Encylopédie     © l’Art Lyrique Français

ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES

A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z

 

C

CAP - CARN - CENT - CHAR - CHAT - CHEZ - CLO - CONC - COUP

 

 

C'EST POURTANT MON DOMESTIQUE

 

Opérette en un acte, livret de Couailhac, musique de Sinsoilliez, représentée à Lille en 1886.

 

 

C'EST UN PRODIGE

 

Opérette en un acte, livret de Laroche, musique de F. Wachs, représentée aux Folies-Bergère en février 1873.

 

 

C'ÉTAIT MOI !

 

Opérette en un acte, livret de Charles Deulin, musique de Jean-Jacques Debillemont, représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 27 février 1860 avec Mmes Baudoin (Jacqueline), Cico (Bertine), Laserre (Madame Bouvard), MM. Prosper Guyot (Mathurin), Jean-Paul (Bastien).

C'est le conte de la Servante justifiée qui a fourni le sujet de cette pièce, interprétée par Guyot, Jean-Paul et Mlle Cico. On a remarqué les couplets du Tic toc, tic toc, et un quintette bien traité. => livret

 

 

ÇA BRÛLE ! GARE AUX DOIGTS !

 

Opérette en un acte, musique de Borssat, représentée au théâtre Beaumarchais en 1869.

 

 

CABALEUR (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lebrun-Tossa, musique de Louis-Emmanuel Jadin. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 11 janvier 1795.

 

 

CABANE DE MONTAINARD (LA)

 

Mélodrame en trois actes, livret de Frédéric et Victor Ducange, musique de Schaffner, représenté à la Porte-Saint-Martin le 26 septembre 1818.

 

 

CABANE DU PÊCHEUR (LA)

 

Opéra, livret d’Edouard Duprez, musique de Gilbert Louis Duprez, représenté à Versailles en 1826.

 

 

CABARET DE LOUISON (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Durafour, musique de Jules Javelot, représentée aux Délassements-Comiques le 2 février 1867.

 

 

CABARET DE LUSTUCRU (LE)

 

Opéra-comique, livret tiré d’un vaudeville d’Etienne Arago, musique de Charles Lemanissier, représenté à La Rochelle en mars 1861.

 

 

CABARET DE MORIMONT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jules Chantepie, musique de Louis François, représenté à Dijon le 08 mars 1866.

 

 

CABARET DE RAMPONNEAU (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Paul Jones, musique de Charles Lecocq, représentée aux Folies-Marigny le 11 octobre 1867.

 

 

CABARET DE RAMPONNEAU (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, musique d’Edmond Waucampt, représenté au Gymnase de Liège le 05 janvier 1877.

 

 

CABARET DES AMOURS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique de Prosper Pascal. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 08 novembre 1862, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mme Julie Chollet-Byard (Annette / la marquise Zirzabelle), MM. Couderc (Lubin / le baron Cassandre), Constant Lemaire (Lesturgeon).

 

Cet ouvrage offre une particularité : deux acteurs y jouent quatre personnages. Couderc et Mme Chollet-Byard se sont acquittés avec habileté de cette double tâche.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CABARET DU POT-CASSÉ (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Clairville et Lambert Thiboust, musique de Pauline Thys, représenté aux Fantaisies-Parisiennes, à Bruxelles, en octobre 1878.

 

 

CABARET DU SABOT D'OR (LE)

 

Opérette, musique de Clairville fils, représentée en 1878.

 

 

CABINET NUMÉRO SIX

 

Opérette, livret de Th. Massine, musique de Firmin Bernicat. Création aux Bouffes-Parisiens le 10 décembre 1875.

 

 

CABINET PIPERLIN (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Hippolyte Raymond et Paul Burani, d’après la comédie-bouffe en trois actes du même nom et des mêmes auteurs donnée à l’Athénée-comique le 05 avril 1878, musique d’Hervé, représenté à l’Athénée le 17 septembre 1897.

 

 

CABRERA (LA)

 

[en fr. la Chevrière]

Drame lyrique en deux actes, livret d’Henri Cain, musique de Gabriel Dupont.

 

L’œuvre, ayant obtenu le prix Sanzogno, fut créée à Milan, Teatro Lirico, le 16 mai 1904 dans une version italienne d’A. Galli, avec Gemma Bellincioni (Amalia) et M. Cerredetti (Pedrito).

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 05 mai 1905. — Mise en scène d’Albert Carré, chorégraphie de Mariquita, costumes de Charles Bianchini.

Mmes Gemma BELLINCIONI (Amalia), Lucy VAUTHRIN (Luana), Mathilde COCYTE (Térésita), COSTES (Rosario).

MM. Edmond CLÉMENT (Pèdrito), SIMARD (Juan Choppa), DE POUMAYRAC (Joaquin), HUBERDEAU (Riosso), IMBERT (l'hôtelier).

Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 26 avril 1906 (13e représentation), même distribution qu'à la création, sauf : Mme VELDER (Amalia) et M. David DEVRIÈS (Pèdrito).

 

17 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Bien avant sa première représentation sur le théâtre de l'Opéra-Comique, l'œuvre de M. Gabriel Dupont, n'était pas totalement ignorée du public parisien si avide et si au courant des événements artistiques de notre époque.

La Cabrera, sortie victorieuse d'un tournoi réputé et glorieux, placée première parmi trois cents rivales de nationalité multiples représentant l'effort musical de toute une période, à parcouru le monde depuis un an et demi, obtenant partout la faveur légitime et fort grande, qu'elle vient de retrouver tout entière sur notre deuxième scène lyrique.

Seule, la maladie tenace et terrible qui donne parfois à l'âme des élans admirés, à la conception des audaces géniales et qui, peut-être collabora un peu à la gloire de la Cabrera, nous a privés, pendant longtemps, d'entendre à Paris, cette si intéressante partition, en annihilant durant de nombreux mois les efforts et l'activité de son jeune et sympathique auteur.

Car M. Gabriel Dupont est un jeune homme, qui, à vingt-sept ans à peine, sort de l'impasse pour marcher dans la vaste route du succès où l'a placé le généreux Mécène Milanais à qui revient l'honneur d'avoir dévoilé jadis toute la puissance émotive et la science musicale de Leoncavallo.

Et, franchement, il est à espérer que dans cette route colossalement large où il vient d'entrer, M. Gabriel Dupont sache aller jusqu'à la Renommée, car son œuvre est intéressante et mérite qu'on l'encourage.

Certes, je ne prétendrai pas que son talent est sans reproche et qu'il ne peut se compléter.

Je dirai même, pour être sincère, qu'une surveillance salutaire rendra son style plus personnel et le fera atteindre à une originalité qu'il ne possède pas encore assez complètement.

Mais, si la partition de M. Gabriel Dupont peut donner lieu à des critiques — ce qui est bien naturel dans une première partition — elle doit en retour lui attirer de nombreux éloges et susciter des espérances fondées, car elle dénote, chez son auteur, d'une connaissance étendue de la science musicale, d'un tempérament artistique et d'une sensibilité qui suffisent à caractériser un musicien véritable.

Le livret dont le compositeur s'est inspiré est d'ailleurs fort passionnant et une bonne part du succès revient, sans contredit à M. Henri Cain, auteur de ce beau poème tragique, qui a su, par des situations émouvantes, provoquer toute l'inspiration et l'effort de son collaborateur.

Le rôle d'Amalia (La Cabrera) est interprété, à l'Opéra-Comique, par cette même grande artiste qui créa la pièce à Milan, et qui, l’autre soir encore à Paris l'a conduite à la victoire avec son talent puissant qui suscite un enthousiasme sincère, une exaltation profonde du public admiratif.

A elle surtout, et à M. Clément, son digne partenaire, revient une bonne part des bravos nourris qui ont accueilli les interprètes du beau drame lyrique de M. Gabriel Dupont, dans lequel sont réunies tant de jeunes et brillantes qualités qui peuvent faire, d'ores et déjà présager quelque futur chef-d'œuvre. »

(René de Bigorre, Phono-Gazette, 01 juin 1905)

 

 

CABRIOLET JAUNE (LE) ou  LE PHÉNIX D’ANGOULÊME

 

Opéra bouffon, en un acte, livret de Joseph-Alexandre de Ségur, musique d’Angelo Tarchi. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 novembre 1798. Repris au même théâtre avec des changements le 05 mars 1800.

 

 

CACHAPRÈS

 

Drame lyrique en trois actes et cinq tableaux, livret d’Henri Cain et Camille Lemonnier, musique de Francis Casadesus, représenté à la Monnaie de Bruxelles le 02 février 1914 avec Mmes Fanny Heldy (Germaine), Symiane (Gadelette), Charney (Cougnole), Callemien (Célina), Cuvelier (une femme), Somers (1re servante), Prick (2e servante), MM. Bouilliez (Cachaprès), Dufranne (Hubert Hayot), Grommen (Bastogne), Dognies (1er valet, un buveur, Deshayes), Goossens (2e valet, un paysan, Valeta), Demarcy (le paysan).

 

 

CACHETTE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique d'Ernest Boulanger. Création à l'Opéra-Comique le 10 août 1847. => fiche technique

 

 

CADEAU D'ALAIN (LE)

 

Opérette en un acte, paroles de Georges de Bussy, musique d’O. de Lagoanère, représentée aux Bouffes-Parisiens le 15 septembre 1902.

 

 

CADEAU DE NOCES (LE)

 

Opérette-bouffe en quatre actes, livret d’Armand Liorat, Stop et Fernand Hue, musique de Paul Lacôme, représentée aux Bouffes-Parisiens le 20 janvier 1893.

 

« Pièce assez bon enfant, qui rappellerait volontiers la forme du vaudeville cher à nos pères, musique qui ne manque pas d'un certain agrément, et dans laquelle on a distingué le madrigal : Sur le sable voyez…, le « trio des escarpes », un ou deux rondeaux et le finale du troisième acte. Interprètes : Mlles Samé et Duhamel, MM. Romain, Maugé, Minard, Lassouche, Jannin, Désiré, Wolff et Dupré. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CADEAUX DE NOËL (LES)

 

Conte héroïque en un acte, livret d’Émile Fabre, musique de Xavier Leroux.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 25 décembre 1915. — Décor d’Alexandre Bailly. — Mise en scène de Pierre Chereau.

Mmes Ninon VALLIN (Clara), CALAS (Emma), Mathilde SAÏMAN (Pierre), CARRIÈRE (Petit Louis).

MM. Henri ALBERS (le Père Jean), BELLO (une voix).

Chef d'orchestre : Paul VIDAL.

 

23 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CADET DE MARINE (LE)

 

Opéra-comique, livret de Zell, musique de Genée, représenté aux Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles en janvier 1880. C'est une adaptation faite par M. G. Lagye à la scène française de l'opéra joué en Allemagne sous le titre de Der Seekadet. Le sujet de la pièce a été tiré du vaudeville de Bayard et Dumanoir, le Capitaine Charlotte. La musique en est agréable, et ce petit ouvrage a fait plaisir.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CADET DE NAVARRE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d'Auguste Germain et Léon Rabbe, musique de Marius Lambert, représenté à Bruxelles le 31 mai 1906.

 

 

CADETS DE GASCOGNE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Georges Dorfeuil et Charles Mey, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Alcazar le 25 novembre 1878. => partition

 

 

CADI DUPÉ (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pierre-René Lemonnier, d’après un conte des Mille et une Nuits, musique de Monsigny.

 

Création sur le théâtre de la Foire Saint-Germain le 04 février 1761, avec Clairval (Noureddin) et Laruette (le Cadi), sous la direction d’Adolphe Blaise.

 

Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 13 février 1762.

 

Cette pièce a pour principal ressort une double méprise fort piquante. Le poète Sedaine fut frappé des qualités de cet ouvrage, et surtout de la verve comique du duo entre le cadi et le teinturier Omar. Il se lia d'amitié avec le compositeur, et leur collaboration produisit plusieurs œuvres remarquables, entre autres le Roi et le Fermier, Rose et Colas et le Déserteur.

 

 

CADICHON ou LES BOHÉMIENNES

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pujoulx, musique de Bruni, représenté au théâtre Feydeau le 12 mars 1792.

 

 

CADIGUETTE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Lemoine, musique d’Antoine Banès, représentée à l’Eldorado en 1883.

 

 

CADMUS ET HERMIONE

 

Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully, représentée par l'Académie royale de musique à Bel-Air, près du Luxembourg, le 27 avril 1673.

 

« Cette partition n'eut pas moins de six éditions in-4°, publiées de 1673 à 1737. Elle fut neuf fois reprise et toujours avec succès. Lulli retoucha souvent son œuvre et y introduisit des personnages et des motifs de ballets nouveaux. Le style en est noble et soutenu, et si l'orchestre n'était pas trop simple pour nos oreilles accoutumées à une sonorité peut-être exagérée, nul doute que les récitatifs et que plusieurs mélodies n'obtinssent un succès égal à ceux de nos chefs-d'œuvre classiques. La scène d'adieu de Cadmus et d'Hermione est une des plus belles qu'il y ait eues au théâtre. C'est à la cinquième reprise de l'opéra de Cadmus et Hermione que débuta, au mois de décembre 1690, la célèbre Mlle Maupin, dans le rôle de Pallas. Nous ne parlerons pas ici des aventures de la débutante, de son goût excentrique pour l'exercice des armes et pour le costume masculin. Un manuscrit du temps, que nous avons sous les yeux, mentionne comme une hardiesse inusitée jusqu'à cette époque, que, pour marquer au public la reconnaissance de son bienveillant accueil, Maupin se leva debout dans sa machine, et, levant son casque, salua l'assemblée, qui répondit par de nouveaux applaudissements. Cette actrice, fort jolie, avait une voix de contralto magnifique, et possédait des qualités de tragédienne assez distinguées pour qu'on lui confiât presque toujours les premiers rôles pendant le séjour qu'elle fit à l'Académie royale de musique, de 1690 à 1705. Les contemporains prétendent qu'elle n'était pas musicienne, et qu’elle suppléait à cette ignorance par une mémoire prodigieuse. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Représentée à l’Opéra le 1er février (selon de Léris) ou le  11 février (d'après le catalogue de Soleinne) 1673.

Les acteurs du prologue étaient Mlles Cartilly, Clédière et Miracle. Les rôles de la tragédie étaient ainsi distribués : Beaumavielle (Cadmus), Mlle Brigogne (Hermione), Mlle Cartilly (la confidente), Clédière (la nourrice), Rossignol (Draco).

Reprises : 1678, 1679, 1690, 1691, 1703, 1711 et 1737. Lors de cette dernière reprise, l'Opéra-Comique en donna une parodie sous le titre de Pierrot Cadmus. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CAFÉ DU ROI (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henry Meilhac, musique de Louis Deffès. Création à Ems le 17 août 1861. Reprise au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 novembre 1861, avec Mmes Caroline Girard (Louis XV), Blanche Baretti (Gilberte), M. Emile Wartel.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 12 en 1861, 18 en 1862.

 

Première à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 02 septembre 1868, avec Mlle Caroline Girard (Louis XV).

 

« L'auteur du livret a mis en scène un épisode de la jeunesse de Louis XV. C'est une pure invention à laquelle la musique de M. Deffès a donné quelque attrait. La chanson de table, le duo entre le marquis et Gilberte, l'arrangement des couplets de Lully et de Rameau ; enfin l'air chanté par Louis XV :

 

C'est un enfant

Qui s'est endormi sous ma garde...

 

ont mérité des applaudissements. Mlle Girard a chanté, avec verve et finesse, le rôle de Louis XV, et Mlle Baretti, celui de Gilberte. Cet ouvrage avait obtenu du succès à Ems le 17 août de la même année. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cette petite et agréable pièce (premier essai de M. Meilhac, comme librettiste) avait appartenu au répertoire du théâtre de Bade. — M. Deffès, auteur d'une dizaine d'opéras-comiques, est le prix de Rome de l'année 1847. — Le Café du roi a été repris, on pourrait dire réchauffé, à la salle Favart il y a quelques années. L'intelligente et accorte Mlle Girard y tenait encore le rôle de Louis XV, qu'elle avait créé. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

CAGLIOSTRO

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Henri de Saint-Georges, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 février 1844, avec Mmes Anna Thillon (la Corilla), Marie Julie Boulanger (la marquise douairière de Volmérange), Henri Potier (Cécile) ; MM. Jean-Baptiste Chollet (le comte de Cagliostro), Mocker (le chevalier de Saint-Luc), Henri (Tomassi), Honoré Grignon (le prince de Volberg).

 

« La scène se passe, en 1780, dans un salon de Versailles. Le charlatan, alors fort à la mode, veut profiter de son crédit pour épouser une riche héritière. Lui-même est marié à une cantatrice italienne devenue prima donna au théâtre San-Carlo, à Naples. Cagliostro a pour rival un jeune chevalier qui, après avoir été victime des machinations de l'alchimiste, finit par le démasquer. Cet imbroglio est intéressant et le dialogue est spirituel. La musique en est peu saillante ; on n'a guère remarqué que l'air de la Corilla, chanté par Mme Anna Thillon C'est le caprice ; l'air de Cagliostro, chanté par Chollet : Fortune inconstante et légère, et des effets heureux d'instrumentation dans la scène de somnambulisme. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAGLIOSTRO ou LA SÉDUCTION

 

[ou Cagliostro ou les Illuminés]

Opéra-comique en trois actes, livret de Révéroni Saint-Cyr et Emmanuel Dupaty, musique de Victor Dourlen (acte I) et Anton Reicha (actes II et III). Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 novembre 1810.

 

 

CAÏD (LE)

 

Opéra bouffe en deux actes et en vers libres, livret de Thomas Sauvage, musique d’Ambroise Thomas.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 03 janvier 1849.

Mmes Delphine UGALDE (Virginie), Marguerite Jeanne Camille DECROIX (Fathma).

MM. BOULO (Birotteau), SAINTE-FOY (Ali-Bajou), HENRY (Aboul-y-far), HERMANN-LÉON (Michel), LEJEUNE (le Muezzin).

Chef d’orchestre : Théodore LABARRE.

 

 

31.08.1851

Opéra-Comique

(100e)

29.04.1900

Opéra-Comique

(401e)

16.02.1911

Opéra-Comique

(420e)

Virginie

Caroline MIOLAN-CARVALHO

TIPHAINE

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Fathma

Marguerite Jeanne Camille DECROIX

Fr. OSWALD

Nelly MARTYL

 

 

 

 

Birotteau

BOULO

CARBONNE

Maurice CAZENEUVE

Ali-Bajou

SAINTE-FOY

BARNOLT

Georges MESMAECKER

Aboul-y-far

BELLECOUR

BELHOMME

L. AZÉMA

Michel

HERMANN-LÉON

J. ISNARDON

F. VIEUILLE

le Muezzin

CHAPRON

ÉLOI

ÉLOI

Chef d'orchestre

TILMANT

GIANNINI

E. PICHERAN

 

422 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 22 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.

  

« On ne peut nier que cet ouvrage ne soit amusant et la musique très agréable. Cependant, à notre avis, l'ensemble a un caractère de vulgarité, de familiarité et de parodie qui n'est pas celui de l'opera-buffa, ni même de l'ancien opéra-comique. La partition fourmille de motifs charmants. On retrouve dans l'harmonie, sous des dehors piquants, les formes scientifiques les plus pures ; l'instrumentation est ravissante. D'où vient donc l'impression dont nous avons parlé plus haut ? Probablement de la disparate des costumes et de ce genre de pièces dont les gens de goût ont vu avec peine le succès toujours croissant en France ; pièces dans lesquelles aucun sentiment vrai et pris au sérieux ne vient reposer l'esprit du spectateur des bouffonneries et des cascades des acteurs. Une alliance aussi continuelle du plus noble des arts avec les côtés infimes du caractère humain nous parait regrettable. Si elle n'a pas empêché M. Ambroise Thomas d'écrire une partition brillante, qui a assuré le succès d'une œuvre lyrique telle que celle du Caïd, elle a inspiré une quantité vraiment trop considérable de méchantes petites opérettes qui ont imprimé à l'art un caractère trivial en désaccord avec l'esprit français. Un barbier, venu en Algérie, ne trouve pas à exercer son industrie : dans l'espoir de se faire donner 20,000 boudjous de récompense, il propose au caïd de lui faire connaître les gens qui se promettent de lui donner des coups de bâton pendant l'exercice nocturne de ses fonctions de magistrat. Le caïd accepte le marché, se promettant in petto de substituer la main de sa fille aux 20,000 boudjous ; mais le coeur de Biroteau appartient à Mlle Virginie, modiste de la rue Vivienne, qui est aussi venue chercher fortune en Algérie, tandis que la fille du caïd est éprise d'un tambour-major français. Pour abréger, après une scène de méprises dans laquelle le barbier administre lui-même au caïd les coups de bâton dont il devait le préserver, le malheureux est amené à payer les 20,000 boudjous en échange d'un pot de pommade, recette infaillible contre la bastonnade. L'ouverture est vive et originale. Les couplets de la diane, l'Amour, ce dieu profane, et l'air le Tambour-major, ont de la rondeur et de la verve ; le duo entre le barbier et la modiste est un morceau charmant ; le premier acte se termine par un excellent quintette, sans accompagnement d'abord, et ensuite accompagné par l'orchestre. Le second acte renferme une jolie romance accompagnée par la harpe ; un nocturne gracieux, pour soprano et basse, O ma gazelle ; l'air, si souvent chanté dans les concerts, Plaignez la pauvre demoiselle, qui est très brillant ; le trio comique dans lequel se trouvent quelques traits d'un goût douteux, imposés au compositeur par la nature du sujet. Le finale est un chef-d'œuvre de comédie musicale. Le succès du Caïd s'est maintenu depuis quinze ans, et tout lui présage encore une longue et brillante carrière. Le rôle de Virginie a été un des meilleurs de Mme Ugalde. Hermann-Léon chantait et jouait très bien celui du tambour-major. Mlle Decroix, Sainte-Foy, Boulo et Henri complétaient le personnel de la représentation. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAÏUS GRACCHUS

 

Scène lyrique en deux parties, livret d’Edouard Guinand, musique d’Alfred Rabuteau, exécutée en 1887 à l'Ecole française de musique. => détails 

 

 

CALENDAL

 

Opéra en quatre actes, livret de Paul Ferrier, d’après le poème provençal célèbre de Frédéric Mistral, musique de Henri Maréchal, représenté sur le théâtre des Arts, à Rouen, le 21 décembre 1894.

 

« Il y avait plus de dix ans que cet ouvrage était écrit, que la partition était gravée et publiée, lorsque les auteurs, découragés et désespérant de voir représenter leur œuvre à Paris, se décidèrent à la confier à une grande scène départementale. Ils n'eurent pas à s'en repentir au point de vue du succès, car elle fut accueillie à Rouen de la façon la plus chaleureuse, et le résultat de cet essai fut aussi satisfaisant qu'on eût pu le souhaiter. Chacun commit le sujet très dramatique et très émouvant de Calendal, dont M. Paul Ferrier a su tirer lui-même un livret d'opéra très mouvementé et très pathétique. Sur ce livret, M. Maréchal a écrit une partition substantielle, vraiment intéressante, où l'élément pittoresque joue son rôle sans nuire en rien au caractère du drame, où l'inspiration est abondante sinon toujours très neuve, et où la partie chorale a pris une particulière importance sans que ce soit, bien entendu, aux dépens des personnages qui prennent une part directe à l'action. Nombre de morceaux seraient à citer dans cette œuvre de belle allure et de larges proportions : au premier acte, un chœur vigoureux de bandits jouant aux dés et un finale très scénique ; au second, l'air de la châtelaine Diane des Baux, un chœur de paysans dans le lointain et le duo de Diane et de Calendal ; le troisième acte, presque entier ; enfin, au quatrième, qui est particulièrement véhément et dramatique, une scène d'incantation, traitée de main de maître et d'un caractère saisissant, et la grande scène finale. Calendal avait pour interprètes Mmes Bonvoisin, de Lega et Dupin, MM. Illy, Soubeyran, Jahn, Azaïs, Michan, Malzac et Sabiani. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CALFAT (LE)

 

Opérette, paroles de M. Pol Mercier, musique de M. E. Cahen, représentée aux Folies-Nouvelles en novembre 1856.

 

 

CALIFE DE BAGDAD (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Claude Godard d’Aucour de Saint-Just, musique de François Adrien Boieldieu.

 

Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 septembre 1800, avec Mmes Dugazon (Lémaïde) et Gavaudan (Zétulbé) et M. Elleviou (Isaouon), sous la direction de Frédéric Blasius. 671 représentations jusqu’en 1876.

 

Représenté au Théâtre de l'Opéra de Paris le 20 novembre 1826 lors d'une représentation extraordinaire au bénéfice de Lays.

 

« Le sujet est emprunté aux contes arabes. Isaoun, comme Jean de Paris, veut s'assurer s'il peut être aimé pour lui-même, et c'est sous un travestissement qu'il fait la cour à l'aimable Zétulbé. On le prend pour un brigand redouté dans le voisinage. L'effroi de Lémaïde, mère de Zétulbé, est à son comble. Malgré les apparences, le cœur de la jeune fille reste constant. Il y a dans la pièce naturellement un cadi ridicule et bafoué, ainsi qu'une suivante fort espiègle. Le dialogue est spirituel, la musique charmante et d'une grande fraîcheur. L'ouverture est une des meilleures productions instrumentales de Boieldieu .C'est une délicieuse fantaisie que cet opéra. On en a vanté longtemps la prétendue couleur locale. Il faut s'entendre : Boieldieu avait trop d'esprit et de goût pour introduire au théâtre l'affreux charivari connu sous le nom de musique orientale, reste barbare, dégénéré et presque méconnaissable des antiques mélopées. Il a cherché à exprimer les images que peut produire en notre esprit la conception idéale ; un Orient entrevu à travers le prisme de notre civilisation européenne. Tout est à citer dans la partition : le chœur ravissant du commencement, dont M. Félicien David a donné, sans s'en douter, une charmante réminiscence dans Lalla-Roukh, l'air de Késie, les duos, les couplets. Cet ouvrage a eu près de huit cents représentations et continue encore, de loin en loin, d'occuper l'affiche du théâtre de l'Opéra-Comique. M. Martinet en a donné sur son théâtre des Fantaisies-Parisiennes des représentations intéressantes. Cette musique de Boieldieu, d'un sentiment plein de fraîcheur et de jeunesse, fait doublement plaisir lorsqu'elle a pour interprètes, comme sur ce petit théâtre, des artistes jeunes tout récemment sortis de la volière du Conservatoire. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CALINO AMOUREUX

 

Opérette en un acte, livret d’Auguste Jouhaud, musique de Jules Javelot, représentée au concert de Bataclan le 27 février 1875.

 

 

CALLIAS ou NATURE ET PATRIE

 

Drame héroïque en un acte et en vers, mêlé de musique, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Grétry. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 septembre 1794. Cet ouvrage, dans lequel Hoffman fit acte de civisme littéraire, présente des Grecs de Marathon et de Salamine plutôt que des Français de l'an II de la République. On a fort remarqué ce beau vers que Callias adresse à l'envoyé de Xerxès :

 

Quand nous serons soumis, nous n'existerons plus.

 

Grétry prétend, dans ses Essais sur la musique, qu'il a cherché à donner à sa partition une couleur antique, en employant de préférence des intervalles de quarte. « Dans l'air de Callias, dit-il, la basse monte à la quarte, et les compositeurs savent que cette marche appartient au citant grégorien. » Cette réflexion montre que Grétry ne savait pas un mot de !a théorie musicale des Grecs. Quel rapport peut exister entre le tétracorde, le diatessaron et la mélodie de l'air de Callias ? —  « A la fin de cet air, continue-t-il, le trait exécuté par le chant et par la basse est purement ecclésiastique ; je ne me serais pas servi d'autres intonations si j'avais parlé de la religion sainte qui unit nos cœurs à la divinité. » Cette prétention était au-dessus du talent de Grétry, auquel les sujets gracieux et tendres convenaient mieux que les sujets antiques. Le célèbre chanteur Elleviou déclamait avec beaucoup d'art les vers du poète.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CALLIRHOÉ

 

Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Pierre Roy, musique d’André Destouches.

 

Première représentation à l'Académie de musique (1re salle du Palais-Royal), le 27 décembre 1712, avec Mmes Françoise Journet (Callirhoé), Pestel (la Reine), Mignier, Heusé (Astrée, prologue et Bergère) et Poussin (la Victoire-prologue), MM. Thévenard (Corisos), Cochereau (Agénor), sous la direction de Lacoste.

 

« Le sujet de la pièce est tiré des Achaïques de Pausanias. On ne s'explique pas le goût de Louis XIV pour la musique de Destouches, qui n'eut dans sa vie qu'un véritable succès, celui d'Issé, opéra joué en 1697. Un couplet satirique du temps montre que les partisans et les détracteurs de la musique de Destouches étaient en nombre à peu près égal.

 

Roy sifflé,

Pour l'être encore,

Fait éclore

Sa Callirhoé,

Et Destouches,

Met sur ses vers

Une couche

D'insipides airs.

Sa musique,

Quoique étique,

Flatte et pique

Le goût des badauds.

Heureux travaux !

L'ignorance

Récompense

Deux nigauds.

 

Dauvergne retoucha la musique de Callirhoé pour la représentation qui eut lieu de cet ouvrage à l'Opéra en 1773. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Reprises : 16 mars 1713 (avec des remaniements, surtout au 5e acte) ; 1732 et 1743.

L'air de la musette de Callirhoé a joui d'une vogue immense ; il a inspiré une épigramme piquante à l'adresse de Roy et Destouches : l'abbé Jos. de la Porte l'a recueillie dans ses Anecdotes dramatiques. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CALONICE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Emile de Najac, musique de M. Ten-Brink, représenté au théâtre de l'Athénée le 19 mai 1870. La pièce, écrite en vers libres et imitée de la comédie de M. Verconsin, a pour sujet le conte si connu de la Matrone d'Ephèse. Le soldat a été remplacé par un petit joueur de flûte. La partition de M. Ten-Brink, compositeur lyonnais, a été très travaillée et les développements en sont exagérés pour un petit acte. On a fait bon accueil au brindisi : Vive l'amour et la jeunesse, et au quinque final : Pour sauver un vivant. Chanté par Mlles Persini et Marie Biarini.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

CALYPSO

 

Opéra, musique de Boieldieu, représenté à Saint-Pétersbourg en 1807. Cet ouvrage a été composé sur le livret mis déjà en musique par Lesueur et joué sous le titre de Télémaque.

 

 

CALZA (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Tillier, musique de Mansour, représentée aux Fantaisies-Parisiennes (théâtre Beaumarchais) le 08 février 1881, costumes d'Emile Cohl.

 

« La scène se passe à Venise, et la Calza est une société de guitaristes dont les membres pensent autant, sinon plus, à l'amour qu'à la musique, ce qui motive des chansons, des brindisi, des sérénades et le reste. Le livret de cet ouvrage était suffisant, et la musique ne manquait point de qualités ; on remarquait, entre autres, l'air de la Calza, le brindisi : Buvons à Vénus, buvons à Venise, le septuor du baiser, une agréable pavane et un heureux trio bouffe. Les acteurs étaient MM. Denizot, Félix Puget, Guyon fils, Charvet, Desnoyer, Mmes Landau, Ghinassi, Gabrielle, Barty et Boulanger. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CALZOLARO (IL)

 

[en fr. le Cordonnier]

Intermède comique italien en un acte, musique attribuée à Giovanni Paisiello. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 juillet 1801.

 

 

CAMARGO (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Vanloo et Eugène Leterrier, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre de la Renaissance le 20 novembre 1878, mise en scène de Paul Callais, avec Mmes Zulma Bouffar, Desclauzas, Mily-Meyer, Léa d'Asco, Piccolo, Panseron, Ribe, Kolb, Dianie, Vialla, Davenay, Dortet, Z. Bied, G. Piter, MM. Vauthier, Berthelier, Lary, Pacra, Libert, Deberg, Duchosal, Tony, Urbain, Caliste, William, Desclos, Auger, Mercier, Perrenot, Beziat, Cailloux.

 

La célèbre danseuse Camargo et le non moins célèbre voleur Mandrin défrayent la pièce qui offre cette particularité que les paroles restent étrangères à tout genre de littérature, comme le sont celles des opérettes, tandis que la musique est une véritable œuvre d'art, gracieuse, correcte et élégante, finement orchestrée, enfin très propre à s'associer à un opéra bouffon de bon goût. Le premier acte se passe au foyer de la danse, à l'Opéra ; le maître de ballet, Taquet, fait répéter les danseuses récalcitrantes ; les abonnés arrivent, ainsi que la Camargo, entourée de plusieurs adorateurs, Pont-Calé, riche personnage, ami du lieutenant de police ; Saturnin, jeune drapier de Lyon qui a quitté, pour suivre la danseuse Colombe, sa fiancée, enfin Mandrin lui-même, sous le pseudonyme du chevalier de Valjoly.

Pont-Calé a donné à la Camargo un collier de cent mille francs. Valjoly et sa bande sont là ; le collier disparaît ; grand émoi à l'Opéra ; on fouille tout le monde ; Valjoly passe le collier à une de ses maîtresses, doña Juana, créole qui raconte au public la façon étrange dont le voleur a fait sa connaissance. L'acte finit par un chœur d'imprécations contre Mandrin. Il n'y a que lui de capable de faire un coup si hardi :

 

Guerre à Mandrin

A ce malandrin,

Ce hardi coquin

Que partout on craint !

Que chacun demain

Se mette en chemin,

Qu'en un tour de main

On prenne Mandrin !

 

Le second acte a lieu dans le château du chevalier de Valjoly, dont les hôtes s'appellent l'Écureuil, Filenquatre, Tournevis, le Philosophe, Rossignol, qui jouent, fument, boivent et chantent. Ils ont fait prisonniers Saturnin, Colombe et Péruchot, son père. Valjoly, qui est épris de la Camargo, l'attend sur la route de Lyon et, par un stratagème de brigand, l'amène à son château. Elle se croit reçue par un vrai chevalier et lui donne la représentation d'un ballet complet, depuis l'entrée de la bergère jusqu'au triomphe de l'amour. La fête est troublée par l'arrivée des soldats que Saturnin a pu prévenir ; mais Mandrin s'était fait donner par Pont-Calé une commission dont il se sert pour faire arrêter par la troupe Pont-Calé lui-même, doña Juana et la Camargo, malgré le duetto qu'ils ont chanté ensemble, et dont il peut être utile de citer un fragment pour montrer à quel égarement du goût conduit ce genre de pièces :

 

LA CAMARGO.

Ce serait une vie heureuse

D'unir comme dans un roman

Le brigand avec la danseuse,

La danseuse avec le brigand.

Certes lorsque l'on n'aime pas,

Un brigand ne saurait vous plaire ;

C'est un amant en pareil cas

Trop en dehors de l'ordinaire.

Loin d'excuser ses attentats,

En face l'on voudrait lui dire

Toute l'horreur qu'il vous inspire,

Toujours lorsque l'on n'aime pas,

Mais quand on aime,

Le cœur alors change de ton ;

On n'y met plus tant de façon :

Au diable le qu'en dira-t-on !

On aime quand même

Celui qu'on aime.

 

Au troisième acte, qui se passe aux Porcherons, chez Ramponneau, la scène est occupée par des gens de toute espèce : grands seigneurs, marchands, diseuse de bonne aventure, Javotte et sa marmotte en vie, gens de la bande de Mandrin et tous les personnages de la pièce. On s'est beaucoup moqué des conventions de l'ancien théâtre. Combien sont-elles anodines en comparaison des invraisemblances puériles du théâtre contemporain ! L'indifférence à cet égard est complète. Tout raisonnement et tout sentiment naturel sont bannis ; l'impression et la sensation les ont remplacés.

Je passe sur les couplets de Louis le Bien-aimé, hors-d'œuvre déplacé, dont la musique est assez plate. Pont-Calé poursuit toujours l'invisible Mandrin et compte sur un limier de police nommé Philidor ; mais ce limier n'est encore autre que le brigand, lequel est sur le point d'enlever pour tout de bon la Camargo lorsqu'enfin Colombe réussit mieux que son fiancé à déjouer ses projets. Camargo est sans rancune et laisse Mandrin libre d'exercer ailleurs ses talents. On voit qu'à proprement parler il n'y a pas là une pièce. Que conclure du grand succès qu'elle a obtenu ? Est-il dû à la musique ? Sans doute elle est fort agréable ; mais les spectateurs l'écoutent à peine et aucun des morceaux ne peut être chanté dans les salons ni les concerts. Ce sont donc les parties accessoires de l'ouvrage, le jeu des actrices, la manière dont elles soulignent et miment les couplets égrillards et les mots à doublé entente, leurs costumes ou souvent l'absence de costume, qui attirent le public et amènent le succès, succès d'argent, s'entend. L'air populaire de la Camargo, bien orchestré, sert de début à l'ouverture et, avec d'autres motifs, donne la date de la pièce. La scène du foyer de la danse est pleine d'animation et de gaieté. Les morceaux qui ont le plus d'originalité et qui ont le mieux réussi sont : dans le premier acte, la romance de Saturnin, Je vous ai dit mon ignorance, le chœur des voleurs ; dans le second, les couplets de la Camargo, Laissez-moi, monsieur le voleur, les airs de ballet, qui sont tous charmants et variés, et le finale ; dans le troisième, le petit pont-neuf Saute, Suzon, le duetto de Colombe et de Saturnin, Étais-tu bête ! dont la mélodie, gracieuse et fine, contraste avec la vulgarité des paroles, et la ronde de la marmotte en vie, Eh ! youp ! eh ! youp ! Javotte ; fais sauter ta marmotte.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CAMILLE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Spaak, musique de Marc Delmas.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 11 octobre 1921. Décor d’Alexandre Bailly. Costumes de Marcel Multzer. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Lucienne ESTÈVE (Camille), Madeleine SIBILLE (la Léonilda), JULLIOT (l'Aubergiste).

MM. Julien LAFONT (Giambattista), Victor PUJOL (Aymont de Vigneux).

Chef d'orchestre : Émile ARCHAINBAUD.

 

6 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CAMILLE ou LE SOUTERRAIN

 

Opéra-comique en trois actes, en prose, livret de Benoît-Joseph Marsollier, d’après Adèle et Théodore, roman de Mme de Genlis, musique de Nicolas Dalayrac.

 

Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 mars 1791, avec Mme Dugazon (Camille), sous la direction de Frédéric Blasius. 242 représentations jusqu’en 1842.

 

« Il y a des scènes déchirantes que la muse gracieuse de Dalayrac semblait peu propre à interpréter, et dont cependant il se tira avec honneur. La couleur de cet ouvrage est juste et les accompagnements y sont plus travaillés que dans Nina. La chanson, Notre meunier chargé d'argent, a été populaire. Paer a traité le même sujet, mais moins heureusement [représenté à Vienne en 1798 sur une traduction italienne de Carpini]. Cet opéra a été repris, en 1844, pour le début de Mme Capdeville. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAMILLE, REINE DES VOLSQUES

 

Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Danchet, musique de Campra, représentée par l'Académie royale de musique, le 09 novembre 1717. Voici la distribution de la pièce, qui peut donner l'idée des principaux éléments de la troupe de l'Opéra à ce moment. La nymphe de la Seine, Mlle Antier ; Flore, Mlle Poussin ; Zéphire, Murayre ; Mars, Le Myre ; Camille, Mlle Journet ; Almon, Thévenard ; Rutile, Mantienne ; Aufide, Hardouin ; Cérite, Cochereau. Ballet : Bergères, Volsques, etc., Dumoulin, Pécourt, Danguille, etc.

 

 

CAMP DE GRANDPRÉ (LE) ou LE TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE

 

Divertissement lyrique en un acte, paroles de Marie-Joseph de Chénier, musique de Gossec, représenté à l'Opéra (Académie de musique), le 27 janvier 1793 (8 pluviôse an I), avec Chéron (le général), Renaud (l'Aide de camp), Chardini (le Maire), Lays (Thomas), Adrien (un Vieillard); Mlles Maillard (la Liberté) et Gavaudan (Laurette).

 

« Cet ouvrage caractérise une des époques de notre histoire. Avant la représentation à l'Opéra, un chant composé par les mêmes auteurs et connu sous le nom de Ronde du camp de Grand-Pré, avait été chanté d'après le titre que nous avons sous les yeux par les défenseurs de la patrie dans la campagne de 1792, après avoir chassé les Prussiens et les Autrichiens de la Champagne. C'est une fort jolie mélodie villageoise en si bémol à deux quatre, et accompagnée comme tous les chants de cette époque par des clarinettes, des cors et des bassons. En voici le premier couplet ; les autres sont loin d'être aussi pacifiques :

 

Vous, gentilles fillettes,

Et vous, jeunes garçons,

Au son de nos musettes

Unissez vos chansons ;

Si vous aimez la danse

Venez, accourez tous,

Boire du vin de France,

Et danser avec nous.

 

Le chant de la Marseillaise fut intercalé dans cet ouvrage de circonstance. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet ouvrage n'obtint pas moins de succès que le précédent. On y entendait aussi l'hymne sublime de Rouget de Lisle, et Gardel en avait composé les ballets. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CAMP DE MAËSTRICHT (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de M. Rechenar, musique d’Ed. Servel, représenté à Montpellier en avril 1859.

 

 

CAMP DE SOBIESKI (LE) ou LE TRIOMPHE DES FEMMES

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Emmanuel Dupaty, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 19 avril 1813.

 

 

CAMP DU DRAP D'OR (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Paul de Kock et Noël Lefebvre, musique de Victor Rifaut, Aimé Leborne et Alexandre Batton. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 23 février 1828.

 

 

CANARD À TROIS BECS (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Jules Moinaux, musique d’Emile Jonas, représenté au théâtre des Folies-Dramatiques le 06 février 1869 avec Mmes Lovato (Marguerite), A. Cuinet (Sophronie), Daroux (Barbe), A. Massue (Madeleine), MM. Milher (Van Ostebal), Adolphe Girardot (Van Bonntronch), Marcel (Spaniello), Mendasti (Pasmotto), Speck (Chutentos), Chaudesaigue (Sourian), Vavasseur (Moulagauffre), Henriot (Pitot).

Représenté au Théâtre de la Renaissance, en 1881 ; au Théâtre des Bouffes-Parisiens, en 1888.

 

« Comment se fait-il que des auteurs perdent leur encre à écrire des farces qu'on n'aurait pas voulu jouer au siècle dernier sur les théâtres de la foire ? Comment des musiciens de talent les acceptent-ils ? C'est là un phénomène étrange, un des signes de ce temps. Je pense que mes lecteurs se contenteront de savoir que ce canard à trois becs était un volatile fort extraordinaire, auquel les Brabançons vouaient une sorte de culte superstitieux, parce qu'ils croyaient que, tant qu'il vivrait, les Espagnols ne reviendraient pas dans leur pays. Or, cette bête a disparu, et le bourgmestre, la garde civique, un capitaine de vaisseau qui ne s'est jamais embarqué, autre amiral suisse, sont sur pied pour conjurer les malheurs qui menacent leur patrie. Le capitaine part, mais ne s'embarque pas. En son absence, les galants montent à l'abordage de sa maison ; lorsque le marin revient chez lui, on découvre le neveu d'un épicier qu'on prend pour le fils du duc d'Albe et qu'on fourre en prison. Quant au canard, un cuisinier libre-penseur l'a accommodé aux petits oignons. Voilà ce que tout le Paris mondain et dilettante a couru voir jouer pendant plusieurs mois. La musique associée à ce canard forme avec lui un accouplement bizarre. Elle a de la grâce, une certaine distinction relative ; elle est ingénieuse. Les motifs, sans être bien originaux, sont présentés sous une forme qui ne manque pas d'élégance. L'harmonie et l'orchestration décèlent une main expérimentée. Si ce n'était la bouffonnerie de l'exécution, on se serait cru à l'Opéra-Comique dans le voisinage d'Albert Grisar, moins toutefois la petite teinte de poésie que ce charmant compositeur mettait dans ses tableaux les plus familiers. Je citerai le duo d'amour et une jolie sérénade au deuxième acte, et dans le troisième un quatuor plein de brio et un rondo. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

CANDIDE MARIÉ ou IL FAUT CULTIVER SON JARDIN

 

Comédie en vaudevilles, mêlée de divertissements, en deux actes, livret de Pierre-Yvon Barré et Jean-Baptiste Radet, musique de C. François Lescot. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 20 juin 1788.

 

 

CANDOS ou LES SAUVAGES DU CANADA

 

Opéra en trois actes, paroles de Delrieu, musique de L.-E. Jadin, représenté à Feydeau en 1797.

 

 

CANENTE

 

Tragédie lyrique en cinq actes avec prologue, paroles de La Motte, musique de Colasse, représentée à l'Opéra le 04 novembre 1700, avec Mlle Maupin (l'Aurore, prologue, Nérine et la Nuit), Thévenard (Picus), Mlle F. Moreau (Canente), Mlle Desmatins (Circé), Hardouin (le Tibre), Dun (Vertumne, prologue et Saturne), Boutelou (un Fleuve).

 

« Canente, nommée ainsi à cause de la beauté de sa voix, mourut de douleur lorsque son époux, Picus, fut changé en pivert. Tel est le sujet de cet opéra. Pour donner une idée du goût du temps, nous dirons ici que la scène du prologue représente le château de Fontainebleau, du côté du parterre du Tibre. Le dieu de ce fleuve, l'Automne et Vertumne, en sont les interlocuteurs. Louis XIV eut assez de confiance dans le mérite de Colasse pour lui donner le privilège d'une Académie de musique qu'il fonda à Lille et qui ne réussit point. Colasse s'adonnait à la chimie, et mourut empoisonné à la suite d'une de ses manipulations. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra de Colasse ne fut point repris. Canente cependant reparut le 11 nov. 1760, retouché par de Curi et remis en musique par Dauvergne. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANENTE

 

Tragédie lyrique en cinq actes, arrangée par Cury d'après La Motte, musique de Dauvergne, représentée par l'Académie royale de musique le 11 novembre 1760, avec Gélin, Pillot (Picus), Desentis; Mlles Lemière (Canente), Chevalier (Circé), Villette (l'Amour).

 

« Colasse était l'auteur de la partition primitive. La fréquence des fragments et la reprise d'anciens poèmes, remis en musique par Dauvergne, La Borde, Mondonville, Berton et Grenier dénotent la stérilité de cette époque. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La partition de Dauvergne n'obtint pas un plus long succès que celle de Colasse. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANGE ou LE COMMISSIONNAIRE DE SAINT-LAZARE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Marsollier, musique de Dalayrac, représenté à l'Opéra-Comique, rue Favart, le 18 novembre 1794.

 

 

CANOTIÈRES DE SURESNES

 

Opérette en un acte, musique de Georges Rose, représentée à Laval le 15 mars 1885.

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles d’Esmenard, musique de Méhul. Création au Théâtre de l’Opéra (salle Montansier) le 30 novembre 1810, en présence de Napoléon Ier et de Marie-Louise.

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles de Philoxène Boyer, musique de Victor Massé. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 28 octobre 1852 avec Mmes Tedesco, Lagrua, Duez ; MM. Gustave Roger, Merly, Brémond.

 

"Les solistes chantèrent en costume de ville, au milieu des chœurs en costume du Philtre."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles de Mélanie Waldor, musique de Deldevez. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 février 1853 avec Mmes Laborde, Tedesco, Angiolina Bosio ; M. Gustave Roger.

 

"On y avait intercalé deux romances de Mme Mélanie Waldor, mises en musique par Mme Lefèvre-Deumier et accompagnées par deux harpes, ainsi que la Calesera, chanson andalouse qui fut chantée d'une façon piquante par Mme Bosio."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles d'Emilien Pacini, musique d'Adolphe Adam. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 17 mars 1856 avec Mme Tedesco, MM. Gustave Roger, Gueymard, Louis-Henri Obin, Bonnehée et les chœurs.

 

"Elle fut composée à l'occasion de la naissance du prince impérial et entendue dans la représentation gratuite qui fut donnée ce jour-là."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles de Bertrand de Saint-Rémy, musique de Ch. de Bériot. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 juin 1856 avec MM. Gustave Roger et Bonnehée.

Elle fut composée à l'occasion du baptême du prince impérial.

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles d’Henri Trianon, musique de Jules Duprato. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1859, avec Mme Palmyre Wertheimber.

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles d’Alfred Beaumont, musique de Jules Duprato. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1861 avec MM. Eugène Troy, Eugène Crosti, Gourdin.

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jules Duprato. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 août 1864 avec Dumestre (un Vieillard), Morère (un Soldat); Mme Marie Sasse (une Femme).

 

"Improvisation où se reconnaît le talent d'un musicien instruit et fort bien doué."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANTATE

 

Cantate, paroles d'Emilien Pacini, musique de Gioacchino Rossini. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 août 1867.

 

"Voici le titre de cette composition, fidèlement copié sur la partition manuscrite :

 

A NAPOLÉON III

ET
A SON VAILLANT PEUPLE.

HYMNE

avec accompagnement à grand orchestre et musique militaire
pour baryton (solo), un Pontife,
chœur de Grands Prêtres,
chœur de Vivandières, de Soldats et de Peuple.
A la fin
Danse, Cloches, Tambours et Canons.

EXCUSEZ DU PEU !!

 

Cette cantate fut entendue pour la première fois à la cérémonie des récompenses de l'Exposition universelle, le 1er juillet 1867. Elle remplaça la Cantate et l'Hymne à la Paix promis par le Moniteur, et pour lesquels avait été ouvert un double concours de poésie et de musique.

L'hymne de Rossini débute largement, mais se termine par un pas redoublé vulgaire, dont le motif rappelle la contredanse intitulée l'Ostendaise. — Cette page curieuse, à plus d'un titre, a été exécutée de nouveau à l'Opéra le 15 août 1868."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CANTATE À ROTROU

 

Cantate, paroles de la comtesse Olympe Milon de Lernay, musique de Milhès, exécutée à Dreux en 1867. L’auteur des paroles était l’arrière-petite-nièce du poète Rotrou.

 

 

CANTATE DE LA PAIX (LA)

 

Cantate, paroles de Baour-Lormian, musique de Niccolo (Isouard). Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 avril 1802.

 

 

CANTATE EN L'HONNEUR DE L'ARMÉE

 

Cantate, paroles d'Henri Trianon, musique d'Esprit Auber. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 12 janvier 1856 avec Gueymard et les Chœurs.

 

 

CANTATRICE ITALIENNE (LA)

 

Comédie en deux actes, livret d’Antoine Colalto, musique anonyme. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 06 mai 1761. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 20 février 1762.

 

 

CANTEGRIL

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de Raymond Escholier, musique de Roger-Ducasse.

 

Création à l'Opera-Comique (3e salle Favart) le 09 février 1931. Mise en scène de Gabriel Dubois. Décors et costumes d'après les maquettes de Georges d'Espagnat. Décors exécutés par Deshays, costumes exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu.

Mmes Marie-Thérèse GAULEY (Francezine), Hélène DUVERNAY (une vieille mendiante), Georgette MATHIEU (Isabérous), AGNUS (Marchande de pois verts), LEBARD (Marchande de cresson et champignons), Léila BEN SÉDIRA (Marchande de beignets), Aimée LECOUVREUR (Pascale, marchande de volailles), M.-J. MARTIN (Marchande de fleurs), CUVILLIER (Marchande de pêches), Andrée BERNADET (Marinotte), QUÉNET (Rosette), Marinette FENOYER (Terezis), DIETZ-MONIN (Phrosine) VILLETTE (Belou), LAFFITTE (Gilberte), VACCHINO (Franson), Yvonne DUCUING (Amandine).

MM. Roger BOURDIN (Cantegril), Marcel CLAUDEL (Boucarel), BALDOUS (Bireben), LE PRIN (Jeanpoulet), Ernest DUPRÉ (Bessède), Bernard GAILLOUR (Sylvain), BEKAERT (Bernat), Louis MORTURIER (Miquel), GÉNIO (le rempailleur de chaises), Léon NIEL (le raccommodeur de faïences), MATHYL (Fualdès, marchand d'images), Raymond GILLES (le marchand d'almanachs), FOUCHY (un laboureur ; un jeune homme), Gabriel JULLIA (un contrebandier), HÉBERT (le Montreur d'ours).

Aux 1er et 3e actes, Divertissements réglés par Robert QUINAULT, dansés par le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Louis MASSON.

 

18 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Cantegril, type de charmant mauvais garçon languedocien, fait tourner les têtes de toutes les filles du village, et même un peu celle de Francézine, la fille de Bessède, que son père voudrait marier au riche Jeanpoulet. Cantegril se charge par un nouveau tour de faire changer d'avis au père Bessède. Un jour de noce, il conduit Francézine inquiète dans une chambre d'auberge ; et c'est là que tous les gens de la noce, Jeanpoulet en tête viennent les surprendre, alors qu'ils croyaient trouver les mariés eux aussi disparus. Bessède n'aura plus qu'à se laisser faire. Sur cette intrigue agrémentée de hors-d’œuvre amusants ou troublants le compositeur a écrit une musique tour à tour tendre ou pleine de gaîté. Le second acte est une merveille étonnante par la justesse du ton et de l'expression ; le troisième déborde d'entrain. Pour un peu, on se plaindrait de l'abondance de la musique. Roger-Ducasse enchevêtre les parties ; il développe les ensembles vocaux. Tout cela est d'ailleurs réglé par un maître, dont le savoir n'obscurcit jamais l'inspiration. »

(Larousse Mensuel Illustré, mars 1931)

 

 

CANTINIÈRE (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Paul Burani et Félix Ribeyre, musique de Robert Planquette, représentée au théâtre des Nouveautés le 26 octobre 1880, avec Mmes Silly (Victoire), Piccolo (Alcindora), Gilberte (Nichette), Debreux (Musardin), Jeanne (Méthala) ; MM. Brasseur (Babylas), Berthelier (Rastagnac), Guyon (Boniface), Scipion (Bernard), Albert (Pépinet).

 

« La pièce est une bouffonnerie à outrance qui échappe à l'analyse. On a applaudi surtout les couplets d'Alcindora, la femme torpille : J’ suis un’ femme d’ tempérament, ceux de Rastagnac : Je le coupe en deux, en trois, en quatre ; ceux de Victoire, la cantinière : Ah ! tu fais ton pacha, ceux des Bottes et une mazurka au troisième acte. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CAPITAINE BELRONDE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Louis-Benoît Picard et Edouard-Joseph Mazères, musique de Pierre Crémont. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 mars 1825. C'était la transformation lyrique d'une comédie de Picard qui avait naguère obtenu du succès et qui n'en retrouva aucun sous cette nouvelle forme.

 

 

CAPITAINE FRACASSE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes et six tableaux, livret tiré du roman de Théophile Gautier, par Catulle Mendès, musique d’Émile Pessard, représenté au Théâtre-Lyrique de la salle Ventadour le 02 juillet 1878 avec Mmes G. Moisset (Isabelle), Vergin (Zerbine), Am. Luigini (Chiquita), Gilda (un page), MM. Melchissédec (Sigognac [le capitaine Fracasse]), Désiré Fromant (duc de Vallombreuse), Taskin (Lampourde), Paul Ginet (Blazius), Jouanny (prince de Lineuil), Pop (marquis de Bruyère), Acelly (Agostine [rôle parlé]), Barrielle (Hérode), Ernest Martin (Scapin), Poulain (Mérindol [rôle parlé]), Prosper Guyot (Pierre), Doff (Léandre), Rémond (le Notaire).

 

Autant le talent d'écrivain du romancier est remarquable, autant ses conceptions sont bizarres et fausses. Le sentiment de la nature est absent, et comme c'est ce sentiment qui est l'âme d'une œuvre dramatique, celle-ci est hybride et dénuée de véritable intérêt. Cependant l'auteur a su y ajouter plusieurs épisodes ingénieux et amusants. La partition de M. Émile Pessard a, au contraire, tous les caractères d'une œuvre consciencieuse, sincère. Il a exprimé avec talent les situations du livret, la tristesse du sire de Sigognac, pauvre gentilhomme vivant seul dans son château délabré ; la verve des comédiens, le défilé des personnages de la commedia dell'arte, la scène populaire du pont Neuf, la sauvage nature de la bohémienne Chiquita, les sentiments généreux d'Isabelle la comédienne, la gaieté de Zerbine. Les morceaux les plus saillants de cet ouvrage sont : dans le premier acte, l'andante de Sigognac, O fiers seigneurs, guerriers aux belles armes ; dans le second, l'hymne à Bacchus, plus gaulois qu'antique ; dans le troisième, l'air pathétique O mon Sigognac ! nom aussi peu chevaleresque que musical ; une jolie marche orchestrale, le duettino d'Isabelle et de Zerbine, l'odelette La voix du rossignolet, dont la forme archaïque est bien rendue et où la suppression de la note sensible est amenée avec beaucoup de goût.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CAPITAINE HENRIOT (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Gustave Vaez et Victorien Sardou, musique d'Auguste Gevaert. Création au Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 29 décembre 1864, mise en scène de M. Mocker, avec Mmes Galli-Marié (Blanche d'Étianges), Bélia (Fleurette), Augusta Collas (Valentine de Rieulles), MM. Achard (René de Mauléon), Couderc (Henri IV), Eugène Crosti (Don Fabrice), Ponchard (Bellegarde), Victor Prilleux (Pastorel), Lejeune (Chavigny).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 19 septembre 1865 avec Mmes Erembert (Blanche d'Étianges), Dumestre (Fleurette), Arquier (Valentine de Rieulles), MM. Jourdan (René de Mauléon), Monnier (Henri IV), Depoitier (Don Fabrice), Ch. Achard (Bellegarde), Mengal (Pastorel).

 

« Le livret, laissé inachevé par l'auteur du poème de la Favorite, a été terminé par celui de la Famille Benoîton. Il est assez amusant et offre quelques bonnes situations musicales, mais peu variées. L'intrigue est compliquée et enchevêtrée de petits détails assez puérils ; c'est du Scribe rajeuni. Il y manque la note émue, la scène dramatique, le cri du cœur. Le capitaine Henriot, c'est-à-dire le Béarnais, fait le siège de Paris. Il a promis d'aller souper chez une belle Parisienne, émerveillée de sa bravoure ; un de ses amis, René de Mauléon, est fiancé à Blanche d'Etianges, laquelle se trouve elle-même sous la domination d'un officier espagnol nommé don Fabrice. Tout ce monde se retrouve le soir à l'hôtel d'Etianges. Don Fabrice veut à la fois enlever à Mauléon sa maîtresse et faire prisonnier le Béarnais. Mais, grâce à une invention tout à fait invraisemblable du librettiste, Henri est pris par le traître espagnol pour Mauléon. Celui-ci se laisse passer pour le roi, afin de sauver son maître, quoiqu'il s'imagine que le capitaine Henriot est son rival en amour. C'est là un dévouement plus héroïque que chevaleresque. Au dernier acte, Mauléon, prisonnier des ligueurs, arrive en parlementaire auprès du roi, pour proposer, de la part de Mayenne, certaines conditions. Il sera fusillé si Henri les rejette. Nouveau Régulus, il conseille de ne pas les accepter ; d'ailleurs, se croyant trahi par Blanche d'Etianges, il ne tient plus à la vie. Le roi imagine un stratagème au moyen duquel il fait servir don Fabrice à la délivrance de Mauléon, et arrache Blanche de ses mains, pour la remettre entre celles de son ami. La musique a été traitée avec la science, le goût et les ressources qu'on pouvait s'attendre à rencontrer chez un des compositeurs les plus instruits de notre temps. Les chœurs surtout ont été fort goûtés. Nous signalerons le chœur de la Chasse, dont les effets d'écho sont ingénieux ; le chœur militaire des soldats du roi, au deuxième acte ; le duo entre Blanche et Valentine, Aux soupirs des zéphyrs, et des couplets qui ont obtenu de suite quelque succès, plutôt parce qu'ils expriment le souhait de la poule au pot qui a rendu si populaire le bon roi Henri, que par la mélodie, qui est un peu monotone :

 

Donnons à qui n'a pas,

Il faut que tout le monde vive.

 

Le rôle du capitaine Henriot a été créé avec succès par Couderc. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAPITAINE LOYS (LE)

 

Comédie héroïque en cinq actes et 6 tableaux, en vers, d'Edouard Noël et Lucien d'Hève, musique de scène de Charles-Marie Widor, représentée à Lyon, sur le théâtre des Célestins, en mars 1900.

 

 

CAPITAINE MASSACRINI (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Théodore Henry, musique de Pomposi, représentée au Gymnase de Marseille le 19 mars 1873.

 

 

CAPITAINE NOIR (LE)

 

Opéra en quatre actes, livret français de Rosier Faassen et Gustave Lagye (1843-1908), musique de Joseph Mertens, représenté pour la première fois en flamand sur le théâtre de La Haye le 12 mai 1877.

 

 

CAPITAINE RAYMOND (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Coveliers, musique de J.-B. Colyns, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 08 avril 1881 avec Mmes Blanche Deschamps (comtesse de Cambris), Lonati (princesse de Condé), MM. Rodier (capitaine Raymond), Soulacroix (le comte de Guitaut), Dauphin (César), Lefèvre (de Civrac).

 

Il fut représenté avec si peu de succès que les auteurs refusèrent de le laisser jouer une seconde fois.

 

 

CAPITAINE ROCH (LE)

 

Opérette, musique de Georges Pfeiffer, représenté dans un concert en présence de Rossini, le 23 février 1862.

 

 

CAPITAINE ROLAND (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Armand Lafrique, musique de Louis Gregh, représenté pour l’inauguration du Théâtre-Mondain (Nouveau lyrique) à Paris, le 29 mars 1895, avec Mmes Louise Bressa (Léa), Eva Romain (Mme Van Straet), Gabrielle Prat (Grédel), MM. Deriaz (Roland), A. Bourgeois (Léonidas), Barbary (Van Straet), Eternod (un Sergent). => livret

 

 

CAPITAINE THÉRÈSE (LE)

 

Opérette en trois actes, livret d’Alexandre Bisson et Burnand, musique de Robert Planquette, représentée sans grand succès à Londres en juillet 1890. Représentée à Paris, Théâtre de la Gaîté, le 01 avril 1901.

 

 

CAPITOLE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Charles Clairville et Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, représenté au Théâtre des Nouveautés le 05 décembre 1895.

 

 

CAPORAL ET LA RECRUE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Camoreyt, musique de Lacoustène, représentée à Agen en février 1867.

 

 

CAPRICCIO

 

Pièce musicale allemande en deux actes, livret de Clemens Krauss et Richard Strauss, musique de Richard Strauss, représentée au Bayerische Staatsoper de Munich le 28 octobre 1942.

 

Personnages : le Comte (baryton) ; Flamand, un musicien (ténor) ; Olivier, un poète (baryton) ; La Roche, directeur de théâtre (basse) ; Monsieur Taupe, le souffleur (ténor bas) ; un Chanteur italien (ténor) ; la Comtesse Madeleine, sœur du Comte (soprano) ; Clairon, actrice (alto) ; une Chanteuse italienne (soprano) ; Neuf petits rôles masculins ; Deux danseurs, trois musiciens ; Pas de chœur.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 01 mars 1957, dans une version française de Gustave Samazeuilh, mise en scène du professeur Rudolf Hartmann, chorégraphie de Gérard Mulys, maquettes du décor et des costumes de Romain Erté, décor exécuté par Maurice Moulène, costumes exécutés par Alyette Samazeuilh.

Mmes Jeanne Ségala (la Comtesse), Suzanne Jyol (Mlle Clairon), Liliane Berton (la Chanteuse italienne).

MM. Raoul Jobin (Flamand), Robert Massard (le Comte), Pierre Froumenty (La Roche), Michel Roux (Olivier), Pierre Giannotti (le Chanteur italien).

Chef d'orchestre : Georges Prêtre, qui faisait ses débuts à l'Opéra-Comique.

 

6e représentation le 10 avril 1957.

Mmes Jeanne Ségala (la Comtesse), Suzanne Juyol (la Clairon), Liliane Berton (une Chanteuse italienne).

MM. Raoul Jobin (Flamand), Robert Massard (le Comte), Pierre Froumenty (La Roche), Michel Roux (Olivier), André Noël (Monsieur Taupe), Pierre Giannotti (un Ténor italien), Jacques Mars (le Majordome), Serge Rallier, Henri Bedex, Le Prin, Robert Lamander, Georges Alves, André Daumas, Raoul Gourgues, Jean Giraud (les Serviteurs).

Divertissement : Mlle Nicole Davoust, M. Serge Reynald.

Chef d'orchestre : Georges Prêtre.

 

Reprise le 02 février 1962 en allemand, mise en scène du professeur Rudolf Hartmann, chorégraphie de Michel Rayne, maquettes du décor et des costumes de Romain Erté, décor exécuté par Maurice Moulène, costumes exécutés par Alyette Samazeuilh.

Mmes Elisabeth Schwarzkopf (la Comtesse), Marie-Luce Bohe (la Clairon), Liliane Berton (une Chanteuse italienne).

MM. Raymond Steffner (le Comte), Michel Lecoq (Flamand), Michel Roux (Olivier), Jean-Pierre Hurteau (La Roche), Jacques Loreau (Monsieur Taupe), Michel Sénéchal (un Chanteur italien), Jacques Mars (le Majordome), André Mallabrera, Georges Daum, Serge Rallier, Julien Thirache, José Van Dam, André Daumas, Robert Andreozzi, Jacques Linsolas (les Serviteurs).

Divertissement : Mlle Martine Maugendre, M. Raymond Raynald.

Chef d'orchestre : Georges Prêtre.

 

9 représentations à l'Opéra-Comique en 1957, 4 en 1959, 3 en 1962, soit 16 au 31.12.1972.

 

Résumé.

Cette pièce, qui avait été primitivement conçue pour servir d'Introduction à un autre opéra de Richard Strauss, est en quelque sorte son testament musical. Sous le prétexte d'une conversation se déroulant dans un salon français vers 1775 — c'est-à-dire à l'époque ou Gluck entreprit sa réforme théâtrale — il y expose ses idées personnelles sur la poésie et la musique dans l'opéra.

 

ACTE UNIQUE. — Un salon, dans les environs de Paris.

Au lever du rideau, le poète Olivier et le musicien Flamand suivent attentivement la fin de l'audition d'un sextuor à cordes qu'on exécute dans le salon voisin, puis ils échangent quelques coups d'épingle. Leur discussion sur la priorité de la parole ou de la musique se poursuit avec le Directeur La Roche, qui s'était endormi durant l'exécution du sextuor. Tous trois se retirent aux fins d'activer les préparatifs des festivités prévues pour l'anniversaire de la Comtesse Madeleine, jeune et jolie veuve dont Olivier et Flamand sont également épris.

La Comtesse et le Comte entrent. Leur conversation persiflante et spirituelle roule essentiellement sur le thème de la musique. Le Comte demande à sa sœur de séparer, dans son admiration, l’œuvre elle-même du musicien — Olivier — qui l'a créée.

Sur quoi, le Directeur, Flamand et Olivier reviennent. Le Comte introduit Clairon, la brillante actrice, avec laquelle il répète immédiatement une scène parlée de la pièce composée par Olivier pour l'anniversaire de la Comtesse. Cette pièce s'achève par un sonnet, dont Flamand s'empare bientôt pour le mettre en musique.

Olivier proteste auprès de la Comtesse, dont il cherche à conquérir le cœur. Flamand revient et s'installe au clavecin pour exécuter sa composition [Sonnet : Kein Andrès, das mir so im Herzen loht...]. La discussion du sonnet fait l'objet d'un Trio. La Roche, qui répète à côté avec le Comte et Clairon, vient chercher le poète pour une coupure à effectuer dans son texte.

Pendant ce temps, Flamand fait sa cour à Madeleine, obtenant d'elle la promesse d'une réponse le lendemain.

Tous se retrouvent dans le salon, où l'on sert des rafraîchissements. La Roche en profite pour produire un couple de danseurs, dont l'exhibition [Passepied — Gigue — Gavotte] provoque une autre discussion [Fugue (Olivier) : Tanz und Musik...l.

On agite le problème de l'opéra. La Roche, se plaignant du fracas assourdissant de l'orchestre dans l'opéra moderne, fait chanter deux artistes italiens représentatifs selon lui de la « manière classique ». Après cet intermède parodique, La Roche détaille son programme de fête, déclenchant une hilarité générale [Octuor, 1re Partie : (Olivier) Ha ! ha ! Schon seh' ich die Wunder...], puis, quand il dit ses idées de réalisation scénique, une assez aigre dispute [Octuor, 2e Partie : (Olivier et Flamand) Veralteter PlunderMaschinenzauber !...]. Suit un long exposé des vues de La Roche, concluant par une redondante épitaphe [Monologue de La Roche : Holà, ihr Streiter in Apoll !...].

Le Comte propose alors de faire de toutes ces discussions le sujet d'un opéra, qu'Olivier accepte immédiatement d'écrire. Seule manquera encore la conclusion, mais celle-ci appartient à la Comtesse qui a promis de décider le lendemain matin entre parole et musique — Olivier et Flamand. Puis le salon se vide, le Comte allant raccompagner Clairon à Paris, La Roche, Olivier et Flamand rentrant chacun de leur côté.

Les valets remettent en ordre et leurs réflexions banales ou savoureuses, complètent de façon amusante celles de tout à l'heure. Surgit brusquement un petit bonhomme vêtu de noir : Monsieur Taupe, le souffleur, qui s'était endormi pendant la discussion et qu'on avait oublié !

Dans la dernière scène, alors que le salon est plongé dans l'obscurité, la Comtesse vient rêver sur le balcon inondé de clarté lunaire. Le Maître de cérémonies l'informe qu'Olivier en partant s'est fait annoncer à elle pour le lendemain aux fins de connaître la conclusion de l'opéra. Ainsi donc le poète et le musicien ne sauront être séparés ! La Comtesse s'accompagnant à la harpe, reprend le sonnet et conclut en s'interrogeant longuement elle-même dans son miroir. Tout aussi bien qu'elle ne saurait choisir entre ses deux prétendants, il n'y a réellement pas de choix à faire entre la poésie et la musique, deux arts qui en créent par leur harmonieuse union un nouveau : l'opéra !

 

« Représenté pour la première fois à l'Opéra d'Etat de Munich en 1942, Capriccio entre au répertoire de l'Opéra-Comique dans une fidèle et excellente traduction française de Gustave Samazeuilh. Pièce de conversation en musique, ce testament lyrique de Richard Strauss, écrit en collaboration avec Clemens Krauss, oppose agréablement, dans un château des environs de Paris, en 1775, un musicien et un poète, le premier gluckiste, le compositeur Flamand (Raoul Jobin), l'autre picciniste, le poète Olivier (Michel Roux). Tous deux sont épris d'une jeune et jolie veuve, la comtesse Madeleine (Jeanne Ségala), tour à tour séduite par les charmes du bel canto et l'attrait différent de la prééminence de la musique sur la parole. Le livret est alerte, vivant, plein d'humour, et la musique délicieuse, remarquable, en outre, dans les pastiches. Quant à l'interprétation, très homogène, elle s'honore de parfaits chanteurs qui sont aussi de bons comédiens, entre autres Suzanne Juyol (la Clairon), Liliane Berton (une chanteuse italienne), Robert Massard (le Comte), Pierre Froumenty (La Roche), André Noël (M. Taupe) et Pierre Giannotti (un ténor italien). [Mise en scène de Rudolf Hartmann, décor et costumes de Romain Erté, chorégraphie de Gérard Mulys, orchestre sous la direction de Georges Prêtre.] »

(René Bailly, Larousse Mensuel Illustré, avril 1957)

 

 

CAPRICE AMOUREUX (LE) ou NINETTE A LA COUR

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Charles Simon Favart, musique de divers compositeurs. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 12 février 1755. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 10 février 1762. Cette pièce est imitée de Berthold à la cour. L'action se passe à la cour d'Astolphe, roi de Lombardie. La musique a été prise à divers auteurs italiens.

 

 

CAPRICE D'ÉRATO (LE)

 

Ballet-opéra en un acte, livret de Fuzelier, musique de Colin de Blamont, représenté à l'occasion de la naissance du dauphin, le dimanche 08 octobre 1730, par l'Académie royale de musique, avec Mlles Antier (Minerve), Le Maure (Érato), Eremans, Petitpas, M. Chassé (Apollon), et Mlle Camargo dans le ballet.

 

« Ce divertissement, composé également pour fêter la naissance du Dauphin, fut ajouté à la fin de l'opéra d'Alcyone, dont on avait supprimé le prologue.

Ballet dans lequel figurait l'élite des artistes de la danse. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CAPRICE D'UNE JOLIE FEMME

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Achille Dartois, musique de Giuseppe Catrufo. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 avril 1817.

 

 

CAPRICE DE REINE

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe Brisson et Charles Foley, musique de Francis Thomé, représenté à Cannes en avril 1892.

 

 

CAPRICE DE ROI

 

Opéra en quatre actes, livret d’Armand d'Artois et Léonce de Larmandie, musique de Paul Puget, reçu à l'Opéra-Comique en 1895 mais non représenté.

 

 

CAPRICES DE MARGOT (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de M. Coste, musique d'A. Luigini fils, représenté au Grand-Théâtre de Lyon le 13 avril 1877.

 

 

CAPTIF (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Cormon, tiré du roman El Captivo de Cervantès, musique d'Edouard Lassen, représenté à la Monnaie de Bruxelles le 24 avril 1865, avec Mme Moreau (Maryam), MM. Jourdan (Cervantès), Mengal (Agi-Morato), Ferraud (Aïdar).

 

 

CAPTIVE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Michel Carré, musique de Félicien David (1864). Cet ouvrage a été mis en répétition au Théâtre-Lyrique. Les rôles devaient y être créés par Monjauze et Clarisse Sannier (Aïssa). Il fut retiré la veille de la première représentation, prévue le 27 avril 1864. La partition gravée, qui devait paraître chez l'éditeur Bonoldi, n'a pas été mise en vente. Projet de représentation au Théâtre Lyrique Populaire en 1883.

 

« Nous avons dit que l'opéra de MM. Michel Carré et Félicien David, la Captive, qui devait être donné mercredi dernier [27 avril 1864] au Théâtre-Lyrique, a été retiré par les auteurs. La France musicale donne de ce retrait l'explication suivante :

M. Michel Carré, qui avait été empêché par une grave indisposition de suivre les études de son poème, a reconnu, à la répétition générale, la nécessité d'y apporter quelques modifications ; mais comme la saison est maintenant trop avancée pour que les changements reconnus nécessaires puissent être faits en temps utile, les auteurs et le directeur ont résolu, d'un commun accord, d'ajourner la représentation de cet ouvrage à la saison prochaine. »

(Journal des Débats, 02 mai 1864)

 

 

CAPUCINS (LES) ou FAISONS LA PAIX

 

Comédie en prose et en deux actes, mêlée de quelques morceaux de chant, paroles et musique du Cousin-Jacques (Beffroy de Reigny), représentée au théâtre de Monsieur le 26 février 1791.

 

« Ceci était une pièce politique, qui fut huée et sifflée à ce point que sa première et unique représentation ne put même être achevée. Il s'y produisit cependant un fait rare et singulier, que l’auteur rapporte ainsi dans son Dictionnaire néologique, après avoir constaté son échec : « ... Néanmoins, on vit une chose jusque-là, dit-on, sans exemple au théâtre : Vallière débita une tirade de deux pages et demie en prose, en faveur du Roi, qu'on voulut avoir bis, et qu'il fut obligé de répéter tout entière au milieu des applaudissements universels. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CAPULETI ED I MONTECCHI (I)

 

[en français les Capulets et les Montaigus]

Opéra italien en trois actes, livret de Felice Romani (1788-1865), d'après Roméo et Juliette, pièce de William Shakespeare, musique de Vincenzo Bellini, représenté pour la première fois à Venise, Teatro La Fenice, le 11 mars 1830, avec Giulia Grisi, Rosalbina Carradori Allan, Lorenzo Bonfigli, sous la direction de Vincenzo Bellini. Représenté à Paris, le 10 janvier 1833.

 

Personnages : Capellio, chef des Capulets (basse) ; Juliette, sa fille (soprano) ; Roméo, chef des Montaigus (mezzo-soprano) ; Thibault, partisan des Capulets (ténor) ; frère Laurent, confesseur des Capulets et ami de Roméo (basse) ; les Capulets, les Montaigus, demoiselles de compagnie, soldats, écuyers.

 

L’action se déroule à Vérone, au XIIIe siècle.

 

« Le drame émouvant imaginé par l'auteur anglais, où l'amour est exprimé avec plus de passion et de bonheur que dans ses autres pièces, sans doute parce qu'il a écrit celle-ci dans sa jeunesse, a inspiré plusieurs compositeurs. Quoique leurs ouvrages renfermassent des morceaux saillants, aucun d'eux n'a obtenu un succès durable. Steibelt a écrit un ensemble d'un beau caractère dans la scène de la mort de Juliette : Grâces vertus, soyez en deuil ; Zingarelli a laissé l'air célèbre : Ombra adorata, aspetta ; la Giulietta e Romeo, de Vaccaj, contient de beaux airs. Dalayrac a vainement essayé de traiter ce sujet trop élevé pour son agréable musette. Quant à Bellini, son ouvrage se ressent du peu de temps qu'il a employé à l'écrire. Les entrepreneurs du théâtre, à Venise, ayant éprouvé un échec, prièrent Bellini de les tirer d'embarras en improvisant une partition, ce qu'il fit dans l'espace de quinze jours. Il écrivit le rôle de Tebaldo pour Rubini, ceux de Roméo et Juliette pour Giuditta et Giulia Grisi. Le premier acte est celui qui renferme les plus beaux morceaux : la cavatine de Tebaldo, celle de Roméo et le finale, dans lequel on remarque un trait pour deux voix de soprano à l'unisson, accompagné par le chœur en notes détachées d'un heureux effet. Dans le second acte, au moment où Roméo et Tebaldo vont se battre, le convoi de Juliette passe au fond de la scène ; Bellini a trouvé là le motif d'une belle inspiration, mais seulement à la fin de la scène. L'air du Tombeau ne saurait être comparé avec l'air de Zingarelli, Ombra adorata, que le célèbre sopraniste Crescentini a chanté avec tant de succès. Le réveil de Juliette a été mieux exprimé. Mlles Giuditta et Giulia Grisi ont produit beaucoup d'effet dans cet opéra. Deux femmes de talent remplissant des rôles aussi sympathiques que ceux de Roméo et de Juliette auraient assuré aux Capuleti un succès immense, si le génie de Bellini eût été entièrement à la hauteur de cette belle création dramatique. Les types d'Arsace et de Sémiramide sont moins heureux. La scène des tombeaux, ayant paru manquée, fut transformée en un quatrième acte, dont Vaccaj a fourni la musique, et il faut dire à son honneur qu'il réussit dans cette tâche difficile. C'est sous cette dernière forme que l'opéra de Capuleti a été représenté sur la plupart des scènes italiennes.

Sous le titre de Roméo et Juliette, il existe une partition française de cet ouvrage, édition augmentée du quatrième acte, scène des tombeaux, musique de Vaccaj : Nous voici, que le courroux céleste, et la grande scène : La tombe est close, elle repose. C'est M. Crevel de Charlemagne qui en a fait les paroles. Cette partition est devenue la propriété de M. Sylvain Saint-Etienne. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAQUET DU COUVENT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Eugène de Planard et Adolphe de Leuven, musique de Henri Potier. Création au Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 05 août 1846. Ce livret, dont l'excellent critique Henri Blanchard a revendiqué la propriété, met en scène de jeunes demoiselles aussi naïves que curieuses, et l'intrigue a le même objet que celui de la scène si connue d'Agnès dans l'Ecole des Femmes. On a remarqué, à travers quelques réminiscences, les couplets mystiques de don Mathias Pacheco, le chœur de la cloche, qui est fort gracieux, et l'instrumentation élégante de l'ouvrage. Mmes Potier et Louise Lavoye ont joué cet acte avec grâce et esprit, bien secondées par Sainte-Foy.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAQUETS (LES)

 

Opéra-comique en un acte et en prose, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial d’après la comédie de Marie-Jeanne Riccoboni, musique d’Henri François Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 19 février 1821.

« Mme Gavaudan et Vizentini y ont été très gais. Succès. » [Almanach des spectacles, 1822]

 

 

CARABAS ET Cie

 

Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret de G. Dassoa, musique de Guy Lafarge. Création au Trianon-Lyrique le 24 décembre 1932.

 

« Du conte de Perrault les auteurs ont fait une grosse farce. L'ogre devient le banquier Mangetout ; il s'associe avec Carabas et le Chat botté pour faire patronner par le roi une émission de valeurs sur les biens imaginaires de Cacabas ; la reine mère se jette dans les bras de ce bel ogre et en fait un ministre des finances, cependant que la petite princesse se fait épouser par Cacabas. Tout cela s'accompagne d'une musique qui cherche uniquement le succès populaire. M. Defreyn met de la tenue dans son rôle, M. Saint-Près beaucoup d'entrain dans celui du Chat botté, et M. Barthez est un ogre plaisant. » (Larousse Mensuel Illustré, 1932)

 

 

CARACTÈRES DE L'AMOUR (LES)

 

Ballet héroïque en trois actes, avec un prologue, paroles de divers auteurs, musique de Colin de Blamont, exécuté au concert de la Reine, le 12 et le 17 décembre 1736, et à l'Académie royale de musique, le 15 avril 1738. Cet ouvrage eut du succès et fut repris plusieurs fois jusqu'en 1749. L'Amour constant, l'Amour jaloux, l'Amour volage sont les titres des entrées dans cette œuvre médiocre. On y ajouta encore les Amours du printemps, le 1er janvier 1739.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Sujet : Vénus à Cythère, prol. de Ferrand ; 1. l'Amour volage (paroles de Ferrand) ; 2. l'Amour jaloux (Tannevot) ; 3. l'Amour constant (Pellegrin).

Interprètes : Mlle Julie (Vénus), Bourbonnois et Dun (prologue); Chassé, Jelyotte, Tribou, Cuvillier, Dun; Mlles Eremans, Fel, Antier, Pélissier, Julie et Bourbonnois.

Ballet par l'élite des sujets de la danse.

Reprises : 13 novembre 1738 et 15 juillet 1749. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CARACTÈRES DE LA FOLIE (LES)

 

Opéra-ballet en trois actes, avec un prologue, paroles de Duclos, musique de Bury, représenté par l'Académie royale de musique, le mardi 20 août 1743. Cet ouvrage valut au compositeur le titre de maître de la musique du roi. Il était le neveu de Colin de Blamont et son élève. Il est à remarquer que depuis le Dardanus de Rameau, représenté en 1739, jusqu'aux Fêtes de Polymnie, du même maître (1745), on ne vit paraître aucun ouvrage remarquable.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Prologue (A Cythère). Sujet des 3 actes : l’Astrologie ; l'Ambition ; les Caprices de l'Amour.

Interprètes : Chassé, Jélyotte, Albert; Mlles Coupée, Bourbonnois, Chevalier, Fel, Julie et Lemaure.

Ballet : D. Dumoulin; Mlles Carville, Lebreton, Dallemand aînée et Camargo.

Reprise : 6 juillet 1762 avec Hylas et Zélis, paroles de Voisenon, musique de Bury, qui était élève de Colin de Blamont, son oncle. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CARAVANE DU CAIRE (LA)

 

Opéra en trois actes, livret de Morel de Chedeville et du comte de Provence (futur Louis XVIII), musique de Grétry.

 

Première représentation à Fontainebleau, devant la cour, le 20 octobre 1783, puis au Théâtre de l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 15 janvier 1784, avec Mmes Maillard (Zulmé), Joinville (Almaïde), Audinot, Buret, Gavaudan sœurs, MM. Laisné (Saint-Phar), Chéron (Osman), Rousseau (Tamorin), Lays (Husca), Larrivée (Florestan), Chardiny, Moreau, sous la direction de Jean-Baptiste Rey. Ballet réglé par Gardel. 499 représentations jusqu’en 1829.

 

« L'ouverture de la Caravane a fait longtemps les délices de nos pères. On y remarque un motif gracieux, mais c'est tout. L'air de basse du pacha, C'est en vain qu'Almaïde encore à mes yeux offre ses attraits, a eu un égal succès. C'est dans cet opéra que se trouve l'air si connu et si populaire : la Victoire est à nous. Malgré les prétentions de Grétry à la couleur locale, on ne saurait en découvrir une trace dans son opéra. Il est vrai que MM. Félicien David et Reyer nous ont rendus difficiles sur ce point. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra, dont l'idée et le plan appartiennent au comte de Provence (Louis XVIII), fut d'abord représenté à Fontainebleau devant la cour, le 30 octobre 1783.

Mise en scène pittoresque ; ballets remarquables, surtout la scène du bazar.

Reprises nombreuses. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CARDELIS

 

Opéra-comique, poème et musique de Léo Manuel. Repris à la Gaîté-Lyrique le 09 mai 1932.

 

 

CARDILLAC

 

Opéra en trois actes et quatre tableaux, livret de Nuitter et Beaumont, musique de Lucien Dautresme, représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 11 décembre 1867 avec Mmes Daram (Madeleine), Barbe Duclos (Mme Lamartinière), MM. Ismaël (Cardillac), Jules Bosquin (Olivier), Auguste Armand Barré (le Comte de Moissens), Emile Wartel (Desgrais).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 5 en 1867.

 

Avant d'être présenté au public, cet opéra a passé par des vicissitudes dont les journaux du temps ont rendu compte dans leurs chroniques judiciaires. La pièce était tirée d'un conte d'Hoffmann qui avait déjà servi de sujet à un drame du répertoire de Frédérick Lemaître. On a remarqué quelques morceaux, entre autres : Si les galants aiment les belles, et le madrigal : Celle que j'aime.

 

 

CARILLON (LE)

 

Opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, livret de MM. de Garat, Larsonneur et Lefèvre, musique de Julien Bénard, représenté au Grand-Théâtre de Genève en février 1887.

 

 

CARILLON (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jules Méry et Pierre-Barthélemy Gheusi, musique de J. Urich, représenté à Aix-les-Bains le 15 septembre 1895.

 

 

CARILLON (LE)

 

Féerie-opérette en quatre actes et sept tableaux, livret d’Ernest Blum et Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, représentée aux Variétés le 07 novembre 1896.

 

 

CARILLON DE NOTRE-DAME DE CLÉRY (LE)

 

Opérette en un acte, musique de Francis Thomé, représentée à la salle Herz le 20 mars 1874.

 

 

CARILLONNEUR (LE)

 

Pièce lyrique en quatre actes et six tableaux, livret de Jean Richepin, d'après le roman de Georges Rodenbach, musique de Xavier Leroux.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 mars 1913 ; mise en scène d'Albert Carré ; décors de Lucien Jusseaume et Alexandre Bailly ; costumes de Marcel Multzer ; chorégraphie de Mariquita.

Mmes Marguerite CARRÉ (Godeliève), Suzanne BROHLY (Barbara), RYNALD, ARNÉ, VILLETTE (3 Béguines), BILLA-AZÉMA, CARRIÈRE, CALAS, MARINI, DEBERGE, JULLIOT, PLA et VIORRON (les novices).

MM. Léon BEYLE (Joris), Félix VIEUILLE (van Hulle), Raymond BOULOGNE (Bartholoméus), Daniel VIGNEAU (Farazyn), PAYAN (l'Officiant), Louis VAURS (le Gouverneur), ANDAL (le Héraut), DONVAL (un ouvrier), BRUN (le vieux), ÉLOI (l'échevin), GREIL (un camarade).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

11 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« C'est une excellente adaptation lyrique du roman de Rodenbach qu'a faite Jean Richepin, et sa pièce est fort bien disposée pour la musique. Elle a le mérite de mettre en lumière tout le charme de vieille vie flamande qui se dégage de cette pittoresque Bruges, et de nous faire saisir et comme respirer le parfum de ces âmes tout imprégnées de mysticisme.

Elle peut être considérée sous un double aspect, car elle comprend un conflit passionnel et une saisissante évocation des mœurs familiales du temps jadis.

Voyons, d'abord, le drame de passion.

Le vieil antiquaire Van Hulle est père de deux jeunes filles de caractère très tranché et même nettement opposé. L'une, Godelieve, douce, soumise, éprise des vieux usages, des airs anciens, personnifie, en quelque sorte, l'esprit de tradition de sa chère cité ; tandis que Barbara, qui incline volontiers vers les idées nouvelles, vers le progrès, bien moins recueillie que sa sœur, représente l'élément contraire, antagoniste du premier.

Comme leur père Van Hulle témoigne une préférence marquée pour Godelieve, la nature très vibrante de Barbara tend à se révolter, son humeur s'aigrit.

Survient un artiste musicien, Joris Borluut, qui fréquente la maison ; il s'efforce de consoler la triste Barbara, il s'émeut de son infortune, et la trouble par son affectueuse tendresse. De mutuelles confidences les rapprochent insensiblement, et ils en viennent à se fiancer, se croyant faits l'un pour l'autre. Lorsqu'ils sont mariés, des différences surgissent dont ils ne s'étaient pas doutés.

Les tendances de Joris sont plus conformes à celles de Godelieve qu'à celles de sa femme. Lui aussi, Joris, il est un fervent de tous ces souvenirs qu'éveille le passé de l'antique cité, de Bruges-la-Morte. Il a, du reste, été choisi à l'unanimité comme carillonneur pour avoir, remis en honneur — le jour du concours — les vieilles chansons, les noëls anciens et le bel hymne libérateur qui souleva l'enthousiasme de la foule. Aussi se sent-il invinciblement attiré vers la candide et douce Godelieve, qui vit auprès d'eux.

Barbara, de nouveau délaissée, s'étiole comme une fleur que ne réchauffent plus les vivifiants rayons solaires. Elle se résout à quitter momentanément son pays pour chercher un climat qui répare ses forces épuisées.

Pendant son absence, Joris et Godelieve, livrés à eux-mêmes, ne peuvent résister au sentiment qui les entraîne l'un vers l'autre, et, quand Barbara revient, Godelieve va s'ensevelir dans un couvent.

