répertoire du théâtre de la foire Saint-Germain, tant l'imitation est réussie :
Quand du four on le retire
Tout fumant et tout doré,
Aussitôt chacun admire
Le gâteau bien préparé ;
Il a fort belle apparence,
On est pressé d'en manger ;
Mais pour de la consistance,
Il n'en faut pas exiger ;
Mettez-le dans la balance
C'est léger, léger, léger.
Bien des gens dans notre France
Ainsi peuvent se juger.
Tout pleins de leur importance,
Vous les voyez se gonfler.
Mettez-les dans la balance :
C'est léger, léger, léger.
La formule du rondeau de la Vieille est aussi vieillotte que son titre. Je passe sur toute la musique militaire qui remplit une partie du dernier acte pour citer encore une tyrolienne et le rondeau dans lequel Mme Favart raconte sa supplique au roi. Cette opérette est, en somme, amusante et habilement traitée par le musicien. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
« Principaux personnages : Favart, comédien ; Madame Favart, comédienne, sa femme ; le marquis de Pontsablé, gouverneur de l'Artois ; le major Cotignac ; Susanne, sa fille, puis femme d'Hector de Boispréau ; Hector de Boispréau ; etc.
La scène se passe au temps du grand roi, le premier acte à Arras, le deuxième à Douai, le troisième au camp du maréchal de Saxe.
Finie, la brillante collaboration du musicien folâtre et de deux académiciens. Et du même coup le sous-titre « Opéra-bouffe » cède la place à celui d' « Opéra-comique ». La transformation est complète et c'est un véritable opéra-comique dans la plus pure tradition du genre que Madame Favart. Le quiproquo y joue un grand rôle, et le principal personnage féminin étant la célèbre Favart, les auteurs en ont profité pour lui faire changer de costume presque à chaque nouvelle entrée.
Le premier acte se passe dans une auberge à Arras. Dans cette auberge se cachent, grâce à la complaisance de l'aubergiste Biscoton, M. et Mme Favart, poursuivis par la rancune du maréchal de Saxe, à qui Mme Favart, épouse fidèle, a refusé les privautés qu'il demandait. Les deux époux attendent une occasion favorable pour passer la frontière. En attendant, Favart se cache à la cave et sa femme dans un couvent d'Ursulines.
Entre autres voyageurs, descendent au Lapin noir le major Cotignac et sa fille. Le major voudrait marier sa fille à son cousin Laroche-Tromblon, et vient solliciter, pour son futur gendre, de M. de Pontsablé, gouverneur de l'Artois, le poste de lieutenant de police à Douai. Mais un amoureux de Susanne, la fille du major, agréé par la belle, arrive au même instant. Lui aussi vient solliciter la place de lieutenant de police à Douai. Pour qu'il l'obtienne, il lui faudrait l'influence d'une jolie femme, car à un joli minois Pontsablé n'a jamais su rien refuser. Et, s'il l'obtient, Cotignac consent à lui donner la préférence sur Laroche-Tromblon. Nous sommes dans la note opéra-comique en plein.
Survient Mme Favart qui s'est échappée du couvent, costumée en vielleuse. Hector la reconnaît et lui conte sa peine. Pour rester près de Favart elle s'ouvre à Biscoton qui l'engage comme servante. En cette qualité elle sert à boire aux soldats envoyés à sa recherche. Fuir devient difficile ; mais le génie inventif de Mme Favart est rarement en défaut : que faut-il pour que son mari et elle-même soient en sûreté ? Qu'Hector soit nommé lieutenant de police, car alors il pourra, sans exciter les soupçons, les emmener tous deux à Douai avec lui. Et que faut-il pour qu'Hector soit lieutenant de police ? Qu'une femme aille solliciter Pontsablé. Sans hésiter, la rusée personne va chez Pontsablé, se présente à lui comme la femme d'Hector, l'aguiche et lui arrache, par des promesses, la nomination de son pseudo-mari. Cotignac ne peut plus refuser son consentement au mariage d'Hector et de Susanne. et tous quatre, couple Hector et couple Favart, montent gaîment en voiture sous la protection de la police.
Au second acte nous sommes chez Hector, marié depuis huit jours. Madame Favart remplit les fonctions de soubrette et son mari celles de pâtissier. Une grande fête se prépare pour le soir. Tout irait bien sans une fâcheuse circonstance : une vieille comtesse de Montgriffon a reconnu la célèbre actrice qu'elle a applaudie à Paris et croit que sous ce déguisement Hector cache une maîtresse. Elle sait que Pontsablé recherche Favart et sa femme et l'avise secrètement de leur présence chez Hector. Pontsablé se met immédiatement en route et tombe inopinément chez les Boispréau, qui en sont naturellement très ennuyés. Comment présenter à ce fâcheux la vraie Mme de Boispréau, puisque Mme Favart lui est déjà connue sous ce nom ? Tout seul, jamais le pauvre lieutenant de police ne se sortirait de cette impasse ; mais une fois de plus Mme Favart va venir à la rescousse. Elle reprend son rôle de Mme de Boispréau, et Susanne, mise au courant, consent à prendre temporairement la place de Toinon la soubrette. Elle ne le fait pas de bon cœur, car elle est jalouse. Sa jalousie n'a même d'égale que celle du pauvre Favart, qui doit monter la garde pendant que Pontsablé fait la cour à sa femme.
Incidemment, Mme Favart apprend le vrai but de la visite de Pontsablé, et comment il a été mis sur la trace des fugitifs. Il s'agit maintenant d'empêcher le gouverneur d'assister à la fête du soir et de l'éloigner de Douai au plus vite. Pour cela, un nouveau travestissement est nécessaire et l'actrice joue maintenant le rôle de la comtesse douairière de Montgriffon. En cette qualité, elle apprend à Pontsablé que Mme Favart a quitté Douai depuis une heure et roule vers Saint-Omer.
Pontsablé part en hâte. Le malheur veut qu'en route il rencontre la vraie comtesse de Montgriffon. Il revient donc furieux et arrête... Susanne, en qui il croit reconnaître celle qu'il cherche ; rien ne peut lui ôter de l'idée que Mme Favart est la femme d'Hector. Il emmène donc Favart et Susanne au camp du maréchal de Saxe.
Dernier acte : le camp de Fontenoy, au soir de la victoire. Le grand roi est à l'armée et pour fêter sa présence, Pontsablé veut profiter de ce qu'il a sous la main la fameuse comédienne. Il a donc ordonné une représentation de la Chercheuse d'esprit. Susanne est aux cent coups : la voilà mise en demeure de jouer la comédie maintenant !
Autre complication : le major Cotignac est là et peut rencontrer sa fille d'un moment à l'autre.
Heureusement la vraie Mme Favart n'est pas loin et la fin du quiproquo est proche. La voici qui arrive en compagnie d'Hector, tous deux costumés en marchands ambulants. Mise au courant de la situation, Mme Favart ne fait ni une ni deux : elle va se présenter au roi et lui raconte toute la vérité. Sa Majesté daigne sourire et lui annonce son intention d'aller la voir jouer tout à l'heure.
Pendant cette audience, Hector et Susanne ont tenté de fuir, mais ils seront bientôt rattrapés ; — n'anticipons pas. Pour l'instant Pontsablé s'arrache les cheveux de désespoir : le roi va venir et pas de Mme Favart ! Quand il s'aperçoit que la représentation a lieu quand même, il n'y comprend plus rien.
Il va comprendre : on ramène Hector et sa femme, qui sont reconnus par le major Cotignac. Le gouverneur a été joué. Mais il se vengera. Il est en train d'écrire l'ordre qui envoie Hector en prison, quand Mme Favart, qui sort de scène, reçoit du roi un bouquet d'où elle extrait : 1° la destitution de Pontsablé, 2° la nomination de Favart comme directeur de l'Opéra-Comique. Pontsablé est roulé jusqu'au bout. Ce dénouement éminemment traditionnel est suivi du traditionnel couplet au public. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« On a beaucoup écrit sur le couple Favart ; nous ne saurions trop recommander aux curieux la lecture du maître chapitre d'un ouvrage de Desnoiresterres : Epicuriens et Lettrés ; et aussi l'Essai sur Favart de M. Auguste Font (Toulouse, 1894).
Vous y apprendrez que Favart, père du héros de la pièce, avait, en tant que pâtissier, acquis une renommée dans l'invention de l' « échaudé ». Tel Ragueneau chantant les « Tartelettes amandines », il célébra sa découverte en des couplets où il comparait à l'esprit français la pâte du gâteau, malléable et légère. — Favart fils, pour plaire à papa, donna dans l'opéra-comique — mais sans négliger la pâtisserie. Il fit des « échaudés dramatiques », suivant le joli mot de Jules Lemaitre. Mais ces échaudés ne sentaient pas le four... Le jour de son premier succès, après la représentation des Deux Jumelles, il regagne sa boutique, dépose ses lauriers, les remplace par le bonnet blanc, insigne de sa profession, et met bravement la main à la pâte pour satisfaire à une commande urgente et importante d'échaudés... lorsqu'il est tout à coup surpris, dans cette opération gastronomique, par un imposant fermier général, venu féliciter l'auteur nouvellement applaudi.
Favart essaya vainement de se faire passer pour un de ses garçons. Le financier rit beaucoup, et, comme il avait besoin de lui pour une fête à domicile, il pria Favart (qui s'excusait sur ce qu'il avait de la besogne), de recevoir le lendemain ses cuisiniers qui le seconderaient dans ses travaux. En attendant, il l'invitait à venir juger chez lui, le même soir, de leurs talents. Et il protégea désormais le pâtissier, et l'écrivain...
La marquise de Pompadour, féminin Mécène du siècle galant, s'intéressa bientôt elle-même à la fortune de Favart, qu'on surnommait déjà le « successeur d'Anacréon ». Ses productions dramatico-lyriques les plus connues sont la Chercheuse d'esprit ; le Coq du Village ; l'Anglais à Bordeaux ; Ninette à la Cour ; Annette et Lubin ; Bastien et Bastienne ; la Fée Urgèle ; sans oublier la Petite Iphigénie et les Rêveries renouvelées des Grecs où il prévoit l'opéra-bouffe parodique — pour arriver à son chef-d'œuvre, les Trois Sultanes, vrai modèle d'opérette, et l'un des purs bijoux classiques demeurés au répertoire de la Comédie-Française.
Favart, qui avait déjà créé le célèbre type de « Gobemouche », resté longtemps populaire, eut la gloire de fixer dans sa « Roxelane » les traits de la « petite femme de Paris » ; et la chance de dénicher pour l'incarner Mlle Duronceray, dite Mlle de Chantilly (nom prédestiné pour un pâtissier !), qu'il acheva d'illustrer, tout simplement en l'épousant, sous le nom de Mme Favart.
Cette actrice brillait dès lors par les talents les plus variés ; musicienne accomplie autant que virtuose incomparable, en sa triple qualité de comédienne, de cantatrice et de danseuse — excellant dans les travestis de Pierrot, de berger, d'Amour — inaugurant sur la scène la vérité dans le costume, sinon le costume de la Vérité — apportant les soins les plus scrupuleux à la composition des personnages, douée d'un précieux talent d'imitation, « elle n'eut point de modèle, et en servit », disait Favart... Elle fut une collaboratrice appréciable pour son mari, dont elle semait les ouvrages de saillies, de traits délicats et de couplets harmonieux — auteur elle-même de Contes encore imprimés dans les œuvres badines de cet abbé de Voisenon, ami du couple, — l' « archevêque de la Comédie-Italienne » — auquel on attribue, sans qu'il s'en soit suffisamment bien défendu, et en tout cas plus importante qu'elle ne le fut, une part de collaboration dans les œuvres de Favart. — Jolie fille, femme charmante, pétrie d'esprit, pleine de cœur, aussi bienfaisante qu'amusante et sentimentale qu'enjouée — enfin, irréprochable mère et grand'maman de fils et petits-fils également connus comme auteurs et comme artistes — Mme Favart a été, en dépit de l'envie, de la jalousie, de la médisance, de la calomnie, et même des occasions, l'épouse la plus attachée... si ce n'est la plus fidèle.
Le divin maréchal de Saxe dut l'apprendre à ses dépens, et, malgré tout son prestige, il la trouva plus rebelle qu'Adrienne Lecouvreur. Dans ces temps de « guerre en dentelles », le vainqueur de Fontenoy entretenait au camp des Flandres une troupe de Comédiens. La représentation des Amours grivois, répétés la veille du triomphe de Raucoux (1746). et joués le lendemain de la bataille, allait porter à son comble la passion du maréchal pour la femme du bon Favart ; il lui écrivit des épîtres enflammées et fort éloquentes... bien que ce guerrier sût à peine tenir une plume, et peut-être même à cause de cela. Le couple Favart s'enfuit à Bruxelles. Poursuivis, et sous la menace d'une lettre de cachet, Mme Favart, enlevée, fut enfermée dans un couvent (où une comédie, l'Amour en cage, nous narre ses mésaventures) — pendant que son époux, sur lequel on avait lâché par surcroît la bande noire de leurs créanciers, s'enfermait dans la cave d'un curé de Strasbourg ; il y peignait des éventails pour assurer sa subsistance, écrivant à sa chère femme des billets du dernier tendre.
***
C'est à ce moment que commence l'opérette de Duru et Chivot.
Favart est caché dans la cave. Survient le major Cotignac, avec sa fille Suzanne, que courtise assidûment le jeune Hector de Boispréau. Mais Cotignac n'accordera la main de son enfant qu'au futur lieutenant de police, à l'élection duquel on doit procéder le soir même. Or, la nomination de ce lieutenant dépend du marquis de Pontsablé, gouverneur de la province, grand coureur de jupon, et qui n'accorde sa protection que si elle est sollicitée par la femme du candidat. — Comme Boispréau n'a posé sa candidature que précisément afin de pouvoir épouser Suzanne, il est impossible de sortir de là. C'est d'autant plus regrettable que, devenu lieutenant de police, Hector pourrait soustraire aux recherches de la maréchaussée le ménage Favart — qui est de ses amis... Mme Favart, évadée du couvent, et venue rejoindre son mari sous un déguisement de vielleuse, s'avise alors d'un stratagème : elle se présentera chez Pontsablé comme Mme de Boispréau et sollicitera la nomination d'Hector, en mettant à profit ses talents de comédienne pour tourner la tête au vieux galantin — mais sans lui accorder quoi que ce soit. Ce petit programme se réalise de point en point : Le gouverneur est subjugué à peu de frais. Hector, nommé lieutenant de police, sans trop savoir pourquoi, obtient la jolie Suzanne et file à son poste... en emmenant M. et Mme Favart comme faisant partie de sa maison.
Et c'est dans cet état que nous les retrouvons. Tout marcherait bien si le marquis de Pontsablé ne tombait au milieu des préparatifs d'une fête donnée par Boispréau pour pendre la crémaillère. Profitant d'une absence de Suzanne, Mme Favart se substitue à celle-ci. La méprise du marquis se prolonge, et il serre de près la comédienne. Mais le retour de Suzanne et quelques impairs de Favart — qui n'était pas au courant — compromettent la situation. Enfin, Pontsablé a été avisé par une vieille douairière, qui a connu Mme Favart, que cette dernière est cachée dans la maison du lieutenant de police. La douairière doit s'y rendre le soir même pour la fête ; elle désignera la transfuge au gouverneur ; Mme Favart n'hésite pas : elle se déguise en duègne et continue à berner Pontsablé en lui persuadant que celle qu'il poursuit vient de s'enfuir pour une province éloignée. — Pontsablé donne le signal du départ... A peine est-il dehors, qu'il tombe sur la véritable douairière ! Le pot aux roses est découvert ; tout le monde tremble : on craint la Bastille. Mais il ne peut entrer dans la tête du gouverneur que la prétendue femme de Boispréau soit Mme Favart elle-même. — C'est Suzanne qu'il prend pour elle, qu'il arrête et qu'il conduit au camp du terrible maréchal de Saxe.
Tout notre monde est réuni à Fontenoy. On va représenter devant le roi l'ouvrage de Favart : la Chercheuse d'esprit (200 représentations à la création). Et l'on persiste à croire que Suzanne est la célèbre actrice qui doit interpréter le rôle de Nicette (créé par Mlle Vérité Cadette... Voir une anecdote plaisante sur cette actrice dans l'ouvrage de Font sur Favart, page 121, note 4). — Celle-ci vient d'arriver avec Boispréau, tous deux déguisés en colporteurs. Il faut agir : Mme Favart se décide à s'aller jeter aux genoux de Louis le Bien-Aimé. Elle lui dévoile toute l'intrigue et joue son rôle comme une fée. Le Roi, ébloui, pardonne ; il amnistie Favart et destitue Pontsablé... C'est une victoire en dentelles.
***
Ange, démon — ou femme, simplement — ce personnage de Mme Favart est exquis dans l'Histoire et dans la légende. Il fit la fortune de la pièce, annoncée, lue, répétée depuis dix-huit mois, et interminablement ajournée par l'immense vogue des Cloches de Corneville, sur lesquelles on n'avait pas compté tout d'abord, et qui ont été jouées huit cents fois !... Enfin, le 28 décembre 1878, les Folies-Dramatiques donnaient la première représentation. Ce fut un succès du meilleur aloi. Le livret parut intéressant et mouvementé ; la partition d'Offenbach, une des dernières du maestro, et l'une des plus fines, alla aux nues. Elle contenait nombre de vieilles chansons de France — genre dans lequel excellait Favart, dont il est resté de si délicates ariettes et « bergerettes » ; on fredonnera notamment toujours l'alerte « Ronde des Vignes ». — Au souper de cent dix couverts qui suivit la centième, représentée « gratuitement », Offenbach but « à une santé chère à tous — la sienne ! »... Après la deux centième, Madame Favart partait pour Bordeaux avec armes, bagages, décors, costumes, interprètes : la créatrice était Mme Simon-Girard. Le rôle avait été distribué plusieurs fois avant la « première ». Il ne comporte pas moins de sept changements et rappelait les plus jolies transformations de Déjazet.
... Louis XV accordait à Mme Favart le privilège de l'Opéra-Comique. Nous demandons celui de l'Opérette pour la divette capable d'incarner au point de la perfection celle que son mari appelait « mon cher petit Bouffe ! ».
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MADAME GRÉGOIRE ou LA NUIT DU MARDI GRAS
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Henry Boisseaux, musique de Louis Clapisson, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 08 février 1861, avec Mmes Roziès (Mme Grégoire), Victorine Moreau (Gabrielle Dassonvilliers), Marie Faivre (Lucette) ; MM. Emile Wartel (Dassonvilliers), Joseph-Adolphe Lesage (Zurich), Gabriel (La Renaudière), Désiré Fromant (Gaston), Edmond Delaunay-Riquier (le Comte de Vaudreuil).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 17 en 1861.
« La pièce est une des plus embarrassées et des plus chargées d'intrigue du théâtre de Scribe. La scène se passe au temps de Mme de Pompadour, contre laquelle on a fait circuler la satire qui commence ainsi :
Cotillon deux de son endroit
Un jour vint par le coche ;
On dit qu'aux mains elle avait froid ;
Ell’ les mit dans nos poches.
Le lieutenant de police a été chargé de découvrir l'auteur de cette impertinence. C'est dans le cabaret de Mme Grégoire que se passe une partie de l'action, et elle-même y joue un rôle essentiel. Le compositeur, ne trouvant pas de situations musicales dans cette pièce, a fait de grands frais de musique et d'orchestration. C'est sa partition la plus riche en morceaux longs et développés, sinon la plus heureuse. Nous citerons l'air : O mon ange, inspire-moi, et le trio : Mais voici le soir, bonsoir. Il y a aussi plusieurs scènes comiques bien traitées. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La dernière pièce de Scribe, et qui trahissait la vieillesse de l'auteur par la prédominance de l'habileté sur l'imagination. Aussi le public, quoique familier avec les aventures romanesques de Mme de Pompadour, ne put suivre une intrigue à ressorts compliqués, à échappements imprévus, à engrenages multiples dont l'enchevêtrement constituait une indéchiffrable énigme. — Le musicien, paraît-il, ne vit pas clair non plus dans son livret, et il écrivit une partition brumeuse dont le temps a aujourd'hui dissipé le souvenir. — Du reste, l'exécution musicale n'offrit rien de bien brillant avec le concours de Lesage, de Wartel, de Gabriel et de Mlles Roziès et Moreau. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MADAME GRÉGOIRE
Vaudeville en quatre actes, de Paul Burani et Maurice Ordonneau, musique de M. Okolowicz, représenté au théâtre des Arts en mai 1880. La chanson de Béranger, d'en réalisme si vulgaire, n'a fourni que le titre de cette pièce, qui semble n'avoir été faite que pour profiter de l'audace avec laquelle Mme Judic débite des grivoiseries. Des dragons content fleurette aux trois nièces de la cabaretière, des pages en font autant aux femmes de trois grands seigneurs qui poursuivent trois comédiennes ; ce n'est que cela, et c'est beaucoup trop de dix-huit personnages occupés à une telle besogne.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MADAME L’ARCHIDUC
Opérette en trois actes, livret d’Albert Millaud, musique de Jacques Offenbach.
Première représentation à Paris, Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 31 octobre 1874, avec Anna Judic (Mariette), sous la direction de Charles Hubans.
MADAME LA PRÉSIDENTE
Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier et Auguste Germain, musique d’Edmond Diet, représentée au casino d'Enghien le 12 juin 1902, et au théâtre des Bouffes-Parisiens le 08 septembre suivant.
MADAME LE DIABLE
Opérette féerique en quatre actes, livret d'Henri Meilhac et Arnold Mortier, musique de Gaston Serpette, représentée au théâtre de la Renaissance le 05 avril 1882, avec Mmes J. Granier et Desclauzas, MM. Jolly, Mallard, Blondelet, Jannin et Bonnet.
MADAME LE DOCTEUR
Opérette en un acte, musique de F. Wachs, représentée au concert de l'Eldorado le 17 juillet 1875.
MADAME MASCARILLE
Opérette en un acte, livret de M. Viart, musique de M. Bovery, représentée aux Folies-Nouvelles en mars 1856.
MADAME NICOLET
Opérette en trois actes, paroles de M. Hugot, musique de M. Fock, représentée au théâtre du Chàteau-d'Eau le 29 novembre 1892.
MADAME PAPILLON
Bouffonnerie musicale, livret de Jules Servières [pseudonyme de Ludovic Halévy], musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 03 octobre 1855.
« On connait Pradeau et sa silhouette pour rire... Eh bien ! dans cette opérette, Pradeau revêtait le costume du beau sexe (!) »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
MADAME PIERRE
Drame lyrique en quatre actes, livret d'Henri Cain et J. Marx, musique d'Edmond Malherbe, représenté au Théâtre du Château-d'Eau (Alhambra) le 05 juin 1912 sous la direction du compositeur avec Mmes Lamber-Willaume [Willaume-Lambert] (Madame Pierre), Bailac (Paula), Delric (Jeanne), MM. Jean Bourbon (Pierre), Fabert (Marcel), Roelens-Collet (Jacques).
MADAME PISTACHE
Opérette en trois actes, livret de Jules Méry, Saint-Pol et Aussel, musique de M. Picheran, représentée aux Folies-Dramatiques le 14 juin 1899.
MADAME PUTIPHAR
Opérette en trois actes, paroles d’Ernest Depré et Léon Xanrof, musique d’Edmond Diet, représentée au théâtre de l'Athénée-Comique le 27 février 1897.
MADAME PYGMALION
Opérette-bouffe en un acte, livret de Jules Adenis et Francis Tourte, musique de Frédéric Barbier, création aux Bouffes-Parisiens le 06 février 1863. => détails
MADAME ROLAND
Drame lyrique en trois actes et cinq tableaux, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, musique de Félix Fourdrain.
Représenté à Rouen, Théâtre des Arts, le 12 février 1913.
MADAME ROSE
Opéra-comique en un acte, livret d’Albert Barré et Paul Bilhaud, musique d’Antoine Banès. Création à l’Opéra-Comique le 25 septembre 1893. => fiche technique
MADAME SANS-GÊNE
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Milliet, d'après la comédie (1893) de Victorien Sardou, musique d’Umberto Giordano.
Personnages : Catherine Hubscher, « Madame Sans-Gêne », repasseuse (soprano) ; Toinette (soprano) ; Julie (soprano) ; la Rousse (soprano) ; Lefebvre, sergent de la garde nationale (ténor) ; Fouché (baryton) ; le comte de Neipperg (ténor) ; Vinaigre, tambour (ténor) ; la reine Caroline (soprano) ; la princesse Elise (soprano) ; la femme de chambre de Catherine (rôle muet) ; Despréaux, maître de ballet (ténor) ; Gelsomino, valet (baryton) ; Leroy, tailleur (baryton) ; de Brigode, chambellan (baryton) ; Napoléon (baryton) ; Madame de Bülow (soprano) ; Roustan, chef des mamelouks (baryton) ; Constant, valet de chambre de Napoléon (rôle muet) ; voix de l’Impératrice (soprano) ; chœur et comparses ; bourgeois, marchands, gens du peuple, soldats, gens de la cour, diplomates, serviteurs, deux mamelouks.
Création à New York, Metropolitan Opera, le 25 janvier 1915 dans une version italienne de Renato Simoni (1875-1952), avec Geraldine Farrar, Giovanni Martinelli, Pasquale Amato, O. Althouse, sous la direction d’Arturo Toscanini.
Première fois en Europe, à Turin, le 28 février 1915.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 juin 1916, à l'occasion d'un Gala au bénéfice des Aveugles de Guerre. Mise en scène de Pierre-Barthélemy Gheusi. Décors de Visconti.
Mmes Marthe DAVELLI (Maréchale Lefèvre), Mary DORSKA (la Reine de Naples), ALAVOINE (l'Impératrice), Renée CAMIA, CALAS, Mathilde SAIMAN, BACHELET, BERNARD (Dames de la Cour).
MM. Charles FONTAINE (Maréchal Lefèvre), Jean PÉRIER (l'Empereur), Henri FABERT (Fouché), Léon DAVID (Neipperg), Eugène DE CREUS (Despréaux), FÉRAUD DE SAINT-POL (Leroy), BELLET (Brigode), BELLO (Roustan), ROSSEL (Jasmin), BERTHAUD (un Dignitaire).
Chef d'orchestre : Umberto GIORDANO.
9 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
MADAME SUZETTE
Opérette en trois actes, livret d’André Sylvane et Maurice Ordonneau, musique d’Edmond Audran, représentée aux Bouffes-Parisiens le 29 mars 1893.
MADAME TALLIEN À BORDEAUX
Drame en cinq actes et sept tableaux, de Paul Berthelot et Claude Rolland, avec musique de Jane Vieu, représenté à Bordeaux, sur le théâtre des Arts, le 31 janvier 1902.
MADAME THÉSÉE
Opéra-bouffe en trois actes, livret de M. Théman, musique d'Edouard Léon Stephen Detraux (1876-1962), composé en 1921. Représenté à la Gaîté-Lyrique le 02 octobre 1923, chorégraphie de Mme Stichel, avec Mmes Marie-Magdeleine Alquié (de l'Opéra-Comique), Amélie de Pouzols (de l'Odéon), Mado Hellé, MM. Georges Ovido (de l'Opéra-Comique), Robert Jysor, Berley (de la Porte-Saint-Martin).
MADAME TURLUPIN
Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène Cormon et Charles Grandvallet, musique d’Ernest Guiraud. Création au Théâtre-Lyrique de l'Athénée le 23 novembre 1872. Première à l’Opéra-Comique le 05 mars 1888. => fiche technique
MADAME ZÉPHIR
Opéra-comique français en deux actes, paroles de M. Sinano, musique de Pasquale Clémente, compositeur italien, représenté au théâtre khédivial du Caire le 3 février 1893.
MADELEINE
Opéra-comique en un acte, livret d’Albert Vanloo et Eugène Leterrier, musique de Henri Potier, ancien accompagnateur de l'Opéra ; représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens, le 10 janvier 1869. Les librettistes ont mis en scène un marin, amoureux d'une fille de pêcheur, et qui devient brave, comme malgré lui, pour l'épouser. On a remarqué les couplets : Je te présente ma main, la romance de Madeleine, et le quatuor : Il a peur. Chanté par Mme Galli-Marié et sa sœur, Mlle Irma Marié.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
MADELON
Opéra-comique en un acte, livret de Jacques Cousin, musique de Beffroy de Reigny, représenté à Montausier le 4 juin 1799.
MADELON
Opéra-comique en deux actes, livret de Thomas Sauvage, musique de François Bazin. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 mars 1852 avec Mmes Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Madelon), Maria Meillet-Meyer (Mademoiselle Malpart), MM. Audran (Arthur Landry), Hermann-Léon (le Baron de Montaterre), Constant Lemaire (Bourgillon), Sainte-Foy (Joseph).
MADEMOISELLE ASMODÉE
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Ferrier et Charles Clairville, musique de Paul Lacôme et Victor Roger, représentée au théâtre de la Renaissance le 24 novembre 1891 avec Mmes Alice Berthier (Césarine), Juliette Prelly (Turlure), R. Dubos (Marguerite), Musset (Brigitte), Andral (la Supérieure), Blondal (Sœur Véronique), Eva Dubois (le Vicomte), Roche (Friquette), MM. Simon-Max (Florestan), Regnard (Carcassol), Edouard-Georges (Borromée), A. Victorin (La Pimprenelle) ; chef d'orchestre : Mr José.
MADEMOISELLE CARDINAL
Opérette en un acte, paroles d’A. Monnier, musique de J. Melodia, représentée au Divan Japonais en mai 1901.
MADEMOISELLE COLOMBE
Opéra-comique en un acte, paroles de MM. Jacquin et Marchand, musique de Charles Haring, représenté à Bordeaux le 25 avril 1891, avec Gabriel Hippolyte Gandubert.
MADEMOISELLE DE BELLE-ISLE
Drame lyrique en quatre actes, livret de Paul Milliet, d’après Alexandre Dumas père, musique de Spiro Samara, représenté à Gênes, Teatro Politeama, le 09 novembre 1905 dans une version italienne d’Amintore Galli (1845-1919).
MADEMOISELLE DE FONTANGES ou SI LE ROI SAVAIT
Opéra-vaudeville en deux actes, paroles de Théaulon et Prosper Léotard, musique de Pilati, représenté à la Renaissance le 11 mars 1839.
MADEMOISELLE DE GUISE
Opéra-comique en trois actes, livret d’Emmanuel Dupaty, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 17 mars 1808. L'auteur du livret a combiné les détails d'un roman de Mme de Genlis avec ceux de l'histoire de Charlemagne. Les personnages d'Eginard et d'Irma sont devenus, sous sa plume, M. de Beaufort, secrétaire du duc de Guise, et Mlle de Guise, sœur du duc. La partition a eu quelque succès et a été gravée.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MADEMOISELLE DE LAUNAY À LA BASTILLE
Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Creuzé de Lesser, Jean-François Roger et Mme Villiers, musique de Sophie Gail. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 décembre 1813.
MADEMOISELLE DE MÉRANGE
Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d’Henri Potier. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 14 décembre 1841, avec Mmes Henri Potier (Blanche de Mérange), Descot (Mlle de Caylus), MM. Couderc (le Comte de Marcillac), Achille Ricquier (le Baron de Pompernik), Emon (le Marquis de Guébriant). => livret
La scène se passe à Fontainebleau. Un chevalier de Marcillac, assez mauvais sujet, parvient à se faire aimer si sérieusement d'une des filles d'honneur de la reine, de Mlle de Méranges, qu'il ne peut éviter de l'épouser malgré lui, par ordre de la reine. Marcillac est donc marié et envoyé à la Bastille avec sa femme, qui sera sa compagne de captivité. La pureté des sentiments de Mlle de Méranges triomphe des instincts égoïstes de ce don Juan. Les auteurs ont introduit dans la pièce un personnage épisodique fort divertissant, un baron allemand du nom de Pompernick, qui chante des couplets assez bien tournés :
Sur son château de Pompernick
Qu'on voit aux portes de Munich, etc.
La romance de soprano, chantée à la fin de l'ouvrage et jouée dans l'ouverture, est distinguée et expressive. On a remarqué aussi un duettino entre l'héroïne et sa confidente, et l'adagio du duo entre Blanche et le chevalier. Cette partition était le début du compositeur, dont la muse facile et légère a reçu de la presse l'accueil le plus flatteur.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MADEMOISELLE GEORGE
Comédie-opérette en trois actes et cinq tableaux, livret de Victor de Cottens et Pierre Veber, musique de Louis Varney, représentée au théâtre des Variétés le 02 décembre 1900, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Mlle George), Lavallière (Josette), Lanthenay (Mlle Contat), Lacombe (Mlle Mézeray), Jane Yvon (Corinne), Delys (Dame Elise), Dolphine (Mlle Devienne), Thiébaux (Mlle Gros), Joumard (Mlle Patrat), Daiglemont (Mlle Bourgoin), MM. Baron (le Marquis), Albert Brasseur (Fassinet), Noblet (Mérindel), Guy (Montefiasco), Emile Petit (Saint-Ernest), Prince (Ladoucette), Demey (De Serbonne), André Simon (Coquille), Colas (De Courvalin), Royer (De Barancy). Singulière idée de faire une reine d'opérette de l'actrice célèbre qui fut pendant un quart de siècle la reine de la tragédie et l'interprète acclamée de Corneille, de Racine et de Voltaire.
MADEMOISELLE MA FEMME
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau et Octave Pradels, musique de Frédéric Toulmouche, représentée aux Menus-Plaisirs le 05 mai 1893. Interprètes : Mlles Lambrecht (Rosette), Antonia Aussourd (Gabrielle), L. Balthy (Amanda), Derval (Colomba), Bordo, MM. Martapoura (Raoul), Bartel (Duransol), Berville (Calinet), Modot (Cucurba), Philippon (Lucien), Vandenne (Caldini), Gérard.
MADEMOISELLE MOUCHERON
Opérette-bouffe en un acte, livret d’Albert Vanloo et Eugène Leterrier, musique posthume de Jacques Offenbach, représentée à la Renaissance le 10 mai 1881. Interprètes : M. Jolly, Mlles Mili-Meyer et Desclauzas.
MADEMOISELLE NOM D'UNE PIPE !
Opéra-comique en trois actes, livret de Georges Duval, musique de Charles Cuvillier, représenté au Palais-Royal en 1918.
MADEMOISELLE RÉSÉDA
Opérette en un acte, livret de Jules Prével, musique de Gaston Serpette, représentée à la Renaissance le 02 février 1884.
MADEMOISELLE SYLVIA
Opéra-comique en un acte, livret de Narcisse Fournier, musique de Samuël David. Création à l'Opéra-Comique le 17 avril 1868. => fiche technique
MADONE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Pierre Carmouche, musique de Louis Lacombe, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 janvier 1861. => détails
MADONE DU PROMENOIR (LA)
Opérette en trois actes, livret d'André Barde, musique d'Henri Christiné. Création au Théâtre Mayol le 03 novembre 1933 avec Mmes Nina Myral, Sim-Viva, Agnès Arley ; MM. Saint-Granier, R. Burnier, G. Cahuzac.
« Pontarly, qui craint fort pour sa femme et lui-même les assiduités de son ami, Olivier, imagine de le marier avec une personne légère qu'il fera passer pour la plus pure du monde. Il fait donc entrer au couvent une jolie fille rencontrée aux Folies-Bergère et qui a un visage de madone, Sylvette. Tout réussit, Olivier s'éprend de la madone du promenoir et celle-ci le lui rend bien. Car c'est uniquement par désespoir d'amour qu'elle était allée un soir aux Folies. Ainsi tout le monde est trompé, et la tromperie est la plus agréable qui soit. Aussi la musique de Christiné. Bien faite, agile, tour à tour spirituelle ou tendre, elle plaira assurément et plus d'un auditeur retiendra la cantate des pensionnaires, ou le duo de la vitesse et de la lenteur, ou l'air du bonheur. » (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
Opéra, livret d’Henri Cain et Daniel Baud-Bovy, musique de Gustave Doret (1901)
MAESTRO BLAGUARINO (IL)
Opéra bouffe en un acte, paroles de Th. Julian, musique de Pilati, représenté au théâtre municipal de Lille le 25 décembre 1865.
MAESTRO DE BOURGADE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Ch. Bridault, musique de M. Bonnefoy, créé à Strasbourg en mars 1867. Cet ouvrage a été représenté sur le Grand-Théâtre de Lille dans le mois de février 1873, et a été chanté par Ricquier, Delaunay, Tournier et Mlle Cécile Mézeray. On y a remarqué une jolie Valse.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MAESTRO DI CAPPELLA (IL)
[en français : le Maître de chapelle]
Intermède italien, musique attribuée à Domenico Cimarosa et Giovanni Paisiello. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 juillet 1801, par des artistes invités. Reprise le 09 février 1972 (2 représentations en 1972).
MAESTRO DI MUSICA (IL)
Opéra italien, musique de Pergolèse, représenté à Naples vers 1731. Traduit en français ; la partition a été gravée à Paris sous ce titre : le Maître de musique.
MAESTRO DI MUSICA (IL)
[en français le Maître de musique]
Intermède italien en deux actes, musique d'Alexandre Scarlatti, représenté au Théâtre de l'Opéra à la suite d'Alphée et Aréthuse, précédé d'un prologue, le 19 septembre 1752.
« Le livret de cet ouvrage offre les mêmes situations que celui du Maître de chapelle, de Paer. La Tonelli chanta le rôle de Laurette, jardinière et l'écolière du maestro. Scarlatti étant mort en 1725, son opéra avait été joué en Italie à une époque où ce genre n'était pas encore connu en France. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra fut précédé d'Alphée et Aréthuse, acte du ballet d'Aréthuse repris avec le prologue des Fêtes de l'Été, le 22 août précédent.
Interprètes : Jos. Cosimi (il Maestro di Musica), Anna Tonelli ; P. Manelli (l'Impresario).
Cet opéra, traduit par Baurans, fut représenté en français au Théâtre italien le 31 mai 1755. Le Maître de Musique reparut, modifié, le 7 mars 1757. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MAESTRO GRISELLI
Opéra-comique en un acte, livret d’Armand Lafrique, musique d’Emile Bouichère, représenté à Paris, Théâtre-Lyrique de la galerie Vivienne le 09 février 1895.
MAGASIN DES MODERNES (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles-François Panard et Nicolas Fromaget, musique de vaudevilles. Création à la Foire Saint-Germain le 03 février 1736. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 02 mars 1763.
MAGE (LE)
Opéra en cinq actes, livret de Jean Richepin, musique de Jules Massenet ; création à l'Opéra de Paris le 16 mars 1891. => fiche technique
MAGENTA
Chant de victoire, paroles de Joseph Méry, musique d'Esprit Auber, donné au Théâtre de l'Opéra le 06 juin 1859 avec Louis Gueymard et les Chœurs. On ne l'entendit qu'une fois.
MAGICIEN (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de H. Piquet, musique de Claude Fiévet, professeur à l'École de musique de Valenciennes, représenté à Valenciennes le 12 mars 1896.
MAGICIEN SANS MAGIE (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret de Jean-François Roger et Auguste Creuzé de Lesser, musique de Niccolo Isouard. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 novembre 1811.
MAGICIENNE (LA)
Opéra en cinq actes, livret d'Henri de Saint-Georges, musique de Fromental Halévy, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 17 mars 1858. Décors de Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte I), Charles Cambon et Joseph Thierry (actes II et V), Hugues Martin (acte III) et Edouard Desplechin (acte IV). Costumes d'Alfred Albert. Avec Mmes Adelaide BORGHI-MAMO (Mélusine), Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Blanche), DELISLE (Aloïs), Marie BENGRAF (une Dame), MM. Louis GUEYMARD (René de Thouars), BONNEHEE (Stello de Nici), BELVAL (le Comte de Poitou).
« Le sujet n'était pas heureux, et les développements, empruntés à plusieurs ouvrages très connus, manquaient de nouveauté et d'intérêt. La donnée du livret a été tirée d'une légende poitevine. Un comte de Lusignan est devenu amoureux de la belle Mélusine, noble et riche châtelaine du pays. Celle-ci consent à devenir sa femme, mais à condition qu'elle sera invisible pour lui pendant toute la durée de la nuit. Lusignan accepte ; mais, au bout d'un certain temps, cédant à un mouvement de jalousie, il s'introduit dans la partie du château où se réfugie chaque nuit Mélusine. Cette femme si belle lui apparaît alors sous la forme d'un monstre ailé couvert d'écailles, qui s'enfuit à l'approche du comte en remplissant l'air d'horribles cris appelés depuis cris de Mélusine. L'auteur n'a conservé que peu de chose de cette légende bizarre. Mélusine est une sorcière qui emploie toutes sortes de ruses pour se faire aimer de René, vicomte de Thouars, qui revient de la Palestine pour épouser Blanche de Poitou. D'un autre côté, une sorte de nécromancien, le chevalier Stello, a des droits sur Mélusine. Il fait connaître à son amant les traits nocturnes de cet être singulier voué à la malédiction divine. René, saisi d'horreur, retourne auprès de Blanche qui allait ensevelir sa douleur et ses regrets dans un monastère. Mélusine, touchée de repentir des crimes qui sans doute lui ont valu de tomber au pouvoir des génies infernaux, saisit un rosaire et s'écrie : Je crois en Dieu, je suis chrétienne ; elle expire ensuite dans les bras de René, tandis que Stello s'abîme dans les entrailles de la terre. La partition de la Magicienne ne saurait être comparée à celles de la Juive, de la Reine de Chypre ; mais elle renferme de très beaux morceaux, des scènes fort dramatiques. L'instrumentation est puissante, colorée, magistralement traitée ; la ballade de Blanche est bien caractérisée, et le refrain : Car ton amour donne la mort, est d'un effet saisissant; le chant guerrier, la prière chantée par le comte de Poitou, le chœur des fées et la romance de Mélusine suffisent pour composer un acte remarquable. La sérénade, l'orage, qui est le plus travaillé et un des mieux réussis que nous ayons vus au théâtre, sont les passages les plus saillants des deux actes suivants. Le chœur de nymphes et d'ondines qui ouvre le quatrième acte est délicieux et vraiment inspiré ; le trio entrecoupé par le cri des démons : Fille d'enfer, reprends ton nom, est dramatique. Le cinquième acte, qui offre une succession de beaux morceaux, aurait décidé du succès, si le livret s'y fût mieux prêté ; la romance de Blanche, le duo des deux femmes, la grande scène dans laquelle des chants sacrés contrastent avec les accents infernaux doivent être mis au rang des meilleures productions de M. Halévy. Les rôles ont été créés par Gueymard, Bonnehée, Belval, Mmes Borghi-Mamo, Gueymard et Mlle Delisle. C'est dans cet ouvrage qu'on a tenté de chorégraphier une partie d'échecs, innovation ingénieuse et qui a donné lieu à des costumes pittoresques ainsi qu'à des mouvements variés. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Sujet emprunté à une chronique du Poitou, la fable de Mélusine et mis en musique dès l'année 1638 : la Maga fulminata du poète B. Ferrari et du compositeur Fr. Manelli est le deuxième opéra qui ait été représenté dans un théâtre ouvert à un public payant.
Le 5e acte de cet ouvrage travaillé est le plus rempli et le mieux inspiré. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MAGICIENNE DE LA MER (LA)
Légende lyrique en trois tableaux, livret de José Bruyr, musique de Paul Le Flem. Création à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 29 octobre 1954, mise en scène de Louis Musy, décors et costumes de Maurice Moulène, avec Berthe Monmart.
4 représentations en 1954, soit 4 au 31.12.1972.
« Opéra-Comique. — Je ne pense pas que la présentation dans la même soirée de « la Magicienne de la Mer » et de « la Femme à Barbe » (octobre) doive être maintenue, étant donné leurs caractères respectifs. Le lyrisme, si imprégné de poésie bretonne, et l'accent tantôt ému, tantôt épique, de la belle partition de Paul Le Flem, construite sur un livret de José Bruyr, riche de rêve, donnent une forme nouvelle à l'antique légende de la ville d'Ys, engloutie par l'Océan déchaîné. Interprétation digne de l'œuvre : avec, à sa tête, Berthe Monmart... Mais présentation scénique qui ne paraît pas avoir tenu compte du double aspect — mi réel, mi fantastique de l'œuvre, et, de ce fait, en a trahi le sens.
Pour « la Femme à Barbe », au contraire, l'irrésistible mise en scène de Louis Musy, les décors si joyeusement éclatants d'Yves Bonnat, ont assuré à la truculente fantaisie du pauvre Claude Delvincourt (qui aurait dû être présent et fêté !) toute sa portée comique... Cela court, ronfle, étincelle : on rit, on n'a pas le temps de prendre sa respiration. Et quel ensemble de chanteurs comédiens : Giraudeau, Depraz, Médus, Jean Vieuille et Mlle de Pondeau... Tous seraient à nommer, sous la direction à la fois si jeune — et magistrale — d'Albert Wolff. »
(Jacques Feschotte, Musica, janvier 1955)
MAGIE À LA MODE (LA)
Opéra, musique de Bonesi, joué au théâtre Beaujolais en 1782.
MAGIE INUTILE (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Disson, représenté à Dijon le 25 juillet 1751.
MAGNIFIQUE (LE)
Comédie en trois actes, en prose, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 04 mars 1773. Grétry avait déjà travaillé sur des peines de Marmontel ; il eut la pensée de puiser ses inspirations à une autre source. Les vers faciles et harmonieux de l'auteur du Huron, de Sylvain, de Zémire et Azor convenaient mieux à sa musique que la versification négligée et prosaïque de Sedaine, quoique les ouvrages de celui-ci offrissent des situations dramatiques plus caractérisées. Grétry le reconnut lui-même en composant la partition du Magnifique. Mais le livret lui avait été offert par Mme de la Live d'Epinay, et il s'exécuta de bonne grâce. Le fond du sujet, comme dans la comédie de Houdard de Lamotte, est tiré du conte de La Fontaine. On y remarque une fort jolie scène dans laquelle une rose échappe de la main de l'héroïne. Elle a été traitée avec talent. Nous signalerons encore l'ouverture dans laquelle Grétry a introduit, on ne sait trop pourquoi, l'air de Vive Henri IV, auquel il a mêlé un second motif d'un effet assez original.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MAGNIFIQUE (LE)
Opéra bouffe en un acte, livret de Jules Barbier, musique de Jules Philipot, représenté à l'Opéra-National-Lyrique le 24 mai 1876. => détails
MAGOT DE JACQUELINE (LE)
Opérette en un acte, livret d’Amédée de Jallais, musique de Paul Blaquières, représenté au théâtre des Champs-Elysées en juillet 1858.
MAGOT DE LA CHINE (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Dancourt, musique posthume de Rigel père, représenté à l'Ambigu-Comique le 07 août 1800.
MAGUELONNE
Drame lyrique français en un acte, livret de Michel Carré fils, musique d’Edmond Missa, représenté au théâtre Covent-Garden de Londres le 13 juillet 1903. Le rôle principal de ce petit ouvrage était rempli par Emma Calvé.
MAGUELONNE ET LE ROI RENÉ
Drame lyrique en trois actes, livret et musique [op. 15, 1911] d'Henri de Saussine [comte Henri Marie Thérèse de Saussine, devenu le 25 juillet 1927 de Saussine du Pont de Gault (Béziers, Hérault, 04 octobre 1859* – 07 août 1940)]. Création au Théâtre d'Avignon en 1912 avec Mmes Germaine Bailac (Maguelonne), Dorska (Jeanne) ; MM. Cèbe (le prince Charles), Florian (le roi René), Guillot (Olivier Le Daim), sous la direction de M. Tartanac.
« Le théâtre d'Avignon vient, à son tour, de donner un intéressant spectacle de décentralisation musicale en mettant à la scène Maguelonne et le Roi René, le drame lyrique de M. Henri de Saussine.
Nous sommes en 1479, devant les murs de ce pittoresque château de Tarascon, que baigne le Rhône aux flots majestueux. Le peuple fête l'entrée de Charles d'Anjou et de sa jeune femme, Jeanne de Lorraine, dans la capitale provençale. Le vieux roi René, affaibli par les ans, a vu avec joie cette union qui assurera sa descendance. Il fait part de son contentement à sa servante Maguelonne qui, dans ce poème, représente le peuple et en est le porte-parole. On offre au jeune couple le pain et le sel ; de gracieuses jeunes filles viennent lui apporter les plus beaux produits de la récolte des olives. Toute l'assistance est séduite par la grâce de la jeune princesse, mais on remarque avec chagrin combien Jeanne est pâle. Elle semble marquée pour une fin prochaine. Adieu les beaux projets qu'on fondait sur l'héritier qu'elle devait donner au trône de Provence !
Un an après, le roi René est mort ; la cérémonie anniversaire du bout de l'an est célébrée dans le pays ; malheureusement, la jeune princesse, qui dépérit de plus en plus, ne peut y assister. Or, on annonce l'arrivée d'Olivier le Daim, que Louis XI a envoyé pour avoir des nouvelles de l'état de santé de Jeanne et savoir si elle donnera un fils à son mari et un roi à la Provence. Le désir secret du roi de France est que le trône provençal reste vide ; ce sera pour Louis XI un prétexte à annexer la Provence à la France sous couleur d'augmenter la prospérité du royaume.
Le prince Charles d'Anjou voit, hélas ! que la mort accomplit son œuvre et que le trépas de Jeanne est inéluctable ; il pleure celle qu'il aime. Elle meurt ; la douleur est générale dans le peuple. Alors que la foule vient de rendre les derniers hommages à sa princesse regrettée, le prince Charles, qui ne peut survivre à son chagrin, dit adieu au beau pays de Provence, et va s'enfermer, malgré les supplications de l'assistance et de Maguelonne, dans un monastère où il achèvera ses jours. En partant, il prédit l'annexion prochaine de la Provence à la France ; ce sera, pour son doux pays, une ère nouvelle de prospérité.
***
On peut, évidemment, regretter que la terre si
claire, si lumineuse de Provence ait donné lieu à un poème où la joie de vivre
et l'expansion enthousiaste font place à l'exposé de la maladie d'une jeune
reine qui dépérit et du chagrin d'un jeune roi qui regrette sa femme. Mais on
devine bien que M. Henri de Saussine a fait de son mieux pour trouver des
contrastes à ces situations lugubres ; c'est ainsi qu'il a imaginé le tableau de
la joie populaire, celui de la danse
des olivettes. Mais, d'un autre côté, on ne peut nier la grâce naïve, le charme
mélancolique de la légende qu'il a enluminée de musique.
Sa partition de Maguelonne et le Roi René n'a aucune prétention aux complications symphoniques modernes ; elle n'a d'autre but que de chanter un pays où le chant est la seconde expression naturelle de la pensée ou du langage. M. de Saussine est élève de Camille Benoît et surtout de M. Sylvio Lazzari, l'excellent musicien de la Lépreuse ; il a pris aussi les conseils de M. Vincent d'Indy ; mais on sait que l'auteur de Fervaal laisse à chacun de ses élèves le soin de développer son originalité propre. Or, il semble que M. de Saussine ait un atavisme italien ; car sa partition, par instants, s'apparente aux œuvres du bel canto, telles que la Norma ou les Puritains, de Bellini, comme, par exemple, dans le quatuor du second acte. Mais on peut, même aujourd'hui, se risquer à écrire du Bellini à condition de bien l'écrire ; et c'est ce qui distingue l'œuvre du jeune auteur de Maguelonne et le Roi René.
Parmi les pages saillantes de ce drame lyrique, je citerai l'introduction, conçue en un style noble, de jolis chœurs scandés par des carillons de cloches ; puis, le chœur gracieux des olivettes ; au second acte, une scène émouvante entre Maguelonne et la princesse, la Chanson de la « Cigale », le finale très chantant ; puis, au dernier acte, la cavatine du prince Charles, qui fait ses adieux au « doux pays » de Provence. Le succès a été très vif, le soir de la première, et le public a, par ses applaudissements répétés, marqué sa préférence pour les jolies scènes que je viens de signaler.
L'interprétation a été excellente. Les dévoués directeurs du théâtre, MM. Moureau frères, aidés par les conseils autorisés de notre ex-confrère, M. Charles Formentin, trésorier-payeur général « en Avignon », et par l'appui éclairé de M. Soulier, le Mécène de là-bas, avaient fait appel, pour chanter le premier rôle de la partition à Mlle Germaine Bailac, de l'Opéra ; l'excellente artiste a fait de Maguelonne une très belle création vocalement et dramatiquement. Le soprano très pur de Mlle Dorska (Jeanne), le joli ténorino de M. Cèbe (le prince Charles), ont été très fêtés. Il convient de mentionner aussi avec éloges MM. Florian (le roi René) et Guillot (Olivier le Daim), deux bons barytons. Le chef d'orchestre, M. Tartanac, a eu le rare mérite de bien styler les chœurs et de conduire ses exécutants avec précision et avec couleur.
Bref, rien n'a manqué au succès, puisque le commissaire général près les théâtres subventionnés, M. Adrien Bernheim, était venu apporter aux Avignonnais la preuve que le ministre de l'instruction publique et le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts s'intéressaient à cet essai intéressant de décentralisation artistique. »
(Louis Schneider, les Annales, 03 mars 1912)
MAHOMET II
Opéra en trois actes, livret de Saulnier, musique de L. Jadin, représenté au Théâtre de l'Opéra le 09 août 1803 (21 thermidor an XI), avec Adrien (Mahomet), Laforêt (Soliman), Lays (Morat) ; Mlle Maillard (Racima) et Mme Branchu (Eronime).
« Malgré une bonne interprétation et les ballets de Gardel, cet opéra ne fut joué que trois fois. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MAI (LE)
Comédie mêlée d’ariettes, livret de Desfontaines, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 08 mai 1776.
MAÏA
Cantate, poème de Fernand Beissier, mise en musique par Victor Gallois (1905), puis par Lili Boulanger (1911).
MAÏA
Drame lyrique en trois actes, livret de Paul de Choudens, musique de Ruggero Leoncavallo (1908).
MAÏDA
Conte musical en quatre actes et cinq tableaux, livret de Charles Réty-Darcours, musique d’André Bloch (Aix-les-Bains, 1909) => détails
MAIN DE FER (LA) ou UN MARIAGE SECRET
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Adolphe de Leuven, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 octobre 1841, avec Mmes Capdeville (Dorothée), Descot (Bertha) ; MM. Mocker (Nathaniel), Sainte-Foy (Job), Achille Ricquier (Œgidius Bugislaff), Auguste Laget (Eric), Palianti (Ribemberg).
« Cet ouvrage était primitivement intitulé le Secret. Il s'agit d'un tyran farouche, électeur de Hanovre, qui, après avoir fait mourir son frère, veut se débarrasser de son neveu en l'obligeant à embrasser l'état monastique ; mais il se trouve que ce neveu est déjà époux et père, et il aurait été inévitablement pendu à la fin du troisième acte, si les auteurs n'avaient amené un dénouement plus heureux en faisant mourir le tyran. La partition n'est pas des plus faibles qu'ait écrites Adam. La prière à quatre voix des paysans, qui sert d'introduction, est assez jolie ; le duo entre Bertha et Nathaniel pour soprano et ténor, la romance du prince Eric sont les morceaux saillants du premier acte. Au second, le grand air de bravoure : Que l'hymen est terrible, chanté par Mme Capdeville, a été applaudi ; mais c'est surtout la cavatine qui suit : A ses yeux j'offrais sans cesse, qui mérite d'être mentionnée ; le quintette est assez bien traité. Le dernier acte n'offre guère que les couplets : Dans un bal dont j'étais reine, auxquels on puisse encore s'intéresser. Les débuts de Laget dans cette pièce furent remarqués. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MAIN FORCÉE (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de M. Marietti, représenté à Cauterets en septembre 1875.
MAISON À VENDRE
Opéra-comique en un acte, livret d’Alexandre Pineu-Duval, musique de Nicolas Dalayrac.
Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 23 octobre 1800.
Mmes PHILLIS (Lise), DUGAZON (Mme Dorval).
MM. ELLEVIOU (Versac), MARTIN (Darmond), DOZAINVILLE (Ferville).
Chef d’orchestre : Frédéric BLASIUS.
Les archives de la salle Favart signalent comme « première » de cette œuvre, la représentation de reprise du 11 février 1830.
Repris le 05 avril 1932.
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17.01.1849 Opéra-Comique (32e) |
26.10.1911 Opéra-Comique (75e) |
10.10.1931 Opéra-Comique (84e) |
Lise |
THIBAULT |
Nelly MARTYL |
BREGA |
Mme Dorval |
MEYER |
TIPHAINE |
TIPHAINE |
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Versac |
PONCHARD |
DE CREUS |
V. PUJOL |
Darmond |
BUSSINE |
PASQUIER |
ROQUE |
Ferville |
RICQUIER |
Georges MESMAECKER |
LE PRIN |
Chef d'orchestre |
TILMANT |
E. PICHERAN |
H. JAMIN |
92 représentations officielles à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 18 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Représentation à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 09 novembre 1851. 11 représentations en 1851 et 9 en 1852.
« C'est une des pièces les plus amusantes du répertoire. La musique est franche et d'une désinvolture charmante, sans toutefois offrir des beautés saillantes. Nous signalerons les deux duos : Depuis longtemps j'ai le désir ; Chère Lise, dis-moi : je t'aime ; l'air : Fiez-vous, et celui : Trop malheureux Dermont. Cet opéra-comique a joui longtemps de la vogue. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Première représentation à l'Opéra-Comique en 1800. Succès longtemps soutenu. Deux ans plus tard la pièce, traduite en allemand, fut jouée à Munich avec de la musique de Maurer. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MAISON CHANGÉE (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Molière, à Paris, en 1798.
MAISON DU DOCTEUR (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d'Henry Boisseaux, musique de Georges Bizet (1852-1855).
Sur ce livret, Paul d'Ivry a composé un opéra-comique en un acte, représenté au Théâtre de Dijon le 04 janvier 1855. => partition
MAISON DU MARAIS (LA) ou TROIS ANS D’ABSENCE
Opéra-comique en trois actes, livret d'Alexandre Pineu-Duval, musique de Domenico Della Maria. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 novembre 1799.
MAISON EN LOTERIE (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Radet et Picard, musique d’A. Piccinni, représenté au Gymnase le 23 décembre 1820.
MAISON ISOLÉE (LA) ou LE VIEILLARD DES VOSGES
Opéra-comique en deux actes, livret de Marsollier, musique de Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (salle Favart) le 11 mai 1797.
MAISON LOUÉE (LA) ou LA MAISON À DEUX MAÎTRES
Comédie mêlée d’ariettes en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Jean-Paul-Egide Martini. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 août 1806.
MAISONNETTE DANS LES BOIS (LA)
Opéra-comique, musique de Pauwels, représenté à Bruxelles vers 1795.
MAÎTRE À CHANTER (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Chéry, musique de M. Witkowsky, représenté à Nantes le 19 décembre 1891.
MAÎTRE AMBROS
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de François Coppée et Auguste Dorchain, musique de Charles-Marie Widor. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 06 mai 1886, décors de Jean-Baptiste Lavastre et Eugène Carpezat, avec Mmes Caroline Salla (Nella), Castagné (Adrian), MM. Lubert (Hendrich), Max Bouvet (Maître Ambros), René-Antoine Fournets (Anton), Dulin (le bourgmestre), Teste (un officier), Rémy Cambot (un soldat).
« Un drame sombre qui nous mène en Hollande au temps du siège d'Amsterdam par le stathouder Guillaume d'Orange, avec une histoire d'amour pour amortir un peu la rudesse de la situation, l'ex-corsaire Ambros étant à la fois le héros de l'action guerrière et celui de cet épisode amoureux. Le livret, un peu trop développé sans doute, n'est point sans quelque intérêt ; la musique, un peu inexpérimentée au point de vue scénique, est loin d'être sans valeur. C'était le véritable début au théâtre du compositeur, qui n'avait encore abordé la scène qu'avec un joli ballet, la Korrigane, donné à l'Opéra. M. Widor est l'un des représentants les plus solides et les mieux doués de la jeune école française. Musicien profondément instruit, artiste véritablement inspiré, il est un de ceux sur lesquels l'attention du public est tout naturellement éveillée et fonde les plus sérieuses espérances. Sa partition de Maître Ambros, qui manque peut-être un peu d'air et de lumière, n'en est pas moins une œuvre intéressante, dont il faut signaler plusieurs morceaux bien venus : au premier acte, le beau choeur d'introduction : Verse en nos âmes le courage, une jolie chanson de matelot placée dans une bouche féminine, au troisième, toute la scène de la kermesse, avec le choeur des poissonnières, la chanson du mousse et les jolis airs de ballet, et la plus grande partie du quatrième très dramatique et très senti musicalement. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MAÎTRE BÂTON
Opérette en un acte, livret d’Eugène Bercioux, musique d’Alfred Dufresne, créée aux Bouffes-Parisiens le 31 mars 1858. => fiche technique
MAÎTRE BIOCH ou LE CHERCHEUR DE TRÉSORS
Opéra-comique en deux actes, musique de Terry, représenté à Liège vers 1862.
MAÎTRE CHANTEUR (LE)
[Maximilien ou le Maître chanteur] Opéra en deux actes, livret d'Henri Trianon, musique d'Armand Limnander.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 17 octobre 1853. Divertissement de Joseph Mazilier. Décors d'Hugues Martin. Costumes de Paul Lormier.
Mmes Poinsot (Marguerite), Marie Dussy (le page Gotfried), MM. Louis-Henri Obin (Maximilien [le Maître chanteur]), Louis Gueymard (Rodolphe), Mécène Marié (Gunther), Théodore Coulon (le Landgrave), F. Prévôt (Risler), Canaple (un Électeur).
Repris à l'Opéra le 05 mars 1856 sous le titre de Maximilien.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 28 avril 1874 sous le titre de Maximilien avec Mmes Marie Battu (Marguerite), Mézeray, MM. Roudil (Gunther), Echetto (Rodolphe de Hesse), Laurent-Pascal (Maximilien), Monnier (l'armurier), Mechelaere.
« Le titre donne une fausse idée de la pièce et l'intérêt s'en trouve diminué. Il n'y a pas de maître chanteur, mais bien un empereur, ce qui n'est pas la même chose. Cet empereur, redresseur de torts, se déguise et se fait passer pour maître chanteur, sans doute dans le but de mieux savoir ce qui se passe dans ses Etats. Or, comme ce n'est nullement avec cette qualité qu'il agit dans la pièce, il importait de changer le titre si ou voulait reprendre l'ouvrage. C'est ce qui a eu lieu. La partition de M. Limnander en vaut la peine. Rodolphe, fils du landgrave de Hesse, veut séduire la fille de l'armurier Gunther. Il lui propose le mariage. Elle l'accepte ; il a lieu devant des témoins supposés au nombre desquels se trouve un inconnu, le soi-disant maître chanteur. Rodolphe ne tarde pas à se repentir d'une aussi lâche action. Le maître chanteur en informe le landgrave, qui veut chasser la maîtresse de son fils. Mais cet inconnu, c'est l'empereur Maximilien qui consacre par son autorité l'union de la fille de l'armurier avec Rodolphe. C'est un sujet musical, et M. Limnander en a tiré un bon parti. L'ouverture est bien traitée, bien instrumentée ; le chœur d'introduction, composé sur un mouvement de valse allemande avec accompagnement d'un bruit d'enclumes, produit un bon effet ; la chanson de l'armurier a du caractère, et le chant de Charlemagne de la noblesse ; la phrase : O mon pays, chère Allemagne, est une belle inspiration ; la romance : Nocturne solitude, en ré bémol et le duo scénique terminent bien le premier acte. Le second acte est tout à fait poétique. Nous rappellerons la romance du sommeil, la phrase de Marguerite : Moi qui l'aimais ; l'air de Gunther et l'ensemble en si bémol : Prends le glaive de Charlemagne ; ce sont là des morceaux qui attestent l'inspiration et le style distingué du compositeur. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Libretto peu original et gauchement coupé pour le musicien.
On pourrait signaler des réminiscences dans cette œuvre musicale qui n'obtint pas un long succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MAÎTRE CLAUDE
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, musique de Jules Cohen. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 18 mars 1861, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Marie Marimon (Perrine), Angèle Cordier (Suzette), MM. Gourdin (Claude Lorrain), Eugène Troy (le Duc d'Aiguillon), Berthelier (Bouton de Rose).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 21 novembre 1861.
« Il s'agit, dans le livret, d'un petit épisode supposé de la vie du peintre Claude Gelée, plus connu sous le nom de Claude Lorrain. Il est agréablement traité, et le musicien y a trouvé de jolies situations musicales. Les morceaux les plus remarqués sont l'ouverture, dans laquelle on distingue un solo de cor ; la mélodie : Je rêvais ; ensuite l'air : Allons, au franc chasseur, et celui de soprano : L'autre jour sur le bord de l'eau. Le rôle de Claude a été bien rendu par Gourdin. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MAÎTRE D’ÉCOLE (LE)
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, musique de Lismore, représentée à l'Opéra-Comique de la Foire en 1760. Ce petit ouvrage était la parodie du joli opéra de Monsigny, le Maître en droit.
MAÎTRE D'ÉCOLE VILLAGEOIS (LE) ou LA LEÇON PERDUE
Opéra-comique en un acte, paroles et musique d'Alexis Dubois, acteur du théâtre de Lille, représenté sur ce théâtre en 1787.
MAÎTRE DE CHANT (LE)
Opérette en un acte, musique de Marcellus Muller (sous le pseudonyme de Wilhelm), représentée à Caen le 6 mars 1877.
MAÎTRE DE CHAPELLE (LE) ou LE SOUPER IMPRÉVU
Opéra-comique en deux actes, livret de Sophie Gay, d’après le Souper imprévu, comédie en un acte d’Alexandre Duval, musique de Ferdinand Paer.
Personnages : Barnabé, maître de chapelle (basse comique) ; Benedetto, son neveu (ténor) ; Gertrude, cuisinière de Barnabé (soprano).
Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 mars 1821, par Mme BOULANGER (Gertrude), MM. Jean-Blaise MARTIN (Barnabé) et FEREOL (Benetto), sous la direction de Frédéric KREUBÉ.
Les archives de la salle Favart considèrent comme « première » de cette œuvre la représentation de reprise du 22 août 1830.
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10.09.1848 Opéra-Comique (144e) |
04.09.1885 Opéra-Comique (259e) |
27.10.1900 Opéra-Comique (437e) |
13.01.1933 Opéra-Comique (487e) |
Gertrude |
FÉLIX |
CHEVALIER |
DE CRAPONNE |
E. RÜHLMANN |
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Barnabé |
DANCE |
Lucien COLLIN |
DELVOYE |
PONZIO |
Benetto |
SAINTE-FOY |
BARNOLT |
Georges MESMAECKER |
GENIO |
Chef d’orchestre |
TILMANT |
J. DANBÉ |
GIANNINI |
E. COHEN |
494 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 58 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950).
Première au Théâtre-Lyrique (alors Opéra-National, salle du Théâtre-Historique) le 28 septembre 1851, avec Mlle Adèle Guichard (Gertrude) et M. Augustin Ribes (Barnabé).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 29 en 1851, 33 en 1852, 8 en 1853, 34 en 1854, 43 en 1855, 11 en 1856, 1 en 1857, 8 en 1868, 13 en 1869, 2 en 1870.
Résumé.
A l'origine, ce petit ouvrage comprenait deux actes. Dans le premier, Barnabé, ayant composé un opéra, « Cléopâtre », veut en faire chanter la scène principale à sa servante Gertrude. Le second développait une intrigue amoureuse entre une Italienne et un officier français qui, par méprise, s'est fait servir par Gertrude le dîner de son maître. — Seul le premier acte est exécuté encore aujourd'hui.
L’action se déroule en 1797, dans la maison du maître de chapelle d’un petit village des environs de Milan, au temps des guerres napoléoniennes.
ACTE I.
Gertrude, à la fois cuisinière et élève du Maître de chapelle, prépare un souper auquel Barnabé a invité son neveu Benetto, amoureux, poltron et béotien de sa nature.
Barnabé n'est guère plus résolu que son neveu ; il a surtout une horrible frayeur des soldats français. La malicieuse cuisinière s'amuse à leur faire peur [Trio : Entendez-vous ce bruit ?...].
Benetto sort et Gertrude retourne à la cuisine. Pendant ce temps le maître examine la partition de cette Cléopâtre qu'il achève et dont il attend la gloire. [Air de Barnabé : Ah ! quel bonheur de pressentir sa gloire...].
Barnabé supplie Gertrude d'en venir répéter un duo avec lui [« Comment voulez-vous que je chante... »].
« Le compositeur avait cinquante ans lorsqu'il produisit ce petit chef-d'œuvre. La mélodie abonde dans toutes les scènes ; l'instrumentation en est soignée, ingénieuse. On y remarque surtout l'air du maître de chapelle et le fameux duo qu'il chante avec la cuisinière : Perche Perche. Ces morceaux sont devenus classiques. Le Maître de chapelle obtint autant de succès comme opéra-bouffe que l'opéra-séria de l'Agnese. Ce sont les deux titres de gloire de Paer. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Paer, né à Parme en 1771, a joui d'une grande célébrité pendant la première moitié de ce siècle. Il a occupé les plus hauts emplois auxquels un musicien puisse prétendre : maître de musique de Marie-Louise, puis de la duchesse de Berri ; directeur de la chapelle de Louis-Philippe, etc. C'est lui qui, comme directeur du Théâtre-Italien de Paris, fit jouer pour la première fois en France le Barbier de Rossini. Il est mort en 1839 ; et de tout son bagage, il n'est resté que le Maître de Chapelle, écrit en collaboration avec Mme Sophie Gay (mère de la célèbre Mme de Girardin) et créé à Feydeau en 1821 ; encore n'en joue-t-on plus que le premier acte. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Personnages : Barnabé, maître de chapelle ; Benetto, son neveu ; Gertrude, sa cuisinière.
La scène se passe dans la maison de Barnabé, dans un village près de Milan, au temps des guerres de Napoléon.
Une comédie où il n'y a pas d'action ne mérite vraiment pas ce nom. Le Maître de Chapelle n'est qu'une saynète. Gertrude, cuisinière française d'un maestro italien, lui cuit ses rôtis et lui chante aussi sa musique. Au lever du rideau nous apprenons qu'un dîner se prépare où sont conviés Benetto, le neveu de Barnabé, et Cœlénie, pupille de Barnabé, que celui-ci veut donner pour femme à son neveu le bien nommé, car il est aussi benêt et fat que possible. Il est aussi poltron, et la malicieuse Gertrude s'amuse à le faire trembler en lui faisant croire que les Français approchent. Elle s'amuse ensuite à faire enrager son maître en lui disant que Cœlénie ne viendra pas souper, parce qu'elle n'aime pas Benetto et n'a d'yeux que pour un jeune et bel officier. Furieux, Barnabé renvoie sa soubrette à ses fourneaux.
Resté seul, il rêve à la partition qu'il achève, à cette Cléopâtre dont il attend la gloire. Dans un air célèbre, il décrit et mime son opéra. Puis, pris du besoin d'en entendre quelques pages, il appelle Gertrude et lui demande de répéter le duo avec lui. Ce duo, sur lequel baisse le rideau, persifle agréablement l'opéra italien à la mode vers 1820, et c'est ce morceau, fort agréablement et spirituellement écrit, qui a assuré le succès du Maître de Chapelle.
Comme on voit, aucune intrigue, aucune conclusion. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
MAÎTRE DE MUSIQUE (LE)
Comédie mêlée d’ariettes en deux actes, livret de Pierre Baurans, musique parodiée de divers compositeurs. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 31 mai 1755. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 17 mars 1763. C’est une parodie d’Il Maestro di musica, intermède donné à l’Opéra de Paris en 1752.
MAÎTRE DE VILLAGE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de M. Bevalot, musique de M. Verschneider, représenté à Besançon en mai 1885.
MAÎTRE DU DIABLE (LE)
Pièce fantastique mêlée de chant, en trois actes et cinq tableaux, livret de Victor Locket, tiré du roman d'Edouard Cadol, musique de M. Roubaud, représentée aux Fantaisies-Nouvelles le 07 avril 1888, avec Mmes Poitevin, Barbieri, MM. Sifolelli, Coulanges, Minne, Delannoy.
MAÎTRE EN DROIT (LE)
Opéra-comique en deux actes, en vers, livret de Pierre-René Lemonnier, musique de Pierre-Alexandre Monsigny. Création sur le théâtre de la Foire Saint-Germain le 13 février 1760. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 08 février 1762. => livret
« Le vieux jurisconsulte romain commence la série interminable et nauséabonde des docteurs, précepteurs et gouverneurs bernés par leurs élèves. Ces personnages ont reparu si souvent dans le théâtre de Scribe, qu'ils semblent faire partie de la mise en scène de ses livrets. Celui qu'on a vu dans le Comte Ory, en 1828, reparaît en 1843 dans la Part du Diable. Il faut espérer que ce centenaire est mort de vieillesse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MAÎTRE ET LE VALET (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Justin Gensoul, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 08 août 1816.
MAÎTRE GILLES
« Fantaisie rimée » de MM. Elhem et de Polloes, musique de M. Michiels, représentée au Théâtre-Mondain le 31 décembre 1895.
MAÎTRE GRELOT
Opérette en un acte, livret d’Emile de Najac, musique d’Adrien Talexy, représentée aux Folies-Bordelaises le 01 septembre 1881.
MAÎTRE GRIFFARD
[ou Monsieur Griffard]
Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Mestépès, musique de Léo Delibes, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 03 octobre 1857, avec Mlles Faivre (Jeannette), Victorine Moreau (Isabelle), MM. Désiré Fromant (Léandre), Leroy (Maître Griffard).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 31 en 1857, 26 en 1858, 7 en 1859.
L'air de Léandre travesti en clerc bas-normand : Je suis Blaise, natif de Falaise, est le morceau le plus applaudi de ce petit ouvrage. Delibes, élève d'Adam, en était à son premier opéra chanté sur un grand théâtre ; mais on connaissait de lui d'agréables opérettes jouées aux Bouffes-Parisiens. L'heureux auteur de Coppelia et du Roi l'a dit, a débuté aux Folies-Nouvelles par une saynète intitulée : Deux sous de charbon.
MAÎTRE MARTIN
Opéra en quatre acte, livret d’Eugène Landoy, d’après un conte d’Hoffmann, musique de Jan Blockx.
Première représentation à Bruxelles, Théâtre de la Monnaie, le 30 novembre 1892, avec Mmes Lejeune (Rosa), Archaimbaud (Anna), Walter (la servante), MM. Gilibert (Maître Martin), Leprestre (Frédéric), Ghasne (Rheinold), Isouard (baron Conrad), Barbary (Muller).
MAÎTRE PALMA
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Furpille et Philippe Gille, musique de Mlle Rivay, sous-titré le Mariage aux épées, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 17 juin 1860, avec Mlle Victorine Moreau (Marta) ; MM. Joseph-Adolphe Lesage (Palma), Auguste Legrand (Lorenzo), Armand Potel (Giletti).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 3 en 1860.
Livret bizarre, musique assez agréable.
« Un opéra de salon, reçu par la précédente direction, et qui fut glissé furtivement sur l'affiche, le soir d'un dimanche d'été. Ce manque de cérémonie fut cette fois, comme toujours, mal interprété par le public. La pièce était pourtant amusante, et méritait d'être donnée dans de meilleures circonstances. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MAÎTRE PATHELIN
Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Ferdinand Langlé, musique de François Bazin. Création sur le théâtre de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 décembre 1856, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Révilly (Mme Pathelin), Marguerite Jeanne Camille Decroix (Bobinette), Talmont (Angélique), MM. Couderc (Maître Pathelin), Victor Prilleux (Mr Josseaume), Berthelier (Aignelet), Edmond Cabel (Charlot), Constant Lemaire (le Bailli).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 01 décembre 1857 avec Mmes Meuriot, Cèbe, Colas, MM. Aujac, Borsary, Killy, Mengal, Gourdon.
« Les auteurs du livret ont renfermé en un seul acte la pièce de Bruéis, et, en conservant les principaux épisodes de la vieille Farce de maistre Pierre Pathelin, ils ont prouvé que les modernes pouvaient aussi bien s'en divertir que leurs aïeux du XVe siècle. M. Bazin est sorti victorieux des difficultés qu'offrait pour la musique un pareil sujet. Tout en exprimant avec franchise le caractère de chaque scène, il a écrit une partition élégante et estimée des connaisseurs. L'ouverture fait entendre le motif de la marche comique qui accompagne à la fin de l'acte l'entrée du tribunal, ce qui place l'ouvrage dans le cadre spécial qui lui convient. Nous citerons, parmi les morceaux les plus applaudis, les couplets de l'avocat, chantés par Couderc ; les couplets du berger, chantés par Berthelier, qui a débuté à l'Opéra-Comique dans cette pièce ; une jolie romance de ténor et le duo des Bé bé. Prilleux a très bien joué le rôle du drapier, et Lemaire a rendu d'une façon exhilarante celui du bailli. En somme, comme pièce et comme musique, Maître Pathelin est un des meilleurs actes d'opéra-comique du répertoire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MAÎTRE PERONILLA
Opéra bouffe en trois actes, livret de Charles Nuitter et Paul Ferrier, musique de Jacques Offenbach, représenté aux Bouffes-Parisiens le 13 mars 1878, avec Mmes Peschard (Alvarès), Paola Marié (Frimouskino), Caroline Girard (Léona), Humberta (Manoëla), Fanny Robert (Antonio), Descot (Paquita), Blot (Felipe), Blanche (Juanito) ; MM. Daubray (Péronilla), Jolly (Guardona), Etienne Troy (Ripardos), Scipion (Bridoison), Pescheux (le notaire), Maxnère et Dubois (les deux Vélasquez), Jannin et Chambéry (2 juges), Sassard (le marquis), Edouard Montaubry (don Fabrice). => partition
« Le sujet de la pièce est assez original. Maître Peronilla est un fabricant de chocolat qui, dans sa jeunesse, a exercé la profession d'avocat. Manuela, sa fille, est courtisée par Alvarez, dont les sérénades l'ont charmée, et par le vieux et ridicule Guardona. Ce dernier est préféré par le père, et l'acte civil du mariage est passé devant notaire. Mais les deux cousins de la jeune fille parviennent à substituer Alvarez à Guardona dans la cérémonie religieuse, qui a lieu pendant la nuit. Manuela se trouve donc bigame, et les tribunaux sont saisis de l'affaire. Leona, sœur de Peronilla, prend le parti de Guardona. La cause est appelée. Un avocat plaide en faveur de Manuela et, dans le feu de son éloquence, laisse tomber la perruque dont il s'est affublé. On reconnaît en lui le père de l'accusée. L'acte civil, dressé au nom de famille que porte également Leona, est appliqué à celle-ci, qui est contrainte d'épouser le vieux Guardona, et Manuela épouse Alvarez.
La musique est agréable et, sauf quelques phrases d'un goût médiocre et des réminiscences, offre de charmants morceaux. Je citerai particulièrement la jolie romance d'Alvarez : Quand j'ai dû, la mort dans l’âme ; les couplets des petits valets : Pedro, le petit bohémien ; le rondeau de Frimouskino : Je pars, je vais, je vole, qui est très bien fait, et la romance chantée par le même : Assurément, j'ai confiance. Le morceau le plus applaudi a été la Malagueña, chanson espagnole où se trouvent quelques modulations bizarres, mais intéressantes. Il est fâcheux que les paroles n'offrent pas la moindre trace d'esprit ni de littérature. Le succès de carrefour qu'on a fait au Roi barbu qui s'avance, bu qui s'avance, de la Belle Hélène, a sans doute engagé M. Offenbach à reproduire ce genre d'effet. Ce passage peut donner une idée du goût qui préside à la confection de ces ouvrages :
Les frères Vélasquez
Comm' témoins font florès,
Où faut-il Signez ?
PERONILLA.
On vous le dira,
On vous le di,
On vous le di,
On vous le dira.
M. Offenbach a tellement caricaturé l'art du compositeur, qu'on a quelque peine à le prendre au sérieux lorsqu'il veut l'être.
Le genre de l'opérette a remplacé celui de l'ancien vaudeville, malin et français, parisien surtout. Mais la partie musicale ayant été développée à l'excès, on n'a pu la faire accepter au public qu'en l'assaisonnant de gravelures et d'exhibitions plastiques. L'esprit, qui faisait les frais de l'ancien vaudeville et, de la comédie à ariettes, n'est plus nécessaire ; les situations scabreuses suffisent, accompagnées d'une musique qu'on écoute à peine. L'opérette est une transformation passagère qui flatte les goûts d'un public mêlé, cosmopolite et indifférent au fond. L'auteur dramatique gagnerait à n'accepter du musicien qu'une collaboration moins encombrante, moins coûteuse et réduite aux proportions de l'ancienne comédie à ariettes. C'est là le genre dans lequel l'opérette devra être ramenée et maintenue si l'on tient à conserver à l'esprit français les qualités dont il doit faire preuve dans ce genre de plaisir : le goût, la sensibilité, une gaieté spirituelle. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MAÎTRE PIERRE
Opéra en quatre actes, livret de Louis Gallet, musique de Charles Gounod, inachevé (1877-1884).
MAÎTRE PIERROT
Opéra-comique en un acte, livret d’Albert Carré, musique de Félix Pardon, représenté au Casino de Contrexéville le 09 août 1880 ; chanté par Lary et Mme Astruc.
MAÎTRE TAUPIN
Opéra-comique en un acte, paroles de M. de Liagre, musique de M. Guigou, représenté sur le théâtre du Gymnase, à Marseille, en 1877.
MAÎTRE WOLFRAM
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Méry, Paul Bocage et Théophile Gautier, musique d’Ernest Reyer.
Personnages : Hélène, jeune orpheline (soprano) ; Léopold Wolfram, musicien (baryton) ; Frantz, officier (ténor) ; Wilhem, maître d'école (basse).
Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 20 mai 1854, avec Mme MEILLET (Hélène), MM. Pierre LAURENT (Wolfram), André TALLON (Frantz), Honoré GRIGNON (Wilhem).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 13 en 1854, 4 en 1855, 6 en 1857.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 26 septembre 1868 avec Mmes Duprestre (Hélène), MM. Lepers (Wolfram), Barbet (Frantz), Chappuis (Wilhem).
Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 05 décembre 1873.
Mme Marguerite CHAPUY (Hélène).
MM. Jacques BOUHY (Wolfram), COPPEL (Frantz), NATHAN (Wilhem).
Chef d'orchestre : Adolphe DELOFFRE.
Reprise du 7 février 1902 (12e représentation).
Mme EYREAMS (Hélène).
MM. DELVOYE (Wolfram), JAHN (Frantz), François-Antoine GRIVOT (Wilhem).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
32 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 21 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
« L'action se passe en Allemagne et retrace un tableau des mœurs bourgeoises à la fois simple et touchant. Deux jeunes orphelins, Léopold Wolfram et Hélène, élevés ensemble par les soins du vieux professeur Wilhelm, semblent destinés à s'épouser. Ainsi le prétend le bon Wilhelm ; ainsi l'espère maître Wolfram, devenu un habile organiste. Mais Hélène, tout en chérissant celui-ci comme un frère, aime le soldat Frantz. Une lettre, perdue par elle, révèle son secret, et le pauvre Wolfram se résigne à oublier son amour en se vouant au culte de l'art ; il demande aux accords de son orgue les consolations dont son âme a besoin après une si cruelle déception. L'ouverture est traitée avec soin, et la couleur de l'instrumentation est appropriée au sujet. L'invocation à l'Harmonie, chantée par Wolfram, est une mélodie fort expressive. Elle est suivie des jolis couplets d'Hélène :
Je crois ouïr dans les bois
Une voix ;
Le vent me parle à l'oreille
La fleur me dit ses secrets
Les plus frais,
Et le ramier me conseille.
L'air du soldat Frantz : Maudit soit le ferrailleur, un chœur d'étudiants, une romance chantée par Léopold, et un duo développé et composé de phrases originales, forment une petite partition intéressante et dans laquelle la théorie musicale et le sentiment tout individuel de l'auteur de la Statue se sont révélés de manière à faire bien augurer de son avenir. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« M. Reyer faisait ses débuts de compositeur dramatique. Il n'était encore connu que par le Sélam, symphonie orientale venue à la suite du Désert, de M. Félicien David. Il a succédé à Berlioz comme critique musical du Journal des Débats. La pièce de Méry (avec quelques parties refaites par Théophile Gautier) avait été inspirée de la lithographie si connue de M. de Lemud. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Œuvre remarquable et bien préférable, au double point de vue littéraire et musical, à un grand nombre de longues partitions. »
[Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876]
MAÎTRES CHANTEURS DE NUREMBERG (LES)
[Die Meistersinger von Nürnberg]
Drame poétique et musical allemand en trois actes et quatre tableaux, poème et musique de Richard Wagner.
Personnages : Hans Sachs, cordonnier (baryton héroïque) ; Veit Pogner, orfèvre (basse) ; Kunz Vogelgesang, pelletier (ténor) ; Konrad Nachtigall, laitier (basse) ; Sixtus Beckmesser, écrivain public (baryton) ; Fritz Kothner, boulanger (baryton) ; Balthasar Zorn, ferblantier (ténor) ; Ulrich Eisslinger, épicier (ténor) ; Augustin Moser, tailleur (ténor) ; Hermann Ortel, savonnier (basse) ; Hans Schwarz, bonnetier (basse) ; Hans Foltz, chaudronnier (basse profonde) ; Walther von Stolzing, un jeune chevalier de Franconie (ténor) ; David, un apprenti de Sachs (ténor) ; Eva, fille de Pogner (soprano) ; Magdalena, nourrice d’Eva (mezzo-soprano) ; un veilleur de nuit (basse) ; bourgeois de la Guilde, compagnons, apprentis, jeunes filles.
Créé à Munich, Théâtre Royal, le 21 juin 1868.
Mmes Matilde MALLINGER (Eva), Sophie DIETZ (Magdelaine).
MM. Franz NACHBAUER (Walther), Franz BETZ (Hans Sachs), K. SCHLOSSER (David), G. HOLTZEL (Beckmesser), BAUSEWEIN (Pogner), K. HEINRICH (Vogelgesang), SIGL (Nachtigall), FISCHER (Fritz Kothner), WEIRTSTERFER (Zorn), BEPPE (Eislinger), VOPPL (Muser), ZHOMS (Oriel), GRASSER (Schwarz), HAPN (Foltz), F. LANG (le Veilleur de Nuit).
Chef d'orchestre : Hans von BÜLOW
Première à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie), version française de Victor Wilder, le 07 mars 1885.
Premières, à New York (Metropolitan-Opera), le 04 janvier 1886 ; à Bayreuth (Théâtre du Festival), le 23 juillet 1888 ; en France, à Lyon (Grand Théâtre), version française d'Alfred Ernst, le 30 décembre 1896.
Amédée Boutarel en a donné une version française.
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BRUXELLES 07.03.1885 |
NEW YORK 04.01.1886 |
BAYREUTH 23.07.1888 |
LYON 30.12.1896 |
Eva |
Rose CARON |
SEIDL-KRAUS |
BETTAQUE |
L. JANSSEN |
Magdelaine |
Blanche DESCHAMPS-JEHIN |
M. BRANDT |
G. STAUDIGL |
E. COSSIRA |
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Walther |
JOURDAIN |
A. STITT |
H. GUDEHUS |
COSSIRA |
Hans Sachs |
SEGUIN |
E. FISCHER |
F. PLANK |
Gaston BEYLE |
David |
Louis DELAQUERRIÈRE |
KRAMER |
HEDMONDT |
HYACINTHE |
Beckmesser |
SOULACROIX |
O. KEMLITZ |
FRIEDRICH |
DELVOYE |
Pogner |
DURAT |
J. STAUDIGL |
GILLMEISTER |
CHALMIN |
Fritz Kothner | RENAUD | |||
Chef d’orchestre |
J. DUPONT |
L. DAMROSCH |
H. RICHTER |
MIRANNE |
Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 10 novembre 1897 dans la version française d'Alfred Ernst (répétition générale le dimanche 07 novembre 1897 avec les créateurs). Mise en scène d'Alexandre Lapissida. 2e tableau du 3e acte : Valse, réglée par Joseph Hansen. Décors d'Amable. Costumes de Charles Bianchini.
