ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
T
TAR - TEN - TIN - TOU - TRI - TROM - TROY
TA BOUCHE
Comédie musicale en trois actes, livret d’Yves Mirande, couplets d’Albert Willemetz, musique de Maurice Yvain.
Première représentation à Paris, théâtre Daunou, le 01 avril 1922, avec Victor Boucher, sous la direction de Victor Le Bailly.
TABARIN
Opéra-comique en deux actes, livret de Jules-Edouard Alboise Du Pujol (1805-1894) et André, musique de Georges Bousquet, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 22 décembre 1852, avec MM. Pierre Laurent (Tabarin), Honoré Grignon, Mlles Pauline Colson (Francesquine), Adolphine Petit-Brière, Renaud (Petit-Pierre).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 4 en 1852, 18 en 1853.
« Le pauvre Tabarin est exploité par un avide impresario, le barbare Mondor, qui lui interdit le mariage avec la jolie Francesquine. Un chevalier, sans le savoir, lève les obstacles, et, croyant séduire la jeune fille, lui fournit les moyens d'épouser l'acteur-poète. La musique de M. Bousquet n'offre rien de remarquable, si ce n'est toutefois un bon quatuor. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La pièce, qui n'en fut peut-être pas meilleure pour cela, devait toucher de près la vérité historique, son auteur ayant publié des travaux d'érudition sur le célèbre bouffon du Pont-Neuf. Georges Bousquet, prix de Rome de 1838, était alors chef d'orchestre du Théâtre-Lyrique. Tout son bagage de compositeur dramatique se réduisait à l'Hôtesse de Lyon, un acte représenté en 1844 dans la salle du Conservatoire. Il a rédigé pendant plusieurs années le feuilleton musical de l'Illustration. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
TABARIN
Opéra en deux actes, livret de Paul Ferrier, musique d’Emile Pessard.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 12 janvier 1885. Mise en scène de Pedro Gailhard. Décors de Jean-Baptiste Lavastre (acte I), Auguste Rubé, Marcel Jambon et Philippe Chaperon (acte II). Costumes d'Eugène Lacoste.
Mme DUFRANE (Francisquine), HERVEY (Alyson).
MM. MELCHISSEDEC (Tabarin), DEREIMS (Gauthier), DUBULLE (Mondor), Etienne SAPIN (Nicaise), Napoléon LAMBERT DES CILLEULS (un Sergent), MECHELAERE (Maillefer), GIRARD (Jehan).
Divertissement réglé par Louis MERANTE, dansé par Mlles ROUMIER, OTTOLINI et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : MADIER DE MONTJAU
6e à l’Opéra, le 09 février 1885, avec les créateurs.
6 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Le 15 juin 1874, M. Paul Ferrier avait donné au Théâtre-Français une aimable comédie en deux actes et en vers intitulée Tabarin ; c'est de cette comédie qu'il a tiré, en la resserrant, un livret d'opéra de genre, sur lequel M. Emile Pessard a écrit une partition agréable, de style élégant, bien en scène et d'une heureuse couleur. Pour en signaler les morceaux les mieux venus, il faut citer, au premier acte, le gentil sonnet de Francisquine, son duo avec Gauthier : Je tremble un peu, une chanson à boire très franche, le duo de Tabarin et de sa femme, et un chœur d'un effet excellent ; au second, un bon trio, le joli chœur : Qui veut des roses ? et la scène capitale et dramatique de la parade. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TABARIN DUELLISTE
Opérette en un acte, livret de Philippe Gille et Eugène Furpille, musique de Léon Pillaut, représentée aux Bouffes-Parisiens le 13 avril 1866. Cet ouvrage a été froidement accueilli.
TABLE ET LE LOGEMENT (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Gabriel de Lurieu et Théophile Dumersan, musique d’Hippolyte Chelard. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 24 décembre 1829. Cet opéra-comique fut joué à Munich sous le titre de l'Etudiant.
TABLEAU DES SABINES (LE)
Vaudeville en un acte, livret d’Etienne de Jouy, Charles de Longchamps et Michel Dieulafoy, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 30 mars 1800.
TABLEAU PARLANT (LE)
Comédie en un acte et en vers, mêlée d'ariettes, livret de Louis Anseaume, musique d'André Grétry.
Personnages : Isabelle (soprano), Colombine (soprano), Cassandre (ténor), Léandre (ténor), Pierrot (ténor), Ferdinand (basse).
Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 20 septembre 1769, avec Mme Laruette (Isabelle), MM. Clairval (Pierrot), Laruette (Cassandre), sous la direction de La Pommeraye.
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 01 juin 1854, avec Mlles Caroline Girard (Colombine), Caroline Vadé (Isabelle), MM. Gustave Sujol (Pierrot), Charles Alexandre Colson (Léandre), Leroy (Cassandre).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 3 en 1854.
« Cette pièce, d'une gaieté sans mélange, montra au public la souplesse du talent du compositeur. Il venait de faire représenter deux ouvrages fort sérieux : le Huron et Lucile. Quoique le Tableau parlant ait été traité de comédie-parade par les auteurs, et que Grétry ait cru nécessaire de l'ennoblir le plus qu'il a pu, c'est un opéra-comique de bon goût et d'une conception plus originale que les Rendez-vous bourgeois. Il eût été à souhaiter que le genre de l'opéra-comique n'ait pas pris des allures plus risquées. Grétry écrivit la partition du Tableau parlant en deux mois ; elle renferme de jolis motifs. Nous citerons l'air : Pour tromper un pauvre vieillard, les couplets : Vous étiez ce que vous n'êtes plus, la description comique de la Tempête par Pierrot, et un bon duo : Je brûlerai d'une ardeur éternelle. Clairval et Mme Laruette jouèrent les rôles de Pierrot et de Colombine. La réputation de Grétry était encore assez peu établie pour qu'un sot fit croire à quelques personnes qu'il avait pris à des maîtres italiens les principales mélodies du Tableau parlant, à Galuppi, à Pergolèse, à Traetta. Il ne fut pas difficile de confondre l'imposteur. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Première représentation le 20 septembre 1769, à la Comédie-Italienne, autrement à l'Hôtel de Bourgogne, rue Mauconseil, proche les Halles et Saint-Eustache. — Grétry écrivit son opéra à Croix-Fontaine ; cependant, il en avait déjà improvisé quatre morceaux à Paris, chez M. de Creutz, ambassadeur de Suède, et son ami le plus dévoué. « Cette pièce, dit-il dans ses Mémoires, n'eut pas d'abord un succès décidé... Les acteurs, qui d'abord n'avaient pas osé se livrer à la gaîté de ce genre, finirent par y être charmants. Clairval, dans le rôle de Pierrot, et Mme Laruette dans celui de Colombine furent inimitables... Une prude dit le soir, au souper du duc de Choiseul, qu'on ne pouvait pas entendre deux fois cet opéra, parce que les accompagnements étaient d'une « indécence outrée » (!) — Anseaume, l'auteur du livret, occupait l'emploi de secrétaire-répétiteur à la Comédie-Italienne. Il a donné environ quarante pièces à ce théâtre et à l'Opéra-Comique, le Docteur Sangrado, le Chinois poli en France, le Soldat magicien, etc. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
TACHE DE SANG (LA)
Opérette en un acte, musique de Francis Chassaigne, représentée à l'Eldorado en 1878.
TA-DA-DA
Opérette-revue en deux actes et trois tableaux, paroles de J. de Rieux, musique de L.-A. Dubost, représentée aux Bouffes-du-Nord le 25 novembre 1876.
TAÏ-TSOUNG
Grand opéra en cinq actes et sept tableaux, livret d’Ernest d'Hervilly, musique d’Emile Guimet (1836-1918), représenté au Grand-Théâtre de Marseille le 11 avril 1894 avec Mmes Marie Vachot (Fao-li), Guillien, Doux, Rambaud, MM. Gabriel Hippolyte Gandubert, Bourgeois, Marius Corpait, Queyrel.
« Voyageur intrépide, écrivain substantiel et élégant, musicien instruit et non sans inspiration, M. Emile Guimet, qui est le fils du chimiste bien connu par son invention du bleu Guimet, s'est fait lui-même un nom par son esprit libéral et son grand amour de l'art sous ses diverses formes. C'est à lui que Lyon doit le théâtre Bellecour, à lui que Paris doit ce remarquable musée des religions qu'on appelle volontiers le musée Guimet. M. Guimet a publié d'intéressantes relations de ses voyages dans les pays lointains, entre autres deux volumes sur le Japon, illustrés par M. Robida et qui contiennent de précieux renseignements sur la musique et le théâtre en ce pays. Il fit exécuter naguère, dans la salle du Châtelet, une grande cantate : le Feu du Ciel, écrite par lui sur une poésie de Victor Hugo et qui était loin d'être sans valeur. Il y a du talent aussi dans sa partition de Taï-Tsoung, dont le poème met en scène les personnages et les mœurs du Céleste-Empire.
Taï-Tsoung est le nom d'un des plus célèbres empereurs de la Chine, qui vivait au VIIe siècle de notre ère. L'un de ses généraux, Toug-Cheou, vient de subir une défaite, et, pour cette raison, sera condamné à mort. Toug-Cheou a un fils, Shan, qui, selon les lois en vigueur, a le droit de mourir pour lui. Shan n'hésite pas, bien qu'il aime la belle Fao-li et qu'il en soit aimé. D'autre part, Kien-Fo, le père de Fao-li, qui était protégé par Toug-Cheou, voit sa disgrâce approcher par suite de la situation de celui-ci ; il ne trouve rien de mieux, pour en conjurer les effets, que d'envoyer sa fille au sérail de l'empereur, qui ne contient pas moins de six mille femmes ! Heureusement pour elle, le jeune souverain inaugure son règne par un coup d'éclat, en donnant la liberté à ses six mille femmes.
Mais Shan, qui s'est dévoué pour son père, est dans la prison des condamnés à mort, où Toug-Cheou vient inutilement essayer de le dissuader de mourir pour lui. Voici qu'au moment où l'on attend le bourreau, c'est l'empereur qui arrive. Il ne fait point grâce aux trois cents condamnés, mais il les envoie aux moissons qui manquent de bras par suite de la guerre, en leur faisant promettre de revenir ensuite, et l'on sait à quel point le serment est sacré pour un Chinois — même pour un Chinois condamné à mort. Il va sans dire qu'à la fin tout s'arrange, que tous les condamnés sont définitivement graciés, et que Shan, qui retrouve Fao-li, devient son époux. Toute cette action est entremêlée de tableaux de mœurs très curieux, qui fournissent au compositeur d'excellentes situations musicales.
M. Guimet en a profité avec goût et intelligence. Sa partition, qui est bien écrite, renferme nombre de pages intéressantes. Tout le premier tableau du premier acte est animé, coloré et mouvementé ; le second tableau, très substantiel, contient un duo de femmes, un trio scénique, le duo agréable des deux amoureux et un bon quatuor. Au second acte, où nous sommes en présence d'un concours littéraire, il faut signaler la jolie chanson de la fille poète, et ensuite la scène très dramatique de la dégradation, qui est un des points culminants de l'œuvre. Le divertissement de l'acte du sérail est élégant et bien venu, et, si l'on peut passer sur l'acte un peu lugubre de la prison, il faut mentionner encore une scène émouvante entre Toug-Cheou, Shan et Fao-li. En résumé, l'œuvre est d'un artiste, et trouverait très légitimement sa place à Paris si un théâtre voulait l'accueillir. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TALENTS À LA MODE (LES)
Comédie de Louis de Boissy, musique d’Adolphe-Benoît Blaise. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 17 septembre 1739. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 06 juin 1762.
TALENTS À LA MODE (LES)
Opéra-comique, musique de L.-C. Moulinghem, représenté en France vers 1785.
TALISMAN (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles Voirin et Adolphe Choquart, musique de Giovanni [Jean-Marie] Josse. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 01 juillet 1850, décor d’Edouard Despléchin, avec Mlles Lemercier, Marguerite Jeanne Camille Decroix, MM. Ponchard, Léon Carvalho.
« Le canevas de cette pièce est léger et même un peu trivial. Le trompette Jéricho, revenant de la Kabylie, s'arrête dans une ferme, et là devient amoureux de la veuve Marcel, qui en est propriétaire, tandis qu'un autre soldat fait sa cour à Francine, sœur de la fermière. Le trompette voit d'abord ses vœux repoussés ; mais il se trouve, à son insu, possesseur d'un talisman. Ce talisman est la pipe du bonhomme Marcel, vieux militaire qui a ordonné dans une lettre renfermant ses volontés suprêmes, que l'une de ses filles épouserait le porteur de sa pipe chérie. Le trompette Jéricho est donc accueilli par la fermière obéissante. La musique vaut mieux que le livret ; elle est gracieuse et mélodique. On a remarqué l'adagio de l'ouverture, les couplets de la fermière, le rondo de la pipe en mouvement de valse, et un agréable quatuor. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TALISMAN (LE)
Opéra-comique en deux actes, paroles de M. Mignot, musique de M. Sinsoilliez, représenté à Douai, le 09 avril 1886.
TALISMAN (LE)
Opérette à grand spectacle en trois actes et cinq tableaux, livret de Paul Burani et Adolphe d’Ennery, musique de Robert Planquette, représenté au théâtre de la Gaîté le 20 janvier 1893 avec Mlles Cassive (Renée), Méaly (Michelette), Raphaële (Athénaïs), Richard (Solanges), Cinetta (Louise), Largini (Henriette), Duvallon (Léocadie), MM. Lacressonnière (Louis XV), Perrin (Georges), Morlet (Valpinson), P. Fugère (Nicolas), Pierre Joseph de Mesmaecker (Chavannes), Bartel (La Popelinière), Bienfait (le colonel).
« Peu d'intérêt dans la pièce, encore moins dans la musique, c'est tout ce qu'on peut dire de cet ouvrage. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TALISMAN (LE)
Opérette en trois actes, paroles et musique de Georges Rose, représentée à Neufchâteau le 18 mai 1893.
TALISMAN DU PÈRE FRANÇOIS (LE)
Opérette en un acte, musique de M. Vandenesse, représentée à Bordeaux, salle Saint-Paul, dans un concert, le 06 avril 1873.
TALISMANS (LES)
Opéra-comique en trois actes, musique de L.-E. Jadin, représenté au théâtre des Amis de la patrie (Louvois) en 1793.
TAMBOUR (LE)
Conte en un acte, livret de Saint-Georges de Bouhélier, musique d’Alfred Bruneau.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 janvier 1916.
Mme Marthe CHENAL.
Chef d'orchestre : Paul VIDAL.
3 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
TAMBOUR BATTANT
Opéra-comique en trois actes, paroles de Fritz Van der Elst, musique d’Eva DellAcqua, représenté au théâtre des Galeries-Saint-Hubert de Bruxelles en octobre 1900.
TAMERLAN
Opéra français en quatre actes, musique de Reichardt, représenté au théâtre de Kœnigstadt en 1799.
TAMERLAN
Opéra en quatre actes, livret d'Etienne Morel de Chédeville, d'après l'Orphelin de Chine de Voltaire, musique de Peter von Winter. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 14 septembre 1802 (27 fructidor an X). Costumes de Jean-Simon Berthélemy. Avec Chéron (Tamerlan), Lays (Moctar), Laforêt (Achmet); Mlle Maillard (Seyda).
« Cet ouvrage eut peu de succès, malgré la réputation que Winter s'était justement acquise en Allemagne. Tamerlan n'eut que douze représentations. Les chœurs sont d'une richesse d'harmonie remarquable. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le sujet de cet opéra est imité de l'Orphelin de la Chine, de Voltaire.
Cette partition du maître de chapelle de l'Électeur de Bavière n'obtint pas de succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TANCRÈDE
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret d’Antoine Danchet, d’après la Jérusalem délivrée du Tasse, musique d’André Campra.
Première représentation à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal) le mardi 07 novembre 1702, avec Thévenard (Tancrède), Mlle Maupin (Clorinde), Mlle Desmatins (Herminie), sous la direction de Marin Marais.
« Afin d'utiliser la voix presque virile de Mlle Maupin, Campra écrivit pour elle le rôle de Clorinde dans un diapason inusité jusqu'alors. C'est la première fois qu'on entendit à Paris sur la scène un contralto. Tancrède eut un succès qui égala presque celui des opéras de Lully, qu'on donnait toujours. On ne compte pas moins de six reprises de cet ouvrage jusqu'en 1750, époque à laquelle s'arrêtent nos renseignements. Thévenard chanta le rôle de Tancrède pendant près de trente ans ! Il fut remplacé par Chassé pour les deux dernières reprises. On dut par conséquent transposer plusieurs morceaux, quoique les airs de basse fussent écrits assez haut. Les Clorindes furent successivement Mlles Maupin, Journet, Antier. Cet opéra fut une occasion de triomphe pour les danseuses Camargo et Sallé. Voici les morceaux dont se composait un pas de trois ou petit ballet qui eut beaucoup de vogue à cette époque : un prélude grave, une chaconne, un air de trompette, une loure, un passe-pied en rondeau et un tambourin. Les chœurs de Tancrède marquent un notable progrès dans la composition musicale. Campra s'était formé au bon emploi des ressources vocales en remplissant les fonctions de maître de chapelle dans les églises de Toulon, d'Arles, de Toulouse et enfin à Notre-Dame de Paris. Nous ne craignons pas d'affirmer qu'il y a des morceaux fort intéressants et fort agréables à entendre dans la partition du vieux maître français. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Nombreux rôles secondaires.
Ballet à chaque acte.
Reprises : 1707, 1717, 1729, 1738 et 1750, avec des changements à chaque remise en scène.
L'air élégiaque d'Herminie, au 3e acte, Cessez, mes yeux, de contraindre vos larmes, est resté célèbre.
Le 26 mars 1729, on termine Tancrède par un pas de trois dansé par Blondy, Laval et Mlle Camargo ; cette symphonie, intitulée la Fantaisie, était de Rebel père. Ce divertissement a fourni le sujet du Maître de musique, intermède italien, en 2 actes, 1752. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TANCRÈDE
[Tancredi]
Mélodrame héroïque italien en deux actes, livret de Gaetano Rossi (1774-1855), d’après la tragédie de Voltaire, musique de Gioacchino Rossini.
Personnages : Argirio, seigneur de Syracuse (ténor) ; Aménaïde, sa fille (soprano) ; Tancrède (contralto) ; Orbazzano (basse) ; Isaure (mezzo-soprano) ; Ruggero (ténor).
L’action se déroule à Syracuse, au IXe siècle.
Première représentation à Venise, Teatro La Fenice, le 06 février 1813, avec A. Malanotte, E. Manfredini, P. Todran, L. Bianchi, T. Marchesi, sous la direction du compositeur.
Représenté en italien au Théâtre de l'Opéra le 30 mars 1829 avec la Malibran et la Sontag, lors d'une représentation au bénéfice de la Caisse des pensions.
« On en avait donné plus de deux cents représentations au Théâtre-Italien de Paris, lorsque Castil-Blaze en fit un arrangement et une traduction. Tancrède fut représenté à l'Odéon en 1827, mais avec moins de succès. Mme Pasta, Mlle Naldi, devenue depuis Mme la comtesse de Sparre, avaient par leur magnifique talent popularisé les plus beaux motifs de la partition dans leur forme italienne, et la traduction française n'a pas prévalu. Cet ouvrage est un des plus remarquables de Rossini, parce que le maître y introduisit des innovations hardies. Les longs récitatifs accoutumés des opéras de l'ancien style furent remplacés par des ensembles. La mélodie y est abondante, gracieuse, brillante de verve et de jeunesse. Nous mentionnerons seulement le duo : Ah ! se de' mali miei et la célèbre cavatine : Di tanti palpiti, qu'on a appelé en Italie l'aria de' rizzi, parce que, dit-on, Rossini l'écrivit sur une table d'auberge pendant qu'on préparait son riz. En peu de jours, cette cavatine fut chantée par toute l'Europe. Les interprètes principaux de cet ouvrage, aux Italiens, ont été successivement Mmes Pasta, Naldi, Cinti, Pisaroni, Sontag, Malibran, Viardot, Persiani, et MM. Levasseur et Bordogni. L'opéra de Tancrède est le dixième opéra composé par Rossini. Il avait alors vingt-deux ans ! »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TANCRÈDE
Opéra français, musique de Apell, écrit vers 1789.
TANCRÈDE
Opéra, musique de Langlé, écrit au commencement du XIXe siècle (inédit).
TANCRÈDE DE ROHAN
Drame lyrique en trois actes, poème de M. Florano, musique de Charles de Courcelles, représenté à Lyon le 10 mars 1893. Cet ouvrage avait été exécuté précédemment, sous forme de concert, dans une soirée donnée à Paris, à l'hôtel Continental, le 23 avril 1882.
TANGO POUR FEMME SEULE
[Colloquio col tango]
Opéra en un acte, livret de Carlo Terron, musique de Raffaello de Banfield (1922-2008), représenté à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 03 octobre 1969 dans une adaptation et une mise en scène de Louis Ducreux, maquette du décor et du costume de Jean-Denis Malclès.
3e représentation le 10 octobre 1969 avec Denise SCHARLEY (Carmen Gloria). Chef d'orchestre : Jean-Claude HARTEMANN.
4 représentations à l'Opéra-Comique en 1969, 2 en 1972, soit 6 au 31.12.1972.
TANNHÄUSER
[Tannhäuser und der Sangerkrieg auf Wartburg ; en français Tannhäuser ou le Tournoi des Chanteurs à la Wartburg]
Opéra romantique allemand en trois actes, poème et musique de Richard Wagner.
Personnages : Hermann, landgrave de Thuringe (basse) ; Tannhäuser (ténor) ; Wolfram von Eschenbach (baryton) ; Walter von der Vogelweide (ténor) ; Biterolf (basse) ; Heinrich der Schreiber (ténor) ; Reinmar von Zweter (basse) ; Elisabeth, nièce du landgrave (soprano) ; Vénus (soprano) ; un jeune pâtre (soprano) ; quatre pages (soprano et contraltos) ; nobles, chevaliers, pèlerins, sirènes, nymphes, bacchantes.
L’action se déroule près d’Eisenach, en Thuringe, au début du XIIIe siècle.
Créé au Théâtre Royal de Dresde, le 19 octobre 1845, par :
Mmes Johanna WAGNER (Elisabeth), Wilhelmine SCHRÖDER-DEVRIENT (Vénus). MM. Joseph Alois TICHATSCHEK (Tannhäuser), Anton MITTERWURZER (Wolfram) DETTMER (le Landgrave), sous la direction de Richard WAGNER.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 20 février 1873, dans la version française de Charles Nuitter.
On doit à Amédée Boutarel une version française.
Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 13 mars 1861, dans une version remaniée (« version de Paris »), version française de Charles Nuitter. Divertissement de Petipa. Décors de Charles Cambon et Joseph Thierry (1er tableau de l'acte I), Edouard Desplechin (2e tableau de l'acte I, acte III), Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte II). Costumes d'Alfred Albert.
Mmes Marie SASS (Elisabeth), Fortunata TEDESCO (Vénus), REBOUX (un Pâtre), GRANIER, CHRISTIAN, VOGLER, ROUAUD (les Pages).
MM. Albert NIEMANN - débuts - (Tannhäuser), Ferdinand MORELLI (Wolfram), CAZAUX (le Landgrave), Théodore COULON (Bitterolf), KOENIG (Heinrilch), FRERET (Reinmar), AIMES (Walther).
Ballet réglé par Marius PETIPA, dansé par Mlles ROUSSEAU, TROIS-VALLETS, STOIKOFF (les 3 Grâces) et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Louis-Philippe DIETSCH
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Bruxelles T. de la Monnaie 20.02.1873 |
Londres Covent Garden 1876 |
New York Metropolitan 17.11.1884 |
Bayreuth Festival 22.07.1891 |
Elisabeth |
Marie BATTU |
ALBANI |
SEIDL-KRAUS |
DE ANNA |
Vénus |
HAMAEKERS |
D’ANGERI |
A. SLACH |
P. MAILHAC |
un jeune pâtre |
Adèle ISAAC |
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Tannhäuser |
WAROT |
CARPI |
A. SCHOTT |
M. ALVARN |
Wolfram |
ROUDIL |
V. MAUREL |
ROBINSON |
REICHMANN |
le Landgrave |
BÉRARDI |
CAPPONI |
J. KOGEL |
G. DÖRING |
Chef d’orchestre |
Joseph DUPONT |
VIANESI |
L. DAMROSCH |
H. LEVI |
Première au Palais Garnier (4e représentation) le 13 mai 1895, dans la version de Charles Nuitter. Mise en scène d'Alexandre Lapissida. Décors d’Amable (1er tableau du 1er acte), Marcel Jambon (2e tableau du 1er acte, 3e acte), Eugène Carpezat (2e acte). Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Rose CARON (Elisabeth), BRÉVAL (Vénus), AGUSSOL (un Pâtre), PREVOST, GRANDJEAN, NARÇON, MURIEL (les Pages).
MM. VAN DYCK (Tannhäuser), RENAUD (Wolfram), DELMAS (le Landgrave), DOUAILLIER (Bitterolf), GALLOIS (Heinrilch), DUBULLE (Rienmar), VAGUET (Walther).
Ballet réglé par Virginia Zucchi, dansé par Mlles ZUCCHI, CARRE, ROBIN (les 3 Grâces) et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL
La 100e représentation à l’Opéra — qui n'eut lieu que le 11 janvier 1901 — fut fêtée le 26 novembre 1900, avec Mmes Aïno ACKTÉ (Elisabeth), GRANDJEAN (Vénus), MM. ALVAREZ (Tannhäuser), RENAUD (Wolfram), CHAMBON (le Landgrave), sous la direction de Paul TAFFANEL.
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02.09.1901 110e |
19.10.1908*
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24.04.1911 218e |
12.10.1925 243e |
16.10.1925**
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17.03.1930 272e |
14.10.1931 295e |
01.04.1932*** 304e |
23.12.1933**** 304e |
02.05.1936 316e |
04.06.1956 321e |
15.12.1956
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Elisabeth |
Aïno ACKTÉ |
HATTO |
Xénia DORLIAC |
LUBIN |
LUBIN |
L. LEHMANN |
Germaine LUBIN |
Germaine HOERNER |
Germaine HOERNER |
LUBIN |
LUCAZEAU |
Berthe MONMART |
Vénus |
Louise GRANDJEAN |
Jeanne FOREAU |
CARO-LUCAS |
CARO-LUCAS |
CARO-LUCAS |
MAHIEU |
HOLLEY |
Marcelle MAHIEU |
Marcelle MAHIEU |
M. SOYER |
GORR |
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un Pâtre |
AGUSSOL |
AGUSSOL |
LAUTE-BRUN |
NOTICK |
Madeleine LALANDE |
Madeleine LALANDE |
Renée MAHÉ |
Renée MAHÉ |
Madeleine LALANDE |
Renée MAHÉ |
HARBELL |
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4 Pages |
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LALANDE LAFONT DOYEN COSSET |
NOTICK LAFONT DOYEN COSSET |
AUGROS LEMAIRE LAPIERRE COSSET |
AUGROS LEMAIRE LAPIERRE COSSET |
AUGROS LEMAIRE LAPIERRE COSSET |
AUGROS LEMAIRE LAPIERRE DOULS |
AUGROS GELLY LAPIERRE DOULS |
DE PONDEAU HARBELL GABRIEL COLLARD |
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Tannhäuser |
ALVAREZ |
ALVAREZ |
Paul FRANZ |
FRANZ |
FRANZ |
KIRSCHOFF |
FRANZ |
José de TRÉVI |
José de TRÉVI |
VERDIERE |
Marcel VERCAMMEN |
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Wolfram |
RENAUD |
DANGES |
NOTE |
ROUARD |
ROUARD |
ROUARD |
Marcellin DUCLOS |
John BROWNLEE |
John BROWNLEE |
E. BLANC |
BORTHAYRE |
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le Landgrave |
André GRESSE |
D'ASSY |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
GROMMEN |
A. HUBERTY |
A. HUBERTY |
FROUMENTY |
Pierre SAVIGNOL |
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Bitterolf |
DOUAILLIER |
CERDAN |
CERDAN |
CARBELLY |
CARBELLY |
CAMBON |
Jean CLAVERIE |
Jean CLAVERIE |
CLAVERIE |
FAGIANELLI |
Gérard SERKOYAN |
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Heinrilch |
GALLOIS |
NANSEN |
SORIA |
SORIA |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
ROUQUETTY |
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Reinmar |
PATY |
DELPOUGET |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
SERKOYAN |
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Walther |
CABILLOT |
G. DUBOIS |
G. DUBOIS |
G. DUBOIS |
MORINI |
R. GILLES |
R. GILLES |
R. GILLES |
RIALLAND |
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Danse |
Mlles SALLE, BEAUVAIS, CARRÉ |
Mlles SALLE, L. PIRON, SIRÈDE | Mlles ROUSSEAU, SIMONI | Mlle LORCIA, M. Serge PERETTI | Mlle LORCIA, M. Serge PERETTI | |||||||
Chef d’orchestre |
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RABAUD |
GAUBERT |
GAUBERT |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
Philippe GAUBERT |
Philippe GAUBERT |
SEBASTIAN |
Louis FOURESTIER |
* Danse : Mlles SALLE, L. PIRON, SIRÈDE. Mlles Cochin, Lozeron, Schwarz, R. Marie, Dockes, Guillemin, Bremont, Mouret, B. Mante, S. Mante, M. Lequien, Parent. MM. A. Aveline, G. Ricaux, C. Javon, Férouelle, Milhet.
** Danses : Mlles ROUSSEAU, SIMONI. Mlles CONSTANS, SALOMON, ELLANSKAIA. Mlles Lamballe, Morenté, Tervoort, Valsi, S. Dauwe, H. Dauwe, G. Franck, Barban, Lerville, Licini, Rolla, Marionno, Constans, Thuillant, Morardet, Gency, Mauller, Emonnet, Demessine, Tersen, Gelot, Cérès, Binois. MM. Ryaux, Peretti, Thariat, Denizart, Duprez, Thomas, Chatel, Pacaud, Lebercher.
*** Danse réglée par Mme Nijinska : Mlle LORCIA, M. Serge PERETTI. Trois Grâces : Mlles BONNET, GRELLIER, PARME. Mlles Binder, Lopez, Thuillant, Golden, Subra. MM. Duprez, Serry, Ritz, Legrand, Goubé, Ponti, Pelletier, Mondon.
**** Danse réglée par Mme Nijinska : Mlle LORCIA, M. Serge PERETTI. Trois Grâces : Mlles GRELLIER, PARME, SUBRA. Mlles Thuillant, Binder, Lopez, Colliard. MM. Goubé, Duprez, Serry, Legrand, Pelletier, Ponti, Sauvageau, Tcherkass, Efimoff, Domansky.
342e représentation le 04 mai 1959 :
Mmes SYNEK (Elisabeth), GORR (Vénus), PASTOR (un Pâtre), BROUDEUR, PASTOR, SPANELLYS et COLLARD (les Pages).
MM. BEIRER (Tannhäuser), WAECHTER (Wolfram), VON ROHR (Landgrave), FAGIANELLI (Bitterolf), ROUQUETTY (Heinrilch), SERKOYAN (Reinmar), CHAUVET (Walther).
Chef d'orchestre : Hans KNAPPERTSBUSCH
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Elisabeth : Mmes BOSMAN (1895), LAFARGUE (1895), HATTO (1901), FEART (1903), LINDSAY (1905), Marthe CHENAL (1906), FARRAR (1907), MERENTIE (1908), BORGO (1908), HENRIQUEZ (1908), DEMOUGEOT (1909), BOURDON (1910), PANIS (1911), DORLIAC (1911), DAUMAS (1911), MAZARIN (1911), KIRSCH (1912), DUBEL (1913), BONAVIA (1925), CROS (1926), RETHBERG (1930), HOERNER (1930), MULLER (1933), MONMART (1956), SARROCA (1957), CRESPIN (1957).
Vénus : Mmes BEETH (1895), CARRERE (1895), COROT (1895), DEMOUGEOT (1903), MANCINI (1907), CAMPREDON (1908), FOREAU (1908), CARLYLE (1908), LITVINNE (1909), DUBOIS-LAUGER (1910), CARO-LUCAS (1910), HENRIQUEZ (1911), FERRER (1926), HOLLEY (1931), HELM (1931), WRAY (1931), RUENGER (1933), LEYMO (1934), DESMOUTIERS (1956).
Tannhäuser : MM. SALEZA (1895), DUPEYRON (1895), GIBERT (1898), GARAIT (1903), CASSET (1903), SCAREMBERG (1904), DUBOIS (1907), ALTCHEWSKY (1909), E. AUDOIN (1925), STRACK (1930), SULLIVAN (1930), THILL (1930), FORTI (1930), MELCHIOR (1931), FANIARD (1934), ANSSEAU (1934), VERCAMMEN (1956).
Wolfram : MM. BARTET (1895), NOTÉ (1902), Dinh GILLY (1906), ALBERS (1908), DANGES (1908), DUFRANNE (1909), WHITEHILL (1909), ROSELLY (1910), DUCLOS (1911), LESTELLY (1913), JANSSEN (1931), SINGHER (1934), BECKMANS (1935), BORTHAYRE (1956).
le Landgrave : MM. FOURNETS (1899), A. GRESSE (1901), NIVETTE (1904), D'ASSY (1907), VANNI-MARCOUX (1908), JOURNET (1909), PEYRE (1925), GROMMEN (1927), MOROT (1934), Fred BORDON (1934), SAVIGNOL (1956).
342 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
La scène se passe en Allemagne, au moyen âge. Le chevalier-poète Tannhäuser, après avoir goûté les enchantements maudits du Vénusberg, revient sur la terre où l'attend la chaste Elisabeth.
Ses propos orgueilleux et profanes, le scandale qu'il provoque, le font condamner à aller implorer à Rome le pardon du Souverain Pontife. Mais sa faute est jugée trop grande pour qu'il puisse obtenir ce pardon. Il revient alors pour s'en retourner au Vénusberg. Elisabeth meurt de douleur en implorant sa grâce ; Tannhäuser succombe, accablé de remords. Un miracle se produit alors, témoignage de la miséricorde divine à son égard.
(Les citations françaises sont tirées de la version Boutarel.)
ACTE I.
1er TABLEAU : Le Vénusberg.
Scène 1. — Des nymphes et des bacchantes dansent autour de Tannhäuser qui repose aux pieds de Vénus [Ballet (Bacchanale)].
Scène 2. — Tannhäuser se prend à regretter son pays natal qu'il a déserté pour venir goûter les délices de l'amour auprès de la déesse. Vainement, Vénus tente de le calmer. Tannhäuser chante encore ses louanges, mais la nostalgie de la terre le reprend et il la supplie de le laisser partir. Après avoir vainement essayé de le retenir, Vénus y consent enfin. Quand Tannhäuser invoque le nom de la Vierge Marie, le Vénusberg s'écroule dans un fracas de tonnerre.
2e TABLEAU : La vallée au pied de la Wartbourg.
Scène 3. — Tannhäuser se retrouve dans une verte vallée. Un berger célèbre le printemps et joue du chalumeau. Puis des pèlerins passent, se rendant à Rome [Célèbre « Chœur des Pèlerins »]. Tannhäuser joint sa prière à la leur, un immense repentir ayant pénétré son âme.
Scène 4. — Revenant de la chasse, le Landgrave et les chevaliers-chanteurs découvrent Tannhäuser.
L'un d'eux, Wolfram, le reconnaît le premier. Tous lui souhaitent la bienvenue, s'inquiétant de sa longue absence. A leurs questions, Tannhäuser répond de façon évasive ; mais, au nom d'Elisabeth prononcé par Wolfram, il demande à revoir celle qu'il se reprend à aimer.
Tous les chevaliers se dirigent alors avec Tannhäuser du côté de la Wartbourg.
ACTE II. — La salle des chanteurs à la Wartbourg.
Scène 1. — Elisabeth, la nièce du Landgrave, qui aime en secret Tannhäuser et se languissait en son absence, entre, joyeusement émue, en saluant la salle si longtemps désertée où va venir l'élu de son cœur [Air d’Elisabeth : Dich, teure Halle, grüss ich wieder... / O noble salle de nos fêtes...].
Scène 2. — Le Landgrave entre et questionne Elisabeth ; la jeune fille dévoile à demi son secret. Avec elle, il se dispose à recevoir ses invités.
Scène 4. — Les chevaliers entrent cérémonieusement dans la salle, sur les estrades de laquelle ils prennent place [Célèbre Marche, dite « Entrée des Hôtes à la Wartbourg »].
Scène 5. — A leur tour les chanteurs vont se placer. Le Landgrave ouvre alors le concours en saluant le retour de Tannhäuser et propose comme sujet des joutes poétiques et musicales la définition de l'amour. Wolfram chante le premier, en glorifiant l'amour pur et éthéré dont il a fait son idéal [Air de Wolfram : Blick ich umher in diesem edlen Kreise... / En contemplant cette assemblée immense...]. Son discours reçoit l'approbation des assistants. Tannhäuser réplique en combattant cette définition, ce qui jette un froid, qu'Elisabeth, prête cependant à suivre Tannhäuser, n'est pas sans remarquer confusément. Walther de la Vogelweide puis Biterolf reprennent l'idée de Wolfram en la développant, mais Tannhäuser, de plus en plus emporté, proclame la supériorité de l'amour charnel, provoquant l'étonnement, puis la réprobation violente des chevaliers. Le Landgrave s'efforce d'apaiser le tumulte. Mais, tandis que Wolfram appelle l'assistance divine à l'appui de sa thèse, Tannhäuser, au comble de l'exaltation, déclare impudemment que seul celui qui, comme lui, connut les jouissances du Vénusberg, peut parler de l'amour en connaissance de cause ! Cette révélation déclenche un effroyable scandale. Le Landgrave et les chevaliers, l'épée en main, veulent se jeter sur le blasphémateur. Elisabeth les retient en lui faisant un rempart de son corps. C'est elle qui implorera le Ciel pour le repentir et la rédemption de Tannhäuser. Le chevalier, vaincu par le remords, est tombé à terre. Le Landgrave l'engage alors à se joindre aux pèlerins partant pour Rome, afin d'aller implorer avec eux la grâce du Souverain Pontife. Tannhäuser se précipite à la suite des pèlerins déjà en marche vers la Cité sainte.
ACTE III. — La vallée au pied du Vénusberg, dans son aspect automnal.
Scène 1. — Elisabeth, prosternée au pied d'une image de la Vierge, prie avec ferveur. Wolfram, qui l'a suivie, la contemple silencieusement. Les pèlerins revenant de Rome approchent. Elisabeth cherche en vain Tannhäuser parmi eux. Ne l'apercevant pas, elle adresse à la Vierge une ardente invocation [Prière d’Elisabeth : Allmächtige Jungfrau !... / Puissante Vierge...].
Scène 2. — Wolfram la regarde tristement s'éloigner et exhale la douleur de son âme en s'adressant à l'étoile du soir qui montre son chemin au voyageur [Romance de Wolfram dite « Romance à l’Etoile » : Wie Todesahnung... — O, du, mein holder Abendstern... / Mortel présage...].
Scène 3. — La nuit est venue. Exténué de fatigue, Tannhäuser paraît. A Wolfram qui s'approche, il demande d'un air sinistre le chemin du Vénusberg. Wolfram est épouvanté. Dans un long récit [Récit de Tannhäuser, dit « Récit de Rome » : Inbrunst im Herzen... / L'âme fervente...], Tannhäuser dit toute son amertume, son immense espoir et sa déception : à l'ouïe de ses fautes, le Souverain Pontife a déclaré qu'il ne saurait être pardonné tant que des roses ne fleuriront pas à sa crosse !
Scène 4. — L'enchantement du Vénusberg emplit peu à peu la vallée autour de Tannhäuser. Vénus elle-même paraît, appelant à elle le héros enivré. Wolfram essaie désespérément de l'arracher à la séduction maudite. Subitement inspiré, Wolfram prononce le nom d'Elisabeth. A son ouïe, Tannhäuser demeure comme foudroyé.
Scène 5. — Des voix d'hommes dans le lointain annoncent à ce moment la mort de la pieuse jeune fille. Vénus, vaincue, disparaît avec tous ses voluptueux enchantements.
Le Landgrave descend la vallée en compagnie des nobles et des pèlerins qui portent le corps d'Elisabeth, au pied de laquelle Tannhäuser expire de douleur et de repentir en invoquant son secours et son intercession.
A ce moment, une nouvelle troupe de pèlerins arrive, portant triomphalement la crosse miraculeusement reverdie et couverte de fleurs, témoignage de la miséricorde et du pardon divins accordés au malheureux pécheur repentant !
« Opéra représenté pour la première fois sur le théâtre de Dresde le 19 octobre 1845. Cet ouvrage excita tout d'abord le plus vif enthousiasme ; l'auteur fut appelé sur la scène à la suite de chaque acte, et, après la représentation, les musiciens de l'orchestre, suivis de plus de deux cents jeunes gens, se rendirent, un flambeau à la main, à la maison habitée par M. Wagner et exécutèrent, sous les fenêtres du jeune compositeur, une sérénade composée de morceaux choisis dans ses ouvrages, ainsi que dans ceux de Meyerbeer. Toutefois le Tannhäuser ne tarda pas à soulever de vifs débats dans le public et parmi les hommes de l'art. Lorsque cet opéra fut représenté en France, plus de quinze ans plus tard, le 13 mars 1861, à l'Académie impériale de musique, le parterre fut assez peu courtois pour donner à l'auteur une sérénade d'un autre genre que celle qu'on lui avait fait entendre à Dresde, et on ne put obtenir plus de trois représentations. Malgré cet insuccès, cet ouvrage a fait grand bruit.
Le texte allemand a été traduit pour la scène française par M. Nuitter. Henri Heine nous avait déjà fait connaître le héros de la vieille légende allemande. Le noble chevalier Tannhäuser s'abandonne à une vie molle et sensuelle dans le palais de Vénus. Rassasié de voluptés, il s'y dérobe et se rend au Wartburg, où les maîtres chanteurs se sont réunis pour se disputer le prix du chant. Le landgrave et Wolfram invitent le chevalier à prendre part à la lutte, dont le sujet est l'éloge de l'amour. Wolfram chante l'amour pur, éthéré qui élève l’âme au-dessus des misérables faiblesses de la condition humaine ; mais le chevalier Tannhäuser, qui cependant se sait aimé de la belle et sage Elisabeth, fille du landgrave, célèbre au contraire l'amour charnel et en exalte les charmes dans des termes qui excitent contre lui, le chanteur impudique, l'indignation générale. Elisabeth protège cependant cet homme qui devrait lui faire horreur. Le landgrave conseille au chevalier d'aller se faire exorciser à Rome. Tannhäuser part en compagnie de pèlerins et va s'agenouiller devant le souverain pontife ; mais c'est en vain. A son retour, loin d'être corrigé de ses erreurs, il reprend le chemin du Wenusberg, où il est accueilli à bras ouverts, tandis qu’Elisabeth, qui représente l'amour chaste et vertueux, expire de douleur.
La pensée de la légende est une pensée de moralité. L'auteur du poème n'a pas semblé le comprendre. Plusieurs scènes sont d'une grossièreté qui devait révolter un public français, et le dénouement est honteux. La musique, conçue dans un système plus littéraire que musical, n'a pas tenu les promesses que des prôneurs exaltés et presque fanatiques avaient fait espérer. A l'exception de l'ouverture, de la marche des pèlerins, des strophes du chevalier au premier acte, du duo avec Elisabeth, de la romance de Wolfram au troisième acte, de quelques autres passages qui accusent une forte organisation musicale, un sentiment puissant de l'effet harmonique et instrumental, tout le reste de la partition est ou ténébreux, ou puéril, mais assurément fort ennuyeux. A la première représentation, une chasse hyperbolique, une meute de chiens traversant la scène, une apparition de Vénus et des détails d'orchestre appartenant à un genre de description réaliste, ont singulièrement égayé l'assistance. La deuxième représentation, qui a eu lieu le lundi 18 mars, malgré de larges coupures, a achevé la chute bruyante d'un ouvrage trop bruyamment annoncé comme un chef-d'œuvre. La partition a été réduite pour piano et chant par M. Vauthrot. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La marche des pèlerins, l'introduction au tournoi des chanteurs, les strophes du chevalier au 1er acte, le duo du chevalier et d'Élisabeth au 2e acte et la mélodie de Wolfram, au 3e acte, sont les seuls morceaux qui aient une forme arrêtée ; les autres parties de l'ouvrage sont conçues d'après un système rétrograde et antidramatique. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Pris dans une vieille légende de la Thuringe, où se trouve le manoir de la Wartburg, le sujet de Tannhäuser est, comme celui de la plupart des œuvres de Wagner, un sujet symbolique, qui offre au spectateur la lutte de l'amour sensuel et de l'amour idéal. C'est un « état d'âme », c'est une étude psychologique que l'auteur a portée sur la scène, avec le désir d'en faire un drame. Aussi, n'est-il pas étonnant que de ce drame l'action soit nulle, et qu'il ne s'en dégage aucun intérêt ; j'entends d'intérêt scénique, le seul qui importe au théâtre, où le personnage n'émeut que par ses actes, et non par ses pensées. Le mélange du surnaturel et du réel (et aussi du profane et du sacré) n'est pas ce qu'il y a de moins singulier dans ce poème singulier de Tannhäuser. On comprend la féerie, et tout est permis dans cet ordre d'idées. Mais en un sujet qui a presque des prétentions historiques, puisqu'il se rapporte aux temps modernes et que le principal personnage a existé, en un sujet où le lieu et l'époque sont avec soin précisés (la scène est en Thuringe, au XIIIe siècle), il y a quelque chose de bizarre à mettre le spectateur en présence de Vénus, à faire du héros l'amant de cette déesse, et à le faire redescendre ensuite sur terre, où on nous le montre se mêlant au monde réel, et s'y mêlant jusqu'à se rendre en pèlerinage à Rome et à se présenter au pape pour lui demander l'absolution de ses péchés. Voit-on d'ici la contenance de ce pape en entendant son pénitent lui raconter les relations qu'il a eues avec l'épouse de l'infortuné Vulcain ? En réalité, ce poème est d'une conception enfantine et d'un intérêt absolument nul, comme on s'en convaincra sans doute par l'analyse que voici.
Le premier acte nous montre les merveilles du Vénusberg. Tannhäuser, nonchalamment étendu auprès de Vénus, assiste aux ébats de ses nymphes et des satyres qui les poursuivent. La fête terminée, il déclare à la déesse qu'il veut rompre une liaison qui lui pèse. Celle-ci cherche vainement à le retenir, en employant tour à tour la prière, la tendresse, la colère et les larmes; tout est inutile, et Tannhäuser, pour en finir, invoque le nom de la vierge Marie. Il se trouve alors transporté tout aussitôt dans la vallée de la Wartburg, auprès d'une image de la vierge sainte. Là, on entend dans le lointain les voix d'une troupe de pèlerins qui chantent les louanges du Seigneur ; les pèlerins se rapprochent, puis, passant devant Tannhäuser immobile, traversent la vallée et s'éloignent par le côté opposé. Tannhäuser est ému, et son âme s'ouvre au repentir. Surviennent le landgrave Hermann et ses chevaliers, anciens amis de Tannhäuser et ménestrels comme lui, tous enchantés de le retrouver. Celui-ci, se jugeant indigne, veut fuir. « Reste, lui dit Wolfram, reste près d'Elisabeth. » Et ce nom, qui lui est cher, le décide à se mêler à ses compagnons.
Elisabeth est la nièce du landgrave, qu'il a aimée jadis, et qu'il a quittée pour se plonger dans les délices du Vénusberg. Nous la trouvons, au second acte, dans le palais de la Wartburg, attendant Tannhäuser, dont on lui a appris le retour. Il se présente et implore son pardon, qui lui est facilement accordé. Bientôt toute la cour s'assemble pour assister au tournoi des chevaliers, qui, sous la présidence du landgrave, vont chanter l'amour. Le vainqueur recevra le prix des mains d'Elisabeth, et il n'est si haute récompense à laquelle il ne puisse prétendre, c'est-à- dire qu'il pourra porter son ambition jusqu'à obtenir la main de la princesse. Wolfram commence, et chante l'amour pur. Tannhäuser vient ensuite, fait honte à Wolfram de sa froideur et, par une étrange aberration d'esprit autant que par une singulière versatilité dans les idées, en présence de la chaste Elisabeth qu'il vient de retrouver, il glorifie l'amour sensuel. Walter entre en lice à son tour et exalte la vertu. Tannhäuser s'échauffe et reprend sa thèse. Wolfram lui répond, et enfin Tannhäuser, électrisé par la lutte, hors de lui, s'enflammant à chaque instant davantage, finit par décrire avec enthousiasme les joies et les voluptés du Vénusberg. Là-dessus, scandale, tumulte, furie générale ; les épées sortent du fourreau, et tous les chevaliers vont fondre sur l'impie, lorsque Elisabeth les arrête. — « Que serait, leur dit-elle, la blessure de votre glaive, auprès du coup que j'ai reçu de lui, moi qui l'aimais ? Laissez au moins au pécheur le repentir, avec l'espoir de la délivrance. » Le landgrave alors déclare à Tannhäuser qu'il le bannit sous peine de mort et l'exhorte à se joindre aux pèlerins qui partent pour Rome et à aller demander au pape la rémission de ses péchés. Tannhäuser part en effet.
Le troisième acte ramène l'action dans la vallée de la Wartburg. « Portant en son cœur la mort qu'elle a reçue de lui », Elisabeth prie jour et nuit pour celui qu'elle n'a cessé d'aimer. On la voit agenouillée au pied de la statue de la Vierge, tandis que Wolfram la contemple discrètement. Tous deux attendent le retour des pèlerins, qui reviennent de Rome. Voici qu'on entend au loin leurs chants, qui se rapprochent peu à peu. Les premiers d'entre eux paraissent, bientôt suivis de tous leurs compagnons, et traversent de nouveau la vallée. Pleins d'angoisses,
Elisabeth et Wolfram cherchent vainement Tannhäuser parmi eux, Tannhäuser ne vient pas. La sainte fille, désespérée, s'éloigne alors, tandis que Wolfram, resté seul, la nuit venue, voit poindre au ciel une étoile dont il chante l'apparition dans une romance devenue célèbre. Enfin, voici venir Tannhäuser, pâle, chancelant, défait, déguenillé. Il ne reconnaît pas d'abord Wolfram, à qui il demande le chemin du Vénusberg. N'ayant pu, malgré son repentir, obtenir son pardon, il fuit le culte, l'église, la prière, les promesses menteuses. Dans un récit écrasant, il raconte à Wolfram ses misères, ses douleurs, ses luttes, les souffrances inouïes qu'il a endurées. Puisque rien n'a pu le racheter, il veut retourner aux voluptés passées, il invoque Vénus, qui lui apparaît dans un nuage, il va se perdre de nouveau... Mais Wolfram le retient : « Tu peux encore obtenir ton salut. Un ange a prié pour toi, qui va bientôt quitter la terre, Elisabeth... » A ce nom, Tannhäuser revient à lui. On entend des cloches ; un cortège funèbre s'avance, les pèlerins précèdent un cercueil ouvert en chantant les dernières prières. Tannhäuser s'approche, reconnaît le corps de celle qui l'aimait, tombe en s'écriant : « Sainte Elisabeth, priez pour moi ! » et meurt. Et les pèlerins disent à leur tour : « Le pécheur entre maintenant dans la paix des bienheureux. »
Pièce singulière en vérité, plus symbolique qu'émouvante, dans laquelle l'intérêt, s'il s'en trouve, se concentre non sur le héros, qui est versatile et insupportable, mais sur les deux personnages secondaires d'Elisabeth et de Wolfram, qui, eux au moins, sont doués de sentiments humains et généreux. Quant à l'action proprement dite, on a pu voir, par cette analyse, ce qu'elle est en réalité. Ce que Wagner a voulu mettre en scène, c'est la lutte entre la volupté païenne et la vertu chrétienne, qui se disputent l'âme de Tannhäuser, celle-ci paraissant l'emporter par la mort du pécheur repentant. Le tout est de savoir s'il y a là le sujet d'un drame. Les partisans déclarent que oui, et trouvent ce drame admirable ; les autres, les sceptiques, se contentent de sourire.
Pour ce qui est de la musique, on peut dire de l'œuvre qu'elle est profondément inégale, aussi bien au point de vue de l'invention proprement dite qu'en ce qui concerne le style et la couleur générale. Mais à côté de pages fatigantes par leur lourdeur, leur longueur, il en est d'une envolée superbe et qui excitent l'admiration. Quoi de plus beau, de plus majestueux, de plus émouvant, que le chœur des pèlerins du second tableau, qu'on entend d'abord faiblement, qui se rapproche et grandit peu à peu, qui prend toute son intensité lors de l'apparition des personnages, puis qui se fond dans le lointain à mesure que ceux-ci disparaissent ? Quoi de plus noble, de plus grandiose, de plus chevaleresque que la marche avec chœur du second acte, cette marche superbe qui annonce l'arrivée des chanteurs venant prendre part au tournoi, et dont l'éclat semble comme tempéré par une série de modulations successives dont l'effet est délicieux ? Cela est d'une couleur prodigieuse. Mais c'est ce second acte, pourtant et surtout, qui est singulièrement inégal et disparate. La scène d'Elisabeth et de Tannhäuser, conçue dans le plus pur style italien, n'est même pas exempte des gruppetti et des ports de voix que les virtuoses ont fini par rendre si ridicules ; presque aussitôt vient la marche, qui est empreinte d'un souffle absolument weberien ; puis, le finale nous ramène à la forme italienne, mais cette fois dans ce qu'elle a de plus banal, et nous sommes loin ici de l'admirable sextuor de Lucie de Lammermoor, où Donizetti a fait preuve d'une autre puissance et d'une autre inspiration. Je n'ai pas à m'étendre sur le septuor des chevaliers, qui encadre la suave mélodie chantée par Wolfram, non plus que sur la romance célèbre de l'étoile, non plus que sur le gigantesque récit de Tannhäuser et de son voyage à Rome. Mais à côté de ces pages lumineuses, que de longueurs, que de scènes fatigantes par des redites oiseuses ou d'inutiles développements ! Les imprécations de Vénus au premier tableau, l'interminable harangue du landgrave, qui précède le tournoi, les plaintes d'Elisabeth, touchantes sans doute, à la suite de ce tournoi, sa prière au troisième acte, comme tout cela est long, lent, lourd, comme tout cela manque de mesure et de proportion ! Une fois que Wagner a attaqué une idée, il ne peut plus s'en dessaisir ; il ne peut plus s'en arracher; il faut qu'il la retourne en tous sens, qu'il l'exprime sous toutes les formes, jusqu'à la satiété, jusqu'à l'énervement. Voilà ce qui fait que l'œuvre, malgré ses qualités, reste fatigante et laisse à l'auditeur comme une impression d'accablement. Elle manque de chaleur et de rapidité, le peu d'action qu'elle présente étant interrompu incessamment par des hors-d'œuvre inutiles, par d'insupportables longueurs. C'est le cas de rappeler cette réflexion de Beaumarchais dans sa préface du Barbier de Séville : — « Moi, qui ai toujours chéri la musique sans inconstance et même sans infidélité, souvent, aux pièces qui m'attachent le plus, je me surprends à pousser de l'épaule, à dire tout bas avec humeur : Va donc, musique ! Pourquoi tant répéter ? N'es-tu pas assez lente ? Au lieu de narrer vivement, tu rabâches ; au lieu de peindre la passion, tu t'attaches oiseusement aux mots. » Voilà bien ce que l'on peut reprocher à Wagner.
On sait que Tannhäuser, joué pour la première fois à Paris, sur la scène de l'Opéra, le 13 mars 1861, avec une traduction de M. Charles Nuitter, fut l'objet d'une cabale indécente qui décida Wagner à retirer son œuvre après la troisième représentation. Après trente-quatre ans, le 13 mai 1895, l’ouvrage a été repris au même théâtre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Hermann, landgrave de Thuringe ; Tannhäuser, Wolfram d'Eschenbach, chevaliers chanteurs ; Elisabeth, nièce du landgrave ; Vénus.
La scène se passe au XIIIe siècle, à la Wartburg et dans ses environs.
La légende d'où Wagner a tiré son Tannhäuser remonte à cette époque trouble où le paganisme disparu de l'Europe occidentale laissait encore de robustes souvenirs. De là l'étrange juxtaposition dans une même intrigue de Vénus, la « belle diablesse », et d'Elisabeth, cette figure chrétienne si sublime et si pure.
Le chevalier chanteur Tannhäuser est aimé secrètement d'Elisabeth. Mais il a disparu de la cour du landgrave Hermann, et les bruits les plus sinistres courent à son sujet. Sa façon de chanter l'amour, moins chaste, plus sensuelle, plus païenne que celle de ses émules, les Wolfram d'Eschenbach, les Walter de la Vogelweide, etc., lui avait valu à plusieurs reprises des remontrances. Or il existe aux environs de la Wartburg une montagne de fâcheuse renommée. C'est là, croit-on, que depuis la victoire définitive du christianisme, s'est retirée la diabolique Vénus, symbole des passions charnelles et des désirs mauvais. Dans la grotte enchantée où elle continue son existence de volupté et de folles ivresses, bien des malheureux se sont déjà laissé entraîner et n'ont jamais été revus. Serait-ce par aventure le cas de Tannhäuser ? Elisabeth, elle, attend et prie.
Tannhäuser est bien réellement au Venusberg. C'est là que nous le voyons au début du premier acte, assistant à une extraordinaire fantasmagorie : danses de faunes, de nymphes, apparition des Grâces et des Amours, tableaux changeants en des recoins profonds, montrant l'enlèvement d'Europe, Léda et le Cygne. Dans le lointain retentit par instants la voix des Sirènes. Le chevalier, assis aux pieds de Vénus, regarde tout cela avec lassitude. Et il a avec la déesse une explication orageuse. Il veut partir, il regrette la terre, il est las de ces plaisirs toujours renouvelés. Par deux fois Vénus le contraint de prendre sa harpe et de célébrer l'amour ; par deux fois son chant s’achève sur une note de regret. En vain l'immortelle épuise toutes les ressources de sa séduction. Quand elle voit ses efforts inutiles, elle rappelle à l'ingrat qu'il connaît le chemin qui conduit auprès d'elle et lui déclare qu'il y sera toujours le bienvenu. Tannhäuser s'arrache aux bras de la déesse et part en lui lançant un adieu éternel. Vénus pousse un grand cri, la grotte disparaît et fait place à une vallée éclairée par le soleil de midi. Le ciel est bleu, on aperçoit la Wartburg à peu de distance. Les clochettes des troupeaux tintent. Tannhäuser est debout en face de ce spectacle. Sur un rocher, un pâtre chante et joue du chalumeau. Il est interrompu par l'approche d'une troupe de pèlerins. Tannhäuser bénit Dieu qui le ramène à la vie ; son cœur est contrit et avide de pénitence. Il s'agenouille aux pieds d'une statue de la Vierge et prie.