Joris, désespéré, se pend au battant de la cloche du beffroi, et les mouvements que son corps imprime à la cloche font retentir comme le glas de leur tragique et coupable amour, pendant une procession à laquelle prend part la malheureuse Godelieve.

Ce drame, très intense, très poignant, offre cette particularité de se produire dans un milieu simple, presque austère, où règnent cette préoccupation, cette vigilance attentive des êtres absorbés par la culture des œuvres d'art, et disciplinés par une rigoureuse éducation religieuse.

Barbara, ne pouvant s'adapter à ce genre de vie, est contrainte à s'éloigner. Godelieve, dont la nature morale est, au contraire, d'accord avec son entourage, répugne aux grands mouvements de passion. Son charme est fait de tendresse, de douceur et de discrétion.

Dès lors, on se rend compte que la passion qui s'emparera du cœur de Godelieve ne saurait s'exprimer avec ces éclats, ces impétuosités qui se déchaînent dans la plupart des livrets d'opéras.

M. Xavier Leroux, s'attachant à dépeindre avec fidélité ce milieu et à prêter à ses personnages le langage conforme à leur caractère, a enveloppé, en général, son orchestration d'un coloris délicat, en a modéré l'éclat, réservant les teintes plus accusées pour sa déclamation. C'est ainsi que se présente sa composition dans la plupart des tableaux d'intérieurs flamands, si artistement présentés et mis en scène par la direction de l'Opéra-Comique.

Dans les passages où intervient la foule, comme lorsque nous est offert le concours de carillonneurs sur la grand'place de Bruges, ou encore quand se produit le soulèvement de toute une partie de la population en faveur des idées nouvelles (par exemple, au début du dernier tableau), l'orchestre prend une part prépondérante à l'action, et se répand en sonorités d'effets multiples et variés.

C'est ce second aspect du poème de Jean Richepin dont je parlais au début, et qui nous fait assister à cette existence à la fois familiale et sensible aux émotions esthétiques, spécialement orientée même vers les questions d'art.

Il nous vaut un tableau — celui du concours des carillonneurs — qui est des plus spirituellement réussis. M. Xavier Leroux en a traduit le tumulte joyeux avec une verve, un brio remarquables. Il importe, toutefois, de bien recommander aux chanteurs, et même et surtout aux choristes, de nettement articuler, car les différentes répliques qui se croisent sont essentielles pour l'intelligence de la scène : elles lui impriment une animation des plus plaisantes. Ce concours se termine par le vibrant ensemble de l'hymne à la liberté, qui forme une magnifique conclusion à ce tableau, où se manifeste une si chaleureuse ardeur artistique.

De ces deux faces de ce poème, il va de soi que celle qui a tout d'abord le plus porté sur le public, c'est celle qui offre le relief le plus accusé. Mais il est certain que les amateurs d'art auront plaisir à examiner en détail cette partition, où abondent les intentions fines et délicates. Ne pouvant, en ce rapide exposé, m'arrêter sur chacun des morceaux offrant un intérêt particulier, je me borne à signaler aux lecteurs des Annales quelques-uns des traits indiqués dans la page de musique qu'ils trouveront dans le présent numéro et qui ont une signification de portée générale dans l'œuvre.

Les mots que prononce, en ce passage, Godelieve, nous expriment la ferveur de son culte pour sa chère ville ; aussi, la phrase d'orchestre qui accompagne ses paroles se présente-t-elle, au cours de l'œuvre, pour traduire le charme de Bruges, qui se confond souvent, comme ici, avec la tendresse spéciale ressentie pour la cité par Godelieve. Au reste, cette phrase d'accompagnement, qui précède les premiers mots de Godelieve, reparaîtra tout à la fin du premier tableau, alors que Godelieve s'écriera :

 

La mort plus que la vie est forte,

 

et qu'elle associera le souvenir de la cité au sien.

Je crois devoir, surtout, attirer l'attention sur la traduction mélodique du vers :

 

Paradis des lis en toute saison.

 

Ce groupe de deux croches, suivies d'une blanche ou d'une ronde, qui se retrouve en maints endroits, sert de conclusion à l'ouvrage entier ; il surgit aussi, dès le début, alors que, dans la conversation qui sert d'introduction à la pièce, Bartholomeus — le peintre qui est du parti de Godelieve et de Joris — constate que c'est par l'art seul que vit encore Bruges-la-Morte.

Mme Marguerite Carré, qui incarne Godelieve (et chante, par conséquent, cette page insérée dans les Annales), interprète son rôle avec une poésie fort touchante. Son succès a été très grand. Au second acte, alors que Barbara, décidée à s'éloigner, informe de sa résolution Joris et lui dit qu'elle lui laisse sa sœur, sa très chère sœur, Mme Marguerite Carré, en entrant inopinément après ces mots, a mis dans l'intonation de sa réplique : « Tu parles de moi ? », un charme d'étonnement d'une grâce inexprimable.

Mme Marguerite Carré a également exprimé avec beaucoup de ferveur la scène de l'Eglise, dont je n'ai malheureusement pu, faute d'espace, indiquer le très réel intérêt.

MM. Boulogne (Bartholomeus), Léon Beyle (Joris Borluut), Vieuille (Van Hulle), que je réunis, car, dans l'action, ils personnifient les partisans des anciennes coutumes et luttent confie l'envahissement des idées destructives du sentiment exclusif de l'art, ont joué et chanté avec une remarquable compréhension du sens de cette œuvre. Je ne veux pas oublier Mlle Brohly (Barbara) et M. Vigneau (Farazyn), qui, représentant l'éternel contraire, ont mis au service des convictions qu'ils incarnent une fougue et un élan récompensés par les chaleureux applaudissements d'un auditoire très attentif et très intéressé à la fois par l'œuvre et par la façon si intelligente dont elle a été mise en scène. »

(Albert Dayrolles, les Annales, 23 mars 1913)

 

 

CARILLONNEUR DE BRUGES (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Henri de Saint-Georges, musique d’Albert Grisar. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 20 février 1852. Mise en scène d’Ernest Mocker. Avec Mmes Palmyre Wertheimber (Béatrix), Caroline Félix-Miolan [Miolan-Carvalho] (Mésangère), Révilly (Marie de Brabant), MM. Charles Battaille (Matthéus Claës), Sainte-Foy (Van Bruck), Boulo (Wilhem), Achille Ricquier (Don Juan d'Hermosa), Nathan (l'Infernal), Duvernoy (Olivier Sforce).

 

« L'action de ce sombre mélodrame se passe dans les Flandres, au temps de la domination du duc d'Albe, de sinistre mémoire. Mathéus Claës est un honnête carillonneur que ses émotions patriotiques ont rendu sourd. Il recouvre l'usage de l'ouïe lorsqu'il voit flotter, sur les murs de sa patrie affranchie, l'étendard brabançon. A l'invraisemblance de ce prodige viennent se joindre des épisodes aussi exagérés que peu intéressants, et mieux employés dans d'autres pièces. Beatrix, fille de Mathéus, élève en secret un fils de Marie de Brabant, et s'expose ainsi aux soupçons, à la honte, puis enfin à la malédiction de son père. La princesse la justifie d'un mot. En même temps, le complot éclate et la Flandre est délivrée du joug espagnol. Il n'y a dans cette pièce qu'un personnage sympathique, c'est celui d'une petite chanteuse nommée Mésangère, dont Mlle Félix Miolan a fait une de ses créations les plus charmantes. La partition du Carillonneur de Bruges est une des plus distinguées de M. Grisar. Elle se recommande par un sentiment dramatique soutenu, vrai, énergique, et par des inspirations vives et gracieuses. La souplesse et la variété des talents de M. Grisar n'ont pas été assez remarqués. L'air des cloches, Sonnez, mes cloches gentilles ! ah ! pour d'autres, sonnez ! joint à une facture excellente, un accent de mélancolie pénétrant. La romance de Beatrix, le trio de la Bible ont beaucoup de couleur ; dans un genre tout différent, le rôle de Mésangère est traité avec une finesse charmante ; la chansonnette du deuxième acte est un bijou musical. La partition a été réduite pour piano et chant par M. Vauthrot. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CARLINE

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d’Ambroise Thomas. Création au Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 24 février 1840 avec Mmes Henri Potier (Carline), Zoé Prévost (la Baronne de Montbreuse), Blanchard (Mme Gervais), MM. Mocker (le vicomte Adrien de Quincy), Henri (Charlot). => livret

 

« L'invraisemblance du livret n'est pas rachetée par l'agrément des détails. La baronne de Montbreuse, jalouse de l'actrice Carline, qui tourne la tête au vicomte de Quincy, son fiancé, imagine une intrigue dont elle est dupe elle-même. Le vicomte n'en est que plus épris de l'actrice à laquelle il donne tous ses biens, avec une promesse signée de l'épouser. Carline a la générosité de tout refuser. La partition porte l'empreinte de cette facture élégante dont M. Ambroise Thomas a fourni les preuves dans tous ses ouvrages. On a remarqué la ronde des moissonneurs, un joli nocturne entre de Quincy et Carline, un bon trio, et l'air de Carline au troisième acte, chanté avec beaucoup d'intelligence par Mme Henri Potier. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CARMAGNOLE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud, musique de Frédéric Barbier. Création à l'Eldorado en 1883.

 

 

CARMAGNOLE (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de MM. Arrachart, d'Hurcourt, Darsay et J. Lemaire, musique de M. Fauchey, représentée au théâtre des Folies-Dramatiques le 02 décembre 1897.

 

 

CARMÉLITE (LA)

 

Comédie musicale en quatre actes et cinq tableaux, livret de Catulle Mendès, musique de Reynaldo Hahn. => partition

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 16 décembre 1902, décors de Marcel Jambon, Amable et Lucien Jusseaume, costumes de Charles Bianchini, mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Emma CALVÉ (Louise de La Vallière), TOURNIÉ (Hélys), Jeanne MARIÉ DE L'ISLE (la Reine), Andrée SAUVAGET (Athénaïs de Montespan), GILLARD (Ardélise), DAFFETYE (Acté), A. COSTES (Eglé), L. DELMAI (Eudorée), G. CORTEZ (la Sorcière), PERRET (un page), MULLER et LAURENS (2 bourgeoises), GARCIA (un écolier), Pauline VAILLANT (la Prieure), ARGENS (la Sous-Prieure), MARGYL (la Comtesse Olympe).

MM. Lucien MURATORE (le Roi, débuts), Hector DUFRANNE (l'Evêque), CARBONNE (le Musicien), André ALLARD (le Comte), JAHN (le Marquis), BOURBON (le Poète), Maurice CAZENEUVE (le Duc), HUBERDEAU (le Sacrilège), Georges MESMAECKER (le Maître à danser), DELAHAYE (l'huissier), Etienne TROY (le Concierge), BRUN et BRÉARD (2 soldats), ÉLOI (le Maître des cérémonies), OLIVIER (le loueur de chaises), BERNARD et LAURENS (2 bourgeois), Edouard MONTAUBRY (le Capitaine des Gardes).

Chef d'orchestre : André MESSAGER.

 

27 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Œuvre intéressante, empreinte de grâce et de fraîcheur, d'un jeune artiste bien doué et connu avantageusement par de nombreuses compositions de salon, chant ou piano, pleines de charme et d'élégance. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CARMEN

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Georges Bizet. Création à l'Opéra-Comique le 03 mars 1875 ; première à l'Opéra le 29 décembre 1907. => fiche technique

 

 

CARMOSINE

 

Conte romanesque en quatre actes d’Henri Cain et Louis Payen, d'après Boccace et Alfred de Musset, musique d’Henry Février.

 

Création au Théâtre de la Gaîté-Lyrique le 24 février 1913 par Mmes LAMBER-WILLAUME [WILLAUME-LAMBERT] (Carmosine), FIERENS (Dame Pâque), Moïna DORIA (la Reine), MM. GILLY (Pédrillo), MAGUENAT (Minuccio), Lucien FUGÈRE (Maitre Bernard), Georges PETIT (Sir Lyspariano), Hubert AUDOIN (Pierre d'Aragon), sous la direction de A. AMALOU.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 27 juin 1941, dans une version en trois actes et quatre tableaux, mise en scène de Jean Mercier, décors et costumes de Paul Lavalley, chorégraphie de Constantin Tcherkas.

Mmes Jane ROLLAND (Carmosine), Jeanne MATTIO (Dame Pâque), Véra PEETERS (la Reine), Dominique ARNAUD (première Demoiselle d'honneur), CHELLET, GAUDEL, FENOYER, DANIÈRE, ANGELICI, DARBANS et LEGOUHY (les Demoiselles d'honneur), DANIÈRE et BAGARD (2 marchandes).

MM. Raymond MALVASIO (Pèdrillo), Roger BOURDIN (Minuccio), Louis GUENOT (Maître Bernard), Georges BOUVIER (Sir Lyspariano), ETCHEVERRY (Pierre d'Aragon), BONNEVAL et Pierre GIANNOTTI (2 marchands).

Chef d'orchestre : Eugène BIGOT.

 

11 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Le « conte romanesque » est de Boccace (Décaméron, Xe journée, nouvelle 7). II porte, dans la traduction française de Sabatier de Castres, — moins savoureuse et fidèle, mais de plus courante lecture que celle du secrétaire de la reine de Navarre, Antoine le Maçon, — le titre de « Le Roi Pierre d'Aragon ». Le génie d'Alfred de Musset, qui s'inspirait volontiers de celui du grand Florentin, en a tiré la comédie de Carmosine, représentée en 1865, avec des personnages différents. De cette œuvre, deux auteurs estimés, poètes et lettrés, MM. Henri Cain et Louis Payen, ont extrait le poème créé au Théâtre-Lyrique de la Gaîté (1913) sous le même nom et ils en ont confié l'adaptation musicale à M. Henry Février. On s'est donc livré, pour Carmosine, au même travail qu'à celui qui a enrichi le répertoire de Gillette de Narbonne et de Grisélidis, fabliaux puisés à la même source.

 

***

 

Grande liesse à Palerme. Nous sommes au XIIIe siècle, et la noblesse sicilienne va se donner le divertissement d'un tournoi... Seigneurs, bourgeois et menu peuple entourent la lice. Dans la foule, on remarque tout de suite la gentille Carmosine, fille du savant mire Maître Bernard et de Dame Pâque, sa turbulente ménagère — qui, en ce moment, n'a d'yeux que pour le capitan Lyspariano (« Vespasiano », dans Musset). Elle en ferait volontiers son gendre à défaut de son galant. Comme ce « chevalier de fortune », ridicule, ne tardera pas à être désarçonné, ne nous en occupons point davantage que la fillette... elle a bien autre chose dans le cœur : courtisée dans son âge tendre par le jeune bachelier Perillo, peut-être se serait-elle laissée aller à un sentiment durable en sa faveur, mais Perillo a dû chercher au loin, sinon la richesse, du moins les moyens d'assurer sa vie. Et, petit à petit, sa promise devient plus rêveuse... Soudain, des acclamations enthousiastes s'élèvent. Le Roi Pierre d'Aragon vient de paraître, resplendissant, pour prendre part à la joute... et Carmosine se sent atteinte du coup de foudre, le même qui fera dire à la douce La Vallière : « Je vous trouve bien folle d'en regarder un autre lorsque le Roi est là !... »... Plus théâtralement, elle s'écrie :

 

S'il n'était pas vainqueur, l'aurore serait noire !

 

et le monarque est naturellement victorieux — et l'aurore d'un bel amour se lève éblouissante, dans les rêves de Carmosine.

Elle a cependant d'autres songes. L'un d'eux semble prophétique : son ancien amoureux Perillo lui est apparu... et ce songe n'est pas si menteur. Le bachelier est de retour ; il s'est présenté, plein d'espérance, chez Maître Bernard, qui l'a paternellement accueilli — mais veut d'abord sonder le cœur de sa fille chérie dont l'état fébrile l'inquiète depuis les fêtes du tournoi. Justement Carmosine vient lui confier la vision qui, cette nuit, troubla son âme : Perillo, qu'elle croyait bien avoir oublié, surgissait tout à coup près de son amie d'enfance à l'heure critique de sa destinée, pour la conduire à l'autel... Et Perillo, caché, va s'élancer, joyeux — lorsque la vérité s'échappe des lèvres de la pauvrette, au moment même où son père l'exhortait à l'accomplissement de cette union. Ce n'est pas celui-là qu'elle aime !... Perillo s'enfuira, désespéré, laissant à Maître Bernard sa lettre d'adieu.

Désormais, les deux malheureux exhalent leurs plaintes :

 

Va dire, amour, ce qui cause ma peine...

 

C'est la chanson de Boccace, recueillie par Musset, respectée par les librettistes et transcrite harmonieusement par le compositeur. Carmosine et Perillo prennent pour confident ce délicieux Minuccio, troubadour et joueur de viole — et, qui sait, amoureux lui-même !... Il promet à l'un et à l'autre de servir sa passion... mais elles sont diverses... où est l'amour... ?

 

L'unique amour, la tendresse profonde,

Belle comme la mer, vaste comme le monde...

L'amour qui nous fait vivre — et pour lequel on meurt !...

 

Carmosine aime le roi — c'est l'amour impossible. — Perillo aime Carmosine — et c'est l'amour triste, c'est-à-dire celui qui a le moins de chance de toucher Minuccio ne les décourage cependant pas :

 

Vous faites bien d'aimer : c'est la douce sagesse !
Un peu de rêve — un peu d'espoir et de caresse

Voilà toute la vie !...

 

Mais Carmosine se consume :

 

Hélas ! dans mon cœur enivré
La douleur a grandi sans cesse !

J'aime et je chéris ma détresse...

J'en veux mourir, et j'en mourrai !

 

Et Perillo se désole :

 

Moi, je suis seul, seul avec mon chagrin !...

O Carmosine, adieu — je t'aurais tant aimée...
J'aurais fait, de chaque heure, en tes petites mains,

La vie d'une rose embaumée !

 

Loyalement, Minuccio va d'abord essayer de pressentir le Roi sur la flamme dont brûle sa sujette. Il commence par essayer de guérir Perillo :

 

Ton cœur saigne d'une blessure ?

Sans honte, laisse-le saigner...

Ta douleur se fera plus pure

Et tu la verras se calmer,

Si tu permets au temps qui connaît tous les charmes
D'épuiser lentement la source de tes larmes...

 

Et, comme de juste, Perillo ne veut rien savoir :

 

Non, l'amour ne meurt pas quand la souffrance est née...

 

La cour s'est réunie. Minuccio doit dire ses vers, et tandis qu'il chante allégoriquement le tourment de Carmosine, celle-ci, perdue dans l'assistance, écoute, comprimant les battements de son cœur... Mais le Roi, distrait, n'entend guère cet appel. Pour lui, point d'amours éternelles... Il est de cet avis que Minuccio, tout à l'heure encore, donnait à Perillo... De nouveau, Perillo bondit ; il crie au souverain son ardente protestation : « Je connais et défends cet amour-là — pareil au mien !... — Quand celle qu'on adore vous repousse et vous fuit, on l'aime plus encore dans la douleur qui vous vient d'elle ! Plus belle est la passion que les pleurs ont sacrée !... » Son langage est si éloquent que Carmosine, palpitante, éclate en sanglots, s'élance et défaille dans ses bras. Minuccio révèle au monarque la vérité, sans plus de parabole — et Pierre d'Aragon, très ému, promet de réunir ces deux cœurs égarés.

Carmosine se rétablit lentement, mais elle n'est pas encore guérie de sa folle passion — et elle plaint sincèrement le pauvre Perillo qui l'entoure de son mieux :

 

Tu pouvais être heureux, tendre et fidèle ami,
Si le sort ennemi ne m'avait asservie

Au joug de cet amour qui brisera ma vie !...

 

Cependant, ils se laissent aller au charme de leurs souvenirs de jeunesse, tendrement évoqués :

 

J'étais ton chevalier... — J'étais ta châtelaine !

 

Si bien que, grâce à la charitable complicité de Minuccio, de Maître Bernard et du Roi lui-même, lorsque les cloches retentissent, lorsque s'ouvrent les portes de la basilique — dans une mise en scène qui, fidèlement, ressuscite le rêve de Carmosine, au moment précis où elle voyait se dresser à côté d'elle Perillo, pour la sauvegarde de son avenir... elle ne résiste pas davantage, laisse tomber sa main dans celle de son ami, et se dirige vers l'autel, — première étape du bonheur, le seul vrai, celui d'être aimé d'un amour aussi grand que celui dont on sent capable son cœur. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

CARNAVAL (LE)

 

Opéra-ballet en neuf entrées avec prologue, paroles de Molière, Benserade et Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully, représenté le 17 octobre 1675. (Voir Pourceaugnac).

 

« On retrouve dans ce pastiche trots scènes du Carnaval Mascarade et une scène des Muses, de Benserade ; plusieurs entrées du Bourgeois gentilhomme et le ballet de Pourceaugnac, de Molière. Les paroles de la 2e entrée (Barbacola) étaient de Lully.

Reprises : 1692 et 1700. — En 1716 on en a tiré l'acte de Pourceaugnac, qui reparut en 1730. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CARNAVAL D'ÉTÉ (LE) ou LE BAL AUX BOULEVARDS

 

Parodie du Carnaval du Parnasse, par Morambert et Sticotti, musique de Gilbert, représenté à la Comédie-Italienne, à Paris, le 11 septembre 1759. Cette pièce n'a eu qu'une représentation.

 

 

CARNAVAL D’UN MERLE BLANC (LE)

 

Comédie-vaudeville en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Charles Lecocq, représentée au Palais-Royal le 30 décembre 1868.

 

 

CARNAVAL DE VENISE (LE)

 

Opéra-ballet en trois actes, avec un prologue, livret de J.-F. Regnard (1655-1709), musique d’André Campra.

 

L’action se déroule à Venise, au moment du carnaval.

 

Représenté à l'Académie royale de musique, le 28 février 1699.

 

« Il est à remarquer que cet ouvrage est terminé par un petit opéra en un acte et en italien, intitulé : Orfeo nell' inferni [Orphée aux enfers]. Les ouvrages de Campra ne sont pas sans mérite, et on peut le considérer comme le compositeur dramatique le plus habile de son temps, à une grande distance de Lully toutefois, et plus rapproché de Colasse et de Destouches, auxquels il est supérieur par les idées et la facture. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CARNAVAL DE VENISE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Thomas Sauvage, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 09 décembre 1857, avec Mmes Marie Cabel (Sylvia), Révilly (Flaminia), Félix (Artémise), MM. Edmond Delaunay-Riquier (Lélio), Beckers (Asdrubal), Stockhausen (Caramello), Victor Prilleux (Palifornio).

Le canevas est assez embrouillé. Lelio, en épousant une actrice, a encouru la disgrâce de toute sa famille et particulièrement du signor Palifornio. Celui-ci a composé un concerto de violon qu'il doit exécuter dans un concert. Sylvia, la cantatrice, se présente à sa place, et, sous le titre d'Ariette sans paroles, elle chante d'un bout à l'autre le concerto de violon. Son talent et son succès lui font pardonner d'être devenue la femme de Lelio. Cette pièce a été conçue pour Mme Cabel, qui a fait entendre ses vocalises les plus hardies et les plus brillantes. M. Ambroise Thomas, de son côté, lui avait préparé son succès en écrivant des variations charmantes sur le Carnaval de Venise, et les traits les plus mélodieux dans l'Ariette sans paroles.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CARNAVAL DES ÉPICIERS (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, musique de Frédéric Barbier, représentée aux Bouffes-du-Nord le 6 avril 1877.

 

 

CARNAVAL DES REVUES (LE)

 

Prologue en deux actes et neuf tableaux, livret de Grangé et Philippe Gille, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens, le 10 février 1860, précédé du Souper du mardi gras. Il y a dans cet ouvrage grotesque une certaine Tyrolienne de l'avenir, qui a obtenu un succès de fou rire.

 

« Défions-nous de plus en plus des affiches de théâtre ! Elles ont fait de véritables progrès en rouerie.

La gaie corporation des vaudevillistes compte, en effet, plus d'un maître passé en l'art de rédiger ces étiquettes trompeuses et de les accommoder en manière de tire-l’œil irrésistibles.

C'est là une science à part et qui a ses spécialistes. Nous en pourrions citer d'habiles à composer un programme alléchant, qui y dépensent tout l'esprit qu'on voudrait voir dans leurs pièces.

Et ainsi, le meilleur du spectacle est souvent l'affiche ; absolument comme il arrive qu'à la foire la parade donnée dehors les baraques est souvent plus divertissante que la représentation qui a lieu à l'intérieur.

Bien habiles sont donc ceux qui pénètrent les secrets de ce sphinx dont le rébus quotidien s'étale devant les Oedipes de la rue.

Quant à nous, il faut, bien le confesser, nous avons été pris le mieux du monde à ce titre : Le Carnaval des Revues. Nous nous étions figuré qu'il s'agissait d'une satire burlesque dirigée contre le genre de pièces annuellement en faveur dans les théâtres de vaudevilles.

Grande était notre erreur !

Nous avons bien va défiler devant la rampe des Bouffes cinq ou six demoiselles en costume allégorique et qui ont voulu nous faire croire qu'elles symbolisaient la revue du Palais-Royal, celle des Variétés, et ainsi des autres jusqu'à celle du Théâtre-Déjazet. Chacune a chanté son petit couplet et, ce devoir accompli, il n'en a plus été question.

Le reste de la soirée a été employé à l’exhibition de huit scènes de revue encadrées dans huit décors, dont plusieurs peints par MM. Cambon et Thierry sont des miracles de perspective et de couleur.

Tour à tour on nous a montré les petites boutiques du boulevard, une pagode chinoise envahie par les zouaves, le lac du bois de Boulogne et ses patineurs, l'exposition de peinture, les Champs-Élysées, les parodies de la Tireuse de cartes, du Marchand de coco et du Duc Job, enfin le ballet d'Herculanum.

Le tout était musiqué aux dépens du répertoire Offenbach. On y entendait tour à tour la chanson du Violoneux, la bourrée de la Rose de Saint-Flour, le boléro des Deux Aveugles, les airs de danse d'Orphée aux enfers, le finale de Vent du soir, la marche et les couplets du bébé de Geneviève de Brabant, le chœur de table de Tromb-al-Kazar, la valse du Mari à la porte, la ballade de Croquefer, les miaulements de la Chatte métamorphosée en femme... J'en passe et des meilleurs. C'était un véritable panorama de chansons, et si on nous eût consulté, nous eussions donné son vrai nom à cette parade carnavalesque en l'appelant LA REVUE DES BOUFFES.

Une scène excellente était celle où l'on parodiait la musique de M. Wagner, en reproduisant dans une symphonie drolatique les enchaînements d'accords dissonants et les traits chromatiques dont on a reproché à l'auteur de Tannhäuser de faire un abus immodéré. C'était le côté vulnérable de la nouvelle école germanique, et c'est là aussi que la parodie a mordu à belles dents. Ce morceau était une caricature enluminée et où la verve comique ne faisait point défaut.

Pour combler la mesure du sarcasme, on l'avait fait suivre d'une Tyrolienne de l'avenir ! qui était des plus réjouissantes. M. Bonnet y avait introduit des éternuements qui ne peuvent appartenir qu'a la langue des enrhumés de l’avenir.

Léonce remplissait les rôles de la duchesse de Chamellini et du Monsieur à la lorgnette.

Désiré, ceux de Mardi-Gras, de Sidi-Mouffetard, de Gemea et de Grétry.

Bonnet, celui du Compositeur de l'avenir.

Mlle Tautin, Constantine, Geneviève, la Bacchante, le Diapason et les Bouffes-Parisiens (personnage allégorique).

Mlle Chabert, une Chinoise, la Parodie, la Revue des Folies-Dramatiques.

Mlle Maréchal, une Marchande, Baïonnette.

Mlle Tostée, la Marchande de serins, Paola, une Chinoise.

Mlle Cico, la Revue des Variétés, Balaklava, la Pénélope normande. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

CARNAVAL DU PARNASSE (LE)

 

Ballet héroïque en trois actes, avec un prologue, paroles de Fuzelier, musique de Mondonville, représenté, le mardi 23 septembre 1749, à l'Académie royale de musique, avec Jélyotte, Chassé, Albert, Latour, Lepage, Person ; Mlles Fel, Romainville, Chevalier, Coupée et Victoire. Ballet : Dupré, Lany, Mion, Hamoche, ; Mlles Beaufort, Camargo (Terpsichore).

Reprises : 1750, 1755 et 1759.

Parodie : le Carnaval d'Été, de Morambert et Sticotti, musique de Gilbert, 1759.

 

"Le Carnaval du Parnasse est le premier ouvrage que fit représenter la ville de Paris, à qui Louis XV venait de confier la direction de l'Académie de musique. Tréfontaine et ses associés avaient été dépossédés de cette direction en vertu d'une lettre de cachet signifiée le 27 août 1749."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CARNAVAL ET LA FOLIE (LE)

 

Comédie-ballet en quatre actes, avec un prologue, de La Mothe, musique de Destouches, représenté pour la première fois, le jeudi 03 janvier 1704, à l'Académie royale de musique, après l'avoir été à Fontainebleau, devant le roi, le 14 octobre 1703. Cet ouvrage eut du succès, car il fut repris en 1719, 1730, 1738 et 1748.

 

"Interprètes : Cochereau (Plutus), Mlle Armand (la Jeunesse), Mlle Maupin (la Folie), Thévenard (le Carnaval), Dun (Momus), Boutelou (le Professeur de Folie), Poussin, Mantienne, Desvoyes, Hardouin, Mlles Bataille et Clément.

Le Professeur de Folie, divertissement extrait du troisième acte de cette comédie-ballet est ajouté à la fin des Fêtes de l'Amour et de Bacchus : 17 septembre 1706 (Boutelou, Mantienne et Mlle Poussin). En 1711, le Professeur de Folie forma le deuxième acte des Nouveaux Fragments de Lully.

Reprises : 1719, 1730, 1731, 1738, 1739, 1748 et 1755. On y introduisit plusieurs fois Cariselli et Pourceaugnac.

Parodie sous le titre de Follette ou l'Enfant gâté, 1755."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CARNET DU DIABLE (LE)

 

Opérette en trois actes et huit tableaux, livret d’Ernest Blum et Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, représenté aux Variétés le 23 octobre 1895.

 

 

CAROLINE

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Auguste Poisson de La Chabeaussière, musique de Joseph Lefebvre. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 02 décembre 1789.

 

 

CAROLINE DE TYTZDENZ

 

Opéra en un acte, musique de Luce-Varlet, représenté à Douai en 1820.

 

 

 

CARROSSE DU SAINT-SACREMENT (LE)

 

Opéra en un acte, livret et musique de lord Berners, représenté au Théâtre des Champs-Elysées le 24 avril 1924. => fiche technique

 

 

CARROSSE DU SAINT-SACREMENT (LE)

 

Comédie lyrique en un acte d'après Prosper Mérimée, poème et musique d’Henri Büsser.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 02 juin 1948. Décor et costumes d'après les maquettes d’Elisabeth de Clausade. Décor exécuté par Maurice Moulène, costumes par MM. H. et A. Mathieu. Mise en scène de Max de Rieux.

Mme Marthe LUCCIONI (la Périchole).

MM. Louis NOGUERA (le Vice-Roi du Pérou), Jacques HIVERT (le Licencié), Xavier SMATI (l'Evêque), André NOEL (Martinez), Jean DROUIN (Balthazar).

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

4e représentation le 08 juillet 1948.

Mme Marthe LUCCIONI (la Périchole).

MM. Jean VIEUILLE (le Vice-Roi du Pérou), Jacques HIVERT (le Licencié), Xavier SMATI (l'Evêque), André NOEL (Martinez), Jean DROUIN (Balthazar).

Chef d'orchestre : Pierre DERVAUX.

 

24 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 7 en 1951, 3 en 1952, soit 34 au 31.12.1972.

 

 

CARTOUCHE

 

Opérette en trois actes, livret de Hugues Delorme et Francis Gally, musique de Claude Terrasse, créée au Trianon-Lyrique le 09 mars 1912, avec Jacques Vitry (Cartouche).

 

« Les amateurs de musique légère ont pu être satisfaits, cette semaine : deux opérettes viennent d'être représentées avec un égal succès. L'une, s'inspirant des exploits du célèbre Cartouche, transforme l'ingénieux bandit en génie tutélaire de son frère de lait et s'agrémente d'une aimable et spirituelle musique de M. Claude Terrasse. L'autre, le Comte de Luxembourg, nous montre un vieux Céladon dupé par un couple d'amoureux jeunes et peu fortunés.

Dans les deux cas, c'est l'amour sincère qui triomphe. Dans le premier, il va de soi que l'habileté de Cartouche suffit à tout mener à bien. Dans le second, les auteurs ont adroitement combiné leur action de manière que celui qui tend le piège s'y prend lui-même. »

(Albert Dayrolles, les Annales, 24 mars 1912)

 

« Principaux personnages : Cartouche ; Lucas ; Colette ; le marquis de la Sablière ; Athénaïs, marquise de la Sablière ; le chevalier de Vautravers ; etc.

La scène se passe à Saint-Germain et à Paris, dans la première moitié du XVIIIe siècle.

Spectacle pour les grands enfants, où l'on change beaucoup de costume et dont la genèse n'est certainement pas étrangère au succès de Sherlock Holmes. Cartouche est le bon brigand, le brigand-providence, qui, accompagné de sa fidèle bande, accomplit les exploits les plus prodigieux. Les auteurs ont imaginé une intrigue à la fois ténue et compliquée, que nous allons essayer de narrer.

L'aubergiste du Soleil d'or, à Saint-Germain, a un fils, Lucas, et une servante, Colette. Lucas aime Colette, mais quand Bouchon apprend que son héritier veut épouser une servante sans le sou, il chasse la pauvre fille. Par bonheur celle-ci a de la voix, et un noble personnage, intendant des théâtres royaux, le marquis de la Sablière, l'engage pour l'Opéra. Il compte bien que cette protection lui sera payée en nature, mais Colette est sage et ne pense qu'à son Lucas. Cartouche est le frère de lait de Lucas et jure de marier les amoureux. Il y parvient enfin, grâce à un hasard qui lui permet de sauver la vie au Régent, amoureux lui aussi de la jeune fille.

A côté de cette intrigue centrale il y en a une autre : la poursuite obstinée du policier Double-Flair, qui veut à tout prix arrêter Cartouche, mais que celui-ci berne jusqu'au dénouement. Quand enfin Double-Flair réussit, le Régent gracie son prisonnier, de sorte que notre Sherlock reste le dindon de la farce.

Il y a encore nombre d'épisodes et de personnages accessoires, en particulier la marquise de la Sablière, Athénaïs, son amoureux, le naïf chevalier de Vautravers, dame Martine, qui abrite sous son toit les fredaines du Régent, l'ermite Bernard, etc. Leur rôle est surtout décoratif.

Le premier acte se passe au Soleil d'or, où se rencontrent le marquis de la Sablière, Cartouche et Double-Flair. Déguisé successivement en lord anglais, puis en lieutenant de la maréchaussée, Cartouche s'approprie un coffre dans lequel le marquis rapporte à Paris une somme considérable. Nous voyons Lucas soustraire son frère de lait à la poursuite de Double-Flair, qui finit par être enfermé dans une malle vide. Nous voyons enfin la Sablière tiquer sur Colette et l'emmener à Paris pour la lancer au théâtre. Tout cela très mouvementé, avec force incidents comiques et pittoresques, comme l'enlèvement de la sentinelle au moyen d'une poulie par les hommes de Cartouche.

Au second acte, six mois plus tard, Colette est célèbre. Elle vient de débuter brillamment à l'Opéra, et à cette occasion le marquis de la Sablière lui offre une fête et veut lui donner un collier de deux cent mille livres. Elle habite sans le savoir un hôtel dont Cartouche est propriétaire et dont chaque pièce est truquée. Lucas l'a suivie en qualité de majordome. Double-Flair ne la quitte guère, toujours à la poursuite de son voleur. Nous le voyons successivement sous les traits d'une duègne, puis sous ceux d'un maître d'hôtel, déguisement qui lui est fourni par Cartouche en personne. Quant à ce dernier, qui arrive par la cheminée et pratique à jet continu des tours de sa façon, il se présente une fois en tailleur juif, une autre en Monsieur de Babylone, devin extralucide, d'autres fois dans ses habits ordinaires. Colette se voit en butte aux assiduités de la Sablière et n'y échappe que grâce à la protection de Cartouche. La marquise, jalouse, non de son mari, mais du collier que celui-ci offre à sa rivale, succomberait à la poursuite de Vautravers, si le chevalier avait plus de présence d'esprit. Cartouche, arrivant au bon moment, réussit mieux auprès de cette femme qui brûle de se venger. Finalement, la Sablière est ligoté par Cartouche, et Colette est enlevée par Lucas à la barbe de Double-Flair, hissé comiquement sur un lustre.

Le troisième acte se passe à l'ermitage de Saint-Stropiat, lieu de pèlerinage qui a la réputation de guérir les incurables. L'ermite Bernard est parent et voisin de dame Martine, la complaisante personne qui veut bien prêter l'abri de son toit aux fredaines du Régent. Or le toit de dame Martine abrite présentement Colette. Celle-ci avait été remarquée par le Régent le soir de ses débuts à l'Opéra, et il l'a tout simplement fait enlever au moment où elle sortait de chez la Sablière au bras de Lucas. Le Régent va venir la retrouver tout à l'heure.

Il ignore qu'en ce faisant il court un très grand danger. L'ermite de Saint-Stropiat fait partie de la conspiration de Cellamare, dont le but est de déposer le Régent et de l'expédier en Espagne. Double-Flair se cache chez dame Martine, déguisé en jardinier. Cartouche et ses hommes viennent à Saint-Stropiat pour reprendre Colette et la rendre à Lucas. La Sablière y vient aussi avec Vautravers, également pour retrouver Colette, mais non pour la remettre à Lucas !

Cartouche surprend le secret des conjurés et réussit ainsi à sauver le Régent. La Sablière a la douleur de voir au même instant sa femme aux bras de Cartouche et Colette dans ceux de Lucas. Finalement, le Régent, apprenant ce que Cartouche vient de faire pour lui, arrache le brigand à Double-Flair, qui vient enfin de réussir à l'arrêter, et dote Colette afin qu'elle puisse épouser Lucas. La Sablière s'arrangera comme il pourra avec la marquise. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

CARTOUCHES À BLANC (LES)

 

Opérette en un acte, livret de Dourel, musique de Février, représentée à Tours le 21 décembre 1893.

 

 

CASA NEL BOSCO (LA)

 

Opera-buffa en un acte, musique de Niedermeyer, représenté au Théâtre-Italien le 28 mai 1828. Le livret est imité de celui de l'opéra-comique Deux mots ou Une nuit dans la forêt, de Marsollier. Les formes musicales de cet ouvrage appartiennent à l'école allemande. La Casa nel bosco fut reçue froidement par les dilettanti, mais remarquée par les véritables connaisseurs. M. Fétis en a fait l'éloge immédiatement après la première représentation, et a annoncé la carrière savante et justement estimée que devait fournir le compositeur.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CASILDA

 

Opéra traduit en français, musique de S. A. R. Ernest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha, représenté au théâtre Royal de Bruxelles en 1855.

 

 

CASIMIR

 

Opéra en deux actes, paroles de Charles Desnoyers, musique de Adolphe-Charles Adam, représenté au théâtre des Nouveautés le 1er décembre 1831.

 

 

CASQUE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Degrave, musique de Léon Schlesinger, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 30 janvier 1892.

 

 

CASQUE D’OR (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lemée, musique de Bollaert, représenté à Saint-Malo le 2 septembre 1892.

 

 

CASQUE ET LES COLOMBES (LE)

 

Opéra-ballet en un acte, livret de Guillard et Collin d'Harleville, musique de Grétry. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre de la République et des Arts] (salle Montansier) le 07 novembre 1801 (16 brumaire an X). Ballets réglés par Gardel. Avec Lays (Mars), Mlle Henry (Vénus), Mmes Branchu (l'Amour) et Sellmer (Zéphyre).

 

"C'est un ouvrage de circonstance, ainsi que le prouve le sujet même du poème. Des colombes font leur nid dans le casque de Mars ; tel est le symbole imaginé par Guillard pour célébrer les préliminaires de paix entre l'Angleterre et la France, signés le 1er octobre, et qui préparèrent le traité du 25 mars 1802, connu sous le nom de Paix d'Amiens."

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

"Trois représentations. — On en a retenu une romance : Le volage dieu des combats."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CASSANDRE

 

Tragédie-lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Chancel de Lagrange, musique de Bouvard et Bertin, représenté par l'Académie royale de musique, le mardi 22 juin 1706.

 

"Apollon et les fleuves Scamandre, Xanthe et Simoïs ouvrent le prologue. La pièce était faible et la musique n'a pu la maintenir, malgré le talent signalé de Thévenard, Cochereau, Dun et Boutelou, chantant les rôles d'Agamemnon, d'Oreste, d'Egisthe et d'Arcas ; de Mlles Journet, Desmatins, Poussin et Loignon, dans les rôles de Clytemnestre, de Cassandre, de Céphise et d'Ilione. Chancel a choisi pour son sujet la première partie de l’Orestie d'Eschyle, dont M. Paul Mesnard vient de donner une remarquable traduction en vers. L'œuvre du vieux tragique ne peut se prêter aux convenances de la scène lyrique. Dans ces sortes de drames, la musique doit céder la place à l'action et ne peut intervenir que par moments, dans des chœurs, ainsi que les poètes anciens l'ont toujours compris et indiqué."

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

"Bouvard, étant enfant, avait chanté les rôles de dessus à l'Opéra ; il se voua à la composition après avoir perdu sa voix. Bien qu'il eût étudié à Rome, ses ouvrages dramatiques ne se sont point maintenus au théâtre.

Bertin était maître de clavecin des princesses d'Orléans.

Cassandre fut chanté et dansé par l'élite des artistes de l'Académie."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CASSANDRE ASTROLOGUE ou LE PRÉJUGÉ DE LA SYMPATHIE

 

Comédie-parade en vaudevilles en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, musique de vaudevilles. Création à Brunoy le 23 novembre 1780. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 05 décembre 1780.

 

 

CASSANDRE MÉCANICIEN ou LE BATEAU VOLANT

 

Comédie-parade en vaudevilles en un acte, livret de Jean-François-Thomas Goulard, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 01 août 1783.

 

 

CASSANDRE OCULISTE ou L’OCULISTE DUPE DE SON ART

 

Comédie-parade en vaudevilles en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 30 mai 1780.

 

 

CASSETTE (LA)

 

Opéra-bouffon en un acte, musique de Jean-Baptiste Rochefort (1746-1819). Nous ignorons le lieu de la représentation.

 

 

CASTOR ET POLLUX

 

Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Gentil-Bernard, musique de Jean-Philippe Rameau.

 

Personnages : Minerve (soprano) ; Amour (ténor) ; Vénus (soprano) ; Mars (basse) ; Pollux (basse) ; grand prêtre (ténor) ; Jupiter (basse) ; Castor (ténor) ; Télaïre (soprano) ; Phoebé (soprano).

 

Créée à l'Académie Royale de Musique (1re salle du Palais-Royal), le jeudi 24 octobre 1737.

Personnages du Prologue : Mmes EREMANS (Minerve), FEL (l'Amour), RABOU (Vénus), M. LE PAGE (Mars).

Personnages de la Tragédie : Mmes PELISSIER (Télaïre), ANTIER (Phoebé), MM. TRIBOU (Castor), CHASSÉ (Pollux), DUN (Jupiter), CUVILLIER (le Grand Prêtre), ALBERT, BÉRARD.

Personnages de la Danse : Mlles SALLÉ (l'Ombre Heureuse), MARIETTE (l'Ombre Affligée), CARVILLE (Hébé), PETITPAS (un Plaisir, une Planète), M. JAVILLIER (le Soleil).

Chef d'orchestre : François FRANCŒUR

 

Reprises : 1754, 1764, 1772 et 1778. Le Prologue cessa d'être représenté en 1764 et ne fut jamais repris. L'ouvrage fut arrêté à sa 324e représentation, le 07 février 1785, salle de la Porte Saint-Martin.

Cependant, la tragédie de Gentil-Bernard fut reprise le 14 juin 1791 avec une partition nouvelle de Pierre CANDEILLE qui obtint 120 représentations.

Elle fut une seconde fois reprise le 19 août 1806, avec une troisième partition, signée de WINTER, mais sans succès (13 représentations).

Ce n'est qu'en 1918 que, sous l'impulsion de Jacques ROUCHÉ, la partition de RAMEAU réapparut à l'Opéra de Paris.

 

Première fois au Palais Garnier, le 21 mars 1918 (325e représentation) — Mise en scène de Jacques ROUCHÉ — Décors et costumes de Drésa.

Mmes LUBIN (Télaïre), VALLANDRI - débuts - (Phoebé), LAVAL - débuts - (Suivante d'Hébé, Ombre Heureuse), MOURGUES, CHOCQUET, BLOUME, BOURGOGNE, CHAMBET, BONNEVILLE, ROGER, R. SILVA, PERRET, DELMAS (Suivantes d'Hébé), HAMELIN, NOTICK, DOYEN, NARÇON (Spartiates).

MM. PLAMONDON (Castor), LESTELLY (Pollux), André GRESSE (Jupiter), CHEYRAT, CLAUDIN, DELRIEU (Spartiates).

« Divertissements » réglés par Nicolas GUERRA (sauf l'entrée des Furies au 3e acte, par Mlle I. ERB), dansés par :

Mlles Aïda BONI (l'Ombre Heureuse), DUMAS (l'Ombre Affligée), JOHNSONN (Hébé), SCHWARZ, J. LAUGIER (deux Spartiates), G. FRANCK (Vénus), BOS (la Terre), MAUPOIX (Mercure), S. KUBLER (Mars), CARNIER (Saturne), BRANA (Uranus), DE CRAPONNE (la Comète), M. Albert AVELINE (le Soleil).

Chef d'orchestre : Alfred BACHELET

 

 

Reprise du 15.10.1930

358e

Reprise du 01.04.1935

365e

04.01.1936*

 

Dernière le 26.10.1940

376e

Télaïre

Germaine LUBIN

Germaine LUBIN

Germaine LUBIN

Germaine LUBIN

Phoebé

CAMPREDON

Yvonne GALL

Germaine HOERNER

Germaine HOERNER

Suivante d'Hébé

MARILLIET

Solange DELMAS

Solange DELMAS

Solange DELMAS

Ombre heureuse

   

Solange DELMAS

 

 

 

 

 

 

Castor

VERGNES

VILLABELLA

Georges JOUATTE

Georges JOUATTE

Pollux

ROUARD

ROUARD

Martial SINGHER

ENDREZE

Jupiter

Jean CLAVERIE

Jean CLAVERIE

Jean CLAVERIE

Jean CLAVERIE

 

 

 

 

 

Danses

ZAMBELLI

C. BOS

Mr PERETTI

C. BOS

LORCIA

Mr PERETTI

C. BOS

LORCIA

Mr PERETTI

C. BOS

LORCIA

Mr PERETTI

Chef d’orchestre

Philippe GAUBERT

Philippe GAUBERT

Philippe GAUBERT

Philippe GAUBERT

 

* Spartiates : Mmes Rousseau, Augros, Halevy, Cande, Cuisset, Clery, Lumière, Douls.

MM. Pierrotet, Garry, Robert, Landral, Arnault, Raynal.

Suivantes d'Hébé : Mmes Morturier, Amélie Bruder, Augros, Rousseau, Halevy, Cande, Soyer, Chausson, Gelly, Castel, Meslin, Schoonwater.

Chorégraphie de Nicolas Guerra.

Danses : Mlles Camille BOS, LORCIA, BOURGAT ; M. Serge PERETTI.

Mlles Simoni, Hughetti, Barban, Didion, Binois, Grellier, Lopez, Kergrist, Colliard, Thuillant, Sertelon, Decarli, Guillot, Janine, Chauviré, Lascar.

 

L'Opéra de Paris a joué Castor et Pollux à Florence le 27 avril 1935.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Télaïre : Mmes Sophie ARNOULD (1764), LEVASSEUR (1778), Alice DAUMAS (1919), Françoise ROSAY (1919), HATTO (1921), LAUTE-BRUN (1921), RITTER-CIAMPI (1922), HOERNER (1935).

Phoebé : Mmes CHEVALLIER (1764), DU PLANT (1778), BERTHON (1918), LAVAL (1922), DONIAU-BLANC (1935).

Castor : MM. PILLOT (1764), LEGROS (1778), LAFFITTE (1918), RAMBAUD (1922).

Pollux : MM. GELIN (1764), TEISSIE (1920), SINGHER (1935), CAMBON (1936).

 

376 représentations à l’Opéra dont 52 au Palais Garnier au 31.12.1961.

 

 

« Tragédie lyrique représentée à l'Académie royale de musique le 24 octobre 1737. Mlle Salle, actrice alors célèbre, y joua le rôle d'Hébé. Jélyotte y chanta celui de Castor, lors de la seconde reprise, qui eut lieu en 1754. Quoique depuis longtemps cet ouvrage ne soit plus au théâtre, de beaux fragments en sont restés, entre autres le bel air de Télaïre : Tristes apprêts, pâles flambeaux, qui fait partie du répertoire de la Société des concerts du Conservatoire. C'est un des meilleurs modèles du style large et pathétique du maître français. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« L'air Tristes apprêts, le chœur Que tout gémisse et le chœur des démons du 3e acte comptent parmi les plus belles inspirations de Rameau. Candeille eut soin de respecter ces trois morceaux, lorsqu'il refit la musique de cet opéra, en 1791.

L'admirable chœur Brisons tous nos fers est le plus ancien modèle de nos chœurs syllabiques. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CASTOR ET POLLUX

 

Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Gentil-Bernard, musique nouvelle de Pierre Candeille. Création au Théâtre de l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 14 juin 1791. Ballets réglés par Gardel et Laurent.

 

« La tentative présomptueuse de ce compositeur fut couronnée de succès. Il est vrai qu'il conserva de la partition de Rameau l'air si dramatique Tristes apprêts, un chœur au second acte et la scène des démons au quatrième. Cet ouvrage, ainsi refait et animé du souffle du grand compositeur dijonnais, fut repris en 1814, et une dernière fois en 1817. On ne sait si on doit se plaindre du vandalisme qui a eu pour effet de procurer, jusqu'à cette époque, l'audition de trois chefs-d'œuvre. On donnait Castor et Pollux le mardi 20 juin 1791, jour où le roi et la famille royale allèrent à l'Académie de musique pour la dernière fois. Quelques phrases du livret se prêtaient à une allusion à la reine. Des spectateurs y applaudirent vivement, et Marie-Antoinette, de dire aux personnes qui l'entouraient : « Voyez ce bon peuple, il ne demande pourtant qu'à nous aimer. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra obtint du succès, grâce surtout aux morceaux de Rameau que Candeille eut le bon esprit de respecter. Il fut représenté cent trente fois dans l'espace de huit ans. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CASTOR ET POLLUX

 

Tragédie lyrique en cinq actes, de Bernard, refaite par Morel, et remise en musique par Peter von Winter, représentée par l'Académie impériale de musique le 19 août 1806.

 

« On croit que, moins coupable que son collaborateur, Winter se pilla lui-même et qu'il appropria au poème qu'on lui avait confié, la musique d'un de ses opéras italiens représentés à Londres. Sa partition fut jugée inférieure, non seulement à celle de Rameau, mais même à celle de Candeille. Winter était néanmoins un maître, un harmoniste supérieur. Il a excellé dans la musique sacrée. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Morel gâta la tragédie lyrique de Bernard. Il est vrai qu'il fut obligé d'ajuster ses vers sur les mélodies de Winter, ce compositeur ayant utilisé sa partition italienne de Castore dans son opéra français. — Cet ouvrage mourut après sa treizième représentation. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CATALANE (LA)

 

Drame lyrique en quatre actes et un prologue, livret de Paul Ferrier et Louis Tiercelin, d'après Terra Beixa de Angel de Guimera, musique de Fernand Le Borne.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 24 mai 1907 (répétition générale le 21 mai) ; mise en scène de Pedro Gailhard ; décors d'Amable et Cioccari ; costumes de Charles Bétout.

Mmes GRANDJEAN (Anita), MARTYL (Inès), LAUTE-BRUN (Antonia), GOULANCOURT (Pépa), MATHIEU (Francisca), BEAUVAIS (Térésa), MANCINI (Resa), AGUSSOL (une Etoile).

MM. MURATORE (Andès), DELMAS (Miguel), NUIBO (Gaspard), TRIADOU (Blas), DELPOUGET (Matéo), STAMLER (Pérès).

Ballet réglé par Joseph HANSEN, dansé par Mlles ZAMBELLI, BEAUVAIS, G. COUAT, MEUNIER, M. CLERET et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Paul VIDAL

 

9e à l’Opéra le 25 décembre 1907 avec les créateurs, sauf : Mme DEMOUGEOT (Anita), MM. BARTET (Miguel), NANSEN (Gaspard).

 

9 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CATALANS (LES)

 

Opéra en deux actes, paroles de Burat de Gurgy, musique de M. Elwart, sur le Théâtre des Arts, à Rouen, dans le mois de janvier 1840. On a remarqué dans cet ouvrage plusieurs morceaux bien traités, notamment l'air de Paquita au premier acte, la romance de Marcel, et le grand air d'Andréa, qui a été vivement applaudi. Les interprètes de cet opéra ont été Wermelen, Boulard et Mme Félix.

 

 

CATERINETTE

 

Opérette en un acte, livret d’Antony Mars, musique de Victor Roger, représentée à Lunéville le 17 juillet 1893.

 

 

CATHERINE ou LA BELLE FERMIÈRE

 

Comédie en trois actes et en prose, de Julie Candeille, avec quelques morceaux de musique du même auteur, représentée le 27 décembre 1792 non à la Comédie-Française, comme quelques-uns l'ont dit par erreur, mais au Théâtre-Français de la rue Richelieu (plus tard théâtre de la République).

 

« Mlle Candeille, qui était une femme charmante, une comédienne distinguée et une excellente musicienne, remplissait le rôle principal de sa pièce, celui de la belle fermière Catherine, et elle chantait plusieurs morceaux en s'accompagnant elle-même sur le clavecin, de sorte qu'elle se faisait applaudir à la fois comme auteur, compositeur, comédienne et cantatrice. Catherine obtint un très grand succès, passa plus tard au répertoire de la Comédie-Française, où elle fut jouée tour à tour par Mme Talma, Mlle George, Mlle Contat, et se maintint sur l'affiche pendant plus de trente ans. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CATHERINE HOWARD

 

Opéra, musique de Litolff, représenté au conservatoire de Bruxelles vers 1847.

 

 

CAUSE ET LES EFFETS (LA) ou LE RÉVEIL DU PEUPLE EN 1789

 

Opéra-comique (pièce de circonstance) en cinq actes, livret de Joigny, musique d’Armand-Emmanuel Trial. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 17 août 1793.

 

 

CAVALIERE ERRANTE (IL)

 

[en français le Chevalier errant]

Opéra italien, musique de Traetta, représenté à Naples en 1777, et à Paris, sur le théâtre de l'Académie royale de musique, le 04 août 1779. Ce compositeur a montré dans ses ouvrages un sentiment dramatique plein de justesse et d'énergie ; ses opéras de Sémiramide, de Didone, eurent un grand succès. On rapporte de lui, qu'il lui arrivait quelquefois, en dirigeant au clavecin l'exécution d'un de ses opéras, de s'adresser au public et de dire naïvement : « Signori, badate a questo pezzo ; Messieurs, faites attention à ce morceau. » On écoutait et on applaudissait.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAVALLERIA RUSTICANA

 

[en français Chevalerie rustique]

Drame lyrique italien en deux actes et deux tableaux, livret de Giovanni Targioni-Tozzetti (1863-1934) et Guido Menasci (1867-1925), d'après le roman de Giovanni Verga ; paroles françaises de Paul Milliet ; musique de Pietro Mascagni.

 

Personnages : Torido [Turiddu], jeune soldat (ténor) ; Alfio, charretier (baryton) ; Santuzza, fiancée de Torido (soprano dramatique) ; Lola, femme d'Alfio (mezzo-soprano) ; Lucia, mère de Torido (alto) ; Chœurs : Paysans siciliens.

 

L’action se déroule dans un village sicilien, le jour de Pâques.

 

Créé à Rome, Teatro Costanzi, le 18 mai 1890, par Mmes Gemma BELLINCIONI (Santuzza), Anneta GULI (Lola), Federica CASALI, MM. Roberto STAGNO (Torrido), Gaudenzio SALASSA (Alfio), sous la direction de Leopoldo MUGNONE.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 25 février 1892 avec Mmes de Nuovina (Santuzza), Wolf (Lucia), de Béridèz (Lola), MM. Dupeyron (Turridu), Seguin (Alfio).

 

Première à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 19 janvier 1892, dans la version française.

Mmes Emma CALVÉ (Santuzza), VILLEFROY (Lola), PIERRON (Lucia), PERRET (une paysanne).

MM. GIBERT (Torrido), Max BOUVET (Alfio).

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

Représentation le 12 avril 1919 (matinée), en l'honneur de la remise des Fanions du Pays de France aux Escadrilles américaines, avec Raymonde VISCONTI (Santuzza), Emile MARCELIN (Torrido) et GHASNE (Alfio).

 

 

27.04.1895

Opéra-Comique

(100e)

25.09.1897

Opéra-Comique

 

02.07.1901

Opéra-Comique

(147e)

30.12.1917

Opéra-Comique

 

25.05.1922

Opéra-Comique

(500e)

25.04.1928

Opéra-Comique

 

22.10.1930

Opéra-Comique

 

06.04.1931

Opéra-Comique

 

20.03.1932

Opéra-Comique

 

Santuzza

Nina PACK

SIRBAIN

DE NUOVINA

DARVEZE

DI GASTARDI

M. MATHIEU

M. MATHIEU

Hélène DUVERNAY

Hilda NYSA

Lola

VILLEFROY

DELORN

DELORN

SAIMAN

N. FERRARI

LEBARD

DIETZ-MONIN

LAFFITTE

DIETZ-MONIN

Lucia

PIERRON

PIERRON

PIERRON

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

une Paysanne

PERRET

PERRET

PERRET

JULLIOT

JULLIOT

JULLIOT

JULLIOT

JULLIOT

JULLIOT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Torrido

LUBERT

Adophe MARÉCHAL

Léon BEYLE

PAILLARD

M. OGER (déb.)

RAZAVET

J. NEQUEÇAUR

Raoul GIRARD

Jacques GÉRARD

Alfio

BOUVET

GHASNE

BOURBON

GHASNE

REYMOND

BECKMANS

ROUSSEAU

ROUSSEAU

ROUSSEAU

Chef d'orchestre

J. DANBE

 

GIANNINI

PICHERAN

ARCHAINBAUD

Elie COHEN

Elie COHEN

Elie COHEN

Elie COHEN

 

 

 

23.02.1933

Opéra-Comique

 

07.12.1940

Opéra-Comique

(976e)

23.09.1943

Opéra-Comique

(1000e)

10.02.1952

Opéra-Comique

(1070e)

08.08.1953

Opéra-Comique

 

19.12.1954

Opéra-Comique

(1208e)

24.04.1960

Opéra-Comique

(1257e)

15.02.1966

Opéra-Comique

(1330e)

Santuzza

Madeleine MATHIEU

Renée GILLY

G. PAPE

Georg. CAMART

Denise VARENNE

Suzanne SARROCA

Simone COUDERC

Jacqueline BROUDEUR

Lola

LEBARD

Ch. GAUDEL

Ch. GAUDEL

Germ. CHELLET

Ch. GAUDEL

Agnès LEGER

Micheline DUMAS

Georgette RISPAL

Lucia

VILLETTE

GUIBAUD

Jeanne MATTIO

Jeanne MATTIO

Jeanne MATTIO

Jeanne MATTIO

Raymonde NOTTI-PAGÈS

Solange MICHEL

une Paysanne

JULLIOT

LEGOUHY

LEGOUHY

Gen. CLAVERIE

Gen. CLAVERIE

Annie ROZANNE

JOLY (artiste des Chœurs)

JOLY (artiste des Chœurs)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Torrido

Raoul GIRARD

ALTERY

H. MEGRET

Roger GALLIA

R. ROMAGNONI

Pierre RANCK

Gustave BOTIAUX

Pierre FLETA

Alfio

CHARLES-PAUL

Louis MUSY

Robert JEANTET

Robert JEANTET

Robert JEANTET

Robert JEANTET

René BIANCO

René BIANCO

Chef d'orchestre

Elie COHEN

E. BOZZA

E. BOZZA

 

Pierre CRUCHON

Pierre CRUCHON

Pierre CRUCHON

Jésus ETCHEVERRY

 

La 1000e officielle du 23 septembre 1943 était en réalité la 1046e représentation de l'ouvrage à l'Opéra-Comique. La véritable 1000e est passée inaperçue sous le numéro 954 le 4 avril 1936. Elle était chantée par :

Mmes Renée GILLY (Santuzza), CARELLA (Lola), VILLETTE (Lucia), JULLIOT (une paysanne).

MM. Raoul GIRARD (Torrido), Robert JEANTET (Alfio).

Chef d'orchestre : Pierre RENAULD.

 

1110 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 964 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 5 en 1951, 8 en 1952, 9 en 1953, 4 en 1954, 7 en 1955, 12 en 1956, 15 en 1957, 7 en 1958, 7 en 1959, 16 en 1960, 16 en 1961, 18 en 1962, 9 en 1963, 4 en 1964, 10 en 1965, 6 en 1966, 1 en 1967, 3 en 1969, 12 en 1970, 3 en 1971, soit 1282 au 31.12.1972.

 

Résumé.

C'est un drame de la jalousie, qui se passe dans un village sicilien, au matin de Pâques. Torido, fiancé de Santuzza, aime Lola, femme d'Alfio. Alfio tue Torido dans un duel au couteau.

 

ACTE UNIQUE. — La place du village.

Avant le lever du rideau, on entend déjà Torido chanter la beauté captivante de Lola, femme d'Alfio [Sicilienne de Torido : O Lola !...]. Puis on assiste à l'entrée des fidèles à l'église.

La jeune paysanne Santuzza, cherchant son fiancé Torido, se rend chez la mère de celui-ci, Lucia. La vieille femme, blessée de la démarche de Santuzza, lui répond au hasard qu'il est allé chercher du vin dans une localité voisine. Mais Santuzza le soupçonne de se trouver toujours au village, car elle l'a vu se diriger du côté de la maison de Lola et d'Alfio. Survient Alfio, qui confirme que Torido n'est réellement pas loin. Santuzza dit à Lucia son amour et son désespoir [Grand air de Santuzza : Voi lo sapete, o mamma... / Vous le savez, ma mère...].

Torido paraît. Son entrevue avec Santuzza est pleine de violence. L'arrivée subite de Lola fredonnant une chanson [Fior di giaggiolo... / O marjolaine...] ne fait qu'aggraver la situation. Quand Lola est partie, Santuzza implore Torido [Air de Santuzza : No, no, Turidu, rimani... / O, mon Torido !...], qui la repousse brutalement pour aller rejoindre l'autre. Santuzza n'a pas de peine maintenant à exciter la colère d'Alfio, lequel jure de se venger...

[Célèbre Intermède Symphonique]

La foule sort de l'église. Torido, craignant de demeurer seul, invite ses amis à boire [Brindisi de Torido : Viva il vino spumeggiante... / Vive le vin qui pétille...]. Lola reste avec lui. Alfio arrive et refuse le gobelet de vin que lui tend Torido : c'est un outrage public.

Les femmes entraînent Lola, épouvantée. Alfio provoque son rival à la mode sicilienne, en lui mordant l'oreille. Le remords monte au cœur de Torido qui songe à la pauvre Santuzza. En faisant ses adieux à sa mère, il implore sa bénédiction [Air de Torido : Addio alla madre... / Ecoutez-moi, ma mère...]. Les deux hommes s'éloignent. Santuzza, pressentant un malheur, se jette dans les bras de Lucia, Quelqu'un accourt en criant que Torido est mort. Santuzza s'effondre, sans connaissance. L'honneur paysan est satisfait !

 

« L'histoire du succès étonnant de ce petit ouvrage vaut d'être racontée. Son auteur M. Mascagni, alors âgé de vingt-sept ans environ, avait eu une jeunesse agitée et un peu aventureuse. Après avoir été chef d'orchestre de diverses troupes d'opérette, il s'était enfoui dans une petite ville de Sicile, à Cerignola, où il avait accepté les fonctions de chef de la musique municipale. Il semblait que les rêves d'ambition qu'il avait pu former jusqu'alors dussent à jamais s'évanouir, lorsqu'un jour il apprend, comme par hasard, qu'un puissant éditeur de Milan, M. Édouard Sonzogno, avait ouvert un concours entre tous les musiciens italiens pour la composition de trois opéras en un acte, qu'il s'engageait non seulement à récompenser par des prix en argent, mais encore, ce qui était beaucoup plus important pour les auteurs, à faire représenter sur un des plus grands théâtres d'Italie. Mais deux mois seulement le séparent encore du terme fixé pour cc concours. Et comment y prendre part ? Il n'a pas de poème ! Où en trouver un ? A tout hasard, il écrit à deux amis qu'il a laissés à Livourne, sa ville natale, MM. Targioni-Tozzetti et Menasci, pour leur peindre ses angoisses et leur demander s'ils ne peuvent lui découvrir ou lui fabriquer en toute hâte un livret d'opéra. Ceux-ci ne perdent pas de temps. Sans prendre la peine de chercher un sujet, ils empruntent délibérément à M. Giovanni Verga celui d'un petit drame très émouvant et étonnamment pathétique, Cavalleria rusticana, dont le succès avait été grand par toute l'Italie, ils le resserrent, le condensent, et en tirent un excellent poème d'opéra. Et comme le temps pressait, ils n'attendent même pas qu'ils aient terminé, et jour à jour, à mesure qu'ils avaient écrit une scène ou un morceau, ils envoyaient le texte à leur ami, sur simples cartes postales, afin qu'il pût travailler de son côté.

C'est de cette façon singulière, dans ces conditions de rapidité assez énervantes, mais particulièrement excitantes aussi, que fut composée la musique de Cavalleria rusticana. Le compositeur, on le comprend, n'avait pas le temps de flâner, et cela est si vrai que sa partition arriva la dernière au siège du concours, et la veille même de sa clôture. Elle n'en fut pas moins couronnée avec deux autres, parut à la scène ainsi qu'elles, et les éclipsa toutes deux.

Le sujet, tiré, je l'ai dit, d'un petit drame de M. Verga, était d'ailleurs bien fait pour inspirer un musicien. L'action se passe en Sicile. Le paysan Turridu, qui avait quitté son village natal en y laissant sa fiancée, la belle Lola, la retrouve, à son retour du service militaire, mariée au charretier Alfio. Il jette les yeux alors sur une douce jeune fille, la gentille Santuzza, qu'il réussit à séduire en lui promettant de l'épouser. Mais Lola est coquette et méchante à la fois. Jalouse de Santuzza, elle devient provocante avec son ancien fiancé, le ramène facilement à elle, et en fait son amant. Santuzza découvre tout, fait des reproches à Turridu, qu'elle aime passionnément, et s'efforce de le détacher de Lola ; mais celui-ci, rendu furieux par ses reproches, non seulement la repousse, mais la menace de la tuer. Folle alors de colère et de douleur, Santuzza, dans un moment d'égarement, révèle à Alfio l'infidélité de sa femme et sa liaison criminelle avec Turridu. Bientôt les deux hommes se trouvent en présence, une querelle s'élève entre eux, ils se provoquent mutuellement et, dans un duel au couteau, Turridu est tué par Alfio. Tel est ce drame, saisissant, plein de saveur, et d'une éloquente rapidité. Lorsqu'il parut à la scène avec sa musique, le succès en fut immense, et, il faut bien le dire, excessif. Avec leur enthousiasme et leur expansion ordinaires, les Italiens allèrent trop loin dans l'éloge et dépassèrent singulièrement la mesure. Il semblait, à les entendre parler de la musique du jeune Mascagni, qu'ils avaient du coup retrouvé un de ces génies prodigieux qui ont fait la gloire musicale de leur pays, un Pergolèse, un Cimarosa ou un Rossini. Il y eut des dithyrambes pompeux en l'honneur du jeune musicien, on lui fit, dans les théâtres, des ovations inouïes, on lui prépara des réceptions princières, on lui éleva des arcs de triomphe dans les villes où il devait passer. C'était absurde et ridicule. La réclame était d'ailleurs merveilleusement organisée en son honneur, et l'étranger lui-même s'y laissa prendre. La politique aussi s'en mêla, et l'Allemagne, en raison de la triple alliance, crut devoir faire à l'opéra de M. Mascagni une réception triomphale ; les Viennois, de leur côté, firent aussitôt du jeune compositeur leur enfant gâté. Toute l'Europe enfin entonnait un chant de gloire à son égard. Seule, l'Angleterre s'était montrée froide pour Cavalleria rusticana, lorsque l'ouvrage vint se produire à Paris, où la critique lui fit grise mine, ne trouvant pas, tant s'en faut, le chef-d’œuvre que d'avance on lui avait annoncé avec tant de fracas. Car voilà précisément le tort : les Italiens s'étaient montrés si intempérants, si excessifs dans la louange envers leur jeune compatriote, qu'ils rendaient le public français d'autant plus difficile. Cavalleria rusticana se fût présentée ici comme un essai intéressant, comme l'œuvre à encourager d'un compositeur à ses débuts, qu'on l'eût jugée simplement à ce point de vue. Mais du moment qu'on voulait nous l'imposer comme un chef-d’œuvre et qu'on nous demandait non notre appréciation, mais notre admiration, nous regimbions, parce qu'évidemment les conditions du jugement étaient faussées.

En réalité, la partition de Cavalleria rusticana n'est autre chose que l'œuvre d'un débutant intéressant, œuvre indicatrice de certaines tendances heureuses, mais très incomplète, très imparfaite, et beaucoup plus pleine de promesses que de réalités. A la fois jeune et ardente, elle révèle chez son auteur un sentiment scénique assez remarquable, et, ce qui peut nous toucher particulièrement, c'est qu'elle procède, au point de vue général, des principes qui guident notre jeune école française, à savoir le sentiment dramatique, la vérité dans la déclamation et la recherche de la couleur. A côté de cela, une grande inexpérience, une forme généralement banale, une harmonie sans nouveauté et une instrumentation enfantine. En ce qui concerne le détail, quelques pages bien venues, telles que la sérénade derrière le rideau, et le chœur religieux de l'entrée à l'église, et d'autres détestables, comme la chanson du charretier, dont la vulgarité est vraiment terrible. Mais il faut convenir que l'évidente exagération de mauvaise humeur avec laquelle certains critiques ont jugé la partition de Cavalleria rusticana n'a exercé sur le public parisien aucune influence. Je crois bien que la musique de M. Mascagni a laissé les spectateurs assez froids. Mais cette musique est écrite sur un drame puissant, sombre, pathétique, d'un intérêt palpitant, un drame dans lequel l'héroïne était représentée d'une façon superbe par Mlle Calvé, vraiment admirable dans le rôle de Santuzza, et cela a suffi pour que, en dépit de certaines hostilités, la foule se portât à l'Opéra-Comique. Peut-être bien, même à l'étranger, le public a-t-il pris un peu le change à ce sujet, et, sans presque s'en douter, a-t-il applaudi, et peut-être plus encore, ce drame si curieux, si intéressant, que la musique du compositeur qu'on lui présentait comme un héros. En tout, état de cause, cette petite histoire de Cavalleria rusticana restera comme l'un des chapitres les plus piquants de l'histoire générale de la musique dramatique au XIXe siècle. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Santuzza, fiancée de Torido ; Lola, femme d'Alfio ; Torido.

La scène se passe de nos jours, dans un village de Sicile.

Avant le lever du rideau, on entend déjà une chanson de Torido, puis la scène s'ouvre sur une place de village, devant l'église. C'est l'heure de l'office et l'on assiste à l'entrée des fidèles. Santuzza, dévorée de jalousie, cherche son fiancé Torido, dont on lui a signalé la présence dans le voisinage, et qu'elle croit l'amant de la femme du charretier Alfio. Survient Alfio lui-même, insouciant, qui confirme que Torido n'est pas loin, alors qu'il avait déclaré s'absenter à sa mère et à Santuzza.

L'entrevue qui suit entre Torido et Santuzza est pénible, et les fiancés se séparent sur des paroles de haine et de menace. L'arrivée de Lola n'est pas faite pour calmer Santuzza ; la femme d'Alfio nargue perfidement sa rivale. Quand elle est partie, Santuzza implore, supplie, se traire aux pieds de Torido, qui la repousse avec dureté et s'enfuit.

La fatalité amène à cet instant Alfio, et Santuzza, affolée, hors d'elle-même, lui crie la trahison de sa femme. Désormais il est certain qu'il y aura du sang versé.

L'église se vide sur la place. Au bout d'un instant, Alfio et Torido se rencontrent dans la foule. Alfio outrage publiquement Torido qui lui lance un défi à la sicilienne : en l'embrassant, il lui mord l'oreille. Un duel au couteau doit s'ensuivre ; les deux hommes s'éloignent. Quelques moments d'angoisse, puis quelqu'un accourt avec la nouvelle : « On a tué Torido ! » Et Santuzza s'affaisse sans connaissance. Rideau. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Le « faits divers » lyrique, d'une « cavalleria » problématique, mais d'une poétique indubitablement « rusticana », vient d'Italie ; cela se voit. Il a été tiré d'un recueil de nouvelles du conteur Verga : Vita dei Campi, par G. Targioni-Tozzetti et G. Menasci, qui ont écrit là-dessus un poème en un acte. La partition remporta, en 1888, le prix du concours des compositeurs organisé par le grand éditeur musical Sonzogno ; elle était signée Pietro Mascagni, de Livourne — alors âgé de 25 ans. C'est le premier de ses ouvrages, et aujourd'hui le seul favorablement écouté. — Créée le 17 mai 1890 à Milan, Cavalleria rusticana avait été jouée sur toutes les scènes du monde avant qu'il se fût trouvé, à Paris, un théâtre pour la monter... L'Opéra‑Comique fut le 291e à représenter l'œuvre, donnée pour la première fois en français (version Paul Milliet). L' « Intermezzo », si populaire, a décidé de son succès.

Pâques siciliennes... Devant l'église, Santuzza cherche son « promis », Torrido, qui, depuis quelques jours, semble se dérober. Il a pourtant fini son temps de service aux bersaglieri ; mais, en revenant au village, il y a trouvé, mariée, la belle Lola dont on le disait amoureux. Santuzza ne l'ignore point ; elle s'inquiète et, lorsque paraît Torrido, trahit maladroitement sa jalousie en vifs reproches. Le jeune homme s'impatiente et l'écarte. Il est évident qu'il cherche Lola. Celle-ci ayant épousé un simple rustre, le charretier Alfio, ne dissimule pas davantage la satisfaction qu'elle éprouve à reconquérir le soupirant qui lui plaisait. Santuzza, repoussée par son séducteur, et provoquée par sa rivale, n'écoute plus désormais que son désespoir passionnel... et comme Alfio passait, elle l'arrête et lui dénonce les amants. L'homme se venge en Sicilien : quand la foule sort de l'office, Torrido réunit ses amis à l'auberge tenue par sa mère, la vieille Lucia ; mais Alfio l'entraîne, et, dans une accolade, lui mord l'oreille jusqu'au sang. C'est, paraît-il, un défi significatif. Le couteau en main, les deux adversaires s'éloignent... Le charretier reviendra seul. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

CAVERNE (LA)

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Nicolas-Julien Forgeot, d’après un épisode du Gil Blas de Lesage, musique de Méhul. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 05 décembre 1795, avec Mme Carline, sous la direction de Frédéric Blasius. Le sujet est le même que celui de l'opéra de Lesueur, qui l'emporta dans la faveur du public.

 

 

CAVERNE (LA) ou LES VOLEURS

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Pierre Dercy, d’après un épisode du Gil Blas de Lesage, musique de Jean-François Le Sueur. Création au Théâtre Feydeau le 16 février 1793, avec Julie Scio (Séraphine), sous la direction de Pierre La Houssaye. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 novembre 1801.

 

« Pendant ces jours, qui seront bien longtemps encore regardés comme les plus néfastes de notre histoire, il se trouvait à Paris un public capable de s'intéresser à un opéra et d'y applaudir chaque soir. C'est ce qui a eu lieu notamment pour la pièce de la Caverne, qui obtint, cette année même, un succès incontestable. On peut voir là un trait de cette insouciance qui avait envahi tant d'esprits à la fin du XVIIIe siècle, insouciance qui a eu des conséquences si funestes. La Caverne est le meilleur ouvrage dramatique de Lesueur. Ses grandes qualités s'y montrent sans les ambages et les pédantesques tentatives d'une érudition aussi erronée dans son principe que grotesque dans ses applications. Le sujet n'étant ni grec comme le Télémaque, ni gaélique comme Ossian, ni oriental et primitif connue Paul et Virginie, devait préserver le musicien de ses écarts d'imagination et le maintenir dans les limites naturelles de son art. La donnée du livret n'est pas dénuée d'intérêt ; les situations sont fortes et pathétiques. Elles ont évidemment inspiré à Mélesville plusieurs scènes de sa pièce de Zampa. Mais la forme, le style, le dialogue, sont d'une gaucherie et d'une faiblesse rebutantes, et rendent impossible la reprise de la Caverne, au moins dans l'état primitif. Le théâtre représente une caverne taillée dans le roc ; elle est éclairée par une lampe. Au-dessus s'élève une forêt qui avance jusqu'aux premières coulisses. Un épisode du Gil Blas de Le Sage a fourni le sujet. Séraphine, fille du comte Alvar de Guzman, vient d'être enlevée par des voleurs, et séparée de son époux qu'elle croit tué. Léonarde, servante de la bande, la console à sa manière ; Gil Blas est touché de son malheur et jure de la délivrer. Il trouve le moyen de sortir de ce repaire. Rolando, le capitaine, devient amoureux dé la captive, qu'il est obligé de faire respecter à plusieurs reprises par ses complices. Toutefois, malgré l'horreur que Séraphine lui témoigne, Rolando renonce à employer la contrainte, et ce farouche brigand s'efforce plutôt de se concilier son estime par les procédés les plus délicats. Alphonse de Leiva, qui n'a été que blessé, s'est travesti en vieil aveugle, et s'introduit dans la caverne, auprès de sa femme, absolument comme Blondel dans Richard Cœur de Lion. Les voleurs, irrités contre leur chef, complotent à la fois contre sa vie, contre celle de l'aveugle et aussi contre l'honneur de Séraphine. Un drame sanglant se prépare, lorsque Gil Blas arrive en libérateur ; l'entrée de la caverne est forcée par les amis d'Alphonse de Leiva. Mais ce chef si débonnaire et si courtois, quel peut-il être ? Ce Rolando est le propre frère de Séraphine, dont il voulait faire sa maîtresse ; c'est don Juan de Guzman qui, livré à toutes sortes d'égarements, a fini par devenir chef de bandits. Il abjure ses torts et se dispose à aller se jeter dans les bras de son père. Passe encore pour tant d'invraisemblances ; mais le dialogue est d'une platitude telle qu'on n'aurait pu rien imaginer de mieux, si on avait voulu écrire une parodie. Heureusement la musique rachète tous ces défauts. L'ouverture est bien faite, mais n'a rien de remarquable. Le désespoir de Séraphine et la sympathie qu'éprouvent pour elle Léonarde et Gil Blas, sont parfaitement exprimés dans un premier trio en ut mineur. L'air suivant, de Gil Blas, est en la mineur. La chanson de Léonarde, qui est jolie d'ailleurs, est en sol mineur. Cette succession de trois morceaux dans la tonalité mineure donne de la monotonie au début de l'ouvrage ; mais le chœur des brigands de la scène IV, la Bonne aubaine, est traité de la manière la plus intéressante. Le rythme est énergique et l'harmonie originale. Ce chœur est resté longtemps célèbre. Le duo entre Séraphine et Rolando offre de folies phrases ; il n'est pas assez scénique. Le motif chanté par Alphonse, dans la forêt, est plein d'un charme mélancolique. Dans le second acte, l'air de Séraphine se distingue par sa largeur, celui du faux aveugle par le perpétuel mode mineur, et l'allegretto, Il y a cinquante ans et plus, chanté par Léonarde, par son bizarre accompagnement sur le chevalet à toutes les parties et surtout par le sens leste des paroles. L'ensemble final est le morceau le mieux réussi de cet acte. Le troisième acte débute par le chœur des voleurs révoltés. L'air de Rolando est trop long. En revanche, le quatuor : Quel intérêt vous faites naître, est un des meilleurs morceaux que Lesueur ait écrits ; mais il est plus musical que dramatique. Pendant le siége de la caverne, on entend un double chœur, celui des voleurs et celui des assaillants, lesquels chantent derrière la scène. Lorsque la mêlée est générale, lorsque la caverne s'écroule, que les brigands sont tués ou nais en fuite, que Gil Blas, Alphonse et ses amis apparaissent en libérateurs, que Séraphine se jette dans les bras de son époux et de son frère, le public est peu disposé à prêter l'oreille à des combinaisons harmoniques et rythmiques. La musique chorale accompagne mal des actes de violence et des scènes de reconnaissance. Au lieu de confier ce rôle aux voix, Lesueur aurait mieux fait de le donner à l'orchestre, et surtout de ne pas refroidir le dénouement en prolongeant le finale. En somme, cet opéra est l'œuvre d'un très grand musicien. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CAVERNE INFERNALE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Moline, musique de Tomeoni, représenté sur le théâtre des Jeunes-Artistes le 9 avril 1801.

 

 

CE BON ROI DAGOBERT

 

Opérette en un acte, livret de Marquet et Delbès, musique de Georges Douay, représentée aux Folies-Marigny le 12 mars 1869.

 

 

CECI N'EST PAS UN CONTE

 

Œuvre lyrique en un acte, paroles de G. Dumestre, musique de Ludovic Stiénon du Pré, représentée à la Monnaie de Bruxelles le 27 janvier 1911 avec Mlle Symiane (Colombine), MM. Octave Dua (Pierrot), Raoul Delaye.

 

 

CÉCILE

 

Opéra-comique en trois actes et en prose, livret de Mabille, musique de Nicolas Dezède. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 24 février 1780. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 février 1780. Le sujet est tiré des Lettres de Miladi Juliette Catesby, de Marie-Jeanne Riccoboni. Il appartient au genre sentimental. La musique en est depuis longtemps oubliée.

 

 

CÉCILE ET ERMANCÉ ou LES DEUX COUVENTS

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Claude-Joseph Rouget de Lisle et Jean-Baptiste-Denis Després, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 janvier 1792. Cette pièce eut si peu de succès que Grétry la passe sous silence dans ses Mémoires. Elle fut remaniée sous le titre Clarisse et Ermancé (voir ce titre).

 

 

CÉCILE ET JULIEN ou LE SIÈGE DE LILLE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Joigny, musique d’Armand-Emmanuel Trial. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 21 novembre 1792.

 

 

CÉCILIA ou LES TROIS TUTEURS

 

Opéra-comique en trois actes, livret de L. T. Lambert ou Descombles, musique de Jean-Baptiste Davaux. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 14 décembre 1786.

 

 

CÉCILIADE (LA) ou LE MARTYRE DE SAINTE CÉCILE

 

Tragédie avec chœurs, représentée en 1606. Cette composition a été faite sur le modèle des anciens mystères, et eut un grand succès. Les chœurs ont été écrits par Nicolas Soret, dont le nom ne se trouve pas dans la biographie des musiciens de M. Fétis.

 

 

CEINTURE MAGIQUE (LA) ou LE FAUX ASTROLOGUE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul-Auguste Ducis et Joseph Hélitas de Meun, musique de Louis Chancourtois. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 26 février 1818. Repris avec des changements sous le titre le Bohémien (voir ce titre).

 

 

CÉLESTE

 

Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux tiré du roman « Céleste Prudhomat » de Gustave Guiches, livret et musique d’Émile Trépard.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 01 décembre 1913, dans une mise en scène d’Albert Carré, décors d’Alexandre Bailly, costumes de Marcel Multzer.

Mmes Eugénie BRUNLET — débuts — (Céleste), Suzanne BROHLY (la Sans-Besoin), Nelly MARTYL (Germaine), CARRIÈRE (Misotte), HEMMERLÉ (Lisa), MART (Balbine), MATHON (Solange), BREVAL (Mariette), VILLETTE (Mme Mazurier), THÉVENET et ALAVOINE (2 vieilles Dames).

MM. Charles ROUSSELIÈRE (Jacques), DELVOYE (M. Mazurier), Eugène DE CREUS (Baudrillet), Maurice CAZENEUVE (Garenne), Georges MESMAECKER (un Notaire), Louis VAURS (l'Orateur), DONVAL (un homme).

Danses réglées par Mme MARIQUITA, dansées par Mlles Sonia PAVLOFF, G. DUGUÉ, BUGNY, TESSEYRE, LUPARIA et le corps de ballet.

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Il semble qu'en choisissant le roman de M. Gustave Guiches, Céleste Prudhomat, pour sujet d'une œuvre musicale, M. Emile Trépard ait été dupe d'une méprise, ou, tout au moins, d'une illusion. Séduit par l'attrait d'une peinture de la vie provinciale, il a cru pouvoir aisément dégager le genre de poésie spéciale qui en émane. Or, il n'est parvenu qu'à souligner d'un accompagnement musical inutile, des scènes familières qui n'ont, en aucune façon, provoqué l'essor de son imagination. Pendant tout le premier acte, qui nous fait assister à une soirée bourgeoise, l'auditeur a l'impression que la musique est une superfétation... C'est à cette réception que Céleste lie connaissance avec Jacques, le cousin de son amie Germaine. Jacques s'éprend de Céleste et lui fait partager son amour ; mais, comme les parents de Jacques sont ruinés, c'est Germaine, la riche héritière, que devra épouser Jacques. De désespoir, Céleste se tue.

Ramenée à ces termes (qui, pour être brefs, n'en reproduisent pas moins les traits essentiels de l'action), l'aventure que nous conte M. Trépard apparaît, hélas ! bien banale. Le malheur est que le compositeur n'a pas su animer d'une vie lyrique intense, originale, des personnages en qui l'accent personnel fait trop souvent défaut.

M. Carré n'en a pas moins très joliment encadré ces cinq tableaux d'une mise en scène intelligemment appropriée et fort ingénieuse. L'interprétation est excellente avec M. Rousselière, un vibrant amoureux ; Mlle Nelly Martyl, tout à fait gracieuse dans le rôle de Germaine, et Mlle Brunlet, qui a fait un très heureux début dans son incarnation si juste et d'une simplicité touchante de la malheureuse Céleste. Il convient de féliciter particulièrement Mlle Brohly pour sa très pittoresque création d'une vieille mendiante... »

(Albert Dayrolles, les Annales, 14 décembre 1913)

 

 

CÉLESTINE

 

Opéra-comique en trois actes et en prose, livret de Magnitot, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 octobre 1787. La musique de cette pièce est bien écrite. Bruni était en outre un excellent chef d'orchestre.

 

 

CÉLIANE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Souriguière, musique de Gaveaux, représenté à Feydeau le 31 décembre 1796.

 

 

CÉLIBATAIRE MARIÉ (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Hégésippe Cler, musique d’Alphonse Hermann, représentée à l’Eldorado le 7 novembre 1874.

 

 

CÉLIME ou LE TEMPLE DE L'INDIFFÉRENCE DÉTRUIT PAR L'AMOUR

 

Opéra-ballet en un acte, paroles de Chennevières, musique du chevalier d'Herbain, représenté par l'Académie royale de musique le 28 septembre 1756.

 

« Cet ouvrage n'eut pas de succès. D'Herbain réussit mieux à la Comédie-Italienne. Il avait voyagé en Italie, et un de ses opéras, Il Geloso, fut assez bien accueilli à Florence. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet acte fut donné à la suite de Zaïde qu'on reprenait pour la troisième fois.

Le chevalier d'Herbain était un amateur distingué.

Parodie : la Capricieuse, de Mailhol ; mus. de Mlle de Riancourt et lord T... : 1757. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CENDRILLON

 

Opéra-comique en un acte, livret de Louis Anseaume, musique de Jean-Louis Laruette, Egidio Duni et vaudevilles. Création au Théâtre de la Foire Saint-Germain le 21 février 1759. Première à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 14 juillet 1762. Laruette est moins connu maintenant comme compositeur dramatique que comme acteur, parce que, jouant les rôles de père et de tuteur, plutôt qu'il ne les chantait, il a donné son nom à l'emploi des acteurs sans voix dans ces sortes de personnages.

 

 

CENDRILLON

 

Opéra-féerie en trois actes, livret de Charles-Guillaume Etienne, musique de Niccolo Isouard.

 

Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 22 février 1810, avec Mmes Duret, Antoinette Regnault [Lemonnier] (Zisbé) et Alexandrine Saint-Aubin (Cendrillon), sous la direction de Frédéric Blasius.

 

Repris à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 janvier 1877 avec Mmes Julia Potel (Cendrillon), Franck-Duvernoy (Clorinde), Chevalier (Tisbé), MM. Nicot (le Prince), Queulain (Alidor), Thierry (le Baron), X (Dandidi).