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10.11.1897 1e |
27.03.1906 69e |
17.02.1911 81e |
28.12.1912 100e |
Eva |
L. BRÉVAL |
L. BREVAL |
Yvonne GALL |
Yvonne GALL |
Magdelaine |
GRANDJEAN |
CARO-LUCAS |
DAUMAS |
GOULANCOURT |
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Walther |
ALVAREZ |
ALVAREZ |
FRANZ |
FRANZ |
Hans Sachs |
DELMAS |
DELMAS |
DELMAS |
DELMAS |
David |
VAGUET |
NUIBO |
CAMPAGNOLA |
DUBOIS |
Beckmesser |
RENAUD |
RIDDEZ |
RIGAUX |
RENAUD |
Pogner |
L. GRESSE |
CHAMBON |
JOURNET |
JOURNET |
Vogelgesang |
CABILLOT |
CABILLOT |
WARELLY |
WARELLY |
Nachtigall |
DOUAILLIER |
DOUAILLIER |
TRIADOU |
TRIADOU |
Kothner |
BARTET |
BARTET |
GONGUET |
ROSELLY |
Zorn |
LAURENT |
GONGUET |
TEISSIE |
GONGUET |
Eislinger |
DUPIRE |
DUPIRE |
NANSEN |
NANSEN |
Möser |
GALLOIS |
GALLOIS |
REVOL |
REVOL |
Ortel |
DELPOUGET |
DELPOUGET |
DELPOUGET |
DELPOUGET |
Schwarz |
DENOYE |
DENOYE |
Michel EZANNO |
Michel EZANNO |
Foltz |
PATY |
STAMLER |
CHAPPELON |
CHAPPELON |
Veilleur |
CANCELIER |
CANCELIER |
CERDAN |
CERDAN |
Danse (Valse) |
Mlles Beauvais, Charrier, S. Mante, Morlet, Boos, L. Mante, Barbier, Esnel |
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Chef d’orchestre |
TAFFANEL |
P. VIDAL |
A. MESSAGER |
H. RABAUD |
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05.03.1923 108e |
23.05.1923*
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19.01.1925**
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12.10.1927*** 128e |
22.10.1930 139e |
14.04.1937
|
04.06.1948 172e |
31.10.1952**** 187e |
06.12.1952 191e |
Eva |
G. LUBIN |
G. LUBIN |
Yvonne GALL |
Jane LAVAL |
G. LUBIN |
Marisa FERRER |
SEGALA |
Geori BOUÉ |
Geori BOUÉ |
Magdelaine |
Yvonne COURSO |
Yvonne COURSO |
Yvonne COURSO |
Yvonne COURSO |
J. MONTFORT |
J. MONTFORT |
BOUVIER |
Rita GORR |
RICQUIER |
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Walther |
Paul FRANZ |
Paul FRANZ |
Paul FRANZ |
Paul FRANZ |
Paul FRANZ |
Georges THILL |
VERDIÈRE |
Raoul JOBIN |
VERDIÈRE |
Hans Sachs |
DELMAS |
DELMAS |
DELMAS |
JOURNET |
JOURNET |
FROUMENTY |
FROUMENTY |
VAILLANT |
VAILLANT |
David |
RAMBAUD |
RAMBAUD |
RAMBAUD |
RAMBAUD |
RAMBAUD |
RAMBAUD |
GIRAUDEAU |
GIRAUDEAU |
GIRAUDEAU |
Beckmesser |
Robert COUZINOU |
Robert COUZINOU |
FABERT |
FABERT |
FABERT |
BECKMANS |
BECKMANS |
BOURDIN |
BOURDIN |
Pogner |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
GROMMEN |
GROMMEN |
HUBERTY |
MEDUS |
DEPRAZ |
DEPRAZ |
Vogelgesang |
G. DUBOIS |
G. DUBOIS |
G. DUBOIS |
G. DUBOIS |
G. DUBOIS |
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ROUQUETTY |
ROUQUETTY |
ROUQUETTY |
Nachtigall |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
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GICQUEL |
ROUX |
ROUX |
Kothner |
CARBELLY |
CARBELLY |
CARBELLY |
CARBELLY |
CLAVERIE |
CLAVERIE |
PHILIPPE |
PHILIPPE |
PHILIPPE |
Zorn |
GONGUET |
GONGUET |
Georges THILL |
MORINI |
MORINI |
CHASTENET |
CHASTENET |
CHASTENET |
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Eislinger |
Georges RÉGIS |
Georges RÉGIS |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
GOURGUES |
RALLIER |
RALLIER |
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Möser |
SORIA |
SORIA |
SORIA |
SORIA |
JOBIN |
DESHAYES |
DESHAYES |
DESHAYES |
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Ortel |
MAHIEUX |
MAHIEUX |
MAHIEUX |
R. LUBIN |
FROUMENTY |
MAX-CONTI |
MAX-CONTI |
MAX-CONTI |
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Schwarz |
Fred BORDON |
Fred BORDON |
Fred BORDON |
Fred BORDON |
NEGRE |
PETITPAS |
PETITPAS |
PETITPAS |
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Foltz |
P. COMBES |
P. COMBES |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
SERKOYAN |
SERKOYAN |
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Veilleur |
DALERANT |
DALERANT |
DALERANT |
DALERANT |
DALERANT |
ENIA |
MASSARD |
MASSARD |
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Chef d’orchestre |
CHEVILLARD |
P. GAUBERT |
P. GAUBERT |
P. GAUBERT |
P. GAUBERT |
Paul PARAY |
FOURESTIER |
SEBASTIAN |
SEBASTIAN |
* Avec Mmes NOTICK, DUMAS, BAUDOIN, IMBERT, DOYEN, COSSET, MARCHAND, DUMESNIL. MM. BRULFERT, DENANTES, PIERROTET, LAFON, LANDRAL, JEHANNE, ANGLÈS, SERGÈS.
Au 2e tableau du 3e acte : Valse, réglée par Léo STAATS.
** Avec Mmes NOTICK, DUMAS, BAUDOUIN, IMBERT, DOYEN, COSSET, MARCHAND, DUMESNIL. MM. BRULFERT, DENANTES, PIERROTET, LAFON, LANDRAL, JEHANNE, ANGLÈS, SERGÈS.
Au 2e tableau du 3e acte : Valse, réglée par Léo STAATS.
*** Avec Mmes NOTICK, ROUGIER, BEAUDOIN, IMBERT, MÉLIN, COSSET, LAPIERRE, MARCHAND. MM. DE LEU, DENANTE, PIERROTET, LAFON, LANDRAL, JEHANNE, ANGLÈS, GRENIER.
Au 2e tableau du 3e acte : Valse, réglée par Léo STAATS.
**** Reprise de 1952, mise en scène de Max de RIEUX.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Eva : Mmes BOSMAN (1898), HATTO (1901), LINDSAY (1906), ISNARDON (1923), BONAVIA (1926), LAVAL (1927), FERRER (1932), Lotte LEHMANN (1934), Maria MULLER (1936), CAMART (1949), MAS (1949).
Magdelaine : Mmes BEAUVAIS (1898), G. LEJEUNE (1911), CHARNY (1913), TESSANDRA (1932), BERGLUND (1934).
Walther : MM. COURTOIS (1898), VAGUET (1900), MURATORE (1906), DUBOIS (1906), E. AUDOIN (1927), THILL (1933), Max LORENZ (1934), DE TREVI (1937), TALEYRAC (1949).
Hans Sachs : MM. A. HUBERTY (1932), BOCKELMAN (1934), PROHASKA (1936).
Beckmesser : MM. NOTÉ (1898), Eugène SIZES (1913), Jean MAURAN (1927), Armand CRABBE (1933), FUSCH (1934), NOGUERA (1949).
David : MM. Léon BEYLE (1898), L. LAFFITTE (1898), FABERT (1911), ZIMMERMANN (1934).
Pogner : MM. André GRESSE (1926), NARÇON (1933), KIPNIS (1934), L. HOFFMANN (1936), SAVIGNOL (1948).
191 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Le jeune chevalier Walther de Stolzing se présente au concours annuel des Maîtres Chanteurs de Nuremberg pour conquérir la main d'Eva Pogner, qui en est l'enjeu.
Son art vibrant et spontané s'oppose au formalisme routier des vieux Maîtres. Mais grâce aux conseils amicaux de Hans Sachs, le cordonnier-poète, Walther parvient à s'imposer au concours, tandis que son redouté concurrent, le greffier Sixtus Beckmesser, s'effondre sous les huées.
Cette œuvre, qui était pour Wagner une sorte de plaidoyer pro domo sua, s'oppose, dans son tour gai et comique, au poème de Tannhäuser.
L'action se déroule à Nuremberg, au milieu du XVIe siècle.
ACTE I. — A l'intérieur de l'église Sainte-Catherine.
Scène 1. — L'office est en train de s'achever. Un gentilhomme, le chevalier Walther de Stolzing, adossé à un pilier, ne quitte pas du regard une jeune fille, Eva, fille de l'orfèvre Pogner, qui, assise au dernier rang avec sa nourrice Madeleine, lui répond par une mimique expressive.
En sortant, Walther échange quelques mots avec Eva tandis que la nourrice va rechercher un objet oublié sur le banc. Il apprend qu'il est aimé. Madeleine veut entraîner Eva. Distraite un moment par la vue de son amoureux, David, qui sort de la sacristie, elle explique encore à Walther que Pogner a résolu de donner sa fille au vainqueur du concours musical qui va se dérouler le lendemain entre les Maîtres chanteurs de Nuremberg. Eva déclare à Madeleine qu'il faut absolument que ce soit Walther ce vainqueur.
David, un des apprentis, commence à aller et venir, préparant la séance qui va avoir lieu dans la sacristie, où les Maîtres chanteurs doivent désigner les candidats aptes au concours de maîtrise. Madeleine confie Walther à David, afin que celui-ci puisse le mettre au courant de ce qu'il ignore, et les deux femmes se retirent.
Scène 2. — David, sans cesse interrompu et
harcelé par les apprentis qui apportent l'estrade et dressent les bancs
nécessaires à la réunion, explique longuement à Walther les règles compliquées
de la « tablature », qu'il faut connaître et observer scrupuleusement pour
devenir
Maître. Lui-même, David, élève de Hans Sachs, espère bien un jour, parvenir à la
maîtrise. Les apprentis souhaitent bonne chance au candidat en chantant et
dansant autour de lui, puis se retirent à l'approche des Maîtres.
Scène 3. — Les Maîtres arrivent. Le greffier Sixtus Beckmesser accompagnant Veit Pogner insiste auprès de lui pour obtenir la main d'Eva, dont il devine cependant n'être pas aimé. Aussi accueille-t-il sans bienveillance Walther qui se présente pour subir les épreuves et que Pogner, ravi au contraire, encourage en lui promettant son appui.
Hans Sachs arrive encore. L'assemblée est au complet. Kothner fait l'appel, puis Pogner prend la parole pour rappeler l'importance de la fête qui aura lieu le lendemain, jour de la Saint-Jean d'été. L'orfèvre ajoute que la main de sa fille demeure l'enjeu de la joute, mais qu'Eva sera libre de refuser le vainqueur s'il ne lui plaît pas. Tandis que la plupart approuvent Pogner et que les apprentis manifestent bruyamment, Beckmesser exprime un avis différent, car il sent combien cette dernière décision de Pogner peut lui être défavorable. Une proposition de Hans Sachs de joindre le jugement du peuple à celui des Maîtres est repoussée par plusieurs de ces derniers ; Sachs bientôt y renonce. Une escarmouche éclate encore entre Sachs et Beckmesser au sujet d'Eva ; l'effervescence s'étant calmée, Pogner présente à tous le jeune chevalier qui demande à subir l'épreuve. Beckmesser essaie de faire ajourner l'examen, mais les Maîtres passent outre et demandent à Walther chez qui il a étudié la poésie. Walther répond qu'il l'a fait dans le silence des longues veillées d'hiver, en relisant cent fois le vieux livre d'un des plus célèbres minnesänger d'Allemagne et que la musique lui a été apprise par les oiseaux eux-mêmes, au printemps [1er Air de Walther : Am stillen Herd... / Paisible et seul...].
Les discussions recommencent, mais l'avis de Vogelsang, Pogner et Sachs prévaut sur celui, toujours opposé à Walther, de Beckmesser et décide la corporation à entendre Walther. Celui-ci, plaçant son espoir sous l'invocation de l'amour, essaiera de traduire poétiquement et mélodieusement les souvenirs de son enfance. Beckmesser est désigné comme « marqueur ». Kothner lit les règles qu'il devra observer et Walther commence [2e Air de Walther : Fanget an ! So rief der Lenz in dem Wald... / Commencez ! Ainsi j'entends dans nos bois...].
Pendant l'exécution, on entend Beckmesser qui, rageusement, inscrit toutes les fautes sur l'ardoise, laquelle est finalement criblée de coups de craie. La discussion recommence, plus vive que jamais. D'un côté, se ralliant à l'avis de Beckmesser, se rangent les vieux Maîtres routiniers, exclusivement attentifs à la stricte observance des règles de l'école ; de l'autre, Pogner et Sachs, lequel a deviné la force qui se cache sous ce talent indiscipliné. Cependant la majorité des Maîtres est opposée au nouveau venu et c'est dans le tumulte général qu'il entonne la dernière strophe de son chant, dont il fait une critique amère à l'égard de ses juges.
C'en est trop, le mécontentement des entêtés bourgeois est à son comble ; la cause de Walther paraît bel et bien perdue. Tout le monde se sépare avec agitation, tandis que les apprentis improvisent une ronde folle autour de la loge du « marqueur ».
ACTE II. — Une rue à Nuremberg, avec la boutique de Sachs et la maison de Pogner.
Scène 1. — C'est le soir. Les apprentis ferment les boutiques de leurs maîtres, en songeant à la fête qui va être célébrée le lendemain [Chœur : Das schöne Fest, Johannistag... / Saint-Jean d'été...]. Madeleine sort furtivement, un panier au bras, pour demander à David des nouvelles de l'épreuve préliminaire, puis elle se retire en hâte. Les apprentis, entourant David, le raillent d'être l'amoureux de Madeleine. Hans Sachs, alerté par tout ce bruit, sort de son échoppe et fait rentrer David. Les apprentis se dispersent. Eva revient de la promenade au bras de son père.
Scène 2. — Pogner, préoccupé du sort de sa fille, regarde par la fente du volet si Hans Sachs est encore éveillé. Soucieuse aussi, Eva attend vaguement une visite de Walther. Assise sur le banc, à côté de son père, elle ne prête qu'une oreille distraite à ses propos. Puis tous deux rentrent souper. Eva, rencontrant Madeleine qui guettait son retour, apprend par elle l'échec du gentilhomme et se propose d'aller demander, après souper, de plus amples renseignements à son vieil ami Hans Sachs.
Scène 3. — La scène demeurée vide. Sachs vient s'établir pour travailler devant son échoppe. La rêverie l'envahit [Monologue de Hans Sachs : Was duftet doch der Flieder... / Qu'a donc ce soir mon vieux sureau ?...].
Scène 4. — Eva s'approche de Sachs et le questionne au sujet du concours. Hans Sachs lui-même y prendra-t-il part ? Non, car son âge ne lui permet pas d'aspirer à la main d'une si jeune fille. Favorisera-t-il alors les projets de Beckmesser ? Non plus. Quant à Walther, sur lequel la conversation arrive, Sachs se fait un malin plaisir d'en critiquer le chant, si bien que la jeune fille, dépitée, quitte brusquement son vieil ami. Elle s'éloigne avec Madeleine, venue l'appeler à voix basse.
Le bon Sachs se promet bien de protéger, de tout son pouvoir ces innocentes amours. Il ferme le vantail supérieur de la porte, ne laissant passer qu'un filet de lumière, pendant qu'Eva et Madeleine discutent à l'écart. Madeleine essaie de faire rentrer Eva, laquelle est bien décidée à attendre sur place le chevalier qui ne peut manquer de venir. La nourrice lui remet alors un message de Beckmesser. Le greffier lui demande d'entendre son chant de concours, qu'il viendra lui soumettre le soir même sous sa fenêtre. Eva y poste Madeleine, qui se désole, car elle craint d'éveiller ainsi la jalousie de David.
Scène 5. — Walther arrive et dit à Eva tout son dépit de l'épreuve du matin. La jeune fille très exaltée lui assure que, quoi qu'il arrive, c'est lui seul qu'elle choisit. La trompe du Veilleur de nuit fait fuir les amoureux qui se réfugient derrière le tilleul.
Sachs, ayant surpris leur entretien, les surveille, et, quand ils vont fuir, les cloue sur place en projetant sur eux la lumière de sa lampe par la porte ouverte.
Scène 6. — Les fugitifs se cachent alors derrière un buisson, sur le banc, car un nouveau personnage s'approche. C'est Beckmesser, venu donner la sérénade à Eva et s'accompagnant sur un luth qu'il commence à accorder de façon grotesque. Sachs l'interrompt en entonnant à tue-tête une chanson populaire et en frappant vigoureusement sur l'enclume. Beckmesser parlemente alors avec Sachs et il est bientôt convenu que Sachs ne frappera que pour marquer les fautes du poète. La sérénade s'exécute, ponctuée de coups de marteau de plus en plus rapprochés. Beckmesser s'irrite. Le quartier se réveille. David bondit dans la rue armé d'un gourdin.
Scène 7. — Les bourgeois sortant de chez eux, un tumulte général s'ensuit, à la faveur duquel Eva rentre rapidement chez elle, tandis que Sachs entraîne Walther dans sa boutique dont il referme la porte.
La trompe du Veilleur de nuit fait cesser tout ce tapage. Quand le vieux bonhomme arrive sur place en se frottant les yeux, la petite ville dort dans la clarté d'un magnifique clair de lune.
ACTE III.
1er TABLEAU : L'atelier de Hans Sachs.
[Prélude Symphonique.]
Scène 1. — Le cordonnier-poète, absorbé dans la lecture d'un gros in-folio, n'entend pas arriver David, un panier de provisions au bras. L'apprenti s'excuse vivement de sa conduite de la veille, puis récite, à la demande de Sachs, le Verset de la Saint-Jean [Am Jordan, Sankt Johannes stand... / Saint-Jean, aux rives du Jourdain...]. Après avoir formulé encore des souhaits à l'égard de son bon maître, il court se parer pour la cérémonie.
Sachs reprend le fil de sa rêverie [Méditation : Wahn ! Wahn ! überal Wahn !.../ Tout est rêves de fous…].
Scène 2. — Walther entre et raconte à Sachs le rêve d'idéale beauté qu'il a fait durant la nuit. Sachs l'invite à prendre ce rêve comme base de son chant de concours, lui expliquant comment concilier sa libre inspiration avec les strictes règles des Maîtres chanteurs. Strophe après strophe, Walther, encouragé par Hans Sachs, compose son chant, après quoi Sachs et le jeune homme se retirent tous deux.
Scène 3. — Beckmesser, ne voyant personne dans l'atelier de Sachs, se risque à y entrer. Il est encore tout courbaturé en suite de l'échauffourée de la veille. Découvrant un papier sur lequel Sachs a griffonné la composition de Walther, il s'en empare, croyant découvrir un chant de concours que Sachs prépare en secret.
Sachs arrive et a beau protester de son innocence, le greffier, furieux, voulant confondre Sachs, lui exhibe le papier qu'il vient de dérober. Sachs, surpris de ce procédé, répond à Beckmesser qu'il le lui abandonne bien volontiers. Beckmesser, ravi, change alors d'attitude et s'en va, sûr maintenant de triompher en unissant son talent de musicien au travail poétique de Sachs.
Scène 4. — Beckmesser parti, Eva entre dans la boutique, sous prétexte que ses souliers lui font mal. Bientôt Walther apparaît en brillant costume de fête. A l'invite de Sachs, il entonne le troisième verset de son chant de concours. Troublée, Eva éclate en sanglots et tombe dans les bras de Sachs qui a peine à dissimuler l'attendrissement qui le gagne. Il feint alors de chercher David, mais Eva le retient et lui exprime toute sa reconnaissance [Air d’Eva : O Sachs, mein Freund, du treuer Mann !... / O Sachs, ami, ô noble cœur !...].
Sachs appelle Madeleine, puis David. Tous ensemble procèdent au baptême du mode nouveau qui vient de naître de la poétique inspiration du chevalier [Quintette « du Baptême » : Selig wie die Sonne... / Charme frais d'aurore...].
Puis ils sortent et David ferme les volets de l'atelier.
[Intermède Symphonique].
2e TABLEAU : Une prairie au bord de la Pegnitz.
Scène 5. — Successivement défilent toutes les corporations venant assister au concours. Les apprentis dansent avec les filles, puis les Maîtres chanteurs arrivent solennellement et le concours bientôt commence.
Beckmesser entonne sur le thème de sa sérénade une adaptation des paroles du manuscrit dérobé. Mais il se trompe et quand il se voit l'objet de la risée de tous, le prétentieux greffier se retourne alors vers Sachs qu'il désigne comme l'auteur de cette œuvre grotesque.
Sans s'émouvoir, Sachs affirme qu'il n'est pour rien dans cette poésie, désignant Walther comme son véritable auteur.
Walther entonne alors son chant qui recueille tout de suite le murmure approbateur de la foule, puis l'adhésion unanime des Maîtres chanteurs [Chant de Concours de Walther : Morgenlicht leuchtend im rosigen Schein... / L'aube d'un jour clair au ciel s'éveillait...].
Eva, radieuse, couronne le vainqueur. Mais Walther a encore un moment d'humeur à l'égard des Maîtres, ce qui motive la harangue de Hans Sachs à la gloire de l'art germanique [Monologue de Hans Sachs : Verachtet mir die Meister nicht... / Des Maîtres, respectez l'effort...] après quoi, aux applaudissements de tous, Eva prend la couronne du front de Walther, pour la déposer sur la tête de Sachs. L'œuvre conclut par une véritable apothéose du vénéré poète-musicien.
« L'action se passe au XVIe siècle. Les maîtres chanteurs de Nuremberg se disposent au concours traditionnel qui a lieu le jour de la Saint-Jean. Le prix destiné au vainqueur est la belle Eva, fille de l'orfèvre Veit Pogner. On se croirait plutôt transporté dans un pays à esclaves que dans une ville d'Allemagne. Le chevalier Walther est amoureux d'Eva ; malgré la noblesse de son origine, il se fait recevoir bourgeois de Nuremberg ; il prend des leçons de chant de Hans Sachs, le cordonnier poète, et, grâce à une heureuse inspiration qui lui est venue pendant son sommeil, il l'emporte sur ses rivaux, et en particulier sur le greffier Beckmesser, qui, lui aussi, voudrait épouser Eva. Walther reçoit des mains de la belle la couronne de myrte et de laurier, et une sorte de bénédiction du vieil Hans Sachs, qui prophétise sur la mission de l'art allemand et s'indigne de ce qu'il s'est laissé corrompre par le goût gaulois. On voit que, même dans un opéra-comique, M. Wagner poursuit sa chimère et déclame contre l'influence française. Pourquoi alors ne se contente-t-il pas de ses succès en Allemagne ? Pourquoi a-t-il fait des tentatives fréquentes et infructueuses pour naturaliser ses opéras en France ? Nous lui souhaitons, au contraire, de donner à ses talents une direction moins exclusive, et de ne pas faire litière du goût français, qui nous a valu, de la part de l'Italien Rossini, Guillaume Tell, et de la part de l'Allemand Meyerbeer, Robert le Diable et les Huguenots, sans compter les chefs-d’œuvre indigènes. La donnée du livret des Meistersinger est au moins faible, sinon puérile. La musique a les mêmes allures prétentieuses, confuses et ténébreuses que la plupart des œuvres de M. Wagner. On a remarqué cependant plusieurs morceaux intéressants, l'air de Pogner : Ein Meistersinger muss er sein, la marche, le rêve de Walther, répété au troisième acte. Le deuxième tableau de ce troisième acte renferme plusieurs mélodies traitées avec beaucoup de talent. Cet ouvrage a été donné trois fois à Munich, sous les auspices du jeune roi de Bavière, protecteur et ami du compositeur. M. Wagner, pendant la première représentation, était assis à côté du roi Louis II. La représentation a duré cinq heures. M. Hans de Bulow a dirigé l'exécution. Les décors et la mise en scène ont coûté plus de cinquante mille florins. Fantaisie de jeune roi. Mazarin disait : « Ils chantent, ils payeront ! » A Munich, c'est le contraire, les contribuables payent, mais ne chantent pas la musique de M. Wagner. Il n'y a pas d'exemple d'un compositeur qui ait fait autant parler de sa personne et dont les œuvres soient si peu répandues par l'exécution, même par fragments. Cet opéra a été chanté par Nachbaur, Betz, Bausewein, Schlosser, Holzl, Mmes Mallinger et Diez. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage tranche absolument, par son sujet, avec les autres œuvres du maître de Bayreuth. Nous sortons ici de la légende nébuleuse où il s'est toujours complu, et nous avons affaire non plus à des dieux et à des héros fantastiques, mais à de simples mortels de chair et d'os qui, comme nous, vivent de la vie de tous les jours et sont plus facilement compréhensibles. Ce qui ne veut pas dire pourtant que l'affabulation des Maîtres-Chanteurs soit plus théâtrale que celle des autres œuvres de Wagner, qui n'a jamais eu le sens des conditions et des exigences scéniques. Musicien admirable, mais détestable poète dramatique.
L'action se passe au XVIe siècle, au moment où les fameux maîtres-chanteurs de Nuremberg se préparent au concours traditionnel qui a lieu en cette ville le jour de la Saint-Jean, et dont le vainqueur recevra pour prix la main de la gentille Éva, fille de l'orfèvre Pogner. Celle-ci est l'objet des attentions d'un être ridicule, le greffier Beckmesser, qui voudrait bien l'emporter sur tous ses rivaux ; mais elle est aimée aussi d'un jeune seigneur, le chevalier Walther de Stolzing, dont elle partage les sentiments. Le malheur est que celui-ci n'est point musicien. Cependant il prend des conseils et des leçons de l'excellent Hans Sachs, le célèbre cordonnier-poète, et fait des progrès tellement rapides qu'à la suite d'une double épreuve il est proclamé vainqueur du concours et devient l'époux de la belle Éva. Tout cela est entremêlé d'épisodes divers, d'interminables dissertations sur la poésie et la musique qui seraient mieux à leur place dans un traité théorique que dans un poème d'opéra, et d'une foule de détails inutiles qui n'augmentent pas l'intérêt d'une action par elle-même absolument nulle.
La première idée des Maîtres-Chanteurs a germé, dit-on, dans le cerveau de Wagner dès 1845, à l'époque où il était chef d'orchestre à Dresde. Il n'acheva pourtant le livret de cet ouvrage qu'à Paris, aux mois de mai et de juin 1862. Il en commença la musique dans le cours de la même année à Biberich, et termina sa partition en 1867 à Triebschen, près de Lucerne. Il était devenu alors le protégé et le commensal du jeune roi Louis II de Bavière, ce qui explique que les Maîtres-Chanteurs furent représentés presque aussitôt à Munich, c'est-à-dire dès l'année suivante.
Wagner, quoi qu'en puissent dire quelques, uns, n'a jamais eu le sens du théâtre, ni comme musicien, ni surtout comme poète. Cela se voit avec éclat surtout dans les Maîtres-Chanteurs, dont le livret est d'une niaiserie enfantine. On peut affirmer que dans ce livret le poète a passé à côté des situations que le compositeur aurait dû réclamer, que le rôle des deux amoureux, Eva et Walther, est aussi sot que possible, que le canevas scénique est d'une insigne nullité, et que pendant les quatre heures que dure l'ouvrage, le principal, c'est-à-dire le sentiment, le passion, l'action dramatique, est complètement étouffé sous le poids d'incidents et d'épisodes qui ne devraient être que l'accessoire. Voilà une pièce interminable, dont le premier acte dure cinq quarts d'heure, le second une heure, le troisième près de deux heures, sans qu'un seul instant, une seule minute, on s'y sente touché, ému, attendri par un sentiment humain, par une pensée pénétrante, par un accent de passion. Il y a deux amoureux dans cette pièce, deux amoureux qui sont, ou qui semblent persécutés ; eh bien, pas un d'eux, à aucun moment, ne trouve un élan de tendresse, une parole, un mot qui peigne l'état de son âme, son désespoir, ses angoisses, ses tristesses ou ses joies. Bien plus, ces amoureux transis, lorsqu'ils se rencontrent, ne trouvent à se dire que des banalités, et lorsqu'ils devraient parler, lorsqu'ils pourraient unir leurs âmes dans un chant céleste, dans un cantique d'amour enivrant, l'auteur les réduit à la pantomime (comme on peut s'en rendre compte à la page 118 du livret français).
On conçoit que, pour des Allemands, ce livret singulier n'ait pas manqué d'un certain intérêt de curiosité. Cette reconstitution du vieux monde germanique, cette mise à la scène des anciens Meistersinger, cette résurrection de coutumes depuis longtemps disparues, cette évocation de la bonne et honnête figure de Hans Sachs, le cordonnier-poète, tout cela était de nature à plaire à un public qui retrouvait là le souvenir de ses ancêtres, et qui est doué d'ailleurs d'un chauvinisme littéraire inconnu aux autres peuples. Mais précisément, c'est une thèse littéraire que Wagner a soutenue pendant trois longs actes, et le développement d'une thèse ne constitue pas une action dramatique. Et, d'autre part, ces discussions, ces dissertations interminables sur les tons, sur les modes, sur le sens de la musique, sur son adaptation aux paroles, sur la manière de chanter, sur les règles générales de l'art, tout cela, au point de vue du théâtre, est un pur enfantillage, et n'offre d'intérêt d'aucune sorte. Il faut ajouter qu'avec les développements donnés par Wagner à cette apparence de sujet, cela devient effroyablement long et formidablement ennuyeux. Constatons, cependant, que certaines scènes sont bien venues et parfois amusantes. Telles, celle de la sérénade au second acte, et au troisième, celle vraiment comique qui amène la déroute du greffier Beckmesser. D'autre part, l'épisode du défilé des corporations, dans ce dernier acte, est heureusement trouvé et donne lieu à un spectacle intéressant. Quant à la scène burlesque qui termine le second acte, à cette poursuite de deux pitres, dont l'un prodigue à l'autre les coups de bâton et les coups de pied n'importe où, à la mêlée générale qui s'ensuit et que certaines femmes prétendent apaiser de leurs fenêtres, en vidant généreusement le contenu de certains vases sur la tête des combattants, ceci est simplement de la parade, une farce de tréteaux comme on en voit dans mainte opérette, et qu'on ne tolérerait peut-être pas chez nous sur une scène un peu relevée.
Il va sans dire que la musique, abstraction faite des défauts inhérents au système de Wagner, est singulièrement supérieure au poème. Ici, et avant toute chose, pour être absolument sincère, il faut exprimer une admiration profonde, sans restriction, pour l'incomparable génie symphonique du maître. On a assez à faire de critiquer son procédé, ses théories, ce qu'il est permis d'appeler ses manies ; on peut, du moins, rendre justice pleine et entière à ce génie véritablement merveilleux. Si cette partition vraiment accablante des Maîtres-Chanteurs est faite pour causer à l'auditeur une lassitude terrible, une fatigue souvent bien douloureuse, du moins faut-il dire qu'au point de vue strictement musical, et en faisant volontairement abstraction de toute espèce de préoccupation scénique, on ne peut s'empêcher d'admirer la splendeur de cet orchestre, sa variété, sa couleur, son immense richesse et son étonnante originalité. Jamais on n'ira plus loin dans le maniement de cet instrument aux cent voix, jamais on n'en tirera parti plus prodigieux, jamais on ne dépassera l'habileté du praticien qui produit, comme en se jouant, des effets d'une telle audace et d'une telle intensité. Ah ! si l'on pouvait, en entendant cet orchestre merveilleux, en écoutant ces dessins symphoniques dont l'élégance et la noblesse le disputent à la richesse et à la nouveauté, si l'on pouvait oublier qu'on est au théâtre, faire bon marché des conditions essentielles et des nécessités de l'action dramatique, si l'on pouvait surtout ne pas regretter que la voix humaine, ce plus admirable, ce plus expressif et ce plus émouvant de tous les instruments, est sacrifié sans pitié, sans logique et sans raison à cet ensemble polyphonique qui l'enserre et qui l'étouffe sous ses étreintes cruelles, quelles jouissances n'éprouverait-on pas ? Par malheur, ceci non seulement n'est plus du théâtre, mais est la négation même du théâtre : c'est de la musique concertante, et de la musique de concert, au premier chef.
Avec Wagner, on ne peut procéder que par généralités, l'analyse de détail devenant à peu près impossible par suite du manque voulu de points de repos et de points de repère. Étant donnée cette partition des Maîtres-Chanteurs, supposez un discours oratoire de cinq cents pages d'étendue, divisé en trois parties distinctes, mais chacune de ces parties ne laissant à l'orateur ou à l'auditeur aucune faculté de respiration, le premier ne s'arrêtant jamais, le second écoutant toujours, les membres de phrase succédant incessamment aux membres de phrase, les images aux réflexions, les sentences aux raisonnements, les maximes aux déductions, et tous aurez, par cette comparaison, une idée à peu près exacte de cette œuvre colossale — et d'une digestion terrible. Point d'alinéas dans ce discours formidable, jamais une phrase concluante, toujours des points suspendus, des incises s'enchaînant éternellement à d'autres incises, jusqu'à ce qu'enfin, après une heure ou une heure et demie de cette tension continuelle de l'oreille, des nerfs et de l'esprit, le discoureur veuille bien consentir à prendre et à vous laisser prendre un instant de repos, sous forme d'entr'acte.
Dans aucune autre de ses œuvres, peut-être, Wagner n'a poussé aussi loin la pratique de son déplorable système, système qui, on le sait, comprend trois points principaux : 1° continuité absolue du discours musical, qui ne se brise et ne s'interrompt jamais ; 2° abandon, par ce fait, d'une forme musicale quelconque, et adoption d'une sorte de récitatif ou de mélopée qui remplace le chant proprement dit par la parole chantée ; 3° subordination complète des voix à l'orchestre et prédominance absolue de celui-ci, ce qui est un contresens au triple point de vue du théâtre, de la musique et de la logique, les voix appartenant à des êtres humains qui, seuls, à l'aide de la parole, peuvent exprimer des idées concrètes, et l'expression musicale de ces idées leur étant enlevée pour être confiée à la masse instrumentale, impuissante par elle-même à rendre un sentiment précis et déterminé.
Sous prétexte de vérité dramatique, Wagner a rompu avec la vieille coutume qui divisait les actes par morceaux divers : airs, duos, trios, etc., et n'a plus voulu qu'une division par scènes, avec un dialogue ininterrompu entre les divers personnages, qui se répondent les uns aux autres sans jamais mêler leurs voix, et non seulement sans que jamais ce dialogue prenne une forme déterminée, sans qu'il affecte en aucun cas celle d'un morceau quelconque, mais en fuyant volontairement je ne dirai pas même la carrure, mais une apparence de symétrie entre les phrases. Donc, plus de césure, plus de repos, plus de temps d'arrêt, mais un discours ou un dialogue sempiternel, sans lignes principales, sans forme arrêtée, sans aucune précision. On peut dire que, musicalement, c'est la régularisation de l'incohérence. Car, enfin, l'absence de forme n'est pas par elle-même une forme, et n'est pas sans doute pour constituer ce qu'on appelle un progrès dans l'art.
Et il faut bien constater que cet éternel récitatif obligé est précisément le contraire de la vérité. La musique, beaucoup moins rapide que la parole, a besoin de beaucoup plus de temps qu'elle pour prendre sa valeur expressive ; matériellement, pratiquement, on ne peut traiter l'une comme l'autre ; c'est pourquoi le compositeur, ayant besoin d'un plus long temps que le poète pour donner à sa pensée l'expression qu'elle comporte, redouble souvent les vers que celui-ci lui confie. Se heurtant à cet obstacle, inhérent à la musique, Wagner emploie un autre moyen : il ne redouble pas les vers, mais il répète sa pensée dans d'autres vers, et cela deux, trois et jusqu'à quatre fois de suite, afin de trouver la possibilité de lui donner, musicalement, l'expression qu'elle doit avoir. De sorte que, pour échapper à un inconvénient, il tombe dans un pire, et que ces redondances, absolument insupportables par elles-mêmes, ont encore le défaut d'amener d'effroyables longueurs et d'écraser l'auditeur sous le poids d'insupportables redites. Et cela est si vrai, et cette partition des Maîtres-Chanteurs est si longue, si touffue, si cruellement étoffée que, lors de la représentation française de l'ouvrage à Bruxelles, on avait dû, dès le premier jour, lui faire subir de larges amputations, et que le sacrifice était plus considérable encore à la seconde représentation, où les coupures faites à l'œuvre n'atteignaient guère moins de quatre cents vers du poème. D'ailleurs, même sur les théâtres allemands, la partition des Maîtres-Chanteurs n'est jamais exécutée dans son intégralité.
On sait que Wagner, toujours dans son prétendu amour pour la vérité, a renversé une des conditions ordinaires de la musique dramatique. De prépondérante qu'elle était — et qu'elle doit être — la voix humaine avec lui devient servile, et se fait l'humble esclave de l'orchestre, lequel orchestre n'est plus seulement intéressant, comme c'est son droit, mais omnipotent. Rabaissée à un rôle simple récitant, ce n'est pas à elle que le compositeur demande l'expression, mais à la masse instrumentale, et, chose vraiment étrange ! cette voix, qui est chargée d'énoncer des faits et des pensées, est considérée par lui comme incapable d'en traduire le sentiment. Les partisans du maître prétendent que, dans ses œuvres, les voix sont traitées à l'égal des instruments, ce qui serait déjà fâcheux; mais cela n'est pas exact : les voix, seules parties prenantes dans l'action, n'ont pourtant qu'un rôle absolument effacé et secondaire, tandis que l'orchestre, être impersonnel et passif, absorbe tout l'intérêt musical et domine orgueilleusement l'ensemble. Si c'est là de la logique, si c'est là de la vérité, c'est que les mots ont perdu tout sens et toute signification.
J'ai dit que la partition des Maîtres-Chanteurs se refuse d'elle-même à une analyse serrée, par suite du manque de divisions et de l'absence de points de repère, et qu'il faut surtout l'apprécier et l'envisager au point de vue général. Je voudrais pourtant citer quelques-unes des pages les plus importantes. C'est d'abord, au premier acte, le beau choral d'introduction ; la cantilène de Walther : Au coin du feu, dans l'âtre clair ; le récit très franc, très large, d'un tour volontairement archaïque et d'une belle venue, dans lequel Kothner donne les règles de la tablature ; le beau chant de concours de Walther : Voilà ce qu'Avril dit aux bois, accompagné d'une façon superbe, surtout par les violons et les clarinettes, qui donnent à la trame orchestrale un moelleux et un fondu étonnants ; et enfin, le grand ensemble qui suit ce chant, et dont l'effet est d'autant plus puissant que, pour la première fois, on éprouve la joie trop rare d'entendre résonner plusieurs voix réunies. Au second acte, à part la sérénade comique de Beckmesser, qui est fort amusante, mais trop longue d'une strophe, on ne trouve plus guère à mentionner que la première partie de la scène entre Sachs et Eva, dont l'orchestre est adorable ; par malheur, cette scène aussi s'allonge tellement qu'elle en devient insupportable. Le troisième acte est assurément le meilleur, sous tous les rapports. Là, il faut louer le prélude, qui est d'un beau caractère ; une nouvelle cantilène de Walther : l'Aube pleurait ses perles dans les roses, qu'on entendra plusieurs fois, et dont le dessin exquis est souligné plus tard par un joli accompagnement de harpes et de violons ; un très beau quintette dans lequel Wagner a fait lâchement des « concessions au public », car ce morceau est conçu, mélodiquement et harmoniquement, dans la plus pure forme italienne ; la superbe marche du défilé des corporations, qui reproduit avec un éclat très vif toute la première partie de l'ouverture ; et enfin le bel ensemble choral de la glorification de Hans Sachs, qui est une page d'un grand souffle et d'une inspiration pleine de noblesse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Hans Sachs, cordonnier ; Veit Pogner, orfèvre ; Sixtus Beckmesser, greffier ; tous trois maîtres chanteurs ; Walther de Stolzing, jeune chevalier de Franconie ; David, apprenti de Sachs ; Eva, fille de Pogner ; Magdalena, nourrice d'Eva.
La scène se passe à Nuremberg, vers le milieu du XVIe siècle.
Pour cette pièce, nous avons adopté la version française d’Ernst, qui est celle qui s’adapte le mieux au texte musical.
Cette pièce est la seule où Wagner ait traité un sujet de comédie. Le sujet est en gros la lutte entre la routine et la libre inspiration, entre la lettre et l'esprit, entre le passé et l'avenir. C'est en quelque sorte un plaidoyer pro domo sua. Walther représente les idées de Wagner ; en Beckmesser, il faut voir la critique sotte et myope, qui cherche à tuer dans l'œuf tout ce qui s'écarte de l'ornière ; Hans Sachs, enfin, c'est le sage, homme du passé par l'éducation, mais esprit assez large pour reconnaître le génie, même lorsqu'il se manifeste sous une forme nouvelle et inusitée.
La fable est simple : A l'occasion de la fête de la Saint-Jean, l'orfèvre Veit Pogner offre toute sa fortune et sa fille Eva au vainqueur dans un concours solennel de chant et de poésie. Toutefois, Eva reste libre de refuser un époux qu'elle ne pourrait aimer ; seulement, dans ce cas, elle n'a pas le droit d'en épouser un autre. Deux concurrents sont sur les rangs : Sixtus Beckmesser, le greffier, homme laid et déjà mûr ; puis Walther de Stolzing, un jeune noble amoureux d'Eva et à qui celle-ci rend son amour.
Le premier acte se passe à l'intérieur de l'église Sainte-Catherine, à Nuremberg. Un choral s'achève au lever du rideau, puis l'église se vide. Une scène muette se joue entre Walther, debout près d'un pilier, et Eva, assise avec sa nourrice sur le dernier banc. En sortant, la jeune fille croise le jeune homme et tous deux échangent quelques paroles. Walther apprend qu'il est aimé, mais que pour conquérir Eva, il doit vaincre au concours public du lendemain. La difficulté est que Walther n'est pas maître chanteur, pas même apprenti. Magdalena, la nourrice, qui a des tendresses infinies pour l'apprenti David, prie celui-ci de mettre le gentilhomme au courant de ce qu'il ignore. Tâche démesurée, à laquelle le pauvre David s'attelle, tandis que ses camarades préparent tout pour une séance des maîtres.
Ceux-ci arrivent enfin et Pogner annonce à ses collègues le prix magnifique qu'il offre au vainqueur du concours. Walther se présente et demande à subir l'épreuve qui pourrait lui valoir la maîtrise. Beckmesser, le marqueur, qui flaire en ce beau jeune homme un redoutable rival, ne néglige rien pour le faire échouer et y réussit sans peine. Il va sans dire que l'inspiration libre et spontanée de Walther enfreint de cent manières les règles très strictes de l'école.
Toutefois, le candidat a trouvé au moins un auditeur clairvoyant : Hans Sachs a deviné la force qui se cache sous ce talent indiscipliné. Il ne perdra pas Walther de vue ; d'autant plus qu'il aime Eva et a lu dans son cœur.
Le décor du second acte représente un coin du vieux Nuremberg. Face au spectateur, une rue qu'on voit d'enfilade. Le proscénium est censé une place sur laquelle cette rue débouche. Les deux maisons d'angle sont, à droite, la riche demeure de Pogner, à gauche, celle du cordonnier Sachs, avec l'échoppe ouverte au rez-de-chaussée. Un grand tilleul, sur la place à droite, recouvre de son feuillage la maison de l'orfèvre. A son pied, un banc de pierre.
Le soir tombe, et David met les volets à la boutique de son maître Sachs. Il raconte, tout en travaillant, à Magdalena la scène du concours et l'échec de Walther.
Pogner et Eva arrivent ensuite, rentrant au logis. Tous deux s'assoient sur le banc de pierre pour respirer l'air frais du soir. Puis ils rentrent souper. Eva a juste le temps d'échanger quelques mots avec sa nourrice et d'apprendre l'échec de son amoureux. Grand est son émoi. Que faire ?
La scène demeurée vide, Sachs vient s'établir pour travailler dans la rue, devant son échoppe. En travaillant, il rêvasse, il repasse en son esprit la scène de l'après-midi, cherche à comprendre ce qui l'a frappé dans le chant du chevalier. Une chose est certaine : le chant de Walther lui a plu. Comme il en est là de ses réflexions, Eva sort furtivement de chez elle et s'approche du cordonnier. Elle essaie de faire parler le bonhomme qui, malicieusement, esquive ses questions et détourne la conversation. Ce qu'elle voudrait, c'est avoir en lui un allié contre Beckmesser ; il se garde bien de lui montrer qu'il est tout acquis d'avance à sa cause ; mais il confesse, sans en avoir l'air, sa jeune amie et, une fois certain qu'elle aime Walther, il se met à chercher le moyen de lui venir en aide. Il rentre ensuite dans sa maison et continue à travailler à l'intérieur, de façon à ne pas être vu de la rue. Il entend ainsi une conversation entre Eva et Magdalena, d'où il appert que Beckmesser va venir donner la sérénade à la jeune fille. Celle-ci demande à Magdalena de se tenir à la croisée à sa place, afin de lui éviter cette corvée. Comme elles vont rentrer. Walther arrive et bientôt Eva est près de lui. Il dit son découragement et sa rancune contre les maîtres. Il propose à son amie de l'enlever. Le veilleur de nuit interrompt la conversation et chasse les femmes dans la maison. Quand il a passé, Eva ressort furtivement, déguisée avec les vêtements de Magdalena. Déjà elle est dans les bras de Walther ; ils vont fuir. Mais Sachs a tout vu, tout entendu. Il ne permettra pas cette fuite. Tout-à-coup, un vif rayon de lumière barre la place. C'est le cordonnier qui a ouvert sa porte et dirigé les rayons de sa lampe à travers la rue. Les fugitifs sont cloués sur place.
Au même instant, on entend un luth qu'on accorde. C'est Beckmesser venu donner sa sérénade. Sachs, maintenant, tourne ses batteries vers ce nouvel ennemi. Comme le marqueur va chanter, le savetier se met à frapper sur le cuir et lance à toute volée une chanson de travail. Beckmesser l'adjure de se taire. Il essaie de lutter de la voix avec l'autre, en vain. Il parlemente alors et fait avec Sachs le marché suivant : Beckmesser chantera comme au concours et Sachs sera le marqueur. Pour chaque faute il frappera un coup sur la semelle. Et le galant greffier commence son chant, ponctué de coups de marteau qui vont toujours se rapprochant. Suant à grosses gouttes, le chanteur hurle toujours plus fort et finit par ameuter la foule. Walther veut profiter du désordre pour s'en aller, mais Sachs le guette, l'empoigne et l'enferme dans sa maison. Eva rentre précipitamment chez elle. Quant à Beckmesser, il est copieusement rossé dans la bagarre, qui ne prend fin qu'à la venue du veilleur de nuit. Sitôt la première note du cornet entendue, tous se hâtent de réintégrer leur domicile, et quand le brave homme arrive, se frottant les yeux pour s'assurer qu'il ne dort pas, il ne trouve que calme, silence et portes closes.
Le premier tableau du troisième acte se passe à l'intérieur de la maison de Sachs. Première scène entre David et son maître, ce dernier profondément absorbé dans une lecture. David sorti, Sachs sort de sa rêverie et philosophe sur les événements de la nuit. Il est interrompu par l'arrivée de Walther, qui s'éveille d'un profond sommeil. En dormant, il a fait un rêve, et Sachs le prie de le lui raconter sous une forme lyrique en lui donnant quelques indications de forme simples et précises. Walther chante, il chante un couplet d'une suavité exquise ; encouragé, guidé par le vieux maitre, qui note à mesure, il continue. Sachs est profondément ému. Il recommande à son jeune ami de bien conserver la mélodie en sa mémoire, puis tous deux sortent se préparer pour la fête.
L'atelier est vide. Beckmesser s'y faufile. Il se ressent visiblement de la rossée qu'il a reçue. Tous ses mouvements amènent une grimace à son visage. Soudain ses veux tombent sur le papier où Sachs a écrit sous dictée le chant de Walther. Tête baissée, il tombe dans le piège. L'écriture lui est connue : il s'agit donc d'un chant de concours que ce sournois de Sachs préparait sans en rien dire à personne ! Il prend la feuille et la met dans sa poche. Sachs rentre en ce moment. En souriant il écoute les invectives de Beckmesser qui lui reproche ce qu'il appelle sa fourberie. Puis il surprend son insulteur en lui faisant don de la poésie et en l'autorisant à s'en servir, voire à dire qu’il en est l'auteur. Le greffier, possesseur d'un chant de Sachs, se croit sûr désormais de la victoire. Il s'en va, boitant, grimaçant, comme il est venu.
Au tour d'Eva de faire sa visite au bon savetier. Elle a choisi le premier prétexte venu pour pénétrer dans l'huis où son amoureux est caché. Comme ils causent, Walther est entré sans bruit. Il chante le dernier couplet de son chant de concours. Bouleversée par l'émotion, Eva tombe, sanglotante, sur la poitrine du vieil ami, qui, très remué, la fait passer aux bras du chevalier. Les deux jeunes gens lui disent la reconnaissance qu'ils ressentent pour lui. Magdalena et David arrivent à leur tour. Tous ensemble chantent ce quintette, chose unique dans l'œuvre de Wagner, bienheureuse exception à la rigidité du principe et perle de la partition.
Le décor change et montre la campagne sous les murs de Nuremberg, à l'endroit où va avoir lieu le concours. Entrée solennelle et successive des corporations, bannières en tête. Les apprentis, derniers venus, empoignent les filles et dansent. Ils s'arrêtent net à l'approche des maîtres chanteurs. Tout le peuple entonne l'hymne de Hans Sachs et acclame la vénérable corporation. Les maîtres prennent place sur les chaires qui leur sont préparées, puis le concours est ouvert. Beckmesser s'avance et essaie de chanter le poème de Walther dont il fait une bouillie infâme. Le peuple, d'abord interloqué, finit par rire à gorge déployée et le chanteur doit s'enfuir sous les huées. Pour se venger, il lance en partant à Sachs la flèche du Parthe et déclare que le chant est du cordonnier, du maître dont ils font une idole.
Sachs ne s'émeut pas. Il déclare que le chant n'est, à vrai dire, pas de lui, et qu'il le regrette : jamais il n'aurait su, hélas ! en écrire un si beau. On se récrie : Sachs parle-t-il sérieusement ? Certes, et il en appelle à l'auteur, qu'il prie de s'avancer et de chanter. On voit alors paraître Walther qui, au milieu d'un religieux silence, entonne son poème. Bientôt, comme un murmure approbateur s'élève, qui fait à la mélodie un nimbe de merveilleuse harmonie. Quand le chanteur a fini, tous l'acclament maître d'une seule voix. En s'attendant appeler maître, le jeune gentilhomme a un sursaut de révolte : il n'a pas complètement digéré son humiliation de la veille. Mais Sachs intervient et le morigène gravement. En un superbe monologue final, il prononce la défense des maîtres et proclame tout ce que l'art et le peuple leur doivent. Walther s'incline, accepte la chaîne d'or, insigne de sa maîtrise et reçoit de Pogner la main d'Eva. Le rideau tombe sur une scène d'immense allégresse populaire. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
MAJOR PALMER (LE)
Opéra en trois actes, livret de Charles Pigault-Lebrun, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni. Création à Paris, Théâtre Feydeau, le 26 janvier 1797, avec Mmes Juliette Lesage (Mme Blumenthal), Augustine Lesage [Haubert-Lesage] (Amalie), Verteuil (Mlle Rondon) ; MM. Gaveaux (le major Palmer), Dessaules (le général Holbourg), Valière (Brandt), Lesage (Plumper), Darcourt (Hermagne).
Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 25 mars 1802.
Ce livret est un tissu d'invraisemblances.
MAJOR SCHLAGMANN (LE)
Opérette en un acte, livret de Vernier, musique d’Adolphe Fétis, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 octobre 1859, et à Bruxelles le 19 novembre 1859. L'ouverture de ce petit ouvrage est gracieuse et bien instrumentée. On a beaucoup applaudi une tyrolienne et des couplets de baryton : Grenadier du roi Guillaume. Chantée par Jean-Paul, Prosper Guyot, Mlles Cico et Lasserre.
« C'était l'œuvre de début, de M. Fétis, le fils du célèbre directeur du conservatoire de Bruxelles. Dès les premières mesures de l'ouverture (qui était du reste le meilleur morceau de la partition), on avait senti toute la valeur des études musicales de l'auteur. Il est donc constaté — et le contraire nous eût étonné — que M. Fétis fils sait son affaire, comme on dit, en terme de métier. Il lui reste à prouver que la science n'est chez lui que l'auxiliaire de l'imagination. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
MALADE IMAGINAIRE (LE)
Comédie en trois actes de Molière, musique de Marc-Antoine Charpentier.
Première fois au Palais Garnier, le 11 mars 1900, par les Artistes de la Comédie-Française provisoirement réfugiée à l'Opéra, à la suite d'un incendie de la salle Richelieu.
Mmes BARRETTA (Angélique), KALB (Toinette), AMEL (Béline), petite JULIETTE (Louison).
MM. COQUELIN cadet (Argan), Jules TRUFFIER (Thomas Diafoirus), LELOIR (Purgon), JOLIET (Diafoirus), ROGER (Bonnefoy), FALCONNIER (Fleurant), HAMEL (Béralde), DEHELLY (Cléante).
« La Cérémonie » : M. DE FERAUDY (le Prœses).
Chef d'orchestre : LEON
Seconde fois au Palais Garnier, à l'occasion des fêtes du tricentenaire de la naissance de Molière, le 17 janvier 1922, des extraits et la Cérémonie.
Mmes Y. LAFFON (Angélique), A. BEYLAT (Toinette).
MM. POLIN (Argan), Aimé SIMON-GIRARD (Cléante), LEFAUT (Béralde).
La « Cérémonie » avec le concours des vedettes de la capitale.
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER.
Troisième fois au Palais Garnier, — le deuxième acte et la Cérémonie — le 31 décembre 1944.
Mmes MONY-DALMES (Angélique), PERREY (Toinette), CONTE (Béline), la petite Thérèse CASIER (Louison).
MM. RAIMU (Argan), CLARIOND (M. Diafoirus), BERTHEAU (Cléante), J. MEYER (Béralde), J. CHARON (Thomas Diafoirus).
Intermède :
MM. J.-L. BARRAULT (Polichinelle), VADEL, RUDEL, DARGOUT et BALLA (les Apothicaires).
Chef d'orchestre : André JOLIVET.
3 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
MALADE MALGRÉ LUI (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Luigi Bordèse, représenté au Creusot le 6 juillet 1891.
MALADE PAR AMOUR (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Solié, représenté à Feydeau en 1804.
MALADIE D'AZOR (LA)
Opérette en un acte, livret d'Alph. Poujol et Léonce Martin, musique de Jules Lasaïgues (1879).
MALATESTA (LES)
Grand opéra en quatre actes et sept tableaux, paroles et musique de Pons Moreno, réprésenté au Grand-Théâtre de Lyon le 24 mai 1879. L'auteur, de son vrai nom Morin, était un riche banquier lyonnais, simple amateur musicien, pourvu d'une instruction artistique plus que superficielle. Le livret remettait pour la vingtième fois à la scène les célèbres amours de Paolo Malatesta et de Francesca de Rimini, sans qu'une note vraiment pathétique résultât de cette nouvelle version ; la partition était une œuvre informe et sans couleur, entremêlant tous les styles dans un ensemble plein de vulgarité. La fortune de l’auteur lui avait permis de prendre à sa charge tous les frais nécessités par la présentation de son œuvre au public, et malgré tout, et en dépit de la présence de deux excellents artistes, M. Stéphane et Mlle Reine Mézeray, chargés des deux rôles principaux, celle-ci ne put être jouée qu'une seule et unique fois. La partition des Malatesta n'en fut pas moins publiée, mais toujours, comme on disait jadis, « aux dépens de l'auteur ».
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MALBROUCK S'EN VA-T-EN GUERRE
Opérette en trois actes, livret de Maurice Vaucaire et Angelo Nessi, musique de Ruggero Leoncavallo, créée au Théâtre Apollo le 16 novembre 1910, avec le baryton Ferruccio Corradetti (Malbrouck), le ténor Maurice Coulomb et Mlle Cébron-Norbens.
MALBROUGH
Opérette en trois actes, livret de Hermil (dit Milher) et Numès, musique de Deransart, représentée au Casino de Bougival en juin 1884.
MALBROUGH S'EN VA-T-EN GUERRE
Opéra bouffe en quatre actes, livret de Paul Siraudin et William Busnach, musique de Georges Bizet [acte I], Emile Jonas, Isidore-Edouard Legouix et Léo Delibes, représenté au théâtre de l'Athénée le 13 décembre 1867 avec Mmes Suzanne Lagier (Mme Malbrough), Lovato (Bobinette), Praldi (Colombine), MM. Charles Potier (Malbrough), Léonce (Boule-de-Gomme), Vavasseur (Bouton d'or), Brice (Galaor), sous la direction de Bernardin [Bernard Courtois].
« C'est à M. Bernardin que l'on doit l'introduction, dans laquelle il a intercalé et traité avec variations l'air de Malbrough. Cette pièce a servi de préface aux bouffonneries plus ou moins spirituelles qui ont régné à l'Athénée jusqu'à la prise de possession de M. Martinet. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MALHEUR D'ÊTRE JOLIE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles Desnoyers, musique de François Bazin. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 mai 1847. Une jeune demoiselle, tenue enfermée dans un château par un tuteur, est promise à un vieux baron. Elle aime le page Isolier, et, pour échapper à un mariage odieux, elle prend un élixir qui doit la rendre laide aux yeux du baron. Son tuteur apprend heureusement le sortilège innocent et consent à l'union des jeunes amants. Après une ouverture brillante, on entend un petit chœur de femmes et une romance gracieuse : Dédaignant toujours l'alliance ; l'air chanté par le valet Cadichon : Quand le bon docteur travaillait, a un accompagnement d'une couleur fantastique qui répond au sujet ; la romance du page : Enfant encore, admis près d'elle, est écrite dans un style archaïque qui ne manque pas de couleur locale.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MALHEURS D'ORPHÉE (LES)
Opéra-minute en un acte et trois tableaux, livret d’Armand Lunel, musique de Darius Milhaud (op.85).
Personnages :
Orphée, vieux rebouteux (ténor) ; Eurydice, jeune Bohémienne (soprano).
Chœur des métiers : le Charron (ténor), le Maréchal (ténor), le Vannier (basse).
Chœur des vieux animaux : le Loup (ténor), le Renard (ténor), le Sanglier (ténor), l’Ours (basse).
Chœur des Bohémiennes : la Sœur aînée (soprano), la Sœur jumelle (soprano), la Sœur cadette (mezzo-soprano).
Création au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 07 mai 1926, sous la direction de Corneil de Thoran, avec Mmes Lina Bianchini (Eurydice), de Carlez (le renard), Mertens (le loup), Laudy (la sœur jumelle), Gerday (la sœur cadette), Ballard (la sœur aînée), MM. John-Charles Thomas (Orphée), Maudier (le maréchal), Decock (le charron), Demoulin (le vannier), Arnaud (le sanglier), Raidich (l'ours).
Première au Théâtre Fémina (Spectacles Bériza) le 25 février 1927.
Première à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 mars 1972 [série de représentations : 10, 12, 17, 18, 25, 30 mars et 03 avril]. Mise en scène et chorégraphie de Jean-Jacques Etchevery. Décors et costumes du Festival Gulbenkian de Lisbonne.
Mmes Bernadette Antoine [10, 12, 30 mars et 03 avril] et Hélène Garetti [17, 18, 25 mars] (Eurydice et la Sœur jumelle), Odette Romagnoni (le Renard), Jeannine Collard (le Loup), Micheline Grancher (la Sœur cadette), Jacqueline Broudeur [10, 12, 18 et 30 mars] et Jacqueline Lussas [17, 25 mars et 03 avril] (la Sœur aînée).
MM. Henri Gui (Orphée), Michel Cadiou (le Maréchal), Raymond Steffner (le Charron), Louis Hagen-William (le Vannier), Rémy Corazza (le Sanglier), Pierre Thau (l'Ours).
Direction musicale : Jean-Claude Hartemann / Jean Doussard.
7 représentations à l'Opéra-Comique au 31.12.1972.
Résumé.
Orphée, un pauvre rebouteux de village, a épousé la bohémienne Eurydice, avec laquelle il se réfugie auprès de ses amies les bêtes. Mais Eurydice meurt. Ses sœurs viennent la venger, et frappent Orphée, qui meurt à son tour en tendant les bras vers celle qu'il aimait et qu'il croit voir s'avancer vers lui...
ACTE I. — Les dernières maisons du village, au bord de la pleine campagne. A gauche, la maison du rebouteux Orphée.
I. — Chœur des Métiers.
Le Charron, le Maréchal et le Vannier viennent cogner à la porte d'Orphée et, tandis qu'ils l'appellent, Orphée s'avance à l'entrée du bourg.
II. — Air d’Orphée.
Orphée est allé faire ses adieux aux bêtes sur la montagne. Pour son bonheur, il préfère l'abeille noire et or, qu'au jour fixé, il doit attendre ici.
III. — Dispute du Chœur et d’Orphée.
Cette abeille n'est autre qu'Eurydice, une Bohémienne dont Orphée va faire sa femme.
IV. — Air d’Eurydice.
Abandonnant les gens de sa race, Eurydice a choisi Orphée qui vient la prendre dans ses bras.
V. — Réconciliation du Chœur et d’Orphée.
Conseil est donné aux pauvres amants de fuir.
VI. — Duo d’amour d’Orphée et d’Eurydice.
qui semblent n'avoir pas entendu les conseils du Chœur.
VII. — Reprise du Chœur et Départ des Amants.
Orphée et Eurydice vont gagner la montagne et les
bois.
ACTE II. — Une cabane dans un paysage sylvestre.
I. — Chœur des Animaux.
Un à un, les animaux sortent de la forêt et se groupent autour de la source. Ils sont malades et vieux, mais Orphée et Eurydice sont plus malheureux qu'eux, car Eurydice est à l'agonie, et Orphée est ivre de douleur parce qu'il ne peut lui rendre la vie.
II. — Duo d’Eurydice et d’Orphée, dans la cabane.
Eurydice sent qu'elle va mourir.
III. — Dernières recommandations d’Eurydice aux Animaux.
Eurydice paraît, chancelante, à la porte de la cabane, Orphée la soutient, l'étend sur une civière de verdure que les animaux ont préparée, et s'agenouille.
Eurydice demande aux animaux de ne pas abandonner Orphée quand elle ne sera plus.
IV. — Serment des Animaux.
Les animaux jurent d'être fidèles à Orphée.
V. — Lamentations d’Orphée.
A quoi bon, pense Orphée, tout ce qu'il sait, puisque la seule maladie qu'il ignore frappe justement la femme qu'il aime.
VI. — Dernières paroles d’Orphée.
Eurydice ne se plaint pas de son sort, et meurt dans les bras d'Orphée.
VII. — Chœur des Funérailles.
Les animaux emportent la dépouille d'Eurydice. Orphée les suit silencieusement.
ACTE III. — L'intérieur de la maison d'Orphée.
I. — Chanson d’Orphée au travail.
Orphée travaille comme autrefois à préparer des
remèdes naturels. Personne ne se doute que son cœur saigne, sauf les animaux.
Orphée se lève et allume les chandelles.
II. — Chœur des Bohémiennes (derrière la scène).
La nouvelle a couru qu'Eurydice est morte par la faute d'Orphée.
III. — La Sœur aînée.
Elle vient demander des comptes à celui qu'elle accuse d'avoir tué Eurydice.
IV. — La Sœur cadette.
Celle-ci reproche à Orphée de n'avoir jamais aimé Eurydice.
V. — La Sœur jumelle.
Se penchant sur Orphée qui lui tourne le dos, elle lui passe les bras autour du cou, et lui propose de l'épouser. Il la repousse doucement.
VI. — Grand air d’Orphée.
Enfin, les trois sœurs sont parties. Orphée se promène, égaré. Il croit voir Eurydice. Mais ce n'est qu'un rêve, et Orphée sent qu'il va mourir.
VII. — La Mort d’Orphée.
Les trois sœurs ont reparu en même temps ; elles se précipitent sur Orphée qui ne se défend pas. Orphée tombe. Il croit voir son Eurydice qui s'avance, et tend les bras vers cette vision.
Le chœur, reculant avec effroi, reconnaît mais trop tard, qu'Orphée aimait profondément Eurydice. Orphée meurt.
« L'originalité principale de ces trois petits tableaux réside dans le fait qu'Orphée est un rebouteur. La musique est à la fois stridente et monotone ; l'auteur y fait un emploi abusif des bois et de la trompette. »
(Larousse Mensuel Illustré, avril 1927)
MALVINA
Opérette en trois actes et cinq tableaux, livret de Maurice Donnay et Henri Duvernois, musique de Reynaldo Hahn.
Création à la Gaité-Lyrique le 23 mars 1935 dans des décors et costumes réalisés d'après les maquettes de Jenny Carré, avec Mmes Renée CAMIA (Malvina), Marguerite THIBAULT (Adèle), Charlotte CLASIS (Mme Choquart), Blanche DELIMOGES (Mme de Rigaldier), VANDER (Léocadie), May MURIEL (Caroline), MM. Roger BOURDIN (Jules Valérien), Robert ALLARD (Arthur), Marcel CARPENTIER (M. Choquart), Paul MAQUAIRE (Albert), sous la direction de Jules GRESSIER.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 14 juillet 1945, à l'occasion d'un Gala au bénéfice des œuvres sociales de la 3e DIA (Général de Montsabert), avec des décors et des costumes dessinés par Guy Arnoux et une mise en scène de Guy Ferrand.
Mmes Germaine ROGER (Malvina), Lina DACHARY (Adèle), Jane LAUGIER (Mme de Rigaldier), Christiane GAUDEL (Caroline), Charlotte CLASIS (Mme Choquart), Simone LECONTE (Mme de Condom), Josiane MAGUY (Léocadie).
MM. Jacques JANSEN (Valérien), Paul MAQUAIRE (Arthur), Émile ROUSSEAU (M. Choquart), Élie SAINT-COME (Albert), Paul PAYEN (M. de Balzac), Jacques HIVERT (Evariste), Gabriel JULLIA (M. de Condom), POUJOLS (un Huissier, un Garde national).
Ballet réglé par Constantin TCHERKAS, dansé par Mlles Juanina SCHWARZ (la Cantinière), Christine ANNIE (la Taglioni) et les Dames du corps de ballet.
Chef d'orchestre : Reynaldo HAHN.
5 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Les librettistes sont ici les plus habiles gens du monde, si habiles qu'ils ont apparemment pensé que Véronique étant la plus agréable des opérettes, il n'y avait qu'à la recommencer. Ils l'ont fait avec un agrément certain, et ils ont orné une intrigue bien conduite de couplets charmants. M. Chocard, marchand de frivolités, a deux filles et deux commis ; mais tous deux prétendent à la cadette, jeune évaporée qui ne rêve que romances, tandis que l'aînée soupire en secret pour le sage et honnête Arthur. Elle aura gain de cause : ce bon garçon, ami de la régularité, comprendra qu'il a fait fausse route, et abandonnera la romantique Malvina à son rival, lequel n'est qu'un faux commis et en réalité pratique la musique. Cela se passe autour des Trois glorieuses — ce qui nous vaut quelques airs martiaux — et se termine dans les bois de Viroflay.
A côté de ces airs francs et admirablement venus, M. Reynaldo Hahn a d'ailleurs donné libre cours à son inspiration pleine de charme et d'esprit et il a écrit quelques pages sans grande prétention peut-être mais précisément les plus vraiment musicales, comme la jolie chanson Monsieur de Balzac m'a embrassée, et l'ensemble de la Femme du vidame. » (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
MALVINA Ière
Opérette en trois actes, paroles de Maurice Mac-Nab et Paul Manoury, musique de M. Hirleman, représentée aux Folies-Dramatiques le 13 juin 1900.
MAMELLES DE TIRÉSIAS (LES)
Opéra bouffe en un prologue et deux actes, livret de Guillaume Apollinaire (1903), musique de Francis Poulenc. La pièce originale fut jouée en 1917 au Conservatoire Maubel à Montmartre.
Personnages : le directeur de théâtre (baryton) ; Thérèse (soprano) ; son mari (baryton à la création puis attribué par Poulenc à un ténor) ; M. Lacouf (ténor) ; M. Presto (baryton) ; le gendarme (baryton) ; la marchande de journaux (mezzo-soprano) ; le journaliste (ténor) ; le fils (baryton). Dans le public : une dame élégante (mezzo-soprano) ; une grosse dame (mezzo-soprano) ; un monsieur barbu (basse). Le peuple de Zanzibar.
L’action se déroule à Zanzibar, ville imaginaire de la Côte d’Azur, entre Nice et Monte-Carlo.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 03 juin 1947. Mise en scène de Max de Rieux. Décors et costumes d'après les maquettes de Romain Erté. Décors exécutés par René Matagne, costumes par MM. H. et A. Mathieu. Machinerie de Paul Lemesle.
Mmes Denise DUVAL (Thérèse), Irène GROMOVA (une Dame élégante), Jane ATTY (la marchande de journaux), Yvonne GIRARD-DUCY (une grosse Dame).
MM. Paul PAYEN (le Mari), Émile ROUSSEAU (le Gendarme), Robert JEANTET (le Directeur), Alban DERROJA (Lacouf), Marcel ENOT (Presto), Jacques HIVERT (le Fils), Serge RALLIER (le journaliste), Gabriel JULLIA (un Monsieur barbu).
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
26e représentation le 22 juin 1949.
Mmes Denise DUVAL (Thérèse), Germ. CHELLET (une Dame élégante), Marg. LEGOUHY (la marchande de journaux), Marg. MYRTAL (une grosse Dame).
MM. Paul PAYEN (le Mari), Émile ROUSSEAU (le Gendarme), Robert JEANTET (le Directeur), LE PRIN (Lacouf), Marcel ENOT (Presto), Jacques HIVERT (le Fils), Serge RALLIER (le journaliste), Michel FOREL (un Monsieur barbu).
Chef d'orchestre : Pierre DERVAUX
Représentations des 10, 12, 17, 18, 25, 30 mars et 03 avril 1972. Décors et costumes de Jean-Denis Malcles. Mise en scène de Louis Ducreux. Chorégraphie de Joseph Lazzini.
Mmes Renée Auphan (Thérèse), Jeannine Collard (la Marchande de journaux).
MM. Jean Giraudeau [10, 12, 17 et 18 mars] et Michel Sénéchal [25, 30 mars et 03 avril] (le Mari), Michel Roux (le Gendarme), Claude Cales [10, 12, 17 et 18 mars] et Jean Angot [25, 30 mars et 03 avril] (le Directeur), Xavier Depraz (Presto), Robert Andreozzi (Lacouf), Michel Cadiou (le Journaliste), Rémy Corazza (le Fils).
Direction musicale : Jean-Claude Hartemann / Jean Doussard.
27 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 3 en 1951, 7 en 1972, soit 37 au 31.12.1972.
Résumé.
Il est fort difficile d'analyser une aussi surprenante bouffonnerie, où l'on voit Thérèse devenir homme sous le nom de Tirésias, cependant que son mari, réussissant à procréer tout seul des enfants en quantité industrielle, conseille aux spectateurs de suivre son exemple...
L'action est censée se passer dans une ville imaginaire de la Riviera française, quelque part entre Monte-Carlo et Nice. Costumes de l'époque 1910.
PROLOGUE.
Le Directeur harangue familièrement le public.
ACTE I. — La grande place de Zanzibar, le matin.
Scène 1. — La jeune et jolie Thérèse en a assez d'être femme. Entr'ouvrant son corsage, elle en laisse échapper ses mamelles qui, sous forme de ballons d'enfant, s'envolent et éclatent au feu de son briquet. La barbe lui pousse au menton.
Scène 2. — Le Mari arrive, stupéfait de trouver Tirésias à la place de Thérèse.
Scène 3. — Tirésias déménage et le Mari rentre chez lui, les épaules basses.
Scène 4. — Lacouf et Presto visiblement ivres, dansent la polka, discutent, puis se tuent à coups de revolver.
Scène 5. — Tirésias-Thérèse apparaît, suivie de son Mari, habillé en femme. Pour savoir ce qui vient de se passer, elle achète un journal et le lit, ainsi que huit messieurs sortant du café et huit dames sortant du bazar. On emporte les cadavres de Presto et Lacouf. Tirésias se retire.
Scène 6. — Interpelé par le Mari, le Gendarme s'approche et, prenant le Mari pour une femme, lui fait la cour. Le peuple acclame le général Tirésias. Le Mari, fâché, se débarrasse de ses atours féminins et proclame la nécessité de se substituer aux femmes pour la procréation des enfants.
Scène 7. — Ce thème est repris par tout le monde, y compris Lacouf et Presto, revenus à la vie on ne sait comment, et la Marchande de journaux, un mégaphone à la main [Ensemble : Vous qui pleurez en voyant la pièce...].
ENTR'ACTE. — Les choristes du théâtre écoutent monter de la fosse de l'orchestre les appels des nouveau-nés...
ACTE II. — Au même endroit, le même jour, un peu avant le coucher du soleil.
Scène 1. — Le Mari, entouré de nombreux bébés, chante les joies de la paternité.
Scène 2. — Un journaliste parisien l'interviewe,
puis se retire.
Scène 3. — Le Mari, décidant de créer un journaliste, remplit un berceau vide de
journaux déchirés, du contenu d'une bouteille d'encre, d'un porte-plume, d'un
pot de colle et de ciseaux. Tonnerre.
Scène 4. — Le Fils se dresse dans son berceau, une badine à la main, menaçant son père de chantage, puis il sort.
Scène 5. — Le Mari s'apprête à faire de même.
Scène 6. — Il se heurte au Gendarme, qui l'arrête par l'épaule.
Scène 7. — La Cartomancienne arrive, voilée, et vocalise très largement, puis elle interpelle le public de la salle. Le Gendarme danse et le Mari aussi. Le Gendarme veut l'arrêter. Elle l'étrangle, puis, se débarrassant de ses voiles, apparaît dans une élégante robe du soir. Le Gendarme ressuscite, la main sur le cœur. Le Mari retrouve sa femme.
Scène 8. — Thérèse et son Mari dansent amoureusement, avec le peuple de Zanzibar en robe et en habit [Ensemble : Et faites des enfants, vous qui n'en faisiez guère...].
MAM’ZELLE CARABIN
Opérette en trois actes, livret de Fabrice Carré, musique d’Emile Pessard, représentée aux Bouffes-Parisiens le 03 novembre 1893.
« Gentil ouvrage, dont la forme contrastait d'une façon singulièrement heureuse avec ceux du même genre qu'on offre chaque jour au public. Un livret aimable, gai, bon enfant, sans gravelures et sans sous-entendus grossiers, une musique fine, élégante, écrite d'une main experte et sûre par un ancien grand prix de Rome devenu professeur d'harmonie au Conservatoire, voilà qui justifie suffisamment le succès obtenu par Mam'zelle Carabin, succès dont une part importante revient d'ailleurs à ses excellents interprètes : Mmes Juliette Simon-Girard, Maurel et Burty, MM. Félix Huguenet, Piccaluga, Ch. Lamy et Bartel. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Adolphe, vieil étudiant ; Ferdinand, étudiant ; Quillette, maître de pension ; M. Chose ; Olga (Mam'zelle Carabin) ; Mme Quillette, maîtresse de pension ; etc.
La scène se passe de nos jours, au Quartier Latin, à Paris.
Nous sommes au Quartier Latin, dans une pension d'étudiants tenue par M. et Mme Quillette. Parmi les clients se trouve M. Adolphe, étudiant de vingtième année et amant de Mme Quillette depuis seize ans. Cette liaison lui pèse et il romprait volontiers ; mais il ne peut. Au moment où se nouèrent les liens entre les deux amants, ils échangèrent deux pièces de cent francs en convenant que le premier qui sentirait lui peser la chaine renverrait à l'autre sa pièce et recevrait la sienne en échange. Depuis lors, jamais Adolphe n'a eu la somme à sa disposition, et à vues humaines, il risque fort de rester fidèle à Mme Quillette jusqu'au tombeau.
Quillette unit au métier de gargotier ceux d'usurier et de marchand de bric-à-brac. Ce cumul était nécessaire pour certains détails de l'intrigue.
Enfin, les Quillette, au moment où s'ouvre l'action, attendent une nièce qu'ils n'ont jamais vue, fille d'une sœur qui a mal tourné et est morte en Russie. Cette nièce, Olga, restée seule au monde, vient à Paris auprès de ses proches, dans l'intention d'y faire des études de médecine.
Parmi les pensionnaires de Quillette se trouve un étudiant, Ferdinand, cousin d'Adolphe, qui a déjà à plusieurs reprises raté ses derniers examens par la faute d'une certaine Nini, que le démon de la pervercité pousse toujours auprès de lui à la veille des épreuves décisives. Au début du premier acte, Ferdinand et Nini sont brouillés.
Quelques fantoches s'agitent encore autour des personnages principaux : tel M. Chose, un être nul, qui a hérité d'un oncle académicien et qui bazarde bêtement les bibelots rares de feu le membre de l'Institut afin de se procurer de quoi faire une noce stupide. Tels aussi Dupont et Durand, deux étudiants amoureux de la même Bichette, et qui finissent par convenir de se la repasser de quinzaine en quinzaine.
Tous ces hors-d'œuvre remplissent le premier acte jusqu'à l'arrivée d'Olga. Celle-ci est d'abord très mal reçue par les étudiants, qui détestent les concurrentes et ont juré de les expulser des cours. Mais Olga est crâne et tient tête à l’émeute. Elle trouve un allié en Ferdinand, qu'elle a piqué dans son amour-propre et qui accepte la lutte à armes égales. Quant à lui, il a repris rendez-vous avec Nini, et nous apprendrons à l'acte suivant que cette réconciliation lui a fait rater son doctorat une fois de plus. Le premier acte finit sur un ensemble très mouvementé, où Adolphe reçoit Olga et la baptise solennellement « Mam'zelle Carabin ».
A l'acte suivant. la scène présente en coupe les chambres contiguës de Ferdinand et d'Olga. Trois mois se sont passés depuis l'acte précédent. Olga travaille ferme ; Ferdinand flâne. Et pourtant il doit de nouveau, le lendemain, affronter la redoutable épreuve de la soutenance de thèse. Sans en avoir l'air, sa voisine veille sur lui comme un bon ange. Elle l'encourage au travail, lui soigne sa chambre à l'occasion, et surtout le met en garde contre les pièges de Nini. Ferdinand reçoit coup sur coup plusieurs visites et résiste victorieusement à de fortes tentations. Olga est contente et le félicite. Ils travaillent ensemble un moment. Mais Ferdinand commence à voir clair en lui : s'il renonce si facilement à tout à la demande d'Olga, c'est que son inconscient attend vaguement d'Olga elle-même des compensations. Mais Olga est sage, elle ne peut se résoudre à accorder le baiser si brusquement sollicité ; aussi Ferdinand, dans une soudaine détente, renonce-t-il tout à coup à toutes ses bonnes résolutions et décide-t-il de se lancer dans l'orgie.
Entre temps, Olga avait fourni à Adolphe les cent francs nécessaires à la rupture de sa liaison et nous avons assisté à ce grave événement. Elle avait aussi très proprement mis à la porte M. Chose, qui prétendait s'imposer à elle sous prétexte d'un pari.
Mais quand la pauvre fille voit Ferdinand sur le point de succomber et de partir avec les étudiants et Nini, elle perd complètement la tête et annonce qu'elle est aussi de la fête. Au scandale de tous, elle boit immodérément, chante des gaudrioles et tombe ivre sur la table. On la dépose sur son lit, et tous partent sans bruit. Tous, sauf Ferdinand, revenu à la raison, et qui passera la nuit dans sa chambre à travailler, tandis que sa voisine dormira profondément dans la sienne. Rien ne se passe entre eux que de très chaste, mais les mauvaises langues vont leur train et Nini saura tirer parti de l'incident.
Le troisième acte s'ouvre sous des auspices tragiques. Quillette a surpris le secret de son épouse et parle de tuer Adolphe. Sa femme lui prouve son innocence : Adolphe a abusé d'elle en l'hypnotisant. Posée de la sorte en victime, elle acquiert sur son époux un grand ascendant et saura, le moment venu, en profiter pour tout arranger : Quillette et Adolphe se réconcilieront.
Olga a dormi toute la nuit et une bonne moitié de la journée. Pendant ce temps, Ferdinand a enfin passé son examen. M. Chose et Nini, de leur côté, conspirent contre Olga et se préparent à la faire chasser par son oncle et par sa tante. La pauvre fille, qui s'est convaincue, à la suite de divers incidents, qu'elle n'est pas faite pour la médecine, tombe dans le piège qui lui est tendu et se persuade que tout est perdu pour elle.
Mais vous pensez bien que Ferdinand saura réparer le mal que très involontairement il a causé : quand il revient, tenant enfin son titre de docteur, il épouse Olga et tout s'achève ainsi le mieux du monde. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
MAM’ZELLE COLOMBE
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Jacquin, musique de Charles Haring, représenté au Grand-Théâtre de Bordeaux, en avril 1891, dans une soirée spéciale donnée par la Société colombophile de la Gironde.
MAM’ZELLE CRÉNOM
Opérette en trois actes, livret d’Adolphe Jaime et Georges Duval, musique de Léon Vasseur, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 janvier 1888, avec Mmes Marie Grisier-Montbazon (Juliette), Macé-Montrouge, Gilberte, Toudouze ; MM. Cooper, Piccaluga, Montrouge, Scipion, Jannin.
« Ceci était plutôt une pièce à couplets dans le genre de l'ancien vaudeville qu'une véritable opérette, car la musique n'y occupait qu'une place très secondaire. L'action était gaie, leste et très amusante, la musique un peu pâle et manquant de saveur. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MAM'ZELLE FRÉTILLON
Opéra-comique italien en trois actes (malgré ce titre français), musique de Vincenzo Monti, représenté au théâtre National de Rome le 22 novembre 1902. Cet ouvrage a été joué ensuite à Enghien, en septembre 1903. Les paroles sont de Fernand Beissier.
MAM’ZELLE GAVROCHE
Comédie-opérette en trois actes, livret d’Ernest Blum, Edmond Gondinet et Albert de Saint-Albin, musique d’Hervé, représenté aux Variétés le 24 janvier 1885.
MAM’ZELLE GENEVIÈVE
Opéra-comique en deux actes, livret de Brunswick et Arthur de Beauplan, musique d’Adolphe Adam, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 23 mars 1856, avec MM. Meillet, Honoré Grignon, Mmes Meillet, Adèle Vadé, Marie Garnier (Marie).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 12 en 1856.
Cette pièce bretonne n'a eu aucun succès.
« Le dernier opéra d'Adam au Théâtre-Lyrique, et non le meilleur. Il devait donner encore (le 29 avril 1856) les Pantins de Violette, aux Bouffes-Parisiens, et mourir subitement quatre jours après, âgé de 54 ans, dans son domicile de la rue de Buffault. Le catalogue de ses partitions théâtrales, publié dans son ouvrage : Souvenirs d'un musicien, ne contient pas moins de soixante-quinze numéros, y compris les vaudevilles et les ballets. Il a laissé encore une quantité considérable de cantates, de morceaux religieux et de pièces détachées de tous les genres. Adolphe Adam, qui était entré à l'Institut en 1844, n'avait obtenu que le second prix de Rome en 1825. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MAM’ZELLE IRMA
Opérette en un acte, livret de Fabrice Carré, musique de Victor Roger, représentée au Casino de Trouville en août 1883.
MAM’ZELLE JEANNE
Opérette en un acte, livret d'Emile de Najac, musique de Léonce Cohen, représentée aux Bouffes-Parisiens le 17 février 1858. => détails
MAM’ZELLE MARIETTE
Opérette en un acte, paroles de M. Aurèle, musique d’Emile Bourgeois, représentée aux Folies-Montholon le 19 avril 1874.
MAM’ZELLE NITOUCHE
Comédie-opérette en trois actes et quatre tableaux, livret d’Henri Meilhac et Albert Millaud, musique d’Hervé.
Personnages : Célestin, organiste et compositeur (baryton) ; Fernand de Champlâtreux, lieutenant (ténor ou baryton) ; le Major ; Loriot, brigadier (trial) ; le Directeur du Théâtre ; Gustave et Robert, officiers ; le Régisseur ; Denise de Flavigny (soprano) ; la Supérieure et la Tourière du Couvent des Hirondelles ; Corinne ; Gimblette, Lydie et Sylvia, artistes lyriques ; pensionnaires, officiers, dragons, acteurs, etc...
Création au Théâtre des Variétés le 26 janvier 1883, avec Anna Judic (Denise), sous la direction de Marius Boullard.
Première au Trianon-Lyrique le 30 novembre 1934 avec Mmes Nadia Dauty (Denise), Jane Morlet (la Supérieure), Simone Masson (l'Actrice), Lyne Lapeyre (la Tourière) ; MM. Boucot (l'Organiste), Ovido (le Brigadier Loriot), Popino (le Major), Demoly (le Régisseur).
Résumé.
Denise, pensionnaire du Couvent des Hirondelles, s'est aperçue que l'organiste Célestin joue nuitamment une seconde existence, sous le nom de Floridor, compositeur de musique. Elle s'arrange pour assister à la première de son opérette « Babet et Cadet » et en chante même le rôle principal, sous le nom de Mam'zelle Nitouche.
Champlâtreux, un officier de cavalerie, s'éprend de Mam'zelle Nitouche et renonce pour elle à son mariage avec une jeune fille inconnue, qui se révèle finalement être Denise-Nitouche en personne. Tout finit par s'arranger, même pour Célestin-Floridor qui a eu maille à partir avec un irascible major, frère de la Supérieure du couvent.
ACTE I. — Au couvent des Hirondelles.
C'est le matin, Célestin rentre furtivement au couvent, où il remplit les fonctions d'organiste et de maître de musique. Son existence est double : le soir, sa journée terminée, il se rend au théâtre, où, sous le nom de Floridor, il fait répéter une opérette légère de sa composition, Babet et Cadet [Couplets de Célestin : Pour le théâtre Floridor, et pour le couvent, Célestin...].
Un instant la Supérieure le retient, puis le Major, frère de la Supérieure, amant en titre de Corinne, la principale interprète de Babet et Cadet. Enfin, il s'éclipse. Le Major raconte à sa sœur, scandalisée, ses déboires extra-conjugaux, puis insiste auprès d'elle afin que son subordonné le lieutenant de Champlâtreux, puisse causer un instant avec une des pensionnaires, Denise, qu'on destine au jeune homme pour femme. L'entrevue aura toutefois lieu derrière un paravent et Champlâtreux passera pour un homme d'âge.
Le Major une fois parti, la Supérieure instruit Denise de l'entretien qui se prépare, puis Denise s'arrange pour prendre une leçon supplémentaire de musique avec Célestin. Comme elle a découvert la partition de Babet et Cadet et veut en faire la surprise à l'organiste, elle s'arrange pour intercaler des pages de l'opérette entre celles du morceau sérieux qu'elle répète. Tout d'abord étonné, puis ravi, Célestin devient rapidement complice et chante même avec elle un duo de Babet et Cadet [Chanson à deux voix : Le grenadier était bel homme...].
Champlâtreux se présente maintenant comme un très vieil inspecteur auquel Denise est invitée à faire montre de ses talents musicaux [Alléluia (Denise) : Mon cœur s'ouvre à l'aube...]. La visite terminée, la Supérieure vient informer Denise qu'une lettre de ses parents la rappelle subitement à Paris pour la marier ; Célestin se voit chargé de l'accompagner. Cette décision le navre, car justement c'est ce soir la première de Babet et Cadet. Denise comprend tout de suite la situation et offre à l'organiste de l'attendre sagement à l'hôtel pendant que se déroulera la représentation, à laquelle bien entendu elle assistera ; ils prendront ensuite tous deux le train suivant. Denise fait ses adieux à ses camarades de couvent et part avec son Mentor.
ACTE II. — Au foyer du théâtre de Pontarcy.
Le premier acte de Babet et Cadet s'achève ; les artistes très entourés, sortent de scène. Champlâtreux est là, annonçant son prochain mariage avec une jeune fille parfaite, mais qu'il n'a jamais vue.
Le Major a ensuite, au sujet de Floridor-Célestin, une explication orageuse avec Corinne qui, finalement, part en claquant les portes, annonçant qu'elle n'achèvera pas la représentation. Le Major court à sa suite, croisant en sortant Denise, qui essaie de voir jouer l'opérette qu'elle sait par cœur. Immédiatement, Champlâtreux s'éprend d'elle et s'ingénie à lui trouver une place dans la salle. Mais il n'y en a plus une seule de libre et ils reviennent tous deux au moment où le Directeur, désolé du départ subit de Corinne, s'apprête à rembourser l'argent aux spectateurs. Champlâtreux propose alors à Denise de jouer à la place de la vedette. Aussitôt on l'habille, et on la présente au public sous le nom de Mam'zelle Nitouche.
Célestin, lui, passe du complet effondrement à la joie la plus grande quand il s'aperçoit que, malgré tout, son opérette se joue et remporte même le plus franc succès ! La représentation terminée, il voudrait partir au plus vite avec son élève, mais le Major a bloqué la sortie.
ACTE III.
1er TABLEAU : Au quartier de cavalerie, devant le mess des officiers.
Le brigadier Loriot fait de mélancoliques confidences. Bientôt des soldats amènent au quartier Célestin et Denise, surpris en train de sortir du théâtre par la fenêtre. Les officiers les reconnaissent, et les emmènent dans leur mess. Le Major, toujours furibond, malmène tout d'abord Loriot, qui est complètement gris et toujours plus mélancolique, puis Célestin, qu'il prend pour une recrue et envoie se faire tondre de près ; après quoi il s'en va. Très gaie, Denise-Nitouche sort alors du mess, en chantant des refrains du régiment [Légende de la Grosse Caisse (Denise) : Le long de la rue Lafayette...].
Champlâtreux, arrivant à ce moment, est un peu étonné ; mais, comme le Major revient, on s'empresse de faire disparaître Denise. Le tableau s'achève par une série de scènes burlesques, entre autres celle où Denise, en costume de dragon, et Célestin, désormais tondu, sont soumis par l'irascible Major à des épreuves de contrôle...
2e TABLEAU : Denise et Célestin, tous deux habillés en dragons, franchissent le mur avec précaution, et s'empressent d'aller se changer. Découvert par la Supérieure qui lui demande des explications, Célestin s'en tirerait fort mal sans l'intervention de Denise, qui a inventé toute une édifiante petite explication.
Le Major apprend ensuite à sa sœur que Champlâtreux a renoncé au mariage projeté ; puis à Denise que cette décision est motivée par sa passion subite pour une certaine Nitouche, chanteuse d'opérette. Denise rit sous cape et demande une entrevue — derrière paravent — avec Champlâtreux. Les yeux de celui-ci se dessillent bien vite [Duettino Denise-Champlâtreux : Quand vous êtes venu...], et les jeunes gens tombent sans tarder dans les bras l'un de l'autre.
Tout s'arrange. Même Célestin-Florindor finit par s'entendre avec le terrible Major !
« Principaux personnages : Célestin, organiste-compositeur ; Fernand de Champlâtreux, jeune officier ; le major comte de Château-Gibus ; Denise de Flavigny, pensionnaire ; la supérieure du couvent des Hirondelles ; Corinne, actrice.
La scène se passe à Pontarcy, de nos jours.
Un charmant livret où l'on reconnaît vite la patte de Henri Meilhac. Bien qu'intitulée comédie-vaudeville, la musique tient dans la pièce assez de place pour que Mam'zelle Nitouche figure au répertoire de l'opérette, dont elle est une des plus solides colonnes.
Célestin est un personnage à double face ; sorte de Janus musical. Au couvent des Hirondelles, il remplit les fonctions d'organiste et de maître de musique ; mais, sous ces dehors austères se cache un compositeur léger, qui a écrit une opérette, Babet et Cadet. acceptée au théâtre de Pontarcy et signée du pseudonyme de Floridor. Toute la journée, Célestin remplit ses fonctions au couvent ; le soir, quand les pensionnaires dorment, il saute le mur et, métamorphosé en Floridor, il se rend au théâtre où il surveille ses répétitions. En répétant, on cause, et une liaison s'est ainsi établie entre Célestin-Floridor et Corinne, l'étoile chargée du rôle principal dans Babet et Cadet. Mais Corinne est la maîtresse attitrée du major comte de Château-Gibus, frère de la supérieure du couvent des Hirondelles, et le major ayant surpris le maestro aux pieds de Corinne, a appliqué un coup de pied dans le bas du dos de son rival, sans apercevoir son visage toutefois.
Les choses en sont là lorsque s'ouvre l'action. Nous sommes au couvent, le matin, et Célestin rentre furtivement, après la scène que nous venons de raconter. Une semelle de botte bien marquée sur sa redingote révèle l'acte de violence dont il vient d'être victime. Il n'a qu'une idée, rentrer vite dans sa chambre et effacer toute trace du drame. Un instant, la supérieure le retient, pendant lequel il a bien soin de ne se montrer que de face. Resté seul, il va pour sortir, mais cette fois c'est le major qui surgit et le retient encore. Il réussit enfin à s'éclipser.
