ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
D
DAN - DEN - DEU - DEV - DIV - DON - DOR
D’AUBERGE EN AUBERGE ou LES PRÉVENTIONS
Comédie en trois actes mêlée de chant, livret d’Emmanuel Dupaty, musique d’Angelo Tarchi. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 avril 1800.
DADA (LE)
Vaudeville en trois actes d’Edmond Gondinet, musique de Jules Costé, représenté aux Variétés le 18 février 1876. => partition de la polka
DAGOBERT ET FRAMBOISY
Opéra bouffe en un acte, livret de Louis Péricaud, musique de Byron d'Orgeval, représenté au théâtre du Gymnase de Marseille le 13 mars 1866.
DAGOBERT ET SON VÉLOCIPÈDE
Opérette bouffe en un acte, livret d’Henri Blondeau, musique de Frédéric Demarquette, représentée à Paris, Petits-Bouffes Saint-Antoine, le 01 septembre 1868.
DALILA
Cantate, paroles d’Edouard Vierne, musique d’Emile Pessard (prix de Rome, 1866). Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 21 février 1867.
DALILA
Opéra en trois actes, livret d’Octave Feuillet et Louis Gallet, musique d’Emile Paladilhe (1895-1896), non représenté.
DAMAYANTI
Légende lyrique en un acte, livret de Pierre-Barthélemy Gheusi, musique de Lucien Fontayne, représenté au Grand-Théâtre de Marseille le 07 mai 1895, et joué par Mlle Dalmour, MM. Cornubert et Bégué.
DAME AU BOIS DORMANT (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de T. Marc et H. Delorme, musique de F. Le Rey, représenté au Petit-Théâtre-Lyrique de la galerie Vivienne en février 1895.
DAME BLANCHE (LA)
Opéra-comique en 3 actes, livret d'Eugène Scribe d’après les romans Guy Maenering et The Monastery de Walter Scott, musique de François-Adrien Boieldieu.
Personnages : Gaveston, intendant de feu le comte d’Avenel (basse) ; Anna, sa pupille (soprano) ; Georges Brown, jeune officier anglais (ténor) ; Dickson, locataire du domaine (ténor) ; Jenny, sa femme (soprano) ; Marguerite, vieille servante du comte d’Avenel (soprano) ; Gabriel, au service de Dickson (basse) ; Mac Irton, juge de paix (basse).
L’action se déroule en Ecosse, en 1759.
Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 10 décembre 1825, décors de Jean-Michel Gué.
Mmes Eugénie RIGAUT (Anna), Marie Julie BOULANGER (Jenny), DESBROSSES (Marguerite).
MM. HENRY (Gaveston), Louis PONCHARD (Georges Brown), FÉRÉOL (Dickson), FIRMIN (Mac-Irton), BELNIE (Gabriel).
Chef d’orchestre : François PASDELOUP.
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17.06.1848 Opéra-Comique (692e) |
16.12.1862 Opéra-Comique (1.000e) |
02.01.1886 Opéra-Comique (1.500e) |
02.02.1900 Opéra-Comique (1.638e) |
Anna |
GRIMM |
CICO |
Rose DELAUNAY |
LAISNÉ |
Jenny |
LEVASSEUR |
BELIA |
CHEVALIER |
CHEVALIER |
Marguerite |
BLANCHARD |
REVILLY |
PERRET |
PERRET |
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Gaveston |
HENRY |
BARRIELLE |
BELHOMME |
GRESSE |
Georges Brown |
Gustave ROGER |
L. ACHARD |
HERBERT |
L. DAVID |
Dickson |
SAINTE-FOY |
BERTHELIER |
BARNOLT |
BARNOLT |
Mac Irton |
VICTOR |
Pierre Julien DAVOUST |
TESTE |
HUBERDEAU |
Gabriel |
VALTEAU |
COUTAN |
DAMADE |
ÉLOI |
Chef d’orchestre |
TILMANT |
DELDEVEZ |
J. DANBÉ |
GIANNINI |
Le 08 décembre 1910, l'ouvrage fut remonté à l'Opéra-Comique dans une mise en scène de PARAVEY (1656e représentation) :
Mmes Rose HEILBRONNER (Anna), TIPHAINE (Jenny), Mathilde COCYTE (Marguerite).
MM. BELHOMME (Gaveston), Fernand FRANCELL (Georges), Maurice CAZENEUVE (Dickson), DUPRÉ (Mac Irton), ÉLOI (Gabriel).
Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.
Il fut remonté à nouveau à l'Opéra-Comique, dans une mise en scène de Gabriel DUBOIS, pour fêter le Centenaire de sa création, le 07 janvier 1926 (1669e représentation) :
Mmes Germaine FÉRALDY (Anna), Yvonne FAROCHE (Jenny), FERRAT (Marguerite).
MM. Max MARRIO (Gaveston), Miguel VILLABELLA (Georges), René HÉRENT (Dickson), DUPRÉ (Mac Irton), Paul PAYEN (Gabriel).
Chef d'orchestre : Georges LAUWERYNS.
1679 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 42 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Représenté au Théâtre de l'Opéra le 04 mai 1834.
Représenté au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 26 mai 1933 avec Mmes Germaine Féraldy (Anna), Danièle Brégis (Jenny), Andrée Moreau (Marguerite) ; MM. Villabella (Georges Brown), Max Macrio (Gaveston), André Noël (Dickson), Barbero (Max Irton), Tirke (Gabriel). Chef d'orchestre : Louis Masson.
Résumé.
Le sujet de « la Dame Blanche » a beaucoup d'analogie avec celui des « Cloches de Corneville » : Georges Brown, jeune héritier des comtes d'Avenel, revenu au pays après une longue absence, apprend que le château de ses pères va être vendu aux enchères le lendemain.
Il rencontre nuitamment la mystérieuse Dame Blanche qui hante le vieux castel. Reconnu comme héritier légitime, il épousera la jolie Anna qui avait incarné la Dame Blanche pour contrecarrer les machinations de l'intendant Gaveston.
La scène se passe en Ecosse, en 1759.
ACTE I. — La cour intérieure d'une ferme.
Les invités du fermier Dickson s'apprêtent à célébrer un baptême [Chœur : Sonnez cors et musettes...] lorsqu'on apprend avec consternation que le parrain fait défaut. Georges Brown, jeune officier au service de l'Angleterre, se présente à point nommé pour en tenir lieu [Air de Georges Brown : Ah ! quel plaisir d'être soldat !]. Il ne sait presque rien de son enfance, ne se souvenant que d'une fillette, avec laquelle il jouait, et d'une bonne vieille qui lui chantait de vieux refrains. Tout jeune encore, il se fit soldat. Blessé dans une bataille, il fut soigné par une jeune fille dont il recherche partout les traces.
La fermière Jenny remercie Georges et l'invite à souper. Bientôt les convives boivent et chantent. Georges demandant ce qu'il y a de curieux à voir dans la contrée, Dickson et sa femme lui citent le nouveau château d'Avenel et les ruines de l'ancien, que tous les peintres viennent visiter. Dickson l'entretient ensuite des comtes d'Avenel, dont le dernier est mort en France, où il avait été exilé avec sa famille pour des raisons politiques ; il lui raconte comment l'intendant Gaveston, embrouillant les affaires de son maître, cherche à acquérir le château qui va être mis en vente. Jenny fait observer que malheur arrivera à cet homme, car la « Dame Blanche », la légendaire protectrice du château, qui revient chaque fois qu'un événement important pour la famille d'Avenel se prépare, est apparue la veille au garçon de ferme sur les ruines de l'ancien castel. A la demande de Georges, la fermière chante la ballade inspirée par ce personnage mystérieux [Ballade de Jenny : D'ici, voyez ce beau domaine...].
Dickson et ses compagnons s'effraient da ces présages. Gabriel vient annoncer que les fermiers du pays sont arrivés ; leur but est d'acquérir le château pour le restituer à la famille d'Avenel. Tandis que les amis de Dickson rejoignent les fermiers, Jenny et Georges parlent avec mystère de la Dame Blanche. Dickson raconte que, parcourant un soir la campagne, la Dame Blanche lui apparut ; sollicitant son appui, il reçut d'elle une bourse pleine d'or, après lui avoir juré une entière obéissance.
Dickson se rend ensuite auprès des fermiers ; sa femme reste seule avec Georges. La poltronnerie du mari, dont Georges s'amuse beaucoup, fait le sujet de l'entretien [Duo dit « de la Peur » : Il s'éloigne, il nous laisse ensemble...]. Dickson revient, tout effrayé, disant qu'après avoir accompagné les fermiers, il reçut d'un lutin le billet qu'il tient à la main, par lequel la Dame Blanche lui donne l'ordre de se rendre au château à minuit. Cette perspective l'atterre, ainsi que sa femme [Trio : Grand Dieu ! que viens-je d'entendre ?...]. Georges ira donc à sa place.
ACTE II. — Une salle basse du château.
La vieille Marguerite file, tout en songeant à l'héritier de ses anciens maîtres, Julien d'Avenel, dont elle fut la nourrice [Romance de Marguerite : Pauvre dame Marguerite...]. Arrive Anna, jeune orpheline élevée par les soins du comte d'Avenel et récemment revenue au château avec Gaveston, son tuteur.
Elle raconte les événements passés, préparant la vieille servante à la visite nocturne qu'elle attend. Gaveston annonce à Anna la vente du château pour le lendemain et exige vainement d'elle un papier que lui a remis à son lit de mort le comte d'Avenel.
Bientôt Marguerite introduit Georges qui, suivant les instructions du billet, requiert l'hospitalité pour la nuit. Elle lui est accordée, en dépit de l'opposition première de Gaveston. Georges demande à voir la Dame Blanche dont on parle tant dans le pays ; Gaveston rit de sa crédulité et lui souhaite bonne nuit.
Resté seul, Georges dépose ses pistolets et attise le feu [Cavatine de Georges Brown : Viens gentille dame...].
Anna paraît, habillée de blanc et la tête couverte d'un grand voile. Elle est stupéfaite en reconnaissant, au lieu de Dickson, le militaire qu'elle a soigné jadis. Georges n'est point effrayé, il est surtout charmé ; lorsqu'elle lui ordonne de se trouver le lendemain aux enchères, il accepte sans même demander pourquoi faire !
Le jour vient et Gaveston avertit Georges que la vente va commencer. Bientôt arrive le juge Mac Irton, suivi de ses gens de justice ; d'un autre côté les fermiers, avec Dickson à leur tête. Georges, poussé par Anna, qu'il vient de reconnaître pour celle dont le souvenir ne le quitte jamais, fait monter les enchères à un prix exorbitant et devient l’acquéreur du château, au grand dépit de Gaveston, mais à la joie de tous les assistants.
ACTE III. — Une autre pièce du château.
On remarque un piédestal dont la statue est absente ; c'est là que se trouvait, paraît-il, la statue de la Dame Blanche ; et c'est dans cette fameuse statue que doit se trouver le trésor d'Avenel.
Anna apprenant à Marguerite que Georges est devenu propriétaire du château, la prie de lui faire connaître où se trouve la statue de la Dame Blanche renfermant la fortune du comte d'Avenel, secret que la comtesse lui avait confié à son lit de mort.
Les deux femmes vont à la recherche de la statue, tandis que Georges est entouré des gens du pays venus rendre hommage à leur nouveau seigneur [Chœur avec Air écossais : Chantez, joyeux ménestrel...].
Peu après, Mac Irton informe l'intendant que Julien d'Avenel, qui servait dans un régiment sous le nom de Georges Brown, est de retour. Celui-ci se présente et les gens de justice le somment de payer, sous menace de prison. Tout d'abord la stupéfaction est grande quand le jeune homme déclare ne pas avoir d'argent mais compter pour s'acquitter sur la Dame Blanche d'Avenel. Elle est plus grande encore quand la Dame Blanche elle-même paraît, voilée, et remet à Georges la cassette qui doit servir à payer le prix du château. En désignant Georges, elle annonce aux assistants que le comte d'Avenel est au milieu d'eux. Gaveston lui arrache alors son voile : cris de surprise quand on reconnaît Anna, qui se jette dans les bras de Georges Brown-Julien d'Avenel.
Et tout s'achève dans une grande joie.
« George, grâce à la protection de la Dame Blanche (c'est sa jolie maîtresse qui joue ce rôle), rentre dans le château paternel dont un fripon d'intendant croyait devenir possesseur. Poème agréable. Musique charmante. Grand succès. »
[Almanach des spectacles, 1827]
« Ce chef-d'œuvre d'esprit et de goût brille depuis plus de quarante ans au premier rang des opéras-comiques français. Tout s'est transformé au théâtre autour de cet ouvrage. La vogue des troubadours est passée ; la galanterie est devenue à tort ou à raison chose ridicule ; la musique ne consiste plus, depuis longtemps, dans un heureux choix de mélodies naturelles et expressives accompagnées avec clarté par l'orchestre, sans fracas, sans faire parade de science, et conçues généralement dans les tons principaux et d'après les procédés les plus directs et les plus conformes aux lois de l'oreille. Le genre de l'opéra-comique s'est modifié complètement. La partie vocale réclame la virtuosité du grand opéra ; l'orchestration y est devenue aussi chargée, aussi compliquée. Quant aux livrets en général, surtout ceux en trois actes, ils offrent les péripéties les plus fortes, les plus dramatiques, et ne comportent plus la touche légère, déliée, délicate, qui caractérisait les bons ouvrages de l'ancien répertoire. Si la Dame blanche est encore actuellement la planche de salut des directeurs dans l'embarras ; si, en province comme à Paris, cet opéra-comique attire encore la foule, c'est que les impressions qu'il produit correspondent au caractère permanent de l'esprit français. Aucun compositeur n'a mieux pratiqué que Boieldieu cette maxime familière aux gens de goût : Glissez, n'appuyez pas. Une mise en scène agréable, un soldat aimable, facilement amoureux et non passionné, des situations qu'on ne prend jamais au sérieux, des épisodes gracieux et variés avec un grain léger de poésie et de sentiment, une science musicale sans pédantisme et mise à la portée de tout le monde, une mélodie perpétuelle dans les voix et dans l'orchestre, tels sont les éléments qui expliquent le succès constant de l'opéra de la Dame blanche. Tout en ayant l'inspiration facile, Boieldieu travaillait beaucoup ses ouvrages et cherchait à leur donner une vérité mélodique absolue. Il refaisait plusieurs fois chaque morceau, et ses partitions, livrées au théâtre chargées de ratures, attestent le soin qu'il y apportait et la sévérité de son travail. Ce ne fut qu'après un silence de sept années qu'il donna son opéra de la Dame blanche. Le public attendait avec impatience cette nouvelle production de l'auteur du Calife de Bagdad, de Ma Tante Aurore et des Voitures versées, et lui fit un accueil enthousiaste. La scène se passe en Ecosse, en 1759, d'après l'indication mentionnée sur la partition. Mais quoique Scribe ait emprunté le sujet du livret au roman de Walter Scott, la couleur locale n'y brille pas d'un vif éclat et le dialogue n'a rien de remarquable ; c'est au musicien que revient l'honneur de l'expression vraie et soutenue des caractères. Chaque phrase mélodique peint admirablement chaque personnage. L'entrain chevaleresque et l'insouciance toute militaire de Georges, la cupidité de l'intendant Gaveston, la poltronnerie du fermier Dikson, la tendresse quasi maternelle de la bonne vieille Marguerite, la gentillesse de Jenny, jusqu'à l'infatuation du juge de paix Mac-Irton, tout est rendu avec une précision parfaite et avec mesure. On peut répéter à cet égard le mot de Mozart s'adressant à l'empereur Joseph, qui critiquait son opéra de l'Enlèvement au sérail : « Il y a là autant de notes qu'il en faut. » Le personnage d'Anna ne nous parait pas représenté avec le même bonheur, et le musicien a manqué l'occasion qui s'offrait à lui d'en rehausser le caractère ; en effet, l'air qu'elle chante au commencement du troisième acte est des plus médiocres. Le travail délicat de l'orchestration et le charme qu’on éprouve à l'entendre ne nous empêcheront pas de faire remarquer que l'ouverture de la Dame blanche n'est en somme qu'un développement de deux motifs tirés de la partition vocale, et qu'elle n'appartient plus au genre de composition instrumentale auquel on a donné ce nom depuis Gluck jusqu'à Rossini. Après Boieldieu, Herold est entré dans cette voie, sauf pour l'ouverture du Pré-aux-Clercs, et la plupart des compositeurs l'y ont suivi. Voulant nous borner à rappeler les principaux morceaux de cet opéra, nous citerons seulement, dans le premier acte, le chœur d'introduction : Sonnez, cors et musettes ; l'air si caractéristique de Georges, Ah ! quel plaisir d'être soldat ; la ballade D'ici voyez ce beau domaine ; le duo de la peur et le trio final, dont l'harmonie est merveilleuse de simplicité, de force et d'effet. On y sent l'élève et l'admirateur de Méhul. Le second acte s'ouvre par les couplets, Pauvre dame Marguerite, remplis de sensibilité et ingénieusement encadrés dans une imitation idéale du rouet. Le trio C'est la cloche de la tourelle est d'une ampleur qu'on ne retrouve pas fréquemment dans les ouvrages de Boieldieu. La cavatine Viens gentille dame et le duo de la main achèvent de peindre le caractère de Georges ; c'est son côté tendre et galant. La scène de la vente est un tour de force exécuté avec une grâce qui n'a pas été surpassée. C'est à la fois descriptif et scénique. L'expression des personnages intéressés à l'action, les émotions des spectateurs, leurs réflexions malicieuses, tout cela est aussi naturel que possible, et cependant quelle variété dans les détails, quelle richesse de combinaisons rythmiques ! Habitués que nous sommes aux modulations fréquentes et éloignées du ton principal, nous sommes confondus en voyant que, pendant une scène aussi développée, l'auteur ne s'éloigne presque jamais du ton d'ut. Le troisième acte présente quelques longueurs ; mais elles sont compensées par le chœur Chantez, joyeux ménestrels, dont Boieldieu a emprunté le motif à un air écossais. Cet ensemble, accompagné par les harpes, produit toujours un gracieux effet. Le rôle de Georges a été créé par Ponchard, qui y a laissé de longs souvenirs jusqu'à ce que Roger l'ait repris en lui donnant une ampleur et un caractère qui lui ont valu un de ses plus beaux succès comme chanteur et comme comédien sur les principales scènes de l'Europe. Voici la première distribution des personnages : Gaveston, Henri ; Anna, Mme Rigaut ; Georges, Ponchard ; Dikson, Féréol ; Jenny, Mme Boulanger ; Marguerite, Mme Desbrosses ; Gabriel, Belnié ; Mac-Irton, Firmin. Au mois de mai 1841, le théâtre de l'Opéra-Comique a donné une reprise de la Dame blanche avec Masset et Mme Rossi-Caccia dans les rôles de Georges et d'Anna. Tous deux y ont mérité des applaudissements. Achard a débuté avec succès dans le rôle de l'aimable sous-lieutenant. La Dame blanche est le seul opéra-comique qui n'ait jamais quitté le répertoire depuis son apparition.
Voilà donc quarante ans passés que fut joué pour la première fois cet opéra-comique, et près d'un demi-siècle n'a point affaibli le succès qui l'accueillit lors de son apparition. Des révolutions successives sont venues remuer profondément le monde politique et littéraire, les milieux dans lesquels nous vivions se sont transformés, les idées se sont modifiées, de nouvelles théories artistiques ont remplacé, ou plutôt succédé à des principes établis et reconnus, et cet ouvrage n'a cessé d'exciter l'admiration qui lui est si légitimement due. A quoi doit-il donc cet heureux privilège de ne pas avoir eu à souffrir des injures du temps, qui flétrit tout, qui s'appesantit sur toutes choses, en y laissant la trace ineffaçable de son passage, les rides, marques de la vieillesse ? A quoi attribuer cette jeunesse éternelle dont il semble posséder le secret ?
C'est que, dans les œuvres de l'esprit humain, il y en a de deux espèces. Les unes, empreintes exclusivement des goûts de l'époque, des idées, des sentiments, des ridicules qui sont alors en cours de circulation dans le monde, peuvent avoir, lors de leur apparition, et même pendant quelque temps, un très grand succès qui naît de l'actualité ; mais il est rare qu'elles survivent aux circonstances qui les ont fait naître, et elles tombent alors dans un profond oubli ; les autres, au contraire, conçues et exécutées dans un ordre d'idées tout à fait opposé, ne sacrifiant en rien aux goûts dominants du jour, mais puisant sans cesse aux sources éternelles et intarissables du beau et du vrai les éléments qui constituent leur existence, apparaissent aux regards des populations, non comme l'expression exclusive d'une époque, mais comme un rayonnement dont l'éclat semble grandir et prendre plus de force avec le temps.
Voici l'analyse du poème. Au premier acte, Dikson, fermier des comtes d'Avenel, est sur le point de baptiser un fils qui vient de naître, lorsqu'il apprend que le shérif, qu'il avait choisi pour parrain, est malade. Le baptême ne peut avoir lieu ; grande douleur de Dikson, de sa femme et des invités. Arrive Georges, un jeune sous-lieutenant d'infanterie au service du roi d'Angleterre, qui vient leur demander l'hospitalité. Il est très bien accueilli par ces braves fermiers, et Jenny, femme de Dikson, mue par une idée subite, lui propose d'être le parrain de leur fils. Georges accepte au grand plaisir des deux époux, et, resté seul avec Dikson, il lui raconte son histoire. Il ne sait rien ni de sa famille ni de son enfance ; tout ce dont il se souvient, c'est de grands domestiques qui le portaient dans leurs bras, d'une petite fille avec laquelle il jouait, et d'une vieille femme qui lui chantait des chansons. Puis il fut transporté sur un vaisseau, sous les ordres de Duncan, son oncle, qui lui enseignait le service maritime ; mais, rebuté par les mauvais traitements qu'il recevait, il s'échappa et se fit soldat. Sa bravoure lui valut l'estime et l'affection de son colonel, qui le considérait comme son fils ; mais, dans une bataille où ils combattaient l'un à côté de l'autre, ils furent tous les deux blessés, et il eut la douleur de perdre celui qui lui servait de père. Quant à lui, recueilli dans une chaumière, il reçut les soins les plus empressés et les plus touchants d'une jeune fille dont le souvenir est resté gravé dans son cœur, et dont il cherche à découvrir les traces, car il a appris qu'elle n'habitait pas le pays. Dikson, interrogé à son tour par Georges sur les curiosités de la contrée, lui parle du château des comtes d'Avenel, et lui apprend comment le dernier comte, qui appartenait au parti des Stuarts, a été proscrit, et s'est réfugié avec sa famille en France, où il est mort, et que pendant ce temps Gaveston, l'ancien intendant du comte, a si bien embrouillé les affaires de son maître, qu'il s'est enrichi, que le domaine d'Avenel doit être vendu le lendemain à la requête des créanciers, et que l'intendant espère bien s'en rendre possesseur, et par là devenir seigneur d'Avenel. Mais tous les fermiers du pays, qui n'aiment pas M. l'intendant, se sont réunis pour se rendre acquéreurs du château d'Avenel, afin de le conserver et de le restituer à son véritable propriétaire, et Dikson est chargé par eux de cette mission. Du reste, quelque chose de singulier doit arriver, car un garçon de ferme a vu, le soir précédent, la Dame blanche d'Avenel, qui se promenait sur les ruines du château. Georges dit en riant qu'il voudrait bien faire sa connaissance. Dikson se récrie en disant qu'il n'y a pas lieu de plaisanter sur une croyance du pays dont on a fait une légende, et que du reste la Dame blanche existe, puisqu'il lui a parlé. Jenny et Georges demandent dans quelle circonstance. Alors il leur raconte que, dans un moment de découragement où tous les malheurs semblaient fondre sur lui, et ne trouvant personne pour lui venir en aide, il errait un soir dans la campagne, lorsque ses pas le conduisirent vers les ruines du château d'Avenel, qu'il y pénétra, et que, ne sachant plus que devenir, il appela la Dame blanche à son aide, se livrant corps et biens à elle, si elle voulait le secourir, en lui donnant deux mille livres d'Ecosse. Quel ne fut pas son étonnement, et surtout son effroi, lorsqu'il entendit une voix lui dire : « J'accepte », et qu'il sentit une bourse tomber à ses pieds. Saisi d'effroi, il fut longtemps cloué à la place qu'il occupait ; puis enfin il saisit la bourse, et, tremblant, éperdu, il sortit des ruines, doutant encore de tout ce qui lui arrivait ; mais la vue des pièces d'or qui étaient en sa possession lui rendit le courage. Il se remit à l'œuvre, et, depuis, ses affaires ont si bien prospéré, qu'il est devenu le plus riche fermier de la contrée. Toutefois, une idée l'obsède, c'est l'engagement qu'il a pris vis-à-vis de la Dame blanche, d'autant plus qu'il est obligé de le remplir, car tout à l'heure, en reconduisant les fermiers qui l'ont chargé de leur procuration pour les enchères du lendemain, lorsqu'il revenait par le carrefour, un lutin s'est dressé devant lui, lui a remis un papier et a disparu soudain. Or ce billet émane de la Dame blanche : elle lui rappelle sa promesse et lui ordonne de se présenter au château, à minuit, en demandant l'hospitalité au nom de saint Julien d'Avenel. Dikson est atterré, Jenny dans la désolation ; mais Georges, que tout ce mystère intrigue, offre de prendre la place de Dikson. Les deux époux s'y opposent, mais Georges insiste énergiquement pour l'accomplissement de son projet, et il part, accompagné des vœux des deux époux.
Deuxième acte : la scène se passe dans un grand salon gothique du château d'Avenel. La nuit arrive. Miss Anna, jeune orpheline élevée par les soins du comte d'Avenel, est revenue depuis la veille au château, accompagnée de Gaveston, son tuteur. Elle raconte à Marguerite les événements qui se sont passés depuis leur départ d'Ecosse ; comment le comte d'Avenel rejoignit l'armée des montagnards, et comment le jeune Julien fut embarqué pour la France avec son gouverneur, et bientôt disparut sans que l'on pût savoir ce qu'il était devenu. Quant à la comtesse d'Avenel, elle ne la quitta pas, et, pendant huit ans, elle lui prodigua les soins les plus empressés, lorsque la mort vint la frapper tout à coup. Alors elle dut suivre Gaveston, son tuteur, et dans un voyage qu'il fit en Allemagne, où elle l'accompagna, il la laissa pendant quelque temps chez une de ses parentes. La guerre venait d'éclater, on se battait non loin de l'habitation qu'elle occupait, et l'on trouva près de là, un matin, un jeune officier dangereusement blessé. Elle le fit transporter dans une chaumière et lui prodigua tous les soins que réclamait son état ; mais Gaveston revint tout à coup, il fallut partir sur-le-champ, et il lui fut impossible de revoir celui auquel elle s'intéressait si vivement. « Éloignons ces souvenirs, dit-elle à Marguerite ; pour l'instant, je dois faire taire mon cœur pour ne m'occuper que de la réalisation de mon projet ; dans quelques instants, peut-être, quelqu'un de la contrée viendra demander l'hospitalité au nom de saint Julien d'Avenel ; tâche de lui donner cet appartement. » Gaveston paraît et annonce à Anna la vente du château, qui doit avoir lieu le lendemain ; il lui demande en outre qu'elle lui donne connaissance du papier que lui a remis, à son lit de mort, la comtesse d'Avenel ; mais Anna s'y refuse obstinément. On sonne à la tourelle. Plus de doute, pense Anna, c'est Dikson. Marguerite vient annoncer à Gaveston qu'un jeune homme demande l'hospitalité au nom des comtes d'Avenel, et qu'elle lui a ouvert les portes du château. Gaveston entre en fureur, et veut qu'il soit expulsé sur-le-champ. Anna intercède en sa faveur, et promet à Gaveston, s'il veut pratiquer cette antique hospitalité des comtes d'Avenel, de lui donner connaissance du billet de la comtesse. Gaveston se radoucit ; ordonne à Anna de rentrer dans son appartement et fait introduire le jeune étranger. Georges paraît, décline son nom et ses qualités, ce qui tranquillise Gaveston, qui craignait que ce ne fût un acquéreur, et lui dit qu'il vient lui rendre service, que dans le pays il n'entend parler que de la Dame blanche, et qu'il serait bien aise d'avoir une entrevue avec elle ; que du reste il y compte, puisqu'elle lui a donné un rendez-vous. Gaveston le raille sur sa croyance, et, le prenant pour un original ou un fou, il se retire ainsi que Marguerite. Georges, resté seul, invoque et appelle la Dame blanche, lorsque tout à coup il entend un bruit de pas, et la Dame blanche parait. Elle l'interpelle en appelant Dikson. « Non, ce n'est pas lui, répond Georges. — Mais qui donc êtes-vous alors, s'écrie la Dame blanche ? — Comment, toi qui es un lutin, ne sais-tu pas qui je suis ? faut-il te dire mon nom : Georges Brown ? » A ce nom et au son de cette voix qu'il lui semblait reconnaître, la Dame blanche reste stupéfaite ; mais elle se remet bien vite et lui raconte tout ce qui lui est arrivé dans le Hanovre. A son tour, Georges interdit veut se précipiter vers elle ; elle l'en empêche en lui disant qu'elle va disparaître à jamais, tandis que, s'il lui promet de lui obéir en tout point, elle lui fera voir la jeune fille qui l'a soigné et à laquelle il pense encore. Georges s'engage à exécuter tout ce qu'on lui commandera, du moment qu'il est certain de retrouver sa belle inconnue ; alors la Dame blanche disparaît. Gaveston vient avertir Georges que le jour est levé, et lui demande en riant des nouvelles de la Dame blanche. Georges lui dit qu'il l'a entrevue et qu'il lui a parlé ; qu'elle est dans des dispositions hostiles vis-à-vis de lui, et qu'elle espère bien l'empêcher de devenir propriétaire du domaine d'Avenel ; qu'au reste, elle doit lui envoyer ses ordres, et qu'il s'est engagé à les exécuter. Gaveston le prend pour un fou, et engage Georges, qui voulait aller faire un tour de parc, à assister à la vente publique qui va bientôt commencer ; de cette façon, il verra qui des deux aura raison, de la Dame blanche ou de lui.
Mac-Irton, le juge de paix, arrive, accompagné des gens de justice ; d'un autre côté, les fermiers, ayant Dikson à leur tête, viennent pour disputer à Gaveston le manoir des comtes d'Avenel. La vente commence. Le domaine est mis à prix à vingt mille écus et, par les enchères alternatives de Gaveston et de Dikson, monte à cent mille écus ; les fermiers ne peuvent plus aller au delà, et le château va être adjugé à Gaveston, lorsque Anna, qui est sortie de son appartement et qui est venue se placer derrière Georges, lui ordonne de mettre une enchère. Georges se retourne et reconnaît celle qu'il aime, la jeune fille qui l'a soigné lorsqu'il était blessé ; mais elle lui fait signe de se contraindre, en lui rappelant celle qui l'envoie. Alors Georges met une enchère de mille livres. Grande à stupéfaction dans l'assistance, puis la lutte continue entre Gaveston et Georges, et, lorsque ce dernier semble découragé, Anna est là qui l'excite. Enfin le domaine d'Avenel est adjugé pour la somme de cinq cents mille livres à Georges Brown, sous-lieutenant d'infanterie.
Troisième acte. Au troisième acte, la scène représente l'intérieur du château dont on vient de lever les scellés ; Anna et Marguerite y pénètrent, et Marguerite reconnaît les lieux où elle a élevé le fils de ses anciens maîtres, ainsi qu'Anna, sa compagne inséparable. Elle s'informe avec anxiété auprès d'Anna si c'est pour son compte que Georges a acheté le domaine ; mais Anna la rassure en lui affirmant que c'est d'après ses ordres que le jeune officier a surenchéri, et qu'il compte sur elle pour payer les cinq cents mille livres, puisqu'il ne possède pas une obole. Elle demande à Marguerite, qui connaît parfaitement le château, puisqu'elle l'a habité depuis son enfance, si elle se rappelle où se trouve placée la statue de la Dame blanche. Marguerite lui répond que c'était dans la salle de réception, à droite ; elles y portent leurs regards ; mais, hélas ! le piédestal est veuf de sa statue. Grand désespoir d'Anna, dont tous les projets sont renversés, puisque la statue de la Dame blanche renfermait un coffret contenant toute la fortune du comte d'Avenel, et c'est ce secret que la comtesse lui avait confié à son lit de mort. Anna supplie Marguerite de recueillir ses souvenirs afin de lui faire retrouver la statue. Alors Marguerite se rappelle qu'un soir, la veille du départ des comtes d'Avenel, elle a vu la statue descendre lentement le grand escalier et disparaître dans les entrailles de la terre, près d'un passage secret. Nul doute, ce sont des voleurs qui, ayant connaissance du trésor que renfermait la statue, l'auront emportée. Anna entraîne avec elle Marguerite pour aller à la découverte de la statue. Paraît Georges ; il est tout aussitôt entouré par tous les habitants du canton qui viennent saluer leur nouveau seigneur, et lui apportent le tribut de leurs hommages et de leurs respects. A un signe de Georges, ils s'éloignent, et celui-ci, resté seul, contemple ce riche salon gothique que, dans son souvenir confus, il croit avoir déjà vu, lorsque arrive Gaveston, venant lui demander l'explication de sa conduite, et comment il se fait qu'un militaire emploie ainsi la ruse pour déguiser ses projets. A ces paroles, Georges s'emporte et répond qu'il n'a servi que d'intermédiaire à la Dame blanche, et que c'est pour son compte qu'il a acheté le château ; que c'est elle qui payera, et que, quant à lui, il est parfaitement étranger à toute cette affaire ; qu'il ne tient pas à ce domaine et qu'au besoin il le lui cède à prix coûtant. Voyant arriver Mac-Irton, il s'éloigne, laissant Gaveston étonné de sa franchise et de son indifférence, et le croyant plus fou que jamais. Mac-Irton dit à Gaveston qu'il a des choses importantes à lui révéler ; mais auparavant il faut s'assurer si personne ne peut les surprendre. Pendant ce temps, Anna vient d'entr'ouvrir un panneau de la galerie ; mais, voyant Gaveston avec Mac-Irton, elle le referme bien vite et les écoute. Mac-Irton vient apprendre à Gaveston que Julien, le fils du comte d'Avenel, est de retour. Une lettre de Londres porte que Duncan, le gouverneur de Julien, a signé à son lit de mort une déclaration qui prouve que Julien, comte d'Avenel, sert dans un régiment d'infanterie sous le nom de Georges Brown. Il est facile de s'expliquer maintenant pourquoi il a surenchéri la veille pour le domaine d'Avenel ; mais Gaveston rassure Mac-Irton, en lui apprenant que Georges ne sait encore rien de son nom ni de sa naissance, qu'il n'a pas d'argent, et que par ce moyen, en le mettant en demeure de payer, il a le temps d'arriver à la possession du domaine d'Avenel. « Oui, mais il faut se hâter ; allons donc préparer tout ce qu'il faut pour cela. » Et ils s'éloignent. Anna sort par la porte creusée dans la boiserie : elle est désespérée de ce qu'elle vient d'apprendre ; Georges, celui qu'elle aime, c'est Julien, comte d'Avenel. Marguerite accourt lui apprendre une bonne nouvelle ; le fils de ses anciens maîtres, le comte Julien ne peut tarder à revenir, car en descendant dans la chapelle souterraine pour faire une prière, elle a revu la statue de la Dame blanche. Quel bonheur ! « Et puis il va vous marier avec Georges, ce bel officier que vous aimez. » Anna comprime les battements de son cœur, et ordonne à Marguerite de tout préparer pour un prompt départ... dans l'intérêt de Julien. Marguerite se hâte alors. Anna accomplira son sacrifice jusqu'au bout, elle veut que Julien ignore que c'est elle qui lui rend sa fortune ; elle sacrifiera son bonheur et payera ainsi la dette qu'elle a contractée vis-à-vis de ceux qui ont pris soin de son enfance. Jenny accourt tout effrayée ; voici encore M. Mac-Irton suivi d'hommes de loi qui se présente au château. Il n'y a pas de temps à perdre. Anna se précipite vers la chapelle et laisse là Jenny étonnée. Arrive Georges, qui cherche partout son apparition, et Dikson, qui se plaint du tort que Georges lui a fait en prenant sa place ; car sans cela, il aurait vu la Dame blanche qui lui aurait donné le château et une grosse somme d'argent. Georges lui répond qu'il lui cède volontiers le domaine, et qu'il n'a qu'à s'en dire le propriétaire devant les personnes qui arrivent. En effet, entrent à ce moment Mac-Irton et, les gens de justice, qui viennent sommer Georges de payer sur-le-champ, ou sans cela, on va le conduire en prison. Dikson alors refuse la propriété, et Georges répond qu'il attend tout de la Dame blanche. Un prélude de harpe se fait entendre, et l'on voit la Dame blanche traverser la galerie, descendre l'escalier et venir se placer sur le piédestal vide. Tout le monde se retourne, la reconnaît et se prosterne. Alors la Dame blanche annonce à l'assistance que le descendant des comtes d'Avenel est au milieu d'eux, elle désigne Georges, et, lui montrant le coffret qu'elle tient caché sous son voile, lui apprend qu'il renferme toute la fortune du comte d'Avenel. Elle descend lentement du piédestal, passe près de Julien en lui disant un éternel adieu, et se dirige vers la porte du fond ; mais Gaveston la saisit par le bras, la ramène sur le devant du théâtre et lui arrache son voile. Cri de surprise en reconnaissant Anna qui se jette aux pieds de Julien. Celui-ci s'empresse de la relever, reconnaissant la jeune fille qui occupe seule sa pensée ; mais Anna lui dit qu'elle ne peut être à lui, puisqu'elle est orpheline et sans fortune. Julien la décide en lui disant qu'il renonce aux honneurs et aux richesses qu'elle lui a fait recouvrer, si elle ne consent à les partager avec lui. Tel est libretto sur lequel Boieldieu a composé sa musique ; musique ravissante d'un bout à l'autre, n'ayant pas de parties faibles et où règne un ensemble, une harmonie, une entente des lois musicales qui assurent à son œuvre une éternelle durée. On peut dire que, dans cette partition, il s'est surpassé lui-même, et aucun des opéras-comiques qu'il avait donnés précédemment, même les plus remarquables, comme Ma Tante Aurore et les Voitures versées, ne peut entrer en comparaison avec la Dame blanche, qui est un véritable chef-d'œuvre. Et pour arriver à un pareil résultat, les moyens qu'il emploie sont simples, les ressorts faciles et légers ; il ne fait pas un ample bagage de ces formules savantes et pénibles avec lesquelles certains compositeurs pensent produire de l'effet. Non ; chez lui, point de recherche, point d'affectation ; la mélodie passe avant la science, l'inspiration remplace les formules toutes préparées ; chez lui, tout est dicté par le goût, l'expression et le sentiment ; ses effets, il les cherche dans son sujet même, dans l'harmonie intime qui existe entre la musique et les paroles auxquelles elle est appropriée ; tout est en situation, et dès lors le sentiment de la vérité jaillit de ce sublime et mystérieux accord. Sa musique, loin d'être maniérée, travaillée, visant à la prétention, est abondante, claire, limpide, facile et légère ; facile surtout, parce qu'il veut que les oreilles les plus rebelles à l'harmonie puissent sans difficulté la comprendre et la retenir. Il n'écrit point pour une classe de gens que l'on est convenu d'appeler dilettantes, comme qui dirait les élus de la science musicale, ceux qui seuls en comprennent et en apprécient les beautés. Mais la musique de Boieldieu, et surtout celle de la Dame blanche, s'adresse à tout le monde ; elle possède au plus haut degré le don de passionner le public, parce qu'elle vient émouvoir la fibre du cœur, et que l'on ne peut rester insensible à ce qui est l'expression la plus complète et la plus vraie des sentiments humains.
Aussi la musique de la Dame blanche est-elle populaire ; elle n'est point restée le domaine privilégié d'un cercle restreint d'amateurs ; tout le monde la chante ; la France entière redit à l'écho ces mélodies et ces airs qui ont fait le tour du monde ; et depuis quarante ans cela est ainsi, et chaque génération les redit à celle qui lui succède, et le théâtre qui l'a vu naître entretient cette ferveur en offrant souvent à l'admiration des spectateurs empressés ce chef-d'œuvre de grâce, de sentiment et de style dont onze cent vingt représentations n'ont pu affaiblir le succès.
En 1864, on donna la millième représentation de la Dame blanche, et ce fut une fête pour le théâtre de l'Opéra-Comique, ainsi que pour le public. Le 1er septembre de la même année, après deux mois de fermeture exigée par des réparations importantes, le théâtre rouvrit ses portes au public, et ce fut par la Dame blanche et le Tableau parlant qu'il inaugura sa réouverture.
Les départements consacrèrent le succès que cette œuvre avait obtenu dans la capitale ; et à Rouen, patrie du compositeur, où elle fut représentée sur le théâtre des Arts, pour la première fois le 25 février 1826, précédée d'un prologue en un acte et en prose, intitulé : Monsieur Balcon ou le Dilettante, composé exprès pour la solennité par M. Ulric Guttinger, elle obtint un véritable triomphe. C'est que la musique de cette œuvre est essentiellement française, et qu'on peut l'offrir comme modèle aux jeunes compositeurs qui débutent dans la carrière. Ils ne sauraient choisir un meilleur guide.
La Dame blanche a donné naissance à quelques parodies. Le 5 janvier 1826, on représenta au théâtre du Vaudeville une pièce de MM. Gersain, Gabriel et Brazier, intitulée : les Dames à la mode. Au reste, c'était plutôt une critique générale, parce qu'à cette époque la scène des principaux théâtres de Paris était occupée par des pièces dont le personnage principal était une femme. Ainsi l'on représentait en même temps Armide, Sémiramis, la Dame du Lac, la Dame blanche, la Fille du musicien ; mais on ne saurait y voir une critique de l'œuvre de Boieldieu, puisque, au contraire, les plus grands éloges lui étaient prodigués. Honoré fit représenter à Bordeaux, en 1827, une imitation burlesque de la Dame blanche, en deux actes et demi, en prose, mêlée de couplets, sous le titre de : la Dame noire ou le Tambour et la grisette. Elle est imprimée (Paris, Barba, 1828, in-8°).
Citons encore la Dame blanche de Blacknels, divertissement impromptu en trois actes et en prose, mêlé de couplets. Cette pièce, composée par le marquis de Lally-Tollendal, pour une fête de famille, et qui fut représentée sur le théâtre de l'hôtel de Noailles, à Saint-Germain, en octobre 1827, n'a de rapport avec l'opéra-comique de ce nom que son titre et quelques couplets parodiés sur les airs de la Dame blanche. Ce divertissement est imprimé (Paris, Jules Didot aîné, 1827, in-8°) ; mais il est fort rare, parce qu'il n'a été tiré qu'à cinquante exemplaires destinés à être offerts en présent. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Principaux personnages : Georges Brown, en réalité Julien, comte d'Avenel, jeune officier anglais ; Gaveston, ex-intendant des comtes d'Avenel ; Dickson, fermier des comtes d'Avenel ; Anna, pupille de Gaveston ; Jenny, femme de Dickson ; Marguerite, ancienne domestique des comtes d'Avenel.
La scène se passe en Ecosse, en 1759.
Le jeune héritier inconnu d'un grand nom et d'un beau patrimoine, qui survient à point nommé alors qu'on ne l'attend plus et reprend son rang et sa fortune, a fourni plus d'un sujet de pièce. Les plus connues sont la Dame blanche et les Cloches de Corneville. Ce qui distingue la première de la seconde, c'est que Georges Brown, enlevé très jeune à sa famille, ignore sa véritable identité. Il guerroie pour le roi d'Angleterre. En guerroyant, il a même été blessé, et c'est, par hasard, Anna, une jeune fille recueillie et élevée jadis par la dernière comtesse d'Avenel, devenue depuis la pupille de l'intendant Gaveston, qui a soigné ses blessures. Mais un beau jour, guéri, le soldat est parti et la jeune fille ne l'a plus revu. Cependant, elle a conservé de lui un souvenir très tendre. De son côté, le pseudo Georges Brown n'a pas oublié sa charmante garde-malade.
Pendant que se passent ces choses, que devient le vieux manoir des comtes d'Avenel ? Gaveston, intendant fripon, comptant bien que jamais l'héritier légitime ne reparaîtra, a si bien manœuvré que le castel va être mis en vente aux enchères publiques et dans de telles conditions qu'il a la quasi certitude d'en devenir l'acquéreur à bon compte. Les fermiers, fidèles à la mémoire de leur ancien maître, s'en désolent et se sont cotisés pour pousser les enchères. Anna s'en désole aussi, car elle est restée dévouée à sa bienfaitrice, feue la comtesse d'Avenel, et voudrait empêcher le manoir de tomber aux mains de son tuteur, afin de conserver son domaine à Julien, l'héritier disparu, au cas où, par miracle, il reviendrait. Et elle a un moyen : en mourant, la comtesse lui a confié le secret d'une somme considérable cachée lors de sa fuite par feu le comte, à l'intérieur de la statue de la Dame blanche. Si elle pouvait obtenir le concours d'un homme sûr, elle lui confierait la somme avec mission de pousser l'enchère jusqu'au bout. Cet homme, elle croit l'avoir trouvé en la personne du fermier Dickson.
Mais quelle est cette Dame blanche dont la statue figure au château ? C'est la légendaire protectrice de la maison d'Avenel. Chez les Ecossais superstitieux de la région, on croit fermement que la Dame blanche apparaît chaque fois qu'un événement important pour la famille est imminent. Et c'est cette légende qui fournira à la pièce sa fragile armature.
Au début, nous assistons aux préparatifs de baptême dans la famille des fermiers Dickson. Grave contretemps : le parrain fait défaut. Arrive un jeune officier, qui dit se nommer Georges Brown. Il remplacera le parrain absent. Il apprend incidemment l'histoire du château, dont la vente aux enchères doit avoir lieu le lendemain. Il apprend aussi la légende de la Dame blanche.
Et justement un valet vient annoncer que la Dame blanche a reparu. Cela présage de graves événements. L'affaire se corse encore : un billet est remis à Dickson : la Dame blanche elle-même le mande au château à minuit. On devine qu'Anna, exploitant la crédulité populaire, a imaginé cette supercherie pour arranger avec Dickson la mise en scène des enchères le lendemain matin. Mais Dickson est poltron. Georges ira donc à sa place.
Au second acte, nous sommes dans une salle du château. La vieille domestique Marguerite devise avec Anna. On parle de ce Julien si mystérieusement disparu et dont on ne sait rien. Anna prépare sa vieille servante à la nocturne visite qu'elle attend. Gaveston fait une apparition et nous avons un aperçu de son rôle et de son caractère.
Bientôt, Marguerite introduit Georges, qui, suivant ses instructions écrites, demande l'hospitalité pour la nuit. Elle lui est accordée en dépit de l'opposition de Gaveston. Tous, sauf lui, se retirent, mais il ne reste pas longtemps seul. Bientôt, aux sons d'une mystérieuse musique, Anna paraît, jouant son rôle de Dame blanche. Elle est stupéfaite quand, au lieu de Dickson, elle reconnaît le militaire qu'elle a soigné jadis. Georges n'est point effrayé, il est surtout charmé par cette apparition voilée, et lorsqu'elle lui ordonne de se trouver le lendemain aux enchères, il accepte sans même demander pourquoi faire !
Le jour paraît, et l'on arrive pour les enchères. Dickson pousse un moment, mais les ressources mises à sa disposition sont limitées et il est bientôt distancé par Gaveston. C'est alors que Georges, poussé par Anna, qu'il vient de reconnaître pour celle dont le souvenir ne le quitte jamais, entre dans la lice et, sur l'ordre de la jeune fille, donné à voix basse, devient acquéreur du château à un prix exorbitant. Comment paiera-t-il ? Ça, c'est l'affaire de la Dame blanche ! — car Georges ne doute pas qu'Anna et Dame blanche ne fassent qu'une seule personne.
Le troisième acte se passe dans une autre pièce du château. On remarque un piédestal dont la statue est absente. C'est là que se trouvait, paraît-il, la statue de la Dame blanche ; et c'est dans cette fameuse statue que doit être caché le trésor d'Avenel. Anna, qui vient chercher ce trésor, avec lequel Georges doit payer le prix du château, se désole d'une disparition qui ruine tous ses projets. Marguerite lui apprend que la statue a disparu avec les anciens maîtres et que la légende veut qu'elle revienne en même temps que l'héritier légitime. Mais Marguerite croit pouvoir découvrir le lieu où elle se cache, et les deux femmes partent à la recherche du trésor perdu.
Entre temps, Georges reçoit l'hommage de ses vassaux, car l'acquisition du domaine le rend comte d'Avenel. La salle où il se trouve éveille chez lui de vagues souvenirs d'enfance. A Gaveston, qui survient, il avoue qu'il n'a pas le premier sou pour payer le castel, et le paiement doit être effectué avant midi ! Joie de Gaveston, qui commence à espérer que le château lui reviendra malgré tout. Il s'en ouvre au juge de paix Mac Irton ; mais celui-ci apporte de mauvaises nouvelles : Julien d'Avenel serait de retour et ne serait autre que Georges Brown. Anna, cachée derrière un rideau, a tout entendu. Elle est consternée : ce jeune homme qu'elle aime, c'était donc Julien d'Avenel ! Tous ses rêves s'effondrent car si, d'une part, sa joie est grande de savoir l'héritier légitime revenu, d'autre part, comment songer maintenant à une union aussi disproportionnée !
Marguerite accourt hors d'haleine : la statue est retrouvée ; elle se trouve dans une vieille chapelle. Que le sort s'accomplisse ! Anna ira prendre la somme, elle la remettra à Georges, puis disparaîtra et le laissera maître du château de ses pères.
La scène se remplit à nouveau de gens venus pour assister au dernier acte de la vente : le paiement par Georges du prix qu'il a offert. Tout d'abord la stupéfaction est grande quand le jeune homme déclare ne pas avoir d'argent, mais compter pour s'acquitter sur la Dame blanche d'Avenel. Elle est bien plus grande encore quand la Dame elle-même paraît, voilée, et remet à Georges la cassette qui renferme le trésor en le saluant du nom de Julien d'Avenel.
Elle va pour se retirer pendant que tous sont confondus par le prodige. Mais Gaveston veut connaître celle qui traverse ainsi ses machinations ; il arrache le voile et reconnaît Anna, sa pupille !
La suite se devine. Et tout s'achève dans la joie : le château a retrouvé son maître, et les amants sont heureusement réunis, car il va sans dire que les craintes d'Anna étaient vaines et que Julien n'a pas de désir plus cher que de la prendre pour femme. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Une aïeule !... Cette œuvre lyrique n'a pour ainsi dire jamais quitté le répertoire depuis son apparition, le 10 décembre 1825, sur la scène de l'Opéra-Comique où l'on a célébré la 1.000e représentation en 1864. Parmi les favorites du public, il n'y en a guère qui aient connu pareille continuité dans la longévité de la vogue. Comme la plupart des productions de génie, la partition, conçue en quelques jours, venue d'un jet, n'a demandé que peu de temps à son auteur : Boieldieu.
Le directeur de l'Opéra-Comique, Guilbert de Pixerécourt, allait donner — sur un livret de Scribe — Fiorella, dont la répétition générale avait laissé prévoir le long succès ; et l'on croyait avoir, pour plusieurs mois, assuré, du pain sur les planches... lorsqu'une maladie subite de la principale interprète, Mme Pradher, vint ajourner indéfiniment la première. Scribe et Pixerécourt, devant la pénurie des nouveautés et en désespoir de cause, s'adressèrent à Boieldieu... sans trop compter en obtenir la musique de la Dame Blanche — le compositeur étant bien connu pour la lenteur éperdument scrupuleuse de son travail... Cependant, trois semaines après, le rideau se levait sur le premier décor :
Voyez d'ici ce beau domaine, dont les créneaux touchent le ciel.
et une tabatière en or était offerte au maestro par la reconnaissante Société des actionnaires.
La partition contient nombre d'airs populaires dans la contrée des Highlands — et la légende, également, provient du folklore de la vieille Ecosse. C'est une croyance traditionnelle, en pays anglo-saxon, que celle relative aux « Dames blanches », jeunes femmes mortes d'amour, retenues loin du paradis par certaines missions expiatoires dont l'accomplissement les contraint à des apparitions périodiques jusqu'à libération complète de leurs âmes.
Scribe a puisé le sujet de son libretto dans le Guy Mannering de Walter Scott. Et quelque cinquante ans après, le même thème assurera la fortune retentissante des Cloches de Corneville.
***
L'antique manoir des comtes d'Avenel est en deuil : la vieille châtelaine est morte, laissant une succession fort embrouillée. Son petit-fils, Julien, dernier du nom, seul héritier du patrimoine, a quitté le pays pour aller guerroyer et l'on n'a plus jamais reçu de ses nouvelles ; et l'intendant Gaveston, un fripon, s'est arrangé pour spolier ses maîtres, de manière à nécessiter la mise en vente du domaine — qu'il compte acheter à vil prix, avec le fruit de ses rapines.
Les fermiers sont désespérés. Ils sont demeurés fidèles aux anciens seigneurs et ne veulent à aucun prix devenir les vassaux d'un coquin, de basse origine, dur au petit peuple ; on ne supportait Gaveston que grâce à sa pupille Anna, douce jeune fille, protégée de la défunte comtesse — qui l'a laissée en mourant dépositaire d'un secret : un trésor a été enfoui dans des temps critiques par le chef de la famille à l'intérieur d'une statue ancestrale connue sous le nom de « la Dame blanche » — l'aïeule de la maison, celle que l'on prétend avoir vue apparaître aux heures troubles, présageant des événements décisifs. Anna, dévouée à ses bienfaiteurs, voudrait empêcher le fief d'Avenel de tomber dans les griffes de son tuteur — dont elle sait l'indignité. L'espérance de voir revenir le jeune comte ne l'a jamais abandonnée. C'est à lui que doivent retourner la fortune et le château ; grâce à l'argent caché, la jouvencelle a formé le projet de pousser la surenchère jusqu'à ce que le domaine échappe à Gaveston. Un homme de paille lui est nécessaire et elle a songé au brave fermier Dickson.
Précisément, il y a fête chez cet excellent homme à l'occasion d'un baptême — où ne manque que le parrain. Mais il est question de remplacer celui-ci par un officier de l'armée royale : Georges Brown. Ce militaire est venu en pèlerinage de reconnaissance dans les terres d'Avenel où, blessé, il fut recueilli et gentiment soigné par la petite Anna — qu'il n'a jamais oubliée. C'est grâce aux questions qu'il pose que le public est mis au courant de la situation : vente du château, légendes relatives à ses propriétaires, etc. Les villageois s'inquiètent beaucoup de la « Dame blanche », dont on signale depuis quelque temps la redoutable apparition dans le pays... Le revenant de la famille d'Avenel ne tarde pas à manifester sa présence au moyen d'un mystérieux billet qui mande le père Dickson au château, naturellement à l'heure de minuit. Mais Dickson ne se sent pas le courage de déférer à cette assignation de fantômes. C'est Georges Brown qui se propose d'y répondre en son lieu et place.
Dans une salle basse du manoir, Anna s'est préparée à recevoir Dickson — car c'est, bien entendu, elle qui l'a convoqué. Georges se présente, demandant l'hospitalité, conformément aux instructions contenues dans le billet remis au fermier. L'intendant Gaveston se méfie. Cependant, il est obligé de s'incliner devant la coutume et d'accueillir le visiteur. A minuit, la Dame blanche paraît... ou du moins, Anna, qui en joue le rôle — mais c'est elle qui est frappée de stupeur : elle croyait trouver Dickson, instrument crédule et docile de ses projets, et elle reconnaît dans cet hôte imprévu le soldat dont elle a jadis guéri les blessures. N'importe ! elle interprète son retour comme un secours providentiel, et n'hésitera pas à charger le jeune homme de faire monter les enchères.
L'heure de la vente a sonné ; trois compétiteurs sont en présence : Dickson, rapidement évincé — Gaveston — et Georges Brown. Ce dernier n'a pas eu beaucoup de peine à reconnaître sous les traits voilés de la Dame Blanche la délicieuse fillette dont il a conservé le souvenir fidèle — et il accomplira ponctuellement les ordres qu'il en a reçus. L'enchère est poussée par lui sans aucune hésitation... L'intendant, battu, se retire, une rage impuissante au cœur.
Il s'agit maintenant de payer le château. Le
trésor, qui doit permettre à Georges de s'acquitter, est caché dans la statue —
mais elle a disparu de la salle des ancêtres. La vieille servante Marguerite,
qui connaît dans tous ses détails la légende familiale de la Dame Blanche,
raconte que l'on en retrouvera l'effigie le jour où l'héritier légitime du
domaine reprendra possession du castel de ses pères. Or, Georges Brown, nouveau
seigneur, sent s'agiter en lui les réminiscences confuses d'il ne sait quel
passé lointain depuis qu'il a pénétré sous les voûtes du
vieux manoir... Toutefois, il ne possède pas la somme nécessaire à en ratifier
l'acquisition : c'est ce qu'il est contraint de déclarer à Gaveston... Le vieux
matois se réjouit — jusqu'au moment où le juge de paix Mac Irton salue en
Georges le dernier descendant authentique des d'Avenel — et il prouve la
véracité de ses dires. Il n'en est pas moins établi que le jeune comte est
ruiné. Va-t-il être obligé de quitter le fief ?... Non ! La Dame Blanche
intervient encore une fois : c'est toujours Anna, déguisée, qui a retrouvé, avec
l'aide de Marguerite, la statue fatidique dans la chapelle du donjon.
Solennellement, elle remet à son maître la cassette enfin découverte, et ne
songe qu'à disparaître, sa mission désormais accomplie, dans le sacrifice absolu
de son amour pour le seigneur dont elle ne se croit pas digne... lorsque
Gaveston, qui ne se paie point de vaines superstitions, démasque furieusement la
mystérieuse protectrice : plus de Dame Blanche ! — mais une vassale, bientôt
châtelaine — sous un autre voile : celui des épouses. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
DAME DE COMPAGNIE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Beaumont, musique de Ferdinand Poise (1877).
DAME D'HONNEUR (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et Edouard Monnais, musique de Guillaume Despréaux. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 04 octobre 1838, avec Mlle Zoé Prévost (Marguerite Lecoq), MM. Louis Jansenne (le Chevalier de Vaudreuil), Henri (Lajolais).
La pièce n'a pas eu de succès. On a remarqué dans la partition l'air chanté par Mlle Prévost, et un bon trio finissant en quatuor. Le rôle principal a été tenu par Jansenne.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DAME DE MONSOREAU (LA)
Grand opéra en un prologue, quatre actes et huit tableaux, livret d’Auguste Maquet, d'après le drame d'Alexandre Dumas et A. Maquet, musique de Gaston Salvayre.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 30 janvier 1888 ; mise en scène de Pedro Gailhard ; décors d'Auguste Rubé, Philippe Chaperon et Marcel Jambon (prologue, 2e tableau du 4e acte), Poisson (1er et 2e actes), Eugène Carpezat (1er tableau du 3e acte, 3e tableau du 4e acte), Jean-Baptiste Lavastre (2e tableau du 3e acte, 1er tableau du 4e acte) ; costumes de Charles Bianchini.
Mmes BOSMAN (Diane), SAROLTA (Jeanne), MARET (Gertrude), CANTI (un Page).
MM. Jean de RESZKÉ (Bussy), DELMAS (Monsoreau), BERARDI (Henry III), IBOS (Duc d'Anjou), MURATET (Saint-Luc), MARTAPOURA (Quèlus), Etienne SAPIN (Maugiron), DUBULLE (Aurilly), WARMBRODT (d'Epernon), BOUTENS (Schomberg), TEQUI (Antraguet), Napoléon LAMBERT DES CILLEULS (Livardot ; un Prêtre), CREPEAUX (Ribérac), BALLEROY (Chicot), Eugène BATAILLE (Gorenflot), MALVOT (Lahurière), VOULET (Bonhomet), GIRARD (un Huissier).
Ballet réglé par Joseph HANSEN, dansé par Mlle SUBRA, M. VASQUEZ et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Auguste VIANESI.
8e à l’Opéra, le 27 février 1888, avec les créateurs, sauf MM. MARTAPOURA (Henry III) et SENTEIN (Quélus).
8 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« C'était une idée au moins singulière de bâtir un opéra sur un tel sujet. On connaît le roman fameux signé du nom d'Alexandre Dumas, roman aimable, familier, charmant, où l'on retrouve à chaque pas la main de cet enchanteur qui pendant quarante ans a été la joie de ses contemporains, mais où la passion est à fleur de peau et où le lyrisme nécessaire à un poème d'opéra brille par son absence la plus complète. On aurait pu, de ce roman, tirer un livret pittoresque d'opéra-comique à la manière du Pré-aux-Clercs, surtout en conservant leur place aux deux figures si amusantes de Chicot et de Gorenflot, qui ne faisaient qu'apparaître, et même inutilement, sui la scène de l'Opéra ; mais c'était une chimère d'y chercher le sujet d'un drame lyrique. Tout d'abord, ce sujet manque de grandeur et de poésie, les amours de Diane de Méridor et de Bussy d'Amboise ne suffisant pas à lui donner l'envergure nécessaire. En second lieu, les types manquent absolument, et il n'en est pas un, même Bussy, à qui le musicien puisse essayer de donner l'apparence d'un caractère. Enfin, l'action du roman, pour être contenue dans les limites de cinq actes d'opéra, doit être tellement resserrée qu'elle en devient obscure et inintelligible. Le livret de la Dame de Monsoreau ne pouvait donc être bon, et en vérité il était loin de l'être. La musique, par malheur, n'était pas meilleure, et l'ensemble de l'œuvre était tel qu'elle ne pouvait exciter ni la sympathie, ni l'intérêt. Elle se traîna misérablement pendant quelques représentations et disparut bientôt pour jamais, en dépit des efforts de ses excellents interprètes, dont les trois principaux n'étaient autres que Mme Bosman, MM. Jean de Reszké et Delmas. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DAME DE PIQUE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, d’après la nouvelle de Pouchkine, musique de Fromental Halévy.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 décembre 1850, mise en scène d’Ernest Mocker, décors d’Auguste Rubé et Joseph Nolau, Joseph Thierry et Charles Cambon, avec Mmes Delphine Ugalde (la Princesse Polowska ; Daria Dolgorouki), Meyer (Lisanka) ; MM. Couderc (le Prince Zizianow), Boulo (Constantin Nelidoff), Achille Ricquier (Klaremberg), Charles Battaille (André Roskaw), Léon Carvalho (Sowbakin), Bellecour (le Banquier), sous la direction de Théophile Tilmant.