 

« Le conte de Perrault a fourni le sujet de trois œuvres lyriques : la Cendrillon de Laruette, celle de Niccolo et la Cenerentola de Rossini. Le livret d'Etienne est le plus conforme à l'idée originale. La féerie y tient une large place. Quant à la musique, elle ne vaut pas, à beaucoup près, celle de Joconde, du même compositeur. La romance du premier acte : Je suis modeste et soumise, a été populaire. Nous citerons encore le trio de femmes : Vous l'épouserez ; oui, vous l'aimerez. Le reste est médiocre. Les rôles de femmes ont été créés par Mmes Duret, Antoinette Lemonnier et Mlle Alexandrine Saint-Aubin, fille de la célèbre actrice. On a repris cet ouvrage à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 25 janvier 1845, avec Mmes Casimir et Darcier. Honoré Grignon et Sainte-Foy jouèrent les personnages du baron de Montefiascone et du sénéchal Dandini. La musique fit peu d'effet, en raison même des efforts tentés par l'arrangeur pour lui en faire produire. Adam renforça l'instrumentation simple et quelque peu naïve de Niccolo par des cuivres et des tremolos, et ajouta même, pour Mme Casimir, un air de sa façon à la partition originale. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet ouvrage fut repris à l'Opéra-Comique le 23 janvier 1877, et on y introduisit, au deuxième acte, un divertissement intitulé les Saisons, composé de quatre entrées et d'un prologue. Les motifs furent choisis par M. Théodore de Lajarte dans les airs à danser tirés des ouvrages de Lulli, Destouches, Mion, qu'il orchestra avec goût et en leur conservant leur saveur archaïque. La vieille Cendrillon du conte de Perrault retrouva ainsi ses atours sous les traits de Mme Julia Potel. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CENDRILLON

 

Conte de fées en quatre actes et six tableaux, livret d’Henri Cain, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra-Comique le 24 mai 1899. => fiche technique

 

 

CENDRILLON ou LA PANTOUFLE MERVEILLEUSE

 

Féerie en cinq actes et trente tableaux, livret d’Ernest Blum, Clairville et Albert Monnier, musique de Victor Chéri, représenté au Théâtre du Châtelet le 04 juin 1866.

 

 

CENDRILLONNETTE

 

Opérette en quatre actes, livret de Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette et Victor Roger, représentée aux Bouffes-Parisiens le 24 janvier 1890.

 

« M. Paul Ferrier, qui n'a aucun respect pour les classiques, avait déjà travesti la Bible et l'histoire de Joseph dans Joséphine vendue par ses sœurs ; de même il a accommodé la Cendrillon de Perrault à la moderne, en en faisant une petite héroïne parisienne du XIXe siècle, qui, après avoir gagné sa fortune aux courses et au baccarat tout en restant sage, épouse enfin le Figaro qui a su faire parler son cœur. La pièce est franchement amusante, et la musique, alerte et vive, est littéralement bourrée de couplets dont quelques-uns sont fort bien venus. On a surtout fait fête à une jolie romance de baryton, au trio bouffe : Embrassons-nous et qu' ça finisse, et à l'entr’acte-gavotte qui précède le quatrième acte. Cendrillonnette avait pour principaux interprètes Mmes Mily-Meyer, Gilberte, Maurel, et MM. Dieudonné, Piccaluga, Tauffenberger et Jannin. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CENERENTOLA (LA) ossia LA BONTÀ IN TRIONFO

 

[en français Cendrillon]

Opéra italien en deux actes, livret de Jacopo Ferretti (1784-1852), d’après Cendrillon, livret de Charles Etienne, musique de Gioacchino Rossini.

 

Personnages : Don Ramiro, prince de Salerne (ténor) ; Dandini, son valet (basse) ; Don Magnifico, baron de Monfiascone (basse bouffe) ; Angelina dite la Cenerentola, belle-fille du Prince (alto coloratura) ; Tisbe, fille du Prince (mezzo-soprano) ; Clorinda, fille du Prince (soprano) ; Alidoro, philosophe (basse) ; chœur de courtisans du prince et de dames de la cour.

 

L’action se déroule dans la maison de don Magnifico, et dans le palais du prince.

 

Création au Teatro del Valle, à Rome, le 25 janvier 1817, pendant le carnaval, avec G. Giorgi-Righetti (la Cenerentola), T. Mariani, C. Rossi, G. De Begnis, G. Guglielmi, Z. Vitarelli, sous la direction de Rossini.

 

Première à Paris, au Théâtre Italien, le 08 juin 1822.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 15 octobre 1933, en italien, par la Compagnie de Mme Conchita SUPERVIA.

Mmes Conchita SUPERVIA (la Cenerentola), Pièrisa GIRI (Clorinda), Ebe TICOZZI (Tisbé).

MM. Dino BORGIOLI (don Ramiro), Ernesto BADINI (Dandini), Vincenzo BETTONI (don Magnifico), Carlo SCATTOLA (Alidoro).

Chef d'orchestre : Tullio SERAFIN.

 

2 représentations en italien à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« La Cenerentola, de Ferretti et Rossini, est une version embourgeoisée du conte de Perrault : plus de fée, plus de citrouille, plus de petite pantoufle de vair, celle-ci étant remplacée par un simple bracelet. Mais l'affabulation est la même.

Quant à la musique, il semble qu'on soit en présence d'un pastiche de Rossini par lui-même, comme dans la plupart de ses opéras-bouffes postérieurs au Barbier, d'ailleurs. On en détache le brillant Rondo final : « Nacqui all'affanno al pianto... ».

La créatrice de la Cenerentola, comme celle de l'Italienne à Alger, fut Mme Giorgi-Righetti. Usant d'une pratique alors courante, Rossini avait fait passer dans cet ouvrage plusieurs passages de la Pietra del Paragone (la Pierre de touche), du Turco in Italia (le Turc en Italie) et de la Gazetta. »

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

  

CENT MILLE FRANCS DU TÉNOR (LES)

 

Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier (1876).

 

 

CENT MILLE FRANCS ET MA FILLE

 

Opérette bouffe en quatre actes, livret d'Adolphe Jaime et Philippe Gille, musique de Jules Costé, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 27 avril 1874.

 

 

CENT-SUISSE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et Edouard Monnais, musique de Joseph Napoléon Ney, prince de La Moskova. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 juin 1840 avec Mmes Célestine Darcier (Louise), Berthault (duchesse de Châteauroux), MM. Victor (Blandas), Emon (Salzbach), Honoré Grignon (Brockly), Sainte-Foy (Briolet).

 

Il s'agit dans cette pièce d'un soldat du régiment des cent-suisses, qui a endossé le domino vert de son capitaine pour s'introduire dans la salle où Mme de Chateauroux donne au roi un bal travesti. Rockly, en butte aux aventures et aux mésaventures de son maître, est sur le point d'être honoré de la Bastille et se trouve trop heureux, en se débarrassant de son domino, d'éviter la schlague. On a remarqué dans la partition deux quatuors et un joli duo. M. le prince de La Moskova était bon musicien et a rendu à l'art musical des services réels, en instituant chez lui des concerts de musique classique où les dilettantes sérieux se sont rencontrés pendant de longues années.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CENT VIERGES (LES)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Chivot, Alfred Duru et Clairville, musique de Charles Lecocq.

 

Première représentation à Bruxelles, Folies-Parisiennes, le 16 mars 1872.

 

Représenté à Paris, théâtre des Variétés, le 13 mai 1872, avec Mmes Van-Ghell, G. Gauthier, A. Regnault, Bessy, A. Schneider, Argème, Schweska, MM. Berthelier, Kopp, Hittemans, Léonce, Blondelet, Alex. Michel, D. Bac, Bordier, Duval, Millaux.

 

Nouvelle version en deux actes et sept tableaux d'André Mouëzy-Eon et Albert Willemetz, représentée au théâtre de l'Apollo le 15 septembre 1942, sous la direction de Marcel Cariven.

 

644 représentations jusqu’en 1946.

 

« La donnée de la pièce est dans le goût du jour : situations scabreuses, scènes ultra-burlesques, absence de toute vraisemblance et de tout sentiment acceptable. Cent Anglais sont allés peupler une île, appelée l’Ile-Verte. Ils manquent de femmes et en font demander à l'amirauté, qui leur expédie cent vierges sur un navire. L'expédition s'égare et on n'en a aucune nouvelle ; les Anglais renouvellent leur requête. On recrute à Londres une nouvelle cargaison et le navire fait voile pour l'Ile-Verte. Deux femmes mariées, Gabrielle et Mme Poulardot, s'imaginant faire une promenade en mer, sont montées sur le vaisseau, et leurs maris voient du rivage avec désespoir s'éloigner leurs chères moitiés. On relâche plusieurs fois en route et, lorsqu'on aborde à l'Ile-Verte, la cargaison ne compte plus que quatorze femmes au lieu de cent. Le gouverneur, sir Plupersonn, fait tirer les femmes au sort. Les deux maris, le duc Anatole de Quillenbois et Poulardot, qui s'étaient embarqués à la poursuite de leurs femmes, arrivent dans l’île et sont contraints de prendre des habits féminins. On les tire au sort et ils échoient à Plupersonn et à son secrétaire Brididick. Les quiproquos se multiplient et se prolongeraient indéfiniment, si la première cargaison des cent vierges n'arrivait enfin dans l'île, à la grande joie des colons. La musique de M. Lecocq est vive, élégante et scénique ; l'instrumentation en est habile ; nul doute que, si de meilleurs livrets lui étaient offerts, ce compositeur ne devint un maître dans l'opérette bouffe. La valse chantée au deuxième acte est le meilleur morceau de la partition. Je signalerai encore une gigue, les couplets : J'ai la tête romanesque, la chanson : Sans femme, l'homme n'est rien, et le chœur des cent vierges. Chanté par M. D. Widmer, Charlier, Joly, Mmes Gentien et Delorme. Cette pièce a été jouée à Paris, sur le théâtre des Variétés, le 13 mai 1872, et y a obtenu beaucoup de succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

CENTENAIRE (LE)

 

Cantate, paroles de Victor Wilder, musique d’Auguste Charlot. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1869, avec MM. Sainte-Foy, Pedro Gailhard.

 

 

CENTENAIRE D'AUBER

 

Cantate de Philippe Gille, arrangement musical de Léo Delibes à l'aide de musiques extraites des œuvres de Daniel Auber.

Unique représentation au Palais Garnier, le 29 janvier 1882, à l'occasion des Fêtes du Centenaire de Daniel AUBER.

Ensembles : Tous les Artistes et les Chœurs de l'Opéra.

Solistes : Mme G. KRAUSS, MM. VILLARET, J. LASSALLE.

Chef d'orchestre : Edouard COLONNE.

Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CÉPHALE

 

Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck) , représenté à Versailles vers 1710.

 

 

CÉPHALE ET PROCRIS

 

Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Duché, musique d’Elisabeth Jacquet de La Guerre, représentée le 15 mars 1694.

 

« Cet opéra ne réussit point. C'est le seul qu'ait écrit Mme Jacquet de Laguerre, qui s'est fait connaître surtout comme habile organiste. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CÉPHALE ET PROCRIS ou L’AMOUR CONJUGAL

 

Ballet héroïque en trois actes, livret de J. F. Marmontel (1723-1799), musique d’André Grétry, représentée à Versailles devant la Cour le 30 décembre 1773, et à l'Académie royale de musique le 02 mai 1775 avec Larrivée (Céphale), Mlle Levasseur (Procris), Mme Larrivée (l'Aurore); Mlles Mallet, Châteauneuf, Duplant.

 

« Cet ouvrage n'eut aucun succès. Grétry, dans ses Mémoires, en convient, et l'attribue à l'abondance des airs mesurés, que les acteurs, trop habitués aux récitatifs, ne pouvaient chanter dans le même mouvement que celui de l'orchestre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet ouvrage fut représenté d'abord à Versailles et termina la série des spectacles d'étiquette donnés à l'occasion du mariage du dauphin avec Marie-Antoinette.

Le duo Donne-la-moi mérite une mention et révèle un compositeur original.

Reprise : 29 avril 1777. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CERISIER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jules Prével, musique de Jules Duprato. Création au Théâtre National de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 mai 1874, avec Mlles Révilly, Reine, Chevalier, MM. Thierry, Barnolt.

 

« Le conte de Marguerite de Navarre, qui a fourni à La Fontaine le sujet de sa Servante justifiée, ne pouvait être mis à la scène qu'avec bien des précautions. La pièce a été assez bien accueillie. Quant à la musique, on y a remarqué çà et là de jolis motifs traités avec goût, principalement les couplets : Avant la noce, et un charmant duo. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

CHACUN A SON PLAN

 

Opéra-comique, musique de Saint-Amans, représenté au théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1802.

 

 

CHACUN SON TOUR

 

Opéra-comique en un acte, livret de Justin Gensoul, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 26 octobre 1805. Les contemporains de Solié ont trouvé de la gaieté et du naturel dans le dialogue, et la musique agréable. On ne peut nier que les mélodies faciles et peu développées des ouvrages du chanteur-compositeur n'aient dû leur succès passager à leur goût français, c'est-à-dire à une touche un peu superficielle, à une allure preste et pimpante, enfin à la mauvaise éducation musicale des auditeurs, qui causait tant d'irritation et même de colère au doux et tendre Mozart. Le succès de la musette de Solié, qui a fait entendre à peu près le même air dans vingt-cinq opéras-comiques, doit nous faire apprécier le chemin que nous avons parcouru depuis un demi-siècle, et peut-être celui qui nous reste encore à faire.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHAIR DIVINE

 

Drame lyrique, paroles de Marcel Mouton, musique de Lucien Poujade, représenté au théâtre d'Antin en 1899.

 

 

CHAISES À PORTEURS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Dumanoir et Clairville, musique de Victor Massé. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 avril 1858, avec Mme Léocadie Lemercier (Eliane), MM. Ponchard (le Chevalier), Couderc (le Marquis), Victor Prilleux (Bouvard).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 03 décembre 1858.

 

« C'est un imbroglio assez amusant, mais un peu leste, entre un financier, sa femme, une danseuse et deux chevaliers. Cherchant à échapper, l'un aux exempts, l'autre à une femme jalouse ; à surveiller, celle-ci son mari, celui-là sa femme, les personnages montent dans les chaises à porteurs les uns des autres. Il en résulte des quiproquos infiniment grotesques et prolongés. La musique a de l'élégance. On a remarqué les couplets du chevalier, le duo des Chaises, entre le chevalier et le financier, et un joli quatuor. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHALET (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, d’après Jary und Bätely, pastorale de Goethe, musique d’Adolphe Adam.

 

Personnages : Daniel, jeune fermier (ténor) ; Max, soldat (baryton) ; Bettly, sœur de Max (dugazon) ; Chœur : garçons et filles, soldats.

 

Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 25 septembre 1834.

Mmes PRADHER (Bettly, sœur de Max [soprano léger]).

MM. COUDERC (Daniel, jeune fermier [ténor]), Giovanni INCHINDI (Max, soldat suisse [basse chantante]).

Chef d’orchestre : Henri VALENTINO

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 09 juin 1848 (452e représentation).

Mme LEVASSEUR (Bettly).

MM. JOURDAN (Daniel), HERMANN-LÉON (Max).

Chef d'orchestre : TILMANT

 

 

07.01.1851

Opéra-Comique

(500e)

18.01.1873

Opéra-Comique

(1000e)

22.01.1900

Opéra-Comique

(1407e)

12.01.1922

Opéra-Comique

(1500e)

13.09.1923

Opéra-Comique

 

Bettly

Marguerite Jeanne Camille DECROIX

NADAUD

EYREAMS

A. FAMIN

Nette FERRARI

 

 

 

 

 

 

Daniel

Ch. PONCHARD

RAOULT

DEVAUX

VILLABELLA

Victor PUJOL

Max

HERMANN-LÉON

René NEVEU

BELHOMME

W. TUBIANA

Louis GUÉNOT

Chef d’orchestre

TILMANT

DELOFFRE

GIANNINI

ARCHAINBAUD

ARCHAINBAUD

 

1547 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 141 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.

 

Résumé.

La scène se passe en Suisse au temps des guerres napoléoniennes. Le sergent Max, revenant de la guerre, s'arrête dans les montagnes de l'Appenzell, au chalet de sa sœur Bettly, dont il favorise, grâce à une ruse, le mariage avec le jeune fermier Daniel.

 

ACTE UNIQUE : Le chalet montagnard de Bettly.

Des garçons et des filles se réjouissent de la farce qu'ils viennent de jouer à Daniel, lui faisant accroire, par un malin billet, censé écrit de la main de Bettly, que celle-ci consent à devenir sa femme.

Daniel, jeune et beau fermier, accourt, le cœur en joie, tenant le précieux papier. Il invite à la noce tous ses voisins, qui, naturellement, rient sous cape.

Bettly, rentrant chez elle, est étonnée d'y trouver Daniel, qui lui montre le billet. Elle s'empresse alors de le détromper, en lui disant qu'elle n'enchaînera jamais sa liberté. Puis elle le prie de lui lire une lettre de son frère. Chose inattendue, celui-ci conseille à Bettly de prendre justement Daniel pour mari ! Mais Bettly, persistant dans sa résolution, s'éloigne, laissant Daniel au désespoir.

Une marche militaire se fait entendre. Le sergent Max, frère de Bettly, paraît à la tête d'une escouade, et salue avec enthousiasme le sol natal [Air de Max : Arrêtons-nous ici…].

A la vue des soldats, Daniel abandonne l'idée de renoncer à la vie et prie Max de l'engager dans sa troupe. Max, bientôt au courant de ce qui s'est passé chez sa sœur, consent, par ruse, à engager Daniel, et l'envoie chercher ses papiers.

Max commence alors la comédie qu'il se propose de jouer à sa sœur. Il ordonne à ses hommes de mettre tout le chalet au pillage. Quand Bettly rentre, elle est au désespoir à la vue du désastre apporté par les soldats. Son frère, qu'elle ne reconnaît pas, lui inspire une vive terreur en déclarant que, lui et ses hommes, occuperont un certain temps le chalet.

Aussi, lorsque Daniel revient avec ses papiers, l'accueille-t-elle comme un sauveur. C'est bien ce que Max espérait. Elle décide son amoureux à rester pour la nuit ; tous deux s'installeront dans des fauteuils. Daniel, succombant à la fatigue, bientôt s'endort.

Max entre et, feignant l'ivresse, veut obtenir de Bettly un baiser. Daniel, s'éveillant alors, s'y oppose vivement, et les deux hommes vont se battre en duel. En vérité, Daniel tremble de peur, mais l'amour est plus fort que la crainte.

Bettly, affolée, s'arrangera toutefois de telle manière que Daniel oublie l'heure du duel et, quand Max arrive, furieux, elle lui déclare que Daniel est son mari. Max veut des preuves. Il oblige Daniel et Bettly à se tutoyer, puis à s'embrasser. Il demande enfin à voir le contrat. Le document est produit ; mais Bettly croit que sa signature ne vaut rien si elle n'est appuyée par celle de son frère. Max se fait alors reconnaître, et signe également. Tout s'achève dans la joie.

 

« C'est le meilleur ouvrage du compositeur, ou du moins celui qui a été le plus populaire. Le poème et la musique se valent et s'équilibrent mutuellement. Après le duo, Il faut me céder ta maîtresse, qui a de la chaleur, de l'effet et dont le style est tout à fait scénique, on ne peut guère citer que l'air de basse Arrêtons-nous ici, bien écrit dans les cordes de la voix de basse, et devenu sous ce rapport un air classique. Tout le reste est commun et trivial ; d'ailleurs orchestré avec ingéniosité, à la portée des intelligences musicales les plus bornées ; c'est de la musique française dans le sens assez abaissé du mot, et non pas telle que l'avait comprise et exprimée le maître de l'auteur du Chalet, l'illustre Boieldieu. L'opéra le Chalet a été et est encore un agréable lever de rideau ; il n'a que trois rôles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Principaux personnages : Daniel, jeune fermier ; Max, soldat suisse ; Bettly, sœur de Max.

Une jolie fille d'Appenzell a comme unique parent un frère à la guerre. Ce frère, Max, est parti il y a quinze ans servir l'Autriche, et depuis ce temps-là on s'est beaucoup battu, car nous sommes au temps des guerres de Napoléon. Depuis longtemps on est sans nouvelles de lui.

Daniel est un jeune paysan riche de la contrée, très amoureux de Bettly, dont il voudrait faire sa femme. Mais Bettly est une nature indépendante et sauvage et préfère rester fille ; l'idée d'obéir à un époux lui répugne. En cachette, Daniel a cependant écrit à Max pour demander la main de sa sœur.

Au lever du rideau, des garçons et des filles sont réunis dans le chalet de Bettly. Ils ont fait à Daniel une farce ; ils lui ont envoyé une lettre signée Bettly, par laquelle la jeune fille accepte d'être sa femme. Fou de joie, il a fait dresser le contrat et arrive pour inviter tous ses voisins, qui naturellement rient sous cape.

La désillusion n'est d'ailleurs pas longue à venir. Bettly arrive et nie avoir expédié la lettre. Daniel en reçoit un rude coup. Il voudrait s'ôter la vie, mais il n'est pas brave et n'ose. Il se fera plutôt soldat, afin de laisser à l'ennemi le soin de son trépas. Une épreuve encore lui est réservée. Bettly, qui ne sait pas lire, lui demande de lui faire connaître le contenu d'une lettre qu'elle vient de recevoir de son frère : Max revient au pays. Il se plaint à Bettly de ce qu'elle s'obstine à rester fille, alors qu'un excellent parti se présente pour elle. Loin d'être convaincue, Bettly se rebiffe contre la violence que tente de lui faire son frère et sort en interdisant à Daniel de se représenter devant elle.

Arrive Max avec une troupe de soldats ; il est méconnaissable après sa longue absence. Daniel le prie de l'engager dans sa troupe. Le sergent apprend bientôt qu'il a en face de lui l'amoureux de sa sœur, car celui-ci n'hésite pas à lui dire les raisons qui le poussent à s'engager.

Il imagine alors une ruse pour décider Bettly au mariage. Il ordonne à ses soldats de tout mettre au pillage dans le chalet. Quand Bettly rentre, elle trouve son cellier forcé, ses poules et ses lapins égorgés, et une bande de soudards en train de faire bombance. Max, qu'elle ne reconnaît pas, lui inspire une vive terreur en lui annonçant que son chalet est occupé pour un certain temps et en se montrant à son endroit d'une galanterie alarmante. Aussi, quand Daniel, qui est allé chercher ses papiers et faire ses paquets revient, elle l'accueille comme un sauveur. C'est bien ce que Max espérait. Elle décide son amoureux à rester pour la nuit et tous deux s'installent dans des fauteuils. Daniel succombe bientôt à la fatigue et s'endort.

Max entre alors et, feignant l'ivresse, veut obtenir de Bettly un baiser. Daniel s'éveille et s'y oppose. Les deux hommes se battront en duel. Daniel tremble de peur à la vérité, mais l'amour est plus fort que la crainte. Il se battra.

Ou plutôt il ne se battra pas, car Bettly, affolée. s'arrange à lui faire oublier l'heure du duel, et quand Max arrive furieux, elle lui déclare que Daniel est son mari. Max veut des preuves : successivement, il oblige Daniel et Bettly à se tutoyer, puis à s'embrasser. Il demande enfin à voir le contrat signé de Bettly. Le contrat est produit : Bettly a signé. Elle croit que sa signature ne vaut rien si elle n'est appuyée de celle de son frère. Qu'à cela ne tienne ! Max signe et se fait connaître. Et tout s'achève dans la joie, comme il convient. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

CHAMBELLAN (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Desmares, musique de Maniquet, représenté au Grand-Théâtre de Lyon en février 1837. Parmi les scènes de province, celle de Lyon s'est toujours distinguée par une hospitalité généreuse, qui malheureusement n'a guère été payée de retour.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHAMBRE À COUCHER (LA) ou UNE DEMI-HEURE DE RICHELIEU

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe, musique de Luc Guénée.

 

Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 avril 1813 avec Mme Antoinette Regnault [Lemonnier] (Mme de Guise) ; MM. Auguste Huet (le Duc de Richelieu), Chenard (le Maréchal de La Ferté), Darancourt (Dubois).

 

 

CHAMBRE BLEUE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Edouard Noël et Antony Mars, d'après la nouvelle de Prosper Mérimée, musique de Jules Bouval.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 16 janvier 1902.

Mmes Cécile EYREAMS (Gabrielle), Esther CHEVALIER (Mariette).

MM. Maurice CAZENEUVE (Prémaillac), Georges MESMAECKER (Moulinot), JAHN (Léon), Edouard MONTAUBRY (la voix de l'Anglais).

Chef d'orchestre : GIANNINI.

Seule représentation à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Un livret absolument ridicule a tué une partition qui, pour être trop ambitieuse, n'en était pas moins écrite avec un véritable talent. La première représentation produisit un effet tellement burlesque qu'on jugea inutile de renouveler l'épreuve ; elle ne fut suivie d'aucune autre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

CHAMBRE BLEUE (LA)

 

Comédie musicale en un acte, livret d’Henry Prunières, d'après la nouvelle de Prosper Mérimée, musique de Daniel Lazarus.

 

Créée à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 mai 1937 [avec une reprise de Gianni Schicchi]. Décor de Georges Mouveau, costumes d'après les maquettes d’André Dignimont. Mise en scène de Jean MERCIER.

Mme Fanély REVOIL (Emma).

MM. Louis ARNOULT (Léon), Willy TUBIANA (le garçon).

Chef d'orchestre : Roger DESORMIÈRE

 

11 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

"M. Henry Prunières a découpé avec adresse la nouvelle de Mérimée, histoire d'une nuit d'amour troublée par de prosaïques ou burlesques incidents, chansons gaillardes d'officiers en fête, tache de liquide rouge, s'étendant dans la chambre en passant sous la porte, qu'on saura vite être causée non pas par un mystérieux assassinat, mais par le bris d'une bouteille à demi vidée par un voyageur anglais. Trop soucieux peut-être de s'en tenir au texte du conteur, le librettiste n'a pas cru devoir transformer en couplets ce qui était narration des sentiments des personnages ; en sorte que ceux-ci demeurent souvent muets et obligés de se livrer à des mimiques expressives au lieu de chanter. Même ils abandonnent la scène, qui reste vide trop longtemps. On entend surtout les chansons des officiera à l'extérieur et les réflexions du domestique. Celles-ci sont faites sur ce ton de sec récitatif qui se superpose au dessin orchestral, formule utile lorsqu'il s'agit de reposer l'auditeur d'airs, de mélodies, de duos composés, ce qui n'était pas ici extrêmement nécessaire. Le compositeur s'est surtout attaché à exprimer par la seule musique instrumentale les sentiments qu'il ne pouvait confier à la voix, et à suppléer à la carence scénique par les rumeurs extérieures et les chants militaires." (Larousse Mensuel Illustré, 1937)

 

 

CHAMBRE GOTHIQUE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pierre Carmouche, musique de Victor Massé, représenté aux Folies-Dramatiques le 08 juin 1848.

 

 

CHAMPAGNE DE MA TANTE (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Hippolyte Bedeau, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1875. => fiche technique

 

 

CHAMPMESLÉ (LA)

 

Pièce mêlée de chants, jouée au Vaudeville le 11 février 1837. On a remarqué un air chanté par Mme Albert au deuxième acte, et composé par M. de Flotow. Ces compositions légères, exécutées dans les théâtres secondaires, ont frayé au compositeur le chemin vers les premières scènes.

 

 

CHANÇARD

 

Noce-vaudeville en quatre actes de Paul Burani, musique de Robert Planquette, Ben Tayoux, Léon Vasseur, Louis Goudesone et Charles Pourny. Création au Théâtre Cluny le 22 mai 1878.

 

« La pièce, demanderez-vous ? Etrange, et par-dessus le marché d’une décolleté à faire rougir jusqu’aux rédacteurs de l’Eclipse !

Une modiste, qui veut bien nous avouer que, si elle ne porte pas le bouquet de fleurs d’oranger traditionnel, c'est parce qu'elle n'y a aucun droit, se marie avec un commis.

La noce s'ébat joyeusement, quand l'époux reçoit une lettre destinée à un autre et qu'il croit envoyée par une ancienne amie. Trouble, ahurissement, car l'abandonnée menace de fondre sur la noce avec un moutard qui désirerait connaître son papa. Survient heureusement un noble inconnu à qui l'on raconte naturellement la chose, pour lui demander conseil. Cet obligeant monsieur se charge de tout arranger : il prend la mariée pour la femme attendue, croit reconnaître en elle une particulière qu'il a eu le plaisir de violer quand il était lieutenant de lanciers, l'enferme et se sauve avec la noce.

Mais voilà où la chose se corse : pendant que Chançard, c'est le nom de l'obligeant monsieur, croit reconnaître la mariée, le marié, lui, se figure avoir non moins séduit ou violé la sœur de sa femme, qui a tapé dans au susdit M. Chançard.

Les deux hommes vont donc se battre ; lorsque (heureusement, mon Dieu !) tout se découvre : ils sont frères, ils sont mêmes beaux-frères, puisque c'est bien avec sa femme que le marié a pris naguère un à-compte sur le mariage, et que c'est avec la sœur de celle-ci que Chançard a entretenu comme lancier un dialogue animé qui, paraît-il, n'avait rien de désagréable.

On marie les uns, on raccommode les autres ; tous sont heureux ; que ne pouvons-nous en dire autant !

L'interprétation est mauvaise ; seul un comique, M. Herbert, a su se faire remarquer.

Mme Mécéna (?) Marié a provoqué un fort esclaffement en chantant mal un air atrocement long. Un bon conseil à Mme Mécéna (?) Marié : qu'elle renonce au théâtre pour lequel elle n'a ni vocation ni talent ; il ne suffit pas à la scène de s'appeler Marié et d'avoir beaucoup fait parler de soi ; les Cora Pearl et autres en sont la preuve vivante, et Mme Mécéna (?) Marié fera bien de commenter leur déconvenue.

Soyez plutôt modiste, si c'est votre métier.

La musique ? Hélas ! que pouvaient devenir les airs de Vasseur, Planquette, Ben Tayoux et Pourny dans cet effondrement général ? La façon dont on les massacrait et surtout dont les musiciens (?) de l'orchestre les accompagnaient eût suffi pour faire fuir un régiment de dragons.

M. Burani a heureusement à son actif des succès qui lui permettront d'oublier cet échec ; nous regrettons seulement de voir qu'il ne se contente pas de chercher le rire dans les situations risquées et qu'il cultive maintenant la gravelure. Le latin, dans les mots, brave l’honnêteté... Que M. Burani, s'il veut reprendre la donnée de Chançard, écrive donc ses pièces en latin, ou, mieux encore, qu'il nous ramène aux bonnes soirées du Coucou et du Cabinet Piperlin.

Dernière heure. — Il paraît que l'orchestre des musiciens avait été envahi par de nobles étrangers venus pour l'Exposition. Ils ont naturellement tapé et soufflé au hasard sur les instruments, pour se donner une contenance, ce qui explique les trémolos bizarres dont nous avons été gratifiés... mais ce qui ne les excuse nullement. »

(Fabrice, l’Eclipse)

 

 

CHANSON D'AMOUR

 

[Das Dreimäderlhaus]

Comédie musicale viennoise en trois actes, livret d'Alfred Maria Willner et Heinz Reichert, d'après le roman Schwammerl, de R.-H. Bartsch, musique de Franz Schubert adaptée pour la scène par Heinrich Berté (1858-1924), orchestration d'Oskar Stalla et Heinrich Berté.

 

Personnages : Franz Schubert (baryton) ; le Baron Franz (ténor) ; Muhl, maître verrier de la Cour (basse) ; Novotny, policier (trial) ; l’Archiduc (rôle parlé) ; Volg (rôle parlé) ; Carlina, primadonna (soprano léger) ; Annette (soprano), Jeannette (soprano) et Nanette (mezzo-soprano), filles de M. Muhl ; Madame Muhl (mezzo-soprano ou alto) ; Douze petits rôles (6 masculins, 5 féminins, 1 d'enfant) ; Chœurs : invités, policiers, danseuses, voisins, bonnes, etc.

 

Créé le 15 janvier 1916 à Vienne, Raimund-Theater, avec Fritz Schrödter (Schubert) et Anny Rainer (Hannerl).

 

Version française d'Hugues Delorme (1868-1942) et Léon Abric (1869-1942), créée au Théâtre Marigny le 07 mai 1921. Reprise à la Gaîté-Lyrique le 04 décembre 1928.

 

Représenté dans la version originale au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 20 juin 1933.

"C'est encore un arrangement, mais cette fois habile, et qui met en scène Schubert lui-même, amoureux maladroit mais génial musicien. Prétexte à faire chanter les plus ravissantes de ses mélodies, ce qui implique toujours le succès. Il fut d'autant plus vif qu'en l'espèce l'acteur célèbre Richard Tauber était le principal interprète de cette pièce, déjà jouée en France sous le titre de Chanson d'amour." (Larousse Mensuel Illustré, 1933)

 

Résumé.

L'action, se déroulant à Vienne, en 1826, met en scène Schubert, qui s'éprend d'une des trois filles de Maître Muhl, verrier de la Cour. Sa timidité est toutefois si grande qu'il n'ose se déclarer, ce qui fait qu'Annette tombe dans les bras de Franz, l'ami de Schubert, lequel l'avait prié de chanter à sa place sa chanson d'amour ! Résigné, Schubert trouvera consolation dans la musique.

 

ACTE I. — Une auberge de campagne, non loin de Vienne.

Annette, fille aînée de M. Muhl, maître verrier de la Cour, a accompagné ses deux sœurs, Nanette et Jeannette, à un rendez-vous que leur ont donné Binder, maître de poste, et Brunel, maître sellier. M. Muhl qui se doute de quelque chose, a suivi ses filles et guette leur sortie, Annette reconnaît heureusement, dans un groupe d'artistes en train de banqueter, le baron-poète Franz, une connaissance de son père. Mis au courant de la situation, Franz trouve le moyen d'arranger les choses ; comme, parmi ses camarades, se trouve le compositeur Schubert qu'il sait fort goûté de Muhl, les trois jeunes filles n'auront qu'à prétexter être venues là pour demander à l'artiste des leçons de chant. M. Muhl accepte d'autant plus aisément l'explication qu'il est enchanté de faire la connaissance de Schubert. Franz lui présente aussi Binder et Brunel et réussit à les lui faire agréer pour gendres. Quant à Annette, elle trouble simultanément le cœur de Franz et celui de Schubert. L'acte s'achève par une retraite aux accents de la plus célèbre des Marches militaires du compositeur viennois.

ACTE II. — Salon chez M. Muhl.

Au moment où se lève le rideau, Schubert est au piano, achevant l'exécution du « Moment musical » qui sert d'introduction à l'acte. C'est jour de fête dans la famille Muhl, dont les deux filles cadettes se marient.

Schubert est bien près de déclarer son amour à Annette, dont toute l'attitude est une tendre invitation. Mais sa timidité l'arrête et c'est à Franz qu'il demande de chanter à sa place la Chanson d'amour composée pour elle [Ich schnitt es gern in alle Rinden ein... / Avec ferveur au faîte des rochers...]. A l'ouïe de cette chanson que Franz dit avec trop de conviction, Annette découvre son propre cœur. Elle a beau avoir, à l'adresse du chanteur, quelque ressentiment à cause de l'intérêt que lui porte une chanteuse de l'Opéra, la Carlina, elle n'est plus maîtresse d'elle-même, et, devant Schubert effondré, elle déclare son amour pour Franz.

ACTE III. — Un restaurant en plein air, dans les environs de Vienne.

Schubert, apaisé, calme les scrupules de Franz à son égard. La Carlina vient bien, il est vrai, essayer de reconquérir le baron, mais Schubert réussit à l'éloigner de lui, afin qu'il puisse épouser Annette ; elle quitte d'ailleurs, d'autant plus facilement le baron Franz qu'un archiduc l'attend. Mais la Carlina doit auparavant se débarrasser encore du brave M. Muhl, qui a quelque peu perdu la tête pour elle !

Quant à Schubert, résigné, il se consacrera désormais uniquement à son art, dans lequel il trouvera la force nécessaire pour oublier...

 

 

CHANSON DE FLORENTIN (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Louis Bouvet, musique d’Eugène Poncin.

 

Représenté au Concert Brunin, le 19 mai 1902.

 

 

CHANSON DE FORTUNIO (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Hector Crémieux et Jules Servières [pseudonyme de Ludovic Halévy], musique de Jacques Offenbach, représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 05 janvier 1861 avec Mmes Chabert (Madame Fortunio), Pfotzer (Valentin), Baudoin (Babet), Rose Deschamps (Guillaume), Taffanel (Landry), Lécuyer (Sylvain), Nordi (Saturnin), MM. Désiré (Maître Fortunio), Bache (Friquet).

 

« Il y a de la sensibilité, de l'élégance et de la distinction dans la musique, et en cela elle dépasse de beaucoup la donnée commune du livret. La Chanson de Fortunio, qui est devenue populaire, a été écrite sur les vers d'Alfred de Musset :

 

Si vous croyez que je vais dire

Qui j'ose aimer,

Je ne saurais, pour un empire,

Vous la nommer.

 

Désiré, Bache, Mlle Pfotzer ont joué les rôles de Fortunio, du petit clerc Friquet et de Valentin. Mlle Chabert a créé avec un talent charmant celui de Laurette. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

Représenté au Théâtre des Variétés, en 1895 ; au Théâtre du Trianon-Lyrique, le 28 janvier 1910.

 

 

CHANSON DE L’AUBÉPIN (LA)

 

Opérette en un acte, musique d’Amélie Perronnet, représentée à la salle Ventadour le 12 mars 1877 dans une représentation au bénéfice de Mlle Stella Colas.

 

 

CHANSON DE L’ÉTOILE (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Alfred Blau et Edouard Blau, musique de Gérôme, représenté aux Folies-Marigny le 03 décembre 1872.

 

 

CHANSON DE LAUJON (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Lejeune, représenté à Calais en septembre 1862.

 

 

CHANSON DE PARIS (LA)

 

Pièce lyrique en trois actes, livret de Raoul Charbonnel, musique de Francis Casadesus.

 

Création au Théâtre du Trianon-Lyrique le 19 novembre 1924. Décors de Dethomas, costumes de la maison Guilbet. Mise en scène de Léon JOUBERT : Mmes Marguerite FANELLI (Rosette), Andrée MOREAU (la Froment). MM. Albert PAILLARD (Jean), Max MARRIO (le Père Froment), GILBERT-MORYN (le colporteur), Francis LENZI (un moissonneur, un jeune homme). Danses réglées par Christine KERF.

Chef d'orchestre : Louis MASSON.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 16 octobre 1941, dans une mise en scène de Jean Mercier.

Mmes Ginette GAUDINEAU (Rosette), Suzanne DARBANS (la Froment).

MM. Raymond MALVASIO (Jean), Louis GUENOT (le Père Froment), René BONNEVAL (le colporteur), Pierre GIANNOTTI (un moissonneur, un jeune homme).

Danses réglées par Constantin TCHERKAS.

Chef d'orchestre : Eugène BIGOT.

 

15 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Les Froment frère et sœur ont recueilli, à la campagne, une Parisienne, Rosette, leur cousine, dont s'éprend naturellement le fils Froment. Les jeunes gens se marient malgré l'hostilité de la tante. Mais Rosette est reprise par le désir de Paris : après une dispute pour un motif futile, elle disparaît. Mais ce sera pour revenir quand elle connaît la tristesse de l’abandonné. Ce thème fait penser à Louise, et la musique de M. Francis Casadesus n’est pas sans parenté avec celle de Gustave Charpentier. Elle a de l'émotion, mais elle ne tombe jamais dans la vulgarité. Elle emprunte avec adresse des thèmes populaires, et le finale du premier acte a été fort goûté. »

(Larousse Mensuel Illustré, décembre 1924)

 

 

CHANSON DE TZIGANE (LA)

 

Pièce en un acte et en vers de H. de Fleurigny, avec musique de scène de Paul Vidal, représentée au théâtre des Nouveautés en juin 1890.

 

 

CHANSON DU BONHEUR (LA)

 

Opérette en huit tableaux, livret d'André Mauprey, d'après Herzer, Lohner et Willmer-Bodansky, musique de Franz Lehár. Création à la Gaîté-Lyrique le 02 novembre 1935 avec Mmes Georgette Simon (la princesse de Lichtemberg), Lyne Clevers (Mercédès del Oro), Nina Myral (la duchesse) ; MM. André Burdino (le prince Georges), Roger Tréville (comte Karlovitch), Félix Oudart (le roi), Morton (le guide) ; chef d'orchestre : M. Gressier.

 

« L'histoire n'est point d'une nouveauté particulière : un fils de roi ne veut pas épouser une princesse qu'il n'a jamais vue, et il s'éprend d'une inconnue qui n'est autre que celle-ci en sorte que tout sera pour le mieux dans le monde des opérettes. Mais les auteurs ont eu du moins la bonne idée de rafraîchir un peu le décor : tout un tableau se passe au sommet d'un rocher, posé sur un plateau tournant, et cela nous vaut d'assez belles vues d'orage et de nuit étoilée ; un autre sur une piste de glace devant un hôtel de montagne, et nous assistons aux débats des patineurs. Au surplus, la partie décorative réglée par Paul Colin abonde-t-elle en jolies trouvailles de couleurs, en accords de noirs et d'orangés pour le ballet espagnol, ou plutôt brésilien, en jeux de verts et jaunes pour la fête des neiges, en antithèses de noirs et blancs pour le tango final.

La partition de Franz Lehár est sans doute l'une des plus réussies qu'il ait écrites depuis la Veuve joyeuse. Il faut en accepter le parti, se résigner à un mélange de toutes les formes, à un désir chez le compositeur de se hausser à l'opéra-comique ; il faut aussi en accepter le ton populaire, dont la facilité tourne parfois à une sentimentalité douteuse ; mais on ne peut refuser à l'auteur une grande abondance d'idées mélodiques et une sincérité d'expression qui touche assurément le public : sa « pampa », en particulier, a une franchise qui convient admirablement aux trombones et au plein air.

La pièce est bien chantée par Mme Georgette Simon et M. André Burdino, et jouée dans un mouvement allègre, sans prétention, par M. Oudart, roi qui ne s'en laisse pas accroire, et M. Morton, guide improvisé désopilant. »

(Larousse Mensuel Illustré, 1935)

 

 

CHANSON DU ROI (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lionel Bonnemère, musique de Frédéric Toulmouche, représenté à Fougères le 07 janvier 1894.

 

 

CHANSONNIER DE LA PAIX (LE)

 

Divertissement en vaudevilles en un acte, livret de René-Charles Guilbert de Pixerécourt, Emmanuel Théaulon de Lambert et Adrien Pillon-Duchemin, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 11 octobre 1801.

 

 

CHANSONS DU BOIS D'AMARANTHE (LES)

 

Musique de Jules Massenet. Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier), le 24 décembre 1907, au cours d'un Gala, avec Mmes Louise Grandjean, Lucy Arbell, MM. Francisque Delmas, Lucien Muratore. Orchestre sous la direction du compositeur. Seule audition à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CHANT DE GUERRE

 

À-propos patriotiques de Tonnelier.

Musique de Florent SCHMITT.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier), le 18 mai 1916. Mise en scène d'Octave Labis.

Mme Yvonne GALL et les Chœurs de l'Opéra.

Chef d'orchestre : Camille CHEVILLARD.

2 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CHANT DE LA CLOCHE (LE)

 

Légende dramatique en un prologue et sept tableaux, d’après Das Lied von der Glocke, poème de Friedrich von Schiller (1799), poème et musique de Vincent d'Indy (composé entre 1878 et 1883).

 

Première audition (version de concert) à Paris, Eden-Théâtre, par les Concerts Lamoureux, le 25 janvier 1886, avec Mme BRUNET-LAFLEUR (Léonore), et M. Ernst VAN DYCK (Wilhelm), sous la direction de Charles LAMOUREUX.

 

Première représentation à Bruxelles, au Théâtre Royal de la Monnaie le 21 décembre 1912

Mmes Fanny HELDY (Léonore), BARDOT (la Mère), GIANINI et CARLI (Deux Esprits de Rêve).

MM. GIROD (Wilhelm), DUA (Martin Pyk), DOGNIES (Kaspar Bitterli), DEMARCY (Heinrich Dumin, un Prêtre), DANLEE (Jonas Hartkopf), GROMMEN (Maître Dietrich Leerschwubst), BOUILLIEZ (le Doyen des Maîtres), DUFRANNE (Johann, un Héraut).

Chef d'orchestre : Sylvain DUPUIS

N. B. Vincent d'Indy a dirigé son ouvrage quatre fois à la Monnaie.

 

Première fois à Paris, au Palais Garnier, (2e tableau seulement), le 13 janvier 1916. Mise en scène d'Octave Labis.

Mme LUBIN (Léonore), M. LAFFITTE (Wilhelm).

Chef d'orchestre : Camille CHEVILLARD

 

4 représentations à l’Opéra (2e tableau seul) au 31.12.1961.

 

« C'était l'œuvre couronnée, en 1885, au concours ouvert périodiquement par la ville de Paris pour une composition symphonique et vocale qui ne se rattache ni au théâtre, ni à la musique religieuse ; mais ce ne fut pas sans combat que celle-ci fut victorieuse. Dix-sept partitions avaient été présentées à ce concours, par MM. Vincent d'Indy, Jean Cousin, Georges Hüe, Gaston Meynard, A. Dietrich. Émile Ratez, Jules Lacoustène, Paul Deschamps, Alfred Rabuteau, Charles Devéria, Eugène Mestres et plusieurs anonymes. Après un premier examen de ces dix-sept partitions, le jury en avait écarté treize, réservant pour son jugement définitif les quatre œuvres dont la valeur lui semblait supérieure. C'étaient le Chant de la cloche, de M. Vincent d'Indy, Rubezahl, de M. Georges Hüe, Merlin enchanté, de M. Georges Marty, et une quatrième due à l'un des anonymes, qui était M. Chapuis. Ces quatre concurrents furent invités par le jury à se présenter devant lui pour lui faire entendre leurs compositions au piano, après quoi il fut procédé au vote. C'est là que la bataille fut chaude. Les votants étaient au nombre de dix-neuf ; la majorité absolue était donc de dix voix. Dès le premier tour de scrutin, la situation fut nettement dessinée, mais non établie : c'est-à-dire que deux des quatre œuvres réservées furent écartées du coup et que les deux autres se partagèrent également les suffrages, neuf contre neuf et un bulletin blanc. Les deux compositions ainsi mises en présence et en lutte étaient le Chant de la cloche et Rubezahl. Un deuxième tour amena le même résultat, et l'on peut dire que rarement obstination pareille se produisit dans un vote, car sept scrutins successifs ne purent départager les voix, qui se trouvaient toujours neuf contre neuf, grâce à la persistance du bulletin blanc, qui s'immobilisait dans son abstention. Enfin, au huitième tour, celui-ci consentit à s'animer, et dix voix se prononcèrent en faveur du Chant de le cloche, contre les neuf qui demeuraient fidèles à Rubezahl. M. V. d'Indy était vainqueur. Il était difficile pourtant, en de telles conditions, de déclarer que M. Hüe était vaincu. Le jury eut le bon sens et le bon goût de le comprendre, et il résolut de décerner une prime de 6,000 francs en dehors du prix (10,000 francs) attribué au Chant de la cloche. Mais il fut décidé qu'on voterait de nouveau, et, cette fois, dès le premier tour de scrutin, quatorze voix se déclaraient en faveur de Rubezahl, tandis que cinq se réunissaient sur le Merlin enchanté, de M. Georges Marty.

C'est dans la salle de l’Éden-Théâtre, sous la direction et avec le personnel de M. Lamoureux, Mme Brunet-Lafleur et M. Van Dyck étant chargés des soli, qu'eut lieu l'audition officielle du Chant de la cloche. Si l'on ne considérait que la sûreté de main, l'étonnante habileté technique, la facilité rare dans le maniement de l'orchestre, tout ce qui tient au côté matériel de la musique, on ne pourrait qu'applaudir au choix fait par le jury. Mais ceux qui demandent à l'art quelque chose de plus, qui souhaiteraient parfois un peu d'inspiration, d'émotion, de sensibilité, ceux-là seraient évidemment et profondément déçus en écoutant le Chant de la cloche, où le chant n'est qu'une éternelle déclamation, où l'on ne remarque que des recherches harmoniques incessantes, des combinaisons instrumentales brillantes et bruyantes, une tension continuelle vers la couleur et l'effet brutal. Mais jamais de plan arrêté, jamais une phrase dessinée, jamais l'ombre de sentiment ni de poésie. Il y a dans cette partition, certainement et étonnamment remarquable au point de vue de la patte, pour me servir d'un terme d'argot artistique, il y a de la grandeur parfois, de la couleur souvent, du bruit toujours, mais de l'émotion, du sentiment, de l'imagination, jamais ! C'est proprement le comble de la sécheresse et de l'insensibilité, et il ne semble pas qu'un tel résultat soit celui auquel doive tendre le plus émouvant et le plus enchanteur de tous les arts. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CHANT DE PAIX DANS LE GENRE GALLIQUE

 

[Les Chants des Bardes en l'honneur de la Paix et à la gloire des Héros]

Paroles de Baour-Lormian, musique de Le Sueur. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre de la République et des Arts] (salle Montansier) le 14 avril 1802 (24 germinal an X).

 

« Cette cantate dans le genre gallique ne fut point composée à l'occasion de la paix d'Amiens (25 mars 1802), ainsi que l'a dit Castil-Blaze ; le livret du concert donné au Théâtre des Arts, le mercredi 24 germinal an X, porte que les Chants des Bardes sont « des fragments extraits de l'opéra d'Ossian ou les Bardes, dont on va bientôt s'occuper au Théâtre des Arts ».

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CHANT DE VICTOIRE EN L'HONNEUR DE NAPOLÉON

 

[Chant de victoire en l’honneur de S. M. l’empereur et roi et des exploits de la grande armée]

Scène lyrique, paroles de Baour-Lormian, musique de Lesueur et Persuis, exécutée à l'Opéra le dimanche 09 novembre 1806.

 

 

CHANT DES TROPIQUES (LE)

 

Opérette en deux actes et quatorze tableaux, livret de Sauvat et Champfleury, musique de Moïses Simons. Création au Théâtre de Paris le 04 octobre 1936.

 

"Faible mélange d'effets empruntés au Châtelet et à l'opérette américaine qui a inspiré au compositeur une musique souvent banale, quoique habile et bruyante." (Larousse Mensuel Illustré, 1936)

 

 

CHANT DES VENGEANCES (LE)

 

Intermède mêlé de pantomimes, paroles de Rouget de Lisle, musique de Rouget de Lisle et Frédéric Eler. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre de la République et des Arts] (salle Montansier) le 07 mai 1798 (18 floréal an VI).

 

« L'auteur de la Marseillaise écrivit les paroles et la musique de cet intermède mêlé de pantomimes ; mais, comme il n'était qu'un musicien médiocre, il lui fallut recourir à une plume exercée pour l'instrumentation de son œuvre.

Le livret, imprimé chez Ballard, porte cette note au verso du titre :

« Le cadre et les paroles de cet intermède sont de Joseph Rouget de Lisle.

La musique est de J.-R. Delisle, et de Frédéric E... »

Laquelle de ces deux orthographes, de Lisle ou Delisle, est la bonne ? Nous avons adopté celle des derniers autographes de l'auteur de la Marseillaise. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CHANT DU CYGNE (LE)

 

Opéra-comique, paroles de M. Aubin, musique de M. Dupouy, représenté à Rouen en février 1903. L'auteur était chef de musique au 74e de ligne.

 

 

CHANT DU DÉPART (LE)

 

Hymne patriotique et guerrier, paroles de Marie-Joseph Chénier, musique d'Etienne-Nicolas Méhul.

 

Première exécution à Paris, Jardin des Tuileries, le 04 juillet 1794.

 

Représenté au Théâtre de l'Opéra [Théâtre des Arts] (salle Montansier) le 29 septembre 1794 (8 vendémiaire an III) [après Iphigénie en Tauride], dans une mise en scène de Pierre Gardel.

Mme MAILLARD, M. LAYS, les Chœurs et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Jean-Baptiste REY

 

Première fois au Palais Garnier, le 14 juillet 1883 (117e représentation) dans une mise en scène de REGNIER.

Alphonsine RICHARD, Auguste-Acanthe BOUDOURESQUE et les Chœurs.

Chef d'orchestre : MADIER DE MONTJAU

 

120e à l'Opéra, le 29 juin 1939.

M. Charles CAMBON et les Chœurs.

Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT

 

120 représentations à l’Opéra dont 4 au Palais Garnier au 31.12.1961.

 

Il fut exécuté pour la première fois à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 décembre 1914 dans une réalisation scénique de Pierre-Barthélemy Gheusi (Voir : « Soldats de France »).

56 auditions à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CHANT DU RETOUR (LE)

 

Cantate pour sa Majesté l'Empereur, paroles de M. de Grandmaison, musique d’Henri Montan Berton (1806).

 

 

CHANT DU RETOUR (LE)

 

Cantate pour sa Majesté l'Empereur, paroles d’A. Louis Beaunier, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 juillet 1807.

 

 

CHANT DU TZIGANE (LE)

 

Opérette en deux actes d'après Hacbach, livret d'André Mouëzy-Eon, lyrics de Wernert, musique de Romberg. Première au théâtre du Châtelet le 11 décembre 1937 avec Mmes Gabrielle Ristori, Dany Lorys, Suzanne Laydeker, Gabrielle Faray ; MM. André Baugé, Cassel, Rivers Codet, Robert Allard, Jean, Coiseau, Marco Béhar, Fanica Luca ; dir. Sylvio Mossé.

"L'action qui se passe en Karolie, pays proche de la Hongrie et de la Roumanie, est prétexte à montrer des costumes vifs, des danses populaires, des aventures policières, des trucs et même un joueur de flûte de Pan." (Larousse mensuel illustré, janvier 1938)

 

 

CHANT DU XXe SIÈCLE (LE)

 

Hymne de Henri de Boulier, sur la musique de Etienne-Nicolas Méhul.

 

Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 11 novembre 1900, au cours d'un Gala à bénéfice. — Mise en scène de Jules CLARETIE.

Mmes DUDLAY (Paris), PIERSON (une Mère), SEGOND-WEBER (la Fiancée).

MM. MOUNET-SULLY (le Poète), SILVAIN (le Paysan), BAILLET (l'Ouvrier), A. LAMBERT (le Fils).

Chef d'orchestre : Edouard MANGIN.

Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CHANTEUR DE MÉDINE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de De Longchamps, musique de François-Marie Demol, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 18 mars 1881, avec Mme Lonati (Zulma), MM. Lefèvre (Sélim), Chappuis (Hassan), Guérin (Aboulifar).

 

 

CHANTEUR DE ROMANCES (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret des frères Armand et Achille Dartois, musique de Felice Blangini, représenté aux Variétés le 05 novembre 1830. Cette pièce est aussi désignée sous ce titre : le Chanteur de société. A l'exception de Nephtali, du Sacrifice d'Abraham, les trente opéras-comiques de Blangini n'offrent que des banalités qui correspondaient au mauvais goût de la majorité du public français à cette époque. On ne peut nier qu'il n'y ait de la grâce et de l'expression dans ses romances et ses nocturnes, particulièrement dans les Souvenirs, M'aimeras-tu ? Il faut partir, le Baiser, le Retour ; mais toutes ces compositions sont comme imprégnées de l'atmosphère chargée de senteurs factices au sein de laquelle leur éclosion eut lieu. Blangini fut le chanteur de romances du Consulat et de l'Empire et l'interprète des fadeurs des femmes à la mode. Il a eu pour élèves la reine de Bavière, la reine de Westphalie, le roi de Hollande, la reine Hortense, la princesse Pauline Borghèse.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHANTEUR FLORENTIN (LE)

 

Scène lyrique de Alfred Blau et Edouard Blau, musique de Jules Duprato, représentée aux Fantaisies-Parisiennes le 29 novembre 1866. La scène se passe à Florence. La signora Sylvia reste froide et insensible au milieu des jeunes seigneurs qui forment sa cour. Survient un petit chanteur. Son improvisation touche le cœur de la belle, qui congédie son brillant entourage et lui préfère la société du chanteur florentin. Sur ce canevas léger, M. Duprato a écrit une musique agréable et instrumentée avec beaucoup de délicatesse. On a remarqué une villanelle à trois voix. Chanté par Engel et Mlles Géraizer, Bonelli, Rigault, Eléonore Peyret et Antoinette Arnaud.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHANTEUSE VOILÉE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Adolphe de Leuven, musique de Victor Massé. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 novembre 1850, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mlle Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Palomita), MM. Audran (Velasquez), Bussine (Perdican).

 

Le grand peintre Vélasquez est le principal personnage de la pièce. Il vit à Séville criblé de dettes. Palamita, sa servante, sous le nom de Lazarilla, s'échappe tous les soirs, couverte d'un voile : elle va chanter sur la grande place, et rapporte dans le pauvre logis de l'artiste la recette de chaque soirée. Quelques seigneurs ont formé le projet d'enlever la gitana qui se réfugie dans l'atelier du peintre. Elle ôte son voile et Vélasquez reconnaît sa servante. Comme il l'aimait déjà, ce trait de dévouement le détermine à l'épouser. Malgré l'invraisemblance de ce canevas, l'habileté des détails l'ont fait réussir, et surtout la musique gracieuse du compositeur dont cet opéra a été le coup d'essai théâtral. On a remarqué l'ouverture, qui se compose d'un solo de cornet à pistons d'une grande suavité, d'un joli boléro et d'un allegro d'un caractère espagnol plein d'entrain. La cantatille à deux voix : Tous les soirs sur la grande place, la romance d'Une lampe mourante, le grand duo de la scène de la pose du modèle entre Vélasquez et Palamita, le boléro : l'Air au loin retentit du son des castagnettes, sont les morceaux les plus applaudis de ce charmant ouvrage, bien interprété par Audran, Bussine et par Mlle Lefebvre.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHANTS ET DANSES DE LA BOURRÉE

 

Chants et Danses folkloriques du Massif Central.

Première fois au Palais Garnier le 20 juin 1929, en fin d'une représentation du « Mas » de Joseph Canteloube.

Le Groupe folklorique « La Bourrée ».

Maître de danse : Maurice MULLER.

Direction musicale : FONTBERNAT.

Seule audition à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CHANTS RELIGIEUX RUSSES

 

Musique ancienne et moderne des compositeurs russes Alexis LVOW, BORTMANSKI, ARKHANGELSKI, CHEREMETEFF et GRETCHANINOFF.

Première fois au Palais Garnier le 26 décembre 1915.

Les Chœurs de l'Opéra et de l'Eglise russe de Paris.

Chef des chœurs : Célestin BOURDEAU

Seule audition à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

CHAOS (LE)

 

Ambigu-comique en quatre actes, en prose, avec un prologue et un divertissement, paroles de Legrand et Dominique, musique de Mouret, représenté aux Italiens le 23 juillet 1725. Cette pièce est une parodie de l'opéra des Eléments, ballet dont Lalande et Destouches composèrent la musique, et dans lequel le roi dansa aux Tuileries en 1721.

 

 

CHAPEAU DU ROI (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Edouard Fournier (Orléans, 15 juin 1819 Paris, 10 mai 1880), musique de Louis Henri Jean Caspers (Paris, 02 octobre 1825 Paris 4e, 14 mai 1906), représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 avril 1856 avec Mmes Irma Sophie Pannetrat, Marie Garnier (Jeanne), MM. Meillet, Achard.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 10 en 1856.

 

« Il s'agit d'un chapeau du roi Louis XI, que le monarque donne à un forgeron, après avoir mis dans la coiffe le brevet d'une charge à la cour, qui aide à conclure un mariage projeté entre Jeannette, fille du forgeron, et Olivier, son fiancé. La musique a été jugée bien écrite, et on a applaudi quelques couplets. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHAPELLE (LA)

 

« Page lyrique », poème flamand de Nestor de Tière traduit en français par Paul Gilson, musique de Jan Blockx, représenté au théâtre flamand d'Anvers le 07 novembre 1903.

 

 

CHAPELLE ET BACHAUMONT

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Armand Barthet, musique de Jules-Alfred Cressonnois. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 juin 1858. On suppose aux deux amis des aventures dont l'histoire, les mémoires du temps et leur correspondance ne disent pas un mot. On aurait pu trouver, dans le récit de leur voyage, plus d'un sujet de pièce moins vulgaire. La partition renferme quelques jolis motifs, entre autres les couplets de Rosette : Je suis dans le Royal-Dragons. Le compositeur est actuellement l'habile chef de la musique des guides.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHAPERON ROUGE (LE)

 

Conte en trois actes, de H. Lefebvre, avec musique de Francis Thomé, représenté à l'Odéon le 07 avril 1900.

 

 

CHAPERONS BLANCS (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d'Esprit Auber. Création à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 09 avril 1836, avec Mmes Zoé Prévost (Marguerite), Monsel (Ursule) ; MM. Jean-Baptiste Chollet (Louis de Mâle, comte de Flandre), Henri (Gilbert), Achille Ricquier (Vanderblas), Thénard (Gautier), Génot (un seigneur), Deslandes (Berghem), Victor (Arnould), Léon (Pettersen).

 

« Malgré les situations fausses d'un mauvais mélodrame, l'inspiration n'a pas fait défaut à M. Auber dans cet ouvrage. On peut citer les couplets de table chantés par M. Chollet, le quatuor : Que sa démarche est belle, la polonaise du troisième acte, et le duo : O trahison ! ô perfidie ! chanté par Chollet et Mlle Prévost. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHAPITRE SECOND (LE)

 

Comédie en un acte et en prose, mêlée de chants, livret d’Emmanuel Dupaty, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 17 juin 1799 (29 prairial an VII), avec Mmes Saint-Aubin (Céleste de Saint-Ange, jeune veuve) et Carline-Nivelon (Emma Dearlove, très jeune officier de hussard).

 

« La partition en a été gravée, mais cet ouvrage n'a pas été repris ; il a eu le même sort que les vingt-quatre autres opéras-comiques de ce chanteur, à l'exception d'un ou deux peut-être ; les ariettes de Solié appartiennent par leur facture au genre du vaudeville et font bonne figure dans la Clef du caveau. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHAR (LE)

 

Opéra-comique en un acte et en vers, livret de Paul Arène et Alphonse Daudet, musique d’Émile Pessard. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 janvier 1878 ; décors de Philippe Chaperon, costumes de Théophile Thomas, avec Mmes Galli-Marié (Alexandre), Irma Marié (Briséïs), M. Alfred Maris (Aristote).

 

« Scarron a semé de quelques traits d'esprit son Énéide travestie ; Desmoustiers a montré autant de goût que de finesse dans ses Lettres à Émilie sur la mythologie ; Daumier a déployé un robuste talent de dessinateur dans ses caricatures des héros de l'antiquité ; après eux, des auteurs et des artistes modernes ont cherché à tirer des sociétés grecque et romaine des sujets plus ou moins familiers ; en peinture, M. Gérome, M. Hamon ; en littérature, M. Émile Augier ; en musique, M. Ambroise Thomas et M. Victor Massé dans Psyché et dans Galatée. Puis sont venues les parodies grotesques de M. Offenbach : Orphée aux Enfers, la Belle Hélène ; les cocasseries de M. Hervé. Un peu de réflexion doit suffire pour montrer qu'il faut posséder beaucoup de goût et de mesure pour traiter au théâtre et dans des œuvres de demi-caractère les épisodes et les légendes antiques. Dans la pièce dont il s'agit, Alexandre, au milieu d'une leçon d'arithmétique que lui donne Aristote, en est distrait par la présence d'une esclave, dite Gauloise, malgré son nom grec, Briséis, qui vient laver à la fontaine. Après une petite scène de lutinerie, interrompue par l'arrivée du précepteur, l'esclave, menacée d'être congédiée, s'arrange de manière à rendre amoureux d'elle le philosophe lui-même, au point qu'elle l'amène à faire toutes ses fantaisies, à s'atteler à un char, revêtu du harnais et le mors à la bouche, et à la traîner ainsi. Alexandre monte derrière elle pendant le trajet, et lorsque Aristote se retourne, étonné du fardeau qu'il tire, il voit avec stupeur qu'il a été bafoué et comprend la puissance irrésistible de l'amour. Des détails vulgaires et le style d'opérette qu'on lui a donné ont gâté ce livret tiré du fabliau d'Aristote. Les imagiers du moyen âge représentaient souvent cette légende sur les vitraux et les sculptures des cathédrales comme une leçon morale. On y voyait un philosophe, désigné par plaisanterie sous le nom d'Aristote, mains et genoux à terre, portant sur son dos une courtisane. On ne devait transporter au théâtre cette image des influences de l'amour qu'au moyen d'une affabulation gracieuse et délicate. On comprend Hercule aux pieds d'Omphale, Samson aux genoux de Dalila ; une Nausicaa peut traverser un poème, mais elle ne saurait fournir un sujet d'opéra-comique, avec Aristote et Alexandre pour partenaires, tous deux épris d'une blanchisseuse qui leur parle de ses camarades du pont de Sèvres :

 

Quand vient le temps des grandes eaux,

Le bourg se voit à peine,

Perdu qu'il est dans les roseaux,

Les roseaux de la Seine ;

C'est là, n'en soyez pas surpris,

Que fleurit, parmi les iris,

Une fleur peu commune :

La fillette de nos pays

Qui n'est blonde ni brune.

 

C'était sacrifier toute littérature au genre de l'opérette que de mettre en scène Alexandre déjà assez grand pour conter fleurette et de lui faire débiter un duo avec Aristote sur ces paroles : Deux fois trois font six, deux fois cinq font dix ; de lui faire étendre du linge et baiser les bras d'une esclave délurée pendant qu'il en reçoit des soufflets. De telles plaisanteries auraient dû être écartées par un compositeur d'esprit et de goût comme M. Émile Pessard. Les morceaux les plus remarqués dans ce petit ouvrage sont : l'ouverture, dont les développements et le caractère n'ont aucun rapport avec le sujet, mais qui en soi est bien traitée ; le motif d'accompagnement du premier duo, les couplets de Briséis, la valse chantée, Mais je les tiens, tes jolis doigts. Distribution : Alexandre, Mme Galli-Marié ; Briséis, Mme Irma Marié ; Aristote, M. A. Maris ; le roi Philippe, un confident, des gardes complètent le personnel de la pièce. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CHARBONNIER EST MAÎTRE CHEZ LUI

 

Opérette en un acte, livret de William Busnach et Clairville, musique de Clairville fils, représentée au Château-d’Eau le 29 novembre 1874.

 

 

CHARBONNIÈRE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d’Alexandre Montfort. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 octobre 1845, avec Mmes Arthémise Duval (Agathe), Zoé Prévost (Mme Bertrand) ; MM. Chaix (le Duc de Champcarville), Audran (Charles d'Aspremont), Achille Ricquier (Jérôme), Honoré Grignon (M. Rigobert), Mocker (Gervais dit Brindamour), Garcin (Flatmann).

 

« Le livret est assez invraisemblable. Une charbonnière vendéenne, nommée Mme Bertrand, a sauvé la vie, en 1793, à un personnage nommé Rigobert. Elle doit prendre la fuite et confier son enfant à des passants sur la grande route. Elle arrive en Westphalie, où elle ne tarde pas à faire une fortune immense. Elle retrouve son fils colonel, portant le nom de d'Apremont et sur le point de conclure un mariage avec la fille d'un émigré, M. le duc de Champcarville. La révélation de la naissance plébéienne du colonel fait rompre cette union. La charbonnière reconnaît heureusement, dans un prince régnant d'Allemagne, le personnage à qui elle a sauvé la vie. Rigobert Ier donne des lettres de noblesse à Mme Bertrand, et tout s'arrange. La partition n'a pas sauvé le livret d'une chute complète. Elle n'offre que des mélodies peu développées et sans intérêt, sauf une romance chantée par Audran, et un bon quatuor. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHARBONNIERS (LES)

 

Opérette en un acte, livret de Philippe Gille, musique de Jules Costé, représentée au Théâtre des Variétés le 04 avril 1877 ; première à l'Opéra de Paris le 23 décembre 1880. => fiche technique

 

 

CHARLATAN (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Lacombe, musique de Sodi, représenté aux Italiens le 17 novembre 1756. Cette pièce est imitée d'un intermède italien intitulé le Médecin ignorant. L'auteur, célèbre virtuose sur la mandoline, a été le maître de musique de Mme Favart.

 

 

CHARLES COYPEL ou LA VENGEANCE D'UN PEINTRE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Léger, musique de Jadin, représenté sur le théâtre Montansier le 25 octobre 1805.

 

 

CHARLES D’ANJOU

 

Opéra en quatre actes, livret de Labor, musique de Dietrich, représenté à Dijon le 23 février 1893.

 

 

CHARLES DE FRANCE ou AMOUR ET GLOIRE

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Armand Dartois, E. de Rancé et Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de François-Adrien Boieldieu et Herold. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 juin 1816.

 

 

CHARLES II

 

Opéra, livret de Gabriel Marie Legouvé et Mme Dufrenoy, musique d'Henri Montan Berton (édité avant 1809).

 

 

CHARLES II

 

Opéra en un acte, musique de Bovery, représenté sur les théâtres des banlieues de Paris.

 

 

CHARLES XII ET PIERRE LE GRAND

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Joseph Hélitas de Meun, musique de Louis Chancourtois. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 novembre 1819.

 

 

CHARLES V ET DUGUESCLIN

 

Opéra en un acte, livret de Vial, Carmouche et S…, musique de Gilbert, Guiraud et Tolbecque, représenté à l’Odéon le 03 octobre 1827.

 

 

CHARLES VI

 

Opéra en cinq actes, livret de Casimir et Germain Delavigne, musique de Fromental Halévy.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 mars 1843 ; divertissements de Joseph Mazilier, décors de Charles Cicéri, René Philastre, Charles Cambon, Charles Séchan, Jules Dieterle et Edouard Despléchin ; costumes de Paul Lormier ; avec Mmes Dorus-Gras (Isabeau de Bavière), Rosine Stoltz (Odette), MM. Gilbert Duprez (le Dauphin), Barroilhet (Charles VI), Levasseur (Raymond), Canaple (le Duc de Bedford), Massol (l'Homme de la forêt du Mans), F. Prévôt (Tanguy Duchâtel), Guillaume Poultier (Gontran), Joseph Octave (Dunois), Martin (Lahire), Saint-Denis (Xaintrailles), Molinier (un Etudiant), Raguenot (Lionel), Brémond (Louis d'Orléans), sous la direction de F.-A. Habeneck.

 

Première au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet), le 05 avril 1870 avec Mmes Daram (Isabeau de Bavière), Rosine Bloch (Odette), MM. Massy (le Dauphin), Lutz (Charles VI), Alfred Giraudet (Raymond), Coppel (Gontran), Caillot (le Duc de Bedford), Legrand (Xaintrailles / Lionel), Labat (Marcel / Tanguy Duchâtel), Bacquié (le Duc d'Orléans), Jalama (Ludger / Dunois), Numa Auguez (Lahire / l'Homme de la forêt), Brisson (un soldat), Gourdon (un Etudiant), sous la direction d'Edouard Mangin.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 22 en 1870.

 

« De tous les livrets modernes d'opéras, celui de Charles VI renferme le plus de beaux vers ; les situations en sont dramatiques, intéressantes. La musique d'Halévy est pleine de beautés de premier ordre. L'ensemble de cet ouvrage est de nature à réveiller dans les âmes les sentiments du plus pur patriotisme. Et cependant on n'entend plus à Paris, depuis de longues années, cet opéra national, dans lequel on voit nos aïeux repousser l'invasion étrangère, tandis que sur presque toutes les autres scènes on n'a fait aucune difficulté de perpétuer le souvenir de nos discordes civiles. Nos voisins d'outre-Manche n'ont jamais poussé la courtoisie à notre égard jusqu'à étouffer les souvenirs de leur histoire nationale.

Au premier acte, la jeune Odette, fille de Raymond, vieux soldat d'Azincourt, quitte sa chaumière pour se rendre auprès du roi, dont elle est la filleule et une sorte d'ange gardien au milieu de ses accès de folie. Le chœur d'adieux chanté par les jeunes filles, ses compagnes, est d'une fraîcheur et d'une simplicité charmantes. Raymond, entouré des paysans, évoque des souvenirs belliqueux, excite leur haine contre l'étranger en chantant avec le dauphin les strophes suivantes :

 

RAYMOND.

La France a l'horreur du servage,

Et, si grand que soit le danger,

Plus grand encore est son courage,

Quand il faut chasser l'étranger.

Vienne le jour de délivrance,

Des cœurs ce vieux cri sortira :

Guerre aux tyrans ! Jamais en France,

Jamais l'Anglais ne régnera.

 

LE CHŒUR.

Guerre aux tyrans ! Jamais en France, etc.

 

LE DAUPHIN.

Réveille-toi, France opprimée,

On te crut morte, et tu dormais ;

Un jour voit mourir une armée,

Mais un peuple ne meurt jamais.

Pousse le cri de délivrance,

Et la victoire y répondra :

Guerre aux tyrans ! Jamais en France,

Jamais l'Anglais ne régnera.

 

En France, jamais l'Angleterre

N'aura vaincu pour conquérir ;

Ses soldats y couvrent la terre,

La terre doit les y couvrir.

Poussons le cri de délivrance,

Et la victoire y répondra :

Vive le roi ! Jamais en France,

Jamais l'Anglais ne régnera !

 

La musique et la poésie de ces strophes suffisent à réunir dans une commune admiration les noms de Casimir Delavigne et de Halévy. Le dauphin, sous l'habit d'un écuyer, prend part à ce chant de délivrance interrompu par l'arrivée des soldats anglais, de Bedford et de la reine Isabeau. Dans l'entrevue de celle-ci avec Odette, on doit remarquer la belle phrase : Respect à ce roi qui succombe, dont l'harmonie et le caractère sont d'une élévation et d'une distinction extrêmes. Le dauphin, que son amour frivole pour Odette avait amené, ne tarde pas à apprendre d'elle la mission qu'elle doit remplir auprès de son père ; ce qui amène ce passage :

 

En respect mon amour se change :

Reste pure, Odette, et sois l'ange

De tes rois et de ton pays !

 

Pour eux, c'est en toi que j'espère ;

L'ange qui va sauver le père

Sera respecté par le fils.

 

Quoique Duprez n'aimât pas ce rôle sacrifié, il le chantait avec beaucoup de charme, et il a laissé de bons souvenirs, surtout dans ce duo : Gentille Odette, eh quoi ? ton cœur palpite. Le dauphin, reconnu, est sauvé par Odette de la poursuite des Anglais. Au second acte, on assiste à une fête donnée par Isabeau de Bavière au duc de Bedford, dans l'hôtel Saint-Paul. Mme Dorus-Gras se faisait applaudir dans cette scène. Elle est suivie de celle dite de la Folie, la plus remarquable page écrite par Halévy. Les récitatifs, le cantabile : C'est grand' pitié que ce roi, que leur père, portent l'empreinte de l'égarement, et chaque phrase a le caractère qui convient au sens. Lorsque le musicien pense et sent comme le poète, l'œuvre dramatique est parfaite. Odette cherche à distraire Charles VI ; nous signalerons ici des couplets de la facture la plus distinguée : Ah ! qu'un ciel sans nuage, et le grand duo des cartes, au moyen duquel la jeune fille cherche à faire vibrer dans le cœur du roi la fibre guerrière; mais c'est en vain. Isabeau parvient à lui faire signer à la fois l'adoption du jeune Lancastre et la déchéance du dauphin. Le troisième acte est rempli en grande partie par la marche du cortége qui se rend au couronnement du jeune Anglais. Le roi reprend ses sens et arrache la couronne du front de l'enfant. L'air de Raymond, Fête maudite, est accentué avec énergie. La reine et Bedford, au quatrième acte, remettent sous les yeux de Charles l'acte d'abdication qu'il a signé. Le roi le brûle et les chasse. Epuisé par cet effort, il s'étend sur un lit de repos et chante cette phrase touchante :

 

Avec la douce chansonnette

Qu'il aime tant,

Berce, berce, gentille Odette,

Ton vieil enfant.

 

Suit alors une ballade admirablement dite par Mme Stoltz : Chaque soir, Jeanne sur la plage. L'accompagnement de hautbois produit un effet ravissant. Le roi s'est endormi, mais dès qu'il rouvre les yeux, Isabeau fait apparaître des spectres, Clisson, Jean sans Peur, l'homme de la forêt du Mans, qui lui déclarent qu'il mourra de la main du dauphin. Ce prince est arrêté par l'ordre de son père. Le cinquième acte a deux tableaux : le premier représente les bords de la Seine où se réunissent les chevaliers fidèles, Dunois, Tanneguy Duchâtel, La Hire, Xaintrailles. Guidés par Odette, ils iront à Saint-Denis s'opposer à ce qu'on livre la France à l'étranger. Le second tableau montre le chœur de l'abbaye de Saint-Denis. Tous les personnages s'y rencontrent. Odette saisit l'oriflamme et la place entre les mains du roi. Une bataille s'engage ; les Anglais sont repoussés, et Charles vient tomber mourant dans les bras de son fils. Casimir Delavigne n'a pas terminé son poème aussi simplement. En voici les derniers vers, si la longueur du spectacle et l'horreur naturelle du public français pour l'inédit, l'inusité, n'y avaient mis obstacle, il eût été beau d'entendre déclamer cette prosopopée prophétique, sur de beaux accords, tels que Halévy aurait pu les imaginer.

 

BEDFORD.

A moi, braves Anglais.

 

LE DAUPHIN.

France, à moi !

 

CHARLES.

Sacrilèges,

N'insultez pas aux divins privilèges

De ces murs par vous profanés.

Voyez se soulever les pierres sépulcrales,

D'où sortent ces morts couronnés !

Tout ce peuple d'ombres royales,

Qui par ma voix vous parle en m'entourant,

Vient de votre avenir dérouler les annales

Aux derniers regards d'un mourant.

 

LE CHŒUR.

Respect à ces ombres royales,

A la voix sainte d'un mourant !

 

CHARLES.

Bedford, Bedford, je succombe, et toi-même

Bientôt tu me suivras ; je t'ouvre le chemin,

Mais pour te traîner par la main

Au pied du tribunal suprême.

Prêtres, où portez-vous, sans pompe et sans flambeaux,

Le cadavre de cette femme ?

Au peuple dont les mains la mettraient en lambeaux,

Cachez son corps : à Dieu cacherez-vous son âme ?

De la justice humaine on peut la préserver,

En dérobant, la nuit, une tombe pour elle ;

La justice éternelle

Saura toujours l'y retrouver.

 

ISABELLE.

Je tremble et me soutiens à peine.

A-t-il prononcé mon arrêt ?

 

LE CHŒUR.

La reine ! Il regardait la reine ;

Son œil vengeur la dévorait.

 

CHARLES.

A l'assaut, chevaliers, suivez la noble fille

Qui brise, en les touchant, casques et boucliers !

Leurs soldats sous ses coups sont tombés par milliers,

Comme l'épi sous la faucille.

Des fleurs à pleines mains ! chantez, jetez des fleurs.

La couronne du sacre enfin sur l'autel brille.

Chantez ; mais non, versez des pleurs.

Cette vierge, elle est désarmée ;

Elle disparaît à mes yeux

Dans des torrents de flamme et de fumée...

Anges, pour elle ouvrez les cieux !

(Dans ce moment la clarté devient plus vive, et le soleil semble briller d'une splendeur nouvelle.)

 

LE CHŒUR.

Quel jour pur l'environne

De son éclat sacré,

Et quel espoir rayonne

Sur son front inspiré.

(On entend le canon retentir dans le lointain.)

 

CHARLES.

France, réjouis-toi : de ta gloire prochaine

Le premier signal est donné.

 

LE DAUPHIN.

Deux partis sont aux mains.

 

BEDFORD.

On combat dans la plaine ;

Sous ces murs le bronze a tonné.

 

CHARLES.

Oui, de Charles l'infortuné

Il annonce les funérailles

Et l'avènement glorieux,

Qui doit à Reims couronner les batailles

De Charles le Victorieux !

 

TOUS LES CHEVALIERS FRANÇAIS.

Tout notre sang dans les batailles

Pour Charles le Victorieux !

 

CHARLES.

Ouvrez vos rangs... ô mes aïeux !

En bénissant mon fils, je vous rejoins... j'expire.

(Il tombe dans les bras de ceux qui l'entourent ; le dauphin se jette sur son corps, qu'il couvre de pleurs.)

 

DUNOIS.

Le roi n'est plus.

 

TANNEGUY DUCHATEL, LE CHEVALIER DUNOIS ET LE PEUPLE.

Vive le roi !

 

BEDFORD, en montrant le dauphin.

Qu'il ose donc, ce roi, me disputer l'empire.

 

LE DAUPHIN, qui se relève et saisit l'épée d'un des siens.

Montjoie et Saint-Denis ! chevaliers, avec moi

Jetez le cri de délivrance,

Et la victoire y répondra.

Guerre aux tyrans ! jamais en France,

Jamais l'Anglais ne régnera.

 

CHŒUR général des chevaliers et du peuple, qui prêtent serment au dauphin.

Jetons le cri de délivrance

Et la victoire y répondra.

Vive le roi ! jamais en France,

Jamais l'Anglais ne régnera.

 

L'opéra de Charles VI a eu à l'origine plus de cent représentations. Barroilhet s'est montré aussi bon chanteur qu'acteur intelligent dans le rôle difficile de Charles VI. Mme Rosine Stoltz, tantôt gracieuse, tantôt énergique, a créé le rôle d'Odette avec un talent qui sera difficilement égalé. Duprez s'est promptement démis d'un rôle trop jeune et écrasé par les deux autres. Mme Dorus, Levasseur et Canaple ont interprété ceux de la reine, de Raymond et du duc de Bedford. Poultier, dont la voix était si agréable, se faisait applaudir dans les jolis couplets de la sentinelle, au cinquième acte :

 

A minuit,

Le seigneur de Nivelle

Me mit en sentinelle,

Et s'en alla sans bruit

Souper avec la belle

Qui m'attendait chez elle,

A minuit.

Si ta belle

Est sans foi,

Sentinelle

Garde à toi !

 

Nous nous sommes étendu plus que nous ne le faisons d'ordinaire sur cette œuvre remarquable, parce qu'elle fait le plus grand honneur à l'école française, et qu'elle sera d'autant plus appréciée qu'on la connaîtra mieux. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La chanson nationale Guerre aux tyrans ! est devenue célèbre. Le duo des cartes, le sextuor du 4e acte, la chanson soldatesque avec accompagnement de tambour, comptent parmi les meilleures pages de cette partition.

Reprise avec des changements : 4 octobre 1847. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

« Représenté au Théâtre-Lyrique le 05 avril 1870 avec Massy, Lutz, Giraudet, Coppel, Mlle Daram et Mlle Bloch (cette dernière prêtée par l'Opéra, comme on dit dans le jargon des coulisses). — La date des représentations de Charles VI au Théâtre-Lyrique donne à songer… Le hasard, ou plutôt un destin judicieux, avait permis qu'au printemps de « l'année terrible », ces paroles réconfortantes vinssent frapper nos oreilles :

 

La France a l'horreur du servage ;

Et si grand que soit le danger,

Plus grand encore est son courage,

Quand il faut chasser l'étranger !

 

Cette « horreur du servage » et ce « courage » (hélas ! malheureux), étaient des vérités, dont la preuve allait se faire, dans quelques semaines, sur une scène de la dimension de trente départements ! — Et plus loin, une autre strophe qui, Dieu merci ! a aujourd'hui la valeur d'une prophétie accomplie :

 

Réveille-toi, France opprimée ;

On te crut morte, et tu dormais :

Un jour voit mourir une armée,

Mais un peuple ne meurt jamais !

 

La reprise de Charles VI, longtemps interdite par la censure, venait donc à propos, car les sentiments exprimés avec tant de chaleur dans cet opéra patriotique devaient bientôt nous entrer au cœur. C'était de l'actualité un peu anticipée, très opportune cependant ; et si l'ennemi n'était pas le même dans la fiction théâtrale que dans la réalité prochaine, il s'agissait toujours de la France opprimée ! »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

CHARLOTTE CORDAY

 

Grand opéra, musique de Pierre Benoît, représenté au théâtre flamand à Anvers le 18 mars 1876. La scène tragique de 1793 me semble peu compatible avec la symphonie des voix et des instruments, fût-elle même traitée d'après les prétendus principes d'esthétique de l'école flamande, dont M. Pierre Benoît est regardé comme un des protagonistes. Les partisans de cette école ont acclamé la partition.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHARLOTTE CORDAY

 

Drame musical en trois actes et un prologue et cinq tableaux, livret d'Armand Silvestre, musique d’Alexandre Georges, représenté à l'Opéra-Populaire (théâtre du Château-d'Eau) le 16 février 1901. => fiche technique

 

 

CHARLOTTE CORDAY

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Maurice-Charles Renard, musique de Léon Manière (Dijon, Côte-d'Or, 19 février 1885 - Lagny-sur-Marne, Seine-et-Marne, 22 mai 1954), représenté au Théâtre municipal de Caen le 08 décembre 1937, sous la direction de Léon Manière (pour les trois préludes) et d'Elie Schuyer, avec Mmes Marthe Nespoulous (Charlotte Corday), Andrée Bernadet (Madame de Bretteville), Deligny de la Gaîté-Lyrique (le petit Robert), Myrto-Libran du Trianon-Lyrique (une servante), L. Tabourel (le petit André), R. Béraud (le petit Guillaume), MM. Gaston Micheletti (Robert Lacouture), Paul Cabanel (Barbaroux), Max Marrio (le Messager et le geôlier Richard), Rolland de la Gaîté-Lyrique (le passant et le commissaire), Michel Ezanno de l’Opéra (le vieillard et le bourreau).

 

 

CHARLOTTE ET WERTHER

 

Opéra en un acte, livret de Dejaure, musique de Kreutzer, représenté au théâtre Favart le 01 février 1792.

 

 

CHARMANTE ROSALIE (LA) ou LE MARIAGE PAR PROCURATION

 

Comédie musicale en un acte, livret de Pierre Veber, musique d’Henri Hirchmann.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 24 février 1916, dans une mise en scène de Pierre-Barthélemy Gheusi.

Mmes Edmée FAVART (Eglé), Renée CAMIA (Vesta).

M. Jean PÉRIER (Margency).

Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.

 

3 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CHARME DE LA VOIX (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Gaugiran-Nanteuil, musique de Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 janvier 1811, avec Mmes Duret (Mme Derval), Aglaé Gavaudan (Rosalie de Vermont), Antoinette Regnault [Lemonnier] (Lisette), MM. Gonthier (M. de Folleville), Solié (M. de Vermont), Martin (Lafleur). => livret

 

 

CHARMES DE L'HARMONIE (LES)

 

Divertissement, musique de Chauvon, musicien ordinaire de la musique du roi. Cet ouvrage a paru vers 1740.

 

 

CHARMETTES (LES)

 

Comédie musicale en deux actes, de J. Méry, d'après un épisode des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, musique d'Armand Bolsène, créée au Trianon-Lyrique le 19 février 1925.

 

 

CHARMEURS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven, musique de Ferdinand Poise. Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 07 mars 1855 avec Mme Meillet et M. Achard.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 44 en 1855, 16 en 1856, 6 en 1858.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 25 janvier 1860 avec Mmes Dupuy (Georgette), Meuriot (Mme Michel), MM. Hénault (Julien), Auguste Marchot (Maître Robin).

 

Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 25 février 1862, avec Mme Révilly, MM. Capoul, Victor Prilleux.

 

« Cette paysannerie, jouée par Achard et Mme Meillet, était empruntée aux Grecs par procuration. En effet, et ainsi qu'on eut la loyauté de le déclarer, l'idée en était tirée d'une comédie à ariettes de Mme Favart, Guérin et Harny, qui fut jouée en 1757 sous le titre de les Ensorcelés ou la Nouvelle surprise de l'Amour, et qui elle-même n'était que la mise en action d'un chapitre de Daphnis et Chloé. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

CHARMEUSE (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Edouard Fournier, musique de Caspers, représenté aux Bouffes-Parisiens le 12 avril 1858.

 

« Cette paysannerie ayant été le plus souvent jouée en « lever de rideau », l'attention que nous avons pu mettre à l'écouter a été troublée par des bruits de portes qu'on fermait, de petits bancs que les ouvreuses remuaient, de robes crinolinées jusqu'à la démence et qui faisaient crier leur soie en voulant passer à tout prix à travers un dédale de fauteuils déjà habités. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

CHARMEUSE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, musique d’Alfred Dard, représenté à Saint-Étienne dans le mois de mars 1860.

 

 

CHARTREUSE DE PARME (LA)

 

Opéra en quatre actes et onze tableaux, livret d’Armand Lunel, d'après le roman de Stendhal, musique d'Henri Sauguet.

 

Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 20 mars 1939 (répétition générale le 16 mars), mise en scène de Pierre Chereau, décors et costumes de Jacques Dupont.

Mmes LUBIN (Gina, Duchesse de Sanseverina), COURTIN (Clelia Conti), HAMY (Théodolinde), LALANDE (une Voix).

MM. JOBIN (Fabrice del Dongo), ENDREZE (Comte Mosoa), A. HUBERTY (Général Fabio Conti), GOURGUES (Ludovic), FOREST (Barbone), PACTAT (un Maréchal des Logis), CAMBON (une Voix), MADLEN et PETITPAS (Deux Gendarmes), ERNST (un Geôlier), DE LEU (un Serviteur), DESHAYES et DUVAL (deux Invités).

Au 3e tableau du 1er acte, « Danses » réglées par Albert AVELINE, dansées par Mlles SCHWARZ, DYNALIX, GRELLIER et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT

 

8e représentation à l’Opéra, le 09 juin 1939, avec les créateurs, sauf : Mme DOSIA (Gina) et Louis FOURESTIER au pupitre.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Gina : Mme DONIAU-BLANC.

 

8 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« Il va sans dire que le librettiste ne pouvait songer à porter au théâtre le long roman de Stendhal. Il n'en a retenu qu'un certain nombre d'épisodes significatifs ; et le reproche qu'on peut lui faire est moins de n'avoir pas suivi à la lettre son devancier, ce à quoi nul ne pouvait de bonne foi s'attendre, que d'avoir choisi, pour les premiers tableaux du moins, des situations peu propres à échauffer le lyrisme du musicien. Mais peut-être est-il temps encore de faire des coupures dans une œuvre trop touffue, qui exige de l'auditeur quatre heures d'attention. Mieux eût valu peut-être aussi choisir franchement le cadre de l'Opéra-Comique et même de l'Opéra. On peut supposer que Stendhal, lui-même fervent de Rossini, n'eût pas détesté semblable transposition. Fallait-il aller jusqu'au « parlé » de nos ancêtres, reliant entre eux les airs ? Les auteurs ont reculé devant cette solution. Ils ont conservé le récitatif accompagné, ce qui est fort défendable, quand l'œuvre n'est pas trop abondante.