Les pèlerins ont passé. Voici maintenant une troupe de chasseurs, conduits par le landgrave. Tous reconnaissent Tannhäuser, qu'on croyait perdu. L'accueil des uns est plutôt frais ; mais Wolfram se montre affectueux et fraternel. Tannhäuser raconte qu'il revient d'un lointain voyage et manifeste l'intention de repartir aussitôt. Mais Wolfram prononce le nom d'Elisabeth ; cela suffit : Tannhäuser restera. Car Elisabeth l'aime ; du moins Wolfram l'assure. L'acte se termine sur un superbe ensemble vocal.
Le second acte est celui du concours de chant à la Wartburg, célèbre dans la légende. Au lever du rideau, Elisabeth seule laisse éclater sa joie ; Tannhäuser est revenu ! Il apparaît bientôt, accompagné de Wolfram. La rencontre est cordiale, même quelque chose de plus. Le bon Wolfram, qui aime Elisabeth en silence et sans espoir, se résigne, car son amour est pur de tout égoïsme : qu'Elisabeth soit heureuse, c'est tout ce que son cœur désire.
Les deux chevaliers se sont éloignés. Le landgrave les remplace auprès de sa nièce. Il rappelle que le jour même doit avoir lieu le fameux concours de chant et de poésie. Elisabeth lui laisse deviner ce que ses lèvres n'osent dire et le landgrave, paternel, ne décourage pas son espoir.
C'est maintenant l'arrivée des invités aux sons de la célèbre marche. Puis le landgrave ouvre le concours.
Wolfram chante le premier. Son hymne est d'une élévation admirable. Il célèbre l'amour pur et désintéressé, qui se sacrifie pour la femme aimée.
Tannhäuser toutefois trouve ces sentiments bien froids ; il célèbre un amour moins éthéré, plus substantiel, à la grande indignation de Biterolf. Celui-ci vante un amour un peu rude et bourru, bardé de fer, casqué et armé du glaive.
Tannhäuser raille : ça, l'amour ! Biterolf n'y connaît rien. Puis, s'exaltant de plus en plus au souvenir des ivresses passées, il finit par déclarer que nul ne peut prétendre connaître l'amour qui ne l'a pas goûté aux bras de Vénus !
Ces mots déchaînent un effroyable scandale. Les femmes fuient en se voilant la face. Les hommes dégainent et veulent tuer le réprouvé qui, devant eux, vient d'avouer son crime. Elisabeth, mortellement frappée au cœur, trouve pourtant la force d'intervenir et demande la grâce du coupable. Qu'il lui soit permis d'expier son offense et d'obtenir le pardon de son péché ! Tannhäuser, tiré de son délire, comprend ce qu'il a fait. Un remords infini le déchire : il ira à Rome sous l'habit de pèlerin implorer le pardon du Saint-Père. Elisabeth l'accompagnera de ses prières.
Le décor du troisième acte représente le même paysage qu'au second tableau du premier acte, mais sous les couleurs chaudes de l'automne. Elisabeth est en prière aux pieds de la Vierge et Wolfram la contemple discrètement de loin. Une troupe de pèlerins passe, retour de Rome. Ils saluent joyeusement la patrie, car leurs péchés sont pardonnés. Elisabeth cherche dans leurs rangs : Tannhäuser n'est pas avec eux. Elle chante alors une admirable prière, offrant sa vie en échange du pardon du pécheur. Puis elle s'éloigne. Elle écarte du geste Wolfram qui s'offre à l'accompagner, lui indiquant du geste qu'elle a une haute mission à remplir. Wolfram la regarde tristement s'en aller, puis exhale la douleur de son âme dans la belle « romance de l'étoile ».
C'est alors que Tannhäuser paraît, hagard, farouche. Il revient de Rome, mais il n'est pas pardonné. Le désespoir au cœur, il raconte à Wolfram son pèlerinage, ses mortifications, ses prières. Tout a été vain. Le Saint-Père a prononcé : « Comme ce bâton dans ma main ne saurait refleurir soudain, des feux d'enfer tout espoir de salut est vain ! » Aussi, puisque le ciel lui est fermé, il aspire maintenant à retrouver le séjour de délices où il s'est damné. Ne tenant aucun compte des supplications de Wolfram, il appelle Vénus, et celle-ci ne se fait pas attendre : de légères vapeurs envahissent la scène, cachent le fond du paysage, puis une lumière rose commence à poindre, les bruits du Venusberg se font entendre, Vénus elle-même apparaît nimbée de clartés, tendant les bras à celui qui l'implore. Tannhäuser va s'y jeter, quand, pour la seconde fois, Wolfram lance le nom magique : « Elisabeth ! » Tannhäuser s'arrête, pétrifié, et la vision s'évanouit.
On voit alors descendre de la Wartburg un funèbre cortège. Les pèlerins sont en tête, les chevaliers chanteurs suivent, précédant la dépouille mortelle d'Elisabeth portée sur une civière. Tannhäuser s'effondre devant ce cadavre et meurt. On entend alors une nouvelle troupe de pèlerins, porteurs d'une grande nouvelle : à Rome vient de se produire un éclatant miracle : le bâton que le Saint-Père tenait dans sa main s'est couvert de verdure et de fleurs, annonçant le pardon d'un coupable et l'entrée d'une âme au paradis... Le sacrifice d'Elisabeth n'a pas été vain. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Si l'on veut aborder l'étude impartiale du répertoire de Wagner, il faut peut-être s'inspirer de ce principe que « l'Art n'a point de frontières » et chercher au moins, en dehors de toute considération d'esthétique musicale, à expliquer pourquoi le compositeur allemand n'a pas rencontré chez nous l'accueil si naturellement courtois dont ont bénéficié les Strauss et Offenbach.
Lorsque Richard Wagner vint à Paris demander à la France — comme Meyerbeer, comme Rossini et tant d'autres — la consécration du talent dont il se savait rempli, ses débuts y furent pénibles. Dans sa conception du drame lyrique, il apportait des novations du même domaine que celles de Gluck ; sa musique était symphonique plutôt que vraiment dramatique ; (déjà, le Freischütz de Weber avait indiqué cette évolution). Mais il entrait par trop d'étrangetés dans sa manière ; il ne fut pas compris et il devait en éprouver un dépit irréconciliable. Wagner avait le caractère entier et un esprit dominateur ; son ambition était démesurée ; son humeur inquiète, maussade, jalouse. En qualité de maître de chapelle de la cour, il revint à Dresde, théâtre de la création du Vaisseau Fantôme en 1843, et du Tannhäuser le 19 octobre 1845... C'est seulement sur les instances de la princesse de Metternich, fort bonne musicienne, que notre Opéra reprit avec lui les pourparlers relatifs à la première représentation de cet ouvrage. Le maestro trouva moyen de mécontenter tout le monde par ses exigences, et, de retour en France, fit retentir orgueilleusement de rodomontades l'Académie Impériale de Musique. — Laissons ici la parole à un témoin bien informé, fort bon juge, et sans parti pris : M. Alphonse Royer.
« M. Richard Wagner — écrit-il — avait répété à tous les échos qu'après le Tannhäuser, on jouerait Lohengrin, et après Lohengrin, tous ses autres ouvrages. Le public parisien considéra cette assurance comme une peu rassurante menace. A l'un des abonnés qui lui demandait si le défilé devait durer longtemps, il répondit : « Toujours ! »... Il était impossible de se montrer moins diplomate. Aussi l'arrêt de mort du Tannhäuser était-il prononcé avant le lever du rideau (13 mars 1861). La pièce succédait à l'opéra du prince Poniatowski : Pierre de Médicis — qui, pour un opéra de prince, avait fort convenablement tenu l'affiche pendant 60 représentations... Quand je connus les dispositions des abonnés au sujet du Tannhäuser, j'en prévins le ministre — et toute ma tactique devant une chute certaine fut d'empêcher qu'elle ne devînt honteuse. Les artistes du chant et de l'orchestre savaient qu'ils devaient bravement lutter contre la tempête, interrompre au besoin la représentation par quelques légers temps d'arrêt, puis reprendre tout à coup, au signal du chef d'orchestre, quand les siffleurs commenceraient à éprouver le besoin de respirer... La bataille dura trois jours ! La troisième représentation fut affichée pour le dimanche afin de pouvoir louer à d'autres les loges et les stalles des abonnés qui n'y avaient pas droit ce jour-là, d'après leur contrat. Les abonnés prévirent le coup. Ils louèrent exceptionnellement toutes leurs places, et ne dînèrent pas afin de pouvoir ouvrir le feu dès le premier coup d'archet. Tous étaient assis à l'heure réglementaire, armés de sifflets d'argent ou d'ivoire, fabriqués en vue de la cérémonie ! L'un de ces messieurs portait en sautoir un sifflet de chemins de fer dont le timbre suraigu s'enjolivait d'un trémolo formidable... J'avais promis à M. Wagner que sa dernière représentation irait jusqu'au bout. Elle y parvint, mais non sans peine ! Au dernier morceau de l'ouvrage, le vacarme devint tel que les chanteurs, l'orchestre et les choristes restèrent cois pendant plusieurs minutes. On n'entendait que la bourrasque, dont les violents éclats faisaient trembler les cristaux du lustre. J'entrai sur la scène, caché derrière les choristes, et je prévins Morelli — l'un de nos vaillants chanteurs — qu'il devait, à la première accalmie, lancer sa formidable voix et que l'orchestre, averti de la manœuvre, le rattraperait au vol. Les choses se passèrent ainsi : Dietsch et son orchestre partirent comme un ouragan, faisant en l'air une coupure d'une trentaine de mesures, dans laquelle personne ne s'embrouilla — et le rideau baissa sur la dernière note... J'avais tenu ma promesse envers un artiste de talent, qui supporta très dignement le véritable déni de justice dont il fut victime. Quoi qu'on en ait dit, l'administration de l'Opéra n'eut en tout cela aucun reproche à se faire : elle avait mis au service de son hôte toutes les ressources dont elle disposait, et n'avait quitté le champ de bataille qu'en sauvant l'honneur du drapeau (*)... »
(*) Alphonse Royer. — Histoire du Théâtre contemporain, XVI-4.
Veut-on maintenant l'avis des spectateurs de marque ?... Relisons Prosper Mérimée :
« Un dernier ennui — mais colossal — a été Tannhäuser... Il me semble que je pourrais écrire demain quelque chose de semblable en m'inspirant de mon chat marchant sur le clavier d'un piano. La représentation était très curieuse... Tout le monde bâillait ; mais d'abord, tout le monde voulait avoir l'air de comprendre cette énigme sans mot. La princesse de Metternich se donnait un mouvement terrible pour faire semblant de comprendre, et pour faire commencer les applaudissements — qui n'arrivaient pas. Elle y brisa son éventail. On disait sous sa loge que les Autrichiens prenaient la revanche de Solférino... Auber, interrogé, prétend que c'est du Berlioz sans mélodie : « Comme ce serait mauvais si c'était de la musique ! » Avis de Gounod, questionné à son tour : « C'est fort intéressant au point de vue grammatical. » On a dit encore qu'on s'ennuie aux récitatifs, et qu'on se « tanne aux airs » (tâchez de comprendre). Le fiasco est énorme ! » (Lettre à une inconnue, mars 1861.)
Voyons donc le monstre, d'après la version française de Charles Nuitter — exécutée avec plus de sérénité à l'Opéra le 13 mai 1895.
***
Le rôle que joue la mythologie dans l'œuvre de Wagner est important. L'auteur-compositeur va jusqu'à faire agir ses héros en vertu des dogmes de la religion chrétienne, tout en les soumettant aux influences des divinités de l'Olympe !... Ce sont elles qui personnifient — plus agréablement sans doute que le classique « Méphisto » — l'Esprit du Mal, dans sa lutte contre Dieu pour la conquête des âmes...
Dans les montagnes de la Thuringe s'élève le château de la Wartburg, où le landgrave Hermann tient, sous la présidence de sa nièce Elisabeth, une sorte de chaste « Cour d'Amour » renommée par tout le pays. Des « chevaliers chanteurs » y viennent faire assaut de lyrisme innocent, chacun à sa manière ; celle de Tannhäuser est plus troublante que les autres. Elisabeth s'y est laissé lentement gagner, sans trop oser se l'avouer ; car son troubadour de prédilection, fort estimé comme poète, n'a pas — en tant qu'homme privé — la réputation la plus pure... C'est un voluptueux. Il fait de soudaines retraites dans les forêts de la Bavière, aux alentours du « Vénusberg » où la légende veut que d'étranges figures païennes aient reconstitué le culte d'Aphrodite : la déesse a son sanctuaire au fond d'une grotte magique ; et l'on y célèbre ses derniers mystères. — Ceux qui s'y sont risqués n'en sont point revenus.
... Sauf Tannhäuser, pourtant... La chose est vraie : Vénus est là ! Bien plus, elle aime le chevalier chanteur qui — tel un demi-dieu — hésite entre le vice et la vertu... L'image de la douce Elisabeth dans le cœur, il s'arrache une fois de plus aux enchantements du royaume d'Ombre, et le voici sur la colline, aspirant l'air glacé des cimes, vivifiant et sain ; sa griserie se dissipe avec le brouillard de l'aurore — les monts sont irradiés... Tout autour s'étend, à perte de vue, la fraîche campagne. Il se sent meilleur. Des pèlerins passent... et Tannhäuser murmure une prière. Mais on entend l'appel d'une trompe de chasse, et le landgrave Hermann paraît, suivi d'une brillante escorte : les chevaliers qui la composent reconnaissent leur camarade ; et l'un d'eux, Wolfram d'Eschenbach, est de ses amis. Il n'ignore point la nature des sentiments qui l'attirent vers Elisabeth, dont la beauté ne l'a pas laissé lui-même insensible — mais il ne marche point sur les brisées de Tannhäuser, pour lequel il a beaucoup d'affection ; et, de tout son cœur, il s'attache à le retenir auprès de la petite suzeraine.
Cependant, l'époque est venue du « Concours de Chant » — et l'Amour en est le sujet : Wolfram d'Eschenbach glorifie l'amour conjugal dans ce qu'il a de plus élevé ; son compétiteur Bitherolf conçoit l'amour « à la hussarde » — c'est, à son sens, une conquête qui fait de la Femme moins une compagne que l'esclave de son seigneur et maître, l'Homme... Tannhäuser s'indigne et se moque d'eux : il trouve le premier fort prosaïque, et le second n'est qu'un Vandale. — A l'appui de ses théories personnelles, le voilà qui se laisse aller à faire le panégyrique de l'amour le plus sensuel — et il y met tant de chaleur et de passion que l'on voit trop qu'il a été à bonne école... Il n'en faut pas davantage pour donner de la consistance aux méchants propos qui ont couru sur son compte. Et c'est un scandale ! L'imprudent champion de Vénus le comprend un peu tard : A cette époque, on ne badine pas avec ces choses-là ; considéré comme corrupteur public, il a le choix entre la mort, ou le pèlerinage à Rome pour y chercher l'absolution de sa faute. Elisabeth, en larmes, l'attendra.
Nous la retrouvons prosternée devant une statue de la Madone, sur la colline où Tannhäuser était venu, un beau matin, se purifier des lascives incantations du Vénusberg. Le soleil décline, embrasant cette fois un paysage de cuivre : c'est l'Automne, et les pèlerins ne tardent pas à revenir... Tannhäuser n'a point reparu — le Pape ayant refusé d'entendre un excommunié qui a commerce avec les démons du polythéisme ; et il s'est exprimé en termes apocalyptiques, attestant qu'il ne lui est pas plus possible de pardonner à ce maudit que de voir refleurir et fructifier sa baguette sacerdotale... Atteinte au cœur, Elisabeth fera le sacrifice de sa vie pour le salut du bien-aimé. Elle prie ardemment dans la nuit tombante, et s'éloigne, laissant là Wolfram qui, discret, soupirait près d'elle aux étoiles.
Tannhäuser surgit tout à coup... Désormais, pour tous, c'est un réprouvé : voué aux enfers, il n'a plus qu'à se réfugier dans l'orgie — et il en appelle à la déesse des amours : Une nuée rose ; un parfum d'encens ; une idéale apparition : « C'est Vénus, tout entière à sa proie attachée »... Le troubadour va succomber définitivement, lorsque Wolfram l'immobilise en lui criant le nom d'Elisabeth — et tandis qu'au loin le mirage semble s'évaporer, on voit passer en procession les pèlerins et les hôtes de la Wartburg, accompagnant le corps de la jeune fille ; Dieu a reçu l'âme... Celle de Tannhäuser est désormais sauvée. Mais il ne peut survivre ; sa mort d'amour est signalée par un prodige : la baguette que tenait le Pape s'est changée en rameau de fleurs — emblème poétique de la rémission du péché, d'éternelle résurrection.
Nota. — Consulter sur la légende du Tannhäuser :
Gaston Paris. — Légendes du Moyen-Age :
« Le Paradis de la reine Sibylle, etc. » (Hachette, 1904).
Artaud-Haussmann. — Le Tournoi poétique de la Wartburg, poème allemand du
XIIIe siècle
avec étude sur la poésie chevaleresque de l'Allemagne au moyen-âge (Firmin-Didot,
1865). »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
TANTE AGNÈS
Opérette bouffe en deux actes, paroles de Maxime Boucheron, musique, de M. Toulmouche, représentée à l'Olympia le 27 octobre 1896.
Opéra en un prologue et cinq actes, livret de Beaumarchais, musique d’Antonio Salieri.
Première représentation à l'Académie royale de musique (salle de la Porte-Saint-Martin) le 08 juin 1787, avec Mmes Joinville (la Nature), Thérèse Maillard (Astasie), C. Gavaudan cadette (Spinette), MM. Chardini (le Génie du Feu, Arthenée), Chéron (Atar), Lainez (Tarare), Chateaufort (Altamort), Moreau (Urson), Rousseau (Calpigi), Narcisse Carbonel (Elamir), sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
Reprise à l'Opéra le 03 février 1819 dans des décors de Ciceri.
« Les changements faits à l'opéra de Beaumarchais sont si considérables, que nous avons cru devoir signaler cette reprise [Académie royale de musique le 03 février 1819] comme une première représentation. L'intérêt de l'art comme les droits de la propriété ne semblent-ils pas repousser ces mutilations d'ouvrages ? n’est-ce pas important de conserver l’œuvre de chaque auteur à sa place ? Marmontel a donné le premier ce funeste exemple en corrigeant Rotrou. Que la contagion se propage, et bientôt, sous le prétexte de la rouille du style, on voudra polir, corriger le vieux Corneille. Nous ne prétendons point faire l'éloge du poème de Beaumarchais, il y a longtemps que la critique l'a jugé sous tous les rapports. Il fallait ou l'exclure du répertoire , s'il ne pouvait plus y figurer décemment, ou l'y maintenir tel que l'auteur l'avait composé ; mais on ne voulait pas priver l'auditoire de l'Opéra de la belle musique de Salieri, et les droits du poète ont été sacrifiés au musicien. Les changements n'ont satisfait personne. Tarare, comme poème, n'est remarquable que par sa bizarrerie. Il n'a pu être applaudi qu'à l'époque orageuse où il a paru ; ce n'est plus qu'une suite de scènes décousues, froides, qu'une musique riche d'harmonie et d'expression a pu seule ranimer. »
[Almanach des spectacles, 1819]
« Ce drame lyrique marque une époque dans l'histoire de l'art. Ce n'est rien de moins qu'un opéra romantique dans lequel le bouffon est mêlé au tragique. Les dimensions sont celles des anciens ouvrages de Quinault et de Lully ; mais la conception en est toute différente. Dans le prologue, la Nature et le Génie du feu créent des hommes et leur assignent une destinée sur la terre. Tarare doit être un soldat heureux ; Atar un souverain d'Ormus vaincu par son sujet. Les cinq actes développent les incidents tragiques et comiques de ces deux personnages. Beaumarchais avait pris cette idée dans un conte persan traduit par Hamilton. La versification en est pitoyable. Salieri triompha des difficultés du poème. Il avait déjà obtenu en France un grand succès avec les Danaïdes en 1784. Maître de la chapelle impériale, protégé par Joseph II, il était arrivé à Paris, précédé d'une grande réputation à laquelle l'opéra de Tarare ajouta un nouveau lustre. Les récitatifs sont traités selon le style de Gluck, dont il avait été l'élève affectionné ; mais la manière de conduire les voix, d'écrire les chœurs lui appartient en propre. Tarare eut trente-trois représentations consécutives. Nous nous bornerons à citer le bel air de Tarare : Astasie est une déesse. Les rôles d'Atar et de Tarare furent chantés par Chéron et Lainez ; ceux d'Astasie et de Spinette, par Mlles Maillard et Gavaudan. C'est dans cet ouvrage que Chollet, père du ténor de notre Opéra-Comique, fit ses débuts en qualité de coryphée.
Salieri, de retour à Vienne, fit connaître sa partition sous le titre d'Axur, re d'Ormus [joué pour la première fois à Vienne, Burgtheater, le 08 janvier 1788]. Les Allemands l'accueillirent avec enthousiasme. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Succès. — Ballets par l'élite des sujets de la danse. Mise en scène luxueuse. Les airs de danse de cet opéra furent composés par J.-B. Rey.
Reprises en 1790, en 1819 (3 février) réduit à 3 actes par Désaugiers, et le 2 janvier 1822. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TARASS BOULBA
Drame musical en quatre actes et cinq tableaux, livret de Louis de Gramont, d'après la nouvelle de Nicolaï Gogol, musique de Marcel Samuel-Rousseau.
Création au Théâtre Lyrique du Vaudeville le 22 novembre 1919, mise en scène de Pierre-Barthélemy Gheusi, décors de Raymond Deshays et costumes dessinés par Maurice de Becque, avec Mmes Maria KOUSNETZOFF (Xénia), Suzanne BROHLY (Marousia), MM. Charles FRIANT (Andry), Jean BOURBON (Tarass Boulba), Chef d'orchestre : Armand FERTÉ.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 mars 1933, dans une mise en scène de Joseph Ancelin, décors de Raymond Deshays, costumes exécutés par la maison Mathieu et Solatgès d'après les maquettes de Maurice de Becque. (Répétition générale le 08 mars 1933).
Mmes Lillie GRANDVAL (Xénia), Mathilde CALVET (Marousia), LEBARD (Sirka), PERRY (Anouchka), DEVA-DASSY (2e Servante), VIGOUROUX (3e Servante), Andrée BERNADET (4e Servante).
MM. Gaston MICHELETTI (Andry), CLAUDE-GOT (Tarass Boulba), BALDOUS (le Voïevode), Jean VIEUILLE (Balaban), Raoul GIRARD (Bogdug), Charles PAUL (Yegor), Eugène DE CREUS (Yankel), Willy TUBIANA (Dmitri Torkatch), GÉNIO (2e Juif ; une Voix dans la foule), NIEL (3e Juif), PAYEN (4e Juif), BOUVIER (5e Juif), JULLIA (6e Juif ; un Prêtre ; un Seigneur polonais).
Au 3e acte, « Danse cosaque » dansée par Boris KNIASEFF, au 5e tableau, « Mazurka », réglée par Carina ARI, dansée par Mlles Solange SCHWARZ, Simone ROSNE et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Paul BASTIDE.
7e représentation le 27 février 1934.
Mmes Lillie GRANDVAL (Xénia), LECOUVREUR (Marousia), LEBARD (Sirka), PERRY (Annouchka), DEVA-DASSY (2e Servante), VIGOUROUX (3e Servante), BERNADET (4e Servante).
MM. MICHELETTI (Andry), CLAUDE-GOT (Tarass Boulba), DANINOS (Bogdug), BALDOUS (le Voïevode), Jean VIEUILLE (Balaban), Charles PAUL (Yegor), TUBIANA (Dmitri Torkatch), DE CREUS (Yankel), GENIO (2e Juif ; une Voix dans la foule), NIEL (3e Juif), PAYEN (4e Juif), BOUVIER (5e Juif), JULLIA (6e Juif ; un Prêtre ; un Seigneur polonais).
Danse Cosaque et Mazurka dansées par Solange
Schwarz, Constantin Tcherkas et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Paul BASTIDE.
7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« L'Opéra-Comique vient de présenter un drame lyrique de Louis de Gramont et de Marcel Samuel-Rousseau tiré du Tarass Boulba de Gogol. Cet ouvrage avait été créé, il y a treize ans, au théâtre lyrique du Vaudeville, que dirigeait alors M. Gheusi. Une grève des journaux avait privé cette création des comptes rendus et des commentaires habituels. En reprenant cette œuvre à la Salle Favart, M. Gheusi offrait à la grande majorité de la critique une partition conservant tout son caractère de nouveauté.
Les cinq actes de cette pièce nous font assister à une escarmouche sanglante entre les Polonais et une rude tribu cosaque commandée par le farouche Tarass Boulba. Ce chef, dont la bravoure est légendaire, se voit un jour trahi par un de ses fils qui, pour l'amour d'une jeune Polonaise, passe à l'ennemi. N'hésitant pas à sacrifier ses sentiments paternels à l'honneur de sa race, il égorge lui-même le renégat le soir de ses noces et disparaît en jurant de massacrer tous ses ennemis.
Cette œuvre, qui suit de très près le texte original, sauf dans quelques détails de son dénouement, a été écrite par le compositeur à l'époque où il venait d'obtenir son prix de Rome. Elle a donc les qualités et les défauts d'une œuvre de jeunesse. Le public a rendu hommage à son enthousiasme et à sa générosité. Ce tragique sujet est d'ailleurs fort émouvant. Il a été présenté dans la meilleure tradition de la mise en scène russe, telle que l'ont vulgarisée chez nous les peintres de Serge de Diaghilev.
Dans des décors rutilants de couleurs et dans des costumes éblouissants, toute la troupe de l'Opéra-Comique, galvanisée par le souvenir du Prince Igor, a déployé une activité exceptionnelle. La figuration et les chœurs, en particulier, ont pris part à l'action avec beaucoup de fougue. Une excellente distribution, dans laquelle on a admiré la belle composition scénique de Claude-Got, la belle voix de Micheletti, la grâce de Mlle Grandval et où l'on a applaudi MM. Baldous, Girard, Mlles Calvet et Lebard, a contribué au succès de cette œuvre très vivante que le public accueillera certainement avec sympathie. »
(l'Illustration, 18 mars 1933)
« Cette œuvre avait été donnée en 1919 au Vaudeville, momentanément transformé en scène lyrique. Sur un mélodrame assez sombre, tiré d'une nouvelle de Gogol, et qui met en scène de farouches Cosaques, Marcel Samuel-Rousseau a écrit une partition extrêmement colorée et variée ; il y a des pages de tendresse, de passion, d'enthousiasme héroïque ; le tableau nocturne est particulièrement réussi, ainsi que le prélude orchestral du tableau suivant. Les décors de Maurice de Becque sont d'une riche harmonie. »
(Larousse Mensuel Illustré, avril 1933)
TARSIS ET ZÉLIE
Tragédie opéra en cinq actes, avec un prologue, paroles de Laserre, musique de Rebel et Francœur, représentée à l'Académie royale de musique le 19 octobre 1728.
« Le 11 novembre 1728, cet opéra fut donné avec un nouveau 5e acte ; il n'en réussit pas mieux et ne prolongea son existence que jusqu'au 18 janvier 1729. Il avait cependant pour interprètes principaux Chassé, Tribou (Tarsis); Mlles Antier (Zélie), Pélissier, Petitpas et Eremans. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TARTARIN SUR LES ALPES
Pièce en quatre actes et seize tableaux, tirée du roman d’Alphonse Daudet, par Charles de Courcy et Henri Bocage, musique d’Emile Pessard, représentée sur le théâtre de la Gaîté le 17 novembre 1888. La musique n'occupait dans cette pièce, faite surtout pour les yeux, qu'une place secondaire, mais elle n'en était pas moins fort aimable et écrite avec grâce.
TASSE (LE)
Symphonie dramatique en trois actes, poème de Charles Grandmougin, musique de Benjamin Godard, exécutée aux concerts du Châtelet le 18 décembre 1878. C'est une vaste et belle composition qui avait obtenu, en partage avec le Paradis perdu de M. Théodore Dubois, le premier prix au concours musical que la ville de Paris ouvre tous les deux ans. Elle révéla au grand public la haute valeur d'un artiste que ses confrères tenaient en grande estime, mais qui n'avait pu se produire encore avec cette puissance et cet éclat. La partition du Tasse, remarquable en son ensemble, contenait nombre de morceaux excellents que les auditeurs accueillirent avec une sorte d'enthousiasme, et parmi lesquels il faut surtout signaler un joli chœur de pâtres pour voix féminines, la romance de Cornélia, le très bel air de Léonore, un chœur de fête plein de couleur et d'éclat, une délicieuse sérénade de baryton, et le dernier finale, qui est d'une rare puissance dramatique, sans parler encore de deux duos très bien venus et d'une charmante danse bohémienne. Les rôles du Tasse étaient tenus par Mme Brunet-Lafleur, Mlle Vergin, MM. Villaret fils et Lauwers.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TASSE (LE)
Opéra en trois actes et six tableaux, livret de Jules Barbier et Pierre Barbier, musique d’Eugène d'Harcourt, représenté au théâtre de Monte-Carlo le 14 février 1903.
TATA CHEZ TOTO
Opérette en un acte, paroles de M. Craon, musique de F. Wachs, représentée aux Folies-Bergère le 19 décembre 1874.
TAVERNE DES TRABANS (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d'Erckmann-Chatrian et Jules Barbier, musique d’Henri Maréchal.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 31 décembre 1881, avec Mmes Juliette Bilbaut-Vauchelet (Fridoline), Vidal (Martha Rasimus), MM. Charles Nicot (Aloys), Lucien Fugère (Sébaldus Dick), Hippolyte Belhomme (Johannès), François-Antoine Grivot (Nickel), Pierre Julien Davoust (Rudolphi).
« MM. Erckmann-Chatrian avaient tiré le livret de cet ouvrage d'une nouvelle précédemment publiée par eux sous le titre de la Taverne du Jambon de Mayence ; ils avaient dû, au dernier moment, avoir recours à l'expérience de M. Jules Barbier pour mettre au point une pièce mal venue et fâcheusement construite. Malgré tons les efforts, celle-ci n'était pas née viable. C'est dommage, car la partition de M. Maréchal contenait plusieurs bons morceaux ; on pouvait signaler surtout au premier acte, le meilleur, un duo plein de grâce et de fraîcheur, un joli trio et un chœur de buveurs bien rythmé et d'une excellente facture. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TEKELY
Mélodrame, musique de Quaisain, représenté à Paris vers 1795.
TÉLÉGONE
Tragédie-opéra en cinq actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Pellegrin, musique de Lacoste, représenté à l'Académie royale de musique le 06 novembre 1725. Ulysse, tué par son propre fils, telle est la péripétie finale de cet opéra, qui fut chanté par Mlles Eremans, Lagarde, Dun, Antier, Le Maure, Souris, Minier, et les sieurs Dubourg, Thévenard, Murayre, Le Mire et Tribou.
« Le ballet intervenait à chaque acte. Quoique monté avec soin et chanté par les premiers sujets, cet opéra n'obtint qu'un demi-succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TÉLÉMAQUE
Opéra, musique de Boieldieu, représenté à Saint-Pétersbourg vers 1807. Il n'a pu être représenté en France ; le compositeur introduisit plusieurs morceaux de cet ouvrage dans d'autres partitions. L'air de la princesse de Navarre dans Jean de Paris : Ah ! quel plaisir d'être en voyage, a été extrait de la partition de Télémaque (voir Calypso).
TÉLÉMAQUE DANS L'ÎLE DE CALYPSO ou LE TRIOMPHE DE LA SAGESSE
Tragédie lyrique en trois actes, livret de P. Dercy, d’après les Aventures de Télémaque, roman de Fénelon, musique de Jean-François Lesueur, représenté sur le théâtre Feydeau le 11 mai 1796 (floréal an IV). Cet ouvrage avait été écrit d'abord pour l'Opéra ; on supprima les récitatifs, auxquels on substitua le dialogue pour la représentation à Feydeau. Ce beau sujet n'a pas encore été bien traité au théâtre. Dans cette pièce, Télémaque arrive dans l'île au premier acte, et inspire à Calypso et à Eucharis une violente passion. Il aurait fallu séparer l'action de l'avant-scène et ne pas enflammer au bout de peu d'instants trois cœurs à la fois. Mentor au troisième acte remplit l'office que l'on sait. On a reproché avec quelque raison au compositeur d'avoir mis trop d'accent dramatique dans ses œuvres religieuses et de ne pas en avoir mis assez dans ses opéras. Le lieu et l'époque du sujet invitaient le compositeur à se livrer à ses tendances archaïques et à chercher l'explication du système de la musique des Grecs, qu'assurément personne ne connaissait plus mal que lui. Il déclare que l'ouverture de Télémaque a été écrite sur le mode hypo-dorien et sur le nome spondaïque, en observant la mélopée mésoïde. Passe encore pour le nome spondaïque, en raison des nombreuses blanches qui alourdissent la première moitié de cette symphonie ; mais quant au reste, nous ne voyons pas en quoi une ouverture qui commence en sol majeur et s'achève en sol mineur, en employant tous les accords connus en musique, peut rappeler le mode hypo-dorien. Le motif principal est une gamme descendante de mi à mi avec le fa naturel ; c'est l'échelle du mode lydien. Lesueur s'est trompé même en ceci. Ces prétentions pédantesques n'empêchent pas que l'ouvrage ne renferme certaines beautés. Le joli chœur de nymphes, l'air pantomime de la toilette de Calypso, le chœur souterrain des vents qui bientôt sont déchaînés par Eole, la tempête et la scène dans laquelle Calypso et les nymphes accueillent Télémaque, forment un premier acte très agréable. Dans le second, les airs d'Eucharis, de Calypso et de Télémaque sont longs et ennuyeux ; les nomes tribrachiques, les mélopées mésoïdes et systaltiques ne sont pas parvenus à leur donner de l'intérêt. Le tableau de la forêt a fourni l'occasion d'un grand spectacle. Les faunes, les sylvains, les satyres, les dryades, les bacchantes et les grâces en font libéralement les frais, et la musique descriptive ne manque ni de couleur ni de variété. Le chœur des nymphes, qui se transforme en tutti général, est très beau. Mentor ouvre le troisième acte par un bon récitatif :
Il est temps d'opposer l'égide redoutable
Aux traits que l'Amour a lancé ;
Tendons au fils d'Ulysse une main secourable
Dans le danger cruel dont il est menacé.
Au lieu de demander à son poète des noms dactyliques propres à une mélopée diastaltique, Lesueur aurait dû exiger qu'il ne fît pas de fautes de français.
Cet acte renferme, je crois, la plus belle scène dramatique que Lesueur ait écrite. C'est le duo d'amour d'Eucharis et de Télémaque, interrompu par l'arrivée de Calypso ; la fureur de celle-ci contre Eucharis est bien exprimée, et l'entrée du chœur qui intercède en faveur de la nymphe, produit un bon effet. L'air de Calypso, qui suit : Cruel, fuis, crains ma rage, a de l'énergie ; mais qu'il y a loin de cette passion formaliste aux accents déchirants de cet air de Piccinni, dans Iphigénie est Tauride : Cruel, et tu dis que tu m'aimes ! Les objurgations de Mentor sont assez véhémentes toutefois, et amènent assez bien le dénouement :
Lâche fils d'un père si sage,
Esclave d'une indigne ardeur,
Seul sur cet odieux rivage,
Languissez, rampez sans honneur.
La pièce se prêtait aux décors et aux machines. On y voyait aussi un vaisseau, comme dans la Reine de Chypre, Haydée, l'Africaine, et même un vaisseau en flammes. Télémaque est précipité du haut d'un rocher dans la mer par Mentor, sous les yeux de Calypso et d'Eucharis, ce qui fait un coup de théâtre. Le tonnerre éclate, la scène se couvre de nuages argentins, ils s'ouvrent et laissent voir Minerve, qui descend de l'olympe dans toute sa gloire. La déesse console Calypso et Eucharis, et tout se termine par un chœur général C'est là, on en conviendra, un dénouement qu'il est rare de rencontrer au théâtre. Quoique le livret ait été conçu en dehors des habitudes dramatiques, quoique la musique ait un caractère assez singulier, l'opéra de Télémaque a joui d'un certain succès, et peut-être en aurait-il encore à cause des beautés réelles qu'il renferme.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TÉLÉMAQUE ou CALYPSO
Tragédie-opéra en cinq actes, livret de l'abbé Pellegrin, musique de Destouches, représentée à l'Académie royale de musique le 29 novembre 1714, avec Mlle Antier (Minerve), Lemire (Apollon, prologue), Mlle Mignier (l'Amour), Bourgeois (un Art, prologue) ; Mlle Journet (Calypso), Thévenard (Adraste), Cochereau (Télémaque), Mlle Heusé (Eucharis), Buseau, La Rosière, Mlles Pasquier et Bourgoin ; Mantienne et Bourgeois. Ballet à chaque acte par l'élite des sujets de la danse.
Reprise à l'Opéra : 23 février 1730.
Parodie de Lesage (1715) : Télémaque, succès immense et reprises en 1725 et 1730.
TÉLÉMAQUE ou LES FRAGMENTS DES MODERNES
Tragédie opéra en cinq actes, précédée d'un prologue, paroles de Danchet, musique de Campra, représentée à l'Académie royale de musique le 11 novembre 1704, avec Mlle Maupin et Cochereau (prologue) ; Mlles Desmatins (Calypso), Armand (Eucharis), Maupin (Thétis et Nymphe de Calypso), Dupeyré (Minerve), Bataille (Vénus), MM. Poussin (Télémaque), Dun (Neptune), Boutelou, Chopelet, Hardouin, Desvoyes.
Cet ouvrage est un pastiche composé des fragments de plusieurs opéras récemment représentés, tels que ceux d'Astrée, d'Ænée et Lavinie, de Canente, d'Aréthuse, de Médée, du Carnaval de Venise, d'Ariane, de Circé, des Fêtes galantes et d'Ulysse. Il n'a jamais été repris.
TÉLÈPHE
Tragédie lyrique en cinq actes, précédée d'un prologue, paroles de Danchet, musique de Campra, représentée à l'Académie royale de musique le mardi 28 novembre 1713, avec Thévenard (Télèphe), Mlle Journet (Isménie), Mlle Pestel (Arsinoé), Cochereau (Arsame), Mlle Antier.
« Le prologue, qui a pour sujet l'apothéose d'Hercule, renferme deux beaux chœurs : Qu'il soit adoré des mortels et Protecteur des vertus, il punit les forfaits. Le sujet de la pièce est assez intéressant. Télèphe, guerrier inconnu, a combattu victorieusement les ennemis d'Eurite, roi de Mysie. Se livrant à la recherche d'Isménie, princesse qu'il aime passionnément, mais dont on ignore la destinée, il s'expose aux aventures les plus hasardeuses ; il s'abandonne au désespoir et s'expose à la mort ; mais sa bravoure en fait le héros de la Mysie, le rend redoutable au roi même qui lui doit la conservation de son trône. En outre, il est aimé d'Arsinoé, sœur du roi. Eurite, pour s'emparer du trône de Mysie, a tué de sa main le vieux roi Teutras, père d'Isménie. Il a fait élever cette jeune princesse en secret et se dispose à l'épouser, lorsque Télèphe retrouve en elle sa maîtresse et devient le rival d'Eurite. Le peuple de Mysie épouse le parti de Télèphe. Eurite est immolé dans le temple d'Hercule, à l'endroit même où il a donné la mort à son prédécesseur. Arsinoé se tue de désespoir. Isménie est proclamée reine de Mysie et s'assied sur le trône avec Télèphe.
La partition renferme des morceaux fort intéressants. Dans le premier acte, nous signalerons les couplets des bergers : On voit encore des cœurs fidèles ; le grand air du roi : Tout m'épouvante, hélas ! que mon sort est à plaindre. Dans le deuxième acte, le duo d'Isménie et de Télèphe : Ah ! qu'après des maux douloureux ; l'air d'Arsinoé : Unique espoir des cœurs jaloux ; celui de Télèphe : Ah ! c'est à toi d'être alarmé, dont l'accompagnement a du mouvement et de l'expression. Dans le troisième acte, un beau chœur des peuples de la Mysie : Digne sang de nos rois, et les airs de danse, les passe-pieds, etc. Dans le quatrième acte, le duo d'Isménie et de Télèphe, qui est terminé par une belle invocation à Hercule, et la marche du sacrifice. Dans le cinquième acte, nous ne trouvons à signaler que le chœur : Régnez dans ces climats, héros victorieux. On ne peut nier que Campra ait tiré un parti puissant des ressources que lui offrait l'état de l'art français à l'époque où il a écrit ses ouvrages. Les voix ne sont accompagnées que par des violons et des basses à deux et trois parties. L'emploi des flûtes, hautbois, bassons et trompettes est rare, et réservé la plupart du temps aux intermèdes de danse. Les partitions de Campra sont généralement bien écrites pour les voix et la sonorité de ses chœurs est excellente. Les principaux artistes qui interprétèrent cette tragédie lyrique furent Hardouin, Thévenard, Cochereau, Le Mire, Dun, Pelissier, et Mlles Poussin, Journet, Pestel, Aubert, Antier, etc. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Bien qu'il fût monté avec soin, cet ouvrage n'obtint qu'un demi-succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TÉLÉPHONE (LE) ou L'AMOUR À TROIS
Lever de rideau en un acte, livret et musique de Gian Carlo Menotti. Création au Théâtre Heckscher de New York le 18 février 1947.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 30 mars 1968, dans une version française de Léon Kochnitzki, mise en scène de Gian Carlo Menotti, décor et costumes de Georges Wakhévitch.
5 représentations à l'Opéra-Comique en 1968, 5 en 1971, 2 en 1972, soit 12 au 31.12.1972.
TELL PÈRE, TELL FILS
Opéra bouffe en un acte, livret de Sacha Guitry, musique de Tiarko Richepin, représenté au Théâtre Mévisto le 17 avril 1909.
TEMPESTA (LA)
[en français la Tempête]
Opéra italien en deux actes, livret d’Eugène Scribe, traduit en italien par P. Giannone, d’après une partie de The Tempest, tragédie de William Shakespeare (1611), musique de Fromental Halévy.
Première représentation à Londres, Her Majesty’s Theatre, le 08 juin 1850, avec Mmes Henriette Sontag (Miranda), Parodi (Stephano), Ida Bertrand (Sycorax), Giuliani (un Esprit de l'air), Carlotta Grisi (Ariel) ; MM. Luigi Lablache (Caliban), Lorenzo (Alonzo), Coletti (Prospero), F. Lablache (Antonio), Baucarde (Ferdinand), Ferrari (Trinculo), sous la direction de Michael Balfe.
Représenté au Théâtre-Italien de Paris le 25 février 1851 avec Mmes Henriette Sontag (Miranda), Ida Bertrand (Stephano ; Sycorax), Giuliani (un Esprit de l'air), Rosati (Ariel) ; MM. Luigi Lablache (Caliban), Morino (Alonzo), Colini (Prospero), Soldi (Antonio), Gardoni (Ferdinand).
« Le canevas du livret reproduit en partie la pièce de Shakespeare, The Tempest, qui renferme des éléments lyriques dont l'habile auteur a su tirer un parti ingénieux. L'introduction musicale est savante et originale. Le premier acte débute par un chœur des esprits aériens qui obéissent aux ordres d'Ariel. Les sylphides endormies se réveillent et forment un ensemble chorégraphique d'un effet poétique que l'on retrouve plus tard dans le premier tableau de la Magicienne. La célèbre danseuse Carlotta Grisi a mimé avec un grand succès un rôle de génie dans cet ouvrage. Les deux rôles principaux de Miranda et de Caliban, ont été interprétés par Mme Sontag et par Lablache. Nous citerons parmi les morceaux les plus remarquables de la partition, la cavatine : Parmi una voce il murmure, le duo : S'odio, orror di me non hai, et le finale du second acte, qui est plein de mouvement et d'originalité. M. Balfe, le compositeur anglais, conduisait alors l'orchestre du théâtre de la Reine. La Tempesta fit fureur à Londres, et nos voisins ont amplement dédommagé les auteurs de l'émigration à laquelle l'état des beaux-arts en France les avait sans doute contraints. M. Sontag, devenue depuis quelques années la comtesse Rossi, venait de reparaître sur la scène dans cet opéra, Scribe adressa à son mari le quatrain suivant :
A monsieur le comte Rossi.
C'est toi seul qui pouvais enchaîner dans son vol
Ce rossignol divin qui nous charme à l'entendre,
Car de tout temps Rossi, chacun doit le comprendre,
Fut la moitié de rossignol.
On remarquera que ce jeu de mots est bien lourdement exprimé ; mais nous savions depuis longtemps qu'il ne faut exiger de la plume de Scribe que la chute et le trait. Lablache distança l'académicien dans les quatre vers italiens qu'il adressa au compositeur à l'occasion de son succès :
Quanto dalle altre varia
D'Halevy la Tempesta !
Quelle fan piover grandine,
Oro fa piover questa.
La Tempête d'Halévy
Diffère des autres tempêtes :
Celles-ci font pleuvoir la grêle,
Celle-là fait pleuvoir de l'or.
Nous citerons encore ce toast en l'honneur du cher et illustre maître qui a laissé parmi nous tant de regrets ; si les vers sont médiocres, l'intention au moins est bonne :
Salut à toi, prince de l'harmonie,
Qu'ont consacré tant de succès nouveaux,
Cher Halévy, dont le noble génie,
Hier encore excitait les bravos.
Jusqu'à Paris, que l'écho les répète,
Que ces bravos retentissant dans l'air,
Portent au loin le bruit de la Tempête,
Chez nous, jadis annoncé par l'Eclair.
La Tempesta fut représentée au Théâtre-Italien à Paris le 25 février 1851. Lablache était extraordinaire dans le rôle affreux de Caliban, comme acteur à la fois terrible et grotesque, tour à tour méchant et tendre. Mme Sontag chantait le gracieux rôle de Miranda ; Gardoni et Colini ceux de Fernand et de Prospero. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TEMPÊTE (LA)
Poème symphonique en trois parties, livret d’Armand Silvestre et Pierre Berton d’après Shakespeare, musique d’Alphonse Duvernoy, exécuté dans la salle du Châtelet le 18 novembre 1880, avec Mmes Gabrielle Krauss et Franck-Duvernoy, MM. Vergnet, Jean-Baptiste Faure et Gailhard.
« Cet ouvrage important et remarquable à beaucoup d'égards venait d'obtenir le grand prix de composition musicale ouvert tous les deux ans par la ville de Paris. Il obtint un succès très mérité lors de son exécution publique grâce à son inspiration mâle et à ses rares qualités de forme et de style. Parmi ses pages les plus applaudies, il faut citer tout particulièrement le beau duo de Ferdinand et de Miranda : Parle encore ! que ta voix m'enivre..., le trio très dramatique : Courbe-toi, vaincu, sous ta chaîne ! la chanson très originale de Caliban ivre, puis le morceau symphonique du sommeil de Miranda, le prélude de la troisième partie et le joli air de ballet des Sylphes. C'est là une œuvre vraiment intéressante, et qui produirait certainement un grand effet à la scène. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TEMPLE DE GNIDE (LE)
Pastorale en un acte, paroles de Bellis et Roy, musique de Mouret, représentée par l'Académie royale de musique le mardi 31 octobre 1741. Cet ouvrage fut réuni à d'autres ballets, tels que la Fête de Diane, les Amours de Ragonde, etc.
« Cette pastorale, chantée par Albert (Hylas), Mlle Fel (Thémire) et Mlle Chevalier (Vénus), et dans laquelle Mlle Cochois exécuta le pas final des Caractères de la danse, fut reprise le 30 janvier 1742 et suivie des Amours de Ragonde. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TEMPLE DE LA GLOIRE (LE)
Opéra-ballet en trois actes, avec un prologue, paroles de Voltaire, musique de Jean-Philippe Rameau, composé pour l'arrivée du dauphin, représenté à Versailles le samedi 27 novembre 1745, et à l'Académie royale de musique le mardi 7 décembre suivant. Cette pièce prouve que Voltaire n'avait pas tous les talents ; car on ne peut rien imaginer de moins lyrique que cette rapsodie, dont Apollon, Bélus, Lydie, l'Envie, la Fureur, Bacchus, Erigone, Trajan, Plautine font les frais. On demandait à l'abbé de Voisenon s'il avait vu le Temple de la gloire ? « J'y ai été, répondit l'abbé ; elle n'y était pas ; je me suis fait écrire. » On lit dans la pièce :
Ne condamnez point mes exploits :
Quand on veut se rendre le maître,
On est malgré soi, quelquefois,
Plus cruel qu'on ne voudrait être.
On parodia ainsi ces vers :
Quand du Quinault moderne on usurpe les droits,
Et qu'on veut se rendre le maître,
On est malgré soi, quelquefois,
Plus mauvais qu'on ne voudrait être.
Voltaire reconnaît lui-même son infériorité dans le genre lyrique ou, peut-être, si on sait bien lire, l'infériorité de ce genre par rapport à son génie. « J'ai fait, dit-il, une grande sottise de composer un opéra ; mais l'envie de travailler pour un homme comme Rameau m'avait emporté. Je ne songeais qu'à son génie, et je ne m'apercevais pas que le mien, si tant est que j'en aie un, n'est point fait du tout pour le genre lyrique. Aussi, je lui mandais, il y a quelque temps, que j'aurais plutôt fait un poème épique que je n'aurais rempli des canevas. Ce n'est pas assurément que je méprise ce genre d'ouvrage, il n'y en a aucun de méprisable ; mais c'est un talent qui, je crois, me manque entièrement. » Jélyotte chanta le rôle d'Apollon. Cet opéra-ballet fut repris l'année suivante, en 1746, sans aucun succès.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra-ballet fut représenté d'abord à Versailles, le 27 novembre 1745, et repris le 19 avril 1746, bien qu'il n'eût guère obtenu de succès.
On connaît ce mot piquant de Voisenon : Voltaire lui demandait s'il avait vu le Temple de la Gloire. — J'y suis allé, répondit l'abbé ; elle n'y était point : je me suis fait écrire. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TEMPLE DE LA PAIX (LE)
Opéra-ballet en six entrées, paroles de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully, représenté à Fontainebleau devant le roi le 12 septembre 1685, et ensuite à Paris, par l'Académie royale de musique, au mois d'octobre de la même année. Voici la distribution des rôles lors de la représentation donnée à la cour ; on y trouvera des noms de grands seigneurs et de grandes dames accolés à ceux de danseurs et de ballerines de l'Opéra. On s'amusait beaucoup alors. C'est ce que le poète appelle par la bouche d'Amyntas et de Ménalque : « Charmant repos d'une vie innocente. »
Première entrée. Nymphes : Mme la princesse de Conti et Mlle de Pienne.
Bergères : Mlles Lafontaine et Desmâtins.
Bergers : le comte de Brione, les sieurs Pécourt, Lestang et Favier.
Deuxième entrée. Nymphes : Mme la duchesse de Bourbon, Mlle de Blois, Mlle d'Armagnac.
Bergères : Mlle d'Usez, Mme de Lewestein, Mlle d'Estrées, la demoiselle Bréard.
Bergers : M. le prince d'Enrichemont, M. le chevalier de Sully, M. le comte de Guiche, M. le chevalier de Soyecourt.
Trois jeunes bergers : M. le chevalier de Chasteauneuf, les petits Lallemand et Magny.
Troisième entrée. Filles basques : Mme la duchesse de Bourbon, les demoiselles Laurent et Lepeintre.
Deux petits Basques : M le marquis de Chasteauneuf et le petit Magny.
Six grands Basques : M le comte de Brione, les sieurs Pécourt, Lestang, Favre, Dumirail et Magny.
Quatrième entrée. Filles de Bretagne : Mme la princesse de Conti, Mlle de Pienne, Mlle Roland, les demoiselles Lafontaine et Bréard.
Bretons : M. le comte de Brione, les sieurs Pécourt, Lestang, Favier et Dumirail.
Cinquième entrée. Sauvages américains : M. le marquis de Moy, le sieur Beauchamp, les sieurs Pécourt, Dumirail, Joubert, Magny, Favre, le petit Lallemand et le petit Magny.
Sixième entrée. Africaines : Mme la duchesse de Bourbon, Mme la princesse de Conti, Mlle de Blois et Mlle d'Armagnac.
Africains : M. le comte de Brione, les sieurs Pécourt, Lestang et Favier.
La majeure partie de cette œuvre lyrique est un dithyrambe en l'honneur de Louis XIV, et la répétition de ces louanges hyperboliques est fastidieuse ; mais il y a des intermèdes charmants, notamment la scène suivante, admirablement traitée par Lulli.
SYLVIE.
Qu'êtes-vous devenu, doux calme de mes sens ?
Mille troubles secrets, sans cesse renaissants,
S’agitent dans ce lieu paisible,
Trop heureux un cœur insensible,
A qui l'amour est inconnu !
Doux calme de mes sens, qu'êtes-vous devenu ?
DAPHNIS.
Je te suivrai toujours, trop aimable Sylvie ;
Tes beaux yeux sur mon cœur n'ont que trop de pouvoir ;
Quand il m'en coûterait le repos de ma vie,
Je ne puis trop payer le plaisir de te voir.
SYLVIE.
Dans ces lieux fortunés tout doit être tranquille ;
Que ne m'y laisses-tu rêver ?
Je cherche en vain la paix, mon soin est inutile ;
Tu m'empêches de la trouver.
DAPHNIS.
Tu veux me fuir, belle inhumaine !
Puis-je sans toi goûter les doux plaisirs
Qu'une charmante paix ramène ?
Crains-tu d'entendre les soupirs
D'un tendre amour dont tu causes la peine ?
Bergère insensible, as-tu peur
Que mon mal ne touche ton cœur ?
SYLVIE.
Tu me dis qu'un amour extrême
Est un tourment fatal :
Pourquoi veux-tu que j'aime ?
Pourquoi me veux-tu tant de mal ?
DAPHNIS.
L'amour de lui-même est aimable ;
C'est toi, bergère impitoyable,
C'est toi qui dans mon cœur en veut faire un tourment
Tu peux d'un mot favorable
En faire un plaisir charmant.
Ne te rendras-tu point à ma persévérance ?
Tu ne me réponds pas ! que me dit ton silence ?
Pourquoi frémir en m'écoutant ?
Et qui peut de ta voix t'interdire l'usage ?
SYLVIE.
Si je parlais davantage,
Je ne t'en dirais pas tant.
DAPHNIS.
Ciel ! le cœur de Sylvie avec le mien s'engage !
O ciel ! fut-il jamais un berger plus content ?
SYLVIE.
Ne m'offre point ton cœur, si tu ne me promets
Qu’il portera toujours une chaîne si belle.
Il vaudrait mieux n'aimer jamais
Que de ne pas aimer d'une amour éternelle.
DAPHNIS.
La frileuse hirondelle
Cherchera les frimes et craindra le retour
De la saison nouvelle,
Plutôt que je sois infidèle
Et que j'éteigne mon amour.
SYLVIE.
L'astre qui nous donne le jour
Perdra sa lumière immortelle,
Plutôt que je sois infidèle
Et que j'éteigne mon amour.
ENSEMBLE.
Heureux les tendres cœurs
Où l'amour est d'intelligence
Avec la paix et l'innocence !
Heureux les tendres cœurs
Où l'amour et la paix unissent leurs douceurs.
En dehors des airs de danse, dont quelques-uns sont charmants, nous citerons encore le chant d'Amaryllis :
O bienheureuse paix
Rendez mon cœur tranquille,
et le chœur : Chantons tous la valeur triomphante.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TEMPLE DU DESTIN (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Lesage, avec un divertissement, par Bailly, musique de Gilliers, représenté à la foire Saint-Laurent le 25 juillet 1715.
TEMPLIER (LE)
[Il Templario]
Opéra italien en cinq actes et six tableaux, livret tiré du roman d'Ivanhoé, de Walter Scott, musique d'Otto Nicolaï, représenté à Milan en 1839, à Turin en 1840, à Nice en février 1854 et aux Italiens de Paris le 28 janvier 1868.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 28 mars 1862 dans la version française de L. Danglas, avec Mmes Bonnefoy (lady Rowena), Elmire (Rébecca), MM. Ismaël (Brian de Bois Guilbert), Bertrand (Ivanhoé), Périé (Cédric).
« L'ouverture a été écrite dans la forme rossinienne. Le morceau le plus remarquable de cet ouvrage est le sextuor du premier acte. Les rôles principaux ont été chantés par Niccolini et Mme Krauss. Une traduction française a été faite de cet ouvrage qu'on a joué en province, notamment à Bordeaux en 1864. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TEMPLIERS (LES)
Grand opéra en cinq actes, paroles et musique de Prosper Pascal, resté inédit. Des fragments importants de cet ouvrage, dont l’auteur est mort fou, furent exécutés dans un salon, en 1867.
TEMPLIERS (LES)
Grand opéra en cinq actes et sept tableaux, livret de Jules Adenis, Armand Silvestre et Lionel Bonnemère, musique d’Henry Litolff.
Première représentation à la Monnaie de Bruxelles, le 25 janvier 1886 avec Mmes Montalba (Isabelle), Maes (Marie), Esselin (un page), MM. Engel (René de Marigny), Bérardi (Jacques de Molay), Dubulle (Philippe le Bel), Renaud (Enguerrand de Marigny), Gandubert (Châtillon), Nolly (lord Mortimer), Séguier (le crieur), Frankin (le légat), Seuille (un héraut).
« Sur un poème dont le sujet contenait certainement les éléments d'une action dramatique, mais dont la mise en œuvre était bien faible et bien hésitante, le grand artiste qui fut Litolff avait écrit une partition d'un style incertain, d'une valeur très inégale, dans laquelle on ne retrouvait que bien rarement la puissance et le souffle héroïque que réclamait précisément ce sujet, et dont pourtant il avait antérieurement donné des preuves dans des compositions d'un élan et d'une envolée superbes. Accueillis avec le respect et la sympathie qu'inspirait le grand talent de l'auteur, les Templiers n'obtinrent cependant qu'un succès d'estime, et l'œuvre fut promptement oubliée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TEMPS D'AIMER (LE)
Opérette en trois actes, livret de Henri Duvernois et Pierre Wolff, couplets de Hugues Delorme, musique de Reynaldo Hahn, représentée au Théâtre de la Michodière le 06 novembre 1926.
Opéra-comique en un acte, musique de De Pellaert, représenté à Bruxelles en 1825.
TENTATION (LA)
Opéra-ballet en cinq actes, livret d'Hygin-Auguste Cavé et Edmond Duponchel, musique de Fromental Halévy pour l'opéra, de Casimir Gide pour le ballet. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 20 juin 1832. Chorégraphie de Jean Coralli. Décors d'Edouard Bertin et Devoir (acte I), Eugène Lami et Despléchin (acte II), Camille Roqueplan et Despléchin (acte III), Léon Feuchère, Jules Dieterle et Savelti (acte IV), Edouard Bertin, Paul Delaroche, Devoir, Despléchin, Feuchère, Dieterle et Savelti (acte V). Costumes de Louis Boulanger et Paul Lormier. avec Mmes Dorus (Hélène), Dabadie (Mizaël), Jawurek (Anubri), Duvernay (Miranda), MM. Alexis Dupont (Asmodée), Massol (Bélial), F. Prévôt, François Wartel (Mammon), Dérivis (Belzébuth), Simon.
