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On connaît de longue date le talent délicat et gracieux de M. Messager ; aussi, n'est-ce pas sans quelque surprise, que l'on a entendu la musique négligée, écrite à la hâte, dirait-on, et comme à contrecœur, pour un livret d'ailleurs sans le moindre intérêt.

L'aventure d'une richissime et amoureuse Américaine qui a cru épouser un petit jeune homme absolument sans fortune, et qui s'en trouve séparée, dès avant la fin du premier acte, pour le retrouver au second, et pour lui abandonner enfin, au troisième, le bouquet de fleurs d'oranger qu'il n'avait pas eu le temps de cueillir tout d'abord n'est qu'un variation sans attrait sur un thème dès longtemps exploité de toutes les façons.

Au reste, la pièce n'a de raison d'être, que pour motiver un ballet vraiment curieux, où papillons multicolores et mouches aériennes évoluent dans un décor tout en argent d'une splendeur toute californienne.

Le musicien, qui semblait s'être réservé jusque-là, afin de terminer sa partition par un feu d'artifice, n'a pas daigné nous en donner le régal, et c'est à regret que nous n'avons pu relever rien que de très ordinaire dans les différents numéros de cet épisode chorégraphique.

Miss Dollar, c'est la toute belle Blanche-Marie, une étoile malheureusement assez froide, et paraissant encore plus polaire, à côté de l'exubérante Augustine Leriche, qui charge trop généreusement le rôle de l’institutrice Arabella.

Barral est intéressant en vieux mathématicien jouant les galantins par dévouement, et si le jeune Legallo est convenable en amoureux, Decori n'a malheureusement pas retrouvé dans sa création du farouche Américain Truckson, le succès si mérité que lui avait valu son incomparable type de l'hidalgo, dans Bouton d'or.

(le Monde illustré, 30 décembre 1893)

Il s'agit ici des amours d'une jeune Américaine richissime, amours contrariés par son oncle, le milliardaire Truckson, qui l'a amenée à Paris et qui rêve pour elle un parti plus avantageux que le jeune Gaétan, qu'elle aime et dont elle est aimée. Après nombre de péripéties, le mariage se conclut, l'oncle ayant fini par donner son consentement. M. Messager a écrit sur ce livret assez amusant une partition agréable, qui ne manque ni de finesse ni de distinction, mais qui laisse à désirer parfois un peu plus de fraîcheur et de nouveauté dans le jet mélodique.

(Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903)

Acte I - A Paris : chez Gaëtan

Acte II - A Aix-les-Bains : l'Hôtel splendide

Acte III - A San-Dorado : dans la mine