L'entrevue qui suit est pleine de saveur. Le major s'épanche dans le sein de sa sœur, la supérieure, scandalisée qu'il lui raconte ses mésaventures extraconjugales. Toutefois ce n'est pas là le but principal de sa visite. Il vient demander l'autorisation pour son subordonné, le jeune vicomte Fernand de Champlâtreux, de causer un instant avec une des pensionnaires, Denise de Flavigny, que sa famille désire lui faire épouser. La règle du couvent s'y oppose ; néanmoins, si le jeune homme consent à causer à la jeune fille sans la voir et en se faisant passer pour un homme d'âge, on fera en sa faveur une exception.
Dans la scène suivante, la supérieure instruit, en présence de Célestin, Denise de l'entretien qui se prépare. En attendant le visiteur, Denise demande à prendre une leçon supplémentaire avec le maître de musique. Cette soif de travail recouvre une espièglerie : Denise a découvert la partition de Babet et Cadet ; elle l'a chipée, apprise par cœur et elle veut pousser à fond la plaisanterie. Elle a pour cela intercalé des paves de l'opérette entre celles d'un morceau religieux qu’elle demande à répéter. Célestin s'aperçoit bien vite de la farce qu'on lui joue et une sorte de complicité s'établit entre le professeur et l'élève. Denise sait que Célestin se double de Floridor, et Célestin est tout heureux de trouver quelqu'un qui l'apprécie. Denise chante même avec lui un duo de Babet et Cadet, interrompu par la supérieure qui n'y voit que du feu.
Arrive Champlâtreux, introduit comme un très vieux inspecteur d'académie, et qui cause avec Denise, séparé d'elle par un paravent. La visite terminée, entre en coup de vent la supérieure : une lettre des parents de Denise rappelle la jeune fille à Paris, où on veut la marier. Qui charger de l'accompagner ? La supérieure jette son dévolu sur Célestin en lui recommandant bien toutefois de ne pas révéler à la jeune fille le but du voyage : cela risquerait d'effaroucher cette âme si pure !
Célestin est navré : c'est ce soir même la première de son opérette et ce départ l'empêche d'y assister. Mais Denise vient à son aide : qu'il aille seulement au théâtre ; elle l'attendra à l'hôtel et ils prendront le train suivant. Célestin accepte, sans se douter que la mâtine a son idée ; elle a résolu de voir, elle aussi, Babet et Cadet et compte bien en trouver le moyen.
L'acte s'achève sur les adieux des pensionnaires à leur camarade.
Au second acte, nous sommes au foyer du théâtre de Pontarcy, au moment où s'achève le premier acte de Cadet et Babet. Une grande baie dans le fond ouvre sur la scène, vue de derrière. Les acteurs et actrices, y compris Corinne, sortent de scène : c'est un succès et tout le monde est enchanté. Des officiers viennent féliciter les interprètes, parmi eux Champlâtreux, qui annonce son départ et son prochain mariage avec une jeune fille parfaite, paraît-il, mais qu'il n'a jamais vue.
Arrive aussi le major, qui a avec Corinne une explication mouvementée. La fine mouche n'a pas de peine à convaincre son amant de son innocence et exige qu'il fasse des excuses à Floridor. Non sans se faire tirer l'oreille, le major consent. Corinne l'a convaincu que, lorsqu'il l'a surprise avec le maestro, celui-ci lui faisait répéter une scène de sa pièce.
Le major est parti à la recherche de Célestin. Celui-ci arrive sur ces entrefaites, et quand le major revient au bout de quelques instants, il retrouve Corinne et Floridor dans la posture exacte où il les avait surpris la veille. Il ne peut retenir son indignation et le pauvre Floridor reçoit le frère jumeau du coup de pied déjà reçu vingt-quatre heures auparavant. Corinne est furieuse et part en claquant les portes. Elle n'achèvera pas la représentation ! Mais le major commence à y voir clair et à identifier le compositeur avec le maître de chapelle des Hirondelles. Pour l'instant toutefois, le plus pressé est de courir après Corinne et il part.
Sur le seuil de la porte il croise Denise, qui a réussi à s'échapper de sa chambre d'hôtel et qui, ignorante des lieux, cherche à s'introduire dans la salle. Elle rencontre au foyer Champlâtreux. à qui elle confie son désir de voir l'opérette, une opérette qu'elle sait par cœur ! Champlâtreux s'éprend immédiatement de l'ingénue et déclare ne plus vouloir se marier. Et puisque Denise veut entrer dans la salle, il va lui chercher une place.
Le directeur arrive en trombe, bouleversé : Corinne ne veut pas jouer. Elle revenait pour cela, mais elle a vu Denise et l'a prise pour une maîtresse de Floridor, une rivale ! Cette fois, c'est fini. La représentation est impossible, il faudra rendre l'argent. Comme il se désole, Champlâtreux et Denise reviennent : dans la salle, pas une place de libre. On les met au courant de la situation et Champlâtreux a une idée : puisque Denise connaît le rôle, pourquoi ne le jouerait-elle pas au pied levé ? Denise se récrie, mais on vient à bout de sa résistance, on l'emmène, on l'habille, vite une annonce au public, et en scène pour le deux ! Denise est devenue divette sous le nom de Mam'zelle Nitouche.
Dans le foyer vide, Célestin reparaît, effondré. Il sombre au port. Mais, qu'est cela ? Sur la scène on chante, le public applaudit. La pièce se joue donc ? Qui a bien pu remplacer Corinne ? Son incertitude n'est pas de longue durée, car Denise rentre au foyer, toute rouge de plaisir et étourdie de son succès. Célestin n'en croit pas ses yeux. Il voudrait emmener bien vite son élève, mais, comme ils vont partir, le major survient furieux et bloque la sortie. Denise manque encore le train de minuit cinq !
L'acte suivant se passe au quartier de cavalerie, devant le mess des officiers. Le brigadier Loriot fait au public de mélancoliques confidences. Des soldats amènent Célestin et Denise, qu'ils ont surpris en train de sortir du théâtre par la fenêtre. Les officiers survenus reconnaissent les fugitifs, les font élargir et les emmènent au mess pour célébrer leur succès en sablant le champagne.
Loriot revient ivre et encore plus mélancolique. Il est surpris dans cet état par le major, qui, toujours furieux, vient au quartier taire diversion à sa rage au moyen d'un contre-appel.
Célestin, sorti un instant du mess, se trouve tout à coup nez à nez avec le major. Il feint de monter la garde. Dans son agitation, le major ne le reconnaît pas ; il le prend pour un vingt-huit jours et l'envoie se faire couper les cheveux. Soulagé par cette exécution, il s'en va.
Pas plutôt est-il loin que du mess sortent les officiers entourant Denise-Nitouche, très gaie, très lancée et qui chante crânement des refrains de régiment.
Arrive Champlâtreux, qui reconnaît Nitouche et est un peu estomaqué de la retrouver dans un quartier de cavalerie et en train de se livrer à de pareils exercices.
Le major reparaît. Il ne faut pas qu'il voie Nitouche : une femme au quartier, ce serait grave ! On fait disparaître Denise dans le magasin.
Mais Loriot va vendre la mèche. Complètement gris, il sort du magasin en chantant, un éventail à la main. Un éventail ! il y a donc une femme par là. Le major va faire fouiller le magasin, quand Denise en sort costumée en dragon. Elle se présente comme réserviste. Le major se méfie. Il organise des épreuves pour Denise et Célestin, désormais tondu. Ces épreuves donnent lieu à des scènes comiques. Mais le major ayant voulu tâter, Denise lui applique une maîtresse gifle et s'enfuit.
Changement de tableau : le décor du premier acte. Denise et Célestin, tous deux en dragons, sautent le mur avec précaution. Impossible de partir ; plus d'effets, plus d'argent ! Tous deux se hâtent d'aller se changer. Mais le pauvre Célestin n'a plus à sa disposition qu'un complet de touriste assez grotesque.
C'est dans cet accoutrement que le retrouve la supérieure qui le croit à Paris et qui demande des explications. Jamais il ne s'en tirerait si Denise ne venait à son aide. Elle a inventé toute une petite histoire : elle a appris qu'on voulait la marier, et ne pouvant s'y décider, elle a préféré rentrer au couvent. La supérieure est édifiée par cette irrésistible vocation !
Le major a ensuite avec sa sœur une conversation. Champlâtreux n'épouse plus. Comme ça se trouve : justement Denise ne veut pas se marier non plus ! Mais le major aperçoit Denise et reconnaît cette fois parfaitement la personne qui l'a giflé. Toutefois, il feint d'accepter les dénégations de la coupable. Il lui apprend la décision de Champlâtreux, qui s'est subitement épris d'une certaine Nitouche, chanteuse d'opérette. Denise apprend ainsi que celui qu'elle aime déjà n'est autre que le fiancé qu'on lui destinait. Il s'agit maintenant de raccommoder les affaires. C'est dur, mais on peut être certain que Mam'zelle Nitouche sera à la hauteur de sa tache.
Elle demande une entrevue — derrière le paravent, cela va sans dire ! — avec M. de Champlâtreux. On la lui accorde et la rusée péronnelle s'arrange à faire une confession qui fait ouvrir de grands yeux à son ex-fiancé. Ainsi, Denise et Nitouche ne sont qu'une seule et même personne. Le paravent tombe et les deux amoureux sont aux bras l'un de l'autre. C'est en cette posture que les retrouvent le major et la supérieure. Denise a si bien manœuvré que même en cette circonstance difficile la supérieure n'hésite pas à la déclarer un ange.
Entre temps le major a reconnu Célestin-Floridor. Mais là aussi tout s'arrange. Corinne l'a convaincu une fois de plus de son innocence ! »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« L’opérette la plus jouée, tout simplement... il en est peu d'aussi sainement gaies ; il n'en est point qui plaise davantage — c'est une de celles que l'on revoit toujours avec le même agrément. Allez-y, retournez-y ; retournez-vous : regardez la salle, écoutez les éclats de rire — et, naturellement, en subissant le charme, vous entrerez dans les raisons de sa durée.
On n'a pas idée du chiffre des recettes réalisées par Nitouche. Quand un directeur perdait de l'argent, ou s'il ne savait plus que monter — au beau milieu d'une saison de drame ou de music-hall, vite, il la remettait à l'étude... et le théâtre se remplissait comme par enchantement. Les reprises en équivalent à de bienheureux coups de Bourse ; innombrables, elles n'ont pu épuiser le succès ni affaiblir l'attraction qu'elle n'a cessé d'exercer sur tous les publics. L'équipement de sa légende exige peu de frais ; quoique relativement moderne, on n'a pas vu entrer en ligne de gros compte dans la confection de son scénario (où l'on retrouve quelques réminiscences du Domino noir), les coûteux ingrédients nécessaires à la vogue d'œuvres tapageuses qui ne la valent certes point : mise en scène à grand spectacle, tziganes, « girls », etc. La partition même est réduite à la proportion congrue ; elle ne contient pas une « valse » ! On y chante quelques couplets, comme dans les anciens vaudevilles — ils sont exquis et ne réclament pas de « voix ». — Il y a tant d'orchestrations plus volumineuses qui justifient à peine d'un air prétentieux ou d'un bon « morceau », de même que certaines tragédies se contentent d'un joli vers... Nitouche fredonne au surplus un des plus piquants refrains de Collé, Babet et Cadet... Quant aux flonflons d'Hervé, les notes qu'ils font cascader sont dénombrées parmi les perles du répertoire burlesque.
***
Le « compositeur toqué » — suivant sa propre expression — s'est ici caricaturé lui-même ou laissé croquer par Meilhac dans le fallacieux et falot personnage d'un organiste qui, en sortant de matines, enseigne le plain-chant aux chastes pensionnaires du couvent des Hirondelles ; et, aussitôt après l'office du soir, s'esquive par-dessus le mur pour aller faire répéter des opérettes de son cru aux divettes en représentations à Pontarcy. — On n'ignore point que c'est là l'histoire d'Hervé : ce « Janus » lyrique, maître de chapelle à Bicêtre et maestro léger aux Folies-Concertantes, tenait les grandes orgues à Saint-Roch ou à Saint-Eustache ; puis il conduisait en soirée l'orchestre du Palais-Royal, donnait ses leçons dans l'intervalle aux élèves des bonnes sœurs, et il jouait même, entre temps, la comédie, la tragédie, etc., au théâtre de Montmartre. Hervé perdit sa situation à Saint-Eustache le jour où le premier vicaire apprit que « M. l'Organiste » signait du nom d'Hervé des opérettes extravagantes pour les Folies-Nouvelles, alors que son nom véritable était Florimond : voilà le « Floridor » de Mam'zelle Nitouche — avec, toutefois, cette différence que Floridor est un pseudonyme galant sous lequel Célestin, le respectable professeur des « Hirondelles », se déguise soigneusement, à l'heure de ses escapades dans le domaine de l'art... et aux environs.
Or, l'étoile du musicien, jusque-là scintillante
à souhait, semble pâlir... Il avait d'abord réussi à faire accepter une de ses
œuvres, Babet et Cadet, par le directeur du théâtre de Pontarcy ; et,
tous les soirs, il s'est évadé du couvent pour diriger en personne les
répétitions de cette opérette — étant d'ailleurs dans les termes du dernier
tendre avec sa principale interprète, Mlle Corinne... Mais, une belle nuit,
malencontreusement, Célestin-Floridor s'est laissé surprendre aux genoux de la
dugazon par le vieux protecteur de celle-ci, Major, comte de Château-Gibus, et
dont il a reçu le pied quelque part. A la suite de cette équipée, il regagne le
couvent en hâte, et manque de choir sur Mme la Supérieure — qui est précisément
la sœur du fâcheux major en question. Pour comble de disgrâces, pas moyen de
mettre la main sur l'orchestration de son opérette... Fébrilement, il compulse
des recueils de « cantus » et des « messes » de tous les tons... C'est en vain.
Sur ces entrefaites, la jeune Denise — un ange ! — sollicite l'autorisation de
répéter le « Gloria in excelsis » qu'elle doit chanter dimanche prochain ; elle
y consacrera le temps de la récréation, pour l'édification de ses compagnes et
de la Supérieure qui se fait un devoir de la recommander à la bienveillance de
M. l'Organiste...
Célestin cache peu son mécontentement ; lui aussi voulait travailler. — Enfin,
passe pour cette fois ! Et le voici qui prélude sur l'harmonium, lorsque, après
de graves accords, la mélodie sacrée qu'il déchiffre machinalement résonne à son
oreille, distraite mais exercée, en « allegrettos » inaccoutumés : on a
substitué à ce « Gloria », sous sa couverture, la partition de Floridor !
Celui-ci bondit : « Qui s'est permis d'intercaler !... » et l'on entend un rire
cristallin, tandis qu'un éclair de malice pétille dans les yeux suaves de Mlle
Denise... C'est elle qui a subtilisé les élucubrations du professeur — elle ne
songe pas à le nier — et dans quel but ? C'est qu'elle a pris connaissance, par
la même occasion, du libretto qui l'a follement divertie ; sa curiosité
l'emportant sur sa réserve habituelle, ou feinte, elle a voulu se ménager une
entrevue avec l'auteur... histoire de l'interroger sur ses projets : ça la
passionne ! Célestin est furieux, mais il est au fond très flatté. D'abord il
s'est époumonné d'indignation contre la petite sournoise : « Mam'zelle Nitouche,
va !... » — puis il a soufflé ; puis il a souri. Et maintenant, il s'abandonne
aux douceurs de l'interview ; il conte sa gloire, il commente son œuvre, dont la
« première » doit avoir lieu le soir même... et la candide jeune fille — qui
sait déjà « par cœur » toute la pièce — demande des explications
supplémentaires, exemples à l'appui : on esquisse un duo, celui du « Soldat de
plomb »... Tout à coup, tuile ! Elle tombe sous les espèces du major de
Château-Gibus, qui vient visiter sa sœur. Il ne reconnaît pas dans Célestin « le
nommé Floridor » qu'il n'a vu que de dos. Et d'ailleurs, là n'est momentanément
pas la question : car sa démarche a pour objet de soumettre à la Supérieure une
lettre de M. et Mme de Flavigny, les parents de la petite Denise. Ils retirent
leur fille du couvent ; on veut la marier à un officier de cavalerie, Fernand de
Champlâtreux, qui sert sous les ordres du major. La directrice se résigne en
soupirant au départ de sa pensionnaire — un modèle !... Et c'est M. l'Organiste
qu'elle chargera tout à l'heure de l'accompagner à Paris. Désolation du
malheureux ! Comment faire, dans ces conditions, pour assister à sa
« première »... Denise, elle, est ravie : elle a son plan. C'est entendu. On
partira tout de suite. — Seulement, au lieu de prendre le train du soir, on
attendra celui du lendemain matin... et, entre temps, Floridor n'aura qu'à se
rendre au théâtre — après l'avoir laissée, bien sage, dans sa chambre, à l'hôtel
voisin.
Il va de soi que l'espiègle s'échappera dès que son correspondant aura tourné les talons. Elle se précipite au théâtre... Pas d'argent pour payer sa place : un vieux roquentin met sa bourse et son cœur à ses pieds... elle s'enfuit, pousse une porte, et se trouve inopinément dans les coulisses. — Un drame s'y passe !... La divette Corinne s'est encore fait pincer par M. de Château-Gibus, aux bras de Floridor — et, tandis qu'elle essaye d'arranger les choses, voici que ses petites camarades lui apprennent qu'elle a bien tort de compromettre sa situation pour un musicien aussi peu sérieux : ne l'a-t-on pas vu en ville avec une jeune personne... et, juste à ce moment, paraît Denise, demandant Floridor à tous les échos !... C'est trop fort ! L'actrice maudit l'infidèle, envoie promener tout le monde ; elle ne jouera pas la pièce ! Concert de lamentations dans le personnel ; on court de tous côtés pour rattraper la transfuge. Mais un lieutenant de dragons intervient alors : c'est M. de Champlâtreux ; il a rencontré au foyer une drôle de petite femme qui a causé gentiment avec lui et qui prétend savoir toute l'opérette par cœur. Le directeur bondit, on entoure Denise, on l'investit, la travestit et la maquille en un clin d'œil ; on la pousse sur le plateau... D'abord interloquée, elle reprend bien vite son aplomb — et, désormais lancée, tout d'un trait, conduit la pièce au succès ! On l'acclame et on la réclame : on veut savoir son nom... Mam'zelle Nitouche ! C'est ainsi que l'avait surnommée Célestin. — Celui-ci est affolé complètement ; et d'autant plus que le major, enragé, leur donne la chasse. Il faut absolument se sauver, il entraîne la nouvelle Etoile et saute avec elle par une fenêtre.
Une patrouille les ramasse et les conduit au « quartier », où les officiers retrouvent « Nitouche » ; on l'invite à venir au « mess » fêter son triomphe. Sans y entendre malice, elle accepte, toujours tirant à sa remorque le lamentable Floridor. Mais le major maudit arrive à l'improviste. Ils n'ont que le temps de cacher la jeune fille dans le magasin d'habillement... et, comme elle est un peu grisée, une inspiration fantasque lui vient : elle revêt un uniforme de cavalier — sans s'être donné le mot avec Célestin, qui, de son côté, a endossé une capote et s'est coiffé d'un képi. Le major les découvre en cet accoutrement, et les prend pour des « bleus » ou des réservistes auxquels il veut, sur l'heure, faire exécuter quelques exercices... Ça le calmera. Voici des chevaux : en selle ! — Terreur du maestro. Quant à Denise, malgré sa culotte, elle monte comme une amazone : Château-Gibus, méfiant, s'approche ; sous prétexte de rectifier cette position peu réglementaire, il laisse sa main s'égarer... Celle de Nitouche part pour ainsi dire toute seule : giflé à haute volée, le major pousse un rugissement et va se ruer... Mais les deux complices, déjà, sont bien loin...
Leur course, éperdue, a fini par les ramener au couvent. Là, Denise n'aura pas de peine à convaincre la Supérieure de l'excellence du motif qui a déterminé son retour : elle a su qu'on voulait la marier et préfère « prononcer ses vœux ! » La bonne sœur s'attendrit. Arrive justement M. de Champlâtreux qui, flanqué de M. de Château-Gibus, vient de son côté rendre sa parole à Mlle de Flavigny : il est, depuis la veille, amoureux fou d'une actrice délicieuse qui a débuté hier dans le dernier succès de Floridor. Le major et la prieure estiment que c'est déplorable. Alors, Denise a « une idée ».. Si elle essayait, maintenant qu'il n'est plus question d'elle, de moraliser ce jeune égaré... « Quel ange ! » s'exclame-t-on derechef. Seul, Célestin se scandalise ; mais il a bien assez à faire pour dépister les soupçons de son ennemi, qui commencent à se préciser. — Cependant, derrière le paravent que la règle monastique oblige d'interposer entre les élèves et les visiteurs de l'autre sexe, notre petit démon s'amuse à piquer la curiosité du beau lieutenant qu'elle aguiche, qu'elle intrigue et qu'elle stupéfie en lui rappelant successivement par de transparentes allusions les épisodes du théâtre et de la caserne. Il ne peut comprendre par quel sortilège cette blanche Hirondelle est au courant des faits et gestes de Nitouche... Escamotage du paravent ; et voilà Denise dans les bras de son fiancé — « C'est lui qui m'a convertie, ma mère ! » — tandis que Floridor en appelle à Molière !
On disait ce livret, représenté pour la première fois au Théâtre des Variétés le 26 janvier 1883, écrit uniquement pour Judic par Meilhac et Millaud, avec le cycle des vaudevilles musicaux dont elle avait gardé le monopole : Niniche, Lili, la Femme à Papa, la Cosaque, la Roussotte. Elle y excellait dans la chanson « clou », popularisant des refrains que caractérisait sa façon de lancer certaines interjections gouailleuses — tel son fameux « piii...ouittt !! » répété en scie par le monde entier — et elle possédait, au suprême degré, l'art de distiller avec tact le sous-entendu, où elle était incomparable de naïve perversité. Le rôle de Floridor avait été écrit pour Dupuis, un autre partenaire habituel de Judic, et qui, précédemment, fut celui de Schneider. Dupuis refusa. Et l'on dut remanier le texte pour Baron.
De toutes les pittoresques figures de ce répertoire spécial, presque seule, Mam'zelle Nitouche a survécu. Tout nous porte à croire qu'elle est immortelle, à l'image de sainte Nitouche, sa marraine — la patronne de l'Opérette. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
"On a peut-être souvenir que Florimond Hervé était, en même temps qu'auteur d'opérettes, organiste ; et ce double métier est précisément celui de l'organiste de Mlle Nitouche ; on devine dès lors quel fut le modèle premier de Meilhac et Millaud. Ils ont par surcroît proposé au compositeur une suite de chansons, dont les textes ne sont pas toujours étourdissants, mais qu'Hervé a su parer d'une musique de coupes rythmiques variées, d'un entrain étonnant, d'un dessin mélodique charmant et qui font de lui bien mieux que le rival d'Offenbach." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
« Mam'zelle Nitouche d'Yves Allégret.
La célèbre opérette est une fois de plus portée à l'écran, mais en couleurs, par le procédé Eastmancolor, fort bien réussies. Le film par lui-même est très inégal, certains passages étant très agréables, d'autres beaucoup moins bien venus,
Célestin, l'organiste du couvent, et Floridor, l'auteur de la dernière opérette, ne font qu'un seul et même personnage (Fernandel). Une de ses élèves (Pier Angeli) est à peu près la seule à connaître cette double vie et elle en vient à participer, beaucoup plus que ne le désirerait Célestin, au succès de l'opérette, alors même que Floridor s'en trouve charmé. A ces éléments de base ajoutons le commandant (Jean Debucourt), amant de la vedette (Michèle Cordoue), et le beau lieutenant amoureux de Mam'zelle Nitouche. Voilà de quoi faire de nombreux chassés-croisés, dignes des opérettes du début du siècle.
Pier Angeli est absolument ravissante, mais il vaut mieux ne pas trop l'entendre chanter ; Fernandel n'a pas trouvé un de ses meilleurs rôles, mais Jean Debucourt, en revanche, est en tout point excellent. »
(Jacques Glandard, Larousse Mensuel Illustré, mai 1954)
MAM’ZELLE PÉNÉLOPE
Opéra-comique en un acte, livret d’Henry Boisseaux, musique de Théodore de Lajarte, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 03 novembre 1859, avec Mlle Amélie Faivre (Catherine), MM. Armand Potel (Landry), Adolphe Girardot (Bobinus), Gabriel (Lorrain).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 9 en 1859, 13 en 1860.
Première à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 08 juin 1877, avec Mlle Chevalier (Catherine), MM. Ulysse du Wast (Landry), Barnolt (Bobinus), Pierre Julien Davoust (Lorrain).
« C'est une pièce amusante à quatre personnages. L'ouverture est orchestrée avec goût. Elle est formée de jolis motifs villageois. Le duo de Catherine et de Landry : Aujourd'hui, le doux mois de mai a du caractère et la mélodie en est heureuse. Nous aimons moins les couplets bouffes de Bobinus : Rosa la rose sur un tempo diminuetto. Les couplets de la pleurnicheuse Catherine sont excellents : Ah ! de chagrin mon âme est pleine. Le duo de Catherine et de Landry est le morceau le plus travaillé de l'opéra : il module beaucoup, mais naturellement. Le quatuor : Quittez ce bas pour un amant, est traité d'une manière intéressante. La grâce et la légèreté, avec une pointe de sentiment que le sujet comporte, se retrouvent dans le terzetto : Dans la nuit en silence. On voit dans cette petite partition que M. de Lajarte est non seulement un bon musicien, mais aussi un nomme d'esprit. Tout y est à sa place avec le degré d'expression qui convient à chaque situation. La pièce a été bien jouée par Girardot, Gabriel, Potel et Mlle Faivre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Comédie lyrique du genre intime, jouée par Potel et Mlle Faivre. Ils y dansaient un pas de bourrée qu'on leur faisait toujours recommencer. Mais les amateurs ouvraient aussi l'oreille à d'autres morceaux de la partition. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MAM’ZELLE PIERROT
Opérette en un acte, livret d’Amédée de Jallais et Henri de Kock, musique de Frédéric Barbier, représentée aux Folies-Bergère le 26 septembre 1869.
MAM'ZELLE PIOUPIOU
Pièce militaire en cinq actes d'Alexandre Bisson et André Sylvane, musique de William Chaumet, représentée au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 31 mai 1889.
MAM'ZELLE QUAT’SOUS
Opéra-comique en quatre actes, livret d’Antony Mars et Maurice Desvallières, musique de Robert Planquette, représentée au théâtre de la Gaîté le 15 novembre 1897, avec Mmes Mathilde Cocyte (Marion), Mariette Sully (Thérésette), Debério (Denise), Largini (Zoé et une Marchande de programmes), Karty, Carrel, Ludovic, MM. Paul Fugère (Michel Boraiche), Lucien Noël (Anatole), Soumis (Isidore), Paul Bert (Rascalou), Dacheux, Bienfait, Bernard.
MAM'ZELLE ROSE
Opérette en un acte, livret d’Adrien Decourcelle et Eugène Bercioux, musique de Frédéric Barbier, création aux Variétés en 1874.
MAM'ZELLE SANS-GÊNE
Opéra-comique en deux actes, paroles de Pierre Virès, musique de Maurice Galerne, représenté à Grenoble en janvier 1900. L'héroïne de la pièce est une Lyonnaise bien connue dans la région, Thérèse Figuent, qui, habillée en dragon, fit toutes les guerres de la Convention et du Premier Empire. La musique accompagnait prestement une action amusante et lestement menée.
MAM'ZELLE TROMPETTE
Opérette en trois actes, livret de Maurice Desvallières et P. Moncousin, musique de Théophile Hirlemann, créée aux Folies-Dramatiques le 15 septembre 1908.
MAM'ZELLE VENDÉMIAIRE
Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret d'André Lénéka et Armand Foucher, musique de Germaine Raynal et Ernest Gillet, représentée à Paris, théâtre Apollo, le 10 février 1917.
MANDOLINES (LES)
Opéra-ballet, musique de Charles Sodi, représenté à l'Académie royale de musique le 14 septembre 1744. Sodi était Italien et fort habile mandoliniste. Il écrivit la musique de plusieurs parodies jouées à la Comédie-Italienne. Un de ses airs : Quanto mai felice siete, obtint un grand succès.
MANDRAGORE (LA)
Drame lyrique en trois actes, livret de Jules Brésil, musique de Henry Litolff, représenté au théâtre des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles le 29 janvier 1876. Le sujet est tiré de Joseph Balsamo (Cagliostro) d'Alexandre Dumas, et le style général de la pièce est d'un caractère plus sérieux que celui des précédents ouvrages auxquels le compositeur a eu le tort, selon moi, d'associer son remarquable talent. L'orchestration est traitée avec une expérience consommée ; on a surtout applaudi les couplets de Graziella, un chœur au premier acte et le finale du second, ainsi qu'une chanson à boire dans le troisième. Chanté par Falchieri, Mme Morlet et Mlle Olga Lewine.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MANDRAGORE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, paroles de P. Brunel, musique de Maurice Claudius, représenté au Grand-Théâtre de Nantes, sous la direction de l'auteur, le 28 février 1903.
MANDRIN
Opérette à grand spectacle en trois actes et vingt tableaux, livret d'André Rivoire et Romain Coolus, musique de Joseph Szulc. Création au Théâtre Mogador le 12 décembre 1934, mise en scène d'Edmond Roze, chorégraphie de Floyd Du Pont, maquettes des décors et costumes d'Ernst Stern, décors réalisés par Emile Bertin, costumes réalisés par Max Weldy, avec Mmes Solange Renaux (Isabelle), Hélène Regelly (Solange), Germaine Duclos (Colette), Monette Dinay (Perrette), Gina Relly (Bathilde), MM. Georges Jouatte (Mandrin), Charles Friant (Antoine), Robert Allard (Bernard, dit La Tendresse), René Hérent (Periola), Marcel Carpentier (Fouchard), Henri Vilbert (Olive), José Dupuis (le Procureur), G. Lacoste (un Marchand), Robert Rose (Jérôme), Max-Jam (Fernandet), Métairie (Moustique), Rosen (Gros Lucas), Buffoli (Rondin), sous la direction de G. Diot.
MANETTE
Opéra-comique en trois actes, paroles et musique de Pauline Thys, dont des fragments ont été exécutés dans un spectacle de jour donné au Vaudeville le 30 avril 1865.
MANGÉ PAR LES SAUVAGES
Opéra bouffe en un acte, paroles de M. Lefebvre, musique de M. Burty ; représenté au théâtre des Nouveautés en novembre 1871.
MANNEQUIN (LE)
Comédie en un acte et en vers, mêlée d'ariettes, paroles de Lieutaud, musique de Chapelle, représentée au théâtre de Louvois en 1793. Ce sujet a souvent été traité sous différents titres, tels que ceux-ci : le Tableau parlant, l'Amant statue, la Statue, etc.
MANNEQUIN DE BERGAME (LE)
Opéra-bouffon en un acte, livret d’Eugène de Planard et Paul Duport, musique de François-Joseph Fétis. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 01 mars 1832, avec MM. Paul Jean Fargueil, Juliet, Ernest, Mmes Zoé Prévost (Mme Saint-Ange) et Lemesle.
« C'est un opéra-bouffon imité des formes de la comédie italienne, que le savant aristarque de la musique a écrit dans un de ses jours assez rares de gaieté. La Cuffiara, de Paisiello, a fourni aux librettistes l'idée de leur Mannequin. Il s'agit d'un président qui joue les arlequins. C'est une farce qui ne s'analyse pas. L'auteur de la musique a essayé d'introduire sur notre scène des morceaux écrits en nota e parola, qui demandent une volubilité et une facilité d'intonation que nos chanteurs français ne pourraient acquérir qu'à l'aide d'un continuel exercice dont le répertoire ne leur fournit pas l'occasion. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MANŒUVRES D’AUTOMNE
[Ein Herbstmanöver]
Opérette viennoise en trois actes, livret de K. de Bakonyi, musique d’Emmerich Kálmán, créée à Budapest en 1908.
Représentée dans une version française de Pierre Veber au Théâtre des Célestins de Lyon le 20 mars 1914.
MANOIR DE PICTORDU (LE)
Opérette en trois actes, livret d'Albert de Saint-Albin et Arnold Mortier, musique de Gaston Serpette, représenté au théâtre des Variétés le 28 mai 1875, avec Mmes Aline Duval, Berthall, Berthe Legrand, Donvé, Ghinassi, Geffroy, Sylvana, C. Magne, Pera, Maria, MM. Pradeau, Berthelier, Léonce, Daniel Bac, Gaussins, Germain.
« La pièce est extravagante. On a applaudi une jolie valse à la fin du premier acte. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MANOIR DES LARENARDIÈRE (LE)
Opérette bouffe en un acte, livret d'Eugène Mestépès, musique d’Emile Jonas, représentée aux Bouffes-Parisiens le 29 septembre 1864.
MANON
Opéra-comique en cinq actes, livret d’Henri Meilhac et Philippe Gille, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra-Comique le 19 janvier 1884. => fiche technique
MANON LESCAUT
Opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 février 1856, avec Mmes Marie Cabel (Manon Lescaut), Léocadie Lemercier (Marguerite), Félix (Madame Bancelin), Zoé Bélia (Zaby) ; MM. Jules Puget (Desgrieux), Jean-Baptiste Faure (le marquis d'Hérigny), Beckers (Lescaut), Jourdan (Gervais), Constant Lemaire (M. Durozeau), Duvernoy (un Sergent), Chapron (un Bourgeois), Nathan (M. Renaud), sous la direction de Théophile Tilmant.
« Le roman de l'abbé Prévost a fourni les principaux épisodes de la pièce. M. Scribe a déployé une grande habileté à déguiser le fond immoral de l'intrigue ; mais décidément cette histoire a des chapitres trop chargés d'ignominie pour plaire sur une scène lyrique. Ce marquis d'Hérigny, qui se sert d'un soldat de son régiment pour suivre à la piste une jeune ouvrière de la rue de la Ferronnerie à la rue Saint-Jacques, porte assez mal ses épaulettes de colonel. La réunion au Cadran bleu, la conduite du soldat Lescaut, qui perd au pharaon l'argent donné à sa cousine par le chevalier Desgrieux ; Manon chantant comme une mendiante la Bourbonnaise pour payer la dépense de la guinguette, tout cela est à la fois trivial et odieux. Le second acte se passe à l'hôtel d'Hérigny ; mais la scène du pavillon, dans laquelle Manon fait servir à souper à son amant par les gens du marquis dont elle a accepté les offres, n'est pas plus admissible. Quant au dernier acte, qui transporte le spectateur dans la Louisiane, il devait offrir une suite de péripéties plus invraisemblables les unes que les autres pour ramener sur la scène les personnages, et les rendre témoins de la mort de la pauvre Manon. Dans un roman, l'auteur a plusieurs centaines de pages pour développer l'action et préparer le lecteur aux situations les plus inattendues. Dans une pièce, et surtout dans une œuvre lyrique, où la marche des événements est encore suspendue par l'exécution des morceaux de musique, il faut être sobre, clair, concis, rapide. Voilà pour la forme ; quant au fond, les auteurs qui veulent mettre sur la scène un roman célèbre ne remarquent pas assez que le livre s'adresse à un individu, qu'il n'y a pas d'intermédiaire entre la page et son œil qui la lit. Il en résulte que l'auteur peut s'adresser à lui avec plus de franchise et s'abandonner à la peinture de certains tableaux sans trop s'exposer à déplaire ; tandis que la pièce s'adresse à un public composé d'individus qui sans le savoir surveillent leurs impressions mutuelles, et communiquent entre eux moralement comme par un courant magnétique. En voilà assez sur la tentative malheureuse de M. Scribe. Si nous passons à la musique, nous ne pouvons que regretter que tant de talent, de grâce, d'habileté aient été dépensés d'une manière éphémère et avec une telle prodigalité sur un sujet ingrat. L'ouverture est ravissante. Au premier acte, nous rappellerons le duo de Manon et de Marguerite ; l'allégro lancé avec hardiesse par Mme Cabel : Les dames de Versailles, et la Bourbonnaise, chantée par Manon avec accompagnement de guitare. Les couplets du marquis, au second acte, ont l'élégance que le caractère du personnage comporte. Les idées musicales semées au commencement du troisième acte ont un caractère original ; la danse nègre, la chanson créole, le quatuor sotto voce offre des effets sui generis, dont on ne trouve pas les équivalents dans les autres ouvrages de M. Auber. La dernière scène, consacrée à la mort de Manon et au désespoir de Desgrieux, a fourni au maître l'occasion d'écrire une sorte de symphonie dramatique fort expressive. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MANON LESCAUT
Drame lyrique italien en quatre actes, livret de Luigi Illica, Domenico Oliva, Marco Praga et Giulio Ricordi, d'après l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, roman de l'Abbé Prévost ; version française de Maurice Vaucaire ; musique de Giacomo Puccini.
Personnages : Manon Lescaut (soprano) ; Lescaut, son frère, sergent de la garde du roi (baryton) ; le chevalier des Grieux (ténor) ; Géronte de Ravoir, trésorier général (basse) ; Edmond, un étudiant (ténor) ; l’aubergiste (basse) ; un maître à danser (ténor) ; un musicien (mezzo-soprano) ; l’allumeur public (ténor) ; un commandant de navire (basse) ; un perruquier (mime) ; sergent des archers (basse).
Première représentation à Turin, Teatro Reale, le 01 février 1893, par :
Mmes CESIRA-FERRANI (Manon), CERESOLI, MM. CREMONINI (des Grieux), MORO (Lescaut), POLINI (Géronte), RAMINI, CASTAGNOLI, sous la direction d’Alexandre POMÉ.
Premières fois, en France, à Bordeaux le 04 mars 1906, puis à Nice (Casino Municipal), le 19 mars 1906 (en français) ; à Marseille le 12 février 1907 (en français) ; à Anvers le 12 décembre 1907 (en français) ; à Paris (Théâtre du Châtelet), par la Troupe du Metropolitan, le 13 juin 1910 (en italien) ; à Genève le 24 janvier 1913 (en français).
Première fois à la Monnaie de Bruxelles, dans la version française, le 10 février 1911, sous la direction de Sylvain Dupuis, avec Mmes Dorly (Manon), Sonia (un musicien), MM. Girod (Des Grieux), Ponzio (Lescaut), La Taste (Géronte, comte de Gerval), Dua (Edmond, un maître de ballet), Delaye (le commandant de vaisseau), Villier (l'aubergiste), Dognies (l'allumeur public), Colin (un sergent des archers).
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NICE 19.03.1906 |
PARIS 13.06.1910 |
Manon |
Ch. WYNS |
L. BORI |
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|
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Des Grieux |
CONSTANTINO |
E. CARUSO |
Lescaut |
DUTILLOY |
P. AMATO |
Géronte |
ROUGON |
PINI-CORSI |
Chef d’orchestre |
X |
TOSCANINI |
Première fois au Palais Garnier (le 4e acte seulement) le 12 mars 1916 (en italien), dans une mise en scène d'Octave Labis.
Mme Carmen MELIS (Manon).
MM. Amadeo BASSI (des Grieux), Domenico VIGLIONE-BORGHESE (Lescaut).
Chef d'orchestre : Rodolfo FERRARI
Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.
Cet ouvrage a été repris au Casino Municipal d'Enghien, le 21 juin 1956 (en italien), avec : Mme Clara PETRELLA (Manon), MM. Carlo BERGONZI (Des Grieux), MANTOVANI (Lescaut), DALAMANGAS (Géronte), sous la direction d'Argeo QUADRI.
Résumé.
L'action, identique dans ses grandes lignes, à celle de la « Manon » de Massenet, se déroule dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Au premier acte, la jeune Manon est enlevée par Des Grieux au relais de poste d'Arras. Au deuxième, elle a déjà été prise par Géronte, et, lorsqu'elle va fuir de nouveau avec Des Grieux, Géronte la fait arrêter comme prostituée. Au troisième acte, on assiste, au port du Havre, à son embarquement pour la Louisiane. Des Grieux réussit à partir avec elle. Le dernier acte est celui de la mort de Manon dans une désertique contrée d'Amérique.
ACTE I. — Au relais de poste d'Arras.
Une joyeuse animation règne. Edmond, un étudiant, chante un galant Madrigal bientôt repris par ses camarades et leurs compagnes. La bande attire à elle le Chevalier des Grieux, dont l'humeur est sombre.
Le coche arrive. Lescaut, sa sœur Manon et Géronte en descendent. La jeune personne fait l'admiration des étudiants et aussi de Des Grieux qui s'approche, s'enquiert de son nom et du but de son voyage, tandis que Lescaut et Géronte s'éloignent avec l'Aubergiste. Manon déclare qu'elle se rend au couvent. Des Grieux est très ému ; la jeune fille lui promet de revenir sitôt la nuit venue [Duo : Deh, se buona... / Charmante voyageuse...].
Manon partie, Des Grieux demeure plongé dans la rêverie [Romance de Des Grieux : Donna non vidi... / Ange, sirène ou femme...]. Les étudiants qui ont observé son attitude, le plaisantent maintenant d'être tombé dans les rets de l'amour. La scène s'anime : étudiants et bourgeois viennent jouer et boire. Lescaut apprend à Géronte que Manon entre au couvent, ce qu'il déplore d'ailleurs, et le fermier-général conçoit le projet d'enlever la jeune fille. Pour y arriver, il commence par inviter Lescaut à souper, puis s'entend avec l'aubergiste afin qu'une voiture soit prête à les emmener, Manon et lui, à Paris.
Edmond, ayant épié les faits et gestes de Géronte, rapporte ce qu'il a entendu à Des Grieux, que cette révélation inattendue surprend vivement. Le Chevalier requiert l'aide d'Edmond. Lorsque Manon de nouveau s'approche, Des Grieux lui avoue son amour et lui révèle le plan d'enlèvement de Géronte. [Duo : (Manon) Vedete ? Io son fedele... / Voyez ! Je suis fidèle...]. Edmond vient bientôt annoncer que la voiture est prête. Des Grieux, de plus en plus emporté par la passion, tâche de convaincre Manon de fuir avec lui. Elle résiste d'abord, puis se laisse faire.
Géronte, revenant chercher Lescaut, entend le son des grelots et apprend avec dépit qu'il a été roulé. Lescaut, philosophe, estime qu'il sera facile de retrouver Manon à Paris. Les étudiants et les gens, accourus au tapage, se gaussent de la mine déconfite du fermier général.
ACTE II. — Un élégant salon chez Géronte.
Manon a déjà quitté Des Grieux pour Géronte. C'est chez le fermier-général qu'on la retrouve, assise à sa table de toilette ; le Coiffeur s'empresse autour d'elle. Lescaut rend visite à sa sœur et l'admire. Mais Manon demeure triste ; elle songe aux jours heureux passés avec le Chevalier et à leurs ardentes caresses. Lescaut lui assure que Des Grieux ne l'a pas oubliée et, ne pense même qu'à la reconquérir.
Des musiciens louent la beauté de Manon [Madrigal : (mezzo-soprano) Le charmant berger Tityre...]. Au nom de sa sœur, Lescaut les congédie et sort.
Puis Géronte arrive avec une nombreuse compagnie et la leçon de danse commence. Manon demeure indifférente à tout. Géronte et ses amis cependant s'exclament à l'envi sur sa grâce lorsqu'elle danse le Menuet. Tous bientôt se retirent.
Manon, demeurée seule, se contemple dans son miroir. Tout à coup, Des Grieux se trouve auprès d'elle : Manon l'accueille avec un cri de joie. Le Chevalier lui reprochant toutefois sa trahison, elle implore son pardon avant de se jeter dans ses bras. Leur entretien passionné est tout à coup interrompu par l'arrivée inopinée de Géronte. Aux reproches qu'il fait à Manon, celle-ci répond en lui mettant devant les yeux son miroir. Déconcerté, Géronte constate qu'il est temps de rompre. Il se retire en promettant de revenir bientôt.
Manon est ivre de joie. Des Grieux la presse de partir avec lui. La belle se prend alors à regretter déjà tout le luxe qu'elle doit abandonner. Lescaut, accourant hors d'haleine, annonce que Géronte a dénoncé Manon comme fille publique et que la garde s'apprête à venir l'arrêter pour la conduire en exil. En vain, il l'adjure de se hâter. Tout égarée, Manon ne songe qu'à emporter son or et ses bijoux. Mais quand Géronte, riant méchamment, paraît dans l'encadrement de la porte en compagnie de nombreux archers, de saisissement elle laisse tomber à terre tout ce qu'elle avait raflé ici et là. Des Grieux veut se précipiter sur Géronte, mais Lescaut le désarme et les archers entraînent Manon. Le Chevalier est désespéré [Finale : (Manon) Ah ! è morte !...].
ACTE III. — La Prison du Havre.
[Intermède Symphonique : L'attente passionnée de Des Grieux].
Lescaut, qui a préparé l'évasion de Manon, et Des Grieux s'approchent. Des Grieux converse avec Manon à travers le grillage de sa cellule. Un Allumeur public passe en chantant, détache la lanterne et éteint le lumignon. Des Grieux encourage Manon à fuir. Mais, à peine s'y apprête-t-elle, qu'un coup de feu éclate. Vainement Lescaut conseille-t-il à Des Grieux de veiller à sa propre sécurité : le Chevalier préfère mourir plutôt que d'abandonner Manon. Des gens accourent.
Les prisonnières sont tirées de leurs geôles et embarquées sur le navire qui attend au port. Lorsque arrive le tour de Manon qui sanglote, sa beauté impressionne les spectateurs et une altercation étant survenue entre le Sergent et Des Grieux, le Commandant du navire intervient. Après discussion, il consent à prendre le Chevalier à son bord, où il partagera la tâche des marins, mais ne sera ainsi pas séparé de celle qu'il chérit toujours.
ACTE IV. — Une contrée désertique en Louisiane.
Manon et Des Grieux, qui se sont évadés, s'avancent péniblement. Des Grieux s'éloigne un instant à la recherche d'un peu d'eau. Manon revit avec effroi la tragique scène de son évasion avec Des Grieux. Celui-ci revient : il n'a pas trouvé d'eau. Manon se serre alors contre lui pour mourir. Des Grieux la presse dans ses bras, et, quand elle n'est plus, s'effondre comme une masse sur son cadavre [Duo final : (Des Grieux) Non voglio !... Addio !... / Je n'ai rien vu... — Adieu !].
« On peut supposer que c'est le très grand succès de la Manon de M. Massenet qui a engagé deux auteurs italiens à extraire à leur tour un opéra du roman célèbre de l'abbé Prévost. Ils n'ont pas eu tort sans doute, puisque le succès, un succès véritable, a couronné leurs efforts, et que cette nouvelle Manon Lescaut a fait en deux années le tour de presque tous les théâtres d'Italie. Un fait singulier se produisit même. C'était à l'époque où la Manon française venait de paraître elle-même en Italie, qu'elle parcourait triomphalement, aux acclamations de tous. On eût pu croire que l'une, quelle qu'elle fût, ferait du tort à l'autre, et que le succès de celle-ci devait empêcher le succès de celle-là. Il n'en fut rien, la comparaison ne fut préjudiciable à aucune, et l'une et l'autre se succédaient en tous endroits sans cesser de recevoir les applaudissements du public, qui leur témoignait une égale sympathie. Un journal italien publia même à ce sujet un dessin assez caractéristique représentant les deux Manons, la française et l'italienne, se rencontrant en souriant, les bras chargés de couronnes de fleurs, le dessin portant cette légende : « Manon-Massenet et Manon-Puccini, de bonnes cousines latines, se rencontrant en quelque station au cours de leur voyage à travers l'Italie, pourront se congratuler réciproquement pour le bonheur bien mérité qui les accompagne. »
Le style de la Manon Lescaut de M. Puccini ne ressemble en rien à celui de la Manon de M. Massenet. Le compositeur italien n'a pas mis dans son oeuvre la délicatesse, la grâce exquise, le charme pénétrant qu'on rencontre dans celle de son confrères français. C'est par d'autres moyens qu'il a réussi, mais il n'a pas moins réussi. Sa musique se fait remarquer surtout par une grande chaleur d'expression, par des accents d'une passion intense, intense parfois jusqu'à l'excès. Cela est un peu gros, surtout au point de vue de l'orchestre, mais cela porte, parce que l'élan est vrai et que l'inspiration est spontanée. On a signalé particulièrement une jolie romance de Des Grieux, son premier duo avec Manon, une chanson dite par celle-ci, le finale du second acte, le prélude et la grande scène du départ au troisième, enfin l'épisode de la mort de Manon. Un journal italien appréciait ainsi l'œuvre de son compatriote : « M. Puccini a mis dans sa partition toute son âme d'artiste, de la passion, de la chaleur et de la grâce, de l'élégance, du goût. Quelquefois il abuse de certaines formes orchestrales qu'il préfère ; il colore trop, met de l'emphase dans le discours musical. Mais quelle clarté, quelle expression, quel sentiment ! Cela séduit et émeut ; souvent avec des transitions brusques, des passages hardis, mais toujours avec sincérité d'art. Voilà un compositeur qui a une place marquante dans la jeune école italienne, et en entendant la musique de M. Puccini, on peut se convaincre que M. Mascagni ne sera pas seul à recueillir l'héritage de Verdi. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Manon Lescaut ; Lescaut, son frère ; le chevalier des Grieux ; le comte de Gerval, fermier général ; Edmond, étudiant ; etc.
L'action se passe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; le premier acte à Amiens, le second à Paris, le troisième au Havre, le dernier en Amérique, aux environs de La Nouvelle-Orléans.
Le librettiste italien a suivi le roman de plus près que le librettiste français de M. Massenet. Seul le premier acte des deux pièces suit à peu près les mêmes lignes. La pièce italienne est moins serrée, présente de plus grandes lacunes, elle est en somme moins bien bâtie ; mais elle fournit au musicien des situations dramatiques et variées à souhaits.
Le premier acte se passe à Amiens, sur la place où s'arrête la poste de Paris. Scène mouvementée entre des étudiants et des grisettes. On raille des Grieux pour sa sombre mine.
Arrive le coche d'Arras d'où descendent Manon, son frère qui la conduit au couvent et le fermier général comte de Gerval, homme déjà âgé, qui a lié connaissance avec les deux autres voyageurs chemin faisant. Le comte a son plan : enlever Manon et fuir avec elle à Paris. Il commande dans ce but une berline. Mais l'entretien a été surpris par Edmond, un étudiant, qui dévoile ce beau projet à des Grieux. Or des Grieux a vu Manon et lui a même causé. Il s'est pris d'amour pour la belle fille, et celle-ci de son côté n'est pas restée indifférente à la flamme subite de ce beau garçon. Edmond propose aux deux amoureux de fuir dans la berline du comte pendant que de son côté il occupera Lescaut. Manon et des Grieux acceptent et partent. Le comte prend la mésaventure avec philosophie. Lescaut, qui est une belle canaille, lui souffle à l'oreille que rien n'est perdu : à Paris, Manon se fatiguera bientôt de la misère à deux et le fermier Général n'attendra pas longtemps son heure.
Il s'est passé beaucoup de choses entre le premier et le deuxième acte. Lescaut avait été bon prophète : Manon a quitté des Grieux et habite aujourd'hui chez le comte, qui fait pour elle mille folies. Elle est la femme la plus adulée de Paris. Mais elle s'ennuie et n'a pas oublié des Grieux, dont elle a des nouvelles par Lescaut. Elle sait aussi que, pour se procurer de l'or et la reconquérir, le malheureux se livre au jeu et triche.
Restée seule un instant, Manon voit entrer des Grieux, entré chez le comte on ne sait comment. Fille dans l'âme, la pauvre Manon s'efforce de triompher des scrupules du chevalier et de lui faire accepter le rôle d'amant de cœur. Elle n'y réussirait que trop si le comte, survenant à l'improviste, ne trouvait les deux tourtereaux enlacés. Très grand seigneur, il se retire, mais se vengera de façon infâme. Lescaut, hors d'haleine, arrive en effet et annonce que les gens d'armes cernent la maison : Manon a été dénoncée comme fille galante et doit être embarquée pour l'Amérique. En vain la pauvre femme tente de fuir, toutes les issues sont gardées. Lescaut retient des Grieux, prêt aux résolutions désespérées...
Troisième acte : Le Havre, devant le navire qui va mettre à la voile pour La Nouvelle-Orléans avec sa cargaison de femmes légères. Les prisonnières logent encore dans une caserne voisine. En corrompant une sentinelle, Lescaut procure un entretien à Manon et des Grieux. Mais la tentative d'évasion qui suit est manquée : Manon devra partir.
Nous assistons ensuite à l'embarquement des belles filles. Des Grieux, fou de douleur, obtient du commandant du navire la permission d'être du voyage.
Le dernier acte a pour décor une plaine aride aux environs de La Nouvelle-Orléans. Les deux amants marchent depuis longtemps. Le soir tombe. Des Grieux est encore robuste, mais Manon est à bout de forces et de vie. Dernier et navrant duo d'amour, au bout duquel la triste Manon meurt dans les bras de son ami. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
MANTEAU (LE) ou LES NIÈCES RIVALES
Opéra-comique en un acte, musique de Champein, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1790.
MANTILLE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard et Hautefeuille [Prosper-Parfait Goubaux], musique de Luigi Bordèse. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 31 décembre 1838 avec Mmes Jenny Colon (Inès), Berthault (Célia), Roy (Marcelle), MM. Honoré Grignon (Don Torribios), Léon Fleury (Léon), Deslandes (Finolo). => partition
MANTO LA FÉE
Tragédie lyrique en cinq actes avec prologue, paroles de Menesson, musique de Batistin (J.-B. Stuck), représenté à l'Opéra le 29 janvier 1711, avec Mlle Desjardins (Manto), Mlle Journet (Ziriane), Thévenard, Cochereau, Dun et Mlle d'Hucqueville.
MARCEL ou L'HÉRITIER SUPPOSÉ
Opéra-comique en un acte, livret de René-Charles de Guilbert de Pixerécourt, musique de Louis-Luc Loiseau de Persuis. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 12 février 1801.
MARCEL ET Cie
Bouffonnerie musicale en un acte, paroles de Tacova (H. Avocat) et Désiré Courtecuisse, musique de M. Fossey ; représentée aux Bouffes-Parisiens en octobre 1869. Cette pièce a pour auteurs deux comédiens, Tacova et Désiré ; on s'en aperçoit au sujet. Marcel est un acteur qui, avec sa camarade Charlotte, joue successivement toutes sortes de rôles pour plaire à un vieil amateur, et lui arracher un consentement au mariage de sa fille. On a remarqué dans la musique les couplets : Mon village est dans la Touraine, et une marzurke chantée. Jouée par Désiré, Jean Paul, Mlle Bonelli.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
MARCELIN
Opéra-comique en un acte, livret de François Bernard-Valville, musique de Louis-Sébastien Lebrun. Création à Paris, Théâtre Feydeau, le 22 mars 1800. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 octobre 1801.
MARCHAND D’ESCLAVES (LE)
Parodie en deux actes, livret de Jean-Baptiste Radet et Jean-René Le Couppey de La Rozière, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 janvier 1784. C’est une parodie de la Caravane du Caire, opéra-ballet de Grétry représenté à l’Opéra le 15 janvier 1784.
MARCHAND DE MARRONS (LE)
Opéra-comique en deux actes, musique du chevalier de Saint-Georges, représenté au théâtre des Beaujolais en 1788.
MARCHAND DE VENISE (LE)
Opéra, livret tiré de la pièce de William Shakespeare, musique de J.-A. Just, représenté à Amsterdam vers 1787.
MARCHAND DE VENISE (LE)
Opéra en trois actes et cinq tableaux, livret en vers de Miguel Zamacoïs, d'après Shylock de William Shakespeare, musique de Reynaldo Hahn.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 29 mars 1935 (répétition générale publique le 21 mars). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors et costumes dessinés par Yves Alix.
Mmes Fanny HELDY (Portia), MAHE (Nérissa), RENAUDIN (Jessica), MARILLIET (une Gouvernante), VIAL (une Servante), NATHAN, HOLNAY, CLERY, DOULS, LUMIERE (les Masques).
MM. André PERNET (Shylock), SINGHER (Bassanio), Paul CABANEL (Antonio), LE CLEZIO (Gratiano), CHASTENET (Lorenzo), NARÇON (le Doge), RAMBAUD (Prince d'Aragon), MOROT (Tubal), ETCHEVERRY (Prince du Maroc), GILLES (le Masque, 1er Vénitien), GOURGUES (2e Vénitien), DE LEU (Salarino, un Page), ERNST (l'Audiencier), PACTAT, MEDUS (2 Juifs), FOREST (un Serviteur), MADLEN (3e Juif, un Gondolier).
MM. ANGLES, HONTARREDE, DEMAGNY (les Masques), LANDRAL, PIERROTET (2 serviteurs).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
Reynaldo HAHN a dirigé son œuvre à l'Opéra le 03 mai 1935.
Reprise à l’Opéra du 18 novembre 1949 (29e représentation), dans une mise en scène de Max DE RIEUX.
Mmes Denise DUVAL (Portia), DISNEY (Nérissa), CAUCHARD (Jessica), JOSSELIN, GUIBON, GRANDVIERES, LEROY, PETIT, JOURNAUX, VINCENT, FRAISE, MARCHAL, FIORY, ANGERLY (les Masques).
MM. NOGUERA (Shylock), JEANTET (Bassanio), FROUMENTY (Antonio), GIRAUDEAU (Gratiano), MICHEL (Lorenzo), PHILIPPE (le Doge), RAMBAUD (Prince d'Aragon), MEDUS (Tubal), HUC-SANTANA (Prince du Maroc), ROUQUETTY (le Masque), DESHAYES, GOURGUES (2 Vénitiens), RALLIER (Salarino), MAX-CONTI (l'Audiencier), GICQUEL, DELORME (2 Juifs), PETITPAS (le Grand de Venise), DECARLI (l'Eunuque).
MM. SOUCHOY, DAGUIER, TERFOU, ROUET, D'ARCY, BOUVIER, POUSSIER, ROUSTAN (les Masques).
Chef d'orchestre : D. E. INGHELBRECHT
32e à l’Opéra, le 19 février 1950, avec les interprètes de la reprise, sauf :
Mme Odette RICQUIER (Nérissa).
MM. COURET (Prince d'Aragon), ROUX (Prince du Maroc), GIANNOTTI (2e Juif) et Maurice FRANCK au pupitre.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Portia : Mme FERRER (1939).
Nérissa : Mme COURTIN (1935).
Shylock : M. ETCHEVERRY (1939).
Bassanio : M. CHARLES-PAUL (1935).
Gratiano : M. NORÉ (1935).
32 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
"M. Miguel Zamacoïs a fort adroitement dépouillé, cousu, adapté le drame shakespearien ; il en a fait une pièce adroite, clairement conduite, et qui, même sans musique, connaîtrait sans doute le succès. C'est peut-être là son défaut. Le librettiste n'a pas assez songé au musicien ; occupé de mener son action, il a tout à fait oublié d'offrir au compositeur des parties lyriques, sauf dans la scène des coffrets où les deux collaborateurs s'élèvent à la plus plaisante et à la mieux chantante bouffonnerie. Empêtrée dans un récitatif continu, ou presque, la musique, malgré l'adresse de M. Reynaldo Hahn, traîne un peu ; mais il y a des parties charmantes comme la sérénade, ou émouvantes comme l'air de Shylock, qui eût pourtant gagné à être davantage un air." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
MARCHAND FORAIN (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard et Paul Duport, musique de Marco Aurelio Marliani. Création à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 31 octobre 1834. Le rôle principal a été écrit pour Mme Casimir. On peut citer le joli trio de l'horoscope : Allons, allons, un peu de confiance.
MARCHANDE D'ALLUMETTES (LA)
Conte lyrique en trois actes, livret de Rosemonde Gérard et Maurice Rostand, musique de Tiarko Richepin. Création à l'Opéra-Comique le 25 février 1914. => fiche technique
MARCHÉ AUX DOMESTIQUES (LE)
Opérette en un acte, musique de Luigi Bordèse, représentée au Creuzot le 3 février 1889.
MARCHÉ AUX SERVANTES (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d'Etienne Tréfeu, musique de Luigi Bordèse (vers 1867).
MARCHE HÉROÏQUE
Poème symphonique, musique de Camille Saint-Saëns.
Première fois au Palais Garnier, le 06 octobre 1896, à l'occasion d'un Gala en l'honneur de S. M. l'Empereur de Russie, sous la direction d'Edouard MANGIN.
Première fois au Palais Garnier dans une présentation scénique d’Octave Labis, à l'occasion d'un Gala en l'honneur de Camille SAINT-SAËNS, le 19 décembre 1915.
M. Léon LAFFITTE et les Chœurs de l'Opéra.
Chef d'orchestre : Camille SAINT-SAËNS.
Repris au Palais Garnier le 14 octobre 1935 dans une présentation scénique de Pierre CHEREAU.
Mmes DONIAU-BLANC, RICQUIER, GERVAIS, HAMY et les Chœurs.
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER.
7 auditions à l’Opéra au 31.12.1961.
MARCHE PARISIENNE (LA)
Cantate dédiée aux familles des braves morts dans les journées des 27, 28 et 29 Juillet 1830, paroles de Casimir Delavigne, créée au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 04 août 1830 par Adolphe Nourrit.
MARCO SPADA
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 21 décembre 1852, mise en scène de Louis Palianti, avec Mmes Caroline Duprez (Angela), Andréa Favel (la Marchesa Sampietri) ; MM. Charles Battaille (le Baron de Torrida), Boulo (Federici), Couderc (le Comte Pepinelli), Bussine (Fra-Borromeo), Léon Carvalho (le Prince Osorio), Nathan (Geronio), Lejeune (Gianetti).
« L'éternel brigand si exploité déjà par le librettiste reparaît encore ici ; mais le public lui a fait un froid accueil. La musique a les qualités qui distinguent le style du compositeur. Toutefois, à l'exception d'une romance, on n'a rien relevé de saillant dans la partition. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARE AU DIABLE (LA)
Pastorale lyrique en trois actes, tirée du roman de George Sand, livret d’André Lénéka, musique de N.-T. Ravera, représentée au petit Théâtre-Lyrique de la Galerie Vivienne le 04 avril 1895, avec Mlles Créhange, Vaillant, Nierbronn, d'Albrey, MM. Salomon, Gencia, Vals, Louis.
MARÉCHAL CHAUDRON (LE)
Opérette en trois actes, livret de Georges Rolle, Jean Gascogne et Henri Chivot, musique de Paul Lacôme, représentée au théâtre de la Gaîté le 27 avril 1898.
MARÉCHAL DE VILLARS (LE)
Mélodrame en trois actes, paroles de Frédéric du Petitméré et Duperche, musique de Schaffner, représenté à la Porte-Saint-Martin le 27 novembre 1817.
MARÉCHAL FABERT (LE) ou UNE PETITE AVENTURE D’UN GRAND HOMME
[ou le Faux rendez-vous ou Petite aventure d'un grand homme]
Opéra-comique en un acte, livret d’Emilien de Ginestet, musique de son frère Prosper de Ginestet. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 02 août 1823.
« Le maréchal Fabert, qui est le Grand Homme à la Petite Aventure, accompagne sa fille qu'il éloigne du théâtre de la guerre. Arrivé dans une auberge de village, non loin de Sedan, il veut savoir, de sa fille ce que c'est qu'un jeune homme qui les suit depuis leur départ, s'arrêtant partout où ils s'arrêtent, et se remettant en route dès qu'ils repartent. Amélie ne se montre pas fort pressée de répondre, et ne met pas beaucoup de franchise dans les éclaircissements qu'elle donne ; le maréchal conçoit quelques soupçons. Il met la maîtresse de l'auberge dans sa confidence, et au moyen d'une lettre, interceptée par cette femme, il reconnaît le fils du maréchal de Rantzau, son bienfaiteur, dans l'indiscret qui s'attache si obstinément à ses pas. Il voit, par cette lettre, que le jeune homme aime sa nièce et que même il ne lui est pas indifférent. Cette découverte n'a rien de désagréable pour lui ; mais, pour faire une mercuriale à l'étourdi, il lui fait donner un Faux Rendez-vous où il se trouve à la place de sa nièce. On comprend qu'après la leçon tout s'arrange pour le mieux, et que les amants s'unissent. Ce petit ouvrage manque de gaîté et d'originalité. Le maréchal Fabert y a paru rabaissé à de bien mesquines proportions ; cependant le parterre ne s'est point montré rigoureux, et les auteurs ont été nommés. »
[Almanach des spectacles, 1824]
MARÉCHAL-FERRANT (LE)
Opéra-comique en deux actes, en prose, livret de François-Antoine Quétant et Louis Anseaume, musique de Philidor. Création sur le théâtre de la Foire Saint-Laurent le 22 août 1761, sous la direction de Guillemont, et à la cour devant Leurs Majestés. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 10 février 1762.
« La scène se passe dans la boutique de Marcel, maréchal-ferrant ; le sujet n'a rien de remarquable, mais la musique est celle d'un maître. La facture en est excellente, l'harmonie conduite avec un art tout à fait hors ligne, la mélodie souvent intéressante. Il n'y a pas d'ouverture. Le premier air, celui de Marcel : Chantant à pleine gorge, est accompagné au bruit de l'enclume par une partie de violons et une de basse, avec quelques rentrées de flûtes, et produit un effet excellent; puis vient un bon trio pour deux sopranos et basse. Les couplets de Claudine et de Marcel sont pleins de rondeur ; le duo entre Labride, cocher du château voisin, et Marcel : Premièrement, buvons, est fort comique ; l'ariette chantée par Labride, ténor, est une imitation de cloches avec un accompagnement en pizzicato d'un effet charmant : Quand, pour le grand voyage, Margot plia bagage. Les morceaux suivants, chantés par Jeannette et Colin, offrent une instrumentation très travaillée dont on ne trouve aucun exemple dans les partitions de cette époque écrites en France. Le premier acte se termine par un trio dans lequel le compositeur s'est surpassé dans le genre bouffon. L'âne de Bastien ne fait que braire, la cavale d'Eustache va clopin clopant, et, grâce au contre-point de Philidor, tout cela produit une harmonie fort originale. Au deuxième acte, l'air de Jeannette : J'ai perdu tout ce que j'aime, est écrit si haut qu'il semble inchantable. On ne saurait admettre que le diapason fût sensiblement abaissé ; car l'air est en mi mineur, et la contrebasse joue souvent le sol, sa note la plus grave. Nous signalerons encore l'air du cocher Labride : Brillant dans mon emploi, qui est un chef-d’œuvre. Il se termine par des vocalises sur le mot gare, qui ne pouvaient être dites que par un chanteur habile. La scène du revenant montre toute la souplesse du génie de Philidor ; enfin un tutti plein de verve termine l'opéra, qui est des plus remarquables et aurait de nos jours un grand succès s'il était remonté avec soin. Le Maréchal-ferrant a eu plus de deux cents représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARÉCHAL-FERRANT (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Steveniers, représenté au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le 03 décembre 1862.
Opéra-comique en trois actes, livret d'Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, musique de Louis Clapisson, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 05 novembre 1857 avec Mmes Caroline Miolan-Carvalho (Margot), Caroline Girard (Manette), Caroline Vadé, Esther Caye, MM. Jules Monjauze (le Marquis), Désiré Fromant (Jacques), Auguste Alphonse Edmond Meillet (Landriche), Auguste Legrand.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 25 en 1857, 5 en 1858.
« Cette pièce n'a pas eu de succès. La partition renferme cependant de jolies choses, entre autres les couplets de Nanon au troisième acte : Chut ! et les deux airs chantés par Mme Miolan-Carvalho : le premier sur le Langage des fleurs, au second acte, et le deuxième au troisième acte. On a remarqué une sorte d'introduction instrumentale dans laquelle M. Clapisson a cherché à faire de la musique imitative. Il y a certainement de l'ingéniosité et du savoir-faire dans cette imitation des bruits de basse-cour, mais cela est-il bien à sa place au théâtre de l'Opéra-Comique, et sous la plume d'un membre de l'Institut ? L'ouvrage a été chanté par Monjauze et Mme Carvalho et a eu trente représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Un interminable album de romances, qui parut fastidieux malgré l'intérêt qu'y pouvait apporter le talent de Mme Carvalho. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MARGUERITE
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Eugène de Planard, musique d’Adrien Boieldieu. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 18 juin 1838 avec Mmes Rossi (Marguerite), Berthault (Justine) ; MM. Henri (Maître Birminstel), Jansenne (Herbert), Roy (Graph), Couderc (Christian), Fosse (le comte Rodolphe).
« Le livret est trop chargé d'épisodes tragiques qui sont tirés d'une légende allemande. Dans le premier acte, on a remarqué les couplets en trio : On dit au village qu'il est fort bien fait ; le duo : Au bonheur, au plaisir que votre cœur se livre ; le finale dramatique avec la ronde : Livrons-nous à la danse. Le second acte débute par un air de soprano plein de sentiment et qui a obtenu un succès mérité : Merci de tous vos soins ; c'est bien ; me voilà prête ; l'air bouffe du bailli : Ah ! vraiment, j'en perds la tête ; qui faut-il donc que j'arrête ? et un finale très dramatique ont été applaudis. On a entendu dans le troisième acte une jolie romance : Au serment qui nous lie, et une aubade chantée par le chœur dans la coulisse. Les rôles ont été créés par Jansenne, Henri, Couderc, Mlles Rossi et Berthault. L'opéra de Marguerite a eu assez de succès pour promettre au fils de Boieldieu, qui n'était alors âgé que de vingt-deux ans, une facile et glorieuse carrière. Après avoir fait représenter un petit nombre d'ouvrages, il paraît avoir renoncé à travailler pour le théâtre et s'être contenté d'écrire pour les salons. Il y a dans cette résolution une défiance de soi-même ou peut-être un secret de piété filiale que la critique doit respecter. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARGUERITE
Opéra en trois actes, musique de Van Buggenhout, écrit à Bruxelles vers 1845.
MARGUERITE (LA)
Opéra-comique, paroles de M. Aurès, musique de M. Dermineur, représenté à Alger en février 1875.
MARGUERITE D'ANJOU
[Margherita d’Angiu]
Opéra semi-séria, paroles de Romani, musique de Giacomo Meyerbeer, représenté à la Scala de Milan, le 14 novembre 1820. Cet ouvrage est de ceux qui caractérisent la première manière du maître. Quoiqu’écrit sous l'influence italienne, il offre des mélodies travaillées visiblement, contournées, peu naturelles. L'inspiration est encore absente ou plutôt mal réglée. Toutefois, il y avait là la marque d'un musicien d'un mérite supérieur, et, il faut le dire, les moyens extramusicaux dont le compositeur pouvait disposer venant aussi à son aide, Margherita d'Angiu obtint du succès et fut représentée successivement à Munich, à Londres, en Belgique, à Paris, où on en donna une traduction de Thomas Sauvage au théâtre de l'Odéon le 11 mars 1826, la musique étant arrangée pour la scène française par Crémont. Les rôles furent créés à Milan par le célèbre chanteur Tachinardi, par Levasseur et Rosa Mariani.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARGUERITE D'AUTRICHE
Opéra, musique de Grégoire, représenté au grand théâtre Royal d'Anvers en 1850.
MARGUERITE DE WALDEMAR
Opéra-comique en trois actes, livret de Saint-Félix, musique de Gustave Dugazon. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 décembre 1812.
MARGUERITE ET FAUST
Poème lyrique, musique de Henri Cohen, exécuté dans la salle du Conservatoire en 1847.
MARI AU BAL (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Emile Deschamps, musique d’Amédée de Beauplan. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 25 octobre 1845. => détails
MARI COMPLAISANT (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Bernard (Bernard-Léon) et Fléchi, musique de Henry, représenté sur le théâtre de la Vieille-Rue-du-Temple le 08 septembre 1806.
MARI CORRIGÉ (LE)
Opéra, musique d’Arquier, représenté au théâtre lyrique et comique de la rue de Bondy, à Paris, vers 1790.
MARI D’EMPRUNT (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Dabaytua et Hennequin, musique de Bertaud, représenté à l’Ambigu-Comique le 3 janvier 1801.
MARI D’UN JOUR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe d'Ennery et Armand Silvestre, musique d’Arthur Coquard.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 février 1886, mise en scène de Charles Ponchard, avec Mmes Cécile Simonnet (Armande), Degrandi (Claire), Pierron (Mme Bernard), Perret (Marthe), Blanche Balanqué (un Mousse), MM. Degenne (le Marquis de la Roche-Ferté), Fugère (le Vicomte Hector de la Gardette), Isnardon (le Comte de la Gardette), Barnolt (Jean), Pierre Julien Davoust (Baptiste), sous la direction de Jules Danbé.
Le poème manquait à la fois de vraisemblance et d'intérêt, et la musique a paru un peu trop sérieuse pour le sujet.
MARI DE CIRCONSTANCE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique de Charles-Henri Plantade. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 mars 1813, avec Marie Julie Boulanger.
Ce livret a été remis en musique par le compositeur polonais Antoni Orlowski (Varsovie, 1811 - Rouen, 11 février 1861) et représenté le 05 mars 1836 au théâtre des Arts, à Rouen, où il était violoniste.
MARI DE LA FAUVETTE (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Villeneuve et Veyrat, musique de Charles Dufort, représenté sur le théâtre de la Renaissance, dans le mois de février 1840. On a remarqué dans cet ouvrage un trio d'une bonne facture. Mme Atala Beauchêne en a chanté le rôle principal.
MARI DE LA REINE (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Ernest Grenet-Dancourt et Octave Pradels, musique d’André Messager. Création aux Bouffes-Parisiens le 18 décembre 1889. => fiche technique
MARI SANS LE SAVOIR (LE)
Opérette en un acte, livret de Léon Halévy et Jules Servières [pseudonyme de Ludovic Halévy], musique de M. de Saint-Rémy [pseudonyme de Charles, duc de Morny], représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 31 décembre 1860. Sous ce pseudonyme, M. le duc de M... a fait exécuter une partition de sa composition sur une comédie spirituelle. Sans le savoir, probablement, les auteurs ont mis en scène le testament d'Eudamidas. M. Chauvaroux est parti pour les Indes avec son neveu Florestan. Un de ses amis en mourant lui lègue sa fille, et, ne doutant pas de l'acceptation de Chauvaroux, veut qu'Antoinette prenne immédiatement le nom de son futur mari. A son retour, l'ami marié sans le savoir ne demande pas mieux que d'être l'exécuteur testamentaire ; mais il surprend son neveu Florestan aux pieds d'Antoinette, et il consent volontiers à la substitution de personne. M. le duc était mieux versé dans la rédaction des notes diplomatiques que dans l'arrangement des notes de la gamme.
Mais vous leur fîtes, monseigneur.
En les croquant, beaucoup d'honneur.
Armand Potel, Desmonts, Mlle Chabert ont chanté cette opérette, élégamment tournée d'ailleurs.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARI SYLPHE (LE)
Opéra, musique de L.-C. Moulinghen, représenté en France vers 1790.
MARIAGE À L'ANGLAISE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial et Justin Gensoul, musique de Frédéric Kreubé. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 mars 1828 avec Augustin Lemonnier.
MARIAGE AU CLICHÉ (LE)
Opérette, paroles d’E. Didier et E. Roger, musique d'Alfred Mutel ; représentée au concert de Tivoli en juillet 1869. On a remarqué un quatuor et un trio bien traités. Jouée par Lary, Bégué, Mmes Dastruc et Tell.
MARIAGE AU MAZET (LE)
« Opéra-fantaisie » en un acte, musique d'Alphonse Pellet, représenté à Nîmes le 10 juillet 1872.
MARIAGE AU TAMBOUR (LE)
Opérette militaire en trois actes et six tableaux, livret de Paul Burani, musique de Léon Vasseur, représenté au Théâtre du Châtelet le 04 avril 1885.
« Ce n'était ici que la transformation, assez peu heureuse, d'un ancien et charmant vaudeville d'Alexandre Dumas, de Leuven et Brunswick, qui avait obtenu, un demi-siècle auparavant, un succès éclatant, et que M. Burani s'était chargé de délayer en trois grands actes d'apparence lyrique. Le résultat ne répondit pas à l'effort, et le gentil vaudeville ne devint qu'un piètre opéra-comique, malgré une assez bonne interprétation confiée à Mmes Perrouze, d'Harville et Jeanne Théol, à MM. Vauthier, Plet, Marcelin et Romani.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MARIAGE AUX LANTERNES (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Léon Battu, musique de Jacques Offenbach.
Création aux Bouffes-Parisiens le 10 octobre 1857, avec Mmes MARESCHAL (Denise), Lise TAUTIN (Fanchette), Marie DALMONT (Catherine), M. Paul GEFFROY (Guillot), sous la direction de Jacques OFFENBACH.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 04 décembre 1919.
Mmes SYRIL (Denise), MONCY (Fanchette), CALAS (Catherine).
MM. Victor PUJOL (Guillot), LYS (le Garde-champêtre).
Chef d'orchestre : Félix HESSE.
Représentation du 16 octobre 1924.
Mmes ESTEVE (Denise), Olympe GARCIA (Fanchette), Nette FERRARI (Catherine).
MM. PUJOL (Guillot), ELOI (le Garde-champêtre).
Chef d'orchestre : Elie COHEN.
39 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Cet ouvrage, qui n'est pas le premier sur notre liste, est pourtant celui dont l’acte de naissance porte la date la plus ancienne. Il fut donné à la salle Herz [le 07 mai 1855], sous le titre de : le Trésor à Mathurin, quelques années avant l'ouverture des Bouffes. Les rôles en étaient tenus par Sainte-Foy, Mmes Meillet, Lemercier et Théric (de la Comédie-Française). Traduit en allemand, le Mariage aux lanternes a été joué avec beaucoup de succès dans presque toutes les villes d’outre-Rhin. On y applaudit surtout un duo très vif, écrit pour deux voix de femme, et un quatuor dont le motif principal, ingénieusement développé, est du meilleur effet. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
MARIAGE AUX TAMBOURINS (LE)
Opérette en un acte, paroles de Fernand Esselin, musique de Jules Chastan, représentée aux Bouffes-Parisiens le 14 mai 1903.
MARIAGE AVANT LA LETTRE (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Adolphe Jaime et Georges Duval, musique d’Olivier Métra, représentée aux Bouffes-Parisiens le 05 décembre 1888. Interprètes : MM. Vauthier, Simon-Max, Schmidt, Mmes Jeanne Thibault, Lardinois, Macé-Montrouge.
MARIAGE CLANDESTIN (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Devienne, représenté au théâtre Montansier en 1791.
MARIAGE D'ANTONIO (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Mme de Beaunoir, musique de Lucile Grétry, alors âgée de treize ans, orchestrée par son père. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 29 juillet 1786.
MARIAGE D'ISABELLE (LE)
Opérette en un acte, livret du duc de Dino et du marquis de Talleyrand-Périgord, musique de Léopold Hackensöllner, représenté à Florence en mars 1875. Chantée par Mario Tiberini. Le duc de Dino a aussi joué un des rôles de la pièce.
MARIAGE D'UNE ÉTOILE (LE)
Opérette en un acte, livret d’Eugène Grangé et Victor Bernard, musique d'Isidore-Edouard Legouix, représentée aux Bouffes-Parisiens le 01 avril 1876. => détails
MARIAGE DE COLOMBINE (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Frédéric Barbier, représenté au théâtre de Bourges en 1852.
MARIAGE DE DON LOPE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Barbier, musique d’Édouard de Hartog, représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 29 mars 1865 avec Mmes Faure-Lefebvre (Rosine), Henriette Albrecht (Camille), Willème (Lucrèce), MM. Legrand (Don Gusman), Gerpré (Don Lope), Gabriel (Don Inigo). => partition
Représentations au Théâtre-Lyrique : 24 en 1865, 3 en 1866.
Mme Faure-Lefebvre y chantait avec succès une chanson espagnole. L'auteur de la musique appartenait à la colonie hollandaise de Paris.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 15 mars 1866 avec Mmes Dumestre (Rosine), Fossombroni (Lucrèce), Arquier (Camille), MM. Mengal (don Inigo), Barbot (don Lope), Achard (Guzman).
MARIAGE DE FIGARO (LE)
Comédie en cinq actes, de Beaumarchais, arrangée par Notaris sur la musique de Mozart, représentée à l'Opéra (Académie de musique) le mercredi 20 mars 1793 (30 ventôse an I).
« Le dialogue en prose de Beaumarchais servait à relier les morceaux de cette admirable partition. Cet amalgame détestable et l'état des esprits firent que l'ouvrage n'eut que cinq représentations. Cellérier et Francœur étaient alors administrateurs de l'Opéra. Lays chanta médiocrement, dit-on, le rôle de Figaro. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Lays joua lourdement le rôle de Figaro. On conserva tout le dialogue de Beaumarchais, au lieu de le mettre en récitatifs ; aussi le spectacle parut-il d'une longueur insupportable. — Le chef-d'œuvre de Mozart ne fut, par suite, représenté que cinq fois. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MARIAGE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU (LE)
Opéra, musique d’Antoine-Barthélemy Bruni, représenté à Feydeau en 1795.
MARIAGE DE LA VEILLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Lœillard d'Avrigny, musique de Louis-Emmanuel Jadin. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 02 janvier 1796.
MARIAGE DE LÉANDRE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Clément Caraguel, musique d’Ernest Boulanger, représenté à Bade en septembre 1859.
MARIAGE DE MARCELLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Paul de Choudens, musique de Rodolphe Lavello (vers 1897).
MARIAGE DE MARGUERITE (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Charles Miry, représenté à Gand le 27 novembre 1867.
MARIAGE DE NANON (LE) ou LA SUITE DE MADAME ANGOT
Pièce en un acte, de Maillot, musique de Leblanc, représentée au théâtre d'Émulation en 1797.
MARIAGE DE PYRAMIDON (LE)
Opérette égyptienne en trois actes, livret de Ploque et Trique, musique de Victor Larbey, créée aux Folies-Dramatiques le 06 février 1923. Fantaisie un peu grosse.
MARIAGE DE TABARIN (LE)
Drame lyrique en trois actes, paroles et musique de Pauline Thys, représenté au théâtre de l'Athénée, dans une matinée extraordinaire, le 23 avril 1876. Il a été représenté avec succès au théâtre Nuovo de Florence, le 03 décembre 1881 dans une traduction italienne sous le titre de la Congiura di Chevreuse.
MARIAGE DE TÉLÉMAQUE (LE)
Comédie musicale en cinq actes et six tableaux, livret de Jules Lemaitre et Maurice Donnay, musique de Claude Terrasse.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 04 mai 1910. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.
Mmes Marguerite CARRÉ (Hélène), Geneviève MATHIEU-LUTZ (Nausicaa), Marguerite BÉRIZA (Pénélope), JURAND (Arèté), Mathilde COCYTE (Euryméduse), GANTÉRI (Adresté), FAYE (Alkippé), Madeleine ROBUR (Phylo).
Mlle CARRO (Minerve [danse]).
MM. Lucien FUGÈRE (Ulysse), Fernand FRANCELL (Télémaque), DELVOYE (Ménélas), Louis AZÉMA (Alkinoos), PAYAN (Phémios), BELHOMME (Hémistikos), DUPRÉ (Eumée), Georges MESMAECKER (Podasochus), Maurice CAZENEUVE (Styrax), Louis VAURS (Eteoneus), ÉLOI (Asphation).
Au 3e tableau, ballet réglé par Mme MARIQUITA, dansé par Mlles Régina BADET, NAPIERKOWSKA, G. DUGUÉ, TEISSEYRE, M. Robert QUINAULT et les Dames du corps de ballet.
Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.
Reprise à l'Opéra-Comique du 13 novembre 1913 (28e représentation).
Distribution de la création, sauf : Mmes TIPHAINE (Pénélope), TISSIER (Arèté), VILLETTE (Euryméduse), Renée CAMIA (Adresté), CARRIÈRE (Aliyppé), SYRIL (Phylo) ; MM. Jean PÉRIER (Ulysse), DELOGER (Eteoneus). Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
Représentation du 13 décembre 1913.
Mmes Marguerite CARRÉ (Hélène), Geneviève MATHIEU-LUTZ (Nausicaa), TIPHAINE (Pénélope), TISSIER (Arèté), VILLETTE (Euryméduse), CAMIA (Adresté), CARRIÈRE (Alkippé), SYRIL (Phylo).
Mlle PEPITA (Minerve [danse]).
MM. Jean PERIER (Ulysse), Fernand FRANCELL (Télémaque), DELVOYE (Ménélas), Louis AZÉMA (Alkinoos), PAYAN (Phémios), BELHOMME (Hémistikos), DUPRÉ (Eumée), Georges MESMAECKER (Podasochus), DELOGER (Eteoneus), ÉLOI (Asphation).
Au 3e tableau, ballet réglé par Mme MARIQUITA, dansé par Mlle Sonia PAVLOFF, Mlles G. DUGUÉ, BUGNY, TEISSEYRE, M. Robert QUINAULT et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
Reprise à l'Opéra-Comique du 29 octobre 1921 (40e représentation).
Mmes Marguerite CARRÉ (Hélène), Yvonne BROTHIER (Nausicaa), Madeleine SIBILLE (Pénélope), Lucienne ESTÈVE (Arèté), VILLETTE (Euryméduse), Maud BERNARD (Adresté), Nette FERRARI (Alkippé), DELAMARE (Phylo).
Mlle Fernande RAYNAL (Minerve [danse]).
MM. Lucien FUGÈRE (Ulysse), Louis CAZETTE (Télémaque), ROUSSEL (Ménélas), Louis AZÉMA (Alkynoos), Louis MORTURIER (Phémios), Willy TUBIANA (Hémistikos), DUPRÉ (Eumée), Georges MESMAECKER (Podasochus), René HÉRENT (Styrax), Maurice SAUVAGEOT (Eteoneus), ÉLOI (Asphation).
Ballet dansé par Mlles Mona PAIVA, Fernande RAYNAL, Simone ROSNE et les Dames du corps de ballet.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
50e représentation à l'Opéra-Comique le 29 janvier 1922, avec la distribution du 29 octobre 1921, sauf : Mme Marthe COIFFIER (Adresté), M. Roger LALANDE (Eténous). Chef d'orchestre : ARCHAINBAUD.
50 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Principaux personnages : Ulysse ; Pénélope ; Télémaque, leur fils ; Nausicaa, fille d'Alkinoos, roi des Phéaciens ; Ménélas ; Hélène ; Eumée, le divin porcher ; Podasochus, messager ; Phémios, aède ; etc.
La scène se passe à Ithaque, puis à Sparte, puis dans un golfe de Messénie, enfin à Ithaque, peu d'années après la prise de Troie.
Dans cette pièce de haute tenue littéraire, que ses auteurs appellent une « comédie », la musique occupe une place discrète, mais pourtant essentielle. Plusieurs personnages ne chantent pas. Par contre, on y danse agréablement. Le genre ne doit, en tout cas, pas être confondu avec la parodie ou l'opéra bouffe. Il suffit de rappeler que l'un des auteurs a déjà donné Lysistrata.
A Ithaque, Ulysse et Pénélope se préoccupent de marier leur fils Télémaque. Celui-ci n'y fait aucune objection, car il est à l'âge de l'amour, mais les femmes sont rares dans le voisinage. Pourtant, Ulysse a une idée : il n'a pas oublié la jeune Nausicaa, fille du roi des Phéaciens, qui l'accueillit si aimablement lors de son naufrage sur les rives où règne Alkinoos. Va pour Nausicaa, dit Télémaque.
Et voici que, précisément, Podasochus, messager de Ménélas, vient inviter, de la part de son maître et de l'illustre Hélène, Télémaque à passer quelques jours à Sparte, où il se rencontrera avec les souverains de Phéacie et leur fille. Cette invitation tombe on ne peut plus à propos. Télémaque accepte. En échange des présents apportés par Podasochus pour son père et sa mère, il offrira à Ménélas les plus beaux sujets des écuries d'Eumée, le divin porcher. Il lui remettra en outre l'épée de son grand-père Laertes. Enfin, il portera à Hélène le fameux voile de Pénélope, cadeau qui sera certainement hautement apprécié. Tout étant ainsi réglé, Télémaque se met en route avec Podasochus, mais au dernier moment, Ulysse, qui n'est pas las de voyager, se décide à l'accompagner, au grand déplaisir de Pénélope, qui, instruite par l'expérience, s'attend à une absence plutôt prolongée.
L'action se continue à Sparte. Ulysse et Télémaque arrivent les premiers chez Ménélas et Hélène. Alkinoos, Arètè, son épouse, et Nausicaa, sa fille, ont été retardés par une avarie survenue à leur navire. Sur le conseil d'Ulysse, approuvé par Ménélas, on décide de laisser à Hélène le soin de préparer Télémaque à la rencontre avec sa fiancée. Et en attendant la famille royale de Phéacie, on fait apprendre au peuple l'hymne national de ce pays, afin d'offrir aux hôtes une agréable bienvenue. Cet hymne national ressemble étonnamment à la Marseillaise ; son refrain est :
Tuons ! Etripons !! Décervelons !!!
Clouons des têtes à nos murailles
Et que des étrangers les entrailles
Fumantes engraissent nos sillons !
Ménélas trouve ces paroles étranges pour un hymne de bienvenue, mais on le convainc que c'est l'usage, et il se soumet.
Puis l'inévitable se produit : Télémaque subit le charme fatal d'Hélène et ne veut plus rien savoir de Nausicaa. Hélène n'est pas tout à fait insensible à cet hommage, mais c'est une très bonne femme, qui a pour Ménélas une affection faite de reconnaissance et d'attendrissement. Elle a été le jouet de la fatalité et loin d'en tirer vanité elle s'en afflige. Elle sermonne donc gentiment son juvénile adorateur, sans grand succès, hélas !
Mais voici qu'arrivent les souverains de Phéacie. On leur fait une très belle réception ; au banquet qui leur est offert, on représente même, sous forme de ballet, l'épisode d'Ulysse et de Nausicaa, délicate attention qui est très appréciée.
Puis des jours passent, et les affaires entre Télémaque et Nausicaa n'avancent pas d'une coudée. La jeune Phéacienne s'en désole, car elle aime Télémaque ; et, fine mouche, elle ne tarde pas à découvrir la cause de la froideur de son fiancé présomptif. Elle n'est du reste pas seule à se désoler : Ulysse, Ménélas, sont aux cent coups ; Alkinoos commence à la trouver mauvaise et parle de partir en guerre contre Ithaque. Ulysse se décide alors à écouter aux portes — derrière un buisson de laurier-rose — et surprend ainsi une conversation entre Hélène et son amoureux. Hélène reste ferme comme le roc. Télémaque va se jeter dans l'Eurotas, qui est à sec, heureusement. Pendant ce temps, Hélène a avec Nausicaa une explication, à la fin de laquelle elle s'engage à favoriser les amours de la jeune fille. Quand Télémaque revient, point noyé du tout, elle feint d'entrer dans ses vues et lui donne rendez-vous dans une baie de la côte messénienne, où attendra un vaisseau. Elle met cependant deux conditions à sa fuite : elle emmènera sa suivante, et les deux femmes resteront voilées jusque après le départ de la nef. Télémaque consent à tout ce qu'on veut. La pauvre Hélène, qui a vraiment bien du mal avec les hommes, n'est pas plutôt débarrassée du fils qu'il lui faut expliquer sa ruse au subtil Ulysse, qui a tout entendu de sa cachette, mais n'a rien compris du tout, et menace d'aller révéler cette trahison à Ménélas.