Quoi qu'il en soit, le livret d'Armand Lunel a permis au compositeur de déployer ses dons de musicien de théâtre. On les soupçonnait depuis qu'Henri Sauguet nous avait jadis amusés avec une fort agréable opérette-bouffe donnée au théâtre Bériza, le Plumet du colonel. Il a, depuis, certes, perfectionné sa technique ; et cela se sent au cours même de l'ouvrage, dont les dernières pages attestent un métier sûr et ingénieux. Il y a mieux : Henri Sauguet possède une faculté d'invention mélodique fort appréciable. La berceuse, la mélodie de la lettre, le duo de Clélia et Fabrice dans la prison, voilà des pages pleines d'agrément. Le grand air du ténor dans le dernier tableau, le sermon aux lumières, vise même à une émotion plus haute. Il a été chanté avec beaucoup de brio par M. Jobin, chargé du rôle de Fabrice. La jolie voix de Mme Jacqueline Courtin a été fort goûtée dans les épanchements de Clélia. Autour d'eux parurent Mme Germaine Lubin en duchesse de Sanseverina, M. Huberty et M. Endrèze. »

(Larousse Mensuel Illustré, mai 1939)

 

 

CHASSE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Joseph Bologne de Saint-Georges. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 12 octobre 1778. Cet ouvrage n'eut pas de succès, malgré l'intérêt qui s'attachait à la personne du chevalier de Saint-Georges, qui fit plus d'honneur à son maître d'escrime La Boëssière qu'à Gossec, son maître de composition musicale. Il faut cependant reconnaître que cet amateur a laissé des sonates de violon assez estimées.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHASSE AU LOUP (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Cosseret et Guy, musique de Félix Pardon, représentée à l’Eden-Concert le 17 septembre 1887.

 

 

CHASSE AU PIERROT (LA)

 

Opérette en un acte, paroles de M. Blercy, musique d'Auguste L'Eveillé, représentée au théâtre de Belleville (Paris) le 27 février 1881.

 

 

CHASSE AUX RATS (LA)

 

Saynète musicale en un acte, livret de Dutertre et Edouard Duprez, musique de Léon Duprez, représentée au Théâtre Deburau le 11 août 1858.

 

 

CHASSE AUX RIVAUX (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Francis Tourte, musique du marquis Jules d'Aoust, représentée dans la salle Herz le 23 janvier 1876. La scène se passe sur les bords d'un lac en Suisse. Dans cette pièce vive et gaie, une jeune aubergiste se joue agréablement de la jalousie d'un riche voyageur épris d'elle, et parvient à se faire doter par lui pour épouser celui qu'elle aime. La musique est mélodique, toujours gracieuse et en harmonie avec le sujet. On a applaudi surtout un duo, la romance du lac et une jolie valse. Chanté par Gallois et Mlle Marcus.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

CHASSE DU BURGRAVE (LA)

 

Scène dramatique à sept voix avec chœurs, musique d'Amédée de Roubin, représentée dans des solennités musicales en province vers 1851.

 

 

CHASSE GARDÉE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lucien Augé de Lassus, musique de R. de Montalent, représenté au Théâtre des Arts de Rouen le 14 avril 1891.

 

 

CHASSE ROYALE (LA)

 

Opéra de genre en deux actes, paroles de M. de Saint-Hilaire, musique de Godefroi, représenté sur le théâtre de la Renaissance le 29 octobre 1839. Le sujet est rebattu. François Ier, une bouquetière nommée Denise, la duchesse d'Étampes, le comte de Saint-Pol et le paysan Basile s'égarent, se poursuivent, s'évitent dans les bois et se retrouvent au dénouement. La musique a paru d'ailleurs agréable. On a remarqué un duo entre le roi et Denise, et le grand air de celle-ci chanté avec un brio charmant et une grâce exquise par l'actrice anglaise Mme Anna Thillon. Hurteaux, à qui les rôles de basse étaient échus au théâtre de la Renaissance, jouait le rôle de François Ier.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHASSE SAXONNE (LA)

 

Opéra, musique de Cadaux, représenté au théâtre de Toulouse en 1839.

 

 

CHASTE SUZANNE (LA)

 

Opéra de genre en quatre actes, livret de Pierre Carmouche et de Frédéric de Courcy (1795-1868), musique d’Hippolyte Monpou, représenté sur le théâtre de la Renaissance le 27 décembre 1839, mise en scène de M. Solomé, avec Mmes Anna Thillon (Suzanne), Ozy (Dinah), David (l'Ange ; Femme du peuple); MM. Laborde (Daniel), Daudé (Achab), Euzet (Sédécias), Zelger (le Juge). Le rôle de Daniel a été repris par Anna Thillon et celui de Suzanne par Marie Drouart.

 

« Le livret est d'une inconvenance telle que le public du théâtre de la Renaissance ne l'a pu tolérer. Partant de cette idée fausse que les sujets bibliques réussissent rarement au théâtre, parce qu'ils n'offrent pas de scènes familières qui rompent la monotonie du sujet, les auteurs du poème se sont imaginés de donner aux vieillards un caractère bouffon. Les sujets sacrés sont trop respectables pour qu'on se permette d'y introduire, sous prétexte de variété, des scènes comiques, encore moins burlesques, et leur succès sera d'autant plus réel et durable que les auteurs se seront maintenus dans le caractère de gravité et d'élévation qu'ils comportent. Si le poète et le musicien sont trop au-dessous de leur tâche, la pièce est lourde et monotone ; s'ils possèdent au contraire les qualités propres à ce genre de composition, si le souffle de l'inspiration ne leur fait pas défaut, leur œuvre participe à la sublimité du sujet ; sic itur ad astra. Les opéras de David, de Saül, de la Mort d'Adam n'ont pas eu de succès, cela est vrai ; mais Joseph, Moïse sont encore l'objet de l'admiration universelle ; et au Théâtre-Français les sujets bibliques et chrétiens d'Athalie, d'Esther, de Polyeucte sont rangés parmi les chefs-d'œuvre du répertoire. Au point de vue de l'inspiration musicale, l'opéra de la Chaste Suzanne est, à notre avis, le meilleur ouvrage lyrique d'Hippolyte Monpou. Dans la partie sérieuse, nous signalerons une romance naïve et charmante de Daniel, dans le premier acte ; la scène de l'accusation, dans le second ; l'air de Daniel, la symphonie du sommeil et de la vision, dans le troisième acte. Le duo bouffe des vieillards, écrit pour deux basses, a de la verve et de l'originalité. MM. Géraldi et Bussine l'interprétaient avec succès dans les salons. Cette partition offre, comme toutes celles de Monpou, des inégalités et des bizarreries qui expliquent la sévérité des connaisseurs ; cependant, il faut reconnaître qu'elle renferme des mélodies délicieuses et d'un cachet incomparable, telles que la phrase de Daniel intercalée dans le duo :

 

Comment, dans ma jeune âme,

Supporter à la fois

Ce tendre regard de femme,

Le son charmant de cette voix ?

 

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHASTE SUZANNE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Fernand Beissier, musique de Cieutat, représentée à Paris, Scala, le 01 février 1894.

 

 

CHASTE SUZANNE (LA)

 

[Die keusche Suzanne]

Opérette allemande en trois actes, livret de Georg Okonkowsky et Alfred Schönfeld, d’après le Fils à papa, comédie française, version française d’Antony Mars et Maurice Desvallières, musique de Max Winterfiel dit Jean Gilbert.

 

Création à Magdebourg en 1910.

 

Version française représentée à Lyon, théâtre des Célestins, le 07 février 1913, puis à Paris, théâtre de l’Apollo, le 27 mars 1913. Reprise à la Gaîté-Lyrique le 20 avril 1935 avec Mmes Nadia Dauty, Charlotte Clasis ; MM. Morton, Robert Allard, Béver, Desomier, P. Maquaire.

 

« Théâtre Apollo : Première représentation.

On s'est fort diverti, au Théâtre-Apollo, à la série d'aventures et aux nombreux quiproquos déterminés par le double personnage que prétend jouer le baron des Aubrais dans la Chaste Suzanne. Ce facétieux baron croit pouvoir impunément se présenter comme un docte académicien et, entre temps, faire la fête dans les restaurants de nuit sous le nom de Boboche. Son avatar donne lieu à de plaisantes péripéties et le second acte, en particulier, qui a pour cadre le « Moulin Joyeux », où l'on dîne et l'on soupe en folle compagnie, est très mouvementé et fertile en comiques incidents.

M. Georges Tréville, qui incarne le fantasque baron, joue avec beaucoup de mesure et de tact. Tout en étant fort amusant, il ne tombe jamais dans la charge. Il a dit avec esprit les couplets où il s'enorgueillit d'être académicien :

 

    Sous cet habit vert, je suppose,
    On paraît, du moins, quelque chose,
    Même en n'étant point quelqu'un.

 

Un acteur du nom de Zher a beaucoup amusé, par sa mine ahurie et ses gestes cocasses, dans le rôle d'Émile, réjouissant garçon de café.

M. Henri Defreyn déploie une remarquable souplesse dans le rôle d'Hubert. Il joue avec brio et a très joliment chanté son air : « Je suis ému, c'est mon début. » M. Tirmont possède une agréable voix de ténor ; il a conquis l'auditoire dès le duo du premier acte avec Mlle Nina Sergy, sa charmante partenaire. Enfin, Mlle Bella Alkins, qui incarne la chaste Suzanne, a fait preuve d'une verve endiablée ; elle danse, saute sur les tables, tourbillonne, se fait porter en triomphe et sait demeurer toujours élégante et gracieuse. »

(Albert Dayrolles, les Annales, 20 avril 1913)

 

 

CHAT BOTTÉ (LE)

 

Opéra-comique en quatre actes, paroles de Cuvelier, musique de Foignet, représenté au théâtre des Jeunes Artistes le 19 mars 1802.

 

 

CHAT BOTTÉ (LE)

 

Féerie-opérette en trois actes, paroles de M. Bouvret, musique d’Adrien Bérou, représentée au théâtre de la Galerie-Vivienne le 24 décembre 1888.

 

 

CHAT BOTTÉ (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, paroles de M. Bellier, musique de Charles Haring, représenté à Bordeaux le 17 février 1890.

 

 

CHAT BOTTÉ (LE)

 

Opéra-comique en neuf tableaux, livret d’Henri Cain et Edouard Adenis, musique de Claude Terrasse (1921).

 

 

CHAT DU DIABLE (LE)

 

Opérette-féerie en trois actes, livret de Charles Nuitter et Etienne Tréfeu, musique de Jacques Offenbach, représentée au théâtre du Châtelet le 19 octobre 1893. C'est l'adaptation française de l'opérette Whittington and his cat, (livret de Nuitter et Tréfeu, traduction anglaise de Henry Brougham Farnie, Alhambra de Londres, 26 décembre 1874), tirée du conte si fameux en Angleterre, que le compositeur avait écrite, au prix de 75,000 francs, pour un théâtre de Londres. La musique n'en est pas de la meilleure venue, et le sujet lui-même n'a captivé que d'une façon très relative le public parisien. En dépit d'une mise en scène luxueuse, de tableaux somptueux et de ballets séduisants comme le théâtre du Châtelet a coutume d'en offrir à ses spectateurs, le succès a été médiocre et de courte durée.

 

 

CHAT PERDU (LE)

 

Comédie en un acte mêlée d'ariettes, musique de Benjamin de La Borde. Cet ouvrage, comme beaucoup d'autres du même auteur, avait sans doute été écrit pour un théâtre particulier. On ne sait aujourd'hui où il a été représenté, mais la partition en a été gravée en 1769.

 

 

CHÂTEAU À TOTO (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté au Palais-Royal le 06 mai 1868. Bouffonnerie jouée par Gil-Perez, Brasseur, Hyacinthe, Lassouche, Mlles Zulma Bouffar, Worms, Paurelle, Alphonsine.

 

 

CHÂTEAU D'URTUBY (LE)

 

Opéra-comique en un acte et en prose, livret de Gabriel de Lurieu et Raoul Vandière, musique posthume d’Henri François Berton. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 14 janvier 1834 avec Mme Pradher, MM. Alphonse Révial, Ponchard. »

 

« Ce jeune compositeur promettait de porter dignement un nom célèbre. Il avait déjà du savoir et des connaissances dans l'instrumentation. On a remarqué un joli duo, Montagnes de la Navarre, très bien chanté par Révial et Ponchard. Mme Pradher a joué le rôle de la Châtelaine.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHÂTEAU DE BARBE-BLEUE (LE)

 

[A Kekszakállú Herceg Vára]

Opéra hongrois en un acte, livret de Béla Balázs, d'après le conte de Charles Perrault, musique de Béla Bartók. Création à l'Opéra de Budapest le 24 mai 1918. Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 08 octobre 1959, dans une version française de Dimitri Calvacoressi, mise en scène de Marcel Lamy, décor et costumes de Félix Labisse, avec Berthe Monmart et Xavier Depraz, sous la direction de George Sebastian. 7 représentations en 1959, 11 en 1960, soit 18 au 31.12.1972.

 

« A Paris, à l'Opéra-Comique, Marcel Lamy poursuit son travail de rajeunissement du répertoire et de réforme des mœurs, dans la mise en scène et les études musicales. Il a présenté le Château de Barbe-Bleue, le chef-d’œuvre de jeunesse de Béla Bartók, dans d'excellentes conditions de préparation je me suis laissé dire que George Sebastian a pu faire quinze répétitions d'orchestre ; et le résultat était là, évident, indiscutable : la phalange de l'Opéra-Comique a joué comme jamais, non seulement avec feu, mais aussi avec cette maîtrise dans les détails et leur différenciation que, seul, un travail préalable, long et consciencieux, rend possible. Sur scène, Xavier Depraz et Berthe Monmart ont valablement incarné les héros de Bartók, personnages symboliques qu'il ne faut cependant pas priver de chaleur humaine, car, le faisant, on empêcherait le grand public de s'intéresser à leur sort. Or, il est grand temps de l'y intéresser ! La musique en est d'un impressionnisme somptueux ; on sent, chez le Bartók de 1911, une convergence d'influences de Strauss et de Debussy, qu'il a admirablement su assimiler et unifier. Le thème de l'œuvre, la complexité de l'âme humaine et la découverte de ses secrets grâce à l'amour, est porté et transfiguré par la musique dans une étonnante noblesse générale de ton, où le tragique et l'éclatant, à leur tour, s'unissent en une synthèse plus haute, proche de la simplicité du sublime.

Une grave erreur de cette représentation est constituée par les décors de M. Labisse, et c'est stupéfiant de la part d'un artiste de sa qualité. Son palais gothique est un non-sens, car la fuite de la ligne ogivale allège, alors que tout aurait dû être fait pour rendre le cadre de l'œuvre lourd et étouffant. Ses sept portes n'ont et ne pouvaient avoir, dans sa conception scénique, le poids et l'allure nécessaires ; elles sont, en effet, bien trop petites et insignifiantes ; n'oublions pas que ce sont les portes de l'âme ! Enfin, mieux vaut ne pas trop insister sur ce que l'on voit, chaque fois qu'une porte s'ouvre : ces « bijoux », ces « armes », ces « domaines » et ces « larmes », quelle mesquine misère ! Comment M. Labisse a-t-il pu s'arrêter à cette sorte de réalisme sordide ? »

[Antoine Goléa, Musica disques, décembre 1959]

 

 

 

CHÂTEAU DE KŒNIGSBURG (LE)

 

Légende alsacienne en trois actes, paroles d'Armand Silvestre, musique de Francis Thomé, représentée le 22 avril 1896.

 

 

CHÂTEAU DE LA BARBE-BLEUE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri de Saint-Georges, musique d’Armand Limnander. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 01 décembre 1851, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Delphine Ugalde (Fidelia), Léocadie Lemercier (Mirette), Félix (Mirza) ; MM. Joseph Dufrène (Gaston de Rochambeau), Théodore Coulon (le Boucanier), Sainte-Foy (Don Fresco), Charles François Duvernoy (Jacques II), Léon Carvalho (le capitaine Renard), Louis Palianti (un caporal), Lejeune (un huissier).

 

« Le livret, surchargé de détails trop invraisemblables, a causé autant de préjudice à la musique de M. Limnander, que les événements politiques qui à cette époque préoccupaient tous les esprits. L'action se passe d'abord aux Grandes-Indes, dans les environs de Madras. Barbe-Bleue est une femme, la duchesse de Lancastre, nièce du roi Jacques, et qui est venue en ce pays lointain pour rallier des partisans à la cause de son oncle déchu. La duchesse, afin de déjouer les soupçons, se fait passer pour une dame indienne, veuve de plusieurs maris. Quelque sombre et mal famé que soit le château qu'elle habite, des intrigues amoureuses s'y donnent carrière, et on y pousse de beaux sentiments qui trouvent au troisième acte leur récompense dans le château de Saint-Germain. La partition renferme plusieurs morceaux réussis et distingués. Le thème Tant douce patrie ! ô pays charmant, chanté par le ténor, est suave et mélancolique ; un joli chœur de femmes, la ballade du Roi de Lahore, un air brillant chanté par Mme Ugalde, ont été remarqués dans le deuxième acte. Les morceaux qui composent le troisième sont tous conçus heureusement : c'est le chœur écossais en imitation pour voix d'hommes, le duo de l'écho, le charmant trio Taisez-vous, et un duo final passionné, auquel l'unisson, selon l'usage que Verdi a mis à la mode, ne fait pas défaut. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHÂTEAU DE LA BRETÈCHE (LE)

 

Drame lyrique en quatre actes, livret de Paul Milliet et Jacques Dor, musique d’Albert Dupuis, représenté à l’Opéra de Nice le 28 mars 1913.

 

 

CHÂTEAU DE MONTÉNÉRO (LE) ou LÉON

 

Opéra-comique en trois actes, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 octobre 1798.

 

 

CHÂTEAU DE TIRE-LARIGOT (LE)

 

Opérette fantastique en trois actes et dix tableaux, livret d’Ernest Blum et Raoul Toché, musique de Gaston Serpette, représentée aux Nouveautés le 30 octobre 1884, avec Mmes Jeanne Andrée (Angèle), Juliette Darcourt (Agathe de Buttenblanc), Marcelle (Mme Verdurette), Vivianne (Marthe), Ducouret (Loïse), Norette (Marianne), Jenny (Blanche), Varennes (Yvonne), MM. Brasseur (le Chevalier de St-Roquet), Berthelier (le Marquis de Val-Pointu), Albert Brasseur (Adrien Bézuchard), Tony Riom (Oscar de la Pintade), Schmidt (Boulinois), Blanche (le Régisseur), Lauret (Alcofribas), Dubois (Maître d'hôtel), Charvet (Baptiste), Legrain (le Commissaire de police), Prosper (Marchand de programmes), Reizer (un Anglais).

 

 

CHÂTEAU EN LOTERIE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Gaffé, musique de Fastré, représenté sur le théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 30 septembre 1856 avec Mme Hilaire (Jeannette).

 

 

CHÂTEAU TROMPETTE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique de François-Auguste Gevaert. Création au Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 avril 1860, avec Mmes Marie Cabel (Lise), Léocadie Lemercier (la Cadichonne), MM. Ponchard (Olivier), Mocker (Richelieu), Sainte-Foy (Champagne), Berthelier (Frigousse), Victor Prilleux (Turcant), Constant Lemaire (Raffé), Palianti (Barbezieux), Duvernoy (Macoudinat).

Le château Trompette était un fort construit du temps de Charles VII aux portes de Bordeaux ; mais, dans la pièce, c'est une auberge qui a ce nom pour enseigne. Il s'agit d'une aventure d'où le duc de Richelieu sort mystifié par une petite Bordelaise qui tourne à son profit l'insuccès du galant maréchal. La partition de M. Gevaert renferme de jolies mélodies ingénieusement traitées. Dans le premier acte, on a remarqué un Noël sur M. de Richelieu, avec refrain en chœur, les airs du Carillon de Dunkerque et de la Boulangère, arrangés avec esprit ; dans le second acte, un charmant quintette et une chanson de table au refrain malicieux : Quand ils sont vieux, les loups ne mordent guère. Au troisième acte, on a applaudi les couplets de Champagne : Bonjour, Fanchon, bonjour, Suzette. Mme Cabel a créé, avec grâce et entrain, le rôle principal de Lise.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHATTE BLANCHE (LA)

 

Grande féerie en trois actes et vingt-six tableaux, paroles de Cogniard frères, musique d'Emile Jonas et Fossey, représentée au Théâtre de la Gaîté le 14 août 1869.

 

 

CHATTE MERVEILLEUSE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes et neuf tableaux, livret de Dumanoir et Adolphe Dennery, musique d’Albert Grisar, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 18 mars 1862, avec Mmes Marie Cabel (Féline), Caroline Vadé (la Princesse), Victorine Moreau (Alison), Marie Dubois (la Fée aux perles), MM. Monjauze (Urbain), Joseph-Adolphe Lesage (Babolin), Vanaud (Marcel), Leroy (le Roi), Emile Wartel (l'Ogre de la forêt).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 10 en 1862.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 03 février 1863 avec Mmes Eugénie Monrose (Féline), Cèbe (la fée aux perles), Dupuy (Alison), MM. Jourdan (Urbain), Bonnefoy (le magicien), Carrier (Babolin), Petit-Delamarre (le roi), Aujac (le troisième frère).

 

« Les auteurs du livret ont joint à la fable de La Fontaine la Chatte métamorphosée en femme, le conte de Perrault, le Chat botté, et cette pièce marche, sans prétention à aucune vraisemblance ni à un grand intérêt. La partition offre d'agréables morceaux : en première ligne, le chœur : Travaille, moissonneur, travaille, dont la bonne harmonie et la belle sonorité font honneur à M. Grisar ; la romance d'Urbain, Tout cet éclat qui m'environne, et la ronde à deux voix accompagnée par le chœur, et qui est assez vulgaire Le rôle de la chatte a été une des plus glorieuses créations de Mme Cabel. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHATTE MÉTAMORPHOSÉE EN FEMME (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 avril 1858 avec Mmes Marguerite Macé [Macé-Montrouge] (Marianne), Lise Tautin (Minette), MM. Tayau (Guido), Désiré (Dig-Dig).

 

« Il était une fois un vieux vaudeville, mais là un de ces vaudevilles cassés, éreintés, usés jusqu'à la... ficelle. C'était une de ces antiques farces écrites dans une langue comique incomprise aujourd'hui et qui se refusent à toute tentative de rajeunissement ; c'est comme si l'on voulait faire danser à un invalide boiteux les gavottes qu'il dansait si bien. Bref la chose avait nom comme ci-dessus et les habitués du Théâtre de Madame s'en étaient délectés quelque trente ou quarante ans avant que M. Offenbach n'imaginât d'y trouver matière à libretto. A vrai dire, sa musique fut comptée comme une compensation aux lazzis démodés de la pièce. Nous nous rappelons encore l'ouverture, petit morceau symphonique des plus séduisants ; les violons y avaient des effets de sourdine tout à fait réussis. Et puis (autre dédommagement) Mlle Tautin était de la partie et se démenait de la jolie façon. Figurez-vous, monsieur, qu'il y avait là une chatte à qui il suffisait de donner un coup de baguette pour qu'elle se changeât en Mlle Tautin. Cette faculté particulière constitue dans le genre felis une espèce bien caractérisée et des plus rares, les animaux du même pelage prenant généralement la fuite quand on leur donne un coup de baguette, voire même de gourdin. Et Buffon qui n’a rien dit de cette intéressante variété ! »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

CHATTERTON

 

Drame lyrique italien en trois actes et quatre tableaux, livret et musique de Ruggero Leoncavallo, d'après Alfred de Vigny, créé au Teatro Argentina de Rome le 10 mars 1896. Version française de Maurice Vaucaire, traduction d'Eugène Crosti, créée au Casino municipal de Nice le 07 avril 1905.

 

 

CHAUMIÈRE INDIENNE (LA)

 

Opéra en deux actes, musique de Gaveaux, représenté en 1792. Cet ouvrage a été le début du compositeur. Un air a été populaire : J'apprends qu'un jeune prisonnier.

 

 

CHAUMIÈRE INDIENNE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Frédéric Barbier, reçu à l’Opéra-Comique et non représenté.

 

 

CHAUVE-SOURIS (LA)

 

Opéra-comique français, musique de Nicola De Giosa, resté inédit. Comme un grand nombre de compositeurs étrangers, De Giosa avait le plus ardent désir de se produire devant le public parisien. Il se mit en rapport avec la direction de l'Opéra-Comique, et écrivit pour ce théâtre l'ouvrage intitulé la Chauve-souris. Mais l'affaire n'eut pas de suites, et cet opéra est resté inconnu.

 

 

CHAUVE-SOURIS (LA)

 

[Die Fledermaus]

Opérette viennoise en trois actes et quatre tableaux, livret de Carl Haffner et Richard Genée, d'après le Réveillon, vaudeville d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy (1872), musique de Johann Strauss fils.

 

Personnages : Gabriel von Eisenstein (ténor) ; Rosalinde, sa femme (soprano) ; Frank, gouverneur de la prison (baryton) ; le Prince Orlofsky, riche seigneur russe (mezzo-soprano) ; Alfred, chanteur (ténor) ; le Docteur Falke, ami d’Eisenstein (baryton) ; le Docteur Blind, avocat d’Eisenstein (ténor) ; Adèle, servante des Eisenstein (soprano) ; Frosch, le geôlier (rôle parlé).

 

L’action se déroule à Vienne, à la fin du XIXe siècle.

 

Première représentation à Vienne, Theater An der Wien, le 05 avril 1874.

 

A Paris, l'ouvrage fut d'abord représenté le 30 octobre 1877 dans une version remaniée, sur un livret français d’Alfred Delacour et Wilder, au Théâtre Lyrique de la Renaissance, sous le titre de la Tzigane (voir ce titre). Puis, cette fois sous le titre de la Chauve-souris, dans la version française de Paul Ferrier, il fut représenté au Théâtre des Variétés, le 22 avril 1904.

 

Représenté en allemand au Théâtre Pigalle le 21 mars 1930. Chef d'orchestre : M. Bruno Walter.

" On connaît l'intrigue du Réveillon de Meilhac et Halévy : au cours d'une fête costumée, Eisentein fait la cour à sa femme masquée ; ils se retrouvent l'un et l'autre en prison, le premier parce qu'il y vient purger une peine que lui ont valu des injures à un garde champêtre, la seconde parce qu'on a trouvé un tiers en tête à tête avec elle. Il faut passer sur les incidents secondaires. La pièce est bien montée ; on y trouve Mme Lotte Schœne en Adèle, M. Wirl en Eisentein et Mme Anday, en prince."

(Larousse Mensuel Illustré, mai 1930)

 

Première au Théâtre Pigalle le 28 novembre 1933 sous forme d'opérette en trois actes et neuf tableaux, livret de Nino, adaptation musicale de E. W. Korngold, d'après Johann Strauss, avec Mmes Lotte Schœne (Adèle), Novotha (Rosalinde) ; MM. J. Berry (Gaillardin), Pasquali (Furet), Roger Tréville (prince Orfolsky), Carpentier (Franck).

"On ne voit pas ce qui autorisait M. Nino à substituer au texte de Meilhac et Halévy un texte qui s'accorde souvent mal avec la musique. Celle-ci a de même été découpée, augmentée par un correcteur. C'est qu'il s'agissait de permettre au metteur en scène, M. Max Reinhardt, de montrer de quoi il est capable. Pour arriver à transformer l'opérette charmante de Strauss en opérette à grand spectacle, on n'a reculé ni devant l'introduction de valses qui laissent l'action en suspens, ni devant les dépenses de machinerie et de costumes : procédés de décadence théâtrale, et qui ne sont employés que lorsque le metteur en scène, étant incapable de faire beaucoup avec peu de chose, ne fait pas grand'chose avec beaucoup, sinon abîmer une pièce."

(Larousse Mensuel Illustré, 1933)

 

Première à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 22 février 1969, dans la version française de Paul Ferrier, mise en scène de Jean-Pierre Grenier, chorégraphie de Michel Rayne, maquettes des décors et costumes d'André Levasseur.

Mmes Andrée ESPOSITO (Caroline), Anne-Marie SANIAL (Arlette).

MM. Rémy CORAZZA (Gaillardin), Michel ROUX (Tourillon), Jean-Christophe BENOIT (Duparquet).

Chef d'orchestre : Jean-Claude CASADESUS

 

9e représentation le 28 mars 1969.

Mmes Ariel DAUNIZEAU (Caroline), Monique de PONDEAU (Arlette), Georgette RISPAL (Flora).

MM. Bernard SINCLAIR (Gaillardin), Michel ROUX (Tourillon), Claude CALES (Duparquet), Bernard MURACCIOLE (Alfred), Michel LLADO (le Prince Orlovski), André DAUMAS (Bidart), Stanislas STASKIEWICZ (Yvan), Robert MANUEL (Léopold).

Artistes des Chœurs : Mlle Maton, MM. Etchebarne, Mezoudj, Yacazzi, Bonton, D'Hollander.

Chef d'orchestre : Jean-Claude CASADESUS

 

35 représentations à l'Opéra-Comique en 1969, 24 en 1970, 2 en 1971, soit 61 au 31.12.1972.

 

Le Metropolitan Opera de New York le présenta, dans sa version originale, le 16 février 1905.

 

 

VIENNE

05.04.1874

PARIS

30.10.1877

PARIS

22.04.1904

NEW YORK

16.02.1905

Arlette [Adèle]

GEISTENGER

d’ASCO

SAULIER

M. SEMBRICH

Mme Gaillardin [Rosalinde]

NITTINGWE

Z. BOUFFAR

THEVENET

B. ALTEN

Le Prince [le Prince Orlofsky]

Mr HIRSCH

Mr URBAIN

Eve LAVALLIERE

E. WALKER

 

 

 

 

 

Gaillardin [Gabriel von Eisenstein]

SZIKA

ISMAËL

BRASSEUR

A. DIPPEL

Tourillon [Frank]

RUBINGER

BERTHELIER

Max DEARLY

O. GORITZ

Alfred [Alfred]

LEBRECHT

CALISTE

PICCALUGA

A. REISS

Le Geôlier [Frosch]

ROTT

WILLIAM

PRINCE

E. GRETER

Ivan [Dr. Blind]

X

X

CLAUDIUS

J. BAYER

Duparquet [Dr. Falke]

X

X

X

X

Chef d’orchestre

J. STRAUSS fils

DE MONTJAU

Arthur BODANSKY

N. FRANKO

 

Le Palais Garnier l'abrita à son tour, le 18 septembre 1941. Mais ce fut une troupe allemande, du Deutsches Opernhaus de Berlin, qui vint lui imposer sept représentations organisées par les autorités d'occupation et strictement réservées au personnel civil et militaire stationné dans la capitale. La mise en scène était signée de Wilhelm RODE, les décors et costumes de Bemmo von Arent, la Chorégraphie de Rudolph KOLLING.

Mmes Margaret PFAHL et Margaret SLEZAK (Rosalinde), Irma BEILKE et Elisabeth SCHWARZKOPF (Adèle), Emmy HAGEMANN et Gertrud WALKER (le Prince Orlofsky).

MM. Willi WÖRLE (Gabriel von Eisenstein), WOCKE (Frank), Walter LUDWIG et Valenta HALLER (Alfred), KANDL (Frosch), SPERING (Dr. Blind).

Chef d'orchestre : Arthur GRÜBER

 

7 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Résumé.

Tiré d'un obscur vaudeville de Meilhac et Halévy, le livret développe une amusante intrigue, située dans le cadre du Paris de 1867 : Gaillardin ayant joué à son ami Duparquet, notaire de son état, la farce de le faire rentrer chez lui au lendemain d'un bal masqué, en costume de chauve-souris, celui-ci se venge en s'arrangeant à son tour de telle sorte que Gaillardin rencontre sous un nom d'emprunt, chez un prince russe de ses connaissances, le directeur de la prison où il doit subir une brève incarcération.

La situation est corsée par le fait que la propre femme de Gaillardin, ainsi que sa servante Arlette, se rendent également chez le prince.

Le premier acte se passe chez Gaillardin, au moment de son départ ; le second chez le prince et le troisième à la prison, le lendemain matin.

 

ACTE I. — A Pontoise, chez Gaillardin.

La servante Arlette, depuis peu au service du ménage Gaillardin, époussette le salon en déchiffrant un billet de sa sœur Anna, qui l'invite à la rejoindre le soir même au bal masqué que donne le prince Orlofsky. Mais Caroline, qui survient, fort énervée, lui refuse net l'autorisation qu'elle requiert sous un prétexte quelconque. On entend à la cantonade la voix d'Alfred, musicien hongrois de tempérament ardent auquel Caroline eut l'imprudence de jurer autrefois fidélité éternelle [Air d’Alfred : Ma colombe, entends-tu pas ?...]. Alfred surgit bientôt, en escaladant la fenêtre, et adresse des reproches passionnés à la belle infidèle, lui faisant promettre de la recevoir si son mari, présentement chez le juge d'instruction pour délit d'injures à un garde-champêtre, doit subir une incarcération. C'est d'ailleurs à cette seule condition qu'Alfred consent à repartir rapidement par où il est entré. Caroline compte bien que son mari, défendu par l'avocat Bidard, ne sera pas condamné. Or, il l'est. Et voici Gaillardin qui entre de fort méchante humeur, en admonestant vertement Bidard, son maladroit défenseur. Il décide toutefois, puisqu'il doit passer huit jours à la prison de Pontoise, de s'y rendre immédiatement, non sans avoir partagé auparavant avec sa femme un magnifique souper d'adieux. Au milieu des préparatifs arrive Duparquet qui, déjà au courant du jugement rendu, vient proposer à son ami de faire encore une fois la fête et le décide à l'accompagner chez le prince Orlofsky. La servante Arlette, qui a entendu la conversation des deux hommes, en informe Mme Gaillardin. Caroline décide alors de surprendre son époux en allant, elle aussi, masquée, chez le prince, sous le nom d'une grande dame hongroise ; Arlette l'accompagnera et sera Mlle de la Folle Avoine.

Gaillardin et Duparquet partis, Alfred ne tarde pas à revenir, au grand déplaisir de Caroline qui trépigne d'impatience. Il s'installe commodément à table, se sert et boit plus que de raison. Mais Tourillon, directeur de la prison, tire Caroline d'embarras en arrêtant le Hongrois, qu'il prend pour le mari. Les adieux sont touchants : Caroline est bien obligée de se laisser tendrement embrasser par Alfred...

ACTE II. — Une salle de fêtes.

Le Prince Orlofsky reçoit ses invités. Duparquet annonce une farce très réussie pour le couronnement de la soirée. Il s'étonne bien un peu de l'arrivée imprévue d'Arlette et de Caroline, mais la confusion de Gaillardin n'en sera finalement que plus grande. Celui-ci croit reconnaître sa servante ; cependant tout le monde le convainc qu'il se trompe. Caroline joue très bien son rôle de grande dame hongroise [Czardas de Caroline : O lointain séjour...] et Gaillardin, promu « marquis de Valengoujard », fraternise avec le directeur de la prison, devenu « baron de Villebouzin ». La société, fort gaie, boit passablement (Un Divertissement, dansé sur des motifs de valses de Johann Strauss, est généralement intercalé ici). Gaillardin courtise la capiteuse comtesse Kalinka (Caroline) qui s'arrange à lui prendre sa montre comme pièce à conviction. L'absence du chef d'orchestre Alfred demeure cependant inexplicable. Au coup de six heures, Tourillon et Gaillardin se retirent en toute hâte pour rentrer à Pontoise [Finale (Valse) : Toi et toi...].

ACTE III. — A la prison de Pontoise.

Tourillon arrive le premier, fort gris ; Arlette et Flora entrent ensuite. La soubrette, qui ambitionne un engagement au théâtre, auditionne devant Tourillon qui lui a promis son appui [Air d’Arlette : Suis-je dans une opérette ?...]. Léopold, le geôlier, passablement éméché lui aussi, annonce l'arrivée d'un avocat, demandé par le pseudo-Gaillardin incarcéré la veille.

Pour se débarrasser des deux femmes, Tourillon les fait incarcérer vivement. Gaillardin arrive, tout étonné de rencontrer là celui qu'il prend toujours pour le baron de Villebouzin. L'étonnement redouble quand il apprend qu'il a été arrêté la veille, en train de souper avec sa femme et après de tendres adieux... L'avocat entre à ce moment, Gaillardin, subitement dégrisé, lui emprunte sa robe pour procéder lui-même à l'interrogatoire d'Alfred. Caroline, survenue entre temps, y assistera elle aussi.

Dans la demi-obscurité du matin, les personnages ne se reconnaissent pas et Gaillardin apprend tout ce qu'il veut savoir. Rejetant alors son déguisement, il se fait reconnaître de tous. Et comme, en définitive, chacun a quelque chose à se reprocher, la pièce s'achève par une réconciliation générale, en présence d'Orlofsky et de Duparquet venus assister au dénouement de la farce préparée pour venger celle de la « chauve-souris ».

 

« Principaux personnages : Gaillardin ; Caroline, sa femme ; Arlette, sa domestique ; Duparquet, son ami ; Tourillon, directeur de prison ; Léopold, geôlier ; Alfred, chef d'orchestre tzigane ; Bidard, avocat ; le prince Orlofsky ; etc.

La scène se passe en 1867, à Paris et à Pontoise.

C'est une curieuse histoire que celle de la Chauve-souris (la pièce et non son intrigue) ; tirée par un Allemand d'un vaudeville obscur de Meilhac et Halévy, elle s'installe triomphalement au répertoire de langue allemande, pour revenir en France sur les ailes de la Renommée. Il fallut la retraduire, et c'est sous la forme définitive que lui donna M. P. Ferrier qu'elle a conquis Paris en 1904, complétant ainsi le cycle de ses victoires.

L'intrigue en est du reste amusante. Pour la comprendre, il faut savoir ceci : Gaillardin a joué, il y a quatre ans, à son ami Duparquet une farce que ce dernier n'a jamais pardonnée : à la sortie d'un bal masqué, il s'est arrangé de façon à lui faire manquer son train, de sorte que le pauvre homme, notaire de son état, a dû rentrer en plein jour, costumé en chauve-souris. Mais il a juré de se venger, et Gaillardin lui en fournit l'occasion en se faisant condamner à huit jours de prison pour outrages à un garde-champêtre dans l'exercice de ses fonctions. Il s’arrange de façon à faire rencontrer, chez un prince russe avec qui il est en relations d'affaires, Gaillardin et le directeur de la prison où il doit subir sa peine, tous deux sous des noms d'emprunt. Comme on verra, sa vengeance se trouvera encore corsée par des circonstances imprévues.

En effet, Mme Gaillardin, avant son mariage, avait juré fidélité éternelle à un musicien hongrois de tempérament ardent qui reparaît sur la scène au moment précis où Gaillardin va partir pour subir sa peine. Mais ici nous sommes déjà en pleine action, car le premier acte s'ouvre précisément sur le retour d'Alfred, le musicien hongrois, alors que Mme Gaillardin attend son mari, en train de répondre de ses méfaits à la justice de Seine-et-Oise. Pour se débarrasser de l'importun, Caroline consent à lui accorder un rendez-vous pendant l'incarcération de son mari, au cas où il serait condamné.

Or il l'est. Et il revient de l'audience de très mauvaise humeur. Il décide toutefois, puisqu'il doit aller en prison, de partir immédiatement. L'arrivée de son ami Duparquet l'arrête comme il est en train de se préparer. Duparquet vient lui proposer de faire une dernière fois la fête avant ses huit jours à l'ombre et le décide à l'accompagner chez le prince Orlofsky. Le secret de cette escapade est toutefois surpris par la soubrette Arlette, dont la sœur, qui a mal tourné, est invitée chez Orlofsky. Arlette brûle d'aller à ce raout et y parvient en révélant à sa maîtresse ce qu'elle a appris. Caroline ira masquée chez le prince et figurera une grande dame hongroise ; Arlette sera Mlle de la Folle Avoine.

Gaillardin et Duparquet s'en vont. Alfred, qui guettait leur départ, revient et s'installe, au grand déplaisir de Caroline. Mais Tourillon, directeur de la prison, vient la tirer d'embarras en arrêtant le Hongrois, qu'il prend pour le mari. Alfred en profite pour prendre avec Caroline toutes les privautés auxquelles l'autorise son rôle.

Le second acte se passe chez le prince Orlofsky, à qui Duparquet annonce une farce très réussie pour le couronnement de la soirée. Le farceur voit arriver, non sans surprise, des auxiliaires imprévus en la personne d'Arlette et de Caroline. Orlofsky joue très bien son rôle vis-à-vis de Gaillardin, promu marquis de Valengoujar, puis de Tourillon, devenu baron de Villebouzin. Gaillardin croit bien reconnaître sa petite bonne, mais on le convainc qu'il se trompe. Il fait connaissance de la capiteuse comtesse Katinka (Caroline), qui s'arrange de façon à lui prendre sa montre comme pièce à conviction. Il se lie d'amitié avec Tourillon. Et tout le monde, cela va sans dire, boit beaucoup. Une seule ombre au tableau : l'absence inexplicable du chef d'orchestre Alfred. Mais six heures du matin sonnent : Tourillon et Gaillardin se retirent en hâte, car tous deux doivent être à 7 h. à la prison.

C'est à la prison que se passe le troisième acte, un des plus gais qu'on puisse voir au théâtre. Tourillon rentre le premier, très gris. Son geôlier, passablement gris aussi, lui dit qu'on attend un avocat demandé par le pseudo-Gaillardin. Arrivent ensuite la soubrette Arlette et sa sœur Flora (l'amie d'Orlofsky) ; Arlette vient rappeler à Tourillon qu'il lui a promis de l'aider à débuter au théâtre. Pour s'en débarrasser pendant la visite de l'avocat, Tourillon fait enfermer les deux femmes dans une cellule sous un prétexte quelconque.

C'est maintenant Gaillardin qui vient purger sa peine. Étonnement des deux hommes à se reconnaître. La lumière se fait peu à peu à travers les fumées de l'alcool. Mais Gaillardin n'en peut croire ses oreilles lorsqu'il apprend qu'il est déjà écroué et qu'on l'a arrêté la veille au soir, en train de souper avec sa femme. La nouvelle le dégrise. Justement l'avocat arrive ; Gaillardin obtient de lui qu'il lui prête sa robe pour un instant, et c'est ainsi déguisé qu’il procède à l'interrogatoire d'Alfred. A cet interrogatoire assiste encore Caroline. Dans l'obscurité, les personnages ne se reconnaissent pas. Gaillardin apprend ainsi toute la vérité. Elle est heureusement moins grave qu'il ne le craignait. Et comme tout le monde a, en somme, quelque chose à se faire pardonner, la pièce s'achève par une réconciliation générale en présence d'Orlofsky et de Duparquet, venus voir le dénouement de la farce, ou, comme dit Duparquet, « la revanche de la Chauve-souris ». »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

CHEMINEAU (LE)

 

Drame lyrique en quatre actes, livret de Jean Richepin, musique de Xavier Leroux.

 

Personnages : le Chemineau (baryton) ; Maître Pierre (basse) ; François, valet chez Maître Pierre (baryton) ; Toinet, fils du Chemineau (ténor) ; Martin (ténor) et Thomas (baryton), valets de ferme ; Toinette, servante chez Maître Pierre (soprano dramatique) ; Aline, fille de Maître Pierre (soprano) ; Catherine, servante d'auberge (mezzo-soprano) ; Petits rôles ; Chœurs : moissonneurs, paysans, enfants, etc.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 novembre 1907. — Décors de Lucien Jusseaume. — Mise en scène d’Albert Carré.

 

 

06.11.1907

Opéra-Comique

(création)

12.11.1909

Opéra-Comique

(28e)

20.05.1915

Opéra-Comique

(51e)

09.02.1922

Opéra-Comique

(53e)

Toinette

Claire FRICHÉ

MERENTIÉ

Marie DELNA

M. MATHIEU

Aline

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Geneviève MATHIEU-LUTZ

A. REVILLE

Catherine

C. THEVENET

TIPHAINE

TIPHAINE

TIPHAINE

 

 

 

 

 

Chemineau

H. DUFRANNE

H. ALBERS

H. DUFRANNE

H. ALBERS

Toinet

T. SALIGNAC

T. SALIGNAC

DE CREUS

VILLABELLA

François

J. PERIER

DUPRÉ

J. PERIER

DUPRÉ

Maître Pierre

F. VIEUILLE

F. VIEUILLE

A. HUBERTY

L. AZEMA

Martin

Maurice CAZENEUVE

Maurice CAZENEUVE

Georges MESMAECKER

ROUSSEL

Thomas

DELVOYE

DELVOYE

BELLET

R. HERENT

Chef d’orchestre

RÜHLMANN

RÜHLMANN

X. LEROUX

A. WOLFF

 

Entre temps l'ouvrage entrait à la Gaîté-Lyrique où il était créé le 20 novembre 1913 par Mmes Claire FRICHÉ (Toinette), Alice MERYL (Aline), Hélène MIREY (Catherine), MM. MAGUENAT (le Chemineau), TIRMONT (Toinet), COTREUIL (François), LEQUIEN (Maître Pierre), sous la direction d’A. AMALOU.

 

 

17.10.1925

Opéra-Comique

(63e)

09.01.1936

Opéra-Comique

(88e)

10.02.1940

Opéra-Comique

(92e)

26.04.1945

Opéra-Comique

(100e)

Toinette

Alice RAVEAU

Germ. PAPE

Renée GILLY

S. LECONTE

Aline

A. REVILLE

J. MICHEAU

G. CHELLET

J. ROLLAND

Catherine

TIPHAINE

J. MATTIO

LECOUVREUR

NOTTI-PAGES

 

 

 

 

 

Chemineau

L. MUSY

L. MUSY

L. MUSY

L. MUSY

Toinet

LEGRAND

GIVAUDAN

MALVASIO

BONNEVAL

François

DUPRÉ

J. VIEUILLE

L. GUENOT

E. ROUSSEAU

Maître Pierre

MORTURIER

BALDOUS

BALDOUS

J. ROUSSEAU

Martin

ROUSSEL

DE CREUS

P. PAYEN

P. PAYEN

Thomas

R. HERENT

POUJOLS

R. HERENT

CLAVENSY

Chef d’orchestre

A. WOLFF

E. COHEN

A. WOLFF

E. BOZZA

 

N. B. — A la reprise de 1936, l’œuvre fut jouée en 5 actes.

 

106 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 14 février 1908 avec Mmes Croiza (Toinette), Eyreams (Aline), Bourgeois (Catherine), MM. Bourbon (le chemineau), Decléry (François), Blancard (maître Pierre), Dua (Toinet), Caisso (Martin), La Taste (Thomas).

 

Résumé.

Un chemineau a séduit la servante Toinette, puis est reparti sur la grand'route. Vingt ans après, il revient, retrouve son fils et s'efforce d'arranger les choses. Mais sa nostalgie le reprend ; le soir de Noël, il s'en va, seul, dans une exaltation farouche et grandiose.

 

L'action se déroule dans un petit village français au début du XXe siècle.

ACTE I. — Une clairière à l'orée d'un bois.

Les moissonneurs de Maître Pierre travaillent au rythme de la chanson du Chemineau. François, Martin, Thomas et leurs compagnons de travail viennent se restaurer auprès de la servante Toinette. Ils se couchent bientôt et s'endorment, sauf François, qui au grand dépit de Toinette, ne partage pas l'admiration des autres pour le Chemineau. Quoique plus âgé qu'elle, François épouserait volontiers Toinette, mais celle-ci le repousse doucement et il s'éloigne.

Le Chemineau s'approche et vide la gourde que lui offre Toinette. Maître Pierre arrive à son tour. Il tâche inutilement de persuader le Chemineau de rester chez lui comme garçon de ferme. Brusquement, le Chemineau l'écarte et appelle Toinette. Maître Pierre les laisse seuls. Le plus doucement qu'il peut, le Chemineau explique à Toinette que sa destinée est d'être toujours sur les routes. En vain, pour ne pas le perdre, la jeune fille, qui lui a déjà cédé, lui offre-t-elle de le suivre, de partager ses fatigues et ses peines.

Le Chemineau va rejoindre les moissonneurs et Toinette range les écuelles. Maître Pierre se réjouit un instant à l'idée que le Chemineau épousant Toinette se fixerait chez lui, mais François vient bientôt signaler que le Chemineau s'en va. On l'entend, en effet, s'éloigner, toujours le même refrain aux lèvres. Folle de douleur et de honte, Toinette voudrait courir le rejoindre, mais François la retient.

ACTE II. — Un intérieur de paysans à la très humble aisance.

[Prélude Symphonique.]

Vingt ans se sont écoulés. François a pris Toinette pour femme. Toinet, le fils du Chemineau, que François a adopté, est déjà un grand jeune homme. Toinette considère François, vieilli et perclus, assis près de l'âtre dans un grand fauteuil de malade. François est soucieux à cause de Toinet qui ne rit plus comme autrefois.

Aline, la fille de Maître Pierre, qui est devenu l'ennemi de François depuis que celui-ci l'a quitté, entre brusquement et se jette en pleurant dans les bras de François. Elle aime Toinet, et son père vient de s'opposer formellement à leur union.

Toinet, qui a pénétré dans la pièce sans être vu, se joint aux plaintes et au désespoir de Toinette. François les fait sortir, voulant avoir une nette explication avec Maître Pierre [Duo (Toinet-Aline) : Hélas, nos pauvres amours, on va leur couper les ailes...].

Tomette essaie de calmer François et de renvoyer l'entrevue au lendemain, mais Maître Pierre se présente assez insolemment, menaçant de dévoiler à Toinet la vérité sur sa naissance, et voulant imposer à François de quitter le pays avec sa famille. François, furieux, veut se jeter sur Maître Pierre, mais il tombe, frappé d'un coup de sang.

ACTE III. — Une auberge, à un carrefour sur la grand'route.

[Interlude Symphonique.]

Martin, attablé à l'auberge, apprend de Catherine, la servante, que, depuis un mois François gît, immobilisé à la suite de la dispute avec Maître Pierre, et que Toinet, désespéré, traîne de cabaret en cabaret pour noyer sa peine. Justement Toinet s'approche, titubant. Catherine le fait entrer dans la remise pour qu'il s'y repose.

Martin et Thomas se remettent à boire. Mais voilà que, venant de loin et se rapprochant peu à peu, se fait entendre la chanson joyeuse du Chemineau. Celui-ci apparaît bientôt, plus allant que jamais. Martin l'invite à boire. Tout en causant, le vagabond s'enquiert de Toinette, dont il se souvient avec émotion, et devine que Toinet est son fils.

Les trois hommes entrent dans l'auberge, Catherine vient écouter à la porte de la remise, où Toinet continue de dormir. Tomette arrive en courant, à la recherche de son fils, et entre bientôt dans la remise, dont Catherine ferme la porte.

Les trois hommes sortent à ce moment de l'auberge. Tandis que Thomas et Martin s'éloignent, le Chemineau reste en compagnie de Catherine, pour attendre le réveil de Toinet. Catherine lui montre la porte de la remise, puis s'écarte. Le Chemineau est ému, il hésite ; enfin, il ouvre et la porte et appelle Toinet. Tomette apparaît, stupéfaite. Bien décidé à arranger les choses, le Chemineau le dit à la pauvre femme, puis il réveille Toinet et s'exalte à sa vue. Finalement, il l'entraîne en gambillant et chantant, suivi de Toinette extasiée.

ACTE IV. — Même décor qu'au IIe acte.

[Introduction Symphonique (Carillon)]

C'est le soir de Noël. François est assis dans un grand fauteuil, face à l'âtre. Toinette, Aline et Toinet apprêtent le réveillon. Les jeunes gens sont mariés ; la joie règne.

Le Chemineau qui entre, blanc de neige, s'offre à veiller sur François tandis que toute la famille se rendra à la messe de minuit. Sa nostalgie le reprend cependant.

Les voisins passent devant la porte, appelant Toinette et les autres, qui, bientôt, s'en vont. Les cloches sonnent. Le Chemineau demeure seul. Des lugnots passent pour quêter.

Survient Maître Pierre qui entre un instant, avant d'aller à l'église. Depuis longtemps sa colère est apaisée. Et ce sont des paroles amicales qu'il adresse au Chemineau, à qui il apprend que tout le village pense que, François ayant disparu, c'est lui qui deviendra l'époux de Toinette. François lui-même, après que Maître Pierre s'est éloigné, y consent avant de mourir. Les lugnots repassent.

Le Chemineau se lève. L'appel de la route est encore puissant dans son cœur. Tandis que résonnent en sourdine les cloches annonçant la fin de la messe, il s'en va, dans la neige, avant que ne soient revenus Toinette et son fils...

 

« En étudiant le répertoire, on a pu remarquer souvent combien le lyrisme spécial aux drames romantiques provoque naturellement l'inspiration musicale ; et à quel point il est facile d'orchestrer la mélodie de leurs vers — surtout lorsqu'il s'agit de ces tirades qui, même sur la scène de la Comédie-Française, se lancent comme des couplets ; c'est essentiellement le cas pour le Chemineau, poème de vie au grand air, tout bruissant déjà de chansons rustiques, et ouvragé par un incomparable virtuose du rythme : Jean Richepin.

L'œuvre créée à l'Odéon le 16 février 1897 avait été acclamée cent cinquante fois dans l'année. C'est un des plus grands succès de « première », et précédant de peu de mois celui de Cyrano. A la fin de la pièce, on réclama l'auteur avec une telle furie d'insistance qu'il lui fallut paraître sur le plateau, traîné par ses interprètes. A l'occasion de la centième, la moitié des places furent mises gratuitement à la disposition du public, qui s'y écrasa. Quelques jours après, une fête commémorait ce triomphe, au Chalet des Iles du Bois de Boulogne, par un déjeuner et un bal champêtre organisé sur les pelouses au son de la musique des Tziganes — autres bohémiens...

Ceux qui ont habité la « vraie campagne » connaissent tous le « Chemineau », le compagnon des grandes routes, qui n'est pas forcément un vagabond ni un mendiant ; une espèce d'ouvrier-truand, qui est peut-être conscient, mais qui n'est pas organisé. Pratiquant tous les métiers, il a plusieurs manières d'assurer son existence, et quelquefois comme Panurge « par façon de larcin furtivement fait » ; souvent, il sollicite un verre de piquette ou de cidre, un morceau de pain, ou un lit de paille — spéculant sur la charité des ruraux, des propriétaires fonciers... quand ce n'est pas sur la terreur qu'il leur inspire. Et, le cas échéant, dans le temps des récoltes, il donne un coup de main, bien volontiers, « mais ne reste jamais longtemps au service du même maître. Son travail achevé, il se remet en marche, au gré de son caprice, et emporté par une sorte d'instinct mystérieux... s'en va n'importe où !

 

Et maintenant, voici : j'ai pour premier principe
De m'aller promener, libre, le nez au vent,

Quand il me prend envie — et ça me prend souvent !
J'ai pour second principe, et n'en veux pas démordre,

D'envoyer promener quand on me donne un ordre.

Autrement dit, je suis un mauvais garnement,

Roulant en vagabond la grand'route et l'aimant,

Travaillant pour manger tout juste, et qui préfère,

Quand c'est son goût, ne rien manger et ne rien faire.

 

Telle est sa profession de foi... Mais rude besogneur quand il s'y met — et, avec ça, joyeux luron ; toujours un refrain aux lèvres ; un peu poète, un peu savant, il sait les chansons qui donnent du cœur à l'ouvrage, et les secrets qui guérissent bêtes et gens. »

Le Chemineau n'a pas de nom. C'est sans demander à voir ses papiers que maître Pierre, le riche fermier champenois, l'a engagé pour la moisson ; et il le garderait comme premier valet, si cet indépendant pouvait aliéner sa liberté. La jolie Toinette elle-même, sur qui le cultivateur comptait pour l'y décider, n'a pas réussi ; et pourtant le Chemineau lui a dit des mots d'amour — auxquels elle s'est laissée prendre ! Malgré tout, il s'en est allé à l'aventure « vers le pays de nulle part »... et vingt années s'écouleront avant que les hasards du tour de France le ramènent aux bords de l'Aube et de la Marne. Il retrouve Toinette mariée ; elle a épousé le garçon de ferme François, un brave homme qui a pris à son compte l'enfant venu au monde peu après. Toinet, comme on l'appelle, est très certainement le fils du Chemineau. Maître Pierre s'en doute ; aussi ne veut-il pas entendre parler de mariage entre sa fille Aline et ce bâtard, qui s'avise d'en être amoureux.

François, déjà miné par les soucis, exaspéré, vient d'avoir avec maître Pierre une violente explication — au cours de laquelle ce fruste paysan lui a brutalement signifié les secrètes raisons de son refus. L'honneur de Toinette est en jeu ! Le mari bondit sous l'outrage... mais l'émotion le suffoque, et ne tarde pas à déterminer une attaque de paralysie. « Plût à Dieu — s'écriait Sarcey — qu'il fût mort du coup ! Il ne nous ennuierait pas au dernier acte où il est insupportable. Je vous en supplie, mon cher Richepin, tuez-le-moi ! Quel plaisir trouvez-vous à me camper plus tard cet infirme incommode sur une chaise-longue où il retardera, sans profit pour personne, un dénouement qui traîne ? Un bon mouvement, tuez-le ! Ça ne vous coûte rien ; votre pièce y gagnera, et l'acteur aussi, qui pourra s'en aller coucher à dix heures ! et nous qui n'aurons pas à subir les ânonnements de cet impossible paralytique... allons ! c'est fait, il est mort, qu'on l'enterre et n'en parlons plus ! »

Pendant ce temps Toinet, désespéré, bat la campagne ; il essaie de noyer son chagrin dans les cabarets... Tomette se désole. Ils sont très malheureux. C'est alors que survient le Chemineau. Ses anciens compagnons le reconnaissent ; on ne tarde pas à le mettre au courant des faits, et il s'attendrit :

 

Je pense aux blés coupés qui ne sont pas les nôtres
Et dont les épis mûrs font du pain pour les autres !

 

Mais ce n'est pas l'instant de se laisser aller à la mélancolie. Son amie souffre, son fils est en train de perdre la tête — il faut réagir. Et ce diable d'homme galvanise tout le monde ; il n'y a qu'un remède : arracher son consentement à maître Pierre ; et pour aussi madré que soit le métayer, ce n'est qu'un jeu. Comme tous ses pareils, le Chemineau a la réputation d'un sorcier, d'un « jeteux de sorts »... Et dans une scène d'excellente comédie, qui est malheureusement perdue pour la version lyrique, il s'amuse à épouvanter avec des allures sinistres le superstitieux villageois, en évoquant autour de lui une atmosphère de fléaux qu'il se fait fort de déchaîner. Maître Pierre cédera d'autant plus vite que sa fille, depuis quelque temps, languit visiblement... Il la donne à Toinet. C'est le meilleur moyen de la guérir.

Le bonheur est venu. Et le Chemineau, dont ce bonheur est l'œuvre, va-t-il en prendre sa part ? Il lui suffirait sans doute d'attendre, et pas bien longtemps, la mort de François, pour épouser Tomette... Le peut-il ? Il ne nous avait pas, lorsqu'il abandonnait son amoureuse au premier acte, laissé de sa délicatesse une impression aussi parfaite. Et nous inclinons à penser que c'est la nostalgie des grands chemins qui le pousse, une nuit neigeuse de Noël, à reprendre, furtif, la route de partout.

 

***

 

Le 6 novembre 1907, M. Dufranne, du Théâtre de l'Opéra-Comique, empruntait à M. Decori — le créateur du « Chemineau » à l'Odéon — le bâton de ce chevalier errant. L'acteur consentait à « prêter » (on ne se défait pas de tels souvenirs !) le fétiche qu'il avait manié tout près de mille fois, en comptant les tournées... et qui aurait pu servir au chef d'orchestre pour conduire la partition du maître Xavier Leroux. A son tour le compositeur s'était laissé tenter par les ondes sonores de l'espace, et voulait exprimer harmonieusement ce que peuvent avoir d'irrésistibles attirances :

 

Et les chansons du vent dans les joncs du rivage,
Et toutes les forêts avec tous leurs oiseaux... »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

  

CHÊNE PATRIOTIQUE (LE) ou LA MATINÉE DU 14 JUILLET 1790

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 juillet 1790. La scène se passe dans un village dont le seigneur fait si bon marché de sa noblesse qu'il marie son fils à une paysanne, et laisse choisir dans ses forêts un chêne, que les villageois vont replanter devant leur église, en mémoire de la prise de la Bastille. Le ci-devant seigneur, les officiers municipaux, la garde nationale et les autres citoyens attendent que midi sonne pour prêter le serment fédératif, ce qui s'exécute avec beaucoup de zèle et d'enthousiasme. Ce stupide ouvrage, « dont la sensibilité fait le principal mérite », dit le Mercure de France, renferme des couplets qui naturellement ont été fort applaudis.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHERCHEUR D'ESPRIT (LE)

 

Opéra-comique en un acte et en vers libres, livret d’Edouard Foussier, musique de Ferdinand Besanzoni. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 mars 1856. Ce sont les Oies du frère Philippe qui ont inspiré le livret. La forme en est agréable, la musique bien écrite. Mlles Boulart et Marguerite Jeanne Camille Decroix ont chanté les rôles de Lélio et de Stellina.

 

 

CHERCHEURS D'OR (LES)

 

Opéra en trois actes, musique d'Elwart, né en 1808, non représenté.

 

 

CHERCHEUSE D'ESPRIT (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Simon Favart et Voyer d’Argenson, d’après Comment l’esprit vient aux filles, conte de Jean de La Fontaine, musique glanée parmi les airs à succès de l'époque.

 

Création sur les tréteaux de la Foire Saint-Germain le 20 février 1741.

 

Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 12 septembre 1762.

 

Repris à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 22 février 1900. — Airs du temps reconstitués par J. B. Weckerlin.

Mmes VILMA (Nicette), EYREAMS (Alain), PIERRON (Mme Madré), DARMIERE (Finette).

MM. VIANNENC (Léveillé), ROTHIER (M. Narquois), GOURDON (M. Subtil).

Chef d'orchestre : GIANNINI.

 

« La partie musicale de cette charmante comédie ne se compose que d'airs de vaudevilles de divers auteurs. Mais nous devons lui donner une place ici pour faire comprendre ce qu'on entendait alors par opéra-comique. Gardel fit de la Chercheuse d'esprit un ballet-pantomime qui fut représenté à l'Opéra le 1er mars 1778. On donna aussi la pièce de Favart à Duni, afin qu'il en composât la musique ; mais elle ne figure pas dans la liste des ouvrages de ce compositeur. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHERCHEUSE D'ESPRIT (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’après la pièce de Charles Simon Favart, musique d’Edmond Audran.

 

Première représentation à Marseille, théâtre du Gymnase, en avril 1866.

 

Représenté à Paris, au théâtre de l’Alcazar, en 1888.

 

 

CHÉRUBIN

 

Comédie chantée en trois actes, livret de Francis de Croisset et Henri Cain, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra de Monte-Carlo le 14 février 1905. Première à l'Opéra-Comique le 23 mai 1905. => fiche technique

 

 

CHEVAL DE BRONZE (LE)

 

Opéra-féerie en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d'Esprit Auber.

 

Personnages : Stella, Tao-Jin, Peki, Lo Mangli (soprani) ; le Prince Yang, Yanko, Tsing-Sing (ténors) ; le fermier Tchin-Kao (basse).

 

Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 23 mars 1835, sous la direction d’Henri Valentino, décors de René Philastre et Charles Cambon, avec Mmes Casimir (Stella), Ponchard (Tao-Jin), Pradher (Peki), Anaïs Fargueil (Lo-Mangli), MM. Ponchard et Alphonse Révial (Yang), Féréol (Tsing-Sing), Inchindi (Tchin-Kao), Thénard (Yanko).

 

Représenté dans une nouvelle version (opéra-ballet en quatre actes) au Théâtre de l’Opéra, le 21 septembre 1857 ; chorégraphie de Lucien Petipa ; décors d'Hugues Martin (acte I), Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte II), Charles Cambon et Joseph Thierry (actes III et IV) ; costumes d'Alfred Albert ; avec Mmes Marie Moreau-Sainti (Tao-Jin), Marie Dussy (Peki), Delisle (Stella), Dameron (Lo-Mangli), MM. Mécène Marié (Tsing-Sing), Louis-Henri Obin (Tchin-Kao), Etienne Sapin (le Prince Yang), Boulo (Yanko). Danse : Mlle Amalia Ferraris (Delia) et M. Mérante.

 

« Le livret transporte le spectateur en Chine et en pleine féerie. Il était amusant à l'époque où il a été représenté ; mais la plupart des scènes sont devenues banales à force d'avoir été imitées. Le Cheval de bronze se prêtait aux décorations et aux machines, c'est pourquoi on a eu l'idée de monter cet ouvrage à l'Académie de musique, où il fut représenté en quatre actes avec des additions le 21 septembre 1857. La musique en est vive, spirituelle, mais elle n'a pas le caractère qui convient à notre première scène lyrique. Parmi les morceaux les plus agréables de la partition, on peut citer la ballade Là-bas, sur ce rocher sauvage, et la plupart des morceaux du second acte, qui est le plus riche en motifs originaux, entre autres les couplets en la majeur : Quand on est fille, hélas ! et le duo Ah ! ciel, en croirai-je mes yeux ! Les modulations de l'orchestre, pendant le sommeil du mandarin, sont d'une suavité tout orientale. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C’est l'opéra-comique de ce nom transformé en grand opéra.

Les récits ajoutés ont paru nuire au Cheval de bronze, si charmant et si original dans son premier cadre ; mais on applaudit un gracieux duettino, des airs de danse et surtout un ottetto syllabique (4e acte), composés expressément pour cet ouvrage rajeuni et métamorphosé. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CHEVALIER À LA MODE (LE)

 

Opéra-comique, musique de Dalayrac, représenté à la Cour en 1781.

 

 

CHEVALIER À LA ROSE (LE)

 

[Der Rosenkavalier]

Comédie musicale allemande en trois actes, livret de Hugo von Hofmannsthal ; version française de Jean Chantavoine ; musique de Richard Strauss.

 

Personnages : La Maréchale, princesse de Werdenberg (soprano) ; le baron Ochs de Lerchenau (basse) ; Octave Rofrano dit "Quinquin", jeune homme de bonne famille (mezzo-soprano) ; M. de Faninal, riche bourgeois récemment anobli (baryton) ; Sophie, sa fille (soprano) ; Marianne Leitmetzerin, sa gouvernante (soprano) ; Valzacchi, un intrigant italien (ténor) ; Annina, sa complice (contralto).

 

L’action se déroule à Vienne, sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse.

 

Créée au Théâtre Royal de Dresde, le 26 janvier 1911, dans une mise en scène de Max REINHARDT, des décors de Bolier et des costumes de Fante par :

Mmes Margarethe SIEMS (la Maréchale), Eva von der OSTEN (Octave), Minnie NAST (Sophie), M. Carl PERRON (le Baron Ochs), sous la direction d’Ernest von SCHUCH.

 

Premières fois à l'Opéra de Vienne et à la Scala de Milan, en 1911, au Covent Garden de Londres et au Metropolitan-Opera de New York, en 1913, à la Monnaie de Bruxelles, le 15 décembre 1927.

 

 

VIENNE

1911

MILAN

01.03.1911

LONDRES

1913

NEW YORK

09.12.1913

BRUXELLES

15.12.1927

La Maréchale

WEIDT

AGOSTINELLI

SIEMS

HEMPEL

BONAVIA

Octave

FÖRSTEL

BORI

DER OSTEN

OBER

MERTENS

Sophie

G. SCHODER

FERRARIS

DUX

CASE

CLAIRBERT

 

 

 

 

 

 

Baron Ochs

MAYR

LUDIKAR

KNÜPFER

GORITZ

VAN OBBERGH

Chef d’orchestre

SCHUCH

Tullio SERAFIN

BEECHAM

HERTZ

DE THORAN

 

Première fois à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 11 février 1927, dans la version française (répétition générale publique le 08 février à 20h). Mise en scène de Jacques Rouché. Décors et costumes d'après les maquettes de Drésa. Décors exécutés par M. Darlot. Costumes exécutés par les Ateliers Antoinette.

Mmes CAMPREDON (la Maréchale Princesse Werdenberg), Germaine LUBIN (Octave dit "Quinquin" jeune homme de grande famille), Jane LAVAL (Sophie, fille de Faninal), LAPEYRETTE (Annina, compagne de Valzacchi), G. HAMY - débuts - (Demoiselle Marianne Leimetzerin, duègne), Louise BARTHÉ (une Modiste), Blanche KERVAL [danseuse] (une Veuve noble), GOUTS, MARTIN, TEXIER (Trois Orphelines nobles), GOULLOUAND [danseuse] (un petit nègre), LEROY (un Flûtiste).

MM. Albert HUBERTY (le Baron Ochs de Lerchenau), H. FABERT (M. de Faninal, riche bourgeois récemment anobli), WARNERY (Valzacchi, intrigant), NARÇON (un Exempt), MADLEN (l'Intendant de la Maréchale), Raoul GILLES (l'Intendant de Faninal ; un Marchand d'Animaux), GUYARD (un Notaire), SORIA (un Aubergiste), DELBOS (un Chanteur), ERNST (un Domestique), FÉROUELLE [danseur] (un Coiffeur), Pierre FAVREAU (le Fils), F. BARON (un Savant), CUVELIER (un Chef de cuisine), PANCOTTI, LANDRAL, COTTEL, PICAT (les Laquais de la Maréchale), CASTEL, BERGERIOUX, DELMONT, CHARVIGNY (les Laquais de Lerchenau).

Chasseurs, Laquais, Heiduques, Cuisiniers, un Médecin, Convives, Musiciens, Deux Gardes, Différents Hommes suspects, Quatre petits Enfants.

Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT

 

2e représentation le 14 février 1927 avec Mmes CAMPREDON (la Maréchale), LUBIN (Octave), Jane LAVAL (Sophie), MM. Albert HUBERTY (le Baron Ochs), H. FABERT (de Faninal).

 

31e représentation le 28 mai 1928.

Mmes CAMPREDON (la Maréchale), LUBIN (Octave), Jane LAVAL (Sophie), LAPEYRETTE (Annina), G. HAMY (Demoiselle Marianne), BARTHÉ (une Modiste), KERVAL (une Veuve Noble), GOUTS, MARTIN, TEXIER (Trois Orphelines Nobles), GOULOUAND (un petit nègre), LEROY (un Flûtiste).

MM. Albert HUBERTY (le Baron Ochs), H. FABERT (de Faninal), WARNERY (Valzacchi), NARÇON (le Commissaire), MADLEN (l'Intendant de la Maréchale), Raoul GILLES (l'Intendant de Faninal, un Marchand d'Animaux), GUYARD (un Notaire), SORIA (un Aubergiste), DELBOS (un Chanteur), ERNST (un Domestique), FÉROUELLE (un Coiffeur), Pierre FAVREAU (le Fils), CASTEL (l'Aumônier), DELMONT (le Chasseur), F. BARON (un Savant), CUVELIER (un Chef de cuisine), PANCOTTI, LANDRAL, COTTEL, PICAT (les Laquais de la Maréchale), CASTEL, BERGERIOUX, DELMONT, CHARVIGNY (les Laquais de Lerchenau).

Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT

 

50e représentation le 06 avril 1929, avec les créateurs, sauf :

Mmes TIRARD (la Maréchale), JABODON, MESLIN, DESCAMPS (Trois Orphelines Nobles) et M. MADLEN (l'Intendant de la Maréchale. un Aubergiste).

 

La 100e eut lieu le 27 juillet 1934 mais, par suite d'une erreur de la Régie, elle ne fut fêtée que le 19 juin 1935, soir de la 104e exacte, avec les créateurs, sauf : MM. DE LEU (l'Intendant de la Maréchale), FOREST (un Notaire), MADLEN (un Aubergiste), José LUCCIONI (un Chanteur).

 

 

24.02.1941

110e

30.05.1949

145e

15.03.1957

150e

26.01.1962*

187e (en allemand)

la Maréchale

LUBIN

H. KONETZNI

Régine CRESPIN

Elisabeth SCHWARZKOPF

Octave

COURTIN

R. STEVENS

Suzanne SARROCA

Suzanne SARROCA

Sophie

MICHEAU

J. MOOR

MICHEAU

Liliane BERTON

Annina

LAPEYRETTE

D.-HEMANN

DARBANS

Isabelle ANDREANI

Marianne

HAMY

J. BARTON

ALLARD

Georgette SPANELLYS

la Modiste

SAINT-ARNAUD

SABATTIER

CAUCHARD

Irène JAUMILLOT

Une Veuve

BONNEVILLE

MORICE

MORICE

MORICE

1re Orpheline

DESCOMBES

J. CELLIER

Christiane HARBELL

Christiane HARBELL

2e Orpheline

M. SERRES

MAS

COLLARD

Jacqueline BROUDEUR

3e Orpheline

MARCHAL

COUVIDOUX

Janine FOURRIER

Janine FOURRIER

le Petit Nègre

     

THIRACHE

 

 

 

 

 

le Baron Ochs

A. HUBERTY

E. LIST

ALVARY

Michaël LANGDON

Monsieur de Faninal

NOGUERA

ROTHMUELLER

NOGUERA

Jean-Pierre LAFFAGE

Valzacchi

R. GILLES

G. HARTIG

Louis RIALLAND

Louis RIALLAND

le Commissaire

PETITPAS

PETITPAS

FAGIANELLI

J. MARS

l'Intendant de la Maréchale

MADLEN

Camille ROUQUETTY

Camille ROUQUETTY

Camille ROUQUETTY

l'Intendant de  Faninal

DE LEU

CHASTENET

GOURGUES

Raoul GOURGUES

un Notaire

FOREST

PHILIPPE

PHILIPPE

Michel FOREL

l'Aubergiste

MADLEN

DESHAYES

CHASTENET

Robert ANDREOZZI

un Chanteur

ROUQUETTY

ROMAGNONI

Alain VANZO

Alain VANZO

Domestique

ERNST

FOREL

MAX-CONTI

MAX-CONTI

le Marchand d'animaux

DE LEU

MICHEL

Gustave BOTIAUX

Raoul GOURGUES

le Garçon d'auberge

     

MAX-CONTI

Chef d’orchestre

Philippe GAUBERT

Louis FOURESTIER

Louis FOURESTIER

Louis FOURESTIER

 

* Ont été aussi affichés durant cette saison : Jacques POTTIER (un Chanteur, 15 avril 1962), José FAGIANELLI (le Commissaire), MM. Gazzo, D'Arcy, Gorlier, Gibert, Nugues, Mathieu, Martine, Faudet, Mettenet, Souchoy, Simonneau, Angot, Vautrin.

 

Pour la reprise de 1957, dans la mise en scène de José BECKMANS, le décor du 2e acte a été refait par Wladimir JEDRINSKY.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

La Maréchale, Princesse de Werdenberg : Mmes Lotte LEHMANN (1928), HOERNER (1936), Maria REINING (1949), LUCAZEAU (1957), MONMART (1958).

Octave, le Chevalier : Mmes FERRER (1927), DE MEO (1928), JERITZA (1928), HOLLEY (1931), Martha ROHS (1942), GORR (1958).

Sophie : Mmes NESPOULOUS (1927), E. SCHUMANN (1928), HEDOUIN (1929), BROTHIER (1933), MORERE (1935), S. RENAUX (1936), SAINT-ARNAUD (1942), DELLA-CASA (1949), DORIA (1957), CHALANDA (1957).

Annina : Mmes FROZIER-MARROT (1927), ANDAY (1928), TESSANDRA 1(928), ALMONA (1928).

Baron Ochs : MM. Fred BORDON (1928), MAYR (1928), GRIEBEL (1942), FROUMENTY (1957), MEDUS (1957), CLAVENSY (1959).

de Faninal: MM. MAURAN (1927), MADIN (1928), FROUMENTY (1935), MOROT (1935), CHARLES-PAUL (1943), KALMANN (1949), CLAVERE (1957).

Valzacchi : MM. GALLOZ (1928), Ch. COTTA (1942).

le Chanteur : MM. PATAKY (1928), P. H. VERGNES (1929), JOBIN (1930), RAMBAUD (1934), CHASTENET (1935), JOUATTE (1936), GOURGUES (1941), NORÉ (1942), PONCET (1957), DEL MONTE (1959), CADIOU (1959), GOUTTEBROZE (1959).

 

Richard STRAUSS dirigea son œuvre au Palais Garnier le 29 octobre 1930.

 

186 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Résumé.

« Le Chevalier à la Rose » est une aventure viennoise du XVIIIe siècle dont le titre fait allusion à l'habitude d'alors des familles nobles de faire remettre aux fiancées, par un jeune chevalier, une rose symbolique d'argent.

L'intrigue dramatique, fort simple, peut se résumer ainsi : la Maréchale de Werdenberg, que l'on surprend au petit matin avec son jeune amant Octave, est priée par son cousin, le vieux et grossier baron Ochs de Lerchenau, de désigner le chevalier qui portera la rose d'argent à sa fiancée, Sophie Faninal. La Maréchale propose Octave.

Au deuxième acte, la présentation de la rose a lieu, mais Sophie, froissée par la vulgarité de son fiancé, s'éprend d'Octave, qui fait un esclandre et blesse le baron.

Au troisième acte, Ochs de Lerchenau tombe dans le piège que lui ont tendu Octave et divers comparses. Couvert de honte et de confusion, il abandonnera la partie, cependant que la Maréchale unira les deux jeunes gens.

 

L'action se déroule à Vienne, dans les premières années du règne de Marie-Thérèse (Costumes 1750).

ACTE I. — La chambre à coucher de la Maréchale, au petit jour.

Octave, à genoux sur un tabouret, devant le lit, tient à demi embrassée la Maréchale qui est encore couchée. Scène d'effusion et de tendresse, puis déjeuner en tête à tête [Valse « de la Clarinette »], bientôt interrompu par l'arrivée d'un cousin de la Maréchale, le baron campagnard Ochs de Lerchenau. Octave s'est rapidement dissimulé derrière les rideaux du lit et a revêtu les vêtements de la camériste. Le Baron vient exposer à la Maréchale son désir de lui voir désigner, selon la coutume, le garçon d'honneur qui ira présenter à sa fiancée, la jeune Sophie de Faninal, fille unique d'un négociant enrichi, récemment ennobli par Sa Majesté, la rose symbolique d'argent, selon l'usage des grandes familles. La Maréchale lui propose le comte Octave Rofrano, dont elle lui montre le portrait. Ochs est d'autant plus satisfait de ce choix qu'il lui semble distinguer entre ce jeune homme et la camériste de la Maréchale, à laquelle il ne se gêne pas de faire certaines avances, une ressemblance singulière...

L'entretien est momentanément interrompu par l'entrée des gens de la Maréchale : le notaire, le chef de cuisine, un marmiton portant le livre des menus, une modiste, un couple d'intrigants, un coiffeur, des musiciens, etc.

Trois orphelines nobles (soprano, mezzo-soprano et alto), présentent une requête ; la Modiste (soprano) vante son nouveau chapeau, le marchand d'animaux ses chiens dressés et ses oiseaux des Canaries.

Valzacchi offre ses douteux services et le ténor, accompagné par le flûtiste, se met à chanter [Air italien : Di rigori armato il seno...]. Pendant ce temps, le Baron Ochs discute avec le Notaire (basse), si véhémentement même que le chanteur, interloqué, s'arrête net. La Maréchale ordonne à tous de sortir. Valzacchi et Annina s'étant glissés derrière le dos de tout le monde, font maintenant des offres au baron ; Ochs projette de donner, par leur entremise, un rendez-vous discret à la camériste qui lui plaît tant.

Puis la Maréchale, restée seule avec Octave, est prise d'un long accès de mélancolie ; elle sent venir la vieillesse et le moment plus douloureux encore où Octave la quittera pour aller vers une autre [Monologue de la Maréchale : Kann mich auch an ein Mädel erinnern... / Mais comment est-il donc possible que l'enfant que j'étais jadis...].

Les protestations du jeune homme ne la rassurent guère, d'autant que, tout aussitôt, il la quitte sans un baiser. Elle le fait rappeler par ses laquais (ténor et basse), mais trop tard, et charge son petit nègre d'aller lui porter l'écrin de la rose d'argent qu'il a oublié. Après quoi, appuyant la tête sur sa main, la Maréchale demeure plongée dans ses réflexions jusqu'à la dernière note de l'orchestre.

ACTE II. — Un salon chez M. de Faninal.

C'est jour de réception du Chevalier à la rose. Une grande excitation règne. M. de Faninal se réjouit de l'honneur qui lui est fait. La duègne Marianne Leitmetzerin surveille l'arrivée du carrosse du Chevalier. Deux laquais ouvrent la grande porte. Tout de blanc et d'argent vêtu, tête nue, Octave s'avance, la rose d'argent à la main. Un dialogue s'engage entre Sophie et le Chevalier ; on sent immédiatement que les jeunes gens se plaisent l'un l'autre.

Mais voici le lourd et grossier baron de Lerchenau, introduit cérémonieusement par Faninal. Ses manières vulgaires sont choquantes ; Sophie doit se dégager à plusieurs reprises pour éviter ses familiarités douteuses. Octave, témoin de ce manège, frémit d'impatience et de rage. Appelé par Faninal pour examiner avec lui le contrat, dans une pièce voisine, le Baron se retire. Un dialogue animé s'engage aussitôt entre Octave et Sophie, interrompu quelques instants par le vacarme que font les gens du baron pourchassant les filles de la maison dans le vestibule et l'escalier... Sophie, bien décidée à ne pas épouser le baron, demande à Octave de la protéger. L'entretien, devenu plus tendre, est surpris par Annina et Valzacchi, lesquels alarment le baron. Celui-ci, affectant la bonhomie, refuse de prendre au sérieux les provocations d'Octave. Obligé finalement de dégainer, il se fend avec maladresse et hurle bien vite qu'il est blessé. Tout le monde accourt : c'est un affreux scandale. Faninal se désole, cependant qu'Octave, tout en tenant en respect les gens de Lerchenau, est bien forcé de quitter les lieux.

L'humeur du baron se rassérène déjà. Annina, entrée à la dérobée, lui remet discrètement un billet, écrit par la prétendue soubrette aperçue chez la Maréchale. La perspective d'un rendez-vous galant lui fait oublier déjà sa mésaventure. En chantant sa chanson favorite [Valse : Ohne mich, ohne mich... / Près de moi, près de moi...] il sort, suivi de ses gens, pour gagner tranquillement sa chambre.

ACTE III. — Une pièce réservée dans une auberge.

Introduit par un brillant fugato, cet acte débute par toute une série de scènes muettes qui révèlent au spectateur les préparatifs de la mystification en train de s'agencer ici. Valzacchi et Annina, mécontents de la ladrerie du baron, ont passé au service du camp opposé ; ils introduisent présentement divers personnages suspects qui se dissimulent dans des trappes et jusque derrière le lit qu'on aperçoit dans l'alcôve attenante. Le baron Ochs paraît, le bras en écharpe, conduisant Octave, qui est en vêtements de femme, avec un petit bonnet comme en portent les jeunes bourgeoises.

L'aubergiste (ténor) et ses garçons viennent saluer ce client de distinction qui, un peu énervé, renvoie rapidement tout le monde.

Le baron et Octave prennent place et le repas commence [Valse « du hautbois ».]. La pseudo-soubrette joue admirablement la comédie de la candeur et de l'étonnement. Mais, au moment où il va l'embrasser, le baron est désagréablement surpris par certaine ressemblance qui le trouble quelque peu. Un des individus cachés surgit, trop tôt d'ailleurs, et cette apparition achève de décontenancer notre homme. Comme cela devient une hallucination, il saisit la sonnette et l'agite follement. Annina, dissimulée sous des vêtements de deuil, se présente comme la femme du baron, criant à la trahison. L'aubergiste, survenu, est tout effrayé
de la tournure que prend l'aventure. Quatre enfants de 4 à 10 ans font irruption, criant à Ochs : « Papa, papa, papa ! ». Octave, dans le dos du baron, fait discrètement chercher Faninal. Un commissaire et deux gardes entrent. Ils interrogent le baron qui, dans son désarroi, n'arrive pas à retrouver sa perruque. Ochs prétend qu'il est simplement en train de souper avec sa fiancée, la fille du seigneur Faninal. Justement celui-ci survient, très étonné de trouver son futur gendre en pareille posture. La confusion est extrême, d'autant que Sophie, mandée par son père, arrive à son tour. Le scandale devient tout à fait complet lorsqu’entre la Maréchale, qu'Octave n'attendait point, et qui devine tout. Elle fait gaîment et délibérément comprendre à Ochs qu'il conviendrait pour sa dignité de promptement disparaître. Très abattu, le baron consent et sort sous les regards ironiques de l'assistance.

Seuls demeurent encore Sophie, la Maréchale et Octave [Trio final : Ist ein Traum, kann nicht wirklich sein... / Est-ce un rêve...]. La Maréchale se lève brusquement, mais se domine et se rassied : « Oui, ce soir même ou demain, n'avais-je pas prévu cela ?... »

Avec une attention bienveillante, elle considère les deux jeunes gens, qui tombent bientôt dans les bras l’un de l'autre, puis se retire.

Sophie et Octave sortent, la main dans la main. La scène reste vide. Alors la porte du milieu s'ouvre encore une fois. Le petit nègre de la Maréchale, une bougie à la main, cherche le mouchoir perdu par Sophie, le trouve, le ramasse et s'en retourne ensuite à petits pas...

Le rideau tombe rapidement.

 

« Le Chevalier à la rose a été créé en 1911 à Dresde. Un jeune comte se déguise en camériste et c'est de lui que deviendra naturellement amoureuse la fille du financier Faninal, Sophie, qu'on veut marier avec un baron lourdaud. Celui-ci sera éconduit, et les amoureux seront mariés. M. Richard Strauss a écrit sur ce marivaudage romanesque une partition pleine de couleur où la tendresse se mêle à la plaisanterie ; l'œuvre est par surcroît richement harmonisée et orchestrée. »

(Larousse Mensuel Illustré, mars 1927)

 

 

CHEVALIER BIJOU (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Mille et d'Hervillé, musique d’Adolphe Deslandres, représentée à l’Alcazar le 22 octobre 1875. => détails

 

 

CHEVALIER D'ÉON (LE)

 

Opéra-comique en 4 actes, livret d’Armand Silvestre et Henri Cain, musique de Rodolphe Berger.

 

Première représentation au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 10 avril 1908, mise en scène de Jules Speck.

 

 

CHEVALIER D'HARMENTAL (LE)

 

Opéra-comique en cinq actes, livret de Paul Ferrier, musique d’André Messager. Création à l'Opéra-Comique le 05 mai 1896. => fiche technique

 

 

CHEVALIER D'INDUSTRIE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jacques Bins de Saint-Victor, musique de Louis-Barthélemy Pradher et Gustave Dugazon. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 17 novembre 1804.

 

 

CHEVALIER DE CANOLLE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Sophie Gay, musique d’Hippolyte de Fontmichel. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 06 août 1836. Le sujet du livret est emprunté à la guerre de la Fronde, et la pièce est traitée d'une manière intéressante. On a critiqué avec raison la boursouflure du style et des expressions trop romantiques, entre autres celle des beautés aux longs regards de miel. Malgré ses défauts, le poème offrait au compositeur des situations belles et variées, l'enthousiasme guerrier, un tumulte populaire, un bal, la condamnation à mort du chevalier dont le caractère est sympathique et une marche funèbre. L'auteur de la musique, M. Court de Fontmichel, élève de Chelard et lauréat de l'Institut, avait de la fortune. Quoiqu'il eût fait représenter l'année précédente, à Marseille, un opéra intitulé Il Gitano, il ne parvint à faire accepter son ouvrage au directeur de l'Opéra-Comique qu'au prix de sacrifices d'argent assez considérables, qui eurent sans doute le double inconvénient de le faire accueillir froidement par le public et de le dégoûter lui-même d'une carrière dans laquelle il aurait pu réussir avec plus de persévérance. La musique du Chevalier de Canolle a été écrite avec facilité, et trahit souvent l'imitation des procédés de l'école italienne. Nous signalerons l'air en mi bémol chanté par Jansenne, et qui est bien traité : Dans cet heureux séjour où règne Natalie. Aux airs et aux cavatines chantés par Chollet, qui jouait le rôle du chevalier, et malgré la virtuosité qu'il déployait en descendant rapidement et avec grâce la double octave d'ut à ut, on a préféré le trio en mi bémol con sordini qui se termine en quintette d'une façon très heureuse. Les autres rôles ont été tenus par Mme Casimir et Mlle Olivier.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHEVALIER DE LARTIGNAC (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de M. Bias, musique de M. A. Cœdès, représenté au Casino de Dieppe le 13 août 1877. Chanté par MM. Caisso, Soto, Lepers, Mlles Soubre et Sablairolles.

 

 

CHEVALIER DE LERIGNY (LE)

 

Opéra, musique de Raymont, représenté à Beaujolais vers 1765.

 

 

CHEVALIER DE MAULÉON (LE)

 

Episode lyrique en un acte, livret de Louis Eustache, d'après le Batard de Mauléon, roman d’Alexandre Dumas père, musique de Camille Fournier.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 mars 1936. — Mise en scène de Joseph Ancelin.

Mmes Lucy PERELLI (dona Padilla), Christiane GAUDEL (Yolande).

MM. Gaston MICHELETTI (le Chevalier), Willy TUBIANA (don Pèdro).

Chef d'orchestre : Elie COHEN.

 

2e représentation le 02 avril 1936 par les créateurs sous la direction d'Elie Cohen.

 

3 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Analyse.