« Les légendes qui se rapportent à la tentation de saint Antoine dans le désert, la gravure de Callot et d'autres matériaux ont fourni le canevas de cette œuvre de mauvais goût. La forme en a été empruntée aux opéras-ballets des derniers siècles, et particulièrement au ballet des Eléments de Lalande et Destouches, représenté en 1725. Au point de vue musical, cet ouvrage renferme plusieurs morceaux d'un grand effet, notamment des chœurs. En suivant l'ordre de la partition, nous mentionnerons la prière : Coquette repentante, chantée par Mme Dabadie ; la scène de l'enfer : Oui, le maître l'a dit ; la ronde des démons : O bruyante folie, qui est d'une originalité piquante ; la patrouille des démons et les couplets : Sentinelles. Mmes Dabadie et Dorus, MM. Alexis Dupont, Massol, Prévost, Wartel et Dérivis furent les interprètes de cet ouvrage qui, malgré la richesse des décors et la jolie musique de danse de Casimir Gide, ne pouvait braver longtemps le goût du public. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Toute la musique de l'opéra est d'Halévy ; celle du ballet est de C. Gide et Halévy.
Simon et Mlle Duvernay (Miranda) se font remarquer au 2e acte dans la grande scène de l'Enfer.
Les morceaux les plus applaudis de cet ouvrage long et obscur furent deux chœurs de F. Halévy et le galop infernal de C. Gide. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TENTATION D’ANTOINE (LA)
Opérette en un acte, paroles et musique d'Eugène Déjazet, représentée au théâtre Déjazet en mars 1865.
TENTATION DE SAINT ANTOINE (LA)
Mystère en trois parties et dix tableaux, dont un prologue, poème et musique de Raoul Brunel.
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 12 mai 1930 (répétition générale publique le 08 mai à 20h). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors de Georges Mouveau.
Mmes FERRER (là Reine de Saba), LAPEYRETTE (la Mort), GERVAIS (une Bayadère), MANCEAU (l'Ange), BERANGER (une Voix).
MM. JOURNET (Antoine), Paul FRANZ (Satan), FABERT (1er Démon), GROMMEN (2e Démon), NARÇON (le Pontife).
Au 6e tableau, « Divertissement », réglé par Léo STAATS : Mlles S. LORCIA, Lucienne LAMBALLE, Yvonne FRANCK, Valéria ELLANSKAIA, Alice BOURGAT et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
7e à l’Opéra, le 4 juin 1930, avec les créateurs.
7 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Chaque partie nous fait assister à l'une des tentations dont est victime l'ermite : la première fois, deux diablotins déguisés en moines lui persuadent qu'il est désigné pour être couronné pontife de Memphis, et le pauvre ermite est obligé de s'enfuir sous les huées ; la deuxième fois, c'est la reine de Saba qui l'entraîne malgré lui dans son palais ; la dernière fois, c'est Satan lui-même qui se présente, mais Antoine échappe en chantant la gloire de Dieu. M. Raoul Brunel a composé sur ce livret une musique bien écrite et bien orchestrée. »
(Larousse Mensuel Illustré, juin 1930)
TÉRÉSA
Drame en cinq actes, mêlé de musique, paroles d’Alexandre Dumas père et Auguste Anicet-Bourgeois, musique de Victor Rifaut. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 06 février 1832. N'ayant à cette époque aucune nouveauté qui pût ramener les spectateurs à ce théâtre, le directeur, M. Laurent, imagina de monter l'ouvrage d'un écrivain populaire, en y ajoutant des morceaux de musique, joués pendant les entractes, tels que l'ouverture de Stratonice, de la Flûte enchantée, d'Oberon et de Freischütz. Il n'y eut qu'une ballade chantée par Féréol qui fut composée par M. Rifaut, expressément pour le drame.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TERESINA (LA)
Opérette en trois actes, version française de Léon Uhl et Jean Marietti, musique d'Oscar Straus, reprise à la Gaîté-Lyrique le 01 juillet 1930.
TERME DU VOYAGE (LE)
Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Variétés vers 1804.
TERRE, ÉCLAIRE-TOI
Chœur, paroles de Jules Barbier, musique de Jules Cohen.
Créés à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 15 octobre 1881, au cours d'un Gala donné à l'occasion de l'Exposition de l'Electricité.
Les Chœurs et l'orchestre de l'Opéra.
Chef d'orchestre : MADIER DE MONTJAU.
Seule audition à l’Opéra au 31.12.1961.
TERRE-NEUVE
Opérette en un acte, livret d’Albert Lambert père et Benjamin Lebreton, musique de Paul Blétry, représentée à l'Eden-Concert le 26 juillet 1890. => livret
TERRE PROMISE (LA)
Oratorio en trois parties, d'après la Vulgate, musique de Jules Massenet, exécuté en l'église Saint-Eustache le 15 mars 1900. => fiche technique
TERRE QUI MEURT (LA)
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de René Bazin, musique de Marcel Bertrand. Création au Théâtre des Arts de Rouen le 15 janvier 1913, mise en scène de M. Depere, avec Mmes Rose Heilbronner (Marie-Rose), d'Oliveira (Adélaïde), Clouzet (Félicité), Delaras (Véronique), MM. Baer (Toussaint Lumineau), Sizes (Mathurin), Valette (Pierre), Grillières (François), Fontaine (Jean Nesmy), sous la direction de Théodore Mathieu.
TERREURS DE M. PETERS (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Charles Poisot, représenté dans les salons et notamment dans les salons de l'Univers musical en mai 1856, et dans la salle Herz en avril 1859.
TESTAMENT (LE)
Opéra-comique en deux actes, paroles de de Saur et Saint-Geniez, musique de Lemière de Corvey, représenté à l'Odéon le 22 janvier 1827.
TESTAMENT (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de M. Ermel, représenté au théâtre de Bruxelles en 1832.
TESTAMENT DE LA TANTE CAROLINE (LE) ou VITE UN ENFANT !
Opéra bouffe en trois actes, livret de Michel Veber dit Nino, musique d’Albert Roussel.
Création à l’Opéra d’Olmütz (Tchécoslovaquie), le 14 novembre 1936, dans une version tchèque de J. Reisserova.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 11 mars 1937. Mise en scène de Georges Pitoëff. Chorégraphie de Constantin Tcherkas. Décors de Léon Gaudeaux d'après les maquettes de Georges Pitoëff. Robes exécutées par Pierre Pitoëff. Chapeaux de la maison Germain. Costumes d'hommes de la maison Marius.
Mmes Suzanne DEHELLY (Christine), Fanély REVOIL (Lucine), Madeleine SIBILLE (Béatrice), Rose POCIDALO (Ernestine Béju), Christine LIANY (Noëmie), Christiane GAUDEL (la Nurse), Ginette GAUDINEAU (Mme X...), GALLOT (2e Nurse ; 1re Sage-femme), LAGRANGE (2e Sage-femme), LODÈVE (3e Sage-femme), BILLON (4e Sage-femme), MORICE (une Dactylo).
MM. André BALBON (Maître Corbeau), Émile ROUSSEAU (Docteur Patogène), Louis GUENOT (Jobart de Courtepointe), Paul DERENNE (Noël), René HÉRENT (Fernand Laguigne).
Chef d'orchestre : Roger DÉSORMIÈRE.
7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
"Une bonne farce. La tante Caroline, en son jeune temps vertu peu farouche, a inséré dans son testament une patriotique clause : sa fortune ira à celle de ses trois nièces qui dans un délai d'un an aura la première un enfant. Sinon foin de l'héritage : il échera à l'Armée du salut. De ces trois nièces deux sont mariées (Christine et Noémie), la troisième est une pieuse diaconesse. Vous devinez de suite à qui ira le bas de laine de tante Caroline, car un auteur comme M. Nino ne saurait violer la règle du jeu. Mais les deux mariées, faute d'avoir enfant, s'en feront volontiers prêter chacun un et simuleront l'accouchement. Vaine ruse. Il y a longtemps que notre dame diaconesse les a précédées et a eu d'un joyeux marin breton un garçon qu'elle retrouve à point nommé.
Cette histoire, un peu simplette mais non sans agrément, ne valait peut-être pas le classique développement en trois actes ; et les deux derniers traînent un peu. On n'est pas non plus assuré qu'elle convenait parfaitement au fin musicien qu'est M. Albert Roussel, ni peut-être même à l’Opéra-Comique. Le compositeur, du moins, a su s'effacer devant le librettiste ; il a laissé les répliques comiques aller leur train et n'est intervenu qu'aux bons endroits pour les chœurs, qui prennent ici allure non point tant de chœurs antiques que de cortèges de music-hall, et pour les parties lyriques ou comiques. Peut-être sa réserve, sa discrétion, son goût l'ont-ils un peu paralysé ; il n'a point facilement dépensé cette bouffonnerie qui convenait au sujet. Mais son écriture est toujours charmante, et discrètement étayée d'un orchestre savamment conduit." (Larousse Mensuel Illustré, 1937)
TESTAMENT DE MONSIEUR DE CRAC (LE)
Opéra bouffe en un acte, livret de Jules Moinaux, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 23 octobre 1871, avec Mmes Peyron (Isabelle), Debreux (Thibaude), MM. Berthelier (Isolin de Castafiol), Montrouge (Capoulade), Désiré (Chicorat).
« Cette farce appartient au genre désopilant qui est si en faveur à notre époque. M. de Crac est mort et plusieurs héritiers se présentent, se querellent, se battent, se précipitent dans un puits d'où on les fait remonter dans des seaux ; maître Chicorin, pensant que la cuisinière Thibaude est la véritable héritière, l'épouse ; on ouvre le testament, M. de Crac ne possédait pas un sol. Autrefois, on se contentait de quelques couplets sur des airs connus pour ce genre de pièces, et cela était bien suffisant ; maintenant des compositeurs de talent comme M. Lecocq se donnent la peine d'écrire une vraie partition pour ces bluettes ; on a entendu, autant qu'on a pu y faire attention au milieu de ces drôleries, la légende des sires de Crac, un duo : Nous voilà seuls ; le trio de l'épinard, le duo du puits. Cette musique est gaie et dansante. Le Testament de M. de Crac a été joué aussi avec succès au théâtre des Galeries-Saint-Hubert, à Bruxelles, par Bonnet, Fraisant, Michel et Mlle Paola Marié. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
TESTAMENT DE POLICHINELLE (LE)
Opérette-bouffe à trois personnages, paroles de M. Montjoie, musique d’Hervé, représentée aux Folies-Nouvelles en novembre 1855. Cette pièce a servi aux débuts de Seréne et de Mlle Darby.
TESTAMENT ET LES BILLETS DOUX (LE)
Comédie en un acte mêlée de chant, livret d’Eugène de Planard, musique d'Esprit Auber. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 septembre 1819. Cet ouvrage, le second que le compositeur fit représenter, ne réussit pas à fixer sur lui l'attention publique. Ce ne fut que l'année suivante qu'il prit possession de la scène, avec la Bergère châtelaine.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TÊTE DE MÉDUSE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Vanderburch et Deforges, musique de Scard, représenté au théâtre de Montmartre le 25 mai 1846 et au théâtre de l'Opéra-National (salle du Cirque Olympique) le 30 janvier 1848. Le compositeur Scard n'était connu que par de nombreuses romances et quelques morceaux détachés de différents genres.
« Joseph Kelm y a rempli le rôle principal ; c'est indiquer suffisamment le caractère de la pièce. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TÊTE ENCHANTÉE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Ernest Dubreuil, musique de Léon Paliard, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 13 décembre 1861, avec Mme Marie Faivre, MM. Emile Wartel, Gabriel, Bonnet, Auguste Legrand, Joseph-Adolphe Lesage.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 7 en 1861, 11 en 1862.
On y a entendu un petit quatuor d'un effet agréable.
« Une histoire d'alchimiste, mêlée à une aventure amoureuse. Pièce gaie ; musique assez fournie en mélodies. Le compositeur était un marchand de papiers peints de Lyon à qui Adolphe Adam avait donné d'excellents conseils. Rôles distribués à Auguste Legrand, Lesage et Mlle Marie Faivre. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
THAÏS
Comédie lyrique en trois actes, livret de Louis Gallet, musique de Jules Massenet. Création au Théâtre de l'Opéra le 16 mars 1894. => fiche technique
THALIE AU NOUVEAU THÉÂTRE
Opéra-comique en un acte, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 avril 1783.
THAMARA
Opéra en deux actes et quatre tableaux, livret de Louis Gallet, musique de Louis Bourgault-Ducoudray. Création au Théâtre de l'Opéra le 28 décembre 1891. => fiche technique
THAMYRIS
Conte lyrique en un acte de Jean Sardou et Jean Gounouilhou, musique de Jean Nouguès, représenté au Grand Théâtre de Bordeaux le 17 mars 1904.
THARSIS ET ZÉLIE
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Laserre, musique de François Rebel, en société avec Francœur, représenté à l'Académie royale de musique le 19 octobre 1728.
THÉ DE POLICHINELLE
Opérette en un acte, livret d’Edouard Plouvier, musique de Ferdinand Poise, représentée aux Bouffes-Parisiens le 04 mars 1856, avec Mlles Marie Dalmont, Schneider et Macé.
« On a applaudi le trio du thé, le duo des cartes et les couplets qui terminent cette bluette. Poème obscur, musique limpide. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
THÉAGÈNE ET CHARICLÉE
Tragédie lyrique en cinq actes, paroles de Duché, musique de Desmarets, représentée à l'Académie royale de musique le 03 février 1695.
THÉMIRE
Pastorale en un acte mêlée d'ariettes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique d’Egidio Duni. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 20 octobre 1770. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 novembre 1770.
THÉMISTOCLE
Tragédie lyrique en trois actes, paroles de Morel, musique de Philidor, représentée à Fontainebleau devant la cour le 13 octobre 1785, et à l'Académie royale de musique le 23 mai 1786. La partition a été dédiée par Philidor, à Silvestre Richer, chanteur de l'Opéra, son beau-frère.
« Cet opéra, qui tomba, avait été représenté d'abord à Fontainebleau, le 13 octobre 1785. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
THÉODORA
Drame musical en trois actes et six tableaux, livret de Victorien Sardou et Paul Ferrier, d'après Théodora, drame en cinq actes de Victorien Sardou (avec musique de scène de Jules Massenet, Porte-Saint-Martin, 26 décembre 1884), musique de Xavier Leroux.
Créé à l'Opéra le Monte Carlo, le 19 mars 1907, décors de Visconti, mise en scène de Chalmin.
Mmes HEGLON (Théodora), FRICHE (Tamyris), DURIF (Antonina).
MM. ROUSSELIERE (Andréas), M. RENAUD (Justinien), Max BOUVET (Marcellus), ANANIAN (Faber).
Chef d'orchestre : Léon JEHIN
Première fois au Palais Garnier, - le 2e acte seulement - le 20 octobre 1910, à l'occasion d'un Gala au bénéfice du Monument Sardou.
Mme HEGLON (Théodora).
MM. MURATORE (Andréas), Marcellin DUCLOS (Justinien).
Chef d'orchestre : Xavier LEROUX
Reprise du 2e acte (2e représentation), le 06 février 1916 :
Mme LAPEYRETTE (Théodora).
MM. DARMEL (Andréas), GONGUET (Justinien).
Chef d'orchestre : Alfred BACHELET
5 représentations (2e acte seul) à l’Opéra au 31.12.1961.
THÉODORE ou LE BONHEUR INATTENDU
Comédie en trois actes, en prose mêlée d'ariettes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Jean-Baptiste Davaux. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 04 mars 1785. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 avril 1785. C'est le seul ouvrage lyrique de ce violoniste, et le succès en fut moins durable que celui de ses quatuors.
THÉODORE ET JENNY
Opéra français, musique de Bigatti, représenté à Marseille au mois d'août 1808.
THÉODORE ET PAULIN — Voir l'Epreuve villageoise.
THÉONIS ou LE TOUCHER
Pastorale héroïque en un acte, faisant partie des Fragments nouveaux, livret d'Antoine-Alexandre-Henri Poinsinet, musique de Pierre Montan Berton, Louis Granier et Jean-Claude Trial, représenté au Théâtre de l'Opéra (salle des Machines) le 11 octobre 1767.
THÉONOÉ
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Pellegrin (Laroque), musique de Salomon, représentée par l'Académie royale de musique le mardi 03 décembre 1715. Cet ouvrage n'a jamais été repris.
« Cet ouvrage obtint peu de succès, bien que le ténor Muraire y chantât dans le prologue et dans la tragédie. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
THÉRÈSE
Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène de Planard et Adolphe de Leuven, musique de Michele Enrico Carafa. Création à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 26 septembre 1838 avec Gustave Roger (Henri).
Le livret a de l'analogie avec celui de la Dame Blanche, et la partition n'a pas semblé tenir les promesses que l'auteur du Solitaire et de Masaniello avait fait concevoir.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
THÉRÈSE
Drame musical en deux actes, livret de Jules Claretie, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra de Monte-Carlo le 07 février 1907. Première à l'Opéra-Comique le 19 mai 1911. => fiche technique
THÉSÉE
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully, représentée par l'Académie royale de musique, à Saint-Germain-en-Laye, devant le roi, le 3 février 1675, et ensuite à l’Opéra (1re salle du Palais-Royal) en avril 1675, sous la direction du compositeur. Acteurs du prologue : Marotte, Lanneau, Lagrille , Godonesche et Dauphin ; Mlles Bony, Piesche, Beaucreux et Laborde. La tragédie fut chantée par Mlle Aubry (Églé), Mlle Brigogne (Cléone), Morel (Arcas), Mlle Verdier (la Prêtresse), Gaye, basse (Égée), Mlle Saint-Christophe (Médée) ; Mlle Beaucreux (Dorine), Clédière (Thésée) et Mlle des Fronteaux (Minerve).
Cet opéra est un des meilleurs de cette époque au double point de vue de l'intérêt dramatique et de la musique. Il fut repris au moins dix fois, la dernière représentation eut lieu le 1er avril 1779, c'est-à-dire cent quatre ans après la première. Ce ne sont pas des ouvrages médiocres, ceux qui firent ainsi pendant pins d'un siècle l'admiration des esprits cultivés. Cependant, la pièce est loin d'être la meilleure de Quinault. Les événements y sont trop pressés et les enchantements de Médée sont puérils. La scène du prologue se passe dans les jardins de la façade du palais de Versailles. Le fond du sujet de la tragédie est l'amour éprouvé de Thésée et d'Eglé, princesse placée sous la tutelle du roi d'Athènes Égée, et que ce roi veut épouser. Thésée, exposé par son père dans son enfance à Trézène, a promis sa foi à Médée, la magicienne. Il revient à Athènes, combat une sédition qui menaçait le trône de son père, devient l'idole du peuple, mais porto ombrage à Égée. Celui-ci, poussé par la fureur jalouse de Médée, accepte de ses mains un breuvage empoisonné, qu'il donne à boire à Thésée. Mais il reconnaît tout à coup dans l'épée qu'il porte le signe de reconnaissance qu'il avait attaché au corps de son fils lorsqu'il fut exposé par ses ordres. Médée prend la fuite, le fils et le père s'embrassent, Eglé est au comble de ses vœux, et le peuple d'Athènes chante un chœur d'allégresse.
La partition n'est pas inférieure aux autres ouvrages de Lulli. Les chœurs ont de la puissance ; celui des prêtresses de Minerve, qui termine le premier acte, a de l'ampleur et de la grâce. Nous signalerons le rôle de Médée, et particulièrement les airs : Doux repos, innocente paix ; Revenez, amour ; la mélodie des vers suivants :
Un peu d'amoureuse tendresse
Sied bien aux plus fameux vainqueurs.
Si l'amour est une faiblesse,
C'est la faiblesse des grands cœurs.
Et aussi le monologue de Médée : Dépit mortel, transport jaloux, dont la déclamation est superbe. Il y règne comme un souffle de Corneille et de Gluck. Les chansons dansées, dans le quatrième acte, par les bergers, ont du caractère et de la grâce. L'invocation magique de Médée faisait une grande impression. Ce personnage fut successivement interprété par Mlles Saint-Christophe, le Rochois, Desmâtins, Antier, Chevalier ; celui d'Eglé par Mlles Aubry, Moreau, Journet, Tulou, Pélissier, Le Maure, Fel ; celui de Thésée, par Cledière, Dumesny, Cochereau, Murayre, Tribou et Jélyotte. Enfin, dans le ballet, on remarque les noms de Noblet, Bouteville, Pécourt, Prévost, Balon, Dumoulin, Javillier, Sallé, Camargo.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Immense succès.
Représenté d'abord à Saint-Germain-en-Laye, cet opéra ne fut donné à Paris qu'après les fêtes de Pâques 1675.
Berain, dessinateur du roi, donna les dessins des costumes et des coiffures. — Beauchamps et d'Olivet composèrent les ballets.
Reprises : 1677, 1679, 1688, 1698, 1707, 1720, 1729, 1744, 1754 et 1765.
Parodie de Favart et Laujon.
Mondonville et Gossec ont remis en musique Thésée (1767 et 1782) et n'ont pas réussi à faire oublier l'œuvre de Lully. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
THÉSÉE
Tragédie lyrique en cinq actes, livret de Philippe Quinault, musique de Mondonville, représentée par l'Académie royale de musique le 13 janvier 1767.
« Refaire un des plus beaux ouvrages de Lully était une idée qui ne pouvait éclore que dans un cerveau gonflé par la vanité. L'ancienne musique française était si attaquée, qu'on crut à l'opportunité de la tentative de Mondonville ; mais le public s'irrita et il criait plaisamment : « Taisez-vous, Mondonville. » L'opéra eut quatre représentations. Ce fut le dernier ouvrage de ce musicien actif. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Mondonville n'avait conservé que les récitatifs de Lully et l'air d'Égée : Faites grâce à mon âge. A sa musique on préféra celle du dix-septième siècle. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
THÉSÉE
Tragédie lyrique en trois actes, livret d’Etienne Morel de Chédeville, d’après le livret de Philippe Quinault, musique de Gossec.
Première représentation à l'Académie royale de musique (salle de la Porte-Saint-Martin) le 26 février 1782, avec Mme Saint-Huberti (Æglé), Larrivée (Égée), Legros (Thésée), Mlle Duplant (Médée), sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
« Malgré le talent déployé par le compositeur, la sonorité nouvelle de son orchestration, le public applaudit un air de Lully, conservé de l'ancien opéra, plus que tout le reste. Larrivée, chargé du rôle d'Egée, chantait d'ailleurs très bien cet air : Faites grâce à mon âge. Mme Saint-Huberti, dont le talent a laissé tant de souvenirs, chantait le rôle d'Eglé, princesse d'Athènes. Legros et Mlle Duplan chantèrent aussi ces rôles.
II y a dans l'opéra de Thésée un chœur de démons d'un bel effet. Gossec excellait dans les compositions chorales. Il n'employait que les bonnes notes des différentes espèces de voix, et rejetait de l'harmonie toutes les notes parasites, de telle sorte que ses ensembles ont je ne sais quoi de mâle et de fier que n'offrent pas les compositions modernes, cependant si prodigues d'effets combinés et compliquées de tant de modulations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Gossec conserva l'air de Lully que chante Égée : Faites grâce à mon âge, et ce morceau fut préféré à tous les autres. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
THÉTIS ET PÉLÉE
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Fontenelle, musique de Colasse, représentée par l'Académie royale de musique le mardi 11 janvier 1689.
« Cet opéra fut repris huit fois jusqu'en 1750. Mlle Marthe le Rochois, actrice d'esprit, se distingua dans le rôle de Thétis ; Thévenard et Chassé, dans celui de Neptune. A l'occasion de cet opéra, Colasse, élève de Lully, fut accusé de copier trop servilement son maître. Fontenelle assista à la reprise de son œuvre, en 1750, à l'amphithéâtre où il s'était trouvé soixante et un ans auparavant, lors de la première représentation. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Les rôles en étaient remplis par Duménil (Pélée), Mlle Le Rochois (Thétis) , Mlle Moreau (Doris), Moreau (Neptune), Mlle Desmatins (Cydippe) et Dun, qui représentait Jupiter, puis l'Oracle.
Cet opéra, le meilleur de Colasse, a été repris sept fois : en 1697, 1699, 1708, 1712, 1723, 1736 et 1750. Il a été parodié trois fois et dès 1713.
La scène de Thétis et Pélée, au 2e acte, et la Tempête, au 3e acte, sont les morceaux les plus connus de cette partition. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
THÉTIS ET PÉLÉE
Opéra, musique de Campra, écrit en 1708.
THÉTIS ET PÉLÉE
Tragédie lyrique, musique de Benjamin de La Borde, représentée sur le théâtre princier de Choisy, le 10 octobre 1765.
THÉTIS ou LA NAISSANCE D'ACHILLE
Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck), représenté à Versailles vers 1711.
THI-TEU
Opéra en trois actes, livret d’Édouard Noël et Lucien d'Hève, musique de Frédéric Le Rey, représenté à Rouen, sur le théâtre des Arts, le 23 décembre 1899. La scène de cet ouvrage se passe en Annam, et l'héroïne, Thi-Teu, fait partie d'une troupe de baladins. Le sujet est tiré d'une nouvelle de Jules Boissière, intitulée les Comédiens ambulants.
THOMAS L'AGNELET, GENTILHOMME DE FORTUNE
Roman lyrique en quatre actes, livret de Claude Farrère, musique de Léon Jongen.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 14 février 1924 avec MM. Rosen (Thomas Trublet dit l'Agnelet), Charmat (chevalier Danican), Raidich, Boyer, Destrée, Vinck (sieur de la Tremblaye, Julien Gravé, François-Pierre le Picard, Jean Gaultier, bourgeois de vaisseaux), Marcelly (Vincent Kerdoncuff), Maudier (Louis Guénolé), Arnaud (Lorédano le Vénitien), Smeets (Red Beard), Dognies, Decock (l'aventurier d'Oléron, l'aventurier de Dieppe, flibustiers), Chantraine (Malo Trublet), Smeets (le lieutenant du Roy), Mmes Bergé (Juana), Ballard (la Chien-Perdu), Dalmas (Mary Rackam ; remplacée au pied levé par Mlle Mertens), Laudy (Anne-Marie Kerdoncuff), Daryse (une mulâtresse), Cantillon, Bloumensson (deux femmes malouines), MM. Maudier (un matelot de hune), Dognies (le guetteur des remparts), Decock (un prêtre), Prévers (un manant), Van Loock (un vieux), Du Roy, Deckers (deux frères), Mlles Gozet et Delvigne (deux mulâtresses).
THYL UYLENSPIEGEL
Drame lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret de Henri Cain et Lucien Solvay, musique de Jan Blockx, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 18 janvier 1900, mise en scène de Fernand Almanz, décors de Lynen et Devis, costumes de Lynen, Bodart et Almanz, maître de ballet : M. Laffont, avec Mmes Thérèse Ganne (Nelle), Goulancourt (Sœtkin), Mativa (Clara), Mlles Vanloo, Colle et Mercier (trois "ramasseuses"), MM. Imbart de la Tour (Thyl Uylenspiegel), Gilibert (Lamme Goedjack), Dufranne (Thomas), Pierre d'Assy (Vargas), Cazeneuve (Hans), Viguié (Claes), Colsaux (1er moine), Danlée (2e moine).
Représenté en flamand, fin janvier 1900, à l'Opéra flamand d'Anvers.
TIBÈRE
Parodie en deux actes, livret de Jean-Baptiste Radet, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 08 octobre 1782. C’est une parodie de Tibère et Sérénus, tragédie de Nicolas Fallet donnée au Théâtre-Français en 1782.
TIBULLE ET DÉLIE
Acte d'opéra, paroles de Fuzelier, musique de Colin de Blamont, représenté à la Comédie-Italienne en 1723.
TIBULLE ET DÉLIE ou LES SATURNALES
Opéra en un acte, paroles de Fuzelier, musique de Mlle de Beaumesnil, représenté par l'Académie royale de musique le 15 mars 1784, avec Rousseau (Tibulle), Chéron et Moreau; Mme Saint-Huberti (Délie), Mlle Rosalie (Plautine) et Gavaudan.
« Mlle Villard de Beaumesnil était une artiste de l'Opéra ; elle était bonne musicienne et douée d'imagination. Elle eut quelque succès dans Castor et Pollux et dans Iphigénie. Son petit ouvrage fut bien accueilli du public. Elle n'avait fait d'ailleurs que remettre en musique les Saturnales, acte du ballet intitulé : les Fêtes grecques et romaines (13 juillet 1723). »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est le sujet du 2e acte des Fêtes grecques et romaines (13 juillet 1723).
La musique de cette ex-pensionnaire de l'Académie fut très applaudie. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TIEFLAND
Drame lyrique allemand en un prologue et deux actes, livret de R. Lothar, d'après le drame catalan Terra Baïxa d'A. Guimera, musique d'Eugen d'Albert.
Créé à Prague le 15 novembre 1903.
Première en français, dans la version de Jean Bénédict, à l'Opéra de Nice le 21 mars 1911.
Personnages : Sébastiano, riche propriétaire (baryton) ; Pedro, berger (ténor) ; Tommaso, doyen de la commune (basse) ; Nando, berger (ténor) ; Moruccio, valeur meunier (baryton) ; le Recteur (personnage muet) ; Marta, servante (soprano ou mezzo-soprano) ; Nuria (soprano), Pepa (soprano), Antonia (soprano), Rosalia (alto), servantes chez Sébastiano ; Chœur : Hommes et femmes du village.
Résumé.
L'action se déroule dans les Pyrénées. Le jeune berger Pedro quitte ses montagnes pour descendre dans la vallée (dans le « Tiefland ») où il doit épouser la servante Marta, que son maître Sébastiano lui a proposée pour femme. Mais c'est là un arrangement honteux, car Marta est la maîtresse de Sébastiano, lequel entend bien conserver ses prérogatives. L'innocent Pedro ne se rend que lentement compte de la duperie dont il a été victime. Marta voudrait fuir avec lui, mais Sébastiano écarte brutalement le berger. Pedro se jette sur lui et l'étrangle, puis il quitte avec Marta le « Tiefland » pour remonter vers le calme des hauts pâturages.
PROLOGUE. — Une région montagneuse dans les Pyrénées.
Le berger Pedro conte à Nando un rêve qu'il a fait, dans lequel il croit voir le signe d'une réalisation prochaine de son plus chez désir : celui de se marier.
Le maître Sébastiano, gravissant le sentier, arrive en compagnie de la jolie servante Marta et de Tommaso, le doyen de la commune.
Pendant que Tommaso va chercher le pâtre qui s'est écarté à l'approche des visiteurs, et que Nando apprête un frugal repas, Sébastiano rappelle à Marta comment il recueillit son père et fit d'elle sa maîtresse. Maintenant, il veut l'obliger à épouser Pedro. Marta, reculant d'horreur, s'échappe en courant. Pedro, qui revient à cet instant, l'aperçoit, extasié. Aussi, lorsque Sébastiano la lui propose pour femme et offre de les installer tous deux à son moulin, accepte-t-il avec empressement.
Les visiteurs repartis, Nando avertit affectueusement Pedro des dangers qui le menacent en bas, dans le « Tiefland ». Mais Pedro n'entend rien : il descend bientôt, le cœur débordant d'espoir, vers la vallée !
ACTE I. — L'intérieur du moulin de Sébastiano.
Tandis que Moruccio vanne du blé, les servantes Pepa, Antonia et Rosalia entrent bruyamment et questionnent le vieux valet au sujet de Marta dont le mariage, dit-on, se prépare. La petite Nuria, à son tour, rapporte une conversation surprise entre Sébastiano et Marta, qu'elle n'a d'ailleurs point comprise : « Je reste tien, quand même tien », disait le maître...
Marta entre à ce moment, en larmes. Elle fait sortir toutes les femmes, sauf Nuria qui cherche à la consoler, sans comprendre le motif de son chagrin, et qu'elle renvoie lorsqu'elle croit entendre approcher Sébastiano. La pauvre fille épanche sa douleur [Air de Marta : Sein, bin ich sein ! / Sa chose, oui ! Je suis son bien...] et court ensuite se cacher dans sa chambre.
Au dehors, des paysans et des paysannes annoncent l'arrivée du fiancé. Moruccio introduit alors Tommaso, auquel il demande si Pedro est au courant des circonstances dans lesquelles il va épouser Marta. Tommaso ignore tout lui-même, et ne veut pas croire à ce qu'il considère comme médisances. Le ton monte ; les deux hommes en viendraient aux mains sans la brusque arrivée de Pedro. Celui-ci s'avance tout joyeux, sans remarquer les regards narquois ou réprobateurs de la foule. Sébastiano s'en vient à son tour et s'enquiert de Pedro qui, reconnaissant, veut lui baiser la main. Il fait appeler Marta, car le prêtre les attend déjà à l'Eglise. Vainement Tommaso cherche-t-il à converser un instant avec Sébastiano. Sébastiano fait part à Marta de ses cyniques projets : elle épousera Pedro pour la forme ; dès le soir-même, il la rejoindra dans sa chambre.
Le cortège se forme pour aller à l'Eglise. Marta,
s'appuyant sur Nuria, se dirige vers la sortie où Pedro l'attend. Moruccio est
resté en arrière. Sébastiano, irrité de son entêtement, le congédie
sur-le-champ. Le vieux valet en profite pour dire, devant Tommaso, quelques
vérités
qui ont pour effet d'ouvrir les yeux au doyen de la commune. Tommaso veut alors
empêcher le mariage de Marta et de Pedro. Trop tard : une cloche sonne, les
époux sont unis.
Marta et Pedro rentrent. Mais quand Pedro veut
s'approcher d'elle, Marta se dérobe. Le jeune homme lui offre alors, pour
l'attendrir, tout ce qu'il possède, en particulier un thaler qu'il gagna en
luttant seul contre un loup pour défendre son troupeau [Ballade de Pedro : Es
kam in
jeder Nacht ein Wolf... / Presque tous les soirs un grand loup... ].
Marta devient attentive ; elle est émue, mais se refuse à lui. Pedro n'a
toujours pas compris.
Tout à coup, une lumière transparaît derrière le rideau qui clôt la porte de la chambre de Marta, et disparaît aussitôt. Soupçonneux, Pedro saisit son couteau, s'apprêtant à entrer. Marta l'en empêche, cherchant à lui faire croire qu'il s'est trompé. Pedro se laisse choir à ses pieds, écrasé de chagrin, prie silencieusement et s'assoupit en pleurant.
ACTE II. — Même décor.
Le jour se lève. Marta et Pedro sont dans la même position qu'à la fin du premier acte. Nuria chante derrière la scène. Marta se réveille, puis disparaît dans sa chambre. Nuria entre. Pedro ouvre les yeux et déclare à Nuria qu'il va s'en aller, que Marta n'est pas bonne, et que tous les gens rient de lui, il ne sait pourquoi.
Marta entre et renvoie brusquement Nuria. Pedro sort avec la petite servante. Courant après eux, Marta se heurte sur le pas de la porte avec Tommaso. Le vieil homme, fort en colère, juge sévèrement Marta. En pleurant celle-ci lui raconte les tristes circonstances qui l'amenèrent de force à ce qu'elle est aujourd'hui [Récit de Marta : Ich weiss nicht wer mein Vater war... / Quel fut mon père, je ne sais...] puis elle sort, tandis que Pepa, Antonia et Rosalia se précipitent en quête de nouvelles. Tommaso ne veut rien dire.
Pedro revient, mais ne peut rien tirer des trois femmes : qu'il s'adresse donc à Marta ! La voici justement, venant apprêter le repas. Pedro songe à repartir aussitôt après. Il questionne Marta. Désespérée, celle-ci cherche à exciter sa colère, afin qu'il la tue. Hors de lui, Pedro la blesse et s'effondre ensuite. Réalisant enfin son amour, il l'enlace et s'apprête à fuir avec elle dans la montagne [Duo : Wir wollen hinauf... / Allons tout là-haut...].
Mais Sébastiano survient à ce moment, très désinvolte. Ecartant brusquement Pedro, il contraint Marta à danser avec lui. Pedro voulant s'interposer, se voit jeter à la porte. Tommaso apporte de mauvaises nouvelles à Sébastiano, puis celui-ci se retrouve seul avec Marta. Pedro réapparaît pour régler les comptes... Sébastiano, toutefois, n'est pas armé. Pedro jette alors son couteau à terre pour lutter avec lui à chances égales. Sébastiano se précipite traîtreusement pour s'emparer de l'arme, mais Marta fait un bond et met le pied dessus. Pedro saute au cou de Sébastiano et l'étrangle. Les gens accourus, reconnaissent là une punition du Ciel.
Pedro, soulevant Marta dans ses bras, l'emporte. On les voit disparaître du côté de la montagne...
TIGE DE LOTUS
Opérette en un acte, paroles de Raoul Toché, musique de Gaston Serpette, représentée à Contrexéville le 26 juillet 1883.
TIGRE (LE)
Chinoiserie en un acte, livret d’Étienne Tréfeu, musique d’Émile Ettling, représentée à Paris, théâtre de la Tertulia, le 05 avril 1873. Chantée par MM. Prosper Guyot, Caillat, Mars, Mme Andreani et Mlle Saint-Louis.
TIMBALE D'ARGENT (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Adolphe Jaime et Jules Noriac, musique de Léon Vasseur. Création aux Bouffes-Parisiens le 09 avril 1872 avec Mmes Anna Judic (Molda), Peschard (Müller), Derbeux (Fichtel), Rose-Marie (Madame Barnabé), Guérin (Gaben), MM. Désiré (Raab), E. Georges (Pruth), Prosper Guyot (Wilhem), Tacova (Barnabé).
« Le succès extraordinaire qu'a obtenu cet ouvrage est caractéristique. Le livret est absolument immoral et la musique fort médiocre. Les auteurs semblent avoir fait la gageure de faire accepter au public les situations les plus audacieusement indécentes ; ils ont gagné leur pari ; leur pièce a obtenu un succès d'enthousiasme et leur a produit beaucoup d'argent. Les citoyens d'un canton du Tyrol ont perdu leur voix et dans les concours d'orphéons n'ont pu réussir à gagner le prix, qui consiste en une timbale d'argent ; le juge de l'endroit, Raab, qui est aussi directeur de l'orphéon, pour stimuler leur zèle, promet au chanteur le plus habile la main de sa nièce Molda, avec une belle dot. Dans le canton voisin, un autre juge nomme Barnabé a imposé aux garçons le célibat, aux maris la continence dans l'intérêt de la conservation de leur voix. Un transfuge de ce canton, le jeune Müller, aime Molda ; mais il a juré d'observer fidèlement les statuts de son canton ; il remporte le prix et, ne pouvant se parjurer, il prend la fuite aussitôt. Le lendemain le juge Raab demande compte à Müller de sa conduite à l'égard de sa nièce. Tout s'explique et il paye la rançon de 3,000 florins qui dégage le jeune chanteur de ses serments et lui permet de consommer son union avec Molda. Voilà à quelles insanités des auteurs sont contraints de descendre lorsqu'au lieu de soumettre au jugement du public une œuvre littéraire personnelle et éclose dans leur imagination, ils prennent pour collaborateurs les vices de ce public, et bornent leur travail à les exposer sur la scène. On peut se rendre compte de ce que sont les détails de la pièce. Certains couplets chantés par Mme Judic et redemandés chaque soir dépassent en crudité les chansons les plus lestes du répertoire de Mlle Térésa ; en raison de ces couplets si bien accueillis par les amateurs de gravelures, le nom de Mme Judic est devenu célèbre et a brillé en grosses lettres sur les murailles et tous les kiosques de Paris et même des villes de province. Je ne crois pas que de pareils divertissements préparent la revanche, ni que les milliers de gens qui se sont gaudis à ces spectacles sont bien disposés à mourir pour la patrie. Je me suis décidé à aller assister à la cent-douzième représentation de la Timbale d'argent. Je pensais que l'élégance et la valeur de l'œuvre musicale avaient servi de prétexte à la vogue de la pièce ; il n'en est rien ; les idées sont peu originales, la mélodie est contournée, l'orchestration bruyante. J'ai remarqué de fréquentes imitations des phrases ascendantes familières au style de M. Gounod. Les couplets sont même bien inférieurs à ceux des vaudevilles. Au troisième acte, il y a un duo à l'unisson auquel des cris violents ne donnent pas ce qui lui manque ; je n'ai remarqué qu'un joli solo de violon avec sourdine au deuxième acte et un chœur bien traité : Bonne nuit, il est minuit. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
« Principaux personnages : Raab, juge du cercle de Grogaleaudesedlitz ; Pruth, geôlier et chef de chant ; Muller ; Fichtel, neveu de Pruth ; Molda, nièce de Raab ; Mme Barnabé.
L'action se passe en Tyrol, à notre époque.
Les cercles de Grogaleaudesedlitz et de Feldkirch, en Tyrol, sont rivaux aux concours de chant. Mais depuis quelques années les gens de Feldkirch décrochent toutes les timbales ; ils chantent comme des rossignols. Tandis que ceux de Grogaleaudesedlitz ont beau se consumer en efforts surhumains, passer la moitié de leur temps aux répétitions du geôlier-maître de chapelle Pruth, rien n'y fait. Il y a à cela une raison : les gens de Feldkirch ont fondé une association dont les membres s'abstiennent de l'amour, ce qui leur fait des voix admirables. Les Grogaleaudesedlitziens, au contraire, sont extraordinairement amoureux. Tel est le secret de leur infériorité.
Ce secret, ils l'ignorent au début de l'action ; ils l'apprendront plus tard, ce qui animera les péripéties des trois actes de notre pièce.
Comment, direz-vous, les femmes de Feldkirch supportent-elles l'abstinence à laquelle les condamnent leurs maris ? Le mieux du monde, grâce au dévouement d'un polisson de neveu, qui fait le désespoir de son oncle Pruth, le petit Fichtel. Bien que ressortissant de Grogaleaudesedlitz, ce futé personnage passe tout son temps à Feldkirch, occupé à consoler les épouses délaissées de l'endroit.
Le juge Raab a une nièce, Molda, qui a été élevée à Feldkirch par sa grand'mère. Pour relever le prestige de son cercle, il s'avise d'un moyen héroïque : il donnera sa nièce et six mille florins au chanteur qui gagnera la timbale au prochain concours. Aucun de ses justiciables n'est à même de se prévaloir de l'aubaine. Mais voici qu'arrive un nommé Muller, de Feldkirch, amoureux de Molda depuis des années et qui, après une longue absence, rentre au pays pour épouser son amie. En passant à Grogaleaudesedlitz, il chante et est aussitôt accueilli comme un sauveur, choyé, fêté, à condition qu'il veuille bien concourir pour le district. Il concourt, obtient le prix, et Molda lui est donnée avec la dot. Telle est la matière du premier acte.
Mais Pruth a appris le secret des victoires feldkirchiennes. Il a appris aussi que Muller a jadis prononcé le fameux vœu de continence, dont il ne peut se dégager que moyennant une dédite de trois mille florins. En chatouillant la vanité de ses chanteurs, il réussit à leur arracher leur adhésion à une ligue de continence analogue à celle du cercle voisin. Seul, son neveu Fichtel a résisté à toutes ses exhortations. Grâce à ce procédé, sa chorale se couvre partout de lauriers. Mais Muller, à qui il a rappelé ses engagements le jour même de ses noces, n’a pas consommé le mariage et en est très malheureux. Les femmes de Grogaleaudesedlitz, qui n'ont pas de Fichtel sous la main, prennent très mal ce régime, auquel elles n'ont pas été habituées, si bien que l'orage gronde.
Il éclate au troisième acte. Toutes les femmes de la localité viennent auprès du juge Raab demander le divorce. Raab confesse sa nièce et se convainc que cette situation anormale prendrait fin si les femmes savaient mieux s'y prendre. Il prononce donc un jugement provisionnel aux termes duquel les époux en instance de divorce devront passer vingt-quatre heures en tête à tête, en vue d'une réconciliation éventuelle. Puis il chapitre sa nièce et lui fournit des armes pour la lutte. Quand Molda et Muller se trouvent seuls, Molda dresse un excellent petit souper fin au champagne, décide son mari à le partager, puis, quand il commence à s'échauffer, lui dévoile graduellement des charmes qui produisent sur l'abstinent, malgré lui, un effet énorme. Pruth a beau faire bonne garde : ce qui devait arriver arrive. Muller violera son serment et payera son dédit, qui lui sera du reste fourni par Raab, le « bon juge ».
Conclusion : Grogaleaudesedlitz gagnera sans doute moins de timbales à l'avenir, mais l'harmonie rentrera du moins dans les ménages. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
TIMBRE D'ARGENT (LE)
Opéra fantastique en quatre actes et huit tableaux, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique de Camille Saint-Saëns (composé en 1865-1877).
Première représentation à l’Opéra-National-Lyrique le 23 février 1877.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 10 février 1879 avec Mmes Vaillant (Hélène), Lonati (Rosa), Viale (la danseuse), MM. Rodier (Conrad), Soulacroix (le docteur), Lefèvre (Bénédict).
« Le sujet de la pièce est, à proprement parler, un cauchemar en quatre actes et qui dure cinq heures. Le public a trouvé que c'était un peu long, et l'opéra n'a eu qu'un très petit nombre de représentations. Conrad, jeune peintre viennois, a conçu une passion insensée pour une belle danseuse et aussi pour la richesse qui lui permettra de séduire son idole. Il n'est sensible ni à l'affection d'Hélène, sa fiancée, ni à l'amitié de Bénédict. Son imagination s'échauffe et l'hallucination commence pour ne finir qu'avec la pièce. Le docteur Spiridion annonce même la durée de la crise du jeune artiste. Un démon, sous la figure de ce même docteur Spiridion, évoque la belle danseuse Circé-Fiammetta, propose à Conrad un timbre d'argent magique. Il n'aura qu'à le frapper pour obtenir tout l'or qu'il désirera ; mais il l'avertit qu'à chaque coup frappé sur le timbre une vie humaine sera brisée. Telle est la donnée. Conrad accepte ; au premier coup, un vieillard de ses amis tombe mort à sa porte ; mais la vue de l'or triomphe de ses remords. Au sein d'une vie de plaisirs et de fêtes somptueuses, Conrad voit toujours Fiammetta, son idole, échapper à sa poursuite. S’il lui offre un collier de grand prix, un rival mystérieux offre à celle-ci un diadème et un palais à Florence ; Conrad veut renchérir et joue tout l'or qu'il possède et le perd. Ces rêves sont traversés par des scènes qui se passent entre Hélène et sa sœur Rosa, laquelle va épouser Bénédict. Elles forment un contraste par leur caractère doux et tendre ; l'intention était bonne et l'idée poétique, et le musicien aurait pu en tirer parti. Au moment où Circé va encore fuir Conrad hésitant à la suivre, il frappe sur le timbre ; Bénédict s'écrie : « Je meurs » ; Hélène et Rosa jettent un cri de douleur. A partir de cet instant, une lutte intérieure s'accentue de plus en plus chez Conrad ; il se débat entre les conseils d'Hélène et de Spiridion jusqu'à ce qu'enfin il brise le timbre et se réveille. Cette vision lui a rendu la raison. Le chœur chante Noël ! et un cantique :
Hommes, chantez sur la terre,
Anges, chantez dans le ciel !
L'œuvre du musicien a été très laborieuse, et on ne peut que constater les efforts persévérants qu'il déploie pour occuper une place parmi les compositeurs contemporains. Mais la science musicale, la recherche obstinée d'effets symphoniques nouveaux, des combinaisons orchestrales, l'abus des dissonances dominent presque exclusivement dans son ouvrage, et lorsque quelque mélodie appréciable s'y rencontre, on est étonné de son peu de distinction. J'ai remarqué dans le premier acte la mélodie de Bénédict : Demande à l'oiseau qui s'éveille ; dans le troisième, le duo d'Hélène et de Rosa : Chère sœur, quel nuage ; la chanson du Papillon et la fleur et, dans le dernier acte, la Valse des filles d'enfer. Les principaux interprètes de cet ouvrage ont été MM. Melchissédec, Blum, Caisso ; Mme Salla, Sablairolles et la ballerine Mme Théodore. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
TIMIDE (LE) ou LE NOUVEAU SÉDUCTEUR
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Xavier Saintine, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 mai 1826 avec Mmes Antoinette Lemonnier (Valmont), Ponchard (Mme d'Hérancy), Eléonore Colon (Amélie), Marie Julie Boulanger (Adrienne) ; MM. Auguste Huet (M. de Sauvré), Ponchard (Saint-Ernest).
« Un colonel, pour réussir auprès d'une jolie veuve, attribue ses nombreuses aventures galantes à un cousin qui porte le même nom que lui ; or, il arrive que ce cousin fort timide, à qui la veuve a donné asile, cause le plus grand effroi à cette dame, à sa jeune sœur qu'il aime, et même à une soubrette gaillarde. Mais tout finit par s'éclaircir et les deux cousins épousent les deux sœurs. Cette bluette a réussi ; elle aurait obtenu plus de succès en vaudeville. »
[Almanach des spectacles, 1827]
« Ce petit ouvrage n'obtint pas de succès. Il fut joué la même année que Fiorella. Rien ne faisait présager encore l'auteur de la Muette, à laquelle il travaillait alors, et qui fut représentée deux ans après. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TIMOLÉON
Tragédie avec des chœurs, paroles de Marie-Joseph Chénier, musique de Méhul, représentée au théâtre de la République le 10 septembre 1794. Quoique ce sujet antique convînt aux idées du moment et que le poète l'ait traité avec toute l'exaltation républicaine qui marque cette période de sa vie, la pièce n'eut aucun succès. Toutes les copies en furent brûlées, sauf une, qui fut conservée par Mme Vestris. Méhul écrivit l'ouverture et les chœurs, dont la facture, large et sévère, fut admirée de tous les connaisseurs.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
Opérette en un acte, paroles de M. Philibert, musique de Georges Rose, représentée aux Nouveautés le 6 juin 1867.
TINTORET
Opéra en trois actes et quatre tableaux, livret d’Ed. Guinand, musique d’Ad. Dietrich, représenté à Dijon le 10 février 1887. L'auteur, élève de Saint-Saëns, était professeur d'harmonie au Conservatoire de Dijon. Les deux principaux rôles de son opéra étaient tenus par Mlle Edanob et M. Trémoulet.
TIPHAINE
Episode dramatique en deux parties, livret de Louis Payen, musique de Valentin Neuville.
Première représentation au Théâtre Royal Flamand d’Anvers, le 11 février 1899, dans une version flamande d’E. Keurvels, sous le titre Tipheene.
Représentation en français au Grand-Théâtre de Lyon, le 23 janvier 1906.
TIRCIS ET MARGOTON
Opérette pastorale, musique de Ferdinand Lavainne, représentée sur le théâtre du Pré-Catelan, à Lille, au mois d'août 1861. Chanté par Gourdon et Mlle Stereinder.
TIREUSE DE CARTES (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Saint-Amans, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes en 1799.
TISSEUSE D'ORTIES (LA)
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de René Morax, musique de Gustave Doret.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 29 novembre 1926. Mise en scène de Gabriel Dubois. Décors d'Arnaud et Raymond Deshays (1er et 2e tableaux), et Georges Mouveau (3e, 4e et 5e tableaux). Costumes dessinés par Marcel Multzer, exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu.
Mmes Claire CROIZA (la Tisseuse d'Orties), Marguerite SOYER (Régine), Mathilde CALVET (la Reine).
MM. René LAPELLETRIE (Lionel), René HÉRENT (le Fou), Louis MORTURIER (le Prévôt), D'ARJAC (le Guetteur).
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
3e représentation le 09 décembre 1926 avec les créateurs sous la direction d'Albert WOLFF.
10 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Un roi barbare et parjure, Lionel, est conduit pendant un orage par son cheval effrayé, jusqu'à la masure de la tisseuse d'orties, qui le repousse ; Lionel rentré dans son palais et de plus en plus haï n'échappe à un complot que grâce au dévouement de son bouffon ; mais sa mère est morte ; il est livré aux conjurés, lié au poteau, il est seul, quand alors la tisseuse vient le délivrer et l'emmène. Ce livret, un peu mélodramatique, ne paraît pas être celui qui aurait convenu au talent mesuré et tendre de Gustave Doret. Néanmoins il a écrit des pages éloquentes, peut-être parfois trop chargées par une instrumentation un peu compacte. »
(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1927)
TITANIA
Drame musical en trois actes, livret de Louis Gallet et André Corneau, musique de Georges Hüe. Création à l'Opéra-Comique le 20 janvier 1903. => fiche technique
TITON ET L'AURORE
Acte d'opéra, paroles de Roy, musique de Bury, représenté à l'Académie royale de musique le 18 février 1751, sous le titre de Fragments : Ismène, de Moncrif, Rebel et Francœur, et Eglé, paroles de Laujon, musique de Lagarde, complétaient la représentation.
Cet ouvrage formait le 3e acte du ballet les Fêtes de Thétis représenté à Versailles devant le roi, le 14 et le 22 janvier 1750, et mis en musique par Colin de Blamont.
Interprètes : Mlle Lemière (Hébé), Jélyotte (Titon), Mlle Romainville (l'Aurore) et Lepage (le Soleil).
TITON ET L'AURORE
Pastorale héroïque en trois actes, paroles de l'abbé de Lamarre et de l'abbé de Voisenon, avec un prologue de Lamotte, musique de Mondonville, représentée à l'Opéra le mardi 09 janvier 1753, avec Chassé (Prométhée), Mlle Coupée (l'Amour) dans le prologue ; Jélyotte (Titon), Mlle Fel (l'Aurore), Chassé (Éole), Mlle Chevalier (Palès), Mlle Coupée (l'Amour), Poirier, Person, Gelin. Ballet : Feuillade, Laval, Vestris, Dupré, Desplaces; Mlles Puvignée, Maupin, Lany, Carville, Vestris.
« Le sujet du prologue est Prométhée qui ravit le feu du ciel pour animer les hommes : les vers en sont d'Houdar de La Motte. La pièce est de Lamarre.
Reprise : 1763.
Parodies : Raton et Rosette, de Favart (1753) ; le Rien, de Vadé (1753) ; Totinet, de Poinsinet (1753) ; Titonnet (1758). »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TITUS ET BÉRÉNICE
Opérette-bouffe en un acte, livret d’Edouard Fournier, musique de Gastinel, représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 11 mai 1860. Il s'agit dans la pièce, dont le lieu est Bergame, d'un tableau représentant Vespasien repoussant les prières de Titus et de Bérénice ; le peintre de ce chef-d'œuvre ferme la porte à tous les prétendants à la main de sa fille jusqu’à ce que son tableau soit achevé. Lelio et Bérénice trompent sa vigilance en s'affublant du costume des mannequins. La partition renferme des morceaux très intéressants, des mélodies traitées avec science et habileté. Les rôles ont été remplis par Tayau, Desmonts, Jean Paul et Mlle Tostée.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TOBERNE ou LE PÊCHEUR SUÉDOIS
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, paroles de Patrat, musique de Bruni, représentée à Feydeau au mois de septembre 1795.
TOBIE
Œuvre lyrique, paroles de Léon Halévy, musique d’Eugène Ortolan, exécutée pour la première fois à Versailles, dans la salle de la Chancellerie, le 17 avril 1867. Cette composition importante tient de l'oratorio ; cependant plusieurs morceaux sont traités dans le genre dramatique. On a remarqué particulièrement le trio sans accompagnement : O bonheur ! transports ineffables et le Cantique d'actions de grâces. Les soli ont été chantés par Mlle Rives, MM. Solon et Lopez.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TOBIE
Mystère en quatre épisodes, poème de Paul Collin, musique de Charles Silver, exécuté à Marseille, dans la salle Valette, en février 1902.
TOI, C'EST MOI
Opérette en deux actes et douze tableaux, livret d'Henri Duvernois, musique de Moyses Simons. Création aux Bouffes-Parisiens le 19 septembre 1934.
« Bob Guibert et Patrice Duvallon, joyeux coureurs de Montparnasse et de Montmartre, sont si bons amis, que toi, c'est moi. Aussi quand la tante Guibert enverra Bob aux Antilles se mettre aux ordres d'Hernandez, directeur de ses plantations, c'est Patrice qui acceptera de prendre le rôle du neveu ! Rôle ingrat qui lui vaut mille déboires, tandis que Bob fait la cour à la jolie fille d'Hernandez et n'est pas trop mal accueilli. Mais la tante arrive. Drame ? Non pas. Nous sommes aux Bouffes-Parisiens ; la tante, réchauffée par le soleil des Antilles, se sent bonne à marier ; elle ne peut plus s'opposer au mariage de Bob, et Patrice trouve une consolation charmante près de la jolie Viviane. Sur ce canevas léger M. Simons a brodé une musique légère, aérée, sans prétention, mais qui contient des pages charmantes comme le duo de Bob et Maricousa et naturellement celui de Toi, c'est moi. » (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
TOINETTE ET LOUIS
Opéra-comique en deux actes, en prose, livret de Joseph Patrat, musique de Lucile Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 22 mars 1787. Cet ouvrage n'eut pas de succès.
TOINETTE ET SON CARABINIER
Opérette, paroles de Michel Delaporte, musique d’Hervé (sous le pseudonyme de M. Brémond), représentée aux Folies-Nouvelles en septembre 1856.
TOINON ET TOINETTE
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Desboulmiers, musique de François-Joseph Gossec. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 20 juin 1767.
TOISON D'OR (LA)
Tragédie lyrique en cinq actes, précédée d'un prologue, de Pierre Corneille, représentée dans la salle d'opéra du château du marquis de Sourdéac, au Neubourg (Eure), le 29 juin 1660. Toute la noblesse de Normandie assista à cette représentation, qui fut somptueuse ; elle faisait partie d'une fête organisée pour célébrer le mariage de Louis XIV. Les détails sur la musique nous manquent. L'année suivante, la Toison d’or fut représentée au théâtre du Marais, situé rue Vieille-du-Temple.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TOISON D'OR (LA)
Tragédie lyrique en trois actes, paroles de Desriaux, musique de Vogel (mort le 28 juin 1788), représentée à l'Académie royale de musique le 29 août 1786, avec Mlle Maillard (Médée), Mlle Dozon (Hypsiphile); Lays (Jason).
« Cet ouvrage fut un des premiers où se fit sentir l'influence du génie de Gluck. Les chœurs surtout offrent de grandes beautés dramatiques. Nous signalerons aussi l'air d'Hypsipyle, femme de Jason et victime de Médée : Hélas ! à peine un rayon d'espérance ; l'air de Jason : Est-ce à vous de voir un crime dans mon infidélité ; la scène en sol mineur : Ah ! bannissez un funeste désir ! l'andante et l'allégro en ré chantés par Médée : Soleil, auteur de la lumière ; mais ces derniers morceaux sont bien inférieurs à l'air d'Hypsipyle, auquel le compositeur a donné un sens très dramatique en employant des syncopes et des dessins d'orchestration qui rappellent les belles pages d'Orphée. Vogel avait attendu sept ans la représentation de son opéra. Mlle Maillard dit avec succès le rôle de Médée, Mlle Dozon chanta celui d'Hypsipyle, et Jason fut représenté par Lays. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cette tragédie lyrique assez médiocre fut retouchée par Desriaux et donnée le 27 septembre 1786 sous le titre de Médée à Colchos ou la Toison d'or.