« Le sujet de la pièce a été tiré d'une nouvelle du célèbre poète russe Pouchkine, que M. Mérimée avait déjà fait connaître au public. Comme il arrive assez fréquemment, la même histoire, en passant du cabinet de lecture à la scène, perd beaucoup de son intérêt. Les entrées et sorties des personnages dramatiques, les ressorts ingénieux qu'il faut imaginer et faire mouvoir s'accommodent souvent mal à la nature de la conception primitive. Telle situation, amenée en deux ou trois chapitres, doit être produite au théâtre dans un court délai, et devient, de suite forcée et invraisemblable. Dans ce cas, le compositeur subit les conséquences de l'erreur du librettiste. L'opéra de la Dame de Pique renferme des beautés musicales incontestables, et néanmoins il n'a obtenu qu'un succès d'estime. La princesse Poloska possède un secret au moyen duquel on est sûr de gagner au jeu ; elle l'a appris de l'impératrice Catherine, qui trichait à l'aide du trois, du dix et de la dame de pique. L'intrigue repose sur ce secret diabolique que surprennent deux joueurs, le colonel Zizianow et le geôlier Roskaw. Un jeune sous-officier, Constantin Nélidoff, aimé de la princesse et rival du colonel, gagne à ce dernier 300,000 roubles, somme qui lui sert à acquitter la dette de son père, à recouvrer ses droits à la liberté et à la main de Poloska. On voit combien un tel sujet s'accordait peu avec le genre d'inspiration si élevée et si poétique du musicien. L'ouverture renferme un andante en sourdine avec accompagnement de cloches d'un joli effet, et deux charmants motifs reproduits dans l'ouvrage. Dans le premier acte, on remarque un air de basse d'un beau caractère : C'est un feu qui brûle sans cesse : l'air du ténor, Quand la blanche neige ; un chœur de mineurs, un chœur d'officiers et l'air de soprano, Toit maternel. Au second acte, le chœur des joueurs, la romance du ténor, Ma sentence est prononcée ; le dialogue de la prison et le finale plein d'énergie, offrent des beautés variées et une instrumentation élégante. Des couplets ravissants, Non seulement je suis bossue, dans le troisième acte, ont été bissés à chaque représentation. Mme Ugalde a fait du rôle de Poloska une de ses meilleures créations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DAME DE PIQUE (LA)
[Pikovaïa dama]
Opéra en trois actes et sept scènes, livret de Modeste Illitch Tchaïkovski (frère du compositeur), d'après la nouvelle la Dame de pique d'Alexandre Pouchkine ; version française de Michel Delines ; musique de Piotr Illitch Tchaïkovski (op. 68).
Personnages : Hermann (ténor) ; le Comte Tornsky (baryton) ; le Prince Jeletzky (basse) ; la Comtesse (la « Dame de Pique ») (alto) ; Lisa, sa petite-fille (soprano) ; Pauline, son amie (soprano) ; la Gouvernante (alto) ; Masha, femme de chambre (soprano) ; Cinq petits rôles masculins et chœurs.
Création au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg le 19 décembre 1890.
Résumé.
La scène se passe en Russie, à la fin du XVIIIe siècle. Hermann a la passion funeste du jeu. Sachant qu'une vieille Comtesse, surnommée « la Dame de Pique », connaît un moyen infaillible de gagner aux cartes, il pénètre nuitamment dans sa chambre pour exiger d'elle son secret. La Dame de Pique meurt de frayeur avant d'avoir pu le lui révéler. A la suite de cet évènement, la fiancée de Hermann, Lisa, se noie de chagrin. Le fantôme de la Dame de Pique poursuit Hermann et lui apprend quelles sont les cartes maîtresses qui gagnent à tout coup ; Hermann, sûr de triompher, engage au jeu toute sa fortune. Mais il perd, et se perce le cœur d'un coup de poignard.
Acte I.
1er TABLEAU : Saint-Pétersbourg ; le Jardin d'été.
Une grande animation règne sur la promenade. Deux officiers s'entretiennent de leur camarade Hermann, qu'ils ont vu la veille, sombre et préoccupé. Hermann s'approche, en compagnie du Comte Tornsky, auquel il avoue aimer une jeune personne d'un rang élevé, à la main de laquelle il ne saurait toutefois oser prétendre, vu sa pauvreté. Le Prince Jeletzky, que tous félicitent à l'occasion de ses fiançailles, présente sa fiancée Lisa, qui s'est avancée au côté de la Comtesse, sa grand-mère. Hermann, vivement surpris, reconnaît en Lisa celle qu'il aime.
Lorsque les dames se sont éloignées, Tornsky raconte que la Comtesse, qu'on appelle communément la « Dame de Pique », possède un secret infaillible pour gagner aux cartes. Joueur passionné, Hermann s'intéresse vivement à ce mystère. Il se promet d'arracher Lisa au Prince et en appelle à témoin la tempête qui vient de s'élever.
2e TABLEAU : La chambre de Lisa.
Lisa se trouve en compagnie de ses amies qui chantent et jouent. La Gouvernante entre brusquement et réclame le silence. Les jeunes filles s'éloignent. Demeurée seule, Lisa songe à Hermann. Subitement celui-ci se trouve auprès d'elle. Lisa ne veut d'abord pas l'entendre, mais il menace de se tuer [Air d’Hermann : Pitié, pitié pour ma souffrance…]. Bientôt, sous l'emprise de ses paroles enflammées, Lisa ne se défend plus. L'arrivée de la Comtesse oblige toutefois Hermann à se cacher. Dès que la vieille dame s'est éloignée, il reprend sa déclaration passionnée, jusqu'à ce que Lisa, vaincue, lui avoue, elle aussi, son amour.
Acte II.
3e TABLEAU : Salon dans une riche demeure.
Un bal masqué bat son plein [Entracte et Chœur.] Dès que le Prince se trouve seul avec Lisa, il cherche à connaître les raisons du silence et de la retenue de sa fiancée. Les invités assistent ensuite à la représentation d'une Pastorale. Peu après, Lisa remet discrètement à Hermann la clé de la chambre de la Comtesse, par laquelle il devra passer à minuit, pour la rejoindre dans la sienne. L'entrée solennelle de l'Impératrice clôt ce tableau.
4e TABLEAU : La chambre de la Dame de Pique.
Hermann, toujours possédé du désir de connaître le secret des cartes, s'avance, hésitant. Fasciné par le portrait de la Comtesse dans ses jeunes ans, tel qu'il l'aperçoit au mur, il s'arrête, et se dissimule rapidement quand la vieille dame arrive.
Tandis que la Comtesse se rend dans la pièce voisine, Lisa fait monter la garde par sa femme de chambre. Revenant en toilette de nuit, la « Dame de Pique » s'étend dans un fauteuil. Se remémorant le temps de sa jeunesse, elle chante la Romance de « Richard Cœur de Lion », de Grétry, puis s'endort. Hermann s'avance alors vers elle. La Comtesse se réveille, épouvantée, et s'entend sommer de révéler les trois cartes maîtresses. Son refus met Hermann dans une vive colère ; il la menace de son pistolet. La « Dame de Pique » meurt de frayeur. Lisa, accourue, se jette à ses pieds, repoussant Hermann, dont tout le comportement lui est une déception profonde.
Acte III.
5e TABLEAU : Une chambre de caserne.
[Introduction Symphonique.]
Hermann est en train de lire une lettre de Lisa, dans laquelle celle-ci lui donne rendez-vous au bord du canal de la Néva. Hermann, hanté de pressentiments, entend frapper à la fenêtre. Le fantôme de la morte apparaît à Hermann, lui ordonne d'épouser Lisa et lui désigne les trois cartes, qui sont, dans l'ordre : le 3, le 7 et l'as de pique.
Joyeux de posséder enfin le secret tant désiré, Hermann s'apprête à sortir.
6e TABLEAU : Au bord de la Néva.
Lisa, dans une attente douloureuse, mêlée de doutes, guette l'arrivée de Hermann.
Enfin minuit ayant sonné, Hermann arrive. Lisa se jette dans ses bras. Mais l'esprit du jeune homme est visiblement ailleurs ; il pense toujours au jeu, aux trois cartes. En vain, Lisa s'efforce-t-elle de le retenir ; s'échappant bientôt, brusquement il s'en va. De désespoir, Lisa se précipite dans la Néva.
7e TABLEAU : Une maison de jeu.
Le Prince et les officiers sont là. Tornsky chante un air joyeux. Hermann arrive bientôt, hagard. Il joue très gros jeu sur le 3 et le 7, et gagne [Air d’Hermann : Vivre, aimer...]. Le banquier hésite à continuer, mais le prince décide de tenir l'enjeu. Sûr de gagner Hermann engage tout son gain sur l'as, mais son adversaire abat la dame de pique, fait la levée et ruine du coup Hermann. Le jeune homme, mesurant alors l'étendue de son malheur, se perce le cœur d'un coup de poignard, et meurt en implorant le pardon du Prince. Comme en extase, il croit voir Lisa montant au ciel parmi les anges ; après quoi, il s'effondre sur le sol.
DAME DE TRÈFLE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Charles Clairville et Maurice Froyez, musique d’Émile Pessard, représenté aux Bouffes-Parisiens le 13 mai 1898.
DAME DU LAC (LA)
[la Donna del lago]
Opéra italien en deux actes, livret d’Andrea Leone Tottola (-1831), d’après The Lady of the Lake, poème narratif de Walter Scott, musique de Gioacchino Rossini.
Personnages : Ellen [Elena] (soprano) ; Hubert [James V d’Ecosse] (ténor) ; Roderick Dhu [Roderigo] (ténor) ; Malcolm Groem (mezzo-soprano) ; Archibald Douglas, comte d’Angus (basse) ; Serano, suivant de Douglas (basse) ; Albina, confidente d’Ellen (mezzo-soprano) ; des membres du clan, des chasseurs, des pages, des dames et des gentilshommes de la Cour.
L’action se déroule en Ecosse, dans la première moitié du XVIe siècle.
Première représentation à Naples, Teatro San Carlo, le 24 septembre 1819, avec Isabella Colbran, Rosanna Pisaroni, Giovanni Davide, sous la direction du compositeur.
Représenté en italien le 07 septembre 1824 au Théâtre de l'Opéra de Paris par les artistes du Théâtre-Italien (débuts de Mlle Schiassetti).
« Ce vingt-septième opéra sorti de la plume féconde du compositeur offre des effets d'une fraîcheur incomparable et des mélodies si distinguées qu'elles n'ont pu être comprises et appréciées à la première audition, pas plus le 4 octobre 1819 à Naples, que le 7 septembre 1824 à Paris. Les amateurs n'ont pas tardé cependant à sentir les beautés de ce poétique ouvrage qui, avec Mahomet II, devenu depuis le Siège de Corinthe, marque le point culminant de la seconde manière de Rossini. Le livret a été écrit d'après le roman de Walter Scott, par Tottola, auteur des livrets de Mosè et de Zelmira. La Donna del lago est restée au répertoire pendant plus de trente ans, sans que le parterre s'enthousiasmât pour cette musique si large, si pittoresque, si empreinte de couleur locale. On a donné à l'Opéra-Français un pastiche intitulé Robert Bruce, et dans lequel on a fait passer en grande partie la musique de la Donna del lago. On a applaudi à la scène des bardes ; les chanteurs ont retenu l'air si pathétique Anges, sur moi penchés, et néanmoins Robert Bruce est tombé. La Donna del lago paye avec usure le succès de Guillaume Tell, dans lequel la couleur locale et pittoresque a plus de force et d'éclat. Le duo et le quatuor de Bianca e Faliero ont été introduits dans la partition de la Donna del lago, et y produisent un grand effet. La cavatine O matutini albori, est une des plus charmantes inspirations du Cygne de Pesaro. Nous citerons encore l'air Oh ! quante lagrime, et le magnifique finale du premier acte, avec le chœur des bardes : Già un raggio forier, dont le motif a été porté par les musiques militaires sur tous les points de l'Europe. Dans le second acte, nous mentionnerons le terzetto, qui est rempli des accents les plus dramatiques ; l'air avec chœur, Oh ! si pera ! Il n'y a rien de plus beau dans Sémiramis ; et enfin l'andante d'Elena, Tanti affetti.
Sous le titre « la Dame du Lac », il fut transformé en opéra en quatre actes, paroles de d'Epagny, Auguste Rousseau et Horace Buisson, musique de Rossini, arrangée par Lemière de Corvey, représenté à l'Odéon le 31 octobre 1825. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DAME DU PESAGE (LA)
Opérette en trois actes, livret d’André Leroy, musique d’Henri Hirchmann, créée au Théâtre Michel à Paris le 24 mai 1924 avec Mlles Marguerite Moussy, G. Charley, MM. Boucot, Girier.
« M. Lamairesse surpris à Deauville par sa femme fait passer sa maîtresse pour la femme du baron de la Feuilletière. Celui-ci, qui faisait déjà la cour à Lucette, en profite pour pousser la chose, et finit par passer la nuit avec elle sous le toit même de Lamairesse. La musique de Henri Hirchmann est pleine d'esprit et parfois de mélancolie ; l'orchestre est réduit au quintette à cordes et à quelques instruments à vent. »
(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1924)
DAME EN DÉCOLLETÉ (LA)
Comédie musicale en trois actes, d'Yves Mirande et Lucien Boyer, musique de Maurice Yvain. Création aux Bouffes-Parisiens le 22 décembre 1923 avec Mmes Marthe Davelli (Lucette de Verneuil), Beylat (Liane), Danville (Mme du Pas de Vis), Harel (Mlle Pauphilat) ; MM. Dranem (Girodo), Bacoux (Gercouet), Lueville (M. du Vélin), Hemdey (M. du Pas de Vis).
« Une jeune veuve, Lucette de Verneuil, fiancée à un jeune conseiller d'Etat, Georges, mais dépourvue d'argent, fait vendre une petite maison, reste de sa fortune. Le clerc de notaire Girodo joue et perd l'argent qu'il devait remettre à sa cliente ; Lucette, jetée hors de chez elle par ses créanciers, n'ayant plus qu'une robe décolletée, échoue dans un cabaret montmartrois ; son fiancé l'y rencontre et rompt, mais tout s'arrange grâce à l'indulgence du père de Georges. Sur cet aimable sujet, Maurice Yvain a écrit une musique qui n'est pas seulement agréable et entraînante mais qui vise aussi à un style soigné. »
(Larousse Mensuel Illustré, février 1926)
DAME INVISIBLE (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Daudet et Randon, musique de Boieldieu, représenté à Saint-Pétersbourg en 1808.
DAME JEANNE
Parodie en vaudevilles, en un acte, livret de Jean-Baptiste Radet, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 juin 1783.
DAME VOILÉE (LA) ou L’ADRESSE ET L’AMOUR
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph-Alexandre de Ségur, musique de Bernardo Mengozzi. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 novembre 1799.
DAMES-CAPITAINES (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret de Mélesville, musique de Napoléon Henri Reber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 03 juin 1857, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Caroline Duprez (Angélique de Bouteville), Hermance Revilly (la princesse de Hauteroche), Léocadie Lemercier (Jeannette), MM. Jules Barbot (Gaston de Marigny), Charles Couderc (le marquis de Guitaut), André Jules Beckers (D'Epernay), Sainte-Foy (Fritz Bischoff), Lejeune (un espion), Charles François Duvernoy (un échevin), Coutans (un officier). => partition
« L'action se passe au temps de la Fronde ; la duchesse de Châtillon en est l'héroïne. C'est un tissu d'invraisemblances sans intérêt. C'est une véritable infortune pour un compositeur que d'avoir eu à traiter un tel livret. M. Reber a déployé beaucoup de savoir, de goût, d'habileté, dans la partition, sans pouvoir triompher des situations ingrates du poème, si poème il y a. On a remarqué l'ouverture militaire, le refrain de Bischoff : Vive le vin du Rhin ! le finale bien rythmé du premier acte ; dans le second, le joli duo de Guitaut et de la duchesse, les couplets de Gaston avec accompagnement de harpe, et dans le troisième acte, un petit trio. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DAMÈTE ET ZULMIS
Opéra en un acte, paroles de Desriaux, musique de Mayer, représenté à l'Académie royale de musique le 02 juillet 1780, à la suite de Laure et Pétrarque, de Candeille. Il partagea le sort de ce dernier ouvrage et n'eut aucun succès.
« Antoine Mayer était d'origine bohémienne. Son opéra retouché fut repris le 24 septembre 1780 ; on en goûta la musique, mais le poème ne réussit pas mieux sous sa seconde que sous sa première forme. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DAMNATION DE BLANCHEFLEUR (LA)
Miracle en deux actes, livret de Maurice Léna, musique d’Henry Février, représenté à l’Opéra de Monte-Carlo le 08 mars 1920, avec Marguerite Carré et Vanni-Marcoux.
« Il n'est pas nécessaire de remonter bien haut pour se documenter sur la Damnation de Blanchefleur. Le poème n'a de commun avec le fabliau de Flor et Blancheflor chanté par les troubadours, que l'époque où il se déroule, le XIIe ou XIIIe siècle... Il a été créé à l'Opéra de Monte-Carlo, par Mme Marguerite Carré, le 9 mars 1920. C'est un « miracle » d'amour, en deux actes et trois tableaux, et à la manière de Grisélidis. La musique est d'Henry Février, le compositeur de Carmosine. Le livret, parfaitement bien écrit en prose rythmée par Maurice Lena, l'adaptateur du Jongleur de Notre-Dame, a été couronné par l'Académie Française, comme l'ouvrage tout entier par l'Académie des Beaux-Arts. L'auteur semble avoir trouvé la formule de ce parfum qui se dégage, dans les meilleures traductions, du doux « Cantique des Cantiques ».
***
Le baron féodal Thierry, au retour de la Palestine, rêve dans son maussade château-fort des nuits voluptueuses d'Orient, et il exprime ses regrets en hyperboles empruntées à la phraséologie de ce pays-là. Et cependant, son épouse chrétienne, la chaste Blanchefleur, se désole ; son maître et seigneur a laissé s'échapper dans un demi-sommeil le nom d'une rivale : Djamina, dont le souvenir charnel le dévore... que faire ! Les cieux semblent demeurer sourds à la fervente prière dans laquelle elle s'abîme ; et le baron la repousse. Tout à coup, une inspiration du démon, par le truchement des « Voix infernales », vient lui suggérer le moyen de ramener à elle son mari : il faut qu'elle se fasse une âme de courtisane pour sauver celle de Thierry, et c'est en se damnant elle-même qu'elle rachètera son bien-aimé, promis aux flammes de l'Enfer.
Comme dans un songe, Blanchefleur sent s'accomplir en tout son être une lente métamorphose... Servie par des « démones » secondaires, elle va, peu à peu, se transformer elle-même en « Djamina » la courtisane... C'est dans cet appareil lascif qu'elle vient s'offrir derechef aux caresses de l'adultère... Mais son cœur est demeuré pur.
Dieu, touché de son sacrifice, va lui ouvrir le Paradis et, dans le même temps, les bras de l'infidèle — qui, désormais, ne méconnaîtra plus sa femme et le respect qui lui est dû. Mais, consumée par les feux de l'amour, Blanchefleur ne saurait jouir longtemps de son bonheur retrouvé. Sa tâche est remplie :
Pour te sauver, je m'offrais à l'Enfer...
Et voilà que mon âme, où s'éveille une aurore,
Va monter, je le sens, au doux pays du Ciel.
Le baron ne veut pas être en reste de générosité, et refuse de lui survivre... et c'est dans un baiser d'époux qu'ils s'envolent, unis, vers l'éternité de tendresse.
***
Mesdames, oyez cette parabole ; pénétrez-en bien le sens symbolique et entendez l'allégorie... Vous apprécierez la recette pour reconquérir le bien conjugal — et en ferez votre profit, à la consomption près. Ainsi soit-il. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
DAMNATION DE FAUST (LA)
Légende dramatique en quatre parties et dix tableaux, livret de Hector Berlioz, Gérard de Nerval et G. Almire Gandonnière, d’après le Faust de Goethe traduit en français par Gérard de Nerval, musique de Hector Berlioz.
Personnages : Marguerite (soprano) ; Faust (ténor) ; Méphistophélès (basse) ; Brander (basse) ; Chœurs des étudiants, soldats, damnés, démons, princes des ténèbres, anges, séraphins.
Création en oratorio au Théâtre National de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 06 décembre 1846, avec Mme DUFLOT-MAILLARD (Marguerite), MM. Gustave ROGER (Faust), HERMANN-LÉON (Méphistophélès), HENRY (Brander), sous la direction de Hector BERLIOZ.
L'œuvre est exécutée en 1847 à Saint-Pétersbourg, Moscou, Riga et Berlin. Deux parties de l’œuvre sont dirigées par Berlioz, le 07 février 1848, à Londres (Drury Lane).
Première fois au théâtre, dans l'adaptation scénique en cinq actes et dix tableaux de Raoul Gunsbourg, à l'Opéra de Monte-Carlo, le 18 février 1893 :
Mme Rose CARON (Marguerite).
MM. Jean de RESZKE (Faust), Maurice RENAUD (Méphistophélès), ILLY (Brander).
Chef d'orchestre : Léon JEHIN
Repris à Monte-Carlo, en mars 1902, avec Melba, Jean de Reszké et Maurice Renaud.
Première fois au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier), en oratorio, le 21 février 1897 avec :
Mme Lucienne BRÉVAL (Marguerite).
MM. VAGUET (Faust), FOURNETS (Méphistophélès), PATY (Brander).
Chef d'orchestre : Paul VIDAL
Premières fois en version scénique, dans l'adaptation de Raoul Gunsbourg, à Paris, au Théâtre Sarah-Bernhardt, le 07 mai 1903 ; à Bruxelles, au Théâtre Royal de la Monnaie, le 21 février 1906 ; à New York, au Metropolitan Opera, le 07 décembre 1906 ; à Rouen, au Théâtre des Arts, le 14 février 1908.
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THEATRE SARAH -BERNHARDT 07.05.1903 |
BRUXELLES 21.02.1906 |
NEW YORK 07.12.1906 |
ROUEN 14.02.1908 |
Marguerite |
Emma CALVÉ |
F. ALDA |
FARRAR |
D’HEILLSON |
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Faust |
Emile CAZENEUVE |
DALMORÈS |
ROUSSELIERE |
AUDOIN |
Méphistophélès |
M. RENAUD |
ALBERS |
PLANÇON |
DANSE |
Brander |
CHALMIN |
BELHOMME |
CHALMIN |
MILLAT |
Chef d’orchestre |
E. COLONNE |
S. DUPUIS |
A. VIGNA |
STEVENS |
Au Palais Garnier cependant, l’œuvre reparaissait le 29 avril 1906 en oratorio, avec Mme BREVAL (Marguerite), MM. PLAMONDON (Faust), DELMAS (Méphistophélès), NIVETTE (Brander), sous la direction de Felix WEINGARTNER.
Première fois en version scénique au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 10 juin 1910, adapté à la scène par Raoul Gunsbourg en cinq actes et dix tableaux ; mise en scène de Paul Stuart ; décors de Rochette et Landrin (actes I et III, 1er, 4e et 5e tableaux de l'acte V), Georges Mouveau et Demoget (actes II et IV, 2e et 3e tableaux de l'acte V) ; costumes de Joseph Pinchon ; chorégraphie de Mme Stichel.
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10.06.1910* 6e |
11.02.1919 44e |
23.05.1919 50e |
28.02.1921 69e |
28.01.1923** (matinée) |
24.10.1923*** 86e |
10.03.1924 90e |
21.03.1924 91e |
12.05.1924 93e |
22.03.1933 110e |
20.05.1933**** 103e |
Marguerite |
GRANDJEAN |
Marthe CHENAL |
LUBIN |
LUBIN |
LUBIN |
DEMOUGEOT |
VALLIN |
VALLIN |
VALLIN |
Marisa FERRER |
Germaine LUBIN |
une Voix | LUMIÈRE | ||||||||||
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Faust |
FRANZ |
LAFFITTE |
FRANZ |
DARMEL |
ANSSEAU |
LAFFITTE |
FRANZ |
LAFFITTE |
FRANZ |
Georges THILL |
Georges THILL |
Méphistophélès |
RENAUD |
RENAUD |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
VANNI-MARCOUX |
PERNET |
PERNET |
Brander |
CERDAN |
CHALMIN |
CERDAN |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
le Récitant |
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MAHIEUX |
MAHIEUX |
MAHIEUX |
MAHIEUX |
MAHIEUX |
MAHIEUX |
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FROUMENTY |
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Chef d’orchestre |
H. RABAUD |
RÜHLMANN |
CHEVILLARD |
CHEVILLARD |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
GAUBERT |
GAUBERT |
* Autres chanteurs : MM. GONGUET, REVOL, VARELLY, REY, Michel EZANNO, CHAPPELON.
Danse : Mlles G. Couat, Barbier, Meunier, Billon, Johnsson, Urban, L. Piron, De Moreira, H. Laugier, Cochin, Sirède, Lozeron, B. Marie, Mouret, M. Lequien, S. Kubler, J. Laugier, Even, Soutzo, Poncet.
** Danse : Mlles Lamballe, Lerville, Rolla, Marionno, Brévier, Constant, Morardet, G. Aveline. Alto solo : Maurice VIEUX.
*** Danse : Mlles Zambelli, Lerville, Rolla, Marionno, Brévier, Constant, Mararht, G. Aveline, Emounet.
**** Danses : MM. Legrand, Pelletier, Ponti, Sauvageau, Tcherkass, Efimoff, Domansky.
Pour la reprise du 22 mars 1933, mise en scène de Pierre Chereau ; chorégraphie de Mlle Bourgat ; décors de M. Etienneret, exécutés par M. Darlot, projections lumineuses d'Ernest Klausz (Eger, Hongrie, 1898 - Paris, 1970).
"L'intérêt de cette reprise réside dans la mise en scène. M. J. Rouché a fait appel à la projection, ce qui a permis de donner l'idée de chevauchées fantastiques et de flammes infernales." (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
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07.10.1933 112e |
12.10.1934 125e |
26.09.1936* 145e |
01.06.1940 200e |
15.05.1944 203e |
21.09.1947** 240e |
31.05.1948
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Marguerite |
Marisa FERRER |
Ninon VALLIN |
Germaine MARTINELLI |
Marisa FERRER |
Marisa FERRER |
Giselle DESMOUTIERS |
Suzanne JUYOL |
une Voix |
LUMIÈRE | LUMIÈRE |
Antoinette COUVIDOUX |
Antoinette COUVIDOUX |
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Faust |
Georges JOUATTE |
Georges JOUATTE |
Georges JOUATTE |
Georges JOUATTE |
Georges JOUATTE |
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Méphistophélès |
André PERNET |
Paul CABANEL |
José BECKMANS |
André PERNET |
Pierre SAVIGNOL |
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Brander |
PACTAT |
NARÇON |
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André PHILIPPE |
Henri MÉDUS |
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le Récitant |
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FOREST |
CAMBON |
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PETITPAS |
PETITPAS |
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Chef d’orchestre |
Philippe GAUBERT |
Philippe GAUBERT |
Paul PARAY |
Paul PARAY |
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Louis FOURESTIER |
Robert BLOT |
* Audition en concert donnée au Théâtre Sarah-Bernhardt avec les choeurs et orchestre de l'Opéra.
** Décors de M. Etienneret, exécutés par M. Darlot, projections lumineuses d'Ernest Klausz.
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02.12.1948
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25.11.1950 300e |
13.03.1953
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10.12.1956 331e |
17.01.1957
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11.03.1957
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11.10.1959 353e |
Marguerite |
Adine YOSIF |
MAS |
Suzanne JUYOL |
SARROCA |
Rita GORR |
Gisèle DESMOUTIERS |
SARROCA |
une Voix |
Antoinette COUVIDOUX |
Jeannine FOURRIER | |||||
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Faust |
Georges JOUATTE |
FRONVAL |
Raoul JOBIN |
Paul FINEL |
Paul FINEL |
Paul FINEL |
Paul FINEL |
Méphistophélès |
Pierre SAVIGNOL |
SANTANA |
Pierre SAVIGNOL |
Pierre SAVIGNOL |
Pierre SAVIGNOL |
Pierre SAVIGNOL |
Pierre SAVIGNOL |
Brander |
Henri MÉDUS |
PHILIPPE |
Henri MÉDUS |
PACTAT |
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Henri MÉDUS |
CHAPUIS |
le Récitant |
PETITPAS |
PETITPAS |
Charles CAMBON |
Michel FOREL |
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Michel FOREL |
Michel FOREL |
Chef d’orchestre |
INGHELBRECHT |
FOURESTIER |
FOURESTIER |
FOURESTIER |
FOURESTIER |
Pierre DERVAUX |
Pierre DERVAUX |
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Marguerite : Mmes DEMOUGEOT (1910), BOURDON (1910), TECLAR (1913), KIRSCH (1913), BUGG (1919), BERTHON (1919), DAUMAS (1919), LEROY (1919), HATTO (1919), ISNARDON (1921), CESBRON-VISEUR (1924), GALL (1924), HOERNER (1934), MARTINELLI (1936), BUNLET (1937), GILLY (1939), VERON-GRUNWALD (1939), COURTIN (1939), JUYOL (1944), DESMOUTIERS (1947), YOSIF (1947), CHAUVELOT (1948), Mireille SABATIER (1952), GORR (1957), RHODES (1958), MONMART (1958), CRESPIN (1959).
Faust : MM. ALTCHEWSKY (1910), DUBOIS (1910), Robert LASSALLE (1912), FONTAINE (1913), SULLIVAN (1920), DARMEL (1921), ANSSEAU (1923), Eric AUDOIN (1923), GRANAL (1924), MAISON (1933), SAINT-CRICQ (1933), DE TREVI (1933), LUCCIONI (1934), ROUQUETTY (1939), KRIFF (1939), RIALLAND (1950), JOBIN (1952), VERDIERE (1952), CHAUVET (1959).
Méphistophélès : MM. DANGES (1910), MARVINI (1911), JOURNET (1913), CERDAN (1914), VANNI-MARCOUX (1924), BECKMANS (1937), SINGHER (1939), ETCHEVERRY (1945), Roger RICO (1947), CLAVERIE (1949), VAILLANT (1957).
353 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Le texte de la « Damnation de Faust » est formé de fragments épars, qui font allusion ou se rapportent plus ou moins directement à certains épisodes caractéristiques du « Premier Faust » de Goethe. Les sous-titres des actes précisent le contenu de chacun d'eux.
La scène se passe en Allemagne et dans la plaine hongroise, au moyen âge.
ACTE I. — (« La Gloire »). — Une galerie ouverte avec vue sur la campagne.
Faust est seul, monologuant tristement [Air de Faust : Le vieil hiver a fait place au printemps...]. Des villageois chantent et dansent au lever du jour sur la pelouse, puis de guerrières rumeurs commencent à troubler le calme de la scène pastorale. Une armée s'avance ; Faust assiste à un défilé militaire aux accents de la célèbre marche de Rackoczy [Marche Hongroise].
ACTE II.
1er TABLEAU : « La Foi ». — Le Cabinet de travail de Faust.
Faust, toujours seul, sombre dans le désespoir et va s'empoisonner quand retentit un hymne de Pâques [Chœur : Christ vient de ressusciter !...]. Faust, ému, laisse échapper la coupe de ses mains. Méphistophélès apparaît, et lui propose un pacte par lequel Faust lui livrera son âme si Méphistophélès parvient à lui faire croire au bonheur. Faust accepte.
2e TABLEAU : « Le Jeu, la Boisson ». — La Cave d'Auerbach, à Leipzig.
Méphistophélès introduit Faust dans un lieu répugnant de basse débauche. Brander, à l'invite de ses compagnons, entonne la chanson du rat [Chanson de Brander : Certain rat, dans une cuisine...], puis les buveurs improvisent une Fugue sur le thème de la chanson de Brander. Méphistophélès intervient [Chanson de Méphistophélès : Une puce gentille...]. Faust, écœuré, s'enfuit.
ACTE III. — « L'Amour sensuel ». — Une vallée enchanteresse.
Le tableau s'ouvre par un Prélude Symphonique, tandis que des gnomes et des sylphes évoluent autour de Faust rajeuni, couché dans un lit de roses [Ballet des Gnomes et des Sylphes]. Faust s'éveille et demande à Méphistophélès de le conduire auprès de celle dont il a vu l'image en rêve.
ACTE IV. — « L'Amour idéal ». — A gauche, la chambre de Marguerite. A droite, la rue avec l'entrée de l'église.
Des soldats et des étudiants passent [Chœur de Soldats et d’Etudiants : Villes entourées de murs et de remparts... Jam vox stellata velamina pandit...].
Méphistophélès introduit Faust chez Marguerite, Caché, Faust voit arriver la jeune fille [Récit de Marguerite : Que l'air est étouffant... et Chanson Gothique : Autrefois, un roi de Thulé...]. Marguerite s'endort ; Méphistophélès ordonne à ses Follets de lui troubler les sens [Menuet des Follets], puis une scène fantastique se déroule devant l'église où Marguerite essaie d'entrer, repoussée chaque fois par Méphistophélès. Finalement, elle tombe sur les marches et la vision s'évanouit. Méphistophélès chante la sérénade [Sérénade de Méphistophélès : Devant la maison de celui qui t'adore...], puis Faust se fait voir à Marguerite. Scène d'amour interrompue par Méphistophélès annonçant l'arrivée de la mère de Marguerite et des voisins qui l'ont ameutée [Trio : Je connais donc enfin...].
ACTE V.
1er TABLEAU : La Chambre de Marguerite.
Marguerite songe au bien-aimé qui l'a abandonnée [Romance de Marguerite : D'amour l'ardente flamme...]. On entend dans le lointain des soldats et des étudiants qui passent.
2e TABLEAU : Un paysage désolé et sauvage.
Faust invoque romantiquement la Nature, qui seule donne trêve à son ennui sans fin [Invocation de Faust : Nature immense, impénétrable et fière...].
Méphistophélès, gravissant les rochers, s'approche et narre à Faust le triste sort de Marguerite en prison, abandonnée par lui et condamnée à mort pour avoir empoisonné sa mère en abusant du narcotique dont elle se servait pour l'endormir durant leurs entretiens amoureux. Pour la sauver, Faust signe le pacte qui le liera à l'Enfer pour l'éternité et part au secours de Marguerite avec Méphistophélès, en chevauchant de noirs chevaux.
[Interlude Symphonique : « La course à l'abîme ».]
3e TABLEAU : L'Enfer.
Méphistophélès, ralliant les cohortes infernales, proclame sa victoire. Faust, tombant dans le gouffre, est livré aux flammes. Pandaemonium [Chœur de Démons : Has ! Has ! Tradioun narexil...].
EPILOGUE.
4e TABLEAU : Sur la terre.
Le chœur frissonne au mystère d'horreur qui s'est accompli dans les profondeurs du gouffre.
5e TABLEAU : Dans les hauteurs célestes.
C'est l'Apothéose de Marguerite, dont l'âme naïve, égarée par l'amour, remonte maintenant au ciel.
« Cet ouvrage a été exécuté dans la salle de l'Opéra-Comique le 6 décembre 1846. Cette œuvre appartient au genre descriptif et a été conçue sous l'influence des idées de la nouvelle école allemande. Des musiciens supérieurs comme M. Berlioz peuvent tirer un grand parti de cet étrange système, qui consiste à considérer comme non avenues les règles de la composition musicale établies successivement par les maîtres italiens et allemands des trois derniers siècles, parce qu'il ne peut se soustraire toujours ni entièrement aux conséquences de son éducation musicale et du milieu dans lequel il vit, et qu'il se retrouve à son insu, tout en protestant, sur la grande route et en bonne compagnie. Mais dans quel labyrinthe, au fond de quelles ténèbres ne nous conduiraient pas les sectateurs médiocres de cette doctrine romantique, aussi éloignée du sentiment de la nature que du pur idéal ? Les poètes et les littérateurs qui se sont fait une légitime réputation depuis 1830 la doivent à un mérite d'autant plus grand, plus personnel, plus exceptionnel, que les nuages et les travestissements bizarres dont ils se sont affublés ne l'ont pu obscurcir ni étouffer. Tout peindre, tout exprimer avec le plus de réalité possible, photographier les impressions morales, dissiper la pénombre qui enveloppe toujours un peu les sentiments humains, encombrer le tableau d'une foule de détails accessoires et minutieusement indiqués, tel est le point de départ et le programme de la symphonie romantique. C'est une hérésie matérialiste au fond. Mais il ne suffit pas de formuler un programme, il faut l'exécuter, et c'est ici que se manifeste une contradiction bien singulière. Nos musiciens se mettent à l'œuvre. Ils répudient comme insuffisant l'héritage de Haydn, de Mozart, de Gluck et de Beethoven. Ils sont si riches de leur propre fonds ! Ils démolissent l'édifice harmonique, et quand tous les matériaux sont à leurs pieds, ils tentent de le reconstruire d'après un nouveau plan. Mais ils négligent de numéroter les pierres, de sorte qu'au lieu de la vérité d'expression, ils trouvent l'hyperbole ; ils remplacent les contrastes naturels par des antithèses outrées, et ils font de la lumière sereine un jour blafard. Ils substituent à l'idiome de l'art, à la langue sacrée, un vocabulaire polyglotte dont ils possèdent seuls la clef. Les tonalités sont décousues, les relations et les affinités détruites : c'est le chaos. M. Berlioz, comme nous l'avons dit plus haut, s'est dégagé maintes fois de ces obscures théories, et, dans sa Damnation de Faust, dans son oratorio de l'Enfance du Christ, et surtout dans la plus grande partie de l'opéra des Troyens, il a écrit des morceaux d'un goût exquis, dans lesquels l'originalité n'exclut pas la parfaite satisfaction de l'oreille, de l'intelligence et du cœur. Afin que le lecteur se rende compte du but que s'est proposé le compositeur dans l'ouvrage dont il est ici question, nous en reproduisons le livret.
Première partie : les Plaines de Hongrie, pastorale ; Faust seul, ronde de paysans ; chœur, récitatif ; Marche hongroise (orchestre seul).
Deuxième partie : Faust dans son cabinet de travail, récitatif sur une fugue instrumentale ; Hymne de la fête de Pâques, chœur ; récitatif. Cave de Leipzig, chœur de buveurs ; chanson de Brander, ivre ; chanson de Méphistophélès. — Bosquets et prairies du bord de l'Elbe. Sommeil de Faust ; chœur de sylphes et de gnomes ; ballet des sylphes ; récitatif ; chœur de soldats ; chanson latine d'étudiants ; la chanson et le chœur ensemble.
Troisième partie : Retraite militaire (orchestre seul) ; Faust dans la chambre de Marguerite, air ; le Roi de Thulé, chanson gothique ; Marguerite seule ; récitatif de Méphistophélès ; Devant la maison de Marguerite ; évocation ; danse de follets (orchestre seul) ; sérénade de Méphistophélès ; finale : duo, trio, chœur (Marguerite, Faust, Méphistophélès, bourgeois et artisans).
Quatrième partie : air : Marguerite seule ; récitatif mesuré avec le chœur des soldats et la retraite. — Forêts et cavernes, Faust seul ; Invocation à la nature ; récitatif de Méphistophélès (chasse lointaine); la course à l'abîme (Faust et Méphistophélès, chœur et orchestre) ; pandæmonium ; chœur infernal ; épilogue (sur la terre et dans le ciel) ; récitatif à six voix ; chœur d'esprits célestes ; apothéose de Marguerite.
Les morceaux les plus remarquables de cette épopée sont : la Marche hongroise, le duo : Ange adoré dont la céleste image, la sérénade de Méphistophélès, l'air de Marguerite au rouet et le chœur des esprits célestes. L'ouvrage a été interprété par Roger, Hermann-Léon, Henri, Mme Duflot-Maillard et deux cents musiciens dirigés par M. Berlioz en personne. L'exécution de cet ouvrage vient d'obtenir à Vienne, en 1866, un succès extraordinaire qui a dû dédommager le compositeur de l'insuccès immérité de ses Troyens. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C’est encore l'œuvre la plus connue de l'auteur des Troyens, et elle était plus difficile à réaliser scéniquement. — Berlioz ne l'avait pas destinée au théâtre ; il nous apprend, dans ses « Mémoires », qu'il commença pendant un voyage en Autriche, en Hongrie et en Bohême, la composition de la « Légende de Faust » dont il ruminait le plan depuis longtemps et qu'il acheva à Paris.
Déjà, en 1828, on avait songé à lui pour écrire la partition d'un livret élaboré sur ce sujet par M. Bohain et reçu par la direction de l'Opéra. Mais le projet n'aboutit point. Peu après, Berlioz fut tenté de mettre en musique des fragments de la traduction française du Faust de Goethe, par Gérard de Nerval. Certains morceaux étaient rimés, que le compositeur réunit d'abord sous le titre de « Huit scènes de Faust ». Ce sont : les Chants de Pâques ; les Paysans sous les tilleuls ; le Concert des Sylphes ; Echo de joyeux compagnon ; Chanson de Méphistophélès ; le Roi de Thulé ; Romance de Marguerite et Chœur des Soldats ; Sérénade de Méphistophélès.
Là-dessus, Berlioz, comprenant les difficultés de la réalisation dramatique, avait abandonné son opéra. Ce n'est qu'une vingtaine d'années après qu'il y revint, au cours du voyage décrit par lui. Mais, ne voulant pas s'astreindre à suivre servilement le texte et le plan de Goethe, il fit appel, pour le remaniement du scénario, à la collaboration de Gandonnière, qui ne dut le satisfaire qu'à demi, car il finit par se résoudre à écrire lui-même presque tout le livret. Des critiques allemands le lui ont violemment reproché, comme un sacrilège... Mais il soutient, non sans quelque raison, qu'il y a d'autres « Faust » que celui de Goethe, ne fût-ce que celui de Marlowe, et l'opéra de Spohr.
Il rimailla d'abord « Invocation à la Nature » puis, au hasard de ses déplacements, se mit à composer, à combler des lacunes... « L'Hiver a fait place au Printemps » fut écrit à Passau ; la scène des bords de l'Elbe, à Vienne ; l'air de Méphistophélès et le Ballet des Sylphes, à Pesth, « à la lueur du bec de gaz d'une boutique » ; la « Ronde des Paysans », en errant dans les rues. A Breslau, la « Chanson des Etudiants ». A Prague, il se lève au milieu de la nuit pour noter le Chœur des Anges de l'Apothéose, qu'il tremblait d'oublier... De retour en France, il compose près de Rouen, à la campagne, chez le baron de Montville, le grand trio « Ange adoré... ». Le reste a été écrit à Paris, toujours à l'improviste, à domicile ou au café, au Jardin des Tuileries « et jusque sur une borne du boulevard du Temple ».
Mentionnons toutefois que la célèbre « Marche hongroise », sur le thème de Rackoczy, fut composée en une nuit à Vienne, et que l'effet extraordinaire qu'elle produisit à Pesth engagea Berlioz à l'introduire dans la partition de Faust.
Il nous dépeint ensuite les difficultés de l'exécution — les frais énormes nécessités par l'orchestration, les répétitions, la location de l'Opéra-Comique — l’insuffisance de l'interprétation, considérée à cette époque comme « non fashionable »... Deux représentations furent données en novembre et décembre 1846, devant une demi-salle, assez indifférente. Berlioz, qui considérait cet ouvrage comme l'un des meilleurs qu'il eût produits, en souffrit au point de considérer le succès de telle de ses œuvres postérieures comme calomnieux pour la précédente ! Les amitiés qu'il s'était faites, et l'aide généreuse et désintéressée qu'il en reçut le consolèrent : il s'est fort noblement exprimé là-dessus.
***
Il faut bien dire que Berlioz n'avait pas eu, beaucoup plus que ses interprètes, foi en la réussite à proprement parler théâtrale d'une œuvre qui comportait des changements de tableaux aussi shakespeariens, et déjà presque « loïe-fulleresques », à une époque où l'on se souciait assez peu des complications de la machinerie. C'est surtout en vue des concerts qu'il l'avait écrite ; et ce sont les Concerts du Châtelet qui l'ont lancée ; cent vingt auditions sous les auspices de M. Edouard Colonne n'en épuisèrent pas le succès. M. Raoul Gunsbourg songea le premier à tenter la remise en scène de la légende dramatique, et c'est en février 1893 qu'il s'y risqua dans de fort honorables conditions sur le petit théâtre de Monte-Carlo. Dix ans après, le 7 mai 1903, M. Gunsbourg confiait à Edouard Colonne, le véritable inventeur de la Damnation de Faust, la direction musicale de l'opéra de Berlioz monté soigneusement au théâtre Sarah-Bernhardt où Renaud, Alvarez et Mme Emma Calvé interprétaient Méphistophélès, Faust et Marguerite. Enfin, le même Renaud et Mme Louise Grandjean recréaient en quelque sorte le chef-d'œuvre à l'Académie nationale de musique le 10 juin 1910.
Nous avons fait assez d'allusions aux différents détails du scénario pour n'avoir pas besoin de donner à nouveau l'analyse de cette Légende : La « Taverne d'Auerbach » où l'on entend les chansons du Rat et de la Puce, et un « Amen » d'opéra-bouffe ; les danses des Sylphes et des Follets ; la fantastique « Course à l'Abîme », nous éloignent assez sensiblement du classique Faust de Gounod.
Toutes proportions musicales gardées, nous connaissons beaucoup de bons esprits qui recevront toujours un plaisir plus tranquille du spectacle de celui-ci, et qui donneraient tous les Opéras pour son immortel trio final : « Anges purs, anges radieux... »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
« Berlioz avait écrit sa Damnation pour le concert, et fragmentairement, composant un morceau par ci, un morceau par là. Qu'il n'ait pas eu en vue la représentation scénique ressort visiblement de la lecture du texte, lequel ne constitue pas une pièce. Pour la mettre à la scène, des suppressions, des additions, des interversions ont été nécessaires, et le résultat n'est encore pas très dramatique. Nous ne faisons pas ici la critique de l'œuvre de M. Gunsbourg, mais sa description : le public tirera lui-même ses conclusions.
La « légende dramatique » a été découpée en cinq actes et dix tableaux, auquel l'arrangeur a donné des sous-titres. Le premier acte, qui est sous-titré « La Gloire », montre Faust dans une galerie ouverte, avec vue sur la campagne et sur une forteresse lointaine. Il monologue tristement, entend des chants de paysans, assiste à des jeux et des danses, enfin à un défilé militaire et à une cérémonie patriotique et guerrière, aux sons de la célèbre marche hongroise de Rackoczy.
Au second tableau (La Foi), Faust est toujours seul, mais cette fois dans son cabinet de travail. Il monologue encore et s'apprête à s'empoisonner lorsqu'éclate le chant de Pâques. Au même instant, le fond de sa chambre disparaît et laisse voir la vaste nef d'une église pleine de fidèles. Le poison échappe à ses mains tremblantes et les larmes jaillissent de ses yeux, tandis que la vision s'éteint. Apparaît l'éternel railleur, Méphistophélès, qui propose au docteur le pacte fatal : il s'engage à le faire croire au bonheur ; s'il réussit, Faust est à lui. Sa proposition est acceptée et la scène change à vue.
Nous sommes dans la cave d'Auerbach, à Leipzig (3me tableau : Le Jeu, la Boisson). Scène ignoble de basse et répugnante débauche, avec la fameuse « Chanson du rat », dite par Brander, et la « Chanson de la puce », dite par Méphisto. Berlioz y a ajouté un « Amen » grotesque en style fugué. Toute cette scène a écœuré Faust, qui s'enfuit.
Le troisième acte débute par un exquis prélude symphonique, tandis que des gnomes et des sylphes évoluent autour de Faust rajeuni, endormi dans une vallée de roses. C'est ici que l'image de Marguerite lui apparaît en songe. Ballet de sylphes, puis Faust s’éveille et demande à Méphisto de le conduire auprès de l'ange dont il vient d'avoir la merveilleuse vision. Cet acte se prête à une mise en scène admirable.
Le quatrième acte a pour sous-titre : « L'amour idéal ». C'est l'acte de Marguerite. La scène, coupée dans le sens de la largeur, montre à gauche la chambre de Marguerite, avec portes donnant sur le jardin et sur la rue ; au milieu une rue ; à droite enfin le porche d'une église. Au lever du rideau, des soldats et des étudiants envahissent la place et la rue en chantant, puis ils s'éloignent. Arrivent Méphisto et Faust. Méphisto ouvre la porte de Marguerite à son compagnon et s'éloigne. On entend la retraite au loin. Faust s'attendrit en face de ce milieu qui respire le calme et l'innocence. Entre brusquement Méphisto, annonçant l'arrivée de la jeune fille. Il se retire tandis que Faust sort par la porte du jardin. Entre Marguerite, qui chante la chanson du « Roi de Thulé », puis s'endort. Pendant qu'elle repose, une scène fantastique se déroule dans la rue, devant sa maison. Méphisto a rassemblé ses follets et leur ordonne de charmer Marguerite, pour qu'elle aille, impuissante, à sa perte. Pendant le ballet, toute une scène est mimée devant l'église, représentant le « rêve de Marguerite ». Celle-ci arrive comme pour entrer à l'église ; Méphisto l'empêche de passer à chaque tentative qu'elle fait. Elle recule en apercevant le maudit. Il lui fait alors apparaître Faust dans un des piliers de l'église. Par moments, une grande croix s'éclaire au-dessus du porche et Méphisto se cache sous le pan de son manteau. Finalement, la pauvre enfant tombe inanimée sur les marches du temple. La vision disparaît ; Marguerite est toujours endormie dans son fauteuil.
C'est alors que Méphisto chante la fameuse sérénade, que les follets soulignent de rires stridents ; puis la rue se vide et l'attention se porte sur la chambre de Marguerite où se déroule la grande scène d'amour. Celle-ci est interrompue par une nouvelle apparition de Méphisto, annonçant l'arrivée de la mère et des voisins. On entend effectivement ceux-ci au dehors, attirant l'attention de la mère sur la conduite de sa fille. L'acte s'achève sur un impressionnant trio.
Au cinquième acte, Marguerite, seule dans sa chambre, se ronge de souci : le bien-aimé ne revient pas. Passent au loin les joyeux étudiants.
Changement à vue : nous sommes dans un paysage de forêts et de cavernes. Faust chante l'invocation à la nature. Méphisto l'aborde : jusqu'ici, Faust n'a pas demandé au temps de suspendre son vol : cette âme va donc échapper au Malin. Mais une ressource lui reste : jouer sur les sentiments de Faust pour obtenir de lui une signature. Aussi lui représente-t-il Marguerite en prison, condamnée à mort, sur le point d'être exécutée. Pour la sauver, Faust signe le pacte offert et les deux compagnons partent sur les chevaux d'enfer pour la « course à l'abîme ». Cette scène est de réalisation scénique à peu près impossible : c'est avant tout une magnifique page symphonique. Elle aboutit au dernier tableau, l'Enfer, simple jeu de décors mouvants.
Un épilogue, autre jeu de décors, se passe premièrement « sur la terre », puis « dans le ciel ». C'est l'apothéose de Marguerite. Comme on voit, à partir de la scène d'amour et de la signature du pacte infernal, le drame proprement dit n'existe plus et est remplacé par la fantasmagorie. Encore, pour arriver à un résultat acceptable, a-t-il fallu tailler largement dans la musique. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Genèse de l'œuvre
Dès sa première jeunesse, Berlioz s'enthousiasma pour le Faust de Goethe, nouvellement traduit en français par Gérard de Nerval : « Le merveilleux livre me fascina de prime abord ; je ne le quittai plus ; je le lisais sans cesse, à table, au théâtre, dans les rues, partout. » Dès 1828, il met en musique la ballade du Roi de Thulé. En février 1829, il a terminé les Huit Scènes et il en publie la partition d'orchestre. Meyerbeer qui, de Berlin, en commande un exemplaire, envoie ses compliments au jeune Maître.
En 1845, Berlioz entreprend de donner à ce premier essai des dimensions plus considérables. Il fait appel à la collaboration d'un obscur journaliste, un certain Almire Gandonnière, auquel il demande de composer quelques vers sur le canevas qu'il lui apporte. Mais celui-ci ne va pas jusqu'au bout de sa tâche et Berlioz la continue lui-même. A partir de la deuxième scène de la troisième partie, tous les vers sont de lui, (sauf les strophes empruntées à la traduction du Faust de Goethe par Gérard de Nerval). Et, muni de son livret, qu'il achève en route, Berlioz part pour un long voyage à travers l'Autriche, la Hongrie, la Bohême et la Silésie. Il n'est pas si mauvais poète. Témoin la fameuse Invocation à la Nature, d'une éloquence si émue :
Nature immense, impénétrable et fière,
Toi seule donnes trêve à mon ennui sans fin !
Il écrit son poème et il compose sa musique partout où il se trouve : « en voiture, en chemin de fer, sur les bateaux à vapeur, et même dans les villes, malgré les soucis divers, ajoute-t-il, auxquels m'obligeaient les concerts que j'avais à y donner ». Il termine la première ébauche de son œuvre à Paris, « mais, toujours à l'improviste, chez moi, au café, au jardin des Tuileries, et jusque sur une borne du Boulevard du Temple ». Ensuite, il « retravaille le tout, en polit les diverses parties, les unit, les fond ensemble », et il met au point l'instrumentation « qui n'était qu'indiquée çà et là ».
Berlioz n'a pas conçu la Damnation pour le théâtre. C'est une « symphonie dramatique avec chœurs » ou un « opéra de concert », une suite de tableaux disjoints qui se prêtent mieux aux jeux de l'imagination qu'à une représentation réelle.
Même Berlioz évite tout ce qui est particulièrement dramatique ou plutôt scénique. Vous ne trouverez, dans la Damnation, ni la scène de l'église, ni celle de la prison, ni les personnages de Valentin, de Dame Marthe, de Wagner. Les amours de Faust et de Marguerite n'occupent qu'une scène, tout à fait différente d'ailleurs de celles du Faust allemand ou de celles de l'opéra de Gounod.
Dans le poème immense de Goethe, qui est à la fois une épopée, un drame, une comédie, une satire, un conte philosophique, politique, social, par moments aussi presque un livret d'opéra, Berlioz n'a pas, comme Gounod, isolé l'épisode si touchant de Marguerite. Il a choisi ce qui donnait lieu aux effets les plus pittoresques, les plus moyenâgeux, les plus romantiques ; et s'il a trouvé le moyen d'exprimer une âme, n'en doutons point, c'est seulement la sienne propre.
L'œuvre fut exécutée pour la première fois à Paris, le 6 décembre 1846. Ce fut un désastre. Elle ne trouva un public, en France, — de plus en plus étendu, — qu'après la mort de Berlioz, grâce principalement au zèle d'Edouard Colonne. Le 11 décembre 1898, la Damnation atteignait sa 100e audition aux Concerts que ce remarquable artiste dirigeait. Dès lors, le chef-d'œuvre de Berlioz, devenu populaire, n'a pas cessé de figurer au programme des Sociétés symphoniques du monde entier. Il fut même porté au théâtre et sa première représentation eut lieu en février 1893, sur la scène de Monte-Carlo.
PREMIERE PARTIE
La Damnation s'ouvre par un tableau situé par l'auteur dans les plaines de Hongrie. Notons que si Berlioz transporte là son héros, il n'a jamais trouvé pareille indication dans le poème de Goethe, et l'on pourrait croire à un pur caprice de sa part. Mais on découvre bientôt son intention : c'est qu'il veut avoir l'occasion de faire entendre sa Marche hongroise, une des pages les plus superbement romantiques qu'il ait jamais écrites et dont il a éprouvé l'effet sur le public. Pourquoi pas ? Pourquoi Faust, parmi ses innombrables aventures, ne compterait-il pas celle d'un voyage en Hongrie ? Et puis, nous ne l'ignorons pas, Faust n'est que le prête-nom de Berlioz dont nous sommes ravis de recueillir les impressions les plus diverses. Ce début date et situe la première inspiration de l'ouvrage.
Donc, au milieu de la plaine de Hongrie, Faust se promène seul dans les champs, à l'heure du lever du soleil.
Le vieil hiver a fait place au printemps. Le cœur du vieux chercheur désabusé s'épanouit un instant au spectacle du renouveau.
Aux violons paraît d'abord une phrase douce et tranquille d'une extrême simplicité. Cette phrase devient le sujet d'un développement qui n'est pas, à proprement parler, fugué, mais prend plutôt la forme canonique, les « entrées » se faisant non point à la quarte ou à la quinte, mais à la tierce. C'est sur ce « fond » orchestral profondément expressif que se pose le chant de Faust dont la joie, en présence du réveil de la Nature, se teinte encore de mélancolie.
De gaies chansons de paysans se font entendre dans le lointain. Cette « Ronde » est un des morceaux que Berlioz avait écrits pour les Huit scènes de Faust. On en remarquera la ligne sinueuse, le contour un peu « grimaçant » et continuellement modulant. Il y a là, peut-être, quelque ironie et, pour la comprendre, il faut relire ce texte de Goethe, pris dans le rôle de Wagner (le domestique du vieux savant), texte que Berlioz avait inscrit en haut de la page sur sa partition : « Monsieur le Docteur, il est honorable et avantageux de se promener avec vous ; cependant je ne voudrais pas me confondre dans ce monde-là, car je suis ennemi de tout ce qui est grossier. Leurs violons, leurs cris, leurs amusements bruyants, je hais tout cela à la mort. Ils hurlent comme des possédés, et appellent cela de la joie et de la danse. »
Mais voici que, dans une autre partie de la plaine, une armée s'avance. Le cœur de Faust « frémit à leur chant de victoire ».
« J'avais écrit cette marche, raconte Berlioz, dans la nuit qui précéda mon départ pour la Hongrie. Un amateur de Vienne, bien au courant des mœurs du pays que j'allais visiter, était venu me trouver avec un volume de vieux airs quelques jours auparavant : « Si vous voulez plaire aux Hongrois, me dit-il, écrivez un morceau sur un de leurs thèmes nationaux ; ils seront ravis, et vous me donnerez, au retour, des nouvelles de leurs applaudissements. En voici une collection dans laquelle vous n'avez qu'à choisir. » Je suivis le conseil et choisis le thème de Rakoczy. »
Selon M. Boschot, le récit de Berlioz serait un peu fantaisiste, et c'est à Paris même, et avant son voyage en Hongrie, qu'il aurait très probablement écrit la Marche hongroise.
Un appel de trompette annonce l'épisode guerrier. Les petites flûtes, accompagnées des pizzicati des cordes, en exposent le premier thème, et les violons la seconde phrase, plus mélodique. Mais Berlioz ne se contente pas d'orchestrer cet air populaire. Il le développe et, utilisant ses éléments divers, il brosse rapidement le tableau d'une bataille, éloignée d'abord, puis qui se rapproche : un crescendo formidable annonce la victoire. Et, soulevé par l'enthousiasme, l'orchestre entier reprend à pleine force « les rythmes fougueux du thème hongrois ».
DEUXIEME PARTIE
Revenu dans le Nord de l'Allemagne, Faust, seul, dans son cabinet de travail, médite :
Sans regret j'ai quitté les riantes campagnes
Où m'a suivi l'ennui.
Sans plaisir je revois nos altières montagnes...
Il souffre d'une existence qui ne lui a donné que déceptions. Il veut en finir avec la vie. Il saisit une coupe empoisonnée... Mais, à ce moment même, éclate au dehors le chant de la fête de Pâques :
Christ vient de ressusciter...
Sa beauté simple, sa tranquillité sereine s'opposent au caractère inquiet, tourmenté du monologue de Faust chanté sur un développement d'orchestre en style fugué.
Le Chant de Pâques émeut profondément le vieux philosophe. Il réveille en lui de doux souvenirs.
O mon âme tremblante !
Sur l'aile de ces chants vas-tu voler aux cieux ?
. . . . .
Mon heureuse enfance,
La douceur de prier...
Le Faust de Goethe s'écrit alors : « La terre m'a reconquis ! » Le Faust de Berlioz, — notez la différence — conclut : « Mes larmes ont coulé, le ciel m'a reconquis. » Il a retrouvé l'élan de sa foi première.
(L'intervention subite de Méphistophélès aura bientôt fait de détourner le docteur de ses pensées pieuses. Quels voyages merveilleux, quels plaisirs infiniment variés lui propose le démon ! Faust se laisse séduire.)
Pour commencer, Méphisto emmène Faust à travers les airs et le conduit dans la Taverne d'Auerbach, à Leipzig.
Goethe, dans sa « tragédie », nous offre là un tableau réaliste, haut en couleur, très enlevé des joies grossières de la vie d'étudiant. Il fait visiblement appel à ses souvenirs de jeunesse.
Berlioz s'en inspire pour écrire une page du romantisme le plus rutilant.
Après un chœur de buveurs où les voix avinées se répondent lourdement, Brander chante la Chanson du Rat. « Attention ! annonçait Berlioz lui-même, par une épigraphe sur la partition des Huit Scènes, une chanson de la nouvelle facture ! » Rien de goguenard, de drolatique, de bizarrement comique comme la ligne mélodique et l'orchestration inventées par Berlioz pour conter cette histoire grotesque des aventures d'un rat consumé par l'amour dans le fourneau d'une cuisine.