Et nous voici au bord de la mer, où Télémaque attend avec les deux femmes voilées que l'état de la mer permette d'appareiller. Dans son impatience, le jeune homme arrache le voile à celle qu'il prend pour Hélène. O rage ! il se trouve en face de Nausicaa ! Dans sa déception, il se conduit très peu poliment vis-à-vis de la jeune fille ; il la battrait même si Minerve en personne ne descendait de l'Olympe pour la protéger. L'apparition ne dure qu'un instant, mais la déesse de la Sagesse a réussi à en infuser un peu au jeune fou, qui s'aperçoit maintenant que Nausicaa est charmante. Il détaille, énumère toutes ses perfections, la principale étant « d'être là », alors qu'Hélène n'y est pas. Tout s'arrange donc, et le vent étant devenu favorable, les amoureux s'embarquent pour Ithaque.
Ils y arrivent en même temps que les souverains de Sparte et de Phéacie, prévenus par Hélène, et la pièce s'achève congrûment aux cris d'Hyménée ! »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
MARIAGE DIFFICILE (LE) ou LES DEUX COUSINS
Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Rousseau et Ménard, musique d’Auguste Panseron. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 19 février 1823.
« Un oncle qui revient des îles avec une fortune immense se présente sous un nom supposé à ses deux neveux, contre lesquels il avait reçu des impressions fâcheuses. Il a lieu de reconnaître que ce sont deux petits saints. Il les marie et partage son bien avec eux. Le public a trouvé cette fable un peu commune ; il n'a pas manifesté d'humeur contre l'ouvrage, mais il s'est montré fort peu envieux de connaître l'auteur, et on ne l'a pas nommé. Le compositeur, qui avait mérité plus d'égards, a partagé la disgrâce du poète. »
[Almanach des spectacles, 1824]
MARIAGE EN L'AIR (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d'Henri de Saint-Georges et Dupin, musique d’Eugène Déjazet, représenté à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 26 janvier 1852, avec Hippolyte Grignon.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 22 en 1852.
« Une arlequinade avec le Pierrot et le Cassandre obligés. M. Eugène Déjazet a dirigé le petit théâtre du boulevard du Temple (ex-Folies-Nouvelles) auquel sa mère a laissé son nom. Comme compositeur il n'a eu d'autre succès populaire que la chanson du Vin à quat' sous qui se débitait par les rues, il y a quelque vingt-cinq ans. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MARIAGE EN POSTE (LE)
Opéra de salon, paroles de Galoppe d'Onquaire, musique de M. Weckerlin, représenté dans l'hôtel de M. Emile de Girardin, rue Marbeuf, le 10 mai 1857, et chanté par Archainbault, Préval et Mlle Mira, et chez Rossini en mars 1859, chanté par Bussine, Biéval et Mlle Mira.
MARIAGE EXTRAVAGANT (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Désaugiers et Valory, musique de Champein, représenté au Vaudeville le 08 septembre 1812.
MARIAGE EXTRAVAGANT (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Cormon, d'après le vaudeville de Désaugiers, musique d’Eugène Gautier. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 20 juin 1857, avec Mlle Henrion, MM. Constant Lemaire (Darmancé), Berthelier, Nathan et Ponchard.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 01 février 1858 avec Mlle Cèbe (Betsy), MM. Aujac (Edouard), Borsary (docteur Vernès), Mengal (chimiste aliéné), Gourdon (Simplet).
« Le docteur Vernes dirige une maison d'aliénés. Il attend à la fois son futur gendre et un fou qu'on dirige sur son établissement. Par une suite de quiproquos, il prend Edouard, son gendre, pour le fou, et il est pris par Edouard pour un insensé qui se fait passer pour le père de sa fiancée Betzy. Le docteur, croyant guérir le jeune homme de sa fureur matrimoniale, organise la célébration d'un mariage supposé, déguise ses domestiques en parents et en invités. On a signé le contrat, lorsqu'un coup de sonnette retentit à la grille de la maison. C'est le vrai fou qui arrive. Le docteur Vernes regarde la signature du contrat, c'est celle du futur de sa fille. On se reconnaît, on s'embrasse et il n'y a plus qu'à confirmer le mariage extravagant. Le compositeur avait à traiter un livret fort amusant et qui a eu un grand succès en 1812. Il a refait la musique des couplets et d'un duo composés pour l'ancien vaudeville par Champein. L'ouverture est d'un musicien habile. On a surtout remarqué le trio : On sonne, l'air du fou Darmancé : Sans la folie et les amours. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARIAGE FORCÉ (LE)
Comédie de Molière. Ce fut Jean-Baptiste Lully qui en écrivit la musique.
MARIAGE GALANT
Opérette en trois actes, livret de Maxime Boucheron et François Oswald, musique de Missa et
Pietrapertosa, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 3 décembre 1892.
MARIAGE IMPOSSIBLE (LE)
Opéra-comique, musique de Grisar, représenté à Bruxelles en 1833.
MARIAGE INATTENDU (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Pierre Gaveaux, représenté au théâtre Montansier en 1804.
MARIAGE MALHEUREUX (LE)
Opéra-comique, musique de L.-C. Moulinghen, représenté en France vers 1795.
MARIAGE PAR CAPITULATION (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Louis Dancourt, acteur de province, musique de Jean-Joseph Rodolphe. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 03 décembre 1764.
MARIAGE PAR COMMISSION (LE) ou LE SEIGNEUR ALLEMAND
Opéra-comique en un acte, livret d’Antoine-Jean-Baptiste Simonnin, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 décembre 1815.
MARIAGE PAR IMPRUDENCE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne de Jouy, musique de Martin-Pierre Dalvimare. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 avril 1809. C'est la seule œuvre lyrique du célèbre harpiste. Elle n'a pas eu de succès.
MARIAGE PAR LETTRE DE CHANGE (LE)
Comédie en un acte, en vers, avec un divertissement, paroles de Poisson fils, musique de Granval, représentée au Théâtre-Français le 13 juillet 1735.
MARIAGE PATRIOTIQUE (LE)
Opéra-comique, musique de Deshayes, représenté au théâtre de Beaujolais en 1793.
MARIAGE PRINCIER
Opérette bouffe en trois actes, paroles de Paul Ferrier, musique de M. Grillet, représentée au théâtre de la Renaissance le 17 août 1900.
MARIAGE SECRET (LE)
[Il Matrimonio segreto]
Opéra bouffe italien en deux actes et cinq tableaux, livret de Giovanni Bertati (1735-1815), d’après The Clandestine Marriage, comédie de George Colman et David Garrick (1766) et Sophie ou le mariage caché, comédie de Marie Jeanne de Heurles de Laboras de Mezières Riccoboni (1768), musique de Domenico Cimarosa.
Personnages : Geronimo, un riche marchand (basse comique) ; Elisetta, sa fille aînée, fiancée au comte Robinson (mezzo-soprano) ; Carolina, sa fille cadette, mariée en secret à Paolino (soprano) ; Fidalma, sœur de Geronimo, veuve (contralto) ; le comte Robinson (basse) ; Paolino, commis de Geronimo (ténor).
Création à Vienne, Burgtheater, le 07 février 1792, avec Dorotea Bussani, Francesco Benucci, P. Mandini, A. Morichielli-Bosello, Francesco Bussani. Le même jour, l’empereur Léopold II signait le traité d’alliance avec la Prusse contre le gouvernement révolutionnaire français. Le succès fut éclatant. L’empereur, qui assistait au spectacle, invita à dîner le compositeur et tous les exécutants à la fin de la représentation. Après le repas, le souverain voulut retourner au théâtre avec la troupe au complet pour rejouer l’œuvre entièrement.
En 1793, l’œuvre fut jouée à Naples, avec quelques modifications et l’adjonction de nouveaux morceaux. L’enthousiasme fut tel qu’il fut donné cent dix soirées consécutives.
Représenté pour la première fois à Paris, Théâtre des Italiens, le 10 mai 1801.
Repris au Théâtre des Italiens en mars 1851 avec Mmes SONTAG (Caroline), GIULIANI (Lisette), Ida BERTRAND (Fidalma), MM. LABLACHE (Géromino), CALZOLARI (Paolino), et FERRANTI (Robinson).
Version française de Castil-Blaze, opéra-comique en trois actes, représentée à Nîmes le 11 mars 1817.
Version française de Daniel Muller représentée au Théâtre du Trianon Lyrique le 12 mars 1921 : Mmes Lucy VAUTHRIN (Caroline), Sonia ALNY (Lisette), Suzanne BEAUMONT (Fidalma), MM. José de TREVI (Paolino), Max MARRIO (Géromino), NOGUÉ (le Comte). Chef d'orchestre : Maurice FRIGARA.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 octobre 1931, dans la version française de Daniel Muller. Mise en scène d'Alex Jouvin. Décors et costumes de Maxime Dethomas.
Mmes Odette ERTAUD (Caroline), MATHIEU-GEORGETTE (Lisette), Andrée MOREAU (Fidalma).
MM. Marcel CLAUDEL (Paolino), Jules BALDOUS (Géromino), André BALBON (Comte Robinson).
Chef d'orchestre : Louis MASSON.
Cet ouvrage fut repris, dans la même version, sous la direction artistique de Stéphane Wolff le 05 juillet 1946 au Théâtre Sarah-Bernhardt, dans des décors de Romain Erté et une mise en scène de Max de Rieux avec Mmes Nadine RENAUX (Caroline), Lucienne TRAJIN (Lisette), Andrée MOREAU (Fidalma), MM. Jean GIRAUDEAU (Paolino), Raoul KOUDELINE (Geromino) et Jacques SCELLIER (Robinson), sous la direction de Raoul LABIS.
13e représentation à l'Opéra-Comique le 23 septembre 1963. Version française de Daniel Muller. Décors de Georges Wakhévitch. Costumes de Denis Martin. Mise en scène de Louis Ducreux.
Mmes Paulette CHALANDA (Caroline), Colette HERZOG (Lisette), Edmée SABRAN (Fidalma).
MM. Jean-Christophe BENOIT (le Comte Robinson), Julien GIOVANNETTI (Géronimo), André MALLABRERA (Paolino).
Chef d'orchestre : Jean-Claude HARTEMANN.
7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 9 en 1963, 4 en 1964, 2 en 1965, soit 22 au 31.12.1972.
Résumé.
Carolina, la fille du riche marchand Geronimo, ayant conclu un mariage secret avec Paolino, des difficultés s'élèvent au moment où le prétendant de sa jeune sœur Elisetta s'avise de vouloir épouser non plus celle-ci, mais bien Carolina. Les choses finissent cependant par s'arranger à la satisfaction de tous.
La scène se passe à Rome, au XVIIIe siècle, chez Géronimo.
ACTE I.
Paolino qui a secrètement épousé Carolina, fille
de Geronimo, annonce à celle-ci l'arrivée du Comte Robinsone, lequel doit
devenir l'époux d'Elisetta, sœur aînée de Carolina [Duo : Cara non dubitar…].
Geronimo, qui est vieux et sourd, se réjouit de voir sa fille devenir comtesse
et l'en félicite vivement [Air de Geronimo : Udite, tutti, udite...].
Quant à Elisetta, remplie d'orgueil, elle se montre d'une telle arrogance à
l'égard de sa cadette que la tante Fidalma doit intervenir pour ramener le calme
dans la maison [Trio : Le faccia un' inchino...]. Fidalma, de son côté,
s'est mise en tête de se faire épouser par Paolino [Air de Fidalma : E vero
che in casa io son...].
Robinsone paraît bientôt, introduit par Paolino, mais, lorsqu'il voit Carolina, son inclination le porte aussitôt vers elle [Quatuor : Sento, in petto...]. A Paolino, Robinsone avoue qu'Elisetta ne lui plaît guère et que c'est Caroline qu'il désire épouser. Paolino cherche naturellement à l'en dissuader. Robinsone s'entretient ensuite avec Carolina [Air de Carolina : Perdonate, signor mio...]. Geronimo arrive avec Fidalma et Elisetta, un peu étonnée de l'attitude de Robinsone, Elisetta se plaignant, en effet, amèrement du dédain qu'il manifeste à son égard, puis ils sortent, Robinsone s'explique de nouveau avec Carolina et cherche à la serrer dans ses bras. Elisetta, qui les surprend, crie vengeance. Fidalma, puis Geronimo et Paolino arrivent à leur tour. Carolina déclare qu'il s'agit d'un malentendu.
(Cet acte est parfois scindé en deux, après le Quatuor.)
ACTE II.
Geronimo reçoit la visite de Robinsone qui lui déclare vouloir épouser Carolina et non sa sœur. Geronimo refuse tout d'abord, puis se radoucit subitement lorsque Robinsone déclare qu'il abandonnera la moitié de la dot s'il peut épouser Carolina ; tous deux se retirent.
Ensuite, Fidalma fait à Paolino des propositions de mariage qu'il repousse avec vigueur. Carolina intervient et entend Fidalma prétendre que Paolino va l'épouser. Demeuré seul avec sa femme, Paolino projette de fuir avec elle [Air de Paolino : Pria che spunti in ciel l'aurora...]. Après quoi Fidalma et Elisetta s'accordent sur ce point que la seule façon d'écarter Carolina de leur chemin serait de faire entrer celle-ci dans un couvent ; Geronimo est aussi de cet avis [Trio : Cosa farete ?], d'autant que Fidalma menace de déshériter tout le monde si satisfaction ne lui est pas donnée. Carolina se lamente. Arrivent alors Robinsone, Fidalma, Elisetta et Paolino. Carolina essaie de se justifier auprès de sa sœur [Quintette : Deh ! lasciate ch'io respiri...].
Elisetta chante déjà victoire [Air d'Elisetta : Se son vendicata !...]. Robinsone tente de consoler Carolina, puis déclare à Elisetta qu'il va se coucher. Paolino et Caroline s'apprêtent à fuir. Entendant du bruit, ils se réfugient tous deux dans la chambre de Carolina. Elisetta ameute alors toute la maisonnée croyant que Robinsone est auprès de sa sœur. On force l'entrée de la chambre, pour y découvrir les époux légitimes, lesquels confessent alors leur mariage secret. Geronimo se fait un peu prier, mais tout s'arrange finalement au mieux, Robinsone se décidant à épouser Elisetta.
« Ce chef-d’œuvre des chefs-d'œuvre dans le genre bouffe eut un succès prodigieux. On raconte à ce sujet que l'empereur Léopold, ayant entendu la première représentation de cet opéra, fit inviter les chanteurs et les musiciens à un banquet, et voulut entendre la pièce le soir même une seconde fois.
C'est un drame bourgeois de demi-caractère. Le signor Geronimo, négociant riche et sourd, a pour commis le jeune Paolino, qui a épousé secrètement Caroline, la plus jeune fille de son patron. Cette situation cause à tous deux une vive angoisse, exprimée dans le duo Cara, non dubitar :
Ah! pietade troveremo
Se il ciel barbaro non e.
Geronimo apprend que le comte Robinson va venir lui demander la main de sa fille Elisetta. Rien n'égale la joie du bonhomme:
Udite tutti, udite
Le orecchie spalancate
Di giubbilo saltate.
C'est d'un brio et d'une verve incomparables. Le trio des femmes est charmant : Le faccio un' inchino contessa garbata. Robinson préfère Carolina à sa sœur ; coup de théâtre qui amène un beau quatuor :
Sento in petto un freddo gelo
Che cercando mi và il cor;
et le duo de basses entre Geronimo et le comte :
Se fiato in corpo avete
Si, si la sposerete.
Geronimo ne veut pas entendre raison, et sa sévérité le sert dans cette occasion ; il se radoucit subitement lorsque le comte déclare qu'il abandonnera la moitié de la dot s'il lui laisse épouser Carolina. Paolino est désolé. De son côté, Fidalma, tante des jeunes personnes, est éprise du commis et veut se faire épouser par lui. En présence de tant de difficultés, il ne reste qu'un moyen : celui de fuir. C'est ici que le compositeur a écrit un air célèbre, plein de tendresse et de charme :
Pria che spunti in ciel l'aurora
Cheti, cheti a lento passo,
Scenderemo fin abbasso
Che nessun ci sentirà.
Elisetta, dans un accès de jalousie, croit surprendre le comte et sa sœur enfermés ensemble pendant la nuit. Elle appelle ; on vient ; et il ne reste aux pauvres amants qu'à déclarer qu'ils sont mariés. Aucun compositeur n'a su mieux réunir dans la même scène les deux éléments tragique et comique. Geronimo parait inflexible d'abord, le comte intervient pour le couple intéressant et promet d'épouser Elisetta. Fidalma, n'espérant plus rien pour elle-même, engage philosophiquement son frère à pardonner :
Già che il caso è disperato,
Ci dobbiamo contentar.
Et tout se termine au mieux : Oh ! che gioja ! oh ! che piacere !
L'ouverture d'Il matrimonio segreto est une préface digne de l'ouvrage. Nous signalerons encore le duo ravissant d'amour et de mystère:
Stendimi pur la meno
Che mi vacilla il piè.
L'instrumentation de Cimarosa est toujours et partout claire, vive, pétillante d'esprit ; les idées mélodiques abondent. Il n'emploie qu'avec réserve les instruments à vent. On a fait une reprise brillante du chef-d'œuvre à Paris, en 1836, avec Lablache, Tamburini, Rubini, Mme Albertazzi.
Il matrimonio segreto a été représenté à la cour de Munich, le 6 juin 1850, par des amateurs appartenant aux plus hautes classes de la société. Le prince Albert, frère cadet du roi, doué d'une belle voix de basse, a chanté le rôle de Geronimo. Aux Italiens, Mme Alboni a laissé de bons souvenirs dans le rôle de Fidalma. Gardoni, Zucchini et Scalese ont aussi interprété avec talent cet opéra, qu'on ne saurait monter avec trop de soin ; car c'est un de ces ouvrages-types qui servent à juger le mérite d'une troupe et l'intelligence artistique d'un directeur. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARIAGE SINGULIER (LE)
Comédie mêlée de vaudevilles en un acte, livret de Charles Nicolas Favart, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 02 janvier 1787.
MARIAGES SAMNITES (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret de Barnabé Farmian Durosoy, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 12 juin 1776.
MARIANA
Drame lyrique en un acte, poème de M. Largrillière, musique de M. Sinsoilliez, représenté à Lille le 21 mars 1893.
MARIANNE
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Prével, musique de Théodore Ritter. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 juin 1861, avec Mlles Bélia (Marianne), Valérie Tual (la Comtesse), MM. Eugène Troy (le Comte), Berthelier (Jean-Pierre).
MARIANNE
Opéra-comique en un acte, paroles d’Augustin Challamel, musique de François Bazin, publié dans le Magasin des demoiselles en 1861.
MARIANNE ET JEANNOT
Opérette en un acte, paroles et musique d'Eugène Moniot, représentée à la Renaissance le 01 septembre 1875.
MARIANNE ou L’AMOUR MATERNEL
Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 07 juillet 1796.
MARIE
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, d’après son roman Almedan ou le Monde renversé, musique de Ferdinand Hérold. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 août 1826, décors de Mathis et Desroches, avec Mmes Paul (la Baronne), Eugénie Rigaut (Emilie), Zoé Prévost (Marie), Marie Julie Boulanger (Suzette), MM. Auguste Huet (le Baron), Lafeuillade (Adolphe), Jean-Baptiste Chollet (Henri), Guiaud (Georges), Féréol (Lubin).
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 14 septembre 1855 avec Mmes Bourgeois, Pannetra, Caroline Girard, MM. Ernest Leroy (Adolphe), Léon Achard, Honoré Grignon, Adolphe Girardot, Victor Prilleux.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 26 en 1855, 12 en 1856.
« L'auteur a tiré ce sujet de son roman intitulé : Almédon. Marie, élevée par un vieux soldat qu'elle croit son père, aime en secret Adolphe, qui va épouser Emilie, fille d'un baron ; elle fuit, on la retrouve ; on lui apprend qu'elle est fille d'un premier lit de la baronne ; on l'unit à Adolphe qui la chérit, et Emilie donne la main au frère de son futur, pour qui elle avait peu d'inclination. Grand succès. »
[Almanach des spectacles, 1827]
« Que dirons-nous de Marie ? Ce chef-d’œuvre qui a préludé à Zampa et au Pré-aux-Clercs est resté gravé dans la mémoire de tous. Pour analyser le plaisir que ces ravissantes mélodies ont fait éprouver aux auditeurs, il faudrait les récapituler toutes, et l'espace nous manque. Bornons-nous à constater l'éclatant succès d’un opéra qui, par le fond mélodramatique de son libretto, est si parfaitement approprié à la scène du boulevard du Temple.
Marie a été interprétée avec un ensemble satisfaisant. Mlle Bourgeois, chargée du rôle de l'héroïne, a obtenu de fréquents applaudissements. Mlles Pannetra et Girard ont également fort bien rempli leur tâche. M. Ernest Leroy, jeune artiste sorti du Conservatoire, s'est acquitté du rôle d'Adolphe d'une façon satisfaisante. Léon Achard, affecté d'un enrouement, avait fait réclamer l'indulgence avant le lever du rideau. Le public lui a su gré de son zèle et de ses louables efforts pour ne pas faire manquer le spectacle. Malgré son indisposition, il s'est bien tiré de son couplet : Une robe légère. Grignon, Girardot et Prilleux ont concouru à l'ensemble.
Et pour clore ce rapide compte-rendu, remercions M. Perrin d'avoir transplanté cette charmante Marie sur le terrain du boulevard du Temple. Elle s'y acclimatera. »
[J. Lovy, le Ménestrel, 16 septembre 1855]
« Cet ouvrage a révélé au public l'un des maîtres les plus aimés de l'école française, le successeur de Boieldieu. Le poème est intéressant et de bon goût ; les caractères sont bien dessinés ; des situations tour à tour gracieuses et touchantes ont offert au compositeur un cadre approprié à la fraicheur de ses idées et à son exquise sensibilité. On ne trouve pas dans la partition de Marie la couleur, les effets variés qui distinguent celle du Pré-aux-Clercs, ni la richesse presque exubérante de Zampa ; le sujet simple et presque épisodique de Marie ne demandait que la vérité dans la déclamation, du charme et de la grâce dans la partie vocale, et une instrumentation sobre et élégante. Herold a rempli toutes les exigences de ce programme sans dépasser la mesure. Marie est l'œuvre où le génie d'Herold, épuré par le travail et dégagé des hésitations de la jeunesse, s'épanouit dans toute sa grâce et donne la mesure de sa force. C'est dans Marie qu'Herold arrive pour la première fois à la conscience de lui-même : il y met cette tendresse ineffable d'un premier amour, ces mélodies suaves et faciles qui s'exhalent de l'âme comme le parfum de la fleur, et que l'on ne peut donner qu'une seule fois dans la vie. La scène du désespoir de Marie : Je suis donc parvenue au comble du malheur, la seule vraiment pathétique de l'ouvrage, a été traitée avec beaucoup d'énergie. Presque tous les motifs de cet opéra ont joui d'un succès prompt et populaire. Est-il besoin de rappeler la cavatine si délicatement écrite : Une robe légère, qui a aidé à la réputation de Chollet ; la barcarolle : Batelier, dit Lisette, qui semble répandre une sorte de fraîcheur dans la salle ; la romance : Je pars demain, il faut quitter Marie, qui s'annonce par une ritournelle de cor d'un effet charmant ; l'air : Comme en notre jeune âge ; enfin les couplets : Sur la rivière, dont on a imité la coupe, mais non la naïveté ? L'opéra de Marie a été souvent repris. Il appartient au répertoire de l'Opéra-Comique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Une des plus séduisantes partitions d'Herold, et celle où son génie arrivé à maturité commença à se montrer dans sa pleine originalité. L'auteur de Marie (1826) en était à son quatorzième opéra ; il en a depuis écrit huit, et il a fait jouer aussi cinq ballets. L'indifférence de nos directions théâtrales laisse tant de trésors se perdre dans l'oubli, au moment même où nous traversons une période de disette mélodique. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MARIE ADOLESCENTE DANS LE TEMPLE DE JÉRUSALEM
Drame biblique en trois actes, paroles de l'abbé Monnier, musique de M. Limnander, publié chez l'éditeur Mayens-Couvreur.
MARIE DE BOURGOGNE
Opéra, paroles de Napoléon Destanberg, musique de M. C. Miry, représenté sur le théâtre National d'Anvers le 15 octobre 1865.
MARIE DE BRABANT
Scène lyrique en un acte, musique de Denefve, représentée au théâtre de Mons en 1850.
MARIE DE BRABANT
« Episode lyrique », musique de Toussaint Radoux, représenté sur le théâtre Royal de Liège le 02 mars 1854.
MARIE DE MAGDALA
« Evangile en vers », poésie de Maurice Duplessy, musique de Jane Vieu, représenté au théâtre des Mathurins en avril 1903.
MARIE DE ROHAN ou UN DUEL SOUS RICHELIEU
[Maria di Rohan]
Mélodrame italien en trois actes, livret de Salvatore Cammarano d'après Un duel sous le cardinal de Richelieu, drame en trois actes de Lockroy et Edmond Badon, version française de Lockroy et Edmond Badon (1844), musique de Gaetano Donizetti. => livret
Création à Vienne, Kärntnertortheater, le 05 juin 1843.
Première à Paris, Théâtre des Italiens, le 20 novembre 1843 avec : Mmes GRISI (Maria), BRAMBILLA (Armande de Gondi), MM. RONCONI (Duc de Chevreuse), SALVI (Henri Cholais), RIZZI (de Suze).
Première fois en français (version de Lockroy et Badon), à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, le 09 janvier 1845 : Mmes JULLIAN (Maria), Louise ROUVROY (Armande de Gondi), MM. LABORDE (Duc de Chevreuse), LAURENT (Henri Cholais), FERNANDO (Vicomte de Suze), MILLET (de Fiesque), sous la direction de Ch. HANSSENS.
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 22 mars 1917, en italien, à l'occasion d'un Gala au bénéfice des mobilisés de l'Opéra :
Mmes Edith LYS (Maria), Nerina LOLLINI (Armande de Gondi).
MM. BATTISTINI (Duc de Chevreuse), Vittorio RE (Henri Cholais), Joseph Antoine BONAFÉ (Vicomte de Suze), NARÇON (de Fiesque), CAMARGO (Aubry), LACOME (un Familier), HACKETT (un Domestique).
Chef d'orchestre : Arturo VIGNA
Après cette unique représentation, le 3e acte seul fut repris à l’Opéra le 10 février 1918, dans la version française de Lockroy et Badon.
Mme Raymonde VECART (Maria).
MM. BATTISTINI (Duc de Chevreuse), Louis DUFRANNE (Henri Cholais), NARÇON (de Fiesque), CAMARGO (Aubry), ERNST (Familier).
Chef d'orchestre : Arturo VIGNA
1 représentation intégrale à l’Opéra (plus deux fois le 3e acte seul) au 31.12.1961.
MARIE FOURÉ
Opéra en trois actes, livret d’Arthur Bernède, musique d’André Fijan, créé à Péronne le 25 juillet 1897. => détails
MARIE L'ÉGYPTIENNE
[Maria Egiziaca]
Mystère italien en trois épisodes, livret de Claudio Guastalla ; version française de Jean Chantavoine ; musique d’Ottorino Respighi.
Première exécution, sous forme de concert, à New York, Carnegie Hall, le 16 mars 1932, mise en scène de Lillian Palmedo, avec Charlotte Boerner (Marie), sous la direction du compositeur.
Première représentation à Venise, théâtre La Fenice, le 10 août 1932.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 01 juin 1934, dans la version française. Mise en scène de Pierre-Barthélemy Gheusi. Décors et costumes de Nicola Benois ; décors exécutés par Raymond Deshays, costumes exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu.
Mmes Ninon VALLIN (Marie), Jane ROLLAND (1er Compagnon ; l'Aveugle ; une Voix d'Ange), Jeanne MATTIO (2e Compagnon ; le Pauvre), Christiane GAUDEL et Jeanne GALDEMAS (2 Voix).
MM. Louis ARNOULT (le Matelot ; le Lépreux), Carlton GAULD (le Pèlerin ; Zozime), JEANTET et DUFONT (2 Voix).
Chef d'orchestre : Ottorino RESPIGHI.
2e représentation le 05 juin 1934 avec les interprètes de la première, sous la direction de Gustave CLOËZ.
6 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
"Transposition d'une légende sacre, cette œuvre manque de tout ressort dramatique. C'est une fresque musicale sobre, un peu académique, privée de la qualité la plus vaillante de l'auteur, celle de l'orchestration pittoresque." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
MARIE-MAGDELEINE
Drame sacré en trois actes et quatre tableaux, livret de Louis Gallet, musique de Jules Massenet. Création à l'Odéon le 11 avril 1873. Première à l'Opéra-Comique le 24 mars 1874. => fiche technique
MARIE STUART
Opéra en cinq actes, livret de Théodore Anne, musique de Louis Niedermeyer.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 06 décembre 1844. Divertissements de Jean Coralli. Décors de Charles Séchan, Jules Dieterle et Edouard Desplechin (actes I et IV), René Philastre et Charles Cambon (actes II, III et V). Costumes de Paul Lormier. Avec Mmes Rosine Stoltz (Marie Stuart), Dorus-Gras (Elisabeth, reine d'Angleterre), Nau (le page Georges Douglas), Méquillet (Anna Kennedy), Barbe Eléonore Duclos (Fleming), MM. Gardoni (le Comte de Bothwell), Barroilhet (Jacque Stuart comte de Murray), Levasseur (le comte de Ruthwen), Latour (Henry Stuart), Serda (Cecil comte de Burleigh), Martin (David Rizzio), F. Prévôt (sir Hamilton), Canaple (Robert Melvil), Louis-Henri Obin (lord Seyton), Molinier (Ransolph), Brémond (le comte de Morton), Octave (Douglas), Menghis (Huntley), Serda (Athos), Kœnig (Gordon), sous la direction de F.-A. Habeneck.
« Cet ouvrage n'obtint qu'un succès d'estime. Le sujet, fort intéressant par lui-même, a été bien traité par l'auteur du livret. On pourrait lui reprocher toutefois de n'avoir pas tenu assez compte du portrait traditionnel de Bothwell, en représentant ce soldat violent comme un élégant seigneur soupirant la romance. La musique est soignée, pleine de délicatesse et d'expression. Les situations sont rendues avec intelligence et une distinction qui ne se dément jamais. Tout le rôle de Marie Stuart admirablement interprété par Mme Stoltz, est rempli de mélodies touchantes. Nous signalerons le duo qu'elle chantait avec Gardoni, alors débutant ; les adieux de Marie Stuart, au premier acte ; la villanelle sur un motif écossais, dans le second acte ; le duo avec Gardoni au troisième ; quant aux ensembles, il faut remarquer d'abord le chœur : Partons, milord, à cheval ! au premier acte ; la scène des conjurés, sans accompagnement, au troisième ; enfin la scène d'abdication et l'entrevue des deux reines, au cinquième acte. Baroilhet et Mlle Nau complétaient un quatuor qui a laissé un bon souvenir de cette phase de notre histoire académique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra n'est pas d'un compositeur ordinaire, et cependant il n'en est resté que la romance des adieux de Marie Stuart à la France ; mais la villanelle écossaise, une jolie sicilienne, le chœur imitatif A cheval, le chœur des conjurés (sans accompagnement) et plusieurs autres morceaux encore méritent d'être connus. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MARIE STUART
Drame lyrique en cinq actes, poème imité de la tragédie de Schiller par Julien Goujon, député de la Seine-Inférieure, musique de Rodolphe Lavello, représenté sur le théâtre des Arts, à Rouen, le 27 novembre 1895.
MARIE STUART AU CHÂTEAU DE LOCHLEVEN
Opérette en un acte, paroles de P. Bogaerts, musique de Jules Duprato, publiée à Bruxelles chez Schott.
MARIE STUART EN ÉCOSSE ou LE CHÂTEAU DE DOUGLAS
Drame lyrique en trois actes, livret d’Eugène de Planard et Jean-François Roger (1776-1842), musique de François-Joseph Fétis. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 août 1823. => livret
« Ce sujet, tiré de l'Abbé de sir Walter Scott, avait été mis à la Gaîté sous le titre du Château de Lochleven. Marie est retenue prisonnière dans le château de Douglas, par ordre du comte Murray, son frère naturel, qui s'est emparé de la régence du royaume. Elle peut recouvrer sa liberté en signant un acte de renonciation à la couronne ; elle s'y refuse. J’ai su vivre en reine, dit-elle, en reine je saurai mourir. Cependant Melvil, neveu de lord Douglas est resté fidèle à la reine, et il la sauve au moment où Douglas allait l'emmener à Édimbourg. Cet ouvrage est bien dans les détails ; mais les détails rachètent rarement un fond vicieux. Aussi, malgré une musique fort agréable, Marie Stuart n'a-t-elle obtenu qu'un succès d'estime. »
[Almanach des spectacles, 1824]
MARIE-THÉRÈSE
Opéra en quatre actes, musique de Blangini. Cet ouvrage a été répété à l'Opéra en 1820, mais n'a pas été représenté.
MARIE-THÉRÈSE
Opéra en quatre actes, paroles d’Eugène Cormon et Félix Dutertre, musique de Nicolas Louis, représenté sur le théâtre de Lyon le 19 février 1847, avec Mmes WIDMANN (Marie-Thérèse), Marie HÉBERT-MASSY (Olga), MM. POITEVIN (Bolinski), CHAUNIER (Ladislas), ALTAIRAC (Frédérick).
« Ce compositeur distingué, ne pouvant obtenir que ses ouvrages fussent représentés à Paris, se décida à tenter la fortune en province. Il fit d'abord jouer à Lyon un opéra-comique qui avait pour titre : Un duel à Valence. Son grand opéra de Marie-Thérèse obtint du succès. Le poème en est intéressant et offre de très beaux vers et des situations fortes ; d'ailleurs, il est en désaccord formel avec l'histoire, ce qui est une faute toujours et partout. On a remarqué au premier acte les couplets chantés par Olga : Une bachelette ; le duo de Marie-Thérèse et de Ladislas : Du sort la chance est incertaine ; au second acte, la cavatine de Ladislas : Douce espérance ; le grand duo : Vous m'avez dit : devenez capitaine, qui est plein de noblesse et d'accent dramatique ; la barcarolle et le chœur des conjurés; au troisième acte, divers morceaux épisodiques, tels que les couplets de Frédérick : Au joyeux bruit du verre, la tyrolienne : Emma la palatine, et enfin, au quatrième, un duo entre l'impératrice et Bolinsky. Les rôles ont été créés par Chaunier, Mmes Wideman et Hébert. Cette courageuse initiative n'eut guère d'imitateurs. De tous les produits de la civilisation, l'opéra se décentralisera le dernier, à cause de la diversité des éléments qui constituent la représentation d'un grand ouvrage. Il faut, en outre, que l'art soit beaucoup plus répandu qu'il ne l'est actuellement dans la province pour que le goût public réclame des plaisirs de cette sorte et consente à en faire les frais. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARIÉE D’HIER
Opéra-comique en un acte, musique de M. Merguery, représenté à Lisieux le 1er mai 1872.
MARIÉE DEPUIS MIDI
Pièce en un acte mêlée de chant, de William Busnach et Armand Liorat, musique de Georges Jacobi, représentée au Gymnase de Marseille le 20 août 1873, puis aux Bouffes-Parisiens le 7 mars 1874. Cette pièce a été jouée aux Bouffes-Parisiens par un seul personnage, Mme Judic, qui raconte au public la journée de son mariage et le met dans la confidence de ses émotions en entrant dans l'appartement conjugal où la scène se passe. Ce récit est vulgaire, banal, et il est étrange que les auteurs de ce genre d'ouvrages fassent toujours verser leur carriole dans la même ornière. La musique n'a rien qui la différencie du livret.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MARIÉS DE NANTERRE (LES)
Opérette en un acte, paroles de Gourdon de Genouilhac, musique d'André Simiot, représentée au Cercle Pigalle en juillet 1866.
MARIETTE LA PROMISE
Opéra en un acte, musique de Victor Massé, représenté à Saint-Pétersbourg en août 1862.
MARIN DE LA GARDE (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de M. de Saint-Yves, musique de M. Gauthier, représenté au théâtre Beaumarchais le 21 juin 1849. La scène se passe à Valogne. Un marin, de retour dans son pays natal, retrouve celle qu'il aime mariée à un de ses amis, moins par affection que par reconnaissance, parce que cet ami a sauvé la vie à son père. Le généreux marin entreprend de guérir Marie de son amour pour lui au moyen d'extravagances et de brutalités simulées. On a remarqué dans la partition les couplets militaires et le duo entre Marie et André. Mme Petit-Brière s'est fait applaudir dans le rôle de Marie.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARIN (LE) ou LE RIVAL IMPRÉVU
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes ; musique de Benjamin de La Borde, reçue au théâtre de la Comédie-Italienne, mais non jouée et demeurée inédite.
MARINETTE ET GROS-RENÉ
Opérette-bouffe, livret d’Edouard Duprez, musique de Gustave Héquet, représentée aux Bouffes-Parisiens le 24 juin 1856.
« La revue musicale que M. Hecquet rédige avec conscience et savoir dans les colonnes de l'Illustration a grandi en autorité depuis la représentation de cette opérette. On ne sait pas combien il serait urgent d'exiger de tout critique d'art la production d'une œuvre quelconque. L'épreuve fût-elle malheureuse, elle prouverait encore les connaissances spéciales du critique qui l'aurait signée, et le public y attacherait l'idée d'un brevet de compétence. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« Rien ne recommande cette pièce que les noms connus des auteurs. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARINI ou LE MUET DE VENISE
Opéra-comique en trois actes, livret d’Etienne-Joseph-Bernard Delrieu, musique de Victor Dourlen. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 juin 1819.
MARINIERS DE SAINT-CLOUD (LES)
Impromptu, livret de Sewrin, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 13 novembre 1799.
MARINS (LES)
Opéra-comique français, musique d’Uber, représenté à Cassel vers 1812.
MARION
Opérette en un acte, livret d'Alexandre Beaumont, musique d’Ernest Boulanger (1877).
MARION ou LA BELLE AU TRICORNE
Opéra-comique en trois actes et quatre tableaux, livret de Jean Goudal, musique de Pierre Wissmer.
Personnages : Fabrice, poète (ténor) ; l'Espérance, sergent (baryton) ; Roquillard, oncle de Fabrice (baryton-basse) ; le Capitaine (rôle muet) ; Sylvie (soprano) ; Catos (soprano) ; Madeleine (soprano) ; Mario (mezzo-soprano). ; Dix petits rôles (7 masculins, 3 féminins) ; Chœur.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 17 novembre 1951. Mise en scène d'Alex Jouvin. Décors et costumes dessinés par Roger Chapelain-Midy.
Mmes Solange MICHEL (Marion), Lucienne JOURFIER (Sylvie), Nadine RENAUX (Catos), Irène JOACHIM (Madeleine), Germaine CHELLET (Nicole), Christiane GAUDEL (Jeannette), Lily DANIÈRE (Armande).
MM. Jean GIRAUDEAU (Fabrice), Jean VIEUILLE (Roquillard), Marcel ÉNOT (l'Espérance).
Au 2e acte, Ballet réglé par Jean-Jacques ETCHEVERY, dansé par Mlles Geneviève KERGRIST, Lucienne BERGGREN, MM. Paul GOURÉ, Constantin TCHERKAS, Michel GEVEL et le Corps de ballet.
Chef d'orchestre : André CLUYTENS.
4 représentations en 1951, 1 en 1952, soit 5 au 31.12.1972.
Résumé.
L'intrigue, basée sur des quiproquos, se déroule à Paris, au XVIIIe siècle. Elle met en présence les personnages traditionnels de la comédie : amoureux contrariés, tuteur ridicule, soubrette industrieuse, sergent fanfaron et, conduisant l'intrigue, Marion, belle fille éprise d'aventure qui se dissimule sous un uniforme d'officier.
ACTE I. — La maison de Sylvie : intérieur bourgeois assez luxueux.
Le sergent l'Espérance courtise la soubrette Catos et lui promet le mariage.
Fabrice, amoureux de Sylvie, se propose de demander sa main à son frère, le Capitaine. Sylvie s'inquiète toutefois des dispositions de Roquillard, oncle et tuteur de Fabrice, qui tente de lui faire également la cour.
Catos apporte à Sylvie la nouvelle de l'arrivée
prochaine du Capitaine. Sur ces entrefaites la diligence de Tours amène Marion,
cousine de Sylvie [Air de Marion : Je ne suis pas de ces fillettes...].
Fabrice quitte alors les deux cousines pour aller demander à son oncle de
consentir à son mariage. Restées seules, les jeunes filles se font leurs
confidences : Sylvie craint que Roquillard ne s'oppose à son union avec Fabrice,
mais Marion est bien décidée à lui arracher, s'il le faut, son assentiment !
[Duo « des Souvenirs »].
.Catos entre discrètement. Fabrice revient et raconte que Roquillard, d'abord bien disposé, a refusé net dès que le nom de Sylvie a été prononcé.
Marion imagine alors de jouer le rôle du frère de Sylvie. Aidée des servantes elle revêt un uniforme d'officier se fait reconnaître de l'Espérance comme son chef provisoire, envoie Fabrice quérir Madeleine, fait inviter Roquillard par Sylvie et requiert la complicité de chacun [Ballet (ad libitum) : Le bal chez Sylvie].
ACTE II. — Un appartement chez Sylvie.
Madeleine, femme de Roquillard, confie à Fabrice ses craintes de voir son mari fort en colère lorsqu'il découvrira l'imposture. Fabrice parvient cependant à la décider d'entrer dans la machination, à laquelle Sylvie, Catos et Marion viennent justement mettre la dernière main.
On frappe à la porte. Tous vont se cacher et Catos introduit un Roquillard enchanté de ce qu'il croit être une bonne fortune. La soubrette lui recommande la prudence car, dit-elle, le frère de Sylvie vient d'arriver, et ce frère est un capitaine fort susceptible... Roquillard veut s'en aller, mais, comme Marion arrive il se cache derrière un paravent d'où il entend, tremblant de peur, une conversation intentionnelle de Catos et Marion. Catos rappelle au pseudo-capitaine une jeune bourgeoise dont il avait fait connaissance et fait entrer Madeleine. Roquillard a le temps de reconnaître sa femme, et sa fureur ne fait que croître quand il voit Marion tendrement l'entraîner dans une chambre voisine ! Roquillard sort de sa cachette et Catos lui annonce qu'elle va chercher Sylvie, avec laquelle il aura le temps de s'entretenir pendant que le Capitaine est occupé avec la jeune bourgeoise... Roquillard, résolu de se venger de son infortune, décide Catos à lui ménager aussi un rendez-vous avec Madeleine.
Catos introduit alors Sylvie auprès de laquelle Roquillard se montre tout de suite très entreprenant. Au moment où il tombe à ses pieds, Marion entre et met sabre au clair. Sylvie affirme que les intentions de Roquillard sont honnêtes et Marion exige la convocation immédiate d'un notaire pour l'établissement du contrat de mariage. Roquillard se trouble et doit avouer qu'il est déjà marié. Marion se précipite sur lui, mais l'Espérance intervient en sa faveur et obtient que Roquillard signe plutôt un engagement dans l'armée !
ACTE III. — Le jardin de Sylvie au clair de lune.
Catos éteint quelques flambeaux, puis va s'asseoir sur un banc. On entend en coulisse le chœur des couples heureux.
Sylvie qui a reçu avis de l'arrivée imminente de son frère confie son inquiétude à Marion. Celle-ci la rassure : elle a son plan ! Et si ce plan échoue, ajoute Fabrice, je vous enlève !
Sylvie et Fabrice entrent dans la maison comme
Catos et Roquillard arrivent dans le jardin, chacun d'un côté différent. Dans
l'ombre, Catos se heurte à Roquillard qui a faussé un instant compagnie à
l'Espérance, pour pouvoir rencontrer sa femme dont il a résolu de se venger. A
la
faveur de l'ombre il se fait passer auprès d'elle pour le Capitaine. Madeleine
amenée par Catos, joue admirablement son rôle, ce qui a pour effet de mettre
Roquillard en fureur. Madeleine s'enfuit et Fabrice accourt à ses cris, feignant
l'étonnement de trouver son oncle en uniforme.
Pour tirer la chose au clair, Fabrice va chercher Marion. Le soi-disant capitaine prétend qu'il s'agit là d'un excès de zèle du sergent et, tout en s'excusant, rend sa liberté à Roquillard. A ce moment, Fabrice pose des questions embarrassantes Où cet abus de pouvoir a-t-il été commis, et que faisait donc Roquillard chez Sylvie ? Roquillard se trouble. Marion répond à Fabrice que son oncle était venu chez Sylvie annoncer à la jeune fille l'intention de Fabrice de l'épouser. Fureur de Roquillard, bien forcé, néanmoins, d'admettre cette explication qui vaut mieux pour lui que la vérité. Il acceptera ce mariage, à la condition que son honneur de mari soit vengé par Fabrice.
Madeleine et Marion entrent tendrement enlacées, suivies de Catos et Sylvie [Quatuor « des Adieux »]. Roquillard veut se précipiter, mais Marion, enlevant son tricorne, laisse retomber sa blonde chevelure, révélant ainsi la supercherie ! Furieux d'avoir été joué, Roquillard refuse son consentement au mariage de Fabrice et de Sylvie [Sextuor : En souvenir du paravent...].
Une sonnerie de trompettes annonce l'approche du Capitaine et de ses gens. Roquillard est bien résolu à s'expliquer avec lui. Le Capitaine entre : c'est un colosse. Dès qu'il l'aperçoit, Roquillard se hâte plutôt de consentir à tout. Chacun veut expliquer alors au Capitaine ce qui s'est passé, et comme tous parlent en même temps ou se coupent mutuellement la parole, le Capitaine n'y comprend rien. Le rideau tombe alors que règne un vacarme ahurissant !
MARION DE L’ORME
Parodie, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1875.
MARIS DE GINETTE (LES)
Opérette en trois actes, livret d’Albert Barré et Henri Kéroul, musique de Félix Fourdrain, représentée au Théâtre de l’Apollo le 18 novembre 1916, avec Mmes Mariette Sully (Ginette), Mary Richard (Simone), Mary Théry (Madame Boucardier), Jane Ader (Françoise), Rosenne (Octavie), Rochetty (Robert), MM. Élain (André), Félix Galipaux (Furet), Massart (Chapitel), Sidonac (Oscar), Julian (Jolibois), Dalex (Martinet) ; chef d'orchestre : M. Jamin.
MARIS GARÇONS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de P. Charles Gaugiran-Nanteuil, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 juillet 1806, avec Mmes Saint-Aubin (Emilie), Gavaudan (Angélique), Gontier (Mme Dugrand), MM. Jean-Blaise Martin (Edmont), Elleviou (Florville), Simon Chenard (Dugrand). => partition
MARISKA
Opérette en trois actes, livret de Michel Carré et Georges Sibre, lyrics de Philippe Goudard, musique de Mario Cazès. Création au Trianon-Lyrique le 22 décembre 1930.
« Sur une donnée assez innocente, Mario Cazes, virtuose du violon, a écrit des danses plus ou moins exotiques et d'agréables mélodies. »
(Larousse Mensuel Illustré, février 1931)
MARITORNE (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles d’Arthur Bernède, musique d’Édouard Kann, représenté au Casino de Saint-Malo le 19 août 1899.
MARJOLAINE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Albert Vanloo et Eugène Leterrier, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre de la Renaissance le 03 février 1877, avec Mmes Jeanne Granier (Marjolaine), Théol (Aveline), Carli (Petrus), Ribe (Karl), Bied (Christian), Dareine (Robert), Dianie (Christophe), Andrée (Franz), Néline (une jeune fille), Davenay (Gudule), Dhaucourt (Charlotte), MM. Berthelier (Palamède), Vauthier (Annibal), Félix Puget (Frickel), Caliste (Péterschop), Hervier (le Bourgmestre), Gaussins (D'Escoublac), Valotte (Schaerbeck), Cailloux (un Crieur), Robillot (un Echevin), Gisors (un Echevin).
« Le sujet de la pièce est plus que scabreux ; c'est ce que cherchent, avant tout, les auteurs de ces sortes d'ouvrages. La scène se passe en Flandre. Le baron Palamède épouse une rosière ; Marjolaine est son nom. Parmi les célibataires de ses amis est un certain Annibal, fort entreprenant. Palamède parie avec lui sa fortune tout entière qu'il ne réussira pas à rendre sa femme infidèle. Annibal finit par persuader à son ami que Marjolaine l'a autorisé à venir, la nuit, dans sa chambre. Palamède est ruiné et obtient le divorce. De son côté, Marjolaine aime le jeune horloger Frickel et l'épouse, après avoir fait avouer à Annibal qu'il a usé d'un stratagème pour gagner son pari.
Cet ouvrage a obtenu le plus grand succès auprès d'un public affriandé par les scènes risquées dont il est rempli. La musique est en elle-même fort agréable et la partition abonde en motifs mélodiques. On peut citer plus particulièrement les couplets de la médaille, le rondeau des blés, le duo des adieux : Je ne suis plus la Marjolaine ; la scène de la présentation, dans le vrai style de la comédie musicale ; dans le second acte, la chanson de la Maguelonne, le duo d'Aveline et de Frickel, le duo de la déclaration ; dans le dernier acte, les couplets des Coucous, le duo de Marjolaine et d'Annibal : Et pourtant, quel rêve enchanteur ! »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MAROCAINE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Paul Ferrier, musique de Jacques Offenbach, représenté aux Bouffes-Parisiens le 13 janvier 1879. Cette pièce est tellement excentrique, que l'analyse n'en est guère possible. La musique offre, parmi de nombreuses redites, quelques fragments assez agréables ; tels sont : le chœur de femmes accompagnant le chant du muezzin ; une sérénade, Aux baisers de la nuit sereine ; le quatuor, Pour préserver mon Atalide, suivi d'une valse. Chanté par Milher, Jolly, Mlles Paola Marié, Hermann et Marie Albert.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MÂROUF, SAVETIER DU CAIRE
Opéra-comique en cinq actes, livret de Lucien Népoty tiré d’un conte des Mille et une nuits, d'après la traduction du Docteur J.-C. Mardrus, musique d’Henri Rabaud.
Personnages : Mârouf (ténor) ; Fattoumah la Calamiteuse, sa femme (soprano) ; la Princesse Saamcheddine (soprano) ; le sultan de Khaïtan (basse) ; le vizir (basse) ; Ali (basse) ; le fellah (ténor) ; Ahmad, le pâtissier (basse) ; le kâdi (basse) ; marchands, mamelouks, voisins de Mârouf, marins, femmes du harem, caravaniers.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 15 mai 1914. Mise en scène de Pierre Chereau. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.
Mmes Marthe DAVELLI (la Princesse), TIPHAINE (Fatoumah).
MM. Jean PÉRIER (Mârouf), DELVOYE (le Vizir), Félix VIEUILLE (le Sultan), Daniel VIGNEAU (Ali), Georges MESMAECKER (le Fellah), Louis AZÉMA (le Pâtissier), Maurice CAZENEUVE et AUDOIN (2 Marchands), PAYAN (le Kadi), DONVAL (un ânier), Eugène DE CREUS (le Chef des marins, un Muezzin), THIBAULT (un Muezzin), REYMOND et BRUN (2 Mamelucks), DELOGER et CORBIÈRE (2 Hommes de police).
Au 3e acte, Ballet réglé par Mme MARIQUITA, dansé par Mlles Sonia PAVLOFF, G. DUGUÉ, Gina LUPARIA, SALLANDRI, M. Robert QUINAULT et les Dames du Corps de ballet.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
50e représentation à l'Opéra-Comique le 12 janvier 1919.
Mmes Madeleine MATHIEU (la Princesse), TIPHAINE (Fatoumah).
MM. Fernand FRANCELL (Mârouf), BOURGEOIS (le Vizir), Félix VIEUILLE (le Sultan), VAURS (Ali), DE CREUS (le Fellah), Louis AZÉMA (le Pâtissier), POUJOLS et AUDOIN (2 Marchands), Raymond GILLES (le Kadi), BERTHAUD (le Chef des marins, un Muezzin), DONVAL (un ânier), BRUN et LYS (2 Mamelucks), ÉLOI et FEINER (2 Hommes de police).
Ballet : Mlle VRONSKA et Mr HOLTZER.
Chef d'orchestre : Paul VIDAL.
100e représentation à l'Opéra-Comique fêtée le 14 juin 1923 (soir de la 99e).
Mmes Marthe DAVELLI (la Princesse), TIPHAINE (Fatoumah).
MM. André BAUGÉ (Mârouf), MORTURIER (le Vizir), Félix VIEUILLE (le Sultan), Maurice SAUVAGEOT (Ali), DE CREUS (le Fellah), Willy TUBIANA (le Pâtissier), Georges MESMAECKER (un Marchand), VILLABELLA (le Chef des marins, un Muezzin), DONVAL (un ânier), BRUN et ÉLOI (2 Mamelucks), René HÉRENT et LALANDE (2 hommes de police), GILLES (le Kadi).
Ballet : Miles Mona PAÏVA et Gina LUPARIA.
Chef d'orchestre : Henri RABAUD.
128 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
L'ouvrage fut, en 1917, créé successivement à Milan (Théâtre de la Scala) par Mme Ninon VALLIN et M. MAGNEZ, sous la direction de E. PANIZZA à Buenos-Aires (Théâtre Colon) par Mme Ninon VALLIN et M. Armand CRABBE ; à New York (Metropolitan-Opera), par Mme Francès ALDA, MM. Giuseppe DE LUCA et Léon ROTHIER, sous la direction de Pierre MONTEUX.
Première au Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles le 08 mai 1919, dans une mise en scène de Pierre Chereau, sous la direction de Corneil de Thoran avec :
Mmes Emma LUART (la Princesse Shaamcheddine), Abby RICHARDSON (Fattoumah).
MM. Thomas SALIGNAC (Mârouf), VAN OBBERGH (le Sultan), DE CLÉRY (le Vizir), SERVAIS (Ali), FARINI (le fellah), CHANTRAINE (le pâtissier), DOGNIES (le marchand), DECOCK, RAIDICH, PREVERS, CAMBIEN, DOLMAN, COUTELIER, PEETERS.
Cet ouvrage est passé au répertoire du Théâtre National de l'Opéra :
Première au Palais Garnier, le 22 juin 1928 (répétition générale publique le 21 juin à 20h), dans une mise en scène de Pierre Chereau ; décors et costumes d'après les maquettes de François Quelvée ; décors exécutés par MM. Darlot et Deshayes.
Mmes DENYA (la Princesse), CARO (Fattoumah).
MM. THILL (Mârouf), JOURNET (le Sultan), A. HUBERTY (le Vizir), Jean MAURAN (Ali), GILLES (le Fellah, un Muezzin, un Homme de Police), NARÇON (le Pâtissier), SORIA, ERNST (2 Marchands), RAYBAUD (le Kâdi), MADLEN (le Chef des marins, un Muezzin, un Homme de Police), DELBOS (l'Anier), CAMBON et GUYARD (2 Mameluks).
Aux 3e et 5e tableaux, « Divertissements » réglés par Nicolas GUERRA, dansés par Mlles CERES, GELOT, BINOIS, M. Serge PERETTI et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
Reprise du 15 mars 1937 avec Marcelle DENYA (la Princesse) et André BAUGE (Mârouf), sous la direction d'Henri RABAUD.
"Dans le cadre rafraîchi de l'Opéra, cette œuvre charmante nous a été rendue avec toute sa grâce. On a goûté sans restrictions la musique de Rabaud, dont la riche sensibilité se refuse aux effusions banales, et qui répudie tout artifice et toute vulgarité. André Baugé nous a présenté un Mârouf un peu gavroche, mais plaisant à voir et à entendre, et Mlle Marcelle Denya fut une princesse charmante et espiègle. Gros succès personnel pour le maître Henri Rabaud qui dirigeait lui-même son œuvre." (Larousse Mensuel Illustré, 1937)
La reprise par l’Opéra du 02 novembre 1939 eut lieu à l'Opéra-Comique (le Palais Garnier ayant été fermé par ordre de la défense passive). Il n'y avait pas de spectateurs : la représentation fut simplement radiodiffusée.
100e représentation à l’Opéra, le 27 février 1943 mais, par suite d'une erreur de la Régie, elle ne fut fêtée que le 04 avril, soir de la 102e exacte. Cette représentation fut d'ailleurs interrompue durant une heure par suite d'une alerte aérienne sur la capitale.
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11.09.1929* 26e |
19.12.1930** 37e |
la Princesse Saamcheddine |
Yvonne GERVAIS |
Marthe NESPOULOUS |
Fattoumah la Calamiteuse |
HAMY |
HAMY |
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|
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Mârouf |
André BAUGÉ |
Georges THILL |
le Sultan de Khaïtan |
GROMMEN |
GROMMEN |
le Vizir |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
Ali |
MAURAN |
MAURAN |
le Fellah |
Raoul GILLES |
Raoul GILLES |
le Pâtissier Ahmad |
CAMBON |
NARÇON |
le Kâdi |
GUYARD |
GUYARD |
le Chef des Marins |
MADLEN |
MADLEN |
Un Anier |
DELBOS |
BOINEAU |
1er Marchand |
VERGNES |
JOBIN |
2e Marchand |
LE CLEZIO ERNST |
ERNST |
2 Muezzins |
GILLES MADLEN |
GILLES MADLEN |
1er Mamelouk |
CAMBON |
CAMBON |
2e Mamelouk |
NÈGRE |
NÈGRE |
2 Hommes de Police |
GILLES MADLEN |
GILLES MADLEN |
Chef d’orchestre |
SZYFER |
François RÜHLMANN |
* Divertissements : M. LEBERCHER ; Mmes GÉLOT, CÉRÈS, BINOIS.
Mlles Simoni, Damazio, Barban, Tervoort, Binois, Thuillant, Gency, Grellier, Bonnet, Legrand, Lopez, S. Schwarz.
MM. Lebercher, Even, Pelletier, Korwsky, Mondon, Legrand, Serry, Chatel, Leblanc.
** Divertissements : M. PERETTI ; Mmes CÉRÈS, GÉLOT, BINOIS.
Mlles Simoni, Hughetti, Barban, Didion, Damazio, Morenté, Tervoort, Cebron, Sarabelle, S. Schwarz, Grellier, Legrand, Lopez, Bonnet, Bindet, Gency, Thuillant, Parme, Leplat.
MM. Duprez, Lebercher, Sauvageau, Serry, Goubé, Ritz.
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06.05.1932 50e |
02.11.1939 83e |
27.02.1943 100e |
04.04.1943 102e (100e fêtée) |
11.02.1949 115e |
06.02.1950 124e et dernière |
la Princesse Saamcheddine |
NESPOULOUS |
COURTIN |
DOSIA |
DOSIA |
BOUE |
D. DUVAL |
Fattoumah la Calamiteuse |
HAMY |
CARO |
HAMY |
HAMY |
HAMY |
LEGOUHY |
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Mârouf |
DE TREVI |
THILL |
BOURDIN |
BOURDIN |
BOURDIN |
GIRAUDEAU |
le Sultan de Khaïtan |
Fred BORDON |
DUTOIT |
DUTOIT |
DUTOIT |
PERNET |
SAVIGNOL |
le Vizir |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
PHILIPPE |
PHILIPPE |
Ali |
CLAVERIE |
CAMBON |
CLAVERIE |
NOGUERA |
NOGUERA |
|
le Fellah |
GILLES |
GILLES |
CHASTENET |
LE BRETON |
RIALLAND |
|
le Pâtissier Ahmad |
NARÇON |
NARÇON |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
|
le Kâdi |
FOREST |
ERNST |
A. RICHARD |
MAX-CONTI |
MAX-CONTI |
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le Chef des Marins |
MADLEN |
MADLEN |
DESHAYES |
DESHAYES |
DESHAYES |
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Un Anier |
MORINI |
GOURGUES |
DESHAYES |
ROUQUETTY |
ROUQUETTY |
|
2 Marchands |
LE CLEZIO ERNST |
GILLES ERNST |
GILLES PETITPAS |
CHASTENET PETITPAS |
CHASTENET PETITPAS |
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2 Muezzins |
GILLES MADLEN |
DELORME MADLEN |
SAINT-COME DELORME |
GOURGUES DELORME |
GOURGUES MICHEL |
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2 Mamelucks |
CAMBON FROUMENTY |
CAMBON NARÇON |
PHILIPPE A. RICHARD |
MAX-CONTI GICQUEL |
MAX-CONTI GICQUEL |
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2 Hommes de Police |
GILLES MADLEN |
DELORME GILLES |
GILLES DE LEU |
GOURGUES DELORME |
GOURGUES MICHEL |
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Chef d’orchestre |
SZYFER |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RABAUD |
FOURESTIER |
FOURESTIER |
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
La Princesse Saamcheddine : Mmes GERVAIS (1928), GALL (1931), Solange RENAUX (1934).
Mârouf : MM. RAMBAUD (1928), CHAMLEE (1929), A. BAUGÉ (1929), PONZIO (1930), VILLABELLA (1932), JOBIN (1949).
Le Sultan : MM. GROMMEN (1928), MOROT (1933), ETCHEVERRY (1945).
Le Vizir : MM. GOT (1930), MEDUS (1943), CHARLES-PAUL (1945).
Ali : MM. ASCANI (1933), BUSSONNET (1937), VIGNEAU (1940).
124 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
L’action se déroule au Caire, à Khaïtan et dans le désert, à l’époque légendaire.
Le pauvre savetier Mârouf est affligé d'une calamiteuse épouse qu'il quitte un beau jour. Descendu chez un camarade d'enfance, il est présenté comme un riche marchand et réussit à éblouir le Sultan lui-même en vantant les trésors d'une caravane dont il dit attendre la venue. Devenu l'heureux époux de la princesse, fille du Sultan, il est bien obligé un jour de lui révéler sa véritable identité. Tous deux fuient alors et un Génie, fort heureusement rencontré sur leur route, fait enfin surgir la caravane tant attendue. Il était temps, car Mârouf, rejoint par les hommes du Sultan, avait déjà la tête sur le billot !
ACTE I. — Au Caire. Une misérable échoppe de savetier.
Mârouf, pauvre savetier, se plaint de son épouse [Air de Mârouf : Il est des musulmans...]. Celle-ci, Fattoumah, entrée sans bruit, exige de son mari un gâteau au miel d'abeilles. Mârouf est bien embarrassé ; confiant sa peine au pâtissier Ahmad, il réussit à se faire octroyer un gâteau au miel de canne à sucre que Fattoumah, indignée, refuse. L'acariâtre épouse, ameutant les voisins, réussit à faire infliger à Mârouf cent coups de bâtons par les hommes du Kâdi alertés. Cette fois, c'en est trop ; Mârouf, décrochant son baluchon, se joint à une bande de marins qui descendent le Nil et confie son sort au maitre des destinées...
ACTE II. — Le souk de Khaïtan.
Ali, le marchand, entre par la ruelle, suivi de deux hommes portant Mârouf évanoui. La felouque des marins sombra, ses compagnons périrent et lui-même, cramponné à un débris de mât, fut rejeté sur le rivage. Il retrouve maintenant en Ali un camarade d'enfance dont les affaires ont prospéré sur la terre d'exil. Ali envoie Mârouf revêtir un riche costume, et, pendant ce temps, achète tout ce qu'il y a de plus beau dans le quartier pour faire une réception convenable à un très riche marchand qui, raconte-t-il à ses voisins, va descendre chez lui. Mârouf revient ; un peu interloqué d'abord, il entre assez rapidement dans le jeu. Bientôt le Sultan et le Vizir, déguisés en marchands, s'approchent. Mârouf parle d'une caravane chargée de richesses dont il attend la venue et promet à l'avance force cadeaux merveilleux [Air de Mârouf : Lorsque viendra ma caravane...]. Impressionné par cette histoire, le Sultan, en dépit des réserves méfiantes de son Vizir, invite le soi-disant riche étranger à venir en son palais, bien résolu qu'il est à lui faire épouser sa fille, la Princesse Saamcheddine.
ACTE III. — Le palais du Sultan.
Le Sultan, revêtu de ses habits royaux, est assis à la turque sur son trône. Il ordonne de prévenir le Cheikh al Islam afin qu'il lise le contrat de mariage de sa fille, que Mârouf doit épouser le jour même. Le Vizir, toujours méfiant, serait d'avis d'attendre au préalable l'arrivée de la caravane.
Mârouf, se présentant habillé en grand seigneur, déplore de ne pouvoir donner la dot qu'il eût offerte si sa caravane était dans ces lieux, mais il promet des cadeaux plus magnifiques encore. En attendant, le Sultan supportera les frais de la noce et doit pour cela faire vider le trésor. [Ballet.]
Pendant ce temps, des nègres apportent les richesses du Sultan, que Mârouf distribue aux dignitaires et aux dames du harem.
Le Sultan présente à Mârouf la Princesse, sa fille. Mârouf craint bien un peu en lui-même que ce soit une deuxième calamiteuse. Mais non : Saamcheddine a l'air agréable et gentille. En lui faisant enlever son voile, il s'aperçoit même que c'est la plus adorable des femmes. Défaillant, Mârouf laisse échapper quelques mots troublants, mais la Princesse pense qu'il s'agit probablement là d'un passé néfaste, que le riche et jeune marchand qu'elle aime oubliera vite auprès d'elle. Saamcheddine embrasse amoureusement Mârouf.
ACTE IV. — Le harem.
Le Sultan entre, flanqué de son Vizir. Il n'en veut pas convenir, mais la caravane de Mârouf le préoccupe. Mârouf, heureux et satisfait, le rassure : ne fait-il pas construire un palais pour abriter ses marchandises ? Toutefois le Vizir interroge la Princesse. Elle ne sait rien de son époux, sinon qu'elle l'aime. Quant à la caravane, elle a été, paraît-il, retardée dans sa marche par quelque horde de pillards ! La Princesse, révélant ensuite à Mârouf la méfiance du Vizir, le savetier lui avoue sa véritable identité. Qu'importe, elle ne craint pas la pauvreté et le suivra où il voudra aller. Tous deux se sauvent bientôt en éclatant de rire et disparaissent. On entend le galop de leurs chevaux.
ACTE V. — Une plaine aux environs de Khaïtan.
Un Fellah laboure en compagnie d'un âne étique.
Mârouf et la Princesse arrivent. Le Fellah leur offre sa modeste hospitalité et,
pendant qu'il entre dans sa hutte apprêter des lentilles, Mârouf se met à
labourer son champ à sa place. Tout à coup, poussant un cri, il découvre un
anneau détaché d'une dalle qu'il parvient à soulever avec effort. Le Fellah
reparaît ; il a complètement changé d'aspect : c'est un Génie majestueux et
souriant. Que Mârouf formule seulement un vœu ! Il est le gardien du trésor de
Scheddard, fils d'Aad, et l'esclave de l'anneau
que la Princesse a dans la main... Mârouf, tout tremblant, cherche ce qu'il
pourrait bien demander. « Que dirais-tu d'une caravane ? » propose avec une
ironie sympathique le Fellah-Génie. Qu'à cela ne tienne ! Une multitude de nains
barbus se mettent aussitôt à transporter le trésor. Mârouf et la Princesse les
excitent de la voix et du geste.
Le soir tombe lentement. On entend le bruit d'une troupe à cheval qui se rapproche. Des lueurs brillent. La scène est bientôt envahie par des mamelouks porteurs de torches. A leur tête, se trouve le Vizir, qui fait un signe. Les hommes s'emparent de la Princesse, ligotent Mârouf et placent sa tête sur le billot. Le Sultan s'avance, menaçant. Mais, ô merveille, voici la caravane qui approche. Le Sultan fait des excuses à Mârouf qu'il a vite délivré lui-même de ses liens. Quant à Ali, qui allait subir le même sort que Mârouf, il lui reproche respectueusement maintenant de l'avoir trompé en lui cachant tant de richesses ! Tandis que la caravane continue de défiler, le Vizir, lui, reçoit sur-le-champ, une centaine de coups de bâton !
« Le lyrisme persan est, semble-t-il, surabondant en harmonies susceptibles d'inspirer le poète et le musicien qui collaborent à l'enrichissement du répertoire, et l'on peut s'étonner que l'opéra français ne soit pas allé plus souvent puiser à cette source féconde en heureux effets scéniques : le cycle des « Mille et une nuits » — contes arabes.
Quelques-uns d'entre eux, les plus connus, Aladin ou la Lampe merveilleuse — Ali-Baba et les 40 voleurs — Simbad le Marin, peuvent avoir été portés isolément sur le théâtre ; nous les trouvons réunis, reliés avec quelques autres — et assez ingénieusement — dans une féerie à grand spectacle de d'Ennery et Paul Ferrier, représentée au Châtelet en 1881, sous le même titre : les Mille et une nuits. Mais, seuls, ont survécu l'opéra-comique de Si j'étais Roi !, musique d'Adam, extrait de la légende célèbre du Dormeur éveillé — et l'opérette de Lecocq, Ali-Baba.
L'histoire de Mârouf, savetier du Caire que le théâtre de l'Opéra-Comique a représentée, en 1914 — poème de Lucien Népoty, partition de Henri Rabaud — a bien été tirée des Mille et une nuits, mais d'après la récente traduction du Dr J.-C. Mardrus, qui diffère essentiellement de celle, plus classique, de Galland — où les traces de ce sujet sont assez difficiles à relever. Le docteur Mardrus a-t-il réellement interprété « les Chroniques des Sassanides — anciens rois de Perse qui avaient étendu leur empire dans les Indes, dans les grandes et petites îles qui en dépendent, et bien loin au-delà du Gange, jusqu'à la Chine... » ? Son style y prétend. Le librettiste de Mârouf l'a très habilement pastiché ; l'imagination du compositeur en a certainement reçu du stimulant. Mais il n'est pas indispensable de raffiner avec la mode sur cet orientalisme-là, qui ne méconnaît point la fantaisie, pour trouver dans Mârouf les éternels éléments de la comédie-bouffe, à la manière moliéresque — celle du siècle de Galland — et même, l'ironie légère qui vivifie ces cinq actes nous a paru digne d'un rapprochement avec celle qui pétille dans les vers et les ariettes des Trois Sultanes de Favart — le chef-d’œuvre de l'un des créateurs-maîtres du genre.
***
Mârouf n'est qu'un savetier pauvre, et qui se passerait fort bien du nécessaire — mais il est affligé du superflu sous les espèces de sa femme, justement qualifiée de « Calamiteuse » — Fattoumah-la-Calamiteuse — dans la langue des infidèles... et nous n'hésitons pas à renchérir sur la couleur locale de cette expression en disant qu'il s'agit d'un simple « chameau »... La virago a des exigences et des appétits incompatibles avec la situation financière du ménage, et les restrictions qui s'imposent. Il lui faut des pâtisseries de luxe, par exemple. Le bon Mârouf a précisément un excellent voisin qui exerce la profession de Ragueneau et s'y distingue par la même philanthropie ; il manifeste délicatement sa compassion pour l'infortune et la disgrâce conjugale du savetier en lui faisant largesses d'une frangipane de choix, blonde, juteuse et parfumée. Mârouf la présente respectueusement à sa redoutable compagne... ainsi en usait-on vis-à-vis de Cerbère... La mégère lui jette au nez cette tarte mirifique avec de désobligeants commentaires sur la qualité des produits qui contribuèrent à sa confection. Le pauvre homme n'insiste pas ; il se met en devoir de faire un sort aux succulents débris, et il a tellement l'air de se régaler que Fattoumah ne peut supporter ce spectacle... Elle s'en va hurlant que son pendard de mari l'a rouée de coups... La justice des hommes intervient dans la personne du Kâdi ; Mârouf est condamné sans autre forme de procès ni supplément d'enquête à cent applications de matraque... L'odieuse chipie préside elle-même à la bastonnade. Le malheureux savetier, échiné, n'a plus qu'une idée, s'en aller... Des marins passent ; une felouque est sur le point d'appareiller — Mârouf s'embarque.
Le navire, enguignonné par lui sans doute, a fait naufrage. Mârouf est jeté à la côte dans le port de Khaîtan. De ce moment, la chance va tourner, et la fortune a pour lui son premier sourire sous les traits d'un « pays », le marchand Ali, fils du généreux pâtissier... Ce jeune homme a hérité de la bonté paternelle. — Il recueille le savetier, l'habille de neuf, et se divertit à le présenter aux confrères comme le plus huppé des fournisseurs de l'Etat. Mârouf entre de bon cœur dans la galéjade, et y « sur-en-cherre », comme l'on dit en Occident... Le voilà en train de conter monts et merveilles au sujet d'une caravane imaginaire qui est censée véhiculer ses incalculables richesses... Passe le Commandeur des croyants, suivi de son vizir ; il se livre aux douceurs de l'incognito, comme dans toute nuit « mille-et-unique », et il écoute les propos de son bon peuple avec plus de profit que de discrétion. Ce sultan n'a pas davantage le sens du discernement — il accepte pour argent comptant les hâbleries effrénées de Mârouf, s'enthousiasme à l'idée de faire entrer dans sa caisse tout ou partie des fonds de ce marchand, qui parle d'or avec tant d'abondance et d'abandon — (le trésor public est à sec) — et décide de le prendre pour gendre.
Et il le fait comme il le dit, en dépit des timides remontrances de son ministre, moins naïf et plus éclairé sur les procédés en usage dans tous les pays, de tous temps, chez tous les rastaquouères du mariage... Cet homme de jugeotte est vertement remis à sa place ; son maître le menace de lui faire « entrer sa longueur dans sa largeur »... Cette figure, dont le caractère nous échappe, est d'un effet sûr. Le vizir se le tient pour dit.
Les noces de Mârouf avec la princesse Saamcheddine sont accomplies... Il ne faudrait pas prendre notre joyeux savetier pour un simple filou dénué de scrupules ; mais il n'a pas, innée, la notion de « amoral », et toute cette aventure lui semble du domaine de la plus saine facétie... Et puis, sa nouvelle épouse est si délectable !... D'autre part, la petite sultane est folle de son Mârouf. — Cependant, le Calife est inquiet ; on n'a pas encore eu des nouvelles de la fameuse caravane, et les derniers sequins de la Couronne ont fondu comme par enchantement en noces et festins. Et le vizir, dont la largeur n'a pas digéré la longueur, vient de reprendre son petit travail d'insinuations... Tant et si bien que le papa prie madame sa fille de poser à son mari la question de confiance. Elle s'en acquitte avec bonne grâce. Mârouf ne met pas moins de bonne foi à reconnaître que la caravane est un brillant produit de sa fertile invention... C'est d'un comique achevé ! Tous les deux dilatent leur rate à la limite de la dilatation — comme ils sont gentils ! — La limite atteinte, le rire de Roxelane se fige sur les lèvres roses de la mutine princesse... Tout ceci est charmant, sans doute, mais le sultan fera couper la tête de Mârouf pour abus de confiance et prévarication. Comment faire pour se dérober à ce procédé ? La fuite est le seul moyen. Saamcheddine se travestit en cavalier ; Mârouf la prend en croupe, et les deux tourtereaux s'envolent.
Les voici au cœur du désert. Une halte s'impose dans le champ que défriche un vulgaire fellah. Les deux voyageurs sollicitent sa frugale hospitalité. Pendant que le vieillard s'empresse à des préparatifs modestement culinaires, Mârouf, serviable, s'emploie à labourer quelques arpents... Soudain, le soc de la charrue heurte un anneau enfoui profondément dans le sol ; le savetier s'en saisit, tire à lui péniblement — une dalle se soulève. En même temps, le fellah se transforme en un resplendissant génie : là, dans le souterrain, gît un trésor... Mârouf n'a qu'à parler, toutes les puissances occultes sont à sa dévotion... Que souhaiter ? Complaisant, le bon génie a murmuré : « La caravane !... » Et soudain, lentement, surgissent des ténèbres les chameliers et des chameaux, des chameaux par myriades — côté jardin ; et, côté cour, le sultan, le vizir, le bourreau et son cimeterre... Mârouf est sauvé et il était temps ! c'est la vie, le bonheur avec la princesse ; et gloire à Allah ! désormais sans nouvelles de sa femme la calamiteuse — le Savetier va devenir le Financier. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
« Le transport à l'Opéra de la pièce d'Henri Rabaud, qui fut jouée d'abord à l'Opéra-Comique, a été l'occasion d'une parfaite présentation. M. Quelvée a dessiné les plus beaux décors. Sa vue de ville orientale avec ses constructions roses est une merveille ; et l'on a également beaucoup apprécié le décor du dernier acte qui représente une vue du désert ; l'arrivée de la caravane qu'on aperçoit au loin et qui est figurée par des silhouettes découpées produit le plus charmant effet. M. G. Thill a trouvé là l'occasion de créer un personnage plein de fantaisie et de vérité. Et même pour une fois l'orchestre de l'Opéra a consenti à laisser à peu près entendre ce que disaient les chanteurs. »
(Larousse Mensuel Illustré, août 1928)
MARQUIS DE CARTONNAGE (LE)
Opérette en deux actes, musique de Louis Robert (pseudonyme) ; représentée au théâtre de Friedrich-Wilhemstadt, à Berlin, en février 1872. Le sujet a été tiré d'un vaudeville français, la Meunière de Marly, de Mélesville.
MARQUIS DE MEILLAN (LE)
Opéra en cinq actes, paroles d’Eugène Landoy, musique d’Albert de Wleeshauwer, représenté au théâtre royal d'Anvers en mars 1902.
MARQUIS TULIPANO (LE) ou LE MARIAGE INATTENDU
Opéra bouffon en deux actes, livret de Joseph-Antoine Gourbillon, musique de Giovanni Paisiello. Création à Paris, Théâtre de Monsieur, le 28 janvier 1789. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 13 octobre 1806.
MARQUIS TURLUPIN (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Davin de Champclos et J. Jacquin, musique de Gaston Meynard, représenté sur le petit théâtre de la Bodinière le 19 mars 1897.
MARQUISE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, musique d'Adolphe Adam. Création à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 28 février 1835 avec Giovanni Inchindi (Duc de Cavalcanti). On y remarque un air et un duo, assez jolis.
MARQUISE DE BRINVILLIERS (LA)
Drame lyrique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Castil-Blaze, musique d'Esprit Auber, Batton, Henri Montan Berton, Blangini, Boieldieu, Michele Carafa, Luigi Cherubini, Ferdinand Herold et Paer. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 31 octobre 1831, décors de Julien-Michel Gué, avec Mmes Zoé Prévost (la marquise de Brinvilliers), Pradher (Hortense de Montmélian), Marie Julie Boulanger (Madelon) ; MM. Boulard (M. de Vernillac), Moreau-Sainti (Arthur de Saint-Brice), Féréol (Galifard), Alfred (M. de Coulanges), Louvet (le premier du roi), Charles (un Valet), Duchenet (un Domestique).
« L'histoire de cette célèbre empoisonneuse n'aurait pas dû fournir le sujet d'un opéra. Elle est trop odieuse pour être mise en musique, et l'habileté avec laquelle Scribe défigure les personnages historiques pour les mettre en scène n'a pas suffi à rendre la marquise intéressante. En attribuant à l'amour les crimes de l'empoisonneuse, les auteurs de la pièce ont commis une faute de plus. Ils ont mis sur le compte de cette passion souvent violente, mais jamais capable d'une basse scélératesse, ce qu'on ne peut attribuer qu'à une nature vicieuse, à une cupidité monstrueuse et aux plus sauvages instincts La marquise de Brinvilliers, qui a déjà envoyé son mari dans l'autre monde pour aimer plus librement le comte de Saint-Bris, a adopté une jeune orpheline, Hortense. La voyant devenir l'objet des assiduités de son amant, elle obtient un régiment pour le comte, l'éloigne, et pendant son absence fait épouser à Hortense un fermier général. Saint-Bris écrit à sa maîtresse qu'il l'aimera tant qu'elle vivra, et lui fait parvenir cette déclaration dans un bouquet. Il tombe entre les mains de la marquise. Qu'elle meure donc, dit-elle, et elle verse un poison violent sur ses fleurs. C'est le fermier général qui, cédant à un sentiment de méfiance, saisit le premier le fatal bouquet ; il tombe foudroyé. Un certain Galifar, complice de la marquise, veut échanger sa charge d'intendant contre le titre d'époux ; la Brinvilliers le lui promet et l'empoisonne. Avant de rendre le dernier soupir, cet homme dénonce sa maîtresse, qui est arrêtée au nom du roi. Tel est le drame imaginé par Scribe et Castil-Blaze. La partition est un pot-pourri de toutes les manières et de tous les styles, ainsi que l'annonce le nom des auteurs. Carafa a fourni l'ouverture et, le finale du deuxième acte, Cherubini l'introduction, Boieldieu et Berton des couplets, Paer l'air du premier acte, chanté par Mlle Prévost, Blangini a écrit un air accompagné de danses et un joli duo, Batton un duo également et le finale du premier acte, Herold le finale du troisième. L'honneur du succès, dans ce tournoi musical, a été pour M. Auber, qui a doté cet ouvrage d'un de ses meilleurs duos scéniques. La troupe de l'Opéra-Comique était à cette époque des plus médiocres ; l'exécution de cet ouvrage fut trouvée très faible. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MARQUISE DE CHICAGO (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau, musique d'Edy Toulmouche, représentée à Enghien-les-Bains, Théâtre du Casino, en septembre 1911.
MARQUISE DES RUES (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Siraudin et Gaston Hirsch, musique d’Hervé, représenté aux Bouffes-Parisiens le 22 février 1879, avec Mmes Bennati (Mirette), Marie Albert (Patrice), Kate Munroë (Albina), Claudia (Margotte) ; MM. A. Jolly (le Marquis des rues), Jannin (Hercule), Bonnet (le Comte de La Palude), Desmonts (Champagnac).
« Cette pièce est une opérette, s'il en fut. Le style des paroles et celui de la partition ne s'élèvent pas au-dessus de ce mauvais genre. On pouvait cependant traiter ce canevas autrement et le broder avec goût et même avec sentiment, au lieu de le couvrir de paillons.
Le marquis des rues, chansonnier ambulant, a associé à sa vie errante une jeune fille, nommée Mirette, qu'il fait passer pour sa femme, mais dont il se propose de retrouver les parents. C'est donc la marquise des rues. Elle est, en réalité, la nièce du comte de La Palud, qui la reconnaît et veut lui faire épouser Hercule, son fils. La jeune Mirette a promis son cœur à Patrice, fifre dans un régiment suisse, et de son côté le vicomte aime l'Anglaise Albina. La marquise des rues, qui a appris plus d'un tour dans ses pérégrinations de bohémienne, pratique la chiromancie, devient la protectrice des jeunes amoureux et favorise l'enlèvement de l'Anglaise par le vicomte, tandis qu'elle se prétend mariée elle-même au marquis des rues. Margotte, la vraie femme de celui-ci, revendique son titre, et il y a là une scène de gifles tout au plus digne de la foire. Mirette finit par épouser Patrice, le gentil fifre suisse. Pour plaire au goût régnant, les auteurs ont accumulé les scènes grotesques et adopté la langue des opérettes de M. Offenbach, à laquelle il serait temps de renoncer enfin. Comment peut-on donner le titre d'opéra-comique à un ouvrage où l'on chante ceci ?
J'ai du bon tabac
Dans ce petit sac,
De peur de micmac,
Je l' porte sur mon frac ;
D' t'en offrir un' prise
Mon cœur fait tic tac,
C'est du maroumac,
Bon pour le nez et l'estomac.
Cela passe toute permission, et messieurs les paroliers ne devraient pas trouver de compositeur pour mettre en musique de pareilles fadaises. Au reste, la partition de la Marquise des rues est des plus médiocres. On a applaudi, toutefois, les couplets des Maris de Pantin, la chanson de la chambrée, Quand je quittai mon village, et un chœur comique de conspirateurs ; une assez jolie valse sert d'entr'acte. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MARS JALOUX
Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck), représenté à Versailles vers 1720.
MARSEILLAISE (LA)
Pièce lyrique en un acte, livret de Georges Boyer, musique de Lucien Lambert.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 14 juillet 1900, en matinée gratuite dans une mise en scène d’Albert Carré.
Mmes Mary GARDEN (Marie), Jeanne MARIÉ DE L'ISLE (Madame de Dietrich), SONNELY (Madeleine).
MM. Max BOUVET (baron de Dietrich), Léon BEYLE (Rouget de Lisle), DELVOYE (Moreau), ROTHIER (Desaix).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
3 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Ce petit tableau musical mettait en scène, d'une façon un peu rapide, l'enfantement de la Marseillaise par Rouget de Lisle et mettait en action l'épisode où, chez Dietrich, Rouget faisait entendre son chant patriotique aux applaudissements de tous. On avait ici une sorte de reproduction vivante du tableau célèbre de Pils. Le compositeur avait montré de l'adresse dans l'arrangement musical de ce petit intermède. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MARTHA ou LE MARCHÉ DE RICHMOND
[Martha oder Der Markt zu Richmond]
Opéra semi-séria allemand en trois actes, livret de W. Friederick, musique de Friedrich von Flotow, d’après Lady Henriette ou la Servante de Greenwich, ballet-pantomime en trois actes et huit tableaux d’Henri de Saint-Georges mis en musique par Friedrich von Flotow, Friedrich Burgmüller et Edouard Marie Ernest Deldevez (représenté à Paris le 21 février 1844).
Personnages : Lady Henriette, dame d’honneur de la reine (soprano) ; Nancy, son amie et confidente (contralto) ; Lionel (ténor) ; Plumkett, un riche fermier ami de Lionel (baryton) ; Sir Tristan de Mickleford (basse) ; le shérif de Richmond (basse) ; serviteurs, fermiers, paysans.
Première représentation à Vienne, Kärntnertortheater, le 25 novembre 1847, avec Anna Kerr (Lady Harriet), Alois Ander, K. J. Formes, sous la direction du compositeur.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 13 février 1858, dans la version française de Louis Danglas, avec Mmes Barbot (Lady Henriette), de Aynssa (Nancy), MM. Félix Montaubry (Lionel), Depoitier (Plumkett), Filliol (Tristan).
Première représentation à Paris dans une version italienne, au Théâtre Italien, en 1858, avec Mmes Saint-Urbain et Nantier-Didiée, MM. Mario, Graziani et Zucchini.
Représentation à Paris, dans la version française en quatre actes d'Henri de Saint-Georges et Louis Crevel de Charlemagne (1806-1882), au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet), le 18 décembre 1865 (répétition générale le 15), décors de Rubé. Le fameux air des Larmes, tiré d’un opéra en deux actes de Flotow, l’Ame en peine, que l’Opéra de Paris avait donné en juin 1846, fut alors intercalé dans l’œuvre.
Mmes Christine NILSSON (Martha), Marie DUBOIS (Nancy), ESTAGEL (1re Servante), LADOIS (2e Servante), DEMAY (3e Servante) ; MM. Pierre Jules MICHOT (Lyonel), Eugène TROY (Plumkett), Emile WARTEL (Lord Tristan), Prosper GUYOT (le Juge Alderman), ANSELME (un Fermier).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 6 en 1865, 76 en 1866, 48 en 1867, 28 en 1868, 5 en 1869.
Résumé.
L’action se déroule à Richmond, en Angleterre, en 1710, au temps de la reine Anne.
Pour se distraire, une lady imagine de se faire engager comme servante, sous le nom de Martha. Le jeune fermier Lionel en tombe amoureux jusqu'à en perdre momentanément la raison. Il épouse finalement « Martha », après diverses péripéties sentimentales et héroï-comiques.
ACTE I.
1er TABLEAU : Le boudoir de Lady Henriette.
Lady Henriette Durham, assise en compagnie de Nancy, et fatiguée des confidences amoureuses de Lord Tristan, décide de se rendre, travestie en servante, avec Nancy et Tristan, au marché aux domestiques de Richemond.
2e TABLEAU : La place du marché de Richemond.
Plumkett, riche fermier, s'entretient avec son demi-frère Lionel. La cloche annonce l'ouverture du marché, dont le Juge rappelle les conditions légales. Les servantes mettent Tristan au désespoir en le harcelant de leurs offres de service. Quant aux deux ladies, elles attirent l'attention des fermiers Plumkett et Lionel. Ayant conclu, sous les noms d'emprunt de Martha et de Julia, un engagement en bonne forme, elles sont emmenées de force chez leurs maîtres, tandis que Tristan, furieux, se débat pour reprendre sa liberté.
ACTE II. — A la ferme de Plumkett et Lionel.
Les nouvelles servantes se révèlent bien inhabiles et leurs maîtres sont obligés de leur montrer eux-mêmes à filer le lin [Quatuor dit « du Rouet » : Tandis que tourne la roue...]. Julia (Nancy) se sauve, après avoir renversé son rouet. Lionel ne peut se soustraire à l'ascendant des grâces de Martha (Lady Henriette). Cédant à la prière du jeune homme, elle lui chante la célèbre Romance irlandaise de la « Dernière rose de l'été » [Air de Martha : Ton destin, belle rose...]. Plumkett rentre avec Julia, puis les fermiers ferment les portes et se retirent. Tristan vient alors délivrer Lady Henriette et Nancy. Trop tard les fermiers accourent au bruit de la voiture qui les emmène.
ACTE III. — Le rendez-vous de chasse.
Lionel et Plumkett, attablés à une petite auberge, aperçoivent leurs servantes échappées parmi un groupe de chasseresses qui s'avancent. Tous deux sont assez mal reçus. Mais Lionel, au moyen d'un anneau que lui remit son père, se fait reconnaître comme fils d'un comte injustement banni de sa patrie. (Cet acte comprend, facultativement, un ballet : « La fête du houblon »...)
ACTE IV. — 1er TABLEAU : Dans la ferme, comme au 2e acte.
Lady Henriette s'est rendue à la ferme. Elle aime
le pauvre Lionel, qui est devenu fou, et espère lui rendre la raison. Lionel
s'approche, attiré par la douce voix de « Martha ». C'est toutefois en vain
qu'elle cherche à le consoler en lui offrant sa main. L'esprit toujours égaré,
il
la repousse et s'enfuit.
2e TABLEAU : Devant la ferme.
Un marché de Richemond est simulé. Plumkett arrive, en compagnie de Lionel. Ce dernier cherche en vain Martha. On entend la Romance de la Rose et Lady Henriette apparaît sous le costume de Martha. Lionel tombe alors à ses genoux. Le chœur reprend alors le motif de la romance en célébrant le bonheur des fiancés.