La scène se passe en Espagne, en 1367, au lendemain de la bataille de Navarette où Duguesclin fut fait prisonnier.

Le Chevalier de Mauléon est chargé de remettre à Charles V la rançon du connétable. Mais auparavant il est appelé à Burgos, au palais du roi Don Pedro par la maîtresse de celui-ci, Dona Padilla.

Là est prisonnière la fiancée du Chevalier, Yolande, que Don Pedro courtise sans succès. A son arrivée, le Chevalier rencontre Don Pedro qui l'insulte et veut le faire tuer par ses archers. Mais Dona Padilla s'interpose et parvient à provoquer l'entrevue des deux amants en un duo où ils expriment leur ravissement, leur naïveté et leur amour. Alors Dona Padilla facilite leur fuite et s'écrie : « Et maintenant Pedro, tous deux nous règnerons. »

(Programme de la création à l'Opéra-Comique)

 

 

CHEVALIER DE SÉNANGES (LE) ou UNE PORTE OUVERTE ET FERMÉE

 

Opéra en trois actes, livret de Joseph-Alexandre de Ségur et Auguste de Forbin, musique d'Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 23 juillet 1808.

 

 

CHEVALIER GASTON (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pierre Véron, musique de Robert Planquette, représenté au Théâtre de Monte-Carlo, le 08 février 1879, avec Mmes Galli-Marié (le Chevalier Gaston), Lacombe-Duprez (la Marquise de Cerny), Irma Marié (Lisette), M. Ismaël (le Marquis de Cerny).

 

 

CHEVALIER JEAN (LE)

 

Drame lyrique en quatre actes, livret de Louis Gallet et Edouard Blau, musique de Victorin Joncières.

 

Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 11 mars 1885, chorégraphie de Mlle L. Marquet, décors de Jean-Baptiste Lavastre et Eugène Carpezat, Auguste Rubé et Philippe Chaperon, Marcel Jambon, avec Mmes Emma Calvé (Hélène), Castagné (Albert), Dupont (Ida), MM. Lubert (le chevalier Jean), Bouvet (Rudolf), René-Antoine Fournets (l'empereur Frédéric Barberousse), Rémy Cambot (le comte Arnold), Etienne Troy (Mathias), Dulin (un hérault).

 

Représentation à Genève, le 19 janvier 1886 ; à Liège, le 31 janvier 1887.

  

« On a dit avec raison que le sujet de cet opéra n'est autre que celui de la Fausse Adultère, transportée au XIIe siècle, en Silésie, à l'époque des croisades. Le chevalier Jean, à son retour de Palestine, trouve la femme qu'il aimait, la comtesse Hélène, mariée au vieux comte Arnold, qui n'est d'ailleurs pour elle qu'un père affectueux. Hélène, qui croyait Jean mort en Terre Sainte, n'a pourtant consenti à ce mariage que pour échapper aux poursuites du prince Rudolf, renommé pour sa fourberie et sa cruauté. Celui-ci ne renonce pas pour cela à ses désirs, et, ne pouvant parvenir à les assouvir, il veut au moins se venger. Après avoir décidé le comte Arnold à aller rejoindre l'empereur Frédéric dans sa guerre contre les Milanais, il emploie un moyen infâme pour faire croire à un adultère commis en son absence par la comtesse. La malheureuse femme, odieusement accusée, ne peut donner la preuve de son innocence, et le tribunal devant lequel elle comparaît la condamne sans merci, à moins qu'un champion se présentant pour prendre sa défense contre son accusateur, le jugement de Dieu fasse éclater son innocence. L'infortunée se croit perdue, lorsqu'elle se trouve en présence d'un moine, qui n'est autre que le chevalier Jean. Déçu dans son amour en retrouvant mariée la femme qu'il adorait, Jean est entré dans les ordres. Mais, convaincu qu'elle n'a rien à se reprocher, il vient pour la défendre, reprend pour le combat son armure de chevalier, provoque Rudolf en champ clos et le tue. La comtesse est ainsi sauvée, et, comme le comte Arnold est mort à la guerre, Jean demande à être relevé de ses vœux, ce qui lui est accordé, et il épouse Hélène.

Il y a, dans ce drame, de bonnes situations musicales, que le compositeur a su mettre à profit. Sa partition, parfois un peu bruyante, un peu compacte au point de vue de l'orchestre, n'en décèle pas moins un artiste de talent, doué d'un véritable sentiment scénique, comme il l'avait prouvé déjà dans Dimitri. Rendons-lui grâce tout d'abord d'avoir consenti à écrire une ouverture, ce dont nos musiciens actuels se dispensent trop volontiers. Il faut signaler au premier acte le joli chœur d'introduction, le duo de Jean et d'Arnold, le duo de Jean et d'Hélène, et la scène finale ; au second, le chœur gracieux des fileuses, la chanson sarrazine et l'arioso de Rudolf ; au troisième, le chœur de l'orgie et le grand duo de Jean et d'Hélène ; enfin, au dernier acte, un sextuor qui n'est pas sans un souvenir des formes italiennes, l'invocation d'Hélène pendant le combat et la scène du dénouement. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CHEVALIER LUBIN (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Michel Carré et Victor Perrot, musique d’Adrien Boieldieu, représenté sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes le 23 mai 1866. Cette pièce est amusante et de bon goût. Le chevalier de Simiane est amoureux de la comtesse Rosine, qui ne l'a jamais vu et qui, en l'absence de son frère, ne veut recevoir aucune lettre ni aucune proposition de mariage. Le marquis de Beautreillis, admis au château en qualité de parent, perd de son côté son temps et sa peine. Rosine a renvoyé son jardinier ; le chevalier se déguise en paysan et se présente pour remplir cet emploi. A l'occasion du conte du Dormeur éveillé, que vient de lire la comtesse, Beautreillis s'imagine de l'amuser en faisant revêtir le faux Lubin des habits d'un gentilhomme. Le chevalier les porte à merveille, se venge agréablement du marquis en le grisant et en le faisant à son tour habiller en jardinier. Il achève de gagner le cœur de l'insensible Rosine et obtient sa main. La musique est appropriée d'une manière charmante à ce marivaudage coquet. L'ouverture, instrumentée avec délicatesse, offre de jolis motifs. Après un premier air bien en situation, le marquis chante avec la comtesse un duo dont le principal motif à trois temps ne manque pas d'élégance. L'air de l'entrée du jardinier a de la couleur. L'air de Rosine se compose d'un cantabile plein d'expression. Il est regrettable que l'allure reproduise encore le mouvement de valse. Le morceau principal de cet ouvrage est un excellent trio dont le thème, sur les paroles, Il croit rêver, sans doute, est développé avec science et goût. M. Adrien Boieldieu a eu l'idée d'écrire la musique de la chanson à boire dans le vieux style du XVIIe siècle. C'est large, bien accentué, bien gaulois. L'instrumentation dénote par sa souplesse la main exercée et les bonnes études du fils de Boieldieu. Ce joli ouvrage a été interprété par MM. Auguste Louis Arsandaux, Gourdon et Mlle Antoinette Arnaud qui a chanté le rôle de la comtesse.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHEVALIER MIGNON (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Clairville, Charles Clairville et Ernest Depré, musique de Léopold de Wenzel, représentée aux Bouffes-Parisiens le 23 octobre 1884, avec Mmes Marie Grisier-Montbazon (le Chevalier Mignon), Paola Marié (Régine), Marguerite Deval (Louise), De Mora (Juanita) ; MM. Maugé (le Marquis), Germain (Gripardeau), Désiré (Jacinthe), Gerpré (Thomaso).

 

« Un joli titre, qui ne recouvrait qu'une pièce médiocre, ornée d'une musique sans originalité. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHEVALIER NAHEL (LE)

 

Opéra en trois actes, musique de M. Litolff, représenté à Bade le 10 août 1863. Le livret traite un épisode supposé de la guerre de Trente ans. Ce chevalier Nahel est une sorte de mauvais génie qui joue le rôle de traître et dont la mort sert de dénouement à la pièce. La partie musicale a de l'importance, autant par la quantité des morceaux que par les tendances hardies du compositeur, et la couleur qu'il a su approprier aux situations. Après l'ouverture, qui est remarquable par l'ingénieux emploi des instruments de cuivre, on distingue dans le premier acte, la ballade de la Pauvreté, avec accompagnement de harpe et de cor ; le Couvre-feu, la ronde des Uhlans et l'air satanique de Nahel. Dans le second acte, on a applaudi les couplets des dragons de Saxe-Weimar, chantés par Mme Faure-Lefebvre, le sextuor des Invisibles, terminé par le chœur général des Saxons : Allons mourir pour la foi paternelle ; enfin, dans le troisième acte, nous citerons un bon duo, des couplets bouffes, et une jolie valse chantée. Balanqué, Jourdan, Berthelier, Mmes Faure et Colson ont interprété la musique de M. Litolff.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHEVALIER SANS PEUR ET SANS REPROCHE (LE) ou LES AMOURS DE BAYARD

 

Comédie en trois actes mêlée d'intermèdes, de Monvel, musique de Champein, représentée à la Comédie-Française le 24 août 1786.

 

 

CHEVALIER TIMIDE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de William Busnach (d'après un ancien vaudeville de Désaugiers), musique d’Edmond Missa, représenté sur le théâtre des Menus-Plaisirs le 1er septembre 1887.

 

 

CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE (LES)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Hervé, représenté aux Bouffes-Parisiens le 17 novembre 1866. La parodie, l'antithèse, la vulgarité des détails, qui contrastent avec la noblesse et la grandeur des noms et de la condition sociale des personnages, tels sont les éléments comiques de ce genre de pièces, qui a obtenu depuis quinze ans tant de succès en France, en Allemagne et en Russie. Il y a dans la musique plusieurs morceaux traités avec verve et esprit. Le duo d'Angélique et Médor, les couplets de Mme Rodomont ont eu du succès. Chanté par MM. Joseph Kelm, Garnier, Jannin, Léonce, Desmonts, Mme Delphine Ugalde, Mlles Gabrielle Darcier et Castello.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHEVALIERS DE TOLÈDE (LES)

 

Opéra-comique, paroles de M. H. Kirsch, musique de M. Michel, représenté au Théâtre-Royal de Liège en décembre 1872.

 

 

CHEVALIERS ERRANTS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté à Paris en 1792.

 

 

CHEVALIERS POUR RIRE (LES)

 

Bouffonnerie en un acte, musique d'Alfred Lagny, représentée au théâtre-concert de la Gaîté, en février 1872.

 

 

CHEVAU-LÉGERS (LES)

 

Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Lucien Delormel, musique de Robert Planquette. Création à l'Eldorado le 15 février 1881.

 

 

CHEVRIER (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Charles Narrey et Michel Carré fils, musique de Charles Lecocq, non représenté.

 

 

CHEVRONS DE JEANNE (LES)

 

Opérette en un acte, musique de M. Giunti Bellini, représentée aux Folies-Marigny le 02 octobre 1865.

 

 

CHEZ LES MONTAGNARDS ÉCOSSAIS

 

Opérette en un acte, paroles de J. Deschamps et Jules Ruelle, musique d'Auguste L'Éveillé, représentée aux Folies-Marigny le 6 juillet 1866.

 

 

CHIEN DE MONTARGIS (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Paul Deschamps, musique de M. Feautrier (chef de musique au 82e de ligne), représentée à Montargis le 07 juin 1888.

 

 

CHIEN DU JARDINIER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lockroy et Eugène Cormon, musique d’Albert Grisar. Création au Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 16 janvier 1855 avec Mmes Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Catherine), Léocadie Lemercier (Marcelle), MM. Jean-Baptiste Faure (Justin), Ponchard (François).

 

C'est un ouvrage charmant. La pièce est amusante, fine et spirituelle. Le titre seul n'est pas heureux, parce qu'il n'exprime ni un proverbe ni un des personnages de l'action. Catherine, jeune et riche fermière, doit épouser M. Justin, jeune villageois, riche aussi et fort sortable. Mais elle fait la coquette, promet, se dédit et promène le pauvre garçon de la Saint-Martin à la Saint-Jean. Mais voilà que la servante Marcelle s'avise d'aimer, et pour le bon motif, un jeune garçon de ferme nommé François. Catherine s'en irrite, et forme le projet de le lui enlever en faisant sa conquête pour elle-même. Apprenant que le petit pied de Marcelle a tourné la tête de François, elle fait semblant de se donner une entorse, afin d'avoir l'occasion de lui faire voir que son pied est encore plus mignon que celui de Marcelle. Elle réussit dans son projet ; mais le cousin Justin lit dans son jeu et feint d'être épris de la servante, qui, le coeur gros de chagrin et de dépit, accepte sa déclaration. Tous deux ne tardent pas à s'apercevoir qu'ils ne sont nullement faits l'un pour l'autre. A la fin, la capricieuse fermière met le céladon François en loterie. Elle gagne et s'empresse de le céder à Marcelle, en se rendant au raisonnement solide et affectueux de Justin. Les détails, qu'on ne saurait reproduire dans une aussi courte analyse, ont de la grâce et de l'intérêt. La partition est une des meilleures que M. Grisar ait écrites. L'ouverture est vive et sémillante. La sonorité en est délicieuse. L'emploi discret des instruments à percussion, notamment du triangle, amène des effets très heureux. La musique de la première scène, le Coq a chanté trois fois, a une fraîcheur toute matinale. Le duo du petit pied est fort piquant ; la chanson du Chien du jardinier a de la rondeur, et Faure a contribué par sa belle voix à la populariser. Ce chanteur a détaillé avec goût deux couplets pleins de sentiment. Nous signalerons encore un trio, un large quatuor et le duo de la querelle des deux femmes. Mlle Lefebvre a joué délicieusement le rôle de la coquette de village ; Faure, Ponchard et Mlle Lemercier l'ont bien secondée.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHIEN DU RÉGIMENT (LE)

 

Opérette en quatre actes, livret de Pierre Decourcelle, musique de Louis Varney, représentée au théâtre de la Gaîté le 25 décembre 1902.

 

 

CHIEN ET CHAT

 

Opérette en un acte, livret d'Etienne Tréfeu, de Forges et Hubert, musique de Georges Bornier, représentée à l'Eden-Concert le 21 mai 1892.

 

 

CHIGNON D'OR (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Eugène Grangé, Victor Bernard et Étienne Tréfeu, musique d’Émile Jonas, représenté sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes à Bruxelles, le 17 octobre 1874. Chanté par Joly et Mlle Luigini.

Représenté à l'Alcazar de Bruxelles le 05 février 1878.

 

 

CHIK-KAN-FO

 

Opérette en un acte, paroles de M. Pouget, musique de M. Dédé, représentée à l'Alcazar de Bordeaux le 05 février 1878.

 

 

CHILPÉRIC

 

Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, livret et musique d’Hervé.

 

Première représentation aux Folies-Dramatiques le 24 octobre 1868 avec MM. Hervé (Chilpéric), Milher (Ricin), Chaudesaigues, Béret, Mendasti, Monroy, Mlles Blanche d'Antigny (Frédégonde), Berthall, Jullien, Cuinet, Massue.

 

Représenté dans une version nouvelle (livret remanié par Paul Ferrier) au Théâtre des Variétés le 01 février 1895.

 

« Cette pièce a encore pour ressorts principaux les contrastes, les antithèses et les anachronismes. Frédégonde, faisant son déménagement du palais de Chilpéric dans une voiture à bras poussée par le docteur Ricin, tous les personnages de la pièce chantant un finale, abrités sous des parapluies de toutes couleurs, tel est l'ordre d'idées dans lequel se déroulent les opérettes modernes. Les auteurs, en somme, servent au public les mets qu'il mérite ; puisqu'il les digère et les paye, on recommence le lendemain. L'imagination musicale ne fait pas défaut à M. Hervé ; seulement elle est mal réglée. On a applaudi la chanson du Papillon bleu, des couplets bouffes et un joli boléro. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CHILPÉRICHOLE (LA)

 

Opérette en un acte et un prologue, arrangée par Louis Houssot, auteur de chansonnettes, représentée au café-concert de 1'Alcazar en janvier 1869. La musique a été empruntée aux ouvrages de MM. Offenbach et Hervé, dont les scènes burlesques sont encore parodiées ; c'est du grotesque à la deuxième puissance. Frédégonde et la Périchole se querellent à qui mieux. Les pompiers de Nanterre dansent le quadrille Clodoche. Les droits des femmes sont proclamés dans certains couplets ; une charcutière bas bleu y joue un rôle opportun. C'est bien là une revue de l'année 1869 ; l'image était fidèle.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

CHIMÈNE ou LE CID

 

Opéra en trois actes, paroles de Guillard, musique de Sacchini, représenté à l'Opéra le 09 février 1784. L'auteur du livret n'eut pas à se mettre en frais d'imagination pour tailler un opéra dans le chef-d'œuvre de Corneille. Le musicien avait une tâche plus difficile, et il s'en est acquitté avec un mérite apprécié des contemporains, et qu'on a trop tôt oublié. L'air Je vois dans mon amant l'assassin de mon père, l'allegro Combats pour soustraire Chimène doivent être signalés aux amateurs de la musique pathétique et des compositions d'une belle facture. Il y a dans cet ouvrage, comme dans tous les opéras de Sacchini, dans Œdipe, Renaud et Dardanus, une sensibilité noble, vraie et exempte de l'afféterie commune à cette époque. Au point de vue du style, la pureté de forme en rend encore l'audition très agréable. Quoique Sacchini fût principalement un compositeur dramatique et qu'il écrivît mieux pour la voix que pour l'orchestre, ses ouvertures sont bien traitées. Celle de Chimène offre des effets semblables à ceux qu'on remarque dans l'ouverture de la Caravane, opéra-comique joué la même année à Paris. Mais il est probable que Grétry a été l'imitateur involontaire de Sacchini, car il était assez riche de son propre fonds pour ne rien emprunter à personne. Chimène, en effet, avait été déjà jouée à Rome en 1764, puis à Londres en janvier 1773, sous le titre de Il gran Cid. Mais autant l'ouverture de Chimène est instrumentée avec correction, de manière à tirer du quatuor une sonorité pleine et harmonieuse, autant celle de la Caravane offre des détails pauvres et un maigre accompagnement.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

"Succès. — Cet opéra fut représenté d'abord sur le théâtre de la cour, à Fontainebleau, le 18 novembre 1783.

Le rôle de Chimène était rempli par Mme Saint-Huberti qui s'y montra aussi parfaite que dans celui de Didon. Les autres interprètes étaient Lays (le Roi), Lainé (Rodrigue), Chéron (don Diègue), Rousseau (don Sanche).

Sacchini a utilisé dans cet ouvrage plusieurs morceaux de sa partition italienne il Grand Cid (Londres, 1773). Un duo, dont la coupe a souvent été imitée, et une sorte de finale méritent une mention spéciale."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CHIMÈRE ET RÉALITÉ

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne Aignan, musique de Felice Blangini. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 07 janvier 1803.

 

 

CHIMÈRE ET RÉALITÉ

 

[Uroienie i Rzeczywistosi]

Opéra polonais traduit en français, musique d’Elsner, représenté à Varsovie en 1808.

 

 

CHINOIS (LE)

 

Comédie traduite de l’italien mêlée d’ariettes en un acte, livret de Charles Simon Favart et Jacques-André Naigeon, musique parodiée de divers compositeurs. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 18 mars 1756. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 25 janvier 1764. C’est une parodie d’Il Cinese rimpatriato (voir ce titre).

 

 

CHIQUITA

 

Opérette en un acte, livret de Charles Clairville, musique de Gaston Serpette, représentée au Théâtre des Nouveautés le 04 février 1895.

 

 

CHIQUITO, LE JOUEUR DE PELOTE

 

Scènes de la vie basque en quatre actes, livret d’Henri Cain d’après Ramuntcho, roman de Pierre Loti, musique de Jean Nouguès.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 30 octobre 1909 ; mise en scène d'Albert Carré ; décors de Marcel Jambon, Lucien Jusseaume et Alexandre Bailly ; costumes de Marcel Multzer ; chorégraphie de Mariquita.

Mmes Marguerite CARRÉ (Pantchika), Hélène DUVERNAY (Cattalin), Judith LASSALLE (la Supérieure), Marie TISSIER (Gachucha), SAINT-MARTIN (une Sœur), JURAND (Maddi).

MM. Fernand FRANCELL (Chiquito), Félix VIEUILLE (Etchemendy), JENNOTTE (Eshkerra), Daniel VIGNEAU (Tipia), DE POUMAYRAC (Handia), Louis AZÉMA (le Grand-père), Louis VAURS (Patyn), DONVAL (le crieur), ÉLOI (Pathiry).

Au 2e acte, Danses Basques, dansées par MM. RAMOS, BARON, JOSIÉ, DIRIBARNE et les danseurs basques de Saint-Jean-de-Luz.

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.

 

11 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CHOISY-LE-ROI

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Michel Carré, musique d’Eugène Gautier, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 14 octobre 1852, avec Adolphine Petit-Brière (la marquise de Pompadour) et Hippolyte Grignon. L'action se déroulait au temps de Louis XV et de Mme de Pompadour.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 16 en 1852, 6 en 1853.

 

 

CHOIX D'ALCIDE (LE)

 

Opéra, musique de Langlé, 1801 (inédit).

 

 

CHONCHETTE

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique de Claude Terrasse.

 

Première représentation au Théâtre des Capucines, le 12 avril 1902, avec Mlle Alice Bonheur (Chonchette), MM. Max Dearly (Saint-Guillaume), Le Gallo (Charles), Dubosc (le Vicomte), Saidreau (le Baron).

 

Représenté au Théâtre des Variétés, en 1903.

 

 

CHOPIN

 

Opéra italien en quatre actes, livret d’Angiolo Orvieto (1869-1967), musique de Giacomo Orefice sur des thèmes de Chopin, représenté à Milan, Teatro Lirico, le 25 novembre 1901. Version française de Paul Milliet vers 1903.

 

 

CHORISTE ET LIQUORISTE

 

Opéra-bouffon en trois actes, musique de Castil-Blaze (1837), joué en province (non publié).

 

 

CHOSE IMPOSSIBLE (LA)

 

Divertissement mêlé de vaudevilles en un acte, livret de Charles Nicolas Favart, musique attribuée à Louis Chardiny. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 mars 1790.

 

 

CHOUFFINARD

 

Opérette en un acte, paroles de M. Louis Reimon, musique de M. Matz-Ferrare, représentée au Théâtre-Français de Bordeaux le 12 mars 1879.

 

 

CHRISTIANE

 

Drame lyrique en quatre actes, livret et musique d'Henry Gazave, créé à l'Opéra de Nice le 17 mars 1923.

 

 

CHRISTOPHE

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de M. Bauvin, musique de M. Marneffe, représenté au Gymnase, à Liège, le 17 février 1879.

 

 

CHRISTOPHE COLOMB

 

Ode-symphonie en quatre parties, paroles de Joseph Méry, musique de Félicien David, exécutée dans la salle du Conservatoire le 07 mars 1847. Félicien David s'était mis en lumière, deux ans et demi auparavant, avec son Désert, dont le succès avait été éclatant. Peu de temps après l'apparition de son nouvel ouvrage, Christophe Colomb fit tous les frais d'un concert donné à la cour, au palais des Tuileries, et à cette occasion le roi Louis-Philippe décora le compositeur, dit-on, de sa propre main.

 

 

CHRISTOPHE COLOMB

 

Opéra en deux parties et vingt-sept tableaux, livret de Paul Claudel (1868-1955), musique de Darius Milhaud.

 

Personnages : Christophe Colomb (baryton) ; le présentateur (acteur) ; Christophe Colomb II (baryton) ; l’ombre de Christophe Colomb (basse) ; Isabelle (soprano) ; le roi d’Espagne (basse) ; la femme de Colomb (soprano) ; la mère de Colomb (mezzo-soprano) ; le majordome (ténor) ; le maître de cérémonie (ténor) ; le cuisinier (ténor) ; le messager (baryton) ; le commandant (basse) ; un officier (baryton) ; le délégué des marins (ténor) ; le procureur (ténor) ; les défenseurs (baryton, ténor, basse) ; l’officier enrôleur (ténor) ; le receveur (baryton) ; le bourreau (baryton) ; une voix de la hune (ténor) ; les trois guitaristes (ténor, baryton, basse) ; les trois créanciers (ténor, baryton, basse) ; les trois sages (ténor, baryton, basse) ; un des savants (baryton) ; le patron de l’auberge (basse) ; le garçon d’auberge (basse) ; quatre officiers (deux basses, ténor, baryton) ; trois divinités (ténor, baryton, basse) ; la duchesse de Medina Sidonia (soprano) ; le sultan Mirandolin (ténor) ; chœur.

 

L’action se déroule entre le milieu du XVe et les premières années du XVIe siècle.

 

Première représentation à Berlin, Staatsoper, le 05 mai 1930, dans une version allemande de R. F. Hoffmann, avec Reinhardt, Scheidl, sous la direction d’Erich Kleiber.

 

Donné en concert à Paris, en 1936.

 

« Composé en 1928, créé à l'Opéra de Berlin en 1930, ce grand opéra en vingt-sept tableaux sur un livret de Paul Claudel, est un des sommets de l'abondante production de Darius Milhaud. Il passe un souffle d'épopée dans cette partition diverse où le charme et la tendresse (l'épisode de la colombe sur la mer) alternent avec la truculence des scènes de foule, ou la méditation des scènes mystiques. Le théâtre, le cinéma entrait en jeu : les acteurs évoluaient devant une toile de fond où se déroulaient des images cinématographiques, les chœurs étaient dans la salle. « Le drame, commentait Paul Claudel, se passe à moitié chemin entre les spectateurs et une espèce de pensée visible dont les auteurs sont les interprètes. »

Au premier tableau, passe une procession précédée des étendards de Castille et d'Aragon, et de deux officiers portant le livre de Christophe Colomb au-dessus duquel plane une colombe. On ouvre le livre et la vie de Colomb nous est contée par lui-même : il est à l'agonie et revoit son existence mouvementée. Au dernier tableau, il rend l'âme en prononçant ces paroles authentiques : « Que le ciel me fasse miséricorde et que la terre pleure sur moi ».

(Programme radiophonique, mai 1956)

 

 

CHRISTOPHE ET JÉRÔME ou LA FERME HOSPITALIÈRE

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne Guillaume François de Favières, musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 octobre 1796.

 

 

CHUTE DE LA MAISON USHER (LA)

 

Opéra inachevé en un acte, d’après un conte d’Edgar Allan Poe traduit par Charles Baudelaire, musique de Claude Debussy composée en 1908-1916.

 

 

CIBOULETTE

 

Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret de Robert de Flers et Francis de Croisset, musique de Reynaldo Hahn.

 

Personnages : Antonin de Mourmelon (ténor) ; Duparquet, contrôleur aux Halles (baryton) ; Roger, capitaine ; le Père Grenu ; Olivier Métra ; Ciboulette, jeune maraîchère (soprano) ; Zénobie, ex-maîtresse d'Antonin ; la Mère Pingret, marchande des Halles ; la Mère Grenu, tante de Ciboulette ; Petits rôles ; Chœurs.

 

Création au Théâtre des Variétés, à Paris, le 07 avril 1923, dans une mise en scène de Paul CLERGET : Mmes Edmée FAVART (Ciboulette), Jeanne PIERAT (Zénobie), Madeleine GUITTY (Mme Pingret), Jeanne LOURY (Mme Grenu) ; MM. Jean PERIER (Duparquet), Henry DEFREYN (Antonin), Jean CALAIN (Roger), PAULEY (le Père Grenu). Chef d'orchestre : Paul LETOMBE.

 

Reprise au Théâtre Marigny, le 02 octobre 1926, avec les mêmes interprètes, sauf : Mmes Danielle BREGYS (Zénobie), Made SIAME (Mme Grenu) ; MM. André BAUGÉ (Duparquet) et Emile ROQUES (Roger).

 

Reprise à la Gaîté-Lyrique le 08 août 1931 avec Mmes Niny Roussel (Ciboulette), Gina Belly (Zénobie), F. Nysor (Mme Pingret), Coirier (comtesse de Castiglione), Sutter (baronne de Skerbelli), Mantez (Gervaise) ; MM. E. Roque (Duparquet), Rozani (Antonin), Marjolle (Roger), Darthez (Pierre Grenu), Darnois (Olivier Métra), Descombes (Grisard). Chef d'orchestre : Albert E. Jacobs.

Reprise à ce théâtre le 20 janvier 1935.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 13 mars 1953. Mise en scène de Louis Musy. Décors et costumes d'après les maquettes d’André Dignimont.

Mmes Geori BOUÉ (Ciboulette), Lillie GRANDVAL (Zénobie), Germaine MICHEL (Mme Pingret), Marguerite LEGOUHY (Mme Grenu), Christiane CASTELLI (Comtesse de Castiglione), BONNI-PELLIEUX (Baronne d'Ange), Madeleine DROUOT (Marquise de Presle), Christiane GAUDEL (Françoise), Jany DELILLE (Gervaise), Germaine CHELLET (Angélique), Raymonde NOTTI-PAGÈS (Gertrude), Lily DANIERE (une jeune fille), Jeannine COLLARD (Nicole).

MM. Roger BOURDIN (Duparquet), Raymond AMADE (Antonin), Michel ROUX (Roger), René BOURBON (Père Grenu), Serge RALLIER (Olivier Métra), René HÉRENT (le Patron), André NOEL (Victor), André RICHARD (Tranchu), Jacques HIVERT (Grisard), Charles DAGUERESSAR (Auguste), Gabriel JULLIA (le Maire), Paul PAYEN (Jean-Pierre), Pierre GERMAIN (un Officier), Frédéric LE PRIN (l'Huissier), Jean MICHEL (Jules), Jean GIRAUD (Nicolas).

Aux 2e, 3e et 4e tableaux, danses réglées par Constantin TCHERKAS.

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

57 représentations en 1953, 11 en 1954, 6 en 1955, 18 en 1957, 5 en 1959, soit 97 au 31.12.1972.

 

Résumé.

L'action se passe à Paris, en 1867. Ciboulette est une jeune maraîchère d'Aubervilliers, qui a fait aux Halles la connaissance d'Antonin, lequel vient d'être lâché par sa maîtresse Zénobie. Ciboulette emmène Antonin au village et il tombe amoureux d'elle. Une intervention de Zénobie ramène toutefois le jeune homme à Paris. Lorsqu'il veut rejoindre Ciboulette, celle-ci, dépitée, a disparu. Antonin la retrouve cependant, sans la reconnaître tout d'abord, dans l'atelier d'Olivier Métra, où elle se produit sous un nom d'emprunt, et lui fait assidûment la cour. Bientôt Ciboulette et Antonin tombent dans les bras l'un de l'autre.

 

ACTE I.

1er TABLEAU : Une salle du cabaret « Au chien qui fume » aux Halles de Paris, à 4 heures du matin.

Des officiers et leurs compagnes sablent le champagne en l'honneur de la promotion de Roger, leur capitaine. Le patron les fait sortir. Antonin entre alors avec Zénobie, laquelle s'arrange bien vite pour demeurer seule et aller rejoindre Roger.

Duparquet fait quelques confidences. Zénobie revient. Entreprise par Duparquet, elle lui remet la carte de visite d'Antonin pour lui faire impression. Antonin revient, mais Zénobie se débarrasse de lui en faveur de Roger. Antonin, bon enfant, consent à la cession sans trop de mauvaise grâce, mais il a soin de remettre en même temps à Roger les factures de toutes les dépenses de la belle.

2e TABLEAU : Le carreau des Halles, au petit jour.

Maraîchers et maraîchères déballent leurs corbeilles et leurs hottes de légumes.

On parle de Ciboulette ; la voici qui arrive d'Aubervilliers. Ciboulette justifie gaiement son nom et interroge la Mère Pingret, qui passe pour « extralucide », sur son avenir. La vieille lui prédit qu'elle épousera un homme trouvé sous un chou, après l'avoir enlevé à une femme qui deviendra blanche en une minute, et reçu une lettre de faire-part dans un tambour de basque !

Antonin se désole d'avoir perdu Zénobie, mais Ciboulette lui représente les avantages de sa nouvelle situation. Fatigué, Antonin se couche dans la charrette de Ciboulette et s'y endort. Sans s'apercevoir de sa présence, on recharge les légumes par-dessus ! Ciboulette et Duparquet partent ensuite ensemble pour Aubervilliers.

ACTE II. — Intérieur d'une ferme à Aubervilliers.

Ciboulette n'est pas encore arrivée. La Mère Grenu, sa vieille tante, s'impatiente. Huit fiancés attendent aussi la jeune fille sur la place de l'église ! Grenu, fâché, l'accueille fraîchement à sa descente de charrette. Ciboulette et Duparquet content alors leur promenade [Duo : Nous avons fait un beau voyage...]. Grenu a pris toutefois une décision : si dans une heure Ciboulette n'a pas choisi un mari, un vrai, elle pourra faire ses paquets et filer ! Antonin, surgissant de la charrette où il était caché sous un chou, arrive à point, étonné seulement de se réveiller à la campagne.

Antonin passe facilement pour le nouveau métayer des Grenu, mais les fiancés de Ciboulette sont très mécontents et trouvent l'aventure déplaisante. Antonin aimerait bien embrasser Ciboulette, cependant, il n'ose plus.

Comme on annonce l'arrivée de Zénobie en joyeuse compagnie, Ciboulette envoie Antonin à la cave, afin qu'il ne revoie plus son ex-maîtresse. Les officiers s'installent et chantent avec leurs amies. Ciboulette se prend de bec avec Zénobie, laquelle pâlit à l'instant, ce qui fait que la deuxième condition est maintenant remplie ! Les visiteurs partis, Ciboulette délivre Antonin, et lui raconte ce qui vient de se passer. Antonin reprochant à Ciboulette sa façon d'agir, celle-ci est bien dépitée, d'autant qu'Antonin maintenant s'en va...

Duparquet avoue à Ciboulette qu'il a été lui-même autrefois un amant célèbre : Rodolphe, de la « Vie de Bohème ». Comme il connaît à Paris le compositeur de valses Olivier Métra, il lui présentera Ciboulette et, la chance aidant, celle-ci deviendra bientôt une grande artiste. Alors, ce jour-là, Antonin tombera tout naturellement à ses pieds ! Ciboulette, convaincue court s'habiller pour aller à Paris.

ACTE III. — Une soirée dans l'atelier d'Olivier Métra.

Les invités entrent ; des femmes s'éventent. Duparquet précède la divette. Il a donné rendez-vous ici-même à Antonin, lequel a définitivement rompu avec Zénobie. Antonin aimerait revoir Ciboulette. Duparquet lui annonce qu'elle est partie on ne sait où. Le jeune homme parle de se tuer. Auparavant, il lui écrira toutefois une lettre, que Duparquet lui aide à rédiger.

Voici Ciboulette, dite « Conchita Ciboulero », flanquée de la « mère » d'occasion qu'on lui a trouvée en la personne de la vieille Pingret. Apprenant qu'Antonin est là, Ciboulette parle tout d'abord de s'en aller. Puis, se ravisant, elle demande qu'on lui présente le jeune homme. Bien entendu, Antonin ne la reconnaît pas, et lui fait la cour. Olivier Métra et ses invités prient Ciboulette de chanter.

Antonin reconnaît enfin Ciboulette, et, comme on apporte justement à celle-ci, dans un tambour de basque, la lettre où il devait lui faire part de sa mort, la dernière condition est ainsi remplie ! Ciboulette épousera donc Antonin.

 

« Ciboulette est une jeune maraîchère d'Aubervilliers très courtisée ; le charmant et niais duc Antonin de Mourmelon, qui vient de rompre avec sa maîtresse Zénobie, rencontre la jolie maraîchère aux Halles au petit jour ; il la suit jusque chez l'oncle Grenu, patron de Ciboulette et, grâce à l'adroit Duparquet, la jeune fille est transformée en chanteuse espagnole et apparaît chez le compositeur Olivier Métra. Mais le déguisement est bien inutile, car Antonin aime véritablement la maraîchère. Sur ce canevas adroit, mais sans grand imprévu, Reynaldo Hahn s'est attaché à écrire une musique traditionnelle ; il entend faire son profit des exemples d'Offenbach et de Lecocq ; bien mieux, il ne veut rien oublier des exercices d'école, des développements, des renversements de thèmes. Il pimente même parfois cela d'un léger modernisme. Mais, ce qui vaut mieux, il reste le musicien d'inspiration aisée, abondante et séduisante que tout le monde connaît. Sa partition est pleine de passages bien venus comme le chœur des maraîchers et comme les couplets : Muguet, muguet, que de projets. »

(Larousse Mensuel Illustré, mai 1923)

 

« Si nous ne savions pas que cette opérette bien française était signée Robert de Flers et Francis de Croisset, nous nous en serions douté tout de suite à ce qu'on y reconnaît de traditions personnelles, et devant ce qui s'y retrouve de la Tradition... de la grande ! Voici enfin une cadette de Véronique, et une autre jumelle des P’tites Michu, venue au monde le 7 avril 1923 et présentée au public parisien sur le plateau des Variétés, un des berceaux les plus roses du genre le plus nôtre qui soit, à l'heure où il allait s'encanaillant en trop de regrettables productions dont on ne sait ce qu'il faut blâmer davantage, de la banalité de leurs motifs, de la structure maladroite de leur livret, ou de la pauvreté du style dans lequel il est rédigé. Tant il y a que cette création pourrait avoir la portée d'une résurrection...

 

***

 

Cousine de Clairette Angot à la mode de Romainville, Ciboulette tient commerce de légumes sur le carreau des Halles. Nous sommes en des temps de vie chère — ce qui a l'air d'un anachronisme, et les affaires ne vont pas... Un mercanti vient de lui refuser une commande de 500 francs ; et la pauvrette se désole, lorsque intervient son bon ange sous les espèces un peu défraîchies du sieur Duparquet, contrôleur aux Halles. Dans son jeune temps, ce Duparquet, qui n'avait rien alors d'un fonctionnaire, répondait au prénom de Rodolphe et à la tendresse de cette petite bohème de Mimi... Mais ceci est une autre histoire. N'en retenons que la douceur de cœur qu'il a lui-même gardée pour les amoureux. Justement, il en a un dans sa manche : le jeune Antonin de Mourmelon, amant très malmené de Mlle Zénobie, cocodette par vocation — et qui vient non moins justement d'être « plaqué » par cette volage personne. Plaignons le dolent Antonin : il ne sait plus que faire de sa « galette » à peine grignotée par les blanches quenottes de Zénobie, car il a eu le rare bon sens de laisser pour compte un lot de factures heureusement impayées — solde de sa liaison — au sémillant officier de hussards qui lui a succédé dans les faveurs fallacieuses de la donzelle. Et ajoutons à sa décharge que ce geste de bonne guerre a été inspiré par Duparquet, lequel a cru ainsi se racheter des gaffes qui avaient fait de lui l'artisan de cette rupture.

Ce n'est pas tout de découdre : il faut retailler. Et l'ex-Rodolphe s'y emploie : Antonin prêtera à Ciboulette les vingt-cinq louis dont elle a si fort affaire ; au fond, peut-être la petite regrette-t-elle un peu que ce soit en tout bien tout honneur... mais elle est honnête ; et puis, une autre descendante de Madame Angot, la mère Pingret, marchande de marée et diseuse de bonne aventure à ses moments perdus, lui a prédit qu'elle ne pourrait épouser qu'un homme trouvé sous un chou, après avoir vu devenir subitement blanche une femme brune, et reçu dans un tambour de basque une lettre de faire-part !...

Nous nous ferions scrupule de dévoiler à l'aide de quelles ingénieuses combinaisons (dont la dernière est tout de même un peu tirée par le cheveu de l'occasion) ces trois extravagantes conditions sont remplies au bénéfice de ce jeune dadais de Mourmelon. Mais aux innocents les mains pleines ! Qu'il vous suffise de savoir que les auteurs, ô spectateurs, vous auront fait large mesure — et c'est également à pleines mains que vous applaudirez aux savoureuses paysanneries du second acte, et à l'avatar subséquent de notre Ciboulette nationale, métamorphosée pour les besoins de sa bonne cause en « Conchita Ciboulero ».

 

***

 

Cette intrigue est bien peu de chose ; mais il y a bien de la psychologie dans ces trois actes ; le livret fourmille de mots exquis ; même lorsqu'ils ont voulu être un peu gros, ils amusent comme sur des lèvres de petite fille qui s'efforce d'être « à la page ». Et les pages de la partition tâchent aussi, parfois assez laborieusement, à s'élever aux prétentions de l'opéra-comique, mais les notes sont les premières à en rire en délectables cascades. — A vouloir citer tel ou tel couplet, nous nous apercevons qu'ils sont beaucoup, des mieux venus, et que par conséquent M. Reynaldo Hahn, en vrai compositeur de carrière qui travaille pour un librettiste de métier, sait que la première des conditions exigées d'une opérette qui doit mériter de devenir « opérette de répertoire » est de ne pouvoir se jouer qu'en musique faite pour elle. C'est-à-dire qu'il ne faut pas se contenter, ainsi que cela se pratique si fâcheusement aujourd'hui, de prendre un méchant vaudeville et de plaquer par-ci par-là, au petit hasard des répliques, quelques scies de café-concert préalablement troussées en série — et exclusivement en vue d'une interprétation confiée à tel ou tel gros numéro de music-hall... autre plaie de la production contemporaine !

Tel n'est heureusement pas ici le cas ! A peine pourrait-on remarquer l'une ou l'autre réminiscence des ensembles et finales de grandes revues — notamment à l'acte qui commémore la gloire d'Olivier Métra et les illustrations de notre second Empire : l'Opérette, qu'il a engendrée, lui devait cet hommage filial. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

CID (LE)

 

Opéra en quatre actes, livret de Louis Gallet, d’Ennery et Edouard Blau, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra de Paris le 30 novembre 1885. => fiche technique

 

 

CIGALE ET BOURDON

 

Opérette en un acte, livret de Jacques Maillet, musique de Louis Deffès, représenté à la salle Taitbout, dans une matinée intime, le 03 février 1878.

 

 

CIGALE ET LA FOURMI (LA)

 

Opérette-bouffe en un acte, livret d’Achille Eyraud, musique de Frédéric Barbier, création aux Folies-Marigny le 28 mai 1862.

 

 

CIGALE ET LA FOURMI (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Beaumont, musique de Ferdinand Poise (1877), non représenté.

 

 

CIGALE ET LA FOURMI (LA)

 

Opéra-comique en trois actes et dix tableaux, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Audran.

 

Première représentation à Paris, Théâtre de la Gaîté, le 30 octobre 1886, avec Mmes Jeanne Granier (Thérèse), Louise Thuillier-Leloir (Charlotte), Fassy (la duchesse de Fayensberg), Paula (la Frivolini), Haudu (la mère Catherine) ; MM. Mauguière (le chevalier Frantz de Bernheim), Alexandre (Vincent), Raiter (le duc de Fayensberg), Petit (Guillaume), Scipion (Mathias), Gobereau (un vieux mendiant).

 

Représentation à Genève, le 15 mai 1888 ; à Alger, décembre 1905 ; au Trianon-Lyrique, le 26 octobre 1915.

 

 

« C'est la fable de La Fontaine mise en action d'une façon un peu trop simple et sans grands efforts d'imagination. Il s'agit de deux cousines, dont l'une, rangée, modeste, économe, a assuré tranquillement son existence, c'est la fourmi ; l'autre, la cigale, a voulu vivre avec éclat, jouir de toutes choses, dépenser sans compter, si bien qu'un beau jour la misère arrive et qu'elle est trop heureuse de trouver un asile chez la fourmi, qui est heureusement plus prêteuse que celle de la fable. Sur ce canevas que les auteurs ont laissé assez incolore, M. Audran a écrit une partition aimable, dont on peut citer avec éloges nombre de morceaux, entre autres la ronde : Un jour, Margot, la jolie gavotte : Ma mère, j'entends le violon, un duo agréable, un gracieux quatuor et le chœur piquant de la kermesse. Les deux rôles de la cigale et de la fourmi étaient tenus à souhait par Mlle Jeanne Granier et Mme Thuillier-Leloir. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Le duc de Fayensberg ; le chevalier Franz de Bernheim ; Vincent, adorateur de Thérèse ; Mathias, hôtelier du « Faisan doré » ; Guillaume, paysan, mari de Charlotte ; Charlotte, paysanne, nièce de Mathias ; Thérèse, sa cousine ; Léonora, duchesse de Fayensberg.

La scène se passe dans les Flandres aux environs de Bruges, vers 1720.

Comme elle fut montée en 1886, la Cigale et la Fourmi était une véritable féerie, avec trois ou quatre brillants tableaux par acte, changements à vue, apparitions, ballets et grand luxe de mise en scène. On joue plus fréquemment la pièce d'après une version réduite à six tableaux et mise à la portée des théâtres à ressources moyennes. Dans les deux versions, l'action que nous allons narrer est identique pour l'essentiel. Aussi négligerons-nous les hors-d’œuvre pour nous en tenir à l'intrigue toute nue.

Chacun connaît la charmante fable de La Fontaine qui a fourni leur sujet aux librettistes. Son dénouement est un peu cruel. Dans la pièce de MM. Chivot et Duru, tout finit par s'arranger et la Fourmi ne se montre point impitoyable, au contraire.

La Cigale et la Fourmi sont deux cousines, élevées ensemble dans une ferme des environs de Bruges. Charlotte est une femme de tête, qui sait compter, travailleuse, la maîtresse de maison modèle. Au moment où se lève le rideau, elle vient d'épouser un paysan revêtu des mêmes qualités qu'elle, Guillaume, et on sent que pareil couple ne pourra que s'enrichir et prospérer.

Thérèse est une petite cervelle à l'évent, qui ne rêve que rubans et colifichets, luxe, grande ville, théâtre. Elle a du reste des dispositions pour le chant et paraît appelée à de brillants succès.

L'oncle Mathias, hôtelier du « Faisan doré » à Bruges, est l'oncle des deux cousines. Il est venu à la ferme pour la noce et Thérèse perd la tête à l'entendre conter les splendeurs au milieu desquelles se passe sa vie. Aussi, quand l'oncle repartira, réussira-t-elle à se faire emmener par lui à la ville, à son insu, en se cachant sous la bâche de la carriole.

Auprès de Thérèse soupire en silence le pauvre Vincent, musicien, qui a appris à la cigale ce qu'elle sait de musique et qui, après s'être vu éconduit — car Thérèse redoute le mariage qui lui ravirait sa liberté — se contente d'un culte aussi sincère que désintéressé. Vincent suivra son adorée à la ville.

Après le tableau de la noce flamande, nous laissons provisoirement Guillaume et Charlotte à leurs prosaïques labeurs, pour nous attacher aux pas de la cigale Thérèse. Celle-ci est restée à Bruges en qualité de bouquetière et fait de brillantes affaires au « Faisan doré », une hôtellerie qui a pour clientèle toute la plus haute société de l'endroit. Parmi ces clients de marque figure au premier rang le duc de Fayensberg, un vieux viveur qui s'acoquine avec des danseuses et dont la femme, Léonora, se console avec le jeune et beau chevalier Franz de Bernheim. Les deux amants se rencontrent chez Mathias et Léonora fait part à Franz de ses craintes. La jalousie de son mari a été éveillée et pour détourner les soupçons il faut que Franz feigne de courtiser une autre femme. Laquelle ? Peu importe : la première qui se présentera.

Justement, Favensberg arrive en joyeuse compagnie et il soupçonne Franz de se trouver là en bonne fortune. Il veut savoir quelle est l'élue et comme il insiste, Thérèse se présente. Le dé en est jeté : l'amie de Franz, ce sera elle. On la fait chanter, sa voix ravit les auditeurs et Fayensberg lui propose de la lancer à l'Opéra. Voici le rêve de la cigale devenu réalité ! Elle accepte avec joie, et quand nous la retrouverons, au second acte, elle sera la Roseline, étoile adulée, idole du public.

La Roseline mène grand train. Elle a pris l'oncle Mathias pour intendant et le chevalier Franz pour cavalier servant. Mais celui-ci s'est laissé prendre à son propre stratagème : il aime aujourd'hui sincèrement Thérèse et l'on sent que le moment approche où il devra choisir entre elle et Léonora, qui est jalouse comme une tigresse. Les événements se précipitent : la Roseline, sans le savoir, est ruinée ; elle dépense bien au-delà de ses ressources et tout son luxe n'est plus que façade. Au début de l'acte elle reçoit la visite de ses parents de la campagne et les reçoit très bien, car elle est bonne fille. Mais ceux-ci sont instruits par hasard de la catastrophe financière qui approche, ainsi que du double jeu de Franz. C’est en partie Vincent, devenu souffleur à l'Opéra par amour, qui leur tait ces révélations. Ils croient de leur devoir d'avertir Thérèse. Celle-ci est mortellement frappée au cœur, car elle aime Franz de toute la violence de sa nature passionnée. Dans le trouble où la jette la révélation de son malheur, elle met brutalement à la porte Charlotte. Guillaume et Vincent. Mais un doute lui reste : si Franz l'aime, il lui consacrera sa soirée et elle-même reprendra sa parole au duc de Fayensberg à qui elle a promis son concours pour un gala qu'il donne en son palais. Franz accepte et Thérèse triomphe. Mais sa joie est de courte durée. Fayensberg arrive et remet au jeune homme un billet dont Léonora l'a chargé. Ce billet est une sommation : ou Franz assistera à la soirée, ou la duchesse fera un esclandre. Il craint l'exécution de la menace et reprend sa parole à Thérèse, qui comprend qu'on lui a dit vrai. Mathias achève de l'éclairer sur les rapports qui existent entre Franz et Léonora.

La rage saisit alors la malheureuse. Ce gala auquel elle avait renoncé, elle s'y rendra, et c'est elle qui fera l'esclandre.

Et en effet, au milieu de la fête, juste au moment où Fayensberg s'excuse auprès de ses invités de l'absence de la Roseline, celle-ci s'avance et sous forme de madrigal chante l'histoire d'une cigale, d'une rose et d'un papillon. L'apologue est très clair pour les deux coupables et du reste, Thérèse met les points sur les i, car elle termine en désignant rose et papillon de telle sorte qu'aucun doute n'est possible pour qui que ce soit. Horrible scandale au milieu duquel elle s'éclipse.

Le troisième acte nous ramène à la ferme. Charlotte et Guillaume ont prospéré. Ils ont recueilli l'oncle Mathias déchu de sa splendeur. Vincent aussi est revenu, après avoir vainement cherché les traces de Thérèse. Celle-ci reste introuvable. Franz, à qui la tragique soirée chez Fayensberg a révélé clairement son propre cœur, s'efforce lui aussi de retrouver Thérèse, mais en vain. Et Fayensberg est là aussi. A la suite de la fameuse soirée, le prince l'a destitué. Sa santé en a été ébranlée. Les médecins l'ont envoyé à la campagne et mis au régime du petit lait. Sa femme s'emploie auprès du prince pour le faire rentrer en grâce. En cas de succès, elle le lui communiquera par un simple mot : « C'est fait ! » La confiance de Fayensberg en sa femme, car il y a des grâces d'état, a été plutôt renforcée par l'aventure.

La nuit est tombée ; la cour de la ferme est déserte. La pauvre Thérèse arrive, exténuée, en haillons. Elle a froid, elle a faim, mais lorsqu'elle va pour frapper à la porte, la crainte l'arrête et elle tombe épuisée sur le seuil. Elle a alors une vision, elle voit en rêve le dénouement imaginé par La Fontaine pour sa fable de la Cigale et la Fourmi, tel que Gustave Doré, dans une composition célèbre, l'a représenté. Ce spectacle lui arrache un cri qui a été entendu de l'intérieur de la ferme. Tous se précipitent et l'on ranime la malheureuse. Quand elle ouvre les yeux elle ne voit que des visages amis. Charlotte est là, Vincent aussi qui prend sa main, et toujours prêt à s'effacer et à se sacrifier, la met dans celle de Franz. Un joyeux arbre de Noël s'allume ; c'est le tableau de la vie paisible et familiale à laquelle elle est reconquise. Fayensberg lui-même est ému jusqu'aux larmes ; mais ses larmes sont vite séchées : un messager lui remet un pli de sa femme : « C'est fait ! » dit la missive. Le voilà chambellan. « Chambellan, remarque Guillaume, ça s'appelle comme ça maintenant ! » Et tout s'achève dans la joie.

La Cigale est corrigée, et la Fourmi lavée de la fâcheuse réputation que lui avait faite le fabuliste. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

  

CIGALE ET LA FOURMI (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’E. Martin, musique de M. Pinatel, représentée au petit théâtre de la galerie Vivienne le 25 mars 1900.

 

 

CIGALE MADRILÈNE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Léon Bernoux (Mme Amélie Perronnet [1831-1903]), musique de Joanni Perronnet.

Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 15 février 1889, mise en scène de Charles Ponchard, chorégraphie de Mlle L. Marquet, décors d’Eugène Carpezat, costumes de Charles Bianchini, avec Mmes Marie Degrandi (Carmélina), Mad. Bernaert (Sabine), Pierron (Ninès), Domingue (une Manola), MM. Fugère (le Biscayen), Galand (Lazarillo), François-Antoine Grivot (Mendoce), Bernaert (Altabar), Lonati (premier Algazil), Mouseler (un Artisan), sous la direction de Jules Danbé.

 

« L'histoire de la naissance de cette pièce est assez originale. On a raconté que lorsqu'une de ses futures interprètes, Mme Degrandi, désirant un engagement à l'Opéra-Comique, avait sollicité une audition à ce théâtre, elle s'était fait entendre, non, comme cela se fait d'habitude, dans un air du répertoire, mais dans une simple chanson, et que le directeur fut séduit autant par la grâce de la cantatrice que par le charme de la chanson. Ce n'était pas, en effet, une chanson ordinaire que cette Cigale madrilène ; elle avait, disait-on, une verve endiablée de jeunesse, avec des caresses par-ci et des élans par-là. Il fallait y danser, y jouer des castagnettes, y souffler dans ses doigts en imitant la bise, et autre chose encore. Bref, tout un petit poème en quelques mesures et quelques couplets. Le directeur, ravi, engagea la chanteuse et demanda le nom de l'auteur de la chanson : Joanni Perronnet, ayant le désir de lui faire écrire une pièce dont celle-ci serait le prétexte et le pivot. Là-dessus, la mère du compositeur, Mme Amélie Perronnet, se chargea de faire la pièce, qu'elle donnerait sous un pseudonyme, et M. Joanni Perronnet écrivit la musique, qu'il fit connaître sous son nom. L'une et l'autre sont un peu enfantines peut-être, sans grande consistance, mais enfin le public les accueillit sans défaveur et applaudit même plusieurs morceaux de la partition, entre autres un agréable duo bouffe, un quintette assez ingénieux et une valse chantée qui obtint un véritable succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CIGISBÉ (LE) ou LE FAT CORRIGÉ. – Voir Sigisbée.

 

 

CIMAROSA

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Jean-Nicolas Bouilly, musique de Niccolo [Isouard]. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 28 juin 1808.

 

 

CINESE RIMPATRIATO (IL)

 

[en fr. le Chinois de retour]

Intermède italien en un acte, musique de Giuseppe Sellitto, représenté par l'Académie royale de musique le 19 juin 1753 avec Manelli, Mlles Anna et Catarina Tonelli. Parodies : le Chinois poli en France, d'Anseaume (1754), et le Chinois (voir ce nom). Castil-Blaze attribue cet ouvrage à Selletti. M. Fétis ne désigne sous son nom que trois opéras : Nitocri, l’Argene et la Finta Pazza.

 

 

CINQ ANS D'ENTRACTE

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’A. Féréol, musique d’Aimé Leborne. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 15 juin 1833. Il est bien rare qu'un auteur fasse preuve d'invention lorsqu'il s'improvise auteur dramatique. La mémoire, qui est un des mérites de sa profession, au lieu de le servir le trahit, et les scènes qu'il croit imaginer ne sont pour la plupart que des réminiscences. Féréol reproduisit dans son livret les situations qui avaient joui d'une grande vogue au temps de Gresnich et de Dalayrac. La mère Simone a deux fils, Pierre et Julien ; tous deux sont amoureux de la jeune orpheline Annette ; mais Pierre passe pour un idiot, un pauvre être disgracié, tandis que Julien est beau parleur et présomptueux. La scène se passe en 1812, et le beau parleur, préféré par Annette, est désigné par le sort. Pierre se dévoue et part à la place de son frère. Cinq ans se passent. Julien a dédaigné la main d'Annette et s'est conduit en mauvais fils. Pierre revient couvert de gloire, réconcilie tout le monde et reprend sa charrue. L'auteur de la musique était naguère encore un professeur distingué du Conservatoire. On lui doit la musique d'un autre ouvrage, le Camp du drap d'or, et surtout de bons élèves. Leborne était bibliothécaire de l'Opéra.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CINQ-MARS

 

Drame lyrique en quatre actes, livret de Paul Poirson et Louis Gallet, musique de Charles Gounod. Création à l'Opéra-Comique le 05 avril 1877. => fiche technique

  

 

CINQUANTAINE (LA)

 

Opéra en trois actes, livret de Fouques-Deshayes dit Desfontaines, musique de J.-B. Delaborde. Création au Théâtre de l'Opéra le 13 août 1771.

 

« Comme toutes les productions de cet amateur, cet ouvrage est médiocre, et il parut tel aux artistes chargés de l'interpréter. Le chanteur Legros se refusait à remplir le rôle principal. On le menaça de l'enfermer au For-l'Evêque, et il dut se résigner. Delaborde était valet de chambre de Louis XV. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cette pastorale fut reprise en 1772, selon les indications du catalogue Soleinne ; elle fut cependant sifflée à son apparition, et Legros n'y chanta que par crainte de passer une cinquantaine de jours au For-l'Évêque. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CINQUANTAINE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de M. Faur, musique de Dezède, représenté au théâtre de la rue de Louvois, appelé alors Théâtre des Amis de la patrie, le 09 janvier 1796.

 

 

CINQ MINUTES TROP TARD

 

Bouffonnerie musicale, livret de M. Vernon, musique de M. Villebichot, représentée aux Folies-Nouvelles en mai 1857.

 

 

CINQUIÈME ACTE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Michel Delaporte, musique d'Auguste L'Eveillé, représenté aux Folies-Nouvelles le 25 octobre 1856.

 

 

CIRCASSIENNE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 02 février 1861, avec Mmes Eugénie Monrose (Olga), Léonie Bousquet (Zoloé), Marie Prost (Neïla), MM. Louis Barrielle (le prince Orsakoff), Félix Montaubry (Alexis Zouboff), Duvernoy (Soltikoff), Couderc (Lanskoï), Ambroise (Pérod), Eugène Troy (Aboul-Kazim), Davost (Yrak), Auguste Laget (Boudour), Coutan (un Officier), Andrieux (un Officier).

 

La scène se passe dans le Caucase. Des officiers russes s'imaginent de jouer l'opéra de Marsollier : Adolphe et Clara ; Alexis Zouboff, le plus imberbe d'entre eux, qui déjà, sous le nom de Prascovia, et sous un costume féminin, a inspiré une passion à un général, doit jouer le rôle de Clara. On l'affuble d'un costume de Circassienne. Les comédiens sont surpris par le général Orsakoff, inflexible en ce qui touche la discipline. Il reconnaît dans Alexis sa bien-aimée Prascovia, et on comprend que la mystification menace d'aller loin. Fort habile à sortir des situations scabreuses, Scribe a prolongé celle-ci outre mesure, ce qui a décidé de l'insuccès de l'ouvrage, malgré le mérite de la partition. Après avoir abusé plus qu'il ne convient de l'aveugle passion de Orsakoff, Alexis parvient à obtenir de lui la main de sa pupille et à reprendre impunément son uniforme. L'ouverture a pour motif une rédowa qui reparaît plus loin dans la scène du harem, où Alexis et la jeune Olga ont été enfermés. Le morceau le plus saillant du premier acte est le chœur Bravo ! bravo ! dans lequel M. Auber a spirituellement enchâssé l'air d'Adolphe et Clara : Jeunes filles qu'on marie. La romance d'Alexis, Vous rappelez à l'instant même, est fort distinguée ; elle a été écrite très haut d'après les moyens de Montaubry, qui a créé le rôle. Au deuxième acte, le chœur des odalisques est délicieux. M. Auber n'a rien écrit de plus vaporeux, de plus éthéré. Les couplets du peintre Lanskoï portent l'empreinte de la finesse un peu malicieuse du compositeur. Ils ont été hissés. Quant à l'instrumentation, c'est constamment une fête pour l'oreille que d'entendre cette harmonie originale et pénétrante. Montaubry a réussi à jouer le rôle exceptionnel d'Alexis, grâce à son physique et à ses notes de tête. Peu de ténors peuvent l'aborder victorieusement comme lui. Couderc a débité le rôle du peintre Lanskoï avec la cordialité sympathique qui lui est habituelle. Barrielle, Troy, Ambroise, Laget ont créé ceux du général Orsakoff, d'Aboul-Kazim, du maréchal des logis et de l'eunuque. Les rôles de femmes ont été remplis par Mlles Monrose, Prost et Bousquet.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CIRCÉ

 

Tragi-comédie en cinq actes ornée de machines, de changements de théâtre et de musique, précédée d'un prologue, paroles de Thomas Corneille, musique de Marc-Antoine Charpentier, représentée sur le théâtre de la rue Guénégaud, le dimanche 17 mars 1675. Cette pièce a été reprise en 1705 avec un prologue et des divertissements de Dancourt, et la musique en fut refaite par Gilliers. Robert de Visée ou de Visé, guitariste habile, composa aussi une musique pour la même tragédie. C'est une de ces pièces à grand déploiement scénique, dans laquelle la musique avait une part fort importante, et dont le genre se rapprochait beaucoup de celui de l'opéra.

 

 

CIRCÉ

 

Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Mme Guillot de Saintonge, musique de Desmarets, représentée le 01 octobre 1694.

 

"Ouvrage peu favorablement accueilli."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CIRCÉ

 

Poème lyrique en trois actes, livret d’Edmond Haraucourt, musique de Paul et Lucien Hillemacher.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 17 avril 1907. — Décors de Lucien Jusseaume. — Mise en scène d’Albert Carré, chorégraphie de Mariquita.

Mmes Geneviève VIX (Circé), Suzanne BROHLY (Pénélope), Maggie TEYTE (Glycère).

MM. Hector DUFRANNE (Ulysse), David DEVRIÈS (Helpénor), Félix VIEUILLE (Eurylaque), DELVOYE (Politès).

Chef d'orchestre : Jacques MIRANNE.

 

7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CLAIR-DE-LUNE

 

Opérette-bouffe en trois actes, livret d’Ernest Dubreuil et Henri Bocage, musique d’Auguste Cœdès, représenté aux Folies-Dramatiques le 11 mars 1875.

 

« Clair-de-Lune est le fils de Clodomir XXIV, roi de Hongrie, que le sénéchal Alfarin a vendu dans son bas âge à Misère, chef d'une bande de bohémiens. Il lui a substitué sa fille Clorinde, que les hongrois croient être un garçon. On devine qu'un jour Clorinde rencontre Clair-de-Lune, en est éprise, et qu'elle fait remonter celui-ci sur le trône de ses ancêtres. La musique en est fort légère et écrite avec facilité. Chanté par Milher, Hamburger, Luco, Mme Toudouze, Mlles Raphaël et Rose-Marie. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

CLAIRETTE ANGOT EN TURQUIE

 

Opérette en un acte, livret de Roustan et Isch, musique d’Emmanuel Baumann, représentée à l'Alcazar de Marseille en mai 1874.

 

 

CLAIRON (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Gaston Marot, Élie Frébault et Edouard Philippe, musique de Georges Jacobi, chef d'orchestre de l'Alhambra, de Londres, représentée à la Renaissance le 07 novembre 1883. « La » Clairon, c'est la célèbre tragédienne, que les auteurs ont transportée en Hongrie, où ils la font passer pour l'impératrice Marie-Thérèse, tandis qu'une certaine princesse Cornikoff se fait passer elle-même pour l'impératrice Catherine de Russie. Inutile de prendre des personnages historiques pour amener des quiproquos qui n'offrent ni gaieté, ni intérêt. Les interprètes de cet ouvrage étaient MM. Jolly, Alexandre, Mercier, Guillot, Mmes Louise Thuillier-Leloir et Mary Pirard.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CLARI

 

Opéra italien semi-seria en trois actes, musique de Halévy, représenté à Paris le 09 décembre 1828, avec le concours de Mme Malibran. Le sujet est tiré du ballet de Clari, qui avait réussi à l'Opéra français, et dans lequel Mlle Bigottini s'était fort distinguée. Déjà apprécié comme compositeur dans son opéra-comique l'Artisan, Halévy déploya dans Clari, pour la première fois, son grand talent scénique. Le second acte est fort remarquable. Nous signalerons l'excellent trio : Deh ! silenzio, non parlate. Malgré la réserve apportée par les habitués du Théâtre-Italien aux débuts d'un compositeur français, Halévy est sorti triomphant de cette épreuve.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CLARICE ET BELTON ou LE PRISONNIER ANGLAIS

 

Comédie mêlée d’ariettes en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Grétry. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 23 mars 1793. C'est le Prisonnier anglais (voir ce titre), remis au théâtre avec changements.

 

 

CLARISSE

 

Opéra-comique en deux actes, musique de Catrufo, représenté à Genève en 1806.

 

 

CLARISSE ET ERMANCÉ ou LES DEUX COUVENTS

 

Comédie mêlée d’ariettes en trois actes, livret de Claude-Joseph Rouget de Lisle et Jean-Baptiste-Denis Després, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 février 1792.

 

 

CLARISSE ou LA DOMESTIQUE INCONNUE

 

Opéra-comique français, musique de Schulz, représenté au théâtre de Reinsberg en 1783.

 

 

CLAPPERMAN (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique de J. Borremans, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 31 octobre 1804.

 

 

CLARY ET CLARA

 

Opérette en trois actes, livret d’Hippolyte Raymond et Antony Mars, musique de Victor Roger, représentée aux Folies-Dramatiques le 20 mars 1894.

 

 

CLAUDE ET CLAUDINE

 

Comédie en vaudevilles en un acte, livret de Mension, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 juin 1785.

 

 

CLAUDIA

 

Grand opéra en cinq actes et sept tableaux, livret d’Emile Barbier, musique de Gustave Perronet, représenté au Grand-Théâtre de Marseille le 20 avril 1882. Cet ouvrage paraît avoir obtenu un certain succès, et l’on a cité, parmi les meilleurs morceaux de la partition, au premier acte, un quatuor et une marche très applaudis, au second, un duo et le finale, au troisième, une prière, un trio et une grande marche avec chœur, enfin au quatrième un fort joli ballet. Le compositeur, ancien élève du Conservatoire de Paris, où il avait obtenu naguère un brillant premier prix de piano, était alors professeur au Conservatoire de Marseille.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CLAUDINE ou LE PETIT COMMISSIONNAIRE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jacques-Marie Deschamps, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni. Création au Théâtre Feydeau le 06 mars 1794. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 13 novembre 1801. C'est la jolie nouvelle de Florian qui a fourni le sujet de la pièce.

 

 

CLAVECIN (LE)

 

Opéra-comique, musique de Chardiny, représenté au théâtre de Beaujolais en 1787.

 

 

CLÉ D'OR (LA)

 

Comédie lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret d’Octave Feuillet (1812-1890) et Louis Gallet, musique d’Eugène Gautier, représentée au Théâtre-National-Lyrique de la Gaîté le 14 septembre 1877, avec Mmes Marie Marimon (Suzanne), Sablairolles (Hélène), Caroline Girard (Jeannette), MM. Frédéric Achard (Raoul d'Athol), Jacques Bouhy (Georges Vernon), François-Antoine Grivot (Des Fournels), Christian (De Laubriant).

 

« Le roman de M. Octave Feuillet est une étude psychologique, délicate et quintessenciée qui ne convenait pas à un ouvrage lyrique. Malgré tout ce qu'on lui a ajouté pour donner de la variété et de l'action à cette pièce, elle a été jugée insupportable, à cause de sa monotonie et de son peu d'intérêt. Eût-elle été mieux traitée par le musicien, qu'elle n'aurait pu réussir. Suzanne vient d'épouser Raoul d'Athol, à qui elle a remis une petite clef d'or, symbole de la possession de son cœur. Son indigne mari, loin de se montrer reconnaissant de cette marque ingénue de l'amour fidèle, ne dissimule pas son indifférence. Suzanne reprend sa clef, mais son mari ne tarde pas à revenir à de meilleurs sentiments envers sa femme et se la fait rendre. Il y a naturellement dans cette pièce des amoureux éconduits, un ami, Georges Vernon, dont la concurrence est assez redoutable ; mais elle se serait passée aisément de hors-d’œuvre tels que des airs de trompe, un air à roulades interminable, dit Chanson du rossignolet, et un ballet placé à la fin du deuxième acte sans aucun motif. La musique a paru aussi prétentieuse que dépourvue d'inspiration. On sent que cette partition est l'œuvre d'un musicien laborieux, mais sans idées. Dans le premier acte, les meilleurs morceaux sont le duo entre Des Tournels et Laubriant, la romance Là bas elle passait, et, dans le second, une autre romance, toutes deux chantées par Vernon. La chute de cet ouvrage a été complète. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CLÉ DES CHAMPS (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henry Boisseaux, musique de Louis Deffès. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 20 mai 1857, avec Mme Léocadie Lemercier (Mme Dubarry), MM. Jourdan (le Chevalier), Couderc (le Roi), Nathan (le Bailli), Constant Lemaire (Pompon). => partition

 

« Il s'agit dans la pièce d'une fuguette de Mme du Barry, qui revient dans son pays natal, à Noisy, où son ingénuité apparente a failli lui faire décerner, par un bailli ridicule, le titre de rosière. La donnée est extravagante, comme on voit. On a remarqué, dans la partition de M. Deffès, les couplets des Filles de Nanterre, et un joli trio. Joué par Couderc, Jourdan, Lemaire, Nathan et Mlle Lemercier, cet ouvrage n'a pas eu moins de quarante-quatre représentations. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CLEF D'ARGENT (LA)

 

Opérette en un acte, livret d'Alexandre Beaumont, musique d'Isidore-Edouard Legouix, publiée dans le Magasin des Demoiselles (1877). => partition

 

 

CLEF DU JARDIN (LA)

 

Opéra en un acte, musique de Eykens représenté à Anvers en 1837.

 

 

CLEF DU SECRÉTAIRE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Caroline Berton et Henry Boisseaux, musique de Charles Poisot, représenté à Paris le 19 mars 1853. Chanté par Mazeau, Nadaud, Mlles Dubois, Jouassain, Thomas.

 

 

CLEFS DU JARDIN (LES) ou LES POTS DE FLEURS

 

Divertissement en vaudevilles en un acte, livret de Louis-Abel Beffroy de Reigny, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 24 mars 1787.

 

 

CLÉMENCE ou LES EAUX DE LA MALOU

 

Opéra-comique en un acte, musique de Miquel, exécuté à Béziers en février 1837.

 

 

CLÉMENTINE ou LA BELLE-MÈRE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial, musique d’Etienne Fay. Création au Théâtre Feydeau le 18 septembre 1799. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 09 octobre 1801. Fay eut des succès comme ténor à Louvois et au théâtre Favart. Il composa plusieurs opéras-comiques, celui de Clémentine est son meilleur ouvrage, et il a joui de la faveur du public.

 

 

CLÉOPÂTRE

 

Opéra en quatre actes, paroles de M. Bogros, musique de la baronne de Maistre. Cet ouvrage, dont plusieurs fragments ont été entendus par un auditoire d'élite et ont produit la plus favorable impression, a été remarqué et signalé par le jury chargé de l'examen des partitions envoyées au concours du Théâtre-Lyrique. C'est à ce double titre que nous mentionnons cet opéra. Les compositions musicales de Mme la baronne de Maistre se distinguent par la force et la vérité de l'expression dramatique, par l'originalité des idées et l’emploi intelligent des ressources de l'harmonie. L'opéra de Cléopâtre renferme des beautés trop saillantes et d'un ordre trop élevé pour que le public ne soit pas admis à l'entendre et à le juger sur une de nos premières scènes lyriques. Le livret offre des situations favorables à une belle mise en scène. Au premier acte, l'atrium du palais d'Antoine ; les rois, reines et peuples de l'Asie vaincue défilent devant lui ; ce qui rappelle les beaux spectacles des opéras de Quinault et de Lulli ; l'arrivée de Cléopâtre dans sa galère ; la salle du festin ; l'arrivée inattendue d'Octavie. Au deuxième acte, les jardins de l’île de Méosie, des scènes de passion et de désespoir. Au troisième, le golfe d'Ambracie au lendemain de la célèbre bataille d'Actium. Au quatrième, l'intérieur du tombeau de Ptolémée ; dans un deuxième tableau, les jardins d'Alexandrie ; la mort d'Antoine, celle de Cléopâtre et l'arrivée de César triomphant. La partition renferme des morceaux remarquables ; parmi les plus saillants, nous signalerons dans le premier acte : le chœur d'introduction, l'air du grand-prêtre : Déesse au front paré d'étoiles, le chœur des esclaves, la romance de ténor : Un soir d'été calme et tranquille. Dans le deuxième acte, l'air de Cléopâtre : le Soleil décline ; un duo entre Antoine et la reine. Dans le troisième, le chœur des soldats : Le vent gémit, la mer profonde ; la grande scène du désespoir de Cléopâtre. Dans le dernier acte, l'air de la reine : Accueille-moi, dernier asile ; le trio syllabique : la Nuit sombre, de son ombre ; le duo entre Octavie et Cléopâtre : Trop grande est ton audace ; enfin la scène de la mort de Cléopâtre. Dans cet ouvrage important, comme dans l'opéra de Sardanapale du même auteur que nous avons fait connaître, circule abondamment le souffle épique. Ce sont là des œuvres d'un grand mérite et qu'on ne saurait trop encourager ; car elles sont de nature à arrêter cette décadence dont nous suivons la pente depuis quelques années.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CLÉOPÂTRE

 

Poème lyrique pour soprano, chœur et orchestre, de Louis Gallet, musique d’Alphonse Duvernoy, représenté aux Concerts Colonne vers 1885.

 

 

CLÉOPÂTRE

 

Drame en cinq actes et six tableaux, de Victorien Sardou et Eugène Moreau, avec musique de Xavier Leroux, représenté à la Porte-Saint-Martin le 23 octobre 1890.

 

 

CLÉOPÂTRE

 

Drame musical en quatre actes, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, musique de Fernand Le Borne (op. 61), représenté au Théâtre des Arts de Rouen le 05 février 1914.

 

 

CLÉOPÂTRE

 

Drame lyrique en quatre actes, livret de Louis Payen, musique de Jules Massenet, représenté à l’Opéra de Monte-Carlo le 23 février 1914. => fiche technique

 

 

CLIQUETTE

 

Opérette-bouffe en trois actes, livret de William Busnach, musique de Louis Varney, représentée aux Folies-Dramatiques le 11 juillet 1893 avec Mmes Samé (Cliquette), Frank-Mel (Mme Jollivet), Tusini (Micheline), Bade (Françoise), Gorins (Annette), Bignon (Catherine), Delorme (Berthe), Carel (Jeanne), MM. Gauthier (Pierre Bridoux), Riga (Brébanchu), Maurice Lamy (Nicolas), Dacheux (Cliquet), Vavasseur (le Marquis des Orties), Georges Mesmaecker (Langlumé), Rocher (Castagnol).

 

« C'est l'histoire d'un mariage accompli la veille entre un jeune paysan et une jeune villageoise qui a la main leste et qui, dès le lendemain des noces, gifle vigoureusement son époux. Mais le mariage est nul par ce fait que le maire qui l'a célébré était révoqué sans le savoir et n'avait plus aucune autorité. Les deux époux se séparent alors et convolent de nouveau chacun de leur côté ; or, ce second mariage devient nul comme le premier, par suite d'un nouvel incident, si bien qu'à la fin chacun reprend sa chacune et se marie enfin d'une façon sérieuse. Sur ce canevas, qui manque un peu trop de vraisemblance, mais non d'une certaine gaieté, M. Varney a écrit une partitionnette gentille, alerte et vive, à son habitude, franchement rythmée et abondante en chansons gracieuses, en romances aimables et en couplets bien troussés. Une artiste mignonne, transfuge de l'Opéra-Comique, Mlle Samé, remplissait à ravir le rôle de Cliquette, bien secondée par Mlles Tusini et Bade, MM. Gauthier, Riga, Lamy, Vavasseur et Dacheux. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

CLITANDRE ET CÉPHISE

 

Opéra-comique, musique de Chardiny, représenté au théâtre de Beaujolais en 1788.

 

 

CLOCHE DU RHIN (LA)

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Georges Montorgueil et Pierre-Barthélemy Gheusi, musique de Samuel Rousseau.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 08 juin 1898 ; mise en scène de Lapissida ; décors d'Amable ; costumes de Charles Bianchini.

Mmes Aïno ACKTÉ (Herwine), HÉGLON (Liba).

MM. VAGUET (Konrad), NOTÉ (Hermann), BARTET (Hato).

Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL

 

9e à l’Opéra, le 19 novembre 1898, avec les créateurs, sauf : Mme Eva DUFRANE (Liba).

 

9 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« Une action dramatique basée sur une légende à moitié fantastique, qui nous transporte au Ve siècle, sur les bords du Rhin, à l'époque où les derniers païens germaniques succombaient, malgré leurs efforts, sous les coups des chrétiens envahissants et victorieux. L'élément passionnel trouvait sa place dans cette action avec les amours du jeune chef germain Konrad et de la religieuse chrétienne Herwine, qui, l'un et l'autre, à la suite de divers incidents, trouvent une mort dramatique, et sont ensuite réunis dans la vie éternelle.

Sur ce drame, le compositeur a écrit, avec autant de soin que de fermeté, une musique pleine de talent, mais qui sans doute se ressent un peu de trop des théories wagnériennes dont nos musiciens ont l'esprit hanté. Il est certain que l'emploi obstiné du leitmotiv arrête chez eux l'élan de l’inspiration et lui enlève sa spontanéité. Ils ne s'aperçoivent pas eux-mêmes de ce défaut capital d'un procédé purement matériel, qui bride et entrave leur imagination et les met dans la presque impossibilité de révéler leur personnalité, troublés qu'ils sont par la perpétuelle préoccupation de ce procédé néfaste. Il n'empêche que la partition de M. Samuel Rousseau, qui est l'œuvre d'un artiste instruit et expérimenté et qui se fait remarquer par sa couleur chaude et son sentiment scénique, renferme nombre de pages intéressantes et d'une véritable intensité dramatique. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

CLOCHES DE CORNEVILLE (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Clairville et Charles Gabet, musique de Robert Planquette (orchestration de Marius Baggers).

 

Personnages : Gaspard (baryton-basse) ; le Marquis Henri de Corneville (baryton Martin) ;  Grenicheux, pêcheur (ténor) ; le Bailli (trial) ; Germaine (soprano) ; Serpolette, une enfant trouvée (soprano) ; Dix petits rôles (4 masculins et 6 féminins) ; Chœurs : paysans et paysannes, gardes champêtres, matelots, mousses, cochers, servantes, domestiques.
 

Création aux Folies-Dramatiques le 19 avril 1877, sous la direction de Marius Baggers ; décors de Zara, costumes de Luco, avec Mmes Conchita Gelabert [Maria-Concepcion-Antonia-Anselma Consejo dite, (Madrid, 21 avril 1857-)] (Germaine), Juliette Girard [Simon-Girard] (Serpolette), Rolla et Fleury (Manette), Vallot (Jeanne), Fraissinet (Gertrude), Cora (Suzanne), Becker (Catherine), M. Coste (Marguerite) ; MM. Milher (Gaspard), E. Vois (le Marquis), Simon-Max (Grenicheux), Luco (le Bailli), Vavasseur (le Tabellion), Speck (Cachalot), Heuzey (Gripardin), Jeault (Fouinard).

 

Résumé.

Le château de Corneville passe pour être hanté. Une légende affirme que ses cloches sonneront au jour où le maître des lieux reviendra dans le pays.

C'est ce qui, en effet, arrive. Le Marquis de Corneville démasque Gaspard qui jouait aux fantômes et cherchait à s'approprier ainsi l'héritage de ses anciens maîtres.


L'action se déroule en Normandie, à la fin du règne de Louis XIV.

ACTE I.

1er TABLEAU : Un sentier boisé.

Paysans et paysannes s'empressent au Marché de Corneville où a lieu la louée annuelle des domestiques. Des groupes se forment qui cancanent au sujet de Germaine, de Serpolette et d'autres filles encore. Le Tabellion fait cesser les commérages.

Serpolette est bien décidée à quitter son maître, le vieux Gaspard, depuis qu'une pimbêche, Germaine, est entrée dans la maison. Serpolette, qui est une enfant trouvée, s'imagine être la fille d'une princesse enlevée en bas âge et abandonnée dans les serpolets — d'où son nom !

Depuis que Germaine est au pays, l'amoureux de Serpolette, Grenicheux, la délaisse pour la nouvelle venue, mais on prête au vieux Gaspard l'intention de faire épouser sa nièce par le Bailli. Celui-ci arrive justement. Il est dépité de l'accueil que lui a fait Germaine et s'en ouvre à Gaspard qu'il questionne ensuite au sujet du château de Corneville, lequel n'est pas habité depuis longtemps et qu'il veut faire ouvrir. Gaspard, visiblement inquiet, cherche à l'en dissuader et lui raconte une histoire de fantômes qui n'ébranle pas la volonté du Bailli. Les deux hommes se rendent au marché, cependant que Grenicheux s'approche [Air-Fantaisie : Va petit mousse...] cherchant à attirer l'attention de Germaine. Celle-ci, bien décidée à ne pas épouser le Bailli, se sent liée à Grenicheux qui prétend lui avoir, un jour, sauvé la vie, mais c'est loin d'être là de l'amour...

Un homme, dont le costume attire l'attention générale, arrive alors : c'est le Marquis Henri de Corneville, revenu incognito dans les terres de ses ancêtres. Il questionne les paysans, se fait dire par Germaine la légende des cloches qui sont censées se mettre à sonner quand le maître du château reviendra à Corneville. Tous se rendent au marché, sauf le Marquis. Celui-ci se remémore certains souvenirs qui le lient à ce pays, entre autres celui d'une jeune fille qu'il sauva un jour d'un grand péril [Grand Air du Marquis : J'ai fait trois fois le tour du monde...].

Un brouhaha retentit : le Bailli apparaît, poursuivant Grenicheux qui lui fait voltiger sa perruque.

2e TABLEAU : Le Marché de Corneville.

Grenicheux arrive, tout essoufflé, pour la louée. Le Cortège défile. Le Marquis engage à son service Serpolette et Grenicheux, puis Germaine. Tous trois échappent ainsi à Gaspard, lequel mène en vain un grand tapage.

ACTE II. — Grande salle du château de Corneville.

Le Marquis, avec Germaine et des matelots porteurs de torches inspectent le vieux manoir pour surprendre le secret des prétendus fantômes. Grenicheux, Serpolette et le Bailli tremblent de tous leurs membres.

Le Marquis se fait reconnaître du Bailli et découvre dans un portefeuille une lettre qui établit l'ascendance nobiliaire de la Vicomtesse de Lucenay que son père a recommandé à Gaspard de faire élever comme une enfant trouvée, sous un nom villageois, afin de la soustraire aux grands dangers qui menaçaient sa famille. Serpolette, se croyant ainsi reconnue vicomtesse et marquise, exulte...

Le Marquis s'apprête ensuite à démasquer les revenants. Auparavant, il se fait raconter par Germaine son aventure.

Chacun s'étant écarté, sauf Grenicheux qui, tremblant de peur, a été enfermé dans une armure, Gaspard s'avance en hésitant, une lanterne à la main. Il compte son or et s'apprête à jouer son rôle de fantôme lorsque le carillon des cloches, accompagnant un chœur fantastique, se fait entendre. Gaspard est complètement atterré.

ACTE III. — Un parc, avec statues et bosquets.

Tout le monde danse. Gaspard, qui est devenu fou, apparaît un instant. Serpolette, entrée en possession de son héritage, mène grand train ; elle a pris Grenicheux pour majordome !

Un moment seul avec Grenicheux [Rondeau de Grenicheux : Je regardais en l'air...], le Marquis le démasque. Gaspard, qui a recouvré la raison, révèle bientôt que c'est Germaine la véritable héritière du Comte de Lucenay.

Le Marquis épousera Germaine. Quant à Grenicheux, il reviendrait bien à Serpolette, mais elle ne veut pas de ce pleutre !

 

« L'opéra-comique dont la première représentation a eu lieu ce soir, aux Folies-Dramatiques, avait d'abord été confié par ses auteurs, MM. Clairville et Gabet, au compositeur Hervé.

Il faut vous dire que les auteurs des Cloches de Corneville ont voulu faire un véritable livret d'opéra-comique ou bien, pour être plus exact, d'opéra-mélodramatique, puisque leur pièce contient des situations qui ne seraient pas déplacées au Théâtre du Château-d'Eau. C'est donc avec une terreur assez justifiée qu'ils entendirent Hervé lorsqu'il eut pris connaissance de leur poème, leur dire :

— Mes amis, cela manque de calembours. Évidemment, il y a quelque chose à faire. La scène de la folie pour Milher, par exemple, me paraît originale. Seulement, on la coupera en deux. Au milieu, il y aura une consultation de médecins qui finiront par extraire une énorme araignée du cerveau de Milher. Vous verrez mon septuor de l'opération... C'est comme s'il était fait. Quant aux couplets des pommes de Normandie, il faudrait les mettre en scène tout autrement. Nous ferons venir Adam et Ève, Pâris, Guillaume Tell et tous ceux qui ont eu des histoires de pommes dans leur existence. Cela fera un magnifique finale !

Les auteurs, après ce beau discours, prirent la fuite en emportant leur manuscrit.

M. Cantin, qui a un faible pour les jeunes compositeurs, remit les Cloches de Corneville à M. Robert Planquette, un jeune homme qui s'est fait une certaine réputation en composant des chansonnettes pour Judic et Théo.

C'est au café-concert qu'il débuta, il y a quelques années, par une romance intitulée : les Héritiers et qui fut chantée par Mlle Bade, l'étoile actuelle des Folies-Marigny. Lors de ces modestes débuts, M. Planquette ne prévoyait guère ses destinées futures : « Quand donc serai-je chanté par M. Perrin ? » se disait-il en écoutant le premier sujet de l'Eldorado.

La réalisation de ce rêve extravagant est bien dépassée, aujourd'hui que M. Planquette entend roucouler ses mélodies par... Vavasseur.

Le jeune compositeur possède une agréable voix de baryton qu'il dirige avec goût. Comme on le pense bien, c'est un avantage dont il tire grand parti pour faire valoir ses mélodies.

Toutefois cet avantage est compensé par quelques inconvénients. Il est arrivé souvent à M. Planquette d'humilier ceux de ses interprètes, qui, malgré leurs talents variés, sont loin d'être aussi doués que lui sous le rapport vocal ; et cela le plus innocemment du monde. Lorsqu'il lui semblait nécessaire, au cours d'une répétition laborieuse, d'indiquer ses intentions en lançant quelques notes de la partie d'un artiste quelconque, ce dernier tout interdit et redoutant une comparaison immédiate, n'osait plus chanter après lui.

On m'assure même que M. Cantin, qui ne serait pas fâché d'avoir un chanteur de cette valeur dans sa troupe, est au désespoir de ne pouvoir lui faire de propositions d'engagement.

Le rôle de l'héroïne, Germaine, avait été tout d'abord distribué à Mlle Gélabert. Mais celle-ci étant sur le point de jouer un autre rôle plus sérieux et de renoncer au théâtre pour se consacrer à la vie conjugale, on dut lui chercher une remplaçante.

On choisit Mme Berthe Stuart. Malheureusement, Mme Stuart est d'une santé faible. Elle déclara, il y a quelques jours, au moment où l'on allait lancer la pièce, que le rôle de Germaine était au-dessus de ses forces. Grand embarras des auteurs et du directeur. Tout à coup, on apprit que le mariage de Mlle Gélabert était ajourné, comme la première du Roi de Lahore. On alla la trouver et la jeune chanteuse, bien qu'elle eût payé un dédit à M. Cantin pour recouvrer sa liberté, consentit avec joie à rentrer pour cette fois seulement, au théâtre de son premier et dernier succès.

Mlle Gélabert a appris le rôle, paroles et musique, en quatre jours !

A côté d'elle on a revu avec plaisir la « petite Girard ». Car on dit déjà la « petite Girard » comme on disait du temps de Giroflé « la petite Granier ».

Sa maman qui surveille, d'une loge de première, les effets auxquels elle n'est certainement pas étrangère, se pâme d'aise toutes les fois que la salle encourage par ses applaudissements la jeune artiste. Il lui semble qu'elle se revoit elle-même à dix-sept ans. Le succès de sa fille est, pour elle, comme l'écho de ses succès d'autrefois.

M. Gabet, le collaborateur de M. Clairville pour le livret de la nouvelle opérette, s'est fait connaître depuis longtemps par un certain nombre de pièces qui ont eu, en général, une carrière moyenne.

Il cumulait encore, il y a quelques années, la profession d'auteur dramatique avec les fonctions de commissaire de police d'un des quartiers du Xe arrondissement.

Un jour de première, M. Gabet voit arriver à son commissariat un acteur accusé d'un délit peu grave, mais suffisant pour qu'il fût impossible de le laisser en liberté.

A la vue du délinquant, l'auteur dramatique pâlit : cet homme jouait un rôle dans le vaudeville qu'il faisait représenter pour la première fois le soir même ! Cette arrestation était peut-être la perte de la pièce.

Mais le commissaire de police, boutonné dans sa consigne comme dans sa redingote, reprit le dessus presque aussitôt, et M. Gabet, nouveau Brutus, sacrifia stoïquement le sort de sa première aux devoirs douloureux que lui imposaient ses redoutables fonctions.

Un commissaire de police lacédémonien ne se fût pas montré plus héroïque.