Les chœurs, écrits dans le style de Gluck, l'air d'Hypsiphile : Hélas ! à peine un rayon d'espérance, et l’air de Médée : Ah ! ne me parlez plus d'amour, furent les morceaux les plus remarqués de cet opéra. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TOISON D'OR (LA) ou PHILIPPE DE BOURGOGNE
Opéra en trois actes, paroles du baron de Reiffenberg, musique de M. Messemackers, représenté au Grand-Théâtre de Bruxelles en 1821.
TOLÉDANE (LA)
Opérette en un acte, paroles de Bernard Lopez, musique de D. Magnus, représentée à la salle Taitbout le 8 décembre 1874.
TOM JONES
Comédie en trois actes et en prose mêlée d'ariettes, livret d’Antoine-Alexandre-Henri Poinsinet et B. Davesne, d’après une nouvelle de Henry Fielding, musique de Philidor.
Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 27 février 1765, avec Mmes Bérard (Madame Western), Desglands (Sophie), Marie-Thérèse Laruette-Villette (Honora), MM. Joseph Caillot (Monsieur Western), Antoine Trial (Allworthy), Clairval (Tom Jones), Jean-Louis Laruette (Blifil), sous la direction d’Adolphe Blaise.
94 représentations à l’Opéra-Comique jusqu’en 1807.
« On a dit que la pièce avait déplu au public et qu'elle avait compromis le succès de l'admirable partition de Philidor. Nous le croyons sans peine. D'abord ce sont des personnages anglais qui sont en scène, en 1766, et même beaucoup plus tard, on ne les prenait pas au sérieux. Philidor, au contraire, a toujours eu de la prédilection pour la société anglaise et il ne pensait pas qu'un sujet anglais produit sur la scène pût être un obstacle au succès. Tom Jones n'est pas assurément une mauvaise pièce ; il y a de la variété dans les situations, de la passion vraie, de l'entrain et de la gaieté. Mais le quaker Dowling, qui gardait toujours son chapeau sur la tête, a dû bien divertir le public ; en outre, il y a çà et là des métaphores d'un goût littéraire douteux. Qu'on en juge par le début de la première scène. Sophie est assise devant un métier à tapisserie où elle travaille, et elle chante ceci :
Que les devoirs que tu m'imposes,
Triste raison, ont de rigueur !
Tu gémis, Sophie, et tu n'oses
T'interroger sur ta douleur.
Quand sous tes doigts naissent les roses,
Les épines sont dans ton cœur.
En quelques mots, voici le sujet de la pièce : Tom Jones passe pour un enfant trouvé. Il a été élevé dans la maison de M. Alworthy avec Blifil, neveu de ce riche propriétaire. Ses talents, son caractère sympathique, la grâce de sa personne l'ont fait aimer de tous et distinguer particulièrement par miss Sophie, fille de M. Western, opulent et fanatique chasseur, voisin d'Alworthy. Mistress Western, sœur du Nemrod, se pique de diplomatie ; elle prétend être très perspicace ; elle s'imagine que Sophie aime Blifil ; elle organise le mariage, qui réunit les suffrages de tout le monde, excepté ceux de Tom Jones et de Sophie, qui s'adorent sans se l'être dit ; mais en présence d'une signature de contrat imminente, tous deux se déclarent leurs sentiments. On les surprend. Tom Jones est chassé. Sophie se dérobe par la fuite avec son amie Honora à un hymen odieux. Les deux familles suivent les traces de la fugitive. On se retrouve dans l'hôtellerie de la ville voisine du château. Là, le quaker Dowling, confident des secrets de la famille Alworthy, révèle la naissance de Tom Jones. Celui qu'on croyait un enfant trouvé est le fils légitime de la sœur d'Alworthy et le frère aîné du traître Blifil. Il recouvre sa position, sa fortune, et reçoit de M. Western la main de celle qu'il aime.
Comme Rameau, Philidor aimait assez les épisodes descriptifs. Il y excellait. L'air de chasse de Western : D'un cerf dix cors j'ai connaissance, est traité avec habileté et esprit. Il est d'un entrain incroyable et accompagné avec un art consommé. L'air de chasse du Pardon de Ploërmel est lamentable en comparaison de celui-là. Il faudrait tout citer, car la partition de Tom Jones se soutient sans éclipse depuis l'ouverture jusqu'au vaudeville de la fin. Cependant nous recommandons la lecture du duo entre Western et sa fille : Non, rien ne peut me retenir, qui termine le premier acte ; dans le second, l'air de Jones : Amour, quelle est donc ta puissance ? l'ariette de Sophie, qui est si touchante : C'est à vous que je dois la vie, et le septuor final ; dans le troisième acte, le quatuor des buveurs en canon sans accompagnement, et le grand air de Sophie : O toi qui ne peux m'entendre. En tenant compte de l'état du goût public à l'époque où Tom Jones a été écrit, du genre des pièces et de la faiblesse des exécutants, en un mot des obstacles devant lesquels Philidor devait faire plier son génie, on regrette que ce compositeur, doué d'une organisation si fine et qui savait écrire une harmonie si délicate et si bien appropriée aux situations dramatiques, n'ait pas vécu en Italie, où il aurait été l'émule de Paisiello et de Cimarosa. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TONELLI (LA)
Opéra-comique en deux actes, livret de Thomas Sauvage, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 30 mars 1853, avec Mme Delphine Ugalde (la Tonelli ; Bettina Bernardone), MM. Jean-Baptiste Faure (Pietro Manelli), Mocker (Carlino), Capron (le Pifferaro).
« L'action se passe à Naples. La Tonelli, première chanteuse au théâtre Saint-Charles, est aimée par un magistrat ridicule, et elle lui préfère il primo buffo du théâtre avec lequel elle se concerte pour faire épouser à Carlino Puppo une jeune villageoise nommée Bettina, qui ressemble beaucoup à la cantatrice et que le soupirant grotesque prend pour elle. La partition de M. Thomas brille des qualités de science et de goût qu'il déploie dans tous ses ouvrages. Les musiciens y trouvent plus de plaisir que le public. L'ouverture, le chœur des pifferari, l'air de la Tonelli, la tarentelle chantée par Bettina, c'est-à-dire la Tonelli déguisée ; le duo entre Carlo Puppo et Bettina ; l'air du primo buffo, sont des morceaux d'un intérêt piquant. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TONNEAU DE GONDOLFO (LE)
Saynète en un acte, musique d'Alphonse Pellet, représentée sur le Grand-Théâtre de Nîmes le
12 mars 1873.
TONNEAU DE MIGNONNE (LE)
Opérette en un acte, paroles de MM. Jules de la Guette et Supernant, musique de Georges Douay, représentée à la Tertulia le 7 octobre 1872.
TONNELIER (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Nicolas-Médard Audinot, musique de divers compositeurs et de vaudevilles. Création à Paris, Foire Saint-Laurent, le 28 septembre 1761. Première à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 16 mars 1765, avec des changements par François-Antoine Quétant pour le livret et Gossec pour la musique.
TONNELIER (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne-Joseph-Bernard Delrieu et François-Antoine Quétant, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 mai 1801. C’est une adaptation française d’Il Tonneliere, opéra bouffe d’Isouard donné à Naples en 1797.
TONNELIER DE NUREMBERG (LE)
Opéra-comique, livret de M. Franc, d'après le conte d'Hoffmann, musique de M. Mayer, représenté sur le théâtre de Nîmes en avril 1874.
TONNELIER DE NUREMBERG (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret de Charles Nuitter, d'après le conte d'Hoffmann, musique de Louis Lacombe, représenté au théâtre municipal de Coblence le 07 mars 1897. => détails
TONTON
Opérette en un acte, livret de Fernand Beissier, avec de Gorsse et Bletry, représentée à l’Eden-Concert en décembre 1894.
TONTON
Opérette en trois actes, livret d'André Barde, musique de Louis Lajtai. Création au Théâtre des Nouveautés le 19 mars 1935 avec Mmes Suzanne Dehelly (Houpette), Dany-Lorys (Janine), Germaine Roger (Arlette), Viviane Romance (Camélia) ; MM. Dranem (Ambroise), Lestelly (Micky), R. Darthez (Puck).
"Houpette, qui a marié ses deux filles, voudrait bien profiter de son florissant automne, mais les deux mariées reviennent l'une après l'autre, déçues toutes deux quoique de manières diverses, et il faut que la mère aille faire leçons, si réussies, que les maris à leur tour veulent divorcer. Tout s'arrange bien entendu ; et M. Lajtai a licence de déverser sur des couplets d'une originalité incertaine une musique qui n'est pas davantage très neuve." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
TOQUADE DE MARTON (LA)
Opérette en un acte, musique d'Eugène Moniot, représentée au concert de Tivoli en 1875.
TORCHON (LE)
Opérette en un acte, livret de Georges Dorfeuil et Charles Mey, musique de Firmin Bernicat. Création à la Gaîté-Montparnasse le 23 avril 1882.
TORÉADOR (LE) ou L’ACCORD PARFAIT
Opéra bouffe en deux actes, livret de Thomas Sauvage et Charles Duveyrier, musique d’Adolphe Adam.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 mai 1849.
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18.05.1849 Opéra-Comique (création) |
28.08.1852 Opéra-Comique (50e) |
30.06.1856 Opéra-Comique (100e) |
04.02.1903 Opéra-Comique (214e) |
23.02.1911 Opéra-Comique (234e) |
Coraline |
Delphine UGALDE |
Delphine UGALDE |
Caroline LEFEBVRE [FAURE-LEFEBVRE] |
L. KORSOFF |
L. KORSOFF |
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Tracolin |
MOCKER |
PONCHARD |
MOCKER |
CARBONNE |
PASQUIER |
Belflor |
Charles BATTAILLE |
Charles BATTAILLE |
Charles BATTAILLE |
F. VIEUILLE |
Hippolyte BELHOMME |
Chef d’orchestre |
Théophile TILMANT |
Théophile TILMANT |
Théophile TILMANT |
E. PICHERAN |
E. PICHERAN |
Reprise à l’Opéra-Comique le 28 décembre 1881 dans des costumes de Théophile Thomas.
236 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 23 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
« Le livret met en scène don Belflor, le vainqueur de taureaux et le vieil époux de l'Espagnole Coraline, ex-premier sujet de la troupe du théâtre de la foire Saint-Laurent, et Tracolin, flûtiste à l'orchestre du même théâtre. Ce trio, qui forme un accord parfait fort dissonant au point de vue de la morale, a fourni à Adolphe Adam l'occasion d'écrire une bouffonnerie musicale qui a eu du succès. L'ouverture offre, entre autres motifs, un thème exécuté d'abord par les premiers violons et ensuite répété par le hautbois dans le ton principal ; il est accompagné et traité avec élégance. L'introduction, qui vient ensuite, est un pot-pourri d'airs soi-disant joués au théâtre de la foire, mais qui par malheur sont la plupart postérieurs à la fermeture de ce théâtre, qui eut lieu en 1763 ; mais Adolphe Adam se souciait peu de l'Art de vérifier les dates. Les couplets chantés par Mme Ugalde : Je tremble et doute ; l'air de don Belflor, chanté par Battaille : Oui, la vie n'est jolie ; le trio : Ah ! vous dirai-je maman, varié avec beaucoup d'habileté, sont les morceaux saillants de l'ouvrage, qui est plutôt un pot-pourri qu'une œuvre originale, puisqu'il faut ajouter aux airs anciens qui ouvrent le premier acte, ceux du Fandango de la Cachucha et des Folies d'Espagne, exécutés dans le second. Le rôle de Tracolin a été créé par Mocker. Cet ouvrage est resté au répertoire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TORQUEMADA
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Desnard, musique de M. Porcher, représenté à l'Opéra-Populaire (théâtre du Château-d'Eau), le 13 août 1886.
TOSCA (LA)
[Tosca]
Opéra italien en trois actes, livret de Giuseppe Giacosa (1847-1906) et Luigi Illica (1857-1919), d'après la Tosca, pièce de Victorien Sardou ; version française de Paul Ferrier ; musique de Giacomo Puccini.
Personnages : Floria Tosca, célèbre cantatrice (soprano) ; Mario Cavaradossi, peintre (ténor) ; le baron Scarpia, chef de la police (baryton) ; Cesare Angelotti (basse) ; Spoletta, agent de Scarpia (ténor) ; un sacristain (basse) ; Sciarrone, gendarme (basse) ; un geôlier (basse) ; un berger (contralto) ; Roberti, bourreau (rôle muet) ; un cardinal, un juge, un scribe, des dames, des nobles, des citadins, des artisans, etc.
L’action se déroule à Rome, en juin 1800.
Création à Rome, Teatro Costanzi, le 14 janvier 1900 avec Mme Hariclea Darclée (Floria Tosca), MM. Enrico De Marchi (Mario Cavaradossi), Eugenio Giraldoni (Scarpia), Borelli, Giordani et Galli, sous la direction de Leopoldo Mugnone.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 02 avril 1904, dans la version française, sous la direction de Sylvain Dupuis, avec Mme Paquot d'Assy (Floria Tosca), MM. Dalmorès (Mario Cavaradossi), Albers (Scarpia), Cotreuil (Cesare Angelotti), Belhomme (le sacristain), Austin (Spoletta), Danlée (Sciarrone), François (un geôlier).
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MILAN Scala 17.03.1900 |
LONDRES Covent Garden 12.07.1900 |
NEW YORK Metropolitan 04.02.1901 |
Floria Tosca |
Hariclea DARCLEE |
TERNINA |
TERNINA |
Mario Cavaradossi |
BORGATTI |
DE LUCIA |
CREMONINI |
Scarpia |
GIRALDONI |
SCOTTI |
SCOTTI |
Chef d’orchestre |
Arturo TOSCANINI |
MANCINELLI |
MANCINELLI |
Première à Paris, au Théâtre National de l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 13 octobre 1903, dans une mise en scène d’Albert Carré, décors d’Eugène Carpezat et Lucien Jusseaume, costumes de Charles Bianchini.
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13.10.1903 Opéra-Comique (première) |
10.10.1908 Opéra-Comique (21e) |
12.05.1909 Opéra-Comique
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06.10.1910 Opéra-Comique (100e) |
17.09.1913 Opéra-Comique
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19.10.1915* Opéra-Comique
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21.10.1915 Opéra-Comique (185e) |
28.06.1925 Opéra-Comique (472e) 500e fêtée |
16.06.1926 Opéra-Comique (500e) |
25.04.1928 Opéra-Comique (600e) |
20.03.1932 Opéra-Comique (731e) |
23.02.1933 Opéra-Comique (751e) |
Floria Tosca |
Claire FRICHÉ |
Marthe CHENAL |
Marthe CHENAL |
Geneviève VIX |
KOUSNETZOFF (en représentation) |
Marthe CHENAL |
Marthe DAVELLI |
Raymonde VISCONTI |
Raymonde VISCONTI |
Marguerite SOYER |
Bernadette DELPRAT |
Bernadette DELPRAT |
un Pâtre |
Maud MART |
Maud MART |
Maud MART |
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Mario Cavaradossi |
Léon BEYLE |
T. SALIGNAC |
T. SALIGNAC |
T. SALIGNAC |
MARCELIN |
Charles FONTAINE |
Charles FONTAINE |
M. OGER |
MARCELIN |
MICHELETTI |
Giuseppe LUGO |
Sydney RAYNER |
Scarpia |
H. DUFRANNE |
Jean PÉRIER |
Henri ALBERS |
Jean PÉRIER |
Jean PÉRIER |
Jean PÉRIER |
Jean PÉRIER |
H. AUDOIN |
H. AUDOIN |
LAFONT |
José BECKMANS |
GAULD |
Cesare Angelotti |
HUBERDEAU |
L. AZÉMA |
L. AZÉMA |
L. AZÉMA |
L. AZÉMA |
L. AZÉMA |
L. AZÉMA |
W. TUBIANA |
L. AZÉMA |
Louis AZÉMA |
Louis AZÉMA |
Louis AZÉMA |
le Sacristain |
DELVOYE |
BELHOMME |
BELHOMME |
BELHOMME |
BELHOMME |
BELHOMME |
BELHOMME |
L. GUÉNOT |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
Spoletta |
Eugène SIZES |
POUMAYRAC |
POUMAYRAC |
POUMAYRAC |
Maurice CAZENEUVE |
BERTHAUD |
BERTHAUD |
G. GÉNIN |
G. GÉNIN |
D'ARJAC |
DE CREUS |
DERROJA |
Sciarrone |
BRUN |
Georges MESMAECKER |
DOUSSET |
Georges MESMAECKER |
DONVAL |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
D’ARJAC |
LALANDE |
Georges MESMAECKER |
GAILLOUR |
GENIO |
le Geôlier |
IMBERT |
PAYAN |
PAYAN |
PAYAN |
CORBIÈRE |
PAYAN |
PAYAN |
R. GILLES |
R. GILLES |
GILLES |
JULLIA |
GILLES |
Chef d'Orchestre |
André MESSAGER |
MARINUZZI |
Gino MARINUZZI |
HASSELMANS |
E. PICHERAN |
E. PICHERAN |
E. PICHERAN |
F. MASSON |
E. COHEN |
G. LAUWERYNS |
E. COHEN |
Gustave CLOËZ |
* Matinée de gala : à 1 heure et demie, répétition générale du gala italien au bénéfice de la Croix Rouge italienne et des familles des mobilisés : 1. Marche royale italienne. 2. la Marseillaise. 3. la Traviata (2e acte). 4. la Tosca. 5. Paillasse (1er acte).
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15.11.1936 Opéra-Comique (833e) |
14.03.1937 Opéra-Comique (842e) |
03.12.1938 Opéra-Comique (887e) |
27.11.1946 Opéra-Comique (972e) 1000e fêtée |
13.03.1948 Opéra-Comique (1000e) |
23.05.1948 Opéra-Comique
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22.01.1950 Opéra-Comique (1063e) |
20.05.1950 Opéra-Comique (1067e) |
14.04.1952 Opéra-Comique
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17.02.1954 Opéra-Comique (1120e) |
19.09.1956 Opéra-Comique (1171e) |
02.12.1956 Opéra-Comique
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24.02.1957 Opéra-Comique
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02.02.1958 Opéra-Comique
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13.02.1960 Opéra-Comique (1238e) |
Floria Tosca |
Elen DOSIA |
Elen DOSIA |
Bernadette DELPRAT |
Bernadette DELPRAT |
Adine YOSIF |
Ellen DOSIA |
Renée GILLY |
Jane RINELLA |
Régine CRESPIN |
Jeanne SEGALA |
Jeanne SEGALA |
Jeanne SEGALA |
Christiane CASTELLI |
Jane RHODES |
Régine CRESPIN |
un Pâtre |
GALDEMAS | GALDEMAS | FENOYER | Raymonde NOTTI-PAGES | Raymonde NOTTI-PAGES | Raymonde NOTTI-PAGES | Raymonde NOTTI-PAGES | Georgette SPANELLYS | Raymonde NOTTI-PAGES | ||||||
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M. Cavaradossi |
Giuseppe LUGO |
GENIN |
Raoul JOBIN |
G. LUGO |
YACCAZI |
YACCAZI |
Raoul JOBIN |
Raoul JOBIN |
José LUCCIONI |
Pierre RANCK |
Albert LANCE |
Albert LANCE |
José LUCCIONI |
Paul FINEL |
Gustave BOTIAUX |
Scarpia |
Louis MUSY |
Carlton GAULD |
Paul CABANEL |
Paul CABANEL |
M. DENS |
Pierre SAVIGNOL |
Louis MUSY |
Adrien LEGROS |
René BIANCO |
G. VAILLANT |
Roger BOURDIN |
Pierre SAVIGNOL |
Pierre SAVIGNOL |
Georges VAILLANT |
René BIANCO |
Cesare Angelotti |
MORTURIER |
MORTURIER |
MORTURIER |
Willy TUBIANA |
Willy TUBIANA |
Willy TUBIANA |
Willy TUBIANA |
Willy TUBIANA |
Gabriel JULLIA |
Charles SOIX |
José FAGIANELLI |
Xavier SMATI |
G. ALVES |
Xavier SMATI |
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le Sacristain |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
J. HIVERT |
P. PAYEN |
Jacques HIVERT |
P. PAYEN |
Jacques HIVERT |
Jacques HIVERT |
Jacques HIVERT |
Jacques HIVERT |
Jacques HIVERT |
H. BEDEX |
Julien THIRACHE |
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Spoletta |
POUJOLS |
POUJOLS |
POUJOLS |
MARGUILLIES |
A. NOEL |
Jacques HIVERT |
R. LAPELLETRIE |
R. LAPELLETRIE |
André NOEL |
André NOEL |
André NOEL |
Serge RALLIER |
A. DUMAS |
Serge RALLIER |
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Sciarrone |
LE PRIN |
LE PRIN |
Henry BUCK |
J. DROUIN |
J. DROUIN |
J. DROUIN |
Henry BUCK |
Henry BUCK |
Pierre GERMAIN |
LE PRIN |
LE PRIN |
Julien THIRACHE |
Julien THIRACHE |
Georges DAUM |
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le Geôlier |
DUFONT |
DUFONT |
R. GILLES |
R. GILLES |
M. FOREL |
M. FOREL |
G. ARSCHODT |
G. ARSCHODT |
Jean GIRAUD |
H. PEYROTTES |
Jacques MARS |
Max CONTI |
Max CONTI |
Georges ALVES |
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Chef d'Orchestre |
Gustave CLOËZ |
Jean MOREL |
Jean MOREL |
G. CLOËZ |
Ed. FRIGARA |
George SEBASTIAN |
André CLUYTENS |
George SEBASTIAN |
Pierre DERVAUX |
George SEBASTIAN |
Pierre DERVAUX |
Pierre CRUCHON |
Jean FOURNET |
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Pierre CRUCHON |
Une erreur de régie a fait officiellement fêter salle Favart les 500e et 1000e représentations de cette œuvre les soirs de leurs 472e et 972e.
1043 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 15 en 1951, 18 en 1952, 11 en 1953, 23 en 1954, 18 en 1955, 20 en 1956, 20 en 1957, 18 en 1958, 20 en 1959, 9 en 1960, 3 en 1970, 9 en 1971, soit 1227 au 31.12.1972.
Première à l'Opéra de Paris (Palais Garnier), le 24 novembre 1925, à l'occasion d'un gala pour les œuvres de la Légion d'honneur.
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24.11.1925 1e |
12.05.1928 2e |
19.12.1958 3e [2e acte seul] en italien |
27.07.1970 145e (en italien) |
Floria Tosca |
VICTRIX |
JERITZA |
Maria CALLAS |
Michèle LE BRIS |
un Pâtre |
MART |
X |
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Eliane DEBATISSE |
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Mario Cavaradossi |
LAFUENTE |
KIEPURA |
Albert LANCE |
Guy CHAUVET |
Scarpia |
LAFONT |
JERGER |
Tito GOBBI |
Gabriel BACQUIER |
Angelotti |
MORTURIER |
ETTL |
|
Jean-Pierre HURTEAU |
le Sacristain |
GUENOT |
MARIN |
|
Jean-Christophe BENOIT |
Spoletta |
d’ARJAC |
WERNIGK |
Louis RIALLAND |
Jacques POTTIER |
Sciarrone |
GENIN |
MUZZARELLI |
Jean-Pierre HURTEAU |
Bernard GONTCHARENKO |
le Geôlier |
Ray. GILLES |
MUZZARELLI |
|
Pierre THAU |
Chef d’orchestre |
A. BALBIS |
HEGER |
George SEBASTIAN |
Pierre DERVAUX (la chorale d'enfants dir. Pierre DARCK) |
Reprise à l’Opéra du 10 juin 1960 (4e représentation) dans une mise en scène d'André Barsacq ; décors et costumes de Jacques Noël.
Mmes Renata TEBALDI (Tosca), BROUDEUR (le Pâtre).
MM. Albert LANCE (Cavaradossi), Gabriel BACQUIER (Scarpia), SERKOYAN (Angelotti), THIRACHE (le Sacristain), RIALLAND (Spoletta), HURTEAU (Sciarrone), CHAPUIS (le Geôlier).
Chef d'orchestre : Georges PRETRE
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Tosca : Mmes CASTELLI (1960), SARROCA (1960), CRESPIN (1960), MAS (1960), CARTERI (1961).
Cavarodossi : MM. Paul FINEL (1960), LUCCIONI (1960), Gustave BOTIAUX (1960), CHAUVET (1960), PREVEDI (1962).
Scarpia : M. BIANCO (1960), HAAS (1961).
32 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Premier acte. Le peintre Mario Cavaradossi a caché un fugitif dans sa maison. La Tosca, sa maîtresse, jalouse d'une inconnue qui a involontairement servi à Mario pour un portrait de la Madeleine, laisse échapper quelques paroles imprudentes devant le chef de la police, Scarpia, lequel se jette à la poursuite du fugitif. Mario est également arrêté.
Au deuxième acte, cependant que Mario est soumis à la torture, Scarpia promet à la Tosca la mise en liberté de son amant si elle consent à se donner à lui. Mais la Tosca le poignarde et s'enfuit.
Au troisième acte, Mario doit subir un soi-disant simulacre d'exécution. Lorsque Floria Tosca s'aperçoit que Mario ne se relève pas, elle enjambe le parapet et se précipite dans le vide.
L'action se déroule à Rome, en juin 1800.
ACTE I. — L'église de Saint-André de la Vallée. A droite, la chapelle Attavanti ; à gauche, un échafaudage ; au-dessus, un grand tableau recouvert d'une toile ; tout l'attirail d'un peintre ; un panier.
Un prisonnier déguenillé entre dans l'église et se réfugie dans la chapelle ; c'est Angelotti, le Consul de la République romaine qui s'est échappé de sa prison du château Saint-Ange. Le Sacristain, arrivant à son tour, s'étonne de ne pas trouver le peintre Mario Cavaradossi à son travail et dit l'angelus. Mario arrive et découvre son tableau : une Marie-Madeleine à laquelle il a inconsciemment donné les traits d'une belle pénitente aperçue les jours précédents alors qu'elle faisait ses dévotions aux pieds de la Madone [Air de Mario : Recondita armonia... / O de beautés égales...]. Le sacristain manifeste sa désapprobation et s'en va. Angelotti, se croyant seul, sort de la chapelle et reconnaît Mario. Leur entretien est interrompu par l'arrivée de Floria Tosca, la maîtresse de Mario, qui lui fait une scène de jalousie à propos du portrait [Duo : Non la sospiri... / Notre doux nid...]. Tosca partie, Mario retrouve Angelotti et apprend que la belle inconnue dont il peignit les traits n'était autre que l'Attavanti, sœur d'Angelotti, venue dissimuler des vêtements féminins sous l'autel de la Madone à l'intention du fugitif. Mario indique à Angelotti une cachette dans sa propre maison où il le rejoindra bientôt. Un coup de canon annonce que la fuite d'Angelotti a été découverte. Mario décide alors de le suivre immédiatement.
Le sacristain, tout échauffé, entre en courant, criant victoire, car la nouvelle est parvenue d'une prétendue défaite de Bonaparte. Les enfants de chœur et les membres de la Confrérie accourent de tous côtés et répètent un Te Deum destiné à célébrer la victoire du général Mélas. Le chef de la police, Scarpia, entre inopinément, accompagné de quelques sbires, et n'a pas de peine à découvrir un éventail portant la devise de l'Attavanti. Il reconnaît également les traits de la marquise dans le visage de la Madeleine peinte par Mario et trouve le panier à provisions de Mario, vidé par Angelotti, dans la chapelle.
Tosca arrive, cherchant Mario. Diaboliquement, Scarpia excite sa jalousie en usant de l'éventail de l'autre. Affolée, la jeune femme court à la villa de Mario pour surprendre les présumés amants. Scarpia n'aura qu'à la suivre pour faire prendre celui qu'il devine s'y cacher. Mais la Tosca a excité sa convoitise : pour la satisfaire, tous les moyens lui seront bons !
L'acte s'achève par l'entrée solennelle du Cardinal.
ACTE II. — Au Palais Farnèse. La chambre de Scarpia à l'étage supérieur du palais. Une large fenêtre ouvrant sur la cour du palais.
Scarpia est assis à sa table, préoccupé et nerveux. Sciarrone lui annonce que tout est prêt pour la capture de la Tosca, que présentement on entend chanter à l'étage inférieur où la reine donne une grande fête en l'honneur de la victoire du général Mélas. Le désir de Scarpia est de plus en plus enflammé. Spoletta vient lui rendre compte de sa mission à la villa de Mario : Angelotti n'y était pas, mais l'air provocateur du peintre suffit à justifier son arrestation.
Scarpia fait introduire Mario, qui se montre ému d'entendre chanter la Tosca, et l'interroge sans succès. Tosca arrive à son tour. Mario a juste le temps de la mettre en garde contre toute révélation intempestive, puis il est entraîné à la chambre de torture. Scarpia commence alors l'interrogatoire de la cantatrice, qui s'affole de plus en plus en entendant crier son amant. Croyant qu'il succombe, elle laisse échapper le secret de la cachette d'Angelotti. Le supplice cesse alors.
De mauvaises nouvelles parviennent à Scarpia : ce n'est pas Mélas qui a remporté la victoire, mais bien Bonaparte. Mario exulte et crache sa haine au visage de Scarpia. Les gardes l'entraînent.
Scarpia prononce la condamnation à mort de Mario, à moins que Tosca ne consente à être à lui : dans ce cas, il ne sera l'objet que d'un simulacre d'exécution [Grand Air de Tosca : Vissi d'arte, vissi d'amore... / D'art et d'amour...]. Tosca accepte, mais Scarpia fait au bourreau un geste que celui-ci comprend. Scarpia signe un sauf-conduit pour Mario et Tosca. Lorsqu'il veut ensuite s'approcher de la jeune femme, celle-ci lui enfonce jusqu'à la garde un couteau dans la poitrine. Après quoi elle sort avec précaution, refermant la porte derrière elle.
ACTE III. — La plate-forme du château Saint-Ange.
Il fait encore nuit. On entend au loin les clochettes d'un troupeau qui va s'éloignant. Un Pâtre chante. Puis les cloches sonnent matines. Va-et-vient du geôlier. Un piquet, commandé par un sergent, paraît sur la plate-forme, accompagnant Cavaradossi. Le Geôlier interroge Mario, lequel demande l'autorisation d'écrire à Tosca [Air de Mario : E lucevan le stelle... / Le ciel luisait d'étoiles...].
Par l'escalier monte Spoletta accompagné du sergent. Tosca les suit. Spoletta lui indique où est le prisonnier. Tosca s'approche. Mario, profondément ému, lit le contenu du sauf-conduit de Scarpia. Tosca lui apprend la mort de Scarpia et enjoint à son amant de se prêter sans crainte au simulacre de fusillade qui va suivre. Mario, sans souci, se laisse enlever par le peloton. La salve retentit : Hélas ! les armes étaient bel et bien chargées : Mario ne se relève pas ! Des cris retentissent : Scarpia a été assassiné par Tosca. Les sbires arrivent pour s'emparer de la meurtrière. Mais Tosca enjambe le parapet et se précipite dans le vide.
Sciarrone et quelques soldats, entrés confusément, courent au parapet et regardent. Spoletta reste interdit, atterré.
« Cet ouvrage d'un des membres les plus actifs et les plus distingués de la jeune école musicale italienne était ainsi apprécié, dans son ensemble, par un critique italien : « Pour ce qui est de la musique, on dirait que Puccini, en tâchant d'éviter la manière de la Bohème, est revenu, avec Tosca, à la conception dramatique d'Edgar et de Manon, reprenant ainsi une voie plus sérieuse. Sa personnalité mélodique reste intacte et sa personnalité musicale s'accentue davantage. La technique, relativement aux œuvres précédentes, s'est améliorée sous tous les rapports ; l'instrumentation est délicate, fine et sans affectation. L'œuvre pourra être discutée comme forme d'art, elle pourra ne point contenter parfaitement ceux qui espèrent un renouvellement de notre théâtre musical, mais il est indéniable que Puccini reste une des individualités les plus marquantes, une des meilleures promesses de la jeune musique italienne. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
« Principaux personnages : Floria Tosca, cantatrice ; Mario Cavaradossi, peintre ; le baron Scarpia, chef de la police romaine ; Cesare Angelotti, révolutionnaire, condamné politique ; etc.
La scène se passe à Rome, en juin 1800.
Une bien répugnante histoire de stupre et de sang. Les auteurs ont vraiment chargé le tableau et fait de Scarpia, en particulier, une invraisemblable canaille. Ils ont usé et abusé aussi du contraste violent entre les pompes de l'Eglise et les élans de la passion la plus charnelle. Mais ils ont atteint leur but, si toutefois celui-ci était de tordre les nerfs du spectateur en mettant en œuvre toutes les ressources du mélodrame le plus outrancier.
Le premier acte se passe à l'intérieur de l'église de Saint-André-de-la-Vallée, à Rome. Le peintre Mario Cavaradossi, esprit libéral qui supporte mal le régime romain et attend avec impatience le Français libérateur, a été chargé de peindre une Madeleine. Il a pour maîtresse la célèbre cantatrice Floria Tosca ; mais depuis quelques jours il a remarqué une femme d'une rare beauté, qui vient chaque jour faire ses dévotions aux pieds d'une Madone. Il la connaît : c'est l'Attavanti, sœur de son ami Angelotti, actuellement enchaîné comme révolutionnaire dans les cachots du château Saint-Ange. Son œil de peintre a été séduit par la ravissante apparition et presque involontairement il a donné à sa Madeleine les traits de la belle pénitente.
La Tosca qui survient a remarqué cette ressemblance et elle en a ressenti de la jalousie.
Resté seul dans l'église, Mario voit apparaître un malheureux fugitif : c'est Angelotti, qui a réussi à s'évader et qui vient chercher un refuge au saint lieu. Les deux amis se reconnaissent et Mario fait cacher l'évadé dans une chapelle, en lui donnant son propre dîner, qu'on lui a apporté dans un panier.
Suit une entrevue entre Mario et la Tosca. Pour apaiser les soupçons de son amie, il lui donne rendez-vous chez lui après le spectacle. La chanteuse s'éloigne et Angelotti, qui a tout entendu, sort de sa cachette. Il trouve aux pieds de la Madone des vêtements de femme, un éventail, que sa sœur y a cachés pour lui — tel était le secret de ses dévotions récentes. Cavaradossi enjoint au malheureux de se rendre chez lui et de se cacher dans le puits du jardin, où une cachette est ménagée. Angelotti part avec son sauveur.
Un coup de canon : l'évasion est découverte. L'église se remplit peu à peu pour une cérémonie religieuse qui se déroule pendant toute la fin de l'acte. Il s’agit d'un Te Deum pour une prétendue victoire du général Melas.
Arrive Scarpia, un monstre chez qui la bigoterie s'allie effroyablement à la luxure. Il vient à l'église parce que sa police la lui a indiquée comme le lieu où a dû se réfugier le fugitif. Il trouve par hasard l'éventail de l'Attavanti, oublié par Angelotti. Il reconnaît la célèbre beauté dans les traits de la Madeleine. Le panier vide où se trouvait le dîner du peintre lui est un indice de plus.
Arrive la Tosca. Diaboliquement. Scarpia use de l'éventail pour attiser la jalousie au cœur de la pauvre femme. Il lui révèle le nom de sa rivale. Affolée elle part retrouver Mario et tâcher de le surprendre. Scarpia n'a qu'à la faire suivre pour connaître la retraite où se cache sans doute celui qu'il recherche. Mais à le reprendre ne se borne pas son désir. La Tosca a éveillé sa convoitise : il veut cette femme, et pour l'avoir tous les moyens lui seront bons.
Le second acte se déroule chez Scarpia, au palais Farnèse. Le misérable a préparé le piège où viendra se prendre sa victime sans méfiance. Il attend la Tosca. Auparavant ses émissaires lui rendent compte de leur perquisition chez Mario. Ils ont trouvé le peintre et sa maîtresse, mais d'Angelotti, pas trace. A tout hasard il se sont assurés de la personne de Cavaradossi.
Celui-ci est introduit. Aux prières, aux menaces, il reste insensible. On entend la voix de la Tosca, qui chante pour la reine une cantate dans les jardins. Bientôt elle apparaît elle-même, et son amant a le temps de lui enjoindre le silence, quoi qu'il arrive. Puis il est entraîné par les valets du bourreau, qui vont lui donner la question. La scène qui suit dépasse en horreur tout ce qui a été osé au théâtre. Scarpia essaie d'arracher son secret à la Tosca, en lui faisant entendre les cris que la douleur du supplice arrache à son amant. A la fin, folle d'angoisse, et lorsqu'elle croit que Mario va succomber, elle laisse échapper le secret de la cachette. Le supplice cesse.
De mauvaises nouvelles arrivent : ce n'est pas Melas, c'est Bonaparte qui a remporté la victoire. Mario, en entendant cela, exulte et crache sa haine au visage de Scarpia. Il sera donc exécuté dans une heure.
A moins que... et resté seul avec la Tosca, Scarpia dévoile ses batteries. Il offre à la chanteuse la vie de son amant, mais au prix de son corps. Elle accepte, et en échange Scarpia signe un ordre aux termes duquel Mario ne sera l'objet que d'un simulacre de fusillade. Le traître toutefois a fait à l'exécuteur de ses basses œuvres un signe qui a été compris. Il donne ensuite à la Tosca un sauf-conduit pour elle et son amant. Après quoi il tente de toucher le prix de sa complaisance ; mais la Tosca lui enfonce jusqu'à la garde un couteau dans la poitrine.
Troisième acte : la plateforme du château Saint-Ange. L'assassinat de Scarpia n'est pas encore connu. L'heure est venue où Mario doit être fusillé. Sûre qu'il ne s'agit que d'un simulacre, la Tosca arrive grâce à son sauf-conduit. Elle raconte à son amant ce qu'elle a fait : qu'il feigne de tomber aux coups de feu. Un instant plus tard il se relèvera et tous deux fuiront bien loin de Rome. Ils plaisantent au sujet de la farce qui va se jouer et Mario se laisse emmener sans souci devant le peloton. Aux coups de feu, il tombe, mais la Tosca attend en vain : il ne se relève pas. Les fusils étaient bel et bien chargés.
Comme la pauvre femme s'abîme dans son immense désespoir, une rumeur monte : Scarpia a été assassiné par la Tosca ; et les sbires arrivent pour s'emparer de la meurtrière. Mais qu'importe à la triste veuve la vie ou la mort désormais ! Comme on va mettre la main sur elle, elle saute du parapet dans le vide, rejoignant son ami dans le trépas. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Si la littérature dramatique ne considérait pas Sophocle et Shakespeare comme les précurseurs du « Théâtre d'épouvante » avec Œdipe-Roi et le Roi Lear, M. Victorien Sardou pourrait revendiquer l'honneur d'avoir fait le premier des effets d'horreur physique dans un spectacle de grand art, avec son terrible drame de la Tosca… C'est sur la scène de la Porte-Saint-Martin que l'œuvre fut jouée pour la première fois, le 24 novembre 1887, par Mme Sarah Bernhardt. Le Grand-Guignol n'était pas encore créé. Treize ans plus tard, le 14 janvier 1900, une adaptation purement italienne en fut représentée à Rome où se passe d'ailleurs cette effroyable histoire. MM. Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, qui avaient serré de près le développement de la tragédie, — en la simplifiant, — et M. Giacomo Puccini, qui écrivit pour elle une brillante partition, — où la mélodie atténue ce que certaines scènes offrent de trop poignant, — avaient déjà fait leurs preuves en donnant la Vie de Bohème d'après Murger et Théodore Barrière. Et c'est également M. Paul Ferrier qui écrivit la version française de l'opéra-comique interprété dans notre langue, à Paris, le 13 octobre 1903. Le compositeur assistait à la première. Il fut acclamé d'enthousiasme, sans être cependant rappelé « vingt-deux fois » comme dans son pays !... Et l'on dit qu'on n'y est pas prophète !...
Nous sommes en Italie — l'Italie moderne, à l'époque de transition révolutionnaire qui ensanglanta l'aurore du XIXe siècle. Un brelan de personnages qui rappellent avec persistance trois figures du théâtre de Victor Hugo : Laffemas, Didier, Marion Delorme — vont s'agiter, grimacer, vibrer et souffrir devant nous, au grand dam de nos nerfs, pour disparaître aux derniers actes, dans une sinistre hécatombe.
A Rome, sous les voûtes de l'église Saint-Andréa, le peintre Mario Cavaradossi travaille à la fresque où il est en train de représenter une « Madeleine ». Il lui donne machinalement les traits d'une jolie dévote dont la beauté l'a frappé : c'est la marquise Attavanti, qui a préparé dans la chapelle de sa famille un déguisement pour son frère, Cesare Angelotti, condamné comme révolutionnaire, et actuellement évadé du Château Saint-Ange. Le fugitif vient justement de se glisser dans le temple — et le peintre, connu pour ses idées libérales, va l'aider à se cacher — lorsqu'on frappe à la porte : c'est la cantatrice Floria Tosca, maîtresse de Cavaradossi, qui est entrée pour roucouler un petit bonjour à son amant — et pour porter des fleurs à la Madone. Le léger retard mis par Mario à lui ouvrir l'a surprise. Elle questionne, cherche de tous côtés, et finit par tomber en arrêt devant le portrait de la Madeleine, où elle reconnaît les grands yeux de l'Attavanti — en laquelle, déjà soupçonneuse, elle verrait une rivale. Mario la rassure de son mieux et la renvoie. Puis il s'occupe de faciliter la fuite d'Angelotti, auquel il indique une cachette sûre dans sa propre villa. Le proscrit s'éloigne. Un coup de canon retentit : l'évasion est découverte. Et pendant que l'église se garnit de fidèles, venus pour entendre le Te Deum que l'on doit chanter en l'honneur de la victoire, faussement annoncée, du général Mélas, — battu en réalité par Bonaparte à Marengo, — le baron Scarpia, régent de police, arrive en toute hâte. Il suit la piste d'Angelotti, et ne tarde pas à mettre la main sur l'éventail de la marquise Attavanti, oublié par son frère dans le déguisement féminin sous lequel il s'est enfui. La ressemblance de la Madeleine avec la conspiratrice est pour le policier un vif trait de lumière sur la complicité du peintre ; il accumule les indices et les pièces à conviction : Mario ne touche jamais à son panier de provisions dont profite habituellement un sacristain glouton, cafard et falot. Ce panier, vide, est dans la chapelle des Attavanti ; le sacristain ne l'avait pas ouvert. C'en est assez ! Scarpia se servira de l'éventail pour réveiller la jalousie de la Tosca, et il en joue comme Iago du mouchoir, en persuadant à la cantatrice que son amant avait un rendez-vous avec sa rivale dans cette chapelle. Floria n'est que trop encline à le croire. Elle perd la tête et se lance à la poursuite de Cavaradossi. Le rusé Scarpia n'aura plus qu'à donner l'ordre de la filer pour découvrir la retraite du peintre, où, probablement, celui-ci procure un asile à Angelotti.
Le stratagème réussit en partie et Mario, que la Tosca avait rejoint, est arrêté. Mais le fugitif est en lieu sûr dans une cachette mystérieuse. Il s'agit de la faire révéler ; ce n'est pas commode : le peintre ne dira rien, mais Scarpia vient d'avoir une idée diabolique : la Tosca est en ce moment au palais Farnèse, pour chanter une cantate. Il la convoque dans son cabinet, et, doucereusement, l'interroge sur la culpabilité de son amant, avec lequel il la confronte. Comme tous les deux refusent de lui répondre, il fait emmener Cavaradossi pour le questionner à part « dans les règles », puis, d'un air détaché, continue de causer galamment avec la Tosca... Soudain, la porte s'entr'ouvre : « Que dit l'accusé ? — Il nie ! — Insistez !... » On entend un cri affreux — c'est Mario que l'on torture. La Tosca sent la folie s'emparer d'elle, elle prie, supplie et sanglote... Scarpia reste impitoyable, et comme les cris deviennent de plus en plus déchirants, la malheureuse, éperdue, finit par céder et par déceler la cachette d'Angelotti. — Un ordre bref ; les tourments s'arrêtent. On ramène, sanglant, Mario — qui repousse maintenant sa maîtresse, lui reprochant sa trahison. Angelotti, découvert, s'est empoisonné. Convaincu de l'avoir assisté, Cavaradossi est condamné à mort.
La Tosca, au comble de l'angoisse, implore sa grâce. Mais Scarpia prétend la lui vendre en échange de son amour... Un long silence ; elle incline la tête. Le monstrueux policier donne alors à ses sbires l'ordre de simuler l'exécution du prisonnier avec des fusils chargés à blanc. Il rédige pour la chanteuse un sauf-conduit qui leur permettra de quitter les Etats du Pape... et il s'avance, réclamant le prix de son infâme complaisance... La Tosca, qui dissimulait un couteau saisi sur l'en-cas dont elle s'approchait pour reprendre des forces, frappe soudainement le misérable, au moment où il lui ouvrait ses bras. Scarpia s'écroule dans un blasphème. Dévotement, elle lui place un crucifix sur la poitrine, allume deux candélabres en guise de cierges, arrache le sauf-conduit de sa main crispée, et se retire, lentement, en murmurant : « Et c'est cela qui faisait trembler Rome ! »
Le jour va naître ; on entend le carillon des cloches qui s'égrène dans la campagne romaine. Mario Cavaradossi va se préparer à la mort sur la plate-forme du Château Saint-Ange. Il adresse à la vie, à l'amour des adieux poignants, — l'heure de son exécution approche. Tout à coup, la Tosca surgit ; elle agite son sauf-conduit, et l'espoir de la délivrance : Mario n'a qu'à faire semblant de tomber sous la fusillade...
Mais le dramaturge nous a ménagé la pénible surprise d'une dernière atrocité : par scélératesse suprême, Scarpia s'est arrangé pour donner l'ordre de manière que les fusils fussent bel et bien chargés. Après le feu de peloton, Mario, laissé sur le carreau, ne répond pas aux appels désespérés de l'amoureuse, qui se jette sur ce cadavre... Une rumeur monte : on vient de découvrir le meurtre de Scarpia... La Tosca se relève, échevelée, frémissante... Elle hurle des imprécations, échappe aux sbires qui s'élancent pour la saisir, bondit jusqu'aux créneaux, et se précipite dans l'espace. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
« A l’Opéra-Comique, la distribution de la Tosca unissait un jeune ténor superbement doué, Lance, à l'autorité magistrale de Bourdin, et à l'émotion dramatique de Mme Sarroca. Mais, là encore, quel vacarme dans la fosse ! Aucune voix ne résisterait à un pareil tumulte orchestral. En fin de soirée, grâce à Richard Blareau, ce même orchestre a retrouvé sa vraie densité, pour servir la fort plaisante et légère œuvre de Nino et Manuel Rosenthal, la Poule Noire, présentée et jouée à ravir. Mais, alerte aux chefs d'orchestre (pas à tous, certes, mais à un grand nombre) de chez nous, dont l'intempérance sonore et le mépris des voix nous apparaissent, décidément, une cause déterminante du déséquilibre des présentations lyriques. »
[Jacques Feschotte, Musica, juillet 1956]
TOTO
Opérette en trois actes, livret d’Albert Barré et Paul Bilhaud, musique d’Antoine Banès ; création au théâtre des Menus-Plaisirs le 10 juin 1892. => fiche technique
TOULON SOUMIS ou LA PRISE DE TOULON
Pièce républicaine (fait historique), paroles de Fabre d'Olivet, musique de Rochefort, représentée (1er acte seul) au Théâtre de l'Opéra [Opéra National] le 04 mars 1794 (14 ventôse an II), avec Chéron (le Représentant du peuple près l'armée), Adrien (le Représentant du peuple, prisonnier dans Toulon), Leroux (le Général français), Arnaud (Wolsan, patriote opprimé), Lays (un forçat), Dufresne (un Général anglais), Le Fèvre (un Officier anglais) ; Mme Chéron (Adèle, jeune Toulonnaise, patriote).
« Encore une pièce de circonstance, un impromptu républicain. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TOUPIE ET LE PAPILLON (LA)
Opéra-comique, musique de Méhul, représenté sur le théâtre Montansier en 1797.
TOUR DE BABEL (LA)
Opérette-bouffe en trois actes, livret de MM. Paër, Paul Fauchey, Elzéar et Bouché, musique de Marius Carman et Paul Fauchey, représentée au théâtre de la Renaissance le 29 mai 1889.
TOUR DE BONDY (LA)
Folie musicale en un acte, livret de Francis Tourte, musique de Deblond, représentée à Paris, Théâtre-féerique des Champs-Elysées le 13 juin 1861.
TOUR DE FEU (LA)
Drame lyrique en trois actes, poème et musique de Sylvio Lazzari.
Personnages : Yves, gardien de phare (ténor) ; Don Jacintho, riche navigateur étranger (baryton élevé) ; Yann, pilote (basse) ; Naïc (soprano dramatique) ; Chœurs : Gens de la noce, voix de l'équipage de Don Jacintho.
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 16 janvier 1928 (répétition générale publique le 12 janvier à 20h45). Décors et costumes de Maxime Dethomas. Mise en scène de Pierre Chereau. Danses du 1er acte réglées par Nicolas Guerra.
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12.01.1928 1e |
19.11.1928
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04.01.1933 22e |
17.04.1939 25e |
22.08.1945 30e |
02.09.1948 36e |
Naïc |
HELDY |
HELDY |
FERRER |
FERRER |
COURTIN |
COURTIN |
Yves |
G. THILL |
G. THILL |
DE TREVI |
DE TREVI |
FRONVAL |
FRONVAL |
Don Jacintho |
JOURNET |
John BROWNLEE |
JOURNET |
ENDREZE |
BECKMANS |
CAMBON |
Yann |
CLAVERIE |
CLAVERIE |
CLAVERIE |
CLAVERIE |
FROUMENTY |
FROUMENTY |
Chef d’orchestre |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
FOURESTIER |
Autres interprètes à l'Opéra :
Naïc : Mme Solange RENAUX (1933).
Yves : M. KAISIN (1930).
don Jacintho : MM. BROWNLEE (1928), ETCHEVERRY (1933).
36 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Le gardien de phare Yves a épousé Naïc. Mais Don Jacintho, un grand seigneur étranger, trouble la jeune femme, qui promet de s'enfuir pour le rejoindre.
Comprenant qu'il est trahi, Yves éteint la lumière protectrice dont il était le gardien. Le navire de Don Jacintho se brise sur les récifs ; Naïc se jette à la mer, et Yves, devenu dément, incendie le phare tout entier.
L'action se passe au XVIIe siècle sur la côte septentrionale de la Bretagne ; le 1er acte dans une île de pêcheurs ; le 2e au pied du phare ; le 3e dans le phare.
ACTE I. — Une place au bord du rivage.
Le repas des noces d'Yves, le gardien de phare, et de Naïc, une enfant trouvée, s'achève dans une joyeuse animation. Le pilote Yann, qui aimait Naïc en secret, contemple avec rage le bonheur des jeunes époux. Naïc, rêveuse et un peu exaltée, rêve à l'amour. Yves, plus réaliste, redoute un peu l'existence monotone qu'il lui apporte.
Tandis que, de l'auberge, sort en farandole le cortège nuptial, un grand seigneur étranger, Don Jacintho, qui vient de descendre d'un navire entré dans le port, s'approche. Il est tout de suite frappé par la beauté de Naïc, et, encouragé par Yann, il la trouble par ses compliments. Lorsqu'il veut lui offrir une bague, Yves s'interpose et Naïc éclate d'un rire nerveux.
Le phare s'illumine : Yves et Naïc doivent partir. Auparavant, Naïc chante une singulière et triste chanson [« Qu'es-tu venu chercher sur notre humble rivage ?... »l. Don Jacintho, sûr de lui, affirme à la jeune femme qu'il la reverra. Naïc baisse la tête. Résignée, elle accompagne silencieusement son époux.
ACTE II. — Le rocher au pied du phare.
[Prélude Symphonique.]
Au soleil levant, Yves, assis au pied du phare, arrange ses filets. Il rêve à sa jolie compagne, s'inquiétant pourtant de la terreur avec laquelle elle l'a repoussé cette nuit. On entend chanter les pêcheurs. Yves descend vers le rivage.
Naïc apparaît bientôt sur le seuil de la tour. Elle veut chasser le souvenir de Don Jacintho, et, lorsque Yves s'approche, s'efforce d'être aimable avec lui. Yann, affectant une cordiale bonne humeur, vient ensuite chercher Yves pour aller à la pêche.
Lorsqu'elle est seule, Naïc enlève sa coiffe et dénoue ses cheveux. Un bruit de rames lui fait croire au retour d'Yves. Mais c'est Yann qui réapparaît avec Don Jacintho, désireux, prétend-il, de visiter le phare. Tandis que Yann s'éloigne, Don Jacintho reste seul avec Naïc. Réticente tout d'abord, puis grisée peu à peu par la promesse d'un splendide avenir, la jeune femme lui avoue qu'elle s'est gardée pour lui, et promet de s'enfuir pour le rejoindre.
Yann, revenu, contemple Naïc et Don Jacintho avec une expression de haine satisfaite.
ACTE III. — Au sommet du phare.
C'est la nuit. La tempête fait rage. Yves, au haut du phare, attise le feu protecteur. Redescendant ensuite l'escalier, il s'étonne de voir Naïc rêver à la fenêtre de la chambrette. Pour dissiper sa tristesse, il lui conte les détails de sa pêche. Mais la jeune femme, inquiète et nerveuse, ne l'écoute que distraitement.
Tout à coup retentit le signal d'alarme. Esclave de son devoir, Yves s'embarque aussitôt. Dès qu'il a disparu, Naïc court chercher une torche pour avertir, comme il est convenu, Don Jacintho qu'elle va le rejoindre. Mais à ce moment, Yves qui a oublié de faire à Naïc la recommandation d'entretenir le feu du phare, entre brusquement et surprend son geste. Sa résolution est immédiatement prise : il ne s'en ira plus. Naïc, qui ne l'a point aperçu, fait dans l'ombre ses préparatifs de départ. A l'instant où elle va sortir, Yves lui barre la route. Elle s'avise alors que le phare est éteint et supplie son mari de rallumer le feu. Yves s'y refuse. Eperdue, elle veut elle-même agiter une torche pour sauver Don Jacintho ; mais Yves la lui arrache des mains.
A la lueur d'un éclair, on aperçoit soudain le navire en détresse, qui avance vertigineusement contre les récifs. Naïc alors, dans l'espoir d'être entendue, se met à chanter. Mais le navire de l'étranger sombre irrémédiablement. Folle de douleur, Naïc se précipite dans les flots. Yves, dans une crise de désespoir et de folie, met le feu au phare et périt carbonisé.
« Le jour même du mariage de la belle Naïc, qui a épousé son camarade d'enfance Yves, devenu gardien de phare, débarque dans l'île un beau seigneur, don Jacintho, qui trouve la jeune femme belle et veut l'entraîner sur son navire. Naïc cède sans trop se faire prier et promet de rejoindre le soir le nouveau don Juan. Mais le mari surprend le complot : il éteint le phare, en sorte que le vaisseau de don Jacintho se brise sur les rochers. Alors Naïc désespérée se jette à la mer, et Yves met le feu au phare. Ce thème manque un peu d'imprévu, mais il a permis à M. Sylvio Lazzari d'écrire une partition expressive et de déchaîner un orchestre très nourri contre lequel les interprètes ont peine à lutter. Le dernier acte est le moins conventionnel et le plus remarquable. »
(Larousse Mensuel Illustré, mars 1928)
TOUR DE MOULINET (LE)
Opérette en un acte, livret de Paul Avenel, musique de Ch. Hubans, représenté aux Bouffes-Parisiens le 27 avril 1874.
TOUR DE NEUSTADT (LA) ou LÉHÉMAN
Opéra-comique en trois actes, paroles de Marsollier, musique de Dalayrac, représenté à l'Opéra-Comique le 12 décembre 1801.
TOUR DE ROUEN (LA)
Episode lyrique en un acte, musique de Bovery, représenté sur le Théâtre-des-Arts, à Rouen, en 1843.
TOUR DU CHIEN-VERT (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Philippe Gille, musique de Jules Duprato, représenté au théâtre des Folies-Dramatiques le 25 décembre 1871. Dans cette tour du Chien-Vert se passe un mélodrame grotesque entre un certain comte Waldemar, un journaliste, une comtesse et un duc qui veulent s'empoisonner mutuellement, un puisatier et sa femme. On ne comprend pas qu'un musicien habile tel que M. Duprato ait pu perdre son temps et ses idées au profit d'une si pitoyable pièce. On a remarqué le duo du souper, la romance du ténor : Ah ! Caroline, quand je pense, et un chœur au deuxième acte. Joué par Milher, Luce, Vautier, Vavasseur, Adolphe Girardot, Mlle Latour.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
« Le rôle principal de cet ouvrage était tenu par une jeune artiste charmante, Mlle Elisa Frandin, qui, sortant victorieuse des concours du Conservatoire, avait débuté à l'Opéra-Comique, où l'on n'avait pas su utiliser ses rares qualités de chanteuse et de comédienne. Peu après elle partit pour l'Italie, où depuis vingt ans elle a parcouru une carrière extrêmement brillante et s'est vue acclamer sur toutes les grandes scènes de la Péninsule, pour le plus grand avantage du répertoire français, qu'elle a contribué à populariser, surtout en jouant Fra Diavolo, Carmen, Faust et Mignon. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TOUR DU LAC (LE)
Fantaisie lyrique en deux actes, paroles de MM. Martin et Henriot, musique de M. Nigra, représentée à Genève, au Casino de l'Espérance, en 1902.
TOUR ENCHANTÉE (LA)
Opéra-ballet, paroles de Joliveau, musique de Dauvergne, représenté à Versailles le 20 juin 1770.
TOURTE (LA)
Opérette en un acte, livret de Paul Bilhaud, musique de Gaston Serpette, représentée à Asnières le 08 février 1895.
TOURTERELLE (LA) ou LES ENFANTS DANS LES BOIS
Opéra-comique en trois actes, paroles de Framery, musique de Gresnick, représenté au théâtre Feydeau le 2 août 1797.
TOUS GENTILSHOMMES
Opérette en un acte, musique de Charles de Sivry, représentée aux Fantaisies-Oller le 20 mars 1877.
TOUT-ANK-AMON
Comédie lyrique en trois actes, livret de Victor Périer, musique de Maurice Pérez.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 05 mai 1934. Mise en scène d'Ancelin. Décors de Raymond Deshays. Costumes exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu d'après les maquettes de Paul Charlemagne.
Mmes Véra PEETERS (Dakhamon), Jennie TOUREL (Labryssa), Jane ROLLAND (Néfertiti), Jeannine MICHEAU (une Esclave).
MM. Victor PUJOL (Tout-Ank-Amon), Jean VIEUILLE (Karos), André BALBON (Hapousenb), POUJOLS (un Officier).
Aux 1er et 3e actes, Ballets réglés par Constantin TCHERKAS, dansés par Mlles Solange SCHWARZ, JUANINA, M. Constantin TCHERKAS et le Corps de ballet.
Chef d'orchestre : Paul BASTIDE.