« Une grande dame, qui par désœuvrement et par l'attrait piquant de la curiosité, se lance étourdiment dans quelque aventure dont elle a toutes les peines du monde à se retirer saine et sauve ; c'est un sujet qu'on a souvent traité. MM. de Flotow, Burgmüller et Deldevez avaient déjà, le 21 février 1844, donné la musique d'un ballet intitulé : Lady Henriette, qui avait été conçu d'après cette donnée. M. de Flotow en a fait un opéra dont le livret, allemand à l’origine, a été traduit en italien et représenté salle Ventadour, le 11 février 1858, puis récemment en français pour le Théâtre-Lyrique et représenté le 16 décembre 1865. Dans chaque traduction, l'époque de l'action a été changée. Dans la pièce allemande, elle se passe au temps de la reine Anne, c'est-à-dire au commencement du XVIIIe siècle ; dans le livret italien, c'est au XVe ; dans la pièce française, elle semble avoir été de beaucoup rapprochée de nous. Lady Enrichetta et son amie, accompagnées de lord Tristano di Mickleford, déguisés tous trois, se rendent au marché de Richmond, où les servantes arrivent en foule pour chercher des maîtres. Deux jeunes gens, nommés Lionello et Plumkett, remarquent les jeunes filles et les choisissent pour servantes. Le marché est conclu devant le shérif. Les jeunes ladies ont trouvé la chose plaisante ; mais, malgré les protestations de lord Tristano, il n'y a plus à se dédire. Elles partent pour la ferme de leurs maîtres et prennent les noms de Marta et de Betty. En présence d'un rouet, elles se montrent aussi inhabiles que possible à soutenir leurs rôles, ce qui a fourni au compositeur l'occasion d'écrire un des plus jolis quatuors qui soient au théâtre. Lionello et Plumkett sont devenus sérieusement amoureux. Marta se laisse un moment attendrir par la déclaration d'amour de Lionello ; elle consent à lui donner une rose qu'elle porte et qu'il lui demande avec instance, et, dans cette scène charmante, le compositeur a introduit une mélodie irlandaise empreinte de la plus suave rêverie. La poésie, due à Thomas Moore : The last rose of summer (La dernière rose d'été), est d'une simplicité charmante :
Qui sola, vergin rosa,
Come puoi tu fiorir ?
Ancora mezzo ascosa
E presse già a morir.
Lady Enrichetta et sa compagne parviennent à s'esquiver de cette maison, grâce à Tristano, qui arrive avec une voiture. Lionello et Plumkett se mettent à la recherche des deux fugitives. Ils les retrouvent dans une partie de chasse princière et sous les habits de grandes dames. La situation est embarrassante pour la prétendue Marta. A la suite d'une si grande surprise et d'une telle déception, le pauvre Lionello perd momentanément la raison. Marta, en bonne princesse, ne songe plus qu'à réparer le mal qu'elle a causé. Elle recule encore devant une mésalliance. Heureusement que Lionello est aussi d'une grande naissance et que la reine consent à lui restituer, en même temps que ses biens, ses titres et sa faveur. Lionello ne peut croire à son bonheur qu'en revoyant lady Enrichetta habillée en servante et dans la même situation qu'au premier acte, c'est-à-dire au marché de Richmond, et lorsqu'il l'entend répéter cette romance de la Rose, dont la mélodie n'a cessé de vibrer dans son cœur.
Marta est, sinon par sa facture, du moins par son caractère, un ouvrage à la fois poétique et doux, mélancolique et rêveur, bien digne d'être l'opéra favori des Allemands. Son succès a été immense et peut offrir quelque analogie avec celui de la Dame blanche chez nous. Remarquons que c'est encore un sujet de provenance anglaise, aidé d'une mélodie irlandaise, qui a contribué à cette heureuse fortune. On ne peut cependant pas mettre cet ouvrage au rang des chefs-d'œuvre. Le travail harmonique est loin d'être irréprochable. Les intonations ne sont pas partout naturelles pour les voix ; l'instrumentation n'offre guère de remarquable que l'accompagnement du quatuor du Rouet. Mais c'est un opéra gracieux, très bien conduit, et dans lequel l'intérêt ne languit jamais. Nous signalerons d'abord l'ouverture ; dans le premier acte, le chant des servantes et le chœur :
Ecco suono mezzodi;
Il mercato s'apre gia.
Dans le second acte, le quatuor du Rouet, le duo de Lionello et de Marta, dans lequel se trouve la célèbre mélodie irlandaise et le finale du bonsoir. La chanson du Porter, chantée par Plumkett, le chœur des chasseresses, le morceau d'ensemble sont les morceaux saillants du troisième acte. Les deux duos du dernier acte sont peu remarquables. On a introduit dans la représentation au Théâtre-Lyrique la jolie romance : Depuis le jour j'ai paré ma chaumière, de l'Âme en peine, du même auteur, dont on a changé les paroles. Les rôles furent créés en Allemagne par le ténor Ander, la basse Formès et Mlle Zerr ; au Théâtre-Italien, par Mario, Graziani, Zucchini, Mmes Saint-Urbain et Nantier-Didiée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le seul des opéras allemands modernes qui ait fait le tour du monde avec un succès incontesté, et d'ailleurs légitime. Le sujet de la pièce a été traité plus d'une fois ; du moins il diffère peu du Ballet des Chambrières à louer qui fut dansé au temps de Louis XIII, et de celui de la Comtesse d'Egmont, vaudeville relativement récent ; il fait aussi le fond de Lady Henriette, ballet donné à l'Opéra en 1844, et dont le livret était de M. de Saint-Georges, la musique de MM. de Flotow, Burgmuller et Deldevez. — M. de Flotow, rentré en Allemagne, y fit arranger le livret de Lady Henriette dans la forme d'un opéra de demi-caractère, et en composa immédiatement la musique. Ainsi naquit Martha, qui fut chantée pour la première fois à Vienne, en 1847. — La traduction italienne en fut donnée au théâtre Ventadour avec Mario, Graziani, Zucchini, Mmes Saint-Urbain et Nantier-Didiée ; la traduction française, au Théâtre-Lyrique, avec Michot, Troy, Wartel, Mlles Nilsson et Dubois. — Bien que né à Teutendorf, dans le Mecklembourg, M. de Flotow a plus d'une affinité avec Paris, où tous les théâtres de musique lui ont été hospitaliers. Sans parler de l'Opéra, de l'Opéra-Comique, des Italiens, du Théâtre-Lyrique et de l'Athénée, les Bouffes-Parisiens ont joué de l'auteur de Martha, une opérette intitulée la Veuve Grapin, et le théâtre Déjazet un intermède qui avait nom Pianella, et dont les paroles étaient celles de la Servante Maîtresse. Il avait débuté sur le théâtre mondain de l'hôtel de Castellane, par Pierre et Catherine, opéra-comique en un acte. Cette manière d'invasion allemande, bien qu'excessive, a toujours été supportée de bonne grâce. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MARTHÉSIE, REINE DES AMAZONES
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, livret de Houdard de Lamotte, musique de Destouches, représentée d'abord par fragments à Fontainebleau les 25 et 29 octobre 1699, puis à l'Académie royale de musique, à Paris, le 29 novembre 1699. Mlles Maupin (Cybèle, prologue et la Grande Prêtresse du Soleil), Desmatins (Marthésie, reine des Amazones), F. Moreau (Talestris), M. Thévenard (Argapise).
MARTILLE
Drame lyrique en deux actes, livret d'Edmond Cattier, musique d'Albert Dupuis.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 03 mars 1905 avec Mmes Paquot d'Assy (Betsy), Dratz-Barat (Martille), Colbrant, Carlhant, Cortez (trois jeunes filles de Florenville), Tourjane, Van Dyck (deux servantes d'auberge), Udellé, Lambrechts (deux paysannes), MM. Laffitte (Etienne), d'Assy (Pierre), François (Jérôme), Crabbé (père Benoît).
MARTIN ET MARTINE
Conte flamand en trois actes, livret de Paul Milliet, musique d’Emile Trépart, représenté à Nice en mars 1898, puis à Paris, au Théâtre-Lyrique de la Renaissance, le 06 février 1900, avec Mmes Marie Thiéry, Frandaz, Richard, MM. Dantu, Ballard.
« Il n'est pas besoin de dire si le livret de cet ouvrage est emprunté à la légende flamande si célèbre de Martin et Martine, les deux gentils jacquemarts qui depuis longtemps sonnent si gaillardement l'heure au beffroi de l'hôtel de ville de Cambrai. Leur histoire a été racontée bien des fois, entre autres en une prose singulièrement savoureuse et originale par Charles Deulin dans ses jolis Contes d'un buveur de bière, puis, en vers, par Desrousseaux, le fameux poète lillois, dans une de ses amusantes chansons en patois. M. Milliet, en dénaturant un peu la légende, l'a poussée du côté de la féerie, ce qui était son droit et ce qui n'était pas un mal. Mais il a eu le tort de ne pas donner à son livret la forme de l'opéra-comique avec dialogue parlé, que le sujet semblait appeler tout naturellement. De son côté, le compositeur a écrit sur ce livret une musique dont la lourdeur ne se marie guère avec ce sujet et qui ne brille pas assez par la nouveauté de l'invention mélodique. Pourquoi cet orchestre massif, pourquoi ces déchaînements de cuivres pour une fable mignonne qui voulait être traitée avec grâce, délicatesse et discrétion ? M. Emile Trépart est un jeune artiste, élève de M. Charles Lenepveu, auquel il a dédié sa partition, qui a été organiste à l'église Saint-Éloi et qui, dit-on, a été empêché par un mariage précoce de prendre part au concours de Rome. S'il veut réussir au théâtre il faudra qu'il modère sa fougue, qu'il apaise son orchestre et qu'il ne prenne pas une massue pour écraser une mouche. Il faudra surtout qu'il se montre plus difficile sur le choix de ses motifs, et qu'il ne se figure pas trop aisément que le bruit remplace la fraîcheur de l'idée musicale. C'est à peine si, dans sa partition, on peut signaler quelques pages agréables, telles que l'introduction, qui est d'une bonne venue, le petit récit de l'histoire de Martine et, au second acte, un air de ballet avec sourdines et un chœur lointain d'un assez heureux effet. — Avant d'être joué à Paris, cet ouvrage avait été représenté à Nice en mars 1898. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MARTINE
Comédie lyrique en cinq tableaux, livret de J.-J. Bernard, musique d’Henri Rabaud.
Personnages : Martine (soprano), Jeanne, Mme Hervan (mezzo-soprano), Julien (ténor), Alfred (basse).
L'action se passe à Grandchin.
Création au Théâtre municipal de Strasbourg, le 26 avril 1947.
Il se dégage de cette œuvre fluide une extraordinaire fraîcheur, une poésie
douce et prenante. Les sentiments ne sont pas exprimés directement ; ils sont
évoqués par l'ambiance. Henri Rabaud fait preuve dans cette œuvre d'une liberté
de touche bien française.
PREMIER TABLEAU : Le pommier sur la route de Grandchin, en juillet. — Julien, jeune Parisien, se rend chez sa grand'mère au village qu'elle habite ; il rencontre sur la route une jeune paysanne : Martine. Séduit par elle, il s'amuse à la faire parler, plaisante sans penser à mal. Mais Martine est prise au jeu.
DEUXIÈME TABLEAU : Un petit salon chez Mme Hervan à Grandchin. — Après quinze jours, pendant lesquels Martine et Julien ont couru les champs et les bois autour de Grandchin, arrive chez Mme Hervan, la grand-mère, une amie de Julien : Jeanne. C'est une jeune fille de la ville qui a reçu une éducation semblable à la sienne. Aussi Julien épousera-t-il Jeanne.
TROISIÈME TABLEAU : Le pommier en automne. — Martine reste lourde d'une secrète souffrance dont personne autour d'elle ne soupçonne la profondeur. Jeanne, fiancé à Julien, se confie à elle.
QUATRIÈME TABLEAU : Chez Mme Hervan : l'hiver. — Jeanne et Julien sont mariés, et Martine assiste en silence au bonheur qui se forme sous ses yeux.
CINQUIÈME TABLEAU : Chez Alfred : un an après. — D'abord révoltée contre Alfred, un paysan qui l'aime et qui veut l'épouser, Martine par dépit peut-être, la raison encore... plus que tout, la « résignation » la feront s'incliner devant la destinée. Elle épousera Alfred.
MARTINGALE ET GIROFLÉE
Opérette en un acte, livret de Labie, musique de Marc Burty, représentée sur le théâtre du Vaudeville en décembre 1862.
MARTON ET FRONTIN
Opéra-comique, musique de Francis Thomé, représenté au Casino des Eaux-Bonnes en août 1877. Chanté par Etienne Troy et Mlle Marcus.
MARTON ET FRONTIN
Opéra-comique en un acte, livret de Dubois et Grimault, musique de Francis Thomé, représenté dans une soirée au ministère de la Justice le 11 juillet 1900.
MARTYRE (LA)
[la Martire]
Nouvelle scénique italienne en trois actes, livret de Luigi Illica ; version française d’Eugène Crosti ; musique de Spiro Samara.
Première représentation à Naples, Teatro Mercadante, le 23 mai 1894.
Représentation en français à Anvers, le 25 mars 1897 ; à Paris, Théâtre des Variétés, le 21 juillet 1898.
MARTYRE DE SAINT SÉBASTIEN (LE)
Mystère en cinq mansions, livret de Gabriele d'Annunzio, composé en rythme français, musique de Claude Debussy.
Personnages :
Rôles parlés : Sébastien ; l’Empereur ; le préfet ; Sanaé ; Marc et Marcellien, frères jumeaux ; Gudène, l’affranchi ; Thédote ; Vital, fils du préfet ; le héraut d’armes ; la Mère douloureuse ; la femme voilée ; la femme muette ; la femme aveugle ; la Fille malade des fièvres ; les vierges ; les compagnons des jumeaux ; le greffier ; les appariteurs ; les hérauts ; les bourreaux ; les sacrificateurs ; les victimaires ; les joueurs de flûte ; les gentils ; les chrétiens ; les juifs ; les esclaves ; les sept séraphins.
Rôles chantés : la vierge Erigone ; vox coelestis ; vox sola ; anima Sabastiani ; les Gémeaux ; chœurs.
L’action se déroule à Rome, à l’aube du christianisme.
Créé à Paris, Théâtre du Châtelet, le 22 mai 1911 dans une mise en scène d'Armand BOUR, avec Mme Ida RUBINSTEIN (Sébastien), MM. DESJARDINS (l'Empereur), KRAUSS (le Préfet), Mmes FEART, Ninon VALLIN et Yvonne COURSO (artistes du chant), sous la direction d’André CAPLET.
Première fois au Palais Garnier, le 17 juin 1922 ; décors et costumes de Léon Bakst ; mise en scène d'Armand Gour ; chorégraphie de Michel Fokine.
Mmes Ida RUBINSTEIN (Sébastien), S. DESPRES (la Mère douloureuse), GRAYVAL (la Femme voilée), VINCENT (la Femme muette), ROCHEMAY (la Femme aveugle).
MM. DESJARDINS (l'Empereur), H. KRAUSS (le Préfet), P. BERTIN (Sanaé), FERRAS (Marc), MAURY fils (Marcellien), MENAUD (l'affranchi Gudène), H. VERLAY (Thédote), LAGRANGE (Vital), MAXIME (le Héraut d'armes).
Artistes du chant :
Mmes LAVAL (une Voix), MONTFORT, Yvonne COURSO (les Gémeaux).
Chef d'orchestre : Henri DEFOSSE.
Reprise du 08 février 1957 (16e représentation) dans une version mimodrame de Hubert Devillez ; décors et costumes de Félix Labisse ; mise en scène de M. Jacquemont ; chorégraphie de Serge Lifar.
Mme Ludmilla TCHERINA (Sébastien). M. Paul-Emile DEIBER (l'Empereur).
Rôles chantés :
Mmes ANGELICI (la Vierge Erigone), VAN HERCK (Vox Coelestis), CASTELLI (Vox Sola), MONTMART (Anima Sabastiani), GORR et S. MICHEL (les Gémeaux).
Rôles mimés :
Mlles P. DYNALIX (la Mère douloureuse), LEROY (la Fille malade des fièvres).
MM. DUTHOIT (Sanaé), HEPAULT (l'Apprenti Guddène), BLANC (le Préfet).
Chef d'orchestre : Louis FOURESTIER.
43e et dernière, le 25 janvier 1958 avec les interprètes de la reprise, sauf :
Mlle THALIA (la Mère douloureuse).
Reprise à l’Opéra (44e) le 16 mai 1969, nouvelle version de M. Doublier, décors et costumes de Georges Wakhévitch, chorégraphie de M. Sparemblek, la Passion par Serge Lifar ; avec Mme Ludmilla TCHERINA (Sébastien).
« A l’Opéra, la présentation du Martyre de saint Sébastien constitue un grand et noble effort. Mais est-il possible de donner à une musique de scène, si belle que puisse être celle de Debussy, un rôle de drame chorégraphique, en sacrifiant presque entièrement le texte étonnant de d'Annunzio ? Malgré l'adresse de Devillez et le respect de Hirsch, je n'en suis pas convaincu, pour ma part : tout en reconnaissant et le rare intérêt d'une soirée où étaient unis le magnifique orchestre et les chœurs excellents de l'Opéra, dirigés par Fourestier, et le corps de ballet, une fois de plus soulevé et inspiré par l'admirable Lifar — et la qualité des interprètes (danse et chant), en tête desquels Ludmilla Tcherina, aussi belle à voir qu'émouvante à entendre, a été justement acclamée. »
[Jacques Feschotte, directeur de l’Ecole Normale de Musique, Musica, avril 1957]
« En présentant, dans une version nouvelle de Hubert Devillez, le Martyre de saint Sébastien, mystère en cinq mansions de Gabriele D'Annunzio, sur une musique de Claude Debussy, le Théâtre National de l'Opéra a fait preuve d'une belle hardiesse et d'un louable désir de rénovation. Si la réussite est loin d'être complète, l'effort est méritoire et la tentative pleinement justifiée. Ludmilla Tcherina (saint Sébastien) allie la beauté et la sensualité a un triple talent de mime, de danseuse et de tragédienne ; elle est toute passion, exaltation, pureté. Auprès d'elle, Paul-Emile Deiber (l'Empereur) incarne un César imposant de majesté et cependant sensible à la plastique de cet Adonis chrétien. Les interprètes de la partie musicale (Rita Gorr, Solange Michel, Martha Angelici, Rosa Van Berck, Christiane Castelli et Berthe Monmart), les chœurs et les danseurs (Paulette Dynalix, Le Roy, Duthoit, Hérault et Blanc) demeurent parfaitement dans le style et l'harmonie de l'œuvre. La seule ombre de ce spectacle est l'essai d'évocation grandiose du Paradis dans un défilé final, une parade sans rapport avec l'incontestable mysticisme de la musique de Debussy. [Mise en scène et chorégraphie de Serge Lifar et Maurice Jacquemont, décors et costumes de Félix Labisse, orchestre sous la direction de Louis Fourestier.] »
(René Bailly, Larousse Mensuel Illustré, avril 1957)
« Pour cette œuvre d'une affectation délirante, Debussy a écrit une sorte de poème symphonique qui en traduit bien l'atmosphère magique, faite de sensualité et de mysticisme. D'inspiration essentiellement profane, le Martyre de saint Sébastien relève d'un wagnérisme décadent, mâtiné d'érotisme pseudo-oriental, qui apparaît singulièrement dépassé aujourd'hui. On a assez justement parlé à son sujet de « Parsifal français ».
La musique vaut infiniment mieux que le texte. Aussi l'ouvrage, qui fut créé à la scène par Ida Rubinstein, est-il plus souvent exécuté au concert qu'au théâtre. En voici la disposition schématique :
I. La Cour des lys. — Sébastien, chef des archers d'Émèse, ami de Dioclétien, prend fait et cause pour deux jeunes chrétiens torturés, prêts à abjurer. Ayant publiquement proclamé sa foi, Sébastien danse sur des charbons ardents.
II. La Chambre magique. — Sébastien détruit les idoles de la maison du prêteur et fait plus d'un miracle, attirant ainsi l'attention de l'Empereur.
III. Le Concile des faux-dieux. — L'Empereur ne demande qu'à passer l'éponge, mais Sébastien reste inébranlable et tranche même les cordes de la lyre d'Orphée. Dioclétien ordonne alors son supplice : le cribler de flèches attaché nu au tronc d'un laurier.
IV. Le laurier blessé. — Faisant violence à ses archers dont il est l'idole, Sébastien leur ordonne d'exécuter l'ordre de l'empereur.
V. Le Paradis. — Les portes du Paradis s'ouvrent à Sébastien. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
MARTYRS (LES)
Opéra en quatre actes, livret d’Eugène Scribe, musique de Gaetano Donizetti, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 10 avril 1840. Divertissements de Coralli. Décors de Devoir et Pouchet (actes I et IV), Charles Séchan, Léon Feuchère, Jules Dieterle et Edouard Desplechin (actes II et III). Costumes de Paul Lormier. Avec Mmes Dorus-Gras (Pauline), Videmann (une Dame) ; MM. Gilbert Louis Duprez (Polyeucte), Dérivis (Félix), Massol (Sévère), Serda (Callisthènes), François Wartel (Néarque), Molinier (un Chrétien), sous la direction de F.-A. Habeneck.
« Le célèbre chanteur Nourrit avait fait choix du sujet de Polyeucte pour en composer un livret d'opéra italien. Donizetti en avait écrit la musique, et tous deux présentèrent l'ouvrage à la censure du gouvernement napolitain, qui ne jugea pas à propos d'en permettre la représentation. Nourrit comptait beaucoup sur le rôle de Polyeucte pour reconquérir la situation qu'il croyait avoir perdue dans l'opinion publique. Cette circonstance imprévue acheva d'égarer sa raison. C'était en 1839. Peu d'années après, on ramenait en Italie le corps, privé de raison, de son infortuné collaborateur, Donizetti. Heureusement, ce poème de Poliuto tomba en assez bonnes mains. Scribe l'arrangea pour la scène française, et le compositeur fit les soudures nécessaires. Hâtons-nous de dire que cet ouvrage important se ressent de son origine italienne, et que, pour le juger équitablement, il faut se placer au point de vue des formes et du style employés de l'autre côté des monts. Le premier acte s'ouvre par un chœur fort beau de chrétiens ; il est suivi de l'hymne à Proserpine. Des airs dans la forme italienne succèdent : Dieu des Romains, chanté par Dérivis ; Sévère, il existe un Dieu, cavatine par Mme Dorus ; Amour de mon jeune âge, et Je te perds, toi que j'adore, par Massol ; les habitudes de l'Opéra ont exigé des danses dont la musique est assez jolie, mais qui suspendent trop longtemps l'intérêt. Le troisième acte est un des plus beaux que Donizetti ait composés. Il renferme un sextuor qui est un chef-d'œuvre, conçu d'après le même plan et sur le même rythme que le sextuor de Lucie ; il a toujours eu les honneurs du bis. L'air chanté par Duprez : Oui, j'irai dans leur temple, est une mélodie ravissante ; l'hymne à Jupiter a aussi du mérite. Le quatrième acte, moins beau que le précédent, renferme un air brillant, plutôt destiné à faire valoir la prima donna qu'à concourir à l'action dramatique. Le duo du cachot est pathétique ; le trio et le finale terminent dignement cette œuvre remarquable. Le rôle de Poliuto est un des meilleurs du célèbre chanteur Tamberlick. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est le chef-d'œuvre de P. Corneille arrangé en opéra.
Avant de donner les Martyrs, Donizetti avait écrit Poliuto ; mais la censure italienne interdit la représentation de cet ouvrage au théâtre San Carlo, et le chagrin qu'en éprouva Nourrit contribua certainement à précipiter la crise fatale qui amena la fin déplorable de ce grand artiste (Naples, 8 mars 1839).
La partition française est plus importante que celle de Poliuto. Donizetti y ajouta l'ouverture, presque tout le 1er acte, à l'exception de la cavatine de Pauline, les airs de ballet, le morceau d'ensemble qui termine le 2e acte, l'air de basse au 3e acte et le trio du 4e acte.
Plusieurs morceaux de Poliuto ne se retrouvent pas dans les Martyrs : la prière intercalée dans la cavatine du ténor, la cabalette de cavatine du baryton, l'air du ténor et une courte scène de Pauline (dans le grand duo), telles sont les pages italiennes qui ne figurent point dans l'opéra français, dont le 3e acte est d'un maître.
L'ouverture des Martyrs, dont l'allégro a le tort de rappeler celui de la Vestale, est coupée vers le milieu par un chœur lointain et mystérieux. — Meyerbeer s'en est souvenu en écrivant l'ouverture du Pardon de Ploërmel. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MAS (LE)
Pièce lyrique en trois actes, poème et musique de Joseph Canteloube de Malaret.
Créée à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 03 avril 1929 (répétition générale publique le 27 mars) ; mise en scène de Pierre Chereau ; chorégraphie de Nicola Guerra ; décors de Georges Mouveau, costumes de Victor Fonfreide.
Mmes Jane LAVAL (Marie), TESSANDRA (la Nourrice Rouzil), MANCEAU (une Jeune Fille).
MM. RAMBAUD (Jean), A. HUBERTY (le Grand-père), CAMBON (Gabel), GOT (un Vieux Mendiant), BROUET (un Vieux Moissonneur). Mmes HAMY, LALANDE, MORTIMER, MANCEAU (les Bergers).
Mme LLOBERES, MM. VERGNES, MADLEN, DELBOS, NEGRE, ERNST (les Moissonneurs).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
8e à l’Opéra, le 20 juin 1929 avec les créateurs, sauf :
Mmes MANCEAU (Rouzil), DOULS (une Jeune Fille), MM. VERGNES Vieux Moissonneur), GUYARD (un Moissonneur).
8 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Il s'agit d'une action assez simple. La fidélité à la maison natale, au « mas », est le mobile principal qui fait agir les personnages. Jean, qui a quitté son village pour la grand’ville, revient passer quelques jours au mas près de son grand-père et de sa jeune cousine Marie. Celle-ci ne manque pas de s'éprendre du jeune homme ; cet amour contenu, joint au charme du souvenir du pays, commence à émouvoir Jean ; mais il est fiancé et il repart. Cependant la situation matérielle des habitants du mas est mauvaise ; et comme un riche villageois se présente pour épouser Marie, le grand-père la presse d'accepter afin d'éviter de vendre le domaine. Marie, partagée entre son amour pour la vieille maison et son amour secret pour Jean, ne peut pourtant consentir à ce mariage. Alors, comme dans tout opéra-comique, Jean (qui a brisé avec sa fiancée de ville), réapparaît et tout s'arrange pour le mieux.
L’œuvre de J. Canteloube remonte à une vingtaine d'années ; elle fut refusée à l'Opéra-Comique et elle n'eût jamais peut-être été représentée à Paris si elle n'avait obtenu en 1927 le prix Heugel. Comme il est d'importance, financièrement du moins, cela fit quelque bruit. Mais en vingt ans, le compositeur a évolué. Il y avait peut-être un peu de monotonie dans le débit lyrique. J. Canteloube a introduit des chœurs dans la coulisse dont l'effet serait fort bon s'il n'était trop fréquemment répété. L'orchestration, reprise sans doute dans ces dernières années, est un peu dense, et nuit parfois aux voix. Les pages les plus réussies sont assurément celles où l'auteur nous fait assister à la fête de la moisson. Il utilise là de vieilles chansons populaires au rythme bien marqué et fort adroitement harmonisées. »
(Larousse Mensuel Illustré, mai 1929)
MASANIELLO ou LE PÊCHEUR NAPOLITAIN
Drame historique en quatre actes, livret de Charles Moreau de Commagny et A.-M. Lafortelle, musique de Michele Enrico Carafa. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 décembre 1827 avec Mmes Zoé Prévost (Léona), Eléonore Colon (Thérésia), Jeanne Mariette (la marquise de Caracioli), Estelle (la duchesse), MM. Auguste Huet (le gouverneur de Naples), Augustin Lemonnier (le comte de Torellas), Louis Ponchard (Masaniello), Féréol (Mattéo), F. Valère (Ruffino), Vizentini (Jacomo), Firmin (Calatravio), Bouchy (Pedro), Génot (le marquis de Caracioli), Noël Joseph Augustin Belnie (un charlatan), Jean-Pierre Louvet (un officier). => livret
« Sans le succès écrasant de la Muette de Portici d'Auber, les beautés que renferme l'opéra de Masaniello l'auraient fait maintenir au répertoire. Le grand duo : Un oiseau qui supporte à peine la lumière, est un chef-d'œuvre. L'entrée des collecteurs est d'un grand effet. Les barcarolles, qui sont des mélodies charmantes, et les couplets sur Notre-Dame du Mont-Carmel sont devenus populaires. Ponchard père a chanté avec succès le rôle de Masaniello, quoique ce rôle demandât plutôt de la force que de la grâce. Convenablement interprété, Masaniello ne peut manquer de retrouver un jour une veine de succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MASCARADE DES PRINCESSES CAPTIVES (LA)
Scénario d'Henry Prunières, musique de Francesco Malipiero.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 19 septembre 1924 avec Mlles D'Astra, Lange, Darms.
MASCARILLE
Opéra-comique en trois actes, livret posthume de Thomas Sauvage, musique de Julius Ten Brink, exécuté sous forme de concert, chez le compositeur, en octobre 1888.
MASCARILLE LE TROUBADOUR
Opérette en un acte, paroles de M. Grenet, musique de M. Bovery fils, représentée au théâtre des Batignolles (Paris), le 8 mars 1879.
MASCHERA (LA)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Auguste Arnould et Jules de Wailly, musique de Georges Kastner. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 juin 1841. L'intrigue de cette jolie comédie repose sur une substitution de personne sous le masque et le domino, qui donne lieu à des quiproquos. On a remarqué, dans la partition ingénieusement orchestrée de M. Kastner, le trio : A ce soir ! la romance chantée par Mlle Révilly : J'avais rêvé la gloire et la fortune, et un boléro chanté par Mocker. Emon, Victor et Mme Henri Potier complétaient l'ensemble de la représentation.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MASCOTTE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Audran.
Première représentation aux Bouffes-Parisiens le 29 décembre 1880, avec Mme Marie Montbazon [Grisier-Montbazon] (Bettina), sous la direction de Marius Baggers.
Reprise au Trianon-Lyrique le 25 septembre 1929 avec Mmes Balazy (Bettina), Meunier (Fiammetta) ; MM. J. Farrès (Pippo), Rozani (Fritellini), Darthez (Laurent XVII), P. Darnois (Rocco).
Représentation au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 13 mai 1935. Repris à ce théâtre le 10 mai 1935 avec Fanely Revoil et André Baugé.
« Les porte-veine étaient alors à la mode, et les auteurs de la Mascotte en ont imaginé un à l'usage des Bouffes-Parisiens. Ce porte-veine est une jeune paysanne dont la présence dans une maison suffit pour y amener le bonheur, la fortune, tous les biens, faire réussir toutes les entreprises. Cela s'appelait autrefois une dame blanche, une fée, un bon ange ; c'est aujourd'hui une gardeuse de dindons, et son nom est moins poétique ; elle s'appelle une mascotte dans la légende, et de son nom Bettina. L'action se passe dans les États de Laurent XVII, prince de Piombino. Rocco, un de ses fermiers, possède la mascotte et, de gueux qu'il était, devient riche. Laurent lui enlève Bettina, son trésor, en fait une comtesse et le fait lui-même son premier chambellan ; mais, pour que la mascotte conserve son privilège de porte-veine, il faut qu'elle résiste à toutes les séductions. Or, elle aime le berger Pippo, qui vient enlever Bettina au moment où le vieux prince va l'épouser pour la forme, afin de la préserver de toute aventure. Le porte-veine ayant quitté la cour, Laurent XVII n'a plus que des revers. Le prince de Pise, Fritellini, fiancé à la princesse Fiammetta, enlève à son futur beau-père ses États. Laurent XVII et son chambellan Rocco sont réduits à la misère et, tout dépenaillés, reviennent au troisième acte en habit de pifferari et subissent tous les genres d'affront. Il va sans dire que le berger Pippo épouse la gardeuse de dindons, Fritellini la princesse Fiammetta, et que les couplets grivois, les jolies actrices, les costumes brillants, un certain luxe de mise en scène assurent à cette entreprise une centaine au moins de représentations. Et la musique ? Le morceau qu'on a applaudi le plus, qui a même été bissé, est un duo dans lequel Pippo et Bettina imitent tour à tour le bêlement des agneaux et le gloussement des dindons. Dans l'Avocat Patelin, le bée, bée du berger Aignelet est aussi adroit que malicieux, tandis que le bê, bê du berger Pippo n'est que la première syllabe d'un mot qu'on achève pour lui. Quoique, à mon sens, un musicien soucieux de son art ne devrait pas s'associer aux concessions que font les librettistes au mauvais goût régnant, je ne puis méconnaître qu'il y a dans la partition de M. E. Audran des morceaux intéressants. Le rythme y joue un rôle plus essentiel que la mélodie, et presque tous les vers sont syllabiques, depuis le chœur d'introduction : Vive le petit vin doux, jusqu'aux couplets fort lestes sur la fleur d'oranger. Au point de vue exclusivement musical, il y a dans le premier acte une valse chantée par la mascotte, avec les réponses du chœur, et une romance expressive ; au deuxième, un menuet chanté et les couplets du secret de Polichinelle ; enfin, dans le troisième, d'excellents couplets militaires, chantés par Fritellini et le chœur, habilement relevés par les deux pistons. Cette opérette, fort développée, est chantée par Morlet, Hittemans, Lamy ; Mlles Montbazon et Dinelli. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
« Principaux personnages : Laurent XVII, prince de Piombino ; le prince Fritellini, fils du duc de Pise, son futur gendre ; Rocco, fermier ; Pippo, berger ; la princesse Fiametta, fille de Laurent, fiancée de Fritellini ; Bettina la rougeaude, gardeuse de dindons, la mascotte.
La scène se passe au XVIIe siècle, dans une principauté italienne de fantaisie.
La Mascotte est la comédie de la chance et de la déveine. La croyance populaire veut que certains individus aient le mauvais œil et portent la guigne : mais elle admet aussi que d'autres peuvent porter la veine et conjurer la mauvaise fortune. Ces derniers s'appellent des mascottes, un vocable autant dire inconnu avant le succès de la partition d'Audran et devenu courant chez tous les peuples de langue française depuis 1880. Une mascotte du sexe féminin perd — telle est la donnée et la base de l'intrigue — toute sa vertu le jour où elle perd sa fleur d'innocence. Celui donc qui aura le bonheur de posséder une mascotte devra veiller par dessus tout à la préserver des pièges de l'amour.
Dans la principauté de Piombino, deux hommes se distinguent par une déveine tout à fait extraordinaire ; le premier est le prince lui-même, Laurent XVII et l'autre est son humble sujet, le fermier Rocco. Ce dernier est à tel point victime du destin qu'il vient d'envoyer son berger Pippo chez son frère qui, lui, a tous les bonheurs, afin de lui demander assistance. Pippo s'acquitte d'autant plus volontiers du message qu'il est amoureux de Bettina la rougeaude, gardeuse de dindons chez Antonio, le frère de Rocco. Antonio lui fait dire pour toute réponse qu'il lui envoie Bettina, ce qui fait très bien l'affaire de Pippo, mais moins bien celle de Rocco. Le malheureux fermier croit que son frère se moque de lui : au lieu du secours demandé, il lui envoie une bouche de plus à nourrir !
Cependant, Bettina arrive, apportant un panier d'œufs frais et une lettre. Cette lettre, Rocco n'a pas le temps de la lire, car au même instant arrive le prince Laurent en partie de chasse, accompagné de sa fille Fiametta et de son futur gendre Fritellini. Le pauvre Fritellini est assez maltraité par sa future, caractère fantasque et volontaire, qui s'éprend de Pippo au premier coup d'œil qu'elle jette sur le berger. ne fait pas l'affaire de la jalouse Bettina, qui a avec Pippo une explication, laquelle aboutit au duo de célébrité mondiale : « J'aime bien mes dindons... ! » Surprenant les deux amoureux en train de bêler et de glousser, Rocco se met en colère et renvoie Bettina. Mais presqu'aussitôt il se ravise : il a lu la lettre de son frère et apprend ainsi que Bettina est mascotte. Et effectivement, bien qu'elle ne soit là que depuis un quart d'heure, divers indices certains lui montrent que la chance a tourné. Bettina ne partira pas !
Cependant la guigne s'attache aux pas de Laurent : en visitant la ferme, il a culbuté dans une cuve pleine d'eau, et Rocco doit lui céder sa veste. Seulement, il oublie dans la poche la lettre de son frère, de sorte que le prince apprend la grande nouvelle : il y a une mascotte à la ferme ! Aussi, au moment où Rocco se frotte les mains de son acquisition, Laurent lui déclare froidement qu'il confisque Bettina pour son usage personnel. Du reste, il sera bon prince et il emmène Rocco à la cour en qualité de chambellan. Et comme une roturière ne peut décemment frayer avec son entourage, il découvre très à propos que Bettina est la descendante des ducs de Panada.
Oui, mais il y a Pippo ! Pippo, c'est le danger toujours menaçant, aussi doit-il être tenu sévèrement à l'écart, au grand chagrin de Bettina, au grand chagrin aussi de Fiametta, qui avait jeté sur le berger son dévolu.
De la cour de la ferme, nous passons au second acte à la cour de Piombino, le jour fixé pour le mariage de la princesse.
Tout réussit à Laurent depuis que Bettina habite sous son toit. Aussi veille-t-il sur sa mascotte avec une sollicitude qui a toutes les apparences de la jalousie. au point que les bruits les plus fâcheux pour la vertu de Bettina commencent à courir et que Fritellini et Fiametta en conçoivent du dépit.
A la cour, Bettina s'ennuie ferme et elle demande en grâce qu'on la rende à ses dindons. Elle regrette surtout son Pippo, qui lui fut si brutalement arraché. Le pauvre Pippo a déjà fait plusieurs tentatives pour la revoir, mais en vain. Cependant, il ne se décourage pas et se présente en danseur avec une compagnie de masques mandés pour les noces de Fiametta et de Fritellini. Ainsi déguisé, il s'arrange à être reconnu de sa bien-aimée et tous deux complotent une évasion quand ils sont surpris par Rocco, qui court avertir Laurent de l'aventure. On arrête Pippo : il sera pendu. Ce ne serait rien encore, mais Fritellini le persuade que Bettina est la maîtresse du prince. Dans sa colère, le rustique accepte la main de Fiametta, que celle-ci lui offre sans plus de façon. Il s'arrange même à ce que Bettina, qui l'attend pour fuir avec lui, le voie tendrement enlacé avec la princesse. C'est un rude coup pour la pauvre fille, qui en perd la tête et est prête à toutes les folies. Aussi, quand Laurent. qui vient d'accorder Fiametta à Pippo, bombardé duc de Villa-Rosa, lui propose de l'épouser — c'est le moyen sûr qu'il a trouvé de la préserver de tout danger de démascottisation ! — accepte-t-elle sans hésiter. Il n'y a que Fritellini qui ne soit pas content, et cela se comprend ! Toutefois, il v a loin de la coupe aux lèvres, et dans le court espace d'un finale, il y a explication entre les deux amoureux abusés, deux mariages rompus, et la fuite de Pippo et Bettina, qui piquent par la fenêtre une tête dans la rivière.
Au troisième acte, nouveau tour de roue de la Fortune : le duc de Pise a déclaré la guerre à Laurent pour venger l'outrage fait à son fils. Laurent, qui n'a plus de mascotte, est battu à plate couture. Chassé par ses sujets, il erre avec Fiametta et Rocco, tous trois déguisés en musiciens ambulants. Fritellini, à la tête des troupes de son père, marche de succès en succès. Aussi bien a-t-il dans son armée deux auxiliaires précieux : le capitaine Pippo et son brosseur, qui n'est autre que Bettina travestie. Mais les deux amoureux sont las d'attendre et Pippo demande à Fritellini l'autorisation de se marier, ce qui lui est accordé.
Tout irait bien sans l'arrivée du trio Laurent-Rocco-Fiametta, qui chante et fait la quête. Incidemment, le trio apprend l'hymen qui s'apprête et Fiametta s'évanouit. La nouvelle agit différemment sur Laurent et sur Rocco. Le premier favorisera le mariage afin que Fritellini perde sa mascotte, ce qui égaliserait entre eux les chances. Rocco se dit qu'il n'a plus rien à attendre de Laurent et que son intérêt lui commande de s'attacher à la fortune de Fritellini. Il instruit donc Pippo du pouvoir magique de sa fiancée : s'il l'épouse, ce pouvoir est réduit à néant ; il doit donc choisir entre l'amour et la fortune, dilemme cruel. Aussi, quand Bettina, parée pour l'autel, vient le retrouver, le trouve-t-elle froid comme glace : on lui a changé son Pippo ! Furieuse de se voir ainsi traitée, elle s'enferme à double tour. Rocco triomphe : mais rira bien qui rira le dernier. Laurent ramène en cachette le fiancé repentant et le fait passer par la fenêtre. Fritellini a donc beau faire garder la porte : celle-ci s'ouvre de l'intérieur et les deux amants en sortent dans une attitude qui ne laisse aucun doute sur le genre de distraction auquel ils viennent de se livrer : la mascotte a perdu son pouvoir magique ! Heureusement que ce pouvoir est héréditaire !
Entre temps, la volage Fiametta s'est aperçue que Pippo l'intéressait moins ; Fritellini, par contre, tout auréolé par la victoire, lui inspire une passion soudaine et sans bornes. Cela fera un second mariage qui règlera toutes les difficultés politiques pendantes. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Neuf mois après la « première » des Mousquetaires au Couvent, le 29 décembre 1880, les Bouffes-Parisiens donnaient le jour à la Mascotte — la dernière née, la plus célèbre peut-être des opérettes bouffonnes ; la plus universellement connue dans tous les pays, et qui, fidèle à sa réputation de porte-veine, fit la fortune des auteurs : Chivot et Duru, librettistes, et Audran, maestro léger.
Elle commença par fournir une carrière de cinq cents représentations consécutives : la Mascotte (deuxième année, notaient les affiches) ne céda les planches qu'à Gillette de Narbonne des mêmes auteurs, et atteignit la 600e au cours de la saison suivante. Depuis, on n'en peut compter les reprises, jusqu'à la plus récente que réalisait en grand, à Paris, le Théâtre de l'Apollo — d'où elle a chassé, même avant la guerre, la Veuve Joyeuse qui paraît beaucoup moins gaie lorsque, dans Laurent XVII et Rocco, nous reconnaissons les pères naturels de Popoff, de Figg et de quelques autres. Leurs « cascades » appartiennent à la même poétique badine : s'ils ne les ont pas inventées, ils les auront du moins enseignées aux étrangers. Nous avons consenti à nous en amuser lorsque les caricatures viennoises les rabâchaient en perroquets trop bien appris — ne nous donnons donc pas maintenant le ridicule de bouder contre notre ventre lorsqu'il est secoué par un rire du meilleur aloi, pour le déplaisir d'ergoter sur la qualité de l'esprit qui suffit à le déchaîner. Sans cela, je vous le demande, qu'irions-nous faire au music-hall ! Ce qui est d'un genre... inférieur, c'est de faire la petite gorge et de ne tordre que le nez sur un livret de farces « très bonnes et fort joyeuses » comme disaient nos pères, bien supérieur comme structure à ses copies plus ou moins pâles, jamais ennuyeux pour aussi fréquentes qu'en soient les réauditions, et agrémente d'un chef-d'œuvre de partition dont pas un flonflon ne s'oublie... ; il y a même là-dedans des « rrrataplans » plus galants et plus régalants que ceux des Huguenots... Au fait, les Huguenots, ça doit se passer à peu près dans les mêmes costumes. Oui, mais ceux de la Mascotte, plus neufs de cinquante ans, et dessinés par Henri Pille, habillent mieux...
***
« Tout le monde sait ce que c'est qu'un « jettatore », déclare le berger Pippo à ses compatriotes italiens, — mais, pour aussi grands clercs qu'ils soient généralement réputés en matière de superstitions, il paraît que les gens de ce pays ignoraient jadis tout autant que nous ce qu'on appelle une « mascotte », puisque Pippo le leur explique... Vous saurez donc que c'est exactement le contraire d'un « jettatore » : celui-ci a le mauvais œil qui jette un sort — et celle-là porte bonheur ; certaines jeunes filles auraient, dit-on, ce privilège d'être des fétiches vivants — à condition pourtant d'être impeccablement « rosières ». Et le berger qui nous renseigne sur ce point délicat est si fort au courant parce qu'il a précisément une « mascotte » pour amie — en tout bien, tout honneur — Bettina la Rougeaude... Elle garde, en sa qualité de pastourelle, des dindons, des moutons, et des petits cochons — autres humbles agents de chance — parmi des champs de trèfle, sans doute à quatre feuilles.
… Bettina ne va pas manquer d'ouvrage : la guigne sévit dans le royaume de Piombino, sur le grand seigneur comme sur le serf ; ils ne meurent pas tous, mais beaucoup sont frappés — le fermier Rocco, par exemple — et la garde qui veille aux barrières du palais royal n'en défend pas Laurent XVII. Or, Bettina vient d'entrer au service de Rocco ; la prospérité s'attache déjà aux chausses de ce dernier... lorsque le prince Laurent, amené probablement par le vent favorable qui commence à souffler, tombe tout à coup à la métairie, pour se rafraîchir au cours d'une partie de chasse — tel Henri IV.
Le monarque ne tarde pas à savoir que son vassal
possède une mascotte... quelle aubaine ! « Ah ! tu as une mascotte, mon
gaillard ? Hé bien, je te la prends ! — Comment, vous me l'apprenez ? — Je la
garde pour moi, si tu préfères. — Mais je ne préfère pas, prince... enfin,
voyons, c'est de l'arbitraire ! — Sans doute, et puis après ? qui commande ici ?
D'ailleurs, fais tes paquets. Je t'emmène au palais en qualité de chambellan,
gorgé d'or... A moins que tu n'aimes mieux piquer une tête dans un cul de
basse-fosse... choisis ! » Il n'y a pas à hésiter... En route !...
Et cela ne fait pas du tout l'affaire du pauvre Pippo : on lui arrache Bettina,
sa « promise » à qui l'on a fait croire — pour sauvegarder les apparences —
qu'elle descend des anciens ducs de Panada. Son rang l'appelle à la cour, — où
elle n'a pas d'autre fonction que d'attirer la réussite sur toutes les
entreprises de son souverain. Elle s'ennuie horriblement ; elle a la nostalgie
de la basse-cour ; elle réclame ses dindons à tous les échos — et les échos ne
lui répondent que par chuchotements scandalisés... on jase !
Cependant, Pippo n'a pas été sans multiplier les tentatives pour se rapprocher de son amoureuse — et le prince n'ignore pas la nature des intentions de ce beau gars ; Rocco l'a prévenu : avec son innocence, Bettina perdra sa qualité de mascotte. On fait bonne garde. Aussi, lorsque Pippo — qui s'est faufilé parmi les personnages de la Comédie italienne qu'une troupe d'acteurs ambulants vient représenter au palais — essaye d'enlever la favorite, Rocco le surprend ; on l'arrête.
Il serait pendu... sans la Providence qui veille et se manifeste sous les traits gracieux de la princesse Fiammetta, fille de Laurent XVII — le prototype de ces adorables « petites pestes » qui piaffent, irrésistiblement, dans le répertoire moderne. — Pippo lui avait déjà donné dans le jour de la chasse, à la métairie ; et elle a fait son possible pour le lui rendre. Voici que le hasard lui livre, pieds et poings liés, l'objet de ses rêves. Dès lors, elle n'y va pas par quatre chemins et lui offre la vie sauve en échange de son amour ! Le berger s'affole, lorsqu'un potin de courtisans vient à point lui insinuer que la soi-disant comtesse de Panada est la maîtresse de Laurent — et le pauvre garçon a la simplicité de le croire... Rien ne le retient plus, il tombe dans les bras de Fiammetta.
Mais il y a des complications. D'abord, la princesse était fiancée à Fritellini, duc de Pise — qui, furieux d'être évincé, déclare la guerre à Laurent XVII. Celui-ci s'en moque ; n'a-t-il pas une mascotte pour protéger ses armées ? De plus, il sépare à jamais Bettina de Pippo en consentant au mariage de sa fille avec ce berger — qu'il anoblit sur-le-champ... Mais la Rougeaude ne l'entend pas de cette oreille : elle éclate en imprécations. Le prince a un trait de génie : « Je t'épouse ! » propose-t-il, car il ne risque pas, étant donné son âge, de compromettre la vertu du talisman. La Mascotte feint d'y souscrire par esprit de revanche... Mais elle ne peut longtemps soutenir ce rôle ; au beau milieu des doubles noces, elle saute sur Pippo, s'explique avec lui en cinq sec, deux mots, un baiser ; fait à toute la cour une algarade terrible, et profite du désarroi pour se sauver par la fenêtre, suivie par son « pastor fido ».
De ce moment, la déveine reprend ses droits, et les troupes de Laurent XVII sont défaites et mises en déroute par Fritellini — d'autant plus que Pippo s'est engagé dans un des régiments de Pise, et qu'il s'est fait accompagner par Bettina en qualité de vivandière... d'où, pluie de succès pour ce parti et de faveurs sur l'ex-berger. Les souverains de Piombino sont en fuite, et nous ne tardons pas à voir surgir un lamentable trio : Laurent, Fiammetta et Rocco, déguisés en bohémiens ! Ils s'échouent dans une auberge de frontière ou l'on prépare le repas de noces de Bettina et de Pippo. A cette nouvelle, Laurent XVII se frotte les mains ; si la Mascotte épouse le jeune homme, le don qu'elle possède étant perdu pour tout le monde, on peut récupérer quelque avantage sur les armées de Fritellini — à qui elle assurait jusqu'ici la victoire. Mais, d'autre part, cet animal de Rocco se tient le raisonnement suivant : « Je n'ai plus rien à espérer de Laurent — tandis que si je révèle à Fritellini la qualité de Bettina et le bénéfice qu'il en retire à son insu, je puis compter sur sa reconnaissance ! » Il s'agit d'empêcher la consommation du mariage. Pippo, qui se voyait sur le chemin de la fortune et du bonheur, est tiraillé par conséquent entre l'intérêt et l'amour — son ancien patron et son ancien roi lui prodiguant, chacun de leur côté, des encouragements et des objurgations. Bettina, qui ne comprend rien à ce manque d'empressement, se met de la partie ; dans un duo charmant, elle évoque des souvenirs... il va céder : un appel de Rocco l'immobilise. La pauvre petite femme s'indigne, et, tandis que Laurent trépigne, excédée, elle ferme au nez de son mari la porte de la chambre nuptiale. Du coup, Pippo se ressaisit : ses irrésolutions s'envolent ; et, avec l'appui de Laurent XVII qui lui fait la courte échelle, il escalade la fenêtre — envoyant promener Rocco. Celui-ci court chercher Fritellini... trop tard ; sur le seuil apparaît le couple, tenant dans les mains enlacées la fleur d'oranger symbolique !
Mais rassurez-vous : la « mascotterie » est héréditaire. Aussi Fritellini se console-t-il avec Fiammetta, reconquise par le prestige militaire du vainqueur : ils élèveront le prochain enfant de Pippo. — Laurent XVII vient d'adresser à Bettina la même demande... la même commande ! Il faudra donc deux jumeaux pour perpétuer une tradition qui a fructifié : demandez plutôt de nos jours aux fabricants d'articles de Paris si le culte du fétichisme ne leur a pas porté veine !
***
Nous parlions de la Veuve Joyeuse... Sa vogue mondiale ne saurait être comparée avec ce qu'il y eut de frénétique dans la popularité dont a joui partout Bettina la Rougeaude. Tous ceux qui ont dépassé la cinquantaine se souviennent d'avoir arboré en breloque, en broche ou en épingle de cravates, de petites « mascottes » dorées... Le mot figurera dans le Dictionnaire de l'Académie.
Mme Montbazon, créatrice du rôle, dut le promener en province tant qu'elle y fit des tournées. Les annales du Théâtre regorgent à ce sujet d'anecdotes inénarrables. On y voit le peuple d'Agen se fâchant tout rouge parce que la Mascotte ne figurait pas dans une série d'opérettes jouées par l'artiste aimée, l'assiégeant à son hôtel, et la contraignant de faire venir les costumes nécessaires — dont une valise spéciale la suivit désormais partout... Aussi n'y eût-il bientôt plus personne pour qui la Mascotte fût une inconnue — si ce n'est à cet âge heureux où, sans trop d'exagération, l'on peut encore être « mascotte ».
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MASQUE DE VELOURS (LE)
Opérette en un acte, paroles et musique de Prosper Morton, représentée à Laval le 18 mai 1888.
MASQUES (LES)
[Tutti in maschera]
Comédie lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret de Marcelliano Marcello, d’après l’Impresario delle Smirne, comédie de Carlo Goldoni ; version française de Charles Nuitter et Alexandre Beaumont ; musique de Carlo Pedrotti (1817-1893).
Première représentation à Vérone, Teatro Nuovo, le 04 novembre 1856.
Représenté en français à Paris, théâtre de l'Athénée, le 23 septembre 1869, avec Mlles Singelée (Vittoria), Marie Biabini (Valentine), Lyonnel (Lisette), MM. Jourdan (Emilio), Jean-Pierre Aubéry (Abdallah), Soto (Don Gregorio), Minssart (Martello), Barnolt (Cascatello).
« Cette pièce a été donnée à Vérone en 1856, et a obtenu un assez grand succès en Italie. Il s'agit encore d'une prima donna dont un jeune officier est amoureux ; une brouille survient entre eux. Un riche rival organise une troupe d'opéra, sous le prétexte d'aller donner des représentations à Bagdad ; mais sa véritable idée est d'emmener la cantatrice ; avant de partir, il donne un bal, dans lequel l'officier Emilio se réconcilie avec Vittoria, et l'amphitryon en est pour ses frais. C'est bien peu de chose, comme on voit. Le compositeur a écrit sur ce canevas une partition considérable. Il est vrai qu'il parait doué d'une grande facilité. Toute cette musique est mélodique, scénique, bien orchestrée. Mais aucun morceau ne s'élève au-dessus d'une moyenne estimable. On a applaudi un quatuor, imité de celui de Rigoletto, et le trio des Turcs. M. Pedrotti représente très dignement l'école italienne contemporaine. Cet ouvrage a été chanté par Jourdan, Aubéry, Soto, Mlles Singelée et Marie Biarini. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
MASQUES ET BERGAMASQUES
Divertissement en un acte, livret de René Fauchois, musique de Gabriel Fauré.
Création à l'Opéra de Monte-Carlo le 10 avril 1919 avec dans les personnages de la Comédie, Mme Marguerite VALMOND (Colombine), MM. René FAUCHOIS (Arlequin), Pierre STEPHEN (Gilles).
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 04 mars 1920, mise en scène d’Albert Carré, décor de Lucien Jusseaume, chorégraphie de Jeanne Chasles.
Mme Marthe FERRARE (Colombine).
MM. René HÉRENT (Arlequin), Victor PUJOL (Gilles).
Mmes Yvonne BROTHIER, Germaine BAYE, Jeanne CALAS, Jeanne BOURGUIGNON.
MM. Eugène DE CREUS, Louis CAZETTE, André BAUGÉ, REYMOND.
Chef d'orchestre : Fernand MASSON.
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11.04.1922 Opéra-Comique (12e) |
09.12.1924 Opéra-Comique (29e) |
11.12.1924* Opéra-Comique
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16.01.1930** Opéra-Comique (40e) |
21.03.1931*** Opéra-Comique
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17.01.1942 Opéra-Comique (68e) |
04.04.1946 Opéra-Comique (74e) |
25.02.1948 Opéra-Comique (100e) |
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Personnages de la comédie | Colombine | REVILLE | REVILLE | REVILLE | A. VAVON | LEBARD | Ch. GAUDEL | L. FEYRER | Ch. GAUDEL |
Arlequin | René HÉRENT | René HÉRENT | René HÉRENT | René HÉRENT | DERROJA | René HÉRENT | DERROJA | A. NOEL | |
Gilles | PUJOL | GENIN | GENIN | PUJOL | PUJOL | H. BUCK | MARGUILLIES | H. BUCK | |
Personnages du chant | Mmes A. FAMIN | BROTHIER | BROTHIER | BEN SEDIRA | BEN SEDIRA | JOACHIM | JOACHIM | JOACHIM | |
J. CALAS | GAULEY | GAULEY | J. ROLLAND | MARTIN | |||||
G. BAYE | ESTEVE | ESTEVE | CERNAY | CERNAY | CERNAY | SCHARLEY | LEGOUHY | ||
DELAMARE | DELAMARE | DELAMARE | QUENET | QUENET | |||||
MM. DE CREUS | DE CREUS | DE CREUS | GENIO | GENIO | DERENNE | RIALLAND | RALLIER | ||
VILLABELLA | L. NIEL | L. NIEL | L. NIEL | L. NIEL | |||||
A. BAUGÉ | BOURDIN | BOURDIN | GAUDIN | PAYEN | J. JANSEN | MAURANE | MAURANE | ||
Maurice SAUVAGEOT | Maurice SAUVAGEOT | Maurice SAUVAGEOT | ROQUE | ROQUE | |||||
Chef d'orchestre |
CATHERINE |
INGHELBRECHT |
INGHELBRECHT |
E. COHEN |
E. COHEN |
G. CLOËZ |
A. WOLFF |
CLUYTENS |
* Danse : Sonia Pavloff, Rosne et le Corps de Ballet.
** Danse réglée par Mmes Chasles : Mlles De Rauwera, Guggiari et les dames du Corps de Ballet.
*** Danse réglée par Mmes Chasles : Mlles Collin, S. Rosne et les dames du Corps de Ballet.
105 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 1 en 1952, soit 106 au 31.12.1972.
MATELOT CARTAHUT (LE)
Opérette en deux actes et trois tableaux de Gabriel Timmory et Maurice de Marsan, créée le 17 juin 1910 à l'Eldorado de Marseille. Représentée le 08 décembre 1911 à Grenoble.
MATELOTS DU FORMIDABLE (LES)
Opérette, paroles de M. de Beaugenet, musique de Henri Perry, âgé de onze ans, et de Mlle A. Perry, âgée de dix-sept ans. Ce petit ouvrage, qui a paru offrir des traces d'inspiration, a été chanté dans la salle Beethoven le 4 avril 1865, par Ismaël, Hermann-Léon fils, Lœbnitz et Mme Gaveaux-Sabatier.
MATHIAS CORVIN
Opéra-comique en un acte, livret de Paul Milliet et Jules Levallois, musique d’Alexandre de Bertha. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 juin 1883, avec Mlles Vidal, Dupont, MM. Mouliérat, Maris, Belhomme, Etienne Troy.
MATHIEU ou LES DEUX SOUPERS
Comédie mêlée d’ariettes en trois actes, livret de Nicolas Fallet, musique de Nicolas Dalayrac. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 11 octobre 1783. Voir les Deux tuteurs.
MATHIEU LAENSBERG
Opéra-comique en deux actes, musique de Bovery, représenté à Douai vers 1850.
MATILDE
Opéra en trois actes, musique de Kreutzer, écrit vers 1827 (inédit).
MATINÉE DE PRINTEMPS
Opéra-comique, musique d’Antoine-François Cajon, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes en 1805.
MATINÉE ET LA VEILLÉE VILLAGEOISES (LA) ou LE SABOT PERDU
Divertissement en vaudevilles en deux actes, livret de Pierre-Antoine-Augustin de Piis et Pierre-Yvon Barré, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 27 mars 1781.
MATINES D'AMOUR (LES)
Fabliau-miracle en trois images, livret de Raoul Gastambide, musique de Jules Mazellier.
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 16 décembre 1927 (répétition générale le 06 décembre à 21h) — Mise en scène de Pierre CHEREAU — Décors et costumes dessinés par Ernotte.
Mmes NESPOULOUS (la Vierge), FERRER (Magdalaine).
MM. Fred BORDON (le Diable), RAMBAUD (Théophilus), Marcellin DUCLOS (Joffroy), NARÇON (le Prieur), GILLES (Frère Alléaume), ERNST (2e Diable).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
6e à l’Opéra, le 11 janvier 1928 avec les créateurs, sauf Mme HARAMBOURE (la Vierge).
6 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
MATRIMONIO PER INGANNO (IL)
[en français le Mariage par supercherie]
Opéra italien en deux actes, musique de Pasquale Anfossi, représenté sur le théâtre de l'Académie royale de musique le 30 septembre 1779.
« Ce fut le dernier opéra que la troupe italienne réunie par le directeur De Vismes exécuta à Paris. Mme Chiavacci chanta le rôle principal avec un succès qui fit d'elle une cantatrice à la mode. Le ténor s'appelait Caribaldi. Malgré la vive et constante opposition faite aux Italiens, opposition à laquelle le bon roi Louis XVI n'est pas resté étranger, croyant protéger ainsi l'école française, un parti d'amateurs éclairés et délicats s'était formé et avait grossi à chaque représentation. La musique vive, fine et gracieuse des maîtres italiens, la facilité, la clarté de leur style, l'aisance avec laquelle ils opéraient les modulations et les changements de rythmes, qualités qui paraissaient naturelles et qui n'étaient que le résultat des bonnes et longues études auxquelles ils avaient été assujettis dans les conservatoires d'Italie ; tout cela produisit une impression durable et contribua à développer puissamment les progrès de l'art musical dans notre pays. La première tentative faite vingt-cinq ans auparavant, en 1752 et en 1753, avait fait connaître Latilla, Jomelli, Pergolèse, Leo ; la seconde, en ajoutant à ces noms illustres ceux de Piccinni, de Paisiello et de Sacchini, installa définitivement l'opéra italien en France. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Clementina Chiavacci y produisit beaucoup d'effet, et N. Piccinni composa pour elle un air de bravoure qu'elle plaça dans cet opéra, le dernier des ouvrages italiens qu'on entendit à l'Académie de musique en 1779. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MATRIMONIO SEGRETO (IL). Voir le Mariage secret.
MATROCO
Drame burlesque en quatre actes, en vers, livret de Pierre Laujon, musique de Grétry, représenté à Chantilly, chez le prince de Condé, le 03 novembre 1777, puis à Fontainebleau, le 21 novembre 1777. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 23 février 1778.
« C'était une parodie des mœurs de la chevalerie. L'auteur de Richard Cœur-de-Lion eut honte de s'être prêté à cette bouffonnerie, surtout après le mauvais accueil qu'elle reçut du public, et brûla sa partition. Toutefois, il en parle, non sans trahir son dépit, dans ses Essais, et il en donne quelques fragments. Il avait réuni dans cet ouvrage plusieurs airs populaires, tels que Charmante Gabrielle, etc. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MATRONE CHINOISE (LA) ou L’ÉPREUVE RIDICULE
Comédie-ballet en deux actes, livret de Pierre-René Lemonnier, musique anonyme. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 02 janvier 1765.
Drame lyrique en quatre actes, livret d’Edouard Blau et Louis Gallet, d’après George Sand, musique de William Chaumet.
MAURES D'ESPAGNE (LES)
Opéra en trois actes, musique de Grétry, non représenté.
MAURES ET CASTILLANS
Opéra-comique en 3 actes, livret d'Henri Bocage, musique d'Adolphe Danhauser, qui devait être monté à l’Athénée en 1873 sous le titre initial le Sultan de Mataram.
MAURIN DES MAURES
Comédie musicale en trois actes de René Bussy, d'après Jean Aicard, musique de Léo Pouget, créée aux Folies-Dramatiques le 09 novembre 1925 avec Mmes Marie Delna (M. Rabasse), M. Malbos (Tonia), G. Dubreuilh (Mme Labarterie), MM. Tramel (Pastouret), Alerme (Maurin), Vitry (Alexandri).
MAUVAIS ŒIL (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Gustave Lemoine, musique de Loïsa Puget. Création à l'Opéra-Comique le 01 octobre 1836. => fiche technique
MAUVIETTE (LA)
Drame lyrique en un acte, livret d'Albert-Paul Herrenschmidt dit Albert Fox, musique de Paul Gautier, représenté au Grand-Théâtre du Havre en mars 1924. => détails
MAVRA
Opéra bouffe russe en un acte, livret de Boris Kochno, d'après la Petite Maison Kolomna, nouvelle d’Alexandre Pouchkine ; version française de Jacques Larmanjat ; musique d’Igor Stravinski.
Personnages : Parasha (soprano) ; la mère de Paracha (contralto) ; la voisine (mezzo-soprano) ; le hussard (Mavra) (ténor).
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 03 juin 1922, par la Compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev — Mise en scène et chorégraphie de Bronislava NIJINSKA — Décor et costumes de Léopold Survage.
Mmes Oda SLOBODSKA (Paracha), Helen DE SADOWEN (la Mère), Zoia ROSOWSKA (la Voisine).
M. Stéphan BELINA (Vasili) et le Corps de Ballet des Ballets Russes.
Chef d'orchestre : Gregor FITELBERG.
7 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Mavra est le nom d'emprunt d'un beau hussard déguisé en cuisinière, pour faire la cour à la jeune Paracha.
L'ouvrage s'intitule opéra-bouffe, mais c'est bien davantage une parodie d'opéra-bouffe, dont l'exécution, vocalement surtout, est fort difficile. L'action est censée se passer à Saint-Pétersbourg, en 1840.
ACTE UNIQUE. — La chambre d'un appartement bourgeois.
A sa fenêtre, Paracha chante les louanges du beau soldat dont elle est éprise. Le Hussard lui répond, puis s'éloigne.
Entre la Mère de Paracha, soucieuse de remplacer sa cuisinière défunte, une perle dont elle fait le plus vif éloge. La Mère envoie Paracha lui chercher une remplaçante.
Pendant ce temps, une Voisine vient un moment commérer avec la Mère. Paracha rentre avec une nouvelle cuisinière, qui n'est autre que son hussard habillé en femme, lequel est présenté sous le nom de Mavra.
La Mère et la Voisine font à Mavra de nombreuses
recommandations, puis la voisine retourne chez elle et la Mère charge Paracha de
mettre au courant la nouvelle cuisinière. Sitôt qu'elle a tourné les talons,
Paracha et Mavra tombent dans les bras l'un de l'autre. La Mère vient ensuite
chercher Paracha pour aller avec elle en courses.
Mavra demeure seul, à ranger la vaisselle. La pseudo-cuisinière s'abandonne tout d'abord à son chant de triomphe [Air Tzigane], puis s'avise de se raser... Rentrant à l'improviste, la Mère le surprend au milieu de cette opération et pousse les hauts cris. Paracha et la Voisine accourent en hâte et la Mère tombe en pâmoison. Le Hussard s'enfuit par la fenêtre et Paracha, désespérément, l'appelle !
MAXIMILIEN => Voir le Maître chanteur.
MAXIMILIEN
Opéra historique en trois actes et neuf tableaux, livret de R. S. Hoffman d’après Franz Werfel ; adaptation française d’Armand Lunel ; musique de Darius Milhaud.
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 06 janvier 1932 (répétition générale le 05 janvier) ; mise en scène de Pierre Chereau ; décors et costumes de Pruna.
Mmes LUBIN (l'Impératrice Charlotte), FERRER (Princesse Salm-Salm), MAHE (une Voix).
MM. PERNET (Maximilien), DE TREVI (Porfirio Diaz), GILLES (Colonel Lopez), ENDREZE (Conseiller Herzfeld), SINGHER (Maréchal Bazaine), NARÇON (Cardinal Labatista), DALERANT (Riva Palacio), MOROT (le Maire), ERNST (Mariono Escobèdo), MADLEN (Thomas Méja), FOREST, BOINEAU (2 Voix).
Au 2e tableau, « Danses » par Mlle TENIRA, VAHINETUA.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
7e à l’Opéra, le 29 janvier 1932, avec les créateurs.
7 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
"La tragique aventure de l'archiduc Maximilien, envoyé comme empereur au Mexique et fusillé par les insurgés nationalistes a fourni à Manet le sujet d'un tableau célèbre et à l'écrivain allemand Werfel celui d'un drame qui a connu un grand succès. Il est à craindre qu'il n'en soit pas de même pour l'opéra. Trop réduit à quelques scènes synthétiques, le livret ne laisse guère au musicien l'occasion d'envolées lyriques. Aussi bien le compositeur semble se plaire au bruit, au mouvement, il écrit une musique agressive à force d'être dissonante et par là même assez monotone. Le théâtre ne semble pas être le fait de Darius Milhaud qui a cependant écrit quelques belles mélodies, mais qui a mieux réussi dans la musique pure, soit dans des suites symphoniques comme le Carnaval d'Aix, soit dans les quatuors à cordes." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)
MAYONNAISE (LA)
Opérette en un acte, livret de MM. Winbouy et Morello, musique de M. Blétry, représentée à l'Eden-Concert le 20 août 1887.
MAZEPPA
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Dupin et Henri Chabrillat, musique de Charles Pourny, représenté aux Folies-Dramatiques le 07 septembre 1872. Joué par Luce, Milher, Hamburger, Mmes Thierret et Blanche d'Antigny.
MAZEPPA
Cantate, paroles d’Achille de Lauzières, musique de Paul Puget, avec laquelle il obtint le grand prix de Rome, interprétée à l'Institut le 15 novembre 1873, puis au Concert-National le 28 décembre 1873.
MAZEPPA
Grand opéra en cinq actes et six tableaux, livret de Charles Grandmougin et Georges Hartmann, musique de la marquise de Grandval, représenté au Grand-Théâtre de Bordeaux le 24 avril 1892.
« On connaît la légende de Mazeppa, emporté jusque dans l'Ukraine par le cheval sur lequel il avait été attaché, devenant, au lieu de trouver la mort à laquelle il semblait condamné, le chef des gens de l'Ukraine, plus tard gagnant la confiance de Pierre le Grand, et enfin trahissant ce prince pour servir Charles XII. Le livret nous le présente au moment où l'Ukraine le proclame son défenseur. Mazeppa s'est épris d'une jeune fille, la belle Matrena, qui partage son amour et qui sacrifierait tout pour lui, hors l'honneur. Il n'en poursuit pas moins ses intrigues et n'en médite pas moins sa trahison. Bientôt son complot est découvert, et il se voit obligé de fuir la colère et les ressentiments de ses anciens compagnons d'armes. Abandonné de tous, il erre, seul, un soir, dans la steppe, il entend la voix de la femme aimée. Il appelle ; c'est bien elle, c'est Matrena, qui bientôt se trouve en sa présence. En reconnaissant l'infâme, le traître qui a renié sa patrie, elle est prise d'un mouvement de fureur, le maudit et tombe morte à ses pieds. Mazeppa, épouvanté, pousse alors un cri de douleur ! « Morte ! Et je suis maudit par elle ! »
Sur ce livret, assez habilement construit et dont les incidents ne manquent point d'intérêt, Mme de Grandval a écrit une partition qui a été fort bien accueillie et dont le succès a été réel. On en a particulièrement signalé au premier acte une jolie berceuse chantée par Matrena ; au second, son duo avec Iskra, et la scène vivante et mouvementée de la place de Pultawa avec la marche triomphale, le chœur des jeunes filles et l'épisode final, d'un grand effet dramatique ; au troisième, le prélude symphonique et le grand duo passionné de Matrena et de Mazeppa ; et surtout, au quatrième, des danses très pittoresques et le finale delà malédiction. L'ouvrage était joué par Mme Bréjean-Gravière et MM. Maurice Devriès, Dupuy, Silvestre et Abbert. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MAZET
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Louis Anseaume, d’après Mazet de Lamporechio, conte de Jean de La Fontaine, musique d’Egidio Duni. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 24 septembre 1761. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 avril 1762.
MÉDAILLE (LA)
Opérette, musique de Canoby, jouée et sifflée aux Bouffes-Parisiens le 16 février 1865.
MÉDAILLON DE MARIETTE (LE)
Opéra-comique, musique de Florimond Van Duyse, représenté à Gand le 20 mars 1861.
MÉDECIN DE L'AMOUR (LE)
Opéra-comique en un acte, en vers, mêlé d'ariettes, livret de Louis Anseaume et Pierre-Augustin Lefèvre de Marcouville, musique de Jean-Louis Laruette. Création au théâtre de la Foire Saint-Laurent le 22 septembre 1758. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 25 avril 1762. Le sujet de cette pièce est le même que celui de Stratonice. Le roi de Syrie a été transformé en bailli de village, et tout le reste à l'avenant. Cette pièce a été remise en musique par Saint-Amand et par Coignet.
MÉDECIN DUPÉ (LE) ou LA HUCHE
Opéra-comique en un acte, paroles de Mayeur-Saint-Paul, musique de Chapelle, représenté au théâtre de la Cité en 1793.
MÉDECIN MALGRÉ LUI (LE)
Opéra-comique en trois actes, paroles de Désaugiers fils, musique de Marc-Antoine Désaugiers père, représenté au théâtre Feydeau le 26 janvier 1792, sous la direction d’Antoine Bruni. C'est la comédie de Molière avec des couplets et quelques morceaux d'ensemble. Le sujet ne comporte guère plus de musique. La pièce est trop littéraire pour être traitée comme les canevas italiens, et elle ne renferme pas assez de scènes dramatiques pour inspirer un compositeur. L'air révolutionnaire : Ça ira ! se retrouve adapté dans cet ouvrage à une situation burlesque. Triste plaisanterie.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉDECIN MALGRÉ LUI (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique de Charles Gounod. Création au Théâtre-Lyrique le 15 janvier 1858. Première à l'Opéra-Comique le 22 mai 1872. => fiche technique
MÉDECIN TURC (LE)
Opéra bouffon en un acte, livret de Pierre Villiers et Armand Gouffé, musique de Niccolo Isouard. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 19 novembre 1803. La pièce est bien conduite et amusante. Forlis, lieutenant de vaisseau français, a été pris par des corsaires et vendu comme esclave au grand vizir à Constantinople, tandis qu'Adèle, sa femme, fait partie du harem d'un vieux médecin turc nommé Kalil. Tous deux sont désolés de leur séparation. Forlis apprend par hasard que le médecin, épris des charmes d'une esclave française, a refusé de la céder au Grand-Seigneur ; que, pour venger Sa Hautesse, le vizir veut mettre la science de Kalil à l'épreuve. On lui donnera à guérir un fou, et s'il échoue, il subira un châtiment exemplaire. Forlis a le pressentiment que cette esclave si intéressante est sa femme ; il contrefait le fou et se fait conduire chez le docteur. Mais celui-ci, malgré les conseils de Bouzoula, sa femme en titre, à laquelle Adèle inspire de la jalousie, malgré la promesse qu'on lui fait de le nommer médecin de Sa Hautesse s'il réussit dans sa cure, ne consent pas à rendre Adèle à son époux. Cependant la guérison de celui-ci est à ce prix et chaque fois que l'entêté docteur refuse la liberté à son esclave, Forlis redevient aussi fou qu'auparavant. A la fin Kalil cède et le jeune couple s'embarque pour la France. L'ouverture, dont le thème principal est une espèce de marche turque, a de l'entrain et une couleur originale. La romance d'Adèle : Sans plaisir et sans espérance est gracieuse ; mais, au lieu de faire connaître de suite les sentiments de regret de cette jeune femme, cette romance la montre au contraire occupée à se distraire par le chant et la danse des ennuis de la captivité. C'est d'ailleurs conforme à la manière frivole dont l'auteur de Joconde traite les sentiments sérieux. Les couplets de Bouzoula : Les plaisirs volaient sur mes traces, ont la désinvolture du genre. L'air dans lequel Kalil peint tour à tour son triomphe et sa chute n'est qu'assez comique : Oui, partout il faudra qu'on publie, etc. Niccolo, qui avait connu en Italie des modèles excellents de l'air bouffe, ne trouvait pas en France des artistes capables de les interpréter. Il s'est plié au goût français de cette époque, et son air de basse, tout en étant bien écrit, est lourd. Le trio qui suit : Tâchez par des agaceries, est bien développé. La partie de soprano est tantôt chantée, tantôt dansée par Adèle, ce qui alors passa pour une invention piquante, mais compromit le succès de l'œuvre à cause de la difficulté de trouver les deux talents réunis dans la même personne. La grande scène de la folie simulée de Forlis est un des bons morceaux de l'œuvre du compositeur. Elle a été écrite pour le célèbre chanteur Elleviou. Mentionnons encore le quatuor de la reconnaissance : Du courage, point de frayeur. La partition du Médecin turc est une des meilleures de l'auteur, et on l'entendrait encore avec plaisir si elle était interprétée par des chanteurs habiles. Niccolo l'a dédiée à la princesse Louis. A cette époque, les compositeurs se préoccupaient déjà d'échapper aux fourches caudines des marchands de musique. Plusieurs d'entre eux et les plus illustres s'étaient formés en société pour l'exploitation d'un magasin de musique situé rue de la Loi, n° 268, vis-à-vis de la rue Ménars. C'étaient Cherubini, Méhul, Kreutzer, Rode, Niccolo Isouard et Boieldieu. Le Médecin turc fut publié dans cette maison. L'entreprise commerciale des compositeurs réunis ne réussit point.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉDECIN TURC (LE)
Opéra-comique, musique de Meynne et T. Jouret, représenté sur un théâtre de société, à Paris, en 1845.
MÉDECINE SANS MÉDECIN (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Alfred Bayard, musique de Ferdinand Hérold. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 17 octobre 1832, avec Mmes Elisa Massy [Hébert-Massy] (Agathe), Marie Julie Boulanger (Mistress Berlington), MM. Ponchard (lord Arthur), Vizentini (Darmentières), Henri (M. Delaroche).
Il s'agit dans cette pièce d'un médecin qui, sans avoir recours à son art, guérit un négociant malade d'une faillite imminente, en faisant épouser sa fille par un jeune Anglais fort riche qui, cédant à un accès de spleen, voulait aussi se tuer. Un si pauvre livret ne se prêtait point à la musique, et cependant Herold y a adapté de fort jolis motifs qui n'ont pas survécu malheureusement au naufrage de la pièce. Mlle Massy a débuté dans cet opéra-comique.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉDÉE
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Thomas Corneille, musique de Marc-Antoine Charpentier, représentée par l'Académie royale de musique le 04 décembre 1693, avec Mmes Marthe Le Rochois (Médée), Moreau (Créuse), MM. Dun (Créon), Dumeni (Jason).
« Connu par ses Airs à boire, Charpentier s'efforça dans cette partition de sortir de l'invariable cadre des Lullistes : il n'obtint qu'un demi-succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MÉDÉE
Tragédie lyrique en trois actes et en vers, livret de François Benoît Hoffman, d’après la tragédie de Corneille (1635), musique de Maria-Luigi Cherubini.
Personnages : Créon, roi de Corinthe (basse) ; Glauce (Dircé), sa fille (soprano) ; Jason, chef des Argonautes (ténor) ; Médée, épouse de Jason (soprano) ; Néris, servante de Médée (mezzo-soprano) ; un capitaine de la garde royale (baryton) ; une première servante (soprano) ; une deuxième servante (contralto) ; deux enfants de Médée et Jason, les servantes de Glauce, les Argonautes, les prêtres, les guerriers, le peuple de Corinthe.
L’action se déroule à Corinthe, dans l’Antiquité.
Créée à Paris au Théâtre Feydeau, le 13 mars 1797 (23 ventôse an V), par Mmes Julie SCIO (Médée), AUVRAY (Néris), ROSINE (Dircé), MM. Pierre GAVEAUX (Jason), DESSAULES (Créon) et LEGRAND (le Chef des Gardes), sous la direction de LA HOUSSAYE.
Les dialogues parlés de la version originale ont été mis en musique par Franz Lachner en 1854.
Première fois à Londres, Her Majesty’s Theatre, le 06 juin 1865, dans une version italienne, dialogues parlés mis en musique par Arditi, avec Mmes Theresa TIETJENS (Medea), Laura HARRIS (Glauce [Dircé]), Clarice SINICO (Néris), MM. GUNZ (Giasone), Charles SANTLEY (Creonte).
Reprise au Covent Garden le 30 avril 1870 en italien avec Mmes Theresa TIETJIENS (Medea), Mathilde BAUERMEISTER (Glauce), Sofia SCALCHI (Néris), MM. GUNZ (Giasone), BAGAGIOLO (Creonte), sous la direction d’Augusto VIANESI.
Première fois en Italie, à la Scala de Milan, le 30 décembre 1909 avec Mmes Ester MAZZOLENI (Medea), Linda CANNETTI (Glauce), Nini FRASCANI (Néris), MM. ISALBERTI (Giasone), Nazzareno de ANGELIS (Creonte), sous la direction de VITALE. Reprise à la Scala avec Maria CALLAS (Medea) les 10 décembre 1953, 11 décembre 1961 et 23 mai 1962 (qui l’avait d’abord repris au Festival de Florence le 07 mai 1953).
Première fois à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 01 juin 1962, dans une révision de Vito Frazzi. Textes des récitatifs de Carlo Zangarini, traduits en français par Mario Facchinetti. — Décors de Maurice Brunet, costumes d’A. Phocas — Mise en scène de José BECKMANS.
Mmes Rita GORR (Médée), Elise KAHN (Néris), Andrée ESPOSITO (Dircé), SAUTEREAU et BROUDEUR (2 Suivantes).
MM. Albert LANCE (Jason), René BIANCO (Créon), HURTEAU (Chef des Gardes).
Danses réglées par Mme Léone MAIL : Mlles EVEN, BERTHAS.
Chef d'orchestre : Georges PRÊTRE
« Le journal le Censeur avait inséré le jugement suivant sur cet ouvrage : « La musique, qui est de Cherubini, est souvent mélodieuse et quelquefois mâle, mais on y a trouvé des réminiscences et des imitations de la manière de Méhul. » Dans un beau mouvement d'enthousiasme, Méhul lui répondit : « O Censeur, tu ne connais pas ce grand artiste. Mais moi qui le connais et qui l'admire, parce que je le connais bien, je dis et je prouverai à toute l'Europe, que l'inimitable auteur de Démophon, de Lodoïska, d'Elisa et de Médée n'a jamais eu besoin d'imiter pour être tour à tour élégant ou sensible, gracieux ou tragique, pour être enfin ce Cherubini que quelques personnes pourront bien accuser d'être imitateur, mais qu'elles ne manqueront pas d'imiter malheureusement à la première occasion. Cet artiste justement célèbre peut bien trouver un Censeur qui l'attaque ; mais il aura pour défenseurs tous ceux qui l'admirent, c'est-à-dire tous ceux qui sont faits pour sentir et apprécier les grands talents. MÉHUL. » Je demandais un jour à un des rares spectateurs vivants de l'opéra de Médée, au successeur de Cherubini, ce qu'il pensait de cet ouvrage : « C'est de la musique bien faite », me répondit M. Auber. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Personnages : MÉDÉE (soprano dramatique) — JASON (fort ténor ou ténor lyrique) — CRÉON (basse) — DIRCÉ, fille de Créon (soprano lyrique élevé) — NERIS (alto) — UN CAPITAINE DES ARGONAUTES (ténor) — UN CAPITAINE DE LA GARDE ROYALE (basse) — TROIS PETITS ROLES ET CHŒUR.
La scène se passe en Grèce, aux temps légendaires.
ACTE I. — Amoureux de Dircé, fille de Créon, Jason, le héros de la Toison d'Or, songe à abandonner Médée. Médée demande alors à Créon d'ordonner le retour de Jason, admettant toutefois qu'il n'est pas son époux, bien que père de ses deux enfants. Mais Créon bannit Médée du royaume de Corinthe.
ACTE II. — Médée prépare sa vengeance. Elle obtient de Créon la permission de demeurer un jour encore à Corinthe et de revoir une dernière fois ses enfants, Jason épouse Dircé et Médée envoie à cette dernière, comme cadeau de noces, la tunique de Nessus qu'elle a empoisonnée.
ACTE III. — Dircé revêt la tunique et meurt. Médée poursuit sa vengeance en tuant les enfants de Jason. Jason et le peuple de Corinthe la maudissent. Mais les dieux sont miséricordieux : Médée est emportée à Athènes dans un chariot tiré par des dragons et devient la femme d'Ægus, roi d'Athènes.
Médée avait sombré dans l'oubli lorsqu'en 1950, à la Scala de Milan, Maria Callas s'empara du rôle titulaire, qui était à sa taille : ce fut un immense succès, duquel date la grande renommée de l'artiste grecque. Depuis lors, Médée a été repris un peu partout, avec des chances diverses. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
MÉDÉE
Opéra, musique de Langlé, composé vers 1805 (inédit).
MÉDÉE
Tragédie en trois actes, de Catulle Mendès, avec musique de scène de Vincent d'Indy, représentée au théâtre de la Renaissance le 28 octobre 1898. La musique de M. Vincent d'Indy, dure et rocailleuse, fertile en dissonances cruelles, consistait en préludes, intermèdes et airs de ballet.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MÉDÉE
Opéra en trois tableaux, livret de Madeleine Milhaud, musique de Darius Milhaud.
Créé à Anvers, à l'Opéra Royal Flamand, le 07 octobre 1939, dans une traduction flamande de L. Baeyers et une mise en scène de Hendrick CASPEELE, par Mmes VAN HOECKE (Médée), CALEWAERT (Creuse), DE BORGER (la Nourrice), MM. DAGO MEYBERT (Jason), VAN AERT (Créon), sous la direction de Hendrick DIELS.
Première fois à Paris, au Palais Garnier, dans la version originale le 08 mai 1940, mise en scène de Charles Dullin, décor et costumes dessinés par André Masson, chorégraphie de Serge Lifar.
Mmes FERRER (Médée), MICHEAU - débuts - (Creuse), LAPEYRETTE (la Nourrice).
MM. DE TREVI (Jason), ENDREZE (Créon).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
3e à l’Opéra, le 25 mai 1940, avec les créateurs.
Reprise à l’Opéra (4e) le 21 avril 1968.
MÉDÉE ET JASON
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Pellegrin, sous le nom de La Roque, musique de Salomon, représentée par l'Académie royale de musique le 24 avril 1713, avec Mmes Journet (Médée), Pestel (Créuse), Dun, Antier (Cléone), Limbourg, La Roche, MM. Cochereau (Jason), Thévenard (Créon), Dun, Buseau, Chopelet, Lemire, Gervais, Mantienne.
Ballet à chaque acte, dansé par les premiers sujets.
Reprises : 17 octobre 1713 avec des changements et des additions ; 1727, 1736 et 1749.
Parodies en 1727 et 1736.
« La victoire de Denain venait de jeter un rayon d'espérance au milieu des revers qui attristèrent la vieillesse de Louis XIV. Dans le prologue de l'opéra de Médée et Jason, l'Europe, sous les traits de Mlle Poussin, est rassurée par Apollon (M. Hardouin) et Melpomène (Mlle Antier), qui lui annoncent la fin de ses malheurs et le retour de la victoire qui vient de se déclarer pour les drapeaux de la France. Cette scène allégorique, plus que l'opéra proprement dit, assura son succès pendant trente-six ans, quoique les événements lui aient souvent donné des démentis. Salomon avait cinquante-deux ans lorsqu'il aborda la scène lyrique. Il jouait de la basse de viole dans la musique du roi. Les rôles de Médée, Creuse, Nérine et Cléone furent chantés par Mlles Journet, Pestel, Dun, Antier, Poussin, Pélissier, Souris, Fel, Chevalier ; ceux de Jason, de Créon et d'Arcas, par Cochereau, Thévenard, Dun, Tribou, Chassé, Jélyotte. On cite, au nombre des parodies faites de cet opéra, celle de Dominique Riccoboni fils et Romagnesi, jouée au Théâtre-Italien le 28 mai 1727. On en joua encore une autre au même théâtre le 13 décembre 1736 ; ce qui prouve le succès durable de Médée et Jason. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉDÉE ET JASON
Opéra en trois actes, paroles de Milcent, musique de Granges de Fontenelle, représenté à l'Académie royale de musique le 10 août 1813. Ce compositeur était l'élève de Rey et de Sacchini. On remarque dans ses ouvrages, et particulièrement dans Hécube, des tendances élevées ; son style était un écho bien affaibli de celui de Gluck et de l'auteur d'Œdipe à Colone.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage fut moins heureux que celui de Salomon. Il n'en est resté que ce jeu de mots : « Laissons là Médée et jasons. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MÉDIUM (LE)
Tragédie en deux actes, livret et musique de Gian Carlo Menotti. Création au Columbia University de New York le 08 mai 1946.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 16 février 1962, dans une version française de Léon Kochnitzki, mise en scène d'Antoine Bourseiller, décor de Pace, costumes de Jaques Schmidt.
2 représentations à l'Opéra-Comique en 1962, 5 en 1868, 5 en 1971, 2 en 1972, soit 14 au 31.12.1972.
MÉDUS, ROI DES MÈDES
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Chancel de la Grange, musique de François Bouvard, représentée par l'Académie royale de musique le 23 juillet 1702, avec Mmes Maupin (Médée), Desmatins (Thomiris), MM. Thévenard (Médus), Hardouin (Persée), Dun, Cochereau.
Le rôle de Médée était le triomphe de Mlle Maupin.
« Le concours de toute l'élite de la troupe d'opéra n'a pas retardé la chute de cet ouvrage. C'était pour le chant, Boutelou, Hardouin, Thévenard, Dun, Cochereau, Mlles Desmâtins, Maupin, Lallemand, Loignon ; pour le ballet : Dangeville, Du Mirail, Boutteville, Dumoulin, Balon, etc., etc. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉDUSE
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Boyer, musique de Gervais, représentée par l'Académie royale de musique le 13 janvier 1697.
« Succès de décors et de mise en scène au début ; mais chute complète à la reprise du mois d'août 1697. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MÉDUSE
Opéra en trois actes, livret de Michel Carré, musique de Jules Massenet (1869), non représenté.
MÉFIE-TOI DE PHARAON
Opérette en un acte, livret de Gaston Villemer et Lucien Delormel, musique de Robert Planquette, représentée à l'Eldorado le 12 octobre 1872.
MEFISTOFELE => Voir Méphistophélès.
MÉGÈRE APPRIVOISÉE (LA)
[Der Widerspenstigen Zähmung]
Opéra-comique allemand en quatre actes, livret de Joseph-Victor Widmann, librement imité de la comédie de Shakespeare, musique d'Hermann Goetz.
Création à Mannheim le 11 octobre 1874.
Il existe une version française et une anglaise de cet ouvrage.
Personnages : Baptista, gentilhomme de Padoue (basse) ; Petruccio, gentilhomme de Vérone (baryton) ; Hortensio (baryton) et Lucentio (ténor), prétendants de Bianca ; Grumio, valet de Petruccio (basse) ; Catharina (soprano) et Bianca (soprano), filles de Baptista ; Quatre petits rôles (2 ténors et 2 altos) ; Chœurs : voisins, hôtes, domestiques.
Résumé.
Catharina est une fille détestable, qui a bien résolu de ne jamais se marier. Mais un homme, le seigneur Petruccio, se trouve, qui réussit à la dresser et l'amène à parfaite obéissance, si bien qu'elle peut finalement donner des conseils de soumission conjugale à sa jeune sœur Bianca, laquelle fait la vie amère à son malheureux époux !