La mort du Rat est saluée d'un ironique « Requiescat in pace. » Et Brander propose, pour l' « Amen », une fugue ! « Improvisons, dit-il, un morceau magistral ! » Alors Méphisto s'adressant à Faust : « Ecoute ceci ! Nous allons voir, docteur, la bestialité dans toute sa candeur ! »
Il faut savoir, pour comprendre l'intention de Berlioz, que les fugues sur le mot « Amen », si fréquentes dans certaines musiques d'église, sont, selon lui, « le plus abominable et le plus indécent des contre-sens... un impardonnable outrage à l'expression musicale. » Il veut donc nous offrir ici, en caricature, une de ces « hideuses pasquinades harmoniques, excellentes pour peindre une orgie de sauvages. » Il se propose d'écrire une de « ces fugues monstrueuses qui, par leur ressemblance avec les vociférations d'une troupe d'ivrognes, paraissent n'être qu'une parodie impie du texte et du style sacrés. »
Voici, en effet, les buveurs « reprenant, — c'est encore Berlioz qui parle, — dans un mouvement plus large le thème de la Chanson du Rat et faisant une vraie fugue scolastico-classique, où le chœur tantôt vocalise sur a, a, a, a, tantôt répète rapidement le mot tout entier amen, amen, amen, avec accompagnement de tubas, d'ophicléides, de bassons et de contrebasses. »
Le malheur, — si l'on peut ainsi s'exprimer, — c'est que Berlioz croyant écrire une fugue caricaturale, a, malgré lui, composé une fugue classique de la plus grande beauté, une fugue admirable, d'une animation, d'un mouvement et d'une pureté de ligne incomparables. « Réellement, reconnaissait après coup Berlioz, elle n'est pas assez désagréable ; il y a là une sonorité d'orgue et une harmonie vibrante qui gâtent tout. » Le public, loin de protester ou de rire, applaudissait à tout rompre. Berlioz s'en montrait chagriné et comparait ce succès à celui du Sonnet d'Oronte lors de la première représentation du Misanthrope.
Maintenant, Méphisto propose à son tour une chanson : ce sera celle de la Puce, fidèle adaptation du texte de Goethe, chef-d'œuvre d'esprit et de couleur.
Mais Faust et son compagnon en ont assez : ils fuient ces lieux « où la parole est vile, la joie ignoble et le geste brutal. »
Les deux voyageurs se trouvent transportés soudain dans les bosquets et les prairies du bord de l'Elbe. Au milieu de ce charmant paysage, Faust s'endort, calme et paisible. Méphistophélès veille sur son sommeil qu'il peuple de rêves délicieux :
Voici des roses
De cette nuit écloses.
Sur ce lit embaumé
O mon Faust bien-aimé
Repose !...
Les trombones accompagnent, pianissimo, le chant caressant de Méphisto de leur sonorité creuse si particulière dans la douceur, — les trombones, instruments « sataniques » par excellence.
Le chœur de Gnomes et de Sylphes se joint à Méphisto pour bercer le sommeil de Faust. Le thème de l' « Air des Roses », repris dans un rythme nouveau et avec un accompagnement tout à fait « aérien » prend une suavité incomparable. Parmi ses rêves, Faust voit apparaître l'image de Marguerite « pure comme l'étoile du matin ».
Encore le thème de l'air des Roses, présenté cette fois sous la forme d'une sorte de valse lente : c'est la Danse des Sylphes, telle que l'a conçue déjà Berlioz lorsqu'il composa les Huit Scènes.
« Des Sylphes se balancent en silence dans les airs autour de Faust endormi. » Le chant des violons, en sourdine, l'accompagnement argentin de la harpe, le ré grave des violoncelles tenu en sourdine d'un bout à l'autre de cette page unique en font une merveille de charme, de grâce et de volupté.
Depuis qu'il a rêvé de Marguerite, Faust ne peut détacher sa pensée de cette céleste image. Avec Méphisto, il a quitté les prairies de l'Elbe, il arrive près de la maison de Marguerite.
Figurons-nous une rue sombre, étroite, entre de hauts toits, de lourds pignons, des tourelles pointues ; au fond, une place sombre et le porche éclairé d'une église, comme dans un tableau célèbre de Delacroix. Imaginons que par cette rue dévalent des bandes d'étudiants et de reîtres qui chantent à plein gosier. D'abord les soldats : ils font sonner leurs bottes sur le rude pavé et scandent de leurs accents vigoureux leur marche lourdement cadencée. Puis les étudiants, clamant sur des paroles latines leur insouciance et leur soif de plaisir :
Jam nox stellata velanima pandit ;
Nunc bibendum et amandum est ;
Vida brevis fugaxque voluptas ;
Gaudeamus igitur.
« Déjà la nuit étend ses voiles ; Maintenant il faut boire et il faut aimer. La vie est brève et la volupté passe vite. Réjouissons-nous donc ! »
Nobis subridente luna
Per urbem quœrentes puellas eamus !
Ut cras, fortuni Cœsares, dicamus :
Veni, vidi, vici !
« A la clarté souriante de la lune, allons par la ville chercher les filles ; et demain, heureux Césars, nous pourrons dire : Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu. »
Les deux chansons, d'abord présentées séparément, se superposent ensuite en un ensemble plein de vie, d'une sonorité éclatante.
On peut rappeler, à ce propos, qu'en 1843 Berlioz entendit le Déserteur de Monsigny et qu'il en fut enthousiasmé. Il signale, dans sa chronique, un finale où se mêlent deux chansons, celle d'un jeune niais et celle d'un vieux militaire qui aime à boire. « Cette double chanson, écrivait-il, j'avoue que je la regarde comme un trait de génie. ni plus ni moins. » Berlioz prit là, sans doute, la première idée de son double chœur.
TROISIEME PARTIE
Sur le seuil de la demeure de Marguerite, Faust éprouve comme la caresse d'un air plus pur. C'est une sensation presque physique qui l'émeut. « Je sens à mon front glisser comme un beau rêve, comme le frais baiser d'un matin qui se lève. » Le compositeur s'enchante de ces images poétiques et les souligne de charmantes inventions harmoniques.
« C'est de l'amour ! C'est de l'amour ! J'espère. »
Dans cet espoir d'aimer, les sens, les nerfs, l'imagination, la volonté d'être ou de paraître passionné jouent le rôle prédominant. Cet appel inquiet de Faust nous découvre une fois de plus le secret douloureux de l'âme de Berlioz.
L'auteur de la Damnation se trouve ici dans son domaine préféré : il s'agit d'obtenir un effet de couleur, de frapper l'imagination plus encore que le cœur. Berlioz y réussit admirablement. Sa Chanson du Roi de Thulé est « gothique » à souhait. Elle nous invite merveilleusement à la rêverie romantique, c'est un des chefs-d'œuvre de la partition.
Il est à remarquer que pour nous donner l'impression d'archaïsme, Berlioz n'a pas usé de vieux modes. Il a, tout au contraire, employé un procédé fort moderne : le chromatisme. Le début du thème contient deux altérations chromatiques, le si bécarre et le ré bémol qui nous font penser à une gamme de fa où deux demi-tons se trouveraient placés côte à côte autour du do (dominante). Cette gamme n'appartient pas au moyen âge. Mais son étrangeté suffit à nous reculer dans le lointain imaginaire de temps et de pays indéterminés.
La mélodie de Berlioz se continue en modulant très librement. Très habilement, Berlioz coupe la phrase de courts repos entre ses membres et il rappelle ainsi l'habitude qu'ont les gens du peuple, quand ils chantent, de reprendre librement leur respiration, sans souci d'une rigoureuse mesure, toutes les fois que se produit un arrêt relatif, une ponctuation dans le mouvement de la mélodie.
Et puis, les trois premiers membres de la phrase sont régulièrement formés de quatre mesures, tandis que le dernier est un assemblage imprévu de deux groupes de trois mesures qui, en rompant la carrure et en allongeant la période, semblent attester la spontanéité sans entraves d'une inspiration vraiment populaire.
Et Marguerite s'endort en murmurant une dernière fois les premiers mots de sa chanson.
Berlioz aime les contrastes. A la douceur triste de la romance de Marguerite il fait succéder la scène étincelante, éblouissante des follets.
Cette scène, il ne la trouvait point dans le poème de Goethe. Mais différents passages de la « tragédie » de Faust pouvaient néanmoins lui en donner l'idée. Ainsi, c'est un feu follet qui guide la course du docteur et de Méphisto à travers les gorges sauvages du Brocken : « Va droit, au nom du diable, s'écrie Méphisto s'adressant au follet, ou j'éteins d'un souffle l'étincelle de ta vie. » Et Berlioz fait apostropher en ces termes ses follets danseurs par le compagnon de Faust :
Au nom du diable, en danse,
Ménétriers du diable, ou je vous éteins tous !
En quelques brèves paroles soulignées par les étranges sonorités d'un orchestre autrement « satanique » que celui de Gounod, — (le diable de Gounod n'est qu'un diable pour rire), — Méphisto appelle les follets. Ils accourent au plus vite et leur vive apparition est traduite par les traits fulgurants de trois petites flûtes aux notes suraiguës.
Un menuet, quelle ironie ! Les follets vont danser un menuet ! S'agit-il vraiment de cette danse tranquille, compassée, presque majestueuse dont s'enchantaient les salons et les cours du XVIIIe siècle ? Non certes. C'est ici une parodie de menuet, une danse bouffonne et pittoresque à la fois, d'un fantastique très particulier. Quelque chose de très aérien et de goguenard en même temps dans son allure zigzaguante. Toujours les petites flûtes et de ronronnants bassons. Les follets vont, viennent, sautent de place en place, font une révérence narquoise et s'esquivent dans une pirouette. Une foule de détails curieux d'orchestration, par exemple celui-ci : « Une cymbale, suspendue par une courroie et frappée avec une baguette à tête d'éponge » rend un son irréel.
Un Presto subit. Le thème de la Sérénade de Méphisto apparaît par avance déformé de rythme (deux temps au lieu de trois), dans une agitation toute menue, comme chanté par les maigres voix d'êtres minuscules. Fausse reprise du Menuet. Un trille piano à découvert et la bande des follets cesse sa danse.
Voici maintenant la Sérénade. Méphisto fait mine de jouer de la vielle et son geste est traduit à l'orchestre par des quintes répétées six fois dans le grave des violoncelles.
Et la Sérénade commence, telle qu'elle avait été écrite pour les Huit Scènes, avec quelques différences cependant. Elle n'était alors accompagnée que d'une guitare. Maintenant elle s'enrichit de toutes sortes d'ingéniosités orchestrales. Rythme cinglé, fouetté, enragé, de valse diabolique, avec ces accents sarcastiques placés sur le temps le plus faible de la mesure à trois temps, le second.
A la fin du premier couplet, un éclat de rire sec et strident lancé par toutes les voix et l'orchestre clôt la phrase comme par un énorme coup de poing.
Au second couplet, le chœur des follets (voix d'hommes) accompagne en sourdine le chant de Méphisto. Et voici que, pendant que Méphisto respire, le chœur reprend seul le thème ; mais le diable lui coupe la parole et impose sa voix dominante. Cette fausse rentrée est d'un effet admirable, à la fois de naturel et d'esprit.
« Chut ! disparaissez ! » et, sur un trait qui court de l'aigu des violons aux profondeurs les plus graves des contrebasses, la troupe des follets s'évanouit.
Dans la Damnation nous ne trouvons pas de « scène du jardin ». Le grand duo d'amour de Faust et de Marguerite se passe dans la chambre de la jeune fille.
Berlioz a pris une autre liberté avec le texte de Goethe dont il s'inspirait. Il a supprimé la courte scène où, dans la rue, devant l'église, Faust aborde Marguerite et lui offre le bras qu'elle refuse. Leur première rencontre a lieu dans la chambre de la jeune fille.
Mais il faut justifier l'accueil que, dès le premier instant, Marguerite va faire à Faust. Il faut expliquer comment son premier mouvement n'est pas d'essayer de fuir devant cet étranger qui s'est subrepticement introduit chez elle. Berlioz a imaginé, à cet effet, un moyen de théâtre, à vrai dire un peu usé. Mais qu'importe ? Il suppose que Marguerite a vu d'avance, en rêve, l'image de Faust et qu'elle en conserve un souvenir ému. L'apparition soudaine de celui qu'un invincible pressentiment lui faisait attendre l'emplit d'un trouble délicieux. Et c'est ainsi que se trouve amené le duo :
Ange adoré dont la céleste image...
QUATRIEME PARTIE
On connaît le fameux « Air du rouet » de Gounod et le célèbre lied de Schubert, Marguerite au rouet. C'est dans un tout autre style que Berlioz a conçu la « romance » qu'il prête à Marguerite au début de la quatrième partie de la Damnation : « D'amour, l'ardente flamme... ». Ce morceau n'a pas l'allure d'une « fileuse ». La mélodie n'en est pas conduite par le mouvement monotone du rouet. C'est une méditation passionnée qui se poursuit très librement avec la plus grande variété de rythmes. Elle est d'un sentiment plus grave, plus désolé, plus inconsolable que les pages de Schubert et de Gounod auxquelles nous sommes amenés tout naturellement à la comparer.
Une des plus belles inspirations, une des plus profondes et des plus émouvantes de l'auteur de la Damnation.
La romance de Marguerite s'achève. Au loin, la retraite sonne ; des voix se mêlent aux instruments. Ces chants et ces bruits du soir sont familiers à Marguerite et lui rappellent de bien doux souvenirs... « Il ne vient pas... Il ne vient pas... Hélas ! ».
Berlioz a pu trouver dans le Faust de Goethe la première idée de cette page mémorable. Il y pouvait rencontrer des passages comme celui-ci : « Esprit sublime... tu m'accordes de lire dans le sein profond de la Nature comme dans le cœur d'un ami... ». Et encore : « Déjà je sens mes forces grandir ; déjà j'éprouve en moi comme l'ivresse du vin nouveau. Je me sens le courage de m'aventurer à travers le monde, de porter toute la douleur terrestre, et tout le bonheur terrestre, de lutter avec les tempêtes et de ne point défaillir parmi les craquements du naufrage... »
Mais Berlioz s'est inspiré de Goethe très librement et l'on peut dire que c'est sa propre pensée et son propre sentiment qu'il a surtout traduits dans cette Invocation, d'un sentiment beaucoup moins confiant que celui de son modèle, et dont la conclusion laisse percer l'amertume d'un cœur profondément ulcéré.
Le Faust de Goethe cherche péniblement la vérité ; il a ses moments de doute ; mais il finit par conquérir la foi dans la vie et dans l'action. Le Faust de Berlioz, en définitive, n'attend rien du monde, ni des choses, et renonce à conquérir un bonheur impossible. C'est bien l'âme de l'auteur lui-même, âme lasse, fatiguée, retombant sur elle-même dans l'impuissance et le vide qui s'exprime ici par des vers de vrai poète :
Nature immense, impénétrable et fière,
Toi seule donnes trêve à mon ennui sans fin,
Sur ton sein tout puissant je sens moins ma misère...
Je retrouve ma force et je crois vivre enfin.
Oui, soufflez, ouragans ! Criez, forêts profondes !
Croulez, rochers ! Torrents, précipitez vos ondes !
A vos bruits souverains, ma voix aime à s'unir.
Forêts, rochers, torrents, je vous adore ! Mondes
Qui scintillez, vers vous s'élance le désir
D'un cœur trop vaste et d'une âme altérée
D'un bonheur qui la fuit.
Un effort pour se soulever, pour vouloir, pour vivre, pour être heureux ! Et puis la volonté s'abandonne : l'homme est envahi de nouveau par sa profonde détresse.
Au point de vue musical, Berlioz n'a jamais rien écrit de plus audacieux, de plus libre, de plus affranchi des règles traditionnelles de l'harmonie. La phrase module constamment et de la façon la plus imprévue et contrairement à toutes les lois jusque-là reconnues. Si bien qu'on se demande jusqu'aux dernières mesures quelle peut être la tonalité de cette page si étrangement construite. Après les dernières notes du chant où s'affirme la tonalité d'ut dièse mineur, nous nous croyons enfin revenus sur le terrain solide de l'harmonie classique, mais, au bout de six mesures, l'orchestre, comme pour augmenter le désarroi de nos impressions, et peut-être pour mieux exprimer celui des pensées de Faust, conclut par une cadence vacillante dans le mode hypodorien.
Page d'apparence décousue, mais où le génie du compositeur établit de secrètes liaisons et une si forte unité !
Morceau puissant, majestueux et profondément émouvant. Jamais Berlioz ne s'est livré, n'a consenti à l'entier aveu des tourments de son cœur de façon plus tragique.
Dans un mouvement furieux, Faust et Méphisto galopent sur deux chevaux noirs. Rythme persistant d'une croche et de deux doubles croches à l'orchestre.
Faust est poursuivi par le souvenir de Marguerite : « Dans mon cœur retentit sa voix désespérée... O pauvre abandonnée !... ».
Les deux cavaliers traversent plaines et montagnes. Le paysage fuit devant eux interminablement.
Ils rencontrent un groupe de paysans agenouillés devant une croix et psalmodiant : « Sancta Maria, ora pro nobis. Sancta Magdalena, ora pro nobis... ». — « Prends garde à ces enfants, s'écrie Faust, à ces femmes qui prient au pied de cette croix ! » — « Eh ! qu'importe ? répond Méphisto. En avant ! » — « Sancta Margarita ! » reprennent les voix. Un éclair frappe la croix qui tombe renversée. Femmes et enfants s'enfuient, pleins d'épouvante. Les cavaliers sont déjà loin.
Des visions de l'enfer hantent l'imagination de Faust : « Dieux ! un monstre hideux, en hurlant, nous poursuit !... » — « Tu rêves. » — « Quel essaim de grands oiseaux de nuit !... Quels cris affreux !... Ils me frappent de l'aile ! » — « As-tu peur ? ricane Méphisto, retournons ! » Ils ralentissent le pas de leurs chevaux... Le glas des trépassés sonne... Ils s'arrêtent. Faust croit entendre la voix de Marguerite. « Courons ! » Les chevaux repartent plus vite encore. « Hop ! hop ! » crie le diable. — « Regarde autour de nous, reprend Faust, cette ligne infinie de squelettes dansants, avec quel rire horrible ils saluent en passant ! » — « Hop ! Pense à sauver ta vie et ris-toi des morts ! Hop ! hop ! ».
Les chevaux frémissent. Leurs crins se hérissent. Ils brisent leurs mors. Le tonnerre gronde avec des roulements affreux. « Hop ! hop ! » Il pleut du sang ! Méphisto triomphe et il appelle à lui le peuple des démons : « Sonnez vos trompes ! Il est à nous ! ».
Faust et son compagnon s'abîment dans les enfers.
On entend un chœur chanter dans une langue diabolique : « Irimiru Karabrao ».
Ainsi s'achève, — ou presque, — dans un tourbillon de désespoir, cette œuvre magnifique où s'exprime en traits de feu la grande âme tourmentée de Berlioz. »
[Paul Landormy, programme pour l’enregistrement intégral chez Gramophone, 1931]
« Alors qu'on ne joue plus guère la Damnation de Faust au concert, il est heureux que le Théâtre National de l'Opéra n'oublie pas, pour sa part, que le chef-d’œuvre de Berlioz est inscrit à son répertoire depuis 1910. La reprise de 1957 permet une fois encore de mesurer à quel point, ainsi qu'on l'a déjà dit, la Damnation se révèle essentiellement comme l'œuvre d'un artiste ardent, rebelle et intensément romantique, sans comparaison avec le Faust douceâtre de Gounod ou le Méphistophélès impersonnel d'Arrigo Boito. Et s'il est permis de discuter le procédé qui consiste, dans la nouvelle présentation, à remplacer les décors habituels par des projections lumineuses, on louera presque sans réserve les interprètes : Rita Gorr, parfaite Marguerite, Paul Finel, intelligent Faust, Pierre Savignol, démoniaque Méphistophélès, et Henri Médus, classique Brander. (Mise en scène et éclairages de Georges Hirsch, décors par projection de M. Klausz, orchestre sous la direction de Louis Fourestier.) »
(René Bailly, Larousse Mensuel Illustré, mars 1957)
DAMOISELLE ÉLUE (LA)
Poème lyrique, livret de Dante Gabriel Rossetti, traduction française de Gabriel Sarrazin, musique de Claude Debussy.
Première audition au cours d'un Concert de la Société Nationale, salle Erard, le 08 avril 1893.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 04 février 1904.
Mmes Mary GARDEN (la Damoiselle), Jeanne PASSAMA (la Récitante).
Chef d'orchestre : André MESSAGER.
Seule représentation à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Repris au Théâtre Lyrique du Vaudeville le 10 décembre 1919 avec Mmes Claire CROIZA (la Damoiselle), Marie-Louise DUBOST (la Récitante), sous la direction de G. POLACCO.
Représenté au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 02 avril 1948 pour la commémoration du 30e anniversaire de la disparition de Claude Debussy, avec Jacqueline BRUMAIRE (la Damoiselle), Hélène BOUVIER (la Récitante), et le concours des Artistes des Chœurs. Chef d'orchestre : Louis FOURESTIER.
DANAÉ ET SA BONNE
Opérette en un acte, paroles d'Hippolyte Lefebvre, musique de Sylvain Mangeant, représentée au Palais-Royal en juillet 1862.
DANAÏDES (LES)
Tragédie lyrique en cinq actes, paroles du bailli du Roulet et de L. T. de Tschudy (1734-1784), musique d’Antonio Salieri.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 26 avril 1784, avec Mme Saint-Huberty (Hypermnestre) et MM. Larrivée (Danaüs), Lainé (Lyncée), sous la direction de Jean-Baptiste Rey. Reprise à l'Opéra (salle Montansier) le 22 octobre 1817 avec Dérivis, Nourrit, Alexandre et Mme Branchu.
« Malgré les affirmations légères de Castil-Blaze, qui prétend que cette pièce est une imitation pitoyable et barbare de l'Ipermnestra de Calsabigi, nous louerons ici ce poème, qui offre les qualités d'un bon livret. Il a de la force, de la couleur et de l'imagination. Pendant douze représentations, le nom de Gluck fut livré au public comme celui de l'auteur de la musique ; lorsque le succès fut bien établi, Gluck écrivit qu'il n'avait fait qu'aider de ses conseils son élève Salieri. La musique appartient en effet à la grande manière de ce créateur de l'opéra dramatique. L'expression est toujours forte, rapide et vraie. Les chœurs Descends dans le sein d'Amphitrite, Gloire, Evan, Evohe, sont d'un effet grandiose. Nous citerons encore l'air d'Hypermnestre, Par les larmes dont votre fille, et l'air de Danaüs, Jouissez d'un destin prospère, dont la facture est tout à fait remarquable. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cette première représentation, donnée en présence de la reine, fit 9,087 livres de recette à la porte.
Le livret en attribue la musique à Gluck et à Salieri ; mais l'auteur d'Orphée a déclaré qu'elle est en entier de son élève Salieri. — Le sujet en est emprunté à l'Ipermestra de Casalbigi.
Parodies : les Petites Danaïdes. Chanson pot-pourri de Désaugiers.
Reprise le 22 octobre 1817, en 4 actes et avec des retouches dues à M. Ant. Désaugiers. On y introduisit une bacchanale composée par Spontini. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DANIEL
Cantate, paroles d’Emile Cicile, musique d’Alfred Rabuteau. Création à l’Opéra-Comique le 19 janvier 1869. => détails
DANIEL ou LA FOSSE AUX LIONS
Pantomime dialoguée en trois actes, de Frédéric, musique de Schaffner, représentée à la Porte-Saint-Martin, le 09 juillet 1817.
DANILOWA
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial et Paul Duport, musique d’Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 23 avril 1830 avec Mme Antoinette Lemonnier et M. Augustin Lemonnier. Cet ouvrage n'ajouta rien à la réputation du compositeur.
DANS L'OMBRE DE LA CATHÉDRALE
Drame lyrique en trois actes, livret de Maurice Léna et Henry Ferrare, musique de Georges Hüe. Création à l'Opéra-Comique le 07 décembre 1921. => fiche technique
DANS LA FORÊT
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Ruelle, musique de Charles Constantin. Création au Théâtre Lyrique de l'Athénée) le 02 décembre 1872. => détails
DANS LA PLUME
Opérette en un acte, paroles de M. Kok, musique de M. Vasseur, représentée à l'Eldorado le 17 novembre 1898.
DANS LA RUE
Pochade musicale en un acte, livret d’Alexandre de Bar et Léonce, musique de H. Caspers, représentée aux Bouffes-Parisiens le 07 septembre 1859.
« L'Orphée de Gluck ne comporte pas un seul rôle d'homme ; en revanche l'opérette de M. de Bar se passe absolument de femmes. Il y est bien question d'une certaine Alphonsine que poursuivent à la fois l'herboriste Doucinot et le bonnetier Bellavoir ; à chaque scène on croit la voir paraître... mais non, Alphonsine est un mythe, une chimère, un rêve bleu, un personnage condamné à la cantonade perpétuelle.
Cette pochade eut un grand succès de rire. On ne se figure pas comme l'intrigue qui y était menée donnait les émotions d'un steeple-chase ; cette ressemblance aura peut-être même échappé aux auteurs. Ainsi le turf était la rue, le point de départ le bal de M. Cherbichon, le point d'arrivée la maison n° 36 de la rue Saint-Lazare, le prix à gagner Alphonsine, l'obstacle à franchir l'invalide qui gardait l'immeuble en construction où la perfide coquette avait donné rendez-vous aux deux rivaux, lesquels jouaient le rôle de chevaux dans cette course folle. L'un Bellavoir, ruait, piaffait, s'emportait et manquait le but par trop d'ardeur. L'autre, Doucinot, n'y arrivait pas davantage pour être trop poltron ; il se dérobait, comme on dit à la Marche et à
Chantilly.
Maintenant un mot sur les auteurs :
M. Léonce est l'artiste aimé qui depuis quatre ans passés fait les beaux jours des Bouffes dont il a sensiblement élevé le diapason comique ; c'est le Muller de l'Opéra aux fenêtres, le Dujargon des Petits prodiges, le Pluton d'Orphée aux enfers et le Sifroid de Geneviève de Brabant. — M. Alexandre de Bar, lui, est ce paysagiste dont le Monde illustré et le Magasin pittoresque comptent déjà les dessins par centaines ; sa Vue des Pyramides qu'il a exposée au salon de 1859 était inondée de soleil au point qu'on mettait des lunettes bleues pour la regarder. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
DANS LE NID DES AUTRES
Opéra-comique en un acte, paroles de C. Soubises, musique d’O. Coquelet, représenté à Versailles en novembre 1902.
DANS LES GARDES FRANÇAISES
Opéra-comique, musique de M. E. Pichoz, compositeur lyonnais, représenté au Grand-Théâtre de Lyon en janvier 1868.
DANS LES NUAGES
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Rostaing et Prosper Mignard, musique de Le Rey, représenté sur le théâtre des Arts, à Rouen, le 26 décembre 1885, avec Mlle Villeraie et MM. Bonhivers et Durand. Le Rey était élève de Léo Delibes.
DANS LES VIGNES
Opéra-comique en un acte et à deux personnages, livret d’Arthur de Beauplan et Brunswick, musique de Louis Clapisson, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 31 décembre 1854.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 1 en 1854, 18 en 1855.
Le canevas est léger. Deux ivrognes se querellent au sujet de leurs vestes et de leurs portes qu'ils ne reconnaissent pas. Il en résulte même une scène de jalousie conjugale qui se termine par l'arrivée des deux ménagères. La musique de cette bluette a paru agréable. Elle a été jouée par Meillet et Charles Alexandre Colson.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DANSE DES LIBELLULES
[la Danza delle libellule]
Opérette italienne en trois actes, livret de Carlo Lombardo, version française de Max Eddy et Roger Ferréol, musique de Franz Lehár. Création au Teatro lirico de Turin le 03 mai 1922. Première en français à Ba-ta-clan le 15 mars 1924, costumes de Mme Rasimi, orchestre sous la direction de Nicola Moleti, avec Mme Maria Kousnezoff (Hélène), Marthe Ferrare (Charlotte Baron), Marie Dubas (Zuzu Lecomte), Caprice (Victoire), MM. Jacques Vitry (Charles, duc de Follevie), Félix Oudart (Dieuleveut), Mario (Durand), Georges Bever (Lecomte), Paul Faivre (Baron).
«Mlle Rasimi a voulu charmer nos yeux avec ses costumes et nos oreilles avec la musique de Franz Lehár, qui ronronne agréablement pendant ces trois actes.
Elle a réussi. Quand je vous aurai conté qu'un nouveau riche se voit reprendre et son château et sa fiancée par un duc séduisant, vous comprendrez qu'elle fit bien de ne pas compter sur la pièce pour assurer le succès de son spectacle. Les décors très « carte-postale » sont jolis, les comiques ont du talent malgré leurs rôles. M. Oudart est la joie de la soirée, son œil étonné, malicieux et égrillard, est bien spirituel. MM. Mario, Bever et Faivre font l'impossible pour faire passer des scènes insipides, ils y arrivent quelquefois. Mme Maria Kousnezoff a une fort jolie voix et beaucoup de charme, Mlle Dubas espiègle et aguichante est fort agréable à regarder et à entendre ; Mlle Marthe Ferrare est grande et blonde, elle est aussi fort gracieuse ; M. Jacques Vitry chante juste, s'habille élégamment et dit bien le poème.
L'orchestre excellent est bien conduit par M. Moleti.
Et puis, il y a, nous le répétons, tous les costumes, toutes les jolies filles réunies par Mme Rasimi. C'est un tourbillon ininterrompu de chairs jeunes, d'étoffes soyeuses, qui plaît à regarder, rythmé par les valses bien orchestrées et très « avant-guerre » du compositeur de la Veuve Joyeuse, ce qui n'est pas une mince référence pour le public du boulevard Voltaire.»
(René Nazelles, le Journal amusant, 29 mars 1924)
DANSE PENDANT LE FESTIN (LA)
Comédie musicale en un acte, livret de Germaine Guesnier, musique de Marius-François Gaillard.
Création le 23 mai 1925 à Paris, à l'occasion de l'inauguration du Théâtre de l'Exposition des Arts Décoratifs, par la troupe du Trianon-Lyrique : Mmes STORA (Catalina), Olga SOUTZO (la Hermosa), MM. Max MARRIO (Chico), GILBERT-MORYN (Prince de Nora), sous la direction de l'Auteur.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 17 novembre 1931 ; décors et costumes dessinés par Simon Lissim ; mise en scène de Gabriel Dubois.
Mmes Jeanne GUYLA (Catalina), Nina del ASTAR (la Hermosa), BERQUIN et PERRY (2 invitées).
MM. Roger BOURDIN (Chico), Louis GUENOT (Prince de Nora).
Chef d'orchestre : Marius-François GAILLARD.
7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Le livret de la Danse pendant le festin n'est qu'un prétexte à présenter une suite de pas et de chansons. Le bouffon Chicot est amoureux de la maîtresse du prince, Catalina, laquelle est jalouse de la Hermosa, ballerine dont s'occupe trop assidûment ce prince. Pour plaire à celle qu'il chérit secrètement, le bouffon empoisonne la danseuse. La musique de Gaillard est d'une écriture assez moderne, mais sans rien d'agressif ; la ligne vocale est pittoresque et agréable, l'orchestration claire avec de jolies réponses du cor aux voix. »
(Larousse Mensuel Illustré, 1931)
DANSEUR DU ROI (LE)
Opéra-ballet en deux actes et trois tableaux, livret de Jules Edouard Alboize de Pujol et Michel Carré fils, chorégraphie d’Arthur Saint-Léon, musique d’Eugène Gautier, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 22 octobre 1853 avec Augustin Ribes.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 11 en 1853.
Le sujet de la pièce est la disgrâce de Cramoisi, maître des ballets de là cour sous Louis XIII, et qui doit à son talent de violoniste la rentrée en possession de son titre de danseur du roi. Saint-Léon, chorégraphe, virtuose sur le violon et compositeur, a obtenu un succès personnel dans ce petit ouvrage. On n'y a guère remarqué que des airs de danse bien tournés et un bon trio. Cette pièce a été plus tard réduite à deux actes.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
Début de Mlle Nathalie Fitz-James, qui fit merveille dans le « Pas du Moustique ». Saint-Léon, qui avait réglé les danses de cet opéra-ballet, remplissait le rôle de Cramoisi, danseur et violoniste ordinaire du roi Louis XIII.
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DANSEUSE DE POMPÉI (LA)
Opéra-ballet en cinq actes et sept tableaux, livret de Mme Henry Ferrare et Henri Cain d’après le roman de Mme Jean Bertheroy, musique de Jean Nouguès.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 29 octobre 1912. — Décors de Lucien Jusseaume. — Costumes de Marcel Multzer. — Mise en scène d’Albert Carré.
Mmes Marguerite CARRÉ (Nonia), PHILIPPOT, - débuts - (Plancine), TISSIER (Myrrha), MÉNARD (Hiboéra), BILLA-AZÉMA, CARRIÈRE et MARINI (3 jeunes filles), VILLETTE (Aurélie Vettii).
MM. Fernand FRANCELL (Hyacinthe), Félix VIEUILLE (Chrestus), Raymond BOULOGNE (Ludius), DELVOYE (Philippe), Eugène DE CREUS (Rufius), ANDAL (Livius), PAYAN (Aulus Vettii), PASQUIER (Modeste), DONVAL (Plantius), BRUN (le Ceinturion), PITCHALSKY (le petit Sannion).
Divertissements et Danses réglées par Mme MARIQUITA :
1er tableau : « Bacchanale » : Mlles RICHAUME, ISIS, ALBANY, G. DUGUÉ, TESSEYRE, GŒTZ, BUGNY, ANDRÉ, KARITÉ. — M. Robert QUINAULT.
4e tableau : « Danses sacrées » par le Corps de ballet.
5e tableau : « Triomphe de Vénus » : Mlles Cléo de MÉRODE (Flore), Yetta RIANZA (Proserpine), Teresina NEGRI (l'Amour). — MM. Robert QUINAUT (Adonis), Senka MALATZOFF (une harpie).
Mme Marguerite CARRÉ (Nonia).
7e tableau : « les Pleureuses » par le Corps de ballet.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
17 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
DANSEUSE DE TANAGRA (LA)
Drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux, livret de Paul Ferrier et Félicien Champsaur, musique d’Henri Hirchmann.
Première représentation à l’Opéra de Nice, le 10 février 1911 (répétition générale le 06 février 1911), mise en scène de Pierre Chereau, chorégraphie de M. Le Roy, décors de M. Bosio, costumes exécutés par Mme Villefranck, avec Mmes Angèle PORNOT (Karista), Mariette MAZARIN (Messaline), VALLOMBRÉ (Géo), CROUFER, GARDY ; MM. David DEVRIÈS (Silius), Edouard ROUARD (Sépéos), IMBERT, CHASSAGNE, ALGRIN, BUCOGNANI ; orchestre sous la direction de M. DOBBELAËR.
Première à la Gaîté-Lyrique le 11 mars 1914 avec Mmes LAMBER-WILLAUME (Karista), Zina BROZIA (Messaline), MIREY (Géo), KERJEAN (Mikalia) ; MM. VALETTE (Sépéos), BERTHAUD (Silius), ALBERTI (Manéchus), ROYER (Chef des errants) ; orchestre sous la direction d'Auguste AMALOU.
DANTE
[ou Dante et Béatrice]
Drame lyrique en quatre actes, livret d’Edouard Blau, musique de Benjamin Godard (op. 111). Création à l’Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 13 mai 1890.
« Il y avait peut-être quelque audace, de la part d'un librettiste, à prendre le grand Florentin, l'auteur de la Divine Comédie, du Banquet, de la Vita nuova, pour héros d'une œuvre lyrique, et à présenter à la scène un Dante jeune et amoureux ; car, si nous savons par lui-même que Dante a été passionnément amoureux, si nous pouvons raisonnablement supposer qu'il fut un temps où il était jeune, nous avons, en esprit, quelque peine à nous le figurer ainsi, et nous ne nous le représentons guère qu'au déclin de son existence dramatique et tourmentée, vieilli avant l'âge (il mourut à peine âgé de cinquante-six ans), la physionomie austère, le front sombre et sillonné de rides, tel enfin que nous le font connaître la tradition et les portraits fort authentiques qui sont restés de lui. Voyons cependant de quelle façon M. Edouard Blau a mis en scène l'illustre et immortel amant de Béatrice.
Au premier acte de l'action imaginée par lui, on voit Dante, en pleine jeunesse, de retour à Florence d'un voyage entrepris pour ses études, sans doute à l'époque où il fréquentait l'Université de Padoue. Il revient le cœur plein d'amour pour sa Béatrice, anxieux de la revoir, mais juste au moment où Guelfes et Gibelins se disputent la prééminence dans la vieille cité reconstruite par Charlemagne. Un seigneur influent, son ami, Simeone Bardi, voulant le rendre utile à son parti, le fait élire prieur de Florence. Mais Simeone, qui a rendu un éminent service au vieux Portinari, le père de Béatrice, et qui en a obtenu la promesse de la main de sa fille, s'aperçoit que celle-ci aime Dante et qu'elle en est aimée. Il jure donc de défaire ce qu'il a fait, et de précipiter le nouveau prieur de la situation où il l'a élevé. Au second acte, Simeone ourdit un complot qui doit amener le renversement de Dante. Il est confirmé dans ses projets par une confidence de Gemma, l'amie de Béatrice, qui vient le supplier de renoncer à celle-ci, dont la santé est mise en péril par l'annonce d'un mariage qui lui est odieux. Bientôt Béatrice et Dante se retrouvent ensemble, et leur passion éclate dans toute son intensité. Au moment où ils échangent un serment d'éternel amour, Simeone paraît à la tête des conjurés, qui ont envahi le palais, prêt à faire poignarder Dante si Béatrice ne jure de se consacrer à Dieu et d'entrer au couvent. Béatrice jure et son amant est sauvé ; mais un ordre de Charles de Valois, qui entre dans Florence avec les soldats français, prononce l'exil de Dante, qui est obligé de s'éloigner. Le troisième acte fait assister le spectateur au songe du poète, qui a revêtu, un peu tôt au gré de l'histoire, le costume de moine sous lequel son image nous est si familière. La scène est aux environs de Naples, au pied du Pausilippe, près du tombeau de Virgile, où Dante vient chercher tout à la fois l'inspiration pour ses vers et la consolation pour ses malheurs. Brisé de fatigue et de douleur, il s'endort sur une pierre, et là voit Virgile lui apparaître en songe, drapé de blanc, le front ceint du laurier d'or. Le chantre de l’Énéide dicte alors à l'amant de Béatrice le poème qu'il devra écrire, et pour l'inspirer, après avoir fait paraître à ses yeux l'enfer et ses horreurs, il évoque le ciel et lui montre, resplendissante au milieu d'un nuage azuré qu'entourent de lumineux rayons, l'image de sa bien-aimée qui semble l'appeler aux cercles de lumière. Puis la vision disparaît, Dante s'éveille et le paysage reprend sa forme première. Le quatrième acte représente le couvent où s'est retirée Béatrice, qui n'a pas encore pris le voile et prononcé ses vœux. Le chagrin a miné sa santé, malgré les soins de son amie Gemma, qui ne l'a pas abandonnée. Au moment où l'infortunée exhale ses plaintes douloureuses, paraissent Dante et Simeone. Celui-ci, repentant et contrit de sa mauvaise action, vient la relever du serment que par la force il lui a arraché et la jeter dans les bras de celui qu'elle aime. Dante et Béatrice entrevoient le bonheur prochain,... mais il est trop tard. Cette suprême émotion a brisé dans l'âme de la jeune fille ce qui restait de force à son corps épuisé. Après un élan de joie irrésistible, elle chancelle tout à coup et tombe pour ne plus se relever. Le ciel seul peut désormais réunir les deux amants.
Il n'y a pas à chicaner M. Blau sur les entorses qu'il a volontairement données à l'histoire, sur la façon dont il a travesti ou méconnu certains faits parfaitement avérés. Il a usé là, et tout à sa guise, de son droit absolu de poète dramatique. Qu'il ait oublié le mariage très authentique de Béatrice Portinari avec Simeone Bardi, celui, non moins certain, de Dante avec Gemma, dont le poète n'eut pas moins de sept enfants, c'est ce qu'on ne saurait lui reprocher. On aurait désiré seulement, dans son livret, une action plus serrée et plus vive, un mouvement moins factice, plus de vie réelle, et, par-dessus tout, plus de situations dramatiques et réellement scéniques. Il est certain, pour ne citer qu'un exemple, que le finale du premier acte est insuffisant sous ce rapport et n'offre pas les éléments nécessaires au développement naturel et majestueux de l'idée musicale telle qu'elle doit se présenter dans un tableau de ce genre. Ce n'est assurément pas la passion qui manque dans ce livret, c'est la mise en œuvre et en action de l'élément passionnel. Cette réserve faite, il est permis de constater que le poème de Dante est construit et écrit avec beaucoup de soin.
Il est peut-être difficile d'en dire autant de son collaborateur. M. Godard est certainement au nombre de nos artistes les mieux doués et les plus dignes d'estime. Mais en regard de ses rares qualités, on peut lui reprocher un grand défaut : c'est d'avoir en lui-même une trop grande confiance, de ne pas se surveiller assez scrupuleusement, de croire avec trop de facilité que tout ce qu'il fait est excellent, et par conséquent de livrer sans contrainte au public des œuvres hâtives, qui ne sont pas au point ou qui ne méritent pas de lui être offertes. M. Godard ne sait pas raturer, ne sait pas se corriger, semble ne pas reconnaître la valeur du travail et de la réflexion qui, d'une idée parfois médiocre, savent tirer les éléments d'une page excellente, soit par la grâce ou la nouveauté de l'agencement harmonique, soit par l'ingéniosité des développements, soit par le soin apporté à l'accent rythmique, soit enfin par la puissance, ou la délicatesse, ou le relief donné à l'instrumentation. C'est là certes un défaut grave, et qui fait tort à plus d'une de ses productions.
Pour en venir à sa production de Dante, on peut être étonné qu'un artiste de son âge et de sa génération y ait montré si peu de souci des progrès et de l'évolution qui se sont produits dans la musique depuis un quart de siècle. Il semble que cette partition date de trente ans, tellement les procédés en sont arriérés et surannés. Je ne parle pas du manque d'originalité ; c'est là son péché mignon. On y rencontre des imitations flagrantes de Gounod, comme dans le duo du second acte entre Dante et Béatrice, ou de Verdi, comme dans le finale de ce même acte, qui nous reporte aux jours triomphants de l'ancienne école italienne, ou d'Auber, comme dans le duo du quatrième acte, ou enfin d’Halévy, comme en divers autres endroits. On voit ce que peut devenir l'unité d'une œuvre, avec de pareilles façons d'agir. Quant à l'inspiration générale, elle est souvent bien pauvre, et cette pauvreté n'est pas relevée par l'habileté de la main, par la fermeté du travail. Ce n'est pas donner du piquant à son inspiration que de terminer la plupart de ses morceaux sur la méchante ou la dominante, au lieu de les faire tomber tout naturellement sur la tonique ; ce n'est pas donner de la force à son instrumentation que de la bourrer à tout propos de trombones, de grosse caisse et de timbales, mais simplement de la brutalité ; ce n'est pas relever l'idée mélodique que d'abuser, sans rime comme sans raison, des oppositions éternelles de forte au piano et de piano au forte ; ce n'est pas corriger la mollesse de la déclamation que de placer les temps forts de la phrase musicale sur les syllabes faibles de la phrase poétique, et vice versa. Tout cela seulement dénote le manque de soin, le manque de travail, voire le manque de conscience artistique et, comme je le disais, le trop de confiance en soi.
L'auditeur attentif aurait pourtant été bien disposé par les premières pages de cette partition de Dante, malheureusement trop bâclée. Tout le chœur d'introduction, très crâne d'allure, avait semblé très coloré, plein de mouvement et de chaleur, et la cantilène de Dante : Le ciel est si bleu sur Florence ! avait paru d'une inspiration délicate et charmante, avec son caressant accompagnement de harpe. Mais bientôt on tombait, et pour n'en presque plus sortir, dans le vide et la banalité. Non seulement certains morceaux sont insignifiants, mais ils sont manques, comme l'interminable duo de Dante et de Simeone et l'air de Dante au premier acte, comme la romance de Béatrice au second, comme l'air éternel qu'elle chante au quatrième. On ne trouve guère à signaler, comme dignes de quelque attention, que la péroraison du duo des amants au second acte, l'invocation de Dante à Virgile, qui ne manque ni d'élan ni d'ampleur, certains fragments de la scène des enfers et du chœur des damnés,... et c'est tout. C'est trop peu, on peut l'affirmer, pour une œuvre de cette importance, dont les interprètes étaient Mlle Simonnet (Béatrice), Mlle Nardi (Gemma), MM. Gibert (Dante) et Lhérie (Simeone). »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DANTE (LE)
Grand opéra en cinq actes, musique de M. le marquis de Massa, dont des fragments ont été exécutés en une séance donnée par l'auteur, le 28 mars 1868, dans la salle du Conservatoire de musique.
DANTE (LE)
Opéra à grand spectacle en quatre actes et treize tableaux, livret de Jean Sardou et Léon Uhl, musique de Jean Nouguès, représenté au Grand Théâtre de Bordeaux le 26 janvier 1930.
DAPHNIS ET ALCIMADURE
Pastorale languedocienne en trois actes, avec un prologue, paroles et musique de Mondonville, représentée à l'Opéra le dimanche 29 décembre 1754.
« C'est l'œuvre la plus connue de ce faible, mais habile musicien. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Représenté d'abord à Fontainebleau le 29 octobre et le 4 novembre 1754, cet opéra languedocien fut donné à Paris précédé d'un prologue en vers français qui avait pour sujet l'Institution des Jeux floraux par Clémence Isaure. Ce prologue est de Voisenon.
Interprètes : Jélyotte, Latour et Mlle Fel, qui tous les trois étaient Gascons.
Cet opéra, traduit en vers français par Mondonville, reparut le 7 juin 1768 et en 1773, mais sans beaucoup de succès.
Alcimatendre, les Bergers de qualité, parodies. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DAPHNIS ET CHLOÉ
Pastorale, paroles de Laujon, musique de Boismortier, représentée à l'Académie royale de musique le 28 septembre 1747, avec Chassé, Jélyotte (Daphnis); Mlles Fel (Chloé), Metz et Coupée.
Reprise en 1752, avec des changements.
Les Bergers de qualité, parodie de Gondot, 1752.
DAPHNIS ET CHLOÉ
Opérette en un acte, livret de Clairville et Jules Cordier, musique de Jacques Offenbach, représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 27 février 1860. C'est une parodie de la charmante pastorale de Longus. Quelques mélodies cependant font plaisir aux gens de goût, entre autres l'air d'entrée de Chloé, la jolie romance : Même en fermant les yeux, la chanson de Neréa et le trio de la leçon de flûte. Mlle Chabert a chanté délicieusement le rôle de Chloé. Celui de Daphnis a été rempli par Mlle Juliette Beau.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DAPHNIS ET CHLOÉ
Pastorale en un acte, livret de Charles Raffali, musique d’Henri Büsser.
Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 14 décembre 1897, mise en scène de Léon Carvalho.
Mmes Julia GUIRAUDON (Chloé), Jeanne TIPHAINE (Lycénion).
MM. DUMONTIER (Daphnis), Eugène BADIALI (Chromis).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
18e et dernière représentation le 11 octobre 1898.
Mmes MARIÉ DE L'ISLE (Chloé), TELMA (Lycénion).
MM. DANGÈS (Daphnis), Eugène BADIALI (Chromis).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
18 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1899.
DAPHNIS ET CHLOÉ
Comédie lyrique en trois actes, livret de Jules Barbier et Pierre Barbier, musique d’Henri Maréchal, représentée au Théâtre-Lyrique de la Renaissance le 08 novembre 1899 avec Mlles Jeanne Leclerc (Chloé) et Frandaz (Écho), MM. Andrieu (Daphnis), Soulacroix (Philétas) et Bourgeois.
« Encore une traduction scénique et musicale de l'adorable pastorale de Longus. Celle-ci était en trois actes, ce qui est peut-être beaucoup, bien qu’ils fussent courts, car les incidents sont difficiles à trouver et à placer dans cette fable intime et qu'on pourrait presque qualifier de psychologique. La musique s'est un peu ressentie du manque forcé de mouvement qui caractérisait le poème, mais elle ne manque ni de grâce ni d'agrément. Il en faut surtout citer le duo de Daphnis et Chloé, le gentil chœur des nymphes et la scène des parents au second acte, franche et bien venue. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
DAPHNIS ET ÉGLÉ
Opéra-ballet, paroles de Collé, musique de Rameau, représenté à Versailles en 1753.
DAPHNIS ET HORTENSE
Opéra, paroles du commandeur de Saint-Priest, musique de Arquier, représenté au théâtre du Pavillon, à Marseille, en 1789.
DAPHNIS ET THÉMIRE
Pastorale, musique de Saint-Amans, représentée à Bruxelles en 1778.
DARDANUS
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Charles Antoine Le Cléro de la Bruère (1715-1754), musique de Jean-Philippe Rameau. L’opéra fut remanié tant de fois qu’une deuxième édition dut être publiée en 1744, et qu’il n’atteignit sa forme définitive qu’en 1760.
Première représentation à l’Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal), le 19 novembre 1739, avec Mlles Eremans (Vénus), Pélissier (Iphise), Fel; Jélyotte (Dardanus), Albert (Anténor) et Lepage, sous la direction d’André Chéron.
« Le poète a tiré son sujet d'un passage de Virgile dans lequel il est dit que Dardanus vint s'établir en Phrygie et qu'il y bâtit la ville de Troie, de concert avec Teucer, dont il épousa la fille. Il suppose une guerre allumée entre les deux princes, et il donne à Dardanus, amant d'Iphise, Anténor pour rival. La prison de Dardanus, la mort d'Anténor et la réconciliation des deux héros terminent la pièce, qui offrait au compositeur de belles situations. On peut signaler, entre autres beaux morceaux, l'air d'Iphise : Arrachez de mon cœur le trait qui le déchire. La musique de Rameau ne plaisait pas à tout le monde. « J'ai appris, écrivait Rousseau à Racine le fils, le sort de l'opéra de Rameau. Sa musique vocale m'étonne. Je voulus, étant à Paris, en entonner un morceau ; mais, y ayant perdu mon latin, il me vint à l'idée de faire une ode lyri-comique. En voici une strophe :
Distillateurs d'accords baroques,
Dont tant d'idiots sont férus,
Chez les Thraces et les Iroques
Portez vos opéras bourrus.
Malgré votre art hétérogène,
Lulli, de la lyrique scène,
Est toujours l'unique soutien.
Fuyez, laissez-lui son partage,
Et n'écorchez pas davantage
Les oreilles des gens de bien.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Reprises, avec des changements importants : 21 avril 1744, 1760, 1768, 1786. Cent huit représentations de suite en 1768.
Parodie de Pannard et Favart : 1740.
Le beau duo Mânes plaintifs et le trio des Songes sont justement célèbres. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DARDANUS
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Nicolas Guillard, d’après la tragédie de Charles Antoine Le Cléro de la Bruère, musique d’Antonio Sacchini.
Création à Versailles, devant la cour, le 18 septembre 1784. Première au Théâtre de l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 30 novembre 1784, sous la direction de Jean-Baptiste Rey. Divertissement réglé par Gardel cadet et Vestris.
« Le succès de cet ouvrage fut très contesté ; cependant on y remarque de fort beaux morceaux. Nous citerons spécialement l'air d'Iphise : Cesse, cruel amour, de régner sur mon âme ; l'air de Dardanus, Jours heureux, espoir enchanteur, et la magnifique scène : Il me fuit, il ne m'écoute plus, dans laquelle Iphise peint les angoisses que lui cause fa lutte engagée entre son père et son amant. Les scènes sont beaucoup plus développées que dans l'opéra de Rameau, et les mouvements plus pathétiques. C'est une très belle musique et qui ne manquerait pas d'être encore goûtée de nos jours. L'ouverture en ut mineur est bien traitée. On remarque encore dans la partition un air de ballet en sol et une galante en ré d'un effet gracieux. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est le sujet traité par Rameau.
Une mise en scène misérable et le mauvais vouloir de Morel, poète influent à l'Opéra, mais dédaigné par Sacchini, contribuèrent à la chute de cet ouvrage, qui ne fut représenté que six fois.
Reprises : 1801, 1803. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DARIA
Drame musical en deux actes, livret d’Adolphe Aderer et Armand Ephraïm, d’après une histoire de Vladimir Galaktionovitch Korolenko, musique de Georges Marty.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 27 janvier 1905 (répétition générale le 24 janvier) ; mise en scène de Pedro Gailhard ; décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly ; costumes de Charles Bianchini.
Mme Geneviève VIX - débuts - (Daria).
MM. Francisque DELMAS (Yvan), Charles ROUSSELIÈRE (Boris), DINARD (le Pope), GALLOIS et STAMLER (deux Bûcherons), DONVAL (un Piqueur), CABILLOT (un Garde).
Danses réglées par Joseph HANSEN, dansées par Mlles MEUNIER, BARBIER, MM. Léo STAATS, REGNIER et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Paul VIDAL
8e à l’Opéra, le 11 mars 1905, avec les créateurs, sauf M. DUBOIS (Boris).
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Daria : Mlle DEMOUGEOT (1905).
8 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
DARK DIAMOND (THE)
[le Diamant noir]
Opéra-comique en trois actes, musique d'Adolphe Adam ; représenté au théâtre de Covent-Garden, à Londres, en 1833.
DAVID
Opéra biblique en trois actes, livret d'Alexandre Soumet et Félicien Mallefille, musique d'Auguste Mermet. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 03 juin 1846 ; divertissements de Jean Coralli ; décors de Charles Séchan, Jules Dieterle et Edouard Despléchin (actes I et III), Charles Ciceri et Auguste Rubé (acte II) ; costumes de Paul Lormier ; avec Mmes Rosine Stoltz (David), Nau (Michol), Moisson (la pythonisse), MM. Brémont (Saül), Gardoni (Jonathas).
« Le livret a été extrait de la tragédie de Saül, que Soumet fit représenter à l'Odéon. Les auteurs ont pris de singulières libertés avec la Bible en faisant périr Jonathas de la main de son père, qui croit tuer David. Tout le monde sait que le jeune prince a succombé avec son père dans une bataille sur la montagne de Gelboé. La partition de M. Mermet renferme plusieurs morceaux qui ont été remarqués, notamment la marche orchestrale qui termine l'ouverture, le duo entre David et Michol : Mon âme est enivrée ; l'air de David au troisième acte : Ma harpe, il faut te dire adieu ; enfin les couplets de Jonathas, accompagnés avec beaucoup de charme par la flûte, le hautbois et le basson. Mme Stoltz a interprété poétiquement le rôle de David. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le rôle de David était rempli par Mme Stoltz, à qui M. Mermet dut la représentation à l'Opéra de son premier essai dramatique. Cet ouvrage trahissait une main inexpérimentée et fort inhabile encore ; aussi le public se montra-t-il fort sévère. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DAVID
Opéra biblique en un acte, livret de Gaston d'Albano, musique de Charles Duhot (- 20 janvier 1905), créé au Théâtre municipal de Douai le 21 février 1861.
DÉ (LE)
Opérette en un acte, livret français du duc de Dino Talleyrand, musique de Hackensöllner, représentée dans la salle de la Società filarmonica, à Florence, en février 1876.
DE BRIC ET DE BROC
Revue en quatre actes et dix tableaux, dont un prologue, livret de Clairville et Armand Liorat, musique de Louis Varney, représentée à l’Athénée-Comique le 04 février 1876.
DE CYTHÈRE À GATSCHINA
Intermède lyrique, livret du comte Fredro, musique de M. Lévy, représenté par des dames de la société aristocratique à Saint-Pétersbourg en novembre 1862.
DE PAR LE ROI
Opéra-comique, paroles de M. Laurencin, musique de Gustave Héquet, représenté sur le théâtre de Bade le 18 juillet 1864.
DÉA
Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique de Jules Cohen. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 30 avril 1870. La donnée de la pièce rappelle, par son invraisemblance et sa sentimentalité, les sujets qu'affectionnaient nos pères au commencement de ce siècle. Une pauvre Péruvienne pleure depuis plusieurs années sa fille enlevée par des Indiens. Son fils se rend chaque année dans les tribus indiennes et tente d'y découvrir sa sœur. Il fait la rencontre d'un naturaliste français, qui a été délivré de grands dangers par une jeune indigène. Le Péruvien croit reconnaître en elle sa sœur et en envoie porter la nouvelle à sa mère par le naturaliste. Mais Fernand et Déa s'aperçoivent qu'ils se sont mépris, qu'aucun lieu de parenté n'existe entre eux, et ils conçoivent l'un pour l'autre l'amour le plus tendre. Dans la crainte cependant que la mère ne succombe à une déception cruelle, Déa consent à passer pour sa fille et Fernand va s'éloigner, voyager, oublier son amour, laisser celle qu'il aime épouser le voyageur français. Mais heureusement, la mère surprend leur secret et consent à leur bonheur ; la botanique consolera le naturaliste. La partition de M. Jules Cohen a été écrite avec beaucoup de soin et de goût ; on y a relevé plusieurs réminiscences de la musique d'Auber et de Félicien David. L'introduction et l'air de ténor : Sur les flots bleus de l'Amazone, ont une couleur poétique ; l’entr’acte est finement orchestré ; ou a remarqué dans le deuxième acte un joli trio, une valse et un bon duo dramatique. Cet ouvrage a servi aux débuts de Mlle Zina Dalti ; les autres rôles ont été tenus par Gustave Leroy, Auguste Armand Barré et Mme Delphine Ugalde (Juana).
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DÉBORAH
Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe Favre et Edouard Plouvier, musique d'Alphonse Devin Duvivier (22 mai 1827 - 1907), représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 14 janvier 1867, avec Mmes Talvo-Bedogni (Déborah), Daram (Diana Honor), Demay (Annette), MM. Jules Puget (Allan Mac Donald), Lutz (Mac Honor), Auguste Legrand (Robin Chrystal), Etienne Troy (Fergus Lorimer), Laurent (Jonos Piper), René Neveu (Fallah).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 3 en 1867.
« Le sujet a été tiré d'un roman de Walter Scott. Le livret n'a pas été jugé favorablement. Quant à la musique, plusieurs morceaux ont été remarqués, entre autres la romance : Les voilà bien, ces ingrats qu'on adore. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La pièce, quoique tirée d'un roman de Walter Scott, fut jugée très durement par le public ; et elle entraîna dans sa chute la partition, qui ne méritait par tant de disgrâce. L'auteur de la musique était organiste dans un temple protestant. Il a conduit aussi l'orchestre des Délassements-Comiques, pendant le court séjour de ce théâtre dans la maison de la rue de Provence, qui faisait face à la rue Le Peletier (1862). »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DÉDÉ
Opérette en trois actes, livret d’Albert Willemetz, musique d’Henri Christiné.
Première représentation aux Bouffes-Parisiens, le 10 novembre 1921, mise en scène d’Edmond Roze, avec Alice Cocéa (Denise), Urban (Dédé) et Maurice Chevalier (Robert), sous la direction d’Eugène Poncin.
DÉDIT (LE)
Opéra-comique en deux actes, paroles de Montigny, musique de Gauthier, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 17 juin 1798.
DÉESSE ET LE BERGER (LA)
Opéra-comique en deux actes et en vers, livret de Camille du Locle, musique de Jules Duprato. Création sur le Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 21 février 1863, mise en scène d’Ernest Mocker, décor de Philippe Chaperon, avec Mmes Blanche Baretti (Maïa), Ferdinand-Sallard (une Naïade), MM. Capoul (Bathylle), Eugène Crosti (Bacchus), Gourdin (Polémon), Prilleux (Silène).
« C'est une pièce mythologique gracieuse, amusante dans les détails et qui a de la valeur littéraire. La musique se distingue surtout par l'instrumentation, qui est colorée, ingénieuse. On a reproché à celle-ci de tenir lieu d'inspirations mélodiques. Néanmoins, le chœur O Maïa, déesse charmante, est en tous points un morceau parfaitement réussi. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DÉESSES DU BATTOIR (LES)
Opérette en un acte, musique de Frantz Hitz, représentée aux Fantaisies-Oller en mai 1877.
DÉFAUTS DE JACOTTE (LES)
Opérette en un acte, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Victor Robillard, représentée à Paris, Fantaisies-Parisiennes, le 27 avril 1867. Chantée par Bonnet, Croué, Henry Géraizer, Mmes Marguerite Jeanne Camille Decroix, Gourdon et Mlle Mathilde.
DÉFI (LE)
Opéra-comique, paroles de Delrieu, musique de Jadin, représenté au théâtre Louvois le 8 août 1796. La musique de Jadin est très faible.
DÉFIS D’ARLEQUIN ET DE SCAPIN (LES)
Canevas italien en trois actes, livret et musique anonymes, créé à Paris, Théâtre-Italien, le 19 avril 1741. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 06 septembre 1771.
DÉGUISEMENT PASTORAL (LE)
Opéra-comique en deux actes, musique de Van Malder, représenté à Bruxelles le 12 décembre 1759.
DÉGUISEMENTS AMOUREUX (LES)
Opéra en deux actes, musique de Stanislas Champein, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1783.
DEÏDAMIA
Drame lyrique en quatre actes et six tableaux, livret de Lucien Solvay, musique de François Rasse, représenté à la Monnaie de Bruxelles le 03 avril 1906 avec Mmes Bressler-Gianoli (Monna Belcolore), Eyreams (Deïdamia), MM. Albers (Karl Frank), Artus (Gunther), Forgeur (un chasseur), Dognies (Stranio).
DÉIDAMIE
Opéra en deux actes, livret d’Edouard Noël, musique de Henri Maréchal.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 15 septembre 1893 ; mise en scène de Lapissida ; décors adaptés par Eugène Carpezat ; costumes de Charles Bianchini.