Par exemple, pour ne pas mettre son intégrité à de nouvelles épreuves, M. Gabet donna héroïquement sa démission.

Je ne sais si l'anecdote est vraie, mais elle m'a paru vraisemblable.

M. Cantin n'a pas eu l'occasion de se ruiner en frais de costumes pour sa nouvelle pièce.

Les bonnets de coton normands ne coûtent pas bien cher.

Le capitaine Henri de Corneville, représenté par M. Vois, un capitaine qui a fait trois fois le tour du monde, courtisant la brune et la blonde, comme le héros d'opéra-comique que vous connaissez, a un accoutrement étrange, composé de plusieurs tapis de table, de quatre blagues à tabac et d'un rideau à garniture de grelots qui lui sert de manteau.

Comme Milher se déguise en fantôme au second acte, et qu'il y a dans tout cela une histoire de vieux château dont je ne pourrais vous parler sans empiéter sur le compte rendu, on a, dans les couloirs, donné aux Cloches de Corneville ce titre qui lui convient à merveille : la Vieillesse de la Dame blanche ou le Joconde de Quillebœuf. »

(A. Mortier, 19 avril 1877)

 

« Il serait oiseux d'analyser une telle pièce, qui n'a aucune existence propre. C'est un plagiat des livrets de Martha et de la Dame blanche, à l'usage des amateurs de grivoiseries. Un enfant perdu qu'on retrouve, Henri de Corneville, revenant dans le château de ses ancêtres, après vingt ans d'absence, au son des cloches ; des servantes qui se trouvent être vicomtesses et marquises, tout cela n'aurait pas été assez intéressant pour expliquer un succès qui ne s'est pas affaibli depuis quatre ans et qui a rapporté à ses auteurs des bénéfices tels, qu'aucun chef-d’œuvre de grand musicien n'en produit de semblables dans le même espace de temps. La raison de cet engouement est dans le caractère abaissé de cet ouvrage, qui répond exactement à la mesure d'esprit, de goût et d'art de la plus notable portion du public français, tel que le genre de l'opérette l'a façonné, dressé, modelé et perverti. Il trouve, en effet, du plaisir à entendre des chœurs de valets, de cochers et de servantes, des gauloiseries telles qu'en contient la Chanson du cidre, qu'il fait bisser deux fois par jour, car on a joué souvent cette pièce en matinée, sans préjudice du spectacle ordinaire ; il se délecte à entendre une toute jeune fille (Serpolette) débiter des mots scabreux et à double entente. Quand sortira-t-on de cette situation si inquiétante pour l'avenir de l'art musical, si nuisible aux intérêts des véritables compositeurs ? La partition n'est qu'une suite de chansonnettes, de couplets et de valses, entremêlés de plusieurs ensembles. Parmi les morceaux les plus applaudis, nous mentionnerons la Chanson des cloches, le trio Fermons les yeux, les Oui et les Non, le rondeau Je regardais en l'air, enfin la Chanson du cidre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

« Théâtre Apollo : Reprise des Cloches de Corneville.

Un des attraits des reprises de ces pièces qui obtinrent jadis de très grands succès, c'est le charme des souvenirs qu'elles évoquent dans la mémoire de tous ceux dont la jeunesse s'est envolée ! On réentend, avec une joie nuancée de mélancolie, tous les airs qu'on fredonnait au bon temps et qui étaient alors populaires.

Je crois bien, au reste, que cette partition des Cloches de Corneville, qui, pour nous, a conservé toute sa gentillesse et sa fraîcheur, n'a rien perdu de sa bonne grâce pour la génération actuelle, car les morceaux ont été si souvent répétés par tous les échos d'alentour que même les jeunes gens les connaissent sans souvent se douter d'où ils viennent.

En tout cas, on ne peut nier que le joyeux tintement de ces Cloches n'ait éveillé, l'autre soir, d'agréables impressions dans la salle du Théâtre Apollo, car les bravos les plus nourris accueillaient ces pages célèbres.

M. Franck avait eu l'heureuse idée de choisir pour toute la partie plus spécialement chantée de l'ouvrage des voix jeunes et fraîches. Aussi était-ce un plaisir pour l'oreille que de retrouver à ces mélodies, qui sont déjà en circulation depuis si longtemps, un nouvel éclat en passant par les organes sonores et vigoureux de MM. Georges Foix (Grenicheux), Victor Du Pond (le marquis), ou Mlle Marcelle Devriès (Germaine). Les couplets du troisième acte de MM. Foix et Du Pond leur ont été bissés. On a vivement applaudi la verve et l'entrain de Mlle Favier dans le rôle de Serpolette, et le gracieux enjouement de Mlle Marcelle Devriès, dans son incarnation de l'aimable Germaine.

Pour le personnage si particulier du père Gaspard, qui demande à la fois de l'adresse, de l'expérience, de l'autorité, M. Franck s'était adressé à Signoret, qui n'avait pas encore eu l’occasion de paraître encadré dans une troupe d'opérette. L'excellent acteur a tracé une figure des plus curieuses de ce vieux Normand finaud. Très bien grimé, le regard astucieux, tout en étant voilé par la fatigue des ans, le corps voûté, la démarche appesantie, mais retrouvant, quand il le faut, quelque peu de sa verdeur, comme il sied aux paysans solides et musclés de nos généreuses campagnes, M. Signoret a présenté une interprétation très vivante. De plus, il a fait preuve de beaucoup d'habileté dans l'exécution des quelques airs que contient son rôle. La voix est juste, sympathique, et le chanteur sais se montrer prudent et plein de ressources dans l’art de s'en servir. On l'a acclamé lorsqu'il est venu saluer le public à la chute du rideau. »

(Albert Dayrolles, les Annales, 30 juin 1912)

 

« Principaux personnages : le marquis de Corneville ; Grenicheux ; Gaspard ; Germaine ; Serpolette ; etc.

L'action se passe à la fin du règne de Louis XIV.

Le sujet des Cloches de Corneville rappelle sous plus d'un rapport celui de la Dame Blanche. Le château de Corneville est désert. Depuis soixante ans le dernier marquis a disparu. Il avait pourtant des héritiers et l'un de ceux-ci pourrait bien revenir. Mais on n'y croit guère. En attendant, c'est le vieux Gaspard qui administre au nom de ses anciens maîtres. Il encaisse les loyers et les fermages pour le compte du marquis de Corneville. En réalité, il n'en a plus le droit, car le séquestre a été levé par autorité royale ; mais Gaspard, de complicité avec le bailli, a réussi à tenir cette mesure secrète. Il compte bien un jour où l'autre s'approprier le château et ses terres.

Un nouveau bailli remplace l'ancien, et une enquête le met au courant de la situation. Il tient donc Gaspard dans sa main et peut le briser. Mais il est amoureux de Germaine, qui passe pour la nièce de Gaspard, et il ferme les yeux à la condition qu'elle devienne sa femme.

Du reste, Gaspard a pris ses précautions : en prévision d'une mise à l'encan possible, il a fait courir le bruit que le château est hanté. Il y a même arrangé des apparitions de fantômes : On a vu à minuit des lumières dans le manoir et des formes blanches passant et repassant devant les fenêtres. Aussi les acquéreurs ne seront-ils pas nombreux et les enchères ne monteront-elles guère.

Un seul événement pourrait ruiner ces projets : le retour d'un authentique marquis de Corneville. Et c'est ce retour qui forme le sujet de la pièce.

Nous avons dit que Germaine passait pour la nièce de Gaspard. En réalité, elle est l'héritière des comtes de Lucenay, qui avant de partir pour l'exil l'ont confiée au gérant avec le soin de leur fortune. A côté de Germaine se trouve Serpolette, une enfant trouvée dans les serpolets à peu près à l'époque où Germaine entrait dans la maison de Gaspard. Un registre de l'ancien bailli, complice de Gaspard, fait foi de la chose, mais ce registre est conservé au château, où seul pénètre l'infidèle intendant. Après la mort du bailli Fabrice, Gaspard a voulu faire disparaître la preuve de l'origine de Germaine et a arraché du registre la page compromettante.

Tous ces détails sont compliqués, mais nécessaires à l'intelligence de l'intrigue.

Le premier acte se passe à Corneville, sur la place où a lieu la « louée des servantes, cochers et domestiques ». Les filles du village racontent les potins du jour : l'une dit que Germaine refuse d'épouser le bailli ; l'autre complète l'information : Germaine a un amoureux, Jean Grenicheux, un propre à rien, qui jusque-là courtisait Serpolette. La pauvre Serpolette est hantée par des rêves de grandeur. Sa qualité d'enfant trouvée permet en effet toutes les suppositions, et Serpolette est convaincue qu'elle est de noble naissance, ce qui la rend insupportable.

Le bailli et Gaspard ont ensuite l'explication qui met l'auditoire au courant de la plupart des faits exposés plus haut.

C'est maintenant au tour de Grenicheux et de Germaine de s'expliquer. Grenicheux serait heureux d'épouser Germaine, héritière de Gaspard, qui passe pour très riche. C'est un vilain personnage, couard, paresseux, et s'il a su capter la reconnaissance de la jeune fille, à défaut de son amour, c'est par un abominable mensonge. Comme dans Si j'étais roi !, Grenicheux en se promenant a trouvé Germaine évanouie sur la plage. Celle-ci était tombée à la mer et avait été sauvée par un inconnu. En apercevant, au sortir de son évanouissement, Grenicheux penché sur elle, elle a cru voir en lui son sauveur, et le misérable n'a rien fait pour la détromper. Germaine croit qu'il est de son devoir d'épouser Grenicheux, et c'est ainsi qu'elle refuse la main du bailli pour se donner à l'indélicat personnage, cela au grand désespoir du vieux Gaspard.

Arrive un beau jeune homme en costume de flibustier. C'est lui, on le saura plus tard, qui a sauvé la vie à Germaine. Et ce beau capitaine n'est autre que l'héritier des marquis de Corneville, venu reprendre possession du manoir de ses ancêtres. Mais il ne veut pas se faire connaître tout de suite. Averti par la rumeur publique que son château est hanté, il flaire quelque manigance et garde l'incognito afin de découvrir plus aisément la vérité. Germaine, qu'il rencontre, mais ne reconnaît pas, lui fait une forte impression. Il apprend entre autres choses intéressantes que selon la légende, le retour du marquis doit être salué par un carillon de toutes les cloches de Corneville. Ce détail retenu lui servira à frapper, le moment venu, l'imagination de ses excellents vassaux.

En attendant, l'heure de la louée des servantes et des cochers est venue et le marquis y assiste. Pour arracher Germaine à la vengeance de Gaspard, qui la brutalise à cause de son refus d'épouser le bailli, il l'engage comme servante. Il engage aussi Serpolette et Grenicheux. D'après la loi, tous trois sont pour six mois hors des atteintes du bailli et de Gaspard.

Le second acte se passe dans une salle du château de Corneville. Le marquis et ses matelots ont pénétré dans le château à l'insu de Gaspard et vont s'embusquer pour surprendre le secret des prétendus fantômes. Ils ont emmené avec eux Grenicheux, Serpolette et le bailli, qui tremblent de tous leurs membres.

Laissés seuls, le bailli, Grenicheux et Serpolette se reconnaissent. C'est Serpolette qui se ressaisit la première. Germaine ne quitte pas le marquis. Celui-ci se nomme alors : Marquis Henri de Corneville.

En fouillant le château, ses matelots ont découvert les accessoires dont Gaspard se sert pour jouer au fantôme. Le marquis a en outre découvert un portefeuille contenant l'acte de naissance d'une certaine Clémence-Lucienne, vicomtesse de Lucenay, ainsi qu'une lettre adressée à Gaspard par les parents de la dite, la lui confiant au moment de partir pour l'exil. Serpolette conclut immédiatement qu'elle doit être la vicomtesse en question ; et la coïncidence des dates parle en effet en faveur de cette hypothèse.

Mais on a aperçu un homme s'approchant du château. Sur l'ordre du marquis tout le monde se retire. Pour punir Grenicheux de sa poltronnerie, on l'enferme dans une armure montée sur un petit chariot, invention de Gaspard pour ses diableries nocturnes. Le malheureux, à moitié mort de peur, est seul dans la pièce lorsque Gaspard entre avec précaution. Le vieil avare vient compter son or et exhiber ses fantômes. La vue de l'or l'excite ; il est en extase devant ses trésors, lorsqu'un grand bruit de cloches vient le clouer sur place : toutes les cloches de Corneville sonnent à la fois, annonçant le retour du propriétaire. C'en est trop pour la raison du misérable : en voyant paraître le marquis et tous ceux qui l'accompagnent, il devient fou.

Le théâtre, au troisième acte, représente un verger normand. Un joli ballet, « la cueillette des pommes », se danse en cet endroit.

Serpolette a été reconnue pour la vicomtesse de Lucenay et est entrée en possession de son héritage. Elle a pris Grenicheux pour majordome.

Germaine habite le château avez le marquis, et les mauvaises langues disent qu'elle est sa maîtresse. Il n'en est rien. Le marquis a appris d'elle l'histoire du prétendu sauvetage par Grenicheux et sait désormais qui est la jeune fille qu'il sauva certain jour sans voir son visage. Il révélera ce secret quand le moment sera venu, car il aime Germaine, bien qu'il la prenne pour une simple servante, et il a tout lieu de croire que Germaine lui rend son affection.

Gaspard, dément, erre dans la campagne en proférant des mots incohérents. Le voici qui traverse la scène ; il parle, et ce qu'il dit est d'importance, car il révèle que Germaine est la véritable vicomtesse de Lucenay, et en donne la preuve : le feuillet arraché au registre du bailli.

Survient Henri, qui démasque Grenicheux. Germaine apprend aussi la vérité : son sauveur, c'est le marquis. Elle apprend presque au même instant la vérité sur sa naissance. Rien ne s'oppose plus à ce que le marquis de Corneville épouse la vicomtesse de Lucenay. Gaspard revient à la raison. Grenicheux reviendrait bien à Serpolette, mais elle n'en veut pas. Et tout le monde trouve que c'est bien fait pour ce pleutre. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Les critiques n'entendront jamais les Cloches de Corneville sans un sentiment de malaise... Il y a déjà longtemps qu'elles sonnent le glas retentissant de leur système. Oyez plutôt la confession de M. Gaston Jollivet :

« Il y a quelque vingt-cinq ans, j'accompagnai deux amis à la première représentation d'une opérette aux Folies-Dramatiques. Ayant dîné assez longuement au restaurant, nous n'arrivâmes que vers la fin du premier acte. Quand le rideau se releva sur le « deux » — comme on dit dans les coulisses — nous vîmes s'agiter, parler et chanter sur la scène des personnages avec lesquels nos voisins s'étaient familiarisés, mais pas nous. L'effort qu'il nous fallut faire pour comprendre l'intrigue nous sembla pénible. Nous prîmes le parti de nous distraire en regardant la salle... Ce spectacle, lui aussi, nous lassa vite. Si bien qu'après le second acte, nous nous trouvâmes tous les trois, sans nous être donné le mot, au vestiaire, en train de redemander nos paletots. Et, au bout d'un quart d'heure, redescendus dans Paris, nous portions ce jugement péremptoire sur la pièce que nous venions d'entrevoir : « Cela n'aura pas dix représentations ! »... Or, l'œuvre dramatique que j'ai ainsi, moi troisième, condamnée à mort le soir de son apparition s'appelait les Cloches de Corneville.

» Cette petite histoire m'est revenue à l'esprit le soir de la première de Véronique, comme une salutaire leçon... Un jeune homme, à la sortie des « Bouffes », dans un cercle d'amis où je me trouvais, ayant lancé un rapide : « Quand on m'y repincera ! », je ne me laissai pas un seul instant détourner par un arrêt aussi sommaire de l'idée d'aller voir au Théâtre du passage Choiseul une pièce qui pourrait bien être le digne pendant du succès des Cloches — ce « mathusalem » du théâtre, que j'avais tué le jour même de sa naissance ! » (Le Théâtre, 14 février 1899.)

Il est de fait que les Cloches de Corneville ont eu le premier envol assez laborieux. Mais leurs carillons eurent vite fait d'étouffer le bourdonnement des Aristarques, acharnés à paralyser le « battant » — et voici effectivement un demi-siècle qu'elles tintent joyeusement au Campanile de l'Opérette.

C'est un des plus grands succès du Théâtre. La centième représentation en fut donnée gratuitement. Tout Paris y courait... même les Esquimaux parqués au Jardin d'acclimatation ! A l'issue de la « 365e », une parodie croustilleuse fut jouée par des marionnettes, suivie d'un grand bal, sur la scène même. Après avoir assuré, sans interruption d'harmonique depuis le soir de la première (16 avril 1877), 450 représentations consécutives, elles atteignaient la 700e la saison suivante, et réalisaient des recettes quotidiennes de 5.000 francs, fournissant une moyenne de 500.000 à 600.000 francs en six mois (mai à octobre 1878) de compte à demi, dans les derniers temps, avec la Fille de Madame Angot — que la direction Cantin dut reprendre, par traité spécial, pendant la durée de l'Exposition... (Ces chiffres peuvent paraître peu de chose aujourd'hui, si l'on considère, par exemple, qu'une « Revue des Folies-Bergère » se joue, après six mois, autant dire « à bureaux fermés », avec une moyenne quotidienne de 30.000 francs de location — et rapporte des millions !) Mais on refusait 400 personnes aux matinées dominicales — et l'on faisait distribuer le soir, au public qui faisait queue, 2.000 brioches fumantes arrosées de verres de bière que versaient plusieurs marchands de coco, enrôlés pour la circonstance. Question de recette à part, voilà l'une des formes de la vogue qu'il faut renoncer à voir renaître de nos jours.

 

***

 

Le livret n'est pas sans rapports avec le sujet de la Dame blanche. Cependant, il repose sur une légende historique. Il y a d'abord un « Corneville » ailleurs que sur les cartes du royaume de l'Opérette : Corneville-sur-Risle. « Pendant la guerre de Cent ans, les troupes françaises étant en retraite, les moines de cette abbaye craignaient que l'ennemi s'emparât du monastère et ne fondît leurs cloches pour en faire des bombardes... Ils firent alors ce que font les soldats vaincus qui brûlent et enterrent leurs drapeaux plutôt que de les laisser tomber aux mains du vainqueur : par une sombre nuit, capuchons baissés, ils allèrent, psalmodiant une douce litanie, noyer les cloches dans la Risle au plus profond de son lit...

» Les printemps succédèrent aux hivers ; et, un matin, au lever du soleil, par un temps radieux, trois belles jeunes filles venant à la rivière pour y laver leur linge, entendirent monter des profondeurs de la Risle comme un carillon de fête : les cloches sonnaient à toute volée la fin de la guerre, et le retour au pays du seigneur de Corneville. » (Berthe de Cartigny, Echo du Théâtre et de la Musique, II, 40.) « Corneville n'est donc pas un mythe. C'est une réalité géographique à deux heures de Paris, dans le département de l'Eure. En 1900 y fut organisée une fête splendide, où plus de 20.000 spectateurs assistèrent à la représentation des Cloches, donnée en plein air, dans un cadre merveilleux... Ce fut un triomphe. Tout le pays était en liesse ! » On célébrait en même temps le compositeur Robert Planquette, un Normand de Caen. Quant aux librettistes, MM. Clairville et Gabet, ils ont notablement modifié la tradition, donnant du « miracle des Cloches » une explication plus matérialiste, et situant l'action à une époque où les fantômes ont un peu perdu le terrain que les sciences psychiques sont en train de leur regagner. Si nous consultons la correspondance de Bussy-Rabutin et de Mme de Sévigné, et les « Mémoires de la Fare », nous y voyons que le chevalier de Rohan avait tramé en 1674 un complot insensé dans le but d'exciter un soulèvement en Normandie et de livrer Quillebœuf aux Espagnols et aux Hollandais... Il devait y laisser sa tête. D'après nos auteurs, un marquis de Corneville, compromis dans la conjuration, dut chercher son salut dans la fuite, abandonnant la gérance de ses biens au fermier Gaspard, ce terrible père Gaspard, dont l'impressionnante figure, si intéressante et si expressive — étude d'un caractère, et reproduction d'un type — a tenté tous les artistes dramatiques (y compris Paulin Ménier, le sinistre Choppart du Courrier de Lyon — Gaîté, 1892 — et Signoret, à l'Apollo, 1913) par ce qu'elle comporte d'effets émouvants dans la note tragi-comique (*). Au bout de quelques années, le seigneur n'ayant plus donné signe de vie, son rusé vassal a fini par se croire maître du château ; c'est un phénomène social auquel l'émigration, les révolutions et les guerres nous ont accoutumés depuis. Seulement, par le temps qui court, les Gaspards ont payé leur brevet de nouveaux riches avec l'argent détourné. Celui-ci, plus vieux jeu, s'est contenté de l'embusquer dans la muraille du manoir et il s'efforce d'en écarter les indiscrets en déployant, les nuits de lune, un appareil spectral derrière les vitraux gothiques... jusqu'au jour où le descendant des Corneville, revenu dans son fief à l'improviste, punira le paysan matois, à grand renfort de fantasmagories, par où il a péché... non sans miséricorde. Il ne faut pas oublier que nous sommes sur les planches de l'Opérette. On y voit accessoirement se trémousser les personnages d'une intrigue sentimentale et de quelques épisodes burlesques de moindre originalité, mais dont la couleur locale ne laisse pas d'être amusante.

 

(*) Paulin Ménier y fut d'ailleurs parfaitement lugubre. Il excellait pourtant dans les rôles de paysan ; mais les plus sérieux talents de composition, qui peuvent sembler comiques dans la comédie, cessent de l'être quand il s'agit de bouffonnerie.

 

Nous avons sous les yeux une curieuse double page publiée jadis par la Vie Parisienne, où on les voit juchés — comme autant de « Quasimodos » — sur des Cloches aux cordes desquelles s'accroche le bailli de Corneville. Au milieu du panneau central, réservé au plus grand succès de la saison, tourbillonne le « Ballet du Cidre », dansé par les protagonistes... quasi centenaires : cheveux blanchis, barbe au menton, malicieuses pattes d'oie — tel Rip vieilli. — En guise de légende, l'épigraphe : Bouffes-Parisiens : les Cloches de Corneville — 25 avril 1948.

Nous avons brûlé les étapes de cette voie triomphale, au terme de laquelle les Cloches sonneront peut-être encore l'alleluia de l'Opérette. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

CLOCHES DE L'ANGELUS (LES)

 

[Abendglocken]

Opéra alsacien en deux actes, paroles de G. Stossikopf, musique de J. Erb, représenté à Strasbourg le 15 février 1900. L'auteur du livret s'était fait connaitre déjà par des poésies populaires en dialecte alsacien.

 

 

CLOCHETTE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, en vers, livret de Louis Anseaume, musique d’Egidio Duni. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 24 juillet 1766. Elève de Durante et de ce célèbre conservatoire de Naples qui a produit tant d'illustres maîtres, Duni a écrit ses ouvrages dans un bon style ; mais on y remarque plus de verve comique et de sentiment dramatique que de génie et d'invention. Par une erreur assez fréquemment constatée dans l'histoire de l'art, ses contemporains l'ont préféré à Pergolèse. La postérité a fait justice de cette injuste appréciation, tout en conservant à Duni une place distinguée parmi les compositeurs.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CLOCHETTE (LA) ou LE DIABLE PAGE

 

Opéra-féerie en trois actes, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert, musique d'Herold. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 octobre 1817, décors de Mathis, Desroches et Blanchard, costumes de Pierre Bergeret, machines à effets de Carré et de Paul, avec Marie Julie Boulanger (Lucifer).

 

« Cette partition est une des premières productions d'Herold. On y remarque l'air d'Azolin, le motif gracieux de l'air : Me voilà, me voilà, le finale du premier acte, un duo au deuxième, et partout une instrumentation neuve, riche et élégante. Cet opéra-comique a été plusieurs fois repris, notamment dix ans après, en 1827, avec succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CLOÎTRE (LE)

 

Drame lyrique en trois actes, livret d'Émile Verhaeren, musique de Michel-Maurice Lévy.

 

Création à l'Opéra de Lyon le 07 novembre 1923 par MM. BILLOT (Balthazar), PANDERGOTTEN (le Prieur), LE GRAND (dom Marc), BERNASCONI (Thomas), MESTRALLET (dom Milicien) DELEUZE (Idesbald), sous la direction de Charles STRONY.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 décembre 1926, dans une mise en scène de Gabriel DUBOIS. — Décors de Raymond Deshays et Arnaud. — Costumes de Marcel Multzer.

MM. José BECKMANS (Balthazar), Hector DUFRANNE (le Prieur), LEGRAND (dom Marc), Hubert AUDOIN (Thomas), Louis AZÉMA (dom Milicien), Willy TUBIANA (Idesbald), POUJOLS, BRUN et DELOFFER (trois moines).

Chef d'orchestre : Louis MASSON.

 

9 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Le duc de Ripaire, Balthazar, qui a tué son père et laissé exécuter à sa place un vagabond, s'est réfugié au cloître. On veut, à cause de son rang, le faire succéder au vieux prieur. C'est alors que le criminel avoue son crime, au prieur d'abord, puis devant tous. Dom Marc estime que cela ne suffit pas et que Balthazar doit se dénoncer aux juges. Ainsi le criminel, repoussé par tous, va se livrer. Sur ce sujet sévère, M. Maurice Lévy a écrit une partition qui ne manque ni de souffle, ni d'émotion. Si le style n'est pas toujours extrêmement personnel, il est du moins très persuasif et dénote une sûre technique musicale et un sens avisé des effets de théâtre. »

(Larousse Mensuel Illustré, février 1927)

 

 

CLOS (LE)

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de Michel Carré fils, d'après le Clos pommier, roman d’Amédée Achard, musique de Charles Silver.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 juin 1906, dans une mise en scène d’Albert Carré, décors d’Emile Bertin, costumes dessinés par Marcel Multzer.

Mmes Marie THIÉRY (Geneviève), DANGÈS (Margot).

MM. Edmond CLÉMENT (Jean-Simon), Hector DUFRANNE (Pierre), BILLOT (Gervais), Maurice CAZENEUVE (Blaisot), Félix VIEUILLE (Hennebaut), LANGLOIS (Pacome), Georges MESMAECKER (Pélavoix).

Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.

 

6 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CLOS-FLEURI

 

Opérette en un acte, livret de Maxime Dubreuil et Guy, musique de Petrus Martin, représentée au casino de Luxeuil le 30 septembre 1888, et ensuite à Paris, au théâtre des Menus-Plaisirs, le 10 décembre de la même année.

 

 

CLOSIÈRE (LA) ou LE VIN NOUVEAU

 

Opéra-comique mêlé d’ariettes en un acte, livret d’Alexandre Masson de Pezay, musique de Josef Kohaut, représenté à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 10 novembre 1770.

 

 

CLOTAIRE

 

Opéra en trois actes, musique de Catrufo, reçu à l'Opéra-Comique (inédit).

 

 

CLOWN (LE)

 

Nouvelle musicale en deux actes, livret de Victor Capoul, musique d’Isaac de Camondo. Création au Nouveau-Théâtre le 26 avril 1906. Première à l'Opéra-Comique le 16 mai 1908. => fiche technique

 

 

CLUB DES BONNES GENS (LE)

 

Opéra-comique, livret et musique de Beffroy de Reigny, représenté au théâtre de Monsieur (Feydeau), le 24 septembre 1791.

 

 

CLUB DES FEMMES (LE)

 

Opérette en un acte, musique d'Edmond Lhuillier (1803-1890), jouée au Château-des-Fleurs en 1846, et chantée par Mme Marie Cabel.

 

 

COBZAR (LE)

 

Drame lyrique en deux actes, livret de Paul Milliet et Hélène Vacaresco (1864-1947), musique de Gabrielle Ferrari.

 

Créé à l'Opéra de Monte-Carlo, le 16 février 1909, dans une mise en scène de CHALMIN et un décor de Visconti.

Mmes Marguerite CARRÉ (Iana), DE KOWSKA (la Tzigane), TESORONI (Nedelca), LIERY (le Berger).

MM. ALTCHEWSKY (Stan), DINH-GILLY (Pradéa).

Chef d'orchestre : Léon JEHIN

 

Première fois à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 30 mars 1912 (répétition générale le 28 mars) ; mise en scène de Paul Stuart, décors de Rochette et Landrin, costumes de Joseph Pinchon.

Mmes Jeanne HATTO (Iana), LAPEYRETTE (la Tzigane), GOULANCOURT (Nedelca), DUBOIS-LAUGER (Viorica).

MM. MURATORE (Stan), NOTÉ (Pradéa), NANSEN (le Berger).

Ballet réglé par Ivan CLUSTINE, dansé par Mlle Aïda BONI et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Henri RABAUD

 

6e représentation à l’Opéra, le 4 mai 1912, avec les créateurs, sauf Robert LASSALLE (Stan).

6 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

COCARDE DE MIMI-PINSON (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau et Francis Gally, musique d’Henri Goublier, représentée à Paris, Théâtre de l’Apollo, le 25 novembre 1915.

 

Première à la Gaîté-Lyrique le 20 avril 1936 avec Mmes Sylviane Pressac (Marie-Louise), Monette Dinay (Zoé), Jeanne Perriat (Mme Frivolet), Christiane Dor (Sophie) ; MM. Le Clézio (Jean), Th. Desomer (La Mazette), Robert Allard (Bouriche), Descombes (Robichon), Ch. Pernez (Berloque).

 

« Lorsqu'elle fut jouée pour la première fois, il y a une quinzaine d'années, cette opérette se passait pendant la dernière grande guerre ; cette fois on a reporté l'action jusqu'à la Révolution. Ce cadre plus ancien permet plus de fantaisie et convient davantage à l'anecdote mise en scène. La jolie Marie-Louise, première dans la maison de modes Robichon-Frivolet, est amoureuse du fils du patron ainsi qu'il sied ; mais ce beau jeune homme, officier riche qui part pour l'armée, lui paraît un héros que ne peut approcher une humble vendeuse ; elle se contente de coudre dans sa tunique une cocarde qui, par le plus heureux des hasards, arrêtera une balle ennemie. Jean Robichon se promet de n'épouser que celle qui l'a ainsi sauvé ; mais bien entendu il se méprend, et adresse ses soupirs à la toujours appétissante Mme Frivolet qui se consolerait volontiers de son veuvage dans les bras du fils de son associé. Mais le Dieu des opérettes veille, et au dénouement, Marie-Louise recevra sa récompense sous forme de mariage avec l'inaccessible Jean. Cet imbroglio a permis à M. Henri Goublier d'écrire une partition extrêmement aimable où le tendre se mêle au martial ; mais même quand il s'agit d'emboucher la trompette, le compositeur cède à sa nature conciliante et charmante, et nous sentons bien que les airs les plus enflammés ne sont guerriers que pour la forme. »

(Larousse Mensuel Illustré, 1936)

 

 

COCARDE TRICOLORE (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau, d’après le vaudeville des frères Cogniard, musique de Robert Planquette, représentée aux Folies-Dramatiques le 12 février 1892, avec Mmes Louise Thuillier-Leloir (Thérèson), Zélo-Durand (Clara), R. Vanlier (Zelmire), L. Tusini (Mistress Bosthon), A. Genel (Néara) ; MM. Gobin (Chauvin), Vauthier (La Cocarde), Guyon fils (Dumanet), Larbaudière (Pierre), Victorin (l'Aga), Berville (Laforêt), M. Lamy (Bosthon), Larroque (Bazoum), Lacroix (Ali), Georges Mesmaecker (Isaac), Rocher (Naza-Sahib), direction M. Baggers.

 

« La Cocarde tricolore était un vaudeville militaire d'Hippolyte et Théodore Cogniard qui avait été joué précisément aux Folies-Dramatiques le 19 mars 1831, aux premiers jours de l'existence de ce théâtre, et qui avait dû l'immense succès qu'il obtint alors au récit des premiers exploits de nos soldats à la conquête de l'Algérie. L'idée de la transformation de ce vaudeville en opérette par les soins de M. Maurice Ordonneau ne parut pas très heureuse, soit parce que l'œuvre avait vieilli, soit parce qu'elle n'offrait plus l'attrait de l'actualité, soit enfin parce que la musique (qui n'était pas des meilleures) alanguissait et alourdissait une action qui demandait avant tout du mouvement et de la rapidité. En fait, cette adaptation n'obtint qu'un succès médiocre, quoique la pièce fût bien jouée par Mmes Thuillier-Leloir, Zélo-Duran et Tusini, MM. Vauthier, Gobin, Guyon et Larbaudière. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

COCHER, AU CASINO

 

Revue en trois actes, livret de Paul Burani et Gardel, musique d’Hervé, représenté au Casino de Paris le 13 décembre 1890.

 

 

COCO BEL-ŒIL

 

Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Lucien Delormel, musique de Lucien Collin. Création à l'Eldorado le 15 novembre 1880.

 

 

COCORICO

 

Opérette en trois actes, livret de Georges Duval, Maurice Soulié et P. Jailly, musique de Louis Ganne. Création au Théâtre Apollo le 29 novembre 1913, mise en scène d'Edmond Roze, avec Mmes Brigitte Régent (la Margrave Louise-Elisabeth), Marise Fairy (Marquise Simone de Saulge), Suzanne Brevil (Comtesse de Montapas), P. Marvilly (Baronne du Coudray), Minnie Monnier (Duchesse de Saint-Féréol), Dorzat (première Camériste), L. Pré (une Dame d'honneur), Dutet (une Soubrette) ; MM. Henry Defreyn (Chamaillac), Maurice Lamy (le Margrave Jean-François), Fernand Frey (Baron de Kircheporter), Philippon (Vonruderheim), Jean Calain (Duc de Tanney-Châtillon), Arnaud (Marquis de Corbigny), Harvand (Chevalier de Croisette), Fracher (Premier Ministre), Ribert (Deuxième Ministre), Stern (Troisième Ministre) ; sous la direction de H.-M. Jacquet. => partition

 

« Les auteurs de Cocorico, représenté au Théâtre Apollo, se sont bornés à chercher à résoudre le problème consistant à plaire à la fois aux amateurs d'opérettes étrangères et aux fervents d'ouvrages français. Ils ont placé le lieu de l'action à l'étranger, en ont fait le séjour d'émigrés et d'exilés français, et jeté tout ce petit monde dans le tourbillon d'une musique vigoureusement rythmée.

A Puppenberg, où gouverne le margrave Jean-François, aidé des conseils de son principal ministre, le baron de Kirchporter, s'est réfugiée la fine fleur de la noblesse française pendant la Révolution. La margrave Louise-Elisabeth est conquise par les manières aimables et galantes de tout ce petit monde. Aussi, est-elle toute disposée à gratifier du plus favorable accueil le gentil capitaine Chamaillac, que lui délègue le général Bonaparte. Chamaillac devient rapidement son favori, et, grâce à la présence de ce brillant représentant de l'armée française, la dynastie quelque peu chancelante des margraves sera pourvue d'un héritier dont Puppenberg pourra être fière.

Cette intrigue, lestement conduite par les auteurs, a suggéré à M. Ganne des airs pimpants et décidés, toujours allégrement scandés, qui ont presque tous été bissés. La liste en serait trop longue, s'il me fallait les citer ; je me borne à mentionner le vif succès qu'ils ont obtenu et à féliciter les interprètes qui les ont fait valoir : Mme Brigitte Régent (la margrave) ; M. Henry Defreyn (le capitaine Chamaillac) ; Mme Marise Fairy, une charmante petite marquise ; M. Fernand Frey, un plaisant ministre, et M. Maurice Lamy, un désopilant margrave. Quant à M. Louis Ganne, il a, de par la toute-puissance de sa baguette magique, électrisé ses musiciens... »

(Albert Dayrolles, les Annales, 14 décembre 1913)

 

 

COCORNERO (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de M. Barthélémy, musique de M. A. Thouret, représenté à Versailles en 1876.

 

 

CODE NOIR (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique de Louis Clapisson. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 09 juin 1842 avec Mmes Revilly (Gabrielle), Célestine Darcier (Zoé), Rossi-Caccia (Zamba) ; MM. Grard (le marquis de Feuquières), Honoré Grignon (Parquet Denambuc), Mocker (Palème), Gustave Roger (Donatien), Victor (Mathieu).

 

« La scène se passe à la Martinique. Une Cafresse, nommée Zamba, favorite d'un colon de la Grenade, s'est séparée de son enfant pour le soustraire à l'esclavage, et a pris elle-même la fuite. Cet enfant est devenu un brillant officier. A la suite de péripéties plus ou moins vraisemblables, la mère et le fils sont reconnus, et, en vertu du Code noir, ils vont être vendus au profit de l'Etat, lorsque le vieux colon de la Grenade reparaît, affranchit son ancienne esclave, et fait épouser à l'officier Donatien, son fils, la jeune mulâtresse Zoé, qu'il aime. Si ce poème est d'une couleur désagréable, la musique renferme de charmants morceaux, entre autres un trio de femmes, chanté par Mmes Rossi, Darcier et Révilly ; un duo, qui sert de finale au premier acte, chanté par Mme Rossi et Gustave Roger ; l'aubade originale donnée par les nègres, et les couplets chantés par Mocker, dans lesquels le compositeur a offert le contraste d'une bamboula et d'un menuet. On a admiré dans cet ouvrage la belle voix de Grard. Honoré Grignon y jouait aussi un rôle avec bonhomie et franchise. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CODICILLE (LE)

 

Petit opéra, musique de Vandenbroeck, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1790.

 

 

CŒUR DE PARIS (LE)

 

Revue précédée d’un prologue, en un acte, musique d’Alfred de Massa. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 mai 1887.

 

 

CŒUR DU MOULIN (LE)

 

Pièce lyrique en deux actes, livret de Maurice Magre, musique de Déodat de Séverac.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 08 décembre 1909. Mise en scène d’Albert Carré. Décors d’Eugène Ronsin, costumes de Marcel Multzer et I. Jau.

Mmes Berthe LAMARE (Marie), Georgette JURAND (Louison), Suzanne BROHLY (la Mère), Madeleine ROBUR (la Fée des rondes), Marie GANTERI (la Fée du blé).

MM. COULOMB (Jacques), Félix VIEUILLE (le vieux Meunier), DE POUMAYRAC (Pierre), PAYAN (le Bonhomme Noël), DONVAL (le vieux Mendiant), Louis VAURS (un vendangeur).

Danses réglées par Mme MARIQUITA.

Chef d'orchestre : Louis HASSELMANS.

 

14 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

CŒUR ET LA MAIN (LE)

 

Opérette en trois actes, livret de Nuitter et Beaumont, musique de Charles Lecocq, représentée au théâtre des Nouveautés le 19 octobre 1882, avec Mmes Marguerite Vaillant-Couturier (Micaela), Elise Clary (Josefa), Felcourt (doña Scolastica), Morianne (Anita), Lucy-Jane (Pepa), Ducouret (Ascanio), Norette (Dolorès), Varennes (Lazaro), Eymard (Mercédès), MM. Berthelier (le Roi), Vauthier (Don Gaetan, duc de Madère), Scipion (Don Mosquitos), Edouard Montaubry (Moralès), Charvet (Baldomero), Lauret (un Capitaine), Dubois (un Lieutenant), Prosper (un Soldat). => partition

 

« Peu ou point de nouveauté dans le livret de cette aimable opérette, mais de la gaieté, de la grâce, de la bonne humeur, avec une habileté réelle à rafraîchir et à renouveler des situations connues ; musique charmante, pleine d'élégance et de charme, toujours scénique, et écrite avec le savoir et le tour de main habituels au compositeur. Presque tout serait à citer dans cette partition, dont le succès a été très vif et très mérité : le joli chœur des paysannes cueillant des fleurs d'oranger, une chanson à boire d'un rythme excellent, une ronde à la fois franche et gracieuse, les couplets délicats de l'alcôve, une pavane tout à fait charmante, et par-dessus tout le grand duo qui termine le second acte et qui pourrait facilement prendre place dans une œuvre plus ambitieuse et plus importante. En réalité, cette partition du Cœur et la Main est une de celles qui font le plus d'honneur à M. Charles Lecocq. L'ouvrage servait de début à une aimable artiste, Mme Vaillant-Couturier, qui avait pour partenaires excellents Mlle Élise Clary, MM. Montaubry fils, Berthelier et Vauthier. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« On parle toujours de « la vieille gaieté française » et de « l'humour anglo-saxon »... mais qui donc chantera tout ce que nous devons de divertissement à la burlesque Espagne romantique ? C'est, avec l'Italie de la Renaissance, le pays qui aura le plus contribué à enrichir notre littérature tragi-comique.

MM. Nuitter et Beaumont ont situé dans le royaume d'Aragon l'intrigue de le Cœur et la Main empruntée, comme par hasard, à l'un des contes de Boccace, ainsi que celle de Gillette de Narbonne qui, coïncidence curieuse, s'est jouée juste un mois après, aux Bouffes Parisiens... Nous n'en finirions pas d'énumérer toutes les productions dont ils se sont inspirés, s'il ne nous suffisait de citer le classique Jeu de l'amour et du hasard.

 

***

 

Don Gaëtan, duc de Madère, a été expédié par son père à la cour du roi d'Aragon, dont, pour des raison politiques, il doit épouser la fille. Or, il avait rêvé d'un mariage d'amour, et il se résigne de mauvaise grâce à cette union diplomatique. Sur sa route, où il a quelque peu battu l'école buissonnière, il rencontre une jeune jardinière dont il s'éprend subitement.

Cette jardinière n'est autre que sa future, la princesse Micaëla, qui, désireuse de se soustraire aux rigueurs de l'étiquette et à la surveillance de sa duègne, dona Scholastica — « camarera-mayor », renouvelée de Ruy-Blas — se promène parfois incognito dans le grand parc du palais, sous un déguisement prêté par sa suivante Josefa.

Josefa, elle, a comme amoureux le brigadier Moralès, joli garçon qui attend de l'avancement pour l'épouser. Micaëla promet d'apostiller une pétition signée de lui. Cette pétition, don Gaëtan l'a dénichée dans le corsage de la belle : il en conclut que celle à laquelle il a voué sa flamme est une simple fille d'honneur du nom de Josefa — et il lui jure que les mariages projetés n'influeront en rien sur son amour. Il épousera la princesse puisqu'il le faut, mais sans même la regarder.

Il a tenu sa parole ; mais, les noces achevées, don Gaëtan laisse sa femme gagner toute seule la chambre nuptiale, et il se met à parcourir les corridors, en quête de la belle jardinière. Or, la vraie Josefa a été rejointe par Moralès, de garde cette nuit-là. Sur le point d'être surpris par une ronde de nuit, les deux amoureux se réfugient dans la chambre nuptiale restée déserte. La ronde est conduite par le roi lui-même, qui se méfiait de l'humeur fantasque de son nouveau gendre. Le monarque écoute à la porte. Entendant un bruit de baisers, il s'en va rassuré sur l'avenir de sa dynastie et sur l'équilibre européen.

Cependant, Gaëtan s'est égaré dans les couloirs et s'est heurté à un mot d'ordre très sévère : personne ne peut sortir du palais sans déchaîner les flots d'harmonie que prodigue une musique militaire apostée là tout exprès pour jouer l'hymne national sur le passage de tout noctambule suspect... Revenu, furieux, à son point de départ, le prince tombe sur Micaëla, qui a eu le temps de se travestir en paysanne ; elle prétend être chargée d'apporter l’ « en-cas » des époux...
Don Gaëtan s'emballe de nouveau, l'oblige à faire la dînette en tête-à-tête avec lui, s'en va donner, par précaution, un tour de clé à la porte de la chambre conjugale où il croit sa femme endormie ; puis il revient s'installer auprès de Micaëla, grisée petit à petit... Chansons... Duo d'amour... Rideau.

Le lendemain même de la nuit de noces, le roi et don Gaëtan ont organisé de grandes manœuvres. Tous les mouvements de troupes commandés par le prince tendent à le rapprocher du couvent de Saint-Angelos, où, par son ordre, la princesse Micaëla a dû se rendre, escortée de ses suivantes — Josefa comprise — pour toute la durée de la « petite guerre ». De ce couvent, toutes les nuits, Micaëla s'évade et vient rejoindre (déguisée) dans sa tente, son royal époux — qui, persistant à la prendre pour Josefa, éloigne Moralès sous des prétextes d'ordre militaire, en l'accablant successivement de grades et de dignités — ce dont ses camarades commencent de s'étonner... On jase ! Cela dure jusqu'à ce que le roi vienne en grande pompe annoncer à son gendre la naissance très prochaine d'un héritier présomptif. Gaëtan, sûr de ne s'être pas occupé un seul instant de son épouse légitime, pousse les hauts cris. Dans le même temps, Moralès vient de découvrir sa femme au moulin ; elle était venue prévenir la princesse du grabuge imminent... Mais, bien entendu, tout s'arrange et tout finit par une petite chanson — musique de Charles Lecocq.

Résultat... aux Nouveautés, depuis le 19 octobre 1882, des centaines de représentations pendant lesquelles, pour cette Chimène, tout Paris a battu des cœurs et des mains. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

CŒUR Y EST (LE)

 

Comédie musicale en trois actes et quatre tableaux, livret de Raoul Praxy, couplets de R. Bernstein et F. Vimont, musique de Philippe Parès et Georges Van Parys. Création à l'Athénée le 20 mai 1930, avec Mmes Davia (Simone), Marthe Derminy (Mme Guéneau), Renée Rysor (Yahne Lambert) ; MM. Henry Laverne (le Portier), Devalde (Henry), Donio (Teddy).

 

« Mme Guéneau, qui veut marier sa fille Simone, rencontre à Deauville l'oncle d'une amie de sa fille qui veut assurer à sa nièce un avenir solide. Mais comme celle-ci a une réputation douteuse, elle demande à Simone de passer pour elle. Cette série de quiproquos est amusante et égayée par une musique sans prétention. »

(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1930)

 

 

CŒURS EN RODAGE

 

Opérette en trois actes, livret de Max Eddy et Jacques Darieux, musique d'Oberfeld et Pierre Neuville. Création aux Folies-Wagram le 03 mars 1935.

 

"Histoire à déguisements, où l'on voit des jeunes gens mués en domestiques dans un monde invraisemblable et musique déjà mille fois entendue, encore que nouvelle." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)

 

 

COFFRET DE SAINT-DOMINGUE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles d'Emile Deschamps, musique de Louis Clapisson, publié dans le Magasin des demoiselles en 1854.

 

 

COIFFEUR DE MADAME (LE)

 

Opéra bouffe en un acte, livret d’Édouard Duprez, musique de Napoléon Joseph de Colbert-Chabanais. Création au théâtre Duprez le 05 mai 1879. => détails

 

 

COIN DU FEU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne Guillaume François de Favières, musique de Louis-Emmanuel Jadin. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 juin 1793.

 

 

COIN DU FEU (LE)

 

Opéra de salon en un acte, musique de Charles Poisot, inédit.

 

 

COLAS ET COLETTE

 

Opéra-comique en un acte, musique de Cambini, représenté au théâtre des Beaujolais en 1788.

 

 

COLAS ET COLINETTE ou LE BAILLI DUPÉ

 

Opéra-comique en trois actes, musique de J. Quesnel, représenté à Montréal (Canada) en 1790.

 

 

COLETTE

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique de Justin Cadaux. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 20 octobre 1853, avec Mlle Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre], MM. Achille Ricquier, Sainte-Foy.

 

« L'auteur a mis en scène Sedaine, qui s'intéresse au sort d'une jeune paysanne, en fait une comédienne improvisée et la marie à son amoureux M. Pierrot. La musique a le caractère rétrospectif que M. Cadaux a su déjà bien exprimer dans son petit opéra des Deux gentilshommes. La jolie romance de Monsigny, Une fille est un oiseau, chantée au lever du rideau, donne le ton au reste de l'ouvrage. On a remarqué les couplets sur le Baiser joli, sur les propriétés de l'éventail, sur la Baguette de la fée, et un duo scénique dont le sujet est une leçon de déclamation. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COLIN ET COLETTE

 

Opéra-comique en un acte, musique de Bonnay, représenté au théâtre des Beaujolais le 08 juin 1786.

 

 

COLIN ET COLETTE

 

Opéra, musique de Vandenbroeck, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1789.

 

 

COLINETTE À LA COUR ou LA DOUBLE ÉPREUVE

 

Comédie lyrique en trois actes et en vers, livret de Lourdet de Santerre, musique de Grétry.

 

Le sujet de la pièce a été tiré du Caprice amoureux ou Ninette à la cour, de Favart, jolie comédie jouée aux Italiens en 1755. L'idée en avait été prise originairement à un opéra italien intitulé : Bertoldo in Corte. Grétry écrivit une musique agréable sur ce livret ; mais ce n'est pas un de ses meilleurs ouvrages.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 01 janvier 1782 ; ballet de Gardel et d'Auberval ; avec Lainé (le prince Alphonse), Chéron (Julien), Lays (Bastien), Tirot (le bailli), Moreau (Fabrice); Mlles Laguerre (Amélie), Audinot (Colinette), Gavaudan (Justine), Joinville (Mathurine), Rosalie (une Bergère), sous la direction de Jean-Baptiste Rey.

 

« Le sujet est imité d'un canevas italien souvent mis au théâtre. Les deux scènes qui terminent le premier acte sont un heureux modèle de l'accord que Grétry cherchait à établir entre la musique et les paroles. L'accent y est vrai, et ce finale a été justement admiré dans son temps. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Succès. — C'est le sujet de Ninette à la cour, copie de Bertoldo in Corte.

Reprise en 1810. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

COLIN-MAILLARD (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Jules Verne, musique d’Aristide Hignard, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 28 avril 1853, avec Mme Adèle Vadé (Pélagie Bonneau), Larcena (Colette), Caroline Vadé (Florine), Marie Garnier (Brigitte), MM. Honoré Grignon (le Baron de Laverdure), Alexandre Neveu et Leroy (Casimir Bonneau), Louis Joseph Cabel (Léonidas), Horace Menjaud (Cotyledon), Bieval et Gustave Sujol (Cyprien).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 39 en 1853, 6 en 1854.

 

« La pièce se passe dans le bois de Meudon, et elle est assez amusante. A la faveur d'une partie de colin-maillard, un baron, Polydore de la Verdure, est remis en présence de Mlle Pélagie Bonneau, une vieille Ariane abandonnée, et, en promettant de l'épouser, il facilite le mariage de trois sœurs avec leurs prétendus. On a applaudi les couplets de M. de la Verdure et de Mlle Pélagie. Le reste sent un peu le pastiche de la musique du XVIIIe siècle. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Action du temps de Louis XV. Interprètes : Cabet, Grignon, Mlle Larcena. M. Hignard est aussi l'auteur d'un opéra d’Hamlet, non joué, mais édité, et qui présente cette particularité que le dialogue parlé y est accompagné symphoniquement par l'orchestre. Le procédé est nouveau en tant qu'appliqué sans solution de continuité, et il mériterait d'être essayé au théâtre. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

COLLES DES FEMMES (LES)

 

Vaudeville-opérette en quatre actes, d’Adolphe Jaime et Henri Kéroul, musique de Louis Ganne, représenté au théâtre des Menus-Plaisirs le 29 septembre 1893.

 

 

COLOMBA

 

Drame lyrique en trois actes, d’après le roman de Prosper Mérimée, poème et musique d’Henri Büsser.

 

Première représentation à Nice, Casino municipal, le 02 février 1921, avec Lise Charny (Colomba) et Robert Couzinou (Barriccini).

 

 

COLOMBE 

 

Comédie lyrique en quatre actes et six tableaux, livret de Jean Anouilh d'après sa pièce, musique de Jean-Michel Damase. Création à l'Opéra de Bordeaux le 05 mai 1961.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 juin 1970, décors de Jean Maillot, costumes de Marianne Padé, avec Bernard Muracciole (Armand). 3 représentations en 1970, soit 3 au 31.12.1972.

 

 

COLOMBE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré,  musique de Charles Gounod. Création à Baden-Baden le 03 août 1860. Première à l'Opéra-Comique le 07 juin 1866. => fiche technique

 

 

COLOMBINE

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Sarlin, musique de Gustave Michiels. Création à l’Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 04 octobre 1890.

 

 

COLOMBINE ET CASSANDRE LE PLEUREUR

 

Opéra-comique en deux actes, musique de Stanislas Champein, représenté à la Comédie-Italienne le 02 février 1785. Cet ouvrage est encore désigné sous le nom de Colombine douairière. C'est un mauvais canevas italien, peu digne d'être mis en musique par l'auteur de la Mélomanie et de Don Quichotte, qui fut d'ailleurs entravé dans sa carrière artistique par la platitude des livrets qui lui furent confiés.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COLONEL (LE) ou L’HONNEUR MILITAIRE

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Duval, musique d’A. d'Estourmel. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 novembre 1813. Malgré l'expérience et le talent très réel d'Alexandre Duval, le poème de ce petit ouvrage était si profondément médiocre que le public ne voulut pas connaître les noms des auteurs et qu'il reçut la pièce de telle façon qu'on ne put même la jouer une seconde fois.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

COLONIE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Antonio Gori traduit en français par Nicolas-Etienne Framery, musique parodiée d’Antonio Sacchini. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 16 août 1775. C’est une parodie de l’Isola d’amore, opéra de Sacchini (1766).

 

« On remarque dans cette pièce des situations vraiment comiques. La musique en est délicieuse, le chant toujours agréable, l'expression vraie, l'accompagnement piquant et pittoresque. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COLPORTEUR (LE) ou L'ENFANT DU BÛCHERON

 

Drame lyrique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique de Georges Onslow. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 22 novembre 1827 avec Mmes Pradher (Mina), Desbrosses ; MM. Augustin Lemonnier (Oscar), Féréol (Valentin), Auguste Huet.

 

« Ce colporteur est un agent chargé de découvrir le dernier rejeton de la famille royale, qui seul fut sauvé du massacre général ; Alexis (c'est le nom du jeune prince) est protégé par deux officiers fidèles ; il échappe à tous les périls, renverse l'usurpateur, monte sur le trône de ses pères, et épouse une jolie batelière. Succès. »

[Almanach des spectacles, 1828]

 

« Le poème, dont le sujet est tiré des vieilles chroniques russes, offre un heureux mélange de situations dramatiques et comiques favorable à la musique. Œuvre d'un excellent musicien, qui a surtout réussi dans la symphonie et le quatuor, le Colporteur renferme beaucoup de beaux morceaux, entre autres le trio : Ah ! depuis mon jeune âge, chanté par Lafeuillade, Féréol et Mme Pradher ; la ronde à deux voix, C'est la fête du village, et la jolie cavatine de la fin du troisième acte : Modèle d'innocence. Malgré le succès que cet ouvrage a obtenu en 1827, il n'a pas encore été repris. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COMÉDIE À COMPIÈGNE

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Édouard Noël et Henri Malo (1868-1949), musique de Charles Malo (29 juillet 1835-05 décembre 1914), représenté au Casino municipal de Biarritz le 05 septembre 1902, avec Mlles Baldocchi (Hector des Eguillettes) et de Théza (la Maréchale de Saint-Hubert). => partition

 

 

COMÉDIE À LA VILLE (LA)

 

Opéra-comique, musique de M. Gevaert, représenté à Gand en 1848.

 

 

COMÉDIE EN VOYAGE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jules Adenis et Joseph Méry, musique de Louis Deffès, représenté au Kursaal d’Ems le 27 juillet 1867. On a remarqué dans cet ouvrage l'air du marquis, le duo de la peur : Réveillez-vous, la chanson d'Edmond, le chant de table : Versez le vin du Rhin, divin.

 

 

COMÉDIENS AMBULANTS (LES)

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de Picard, musique de Devienne, représenté au théâtre Feydeau, le 28 décembre 1798.

 

 

COMMANDANT LARIPÈTE (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Armand Silvestre, Paul Burani et Albin Valabrègue, musique de Léon Vasseur, représenté au Palais-Royal le 03 mars 1892.

 

 

COMME ILS S'AIMENT

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Marcel Belvianès, musique d’André Lavagne.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 27 mai 1941. Mise en scène de Max de Rieux. Décors et costumes d'après les maquettes de Paul Colin.

Mmes Janine MICHEAU (Caroline de Chodoreille), Christiane GAUDEL (Justine), Madeleine DROUOT (Stéphanie), Suzanne DARBANS (Mme de Fichtaminel), Marguerite LEGOUHY (Mme Deschars), DANIÈRE (Claire de la Roulandière), Ginette GAUDINEAU (Joséphine), Marinette FENOYER (la Mère de Joséphine), Martha ANGELICI et Dominique ARNAUD (deux invitées).

MM. Jean VIEUILLE (Adolphe de la Chodoreille), André BALBON (M. de Lustrac), René HÉRENT (Benoît), René BONNEVAL (Hector), Louis GUENOT (M. de Fouillepointe), Louis MORTURIER (M. Deschars), Henry BUCK (un invité).

Chef d'orchestre : Eugène BIGOT.

 

11 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

COMMÈRES (LES) ou TROIS FEMMES CONTRE UN SECRET

 

Opéra-comique en un acte, livret de Granval [Adolphe de Leuven], musique d'Achille Montuoro (1836-), représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 10 juin 1857, avec Mmes Caroline Girard, Esther Caye, Marie Brunet [Maria Brunetti], MM. Désiré Fromant, Louis Joseph Cabel, Leroy.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 4 en 1857.

 

« La pièce est amusante et sans prétention. La fable de La Fontaine, la Femme et le secret, en a fourni la donnée. Il est question d'un chevreuil tué par un braconnier. Les commérages transforment le chevreuil en un être humain à qui Gregorio a passé sa bêche au travers du corps. La justice informe, et tout finit par s'expliquer. La musique est facile, agréable, bien écrite pour les voix. On a distingué l'air de ténor : Enfant de village, et les couplets de soprano, Ce matin, sous une treille. L'ouvrage a été chanté par Fromant et Mlle Girard. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« En paraphrasant les Femmes et le Secret, de Lafontaine, le librettiste avait fait de ses « Commères » des Tyroliennes, afin, sans doute, d'éviter toute allusion à celles de Paris. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

COMMUNAUTÉ DE COPENHAGUE (LA)

 

Opéra-comique, musique de Jadin, représenté au théâtre Montansier en 1791.

 

 

COMPAGNONS DE LA MARJOLAINE (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Jules Verne, musique d’Aristide Hignard, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 06 juin 1855, avec Mmes Caroline Girard, Vadé, MM. Achard, Louis Joseph Cabel, Marchot, Leroy.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 24 en 1855.

 

« On a remarqué la mélodie : Je suis le passeur du bac de l'Isère, et la ronde provençale, A la foire de Beaucaire. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cette bergerie n'empruntait que son titre à la chanson flamande si connue et qui est restée au répertoire des rondes chantées par les enfants des Tuileries. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

COMPÈRE GUILLERI

 

Opérette en trois actes, livret de Paul Burani et Jean Cavalier, musique de Henry Perry, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 18 septembre 1891.

 

 

COMPÈRE LUC (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, musique de Lemoyne, représenté au théâtre Feydeau, le 19 février 1794.

 

 

COMPOSITEUR TOQUÉ (LE)

 

Bouffonnerie musicale en un acte, livret et musique d'Hervé, représentée aux Folies-Concertantes le 11 avril 1854, avec MM. Hervé (Fignolet) et Joseph Kelm (Séraphin).

 

 

COMTE D'ALBERT (LE)

 

Drame mis en musique en deux actes, suivi de la Suite du Comte d’Albert, opéra-comique en un acte, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Grétry, créé à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 13 novembre 1786. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 février 1787.

 

« Cet ouvrage est un des plus singuliers qui aient paru au théâtre, à cause du bouleversement de toutes les conventions dramatiques, de la multiplicité des détails et du décousu des situations. Aussi l'imagination de Grétry s'y est donné libre carrière. On peut citer le duo : Oui, mon devoir est de mourir ; la prière de la comtesse : O mon Dieu, je vous implore, qui est continuée par l'orchestre en contrepoint d'église. A l'occasion de cet ouvrage, Grétry fait, en ces termes, l'éloge de Mme Dugazon : « Cette femme admirable ne sait point la musique ; son chant n'est ni italien ni français, mais celui de la chose. Elle m'oblige à lui enseigner les rôles que je lui destine, et j'avoue que c'est en tremblant que je lui indique mes inflexions, de peur qu'elle ne les substitue à celles que lui inspire un plus grand maître que moi. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COMTE DE CARMAGNOLA (LE) ou CARMAGNOLA

 

Opéra en deux actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Ambroise Thomas. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 19 avril 1841. Décors de Charles Ciceri. Costumes de Paul Lormier. Avec Mmes Dorus-Gras (Nizza), Dobré (Lucrezia), MM. P. Derivis (le Comte de Carmagnola), Ferdinand Prévost (Castruccio), Mécène Marié (Stenio), Massol (Bronzino), Hens (un Crieur).

 

« La faiblesse du livret, le mauvais goût de la donnée principale n'ont pas empêché M. Ambroise Thomas d'écrire une partition fort distinguée et remplie de motifs gracieux. Sans s'inquiéter de l'histoire de Carmagnola, qui aurait pu lui fournir des situations et une catastrophe vraiment dramatiques, Scribe a mieux aimé forger un conte ridicule. La scène se passe à Brescia. Sous le nom du marquis de Riparda, le comte Carmagnola s'introduit dans le palais du gouverneur pour attenter à son honneur de mari. Il y réussit, et la toile tombe sur le vice triomphant. Les épisodes secondaires sont ou mal traités ou peu intéressants. La scène dans laquelle Stenio, le marin, et Bronzino, le condottiere, jouent aux dés leur existence contre six mille écus, n'est qu'une arlequinade triste. Scribe n'a pas seulement exercé une influence funeste sur l'art en général, en substituant l'expédient à l'imagination, la musa pedestris à la poésie ailée, ce qui veut dire dans la langue des arts, le mot à la chose ; mais sur la carrière de plusieurs compositeurs, parmi lesquels se distingue M. Ambroise Thomas, qui entrait alors dans la lice avec un talent si fin, si nourri de fortes études. Il a pris depuis d'éclatantes revanches. Les morceaux les plus applaudis ont été, dans le premier acte, la mélodie intercalée dans l'introduction et chantée par Mlle Dobré ; la romance de Nizza, Protégez-moi, chantée par Mme Dorus ; le chœur Grand Dieu, quelle audace ! Dans le second acte, le beau trio exécuté au lever du rideau ; la cantilène de Marié, Je vais m'unir à toi ; un grand air brillant pour soprano, et particulièrement le duo entre Stenio et Nizza (Marié et Mme Dorus). »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Contentons-nous de signaler le duo du 1er acte, entre le ténor et le baryton, et le duo du 2e acte pour ténor et soprane. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

COMTE DE CHAROLAIS (LE)

 

Pièce en trois actes de Duport et Deforges, représentée au théâtre du Palais-Royal, le 19 novembre 1836. Friedrich von Flotow a placé dans cet ouvrage un chœur et une jolie valse.

 

 

COMTE DE LUXEMBOURG (LE)

 

[Der Graf von Luxemburg]

Opérette viennoise en trois actes, livret de Alfred Maria Willner et Robert Bodanzky, version française de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique de Franz Lehár.

 

Première représentation à Vienne, Theater an der Wien, le 12 novembre 1909.

 

Première en français à Paris, Théâtre Apollo, le 13 mars 1912, avec Mlles Brigitte Régent (Suzanne Didier), Angèle Gril (Juliette), MM. Henry Defreyn (le Comte de Luxembourg), Fernand Frey (Brissard), Félix Galipaux (le prince Basil).

 

Première au Trianon-Lyrique le 26 février 1932. Reprise le 16 novembre 1934.

« Pièce d'avant-guerre, un peu facile, mais dont certaines pages, comme la valse du Bonheur, conservent un léger agrément. » (Larousse Mensuel Illustré, 1934)

 

« Les amateurs de musique légère ont pu être satisfaits, cette semaine : deux opérettes viennent d'être représentées avec un égal succès. L'une, s'inspirant des exploits du célèbre Cartouche, transforme l'ingénieux bandit en génie tutélaire de son frère de lait et s'agrémente d'une aimable et spirituelle musique de M. Claude Terrasse. L'autre, le Comte de Luxembourg, nous montre un vieux Céladon dupé par un couple d'amoureux jeunes et peu fortunés.

Dans les deux cas, c'est l'amour sincère qui triomphe. Dans le premier, il va de soi que l'habileté de Cartouche suffit à tout mener à bien. Dans le second, les auteurs ont adroitement combiné leur action de manière que celui qui tend le piège s'y prend lui-même.

Voici comment : Le prince Basil Basilowitch, personnifié par l'ineffable Galipaux, aime une actrice, Suzanne Didier, et veut l'épouser. Toutefois, comme il ne peut, sans déroger à sa haute situation, se marier qu'avec une personne titrée, il s'avise d'anoblir sa Suzanne en l'unissant d'abord au jeune comte de Luxembourg. Ce dernier consent à ce pacte moyennant finances, car il est totalement ruiné.

La cérémonie nuptiale s'accomplit sans que le comte et Suzanne puissent se voir ; un paravent les sépare. Cependant, le comte, peu après, rencontre Suzanne, s'en éprend, et, lorsque le prince Basil lui enjoint de divorcer, conformément aux conventions stipulées entre eux, le comte refuse, restitue la somme et reste l'heureux époux de celle qu'il aime.

Ce sujet, mis en scène de la façon la plus brillante par M. Franck, l'heureux directeur du Théâtre Apollo, s'anime de danses variées, où Galipaux s'est montré étourdissant de verve, où Mmes Brigitte Régent (Suzanne Didier), Angèle Gril (Juliette), cantatrices aux voix ailées et souples, ont fait preuve de beaucoup d'élégance et de grâce, et MM. Henri Defreyn et Fernand Frey, d'adresse et d'entrain.

Est-il besoin d'ajouter qu'en sa qualité d'opérette viennoise, la partition de M. Franz Lehár abonde en valses langoureuses dont on trouvera, dans le présent numéro des Annales, un des plus agréables échantillons ? Cette gracieuse valse lente peut même être considérée comme le motif principal, comme le leitmotiv de l'ouvrage. Au reste, ces divers morceaux, faciles et pimpants, furent accueillis avec la plus grande faveur, et le compositeur, qui se trouvait dans la salle le soir de la répétition générale, fut acclamé à la chute du rideau. »

(Albert Dayrolles, les Annales, 24 mars 1912)

 

« Principaux personnages : le prince Basil Basilowitch ; Fernand, comte de Luxembourg ; Brissard, peintre ; Suzanne Didier, actrice ; Juliette, amie de Brissard.

L'action se passe à Paris, de nos jours.

Ceci est de l'opérette, sans compromission. Les personnages sont de bien joyeux fantoches. Voici le prince Basil Basilowitch, un type de grand-duc slave de haute fantaisie, qui s'est épris d'une actrice, Suzanne Didier, se persuade qu'elle l'adore, et veut l'épouser. Il ne le peut sans mésalliance, toutefois, et pour créer à l'objet de sa flamme un état-civil sortable, il a imaginé de lui faire faire un premier mariage — blanc, cela va sans dire — suivi dans les trois mois du divorce. Justement, se trouve à Paris un grand seigneur dans une extrême misère, le comte de Luxembourg. C'est sur lui que le prince jette les yeux comme mari honoraire de Suzanne. Il fera offrir au comte une somme de cent mille francs pour jouer son rôle purement décoratif et disparaître ensuite pendant trois mois. La chose se passera dans l'atelier d'un peintre aussi besogneux que le comte lui-même, Brissard, joli échantillon de rapin pour scènes de boulevards.

Tout ceci est exposé au premier acte, qui se passe dans l'atelier de Brissard. Chœur de rapins en goguette, puis scène entre Brissard et son amie Juliette, une comparse qui expose la situation et nous fait connaître les principaux personnages. Arrive le chambellan Pawlow, qui a les pleins pouvoirs pour procéder au mariage civil et qui vient négocier l'opération avec Brissard, moyennant honnête commission à ce dernier.

Retour des rapins, pique-nique et entrée du comte de Luxembourg. Les rapins étant sortis, arrivent le prince et le chambellan, avec les témoins. On présente le comte et la transaction est acceptée, moyennant cent mille francs comptant. Puis arrive Suzanne, et le mariage a lieu, mais les époux sont séparés par un paravent et ne se voient pas. L'échange des anneaux se tait par un trou percé dans le paravent. Suzanne joue toute cette comédie sans grand élan, un peu passive. Après quoi, le comte Fernand et Suzanne se font, toujours sans se voir, leurs adieux définitifs. Du moins ils le croient, mais vous pensez bien qu'ils se retrouveront.

Au second acte, trois mois se sont écoulés. Dans quelques heures, le délai stipulé pour l'absence du comte sera expiré et celui-ci pourra reprendre son nom et sa place dans le monde. Il a été accompagné dans sa retraite par Brissard, qui passe pour mort, ce qui donne à ses tableaux une valeur marchande fabuleuse. Cet acte se passe dans les salons de l'hôtel du prince, qui les a prêtés à Suzanne pour la fête que celle-ci donne à l'occasion de ses adieux au théâtre. Fête très animée. Prétexte à danses, en particulier le rootsi-pootsi, fantaisie chorégraphique très curieuse.

Arrivent Fernand et Brissard. Fernand a vu la veille Suzanne Didier — il ignore que c'est sa femme, ne l'oublions pas — et en est tombé éperdument amoureux, au point de risquer la démarche très aventureuse qui consiste à se présenter chez elle sans être invité et à lui faire une déclaration à brûle-pourpoint. Suzanne ne se fâche pourtant que tout juste ce que demande la vraisemblance ; elle subit l'ascendant de cet amoureux volcanique et déterminé.

Basil survient et, quand il rencontre le comte, il entre dans une violente colère. Cette colère augmente encore quand Fernand lui confie qu'il aime Suzanne et veut l'épouser sitôt son divorce prononcé. Complications, explications, au bout desquelles la vérité perce : Suzanne et Fernand apprennent leur situation respective et se font réciproquement de sanglants reproches. Il semble que tout doive être définitivement terminé entre eux.

Le troisième acte a pour objet de nous démontrer qu'il n'en est rien. Nous sommes derechef dans l'atelier de Brissard, où un marchand de tableaux est en train de rafler toutes les toiles du peintre que l'on croit défunt, afin de les revendre avec un beau bénéfice. Brissard arrive, ce qui dérange les combinaisons du marchand ; Brissard n'est pas mort, ses tableaux ne valent plus un rouge liard. Mais il consent sans difficulté à rester mort jusqu'après l'écoulement de ses toiles. Avec émotion il retrouve son vieil atelier, et même Suzanne, qui arrive à point nommé. Elle est bientôt suivie de Juliette, personnage très utile, grâce auquel nous apprenons tout ce que nous devons savoir : en deux mots, il n'est pas douteux que Fernand et Suzanne s'adorent, et Brissard, qui présida à leur mariage pour rire, va essayer de présider à leur réconciliation définitive.

Voici justement le comte. Après quelque discussion avec le peintre, il sort pour laisser la place à Suzanne, qu'on a entendue dans l'escalier. Brissard entreprend la femme après le mari, sans grand succès apparent dans l'un comme dans l'autre cas. Mais sa conviction est faite. Et il imagine la reconstitution du mariage, de nouveau à travers le paravent. Dans cette reconstitution, c'est Fernand, rentré sans bruit, qui joue en personne son rôle, avec ce résultat que les deux amoureux finissent par tomber aux bras l'un de l'autre.

Reste à se débarrasser du prince Basil. Justement, il arrive. Mais, pour qu'il renonce à Suzanne, il faudrait que le comte pût lui rembourser les cent mille francs, prix du marché. Qu'à cela ne tienne ! Brissard payera. Il vient en effet de vendre tout son stock de croûtes pour le prix de deux cent mille francs. Il a toujours partagé également avec Fernand, il continuera. Fernand et Suzanne, déjà mariés légalement, pourront consommer en paix leur union. Ils seront heureux et auront sans doute beaucoup d'enfants. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« A l'époque de Meilhac et d'Offenbach, on allait parfois jusqu'à Gérolstein pour chercher un titre ; et c'est toujours de « grand-duché » qu'il s'agissait... Dieu sait si, en la matière, est fructueux à imiter l'exemple d'Offenbach ou de Meilhac ! Ce dernier — et, au fait, c'est peut‑être Halévy — disait un jour à un auteur novice : « Je vais vous suggérer l'idée d'un admirable scénario : Un jeune homme aime une jeune fille — il ne peut parvenir à l'épouser au second acte — il y réussit au troisième. »... Les librettistes modernes ont pris en apparence le contre-pied de cette boutade : Le comte de Luxembourg épouse au premier acte une femme qu'il ne connaît pas et passera le second acte à lui dire qu'il ne l'aime point... et ce serait assez neuf, en effet, si ces gens-là n'allaient toujours s'imaginer qu'on n'a pas vu le Cœur et la Main qu'il y a dans les annales de l'Opérette !... Mais le point de départ de celle-ci est excellent — c'est d'ailleurs celui de la Périchole : on y verra le prince Basil Basilowitch, un grand-duc gâteux, toqué d'une divette parisienne, Suzanne Didier. Il l'épouserait, si certaines considérations d'étiquette slave ne s'y opposaient : ce serait une mésalliance. Il faut donc trouver à la jeune femme (comme à la Mascotte) quelques parchemins. Le moyen le plus simple est de lui faire épouser un grand seigneur décavé... qui acceptera, moyennant finances, de prêter la main à cette combinaison, donnera son nom, risquera même son honneur, et partira le soir de ses noces pour mettre tous les torts de son côté — afin que Suzanne, désormais connue comme grande dame, puisse divorcer pour convoler avec le prince aux applaudissements de la société moscovite. C'est fort ingénieux, et il semble bien que l'on ait trouvé l'oiseau rare en la personne du comte de Luxembourg, un jeune fêtard très lancé dans le monde de « la bohème », où il a laissé son dernier dollar. On pousse la précaution jusqu'à célébrer le mariage de ces époux-postiches en les séparant l'un de l'autre au moyen d'un paravent. De la sorte, ils ne se sont même pas vus, et n'auront échangé — avec les deux anneaux — qu'un baisemain.

Bien entendu, dans les trois mois qui doivent précéder le divorce, Fernand de Luxembourg trouve moyen (sans savoir d'ailleurs qu'il s'adresse à son épouse) de faire la conquête de l'artiste — au cours de la fête qui suit sa soirée d'adieux au théâtre... Une valse les rapproche ; mais lorsque les amoureux apprennent, fatalement, leur situation respective — qu'ils estiment, non sans raison, délicate et indélicate, ils éclatent en violents reproches et se quittent farouchement... Or, tranquillisez-vous, des amis sûrs sauront intervenir. On remboursera le boyard, de plus en plus caduc ; et l'on réunira doucement les conjoints en reconstituant la comédie de « paravent » — qui avait déjà servi au premier acte... et, aussi, pour Mam'zelle Nitouche.

Ce qui ne se raconte pas, ce sont les mille folies dont s'agrémente le livret qu'ont établi MM. de Flers et de Caillavet d'après l'original de MM. A.-M. Wilner et R. Bodansky. Les noms de ceux-ci ne nous disent rien. Mais la musique est de Franz Lehár. On l'avait entendue déjà, depuis la création allemande (Leipzig, 12 novembre 1909), pendant une saison « Viennoise », au Vaudeville. Elle n'aura produit tout son effet qu'après avoir, comme la Veuve Joyeuse, reçu l'estampille de nos librettistes. En marge des textes chantés de Jean Bénédict, ils ont écrit un spirituel opéra-bouffe, représenté pour la première fois en langue intelligible à l'Apollo, le 13 mars 1912, et joué cent vingt-quatre fois sur les motifs d'une partition développée spécialement (orchestre Celansky). Il n'y a pas de comparaison à faire avec le succès de la Veuve, qui prit les proportions d'un scandale applaudi. Cependant, nous trouvons dans le Comte de Luxembourg une jolie suite de valses populaires avant la lettre (que l'on a eu l'idée bizarrement inesthétique de faire danser, au moins en partie, sur un « escalier » !) — mais le « clou », sans lequel il n'est point d'opérette moderne (faute d'action qui se soutienne au-delà d'un acte et demi) c'est le « Ballet des Cerceaux », tourné sur le Chœur des « Rootsie-Pootsie » — (cela signifie — du moins le prétendent, sérieusement, les auteurs : « Petite fleur bleue très excitée ») — une ronde gracieuse où sautillent, et s'entrelacent, et volvitent de simili-girls, court-vêtues... Elles ont vite fait de réveiller ce qui, dans le cœur du public, sommeille de « rootsie-pootsie ».

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

COMTE DE SAINT-MÉGRIN (LE)

 

Grand opéra en trois actes, musique posthume de Friedrich von Flotow, écrite sur un livret français qu'on attribue à Henri de Saint-Georges, exécuté sous forme de concert à Berlin, dans une assemblée privée, en juin 1883.

 

 

COMTE ORY (LE)

 

Mélodrame bouffe en deux actes, livret d’Eugène Scribe et Delestre-Poirson d’après leur vaudeville en un acte (Vaudeville, 16 décembre 1816), musique de Gioacchino Rossini.

 

Personnages : le comte Ory (ténor lyrique) ; le précepteur du comte (basse) ; Isolier (mezzo-soprano) ; Raimbaud (basse) ; un chevalier (ténor) ; la comtesse Adèle de Formoutiers (soprano) ; Ragonde (contralto) ; Alice (soprano) ; chevaliers, vilains et vassaux, dames de la cour, paysannes, gardes, pages.

 

L’action se déroule en Touraine, devant le château des comtes de Formoutiers, au temps des Croisades, vers l’année 1200.

 

Création au cours de l'été 1825 au Théâtre Italien de Paris par Mmes CINTI-DAMOREAU, PASTA ; MM. BORDOGNI, LEVASSEUR et PELLEGRINI.

 

Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 20 août 1828, dans une version remaniée par ses auteurs ; mise en scène d’Adolphe Nourrit, décors de Charles Ciceri, costumes d'Hippolyte Lecomte.

 

Première fois au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 29 octobre 1880, et dernière à l'Opéra le 18 janvier 1884 ; mise en scène d'Adolphe Mayer ; décors d'Antoine Lavastre aîné et Eugène Carpezat (1er acte), Auguste Rubé et Philippe Chaperon (2e acte) ; costumes d'Eugène Lacoste et Paul Lormier.

 

 

SALLE LE PELETIER

20.08.1828

Première

SALLE LE PELETIER

29.08.1831

100e

PALAIS GARNIER

29.10.1880

386e

PALAIS GARNIER

12.11.1880

389e

PALAIS GARNIER

18.01.1884

433e

La Comtesse de Formoutiers

CINTI-DAMOREAU

DABADIE

DARAM

DARAM

ISAAC

Isolier

JAWURECK

JAWURECK

JANVIER

JANVIER

JANVIER

Dame Ragonde

MORI

GOSSELIN

N. GRENIER

TéONI

VIDAL

 Alice

DEJEAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

le Comte Ory

Adolphe NOURRIT

A. NOURRIT

DEREIMS

DEREIMS

DEREIMS

le Gouverneur

LEVASSEUR

HURTEAUX

BOUDOURESQUE

BOUDOURESQUE

DUBULLE

Raimbaud

DABADIE

DABADIE

MELCHISSEDEC

MELCHISSEDEC

MELCHISSEDEC

Chevaliers

Alexis DUPONT, Ferdinand PRéVÔT, MASSOL, TRéVAUX,  DABADIE jeune

 

 

MERMAND, MECHELAERE, GRISY, GASPARD

MELCHISSEDEC

Chef d’orchestre

HABENECK

HABENECK

E. ALTES

 

DE MONTJAU

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

La Comtesse : DORUS-GRAS (1831), FALCON (1834), LAVRY (1835), FLECHEUX (1835), NAU (1839), DOBRE (1844), DUSSY (1857), DELISLE (1859), Caroline DUPREZ (1861), HAMAKERS (1863), DE MAESSEN (1864), DE VERE (1880), LACOMBE-DUPREZ (1881).

Isolier : Mmes CAYOT (1836), FLECHEUX (1836), ELIAN (1838), SARAH (1842), Rosine STOLTZ (1847), DE ROISSY (1843), NAU (1844), D'HALBERT (1845), Marie HÉBERT-MASSY (1861), SAINT-AGUET (1863), LEVIELLI (1865), MIRAME (1881).

Le Comte Ory : MM. LAFONT (1831), A. DUPONT (1832), MARIE (1839), OCTAVE (1841), Guillaume POULTIER (1842), PAULIN (1845), Julien MATHIEU (1846), BARBOT (1847), BOULO (1853), Joseph DUFRÈNE (1858), HAYET (1861), PESCHARD (1862), WAROT (1863).

Le Gouverneur : MM. HURTEAUX (1831), DERIVIS (1831), EUZET (1834), SERDA (1835), BOUCHE (1841), BREMOND (1844), Louis-Henri OBIN (1844), Adolphe ALIZARD (1847), GENIBREL (1848), CAZAUX (1859), BONNESSEUR (1866).

Raimbaud : MM. F. PREVOT (1834), MASSOL (1835), MOLINIER (1845), CANAPLE (1845), Jean-Baptiste PORTEHAUT (1845), MARIE (1857), BONNESSEUR (1863), DUMESTRE (1864), Eugène CARON (1866).

 

433 représentations à l’Opéra dont 48 au Palais Garnier au 31.12.1961.

 

Cet ouvrage, abandonné par l'Opéra, fut représenté à Paris le 05 juin 1936 sur le Théâtre de la Petite-Scène.

 

« Le Comte Ory n'avait pas été joué à Paris depuis 1884. Il a été présenté par la Petite-Scène dans d'amusants décors de M. de Courville, et chanté agréablement par Mlles Pianivia et Pourpoint et M. Moutia. »

(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1926)

 

L'oeuvre ne reparut à Paris qu'en juillet 1958, lorsque le Festival de Glyndebourne vint le représenter au Théâtre des Nations, avec Mmes BARABAS (la comtesse), CADONI (Isolier), MM. ONCINA (Comte Ory), Xavier DEPRAZ (le Gouverneur), BLANCKENBURG (Raimbaud), sous la direction de Vittorio GUI.

 

Première à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 27 décembre 1968, mise en scène de Michel Crochot, décors et costumes de François Ganeau.

 

6e représentation le 24 janvier 1969, pour le centième anniversaire de la mort de Rossini.

Mlles Françoise GARNER (la Comtesse), Jane BERBIÉ (Isolier), Marie-Luce BELLARY (Ragonde), Janine BOULOGNE (Alice), Andrée GABRIEL (la Suivante).

MM. André MALLABRERA (le Comte Ory), Roger SOYER (le Gouverneur), Jean-Christophe BENOIT (Rimbaud), André DAUMAS et Bernard GONTCHARENKO (les Chevaliers).

Divertissement dansé par : Mlles Ambrière, Herivaux, Mathis, Renaudel, Séméria, Deudon, MM. Dorizon, Debrus, Vincent, Maskin.

Chef d'orchestre : Jean-Claude HARTEMANN.

 

2 représentations en 1968, 17 en 1969, 5 en 1970, 3 en 1971, soit 27 à l'Opéra-Comique au 31.12.1972.

 

Résumé.

ACTE I. — Les gens se pressent auprès d'un ermite installé à proximité du château de Fourmentières, réputé pour ses conseils dans les affaires de cœur. Ce pseudo-ermite n'est autre que le jeune Comte Ory qui, échappant à la vigilance de son tuteur, a trouvé ce moyen pour approcher la belle Comtesse Adèle, dont le mari est à la Croisade.

Ragonde, la gouvernante du château, vient reprocher aux gens leur tapage, mais elle consulte elle aussi l'ermite, car sa maîtresse souffre de langueur. L' « ermite » demande que la Comtesse lui soit amenée sur-le-champ et exige de demeurer seule avec elle. Isolier, qui est amoureux d'Adèle, soupçonne une supercherie dont le tuteur est bientôt persuadé. La Comtesse consulte l'ermite qui la relève de son vœu de chasteté, mais la met en garde à l'égard d'Isolier. Au moment où, sous un prétexte, il s'apprête à la suivre, le tuteur vient dévoiler l'identité du pseudo-ermite.

Un Messager vient alors annoncer le prochain retour des Croisés. Le Comte Ory projette de mettre à profit, d'une autre manière, le peu de temps qui lui reste pour achever la conquête d'Adèle.

ACTE II. — Le même jour, un peu plus tard, à l'intérieur du château, la Comtesse et ses dames sont occupées à leurs travaux de couture. Des nonnes surprises par un orage, sollicitent d'être accueillies pour la nuit au château. La Comtesse y consent et reçoit personnellement la « Mère Supérieure » qui n'est autre que le Comte Ory déguisé. Cette troublante « Mère Supérieure » met en garde la Comtesse quant aux amoureux desseins du Comte Ory, mais la Comtesse a confiance en sa vertu.

Les « nonnes » s'installent : ce sont les gens du Comte Ory, et parmi eux son ami Raimbaud et son tuteur. Raimbaud découvre le cellier et les « nonnes » font ripaille, deux fois interrompus par Ragonde et la Comtesse elle-même venue leur souhaiter un paisible sommeil.

Soudain, la cloche sonne et Isolier apporte la nouvelle de l'arrivée de l'époux de la Comtesse Adèle, qui a quelque avance sur l'horaire prévu ! Le mari, apprenant de la bouche de son épouse la présence de nonnes dans le château, éprouve certains soupçons... Quant au Comte Ory, dont la tentative a échoué, il est très désireux de cacher cette escapade à son père — qui ne lui en tiendra du reste pas rigueur — et il accepte l'offre d'Isolier de le conduire à la sortie par un escalier dérobé.

  

« Le livret était un nouvel arrangement d'une pièce que Scribe et Poirson avaient donnée au théâtre du Vaudeville en 1816. La musique avait été en grande partie composée pour un opéra de circonstance en l'honneur du sacre de Charles X, et intitulé Il Viaggio a Reims. Cet ouvrage, représenté à l'Opéra italien pendant l'été de 1825, avait eu pour interprètes Mmes Pasta, Cinti-Damoreau et MM. Bordogni, Pellegrini et Levasseur. Quoi qu'il en soit, et malgré les remaniements auxquels le livret et la partition durent être soumis, le Comte Ory passe, avec raison, pour un des meilleurs opéras de Rossini. Parmi les morceaux composés expressément pour l'opéra français, nous mentionnerons le bel air de basse Veiller sans cesse, dont l'accompagnement est rythmé d'une manière neuve et piquante ; le chœur des chevaliers, Ah ! la bonne folie ; le chœur des buveurs, qui est un chef-d'œuvre, Qu'il avait de bon vin, le seigneur châtelain, et le trio : A la faveur de cette nuit obscure. Tout le reste de l'ouvrage offre de ravissantes mélodies. La cavatine du premier acte, Que les destins prospères, est d'une facture tout italienne de la première manière du compositeur. La prière, Noble châtelaine, est d'une harmonie et d'un rythme délicieux. Nulle part, peut-être, le compositeur n'a fait preuve de plus d'esprit, ni obtenu des effets plus variés que dans l'instrumentation du Comte Ory. Adolphe Nourrit, Mme Damoreau et Levasseur ont été les interprètes les plus applaudis de cette riche partition. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C'est avec Il Viaggio a Reims ossia l’Albergo del Giglio d'oro, opéra italien improvisé pour le sacre de Charles X, et représenté à Paris le 19 juin 1825, que Rossini composa la musique du Comte Ory.

Scribe et Poirson allongèrent en 2 actes le joli vaudeville qu'ils avaient écrit en 1816, et leur illustre collaborateur revit avec soin sa partition et l'augmenta du joli duo du page avec le comte, du chœur des femmes, du quatuor sans accompagnement, du chœur célèbre des buveurs, du trio et du finale qui terminent ce brillant et spirituel ouvrage.

La centième représentation du Comte Ory a eu lieu le 25 juillet 1831. Reprises : 1860, 1863. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

COMTESSE D'ALBANY (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de M Kirsch, musique de M. J.-B. Rongé, représenté au théâtre Royal de Liège en janvier 1877. On a remarqué dans cet ouvrage les qualités rythmiques qui résultent des études spéciales auxquelles le musicien s'est livré sur cette partie de l'art ; et, en outre, les deux premiers finales, un quatuor en canon et le duo dramatique du troisième acte.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

COMTESSE DE LAMARCK (LA) ou TOUT POUR L’AMOUR

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Jacques-Antoine Révéroni de Saint-Cyr et des frères Achille et Armand Dartois, musique de Felice Blangini. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 avril 1818.

 

« Cette pièce hasardée pour la représentation de retraite et au bénéfice de madame Crétu, est tombée au bruit des sifflets. Les auteurs ont eu le courage, assez ordinaire aujourd'hui, de risquer une seconde représentation ; elle a été moins orageuse que la première, mais ils ont fini par se rendre justice et la pièce a été retirée du répertoire. »

[Almanach des spectacles, 1819]

 

 

COMTESSE DE TROUN (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique de Luc Guénée. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 17 janvier 1816.

 

 

COMTESSE EVA (LA)

 

Opéra de la vicomtesse de Grandval, représenté à Bade en août 1864.

 

 

COMTESSE HERMANCE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de MM. Couailhac et Vehl, musique de M. Sinsoilliez, représenté à Lille le 15 février 1890.

 

 

COMTESSE MARITZA

 

[Gräfin Mariza]

Opérette viennoise en trois actes et cinq tableaux, livret de Julius Brammer et Alfred Grünwald, d’après le Roman d’un jeune homme pauvre d’Octave Feuillet ; version française de Max Eddy et Jean Marietti ; musique d’Emmerich Kalman.

 

Première représentation à Vienne, Theater an der Wien, le 28 février 1924, avec Betty Fischer (la Comtesse) et Hubert Mariska (Tassilo).

 

Première représentation en français au théâtre municipal de Mulhouse, le 27 février 1930.