La scène se passe à Padoue et à Vérone.
ACTE I. — Devant la demeure de Baptista.
Lucentio donne la sérénade à Bianca, bientôt dérangé par les valets et les servantes qui fuient la maison de Baptista pour éviter les constants sévices de Catharina, la fille aînée de leur maître. Baptista s'efforce de les retenir, tandis que Catharina tempête à sa fenêtre. Les voisins s'en mêlent. Baptista parvient enfin à rallier ses gens ; Lucentio peut alors achever sa sérénade. Bianca répond avec charme et tendresse aux hommages de son admirateur.
Mais voici Hortensio, un autre prétendant, qui s'en vient avec quelques musiciens donner aussi la sérénade. Baptista exhorte tout ce monde à faire silence. Il déclare que Bianca ne se mariera pas avant que sa sœur aînée ait trouvé la première un époux, et qu'il va donner des maîtres à Bianca pour l'instruire encore. Là-dessus, après une ironique sortie de Lucentio à l'égard de son rival, Hortensio fait la rencontre de Petruccio, gentilhomme de Vérone, qu'il met au courant de la situation et s'efforce d'engager à épouser Catharina. Leur conversation, assez vive, a pour résultat d'amener de nouveau Baptista à sa fenêtre.
ACTE II. — Chez Baptista, le lendemain matin.
Les deux sœurs s'habillent. Catharina, en colère, chasse la servante. Bianca essaie d'apaiser son courroux. L'autre répond ironiquement en faisant allusion à la double sérénade de la veille. Catharina exprime alors tout son mépris pour les hommes dont elle n'épousera jamais aucun. [Chanson de Catharina : Ich will mit keinem geben...]. Petruccio se présente comme prétendant à sa main, introduisant avec lui Hortensio qui, sous un déguisement, se fait passer comme maître de musique pour Bianca : Baptista accueille favorablement la demande en mariage de Petruccio, l'avertissant toutefois que tout est à redouter avec Catharina. Petruccio ne la craint pas, et une grande scène, d'une impétuosité grandissante, s'engage avec elle, jusqu'au moment où la mégère, vaincue, se laisse embrasser par lui. [Monologue de Catharina : Ich möchte ihn fassen, ich möchte ihn zerreissen...]. Baptista, venu prudemment jeter un coup d'œil dans la pièce, trouve sa fille, sinon soumise, du moins vaincue. Le jour des noces est immédiatement fixé, en dépit de ses ultimes résistances.
ACTE III. — Grande salle de fête chez Baptista.
Tout a été préparé pour la cérémonie. Baptista,
ses filles et leurs hôtes attendent le fiancé. Bianca reste à l'écart. Ici se
place l'amusante scène où Lucentio, qui s'est fait passer auprès de Baptista
comme maître de latin, donne de Virgile une traduction qui sert fort éloquemment
ses
intérêts amoureux, tandis qu'Hortensio ne parvient pas avec le même succès à
défendre les siens en se servant de la musique qu'il est censé enseigner à
Bianca.
Enfin, le fiancé arrive. Alors que tous les assistants sont en tenue de gala, il se présente, ainsi que son valet, habillé comme un voleur de grands chemins. Passant outre à toutes les objections, Petruccio contraint les musiciens à jouer un morceau de son goût, puis, avec brusquerie, entraîne Catharina à l'église. Pendant la cérémonie, les domestiques disposent la table du festin. Hortensio, rentrant le premier, raconte, horrifié, l'étrange comportement de Petruccio durant la bénédiction nuptiale. Les époux arrivent. Petruccio décide de partir avec Catharina sans avoir rien mangé. Il emmène sa femme et, enfourchant avec elle son cheval, part au galop au milieu de l'étonnement effaré des assistants.
ACTE IV. — Dans la maison de campagne de Petruccio.
Les domestiques se plaignent du vacarme mené par le nouveau couple. Grumio, le valet de Petruccio, s'efforce, en connaissance de cause, d'apaiser leurs craintes. Sur quoi les époux arrivent et se mettent à table. Mais Petruccio, mécontent, manie la cravache si violemment que plats et verres volent bientôt de tous côté, avant que Catharina ait pu toucher quoi que ce soit. Laissée seule, la mégère, définitivement apprivoisée, décide d'abandonner dès lors toute résistance et de devenir l'épouse raisonnable et aimante de l'homme qui sut ainsi la dompter. [Air de Catharina : Die Kraft versagt, des Kampfes bin ich müde...].
Un tailleur (ténor) venu encore présenter un vêtement commandé par Catharina s'entend renvoyer vertement par Petruccio qui prétend trouver le costume trop mauvais à son goût ! Décidément, c'en est assez, Catharina se jette dans les bras de Petruccio qui, laissant alors tomber le masque, célèbre avec elle la toute puissance de l'amour.
On supprime généralement aujourd'hui la dernière scène, dans laquelle réapparaissent Hortensio, flanqué de la Veuve (alto) dont il a fait son épouse et Bianca avec Lucentio, auquel elle rend la vie conjugale si amère, que Catharina se voit obligée d'intervenir pour l'exhorter à davantage de soumission !
Un Septuor avec chœur, terminait alors l'ouvrage.
MÉGÈRE APPRIVOISÉE (LA)
Comédie lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret d’Emile Deshays, d'après Taming of the Shrew, comédie de William Shakespeare, musique de Frédéric Le Rey.
Première représentation à Rouen, Théâtre des Arts, le 08 janvier 1896.
MÉGÈRE APPRIVOISÉE (LA)
Comédie lyrique en quatre actes, livret de Henri Cain et Edouard Adenis, d'après Taming of the Shrew de William Shakespeare dans sa version française de P. Delair, musique de Charles Silver.
Créée à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 30 janvier 1922 (répétition générale le 26 janvier). Mise en scène d'Emile Merle-Forest. Décors de Paquereau, costumes de Maxime Dethomas. Chorégraphie de Léo Staats.
Mmes Marthe CHENAL (Catharina), MONSY (Bianca), DUBOIS-LAUGER (Curtis), REX (Nicole), LALANDE (Marietta).
MM. ROUARD (Petrucchio), RAMBAUD (Lorenzo), A. HUBERTY (Baptista), DUBOIS (Biondello), ERNST (Gremio), SORIA (le Tailleur, Nathaniel), BRUYAS (Tranio, Filippo), P. COMBES (le Cuisinier).
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER
Reprise à l’Opéra du 24 décembre 1925 (10e représentation), avec la même distribution, sauf : Mmes VIX (Catharina), LAVAL (Bianca), MM. MORINI (le Tailleur), MADLEN (Nathaniel), CAMBON (Triano, Filippo), GUYARD (le Cuisinier).
13e à l’Opéra, le 13 janvier 1926, avec les interprètes de la reprise.
Le rôle de Lorenzo fut également chanté à l’Opéra par M. SORIA en 1922.
13 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Quelle est la traduction de Shakespeare que vous préférez ? » demandait-on à un homme d'esprit qui répondit : « Je trouve déjà bien joli d'en connaître, complètement, une !... »
Et cependant, jamais Shakespeare n'a été plus traduit et mis en scène — sinon lu. Son œuvre semble faite pour exciter l'émulation des modernes « intentionnistes » ; et, parmi les ouvrages de toute espèce auxquels elle aura déjà servi de prétexte, il en est peu dont le sujet ait tenté plus fréquemment auteurs dramatiques et musiciens que celui de la Mégère apprivoisée. Plusieurs fois imitée, d'abord par le poète anglais Tobin (la Lune de Miel) et, à l'Opéra-Comique même, par Jouy et Roger, dans l'Amant et le Mari, une adaptation en avait été fort habilement faite par P. Delair, et qui trouva dans Coquelin et Mlle Marsy des interprètes de tout premier ordre à la Comédie-Française, le 19 novembre 1891 — l'année même où M. Ch. Silver obtenait son Prix de Rome ; notons ce rapprochement. Une comédie lyrique, portant le même titre : la Mégère apprivoisée, livret en 3 actes et 4 tableaux d'Emile Deshays, partition de Frédéric Le Rey, créée à Rouen en 1896, fut représentée à Paris, pendant la saison d'été organisée en 1897 par les frères Milliaud, sur le plateau de la Porte-Saint-Martin. Signalons pour mémoire une transposition, jouée par Gémier à la Comédie-Montaigne le 1er février 1921 — 3 actes et 25 tableaux perpétrés par G. de La Fouchardière... Le père du « Bouif » s'y est livré à cette recherche exaspérée de nouveauté, d'originalité à tout prix, qui s'exerce souvent au grand dommage des chefs-d'œuvre, et dans ces décors d'une discordance hurlante que l'on s'obstine à considérer comme le dernier « cri » du jour. Enfin, la version qui a servi à MM. Henri Cain et Adenis, pour la nouvelle comédie lyrique en 4 actes jouée à l'Opéra le 30 janvier 1922 par Marthe Chenal et le baryton Rouard, est celle de M. Paul Delair. Il avait déjà supprimé le prologue de Shakespeare, ne gardant que la trame même de la pièce — éliminant les « concetti » à l'italienne, les gros traits, élaguant les longueurs et les discours interminables dans lesquels se complaisent les personnages du grand Will.
***
Un moraliste a dit : « Non seulement, dans le mariage, la félicité parfaite est chimérique, mais on rencontre des gens qui s'y ennuieraient d'un calme absolu, et qui pensent qu'un peu de contrariété met de la variété dans la vie. » C'est sans doute l'avis de Catarina et de Petrucchio ; nous estimons que l'on accorde beaucoup trop de sympathie à celui-ci, qui n'est au fond qu'un extravagant fort tumultueux — et que l'on a fait tort à celle-là en la traitant prématurément de « mégère ». Cette terrible femme, dont les librettistes expliquent insuffisamment le caractère complexe, apparaît, dans la comédie de Shakespeare, sous un masque de violence bouffonne, comme une vraie passionnée. La véhémence de son tempérament s'accommode mal des préférences maladroites de son père Baptista pour sa petite sœur Bianca. De plus, elle sait qu'en mariage on la recherchera surtout pour sa fortune — c'est par défi qu'elle acceptera pour époux « le plus ridicule » — qui sait même si ce n'est pas tout simplement pour permettre à Bianca de s'unir à Lorenzo, puisque le signor Baptista refuse de donner son consentement aux noces de la cadette avant qu'un amoureux héroïque l'ait débarrassé de l'aînée ? Aussi Lorenzo s'est donné du mal pour dénicher cet oiseau rare, et il a eu la chance de trouver l'original Petrucchio qui accepte comme une gageure d'apprivoiser la « mégère ». Il se propose de la traiter par homéopathie, essuie tranquillement ses rebuffades, et tend un sourire aux soufflets.
C'est le début ; voici mieux : le jour des accordailles, Petrucchio commence par se faire attendre ; les dernières limites de patience atteintes, on le voit enfin surgir, grotesquement équipé : il a l'air d'un vieux matamore, juché sur un squelette hippique — et, la cérémonie bâclée, sans laisser à sa femme le loisir de se reconnaître, il la saisit, la hisse en croupe, et, par une belle nuit d'orage, l'emporte au château de ses pères...
Catarina nous chantera au débotté — sur un rythme lointainement inspiré des Djinns de Victor Hugo — ce que fut cette chevauchée. Les gens de Petrucchio ne l'attendaient plus : c'est ce qu'il voulait. Il les rosse, et, sous prétexte que la réception est indigne de son épouse, il jette le dîner par la fenêtre, saccage la chambre nuptiale, commet mille excentricités, et finit par laisser en plan l'infortunée Catarina — qui, brisée de fatigue, s'endort sur un fauteuil. Petrucchio la regarde anéantie dans le sommeil... et s'attendrit. Nous comprenons qu'il a son idée ; la « mégère » aussi : elle n'est pas si assoupie — ni si fâchée. Un dernier sursaut d'amour-propre lui dicte bien à son réveil le « Je retourne chez mon père ! » qui s'impose, — mais comme son seigneur et maître n'esquisse même pas un geste pour la retenir, elle fait, domptée, amende honorable — et s'humilierait si Petruccio ne lui ouvrait ses bras, exactement comme si c'était lui qui avait reçu la leçon, avec ces mots exquis que les auteurs du scénario n'ont, malheureusement, pas su conserver pour le musicien : « La place d'une femme n'est ni trop haut ni trop bas, mais sur le cœur de son mari... »
Et maintenant, la contrition de Catarina est-elle si parfaite que cela ?... Petrucchio ne le saura qu'à l'âge où le naturel des mégères revient au galop. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MELÆNIS
Opéra en 5 actes, livret de Georges Spitzmüller d’après le roman de Louis Bouilhet, musique de Sylvio Lazzari, représenté au Théâtre Municipal de Mulhouse le 25 mars 1927, sous la direction de Théodore Mathieu, avec Eugénie Brunlet (Melænis).
MÉLÉAGRE
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Jolly, musique de Batistin Stuck, représentée par l'Académie royale de musique le vendredi 24 mai 1709. Thévenard chanta le rôle de Méléagre. Cet ouvrage n'eut pas de succès.
« Le prologue, chanté par Beaufort (Apollon), Cochereau (un Italien), Mlles Milon (l'Italie), Poussin (la France) et Aubert, a été repris en 1726 : il a servi d'introduction au Ballet sans titre. — La tragédie avait pour interprètes principaux : Thévenard (Méléagre), Hardouin (Plexipe), Mlle Journet (Althée) et Dun (Atalante). Elle plut moins que le prologue. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MÉLÉKAS ou L'ORGIE À MYTILÈNE
Opérette en trois actes, livret d'A. Couturet, musique de Ch. Chobillou, créée au Théâtre de Cluny à Paris le 24 août 1923 avec Mmes Delacorre (la Directrice), Liliane Dally (Isis), Berthe Réty (Faustine), MM. Benel (Mélékas), Champell (le poète Clodio), Resse (Xylophon).
MÉLICERTE
Comédie mêlée de chants, de Molière. Lalande en écrivit la musique.
MÉLIDE ou LE NAVIGATEUR
Comédie en deux actes, mêlée d’ariettes, livret de Louis Anseaume, musique de Philidor, représentée à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 30 octobre 1773.
MÉLIDORE ET PHROSINE
Drame lyrique en trois actes, en vers, livret d’Antoine-Vincent Arnault, musique de Méhul. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 mai 1794.
« Le sujet a été tiré du roman de Gentil-Bernard, Phrosine et Mélidor, dans lequel les situations choquent autant le goût que la vraisemblance. La Marie de Planard, qui se précipite de désespoir près de la vanne d'un moulin, est bien plus intéressante que cette Phrosine se jetant dans les flots du canal de Messine pour fuir un amour incestueux. Tout a été exagéré dans ce drame qu'on croirait avoir été écrit quarante ans plus tard, si la forme du dialogue n'y était plus châtiée et plus élégante que dans les mélodrames modernes. Il est bien regrettable que sa chute ait eu pour conséquence l'oubli de la musique que Méhul écrivit au plus beau temps de son inspiration, quoique, à proprement parler, le talent de ce maître n'ait point connu d'éclipse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉLITE ou LE POUVOIR DE LA NATURE
Opéra-comique en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Prosper-Didier Deshayes. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 mars 1792.
MÉLOMANIE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret en vers de Grenier, musique de Stanislas Champein. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 23 janvier 1781. Première à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 29 janvier 1781.
« L'auteur a dédié sa partition à Mlle de Condé. Elle obtint assez de succès. C'est une œuvre travaillée et qui dénote aussi de la facilité ; mais les idées sont communes. La pièce est très bouffonne. Géronte est un vieillard extravagant qui raffole de musique. Quoiqu'il ait promis la main de sa fille Elise à Saint-Réal, il se ravise et veut la donner à un nominé Fugantini, musicien italien dont l'arrivée lui est annoncée. Lisette vient au secours de sa jeune maîtresse ; son ami Crispin aidant, on fait passer Saint-Réal pour le maestro Fugantini. Géronte charmé, ravi de la voix et de tout ce que lui chante son futur gendre, comble les vœux de sa fille et les siens propres. L'ouverture est fort médiocre. L'auteur a cherché à rendre successivement plusieurs effets musicaux, la vivacité du ballet, la solennité du récitatif du grand opéra, la boursouflure du mélodrame, et à imiter plusieurs instruments : la harpe, la mandoline, la guitare, le hautbois, le cor, les timbales et même le canon, si toutefois cet instrument de destruction peut être considéré comme appartenant à l'orchestre. Ce n'est pas le seul ouvrage dans lequel on ait cherché à produire des imitations de ce genre. Plusieurs compositeurs ont cru qu'il était tout naturel et opportun dans un opéra d'indiquer les ressources de l'art musical et de montrer leur savoir-faire. Sauf de rares exceptions, ils n'ont pas raisonné juste en ceci. D'abord, en annonçant successivement un air de flûte, des arpèges de harpe, etc., ils ôtent au spectateur le charme de la surprise et les font assister malgré eux à un concert plutôt qu'à une représentation ; ensuite, ils se méprennent sur le rôle de l'art musical, qui consiste à peindre les sentiments et les situations de l'âme à l'aide d'un procédé tout idéal que la préoccupation de l'imitation matérielle ne peut qu'affaiblir. Champein ne connaissait pas cette théorie, et son mélomane s'en donne à cœur joie. Crispin même le dépasse dans son air descriptif : Mousicien terrible et barbare. Cependant nous signalerons, en dehors de ces rôles chargés, l'ariette d'Elise : Que je suis malheureuse ! celle de Lisette : De la gaieté le doux transport ; la musette lourée en sol : A douce et gentille fillette, et enfin la romance de Saint-Réal : O des dieux le plus bel ouvrage. Le quinque qui suit n'offre rien qui le distingue, si ce n'est les traits de bravoure de la partie de soprano qui ont dû faire honneur à la vocalisation de Mlle Colombe, chargée du rôle d'Elise, et qui donnait sans doute brillamment le ré suraigu. Voici la suite de la distribution de cet ouvrage Saint-Réal, haute-contre, Michu ; Géronte, baryton, Narbonne ; Crispin, ténor, Trial ; Crisanthe, ténor, Rosières ; un notaire, ténor, Favart ; Lisette, soprano, Carline. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉLUSINE
Légende musicale en un acte, livret de Louis Blanpain-de-Saint-Mars et Henri Aucher, musique de Louis Maingueneau. Création au Théâtre Graslin de Nantes, 04 mars 1913 avec Mlle Mancini (Mélusine), MM. Léon David (Lusignan), Grimaud (Gaal), sous la direction de M. Ernaldy. => partition
MELZOR ET ZIMA
Opéra-comique en un acte, paroles de Perrey, musique de Lanusse, représenté à la Porte-Saint-Martin le 9 novembre 1802.
MEMNON
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-François Guichard et Régnard de Pleinchesne, musique de Louis-Charles Ragué. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 août 1784.
MEMNON ou la SAGESSE HUMAINE
Opéra-comique en un acte, livret d’Edouard Cadol et Henri Bocage, musique de Charles Grisart, représenté au théâtre des Folies-Bergère le 31 décembre 1871.
« C'est le conte de Voltaire qui a fourni la donnée de la pièce. La musique a été assez goûtée ; on a remarqué les couplets chantés par Mlle Judic, le duo entre l'esclave Aïdée et Memnon, ainsi qu'une chanson à boire. L'épigraphe du conte, qui est si connue, a fourni au musicien l'idée d'une mélodie dont la forme archaïque ne manque pas d'à-propos :
Nous tromper dans nos entreprises
Est à quoi nous sommes sujets ;
Le matin je fais des projets,
Et le long du jour des sottises.
Chanté par Crambade, Raoult et Mlle Judic. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
MÉMOIRES DE FANCHETTE (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Nérée Desarbres et Charles Nuitter, musique du comte Niccolo Gabrielli, représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le mercredi 22 mars 1865.
Mmes Caroline FAURE-LEFEBVRE (Fanchette), Barbe DUCLOS (Ursule) ; MM. Désiré FROMANT (Dufresny), Prosper GUYOT (De Bournicourt), MORTIER (Valentin).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 3 en 1865.
« La pièce mettait en action l'anecdote si connue de Dufresny épousant sa blanchisseuse pour lui payer sa note. L'auteur de la musique, très patronné par la cour, avait fait jouer trois ballets à l'Opéra et un opéra-comique en trois actes, au théâtre Favart. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MÉ-NA-KA
Opérette en un acte, livret de Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, représentée au théâtre des Nouveautés le 02 mai 1892.
MÉNAGE À QUATRE
Opérette en un acte, paroles de Paul Coq et César Wartel, musique de Paul Bertrie, représentée aux Folies-Bergère le 26 janvier 1875.
MÉNAGE PAVERNAY (LE)
Opérette en un acte, livret de MM. Adrien et Georges Thalray, musique de Charles de Sivry, représentée aux Folies-Marigny le 27 juillet 1875.
MENDIANTS D’AMOUR (LES)
Opérette en un acte, paroles de M. Pop, musique de Georges Rose, représentée au concert de l'Époque le 23 novembre 1889.
MÉNESTRELS (LES) ou LA TOUR D’AMBOISE
Opéra-comique en trois actes, livret de Révéroni Saint-Cyr, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 août 1811.
MÉNÉTRIER DE MEUDON (LE)
Opéra-comique en trois actes, musique de M. Weckerlin (inédit).
MÉNÉTRIER DE MEUDON (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Gaston Marot et Léon Jonathan, musique de Germain Laurens, représenté aux Fantaisies-Parisiennes (théâtre Beaumarchais) le 01 septembre 1880. La pièce est divertissante. François, le ménétrier, se fait passer pour le roi François Ier et chasse sur les terres conjugales du baron de Bois-Corné. La partition, premier ouvrage lyrique du compositeur, a été chantée par Mlles Stella de La Mar, Landau, MM. Félix Puget et Denizot.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MÉNÉTRIER (LE) ou LES DEUX DUCHESSES
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique de Théodore Labarre. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 09 août 1845 avec Mmes Louise Lavoye (Thérèse), Revilly (Lisbeth) ; MM. Jean-Baptiste Chollet (Gédéon Zultner), Mocker (Urbain), Sainte-Foy (Jeannowitz), Emon (Léopold), Henri (Krifkraffen), Bugnet (un Sergent autrichien).
« Le livret a pour base une intrigue politique comme la plupart des peines lyriques du vaudevilliste. Un souverain allemand veut s'emparer du Tyrol, et, pour arriver à cette fin, il lui faut rechercher les traces d'une grande-duchesse enlevée dès son enfance, et qui, selon les uns, a été recueillie par un pauvre ménétrier, tandis que, selon d'autres, elle est devenue servante dans le cabaret de l'Ours-Noir, ce qui donne lieu à une suite de quiproquos toujours divertissants à la scène, malgré leur banalité. Mais il y a beaucoup trop de rôles dans cette pièce. C'est d'abord le jeune ménétrier Urbain, qui aime Thérèse, sa pupille ; puis l'étudiant Gédéon ; le comte Léopold, cousin de la duchesse ; le major Krifkraf, gros militaire ridicule ; l'intéressante Thérèse ; Lisbeth, la servante qui se trouve être la vraie duchesse ; enfin Jeannowitz, riche fermier courtisant l'une et l'autre, et sans succès. Tous les personnages ont une importance égale dans le livret, ce qui a plus nui à sa réussite assurément que la musique de Labarre, bien écrite, bien instrumentée et renfermant de fort beaux morceaux. L'ouverture offre une jolie tyrolienne dialoguée entre le hautbois, la flûte et le cor, accompagnés par un effet de timbales pianissimo. Nous signalerons la mélodie chantée par Urbain : Ce que jamais je n'eusse osé te dire ; puis un beau chœur national en deux strophes, dans lequel on a remarqué l'accent donné aux vers :
La liberté bannie
Qui fuit de notre sol,
les couplets du major Krifkraf, d'une coupe originale ; enfin un bon trio au troisième acte. Mlle Lavoye s'est fait applaudir dans des vocalises hardies en forme de tyroliennes ; ce genre de rythme domine peut-être un peu trop dans cet opéra. Mocker, Jean-Baptiste Chollet, Henri, Sainte-Foy, Emon et Mlle Révilly ont interprété les autres rôles. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MENSONGE OFFICIEUX (LE)
Comédie mêlée d’ariettes en deux actes, livret de Joseph-Marie Piccinni fils, musique de Niccolo Piccinni. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 16 mars 1787. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 17 mars 1787.
MENSONGE OFFICIEUX (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Forgeot, musique de Lemoyne, représenté à Feydeau le 13 mars 1795.
MENTEUR MALADROIT (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Lebrun, représenté au théâtre Molière, à Paris, en 1798.
MENZIKOFF ET FŒDOR ou LE FOU DE BÉRÉZOFF
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Henri-Ferdinand La Martelière, musique de Stanislas Champein. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 janvier 1808. La partition a été dédiée à la reine de Hollande. La pièce est des plus singulières qu'on puisse imaginer. Menzikoff, l'ami et le compagnon de Pierre le Grand, a été exilé en Sibérie, et se retrouve au milieu des prisonniers victimes de sa dureté et souvent de son injustice lorsqu'il était au pouvoir. Il cherche à cacher son nom et à éviter de cruelles représailles. Sa femme et sa fille Marie le consolent comme elles peuvent de sa disgrâce, et il trouve dans ce pays, dont la description est aussi invraisemblable que ridicule, une sympathie universelle. Un jeune noble, à qui Menzikoff a refusé sa fille en mariage, en est devenu presque fou, et se venge en protégeant cette famille infortunée. Dans cette pièce, personne ne se reconnaît, quoique parlant sans cesse les uns des autres. Ce, fou, qui s'appelle Jean, organise des fêtes, donne des bals, soulage les souffrances des prisonniers et fait de la Sibérie le lieu le plus heureux de la terre. Il va sans dire qu'un ukase vient rendre la liberté à Menzikoff, à Jean Fœdor, qui épouse Marie. Le livret, qui a la prétention des grands sentiments et du haut style, offre des détails d'un comique achevé, et montre que tous les fous n'étaient pas alors à Bérézoff. Champein a écrit de bonne foi sur cette donnée plus que bizarre une partition qu'il a traitée con amore. Parmi les morceaux les plus méritants, nous citerons le duo de femmes : Chère enfant, je te remercie ; l'air de Jean : Dès qu'on a quitté les travaux, le finale du premier acte, qui a un caractère champêtre ; le morceau d'ensemble vraiment dramatique du second acte : Cessez de vous contraindre, et la romance de Jean qui ouvre le troisième acte : De son amour voilà le gage. C'est un ouvrage bon à consulter pour se rendre compte d'un des courants littéraires et artistiques de ce temps.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉPHISTOPHÉLÈS
[Mefistofele]
Opéra italien en un prologue, quatre actes, un épilogue et neuf tableaux, d'après les deux Faust de Goethe, poème et musique d’Arrigo Boito.
Personnages : Méphistophélès (basse) ; Faust (ténor) ; Wagner (ténor) ; Nereo (ténor) ; Marguerite (soprano) ; Martha (contralto) ; Elena (soprano) ; Pantalis (contralto) ; Chœurs : promeneurs, étudiants, chasseurs, anges, chérubins, pénitents, chorus mysticus, gens du peuple, bourgeois, sorcières, sirènes, coryphées, grecs, guerriers. Danses : l’Obertas (acte I) ; la Ronde du sabbat (acte II) ; Chorea, danse grecque (acte IV).
L’action se déroule au Moyen Age, dans les cieux, à Francfort en Allemagne, et dans la vallée de Tempe en Grèce ancienne.
Créé à Milan, Théâtre de la Scala, le 05 mars 1868, par Mme REBOUX-RIBELLI (Marguerite), MM. François Marcel JUNCA (Mefistofele), Gérolino SPALAZZI (Faust), sous la direction d’Arrigo BOITO.
Nouvelle version au théâtre Comunitativo de Bologne le 04 octobre 1875, avec Mme BORGHI-MAMO, MM. NANNETTI, CAMPANINI.
Premières à Londres (Her Majesty's Theater) le 06 juillet 1880, à New York (Académie de Musique) en 1880.
Premières à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie) le 19 janvier 1883 et à Monte-Carlo (Opéra) le 23 février 1895, toutes deux dans la version française de Paul Milliet.
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LONDRES 06.07.1880 |
NEW YORK 1880 |
BRUXELLES 19.01.1883 |
MONTE-CARLO 23.02.1895 |
Marguerite |
Mmes NILSSON |
VALERIA |
DUVIVIER |
DE NUOVINA |
Marthe |
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Blanche DESCHAMPS |
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Mefistofele |
MM. NANNETTI |
NOVARA |
L. GRESSE |
L. GRESSE |
Faust |
CAMPANINI |
I. CAMPANINI |
JOURDAIN |
GILBERT |
Wagner | Louis DELAQUERRIÈRE | |||
Chef d’orchestre |
ARDITI |
C. CAMPANINI |
J. DUPONT |
L. JEHIN |
Première fois à Paris, au Palais Garnier, le 2e acte seulement, le 05 avril 1883, au cours d'un Gala au profit des Inondés d'Alsace-Lorraine.
Mmes ISAAC (Marguerite), Andréa BARBOT (Dame Marthe).
MM. GAILHARD (Mefistofele), DEREIMS (Faust).
Chef d'orchestre : Ernest ALTES
Le 08 décembre 1908, le tableau de la prison fut représenté à l’Opéra au cours d'un Gala consacré aux différents Faust, avec Mme Zina BROZIA (Marguerite).
Première fois intégralement en France, au Théâtre des Arts de Rouen le 03 mars 1909 avec Mmes GRIPPON (Marguerite-Hélène), FIERENS (Marthe-Panthalis), MM. PASCUAL (Faust), BAEIL (Mefistofele), RADOUX (Wagner-Nerée), sous la direction de Théodore MATHIEU.
Première fois intégralement à Paris, au Palais Garnier, les 09 et 14 mai 1912, dans la version originale, par les Artistes de l'Opéra de Monte-Carlo — Décors de Visconti — Projections de Frey — Mise en scène de CHALMIN.
Mmes AGOSTINELLI (Marguerite), DRUETTI (Hélène de Troie), LOLLINI (Dame Marthe), MATTEI (Panthalis).
MM. Feodor CHALIAPINE (Mefistofele), SMIRNOFF (Faust), Charles DELMAS (Wagner), ALZIARDI (Nérée).
Au 7e tableau, « Danses Grecques » : Mlle Thamara de SWIRSKY.
Chef d'orchestre : Tullio SERAFIN
Le prologue seul a été redonné à l’Opéra au cours d'un Gala, le 19 mars 1953, avec M. Georges VAILLANT (Mefistofele) et les Chœurs, sous la direction de Pierre DERVAUX.
2 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Négligé par l'Opéra, cet ouvrage fut représenté à Paris, le 25 décembre 1919, au Théâtre-Lyrique du Vaudeville, en français, avec :
Mmes Edith MASON (Marguerite, Hélène), Suzanne BROHLY (Dame Marthe, Panthalis).
MM. VANNI-MARCOUX (Mefistofele), DARDANI (Faust), sous la direction d'Armand FERTE.
Résumé.
De toutes les versions musicales de « Faust », celle-ci, qui emprunte un certain nombre de scènes au « Premier Faust », et conclut par deux épisodes du « Second », a bien certainement les plus grandes intentions philosophiques. Le Prologue est une sorte d'oratorio, où le mysticisme de la musique s'oppose au réalisme des paroles.
PROLOGUE.
Méphistophélès raille la puissance du bien et se vante de conquérir l'âme de Faust [Air de Méphistophélès : Ave, Signor ! / Ave, Seigneur !]. Le pari est accepté par le chœur céleste. Les chants de louange sont repris par des compagnies de chérubins, une troupe de pénitentes sur la terre et des esprits.
ACTE I.
1er TABLEAU : Matin de Pâques.
Le vieux philosophe Faust et son disciple Wagner se promènent parmi la foule en écoutant les cloches de Francfort-sur-le-Mein. Les gens du peuple dansent.
2e TABLEAU : Dans le cabinet de travail du Docteur Faust.
Faust médite [Romance de Faust : Dai campi, dai prati... / Quand ton premier rayon...]. Il est interrompu par Méphistophélès venant lui offrir ses services [Air de Méphistophélès : Son lo spirito che nega... / Moi, je suis l'esprit qui nie tout...]. Faust succombe et vend son âme au démon qui le servira jusqu'au moment où Faust se trouvera si heureux qu'il dira à l'instant : « Arrête-toi, tu es si beau ! » Tout ce qui devra suivre dans l'autre monde lui demeure indifférent.
ACTE II.
1er TABLEAU : Scène du jardin.
Tandis que Méphistophélès entretient Dame Marthe, Marguerite se promène avec Faust. Celui-ci, qui a déjà séduit la jeune fille, lui remet un soporifique destiné à endormir sa mère pendant leurs entrevues amoureuses.
2e TABLEAU : Nuit de Walpurgis romantique.
Méphistophélès a transporté Faust sur le sauvage Brocken, dans les montagnes du Harz, où les démons et les satellites de Satan dansent tumultueusement. Faust y a la vision de Marguerite conduite en prison pour avoir tué sa mère et noyé son enfant.
ACTE III. — Scène de la prison. Mort de Marguerite.
La malheureuse Marguerite gît, démente, sur un grabat [Air de Marguerite : L'altra notte in fondo al mare... / Dans le fond du sombre abîme...]. Faust et Méphistophélès viennent la voir. Faust, frappé d'horreur, l'implore de fuir avec lui [Duo Faust-Marguerite : Lontano, lontano... / Ah ! Dieu puissant !] Elle refuse et meurt dans ses bras.
ACTE IV. — Nuit de Walpurgis classique. Apparition d'Hélène.
Hélène et Panthalis chantent au clair de lune. Méphistophélès arrive avec Faust. Le sabbat classique se déroule [Danse des Chorétides]. Faust est séduit par la beauté d'Hélène [Air de Faust : Forma ideal purissima... / Forme idéale et pure...].
(Une des particularités de cet acte est que le rôle d'Hélène se trouve entièrement écrit en vers mesurés, tandis que Faust répond en vers rimés.)
EPILOGUE. — Mort de Faust.
Faust, misérable et confus, est assis dans son cabinet de travail. Méphistophélès vient alors lui réclamer son dû [Air de Faust : Giunto sul passo... / Je touche au but extrême...]. Faust se lamente, amèrement des ruines qu'il a causées, criant à Dieu d'exercer sa pitié et de le sauver, bien qu'il soit pécheur. Méphistophélès appelle à son aide ses démons et ses sirènes. Mais le chœur céleste a entendu la prière de Faust. Des roses tombent doucement d'en-haut et couronnent la tête du pénitent mourant. Méphistophélès, défait, s'abîme en sifflant.
« Le prologue se passe dans le ciel. Le drame est divisé en deux parties ; la première comprend trois actes : le dimanche de Pâques, le jardin et la nuit du sabbat, la mort de Marguerite ; la seconde est formée d'un quatrième acte : la nuit du sabbat classique, et d'un épilogue : la mort de Faust.
Cet ouvrage est rempli d'étrangetés et de hardiesses poétiques intéressantes, mais qui s'adressent plutôt à l'imagination littéraire qu'au goût musical. Il y a surtout dans le prologue un chœur d'anges fort original sur une tierce persistante :
Siam nimbi
Volanti
Dai limbi,
Nei santi
Splendori
Vaganti,
Siam cori
Di bimbi
D' amori,
Etc.
Ce prologue a la forme de l'oratorio ; le style est loin d'en être pur, car les quintes abondent. Malgré sa couleur mystique, le poème est d'un réalisme choquant et d'une audacieuse crudité. On ne peut contester la force dramatique et la verve endiablée de cet ouvrage, le plus bizarre qu'on ait vu sur la scène. Les transitions semblent inconnues à l'auteur. Le drame commence à la promenade ; la séduction de Marguerite a déjà été consommée, puisqu'elle accepte de la main de Faust, qui a pris le nom d'Enrico, un breuvage soporifique pour endormir sa mère pendant qu'elle recevra en cachette son amant. Elle n'y met qu'une seule condition : c'est que ce breuvage ne fera aucun mal à la pauvre femme ; c'est au moins cela. Comme on le voit, le livret ne brille pas par le goût et est bien inférieur à celui qu'a traité avec tant de succès et de talent M. Gounod. Les modulations sont heurtées, la mélodie est rare et la partie musicale offre surtout des effets de sonorité. Quoique l'apothéose posthume de Berlioz les ait mis fort à la mode, ce n'est pas suffisant.
Le quatrième acte et l'épilogue de l'opéra ont été tirés du second Faust de Goethe. L'auteur a tenté d'introduire dans la Notte del sabba classico la prosodie du vers asclépiade. Elena chante en vers prosodiés à l'antique, tandis que Faust lui répond en vers rimés, afin, dans la pensée du poète musicien, d'allier la beauté grecque à la beauté romantique allemande. Je ne crois pas que M. Arrigo Boito réussisse à introduire cet élément dans la composition musicale plus que je n'y' ai réussi moi-même lorsque j'ai mis en musique sur le mètre alcaïque quelques odes d'Horace, notamment l'ode O nata mecum, consule Manlio ! Il n'y a guère que l'ïambique dimètre et la strophe saphique avec le quatrième vers adonique qui soient susceptibles de s'accommoder à notre musique mesurée et aux divisions isochrones du rythme, tel qu'il a prévalu dans tout l'Occident.
Les morceaux les plus saillants de l'opéra de Mefistofele sont : dans le premier acte, la romance de Faust, Dai campi, dai prati ; dans le troisième, l'air de Marguerite, L’altra notte in fondo al mare ; le duo Lontano ; dans le quatrième, le duetto d'Hélène et de Faust, Forma ideal purissima, et la romance de Faust, Giunto sul passo estremo. Distribution : Mefistofele, Nannetti ; Faust, Campanini ; Margherite et Elena, E. Borghi-Mamo ; Marta et Pantalis, Mazzucco; Wagner et Nereo, Casarini. Les rôles de Margherita et d’Elena ont été chantés à Londres par Mme Nilsson. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MÉPRISE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Creuzé de Lesser, musique de Sophie Gail. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 20 septembre 1814.
MÉPRISE ET SURPRISE
Opéra-comique en un acte, paroles de J. d'Evry, musique de W. d'Indy, représenté pour la première fois dans la salle Pleyel-Wolff le 19 février 1867. Ce petit ouvrage appartient au genre mélodique facile. Le rôle du vicomte d'Héricy a été chanté par un jeune ténor, M. Jacquin, dont la méthode, le goût et la charmante voix ont été fort remarqués. Mine Barthe Banderali a fait valoir la partie de Diane de Mézerolles. Les autres rôles ont été chantés par MM. Hermann-Léon fils, E. Masson et Mlle Aline Lambelé. Nous avons remarqué un quatuor élégamment écrit.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉPRISE VOLONTAIRE (LA) ou LA DOUBLE LEÇON
Opéra-comique en un acte, livret d’Alexandre Pineu-Duval, musique de Mlle Le Sénéchal de Kerkado. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 24 juin 1805. C'est une comédie agréable et du meilleur goût. La musique, qu'on s'accorda à louer, est la seule production connue de cette jeune personne alors âgée de dix-neuf ans.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MÉPRISES ESPAGNOLES (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de Saint-Just d'Aucourt ; musique de Boieldieu, représenté à Feydeau le 19 avril 1799.
MÉPRISES PAR RESSEMBLANCE (LES)
Comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Joseph Patrat, musique de Grétry. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 07 novembre 1786. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 novembre 1786. Ce fut une des dernières productions de Grétry, et elle n'eut qu'un médiocre succès. Cependant il y eut une reprise de cet ouvrage à l'Opéra-Comique le 29 juillet 1858.
MÈRE DES COMPAGNONS (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Hervé, représenté au théâtre des Folies-Dramatiques le 15 décembre 1880, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Francine Thibaut), D'Harville (Mme Plantureux), Réval (L'Ecureuil), Fossombroni (la Comtesse de Champrosé), Bouteillier (Lisa), MM. Maugé (Saint-Clair), Simon-Max (Gaston de Champrosé), Lepers (Marcel Dubuisson), Luco (Pichard dit La Joie), Bartel (D'Argental).
« Malgré le milieu vulgaire où se passent les trois actes, l'intérêt est soutenu, parce que les caractères des personnages ont de la franchise et du naturel. Il y a aussi un fond de sentiments généreux qu'on a perdu l'habitude de rencontrer dans ces sortes d'ouvrages. La mère des compagnons charpentiers est une jeune fille, nommée Francine Thibaut, qui exerce sur eux une influence absolue. Tous la respectent et l'un d'eux, Marcel, en est amoureux fou. Mais Francine est tout entière occupée d'une aventure romanesque dont le héros est un jeune inconnu qu'elle a sauvé. Cet inconnu, Gustave de Champrosé, est un conspirateur, un carbonaro ; la pièce se passe au temps de la Restauration. Marcel a un frère, comédien de province, en tournée de représentations. Voyant le désespoir amoureux du brave charpentier, il s'emploie avec zèle à le débarrasser de son rival. Habile à jouer tous les rôles, il prend divers déguisements et revêt en dernier lieu l'uniforme de général, afin d'arrêter Gustave de Champrosé au moment où il va épouser la jeune Francine. Celle-ci sauve encore une fois le carbonaro, qui va devenir son mari, en le cachant précipitamment dans sa chambre. Marcel sacrifie à la fois son amour pour Francine et sa haine pour son rival. Il ne songe plus qu'à sauver l'honneur de la jeune fille. Instruit de la supercherie de son frère, il démasque le faux général. La petite mère des compagnons s'aperçoit enfin qu'elle a dans la charbonnerie une rivale préférée ; elle retourne au compagnonnage en comblant les vœux du bon Marcel. Il y a des scènes fort comiques, et d'ailleurs absolument invraisemblables, dans l'hôtel des parents titrés de Gustave, envahi par les compagnons charpentiers. Si l'on ne faisait pour le populaire que des pièces de ce genre, amusantes, gaillardes et morales à la fois, cela vaudrait mieux que les opérettes grivoises et les insanités de mauvais goût. La musique de M. Hervé est assez faible et inégale, mais elle n'est jamais commune. On a applaudi un morceau fort bien arrangé et d'un charmant effet ; c'est celui que chante Francine racontant les leçons de clavecin, de chant, de maintien et de danse qu'on lui fait prendre dans l'hôtel du comte pour la former aux belles manières. C'est assurément moins distingué que la scène analogue de la Fille du régiment. Donizetti et M. Hervé ne parlent pas la même langue et leurs auditeurs n'ont pas les mêmes oreilles. Je signalerai aussi les couplets de la mère des compagnons, la chanson de l'Écaillère et la ronde des Charpentiers. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MÈRE GANZ ET L’ŒUF D’OR (LA)
Opéra, musique de Bernard Koch, représenté à Amsterdam vers 1828.
MERLIN
Grand opéra en trois actes, paroles de M. Hoffmann, musique de Philippe Rufer, compositeur belge, représenté à l'Opéra royal de Berlin le 28 février 1887. Le livret de cet ouvrage était lourd et maladroitement construit ; la musique, de tendances et de formes très wagnériennes, fut accueillie avec beaucoup de faveur.
MEROWIG
Drame lyrique en trois actes et cinq tableaux, livret de Georges Montorgueil, musique de Samuel Rousseau, exécuté sous forme de concert, au Grand-Théâtre (salle de l'Éden, aujourd'hui disparue) le 12 décembre 1892. C'était l'ouvrage qui avait, en 1891, obtenu le prix au concours musical de la ville de Paris. L'œuvre en elle-même était intéressante, et ne manquait ni de grandeur ni de sentiment dramatique. Samuel Rousseau, occupait les fonctions de chef des chœurs à la Société des concerts du Conservatoire. Les interprètes étaient Mlle Marcella Pregi, MM. Gagny, Auguez et Bernard.
Représenté à Nancy en décembre 1899, où son succès a été complet. Ce drame a trouvé, par cette représentation, la forme scénique qui lui convient et qu'avaient rêvée ses auteurs.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MERVEILLEUSES (LES)
Opérette en trois actes, livret de Victorien Sardou et Paul Ferrier, musique d'Hugo Félix. Création au Théâtre des Variétés le 24 janvier 1914, avec Mmes Marthe Régnier (Illyrine), Jeanne Saulier (Pervenche) et MM. Albert Brasseur (Tournesol), Prince.
MESDAMES DE CŒUR-VOLANT
Opérette en un acte, livret de Bourdois et Lapointe, musique d’Erlanger, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 avril 1859. Vaudeville turbulent et mené à grandes guides par MM. Desmonts et Marchand (pour leurs débuts).
MESDAMES DE LA HALLE
Opérette en un acte, livret d’Armand Lapointe, musique de Jacques Offenbach.
Création aux Bouffes-Parisiens (passage Choiseul) le 03 mars 1858, par Mmes CHABERT (Ciboulette), Lise TAUTIN (Croûte-au-pot), MM. LÉONCE (Madame Poiretapée), DESIRE (Madame Matou), MESMACRE (Madame Beurrefondu), DUVERNOY (Raflafla) et Prosper GUYOT (le Commissaire) sous la direction de PLACET.
Repris au Théâtre des Arts le 03 avril 1913 avec Mmes Lucy VAUTHRIN (Ciboulette), Marcelle DEVRIES (Croûte-au-pot), MM. Maurice LAMY (Madame Poiretapée), SAIDREAU (Madame Matou), Victor HENRY (Madame Beurrefondu), COULOMB (Raflafla) et ALBERTI (le Commissaire) sous la direction de Gabriel GROVLEZ.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 04 mai 1940, mise en scène de Jean Mercier, décor et costumes d'après les maquettes de Gérard Cochet, décor exécuté par Léonce Henry et costumes par la maison Mathieu-Solatgès.
Mmes Lillie GRANDVAL (Ciboulette), Georgette DENYS (Croûte-au-pot), DANIÈRE, BAGARD, ARNAUD, Suzanne GUIBAUD [DARBANS] (les acheteuses).
MM. René HÉRENT (Madame Poiretapée), Alban DERROJA (Madame Madou), POUJOLS (Madame Beurrefondu), Roger BOURDIN (Raflafla), Paul PAYEN (le Commissaire), BONNEVAL (le Marchand d'habits), C. MOREAU.
Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.
2 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« C'était la première fois que l'on entendait des chœurs aux Bouffes ; pour la première fois aussi, plus de cinq personnages paraissaient à la fois sur le théâtre de M. Offenbach. La représentation de cet ouvrage était donc l'inauguration d'un privilège plus étendu. Pour fêter dignement cette ère nouvelle, l'administration s'était mise en frais d'un des décors les mieux réussis qu'ait peint M. Cambon. La carotte et le chou-fleur s'y étalaient en pyramides triomphantes. De sa lumineuse palette, le peintre aimé avait tiré les plus appétissantes couleurs et fait surgir, jardinier heureux, les mille variétés de la plante maraîchère. Tout cela était d'une vérité d'aspect et de ton à faire venir l'eau à la bouche ; on y eût touché du doigt et de la dent... on en eût mangé ! La toile de M. Cambon représentait le marché des Innocents (bien avant les halles centrales). Au milieu de cette vaste macédoine de légumes et de poissons trônait, toute ruisselante, la célèbre fontaine de Pierre Lescot et Jean Goujon. Pour plus de vérité historique, on l'avait représentée dans sa disposition primitive, bien différente de celle d'aujourd'hui.
C'était là, sur une étendue superficielle de cinq mètres carrés, peut-être, entre une botte d'asperges et un baril de sardines à l'huile (peintes à l'huile, je veux dire), que se passaient d'étranges aventures. On y voyait un tambour-major amoureux de trois poissardes, et trois poissardes follement éprises d'un marmiton, lequel avait trois fois la vertu de Joseph en face de ces trois Putiphar. Cette trilogie extravagante et démesurément grotesque, était terminée au cri de Vive mesdames de la halle ! refrain vivement coloré et d'une allure digne de la vieille muse française.
Quand la princesse de Leuchtenberg est venue passer la soirée du 28 novembre 1859 au théâtre des Bouffes, elle a désiré qu'on jouât pour elle Mesdames de la halle. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« Il suffit de dire que les divers cris de la halle servent d'introduction, que les principaux personnages s'appellent Raflafla, Poiretapée, Amadou, Beurre-fondu, Croûte-au-Pot et Ciboulette, que cette bouffonnerie se termine par une fricassée générale pour indiquer à quel genre appartient cette pièce, qui a obtenu le plus grand succès. Le boléro : Je suis la petite fruitière, chanté par Mlle Chabert, est assez joli. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MESSALINE
Tragédie lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret d’Armand Silvestre et Eugène Morand, musique d’Isidore de Lara.
Première représentation à Monte-Carlo, Grand-Théâtre, le 21 mars 1899, mise en scène de Raoul Gunsbourg, avec Mmes Héglon (Messaline), Jeanne Leclerc (Tyndaris), D'Albe (La Citharède), Dennery (Tsilla), Forère (Leuconöe), MM. Tamagno (Hélion), Bouvet (Harès), Soulacroix (Myrrhon), Melchissédec (Gallus), Vinche (Myrtille ; Olympias), sous la direction de Léon Jehin.
Représentation à Bordeaux, en février 1901.
Représentation à Paris, Théâtre de la Gaîté-Lyrique, le 24 décembre 1903.
« On sait de quel luxe sont entourées les représentations du théâtre de Monte-Carlo, soit en ce qui concerne l'interprétation, soit sous le rapport de la mise en scène. Pour ce qui est de l'interprétation, le compositeur eût été difficile s'il ne se fût pas montré satisfait de celle qui lui était offerte et qui réunissait les noms de MM. Tamagno (Hélion), Bouvet (Harès), Soulacroix (Myrrhon), Melchissédec (Gallus), Vinche (Myrtille et Olympias), et de Mmes Héglon (Messaline) et Leclerc (Tyndaris). Quant à la mise en scène, elle était telle que certains reportaient sur elle et sur le poème la plus grande partie du succès, au détriment de la musique. « Il faut avouer, disait un critique, que ce ne fut pas, au contraire de ce qui a lieu en général, la musique qui rencontra particulièrement cette fois-ci la faveur du public. Très habile peut-être, mais certainement dénuée d'accent et de sincérité, elle s'efface devant l'intérêt du poème, dramatique à souhait et d'écriture soignée, devant l'amusement de la reconstitution historique, le faste des décors et le luxe et le nombre généreux des costumes. Et c'est ainsi qu'avant tout, le succès de Messaline est un succès de féerie... »
Et l'œuvre du compositeur ne méritait ni plus ni mieux, car elle est d'un vide complet et d'une banalité absolue. Le public parisien a pu s'en convaincre lorsqu'elle lui fut offerte, le 24 décembre 1903, au Théâtre-Lyrique de la Gaîté, dans des conditions de splendeur scénique tout aussi remarquables. La beauté du spectacle n'a pu lui faire prendre le change sur l'extraordinaire nullité d'une musique dont la vulgarité de la forme n'a d'égale que l'inanité du fond, c'est-à-dire de l'inspiration. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MESSE DU FANTÔME (LA)
Légende pour chant et orchestre, livret de Paul Collin, musique de Charles Lefebvre (1898).
MESSIDOR
Drame lyrique en quatre actes et un prologue, livret d’Emile Zola, musique d’Alfred Bruneau.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 19 février 1897. Mise en scène de Pedro Gailhard. Chorégraphie de Joseph Hansen. Décors d'Alfred Rubé et Marcel Moisson (1er acte), Philippe Chaperon et Emile Chaperon fils (2e acte), Amable (3e acte et prologue), Marcel Jambon et Alexandre Bailly (4e acte). Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Blanche DESCHAMPS-JEHIN (Véronique), Lucy BERTHET (Hélène).
MM. ALVAREZ (Guillaume), DELMAS (Mathias), RENAUD (le Berger), NOTÉ (Gaspard), GALLOIS (un Prêtre).
Ballet : Mlles SUBRA (la Reine), ZAMBELLI (l'Amante), ROBIN (l'Or),
Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL
Reprise à l’Opéra du 22 février 1917 (12e représentation).
Mmes LAPEYRETTE (Véronique), GALL (Hélène).
MM. FRANZ (Guillaume), DELMAS (Mathias), PLAMONDON (le Berger), NOTÉ (Gaspard).
Ballet (décor et costumes de René Piot) : Mlle ZAMBELLI (la Reine), Aïda BONI (l'Amante), DELSAUX (l'Or).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
16e à l’Opéra, le 28 avril 1917, avec les interprètes de la reprise, sauf Mme PHILIPPOT (Véronique), MM. LAFFITTE (Guillaume) et A. HUBERTY (Gaspard).
N. B. — Le rôle de « Véronique » fut également chanté à l’Opéra par Mme Lyse CHARNY en 1917, celui de « Mathias » par M. BARTET en 1897.
16 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 10 février 1898 avec Mmes Bossi (Véronique), Ganne (Hélène), MM. Seguin (Mathias), Cossira (Guillaume), De Cléry (le berger), Dufranne (Gaspard).
« C'est une chose en vérité prodigieuse qu'on qualifie de drame lyrique une pièce où le lyrisme brille par son absence la plus complète, et qu'on intitule « poème » un livret dont la trivialité la plus basse est la qualité dominante et qui est écrit dans la langue à la fois la plus sèche, la plus rocailleuse et la plus antimusicale qui se puisse concevoir. Le public de l'Opéra a été vraiment frappé de stupeur en présence d'une pièce signée d'un tel nom et dont la valeur est tellement nulle, dont la marche est à ce point niaise, puérile et ridicule, que la patience lui a manqué et qu'il n'a pu se tenir de manifester son mécontentement d'une façon stridente et non équivoque. C'est qu'en vérité on ne se moque pas des gens avec plus de sans-gêne ou d'inconscience que ne l’a fait M. Emile Zola en cette circonstance. Et il faut malheureusement ajouter que la musique de M. Alfred Bruneau n'était point faite pour racheter ou pour pallier les inconcevables erreurs de son collaborateur. Il est vraiment peu de partitions aussi nulles, aussi vides, aussi incolores que celle de Messidor. On ne saurait dire cette fois, comme d'aucuns l'ont prétendu à propos des oeuvres précédentes du compositeur, que c'est là de la musique avancée, qui cherche les routes nouvelles et qui évite les sentiers battus ; à vrai dire, on se demande si c'est même de la musique. Dans les quatre actes qui constituent cette partition, on ne rencontre pas une idée fraîche ou seulement saisissable, pas l'ombre d'un dessin mélodique, pas huit mesures qui vous entrent dans l'oreille ; c'est le néant, le vide absolu. L'auteur, qui fait de la critique à ses moments perdus et volontiers se montre dur envers ses confrères, qu'il prétend régenter, devrait être plus sévère envers lui-même. Trouve-t-on du moins une compensation à la complète absence d'idées dont il fait preuve, à l'absolue pauvreté de son inspiration ? Aucune. Son harmonie est flasque ou sans raison tourmenté, son orchestre est veule, sans personnalité, d'une sonorité médiocre, sans un seul détail piquant ou intéressant. Lorsqu'on veut prendre à Wagner sa forme et ses procédés, quand ou veut s'épargner la peine de construire des morceaux et de leur donner un plan, quand on prétend ne faire que de la déclamation (ce qui, par parenthèse, est beaucoup plus facile), il faut aussi s'efforcer d'acquérir les nobles qualités du maître. Mais si, comme c'est ici le cas, la déclamation est molle et sans consistance, si la modulation, maladroite et inexpérimentée, manque de relief et de saveur, si l'orchestre n'a ni le nerf, ni l'éclat, ni la couleur nécessaires, et si, par surcroit, l'inspiration fait complètement défaut, que reste-t-il ? M. Bruneau avait au moins une bonne occasion de montrer ses qualités de mélodiste et de symphoniste ; je veux parler du grand ballet qui forme tout un tableau de cet étrange opéra de Messidor. Eh bien, il en faut bien convenir, ce ballet est manqué d'un bout à l'autre, et le caractère de la musique est tel qu'on se demande même comment il est possible de danser sur une musique à ce point dépourvue de couleur, de rythme et de mouvement.
La carrière de Messidor a été courte, et complet a été l'échec subi par les auteurs. C'est pour eux une épreuve à recommencer. Ils n'ont pas eu toutefois à se plaindre de leurs interprètes, qui ont fait tous leurs efforts pour défendre l'oeuvre contre la mauvaise humeur du public. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MESSIE (LE)
[Messiah]
Oratorio anglais en trois parties, musique de Georg Friedrich Händel, composé à Londres en 1741 sur un livret de Charles Jennens d'après la Bible. Version française de Victor Wilder exécutée à Paris, au Cirque des Champs-Elysées le 14 janvier 1875 par la Société de l'Harmonie sacrée sous la direction de son fondateur Charles Lamoureux, avec Mmes Jenny Howe, Brunet-Lafleur, Baldi (sopranos), J. Patey (contralto), MM. Prunet (ténor), L. Lauwers, Auguez (basses).
MÉTAMORPHOSES DE TARTEMPION (LES)
Opérette en un acte d'Hervé, représentée aux Folies-Bergère le 01 janvier 1870.
MÉTEMPSYCOSE DES AMOURS (LA) ou LES DIEUX COMÉDIENS
Comédie en trois actes, en vers libres, avec un prologue et des intermèdes, paroles de Dancourt, musique de Mouret, représentée aux Français le 17 décembre 1717.
MEUNIER (LE)
Opéra-comique, musique de Vachon, écrit vers 1765, non représenté.
MEUNIER D’ALCALA (LE)
Opéra-comique en trois actes et quatre tableaux, livret français d’Eduardo Garrido et Armand Lafrique, musique de Justin Clérice, représenté à Lisbonne, sur le théâtre de la Trinité, le 11 avril 1887. L'auteur est un jeune musicien argentin qui a fait ses études à Paris.
MEUNIER DE MARLINAC (LE)
Opéra-comique, musique de M. Jesper, représenté au théâtre de la Cour, à Darmstadt, en février 1863. Sous un pseudonyme, M. le comte de Reiset, ministre de France près la cour de Hesse-Darmstadt, a fait représenter ce petit ouvrage de sa composition.
MEUNIER DE MÉRAN (LE)
Opéra-comique, musique de Friedrich von Flotow, représenté à Berlin en août 1859 ; plus tard à Cobourg, traduit en français par Gustave Oppelt, et à Hambourg en décembre de la même année.
MEUNIER DE SCAËR (LE)
Opérette en un acte, musique de Gabriel Sinsoilliez, représentée au Grand-Théâtre de Lille le 10 mai 1866.
MEUNIER, SON FILS ET... L'AUTRE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Francis Tourte, musique d’Émile Ettling, représentée au Casino de Contrexéville le 09 août 1875. Chanté par Cyriali et Mlle Marcus.
MEUNIÈRE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Scribe et Mélesville, musique de Manuel Garcia, représenté au Gymnase-Dramatique le 16 mai 1821 avec Mmes Esther Dormeuil (Juliette de Préval), Virginie Déjazet (Adeline de Préval), Lalande (Thérèse) ; MM. Gontier (Alfred de Cernay), Pitrot (Pierre), Frédéric (Williams).
MEUNIÈRE DE GENTILLY (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Pierre-René Lemonnier, musique de Jean-Benjamin de Laborde. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 13 octobre 1768.
MEUNIÈRE DE MARLY (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville, musique de Maurice Lefèbvre. Première à la Monnaie de Bruxelles le 13 décembre 1889 avec Mmes Falize, Neydt, MM. Badiali, Nerval.
MEUNIÈRE DE SAVENTHEM (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Michel, représenté au Théâtre Royal de Liège en mars 1872.
MEUNIÈRE SANS-SOUCI (LA)
Opérette en un acte, livret d’Auguste Carré, musique d’Ernest Boulanger (1863).
MEUNIERS (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de M. Patrie, représenté au Cercle dramatique et symphonique de Bruxelles en novembre 1867.
MEXICAIN (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Couailhac, musique de Sinsoilliez, représenté à Lille le 23 mars 1887.
MEXICO
Cantate, paroles d'Edouard Fournier, musique de Gastinel, donnée au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 août 1863.
« Après avoir remporté le prix de Rome en 1846, M. Gastinel a essayé de prendre rang parmi nos compositeurs dramatiques ; mais jusqu'à présent il a mieux réussi dans la musique de chambre et dans la musique religieuse que dans l'opéra.
La distribution dans la salle de la cantate Mexico fut interdite par suite de l'impression de ce vers que chantait la France : « Sois au Sud aujourd'hui, mais cours au Nord demain ! », vers qui avait été supprimé par la commission d'examen, comme renfermant une allusion politique. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MEYEL
Opéra, livret de M. Cardon, musique d’Aristide Spinazzi, représenté au théâtre national d'Alger en avril 1894.
MIARKA
Comédie lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Jean Richepin, musique d’Alexandre Georges. Création à l'Opéra-Comique le 07 novembre 1905. Première à l'Opéra le 16 janvier 1925. => fiche technique
MICHEL-ANGE
Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne-Joseph-Bernard Delrieu, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 11 décembre 1802, avec Mmes Scio-Messié, Saint-Aubin, MM. Elleviou, Chénard, Dozainville.
« Il ne s'agit pas ici du Michel-Ange de Giorgio Vasari et de la tradition. Quoique ce livret n'ait pas le sens commun, il est assez intéressant. Michel-Ange, âgé alors de vingt-quatre ans, est amoureux de Fiorina, fille du Pérugin et pupille de Scopa, picturomane, dont les tableaux sont la risée des artistes de Florence ; mais Scopa est riche et il a des amis. Il veut épouser Fiorina. Michel-Ange, grâce aux intelligences qu'il a dans la place et à la niaiserie de Pasquino, s'introduit chez le peintre comme broyeur de couleurs. Et là il fait un beau portrait de sa Fiorina ; puis il exécute la clause du testament de Pérugin, par laquelle la main de la fille du grand peintre est accordée à l'artiste qui terminera avec succès un ange exterminateur laissé inachevé par lui. Fiorina est adjugée à Michel-Ange à l'unanimité, et Scopa lui-même souscrit au jugement. La musique que Niccolo a écrite sur ce léger canevas est très agréable. Elle est vive, spirituelle et dépasse de beaucoup par la finesse des intentions les situations du livret. L'ouverture offre, après un cantabile mélodieux, un presto charmant de gaieté et de verve, comme savait les écrire l'auteur de Joconde. Tous les morceaux sont jolis. D'abord le duo de Fiorina et de Zerbine : Douce mélancolie ; l'air de Michel-Ange : Amour, retrace-moi les traits de Fiorina, qui est remarquable, moins toutefois par l'imitation puérile des coups de pinceau du peintre au moyen des quadruples croches des violons au commencement de chaque mesure que par l'ampleur de l'allegro : Talent divin, art enchanteur ! le duo de Michel-Ange et de Zerbine : Son embarras me plaît, m'enchante, est d'un tour galant et gracieux qui ne le cède pas aux meilleurs de Boieldieu dans ce genre. La barcarolle m'a paru médiocre. Le quinque dans lequel Fiorina apprend, de la bouche même de Michel-Ange, le récit de sa mort supposée et se livre, en présence de son tuteur, à une douleur simulée, est d'un excellent caractère ; c'est là de la comédie musicale digne de la meilleure école italienne. Nous signalerons encore le chœur des peintres dans le finale. Ajoutons que les dessins de l'accompagnement sont perpétuellement variés et que la mélodie y abonde ; c'est une fête pour l'oreille. Nous ne doutons pas que, si l'on reprenait l'opéra de Michel-Ange dans une petite salle avec un bon orchestre, un bon ténor pour chanter le rôle d'Elleviou, et une bonne première chanteuse pour celui de Mme Scio, il aurait beaucoup de succès auprès des amateurs, la part faite à la couleur peu historique du livret.
Michel-Ange fut le premier ouvrage qui fixa l'attention sur les œuvres de Niccolo Isouard, arrivé de Malte à Paris depuis trois ans. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MICHEL CERVANTES
Opéra-comique en trois actes et en prose, paroles de Gamat, musique de Foignet, représenté au théâtre Louvois en 1794.
MICHEL COLUMB
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Ropartz, musique de M. Thielmans, représenté à Rennes en mars 1867.
MICHEL COLUMB
Opéra en quatre actes, livret de Louis Gallet et Lionel Bonnemère, musique de Louis Bourgault-Ducoudray, exécuté sous forme de concert, le 07 mai 1887, à Bruxelles.
MICHEL LE MARIN
Opéra-comique en un acte, musique de M. Jahn, chef d'orchestre du théâtre, représenté à Anvers en février 1873.
MICHELINE ou L'HEURE DE L'ESPRIT
Opéra-comique en un acte, livret d’Amable Villain de Saint-Hilaire, Michel Masson et Théodore de Villeneuve, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 29 juin 1835.
« Le page Urbain, le paysan Macloud, le sorcier, la fiancée, le droit du seigneur, Mme Pradher, Féréol, Couderc et la musique d'Adolphe Adam, tout cela a passé. Il n'est resté de cet ouvrage ni une note ni un souvenir. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MIDAS
Opérette en trois actes et cinq tableaux, jouée sur le théâtre de la Corbie (Somme) dans le mois de septembre 1873. Les auteurs de cette bouffonnerie mythologique ont gardé l’anonyme.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MIDAS
Opéra bouffe en quatre actes, représenté au théâtre de Saint-Quentin le 6 février 1880. Les auteurs ont gardé l’anonyme.
MIDAS AU PARNASSE
Opéra-folie en un acte, paroles de Planterre, musique de Dedieu, représenté sur le théâtre du Palais (Cité-Variétés) le 7 janvier 1793.
MIETTE
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau, musique d’Edmond Audran, représentée au théâtre de la Renaissance le 24 septembre 1888. Interprètes : MM. Maugé, Morlet, Charles Lamy Mmes Antonia Aussourd, Mathilde, Burty.
MIETTE LACMEL
Tragédie lyrique en quatre actes, musique de Lucien Chevaillier, créé au Théâtre de Strasbourg le 04 décembre 1922 avec Mlles Mancini, Dietz ; M. Danse.
« On y voit deux princesses, la femme et la fille du prince Lacmel, se réfugier pour fuir la peste chez le comte de Belsan ; celui-ci devient vite amoureux de la jeune fille, qui, malgré sa mère, finit par épouser le comte. Lucien Chevaillier, qui suppléa longtemps Lavignac au Conservatoire de Paris, fut appelé récemment à Strasbourg comme professeur. Sa musique peut être très savante, sans nul ennui ; son orchestre reste modéré et permet aux voix d'atteindre le public. »
(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1923)
MIGNARDISE
Fantaisie en un acte, livret de F. Febvre et Michel Carré fils, musique de Francis Thomé, représentée au théâtre des Capucines le 30 janvier 1900.
MIGNON
Opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, livret de Jules Barbier et Michel Carré, d’après Wilhelm Meisters Lehrjahre (les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister) roman (1795-1796) de Johann Wolfgang von Goethe, musique d’Ambroise Thomas. Le « rondo gavotte » de l’acte II, écrit plus tard par Thomas pour Trebelli, est resté incorporé à la partition.
Personnages : Mignon (mezzo-soprano) ; Philine (soprano léger) ; Wilhelm Meister (ténor) ; Lothario (basse ou baryton) ; Laërte (baryton) ; Jarno (basse) ; Frédéric (ténor bouffe à l’origine ; contralto depuis que Trebelli l’a chanté à Londres) ; Antonio (basse) ; dames, bourgeois, valets, gitans, paysans, danseuses.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 novembre 1866, mise en scène d’Ernest Mocker, décors d’Edouard Despléchin, Auguste Rubé et Philippe Chaperon.
Mmes GALLI-MARIÉ (Mignon), Marie CABEL (Philine).
MM. Léon ACHARD (Wilhem Meister), Eugène BATAILLE (Lothario), COUDERC (Laërte), VOISY (Frédéric), BERNARD (Jarno), Pierre Julien DAVOUST (Antonio).
Chef d’orchestre : Théophile TILMANT.
100e représentation à l'Opéra-Comique le 18 juillet 1867 avec la distribution de la création, sauf : Mme CICO (Philine), MM. MELCHISSEDEC (Lothario) et PONCHARD (Laërte).
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22.10.1878 Opéra-Comique (500e) |
25.05.1887 Opéra-Comique (745e) (Incendie) |
13.05.1894 Opéra-Comique (1000e) |
24.04.1898 Opéra-Comique
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19.01.1900 Opéra-Comique (1209e) |
Mignon |
GALLI-MARIÉ |
MERGUILLIER |
Ch. WYNS |
Ch. WYNS |
Ch. WYNS |
Philine |
C. MEZERAY |
Cécile SIMONNET |
LANDOUZY |
LAISNÉ |
LAISNÉ |
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Wilhelm Meister |
FURST |
MOULIERAT |
MOULIERAT |
LEPRESTRE |
L. DAVID |
Lothario |
Guillaume BACQUIÉ |
TASKIN |
TASKIN |
ISNARDON |
F. VIEUILLE |
Laërte |
Auguste Armand BARRÉ |
SOULACROIX |
CARBONNE |
Maurice JACQUET |
DEVAUX |
Frédéric |
BARNOLT |
BARNOLT |
BARNOLT |
T. THOMAS |
THOMAS |
Jarno |
BERNARD |
BERNARD |
ARTUS |
DUFOUR |
HUBERDEAU |
Antonio |
Pierre Julien DAVOUST |
Pierre Julien AVOUST |
Eugène THIERRY |
Etienne TROY |
GOURDON |
le Souffleur |
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Chef d'Orchestre |
LAMOUREUX |
J. DANBE |
J. DANBE |
J. DANBE |
GIANNINI |
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11.10.1925 Opéra-Comique (1584e)* |
25.03.1928 Opéra-Comique (1617e)* |
05.02.1933 Opéra-Comique (1665e)** |
02.05.1939 Opéra-Comique (1749e) |
12.11.1943 Opéra-Comique (1759e) |
23.11.1952*** Opéra-Comique
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25.04.1953 Opéra-Comique (1852e) |
01.04.1955 Opéra-Comique (2000e)**** |
Mignon |
PRAZÈRES |
CERNAY |
DEVA-DASSY |
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Renée GILLY |
Marguerite MAS |
Solange MICHEL |
Solange MICHEL |
Philine |
Julienne MARCHAL |
Marcelle STACH |
PERRY |
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Nadine RENAUX |
Nadine RENAUX |
Nadine RENAUX |
Renée DORIA |
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Wilhelm Meister |
MARCELIN |
RAZAVET |
Victor PUJOL |
Louis ARNOULT |
Mario ALTÉRY |
Raymond AMADE |
Charles RICHARD |
Henri LEGAY |
Lothario |
MORTURIER |
DUPRÉ |
BALDOUS |
Paul CABANEL |
Jacques ROUSSEAU |
Charles CLAVENSY |
Charles CLAVENSY |
Pierre FROUMENTY |
Laërte |
ROUSSEL |
René HÉRENT |
DE CREUS |
POUJOLS |
René HÉRENT |
René HÉRENT |
René HÉRENT |
Jean VIEUILLE |
Frédéric |
GENIN |
CORNELLIER |
GENIO |
Victor PUJOL |
Mme Marthe SERRES |
Jacques HIVERT |
Jacques HIVERT |
Jacques HIVERT |
Jarno |
GILLES |
GILLES |
GILLES |
Gabriel JULLIA |
Gabriel JULLIA |
Gabriel JULLIA |
MAX-CONTI |
José FAGIANELLI |
Antonio |
ÉLOI |
ÉLOI |
POUJOLS |
Raymond GILLES |
Raymond GILLES |
MAX-CONTI |
Jean GIRAUD |
Jean GIRAUD |
le Souffleur |
Raymond GILLES |
LE PRIN |
LE PRIN |
LE PRIN |
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Chef d'Orchestre |
Elie COHEN |
Gustave CLOËZ |
Elie COHEN |
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Gustave CLOËZ |
Pierre CRUCHON |
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Jean FOURNET |
* Au 1er acte, Divertissement réglé par Mariquita : Danse Bohème par H. André, les Coryphées et les Dames du Ballet.
** Au 1er acte, Divertissement réglé par Carina Ary : Danse bohème par Solange Schwarz et le Corps de Ballet.
*** Au 1er acte, Ballet Bohémien réglé par Constantin Tcherkas : Mlle Madeleine Dupont, M. Serge Reynald, Mlles Janine Joly, Hélène Ustaritz, Janine Martin, Janine Renier, MM. Jean-Claude Dotti, Jacques Chazot, Alain Couturier, Jacques Rognoni.
**** Au 1er acte, Ballet Bohémien réglé par Constantin Tcherkas : Mlle Paule Morin, M. Serge Reynald, Mlles Lyna Garden, Georgette Jourdan, Janine Renier, Janine Joly, MM. Maurice Riche, Jacques Chazot, Alain Couturier, Michel Lainer.
Une série de représentations fut donnée à la Gaîté-Lyrique qui créa cet ouvrage le 19 janvier 1908 avec Mmes MARIÉ DE L'ISLE (Mignon), Jane GUIONIE (Philine), FAIRY (Frédéric), MM. FRANCELL (Wilhelm Meister), AZÉMA (Lothario) et Maurice CAZENEUVE (Laërte), sous la direction d’Auguste AMALOU.
La 1.500e représentation fut fêtée salle Favart le 25 mai 1919 avec :
Mmes Edmée FAVART (Mignon), Gabrielle RITTER-CIAMPI (Philine), Marcelle RAGON (Frédéric).
MM. David DEVRIÈS (Wilhelm Meister), Félix VIEUILLE (Lothario), DE CREUS (Laërte), ROSSEL (Jarno), ÉLOI (Antonio).
Chef d'orchestre : Paul VIDAL.
1833 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 625 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 9 en 1951, 9 en 1952, 5 en 1953, 3 en 1954, 10 en 1955, 12 en 1956, 11 en 1957, 8 en 1958, 2 en 1959, 9 en 1960, 6 en 1961, 4 en 1962, 7 en 1963, 8 en 1964, 5 en 1965, 3 en 1966, 2 en 1967, soit 1946 au 31.12.1972.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 29 mars 1867 avec Mmes Daniele (Mignon), Victorine Moreau (Philine), MM. Jourdan (Wilhelm Meister), Jamet (Lothario), Barbet (Laërte), Achard (Frédéric), Chappuis (Jarno).
Version allemande de Ferdinand Gumbert, avec récitatifs rajoutés par le compositeur.
Résumé.
Mignon est la touchante histoire d'une jeune fille, enlevée tout enfant par des Bohémiens. Elle retrouve son père, le vieux Lothario, en même temps qu'elle connaît l'amour en la personne de Wilhelm Meister, lequel, par pitié, l'a prise à son service. Le premier acte montre la rencontre de Mignon avec Wilhelm. Le deuxième, mettant en présence Mignon avec une redoutable concurrente, la comédienne Philine, s'achève par un incendie duquel Mignon est sauvée par Wilhelm. Le troisième amène le dénouement dans les lieux où Mignon passa son enfance, et où Wilhelm l'a conduite pour remettre sa santé gravement ébranlée.
L'action se déroule en Allemagne (actes I et II) et en Italie (acte III), vers 1790.
ACTE I. — Dans une ville d'Allemagne.
Au lever du rideau, on assiste à une réunion de bourgeois devant une taverne. Lothario paraît un instant, puis arrive une bande de bohémiens conduits par Jarno, Philine et Laerte, qui font partie d'une troupe de comédiens en détresse, se mettent au balcon pour jouir du spectacle. Après l'exécution d'une danse bohémienne, Jarno veut obliger Mignon à danser. Un voyageur, Wilhelm Meister intervient en sa faveur, ainsi que Lothario. Wilhelm fait connaissance avec Laerte puis Philine se présente et emmène Laerte. Mignon s'approche alors pour remercier Wilhelm qui l'interroge [Air de Mignon : Connais-tu le pays où fleurit l'oranger ?]. Wilhelm la rachète pour la sortir du triste milieu où elle vit. Lothario quitte aussi le pays, et ils se font leurs adieux [Duo Mignon-Lothario, dit « Duo des Hirondelles » : Légères hirondelles, oiseaux bénis de Dieu...]. Philine interrompt la scène par des éclats de rire, se plaisant à railler Frédéric, l'un de ses amoureux, et à exciter sa jalousie en reportant ses attentions sur Wilhelm.
La troupe de comédiens étant invitée à jouer au château du comte de Rosenberg, Philine décide Wilhelm à l'accompagner. Cédant aux instances de Mignon, Wilhelm la gardera en qualité de page, sous un costume de garçon. Frédéric et Lothario viendront également.
ACTE II.
1er TABLEAU : Un boudoir au château de Rosenberg.
Philine pense à Wilhelm qui ne tarde pas à arriver, accompagné de Mignon, que la belle comédienne voit d'un mauvais œil. Avertie par Lothario, celle-ci se tient sur ses gardes [Trio : Plus de soucis, Mignon...].
Pendant que Philine se prépare à entrer en scène, Wilhelm lui adresse mille propos galants. Tout à coup arrive Frédéric, qui, fou de jalousie, ne tarde pas à croiser le fer avec son rival. Mignon, qui a cédé entre temps à la tentation d'essayer une des robes de l'actrice, intervient et les sépare. Wilhelm est alors frappé de sa beauté ; il juge prudent de l'éloigner et lui fait ses adieux [Romance de Wilhelm : Adieu, Mignon, courage...]. La pauvre fille est au désespoir.
2e TABLEAU : Un coin du parc devant la serre du château où l'on joue « le Songe d'une nuit d'été ».
Mignon est là, dans l'ombre, torturée par la jalousie ; elle rencontre Lothario et se jette dans ses bras [Duo Mignon-Lothario : As-tu souffert ? As-tu pleuré ?].
Les artistes reparaissent. Philine est couverte d'éloges [Polonaise de Philine : Je suis Titania la blonde...].
Des cris s'élèvent : le château est en flammes. Dans un acte insensé, Lothario a voulu venger Mignon. Celle-ci est arrachée à l'incendie par son maître, qui l'emporte dans ses bras.
ACTE III. — Au château de Cypriani, sur les bords du lac de Garde.
Wilhelm veille sur Mignon qu'il a fait transporter, gravement malade, dans cette demeure tranquille où le vieux Lothario a voulu les accompagner [Romance de Wilhelm : Elle ne croyait pas dans sa candeur naïve...].
Tout à coup, Laerte se présente et annonce que Philine l'a suivi en Italie, mais qu'il s'efforcera de l'éloigner. Mignon se réveille et Wilhelm la reçoit dans ses bras [Duo Mignon-Wilhelm : Je suis heureux, l'air m'enivre...].
La raison du vieux Lothario s'éclaire alors ; il reconnaît là son ancienne demeure, pénètre dans une des salles, en revient vêtu d'un riche costume et lève le voile sur ce drame mystérieux : Mignon n'est autre que sa fille, Sperata, enlevée tout enfant par des Bohémiens.
Wilhelm épousera Sperata et Philine couronnera la flamme de Frédéric.
Il existe une autre version française de ce dénouement, avec un tableau supplémentaire dans lequel figure la Forlane de Philine qui apparaît déjà dans la péroraison de l'Ouverture mais présente évidemment le défaut de surcharger un rôle déjà passablement orné. Quant aux scènes allemandes, elles connaissent une troisième conclusion, dans laquelle (comme dans le roman de Goethe) Mignon succombe à la joie d'être unie à Wilhelm...
« Il semble que M. Thomas soit resté trop longtemps hors de la voie la plus favorablement ouverte à son genre de talent, à sa nature fine et distinguée. Ebloui peut-être par l'accueil fait à sa partition du Caïd, il a fait de trop longues concessions au genre de l'opéra-comique. Son organisation, douée d'une sensibilité exquise, se repliant volontiers sur elle-même pour retrouver une nuance nouvelle de sentiment, s'accommodait mal des allures de convention, des types usés par un long service à la scène ; tout cela ne lui convenait point. Pour plaire au public de l'Opéra-Comique, il ne faut pas faire le fier et le dédaigneux, ni reculer devant les procédés qui lui sont familiers ; il ne faut pas songer surtout à s'imposer autrement que par insinuation. Si le Caïd, ouvrage plus ingénieux que solide au point de vue du grand art, a obtenu un immense succès, d'autres, véritablement inspirés, tels que Psyché, ont échoué. Le Songe d'une nuit d'été, qui offre des beautés achevées, n'a obtenu qu'un demi-succès. C'est dans l'opéra de Mignon que M. Ambroise Thomas a pu donner un complet essor à ses facultés. C'est un ouvrage où dominent la grâce, le goût et le sentiment. Le compositeur s'est trouvé dans cet élément poétique, pittoresque, vraiment artistique, qui est le sien propre. Ses phrases mélodiques expriment bien les dehors de ses personnages, de Mignon, de Philine, de Wilhelm Meister, de Lothario, tandis que son harmonie peint avec bonheur leur caractère intime et le fond de leurs sentiments. Les auteurs du livret ont heureusement traité ce sujet difficile de Mignon, en ne s'inspirant pas moins des compositions d'Ary Schæffer, dont l'expression est si pénétrante, que du récit de Goethe, dans ses Années de voyage de Wilhelm Meister. L'histoire de Mignon a été complétée par une scène très pathétique au troisième acte. Une scène remarquable au point de vue littéraire, et traitée par le musicien avec l'inspiration la plus soutenue, est celle où Mignon rappelle à Wilhelm les seuls souvenirs de son enfance qui lui soient restés.
MIGNON.
Demain, dis-tu ? Qui sait où nous serons demain ?
L'avenir est à Dieu ! le temps est dans sa main.
WILHELM.
Quel est ton nom ?
MIGNON.
Ils m'appellent Mignon,
Je n'ai pas d'autre nom.
WILHELM.
Quel âge as-tu ?
MIGNON.
Les bois ont reverdi, les fleurs se sont fanées,
Personne n'a pris soin de compter mes années.
WILHELM.
Quel est ton père ? quelle est ta mère ?
MIGNON.
Hélas ! ma mère dort,
Et le grand diable est mort !
WILHELM.
Le grand diable ! que veux-tu dire ?
MIGNON.
C'était mon premier maître.
WILHELM.
Celui qui t'a vendue à cet homme !..... (L'examinant avec intérêt). Mais comment étais-tu tombée entre ses mains ? Parle ! Je puis peut-être venir à ton secours et t'arracher à cette vie misérable ! On t'a volée à ta famille, sans doute ? N'as-tu pas conservé quelque souvenir de ton enfance ? (Mignon le regarde sans répondre). Tu gardes le silence ! Tu n'oses te confier à moi !
MIGNON.
(Cherchant à rappeler ses souvenirs, et comme se parlant à elle-même.)
De mon enfance, une seule chose est restée gravée dans mon esprit, précise comme au premier jour. Je m'étais écartée de la maison de mon père et j'errais à l'aventure dans la campagne, quand je me vis entourée par des hommes à figure étrange. Je les suppliai de me ramener chez mon père, en leur indiquant le chemin qu'ils devaient suivre ; ils me le promirent et m'emmenèrent avec eux. Mais, la nuit, comme ils croyaient que je dormais, j'entendis l'un d'eux qui disait : « Elle pourra être utile ; il faut lui faire quitter son pays au plus vite !..... »
WILHELM.
Dis-moi donc quelles contrées tu as traversées pour venir jusqu'ici, vers quels lieux lointains tu voudrais être ramenée.
MIGNON.
I
Connais-tu le pays où fleurit l'oranger,
Le pays des fruits d'or et des roses vermeilles,
Où la brise est plus douce et l'oiseau plus léger,
Où dans toute saison butinent les abeilles ?
Où rayonne et sourit comme un bienfait de Dieu,
Un éternel printemps, sous un ciel toujours bleu ?
Hélas ! que ne puis-je te suivre
Vers ce rivage heureux d'où le sort m'exila !
C'est là que je voudrais vivre,
Aimer et mourir !... C'est là !....
II
Connais-tu la maison où l'on m'attend là-bas ?
La salle aux lambris d'or où des hommes de marbre
M'appellent dans la nuit en me tendant les bras,
Et la cour où l'on danse à l'ombre d'un grand arbre ?
Et le lac transparent où glissent sur les eaux
Mille bateaux légers pareils à des oiseaux ?...
Hélas ! que ne puis-je te suivre
Vers ce pays lointain d'où le sort m'exila !
C'est là que je voudrais vivre,
Aimer et mourir !... C'est là !....
WILHELM.
Ce pays enchanté dont tu parles, cette contrée heureuse dont ton cœur a gardé le souvenir, n'est-ce pas l'Italie, chère petite ?
MIGNON, rêveuse.
L'Italie !... je ne sais...
WILHELM, à part.
Etrange créature !
Le caractère rêveur et mélancolique de la musique et la poésie du récit et des couplets de Mignon ont un grand charme.
Le duo chanté par Mignon et Lothario :
Légères hirondelles
Oiseaux bénis de Dieu,
Ouvrez, ouvrez vos ailes,
Envolez-vous ! adieu !
forme un épisode gracieux, dont le succès a passé de la scène dans les concerts et les salons.
La partie divertissante de ce livret a aussi son mérite, et est de telle nature, qu'elle repose l'esprit sans nuire au caractère sérieux de l'ensemble de l'action. En voici un échantillon. Le comédien Laerte raconte les infortunes de ses camarades, que le spectateur a vus partir au finale du premier acte avec armes et bagages. Surprise par l'orage à une lieue du château où elle allait jouer la comédie, la troupe s'égare dans des chemins de traverse et tombe dans un marais.
PHILINE.
En vérité !...
LAERTE, déclamant.
Oui, madame, embourbés dans une grenouillère !
Schwartz y perd sa perruque.... avec sa tabatière ;
Aloysius, au milieu des jurons et des cris,
Manque de s'y noyer... avec ses manuscrits ;
Le fidèle carlin de la vieille Gudule
Voit nager sa maitresse... après son ridicule,
Veut les sauver tous deux, et périt sous les eaux !
Conrad enfin, Conrad, du milieu des roseaux,
Sort comme un dieu marin, et laisse dans la mare,
Le peu de voix qu'il doit à la nature avare !
PHILINE.
O malheureux Conrad !
LAERTE.
O regrets superflus !
Il éternue encor ; — mais il ne chante plus !
Bref... Sans le secours de quelques paysans qui ont bien voulu les aider à se tirer de là et les remettre sur le bon chemin, c'en était fait de nos amis !... — Que dites-vous de l'aventure ?... N'êtes-vous pas émue..., attendrie ?...
PHILINE, avec indifférence.
Pas du tout. — Qu'est-ce que cela me fait ?
LAERTE.
(Ils se regardent et éclatent de rire.)
Et à moi donc ?
PHILINE, déclamant.
Je ris de leurs malheurs, comme ils riraient des nôtres !
LAERTE.
Quand tout va bien pour nous, pourquoi songer aux autres ?
La partition est abondante en motifs bien caractérisés. Dans le deuxième acte, on remarque une charmante styrienne ; la romance de Wilhelm : Adieu, Mignon, courage ! le duo pathétique : As-tu souffert , as- tu pleuré ? Dans le troisième acte, la berceuse : De son cœur j'ai calmé la fièvre ; une jolie romance : Elle ne croyait pas dans sa candeur naïve, dont le refrain : O printemps, est une phrase large et inspirée. Nous signalerons encore un chœur nautique élégant et le duo d'amour entre Wilhelm et Mignon, où une mélodie expressive et une harmonie variée se prêtent un mutuel secours. Il y a peu d'ouvrages dans le répertoire moderne de l'Opéra-Comique qui émeuvent autant le spectateur que l'opéra de Mignon. Il a obtenu un grand succès en France et à l'étranger. Dans plusieurs villes de l'Allemagne, on a remplace le dialogue par des récitatifs dus à la plume de l'auteur. C'est sous cette forme que nous aurions préféré entendre l'ouvrage pour la première fois à Paris. Le personnage de Mignon a été interprété avec talent et de la manière la plus heureuse par Mme Galli-Marié. Les autres rôles ont été chantés par Léon Achard, Charles Bataille, Couderc, Bernard Voisy, Davoust, Mme Marie Cabel. La mise en scène a fait honneur à l'expérience et au goût de M. Mocker. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Principaux personnages : Wilhelm Meister ; Lothario ; Laërte ; Frédérick ; Mignon ; Philine.
Le premier et le deuxième actes se passent en Allemagne, le troisième en Italie, sur les bords du lac de Garde, vers 1790.
Mignon est la tille d'un seigneur italien, volée en bas âge par des tziganes et exhibée par eux comme danseuse sur les places publiques. Elle n'a plus de son enfance que des souvenirs confus. Depuis le rapt, le père de Mignon (dont le vrai nom est Sperata) est devenu fou et erre par les villes en chantant sous le nom de Lothario. Wilhelm Meister est un jeune Allemand relativement fortuné, poète à ses heures, qui court le monde en quête de sensations et d'aventures.
Au premier acte, nous sommes dans une ville d'Allemagne où vont se rencontrer la troupe de tziganes dont Mignon fait partie. Wilhelm Meister et une compagnie de comédiens en détresse, dont font partie Philine et Laërte. Les tziganes donnent une représentation en présence des comédiens, et leur chef Jarno ordonne à Mignon de danser. Dans un mouvement de fierté l'enfant s'y refuse et Jarno lève la main sur elle quand survient Wilhelm Meister qui l'en empêche. Le vieux Lothario, témoin de la scène, témoigne une paternelle sympathie à la pauvre fille.
Philine est une coquette qui est courtisée par un gamin du nom de Frédérick, neveu du baron de Rosenberg, un grand seigneur du voisinage. Elle se ferait volontiers aimer de Wilhelm Meister, histoire d'éprouver sa puissance, et elle est à deux doigts d'y réussir, en dépit des avertissements que prodigue au pauvre poète le comédien Laërte.
Mignon se prend pour son protecteur d'une reconnaissance sans bornes, qui est en réalité — mais elle ne s'en rend pas compte — de l'amour. Wilhelm n'éprouve pour elle au début qu'une tendre sympathie, qui se changera peu à peu en un sentiment plus tendre. Pour soustraire l'enfant aux brutalités de Jarno, il paie sa rançon et voudrait la confier à une parente ; mais Mignon le supplie de l'emmener en qualité de page, sous un costume de garçon. Il finit par y consentir.
A la fin de l'acte, grande nouvelle pour les comédiens : le baron de Rosenberg les invite à donner quelques représentations à sa résidence. Philine demande à Wilhelm de l'accompagner. Elle sera suivie également par Frédérick, et Mignon suivra son maître. Quant à Lothario, il suivra Mignon, d'instinct, si bien que tous les personnages se trouvent réunis au second acte chez le baron de Rosenberg.
Philine continue son jeu dangereux auprès de Wilhelm sans s'apercevoir de la jalousie qui dévore la pauvre Mignon. A vrai dire Wilhelm ne s'en aperçoit pas davantage. Frédérick, affolé par la coquetterie de Philine, provoque Wilhelm en duel, mais le combat est empêché par Mignon, que le bruit force à sortir du cabinet de toilette de Philine, où elle avait cédé à la tentation de revêtir une robe de la comédienne. Philine comprend alors qu'elle a une rivale et demande à Wilhelm de renvoyer la jeune fille. Mignon est au désespoir.