Mme CHRETIEN (Déïdamie).
MM. VAGUET (Achille), RENAUD (Ulysse), DUBULLE (le Roi), BALAS, BOCQUEREL, BOUISSAVIN, DESLAURIERS, GRAUX, NARÇON, PERRIN (les Chefs Grecs).
Ballet réglé par Joseph HANSEN : Mlles OTTILINI, SALLE.
Chef d'orchestre : Paul VIARDOT
12e à l’Opéra, le 25 mai 1894, avec les créateurs, sauf MM. NOTÉ (Ulysse), BALLARD (le Roi).
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Ulysse : Gaston BEYLE (1893).
Achille : M. GOGNY (1893).
12 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Le sujet de Déidamie, emprunté au poète latin Stace, est suffisamment connu pour qu'il soit inutile de l'analyser longuement. La façon dont il a été traité par M. Edouard Noël n'était pas pour lui rendre un grand vernis de nouveauté, et la forme assez banale du livret ne pouvait guère inspirer le musicien. La partition de M. Maréchal, écrite soigneusement et avec élégance, était en effet un peu trop pâle et incolore, et semblait un peu en retard sur son temps ; elle manquait de relief, aussi bien au point de vue de la forme générale de l'œuvre qu'en ce qui concerne la recherche et le piquant de l'instrumentation. Œuvre honorable sans doute, mais un peu trop dépourvue de nerf et de personnalité. Les interprètes étaient Mlle Chrétien, MM. Vaguet, Renaud et Dubulle. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DÉJANIRE
Tragédie lyrique en quatre actes, en prose rythmée, livret de Louis Gallet et Camille Saint-Saëns, musique de Camille Saint-Saëns (musique de scène composée en 1898, opéra composé en 1911).
Créée sous forme de Tragédie antique, avec chant, le 28 août 1898, aux Arènes de Béziers, puis à Paris, au Théâtre de l'Odéon, le 11 novembre 1898.
Créée dans sa forme lyrique, sans scènes parlées, à l'Opéra de Monte-Carlo, le
14 mars 1911.
Première fois au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 22 novembre 1911 (répétition générale le 19 novembre) ; mise en scène de Paul Stuart ; chorégraphie d'Ivan Clustine ; décors de Rochette et Landrin (actes I et IV), Georges Mouveau (actes II et III) ; costumes de Joseph Pinchon.
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BEZIERS 28.08.1898 |
PARIS Odéon 11.11.1898 |
MONTE-CARLO 14.03.1911 |
OPERA 22.11.1911 |
Déjanire |
Cora LAPARCERIE |
LAPARCERIE |
Félia LITVINNE |
LITVINNE |
Iole |
SEGOND-WEBER |
SEGOND-WEBER |
Y. DUBEL |
GALL |
Phénice |
DE FEHL |
DE FEHL |
G. BAILAC |
CHARNY |
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Hercule |
DARMEL |
DORIVAL |
Lucien MURATORE |
MURATORE |
Philoctète |
A. GHASNE |
VALMONT |
DANGES |
DANGES |
Chef d’orchestre |
SAINT-SAËNS |
COLONNE |
Léon JEHIN |
MESSAGER |
Le divertissement, lors de la première à l'Opéra, était dansé par Mlles Blanche KERVAL, DELSAUX, B. MANTE, S. MANTE et le Corps de Ballet.
17e représentation à l'Opéra, le 2 juillet 1913, avec les créateurs, sauf Mme DEMOUGEOT (Déjanire), M. DUCLOS (Philoctète) et Paul VIDAL au pupitre.
17 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 06 décembre 1911 avec Mmes Friché (Déjanire), Heldy (Iole), Degeorgis (Phénice), MM. Darmel (Hercule), Ghasne (Philoctète).
« C'était pour l'inauguration des spectacles en plein air organisés, sur l'initiative et par les soins de M. Castelbon de Beauxhôtes, aux superbes Arènes de Béziers, où l'on voulait renouveler l'impression grandiose des spectacles de la Grèce antique. Louis Gallet avait écrit à cet effet un grand drame, mêlé de chœurs et de danses, pour lequel il s'était inspiré des Trachyniennes de Sophocle. La jalousie d'Hercule, la douleur de Déjanire, la mort terrible du demi-dieu ne pouvant se débarrasser de la fatale tunique qui le dévore, tel était ce drame, auquel, malheureusement, Gallet n'avait pas su donner sa magnifique puissance. Le succès fut grand néanmoins, grâce à la richesse et la majesté du spectacle, au milieu, si nouveau pour les spectateurs, dans lequel il se déroulait, grâce à la splendeur des décors et de la mise en scène, à la musique, aux chœurs, à la danse, enfin, aussi, à l'effet que produisaient sur eux-mêmes les quinze mille spectateurs qui se pressaient dans les Arènes. Ce succès fut moins complet lorsque l'ouvrage parut sur la scène de l'Odéon, dans les conditions où, naturellement, on avait été obligé de le réduire. Le drame, il faut le dire, parut un peu sec, un peu pâle, et d'un intérêt médiocre. Quant à la musique, qui comprend des chœurs et des morceaux symphoniques, si elle ne saurait rien ajouter à la gloire qui s'attache au nom de M. Saint-Saëns, elle n'est pas indigne de l'artiste illustre à qui l'on doit Samson et Dalila, la symphonie en ut mineur, la Lyre et la harpe et tant d'œuvres superbes dans tous les genres. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
DÉJEUNER DE GARÇONS (LE)
Comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret d’Auguste Creuzé de Lesser, musique de Niccolo Isouard. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 avril 1806.
DÉLAI LÉGAL (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Aubry, musique de Charles Hess, représenté au théâtre de la Renaissance le 20 décembre 1900.
DÉLÉGUÉS (LES)
Vaudeville-opérette en trois actes et quatre tableaux, livret d’Emile Blavet et Fabrice Carré, musique d’Antoine Banès, représenté au Théâtre des Nouveautés le 28 novembre 1887, avec Marie Grisier-Montbazon.
DÉLIA ET VERDIKAN
Comédie en un acte à ariettes, livret de Jean-Baptiste Elleviou, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 09 mai 1805.
DÉLIRE (LE) ou LES SUITES D'UNE ERREUR
Comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret de Révéroni Saint-Cyr, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 07 décembre 1799. Cette pièce, qui est plutôt un drame qu'un opéra-comique, offre des scènes déchirantes qui ont mis en relief les qualités dramatiques du talent de l'auteur de Montano et Stéphanie. C'est un des meilleurs ouvrages de Berton. La chanson Jouer toujours, changer d'amour, a eu du succès ; mais les morceaux les plus remarquables sont la romance : Email des prés, verdure, l'air C'est là qu'elle sera, et la scène Non, pour moi, non plus d'espoir. Le rôle si difficile de Murville, toujours en proie à des accès de frénésie, a été le triomphe de Gavaudan.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DELMON ET NADINE
Opéra-comique en deux actes, paroles de Delrieu, musique de Gaveaux, représenté au théâtre Feydeau le 13 juin 1795. Une anecdote du tribunal révolutionnaire a fourni le sujet de la pièce.
DELPHIS ET MOPSA
Opéra en deux actes, paroles de Guy, musique de Grétry, fut représenté au Théâtre de l'Opéra le 15 février 1803 (26 pluviôse an XI), avec Laforêt (Phanor), Lays (Delphis); Mlles Henry (Laure) et Maillard (Mopsa).
« Cette pastorale a été le dernier effort de la muse de Grétry. C'était de la musique de l'autre siècle, et, quelles que fussent les velléités du compositeur pour suivre les évolutions des idées nouvelles, il n'était plus qu'un ci-devant. Son inspiration inventive, sa sensibilité vive et charmante, sa gaieté franche, mais toujours délicate, avaient rencontré dans la société du XVIIIe siècle un auditoire merveilleusement préparé et comme assemblé tout exprès pour y applaudir. Le cours des idées avait changé, et il s'agissait bien de houlettes et de bergères ! Deux genres seulement étaient possibles, et, malheureusement pour l'art, sans intermédiaire : le genre épique, solennel, héroïque avec ses défauts inhérents, l'emphase, la monotonie et l'ennui ; et le genre bas comique ou bourgeois, trop souvent grossier et trivial, aussi dépourvu de grâce que d'esprit. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est le dernier opéra de Grétry : il ne reçut point du public un favorable accueil. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DÉLUGE (LE)
Poème biblique en trois parties de Louis Gallet, musique de Camille Saint-Saëns, représenté au Théâtre du Châtelet par les Concerts Colonne sous la direction d’Edouard Colonne le 05 mars 1876.
DÉMÉNAGEMENT D’ARLEQUIN, MARCHAND DE TABLEAUX (LE)
Compliment de clôture en vaudevilles, livret de Charles Nicolas Favart, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 05 avril 1783.
DEMOISELLE AUX CAMÉLIAS (LA)
Opérette en trois actes, paroles de MM. Eugène et Édouard Adenis, musique d’Edmond Missa, représentée aux Bouffes-Parisiens le 04 octobre 1899 avec Mariette Sully (Césarine).
DEMOISELLE D'HONNEUR (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d'Eugène Mestépès et A.-Sébastien Kauffmann, musique de Théophile Semet. => livret
Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 30 décembre 1857 avec Mmes Victorine Moreau (Elisabeth, reine d'Espagne), Amélie Rey (Dona Hélène de Mendoza), Adèle Vadé (Dona Florinde), Marie Marimon (Reinette, bouquetière de la reine), Amélie Faivre (une paysanne), Esther Caye (un page), MM. Pierre Marius Audran (De Tavannes), Antoine Grillon (De Pardaillan), Mathieu Emile Balanqué (le marquis de Mendoza), Gabriel (Tremblet), Henri Beaucé (De Vaudreuil), Armand Potel (De Canillac), Serène (Jean-Pierre).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 1 en 1857, 33 en 1858, 2 en 1859.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 31 janvier 1859 avec Mmes de Aynssa (Hélène), Feitlinger (la bouquetière Reinette), A. Gros, MM. Monjauze (Tavannes), Carman (Pardaillan), Van Hufflen (marquis de Mendoza).
« C'est un mélodrame assez émouvant dans lequel on se donne un peu trop de coups d'épée, et où l'on voyage beaucoup trop. La musique est l'œuvre d'un musicien habile. On a surtout remarqué l'accompagnement instrumental de la chanson de Ronsard intercalée dans le second acte :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui, ce matin, avait déclose
Sa robe de pourpre, au soleil
N'a point perdu cette vesprée,
Son teint au vôtre pareil.
La mélodie, toutefois, n'a rien de saillant. Au troisième acte, le chœur des chasseurs, la cavatine de Reinette et de jolis couplets ont fait réussir cet ouvrage. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Un mélodrame de cape et d'épée (époque de la Renaissance). On y applaudissait un duel habilement mis en scène par M. Desbarolles. Interprètes : Audran (ex-ténor de l'Opéra-Comique), Balanqué, Grillon, Mlles Rey, A. Faivre et Marimon (pour ses débuts). »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DEMOISELLE DE BELLEVILLE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Nuitter et Beaumont, musique de Karl Millöcker, représentée aux Folies-Dramatiques le 29 février 1888. Sous le titre de l’Agnès de Belleville, Paul de Kock et Cogniard frères avaient tiré d'un roman bien connu du premier un vaudeville en trois actes qu'ils avaient donné en 1835 sur ce même théâtre des Folies-Dramatiques. Traduite plus tard en allemand et adaptée à la forme de l'opérette, avec musique du compositeur autrichien Millöcker, cette pièce fut jouée avec succès à Vienne, sur le théâtre Friedrich-Wilhelmstadt, en septembre 1882. L' « adaptation » française de cette adaptation n'en obtint aucun à Paris, où cette Demoiselle de Belleville reparaissait après plus d'un demi-siècle. Elle était jouée alors par MM. Gobin, Guyon fils, Marquetti, Mmes Mily-Meyer et Fanny Génat.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DEMOISELLE DE LA HOCHE-TROMBLON (LA)
Opérette en un acte, livret de Jules Moinaux, musique de Laurent de Rillé, représentée au théâtre des Folies-Nouvelles le 24 octobre 1857, avec MM. Joseph Kelm, Dupuis et Mlle Géraldine.
DEMOISELLE DE MAGASIN (LA)
[the Shop girl]
Opérette anglaise en deux actes, livret de M. Dam, musique d’Yvan Caryl, représentée au Gaity-Theatre de Londres en novembre 1894. Ce petit ouvrage a été joué ensuite à l'Olympia, à Paris, avec paroles françaises de Maurice Ordonneau, le 04 juin 1896.
DEMOISELLE DU PRINTEMPS (LA)
Opérette, livret de Maurice Ordonneau, Francis Gally et Georges Léglise, musique d’Henri Goublier fils.
Première représentation au Théâtre de l’Apollo, le 17 mai 1916.
DEMOISELLE DU TÉLÉPHONE (LA)
Comédie-opérette en trois actes de Maurice Desvallières, Antony Mars et André Sylvane, musique de Gaston Serpette, représenté au théâtre des Nouveautés le 02 mai 1891.
DEMOISELLE ÉLUE (LA)
Cantate pour soprano, mezzo-soprano, chœur féminin et orchestre, musique de Claude Debussy composée en 1902.
DEMOISELLES DES SAINT-CYRIENS (LES)
Opérette en trois actes, livret de Paul Gavault et Victor de Cottens, musique de Louis Varney, représentée au théâtre Cluny le 22 janvier 1898.
DÉMON (LE)
Opéra russe en trois actes, livret de Wiskowatoff, d’après un poème de Lermontoff, musique d’Anton Rubinstein.
Création à Saint-Pétersbourg, théâtre Marie, le 25 janvier 1875.
Une version française de Camille du Locle et Charles Nuitter a été publiée.
« Le livret a été tiré d'un des poèmes les plus saisissants et les plus populaires de Lermontoff. C'est l'une des œuvres les plus importantes de M. Rubinstein, et celle peut-être à laquelle le succès est toujours resté le plus fidèle. Le sujet est l'éternelle lutte du bien et du mal, de l'ange et du démon. La scène se passe au Caucase. La belle Circassienne Tamara, fiancée au prince de Sinodal, est poursuivie par le Démon, qui lui apparaît souvent et cherche à la charmer par des paroles d'amour. Au premier acte, où tout d'abord le Démon lance un défi à l'éternel Créateur, on voit bientôt le prince de Sidonal voyager avec son escorte pour aller trouver sa fiancée. Son camp est surpris par des ennemis poussés par le Démon, et le jeune prince est tué par celui-ci. On voit que dès ce premier acte disparaît le personnage qui semblait devoir être l'un des principaux de l'action ; il en sera de même par la suite, et tous disparaîtront ainsi successivement, pour ne laisser finalement en présence que les deux vrais héros du drame : la vierge et le Démon.
Le deuxième acte transporte l'action dans le palais du prince de Goudal, père de Tamara, où se donne une fête en l'honneur du prochain mariage de la jeune fille. Au milieu des réjouissances, un messager vient apporter la nouvelle de la mort tragique du fiancé. En présence d'un tel malheur, Tamara prend la résolution de renoncer au monde et d'ensevelir sa douleur au fond d'un cloître. C'est dans ce cloître que nous la retrouvons au troisième acte. Le Démon pénètre dans sa cellule, renouvelle auprès d'elle ses tentations, lui parle le langage le plus ardent et le plus passionné ; il la saisit et l'embrasse au moment ou il croit l'avoir vaincue par ses séductions, mais la jeune fille tombe morte à ses pieds ; et, comme il s'apprête à enlever celle qu'il considère comme sa proie, un ange paraît, qui la lui ravit.
Ce livret est peut-être conçu plutôt dans la forme de l'oratorio que dans celle du vrai drame lyrique. Mais le musicien en a fait une œuvre virile, passionnée et vivante, à qui l'on a pu parfois reprocher un certain manque d'originalité, mais à qui l'on ne saurait refuser la grandeur, la puissance et le sentiment pathétique. Le sujet offrait d'ailleurs au compositeur un élément pittoresque dont il a su tirer un parti superbe, et ses chœurs, comme ses airs de danse, ont une couleur et un éclat qu'on ne saurait dépasser.
Il faut remarquer, au premier tableau du premier acte, le chœur des esprits de la terre, la grande imprécation du Démon, qui est une page grandiose, et le joli chœur des femmes qui viennent puiser de l'eau au torrent ; au second tableau, toute la scène de la caravane et celle de la surprise du camp, avec l'épisode si dramatique de la mort de Sinodal. Les danses orientales du second acte sont d'une couleur et d'une originalité saisissantes, et elles forment un contraste frappant avec la grande scène de l'annonce de la mort du prince, où le compositeur montre toute la puissance avec laquelle il sait manier les forces chorales et instrumentales. Quant au dernier acte, il ne comprend qu'une scène, un duo singulièrement développé entre Tamara et le Démon, mais ce duo est d'une puissance et d'un effet indescriptibles.
Interprété par Mmes Raab, Krutikoff et Schrœder, MM. Komissarewski et Melnikoff, le Démon obtint dès son apparition dans la patrie de l'auteur un immense succès, qui ne s'est jamais démenti depuis lors et qui s'est renouvelé partout où il a été représenté. On le joue couramment en Allemagne, où la musique de Rubinstein est d'ailleurs très appréciée, et c'est avec un véritable enthousiasme que l'ouvrage, traduit en italien, fut accueilli au théâtre Covent-Garden de Londres, lorsqu'il y parut pour la première fois le 21 juin 1881. Il était joué alors par Mme Albani (Tamara), M. Lassalle (le Démon), M. Edouard de Reszké (le prince de Goudal), M. Marini (Sinodal) et Mme Trebelli (l'Ange de la lumière).
Chose assez singulière, le Démon, prêt à être représenté à Saint-Pétersbourg en décembre 1871, fut interdit préventivement pour motifs politiques (!). Il dut attendre trois années pour obtenir enfin l'autorisation de paraître en public. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
DÉMON DE LA NUIT (LE)
Opéra en deux actes, paroles de Bayard et Etienne Arago, musique de Jacques Rosenhain, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 17 mars 1851 ; mise en scène d'Hippolyte Leroy ; costumes de Paul Lormier ; avec Gustave Roger (Frédéric), Brémond (le baron), Marié (Edgard) ; Mme Laborde (Mathilde) et Mlle Nau (Edith).
« Les morceaux les plus saillants de cet opéra sont la ballade chantée par Mme Laborde : Le soir, à l'heure, etc. ; le chœur syllabique de voix d'hommes et de femmes qui ouvre le second acte et dont la modulation du majeur au mineur est d'un effet original ; le grand air de soprano Sur cette terre je n'ai que lui ; la romance Ombre du mystère, chantée délicieusement par Roger, et la scène de nuit dans laquelle se trouvent des effets musicaux fort intéressants, et particulièrement la phrase charmante Quand de la neige, qui le protège, dite aussi par Roger. Cet opéra a été très bien interprété par Mme Laborde, Mlle Nau, Brémont et Marié. Mme Cabel a chanté aussi cet ouvrage à Bruxelles. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est le joli vaudeville, écrit en 1836 pour Mlle Anaïs Fargueil, devenu opéra de demi-caractère.
Pianiste de talent, M. Jacques Rosenhain s'est distingué surtout dans la musique instrumentale. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DEMON'S BRIDE (THE)
[en français la Fiancée du diable]
Opéra bouffe anglais, livret d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique de Georges Jacobi, représenté à l'Alhambra de Londres le 07 septembre 1874, avec un grand succès.
DÉMOPHON
Tragédie lyrique en trois actes, paroles de Jean-François Marmontel, d’après le Demofonte de Métastase, musique de Luigi Cherubini, représentée à l'Opéra de Paris le 01 décembre 1788, avec Chéron (Démophon), Lainé (Osmide), Rousseau (Néade), Lays (Astor) ; Mmes Chéron (Ircile) et Saint-Huberti (Dircé).
« La musique n'obtint pas le succès qu'elle méritait. Démophon est le premier ouvrage français mis en musique par le célèbre compositeur florentin. Il renonça, pour l'écrire, au style italien qu'il avait adopté dans ses précédents opéras représentés en Italie et à Londres. Il s'efforça de faire concourir à l'intérêt dramatique les ressources de sa science harmonique. Mais le public de ce temps n'était pas encore préparé à cette transformation de l'art, que consommèrent avec plus de succès Méhul, Berton, Spontini. On peut constater le droit d'invention qui appartient à Cherubini, en analysant le beau chœur de Démophon : Ah ! vous rendez la vie. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Marmontel s'inspira de l'opéra de Métastase. La musique de Cherubini rappelle à la fois le style énergique de Gluck et le tour mélodique de Piccinni. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DÉMOPHON
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Desriaux, d’après le Demofonte de Métastase, musique de Jean-Christophe Vogel.
Première représentation à l’Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin), le 22 septembre 1789, avec Adrien (Démophon), Lainé (Timante), Lays (Narbal), Châteaufort (Adraste), Leroux et Dufresne (le Grand Prêtre); Mlles Roussellois (Dircée), Burette (Diane) et Mullot, sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
« Comme le Démophon de Marmontel, cet ouvrage est une imitation du drame de Métastase. Vogel partagea l'admiration qu'excitaient alors les œuvres de Gluck, et s'efforça d'imiter son style. Son opéra de la Toison d'or avait obtenu un succès qui disposait le public à accueillir favorablement la partition de Démophon. Le compositeur mourut avant la représentation de son opéra. Il avait trente-deux ans. Malgré l'intérêt qu'on portait à l'œuvre posthume, elle n'eut que vingt-quatre représentations. Elle fut cependant reprise en 1793. L'ouverture peut être considérée comme un chef-d'œuvre. La richesse du tissu harmonique, la noblesse du caractère, les traits déchirants et pathétiques en font un superbe tableau qui prépare l'âme des spectateurs aux émotions les plus douloureuses. Cette ouverture fut placée par Gardel dans le ballet de Psyché. Elle a été souvent exécutée dans les concerts, et notamment au Champ de Mars en 1791, dans la cérémonie funèbre des officiers tués à Nancy. Douze cents instruments à vent furent réunis en cette circonstance. La partition de Démophon, que nous avons sous les yeux, nous offre des morceaux bien dignes d'être signalés aux amateurs de musique dramatique. L'andante Ah ! que sa tendresse m'est chère, la scène Venez, jeunes amants, sous ces berceaux de fleurs, l'air en si bémol Hélas ! que ne puis-je vous dire quel est l'excès de mes malheurs ! le larghetto Cher enfant, tes malheurs ne t'épouvantent guère ; enfin la scène de désespoir Quelle fatalité, allegro terrible dans lequel le souffle de Gluck semble avoir passé ; telles sont les principales parties d'une œuvre fort remarquable, presque oubliée et qu'un directeur pourrait reprendre avec quelques chances de succès. En effet, le style du Démophon est si élevé, les accompagnements sont tellement intéressants, variés, et l'inspiration est si naturelle et si vraie, qu'aucune partie n'a vieilli ; ce qu'on ne peut dire que d'un petit nombre d'opéras composés à cette époque. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Succès. — L'ouverture en est restée célèbre. — Lays, grand admirateur de la musique de Vogel, se distingua dans cet ouvrage. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DÉNOUEMENT INATTENDU (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Joigny, musique de Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 novembre 1797.
DENT DE SAGESSE (LA)
Opérette en un acte, paroles d'Ed. Martin, musique de Louis Heffer (pseudonyme d'Hervé), représentée aux Folies-Nouvelles en 1857.
DENYS LE TYRAN, MAÎTRE D'ÉCOLE À CORINTHE
Opéra historique en un acte, paroles de Sylvain Maréchal, musique de Grétry. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre des Arts] (salle Montansier) le 23 août 1794 (6 fructidor an II). Cette bouffonnerie, dans laquelle Denys fait la classe à des enfants qui le maltraitent, s'enivre avec un savetier, laisse tomber son diadème, et est condamné à être battu de verges au pied de la statue de la Liberté, ne fait pas honneur à l'esprit du librettiste. Si, comme l'indique assez la date de la représentation, cette pièce a été une saturnale de circonstance, Grétry a commis une mauvaise action en lui prêtant le concours de son talent, car il avait été comblé des bienfaits de la cour. Louis XVI, le tyran, comme on disait alors, lui avait fait accorder une pension de mille francs sur la caisse de l'Opéra, et y avait ajouté une autre pension de mille écus sur sa cassette. Grétry a eu la pudeur tardive de ne pas laisser graver cette partition.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DÉPART DE GRÉTRY (LE)
Opéra, musique d'Eykens, représenté sur le théâtre de Liège en 1829.
DÉPART DES MATELOTS (LE)
Comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret de James Rutledge, musique d’Henri-Joseph Rigel. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 23 novembre 1778.
« Ce petit ouvrage n'ayant obtenu aucun succès, le public, après la première représentation, qui fut aussi la dernière, se dispensa de demander les noms des auteurs, et ceux-ci restèrent complètement inconnus. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DÉPIT D'AMOUR
Opéra-comique en un acte, musique de M. Mortou, représenté à Laval en mai 1896.
DÉPIT GÉNÉREUX (LE)
Opéra en deux actes, livret de Louis Anseaume et Quétant, musique de Laruette, représenté à la Comédie-Italienne le 16 juillet 1761.
DÉPITS AMOUREUX (LES)
Opérette en un acte, livret de Marc-Sonal et Victor Gréhon, musique de Monteux-Brissac, représentée au Concert de la Cigale le 02 juin 1893.
DERNIER ABENCÉRAGE (LE)
Opéra-comique en deux actes, musique de M. Régnier, représenté chez M. le comte Wiard le 21 mai 1874.
DERNIER AMOUR (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Paul Berlier, musique de Mme Gabrielle Ferrari, représenté dans un concert, au Théâtre-Mondain, le 11 juin 1895.
DERNIER APPEL (LE)
« Episode dramatique de la vie moderne » en un acte, paroles de Mme de Waltershausen, musique de Marie-Joseph Erb, représenté au théâtre municipal de Strasbourg le 31 octobre 1895.
DERNIER DES CHIPPEWAYS (LE)
Opérette en un acte, musique d'Eugène Anthiome, créée aux Folies-Bergère le 03 février 1876.
DERNIER DES MARIGNY (LE)
A-propos revue en quatre actes, paroles de Michel Carré fils et Colias, musique d’Edmond Missa, représenté aux Folies-Marigny le 22 janvier 1896.
DERNIER DES MUFLHAUSEN (LE)
Opérette en un acte, paroles de Maurice Lefèvre, musique de Georges Street, représentée au concert de la Scala en 1886.
DERNIER DES SORCIERS (LE)
Opéra allemand, musique de Pauline Viardot ; représenté sur le théâtre de Weimar, en avril 1869, à l'occasion de la fête du grand-duc ; la célèbre cantatrice a reçu des personnes de la cour les éloges qu'elle désirait obtenir comme compositeur de musique.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DERNIER JOUR DE MISSOLONGHI (LE)
Drame en trois actes et en vers libres de Ozaneaux, musique d'Herold, représenté sur le théâtre de l'Odéon le 10 avril 1828. Le poème est très émouvant et bien traité. La forme littéraire est noble et digne du sujet. Mais il faut reconnaître qu'Herold a été inférieur à lui-même en cette circonstance, soit que son talent ne pût s'élever à exprimer les plus grands sentiments, tels que ceux du patriotisme et du désespoir, soit qu'il se sentît déconcerté par les souvenirs écrasants du Siège de Corinthe, qui, joué deux ans auparavant, avait offert des situations analogues à celles du Siège de Missolonghi.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DERNIER JOUR DE POMPÉI (LE)
Opéra en quatre actes et cinq tableaux, livret de Charles Nuitter et Alexandre Beaumont, musique de Victorin Joncières, représenté au Théâtre-Lyrique impérial (place du Châtelet) le 21 septembre 1869, avec Mmes Schrœder (Ione), Anna Vercken (Nydia), Juliette Borghèse (la Saga), MM. Massy (Hermès), Jalama (Diophas), Brisson (Claudius), Guillaume Bacquié (Pythéas), François Hippolyte Grignon (Diomède), Prosper Guyot (Milon), Aubert (le Préteur), Gourdon (Tétraïdes), Briart (Lydon). Danse nubienne : Mlle Rust. Pas de la séduction : Mlle Alexandrowa.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 13 en 1869.
« Ce sujet a été traité plusieurs fois à la scène, et les épisodes du roman de Bulwer Lytton ont servi à plus d'un auteur, non seulement à propos de Pompéi et d'Herculanum, mais presque chaque fois qu'il a été question d'une ville embrasée ou d'un palais en flammes. Seulement, dans ce livret-ci, les auteurs ont perdu le filet qui sert à les lier. Il en est résulté une suite de scènes décousues, des personnages peu caractérisés et une action languissante ; une meilleure musique aurait triomphé difficilement d'un aussi mauvais poème. Au premier acte, après une scène où les gladiateurs jouent un rôle épisodique, Hermès arrache une jeune esclave, nommée Nydia, à la brutalité de son maître, le gladiateur Milon, et la lui achète. Nydia témoigne sa reconnaissance à son nouveau maître et devient immédiatement éprise de lui, ce qui n'est pas invraisemblable, mais blesse les mœurs de l'art dramatique. L'auteur qui commet cette faute ne comprend donc pas que le public ne s'intéresse à une passion qu'autant qu'elle est suffisamment préparée, amenée, fortifiée dans un cœur honnête, c'est-à-dire capable de la ressentir et de la contenir surtout dans de justes réserves. Enfin, en quatre vers de récitatif, et séance tenante, voilà Nydia jalouse d'Ione, amante d'Hermès. On célèbre les fêtes d'Isis, la bonne déesse. Païens et chrétiens sont en présence. Le prêtre Pythéas apostrophe Diophas, nouveau converti au christianisme, et excite contre lui la fureur populaire. Diophas renverse l'idole. Le peuple, effrayé d'une telle audace et en proie à une terreur superstitieuse, s'enfuit. Pythéas jure de punir Diophas. Il est distrait de sa vengeance à la vue d'Ione qu'il aime en secret. Hermès arrive au rendez-vous et chante avec Ione un duo d'amour. Nydia les voit, tombe accablée de douleur sur les marches du temple. Pythéas comprend qu'il peut trouver en elle un instrument de sa vengeance. Dans le deuxième acte, une sorcière, la Saga, prédit la destinée de Pompéi et se livre à des incantations. Ione et Hermès, au milieu de la tempête qui mugit au dehors, viennent lui demander asile et la consulter sur leur sort. La Saga leur annonce les plus grands malheurs ; Ione s'en effraye et Hermès sa raille de la sorcière qui les poursuit de ses imprécations. Pythéas a assisté caché à cette scène ; voilà la troisième fois que cela lui arrive ; c'est trop de deux. Il prend en main la cause, de la sorcière méprisée, et obtient de celle-ci un breuvage qui rendra son rival fou et débile ; ensuite a lieu une orgie en l'honneur de Vesta. Diomède, bien nommé, parle ainsi aux convives réunis :
Voici venir un mets que je vous recommande,
Des murènes ! Dans mes viviers
Pour les nourrir trois mois,
Je leur ai fait jeter
Dix esclaves gaulois.
(On apporte solennellement les murènes.)
Il me semble que M. Jourdain n'avait pas tort de s'étonner de ce que tout ce qui n'est point prose est vers. Voici un échantillon du poème du dernier jour de Pompéi qui est l'idéal entrevu par le bourgeois de Molière. Le musicien n'en a pas moins écrit une marche bien contre-pointée pour l'entrée des murènes, et l'a fait suivre d'un chœur agréable, appelé dans l'ouvrage Chœur des gourmets. Mais on a donc perdu toute espèce de goût artistique et littéraire dans notre malheureux pays ? Qui pourrait prêter l'oreille à la plus jolie musique et en même temps habituer son esprit et ses nerfs au repas de ces espèces d'anthropophages ? Après que les dix esclaves gaulois ont été mangés, on danse et on tire une loterie. Pythéas arrête Nydia qui porte à Hermès des tablettes d'Ione. Il lui dit qu'il a deviné son amour pour son maître. Il excite sa jalousie, et finit par lui faire accepter le philtre préparé par les mains de la sorcière, et qui doit la faire triompher de sa rivale. Elle le verse à Hermès dans la scène suivante. Il produit un effet instantané. Hermès, il est vrai, oublie Ione et donne des marques de tendresses à Nydia ; mais il a perdu la raison. Pendant ce temps, loue attend son amant dans le bosquet de Cybèle ; pourquoi pas Cythère ? Pythéas donne à deux esclaves noirs l'ordre d'enlever loue et de la transporter dans sa maison des champs. Diophas se présente ; le prêtre d'Isis cherche à le ramener au culte des idoles par les promesses de l'ambition et les séductions de la volupté. Diophas résiste à tout, et Pythéas dans sa fureur le frappe de deux coups de stylet pendant qu'on voit les esclaves enlever Ione. Hermès parait, toujours sous le charme du philtre. Pythéas l'accuse du meurtre qu'il a lui-même commis ; le malheureux est hors d'état de se justifier. Il succombe sous la vindicte publique et, malgré les efforts de Nydia, il est condamné à mort par le préteur ; ainsi finit le quatrième acte. Les auteurs ont eu le tort de faire commencer le quatrième acte par un chœur sur les mots : A mort ; une œuvre dramatique ne comporte jamais ces répétitions, séparées par un entr’acte. Nydia s'introduit dans la prison où Hermès a été jeté. En vain elle veut se faire reconnaître ; en vain le peuple au dehors réclame que le coupable soit livré aux lions du cirque : Hermès ne parle que de se couronner de fleurs. Ione, qui s'est rendue libre, entre en scène. Nydia, renonçant à ses propres efforts, traîne Hermès devant Ione, espérant que sa vue et sa voix lui feront reprendre l'usage de la raison ; c'est ce qui arrive en effet. Pythéas à son tour est démasqué et convaincu. Il résiste inutilement ; il est maudit par tous. Un tremblement de terre se déclare ; des flammes envahissent le théâtre. Pythéas est renversé par la chute d'une colonne, une symphonie descriptive succède ; elle doit exprimer l'éruption du Vésuve. Lorsque les nuages se dissipent, on voit en pleine mer, sur une barque, Nydia, Hermès et Ione ; les deux amants sont endormis. Ici commence une scène fort belle, la meilleure des trois derniers actes. Nydia fait ses adieux à la vie ; elle a sauvé Hermès et Ione. Elle ne peut supporter la vue de leur bonheur, qui cependant a été son œuvre, et, après avoir longtemps contemplé celui qui est l'objet de sa passion fatale, l'infortunée se précipite dans les flots. Cette scène a un caractère de simplicité antique qui aurait décidé du succès de l'ouvrage, si le reste du livret y eût répondu. M. Joncières a eu la main malheureuse ; mais il prendra sa revanche s'il consent à entrer dans la voie qui lui est propre, d'abord, et s'il ne fait pas traîner sa muse, plus gracieuse que tragique, un si lourd boulet. L'introduction est pleine d'entrain et de verve. Le style et la liaison des idées ne laisseraient rien à désirer, si on n'y remarquait pas de nombreuses réminiscences des opéras d'Herold, en particulier de Zampa. Les procédés de composition sont identiques. La scène de l'achat de l'esclave, la romance de Nydia : C'est toi dont la clémence, ont un bon sentiment ; mais l'expression n'en est pas assez forte pour un grand opéra. La scène de l'Opéra-Comique et les livrets qui lui conviennent, voilà quel devrait être l'objectif de M. Joncières. Je ne sais s'il brillerait lit au premier rang, mais, à coup sûr, il occuperait dignement le second. La marche des prêtres d'Isis a de la chaleur, de l'ampleur. Quant à la couleur de l'orchestration, elle se rattache à la manière de Wagner et n'ajoute rien à l'effet. Le morceau d'ensemble : Quelle audace inouïe, qui procède par imitations à l'octave, est ultra-classique et n'en est pas moins un des passages les mieux réussis de l'ouvrage. Le style, cette qualité si rare, semble naturel à M. Joncières. Il donne même à quelques morceaux les apparences du plagiat, comme par exemple à la grande scène dans laquelle Diophas brave les sectateurs d'Isis ; dans d'autres endroits, le musicien cherche, au contraire, des effets étranges, comme dans le chœur : Voici les jours fêtés, sur des quintes à la pédale, et n'arrive qu'à offenser l'oreille. Le duo qui termine le premier acte est poétique et mélodieux. La aussi quelques réminiscences de la musique de M. Gounod ; cet acte est bien supérieur aux autres. Le deuxième débute chez la Saga (la sorcière). La scène fantastique est faible ; toutes ces septièmes diminuées, employées de diverses manières, ne produisent plus d'effet, tant le procédé est usé. Dans le trio qui suit, au milieu de souvenirs de l’Herculanum de M. Félicien David, on distingue une jolie phrase : Nulle autre femme. J'ai parlé plus haut du Chœur des gourmets. Le premier allegretto du ballet est fort gracieux. M. Victorin Joncières écrit avec élégance et facilité la musique de danse. Je signalerai la romance d'Ione qui ouvre le troisième acte ; la pensée on est soutenue ; c'est un cantabile suave et bien écrit pour la voix ; en général, les morceaux du Dernier jour de Pompéi sont courts et ont à peine les proportions des morceaux d'opéra-comique : le motif du chœur de femmes n'a rien de neuf, mais il est bien présenté et bien accompagné ; le finale a de la véhémence, mais pourquoi se termine-t-il par une strette à l'unisson, à la manière de la nouvelle école italienne inaugurée par M. Verdi ? Il n'y manque que le cornet à pistons, l'hôte assidu de la Traviata, qui suit le chant comme un barbet suit son maître. Le commencement du quatrième acte offre une réminiscence du Pré-aux-Clercs. Le morceau d'ensemble : Muet d'horreur et de surprise, est pathétique ; l'éruption du Vésuve, dont on s'est beaucoup moqué à la représentation, à cause de l'insuffisance des décors, comme on s'est amusé autrefois de la fameuse mer Rouge du Mosè, a fourni à l'auteur l'occasion qu'il semble rechercher, d'écrire une symphonie. Il y a sans doute plusieurs banalités harmoniques ; mais elle est bien écrite et dans le caractère dramatique du sujet. Quant à la scène de la barque, il me semble qu'il était inutile de chercher à imiter le bruit de la rame, ou de la vague, ou de je ne sais quoi, par des quintes dissonantes. M. Joncières, qui a beaucoup de talent, peut sans se faire tort laisser ces enfantillages aux musiciens qui se défient de la fécondité de leur imagination. La dernière scène, dans laquelle Nydia fait ses adieux à la vie, est touchante et poétique. Le Dernier jour de Pompéi ne pouvait pas réussir ; mais le compositeur a donné de son mérite une preuve suffisante pour qu'on lui confie à l'Opéra-Comique un poème de demi-caractère. Sur ce terrain, il peut faire honneur à l'école française. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
« Un échec complet. Le roman anglais de Bulwer, arrangé en livret d'opéra, distillait un tel ennui que l'inspiration du compositeur s'en est trouvée paralysée. Le public ressentit aussi ces influences soporifiques. Vers la fin de la soirée, il se réveilla pourtant dans un éclat de rire à la vue d'un petit bateau mécanique qui passait à l'horizon avec des matelots grands comme le doigt, et ramant de toute la force de leurs ressorts. On pense bien que le metteur en scène s'empressa de supprimer ce joujou comme trop amusant pour figurer dans un opéra seria. D'autres changements furent faits à l'œuvre, et M. Pasdeloup, alors directeur du Théâtre-Lyrique, eut la courtoisie de convoquer à nouveau la presse pour la cinquième représentation, « la première, avouait-il lui-même dans une circulaire, ayant été donnée dans les plus fâcheuses conditions ». Mais la partie n'en était pas moins perdue. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DERNIER ROMAIN (LE)
Opérette en un acte, paroles et musique d'Eugène Moniot, représentée aux Folies-Marigny le 11 octobre 1867.
DERNIER ROI DE JUDA (LE)
Opéra biblique en deux actes, poème de Maurice Bourges, musique de Georges Kastner, exécuté dans la salle du Conservatoire le 01 décembre 1844. Cette composition lyrique est, à proprement parler, un oratorio ou une suite de scènes offrant au musicien l'occasion d'employer les ressources diverses de son art sans être gêné par les exigences de l'action dramatique. A une ouverture très développée succède l'introduction en ré mineur dans laquelle le prophète Jérémie et le chœur des Hébreux gémissent sur l'état de Jérusalem, et les voluptueuses profanations de la ville sainte. L'orchestre, que M. Georges Kastner traite magistralement, exprime à la fois le double effet des accents du prophète et des chants de joie des filles de Syrie. On a remarqué ensuite un duo entre Amitala, mère du roi Sédécias, et Jérémie ; un autre duo entre Sédécias et Jémina ; la romance de Sédécias, Ma bien-aimée, où donc est-elle ? délicieusement accompagnée par la harpe et le cor anglais, que Roger a chantée avec beaucoup d'expression, et un chœur guerrier. Cet oratorio, dans lequel on a surtout admiré l'habileté dont le compositeur a fait preuve dans l'usage des instruments à vent, a été chanté par Gustave Roger, Hermann-Léon, Massol, Mmes Dorus-Gras, Mondutaigny et Hortense Maillard.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DERNIER SAUVAGE (LE)
[l'Ultimo selvaggio]
Opéra bouffe italien en trois actes et cinq tableaux, livret et musique de Gian Carlo Menotti. Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 21 octobre 1963, dans une version française de Jean-Pierre Marty, mise en scène de Menotti, décors et costumes d'André Beaurepaire, avec Mmes Mady Mesplé (Kitty), Adriana Maliponte (Sardula), Solange Michel (La Maharanée), Janine Boulogne, Georgette Spanellys, MM. Gabriel Bacquier (Abdul), Michele Molese (Kodanda), Charles Clavensy (le Maharadja), Xavier Depraz (Scatergood), Michel Lecocq, Claude Delclaux, Jacques Loreau, Jacques Linsolas, Jean Michel, Claude Calès, Georges Alves, André Daumas, Gérard Dunan, Gérard Chapuis, Claude Genty, André Mallabrera, Robert Andreozzi, Jean-Paul Vauquelin, Maurice Maievsky, Yves Bisson, sous la direction de Richard Blareau.
11 représentations à l'Opéra-Comique en 1963, soit 11 au 31.12.1972.
DERNIÈRE BATAILLE (LA)
Opérette en un acte, musique de Félix Godefroid, jouée dans les salons en 1861.
DERNIÈRE CRINOLINE (LA)
Opérette en un acte, musique de Georges Moniot, représentée en 1877 aux Folies-Marigny.
DERNIÈRE VALSE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Léon Uhl et Jean Marietti, musique d'Oscar Straus. Reprise à la Gaîté-Lyrique le 21 mai 1936.
DERNIÈRES GRISETTES (LES)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Nuitter et Alexandre Beaumont, musique d’Isidore-Edouard Legouix, représentée sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes, à Bruxelles, le 12 décembre 1874. => détails
DÉSERT (LE)
Ode-symphonie en trois parties, poésie de A. Colin (- 06 octobre 1852), musique de Félicien David, exécutée dans la salle du Conservatoire le 8 décembre 1844, puis à l'Opéra-Comique. Donné à l'Opéra les 23 et 25 mars 1861.
Cette œuvre, dont la partie descriptive est très remarquable, a excité un enthousiasme général et a enfin ouvert à M. Félicien David un accès aux faveurs de l'opinion publique.
Parmi les nombreuses productions musicales auxquelles l'admiration de la nature orientale a donné naissance, celle-ci est sans contredit la plus remarquable et la mieux caractérisée. C'est que l'auteur a fait mieux que de lire les Voyages en Orient de Chateaubriand, de M. de Lamartine, les Récits de lord Byron, les Orientales de Victor Hugo ; il a lui-même visité l'Orient à l'époque où il faisait partie de la secte saint-simonienne. Alors fort jeune et doué d'une imagination disposée à recevoir vivement les impressions d'un spectacle nouveau pour lui, M. David tira un grand profit artistique de son voyage. Mélodiste partout et toujours, il sut s'emparer de tout ce que les mélopées sauvages et abâtardies des Arabes ont conservé de leur caractère primitif. Il a cherché l'effet en artiste, et là. où l'un de ses prédécesseurs, Villoteau, n'avait recueilli que des notions confuses, contradictoires, des observations archéologiques de quelque valeur sans doute, mais subordonnées à un système préconçu, le compositeur rapporta des mélodies et des rythmes d'un effet qui parut nouveau.
Dans son ode-symphonie du Désert, M. David ne s'est pas seulement montré musicien, mais il s'est révélé poète. L'orchestration de cette partition est imagée, pleine d'intentions. Nous ne nous étendrons pas sur les mérites d'une œuvre qui a fait sensation lorsqu'elle a été exécutée pour la première fois et qu'on entend toujours avec un vif intérêt. Nous nous bornerons à en indiquer les principales divisions : 1° chœur Allah ! allah ! 2° Marche de la caravane ; 3° La tempête au désert ; 4° Hymne à la nuit ; 5° Fantaisie arabe, danse des almées ; 6° La liberté au désert ; 7° La rêverie du soir ; 8° Le lever du soleil ; 9° Chant du muezzin ; 10° Le départ de la caravane. Les motifs les plus remarqués sont la Marche de la caravane, sur un rythme original ; O nuit ! ô belle nuit ! cantilène empreinte d'une vague langueur ; Ma belle nuit, ô sois plus lente, charmante rêverie. Il est à remarquer que presque tous les motifs de M. Félicien David procèdent de l'intervalle de quarte ; depuis la célèbre romance des Hirondelles jusqu'aux thèmes de Lalla-Roukh, c'est toujours cette succession mélodique qui est le point de départ de son inspiration. C'est un fait que nous signalons, sans vouloir accuser pour cela M. Félicien David de monotonie. Enfin, nous rappellerons le Lever du soleil :
Des teintes roses de l'aurore
La base des cieux se colore ;
L'astre du jour
Rayonne tout à coup comme un hymne sonore
Et remplit le désert de lumière et d'amour.
Les violons exécutent un tremolo sur le mi à l'aigu de la chanterelle pendant que les autres instruments font leur rentrée graduellement et déterminent à la fin un tutti éclatant. En 1844, c'était une trouvaille musicale ; depuis, ce procédé a été reproduit à satiété et est tombé dans le domaine des effets communs : Assueta vilescunt. Il en sera toujours de même des procédés d'imitation en musique. Le plagiat est si facile, en pareille matière ! Il suffit de lire la partition
d'orchestre. Ce qui l'est moins, c'est de s'emparer de l'inspiration du maître, de ses idées personnelles ; celles-ci restent et resteront toujours la propriété de M. Félicien David. C'est un compositeur original.
En 1846, on a représenté à Aix-la-Chapelle, dans la salle de spectacle, cette œuvre lyrique en costumes. Quarante figurants et deux chameaux en carton ont paru dans la représentation. C'était pousser un peu loin l'amour de la couleur locale.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DÉSERT (LE) ou L'OASIS
Opéra-comique, musique d’Arquier, représenté à la Nouvelle-Orléans vers 1802.
DÉSERTEUR (LE)
Drame en trois actes en prose, mêlé de musique, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Pierre-Alexandre Monsigny.
Créateur à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 06 mars 1769, par les Comédiens ordinaires du Roy : Mmes LARUETTE (Louise), BEAUPRÉ (Jeannette), BÉRARD (Tante Alexis), MM. Joseph CAILLOT (Alexis), CLAIRVAL (Montaucier), LARUETTE (Jean-Louis), TRIAL (Bertrand), et MAINVILLE (Courchemin). Chef d’orchestre : Adolphe BLAISE.
Reprise à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 30 octobre 1843 (considérée comme la 1re).
Mmes Anna THILLON (Louise), BOULANGER (Jeannette), Célestine DARCIER (Tante Alexis).
MM. Gustave ROGER (Alexis), MOCKER (Montauciel), Honoré GRIGNON (Jean-Louis), SAINTE-FOY (Bertrand), GIRARD (Courchemin).
50e à l'Opéra-Comique le 10 mars 1844 et 100e le 21 janvier 1845 avec la distribution de la création.
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16.08.1848 Opéra-Comique (175e) |
23.07.1853 Opéra-Comique (191e) |
03.11.1877 Opéra-Comique (273e) |
23.06.1893 Opéra-Comique (333e) |
Louise |
REVILLY |
REVILLY |
CHEVALIER |
Cécile SIMONNET |
Jeannette |
SAINTE-FOY |
Marguerite Jeanne Camille DECROIX |
ERGEMCHENCK |
Jeanne LECLERC |
Tante Alexis |
BLANCHARD |
BLANCHARD |
Marguerite Jeanne Camille DECROIX |
PIERRON |
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Alexis |
PALIANTI |
Edmond DELAUNAY-RIQUIER |
ENGEL |
DELAQUERRIÈRE |
Montauciel |
MOCKER |
MOCKER |
Auguste Armand BARRÉ |
SOULACROIX |
Jean-Louis |
Constant LEMAIRE |
Constant LEMAIRE |
DUFRICHE |
François-Antoine GRIVOT |
Bertrand |
SAINTE-FOY |
SAINTE-FOY |
BARNOLT |
BARNOLT |
Courchemin |
BUSSINE |
BUSSINE |
NATHAN |
BOUVET |
le Geôlier |
ADOLPHE |
PALIANTI |
Pierre Julien DAVOUST |
Pierre Julien DAVOUST |
Chef d'orchestre |
TILMANT |
TILMANT |
LAMOUREUX |
J. DANBÉ |
La dernière reprise de cet ouvrage à l'Opéra-Comique eut lieu le 26 octobre 1911 (339e représentation) :
Mmes Lucy VAUTHRIN (Louise), CARRIÈRE (Jeannette), VILLETTE (Tante Alexis).
MM. Fernand FRANCELL (Alexis), DELVOYE (Mantauciel), Hippolyte BELHOMME (Jean-Louis), Georges MESMAECKER (Bertrand), VAURS (Courchemin), PAYAN (le Geôlier).
Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.
342 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 2 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Première au Théâtre Lyrique de l'Athénée le 22 septembre 1873 avec Mlles Deleu (Louise, débuts), Marietti (Jeannette), MM. Girardot (Alexis, débuts), Henry Géraizer (Courchemin), Bonnet (Montauciel), Lary (Bertrand), D'Herdt (Mathurin).
"Dans le Déserteur aussi nous avons vu deux figures nouvelles ; M. Girardot, qui jouait Alexis, et Mlle Deleu, chargée du rôle de Louise. M. Girardot est peut-être un peu trop bien portant pour représenter l’amoureux déserteur, sa voix d’ailleurs n’est pas mauvaise et ne manque ni de chaleur ni d’expression." (le Ménestrel, 21 septembre 1873)
Représenté à l'Opéra de Paris par la troupe de l'Opéra-Comique le 10 mai 1817 lors d'une représentation au bénéfice de Lainez.
« Cet ouvrage est assurément le meilleur qui soit sorti de la plume de ce compositeur. C'est au moins celui dans lequel sa sensibilité exquise s'est manifestée avec le plus de force et de charme. Tout le monde connaît l'air d'Alexis : Adieu, chère Louise ; le récit du gendarme Courchemin, le Roi passait, au milieu duquel se trouve cette phrase touchante : C'est mon amant, et s'il faut qu'il expire, qu’Adolphe Adam a si malheureusement refaite pour la reprise de cet ouvrage à l'Opéra-Comique le 30 octobre 1843. Monsigny a traité fort heureusement aussi la partie comique ; le duo, en forme de canon, chanté par le grand cousin et Montauciel est amusant, ainsi que la leçon de lecture et l'air Je ne déserterai jamais, qui a été chanté avec beaucoup de verve et de succès par Mocker. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DÉSERTEUR (LE)
Opéra en trois actes, livret d’Ernest Pesqué, musique de F. Hiller, représenté à Cologne le 17 février 1865. Le sujet est différent de celui de l'opéra de Monsigny. La partition de M. Hiller a été jugée remarquable.
DÉSERTEUR DE LA MONTAGNE DE HAMM (LE)
Fait historique en un acte, livret de Jean-Elie Dejaure, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 février 1793.
DÉSERTEUR RUSSE (LE)
Opéra, livret et musique anonymes. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 02 avril 1814.
DÉSESPÉRÉS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Jules Moinaux, musique de François Bazin. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 janvier 1858, avec Mlle Léocadie Lemercier (Stéphanette), MM. Sainte-Foy (Fabrice), Berthelier (lord Flamborough). => partition
Première à la Monnaie de Bruxelles le 03 janvier 1859.
« Ces Désespérés sont deux individus qui se pendent, l'un pour avoir perdu sa place de serpent à la paroisse ; l'autre, qui est un lord anglais, dans un accès de spleen. En gaulant des noix, la jeune villageoise Stéphanette fait tomber les corps des deux pendus, les rappelle à la vie, et sait si bien s'y prendre que tous deux s'engagent à ne plus recommencer. Une telle extravagance, peu digne de l'Opéra-Comique, n'a eu aucun succès. On a remarqué cependant une petite symphonie qui accompagne la première scène et exprime le lever du jour, une chanson de Stéphanette, l'air de Fabrice, avec accompagnement de serpent, et une chanson anglaise de lord Flamborough. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DÉSHABILLEZ-VOUS !
Opérette en trois actes, livret d'André Barde, musique de René Mercier, créée aux Bouffes-Parisiens le 22 décembre 1928, avec Mmes Mireille Perrey (Dodine), Jeanne Perriat (Sido), Jacqueline Francell (Germaine Dumontel), Simone Texier (Suzanne) ; MM. Koval (Bilouty), Edmond Roze (docteur Malanson), Lucien Baroux (Dumontel).
"Paul Tilloy est à la fois l'amant de la femme du docteur Malanson et le prétendant de la fille de ce dernier. Tout au moins par une de ces invraisemblances qu'on ne peut admettre qu'au théâtre. Car pour la seconde partie de son rôle, le prétendant est obligé de se faire remplacer par un ami, l'opérateur de cinéma Bilouty. Sur cette donnée, les quiproquos se suivent jusqu'au dernier acte. Elle a permis au compositeur d'introduire un quatuor, un duo, des romances qui sont sans prétention, mais fort bien écrites. On a fait beaucoup de succès à des passages comme l'Amour, ça n'a l'air de rien, et Nuit d'Argentine."
(Larousse Mensuel Illustré, février 1929)
DÉSIRÉ, SIRE DE CHAMPIGNY
Fantaisie, musique arrangée par Emile Jonas, représentée aux Bouffes-Parisiens le 11 avril 1869.
DÉSIRÉE ou LA PAIX DU VILLAGE
Allégorie en vaudevilles en un acte, livret de Charles Gaugiran-Nanteuil, P. Moras et Charles-Guillaume Etienne, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 mars 1801.
DESPOTISME MONACAL (LE)
Comédie en trois actes mêlée d’ariettes, livret de Claude-Joseph Rouget de Lisle et Jean-Baptiste-Denis Després, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 01 novembre 1792.
DESTIN DU NOUVEAU SIÈCLE (LE)
Musique de Campra, divertissement représenté à l'occasion de la nouvelle année 1700.
DESTIN ET LES PARQUES (LE)
Ambigu en un acte, livret de Desfontaines, musique attribuée à Pierre-David-Augustin Chapelle. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 05 mai 1789.
DÉTENUS (LES) ou CANGE, COMMISSIONNAIRE DE LAZARE
Fait historique mêlé d’ariettes en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 18 novembre 1794.
DETTE DE JACQUOT (LA)
Opérette en un acte, livret d’Amédée de Jallais et Emile Thierry, musique d'Eugène Moniot, représentée aux Bouffes-Deburau le 1er septembre 1858.
DETTES (LES)
Comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Nicolas-Julien Forgeot, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 janvier 1787. Une mélodie souple et facile, une bonne entente des effets scéniques se font remarquer dans cette partition qui, avec celle de la Mélomanie, mérite de fixer l'attention.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DETTES DE MARGOT (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Lionel Bonnemère, musique de Louis Nicole, représenté à Fougères le 10 février 1901.
DEUCALION ET PYRRHA
Opéra, paroles de Watelet, musique de Gibert, écrit pour l'Académie de musique vers 1770.
DEUCALION ET PYRRHA
Opéra-ballet en un acte, livret de Pierre de Morand et Poullain de Sainte-Foix, musique de Pierre Montan Berton et François Joseph Giraud, représenté au Théâtre de l'Opéra le 30 septembre 1755. => fiche technique
DEUCALION ET PYRRHA
Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique d’Alexandre Montfort. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 08 octobre 1855 avec Mme Léocadie Lemercier (Coraline), M. Mocker (Arlequin). => partition
C'est la bêtise du plus idiot arlequin qui défraye cette pièce. Il croit à la réalité des métamorphoses d'Ovide et s'efforce de les mettre en action. Il va sans dire que, dans l'espèce, il est lui-même simplement lapidé, au lieu de repeupler la terre à l'aide de cailloux. On a applaudi de jolis couplets finissant, le premier par ces mots : Pour un baiser ; le second par ceux-ci : Pour un soufflet. Les rôles ont été joués par Mocker et Mlle Lemercier.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUCALION ET PYRRHA
Pastorale mythologique de Clairville et Guénée, musique de Charles Diache, représentée au Théâtre des Variétés le 26 mars 1870.
DEUX À DEUX
Opérette en un acte, livret de Georges Mancel et Léon Quentin, musique de Firmin Bernicat. Création à Tertulia le 14 octobre 1872.
DEUX ALCADES (LES)
Opérette en un acte, livret de M. Chauvin, musique de Georges Douay, représentée aux Bouffes-Parisiens le 10 avril 1879 ; chantée par Desmonts, Pescheux, Maxnère, Mmes Calderon, Luther, Blot.
DEUX ALCIDES (LES)
Opérette en un acte, livret d'Emile Broguit, musique de Félicien Chadeigne, représentée au concert des Ternes le 02 avril 1887.
DEUX AMIS (LES) ou LE FAUX VIEILLARD
Drame lyrique en trois actes mêlé d’ariettes, livret de Barnabé Farmian Durosoy et Pierre-Louis Guinguené, musique d’Henri-Joseph Rigel (quintette de l’acte II) et parodies de divers ouvrages, créé à Versailles, Théâtre de la Cour, le 26 février 1779. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 15 mars 1779.
DEUX AMOURS (LES)
Opéra en un acte, livret d’Eugène Cormon et Amédée Achard, musique de François-Auguste Gevaert, représenté sur le théâtre de la Maison de Conversation, à Baden-Baden, le 31 juillet 1861, par Jourdan, Victor Prilleux, Grillon, Mlles Eugénie Monrose et Faivre.
DEUX ARLEQUINS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Mestépès, musique d’Emile Jonas, représenté aux Fantaisies-Parisiennes le 29 décembre 1865. Le livret est une suite de bouffonneries inexpressibles. Arlequin, de retour d'un long voyage, veut s'assurer de la fidélité de Colombine ; il se fait passer pour mort, et, sous le costume de Gilles, il vient annoncer cet événement à sa femme. Celle-ci, qui a connaissance du stratagème, reçoit la nouvelle avec une joie apparente, et déclare à Gilles que son mari a déjà un successeur dans la personne d'un autre arlequin ; elle ne tarde pas à paraître elle-même sous ce costume hardi. Gilles est berné de cent manières. Colombine est aidée dans sa ruse vengeresse par tous les autres personnages de la comédie italienne. Gilles reprend son rôle d'Arlequin, ce qui produit un couple d'arlequins, mâle et femelle, d'un effet assez piquant. Après avoir irrité au dernier point la jalousie de son mari, Colombine cesse d'être son Sosie, reprend les habits de son sexe et pardonne au pauvre arlequin battu, mais content en somme du résultat de l'épreuve. La musique de cette fantaisie est charmante d'esprit, de verve et d'originalité. C'est surtout dans les formes rythmiques que ces qualités se montrent avec plus d'évidence. On pourrait reprocher à M. Jonas d'abuser de l'unisson aussi bien dans son orchestration que dans les chœurs. On a surtout applaudi une phrase vive et élégante dans le duo, une romance d'expression bien accompagnée par les cors et la clarinette, et une modulation heureusement amenée dans le dernier ensemble. Les deux rôles ont été joués par Bonnet et Mlle G. Fontanel.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX AVARES (LES)
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Fenouillot de Falbaire de Quingey, musique de Grétry, créée à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 27 octobre 1770. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 06 décembre 1770. Le sujet de la pièce est fort plaisant, mais le dialogue est si faible qu'on le supporterait difficilement de nos jours. Serait-ce donc une œuvre blâmable que de le refaire ? La musique est une des meilleures de Grétry, et le public n'est plus admis à l'entendre ! Nous citerons l'air Sans cesse, auprès de mon trésor, le duo si parfaitement comique : Prendre ainsi cet or, ces bijoux ; la marche La garde passe, il est minuit, qui eut un grand succès, et le chœur des janissaires, Ah ! qu'il est bon, qu'il est divin, morceau excellent et devenu classique.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX AVARES (LES)
Opéra-comique, musique de M. Agnelli, représenté au théâtre de Marseille dans le mois de mars 1860. M. Agnelli a conservé l'ancienne pièce, mais a adapté une autre musique, sauf pour le chœur célèbre, la Garde passe, il est minuit, que, dans sa modestie sans doute, il n'a pas cru pouvoir remplacer de manière à le faire oublier.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX AVEUGLES (LES)
Bouffonnerie musicale en un acte, livret de Jules Moinaux, musique de Jacques Offenbach.
Création le 05 juillet 1855 le soir de l'inauguration du Théâtre des Bouffes-Parisiens fondé par Jacques Offenbach aux Champs-Elysées, dans un décor de Cambon : MM. PRADEAU (Patachon), BERTHELIER (Giraffier). Chef d'orchestre : le compositeur.
Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 mai 1858, au cours d'une matinée de Gala :
MM. BERTHELIER (Giraffier), SAINTE-FOY (Patachon).
Repris à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 novembre 1900 (2e représentation) :
MM. COQUELIN Cadet (Giraffier), GOURDON (Patachon).