 

Première fois en français à Paris, théâtre des Ambassadeurs, le 11 mai 1931, avec Mmes Mary Lewis (comtesse Maritza), Janie Marèse (comtesse Lisa), Marthe Derminy (princesse Bozena) ; MM. Roger Bourdin (comte Tassilo), Paul Clerget (prince Populescu), Roger Cellard (baron Zsupan), Rognoni (Saint-Germain). Chef d'orchestre : Anton Paulik.

 

Première au Trianon-Lyrique le 15 mars 1935.

 

« Un comte ruiné, Tassilo, se met au service de la fière Maritza, parvient à se faire aimer, à la rendre jalouse de la malicieuse Lisa, et à l'épouser. Sur quoi on apprend, comme il sied, qu'une bonne tante de comédie fait rentrer le comte en possession de sa fortune, que Lisa n'est autre que la sœur de Tassilo, et qu'elle épousera ce Zsupan qui a fait semblant d'être fiancé à la comtesse Maritza. Musique viennoise comme on le devine, c'est-à-dire à base de valses ; elle ne cherche pas à frapper par son originalité, mais au contraire à plaire comme si elle nous était déjà connue. »

(Larousse Mensuel Illustré, juin 1931)

 

 

COMTESSE ROSE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de M. J. Ruelle, musique de M. Mansour, représenté au Casino de Dieppe le 22 août 1877. J. Ruelle a traité avec esprit une idylle provençale. La musique a été également bien accueillie. Chanté par Lepers, Cooper, Gaussins, Mlles Soubre et Blanche Méry.

 

 

CONCERT À LA COUR (LE) ou LA DÉBUTANTE

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d'Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 juin 1824, avec Mmes Marie Julie Boulanger (Carline), Eugénie Rigaut (Adèle) ; MM. Augustin Lemonnier (Frédéric), Ponchard (Victor), Vizentini (Astucio).

 

Arrangé en deux actes et joué à l'Hôtel de Ville (14 avril 1856), lors de la fête offerte aux membres du congrès.

 

 

CONCERT INTERROMPU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier et Etienne Guillaume François de Favières, d'après la comédie les Deux sous-lieutenants (voir ce titre), musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 31 mai 1802 (11 prairial an X), avec Mmes Pingenet cadette (Amélie), Pingenet aînée (Cécile), Mlles Gavaudan (plusieurs dames), MM. Simon Chenard (Renwal), Etienne Fay (Firmin), Elleviou (Lindorf), Jean-Blaise Martin (Alfred), Fleuriot (Moyse), Cellier (Germain). => partition livret

 

 

CONCHITA

 

Drame lyrique, livret de René Jeanne et G. Dallix, musique de Henri Contesse [Enrico Contessa] (Turin, 27 novembre 1877 - Turin, 28 avril 1948), créé au Théâtre Municipal de Tourcoing le 26 novembre 1919 avec Mme Nina Ratti, MM. Baillard et Blanchard.

 

 

CONCILIATEUR À LA MODE (LE) ou LES ÉTRENNES DU PUBLIC

 

Divertissement en vaudevilles, en un acte, livret de Joseph Patrat, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 05 janvier 1784.

 

 

CONFESSION DE ROSETTE (LA)

 

Opérette en un acte pour un seul personnage, livret de Pierre Véron, musique de Robert Planquette, jouée sur des théâtres de société en 1876 par Mme Théo, chantant les quatre morceaux de la partition. Le jeu de l'actrice a pu seul donner quelque intérêt à cet ouvrage.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

CONFESSION DU VAUDEVILLE (LA)

 

Prologue en vaudevilles, livret de Charles-Guillaume Etienne, P. Moras et Charles Gaugiran-Nanteuil, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 mars 1801.

 

 

CONFIDENCES (LES)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Antoine-Gabriel Jars, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 31 mars 1803. Le dialogue est rapide et spirituel. La musique, quoique bien négligée, a fortifié la réputation du compositeur.

 

 

CONGÉ (LE)

 

Opéra, musique d'Arquier, représenté à Paris vers 1793.

 

 

CONGÉ DES VOLONTAIRES (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique d'Arquier, représenté au théâtre Montansier en 1793.

 

 

CONGRÈS DES ROIS (LE)

 

Comédie mêlée d’ariettes, en trois actes, livret d’Antoine-François Eve, musique de Kreutzer, Grétry, Méhul, Dalayrac, Deshayes, Solié, Devienne, Henri Montan Berton, Jadin, Trial fils, Cherubini et Blasius. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 février 1794. Voilà bien des noms célèbres associés pour la confection d'une œuvre misérable. [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CONGRÈS DES ROIS (LE)

 

Opéra en trois actes, musique de Deshayes et autres, représenté au théâtre de Beaujolais en 1799.

 

 

CONNÉTABLE DE CLISSON (LE)

 

Opéra en trois actes, livret d'Aignan, musique de Porta. Création au Théâtre de l’Opéra le 10 février 1804 (20 pluviôse an XII). Ballets réglés par Gardel. Avec Lainé (Olivier de Clisson), Bertin (Albéric), Nourrit (un Troubadour), Moreau, Picard, Martin ; Mlle Armand (Mme de Courcy), Mme Branchu (Alix).

 

« Cet ouvrage se soutint tant bien que mal pendant dix-huit représentations, quoiqu'on ne ménageât pas le compositeur. On fit sur son compte une chanson satirique avec ce refrain :

 

Porte ailleurs ta musique, Porta,

Porte ailleurs ta musique.

 

Castil-Blaze prétend plaisamment que la punition n'était pas proportionnée au crime. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra languissant et très médiocre fut représenté dix-huit fois en deux ans. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CONQUÊTE DU MONGOL PAR THAMAS KOULIKAN, ROI DE PERSE, ET SON TRIOMPHE (LA)

 

« Spectacle à machines », de l'invention de Servandoni, musique de Charles-Guillaume Alexandre, représenté sur le théâtre du palais des Tuileries le 04 avril 1756. C'était une des pièces muettes, moitié pantomime, moitié panorama, que le célèbre Servandoni, qui en imaginait les machines et en peignait les décors, donnait à son fameux « Spectacle en décorations » qui faisait l'admiration des Parisiens.

 

 

CONSEIL DES DIX (LE)

 

[ou les Dix]

Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique de Narcisse Girard. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 août 1842, avec Mmes Félix, Célestine Darcier, MM. Mocker, Honoré Grignon, Achille Ricquier.

 

« Le sujet de la pièce est loin de répondre au sombre titre qu'elle porte. Un jeune fat, le chevalier de Lucienne, a compromis plusieurs dames de Venise. Celles-ci se concertent pour donner une leçon à l'émule de Lauzun. Elles se masquent, s'affublent d'amples robes rouges et font comparaître le chevalier à leur tribunal. Il est amené à faire amende honorable et s'entend condamner au bannissement. Ce petit acte est fort léger, et la musique n'est pas de nature à lui donner une plus grande importance. On a remarqué toutefois un joli duettino de femmes et la scène du tribunal, qui est bien traitée. Les créateurs ont interprété agréablement ce faible ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CONSIGLIO DEI DILETTANTI (IL)

 

Intermède lyrique, musique de Rossini, exécuté à l'Opéra, le 01 février 1826, par les premiers artistes du Théâtre-Italien. C'était une composition de circonstance, uniquement destinée à illustrer la représentation donnée au bénéfice du danseur Vestris après cinquante-cinq ans de service (il avait débuté à l'Opéra au mois de mai 1771).

 

 

CONSTANCE

 

Parodie en vaudevilles, en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré, Pierre-Antoine-Augustin de Piis, Jean-René Le Couppey de La Rozière et Jean-Baptiste Radet, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 janvier 1786. Il s’agit d’une parodie de Pénélope, opéra de Niccolo Piccinni (1785).

 

 

CONSTANCE

 

Opéra en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté à Rennes en 1790.

 

 

CONSTANCE ET GERMOND

 

Opéra-comique en un acte, musique de L.-E. Jadin, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes en 1790.

 

 

CONSTANCE ET THÉODORE ou LA PRISONNIÈRE

 

Opéra en deux actes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 22 novembre 1813.

 

 

CONTE DE FÉE

 

Ballet en un acte, mêlé de chant, de Maurice Froyez, musique de Maurice Depret, représenté par la société des Escholiers au théâtre Sarah-Bernhardt, le 12 juin 1901.

 

 

CONTES BLEUS (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Lockroy et Cogniard, musique d'Albert Grisar ; ouvrage posthume et inédit.

 

 

CONTES D'HOFFMANN (LES)

 

Opéra fantastique en trois actes, avec prologue et épilogue, livret de Jules Barbier, d’après les Contes d’Hoffmann, drame de Jules Barbier et Michel Carré (1851), musique de Jacques Offenbach (partition inachevée complétée par Ernest Guiraud).

 

Personnages : Hoffmann (ténor) ; le conseiller Lindorf (basse ou baryton) ; Coppélius (basse ou baryton) ; Dapertutto (basse ou baryton) ; le docteur Miracle (basse ou baryton) ; Spalanzani (ténor) ; Schlemil (basse ou baryton) ; Crespel (basse ou baryton) ; Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz (rôles tenus par le même ténor) ; maître Luther (basse ou baryton) ; Nathaniel (ténor) ; Hermann (basse ou baryton) ; Stella (soprano) ; Olympia (soprano) ; Giulietta (soprano) ; Antonia (soprano) ; Nicklausse (mezzo-soprano ou ténor) ; étudiants, garçons de taverne, valets, convives, esprits de la bière et du vin.

 

L’action se déroule à Nuremberg, Munich et Venise, au XIXe siècle.

 

La première audition de cet ouvrage, inachevé, eut lieu chez Jacques Offenbach, 8 boulevard de Courcelles à Paris, le 18 mai 1879, avec Mmes FRANCK-DUVERNOY (Stella, Olympia, Giulietta, Antonia), LHERITIER (Nicklausse). MM. AUGUEZ (Hoffmann), TASKIN (Lindorf, Coppélius, Dappertutto, Miracle), AUBERT (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz). Chœurs sous la direction d'Albert Vizentini. Au piano d'accompagnement : Edmond DUVERNOY.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 février 1881, après la mort du compositeur, sans le tableau de Venise. Mise en scène de Léon Carvalho. Décors d’Antoine Lavastre aîné. Costumes de Théophile Thomas.

Mmes Adèle ISAAC (Stella, Olympia, Antonia), Marguerite UGALDE (Nicklausse), Zoé MOLÉ-TRUFFIER (la Muse), Lucie DUPUIS (le Fantôme de la Mère),

MM. TALAZAC (Hoffmann), TASKIN (Lindorf, Coppélius, Miracle), GOURDON (Spalanzani), BELHOMME (Crespel), François-Antoine GRIVOT (Andrès, Cochenille, Franz), Etienne TROY (Luther), CHENNEVIERES (Nathanael), PICCALUGA (Wolfram), TESTE (Hermann), Lucien COLLIN (Wilhelm).

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

La 100e représentation à l'Opéra-Comique fut fêtée le 15 décembre 1881 avec les artistes de la création, sauf : Mmes Esther CHEVALIER (Nicklauss) et VIDAL (le Fantôme).

 

Cet ouvrage fut repris au Théâtre Lyrique (Renaissance), toujours sans le tableau de Venise, le 07 février 1893 avec Mmes VUILLAUME (Stella, Olympia, Antonia), Angèle LEGAULT (Nicklausse), MM. MONTARIOL (Hoffmann), MAUZIN (Lindorf, Coppélius, Miracle), BOURGEOIS (Crespel), CONSTANGES (Spalanzani), CAISSO (Andrès, Cochenille, Franz), sous la direction de Jules DANBÉ.

 

Il fut repris salle Favart, cette fois dans son intégralité, le 13 novembre 1911 (137e représentation) avec des décors de Lucien Jusseaume, des costumes de Marcel Multzer et une mise en scène d’Albert Carré :

Mmes NICOT-VAUCHELET (Olympia), Marie LAFARGUE (Giulietta), Geneviève VIX (Antonia), Suzanne BROHLY (Nicklausse), Marguerite BÉRIZA (la Muse), ESPINASSE (le Fantôme), TISSIER (Stella).

MM. Léon BEYLE (Hoffmann), Jean PÉRIER (Lindorf, Coppélius, Dappertutto, Miracle), BELHOMME (Crespel), DE POUMAYRAC (Spalanzani), Georges MESMAECKER (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz), PASQUIER (Nathanael), DUPRÉ (Luther), ANDAL (Hermann), ÉLOI (Wilhelm).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

Représentation du 13 décembre 1911.

Mmes NICOT-VAUCHELET (Olympia), PELTIER (Giulietta), Geneviève VIX (Antonia), Suzanne BROHLY (Nicklausse), FAYOLLE (la Muse), ESPINASSE (le Fantôme), TISSIER (Stella).

MM. Léon BEYLE (Hoffmann), Jean PÉRIER (Lindorf, Coppélius, Dappertutto, Miracle), BELHOMME (Crespel), DE POUMAYRAC (Spalanzani), Georges MESMAECKER (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz), PASQUIER (Nathanael), DUPRÉ (Luther), ANDAL (Schlemil, Hermann), ÉLOI (Wilhelm).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 2 mars 1918 (241e représentation).

Mmes Fanny HELDY (Olympia, Giulietta, Antonia), Suzanne BROHLY (Nicklausse), Geneviève DELAMARE (la Muse), Madeleine CLAVEL (le Fantôme).

MM. MARCELIN (Hoffmann), Jean PÉRIER (Lindorf, Coppélius, Dappertutto, Miracle), Louis AZÉMA (Crespel), BERTHAUD (Spalanzani), Georges MESMAECKER (Andrés, Cochenille, Pitichinaccio, Franz), Victor PUJOL (Nathanael), Raymond GILLES (Luther), BOURGEOIS (Hermann), ÉLOI (Wilhem).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

La 500e à l'Opéra-Comique fut fêtée le 03 mars 1927, en matinée (503e exacte) :

Mmes Yvonne BROTHIER (Olympia), Madeleine SIBILLE (Giulietta), Marguerite SOYER (Antonia), Yvonne DUCUING (Nicklausse), KAMIENSKA (le Fantôme).

MM. Gaston MICHELETTI (Hoffmann), José BECKMANS (Lindorf, etc.), Louis GUÉNOT (Crespel), Fernand ROUSSEL (Spalanzani), Georges MESMAECKER (Andrès, etc.), D'ARJAC (Nathanael), Robert JYSOR (Hermann, Schlemil), Paul PAYEN (Luther), ELOI (Wilhelm).

Chef d'orchestre : Elie COHEN.

 

715e représentation le 22 novembre 1936 (décors de Raymond Deshays) avec MM. Gaston MICHELETTI (Hoffmann), Louis MUSY (Lindorf, Coppélius, Dappertutto, Miracle), René HÉRENT (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Frantz), Emile ROUSSEAU (Nicklausse), POUJOLS (Spalanzani), Louis MORTURIER (Crespel), JULLIA (Hermann, Schlemil), PAYEN (Luther), DUREL (Nathanaël).

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 03 avril 1948 (734e représentation) dans une mise en scène nouvelle de Louis MUSY, des décors et des costumes exécutés selon les maquettes de H.-Raymond Fost, chorégraphie de Jean-Jacques Etchevery :

Mmes TURBA-RABIER (Olympia), BONNY-PELLIEUX (Giulietta, débuts), Jacqueline BRUMAIRE (Antonia), Agnès DISNEY (Mme Luther), GIRARD-DUCY (le Fantôme), Germaine CHELLET (Stella).

MM. Raoul JOBIN (Hoffmann), Xavier SMATI (Lindorf), Louis MUSY (Coppélius), Roger RICO (Dappertutto), Roger BOURDIN (Miracle), Marcel ÉNOT (Nicklausse), Willy TUBIANA (Crespel), André NOEL (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz), Serge RALLIER (Spalanzani), Jean VIZZAVONA (Nathanael), Gabriel JULLIA (Hermann, Schlemil), Paul PAYEN (Luther).

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

Représentation du 01 janvier 1953 avec Mmes Christiane CASTELLI (Giulietta), Pierrette ALARIE, Marthe LUCCIONI, Raymonde NOTTI-PAGES, MM. Raphaël ROMAGNONI, Louis MUSY, Pierre SAVIGNOL, Gérard SERKOYAN, Pierre GERMAIN, André NOËL, Gabriel JULLIA, Serge RALLIER, Charles DAGUERRESSAR, Pierre GIANNOTTI, Paul PAYEN. Chef d'orchestre : Pierre CRUCHON.

 

Représentation du 01 octobre 1953 avec Mmes Christiane CASTELLI (Giulietta), Marthe LUCCIONI, Raymonde NOTTI-PAGES, MM. Raphaël ROMAGNONI, Louis MUSY, Pierre SAVIGNOL, Gérard SERKOYAN, Pierre GERMAIN, André NOËL, Gabriel JULLIA, Serge RALLIER, Charles DAGUERRESSAR, Pierre GIANNOTTI, Paul PAYEN. Chef d'orchestre : Pierre CRUCHON.

 

807e représentation le 09 mars 1955, mise en scène de Louis Musy, décors exécutés par Raymond Deshays, costumes de MM. H. et A. Mathieu d'après les maquettes de H.-Raymond Fost, divertissements réglés par Jean-Jacques Etchevery.

Mmes Mado ROBIN (Olympia), Jeanne GUIHARD (Giulietta), Janine MICHEAU (Antonia), Jeanne MATTIO (la Mère), Andrée GABRIEL (Madame Luther), Annie ROZANNE (Stella).

MM. Raphaël ROMAGNONI (Hoffmann), Charles CLAVENSY (Coppélius), Jean BORTHAYRE (Dappertutto), René BIANCO (Miracle), Charles SOIX (Lindorf), Marcel ENOT (Nicklausse), André NOEL (Andrès, Cochenille, Pitichinacchio, Frantz), Gabriel JULLIA (Crespel), Serge RALLIER (Spalanzani), Charles DAGUERRESSAR (Herman, Schlemil), Paul PAYEN (Luther), Pierre GIANNOTTI (Nathanaël).

Barcarolle chantée par Mmes Jeannine GUIHARD et Andrée GABRIEL.

Divertissements dansés par : Mlles Lina Garden, Mona du Chateau, Gisèle Adloff, Antoinette Ancelin, Doris Jaladis, Eliane Fontenier, MM. Serge Reynald, Michel Gevel, Maurice Riche, Jacques Chazot, Alain Couturier, Michel Lainer.

Chef d'orchestre : Pierre CRUCHON.

 

848e représentation le 19 avril 1958.

Mmes Denise BOURSIN (Olympia), Christiane CASTELLI (Giulietta), Paulette CHALANDA (Antonia), Raymonde NOTTI-PAGÈS (la Mère), Christiane GAYRAUD (Madame Luther), Germaine CHELLET (Stella).

MM. Roger GALLIA (Hoffmann), Georges VAILLANT (Coppélius, Dappertutto), ROUX (Miracle), Xavier SMATI (Lindorf), Marcel ENOT (Nicklausse), André NOEL (Andrès, Cochenille, Pitichinacchio, Frantz), Georges ALVES (Crespel), Raymond MALVASIO (Spalanzani), Antoine GRIFFONI (Herman, Schlemil), Georges DAUM (Luther), André DAUMAS (Nathanaël).

Barcarolle chantée par Mlles Christiane CASTELLI et Christiane GAYRAUD, MM. GUILLOT, MASSONNET (Artistes des Choeurs).

Divertissements dansés par : Mlles Josette Jeisler, Martine Maugendre, Claudette Scouarnec, Michèle Baude, Janine Julien, Françoise Lamone, MM. Michel Lainer, Jean-Pierre Toma, Jean Giraudot, Jean-Pierre Martino, Guy Leonard, Jean Tacquet.

Chef d'orchestre : Georges PRETRE.

 

Représentation du 02 avril 1963, mise en scène de Louis Musy, décors exécutés par Raymond Deshays, costumes de MM. H. et A. Mathieu d'après les maquettes de H.-Raymond Fost, avec MM. Robert GOUTTEBROZE (Hoffmann), Charles CLAVENSY (Coppélius), Jean BORTHAYRE (Dappertutto), Georges VAILLANT (Miracle), Robert GEAY (Lindorf), Claude CALES (Nicklausse), Jacques LOREAU (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz), Georges ALVES (Crespel).

 

Représentation du 20 janvier 1967 avec Mmes Françoise GARNER (Olympia), Christiane CASTELLI (Giulietta), Ariel DAUNIZEAU, MM. Paul FINEL (Hoffmann), Jacques MARS, Yves BISSON.

 

Représentation du 17 septembre 1967, mise en scène de Jean Meyer, maquettes des décors et costumes de Yvon-Henry, avec Mmes Christiane EDA-PIERRE (Olympia), Ariel DAUNIZEAU (Antonia), Christiane CASTELLI (Giulietta), MM. Miguel FLETA (Hoffmann), Jacques MARS (Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto), Jean-Christophe BENOÎT (Nicklausse), Robert ANDREOZZI (Andrès, Cochenille, Pitichinaccio, Franz).

 

1064e représentation le 22 avril 1970.

Mmes Françoise GARNER (Olympia), Odette ROMAGNONI (Antonia), Denise MONTEIL (Giulietta), Micheline GRANCHER (la Mère). Barcarolle chantée par Florence RAYNAL et Huguette BRACHET.

MM. Albert LANCE (Hoffmann), Jean-Pierre LAFFAGE (Lindorff, Coppélius, Miracle, Dappertutto), Claude CALES (Nicklausse), Jacques LOREAU (Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinacchio), Stanislas STASKIEWICZ (Crespel), André DAUMAS (Spalanzani), Claude GENTY (Hermann, Schlemil), Georges DAUM (Luther), André MALLABRERA (Nathanaël).

Divertissements dansés par Mlles Hérivaux, Lamone, Payen, Ambrière, Mathis, Renaudel, Richet, Séméria, Deudon ; MM. Gravier, Guilbard, Léonard, Leroy, Dorizon, Huot, Taquet, Casati, Debrus, Di Rosa, Maskin, Vincent.

Chef d'orchestre : M. Paul ETHUIN.

 

818 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 682 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 16 en 1951, 15 en 1952, 12 en 1953, 10 en 1954, 11 en 1955, 12 en 1956, 16 en 1957, 17 en 1958, 8 en 1959, 4 en 1961, 33 en 1962, 20 en 1963, 21 en 1964, 23 en 1965, 32 en 1966, 21 en 1967, 22 en 1968, 12 en 1969, 20 en 1970, 6 en 1971, soit 1149 au 31.12.1972.

 

Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 03 septembre 1966.

 

Première fois à la Monnaie de Bruxelles le 28 janvier 1887 avec Mmes Villaume (Olympia, Giulietta, Antonia), Legault (Nicklausse), Wolf (un fantôme), MM. Engel (Hoffmann), Isnardon (Coppélius, Dapertutto, Miracle), Renaud (Schlemil), Chappuis (Spalanzani), Nerval (Cochenille, Pitichinaccio, Franz), Frankin (Crespel), Séguier (Hermann), Larbaudière (Nathanaël), Vanderlinden (Luther).

 

Résumé.

Cet ouvrage met en scène quelques-uns des Contes (« l'Homme au sable », « le Reflet perdu », « le Conseiller Crespel » et « Signor Formica ») du poète allemand Hoffmann (1776-1822) qui sont censés être racontés et vécus par l'auteur lui-même.

Au Prologue, Hoffman commence le récit qu'il termine à l'Epilogue. Le premier acte est celui d'Olympia, la poupée merveilleuse ; le second, de Giuletta, la courtisane vénitienne ; le troisième, celui d'Antonia la cantatrice.

Hoffman et Nicklausse figurent à tous les actes, ainsi qu'au Prologue et à l'Epilogue. L'esprit du mal y est personnifié sous les traits successifs de Lindorf, de Coppélius, de Dappertutto et du Docteur Miracle.

La scène se passe en Allemagne et en Italie, à une époque mal définie.

 

PROLOGUE. — La taverne de Maître Luther.

Les esprits du vin et de la bière évoluent en chantant. La Muse paraît au milieu d'eux et, s'identifiant avec Nicklausse, court rejoindre le poète Hoffmann.

Luther entre avec ses gens qui mettent en ordre les tables et les chaises. Pendant ce temps, on joue Don Juan au théâtre à côté et c'est la signora Stella dont Hoffmann est épris qui tient le rôle de Donna Anna. L'artiste a donné rendez-vous à Hoffmann après le spectacle, mais le Conseiller Lindorf s'en vient soudoyer Andrès, le porteur du billet et l'intercepte.

Des étudiants, parmi lesquels Hermann et Nathanaël entrent bruyamment et se font servir à boire. Hoffmann et Nicklausse arrivent ensuite. Le poète a l'air sombre et préoccupé. Ses compagnons parviennent à l'égayer et lui font chanter la Légende de Kleinzach [Chanson avec Chœur : Il était une fois à la cour d'Eisenach...].

Luther apporte le punch. Hoffmann et Lindorf échangent de mauvais compliments. Puis Hoffmann se dispose à raconter à ses amis les péripéties de ses amours...

[Interlude Symphonique]

ACTE I. — Olympia. Chez le physicien Spalanzani.

Spalanzani, assisté de son domestique Cochenille achève la mise au point d'Olympia, la merveilleuse poupée mécanique qu'il a construite avec le concours de Coppélius. Hoffmann arrive un peu en avance sur les autres invités et Nicklausse ne tarde pas à le rejoindre. Par la portière entr'ouverte, le poète contemple Olympia avec ravissement.

Coppélius, une incarnation du démon, offre à Hoffmann une paire de lunettes magiques qui lui feront prendre l'artifice pour la réalité, puis il se fait payer par Spalanzani sa collaboration à la construction de l'automate.

Les hôtes de Spalanzani ne tardent pas à arriver. Olympia, qui leur est présentée par Spalanzani et Cochenille, excite l'admiration de tous [Couplets d’Olympia : Les oiseaux dans la charmille...]. Hoffmann tombe immédiatement amoureux d'elle et l'entraîne dans une danse
jusqu'au moment où il s'effondre, épuisé, sur un divan.

Coppélius, qui a été trompé par Spalanzani, revient à ce moment, furieux. Pour se venger, il brise la poupée, ce qui dessille les yeux d'Hoffmann revenu à lui entre temps. Convaincu de passion pour un automate, le poète est l'objet de la risée générale.

[Ballet (Ce ballet, constituant une adjonction postérieure, est très souvent supprimé.)]

ACTE II. — Giuletta. A Venise.

En son palais qui borde le Grand Canal, la courtisane Giuletta donne une fête [Célèbre Barcarolle (soprano et alto) : Belle nuit, ô nuit d'amour...].

Giuletta, qui vient d'abandonner Pitichinacchio pour Schlemil rêve déjà de se débarrasser de son nouvel amant. Le démon intervient ici sous les traits de Dapertutto qui use d'un diamant merveilleux pour s'assurer le concours de Giuletta [Air de Dapertutto : Scintille, diamant...]. Il exige de la courtisane qu'elle ravisse l'image du poète dans son miroir enchanté et prétend à la belle qu'Hoffmann a défié la puissance de sa beauté. Giuletta se piquant au jeu, le poète est tout de suite conquis : il tombe amoureux de Giuletta et fait tout ce qu'elle lui demande.

Schlemil revient, suivi de Dapertutto, de Nicklausse et de Pitichinacchio. Giuletta souffle à l'oreille d'Hoffmann que Schlemil a sa clé [Sextuor]. Hoffmann s'aidant de l'épée que lui prête Dapertutto, tue Schlemil en duel et s'élance ensuite vers l'appartement de Giuletta. Mais on voit tout aussitôt la courtisane monter en gondole avec Pitichinacchio. Le bateau s'éloigne, tandis qu'Hoffman ressort bouleversé, de la chambre vide...

[Entr’acte Symphonique (barcarolle)]

ACTE III. — Antonia. Une chambre chez Crespel.

La jeune cantatrice Antonia exprime son amour pour Hoffmann [Air d'Antonia : Elle a fui, la tourterelle...]. Son père, le Conseiller Crespel la supplie de ne plus chanter, car le chant la tuera, comme il a déjà tué sa mère. Tristement Antonia se retire. Crespel donne des ordres à son vieux domestique Franz, puis sort à son tour. Franz s'essaie tout seul au chant et à la danse, puis Hoffmann et Nicklausse paraissent. Antonia rejoint bientôt le poète et Nicklausse se retire. En proie à une douce ivresse, Antonia redit avec Hoffmann la romance qu'ils chantaient autrefois [Duo : C'est une chanson d'amour qui s'envole...]. On entend Crespel monter l'escalier. Antonia s'enfuit et Hoffmann sa dissimule derrière une tenture. Crespel entre et ordonne à Franz d'interdire sa porte au Docteur Miracle. Toutefois celui-ci, une nouvelle incarnation du démon, est bientôt là quand même. Il s'informe de la santé chancelante d'Antonia et veut lui donner ses soins malgré la répugnance de Crespel [Trio : Pour conjurer le danger...].

Se retrouvant seul avec Antonia, Hoffmann cherche à la faire renoncer à ses rêves de gloire. Avec amertume, Antonia cède à ses objurgations et Hoffmann sort. La jeune fille est bientôt troublée par le Docteur Miracle, qu'elle ne voit pas, mais qui use de diaboliques sortilèges pour venir à bout de sa résistance. C'est ainsi qu'il fait intervenir le portrait de la mère d'Antonia, dont la voix encourage la jeune fille. Celle-ci, excitée encore par le violon dont s'est emparé Miracle, chante alors jusqu'à ce qu'elle tombe, expirante. Le Docteur Miracle s'engloutit alors avec un ricanement sinistre. Crespel, Hoffmann et Nicklausse, accourus au bruit, ne trouvent plus qu'un cadavre.

EPILOGUE. — Même décor qu'au Prologue.

Hoffmann est en train d'achever son récit. Luther entre, annonçant la fin du spectacle. Les étudiants vont alors acclamer Stella à sa sortie de scène. Hoffmann est complètement gris ; lorsque Stella vient le rejoindre, il ne la reconnaît même pas. Dépitée, l'artiste sort alors au bras de Lindorf qui l'attendait à la porte.

La Muse, seule amante fidèle du poète, le rejoint et le console.

Remarque : Les versions utilisées longtemps en France, avant la reconstitution du plan original de l'œuvre [version d’Otto Maag et Hans Haug (Bâle, 1945)], plaçaient l'acte de Giuletta avant celui d'Antonia. L'une d'elle ne comprenait même pas l'acte de Venise : la barcarole se chantait alors — comprenne évidemment qui pourra ! — au début de l'acte d'Antonia.

 

 « Les Contes d'Hoffmann avaient été joués trente ans auparavant, le 31 mars 1851, à l'Odéon, sous forme de comédie. Telle qu'elle avait été conçue, la pièce offrait un cadre excellent pour la musique, en mettant en scène, sous leur forme fantastique, trois des plus jolis récits du conteur allemand, reliés entre eux d'une façon ingénieuse, avec des contrastes qui se présentaient d'eux-mêmes. L'adaptation lyrique semblait donc toute naturelle, et elle fut faite avec beaucoup de goût. Offenbach avait à peu près complètement terminé sa musique lorsque la mort vint le surprendre. Toutefois, il n'avait pas orchestré sa partition, et c'est Ernest Guiraud qui fut chargé de mettre celle-ci au point et d'en écrire l'instrumentation, ce dont il fut facile de s'apercevoir à l'audition, Guiraud étant un musicien autrement instruit que l'auteur de la Belle Hélène et d'Orphée aux enfers. Il est juste de dire que plusieurs morceaux des Contes d'Hoffmann étaient bien venus, et témoignaient d'un véritable effort du compositeur. Si l'on joint à cela l'intérêt qu'offrait le livret et l'excellence d'une interprétation confiée à Mlle Adèle Isaac (Stella, Olympia, Antonia), à MM. Talazac (Hoffmann), Taskin (Lindorf, Coppélius, le docteur Miracle), Belhomme (Crespel), Grivot (Andrès, Cochenille, Frantz), Gourdon (Spallanzani), Collin (Wilhelm), Mlles Marguerite Ugalde (Nicklause), Molé (la Muse), on comprendra le succès qui accueillit l'ouvrage. Les Contes d'Hoffmann furent repris en 1893 à la Renaissance, pendant la direction éphémère de M. Détroyat, qui avait donné à ce théâtre le titre de Théâtre-Lyrique. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Hoffmann ; Nicklausse, son ami ; le conseiller Lindorf ; Coppelius ; Dapertutto ; le docteur Miracle ; Crespel ; la Muse ; Stella ; Giulietta ; Olympia ; Antonia ; etc.

La scène se passe en Allemagne et autres lieux, à une époque mal définie, celle où Hoffmann a placé ses contes.

Le seul ouvrage sérieux d'Offenbach ; en même temps son chant du cygne et son plus grand effort. Le succès prolongé de cette partition prouve que cet effort n'a pas été vain.

La pièce est un bizarre assemblage de quatre drames distincts. Hoffmann et Nicklausse sont les seuls personnages qui figurent à tous les actes. Le librettiste a imaginé de mettre en scène trois contes parmi les plus célèbres d'Hoffmann. Ces contes sont censés racontés par Hoffmann lui-même. Le premier et le dernier tableaux, dans un décor identique, forment prologue et épilogue.

Hoffmann, poète, s'adonne habituellement à la boisson, pour noyer des chagrins, sans doute. Il est actuellement épris d'une chanteuse de théâtre nommée Stella, et celle-ci lui donne rendez-vous après le spectacle. mais le billet ne parvient pas à son adresse : le conseiller Lindorf, sorte de mauvais génie, achète le messager et se présentera à la place de Hoffmann dans la loge de l'artiste. II est très riche et ne doute pas de réussir. En effet, quand Stella passera, à la fin, près de Hoffmann, elle le trouvera hébété par les libations, hagard, et Lindorf n'aura pas de peine à entraîner la belle avec lui.

Au lever du rideau, une apparition d'esprits de la bière et du vin marque que nous évoluons dans le domaine de la fantaisie. Puis c'est la scène où Lindorf s'empare du billet de Stella, destiné à Hoffmann.

Surviennent les étudiants, troupe joyeuse, puis Hoffmann, sombre et préoccupé. Stella évoque chez lui des souvenirs — sont-ce des souvenirs ou des fantômes ? peu importe. — Pour secouer les noires pensées, il chante la chanson de Klein-Zach, s'interrompant pour retourner à son rêve. Il a une altercation avec Lindorf. Enfin, un mot de ses amis fournit la forme aux images indécises qui flottent devant ses yeux : en Stella il distingue trois femmes : l'artiste, la jeune fille et la courtisane, et il commence à conter : « Le nom de la première était Olympia... Pendant qu'il prononce ces mots le rideau tombe.

Ce n'est pas dans l'ordre de l'énumération ci-dessus que se déroulent les tableaux suivants : Olympia, c'est la jeune fille, que l'imagination morbide du conteur a muée en un automate. Giulietta, la courtisane, viendra ensuite ; Antonia, l'artiste, fermera la marche.

L'histoire d'Olympia, qui remplit le second acte, c'est celle de la merveilleuse poupée construite par Coppélius et Spalanzani. Hoffmann en tombe amoureux. Elle chante devant lui, danse avec lui sans qu'il s'aperçoive de la supercherie. On ne sait quand il s'en apercevrait, si Coppélius, que Spalanzani a essayé de voler, ne se vengeait en brisant l'automate.

Deuxième aventure : A Venise, en son palais, la courtisane Giulietta donne une fête. Elle vient d'abandonner Pitichinaccio pour Schlemil, et déjà rêve de se débarrasser de son nouvel amant pour reprendre l'ancien. Un personnage diabolique, Dapertutto, qui tient Giulietta en sa puissance, souffle à la belle que Hoffmann a défié la puissance de sa beauté. Giulietta se pique au jeu et Dapertutto exige d'elle qu'elle ravisse à Hoffmann son reflet dans le miroir magique. La conquête du poète n'est du reste pas longue à faire : aux premiers regards de Giulietta, il tombe amoureux et fait tout ce qu'on lui demande.

Entre Schlemil, suivi de Dapertutto et de Pitichinaccio. Giulietta a le temps de souffler à l'oreille de Hoffmann que Schlemil a sa clé. Hoffmann tue Schlemil en duel et lui prend la clef ; après quoi, il s'élance vers l'appartement de Giulietta. A peine est-il sorti que la courtisane parait en gondole ; Pitichinaccio monte à ses côtés et le bateau s'éloigne dans un éclat de rire moqueur, tandis que Hoffmann ressort bouleversé de la chambre vide.

D'importants fragments de cet acte sont traités en mélodrame.

L'acte quatrième met en scène Antonia, fille d'une cantatrice illustre, cantatrice admirable elle-même. Mais elle s'en va du mal qui emporta sa mère, à l'infini désespoir de son père Crespel. Un seul espoir lui reste de prolonger ses jours : renoncer à la musique. Mais l'artiste en elle se révolte et c'est avec amertume qu'elle cède aux objurgations de Crespel et de Hoffmann, qu'elle aime. Survient alors le diable, sous les traits du docteur Miracle. Le maudit joue auprès de la pauvre femme le rôle du tentateur ; il fait intervenir le portrait de la mère, qui s'anime et appelle son enfant. Antonia résiste en vain : sous les passes magnétiques du satanique personnage, sa résistance fond, elle chante, chante... et tombe enfin expirante, tandis que Miracle s'engloutit sous la terre en poussant un éclat de rire. C'est un cadavre que retrouvent Crespel et Hoffmann, accourus au bruit.

Reste l'épilogue. Le rideau se relève sur la scène telle que nous l'avons laissée au premier acte. Hoffmann achève son récit : « Voilà quelle fut l'histoire de mes amours... » L'aubergiste entre, annonçant la fin du spectacle : on acclame Stella. Lindorf s'esquive : Hoffmann, pris de vertige, boit encore pour s'étourdir. Les étudiants sortent ; il reste seul, hébété. Alors lui apparaît la Muse, qui le console, et il tombe, le visage sur la table.

Stella passe et voit Hoffmann endormi. La diva prend alors le bras de Lindorf et s'éloigne, s'arrêtant pour lancer une fleur au poète. Hoffmann, réveillé, la suit des yeux avec stupeur. Les étudiants lancent leur refrain joyeux... »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Le compositeur de génie qui a fait de l’ « opéra bouffe » — invention des maîtres italiens du XVIIIe siècle — quelque chose de si français, le « maestro léger » Jacques Offenbach, à qui rendaient hommage les plus grands d'entre les plus grands musiciens de l'époque : Gounod, Meyerbeer, Wagner, Rossini, Saint-Saëns, Reynaldo Hahn, après avoir su, le premier, faire donner à l'Opérette ses brevets d'opéra-comique, éleva son art jusqu'au véritable opéra pour le couronnement de sa carrière, avec les Contes d'Hoffmann...

Personnage assez « hoffmannesque » lui-même que ce diable d'homme, natif de Cologne ! Il avait caressé, toute sa vie, cet ouvrage pour lequel il s'était pris d'une sorte de passion, le remettant toujours sur le métier, y prodiguant les qualités les plus affinées de sa fantaisie naturelle, ses dons de sentimentalité pathétique — et ces trésors d'inspiration qui l'on fait surnommer « le Mozart des Champs-Elysées » dès ses premières productions. Il le rêvait à sa mesure, et l'avait davantage à cœur que tout le reste de son œuvre : une centaine d'opérettes ; les titres d'Orphée aux Enfers, la Belle Hélène, Barbe-Bleue, les Brigands, la Périchole, la Grande-Duchesse de Gérolstein, la Vie Parisienne suffisent à l'immortaliser, et n'eût-il écrit que la Chanson de Fortunio, son nom méritait de passer à la postérité la plus inaccessible.

« Je donnerais tout, disait-il, pour assister à la première de mes Contes. » Ce fut, hélas, son « Chant du Cygne », et il y travaillait fébrilement, entre d'incessantes attaques de goutte. Il put voir encore la création de sa Fille du Tambour‑Major en 1880..., mais le 7 octobre de la même année on célébrait ses solennelles obsèques en l'église de la Madeleine, où la messe de « Requiem » était chantée par Faure, et par Talazac et Taskin — les futurs créateurs des Contes.

 

***

 

Le sujet a été tiré de l'œuvre fantastique d'Hoffmann, par un procédé analogue à celui dont on s'est servi pour porter à la scène, sous des formes différentes et avec des fortunes diverses, certains contes des Mille et une nuits, le Décaméron de Boccace, et l'Heptaméron de la reine de Navarre, plus ou moins reliés par une intrigue falote.

Jules Barbier et Michel Carré, les adaptateurs de Faust, célèbres librettistes, en donnèrent primitivement une version dramatique sur la scène de l'Odéon, en 1851. Elle y eut beaucoup de succès, et, coïncidence curieuse, fut jouée 150 fois, c'est-à-dire qu'elle eut autant de représentations consécutives que, à sa création, l'opéra d'Offenbach. Celui-ci était fort attiré par la légende ; il se trouvait alors en rapports avec Jules Barbier, ayant monté la Jeanne d'Arc de cet auteur à la Gaîté, dont il devint le directeur uniquement pour y faire l'importante reprise de son Orphée aux Enfers avec la magnificence de mise en scène qu'il rêvait de réaliser. C'est pendant les répétitions de l'opéra bouffe que fut donnée Jeanne d'Arc, et Offenbach fut longtemps paralysé par le succès de ce drame, orchestré par Charles Gounod, et créé par Lia Félix, sœur de la grande Rachel.

A la suite de leurs pourparlers, Barbier accepta la collaboration du compositeur pour une nouvelle traduction des Contes d'Hoffmann. L'ouvrage était d'abord destiné au Théâtre-Lyrique, dirigé par Vizentini, et qui tomba peu après. L'audition des principaux fragments fut donnée le 18 mai 1879 au cours d'une réunion privée qui n'était pas sans rappeler ces « lectures » faites au grand siècle devant une assistance d'élite. Enfin, l'orchestration terminée par Guiraud, c'est Carvalho qui reçut la partition pour l'Opéra-Comique, où elle fut chantée pour la première fois le 10 février 1881, avec un succès retentissant et prolongé. La « Barcarolle » d'amour en est devenue classique.

La pièce constitue dans son ensemble une étrange fantasmagorie philosophique, d'un romantisme échevelé jusqu'au tragique. — Elle comporte quatre drames, extraits des trois principaux contes d'Hoffmann, et dont chacun forme comme un épisode différent de la vie de l'auteur racontée par lui-même sous l'influence de l'ivresse.

Poète alcoolique de bière et de vin, Hoffmann a aimé une femme qui, par une sorte de métempsychose galante, s'est réincarnée dans sa vie, sous trois physionomies diverses, tour à tour jeune fille, actrice et courtisane. Ses amours ont été contrecarrés également par une espèce de démon qu'il a rencontré sur sa route, à chaque intrigue nouvelle, sous un même nombre de personnalités variées. Pour aussi désabusé des passions humaines qu'il se prétende, il a donné rendez-vous à la chanteuse Stella. Le billet est intercepté par son mauvais génie, le conseiller Lindorf, qui se fera passer pour lui et qui enlèvera la belle. Hoffmann boit afin de noyer son chagrin d'amour, et c'est l'histoire de ses disgrâces qu'il évoque, assez nébuleusement, devant un cercle d'étudiants, au cours des tableaux qui vont suivre.

Hoffmann était épris d'une fillette qu'il a vue chez le physicien Spalanzani, et connue sous le nom d'Olympia. Mais pendant qu'il chante et danse avec elle, l'opticien Coppélius, quelque peu nécromant, cherche querelle au physicien sur la possession d'Olympia qui est un merveilleux automate fabriqué par les deux compères. Dans sa colère, Coppélius brise la poupée.

(Nous rappelons ici le souvenir de Coppélia, le charmant ballet de Léo Delibes, inspiré par la même légende.)

Dans son palais de Venise, la courtisane Giulietta a réuni tous ses adorateurs pour une fête. Elle passe aisément d'une aventure à l'autre, quitte Pitichinaccio pour Schlemil, et celui-ci pour Hoffmann. Sous l'influence néfaste du seigneur Dapertutto, nouvel avatar de Satan, Giulietta commence par tourner la tête d'Hoffmann dans un jeu de miroirs magiques. Mais c'est uniquement dans le but de se servir de lui pour se délivrer de Schlemil, après avoir éveillé la jalousie du poète, qui tue en effet son rival, prend sur son corps la clé des appartements de la courtisane, et n'arrive que pour la voir disparaître dans sa gondole aux bras de Pitichinaccio.

Enfin, le malheureux poète devient amoureux d'Antonia, cantatrice illustre, mais gravement atteinte de la phtisie à laquelle succomba sa mère. Elle n'a qu'une chance de guérison, c'est de renoncer à son art qui l'épuise — et elle s'y résigne à grand'peine, devant les touchantes objurgations de son père Crespel et d'Hoffmann. C'est alors qu'intervient une dernière fois le démon persécuteur, sous la figure menaçante du Docteur Miracle. Il anime par sorcellerie le portrait de la morte qui semble appeler son enfant, il magnétise celle-ci aux irrésistibles accents d'un violon diabolique, et la pauvre Antonia chante, chante, de toute son âme, de toutes ses forces... de toute sa vie ; puis, tombe expirante dans les bras de son père et d'Hoffmann affolé — pendant que l'infernal docteur s'évanouit sous terre en ricanant.

Hoffmann s'est réveillé, consolé par la Muse. On entonne de joyeux refrains. Vivent l'ivresse et l'amour !...

 

***

 

Les Contes d'Hoffmann ont été créés par Talazac, sous les traits du poète. Son ennemi, le méphistophélesque revenant, était représenté par Taskin sous quatre espèces merveilleusement composées, et c'est Mme Isaac qui jouait, en sa quadruple incarnation, le rôle mystérieux de la Femme.

Spectacle « à tiroirs », l'œuvre de Barbier a subi, dans son heureuse destinée, de nombreux remaniements : Le tableau de Venise, dont Offenbach n'avait pu écrire la scène dernière, fut coupé à la répétition générale, et l'on en répartit en mélodrame les principaux morceaux parmi les autres actes. Celui-ci ne fut rétabli qu'à la grande reprise de 1911. On supprime assez fréquemment, dans le prologue et l'épilogue, le personnage effacé de la divette Stella, dernière passion d'Hoffmann. Enfin, l'Opéra-Comique a connu trois versions lyriques : la première comporte une partie de poème, la seconde est récitative, et la troisième, actuellement adoptée, a conservé du dialogue deux ou trois scènes importantes. Et l'on intervertit parfois l'ordre des épisodes — sans grand inconvénient pour l'intelligence du livret, ni pour celle de la musique... ni pour celle des spectateurs. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

  

CONTES DE PERRAULT (LES)

 

Féerie lyrique en quatre actes, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, musique de Félix Fourdrain.

 

Représenté à Paris, Théâtre de la Gaîté-Lyrique, le 27 décembre 1913, mise en scène d'Arthur Bernède, décors de Mignard et Chambouleron, costumes de Betout, chorégraphie de Sicard, orchestre dirigé par O. de Lagoanère, avec Mmes Angèle Gril (Cendrillon), Yvonne Printemps (le Prince charmant), B. Delimoges (la Fée Morgane), Mary Théry (Mme de La Houspignoles), Rachel Launay (Javotte), Carpentier (le Chat botté), Crisafulli (Aurore), Macchetti (le Petit Poucet, le Petit Chaperon rouge), Jackson (la Reine), MM. Alexis Boyer (Olibrius), Dousset (La Pinchonnière), Alberti (le Roi), Désiré (Barbe-Bleue), Martinelli (Croquemitaine), Chacon (l'Huissier).

 

 

CONTESSINA (LA)

 

Opera semi-seria en trois actes, paroles italiennes d’Achille de Lauzières, d'après un livret de Henri de Saint-Georges et Jules Adenis, musique du prince Joseph Poniatowski, représenté à Paris, au Théâtre-Italien, le 28 avril 1868.

 

« Le livret repose au fond sur la donnée la plus vulgaire, puisqu'un héritage intervient au dénouement pour faire épouser au jeune comte d'Alteriva, qui est sans fortune, la jeune fille qu'il aime et qui est devenue millionnaire. Seulement les auteurs ont introduit un épisode piquant, une véritable invention. La scène se passe au bord de la mer. Un vaisseau échoue. Une jeune fille est sauvée des flots par le jeune comte ; mais la frayeur l'a rendue muette ; de telle sorte que, pendant la plus grande partie de la pièce, l'héroïne mime son rôle. Elle recouvre la parole à l'heure du dénouement. La musique est bien écrite pour les voix, instrumentée avec goût et d'un style italien agréable. Nous avons remarqué le chœur des serviteurs, un joli quatuor, un duo, un menuet bien traité et la chanson du matelot. Il convient de signaler, en outre, les airs de ballet, que le prince compositeur traite toujours avec verve et talent. Quoique inférieurs à ceux de Pierre de Médicis, du même auteur, on les entend avec un vif plaisir. L'ouvrage a été interprété par M. et Mme Tiberini, Verger, Scalese et Mme Grossi. Le rôle de Stella a été mimé avec beaucoup de grâce par Mlle Urban. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CONTINENCE DE BAYARD (LA) ou LES SAVOYARDES, Voir les Savoyardes.

 

 

CONTRAT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Jules Ruelle, musique de M. Pénavaire, représenté au casino de Boulogne-sur-Mer le 12 septembre 1889.

 

 

CONTRAT SIGNÉ D’AVANCE (LE) ou LAQUELLE EST MA FEMME ?

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Ligier, musique de Bianchi, représenté au théâtre Molière le 29 septembre 1804.

 

 

COQ (LE)

 

Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier et Ernest Depré, musique de Victor Roger, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 30 octobre 1891. Jouée par Mlles Mathilde Auguez, Méaly et Berthe Legrand, MM. Huguenet, Perrin, Saint-Léon et Vandenne.

 

 

COQ D'OR (LE)

 

[Zolotoy Pyetuschok]

Conte-fable-opéra russe en trois tableaux, livret de Vladimir Ivanovitch Bielsky, d'après le conte d’Alexandre Pouchkine ; version française de Michel Calvocoressi ; musique de Nikolaï Rimski-Korsakov.

 

Personnages : le Roi Dodôn (baryton) ; l’Astrologue (ténor*) ; le Prince Gvidân (ténor) ; le Prince Aphrôn (baryton) ; le Général Polkân (basse) ; la Reine de Chémakhâ (soprano) ; la Voix du Coq d’Or (soprano ou mezzo-soprano aigu) ; Amelfa, intendante (soprano) ; Deux petits rôles masculins et Chœurs : courtisans, soldats, peuple.

*Le rôle de l'Astrologue est écrit pour une voix fort peu répandue, celle de ténor-altino. Mais il peut être confié à un ténor lyrique pourvu d'un fort et bon fausset.

 

Création à l'Opéra Impérial de Moscou le 07 octobre 1909.

 

Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 24 mai 1914, en russe, par la Compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev et dans une version où les rôles sont interprétés en double par un Artiste du chant et par un Artiste de la danse.

Mise en scène de Alexandre SANINE — Danses et groupes composés et réglés par Michel FOKINE — Décors et costumes dessinés par Mlle Nathalie Gontcharova.

Chœurs de l'Opéra Impérial de Moscou

Chef d'orchestre : Pierre MONTEUX

 

 

Artistes du Chant

Artistes de la Danse

La Reine de Shemakha, soprano

A. DOBROWOLSKA

Thamar KARSAVINA

Amelfa, gouvernante royale

E. PETRENKO

JEZIERSKA

Voix du Coq d’Or, soprano

NICOLAEWA

 

 

 

 

Le Roi Dodon, basse

B. PETROFF

A. BOULGAKOV

L’Astrologue, ténor

J. ALTCHEWSKY

E. CECCHETTI

Général Polkan, basse

A. BELIANINE

KOWALSKY

Prince Guidon, ténor

 

S. GRIGORIEFF

Prince Afron, baryton

 

M. FROHMAN

 

Reprise par la Troupe de l'Opéra, le 16 mai 1927 (répétition générale le 12 mai), dans la version française ; mise en scène de Pierre Chereau ; décors et costumes dessinés par Alexandre Benois ; danses réglées par Albert Aveline.

 

 

16.05.1927

4e

05.10.1932

50e

19.06.1936

51e

28.04.1947

59e

Reine de Chemakha

RITTER-CIAMPI

NORENA

RITTER-CIAMPI

BOVY

Intendante Amelfa

TESSANDRA

TESSANDRA

SCHENNEBERG

SCHENNEBERG

Voix du Coq d’Or

MARILLIET

MARILLIET

HAMY

E. LAURENCE

 

 

 

 

 

Le Roi Dodon

A. HUBERTY

A. HUBERTY

A. HUBERTY

FROUMENTY

L’Astrologue

RAMBAUD

RAMBAUD

RAMBAUD

RAMBAUD

Général Polkan

GROMMEN

GROMMEN

PACTAT

MEDUS

Prince Guidon

MADLEN

MADLEN

MADLEN

ROUQUETTY

Prince Afron

GUYARD

CAMBON

CAMBON

GICQUEL

 

 

 

 

 

Danses

J. GIRO

SALOMON

SUBRA

JHANINE

Chef d’orchestre

TCHEREPNINE

SZYFER

P. PARAY

R. BLOT

 

Au Théâtre des Champs-Elysées (représentations de l'Opéra) le 06 décembre 1936 : reprise du Coq d'or, interprété par Mmes Eidé Noréna (la reine), Schenneberg (l'intendante), Hamy (le coq d'or) ; MM. Huberty (le roi Dodon), Rambaud (l'astrologue). Chef d'orchestre : Paul Paray.

 

61e à l’Opéra, le 24 mai 1947, avec les interprètes de la reprise de 1947.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

La Reine Chemakha : Mme MARCIGNY (1936).

L'Intendante : Mmes DUBOIS-LAUGER (1927), MANCEAU (1928), COUVIDOUX (1936).

L'Astrologue : MM. William MARTIN (1927), Raoul GILLES (1928), Jean MICHEL (1947).

 

61 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Résumé.

Le vieux roi Dodôn reçoit d'un Astrologue un Coq d'or qui doit l'alerter au moment du danger. Mais comme Dodôn refuse de donner en récompense à l'Astrologue la Reine de Chémakhâ qu'il vient d'épouser, et le frappe mortellement, le Coq d'or tue le roi et disparaît avec la Reine.

 

PROLOGUE.

L'Astrologue paraît devant le rideau et fait l'annonce de la pièce au public.

ACTE I. — Une salle dans le palais du roi Dodôn.

Le vieux Roi Dodôn, accablé de soucis, reçoit successivement les conseils divergents de ses fils, les Princes Gvidân et Aphrôn, et de son général, Polkân. Survient un Astrologue qui offre au souverain un Cop d'or susceptible de l'avertir en cas de danger. Le Coq d'Or immédiatement chante : « Cocorico ! règne et dors dans ton lit clos ! » ce qui plaît infiniment à Dodôn. Après avoir reçu l'assurance que lui sera accordée en récompense la satisfaction entière des désirs qu'il pourra formuler, l'Astrologue se retire.

Dodôn congédie les Seigneurs et les Princes, puis Amelfa l'intendante le fait dormir dans un grand lit au soleil. Par deux fois, le Coq d'or donne l'alerte. Aussitôt tout le monde s'agite et prend les armes. Le première fois, l'armée part avec Gvidân et Aphrôn, et Dodôn se rendort. A la seconde alerte, il se décide à son tour et s'éloigne, salué par les recommandations clamées à tue-tête par son peuple.

ACTE II. — Un défilé dans la montagne.

Dans la nuit obscure, l'armée de Dodôn avance craintivement. Le roi, arrivant avec son général, trébuche contre les corps de ses deux fils morts et se lamente.

Le jour pointe. D'une tente qu'on aperçoit alors à l'abri d'un pan montagneux, sort une belle jeune femme à la démarche légère, la Reine de Chémakhâ qui salue l'astre du jour [Hymne au Soleil : Salut à toi, soleil de flamme...]. Dodôn s'approche et en tombe bien vite éperdument amoureux. Le Reine de Chémakhâ le reçoit aimablement et réussit à le faire chanter de sa vieille voix cassée et même à danser sur ses pauvres jambes clopinantes. Elle accepte de le prendre comme époux, et tous deux s'apprêtent à rentrer triomphalement dans la capitale de Dodôn.

ACTE III. — Une rue très animée de la capitale.

La population, fort excitée, attend l'arrivée du Roi et de la Reine dont le cortège s'avance [Cortège de Noces]. Sur le perron d'une des maisons se tient l'Astrologue qui attire tout de suite l'attention de la Reine. L'Astrologue s'avance vers le Roi et réclame en récompense la belle jeune Reine. Furieux, Dodôn frappe l'Astrologue et le tue. Le Coq d'or se met à chanter, et, descendant de son perchoir, vient enfoncer son bec dans le crâne de Dodôn, qui tombe mort. Epouvante générale ; violent coup de tonnerre et nuit complète pendant laquelle on entend le rire tranquille de la Reine. Lorsqu'il fait de nouveau jour, le Coq d'or et la Reine ont disparu. Ecrasé de douleur, le peuple entonne une lamentation funèbre.

EPILOGUE.

L'Astrologue, écartant le rideau, se présente à nouveau au public : « Nobles spectateurs, dit-il, frères, ce dénouement sanguinaire, ne doit point vous émouvoir. Ceux que vous venez de voir n'étaient que de vains fantômes... Sachez que dans le royaume de Dodôn, la Reine et moi
étions seuls humains, voilà ! ».

Il salue et disparaît.

 

« Le vieux roi Dôdon, lassé de la guerre, mais importuné par ses voisins, se fait donner par un astrologue un coq d'or qui l'avertira des invasions, et en échange il promet d'accorder à l'astrologue ce qu'il demandera. Le coq chante, et Dôdon laisse partir ses fils à la guerre. Mais ils ne reviennent pas, et lui-même doit reprendre son armure. Ce n'est pas l'ennemi qu'il rencontrera, mais la jolie reine de Chemakha qui le séduit et consent d'ailleurs à le suivre. Naturellement, c'est la reine elle-même que l'astrologue veut pour prix de son service ; Dôdon furieux le tue, et à son tour le coq d'or vient crever le crâne du roi. Mais tout cela n'est que fable, et l'astrologue revient pour l'apprendre au public. La musique de Rimski-Korsakov est d'une inspiration assez facile au point de vue mélodique ; mais elle est admirablement orchestrée. »

(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1927)

 

 

COQ DE BLÉSIGNY (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Gill, musique de Lucien Collin, représentée à l’Éden-Concert le 20 octobre 1888.

 

 

COQ DE SOUVIGNY (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. J. Gringoire, musique de M. Raoul Boischot, représenté à Rennes en 1891.

 

 

COQ DE VILLAGE (LE)

 

[ou le Coq du village]

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Simon Favart, musique de vaudevilles. Création à la Foire Saint-Germain le 31 mars 1743. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 18 août 1762.

 

 

COQ DE VILLAGE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles-Simon Favart, arrangé par Achille Dartois, musique de Frédéric Kreubé. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 11 septembre 1822, avec Mmes Desbrosses (Mme Froment), Belmont (Mme Rapé), Eugénie Rigaut (Gogo), Eléonore Colon (Mathurine), MM. Vizentini (M. Minute), Augustin Lemonnier (Pierrot).

 

 

COQ EST MORT ! (LE)

 

Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1873.

 

 

COQUELICOT

 

Opérette en trois actes, livret d’Armand Silvestre d'après un ancien vaudeville de Théodore et Hippolyte Cogniard, musique de Louis Varney, représentée aux Bouffes-Parisiens le 02 mars 1882 avec Mmes De Grandi [Marie Degrandi] (Térésita), Tusini (Croquignole), Berthe Legrand (Juana), Riveiro (Gaëtana), MM. Hittemans (Coquelicot), Lamy (Pérez), Riga (Villenas), Sujol (le Capitaine), Pescheux (Mathéo), Desmonts (un Parent).

 

 

COQUETTE DE VILLAGE (LA) ou LE BAISER PRIS ET RENDU

 

Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Louis Anseaume, musique de Louis-Joseph-Claude Saint-Amans. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 19 septembre 1771.

 

 

COQUETTE TROMPÉE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Favart, musique d’Antoine Dauvergne.

 

Représenté à Versailles, devant la cour, en 1753 ; représenté quelques jours plus tard à Paris, à l’Opéra-Comique, rue Bergère.

 

Personnages : Clarisse ; Florise ; Damon.

 

 

COR FLEURI (LE)

 

Féerie lyrique en un acte, livret d’Éphraïm Mikhaël et André-Ferdinand Herold, musique de Fernand Halphen. Créée à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 mai 1904.  => fiche technique

 

 

CORA ou LA PRÊTRESSE DU SOLEIL

 

Opéra, musique de Jean-Joseph Cambini, représenté au théâtre des Beaujolais en 1787.

 

 

CORA

 

Opéra en trois actes, livret de Delatouloubre, musique de Henri Montan Berton. Cet ouvrage a eu une répétition générale à l'Académie royale de musique en juillet 1789, mais la représentation en fut empêchée par les troubles révolutionnaires.

 

 

CORA

 

Opéra en quatre actes, paroles de Valadier, musique de Méhul, représenté à l'Opéra le 15 février 1791 avec Lays (Atabila), Rousseau (Alonzo), Chéron (le Grand Prêtre), Chardini (Zémor) ; Mlle Gavaudan (Cora), Maillard (Zilia) et Mullot (Zulma).

Le sujet de cet opéra est tiré des Incas, de Marmontel. La musique fut trouvée un peu froide, et l'ouvrage n'a pu se maintenir au répertoire.

 

 

CORALI ou LA LANTERNE MAGIQUE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Grétry neveu, musique de Bianchi, représenté au théâtre Molière le 7 juillet 1804.

 

 

CORADIN

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Magnitot, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 15 novembre 1785. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 janvier 1786. Au théâtre, le nom de Coradin est synonyme de mari ou de tyran jaloux. On voit ainsi quel est le sujet de la pièce. La musique de Bruni est peu développée, mais les mélodies ont une grâce tout italienne.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CORDE (LA)

 

Comédie en trois actes mêlée de chants, tirée d'une nouvelle de Jules Claretie par Lucien Puech, musique de Léon Vasseur, représentée à Lyon, sur le théâtre des Célestins, en juin 1894.

 

 

CORDE DU PENDU (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Dumoulin, musique de M. Surleau, représenté en  mars 1881 à Saint-Étienne, où l'auteur de la musique occupait les fonctions de directeur de la succursale de la Banque de France.

 

 

CORDÉLIA

 

Opéra, livret d’Emile Deschamps et Emilien Pacini, musique de Semeladi, représenté au théâtre de Versailles en avril 1854. Théodore Coulon, en représentations à Versailles, a créé le rôle du roi Lear.

 

 

CORISANDRE

 

Comédie-opéra en trois actes, paroles de MM. de Linières et Lebailly, musique de Langlé. Création à l'Opéra le 08 mars 1791 avec Lainé (Florestan), Moreau (Roger), Lays (Lourdis), Chéron (Chandos), Rousseau (Dulcindor), Chardini (Agramant) ; Mme Ponteuil (Corisandre), Mlles Mullot (Agnès), Byard (Dorothée) et Chameroy (l'Amour).

 

"Le sujet de la pièce est tiré de la Pucelle de Voltaire. Les scènes de folie sont comiques ; mais la musique en a été promptement oubliée, quoique cet ouvrage ait été repris l'année suivante. On sait que Langlé était plutôt un professeur de contrepoint qu'un compositeur dramatique."

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CORISANDRE ou LA ROSE MAGIQUE

 

Opéra-féerie en trois actes, livret de François Ancelot et Xavier Saintine, musique d’Henri Montan Berton, décors de Mathis et Desroches. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 juillet 1820.

 

 

CORNARINO

 

Opérette en un acte, en vers, paroles de M. F. Cohen, musique de M. Rosellen, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 novembre 1889.

 

 

CORNETTE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud, Gaston Villemer et Lucien Delormel, musique de Firmin Bernicat, créée à l'Eldorado en 1877. => partition et livret

 

 

CORONIS

 

Pastorale héroïque en trois actes, avec un prologue, paroles de Chappuzeau de Beaugé, musique de Théobald Gatti, représentée à l'Académie royale de musique le 23 mars 1691.

 

« Cet ouvrage offre une imitation du style de Lully, dont Gatti était l'élève. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Le compositeur Teobaldo Gatti, originaire de Florence, occupa pendant cinquante-deux ans à l'Académie la place de première basse de viole : son opéra ne réussit point. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CORRICOLO (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Labiche et Alfred Delacour, musique de Ferdinand Poise.

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 novembre 1868, mise en scène de Mocker, avec Mmes Marie Cabel (Caroline de Lussan), Marie Heilbronn (Ninetta), MM. Sainte-Foy (le Podestat de Bergame), Auguste Armand Barré (Hector de Lussan), Laurent (Gaston de Nerville), Victor Prilleux (Plantureux), Lignel (le Trésorier), Georges Baretti (Matteï).

 

« C'est un vaudeville excentrique, invraisemblable, mais assez amusant. La partition renferme de fort jolis motifs, notamment la romance : Faut-il que sitôt on oublie, et l'arrangement de l'air : Il pleut, il pleut, bergère. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CORSAIRE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, en vers, livret d’Auguste Poisson de La Chabeaussière, musique de Nicolas Dalayrac. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 07 mars 1783. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 17 mars 1783. L'action est romanesque et parut alors compliquée ; on la trouverait probablement trop simple aujourd'hui. Les imbroglios de Scribe ont modifié sensiblement le genre de l'opéra-comique. Le Corsaire était le second opéra-comique représenté de Dalayrac. La musique parut spirituelle et expressive ; le succès qu'elle obtint décida le jeune compositeur à se vouer à la carrière dramatique.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CORSAIRE ALGÉRIEN (LE) ou LE COMBAT NAVAL

 

Comédie mêlée d’ariettes, en trois actes, livret d’Auguste Poisson de La Chabeaussière, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 01 juillet 1793.

 

 

CORSAIRE NOIR (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret et musique de Jacques Offenbach ; représenté à Vienne, au théâtre An-der-Wien, le 21 septembre 1872. Le sujet est banal. Une sorte de fantoche, le Corsaire noir, fait trembler de peur un bon bourgeois nommé Lambrequin ; les amants des deux nièces du bonhomme exploitent à leur profit ses terreurs. C'est une série de travestissements et de trucs qui forme la pièce. La musique ne vaut ni plus ni moins que les autres ouvrages du compositeur. Les Viennois lui ont fait un bon accueil ; ils ont applaudi les couplets de Suzanne au premier acte, et son air au second ; la valse de Marinette et la barcarolle du troisième acte. Chanté par Swoboda, Mme Geistinger et Mlle Mila Rœder.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

COSAQUE (LA)

 

Vaudeville-opérette en trois actes, de MM. Henri Meilhac et Albert Millaud, musique de M. Hervé, représenté aux Variétés le 1er février 1884. Interprètes : MM. Dupuis, Christian, Léonce, Lassouche, Edouard-Georges, Mmes Anna Judic et Beaumaine.

 

 

COSAQUES (LES)

 

Opéra en un acte, musique de J. Davies, représenté au théâtre lyrique flamand d'Anvers en février 1903.

 

 

COSCOLETTO ou LE LAZZARONE

 

Opérette en deux actes, livret d'Etienne Tréfeu et Charles Nuitter, musique de Jacques Offenbach, représentée à Bad Ems le 16 juillet 1865 avec Henriette Albrecht sous la direction d'Offenbach. Elle fut représentée avec quelque succès au théâtre An-der-Wien, à Vienne, le 5 janvier 1866 ; l'interprète principale était Mlle Geistinger. Cet ouvrage avait eu un sort moins heureux à Berlin.

 

 

COSI FAN TUTTE ossia LA SCUOLA DEGLI AMANTI

 

[en français C'est ainsi qu'elles font toutes ou l'Ecole des amants]

Dramma giocoso italien en deux actes, livret de Lorenzo da Ponte (1749-1838), musique de Wolfgang Amadeus Mozart.

 

Personnages : Fiordiligi et Dorabella, une dame de Ferrare et sa sœur (soprano et mezzo-soprano) ; Despina, leur camériste (soprano) ; Guglielmo, officier, fiancé de Fiordiligi (baryton) ; Ferrando, officier, fiancé de Dorabella (ténor) ; Don Alfonso, vieux philosophe (basse) ; des soldats, des serviteurs, des marins, les invités aux noces, le peuple.

 

L’action se déroule à Naples, au XVIIIe siècle.

 

Créé à Vienne, Hofburgtheater, le 26 janvier 1790, avec Francesco Benucci, Dorotea Bussani, Francesco Bussani, Adriana Ferrarese del Bene, Luisa Villeneuve, Vincenzo Calvesi, sous la direction de Mozart.

 

Créé à Paris, en 1807, sous le titre du Laboureur chinois dans une version française de Durdilly.

 

Repris à Paris, au Théâtre des Italiens, dans sa version originale, le 14 novembre 1862, avec Mmes ALBONI (Dorabelle), FREZZOLINI (Fleurdelyse), Marie BATTU (Delphine), MM. NAUDIN (don Fernando), BARTULINI (Guillaume), ZUCCHINI (don Alfonso).

 

Repris au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet), dans une version de Jules Barbier et Michel Carré, le 31 mars 1863 sous le titre de Peines d'amour (voir ce titre) et une mise en scène de Léon Carvalho : Mmes Caroline FAURE-LEFEBVRE (Princesse d'Aquitaine), Marie CABEL (Rosaliene), Amélie FAIVRE (Jacquinette), Caroline GIRARD (Papillon), MM. Léon DUPREZ (Prince de Navarre), PETIT (Byron), Emile WARTEL (don Armando), TRILLET (Niaisot), GABRIEL (Caboche), Prosper GUYOT (le Sénéchal). Chef d'orchestre : DELOFFRE.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 26 juin 1920, dans une version française de Jean Chantavoine, des décors de Raymond Deshays et Arnaud, des costumes de Marcel Multzer et une mise en scène d’Albert CARRÉ :

Mmes Gabrielle RITTER-CIAMPI (Fleurdelyse), Aline VALLANDRI (Dorabelle), Edmée FAVART (Delphine).

MM. Louis CAZETTE (Fernand), Hubert AUDOIN (Guillaume), Félix VIEUILLE (don Alphonse).

Chef d'orchestre : André MESSAGER.

 

14e représentation du 28 février 1924. Mêmes interprètes que la première, sauf : Mme Germaine BAYE (Delphine), M. VILLABELLA (Fernand).

Chef d'orchestre : CATHERINE.

 

28e représentation du 27 mai 1926.

Mmes RITTER-CIAMPI (Fleurdelyse), Marguerite ROGER (Dorabelle), Marie-Thérèse GAULEY (Delphine).

MM. VILLABELLA (Fernand), Hubert AUDOIN (Guillaume), Félix VIEUILLE (don Alphonse).

Chef d'orchestre : Georges LAUWERYNS.

 

Reprise du 30 mars 1952 (36e représentation) dans une version française et mise en scène de Georges Hirsch ; décors et costumes d'après les maquettes de Romain Erté ; décors exécutés par Emile Bertin, costumes de la Maison Madelle.

Mmes Jacqueline BRUMAIRE (Fleurdelyse), Margaret MAS (Dorabelle), Nadine RENAUX (Delphine).

MM. Jean GIRAUDEAU (Fernand), Louis NOGUÉRA (Guillaume), Pierre FROUMENTY (don Alphonse).

Chef d'orchestre : George SEBASTIAN.

 

63e représentation le 01 juin 1957.

Mmes Jacqueline BRUMAIRE (Fleurdelise), Gisèle DESMOUTIERS (Dorabelle), Nadine RENAUX (Delphine).

MM. Jean GIRAUDEAU (Fernand), Louis NOGUERA (Guillaume), Pierre FROUMENTY (Don Alphonse).

Chef d'orchestre : George SEBASTIAN.

 

Reprise du 06 février 1963, mise en scène de Marcello Cortis, avec Elisabeth Schwarzkopf, Jane Berbié, Christiane Harbell, Jean-Pierre Hurteau, Jacques Linsolas, Michel Lecocq.

 

35 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 14 en 1952, 3 en 1953, 2 en 1954, 18 en 1957, 5 en 1958, 1 en 1959, 6 en 1963, soit 84 au 31.12.1972.

 

Il existe également de cette œuvre une version française de Paul Spaak qui fut créée au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles, le 08 février 1923 par Mmes Lucy BERTHRAND (Fleurdelyse), Vina BOVY (Dorabelle), TERKA-LYON (Delphine), MM. RAZAVET (Fernand), CHARMAT (Guillaume), VAN OBBERGH (don Alphonse), sous la direction de Corneil de THORAN.

 

Résumé.

Deux jeunes officiers, mis en défi par un vieux sceptique, Don Alfonso, de conserver, pendant leur absence, l'amour de leurs belles, feignent de s'en aller à la guerre, et reviennent bientôt sous un déguisement. Après une longue hésitation, Dorabella et Fiordiligi vont céder aux « étrangers », lorsque, pour l'extrême confusion des deux jeunes femmes, ceux-ci mettent bas le masque et se font reconnaître d'elles. Cosi fan tutte ! (Ainsi font-elles toutes !) ricane Don Alfonso, qui a gagné son pari.

Il existe une version française d’Adolphe Boschot (d'après le manuscrit original).

 

L'action se déroule à Naples, au XVIIIe siècle.

ACTE I.

1er TABLEAU : Une terrasse.

Don Alfonso discute avec deux officiers, Ferrando et Guglielmo, qui lui vantent à l'envi la constance de leurs belles. Don Alfonso, vieux sceptique, ne croit pas à la fidélité des femmes et, comme les jeunes gens se récrient, leur propose de mettre à l'épreuve leurs fiancées. La proposition est adoptée sous forme d'un pari que Ferrando et Guglielmo ne doutent aucunement de gagner [Trios : N° 1 : La mia Dorabella... ; N° 2 : E la fede delle femine... ; N° 3 : Una bella serenata...].

2e TABLEAU : Un jardin au bord de la mer.

Fiordiligi et Dorabella, les deux sœurs que courtisent Ferrando et Guglielmo, contemplent amoureusement les portraits de leurs fiancés [N° 4, Duo Fiordiligi-Dorabella : Ah ! guarda sorella...]. Alfonso survient, annonçant leur brusque départ pour la guerre [N° 5, Air d’Alfonso : Vorrei dir, e cor non ho...]. Ferrando et Guglielmo arrivent ensuite ; la douleur générale est extrême [N° 6, Quintette : Sento, o Dio...]. Ils cherchent à consoler leurs belles [N° 7, Duettino Ferrando-Guglielmo : Al fatto dan legge...]. Une barque aborde, dont les occupants viennent chercher les deux officiers [N° 8, Chœur : Bella vita militar...]. Tous deux prennent longuement congé de leurs fiancées [N° 9, Quintette : Di scrivermi...]. La barque s'éloigne. Fiordiligi, Dorabella et Alfonso souhaitent des vents favorables aux voyageurs [N° 10, Terzettino : Soave sia il vento...].

3e TABLEAU : Une chambre.

Devant leur femme de chambre Despina, les deux sœurs se répandent en plaintes sur le départ subit de ceux qu'elles aiment [N° 11, Air de Dorabella : Smanie implacabili...]. Despina leur propose de brèves consolations et les encourage, au lieu de verser des larmes, à se distraire, tout comme Ferrando et Guglielmo le font certainement eux aussi... [N° 12, Air de Despina : In uomini...].

Alfonso se facilite la tâche en gagnant à prix d'argent Despina à sa cause. Le vieux philosophe introduit Ferrando et Guglielmo déguisés en « Albanais » et les présente à Fiordiligi et à Dorabella. Chacun s'empresse de faire la cour à la fiancée de l'autre [N° 13, Sextuor : Alla bella Despinetta...]. Mais ils sont assez froidement reçus [N° 14, Air de Fiordiligi : Come scoglio...] et pensent déjà avoir gagné leur pari [N° 15, Air de Guglielmo : Non siate ritrosi...]. Don Alfonso leur demande de poursuivre l'épreuve encore [N° 16, Terzetto dit « Trio du rire » : E voi ridete ?...]. Ferrando, lui, est heureux de constater la fidélité de Dorabella [N° 17, Air de Ferrando : Un' aura amorosa...].

4e TABLEAU : Un jardin.

Feignant le désespoir de n'être point aimés, les pseudo-Albanais font semblant de s'empoisonner devant les jeunes filles. Déguisée en médecin, Despina remet sur pied les « suicidés » au moyen de passes magnétiques, prétendant toutefois que des baisers devraient leur être appliqués encore pour les guérir. Fiordiligi et Dorabella sont troublées [N° 18, Finale : Ah che tutta in un momento...].

ACTE II.

1er TABLEAU : Une chambre.

Despina poursuit ses efforts pour convaincre ses maîtresses de céder aux « étrangers » [N° 19, Air de Despina : Una donna a quincidi anni...]. Fiordiligi, bientôt fléchie par les arguments de sa sœur, se décide pour Ferrando, tandis que Dorabella choisit Guglielmo, ce qui fait que les couples primitifs se trouvent ainsi intervertis [N° 19, Duetto Fiordiligi-Dorabella : Prendero quel brunettino...]. Sur quoi Alfonso invite les jeunes filles à descendre au jardin où une surprise leur est préparée...

2e TABLEAU : Un jardin.

Les « Albanais » arrivent en bateau, avec une suite de serviteurs qui disposent des sièges et des tables et les garnissent de fleurs, puis se retirent [N° 21, Duetto Ferrando-Guglielmo et Chœur : Secondate, aurette amiche...]. Les fiancés hésitent à continuer l'épreuve, mais Alfonso et Despina les y encouragent [N° 22, Quatuor : La mano a me date...]. Bientôt Dorabella cède la première en acceptant de Guglielmo un bijou qu'il lui offre comme gage d'amour, en échange de quoi elle lui remet le portrait de Ferrando [N° 23, Duetto Dorabella-Guglielmo : Il core vi donno...].

Ferrando, lui, met toute sa passion à vaincre la résistance de Fiordiligi [N° 24, Air de Ferrando : Ah ! io veggio...].

Celle-ci laisse éclater sa passion et son désespoir [N° 25, Rondo de Fiordiligi : Per pietà, ben mio...]. Ferrando, faisant part à Guglielmo de la fermeté de Fiordiligi, est bien déçu quand il apprend que Dorabella a cédé, et c'est pis encore lorsqu'il aperçoit son portrait en possession de Guglielmo [Récitatif]. Guglielmo, de son côté, prend la chose de façon moins tragique [N° 26, Air de Guglielmo : Donne mie, la fate a tanti...]. Ferrando, demeuré seul, songe tout d'abord à rompre avec l'infidèle Dorabella, mais son amour pour elle demeure le plus fort [N° 27, Cavatine de Ferrando : Tradito, schernito...].

3e TABLEAU : Une chambre.

Dorabella songe aux pièges de l'amour qui toujours capturent les pauvres cœurs féminins [N° 28, Air de Dorabella : E amore un ladroncello...] Fiordiligi cependant cède aussi aux instances de Ferrando, si bien que le mariage des deux couples pourra bientôt être célébré [N° 29, Duetto Fiordiligi-Ferrando : Fra gli amplessi...].

Guglielmo est fort dépité du comportement de sa fiancée, comme de celui des femmes en général. Mais Alfonso fait remarquer qu'il faut les prendre comme elles sont : Ainsi font-elles toutes ! (Cosi fan tutte !) [N° 30, Andante (Alfonso) : Tutti accusan le donne...].

4e TABLEAU : Une salle.

Sous la direction de Despina, les domestiques vaquent rapidement aux préparatifs du repas de noces. Despina, déguisée en notaire, apporte les contrats. Au moment où ceux-ci vont être signés, on apprend le retour des guerriers ! Les « Albanais » disparaissent rapidement et reviennent sous leur véritable apparence. Découvrant les contrats, ils feignent une violente colère. Bientôt cependant ils révèlent la supercherie, à la grande honte de Fiordiligi et de Dorabella [N° 31, Finale (Despina) : Fate presto, o cari amici...]. Alfonso qui a gagné son pari s'emploie heureusement à ramener la paix entre les fiancés désunis.

 

« Cette partition, qui n'est qu'un délicieux ramage d'un bout à l'autre, eut un succès immense, mais passager. On savait que l'empereur Joseph II en avait fait la commande à Mozart ; mais ce prince mourut avant la première représentation et le pauvre grand compositeur ne put retirer de son œuvre les avantages qu'il en espérait, c'est-à-dire sa nomination comme second maître de chapelle de la cour. Les morceaux les plus admirés de Cosi fan tutte sont le quintetto : Di scrivermi ogni giorno giurami, l'air Per pietà, ben mio, perdona ! la romance Un' aura amorosa. Malheureusement la donnée peu morale du livret a été cause qu'en 1807, quand on voulut connaître cet ouvrage à Paris, on en adapta la musique à une pièce intitulée : Le laboureur chinois. Les paroles originales ont été entendues aux Italiens en 1862. Le poème restant toujours désagréable au public, MM. Michel Carré et Jules Barbier arrangèrent pour le Théâtre-Lyrique la comédie de Shakespeare Love's labours lost et en firent un opéra-comique en quatre actes, qui fut joué sous ce titre : Peines d'amour perdues, le 31 mars 1863. Mais, en changeant l'intrigue, le lieu et l'époque de l'action, les épisodes, tout l'ancien canevas en un mot, les auteurs de la traduction ont gâté la musique de Mozart. La romance de ténor Un' aura amorosa, chantée par M. Léon Duprez, a obtenu le même succès qu'aux représentations du Théâtre-Italien. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COSIMO

 

Opéra bouffe en deux actes, livret de Paul Duport et Amable Villain de Saint-Hilaire, musique d'Eugène Prévost. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 13 octobre 1835. Le livret est une imitation d'un canevas italien. Un prince échange ses vêtements avec ceux d'un ouvrier peintre nommé Cosimo, etc., etc. La musique est agréable. Après une sémillante ouverture, on remarque un air de basse bien traité : O mon auguste maître ; l'air de Cosimo, Avec mon Angéla, j'ai perdu le courage, et le chœur des vieilles douairières, au premier acte ; dans le second, une valse en duo et une saltarelle, chantée par Jean-Baptiste Chollet et Mme Rifaut.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COUCOU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Sewrin, musique de Jadin, représenté au théâtre Montansier en 1798.

 

 

COUP DE PISTOLET (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Pellaert, représenté à Bruxelles dans le mois de mai 1836.

 

 

COUPE DU ROI DE THULÉ (LA)

 

Opéra en trois actes et quatre tableaux, livret de Louis Gallet et Edouard Blau, musique d’Eugène Diaz. Le livret était imposé au concours ouvert par le ministre des beaux-arts en 1867. Georges Bizet avait vainement tenté de retirer sa partition ; il fut classé parmi les sept premiers, Jules Massenet troisième, Ernest Guiraud second et Eugène Diaz premier.

 

Création au Théâtre national de l'Opéra (salle Le Peletier) le vendredi 10 janvier 1873. Mise en scène de Mayer et Halanzier. Chorégraphie de Louis Mérante. Décors d'Auguste Rubé et Philippe Chaperon (1er acte), Jean-Baptiste Lavastre et Edouard Despléchin (2e acte), Charles Cambon (3e acte). Costumes d'Alfred Albert. Avec Mmes Pauline Gueymard-Lauters (Myrrha), Rosine Bloch (Claribel), Antoinette Arnaud (une sirène), MM. Jean-Baptiste Faure (Paddock), Léon Achard (Yorick), Eugène Bataille (Angus), Gaspard (Harold), Auguez (l'intendant), Echetto, Hayet.

 

« Cet ouvrage a été couronné au concours ouvert par le ministre des beaux-arts en 1867. Je ne sais où les membres du jury avaient l'esprit le jour ou ils ont imposé aux musiciens un livret aussi peu scénique et conçu sur une donnée aussi bizarre que celle de la Coupe du roi de Thulé. Ce titre, pris à la chanson que Marguerite fredonne dans le Faust de Goethe, et dont MM. Barbier et Gounod ont fait une ballade intéressante dans leur opéra de Faust, a servi de prétexte pour imaginer un poème d'un caractère moitié germain, moitié scandinave, qui n'est ni franchement mythologique, ni soumis aux conditions de l'existence humaine, où l'humanité se trouve en communauté d'action avec des divinités marines. Ce livret n'est ni chair ni poisson. Le spectateur est transporté de l'intérieur d'un palais dans le sein des flots. C'est un opéra amphibie. Comme on va le voir dans une courte analyse, les auteurs eussent pu éviter les inconvénients de cette impression vague et double en prenant le parti d'idéaliser davantage l'action humaine et de ne pas introduire dans des tableaux poétiques qui ne manquent pas de charme des scènes réalistes, des idées trop modernes et des allusions fréquentes aux émotions flottantes du forum populaire.

Cette coupe du roi de Thulé, d'accessoire purement symbolique qu'elle était, est devenue une coupe enchantée à la possession de laquelle le pouvoir est attaché. Le vieux roi de l'île de Thulé meurt et lègue cette coupe à Paddock, son bouffon, de préférence à Angus, son ministre, avec l'injonction de la donner au plus digne, absolument comme Alexandre le Grand avait fait remettre son anneau royal. Paddock, qui, tout bouffon qu'il est, est chargé d être dans la pièce l'organe de la morale, comme Triboulet dans le Roi s'amuse, et beaucoup d'autres qui valaient moins encore que lui dans une foule d'ouvrages dramatiques, Paddock donne une leçon aux courtisans et jette la coupe à la mer. La belle Myrrha, la complice d'Angus, et qui espérait régner, partage plus que tous la fureur générale et promet son amour à qui lui rapportera cette coupe précieuse. Myrrha exerce sur tous un charme de séduction irrésistible. Le vieux roi est mort de douleur de n'avoir pu triompher de son indifférence. Un jeune pécheur, Yorick, qui en est amoureux en secret, saisit l'occasion qui lui est offerte de prouver sa passion à Myrrha.

 

MYRRHA.

Sans la coupe, présent de la reine des ondes,

La légende le dit, nul ne triomphera !

Ce talisman perdu sous les vagues profondes,

Ah ! mon amour à qui me le rapportera !

 

YORICK.

Myrrha, la brise est forte

Et le flot écumant ;

Si la mer me rapporte,

Garde-moi ton serment.

 

Et il se précipite dans la mer. La reine des ondes, Claribel, a déjà conçu un tendre sentiment pour le jeune pécheur ; elle a fait mettre dans ses filets des perles précieuses qu'il s'est empressé d'offrir à Myrrha. Elle veut donc faire oublier à Yorick ses amours terrestres ; elle lui fait voir dans une barque Angus et Myrrha chantant leur amour. Le pêcheur, hors de lui, demande à retourner sur la terre. Claribel lui remet la coupe en lui disant que, s'il n'est pas aimé de Myrrha, il n'aura qu'à l'invoquer trois fois en buvant dans cette coupe, et qu'elle le vengera. Il promet de revenir auprès de Claribel après cette épreuve. Yorick trouve l’île de Thulé en proie aux factions. Chacun veut s'emparer du pouvoir. Il y a même là une scène assez comique qui pourrait avoir quelque raison ailleurs que dans un opéra :

 

HAROLD.

La coupe étant perdue,

Nous demandons, et le peuple avec nous,

Que toute voix soit entendue

Pour choisir celui-là qui doit régner sur nous.

 

ANGUS.

Eh ! croyez-vous que l'on hésite ?

Quel autre nom vaudrait le mien ?

 

PADDOCK.

Sans contester votre mérite,

Chacun n'a-t-il donc pas le sien ?

 

LE CHŒUR.

Il pense bien, il parle bien.

 

Pendant que chacun brigue les faveurs du suffrage universel, Yorick rapporte la coupe qu'il offre à Myrrha. Celle-ci se contente de remercier notre pêcheur, lui promet une récompense honnête, remet la coupe à Angus et le peuple les acclame dans ces vers qui ne brillent pas par la logique :

 

Notre voix a fixé la fortune indécise ;

Salut à la beauté, près de la force assise ;

Angus et Myrrha, devant vous,

Peuple et seigneurs sont à genoux.

 

C'est alors que Yorick se souvient de la promesse faite à Claribel. Lorsque son tour est venu de boire dans la coupe, il chante les invocations à la déesse des ondes : le palais s'écroule, Myrrha est foudroyée et le pêcheur se range sous les lois de Claribel.

La partition de M. Diaz offre, à, côté de défauts résultant d'études incomplètes et de l'inexpérience dans l'art d'écrire, des mélodies bien appropriées au sujet. C'est une musique faite avec intelligence et qui n'est pas dépourvue d'inspiration. La nature des idées, le goût apporté dans l'expression des paroles me portent à penser que le talent de M. Diaz pourrait se déployer avec plus de succès dans l'opéra-comique et dans les ouvrages de demi-caractère que sur la scène de l'Opéra. Son harmonie n'est pas assez forte, ses chœurs manquent de puissance, de chaleur, d'effet.

Il y a aussi quelque monotonie dans l'ensemble, à cause de la fréquence de la tonalité de si majeur que le compositeur semble affectionner ; quelques incorrections çà et là (page 27 de la partition, dernière ligne) et des appogiatures dont M. Offenbach a trop abusé pour qu'on aime à les rencontrer dans un ouvrage distingué, d'une portée sérieuse et d'un sentiment poétique comme l'opéra de M. Diaz. Je signalerai, parmi les morceaux les plus intéressants : dans le premier acte, la romance d'Yorick : la Nature entière me semble un doux reflet de sa beauté ; la phrase : Myrrha, la brise est forte et le flot écumant dans le finale, ainsi que l'ensemble dans lequel Paddock brave les courtisans ; dans le deuxième acte, le chœur à bouches fermées ; l'air de Claribel : Pour le laisser venir vers nous, souffles des mers, apaisez-vous ! le chœur dansé : Nouons et dénouons la chaîne ; l'andante en la majeur du ballet. La mesure à sept temps employée par le compositeur dans le duo de Claribel et d'Yorick ne me paraît pas heureuse. Il faut que ces incartades soient couronnées par le succès pour être amnistiées, comme on l'a vu dans l'air de George au deuxième acte de la Dame blanche. Le duo de la vision et le chœur des sirènes : O Zéphire, dieu léger, terminent avec beaucoup de charme le deuxième acte. Dans le troisième, on a remarqué l'air de Myrrha et le finale du premier tableau : Heureux pêcheur, double aubaine, en style d'imitation. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

COUPE ENCHANTÉE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Pellier et Kirsch, musique de Th. Radoux. Création au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le 15 janvier 1872 avec Mmes Nordet et Hasselmans.