5 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
"Le titre de comédie lyrique est évidemment bien ambitieux pour une pièce qui tient plutôt de l'opérette bouffe que d'autre chose. Le pharaon Tout-Ank-Amon court le jupon et il est épris de la jeune Nefertiti au grand dam de la reine Dakhamon, laquelle est courtisée par un aventurier du nom de Saros ; mais personne ne réussira dans ces entreprises galantes, et après une suite d'épisodes burlesques, chacun se retrouvera sur ses positions. Cette donnée sans prétention serait acceptée si elle était bien conduite, mais les moyens employés sont trop fragiles : il suffit qu'un personnage change de coiffure pour que personne ne le reconnaisse. Et ce procédé est plus d'une fois répété. M. Maurice Pérez s'est efforcé d'écrire une partition aimable et susceptible de plaire à une partie du public." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
TOUT CHEMIN MÈNE À ROME
Opéra-comique en un acte, paroles de M. de Mesgrigny, musique du marquis de Massa, représenté dans un salon.
TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Malherbe, musique de Jean-Baptiste Weckerlin, représenté pour la première fois au palais des Tuileries le 28 février 1856. Les membres du Congrès de la paix assistaient à cette représentation. La scène se passe en Normandie, dans une maison de campagne. Félix, cousin de Mlle Claire de Belmont et son fiancé depuis l'enfance, revient en Normandie après une longue absence. Les futurs ne se connaissent que de souvenir. Félix, pour mieux éprouver les sentiments de sa cousine, s'introduit au château sous les habits d'un jeune fermier ; tout ce rôle est écrit en dialecte normand des environs de Caen. C'est une peinture des mœurs normandes plutôt qu'une pièce. Les rôles ont été remplis par Jules Lefort et Mme Gaveaux-Sabatier. Cet ouvrage a été joué plusieurs fois dans des concerts.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TOUT PAR HASARD
Opéra-comique en un acte, paroles de Monnet, musique de Pierre Gaveaux, représenté à Feydeau le 22 octobre 1796.
TOUT-PARIS
Vaudeville en cinq actes de Georges Duval, musique de Louis Ganne, représenté au Châtelet le 16 juin 1891.
TOUT POUR L'AMOUR ou ROMÉO ET JULIETTE
Comédie en quatre actes, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 07 juillet 1792.
TOUT S'ARRANGE
Opéra-comique en un acte, musique de Georges de Seigneux, représenté au Casino de Saint-Pierre, à Genève, en février 1902.
TOUTE LA FRANCE
A-propos lyrique en six tableaux, paroles de Victorien Sardou, Sully Prudhomme, Henri de Bornier et de Heredia, musique d’Ernest Reyer, Jules Massenet, Camille Saint-Saëns, Emile Paladilhe, Théodore Dubois et Charles Lenepveu, représenté dans une soirée au Palais-Bourbon (présidence de la Chambre des députés) en 1900.
TOUTE LA GRÈCE ou CE QUE PEUT LA LIBERTÉ
Opéra en un acte, paroles de Beffroy de Reigny, musique de Lemoyne, représenté à l'Opéra (Opéra National) le 05 janvier 1794 (16 nivôse an II), avec Lays (Démosthènes), Chéron (Nicias), Rousseau (Périandre), Lefebvre (le chef des travaux de la réquisition), Leroux (un Athénien); Mlle Maillard (Eucharis, patriote athénienne).
« Un décret du 2 août 1793 avait ordonné que, trois fois par semaine, on célébrât sur les théâtres de Paris l'ère de la liberté et les défenseurs de la révolution. Un autre décret, du 22 janvier 1795, alloua 100,000 livres pour des représentations gratuites dans vingt théâtres désignés par la municipalité. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TRACOLLO, MEDICO IGNORANTE
[en fr. Tracollo, médecin ignorant]
Intermède italien en deux actes, livret de Mariani, musique de Pergolèse. Création au Théâtre de l'Opéra le 01 mai 1753, suivi du Devin du village, avec Mlle Tonelli (Livie, jeune fille qui s'est sauvée de la maison de son père), X (Nérine, bergère, personnage muet), MM. Manelli (Tracollo, médecin ignorant), Cosimo (Sulpice, apothicaire).
TRADITION (LA)
Prologue d'ouverture des Bouffes-Parisiens, paroles de H. Dorville, musique de Léo Delibes ; joué en 1864.
TRAHISONS DE ZIDORE (LES)
Opérette bouffe en un acte, livret de C. Demeuse, musique de Joseph Schwartz, représentée aux Folies-Bergère le 22 mai 1869.
TRAIN DE 8h.47 (LE)
Opérette en trois actes et cinq tableaux, livret de Léo Marchès, d'après le roman de Courteline, lyrics d'André Barde, musique de Charles Cuvillier. Création au Théâtre du Palais-Royal le 22 décembre 1936.
« Adaptation adroite, musique qui ne l'est pas moins. » (Larousse Mensuel Illustré, 1936)
TRAIN DES MARIS (LE)
Opérette en un acte, livret d’Emile Abraham, musique d’Henri Cartier, représentée à l'Athénée le 25 décembre 1867.
« Cette bluette est assez amusante. La scène se passe à Trouville, au milieu de quiproquos burlesques. La musique compte pour peu de chose dans ce genre de pièces ; cependant on a remarqué le quatuor des cabines, un duo, des couplets et une ronde assez accentuée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TRAITÉ NUL (LE)
Comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Pierre Gaveaux. Création à Paris, Théâtre Feydeau, le 23 juin 1797. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 novembre 1801.
TRAJAN
Opéra, musique de Bochsa, représenté à Lyon lors du passage de Napoléon en 1804.
TRANSATLANTIQUES (LES)
Comédie musicale en trois actes et quatre tableaux, livret d'Abel Hermant et Franc-Nohain, musique de Claude Terrasse, créée au Théâtre Apollo le 20 mai 1911, avec Mlles Alice O'Brien, Cébron-Norbens, Blanche Capelli, Evelyn Rosel, Louise Marquet, MM. Henri Defreyn, Georges Foix, Paul Ardot, Gaston Dubosc, Henri Houry, Désiré, Clarel.
TRASIBULE
Cantate scénique, paroles d'A. L. Beaunier, musique de Berton, exécutée à l'Hôtel de Ville le 16 décembre 1804 (25 frimaire an XIII) pour la fête donnée à leurs majestés impériales. => livret
« Castil-Blaze dit que cette cantate fut entendue à l'Opéra le 15 août 1804, jour où l'on fêtait l'empereur Napoléon ; mais le livret, imprimé par P. Didot l’aîné, porte qu'elle fut composée pour la fête donnée à l'Hôtel de ville de Paris à Leurs Majestés Impériales, le 25 frimaire an XIII. Les registres de l'Opéra n'en font pas mention. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TRAVAUX D’HERCULE (LES)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique de Claude Terrasse.
Première représentation à Paris, Bouffes-Parisiens, le 16 mars 1901, sous la direction de D. Brunet.
Représenté au théâtre Fémina en 1913.
« Principaux personnages : Hercule ; Augias ; Orphée ; Lycius ; Omphale ; Erichtona.
La scène se passe à Tyr, puis en Lycie, aux temps fabuleux de la mythologie.
L'idée de cette pièce est infiniment plaisante : faire d'Hercule un faux héros, sorte de Tartarin des temps légendaires, dont le mérite usurpé reposerait sur une série d'erreurs historiques. L'Hercule de MM. de Flers et de Caillavet est un robuste luron qui n'a jamais rien fait, mais qui va toujours faire quelque chose. Il vit sur la réputation de ses œuvres à venir, œuvres prédites par certains oracles. Il est du reste de naissance divine, ce qui explique le prestige incroyable dont il jouit. En réalité, c'est un incurable paresseux et un piètre mari, qui n'a pas même l'énergie nécessaire pour fournir à sa femme un strict minimum d'épanchements conjugaux.
Un seul individu, Augias, se refuse à le prendre au sérieux, le bafoue, l'outrage, le frappe, lui prend sa femme, accomplit à sa place une foule d'actes de valeur, après quoi c'est Hercule qui en recueille tous les bénéfices, tout l'honneur, et qui voit revenir à lui, repentante, la femme qui l'avait abandonné.
Sur ce thème, les auteurs ont brodé les variations les plus joyeuses. Au lever du rideau, des courtisanes de Tyr répètent une cantate en l'honneur d'Hercule, le héros national. Assiste à ce travail le poète Orphée, qui est encore célibataire, mais qu'il est question de marier à une certaine Eurydice. Il ne se résout pas volontiers à cet hymen, toute la fortune de la future étant en viager ! Et, en attendant, il est amoureux d'Omphale, la femme d'Hercule, qui succomberait bien volontiers, car elle est au régime ! mais le malheureux est complètement dépourvu du sens de l'à propos et rate toutes les occasions favorables. Est aussi là une amazone, Erichtona, sorte de suffragette qui fait du reportage.
Survient Hercule, qui est perpétuellement à l'entraînement, un entraînement sans objet bien défini. Erichtona lui prend une interview. On présente au héros une liste de candidats au cercle dont il est l'ornement. Il fait rayer le nom d'Augias, un homme connu et estimé cependant, possesseur d'une belle écurie de courses.
Augias, averti, prend très mal la chose. Il manifeste l'intention de faire du scandale. Tout le monde est terrorisé et essaie de le dissuader de son projet : s'attaquer à Hercule ! Il faut être privé de raison pour songer à pareille énormité. Mais Augias ne se laisse pas intimider. Il provoque le demi-dieu et finit par le gifler. Chacun s'attend à le voir pulvériser, mais, à la surprise générale, il ne se produit rien. Hercule trouve des raisons pour ne pas répondre à l'outrage et Augias finit par avoir le vilain rôle. Il ne s'en émeut pas et, se trouvant seul avec Omphale, à qui personne n'ose faire la cour par respect pour son mari, il l'attaque de face sans sourciller, ce qui n'est pas sans la flatter. Hercule survient comme Augias est en train d'embrasser sa femme. Il refuse encore de réagir, et cela nuit momentanément à son prestige. Pour le relever, il lui faut au moins promettre quelque chose, et, à son corps défendant, il annonce qu'avant le lendemain soir il aura accompli une prouesse énorme. Tyr vit dans une fièvre d'attente.
Le second acte se passe dans le jardin d'Hercule. Chacun est aux aguets. Que va faire le héros ? Pour le moment, il ne fait que dormir et manger, comme d'habitude, et le soir approche. Orphée vient voir Omphale et se risque à une demi-déclaration. Il ne sait pas aller jusqu'au bout. Augias lui succède et n'y va pas par quatre chemins : il propose à Omphale de l'enlever. Voilà qui est parler ! Quand il est sorti pour aller achever les préparatifs de la fuite, Orphée revient. Cette fois, il risque la déclaration entière, mais la place n'est plus vacante et Omphale l'envoie promener. Désespéré, il va chercher une mort glorieuse : il se fera dévorer par les animaux de la ménagerie du temple de Diane, en face. Il y a même une hydre, dans cette ménagerie !
Soudain un bruit se répand qui sème la terreur : les fauves de la ménagerie sont en liberté ! C'est Orphée, qui a bien eu le courage de leur ouvrir la porte, mais qui ensuite s'est enfui, sans la refermer. Hercule peut seul sauver la situation ; on le supplie d'aller à la rencontre des animaux. Au lieu de cela, il va se coucher. Mais c'est précisément l'heure choisie par Augias pour enlever Omphale. Il revêt la peau de lion du héros, s'arme de sa massue et sort. Et bientôt on apprend qu'un personnage surhumain a fait des bêtes féroces un horrible carnage. A son costume, à la présence d'Omphale à ses côtés, chacun a reconnu ou cru reconnaître Hercule. Quand celui-ci paraît, tous le félicitent et il laisse faire. Il n'y a que le départ d'Omphale qui jette une ombre sur le tableau. Mais le demi-dieu a tenu sa promesse : avant le coucher du soleil il a accompli non pas un, mais une demi-douzaine de prodiges. Il lui faut maintenant soutenir sa réputation, et il part, poussé par la voix publique, qui le croit en quête de nouvelles prouesses, en réalité à la poursuite de son épouse, dont on remarquerait bientôt l'absence, alors que sa présence au domicile conjugal est indispensable au maintien du prestige de son mari.
Pendant l'entracte, Augias, marchant d'élan, a accompli prodige sur prodige qui, grâce à son costume et à la présence d'Omphale, sont tous mis au compte d'Hercule. Il arrive enfin près de la résidence du roi Lycius, dont les trente filles surveillent trente flammes, symbolisant leur virginité, et qui, selon un oracle, doivent être toutes déflorées le même jour par un héros unique, qui soufflera ainsi leurs lumignons. En réalité, ces vierges ne sont que des demi-vierges, qui s'amusent aux bagatelles de la porte avec un nombre égal de bergers. Les potins de cour signalent dans le voisinage un demi-dieu armé d'une massue, vêtu d'une peau de lion et flanqué d'une femme ravissante. Il vient, aux dernières nouvelles, de conquérir les fameuses pommes des Hespérides. Ce ne peut être qu'Hercule. Et le voici qui arrive, ivre de carnage. Naturellement, c'est Augias. Il est suivi d'Omphale, qui trouve que son amant exagère, qui aspire au repos, aux joies calmes de l'amour partagé, et qui commence à regretter son Hercule, dont le prestige rayonnait au moins sur elle et n'a fait que grandir depuis son départ. Augias n'a pas été vu et se retire. A peu de distance, il est suivi par Hercule en personne, à qui l'on fait une réception triomphale, dont ne s'offusque point sa modestie. Lycius se dit que seul un pareil héros est capable d'accomplir l'oracle et il le prie de bien vouloir rendre à ses trente filles le service qu'elles attendent. Notez que la chose doit être achevée en une seule nuit. Hercule ne se sent aucun goût pour pareille performance. Subtilement, il s'arrange à l'exécuter par procuration : les trente bergers des trente donzelles lui rendront ce service le plus volontiers du monde, et les trente couples disparaissent pour l'épreuve, tandis que brûlent en scène les trente flammes symboliques. Pendant ce qui suit, ces flammes s'éteignent, d'abord une à une, puis par groupes, jusqu'à la dernière. Au moment où s'éteint celle-ci, Hercule est en scène, et comme on s'étonne, il déclare modestement : « Voilà comme je suis, moi ! » Ce dernier travail met le comble à la gloire du héros. Sa femme lui revient ; décidément, Augias est très fatigant !
Une mauvaise nouvelle arrive de Tyr : une spéculation d'Hercule sur les colonnes qui portent son nom a fait fiasco, et il se trouve débiteur d'une somme considérable. On vient pour l'arrêter, quand surgit Augias, outré de ce qu'on usurpe sa gloire, et qui déclare publiquement que c'est lui qui a tout fait... On comprend qu'il s'agit des opérations financières délictueuses, et on l'arrête en dépit de ses protestations. Seulement, l'intérêt d'Hercule lui conseille d'être généreux, à cause de la fugue d'Omphale. Il fait payer les dettes d'Augias par Lycius et tout s'arrange. Hypnotisé par un prestige aussi indestructible, Augias finit par faire comme tout le monde, par crier « Vive Hercule ! » avec les autres. Il devient un familier de la maison, et Hercule, en terminant, lui dit avec conviction : « Le soir, à la veillée, je te raconterai mes travaux... »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Il importera de savoir, un jour, que les Travaux d'Hercule ont été laproduction de la « raison sociale » de Flers et de Caillavet. Ces collaborateurs sont catalogués comme les successeurs dramatiques de Meilhac et Halévy. C'est en continuateurs de leur œuvre, en effet, que cet opéra-bouffe a commencé de les poser. Depuis l'étude magistrale publiée par le philosophe Bergson sur la « psychologie du rire », on sait qu'un éternel élément de comique réside dans l'association simultanée de deux idées, normales en elles-mêmes — mais qui n'étaient pas faites pour être perçues dans le même temps, et dont la superposition donne naissance à un paradoxe grotesque — tel l'anachronisme voulu. Ce procédé classique est celui de Scarron dans l'Enéide travestie et le Typhon ; certaines pages de Boileau (Dialogues des Héros de roman) relèvent de la même veine burlesque. — Sans en aller chercher plus haut le prototype, nous renverrons au répertoire original de l'opérette à la fin du second Empire, plein d'effets de gaîté du même esprit. Ici, le paradoxe est de représenter un dieu ou un héros dont la conduite est en contradiction flagrante avec le caractère que lui a prêté la légende, ou qu'a popularisé son histoire — si même on ne s'amuse pas à en exagérer les conséquences : on exhibe en liberté des satyres pudiques, ou simplement fatigués ; Barbe-Bleue institue un concours de rosières ; la Belle Hélène a des raisonnements de cocodette ; Orphée ne tenait pas du tout à ressusciter Eurydice, etc.
MM. de Flers et de Caillavet ressuscitaient le genre, le 7 mars 1901, aux Bouffes-Parisiens où la muse gaillarde d'Offenbach avait jadis ranimé un Orphée, frère de celui qu'ils ont rajeuni dans leur conception assez personnelle du mythe d'Hercule... le divin Hercule d'Alkestis et de Déjanire ! « Nous avons — dit M. de Flers — voulu mettre en scène l'inconsciente et cynique logique des petites femmes, qu'elles descendent de l'Olympe ou simplement de Montmartre, admirant non pas le courage, mais ce qu'il est susceptible de rapporter — et aussi l'habituelle bêtise des majorités. » Et, tout de même honteux de ce qu'ils ont fait du colosse, ils ont éprouvé le besoin d'affiner cette charge en faisant appel à un comédien — Abel Tarride — pour incarner ce personnage si difficile à camper, ne serait-ce que physiquement. Le rôle exige un interprète dramatique ; il a fallu assez longtemps pour que Signoret se décidât à le reprendre en 1913 au théâtre Fémina — et encore dans une version nouvellement remaniée, plus adaptée aux moyens, d'ailleurs remarquables de cet artiste. Quant à la partition, elle a consacré le talent du compositeur Claude Terrasse, déjà connu pour celle de la Petite femme de Loth, une drôlerie musicale de style analogue (livret de Tristan Bernard). Ce maestro léger perpétuait les grandes traditions d'Offenbach ; il eut, d'autre part, des débuts assez curieusement semblables à ceux d'Hervé, le créateur en France de l'opéra-bouffe, maître de chapelle à Bicêtre, puis organiste à Saint-Eustache et à Saint-Roch... Terrasse exerça les mêmes fonctions au collège des Dominicains de Saint-Elme d'Arcachon, et ensuite en l'église de la Trinité. Nous ajouterons qu'en 1910 il a écrit pour l'Opéra-Comique une délicate musique de scène et celle de quelques couplets sur le livret du Mariage de Télémaque, de Jules Lemaitre et Maurice Donnay ; et c'est de l'opérette supérieure. Pour atteindre au plateau de la salle Favart, les planches des Bouffes et des Variétés sont autant d'excellents tremplins.
***
Augias, l'homme aux écuries (écuries de courses, bien entendu), qui s'est présenté au cercle de Tyr, n'a pas été admis, devant l'opposition faite à cette élection par Hercule, lequel exerce une énorme influence sur ses concitoyens, grâce aux oracles qui annoncèrent ses fameux travaux. Ces travaux sont encore à l'état de prédiction ; mais Hercule est un philosophe ; il sait qu'un ouvrage « en puissance » peut vous valoir autant de considération qu'il vous rapportera de profit une fois achevé — sinon plus. On finit même à la longue par se persuader qu'on l'a fait. Il vit sur sa réputation. C'est plus commode. « Il a la flème », comme dit son valet de chambre Palémon, pour lequel son maître ne saurait être un grand homme ; et c'est aussi l'avis de son épouse, Omphale. Augias, altéré de revanche, essaye de démolir le prestige du demi-dieu. Il le gifle, et il embrasse sa femme... Hercule, poussé lui aussi par l'Opinion publique, se croit obligé de fulminer et annonce qu'il va se passer quelque chose de terrifiant.
Or, ce qui passe, c'est le temps... Hercule a beau sommer papa Jupiter et son « sacré tonnerre » d'intervenir, Jupin ne daigne bouger non plus qu'un dieu Terme, et le brave Hercule s'indigne. Il y a une scène de ménage pénible avec Omphale, travaillée par Augias — si bien qu'elle se décide à s'enfuir avec cet aimable coureur. Et cela fait le désespoir du jeune Orphée, qui lui avait voué sa flamme et dédié quelques vers. Orphée parle de se suicider. Pour s'entraîner, en pensant aux Bacchantes futures, il va ouvrir les portes d'une ménagerie... L'hydre de Lerne, le sanglier d'Erimanthe et quelques autres férocités mythologiques se répandent dans les jardins publics de Tyr. Orphée fiche le camp. Hercule aussi. Mais Augias, qui était en train d'enlever Omphale, et qui s'était déguisé en héros avec la peau de lion de son mari, intervient et assomme quelques bêtes fauves... Le peuple le prend pour Hercule, enfin résolu à tenir sa promesse en accomplissant ses travaux... On l'acclame, et c'est désormais lui qui bénéficiera de la gloire consécutive aux exploits exécutés par Augias...
Et cela durera jusqu'au jour où Hercule, qui voyageait à petites journées à la poursuite de sa femme, — en recueillant le fruit des actions héroïques accomplies par le ravisseur dans sa course — tombe chez le roi de Lydie, qui prétend lui imposer un treizième travail, supplémentaire : celui d'épouser, en une seule nuit, ses trente filles encore vierges — ou presque ! Du coup, Hercule se rebiffe. Heureusement qu'il y a aux environs les flirts de ces demoiselles, propices bergers... Gloire à Hercule ! C'est le cri que finit par pousser Omphale elle-même, lasse d'avoir pour amant un homme qui perd son temps à abattre de la besogne, sans profiter des honneurs récoltés à sa place par un époux qui n'a désormais rien à faire qu'à tendre le front aux couronnes. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
TRAVESTISSEMENTS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Paulin Deslandes, d’après Marton et Frontin ou Assaut de valets, comédie de Jean-Baptiste Dubois, musique d’Albert Grisar.
Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 16 novembre 1839 avec Mlle Zoé Prévost et M. Jean-Baptiste Chollet.
Reprise le 03 novembre 1877 avec Mme Ducasse (Joséphine) et Lucien Fugère (Victor).
Première à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 30 novembre 1851. Représentations au Théâtre-Lyrique : 6 en 1851, 2 en 1852.
Première aux Folies-Nouvelles en octobre 1858 avec Mlle Géraldine et M. Dupuis.
« Cette pièce n'est qu'un arrangement de la jolie comédie de Marton et Frontin ou Assaut de valets, jouée au commencement de ce siècle avec un grand succès. Cet ouvrage a paru faible. On y a remarqué néanmoins l'air de ténor chanté par Chollet et accompagné par une clarinette obligée, et des couplets bien tournés, chantés par Mlle Prévost. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Opérette à deux personnages créée à l'Opéra-Comique par Chollet et Mlle Prévost, en 1839 ; reprise aux Folies-Nouvelles par Dupuis et Mlle Géraldine. — Livret imité de l'Armoire ou la Pièce à deux actions, opéra-comique de Panard joué à la foire en 1738. — Voir Albert Grisar par A. Pougin, in-18 avec portrait et autographes ; Paris, Hachette, 1870. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
TRAVESTISSEMENTS DE L’AMOUR (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de M. Besancenet, musique de M. Etesse, représenté à Dunkerque en mars 1885. Le compositeur occupait les fonctions du directeur de l'Académie de musique et de chef d'orchestre du casino de Boulogne-sur-Mer.
TRAVIATA (LA)
[en fr. la Dévoyée]
Opéra italien en trois actes, livret de Francesco Maria Piave (1810-1876), d'après la Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils ; version française d’Edouard Duprez ; musique de Giuseppe Verdi.
Personnages [Entre parenthèses, les noms qui changent dans les versions étrangères] : Rodolphe d’Orbel [Alfred Germont] (ténor) ; Georges d’Orbel [Georges Germont], son père (baryton) ; le Docteur Germont [Docteur Grenville] (basse) ; le Vicomte Emile de Létorières [Gaston] (ténor) ; le Baron Reynal [Baron Douphal] (baryton) ; le Marquis d’Orbigny [Marquis d'Obigny] (basse) ; Violetta de Saint-Ys [Violetta Valéry], une demi-mondaine (soprano coloratura) ; Clara [Flora Bervoix], son amie (soprano) ; Annette [Annina], femme de chambre de Violetta (mezzo-soprano) ; Trois petits rôles masculins (1 ténor et 2 basses) ; Chœur : amis de Violetta et de Clara, invités sous les costumes de Bohémiens et de matadors espagnols, domestiques.
Création à Venise, théâtre La Fenice, le 06 mars 1853.
Premières fois, à Londres (Théâtre de Leurs Majestés) en 1856 ; à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie), le 20 octobre 1865 ; à New York (Metropolitan) le 05 novembre 1883.
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VENISE 06.03.1853 |
LONDRES 1856 |
BRUXELLES 20.10.1865 |
NEW YORK 05.11.1883 |
Violetta |
Fanny SALVINI-DONATELLI |
PICCOLOMINI |
ARTOT |
SEMBRICH |
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Rodolphe [Alfredo] |
L. GRAZIANI |
CALZOLARI |
JOURDAN |
V. CAPOUL |
d’Orbel [Germont] |
F. VARESI |
BENEVENTATO |
MONNIER |
LABLACHE |
Chef d’orchestre |
A. MARIANI |
X |
HANSSENS |
VIANESI |
Première fois à Paris, au Théâtre Italien, le 06 décembre 1856 avec Mme PICCOLOMINI (Violetta), MM. MARIO (Rodolphe), et GRAZIANI (d'Orbel).
Première fois en français, au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet), le 27 octobre 1864, sous le titre de Violetta avec Mme NILSSON (Violetta), MM. MONJAUZE (Rodolphe), et LUTZ (d'Orbel), sous la direction de DELOFFRE.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 25 en 1864, 26 en 1865, 20 en 1866, 9 en 1867, 8 en 1868, 11 en 1869.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 20 octobre 1865, dans la version française, avec Mmes Artot (Violetta), Aurélie (Clara), MM. Jourdan (Rodolphe d'Orbel), Monnier (d'Orbel père), Depoitier (le docteur), Barbot (le vicomte de Letorières).
Représentation en français au Théâtre-Lyrique du Château-d’Eau le 14 juin 1881.
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ITALIENS 06.12.1856 |
CHATELET 27.10.1864 |
CHATEAU D’EAU 14.06.1881 |
Violetta |
PICCOLOMINI |
NILSSON |
CORDIER |
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Rodolphe |
MARIO |
MONJAUZE |
PELLIN |
d’Orbel |
GRAZIANI |
LUTZ |
PARAVEY |
Chef d’orchestre |
X |
DELOFFRE |
X |
Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 juin 1886, dans une mise en scène de Charles Ponchard.
Reprise le 04 novembre 1937 avec Mmes Fanny Heldy, Drouot, Gaudel ; MM. Louis Arnoult, Musy, Tubiana, Pujol, Barbeg, Morturier, Poujols.
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12.06.1886 Opéra-Comique (première) |
21.04.1893 Opéra-Comique (100e) |
12.02.1903* Opéra-Comique (129e) |
10.12.1906** Opéra-Comique
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19.10.1915*** Opéra-Comique (2e acte seul) |
27.12.1917**** Opéra-Comique (247e) |
01.02.1938 Opéra-Comique (265e) |
23.10.1949***** Opéra-Comique
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05.02.1950 Opéra-Comique (421e) |
Violetta |
SALLA |
Cécile SIMONNET |
Mary GARDEN |
Zina BROZIA |
Berthe CESAR |
Fanny HELDY |
Fanny HELDY |
Rosa VAN HERCK |
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Clara |
REMY |
PIERRON |
DAFFETYE |
PIERRON |
Ninon VALLIN |
Mad. DROUOT |
Mad. DROUOT |
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Annette |
DUPONT |
FALIZE |
COSTES |
MURATET |
VILLETTE |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
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une Bohémienne | PLA | PLA | Marg. LEGOUHY | ||||||
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Rodolphe |
TALAZAC |
LUBERT |
Léon BEYLE |
D. DEVRIÈS |
PAILLARD |
Léon DAVID |
P. VERGNES |
Louis ARNOULT |
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d'Orbel |
Max BOUVET |
FUGÈRE |
FUGÈRE |
DELVOYE |
GHASNE |
GHASNE |
L. MUSY |
Emile ROUSSEAU |
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le Vicomte |
MAUGUIÉRE |
CARBONNE |
JAHN |
BERNARD |
BERTHAUD |
V. PUJOL |
Gabriel COURET |
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le Baron |
Lucien COLLIN |
MARC-NOHEL |
DURAND |
de POTTER |
ROSSEL |
W. TUBIANA |
Gabriel JULLIA |
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le Marquis |
Etienne TROY |
Etienne TROY |
VIGUIÉ |
BRUN |
AUDOIN |
G. JULLIA |
Michel FOREL |
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le Docteur |
DULIN |
RAGNEAU |
ROTHIER |
GUILLAMAT |
AZEMA |
MORTURIER |
Jean ENIA |
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Julien |
DELAHAYE | ||||||||
un Domestique |
ÉLOI |
Henri BUCK |
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Chef d’orchestre |
Jules DANBÉ |
J. DANBÉ |
MESSAGER |
MIRANNE |
PICHERAN |
PICHERAN |
G. CLOËZ |
George SEBASTIAN |
* Reprise à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 février 1903, chorégraphie de Mariquita, costumes de Charles Bianchini.
** Divertissement réglé par Mariquita, dansé par Mmes G. Dugué, Richaume.
*** Matinée de gala : à 1 heure et demie, répétition générale du gala italien au bénéfice de la Croix Rouge italienne et des familles des mobilisés : 1. Marche royale italienne. 2. la Marseillaise. 3. la Traviata (2e acte). 4. la Tosca. 5. Paillasse (1er acte).
**** Au 3e acte, Danse bohémienne et Danse espagnole réglées par Mme Mariquita, dansées par Mlles Dugué, André, Bugny, Goetz, Tesseyre, Pernot, Rosne.
***** Au 3e acte, Divertissement réglé par Constantin Tcherkas avec Mlle Simone Garnier, M. Lucien Mars, Mlles Edith Jaladis, Hélène Ustaritz, MM. Oleg Sabline, Maurice Riche, Mlles Rollot, Malard, Amiel, Ohann, Joly, Morin, Thomas, Bonnet.
430 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 302 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 9 en 1971, soit 439 au 31.12.1972.
Cet ouvrage est entré au répertoire du Théâtre National de l'Opéra, le 24 décembre 1926, dans une mise en scène de Pierre Chereau. Décors et costumes de Mme Préveraud de Sonneville. Chorégraphie de Léo Staats.
Mmes Fanny HELDY (Violetta), TIRARD (Clara), Cécile REX (Annette), TESSANDRA (une Bohémienne).
MM. Georges THILL (Rodolphe d'Orbel), ROUARD (Georges d'Orbel), NARÇON (le Docteur Germont), GILLES (le Vicomte Emile de Létorrière), Fred BORDON (le Baron Raynal), RAYBAUD (le Marquis d'Orbigny), MADLEN (un Domestique).
Danses du 3e acte : Mlles LORCIA, DAMAZIO SIMONI, MM. PERETTI, DUPREZ, PACAUD et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER
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03.12.1928 Opéra (22e) |
18.12.1929 Opéra (30e) |
24.12.1933 Opéra (50e) |
27.01.1934** Opéra (52e) |
22.03.1941 Opéra (71e) |
26.02.1951 Opéra (78e) |
28.04.1951 Opéra (82e) |
29.09.1951*** Opéra (92e) |
01.02.1952 Opéra (100e) |
Violetta |
Fanny HELDY |
Fanny HELDY |
Fanny HELDY |
Fanny HELDY |
Fanny HELDY |
Solange DELMAS |
Solange DELMAS |
Solange DELMAS |
VAN HERCK |
Clara |
LALANDE |
LALANDE |
LALANDE |
LALANDE |
LALANDE |
BONNI-PELLIEUX |
BONNI-PELLIEUX |
Gisèle DESMOUTIERS |
BONNI-PELLIEUX |
Annette |
Cécile REX |
Cécile REX |
HAMY |
HAMY |
HAMY |
A. COUVIDOUX |
A. COUVIDOUX |
A. COUVIDOUX |
A. COUVIDOUX |
une Bohémienne |
LLOBÉRÈS |
HAMY |
BACHILLAT |
BACHILLAT |
COUVIDOUX |
Odette RICQUIER |
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Odette RICQUIER |
Odette RICQUIER |
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Rodolphe |
Georges THILL |
VILLABELLA |
Louis ARNOULT |
BURDINO |
Libero DE LUCA |
Libero DE LUCA |
Louis RIALLAND |
Louis RIALLAND |
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d’Orbel |
ROUARD |
BROWNLEE |
DELDI |
ENDREZE |
René BIANCO |
René BIANCO |
Jean BORTHAYRE |
Jean BORTHAYRE |
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Docteur Germont |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
NARÇON |
ETCHEVERRY |
André PHILIPPE |
André PHILIPPE |
André PHILIPPE |
André PHILIPPE |
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le Vicomte de Létorrière |
GILLES |
GILLES |
GILLES |
GILLES |
Camille ROUQUETTY |
Camille ROUQUETTY |
Camille ROUQUETTY |
Camille ROUQUETTY |
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le Baron Raynal |
GOT |
Fred BORDON |
MOROT |
DUTOIT |
CHARLES-PAUL |
CHARLES-PAUL |
CHARLES-PAUL |
CHARLES-PAUL |
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le Marquis d’Orbigny |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
MEDUS |
M. ROUX |
Michel FOREL |
Michel FOREL |
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un Domestique |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
René DESHAYES |
René DESHAYES |
René DESHAYES |
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Chef d’orchestre |
Henri BÜSSER |
Henri BÜSSER |
Henri BÜSSER |
Henri BÜSSER |
RÜHLMANN |
FOURESTIER |
George SEBASTIAN |
George SEBASTIAN |
* Au 3e acte, Danses : Mlles Damazio, Simoni, Barban, MM. Peretti, Duprez, Lebercher. Mlles Didion, Bugg, M.-J. Giro, Legrand, Sarazotti, Grellier, Sarabelle, Lopez, Bonnet, Golden, Binder.
** Danses : Mlles Simoni, Barban, Damazio ; MM. Goubé, Duprez, Serry.
*** Danses : Mlle Guillot ; M. Duprez - Mlles Gerodez, Sianina, Jhanyne, Le Roy ; MM. Xavier Andréani, Duflot - Mlles Grimoin, Bertheas, Serval, Perrot, Carlsen, Depalle ; MM. Lacotte, Descombey, Blanc, Jodel, Jamet, Parres, Pomié, Sarelli.
Reprise de 1951 : Mise en scène de Max de Rieux, décors et costumes d'après les maquettes d'Erté, décors exécutés par M. Moulène, costumes exécutés par la maison H. et A. Mathieu, danses réglées par Albert Aveline.
La 200e représentation à l'Opéra eut lieu le 03 octobre 1959, avec : Mmes BRUMAIRE (Violetta), JAUMILLOT (Clara), G. SERRES (Annette), FOURRIER (la Bohémienne).
MM. CADIOU (Rodolphe), BORTHAYRE (d'Orbel), HURTEAU (le Docteur), FOREL (le Baron), RALLIER (le Vicomte), MAX-CONTI (le Domestique), sous la direction de Robert BLOT.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Violetta : Mmes MICHEAU (1951), MORALES (1952), MATHOT (1955), DORIA (1956), ZEANI (1957), CHALANDA (1957), ESPOSITO (1959), CASTELLI (1959), CARTERI (1961), DE PONDEAU (1962).
Rodolphe : MM. RAMBAUD (1928), KAISIN (1930), DE TREVI (1930), VERGNES (1932), ARNOULT (1934), GIGLI (1934), NORÉ (1936), ALTERY (1941), GIRAUDEAU (1952), LEGAY (1952), SIMONEAU (1953), GEDDA (1956), FLETA (1957), GRAY (1957), VANZO (1957), Paul FINEL (1958).
d'Orbel : MM. Robert COUZINOU (1927), LANTERI (1928), PONZIO (1930), BAUGÉ (1930), DELDI (1934), HIRRIGARAY (1934), BECKMANS (1936), CLAVERE (1952), NOGUERA (1953), E. BLANC (1955), MASSARD (1957), BACQUIER (1958).
224 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Reprise au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 03 mai 1935 avec Mmes Ritter-Ciampi (Violette), Violette Fleury (Clara), B. Castille (Annette) ; MM. André Baugé (d'Orbel), Marcel Claudel (Rodolphe), Barbero (le baron Raynal), Vincent (Letorière) ; chef d'orchestre : M. Frigara.
"Magnifique reprise d'une œuvre qui commence à reconquérir les suffrages du public, par le juste accent de son lyrisme. La présence de Mme Ritter-Ciampi donnait à cette manifestation un particulier intérêt ; cette interprète n'est pas seulement douée d'une voix magnifique, entraînée aux plus périlleux exercices du « bel canto », elle met dans son timbre et dans sa diction l'émotion la plus prenante et fait oublier tout le reste aux auditeurs surpris et vite convaincus." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
Résumé.
L’action se déroule à Paris et alentour, vers 1850.
Au premier acte, Rodolphe d'Orbel fait la connaissance de Violetta au cours d'une brillante soirée. Ils s'éprennent mutuellement l'un de l'autre.
Le deuxième acte les montre dans une villa des environs de Paris. Le père de Rodolphe intervient, demandant à la jeune femme de se sacrifier pour l'avenir de son fils.
Au troisième acte, Rodolphe retrouve Violetta et l'accable d'injustes reproches.
Au quatrième et dernier acte, Violetta se meurt. In extrémis, Rodolphe vient lui demander pardon.
ACTE I. — Dans les salons de Violetta.
Une demi-mondaine, Violetta de Saint-Ys dite la Traviata (la femme égarée), donne une fête où le jeune Rodolphe est introduit par le Vicomte de Létorières. Rodolphe prélude au festin par de joyeux accents, bientôt repris par toute l'assistance [Brindisi : Libiamo, libiamo... / Buvons amis...]. Le jeune homme, subjugué par les attraits de Violetta, songe à lui consacrer sa vie.
La Traviata, restée seule, rêve de se réhabiliter par l'amour [Grand air de Violetta : Ah ! fors' è lui... / Quel trouble...].
ACTE II. — Une maison de campagne aux environs de Paris. (Cet acte se joue parfois comme deuxième tableau du 1er acte ; dans ce cas, l'ouvrage est annoncé en 3 actes.)
Depuis trois mois déjà, Violetta et Rodolphe cachent leur bonheur. [Air de Rodolphe : De' miei bollenti spiriti... / Non, non, loin d'elle, tout plaisir est trompeur...].
Apprenant tout à coup par Annette, la camériste, que Violetta doit vendre ses meubles pour payer des créanciers. Rodolphe part pour Paris, dans le dessein de lui venir en aide. Pendant son absence, le père de Rodolphe, Georges d'Orbel vient, au nom de la morale, demander à Violetta de rompre cette liaison afin de permettre un honorable mariage pour son fils.
Violetta fait généreusement le sacrifice demandé ; elle sait du reste que ses jours sont comptés. Georges d'Orbel parti, elle écrit à Rodolphe une lettre d'adieu qu'elle cache lorsqu'elle voit son amant rentrer. Puis elle part. Rodolphe se trouve en présence de son père qui lui demande de revenir à la maison paternelle [Air de Georges d’Orbel : Di Provenza il mar... / Lorsqu' à de folles amours...]. Mais il ne veut rien entendre.
Apprenant que ses rêves de bonheur se sont envolés, et croyant à la perfidie de Violetta, il jure de se venger.
ACTE III. — Un bal costumé chez Clara, une amie de Violetta.
Pendant que Violetta est un peu à l'écart, Clara et quelques-uns de ses invités s'entretiennent de la brusque rupture de Rodolphe et de son amie.
Après divers hors-d'œuvre : Chœur de bohémiens et scène de matadors et picadors espagnols, Violetta entre au bras du Baron Reynal. Elle a la surprise de rencontrer son ex-amant parmi les invités. Rodolphe provoque le Baron en duel. Une scène émouvante a lieu ensuite entre Violetta et Rodolphe. La pauvre femme, fidèle à la promesse faite à Georges d'Orbel, tait ses vrais sentiments. Rodolphe l'outrage si cruellement que Georges d'Orbel, survenu à ce moment, doit prendre sa défense. Après quoi, il emmène son fils.
ACTE IV. — La chambre à coucher de Violetta.
[Prélude Symphonique.]
Tandis que le carnaval bat son plein dans la rue, la Traviata se meurt. Le Docteur Germont lui fait une visite, à l'issue de laquelle il annonce à la femme de chambre, Annette, la fin prochaine de sa maîtresse.
Restée seule, Violetta relit encore une fois une lettre du père de Rodolphe lui annonçant que, le duel ayant eu lieu, le Baron a été blessé. Quant à Rodolphe, il a franchi la frontière mais, instruit de tout ce qui s'était passé, il reviendra, sans tarder auprès d'elle [Romance de Violetta : Addio del passato... / Adieu tout ce que j'aime...]. Rodolphe apparaît bientôt, pâle d'émotion, implorant son pardon pour l'injuste cruauté qu'il a eue à son égard. [Duo pathétique Violetta-Rodolphe : Parigi o cara... / Loin de Paris...] qui s'achève par la mort de la malade.
« Le sujet est trop triste pour un opéra. On y est accoutumé au spectacle d'une mort violente, mais on assistera toujours avec un sentiment de malaise à l'agonie d'une pauvre femme poitrinaire, et si cette femme est une cantatrice qui chante jusqu'à la dernière scène, on sera toujours tenté de lui dire : « Assez ! reposez-vous. » Violetta Valery, nouvelle Dame aux camélias, mène une existence tumultueuse, dissipée, vertigineuse avec son amant Alfredo. Le père de celui-ci va trouver la courtisane et tente des efforts désespérés pour lui arracher son fils. Les scènes de bal, de jeu se succèdent. Violetta, compromise, outragée, devient odieuse à Alfredo, qui s'en éloigne en la maudissant. Au troisième acte, la malheureuse femme est arrivée au dernier degré de la phtisie pulmonaire ; étendue sur son lit funèbre, elle rassemble ses forces pour chanter un duo avec Alfredo, qui est revenu assister à l'agonie de sa maîtresse, pendant qu'on entend au dehors la bacchanale du mardi-gras, et elle meurt dans ses bras. On peut dire que la musique du maestro a fait accepter le sujet. Elle est assurément bien propre à captiver l'auditeur le plus prévenu. L'introduction, le chœur dans lequel se trouve le brindisi : Libiamo ne' lieti calici, le duo sur un temps de valse sont des morceaux tout à fait saillants, dont la mélodie est ferme, vive, accentuée et bien caractérisée. Au second acte, la scène entre le père et le fils est assez pathétique. Celle dans laquelle Alfredo, indigné, jette à la tête de Violetta les billets de banque et l'or, a de l'énergie et du mouvement. Le troisième acte, comme nous l'avons dit plus haut, est douloureux à voir, mais la musique est délicieuse à entendre. La romance chantée par Violetta mourante, son duo passionné avec Alfredo, méritent d'être placés au rang des meilleures inspirations de M. Verdi. Il est à regretter que le compositeur ait un peu négligé son instrumentation. Certains instruments de cuivre, comme le cornet à pistons, accompagnent trop obstinément les voix pendant de longues phrases entières. Le rôle principal a été joué avec succès par Mlle Piccolomini en 1856 ; les autres ont été remplis par Mario et Graziani. La Traviata a été l'occasion d'un nouveau triomphe pour Mlle Patti. Cet opéra a été donné au Théâtre-Lyrique, le 27 octobre 1864, sous le titre de Violetta. Mlle Nillson y a trouvé l'un de ses plus beaux succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« L'éclatant début de Mlle Christine Nilsson ne put qu'accentuer le succès, d'ailleurs certain, d'une des plus fortement inspirées et, à coup sûr, de la plus émue des partitions de M. Verdi. Les autres rôles étaient aussi tenus avec talent par Monjauze et Lutz. — La Traviata, dont Violetta était la traduction, avait elle-même été imitée de la Dame aux Camélias, de M. Alexandre Dumas fils, à cette différence près que, pour plus d'élégance dans les costumes, l'action se passait au commencement du XVIIe — C'est à Venise, en 1853, que la Traviata était chantée pour la première fois. En décembre 1856, elle fut importée sur la scène de Ventadour par la Piccolomini (nièce du cardinal de ce nom). Depuis deux ans, il Trovatore avait conquis Paris au maestro Verdi, et notre dilettantisme, d'abord un peu revêche, ne lui marchandait plus les bravos. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Principaux personnages : Violetta de Saint-Ys ; Rodolphe d'Orbel ; Georges d'Orbel, son père.
L'action se passe à Paris au commencement du règne de Louis XV ; aux mois d'août, de janvier et de février.
La Traviata (Violetta) est la transposition de la Dame aux Camélias. Au temps de Verdi, on n'osait pas encore faire chanter des personnages d'aujourd'hui, en costumes modernes. Aussi l'action a-t-elle été reculée jusqu'aux premières années du règne de Louis XV. A part cela, la pièce originale n'a subi que peu de modifications.
Marguerite Gautier est devenue Violetta de Saint-Ys, sans changer de profession du reste. Les Duval sont devenus les d'Orbel : c'est tout.
Le premier acte se passe chez la demi-mondaine, pendant une brillante soirée. Présentation de Rodolphe d'Orbel. Ebauche de l'idylle. Nous sommes avertis que Violetta est atteinte d'un mal mystérieux. Quand baisse le rideau elle est éprise de Rodolphe et rêve de se réhabiliter par l'amour.
Au second acte, nous sommes dans la villa où Rodolphe et Violetta cachent à tous leur bonheur. Rodolphe apprend fortuitement que son amie réalise ses biens meubles pour parer à de graves embarras d'argent. Stupéfait, il promet de faire le nécessaire et part à la recherche de fonds.
En son absence, sa maîtresse reçoit la visite d'un homme d'âge qui se présente comme le père de Rodolphe. Il vient demander à Violetta de prouver son amour en se sacrifiant, en disparaissant de la vie du jeune homme. Après une lutte héroïque, elle y consent. Elle sent du reste que ses jours sont comptés ; bientôt la mort viendra la délivrer.
Georges d'Orbel parti, Violetta écrit à Rodolphe la lettre d'adieu, mais elle la cache lorsqu'elle le voit entrer. Puis elle part. A peine est-elle sortie, qu'il se trouve en face de son père, qui lui fait de la morale. Il ne veut rien entendre. Mais on lui remet la lettre de son amie. Il la lit, pousse un cri de désespoir et sort comme un fou en jurant de se venger.
Le troisième acte se passe chez Clara, une demi-mondaine amie de Violetta. On y parle de la rupture entre Rodolphe et sa maîtresse. Après divers hors-d'œuvre, Violetta elle-même fait son entrée au bras d'un baron qui l'entretient pour le quart d’heure ; délaissée, il lui a bien fallu revenir à ses anciennes occupations.
Une surprise l'attend : Rodolphe est parmi les invités. La rencontre entre le baron et lui ne peut être évitée. Tout se passe cependant sans trop gros scandale. Les ex-amants réussissent à se voir sans témoins un instant. Rodolphe est cruel ; Violetta, désespérée et meurtrie, joue jusqu'au bout son rôle, fidèle à la promesse faite à Georges d'Orbel. Alors, publiquement, Rodolphe l'outrage et la pauvre femme risque d'en mourir. C'est alors que Georges d'Orbel lui-même paraît et prend la défense de la malheureuse ; après quoi il emmène son fils.
Quatrième acte : la chambre à coucher de Violetta. La pauvre femme est très malade, au lit. Visite du docteur, qui annonce à la servante la fin prochaine. Rodolphe, qui s'est battu en duel avec le baron et l'a blessé, a appris de son père le sacrifice sublime de celle qu'il a injustement accusée. Il vient lui demander pardon in extremis. Duo pathétique, qui s'achève par la mort de la malade. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Ce que nous disions de Rigoletto s'applique exactement à la Traviata, démarquage de Piave, musique de Verdi : Les versions françaises d'Edouard Duprez nous ont restitué fort imparfaitement les chefs-d'œuvre de Victor Hugo et d'Alexandre Dumas fils. Des traditions décoratives ont imposé les costumes du temps de Louis XV aux personnages de cette comédie romanesque, sans aucun souci de la vraisemblance, en ce qui concerne les mœurs de l'époque.
Représentée pour la première fois en italien, à Venise, le 6 mars 1853 — en français, à Paris, sur le Théâtre-Lyrique, le 27 octobre 1864 et à l'Opéra-Comique, le 12 juin 1886, la Traviata met en scène les protagonistes de notre Dame aux Camélias, aux prises avec le même sujet : Marguerite Gautier est devenue Violetta de Saint-Ys, rôle si fréquemment chanté par la Patti.
***
Violetta de Saint-Ys est ce qu'on appelait
« galante » — et, ce qui suffirait à dater, donne chez elle une soirée. Sa
devise est « courte et bonne » — elle se sent atteinte aux sources de la vie, et
souhaiterait de vouer son temps, compté désormais, à un sincère amour unique.
C'est la raison de sa passion vive et soudaine pour Rodolphe d'Orbel — et elle
se met en mesure de changer radicalement de conduite. Elle ne songe plus qu'à
Rodolphe et lui sacrifie toutes ses anciennes relations, au détriment de ses
intérêts. Il lui devient impossible de subvenir aux frais
habituels. Son ami s'en aperçoit, et veut absolument l'aider.
Pendant qu'il s'occupe de réaliser quelques fonds, Violetta voit venir à elle un respectable personnage qui décline ses nom, prénom et qualité : Georges d'Orbel, père de Rodolphe. Il fait comprendre à la courtisane que son amour pour le jeune homme est gravement préjudiciable à l'avenir de celui-ci, et il lui demande simplement de se sacrifier.
Violetta, qui se sent perdue, s'y résigne. Elle consent à écrire une lettre de rupture — qu'elle n'a pas le courage de remettre elle-même à Rodolphe — et s'arrange pour disparaître. Le père d'Orbel a vainement essayé de faire entendre raison à son fils — la lettre aura plus de succès ; mais son premier effet est de précipiter l'amant qui se croit délaissé, trahi, à la recherche de Violetta.
Il la rejoint chez une ancienne amie, Clara, où elle s'est laissé accompagner par le nouveau protecteur qu'elle a bien été obligée de prendre. Rodolphe s'emporte ; il provoque son rival et il outrage sa maîtresse. Georges d'Orbel, ému, s'interpose et parvient à entraîner son fils.
Violetta de Saint-Ys ne se relèvera pas du dernier coup qui l'a frappée. Mais elle aura la suprême consolation de mourir dans les bras de son Rodolphe, qui vient enfin de connaître l'héroïque abnégation de cette pauvre fille — dont le cœur a racheté l'âme. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
TREILLE DU ROI (LA)
Opérette en un acte, livret de Ch. Dupeuty, musique de Paul Henrion, non représentée, et publiée dans le Journal des Demoiselles.
TREIZE (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Paul Duport, musique de Fromental Halévy. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 15 avril 1839, avec Mme Jenny Colon (Isella), MM. Jean-Baptiste Chollet (Hector), Roy (Odoard), Jansenne (Gennaio), Léon (Matteo), Palianti (le greffier du Barigel). => partition
« L'idée de cet ouvrage a été prise dans une nouvelle de Balzac. Treize jeunes gens de la noblesse napolitaine se sont associés pour se livrer à toutes sortes d'équipées galantes. Deux d'entre eux, poursuivant une jeune couturière de la rue de Tolède, sont mystifiés par un aubergiste. La donnée du livret est presque intolérable ; mais elle n'a pas empêché Halévy d'écrire une partition remarquable par la délicatesse de l'orchestration, l'originalité des rythmes, la nouveauté des effets d'accompagnement. Le compositeur, après avoir montré les qualités les plus variées dans le Dilettante d'Avignon, la Langue musicale, la Juive, l'Eclair, Guido et Ginevra, a prouvé dans les Treize qu'il ne reculait pas devant les innovations hardies. Le public ordinaire de l'Opéra-Comique fut un peu dérouté par le luxe inusité des combinaisons harmoniques qui lui étaient offertes, et cet ouvrage très estimé des connaisseurs, n'eut pas un grand succès. Nous appellerons l'attention du lecteur sur l'ouverture d'abord, ensuite sur la ballade : Il est dans Naples la jolie, et sur le finale du premier acte où se trouve ce trio charmant : Trouble extrême, elle est là. Le quatuor qui termine le deuxième acte : O ciel ! quoi ! me voilà marquise ! est spirituel et d'un effet scénique ; l'air chanté par Isella : Oui, je suis une grande dame, est le morceau le plus connu de l'ouvrage. Le troisième acte renferme en outre deux duos fort bien faits, mais dont le dernier a paru trop long. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TREIZIÈME COUP DE MINUIT (LE)
Légende lyrique en trois actes, livret de Clairville et Gaston Marot, musique de Jean-Jacques-Joseph Debillemont, représenté au théâtre du Château-d'Eau en septembre 1874. On y a applaudi une romance de ténor et un chœur de soldats. Chantée par Edmond Cabel et Mlle Julie Bressolles.
TRENTE ET QUARANTE (LE)
Comédie musicale en trois actes, livret de Jean de Litraz, musique de Richard Heymann. Création aux Bouffes-Parisiens le 19 novembre 1935 avec Mmes Alice Cocéa (Jacline), Suzanne Dehelly (Noune) ; MM. P. Minzand (Pierre), P. Brasseur (Gérard), Koval (le maître d'hôtel).
"Quel singulier mari a donc choisi Jacline ! C'est à Monte-Carlo qu'il l'emmène en voyage de noces et à peine débarqué il court jouer à la roulette : on ne le reverra qu'en de brefs moments où il viendra nous tenir au courant de sa chance, bonne ou mauvaise, et emprunter à sa jeune épouse les subsides du voyage. A ce jeu il finit en effet par gagner une fortune, mais il perd sa femme. C'est que les choses vont vite au théâtre. Jacline, qui s'ennuie, fait la connaissance d'une dame de petite vertu, laquelle lui fournit les meilleurs conseils pour faire la conquête des hommes ; et c'est ainsi que notre apprentie séductrice fait celle de Gérard, qui par une de ces coïncidences qui ne gênent pas les auteurs dramatiques est justement l'ami du mari d'un jour. Car il y aura divorce et nouveau mariage. Sur ce sujet léger, M. Richard Heymann a écrit une partition agréable, délicate, sans angles, sans grand relief aussi, dont pourtant on peut retenir les jolis couplets : Dites merci, madame, et une valse plus séduisante que personnelle. La gràee, un peu appuyée de Mlle Cocéa, l'entrain clownesque de Mlle Dehelly, la drôlerie de M. Koval ont heureusement servi cette agréable comédie." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
TRENTE ET QUARANTE (LE) ou LE PORTRAIT
Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Pineu-Duval, musique d’Angelo Tarchi. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 mai 1799.
TRÉSOR (LE)
Opéra-comique en un acte et en vers, livret de François Coppée, musique de Charles Lefebvre (op. 53), représenté à Angers le 28 mars 1883, avec Mlle Séveste (Véronique), MM. Constance (l'Abbé), Gheleyns (le Duc Jean).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 15 décembre 1884 avec Mlle A. Legault (Véronique), MM. Delaquerrière (l'Abbé), Soulacroix (le Duc Jean).
TRÉSOR À MATHURIN (LE)
Opérette, livret de Michel Carré et Léon Battu, musique de Jacques Offenbach, représenté salle Herz le 07 mai 1855. Cet ouvrage est devenu le Mariage aux lanternes (voir ce titre).
TRÉSOR DE JEANNOT (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de José Protti, compositeur espagnol, représenté au Cercle artistique de Marseille en 1877.
TRÉSOR DE LA TANTE BÉCHUT (LE)
Opérette, musique de Georges Douay ; représentée à la Tertulia en septembre 1872.
TRÉSOR DE PIERROT (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon, musique d’Eugène Gautier. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 05 novembre 1864, avec Mmes Eugénie Monrose (Lucette), Valérie Tual (Florise), MM. Félix Montaubry (Pierrot), Victor Prilleux, Armand Potel, Nathan.
TRÉSOR SUPPOSÉ (LE) ou LE DANGER D'ÉCOUTER AUX PORTES
Comédie en un acte mêlée de musique, livret de François-Benoît Hoffman, musique d’Etienne-Nicolas Méhul. Création sur le théâtre de l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 juillet 1802. La partition, d'après l'opinion de M. Fétis, assez sévère d'ailleurs à l'égard de n'est pas digne du talent et de la réputation de ce compositeur. Le poème eut du succès. C'est dans cet ouvrage qu'on remarque ces mots : Il ne faut jamais dire jamais ; qui est-ce qui peut répondre de l'avenir ? Le parterre malicieux fit l'application de cette phrase à un jamais proféré dans la chambre élective par M. de Serre, alors garde des sceaux, et par suite de cette allusion politique la phrase se répandit dans le public et devint proverbiale.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TRÉTEAUX DE MAÎTRE PIERRE (LES)
[El Retablo de Maese Pedro = le Retable de Maître Pierre]
Adaptation scénique et musicale en un acte d'un épisode du Don Quichotte de Cervantès (chapitres XXV et XXVI de la IIe partie), version française de Georges Jean Aubry, poème et musique de Manuel de Falla.
Personnages : Maître Pierre (ténor) ; le Truchement (el Trujaman), un jeune garçon (mezzo-soprano) ; Don Quichotte (basse) ; Sancho Pança, l’aubergiste, l’érudit, le page, l’homme à la lance et aux hallebardes (rôles muets) ; hérauts, chevaliers, etc., à la cour de Charlemagne ; Maures.
Personnages du spectacle de marionnettes : Charlemagne, Don Gayferos, Don Roland, Melisendra, le roi Marsilius, le Maure amoureux.
Première exécution (version de concert) à Séville, Teatro San Fernando, le 23 mars 1923.
Première représentation scénique, en privé, dans les salons de la Princesse Edmond de Polignac, à Paris, le 25 juin 1923 :
Mme Amparito PERIS (le Truchement).
MM. Hector DUFRANNE (don Quichotte), Thomas SALIGNAC (Maître Pierre).
Chef d'orchestre: Wladimir GOLSCHMANN.
Wanda LANDOWSKA au clavecin.
Marionnettes de H. LANZ.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 mars 1928. Mise en scène de Georges Ricou. Décors et costumes d’Ignacio Zuloaga et Maxime Dethomas.
Mme KAMIENSKA (le Truchement).
MM. Hector DUFRANNE (don Quichotte), Thomas SALIGNAC (Maître Pierre).
Chef d'orchestre : Louis MASSON.
15 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Personnages réels : DON QUICHOTTE (baryton) — SANCHO PANÇA (ténor bouffe) — LE TRUCHEMENT (voix de garçon) — MAITRE PIERRE (rôle parlé).
L'exécution scénique du Retable implique nécessairement l'usage d'un théâtre de marionnettes, qui peut être rudimentaire, mais dont les dimensions doivent être assez grandes pour que les petits acteurs en soient visibles des spectateurs.
Dans l'écurie d'une auberge, en Aragon, les habitants du lieu, et parmi eux Don Quichotte et Sancho Pança, assistent à une représentation de marionnettes que donne Maître Pierre. On y voit Melisendra, une fille présumée de Charlemagne, faite prisonnière par les Maures et délivrée par son époux Gayferos. Mais les Maures, s'étant aperçus de l'évasion, poursuivent les fugitifs. Alors Don Quichotte, emporté par sa bravoure et son imagination, prend pour la réalité ce qui n'est qu'un jeu et, pour secourir les amants, se jette sur les marionnettes de Maître Pierre et les pourfend.