Chef d'orchestre : GIANNINI.
Reprise à l'Opéra-Comique du 12 décembre 1934 (7e représentation).
MM. Alban DERROJA (Giraffier), LE PRIN (Patachon).
Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.
24 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Cette pochade obtint un succès prodigieux. Le bouffon atteint rarement ce paroxysme de folie ; quand le hachich ne pousse pas à la mélancolie, il doit porter à de pareils excès d'idée et de langage. Pradeau et Berthelier – des figures à décourager Cham et Daumier — débutèrent dans les Deux Aveugles et y firent merveille.
Se rappelle-t-on le joli boléro :
La lune brille,
L'étoil’ scintille,
Viens ma gentille,
Suis ton Pedro.
A ta fenêtre
Daigne paraître,
Brave ton maitre,
Ton Bartholo.
. . . . . . . . . . .
Une valse naquit de ce boléro, et une histoire, dont retentissent encore les échos de la rue Blanche, naquit de cette valse. J’aimerais à vous la conter pi elle ne devait allonger ce petit volume de quelque six à sept cents pages. Un jour nous la publierons quelle que soit la violence de certains chapitres où il sera parlé de bandits en habit noir, de coups d'épée, d'enlèvements et de femmes folles sans le savoir. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
DEUX AVEUGLES DE BAGDAD (LES)
Comédie en deux actes mêlée d’ariettes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique d’A.-G. Fournier. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 09 septembre 1782.
DEUX AVEUGLES DE FRANCONVILLE (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Ligon, représenté à Paris vers 1780.
DEUX AVEUGLES DE TOLÈDE (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Méhul. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 28 janvier 1806. On chante encore, de cet ouvrage, le joli duo : Vous dont le cœur n'a pas parlé, et l'ouverture, quoique moins populaire que celle du Jeune Henri, fait partie du répertoire de tous les orchestres qui se soucient de faire entendre de la bonne musique.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX BAMBINS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique de Luigi Bordèse. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 décembre 1848. 5 représentations en 1848.
La pièce appartient au genre de celles qu'on joue an Palais-Royal, et n'offre pas de situations musicales. Un sieur Frapolin, après avoir épousé une veuve, apprend qu'il a deux beau-fils. Il les croit encore en bas âge et se prépare à les accueillir en bon homme qui aime les enfants lorsqu'ils se présentent à lui, l'un sous l'uniforme d'un soldat aux gardes, l'autre avec les dettes d'un commis aux gabelles. Telle est la donnée de ce livret assez comique, mais nullement lyrique.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX BERGÈRES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique d'Ernest Boulanger. Création à l'Opéra-Comique le 03 février 1843. => détails
DEUX BILLETS (LES)
Opéra de salon, paroles de Florian, musique de Charles Poisot, représenté dans la salle Beethoven en avril 1858.
DEUX BILLETS (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de Florian, musique de F. Poise, représenté au théâtre de l'Athénée le 19 février 1870. L'arlequinade de Florian a été bien comprise par le musicien. On sait que le genre des pièces écrites par le Théocrite de Sceaux est tempéré, et que son arlequin ne ressemble en rien à celui de la Commedia dell'arte ; autant ce dernier est vif, insolent, égoïste, sensuel, malicieux et faiseur de mauvais tours, autant l'autre est doux, amoureux pour de bon, sensible, crédule et bon enfant. C'est pourquoi on a eu tort de changer les noms des acteurs de cette comédie des Deux billets, et de substituer aux dénominations d'Arlequin et de Scapin celles de Mezzetin et de Scaramouche. Pauvre Arlequin ! il fait tour à tour sourire et pleurer lorsqu'il se laisse enlever le billet d'Argentine, faute qu'il paye chèrement par sa brouille avec sa maîtresse ; puis encore son billet de loterie qui lui faisait gagner 30,000 livres ; et ce n'est pas ce dernier qu'il regrette le plus. La gentillesse d'Argentine, sa ruse et sa tendresse pour le pauvre Arlequin donnent lieu à des scènes fort agréables. Monsigny, dont la sensibilité égalait celle de Florian, aurait fait un petit chef-d’œuvre de ce livret, bien simple, bien dénué d'action, mais d'un sentiment vrai à travers l'affabulation et la couleur de convention propre à la fin du XVIIIe siècle. M. Poise a écrit une assez jolie partition sur ce sujet. On a remarqué la romance d'Argentine : Depuis longtemps, je t'aime ; le trio : Je l'avais dans ma poche ; le duo entre Mezzetin et Argentine : Je t'aime, et enfin le trio final. Chante par Soto, Barnolt et Mlle Persini.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DEUX BILLETS (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de Florian, musique d’Adolphe Blanc, représenté dans la salle Herz et dans la salle Pleyel en avril 1868. Cette pièce, à trois personnages, fait partie des arlequinades dans lesquelles l'ancien page du duc de Penthièvre a plutôt roucoulé ses propres sentiments qu'il ne s'est inspiré des lazzi vifs et spirituels des personnages de la comédie italienne ; c'est tout autre chose, et cela est charmant. Pour mettre en musique cette jolie pièce, il fallait du goût, de la finesse et de la sensibilité. L'auteur en a donné des marques dans sa partition dont l'éditeur Escudier a donné une édition. On a remarqué l'air de ténor : Aux jours de goguette, ma fortune est faite, et le duo entre Argentine et Arlequin. Chanté par Laurent, Lepers et Mlle Derasse.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DEUX BILLETS DOUX (LES)
Opéra-comique en un acte, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Troubadours (théâtre Louvois) le 28 octobre 1800.
DEUX BUVEURS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique de Léo Delibes, représenté aux Bouffes-Parisiens en janvier 1861.
DEUX CADIS (LES)
Opéra bouffe en un acte, livret d’Eugène Furpille et Philippe Gille, musique de Théodore Ymbert. => partition
Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 08 mars 1861, avec Mme Amélie Faivre (Amine), MM. Antoine Grillon (Hassan), Adolphe Girardot (Bakbarok), Emile Wartel (Badroulboudour).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 41 en 1861, 10 en 1862.
« Sur le livret, qui est amusant, M. Ymbert a écrit une partition pleine de mélodies agréables. On a remarqué surtout l'ouverture, l'air d'Amine, Comme il m'a regardée ! la chanson à boire des deux cadis et leur duo. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Succès de rire qui s'est prolongé pendant de nombreuses représentations. L'auteur de la musique, qui avait donné des preuves de savoir, a depuis lors abandonné la carrière ; il s'est retiré en province et il est aujourd'hui maire de Bourbonne-les-Bains. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DEUX CAPITAINES DE HUSSARDS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Hélitas de Meun et Paul-Auguste Ducis, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 17 mars 1817.
DEUX CHARBONNIERS (LES)
Opéra-comique, musique de Charles Foignet, écrit vers 1793.
DEUX CHARLATANS (LES)
Opérette, paroles de M. Doyen, musique de M. Ducellier, représentée chez M. et Mme de Forges en mars 1865.
DEUX CHASSEURS ET LA LAITIÈRE (LES)
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret de Louis Anseaume, musique d’Egidio Duni. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 23 juillet 1763. Les couplets sont assez agréables et ont plus contribué que le fond de la pièce à son succès.
DEUX CHORISTES (LES)
Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée au concert de l'Eldorado le 11 septembre 1875.
DEUX CLOCHETTES (LES)
Opéra-comique, musique de Lardinois, représenté à Nancy en 1764.
DEUX COCOTTES DU N° 22 (LES)
Opérette en un acte, paroles et musique de M. Edé, représentée aux Folies-Bergère le 15 septembre 1874.
DEUX COMMISSIONNAIRES (LES)
Opéra-comique en deux actes, paroles de Jourdan et Visé, musique de Gressier, représenté au théâtre Louvois en 1794. Le sujet de la pièce est tiré de la nouvelle de Florian, Claudine, qui a inspiré encore plusieurs autres opéras-comiques.
DEUX COMPÈRES (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret de Jean-Baptiste Lourdet de Santerre, musique de Jean-Louis Laruette. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 03 septembre 1772.
DEUX COMTESSES (LES)
Opéra-comique, musique arrangée par Framery, représenté à Paris vers 1755.
DEUX COMTESSES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Flan, musique de Luigi Bordèse (1860).
DEUX CONSULTATIONS (LES)
Opéra-comique en vers, paroles de M. Gransart, musique de F. Schwab, représenté au Lycée de la ville de Strasbourg en août 1867.
DEUX CONTRATS DE MARIAGE (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène de Planard, musique de Manuel Garcia. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 06 mars 1824.
DEUX COQS (LES)
Comédie lyrique en un acte, paroles de Roger Valette, musique de François Ausseuil, représenté au théâtre du Capitole de Toulouse en mars 1903.
DEUX COQS POUR UNE POULE
Opérette en deux actes, paroles de M. de Saulnier, musique de M. Rugliano, représentée à Béziers le 3 avril 1879.
DEUX COUSINES (LES) ou LA BONNE AMIE
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret de La Ribardière, musique de Robert Desbrosses. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 21 mai 1763. C'est une œuvre médiocre d'un acteur de la Comédie-Italienne qui ne peut figurer au rang des compositeurs de musique.
DEUX COUSINES (LES)
Opérette en un acte, paroles de Charles Raymond, musique de Sauvage Trudin, représentée au théâtre de la Renaissance le 2 novembre 1875.
DEUX COUVENTS (LES)
Opéra en trois actes, de Desprez, musique de Grétry, représenté à la Comédie-Italienne le 12 janvier 1792. (Voyez « Cécile et Dermancé »)
DEUX CRISPINS (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles et musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Molière, à Paris, en 1708.
DEUX DRÔLES DE CORS
Opérette en un acte, paroles de M. Lassouche, musique de M. Victor Robillard, représentée au concert de l'Eldorado, en 1877.
DEUX DUÈGNES (LES)
Opéra-comique, musique de Kirchner, représenté à Strasbourg en 1834.
DEUX ÉPAGNEULS (LES)
Opéra-comique en un acte et en vers, livret d’Edouard Fournier, musique de Charles Manry, représenté dans la salle des Néothermes, rue de la Victoire, le 19 décembre 1854. L'action se passe au temps de Mme de Pompadour, et l'auteur met en scène deux king-charles dont les faits et gestes donnent lieu à des quiproquos plaisants. La musique, du regrettable amateur M. Charles Manry, a été vivement goûtée par l'auditoire d'élite qui assistait à cette représentation. On a remarqué le solo de hautbois de l'ouverture, et une pastorale accompagnée par M. Verroust. Ce petit ouvrage a été joué par MM. Prosper Guyot, Bélouet, Mlle de Joly.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX ERMITES (LES)
Comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret de Barthélémi Planterre, musique de Pierre Gaveaux, créée au Théâtre Feydeau le 17 avril 1793. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 décembre 1801.
DEUX FAMILLES (LES)
Drame en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique de Théodore Labarre. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 11 janvier 1831. Le sujet est tiré de l'histoire du Cid. La musique est bien faite, mais offre un trop grand nombre de petits airs dans la facture desquels Labarre a toujours fait preuve d'un talent incontestable. L'air de basse des Deux familles : Non, de ma juste colère, est classique et si bien écrit dans les cordes de ce genre de voix, que les professeurs de chant l'ont universellement adopté pour leurs élèves. C'est un des beaux airs du répertoire français.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX FIGARO (LES)
Opéra en trois actes, paroles de Tirpenne, musique de Carafa, représenté sur le théâtre de l'Odéon le 22 août 1827. Malgré le mérite de la partition, qui renferme de jolis motifs et des ensembles développés avec une habileté toute magistrale, cet opéra ne peut lutter avec avantage contre les souvenirs des Nozze di Figaro de Mozart, et du Barbier de Rossini, pas plus que la pièce écrite par Martelly n'a triomphé de celle de Beaumarchais, dont ce littérateur voulait faire la critique. M. Carafa présente le phénomène d'un compositeur d'un très grand talent qui a constamment trouvé sur sa route des pierres d'achoppement qui lui ont valu les chutes les plus douloureuses et les moins méritées.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX FLÛTES (LES)
Opérette en un acte, livret de Henry Buguet et Florval, musique de Jouffroy, représentée au Cercle de la Presse le 01 décembre 1887.
DEUX FRÈRES (LES) ou LA REVANCHE
Opéra, musique de Jean-Joseph Cambini, représenté au théâtre de Beaujolais en 1788.
DEUX GENTILSHOMMES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique de Justin Cadaux. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 août 1844, avec Sainte-Foy.
Ce petit ouvrage a obtenu quelque succès. Ce n'est pas toutefois que le livret soit intéressant. Deux vieux gentilshommes ruinés se piquent d'honneur en se disputant une place sur un banc dans le bois de Saint-Germain. Un coup du sort leur rend la fortune qu'ils avaient perdue ; ils se réconcilient et dotent deux jeunes amoureux de village. Mais la musique est bien faite, instrumentée avec goût et écrite dans un style archaïque approprié au sujet. Le duo des deux gentilshommes se recommande par des détails comiques de bon goût. Le rythme et l'harmonie dans les ritournelles de ce duo ont un caractère franchement vieillot qu'il n'est pas aisé d'imiter à ce point. Nous signalerons encore le morceau brillant, en forme de tyrolienne, chanté par la laitière.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX GILLES (LES)
Saynète lyrique, livret et musique de Mélesville fils, représenté aux Folies-Nouvelles en août 1855.
DEUX GOUTTES D’EAU
Opérette en un acte, paroles de M. P. Cosseret, musique de M. A. Millet, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 11 mai 1891.
DEUX ISSUES (LES)
Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de Bondy vers 1804.
DEUX IVROGNES (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de Sewrin, musique de Quaisain, représenté à l'Ambigu-Comique le 27 octobre 1800.
DEUX JAKET (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique de Justin Cadaux. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 août 1852, avec Mmes Marguerite Jeanne Camille Decroix, Maria Meillet-Meyer, MM. Achille Ricquier, Léon Carvalho, Auguste Alphonse Edmond Meillet.
DEUX JALOUX (LES)
Opéra-comique, musique de Bonnay, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1787.
DEUX JALOUX (LES)
Comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret de Jean-Baptiste Vial d’après Dufresny, musique de Sophie Gail. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 mars 1813.
DEUX JARDINIERS (LES)
Opéra-comique, musique de Pierre-David-Augustin Chapelle, représenté à la Comédie-Italienne en 1787.
DEUX JEANNE (LES)
Opéra en cinq actes, livret d’Edouard Duprez, musique de Napoléon Joseph, marquis de Colbert-Chabanais, représenté sur le théâtre Duprez en mai 1878. => détails
DEUX JOCKEYS (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Pierre Gaveaux, représenté à Feydeau en janvier 1799.
DEUX JOURNÉES (LES) ou LE PORTEUR D’EAU
Comédie lyrique en trois actes, livret de Jean Nicolas Bouilly (1763-1842), musique de Luigi Cherubini.
Personnages : Daniel Micheli (baryton) ; Antoine, fils de Micheli (ténor) ; Marcelline, fille de Micheli (soprano) ; Angélique, fiancée d’Antoine (soprano) ; le comte Armand (ténor) ; Constance, son épouse (mezzo-soprano) ; un capitaine de la garde ; les gardes.
L’action se déroule à Paris et au village de Gonesse, en 1647, à l’époque du cardinal Mazarin.
Création au théâtre Feydeau le 16 janvier 1800 avec J. A. Scio, Pierre Gaveaux, Juliet, Platel, Jausserand, Gavaudan, Prevost, Desmares, Dessaules, Georget, Darcour, Grenier, sous la direction de La Houssaye.
Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 septembre 1801.
« La scène se passe au temps du cardinal Mazarin, et le petit Savoyard Antonio en est le héros. L'auteur du livret a tellement multiplié les incidents que l'intérêt est partagé et ne peut se fixer sur aucun personnage de la pièce. Il n'y a ni unité de temps, ni unité de lieu, ni unité d'action. La belle musique du maître florentin ne pouvait sauver un pareil poème. Cependant, on a conservé de beaux fragments de la partition. Nous citerons l'air du petit Savoyard, les couplets de Mikély : A leurs yeux j' dérobe madame, un beau chœur de soldats sur ces paroles absurdes :
Méritons la bienveillance
Du célèbre Mazarin ;
Surveillons et servons bien
Son éminence.
On conviendra que Cherubini aurait pu mieux employer son admirable talent. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Personnages : LE COMTE ARMAND (ténor) — CONSTANCE, sa femme (soprano) — MICHELI (basse) — DANIEL (basse) — ANTON (ténor) — MARCELINE (soprano) — SEMOS (ténor) — ROSETTE (soprano) — CHŒUR.
La scène se passe à Paris et dans les environs.
ACTE I. — Le porteur d'eau (nous sommes au XVIIe s. !) Micheli, ainsi que son fils Anton, ont contracté une dette de reconnaissance à l'égard du Comte Armand, Président de la Chambre. Celui-ci, poursuivi par la haine de Mazarin, qui a mis sa tête à prix, trouve, avec sa femme, un refuge provisoire chez Micheli.
ACTE II. — La Comtesse s'échappe sous les vêtements de Marceline, la fille de Micheli, et le Comte grâce à un stratagème dans lequel le gros tonneau du porteur d'eau joue un rôle important.
ACTE III. — Dans un village de la banlieue parisienne où se prépare le mariage de Rosette et d'Anton, le Comte et la Comtesse sont démasqués et arrêtés. Mais Micheli a, entre-temps, réussi à obtenir un ordre royal qui les libère et rétablit le Comte dans ses fonctions. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
DEUX JUMEAUX DE BERGAME (LES)
Comédie en un acte, de Florian, musique de Désaugiers, représenté à l'Opéra-Comique le 12 août 1782.
DEUX LETTRES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Dejaure, musique de Boieldieu, représenté à Feydeau le 04 août 1796.
DEUX LETTRES (LES)
Comédie en deux actes, livret d’Etienne-Joseph Bernard Delrieu, musique de Louis-Emmanuel Jadin. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 04 août 1796.
DEUX LOCATAIRES (LES)
Opéra-comique en un acte, musique d'Alphonse Pellet, représenté au Grand-Théâtre de Nîmes le 20 mars 1874.
DEUX LOUPS DE MER (LES)
Opérette, musique de M. Hubans, représentée au théâtre d'Enghien le 01 juillet 1876.
DEUX MAÎTRES (LES)
Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de Bondy vers 1804.
DEUX MANDARINS (LES)
Opérette en un acte, musique de Martin Lazare, représentée à Bruxelles, dans un salon, le 09 février 1878.
DEUX MARIS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles-Guillaume Etienne, musique de Niccolo Isouard. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 mars 1816.
DEUX MAUVAISES BONNES
Opérette en un acte, livret de Lucien Delormel et Louis Péricaud, musique de Francis Chassaigne, représentée au concert de l'Eldorado en 1876.
DEUX MEUNIERS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles-Louis Balzac, musique de H. Rigel, représenté au théâtre du Caire (en Egypte) en 1799. Ce Balzac, architecte et littérateur, fit partie de l'expédition française en Egypte.
DEUX MILICIENS (LES) ou L’ORPHELINE VILLAGEOISE
Comédie en un acte mêlée d’ariettes, livret de Louis Guérin d'Azémar, musique d’Alessandro Mario Antonio Fridzeri. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 24 août 1771.
DEUX MORTS (LES) ou LA RUSE DE CARNAVAL
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Patrat, musique de vaudevilles. Création à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 27 février 1781.
DEUX MORTS QUI SE VOLENT
Opéra-comique en un acte, livret de Dorvigny, musique de Porta, représenté à l'Ambigu-Comique le 26 avril 1800.
DEUX MOTS ou UNE NUIT DANS LA FORÊT
Comédie en un acte, en prose, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 09 juin 1806. Le sujet a été tiré du roman le Moine. M. Fétis place en 1798 la première représentation de cet ouvrage, dont il n'est resté qu'un agréable souvenir.
DEUX MOUSQUETAIRES (LES) ou LA ROBE DE CHAMBRE
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste Vial et Justin Gensoul, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 22 décembre 1824. => fiche technique
DEUX NICODÈME (LES) ou LES FRANÇAIS SUR LA PLANÈTE DE JUPITER
Opéra-folie en prose et en deux actes, livret et musique du Cousin-Jacques (Beffroy de Reigny), représenté au théâtre Feydeau le 21 novembre 1791.
« Tout Paris, lit-on dans l’Almanach général de tous les spectacles, a su l'éclat de la première représentation de cette pièce, qui a été si tumultueuse que l'officier municipal a paru sur le théâtre pour rappeler les spectateurs au bon ordre. Une cabale préméditée depuis six mois a occasionné tout ce trouble. L'auteur ayant retranché tout ce qui pouvait servir de prétexte aux malintentionnés pour troubler le repos public, la seconde représentation a complètement réussi, et la troisième, la quatrième, la cinquième pareillement... » Le fait est que l'esprit réactionnaire, quoique fort honnête, qui animait les pièces du Cousin-Jacques, en rendait très souvent la représentation fort orageuse. En tout cas, avec Nicodème dans la lune, Nicodème aux enfers et les Deux Nicodème, on voit que ledit Cousin-Jacques exploitait vigoureusement ce type de Nicodème créé par lui, comme Dorvigny avait fait pour Janot et Pompigny pour Barogo. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DEUX NUITS (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean Nicolas Bouilly, remanié par Eugène Scribe, musique de François-Adrien Boieldieu. Création à l’Opéra-Comique (salle Ventadour) le 20 mai 1829, décors de Julien Michel Gué, avec Mmes Casimir (Malvina de Morven), Pradher (Betty) ; MM. Augustin Lemonnier (lord Fingar), Moreau-Sainti (sir Edouard Acton), Damoreau (Mac-Dowel), Tilly (Blakfort), Genot (Duncan), Henri (Falgar), Cavé (Douglas), Thianni (Walter), Louvet (Montcalme), Boulard (Strounn), Féréol (Carill), Jean-Baptiste Chollet (Victor), Belnie (Jakmann), Paul Jean Fargueil (Jobson).
« Un livret sur un sujet usé, des ruses de valet, des invraisemblances qui ne sont rachetées par aucune invention piquante, neuve ou même gracieuse, tout semblait réuni pour empêcher le succès de cet opéra, qui fut le dernier de Boieldieu et dont la chute contribua à aggraver la maladie qui l'enleva peu d'années après. Et cependant, que de choses charmantes dans cet ouvrage, et dignes de l'immortel auteur de la Dame blanche ! Au premier acte, l'introduction et le chœur, du festin, si brillants et de la bonne manière de Boieldieu, intéressants par le rythme sans le secours de modulations imprévues, car ce long morceau ne sort pas du ton d'ut ; les couplets, le Beau pays de France ; l'air de l'évocation des valets, qui n'a que le tort d'être une imitation des effets de l'Irato de Méhul. Chollet s'y faisait applaudir. L'orgie qui termine est pleine d'entrain et de vigueur. Au second acte, le duo entre Carill et Betty est un des plus jolis que le compositeur ait écrits ; l'ensemble Charmante solitaire surtout est d'un effet agréable. Mentionnons encore les couplets Prends garde à toi, chantés par Mme Pradher ; les stances des ménestrels et le finale, d'une harmonie sérieuse et riche. L'interrogatoire des deux valets est la scène principale du troisième acte, et elle est traitée avec autant d'esprit que celle de la Vente dans la Dame blanche. Il est fort regrettable qu'un opéra-comique de cette importance paraisse à jamais rayé du répertoire. Les amateurs et les musiciens lui prédisaient le plus bel avenir lors de la première représentation. Boieldieu fut obligé de venir sur la scène recevoir les félicitations du public. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX NUITS (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret de Cofin-Rosny et Béraud, musique de Leblanc, représenté au théâtre de la Gaîté le 31 mai 1802.
DEUX OMAR (LES)
Opérette bouffe en un acte, livret de Delafontaine et William Busnach, musique de Firmin Bernicat. Création aux Fantaisies-Oller le 04 avril 1876.
DEUX ONCLES (LES)
Comédie en un acte, livret d’André-Joseph Grétry (neveu du compositeur), musique de Jean-Pierre Solié. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 03 janvier 1805.
DEUX ORPHELINES (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Molière à Paris en 1798.
DEUX PAGES (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Dezède, représenté en 1787.
DEUX PANTHÈRES
Opérette en un acte, paroles de MM. de Bussy et Collache, musique de M. Oscar de Lagoanère, représentée aux Bouffes-du-Nord le 24 mars 1877.
DEUX PARFAITS NOTAIRES (LES)
Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Louis Gaston Villemer, musique de Frédéric Barbier, représenté aux Bouffes-Parisiens en 1878.
DEUX PÊCHEURS (LES) ou LE LEVER DU SOLEIL
Opérette (bouffonnerie musicale) en un acte, livret d'Ernest Bourget et Charles Dupeuty, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 novembre 1857 avec MM. Pradeau (Gros-Minet) et Gerpré (Polissard).
« L'intention de donner le pendant des Deux Aveugles était là très clairement accusée ; mais le public ne jugea point que l'intention dût être réputée pour le fait. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
DEUX PÊCHEURS ET LA BELLE-MÈRE (LES)
Opérette en un acte, paroles de M. Verrier, musique de M. Lafage, représentée à Angers en avril 1887.
DEUX PERMISSIONS DE DIX HEURES
Opérette en un acte, livret de Pol Mercier et Henry Currat, musique de Frédéric Barbier, représentée au théâtre Déjazet en mai 1864.
DEUX PETITS AVEUGLES (LES)
Comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Noël, musique d’Armand-Emmanuel Trial fils. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 juillet 1792.
DEUX PETITS SAVOYARDS (LES)
Comédie en un acte et en prose, mêlé d'ariettes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le mercredi 14 janvier 1789. Un seigneur a la fantaisie de donner une foire dans son parc. Il y remarque deux Savoyards qui l'intéressent et qu'il veut adopter ; mais il veut auparavant éprouver leurs sentiments. Tous deux aiment tant leur mère qu'ils refusent les offres qui leur sont faites d'une existence heureuse que leur mère ne doit pas partager. On les enferme pour vaincre leur obstination. Ils grimpent dans la cheminée et se sauvent par les toits. On les arrête ; on trouve dans leur sac une boîte renfermant un anneau, un cachet, un portrait. Le seigneur reconnaît le portrait comme lui appartenant ; mais il est dupe lui-même de l'accusation ; il ne possède que la copie du portrait d'une femme que son frère a aimée. Les deux petits Savoyards sont ses neveux, et il se trouve qu'il a bien placé ses bienfaits. Ce livret, malgré l'empreinte, familière à cette époque, de sensiblerie un peu niaise, a de la gaieté et du charme. La musique est fort agréable et d'un accent plein de vérité et de grâce. Les rôles des deux Savoyards ont été joués de la manière la plus piquante par Mme Saint-Aubin et Mlle Renaud cadette. Solié jouait avec talent le rôle du seigneur. La chanson des Deux Savoyards a été longtemps populaire :
Escouto, d' Jeannetto,
Veux-tu d' biaux habits ?
Laridetto.
Escouto, d' Jeannetto,
Pour aller à Paris ?
Oui-da, monsieur, dit la filletta,
Per qué faire mi donner ça ?
Eh ! comment, d' Jeannetto,
Tu n' douvinés pas ?
Escouto, d' Jeannetto,
Veux-tu de l'argent ?
Laridetto.
Escouto, d' Jeannetto,
Tiens, prends, mon enfant.
Ah ! ah ! monsieur, dit la filletta,
Comment faire pour gagner ça ?
Eh ! comment, d' Jeannetto,
Avec tant d'appas,
Laridetto,
Eh ! comment, d' Jeannetto,
Tu n' douvinés pas ?
Escouto, d' Jeannetto,
Baille me un baiser,
Laridetto,
Escouto, d' Jeannetto,
Et sans me r'fuser.
Ah ! ah ! monsieur, dit la filletta,
Comment faire per vous dir' ça ?
Sachez que d' Jeannetto,
Quand elle aimo bien,
Laridetto,
Sachez que d' Jeannetto
Donna ça per rien.
Dalayrac a arrangé avec goût ce vieil air des montagnes de la Savoie.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX PETITS TROUBADOURS (LES)
Opéra-comique, musique d’Arquier, représenté au théâtre des Jeunes-Elèves en 1800.
DEUX PHILOSOPHES (LES)
Opéra-comique, paroles de M. Villain, musique de Krantz, représenté à Mulhouse le 10 juillet 1893, en réunion privée, par les soins de la Société de chant la Sainte-Cécile. On sait que les spectacles en langue française sont absolument interdits en Alsace-Lorraine ; c'est pourquoi, malgré la demande faite à ce sujet aux autorités administratives, cette œuvre d'un compositeur mulhousien n'a pu être représentée publiquement dans sa ville natale.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DEUX PIÈCES NOUVELLES (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de H. Messemackers, représenté au théâtre Royal de Bruxelles vers 1822.
DEUX PORTEURS DE CHAISE (LES)
Comédie-parade en vaudevilles en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré et Antoine-Pierre-Augustin de Piis, musique de vaudevilles, représentée à Versailles, Trianon, le 26 juillet 1781.
DEUX PORTIÈRES POUR UN CORDON
Pochade musicale en un acte, livret de Lucian [Hippolyte Lefebvre], musique d’Alcindor [pseudonyme regroupant Legouix, Hervé, Charles Lecocq et Georges Maurice], représentée au Théâtre du Palais-Royal le 19 mars 1869. => partition
DEUX POSTILLONS (LES)
Opérette en un acte, musique de M. de Villebichot, représentée au concert de l'Eldorado le 06 novembre 1875.
DEUX PRINCESSES (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Emilien Pacini, musique du comte Wilfrid d'Indy, représenté à la salle du Conservatoire, pour une œuvre de bienfaisance, en janvier 1850, puis chanté dans plusieurs salons du faubourg Saint-Germain par Jules Lefort, Mmes Gaveaux-Sabatier et Barthe, en février 1859.
DEUX PUPILLES (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles et musique de Beaumefort, représenté au théâtre des Jeunes-Elèves le 6 juin 1807.
DEUX REINES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Frédéric Soulié et Auguste Arnould, musique d’Hippolyte Monpou. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 06 août 1835, avec Mme Zoé Prévost (Marie, reine de Danemark) et M. Inchindi.
« Tout, dans ce petit ouvrage, est intéressant : le compositeur de l'école romantique y a écrit de fort beaux couplets qui ont été populaires : Adieu, mon beau navire au grand mât pavoisé ; ils étaient chantés au théâtre par Inchindi. Le trio : Las ! je suis une pauvre fille, le duo J'avais rêvé que sous mon toit modeste, et le chœur Allons, vite à table, sont d'une originalité réelle. Aussi cet ouvrage pourrait-il être repris avec chance de succès. Le livret offre des quiproquos assez plaisants entre les deux reines de Suède et de Danemark, voyageant incognito et sous un travestissement. Il serait convenable de substituer à Christine de Suède une reine moins connue. L'Opéra-Comique n'a jamais eu à s'applaudir d'avoir produit sur la scène les grandes figures de l'histoire ; nous ne faisons pas d'exception en faveur de Pierre le Grand et de Catherine de l'Etoile du Nord. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX ROSES (LES)
Opérette en trois actes, livret de Clairville, Eugène Grangé et Victor Bernard, musique d'Hervé, représentée aux Folies-Dramatiques le 20 octobre 1881.
« La trop célèbre guerre des deux Roses, la rivalité des maisons d'York et de Lancastre, qui ont inspiré à Shakespeare son Richard III et à Casimir Delavigne ses Enfants d'Edouard, ne semblaient pas de nature à fournir un heureux sujet d'opérette. Aussi les Deux Roses des Folies-Dramatiques se sont-elles flétries rapidement. Elles étaient présentées au public par MM. Luco, Maugé, Lepers, Simon-Max, Ambroise, Mmes Juliette Simon-Girard (Betzi) et Noémie Vernon. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DEUX SALEM (LES)
Opéra-féerie en un acte, livret de Paulin de Lespinasse, musique de Joseph Daussoigne-Méhul, création au Théâtre de l'Opéra le 12 juillet 1824 ; divertissements de Pierre Gardel ; décors de Charles Cicéri ; costumes d'Alexandre-Evariste Fragonard.
« La ressemblance des deux Nourrit, père et fils, donna l'idée de cette pièce imitée des Ménechmes. Elle n'eut pas de succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Nourrit père et Adolphe Nourrit, qui avaient les mêmes traits, la même nature de voix et la même taille, jouaient les Deux Salem. En dépit de cette ressemblance frappante qui était si favorable à l'illusion scénique et malgré le talent de ces deux artistes, l'opéra du neveu de Méhul ne reçut point un favorable accueil. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DEUX SAVANTS (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de MM. P... et L..., musique de Félix Clément, représenté dans la salle Sainte-Cécile le samedi 20 mars 1858 et dans plusieurs hôtels du faubourg Saint-Germain. Les personnages de la pièce sont : Mathurin, écrivain public ; Marguerite, sa fille ; André, amoureux de Marguerite, et Simon, magister, qui élève des prétentions ridicules à la main de la jeune paysanne. Pendant qu'André fait, avec moins de malice que d'ingénuité, la déclaration de son amour à Marguerite, dans une lettre qu'elle écrit sons sa dictée, en l'absence de son père, Mathurin et Simon, jusque-là parfaitement d'accord, ne tardent pas à se brouiller au sujet de leurs connaissances littéraires et, comme dans la scène de Vadius et Trissotin, ils finissent par se dire de gros mots ; grâce à cette rivalité des deux lettrés du village, André et Marguerite font agréer leurs vœux au père Mathurin. Cet opéra-comique, écrit en une vingtaine de jours, dans une société d'amis à la campagne, se compose de dix morceaux assez développés. Le public l'a accueilli favorablement. On a remarqué la romance de Marguerite, le duo de la lettre et le duo bouffe des deux savantasses, qui a constamment été bissé. Le rôle de Marguerite a été créé par Mlle Chabert et repris par Mlle Faivre, du Théâtre-Lyrique ; les autres rôles ont été chantés par Lafont, Quesne et Verdellet. La partition (chant piano et quatuor) a été gravée.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX SENTINELLES (LES)
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret de François Andrieux, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 mars 1791. C'est une pièce de circonstance dont la musique est d'un bon style et offre de gracieux dessins d'accompagnement.
DEUX SÉRÉNADES (LES)
Comédie en deux actes et en prose, mêlée d'ariettes, livret de Jean-François-Thomas Goulard, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 23 janvier 1788. C'est une bagatelle qui renferme quelques traits gracieux, mais qui ne figure pas parmi les œuvres capitales de l'aimable compositeur
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX SERGENTS (LES)
Opéra-comique, musique de N. Louis, représenté sur la scène d'Orléans au mois de juillet 1850. Cet ouvrage fut aussi représenté à Metz au mois de novembre de la même année.
DEUX SŒURS (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de Pariseau, musique de Plantade, représenté au théâtre Feydeau le 22 mai 1792. Le livret est écrit dans un style pur, soigné, et le ton du dialogue est celui de la bonne compagnie. Ce fut le début de Plantade, l'heureux auteur de la romance Te bien aimer, ô ma chère Zélie, le directeur de la musique de la reine Hortense, et plus tard, le maître de musique de la chapelle de Louis XVIII et de Charles X.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX SŒURS RIVALES (LES)
[ou les Sœurs rivales]
Comédie mêlée d’ariettes en un acte, livret de La Ribardière, musique de Robert Desbrosses. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 juillet 1762.
DEUX SOUS DE CHARBON
Saynète musicale, musique de Léo Delibes, représentée aux Folies-Nouvelles en février 1856. C'est le premier ouvrage dramatique du compositeur. Il a été interprété par Hervé et par Mlle Zélie Cornet.
DEUX SOUS DE FLEURS
Opérette en deux actes et dix-huit tableaux, livret de Paul Nivoix, lyrics de Saint-Granier, musique de Ralph Benatzky. Création au Théâtre de l'Empire le 06 octobre 1933 avec Mmes Rita Georg (Nelly), Germaine Duclos (Kate), Clary Monthal (Miss Soap), Germaine Engel (une cliente) ; MM. Charles Friant (Carl), Dranem (Archibald), José Noguero (Ned), André Dubosc (Lord Canterbury), Marcel de Garcin (Muller), Henri Hennery (Lors Greenwich), sous la direction d'Edmond Mahieux.
« Le music-hall en vient au conte bleu. Car rien n'est plus innocent que cette danseuse Nelly, en l'espèce Mlle Rita Georg, emportant les vers que reçoit la blanchisseuse et s'éprenant si bien du poète inconnu, qu'elle abandonnera peur lui un milord fort riche, et finira par l'épouser. Mois on nous fait naturellement attendre cette inévitable conclusion ; et même, par un moyen de théâtre fort plaisant, l'auteur trouve moyen de mettre le poète à la place du lord, et de rendre ce faux noble en habits d'emprunt aussi antipathique que possible à Nelly. A la vérité tout cela est surtout prétexte à mise en scène. Celle de Vertès est inégale mais amusante. Elle cède trop à un certain goût d'effets usés et communs de music-hall ; mais, par ailleurs, il y a des trouvailles fort agréables. La musique de P. Benatzky paraît un peu nourrie pour une opérette ; mais elle témoigne d'un solide métier. » (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
DEUX SOUS-LIEUTENANTS (LES) ou LE CONCERT INTERROMPU
Comédie en un acte d’Etienne Guillaume François de Favières, musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 mai 1792. Transformé ensuite en opéra-comique (voir le Concert interrompu).
DEUX STATUES (LES)
Opéra-comique en un acte, paroles de Milcent, musique de Porta, représenté à l’Ambigu-Comique le 29 avril 1800.
DEUX SUISSES (LES) ou L'AMOUR FILIAL
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, paroles de Demoustier, musique de Gaveaux, représentée au théâtre Feydeau le 6 mars 1792. Les scènes de sensibilité étaient fort goûtées à la fin du XVIIIe siècle. Voici les couplets que le public faisait répéter chaque soir à la fin de la pièce.
LOUISE ET FÉLIX, aux deux pères.
Sous deux vénérables ormeaux,
Qui les couvrent de leur feuillage,
Deux rejetons, à peu près du même âge,
En s'élevant unissent leurs rameaux.
A la tendresse conjugale,
Vous prêtez votre ombre aujourd'hui ;
Vous trouverez quelque jour un appui,
Dans la piété filiale !
LOUISE, au public.
De la vertu, sans ornement,
Il faut toujours peindre l'image :
Ne cherchez point d'esprit dans cet ouvrage ;
Il n'est dicté que par le sentiment.
Pour en pratiquer la morale,
Embrassez vos parents ce soir,
Et par amour, remplissez le devoir
De la piété filiale !
La musique de Gaveaux, simple et chantante, convenait bien à cette nature de sujets.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX SYLPHES (LES)
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret de Barthélemy Imbert, musique de Marc-Antoine Désaugiers. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 18 octobre 1781. Il n'est resté de cet ouvrage qu'un couplet assez bien tourné :
Pourquoi pleurer, pourquoi gémir,
Quand on a vu fuir son bel âge ?
Chaque âge amène son plaisir,
Tant la nature est bonne et sage ?
Au passé, comme à l'avenir,
Elle attache une jouissance ;
Si la jeunesse a l'espérance,
La vieillesse a le souvenir.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX TALENTS (LES)
Comédie en deux actes mêlée d’ariettes, livret de Jean-François de Bastide, musique du chevalier d'Herpain. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 11 août 1763.
DEUX TANTES (LES)
Opéra-comique, musique de Michelot, représenté à Strasbourg vers 1816.
DEUX TOINON (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Adenis, musique de Théodore de Lajarte.
DEUX TUTEURS (LES)
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Nicolas Fallet, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 mai 1784. C’est une version remaniée de Mathieu ou les Deux soupers (voir ce titre).
« Le sujet est assez comique ; mais l'histoire des tuteurs trompés par leurs pupilles avait été déjà si souvent mise au théâtre, que l'intrigue n'excita pas un grand intérêt. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX VALISES (LES)
Opéra-comique en un acte, musique d'Edouard Mouzin, créé au Théâtre de Metz le 23 février 1866.
DEUX VIEILLES GARDES
Opérette bouffe en un acte, livret de Ferdinand de Villeneuve et Alphonse Lemonnier, musique de Léo Delibes, représentée aux Bouffes-Parisiens le 08 août 1856, avec MM. Ch. Petit (Fortuné, clerc de notaire), Michel (Mme Vertuchou), Léonce (Mme Potichon).
« Pochade sans prétention et qu'assaisonnait une musique d'un joli style bouffe ; le tout bien accueilli. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« C'est une triste plaisanterie que le spectacle de Mme Potichon et de Mme Vertuchoux, se livrant à leurs instincts les plus rapaces et les plus grossiers au chevet du moribond supposé qu'elles ont été appelées à soigner et à garder. On ne peut signaler dans la musique que le duo du punch et une polka dansée par les deux vieilles gardes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DEUX VIZIRS (LES)
Opéra-comique, musique de Mengozzi, représenté à Montausier vers 1791.
DEUX VOISINS (LES)
Comédie en deux actes et vaudevilles, livret de Guillemain Charles-J. La Roche, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 25 janvier 1791.
DEUX VOISINS (LES)
Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Variétés vers 1804.
DEUX VOLEURS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique de Narcisse Girard.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 juin 1841, avec Mlle Célestine Darcier, MM. Mocker, Moreau-Sainti, Achille Ricquier.
Représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 08 novembre 1852.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 31 en 1852, 6 en 1853.
« Cette pièce serait mieux intitulée : l'Amant et le voleur, puisque la jeune mariée, l'héroïne de la pièce, se trouve aux prises avec le premier qui veut la séduire et le second, qui n'en veut qu'à ses diamants. La musique n'offre rien de bien saillant. Il semble que l'excellent chef d'orchestre ait voulu prouver simplement qu'il possédait les secrets de la facture musicale. On a joué longtemps ce petit ouvrage comme lever de rideau à l'Opéra-Comique, et le public a accueilli avec plaisir un solo de violon d'une expression assez piquante, les couplets de Jean de Beauvais et un bon duo pour voix d'hommes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Girard a laissé de plus durables souvenirs comme chef d'orchestre que comme auteur de ce petit lever-de-rideau. Il est mort subitement sur son pupitre, à l'Opéra, pendant qu'il conduisait une représentation des Huguenots. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DEVIN DU VILLAGE (LE)
Opéra-comique pastoral en un acte, poème et musique de Jean-Jacques Rousseau.
Personnages : Colin, berger (ténor) ; Colette, bergère (soprano ou mezzo-soprano) ; le Devin (basse) ; Chœur et ballet.
Représenté pour la première fois dans le privé, à Fontainebleau, devant la cour, le 18 octobre 1752, puis, publiquement, augmenté d'un divertissement, à l'Académie Royale de Musique (1re salle du Palais-Royal), le jeudi 01 mars 1753, avec Mme Fel (Colette) et MM. Jélyotte (Colin), Cuvillier (le Devin), sous la direction d’Antoine Dauvergne. Danses par le corps de ballet.
Repris au Théâtre Lyrique du Vaudeville en septembre 1864 avec Mme LAPORTE (Colette), MM. LEROY (Colin), Etienne TROY (le Devin).
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 27 juin 1912 (partition reconstituée par Julien Tiersot).
Mme Nelly MARTYL (Colette).
MM. DE CREUS (Colin), DUPRÉ (le Devin).
Divertissement réglé par Mme MARIQUITA, dansé par Mlles Yetta RIANZA (la Villageoise), G. DUGUÉ (le Villageois), M. Robert QUINAULT (le Courtisan) et le Corps de ballet.
Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.
13 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Cette bluette lyrique serait oubliée depuis longtemps, si l'auteur n'avait eu que ce titre au souvenir de la postérité ; elle a été pourtant un des grands événements de sa vie. Elle fut représentée pour la première fois à Fontainebleau le 18 octobre 1752, devant le roi et toute la cour et elle obtint un grand succès. « Elle fut, dit Rousseau, très mal jouée, quant aux acteurs, mais bien chantée et bien exécutée, quant à la musique. Dès la première scène, qui véritablement est d'une naïveté touchante, j'entendis s'élever dans les loges un murmure de surprise et d'applaudissements jusqu'alors inouï dans ce genre de pièces. La fermentation croissante alla bientôt au point d'être sensible dans toute l'assemblée. A la scène des deux petites bonnes gens, cet effet fut à son comble. J'entendais autour de moi un chuchotement de femmes qui s'entredisaient à demi-voix : — « Cela est charmant, cela est ravissant. Il n'y a pas un son là qui ne parle au cœur. » J'ai vu des pièces exciter de plus vifs transports, mais jamais une ivresse aussi pleine, aussi douce, aussi touchante, régner dans tout un spectacle, et surtout à la cour un jour de première représentation. Le Devin du village renferme, il est vrai, quelques chansonnettes qui ne sont pas dénuées de sentiment et de naturel ; mais les connaisseurs attachent plus de prix au recueil musical intitulé : Consolations des misères de ma vie. Il comprend près de cent romances et petits airs que Jean-Jacques composa ou arrangea sous l'impression des divers sentiments dont il était affecté. Disons toutefois que l'ariette J'ai perdu tout mon bonheur est presque devenue populaire. Le Devin du village fut représenté le 1er mars 1753 à l'Académie royale de musique. Les grands talents littéraires de Rousseau, sa liaison avec Diderot et d'Alembert, la collaboration qu'il venait d'apporter à l'Encyclopédie, enfin les relations qu'il entretenait avec des personnes influentes à la cour et à l'Opéra, toutes ces circonstances contribuèrent à fixer l'attention du public sur une œuvre plus que médiocre, qui serait oubliée depuis longtemps, si elle avait eu pour auteur quelqu'un des compositeurs secondaires du XVIIIe siècle, Gresnick, Dezède ou Solié ; et encore Rousseau ne saurait-il, comme musicien, leur être comparé. Il nous semble puéril, même sur l'autorité de Rameau, de contester au philosophe la paternité de ses compositions musicales, d'attribuer, par exemple, la musique du Devin du village, à Granet, de Lyon ; celle de Pygmalion à un nommé Horace Coignet ; une partie de celle des Muses galantes à quelque autre musicien. Il est possible que Rousseau n'ait pas eu l'habileté de dissimuler ses réminiscences ; mais il est certain que son Devin du village a emprunté son succès beaucoup plus à la renommée de l'auteur qu'au mérite intrinsèque de la musique. Le sujet du poème est une bergerie fade entre les plus fades, sans caractères tracés et sans émotions dramatiques. Quant aux mélodies, elles ont un cachet de simplicité et de gaucherie qui dénote à la fois une complète inexpérience dans l'art d'écrire la musique, et en même temps un instinct de l'expression des sentiments à l'aide des sons. Mais tout cela est à l'état rudimentaire. Autant la mélodie est mal prosodiée, mal accentuée, autant l'harmonie est pauvre, boiteuse et incorrecte. Les musiciens protestèrent un peu violemment contre le succès fait au Devin du village. Ils allèrent jusqu'à pendre l'auteur en effigie dans la cour de l'Opéra. Rousseau dit à ce sujet : « Je ne suis pas surpris qu'on me pende, après m'avoir mis si longtemps à la question. » Il est au moins singulier que l'architecte du nouvel Opéra ait placé le buste de J.-J. Rousseau au milieu des grands musiciens. L'auteur du Devin du village fait une bien triste figure entre Lully et Rameau. L'ami ingrat de Mme d'Epinay vivait au milieu de gens de finance qui eux-mêmes avaient leurs grandes et petites entrées à l'Opéra. Le directeur de l'Académie de musique Francœur, le chanteur Jélyotte étaient les commensaux de la marquise d'Epinay, de Mme d'Houdetot, de la famille de la Live de Bellegarde. Ces circonstances expliquent pourquoi le Devin du village put être monté à l'Opéra et soutenu d'abord par une coterie assez influente pour lui faire un succès. Plus tard, cet ouvrage se maintint au répertoire par cette force de l'habitude et cette routine dont on voit de fréquents exemples au théâtre. Enfin la réputation littéraire et philosophique de l'auteur contribua à éterniser cette œuvre chétive jusqu'à ce qu'un beau soir, un plaisant jetât une perruque sur la scène au milieu d'une représentation du Devin du village. Ce fut la dernière. Depuis, on en a tenté plusieurs reprises qui n'ont eu qu'un intérêt archaïque. C'est comme homme de goût et en sa qualité d'écrivain que J.-J. Rousseau exerça une influence sur la destinée de l'art musical en France. On trouve, dans son Dictionnaire de musique, à côté d'erreurs manifestes, des vues élevées et une critique ingénieuse. Il a été des premiers à sentir les beautés de la musique de Gluck, et son analyse de l'opéra d'Alceste prouve la vivacité et la justesse de ses impressions. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Ce gracieux ouvrage fut entendu à la suite du Jaloux corrigé. Il avait été d'abord représenté devant le roi, à Fontainebleau, le 18 et le 24 octobre 1752.
Parodie : les Amours de Bastien et de Bastienne, de Mme Favart et Harny : 4 août 1753. Succès.
Reprise : 22 avril 1779, avec de la nouvelle musique qui ne réussit pas et qu'on n'entendit qu'une fois. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Le Devin du village raconte, sans grandes péripéties, les amours de deux jeunes gens, un moment brouillés, puis réconciliés grâce à l'intervention d'un vieux sorcier.
La partition contient quelques mélodies dans le goût italien et dans le goût français de l'époque, qui ont un attrait populaire, ainsi la romance : « J'ai perdu tout mon bonheur... » que le roi lui-même, dit-on, se plaisait à fredonner. L'ouverture du Devin du village est charmante. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
DEVINERESSE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Adenis, musique de Théodore de Lajarte, publié dans le Journal des demoiselles, vers 1870.
DIABLE (LE) ou LA BOHÉMIENNE
Pantomime dialoguée, musique de Vandenbroeck, représentée à l'Ambigu-Comique en 1798.
DIABLE À L'ÉCOLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe, musique d'Ernest Boulanger. Création à l'Opéra-Comique le 17 janvier 1842. => fiche technique
DIABLE À QUATRE (LE)
Opéra-comique, musique de Bernardo Porta, écrit pour le Théâtre-Italien vers 1788.
DIABLE À QUATRE (LE)
Opéra-comique en quatre actes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Philidor, représenté au Théâtre de la Foire le 19 août 1756.
DIABLE À QUATRE (LE) ou LA DOUBLE MÉTAMORPHOSE
Opéra-comique en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine et Paul Baurans, musique parodiée de divers compositeurs, créé à la Foire Saint-Laurent le 19 août 1756. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 30 janvier 1764.
DIABLE À QUATRE (LE) ou LA DOUBLE MÉTAMORPHOSE
Opéra-comique en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique Bernardo Porta. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 14 février 1790.
DIABLE À QUATRE (LE) ou LA FEMME ACARIÂTRE
Opéra-féerie en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine (qui avait été mis en musique par Philidor), retouché par Auguste Creuzé de Lesser, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 novembre 1809. Créé avec beaucoup de succès. Le personnage de Margot fut un des triomphes de la charmante Mme Gavaudan ; les autres rôles étaient tenus par Gavaudan, Chenard, Darancourt, Solié (l'auteur de la musique), Saint-Aubin, Mlles Antoinette Regnault [Lemonnier], Aglaé Gavaudan et Lesage.
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 15 octobre 1853, dans une réorchestration d’Adolphe Adam, avec Mlles Caroline Girard (débuts), Adolphine Petit-Brière.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 16 en 1853, 7 en 1854.
« Le sujet est emprunté au théâtre anglais. La pièce originale, traduite une première fois vers 1750, par Patu, fut arrangée en 1756 par Sedaine, pour l'Opéra-Comique de la foire Saint-Laurent ; Philidor en écrivit la partition. Repris et retouché par Creusé de Lesser, le livret de Sedaine fut remis en musique par l'acteur-compositeur Solié, et représenté à l'Opéra-Comique en 1809. C'est cette édition qui a été adoptée par le Théâtre-Lyrique. Adolphe Adam a fait représenter, en 1845, à l’Opéra, le ballet du Diable à quatre. Portogallo avait écrit, sur le même sujet, la Bacchetta portentosa, qui fut chantée à Paris, en 1806. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DIABLE À SÉVILLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Antonio Hurtado et Auguste Cavé, musique de José-Melchior Gomis. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 29 janvier 1831.
DIABLE À YVETOT (LE)
Opérette en un acte, paroles de M. Stark, musique de M. Gessler, représentée à Rouen le 21 mars 1888.
DIABLE AU CORPS (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Ernest Blum et Raoul Toché, musique de Marenco, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 décembre 1884 avec MM. Piccaluga, Maugé, Germain, Mesmacre, Desmonts, Mmes Deval, Noémie Vernon et Dorel.
DIABLE AU MOULIN (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique de François-Auguste Gevaert. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 mai 1859, avec Mlles Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Marthe), Léocadie Lemercier (Toinette), MM. Mocker (Antoine), Ponchard (Fargeau), Victor Prilleux (Boniface), Palianti (Picard).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 16 novembre 1859 avec Mmes Dupuy (la jeune fille), Cèbe (la servante), MM. Audran (le meunier Antoine), Gourdon (le garçon de ferme).
« La donnée de la pièce est la contrepartie de celle de la Jeune femme colère, comédie d'Etienne ; au lieu d'une femme, c'est le meunier Antoine qui s'abandonne à des accès de colère tels, qu'il s'attire chaque jour une nouvelle et méchante affaire. Mlle Marthe le guérit de sa fureur en feignant de l'admirer, de l'approuver et en l'imitant avec usure. S'il casse un meuble, elle en casse un autre ; s'il donne un soufflet à son garçon de moulin, elle en donne deux à sa servante. Le diable de meunier ne tarde pas à changer d'humeur et devient doux comme un agneau. On a remarqué deux ou trois jolis morceaux dans la partition, très joliment interprétée par Ponchard, Mocker, Prilleux, Mlles Lemercier et Lefebvre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DIABLE BOITEUX (LE) ou LA CHOSE IMPOSSIBLE
Divertissement en un acte mêlé de vaudevilles, livret de Charles Nicolas Favart, musique de Louis Chardiny et vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 27 septembre 1782.
DIABLE COULEUR DE ROSE (LE) ou LE BONHOMME MISÈRE
Opéra bouffe, livret de Guillaume Levrier-Champrion, musique de Pierre Gaveaux, créé au Théâtre Molière le 23 octobre 1798, avec Bosquier-Gavaudan (Valogne), puis représenté au théâtre Montansier en 1804.
DIABLE COUTURIER (LE)
Légende bretonne en un acte, livret de Louis Tiercelin, musique de Guy Ropartz, représentée à Paris, Théâtre d'application, le 27 mai 1894.
DIABLE DANS LE BEFFROI (LE)
Opéra inachevé en un acte, d’après un conte d’Edgar Allan Poe traduit par Charles Baudelaire, musique de Claude Debussy composée en 1908-1916.
DIABLE EN VACANCES (LE) ou LA SUITE DU DIABLE COULEUR DE ROSE
Opéra féerie en un acte, livret de Bosquier-Gavaudan et Antoine Désaugiers, musique de Pierre Gaveaux, représenté au Théâtre Montansier le 16 février 1805. C’est la suite du Diable couleur de rose du même compositeur.
DIABLE GALANT (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Ludovic Fortolis, musique de Paul Pierné. Création au Théâtre du Trianon-Lyrique le 19 mars 1913.
« Je terminerai ces notes rapides en signalant l'agréable ouvrage de MM. Fortolis et Paul Pierné : le Diable Galant, représenté à Trianon-Lyrique. Il s'agit d'un bon tour joué par un gentil poète, Jacquot, à un vieux barbon, Gérôme. Ce dernier se montrant de nature peu scrupuleuse, on absout l'astucieux troubadour de duper ainsi ce vieillard cacochyme.
Sur ce thème, M. Paul Pierné a brodé de piquantes variations musicales. Sa partition est écrite avec netteté et sûreté, et contient des scènes plaisantes. Nous en avons détaché une jolie page qu'on trouvera dans ce numéro, et où Jacquot se montre le gai luron que nous avons indiqué.
Cette cantilène est comme empreinte d'un parfum ancien, elle a l'allure naïve des vieilles chansons. De plus, son harmonisation est sobre et demeure tonale, ce qui n'est guère commun, actuellement. Comme l'idée se présente avec une parfaite clarté et que son caractère mélodique, de rythme très tranché, n'offre aucune difficulté d'exécution, nous jugeons inutile de nous livrer des commentaires qui seraient superflus. Cet air a été très bien chanté par M. Baillard, qui incarne avec une charmante aisance ce gentil ménestrel. Mlle Maud Samson est une accorte et délurée Huguette, et M. Tarquini d'Or, admirablement grimé, a obtenu un très beau succès de chanteur et de comédien. »
(Albert Dayrolles, les Annales, 06 avril 1913)
DIABLE ROSE (LE)
Pièce à ariettes en un acte, livret de MM. Pol Mercier et Edouard Fournier, musique de Mlle Hermine Déjazet, représenté au théâtre Déjazet le 14 novembre 1859.
DIADESTÉ (LE) ou LA GAGEURE ARABE
Opéra-comique en deux actes, livret d’Amable Villain de Saint-Hilaire et Léon Pillet, musique de Jules Godefroid. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 07 septembre 1836. Le diadesté est un jeu arabe. Les deux joueurs, homme et femme, ne doivent recevoir aucun objet de la main l'un de l'autre pendant un temps déterminé, sans prononcer le mot diadesté. Si on l'oublie, on perd et on paye. Il n'était réellement pas nécessaire d'aller chercher si loin un mot singulier pour exprimer une chose si commune, d'autant mieux que la scène se passe à Venise, et non pas en Arabie, entre un mari jaloux et une jeune femme fort sage d'ailleurs, lesquels ont eu la fantaisie de jouer un beau soir au diadesté. Un accès de jalousie porte le mari à oublier le jeu dans lequel il s'est engagé pour cinq cents écus, pour demander obstinément la clef d'un certain pavillon où se cache un certain Sténo. Il perd la gageure, et, au lieu d'un amoureux de sa femme, il trouve dans le pavillon le jeune homme et sa fiancée. Dans l'histoire des conceptions dramatiques que nous ébauchons ici, nous sommes exposés à rencontrer bien des élucubrations maladives de l'esprit humain. Passons donc. La musique est celle que pouvait faire un homme de talent. Tout y est convenable, régulier, bien harmonisé, bien instrumenté. Mme Boulanger y a chanté le rôle principal. Jules Godefroid était le frère du célèbre harpiste, Félix Godefroid.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DIALOGUES DES CARMÉLITES
Opéra en trois actes et douze tableaux, livret de Francis Poulenc d’après la pièce de Georges Bernanos, musique de Francis Poulenc.
Personnages : Blanche de La Force (Sœur Blanche de l’Agonie du Christ) (soprano) ; la prieure (Mère Henriette de Jésus) (contralto) ; le marquis de La Force (baryton) ; le chevalier de La Force (ténor) ; la nouvelle prieure (soprano) ; mère Marie, vice-prieure (soprano) ; sœur Constance, une novice (soprano) ; mère Jeanne (contralto) ; sœur Mathilde (mezzo-soprano) ; le chapelain (ténor) ; premier commissaire (basse) ; deuxième commissaire (baryton) ; Javelinot, médecin (baryton) ; les carmélites, la foule.
L’action se déroule au couvent des Carmélites de Compiègne et à Paris, entre avril 1789 et l’été 1792.
Création le 26 janvier 1957 au Théâtre de la Scala, à Milan, dans une traduction de Flavio Testi. Mise en scène de Marguerite WALLMANN, décors de Georges Wakhévitch.
Mmes Virginie ZEANI (Blanche), Eugenia RATTI (Constance), Gianna PEDERZINI (la Prieure), Giliola FRAZZONI (Mère Marie), Leyla GENCER (la Nouvelle Prieure).
MM. Nicola FILACURIDI (le Chevalier), Scipio COLOMBO (le Marquis), Alvinio MISCIANO (l'Aumonier).
Chef d'orchestre : Nino SANZOGNO
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 21 juin 1957 — Mise en scène de Maurice JACQUEMONT — Décors et costumes dessinés par Suzanne Lalique.
Mmes Denise DUVAL (Blanche de la Force), Liliane BERTON (Constance), Denise SCHARLEY (la Prieure), Rita GORR (Mère Marie), Régine CRESPIN (la nouvelle Prieure), FOURRIER (Mère Jeanne), DESMOUTIERS (Sœur Mathilde), REICHEN et TAINSY (deux vieilles Dames), GUENOT, GRANDVIERES, ROTH, DELANCAY, LEROY, PETIT-DERVAL, LECONTRE, LUMIERE, LEHOUCQ, POYAU, JOURNEAUX (les Sœurs du Carmel).
MM. GIRAUDEAU (le Chevalier), DEPRAZ (le Marquis de la Force), Louis RIALLAND (l'Aumônier), BIANCO (le Geôlier), ROMAGNONI et CHARLES-PAUL (deux Commissaires du Peuple), MARS (l'Officier), FOREL (Thierry), MAX-CONTI (le Médecin), LEPROUX (un Vieux Monsieur).
Chef d'orchestre : Pierre DERVAUX
27e à l’Opéra, le 02 octobre 1959, avec les interprètes de la création sauf, Mmes MESPLÉ (Constance), G. SERRES (Sœur Marie), MONMART (Nouvelle Prieure), ALLARD (Sœur Mathilde), CLERY et Jeannette LEFEVE (deux Vieilles Dames), MM. Paul FINEL (le Chevalier), FROUMENTY (le Marquis), LAFFAGE (le Geôlier), HURTEAU (2e Commissaire), GIBERT (un Vieux Monsieur).
Chef d'orchestre : Robert BLOT
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Blanche : Mme CUMIA (1958).
la Prieure : Mme S. MICHEL (1958).
la Nouvelle Prieure : Mme LUCAZEAU (1957).
le Chevalier : MM. KRIFF (1958), Jacques LUCCIONI (1958).
l'Aumônier : M. ROUQUETTY (1958).