Le décor change et représente le parc devant la serre du château où a lieu une représentation du Songe d'une nuit d’été. Mignon est là dans l'ombre, torturée par la jalousie et commençant à connaître la haine. Elle rencontre Lothario, le pauvre fou, et devant lui appelle le feu du ciel sur le théâtre où l'on applaudit Philine. Lothario retient cette imprécation et sans mot dire va incendier la serre, pendant que spectateurs et acteurs en sortent, la représentation terminée. Lothario vient annoncer à Mignon qu'il a exaucé sa prière. Affolée à l'idée de ce qu'elle a fait, la malheureuse se précipite dans le bâtiment embrasé. Mais Wilhelm l'a vue. Il court après elle et réussit, au péril de sa propre vie, à l'arracher à la mort.
Après ce drame, Wilhelm a fait transporter la pauvre Mignon, dont la santé est gravement ébranlée, dans un château vacant sur les bords du lac de Garde. Avec Lothario, il veille tendrement sur les jours de la malade. Il croit avoir échappé à Philine, qui lui est devenue indifférente. Il connaît maintenant son propre cœur ; il sait aussi que Mignon l'aime. Sans le savoir il a ramené la pauvre créature aux lieux qui l'ont vu naître. Ce milieu familier rappelle peu à peu Lothario à la raison ; Mignon, guérie, finit par se souvenir elle aussi. En vain Philine viendra-t-elle relancer Wilhelm jusque dans cette retraite, tout s'achèvera comme vous le pensez : en un dernier tableau qui représente les bords du lac de Garde, Wilhelm présentera Mignon, ou plutôt Sperata, à tous comme sa femme, Lothario sera reconnu comme le maître du lieu, marquis de Cypriani, et Philine, qui n'avait jamais vraiment aimé Wilhelm, souhaitera bonne chance aux amoureux et couronnera la flamme de Frédérick. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« C’est encore dans l'œuvre de Goethe que Jules Barbier et Michel Carré, les heureux adaptateurs du Faust, sont allés chercher Mignon, petit conte extrait des « Années d'apprentissage de Wilhelm Meister », composition romantique et poétique — d'une époque où l'on regardait encore l'Allemagne de la légende à travers Mme de Staël.
La partition est signée Ambroise Thomas, un de nos plus anciens compositeurs de la période dite cependant « contemporaine », né à Metz en 1811, « l'année de la Comète, si fertile en produits excellents ». Il a donné en collaboration avec les mêmes auteurs, d'après Shakespeare : Hamlet et le Songe d'une nuit d'été ; un excellent petit ouvrage lyri-comique de la vieille école, le Caïd, dont le succès fut énorme ; et Mignon, de nos jours un peu délaissée, mais qui a battu pendant longtemps tous les records de recettes à l'Opéra-Comique — où le rôle a été créé par Mme Galli-Marié, le 17 novembre 1866. A cette date, on ne croyait pas que la « nouveauté » en question dépassât jamais la trentième.
Un des plus terribles sinistres enregistrés par les annales dramatiques a éclaté salle Favart, le 25 mai 1887, au cours d'une des représentations de cette pièce où l'on simule précisément l'incendie d'un théâtre ! C'est vraiment pousser un peu loin le respect de la mise en scène. Mais on assure toutefois que celle-ci n'y fut pour rien.
Mignon est une enfant volée par des gitanes qui la produisent en public. Elle est née « au pays où fleurit l'oranger », fille d'un grand seigneur frappé d'aliénation mentale à la suite de sa disparition — et qui, depuis, bat le pays inconsciemment, à sa recherche, en chantant lui-même sous le nom de Lothario. Mignon suit le destin de la colonie errante, s'efforçant à rassembler ses souvenirs assez vagues — et l'orgueil de sa race, insensiblement, se manifeste, cabré sous les coups du chef bohémien qui veut brutalement l'obliger de danser. Au hasard de leurs pérégrinations, les tziganes font la rencontre d'une troupe de comédiens ambulants — sorte de chariot de Thespis échappé du « Roman comique » — ce qui est prétexte à joute artistique entre les deux compagnies. Jarno, le maître de Mignon, ordonne à l'enfant d'exhiber ses talents chorégraphiques ; et comme elle s'y refuse énergiquement, il lève un bâton sur elle — lorsque intervient le cavalier Wilhelm Meister, poète en promenade. Wilhelm rachète Mignon, et lui rendrait la liberté, agrémentée de quelques pièces d'or, si sa petite protégée ne le suppliait de la garder auprès de lui sous un costume d'écuyer. Le jeune homme accepte sans trop y prendre garde — tout occupé qu'il est des doux yeux et du joli rire de Mlle Philine, la coquette de la troupe. Philine, joyeuse fille, est déjà courtisée par Frédérick, fils de famille à sa poursuite. Mais elle aime la fleurette. En vain le comédien Laërte, qui la connaît bien, prodigue-t-il des avis sages à l'amoureux Wilhelm — le poète n'en a cure ; et Mignon, qui commence à se prendre pour lui d'une reconnaissance voisine de la passion, sent s'éveiller sa jalousie. Le mystérieux nomade Lothario s'évertue à la consoler.
Cependant, un parent du léger Frédérick — le baron de Rosenberg — a convié les comédiens à donner dans son château quelques représentations de gala. C'est un succès pour Philine, dans le rôle de Titania du « Songe d'une nuit d'été ». La coquette, dans son élément, exaspère la rivalité de Wilhelm et de Frédérick au point de les dresser l'un contre l'autre en une altercation qu'une provocation termine. Mignon surgit soudain, qui les sépare. Elle s'était cachée dans un cabinet de toilette où elle n'avait pu résister à l'envie d'essayer une des robes de Philine. Celle-ci la taquine imprudemment... La petite bohème est demeurée sauvage. Elle se sauve dans le parc où l'on a dressé le théâtre et appelle les foudres du ciel sur le triomphe de Philine... Le mystérieux chanteur Lothario, qui vagabondait par là, surprend ce mauvais souhait — lequel prend bientôt pour lui les proportions d'une idée fixe : il arrête Mignon, sur le point de se jeter à l'eau, puis, tout de go, s'en va tranquillement mettre le feu à la maison... Les acteurs et les spectateurs se précipitent affolés... Mignon, éperdue de remords, s'est élancée dans le brasier. — Mais Wilhelm la sauve encore une fois.
Ces secousses successives ont éclairé le jeune cavalier sur ses propres sentiments. Il emmène la pauvre petite, dangereusement déprimée, sous le ciel bleu de l'Italie. Lothario s'est attaché à leurs personnes — et voici, peu à peu, sous l'influence du climat et du milieu, que l'insensé revient à la raison, et la malade à la vie... Le soleil du pays natal achève l'œuvre bienfaisante : Mignon tombe éblouie dans les bras du vieillard qui reconnaît en elle sa fille chérie, Sperata, tandis que lui-même est salué comme le marquis de Cypriani... Soudain, l'on entend retentir la légère chanson de Philine... et déjà Sperata sent renaître en son cœur les alarmes de Mignon. — Mais cette fois, Wilhelm Meister est sûr de son amour, et il l'épousera... tandis que Laërte, le comique de la tournée, se charge d'éloigner la coquette ; sans rancune, elle offre sa main à son amoureux Frédérick.
Le dernier tableau, qui célèbre cette entente cordiale avec Philine, est quelquefois escamoté. C'est dommage : la rieuse Titania serait plutôt un personnage sympathique... tandis que cette petite Mignon n'a pas la jalousie très bonne fille.
Il existe en outre une version d'Ambroise Thomas qui s'aggrave du décès de Mignon, conformément à la conclusion du poète allemand. On y a renoncé, comme pour Mireille. Mais il est de fait que la catastrophe finale est une loi de l'opéra, même comique. En matière de musique, tout est bien qui finit mal — les grandes douleurs s'exprimant avec une harmonie d'accents particulièrement intense... Il y a « mélo », dans mélodie ; les compositeurs les plus gais aiment à nous conter « pleurette ».
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MIGNONNE
Opérette en un acte, musique de M. Moniot, représentée aux Bouffes-Parisiens en décembre 1876.
MIGNONNETTE
Vaudeville-opérette en trois actes, paroles de Georges Duval, musique aimable et gracieuse de Georges Street, représenté au théâtre des Nouveautés le 03 octobre 1896. La pièce était connue un peu tard pour attirer l'attention du public, sans apporter d'ailleurs avec elle aucun élément de véritable fantaisie ; la partition, sans afficher de prétentions inutiles, était fine et soignée. Interprètes : MM. Germain, Guyon, Tarride, Lauret, Mmes Filliaux et Aimée Martial.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MIGUELA
Opéra en trois actes, musique de Théodore Dubois.
Cet ouvrage n'a jamais été représenté intégralement.
Première audition, en oratorio, le 2e tableau du 3e acte seulement, sous le titre de Circé, aux Concerts Lamoureux, le 23 février 1898, avec Mme Jane MARCY (Miguela), MM. LAFARGE (Fray Juanito), BAILLY (Hernandez), BLANCARD (Fray Domingo), sous la direction de Charles LAMOUREUX.
Première fois au Palais Garnier (Prélude et 2e tableau de l'acte 3 seulement), le 18 mai 1916, dans une mise en scène d’Octave Labis.
Mme Marcelle DEMOUGEOT (Miguela).
MM. CAMARGO (Fray Juanito), LESTELLY (Hernandez), NARÇON (Fray Domingo).
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER
Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.
1914
Drame lyrique en deux actes et deux tableaux, livret de Georges Garnir, musique de François Rasse, représenté à la Monnaie de Bruxelles le 28 mars 1919 avec Mmes Suzanne Storga (Thérèse), Richardson (la femme), Merck (la supérieure), Prick (le gamin), Despy (la gamine), Talma (l'infirmière), Gianini (la religieuse), MM. Demarcy (le soldat), Grommen (le vieux), de Trévi (le sergent), Dognies (l'officier anglais).
MILICIEN (LE)
Comédie en un acte, livret de Louis Anseaume, musique d’Egidio Duni. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 29 décembre 1762. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 01 janvier 1763.
« La pièce appartient au genre naïf, que nous appellerons volontiers le genre niais. Le paysan Lucas veut épouser Colette, moins par amour que par intérêt. Un recruteur nommé Labranche, dont l'officier est aimé de la jeune paysanne, favorise les deux amants en faisant signer à Lucas un engagement en bonne forme, au lieu d'une déclaration dont il a fait semblant de lui dicter la teneur. Le pauvre Lucas est enrôlé et mis en sentinelle. Voyant, pendant sa faction, son rival Dorville enlever sa maîtresse, il quitte son poste pour voler à son secours. C'était un coup monté, et notre homme est arrêté et jugé comme déserteur. Au moment d'être passé par les armes, il renonce à la main de Colette, pour obtenir sa grâce, et il la supplie même d'épouser son rival. Il y a quelques scènes assez plaisantes, celles de la poltronnerie de Lucas et la description d'une bataille, par exemple ; mais l'invraisemblance de l'engagement involontaire de Lucas dépasse les limites, assez peu étroites cependant, qu'on attribue à l'opéra-comique. La musique de Duni n'est pas du tout méprisable, et ce compositeur mérite d'être placé dans un bon rang parmi les musici minores. Il a de la vivacité et du trait. Son harmonie est correcte ; mais son instrumentation est pauvre et ses idées souvent communes. Le Milicien n'a pas d'ouverture. L'ouvrage commence par un assez bon duo entre Colette et Lucas : Quoi ! sans cesse ! quoi ! Lucas me poursuivra. Un des meilleurs morceaux est l'ariette de Colette en sol mineur : Quand l'amour est content ; elle est gracieusement accompagnée par les hautbois et par un contre-point joué sur les violons. L'allegretto : Ces oiseaux de passage, offre des vocalises assez difficiles pour le temps. L'air de Lucas : Oh ! finis, Colette ! a de l'expression, et la mélodie en est plus distinguée que le reste. Le trio qui suit : Il faut marcher, est bien traité. Nous signalerons encore l'air chanté par Labranche : Ah ! c'est un tour pendable ; la scène de la faction : Qui va là ? et le vaudeville de la fin de la pièce. En somme, le Milicien est un petit opéra-comique que les amateurs de musique rétrospective entendraient avec plaisir. Il a obtenu autrefois un vrai succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MILLE ET DEUXIÈME NUIT (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Paul Burani et Pierre Richard (Richard Lesclide), musique de Lucien Poujade, représenté au grand Théâtre de Reims le 27 décembre 1882, puis à Paris, Théâtre Lyrique du Château d’Eau, le 08 juillet 1885.
MILLION DU BOUIF (LE)
Opérette en trois actes, livret de Georges de La Fouchardière, couplets de Hugues Delorme, musique d'Edouard Mathé, créée aux Folies-Dramatiques le 29 avril 1924.
MILLIONNAIRE !
Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1869.
MILTIADE À MARATHON
Opéra en deux actes, paroles de Guillard, musique de Jean-Baptiste Lemoyne, représenté à l'Opéra de Paris le 05 novembre 1793 [15 brumaire an II], avec Lainé (Miltiade), Chéron (Callimaque), Dufresne (Aristide), Lefèvre (un Courrier); Mlle Maillard (Théonice), Mlle Gavaudan (Télèphe).
MILTON
Opéra en un acte, livret d’Etienne de Jouy et Michel Dieulafoy, musique de Gaspare Spontini. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 novembre 1804 (6 frimaire an XIII). Un épisode de la vie du célèbre poète anglais a fourni le sujet du poème. Vieux, aveugle et persécuté, Milton est réfugié chez un quaker de ses amis, nommé Godwin. C'est là que se rend lord William Davenant, attiré à la fois par son amour pour Emma, la fille du poète, et par le désir de négocier la rentrée en grâce de celui-ci avec Charles IL Cette pièce de demi-caractère offre une intrigue agréablement conduite, traitée avec convenance et bon goût. Spontini se releva à la première représentation de cet ouvrage de la chute de la Petite Maison, que l'imprudence d'Elleviou avait fait écrouler six mois auparavant. Ce chanteur avait compris tout le mérite de Spontini, et il avait eu le tort de vouloir imposer sa conviction au public. Toutefois, ce n'était pas encore par la partition de Milton que le compositeur devait conquérir ses droits à l'admiration de ses contemporains, quoiqu'elle offrît des parties fort remarquables et que assurément elle soit une des œuvres de ce temps qui pourraient être reprises avec chance de succès. L'ouverture, qui est en ré, est charmante. Le premier air de Charlotte est écrit trop haut, surtout pour une seconde chanteuse ; le même défaut se remarque dans le trio suivant entre Charlotte, Arthur (Davenant) et Godwin ; la romance d'Emma : J'aurai le sort de la fleur du désert, est d'une simplicité touchante et l'accompagnement est d'une suavité exquise ; l'hymne au Soleil, chanté par Milton, fait pressentir la prière de la Vestale. Il est douteux que Solié, chargé du rôle, l'ait bien interprété. L'air écossais : Quittez les riantes campagnes, est arrangé successivement en duo et en trio avec beaucoup de goût. Nous signalerons encore le quatuor : Quels traits, quelle grâce touchante ! et le quintette dans lequel le poète, par son improvisation, amène sans le savoir le dénouement. On voit que Jouy avait cherché à ménager à son collaborateur des situations de nature à favoriser ses nobles aspirations. L'opéra de Milton est resté assez longtemps au répertoire de l'Opéra-Comique, mais le personnel de ce théâtre pouvait difficilement y maintenir une œuvre lyrique de ce caractère, qui eût été mieux placée au grand Opéra ou à l'Opéra italien. Spontini a eu la pensée d'agrandir le cadre de sa composition, car il a joint à sa partition française une traduction italienne de Luigi Balochi et des récitatifs qui en font un opéra semi-séria ; telle est la forme véritable sous laquelle cet ouvrage devra reparaître, si on se soucie encore des belles choses passées. Solié, comme nous l'avons dit, chantait le rôle du poète, M. et Mme Gavaudan, ceux de lord Davenant et d'Emma, Chenard celui du quaker Godwin, et enfin Mme Crétu, miss Charlotte.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MIMI PINSON
Vaudeville-opérette en trois actes, livret d'Emile Blavet et Alfred Delilia, musique d'Hervé.
« Le compositeur Hervé, mort il y a quelques mois, a laissé la partition d'une opérette en trois actes complètement achevée, Mimi Pinson, sur un livret de MM. Emile Blavet et Alfred Delilia. Cet ouvrage sera représenté sur une des scènes de genre à Paris, l'hiver prochain. » [le Passe-Temps, 11 juin 1893]
MIMI-PINSON
Vaudeville-opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau et Arthur Verneuil, musique de Michiels, créée au Théâtre de Cluny le 14 mars 1882 avec Mmes Pauline Luigini, Irma Aubrys, MM. Guy, Pierre Joseph de Mesmaecker.
MIMOSA
Opérette en quatre actes, livret de Laurent Roche et Marc Sibert, musique d'Auguste Auphan et Peyhol. Création au Trianon-Lyrique le 24 janvier 1936 avec Mmes Janine Guise (Nelly), Rachel Landy (Odette), Simone Masson (Lisette), Marguerite Louvain (Flora) ; MM. Gaston Rey (Jean), Henri Marchand (Bob), J. Jousselin (Henri), Max Marrio (Noë). Chef d'orchestre : M. Frigara.
"L'indécis Jean, qui hésite entre l'entreprenante Odette et la tendre et jalouse Nelly, finit par fuir avec celle-ci au Mexique, pays fort visité par les héros d'opérette cette année ; tous les partenaires de la bande l'y rejoindront, et finalement c'est Odette elle-même, touchée par la sincérité de Nelly, qui enseignera à celle-ci la manière de reconquérir l'inconstant. Cette historiette, point très neuve, est ornée d'une musique qui ne l'est pas davantage, mais qui est du moins fort agréable en ce qu'elle suit fidèlement les traces d'Audran et Cie." (Larousse Mensuel Illustré, 1936)
Opéra-comique en trois actes, livret de Charles-Georges-Thomas Garnier, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 janvier 1780.
MINA ou LE MÉNAGE À TROIS
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 octobre 1843, avec Mmes Célestine Darcier (Mina), Marie Julie Boulanger (la Comtesse), Félix, MM. Gustave Roger, Mocker, Moreau-Sainti (le colonel).
« C'est une comédie fort bien faite au point de vue littéraire, mais dont les situations étaient trop compliquées pour l'œuvre du musicien. Mina est une jeune fille, victime d'une trahison ourdie par celui qui devait l'épouser, et qui est déjà l'époux d'une autre femme. Cette jeune fille trouve heureusement un libérateur. L'instrumentation de l'ouverture est ravissante. Après un dialogue entre les instruments à vent, traités avec une science ingénieuse des effets variés qu'ils peuvent rendre, arrive un allegro brillant et chaleureux dans lequel l'auteur a intercalé une belle mélodie exécutée par les violons. La partition est une de celles où le compositeur a le plus développé les qualités éminentes qui le distinguent. La mélodie est élégante, spirituelle et accompagnée avec une richesse de détails qu'on ne rencontre que dans les ouvrages de Meyerbeer. Nous signalerons le quintette qui commence par la gracieuse mélodie pour mezzo-soprano : Oui, je suis tremblante ; les couplets chantés par le jardinier Jacquet ; le finale délicieux du premier acte. Le morceau le plus saillant du second acte est l'air poétique de Mina : Le lever de l'aurore est plus beau dans les cieux. Mlle Darcier a interprété avec talent le rôle difficile et ingénu de Mina. Nul doute qu'avec vingt ans de plus d'éducation musicale, le public de l'Opéra-Comique ne fasse bon accueil à la reprise d'une œuvre aussi distinguée. Le troisième acte contient une jolie valse chantée et un remarquable quatuor terminé par un unisson d'un effet entraînant. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MINIATURE (LA)
Opérette en un acte, livret de M. Rémy, musique de M. Cieutat, représenté au Divan-Japonais le 30 décembre 1893.
MINOTAURE (LE)
Opérette bouffe en trois actes, livret de Charles Clairville et Adrien Vély, musique de Paul Marcelles, représentée au théâtre des Galeries-Saint-Hubert de Bruxelles en novembre 1902.
MINUIT
Opéra en trois actes, musique de Chelard, représenté sur le théâtre de la Cour, à Munich, au mois de juin 1831. Cet ouvrage avait été primitivement écrit à Paris pour le théâtre Ventadour. Chelard, étant allé s'établir en Allemagne, fit traduire le poème et obtint une véritable ovation. L'ouverture, les chœurs, un beau finale excitèrent l'enthousiasme du public. L'opéra de Minuit a eu pour interprètes une cantatrice alors en vogue, Mlle Schechner, et Mme Vespermann. Chelard avait été l'élève de Gossec, et avait obtenu le prix de Rome en 1811. Après le succès de grande estime que son opéra de Macbeth avait eu en 1827, malgré l'arrangement plus que médiocre que Rouget de Lisle avait fait de la pièce du grand poète anglais, on avait pu penser que Chelard serait devenu un de nos meilleurs compositeurs français. Il avait la science, il aimait son art avec passion, et joignait à ces qualités une conception élevée, un style ample et correct.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MINUIT
Opérette en un acte, paroles et musique d'Eugène Moniot, représentée aux Menus-Plaisirs le 14 février 1874.
MIRACLE (LE)
Drame lyrique en cinq actes, livret de Pierre-Barthélemy Gheusi et André Mérane, musique de Georges Hüe, créé à l'Opéra le 14 décembre 1910. => fiche technique
MIRACLE DE NAÏM (LE)
Drame sacré, poème de Paul Collin, musique de Henri Maréchal, exécuté par la Société chorale d'amateurs, pour laquelle il avait été spécialement écrit, le 27 janvier 1887. Les interprètes étaient Renée Richard et Jules Bosquin.
MIREILLE
Opéra-comique en cinq actes, livret de Michel Carré, musique de Charles Gounod. Création au Théâtre-Lyrique le 19 mars 1864. Première à l'Opéra-Comique le 10 novembre 1874. => fiche technique
MIRETTE
Opéra-comique en trois actes, livret de Michel Carré fils, musique d’André Messager. Création dans une version anglaise de Frederic E. Weatherly et Harry Greenbank, à Londres, au Savoy Theatre, le 03 juillet 1894. => partition
MIRLITONS
Vaudeville-revue en trois actes et sept tableaux, livret d’Ernest Blum, Henri Chabrillat, Alfred Duru et Henri Bocage, musique d'Auguste Cœdès, représenté aux Folies-Dramatiques le 17 avril 1876.
MIROIR (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Alfred Bayard et Davrecourt, musique de Léon Gastinel. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 19 janvier 1853. Canevas fort léger. Joli duo chanté par Jourdan et Mlle Talmon. Mlle Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] a chanté aussi dans ce petit acte.
MIROIR (LE)
Opérette en un acte, livret de Charles Nuitter, musique de Frédéric Barbier (octobre 1864). => fiche technique
MIROIR MAGIQUE (LE)
Féerie-ballet en trois actes, musique de J.-J. Debillemont, représentée à la Porte-Saint-Martin le 17 août 1876.
MISS BOUTON D'OR
Opérette en deux actes et sept tableaux, livret de Michel Carré fils, musique de Louis Ganne, représentée à l'Olympia le 14 octobre 1902.
MISS CHIPP
Conte fantastique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Michel Carré fils et André de Lorde, musique d’Henri Bérény, représenté aux Bouffes-Parisiens le 31 mars 1903.
MISS DOLLAR
Opérette en trois actes, livret de Charles Clairville et Albert Vallin, musique d’André Messager. Création au Nouveau-Théâtre le 22 décembre 1893. => fiche technique
MISS FAUVETTE
Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique de Victor Massé. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 février 1855. Un milord a pour voisine une jolie fleuriste qui chante du matin au soir. L'Anglais, peu dilettante, en a les nerfs agacés, et cherche les moyens d'empêcher miss Fauvette de chanter. La fable le Savetier et le Financier éclaire sa vengeance ; il comble de guinées la jeune fleuriste, qui roucoule de plus belle ; car elle va enrichir Robin, qui est pauvre et qui l'adore. L'Anglais, désappointé, a recours à un autre moyen ; il excite la jalousie de Robin. Cette fois on ne chante plus, et, milord attendri, répare le mal qu'il a fait en hâtant le mariage des jeunes gens. La pièce a été bien jouée par Nathan, Sainte-Foy, Jourdan et Mlle Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre]. On a remarqué la romance de Robin : Lise, prenez garde ! dont la mélodie et l'harmonie sont distinguées ; les couplets intercalés dans le trio du champagne, et qui ont été parfaitement dits par Sainte-Foy, jouant le rôle de l'Anglais :
La femme était toujours un' créatiour pervers ;
L'amour avait toujours chagriné l’iounivers.
et enfin une romance sentimentale de Lisette à laquelle l'auteur a donné une juste expression dramatique.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MISS HELYETT
Opérette en trois actes, livret de Maxime Boucheron, musique d’Edmond Audran.
Première représentation à Paris, Bouffes-Parisiens, le 12 novembre 1890, avec Biana Duhamel (miss Helyett), Mme Macé-Montrouge, MM. Piccaluga, Montrouge et Jannin, sous la direction d’Oscar de Lagoanère.
700e représentation aux Bouffes-Parisiens le 21 août 1892.
« Il n'y a pas à discuter avec l'engouement du public. En certains cas surtout on ne peut que le constater, sans en vouloir chercher inutilement les raisons. Voici, par exemple, une pièce dont le point de départ est absolument scabreux et dont la donnée est plus que légère ; habilement faite sans doute et avec une drôlerie que comportait le sujet, mais sans plus d'esprit que tant d'autres qui ont obscurément disparu après quelques dizaines de représentations ; ornée d'une musique faite à la diable et sans l'ombre d'originalité par un artiste qui n'avait évidemment qu'une médiocre confiance dans le résultat final. Eh bien, cette pièce a fait courir tout Paris pendant deux années pleines, le public s'y est précipité avec une sorte de fureur, et ne s'en est lassé qu'au bout d'une série ininterrompue de 816 représentations !
Le sujet est celui-ci : une jeune Américaine, miss Hélyett Smithson, au cours d'une excursion dans les Pyrénées, tombe d'un pic escarpé et ne doit son salut qu'à un arbrisseau auquel elle reste accrochée, en laissant voir malgré elle... tout autre chose que son visage. Fort heureusement, un jeune peintre vient à passer qui délivre la pauvre enfant évanouie, mais non sans avoir pris préalablement un croquis du... paysage ainsi offert à sa vue ; après quoi, il s'éloigne sans même chercher à connaître ses traits. Ce n'est point l'affaire de la pudique Américaine, qui jure à son père qu'elle n'aura d'autre époux que son sauveur, non parce qu'elle lui doit la vie, mais parce qu'il a vu ce qu'il ne devait pas voir. Les voilà donc tous deux à la recherche de l'inconnu, et l'on devine les cocasseries et les incidents burlesques qui peuvent naître de cette recherche. Le père, à la fin fatigué, appelle à son secours un soupirant malheureux, le flegmatique James. « Vous voulez épouser ma fille ? » lui dit-il. — « Oh ! oui », répond l'autre. — « Eh bien, allez la trouver, et dites-lui simplement : Je suis l'homme de la montagne. » James n'en demande pas davantage, et n'a garde de laisser échapper l'occasion. A peine a-t-il prononcé la phrase fatidique, qu'Hélyett lui dit simplement : « C'est bien, James, je serai votre femme. » Mais James, fou de joie, bavarde tant et si bien qu'il se coupe inévitablement, et qu'Hélyett découvre le subterfuge. Tout est à recommencer. Enfin le jeune peintre se retrouve — de face ! — en présence de la jeune fille, il en devient amoureux, tout s'explique, et le mariage final s'ensuit naturellement.
Le compositeur ne s'est pas donné grand' peine pour réchauffer des sons de sa musique ces lieux communs de morale lubrique. Sa tâche a été modeste dans l'œuvre commune. A peine peut-on signaler dans sa minuscule partition deux ou trois morceaux qui retiennent l'attention : le psaume-gavotte [!] du premier acte ; au second, le duo comique du point de vue ; enfin, au troisième, un duo bouffe assez amusant et un trop long duo d'amour qui contient un heureux motif de valse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Biana Duhamel, la gracieuse divette que sa création de Miss Helyett rendit célèbre, vient de mourir, jeune encore.
Depuis plusieurs années déjà, Biana Duhamel, l’artiste jadis tant fêtée, vivait éloignée du théâtre. Elle était atteinte d’une maladie cruelle et presque aveugle. Une embolie vient de mettre un terme à ses souffrances.
Elle avait débuté à quinze ans, dans la comédie,
à Rouen, sa ville natale. Elle avait été ensuite l’élève de Delaunay au
Conservatoire de Paris, puis avait joué à l’Odéon. La création de l'Enfant
prodigue l’avait mise en vedette, celle de
Miss Helyett lui avait donné la célébrité.
Biana Duhamel avait joué à Bruxelles, au théâtre des Galeries, il y a quelques
années, mais à ce moment déjà la maladie l’avait épuisée. »
[l'Eventail, 30 octobre 1910]
« Principaux personnages : Paul Landrin, peintre ; Smithson, pasteur américain ; James Richter, négociant de Chicago, amoureux de miss Helyett ; Puycardas, toréador gascon, amoureux de Manuela ; miss Helyett, fille de Smithson ; la senora Fernandez, espagnole ; Manuela Fernandez, fille de la senora.
La scène se passe de nos jours dans une ville d'eau des Pyrénées.
Cette opérette a dû en partie son retentissant succès au fait qu'elle sort de l'ornière et introduit une note originale dans un genre qui semble un peu voué au lieu commun. A vrai dire, la donnée est un peu fantaisiste et repose sur une conception du puritanisme qui n'a aucune racine dans la réalité. Qu'importe si l'auteur nous fait rire !
Or donc, d'après M. Maxime Boucheron, les principes du révérend Smithson — principes qu'il a su inculquer à toutes ses filles — exigent qu'une femme dont les beautés intimes ont été vues par un homme, fût-ce par accident, épouse cet homme à tout prix et ne puisse avoir d'autre époux que lui. Ceci admis, tout le reste en découle le plus logiquement du monde.
Miss Helyett est la onzième fille de Smithson. Ses dix sœurs aînées sont déjà casées et son saint homme de père la fait voyager afin de la caser à son tour. C'est ainsi que le père et la fille se trouvent dans un casino des Pyrénées.
Ils n'y sont du reste pas venus seuls. Un soupirant, James Richter, les y a suivis de Chicago et obsède Helyett de ses déclarations et de ses demandes en mariage. Mais Helyett ne l'aime pas. Elle consent toutefois, si aucun empêchement ne surgit d'ici là, à lui accorder sa main dans trois mois : sa main à défaut de son cœur ; et il faut bien que le bêlant James s'en contente.
Mais l'accident survient ! En faisant une promenade seule dans la montagne, Helyett fait une chute qui pourrait être mortelle, n'était un arbuste qui accroche sa jupe au passage et la tient suspendue la tête en bas et les parties les plus intimes de son être en l'air, hélas ! Encore si nul ne l'avait vue ! C'eût été la mort sans doute, mais aux yeux de l'Helyett conçue par M. Boucheron, la mort est cent fois préférable à la honte d'une telle exhibition.
Or, quelqu'un l'a vue en cette posture. Ce quelqu'un n'est autre que Paul Landrin, un peintre de femmes, depuis longtemps à la recherche de son idéal, qui a connu Helyett petite fille, il y a deux ans, dans cette même station d'étrangers, et qui en la retrouvant tout à l'heure au Casino a été vivement impressionné par sa petite amie de jadis devenue femme aujourd'hui. Paul a donc vu l'accident, et il a été assez heureux pour sauver la victime. Mais il ignore quelle elle est, car Helyett, avant de perdre connaissance, avait eu la présence d'esprit de cacher hermétiquement son visage dans les plis de sa jupe retroussée en tulipe, et Paul a eu la discrétion de ne pas chercher à voir celle qu'il a arrachée à la mort.
La situation est donc celle-ci : Paul ne sait quelle femme il a sauvée, et Helyett ignore quel est l'homme que, d'après les principes Smithson-Boucheron, elle est tenue d'épouser. Le deuxième acte se passe donc en tentatives pour découvrir l'identité de l'inconnu, tâche bien difficile, vu la légèreté des indices. Smithson a beau se livrer à l'espionnage, il n'y gagne que rebuffades. Devant cet insuccès, le vertueux révérend a une défaillance : il conseille à James de déclarer à Helyett qu'il est « l'homme de la montagne ». James le fait, sans comprendre, et le succès de ce stratagème serait complet si le maladroit ne révélait dans la conversation qu'au moment de l'accident il se trouvait à l'hôtel en train d'écrire des lettres. Le plan de Smithson échoue donc piteusement.
Dans le même hôtel qu'Helyett et son père séjournent deux Espagnoles, la mère et la fille. Cette dernière, Manuela, est follement éprise d'un toréador gascon, poltron et hâbleur, Puycardas, qui a réussi à se faire prendre par elle pour un héros. Sa mère voit d'un mauvais œil cet attachement pour un soi-disant toréador qui n'est seulement pas espagnol ; mais elle est impuissante à vaincre l'inclination de son enfant et finit par consentir au mariage, bien qu'à contrecœur. Or Helyett surprend une conversation entre les amoureux au cours de laquelle Puycardas, qui a le vertige et ne peut monter plus haut qu'un entresol, prétend avoir sauvé une femme dans la montagne. C'est donc lui le sauveur inconnu ! La pilule est amère, mais Helyett ne connaît que son devoir : elle épousera donc Puycardas. Celui-ci voudrait bien refuser, mais il n'ose, car Smithson n'hésite pas à recourir à la menace. Et voici le malheureux bellâtre tiraillé entre son Espagnole qui ne veut pas le lâcher et Helyett qui est déterminée à l'épouser à tout prix.
Mais ce mariage, elle ne s'y résigne pourtant que la mort dans l'âme. Elle déteste et méprise Puycardas ; d'autre part, Paul a produit sur elle une impression profonde. Elle éprouve vaguement le besoin d'être jolie pour lui, et dans une scène charmante, elle transforme par quelques adroites retouches son fourreau sévère de puritaine en un costume ma foi fort coquet. Paul la surprend au milieu de l'opération, la complimente et complète l'effet en piquant une fleur dans ses cheveux.
Paul, maintenant tout à fait pris, est révolté par ce mariage avec Puycardas, tout à fait incompréhensible pour lui. Aussi, pour ne pas assister à pareille profanation de son idéal, il a décidé de partir et l'annoncer à Helyett. Mais auparavant il va prendre son portrait : il en emportera du moins un souvenir durable. Tout en dessinant, la conversation se fait plus tendre ; tous deux sont très émus lorsque le portrait est pris, si émus qu'Helyett laisse tomber l'album lorsque Paul le lui tend pour lui montrer son ouvrage. Elle se précipite pour le ramasser, mais en tombant il s'est ouvert à une autre page, celle où Paul a croqué de mémoire la scène de l'accident : L'homme de la montagne c'était donc lui ! Helyett, vous vous en doutez, est ravie, et rien ne s'oppose plus à l'union des deux amoureux.
Dénouement aussi moral qu'inévitable. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Un fait extraordinaire dans l'histoire du Théâtre fut enregistré en 1892 par les Annales dramatiques et lyriques : Miss Helyett, opérette de Maxime Boucheron, musique d'Edmond Audran (le père de la Mascotte), créée le 10 novembre 1890, sur la scène des Bouffes-Parisiens, — sous la direction artistique de Lagoanère — a été jouée « sans interruption » depuis le 1er janvier jusqu'au 31 décembre 1891, et continuait à triompher pendant dix mois l'année suivante, réussissant ainsi à prolonger deux ans de suite, au cours de 782 représentations consécutives, l'effervescence de son succès initial.
Il s'étendit, bien entendu, d'abord jusqu'à la province et puis aux cinq parties du monde — et produisit des fortunes, sans arriver à faire celle de l'auteur ni de sa délicieuse interprète, Biana Duhamel, morts tous deux malheureusement — et jeunes encore.
La pièce demeure, vivace et toujours pleine de verdeur. On n'a jamais cessé de tirer inlassablement à d'innombrables exemplaires les rééditions de l'œuvre charmante sur laquelle toute la critique s'est trouvée d'un accord parfait : « Joli vaudeville à couplets — rien de plus original, de plus amusant — sujet naïvement leste, sans quoi que ce soit de choquant parce que traité jusqu'au bout avec un tact irréprochable — merveille de structure scénique ; bijou musical, etc. »
***
« Le Maître qui, d'en haut — fait trembler la nature — dit à sa créature : « Femme, point il ne faut — au genre masculin — montrer ceux de tes charmes — qui font prendre les armes — au perfide Malin !... »
Tel est le précepte méthodiste en vertu duquel le vénérable pasteur Smithson a su faire de ses onze filles des modèles de pudicité. Ce sont là d'excellents principes, et qui l'ont aidé à marier dix de ces jeunes quakeresses dans les meilleures conditions... Mais il interprète la loi puritaine dans un esprit bien rigoriste lorsqu'il ajoute : « Femme, de tes appâts cachés — celui qui s'offrira la vue, — même en circonstance imprévue, — fussiez-vous tous deux sans péchés, — par cela seul entrant dans ta famille, — et sans jamais remettre au lendemain, — que tu sois belle ou même laide fille — à tes parents doit demander ta main ! »
L'application des règles qu'il a ainsi édictées et consignées dans une petite brochure de sa composition qui ne le quitte jamais va jeter le digne révérend en d'étranges mésaventures, à propos du mariage de sa onzième enfant.
Celle-ci, Miss Helyett, est plus gentille que les autres ; en tout cas elle a plus de personnalité ; cela même l'a rendue plus difficile à caser. Il y a bien un fiancé sous roche, James Richter, de la maison Richter et C°, de Chicago. Mais... tout de même non !... Il est trop « sur mesure ». C'est un homme d'affaires, sans aucun appareil de séduction... Cependant, parce qu'il faut prendre un parti — comme d'aucuns prennent « un état » — et qu'Helyett n'est pas méchante, elle fait du contrat une traite à quatre-vingt-dix jours — pour parler la langue de ce Yankee — et elle engage sa parole de l'accepter « à présentation »... si, d'ici trois mois, son petit cœur n'a pas battu pour un autre.
Or, pendant une saison dans les Pyrénées, à Luchon, Miss Helyett, ayant voulu excursionner seule, a été prise de vertige... et elle aurait roulé au fond du premier gouffre qui s'offre si un arbre providentiel n'avait arrêté sa chute — en la suspendant par ses jupes... Il y avait quelqu'un derrière elle, qui l'a tirée de cette posture gênante à tous les égards, et puis s'est éclipsé discrètement pendant qu'elle dissimulait au moins son visage à l'inconnu — pour que ce galant homme ne put voir, en outre, sa confusion.
Ce n'est pas que Miss Helyett ait fait serment, comme dans les opéras-comiques, d'épouser cet heureux mortel parce qu'il est son sauveur ; mais les textes de son père, plus haut cités, sont formels : sa destinée est désormais liée à celle du mystérieux étranger... Qui est-ce ?
Son fiancé éventuel ? que le brave pasteur, las de chercher, a la faiblesse d'essayer un moment de faire passer pour « l'homme de la montagne »... ? Manquant de précisions sur les circonstances d'un événement qu'il ignore, James Richter commet gaffes sur gaffes, se fait pincer bientôt par la jeune fille irritée en flagrant délit d'usurpation de droits, et renvoyer à Chicago.
Le Gascon Puycardas, toréador ès courses landaises, bellâtre et vantard, et qui pour obtenir de la terrible senora Fernandez la main de la jolie Manuela, sa fille, n'hésite pas à exalter de problématiques prouesses accomplies par lui sur les cimes... ? Bien qu'en réalité l'impériale d'un omnibus suffise à lui donner le mal de mer et des tournements de tête, il raconte — poussé à bout par le scepticisme ironique de sa future belle-mère — qu'il a sauvé tout récemment, sans même daigner en parler, la vie d'un touriste en danger... Helyett, toujours à l'affût des indices qui peuvent la mettre sur la piste, a tout entendu : plus de doute, c'est Puycardas qui est « l'homme de la montagne ! »... et elle en réfère à Smithson. Tous deux provoquent un scandale au beau milieu des accordailles du toréador, ahuri — et, par la menace, le décident à rompre avec Manuela.
Puycardas ne se résigne que difficilement à une nouvelle union qui, si elle flatte son amour-propre, dérange ses combinaisons — et, d'autre part, elle ne sourit pas le moins du monde à la petite Américaine... Une autre personne aura quelque peine à en prendre son parti : l'aimable peintre Paul Mandrin, flirt plus ou moins avoué de Miss Helyett : il lui avait fait délicatement la cour tout en la taquinant un brin, et la perspective de renoncer brusquement à une intimité qui lui était précieuse l'affecte à un tel point qu'il en est éclairé soudain sur la profondeur de ses sentiments. Mais le goût d'Helyett pour ce Gascon lui est inexplicable et l'indigne — aussi la cherche-t-il pour lui adresser des adieux définitifs : elle est dans le salon du Casino, debout devant une psyché où elle essaye naïvement de corriger l'inélégance de l'uniforme salutiste qui la revêt — et que, très énervée, elle accuse de l'avoir jadis empêchée de plaire à l'époux qu'elle eût choisi... quand il en était encore temps. Paul s'arrête, s'extasie, s'émeut — et atteint son album pour emporter au moins l'image de l'aimée : gracieuse, Helyett pose, le corsage écossais entr'ouvert, la jupe légèrement froncée, le chapeau « Kate Greenaway » relevé sur ses boucles blondes, fleuries d'une rose... Tout à coup l'artiste sent ses yeux se brouiller de larmes — il ne peut plus dessiner ; l'album s'échappe de ses doigts, la fillette se précipite pour le ramasser, le feuillette, curieuse de voir l'esquisse... et la voilà qui pousse un cri et qui court se cacher le visage sur l'épaule de son ami. — Son « accident » est retracé sur la maîtresse page de l'album, minutieusement reconstitué dans ses détails les plus heureux par le véritable témoin, le seul « homme de la montagne ».
***
Ce qui explique la faveur perpétuelle avec laquelle Miss Helyett est universellement accueillie, c'est qu'il s'agit un peu d'une opérette cosmopolite : Yankees, Espagnols, Gascons s'y coudoient — et nous savons de reste quelle place tiennent ces gens-là dans les affabulations modernes. Aussi le livret ne date-t-il guère, bien qu'il soit imprégné de ce « comique américain » si malaisé à réaliser — soit qu'il y ait un côté de la caricature anglo-saxonne qui, tout conventionnel, commence à être usé (de même que nous paraîtraient maintenant par trop surannés les insulaires britanniques en complet à carreaux et à favoris rouges) — soit que le spectateur ne se rende pas bien compte des différences essentielles qui existent entre l'Anglais et le Yankee — soit enfin que « l'accent » soit moins facile à imiter qu'un vain peuple, le nôtre, ne persiste à le supposer.
En dépit de cet écueil, le clan « salutiste » divertit encore autant que la colonie ibérique. C'est qu'ils sont généreusement accommodés à notre « humour », si différente de l'impénétrable espèce d'esprit (?) qui sévit, par exemple, dans les films importés des Etats-Unis. Telle quelle, Miss Helyett a suffisamment d'atouts dans son jeu piquant et pimpant pour achever notre conquête. Et la preuve, c'est qu'on la plagie sans relâche : en avons-nous assez vu, de Belles de New-York ou d'ailleurs, et autres « Quaker's Girls » jalouses de son image, envieuses de sa ressemblance !... C'est tout au plus si, de nos jours, Paul Landrin donnerait en outre une leçon de danse à la petite Smithson — et nous aurions quelque tango, quelque « fox-trot » à la place de la ravissante scène de l'Album !...
Maxime Boucheron et Biana Duhamel ont peut-être bien fait de s'envoler vers de plus hautes cimes ou cimaises... et cependant il ne faut pas désespérer de l'Opérette. — On a démarqué pour elle l'un des plus antiques refrains d'Armorique : « Non ! le roi Arthur n'est pas mort !... » Et le règne des « futuristes », cubistes, stylistes et autres fumistes passera.
Ceci n'est, au surplus, pas pour médire du « progrès » — et l'on a fort applaudi, lors d'une des dernières reprises de Miss Helyett, l'ingénieuse application du « cinématographe » qui permettait, au premier acte, de suivre sur un écran habilement interposé l'excursion et l'accident de « la femme de la montagne » — dont le personnage était incarné avec un savoureux mélange de grâce ingénue et féline par l'exquise divette Debério... Même avant la disparition de la créatrice, elle avait modulé son rôle comme une variation sur ce thème de « Chante-clair » :
Il faut un rossignol, toujours, dans la forêt... »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MISS NICOL-NICK
Opérette en quatre actes, livret d’Hippolyte Raymond et Antony Mars, musique de Victor Roger, représentée aux Folies-Dramatiques le 23 janvier 1895. Sous le titre de la Fille du clown, cette pièce avait été jouée précédemment au théâtre de l'Athénée, le 13 novembre 1876, en deux actes et sans musique.
MISS ROBINSON
Opéra-comique en un acte, livret d'Auguste Carré, musique d'Emile Jonas (1868).
MISS ROBINSON
Pièce en trois parties, livret de Paul Ferrier, musique de Louis Varney. Création aux Folies-Dramatiques le 17 décembre 1892, dans une mise en scène de Riga, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Eva), J. Saulier (Asaksa), Tusini (Lily), Clément (Mouokostima), A. Vauthier (Ellen Sakaïdja), A. Flor (Yonsima), Delaunay (Elisabeth), MM. Vauthier (Robinson Crusoé), Simon-Max (Capédiou), Guyon fils (Bounderby), Riga (le Mikado), Bellucci (Atkins), Dacheux (Vendredi), Georges Mesmaecker (Samedi), Vavasseur (Kavassasaki), Rocher (M. Locksmitt-Kiousimo), orchestre dirigé par Marius Baggers.
MISSIONNAIRES RÉPUBLICAINS (LES)
Tableau patriotique en prose en un acte, livret de Sylvain Maréchal, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 04 avril 1794.
MITRON (LE)
Vaudeville-opérette en trois actes, de Maxime Boucheron et Antony Mars, musique d’André Martinet, représenté aux Folies-Dramatiques le 24 septembre 1891, avec Mme Madeleine Guitty (Agathe), Marie Grisier-Montbazon, MM. Gobin (Balthazar), Guyon fils (Caradec).
MITZI-MITZOU
Opérette en trois actes, livret de Jean de Létraz, musique de Reisfeld et Marbot. Création aux Capucines le 31 mars 1934.
"Quel est le père de Mitzi-Mitzou ? Sa mère n'en sait trop rien, qui a eu des faiblesses alternativement à Paris et à Vienne, mais chacun des pères supposés est sûr de lui. Or voici qu'ils se rencontrent à l'occasion du vingtième anniversaire de la jeune fille, lui amenant d'ailleurs chacun un prétendant. Un troisième larron gagnera la belle, et après quelques péripéties cocasses, les deux pères se réconcilieront. Musique aimable, agréablement tournée." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
MLLE MARGUERITE S. V. P.
Opérette en quatre actes, livret de Jules Adenis et Francis Tourte, musique de Théodore de Lajarte, représentée aux Bouffes-Saint-Antoine le 1er septembre 1868.
MLLE PORTEZ-ARME !..
Opérette en trois actes, livret d’Albert Barré, Edmond Martin et Henry Bérhard, musique d’Antoine Banès (1901). => fiche technique
MOBILISONS
Fantaisie-opérette en un acte, paroles de M. Nerval, musique de M. Tagliaferro, représentée au Concert–Parisien le 15 octobre 1887.
MODÈLE (LE)
Opéra-comique en un acte livret de M. Saint-Georges, musique de M. Sowinski, non représenté.
MODISTE ET LE LORD (LA)
Opéra-comique en deux actes, paroles de Deslandes et Didier, musique de Pilati, représenté sur le théâtre des Variétés le 23 octobre 1833.
MOHICANS DU CANTAL (LES)
Opérette en un acte, livret de Petitmaître et Burgny, musique de Marc Joly, représentée au concert de La Villette le 15 juin 1878.
MOÏNA
Poème dramatique, paroles de Paul Collin, musique de Sylvain Dupuis, exécuté à Liège en novembre 1884. Sylvain Dupuis, neveu de l'excellent acteur des Variétés qui porte ce nom, est un élève du Conservatoire de Liège, où il a fait ses études sous la direction de Théodore Radoux ; il a obtenu successivement, à Bruxelles, une mention honorable, le second et le premier prix au concours de Rome.
MOÏNA
Drame lyrique en deux actes et trois tableaux, livret de Louis Gallet, musique d’Isidore de Lara, représenté sous les auspices du prince de Monaco au théâtre-casino de Monte-Carlo le 14 mars 1897. Les interprètes étaient Mmes Gemma Bellincioni (cantatrice italienne qui pour la première fois chantait en français), MM. Van Dyck, Maurel, Bouvet, Melchissédec et Boudouresque.
Représentation à Lille, le 18 novembre 1897.
MOINE (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Willent, représenté au théâtre Royal de Bruxelles le 18 avril 1844.
MOINEAU
Opérette en trois actes, livret de Henri Duvernois et Pierre Wolff, couplets de Léon Marie Guillot dit Guillot de Saix (Paris, 25 mai 1885 - Paris, 04 septembre 1964), musique de Louis Beydts.
Première représentation à Paris, Théâtre Marigny, le 13 mars 1931, avec Marcelle Denya (Cécile), sous la direction de Fred Mèlé.
« L'intrigue, fort simple, est comparable au charme de nos midinettes qui se « parent d'un rien ». Gaston, jeune peintre amateur peu enclin aux liaisons prolongées, se débarrasse de sa maîtresse Léontine, d'ailleurs assez déplaisante. Bien vite lassé de sa solitude, il place sur le rebord de la fenêtre de son atelier divers objets pour capter l'attention des passantes et pour avoir ainsi l'occasion d'engager la conversation avec elles ; comme un oiseau attiré par des miettes de pain, Cécile, dite « Moineau », se laisse prendre à ce jeu singulier. Un ami de Gaston, nommé Chardec, farceur incorrigible, organise la fausse noce des deux jeunes gens et l'on prend le chemin de Romainville. L'on devine que Gaston et Cécile décideront par un vrai mariage de donner une conclusion heureuse à une aventure fantaisiste qui les a engagés l'un et l'autre plus qu'ils ne pensaient.
La partition de L. Beydts a deux belles qualités : l'intelligence et la richesse d'invention : sans cesse s'opposent des mélodies originales avec de « jaillissantes » trouvailles rythmiques. »
(Programme radiophonique.)
MOÏSE AU SINAÏ
Oratorio en deux parties, paroles de Sylvain Saint-Etienne, musique de Félicien David, exécutée à l'Académie royale de musique le 21 mars 1846 avec Mlle Sophie Grimm (une Israélite), MM. Adolphe Alizard (Moïse), Gustave Roger (un Hébreu).
Donné aux Concerts du Conservatoire le 12 décembre 1847 avec les mêmes interprètes.
« Dans cette composition, Moïse est devant le Seigneur, et chante un monologue accompagné et entrecoupé par l'orchestre. Les Hébreux font entendre des cris de révolte ; une jeune Israélite exhale ses plaintes ; Moïse demande à Dieu de le faire mourir ; Dieu lui montre la terre promise et le peuple hébreu se remet en marche. La romance : Dans ce brûlant désert, a été chantée avec beaucoup de goût par Mlle Nau. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le livret n'offre ni intérêt, ni variété, ni grandeur ; l'exécution de cet ouvrage fut assez médiocre : en voilà plus qu'il n'en faut pour expliquer l'insuccès de Moïse au Sinaï, qui renferme cependant plusieurs pages saillantes, entre autres la romance de la jeune Israélite. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MOÏSE AU SINAÏ
Drame biblique, poème d’Ed. Guinand, musique de Clément Broutin. La seconde partie de cet ouvrage, portant pour titre particulier le Veau d'or, a été exécutée le 12 mars 1885 au Conservatoire, dans la séance d'audition des envois de Rome.
MOÏSE ET PHARAON ou LE PASSAGE DE LA MER ROUGE
Mélodrame sacré en quatre actes, livret de Giuseppe-Luigi Balocchi et V.-J. Etienne de Jouy, musique de Gioacchino Rossini, qui pour Paris remania considérablement son opéra Mosè in Egitto (voir ce titre), ballets de Gardel.
Personnages : Moïse (basse) ; Eliézer, son frère (ténor) ; Pharaon (basse) ; Aménophis, fils de Pharaon (ténor) ; Aufié (ténor) ; Osiris (basse) ; Maria (mezzo-soprano) ; Anaïde (soprano dramatique) ; Sinaïde (soprano) ; une voix (basse) ; des Juifs, des Madianites, des Egyptiens, des prêtres, des gardes, des danseurs.
Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 26 mars 1827, dans des décors de Charles Ciceri, costumes d'Hippolyte Lecomte, avec Mmes Dabadie (Sinaïde), Laure Cinti-Damoreau (Anaï), Mori-Gosselin (Marie) ; MM. Nicolas-Prosper Levasseur (Moïse), H. B. Dabadie (Pharaon), Adolphe Nourrit (Aménophis), Alexis (Eliézer), Bonel (Osiride), Fred. Prévot (Aufide).
100e représentation en 1838.
Reprise à l'Opéra le 25 octobre 1852 avec Mmes Poinsot (Sinaïde), Laborde (Anaï), Zoé Duez (Marie) ; MM. Louis-Henri Obin (Moïse), Morelli (Pharaon), Louis Gueymard (Aménophis), Chapuis (Eliézer), Guignot (Osiride), Lucien (Aufide).
Reprise à l'Opéra le 17 février 1854 avec Mmes Angiolina Bosio (Anaï), Dameron ; MM. Louis-Henri Obin, Morelli, Brignoli, Chapuis.
Reprise à l'Opéra le 28 décembre 1863 dans des décors d'Hugues Martin (acte I), Charles Cambon et Joseph Thierry (actes II et III) et Edouard Desplechin (acte IV).
« La délivrance des Hébreux qui gémissent sous le joug de Pharaon, roi d'Égypte ; Dieu se servant de Moïse pour briser les fers de son peuple et manifestant sa volonté par des miracles ; ce grand événement, retardé par l'amour d'Aménophis, fils de Pharaon, pour Anaï, jeune Madianite, placée entre son amant et son devoir ; les persécutions du grand-prêtre d'Isis ; la catastrophe finale produite par le passage de la Mer Rouge, consacré par l'Écriture ; telles sont les ressources dramatiques développées avec talent par les auteurs. Succès.
Nota. En 1817, M. Augustin Hapdé fit jouer, sur le théâtre de la Gaîté, un mélodrame intitulé : le Passage de la Mer-Rouge et cette pièce attira tout Paris. »
[Almanach des spectacles, 1828]
« Les morceaux principaux de ce chef-d’œuvre appartiennent à la partition de Mosè in Egitto (Moïse en Egypte), opéra sérieux en 3 actes, livret de Andrea Leone Tottola, représenté sur le théâtre San Carlo, à Naples, pendant le carême, le 05 mars 1818, avec Isabella Colbran (Anaida) sous la direction du compositeur, et pour la première fois aux Italiens de Paris le 22 octobre 1822. Rossini, qui avait déjà adopté dans cet ouvrage la couleur locale et l'expression des caractères du sujet, fortifia encore sous ce rapport la partition française en l'enrichissant de plusieurs morceaux. L'introduction, c'est-à-dire la scène dans laquelle Moïse reçoit les tables de la loi, renferme des chœurs de la plus grande beauté, entre autres un quatuor avec chœur, sans accompagnement. Deux chœurs ont été empruntés à l'opéra d'Armida : Germano a te richiede et Che tutto è calma. Le duo d'Aménophis et d'Anaïde : Si je perds l'objet que j'aime, produit plus d'effet sur la scène française qu'à l'opéra italien. Il est suivi d'un autre duo ravissant pour deux sopranos : Dieu, dans ce jour prospère ; mais le second acte offre des beautés plus saisissantes. Après la mystérieuse horreur de la scène des ténèbres vient le duo célèbre : Parlar, spiegar, conservé de la pièce italienne, et qui commence par ces mots : Moment fatal, que faire ? Il était chanté dans la perfection par Nourrit et Dabadie. Le finale du troisième acte a été ajouté à la partition primitive, à l'exception du pathétique quatuor : Mi manca la voce. L'air du quatrième acte : Quelle horrible destinée, parait avoir été écrit pour Mlle Cinti. L'accompagnement lui donne un mouvement très dramatique et passionné. Enfin le morceau qui domine tout l'ouvrage, à cause du succès qu'il n'a cessé d'obtenir, est la prière : Dal tuo stellato soglio (Des cieux où tu résides). Le rythme, la parfaite disposition des voix, la reprise sonore du mode majeur, tous les détails de cette composition sont d'une clarté et d'une simplicité rares, et l'effet n'en est pas moins grandiose.
Cette importante partition est l'une de celles qui font le plus d'honneur à l'illustre compositeur italien ; elle n'a généralement été goûtée que par les véritables connaisseurs. Plusieurs aristarques ont bien signalé avec quelque raison des phrases d'un rythme trop moderne, trop accusé pour un tel sujet. Il est vrai que la Marche des Hébreux, par exemple, offre certaines familiarités mélodiques d'un caractère peu oriental. Quoi qu'il en soit, Mosè est une œuvre du premier mérite, où l'inspiration mélodique déborde, où les effets grandioses se succèdent presque sans interruption. Il y a quelques années, cet opéra a été représenté avec beaucoup de succès sur la scène de l'Académie impériale de musique, et vers le même temps, on reprenait aussi Mosè au théâtre de la Scala, à Milan ; mais, dans cette ville, l'œuvre de Rossini fut assez froidement accueillie, et le public milanais ne rendit pas justice au maestro ; ce que le public parisien avait fait. Il y avait longtemps que Rossini n'était plus prophète en son pays. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est le Mosé de Tottola traduit en français.
A sa partition italienne, qu'il revit avec soin, Rossini ajouta un air pour Mlle Cinti, de beaux chœurs et le finale magnifique du 3e acte. Pour la musique des ballets, il se servit de motifs empruntés à ses opéras d'Armida et de Ciro in Babilonia.
La centième représentation de Moise a eu lieu le 6 août 1838.
Reprises : 1832, 1852, 1854, 1863. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Moïse, aidé par son frère Eliézer, veut obtenir du Pharaon l'autorisation d'emmener les Israélites hors d'Égypte. La femme de Pharaon, Sinaïde, appuie cette démarche, à laquelle s'opposent le Grand-Prêtre Osiride et surtout le fils du Pharaon, Aménophis, qui s'est épris d'Anaïde, fille de la sœur de Moïse, Marie.
L'action s'ouvre au Pays de Madian, où Moïse reçoit les Tables de la Loi et s'achève au moment du passage de la Mer Rouge, qui est fatal à l'armée égyptienne. Le 1er acte a pour décor le Camp des Madianites ; le 2e, Une Galerie du Palais du Pharaon ; le 3e, le Portique du Temple d'Isis, à Memphis ; le 4e, tout d'abord le désert, en vue de la Mer Rouge, puis le bord de celle-ci.
Mosè tient davantage de l'oratorio que de l'opéra. Il en existe deux versions dont l'une est le remaniement de l'autre. Malgré les fioritures, le style de l'ouvrage n'en laisse pas d'être, en maints endroits, dramatique et plein de majesté. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
MOISSON (LA)
Opéra-comique en deux actes, livret de Sewrin, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 05 septembre 1793.
MOISSONNEURS (LES)
Comédie en trois actes, en vers, mêlée d'ariettes, livret de Charles Simon Favart, musique d’Egidio Duni. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 27 janvier 1768.
« Le sujet a été tiré du Livre de Ruth. La musique de Duni était assez gracieuse pour ne pas demeurer trop au-dessous des peintures pastorales de ce poème. Les principales scènes sont fidèlement reproduites ; les noms seuls sont changés. Le censeur du temps, nommé Marin, y mit l'approbation suivante : « Si l'on n'avait représenté sur nos théâtres que des pièces de ce genre, il ne se serait jamais élevé de question sur le danger des spectacles, et les moralistes les plus sévères auraient mis autant de zèle à recommander de les fréquenter qu'ils ont déclamé avec chaleur pour détourner le public d'y assister. » Cette approbation fit grand bruit alors, et on accusa le censeur d'avoir compromis les moralistes qui repoussaient absolument les représentations théâtrales quelles qu'elles fussent. On sait que Bossuet ne transigea jamais. Les opinions qu'il formula avec tant d'éloquence et de rigueur dans sa lettre au P. Caffaro demeurèrent inébranlables. Il sembla avoir un moment de faiblesse après la lecture de la Pénélope, tragédie de l'abbé Genest. Il dit : « Je ne balancerais pas à approuver le spectacle, si l'on représentait toujours des pièces aussi épurées. » Remarquons en passant que cette pièce, après avoir obtenu un grand succès sur le théâtre du Duc du Maine, éprouva au Théâtre-Français un échec immédiat. A l'occasion de cette tragédie, on agitait devant Louis XIV la question de savoir s'il était permis d'aller à la comédie. « Voici le docteur, dit le roi ; il nous décidera ce point. » — « Sire, répondit Bossuet, il y a de grands exemples pour, et de fortes raisons contre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MOISSONNEURS (LES)
Cantate, paroles de Du Boys, musique de Ferdinand Poise. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1866, avec Mme Caroline Girard, MM. Paul Lhérie, Eugène Crosti.
MOISSONNEUSE (LA)
Drame lyrique en trois actes et quatre tableaux, paroles d’Anicet Bourgeois et Michel Masson, musique d’Adolphe Vogel, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 03 septembre 1853, avec MM. Pierre Laurent (Balsamo), François Marcel Junca (Mathéo), André Tallon (Juliani), Horace Menjaud, Mmes Adèle Vadé, Pauline Colson.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 26 en 1853.
« C'est le magnétisme qui fait presque tous les frais de l'action. C'est le deus ex machina qui intervient sans cesse. Balsamo a soumis à son influence ténébreuse Michelma, la moissonneuse, et lui fait commettre un vol pendant son sommeil. On en accuse Giuliani, son amant, et ce n'est qu'après des péripéties aussi nombreuses qu'invraisemblables, que l'innocence triomphe et que le coupable est arrêté par les carabiniers du pape. Il est regrettable qu'un compositeur de grand talent comme M. Vogel ait eu à traiter un si mauvais poème. Sa partition renferme des beautés de premier ordre. On a remarqué l'air de Balsamo ; le finale du premier acte, chanté par les moissonneurs endormis, et le duo d'amour du troisième acte. L'instrumentation est colorée et dramatique. Cet ouvrage, qui n'a pas eu grand succès, fait beaucoup d'honneur au musicien. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Un mélodrame à la mode du boulevard, et qui mettait en action un chapitre de la vie du mystérieux aventurier Cagliostro. A un moment donné, les personnages se groupaient de façon à reproduire l'aspect du tableau des « Moissonneurs » de Léopold Robert. M. Adolphe Vogel, petit-fils du célèbre auteur de Démophon, a obtenu, en 1830, un succès populaire avec son hymne les Trois Couleurs, qui balança un instant la vogue de la Parisienne. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MOITIÉ DU CHEMIN (LA)
Opéra-comique en trois actes, musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Louvois, à Paris, en 1796.
MOKA
Opérette en trois actes, musique de Félix Boisson, représentée à Châlons le 28 février 1880.
MOKA
Opéra-comique en trois actes, livret de Vidal et Dubosq, musique de F. Doessen, représenté à Châlons-sur-Marne en mars 1880.
MOMBREUIL ET MERVILLE ou LE PARI
Opéra-comique en un acte, paroles de Longchamps, musique de Boieldieu, représenté au théâtre Favart le 15 décembre 1797.
MOMIE DE ROSCOCO (LA)
Opérette en un acte, livret d’E. de Najac, musique d’Eugène Ortolan, représentée sur le théâtre des Bouffes-Parisiens le 27 juillet 1857.
« La pièce, d'un médiocre intérêt, se trouvait ragaillardi par quelques jolies mélodies, une peu académiques, il est vrai, et infiniment trop étrangères au style bouffon, mais, en somme, correctement écrites. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« Le poème, si poème il y a, est inénarrable. La musique est jolie et, quoique adaptée à des scènes très écourtées et burlesques plutôt que comiques, elle confirme la bonne opinion que l'opéra de Lisette, représenté deux ans auparavant au Théâtre-Lyrique, avait donnée au public et aux connaisseurs du talent de M. Ortolan. Il y a même plus de facilité dans l'expression de la pensée musicale. La sérénade de Pedrillo est fort gracieuse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MON AMANT !
Opérette en trois actes, livret d'H. Darcourt, Lupin et Ardot, musique de Victor Alix. Création à la Potinière le 01 avril 1932 avec Mmes Deval (baronne de Mazelles), Fonson (Irène), Brédy (Charvet) ; MM. H. Defreyn (Julien de Château-Fronsac), Villé (P. Charvet).
"Julien de Château-Fronsac voudrait bien faire la cour à Mme Charvet ; mais celle-ci a eu l'imprudence de présenter Julien à son mari. Et celui-ci se défend à merveille ; car il met Julien en face de sa belle-sœur, une charmante jeune fille, qui ne tarde pas à devenir la fiancée du séducteur manqué. Musique divertissante et gaie qui comporte de jolis airs : Mon amant, ce sera toi, et Pif, paf !" (Larousse Mensuel Illustré, 1932)
MON AMI PIERROT
Opéra-comique en un acte, musique de Léo Delibes ; joué à Ems en 1862. Le principal rôle a été chanté par Caroline Girard.
MON AMI PIERROT
Opéra-comique en un acte, paroles et musique de Maurice Lefèvre, représenté à Bruxelles en 1887.
MON AMI PIERROT
Légende musicale en un acte, livret de Sacha Guitry, musique de Samuel Barlow.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 11 janvier 1935, à l'occasion d'un Gala franco-américain auquel assistait le Président de la République.
Mise en scène de Sacha Guitry, décors et costumes de De Molas.
Mmes Lillie GRANDVAL (Ninon), Jeanne MATTIO (Marchande de légumes), Andrée BERNADET (Marchande de poissons), Marguerite LEGOUHY et GALLOT (deux voisines), Christiane GAUDEL (une demoiselle), Madeleine DROUOT (une élégante), Jeanne SECONDI (une ouvrière).
MM. Victor PUJOL (Lulli), Jean VIEUILLE (le pâtissier), Marcel ÉNOT (l'écrivain public), GÉNIO (le perroquet), DUFONT, DUREL, GIVAUDAN et POUJOLS (quatre voisins).
Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.
8 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
MON COUSIN DE PARIS
Opéra-comique en un acte, paroles de Léger, musique de L.-E. Jadin, représenté au théâtre Molière, puis repris aux Variétés le 5 février 1810.
MON COUSIN VICTOIRE
Opérette en un acte, musique de Georges Rose, représentée le 11 mai 1873.
MON GENDRE, TOUT EST ROMPU
Opérette en un acte, livret de Paul Burani et William Busnach, musique d’Auguste Cœdès, représentée au Casino de Dieppe le 22 août 1879.
MON MOUCHOIR
Opérette en un acte, livret d'Adolphe Jaime, musique de Léon Vasseur, représentée aux Bouffes-Parisiens le 09 mai 1872.
MON ONCLE BENJAMIN
Comédie musicale en trois actes et dix-sept tableaux, livret de Georges Ricou, d'après le roman de Claude Tillier, musique de Francis Bousquet.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 mars 1942. Mise en scène de Max de Rieux. Décors et costumes dessinés par Paul Lavalley.
Mmes Lucie THÉLIN (Manette), Lucrèce MISTRAL (Mme Machecourt), Madeleine DROUOT (Arabella), Christiane GAUDEL (une jeune fille), Lily DANIÈRE (une paysanne, une femme), Marguerite LEGOUHY (une paysanne, une voisine), DE TEMMERMANN (une voisine), Marthe SERRES (une jeune fille).
MM. Roger BOURDIN (Benjamin), Louis MUSY (Minxit), René HÉRENT (Machecourt), André BALBON (de Pontcassé), Louis GUENOT (le Sergent), Paul PAYEN (M. Bonteint), Alban DERROJA (le Bailli), Robert JEANTET (Jean-Pierre), Jean DROUIN (un voisin), LAGARDE (un Mousquetaire), BONNEVAL (un homme, un paysan, le Greffier), Pierre GIANNOTTI (un valet), Henry BUCK (le Maître d'école), Camille MAURANE (un homme, un paysan), Louis DUFONT (le patient), POUJOLS (le tailleur, un gardien).
Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.
18 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
MON P’TIT ONCLE
Opérette en un acte, livret de Hermil (dit Milher) et Numès, musique de Charles Thony, représentée à l’Eldorado en 1882.
MON PRINCE !
Opérette en trois actes, livret de Charles Clairville et André Sylvane, musique d’Edmond Audran, représentée au théâtre des Nouveautés le 18 novembre 1893. Interprètes : MM. Germain, Tarride, Regnard, Girault, Mmes Pierny, Crouzet, Deval.
MONNA VANNA
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Maurice Maeterlinck, musique d'Henry Février.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 13 janvier 1909. Mise en scène de Paul Stuart. Décors de Rochette et Landrin. Costumes de Joseph Pinchon.
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13.01.1909 1e |
13.05.1914 26e |
02.02.1918 29e |
01.02.1922 50e |
Giovanna (Monna Vanna), femme de Guido Colonna |
soprano |
Lucienne BRÉVAL |
Jeanne HATTO |
Marthe CHENAL |
Germaine LUBIN |
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Prinzivalle, général florentin |
ténor |
Lucien MURATORE |
Lucien MURATORE |
SULLIVAN |
SULLIVAN |
Marco Colonna, père de Guido |
baryton |
Jean-François DELMAS |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
Guido Colonna, commandant de la garde à Pise |
basse |
VANNI-MARCOUX |
BOURBON |
Eugène SIZES |
A. HUBERTY |
Trivulzio, ambassadeur florentin |
basse |
Joachim CERDAN |
Joachim CERDAN |
NARÇON |
NARÇON |
Vedio, secrétaire de Prinzivalle |
ténor |
Louis NANSEN |
Louis NANSEN |
Louis DUFRANNE |
SORIA |
Torello, lieutenant de Guido |
TRIADOU |
TRIADOU |
GODARD |
BRUYAS |
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Borso, lieutenant de Guido |
GONGUET |
GONGUET |
GONGUET |
GONGUET |
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Nobles, Soldats, Paysans, etc. |
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Chef d’orchestre |
Paul VIDAL |
CATHERINE |
Gabriel GROVLEZ |
Philippe GAUBERT |
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30.05.1924 52e |
03.05.1929 55e |
20.01.1937 (salle du Th. des Champs-Elysées) 64e |
09.08.1946 71e |
Monna Vanna |
BOURDON |
BOURDON |
FERRER |
FERRER |
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Prinzivalle |
Lucien MURATORE |
ANSSEAU |
DE TREVI |
FRONVAL |
Marco |
A. GRESSE |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
FROUMENTY |
Guido |
VANNI-MARCOUX |
VANNI-MARCOUX |
VANNI-MARCOUX |
BECKMANS |
Trivulzio |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
CLAVERIE |
Vedio |
SORIA |
MADLEN |
MADLEN |
DESHAYES |
Torello |
BRUYAS |
NEGRE |
NOGUERA |
NOGUERA |
Borso |
Georges THILL |
DELBOS |
R. GILLES |
BREGERIE |
Chef d’orchestre |
Gabriel GROVLEZ |
Gabriel GROVLEZ |
François RÜHLMANN |
François RÜHLMANN |
80e à l’Opéra, le 16 mai 1949, avec les interprètes de la précédente reprise, sauf : MM. PHILIPPE (Trivulzio), MAX-CONTI (Torello), DELORME (Borso) et Louis FOURESTIER au pupitre.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Monna Vanna : Mmes GARDEN (1909), ISNARDON (1919), COURTIN (1946).
Prinzivalle : MM. DARMEL (1918), FRANZ (1919), MAISON (1929), FONTAINE (1930), JOBIN (1937).
Marco Colonna : MM. LEQUIEN (1909), CERDAN (1910), MEDUS (1946).
Guido Colonna : MM. Hector DUFRANNE (1909), DANGES (1912), JOURNET (1920).
80 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 27 janvier 1909 avec Mmes Pacary (Monna Vanna), De Bolle (Védio), MM. Verdier (Prinzivalle), Bourbon (Guido Colonna), Billot (Marco Colonna), Petit (Trivulzio), Delrue (Borso), Hiernaux (Borello).
MONROSE
Opéra-comique, musique d'Arquier, représenté à Marseille vers 1809.
MONSEIGNEUR SCAPIN
Opéra-comique en un acte, livret de Lionel Bonnemère et Moreau-Sainti fils, musique de Jean-Grégoire Pénavaire (vers 1890).
MONSIEUR ARLÉRY
Opérette en un acte, musique de Hugh Cass, représentée au Gymnase de Marseille en 1868.
MONSIEUR BEAUCAIRE
Opérette romantique en un prologue et trois actes, livret de Frederick Lonsdale et Adrian Ross, version française d’André Rivoire et Pierre Veber, musique d’André Messager. Création à Londres, le 07 avril 1919. Première française au Théâtre Marigny le 20 novembre 1925. Première à l’Opéra-Comique le 18 novembre 1955. => fiche technique
MONSIEUR CANARDIER, S.V.P.
Opérette en un acte, musique de Joseph Michel, représentée à Liège le 25 février 1875.
MONSIEUR CHOUFLEURI RESTERA CHEZ LUI LE...
Opérette bouffe en un acte, livret de Ludovic Halévy, Hector Crémieux et Ernest L’Epine, musique de Jacques Offenbach et M. de Saint Rémy [pseudonyme du duc de Morny].
Personnages |
Voix |
Palais Bourbon 31.05.1861 |
Bouffes-Parisiens 14.09.1861 |
Palais Garnier 01.04.1919 |
Ernestine |
soprano |
Mme Lise TAUTIN |
Mme AUCLAIR |
Mme R. VECART |
Choufleuri, son père |
baryton |
MM. DÉSIRÉ |
MM. DÉSIRÉ |
MM. L. FUGÈRE |
Chrysodule Babylas |
ténor |
Armand POTEL |
Armand POTEL |
F. FRANCELL |
Petermann |
ténor |
Georges DEJON-MARCHAND |
Georges DEJON-MARCHAND |
M. RENAUD |
Balandard |
ténor |
DEBRUILLE-BACHE |
DEBRUILLE-BACHE |
F. HUGUENET |
Madame Balandard |
ténor |
LÉONCE |
LÉONCE |
L. MAUREL |
Petit chœur des invités |
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Chef d’orchestre |
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Jacques OFFENBACH |
Jacques OFFENBACH |
François RÜHLMANN |
L’action se déroule à Paris, le 24 janvier 1833.
Première représentation privée à Paris, dans les Salons du Corps législatif, Palais Bourbon, le 31 mai 1861, en présence de Napoléon III.
Première représentation publique au Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 14 septembre 1861.
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier), le 01 avril 1919, à l'occasion d'un Gala donné par le syndicat de la presse parisienne au bénéfice des régions libérés. Mise en scène de Léo Devaux.
L'acte fut terminé par un Intermède, revue de l'époque 1830-1840 (voir Intermède), suivi de la Tragédie de Salomé.
Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.
« Sur ce canevas fort comique, le compositeur s'est livré à des excentricités musicales assez réjouissantes. On a applaudi surtout les couplets : Pedro avait une guitare, et le trio : C'est Babylas. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MONSIEUR DE BONNE-ÉTOILE
Opérette en un acte, livret de Philippe Gille, musique de Léo Delibes, représentée aux Bouffes-Parisiens le 04 février 1860.
« C'est M. Delibes, qu'on devrait appeler M. de Bonne-Étoile ; car sa première partition fut exécutée avant qu'il n'eût ses vingt ans ; en outre, il occupait déjà l’emploi d'accompagnateur au Théâtre-Lyrique. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
MONSIEUR DE CHIMPANZÉ
Opérette en un acte, livret de Jules Verne, musique d’Aristide Hignard, représentée aux Bouffes-Parisiens le 17 février 1858 avec Léonce (Baptiste), Mlle Marie Garnier (Etamine).
« Quand on afficha le Moineau de Lesbie à la Comédie-Française, un Calino avait demandé : « Mais qui donc jouera le rôle du moineau ?... » Pour prévenir le retour d'une semblable naïveté, M. Offenbach a spécifié sur son affiche que Tayau serait chargé de remplir le rôle du singe. L'équivoque était donc impossible. (D'ailleurs, s'il eût fallu se procurer un véritable chimpanzé et le pensionner pour lui faire apprendre la comédie dans la classe de M. Samson, c’eût été une source de dépenses ruineuses pour l'administration.) Je parierais que pour jouer son personnage cabriolant et grimacier, M. Tayau était allé méditer profondément devant une certaine cage du Jardin des Plantes, qui pourrait passer pour le Conservatoire de la mimique. C'est égal, M. Tayau a étudié avec plus de soin le violon que le gymnase, et nous lui savons gré de cette préférence. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
MONSIEUR DE FLORIDOR
Opéra-comique en un acte, livret de Charles Nuitter et Etienne Tréfeu, musique de Théodore de Lajarte. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 11 octobre 1880, costumes de Théophile Thomas, avec Mmes Ducasse (Marianne), Numa-Dalbret (Germaine) ; MM. Barnolt (Mathurin), François-Antoine Grivot et Piccaluga (Floridor), Hippolyte Belhomme (Nicolas).
« La fable de La Fontaine l'Ivrogne et sa Femme et la pièce d'Anseaume l'Ivrogne corrigé ont fourni le sujet de cette pièce assez médiocre.
Mathurin veut marier sa nièce Germaine à Lucas, pilier de cabaret comme lui. Germaine a promis son cœur et sa main à un certain personnage qui a quitté le pays pour se faire comédien et dont le retour est annoncé. Il s'appelle maintenant M. de Floridor, et, de concert avec la tante de Germaine, il organise avec sa troupe une scène infernale avec danses de diablotins, décors simulant le séjour des enfers. Les deux ivrognes se réveillent au milieu de ce carnaval flamboyant ; sous l'empire de la peur, ils promettent à la fois de ne plus boire que de l'eau et de laisser Germaine épouser M. de Floridor. M. de Lajarte a écrit sur ce livret un peu enfantin des airs à boire d'un tour ancien, dans la manière de Philidor, et un trio dans le style de Lulli qui contrastent singulièrement avec le caractère de sa musique personnelle, qui a de la verve, de la gaieté et dont il sait faire ressortir les effets par une instrumentation brillante ; on a remarqué surtout la bonne sonorité de l'harmonie. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
MONSIEUR DE LA PALISSE
Opéra bouffe en trois actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique de Claude Terrasse, représenté à Paris, Théâtre des Variétés, le 02 novembre 1904.
Reprise à la Gaîté-Lyrique le 07 octobre 1930 avec Mmes Maguy Warna (Dorette), J. Marèse (Inesita), Carina (Héloïse de Laverdure), G. Relly (Augustine), Brière (Françoise) ; MM. Allard (de la Palisse), Duvaleix (Don Diego), Bourdeaux (Bertrand de la Palisse), Bever (Dominguez).
« Théâtre Apollo : première représentation à ce théâtre de Monsieur de la Palisse.
Le principal mérite, à mes veux, de cette opérette que vient de reprendre le théâtre Apollo, c'est que les auteurs n'ont point cherché à imiter les œuvres étrangères à succès. Ils ont voulu demeurer de leur pays, et c'est la seule condition pour produire un ouvrage dont l'inspiration soit franche, sincère, et l'exécution homogène. C'est ainsi qu'on retrouve, dans cette opérette, ces qualités bien françaises de mesure, de goût, de clarté, et cette construction harmonieuse, ces effets gentiment gradués qui peuvent compter au nombre de nos dons les plus appréciés.
Sur un léger et aimable canevas, M. Claude Terrasse a brodé une musique gracieuse et de contrastes plaisants, dont la plupart des airs ont été bissés. Il y a une spirituelle fantaisie dans le duo entre Dorette, la diva aux roulades, et l'impétueux don Diego, qui s'efforce de l'imiter ; puis, dans le duo entre le couple naïf d'Inésita et de Placide de la Palisse, on est séduit par le charme berceur qui s'exhale d'un joli motif aux contours délicats. Citons aussi, pour son rythme allègre, la ronde des « Alguazils » que nous reproduisons.
Les deux duos out été supérieurement exécutés, le premier par Mlle Brigitte Régent et M. Frey ; le second par Mlle Polaire et M. Henry Defreyn.
M. Claude Terrasse s'est ainsi efforcé de bien mettre en relief l'opposition qui résultait des natures différentes des personnages dont il avait à traduire les sentiments. Ce souci montre que sa partition est écrite avec une très juste compréhension des nécessités scéniques et une judicieuse attribution de ce qui convient aux diverses situations et à chacun des couples dont il avait à exprimer en musique le dialogue varié.
La mise en scène est ingénieuse, amusante, mouvementée, et l'orchestre était conduit par le compositeur lui-même, qui avait la double satisfaction de savourer l'exécution soignée de sa musique et d'entendre crépiter derrière lui les applaudissements du public. »
(Albert Dayrolles, les Annales, 02 février 1913)
« Cette œuvre, écrite il y a un quart de siècle, ne laisse point encore voir ses rides. »
(Larousse Mensuel Illustré, novembre 1930)
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC
Comédie-ballet en trois actes de Molière, musique de Jean-Baptiste Lully.
Créée au château de Chambord, devant le roi, le 6 octobre 1669.
Première fois au Palais Garnier, le 19 mai 1892.
Personnages de la Comédie :
Mmes REICHENBERG (Julie), KALB (Nérine), LYNNES (Lucette).
MM. COQUELIN cadet (M. de Pourceaugnac), BOUCHER (Eraste), Jules TRUFFIER (Obrigani), GARRAUD (Oronte), MOUNET-SULLY et Paul MOUNET (2 Suisses), LAUGIER et MARTEL (2 Médecins), CLERH (un Apothicaire), LAROCHE (un Exempt).
Personnages du ballet :
MM. BELHOMME et BARNOLT (2 Médecins grotesques), François-Antoine GRIVOT et BALLARD (2 Avocats chantant).
Divertissement réglé par Mme FONTA, dansé par le Corps de ballet.
Chef d’orchestre : Edouard COLONNE.
Reprise du 22 juillet 1900, donnée à la Salle des Fêtes de l'Exposition (2e représentation à l'Opéra), avec les interprètes de la première, sauf :
Mme Marie LECOMTE (Julie).
MM. VILLAIN (deuxième Médecin), DEHELLY et BARRAL (2 Médecins grotesques).
Chef d'orchestre : Edouard MANGIN.
2 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Comédie jouée au château de Chambord, le 6 octobre 1669, avec la musique de Lully, reprise à l'Opéra en 1716 et en 1730, puis, avec des changements, le 23 avril 1792, enfin, avec la musique de Mengozzi, au théâtre Montansier en 1793 et 1799. Une reprise de cette comédie a été donnée à la Gaîté le 2 avril 1876, avec une musique tirée des œuvres de Lulli, le Carnaval, les Fêtes de l'Amour et de Bacchus, le Ballet des Muses, la Princesse d'Élide, et arrangée par M. Weckerlin avec une liberté d'interprétation, d'harmonie et d'orchestration tout à fait contraire au style et au caractère de la musique symphonique du XVIIe siècle. Les éléments de l'art musical, tels qu'on les employait à cette époque, sont trop connus pour qu'on ait eu la pensée de faire accepter par le public cette œuvre hybride comme une restauration de la partition de Lulli. Les batteries, les arpèges, les traits d'agilité, les points d'orgue et autres agréments introduits dans cet ouvrage en ont fait un pastiche dépourvu de caractère. On y a toutefois remarqué une tarentelle de la composition de M. Weckerlin. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC
Opéra-comique en trois actes, d'après Molière, musique de Jadin, représenté à Montansier en 1799.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC
Opéra bouffon en trois actes, livret de Castil-Blaze d'après Molière, paroles ajustées sur la musique de Rossini, Weber, etc., représenté à l'Odéon le 24 février 1827.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Albert Pajol, d’après la comédie de Molière, musique de Paul Bastide, représenté à Strasbourg le 05 février 1921.
MONSIEUR DE SAINT-ALPHONSE
Opérette en un acte, paroles de M. Latouche, musique de M. Lonati, représentée au théâtre de Belleville le 19 avril 1874.
MONSIEUR DESBOSQUETS
Opéra-comique en un acte, livret de Sewrin, musique d’Henri François Berton et Eugène Grandfond. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 06 mars 1810.
MONSIEUR DESCHALUMEAUX ou LA SOIRÉE DE CARNAVAL
Opéra-comique en trois actes, livret d’Auguste Creuzé de Lesser, sous le pseudonyme d'Auguste, musique de Pierre Gaveaux. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le lundi 17 février 1806 avec Mlle Pingenet, Mme Scio ; MM. Lesage (Monsieur Deschalumeaux), Solié (le Duc de Villars), Chenard, Paul, Juliet, Baptiste, Fromageat.
Le voyage de M. Deschalumeaux à Marseille, accompagné de Lajeunesse, son fidèle Achate, a laissé des souvenirs de gaieté qui ne sont pas encore effacés. La méprise qui fait prendre aux voyageurs l'hôtel du duc de Villars, gouverneur de province, pour une auberge, le déguisement d'une grande dame en servante, le souper, la carte à payer de 3,000 livres, ont fourni les incidents les plus amusants, sinon toujours du meilleur goût. L'ouvrage a été dédié à Vincent Campenon. L'ouverture a de la gaieté, et, quoique les motifs ressemblent à des ponts-neufs, elle est assez bien écrite. L'air de Lafleur, qui ouvre le premier acte, est un des meilleurs morceaux :
Douce fille d'une horlogère,
N'entends-tu pas en ce moment
Battre le cœur de ton amant
Comme les montres de ton père ?
Mais leurs mouvements les plus parfaits
S'arrêtent parfois, je suppose,
Mon cœur en battant pour Rose
Ne s'arrêtera jamais.
Le duo entre Mme de Villeroux et Mme de Brillon : De la fille d'auberge, ah ! je retiens le rôle, renferme d'assez jolies phrases. Le compositeur a introduit dans la pièce, comme intermède, un air italien : Di tua beltà, ragiono ; il est des plus médiocres et dans le goût français de cette époque, qui contraste avec cette langue que parlaient alors si mélodieusement les Cimarosa et les Paisiello. Le finale du second acte mérite d'être mentionné à cause de ses qualités scéniques. Dans le troisième, le duo des lits est aussi fort comique ; mais on a tant abusé, dans les petits théâtres, de ces lits qui montent et qui descendent et qui jettent les dormeurs dans la plus grande confusion, qu'on ne s'en amuserait plus aujourd'hui. D'ailleurs la musique ne convient pas à ces pièces à trucs. C'est déroger que de s'y prêter. On en convenait même autrefois, car, à la fin de cet opéra-comique, Solié, qui jouait le rôle du duc de Villars, disait au public :
Puissent tant de plaisanteries
Passer à votre tribunal.
On doit excuser les folies,
Quand on les fait en carnaval.
Maintenant c'est carnaval toute l'année. Les autres rôles ont été joués par Chenard, Paul, Lesage, Juliet, Baptiste, Fromageat, Mlle Pingenet et Mme Scio.
La musique de Gaveaux convenait aux comédies à ariettes. Vive, facile, enjouée, scénique, mais de très courte haleine, et sans originalité, elle laissait à la partie littéraire de la pièce toute la part d'intérêt que les développements modernes du chant et de l'instrumentation ont absorbée depuis. Monsieur Deschalumeaux a été repris en février 1843, avec le concours de Mocker, Ricquier, Moreau-Sainti, Honoré Grignon, Emon, Daudé, Mmes Zoé Prévost et Félix.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MONSIEUR DESCHALUMEAUX
Opérette en deux actes, livret de Gustave Perée, musique de Frédéric Barbier, création au théâtre Déjazet en octobre 1859.
MONSIEUR DUMOLLET
Opérette en trois actes, livret de Victor Jannet, couplets de Hugues Delorme, musique de Mme Louis Urgel, créée au théâtre du Vaudeville le 25 mai 1922.
Première au Trianon-Lyrique le 06 mai 1927 sous la direction d'Albert-E. Jacobs, avec Mmes Louise Balazy, Louise Perrold, Lemichel du Roy, Lorys, MM. Cadet-Grégoire, Delaquerrière, Derroja, Cardon, Mazzanti, L. Weber, Rouanjo.
MONSIEUR EST SERVI
Fantaisie musicale en un acte, paroles de M. Mich, musique d’Ed. Michel, représentée au théâtre des Capucines le 22 novembre 1902.
MONSIEUR ET MADAME DENIS
Opérette en un acte, livret de Laurencin et Michel Delaporte, musique de Jacques Offenbach, créée aux Bouffes-Parisiens le 11 janvier 1862 avec Mmes Pfotzer (Lucile), Gabrielle Darcier (Gaston), Simon (Nanette) ; M. Armand Potel (le sergent Bellerose).
MONSIEUR ET MADAME JEAN
Saynète en un acte, paroles et musique d'Edmond Lhuillier, représentée dans un salon le 22 février 1873.
MONSIEUR ET MADAME ROBINSON
Opérette-bouffe en un acte, livret d'Eugène Furpille, musique d'Alfred Dufresne (sous le pseudonyme de M. Quesnel), représentée sur le théâtre Deburau, aux Champs-Elysées, le 30 août 1858.
MONSIEUR FANCHETTE
Opérette en un acte, livret de M. Mignard, musique de M. Bordogni, représentée aux Bouffes-Parisiens le 29 mars 1867. La musique de cette pièce est agréable. Mme Delphine Ugalde a joué avec beaucoup d'entrain et de talent le double rôle de Fanchette et de son amant supposé. Une jolie cantilène a été redemandée.
MONSIEUR GRIFFARD. Voir Maître Griffard.
MONSIEUR HUCHOT
Opérette en un acte, paroles de M. Térésaud, musique de Justin Clérice, représentée aux Bouffes-Parisiens le 3 novembre 1889.
MONSIEUR JOCRISSE AU SÉRAIL DE CONSTANTINOPLE ou LES BÊTISES SONT DE TOUS LES PAYS
« Calembour en trois actes, en prose, à grand spectacle, mêlé de chants, danses, marches burlesques, etc. », par René Perrin, musique de Froment, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes en 1800.
MONSIEUR JUGULO ou LES CHERCHEURS
Opéra-comique en un acte, musique de Bianchi, représenté au théâtre des Jeunes-Élèves le 22 mai 1806.
MONSIEUR L’ALCADE
Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1874.