Le récit de l'action scénique est fait par le Truchement qui psalmodie à toute vitesse son boniment. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
TRIBUNAL (LE)
Opéra français, musique de Sola, représenté à Genève en 1816.
TRIBUT DE ZAMORA (LE)
Opéra en quatre actes, livret d’Adolphe d’Ennery
et Jules Brésil, musique de Charles Gounod. Création au Théâtre de l'Opéra
le 01 avril 1881. =>
fiche technique
TRIBUT DU CŒUR À L’OCCASION DE LA PAIX (LE)
Scène lyrique sur des airs connus, livret de Louis Payen, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 03 décembre 1783.
TRICORNE ENCHANTÉ (LE)
Opéra-comique, livret tiré de la nouvelle de Théophile Gautier, musique de Léon Jouret, représenté dans la salle du Cercle artistique et littéraire, à Bruxelles, en mai 1873. On a remarqué un trio, un quintette et une chanson à boire. Chanté par Jourdan, Ricquier, Mengal, Guérin, Mme Amélie Faivre et Isaac.
TRILBY
Opérette en un acte, paroles de Mahiet de la Chesneraye, musique de Laurent de Rillé, représentée aux Folies-Nouvelles en janvier 1858. Le livret a été tiré du conte charmant de Charles Nodier.
TRIOMPHE D'ALCIDE À ATHÈNES (LE)
Opéra en deux actes, paroles de Moline et Pillon, musique de Bianchi, représenté au théâtre des Jeunes-Élèves (rue de Thionville) en septembre 1806.
TRIOMPHE D'ARLEQUIN (LE)
Opérette-pantomime en un acte, livret d'Alexandre Guyon, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Eldorado en 1878. => partition et livret
TRIOMPHE DE L'AMOUR (LE)
Opéra-ballet en cinq actes et vingt entrées, paroles de Benserade et Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully.
Création le 21 janvier 1681 au Théâtre de la Cour, à Saint-Germain-en-Laye, par les Artistes du Théâtre de l'Opéra [Académie royale de musique]. Les entrées étaient dansées par les plus grandes Dames et les plus illustres Seigneurs de la Cour, en particulier Monseigneur et Madame la Dauphine, ainsi que Mademoiselle de Nantes.
Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra [Académie Royale de Musique] (salle du Palais Royal) le 08 mai 1681. Décors et machines de Rivani. Chorégraphie de BEAUCHAMP et PECOURT.
Mlles LA FONTAINE, débuts (Orythie), DE NANTES (la Jeunesse).
MM. FAVIER (Endymion), PECOURT (Borée), BEAUCHAMP (Mars).
Artistes du chant : Mmes FERDINAND (Vénus), REBEL (Amphitrite), SAINT-CHRISTOPHE (la Nuit), FERDINAND cadette (Diane).
MM. FERNON (le Mystère), GUILLEGAUT (le Silence, Neptune), ARNOUX (Mercure), GAYE (Jupiter), MOREL (un Indien).
Chef d'orchestre : Pascal COLASSE
N.B. — Mlle LA FONTAINE fut la première danseuse professionnelle à paraître sur la scène de l'Académie Royale.
Première au Palais Garnier le 06 janvier 1925 (256e représentation), dans une réalisation d'André CAPLET. Décor et costumes de Maxime Dethomas. Chorégraphie de Léo STAATS.
Mlles J. SCHWARZ (Orythie), S. SCHWARZ (la Jeunesse).
MM. RYAUX (Endymion), S. PERETTI (Borée), DENIZART (Mars).
Artistes du chant: Mmes CESBRON-VISEUR (Vénus), LAVAL (la Nuit), CAMPREDON (Diane).
MM. THILL (le Mystère), GUYARD (le Silence), CAMBON (Mercure), MADLEN et MAHIEUX (2 Plaisirs).
Chef d'orchestre : André CAPLET
Reprise du 16 décembre 1932 (263e représentation).
Mlles DIDION (Orythie), SIMONI (la Jeunesse).
MM. S. PERETTI (Endymion), GOUBE (Borée), DUPREZ (Mars).
Artistes du chant : Mmes CAMPREDON (Vénus), LAVAL (la Nuit), Solange RENAUX (Diane), LUMIÈRE (le Mystère).
MM. ERNST (le Silence), CAMBON (Mercure), CHASTENET et MOROT (les Plaisirs).
Chef d'orchestre : Gabriel GROVLEZ
267 représentations à l’Opéra au 31.12.1961, dont 12 au Palais Garnier.
« Plusieurs seigneurs et dames de la cour y dansèrent. C'étaient Mlles de Commercy, de Tonnerre, de Clisson, de Poitiers, de Biron, Mmes de Gontaut, de Seignelay, Mmes les duchesses de Mortemart, de Sully, de Conti, de la Ferté, les princesses Marianne et de Guémenée. Madame la Dauphine remplit le rôle de Flore. On comprend que les cavaliers de si grandes dames étaient les plus grands seigneurs du temps, depuis le prince de la Roche-sur-Yon jusqu'au comte de Guiche. Le poète adresse à chacun de ces danseurs et de ces danseuses des remerciements en vers, parmi lesquels on en remarque quelques-uns fort spirituels et même malins. Ce ballet fut représenté à Paris, à l'Académie royale de musique, le 6 mai 1681. Jusqu'à cette époque, les hommes seuls avaient dansé sur le théâtre de l'Opéra. Pour imiter l'innovation qui avait eu lieu à Saint-Germain, et qui avait ajouté un brillant attrait au spectacle, des danseuses prirent sur la scène la place des dames de la cour. La première ballerine qui jouit de la faveur du public fut Mlle Lafontaine. Cette innovation, jointe à la beauté des décorations et à la musique de Lulli, contribua fort au succès prodigieux de ce ballet, qui fut constamment repris pendant trente ans. Nous signalerons dans la partition le chœur charmant : Suivons l'amour, portons sa chaîne. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Représenté à l’Opéra le mardi 15 avril 1681, et non le 6 mai, comme l'ont écrit les frères Parfaict et de Léris.
Machines de Rivani, qui imagine d'élever sur la scène un double théâtre.
Ce ballet, dansé pour la première fois à Saint-Germain, le 21 janvier 1681, fut repris à l’Opéra en janvier 1682 et en 1696.
Le 11 septembre 1705, il reparut réduit en 4 entrées, précédées d'un prologue, par Danchet et Campra, et, le 26 novembre 1705, on le donna avec un prologue nouveau et une 5e entrée.
C'est dans ce ballet que Lully introduisit des danseuses sur le théâtre, — innovation très goûtée du public. Parmi ces ballerines on remarqua Mlles de la Fontaine, Pesant, Carré et la petite Leclerc. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Représenté pour la première fois à Saint-Germain-en-Laye, le 21 janvier 1681, devant la Cour, le Triomphe de l’Amour avait alors eu pour interprètes des personnages de qualité, la dauphine elle-même en Flore, avec autour d’elle Mlles de Clisson, de Commercy, de Tonnerre, MM. de Guiche, de la Roche-sur-Yon et de Vermandois. Il fut ensuite joué à l'Opéra avec Mlles Ferdinand (Vénus), Rebel (Amphitrite), Ferdinand cadette (Diane), de Saint Christophe (la Nuit). »
(Larousse Mensuel Illustré, février 1925)
TRIOMPHE DE L'AMOUR CONJUGAL (LE) ou L’HISTOIRE D’ADMÈTE ET D’ALCESTE
« Spectacle à machines », musique de Charles-Guillaume Alexandre, représenté sur le théâtre du palais des Tuileries le 16 mars 1755. C'était une des actions scéniques sans paroles que le fameux peintre et mécanicien Servandoni imaginait et dont il peignait les admirables décors, dont la vue faisait accourir tout Paris à son « Spectacle en décorations ». Ces pièces, qui ne devaient être, en somme, que des pantomimes, étaient accompagnées d'un bout à l'autre d'une musique descriptive.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TRIOMPHE DE L'AMOUR ET DE L'HYMEN (LE)
Divertissement, musique de Bouvard, représenté à la cour en 1729.
TRIOMPHE DE L'HARMONIE (LE)
Opéra-ballet de trois entrées, avec un prologue, paroles de Lefranc de Pompignan, musique de Grenet, représenté à l'Académie royale de musique le 09 mai 1737, avec Tribou, Chassé, Jélyotte, Dun; Mlles Petitpas, Fel, Pélissier et Eremans. Ballet : Dumoulin, Dupré, Mlle Sallé.
« Orphée, Hylas, Amphion, la Paix, l'Amour, l'Harmonie enfin sont les personnages de cet opéra. Le poète ne s'est pas mis en frais d'imagination. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Sujet : l'Harmonie, la Paix et l'Amour, prologue ; 1. Orphée ; 2. Hylas ; 3. Amphion.
Reprises : 23 janvier 1738 et 14 juillet 1746. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TRIOMPHE DE LA PAIX (LE)
Opéra, musique de Pierre Gaultier, représenté à Marseille le 28 janvier 1682. Ce compositeur avait obtenu le privilège d'établir un Opéra à Marseille et dans quelques autres villes du Midi. Il était bon musicien et habile claveciniste. Son ouvrage a été loué par Brossard, La Borde et Le Gallois.
TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE (LE)
« Ode triomphale », paroles et musique d’Augusta Holmès, exécutée le 21 septembre 1889, dans la grande nef du Palais de l'Industrie (Champs-Elysées), pour les fêtes de l'Exposition universelle, en présence de 22.000 auditeurs. C'était une grande composition symbolique, d'un caractère grandiose et d'une belle ordonnance, à laquelle prenaient part 1.200 exécutants dont 350 instrumentistes. Une somme de 300.000 francs avait été votée par le conseil municipal pour cette manifestation à la fois artistique et patriotique, un théâtre colossal avait été construit dans l'immense nef du palais, et pour cette scène gigantesque l'excellent peintre J.-B. Lavastre avait brossé un décor admirable en son immensité. L'œuvre, mâle et forte, et qu'on ne dirait point écrite par une main de femme, obtint un très grand et très légitime succès aux quatre auditions qui en furent données à quelques jours d'intervalle. Il va sans dire qu'elle était presque exclusivement chorale, à part quelques rares soli et de peu d'importance. C'était comme une sorte de vaste fresque sonore, d'un effet puissant et d'un caractère plein de vigueur.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE (LE) ou LE CAMP DE GRANDPRÉ — Voir le Camp de Grandpré.
TRIOMPHE DE TRAJAN (LE)
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Joseph-Alphonse Esménard, musique de Jean-François Lesueur et Louis-Luc Loiseau de Persuis, création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 23 octobre 1807. Divertissements de Pierre Gardel. Décors d'Ignazio Degotti, Mathis et Desroches, Moench. Costumes de Jean-Simon Berthélemy. Avec Lainé (Trajan), Lays (Licinius), Dérivis (Sigismar), Nourrit (Décébale), Bertin (le Grand Prêtre); Mmes Armand (Plotine) et Branchu (Elfride).
« L'empereur Napoléon, sollicité par la femme d'un prince qui avait conspiré contre lui, d'accorder sa grâce, jeta au feu les pièces de conviction et dit : « Vous le voyez, madame, je ne puis pas condamner, il n'existe plus de preuves. » Esménard prit ce fait pour sujet de sa pièce apologétique. Trajan, au dénouement, brûlait sur un réchaud les actes d'accusation des conspirateurs. La marche triomphale composée par Lesueur devint de suite populaire. Persuis substitua peu à peu sa musique à celle de son collaborateur, et eut la faiblesse d'annoncer l'opéra comme entièrement composé par lui. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra fut inspiré par un acte de clémence de Napoléon. Il fut mis en scène avec un grand luxe de décors et de costumes. Le tableau du triomphe de l’empereur romain était superbe et contribua puissamment au succès de l'ouvrage, que Persuis finit par considérer comme étant uniquement de lui.
Il reparut en 1814 avec des corrections et des changements dus à P.-A. Vieillard, et le 11 décembre 1826 pour la représentation de retraite de Nourrit père.
La centième représentation de cet opéra fut donnée le 9 octobre 1814.
La Marche de Trajan, de Lesueur, est le seul morceau de cette partition qui soit resté célèbre. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TRIOMPHE DES ARTS (LE)
Opéra-ballet en cinq actes, paroles de Houdar de La Motte, musique de Labarre, représenté à l'Académie royale de musique le 16 mai 1700. L'Architecture, la Poésie, la Musique, la Peinture et la Sculpture forment cinq entrées, dont la dernière a pour sujet Pygmalion. Elle a été depuis représentée séparément sous ce titre (Voir Pygmalion).
"Cet opéra-ballet du célèbre flûtiste Michel de Labarre n'a point été repris ; mais la 5e entrée, la Sculpture, a reparu sous le titre de Pygmalion (en 1748) et la musique de Rameau a justement fait oublier la médiocre partition de Labarre."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TRIOMPHE DES CRYPTOGAMES (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de M. Herprech, représenté à Dunkerque en mars 1891.
TRIOMPHE DES SENS (LE)
[les Sens] Opéra-ballet en cinq actes, précédé d'un prologue, paroles de Roy, musique de Mouret, représenté par l'Académie royale de musique le 05 juin 1732.
Interprètes : Chassé, Dumast, Tribou et Dun ; Mlles Le Maure, Pélissier, Petitpas, Eremans, Antier et Mignier.
Ballet : Dupré, Laval, Dumoulin, Bontemps, Javillier; Mlles Sallé, Camargo, Thibert, Mariette, etc.
Cet ouvrage fut repris à l'Opéra le 17 mai 1740 et en 1751.
TRIOMPHE DU MOIS DE MARS (LE) ou LE BERCEAU D'ACHILLE
Opéra-ballet en un acte, livret d'Emmanuel Dupaty, musique de Rodolphe Kreutzer, représenté à l'Académie impériale de musique le 27 mars 1811. C'était une pièce de circonstance composée pour fêter la naissance du roi de Rome (20 mars 1811).
TRIOMPHE DU SENTIMENT (LE)
Opéra-comique en trois actes avec danses, paroles de Joseph Bertrand, musique de Henri Hamal, représenté à Liège le 28 janvier 1775.
TRIPLE MARIAGE (LE)
Comédie en un acte, en prose, avec un divertissement, paroles de Destouches, musique de Gilliers, représentée aux Français le 7 juillet 1716.
TRIPTYQUE (LE) — [Il Trittico]. Voir Tabarro (Il), Sœur Angelica et Gianni Schicchi.
TRISTAN ET ISOLDE
[Tristan und Isolde]
Drame musical allemand en trois actes, d’après le poème allemand de Gottfried von Strassburg (XIIIe s.), poème et musique de Richard Wagner.
Personnages : Tristan, chevalier de Cornouailles, neveu du roi Marke (ténor) ; Marke, roi de Cornouailles (basse) ; Isolde, princesse irlandaise (soprano) ; Brangaene, suivante d’Isolde (mezzo-soprano) ; Kurwenal, écuyer de Tristan (baryton) ; Mélot ; un marin (ténor) ; un berger (ténor) ; un pilote (baryton) ; hommes d’équipage, chevaliers, écuyers.
L’action se déroule à l’époque légendaire, sur un navire en mer ; les alentours du palais du roi Marke en Cornouailles ; le château de Tristan à Kareol.
Création à Munich, Hoftheater, le 10 juin 1865.
Première au Théâtre du Festival de Bayreuth, le 25 juillet 1886.
|
MUNICH 10.06.1865 |
LONDRES 1882 |
BAYREUTH 25.07.1886 |
NEW YORK 01.12.1886 |
Isolde |
Malvina SCHNORR VON CAROLSFELD |
SUCHER |
MALTEN |
Lillie LEHMANN |
Brangaene |
Anne DEINET |
BRANDT |
STAUDIGL |
BRANDT |
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Tristan |
Ludwig SCHNORR VON CAROLSFELD |
WINKELMANN |
GUDEHUS |
NIEMANN |
Kurwenal |
Anton MITTERWURZER |
LANDAU |
PLANK |
ROBINSON |
le Roi Marke |
Ludwig ZOTTMAYER |
GURA |
SIEHR |
FISCHER |
Mélot |
Karl Samuel HEINRICH |
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Chef d’orchestre |
Hans von BÜLOW |
RICHTER |
H. LEVI |
A. SEIDL |
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LONDRES Covent Garden 15.06.1892 |
BRUXELLES* Monnaie 21.03.1894 |
AIX-LES-BAINS* Grand Cercle 10.09.1897 |
PARIS* Nouveau Théâtre 28.10.1899 |
PARIS* Château d’Eau 03.06.1902 |
Isolde |
SUCHER |
TANÉSY |
CHRÉTIEN |
LITVINNE |
LITVINNE |
Brangaene |
SCHUMANN-HEINK |
WOLF |
DESCHAMPS-JEHIN |
BREMA |
OLITZKA |
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Tristan |
ALVARY |
COSSIRA |
COSSIRA |
GILBERT |
DALMORES |
Kurwenal |
KNAPT |
SEGUIN |
ALBERS |
SAIMPREY |
ALBERS |
le Roi Marke |
X |
LEQUIEN |
BOUSSA |
VALLIER |
DARAUX |
Melot |
DANLÉE |
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le Berger ; le Matelot |
ISOUARD |
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le Pilote |
MAAS |
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Chef d’orchestre |
G. MAHLER |
Philippe FLON |
Léon JEHIN |
LAMOUREUX |
Alfred CORTOT (piano) |
* Les versions françaises sont signées de Victor Wilder à Bruxelles, Victor Muller à Aix-les-Bains et Alfred Ernst à Paris.
Première fois en français (traduction de Victor Wilder) au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles, le 21 mars 1894.
Première fois à Paris (traduction d'Alfred Ernst, terminée par de L. de Foucauld et Paul Bruck) au Nouveau Théâtre le 28 octobre 1899 avec Mme Félia LITVINNE (Isolde), et M. GIBERT (Tristan), sous la direction de Charles LAMOUREUX.
On doit une version française à Jacques d'Offoël, ainsi qu'à Gustave Samazeuilh.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 26 mai 1925, dans la version française de Maurice Léna et Jean Chantavoine. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.
Mmes Suzanne BALGUERIE (Isolde), Madeleine SIBILLE (Brangaine).
MM. Oscar RALF (Tristan), Henri ALBERS (Kurwenal), Félix VIEUILLE (le Roi Marke), Maurice SAUVAGEOT (Mélot), Georges GÉNIN (un Matelot), Léon NIEL (un Pâtre), André GOAVEC (le Pilote).
Chef d'orchestre : Désiré Emile INGHELBRECHT
Reprise à l'Opéra-Comique du 23 mai 1926 (12e représentation). Même distribution que le 26 mai 1925, sauf : MM. Maurice OGER (Tristan), Roger BOURDIN (Mélot), Emile ROUSSEAU (le Pilote), et Albert WOLFF au pupitre.
Reprise à l’Opéra-Comique le 25 novembre 1931 (en allemand) avec l’Opéra de Bayreuth sous la direction de Franz von Hoesslin.
« Nous avons eu aussi deux représentations de Tristan et Isolde en allemand, auxquelles l'indisposition successive des deux artistes bayreuthiens chargés du rôle de Tristan et qu'il a fallu remplacer au petit bonheur quelques heures avant le lever du rideau n'a pas été favorable, mais qui ont tout de même conservé leur attrait grâce au puissant ascendant de M. Franz von Hoesslin. En quelques heures de préparation ce chef excellent, formé à la bonne école wagnérienne, a su assurer l'unité des éléments assez divers placés sous ses ordres, et obtenir notamment des résultats surprenants de la phalange instrumentale de l'Opéra-Comique aux effectifs, hélas ! forcément restreints, mais visiblement désireux de donner toute leur mesure sous la baguette d'un tel animateur. Visiblement mieux disposée le second soir que le premier, Mme Henny Trundt, dont le registre aigu trahit parfois quelque fatigue, est une Isolde ardente, et fidèle à l'esprit de son personnage. A ses côtés, par le timbre généreux de son organe, la netteté de sa diction, Mme Kindermann s'affirme une des meilleures Brangaene de l'heure. M. Krenn donne à Kurwenal la rude cordialité qui convient, MM. Manowarda et Weler ont tour à tour mis dignement en valeur l'émouvante déploration de Marke. Et entre les Tristan improvisés, il m'a semblé que M. Gustav von Loor, moins expérimenté peut-être que M. Krahl, dont l'aspect de jeunesse était sympathique, avait cependant, surtout au dernier acte, un sentiment plus pénétrant, plus exact de la lourde tâche qui lui était échue... »
(Gustave Samazeuilh, la Revue hebdomadaire, janvier 1932)
61 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 14 décembre 1904 (répétition générale le 11 décembre), dans la version française d'Alfred Ernst. Mise en scène de Pedro Gailhard. Décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes GRANDJEAN (Isolde), FEART (Brangaene).
MM. ALVAREZ (Tristan), DELMAS (Kurwenal), A. GRESSE (le Roi Marke), CABILLOT (Mélot), DONVAL (un Pâtre), TRIADOU (le Pilote), G. DUBOIS (un Matelot).
Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL
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19.10.1910 50e |
28.10.1910
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26.02.1930 76e |
28.02.1936 98e |
21.06.1938 107e (100e fêtée) |
Isolde |
NORDICA |
NORDICA |
LUBIN |
LUBIN |
LUBIN |
Brangaene |
LE SENNE |
LE SENNE |
VHITA |
LAWRENCE |
M. KLOZE |
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Tristan |
VAN DYCK |
VAN DYCK |
Paul FRANZ |
DE TREVI |
J. SATTLER |
Kurwenal |
DANGES |
DANGES |
DUCLOS |
ENDREZE |
JANSSEN |
le Roi Marke |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. HUBERTY |
FROUMENTY |
ALSEN |
Mélot |
NANSEN |
VERDIERE |
CAMBON |
CAMBON |
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un Pâtre |
GONGUET |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
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le Pilote |
TRIADOU |
NEGRE |
NOGUERA |
NOGUERA |
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un Matelot |
GONGUET |
VERGNES |
CHASTENET |
CHASTENET |
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Chef d’orchestre |
MESSAGER |
GAUBERT |
P. PARAY |
FURTWÄNGLER |
La reprise de 1936 eut lieu dans la version de Gustave Samazeuilh. Mise en scène de Pierre CHEREAU.
La 100e exacte à l’Opéra eut lieu le 11 mars 1936 avec les interprètes de la reprise du 28.02.1936.
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22.05.1941 111e |
23.06.1948 113e |
13.02.1953 140e |
11.05.1956 142e |
Isolde |
LUBIN |
FLAGSTAD |
GROB-PRANDL |
VARNAY |
Brangaene |
KLOZE |
HARSHAW |
MILINKOVIC |
MALANIUK |
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Tristan |
LORENZ |
LORENZ |
LORENZ |
SUTHAUS |
Kurwenal |
PROHASKA |
SCHOEFFLER |
NEIDLINGER |
SCHOEFFLER |
le Roi Marke |
MANOWARDA |
WEBER |
WEBER |
WEBER |
Mélot |
NEUMANN |
A. RICHARD |
CAMBON |
MASSARD |
un Pâtre |
ZIMMERMANN |
DELORME |
ROUQUETTY |
ROUQUETTY |
le Pilote |
FLEISCHER |
PHILIPPE |
PHILIPPE |
ALVES |
un Matelot |
ARNOLD |
DESHAYES |
RIALLAND |
RIALLAND |
Chef d’orchestre |
VON KARAJAN |
SEBASTIAN |
SEBASTIAN |
KNAPPERTSBUSCH |
146e à l’Opéra, le 21 avril 1958 :
Mmes VARNAY (Isolde), GORR (Brangaene).
MM. BEIRER (Tristan), VON ROHR (Kurwenal), WIENER (le Roi Marke), MASSARD (Mélot), ROUQUETTY (un Pâtre), MARS (le Pilote), RIALLAND (un Matelot).
Chef d'orchestre : Hans KNAPPERTSBUSCH
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Isolde : Mmes LITVINNE (1907), FREMSTAD (1910), DEMOUGEOT (1912), MERENTIE (1913), POOLMAN-MEISSNER (1926), WILDBRUNN (1928), LEIDER (1930), BUNLET (1936), JUYOL (1949).
Brangaene : Mmes CARO-LUCAS (1905), PAQUOT d'ASSY (1908), HOMER (1910), DUBOIS-LAUGER (1911), A. DAUMAS (1913), HORNEMAN (1926), R. ANDAY (1928), TESSANDRA (1931), OLSZEWSKA (1931), S. KALTER (1933), RUENGER (1934), M. SOYER (1936), E. CAVELTI (1949), H. BOUVIER (1949), Y. PONS (1950).
Tristan : MM. BURRIAN (1910), VERDIER (1912), URLUS (1926), GRAARUD (1928), MELCHIOR (1930), FORTI (1931), A. FISCHER (1938), FRONVAL (1949), FANIARD (1950).
Kurwenal : MM. BARTET (1905), BECK (1908), Raymond BOULOGNE (1908), H. DUFRANNE (1909), HINCKLEY (1910), ROSELLY (1913), CERDAN (1913), VAN HELVOIRT-PEL (1926), JERGER (1928), NISSEN (1930), BROWNLEE (1931), SCHORR (1935), HANZ (1935), BECKMANS (1949), R. BIANCO (1949).
le Roi Marke : MM. PATY (1908), CERDAN (1913), A. NARÇON (1914), KUBBINGA (1926), MAYR (1928), KIPNIS (1930), André PERNET (1931), ANDRESEN (1931), LIST (1935).
146 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé
Isolde, princesse d'Irlande, est ramenée en Cornouailles par Tristan pour devenir l'épouse du roi Marke. Par la vertu d'un philtre, elle s'éprend intensément de Tristan. Surpris par le roi et gravement blessé, Tristan rentre agonisant dans son château breton de Karéol, où Isolde le rejoint et meurt avec lui.
(Citations françaises de la version Samazeuilh.)
ACTE I. — Sur le pont du navire de Tristan, pendant la traversée d'Irlande en Cornouailles.
Scène 1. — La chanson d'un jeune marin fait éclater l'irritation d'Isolde qui est étendue sur un lit de repos. Sa colère redouble quand Brangaene lui annonce qu'on approche du but du voyage.
Scène 2. — Isolde envoie Brangaene sommer Tristan de paraître devant elle. Tristan, en effet, l'évite, et refuse d'accéder au désir de sa souveraine, prétextant l'obligation de demeurer au gouvernail du navire.
Scène 3. — Brangaene rapporte à sa maîtresse la réponse de Tristan. Isolde lui raconte alors comment le chevalier, qui présentement la conduit au roi Marke qu'elle doit épouser, a tué autrefois son fiancé Morold. Grièvement blessé, Tristan, sous le nom de Tantris, a été soigné et guéri par elle, grâce aux baumes merveilleux dont sa mère lui a transmis le secret. Brangaene s'efforce de calmer Isolde en essayant de justifier la conduite de Tristan. Isolde demeure pensive. Brangaene lui conseille, pour se faire aimer du roi Marke, d'user des philtres merveilleux qu'elle possède. Isolde se fait apporter le coffret contenant les breuvages magiques et choisit le philtre de mort pour le faire absorber à Tristan.
Scène 4. — Kurwenal, l'écuyer de Tristan, vient annoncer l'entrée au port. Isolde fait alors demander à Tristan un moment d'entretien et ordonne impérieusement à Brangaene, épouvantée, de verser dans une coupe le philtre de mort.
Scène 5. — Tristan paraît. Après un long silence, Isolde lui rappelle la dette de sang qui les sépare. Tristan se déclare prêt à mourir. Isolde cependant, ayant épargné le meurtrier de Morold, doit pardonner encore. Elle lui propose donc de vider la coupe de réconciliation et d'oubli.
Déjà les matelots poussent des cris d'allégresse à l'approche de la terre. Brangaene, chancelante, est allée préparer le breuvage et substitue au dernier moment le philtre d'amour à celui de mort. Isolde, lui prenant la coupe des mains, la tend à Tristan. Celui-ci boit longuement, mais Isolde la lui arrache vivement et boit à son tour.
Alors tous deux, en proie à une profonde extase, tombent dans les bras l'un de l'autre et restent longuement enlacés. Il leur faut pourtant s'arracher à ce délire. Machinalement, Isolde revêt le manteau royal que lui tend Brangaene. Le navire accoste. Des acclamations saluent l'arrivée de la fiancée du roi.
ACTE II. — Le parc du château royal de Marke, en Cornouailles.
Scène 1. — Dans la nuit claire et radieuse, des fanfares qui vont s'affaiblissant décrivent l'éloignement de la chasse royale. Brangaene, debout sur les marches du palais, leur prête une oreille attentive. Isolde sort, en proie à une vive agitation. Brangaene la supplie d'être prudente : elle craint que cette partie de chasse ne soit qu'une feinte et soupçonne Melot, un courtisan du roi, qui semble constamment les épier. Mais Isolde a une foi aveugle en Melot et reste sourde à tous les conseils de prudence. Arrachant la torche qui brûlait, elle l'éteint sur le sol : c'est le signal convenu. Son regard fouille l'horizon. Elle aperçoit Tristan qui vient et lui fait signe.
Scène 2. — Tristan arrive. Ils se précipitent dans les bras l'un de l'autre en un tumultueux élan. Tous deux maudissent la lumière du jour, hostile à leur bonheur [Grand Duo d’amour, 1re partie : Isolde ! Tristan !...].
Puis ils s'asseyent tous deux sur un banc de verdure en se tenant enlacés [Duo, 2e partie : Sink hernieder... / Descends sur nous, ô Nuit d'extase !...]. Brangaene les avertit que le jour se lève, ramenant le danger. [Monologue de Brangaene : Einsam wachend... / Seule je veille...]. Mais ils ne parviennent pas à s'arracher à leur mutuelle contemplation.
Scène 3. — A la fin, Brangaene pousse un cri d'alarme. Kurwenal survient aussitôt, jouant de son épée. Le Roi, Melot et quelques courtisans s'arrêtent en face du couple surpris dans son extase. Frappé de douleur, le Roi Marke adresse à Tristan des reproches navrés [Monologue de Marke : Tatest du's wirklich ?... / Dois-je le croire ?...]. Tristan les subit sans un mot de défense. Se levant, il propose seulement à Isolde de le suivre là où la Grande Nuit les appelle. Isolde répond qu'elle le suivra où il voudra. Tristan la baise doucement au front. Melot bondit alors et frappe Tristan qui tombe gravement blessé dans les bras de son écuyer.
ACTE III. — Au bourg de Tristan en Bretagne.
[Prélude Symphonique avec solo de cor anglais.]
Scène 1. — Kurwenal a transporté son maître dans le manoir familial où Tristan se meurt, attendant avec une fébrile impatience l'arrivée du vaisseau d'Isolde que Kurwenal a envoyé chercher par un fidèle serviteur.
Un pâtre, qui joue mélancoliquement du chalumeau sur la falaise, a été chargé de sonder l'infini de l'horizon marin et de signaler par de joyeux accents l'approche de la voile tant désirée.
Tristan se réveille quelque peu de sa mortelle torpeur. Il a tout d'abord peine à reconnaître les lieux qui l'entourent. Puis il appelle éperdument la bien-aimée. Son exaltation grandit ; mais ses forces le trahissent bientôt et il s'évanouit.
Scène 2. — Soudain une mélodie joyeuse retentit : c'est Isolde qui arrive. Tristan, dans un suprême effort, se lève pour aller à sa rencontre. Mais ses forces l'abandonnent, et il tombe expirant dans ses bras.
Scène 3. — Cependant, un autre navire a abordé : c'est Marke qui, ayant appris par Brangaene l'histoire du philtre, est venu pardonner. Kurwenal, se méprenant sur les intentions des arrivants, se précipite sur Melot et le tue, pour venir bientôt, mortellement blessé à son tour, expirer près du cadavre de Tristan.
Marke entre, ainsi que Brangaene, et reproche doucement à Isolde de n'avoir pas su tout lui avouer. Isolde n'entend plus : extasiée, elle contemple la dépouille mortelle de Tristan, exhalant son dernier souffle sous les yeux de Marke et de sa suite pétrifiée [Mort d’Isolde : Mild und leise, wie er lächelt... / Quel sourire doux et calme...].
« C'est le titre donné par M. Richard Wagner à son œuvre, représentée sur le théâtre Royal de Munich le 10 juin 1865, en présence du roi de Bavière, protecteur zélé du compositeur et de deux cents amis enrôlés sous la bannière du Mazzini musical. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est, dit-on, pour s'abstraire un peu de sa tétralogie de l'Anneau du Nibelung, dont il venait d'achever la troisième partie, que Wagner eut l'idée d'écrire Tristan et Yseult. Il craignait d'ailleurs d'avoir à attendre encore longtemps l'apparition de cette œuvre gigantesque, et il voulait présenter au public un ouvrage conçu dans les proportions ordinaires et dans lequel, néanmoins, il affirmerait avec toute la force possible les principes et les théories qui formaient la base même de sa réforme du drame musical. Le sujet, pris dans une ancienne et célèbre légende celtique, ne comprenait, cette fois, rien de surnaturel, et n'amenait aucune complication de mise en scène. C'est une simple et douloureuse histoire d'amour, qu'on a justement comparée à celle de Roméo et Juliette. Deux années furent employées à la composition de Tristan ; mais, quand il s'agit de mettre l'œuvre à la scène, on se heurta à da telles difficultés d'exécution, tant au point de vue instrumental qu'au point de vue vocal, qu'on put croire un instant la représentation impossible. Le fait est qu'après avoir fait recevoir l'ouvrage à Vienne, à la suite de démarches infructueuses à Carlsruhe, Wagner en vit abandonner les études après cinquante-sept répétitions. Il essaya ensuite de le faire jouer à Francfort, à Weimar, à Hambourg, mais l'inutilité de ses efforts allait le décourager lorsque le roi Louis II de Bavière l'appela à lui et mit, pour monter Tristan, le théâtre de Munich à sa disposition.
Le sujet de Tristan et Yseult est simple, aussi bien que la façon dont l'auteur l'a traité. La princesse Yseult est amenée d'Irlande en Cornouaille, sur un vaisseau où elle est confiée à la garde de Tristan ; elle va trouver le roi Marke, dont elle doit devenir l'épouse. Yseult a jadis sauvé la vie à Tristan, et elle l'aime sans s'en rendre compte ; mais Tristan l'évite et semble dédaigner de la voir. Elle veut lui parler, et lui, reste impassible et indifférent. Alors elle ordonne à sa suivante Brangaine d'emplir une coupe d'un poison mortel. Elle présente cette coupe à Tristan qui boit, puis elle la lui prend des mains et en vide le contenu. Mais Brangaine
s'est trompée ; au lieu de poison, c'est un philtre d'amour qu'elle a versé dans la coupe, de sorte qu'après avoir bu, les deux jeunes gens éprouvent mutuellement une irrésistible passion et tombent dans les bras l'un de l'autre. A ce moment, le navire entre au port.
Le second acte transporte la scène au château du roi Marke. Le roi et sa cour partent pour la chasse, les fanfares s'éloignent, bientôt la nuit arrive. Yseult attend Tristan, qui doit venir sur un signal donné par elle. Mais un écuyer du roi, le traître Mélot, les épie. La suivante Brangaine met en garde sa maîtresse contre ce personnage. Celle-ci n'écoute rien, et, sur son signal, arrive Tristan. Mais l'indigne Mélot, que Tristan croit son ami, est allé prévenir le roi. Il revient avec lui, et les amants sont surpris. Le roi se répand en reproches contre les infidèles, tandis que Tristan, insulté par Mélot, provoque celui-ci. Les épées se croisent, et Tristan tombe mortellement blessé.
Le troisième acte nous montre Tristan, agonisant, dans son château de Caréol. Il est veillé par son fidèle écuyer Kurvenal, qui, sur sa prière, a fait mander Yseult en Cornouailles. Le moribond attend sa venue avec anxiété, et il expire précisément au moment où elle pénètre auprès de lui. Frappée de désespoir, Yseult tombe elle-même inanimée sur le corps de celui qu'elle aimait, et meurt de son amour.
Telle est cette pièce étrange, qui excite l'admiration des uns et le scepticisme des autres. Les admirateurs y voient le triomphe de la psychologie ; les sceptiques répondent que la psychologie n'a rien à voir avec le théâtre, dont elle est la négation. La querelle peut durer longtemps ; il appartient au public de la résoudre. En ce qui concerne la musique, il faut dire tout d'abord que, selon un de ses commentateurs enthousiastes, « elle est l'expression la plus complète de ce qu'on appelle le système wagnérien ». Là, en effet, rien de ce que les partisans du maître appellent, de leur côté, « des concessions au public ». Jamais l'accord de deux voix simultanées, jamais la plus légère intervention du chœur ; chaque voix considérée simplement comme une partie quelconque de l'ensemble polyphonique, et asservie à cet ensemble ; l'usage poussé jusqu'à l'abus des leitmotive ou « motifs conducteurs » ; enfin, des longueurs cruelles, et telles que les partisans de l'œuvre eux-mêmes n'hésitent pas à les signaler, sinon à les condamner. Avec cela, des pages admirables, dans lesquelles la passion, la tendresse et la douleur sont exprimées avec des accents d'un pathétique parfois déchirant, avec des élans sublimes. Comme toujours, enfin, une inégalité flagrante, avec des beautés qui semblent surhumaines et qui excitent l'enthousiasme. D'essayer une analyse ici serait chose impossible, et nous entraînerait trop loin. Contentons-nous de dire qu'après les représentations de Munich, deux excellents artistes, M. et Mme Vogl, ont popularisé Tristan et Yseult dans les grandes villes d'Allemagne en en jouant d'une façon superbe les deux principaux rôles, et que Mme Rosa Sucher, dans les représentations modèles du théâtre wagnérien de Bayreuth, a obtenu un immense succès en personnifiant Yseult. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Tristan ; Marke, roi de Cornouailles ; Isolde, princesse d'Irlande ; Brangaene, suivante d'Isolde ; Kurwenal, écuyer de Tristan ; Melot, courtisan du roi Marke.
L'action se passe aux temps légendaires : le premier acte sur le pont du vaisseau qui porte Isolde d'Irlande en Cornouailles ; le second dans les jardins du palais du roi Marke ; le troisième dans la cour du manoir de Tristan, en Bretagne.
Pour cette pièce, nous avons adopté la version française d’Ernst, qui est celle qui s’adapte le mieux au texte musical.
Ce drame est un immense hymne à l'amour invincible, plus fort que la mort. Le philtre y joue le rôle d'un symbole.
Tristan, vassal fidèle du roi Marke, a vaincu pour son maître les Irlandais, et tué leur chef Morold. Il ramène actuellement à son suzerain Isolde, la reine vaincue, pour qu'il en fasse sa femme, mettant fin par ce mariage à des guerres sanglantes et constamment renouvelées. Mais ce n'est pas la première fois qu'Isolde et Tristan se rencontrent. Blessé dans un combat, le chevalier a été amené sous un faux nom chez celle qui est maintenant sa captive. Elle avait reconnu en lui le meurtrier de Morold son fiancé ; elle allait le frapper et se venger de son ennemi, lorsque celui-ci ouvrit les yeux et la regarda... Ce regard est à la base de tout le drame. L'arme s'arrêta suspendue aux mains de la femme irritée. Au lieu de tuer, elle guérit le malade grâce à sa connaissance des simples. Qu'on juge de sa honte et de sa rage impuissante lorsque celui qui l'avait ainsi conquise d'un regard vint réclamer sa main... pour un autre !
C'est dans cet état d'exaltation que nous voyons Isolde sur le pont du navire qui approche des côtes de Cornouailles. Tristan l'évite avec soin ; mais elle veut avoir avec lui une explication, et elle l'obtient. A sa suivante Brangaene elle a réclamé le flacon qui contient le poison mortel. A Tristan, qui comprend, elle offre de partager ce breuvage en signe de réconciliation. Il accepte : ne vaut-il pas mieux mettre par la mort un terme à sa souffrance ? Car lui aussi aime et ne veut pas le dire. Entre Isolde et lui s'élèvent les barrières de l'honneur, de la fidélité, de la loyauté. Mais Brangaene n'a pu se résoudre à verser la mort à sa maîtresse. Dans son trouble, elle a substitué au philtre de mort le philtre d'amour. Tristan et Isolde boivent, se regardent... et toutes les barrières sont balayées : l'aveu s'échappe de leurs lèvres, ils tombent aux bras l'un de l'autre, victimes d'une puissance plus forte que toutes les autres. Il leur faut pourtant s'arracher à leur délire, car le navire accoste et le roi Marke attend sa fiancée. L'acte s'achève aux sons des acclamations.
Marke a épousé Isolde, mais celle-ci s'abandonne toute aux ivresses de sa passion pour Tristan. Un courtisan, Melot, s'en est aperçu et a averti le mari, qui, plein de confiance en son féal compagnon, la fleur de la chevalerie et le plus loyal des preux, refuse de croire à la trahison. Melot a alors conseillé de feindre une partie de chasse et, par un retour anticipé, de surprendre en flagrant délit les coupables. Ce sont les échos lointains de cette chasse qui ouvrent le deuxième acte.
Isolde, seule avec Brangaene, attend son amant, toute enfiévrée d'impatience Elle reste sourde à tous les conseils de prudence. Un signal convenu et bientôt Tristan est dans ses bras. Tous deux halètent leur passion en répliques hachées, sur une musique tumultueuse. Le reste de l'acte est rempli par le plus sublime duo d'amour. Les amants aspirent à la mort et au néant qui les délivrera de la nécessité de mentir. Ils invoquent la grande Nuit, qui abolira les déceptions du Jour.
Ils sont surpris au paroxysme de l'exaltation par Marke et sa suite, conduits par Melot. Tristan subit sans un mot de défense les reproches navrés du roi. Puis il s'adresse à Isolde : où il se rend veut-elle le suivre ? La Nuit, la grande Nuit les appelle... et sous les yeux de Marke il l'embrasse au front. Puis il croise le fer avec Melot, se laisse transpercer par lui et tombe aux bras de Kurwenal.
Mortellement blessé, Tristan a été transporté par le fidèle écuyer en son castel de Karéol, en Bretagne. Là, dévoré par la fièvre, il attend Isolde, que Kurwenal a fait appeler. La plus grande partie de cet acte, un des plus émouvants qui soit au théâtre, est chantée par un mourant, le plus souvent étendu sur sa couche. Tristan, étonné de vivre encore, n'a plus qu'une pensée : revoir celle qu'il aime. Kurwenal croit qu'elle vient pour guérir ; Tristan sait qu'elle vient mourir avec lui.
Enfin ! une voile est signalée. Isolde approche, elle est là, tout près. Délirant, le malade arrache le pansement de sa blessure, trébuche à la rencontre de l'aimée, puis défaille et meurt dans ses bras.
Un autre navire a abordé. Il amène Marke, Marke qui a appris de Brangaene l'histoire du philtre et qui vient pardonner. Mais Kurwenal, halluciné, rendu fou par la mort de son maître, croit à une agression, frappe d'estoc et de taille, tue Melot, puis mortellement blessé à son tour, vient, chien fidèle, expirer près du cadavre de Tristan.
Pendant ce temps, Isolde, sans regard, comme en extase, est restée étendue sur le corps de son amant. Elle se lève maintenant, transfigurée. Elle le voit sourire, monter dans une gloire, et elle le suit... Dans un chant du cygne qui n'a pas d'analogue dans la musique de tous les temps, elle exhale, surhumainement heureuse, son dernier souffle, sous les yeux de Marke et de sa suite pétrifiés... »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Le Roman de Tristan est un des plus célèbres du « Cycle d'Arthur » — dont la légende, point central du « Cycle de la Table Ronde », a été écrite en vers français par Robert Wace, en 1155, dans son roman de Brut (publié par M. Leroux de Lincy en 1838, librairie Techener) et, en prose française, vers la même époque, par Elie de Borron et Rusticien de Pise ; puis, remanié, amplifié, paraphrasé, dans toutes les langues de l'Europe.
« Il semble aujourd'hui prouvé que les troubadours provençaux chantaient ses aventures dès l'année 1150. Malheureusement, leurs poèmes sont perdus ; quelques parties de ceux des trouvères ont survécu : l'un des trois plus anciens doit avoir été rédigé par un certain Bérox dans les dernières années du règne de Henry II Plantagenets, roi d'Angleterre ; le second est l'œuvre d'un poète nommé Thomas, postérieur au moins d'un quart de siècle au premier ; le troisième est généralement attribué à Chrestien de Troyes, déjà mort au commencement du XIIIe siècle (Tristan, recueil de ce qui reste des poèmes relatifs à ses aventures — en français et en anglo-normand — publié par Francisque Michel ; Londres, 1835-1838). Quant au roman en prose de Luc du Guast, quoiqu'il ait bien son importance, il ne semble pas en avoir autant que les poèmes.
» Si la rédaction la plus ancienne de cette histoire romanesque ne date que du milieu du XIIe siècle au plus tôt, dès le commencement de ce siècle et antérieurement on la trouve populaire chez les peuples de race bretonne : « Tristan », en gallois, signifie « impétueux ». Antérieurement aux récits romanesques des troubadours et des trouvères, il existait une légende galloise de Tristan, à laquelle les poèmes des bardes armoricains font positivement allusion. Cette légende, depuis longtemps répétée par les conteurs bretons, aussi bien d'Angleterre que de France, avait subi l'influence de la Chevalerie naissante, comme les autres fables du Cycle d'Arthur, et avait été le sujet de divers chants populaires en langue celtique (*)... »
(*) Vte Hersart de la Villemarqué : les Romans de la Table-Ronde et les Contes des anciens Bretons.
***
Il n'est donc pas très surprenant qu'une tradition aussi populaire, aussi dramatique et d'un intérêt philosophique aussi général, ait maintes fois tenté les poètes modernes et les derniers troubadours. En dehors du drame lyrique dont nous allons nous occuper, nous citerons l'honorable Tristan de Léonois, d'Armand Sylvestre, représenté sur la scène de la Comédie-Française il y a quelques lustres, sans aveuglant éclat, le bon languedocien ayant été moins heureusement inspiré par les amours d'Yseult que par celles de Grisélidis.
Venons-en à Wagner... Il a lui-même confessé que son chef-d'œuvre était né de sa passion sans espoir pour Mathilde Wesendonk : « Si j'ai écrit Tristan, c'est à toi que je le dois, et je t'en remercie du fond de mon âme pour l'éternité ! » Là-dessus, il confie à Liszt : « Comme dans mon existence je n'ai jamais goûté le vrai bonheur que donne l'amour, je veux élever à ce rêve, le plus beau de tous les rêves, un monument dans lequel cet amour se satisfera largement d'un bout à l'autre... J'ai ébauché dans ma tête Tristan et Isolde : c'est la conception musicale la plus simple, mais la plus forte et la plus vivante ; quand j'aurai terminé cette œuvre, je me couvrirai de la voile noire qui flotte à la fin — pour mourir... »
***
Dix années s'écoulèrent entre le moment où Wagner aurait pu se draper dans « la voile noire », ayant écrit la dernière note de son opéra, et la première représentation de Tristan et Yseult (10 juin 1865) à Munich... Et Paris dut attendre jusqu'au 28 octobre 1899 pour applaudir sur la scène du Nouveau-Théâtre (direction Lamoureux), les héros du Cycle Breton.
La version française avait été commencée par Alfred Ernst et terminée par L. de Fourcaud et Paul Bruck. Ce drame lyrique a été solennellement repris le 14 décembre 1904 à l'Académie nationale de musique où il fournit une série de 30 représentations. Le rôle d'Yseult, créé par Mme Félia Litvinne, avait alors pour interprète Mlle Louise Grandjean.
***
Rappelons l'antique légende :
Tristan de Léonois, neveu du roi Mark de Bretagne, a tué en combat singulier le frère du roi d'Irlande. C'était le fiancé de la douce Yseult. La princesse elle-même accueille le chevalier blessé, sans savoir d'abord quel il est : lorsqu'elle reconnaît en lui le meurtrier de Morold, son premier mouvement est pour l'occire... Tristan ouvre les yeux ; c'est un regard d'amour qui s'en échappe, ardent, dévorant, contagieux ; Yseult courbe sa tête blonde et se penche un peu plus sur la blessure : elle guérira Tristan, mais son cœur est bien plus gravement atteint !
La victoire du chevalier breton sur Morold a mis fin à la vieille domination de la verte Irlande sur le pays de Cornouailles. Il s'agit de sceller la réconciliation définitive entre les deux peuples ; et voici qu'Yseult apprend que celui qu'elle allait aimer était venu solliciter sa main pour le compte de son souverain : Plutôt la mort !... Sa confidente Brangaene possède le secret d'un breuvage fatal ; Yseult et Tristan vont s'empoisonner — mais l'astucieuse suivante a substitué au toxique un philtre aphrodisiaque, dont le charme ne tarde pas à opérer : les deux amants sont, bien vivants, dans les bras l'un de l'autre... Et c'est fort malheureux pour le roi Mark, lequel épouse Yseult — raison d'Etat !... On n'est pas impunément roi de Cornouailles.
Comme dans tout roman de chevalerie qui se respecte, la cour du monarque breton a son « traître » : Celui-ci, un certain Melot, s'empresse de dénoncer les tête-à-tête suspects de Tristan et d'Yseult au roi Mark. L'honnête souverain se refuse benoîtement à en rien croire. — Trop formelles sont les règles de la chevalerie, et il a pleine confiance en Tristan, qui en est le miroir. — Mais le ténébreux Melot s'offre à le persuader « de visu » et, en effet, ils surprendront les deux amants, engagés dans un merveilleux, mais imprudent duo d'amour, où ils invoquent justement la mort, libératrice du mensonge déloyal. Tristan n'a plus qu'à provoquer l'infâme espion ; mais il se laisse stoïquement frapper par lui. On le transporte à demi-mort dans son manoir où son fidèle écuyer Kurwenal veille sur lui. Le chevalier a concentré tout ce qui lui reste de forces dans l'attente de la bien-aimée ; il espère en elle avec cette foi dont nous retrouverons les accents passionnés sur la lyre du troubadour Joffroy Rudel dans « la Princesse Lointaine »... On signale une nef ; Yseult est là, et le roi Mark, venu pour pardonner. Tristan s'arrache à son lit de douleur et, au mépris de sa blessure, tombe et meurt dans les bras d'Yseult. — Le bon écuyer Kurwenal, affolé, se rue sur Melot et l'immole, puis expire comme un chien fidèle aux pieds de son maître — sur les lèvres duquel, à son tour, la blanche Yseult exhale harmonieusement son dernier soupir... Et c'est le mélancolique triomphe de l'Amour plus fort que toutes les morts. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
TROIS ÂGES DE L'OPÉRA (LES)
Prologue, paroles de De Vismes, musique de Grétry, représenté par l'Académie royale de musique le 27 avril 1778.
« De Vismes, alors directeur de l'Opéra, voulut inaugurer sa nouvelle administration par cette pièce de circonstance. Lully, Rameau et Gluck en étaient les héros ; et, en effet, les principaux opéras de ces maîtres furent montés et exécutés pendant le cours de cette année avec une rapidité et une magnificence de décors et de costumes qui épuiseront et ruinèrent le directeur. En ce temps de cabales et d'intrigues de toutes sortes, les différents genres de musique soulevaient des débats passionnés, et De Vismes crut trouver une occasion de les faire tourner au profit de sa gestion, en faisant alterner la troupe italienne avec les acteurs français. Les opéras de Piccinni, de Paisiello, d'Anfossi succédaient à ceux de Lulli, de Mouret, de Rameau et de Philidor. Le feu de la lutte s'entretenait ainsi sans grand profit pour l'art véritable, qui veut la distinction des genres, et au grand détriment de l'administration financière. Cet exemple nous paraît utile à citer dans un moment où une combinaison analogue tend à se produire par suite de la liberté des théâtres. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« De Vismes du Valgay venait d'être nommé directeur de l'Académie de musique (1er avril 1778). Il inaugura sa très active administration en faisant représenter cette pièce de circonstance, qui ne réussit point. Lully, Rameau et Gluck, personnifient ces trois âges de la musique française.
On reprit ce soir-là la Fête de Flore (18 juin 1771). »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
TROIS AMOUREUSES
[Der Mann mit den drei Frauen]
Opérette viennoise en trois actes, musique de Franz Lehár, représentée à Vienne en 1908. Version française de Maurice Ordonneau représentée à Bruxelles, Théâtre Molière, le 14 décembre 1911, puis à Paris, concert de la Scala, en 1912.
TROIS BAISERS DU DIABLE (LES)
Féerie en un acte, livret d'Eugène Mestépès, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 15 janvier 1857, avec MM. Prosper Guyot (Gaspard), Gerpré (Jacques), Mlles Marie Dalmont (Jeanne), Abington (Georget).
« Il y a longtemps que les poètes ne daignent plus imaginer une féerie nouvelle ; ils se contentent de refaire la même. Cette mystification dure bien depuis une cinquantaine d'années et en cherchant dans les parages de 1810 à 1815 on trouverait probablement la féerie-type qui a engendré toutes les autres. Quand la mythologie, avec ses dieux couleur chair, a cessé d'être en faveur au théâtre, on y a vu s'installer le diable avec ses gants rouges, son manteau noir, ses cheveux tumultueux et ses cornes (sauf votre respect !). Qu'il s'appelle Méphistophélès, Bertram ou Asmodée, le diable n'apparaît jamais que pour réclamer le payement d'une âme livrable à l'échéance de minuit suivant le pacte inexorable dont il tient copie sur papier rouge. Mais un bon génie vient au secours de la pauvre âme et sa baguette protectrice fait disparaître le démon par une trappe d'où s'échappent des lueurs de lycopode. N'est-ce pas là le fond de toutes les féeries ? Cette fable médiocre comporte, il est vrai, des trucs et des changements à vue dont le jeu éclairé par des flammes du Bengale est quelquefois d'un effet agréable. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
TROIS CLEFS (LES)
Opérette, paroles et musique d’Auguste de Pellaert ; publiée en 1856 dans le Journal des demoiselles.
TROIS COUSINES (LES)
Comédie en trois actes, en prose, avec un prologue et des intermèdes, paroles de Dancourt, musique de Gilliers, représentée aux Français le 17 octobre 1700.
TROIS COUSINES (LES)
Opéra-comique en trois actes, musique de Suremont, représenté à Anvers en 1824.
TROIS COUSINES (LES)
Opérette en un acte, livret d’Albert Riondel et Georges Mathieu, musique d’Emile Bonnamy, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 4 juin 1894, avec Mlles Gabrielle Vernet, Jane Delorme et Clara Delanoy, MM. Philippon et Berthier.
TROIS DE LA MARINE
Opérette-revue en deux actes et seize tableaux, livret de H. Alibert, lyrics de R. Sarvil, musique de Vincent Scotto. Création au Nouvel-Ambigu le 20 décembre 1933.
"Un drame qui tourne à la farce, beaucoup plus qu'une revue, tel est le thème sur lequel ont brodé H. Alibert et Vincent Scotto. Il y a là une fausse grande dame dont le quartier-maître Antonin est épris et qui n'est qu'une espionne. Mais la sœur de lait du matelot, Rosette, ne manque pas de son côté de chérir Antonin, de lui faire découvrir les intrigues de sa rivale, et d'amener l'aveugle représentant de la marine aux fiançailles. Aussi bien cette intrigue n'a pas trop d'importance : ce n'est qu'un prétexte à peindre en manière de jolie caricature la vie toulonnaise, à fournir au compositeur des chansons à boire, des chansons de matelots, des trios, des danses qui sont réalisées le plus plaisamment du monde." (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
TROIS DÉESSES RIVALES
Petit opéra, musique de La Borde, non représenté.
TROIS DÉESSES RIVALES (LES) ou LE DOUBLE JUGEMENT DE PÂRIS
Opéra-comique en un acte, livret de Pierre-Antoine-Augustin de Piis, musique de Girard de Propiac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 juillet 1788.
TROIS DEVINS (LES)
Opérette en trois actes, livret d’Alfred Hennequin et Albin Valabrègue, musique d’Edouard Okolowicz, représentée au Théâtre de l’Ambigu le 09 juin 1884.
TROIS DRAGONS
Opérette en un acte, livret de Julian (Mme Pilati), musique de M. Pilati, représentée aux Folies-Nouvelles en octobre 1857.
TROIS FERMIERS (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dezède. Création à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 24 mai 1777.
TROIS FOLIES (LES)
Opéra tragi-comique en un acte, livret de Charles Nicolas Favart, musique d’Antoine-Laurent Baudron et de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 17 janvier 1786.
TROIS GASCONS
Opéra-comique en un acte, musique de Jean-Joseph Cambini, représenté au théâtre Louvois en 1793.
TROIS GENRES (LES)
Prologue d'ouverture en trois tableaux, en vers et en prose, de Pichat, Dupaty et Eugène Scribe, musique d'Esprit Auber, en collaboration avec François-Adrien Boieldieu, représenté à l'Odéon le 27 avril 1824.
TROIS GRANDS PRIX (LES)
Paysannerie musicale en un acte, livret d'Alfred Delilia et Lesenne, musique de Firmin Bernicat. Création au théâtre Taitbout le 28 mars 1875.
TROIS HUSSARDS (LES)
Comédie lyrique en deux actes, en prose, livret d’Etienne Guillaume François de Favières, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 juillet 1804.
TROIS HUSSARDS (LES)
Opéra-comique en deux actes, musique de Frans Fémy, représenté à Anvers le 22 mars 1813.
TROIS INCONNUES (LES)
Drame lyrique en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Philipp Joseph Hinner. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 07 février 1783. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 13 février 1783.
TROIS JOURS EN UNE HEURE
Opéra-comique en un acte, livret de Gabriel de Lurieu et Michel Masson, musique d’Henri Romagnesi et d’Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 21 août 1830 avec Augustin Lemonnier.
TROIS MARGOT (LES)
Opérette en trois actes, livret d'Henri Bocage et Henri Chabrillat, musique de Charles Grisart, représentée aux Bouffes-Parisiens le 06 janvier 1877. Le sire de Malvoisy a pour oncle un vidame qui menace de le déshériter si, au bout d'un an, la baronne ne lui a pas donné un fils. Il doit partir le soir même pour le Milanais. Dans sa prévoyance, il veut amener à un rendez-vous la paysanne Margot. Celle-ci accepte tout en se promettant d'y retrouver Séraphin, son amoureux. A ce rendez-vous arrivent et la baronne, et dame Nicole, et M. Nicole, et Séraphin ; au lieu d'une Margot, il s'en trouve trois. Malvoisy part pour la guerre, en revient après la défaite de Pavie, et, après un embrouillamini d'enfants, de pères, de mères, le baron présente son héritier à l'oncle le vidame. Mettre en musique cette promiscuité était une entreprise peu artistique. Cependant le compositeur y a mis de l'effort, sans réussir, toutefois, à trouver le tour vulgaire et folâtre que le sujet comportait. On a remarqué dans le premier acte le trio : Cejourd'hui, quinze de juin ; le duetto nocturne : Nous sommes seuls, et la chanson à boire ; dans le second, un petit septuor et un monologue parodié d'Hamlet : Être ou ne pas être... Chantée par Mmes Peschard (Séraphin), Luce, Gauthier, Marchal, Bl. Miroir ; MM. Daubray, Colombey, Homerville.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
TROIS MASQUES (LES)
Drame lyrique en quatre actes, livret de Charles Méré d'après son drame éponyme, musique d'Isidore de Lara, représentée au Grand-Théâtre de Marseille en février 1912, à Rouen, puis à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées en 1913.