27 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Première à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 28 mars 1964, mise en scène d'Henri Doublier, décors et costumes de Suzanne Lalique.
12e représentation le 25 août 1964.
Mmes Denise DUVAL (Blanche), Denise SCHARLEY (première Prieure), Andréa GUIOT (la nouvelle Prieure), Geneviève MACAUX (Mère Marie), Liliane BERTON (Soeur Constance), Janine FOURRIER (Mère Jeanne), Janine BOULOGNE (Soeur Mathilde).
MM. Xavier DEPRAZ (le Marquis), Rémy CORAZZA (le Chevalier), Louis RIALLAND (l'Aumônier), Jean-Pierre LAFFAGE (le Geôlier), Raphaël ROMAGNONI (le premier Commissaire), Yves BISSON (le deuxième Commissaire), Roger SOYER (l'Officier), Claude GENTY (Thierry), Jacques LOREAU (le Médecin).
Mlles Chauvet, Decatoire, Gazal, Genty, Joly, Manceau, Pontet, Rouanet, Rothembourg, Simon, Simonnot (les autres Soeurs du Carmel).
Chef d'orchestre : M. Jacques BAZIRE.
16 représentations à l'Opéra-Comique en 1964, soit 16 au 31.12.1972.
« A l’Opéra, la création des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc (texte de Bernanos) a été, comme à la Scala, une éclatante victoire. L'œuvre a été servie magnifiquement par notre Opéra : les décors de Suzanne Lalique et la mise en scène de Jacquemont s'harmonisent dans un style à la fois vivant et noble. L'exécution musicale, sous la direction ardente de Pierre Dervaux (avec les chœurs mis au point par Duclos), a mis en valeur une distribution aussi remarquable au point de vue scénique qu'au point de vue vocal ; tous y sont à louer autour de Denise Duval : Liliane Berton, Rita Gorr, Denise Scharley, Giraudeau, Depraz, Rialland, Charles-Paul, etc. »
[Jacques Feschotte, Directeur de l’Ecole Normale de Musique, Musica disques, octobre 1957]
« L'action se déroule à Paris et au couvent des Carmélites de Compiègne sur lequel la Révolution grondante projette son ombre menaçante. L'héroïne est une jeune fille de la noblesse, Blanche de la Force, venue se réfugier au Carmel, par crainte du monde et par besoin d'héroïsme. Un moment, la peur la saisit. Mais, au jour où, une à une, les Carmélites montent à l'échafaud, Blanche rejoint ses compagnes et, dépouillée de toute crainte, meurt avec elles. Le drame de la peur de la mort, qui est sans doute celui de Bernanos lui-même, commande de façon diverses les réactions des personnages. La scène capitale pour la compréhension de l'œuvre est, au 3e tableau, celle où Blanche et Constance s'interrogent sur le sens profond de la mort.
ACTE I. — 1er TABLEAU. — A Paris, la Révolution gronde. Blanche de la Force est terrorisée. Mais, avec une espèce de résolution et de résignation désespérée, elle fait part à son père et à son frère de sa décision d'entrer au couvent des Carmélites.
2e TABLEAU. — Au parloir du Carmel de Compiègne, Blanche supplie la Prieure qu'on l'admette au couvent. Les dures paroles de la Prieure ne parviennent pas à briser l'élan de son cœur.
3e TABLEAU. — Dans une cour, à l'intérieur du couvent, Blanche dialogue avec une très jeune sœur, Constance de Saint-Denis : scène charmante, animée par l'intarissable gaieté de Sœur Constance. Blanche lui reproche son éclatante bonne humeur, au moment même où la Mère Supérieure est à l'agonie. Constance veut réparer son étourderie et propose à Blanche d'offrir avec elle sa pauvre vie pour celle de la Mère Supérieure. Le refus de Blanche est brusque. Constance lui confie alors avoir compris, dès le premier jour où elle la vit, que Dieu lui ferait la grâce de l'emporter très jeune, en même temps qu'elle.
4e TABLEAU. — Dans la cellule de l'Infirmerie du couvent, la vieille Prieure se meurt. Tourmentée par l'approche de la mort, elle s'inquiète de l'avenir de Blanche et a pour elle de tendres paroles. Dans une vision prémonitoire, l'agonisante croit voir le couvent pillé et incendié. Défaillante, elle veut encore attirer Blanche vers elle, mais les mots se brisent sur ses lèvres et elle meurt.
ACTE II. — 1er TABLEAU. — Au centre de la chapelle des religieuses, le cercueil découvert de la défunte Prieure est exposé. Blanche et Constance veillent. Blanche essaie de prier, mais ses regards se détournent du cadavre et elle fuit vers la porte. Mère Marie de l'Incarnation apparaît et reproche à Blanche d'avoir abandonné sa place. Puis elle lui demande d'oublier l'incident et l'envoie se reposer.
PREMIER INTERLUDE. — Dans le Cloître, Constance et Blanche s'entretiennent de la mort de la Supérieure. Ne dirait-on pas que Dieu se soit trompé, comme si cette mort devait être celle d'une autre ? Blanche ne comprend pas et Constance lui explique que chacun ne meurt pas pour soi, mais que nous mourrons les uns pour les autres ou, qui sait, peut-être les uns à la place des autres...
2e TABLEAU. — Dans la salle du chapitre, la communauté est réunie pour faire acte d'obéissance à la nouvelle Prieure, Mme Lidoine.
DEUXIÈME INTERLUDE. — Le fils du Marquis de la Force, avant de rejoindre l'armée, vient rendre visite à Blanche, La Supérieure demande à Mère Marie de l'Incarnation d'assister à l'entretien.
3e TABLEAU. — Au parloir du couvent, Blanche reçoit la visite de son frère. Le jeune officier annonce à sa sœur que la Révolution s'étend et que leur père redoute que Blanche ne soit plus en sécurité au couvent. A la fin de ce dialogue un peu tendu, le Chevalier enveloppe Blanche d'un long regard indéfinissable, puis sort. Blanche défaille. Mère Marie de l'Incarnation la soutient et la fait rentrer.
4e TABLEAU. — L'Aumônier, entouré de toutes les religieuses, prend congé de la communauté. Poursuivi, comme tous les prêtres, il veut s'enfuir. Mais une foule tumultueuse le presse à la porte et il est obligé de reculer. Un Commissaire du peuple vient donner lecture d'un décret expulsant les Carmélites du couvent. Mère Jeanne annonce que la Supérieure partira pour Paris. On entend au loin retentir le « Ça ira ». Blanche tressaille.
ACTE III. — 1er TABLEAU. — Dans la chapelle dévastée, Mère Marie demande aux Carmélites d'affronter le martyre. Au vote, il y a une opposition et Sœur Constance déclare que c'est la sienne, alors que toutes pensent qu'elle émane de Blanche. Constance se rallie à ses compagnes. Profitant d'un instant d'agitation, Blanche s'enfuit.
PREMIER INTERLUDE. — Les Carmélites, en vêtements civils, quittent le couvent.
2e TABLEAU. — Dans la bibliothèque saccagée du Marquis de La Force, Blanche, vêtue comme une femme du peuple, surveille un maigre foyer de fortune. Mère Marie de l'Incarnation vient la chercher. Le Marquis est mort et Blanche a peur. Elle refuse de se rendre à l'adresse que lui donne la Supérieure. Mère Marie, un instant interdite, s'esquive par la grande porte.
DEUXIÈME INTERLUDE. — Blanche apprend par hasard qu'à Compiègne les sœurs du Carmel ont été arrêtées.
3e TABLEAU. — Les Carmélites viennent de passer leur première nuit de captivité à la Conciergerie. La Prieure les encourage. Blanche n'est pas là, mais Constance assure aux Carmélites sceptiques qu'elle reviendra. Le geôlier entre et donne lecture de la sentence les condamnant toutes à la décapitation.
TROISIÈME INTERLUDE. — Mère Marie de l'Incarnation veut partager le sort des Carmélites, mais l'Aumônier l'en dissuade.
4e TABLEAU — Les Carmélites, Prieure en tête, s'acheminent vers l'échafaud en chantant le « Salve Regina ». Lorsqu'il n'en reste plus qu'une, Constance, Blanche, se frayant un passage à travers la foule, vient la rejoindre et monte avec elle au supplice, en chantant les quatre derniers vers du « Veni Creator ». Soudain, la voix se tait, comme ont fait une à une celles des autres sœurs. La foule se disperse lentement. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
DIAMANTS DE FLORINETTE (LES)
Opérette en un acte, livret de Maurice Ordonneau et Ernest Hamm, musique de M. Desormes, représentée au concert de la Pépinière le 20 mars 1875.
DIAMANTS DE LA COURONNE (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Henri de Saint-Georges, musique d’Esprit Auber.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 06 mars 1841, décors de Charles Ciceri, mise en scène de Henry, avec Mmes Anna Thillon (la Catarina), Célestine Darcier (Diana) ; MM. Achille Ricquier (le comte de Campo-Mayor), Couderc (don Henrique de Sandoval), Mocker (Don Sébastien d'Aveyro), Henri (Rebolledo), Palianti (Barbarigo), Sainte-Foy (Mugnoz), sous la direction de Narcisse Girard.
« Rien n'est plus invraisemblable que cette pièce, qui a cependant obtenu un grand succès, qu'elle doit certainement à la musique. Une jeune reine de Portugal veut vendre ses diamants pour réparer l'épuisement du trésor ; mais, pour tromper son peuple, elle en fait fabriquer de faux, et ne craint pas de visiter la caverne où des bandits se livrent à cette industrie. Sous le nom de Catarina, elle tourne la tête à don Henrique, aux yeux duquel elle semble se multiplier, apparaissant tour à tour au milieu de faux monnayeurs et de courtisans, sur la grande route et sur le trône. On comprend que don Henrique de Sandoval devient l'époux de la reine de Portugal. L'opéra des Diamants de la couronne offre les plus piquantes fantaisies musicales. L'ouverture rappelle plusieurs motifs de l'ouvrage ; les premières phrases en pianissimo sont d'un effet charmant. Le chœur des brigands, déguisés en moines, termine le premier acte d'une manière heureuse. C'est de la religiosité d'opéra-comique que M. Auber a su traiter, dans plusieurs de ses ouvrages, avec une grâce infinie. Dans le second acte, nous signalerons le joli boléro à deux voix de femmes, Dans les défilés des montagnes, l'air de la prima donna : Ah ! je veux briser ma chaîne, et dans le troisième acte, un excellent quintette. On a beaucoup dansé sur les motifs des Diamants de la couronne. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DIAMANTS DE LA DIVA (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret d'Henri Meilhac, musique d'Adolphe Sellenick, représenté au Théâtre de Strasbourg entre 1849 et 1854.
DIANA
Opéra-comique en trois actes, livret de Jacques Normand et Henry Régnier, musique d’Emile Paladilhe.
Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 février 1885, décors d’Auguste Rubé, costumes de Théophile Thomas, avec Mlles Cécile Mézeray (Lady Diana), Chevalier (Arabella), Esposito (Betzy), MM. Talazac (Sir George Ramsay), Taskin (Lord Melvil), Belhomme (Godwin), François-Antoine Grivot (Van der Loop), Isnardon (Banter), Dulin (Pendril), Osmond Raynal (Job), Pierre Julien Davoust (Barrington), Teste (Clavering), Morellet (un Soldat).
Un drame un peu noir, dont l'action se passe en Angleterre, sous le règne de Guillaume III, alors que les partisans de Jacques II exilé se livrent à leurs conspirations en sa faveur. Dans ce cadre historique, les auteurs ont imaginé une intrigue à la fois amoureuse et politique dont l'intérêt est mince et qui est un peu plus sombre qu'il ne faudrait. Ce sujet n'a malheureusement pas inspiré le musicien aimable à qui l'on doit les deux jolies partitions du Passant et de Suzanne. La musique de Diana, qui ne manque point certainement de qualités de forme et de facture, laisse à désirer au point de vue de la personnalité. Certaines pages en sont bien venues sans doute, mais l'ensemble est un peu terne, un peu froid et un peu lourd, et on y souhaiterait quelque chose de l'élégance qui donnait un si grand charme à sa gracieuse partition de Suzanne. L'œuvre, il faut le constater, a laissé le public indifférent et n'a point obtenu de succès, bien qu'elle fût vaillamment défendue par ses interprètes.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DIANA VERNON
Opéra-comique en un acte, paroles de Dervilly, musique de Henri Blanchard, représenté aux Nouveautés le 4 avril 1831.
DIANE
Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck), représenté à Versailles vers 1714.
DIANE
Divertissement, musique de Jacques Aubert et de Bourgeois, représenté à l'Opéra en 1721.
DIANE DE MESSINE
Opéra-comique en 4 actes, livret de Bertol-Graivil et Charles Laborde, musique d'A. Dietrich. Création au Grand Théâtre de Dijon le 07 mars 1896. => détails
DIANE DE SOLANGES
Opéra, musique du duc de Saxe-Cobourg-Gotha, représenté à Cobourg le 6 décembre 1858, à Dresde en janvier, à Gotha en mai 1859.
DIANE DE SPAAR
Opéra-comique en deux actes, livret d’Armand Silvestre, musique d’Adolphe David, représenté au Grand-Théâtre de Nantes le 3 décembre 1887.
DIANE DE VERNON
Opéra en un acte, musique de Blanchard, représenté au théâtre des Nouveautés le 4 avril 1831.
DIANE ET ENDYMION
Opéra, musique de Colin de Blamont, écrit pour l'Opéra vers 1731.
DIANE ET ENDYMION
Opéra en trois actes, paroles d'Espic de Liroux, musique de Niccolo Piccinni, représenté à l'Académie royale de musique le 07 septembre 1784, avec Lainé (Endymion), Moreau ; Mlle Maillard (Diane), Mme Saint-Huberti et en son absence Mme Castelnau (Isménie), Mlle Gavaudan (l'Amour).
« Le sujet, ayant beaucoup de ressemblance avec celui d'Atys, si connu du public, nuisit au succès de la musique, qui est cependant assez remarquable. On commençait à être saturé des sujets mythologiques, qui depuis plus d'un siècle régnaient sur la scène. On introduisit alors deux éléments en quelque sorte nouveaux ; le premier était la musique descriptive, indice d'un sentiment plus vif de la nature ; le second consistait dans une participation plus fréquente et même constante de l'orchestre aux péripéties du drame lyrique. Les gluckistes ont reproché à Piccinni d'avoir méconnu l'importance de ces deux puissants auxiliaires et de n'avoir recherché que la mélodie dans ses opéras. Cette querelle d'Allemand n'a pris d'aussi grands développements qu'à cause de l'imperfection des connaissances musicales de ceux qui l'ont soulevée. Il n'y a pas de bonne mélodie sans une bonne harmonie, et loin d'avoir séparé ces deux choses, Gluck et Piccinni les ont constamment réunies dans leur pensée. Piccinni seulement a conservé les formes traditionnelles des morceaux lyriques ; tandis que Gluck, plus hardi, a introduit une coupe d'airs différents et a donné plus souvent la parole à l'orchestre. Les procédés restent absolument les mêmes et portent chez tous deux le cachet du maître. Chacun en a varié l'usage selon le caractère de son génie et d'après l'influence des circonstances. En outre, Piccinni, non seulement n'a pas négligé le rôle de l'orchestre, mais il l'a développé au contraire, et l'a mis en rapport intime avec le sujet. C'est ainsi que, dans la partition de Diane et Endymion, qui nous occupe, la toile se lève dès le commencement de l'ouverture. La scène est vide, le théâtre représente un paysage terminé par le mont Latma, sur le sommet duquel on aperçoit un temple. Un ruisseau tombe en cascade du haut de la montagne et la sépare du lieu de la scène. Le théâtre, sombre, s'éclaire successivement, pendant que l'ouverture peint la fraîcheur de l'aurore, le chant des oiseaux, toute la nature ranimée par la présence de l'astre du jour. On aperçoit dans le lointain des groupes de pasteurs, conduisant leurs troupeaux sur le penchant de la colline. Endymion paraît, et la première scène commence. On ne peut dire que l'ouverture soit comparable à la première partie de celle de Guillaume Tell ou à la Symphonie pastorale de Beethoven ; mais on doit voir, dans cette circonstance, la preuve que Piccinni ne reculait pas devant une conception hardie et une infraction aux règles du théâtre, lorsqu'elle lui paraissait utile à l'expression de sa pensée. On se rappelle que la symphonie, placée par M. Gounod dans son opéra de la Nonne sanglante, a été considérée comme une innovation. On en trouve plusieurs autres exemples depuis 1784. Nous signalerons le récit d'Endymion, dans lequel l'orchestre joue un accompagnement fort élégant ; la musique du ballet d'action, dont le sujet est le triomphe d'Isménie, et sa réception de nymphe de Diane, « imitée du rit antique, » comme le déclare l'auteur avec naïveté. Le second acte offre des longueurs dénuées d'intérêt ; l'hymne des prêtresses ne suffisait pas pour en conjurer l'ennui. Le dernier acte renferme de beaux récitatifs auxquels il ne manque qu'une situation dramatique plus forte, plus émouvante. La scène dernière contient quelques phrases gracieuses en duo, et un joli chœur final ; mais l'ouvrage en général est froid et ne se recommande que par la partie descriptive, celle qu'il importait de mettre en lumière, de faire connaître à nos lecteurs, pour rectifier la fausse opinion que plusieurs peuvent s'être faite de la musique du rival de Gluck, vaincu par lui, mais non sans honneur. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« C'est à peu près le sujet d'Atys, et il est traité froidement.
La musique de cet opéra renferme des longueurs. Il n'en est resté que l'air de Diane : Cesse d'agiter mon âme. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DIANE ET ENDYMION
Opéra en deux actes, musique de Jean-Baptiste Rey, représenté à l'Opéra en 1791.
DIANE ET L'AMOUR
Opéra-comique, musique de Bouvard, représenté à la cour en 1730.
DIANE ET L'AMOUR
Opéra-ballet en un acte, paroles de Moline, musique posthume d'Edelmann, représenté au théâtre des Jeunes-Élèves le 6 mars 1800. Edelmann, musicien fort distingué, qui fut l'un des maîtres de Méhul, se vit compromis sous la Révolution, fut envoyé de Strasbourg à Paris pour y être jugé, comparut en effet devant le tribunal révolutionnaire le 17 juillet 1794 et, le même jour, monta sur l’échafaud.
DIANE JALOUSE ou LE TRIOMPHE DE L'AMOUR
Opéra à grand spectacle, paroles de H. de C***, musique de Duquesnoy. Cet ouvrage a sans doute été représenté à Bordeaux, sans que toutefois on puisse absolument l'affirmer, car le livret, publié en cette ville (Labotière, 1784, in-8°), ne porte à ce sujet aucune indication.
DIANORA
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Chantepie, musique de Samuel Rousseau. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 22 décembre 1879, costumes de Théophile Thomas. Pour avoir été couronné au concours Crescent, cet ouvrage n'a pas mieux réussi que tous ceux que les jurys des concours analogues, ouverts par la ville de Paris et par des sociétés diverses, ont signalés à l'admiration publique. Le livret est par trop naïf. Fantino le pâtre, ne pouvant décider Dianora à partager sa flamme, feint de s'empoisonner. La belle est dupe de ce stratagème et se rend à cette marque de désespoir amoureux. On n'a pas compris ce que le jury avait trouvé d'intéressant dans cette partition, dont la monotonie a causé la chute précipitée de l'ouvrage.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
DIDON
Tragédie lyrique en cinq actes, avec prologue, paroles de Mme Gillot de Sainctonge, musique de Desmarest, représentée à l'Opéra le 05 juin 1693, avec Mlles Le Rochois (Didon), Maupin (une Magicienne), M. Duménil (Énée).
« Cet ouvrage, entièrement oublié, se terminait nécessairement par la mort de la reine de Carthage qui se permettait cette singulière métaphore, en se frappant d'un poignard :
Perçons au moins son image,
Puisqu'elle est encore dans mon cœur.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Représentée à l’Opéra le 5 juin 1693, selon de Léris ou le 11 septembre 1693, d'après les frères Parfaict.
Reprise : 1704. Mlle Desmatins y remplace Marthe Le Rochois, et Cochereau, Duménil. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DIDON
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Jean-François Marmontel, musique de Niccolo Piccinni.
Première représentation à Fontainebleau, devant la cour, le 16 novembre 1783, puis à l'Académie royale de musique (salle de la Porte-Saint-Martin), le 1er décembre 1783, avec Mme Saint-Huberty (Didon) et M. Lainé (Enée), sous la direction de Jean-Baptiste Rey. 256 représentations jusqu’en 1826.
« Le quatrième livre de l'Enéide et la tragédie de Didon, par Lefranc de Pompignan, ont fourni le plan et les situations de cet ouvrage. La musique fit une si grande impression à la cour de Fontainebleau, que Louis XVI voulut l'entendre trois fois de suite. Les mélodies sont pleines de grâce et de tendresse, et les accompagnements offrent une harmonie pure et élégante. Le rôle de Didon est admirablement traité. La grande scène : Non ! ce n'est plus pour moi, c'est pour lui que je crains, est un chef-d’œuvre ; quant à l'air : Ah ! que je fus bien inspirée, il figure à bon droit dans tous les recueils classiques. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Grand succès. — Le sujet est emprunté au 4e livre de l’Énéide, et le plan de la pièce, à la tragédie de Lefranc de Pompignan et à la Didone de Métastase.
Cet opéra fut représenté le 16 octobre à Fontainebleau, avant d'être entendu à Paris.
Le seul beau rôle de l'ouvrage est celui de Didon ; il fut rempli dans la perfection par Mme Saint-Huberti. A la douzième représentation, une couronne tomba aux pieds de cette cantatrice dramatique ; pareille ovation n'avait pas encore été décernée (16 janvier 1784). »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DIDON
Opéra bouffe en deux actes et quatre tableaux, paroles de M. Belot, musique de M. Blangini fils, représenté aux Bouffes-Parisiens le 05 avril 1866. C'est encore une parodie de l'histoire de la reine de Carthage. Les titres des tableaux sont les suivants : 1° les Anthropophages ; 2° le Bouclier de la vertu ; 3° la Grotte mystérieuse ; 4° le Bûcher de l'amour. Chacun de ces tableaux sert de prétexte aux farces les moins attiques. Il y a des marques de talent dans la musique, un bon duo entre Enée et Didon, ainsi que quelques airs rythmés avec verve ; mais un compositeur qui porte le nom de l'auteur de tant de gracieux et poétiques nocturnes ne devrait pas s'abaisser à ce genre de pièces. Chanté par Désiré, Tayau, Mlles Silly, Zulma Bouffar, Théric, Valentine.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DIDON
Scène lyrique de Lucien Augé de Lassus, musique de Gustave Charpentier (grand prix de Rome, 1887) => partition
DIEU ET LA BAYADÈRE (LE) ou LA COURTISANE AMOUREUSE
Opéra-ballet en deux actes, livret d’Eugène Scribe, d’après la ballade de Goethe, musique d’Esprit Auber.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 13 octobre 1830 ; divertissements de Philippe Taglioni ; mise en scène de Solomé ; décors de Charles Cicéri ; costumes d'Hippolyte Lecomte ; avec Mmes Cinti-Damoreau (Ninka) ; MM. Adolphe Nourrit (l’Inconnu), Levasseur (Olifour), Alexis Dupont (le Tchop-Dar), Ferdinand Prévôt (le Chef des gardes), Pouilley (le Chef des esclaves), Trévaux (un Eunuque), sous la direction de Henri Valentino ; le rôle muet de la Bayadère Zoloé fut créé par la ballerine Marie Taglioni ; Mlle Noblet dansait le rôle de Fatmé.
« Autant Fenella avait excité un intérêt sympathique dans la tragédie, dont elle a été la victime, autant la Bayadère a su captiver le public par des impressions toutes différentes. Sans le succès de Fenella, malheureuse et désolée, nous n'aurions pas eu la piquante et vive Zoloé. L'ouverture de cet opéra est une des jolies pièces instrumentales du compositeur. Nous citerons, parmi les morceaux les plus remarqués, le petit duo pour ténor et soprano : Aux bords heureux du Gange, chanté par Nourrit et Mme Damoreau. Levasseur joua le rôle du juge Olifour. Mlle Taglioni électrisa la salle par sa légèreté et ses grâces décentes. Elle était secondée par Mlle Noblet. Cet ouvrage n'a jamais quitté le répertoire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La première édition du livret nous apprend que cet ouvrage fut d'abord intitulé : la Bayadère amoureuse.
Le 4 juin 1838, centième représentation de cet opéra-ballet.
Reprise : 22 janvier 1866. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DIEUX COMPLOTENT (LES)
Opérette en trois actes, livret de Maury-Nicolle, musique de Fernand Masson, créée au théâtre de l'Apollo à Paris le 07 février 1923.
DIEUX RIVAUX (LES) ou LES FÊTES DE CYTHÈRE
Opéra-ballet en un acte, livret de Dieulafoy et Eug. Briffaut, chorégraphie de Gardel, musique de Spontini, Persuis, Henri Montan Berton et Rodolphe Kreutzer. Il fut représenté à l'Académie royale de musique, à l'occasion du mariage du duc de Berry, le 21 juin 1816, avec Mmes Branchu (la France), Grassari (Parthénope), Allent (l'Amour), Cazot (l'Hymen), Paulin (Minerve), Augustine Albert-Himm (Thémis ; la Renommée), MM. Henri-Etienne Dérivis (Jupiter), Lavigne (Mars), Bonnel (Neptune), Louis Nourrit (Apollon), Casimir Eloi (Mercure), François Lays (Bacchus).
Cet ouvrage fut composé à l'occasion du mariage du duc de Berry avec la princesse Caroline de Naples (17 mai 1816). => livret
DIEUX SONT MORTS (LES)
Drame lyrique en deux actes, livret d'Eugène Berteaux, musique de Charles Tournemire.
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 19 mars 1924 (répétition générale le 17 mars à 13h30). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors de Landrin et Georges Mouveau.
Mmes FERRER - débuts - (Chryséis), MARILLIET (Dilyla), COSSINI (la Mère de Chryséis).
MM. ROUARD (Pan), RAMBAUD (Eugoras), PEYRE (Zeus).
Danses réglées par Mlle C. BROOK.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
5e à l’Opéra, le 14 avril 1924, avec les créateurs.
5 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Chryséis, qui est aimée du berger Eugoras, a prophétisé la déchéance de l'Olympe. Zeus irrité veut priver le peuple de lumière, à moins qu'une jeune vierge ne consente à être ensevelie vivante. Chryséis se sacrifie malgré le désespoir d'Eugoras, qui partage son sacrifice. Le dieu Pan tente bien de les sauver, mais Zeus le foudroie. Sur ce sujet, Charles Tournemire, élève de César Franck et organiste de Sainte-Clotilde, a écrit une partition savante et sobre, mais un peu monotone. »
(Larousse Mensuel Illustré, mai 1924)
DIFFA (LA)
Opéra bouffe en trois actes, musique d'Albert Grand, représenté à Oran le 24 février 1872. Le sujet est algérien ; cet ouvrage a obtenu un succès local.
DILETTANTE D'AVIGNON (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de François-Benoît Hoffman terminé par Léon Halévy, musique de Fromental Halévy. Création à l’Opéra-Comique (salle Ventadour) le 07 novembre 1829. Le littérateur Hoffman, le collaborateur de Méhul et de Grétry, goûtait peu la musique italienne, et son antipathie lui avait inspiré une spirituelle boutade que Léon Halévy arrangea pour la scène de l'Opéra-Comique. Faisant allusion à l'insignifiance des livrets italiens, Hoffman proposait au maestro de mettre en musique ces vers attribués ironiquement à Malebranche :
Il fait en ce beau jour le plus beau temps du monde,
Pour aller à cheval sur la terre et sur l'onde.
Ce qu'il y a de singulier, c'est que le maestro Halévy a réussi à déguiser ce distique grotesque sous une fort jolie musique. L'ouverture est élégante ; le chœur syllabique, Vive l'Italie, est plein de verve, et le compositeur a rendu des points au caustique Hoffman, en terminant son Dilettante par un canon sur l'air : Malbrough s'en va-t-en guerre.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DIMANCHE ET LUNDI
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri Gillet, musique d’Adolphe Deslandres, créé au Théâtre-Lyrique de l'Athénée le 21 octobre 1872. Première à l’Opéra-Comique le 05 mars 1888. => fiche technique
DIMITRI
Opéra en cinq actes et sept tableaux, livret d’Henri de Bornier et Armand Silvestre, musique de Victorin Joncières, créé à l'Opéra-National-Lyrique le 05 mai 1876 avec Mmes Engalli (Marpha), Zina Dalti (Marina), Belgirard (Vanda), Morel (une Dame), MM. Duchesne (Dimitri), Lasalle (Lusace), Gresse (Job), Comte (le Prieur), Lepers (le Roi de Pologne), Watson (un Hetmann), Regraffe (un Tsigane).
Première à l’Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 05 février 1890 avec Lucien Collin (le Roi).
« Les auteurs de la pièce ont fait un opéra de la tragédie de Schiller restée inachevée et intitulée : Démétrius. Dimitri, sous le nom de Vasili, a été élevé dans un monastère qu'il a quitté pour suivre Vanda ; cette femme voulait en faire l'instrument de son ambition. Mais Dimitri a conçu une passion sincère pour Marina, fiancée au comte de Lysberg. Il a tué le comte en duel, et, plongé dans un cachot, il en a été tiré par Vanda. Le comte de Lusace révèle au prieur du monastère que ce jeune Vasili dont il lui a confié l'éducation n'est autre que Dimitri, le fils du tzar Ivan ; que Boris a usurpé le trône et règne dans Moscou, que le moment est venu de le renverser et de rendre la couronne à l'héritier légitime. Dimitri fait connaître ce secret à Marina et lui demande de se rendre au château de Wiksa, où la tzarine Marpha, veuve d'Ivan IV, pleure son fils qu'elle croit mort et est captive de Boris. Le comte de Lusace les surprend au montent où ils échangent leurs serments d'amour.
Au deuxième acte, le comte de Lusace annonce à Vanda que Dimitri va être reconnu roi et qu'il faut qu'elle obtienne sa foi pour monter avec lui sur le trône. Resté seul avec le jeune prince, il l'exhorte à abandonner Marina et fait tous ses efforts pour faire dominer dans son âme la passion du pouvoir et l'ambition. Le roi de Pologne, arbitre alors des destinées de la Russie, se déclare le protecteur des droits de Dimitri contre l'usurpateur Boris, et lui conseille d'épouser Vanda.
Au troisième acte, Marina est auprès de la tzarine Marpha ; elle lui apprend que son fils vit encore et qu'il lui a juré sa foi. Marpha passe tour à tour des transports de la joie aux angoisses du doute. Job, archevêque de Moscou et ami de Boris, vient dire à Marpha qu'un aventurier prétend être son fils et qu'elle doit le désavouer. Marpha, quoique hésitant intérieurement, est désireuse de se venger de Boris. Elle congédie l'archevêque en lui laissant croire que, loin de désavouer Dimitri, elle le reconnaîtra pour son fils. Dans un second tableau, Dimitri se plaint au prieur de s'être laissé arracher le serment d'épouser Vanda, il est vrai, pour sauver sa patrie et sa mère. Un soulèvement militaire a lieu contre Boris, qui est tué dans son palais.
Au quatrième acte, on célèbre l'avènement de Dimitri, et Lusace porte la santé de la nouvelle tzarine, Vanda. Dimitri l'arrête. Lorsque la foule s'est éloignée, Lusace raconte au nouveau tzar sa propre histoire : quinze ans auparavant, Boris était régent de Russie ; il restait deux fils du tzar Ivan ; l'aîné mourut ; son frère devait régner. Boris proposa pour une forte somme à Lusace de tuer Dimitri. Ce crime fut commis, et comme le prix du meurtre ne fut pas payé, Lusace choisit un enfant parmi ses esclaves, le fit élever secrètement, avec la pensée d'en faire un tzar. Cet enfant, connu longtemps sous le nom de Vasili, n'est autre que le tzar lui-même, qui doit épouser Vanda ou être déclaré par Lusace un esclave, fils d'esclave. A ce récit, Dimitri frappe le comte de son poignard. Sur ces entrefaites, Vanda arrive, se précipite sur le corps de son père et témoigne qu'il respire encore. Marpha entre sur la scène et voit emporter le corps de celui qui a tué son fils. Resté seul avec Marpha, Dimitri l'interroge, lui demande s'il est bien son fils. Il se refuse à paraître devant le peuple qui réclame sa présence, si Marpha ne lève ses doutes.
Dans l'acte cinquième, Vanda, le cœur dévoré par la jalousie, profère des menaces contre les deux amants qui semblent confiants dans leur fortune heureuse ; Lusace paraît sur les marches de l'église ; il n'est pas mort de sa blessure. Il fait répandre dans le peuple le bruit de l'usurpation du trône par un faux Démétrius, le fils d'un esclave, un moine apostat, et, lorsque le couronnement du tzar va avoir lieu, l'archevêque Job arrête Dimitri, lui fait connaître les doutes dont sa naissance est l'objet dans le peuple et demande à Marpha de jurer sur l'Évangile et sur la croix que le tzar est bien son fils. Mon fils, dit-elle ; hélas ! et elle répète très poétiquement les propres termes dans lesquels Dimitri l'aidait à vaincre ses doutes :
Si Dieu, Marpha, qui nous compte les heures,
Te l'a ravi, ton espoir, ton enfant,
Je ne prends rien à ce fils que tu pleures,
Je ne prends rien au noble fils d'Yvan.
Elle hésite encore, et ce moment d'hésitation précipite le dénouement. Lusace armé d'une arquebuse parait au balcon du Kremlin ; Vanda lui indique du doigt Dimitri. Marpha l'aperçoit, s'élance vers l'église pour jurer ; le coup part, Dimitri tombe et, en expirant, s'écrie : Marina ! ma mère, hélas ! la vérité, mon Dieu, toi seul me la diras !
Le drame, comme on le voit, est compliqué plutôt qu'obscur. Bien des spectateurs ne l'ont pas compris tout de suite, ce qui est une preuve que l'exposition laisse à désirer. La forme littéraire en est trop négligée. Une recherche excessive de l'effet pittoresque, des hors-d’œuvre développés, des chœurs en langue grecque ont plutôt nui à l'intérêt de l'action qu'ils ne lui ont servi. Néanmoins les situations sont fortes et on sent que le souffle de Schiller a passé par là.
La partition est l’œuvre d'un musicien fort habile, doublé d'un homme d'esprit. Les récitatifs sont phrasés et accentués avec intelligence et une volonté de les rendre expressifs qui ne se dément nulle part. Quant au style et à la perception idéale familière au compositeur, ils accusent l'influence des théories et des exemples du maître de Bayreuth. J'ai signalé ces tendances dans l'analyse que j'ai donnée du Dernier jour de Pompéi et du Sardanapale du même auteur. Elles sont devenues prépondérantes depuis. Je doute qu'elles favorisent longtemps le succès de cet artiste distingué. Une harmonie torturée, des passages chromatiques employés dans le mouvement contraire, les tonalités brisées systématiquement, un usage perpétuel d'altérations, des notes tenues qui n'ont qu'une analogie très éloignée avec le ton des autres parties, ce ne sont pas là des éléments de beauté ; en eux-mêmes, ils en sont la négation. Toutefois, il n'est rien que le goût ne puisse transformer, et bien des maîtres ont poussé l'audace aussi loin que possible sans compromettre l'art véritable. Ceux qui connaissent le vieil Haydn le savent bien. Il ne s'agit pas seulement de poser des problèmes, il faut les résoudre. Il ne faut pas entreprendre des sauts périlleux si on n'est pas sûr de retomber sur ses pieds. Un trop grand nombre de morceaux ont été conçus et exécutés d'après cette théorie qui remplace le jugement de l'oreille et le goût par des idées a priori, par des efforts d'imagination en dehors du domaine de l'art musical. Ces morceaux sont, dans le premier acte, le chœur des tsiganes, le double chœur : Sainte patronne ; dans le second, le chœur de femmes : Palais plein de lumière ; l'air de Lusace : Pauvre femme ; dans le troisième, les strophes : Regardez dans les campagnes vertes ; l'air de ballet, la Kolomyika ; dans le quatrième acte, le duo : Voici la vérité. Pour en finir avec la critique, on pourrait trouver que le duo de Marina et de Dimitri dans le premier acte manque de distinction, que le motif du finale du deuxième acte : Amour, verse en mon âme, est un peu commun, comme aussi l'air de Vanda au cinquième acte : Tout à l'heure, à cette fenêtre, où se trouvent des fausses relations qui ne charmeront jamais les oreilles de personne. Le mérite du compositeur, sa sensibilité et son intelligence de l'art dramatique se manifestent pleinement dans les autres parties de l'ouvrage, dont les plus appréciées sont : le cantabile de Marina : Vasili, mon seul amour ; la prière : Exauce-nous, Seigneur ; le début du duo de Lusace et du prieur ; la rêverie de Marina : Pâles étoiles ; les couplets de Lusace : J'ai pour toute philosophie, qui sont réussis et montrent quelles seraient les aptitudes du compositeur pour le genre de l'opéra-comique s'il ne préférait pas la nébuleuse esthétique allemande au goût français, aussi brillant que solide, aussi délicat que sûr. Je signalerai encore comme un duo d'un bon accent dramatique celui de Marina et de Marpha : Pourquoi parler d'espérance ? l'arioso pathétique de Marpha : Mon fils ! il est mon fils ! dont la répétition du thème à l'octave grave produit un bel effet si l'artiste possède une voix de contralto suffisante ; le ballet hongrois et une jolie valse en fa. Le chœur qui suit est d'une bonne sonorité. Quant à la chanson slave, ce n'est qu'un pont-neuf qui se dissimule mal derrière l'armure de la clef et les doubles dièses. La romance de Dimitri : Si Dieu, Marpha, qui nous compte les heures, est expressive ; on durait pu cependant donner à cette mélodie une importance en rapport avec la situation et en faire la note caractéristique de l'opéra. Dans le cinquième acte, presque tout est à louer. Le trio dans lequel Marina et Dimitri chantent leur amour, tandis que la jalouse Vanda erre dans la nuit, en proie à ses pensées de vengeance, est très beau. Le chœur qui suit offre dans l'orchestre une marche harmonique d'un excellent effet ; la forme scolastique ne l'atténue en rien. Le morceau qui précède le finale, d'ailleurs fort court, est le meilleur de tout l'opéra; c'est la Marche du couronnement. Unité dans la composition, clarté et puissance de l'harmonie, variété des détails, instrumentation brillante, allure solennelle, cette marche réunit toutes les qualités requises dans ce genre de morceaux. L'opéra de M. Joncières a obtenu un légitime succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
DINAH
Comédie lyrique en quatre actes, livret de Michel Carré fils et Paul de Choudens, d’après William Shakespeare, musique d’Edmond Missa, représenté au théâtre de la Comédie-Parisienne le 27 juin 1894.
« Le livret de cet opéra a été inspiré, dit-on, par la Cymbeline de Shakespeare. A la vérité il n'y paraît guère, et le génie du grand poète n'a guère laissé de trace dans ce scénario dépourvu tout à la fois de vraisemblance et d'intérêt. La scène se passe à Venise au moyen âge. Au lever du rideau, nous sommes en pleines fêtes aristocratiques : les gondoles glissent silencieusement sur l'onde, tandis que les chansons effleurent les lèvres des belles courtisanes. Tout à coup, une querelle éclate entre deux jeunes seigneurs, Mentano et Pachimo, le premier amoureux et aimé de la belle Dinah, tandis que le second, amant rebuté, ne cherche qu'à se venger. La querelle s'envenime, et les deux rivaux en viennent aux mains. Un ami les sépare au moment où l'épée de Mentano vient de tomber sous un furieux coup de son adversaire. Celui-ci offre alors une gageure à Mentano : il laissera toute sa fortune entre ses mains si, dans vingt-quatre heures, il ne peut lui rapporter le bracelet que Dinah tient de Mentano lui-même et qui sera la preuve de son succès auprès d'elle. Mentano accepte le pari. Au second acte, Pachimo, qui n'est pas à cela près d'une infamie, s'introduit la nuit, clandestinement, dans les appartements de Dinah, et lui vole le fameux bracelet. Puis, à l'heure dite, il le montre à Mentano, qui perd ainsi sa fiancée et sa fortune. A partir de ce moment, l'action devient tellement obscure et embrouillée qu'il est impossible d'y rien comprendre. Toujours est-il que Mentano et Dinah finissent par s'expliquer, et qu'au moment où on s'y attend le moins, Pachimo, provoqué en duel par un ami de Mentano, Philario, est tué par celui-ci. Ici finit la pièce. La musique, par malheur, n'est pas faite pour excuser les défauts de celle-ci : aussi confuse que le livret, elle offre le plus singulier mélange de style orné et d'aspirations wagnériennes qui se puisse concevoir. Tout le rôle de la courtisane Flora est écrit à l'italienne, comme la chanson du premier acte et l'air désespérément banal du troisième, mais dans le mauvais style italien, que ne relèvent point la grâce des contours et la saveur de l'idée. Pour tout le reste, on tombe dans un empâtement musical sans intérêt et sans vigueur, dans une déclamation creuse où le compositeur semble avoir pris à tâche d'accumuler sans raison les duretés harmoniques les plus cruelles, les heurts d'instruments les plus fâcheux, sans souci des oreilles de ses auditeurs et surtout des règles les plus élémentaires de la grammaire musicale. En revenant à Shakespeare, premier inspirateur de cette œuvre manquée, on peut dire qu'il y a là dedans beaucoup de bruit pour rien. La seule page vraiment intéressante de la partition est un fort joli mélodrame qui souligne, au second acte, le moment où Dinah se prépare au sommeil. Cela est vraiment musical et d'un très heureux sentiment. Pourquoi faut-il que ce soit si court ! L'ouvrage était joué par Mlles Marcolini (Dinah) et Lambrecht (Flora), MM. Engel (Mentano), Manoury (Pachimo) et Robert Lafon (Philario).
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DÎNER DE MADELON (LE)
Opéra-comique en un acte, livret tiré du vaudeville de Désaugiers, musique de Charles Lemanissier, représenté à la Rochelle en mars 1859.
DÎNER DE MADELON (LE)
Opéra-comique en un acte, d'après l'ancien vaudeville de Désaugiers, musique de Maurice Lefèvre, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 06 mars 1888 avec Mme Angèle Legault (Madelon), MM. Isnardon (Benoît), Nerval (Vincent), Pother (un caporal), Krier (un commissionnaire).
DÎNER DE MADELON (LE)
Opéra-comique en un acte, adaptation lyrique du vieux vaudeville de Désaugiers par M. d'Aubran, musique de M. A. Charles, représenté à Nantes en février 1894.
DÎNER DE PIERROT (LE)
Opéra-comique en un acte et en vers, livret de Bertrand Millanvoye, d'après sa comédie en un acte, le Dîner de Pierrot, écrite avec Jules Truffier (Odéon, 26 octobre 1881), musique de Charles-Léon Hess (Lorient, 28 janvier 1844 - 1926).
Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 25 septembre 1893.
Mme Zoé MOLÉ-TRUFFIER (Colombine).
M. Jean PÉRIER (Pierrot).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
28e et dernière représentation le 23 septembre 1899.
Mme EYREAMS (Colombine).
M. DANGÈS (Pierrot).
Chef d'orchestre : GIANNINI.
28 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1899.
« Ce petit ouvrage n'est que l'adaptation lyrique d'une gentille comédie en un acte qui, jouée d'abord à l'Odéon par M. Porel et Mlle Chartier, était passée ensuite au répertoire de la Comédie-Française, où elle avait pour interprètes M. Berr et Mlle Ludwig. C'est un badinage aimable, sans grande consistance, qui vaut surtout par la grâce de la forme et la finesse des détails. La partition que M. Hess, pour son début scénique, a juxtaposée sur cette saynète, n'est peut-être pas d'une grande abondance mélodique, mais elle est écrite avec soin, avec distinction, et orchestrée d'une façon délicate et fine. Elle débute de la façon la plus heureuse par une petite ouverture charmante, vive et fringante, d'un style un peu rococo, dans laquelle les violons font merveille, et qui ajuste la sonorité et les proportions voulues. Mais ce n'est pas là le seul morceau à signaler ; il faut tirer de pair aussi la jolie romance de Colombine : Autrefois par les soirs de lune... qui est d'un tour plein de grâce et de mélancolie, le gentil duo des époux, les couplets alertes de Colombine : Enfin, voici l'heure, la chanson du vin, dont le rythme très franc est bien accompagné par les pizzicati des violons, et surtout le madrigal plein de grâce de Pierrot : Ils sont si bleus, vos grands yeux ! qui est d'un sentiment tout à fait pénétrant. Tout cela est bien venu, bien conçu, dans la note juste et dans la juste mesure, sans qu'on puisse reprocher au compositeur un écart ou un excès. Il y avait longtemps qu'on n'avait vu à l'Opéra-Comique un petit acte aussi gentiment troussé. Celui-ci était joué à souhait et d'une façon délicieuse par M. Périer et Mme Molé-Truffier. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DINORAH — Voir le Pardon de Ploërmel.
DIOGÈNE ET ALEXANDRE
Opéra en trois actes, musique de Grétry (non représenté).
DIOMÈDE
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Laserre, musique de Bertin, représentée par l'Académie royale de musique le lundi 28 avril 1710. Le personnage de Diomède fut chanté par Thévenard.
"Elle ne se maintint pas au répertoire."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DIRECTEUR DE THÉÂTRE (LE), appelé aussi L’IMPRESARIO
[Der Schauspieldirektor]
Comédie allemande avec musique en un acte, livret de Johann Gottlieb Stephanie junior, musique de Wolfgang Amadeus Mozart.
Commandée par l'Empereur Joseph II, cette œuvre fut créée le 03 février 1786, à l'occasion d'une fête à Schönbrunn, par Mlles Aloysia LANGE (Argentine), Caterina CAVALIERI (Here), M. Valentino ADAMBERGER, sous la direction de MOZART.
Sa première représentation en France eut lieu le 20 mai 1856 au Théâtre des Bouffes-Parisiens (Champs-Elysées), dans une version française de Léon Battu et Ludovic Halévy : Mmes Marie DALMONT (Sylvie), COURTOIS (Zerline), MM. CAILLAT (Rossignolo), Jean-Baptiste ANTHIOME (Lélio). Chef d'orchestre : Jacques OFFENBACH.
Elle fut reprise, dans une version de Raymond Genty pour le texte parlé, et de Borel pour les parties chantées, le 12 juin 1936 au Théâtre Lyrique de la Porte Saint-Martin. Mise en scène de Maurice LEHMANN : Mmes Lucienne NOBLET (Clorinde), Odette GAYRFORD (Mme de Saint-Amour), Yvonne BROTHIER (Argentine) Roberte FISSORE (Sylvanise), MM. RAMONER (Franz), Jean HONET (Boulle), Edmond CASTEL (Filvite), MAXIME-LERY (Saint-Amour), Victor PUJOL (Chantoiseau). Chef d'orchestre : Reynaldo HAHN.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 19 décembre 1945, dans la version de R. Genty. Mise en scène de Max de Rieux.
Mmes Luce FEYRER (Clorinde), Nelly MATHOT (Mme de Saint-Amour), Lillie GRANDVAL (Argentine), Denise SCHARLEY (Sylvanise).
MM. Paul PAYEN (Franz), Jean VIEUILLE (Bouffe), Louis GUENOT (Filvite), Alban DERROJA (Saint-Amour), Louis RIALLAND (Chantoiseau).
Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.
14 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Cette opérette fut composée en 1786, à l'occasion d'une fête que l'empereur Joseph II donnait à son château de Schönbrunn. Mozart avait alors trente ans ; il allait donner son Don Juan, et déjà l'Enlèvement au sérail était joué sur toutes les scènes d'Allemagne et d'Italie. C'était la plus belle époque de son talent. On a eu raison de ressusciter cette partitionnette, un peu perdue dans le catalogue des œuvres de Mozart, catalogue formidable, surhumain et qui constate que ce maître a laissé plus de huit cents ouvrages ! Encouragé par le succès de cette première tentative, M. Offenbach a fait faire un travail de rentoilage analogue pour une œuvre de jeunesse de Rossini, laquelle a pris à son théâtre le titre de Bruschino. Il est question de donner aussi bientôt la Serva padrona de Pergolèse, que M. Gevaert aurait été chargé d'approprier à la scène moderne.
Pourquoi n'essaierait-on pas de faire encore des fouilles de ce genre dans le vieux répertoire ? La mine est assez riche pour qu'on puisse espérer de l'exploiter avec fruit. (Avis aux antiquaires.) »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« Ce petit ouvrage a été écrit pour être chanté par Mme Lange (Aloysia Weber), la belle-sœur de Mozart, Mlle Cavaglieri et le ténor Adamberger.
L'ouverture est composée avec cette facilité et cette pureté de style qui étaient devenues en quelque sorte la dernière manière du maitre. Le sujet ne comportait pas de longs développements : deux mesures de huit croches données par les violoncelles, les altos et les bassons sur une tenue de la flûte servent de cadre à quelques phrases mélodieuses. C'est un morceau où règne l'unité sans monotonie. Le livret allemand a été immédiatement traduit en italien. Les personnages, Mme Herz, Mlle Silberklang, MM. Vogelsang et Puf sont devenus Dulcinea, Argentina, Ruosignuolo et Buffo. L'andante du premier air, celui de Dulcinea : Suonar già l'ora io sento, est délicieux. L'allegro offre des vocalises très élevées. L'air suivant d'Argentina : Caro amante il cor mi dice n'est pas moins joli, ni écrit moins haut. Le terzetto : Io son prima cantatrice, dans lequel les deux virtuoses font assaut de vanité et de prouesses vocales, sous la direction de Rossignuolo, est un petit chef-d’œuvre. Comme dans le rôle de la Reine de la Nuit, dans la Flûte enchantée, écrit aussi pour Mme Lange, on y remarque des traits qui montent au contre-fa à l'aigu et encore dans un mouvement adagio. Les principaux mouvements de la musique se succèdent : l'andantino, l'andante, l'adagio, l'allegretto, l'allegro, l'allegrissimo ; et le trio se termine piano, pianissimo, mancando, diminuendo, decrescendo et ritardando. Ce terzetto soutenu par un accompagnement délicieux est d'un grand intérêt musical ; mais il exige des moyens vocaux assez rares, beaucoup de goût, enfin une interprétation excellente pour produire son effet. Le finale est assez développé.
L'empereur Joseph avait commandé cet ouvrage au compositeur pour le théâtre de la cour. Mozart écrivit une ouverture, deux airs, un trio et le finale. Quoique la partition renferme des idées charmantes, développées avec la grâce et la facilité qui lui étaient familières, on sent qu'il n'a pas attaché lui-même un grand intérêt à cette pièce de circonstance.
Sous le titre de l'Impresario, on a donné une opérette bouffe, paroles de MM. Léon Battu et Ludovic Halévy, d'après le livret allemand, musique de Mozart, représentée aux Bouffes-Parisiens le 20 mai 1856. Der Schauspiel-Director [le Directeur de spectacle] a été écrit, en 1786, à l'occasion d'une fête à Schönbrunn. Le sujet de la pièce n'était autre chose qu'une rivalité d'amour-propre entre deux cantatrices portant le nom de Herz (cœur) et de Silberklang (timbre argentin). Mlle Cavaglieri et Mme Lange, belle-sœur de Mozart, ont chanté les rôles. Les auteurs de la pièce française ont trouvé cette donnée trop simple et ont imaginé une intrigue bouffonne plus ou moins en rapport avec la musique de Mozart. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DISCIPLINE RÉPUBLICAINE (LA)
Fait historique en un acte mêlé d’ariettes, livret d’Aristide Plancher-Valcour, musique de Charles-Gabriel Foignet père. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 20 avril 1794.
DISSIPATEUR SANS ARGENT (LE)
Opéra, musique de E.-M. Jouve, représenté à Strasbourg le 15 novembre 1827.
DISTRICT DE VILLAGE (LE)
Ambigu en un acte mêlé de vaudevilles, livret de Desfontaines, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 mars 1790.
DIVA (LA)
Opéra bouffe en trois actes, paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 22 mars 1869. Les auteurs ont dédié leur ouvrage à Hortense Schneider, laquelle, dit-on, a inspiré la pièce. Chacun choisit son Egérie suivant son goût. Cette Diva est une des quinze demoiselles qui font l'ornement d'un des magasins de Paris. Elle s'appelle d'abord Jeanne Bernard, et est sur le point de se marier ; son prétendu ne se présentant point pour la conduire à la mairie, elle se décide à aborder la carrière du théâtre ; elle devient une actrice célèbre, et voit défiler à ses pieds ducs, marquis et financiers. Tout se termine comme d'usage, par un souper et une bacchanale dans laquelle on danse :
Le pas sans rival
Le pas sans pareil,
Le joli pas du lézard au soleil.
La musique est bien appropriée à un tel livret ; c'est une suite de petites phrases hachées menu, dépourvues de toute originalité. Lorsqu'un motif se présente sous la plume du compositeur, il le répète à satiété ; et ce motif n'en est un que sous le rapport du rythme ; ce n'est de la musique que dans le sens le plus abaissé du mot. En me plaçant à ce point de vue restreint, je signalerai le duo : Je suis l'ami de Raphaël, le duo des aides de camp du duc de Gérolstein : Nous avons vu l'Observatoire, la valse chantée par la Diva, le chœur des huit jeunes filles travesties en clairons. Il y a dans cette partition un fort joli duetto : Tu la connais, ma douce maîtresse, la blonde Lischen ; c'est une tyrolienne populaire en Alsace, dont la mélodie poétique a été déshonorée par le contact impur de la muse grossière qui s'éternise sur nos théâtres depuis vingt ans. Les principaux interprètes de la Diva ont été : Désiré, Hamburger, Bonnet, Mmes Schneider, Thierret, Bonelli.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DIVERTISSEMENT DE LA PAIX
Opéra, musique de Dutartre, représenté à la Comédie-Italienne vers 1730.
DIVERTISSEMENTS DE L’ENDRIAGUE
Comédie de Piron, musique de Jean-Philippe Rameau, composée pour l'Opéra-Comique de la foire Saint-Germain et exécutée le 03 février 1723.
DIVERTISSEMENTS DE LA DÉCADE (LES)
Opéra, musique de Charles Foignet, représenté au théâtre de la Cité en 1794.
DIVERTISSEMENTS POUR L'ENRÔLEMENT D'ARLEQUIN
Comédie, musique de Jean-Philippe Rameau, composée pour l'Opéra-Comique de la foire Saint-Germain et exécutée le 03 février 1726.
DIVERTISSEMENTS POUR LA ROSE
Comédie de Piron, musique de Jean-Philippe Rameau, composée pour l'Opéra-Comique de la foire Saint-Germain et jouée le 05 mars 1744.
DIVERTISSEMENTS POUR LE FAUX PRODIGE
Comédie de Piron, musique de Jean-Philippe Rameau, composée pour l'Opéra-Comique de la foire Saint-Germain et jouée le 07 septembre 1726.
DIVERTISSEMENTS POUR LES COURSES DE TEMPÉ
Comédie de Piron, musique de Jean-Philippe Rameau, composée pour la Comédie-Française et exécutée le 30 août 1734.
DIVINE ÉPOPÉE (LA)
Poème lyrique en cinq actes, livret de Charles Hellem et Pol d’Estoc, musique de Paul Bastide, création à l’Opéra de Marseille le 25 mars 1943. => fiche technique
DIVORCE D’ARLEQUIN ET D’ARGENTINE (LE)
Canevas italien en trois actes, musique anonyme, créé à Paris, Théâtre-Italien, le 15 mai 1741. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 07 mai 1779.
DIVORCE DE PIERROT (LE)
Opéra-comique en un acte et deux tableaux, livret d'André Lénéka et Gandrey, musique de N. T. Ravera, représenté à Paris, Hôtel Continental, le 18 avril 1892, puis au théâtre de la galerie Vivienne le 05 avril 1894.
DIVORCÉE
Opérette en un acte, livret de Raoul Toché, musique de Louis Varney, représentée à Cabourg le 11 août 1888.
DIVORCÉE (LA)
[Die geschiedene Frau]
Opérette viennoise en trois actes, livret de Victor Léon, version française de Maurice Vaucaire, musique de Leo Fall.
Création au Carltheater de Vienne le 23 décembre 1908, sous la direction du compositeur.
Première en française au Théâtre Apollo à Paris le 18 février 1911, avec Mmes Jane Marnac (Gonda des Glycines), Jane Alba (Jana van Lysseveghe) ; MM. Paul Ardot (Scrop), Henry Defreyn (Karl van Lysseveghe), Georges Tréville (Lucas van Plottledam).
« Principaux personnages : Karl van Lysseveghe ; Scrop, contrôleur des wagons-lits ; Lucas van Plottledam, président du tribunal ; Vandenparaboum, directeur général des wagons-lits ; Jana van Lysseveghe, née Vandenparaboum ; Gonda des Glycines, étoile de café-concert.
L'action se passe de nos jours, en Hollande.
Au premier acte, nous nous trouvons dans une salle de tribunal, pendant le procès en divorce de Mme Jana van Lysseveghe contre M. Karl van Lysseveghe. Le banc de la cour est occupé par M. van Plottledam, président, et ses assesseurs MM. Vandunorouest et Vandenplat. Un avocat plaide pour la demanderesse, qui est présente. Un nombreux public occupe les tribunes.
L'avocat ayant achevé sa plaidoirie, on introduit le défendeur. Celui-ci expose avec l'accent de la sincérité qu'il n'est pas coupable de l'adultère dont on l'accuse, bien que les apparences soient contre lui. Il devait faire le voyage Nice-Amsterdam avec sa femme et avait à cet effet retenu deux couchettes dans le wagon-lit, ce qui lui avait été facile, son beau-père étant président de la compagnie. Au dernier moment, sa femme n'avait pu partir et il s'était trouvé seul avec une couchette libre. Précisément une jeune dame, une artiste, Mme Gonda des Glycines, cherchait en vain une place. Galamment il lui avait offert celle dont il pouvait disposer, résolu à passer lui-même la nuit debout, en époux respectueux du devoir conjugal. Mais en homme poli, il avait, avant l'heure du coucher, offert à la dame de partager son souper et avait fait avec elle, en tout bien tout honneur, la conversation dans le compartiment réservé. Puis au moment de se retirer, il s'était aperçu que la serrure ne fonctionnait pas. Tous ses efforts et ceux du contrôleur pour ouvrir la porte avaient été vains, si bien qu'il dut faire tout le voyage en tête à tête avec Gonda. Mais il jure que ni l'un ni l'autre ne se déshabilla et qu'il ne se passa rien de coupable entre eux. C'est ce que sa femme se refuse obstinément à admettre. Les témoignages sont du reste en général défavorables au défendeur, bien que personne ne puisse alléguer quoi que ce soit de précis. Celui de Scrop, le contrôleur, est particulièrement dangereux. Les déclarations de Gonda des Glycines, par contre, concordent absolument avec celles de Karl.
Mais Gonda a fait sur le président, assez sur l'œil, une vive impression. Comme elle avait égaré sa citation, elle a, pour attester son identité, chanté un morceau de son répertoire devant la cour et van Plottledam est visiblement émoustillé. Aussi, jugeant par son propre état, il estime impossible que Karl soit demeuré insensible à tant de charmes. Il prononce donc le divorce en faveur de Jana et condamne Gonda. pour complicité d'adultère, à une amende... que du reste il paye immédiatement de sa poche. Jana, qui a agi par dépit mais continue à aimer son mari, ne paraît qu'à demi contente de son succès. Karl est désespéré, mais pour se venger, il déclare à sa femme qu'il a menti et que Gonda est sa maîtresse. Gonda, amusée, n'y contredit pas et part au bras de Karl. Le président compte bien que cette union ne sera pas de longue durée et qu'il pourra prendre la suite.
Pour tout le monde, Gonda est la maîtresse de Karl, bien qu'il n'en soit rien. Jana vit seule, mais elle n'a pas osé encore donner connaissance de son divorce à son père, Vandenparaboum, le directeur des wagons-lits, Entre temps, Scrop a eu des malheurs : il a vu sa petite amie Adeline descendre du train en compagnie d'un vieux monsieur. Dans son trouble, il a manqué son service et dépensé des fonds appartenant aux wagons-lits. Il est donc en grand danger d'être mis à pied. Quant au président, il fait à Gonda une cour assidue, mais jusqu'ici sans résultat.
Les choses en sont là lorsque s'ouvre le deuxième acte. Karl, pour jeter de la poudre aux yeux et faire enrager son ex-femme, qu'il aime de plus en plus, donne un bal dans son appartement. Gonda, naturellement, est de la fête.
Scrop arrive pour prier Karl d'intercéder pour lui auprès de Vandenparaboum. Il est si abruti par les événements qu'il a oublié que Vandenparaboum n'est plus le beau-père de Karl. Ce dernier, à la demande de Gonda, tentera néanmoins une démarche.
Le président paraît et entame avec Gonda un flirt éperdu. Gonda est flattée d'un attachement aussi persévérant, mais elle se méfie d'un homme qui a une solide réputation de libertin. Elle aime la difficulté et elle le dit. Cet aveu ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd : Ah ! elle aime la difficulté, se dit van Plottledam ; on lui en donnera. Et il imagine d'exciter la jalousie de Gonda en faisant la cour à une autre femme.