MONSIEUR L’AMOUR
Opérette en trois actes, livret de René Peter et Henri Falk, musique de Marcel Lattès. Création au Théâtre Mogador le 11 février 1922 avec Mmes Brigitte Régent, Andrée Alvar, MM. Fernand Francell (Thysis, Richard).
« « Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques. »
L’amour, qui ne fait rien comme personne et qui renverse tout, a heureusement inspiré ses aèdes et troubadours modernes. MM. René Peter et Henri Falk, lesquels viennent d'intervertir le plus ingénieusement du monde les facteurs de la vieille formule classique, et, sur des « pensers » antiques, de composer des vers nouveaux... Voici enfin un livret d'opérette, écrit pour la musique, et bien écrit, — ce qui ne gâte rien, mais ce qui commence à nous changer diablement !
Nous ne prétendons pas que tout soit inédit dans
cette fable ; il s'en faut de beaucoup. Mais l'idée est originale, et ses
développements sont inattendus. Il serait curieux de savoir ce qu'en penserait
le public de 1972, date à laquelle se passent les derniers actes de la pièce,
créée au Nouveau-Théâtre de Mogador, le 11 février 1922, par Mmes Brigitte
Régent, Andrée Alvar, et le charmant ténor Francell ; et ce serait non moins
piquant si le public était alors tel qu'il nous est dépeint par les auteurs,
dans une note de fantaisie satirique un peu outrancière, qui ne
va pas sans rappeler celle de certaines féeries philosophiques, jouées il y a
une cinquantaine d'années : le Docteur Ox et le Voyage dans la Lune.
Quant au prologue, qui fait lui aussi un saut de cinquante ans en arrière, il nous introduit dans l'Olympe — l'Olympe de nos jours, par conséquent, — mais c'est tout de même l'Olympe d'Orphée. Et l'on y prépare un concours qui est tout à fait à la manière de (par hasard) la Belle Hélène.
Il s'agit d'un concours de beautés, organisé sans doute par les grands quotidiens de l'Empyrée. Vulcain est président du jury. On se doute du genre de privilèges que cette qualité lui confère. Ceci ne fait pas du tout l'affaire du jeune Thysis, expéditionnaire au ministère des Beaux-Arts, et dont la petite amie, la nymphe Myrtale, sténo-dactylographe au même coin du « Bois-Sacré », figure sur la liste des postulantes ; et avec la protection de l'Amour, qui s'intéresse à ce couple gentil, le voilà qui intrigue pour faire éliminer avant tout examen la candidate, en la dépeignant à Vulcain sous des traits désavantageux. Malheureusement, Thysis est en butte à la malveillance de Mercure ; Myrtale, mise par celui-ci en présence du président, déchaîne l'enthousiasme de ce vieux satyre, qui lui octroie le prix de beauté sans seulement daigner soumettre aux épreuves les concurrentes inscrites... et, de même qu'un directeur de théâtre subventionné a le droit de réclamer pour sa troupe une lauréate du Conservatoire, Vulcain s'est fait autoriser par Jupiter à prendre « dans son service » la nouvelle diplômée... Cependant, bien qu'habitués à manier la foudre, les dieux savent que pour produire sur un cœur une certaine impression, le coup de flèche de l'Amour est plus radical : profitant de ce que Cupidon a le dos tourné, Vulcain s'approche, sournoisement, et il dérobe un trait à son carquois. Mais Thysis a vu le geste ; il bondit, il arrache au vilain forgeron son arme traîtresse et la lance si loin que la flèche, comme décochée, ira se perdre dans l'espace... elle tombera sur la terre, où MM. Peter et Falk, après l'avoir trouvée et ramassée, s'en sont servis pour écrire la fin de leur opérette.
Un scandale éclate : l'Amour réussit à sauver Thysis et Myrtale en les envoyant rejoindre sa flèche sur notre globe terraqué. Là ils vont renaître à la vie humaine, après avoir passé le Léthé, le fleuve d'oubli — c'est-à-dire qu'ils ne se reconnaîtront pas, avant leur vingtième année — époque à laquelle Eros se fait fort de les réunir... Mais Jupin ne peut tolérer que le petit dieu malin vienne ainsi contrecarrer les desseins, même blâmables, des immortels ses aînés ; l'Amour, convaincu par Vulcain d'avoir abusé de ses prérogatives, est condamné à les perdre : on le dégrade en lui enlevant son arc et ses flèches, qui ne lui seront rendus que si Thysis et Myrtale, désormais étrangers l'un à l'autre, parviennent à se rencontrer et à s'aimer sans qu'il s'en soit mêlé...
Nous faut-il de l'amour, n'en fût-il plus au monde ? En 1972, les mortels ne semblent pas de cet avis — car ils ont l'air de se passer parfaitement de ce qu'ils considèrent volontiers comme une ancienne épidémie : « une sorte de fièvre chaude et parfois contagieuse, qui s'attaquait au cerveau et au cœur. Tous ceux qui en étaient frappés demeuraient incapables d'apprécier l'argent, le bonheur de penser à soi-même, et les délices de bien manger... Ajoutez à cela un délire que l'on appelait jalousie... C'était affreux ! Parlons d'autre chose ! » Et l'on ne rêve plus que chiffre d'affaires ou culture physique. On ne fait plus de « sentiment ». La délicatesse a disparu des relations sociales, et les mœurs de l'époque ne comportent point l'enthousiasme... Nous retrouvons nos héros du premier tableau sous les espèces de nouveaux riches dont le caractère, logiquement développé, est arrivé au point de sa perfection ; c'est un beau spectacle ! Et le fait de voir travestis à la mode « fin de siècle » des gens que nous avons laissés vêtus d'oripeaux néo-grecs ne manque pas non plus de saveur philosophique ; un film récent, le Fils du Flibustier, nous avait déjà présenté un amusant effet de contraste analogue.
Ayant mis trente années à franchir le Styx à rebours, et atteignant aujourd'hui leur terrestre majorité, Thysis est devenu Richard, « fils à papa » et fabricant de conserves alimentaires ; Myrtale est actuellement une petite personne pratique et sportive, Mlle Niquette, dont les parents — les « Pontaubac » — ont fait fortune dans le gros. Et bien qu'il ne soit plus question d'amour entre eux, les manœuvres de Vénus, — qui déguisée en marquise de Santa-Poule travaille pour son fils Eros — réussissent à les rassembler sur le terrain d'un mariage de raison. Naturellement, Vulcain, maquillé en vieux diplomate, et l'officieux Mercure, affublé d'un habit d'académicien, feront tout pour les séparer avant l'échéance fatale. Ils y parviennent. Le cœur n'étant pour rien dans la combinaison, Niquette et Richard ne tarderont pas à se heurter en parlant affaires ; de dépit, la jeune fille accorde sa main au vieux comte Brzideff (Vulcain lui-même) qui exulte. Les noces seront célébrées dans le domaine familial de Saint-Amandour-en-Provence, par les soins de Melchior Pitoulet, commissaire-marieur (Mercure)... Oui, mais l'Amour veille, et surtout Vénus, qui commence par affoler Mercure. Il y a en outre dans le parc de Saint-Amandour un certain arbre creux, abritant un dieu Terme, et dont l'ombre paraît exercer sur ceux qui s'y attardent une influence bizarre. Vous comprenez qu'ici gît le secret du dénouement — dont nous vous laissons la surprise — très habilement amené grâce à l'intervention d'un personnage imprévu, qui est bien ce que l'on peut faire de mieux comme deus ex machina. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MONSIEUR LOHENGRIN
Opérette en trois actes, livret de Fabrice Carré, musique d’Edmond Audran, représentée aux Bouffes-Parisiens le 30 novembre 1896. Pièce amusante, qui n'est point une parodie, malgré son titre, vive et alerte, avec des détails spirituels, ornée d'une musique qui laisserait souhaiter plus de nerf et de nouveauté, mais qui n'est pas sans quelque agrément, joué, pour les deux rôles principaux, par Mlle Delval et M. Lamy, pour les autres par Mmes Gallois et Maurel, MM. Dambrine, Hittemans et Jannin. On a applaudi dans la partition le gentil duo du baiser, celui de la vengeance et les couplets de la rose.
MONSIEUR MARS ET MADEMOISELLE VÉNUS
Opérette en un acte, livret d’Ernest Grenet-Dancourt et Hippolyte Bedeau, musique de Paul Henrion, représentée à l’Eden-Concert le 27 octobre 1894.
MONSIEUR PAPILLON
Opérette en trois actes de Marcel Favre et Jean Monet, musique de Guy Lafarge. Création au Trianon-Lyrique le 21 février 1934.
« Beaucoup de bonne humeur. M. Papillon n'est amoureux que des insectes ; mais, en les poursuivant, il pénètre un jour dans le jardin du capitaine en retraite Cormoran, et se trouve en présence de la fille d'icelui, la fine Geneviève, qui se met vite en tête de prendre à son tour en ses filets l'innocent chasseur, sans trop se préoccuper de ce que deviendra son prétendant en titre, le sportif Le Gallec. A ce trio s'en oppose un autre : le navigateur Cormoran aux prises avec sa femme et sa maîtresse Liliane. Naturellement, il faut que M. Papillon tombe d'abord dans les bras de celle-ci, tandis que Ginette se réfugie au couvent ; mais, rassurez-vous, le niais déniaisé ira bientôt l'y chercher. Sur ce livret bouffon, M. Guy Lafarge a écrit une musique aimable, bien venue, pas toujours très personnelle, mais d'une verve joyeuse et abondante, et dont la facilité mélodique est compensée par des qualités réelles d'orchestration. » (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
MONSIEUR POLICHINELLE
Opéra-comique en deux actes, livret de Léon Morand et Gustave Vattier, musique d'Alfred Delehelle, représenté au Théâtre-Lyrique de l’Athénée le 16 janvier 1873. => détails
MONSIEUR PULCINELLA
Opérette en un acte, livret d’Albert Turquet, musique de Stéphen de La Tour, représentée au Théâtre d'Application le 31 mai 1892, dans un spectacle du Cercle funambulesque, puis joué aux Bouffes-Parisiens le 13 novembre 1894.
MONSIEUR PYGMALION ET SA STATUE
Fantaisie lyrique en un acte, musique posthume d'Auguste L'Éveillé, représentée au théâtre de la Tour-d'Auvergne le 22 mars 1873.
MONSIEUR SANS FAÇONS
Opérette en trois actes, livret de Maxime Boucheron et Albert Barré, musique d’Antoine Banès, non représentée.
MONSIEUR TOM
Opéra-comique, musique d’Ad. Honhon, représenté à Tongres, au cercle Concordia, en 1877.
MONT ALPHÉA (LE) ou LE PÈRE JALABITE
Opéra-comique en trois actes, en prose, paroles de Lebrun-Tossa, musique de Foignet, écrit vers 1792, non représenté.
MONTAGNE (LA) ou LA FONDATION DU TEMPLE DE LA LIBERTÉ
Scène lyrique en un acte, paroles de Milcent, musique de Granges de Fontenelle, représentée au Théâtre de l'Opéra [Opéra National] le 25 octobre 1793, avec Mlle Maillard (la Liberté), Mlle Ponteuil (une Citoyenne); Renaud (Coriphée), Lefebvre (un Citoyen).
« C'est le début à ce théâtre de Granges de Fontenelle, élève de J.-B. Rey et de Sacchini. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MONTAGNE-NOIRE (LA)
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, poème et musique d’Augusta Holmès.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 08 février 1895. Mise en scène d'Alexandre Lapissida. Chorégraphie de Joseph Hansen. Décors de Marcel Jambon. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Lucienne BRÉVAL (Yamina), Lucy BERTHET (Héléna), HÉGLON (Dara), MATHIEU (une Esclave).
MM. ALVAREZ (Mirko), RENAUD (Aslar), L. GRESSE (le Père Sava), DOUAILLIER, GALLOIS, CANCELIER, LAURENT, DEVRIÈS, PALIANTI, Louis IDRAC, Jean Fernand DENOYÉ (les Chefs Monténégrins).
Danse (4e acte) : Mlle TORRI (une Almée).
Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL
12e à l’Opéra, le 26 avril 1895, avec les créateurs, sauf :
Mmes HÉGLON (Yamina), LOVENTZ (Héléna), DUFRANE (Dara). MM. BARTET (Aslar), CHAMBON (le Père Sava).
12 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
MONTANO ET STÉPHANIE
Opéra en trois actes, livret de Jean-Elie Dejaure, musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique le 15 avril 1799. => fiche technique
MONTÉNÉGRINS (LES)
Drame lyrique en trois actes, livret de Jules Alboise du Pujol et Gérard de Nerval, musique d’Armand Limnander. Création au Théâtre National de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 31 mars 1849, mise en scène d’Henri, décors d’Hugues Martin, avec Mmes Delphine Ugalde (Béatrix), Léocadie Lemercier (Régina), MM. Hermann-Léon (Ziska), Bellecourt (Andréas), Alexandre Bauche (Sergy), Sainte-Foy (Poliquet), Nathan (Roger).
Repris à l'Opéra-Comique le 14 août 1858 dans une version réduite à deux actes, avec Mmes Irma Sophie Pannetrat (Béatrix), Léocadie Lemercier (Régina), M. Sainte-Foy (Poliquet).
« La scène se passe en 1807 ; mais le costume pittoresque des Monténégrins fait disparaître l'inconvénient qu'on rencontre dans la mise en scène des sujets contemporains. Le chef de ces peuples, Andréas, s'est vendu à la Russie ; Ziska, au contraire, poète chanteur de la Carinthie, excite le peuple à reconnaître le protectorat de Napoléon. Sa fille adoptive, qui aime un jeune officier français, le seconde dans ses projets. La vie de cet officier est exposée au plus grand danger pendant le cours de l'action dramatique ; mais tout se termine au gré des Monténégrins et de notre honneur national. Ce poème offre des situations analogues à celles de la Dame blanche, et il est intéressant. La musique en est à la fois colorée, dramatique et originale. Le finale du premier acte et la prière à la Vierge Marie du troisième prouvent que M. Limnander possède des qualités qu'il pourrait déployer avec chance de succès sur notre première scène lyrique. Nous signalerons, au premier acte, la romance chantée par Béatrix, la ballade fantastique sur Hélène la châtelaine, la maladetta ; au second acte, le trio : Il est minuit, pour voix d'hommes ; le chœur à bocca chiusa (à bouche fermée), imitation des Brummlieder, dont M. Limnander a le premier produit l'effet sur la scène. Le finale de cet acte est très dramatique et bien rendu par le musicien. La prière à la Vierge Marie, dont nous avons parlé plus haut, et le trio final, sont les morceaux les plus saillants du troisième acte. Mme Ugalde s'est fait beaucoup applaudir dans le rôle de Béatrix. Hermann-Léon était très pittoresque dans celui du barde Ziska. Bauche, Sainte-Foy et Mlle Lemercier ont interprété les autres rôles. Cet ouvrage a été repris en 1858 et réduit à deux actes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MORCEAU D'ENSEMBLE (LE)
Opéra en un acte, musique de Blangini, représenté au théâtre des Nouveautés en 1825.
MORCEAU D'ENSEMBLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Frédéric de Courcy et Pierre Carmouche, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 07 mars 1831, avec Mmes Zoé Prévost (Mme de Coulange), Marie Julie Boulanger (Anette), Marie Sophie Lemesle (Mme de Vermont), MM. Moreau-Sainti (Victor de Serigny), Prosper Boullard (le major Brisville), Genot (le comte de Vermont), Paul Jean Fargueil (Giraud), Ernest (un Trompette).
« Une jeune veuve, dans un accès de misanthropie, s'est confinée dans son château au fond de la Touraine, a défendu à ses gens d'y laisser pénétrer aucune figure humaine. Un cousin, M. Victor, brillant officier, vient à passer à la tête de son régiment près du lieu habité par la jolie recluse. Il brave la consigne et s'introduit dans la maison. La jeune veuve a beau se fâcher ; elle raffole de musique, et le cousin apporte de Paris un morceau d'ensemble qui excite son enthousiasme. Mais pour l'exécuter, il faut des chanteurs. M. Victor propose timidement le major de son régiment, excellente basse-taille, puis un capitaine ; enfin il parvient à faire admettre tous les officiers qui chantent à première vue le morceau d'ensemble. De vieux parents arrivent sur ces entrefaites et surprennent leur nièce au milieu de cet état-major dilettante. Le morceau d'ensemble se transforme en duo, dont le finale est l'épithalame de rigueur. La musique d'Adam offre comme toujours de jolies choses, quelques couplets agréables et beaucoup de phrases communes ; le Morceau d'ensemble n'a pas paru assez réussi pour justifier le titre de l'ouvrage et le maintenir au répertoire. Le rôle de la jeune veuve a été chanté par Mlle Prévost, et celui du cousin par Moreau-Sainti. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MORT D'ABEL (LA) — voir Abel.
MORT D'ADAM ET SON APOTHÉOSE (LA)
Opéra biblique en trois actes, livret de Nicolas Guillard, musique de Jean-François Lesueur, création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 21 mars 1809. Chorégraphie de Louis Milon (1er acte) et Pierre Gardel (3e acte). Décors d'Ignazio Degotti. Costumes de François Guillaume Menageot. Avec Dérivis (Adam), Lays (Seth), Lainé (Cain), Nourrit (l'ombre d'Abel), Bonel et Bertin (Satan); Mmes Maillard (Eve) et Garnier (Sélime).
« Le compositeur éprouva de grandes difficultés pour faire représenter cet ouvrage ; sa musique très sérieuse, d'une puissante originalité, trouvait de nombreux détracteurs. La musique de Lesueur a certainement le mérite de l'originalité. Ce compositeur s'est souvent égaré à la recherche de systèmes nouveaux, et il a plutôt réussi dans le style religieux que dans la musique dramatique ; cependant la Mort d'Adam obtint un vrai succès. Il faut reconnaître que le décor de l'apothéose d'Adam y contribua bien un peu. Le peintre Degotty, qui en était l'auteur, disait naïvement : « C'est bien le plus beau paradis que vous ayez vu de votre vie, et que vous verrez. » Ce décor donna lieu aux vers suivants, dans lesquels on fait parler l'auteur :
Ma pièce, je l'avoue, est d'un ennui mortel,
Mais au séjour de l'Eternel,
(Si beau qu'on n'a rien vu de tel),
Je transporte à la fin Adam avec Abel,
Et je réussis, grâce au ciel !
Nous soupçonnons fort Hoffman d'avoir été l'auteur de ces vers. Il réclamait l'invention de cet apothéose pour son opéra de la Mort d'Abel, quoiqu'il ait été représenté un peu plus tard. Un des détracteurs de cet opéra fit ce quatrain, boutade de rimeur :
Dans la pièce d'Adam, si quelqu'un m'intéresse,
Hélas ! messieurs, ce n'est pas lui.
Adam meurt, j'en conviens, mais il meurt de vieillesse.
Plaignons plutôt les gens qu'il fait mourir d'ennui.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le livret fixe au 17 mars la date de la première représentation, mais c'est une erreur.
Le décor de l'Apothéose, peint par Degotti, ne nuisit point au succès de cet opéra. A ceux qui lui faisaient compliment de son œuvre, cet habile artiste répondait d'un air convaincu : « Oui, c'est bien certainement le plus beau paradis que vous ayez vu de votre vie et que vous puissiez voir jamais. »
Parodie : A qui la gloire, intitulée ensuite Adam Montauciel, à qui la gloire, par Désaugiers, Gersin et Rougemont. (Voir Abel de Kreutzer). »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MORT DE PAUL Ier (LA)
Opéra en trois actes, musique de Luce Varlet, en collaboration avec Victor Lefèvre, représenté à Douai en 1834.
MORT DE ROLAND (LA)
Symphonie et chœur mixte, musique d’Ernest Lefèvre-Dérodé, exécuté à l’Académie nationale de Reims le 11 juillet 1912.
MORT DE SOCRATE (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Galoppe d'Onquaire, musique d’Edmond Hocmelle, représenté dans des concerts, chanté par Cibot, Potel et Mlle Faivre. Il s'agit dans la pièce d'un jeune fou qui dit adieu à la vie de garçon, et aux yeux duquel le mariage est considéré comme la ciguë ; joué en mars 1859.
MORT DE TURENNE (LA)
« Pièce historique et militaire à grand spectacle », de Bouilly et Cuvelier, musique arrangée par Navoigille et Baneux, représentée au théâtre de la Cité le 17 juin 1797.
MORT DU TASSE (LA)
Tragédie lyrique en trois actes, livret de J. G. A. Cuvelier de Trie et Joseph Hélitas de Meun, musique de Manuel Garcia, création au Théâtre de l'Opéra (salle Favart) le 07 février 1821. Divertissements de Louis Milon. Décors de Charles Ciceri et Jacques Daguerre. Costumes d'Auguste Garnerey.
« Succès d'estime. » [Almanach des spectacles, 1822]
« La réputation de Garcia, comme artiste et comme professeur de chant, a fait oublier généralement qu'il a composé un grand nombre d'opéras, espagnols, italiens, français, et même mexicains. Les artistes supérieurs ont une faculté d'assimilation qui les égare quelquefois et leur fait prendre le don d'imitation pour celui de l'inspiration. Il ne reste, des compositions nombreuses de Garcia, que quelques chansons espagnoles, notamment l'air resté populaire en Espagne : Yo che soy contrabandista. C'était un artiste doué d'une prodigieuse facilité pour toute chose. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Les auteurs avaient pris pour épigraphe ce quatrain de la sc. III du 3e acte :
Art divin ! noble poésie !
Tu n'es pas ce que tu promets,
Et trop souvent ton ambroisie
A l'amertume des regrets.
Le public reçut mal vers et musique. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MORT FIANCÉ (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial, Adolphe d'Houdetot et A. Féréol, musique de Prosper de Ginestet. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 16 janvier 1833. Une légende allemande a fourni le sujet du livret. Chaque année un esprit diabolique s'installe à l'auberge de la Croix-Noire. C'est le Mort fiancé qui, le premier dimanche de l'Avent, emmène une jeune et gentille fiancée, toute vive, dans l'autre monde. Un homme, vêtu de noir, est descendu à l'auberge ; on ne doute pas que ce ne soit l'esprit lui-même. Après maint quiproquo, personne ne meurt et tout s'explique. La musique a été trouvée bien faite, l'instrumentation facile. On a remarqué surtout un air chanté par Mme Ponchard.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MORT IMAGINAIRE (LE)
Opéra-comique, musique d’Antoine-Barthélemy Bruni, représenté au théâtre Montansier en 1791.
MORT MARIÉ (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Francesco Bianchi. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 12 février 1777.
MORT PAR ERREUR
Opérette en un acte, paroles de Doyen et G. Fortin, musique de M. Cosas, représentée au théâtre de Batignolles (Paris) le 30 janvier 1875.
MORT PAR SPÉCULATION (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Sagnier, musique de Chrétien Kalkbrenner, représenté au théâtre Molière le 21 janvier 1799.
MOSÈ IN EGITTO
(Moïse en Egypte)
Opéra italien en quatre actes, livret d'Andrea Leone Tottola, musique de Gioacchino Rossini, créé au Teatro San Carlo de Naples le 05 mars 1818. Représentation extraordinaire à l'Académie royale de musique de Paris le 20 octobre 1822, au bénéfice de Mme Pasta, avec M. Zucchelli qui y débutait dans le rôle de Pharaone. Rossini remania son œuvre pour ce théâtre où elle fut présentée le 26 mars 1827 sous le titre Moïse et Pharaon ou le Passage de la mer Rouge (voir ce titre).
MOSQUITA LA SORCIÈRE
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Gustave Vaez, musique de Xavier Boisselot, représenté à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 27 septembre 1851, avec Mmes Louise Rouvroy (Mosquita), Félicie Mendez (Bénita), Vadé-Bibre (Dolorès) ; MM. Michel (Don Manoel), Horace Menjaud (Peblo), Honoré Grignon (Gallardo), Leroy (Carasco), Wilhem (Morellos).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 21 en 1851, 4 en 1852.
« Cet ouvrage a servi de pièce d'ouverture au Théâtre-National, appelé depuis Théâtre-Lyrique. La scène se passe au Mexique, entre don Manoël, fils du vice-roi, espèce de don Juan, et une cousine qui, pour le corriger de ses égarements, se déguise en sorcière et lui joue une foule de tours bons et mauvais, jusqu'à ce qu'elle le juge digne de devenir son époux. C'est un des plus médiocres livrets de Scribe. La partition est très chargée de musique, et conçue dans un système éclectique, qui s'allie difficilement avec l'originalité. Les effets cherchés et trop multipliés se nuisent réciproquement, et, en somme, rien de saillant ne reste dans la mémoire des auditeurs. Au premier acte, on a remarqué l'entrée de la sorcière sur un cantabile expressif, suivi de vocalises brillantes ; une marche villageoise laborieusement orchestrée, à laquelle ne manquent ni le piccolo, ni le glockenspiel, ni la cloche de la chapelle. Le duo entre Manoël et Mosquita commence par une jolie phrase : Ouvrez, ouvrez, gentille châtelaine. Les couplets à boire, accompagnés par des notes syllabiques de l'orchestre et du chœur, ont de la verve et sont bien traités. Dans le second acte, il faut signaler le boléro chanté par Benita, la jeune villageoise, et un trio dramatique. Au troisième acte, on a remarqué une sérénade chantée derrière la coulisse, et le duo bien conduit de la dernière scène. Le personnel du Théâtre-National était loin d'être capable d'interpréter une partition aussi travaillée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« M. Xavier Boisselot, élève et gendre de Lesueur, avait remporté le prix de Rome en 1836. Son premier opéra, donné en 1847 à la salle Favart, était intitulé : Ne touchez pas à la Reine ! Après avoir inauguré le nouveau Théâtre-Lyrique avec Mosquita (jouée par le ténor Michel et Mlle Rouvroy), M. Boisselot renonça à la musique militante, et se retira à Marseille, où il se voua aux affaires commerciales. — L'action de la pièce se passait au Mexique, si l'on s'en fie aux costumes, mais plutôt dans ce pays romanesque inventé tout exprès par Scribe pour les exploits de ses brigands, et qu'on a appelé plaisamment la Scribie. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MOUCHE D’OR (LA)
Opérette en deux actes, livret de Gaston Marot et Louis Péricaud, musique de Gangloff, représentée au Petit-Casino le 15 septembre 1893.
MOUETTE BLANCHE (LA)
Opéra-comique, paroles et musique de Mireille Kermor, représenté à Rouen en 1903.
MOULIN DE CATHERINE (LE)
Opérette en un acte, paroles d’E. Alby, musique de Laurent de Rillé, représenté aux Folies-Nouvelles le 1er septembre 1858.
MOULIN DE JAVELLE (LE)
Opérette en un acte, livret d’Ernest Grenet-Dancourt, musique de Paul Henrion, représenté à l’Eden-Concert le 13 avril 1894.
MOULIN DE SANS-SOUCI (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Bryon d'Orgeval, représenté au théâtre d'Anvers dans le mois d'avril 1861.
MOULIN DES AMOURS (LE)
Opérette, livret de Louis Péricaud et Gaston Villemer, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Eldorado le 25 janvier 1878. => partition et livret
MOULIN DES LILAS (LE)
Opérette en un acte, livret de Leclerc et G. Bonnet, musique de M. Bénard, représentée au théâtre Déjazet le 14 octobre 1883.
MOULIN DES ROSES (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Fernand Beissier, musique de Louis César Desormes, représenté au petit théâtre de la galerie Vivienne en décembre 1898.
MOULIN DES TILLEULS (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Julien de Mallian et Eugène Cormon, musique d’Aimé Maillart. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 09 novembre 1849, avec Mmes Léocadie Lemercier (Justine), Maria Meyer [Meillet-Meyer] (Mariette), MM. Hermann-Léon (Robert), Sainte-Foy (Trichard).
« Cette pièce a peu d'intérêt dramatique et n'a fourni au compositeur que l'occasion de s'exercer dans le style militaire et le style champêtre. Le sergent Robert, du régiment de Champagne, deux villageoises, et Trichard, fermier du moulin des Tilleuls, en sont les personnages. On a remarqué les couplets du sergent, dont l'orchestration produit des effets ingénieux ; la pastorale pour soprano : A mes moutons, en m'éveillant, qui est naïve et bien rendue, ces deux vers surtout, traités à la façon de Grétry :
Moutons si blancs, si doux,
Quand mon cœur bat, il bat pour vous.
La romance : Loin du pays, n'ayant plus d'espérance, est une mélodie distinguée. Hermann-Léon, Sainte-Foy, Mlles Lemercier et Meyer ont interprété cet ouvrage. La partition a été arrangée pour piano et chant par M. Vauthrot. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MOULIN DU ROI (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret d'Adolphe de Leuven, musique d’Adrien Boieldieu, représenté à Bade le 15 juillet 1858. Chanté par Monjauze, Meillet, Mmes Miolan, Meillet et Faivre. C'est un joli ouvrage qui a obtenu du succès.
MOULIN DU VERT-GALANT (LE)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Eugène Grangé et Victor Bernard, musique de Gaston Serpette, représenté aux Bouffes-Parisiens le 12 avril 1876 avec Mmes Théo (Toinette), Paola Marié (Jeanne), Blanche Méry (Fortuné), de Sams (Margot), MM. Daubray (Gambillard), Pescheux (Bonardel), Fugère (Camusot), Scipion (Tiphème), Vinchon (le Notaire).
Sur un imbroglio assez leste, le compositeur, grand prix de Rome, a écrit une partition considérable et qui prouve le parti qu'il pourrait tirer de sa science musicale s'il traitait des sujets plus sérieux. On y remarque un pastiche habile des menuets de Mozart ; les couplets : Eh bien ! oui, c'est un grand mystère ; le finale du premier acte, le duo d'amour du deuxième, et un chœur de chasseurs.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MOULIN JOLI (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Clairville, musique d'Alphonse Varney, représenté sur le théâtre de la Gaîté le 18 septembre 1849. Cette pièce, qui a eu quelque succès, a été interprétée par Mlles Hortense Jouve et Kleine, MM. Francisque et Castel. La partition se compose de dix morceaux et a été publiée.
MOULIN TÉNÉBREUX (LE)
Opérette en un acte, paroles de Ch. Narrey, musique d’Albert Vizentini ; représentée aux Bouffes-Parisiens le 28 octobre 1869. On a remarqué l'ouverture et les couplets : Gare à vous, mon mari, d'une facture facile et soignée dans les détails. Jouée par Lanjallais, Lécuyer, Mlles Pradal et Cellini.
MOURETTE
Drame lyrique en trois actes, un prologue et quatre tableaux, livret de Paul de Choudens, musique de Charles Pons, représenté à Marseille en 1909.
MOUSQUETAIRE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Armand et Achille Dartois, musique de Georges Bousquet. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 14 octobre 1844. La pièce est un imbroglio assez médiocre, dans lequel un conseiller et un mousquetaire se disputent la main d'une jeune et riche héritière. On a remarqué le chant pathétique des violoncelles dans l'ouverture, l'air du mousquetaire : Je suis amoureux, et la romance chantée tour à tour par Cécile et l'heureux mousquetaire. Duvernoy, Audran, Sainte-Foy, Mmes Potier et Zoé Prévost ont agréablement interprété cet ouvrage.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MOUSQUETAIRES AU COUVENT (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Ferrier et Jules Prével, d’après l’Habit ne fait pas le moine, vaudeville de Saint-Hilaire et Duport, musique de Louis Varney (3e acte terminé par Achille Mansour).
Personnages : Brissac (baryton) et Gontran (ténor), officiers de Mousquetaires ; l’Abbé Bridaine (baryton ou baryton-basse) ; le Gouverneur de Touraine (basse) ; Marie (soprano) et Louise (soprano) de Pontcourlay, nièces du Gouverneur de Touraine ; Simonne (soprano), servante d'auberge ; la Supérieure du Couvent (desclauzas) ; Douze petits rôles (6 masculins, 6 féminins) ; chœurs.
Première représentation à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 16 mars 1880, sous la direction de Marius Baggers, avec Mmes Bennati (Simone), A. Rouvroy (Marie), Clary (Louise), Chevallier (la Supérieure), Becker (Soeur Opportune), MM. Frédéric Achard (Brissac), Marcelin (Gontran), Hittemans (Bridaine), Dequercy (le Gouverneur), P. Jorge (Rigobert), Desmonts (Pichard), Chambéry (un Bourgeois).
Reprise au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 26 novembre 1934.
Résumé.
Pour approcher de leurs belles, deux Mousquetaires s'introduisent au Couvent des Ursulines sous un déguisement emprunté de force à des moines-pèlerins. Ce faisant, ils éventent sans le vouloir un dangereux complot et leur équipée finit le mieux du monde, comme il convient dans un ouvrage gai de la meilleure tradition française !
La scène se passe en Touraine, sous le règne de Louis XV.
ACTE I. — Une cour de l'hôtellerie « Au Mousquetaire gris » à Vouvray.
Des Mousquetaires sont attablés à l'auberge. Entrent des petites marchandes, puis l'alanguie Simonne et le bon abbé Bridaine.
Lorsque tout le monde a été congédié par l'Aubergiste, Brissac apparaît. C'est lui qui a fait venir Bridaine pour tâcher d'obtenir son concours dans l'enlèvement qu'il projette avec Gontran de la jeune Marie, pensionnaire du Couvent des Ursulines, dont Gontran est amoureux fou. Bridaine se récuse, mais, par intimidation, les deux Mousquetaires finissent par obtenir sa demi-complicité. Brissac et Gontran se retirent.
Les gens reviennent à l'auberge, où le Gouverneur paraît bientôt avec son escorte. Le Gouverneur charge justement Bridaine de se rendre au Couvent pour y convaincre ses deux nièces d'y prendre le voile sans délai ! Bridaine est bien embarrassé.
Arrivent deux moines-pèlerins, ou plutôt deux faux moines, que le Gouverneur ordonne d'héberger. Brissac et Gontran sont mis au courant par Bridaine des projets du Gouverneur. Il leur vient alors l'idée folle de dépouiller les moines de leurs robes et, tout en les faisant garder à vue par leurs hommes, de se rendre au Couvent sous leur déguisement emprunté...
ACTE II. — Salle d'étude au Couvent des Ursulines.
Les pensionnaires sont informées par la Supérieure de la visite des révérends pères. Les jeunes filles profiteront de leur présence pour faire une confession générale. C'est Louise qui la rédige. Marie, elle, rêve à Gontran. A l'arrivée de la Supérieure, toutes cachent leurs billets dans leurs pupitres.
Les pseudos moines lâchent des mots malencontreux, mais l'innocence des religieuses est fort grande... Gontran se fait reconnaître de Marie, et Brissac impressionne vivement Louise. Avant de prononcer le sermon prévu, Brissac engloutit un copieux repas. Gontran, qui fouille les pupitres, découvre le billet de Marie, dont le contenu le ravit. Entre temps, Bridaine arrive et réussit à persuader Marie d'écrire à Gontran une lettre d'adieu.
Brissac revient du réfectoire terriblement gris. Il prononce un sermon sur l'amour, au grand désespoir de Bridaine et au scandale de tout le couvent !
ACTE III. — Une cour du couvent.
Brissac a cuvé son vin et Bridaine, toujours plus enferré dans son rôle de complice malgré lui, a dû inventer une pieuse histoire pour couvrir les frasques du pseudo-moine.
Brissac et Gontran complotent maintenant l'enlèvement de Marie et de sa sœur. Ils s'assurent pour cela la complicité de Simonne, dépêchée au Couvent par l'hôtelier de Vouvray qui voudrait voir lever la consignation des moines enfermés par ordre de Brissac.
Comme on signale l'arrivée du Gouverneur, tous s'apprêtent à fuir, au moyen d'une échelle dénichée par l'astucieuse Simonne pour franchir l'enceinte. Mais le Gouverneur survient au moment où Bridaine est dans une posture ridicule, à califourchon sur le mur. Il est venu arrêter deux redoutables conspirateurs ayant revêtu la robe des capucins pour mieux s'approcher du Cardinal aux fins de l'assassiner... En les mettant hors d'état de nuire, Brissac et Gontran ont ainsi sauvé la vie au premier personnage du royaume. Aussi recevront-ils en récompense, Gontran la main de Marie, et Brissac celle de Louise. Les deux noces seront célébrées ensemble à l'hôtellerie du « Mousquetaire gris » !
« La pièce est un arrangement de celle de Saint-Hilaire et Duport, l'Habit ne fait pas le moine, jouée en 1835 avec la musique de Doche et Thys. Toute cette menue monnaie du Comte Ory a toujours cours. Deux mousquetaires se sont affublés du froc de deux capucins, qui ne sont eux-mêmes que des conspirateurs déguisés en moines, pour pénétrer dans un couvent où se trouvent deux jeunes filles qu'ils aiment pour le bon motif. Après maint incident qu'il est facile de deviner, ces deux mousquetaires bénéficient de la découverte de la conspiration, et, au lieu d'être punis, sont récompensés de leur escapade en obtenant d'épouser leurs jeunes maîtresses. Il y a dans cette pièce un curé que les auteurs, qui ne respectent rien, ont appelé Bridaine et qui égaye l'assistance de ses lazzis de mauvais goût. La musique est agréable et offre quelques gracieux motifs, entre autres une ronde de paysans et le chœur des pensionnaires. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
« Principaux personnages : Brissac et Gontran, mousquetaires ; Marie et Louise de Pontcourlay, filles du gouverneur de Touraine, pensionnaires du couvent des Ursulines ; l'abbé Bridaine ; Simonne, servante d'auberge ; le gouverneur de Touraine, comte de Pontcourlay.
La scène se passe en Touraine, sous le règne de Louis XV.
Le comte de Pontcourlay, gouverneur de Touraine, a ses deux filles, Marie et Louise, au couvent des Ursulines, à quelque distance de Vouvray. Marie est amoureuse d'un mousquetaire, et son amour est partagé. Cette amourette est née de curieuse façon : l'abbé Bridaine, ami de la maison du comte et précepteur de Gontran, a parlé en termes si chaleureux de la jeune fille au jeune homme et vice-versa, qu'ils ont fini par s'éprendre l'un de l'autre, bien que s'étant vus à peine.
Le comte, familier du cardinal, pour servir la politique de ce dernier, a décidé de faire prendre le voile à ses deux filles, et pour leur faire connaître cette décision, il a songé à Bridaine. Mais Bridaine vient d'être mis par son élève Gontran dans la confidence de son amour et a accepté de faire tenir une lettre à Marie. Le pauvre abbé se trouve dans une situation difficile. Elle le deviendra bien davantage par la suite.
C'est à l'auberge de Pichard à Vouvray que se passe le premier acte. C'est là que Gontran et son ami Brissac, deux fringants mousquetaires, obtiennent par intimidation la demi-complicité de l'abbé. C'est là qu'on fait connaissance avec la servante Simonne, qui, bien que figurée par la première chanteuse, ne joue dans l'action qu'un rôle assez effacé. C'est là enfin que le gouverneur, tout à la fin de l'acte, chargera Bridaine de sa délicate mission.
Entre temps, il est arrivé à l'auberge deux moines, ou plutôt deux faux moines, dont l'habit cache deux conspirateurs désignés pour assassiner le cardinal dont on attend la venue. La présence de ces personnages inspire à Brissac et à Gontran une idée folle : ils dépouillent les moines de leurs robes et les font garder à vue par leurs hommes. Déguisés en capucins, ils devanceront Bridaine au couvent des Ursulines et pénétreront auprès de Marie, qu'ils espèrent enlever grâce à ce stratagème.
En effet, au second acte, on annonce aux sœurs et aux pensionnaires réunies dans une salle d'étude, l'arrivée de deux révérends pères. La supérieure se félicite de cette visite et exhorte les pensionnaires à profiter de l'occasion pour une confession générale. Les jeunes filles obéissent et laissées seules pour leur examen de conscience, elles mettent par écrit une confession originale rédigée par Marie, où l'on peut lire... « Quand je prie, ma lèvre murmure : Marie, mon cœur : Gontran ! » Les billets sont cachés dans les pupitres à l'arrivée de la supérieure.
Brissac et Gontran sont introduits. Ils font assez curieuse figure de moines et lâchent à tout moment des mots malencontreux. Heureusement que l'innocence des religieuses est sans bornes ! Gontran se fait reconnaître de Marie, et Brissac est vivement impressionné par Louise, qui pour le moment n'est pas dans le secret, mais dont la curiosité est piquée. Les moines annoncent un sermon, et avant de parler, Brissac se fait servir un copieux repas pour se donner des forces.
En fouillant les pupitres, Brissac a trouvé l'aveu de Marie ; Gontran est au septième ciel. Mais Bridaine survient à son tour et a avec la jeune fille un entretien dans lequel il lui communique la décision paternelle. Il obtient d'elle une lettre de congé qu'il remet ensuite à Gontran. Le pauvre homme a été bouleversé en reconnaissant sous la robe de moine les deux mousquetaires, mais force lui est désormais de continuer à feindre et de s'enferrer toujours plus avant dans son rôle de complice.
Malheureusement Brissac a trop bien dîné. Il est épouvantablement gris et rien ne peut l'empêcher de prononcer devant les pensionnaires le sermon qu'il a promis. Au désespoir de Bridaine et au scandale de tout le couvent, il fait un prêche sur l'amour qui achève l'acte le plus gaiement du monde. Pour expliquer cette chose inouïe, le bon abbé devra inventer de nouveaux mensonges et mettre l'accident sur le compte d'un coup de soleil attrapé par le pauvre moine au cours d'un pèlerinage en Palestine !
Troisième acte : dans la cour du couvent. Le pseudo-malade a cuvé son vin. Avec Gaston il complote maintenant l'enlèvement de Marie et de sa sœur. Les mousquetaires de leur compagnie entourent la maison, prêts à leur prêter main-forte. Mais les sœurs sont maintenant méfiantes. Elles ont constaté le dégât fait par Brissac dans leur garde-manger et leur cellier et l'idée leur vient que le coup de soleil du frère prêcheur pourrait bien avoir été attrapé dans les vignes du Seigneur plutôt qu'en Palestine. Bridaine lui-même, par son obstination à défendre le coupable, devient suspect.
Arrive Simonne, envoyée par maître Pichard, l'aubergiste de Vouvray. Elle vient demander de la part de son maître à Brissac et à Gontran de lever la consignation des moines restés à l'auberge, où ils font un train d'enfer. La complaisante soubrette veut bien se charger d'un message pour Marie. La supérieure annonce la prochaine arrivée du gouverneur accompagné du cardinal. C'est là un grave contretemps ; il s'agit de fuir au plus vite. Une échelle est dressée contre le mur du jardin. Bridaine y monte, mais comme il atteint le faîte, on entend une sonnerie de trompette et Simonne prise de peur retire l'échelle, laissant le pauvre abbé perché. C'est dans cette posture que le trouvera le gouverneur, venu arrêter deux moines signalés comme des conspirateurs qui en veulent à la vie du cardinal. Les deux mousquetaires se montrent alors, tout s'explique, et il est établi que par leur escapade, Brissac et Gontran ont bel et bien sauvé la vie du premier personnage du royaume. Les conspirateurs ont en effet été par eux mis hors d'état de nuire et leur capture sera facile. Pareil haut fait mérite une récompense. On devine laquelle : le gouverneur accordera à Gontran la main de Marie et à Brissac celle de Louise. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Il y a, dans certains titres, des vocables fétiches et dont l'emploi porte bonheur aux auteurs assez habiles pour savoir en tirer parti. Singulièrement, au théâtre, nombreux ont été les lauriers moissonnés sous l'égide victorieuse de la croix et de la bannière du régiment des « Mousquetaires ». La remarque en a été faite à propos des Mousquetaires de la Reine, d'Halévy : le mot seul mettait les librettistes en verve, les compositeurs en veine, et les interprètes en voix...
MM. Paul Ferrier et Jules Prével lui doivent beaucoup. Ils connaissaient le succès remporté par les Trois Mousquetaires sur les planches du Théâtre-Historique et de la Porte-Saint-Martin, et, dans Vingt ans après, à l'Ambigu. Ils ont voulu enrichir le répertoire d'opérette d'un pendant à l'œuvre lyrique d'Halévy, ainsi qu'au mélodrame héroïque d'Alexandre Dumas et Auguste Maquet. S'adressant pour leurs partitions au maître Louis Varney, ils ont donné d'abord les Mousquetaires au Couvent — et puis les Petits Mousquetaires. Ces derniers, qui ont triomphé aux Folies-Dramatiques en 1885, paraissent trop « petits » aujourd'hui que le cinématographe a définitivement fixé les traits de d'Artagnan, d'Athos, de Porthos et d'Aramis — agréablement pastichés alors par les librettistes. Les Mousquetaires au Couvent ont des ancêtres d'une moins éclipsante renommée : sur leurs exploits, Saint-Hilaire et Duport avaient écrit pour le théâtre du Vaudeville, en 1835, une pièce intitulée : l'Habit ne fait pas le moine. Et c'est en quelque sorte une nouvelle version qu'en ont représentée, le 16 mars 1880, les Bouffes-Parisiens (direction Cantin). — Les Mousquetaires, après avoir sauvé ce théâtre de la faillite, n'ont rendu leur épée qu'à la Mascotte. Les centièmes de ces deux ouvrages ont alterné par la suite sous les mêmes frises. Les Mousquetaires au Couvent, dont les dernières reprises eurent lieu sur le plateau des Folies-Dramatiques, servent généralement en province de début aux troupes légères — absolument comme les Huguenots, leurs maussades adversaires classiques, aux compagnies lourdes. Les « flaflas » et les « rataplans » de ceux-ci peuvent avoir, « musi-scientifiquement » parlant, plus de valeur... mais les « planplans » et les « flonflons » de ceux-là sont d'une audition plus régalante.
***
Lieutenant aux Mousquetaires gris, Gontran de Solanges est amoureux fou de Marie de Pontcourlay, fille du gouverneur de la Touraine, et nièce du grand Cardinal. Elle est encore, avec sa petite sœur Louise, au couvent des Ursulines de Vouvray, et tout porte à croire que la pauvre enfant est destinée à y rester : c'est une de ces « vocations un peu équivoques » sur lesquelles soupirait plus tard la bonne marquise de Sévigné devenue grand'mère, et qui étaient souvent imposées aux demoiselles nobles de l'époque, pour toutes sortes de raisons, politiques ou économiques, dans beaucoup de grandes familles où l'on réservait les biens à l'héritier du nom.
Tel est le sens de la réponse faite par le comte de Pontcourlay à l'excellent abbé Bridaine, ancien précepteur de Gontran, lorsqu'il vient demander pour son cher élève la main de cette jeune fille. L'amoureux est désespéré, mais son meilleur ami, le joyeux capitaine Brissac, lui soumet aussitôt un projet mirifique ; il ne s'agit de rien moins que d'enlever Marie. Le plan de campagne est bien simple : dans l'auberge du maître Pichard sont hospitalisés en ce moment deux moines mendiants qui dorment à poings fermés; aidés de l'accorte servante Simone, les mousquetaires subtilisent leurs robes et leurs capuchons et, grâce à ce déguisement, ils pénètrent sans difficulté dans la communauté des Ursulines. Justement, on y attendait des frères prêcheurs ! Brissac se charge du sermon, tandis que Solanges ne cherche qu'à communiquer avec l'ingénue. Mais le capitaine, mis en belle humeur, se laisse aller à quelques imprudents écarts de langage et de tenue, qui ont pour premier résultat d'éveiller l'attention de la petite Louise, naturellement curieuse et espiègle. Le chanoine Bridaine arrive sur ces entrefaites, annonçant la venue prochaine du cardinal de Richelieu ; que l'on juge de sa stupeur en reconnaissant sous le froc ses deux chenapans ! Le pauvre abbé fulmine, mais il comprend bien qu'un éclat risque d'attirer sur son protégé les foudres ecclésiastiques et les rigueurs disciplinaires ; — complice malgré lui, il se taira ! Sa mansuétude un peu timorée ne va pas tarder à être soumise aux épreuves les plus variées : sous prétexte de nourrir son éloquence. Brissac a fait honneur aux provisions des béguines — friandes, comme chacun sait... peut-être même fabriquent-elles quelque liqueur ? Toujours est-il que le bon père est dans les vignes du Seigneur ! C'est en cet état qu'il prétend prononcer un sermon : d'abord sur l'abstinence, et enfin sur l'amour ! Il met cette dernière idée à exécution, et de point en point ! Gros succès, naturellement, auprès des élèves, qui ne se tiennent plus de joie ; grand scandale parmi les sœurs ! Ce finale du second acte, aux rythmes lancinants, est tout à fait offenbachique.
Le troisième acte est d'une exécution plus indécise. Il s'écartait de la version primitive et contient trois morceaux hâtivement composés par Achille Mansour, à défaut de Varney — entre autres le « Quintette de l'Echelle », très agréable comme mélodie et comme instrumentation. On y ajouta plus tard une « gavotte » pour la récréation des pensionnaires.
La petite Louise se tient à l'écart ; elle a surpris, en écoutant aux portes, la demande d'un rendez-vous adressé par Gontran de Solanges à Marie. De son côté, elle est éprise de Brissac : si on enlève sa sœur, il faut l'enlever aussi ! Les mousquetaires ne demandent pas mieux, mais il importe d'agir vite : depuis l'esclandre du sermon, l'abbé Bridaine — qui a eu toutes les peines du monde à expliquer par un accès de fièvre chaude les propos scabreux du révérend père — exerce une sévère surveillance afin de s'opposer à de nouvelles fredaines. Or, la jolie Simone est venue de l'auberge prévenir M. de Brissac que les moines réclament à grands cris leur défroque ; une compagnie de mousquetaires gris patrouille sous les murs du couvent, attendant les ordres de son capitaine ; il n'y a plus à hésiter : une échelle est là, qu'on équipe hâtivement ; les tourtereaux se préparent à s'envoler lorsque Bridaine accourt ; les deux couples se cachent : le chanoine avise l'échelle, y grimpe précipitamment... mais à peine a-t-il enjambé la muraille à califourchon pour explorer les alentours, que la cloche du monastère retentit à toute volée... C'est le gouverneur de Touraine qui entre : il vient d'apprendre que les prédicateurs annoncés aux Ursulines étaient des assassins soudoyés pour attenter à la vie du cardinal. Clameur d'émoi interrompue par les protestations indignées de l'abbé, toujours juché sur son perchoir — et par l'apparition de Brissac et Solanges, qu'escortent timidement Mlles de Pont-Courlay. Le comte et les Ursulines s'effarent à juste titre ; mais tout s'explique : l'on comprend qu'en séquestrant à l'hôtellerie les conspirateurs, préalablement dépouillés de leurs robes, les mousquetaires ont sauvé l'Eminence ministérielle.
… Felix culpa ! Cela mérite une faveur — et le gouverneur est bien obligé de consentir au mariage de ses filles, un tantinet compromises... L'abbé Bridaine donnera les bénédictions nuptiales, accompagnées d'absolution.
***
Frétillantes couventines, capucins égrillards et autres curés de Meudon, ces personnages drolatiques descendent en ligne agréablement capricieuse de nos anciens conteurs gaulois, et semblent échappés de quelque Décaméron... Nous trouvons encore à cette opérette et à la façon dont elle est chantée — dans le sens de « chansons de gestes » — le charme naïf des vieux fabliaux, toujours jeunes de par leur éternelle humanité et leur malice, restée pétillante comme le capiteux « vin de Vouvray » que les auteurs ont fait mousser dans leurs couplets. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
MOUSQUETAIRES DE LA REINE (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri Vernoy de Saint-Georges, musique de Fromental Halévy. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 03 février 1846 avec Mmes Louise Lavoye (Athénaïs de Solange), Célestine Darcier (Berthe de Simiane), Blanchard (la grande maîtresse des demoiselles d'honneur), Martin-Chareau (une demoiselle d'honneur), MM. Gustave Roger (Olivier d'Entragues), Mocker (Hector de Biron), Hermann-Léon (le capitaine Roland de La Bretonnière), Carlot (Narbonne), Duvernois (Rohan), Palianti (Gontaud), Garcin-Brunet (Créqui), Victor (le Grand Prévôt).
Cet ouvrage est sans contredit le meilleur que le maître ait écrit pour la scène de l'Opéra-Comique ; tout y porte le cachet de sa sensibilité exquise et de la distinction de son esprit. Le livret est intéressant ; l'action se passe sous Louis XIII, au temps du siège de La Rochelle. Cinq personnages occupent la scène ; trois mousquetaires et deux filles d'honneur de la reine. La peinture des caractères a été tracée par le compositeur avec une vérité saisissante ; l'amour sincère d'Olivier d'Entragues, l'étourderie et la générosité d'Hector de Biron, l'humeur belliqueuse du capitaine Roland, la grâce piquante de Mlle de Simiane, la passion tour à tour ingénue et fière d’Athénaïs de Solange, tous ces sentiments, parfaitement exprimés dans la musique, forment une galerie de portraits vivants. Louverture a plus de verve et d'élégance que les autres pièces instrumentales du même compositeur; en effet, son inspiration a été lente et presque stérile toutes les fois que les paroles ou une situation bien déterminée ne lui ont pas donné une direction. Après le chœur d'introduction dit par les mousquetaires revenant de la chasse, on remarque l'air d'Athénaïs : Bocage épais, légers zéphyrs, chef-d'œuvre de grâce tout empreint des parfums mystérieux d'un premier amour. Cet air a été interprété pour la première fois par Mlle Lavoye. Une fort jolie ariette : Parmi les guerriers, chantée par Mlle Darcier, précède le beau sextuor ou Serment des chevaliers, qui est à la fois plein de noblesse et de douceur. La marche nocturne des mousquetaires, avec tambours, d'un effet piquant, termine le premier acte. Au second acte, le capitaine Roland, très bien représenté à l'origine par Hermann-Léon, chante des couplets d'une facture bien caractérisée : C'est à la cour du roi Henri, messieurs, que se passait ceci. Le quatuor des masques : Nuit charmante, est semé de détails d'un goût exquis. Le troisième acte n'est pas moins riche que les deux premiers ; il offre, en outre, des effets très variés ; car, après une romance pleine de sentiment et de tendresse, délicieusement chantée par Roger : Enfin un jour plus doux se lève, survient un duo dramatique, d'une émotion vraie et poignante : Trahison, perfidie ; et la partie musicale de l'ouvrage est terminée par un duo bouffe d'un comique franc qui n'exclut pas l'originalité de la mélodie. Ce duo : Saint Nicolas, ô mon patron ! chanté par Mocker et Hermann-Léon, a obtenu le plus grand succès.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MOUSSELINE-CLUB
Vaudeville-opérette en un acte, musique de J.-J. Debillemont, représenté au théâtre des Menus-Plaisirs le 22 novembre 1868.
MOUSTIQUE (LE)
Opéra-bouffe en trois actes, livret de Pajol et de Monlun, musique de Henri Kowalski, représenté à l'Alcazar royal de Bruxelles le 1er novembre 1884.
MOUTIER DE SAINT-GUIGNOLET (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Alexandre Bisson, Edouard Bureau et Fernand Jattiot, musique de Frédéric Toulmouche, représentée à Bruxelles, au théâtre des Galeries-Saint-Hubert, le 05 mai 1885.
MOUTON ENRAGÉ (LE)
Monologue, paroles de Jules Noriac et Adolphe Jaime, musique de Paul Lacôme, joué et chanté par Mme Judic aux Bouffes-Parisiens en mai 1873. M. Ernest, dans un accès de jalousie, a enfermé Moutonnette. Celle-ci se venge en favorisant la prise d'assaut de la forteresse par un voisin qui se trouve être son ami d'enfance. On a remarqué la lecture d'une lettre sur un motif de valse et une sorte d'ouverture agréablement traitée.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MOZART ET SALIERI
[Mozart i Salieri]
Scènes dramatiques en un acte et deux tableaux, livret d’Alexandre Pouchkine, musique de Nicolaï Rimski-Korsakov.
Création à Moscou, théâtre Solodovnikov, le 25 novembre 1898.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 03 juin 1932.
MM. Feodor CHALIAPINE (Salieri), Georges POSEMKOWSKY (Mozart).
Chef d'orchestre : Michel STEIMAN.
3 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
M’SIEU LANDRY
Opérette en un acte, livret de Camille du Locle, musique de Jules Duprato, représentée aux Bouffes-Parisiens le 24 novembre 1856. L'air de la Foire de Bayeux a de l'entrain et une verve bien comique. Ce petit ouvrage est d'une audition agréable. Il a été joué par MM. Prosper Guyot (Mr Parfait), Gerpré (Landry), Mlles Marie Dalmont (Mme Parfait) et Mareschal (Suzanne).
« Paysannerie écrite dans le jargon bas-normand, ou plutôt dans cet idiome composite qu'on est convenu de parler au théâtre quand le décor représente une chaumière ; véritable salade de locutions empruntées à tous les patois de France, et pour l'assaisonnement de laquelle MM. les vaudevillistes lésinent le plus souvent. Ce baragouin fastidieux n'appartient proprement à aucune province et, outre qu'il manque de gaieté, il n'est pas plus nature que les idylles de Mme Deshoulières ou les souliers de satin blanc dont Boucher chaussait ses invraisemblables bergères. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
MUDARRA
Drame lyrique en quatre actes et sept tableaux, livret de Louis Tiercelin et Lionel Bonnemère, musique de Fernand Le Borne.
Première représentation à Berlin, Opernhaus, le 18 avril 1899, dans une version allemande d’A. Brunnemann.
MUETTE DE PORTICI (LA)
Opéra en cinq actes, livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne, musique de Daniel-Esprit Auber.
Personnages : Alphonse, fils du duc d’Arcos ; Elvire, sa fiancée ; Masaniello, pêcheur ; Fenella, sa sœur, la muette ; Pierre, un pêcheur ; Lorenzo, confident d’Alphonse ; Selva, valet du duc ; des dames de la cour, des chevaliers, des soldats, des couples de pêcheurs, le peuple, des danseurs.
L’action se déroule à Naples et à Portici, en 1647.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 29 février 1828. Mise en scène d’Adolphe Nourrit. Divertissements de Jean-Pierre Aumer. Décors de Charles Ciceri. Costumes d'Hippolyte Lecomte.
Mmes L. NOBLET (Fenella), CINTI-DAMOREAU (Elvire), LAROTTE [LOROTTE] (Dame d'Honneur).
MM. Adolphe NOURRIT (Masaniello), DABADIE (Pietro), Alexis DUPONT (Alphonse), PRÉVOST (Borella), Ferdinand PRÉVÔT (Selva), MASSOL (Lorenzo), POUILLEY (Moreno).
Ballet réglé par AUMER, dansé par Mlles LEGALLOIS, JULIA, ELIE, MM. SIMON, DAUMONT, CAPELLE, COULON et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : François-Antoine HABENECK
100e représentation à l’Opéra, le 23 avril 1830, avec les créateurs, sauf Mme JAWURECK (Elvire) et M. LAFOND (Masaniello).
Reprise à l'Opéra le 19 janvier 1863 dans des décors d'Hugues Martin (acte I), Charles Cambon et Joseph Thierry (actes II, III et V), Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte IV).
Première fois au Palais Garnier (le 2e acte seulement), le 29 janvier 1877, à l'occasion de l'anniversaire de Auber :
Mlle Laura FONTA (Fenella).
MM. VILLARET (Masaniello), LASSALLE (Pietro), GASPARD (Borella).
Chef d'orchestre : Ernest DELDEVEZ
Première fois intégralement au Palais Garnier, le 08 septembre 1879 (457e représentation à l'Opéra). Mise en scène de François-Joseph Régnier et Adolphe Mayer. Décors de Jean-Baptiste Lavastre (1er acte), Emile Daran (2e acte), Antoine Lavastre et Eugène Carpezat (3e acte), Jean-Louis Cheret (4e acte), Auguste Rubé et Philippe Chaperon (5e acte). Costumes d'Eugène Lacoste.
Mmes Rosita MAURI (Fenella), DARAM (Elvire), SOUBRE (Dame d'Honneur).
MM. VILLARET (Masaniello), LASSALLE (Piètro), Jules BOSQUIN (Alphonse), GASPARD (Borella), H. DEVRIES (Selva), GIRARD (Lorenzo), MECHELAERE (Moreno).
Ballet réglé par Louis MERANTE, dansé par Mlles RIGHETTI, A. MERANTE, MM. VASQUEZ, CORNET et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Charles LAMOUREUX
489e à l’Opéra, le 15 février 1882.
Mmes SANLAVILLE (Fenella), LACOMBE-DUPREZ (Elvire), NASTORG (Dame d'Honneur).
MM. VILLARET (Masaniello), LASSALLE (Piètro), LAURENT (Alphonse), GASPARD (Borella), René NEVEU (Selva), GIRARD (Lorenzo), LAFFITTE (Moréno).
Chef d'orchestre : Ernest ALTES
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Fenella : Mlles LEGALLOIS (1832), TAGLIONI (1834), AUGUSTA (1835), Fanny ELLSLER (1837), BLANGY (1837), VOLNYS (1838), MARIA (1838), MARQUET (1842), Rosine STOLTZ (1843), ROBERT (1848), EMAROT (1854), CERRITO (1854), VERNON (1863), GUIRAUD (1863), Eugénie FIOCRE (1866), SALVIONI (1867), HERIVEAU (1868).
Elvire : Mmes DORUS-GRAS (1831), DEMERIE-GLOSSOP (1831), NAU (1836), DOBRE (1842), DE ROISSY (1843), D'HALBERT (1848), PONCHARD (1849), Marie HÉBERT-MASSY (1849), LABORDE (1851), POUILLEY (1854), HAMAKERS (1863), Caroline DUPREZ (1863), DE TAISY (1865), BATTU (1865), Antoinette ARNAUD (1870), HAMMAN (1879).
Masaniello : MM. François WARTEL (1834), DUPREZ (1837), TEYSSERE (1839), Guillaume POULTIER (1842), Julien MATHIEU (1846), BARBOT (1849), CHAPUIS (1851), GARDONI (1854), Louis GUEYMARD (1863), DULAURENS (1863), MICHOT (1863), WAROT (1867), Edouard Adolphe COLIN (1870), SELLIER (1879).
Pietro : MM. POUILLEY (1830), F. PREVOT (1835), MASSOL (1836), MOLINIER (1837), Adolphe ALIZARD (1840), Jean-Baptiste PORTEHAUT (1846), GUIGNOT (1849), MERLY (1851), CAZAUX (1863), BONNESSEUR (1863), FAURE (1863), DEVOYOD (1867), Eugène CARON (1870), AUGUEZ (1879).
489 représentations à l’Opéra dont 34 au Palais Garnier au 31.12.1961.
Cet ouvrage fut créé à Bruxelles, au Théâtre Royal de la Monnaie, le 12 février 1829, par : Mme MARTIN (Fenella), DORUS-GRAS (Elvire), MM. SIRAN (Masaniello), CASSEL (Piètro), FOUCHET (Alphonse), DESSESARTS (Borella), sous la direction de Charles HANSSENS.
Ayant été interdit par les autorités, il fut repris le 25 août 1830, et cette reprise fut l'occasion du déclenchement de l’insurrection populaire qui amena l’indépendance de la Belgique vis-à-vis de la Hollande.
« Le sujet de cet ouvrage est, comme on sait, l'élévation et la chute de Masaniello ; mais l'introduction sur la scène et dans un opéra d'une jeune fille muette a été une inspiration aussi heureuse qu'elle était hardie. Dès les premières représentations de cet ouvrage, on s'est accordé à le proclamer le chef-d'œuvre d'Auber, et à le placer au premier rang des œuvres lyriques. Après trente-cinq ans, pendant lesquels bien des opéras de genres différents ont été représentés, ce rang lui a été conservé. L'opéra de la Muette est d'une richesse extrême. Airs, duos, prières, cavatines, barcarolles, chœurs, airs de danse, orchestration, tout a du caractère et est du plus grand effet. Le mérite le plus singulier de la partition, et peut-être celui qu'on remarque le moins, est d'avoir exprimé, avec toute la précision dont la langue musicale est susceptible, les sentiments que la pauvre Fenella ne peut exprimer que par ses gestes. L'ouverture est originale et brillante. Pour ne citer que les morceaux caractéristiques, nous rappellerons le chœur : O Dieu puissant, Dieu tutélaire ; la barcarolle si populaire : Amis, la matinée est belle ; le duo dans lequel se trouve la phrase rythmée si fièrement : Amour sacré de la patrie ; la scène du marché ; la belle prière extraite d'une messe du compositeur ; la cavatine dite du sommeil : Du pauvre seul ami fidèle, triomphe de Nourrit et de Poultier ; l’air du quatrième acte : Arbitre d'une vie, chanté par Mme Damoreau et si admirablement interprété naguère par Mme Vandenheuvel-Duprez ; enfin la barcarolle : Voyez, du haut de ces rivages. Le style vif et varié du compositeur s'accordait bien avec les scènes animées du drame. La Muette de Portici est un des plus beaux spectacles dont on puisse jouir à l'Opéra. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est après avoir assisté avec Auber à une représentation extraordinaire donnée au théâtre de l'Opéra-Comique, et où Mlle Bigottini avait produit une sensation profonde dans Deux Mots de Dalayrac ; c'est en sortant de cette soirée à bénéfice que Scribe conçut l'idée du rôle de la Muette.
Le motif du chœur Amis, amis, le soleil va paraître, est emprunté à un entracte d'Emma, a dit Castil-Blaze (V. l'Académie impériale de musique, t. II, p. 208) ; nous devons relever cette affirmation inexacte. Quant à la prière du 3e acte, elle avait déjà figuré dans une messe écrite à Chimay et restée inédite : d'un Da nobis pacem, Auber a fait son beau chœur sans accompagnement.
La centième représentation de la Muette a eu lieu le 23 avril 1830, et la quatre cent cinquantième a été donnée le 15 février 1869. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Principaux personnages : Masaniello, pêcheur napolitain ; Alphonse, fils du vice-roi de Naples ; Pietro, compagnon de Masaniello ; Fenella, sœur de Masaniello, muette ; Elvire, fiancée d'Alphonse.
Le sujet est emprunté à l'histoire de Naples, à la révolution populaire qui faillit renverser le pouvoir de l'Espagne, sous la conduite du pêcheur Masaniello. Une légère intrigue relie entre eux les divers épisodes de cette émeute, qui est elle-même le drame.
L'action s'ouvre à l'instant où Alphonse, fils du vice-roi, va s'unir par le mariage à Elvire. Mais le fiancé nous apparaît rongé par le remords ; il a séduit et abandonné une jeune muette, Fenella, sœur de Masaniello, un pêcheur de Portici. De sa victime, il n'a plus de nouvelles ; il ignore qu'elle a été emprisonnée par ordre du vice-roi son père. Le premier acte, qui se passe dans les jardins du palais, à l’entrée de la chapelle, s'ouvre par un chœur célébrant l'hyménée qui s'apprête. La mariée arrive, le cortège nuptial entre dans la chapelle. C'est à cet instant que survient Fenella, qui a réussi à s'évader et qui, dans une courte entrevue a imploré et obtenu la protection d'Elvire contre les gardes qui la poursuivaient. Mêlée à la foule, Fenella assiste à la bénédiction nuptiale, frappée de stupeur lorsqu'elle reconnaît en l'époux son propre séducteur.
Le cortège sort de la chapelle. Fenella, folle de douleur, révèle à la nouvelle mariée la vérité : celui qui l'a séduite, c'est Alphonse ! Les soldats veulent s'emparer de la téméraire, mais une seconde fois Elvire intervient et lui fait rendre la liberté, tandis qu'Alphonse, atterré, demande à la terre de s'ouvrir sous ses pas.
Le second acte offre avec le premier le plus pittoresque contraste. Nous sommes au milieu du village de pêcheurs de Portici. Tout est à la joie et aux chansons ; seul Masaniello, que ses compagnons reconnaissent comme le chef, est sombre et préoccupé. Depuis un mois sa sœur a disparu et il a tout lieu de croire qu'elle a été victime d'un séducteur, sans doute un de ces étrangers qui font gémir Naples sous le joug. Aussi rumine-t-il des projets de vengeance. Il pousse ses frères à la révolte, il les arme et leur donne pour consigne de tromper leurs ennemis sous une feinte insouciance, tout en se tenant prêts à frapper au premier signal. Tout cet acte respire la révolte et l'aspiration à la liberté. Ce sont les paroles enflammées de Masaniello :
Amour sacré de la patrie,
Rends-nous l'audace et la fierté !
A mon pays je dois la vie ;
Il me devra la liberté !
qui, en Belgique, mirent le feu aux poudres et déchaînèrent la révolution.
Arrive Fenella qui, sur le point de se précipiter à la mer pour mettre fin à sa souffrance, en est empêchée par son frère. Elle lui mime son aventure sans lui révéler toutefois quel est le lâche qui l'a trahie. Cette fois le vase déborde et Masaniello va déchaîner sur la ville le fer et le feu.
L'acte troisième nous ramène au palais. Alphonse implore d'Elvire son pardon. Après s'être fait prier elle l'accorde ; mais elle veut retrouver Fenella et réparer, dans la mesure où elle le peut, le mal qu'elle a causé. Elle lance des gardes à la recherche de la jeune fille.
La scène change et nous sommes transportés en plein marché de Naples. Grande animation ; rien ne fait soupçonner le drame qui se prépare. Fenella vend des fruits avec ses compagnes. Arrivent les soldats envoyés à sa recherche. Ils veulent s'assurer d'elle, mais le peuple voit là un nouvel outrage du pouvoir : Masaniello poignarde le soldat qui a porté la main sur sa sœur et donne le signal de l'émeute.
Pendant l'entracte, la populace s'est emparée de la ville et a balayé devant elle toute résistance. Masaniello est le maître de Naples. Il est effrayé de son œuvre en voyant les excès commis autour de lui, mais il n'est plus capable de retenir les haines qu'il a déchaînées. Ses efforts pour modérer la vengeance populaire sont considérés par Pietro et ses autres compagnons comme une trahison et une tyrannie : Naples n'aurait-elle fait que changer d'oppresseur ? Aussi, quand il fait grâce aux notables venus se jeter à ses pieds, quand, à la demande de Fenella, il épargne Alphonse et Elvire fugitifs qui ont cherché asile dans sa chaumière et que, du reste, il ne reconnaît pas, sa perte est décidée. Masaniello tombera comme sont tombés les tyrans qu'il couvre de sa protection.
Cependant, si les principaux conjurés sont résolus à se défaire de leur chef, ils doivent procéder avec prudence, car Masaniello est toujours l'idole de la foule. A la fin du quatrième acte, le peuple de Naples vient en effet lui remettre les clefs de la ville et le chercher pour le mener en triomphe au palais. Les conjurés auront donc recours au poison et le héros libérateur périra au milieu de son apothéose.
Le dernier acte est fameux par son admirable décor ; une galerie du palais, ouvrant sur le plein air, et laissant voir au fond le Vésuve. Le festin touche à son terme. Masaniello est censé dormir dans une pièce voisine. En réalité Pietro lui a fait boire du vin empoisonné et sa fin est proche.
Mais une sinistre nouvelle est apportée : Alphonse a pu réunir des troupes et il avance contre le palais ; toute résistance tombe devant lui. Seul Masaniello pourrait réveiller le lion populaire et sauver la cité. On l'appelle, on le cherche. Il vient, mais il délire : des fragments de chansons sortent de ses lèvres. Fenella parvient cependant à lui faire comprendre la situation. Alors, dans un dernier effort, il rassemble ses énergies et entraîne ses compagnons au combat,
Fenella est restée. Elle voit accourir Elvire, qui fuit et veut l'entraîner. Une fois de plus Masaniello l'a arrachée à la fureur de la foule, mais cette fois au prix de sa vie : Alphonse, qui survient, l'a vu tomber, poignardé par les conjurés. Lui mort, la résistance du peuple est vaincue et Alphonse est de nouveau le maître de Naples.
En entendant ces mots, Fenella s'est évanouie. Quand elle revient à elle, elle aperçoit Alphonse tenant Elvire embrassée. Elle lui jette alors un dernier adieu et s'élance vers une terrasse d'où on la voit se précipiter dans le vide. Une éruption du Vésuve rehausse, dans les théâtres où pareille mise en scène est possible, cet impressionnant dénouement. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
MUGUETTE
Opéra-comique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Michel Carré fils et Georges Hartmann, d'après une nouvelle d’Ouida, musique d’Edmond Missa.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 18 mars 1903. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume, Eugène Ronsin, Emile Bertin et Amable. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Marie THIÉRY (Muguette), Jeanne PASSAMA (Line Krebs), Mathilde de CRAPONNE (Melka), PIERRON (Mme Vanhardt), PERRET (Rosa), COSTES (Gertrude).
MM. Lucien MURATORE (Lionel), Lucien FUGÈRE (Klotz), Maurice CAZENEUVE (Peter Pott), Georges MESMAECKER (Vanhardt), VIGUIÉ (Kobe), IMBERT (Jean).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
20 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Les auteurs du livret en avaient tiré le sujet d'une nouvelle touchante intitulée les Petits Sabots, dont le succès avait été grand et qui était due à une authoress anglaise qui signait du pseudonyme de « Ouida ». Les libertés grandes qu'ils avaient prises avec leur modèle ne rendaient pas leur œuvre très vraisemblable, mais elle ne manquait, en somme, ni de mouvement, ni d'intérêt, et elle se laissait écouter sans ennui.
D'une inspiration qui, malheureusement, manque parfois un peu de fraîcheur et de nouveauté, la musique de Muguette, écrite d'ailleurs avec soin et heureusement conçue, n'en est pas moins une œuvre très honorable, et qui, par sa sobriété, par sa grâce et sa couleur aimable, repose de tant d'ouvrages aussi sottement ambitieux que médiocrement intéressants. Certaines pages en sont vraiment bien venues, et l'ensemble laisse une impression favorable. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
MULE DE PEDRO (LA)
Opéra en deux actes, livret de Philippe Dumanoir, musique de Victor Massé, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 06 mars 1863. Mise en scène de Georges Colleuille. Décors de Charles Cambon et Joseph Thierry (acte I), Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte II). Costumes d'Alfred Albert. Avec Mmes Pauline Gueymard-Lauters (Gilda), de Taisy (Grillo), MM. Jean-Baptiste Faure (Pedro), Warot (Tebaldo), Guignot (Hernandez).
« Le fermier Pedro veut épouser Gilda, qui est aimée par le jeune soldat Tebaldo. Il croit se débarrasser de son rival en lui faisant quitter le pays dans sa propre carriole ; mais sa mule a la faculté de revenir au logis sitôt qu'on la laisse libre. Tebaldo, s'étant endormi, est ramené près de Gilda. Ce canevas convenait mieux au théâtre de l'Opéra-Comique qu'à celui de l'Opéra. Les couplets que chante Pedro en l'honneur de sa mule sont d'une facture habile et plusieurs fois répétés dans le cours de l'ouvrage. On a remarqué aussi le chœur des toreros et la romance de Gilda : Chaque jour je me le rappelle. La partition a été arrangée pour piano et chant par M. Vauthrot. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La jolie chanson de la Mule en fut vivement applaudie. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MULES DE SUZETTE (LES)
Opérette en un acte, musique de Georges Douay, représentée aux Bouffes-Parisiens en 1875.
MULETIER (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Paul de Kock, d'après un conte de Boccace, musique de Ferdinand Hérold. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 mai 1823, avec Mmes Pradher (Inesia), Marie Julie Boulanger (Zerbine), MM. Augustin Lemonnier (Henriquez), Vizintini (Rodrigue), Ferreol (Flandrinos).
« C'est le conte emprunté à la reine de Navarre par La Fontaine. L'auteur a fait du roi un aubergiste, lequel au lieu de couper un toupet de cheveux à l'indiscret muletier lui enlève sa ceinture. Nous avions une imitation charmante de ce fabliau, sous le titre des Pages du duc de Vendôme ; et cela rendait l'entreprise de M. de Kock périlleuse. Il s’en est heureusement tiré cependant, et la jolie musique de M. Herold a puissamment contribué au succès de la pièce. »
[Almanach des spectacles, 1824]
« La donnée du livret est leste et les couplets grivois n'y font pas défaut : témoin ceux-ci : Une fois en ménage, etc., dont la ritournelle reproduit le refrain populaire : Voilà l' plaisir, mesdames. La musique est très agréable, quoique le tour des idées soit un peu vulgaire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MULETIER DE TOLÈDE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe d'Ennery et Clairville, musique d'Adolphe Adam, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 décembre 1854, avec Mmes Marie Cabel (Elvire), Adèle Vadé (la camarera mayor Béatrix), Marie Garnier (Carmen), MM. Gustave Sujol (Manoël), Louis Joseph Cabel (don Pèdre), Augustin Ribes (don Salluste), Auguste Legrand (don César), Henri Adam (Pablo), Andrieux (un Huissier), Quinchez (un Officier).
Représenté au Théâtre-Lyrique le 25 mars 1855 avec les créateurs sauf Achille César Allais (don César).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 7 en 1854, 47 en 1855.
« Il s'agit dans la pièce d'une jeune reine qui court les aventures déguisée en paysanne, qui devient amoureuse d'un muletier, ce qui ne l'empêche pas de déjouer une conspiration. De son côté, ce muletier n'est autre que l'infant de Castille, fiancé de la reine et voyageant incognito dans ses futurs Etats. C'est la donnée de Jean de Paris, moins la délicatesse des détails et la musique de Boieldieu. La partition du Muletier de Tolède est encore inférieure aux précédentes du fécond compositeur. Ce n'est plus qu'un caquetage verbeux sans aucune originalité. On a remarqué la romance du muletier : La femme que j'ai rencontrée, et l'air de la reine : Je ne suis qu'une paysanne. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
"La pièce était sans intérêt, et Mme Cabel, malgré sa verve entraînante, ne put la sauver, non plus que la musique. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
MURDOCK LE BANDIT
Opéra-comique en un acte, livret d'Adolphe de Leuven, musique d’Eugène Gautier, représenté à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 23 octobre 1851, avec MM. Charles Dulaurens (débuts), Augustin Ribes, Alexandre Neveu. La scène se passe en Irlande.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 24 en 1851, 13 en 1852.
"Neveu est assez amusant dans le personnage du marquis." (le Ménestrel, 26 octobre 1851)
MUSE À TRAVERS LES ÂGES (LA)
Poème lyrique en dix tableaux, paroles d’A. Capon, musique de Th. Boone, exécuté à l'Hippodrome de Lille le 30 juin 1900.
MUSE DE L’HISTOIRE (LA)
Cantate, musique de Peter Benoît, exécutée à Bruxelles, en août 1880, pour la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de la Belgique.
MUSÉE PETRUSCHINI (LE)
Opérette en un acte, paroles de M. Rébouillon, musique de M. Monsigu, représentée à Marseille le 06 février 1892.
MUSES (LES)
Ballet en quatre entrées, avec un prologue, livret de Danchet, musique de Campra, représenté par l'Académie royale de musique le dimanche 28 octobre 1703.
"Les quatre entrées étaient intitulées : la Pastorale, la Satire, la Tragédie et l'Amour médecin. Au 1er acte on substitua Amaryllis (10 septembre 1704) ; puis on revint à la Pastorale, en 1711 et 1728, lorsqu'on introduisit cette entrée du ballet des Muses dans les Fragments de Lully."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MUSES RASSEMBLÉES PAR L'AMOUR (LES)
Opéra, musique de Campra, écrit vers 1723, non représenté.
MUSETTE
Opéra-comique, livret d'Emile Blavet et Alfred Delilia, musique de Léopold de Wenzel, composé en 1888 pour les Bouffes-Parisiens sur demande de sa directrice, Mme Delphine Ugalde.
MUSETTE
Opéra-comique en quatre actes, livret d'Henri Cain et Arthur Bernède, musique de Francis Thomé (avant 1900).
MUSICIENS DE L'ORCHESTRE (LES)
Opérette bouffe en deux actes, livret de M. Bourdois, musique d'Aristide Hignard, Léo Delibes et Jules Erlanger, représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 25 janvier 1861. Dans cette farce de carnaval, les acteurs s'installent dans l'orchestre et dans les galeries, et font entendre un charivari assez peu divertissant. Mlle Tostée occupe la place du chef d'orchestre ; Désiré, Prosper Guyot, Bache tiennent les emplois de symphonistes peu harmonieux. Les trois jeunes compositeurs ont bien fait de se partager la responsabilité de cette médiocre plaisanterie ; la part est moins lourde pour chacun.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
MUSICOMANIE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Pixerécourt, musique de Quaisain, représenté à l'Ambigu dans le mois de mai de l'année 1799.
MYOSOTIS (LE)
Opérette bouffe en un acte, livret de Cham et William Busnach, musique de Charles Lecocq, représentée au théâtre du Palais-Royal le 02 mai 1866. Les auteurs ont eux-mêmes qualifié leur œuvre en sous-titre, sur la partition, d'aliénation mentale et musicale ; mentale, soit, mais musicale, non pas ; car la musique en est fort sensée ; la facture en est régulière, les idées exprimées avec clarté et correction, et c'est à cause même de ses qualités de compositeur qu'on est porté à plaindre M. Lecocq plutôt qu'à le louer d'employer son talent à de si misérables productions littéraires. Cette pièce a été jouée plutôt que chantée par Brasseur et Gil-Pérez. Elle est précédée d'une véritable ouverture. Le duo et les couplets sont phrasés avec goût par le musicien. Mais que dire de cette farce qui consiste à faire exécuter par Brasseur un solo de violoncelle au moyen d'un mirliton à bec fixé au manche de l'instrument et que le public ne peut apercevoir ? Est-ce qu'un artiste devrait se prêter à ces tours d'escamotage ? C'était bien assez d'imiter dans le duo final les cris des animaux. Shnitzberg est un violoncelliste qui prétend les charmer en exécutant le chant du myosotis. Corbillon est empailleur : « Comme ils en crèveront sans doute, dit-il, je pourrai les empailler tous. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
MYRDHIN
Opéra-légende en quatre actes et six tableaux, livret de Simone Arnaud, musique de Louis Bourgault-Ducoudray (1905), créé à Nantes le 28 mars 1912. => fiche technique
MYRIA
Opérette en trois actes, livret de Nazelles, musique de Mauprey, créée au théâtre du Perchoir à Paris le 15 juin 1923 avec Mmes Dhervilly (Zobelia), Feyrou (Myria), Daulix (Ninka), MM. Bellet (Ossian), Casa (Aga).
MYRIALDE
Conte lyrique en cinq actes et six tableaux, d'après un conte d'Andersen, poème et musique de Léon Moreau.
Créé à Nantes, au Théâtre Graslin, le 09 novembre 1912 par :
Mmes BATHORI-ENGEL (Myrialde), Lily DUPRE (Maya), SANCYA (Gorauck).
MM. BUREAU (Béryl), GRIMAUD (Loreano) et EURYALE (Miris) sous la direction de Fritz ERNALDY.
Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 02 avril 1916 (le 5e acte seulement), dans une mise en scène d'Emile Merle-Forest.
Mmes LAPEYRETTE (Myrialde), BOURDON (Maya), NOTICK (Gorauck).
Chef d'orchestre : Alfred BACHELET
2 représentations (5e acte seul) à l’Opéra au 31.12.1961.
MYRIANE
Drame lyrique en trois actes, livret de Paul de Choudens et Paul Ferrier, musique de Charles Silver, représenté à l’Opéra de Nice le 12 février 1913.
MYRTIL
Conte musical en deux parties, livret d’Auguste Villeroy et Ernest Garnier, musique d’Ernest Garnier. Création à l'Opéra-Comique le 08 décembre 1909. => fiche technique
MYRTIL ET LYCORIS
Pastorale en un acte, livret de Boutillier et Becquet, musique de Désormery, représenté à Versailles, et ensuite, avec peu de succès, par l'Académie royale de musique le 02 décembre 1777, avec Lainé (Myrtil); Mlle Beauménil (Lycoris), Gavaudan (Chloé) et Lebourgeois.
« Cette pastorale fut très goûtée du public. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MYRTILLE
Opéra-comique en trois actes, livret d'Erckmann-Chatrian et Maurice Drack, musique de Paul Lacôme, représenté à la Gaîté le 27 mars 1885, avec MM. Berthal, Alexandre, Tallien, Scipion, Mmes Lecomte et Daltona.
MYSTÈRE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Edouard Cadol, musique de Léon Vercken, représenté au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles le 26 mars 1885.
MYSTÈRES D'ÉLEUSIS (LES)
Pièce en cinq tableaux, en vers, de Maurice Bouchor, musique de Paul Vidal, représentée sur le Petit-Théâtre des Marionnettes de la Galerie Vivienne, le 16 janvier 1894.
« C'est la dernière pièce donnée sur ce mignon et original théâtre des Marionnettes, dont M. Maurice Bouchor était à la fois l'imprésario et le fournisseur attitré, et qui, pendant quelques années, a procuré aux lettrés et aux délicats une sensation d'art si curieuse et si nouvelle, une jouissance intellectuelle si pure et si exquise. Comme le disait M. Bouchor lui-même, il y avait là « une tentative faite à la seule gloire de la poésie et de la musique, non sans efforts, difficultés ni déboires ».
Les Mystères d'Eleusis ! Le sujet, sans doute, était cette fois un peu bien grave pour des marionnettes ; sujet à la fois mystique, symbolique et philosophique, dont le fond, qui rattache jusqu'à un certain point, dans la pensée du poète, certaines traditions païennes à la croyance chrétienne, est la foi en l'immortalité de l'âme. Et ce n'est pas seulement pour elles que ce sujet était un peu abstrait, mais aussi, je pense, pour un certain nombre de leurs auditeurs, et surtout de leurs auditrices, peu familiers peut-être avec les mythes antiques, particulièrement avec celui de l'enlèvement de Perséphone par Hadès (devenus chez les Latins Proserpine et Pluton).
Ceux-là, particulièrement, qui n'avaient point lu d'avance la préface très substantielle et très solide des Mystères d'Eleusis ont dû, semble-t-il, être tout d'abord un peu troubles et dépaysés. Quoi qu'il en soit, l'auteur avait choisi ce mystère parce qu'il lui permettait, dans ses développements, de mettre en relief le côté moral du paganisme et de le rapprocher de ses idées sur l'immortalité. Sous ce rapport, son œuvre est pleine de noblesse et de grandeur, d'autant que ces idées sont exprimées en un superbe langage.
Il va sans dire qu'ici, selon la coutume antique, hommes et dieux vivent côte à côte, dans un voisinage plein de familiarité. Il en résulte une détente fréquente dans la marche du drame et des incidents nombreux, dont les uns touchants, les autres comiques, presque tous amenant de jolis couplets pleins de poésie, comme celui du laboureur désolé devant sa maison perdue, du père pleurant la mort de son fils, et bien d'autres qui excitaient les applaudissements du public après lui avoir causé un frissonnement de plaisir. C'est par des épisodes charmants de ce genre que M. Bouchor adoucissait ce que son œuvre présentait d'un peu sévère, d'un peu austère en son ensemble et dans son origine. Cette œuvre est d'ailleurs en elle-même profondément morale, et il s'en dégage un parfum du juste et du bon qui réjouit l'âme en un temps comme le nôtre, où il semble précisément que la justice et la bonté s'en sont allées rejoindre les fables et les mythes des anciennes civilisations.
La part de la musique n'avait ici qu'une importance secondaire. Elle se bornait, pour les premiers tableaux, à quelques fragments furtifs de mélodrames, dits par les flûtes et les violons, et à quelques phrases chorales presque aussitôt étouffées qu'entendues. Ce n'est qu'au quatrième et au cinquième tableau que se présentent de véritables chœurs, d'une certaine importance, auxquels M. Paul Vidal a su donner une heureuse couleur et un joli caractère. Dire que la musique de M. Vidal est, selon le désir que lui exprimait M. Bouchor, « aussi grecque que possible » je n'oserais, étant donné le peu de connaissance que nous avons encore de la musique des Grecs. Le compositeur s'en est tiré par quelques harmonies particulières, par quelques finales inusités ; mais il est probable que lui-même ne se fait à ce sujet aucune illusion. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
MYSTÈRES D'ISIS (LES)
Opéra en quatre actes, livret de Morel de Chedeville, musique de Wolfgang Amadeus Mozart, arrangée par Lachnith. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre de la République et des Arts] le 20 août 1801 (2 fructidor an IX), avec Chéron (Zoroastre), Lainé (Isménor), Lais (Bochoris); Mlles Maillard (Myrenne), Henri (Pamina) et Armand (Mona).
« Trop de zèle entraîne souvent les amateurs à des écarts de goût regrettables. On désirait entendre à l'Opéra la musique de Die Zauberflöte, la Flûte enchantée, opéra romantique en deux actes, composé par Mozart, à Vienne, en 1791. On crut honorer la mémoire du grand compositeur en substituant un poème très pompeux et souvent même religieux à la fantastique légende allemande. Morel de Chedeville, pour adapter des paroles françaises à la musique de la Flûte enchantée, choisit pour sujet les Mystères d'Isis, pièce vide et sans intérêt dans laquelle apparaissent Zoroastre, grand pontife ; Pamina, fille de Zoroastre ; Isménor, son fiancé ; Bocchoris, Mona, Myrène, personnages accessoires. Malgré cette transformation, à laquelle on est surpris de trouver accolé le nom d'un musicien, plusieurs morceaux ont été presque populaires. Il en est un surtout qui, des Mystères d'Isis, a passé d'arrangement en arrangement dans le répertoire des églises, sans trop perdre de son caractère et de son mouvement. C'est le magnifique chœur des prêtres : Possenti numi. L'œuvre véritable du maître a enfin été exécutée à Paris, et dans des conditions qui auraient suffi pour en assurer le succès si les beautés de Il flauto magico ne devaient par elles-mêmes s'imposer encore à plusieurs générations. (Voir la Flûte enchantée). »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra n'est autre chose que la Flûte magique de Mozart. Seulement, au lieu de respecter ce chef-d’œuvre, Lachnith le bouleversa selon son caprice ; il en supprima des morceaux, pour y introduire des pages favorites de Don Giovanni et des Nozze di Figaro ; il y plaça des fragments symphoniques de Joseph Haydn ; il y donna, en un mot, des preuves multiples de son mauvais goût. Aussi les musiciens appelaient-ils cet ouvrage les Misères d'Isis.
Introduction à l'orchestre d'un jeu de clochettes.
Le 23 octobre 1818 eut lieu la centième représentation de cet opéra, qu'on avait repris en 1813, et le 9 janvier 1816, avec des changements et réduit à 3 actes. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
MYSTÈRES D’UDOLPHE (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne, d’après le roman d’Ann Radcliffe, musique de Louis Clapisson. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 novembre 1852, avec Mmes Caroline Miolan-Carvalho (Christine), Hermance Révilly (Suzanne), Maria Meillet-Meyer (Eva), MM. Joseph Dufrène (Arved de Norby), Théodore Coulon (l'Amiral de Norby), Constant Lemaire (le Comte Udolphe). La partition a été arrangée pour piano et chant par M. Vauthrot.
MYSTIFICATEUR MYSTIFIÉ (LE)
Opéra-comique en trois actes, musique de Lanctin, dit Duquesnoy, représenté à Bruxelles vers 1789.