Nouvelle version en deux actes et trois tableaux représentée au Trianon-Lyrique le 01 mai 1931.
« Théâtre des Champs-Elysées : les Trois Masques.
Cet ouvrage musical n'est, à vrai dire, une nouveauté que pour les Parisiens, car il avait déjà paru à Marseille et à Rouen. Il est juste d'ajouter que M. Charles Méré avait fait représenter sa pièce — qui n'avait alors qu'un acte — sur la petite scène de la Bodinière, où elle avait été fort bien accueillie. Développée en quatre actes, elle a fourni à M. Isidore de Lara une partition théâtrale comportant un tableau mouvementé et pittoresque, celui du Carnaval, ainsi que des scènes de douceur et de grâce sentimentale qui ont produit une heureuse impression.
Le sujet de la pièce est une de ces vendettas corses avec lesquelles nous a familiarisés la célèbre Colomba de Mérimée.
Le jeune Paola a séduit la belle Viola Vescotelli. Il voudrait se marier avec elle ; mais son père, le vieux Prati della Corba, s'y oppose. Fier et orgueilleux, ce père se montre irréductible à la démarche et aux sollicitations des frères de Viola déclarant que la jeune fille va être déshonorée puisque son aventure avec Paolo s'est ébruitée. En présence de cette dure inflexibilité, les Vescotelli se résolvent à une horrible vengeance. Pendant la fête du Carnaval, Paolo est brusquement enlevé par trois masques, qui font, peu après, irruption dans la demeure du vieux Prati, en escortant un Pierrot qui paraît complètement ivre, car il ne peut se tenir sans l'aide de ses compagnons. Après s'être bruyamment divertis et copieusement désaltérés en faisant honneur aux vins généreux du trop hospitalier Prati della Corba, les masques quittent la maison en laissant le Pierrot. Prati les rappelle, mais en vain. Il veut soulever cet importun et encombrant personnage pour le jeter dehors et s'aperçoit que le malheureux est blessé, son sang coule. Il l'examine, lui ôte son masque. Horreur ! c'est son propre fils assassiné que lui ont amené, sous ce déguisement, les Vescotelli ! Prati s'en prend à Viola, cause de la mort de son fils, et veut la tuer, mais son bras s'arrête en songeant qu'un enfant de son fis naîtra d'elle. Il s'écroule en sanglotant sur un meuble, tandis que la vieille Mancecca s'écrie : « Nous l'appellerons Paolo. »
En ce sujet se mêlent, comme on voit, la gaieté violente du tableau du Carnaval où Paolo est enlevé, puis celle de la scène des masques faisant bombance chez le vieux Prati, en contraste avec la véhémence dramatique du père qui s'oppose au mariage de son fils et sa terreur en s'apercevant de l'abominable vengeance dont il est l'objet. Ces situations dramatiques sont traversées par une gracieuse fin d'acte, au milieu de la pièce, alors que Prati et la vieille Mancecca se laissent aller à évoquer de doux souvenirs touchant l'enfance de Paolo, ce qui nous vaut la charmante berceuse que nous publions ci-contre.
Il n'y a que des compliments à adresser au metteur en scène, qui a su former un ensemble très pittoresque et très vivant, et aux excellents artistes : Mmes Rose Féart, Marié de Lisle, MM. Henri Albers, Lapelletrie et Alexis Boyer, qui se sont montrés dignes de louanges pour le zèle et la conviction dont ils ont donné de nombreuses preuves dans leurs rôles respectifs. »
(Albert Dayrolles, les Annales, 09 novembre 1913)
TROIS MOUSQUETAIRES (LES)
Opéra-comique en cinq actes et six tableaux, livret d’Henri Cain et Louis Payen, musique d’Isidore de Lara, représenté au Casino municipal de Cannes le 03 mars 1921.
TROIS NICOLAS (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, Bernard Lopez et Gabriel de Lurieu, musique de Louis Clapisson.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 16 décembre 1858, mise en scène d’Ernest Mocker, décors d’Edouard Despléchin, avec Mmes Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (la chanoinesse Hélène de Villepreux), Léocadie Lemercier (Rosette) ; MM. Couderc (le vicomte d'Anglars), Félix Montaubry (Dalayrac), Victor Prilleux (le marquis de Villepreux), Jean François Philibert Berthelier (Trial), Beckers (Lachabeaussière), Duvernoy (un Brigadier), Pierre Julien Davoust (Jolivard).
« Il s'agit dans la pièce d'une aventure de la jeunesse de Dalayrac, aventure singulièrement amplifiée, puisqu'on lui fait épouser au dénouement une chanoinesse, Hélène de Villepreux. L'acteur Trial est aussi mis en scène. Cette pièce, dite de galerie, a peu d'intérêt. Trois personnages se rencontrent à un rendez-vous, travestis et masqués et prenant tous trois le nom de Nicolas, tel est le motif déterminant du titre de la pièce. Ce n'était pas assez pour la rendre intéressante. C'est dans cet opéra-comique qu'a débuté le ténor Montaubry. Il a conquis de suite les suffrages du public dans le rôle de Dalayrac. La partition, écrite avec beaucoup de souplesse et d'habileté, renferme, entre autres morceaux intéressants, de jolis couplets, chantés au premier acte par Hélène, le duo de Dalayrac et du vicomte, celui de la leçon de chant dans le second, et dans le troisième le gracieux air tiré d'Azemia : Aussitôt que je t'aperçois, intercalé dans l'ouvrage. Le caractère tendre et sentimental de la musique de Dalayrac a été reproduit avec assez de fidélité dans tout son rôle par le compositeur. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TROIS NOCES (LES)
Pièce champêtre en un acte, mêlée de chants et de danses, paroles et musique de Dézèdes, représentée au théâtre de la Nation (Comédie-Française), le 23 février 1790. C'était un véritable opéra-comique, sur un sujet auquel les événements politiques d'alors étaient loin d'être étrangers.
TROIS NOCES DANS LA VALLÉE DES BALAIS (LES)
[Die dreifache hochzeit im Besenthal]
Opéra-comique en trois actes et en dialecte alsacien, livret de M. Mangold, musique de M. Weckerlin, représenté à Colmar en septembre 1863. Ce petit ouvrage a reçu un bon accueil.
TROIS NORMANDES (LES)
Opérette-bouffe en un acte, livret de Pol Mercier, musique de Frédéric Barbier, représentée aux Folies-Marigny le 21 mars 1863.
TROIS PISTOLETS DANS LE DOS
Opérette en un acte, paroles de Théodore Duché, musique de Guyon fils, représenté à l'Eldorado le 15 avril 1874.
TROIS PRÉTENDUS (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Jadin, représenté au théâtre Montansier le 29 avril 1805.
TROIS ROSES (LES)
Opérette, livret de Grangé et Bernard, musique d’Hervé, représenté aux Folies-Dramatiques en 1880.
TROIS SOLS DE JACQUOT (LES)
Opérette, musique de ***, représentée sur le théâtre Deburau, aux Champs-Élysées, en septembre 1858.
TROIS SOUHAITS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Adenis, musique de Ferdinand Poise. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 29 octobre 1873, avec Mmes Ducasse (Margot), Nadaud (Suzette), MM. René Neveu (Pierre), Nathan (Ratin) => partition.
« Le conte si connu des Trois souhaits a fourni la donnée de la pièce, qui est amusante. La musique en est bien écrite et abonde en motifs agréables. On a surtout remarqué les couplets : C'était le temps où fleurit l'églantine. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
TROIS SOUHAITS (LES)
Opérette en un acte, tirée du conte de Perrault, paroles et musique de Georges Villain, représentée aux Bouffes-Parisiens le 30 avril 1890.
TROIS SULTANES (LES)
Comédie en trois actes, livret de Charles Simon Favart, d’après le conte de Marmontel, musique de Matthieu-Frédéric Blasius. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 25 août 1792.
TROIS SULTANES (LES)
Opéra français, musique de Cavos, écrit à Venise en 1815.
TROIS SULTANES (LES)
Comédie de Charles Simon Favart (voir Soliman II), retouchée par Lockroy, musique de Creste, représentée aux Variétés le 26 juillet 1853 avec Delphine Ugalde (Roxelane).
TROIS TROUBADOURS
Saynète lyrique en un acte, livret d'Etienne Tréfeu, musique de Pierre-Julien Nargeot, représentée aux Folies-Nouvelles en décembre 1855, avec MM. Joseph Kelm et Dupuis.
TROIS VALSES
[Die drei Wälzer]
Opérette viennoise en trois actes et onze tableaux, livret de Paul Kneipler et Armin Robinson ; version française de Léopold Marchand (1891-1953) et Albert Willemetz ; musique d’Oscar Straus (d’après Johann Strauss père et fils pour les deux premiers actes).
Première représentation à Zurich, Stadttheater, le 05 octobre 1935.
Représenté en français, aux Bouffes-Parisiens le 22 avril 1937, avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay.
Reprise au Théâtre de la Michodière le 31 janvier 1939 avec Yvonne Printemps, Pierre Fresnay et Pasquali (l'impresario Brünner).
« Pour utiliser la musique de trois générations de compositeurs, il a fallu imaginer une histoire qui se déroule elle aussi au cours de trois générations. Le premier acte se passe donc pendant l'Exposition de 1867, le second pendant celle de 1900, le dernier pendant celle de 1937. Les librettistes se rendent aisément maîtres du temps. Mais ils ne pouvaient tout de même conférer le don de longue vie à leurs personnages. Tout d'abord Octave de Chalencey, lieutenant, est épris d'une danseuse, Fanny Grandpré, mais la famille s'oppose naturellement à leur mariage. Et l'histoire rebondira. La fille de Fanny, Yvette, chanteuse, sera à son tour aimée par le fils d'Octave ; mais cette foie c'est la chanteuse qui ne peut se décider à quitter le théâtre. Bien entendu au dernier acte la fille d'Yvette, Irène, rencontrera à son tour le dernier des Chalencey, Girard, et cette fois c'est celui-ci qui abandonnera son rond-de-cuir pour rejoindre au cinéma sa bien aimée, et filer enfin avec elle le parfait amour obligatoire du troisième acte. Le lien entre ces trois actions successives est fourni par un impresario qui a présidé aux destinées de ces trois générations. Sur cette ingénieuse affabulation se déroule la musique des deux Strauss et de Straus ; à peine est-il besoin de dire que le triomphateur, en cette matière, n'est pas le dernier né. Il avait à lutter contre de redoutables partenaires ; il s'est contenté d'écrire quelques airs sans prétention. La pièce, présentée dans d'ingénieux et charmants décors de Fernand Ochsé, est fort bien interprétée par Yvonne Printemps, dont il faut louer le timbre lumineux, l'articulation parfaite et le jeu adroitement nuancé au cours de sa triple incarnation, par Pierre Fresnay, d'une distinction élégante, par René Dary, impresario pittoresque. »
(Larousse Mensuel Illustré, juin 1937)
« Reprise à la Michodière du 31 janvier 1939.
Cette charmante opérette a retrouvé dans son nouveau cadre le succès qu'elle avait connu naguère aux Bouffes. L'interprétation est d'ailleurs, à peu d'exceptions près, la même qu'à la création. C'est au sympathique Pasquali qu'est dévolu le rôle de l'impresario Brünner ; il y est excellent. »
(Larousse Mensuel Illustré, mars 1939)
« Vedis-films a présenté Trois valses, réalisé par Ludwig Berger, d'après un scénario de Léopold Marchand et Willemetz. Cette opérette filmée relie par trois valses, celle de 1867, celle de 1900, celle de 1938, trois âges divers. Le film est charmant, animé par le talent de Pierre Fresnay et d'Yvonne Printemps. »
(Larousse Mensuel Illustré, mars 1939)
3e HUSSARDS (LE)
Opéra-comique en trois actes et six tableaux, livret d’Antony Mars et Maurice Hennequin, musique de Justin Clérice, représentée à la Gaîté le 14 mars 1894. M. Clérice est un jeune compositeur argentin, élève de M. Emile Pessard. Les principaux interprètes de cet ouvrage étaient Mme Méaly, M. Fugère, frère de l'excellent artiste de l'Opéra-Comique, et M. Henri Samary, qui, sortant de la Comédie-Française, venait débuter à la Gaîté dans l'emploi des ténorinos d'opérette.
TROISIÈME LARRON (LE)
Opérette en un acte, livret de Duflot, musique de M. de Corcy, représentée aux Bouffes-Parisiens le 21 septembre 1857.
« Léonce et Caillat y faisaient bonne figure dans deux rôles burlesques. Pourtant, la pièce fut trouvée de médiocre intérêt et disparut vite de l'affiche. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
TROISIÈME MARI (LE)
Opérette en un acte, livret de Clairville, musique de Clairville fils, représentée en 1878.
TROMB-AL-CA-ZAR ou LES CRIMINELS DRAMATIQUES
Bouffonnerie musicale en un acte, livret de Charles-Désiré Dupeuty et Ernest Bourget, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 03 avril 1856 avec Mlle Hortense Schneider (Gigolette), MM. Rubel (Ignace), Etienne Pradeau (Beaujolais), Léonce (Vert-Panné), sous la direction d'Offenbach.
On a applaudi un boléro chanté par Hortense Schneider.
« Le rôle que jouait Léonce dans cette pièce comportait un costume ainsi composé : un casque romain, une collerette à la Henri IV, un pourpoint à crevés, un manteau à la Henri II, un maillot orangé vif, un sabre de cuirassier et des bottes à chaudron. La pièce était dialoguée justement dans ce style extra-burlesque. On y disait des couplets qui vantaient les charmes du jambon de Bayonne, ce qui était un grand honneur pour la charcuterie départementale. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
TROMPETTE DE CHAMBORAN (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Adenis et de Leuven, musique de Louis Deffès, représenté au Casino de Dieppe le 08 août 1877. Jolie pièce et bonne musique.
TROMPETTE DE MONSIEUR LE PRINCE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville, musique de François Bazin. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 mai 1846, avec Mmes Révilly, Félix, MM. Henri, Emon, Sainte-Foy.
« La scène se passe à Etampes au temps de la Fronde. La nièce de l'échevin de la ville est aimée de Fabien, le trompette de M. le prince. Elle a pour parrain le marquis de Brassac, officier de l'armée royale. L'échevin frondeur, qui ne connaît ni l'un ni l'autre, est sur le point de faire pendre le futur de Fanchette et de faire épouser à celle-ci le marquis de Brassac, son adversaire politique. Le quiproquo s'éclaircit, et tout finit par une capitulation. Cette pièce est agréable et la musique en est vive et gracieuse. L'air de Fanchette : Jusqu'à l'aurore, travaillons, est sémillant ; la romance du marquis : Dans un instant je vais donc te revoir, est une jolie mélodie. Les couplets de table, chantés par l'échevin Goulard, ont de la rondeur ; enfin M. Bazin a montré, dans un quintette très développé et dans le trio de la capitulation, de bonnes qualités scéniques. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TROMPEUR SANS LE VOULOIR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Auguste Creuzé de Lesser, Jean-Baptiste-Charles Vial et Jean-François Roger, musique de Guillaume de Bouteiller. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 mai 1817.
TROMPEUR TROMPÉ (LE) ou LA RENCONTRE IMPRÉVUE
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Joseph Vadé, musique de vaudevilles. Création à la Foire Saint-Germain le 18 février 1754, retouché par Framery. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 09 août 1767, avec la musique d’Adolphe-Benoît Blaise pour les accompagnements.
TROMPEUR TROMPÉ (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de François Bernard-Valville, musique de Pierre Gaveaux. Création au Théâtre Feydeau le 02 août 1800. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 20 septembre 1801.
TRÔNE D'ÉCOSSE (LE)
Opéra bouffe en trois actes, paroles de Hector Crémieux et Adolphe Jaime, musique d’Hervé ; représenté sur le théâtre des Variétés le 17 novembre 1871. Les livrets de ce genre sont imaginés scène par scène sans que les auteurs se préoccupent de faire une œuvre dramatique composée des éléments les plus essentiels. Bah ! c'est leur moindre souci. Il en est de leur métier comme de celui des clowns au Cirque-Olympique ; c'est une série de tours et de culbutes, à pied ou à cheval, avec ou sans musique, sans autre but que d'amuser les spectateurs et d'exciter leur curiosité par la variété du spectacle. On est en Ecosse où règne la reine Jane ; ses sujets conspirent contre elle ; ils veulent faire monter sur le trône à sa place un descendant de Robert Bruce. Un certain commis voyageur en vins, nommé Robert Mouton arrive sur ces entrefaites ; les Ecossais conspirateurs trouvent qu'il ressemble à Robert Bruce et le proclament roi ; Robert Mouton, par suite de diverses circonstances, arrive à épouser la reine au palais d'Edimbourg ; l'envoyé du roi de France arrive et signale dans la personne du nouveau roi d'Ecosse son marchand de vins ; Jane, désespérée d'être descendue du trône à un comptoir, devient folle. Le chef de la conspiration, Mac-Razor, se livre à toutes les excentricités imaginables ; le véritable descendant de Robert Bruce, Robert XX, sort d'une armoire où il était caché, casse le mariage de la reine et l'épouse à son tour. Il y a aussi dans la pièce un certain Buckingham, dont les bottes vernies fascinent tous les regards et captivent tous les cœurs. On est honteux d'écrire une analyse d'un ouvrage aussi extravagant ; cependant je juge utile de bien établir la nature des œuvres dramatiques qui attiraient la foule, dont tout le monde parlait, dont les auteurs jouissaient d'une popularité incontestable, ainsi que des faveurs et des encouragements de l'administration, avant et après la guerre qui nous a coûté la perte de deux provinces. Ajoutons que le Trône d'Ecosse, qui ne le cède en rien au Petit Faust, a été représenté dans le mois de novembre 1871, non seulement l'année même de la guerre, mais presque au lendemain de la Commune. Pour donner une idée du genre de littérature auquel appartient ce livret, il suffit de reproduire cette ballade :
Au sein de la blonde Ecosse,
Tout au fond du Lochaber,
Je conserve en ronde bosse,
La tête du roi Robert.
Pour secouer notre opprobre,
Son buste s'animera ;
Robert Bruce reviendra ;
Il reviendra z’à Pâques
Ou le vingt-quatre octobre.
Ecossais, hâtez-vous,
Préparez vos bignoux,
Ce n'est pas l’ vingt-quatre août
Qu'il apparaît chez nous ;
Ce n'est pas au Pérou,
Ni sur l' mont Canigou,
C'est dans nos bois de houx
Qu'ici vous l' verrez tous.
Les couplets les plus applaudis sont ceux de Flora. C'est une déclaration ; je voudrais dit-elle, être ceci, être cela, et en dernier lieu :
Dans mes chimères les plus sottes
Je voudrais.... Vous en ririez !
Etre le vernis de ses bottes,
Pour passer ma vie à ses pieds.
Tels sont les passe-temps délectables de la gaieté française.
Encore une citation pour montrer un échantillon de la culture politique et littéraire du peuple par le théâtre :
CHŒUR.
C'est l'envoyé du Roi Soleil
Dont le grand règne est sans pareil ;
Les savants le traduisent par
Nec pluribus impar,
Salut à toi
L'envoi,
T’à toi, l'envoyé du grand roi.
Cet ouvrage a été conçu musicalement sur le même plan que les farces de M. Offenbach, c'est-à-dire que M. Hervé y a multiplié les contrastes, les hyperboles, les parodies appliquées à tout. Tantôt c'est Mac-Razor qui excite le patriotisme de ses Ecossais burlesques sur une phrase du Choral de Luther ; tantôt c'est une phrase de la Chanson de Marlborough intercalée dans la Ballade de la Clyde. Après l'air de Marlborough, celui de Charles VI : Guerre aux tyrans, puis le chœur des montagnards de la Dame blanche, etc., etc. Le musicien a encore recours à un autre procédé : il prend le rythme d'un air, le reproduit exactement en changeant les intonations ; c'est ainsi que la vieille chanson : J'ai du bon tabac, a servi de timbre aux couplets du Baron des Trente-six tourelles, et à ceux de la folie de la Reine. Je ferai observer aussi que la modulation à la tierce majeure supérieure revient perpétuellement sous la plume de M. Hervé. L'ouverture offre une suite de petits motifs dansants, gigues, valses, etc., dépourvus d'originalité. Il y a cependant une valse assez agréable dans cette ouverture ; l'auteur en a fait la mélodie des couplets de la reine au deuxième acte. La meilleure page de musique de cette partition est la romance de Jane au troisième acte. Les principaux rôles ont été joués par Dupuis, Grenier, Léonce, Baron, Daniel Bac, Mmes Van Ghell, Chaumont, Legrand. A défaut de la science musicale et de l'inspiration, M. Hervé est incontestablement doué d'imagination comique. S'il eût consenti à ne pas mettre de côté tout jugement, à comprendre que la rime ne doit pas marcher sans la raison, il eût peut-être produit quelque œuvre durable ; mais, à l'exemple de son chef de file, M. Offenbach, il survivra à l'oubli de tous ses ouvrages, malgré la vogue de circonstance qu'ils auront obtenue par suite de l'éclipse totale du goût en France pendant vingt ans.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
TROP DE FEMMES
Opérette en un acte, livret d’Ivan Sergheïevitch Tourgueniev, musique de Pauline Viardot, représentée à Bade, chez M. Tourgueniev, en octobre 1867.
TROP TÔT ou LE PROJET MANQUÉ
Opéra-comique en un acte, livret de Bosquier-Gavaudan et Aubertin, musique de Pierre Gaveaux, représenté au théâtre Montansier le 11 février 1804.
TROPHÉE (LE)
Prologue à l'occasion de la victoire de Fontenoy, paroles de Moncrif, musique de Rebel et Francœur, représenté à la cour le 4 juin 1745.
TROQUEURS (LES)
[ou les Trocqueurs]
Opéra-comique en un acte, mêlé d'ariettes, livret de Jean-Joseph Vadé, musique d’Antoine Dauvergne.
Création au théâtre de la Foire Saint-Laurent (salle de la rue Bergère) le 30 juillet 1753, sous la direction de Blaise.
Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 février 1762.
« Le livret de cet ouvrage n'a rien de bien original. Lubin et Lucas croient qu'ils feront bien de troquer leurs fiancées, Margot et Fanchon. Celles-ci, informées de leur dessein, savent s'y prendre de telle façon que les deux paysans s'en tiennent à leur premier choix. Cependant les Troqueurs marquent un point important à constater dans l'histoire du théâtre lyrique en France. Une troupe italienne avait importé des œuvres de compositeurs italiens, et entre autres la Serva padrona de Pergolèse. Le succès fut si grand que les partisans de la musique française imaginèrent de faire composer des pièces dans le goût italien. On a attribué cette révolution subite à l'ennui que causaient les opéras de Lully et de Rameau. C'est une erreur. Il est vrai que les tragédies lyriques en cinq actes, avec un prologue, dans lesquelles les sentiments de la nature et le jeu des passions humaines n'étaient exprimés qu'à travers une enveloppe mythologique et allégorique, avaient occupé la scène de l'Opéra pendant un siècle. Des éléments nouveaux devaient en rajeunir la forme, ce qui eut lieu en effet. Mais il faut reconnaître que de tels spectacles convenaient mieux à la cour qu'à la ville ; cependant le nombre des amateurs de musique et de représentations dramatiques s'accroissant de jour en jour et se recrutant dans toutes les classes, il n'est nullement extraordinaire qu'un genre, lyrique populaire se soit formé et ait répondu aux besoins d'un public moins délicat sur le choix et la nature de ses plaisirs. L'interrègne qu'on remarque dans l'histoire de l'Académie de musique, de 1760 à 1774, c'est-à-dire depuis le dernier ouvrage de Rameau, les Paladins, jusqu'à l'Iphigénie de Gluck, coïncide il est vrai avec la formation et les développements rapides de l'opéra-comique ; mais heureusement pour la conservation du grand art dans notre pays, il y a toujours eu assez d'amateurs passionnés de la musique pour remplir la salle de l'Opéra dès qu'un compositeur a produit un ouvrage digne d'obtenir un véritable succès. Ce n'était pas le génie des Mondonville et des Floquet qui pouvait alors y prétendre. Dès l'année 1715, le nom d'opéra-comique était donné aux pièces jouées sur les théâtres de la foire, mais on n'y chantait que le vaudeville. La musique y occupait une place accessoire et banale, tandis qu'au contraire elle servait à exprimer toutes les situations dans les douze opéras buffas qu'on entendit à Paris, en 1752 et en 1753. C'étaient des opéras de Pergolèse, de Scarlatti, de Cocchi, de Latilla, de Jomelli. Jean-Jacques Rousseau a eu tort, ainsi que les enthousiastes du coin de la reine, d'attaquer la musique française à cette occasion et en particulier l'opéra français, puisqu'il comparait des ouvrages de genres opposés. Monnet, alors directeur de l'Opéra-Comique, fit preuve de plus de bon sens. Il demanda à Vadé de composer un poème, à Dauvergne d'en écrire la musique. C'était à proprement parler un opéra bouffe français. Puis, craignant que la cabale des bouffons ne fît échouer sa tentative, puisqu'elle allait jusqu'à soutenir que nous n'avions pas de musique en France, il fit répandre le bruit que le livret avait été envoyé par lui à un maestro italien résidant à Vienne, qui en avait composé la musique. Ainsi présentés, les Troqueurs réussirent, et, lorsque Monnet vit le succès assuré, il présenta Dauvergne au public, et à partir de ce moment l'opéra-comique justifia son titre. Tantœ molis erat... Cet ouvrage a été retouché et mis en prose par Armand et Dartois, avec une musique d'Herold. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TROQUEURS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret des frères Armand et Achille Dartois, d’après la pièce de Jean Vadé, musique de Louis-Ferdinand Herold.
Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 février 1819, sous la direction de Frédéric Kreubé.
On a remarqué dans ce joli ouvrage les couplets : Mon cœur s'agite à chaque instant ; le rondo : Ah ! monseigneur ; le duo : Jarni, son minois est charmant.
« C'est à peu près la pièce de Vadé rajeunie par une musique moderne, fort agréable ; c'est le seul changement que le public ait approuvé. C'était bien la peine de se mettre deux pour gâter la bluette de Vadé, et l'exposer aux sifflets. Ils se sont tus devant la musique de M. Herold ; la pièce est restée au répertoire ; le musicien seul doit s'en faire honneur. »
[Almanach des spectacles, 1819]
TROQUEURS DUPÉS (LES)
Comédie en un acte à ariettes, de Sedaine, musique de Charles Sodi, représentée à l'Opéra-Comique de la foire le 6 mars 1760.
TROUBADOUR (LE)
Opéra en deux actes, musique de Fléché, représenté au théâtre de la cour de Cassel en 1811.
TROUBADOUR JONQUILLE
Opérette en un acte, livret d’Henri Blondeau et Hector Monréal, musique de Frédéric Demarquette, représentée aux Folies-Marigny le 15 juin 1876.
TROUBLES DE L'AMOUR (LES)
Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck), représenté à Versailles vers 1719.
TROUPE JOLICŒUR (LA)
Comédie musicale en un prologue et trois actes d'après une nouvelle d’Henri Cain, poème et musique d’Arthur Coquard (le poème du prologue est de Cécile Coquard, fille du compositeur).
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 30 mai 1902. Mise en scène d'Albert Carré. Décors d’Eugène Ronsin. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Blanche DESCHAMPS-JEHIN (Madame Jolicœur), Julia GUIRAUDON (Geneviève), Mathilde de CRAPONNE (Loustic), COSTES (Lina).
MM. Léon BEYLE (Jacques), Jean BOURBON (Jean Taureau), Maurice CAZENEUVE (Jolicœur), André ALLARD (Paul), Georges MESMAECKER (Traîne-Misère), HUBERDEAU (Papillon), DELAHAYE (un Bourgeois).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
10 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« La troupe Jolicœur est une troupe de saltimbanques dirigée par Mme Jolicœur, une brave femme à l'âme compatissante. En soir d'hiver elle a trouvé, endormie et pelotonnée au pied d'un arbre, sous la neige qui tombait abondamment, une petite fille abandonnée. Prise de pitié, elle releva l'enfant grelottante, la réchauffa dans ses bras, la caressa, et finalement l'emmena avec elle. Ceci est le sujet du prologue. La pièce commence avec le premier acte, à Paris, au jour de la fête nationale. Au milieu des forains installés sur la place publique nous trouvons la troupe Jolicœur, avec Geneviève, l'enfant trouvée sous la neige, qui est devenue une gentille jeune fille. Elle a déjà deux amoureux : l'un, Loustic, qui a grandi auprès d'elle, doux, timide, et qui se contente de l'entendre et de la regarder ; l'autre, Jean Taureau, l'hercule de la troupe, dur, ivrogne et brutal. Tandis que les autres font la parade, Geneviève chante si joliment ses chansons qu'elle les vend par paquets et que sa voix est admirée par un jeune homme, Jacques, un compositeur, qui la trouve charmante et s'en éprend aussitôt. Tous deux échangent quelques paroles, puis Jacques s'éloigne en disant : « Au revoir. — Vous ne me reverrez-pas, lui dit-elle ; nous partons demain. — Et où serez-vous ? — A Châtillon. »
C'est sur le plateau de Châtillon, en effet, que se retrouve la troupe au second acte. Geneviève est rêveuse, pensant à sa rencontre avec Jacques, qu'elle n'espère plus revoir. Arrive Jean Taureau, qui lui déclare qu'il l'aime et qu'il veut l'épouser. Geneviève cherche à se défendre, mais lui, brutal, ne veut rien entendre, et bientôt la menace. Heureusement ses compagnons surviennent et l'emmènent au cabaret. Mais voici venir Jacques à la recherche de Geneviève. Il a des paroles enflammées qui touchent le cœur de la jeune fille, et celle-ci lui dit que ce serait mal de lui mentir, car le jour où elle donnerait son cœur, ce serait pour la vie. Jacques la rassure sur ses sentiments, et ils se séparent en se promettant de se revoir. C'est alors que revient Jean Taureau, sortant du cabaret et rendu plus féroce encore par la boisson. Il reprend avec Geneviève l'entretien, et comme elle se défend toujours, il entre en fureur et fond sur elle lorsqu'arrivent tous les forains et avec eux le pauvre petit Loustic, qui — le mouton devant le tigre — s'élance au-devant de lui en lui disant : « Tu ne la toucheras pas, tu m'entends ! » Et Jean étend l'enfant à ses pieds d'un formidable coup de poing qui lui fait pousser un cri déchirant. Tout le monde s'empresse à relever la victime, tandis que l'autre, dégrisé, abruti, reste épouvanté de ce qu'il a fait.
Troisième acte, dans une petite maison de campagne. Bien des événements se sont passés. Jean Taureau a été condamné à six mois de prison ; Geneviève, profitant des leçons de Jacques, est devenue artiste, gagne de l'argent, et leur mariage est prochain, et tandis qu'elle a installé maman Jolicœur dans la maisonnette, le pauvre Loustic a été soigné à l'hôpital, d'où justement on le fait revenir aujourd'hui pour le ranimer au soleil du printemps et lui donner des forces. Le voici ; le pauvre enfant est bien malade encore. On le place sous un berceau de verdure, Geneviève le dorlote, le console, et lui, qui n'a cessé de l'aimer, qui ne sait rien de ce qui s'est passé, rien de ses projets avec Jacques, lui confesse son amour et lui demande de l'aimer un peu. Elle se garde de le désabuser et lui promet tout. Mais voici que tout à coup, dans une conversation, Loustic apprend le secret du mariage de Geneviève. A cette révélation inattendue il pousse un cri qui attire tout le monde. On entoure le pauvre malade, et Geneviève lui prodigue des paroles de consolation. Mais lui, pâle, sans forces, lui dit d'une voix à demi éteinte : « Mademoiselle Geneviève, un instant... donnez-moi la main... pour que je fasse de beaux rêves... » et il meurt.
La partition écrite par M. Coquart sur cc livret tracé par lui, est vraiment théâtrale, d'un excellent caractère scénique, et supérieure à tout ce qu'il nous avait donné jusqu'ici. On peut regretter que lui aussi se défende de faire ce qu'on appelle des morceaux, et qu'il en fuie à tort l'occasion, comme, par exemple, au second acte, dans la grande scène de Jacques et de Geneviève, où surtout un ensemble passionné eût été si bien à sa place et en situation. Mais du moins ses dialogues sont écrits musicalement, d'une façon mélodique, qui repose l'oreille des récitatifs insipides et sans forme appréciable qu'on nous inflige depuis si longtemps. Et il y a de jolis passages à faire ressortir au cours de l'œuvre ; par exemple, le joli épisode de la rencontre des deux amoureux au premier acte : Dans les longues routes sous bois, dont le dessin ostinato d'accompagnement est plein d'élégance ; puis la phrase gracieuse de Geneviève répondant à Jean Taureau : Mon bon Jean, vous êtes pour moi un grand frère ; puis encore la scène de l'arrivée de Loustic au troisième acte, qui est bien traitée, avec son accent profondément mélancolique, et d'où se détache une autre phrase poétique de Geneviève : Nous t'avons fait dans la verdure un joli nid. A citer aussi l'intéressant prélude du second acte, qui est bâti sur un rythme prolongé d'accompagnement formant pédale. Mais ce qu'il faut surtout louer, c'est l'ensemble, qui est vraiment musical et d'une heureuse couleur générale ; c'est la sobriété et l'absence de pédantisme ; c'est aussi l'orchestre, qui est nourri sans être bruyant, et à qui l'on peut reprocher seulement l'intervention trop fréquente du trop banal piston. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
TROUVÈRE (LE)
[Il Trovatore]
Opéra italien en quatre actes, livret de Salvatore Cammarano (1801-1852), d'après El Trovador, tragédie espagnole d’Antonio Garcia Gutierrez ; version française d'Emilien Pacini ; musique de Giuseppe Verdi.
Personnages : le comte de Luna, jeune noble d’Aragon (baryton) ; Ferrando (Fernand), le capitaine de sa garde (basse) ; Manrico, chef de troupes sous les ordres du prince de Gascogne, fils présumé d’Azucena (ténor) ; Ruiz, soldat au service de Manrico (ténor) ; un vieux Gitan (baryton) ; la duchesse Leonora (Léonore), dame d’honneur de la princesse d’Aragon (soprano) ; Azucena, Gitane (mezzo-soprano) ; Inès (soprano) ; des hommes de la suite du comte de Luna et de celle de Manrico ; un messager, un geôlier, des soldats, des nonnes, des Gitans.
L’action se déroule en Gascogne et en Aragon, au XVe siècle.
Première représentation à Rome, Teatro Apollo, le 19 janvier 1853.
Premières fois, à Paris au Théâtre Italien, le 23 décembre 1854 ; à Londres (Covent-Garden), à New York (Metropolitan Opera) en 1855 ; à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie, version française d'Emilien Pacini), le 20 mai 1856.
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ROME 17.01.1853 |
PARIS 23.12.1854 |
LONDRES 10.05.1855 |
NEW YORK 1855 |
BRUXELLES 20.05.1856 |
Léonore |
Rosina PENCO |
FREZZOLINI |
NEY |
STEFFANONE |
VANDENHAUTE |
Azucena |
GOGGI |
BORGHI-MAMO |
P. VIARDOT |
VESTVALI |
COMTE-BORCHARD |
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Manrique |
Carlos BAUCARDE |
BOUCARDE |
TAMBERLICK |
BRIGNOLI |
WICART |
Comte de Luna |
G. GUICCIARDI |
QUESNE |
Joseph-Dieudonné TAGLIAFICO |
AMODIO |
CARMAN |
Fernand |
DEPOITIER |
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Ruiz |
EMILE |
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Chef d’orchestre |
MARIANI |
X |
COSTA |
X |
Ch. L. HANSSENS |
Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 12 janvier 1857, dans la version française, en présence de LL. AA. Impériales. Divertissements de Marius Petipa. Décors de Charles Cambon et Joseph Thierry (actes I et IV), Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte II, 1er tableau de l'acte III), Edouard Desplechin (2e tableau de l'acte III). Costumes d'Alfred Albert. Pour cette production, Verdi écrivit la musique d’un ballet de 15 minutes, et allongea légèrement le finale en réintroduisant le Miserere à la fin.
Mmes Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Léonore), Adelaide BORGHI-MAMO (Azucena), DAMERON (Inès).
MM. Louis GUEYMARD (Manrique), BONNEHEE (de Luna), DERIVIS (Fernand), Etienne SAPIN (Ruiz), FRERET (un Bohémien), CLEOPHAS (un Messager).
Ballet : Mlles ZINA, POUSSIN, SCHLOSSER, MM. MERANTE, MILLOT.
Chef d'orchestre : Narcisse GIRARD
100e représentation le 08 février 1863, avec Mmes Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Léonore), Palmyre WERTHEIMBER (Azucena), MM. Charles DULAURENS (Manrique), BONNEHEE (de Luna), BONNESSEUR (Fernand), sous la direction de Jean-Philippe DIETSCH.
Première fois au Palais Garnier, le 4e acte seulement, le 03 juillet 1875, à l'occasion d'un Gala : Mme Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Léonore), MM. SYLVA (Manrique), Eugène CARON (de Luna).
Chef d'orchestre : Ernest ALTES.
Première fois intégralement au Palais Garnier (222e représentation), le 31 mai 1904. Mise en scène d'Alexandre Lapissida.
Mmes GRANDJEAN (Léonore), FLAHAUT (Azucena), GOULANCOURT (Inès).
MM. ALVAREZ (Manrique), NOTÉ (de Luna), CHAMBON (Fernand), CABILLOT (Ruiz), CANCELIER (un Bohémien), GALLOIS (un Messager).
Danses réglées par J. HANSEN : Mlles ZAMBELLI, SANDRINI, M. LADAM et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL
Représentation à l'Opéra le 26 juillet 1905.
Mmes GRANDJEAN (Léonore), FLAHAUT (Azucena), GOULANCOURT (Inès).
MM. ROUSSELIÈRE (Manrique), GILLY (de Luna), CHAMBON (Fernand), CABILLOT (Ruiz), CANCELIER (un Bohémien), GALLOIS (un Messager).
Chef d'orchestre : Paul VIDAL
Reprise à l’Opéra du 04 juillet 1923 (239e représentation) - Mise en scène de Pierre CHEREAU.
Mmes DEMOUGEOT (Léonore), MONTFORT (Azucena), DENYA (Inès).
MM. CARRERE (Manrique), ROUARD (de Luna), A. HUBERTY (Fernand), GONGUET (Ruiz), ERNST (un Bohémien), A. COMBES (le Messager).
Danses réglées par Léo STAATS : Mlles J. SCHWARZ, PIEROZZI, M. G. RICAUX et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER
244e à l’Opéra, salle du Trocadéro, le 27 octobre 1923 :
Mmes CROS (Léonore), MONTFORT (Azucena), MARILLIET (Inès).
MM. TALRICK - débuts - (Manrique), TEISSIE (de Luna), A. GRESSE (Fernand), Georges RÉGIS (Ruiz), ERNST (un Bohémien), GONGUET (le Messager).
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Léonore : Mmes LAFON (1857), Delphine UGALDE (1858), ALTES-RIBAULT (1859), Amélie REY (1859), SASSE (1861), PASCAL (1865), HISSON (1868), FEART (1904), MELIS (1916).
Azucena : Mmes DE LA POMMERAYE (1858), LABLACHE (1858), AUDIBERT (1858), MARCHISIO (1860), VIARDOT (1861), TEDESCO (1861), GODFREND (1862), DORY-ROTTGER (1863), SANNIER (1864), Rosine BLOCH (1865), BARBOT (1872), LEAVINGSTON (1873), B. SOYER (1904).
Manrique : MM. Etienne SAPIN (1857), Gustave ROGER (1858), MICHOT (1860), MORERE (1861), VILLARET (1863), DELABRANCHE (1865), MAZZOLENI (1869), TRINQUIER (1872), ROUSSELIERE (1904), SULLIVAN (1916), BASSI (1916), RODIER (1923).
Comte de Luna : MM. DUMESTRE (1858), ROUDIL (1859), V. MAUREL (1868), DEVOYOD (1868), Dinh GILLY (1904), BORGHESE (1916), LANTERI (1923).
Fernand : MM. COULON (1858), DAVID (1864), CASTELMARY (1865), PONSARD (1871), ECHETTO (1872), NIVETTE (1904), H. LEGROS (1923).
244 représentations à l’Opéra dont 24 au Palais Garnier au 31.12.1961.
Résumé.
L'action du Trouvère repose sur la donnée suivante : Le frère du Comte de Luna, qu'on avait cru mort, a grandi au milieu des Bohémiens. Azucena l'a élevé comme son fils, dans l'espoir qu'il vengerait un jour sur sa race le sang de sa pseudo grand-mère. Il est connu sous le nom de Manrique le Trouvère. Une rivalité terrible s'élève entre lui et le Comte pour l'amour de Léonore. Celle-ci paie de sa vie la liberté du Trouvère, qui est cependant mis à mort, tandis qu'Azucena, au moment de marcher elle-même au supplice, révèle au Comte que Manrique était son propre frère...
L'action est censée se dérouler en Aragon et en Biscaye, au commencement du XVe siècle.
ACTE I. — « le Duel ».
1er TABLEAU : L'entrée d'un palais de Saragosse.
Fernand, serviteur du comte de Luna, veillant avec plusieurs vassaux et hommes d'armes, leur raconte que le frère de son maître, encore au berceau fut l'objet des maléfices d'une sorcière, condamnée pour ce fait à être brûlée vive ; qu'Azucena, la fille de celle-ci, voulant venger la mort de sa mère, s'empara de l'enfant, et qu'on trouva plus tard, à l'endroit même où la Bohémienne avait été brûlée, les restes d'une pauvre petite créature également consumée par les flammes.
2e TABLEAU : Les jardins du palais.
Il fait nuit. La lune, voilée, éclaire faiblement.
Léonore confie à Inès comment, après avoir couronné Manrique le Trouvère, dans un tournoi, elle en devint éperdument éprise [Cavatine de Léonore : Tacea la notte placida... / Je lui donnai mon âme...].
Les deux femmes entrent au palais. Survient le Comte de Luna, qui aspire à la main de Léonore et cherche à la rencontrer seule pour lui déclarer son amour. Tout à coup des accords d'une lyre se font entendre et le Trouvère exhale l'amertume de son âme [Romance de Manrique : Deserta sulla Terra... / Exilé sur la terre...]. Léonore apparaît ; elle prend le Comte pour le Trouvère, dont elle a entendu la voix. Mais elle reconnaît son erreur et demeure stupéfaite lorsque la clarté de la lune vient éclairer la scène. Le Trouvère s'avance et les deux rivaux se jurent bientôt une haine à la mort. Léonore cherche en vain à les retenir, puis tombe évanouie.
ACTE II. — « la Bohémienne ».
1er TABLEAU : Le camp des Bohémiens en Biscaye.
Les tziganes chantent en frappant sur leurs enclumes. L'aurore se lève. Azucena, assise près du feu, raconte le supplice de sa mère [Air d’Azucena : Stride la vampa... / La flamme brille...].
Les Bohémiens partis, Manrique interroge encore sa mère. Elle lui apprend que dans un moment d'hallucination, ce fut son enfant qu'elle livra aux flammes, à la place de celui du seigneur. Le Trouvère s'écrie alors : « Je ne suis pas votre fils ! » Azucena, pour le tromper, s'empresse d'ajouter que l'égarement où l'avait jetée l'accomplissement d'un sinistre devoir avait pu seul créer dans son esprit l'idée d'une pareille substitution ; pour mieux convaincre Manrique, elle invoque le souvenir de son amour maternel qui le protégea partout ; elle l'exhorte à être sans pitié pour le fils de l'ancien seigneur, l'infâme Comte de Luna.
Un messager vient annoncer que Léonore va prendre le voile. Manrique quitte Azucena pour voler auprès de celle qu'il aime.
2e TABLEAU : Devant le Couvent de la Croix.
Le Comte, Fernand et quelques amis sont là, embusqués, s'apprêtant à enlever Léonore [Air du Comte : Il balen del suo sorriso... / Son regard, son doux sourire...]. Mais au moment où le Comte croit saisir Léonore et s'écrie : « Tu m'appartiens ! », le Trouvère paraît et, secondé par Ruiz, l'arrache des mains de son rival.
ACTE III. — « le Fils de la Bohémienne ».
1er TABLEAU : Un camp sous les murs de Castellor.
La ville dans laquelle se sont réfugiés Manrique et Léonore est assiégée par le Comte de Luna. Une Bohémienne surprise dans le camp lui est amenée. Fernand reconnaît Azucena. Le fait qu'elle se donne pour la mère de Manrique aggrave encore son cas et le Comte jure de les immoler, elle et son fils.
2e TABLEAU : Dans Castellor assiégée.
Le Trouvère et sa fiancée renouvellent leurs
serments d'amour. Ruiz fait remarquer à Manrique la Bohémienne prisonnière.
Manrique reconnait sa mère [Strette de Manrique : Di quella pira... /
Supplice infâme...]. Mais le bruit des armes se fait entendre. Surmontant la
voix
de son cœur, Manrique se précipite au combat.
ACTE IV. — « le Supplice ».
1er TABLEAU : Devant la prison.
Manrique a été emprisonné par le Comte. Léonore vient exprimer sa douleur au pied de la tour [Air de Léonore : D'amor sull'ali rosee... / Brise d'amour fidèle...].
On entend un chœur de voix étouffées et la voix de Manrique qui lui répond dans la nuit [Scène du « Miserere »].
Le Comte paraît et ordonne le supplice des deux condamnés. Léonore s'approche, tentant de sauver Manrique. Le Comte lui promet sa grâce si elle consent à être à lui. Elle accepte, mais ne lui donnera qu'un cadavre, car elle s'empoisonne en même temps qu'elle se promet.
2e TABLEAU : L'intérieur d'un cachot.
Azucena, étendue sur un grabat, est en proie à une grande agitation ; le souvenir du supplice de sa mère la poursuit. Après quelques paroles de consolation que lui adresse Manrique, elle s'endort en murmurant le chant d'amour que Manrique aimait à répéter souvent [Duo : Riposa, o madre... / Repose en paix...].
Léonore vient offrir à Manrique la liberté, cette liberté qu'elle paie de sa vie. Croyant comprendre, Manrique la repousse, mais, bientôt l'ombre de la mort qui s'étend sur son visage fait comprendre au Trouvère la fausseté de son accusation. Le Comte arrive au moment où Léonore meurt à ses pieds. C'en est trop : le Trouvère mourra ! Et les hommes d'armes l'emmènent au billot. Un coup de tam-tam annonce bientôt à Azucena que la tête de Manrique vient de tomber.
Le fond du théâtre s'ouvre, laissant apercevoir l'échafaud. Azucena, comme une furie, lance alors au Comte dans un ricanement terrible : « Regarde ! Ce supplicié, c'était ton frère ! ».
« Opéra représenté pour la première fois au théâtre Apollo, à Rome, le 17 janvier 1853, et au Théâtre-Italien de Paris le 23 décembre 1854. Jusqu'à l'apparition de cet ouvrage, le public français attribuait à M. Verdi un rang tellement secondaire qu'on pouvait croire que son talent ne le naturaliserait jamais parmi nous. L'enthousiasme éveillé par sa nouvelle partition a été si grand que beaucoup de gens du monde ont classé de suite le Trovatore parmi les chefs-d'œuvre. Ce fut un véritable événement musical à propos duquel on discourut beaucoup, on se querella même. Mais on n'était plus au temps où deux systèmes opposés se trouvaient en présence, représentés par des compositeurs qui répondaient aux critiques par les arguments les plus puissants, par des opéras nouveaux. La querelle des gluckistes et des piccinnistes ne pouvait être renouvelée, et le combat finit faute de combattants. Le Trovatore fut représenté dans les circonstances les plus favorables. Il apparut au milieu d'une sorte de crépuscule qui enveloppait l'Opéra depuis 1846, époque de la représentation de Lucie de Lammermoor. La majestueuse et lugubre partition du Prophète n'avait pas suffi à dissiper l'engourdissement lyrique. Les mélodies neuves, originales du Trovatore, les formes rythmiques qui, sans être nouvelles, paraissaient l'être par leur persistance systématique ; enfin l'accent dramatique, énergique, résolu du maître parmesan plurent généralement et lui firent des prosélytes nombreux et convaincus.
Le sujet du Trovatore a été tiré d'un drame espagnol d'Antoine Garcia, Guttierez, lequel vraisemblablement l'a emprunté à une vieille légende de nourrice. Une certaine obscurité habilement ménagée dissimule les défauts du livret, dont les moindres sont l'invraisemblance et l'absurdité. Une bohémienne, accusée par le comte de Luna d'avoir jeté un sort sur son jeune enfant malade, a été condamnée à être brûlée vive. Azucena, sa fille, veut venger la mort cruelle de sa mère ; elle enlève un des deux fils du comte pour lui donner la mort ; mais, dans son égarement elle se trompe, et c'est son propre enfant qu'elle jette dans une fournaise ardente. Elle fait de l'autre un bohémien, un trovatore, qui a grandi à ses côtés, se croyant son fils, sous le nom de Manrico. C'est sur cette situation que la toile se lève. Le comte de Luna aime la belle Leonora et veut l'épouser. Celle-ci lui préfère un jeune aventurier qui n'est autre que Manrico le trovatore. Les scènes d'amour et de jalousie se succèdent. Le puissant comte de Luna emploie la force pour vaincre la résistance de Leonora ; il fait enfermer Manrico dans une tour, puis, avec la bohémienne, dans un horrible cachot. Leonora vient y trouver son amant pour lui proposer les moyens de fuir ; elle restera prisonnière à sa place. Il refuse ; elle a pris du poison ; elle tombe à ses pieds et meurt. Pendant cette scène, la bohémienne dort d'un profond sommeil. Le comte parait à la porte du cachot ; il donne l'ordre à ses gardes de conduire Manrico au supplice, et il traîne la bohémienne près d'une fenêtre pour qu'elle le voie. « C'était ton frère, s'écrie-t-elle ! tu es vengée, ô ma mère ! » Le comte de Luna, promenant ses regards du cadavre de Manrico à celui de Leonora, s'étonne de vivre encore ; E vivo ancor ! Les spectateurs ont lieu également d'en être surpris. Ce mélodrame a été traduit pour la scène française par M. Emilien Pacini.
M. Verdi a divisé lui-même son œuvre en quatre parties, auxquelles il a donné les titres suivants : Il Duello ; la Gitana ; Il Figlio della Zingara ; Il Supplizio.
Après une introduction d'une vingtaine de mesures, le chant commence. La première scène est consacrée au récit de la légende : Di due figli vivea, que le compositeur appelle à tort cavatine. Ce sont des couplets dont l'allegretto est une valse bien caractérisée. La cavatine de Leonora : Tacea la notte placida, offre une phrase inspirée et d'une suavité tout italienne ; qui suit est brillant, mais nullement en rapport avec les paroles. C'est sur un trait d'agilité, qui exprime une sorte de gracieuse folie, que Leonora chante ces paroles :
S’io non vivró per esso,
Per esso moriró.
résolution qu'elle met à exécution en définitive à la fin du drame. Elle aurait pu l'annoncer d'une manière plus dramatique. La romance du trovatore : Deserto sulla terra, est bien écourtée, mais elle ne manque pas de charme. Le trio qui termine l'acte est d'une facture très négligée ; l'unisson y règne presque constamment entre la première et la seconde partie.
Le chœur des bohémiens, qui ouvre le second acte et qui est encore à l'unisson, a néanmoins de l'originalité. Nous rappellerons sommairement la canzone de la bohémienne : Stride la vampa, toujours en mouvement de valse, et le récit affreux de son aventure : Condotta ell'era in ceppi, dont la mesure à six-huit n'est interrompue que par celle à trois-huit. On voit que M. Verdi affectionne particulièrement le rythme ternaire. La strette très vulgaire du duo qui suit est aussi à trois-huit. Le morceau qu'on peut louer sans réserve est l'air du comte de Luna : Il balen del suo sorriso, dans lequel la force n'exclut pas la grâce, et où cependant l'ardeur passionnée l'emporte sur la tendresse ; il est coupé par un petit ensemble d'un rythme original. Le seul morceau développé de la partition est le pezzo concertato ou ensemble final du second acte. Les phrases entrecoupées de Leonora peuvent être considérées comme un effet appartenant en propre à M. Verdi, une sorte de trouvaille musicale qu'il est juste de lui attribuer. Ces appogiatures entrecoupées de silences de courte durée, expriment bien les battements du cœur sous l'influence des fortes émotions de la joie ou de la douleur. Le compositeur a fait une excellente application de ce procédé dans le quatuor de Rigoletto.
Des chœurs à l'unisson, un trio sans idées, une harmonie pauvre et dépourvue d'intérêt, une valse chantée par Manrico sur les paroles les plus lugubres : Di quella pira l'orrendo foco (l'horrible feu de ce bûcher), tel est en somme le troisième acte.
Le compositeur se relève au quatrième, celui qui a décidé du succès de l'ouvrage en France. La scène du Miserere est émouvante, pathétique et fortement rendue ; les procédés sont des plus simples : un chœur de moines invisibles chante ces paroles :
Miserere d'un alma gia vicina
Alla partenza che non tra ritorno.
(Ayez pitié d'une âme qui va bientôt partir pour le voyage dont on ne revient pas.) Sur cette psalmodie se détache une plaintive cantilène de Leonora qui se désespère au pied de la tour où son amant est enfermé ; puis un chant large et mélancolique se fait entendre ; c'est la voix de Manrico qui dit adieu à la vie et supplie sa maîtresse de lui garder un fidèle souvenir :
Ah ! de la morte ognora
E tarda nel venir
A chi desia morir !
Addio... Leonora...
(Ah ! que la mort est lente à venir pour celui qui la désire ! Adieu, Léonore.) Le glas funèbre de la cloche vient s'ajouter à ces éléments divers. Il résulte de cet agencement heureusement combiné un des effets les plus puissants, les plus dramatiques qui existent au théâtre. Les phrases entendues isolément ne sont ni neuves ni distinguées ; mais l'ensemble produit une sorte de commotion et d'ébranlement nerveux qu'on doit moins attribuer à une inspiration musicale qu'à une application habile de l'art dramatique.
Après ce morceau capital, nous rappellerons encore le duo pour soprano et baryton, qui est très bien traité au point de vue du style italien, et celui qui est chanté dans la prison par la bohémienne et Manrico : Ai nostri monti ritorneremo ; la mélodie principale en est simple et touchante. Les scènes finales sont bien déclamées et l'intérêt se soutient aisément jusqu'au bout. Les dernières phrases de Leonora mourante sont encore écrites dans ce style palpitant, entrecoupé que le compositeur emploie dans les situations fortes, ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut.
Les rôles de cet ouvrage ont été chantés à Paris par Gassier, Graziani, Baucardé, Mario, Mme Frezzolini, qui était une Léonore incomparable, Mmes Borghi-Mamo, Gassier, Alboni, Penco, Steffennone, Grisi. Lorsqu'on donna le Trouvère à l'Opéra français, le 12 janvier 1857, le défaut d'ampleur du style, la maigreur de l'accompagnement, l'absence de développement des idées principales frappèrent tout d'abord beaucoup plus qu'aux Italiens ; puis on s'y accoutuma. Les rôles furent chantés par Gueymard, Bonnehée, Mme Lauters. Cet ouvrage n'a pas quitté le répertoire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est la traduction d'Il Trovatore, libretto dont Cammarano a emprunté le sujet à un drame espagnol de Garcia Guttierez.
Reprise : 1860 ; centième représentation : 25 janvier 1863. La deux cent onzième représentation de cet opéra populaire a été donnée le 7 octobre 1872, jour où l'on a repris la Source pour le début de Mlle Sangalli.
Verdi n'a presque rien changé à sa partition italienne ; il s'est contenté d'écrire pour l'opéra français des airs de danse et de ramener le motif du Miserere au dénouement. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Principaux personnages : Manrique, le Trouvère ; le comte de Luna ; Azucena, bohémienne ; Léonore.
L'action se passe en partie en Aragon, en partie en Biscaye, vers le commencement du XVe siècle.
Livret obscur et passablement absurde, par endroits tout à fait inexplicable. La donnée est la suivante : le comte de Luna avait un frère jumeau. Comme les deux enfants reposaient ensemble au berceau, une bohémienne fut trouvée penchée sur eux. On brûla la femme comme sorcière. Pour venger sa mère, Azucena vola un des bébés. Quelques jours après, on retrouvait les restes carbonisés d'un enfant dans les cendres du bûcher de la prétendue sorcière. Pour tout le monde, le frère du comte de Luna est donc mort, mais en réalité il vit, car par une distraction vraiment monumentale, Azucena a brûlé son propre enfant à la place de l'autre. Cet autre, elle l'a élevé comme son fils, dans l'espoir qu'un jour il vengerait sur sa race le sang de sa pseudo-grand'mère. Aujourd'hui, l'enfant est devenu homme et est connu sous le nom de Manrique, le Trouvère. Une rivalité mortelle va s'élever entre lui et son frère le comte de Luna, pour l'amour de Léonore. Qui est Léonore ? Le librettiste a oublié de nous le dire. Tout ce que nous savons, c'est que l'amour de Manrique est partagé, tandis que celui du comte ne l'est pas. Les choses en sont là au début du premier acte. Nous sommes informés, en outre, que le roi d'Aragon est en guerre avec les Biscayens. Manrique combat pour Biscaye, le comte pour Aragon.
Un premier tableau n'a d'autre but que de nous faire connaître en partie les détails qui précédent. Le suivant met en présence Léonore, Manrique et le comte : querelle, provocation, duel. Nous saurons plus tard que dans ce duel Manrique fut vainqueur, mais épargna la vie du comte à la demande de Léonore. De cette générosité il ne lui sera su aucun gré.
Deuxième acte : au camp des bohémiens, en Biscaye. Manrique est là avec Azucena, celle qu'il croit sa mère. On lui remet un mot d'un correspondant inconnu, lui demandant de venir à Castellor, tombée aux mains des Biscayens. Léonore le croit mort et va prendre le voile. Malgré les supplications d'Azucena, le Trouvère part.
La scène change et représente le cloître où va se murer Léonore. Le comte et quelques amis sont là embusqués pour enlever la novice en pleine cérémonie. Mais Manrique arrive à son tour, également bien accompagné, et c'est lui qui enlève Léonore sans que celle-ci oppose la moindre résistance.
Troisième acte : le comte de Luna tient Castellor assiégée et va donner l'assaut. Il compte bien s'emparer de Léonore et de Manrique, enfermés dans la ville. Survient Azucena, à la recherche de son enfant. Elle est reconnue par un des officiers du comte et condamnée au supplice. Le fait qu'elle se donne pour la mère de Manrique aggrave encore son cas.
La scène change et nous sommes dans Castellor assiégée. Léonore et le Trouvère voient conduire en prison Azucena. Comment le comte la fait-il incarcérer dans une ville qu'il assiège ? Mystère. Manrique se précipite au combat pour délivrer sa mère. Comprenne qui pourra.