 

« On a reproché à cet ouvrage de manquer de caractère dramatique, M. Radoux, directeur du conservatoire de Liège, a été plus heureux comme compositeur de musique sacrée. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

COUPE ENCHANTÉE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Emmanuel Matrat, d'après une comédie de La Fontaine et Champmeslé (1688), musique de Gabriel Pierné.

 

Création au Casino Municipal de Royan le 24 août 1895.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 26 décembre 1905. — Décor de Marcel Jambon, costumes de Charles Bianchini. — Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes FAIRY (Lélie), Rachel LAUNAY (Lucinde), DANGÈS (Pierrette).

MM. André ALLARD (Josselin), Louis AZÉMA (Anselme), DELVOYE (Bertrand), Maurice CAZENEUVE (Thibault), GOURDON (Griffon), Georges MESMAECKER (Tobie).

Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 16 février 1919 (16e représentation).

Mmes Yvonne BROTHIER (Lélie), Renée CAMIA (Lucinde), ALAVOINE (Pierrette).

MM. André ALLARD (Josselin), Louis AZÉMA (Anselme), BELLET (Bertrand), BERTHAUD (Thibault), BOURGEOIS (Griffon), Georges MESMAECKER (Tobie).

 

Reprise à l'Opéra-Comique le 12 avril 1919 (matinée), en l'honneur de la remise des Fanions du Pays de France aux Escadrilles américaines.

Mmes Yvonne BROTHIER (Lélie), Renée CAMIA (Lucinde), ALAVOINE (Pierrette).

MM. André ALLARD (Josselin), Louis AZÉMA (Anselme), Georges MESMAECKER (Tobie), BERTHAUD (Thibault), BELLET (Bertrand), BOURGEOIS (Griffon).

 

23 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

COUPE ET LES LÈVRES (LA)

 

Opéra en cinq actes, livret d'Ernest d'Hervilly d'après Alfred de Musset, musique de Gustave Canoby, représenté à Rouen, sur le théâtre des Arts, le 03 mai 1890. Cet ouvrage distingué avait été présenté par ses auteurs au concours ouvert au Théâtre-Lyrique et classé par le jury d'une façon très favorable. Fort bien accueilli par le public rouennais, il arriva malheureusement à la fin d'une saison, ce qui ne lui permit d'être joué qu'un petit nombre de fois.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

COUPS DE ROULIS

 

Opérette en trois actes, livret d’Albert Willemetz, musique d’André Messager. Création au Théâtre Marigny le 29 septembre 1928. => fiche technique

 

 

COUR D’AMOUR (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Gaston Marot et Léon Jonathan, musique de Charles Hubans, représenté à Bruxelles, Alcazar royal, le 02 décembre 1882.

 

 

COUR D’OGNON

 

« Tableau naturaliste » en deux actes, livret d’Henri Simon, musique de Sylvain Dupuis, représenté au Gymnase de Liège en juillet 1888.

 

 

COUR DE CÉLIMÈNE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Joseph-Bernard Rosier, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 11 avril 1855, avec Mmes Caroline Miolan-Carvalho (la Comtesse Célimène), Pauline Colson (la Baronne), Lasserre (Bretonne), MM. Charles Battaille (le Commandeur de Beaupré), Jourdan (le Chevalier de Mérac), Révilly, Bélia, Decroix, Talmon (quatre Adolescents), Nathan, Constant Lemaire, Dublin, Loire (quatre Vieillards), Chapron, Lejeune, Couiard, Renard (quatre Jeunes gens).

 

« M. Rosier n'a pas donné moins de quatorze soupirants à la coquette Célimène. Un commandeur et un jeune officier se disputent sa main. Ce dernier se révolte des caprices de la comtesse Célimène, et finit par épouser la baronne, sa sœur. Quoique plusieurs incidents dramatiques dissimulent la trop grande simplicité du fond, la donnée de la pièce est peu musicale. Une étude psychologique ne convient nullement à une œuvre lyrique. La partition est pleine de morceaux intéressants. L'ouverture a une sonorité délicieuse et est formée des dessins les plus ingénieux. Les chœurs des prétendants, au commencement et à la fin du premier acte, sont traités avec esprit et habileté. On a applaudi les airs chargés de toutes les fioritures propres à faire valoir le talent des interprètes, et expressément écrits pour eux, c'est-à-dire pour Mmes Miolan-Carvalho, Colson et pour Battaille. Jourdan a joué le rôle du chevalier. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COUR DES BOSSUS (LA)

 

Opérette en trois actes, paroles d’Ernest Chambéry, musique de M. Colo-Bonnet, représentée sur le Grand-Théâtre de Genève en avril 1899.

 

 

COUR DU ROI PÉTAUD (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Adolphe Jaime et Philippe Gille, musique de Léo Delibes, représenté au théâtre des Variétés le 24 avril 1869. Il est à remarquer qu'à l'époque même de la première Révolution française, on n'a pas joué de pièces dans lesquelles les rois, les princes et les sommités sociales aient été l'objet d'un plus grand mépris, de la plus bouffonne dérision que dans celles qu'on a fait représenter à Paris pendant les dernières années du second Empire, et particulièrement en 1867, 1868 et 1869. Le roi Pétaud VIII vient d'être battu par son voisin, le tyran Alexibus. Après un combat dans lequel il a perdu sa couronne, il arrive sur la scène, en disant qu'il n'est pas fâché d'avoir vu ça !... Les favoris s'appellent Volteface, Zéro, etc. ; la princesse héréditaire s'appelle Girandole ; c'est elle qui, fiancée au fils d'Alexibus, a été élevée comme une Agnès, et dont son fiancé Léo s'efforce de se faire aimer en se déguisant en berger d'Arcadie. La musique écrite sur cette pièce est gracieuse, vive et ingénieuse ; on a remarqué le duo du troisième acte, et une mélodie chantée par Léo derrière la statue de l'Amour. Joué par Grenier, Léonce, Christian, Destombe ; Mlles Zulma Bouffar et Aimée.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

COUREUR DE VEUVES (LE)

 

Opéra en trois actes, paroles de Brisset, musique de Blangini, représenté au théâtre des Nouveautés le 01 mars 1827.

 

 

COURONNE DE FLEURS (LA)

 

Comédie pastorale en un acte, mêlée d’ariettes, livret de Claude Brunet, musique anonyme. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 25 juillet 1765.

 

 

COURONNE DE FLEURS (LA)

 

Compliment de rentrée, en vaudevilles, livret de Louis-Abel Beffroy de Reigny, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 20 avril 1789.

 

 

COURONNEMENT DE NUMA POMPILIUS (LE)

 

Opéra en deux actes, musique de Scheyermann, composé pour le théâtre de Nantes vers 1820.

 

 

COURONNEMENT DE POPPÉE (LE)

 

[l’Incoronazione di Poppea]

Opéra en un prologue et trois actes, livret de Gian Francesco Busenello (1598-1659), musique de Claudio Monteverdi.

 

Personnages : Poppée (soprano) ; Néron (ténor, créé par un castrat sopraniste) ; Octavie (soprano) ; Othon [Ottone] (baryton) ; Sénèque (basse) ; Drusilla (soprano) ; Arnalta (contralto) ; Lucain (ténor) ; la Fortune (soprano) ; la Vertu (soprano) ; l’Amour (soprano) ; affranchi (ténor) ; valet (ténor) ; demoiselle (soprano) ; deux soldats (ténor et baryton) ; Mercure (ténor) ; Pallas (soprano) ; Vénus (soprano) ; consuls, tribuns, licteurs.

L’action se déroule à Rome, vers 55 après J.-C.

 

Création à Venise, Teatro San Pietro e San Paolo, en 1642.

 

Repris en version de concert, dans une version révisée par Vincent d'Indy, à la Schola cantorum de Paris, en 1905.

 

Repris à Paris, au Théâtre des Arts, le 05 février 1913, dans la version de Vincent d'Indy, avec Mmes Claire CROIZA (Poppée), Hélène DEMELLIER (Octavie), ROMANITZA (le page), et M. A. COULOMB (Néron) sous la direction de Vincent D'INDY.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 23 décembre 1937, dans une version révisée par Gian Francesco Malipiero. Paroles françaises de Charles Van den Borren. Décors et costumes dessinés par Jean Souverbie. Mise en scène de Jean Mercier.

Mmes Renée GILLY (Poppée), Madeleine SIBILLE (Octavie), Madeleine DROUOT et BARA (la Fortune), Jeanne MATTIO et NOELLE (la Vertu), STORA (l'Amour), LEHMANN (Dursille), Aimée LECOUVREUR (la nourrice d'Octavie), Jeanne MATTIO (Arnalta), Georgette DENYS (un page), Lucy THELIN (une Demoiselle).

MM. Georges JOUATTE (Néron), André GAUDIN (Othon), Victor PUJOL (Lucain), ETCHEVERRY (Sénèque), SAINVAL (Liberto), CHARDEY (Mercure), Gabriel COURET et Raymond MALVASIO (2 soldats).

Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.

 

4 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Quelque louable que soit cet essai de résurrection d'un opéra italien qui remonte au milieu du XVIIe siècle (la première eut lieu à Venise en 1642), il est peu probable que les contemporains prennent grand intérêt à un livret extrêmement traînant, que ne vivifie nullement un découpage moderne en tableaux. Sans doute la rivalité d'Octavie épouse de Néron, et de Poppée qu'aime l'imperator peut donner naissance à une belle tragédie, mais elle reste à faire. Pour précipiter un peu une action languissante, on a supprimé des récitatifs musicaux et on les a remplacés par le débit parlé ; rien n'y fait. Il ne reste que la musique, d'une qualité rare, émouvante, pleine d'accents, mais qui ne peut guère plus trouver place aujourd'hui qu'au concert. »

(Larousse Mensuel Illustré, février 1938)

 

« De trente-cinq ans postérieur à l'Orfeo, le Couronnement de Poppée marque sur le chef-d'œuvre de Monteverdi un progrès certain, encore que la totale amoralité de l'affabulation rende cet ouvrage assez antipathique. Comme pour l'Orfeo, il en existe de nombreuses versions et toutes sortes d'arrangements, tripatouillages, etc.

L'action se déroule à Rome, au premier siècle après J.-C. Néron s'est épris de Poppée, femme d'Ottone. Octavie, femme délaissée de Néron, cherche appui auprès de Sénèque, le philosophe. Celui-ci dénonce l'attitude de Néron qui, encouragé par Poppée, fait intimer à Senèque l'ordre de se donner la mort.

Dans une scène empreinte d'émotion, Sénèque prend congé de ses amis, et, au cours d'une orgie, Néron fête la mort du philosophe.

Octavie, abandonnée par Néron, persuade Ottone de tuer Poppée, mais l'intervention du dieu Amour empêche le meurtre de s'accomplir.

Néron pardonne à Ottone, tout en ordonnant son bannissement à vie. Poppée triomphe. Néron l'épouse et la couronne impératrice. »

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

 

 

 

le Couronnement de Poppée à l'Opéra-Comique en décembre 1937

 

 

  

COURSES DE NEWMARKET (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne de Jouy et Jean-Toussaint Merle, musique de Georg Jacob Strunz. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 26 décembre 1818.

 

« Jolie musique, mauvais poème, chute complète. » [Almanach des spectacles, 1819]

 

 

COURSES DE TEMPÉ (LES)

 

Pastorale en un acte, en vers, suivie d'un divertissement, paroles de Piron, musique de Rameau, représenté au Théâtre-Français le 30 août 1734. Les airs de danse composés par Rameau sont d'autant plus agréables, que le rythme gracieux est rendu plus vif par de bonnes successions harmoniques. En effet, lorsque le changement d'accord est amené sur les temps forts avec science et goût, il en résulte une cadence qui nous parait être la condition essentielle de ce genre de composition.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COURTE ÉCHELLE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Charles de La Rounat, musique d’Edmond Membrée. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 mars 1879, avec Mlles Chevrier (Diane de Beaumont), Lucie Dupuis (Mariette), Marguerite Jeanne Camille Decroix (Madame de Beaumont), MM. Morlet (Vicomte de Chamilly), Bertin (Henri de Chavanne), Maris (Comte de Beaumont), Queulain (Regnard), Auguste Legrand (Bellegarde), Guillaume Bacquié (Officier du Guet royal), Caisso (Benjamin Clipman), Barnolt (premier voleur), Teste (deuxième voleur), Lucien Collin (Mauléon), Bernard (Chef de la Garde bourgeoise), Pierre Julien Davoust (un veilleur de nuit).

 

« La pièce est intéressante, pleine d'action et de belle humeur, et, si la musique ne l'eût pas alourdie par des développements exagérés et des complications vocales et instrumentales en dehors de son caractère, elle aurait réussi facilement. La scène se passe au temps de Louis XIII. Le vicomte de Chamilly, viveur élégant et insouciant, est sur le point de réparer sa fortune en épousant une riche héritière qu'il n'a jamais vue, Mlle Diane de Beaumont. Celle-ci partage les sentiments que lui a voués Henri de Chavanne, ami du vicomte. Elle a pour tuteur un vieux galant qui, ne pouvant plus avoir de bonnes fortunes pour son propre compte, favorise volontiers celles des autres. Chamilly, enterrant la vie de garçon dans un repas, a reçu de Chavanne la confidence de ses amours, sauf le nom de la belle. Il se divertit de ses scrupules, et, pour empêcher le mariage projeté, le sien propre, il propose un enlèvement, idée à laquelle le vieux tuteur applaudit, au point de vouloir même prendre part à son exécution. En effet, au deuxième acte, Chamilly fait la courte échelle au jeune Chavanne pour pénétrer auprès de Diane. Le guet vient à passer ; les gentilshommes sont provisoirement arrêtés. Chavanne et Diane de Beaumont se sont réfugiés dans une auberge, où se déroule le troisième acte. M. de Beaumont, le tuteur, a appris les détails de l'aventure dont il a été un des acteurs. Dans son emportement contre lui-même et contre le ravisseur, il provoque Chavanne et le blesse légèrement, comme doit toujours l'être un jeune premier à l'Opéra-Comique. Chantilly, qui va redevenir riche par l'héritage d'une tante, renonce à la main de Diane en faveur de son ami. Quelques épisodes comiques agrémentent cette pièce, à laquelle on pourrait peut-être reprocher de ne pas offrir quelques situations relativement sérieuses où la sensibilité ait son tour ; car cet élément est indispensable dans un ouvrage musical en trois actes. Il y a dans la partition de nombreuses réminiscences et plutôt des imitations du style d'autres musiciens qu'un travail personnel et spontané. Je signalerai toutefois une romance, Je suivais triste et solitaire, au premier acte ; dans le second, la marche du guet et la sérénade chantée par le ténor. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

COUSIN BABYLAS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles d’Emile Caspers, musique d'Henri Caspers, représente au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 08 décembre 1864.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 9 en 1864, 39 en 1865, 11 en 1866.

 

C'est encore un docteur grotesque qu'on a lois en scène. Il a essayé son traitement sur le cousin Babylas, et lui a fait perdre tous ses agréments physiques. Aussi, la fille du docteur lui préfère-t-elle un faux client, Pédrille, de joyeuse humeur. Le docteur veut aussi faire de celle-ci une victime de son abominable médecine, et il est sur le point de lui ouvrir le crâne, par amour pour la science, lorsque Isabelle accourt et empêche l'opération fatale. Un dénouement aussi brusque que banal vient mettre un terme à l'ennui des spectateurs. La déclamation offre des fautes de prosodie choquantes, particulièrement dans le duo Nous danserons, dans lequel Pédrille vante à Isabelle les plaisirs du mariage. Cette opérette a été jouée avec grâce, d'ailleurs, par Mlle Henriette Albrecht, et convenablement chantée par Emile Wartel, Désiré Fromant et Gerpré.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COUSIN BENOIST (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Gaspari, musique de M. A. Mansour, représenté au Havre le 31 octobre 1885.

 

 

COUSIN-COUSINE

 

Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau et Henri Kéroul, musique de Gaston Serpette, représentée aux Folies-Dramatiques le 23 décembre 1893, avec Mmes A. Vauthier (Thérèse), Deberio (Henriette), L. Balthy (Véronique), Tusini (la Baronne), V. Ducouret (Mme Tapenôtre), F. Legros (Mme Moutonnet), M. Humbers (Ursule), MM. Guy (Mr Tapenôtre), Guyon fils (le Baron), E. Perrin (Pomerol), M. Lamy (Jolivet), Georges Mesmaecker (Blancminet), Dacheux (Perdrigeon), Rocher (Poliveau), orchestre dirigé par Marius Baggers.

 

« La pièce nous offre une nouvelle édition des anciennes Visitandines, et surtout des plus modernes Mousquetaires au couvent. Un pensionnat de jeunes filles se trouve à portée d'une caserne de chasseurs à pied ; le feu se déclare au couvent, les chasseurs volent à son secours, et l'officier qui commande ceux-ci se trouve en présence d'une sienne cousine, dont il devient aussitôt amoureux. On devine le reste et le mariage final, qui ne se conclut pourtant qu'à la suite de toute une série d'incidents et de quiproquos d'ailleurs toujours gais et parfois spirituels. Il y a surtout une histoire d'orphéon, d'un orphéon dirigé par un notaire, qui à tout moment fait éclater ses chœurs sans qu'on sache pourquoi et de la façon la plus burlesque, qui est inénarrable. La musique de M. Serpette, toujours fine et bien écrite, rehausse ce livret fantasque de ses accents les plus aimables. On y a remarqué surtout, avec nombre de couplets amusants et faciles, un chœur de l'orphéon signalé ci-dessus dont l'effet comique est étourdissant. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

COUSIN DE DENISE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Lubis, musique de M. Pâris, représenté sur le théâtre Beaumarchais le 21 juin 1849. Il s'agit dans le livret d'une promesse de mariage et d'un dragon du 9e régiment, se substituant à un autre dragon du 6e, dont il prend la place et le nom. Ce canevas est léger ; on a trouvé la musique de M. Pâris, ancien prix de Rome, bien faite et non sans mérite.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

COUSIN DON CÉSAR (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de M. de Saint-Alme, musique de Georges Rose, représenté au théâtre Tivoli en février 1873. Le sujet a été tiré de Gil Blas.

 

 

COUSIN DE MARIVAUX (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Léon Battu et Ludovic Halévy, musique de Victor Massé, représenté au théâtre de Bade le 22 août 1857.

 

 

COUSIN ET LA COUSINE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Pigault-Lebrun, musique de Lélu, représenté au théâtre Feydeau le 1er avril 1798 et si mal accueilli par le public qu'on ne put le jouer une seconde fois.

 

 

COUSIN PLACIDE (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de M. L. Belleville, musique de M. Edmond Diet, représentée à la salle de la rue Charras le 17 décembre 1887.

 

 

COUTEAU DE CASTILLE (LE)

 

Opéra bouffe en un acte, musique de M. Ferdinand Berré, représenté à Bruxelles, sur le théâtre des Galeries-Saint-Hubert, le 22 avril 1868.

 

 

COUTELIER DE BAGDAD (LE)

 

Opéra-comique en un acte, d'auteurs inconnus, représenté sur le théâtre du Palais-Variétés (théâtre de la Cité) le 27 octobre 1792. Cet ouvrage n'obtint aucun succès ; c'est pourquoi ses auteurs ne jugèrent pas à propos de se faire connaître.

 

 

CRÉANCIERS (LES) ou LE REMÈDE À LA GOUTTE

 

Opéra bouffon en trois actes, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial, musique de Niccolo [Isouard]. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 10 décembre 1807. La partition des Créanciers, écrite dans le temps où Niccolo régnait sans compétiteur sérieux sur la scène de l'Opéra-Comique, offre de nombreuses traces de négligence. De 1805 à 1811, c'est-à-dire dans l'espace de six ans, Niccolo ne composa pas moins de quatorze opéras d'ailleurs courts, et dont les morceaux sont peu développés.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CRÉATION (LA)

 

[Die Schöpfung]

Oratorio allemand de Joseph Haydn, écrit entre 1796 et 1798, livret du baron van Swieten, créé en public au Burgtheater de Vienne le 19 mars 1799.

Première française le 03 novembre 1800 à Lille dans une version française de Pierre-Louis Moline.

Première parisienne sous le titre de la Création du monde, au Théâtre de l’Opéra (Théâtre de la République et des Arts) (salle Montansier) le 24 décembre 1800 (3 nivôse an IX) dans une version française de J.-A. de Ségur, sous la direction de Jean-Baptiste Rey. C’est en s’y rendant que Bonaparte faillit être victime de l’attentat de la rue Saint-Nicaise.

Nouvelle représentation de la Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 01 novembre 1844 lors du Festival donné par l'Association des Artistes musiciens, organisé par Habeneck.

 

"Ce chef-d'œuvre reçut un accueil enthousiaste. Ce fut le pianiste Steibelt qui le révéla aux Parisiens. Les solos de la Création furent chantés par Garat, Chéron, Mmes Barbier-Valbonne et Branchu (Mlle Chevalier). Cinquante choristes et cent cinquante-six symphonistes prirent part à l'exécution. Pendant l'adagio de l'introduction instrumentale, retentit une sorte de coup de canon : cette explosion n'alarma point le nombreux auditoire qui s'était rendu à l'appel de Steibelt. C'est le lendemain seulement qu'il apprit le danger auquel avait échappé le premier consul, en traversant la rue Saint-Nicaise : la machine infernale dirigée contre Bonaparte éclata en face du magasin de l'Opéra."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CRÈCHE MERVEILLEUSE (LA)

 

Conte provençal de Noël en trois tableaux, livret de Charles Hellem et Pol d’Estoc, musique de Lucien-Marie Aube, représenté au Théâtre des Variétés Casino de Marseille le 22 décembre 1920.

 

 

CRÉMAILLÈRE (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Paul Burani et Albert Brasseur, musique de Robert Planquette, représentée au théâtre des Nouveautés le 28 novembre 1885.

 

 

CRÉME FOUETTÉE

 

Opérette en un acte, musique de M. Georges Douay, représentée au concert de la Tertullia en 1871.

 

 

CRÉOLE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Millaud, musique de Jacques Offenbach, représenté aux Bouffes-Parisiens le 03 novembre 1875, avec Mmes Judic (Dora), Van-Ghell (René), Luce (Antoinette) ; Daubray (le Commandant), Cooper (Frontignac), Fugère (Saint-Chamas).

 

Première au Théâtre Marigny le 17 décembre 1934, dans une version nouvelle d'Albert Willemetz et Georges Delance, avec Mmes Joséphine Baker (Dora), Rose Carday (Antoinette), Carmen Lahens (Crème fouettée) ; MM. Dréan (Cartahut), Urban (le Commandant), René Charle (René), Adrien Lamy (Frontignac), Jean Poc (Saint-Chamas).

"Le commandant de Feuillemorte voudrait que sa pupille Antoinette épouse son cousin René. Il va de soi que celui-ci est amoureux ailleurs, en l'espèce de Dora la Créole, cependant qu'Antoinette ne désire que Lucien Frontignac. Les écueils semés entre les amoureux ne sont là que pour occuper les trois actes et, en dépit de l'autoritaire et aveugle commandant, tout s'arrangera au gré des jeunes gens. Sans être une chanteuse entraînée, Mme Joséphine Baker dispose d'un registre assez étendu ; mais elle sait dire et moduler les romances avec un ton et un timbre si persuasifs qu'on oublie tout le reste ; surtout, elle donne à son personnage un tel accent de vérité qu'elle emporte aisément tous les assentiments." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)

 

« L'action se passe au temps de Louis XIV. Le commandant Adhémar de Feuilles-Mortes veut marier Antoinette, sa pupille, à son neveu René, le mousquetaire. Antoinette est aimée de Frontignac, l'ami de René. Pendant que le commandant est en pleine mer, René presse le mariage de son ami avec Antoinette, car il a laissé à la Guadeloupe l'objet de ses amours, la belle créole Dora. Adhémar revient brusquement et ramène à son bord la maîtresse de son neveu. Comment lui annoncer que ses ordres d'hyménée ont été méconnus ? Dora se charge d'obtenir son consentement en s'emparant d'une lettre de Duguay-Trouin, qui contient un avis important, et en ne la remettant à Adhémar qu'à la condition qu'il approuvera le double mariage. Sur ce livret peu intéressant, M. Offenbach a brodé une musiquette dénuée de toute originalité ; ce sont toujours les mêmes phrases écourtées et jetées dans le même moule rythmique. Le deuxième acte a été le mieux accueilli ; la villanelle : Je croyais que tu m'aimais, chantée au clavecin par Antoinette, a quelque peu le caractère archaïque, mais l'accompagnement en est bien pauvre. La romance de Dora : Il vous souvient de moi, j'espère, est monotone, et ses couplets : Si vous croyez que ça m'amuse, sont d'aussi mauvais goût que le duo d'amour qui les suit. La chanson créole ne vaut guère mieux. M. Offenbach persiste dans des enfantillages qui ont fini par fatiguer le public, tels que des répétitions de mots et de syllabes. Ici, c'est un chœur sur les paroles : René, René, René, René ; là, c'est : je t'aim’, t'aim', t’aim’, t’aim' ; ailleurs, c'est : qui ? qui ? plus loin, c'est : Coco. Dans le dernier acte, la chanson des Dames de Bordeaux a été bissée. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CRÉOLES (LES)

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Louis Lacour, musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 octobre 1826.

« La scène est à Madagascar. Valcour va épouser Laure, qui a rejeté les vœux de Pyracmond, homme de couleur. A la tête des siens, cet amant furieux combat son rival et le fait prisonnier ; mais attendri par les larmes de Laure il le rend à là liberté et les amants s'embarquent pour la France. Succès contesté. » [Almanach des spectacles, 1827]

 

 

CRÊPES DE LA MARQUISE (LES)

 

Opérette en un acte, paroles de M. Turpin de Sansay, musique de M. Georges Douay, représentée aux Bouffes-Parisiens le 18 mars 1865.

 

 

CRÉPUSCULE DES DIEUX (LE)

 

[Die Götterdämmerung]

Drame musical allemand en un prologue, trois actes et sept tableaux, constituant la 3e et dernière journée de l'Anneau du Nibelung (voir ce titre), poème et musique de Richard Wagner.

 

Personnages : Siegfried (ténor) ; Gunther (baryton) ; Alberich (baryton) ; Hagen (basse) ; Brünnhilde (soprano) ; Gutrune (soprano) ; Waltraute (mezzo-soprano) ; première Norne (contralto); deuxième Norne (mezzo-soprano) ; troisième Norne (soprano) ; Woglinde (soprano) ; Wellgunde (soprano) ; Flosshilde (mezzo-soprano) ; guerriers, vassaux, femmes.

 

L’action se déroule à l’époque légendaire, sur le rocher de Brünnhilde, dans le château de Gunther au bord du Rhin et dans une région boisée près du Rhin.

 

Créé à Bayreuth, Festspielhaus, dans le cadre de l'Anneau du Nibelung, le 17 août 1876.

 

Première fois à Londres, au Her Majesty's Theatre, en 1882 ; à New York, au Metropolitan Opera en 1888 (sans les scènes de Waltraute ni la scène des nornes).

 

Première fois en français (dans la version d'Alfred Ernst) au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles, le 24 décembre 1901 avec Félia Litvinne (Brunnhilde), J. d'Hasty (Waltraute), Claire Friché (Gutrune), d'Hasty, Maubourg et Friché (trois Nornes), Verlet, Tourjane et Maubourg (trois filles du Rhin), MM. Dalmorès (Siegfried), H. Albers (Gunther), Bourgeois (Hagen), Viaud (Alberich), sous la direction de Philippe Flon.

 

Première fois à Paris, au Théâtre du Château-d'Eau (dans la version d'Alfred Ernst) le 17 mai 1902.

 

 

BAYREUTH

17.08.1876

LONDRES

09.05.1882

NEW YORK

25.01.1888

PARIS

17.05.1902

Brunnhilde

Amalie MATERNA

VOGEL

Lillie LEHMANN

F. LITVINNE

Gutrune

Matilde WECKERLIN

SCHREIBER

SEIDL-KRAUSS

J. LECLERC

Waltraute

Luise JAIDE

KINDERMANN

 

OLITZKA

 

Johanna WAGNER, Josephine SCHEFZKY, Federica GRÜN

 

 

 

 

 

 

 

 

Siegfried

Georg UNGER

VOGEL

A. NIEMANN

DALMORES

Gunther

Eugen GURA

WIEGAND

A. ROBINSON

H. ALBERS

Hagen

Gustav SIEHR

BIBERTI

E. FISCHER

VALLIER

Alberich

Karl HILL

SCHELPER

VON MILDE

CHALLET

Chef d’orchestre

Hans RICHTER

A. SEIDL

A. SEIDL

A. CORTOT

 

Première fois au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 23 octobre 1908, dans la version française d'Alfred Ernst ; mise en scène de Paul Stuart ; décors d'Eugène Carpezat (prologue et 1er tableau du 1er acte), Dubosq et Belluot (2e tableau du 1er acte et 3e acte), Marcel Jambon et Alexandre Bailly (2e acte) ; costumes de Joseph Pinchon.

 

 

23.10.1908

1e

07.11.1908

 

02.03.1925

38e

13.03.1925

 

18.02.1928

46e

16.06.1931

51e

Brunnhilde

Louise GRANDJEAN

Louise GRANDJEAN

DEMOUGEOT

DEMOUGEOT

BUNLET

LEIDER

Gutrune

FEART

FEART

Jane CROS

Jane CROS

CAMPREDON

HEIDERSBACH

Waltraute

LAPEYRETTE

CHARBONNEL

LAPEYRETTE

LAPEYRETTE

LAPEYRETTE

OLSZEWSKA

Voglinde

GALL

GALL

MARILLIET

MARILLIET

LAVAL

MARILLIET

Velgunde

LAUTE-BRUN

LAUTE-BRUN

Cécile REX

Cécile REX

TIRARD

TIRARD

Flosshilde

LAPEYRETTE

DE BUCK

Yvonne COURSO

Yvonne COURSO

Yvonne COURSO

MANCEAU

Première Norne

CHARBONNEL

CARO-LUCAS

MONTFORT

MONTFORT

MONTFORT

MONTFORT

Deuxième Norne

CARO-LUCAS

A. BARON

COSSINI

COSSINI

COSSINI

MAHIEUX

Troisième Norne

A. BARON

 

BONAVIA

BONAVIA

LALANDE

COSSINI

 

 

 

 

 

 

 

Siegfried

VAN DYCK

VAN DYCK

FRANZ

FRANZ

FRANZ

MELCHIOR

Gunther

DINH-GILLY

DINH-GILLY

CARBELLY

CARBELLY

CARBELLY

JANSSEN

Hagen

DELMAS

DELMAS

DELMAS

DELMAS

JOURNET

ANDRESEN

Alberich

Marcellin DUCLOS

Marcellin DUCLOS

Marcellin DUCLOS

Marcellin DUCLOS

Marcellin DUCLOS

Marcellin DUCLOS

Trois Guerriers

     

MADLEN

ERNST

CAMBON

   

Chef d’orchestre

MESSAGER

 

GAUBERT

GAUBERT

GAUBERT

BLECH

 

La 50e à l’Opéra eut lieu le 14 avril 1928, avec les interprètes de la reprise de 1928, sauf M. MAURAN (Gunther).

 

 

24.04.1933

53e

24.02.1934

63e

16.01.1950*

65e

18.05.1955

74e

24.05.1957

75e

Brunnhilde

LUBIN

Marjorie LAWRENCE

Kirsten FLAGSTADT

MOEDL

VARNAY

Gutrune

Germaine HOERNER

Germaine HOERNER

Doris DORÉE

ISENE

SCHECH

Waltraute

LAPEYRETTE

BACHILLAT

Elsa CAVELTI

MALANIUK

MALANIUK

Voglinde

Milly MORÈRE

Milly MORÈRE

Marcelle CROISIER

MOOR

SOMMERSCHUK

Velgunde

DONIAU-BLANC

 

DONIAU-BLANC

 

BONNI-PELLIEUX

DEMMER

 

SCHAERTEL

 

Flosshilde

MANCEAU

BACHILLAT

Agnès DISNEY

ASSERSON

SCHUBERT

1re Norne

MONTFORT

MONTFORT

Inès CHABAL

SIEWERT

SIEWERT

2e Norne

Odette RICQUIER

 

Odette RICQUIER

 

Odette RICQUIER

MALANIUK

 

MALANIUK

 

3e Norne

Thérèse HOLLEY

Thérèse HOLLEY

Georgette CAMART

ISENE

SCHECH

 

 

 

 

 

 

Siegfried

Paul FRANZ

Paul FRANZ

Max LORENZ

TREPTOW

BEIRER

Gunther

SINGHER

FROUMENTY

Paul SCHŒFFLER

Paul SCHŒFFLER

Paul SCHŒFFLER

Hagen

JOURNET

HUBERTY

Ludwig WEBER

GREINDL

GREINDL

Alberich

DUCLOS

DUCLOS

CHARLES-PAUL

NEIDLINGER

PERNERSTORFER

Chef d’orchestre

Philippe GAUBERT

Philippe GAUBERT

George SEBASTIAN

KNAPPERTSBUSCH

KNAPPERTSBUSCH

 

* La Reprise de 1950 fut chantée en allemande, dans la mise en scène de M. TIETJEN.

 

Reprise à l’Opéra du 06 avril 1962 (79e représentation) dans des décors de Maurice Brunet, des costumes de Myrte Renée Trosseau et une mise en scène de José BECKMANS.

Mmes GROB-PRANDL (Brunnhilde), STRAUSS (Gutrune), HOFFMANN (Waltraute), BROUDEUR, BORE, GUIOT (3 Filles du Rhin), BOSSE, HOFFMANN, STRAUSS (3 Nornes).

MM. BEIRER (Siegfried), STEWART (Gunther), Josef METTERNICH (Alberich), GREINDL (Hagen), HURTEAU, ROUQUETTY (2 Guerriers).

Chef d'orchestre : George SEBASTIAN

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Brunnhilde : Mmes LITVINNE (1909), BREVAL (1912), BORGO (1912), LAWRENCE (1933), BRAUN (1950).

Gutrune : Mmes BOURDON (1910), HENRIQUEZ (1913), BONAVIA (1925), HOLLEY (1933), MAC-ARDEN (1933, BRIVKALNE (1958).

Waltraute : Mmes PAQUOT d'ASSY (à la générale), CHARBONNEL (1908), BOYER DE LAFORY (1909), VHITA (1933), BACHILLAT (1934), KLOSE (1950), GORR (1958).

Siegfried : MM. GODART (1908), ALTCHEWSKY (1911), VERDIER (1912), DALMORES (1913), DE TREVI (1933).

Gunther : MM. DANGES (1908), TEISSIE (1911), ROSELLY (1912), FROUMENTY (1934), REHFUSS (1950), HERWIG (1958).

Alberich : MM. NUCELLY (1908), BECK (1911), NOGUERA (1950).

Hagen : MM. A. GRESSE (1909), A. HUBERTY (1933), ERNSTER (1955).

 

78 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

  

PROLOGUE. — Le rocher de Brünnhilde.

Il fait nuit noire. Les trois Nornes tressent le câble de la destinée, qu'elles se passent tour à tour. La Première Norne parle tout d'abord et raconte la destinée de Wotan. La Deuxième Norne dit à son tour la détresse du maître des dieux ; la Troisième Norne raconte comment un immense bûcher est dressé, prêt à s'embraser, autour de la demeure des immortels. Puis le câble se rompt, symbolisant la fin d'une ère. Les Nornes disparaissent.

Le jour grandit [Morceau Symphonique : « le Lever du jour » (*)]. Siegfried apparaît, au côté de Brünnhilde qui l'accompagne, tenant son noble coursier Grâne par la bride. Brünnhilde confie Grâne à son époux, qu'elle envoie vers de nouvelles prouesses. Siegfried passe au doigt de Brünnhilde l'Anneau du Nibelung, puis s'éloigne, tandis que son cor fait longuement retentir les échos.

[Morceau Symphonique : « le Voyage de Siegfried sur le Rhin » (*)].

(*) Au concert, le Lever du jour et le Voyage sur le Rhin sont généralement réunis ensemble, sous le titre du second fragment seul.

ACTE I.

1er TABLEAU : Le Palais des Gibichungs, sur les bords du Rhin.

Scène 1. — Gunther, roi des Gibichungs, et sa sœur Gutrune sont sur un trône. A leurs pieds est assis leur demi-frère Hagen, fils d'Alberich, à la sagesse duquel ils rendent tous deux hommage. Hagen insinue à Gunther qu'il devrait se marier et à Gutrune qu'elle devrait prendre un époux. Il leur dit la merveilleuse histoire de Brünnhilde, la Vierge du Roc Ardent, sans révéler toutefois sa conquête par Siegfried. Pourquoi Gunther n'épouserait-il pas Brünnhilde, que Siegfried irait chercher pour lui en échange de la main de sa sœur ?
Gutrune ne possède-t-elle pas de sa mère des charmes capables de s'attacher le héros. La tentation est forte. Le frère et la sœur y succombent et attendent joyeusement l'arrivée de Siegfried qui ne peut manquer d'apparaître d'un moment à l'autre dans ces parages.

Scène 2. — Le cor de Siegfried descendant le Rhin se fait entendre. Hagen l'aperçoit, conduisant la barque qui le transporte avec Grâne. Gunther descend à sa rencontre, tandis que Gutrune se retire en proie à une vive émotion.

Siegfried aborde et s'enquiert de Gunther auquel il vient offrir, à son choix, le combat ou l'amitié. Gunther fait avec son hôte un serment d'alliance. Hagen l'interroge sur les richesses des Nibelungs. Gutrune arrive, portant une coupe qu'elle présente à Siegfried en gage de bienvenue. Siegfried y boit un philtre et, tout aussitôt, le souvenir de Brünnhilde s'efface de sa mémoire. La passion s'allume dans ses yeux en regardant Gutrune. Il la demande bientôt en mariage à Gunther, en échange de la Walkyrie captive sur un rocher solitaire qu'il s'engage à aller conquérir pour lui. Un solennel serment scelle le pacte conclu. Siegfried, grâce au heaume magique qui permet les métamorphoses, se présentera à Brünnhilde sous les traits de Gunther lui-même.

Hagen, comptant bien reconquérir sous peu le trésor dérobé à son père Alberich, exulte en regardant le héros s'éloigner.

2e TABLEAU : Le Rocher de Brünnhilde.

Scène 3. — Brünnhilde, silencieuse et pensive, contemple l'Anneau que Siegfried lui a donné. Soudain, un cheval ailé aborde le rocher : c'est sa sœur Waltraute qui s'est clandestinement échappée du Walhalla pour venir supplier Brünnhilde de sauver les Immortels en rendant au Rhin l'Anneau forgé avec l'Or dérobé par Alberich. Mais Brünnhilde s'y refuse avec orgueil ; Waltraute s'enfuit désespérée.

Un héros franchit la barrière de feu. Brünnhilde, s'élançant à sa rencontre, persuadée que ce ne peut être que son époux, recule d'horreur en apercevant un inconnu qui n'est autre que Siegfried ayant pris, grâce au heaume, l'apparence de Gunther. En vain veut-elle résister, appeler à l'aide : l'inconnu lui impose sa loi et la terrasse en lui arrachant l'Anneau, qu'il passe à son propre doigt. Il la force ensuite à partager sa couche ; mais fidèle à la parole donnée, place « Nothung » entre lui et celle qu'il a conquise pour son frère d'armes.

ACTE II. — La perspective du Rhin, devant le Palais des Gibichungs.

Scène 1. — La nuit est profonde. Hagen et Alberich devisent dans l'ombre, le père excitant son fils à voix basse pour qu'il reconquière l'Anneau perdu. Hagen en fait la solennelle promesse.

Scène 2. — Le soleil se lève. Bientôt Siegfried apparaît, transporté directement par la puissance du heaume. Gutrune le reçoit avec joie, ravie à la pensée que Gunther, ayant reçu son épouse des mains du vainqueur, est en route avec elle pour le palais de ses pères.

Scène 3. — Hagen embouche sa corne pour appeler les vassaux à la double noce de Gunther et de Siegfried. Tous se rassemblent bientôt autour de lui.

Scène 4. — Gunther, le front pensif, et Brünnhilde, renfermée dans un morne silence, débarquent maintenant, aux acclamations enthousiastes des vassaux. Apercevant bientôt Siegfried aux côtés de Gutrune, Brünnhilde ne peut croire à ce qu'elle voit. Devant tous, elle jure que Siegfried est son époux, reconnaissant à son doigt l'Anneau qui lui fut arraché. L'émotion est à son comble. Gunther s'effondre dans la honte.

Scène 5. — Tandis que Siegfried, fort de son innocence, insouciant des menaces de Brünnhilde, s'éloigne avec sa nouvelle fiancée, Hagen s'approche de la pauvre abandonnée et lui offre le secours de son bras pour la venger. Brünnhilde accepte et lui indique alors la seule place — entre les épaules — où Siegfried n'est pas invulnérable. Hagen fait part de son projet à Gunther qui hésite, mais dont les scrupules sont bientôt étouffés. Siegfried périra, et l'on feindra un accident de chasse.

L'acte s'achève par le cortège nuptial de Segfried et de Gutrune qui s'éloignent, accompagnés d'une joyeuse suite, tandis que Hagen, retiré à l'écart, invoque l'assistance d'Alberich, se jurant d'être bientôt le possesseur de l'Anneau convoité.

ACTE III.

1er TABLEAU : Un site au bord du Rhin.

Scène 1. — Woglinde, Wellgunde et Flosshilde, les trois Filles du Rhin, évoluent à la surface du fleuve en se lamentant sur la perte de leur Or. Siegfried apparaît bientôt sur la hauteur, égaré à la poursuite du gibier. Comme un grand enfant, il se plaît tout d'abord à leurs jeux, mais quand elles lui demandent l'Anneau qui brille à son doigt, il refuse. Lorsqu'elles le menacent, lui annonçant sa mort prochaine, il refuse plus obstinément encore. Elles s'enfuient et Siegfried reste seul.

Scène 2. — Les fanfares de chasse se rapprochent peu à peu. Siegfried leur répond. Bientôt Gunther et Hagen descendent la colline avec leur suite. Hagen pousse Siegfried à conter ses aventures, ce qu'il fait volontiers. Quand, arrivé à l'histoire de Brünnhilde, la mémoire lui fait défaut, Hagen lui fait avaler un breuvage qui lui rend la mémoire. Siegfried, devant les vassaux confondus, dit alors l'éveil de la Walkyrie. Son regard se perd dans le rêve. Hagen en profite pour lui enfoncer dans le dos son épieu. Avant d'expirer, Siegfried envoie encore un suprême adieu à là Bien-Aimée qu'il n'a pas conscience d'avoir trahie.

Un convoi funèbre s'organise. Les vassaux emportent le corps du héros mort [Musique funèbre dite « Marche funèbre de Siegfried »].

2e TABLEAU : La rive du Rhin, devant le Palais de Gunther.

Scène 3. — La nuit venue, Gutrune sort du palais, inquiète, pour guetter le retour de son époux. Hagen se présente et lui annonce la mort de Siegfried à la chasse. Le cortège funèbre arrive. La malheureuse Gutrune tombe évanouie en voyant sans vie celui qu'elle aimait. Gunther veut la relever, mais, revenant à elle, Gutrune le repousse avec horreur, l'accusant d'avoir assassiné son époux. Gunther se disculpe en dévoilant le crime de Hagen, le meurtrier s'avance, proclamant avec hauteur son acte odieux. Comme il veut s'emparer de l'Anneau qui est toujours au doigt de Siegfried, Gunther tente de l'en empêcher. Hagen dégaine et, bientôt étend Gunther mort à ses pieds. Hagen se précipite alors pour saisir l'Anneau, mais la main de Siegfried se dresse, menaçante, et Hagen recule, épouvanté.

Brünnhilde s'avance maintenant, solennelle, écartant les assistants. Gutrune éclate en reproches, mais Brünnhilde lui impose silence. Gutrune, réalisant que son philtre fut la cause initiale de tout le mal, s'effondre, abîmée de douleur, sur le cadavre de son frère.

Brünnhilde ordonne alors aux vassaux de dresser sur le rivage un vaste bûcher destiné à recevoir le corps du héros mort. Se perdant longuement dans la contemplation du Bien-Aimé, elle comprend maintenant la culpabilité des dieux et la malédiction de l'Anneau. Cet Anneau, elle le rendra au Rhin avec ses cendres ; le feu qui consumera son bûcher embrasera aussi celui que Waltraute vit édifier autour du Walhalla. Enflammant la haute pile de bois, Brünnhilde se retourne une dernière fois, léguant au peuple assemblé le bien le plus précieux : l'amour, qui seul peut sortir victorieux de toutes les épreuves et donner la félicité parfaite. Puis elle saisit son cheval Grâne et bondit avec lui dans le brasier. Le feu éclate de toutes parts. Quand il s'apaise, les flots du Rhin s'enflent, montent, amenant les trois Ondines qui viennent recueillir l'Anneau. Hagen, qui a observé la scène en silence, se précipite à ce moment au milieu des flots pour s'en emparer. Mais Wellgunde et Woglinde entraînent Hagen dans les profondeurs, tandis que Flosshilde brandit à la crête des vagues l'Anneau enfin reconquis.

Le ciel s'embrase et le Walhalla s'effondre dans l'horreur grandiose d'un océan de feu.

 

« Il est difficile de se faire une idée de l'incohérence et de l'enfantillage du livret de ce dernier ouvrage, de ses longueurs accablantes, de l'ennui qui s'en dégage ; c'est le fruit d'une imagination malade, qui se contente de tous les prétextes scéniques pour former le semblant d'une action qui n'a véritablement ni queue ni tête, d'une action dont on peut dire que le dévergondage confine à la folie. Et le rôle de la musique n'est point de nature à calmer la fatigue et l'ennui du spectateur, au moins jusqu'au troisième acte, où l'homme de génie se retrouve, et dont les beautés rachètent en partie la souffrance que causent les précédents. Voici ce qu'un des plus fanatiques admirateurs de Richard Wagner, M. Charles Tardieu, dans les lettres qu'il adressait de Bayreuth à l'Indépendance belge lors des premières représentations de la tétralogie, écrivait à propos du Crépuscule des Dieux :

« N'était son troisième acte, la Götterdämmerung, ce crépuscule des dieux, serait aussi le crépuscule de la tétralogie. On assure que c'est une question d'exécution, que les artistes étaient fatigués, le public aussi, non pas à cause de l'œuvre, car le Siegfried de la veille avait ranimé tous les courages, mais à cause de la chaleur, qui sévit ici comme partout, chaleur terrible en dépit d'une brise légère qui rendrait le soleil supportable, si elle n'avait l'inconvénient de déchaîner dans l'atmosphère une poussière énervante et aveuglante. Pourtant la fatigue de tous était bien plus accablée au commencement du troisième acte qu'au début de cette quatrième journée dramatique ; la température de la salle s'était élevée à un diapason fantastique, et cela n'a pas empêché ce troisième acte de renouveler et de dépasser les plus hautes impressions des premiers jours. N'est-on pas en droit d'en conclure que les deux premiers actes sont infiniment moins heureux, et que l'auteur, forçant la mesure de son génie, a trop exigé de la tension cérébrale du public ? Heil dir, siegendes Licht ! (Honneur à toi, lumière victorieuse !) tel est le salut de Brunnhilde au héros qui la délivre du sommeil divin et la conquiert à l'amour terrestre. On pourrait dire que les trois premières partitions de la tétralogie sont une conquête par la lumière, l'héroïsme et l'amour, mais que dans les deux premiers actes de la Götterdämmerung, dans le premier surtout, Richard Wagner n'est plus le Siegfried allègre et rayonnant que nous venons d'applaudir d'enthousiasme ; il a coiffé le sombre Tarnhelm du Nibelung, il a pris le masque de Gunther ; c'est par la violence qu'il impose à la foule comme à la Walkure sa domination intraitable, et la foule, révoltée mais vaincue, n'a plus qu'à pousser le cri de détresse impuissante de Brunnhilde : Was koenntest du wehren, elendes Weib ? (Misérable femme, misérable foule, que pourrais-tu encore refuser ?) Le fait est qu'elle ne refuse pas son admiration au troisième acte. L'exorde ne serait-il encore ici qu'un repoussoir pour faire ressortir la péroraison, et Richard Wagner se serait-il une fois de plus inspiré de cet aphorisme qui pourrait servir d'épigraphe à son œuvre : Il faut payer son bonheur ? Peut-être ; mais cette fois nous l'avons payé avec usure. »

Je répète que c'est un des plus furieux admirateurs de Wagner qui parle ainsi. Que peuvent bien penser les autres ?

Tandis que la Walkyrie nous fait assister aux élans de la passion incestueuse de Siegmund et de Sieglinde et au châtiment infligé par le dieu Wotan à sa fille Brunnhilde, que Siegfried nous fait contempler les amours de ce fils posthume de Siegmund et de la Walkyrie Brunnhilde, qu'il délivre du sommeil auquel l'a condamnée son père, le Crépuscule des Dieux, à l'aide d'une action invraisemblable, folle, odieuse et répugnante par instants, nous fait contempler successivement la mort de tous ces héros, tous plus sots et plus scélérats les uns que les autres : Siegfried, Gunther, Hagen, et Brunnhilde elle-même, la seule figure touchante et intéressante de ce mélodrame enfantin, qui se termine par l'incendie et la destruction du Walhalla, cet Olympe des dieux de la mythologie scandinave.

Le prologue et le premier acte du Crépuscule des Dieux, qui comprennent à eux deux quatre tableaux, se jouent tout d'une traite. Ci, deux heures de musique, sans désemparer, et quelle musique ! « Sombres harmonies, rythmes traînants et insaisissables qui atrophient et asphyxient les motifs principaux du Rheingold ; cela ne manque pas de caractère, mais c'est bien long », dit l'écrivain que j'ai déjà cité, M. Charles Tardieu. Et il ajoute : « Malgré quelques beautés que je n'ai point dissimulées, malgré la puissance d'un talent qui se manifeste jusque dans la ténacité de la fatigue écrasante que ce premier acte fait subir à l'auditoire, l'impression générale était défavorable, pour ne pas dire hostile. » Voilà ce qu'un wagnérien ultra-convaincu écrivait, à Bayreuth même et du vivant même de Wagner ! Le second acte ne le trouve pas plus indulgent, mais ici il s'en prend surtout au poème, et surtout la grande scène entre Siegfried et Brunnhilde est considérée par lui comme « inacceptable au théâtre » . Et il dit : « Nous sommes non pas dans la réalité moderne, mais dans la fantaisie légendaire et symbolique. Soit ! Mais pour qu'une légende fournisse le sujet d'un drame ou seulement d'une situation dramatique, encore faut-il qu'elle soit scénique, et celle-ci ne l'est pas... » Nous voilà loin des pâmoisons de ceux qui prétendent faire de Wagner un plus grand poète encore qu'un grand musicien, et qui font pâlir devant lui les mâles figures de Sophocle, de Shakespeare et de Corneille. En parlant ainsi je n'invente rien, et l'on n'a qu'à lire, pour s'en convaincre, les divagations enfiévrées et folles auxquelles se livrent, sous prétexte de gloses, de commentaires et d'éclaircissements, certains wagnériens français qui, dans les élans d'une admiration poussée jusqu'au fétichisme, semblent avoir perdu le sens des mots et des choses.

Le troisième acte du Crépuscule des Dieux, s'il n'est point meilleur que les précédents en ce qui concerne le poème, rachète du moins, au point de vue musical, la souffrance cruelle que ceux-ci ont infligée à l'auditoire. Il y a là des beautés d'un ordre absolument supérieur, et Wagner s'y retrouve avec toute la puissance d'un génie magnifique dont l'intempérance était le vice original. Il faut signaler ici le retour exquis des filles du Rhin, leur scène exquise avec Siegfried, qui refuse de leur donner l'anneau du Nibelung, celle, délicieuse encore, où ce même Siegfried, se retrouvant avec ses compagnons, leur raconte sa jeunesse et ses exploits, et enfin, après le meurtre de celui-ci par Hagen, l'épisode de la marche funèbre qui l'accompagne jusqu'au palais des Gibichungen pendant un long changement à vue, page symphonique admirable et qui resplendit de lumineuses beautés. Malgré ces beautés, qui, hélas ! se font trop attendre et désirer, il n'est pas probable que le Crépuscule des Dieux atteigne jamais à la popularité qu'ont acquise certaines œuvres du maître saxon. Il y a des limites à l'ennui, et c'est ce dont Wagner ne s'est pas assez rendu compte dans cet ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Siegfried ; Brunnhilde ; Gunther, roi des Gibichungs ; Gutrune, sœur de Gunther ; Alberich ; Hagen, fils d'Alberich ; les Nornes ; les filles du Rhin.

Pour cette pièce, nous avons adopté la version française d’Ernst, qui est celle qui s’adapte le mieux au texte musical.

L'action du Crépuscule des dieux s'enchaîne immédiatement à celle de Siegfried. Elle s'ouvre au matin de la nuit nuptiale de Siegfried et de Brunnhilde, sur le rocher de la Valkyrie. Au lever du rideau, il fait nuit encore ; les flammes qui lèchent le pied du rocher éclairent l'horizon de leurs reflets rougeâtres. Les trois Nornes — équivalent scandinave des trois Parques de la mythologie méditerranéenne — filent la destinée et devisent en phrases obscures. Ce prologue semble n'avoir d'autre but que d'expliquer sommairement au spectateur ce qui s'est passé dans les trois soirées précédentes, en admettant qu'il n'y ait pas assisté. A la fin de la scène, le câble rompt, symbolisant la fin d'une ère, et les Nornes fuient.

Le jour se lève. Siegfried et Brunnhilde sortent de la grotte où ils ont passé la nuit des épousailles. L'ex-Valkyrie donne son cheval Grane à son époux et l'envoie à de nouvelles prouesses. Siegfried passe au doigt de son épouse en gage de sa foi l'anneau — l'anneau du Nibelung — qu'il a repris à Fafner mort. Puis le héros s'éloigne et l'orchestre retrace son passage au travers du feu, tandis que son cor fait un temps retentir les échos.

Un entr'acte symphonique pendant le changement de tableau retrace le voyage de Siegfried sur le Rhin. Puis la scène se rouvre et nous apercevons la grande salle du palais de Gunther, au bord du fleuve. Gunther et Gutrune sont sur un trône. A leurs pieds est assis un sombre guerrier, Hagen, un fils que, sans amour, Alberich contraignit une mortelle, la propre mère de Gunther, à lui enfanter. Hagen insinue à son demi-frère qu'il devrait se marier, à Gutrune qu'elle devrait prendre un époux. Tous deux prêtent l'oreille au tentateur et voici que maintenant celui-ci leur dit la merveilleuse histoire de la vierge du Roc Ardent, de Siegfried le Wælsung, mais en ayant soin de taire la conquête de la première par le second. Siegfried possède en outre de sa vaillance, dit Hagen, un trésor inestimable, qui doit donner à son possesseur l'empire de l'univers. Grâce à ce talisman, seul il est à même de conquérir la Valkyrie.

« A quoi bon me tenter, puisque la Valkyrie ne peut être à moi », soupire Gunther mécontent.

« Mais ne l'épouserais-tu pas si le héros Siegfried la conquérait pour toi en échange de la main de ta sœur ? »

Et pour attacher Siegfried à Gutrune, Hagen rappelle à celle-ci qu'elle possède un philtre magique : quiconque en a goûté oublie toutes les femmes qu'il a vues auparavant pour aimer uniquement celle qui lui a versé le breuvage. La tentation est forte : frère et sœur y succombent, lorsque le cor de Siegfried descendant le Rhin se fait entendre au loin. Hagen appelle le héros qui approche et reçoit de ses hôtes la plus cordiale bienvenue. Le plan concerté est exécuté : Gutrune tend à Siegfried un breuvage magique. Dès qu'il y a trempé les lèvres, le souvenir de Brunnhilde s'efface de sa mémoire et il demande à Gunther la main de sa sœur, qui lui est joyeusement accordée. Puis il propose à son futur beau-frère de lui trouver la plus merveilleuse épouse : la vierge du Roc Ardent ! Il jure avec Gunther l'alliance du sang. Grâce au heaume qui permet les métamorphoses, il trompera sa conquête sur son identité, de sorte que Brunnhilde croira avoir été conquise par Gunther lui-même.

Le serment solennellement juré, Siegfried repart, conquérir son épouse une seconde fois — pour un autre.

Hagen le regarde s'éloigner. Il exulte : le fils du Nibelung tient désormais sa vengeance ; il reconquerra sous peu l'anneau enlevé à son père ! Un nouveau changement de scène nous ramène au rocher de Brunnhilde. L'orage gronde. De lourds pressentiments sont dans l'air. Soudain, un cheval ailé aborde le rocher, et Waltraute, une sœur de Brunnhilde, en descend. Elle s'est échappée clandestinement du Walhall pour apporter à celle qui fut la préférée de son père de tristes nouvelles du séjour des dieux : elle seule peut sauver les immortels. Depuis sa déchéance, Wotan n'a plus envoyé ses belliqueuses filles sur les champs de bataille. Agité par une sombre inquiétude, il parcourt sans trêve l'univers. Or, la veille, il est rentré tenant les tronçons de sa lance brisée dans sa main. D'un geste, il a ordonné d'abattre le frêne du monde et d'en construire un vaste bûcher autour du Walhall. Ceci fait, il s'est assis dans la salle du festin, les dieux à ses côtés, la foule des braves à l'entour. Nul ne parle, nul ne bouge, nul ne goûte aux pommes de Holda. Pâles d'angoisse, les dieux attendent. Pourtant Waltraute a entendu le père murmurer, comme se parlant à soi-même : « Si par Brunnhilde l'anneau au Rhin était rendu, ce serait le salut des dieux ! » C'est pour rapporter ces mots à sa sœur qu'elle s'est évadée sans être vue. Et maintenant elle supplie : « Sauve les dieux, Brunnhilde, rends l’anneau ! »

Brunnehilde s'y refuse avec orgueil. L'anneau, elle l'a reçu de son époux en gage d'amour. Périssent les dieux ! L'anneau restera à son doigt. Waltraute s'éloigne au désespoir. La fatalité suit sa marche in­flexible.

Un héros franchit le feu. Brunnhilde s'élance à sa rencontre, car quel autre que Siegfried est capable de traverser la barrière ? Mais un cri d'horreur s'échappe de sa gorge serrée : l'homme qui se dresse devant elle, elle ne le connaît pas ! Siegfried, grâce au heaume, a pris la figure de Gunther. Sourd aux cris, aux supplications de la femme, il lui impose sa loi et la contraint à partager sa couche, non sans lui avoir arraché de force l'anneau que lui-même lui donna. Mais, fidèle à l'ami, il tire sa loyale « Détresse » et la place entre lui et celle qu'il a conquise pour son frère d'armes.

Le second acte nous ramène chez Gunther. Il fait nuit, Hagen et Alberich tiennent un mystérieux conciliabule. Les mailles du sinistre complot se resserrent autour de l'innocent Siegfried. Aux premiers feux de l'aurore, Alberich disparaît.

Soudain Siegfried se dresse devant Hagen qui tressaille. Trop pressé de retrouver Gutrune pour suivre la route du Rhin, le héros a utilisé la vertu du heaume, qui transporte son possesseur instantanément d'un lieu à un autre. Gunther et Brunnhilde suivront bientôt. Echange de propos d'amour entre Siegfried, confiant, l'œil clair, et Gutrune, que de vagues remords commencent à inquiéter.

Resté seul, Hagen embouche sa corne et appelle les vassaux à la double noce : noce de Gunther et de Brunnhilde, noce de Siegfried et de Gutrune. De toutes parts débouchent des hommes armés. Le palais est plein lorsque débarquent Gunther, le front pensif, Brunnhilde, renfermée en un morne silence.

Soudain, la Valkyrie lève les veux et aperçoit Siegfried aux côtés de Gutrune. Elle hésite à croire ce qu'elle voit : Siegfried infidèle ! Devant tous elle jure que seul Siegfried est son époux. Elle reconnaît à son doigt l'anneau qui lui fut arraché et comprend maintenant la fraude. Gunther s'effondre sous la honte, mais ne peut se convaincre que Siegfried soit parjure. Hagen s'avance alors et s'offre comme justicier : si vraiment Siegfried a menti, il lui est échu comme victime, car c'est lui, Hagen, qui fut témoin du serment du sang. Fort de son innocence, Siegfried jure à nouveau, puis il entraîne Gutrune, laissant Brunnhilde anéantie.

L'épouse trahie cherche à pénétrer le mystère. Elle accepte le fer de Hagen comme instrument de sa vengeance et indique au meurtrier le moyen d'avoir raison du coupable : Siegfried n'est vulnérable qu'au dos. Or il faut qu'il meure pour l'honneur de Brunnhilde, pour l'honneur de Gunther, pour l'honneur de Gutrune. Toutefois, pour épargner une trop grande douleur à cette dernière, on feindra un accident de chasse.

Le tableau s'achève sur le cortège nuptial de Siegfried et de Gutrune.

La scène change encore et représente maintenant une gorge au bord du Rhin, dont on aperçoit les ondes tranquilles. Les trois ondines évoluent près de la rive. Elles guettent l'arrivée de Siegfried, à la main de qui brille l'or ravi à leur garde. Il arrive, naïf, innocent, comme un grand enfant, et se plait d'abord à leurs jeux. Mais quand elles lui demandent l'anneau, il refuse. Et lorsqu'elles menacent, lui annonçant que l'anneau fatal causera sa mort prochaine, il refuse plus obstinément encore. Elles s'enfuient alors et Siegfried reste seul.

Pas longtemps, car la chasse dont il s'était éloigné s'approche. L'heure de Hagen a sonné. Il pousse la victime à raconter ses aventures, ce que Siegfried fait volontiers. Puis, lorsque le récit arrive à la conquête de Brunnhilde, le rusé fils du Nibelung fait boire au conteur un breuvage qui lui rend la mémoire. Siegfried poursuit et, devant les vassaux confondus, il dit l'éveil de la Valkyrie... Son œil se perd dans le rêve, et Hagen, saisissant l'occasion, lui enfonce dans le dos son épieu. Le héros meurt en murmurant le nom de Brunnhilde.

La scène s'obscurcit de nuées. Un convoi funèbre s'organise. Porté sur une civière, le cadavre de Siegfried disparaît lentement à la vue, tandis que la scène se voile tout à fait et que retentit la célèbre marche funèbre popularisée par le concert.

Les vapeurs s'écartent et laissent voir pour la troisième fois la rive du Rhin devant le palais de Gunther. La nuit est tombée. Inquiète, Gutrune sort du logis pour guetter le retour de son époux. Elle cherche dans son angoisse Brunnhilde, mais celle-ci n'est pas dans sa chambre. Hagen est soudain devant elle et lui annonce la mort de Siegfried à la chasse. La pauvre veuve n'est pas dupe de l'accident et devine en Hagen le meurtrier. Elle l'accable de reproches. Hagen se redresse alors et revendique son acte : oui, il a tué, et ce fut justice, le parjure qui trahit tous ses serments ! Et lorsque arrive le cadavre, il se précipite sur lui pour lui arracher l'anneau. Gunther voulant s'y opposer, il tue son demi-frère et va saisir la main du mort lorsque celle-ci se dresse menaçante. Il recule alors épouvanté.

Mais Brunnhilde s'est avancée d'un pas solennel. Elle écarte tous les assistants. Gutrune aussi comprend maintenant que son philtre fut la cause initiale de tout le mal. Elle s'effondre en sanglotant sur le cadavre de son frère.

D'un geste de reine, Brunnhilde ordonne aux vassaux de dresser un vaste bûcher. Là brûlera le corps du héros. Là le rejoindra sa légitime compagne. Là sera détruit tout ce qui lui a appartenu. Car elle comprend, maintenant, tout lui est révélé : il fallait que périt l'innocent pour expier d'anciennes fautes qui ne furent pas siennes. Elle comprend la culpabilité des dieux et la malédiction de l'anneau. Cet anneau, elle le rendra au Rhin avec ses cendres, et, en lançant la torche dans le bûcher, elle embrasera du même coup celui que Waltraute vit édifier autour du Walhall.

Après un dernier adieu à l'époux, elle enflamme la haute pile de bois ; puis elle saisit son cheval par la bride et bondit avec lui dans le brasier. Le feu éclate et semble envahir toute la scène. Lorsqu'il s'apaise, les flots du Rhin s'enflent, montent, et des cendres les Nixes recueillent l'anneau. Quand il voit qu'il lui échappe, Hagen ne se contient plus, il se lance à la poursuite des ondines, qui l'enlacent et l'entraînent dans les profondeurs. Les éléments se calment alors, la paix renaît sur la terre. Mais, dans le ciel, une vision a surgi : ce sont les dieux, tels que les a dépeints Waltraute, mornes et silencieux. Les flammes les environnent, et le Walhall s'effondre, tandis qu'à l'orchestre la symphonie déchaîne la magnificence de toutes ses voix unies, sur lesquelles plane le motif de l'amour rédempteur et de l'humanité triomphante. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

« Pendant que A.-M. Julien était en train de quitter la maison, et que son successeur, Georges Auric, de qui on peut attendre beaucoup, n'était pas encore nommé, l'Opéra a fait un effort méritoire, en donnant le Crépuscule des dieux, de Wagner, dans une présentation nouvelle. C'était la carte de visite que A.-M. Julien laissait en partant ; le premier, il a osé briser l'espèce de tabou qui s'attachait, au Palais Garnier, aux vieux décors naturalistes dans lesquels on y jouait, depuis le début du siècle, les chefs-d’œuvre de Wagner, décors qui avaient été fidèlement copiés sur ceux des créations de Bayreuth. On sait le chemin que Bayreuth a fait depuis ; en deux étapes, de 1932 à 1939, sous le règne de Tietjen et de Pretorius, et depuis 1951, sous le règne de Wieland et Wolfgang, les petits-fils de Wagner, les présentations scéniques sont passées du naturalisme le plus épais à une abstraction parfois excessive.

A Paris, le metteur en scène, José Beckmans, a trouvé un équilibre très satisfaisant entre ces deux extrêmes. C'est un homme de grand mérite, qui connaît à fond les règles du théâtre et les œuvres qu'il monte, qui a du goût et de la modération, car il sait se limiter aux moyens matériels qu'on lui offre. Il avait déjà monté excellemment Samson et Dalila, avec un minimum de frais ; il a recommencé avec le Crépuscule, et, à quelques détails près, il a parfaitement réussi la synthèse entre le dépouillement et la vraisemblance, en combinant des éclairages très beaux (les « ratés » de la régie non comptés !) avec des éléments de « suggestion des lieux » très efficaces.

Musicalement, ce fut très beau, sous la direction de Sebastian, avec des solistes allemands ; mais quand donc les chœurs se décideront-ils à ne plus se rendre ridicules, en chantant en français dans une représentation donnée dans la langue originale ? »

[Antoine Goléa, Musica disques, juin 1962]

 

 

CRESCENDO (LE)

 

Opéra bouffon en un acte, livret de Sewrin, musique de Luigi Cherubini. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 01 septembre 1810.

 

 

CRÉUSE L'ATHÉNIENNE

 

Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Roy, musique de Lacoste, représentée par l'Académie royale de musique, le mardi 05 avril 1712. Cet ouvrage n'a pas été repris. Hardouin chantait le rôle du roi d'Athènes, Thévenard celui de Phorbas, roi des Phlégiens.

 

"Interprètes principaux : Cochereau, Thévenard, Mlle Journet (Créuse), Hardouin (Ercestée). Cette œuvre ne fut pas représentée longtemps."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CRI DE LA NATURE (LE) ou LE FILS REPENTANT

 

Comédie en deux actes, en vers, mêlée d'ariettes, paroles de Charles-Louis Tissot, musique de Navoigille, représentée au théâtre de la Cité le 31 octobre 1793.

 

 

CRI DE LA PATRIE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Guy de Moussard, musique de Paolo Francesco Parenti. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 décembre 1793.

 

 

CRI DE LA VENGEANCE (LE)

 

Opéra, musique de Charles Foignet, représenté à Paris en 1799.

 

 

CRIME DE PALERME (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d'Emile et Edouard Clerc, musique de Charles Constantin, reçu à l'Athénée en mars 1873, non représenté.

 

 

CRISPIN RIVAL

 

Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1793.

 

 

CRISPIN RIVAL DE SON MAÎTRE

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Samuel Henri Berthoud d'après la comédie éponyme d'Alain René Lesage (1707), musique d'Adolphe Sellenick, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 01 septembre 1860, avec Mmes Amélie Faivre (Lisette), Barbe Eléonore Duclos (Mme Oronte), Duran, MM. Désiré Fromant (Crispin), Emile Wartel (M. Oronte), Mathieu Emile Balanqué (Labranché), Auguste Legrand (Valère), Leroy.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 11 en 1860.

 

« La partition de Crispin rival est le début lyrique de M. Adolphe Sellenick, naguère attaché au théâtre de Strasbourg comme chef d'orchestre, actuellement chef de musique dans la garde impériale. En écoutant l'œuvre de M. Sellenick, on perçoit l'inexpérience et les tâtonnements ; mais nous serions injuste si nous ne reconnaissions un certain mérite à cette tentative en deux actes ; et, en effet, plusieurs morceaux ont reçu le meilleur accueil : nous citerons dans ce nombre le chœur de la sérénade, le sextuor en mouvement de boléro (un souvenir du maestro Rossini) ; les couplets de Lisette : Tromper une fillette ; un joli trio, et enfin la chanson à deux voix : Vive l'argent. Les couplets de Lisette ont eu les honneurs du bis ; Mlle A. Faivre les a dits fort gentiment, et l'impression générale eût été meilleure encore si la jeune artiste n'avait forcé les dernières notes ; nous engageons fortement Mlle A. Faivre à lire et à méditer les conseils de Mme Damoreau-Cinti à ses élèves ; l'aphorisme vulgaire : Crier n'est pas chanter, devrait être inscrit en lettres d'or à la porte de nos scènes lyriques.

Fromant chargé du rôle de Crispin, a très bien détaillé son air : Que je suis las d'être valet ; mais nous n'aimons pas ses notes de tête dans son duo avec Balanqué (Labranché) ; celui-ci, de son côté, a parfois manqué de mémoire. Legrand (Valère) était évidemment pris d'un enrouement. Wartel et Mme Duclos (M. et Mme Oronte) ont droit à une mention des plus honorables. »

(J. Lovy, le Ménestrel, 09 septembre 1860)

 

« Trop d'esprit dans le livret ; pas assez de ces situations morales qui seules conviennent à la musique. Cervantès, Le Sage, Balzac ne valent pas, pour un compositeur, un Zeno, un Métastase, ni même un Lorenzo da Ponte. »

(Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869)

 

« La comédie de Lesage date de 1707 ; elle était arrangée en opéra-comique par M. Henry Berthoud, qui ne mit point son nom sur l'affiche. C'est avec la même modestie, peut-être avec la même timidité, qu'il signe du pseudonyme de Sam ses utiles et nombreux travaux de vulgarisation scientifique. — M. Sellenick, aujourd'hui chef de la vaillante et très renommée musique de la Garde républicaine, commandait alors celle du 2e voltigeurs de la Garde. — Crispin rival de son maître était chanté par Balanqué,  Fromant, Leroy, Mlles Amélie Faivre et Duran (cette dernière, sœur du célèbre peintre Carolus Duran). »

(Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877)

 

 

CROCIATO IN EGITTO (IL)

 

[en fr. le Croisé en Egypte]

Opéra italien en deux actes, livret de Gaetano Rossi, musique de Giacomo Meyerbeer. Création à la Fenice de Venise le 07 mars 1824. Première au Théâtre-Italien de Paris le 25 septembre 1825 avec Giuditta Pasta (Armando). Représenté au Théâtre de l'Opéra de Paris le 08 octobre 1825 lors d'une représentation au bénéfice de Giuditta Pasta.

 

 

CROISADE DES DAMES (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles française de Victor Wilder, musique de Franz Schubert, représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes, le 03 février 1868. Ce ne sera pas un des moindres titres de M. Martinet au souvenir des amis des arts, que d'avoir fait représenter pour la première fois en France ce petit chef-d'œuvre de l'auteur du Roi des Aulnes. La Croisade des dames a porté originairement le titre de la Guerre domestique ou les Conjurés. Le sujet a pu être suggéré par la pièce d'Aristophane, intitulée : Lysistrata ; mais on n'y remarque aucune trace des obscénités qui rendent illisible la comédie de l'auteur grec. De braves chevaliers reviennent de la croisade. Les châtelaines, irritées par la longue absence de leurs maris, complotent de se venger en les déconcertant par la froideur de leur accueil ; mais plusieurs des conjurées trahissent en secret leur serment, et la réconciliation devient bientôt générale. L'ouverture, quoique peu développée, est une page magistrale. Schubert est, à notre avis, supérieur à la plupart des compositeurs allemands dans l'art d'écrire pour les voix. Les chœurs, dans ce petit opéra, ont une sonorité magnifique. Belle harmonie au service d'idées originales, des formes variées d'accompagnement, un sentiment poétique et toujours conforme aux règles du goût le plus pur, telles sont les qualités maîtresses de Franz Schubert. On les retrouve toutes dans son petit opéra. Nous recommandons aux amateurs, dans l'édition française publiée par M. Gérard, la lecture du délicieux lieder : Hélas ! verrai-je encore, du morceau d'ensemble : Seigneurs, dans vos domaines, l'ariette du baron Thrasybule : Pour toi, j'ai souffert, et le finale. Cet ouvrage a été chanté par Henry Géraizer, Laurent, Masson, Guyard, Mmes Decroix, Antoinette Arnaud, Vois et Deneux. – La Guerre domestique, opéra-comique allemand en un acte, texte de Castelli, musique de Franz Schubert. Cette œuvre ne paraît pas avoir été représentée du vivant de l'auteur, mort en 1828. Ce ne fut qu'en septembre 1861 qu'on en donna, à Francfort-sur-le-Main, une représentation, qui révéla aux amateurs les beautés réelles de cette partition. Sous le titre de : la Croisade des Dames, cet ouvrage fut représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes, le 3 février 1868.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CROISÉE (LA)

 

Opéra en deux actes, musique de Jean-Joseph Cambini, représenté au théâtre des Beaujolais en 1785.

 

 

CROISÉS (LA) ou LA DÉLIVRANCE DE JÉRUSALEM

 

Oratorio, musique de Stadler, donné au Concert spirituel le lundi 05 avril 1819.

 

"Castil-Blaze s'est trompé en disant que cette composition fut donnée au Concert spirituel du 20 mars 1818.

Interprètes : Mlle Grassari, Levasseur, Lecomte et les chœurs.

L'oratorio de l'abbé Stadler, remanié et gâté par Persuis, fut mal accueilli, et le public de l'Opéra ne voulut l'entendre qu'à ce Concert spirituel."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CROIX DE JEANNETTE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Maurice Bouquet, musique de M. Hugh-Cass, représenté au Grand-Théâtre de Marseille le 17 janvier 1865. M. Hugh-Cass était alors chef d'orchestre au Casino de Marseille.

 

 

CROIX DE L'ALCADE (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Vast-Ricouard et Favin, musique de Henri Perry (-Paris, 27 juin 1907), représenté au théâtre des Fantaisies-Parisiennes le 29 août 1878. La pièce repose sur l'invention fantaisiste d'un édit assez désagréable pour les maris trompés, qui ordonnait de tracer une croix sur la porte de leur demeure. Le promoteur de cette ordonnance devait nécessairement subir la peine du talion. Une Espagnole fort délurée, la señora Dolorès, se charge de faire afficher la sentence à la porte de l'alcade. Des incidents plus burlesques que comiques émaillent cet ouvrage qui n'est qu'une opérette. La musique se recommande plus particulièrement par la correction que par l'originalité. Cependant il y a beaucoup de naturel dans l'expression des scènes ; les couplets de Dolorès : Me prends-tu pour une novice, ont de la rondeur ; ceux de Rosita : Ah ! papa, pitié pour moi ! de la gentillesse ; le duo de Rosita et Pablo, du naturel. La valse et le boléro du troisième acte ont assez d'entrain ; mais le meilleur morceau de la partition est le menuet en fa exécuté pendant le premier entr’acte. Il est traité avec goût et a du caractère. C'est un joli hors-d’œuvre qui repose l'auditeur des vulgarités de l'ouvrage. Distribution : Pablo, Mme Rose Mérys ; Rosita, Mlle Maria Thève ; Gertrude, Mlle J. Dalby ; Dolorès, Mme Julian ; don Antonio, don Bartholomé, Rolando, José, MM. Soto, Caillat, Bonnet, Gustave Sujol.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

CROIX DE MA MÈRE (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Edouard Varney, musique de M. Lafaye, représentée à Périgueux en 1864 ou 1865.

 

 

CROIX DE MARIE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Lockroy et Adolphe Dennery, musique d’Aimé Maillart. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 19 juillet 1852 avec Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Marie), MM. Couderc, Bussine, Boulo.

 

 

CROQUEFER ou LE DERNIER DES PALADINS

 

Bouffonnerie en un acte, livret d'Adolphe Jaime et Etienne Tréfeu, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 12 février 1857 avec Mlle Maréchal (Fleur de Soufre), MM. Pradeau (Croquefer), Léonce (Boutefeu), Tayau (Ramasse-ma-tête), Michel (Mousse à mort).

 

« Fantaisie abracadabrante de la famille de Ba-ta-Klan et de Tromb-al-Kazar, de cette race boiteuse, biscornue et qui prête à rire à sa difformité même.

On n'a point oublié la jolie chanson en manière de ballade drolatique que disait Pradeau et le duo plein d'entrain que chantaient Tayau et Mlle Maréchal. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

« Le succès du Sire de Framboisy a fait croire aux auteurs patentés de ce théâtre, que le même sujet pourrait être développé dans une pièce. Croquefer a paru fastidieux, et a peu déridé le public, malgré les excentricités de son écuyer Boutefeu, du baron Mousse-à-mort, de l'amoureux Ramasse-ta-tête et de la belle Fleur-de-soufre. La partition a été traitée, dit-on, con amore par l'impresario compositeur. Elle renferme des motifs agréables, une instrumentation travaillée et surtout un air à boire en quintette habilement écrit. La pièce a été jouée, sinon chantée par Pradeau, Léonce, Michel, Mlle Mareschal. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CROQUEUSES DE POMMES (LES)

 

Opérette en cinq actes, paroles d’Eugène Grangé et Emile Abraham, musique de Louis Deffès, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 29 septembre 1868. Le sujet est fort léger. C'est encore un tableau peu séduisant de certaines mœurs parisiennes : de petites paysannes qui ont préféré le trottoir des boulevards à la grande rue du village. Il ne comportait pas cinq actes. La partition a été accueillie favorablement. On y a trouvé cette facture élégante et ces motifs caractérisés qui distinguent la manière du compositeur. Nous signalerons la chanson rustique en si bémol, l'air bouffe : Je suis le coiffeur de ces dames, et la chanson des croqueuses de pommes. Chanté par Gourdon, Daniel Bac, Paul Ginet, Branciard, Detroges, Mlles Marchand et Marcus.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

CROQUIGNOLE XXXVI

 

Opérette en un acte, livret de De Forges et Gastineau, musique d'Ernest Lépine, représentée aux Bouffes-Parisiens le 14 janvier 1860.

 

« Un margrave qui s'appelle Croquignole et qui est le trente-sixième du nom me plaît infiniment.

Cela a le ton de comique extravagant qui convient aux Bouffes-Parisiens. Mais dans quelle citadelle de pain d'épice, près de quelle forêt d'angélique et sur les bords de quel fleuve de limonade a donc régné l'altière dynastie des Croquignole ?... Je consulterai Boissier et l'almanach de Gotha.

La musique de M. L'Épine a beaucoup d'entrain et surtout d'originalité. Sa ronde bretonne a un cachet de « bon vieux temps » qu'on ne saurait méconnaître. On la dit empruntée au répertoire populaire. Mais que nous importe ? si elle n'en faisait partie hier, elle en sera demain.

M. L'Épine est secrétaire particulier de M. le comte de Morny. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

CRUCHE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique d'Alphonse Pellet, représenté à Nîmes le 12 mai 1884.

 

 

CRUCHE CASSÉE (LA)

 

Opéra-comique en un acte et en vers, livret d’Hippolyte Lucas et Emile Abraham, musique d’Emile Pessard. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 21 février 1870, avec MM. Gustave Leroy (Colin, ténor), Bernard (le Comte, basse), Lignel (Maclou, trial), Nathan (Mathurin, basse), Mlles Gabrielle Moisset (Lucette, soprano), Révilly (la Baronne, mezzo-soprano).

 

« Tous les genres sont bons, sauf le genre ennuyeux. Une dame sentimentale ne consent à donner sa main à un vieux soupirant qu'à la condition qu'il lui fera voir un exemple d'amour vrai et désintéressé. Un villageois est amoureux d'une charmante fille que courtise un riche rival ; un vieil oncle avare s'oppose au bonheur des jeunes gens ; une scène d'amour a lieu près de la fontaine où la jeune paysanne vient emplir sa cruche. Mme Dorothée assiste à l'entrevue, et peut se convaincre que l'amour sincère existe encore. L'épisode de la cruche cassée sert de prétexte au titre de la pièce. Mme Dorothée dote les paysans, et un double mariage a lieu. Il n'y a pas d'autre rapport avec la toile célèbre du peintre Greuze qu'un titre pris au hasard. Tels sont les livrets qu'on réserve aux anciens pensionnaires de Rome. M. Pessard a écrit sur cette baliverne une musique agréable ; l'ouverture a un caractère archaïque ; on a remarqué un duo et une romance. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

CRUCHE CASSÉE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Jules Moinaux et Jules Noriac, musique de Léon Vasseur, représenté au théâtre Taitbout le 27 octobre 1875, avec Mmes Chaumont, Montaland, MM. Bonnet, Luguet.

 

« La pièce est un commentaire fort détaillé du célèbre tableau de Greuze. Aux sous-entendus, aux réticences, aux équivoques vient s'ajouter le jeu des actrices tel que la liberté ou plutôt la licence des théâtres l'a permis. Un couplet eût suffi ; trois actes, c'est vraiment trop. La musique est très faible. On n'a remarqué qu'une chanson espagnole au troisième acte. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

CRUCHE CASSÉE (LA) ou LES RIVAUX DE VILLAGE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste Violet d’Epagny, musique d’Auguste Lemière de Corvey. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 décembre 1819.

 

 

CUPIDON

 

Saynète en un acte, livret d’Hippolyte Bedeau, musique de Paul Henrion, créée à l’Eldorado le 10 février 1870.

 

 

CURE MERVEILLEUSE (LA)

 

Opéra bouffe, livret de M. Dessolins, musique de M. Ch.-L. Hess, représenté au Théâtre-Français de Rouen en janvier 1875.

 

 

CURÉ VINCENT (LE)

 

Opérette en trois actes et quatre tableaux, paroles de Maurice Ordonneau, musique posthume d'Edmond Audran, représentée au théâtre de la Gaîté le 25 octobre 1901.

 

 

CURIEUX PUNIS (LES)

 

Opéra-comique, musique de Bonnay, représenté au théâtre des Beaujolais vers 1787.

 

 

CURIOSO INDISCRETTO (IL)

 

Opéra italien, musique d’Anfossi, représenté à Milan en 1778, et à Paris, sur le théâtre de l'Académie royale de musique, le 13 août de la même année. La musique de ce maître fit moins d'impression que celle de Piccinni et de Paisiello, qu'on entendit pour la première fois à l'occasion de la querelle des gluckistes et des piccinistes.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

"C'est le sujet de la comédie de N. Destouches, le Curieux impertinent. Cet opéra ne plut pas beaucoup."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CUVIER (LE)

 

Opérette, livret de J. de Prémaray, musique de Hassenhut, représentée aux Bouffes-Parisiens le 26 octobre 1856. Le conte de La Fontaine a fourni le sujet de la pièce.

 

« Mlle Maréchal invente de nouvelles œillades et se perfectionne dans l'art de les lancer. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

CYDIPPE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Bouteiller, musique de Froment, représenté au théâtre des Beaujolais le 20 juillet 1785.

 

 

CYNISCA

 

Opéra-comique, paroles d’A.-P. de Launoy et Fernand de Rouvray, musique de M. Dailly, représenté à Nevers en mars 1903.

 

 

CYPRIEN, ÔTE TA MAIN DE LÀ !

 

Fantaisie en un acte, livret de Maurice Hennequin, musique d'André Messager. Création à Paris, Concert Mayol, le 01 juin 1917. => partition

 

 

CYPRIS CAPTIVE

 

Comédie musicale en un acte, livret de Léo Claretie, musique d'Ernest Georis.

 

 

CYRANO DE BERGERAC

 

Opéra en quatre actes et cinq tableaux, livret d’Henri Cain d’après la comédie héroïque d’Edmond Rostand (1897), musique de Franco Alfano.

 

L’action se déroule à Paris, vers 1640.

 

Création le 22 janvier 1936 à l'Opéra royal de Rome dans une version italienne de C. Meano et F. Brusa avec Maria Caniglia, José Luccioni (Cyrano) et A. De Paolis, sous la direction de Tullio Serafin.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 29 mai 1936. Mise en scène de Joseph Ancelin. Décors de Raymond Deshays. Costumes de la maison Mathieu-Solatgès.

Mmes Lillie GRANDVAL (Roxane), Jeanne MATTIO (la Gouvernante), Madeleine DROUOT (Lise), Marinette FENOYER (Sœur Marthe), Christiane GAUDEL (une Sœur).

MM. José LUCCIONI (Cyrano), Louis ARNOULT (Christian), André GAUDIN (de Guiches), Louis MUSY (de Casteljaloux), Georges RAVOUX (Le Bret), Jean VIEUILLE (Ragueneau), Georges BOUVIER (le Vicomte), Gabriel JULLIA (l'Officier), Louis DUFONT (le cuisinier), Paul PAYEN (Lignères), POUJOLS (le Mousquetaire), DUREL et DUFONT (2 Sentinelles).

M. Constantin TCHERKAS (Montfleury).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

4 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

"Rien n'a été changé à l'affabulation. Le librettiste a respecté entièrement l'intrigue, l'agencement des scènes, et même les vers d'Edmond Rostand. Il lui fallait pourtant raccourcir singulièrement le texte pour permettre à la musique de ne pas se perdre en longueurs. Mais quelle qu'ait été l'adresse apportée à ce travail de coupure, il n'a pas été sans faire perdre beaucoup au texte. C'est en effet par la boutade pittoresque, par le développement lyrique, par l'emphase précieuse que vaut la plupart du temps le dialogue, et si l'on enlève les tirades, par exemple la fameuse tirade sur le nez, on enlève en même temps ce qui caractérise le mieux l'art du poète. Il ne reste donc plus en définitive qu'une comédie assez ordinaire, qui prête cependant au compositeur d'assez beaux prétextes il en a tiré le meilleur parti là où son lyrisme pouvait s'affirmer comme dans la scène du balcon. Quelqu'au courant que soit M. Francesco Alfano, directeur du Conservatoire de Turin, fils de mère française, des procédés modernes, quelque familiarisé qu'il soit avec l'esprit des nôtres, quelque goût qu'il ait pu avoir pour le sujet choisi par lui, il n'en reste pas moins dans sa partition un certain déséquilibre entre le musicien direct et les influences véristes qu'il a subies. Le compositeur n'a su tout à fait oublier Puccini, sinon Leoncavallo. Mais tout en adoptant la forme du discours musical continu, à lui imposée par la comédie originale, M. Alfano a trouvé de beaux effets, sa partition a du mouvement et de la couleur, son orchestre a de la variété et de l'éclat. M. Luccioni n'est peut-être point le grand comédien que réclame le personnage principal, mais sa voix claironnante, qui ne donne jamais le moindre signe de fatigue, caractérise bien Cyrano." (Larousse Mensuel Illustré, 1936)

 

 

CYTHÈRE ASSIÉGÉE

 

Opéra-ballet en trois actes, livret de Charles-Simon Favart, musique de Gluck, représenté à l'Opéra le 01 août 1775. Cette pièce avait été composée d'abord en prose mêlée de couplets, par Favart, en société avec Fagan, et représentée à Paris, sur le théâtre de la foire Saint-Laurent en 1744. Les critiques de ce temps s'accordent à en trouver la musique monotone et triste. Il faut dire que Gluck avait peu d'aptitude pour des ouvrages de ce genre, et qu'il n'y réussit jamais, si ce n'est peut-être dans les Pèlerins de la Mecque.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

"Quelque temps auparavant, le 28 février 1775, Gluck avait fait représenter à Versailles, sur le théâtre de la cour, le Poirier, autre opéra bouffon, dont le livret est de Vadé et Favart. Ces deux ouvrages n'obtinrent point de succès."

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

CZARDA (LA)

 

Opérette en quatre actes, livret d’Alfred Delilia, musique de Georges Fragerolle, représentée aux Bouffes-Parisiens le 03 novembre 1900.

 

 

CZARINE (LA)

 

Grand opéra en quatre actes, livret d'Armand Silvestre, musique de Gaspar Villate, représenté au Théâtre Royal Français de La Haye le 02 février 1880. Le sujet, tiré de l'histoire de Catherine II, est traité d'une manière intéressante. La musique, tout italienne dans la forme, offre quelques morceaux très dramatiques, notamment le trio du premier acte et le duo du troisième. Les airs de ballet sont pleins de vivacité et de brio. Chanté par M. Devriès et Mme Laville-Ferminet.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z

Encylopédie     © l’Art Lyrique Français