Justement voici qu'arrive une visite bien inattendue : ayant appris que son père vient de rentrer de voyage, et supposant avec assez de vraisemblance que sa première visite sera pour elle et pour son gendre — il ignore le divorce, qu'on s'en souvienne ! — Jana vient demander à son mari de la laisser figurer à son bal, afin que Vandenparaboum n'apprenne pas trop brusquement la nouvelle. L'entrevue des ex-époux risque un instant de tourner au tendre, mais ils se reprennent à temps. Le président, en quête d'une rivale à donner à Gonda, tombe sur Jana et fixe immédiatement son choix sur elle. Au cours des travaux d'approche, il s'aperçoit qu'elle aime toujours son mari ; ce n'est pas pour lui déplaire puisqu'il s'agit d'une feinte : elle pourra servir à deux fins et réconcilier les divorcés tout en lui livrant celle qu'il aime. Après avoir alarmé Jana en lui faisant croire que Karl songe à épouser Gonda, il promet de lui ramener son mari, si elle veut bien se prêter à une petite supercherie et feindre une intrigue avec lui. Elle lui accorde carte blanche, en échange de quoi il s'engage à empêcher le mariage de Karl et de Gonda.
Arrive Vandenparaboum, et nous apprenons bientôt que le vieux monsieur qui protégeait Adeline, la petite amie de Scrop, n'est autre que le très austère et très mur directeur des wagons-lits. On joue la comédie au beau-père ; mais Scrop, ivre comme un Polonais, gaffe, met les pieds dans le plat, puis s'effondre en apprenant que Vandenparaboum, son rival abhorré, n'est autre que son chef suprême.
Continuant à jouer la comédie, van Plottledam annonce à Karl son prochain mariage avec Jana et lui demande de lui servir de témoin. La rage au cœur, Karl accepte. Le remède commence à opérer, et Gonda est décidément piquée. Quant à Jana, elle ignore encore l'usage que le président a fait de sa « carte blanche ».
Le troisième acte nous transporte à la Kermesse de Makkoum, où il est de mode de se marier sur le coup de midi. Tableau de fête champêtre, avec jeux, buvette, etc. L'église au fond à droite.
Vandenparaboum arrive avec Jana. Il s'étonne que sa fille ait choisi ce but de promenade, mais Jana agit sur l'invitation du président, son complice, qui lui a recommandé de se trouver à Makkoum sans faute à onze heures.
Comme elle a laissé son père un instant seul, arrive Scrop rayonnant. Adeline l'a complètement rassuré. Vandenparaboum est l'ami de... sa mère ! Il est pour elle le plus tendre des pères. Aussi l'ingénu insiste-t-il désormais pour encourager l'intimité entre Vandenparaboum et Adeline. Il ne néglige pas du reste de retirer de la situation les avantages qu'elle comporte et de faire passer l'éponge sur ses manquements antérieurs ; il obtient même une augmentation !
Arrive le président, qui annonce à Vandenparaboum qu'il se propose d'épouser sa fille. Karl, qui est venu en qualité de témoin, donne tous les signes d'une grande surexcitation. Il reproche à son ex-beau-père d'accepter une pareille union, à quoi van Plottledam lui fait observer que la chose doit lui être indifférente, puisque lui-même épouse Gonda des Glycines. Les deux hommes se séparent très échauffés.
Voici qu'arrivent les couples désireux de suivre la tradition séculaire en se mariant à Makkoum sur le coup de midi. Après eux arrivent successivement le président, puis Gonda, et l'inévitable se produit : après une explication, les deux finissent par s'entendre le mieux du monde.
C'est maintenant au tour de Jana et de Karl ; la pauvre femme est mûre, elle aussi, pour le dénouement attendu. L'explication a lieu, et quand elle s'achève, le chassé-croisé est terminé aussi : les deux ex-époux reconvoleront. Il n'y a plus de divorcée, la pièce n'a plus qu'à finir. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
DIX CONTRE UN
Opérette en un acte, musique de Henri Cellot, représentée au Palais-Royal le 04 mai 1865.
DIX JOURS AUX PYRÉNÉES
« Voyage circulaire » en cinq actes et dix tableaux, livret de Paul Ferrier, musique de Louis Varney, représenté à la Gaîté le 22 novembre 1887, avec Mmes Théo, Demarsy, Destrées, Paravicini, Barlay, MM. Berthelier, Vauthier, Alexandre, Petit, Kaiter.
« Il s'agit ici de toute une petite caravane de voyageurs qui sont partis de Paris, sous la conduite d'un des agents spécialement préposés à cet effet, pour un voyage circulaire de dix jours dans les Pyrénées. Parmi les clients momentanés de cet agent, nommé Piperlin, se trouve un brave pharmacien de la rue des Petits-Carreaux, M. Chaudillac, orné d'une gentille petite femme, son épouse légitime, qui est sur le point de lui être infidèle. Celle-ci, en effet, a noué un commencement d'intrigue avec un certain Perdrigeot, qui fait partie de la caravane ; elle s'est décidée à retourner subrepticement à Paris avec lui en abandonnant son mari, et, au moment d'aller prendre le train, elle remet au garçon d'hôtel une lettre dans laquelle elle annonce à M. Chaudillac sa résolution. Mais il se trouve qu'elle change d'avis avant d'avoir commis une faute irréparable, et toute la pièce roule sur le sort de cette lettre, qu'elle veut ravoir avant que son mari ait pu la lire, et que celui-ci, sans le savoir, promène avec lui tout le long du voyage, laissant la jeune femme infortunée dans des transes continuelles. Le point de départ était ingénieux, la pièce est trop longue, et se traîne misérablement pendant cinq actes dans le seul but de dérouler sous les yeux du spectateur une série de tableaux plus ou moins pittoresques, de lui faire voir comme une sorte de grande féerie, une machine à décors, à costumes et à trucs. La musique de M. Varney, sans ambition, est aussi sans grande saveur, et l'auteur a fait souvent beaucoup mieux. Des vingt et quelques morceaux dont se compose la partition, on n'en peut guère citer que deux de quelque valeur, le petit trio bouffe de la chasse, pour trois voix d'hommes, très amusant, et les couplets vraiment gais de Chaudillac : C'est un bonbon fondant, qui sont accompagnés par un gentil contrepoint de violons, vivace et élégant. De tout le reste il n'y a rien à dire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DJALMA
Opéra-comique en un acte, paroles de MM. Burion et Lelio, musique de Germain Laurens, représenté au théâtre du Château-d'Eau le 20 juillet 1881.
DJAMILEH
Opéra-comique en un acte, livret de Louis Gallet, musique de Georges Bizet. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 22 mai 1872. => fiche technique
DJELMA
Opéra en trois actes, livret de Charles Lomon, musique de Charles Lefebvre.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 25 mai 1894 ; mise en scène de Lapissida ; décors de Marcel Jambon ; costumes de Charles Bianchini.
Mmes Rose CARON (Djelma), HEGLON (Ourvaci).
MM. SALÉZA (Nouraly), M. RENAUD (Raïm), DUBULLE (Kairam), DOUAILLIER (Eschady).
Danses réglées par Joseph HANSEN, dansées par Mlles SANDRINI, VANGOELHEN, H. REGNIER et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Edouard MANGIN
8e à l’Opéra, le 29 décembre 1894 avec Mmes BOSMAN (Djelma), BEAUVAIS (Ourvaci).
MM. VAGUET (Nouraly), BARTET (Raïm) et les autres rôles par les créateurs.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Djelma : Mme CHRETIEN (1894).
8 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Encore une histoire d'Orient, encore un poème qui n'a ni sens, ni rime, ni raison, encore une de ces fables dramatiques qui n'offrent ni intérêt, ni émotion d'aucune sorte. C'est l'histoire d'un jeune et riche seigneur indien, Raïm, dont la femme et les biens sont convoités par un misérable nommé Kairam. Celui-ci entraîne Raïm dans une chasse au tigre, avec l'espoir et la pensée de se débarrasser de lui d'une façon quelconque. De fait, Raïm disparaît, emporté au loin par son cheval dans une course folle ; puis, blessé, presque mourant, il est emmené par des brigands en esclavage (!), et passe ainsi deux années, au bout desquelles il réussit à s'évader. Il trouve alors le moyen de revenir chez lui au moment où Kairam espère venir à bout des scrupules de Djelma, qui se croit veuve, mais qui pense toujours à son époux. Raïm se fait reconnaître à elle, et châtie Kairam en le tuant d'un coup de poignard. Tels sont les lieux communs de morale scénique que M. Lefebvre a été appelé à réchauffer des sons de sa musique. Je n'ose dire qu'il y a complètement réussi, en dépit de son talent fin et délicat, et j'ajoute que la tâche était au moins malaisée. Point d'intérêt dans ce poème, aucune situation musicale, mais des incidents presque burlesques, une absence complète de sentiment passionné, et la méconnaissance absolue des éléments nécessaires à toute action lyrique. Vraiment c'est bien mal servir un compositeur que de lui offrir un poème pareil, et faut-il encore savoir gré au musicien de l'habileté qu'il a su déployer dans certaines pages d'une partition dont la teinte générale est sans doute un peu grise, un peu monotone, mais dont quelques épisodes se détachent heureusement de l'ensemble et lui font vraiment honneur. Ce qui manque à cette partition de Djelma, c'est l'élan, c'est la couleur, c'est le mouvement et la verve scéniques, mais je dois convenir que ces qualités étaient bien difficiles à déployer sur une action si maigre, si débile et si inconsistante. Au premier acte, très court, il faut signaler l'agréable cantilène de Raïm : Tu sais trop bien lire en mon âme... dont l'accent de tendresse est pénétrant, et le récit de la nourrice Ourvaci, qui ne manque ni de chaleur ni de caractère. Au second, on souhaiterait plus d'élan à l'air à deux mouvements de Djelma : Jour fatal ! Mais il s'en dégage un sentiment plein de mélancolie, auquel n'est pas étrangère la tonalité sourde dans laquelle il est écrit. Un peu plus loin, son invocation à la déesse Lackmé : Est-ce toi dont je sens la divine présence ? se fait remarquer par son tour plein de grâce et par son caractère vraiment poétique ; cette page intéressante est accompagnée d'une façon heureuse, avec de discrets arpèges de harpe qui en font ressortir tout le charme rêveur et contenu. Le dernier acte, court comme le premier, n'offre de saillant que l'hymne à Brahma chanté par Nouraly ; mais c'est là la meilleure page de l'œuvre, une page d'une belle et noble inspiration, franche d'allure, d'un dessin large et puissant, qui s'impose à l'attention et dont l'effet est immanquable. Établi par la seule voix de ténor, le motif est repris ensuite par les trois voix réunies de Nouraly, de Raïm et de Djelma et soutenu vigoureusement par l'orchestre, et produit ainsi une impression grandiose et pleine de majesté. Le rideau tombe sur ce bel ensemble, auquel viennent encore se joindre, dans le lointain, les voix d'un chœur invisible. Cela forme un excellent finale, d'un excellent caractère.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DJIHAN-ARA
Opéra en quatre actes, livret d’Édouard Duprez, musique de Napoléon Joseph de Colbert-Chabanais. Création au théâtre Duprez en 1868. => détails
DJORGHI (LE)
Opérette en trois actes, livret de Wilned, musique d'Edouard L'Enfant, créée au Trianon-Lyrique le 17 avril 1923, décors de Maxime Dethomas, avec Mmes Evrard (Sita), Moreau (Radanika), Myril (Dourga), Artaud (Sakountala), MM. Joubert (le Djorghi), Jouvin (Satavia), José Théry (le Maharadjah).
« Un vieux maharajah veut épouser la jeune princesse Sita, qui est aimée du prince Satavia. Grâce aux bons offices du djorghi, prêtre de Siva, tout s'arrange après diverses péripéties qui servent de prétextes à une musique adroite et agréable. »
(Larousse Mensuel Illustré, juin 1923)
D’MOISELLE DU TABARIN (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau et André Alexandre, musique d’Edmond Missa, représentée au Nouveau Théâtre du Château-d’Eau le 25 mars 1910.
DO DE LA RUE (LES)
Saynète, paroles de M. Adam, musique de M. Rosenboom, représentée sur le théâtre Deburau, aux Champs-Elysées, en septembre 1858.
DOCTEUR ASMOLDOFF (LE)
Opérette en trois actes, paroles de M. Vazeille, musique de Georges Rose, représentée à l'Opéra-Populaire (théâtre du Château-d'Eau) le 6 mai 1882.
DOCTEUR CRISPIN (LE)
[Crispino e la Comare]
Opéra bouffe italien en trois actes, livret de Piave, musique des frères Luigi et Federico Ricci, représenté à Naples en 1836, et pour la première fois au Théâtre-Italien de Paris, le 04 avril 1865.
Une version française de Nuitter et Beaumont en quatre actes a été représentée à Liège le 17 décembre 1866.
Cette version a été représentée à la Monnaie de Bruxelles le 18 décembre 1866 avec Mlles Marie Marimon (Annette), Dumestre, MM. Jamet (Crispino), Chappuis, Monnier, Jourdan.
La même version a été représentée à Paris, théâtre de l’Athénée, le 18 septembre 1869.
« La pièce appartient à ce genre de farces italiennes qu’on jouait sur le théâtre de la foire Saint-Laurent, et elle n’en est pas moins amusante pour cela. Crispino est un savetier vénitien qui, à bout de ressources et poursuivi par ses créanciers, veut en finir avec la vie et se jeter dans un puits, quand tout à coup il en voit sortir la Comare, c’est-à-dire la Mort en personne, qui lui promet la fortune, mais à une condition : c’est qu’il se fera passer pour médecin. Elle lui trace en conséquence sa ligne de conduite. On apporte sur la scène un maçon tombé d’un toit. Les médecins s’accordent à dire que c’est un homme mort. Crispino promet hardiment de le guérir. Le maçon revient à la vie, et Crispino est acclamé docteur infaillible. Devenu riche, Crispino est insolent envers tout le monde, querelle sa femme, qui se son côté fait la grande dame. La Comare le fait descendre aux enfers, et ne le rend à sa famille qu’après qu’il a juré d’être plus raisonnable. La partition est remplie de motifs agréables ; la musique est tout à fait scénique, toujours vive et sémillante. Nous rappellerons, dans le premier acte, l’air de la femme de Crispino, marchande de chansons, Istorie belle à legere, et le duo entre Crispino et Annetta, dont la stretta est d’une gaîté communicative. Le trio du second acte, entre Crispin, le pharmacien Mirobolan et le docteur Fabrice est le meilleur morceau de l’ouvrage. On a encore remarqué le brindisi en patois vénitien : Piero, miro, go quà una fritola, et le rondo final chanté par Annetta. Zucchini a été excellent dans le rôle de Crispino, et Mlle Vitali, charmante dans celui d’Annetta. Les autres rôles ont été chantés par Agnesi, Mercuriali et Brignoli. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Une version française en quatre actes a été présentée, sur un livret de Nuitter et Beaumont, au théâtre de l'Athénée le 18 septembre 1869. Cette traduction a été habilement faite, et a contribué à faire connaître la partition italienne à un public qui ne fréquente pas la salle Ventadour. L'exécution en a été convenable. Mlle Marimon a parfaitement chanté le rôle d'Annette ; le trio des basses a obtenu son succès ordinaire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DOCTEUR MAGNUS (LE)
Opéra en un acte, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique d’Ernest Boulanger, création au Théâtre de l'Opéra le 09 mars 1864. => détails
DOCTEUR MIRACLE (LE)
Titre de deux opérettes en un acte, sur le même livret de Léon Battu et Ludovic Halévy, l’une sur une musique de Charles Lecocq, l’autre sur celle de Georges Bizet, représentées aux Bouffes-Parisiens respectivement les 08 et 09 avril 1857. => fiche technique
DOCTEUR MIROBOLAN (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon, musique d’Eugène Gautier. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 août 1860, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Léocadie Lemercier (Dorine), Révilly (Feliante), Léonie Bousquet (Alcine), Marie Prost (Lise), MM. Couderc (Crispin), Constant Lemaire (Mirobolan), Berthelier (Grand Simon), Victor Prilleux (Lysidor), Warot et Auguste Laget (Géralde), Duvernoy (Marin), Lejeune (un Apothicaire).
Représenté à la Monnaie de Bruxelles le 12 octobre 1864 avec Mme Faivre et M. Mengal.
« Le sujet de la pièce a été emprunté à une comédie d'Hauteroche, intitulée : Crispin médecin, et représentée à l'hôtel de Bourgogne en 1674, à une époque où Molière avait mis à la mode les plaisanteries à l'endroit des médecins. La scène la plus divertissante est celle dans laquelle Crispin, s'étant introduit chez le docteur Mirobolan, est obligé de passer pour un pendu, et se voit en danger d'être disséqué. Le jeu des acteurs fait un peu tort à l'audition de la musique, qui est bien faite et porte la marque d'études fortes et consciencieuses. On a remarqué le quintette de la demande en mariage, les couplets de Géralde : La joie et la mélancolie ; l'air de Crispin et les couplets du grand Simon. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DOCTEUR OX (LE)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Philippe Gille et Arnold Mortier, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Variétés le 26 janvier 1877. Le sujet, tiré d'un conte de M. Jules Verne, est des plus bizarres. Le docteur Ox arrive dans la ville de Quiquendone, restée étrangère jusque-là à tout progrès scientifique ; il est accompagné de son domestique ou préparateur, nommé Ygène. Un fragment donnera au lecteur le ton de cette opérette :
LE DOCTEUR OX.
Sachez donc, ô chers inférieurs,
Que vous péririez dans la gène
Sans les talents bien supérieurs
Du docteur Ox.
YGÈNE.
Et puis d'Ygène !
Sans Ox, Ygène (bis),
Que deviendrait l'espèce humaine ?
Le bourgmestre Van Tricasse promet au docteur la main de sa fille ; mais une Circassienne, Prascovia, que le docteur avait séduite, survient avec une troupe de bohémiens, fait manquer les expériences du docteur, le brouille avec Van Tricasse et l'oblige à tenir sa promesse et à l'épouser. Ce canevas est bien faible et la musique l'est aussi. La scène dans laquelle le gaz produit par le docteur excite toute la population, échauffe les têtes et trouble les cerveaux des habitants de Quiquendone n'est pas amusante. On commence, un peu tard à mon avis, à se lasser des agencements grotesques de syllabes inventés par M. Offenbach, tels que les habitants de Qui, de Qui, de Quiquendone, et d'entendre chanter dans un chœur les mots trente fois répétés : Le thé bout, le thé bout ; comme aussi de subir un chant développé sur le mot Thesaurochrysonicochrysidès. Les seuls morceaux qui aient quelque originalité dans cet ouvrage sont la légende de la Guzla, les couplets du docteur Ox : Je suis ému par vos souhaits, la Marche bohémienne, chantée par Prascovia, ainsi que les couplets : Tout s'éveille dans la nature, dans le premier acte ; dans le second, le duo flamand de Prascovia et du docteur Ox. Chanté par MM. Dupuis, Pradeau, Léonce, Baron ; Mme Judic, A. Duval, Angèle, Baumaine, etc.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
DOCTEUR PURGANDI (LE)
Opérette bouffe en un acte, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Victor Robillard, représentée aux Folies-Bergère le 02 mai 1869.
DOCTEUR PYRAMIDE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de MM. L. Brand et Jalabert, musique de M. Haring, représenté à Toulouse en janvier 1877.
DOCTEUR ROSE (LE)
Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, paroles d'Emile de Najac, musique de Federico Ricci, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 10 février 1872, avec Mmes Peschard, Fonti, Bonelli, Peyron, Thierret, Rocy, MM. Desiré, Berthelier, Prosper Guyot, Jean-Paul.
La pièce offre bien peu d'intérêt à cause surtout de son invraisemblance. Le docteur Rose a la spécialité des résurrections. Il tue les malades, mais il les ressuscite. Un ténor de théâtre, nommé Zeroli, est le bourreau des cœurs sensibles, à Venise. Il délaisse sa camarade, la Gardinella, pour courir de belle en belle. Il s'introduit même dans le palais du doge, qui le surprend et le condamne à être pendu. Zeroli se prépare à devancer l'exécution de la sentence; mais, au moment où il va se passer la corde au cou, la jolie pupille du docteur Rose s'attendrit sur son sort, au point de le cacher dans sa gondole et de le faire passer pour mort. Le docteur Rose, chez qui Zeroli a été transporté, s'imagine qu'il le rend à la vie. Mais le séducteur de la dogaresse n'a garde de se montrer, et le docteur est contraint de l'héberger, quoiqu'il fasse la cour à sa pupille. Par bonheur, il découvre en lui un fils qu'il a eu dans sa jeunesse et consent à son mariage. La musique est agréable et aurait obtenu du succès si la pièce eût été mieux faite. Elle est bien inférieure à celle de Crispino e la Comare, à celle d'Une folie à Rome ; mais les mélodies sont gaies, facilement écrites, et l'entente de la scène s'unit à une verve incontestable. Je citerai, dans le premier acte, le finale : Il est mort ; dans le second, le trio, et, dans le troisième, qui est de beaucoup le meilleur, une charmante romance et un bon trio bouffe. Le rôle du ténor Zeroli a été écrit pour une voix de soprano, ce qui est singulier et même absurde ; c'est Mme Peschard qui a joué ce rôle travesti.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
DOCTEUR SANGRADO (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Louis Anseaume et Jean-Baptiste Lourdet de Santerre, musique d’Egidio Duni, Jean-Louis Laruette et vaudevilles, créé à la Foire Saint-Germain le 13 février 1756. Première à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 05 mai 1762.
DOCTEUR TAM-TAM (LE)
Opérette-bouffe en un acte, livret de Francis Tourte, musique de Frédéric Barbier ; création aux Folies-Nouvelles le 05 mars 1859. => fiche technique
DOCTEUR VIEUXTEMPS (LE)
Opérette de salon en un acte, paroles et musique de Gustave Nadaud, publiée chez l'éditeur Heugel.
DOCTEUR VIEUXTEMPS (LE)
Opérette, musique de Jules Goetinck, représentée à Bruges en janvier 1886. Le compositeur s'est servi sans façon du livret que l'excellent chansonnier Gustave Nadaud avait écrit pour lui et dont il avait composé lui-même la musique.
DOCTEURS MODERNES (LES)
Comédie-parade en vaudevilles en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré et Jean-Baptiste Radet, musique de vaudevilles. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 novembre 1784, suivi du divertissement le Baquet de santé (voir ce titre).
DOLORÈS
Drame lyrique en deux actes, livret de Georges Boyer, musique d’André Pollonnais, représenté au Théâtre de Monte-Carlo le 22 février 1897. Cet ouvrage avait été écrit par les auteurs expressément à l'intention d’Adelina Patti, qui en remplit le rôle principal, et y chanta une Chanson espagnole qu'elle avait composée.
DOLORÈS
Roman musical en trois actes et sept tableaux, livret de Louise Marion d'après Fleur de Mai (1894) de Blasco Ibáñez, musique de Michel-Maurice Lévy.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 07 novembre 1952. Mise en scène de Louis Musy. Décors et costumes d'après les maquettes d’Yves Brayer.
Mmes Denise DUVAL (Dolorès), Margaret MAS (Rosario), Hélène BOUVIER (Toña), Christiane GAUDEL (Roseta), Marguerite LEGOUHY (Picores), Germaine SPANELLYS (Pascualet), Madeleine DROUOT, Germaine CHELLET, Raymonde NOTTI-PAGÈS, Jacqueline CAUCHARD (4 petites Vieilles), Liliane BERTON (une Voix).
MM. René BIANCO (Pascualo), Georges NORÉ (Tofiet), Jean VIEUILLE (l'Oncle Mariano), Gabriel JULLIA (Batista), Charles DAGUERRESSAR (Chulla), André RICHARD (un Patron), Serge RALLIER (un Mendiant), Pierre GERMAIN (Marchand de pastèques), André NOEL, Camille MAURANE (2 Buveurs), Jacques HIVERT (un soldat juif), René HÉRENT (un Cul-de-jatte), Jean MICHEL, Jean GIRAUD, Frédéric LE PRIN (3 Matelots).
Au 3e tableau : « Valenciana » et « Séguedille » réglés et dansés par Mme Espanita CORTEZ. — Ballet et « Danse sacrée » réglés par Constantin TCHERKAS, dansés par le Corps de ballet.
Chef d'orchestre : Pierre DERVAUX.
6 représentations en 1952, 2 en 1953, soit 8 au 31.12.1972.
DOLORÈS ou LE MIRACLE DE LA FEMME LAIDE
Opéra-buffa en un acte, livret d'Henri Ghéon, musique d'André Jolivet. Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 18 janvier 1961, mise en scène de Louis Erlo, chorégraphie de Lele de Triana, décors et costumes d'Yves Brayer, avec Mme Jacqueline Silvy (Dolorès), MM. Jacques Jansen (le Voyageur), Jean-Christophe Benoit (Alonso), Xavier Depraz (l'Ermite), Jean Giraudeau (l'Amateur de sports). 11 représentations en 1961, soit 11 au 31.12.1972.
DOM SÉBASTIEN, ROI DE PORTUGAL
Opéra en cinq actes, livret d’Eugène Scribe, d'après Don Sébastien de Portugal, pièce de Paul Foucher (1838), musique de Gaetano Donizetti, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 13 novembre 1843 ; divertissements d'Albert ; décors de Charles Séchan, Jules Dieterle, Edouard Despléchin, René Philastre et Charles Cambon ; costumes de Paul Lormier ; avec Mme Rosine Stoltz (Zaïda) ; MM. Gilbert Duprez (Dom Sébastien), Barroilhet (Camoëns), Massol (Abayaldos), Levasseur (Juan de Sylva), Octave (Dom Antonio), Ferdinand Prévost (Dom Henrique), Brémond (Ben-Selim), Massol (Abayaldos).
« Cette partition, pleine de vie, de chaleur et de grâce, a été enterrée par Scribe dans un poème lugubre, absurde, monotone. Le premier acte se passe à Lisbonne. Le roi dom Sébastien va s'embarquer pour une expédition aventureuse en Afrique, laissant son royaume à la merci de ses ennemis, dom Antonio et dom Juan de Silva. Le poète Camoens sollicite la faveur d'accompagner le roi et en même temps la grâce d'une captive africaine qu'on nomme Zaïda. Au second acte, on est en Afrique ; Zaïda, rendue à son père, le gouverneur de Fez, repousse l'amour d'Abayaldos, chef d'une tribu. Les indigènes se préparent à combattre les Portugais. Dans un autre tableau, dom Sébastien, vaincu, blessé, va être massacré, lorsqu'un de ses officiers, dom Enrique, se donne pour le roi et tombe frappé à sa place. Mais ce n'est pas assez d'un seul dévouement, Zaïda, par reconnaissance, s'interpose encore entre le roi et Abayaldos, et échange, contre un hymen qu'elle déteste, la vie et la liberté de dom Sébastien.
Quelle musique, fût-elle céleste, résisterait à des situations aussi ridicules ? Au troisième acte, Scribe fait assister le public de l'Opéra et dom Sébastien lui-même au convoi funèbre du roi de Portugal, qu'on croit mort, et qui, malgré le témoignage de Camoens, ne peut se faire reconnaître. On passe du spectacle des pompes funèbres à celui du tribunal de l'inquisition. Zaïda déclare que dom Sébastien a été sauvé par elle ; elle est accusée d'adultère par Abayaldos, qui les fait condamner tous deux à être brûlés. Enfin le cinquième acte arrive et représente dom Sébastien et Zaïda cherchant à s'évader de leur prison, aidés par le fidèle Camoens (quel rôle singulier Scribe fait jouer à l'auteur des Lusiades !). Ils confient leur salut à une échelle de corde ; lorsqu'ils s'y sont engagés, des soldats coupent les cordes et les malheureux tombent dans la mer. Abayaldos ajoute encore à l'effet de ce dénouement en leur tirant des coups de fusil au jugé ; la toile tombe. Nous nous sommes résignés à donner cette analyse dans le but de dégager la responsabilité du compositeur et de faire attribuer au seul librettiste la chute de l'ouvrage. L'introduction fait entendre un fragment de la marche funèbre. La cavatine chantée par Camoens, Soldats, j'ai cherché la victoire, est le morceau le plus saillant du premier acte. Dans le second se trouve un bon duo pour soprano et ténor, et la romance que Duprez a rendue célèbre : Seul sur la terre. Le troisième acte renferme la mélodie si mélancolique, si expressive, chantée par Baroilhet : O Lisbonne, ô ma patrie ! et le duo pathétique entre le roi et Camoens : C'est un soldat qui revient de la guerre. Au point de vue de la haute critique musicale, la scène de l'inquisition, au quatrième acte, a toujours passé pour un chef-d’œuvre qu'on peut comparer aux beaux ensembles de Lucia et de Poliuto. Nous avons hâte d'arriver au cinquième acte pour signaler le duo de la prison, et cette ravissante barcarolle, Pêcheur de la rive, chantée avec tant de goût par Baroilhet. Le rôle de Zaïda fut un des meilleurs de Mme Stoltz. Celui d'Abayaldos a été joué par Massol. Cette partition est considérable, abondante en motifs, orchestrée avec une grande intelligence des effets. Il n'a pas dépendu de la bonne volonté des amateurs de musique qu'elle n'eût un meilleur sort ; car les premières représentations ont été suivies avec enthousiasme. Donnons un regret à cette nouvelle victime de Scribe. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le sujet de cet opéra ne plut guère, et la scène de l'enterrement (au 3e acte) qui rappelait les funérailles du duc d'Orléans, mort le 13 juillet de l'année précédente, parut une invention malheureuse. La partition de Donizetti n'en renferme pas moins plusieurs pages dignes de notre souvenir : la marche et le chœur des familiers de l'Inquisition, l'air d'Abayaldos, la romance O Lisbonne, ô ma patrie ! le duo du poète et du roi, l'ensemble imposant et pathétique qui suit le chœur des inquisiteurs, le charmant trio acte et la barcarolle du baryton. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DOMINO NOIR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber.
Personnages : Lord Edfort ; Juliano (ténor) ; Horace de Massarena, jeune diplomate espagnol, ami de Juliano (ténor) ; Gil Perez, portier du couvent des Annonciades (baryton) ; Angèle, le « Domino noir » (soprano) ; Brigitte (soprano) ; Jacinthe, gouvernante de Juliano (soprano) ; Ursule (soprano) ; Gertrude, sœur tourière ; nonnes, seigneurs et dames de la Cour.
L’action se déroule à Madrid.
Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 02 décembre 1837.
Mmes CINTI-DAMOREAU (Angèle), BERTHAULT (Brigitte), Marie Julie BOULANGER (Jacinthe), OLIVIER (Ursule), ROY (Gertrude).
MM. COUDERC (Horace de Massarena), MOREAU-SAINTI (Juliano), Honoré GRIGNON (Lord Edfort), ROY (Gil Pérez), LÉON, DESLANDES, FLEURY, TEISSIER et PALIANTI (Seigneurs de la Cour).
Chef d’orchestre : Narcisse GIRARD.
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24.07.1848 Opéra-Comique (404e) |
14.09.1854 Opéra-Comique (500e) |
03.04.1882 Opéra-Comique (1.000e) |
28.12.1901 Opéra-Comique (1.145e) |
Angèle |
Delphine UGALDE (débuts) |
Caroline LEFEBVRE [FAURE-LEFEBVRE] |
A. ISAAC |
CHARLES-ROTHIER |
Brigitte |
Marguerite Jeanne Camille DECROIX |
Marguerite Jeanne Camille DECROIX |
MOLE |
DE CRAPONNE |
Jacinthe |
BLANCHARD |
BLANCHARD |
VIDAL |
PIERRON |
Ursule |
LEVASSEUR |
REVILLY |
PETIT |
COSTES |
Tourière |
FÉLIX |
FÉLIX |
LAURENT |
VILMA |
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Horace |
EMON |
JOURDAN |
HERBERT |
CARBONNE |
Juliano |
PONCHARD |
PONCHARD |
Auguste Armand BARRÉ |
J. PÉRIER |
Lord Edfort |
GRIGNON |
DUVERNOY |
BERNARD |
GOURDON |
Gil-Pérez |
VALTEAU |
NATHAN |
BELHOMME |
BOUDOURESQUE |
Chef d’orchestre |
TILMANT |
TILMANT |
DANBÉ |
G. MARTY |
Reprise à l'Opéra-Comique du 19 janvier 1911 dans une mise en scène de PARAVEY (1193e représentation).
Mmes KORSOFF (Angèle), DE POUMAYRAC (Brigitte), VILLETTE (Jacinthe), JURAND (Ursule), PERNY (la Tourière).
MM. CARBONNE (Horace), Jean PÉRIER (Juliano), GOURDON (Lord Edfort), BELHOMME (Gil Pérez), ÉLOI (Melchior).
Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.
1195 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 51 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Reprise au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 07 juin 1935 avec Mmes Fanély Revoil (Angèle), Madeleine Mathieu (Brigitte), Tariol-Baugé (dame Jacinthe), Violette Fleury (Ursule) ; MM. Villabella (Horace de Massarena), André Noël (Juliano), Marcel Laroche (lord Elford), Marquaille (Gil Pérez), Aubert (Melchior). Chef d'orchestre : M. Frigara.
« Le livret est un des meilleurs du fécond vaudevilliste sous le rapport de la complication de l'intrigue et des épisodes scéniques dont l'invraisemblance ne diminue pas l'intérêt. Le choix du sujet toutefois n'est pas du meilleur goût, et porte l'empreinte des idées qui avaient cours en ce temps-là. Le Domino noir est l'opéra-comique le plus original d'Auber, celui dans lequel il s'est le plus abandonné à sa fantaisie charmante et à sa grâce mélodique. Les deux romances : Le trouble et la frayeur, et Amour, viens finir mon supplice, sont d'une suavité et d'une distinction enchanteresses ; les couplets : Une fée, un bon ange, ont les mêmes qualités. Les couplets de dame Brigitte : S'il est sur terre, ont de la rondeur et de l'entrain ; ceux d'Inésille : D'où venez-vous, ma chère, beaucoup d'ingénuité, le grand air et les couplets syllabiques : Ah ! quelle nuit ! peignent avec bonheur les émotions de l'imprudente abbesse. Enfin la situation dramatique du dernier acte a fourni au compositeur une de ses plus belles inspirations. Le cantique avec chœur : Heureux qui ne respire, est de nature à désarmer les esprits timorés qui seraient tentés de reprocher aux auteurs d'avoir traité les choses saintes un peu trop sans façon. L'emploi que M. Auber a fait des rythmes de la musique espagnole donne à l'ensemble de la partition une couleur locale fort bien appropriée au sujet. Mme Damoreau a chanté le rôle d'Angèle avec le plus grand succès ; celui d'Horace a été un des meilleurs de Roger, qui, par son jeu et sa voix sympathique, parvenait à faire prendre presque au sérieux par le public la scène de la prise de voile. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DON ALMANZOR
Opéra-comique en un acte, livret d’E. Labat et Louis Ulbach, musique de Renaud de Vilbac, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 avril 1858, avec MM. Cibot, Emile Wartel, Armand Potel, Mmes Adèle Vadé, Victorine Moreau, Caroline Girard.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 16 en 1858.
« M. Renaud de Vilbac avait déjà donné aux Bouffes-Parisiens une opérette intitulée : Au clair de la lune. Depuis il a publié un nombre considérable de morceaux d'orgue et de piano originaux ou transcrits. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DON BUCEFALO
Opéra bouffe en trois actes, musique de M. Antoine Cagnoni, représenté au Théâtre-Italien le 09 novembre 1865.
DON CARLOS ou LA BELLE INVISIBLE
Opéra, musique de Duplessis (le chevalier Lenoir), représenté sur le petit théâtre des Elèves de l'Opéra de Paris en 1780.
DON CARLOS
[ou Dom Carlos]
Opéra-comique en un acte, livret de François-Pierre-Auguste Léger et A.-P. Dutremblay, musique de Prosper-Didier Deshayes. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 11 janvier 1800.
DON CARLOS
Opéra en cinq actes et huit tableaux, livret de Joseph Méry et Camille du Locle, d’après la tragédie de Schiller, musique de Giuseppe Verdi, écrit pour l'Exposition universelle de 1867.
Personnages : Don Carlos, infant d’Espagne (ténor) ; Elisabeth de Valois, reine d’Espagne (soprano) ; Philippe II, roi d’Espagne (basse) ; Rodrigo, marquis de Posa, grand d’Espagne (baryton) ; la princesse Eboli (mezzo-soprano) ; le Grand Inquisiteur (basse) ; un moine (basse) ; le comte de Lerma (ténor) ; un messager (ténor).
L’action se déroule en France et en Espagne, en 1560.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 11 mars 1867, dans une version en 4 actes (suppression de l'acte I) ; divertissements de Petipa ; décors de Charles Cambon et Joseph Thierry (actes I et III), Jean-Baptiste Lavastre et Edouard Despléchin (actes II et V), Joseph Nolau, Auguste Rubé et Philippe Chaperon (acte IV) ; costumes d'Alfred Albert ; avec Mmes Marie Sass (Elisabeth de Valois), Pauline Gueymard-Lauters (la princesse Eboli), Levielli (le page Thibault), MM. Jean-Baptiste Faure (Rodrigue, marquis de Posa), Louis-Henri Obin (Philippe II), Morère (Don Carlos), Castelmary (un Moine), David (le Grand Inquisiteur), Gaspard (le Comte de Lerme), Mermant (un Hérault royal), sous la direction de Georges Hainl. Danse : Mlle Beaugrand dans le ballet de la reine.
Première au Palais Garnier le 08 mars 1963 (44e représentation à l'Opéra).
Le 5e tableau ("l'Autodafé", une place devant la cathédrale de Valladolid) fut donné lors de la représentation du 29 mai 1963 :
Mmes Suzanne SARROCA (Elisabeth de Valois), Georgette SPANELLYS (Thibault), Denise BOURSIN (Une voix céleste).
MM. Guy CHAUVET (Don Carlos), Jacques MARS (Philippe II), Louis QUILICO (Rodrigue, marquis de Posa), HUC-SANTANA (le Grand Inquisiteur), Claude CALÈS (le Comte de Lerme), Maurice MAÏEVSKY (un Hérault), Robert GEAY, Georges ALVÈS, Jean-Paul VAUQUELIN, Raymond STEFFNER, Michel LLADO, José VAN DAM (les Députés flamands).
Chef d'orchestre : Richard BLAREAU.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 11 mars 1868 avec Mmes Ferdinand-Sallard (la princesse Eboli), Erembert (la reine Elisabeth), MM. Charles Dulaurens (Don Carlos), Dumestre (Rodrigue), Vidal (Philippe II), Jamet (le grand inquisiteur).
La première représentation en italien (texte de A. Lanzières et A. Zanardini) fut donnée en août 1868 à Sinigaglia ; dans la version italienne d'Antonio Ghislanzoni le 10 janvier 1884 à la Scala de Milan, sous le titre de Don Carlo.
Résumé.
L'Infant Don Carlos, fils de Philippe II, aimait Elisabeth de Valois que son père a épousée. Lié d'amitié avec le marquis de Posa, il cherche à protéger les malheureux Flamands persécutés par l'Inquisition.
Posa est tué. Don Carlos, se détachant de son père, prend congé d'Elisabeth et se retire dans le cloître de Saint-Just, où plane l'ombre de Charles-Quint.
ACTE I.
1er TABLEAU : Au Cloître de Saint-Just, à l'aube.
Un Moine prie au pied du tombeau de Charles-Quint. L'Infant Don Carlos cherche en vain la paix et l'oubli, car son père Philippe II s'est épris de sa fiancée Elisabeth de Valois et l'a épousée.
Le Marquis de Posa auprès duquel Don Carlos trouve consolation et amitié, incite l'Infant à partir pour les Flandres, afin d'oublier son funeste amour. La vue de la Reine, venue en silence s'agenouiller un instant avec son époux, arrache à Don Carlos un cri de désespoir. Puis Don Carlos et Posa, qui partagent un commun idéal de justice et de liberté, se promettent une amitié fidèle.
2e TABLEAU : Devant les portes du couvent.
Les dames de la Cour sont assises au bord d'une source avec le Page Thibault. La Princesse Eboli chante. La Reine Elisabeth sort du couvent. Posa, survenant, lui remet des lettres de sa mère, parmi lesquelles se trouve glissé un billet de l'Infant. Elisabeth, remplie de crainte, le fait appeler cependant par le Page.
Bientôt Don Carlos arrive. Posa s'étant éloigné avec les dames, Don Carlos demeure seul avec la Reine [Duo : O Dieu clément...]. Désespéré de sa fermeté, l'Infant s'enfuit, éperdu.
Philippe II survient alors. L'attitude troublée de sa femme lui inspire de graves soupçons et il chasse sur-le-champ la suivante qui aurait dû demeurer auprès d'elle. Elisabeth s'efforce de la consoler.
Retenant Posa, en qui il se plaît à reconnaître un sujet fidèle, le Roi en fait son confident. Toutefois, lorsque Posa veut intercéder en faveur des malheureux Flamands persécutés, Philippe II lui fait craindre la toute-puissante Inquisition.
ACTE II.
1er TABLEAU : Les jardins de la Reine, au clair de lune.
Don Carlos accourt, enivré de bonheur et d'espérance : il a reçu un billet l'invitant à une rencontre sous le laurier de la source. La Princesse Eboli, dans le cœur de laquelle Don Carlos a, sans le vouloir, éveillé une vive passion, s'avance, voilée, et Don Carlos, qui la prend pour la Reine, lui adresse de brûlantes déclarations d'amour. Mais il reconnaît bientôt son erreur. La Princesse l'avertit du danger qui le menace et l'informe de l'entretien que le Roi a eu avec Posa. Puis, comprenant tout à coup que c'est la Reine que Don Carlos attendait, elle éclate en invectives à son égard. Posa, qui a surpris la fin de l'entretien, veut la transpercer de son épée, mais Don Carlos l'en empêche, exigeant seulement son silence. La Princesse s'éloigne, la rage au cœur. Don Carlos manifeste tout d'abord quelque méfiance à l'égard de Posa, mais celle-ci se dissipe toutefois bien vite.
2e TABLEAU : Une place devant l'église, avec un bûcher dressé.
Le peuple se réjouit du spectacle qui se prépare. Des moines conduisent les condamnés au supplice. Don Carlos se présente à la tête de délégués flamands et implore pour eux la grâce royale. Les moines toutefois s'y opposent. Don Carlos sollicite alors de Philippe II son envoi dans les Flandres. Exaspéré par le refus de son père, l'Infant tire son épée contre lui et le Roi le fait arrêter pour crime de lèse-majesté.
Toute la cour va ensuite assister à l'autodafé.
ACTE III.
1er TABLEAU : Le cabinet du Roi, au petit matin.
Philippe II comprend qu'Elisabeth ne l'a jamais aimé et redoute les complots qui se trament autour de lui [Air de Philippe II : Elle ne m'aime pas !...]. Le Grand Inquisiteur entre et le Roi le consulte au sujet de la condamnation de l'Infant. Le Grand Inquisiteur demande seulement que Posa lui soit livré, puis se retire.
La Reine vient ensuite supplier le Roi de lui faire rendre un coffret qui lui a été volé. Le Roi le lui remet, sans lui avouer toutefois qu'il le tient de la Princesse Eboli. Comme Elisabeth ne veut pas l'ouvrir, en sa présence, il en fait sauter la serrure et y découvre un portrait de l'Infant. La Reine reconnaît courageusement que Don Carlos lui est cher, mais se déclare sans reproche. Philippe II l'outrageant, elle s'évanouit.
La Princesse Eboli arrive ainsi que Posa ; elle s'accuse d'avoir injustement suspecté la Reine. Le Roi fait alors taire ses soupçons et sort avec Posa.
La Princesse Eboli, repoussée par la Reine, à laquelle elle vient d'avouer son amour pour l'Infant, décide d'aller finir ses jours dans un couvent.
2e TABLEAU : La prison de Don Carlos.
Posa vient faire ses adieux à Don Carlos, car il s'est lui-même condamné en déclenchant la révolte dans les Flandres, pour détourner les soupçons pesant sur l'Infant [Air de Posa : C'est mon jour suprême...]. Don Carlos veut aller parler au Roi, mais Posa le retient. Un coup de feu abat Posa [Mort de Posa : Carlos, écoute...].
Le Roi vient rendre à Don Carlos son épée, mais l'Infant se détache maintenant de son père. Le peuple fait irruption, réclamant la libération de Don Carlos. Le Grand Inquisiteur, apparaissant alors, contraint la populace à l'obéissance.
ACTE IV. — Le Cloître de Saint-Just au clair de lune.
Elisabeth prie au tombeau de Charles-Quint. Don Carlos arrive. La Reine l'exhorte à tout oublier, à ne se consacrer désormais qu'à l'amitié et à l'achèvement de l’œuvre entreprise par le noble Posa. Don Carlos le lui promet. Ils se quittent alors pour toujours, ce dont prend acte Philippe II survenu à la fin de l'entretien.
Le Grand Inquisiteur veut faire arrêter l'Infant par ses gardes, mais Don Carlos s'enfonce dans la pénombre du cloître, où, sous les traits de l'Empereur mort, le Moine l'entraîne...
N.B. — La version primitive comprenait encore un acte initial, situé dans la forêt de Fontainebleau, où Elisabeth rencontrait Don Carlos, puis apprenait en sa présence la décision qui devait l'unir à Philippe II, et, au début de l'actuel IIe acte, un tableau comportant un duo entre Elisabeth et la Princesse Eboli et un grand ballet.
« On a généralement remarqué que, dans cet ouvrage, M. Verdi avait modifié son style, qu'il avait cherché à se plier au goût français ; et là-dessus on s'est lancé dans des théories auxquelles probablement le maître lombard n'a jamais pensé. On a semblé oublier qu'il n'avait écrit qu'une seule fois pour notre scène, et il y a longtemps : c'était son opéra des Vêpres siciliennes. Celui de Jérusalem n'était qu'un arrangement. Dans l'espace de douze années, il est bien naturel de penser que M. Verdi, dont les relations avec nos théâtres sont constantes, a dû acquérir une connaissance plus parfaite de notre langue, une expérience plus sûre du public français. Il n'a nullement modifié son tempérament artistique ; seulement il a composé sur des paroles françaises, et conséquemment la déclamation, les effets scéniques auxquels la bonne accentuation du texte n'est pas étrangère, la diction lyrique, tout cela est plus frappant de vérité, plus saisissant que dans les autres ouvrages dont la traduction, quelque habile qu'elle soit, ne peut que dissimuler les qualités de cette nature. Les fragments les plus beaux du nouvel ouvrage de M. Verdi sont la cavatine du marquis de Posa, la scène du troisième acte, dans laquelle l'infant Carlos embrasse la cause des députés flamands, l'air de Philippe II :
Je dormirai sous ces voûtes de pierre,
plein d'une sombre mélancolie, et l'air de la princesse d'Eboli. Don Carlos est l'œuvre d'un grand musicien ; mais il y a des longueurs, peu de variété, et moins de mélodie que dans les autres ouvrages du maître. En outre, la pièce, quoique empruntée au drame de Schiller, est d'un ennui mortel et n'offre au public que des impressions pénibles et désagréables.
Voici la distribution de cet ouvrage : Philippe II, Obin ; don Carlos, Morère ; le marquis de Posa, Faure ; le grand inquisiteur, Belval ; un moine, David ; Elisabeth de Valois, Mme Sass ; la princesse d’Eboli, Mme Gueymard ; un page, Mlle Levielli ; et pour la danse, Mlle Beaugrand.
C'est dans le drame de Schiller que les auteurs ont puisé les principaux éléments de la pièce. On sait que ce drame est en complet désaccord avec l'histoire, que tous les caractères sont faussés et que les idées émises par le poète allemand forment un anachronisme choquant avec celles qui avaient cours dans la seconde moitié du XVIe siècle. Don Carlos n'était pas un prince intéressant. Il était laid et cruel. Rien n'est moins prouvé que son amour malheureux avec Elisabeth. Il est établi seulement qu'il avait été fiancé très jeune avec cette princesse, et que Philippe II, son père, l'épousa à sa place pour cimenter l'alliance de la France et de l'Espagne. Dans le livret de l'opéra, on a suivi les inventions de Schiller, et il en est résulté une œuvre peu lyrique, profondément monotone et sombre, et n'offrant aucune figure sympathique, pas même celle du marquis de Posa. Au premier acte, qui se passe à Fontainebleau, les deux fiancés se voient pour la première fois, s'enflamment aussitôt l'un pour l'autre. Ce qui est plus invraisemblable, c'est qu'ils sont aussitôt invités à se séparer, Elisabeth devant épouser Philippe II et monter sur le trône d'Espagne. Le comte de Lerme apporte à la princesse l'ordre du roi de France, son père, et en obtient un consentement à peine articulé.
Au second acte, on assiste à la fin des obsèques de Charles-Quint au couvent de Saint-Just. La mort de cet empereur eut lieu effectivement en 1558, deux ans avant les noces de Philippe et d'Elisabeth. Il n'y a donc aucun doute sur la mort réelle de Charles-Quint. On verra au cinquième acte que le défunt n'est pas mort. Carlos fait connaître à son ami, le marquis de Posa, qu'il aime Elisabeth avec passion. Au lieu de chercher à l'en guérir, l'ami emploie son éloquence à obtenir pour lui une audience de la reine.
L'infant Carlos, notre espérance,
Vit dans le deuil et dans les pleurs,
…………………………………..…
Daignez le voir, daignez l'entendre !
Sauvez l'infant ! sauvez Carlos.
C'est un vilain rôle que celui-là, surtout pour un homme, pour un marquis au sort duquel les auteurs ont voulu que le public s'intéressât. Don Carlos demande à la reine qu'elle supplie le roi de l'envoyer loin d'elle, en Flandre ; puis il laisse éclater sa passion dans toute sa force. « Je t'aime, Elisabeth ! le monde est oublié. » Philippe II entre sur la scène, et, voyant la reine seule, sans sa dame d'honneur, conçoit des soupçons. Il exile la comtesse d'Aremberg en France, ce qui donne lieu aux touchants adieux que lui fait la jeune Elisabeth.
Le troisième acte est en partie consacré à un ballet allégorique. La comtesse Eboli, qui aime aussi don Carlos, surprend le secret des amants, et sa jalousie la porte à les perdre tous deux. Elle s'empare d'une cassette contenant le portrait de l'infant, et la fait parvenir venir au roi. Il y a à la fin de cet acte une procession de moines conduisant au supplice des victimes du tribunal de l'inquisition. C'est le tableau obligé dans un sujet espagnol. Les auteurs n'y ont pas manqué ; M. Verdi non plus. Ce dernier nous semblait cependant avoir peu de goût pour les bûchers, puisqu'il a préféré faire mourir de ses blessures sa Giovanna d'Arco, au siège de Compiègne et dans les bras du dauphin, son amant. Viennent ensuite des députés flamands, qui exposent les plaintes de leurs compatriotes. Don Carlos réclame, l'épée à la main, le gouvernement du Brabant et des Flandres. Philippe II résiste et fait conduire en prison son fils désarmé. L'émotion est générale.
Au quatrième acte, Elisabeth se plaint du vol dont elle a été victime ; le portrait de l'infant lui avait été donné alors qu'il était son fiancé ; mais le roi l'accable de paroles amères. La princesse Eboli est épouvantée du mal qu'elle a fait ; elle court se jeter aux pieds de la reine et lui avoue sa faute. Elisabeth la punit en lui donnant à choisir entre le cloître ou l'exil. Dans le tableau suivant, le marquis de Posa rend visite à don Carlos dans sa prison. Un arquebusier, aposté par l'ordre du roi, l'ajuste et lui envoie le coup mortel. Le marquis expire dans les bras de son ami en lui faisant les plus touchants adieux.
Au cinquième acte, Elisabeth et don Carlos se prodiguent d'amères consolations dans le couvent de Saint-Just. Le roi arrive et veut livrer son fils au saint office. Carlos résiste. Une sorte de lutte s'engage, dans laquelle l'infant recule vers le tombeau de Charles Quint. La porte du caveau s'ouvre, et l'empereur, revêtu du froc monastique et la couronne en tête, apparaît, ouvre ses bras à son petit-fils et le protège contre les entreprises de ses ennemis consternés. Qu'est-ce que cela veut dire ? Si Charles-Quint était encore vivant, on comprendrait qu'il sorte de sa retraite volontaire pour protéger l'infant contre la sévérité de son père ; mais il a été positivement enterré au second acte. Il est mort en 1558 ; or, nous sommes en 1560. C'est donc une apparition fantasmagorique et le plus étrange dénouement qu'on ait vu à l'Opéra depuis les tragédies lyriques de Lulli et de Rameau ; ce n'est pas là un dénouement. Le manteau impérial du spectre de Charles-Quint ne protège pas plus don Carlos et Elisabeth contre les fureurs du roi, qu'un cauchemar ne nous débarrasse la nuit d'une situation critique où nous nous retrouvons au matin. Il y a de grands efforts, dans cet ouvrage, pour produire de l'effet. L'adultère, les anachronismes, une fausse amitié, des sentiments de haine contre nature entre le père et le fils, la menace brutale d'un coup de poignard faite à une femme, une lâche délation commise par une jeune princesse à laquelle on s'est intéressé au second acte, des scènes lugubres et désagréables d'autodafé, enfin la scène inexplicable du tombeau, tout cela a déjà comprenais le succès de cet opéra, et, nous le croyons, lui fera toujours obstacle.
M. Verdi a cherché à changer sa manière en l'honneur de ce mauvais poème. Il a presque abandonné le terrain de la mélodie, où il est si à l'aise, pour aller à la découverte des phrases compliquées, des cadences évitées et d'une mélopée un peu vague, dans le goût de la nouvelle école allemande. On a remarqué la chanson du voile, le duo qui la suit, entre le marquis de Posa et la princesse Eboli, le grand duo dramatique de Carlos et d'Elisabeth, la musique du ballet allégorique et le finale du troisième acte, qui est le morceau capital de l'ouvrage, le monologue sombre de Philippe II, le dernier chant du marquis : Don Carlos, c'est mon jour suprême, les stances de la reine au couvent de Saint-Just. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Espérons d'ailleurs que la chère Wallmann [Margarete Wallmann, chorégraphe et metteur en scène autrichien], une vraie Parisienne maintenant, aura plus de chance avec le Don Carlos de Verdi à l'Opéra qu'avec l'Opéra d'Aran de Gilbert Bécaud. En passant, j'ai oublié de vous dire que l'œuvre immortelle de notre cher Gilbert n'avait pas tellement bien marché au Théâtre des Champs-Elysées. Mais ceci est une autre histoire.
Don Carlos est la première véritable « opération Georges Auric ». Mais déjà, dans les coulisses, on prétend que tout ne va pas pour le mieux. A la mi-janvier — alors que l'on attendait la chère Wallmann pour la fin du mois —, tous les chanteurs n'étaient pas encore engagés.
Jane Rhodes apprit un beau jour qu'elle tenait encore le rôle d'Eboli, pour lequel elle avait été pressentie depuis des mois. Mais comme la presse avait annoncé, entre-temps, que Consuelo Rubio avait signé un engagement pour le même rôle, on ne savait plus très bien où on en était. Quant aux chanteurs, ils désespéraient de répéter. Et dire qu'on les accuse de ne pas vouloir travailler !
Quant à M. Georges Auric, le bruit court une fois de plus qu'il voulait démissionner, parce qu'il n'était pas d'accord avec son cher conseiller artistique, Gabriel Dussurget. On imaginait qu'ils étaient les meilleurs amis du monde. Allez donc y comprendre quelque chose ! »
[Musica disques, mars 1963]
DON CÉSAR DE BAZAN
Mélodrame lyrique en trois actes, livret d’Adolphe Dennery et Jules Chantepie, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra-Comique le 30 novembre 1872. => fiche technique
DON FÉROCIO
Saynète bouffe en un acte, livret de Charles Blondelet et Félix Baumaine, musique de Frédéric Barbier, création à l’Eldorado le 23 octobre 1869. => fiche technique
DON GREGORIO ou LE PRÉCEPTEUR DANS L’EMBARRAS
Opéra-comique en trois actes, livret de Thomas Sauvage et Adolphe de Leuven, musique du comte Nicolò Gabrielli. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 décembre 1859, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Irma Sophie Pannetrat (Lucrézia), Marie Prost (Gilda) ; MM. Couderc (Don Grégorio), Eugène Crosti (le marquis Onorate), Warot (Luidgi), Constant Lemaire (Voltino), Nathan (Kirschmann). => partition
« La comédie du comte Giraud, le Précepteur dans l'embarras, a fourni la plupart des scènes de cet opéra-comique, comme elle avait déjà défrayé l'opéra de Donizetti, l'Ajo nell' imbarrazzo. La musique est agréable et écrite avec facilité. On a remarqué la complainte de Daniel dans la fosse aux lions, avec accompagnement d'orgue, et le trio de la répétition du Diable amoureux. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DON JAPHET D’ARMÉNIE
Opéra bouffe en trois actes, livret de Michel Carré fils et Guillot de Saix, musique de Charles Lecocq, non représenté.
DON JOSÉ DE GUADIANA
Opérette en un acte, livret de M. J. Charton, musique de M. E. Bach, représentée à Marseille, sur le théâtre du Gymnase, le 04 décembre 1873.
DON JUAN ou LE DÉBAUCHÉ PUNI
[Il Dissoluto punito ossia Don Giovanni]
Opéra italien en cinq actes de Lorenzo da Ponte (1749-1838), d'après une nouvelle espagnole de Tirso di Molina, musique de Wolfgang Amadeus Mozart (K.V. 527).
Personnages : Don Giovanni, gentilhomme débauché (baryton) ; Donna Anna, fiancée de Don Ottavio (soprano) ; le Commandeur, père de Donna Anna (basse) ; Don Ottavio (ténor) ; Donna Elvira, dame de Burgos abandonnée par Don Giovanni (soprano) ; Zerlina, paysanne, fiancée de Masetto (soprano) ; Masetto (baryton) ; Leporello, valet de Don Giovanni (basse bouffe) ; paysans, paysannes, serviteurs, musiciens.
L’action se déroule à Séville, au XVIIe siècle.
Créé à Prague, théâtre des Etats, le 29 octobre 1787, avec Mmes Teresa SAPORITI (Donna Anna), Catarina MICELLI (Donna Elvire), Teresa BONDINI (Zerline), MM. Luigi BASSI (Don Juan), Antonio BAGLIOLI (Ottavio), Felice PONZIANI (Leporello), Giuseppe LOLLI (Mazetto), sous la direction du compositeur.
Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra [Académie Impériale de Musique] (salle Montansier) le 17 septembre 1805, dans un arrangement musical de Chrétien Kalkbrenner, version française de Thuring et Baillot, ballet réglé par Gardel, décors de Protain fils, avec Mmes PELET (Donna Anna), ARMAND (Donna Elvire), FERRIÈRE (Zerline), MM. ROLAND (Don Juan), LAFORET (Ottavio), HUBY (Leporello), DEREVIS (Mazetto), BERTIN (le Commandeur). Le trio des masques y était chanté par trois policiers.
Repris à Paris, au Théâtre des Italiens, salle de l'Odéon, le 12 octobre 1811 dans la version originale.
Représenté en italien à l'Opéra de Paris le 02 décembre 1821 lors d'une représentation au bénéfice de Mme Courtin.
Première fois en français, dans une version française en 4 actes de Castil-Blaze, au Théâtre Lyrique de l'Odéon, à Paris, le 24 décembre 1827.
Une troupe allemande représenta l'ouvrage, dans la version allemande de Rochlitz et Schmidt, à l'Opéra-Comique à Paris, le 26 mai 1831.
Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) de 10 mars 1834, dans la version originale de Mozart en 5 actes, version française de Castil-Blaze et Emile Deschamps ; mise en scène d'Adolphe Nourrit ; divertissements de Jean Coralli ; décors de Charles Cicéri, Léon Feuchère, Edouard Despléchin, René Philastre et Charles Cambon ; costumes d'Edmond Duponchel ; avec Mmes FALCON (Donna Anna), DORUS-GRAS (Donna Elvire), CINTI-DAMOREAU (Zerline), MM. NOURRIT (Don Juan), LAFOND (Ottavio), LEVASSEUR (Leporello), DABADIE (Mazetto), DERIVIS (le Commandeur).
Première au Théâtre-Lyrique de la place du Châtelet le 08 mai 1866 dans une version française anonyme (peut-être due à Henri Trianon et Eugène Gautier) avec Mmes CHARTON-DEMEUR (Donna Anna), NILSSON (Donna Elvire), Caroline MIOLAN-CARVALHO (Zerline), MM. Auguste Armand BARRÉ (Don Juan), Pierre Jules MICHOT (Ottavio), Eugène TROY (Leporello), LUTZ (Mazetto), DEPASSIO, sous la direction de DELOFFRE.
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PRAGUE création 29.10.1787 |
PARIS ITALIENS 12.10.1811 |
PARIS ODEON 24.12.1827 |
PARIS OPERA-COMIQUE 26.05.1831 |
Donna Anna |
SAPORITI |
BARILLI |
MONDOVIL |
DEVRIENT |
Donna Elvire |
MICELLI |
FESTA |
BUFFARDIN |
ROSNER |
Zerline |
BONDINI |
NERI |
SCHUTZ |
PISTRICH |
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Don Juan |
Luigi BASSI |
TACCHINARDI |
LECOMTE |
FISCHER |
Ottavio |
BAGLIONI |
ANGRISANI |
DUPREZ |
HAITZINGER |
Leporello |
PONZIANI |
BARILLI |
MONDOVIL |
KREPS |
Mazetto |
LOLLI |
PORTO |
LEON |
WIEZER |
Commandeur |
ROBBI |
BENELLI |
LECLERE |
FURST |
Chef d’orchestre |
MOZART |
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Cependant, l'œuvre de Mozart était entrée à l'Académie Impériale de Musique à Paris (salle Montansier), le 17 septembre 1805, mais dans une version déformée, comportant un arrangement de Thuring et Baillot pour les paroles, et de KALKBRENNER pour la musique.
Les interprètes de cette création en France étaient :
Mmes PELET (Donna Anna), ARMAND (Donna Elvire), FERRIERE (Zerline).
MM. ROLAND (Don Juan), LAFORET (don Ottavio), HUBY (Leporello), DERIVIS (Mazetto), BERTIN (le Commandeur).