Quatrième acte : devant la prison. On aperçoit la fenêtre du cachot où sont enfermés Azucena et Manrique qui, apparemment, n'a pas réussi dans sa tentative de délivrance. Ici se place la scène fameuse du Miserere, répondant aux plaintes et aux prières de Léonore, venue tenter de sauver son amant. Le comte arrive, ivre de carnage, assoiffé de vengeance, dévoré de désir. Il veut voir tomber la tête de son rival, voir brûler Azucena. Mais il promet à Léonore la grâce du fils si elle consent à être à lui. Elle y consent, mais elle ne livrera qu'un cadavre, car elle s'empoisonne en même temps qu'elle se promet.
La scène change : le cachot où Azucena et Manrique attendent la mort. Duo célèbre du fils et de la mère. La bohémienne, atteinte dans ses forces vives, aura cessé de respirer quand sonnera pour elle l'heure de monter sur le bûcher. Léonore entre : au prix du don d'elle-même, elle a obtenu de revoir Manrique. Elle lui annonce la liberté, cette liberté qu'elle paye de sa vie. En effet, quand le comte survient, elle tombe morte à ses pieds. C'en est trop ! Le Trouvère mourra ! Et les soldats l'emmènent au billot. Un coup de tamtam annonce à Azucena que la tête de Manrique vient de tomber. Au même instant, le fond du théâtre s'ouvre, on voit l'échafaud et, sous un drap, le corps du décapité. Comme une furie, la bohémienne lance alors au comte, dans un ricanement féroce : « C'était ton frère ! Le ciel a vengé ma mère ! »
Comme on voit, on ne saurait rêver dénouement plus romantique. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Examinant sa tragédie d'Héraclius, le grand Corneille avoue ingénument — non sans quelque fierté — que « le poème est si embarrassé qu'il demande une merveilleuse attention... » Et il ajoute : « J'ai vu de fort bons esprits et des personnes des plus qualifiées de la cour se plaindre de ce que sa représentation fatiguait autant l'esprit qu'une étude sérieuse. »
... C'est une cruelle disgrâce que d'avoir à raconter le livret du Trouvère — opéra en quatre actes, version française d'Emilien Pacini, d'après les paroles italiennes de Cammarano — puisque Verdi, le compositeur lui-même, avouait n'y avoir jamais rien compris ! Nous envions parfois les dilettantes qui appliquent dans un concert la réflexion de l'ouïe sur la musique des maîtres sans s'inquiéter des paroles, prenant plaisir, peut-être, à donner un sens de leur invention aux mélodies les plus classiques — et l'on pourrait se demander sérieusement si Il Trovatore ne gagne pas à être exécuté en italien.
Lorsqu'on cherche des documents dans les annales du théâtre sur l'ouvrage créé à Rome le 19 janvier 1833, et représenté pour la première fois en France sur la scène de l'Académie impériale le 12 janvier 1857, on constate que le Trouvère avait disparu du répertoire national depuis que l'Opéra s'était installé dans le temple de Charles Garnier. Il faut arriver à l'année 1904 pour y voir reprendre cette œuvre lyrique, et avec assez de succès, à l'occasion d'une représentation organisée au profit du monument de Verdi. Sans doute y aurait-il outrecuidance à décider si l'on peut ou non, sans snobisme, se déclarer aujourd'hui fanatique de la partition — célèbre d'ailleurs. — Quant à la romantique et sombre histoire que voici...
Sachez donc que l'on a brûlé comme sorcière, en Aragon, au début du XVe siècle, une bohémienne surprise au chevet des jumeaux nouveau-nés dans la famille de Luna. La fille de la bohémienne, Azucena, jure de venger a mère et vole un des enfants... Quelques jours après, on découvre un petit cadavre récemment calciné dans les décombres du bûcher... Par quelle fatalité la misérable Azucena vient-elle d'immoler son propre fils au lieu de l'enfant enlevé... c'est le commencement du mystère et le comble de la distraction. Mais il n'y a pas à discuter. Aussi prend-elle le parti d'élever le « rescapé » pour en faire, en temps opportun, l'instrument d'une double revanche. En attendant, les années passent et les jumeaux grandissent séparément, dans l'ignorance de leur parenté. L'un est devenu comte de Luna ; l'autre n'est connu que comme trouvère et porte le nom de Manrique.
Ces deux jeunes gens tombent amoureux de la même femme, Léonore — une inconnue pour tout le monde, y compris le librettiste — et les rivaux ne tardent pas à se provoquer, l'épée à la main. Le comte de Luna, vaincu, ne doit son salut qu'à l'intervention de Léonore — qui cependant aime Manrique... Aussi le comte ne se croira-t-il pas son obligé, puisque tout en lui sauvant la vie, elle persiste à repousser sa flamme.
La guerre a éclaté entre Biscayens et Aragonais. Les deux frères sont naturellement dans des partis ennemis. Les Biscayens viennent de surprendre Castellor. Ils dépêchent un messager à Manrique, dans le campement bohémien, où il se trouve auprès d'Azucena. Cependant, Léonore croit son trouvère mort et va prendre le voile. Et le comte de Luna, qui assiège Castellor, s'est arrangé pour l'enlever, lorsque surgit Manrique : les deux amoureux se réfugient dans la citadelle. Mais le comte a trouvé moyen de forcer son rival à se livrer en faisant capturer Azucena qui s'est imprudemment aventurée à sa recherche... Le trouvère bondit au secours de celle qu'il considère encore comme sa mère — c'est du moins ce que l'on peut essayer de comprendre à travers un tissu d'incohérences. Bref, Manrique et Azucena sont incarcérés et Léonore vient se lamenter sous la fenêtre du cachot. Le comte de Luna la poursuit et lui propose la grâce de son amant en échange de son honneur... classiquement. Elle accepte, et s'empoisonne, mais elle consacre ses dernières forces à courir se jeter dans les bras du trouvère qui attendait le trépas avec la vieille bohémienne. Le comte, voyant échapper sa proie, retire la parole donnée à cette morte. Manrique est exécuté... C'est alors qu'Azucena se redresse, agonisante elle-même, et, dans un hurlement de férocité satisfaite, apprend au meurtrier qu'il vient de condamner et d'immoler son frère.
***
Un dénouement de ce genre peut bien être invoqué à titre de circonstance atténuante en faveur de M. Scribe, auteur de la Juive (1835). »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
TROVATELLES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Jules Lorin (-1853), musique de Jules Duprato. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 juin 1854, avec Mmes Marguerite Jeanne Camille Decroix (Nantina), Félix (la Marquise), MM. Charles Ponchard (Lelio), Edmond Riquier-Delaunay (Geronimo), Nathan (Timberio), Palianti (Gregorio).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 08 novembre 1861 avec Mme Dupuy (Nantina), M. Aujac (Geronimo).
« C'est un joli ouvrage dont le canevas léger ne manque pas de grâce. Les auteurs ont imaginé un couvent de l'Annunziata, près de Naples, où sont élevées des jeunes filles sans famille connue, appelées pour cette raison Trovatelles. A une époque déterminée, celles d'entre elles qui sont en âge d'être mariées sortent du couvent, et les garçons du pays choisissent celles qui leur conviennent pour en faire leurs femmes. On voit que cette situation a beaucoup de ressemblance avec celle du marché aux servantes dans Martha, et dans les Joyeuses commères de Windsor. Nantina, nièce d'une marquise napolitaine, veut épouser l'ânier Geronimo, qui ne demande pas mieux. La tante a beau vouloir lui donner pour mari le seigneur Lelio, Nantina persiste dans sa préférence pour son cher ânier, et, apprenant qu'elle n'est qu'une trovatelle, elle use de sa liberté et des usages de ce singulier couvent pour donner sa main à l'heureux Geronimo. La partition de M. Duprato est traitée avec goût et une facilité d'un bon augure pour l'avenir de ce compositeur. Les mélodies ont de la vivacité ; l'instrumentation est légère et d'une couleur appropriée au sujet. Parmi les morceaux les plus dignes d'être rappelés, nous mentionnerons la Tarentelle, le quintette, l'air de Geronimo et son duo avec Nantina, dans lequel est reproduite une phrase originale à six-huit tirée de l'ouverture, et en dernier lieu un quatuor d'un effet agréable. L'ouvrage a été mieux monté depuis, et il méritait de l'être. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
TROYENS (LES)
Poème lyrique en cinq actes et neuf tableaux, d’après le 4e chant de l’Enéide de Virgile, poème et musique d’Hector Berlioz.
L'importance de cet ouvrage a longtemps rebuté les scènes lyriques qui prirent l'habitude de le représenter en deux parties. La première sous le titre de la Prise de Troie (1er et 2e actes ; voir ce titre), la seconde, sous celui des Troyens à Carthage (3e, 4e et 5e actes ; voir ce titre).
Cependant, l’œuvre fut créée intégralement au Théâtre Grand-ducal de Karlsruhe, les 05 (la Prise de Troie) et 06 (les Troyens à Carthage) décembre 1890, dans la version allemande d’Otto Neitzel et sous la direction musicale de Felix MOTTL, avec Mme REUSS-BELCE (Cassandre), MAILHAC (Didon).
L'Opéra de Paris créa la Prise de Troie le 15 novembre 1899. Le 05 juillet 1919, aux arènes de Nîmes, il présentait les Troyens à Carthage qu'il devait reprendre à Paris en 1930.
Enfin, il créa les Troyens intégralement, au Palais Garnier, le 10 juin 1921 (répétition générale le 07 juin), dans une mise en scène d'Emile Merle-Forest. Décors de René Piot, costumes de Dethomas. La Chorégraphie de « La Chasse Royale », au 5e tableau, était signée de Mlles PASMANIK et HOWARTZ, celle du « Divertissement », au 6e tableau, de Léo Staats.
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10.06.1921 1e |
15.02.1929 21e |
05.06.1939 27e |
17.03.1961 34e |
13.04.1962
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Didon |
GOZATEGUI |
FERRER |
ANDURAN |
CRESPIN |
CRESPIN |
Cassandre |
ISNARDON |
LUBIN |
FERRER |
G. SERRES |
G. SERRES |
Anna |
ARNE |
TESSANDRA |
ALMONA |
E. KAHN |
E. KAHN |
Ascagne |
LAVAL |
LAVAL |
CARRIER |
BROUDEUR |
BROUDEUR |
Hécube |
DAGNELLY |
GERVAIS |
GERVAIS |
J. COLLARD |
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Enée |
Paul FRANZ |
FRANZ |
DE TREVI |
CHAUVET |
CHAUVET |
Chorèbe |
ROUARD |
ROUARD |
SINGHER |
MASSARD |
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Hylas |
DUTREIX |
GILLES |
GILLES |
CORAZZA |
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Narbal |
NARÇON |
NARÇON |
PACTAT |
VAILLANT |
VAILLANT |
Jopas |
SORIA |
VERGNES |
DESHAYES |
RIALLAND |
RIALLAND |
Panthée |
Michel EZANNO |
CLAVERIE |
CLAVERIE |
SAVIGNOL |
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Priam |
MAHIEUX |
GOT |
Roger RICO |
SERKOYAN |
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Ombre d’Hector |
ERNST |
ERNST |
ERNST |
CHAPUIS |
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Helenus |
SORIA |
DELBOS |
CHASTENET |
ROUQUETTY |
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Mercure |
BRUYAS |
GUYARD |
FOREST |
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Chasse Royale |
Y. DAUNT DELSAUX |
ELLANSKAIA A. BOURGAT |
S. BINOIS LASCAR |
SOUARD M. MAYER |
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Divertissement |
A. JOHNSSON J. SCHWARZ |
DE CRAPONNE S. LORCIA |
Y. CHAUVIRE G. KERGRIST |
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Chef d’orchestre |
GAUBERT |
GAUBERT |
GAUBERT |
DERVAUX |
Robert BLOT |
En 1940, le 7e tableau fut repris seul et représenté par 3 fois à l’Opéra, avec Mmes ANDURAN, ALMONA et M. Raoul GILLES, sous la direction de François RÜHLMANN.
Pour la reprise de 1961 à l’Opéra : Décors et costumes de Piero Zuffi — Chorégraphie de Harald LANDER pour la « Chasse royale » et de Mme Léone MAIL pour le « Divertissement » — Mise en scène de Mme Margherita WALLMANN.
Reprise à l'Opéra le 19 novembre 1969 (46e).
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra (les Troyens et les Troyens à Carthage réunis) :
Didon : Mmes GRIALYS (1921), CARO (1929), SCHENNEBERG (1940), MAS (1961).
Cassandre : Mme Yvonne COURSO (1921).
Enée : MM. VERDIER (1921), SULLIVAN (1921).
Chorèbe : MM. TEISSIE (1921), DUCLOS (1921), CAMBON (1929), BECKMANS (1939), HAAS (1961).
« Opéra en cinq actes représenté pour la première fois sur le Théâtre-Lyrique le 4 novembre 1863. Après la longue lutte qu'a eue à soutenir M. Berlioz, la lourde chute de ses premiers ouvrages, de Benvenuto Cellini, de sa symphonie monstre de Roméo et Juliette, l'apparition des Troyens sur l'affiche du Théâtre-Lyrique a été saluée par ses amis comme l'avènement définitif et assuré du maître et regardée par les autres comme l'arrêt en dernier ressort d'une première condamnation. Ils se sont trompés, et c'est le cas de le dire : Stat in medio virtus. Pendant ce long espace qui s'est écoulé depuis les essais romantiques et intempérants de 1832 jusqu'à la belle partition des Troyens, représentée en 1863, la muse de M. Berlioz a acquis une grande expérience, sinon la parfaite sagesse. Le compositeur a écrit l'ouverture du Carnaval romain, l'Hymne à la France, la Damnation de Faust, l'Enfance du Christ ; il a été nommé bibliothécaire du Conservatoire, chevalier de la Légion d'honneur, membre de l'Institut. Il a eu l'occasion d'exercer son jugement et de condenser ses idées dans les articles de critique du Journal des Débats. Les amis ont pu rester fidèles à M. Berlioz, mais non au compositeur favori de Paganini. Les adversaires, de leur côté, ont bien été obligés de renoncer à une partie de leurs préventions.
Le jour de la première représentation des Troyens est enfin arrivé :
Conticuere omnes, intentique ora tenebant.
Trois morceaux ont été compris de suite, admirés, bissés aux applaudissements de la salle entière. Le premier est le duo entre Didon et Anna, plein de grâce, d'originalité et de distinction ; le troisième est un septuor ou plutôt un quatuor avec chœurs d'une harmonie profonde et pénétrante ; enfin un duo entre Didon et Enée, qui restera comme un des plus beaux duos d'amour. Le reste a paru obscur, tourmenté, par conséquent long et ennuyeux.
Apparent rari nantes in gurgite vasto,
c’est-à-dire peu de mélodies. Telle a été la première impression du public. La presse s'est hâtée de la constater avec une légèreté cruelle, selon l'expression du fidèle Achate de Berlioz, de M. d'Ortigue ; cependant les vrais amateurs, sérieux et désintéressés, ont voulu entendre plusieurs fois cette œuvre importante, et, comprenant mieux le dialecte de l'auteur, pénétrant plus avant dans sa pensée, ayant la politesse de lui passer quelques défauts en considération de ses qualités, ces amateurs, dis-je, ont découvert à chaque audition des beautés inaperçues d'abord, et ont fini par considérer l'opéra des Troyens comme un des plus remarquables ouvrages qui aient paru à la scène depuis quinze ans. On y trouve sans doute des traces du système de musique imitative et littéraire dont M. Berlioz poursuit l'application per fas et nefas. La scène orchestrale de l'orage a même dû être supprimée. La fin du ballet offre, sous prétexte d'accompagner une danse nubienne, un motif sur le cor anglais un peu trop carthaginois pour des oreilles sensibles ; le chant du matelot Hylas est écrit dans un mode hypomixolydien qui, à mon sens, n'aura jamais une raison d'être suffisante au théâtre. Si on excepte ces excentricités, qui d'ailleurs trouvent encore quelques partisans, toute la partition est maintenant appréciée comme le mérite une œuvre consciencieuse, originale et belle, et beaucoup de Grecs de la veille sont devenus des Troyens du lendemain.
En raison même de la simplicité et de la grandeur des situations épisodiques dont l'Enéide a fourni le sujet, c'était une entreprise délicate et hardie de les présenter sur la scène lyrique, et il fallait beaucoup de goût pour atteindre, sans le dépasser en l'altérant, le caractère des personnages gravé dans l'imagination des spectateurs avec les souvenirs de collège. M. Berlioz a triomphé de ces obstacles, et ce n'est déjà pas un si mince mérite. Nous ne connaissons pas beaucoup de musiciens capables d'en faire autant.
L'ouvrage est précédé d'un prologue à la fois symphonique et lyrique. L'orchestre exécute un lamento qui exprime les malheurs et la catastrophe de Troie ; un rapsode en déclame ensuite les incidents principaux en s'accompagnant de la lyre.
Au premier acte, Didon distribue des récompenses aux laborieux colons qui ont fondé la jeune Carthage. Nous avons remarqué l'air : Chers Tyriens ! parfaitement chanté par Mme Charton-Demeur. Un duo fort original succède ; Didon confie à sa sœur Anna les vagues agitations de son âme : Vous aimerez, ma sœur, répond celle-ci. Le contralto un peu dur et inégal de Mlle Dubois a peut-être nui à l'effet de ce morceau ; cependant cette phrase de Didon : Je sens tressaillir mon cœur et mon visage en feu sous mes larmes brûler, a été remarquée. On annonce à la reine que d'illustres naufragés viennent lui demander un asile. Enée paraît, et à peine a-t-il été introduit qu'un second messager apporte la nouvelle de l'approche d'Iarbas, le chef d'une tribu barbare et ennemie. Enée offre le secours de son bras, et l'acte se termine par le beau chœur guerrier : C'est le dieu Mars qui nous rassemble.
Le second acte était rempli aux premières représentations par une symphonie imitative. Une chasse royale interrompue par l'orage ; Enée et Didon se réfugiant dans une caverne, tels étaient les sujets de cet intermède instrumental qui a été supprimé. Le second acte commence donc par le ballet des esclaves nubiennes. Ici l'oreille est blessée de parti pris par le compositeur. Ces intonations baroques et ce rythme sauvage ne devraient jamais trouver place dans une œuvre d'art où le désordre même doit être harmonieux. Il y a cependant une autre partie du ballet qu'il serait injuste de ne pas signaler comme pleine de grâce et tout à fait réussie. Les danses cessent et le chœur fait entendre l'hymne à la Nuit :
Tout n'est que paix et charme autour de nous ;
La nuit étend son voile et la mer endormie
Murmure en sommeillant ses accords les plus doux.
Ce morceau d'ensemble, dont les modulations sont suaves et distinguées, dont le rythme est bien senti, a été constamment redemande par le public. Le duo que nous avons signalé plus haut vient ensuite : O nuit d'ivresse et d'extase infinie. Nous le répétons, ce duo est d'un goût exquis et a été conduit avec une habileté extrême. Le cri : Italie ! Italie ! retentit aux oreilles d'Enée et le rappelle à ses destins.
Au troisième acte, le héros troyen exprime les hésitations de son âme entre le devoir et sa passion pour la reine : quand viendra l'instant des suprêmes adieux. Cette scène, bien interprétée par Monjauze, a un caractère de grandeur et une déclamation étudiée et soutenue qui rappellent les récitatifs de l'Armide de Lully et de l'Alceste de Gluck. Nous serions porté à croire que l'orchestration, toute remarquable qu'elle est, nuit par ses développements mêmes à l'expression dramatique de cette scène.
Didon apprend au quatrième acte le départ d'Enée. Le compositeur a compris qu'il devait ici laisser parler la nature. Ses accents tour à tour douloureux, tendres, furieux, déchirants ne sont interrompus par aucune cavatine parasite ; non erat hic locus. La phrase de duo : Nuit d'ivresse et d'extase infinie, passe au milieu de cet ouragan comme un souvenir doux et amer à la fois. La scène du bûcher forme le dernier acte, d'ailleurs très court. Il nous semble que le chœur des prêtres de Pluton aurait pu être mieux traité.
Malgré une opposition systématique, l'opéra des Troyens a eu vingt et une représentations de suite, et M. Berlioz, s'il eût vécu, aurait probablement vu reprendre son ouvrage, surtout si on avait trouvé une interprète telle que Mme Charton-Demeur, qui s'est montrée une Didon accomplie. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Les Troyens à l’Opéra.
Le curieux spectacle ! J'en suis sorti avec des sentiments mêlés, contradictoires, irritants. La mise en scène de Margherita Wallmann ? A la conférence de presse de René Nicoly, elle nous avait expliqué qu'en accord avec Jacques Dupont, le décorateur, elle l'avait voulue sobre, dépouillée, tout opposée à sa propre et précédente mise en scène dans ce même Opéra. Ces mots m'avaient étonné, car je pensais à la superbe profusion tragique et baroque du travail des mêmes dans Don Carlos, dans Turandot. Et qu'ai-je vu ? Excepté le tableau final, qui semblera appartenir à une autre œuvre et une autre mise en scène, la présentation la plus « pompier » que l'on puisse rêver, si j'ose dire, avec ces groupes se mouvant selon les pires conventions, des tableaux vivants d'un théâtre de poupées géantes de 1880, ces fonds nus, béants, se voulant abstraits, mais n'étant rien du tout, ces costumes pendant comme des chiffons, ces masques de guignol ; des solistes ne sachant que faire de leurs accessoires et de leur corps ; des éclairages crus, sans atmosphère, sans poésie.
La poésie : c'est elle qui manquait le plus à ce spectacle. Il y a, dans cette partition de Berlioz, le meilleur et le pire. On s'est efforcé, et on a bien fait — car ceux qui parlent de version intégrale ne savent pas à quoi ils ont échappé — d'élaguer, de réduire à trois heures raisonnables les six heures absurdes de l'ouvrage, car ne présentant aucune proportion normale et nécessaire entre le contenant et le contenu, mais on a laissé encore beaucoup trop du pire Berlioz, je veux dire du Berlioz académique, de celui qu'il a toujours voulu être quand il composait pour le « grand opéra », celui qu'il n'a jamais été quand il composait les ouvrages biscornus, ravagés et fumants de génie comme Roméo et la Damnation. A côté de cela, il y a dans les Troyens aussi des choses sublimes, le septuor et ce nocturne duo d'amour qui rejoint, par sa poignante beauté, la scène d'amour de Roméo. Il y a la poésie ; et cette poésie était cruellement absente de la présentation scénique, alors que l'ancienne de la même Wallmann en regorgeait, absente aussi de la direction musicale de Dervaux, claire pourtant, précise, ne manquant pas d'un certain élan, mais cela ne devrait pas exclure la poésie ; où était-elle ? Nulle part, hélas !
Et puis, brusquement, il y eut la scène finale, la mort, l'holocauste de Didon. Et là, une sorte de miracle se produisit. On assista tout d'un coup à une autre pièce, à un autre spectacle, on voyait d'autres décors, on entendait un autre chef ; et là-haut, sur le plateau immense, Joséphine Veasey.
Certes, elle avait été là dans les scènes précédentes. Sans avoir la voix du rôle, un aigu clair et plein, mais un médium faible, brisé, peu net — et je n'en fais pas une question de puissance, mais seulement de rondeur et de couleur. Elle avait été là, quoiqu'on regrettât alors la voix de Crespin, malgré ses aigus durs et crispants, mais pour son médium, précisément, de vrai soprano dramatique. Elle avait été là, parce qu'elle est belle, frémissante, naturellement et non théâtralement noble, et que la classe exceptionnelle, malgré tout, parlait. Mais la scène finale, tout d'un coup : la mort, l'holocauste de Didon ; on était dans le sublime, sans transition. L'être qui mourait là-haut, ce n'était pas une femme et une reine frappée dans son amour et voulant mourir, et mourant : c'était l'amour lui-même se transformant, se métamorphosant en ange de mort. Et quel ange ! Noir et blanc, pâle et de l'au-delà, passionné et transcendé, chantant divinement malgré ces notes médianes qui décidément ne voulaient pas sortir — un autre personnage, une autre artiste encore que celle qui lui avait précédé, un phénomène de vie et de théâtre comme on en voit, comme on en vit très rarement, deux ou trois fois dans une vie.
Et les autres ? Dourian n'est pas Cassandre ; son médium aussi est inquiétant, sans parler de l'absence de rayonnement. Chauvet s'est fait houspiller par la salle parce qu'il a effectivement mal chanté ; mais ce n'était pas de sa faute. Je l'ai entendu, dans le même rôle, au printemps dernier, au concert public de la Radio dirigé par Sebastian, avec Crespin. C'était un autre, chantant superbement, sans aucun des défauts de l'autre soir. Etait-ce les mouvements du chef, trop rapides, comme si souvent ? C'est possible. Je lui garde toute ma confiance.
Une salle terrible, vivante et mal élevée, peut-être parce que tout était mort de l'autre côté. Tout, sauf la scène finale, ou les deux vies se sont rejointes, celles d'une grande artiste et de cette foule hurlante et vaincue. »
[Antoine Goléa, Musica disques, février 1970]
TROYENS À CARTHAGE (LES)
Opéra constitué par les trois derniers actes des Troyens (voir ce titre pour les créations et représentations intégrales), poème et musique d’Hector Berlioz.
Personnages : Didon, reine de Carthage (mezzo-soprano) ; Anna, sa sœur (contralto) ; Ascagne (soprano) ; Enée (ténor) ; Iopas, poète carthaginois (ténor) ; Hylas, jeune marin phrygien (ténor) ; Narbal, ministre de Didon (basse) ; Panthée (basse) ; premier soldat (baryton) ; deuxième soldat (basse) ; deux capitaines troyens (baryton et basse) ; le fantôme de Cassandre (mezzo-soprano) ; le fantôme de Chorèbe (baryton) ; le fantôme d’Hector (basse) ; le fantôme de Priam (basse) ; le dieu Mercure (basse) ; des capitaines troyens, des courtisans, des chasseurs, des Carthaginois, des fantômes invisibles, des travailleurs, des marins, des paysans, des naïades, des faunes, des satyres, des nymphes des bois.
L’action se déroule à Carthage.
Création au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 04 novembre 1863, mise en scène de Léon Carvalho, avec Mme CHARTON-DEMEUR (Didon), Marie DUBOIS (Anna), ESTAGEL (Ascagne), MM. MONJAUZE (Enée), Edmond CABEL (Hylas), Jules PETIT (Narbal), DE QUERCY (Iopas), PÉRONT (Panthée), Prosper GUYOT (soldat troyen), TESTE (soldat troyen), sous la direction d’Adolphe DELOFFRE.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 21 en 1863.
Première au Théâtre National de l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 09 juin 1892, décors d’Alfred Rubé et Philippe Chaperon, costumes de Théophile Thomas.
Mmes Marie DELNA (Didon, débuts), de BÉRIDEZ (Anna, débuts), Nina BONNEFOY (Ascagne), Esther CHEVALIER (un Spectre), MM. Emmanuel LAFARGE (Enée), Edmond CLÉMENT (Hylas), Eugène LORRAIN (Narbal), Léon DAVID (Iopas, débuts), Marcel BOUDOURESQUE (Panthée), René-Antoine FOURNETS (1er soldat), Hippolyte BELHOMME (2e soldat), César BERNAERT (Mercure), TASKIN (1er spectre), Lucien FUGÈRE (2e spectre), Max BOUVET (3e spectre).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ
Première fois à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie), le 27 décembre 1906 :
Mmes Claire CROIZA (Didon), BOURGEOIS (Anna) [remplaçant au pied levé Nady Blancard], DE BOLLE (Ascagne), BOURGEOIS (le spectre de Cassandre), MM. Léon LAFFITTE (Enée), DOGNIES (Hylas), BLANCARD (Narbal), NANDÈS (Iopas), FRANÇOIS (Panthée), BELHOMME (un soldat), CRABBÉ (le dieu Mercure), DANLÉE (le spectre d'Hector), DELAYE (le spectre de Priam), BRUN (le spectre de Chorèbe), sous la direction de Sylvain DUPUIS.
A partir du 16 janvier 1907, plusieurs représentations des Troyens furent donnés dans leur intégralité à la Monnaie de Bruxelles.
Première par l'Opéra de Paris, aux Arènes de Nîmes, le 05 juillet 1919, dans une mise en scène d'Emile Merle-Forest, avec :
Mme GOZATEGUI (Didon), M. FRANZ (Enée), sous la direction de François RÜHLMANN.
Première au Palais Garnier (3e représentation), le 14 novembre 1930. Mise en scène de Pierre Chereau. Décors de René Piot.
Mmes FERRER (Didon), MANCEAU (Anna), LAVAL (Ascagne), LUMIERE (une Ombre).
MM. Georges THILL (Enée), GILLES (Hylas), NARÇON (Narbal), R. JOBIN (Iopas), CLAVERIE (Panthée), NEGRE (Priam), ERNST et GUYARD (2 Soldats), FROUMENTY (une Sentinelle).
« La Chasse Royale » réglée par Léo STAATS : Mlles ELLANSKAIA, A. BOURGAT — « Divertissement » : Mlles LORCIA, R. CERES.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
11 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Depuis quinze ans le bruit s'était répandu que Berlioz traduisait l'Énéide en prose rimée et en notes de musique. Aussi le jour de la représentation des Troyens (à Carthage) était-il attendu de tous avec une curiosité anxieuse. Ou voulait savoir, à n'y plus revenir, si l'auteur de Benvenuto Cellini était un compositeur malheureux ou malencontreux, un génie incompris ou un rêveur incompréhensible ; s'il fallait le loger au Panthéon ou à Bicêtre. Car le dilettantisme en était là en 1863 ; et pourtant il y avait plus de trente ans que Berlioz était en évidence et qu'il disposait des moyens les plus puissants pour conquérir le succès. Il avait, en effet, obtenu le prix de Rome, en 1830 ; le gouvernement l'avait chargé d'écrire le Requiem en l'honneur des victimes de Juillet ; il était membre de l'Institut, chevalier de la Légion d'honneur, bibliothécaire du Conservatoire ; toute sa musique était gravée après avoir été exécutée avec retentissement par des orchestres et des chœurs nombreux ; il détenait en outre le feuilleton musical du Journal des Débats, excellent tremplin pour s'élancer vers la gloire. Eh bien ! la foule, cette même foule parisienne qui, depuis un demi-siècle, acclame les plus beaux chefs-d’œuvre de l'art, ne connaissait de Berlioz que sa personnalité débordante ; elle ignorait encore sa musique. — Ces Troyens, tant attendus, furent montés avec un soin extrême : Monjauze chantait le rôle d'Enée, Mme Charton-Demeur celui de Didon ; les décors, les costumes, les accessoires de scène étaient exécutés avec goût et magnificence. Pourtant, malgré toutes ces précautions, et en dépit des feuilletons chaleureux de Fiorentino, au Moniteur ; de Léon Kreutzer, à l’Union ; de Gasperini, à la Nation ; de d'Ortigue, aux Débats ; de Franck-Marie, à la Patrie ; de M. Johannès Weber, au Temps… ; les Troyens n'eurent pas même le douloureux honneur de périr comme le Tannhäuser, dans un ouragan ; ils moururent de langueur, après une vingtaine de représentations. Le public vota avec la presse opposante, représentée par Scudo, à la Revue des Deux Mondes ; A. Azevédo, à l'Opinion nationale ; M. Jouvin, au Figaro ; M. Ed. Rack, à la France ; Roqueplan, au Constitutionnel... et autres. Le destin fut sans pitié pour Berlioz qui avait été sans miséricorde pour Herold, pour Rossini, pour Grétry, pour Verdi, pour tous les inspirés dont, apparemment, il trouvait les mélodies trop vertes et qu'il a vilipendés dans ses écrits. — Mais comme cette « affaire » des Troyens sera peut-être reprise plus tard par la grande histoire, nous voulons indiquer quelques sources auxquelles on pourra puiser. Voir une brochure satirique intitulée : les Troyens au Père-Lachaise, par « feu Nantho, ex-timbalier-soliste » (in-8°) ; une série de cinq lettres d'A. Azevédo publiée, à partir du 2 décembre 1863, dans le Nain Jaune, ainsi que de curieux et instructifs entrefilets imprimés dans le même journal ; voir encore le Figaro, des 12 novembre et 27 décembre 1863 ; consulter aussi les gravures du Monde illustré, les dessins humoristiques de Cham dans le Charivari, du 22 novembre ; de Marcelin, dans la Vie parisienne ; de Grévin dans le Journal amusant, du 28 novembre, etc. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Personnages : DIDON (soprano dramatique) — ANNA (alto) — ASCAGNE (soprano) — ÉNÉE (fort ténor) — TREIZE PETITS ROLES ET CHŒUR.
1er acte : Didon, veuve de Sichée, n'avait, avant l'arrivée d'Énée, d'autre préoccupation que de régner dignement sur Carthage. Mais sa soeur Anna lui assure qu'elle aimera encore...
En effet, le beau guerrier troyen est là, avec son jeune fils Ascagne...
Au 2e acte, nous sommes dans les jardins du palais de Didon, qui dominent la mer. Énée vient s'asseoir aux pieds de la reine et celle-ci lui demande d'achever le récit de son voyage et des malheurs de Troie. Ainsi Didon apprend-elle qu'après de longs refus, Andromaque a épousé Pyrrus, le fils du meurtrier d'Hector, son illustre époux. Tout conspire à vaincre les scrupules de Didon. Bientôt Sichée est oublié et c'est le très beau duo « Nuit d'ivresse et d'extase... ». Mercure parait subitement, dans un rayon de lune et répète d'une voix grave : « Italie, Italie ! ». L'acte s'achève par un tableau purement symphonique, Chasse royale et orage.
Le 3e acte a pour cadre le port où la flotte troyenne s'apprête à appareiller pour l'Italie. Énée exprime d' « inutiles regrets » à la pensée d'abandonner Didon, et il embarque le dernier.
Dans son palais, la reine apprend que la flotte troyenne a levé l'ancre. Elle éclate alors en imprécations, puis elle se calme, comprenant que sa colère est vaine. Puisqu'elle ne peut rattraper les fugitifs, elle mourra. Elle sort à pas lents après avoir adressé de déchirants adieux à tout ce qu'elle a aimé sur terre. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
TRUFFOMANIE (LA)
Opérette en un acte, musique de M. Maillot, représentée à Rouen dans le mois de décembre 1861.
TSIGANE (LA)
Opérette en un acte, paroles de MM. Moreau et Valnay, musique d’Albert Vizentini, représentée aux Folies-Marigny en avril 1864.
TU L'AS VOULU !
Opérette en un acte, livret d'Emile Abraham et Jules Prével, musique de Samuël David, représentée aux Bouffes-Parisiens le 12 septembre 1869, avec Mlle Bonelli ; MM. Lanjallais, Edouard Georges, Debeer.
TU NE L’AURAS PAS, NICOLAS
Opérette en un acte, paroles de Jacques Lambert, musique de Sylvain Mangeant, représentée au Palais-Royal le 28 août 1859.
TULIPE NOIRE (LA)
Opérette en un acte, livret de Lionel Bonnemère et Louis Tiercelin, musique de Louis Barras, représentée au Théâtre d'Angers le 12 mars 1896.
TULIPE NOIRE (LA)
Opérette en trois actes et six tableaux, livret de Mouézy-Eon, lyrics d'Albert Willemetz, d'après Alexandre Dumas, musique de Tiarko Richepin. Création à la Gaîté-Lyrique le 19 mars 1932 avec Mmes N. Roussel (Rosa), Nyssor (Nata) ; MM. Pasquali (Isaac Boxtel), Arnoult (Cornélius), Nabos (Guillaume d'Orange), Darnois (Gryphus).
Reprise à la Gaîté-Lyrique le 01 septembre 1932.
"Cent mille florins à qui créera la tulipe noire ! Voilà ce qu'a promis Guillaume d'Orange, prince du pays où fleurit la tulipe. Cornélius, amoureux des oignons et des fleurs, l'a découverte. Mais son jaloux voisin, Isaac Boxtel, apprend qu'il détient des lettres d'un conspirateur, le dénonce et le fait emprisonner. Rosa, la fille du geôlier, est éprise de Cornélius qui a emporté avec lui les trois caïeux capables de donner chacun une tulipe. Il en a confié un à Rosa qui l'a planté en son jardin ; il en cultive un autre dans sa cellule, et garde le troisième sur son cœur. En opposition, deux personnages comiques : d'abord le geôlier Gryphus, puis surtout Isaac Boxtel, qui, pour découvrir les caïeux, se déguise en femme, se fait courtiser par le geôlier, et finit par s'emparer de la tulipe noire qui fleurissait dans le jardin de Rosa.
Il va triompher, mais la servante de Cornélius découvre au prince les trahisons d'Isaac ; Cornélius est délivré, récompensé, et c'est Isaac qui ira prendre sa place dans la prison. Cette plaisante comédie, dégagée de tout sous-entendu grivois, est rehaussée de couplets alertes : telle la chanson d'Isaac ; telle encore la chanson des oignons." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)
TUNIQUE FATALE (LA)
Opérette en un acte, paroles de Louis Houssot, musique de Georges Douay, représentée à la Tertullia en mars 1873.
TUNISIENNE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Gaspari et Daris [Maurice d'Arcy], musique d'Edouard Montaubry fils, représenté à l'Alhambra, à Paris, le 16 mai 1891.
TURANDOT
Drame lyrique italien en trois actes et cinq tableaux, livret de Giuseppe Adami (1878-1946) et Renato Simoni (1875-1952), d’après le conte de Carlo Gozzi (1762), musique de Giacomo Puccini (le dernier duo et la scène finale ont été parachevés par Franco Alfano).
Personnages : le princesse Turandot (soprano) ; le prince inconnu, Calaf (ténor) ; Liu, une jeune esclave (soprano) ; Timouor, père de Calaf (basse) ; Ping, grand Chancelier (baryton) ; Pang, grand Pourvoyeur (ténor), Pong, grand Cuisinier (ténor) ; l’empereur Altoum (ténor) ; un mandarin (baryton).
L’action se déroule à Pékin, dans l’Antiquité.
Créé à Milan, Théâtre de la Scala, le 25 avril 1926, dans sa version inachevée.
Premières fois, à New York (Metropolitan Opera), le 16 novembre 1926 ; à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie), version française de Paul Spaak, le 17 décembre 1926 ; à Buenos-Aires (Théâtre Colon), en 1926, et à Londres (Covent Garden), le 07 juin 1927.
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MILAN 25.04.1926 |
NEW YORK 16.11.1926 |
BRUXELLES 17.12.1926 |
LONDRES 07.06.1927 |
Princesse Turandot |
Rosa RAISA |
JERITZA |
BONAVIA |
SCACCIATI |
Liu |
Maria ZAMBONI |
ATTWOOD |
TALIFERT |
L. SCHOENE |
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le Prince Inconnu |
Michele FLETA |
LAURI-VOLPI |
VERTENEUIL |
MERLI |
Timour |
G. RIMINI |
LUDIKAR |
L. RICHARD |
MATORI |
Chef d’orchestre |
Arturo TOSCANINI |
T. SERAFIN |
DE THORAN |
BELLEZA |
Première fois à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), dans la version française de Paul Spaak, le 02 avril 1928 (répétition générale publique le 29 mars à 20h30). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors et costumes de Drésa.
Mmes BEAUJON (la Princesse Turandot), DENYA (Liu).
MM. Georges THILL (le Prince Inconnu), NARÇON (Timour), Robert COUZINOU (Ping), WARNERY (Pang), GILLES (Pong), CAMBON (l'Empereur Altoum), DALERANT (un Mandarin), DELANNE (le Prince de Perse), MADLEN (une Voix).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
Représentation du 07 janvier 1929 avec
MM. Georges THILL (le Prince Inconnu), NARÇON (Timour), Robert COUZINOU (Ping), WARNERY (Pang), GILLES (Pong), CAMBON (l'Empereur Altoum), DALERANT (un Mandarin), DELANNE (le Prince de Perse), MADLEN (une Voix).
Chef d'orchestre : J.-E. SZYFER
13e à l’Opéra, le 14 janvier 1929, avec les créateurs, sauf :
Mme MARILLIET (Liu) et Joseph-Eugène SZYFER au pupitre.
Reprise à l'Opéra le 19 janvier 1968 (14e), mise en scène de Margherita Wallmann, avec Birgit NILSSON (Turandot) et James KING (Calaf).
N. B. — Le rôle de « Liu » fut également chanté à l’Opéra par Marthe NESPOULOUS (1928).
Résumé.
En Chine, dans un lointain passé, la Princesse Turandot a déclaré ne vouloir prendre pour époux que l'homme de sang royal capable de résoudre ses énigmes ; il doit être supplicié en cas d'échec. Un Prince inconnu réussit là où ses prédécesseurs échouèrent. Mais Turandot se refuse à lui. Comme l'inconnu ne veut la conquérir que par amour, il met lui-même une fois encore sa tête en jeu. Finalement vaincue et conquise, Turandot le reconnaît comme époux, à la grande joie de la cour et de tout le peuple.
L'action se déroule à Pékin, aux temps fabuleux.
ACTE I. — Sous les murs de la Ville violette.
Un Mandarin annonce que la Princesse Turandot épousera l'homme de sang royal qui aura résolu trois énigmes qu'elle lui proposera ; mais, s'il échoue, il mourra. Tel le jeune Prince de Perse au supplice duquel on s'apprête.
Le peuple s'agite tumultueusement, appelant à grands cris le bourreau. Les gardes repoussent brutalement les manifestants ; parmi eux, le vieux Timour est jeté à terre. Liu, une jeune esclave, appelle à l'aide. Kalaf se précipite et reconnaît en Timour son propre père, roi détrôné des Tartares. Tous deux, fuyant la haine des usurpateurs du trône, sont obligés de garder l'incognito. Liu interroge Kalaf et se met à aimer l'inconnu. Leur entretien est interrompu par les cris sauvages de la foule saluant l'apparition des serviteurs du bourreau, porteurs du glaive [Chœur : Gira la cote !... / Tourne la meule !...].
La nuit venue, un cortège s'avance, conduisant le jeune Prince de Perse au supplice. Emus de compassion à sa vue, les assistants demandent sa grâce. Kalaf flétrit la cruauté de Turandot. Mais, lorsque celle-ci paraît à son balcon, il est ébloui de sa beauté et veut s'annoncer pour déchiffrer les énigmes. Ni les cris du condamné, ni les avis des trois ministres Ping, Pang et Pong, ni même l'apparition du bourreau avec la tête du décapité, ne réussissent à le retenir. S'arrachant à Timour et à Liu [Air de Liu : Signore, ascolta... / Seigneur, écoute...] et [Air de Kalaf : Non piangere, Liu... / Ne pleure plus, Liu...], il se précipite au-devant de son destin.
ACTE II.
1er TABLEAU : Un pavillon dans les jardins.
Ping, Pang et Pong aspirent à des temps plus paisibles et souhaitent ardemment qu'un candidat réussisse enfin à donner la solution des énigmes de Turandot. Un remue-ménage annonce le début de la cérémonie du concours.
2e TABLEAU : Sur la place du château.
La fouie pénètre sur la place où se déroulera l'épreuve. Les huit Sages apportent les rouleaux cachetés contenant la solution des énigmes. L'Empereur Altoum las de voir couler le sang, aimerait renvoyer Kalaf, mais en vain. Turandot explique que, son aïeule ayant été enlevée et tuée par un étranger, elle veut la venger en faisant mourir tous ses prétendants [Air de Turandot : In questa reggia... / Dans ce palais...].
Kalaf demande néanmoins que les énigmes lui soient posées, et il parvient à les résoudre. Alors Turandot, surprise, exige de son père qu'il ne la livre cependant pas à l'étranger. Kalaf, lui, ne voulant la recevoir que par amour, propose à son tour une énigme à la Princesse : qu'elle sache apprendre son nom avant le lendemain matin et il marchera au supplice. Turandot baisse la tête, consentante. L'empereur et tous les assistants souhaitent de voir triompher l'inconnu.
ACTE III.
1er TABLEAU : Dans les jardins du palais.
Il fait nuit. Les appels des gardes coupent le silence. Kalaf, assis sur les marches du pavillon, attend plein d'espérance joyeuse l'apparition des premiers rayons du soleil [Air de Kalaf : Nessun dorma... / Nul ne dort...].
Ping, Pang et Pong tentent par tous les moyens d'apprendre son nom. Mais Kalaf ne songe qu'à Turandot. Des soldats introduisent alors Timour et Liu qui connaissent le secret. On appelle Turandot, qui vainement presse Timour de parler. Liu déclare que, seule, elle sait le nom de l'étranger, mais refuse toutefois de le dire. Turandot fait appliquer la torture à Liu jusqu'à ce que la malheureuse s'écroule. Turandot ordonne alors qu'on la délivre et lui demande ce qui lui donne un aussi fier courage : « L'amour ! » répond hardiment Liu. Quand le bourreau s'approche pour recommencer le supplice, elle se plante un poignard dans la poitrine et tombe morte [Mort de Liu : Tu che di gel sei cinta... / Toi, froide et fière statue...]. Timour déclare que l'âme de Liu cherchera vengeance. La foule, remplie de crainte, suit le cortège funèbre.
Kalaf déchire alors le voile de Turandot et la couvre de baisers. La fierté de la Princesse tombe alors : l'amour est le plus fort. Kalaf lui révèle maintenant son nom et sa naissance remettant une fois encore son sort entre ses mains.
2e TABLEAU : Une cour du palais.
L'Empereur siège sur son trône en présence de la Cour et du peuple qui remplit la place. Turandot apparaît au haut de l'escalier, tandis que Kalaf se tient au bas, la regardant. Dans le silence, Turandot déclare à son père qu'elle connaît le nom de l'inconnu, lequel est « Amour » ! Kalaf se précipite vers elle. Turandot tombe dans ses bras. La joie populaire se donne libre cours.
« L'histoire de la cruelle princesse Turandot qui ne veut se donner qu'à un prince capable de deviner trois difficiles énigmes, et qui livre au bourreau ceux qui n'ont pas réussi, est un conte charmant de Gozzi. Les adaptateurs nous présentent dès le premier acte le prince inconnu, fils du roi exilé Timour, réfugié en Chine avec son esclave Liu. Celle-ci aime secrètement le prince qui n'y prend garde et qui, malgré les prières de son père, malgré les avertissements de trois ministres bouffons de comédie italienne, s'offre à résoudre les énigmes. Il y réussit en effet, au second acte. Mais alors c'est la princesse Turandot qui veut échapper à son sort ; par générosité, le prince inconnu lui déclare que si elle découvre son nom avant l'aube, il renoncera à sa victoire et s'offrira au bourreau. La cruelle princesse fait donc rechercher tous ceux qui sont soupçonnés de connaître le prince : on arrête Timour, qui reste muet, et Liu qui, plutôt que de livrer son secret et de céder aux supplices, se tue. En sorte que la princesse, enfin vaincue, s'abandonnera à son conquérant et comprendra que le vrai nom de ce dernier, c'est l'amour.
La partition de Puccini commence par un acte plein de chœurs charmants et joliment agencés. Elle comporte une orchestration pittoresquement exotique, dont quelques touches avaient déjà été révélées dans Madame Butterfly. Ici, cependant, le compositeur, sans doute pour se hausser à la grande musique, double trop souvent les parties instrumentales et vocales, de telle sorte qu'on n'entend plus les paroles. Ce défaut va être particulièrement sensible au second acte, qui est celui des énigmes. Il est cependant précédé d'un assez long hors-d'œuvre comique formant un trio confié aux trois ministres. Là, Puccini, sentant bien qu'on ne peut prendre trop au sérieux la fable de Gozzi, nous a présenté une Chine de pure fantaisie, d'un plaisant humour. Mais ensuite, il entre dans le drame. Et il faut bien admettre qu'alors les accents lyriques prennent un accent mélodramatique assez banal. Reconnaissons pourtant que le musicien a été interrompu avant de terminer son œuvre ; il eût peut-être enlevé ces taches un peu communes qu'a conservées Francesco Alfano dans son achèvement de l'opéra. Mlle Marise Beaujon, grâce à un organe très souple, a triomphé des difficultés d'un rôle écrit dans une tessiture très élevée ; Mlle Denya a été touchante et expressive en Liu ; et M. Thill a composé le rôle du prince avec beaucoup de style ; il a par surcroît chanté sa partie d'une voix pleine et admirablement conduite. Les décors de Dresa sont fort ingénieux et les costumes d'une forme et d'une couleur charmantes. »
(Larousse Mensuel Illustré, mai 1928)
TURCS (LES)
Opéra bouffe en trois actes, paroles de Hector Crémieux et Adolphe Jaime, musique d’Hervé ; représenté au théâtre des Folies-Dramatiques le 23 décembre 1869 avec Milher (Ala-Boum), Vavasseur, Marcel, Chaudesaigues, Mlles Devéria, Perret, Latour.
« La tragédie de Racine, Bajazet, a servi de prétexte à une parodie par à peu près qui ne parodie rien du tout. Roxane aime Bajazet ; elle l'arrache à la mort que son frère lui préparait; ils s'enfuient ensemble de Stamboul et se rendent à Babylone qu'assiège Amurat. Roxane est reconnue comme la fille du roi de Babylone, ce qui amène la paix. Cette pièce n'est qu'une succession de tableaux et de scènes qui n'ont d'autre objet que de piquer la curiosité du spectateur, souvent par des moyens d'un goût douteux ; tantôt c'est l'éternelle lamentation du gardien du sérail qu'on a entendue dans cent ouvrages ; tantôt la charade du cordon ; puis une chasse grotesque ; ensuite la valse des houris ; un chœur de bayadères ; un chœur de muets ; le fabliau d'Héloïse ; les odalisques au bain ; la scène de la tête de Turc ; un nocturne de bateliers ; la parodie bouffonne d'une prière au Soleil, d'un mauvais goût achevé ; la chanson de la belle Géorgienne ; enfin une pantomime de combat. Les valses, les polkas, les marches émaillent la partition de M. Hervé ; pourtant il est juste de faire observer que l'habitude a singulièrement développé l'art d'écrire chez ce musicien, qu'à sa facilité mélodique naturelle est venue se joindre une entente mieux raisonnée des effets d'harmonie et que sa musique bouffonne est bien autrement traitée que celle de son initiateur au genre burlesque, M. Offenbach. Le disciple a dépassé le maître. Si au moins M. Hervé se séparait de lui plus complètement en ne se servant de cette habileté, de cette verve, de cette fécondité spirituelle qu'en faveur de comédies vraiment dignes de l'art dramatique ! N'est-il donc pas possible d'amuser les gens autrement que par des tableaux licencieux, des chansons graveleuses et des exhibitions plastiques ? Est-ce que le répertoire des opéras-bouffes italiens et des farces napolitaines n'est pas là pour prouver le contraire ? Et toutes les pièces et arlequinades des théâtres de la foire Saint-Germain et de la foire Saint-Laurent n'attestent-elles pas que l'esprit gaulois peut s'allier à un certain respect de la décence publique ? En somme, si le livret des Turcs me semble de tout point une détestable pièce, la partition est une œuvre musicale dont la critique peut s'occuper. Le premier acte est le meilleur ; je citerai : Salut grande lumière ; le duetto d'Atalide et de Yaya ; la valse de la sultane, la marche turque, la valse des houris. Dans le deuxième acte, il y a un chœur de muets d'un effet original et fort comique ; ce chœur est d'abord mimé pendant que l'orchestre joue ; les choristes agitent tous les lèvres de la même manière et en mesure, en accompagnant cette mimique des mêmes gestes ; puis ils se mettent ensuite à crier à qui mieux mieux :
Nous sommes muets de naissance,
Comme vous pouvez en juger, etc.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
TURLUTUTU, EMPEREUR DE L'ÎLE VERTE
Farce en trois actes, musique de Beffroy de Reigny, représentée à Paris en 1797.
TUTEUR AMOUREUX (LE)
Opéra-comique, musique de Stamitz, représenté à Francfort vers 1776.
TUTEUR AVARE (LE)
Opéra-comique en trois actes, musique tirée d'un opéra italien d'Anfossi, arrangée et adaptée par Cambini, représenté au théâtre des Beaujolais en 1788.
TUTEUR ORIGINAL (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Gresnick, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1797.
TYROLIENNE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d'Henri de Saint-Georges et Achille Dartois, musique de Charles Théodore Leblicq (1833-1875), représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 06 décembre 1861 avec Mmes Blanche Baretti, Duclos, MM. Antoine Grillon, Adolphe Girardot.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 10 en 1861, 18 en 1862.
« Le livret est imité de la Prima donna, vaudeville représenté aux Variétés ; l'instrumentation a paru traitée avec une science suffisante des combinaisons et de l'accompagnement. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Un vieux vaudeville qui avait été joué aux Variétés, par Vernet, sous le titre de la Prima donna. M. de Saint-Georges en fit un opéra-comique et l'imposa au Théâtre-Lyrique le jour où il signa son autorisation de monter le Val d'Andorre. Le musicien était d'origine belge. Il est retourné dans son pays. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
TYROLIENS DE L’ELDORADO (LES)
Opérette en un acte, paroles de M. Siégel, musique de M. Michiels, représentée au concert de l'Eldorado en 1877.
TYROLIENS DE PONTOISE (LES)
Opérette en un acte, musique de Francis Chassaigne, représentée au concert de l'Eldorado le 17 novembre 1875.
TYRTÉE
Opéra en trois actes, musique de Lesueur, reçu à l'Opéra en 1794, mais non représenté.
TYRTÉE
Opéra en deux actes, livret de Gabriel Marie Legouvé, musique d’Henri Berton. Cet ouvrage a été répété généralement à l'Opéra, mais n'a point été joué.
TZARÉWITCH (LE) ou RÊVE D’UN SOIR
[Die Zarewitsch]
Opérette viennoise en trois actes, livret de Bela Jenbach et Heinz Reichert, d’après l’œuvre de Gabriela Zapolska ; version française de Robert de Mackiels, Bertal et Maubon ; musique de Franz Lehár.
Première représentation à Berlin, Deutsches Künstlertheater, le 21 février 1927, avec Rita Georg (Sonia) et Richard Tauber (Sacha), sous la direction du compositeur.
Première représentation en français à Lyon, théâtre des Célestins, le 16 avril 1929, dans une adaptation française de Robert de Mackiels, textes chantés de Bertal-Maubon.
Première représentation en français à Paris, théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 30 janvier 1935, avec Fanély Revoil (Sonia) et Roger Bourdin (Sacha).
TZIGANE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Alfred Delacour et Wilder, musique de Johann Strauss, représenté au théâtre de la Renaissance le 30 octobre 1877. La pièce est nouvelle autant que peut l'être un livret adapté à des situations analogues déjà exploitées dans le Réveillon de MM. Meilhac et Halévy, dans l'opérette Die Fledermaus (la Chauve-souris) et dans Cagliostro. La musique a été tirée de ces deux derniers ouvrages du même compositeur et augmentée de plusieurs morceaux nouveaux. Le prince, il paraît que les auteurs n'ont pas jugé nécessaire de désigner autrement un personnage libidineux et ridicule, le prince donc a épousé par procuration la princesse Arabelle sans la connaître, et, le jour même de ses noces, il se livre à toutes ses fantaisies amoureuses au milieu d'une troupe de bohémiennes. Afin de ramener cet époux infidèle en s'en faisant aimer, la princesse se déguise en tzigane, est proclamée la reine de la bande et séduit le prince de telle sorte qu'il dépose sa couronne à ses pieds. Elle se fait alors reconnaître, et tout est pour le mieux. Comme on le voit, la donnée est faible et l'idée de ce travestissement n'est pas neuve. Mais, en ces sortes d'ouvrages, on n'attache d'intérêt qu'aux épisodes ; plus ils sont grivois, de haut goût et fournissent aux actrices l'occasion de dire des gaudrioles, plus la pièce a de succès. L'ouverture est trop développée et n'offre pas de variété. Malgré deux phases relativement lentes, l'ensemble n'est que de la musique de danse bien écrite, très rythmée et un peu meilleure que celle de nos bals publics français, voilà tout. C'est là d'ailleurs le caractère général de la partition. Les couplets de Matthias : Je porte en moi deux personnages, sont communs. Le terzettino suivant tourne à la polka ; puis viennent des couplets qui se terminent en valse, et ainsi de suite jusqu'à la fin. Il est vrai que le livret ne se prêtait guère à un genre plus relevé. Il suffit d'en citer quelques fragments :
LA PRINCESSE.
Courir après l'époux qui fuit,
Pleurer l'ingrat qui nous trahit,
Sans doute c'est folie.
On a toujours quelqu'un de prêt
A vous venger d'un tel méfait,
Pour peu qu'on soit jolie,
Le châtiment d'un tel dédain,
Nous l'avons toutes sous la main.
Chacun sait ça,
Oui, mais voila,
L'amour est un jeu de surprises ;
On veut punir,
On va sévir
Et paf ! on fait des bêtises.
Le terzetto de Léna, Zappoli et Matthias : Quelle faute déplorable ! est excellent dans son genre familier. Il est traité avec les procédés des farces italiennes. J'en dirai autant d'un autre trio : Allons, mignonne, je le veux, apaise tes alarmes, qui est très bouffon. C'est dans le finale du premier acte que se trouve la valse qui a décidé du succès de l'ouvrage. Il est vrai que le public aime volontiers ce qu'il connaît mieux, et le musicien a répété ce motif, assez joli du reste, à plusieurs reprises. Dans le second acte, on a remarqué la chanson tzigane : Pourquoi pleurer, pourquoi gémir ? dont le motif a déjà été entendu dans l'ouverture. Les couplets du pâté d'anguille ont obtenu un succès aussi facile que la morale qu'ils expriment ; ce pâté, néanmoins, est assaisonné de trop gros sel flamand pour nous plaire. Le sel gaulois eût suffi comme dans les couplets du rire, chantés par Arabelle. Au reste, il n'y a plus de limites à déterminer dans ce genre d'ouvrages soi-disant lyriques. On ne peut que s'étonner de voir des artistes doués de quelque talent, des musiciens d'orchestre qui ont fait de bonnes études exécuter devant un auditoire choisi et ravi une musique sur des paroles telles que celles-ci :
LA PRINCESSE.
Quelle erreur
De fermer son jeune cœur
A l'amour qui le met en fête !
Tôt ou tard,
Au divin petit moutard
Ne faut-il pas payer sa dette ?
Or, voilà pourquoi
J'aime mieux, ma foi,
Me jeter à votre tête.
Dis-moi : tu !
Dis-moi : toi !
Viens plus près de moi !
Dis-moi : toi !
Dis-moi : tu !
Au diable la vertu !
La musique est rarement scénique, presque nulle part concertante ; mais la mélodie est gracieuse, habilement rythmée et correctement harmonisée ; l'oreille est toujours satisfaite, ce qui est devenu assez rare au théâtre. Distribution : la princesse Arabelle, Mlle Zulma Bouffar ; Léna, Mlle d'Asco ; Trick, Mlle Piccolo ; Matthias, M. Ismaël ; le prince, M. Urbain ; Zappoli, M. Berthelier ; Melchior, chef tzigane, M. Duchosal ; Milla, Mme Ribe, etc.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
TZIGANES DE LONGJUMEAU (LES)
Opérette bouffe en un acte, livret de Georges Dorfeuil, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Alcazar d'hiver le 12 avril 1879, costumes d'Emile Cohl.