Danses réglées par Pierre GARDEL, dansées par Mlles VESTRIS, GARDEL, TAGLIONI, MM. Auguste VESTRIS, BRANCHU, BEAUPRE.
Chef d'orchestre : Jean-Baptiste REY
Première à l'Académie Royale de Musique (salle Le Peletier) le 10 mars 1834, avec la partition originale de Mozart, et dans une version en 5 actes de Castil-Blaze, Henri Blaze de Bury et Emile Deschamps — Mise en scène d'Adolphe NOURRIT.
Mmes FALCON (Donna Anna), DORUS-GRAS (Donna Elvire), CINTI-DAMOREAU (Zerline).
MM. Adolphe NOURRIT (Don Juan), LAFOND (don Ottavio), LEVASSEUR (Leporello), DABADIE (Mazetto), DERIVIS (le Commandeur).
Chef d'orchestre : François-Antoine HABENECK
« Les paroles chantées étaient du musicien Castil-Blaze ; mais le livret imprimé est de son fils et d'Émile Deschamps.
Décors remarquables de Cicéri, Feuchères, Despléchin, Léger, Philastre et Cambon. — Divertissements de Coralli. — Mise en scène de Duponchel.
Reprises : 31 mars 1841 avec Barroilhet pour don Juan et Mme Dorus, Nau et Catinka Heinefetter dans les rôles de donna Anna, Zerline et Elvire ; 02 avril 1866 avec Faure, Obin, Naudin, David, Caron, Mmes Gueymard, Saxe et Battu, et 6 décembre 1869 avec Faure, Mmes Julia Hisson, Miolan-Carvalho et Gueymard.
La centième représentation a eu lieu le 4 novembre 1872. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
100e représentation à l’Opéra le 12 mai 1866.
Mmes SASS (Donna Anna), MAUDUIT (Donna Elvire), BATTU (Zerline).
MM. FAURE (Don Juan), VILLARET (Ottavio), Louis-Henri OBIN (Leporello), Eugène CARON (Mazetto), DAVID (Commandeur).
Chef d'orchestre : Georges HAINL
De ce jour, l'ouvrage se maintint au répertoire de l'Opéra de Paris, mais non sans paraître sur d'autres scènes lyriques de la capitale : au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet), le 08 mai 1866, dans une version française anonyme (peut-être due à Henri Trianon et Eugène Gautier) ; à l'Opéra-Comique, les 17 novembre 1896 et 30 avril 1912.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 53 en 1866, 1 en 1867, 17 en 1869.
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THEATRE-LYRIQUE 08.05.1866 |
OPERA-COMIQUE 17.11.1896 |
OPERA-COMIQUE 30.04.1912 |
Donna Anna |
CHARTON-DEMEURE |
MARCY |
ESPINASSE |
Donna Elvire |
Christine NILSSON |
MARIGNAN |
VIX |
Zerline |
MIOLAN-CARVALHO |
DELNA |
Geneviève MATHIEU-LUTZ |
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Don Juan |
Auguste Armand BARRÉ |
MAUREL |
PERIER |
Ottavio |
MICHOT |
CLEMENT |
FRANCELL |
Leporello |
Eugène TROY |
FUGERE |
F. VIEUILLE |
Mazetto |
LUTZ |
Eugène BADIALI |
DELNOYE |
Commandeur |
DEPASSIO |
A. GRESSE |
PAYAN |
Chef d’orchestre |
DELOFFRE |
J. DANBE |
R. HAHN |
Première au Palais Garnier, le 29 novembre 1875 (210e représentation à l'Opéra) dans la version de Castil-Blaze est Emile Deschamps. Mise en scène de Léon Carvalho. Décors de Cambon (1er tableau du 1er acte et 4e acte), Lavastre et Despléchin (1er tableau du 2e acte et 3e acte). Chorégraphie de Louis MERANTE.
Mmes Gabrielle KRAUSS (Donna Anna), Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Donna Elvire), Caroline MIOLAN-CARVALHO (Zerline).
MM. Jean-Baptiste FAURE (Don Juan), VERGNET (don Ottavio), Pédro GAILHARD (Leporello), Eugène CARON (Mazetto), GASPARD (le Commandeur).
Chef d'orchestre : Ernest DELDEVEZ
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26.10.1887 287e |
26.10.1896 296e 07.11.1896 300e |
15.06.1897
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08.10.1902 341e |
08.05.1928 353e |
Donna Anna |
ADINI |
R. CARON |
MARCY |
GRANDJEAN |
DE MEO |
Donna Elvire |
LUREAU |
BOSMAN |
MARIGNAN |
HATTO |
BORN |
Zerline |
BOSMAN |
BERTHET |
PARENTANI |
CARRERE |
SCHUMANN |
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Don Juan |
LASSALLE |
RENAUD |
MAUREL |
DELMAS |
DUHAN |
Ottavio |
J. DE RESZKE |
VAGUET |
Adolphe MARÉCHAL |
VAGUET |
TAUBER |
Leporello |
E. DE RESZKE |
DELMAS |
FUGERE |
A. GRESSE |
MAYR |
Mazetto |
SENTEIN |
BARTET |
BADIALI |
BARTET |
MADIN |
Commandeur |
Eugène BATAILLE |
CHAMBON |
GRESSE |
CHAMBON |
MARKHOFF |
Chef d’orchestre |
VIANESI |
P. VIDAL |
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P. VIDAL |
F. SCHALK |
Le 14 mars 1934, l'ouvrage fut présenté à l’Opéra dans une nouvelle version d'Adolphe Boschot (2 actes et 10 tableaux) et une mise en scène de Pierre CHEREAU, Décors : projections lumineuses d'Ernest Klausz, avec Mmes Germaine LUBIN (Donna Anna), RITTER-CIAMPI (Donna Elvire), Solange DELMAS (Zerline), MM. André PERNET (Don Juan), VILLABELLA (Ottavio), Paul CABANEL (Leporello), Louis MOROT (Mazetto), Henri MEDUS (le Commandeur), sous la direction de Bruno WALTER.
"Depuis la première représentation, qui eut lieu à Prague, en 1787, Don Juan avait subi de la part d'arrangeurs sans pitié de nombreuses transformations : les coupures ne seraient rien à côté des additions, du découpage en trois ou quatre actes ; à l'Opéra même parut une adaptation de Kalkbrenner, avec solo de cor nouveau exécuté par l'auteur, F. Duvernoy ; en 1821, autre version de Castil Blaze ; en 1887, suprême arrangement en cinq actes par Emile Deschamps et Henri Blaze. Ce n'est qu'en 1912 que l'Opéra-Comique remonta un Don Juan en deux actes. La nouvelle version de M. Adolphe Boschot prétend à l'entière fidélité ; même le traducteur s'est efforcé de faire chanter les vocalises sur les mêmes voyelles que dans l'original. On peut donc déclarer que, cette fois, c'est le véritable opéra de da Ponte et Mozart qui paraît à Paris." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
En 1956, il fut repris à l’Opéra dans des décors et costumes dessinés par Jacques Marillier, mise en scène de José BECKMANS, danses réglées par Harald LANDER.
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14.03.1934 354e |
13.04.1935* 343e |
30.05.1936** 348e |
01.12.1941 377e |
25.10.1946 390e |
21.12.1956 420e |
15.04.1957*** 585e |
Donna Anna |
Germaine LUBIN |
Germaine LUBIN |
GIANNINI |
LUBIN |
FERRER |
Régine CRESPIN |
Berthe MONMART |
Donna Elvire |
RITTER-CIAMPI |
RITTER-CIAMPI |
Hilde KONETZNI |
HOERNER |
HOERNER |
Jacqueline BRUMAIRE |
Jacqueline BRUMAIRE |
Zerline |
Solange DELMAS |
Solange DELMAS |
Lotte SCHOENE |
MAHE |
MAHE |
MICHEAU |
Lena PASTOR |
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Don Juan |
André PERNET |
André PERNET |
PINZA |
BECKMANS |
A. PERNET |
E. BLANC |
Michel ROUX |
Ottavio |
VILLABELLA |
VILLABELLA |
Dino BORGIOLI |
JOUATTE |
JOUATTE |
GIRAUDEAU |
Alain VANZO |
Leporello |
Paul CABANEL |
Paul CABANEL |
Virgilio LAZZARI |
Paul CABANEL |
Paul CABANEL |
Louis NOGUERA |
Louis NOGUERA |
Mazetto |
Louis MOROT |
Louis MOROT |
Karl ETTL |
MOROT |
NOGUERA |
Robert MASSARD |
Michel FOREL |
Commandeur |
MÉDUS |
MÉDUS |
W. ZITEK |
MÉDUS |
SANTANA |
CHAPUIS |
Jacques MARS |
Chef d’orchestre |
B. WALTER |
Paul PARAY |
B. WALTER |
H. RABAUD |
M. FRANCK |
FOURESTIER |
George SEBASTIAN |
* Menuet : Mlles Sertelon, Decarli, Guillot, Chauviré ; MM. Ponti, Pelletier.
** en italien, par les interprètes du dernier Festival de Salzburg. Projections lumineuses de M. Klausz, mise en scène d'Erbert Graf. Menuet : Mlles JANINE, GUILLOT, DECARLI, SERTELON. MM. PONTI, PELLETIER.
*** Soirée réservée aux Jeunesses Musicales de France. Danses : MM. Jodel, Lefevre, Blanc, Touroude - Mlles Manal, Bizet, Bassi, Souard, Delaubier, Javillard, Montbazon, Delini, Foret, Mons, Jouachim, Mallarte - MM. Parres, Rechal, Mallarte, Rousselle, Romand, Davesne.
Reprise à l’Opéra du 23 novembre 1960 (448e représentation) : Mmes STICH-RANDALL - débuts - (Donna Anna), BRUMAIRE (Donna Elvire), SABRAN (Zerline), MM. BACQUIER (Don Juan), VANZO (Ottavio), NOGUERA (Leporello), GERMAIN (Mazetto), CHAPUIS (Commandeur). Chef d'orchestre : Maurice LE ROUX (débuts).
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Donna Anna : Mmes Rosine STOLTZ (1838), DORUS-GRAS (1841), HISSON (1869), ARNAL (1872), VIDAL (1873), FERUCCI (1874), DUFRANE (1887), LAFARGUE (1896), FEART (1902), Marjorie LAWRENCE (1934), GIANNINI (1936), SEGALA (1942), VARENNE (1947), CROISIER (1949), MONMART (1957), LUCAZEAU (1957), MAS (1959).
Donna Elvire : Mmes DABADIE (1834), WIDEMAN (1838), HEINEFFETER (1841), DEVRIES (1872), FURSCH-MADIER (1876), FOUQUET (1876), BAUX (1876), FRANCK-DUVERNOY (1880), HAMMAN (1880), DUFRANE (1881), d'ERVILLY (1887), CANNE (1897), DARCEY (1898), DEMOUGEOT (1902), KONETZNI (1936), DELPRAT (1942), COURTIN (1946), BONI (1947), CUMIA (1957), GUIOT (1961).
Zerline : Mmes JAWURECK (1834), NAU (1836), Antoinette ARNAUD (1870), THIBAULT (1871), LORY (1874), DARAM (1876), HEILBRONN (1880), VACHOT (1880), GRISWOLD (1881), DE VERE (1881), ISAAC (1884), SAROLTA (1887), VERLET (1904), SCHOENE (1936), TOUZET (1942), SAINT-ARNAUD (1947), SABATTIER (1947), PASTOR (1957), RENAUX (1957), LEGER (1957).
Don Juan : MM. DERIVIS (1837), BARROILHET (1841), Jacques BOUHY (1879), MAUREL (1880), NOTÉ (1897), PINZA (1936), ETCHEVERRY (1942), ROUX (1957).
Don Ottavio : MM. A. DUPONT (1834), François WARTEL (1834), NAUDIN (1866), WAROT (1867), Edouard Adolphe COLIN (1867), BOSQUIN (1872), ACHARD (1874), DEREIMS (1881), IBOS (1887), Léon BEYLE (1897), LAFFITTE (1899), SCAREMBERG (1904), DUBOIS (1904), RAMBAUD (1934), BORGIOLI (1936), CORAZZA (1961).
Leporello : MM. DERIVIS (1834), SERDA (1838), Adolphe ALIZARD (1841), CASTELMARY (1868), BERARDI (1879), FOURNETS (1897), LAZZARI (1936), CLAVERIE (1942), GIOVANNETTI (1957), LINSOLAS (1960).
452 représentations à l’Opéra dont 243 au Palais Garnier au 31.12.1961.
Première à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 17 novembre 1896, dans une version française de Louis V. Durdilly. Décors d’Eugène Carpezat, Marcel Jambon, Auguste Rubé et Marcel Moisson. Costumes de Théophile Thomas. Mise en scène de Léon Carvalho.
Mmes Jane MARCY (doña Anna), Jane MARIGNAN (doña Elvire), Marie DELNA (Zerline).
MM. Victor MAUREL (don Juan), Edmond CLÉMENT (Ottavio), Lucien FUGÈRE (Léporello), Eugène BADIALI (Mazetto), André GRESSE, — débuts — (le Commandeur).
Clavecin tenu par E. Bourgeois. — Mandoliniste : Pietrapertoza.
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
50e représentation à l'Opéra-Comique le 19 mars 1897 avec la même distribution, sauf Mme PARENTANI (Zerline) et M. MONDAUD (don Juan).
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05.11.1904 Opéra-Comique (77e) |
30.04.1912 Opéra-Comique (88e)* |
29.06.1912 Opéra-Comique (100e) |
07.01.1922 Opéra-Comique (112e) |
09.04.1922 Opéra-Comique (125e)** |
Doña Anna |
J. MARCY |
ESPINASSE |
Marthe CHENAL |
Y. GALL |
BALGUERIE |
Doña Elvire |
GUIONIE |
G. VIX |
HEILBRONNER |
VALLANDRI |
VALLANDRI |
Zerline |
B. ABOTT |
Geneviève MATHIEU-LUTZ |
Geneviève MATHIEU-LUTZ |
M. CARRÉ |
FAMIN |
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Don Juan |
M. RENAUD |
J. PÉRIER |
J. PÉRIER |
VANNI-MARCOUX |
André BAUGÉ |
Ottavio |
CLÉMENT |
FRANCELL |
FRANCELL |
CAZETTE |
CAZETTE |
Leporello |
FUGÈRE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
DUPRÉ |
DUPRÉ |
Mazetto |
DELVOYE |
DELVOYE |
DELVOYE |
H. AUDOIN |
H. AUDOIN |
le Commandeur |
HUBERDEAU |
PAYAN |
PAYAN |
AZÉMA |
AZÉMA |
Chef d’orchestre |
A. LUIGINI |
R. HAHN |
A. WOLFF |
P. VIDAL |
P. VIDAL |
* Pour la reprise du 30 avril 1912 l'œuvre fut remontée par Albert Carré dans une version en 2 actes et 9 tableaux de Paul Ferrier avec des décors de Jusseaume et Bailly, des costumes de Marcel Multzer et un ballet réglé par Mme Mariquita.
** Le 09 avril 1922 : divertissement réglé par Mme Stichel.
Depuis 1922 cet ouvrage n'a plus été affiché salle Favart, mais il a reparu au Théâtre National de l'Opéra le 14 mars 1934.
126 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 50 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Résumé.
Le Don Juan de Mozart comprend deux longs actes, composés d'un grand nombre de scènes, toutes chantées, mais dont certaines n'utilisent que le récitatif (recitativo secco et récitatif accompagné), d'autres se développant en airs, duos, trios, quatuors et ensembles extrêmement variés.
C'est l'histoire de l'éternel séducteur qui, par bravade, invite à souper la statue funèbre de sa victime. La statue répond à son appel et l'entraîne avec elle dans l'abîme.
Au 1er acte, on assiste à la mort du Commandeur, puis, après les plaintes d'Elvire, épouse abandonnée de Don Juan, que Leporello console à sa manière, à l'arrivée du couple de paysans Masetto-Zerlina. Cependant que Donna Anna, la fille du Commandeur, fait jurer vengeance à son fiancé Ottavio, Don Juan invite tout le monde à un bal qui tourne au tragique ; le séducteur n'y échappe à ses poursuivants qu'à la faveur de son épée.
Au 2e acte, après diverses scènes secondaires, en particulier celle où Don Juan, ayant fait échange de vêtements avec Leporello, donne la sérénade à Elvire, et celle où Masetto, rossé par Leporello, est consolé par Zerlina, Don Juan et son valet se retrouvent au cimetière, devant la statue du Commandeur. Invitée à souper, la statue répond affirmativement de la tête et se présente au beau milieu du repas. Don Juan meurt et la pièce conclut par une « moralité » dans le goût du temps.
Lieu : une ville espagnole ; époque indéterminée.
ACTE I.
1er TABLEAU : Devant la maison du Commandeur.
Scènes I et 2. — Leporello, serviteur de Don Juan, monte la garde en maugréant contre son état de valet [Air de Leporello : Notte e giorno...]. Donna Anna surgit, poursuivant Don Juan qui s'est introduit chez elle et a tenté de lui faire violence. Attiré par les clameurs, le Commandeur arrive à son tour. Tandis que Donna Anna fuit, il provoque le ravisseur en duel. En quelques passes, le débile vieillard est à terre, mortellement frappé. Don Juan et Leporello décampent prestement.
Scène 3. — Donna Anna et Don Ottavio découvrent le cadavre du Commandeur, et jurent de tirer vengeance de ce crime [Air de Donna Anna : Fuggi, crudele...].
2e TABLEAU : Une rue, au point du jour.
Scènes 4, 5 et 6. — Leporello tente, sans succès, de faire la morale à son maître. Arrive Donna Elvira, épouse délaissée de Don Juan, à laquelle le volage, qui ne la reconnaît pas tout d'abord, tente de faire la cour. Donna Elvira l'accable de reproches. Don Juan laisse à Leporello le soin de lui expliquer qu'elle n'a pas été sa seule victime, puisque, sur la liste que le coquin tient soigneusement à jour, « rien qu'en Espagne, il y en a déjà mille et trois !... » [Air de Leporello : Madamina...].
Scènes 7 et 8. — A Elvire succède une joyeuse noce villageoise. Don Juan et Leporello y tombent dessus à l'improviste. Don Juan entreprend immédiatement la conquête de Zerlina, la fiancée, tandis que Leporello distrait Masetto, le mari. Mais Masetto se sent bientôt trahi [Air de Masetto : Ho ! capito...], et rumine des projets de vengeance. Leporello l'entraîne.
Scènes 9 et 10. — Don Juan achève alors la conquête de Zerlina [Duettino Don Juan-Zerlina : Là ci darem la mano...]. Toutefois, lorsqu'il va l'entraîner, survient Donna Elvira qui met en garde la pauvrette [Air de Donna Elvira, dit « Air en ré » : Ah fuggi il traditor !...] et l'emmène avec elle.
Scènes 11 et 12. — Don Juan enrage. Il rencontre Donna Anna et Don Ottavio, dont la méfiance n'est pas encore éveillée ; mais Donna Elvira, revenue, leur ouvre les yeux [Quatuor : Non ti fidar...].
Scène 13. — Donna Elvira partie et Don Juan aussi, Donna Anna fait à Don Ottavio, terrifié, le récit de l'attentat dont elle fut victime, jurant de se venger [Air de Donna Anna : Or sai chi l'onore...].
Scène 14. — L'élégiaque fiancé de Donna Anna exhale son amour dans l'Air célèbre : Dalla sua pace (qui ne figurait pas dans la première version de Don Juan et fut composé par Mozart pour les représentations de Vienne, où il fut tout d'abord chanté au deuxième acte, par le ténoriste Morella, en lieu et place de l'air Il mio tesoro).
3e TABLEAU : Devant l'entrée du palais de Don Juan.
Scène 15. — Ce tableau, fréquemment joué dans le même décor que le précédent, débute par l'Air de Don Juan dit « Air du Champagne » : [Fin ch'an dal vino...], puis vient (scène 16) une scène de jalousie entre Masetto et Zerlina qui rassure son épais fiancé [Air de Zerlina : Batti, batti, bel Mazetto...]. Mais, tout aussitôt, la voix du séducteur, retentissant à la cantonade, ranime l'émoi de Zerlina et la fureur de Masetto.
Ici commence, par une vraie petite scène conjugale, le grandiose Finale du premier acte :
Scène 17. — Don Juan prépare une fête, à la faveur de laquelle il compte arriver à ses fins.
Scène 18. — Zerlina, voulant se cacher dans un bosquet, est serrée de près par Don Juan [Duetto dit « de l’Oiseau pris » : Tra quest' arbori celata...].
Scène 19. — Don Ottavio, Donna Anna et Donna Elvira, masqués, s'avancent. Sur l'ordre de Don Juan, Leporello les invite et ils acceptent. Suit l'incomparable Adagio dit « Trio des Masques » [Protegga il giusto cielo...], puis le décor change.
4e TABLEAU : Salle des fêtes, chez Don Juan.
Scène 20. — Scène brillante, dans une atmosphère de frénésie, au milieu de laquelle Zerlina s'amuse comme une paysanne fascinée par les lumières. Masetto boude et chacun le reprend pour sa mauvaise humeur.
Une entrée en forme de Marche (Maestoso) signale l'arrivée des trois masques, qui chantent avec Don Juan et Leporello le « Chœur de la Liberté » [Viva la libertà !...]. Pendant que les trois orchestres du bal jouent, le premier un Menuet, les deux autres une Contredanse, l'intrigue se développe, Leporello cherchant à faire danser Masetto tandis que Don Juan entraînera Zerlina dans une chambre voisine. Un cri de femme déclenche une agitation générale ; Zerlina appelle au secours et apparaît, échevelée. Don Juan faux justicier, vient alors, tenant Leporello par la peau du cou. Don Ottavio s'avance, pistolet à la main, et les trois masques se découvrent, révélant à Don Juan qu'ils connaissent tous ses crimes [Grand Chœur des cinq Accusateurs : Trema, o scellerato !...]. L'orage éclate au dehors ; les éclairs jettent de sinistres lueurs sur les restes décomposés de la fête. A la pointe de l'épée, le coupable se fraie un chemin et disparaît.
ACTE II.
1er TABLEAU : Une rue.
Scène 1. — Une querelle domestique oppose tout d'abord le maître et le valet, qui se réconcilient pour finir et font l'échange de leurs vêtements.
Scènes 2 et 3. — Donna Elvira chante à sa fenêtre, tandis que Don Juan s'apprête à donner sérénade à la propre camériste d'Elvire, que, présentement, il s'est mis en tête de courtiser [Sérénade de Don Juan : Deh vieni alla finestra...].
Scènes 4, 5 et 6. — Don Juan, toujours travesti en Leporello, voit arriver, au lieu de la femme de chambre convoitée, Masetto avec une bande de paysans armés, à sa recherche. Il a vite fait de les égarer tous et rosse pour son compte Masetto, que Zerlina console de son mieux [Air de Zerlina, dit « Air du Pharmacien » : Vedrai carino, se sei buonino...].
2e TABLEAU : Un lieu sombre (La « cour du mauvais rêve »), attenant à la demeure de Donna Anna.
Scènes 7 et 8. — A la faveur de son déguisement, Leporello a entraîné Donna Elvira dans cet endroit d'où il cherche maintenant à s'échapper, mais la retraite lui est coupée par Donna Anna, Don Ottavio, Zerlina et Masetto. Suit un long Sextuor où remuent tous les sentiments complexes qui agitent les personnages. La mort du misérable est décidée, en dépit des supplications d'Elvira qui pardonnerait volontiers au coupable s'il revenait à elle ; mais, ô surprise, c'est Leporello que l'on découvre sous le manteau du séducteur !
Scène 9. — La scène précédente se poursuit, dans un caractère réaliste, et Leporello implore la pitié sur un ton de basse flatterie ; après quoi, brusquement, le drôle s'esquive...
Scène 10. — Don Ottavio s'avance et renouvelle à Donna Anna ses déclarations, invitant ceux qui l'entourent à « aller consoler son trésor [Air de Don Ottavio : Il mio tesoro...].
3e TABLEAU : La maison de Donna Elvira.
Scène 10 c. — Seule scène conservée, dans les exécutions actuelles, de toute la série que Mozart composa après coup pour satisfaire au goût du public viennois : Donna Elvira, seule à sa fenêtre, entrevoit la colère du ciel, et sa justice qui ne peut plus tarder [Récit : In quali eccessi, o Numi...]. Trahie et abandonnée, son sentiment est encore rempli de pitié pour l'infâme [Air de Donna Elvira : Mi tradi quell' alma ingrata...].
4e TABLEAU : « Lieu clos en forme de cimetière ; plusieurs statues équestres ; la statue du Commandeur ».
Scène 11. — Don Juan, toujours sous les habits de Leporello, saute par-dessus le mur en éclatant de rire. Leporello le rejoint et ils reprennent chacun son propre vêtement. Le rire de Don Juan est interrompu par la voix de la statue du Commandeur : Di rider finirai pria dell'aurora... Leporello tremble comme une feuille. Don Juan oblige son valet à lire l'inscription qui figure sur le socle de la statue : « De l'impie qui m'a conduit au pas de la mort, j'attends ici la punition », mais n'y prête aucune attention. Par dérision il ordonne à Leporello d'inviter le soir même ce « très grotesque vieillard » à souper. Leporello s'exécute en tremblant ; la statue fait un geste affirmatif.
5e TABLEAU : L'oratoire de Donna Anna.
Scène 12. — Don Ottavio dialogue avec Donna Anna, qui semble vouloir expliquer le caractère fatal de l'amour qui l'attache, malgré elle, à Don Juan [Grand Air de Donna Anna, dit « Air de l’Oratoire » ou, parfois, « Air de la Lettre » : Non mi dir...].
6e TABLEAU : La salle à manger de Don Juan.
Scène 13. (Finale) — Don Juan, servi par Leporello, festoie joyeusement au son de la musique qui reproduit plusieurs airs fameux à l'époque (de Soler, de Sarti et même le Non più andrai, des Noces de Figaro).
Donna Elvira tente une dernière démarche auprès de l'infidèle, mais elle ne s'attire qu'outrages et railleries. En sortant, elle pousse un grand cri. Va voir ! ordonne Don Juan à Leporello. Le valet rentre en flageolant, car la statue du Commandeur s'avance dans le vestibule. Don Juan, plein de crânerie, va au-devant de son hôte. Le Commandeur invite à son tour Don Juan à souper avec lui dans la tombe. Sans trembler, Don Juan saisit la main tendue, mais il pousse aussitôt un cri de douleur : la statue a refermé sa main sur la sienne et disparaît en l'entraînant avec elle dans l'abîme. Leporello est cloué au sol par la terreur.
Scène dernière (longtemps supprimée, mais généralement rétablie aujourd'hui). — Donna Anna, Don Ottavio, Donna Elvira, Masetto et Zerlina surviennent et concluent, avec Leporello, en se réjouissant de la punition du coupable. La douleur de Donna Anna est toutefois si grande qu'elle demande à Don Ottavio un délai d'un an avant de devenir son épouse [Sextuor final : Ah dov'è il perfido...].
« Mozart fut si satisfait de la manière dont la troupe de Bondini avait chanté ses Noces de Figaro, écrites en 1786 pour Vienne, qu'il convint, avec le directeur de cette troupe, de charger l'abbé Da Ponte, qui avait déjà arrangé pour la scène lyrique le Mariage de Figaro de Beaumarchais, de tailler un livret dans le Festin de pierre de Molière et d'en faire un opéra, da metersi in musica. Mozart s'engageait à remettre la partition achevés pour la saison d'automne, moyennant le prix de 100 ducats (1,200 fr.). Mozart revint à Prague vers la fin de l'été, et il livra son opéra le 28 octobre. Il est bien extraordinaire qu'un tel ouvrage ait pu être appris en sept jours. Mais ce sont les dates de l'histoire.
Le sujet de Don Juan appartient originairement au poète espagnol Tirso de Molina. Nous venons de voir qu'il a été traité successivement par Albertini, Righini, Fabrizzi et Gazzaniga. Scudo, dans la Revue des deux Mondes d'abord, puis dans son livre intitulé : Critique et littérature musicale, a publié un travail long et bien fait sur Don Juan. Comme il a résumé tout ce qui a été écrit sur les différentes parties de ce chef-d’œuvre depuis un demi-siècle, nous en donnons des extraits en retranchant les tirades soi-disant philosophiques et les citations peu exactes qui étaient familières à l'écrivain. « Le caractère de don Juan a été le sujet de nombreux commentaires. La critique a souvent agité la question de savoir si Tirso de Molina était le véritable créateur de ce type de la passion révoltée, et quels étaient les emprunts qu'a pu faire à l'écrivain espagnol l'auteur du Misanthrope. Il ne saurait y avoir de doute pour nous sur l'origine de ce caractère étrange : il est sorti tout vivant de la légende du moyen âge fécondée par l'imagination espagnole, du mélange de la foi chrétienne et de la fantaisie populaire. C'est là que le premier et obscur chroniqueur espagnol qui s'est occupé de ce personnage héroïque en a puisé l'histoire. C'est aussi dans la légende chrétienne, modifiée par l'imagination du peuple allemand, que Goethe a trouvé le caractère tout métaphysique du docteur Faust. Trois conditions sont nécessaires, en effet, pour que le caractère de don Juan puisse exister et se produire : 1° un dogme qui refrène les appétits de la chair, qui fasse du mariage une institution divine, et de la vie future une conséquence du gouvernement de la Providence ; 2° le respect de la femme ordonné par la religion, sanctionné par les lois et les mœurs ; 3° la fougue des passions, l'impérieuse vivacité des désirs, l'instinct de la liberté enfin prenant sa source dans la rigueur de la règle même qui en comprime l'essor ; car, pour qu'il y ait de l'héroïsme à braver la loi, il faut qu'elle existe, appuyée de toutes les forces de la société, et qu'on ne puisse échapper à la pénalité qu'elle inflige dans ce monde qu'en tombant sous les coups de la justice éternelle. Il faut qu'il y ait au-dessus de la vie un juge suprême, qui donne raison à la conscience et rétablisse l'ordre troublé par le vice triomphant. Don Juan était un caractère impossible chez les Grecs et chez les Romains. Il est un produit de la poétique du christianisme ; et sans la religion qui condamne l'abus des plaisirs et qui enseigne l'immortalité de l'âme, les crimes de ce héros moderne ne seraient que les peccadilles d'un sybarite ou d'un bel esprit de l'antiquité... »
Mozart avait trente et un ans. Il venait de perdre son père, pour lequel il n'avait jamais cessé d'avoir la plus tendre affection, et quatre mois après, son plus intime ami, le docteur Sigismond Barisani, premier médecin de l'hôpital de Vienne. Mozart, dont la santé était depuis longtemps chancelante, ressentit un chagrin profond et une atteinte mortelle de cette double perte. « C'est dans de telles dispositions qu'il partit pour Prague avec le libretto de Don Giovanni, dont il avait tracé les principales idées et achevé même plusieurs morceaux. Suivi de sa femme, il descendit d'abord à l'hôtel des Trois-Lions, sur la place au Charbon. Quelques jours après, il accepta un logement dans la maison de son ami Dussek, située à l'extrémité d'un faubourg pittoresque qui domine la ville. C'est là, dans une chambre bien éclairée, ayant sous ses fenêtres l'aspect réjouissant des beaux vignobles de Kosohirz chargés de fruits, de parfums et de feuilles jaunissantes, où venaient expirer les rayons mélancoliques du soleil d'automne ; c'est là que Mozart a terminé le poème où gémit encore son âme immortelle. C'est pendant les heures tranquilles de la nuit que Mozart, comme Beethoven, aimait à travailler, et qu'il trouvait ses plus heureuses inspirations. Séparé ainsi du monde extérieur, débarrassé des soucis vulgaires de la vie, promenant son regard ému dans l'infini des cieux, en face de son piano et de son idéal, il s'abandonnait au souffle du sentiment qui l'enlevait sur ses ailes divines. » La composition de la troupe Bondini, pour laquelle Mozart a écrit son chef-d’œuvre, était des plus satisfaisantes. Voici quelle était la distribution des rôles : don Giovanni, signor Bassi, âgé de vingt-deux ans, belle voix de baryton, chanteur et comédien excellent ; donna Anna, signora Teresa Saporiti, voix magnifique de soprano sfogato ; donna Elvira, signora Catarina Micelli, talent d'expression ; Zerlina, signora Catarina Bondini, femme du directeur ; don Ottavio, signor Antonio Baglioni, voix de ténor douce et flexible ; Leporello, signor Felice Ponziani, basso comico excellent : don Pedro et Masetto, signor Giuseppe Lolli. Mozart dirigeait toutes les répétitions. Il appelait chez lui les chanteurs pour les faire étudier, leur donnant ses conseils sur la manière d'exécuter tel ou tel passage, les éclairant sir le caractère du personnage qu'ils représentaient, et se montrant très difficile sur le fini des détails et la précision de l'ensemble. Il reprochait souvent aux virtuoses de presser trop les mouvements et d'altérer par leur pétulance italienne la grâce de ses mélodies. A la première répétition générale, peu satisfait de la manière dont la signora Bondini exprimait la terreur de Zerlina dans le finale du premier acte, lorsque, entraînée par don Juan, elle jette le cri sublime de la pudeur au désespoir, Mozart quitta subitement l'orchestre et monta sur la scène. Il fit recommencer le finale à partir du minuetto. Caché derrière une coulisse, il attendit le passage en question, et puis s'élança tout à coup sur la Bondini, qui, fort effrayée, poussa un cri aigu. « Voilà qui est bien, dit-il : c'est ainsi qu'il faut crier. » Quand on fut arrivé à la scène du second acte, où don Juan apostrophe la statue du commandeur, qui lui répond : Di rider finirai... ce récitatif mesuré, d'un si admirable caractère, n'était d'abord accompagné que par trois trombones. Comme l'un des trombonistes attaquait toujours faux la note qui lui était confiée, Mozart s'approcha de son pupitre pour lui expliquer la manière de s'y prendre. Blessé dans son amour-propre, le musicien lui répliqua avec aigreur : « On ne joue pas ainsi du trombone, et ce n'est pas de vous que je l'apprendrai. — Vous avez raison, lui répondit en riant Mozart ; Dieu me garde de vouloir vous enseigner ce que vous savez mieux que moi! Mais veuillez avoir la bonté de me donner un instant votre partie, j'arrangerai cela d'une manière plus commode... » Et d'un trait de plume il ajouta à l'accompagnement primitif trois hautbois, trois clarinettes et trois bassons.
» On sait comment fut écrite l'ouverture de Don Juan. La veille de la première représentation, Mozart passa gaiement la soirée avec quelques amis. L'un de ceux-ci lui dit : « C'est demain que doit avoir lieu la première représentation de Don Giovanni, et tu n'as pas encore terminé l'ouverture ! » Mozart feignit un peu d'inquiétude, se retira dans sa chambre, où l'on avait préparé du papier de musique, des plumes et de l'encre, et se mit à composer vers minuit. Sa femme, qui était à côté de lui, lui avait apprêté un grand verre de punch, dont l'effet, joint à la fatigue extrême, assoupissait fréquemment le pauvre Mozart. Pour le tenir éveillé, sa femme se mit à lui raconter des contes bleus, et trois heures après il avait terminé cette admirable symphonie. Cependant, ainsi que le fait observer très judicieusement M. Oulibicheff, ce miracle est peut-être moins grand qu'on ne le pense, Mozart, comme Rossini, ayant l'habitude de composer de tête ses plus grands morceaux, les gardait très longtemps dans sa mémoire, et, lorsqu'il se mettait à écrire, il ne faisait guère que copier. Il est au moins probable que c'est ainsi qu'a été composée l'ouverture de Don Juan. Le lendemain à sept heures du soir, un peu avant le lever du rideau, les copistes n'avaient pas encore fini de transcrire les parties d'orchestre. A peine avaient-ils apporté les feuilles encore humides, que Mozart fit son entrée à l'orchestre et se mit au piano, salué par de nombreux applaudissements. Quoique les musiciens n'eussent pas eu le temps de répéter l'ouverture, conduits par un chef habile, Strobach, ils l'exécutèrent à première vue avec une telle précision, que l'assemblée éclata en transports d'enthousiasme. Pendant que Leporello chantait l'introduction, Mozart dit en riant à ses voisins : Quelques notes sont tombées sous les pupitres ; néanmoins l'ouverture a bien marché.
» Le succès de Don Juan fut immense : chaque morceau fut redemandé, et la ville de Prague se montra digne du grand homme qui lui avait donné un pareil chef-d’œuvre. L'opéra de Don Juan, après avoir été représenté pendant une quinzaine d'années consécutives par une troupe de chanteurs italiens qui desservait les villes de Leipzig et de Prague, fut traduit en langue bohême, et mis ainsi à la portée du peuple, qui s'en montra tout aussi bon appréciateur que les classes supérieures pour lesquelles il avait été composé.
» Don Juan fut représenté à Vienne en 1788. Mozart ajouta alors à la partition primitive quatre nouveaux morceaux : 1° l'air de Leporello, au second acte : Ah ! pieta signori miei ! 2° le duo entre Leporello et Zerlina : Per queste tue manine ; 3° l'air de donna Elvira : Mi tradi quell' alma ingrate ! 4° celui de don Ottavio : Della sua pace. Cette partition n'eut pas à Vienne le retentissement qu'elle avait obtenu dans la capitale de la Bohême. Comprise par quelques esprits d'élite et par les maîtres de l'art, le public resta presque indifférent devant une si grande merveille. Il courait en foule applaudir la Tarare de Salieri, dont on a oublié jusqu'au nom, et laissait donna Anna exhaler sa douleur dans une salle déserte. Mozart, qui a toujours eu la conscience de son génie, et qui savait que Don Juan en était l'expression la plus parfaite, disait, pour se consoler de l'indifférence du public viennois : « Don Juan a été composé pour les habitants de la ville de Prague, pour quelques-uns de mes amis et surtout pour moi. » Un jour que l'opéra de Don Juan était critiqué avec amertume devant Haydn, celui-ci répondit avec la modestie d'un grand maître : « Il est difficile de décider qui de vous a raison, messieurs; tout ce que je puis dire, c'est que Mozart est le plus grand compositeur qui existe en ce moment. »
» Don Juan fut représenté à Berlin le 12 octobre 1791. Excepté deux critiques célèbres, Reichard et Runzen, qui apprécièrent dignement le chef-d’œuvre de Mozart, cette magnifique création passa inaperçue du public ordinaire. Mozart n'a pu jouir du bonheur ineffable d'entendre interpréter comme il l'avait conçu le drame de son cœur. Il en est presque toujours ainsi de ces grandes conceptions de l'esprit humain qui devancent le temps, et qui sont destinées à faire l'éducation de la postérité. Ce n'est qu'après la mort du sublime compositeur, et à partir des premières années de ce siècle, que les compatriotes de Mozart commencèrent à goûter la musique de Don Juan, qui dès lors se répandit dans tout le nord de l'Europe. A Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Londres, Don Juan devint l'opéra favori de cette partie des classes supérieures qui cultive les beaux-arts. Il ne pénétra en Italie que vers 1814. Il fallut des mois entiers de pénibles études avant qu'une société d'amateurs d'élite parvînt à le déchiffrer d'une manière supportable ; mais jamais la nation italienne ni les autres peuples du Midi n'ont pu se familiariser avec cette musique d'un spiritualisme si profond. Les virtuoses italiens, sauf de rares exceptions, se sont toujours montrés hostiles au génie de Mozart, et il n'y a pas longtemps qu'une cantatrice célèbre disait, à une répétition générale de Don Juan : Non capisco niente a questa maledetta musica.
L'ouverture en ré mineur est une véritable introduction instrumentale au drame lui-même. Elle en reproduit le caractère dominant, et telle était bien l'intention de Mozart, puisqu'il ne lui a pas donné de terminaison, mais l'a enchaînée à l'air de Leporello, qui sert de début à l'ouvrage. Les quatre principaux personnages apparaissent successivement sous les traits les plus saillants de leur caractère, et le choc qui les rapproche et engage l'action fait jaillir de sombres pressentiments. Cette introduction se divise en quatre épisodes. Enveloppé de son manteau et assis devant la porte d'une maison espagnole où don Juan a pénétré furtivement pendant la nuit, Leporello se lamente sur le sort qui le condamne à servir. Il chante une sorte de récitatif mesuré d'un rythme franc, d'un caractère plein de rondeur. La phrase incidente par laquelle Leporello exprime l'intention d'abandonner son état et de se faire aussi homme de qualité :
Voglio far il gentiluomo
E non voglio più servir,
se distingue par l'élégance de la mélodie comme par le brio des accompagnements. Rien n'échappe au génie de Mozart.
Une gamme ascendante et rapide, parcourue diatoniquement par les premiers violons, annonce le second épisode et l'arrivée de don Juan, poursuivi par dora Anna qui se suspend à son bras. — Il en résulte un trio où le désespoir de la femme outragée, le trouble du séducteur et la poltronnerie de Leporello sont exprimés à la fois et tour à tour d'une manière admirable. — Je m'attacherai à tes pas comme une furie désespérée (come furia disperata), s'écrie donna Anna en polissant un cri héroïque qui se prolonge depuis le si bémol du médium jusqu'au la bémol en haut ; et cette phrase isolée, d'une vigueur singulière, amène la rentrée de Leporello, tout tremblant, dans le milieu harmonique. Le trio s'achève avec une plénitude d'ensemble qui se concilie avec l'aisance des parties et la diversité des caractères. Survient tout à coup le commandeur, tenant une épée dans sa main tremblante. Il provoque don Juan, qui lui répond avec le dédain de la jeunesse. — Tu n'échapperas pas à ma vengeance ! s'écrie le vieillard. — Misero ! réplique don Juan avec un mélange d'orgueil et de pitié, approche donc, puisque tu veux mourir ! Ces quelques paroles de récitatif mesuré sont d'une incomparable beauté. Il est impossible d'exprimer avec plus de profondeur et moins de notes l'ivresse, l'intrépidité de la passion qui s'indigne des obstacles qu'on oppose à ses transports. Le combat s'engage. L'orchestre en marque les coups périodiques par une succession de gamines que les premiers violons échangent avec les basses, et qui fuient devant l'oreille comme l'éclair précurseur de l'orage. Une suspension sur l'accord mélancolique de septième diminuée annonce la fin de la lutte. Le trio qui succède, entre don Juan, le commandeur expirant et Leporello, est un morceau unique dans l'histoire de l'art musical. Le génie de Mozart, tendre, profond, pathétique et religieux, s'y révèle tout entier. Ecrit dans un rythme solennel et dans le ton de fa mineur, si propre à disposer rame à une douce tristesse, ce trio, qui ne dure que dix-huit mesures, renferme, dans un cadre resserré et comme dans un accord suprême, l'idée fondamentale de ce drame mystérieux. Pendant que le commandeur exhale le dernier souffle de la vie, en poussant quelques notes entrecoupées de longs silences, donna Anna, qui, pendant le combat du commandeur avec don Juan, était allée chercher du secours, revient accompagnée de domestiques et de don Ottavio. Elle jette un cri de terreur en apercevant le corps inanimé de son père. Le récitatif qui exprime son désespoir est de la plus grande beauté ; le duo qu'elle chante ensuite avec son fiancé est de ce style à la fois énergique et tendre qu'on admire à toutes les pages die cette admirable partition. La partie de don Ottavio est empreinte de cette délicatesse de sentiment, de cette réserve respectueuse d'un jeune homme bien né qui console la femme promise à son amour. Quoi de plus exquis, par exemple, que le passage suivant :
Lascia, o cara,
La rimembranza amara!
Donna Anna et don Ottavio partis, une ritournelle vive et brisée annonce l'arrivée de donna Elvira. L'air qu'elle chante est un morceau remarquable qui exprime une nuance très compliquée de la passion. En effet, donna Elvira est la femme légitime de don Juan. Il n'a pu la séduire qu'en touchant son cœur, qu'en l'attachant à sa destinée par un lien solennel. Il y a dans les cris et dans les larmes de cette femme non seulement la douleur d'une amante qui implore, mais aussi l'indignation de l'épouse qui revendique la foi promise, son droit méconnu. Lorsqu'elle s'écrie avec transport :
Ah ! chi mi dice mai
Quel barbaro dov'è ?
on sent que, malgré les éclats de sa colère, elle est toute prête à pardonner, si un sourire de regret lui rappelle dans l'époux infidèle l'homme qui a su la charmer. Les imprécations de donna Anna nous apprennent qu'elle a été la proie de la ruse et de la force, tandis que les larmes de donna Elvira témoignent qu'elle est une victime de l'amour. La phrase qui forme la conclusion de ce bel air, écrite en notes syncopées qui se poursuivent et s'enflamment en se heurtant, est une explosion du cœur où la fureur se mêle à la tendresse. Don Juan, qui entend de loin la voix d'une femme éplorée, s'en approche en disant :
Cerchiam di consolare
Il suo tormento.
Ah ! oui, murmure tout bas Leporello :
Cosi ne consolò
Mille e otto cento.
Ces derniers mots nous préparent très bien à la scène qui suit. Leporello est chargé par don Juan, qui s'esquive, d'expliquer à donna Elvira les raisons qui lui ont fait déserter la maison conjugale. Il s'acquitte de sa mission en valet complaisant qui se joue de la douleur et de la crédulité de cette pauvre femme. C'est alors qu'il chante l'air si fameux de Madamina, où il énumère avec l'emphase et la malignité d'un historiographe les nombreuses conquêtes de son maître dans les différentes parties du monde.
Dès les premières mesures, on sent la verve comique pétiller dans l'accompagnement et préparer ainsi l'auditeur au récit pompeusement ironique que va faire Leporello. Tandis que les basses et les violons parcourent en trépignant les notes intégrantes de l'accord de ré majeur, les seconds violons et les altos remplissent le vide en plaquant tout entier l'accord parfait de la même tonalité. Survient-il une image gracieuse, un éclair de sentiment qui élève le récit à un degré plus lyrique, aussitôt la mélodie se développe, l'orchestre se colore et se remplit d'harmonies charmantes et mystérieuses. Ainsi, à la dix-septième mesure de la première partie, lorsque Leporello s'attache à spécifier le nombre de victimes que don Juan a faites dans chaque contrée , les hautbois et les Cors font entendre un joyeux ramage de tierces qui égaye l'oreille, de même qu'un bouquet de fleurs printanières charme le regard. Pendant ce temps, les violons et les basses se défient et se répondent par des gammes diatoniques que les premiers descendent et que les secondes remontent avec une étincelante rapidité. Ce dernier trait d'accompagnement se trouve aussi dans l'air : Non più andrai du Mariage de Figaro. Tout à coup le mouvement, la tonalité et la mesure changent. Leporello, voulant décrire les qualités physiques et morales qui attirent son maître auprès de chaque femme, se met à chanter un cantabile à trois temps où brille cette finesse tempérée de grâce qui forme l'une des qualités intimes du génie de Mozart.
L'air de Madamina est un morceau parfait dans son genre. C'est un mélange exquis de grâce et de finesse, d'ironie et de sentiment, de déclamation comique et de mélodie, le tout relevé par la poésie et la science des accompagnements. Rien de trop, rien d'excessif, tous les éléments concourent à l'harmonie de l'ensemble : chaque mot est illuminé par l'imagination du compositeur, sans que ces clartés de détail nuisent à l'effet général. La gaieté de Mozart est une gaieté bénigne, qui s'attaque aux vices et aux ridicules de la grandeur sans fronder l'autorité, qui se moque des résultats sans pénétrer jusqu'au principe ; c'est une gaieté sereine qui s'attendrit parfois, qui n'a rien de l'âcreté de la gaieté moderne.
« Leporello et don Juan ayant quitté successivement la scène, l'on voit arriver une troupe de joyeux paysans. C'est une noce de village, c'est la jeune et jolie Zerlina avec son fiancé Masetto et leurs amis qui chantent et dansent en l'honneur de leur prochain mariage. Le chœur et le petit duo qui s'en détache sont d'une mélodie vive et gracieuse : c'est une idylle charmante, respirant la fraîcheur du printemps et les douces illusions de la vie. Don Juan et le ministre de ses plaisirs surviennent au milieu de cette folle et simple jeunesse. Après avoir jeté un regard de convoitise sur Zerlina, après avoir éveillé sa coquetterie par des propos galants, il ordonne à Leporello de le débarrasser de la jalousie de Masetto en conduisant tout ce monde dans son château. Leporello exécute en murmurant les ordres perfides de son maître ; et don Juan, resté seul avec Zerlina, chante avec elle un duo qui est le joyau le plus adorable qui soit sorti des mains de Mozart. »
Ce dernier jugement de Scudo nous semble empreint d'exagération ; il y a dans l'œuvre du maître mille choses plus remarquables que ce petit duo. La situation est une des plus hardies qu'on ait mises au théâtre et une des moins poétiques au fond. Mozart a jeté sur ces rudesses comme un voile de distinction mélancolique. Don Juan en est moins odieux, et la crédulité de Zerline plus excusable, voilà tout : ce n'est pas là un chef-d'œuvre. L'air de Cherubin Voi che sapete lui est bien supérieur.
DON GIOVANNI.
Là ci darem la mano!
Là mi dirai di sì,
Vedi, non è lontano
Partiam ben mio da qui.
ZERLINA.
Vorrei, e non vorrei,
Mi trema un poco il cor,
Felice è ver sarei,
Ma può burlarmi ancor.
DON GIOVANNI.
Vieni, mio bel diletto,
ZERLINA.
Mi fa pietà Masetto.
DON GIOVANNI.
Lo cangierò tua sorte.
ZERLINA.
Presto non son più forte.
DON GIOVANNI.
Vieni, vieni.
ZERLINA e DON GIOVANNI
Andiam, mio bene,
A ristorar pene
D'un innocente amor.
Les deux phrases les plus caractérisées de ce duo célèbre sont dans la bouche de Zerline : Mi fa pietà Masetto, et Presto non son più forte. Elles expriment parfaitement l'aveu d'un cœur qui ne lutte plus et se rend à merci. Cette première partie est ravissante, mais l'allegro n'a rien de saillant.
Donna Elvira paraît et démasque le traître : Ah ! fuggi il traditore. Donna Anna et don Ottavio entrent en scène, et alors se développe ce quartetto admirable :
Non ti fidar, o misera,
Di quel ribaldo cor!
à la suite duquel donna Anna reconnaît dans don Juan l'assassin de son père.
Le récit de cette nuit affreuse, fait par la fille du commandeur, est d'une déclamation aussi forte, aussi tragique que les plus beaux récitatifs de Gluck. Cependant don Juan fait les préparatifs de la fête qui doit réunir tous les plaisirs ; il donne ses ordres à Leporello dans un air resté populaire :
Fin' ch' han dal vino
Calda la testa,
Una gran festa
Fà preparar!
Rien de plus chaleureux et de plus mouvementé que l'instrumentation de ce presto. L'air de Zerline implorant le pardon de Masetto est d'une suavité enchanteresse :
Batti, batti, o bel Masetto
La tua povera Zerlina
Starò qui come agnellina
Le tue botte ad aspettar.
Le violoncelle suit la gracieuse mélodie accompagnée con sordini par les instruments à cordes, jusqu'à ce que la réconciliation ait eu lieu entre la villageoise et son fiancé.
Ah ! lo vedo
Non hai core.
L'allegro Pace, pace, o vita mia, offre dans l'accompagnement des gammes ascendantes et descendantes produisant l'effet le plus harmonieux. C'est comme une image du fleuve de félicité que se promettent ces deux amants :
In contenti ed allegria
Notte e di vogliam passar.
Le finale du premier acte passe à bon droit pour un des chefs-d’œuvre de la musique dramatique. Il se compose de neuf motifs ou épisodes principaux. Une querelle de ménage entre Zerlina et Masetto ; un petit duo entre don Giovanni et la Contadina, suivi d'un ensemble à trois voix accompagné par le petit orchestre sur le théâtre ; l'entrée de donna Elvira, de donna Anna et de don Ottavio, masqués ; ces trois personnages viennent observer don Juan et s'assurer de sa culpabilité, sinon de sa personne. Laissons la parole à Scudo :
« Leporello ayant ouvert une fenêtre pour laisser pénétrer dans la salle du festin la fraîcheur du soir, on entend les violons du petit orchestre, qui est derrière les coulisses, dégager les premiers accords d'un menuet adorable. « Voyez un peu, monseigneur, les beaux masques que voilà, s'écrie Leporello. — Eh bien, fais-les entrer, répond don Juan d'un air dégagé et courtois. — Approchez donc, signore maschere, réplique le majordome ; mon maître serait heureux si vous daigniez prendre part à la fête. » Après un moment d'hésitation, après s'être consultés et avoir comprimé un tressaillement d'horreur qu'ils éprouvent à la vue de l'homme fatal qui pèse sur leurs destinées, donna Elvira, donna Anna et don Ottavio se décident à poursuivre jusqu'au bout leur dangereuse entreprise ; mais, avant d'entrer dans le château qui cache tant de mystères, ils s'arrêtent sur le seuil, et, l'âme émue d'une sainte terreur, ils adressent au ciel l'une des plus touchantes prières qui aient été écrites par la main des hommes. L'hymne qu'ils chantent est le fameux trio des Masques ; c'est un de ces rares morceaux qui, par la clarté de la forme, par l'élégance et la profondeur des idées, émeuvent la foule et charment les doctes. Satisfaire à la fois l'intelligence des forts et le cœur de tous, n'est-ce pas avoir atteint le but suprême de l'art ?
Un changement de décoration nous introduit dans la salle du festin magnifiquement illuminée. Des deux côtés de la scène, on voit deux orchestres qui n'attendent qu'un ordre du maître pour donner le signal de la fête. Don Juan, plein de verve et de bonne humeur, se promène au milieu de ses nombreux convives qu'il excite à la joie. Le thème à six-huit et en mi bémol majeur, sur lequel don Juan brode ses propos galants, est plein de franchise et d'élégance. Les réponses de Zerlina, le dialogue de Leporello avec Masetto, dont la jalousie est constamment en éveil, les éclats de la foule, tout cela forme un ensemble où se dessinent harmonieusement les apartés des divers personnages. Cette brillante conversation est interrompue par l'arrivée des trois masques que nous avons laissés à la porte du château, et dont la présence est annoncée par un nouveau changement de mesure et de tonalité. Leporello, puis don Juan, vont au-devant d'eux avec courtoisie, et les engagent à prendre leur part au plaisir commun. « Ma maison est ouverte à tout le monde, ajoute le maître avec l'ostentation d'un grand seigneur, et tout ici invite à la liberté. » Sur un ordre de don Juan, le bal commence par le délicieux menuet dont le rythme onduleux à trois-huit, confié au grand orchestre, se prolonge indéfiniment comme une pensée fondamentale. Peu à peu, et successivement, les deux petits orchestres qui sont sur le théâtre entament, l'un une contredanse, et l'autre une valse, dont les rythmes différents, venant se superposer sur le rythme primitif du menuet, agacent l'oreille et piquent l'attention. Pendant que don Juan danse avec Zerlina en lui disant mille douceurs, que Leporello cherche à distraire Masetto, les trois personnages masqués observent dans un coin la conduite de don Juan, qui leur arrache de temps en temps des soupirs douloureux et des exclamations d'horreur.
Un cri perçant s'élève tout à coup du milieu de cette foule enivrée. Gente, aiuto ! aiuto ! s'écrie Zerlina éperdue, que don Juan vient d'entraîner dans une chambre voisine. Les musiciens s'enfuient épouvantés, et les convives irrités enfoncent la porte d'où s'échappent les cris de la victime. Don Juan en sort précipitamment, l'épée à la main, tenant par les cheveux Leporello, qu'il feint de vouloir immoler pour détourner sur lui les soupçons des assistants ; mais sa ruse infernale ne trompe personne. Donna Anna, donna Elvira et don Ottavio se découvrent et apostrophent don Juan d'une voix terrible en lui disant : Tutto già si sà. « On sait tout et vous êtes connu. » Surpris d'abord et décontenancé, don Juan se rassure bientôt ; et, se retournant tout à coup comme un lion poursuivi dans son dernier refuge, il affronte la multitude courroucée, qu'il brave et défie. L'orage monte dans l'orchestre, qui se soulève par un crescendo et un unisson formidables, spirale infinie qui sillonne l'espace, et qui, comme la buffera infernal, balaye les cieux et en obscurcit les clartés. Le tonnerre gronde dans les basses, les éclairs jaillissent de toutes parts ; et don Juan, intrépide, impavidus, au milieu de cette conflagration de tous les éléments harmoniques et de la colère des hommes, puisant dans l'idéal qui l'illumine une force héroïque, se fraye un passage à travers la foule tremblante qu'il accable de son mépris.
Tel est ce morceau incroyable qui, par la multiplicité des épisodes, par la variété des caractères, par l'infinie délicatesse des détails, par la grandeur du plan et la puissance des effets, ne peut être comparé qu'au Jugement dernier de Michel-Ange. C'est tout un drame où la passion se mêle au sourire et à la tristesse religieuse, conçu et exécuté par un génie qui unissait la grâce de Raphaël, la mélancolie de Virgile, à la sombre vigueur de Dante et de Shakespeare. Rien de ce qui a été fait depuis ne s'approche de ce finale incomparable, où tous les maîtres ont puisé à larges mains, et Rossini plus que tous les autres. La stretta qui termine le finale du Barbier de Séville procède évidemment du premier finale de Don Juan, où Mozart a concentré toutes les beautés partielles de son œuvre.
Le second acte s'ouvre par un petit duo : Eh ! via buffone, entre don Juan et Leporello, querelle de ménage lestement traitée et qui n'a pas de suites fâcheuses. Le trio qui succède: Ah! taci ingiusto core, chanté par donna Elvira, Leporello et don Giovanni, est un morceau exquis par les détails de l'art et par la profondeur du sentiment. Donna Elvira, tristement accoudée sur un balcon, laisse errer son regard mélancolique dans la pâle clarté de la lune, qui enveloppe sa taille élancée d'une ombre transparente. Malgré la scène horrible à laquelle elle vient d'assister, malgré les torts de don Juan, elle ne peut encore le haïr et en effacer l'image dans son cœur. Elle essaye vainement de refouler les soupirs qui s'échappent de son sein, et qui sont un témoignage de la durée et des inconséquences de son amour. Don Juan, qui a reconnu donna Elvira et qui n'a rien de mieux à faire pour le moment, s'amuse à lui adresser de nouvelles protestations de fidélité avec une telle exagération de fausse sensibilité, que Leporello a bien de la peine à contenir son hilarité. Aux sons de cette voix aimée qui lui rappelle les plus doux souvenirs de sa vie, la pauvre donna Elvira ouvre son âme à l'espérance et pardonne à l'ingrat qui l'a tant fait souffrir. »
Don Juan, sous le costume de Leporello, chante alors la sérénade Deh ! vieni alla finestra, accompagnée en pizzicati, morceau qui affecte le caractère espagnol tout en conservant une grande originalité. Ici, le librettiste s'est mis en frais de scènes bouffonnes, et le pauvre Masetto reçoit les coups de bâton réservés au faux don Juan Leporello. Tout contusionné, il est consolé de sa mésaventure par la compatissante Zerlina. Cet air:
Vedrai carino,
Se sei buonino,
Che bel rimedio
Ti voglio dar,
est plein de délicatesse et d'esprit. La mélodie et l'expression, la sonorité et le rythme, le mot et la chose, tout cela forme un ensemble d'une perfection qui défie toute analyse. Le littérateur peut faire là-dessus des phrases à perte d'haleine ; le compositeur admire en silence. Après le beau sextuor et l'air du poltron Leporello, arrive encore un air bien célèbre : Il mio tesoro intanto, au sujet duquel on a épuisé tous les genres d'éloges et qui est la pietra di paragone des ténors. »
Il y a deux airs complètement passés sous silence par Scudo dans sa remarquable étude sur Don Juan. Il est vrai que la plupart du temps on ne les chantait pas aux Italiens, faute d'artistes suffisants. C'est d'abord l'air de don Ottavio, Della sua pace, andante d'une suavité exquise, et c'est ensuite l'air de donna Elvira : In quali eccessi, o numi ! dont l'allegretto en croches liées, Mi tradi quell' alma ingrata, chanté au Théâtre-Lyrique par Mlle Nilsson, a été un des fragments les plus applaudis de ce grand ouvrage.
Le châtiment de don Juan se prépare : il aperçoit la statue du commandeur érigée sur sa tombe. Il profère des blasphèmes et des ricanements sacrilèges. La statue fait entendre ces paroles sur une harmonie lugubre : Dirider finirai pria dell' aurora. « Tu auras cessé de vivre avant l'aurore. » Don Juan continue ses insultes et fait inviter sa victime à souper par Leporello. Au grand effroi de celui-ci, la statue fait un signe de tête affirmatif. A son tour, don Juan l'interpelle : Parlate ! se potete : verete a cena ? « Si, » répond le convive de pierre. « La scène est bizarre en vérité ; allons-nous en d'ici. » Telle est la seule réflexion que ce prodige fait faire à l'endurci don Juan. Pendant les préparatifs de ce festin suprême, Mozart n'a pas voulu probablement trop distraire le spectateur de sa préoccupation. Il fallait là une sorte d'intermède sans grand intérêt. C'est ce qui explique la présence d'un air assez long, chanté par donna Anna : Non mi dir, bell' idol mio, air mélodieux plutôt que scénique, mais qui ne mérite pas le jugement inconcevable qu'en a porté Scudo. Il l'appelle un air « chargé de fades vocalises qui prouvent que les plus beaux génies sont obligés de payer un tribut aux caprices du mauvais goût. » Mozart savait bien ce qu'il faisait en écrivant cet air. Celui de la comtesse : Dove sono, dans les Nozze, précède aussi le dénouement.
Don Juan se met à table et chante les plaisirs de la vie : les musiciens d'un petit orchestre font entendre de gaies ritournelles. Donna Elvira arrive encore pour faire un inutile appel aux sentiments de son époux et l'avertir du châtiment qui le menace. En s'éloignant, elle pousse un cri : Va a veder che cos' è stato. « Va voir ce que c'est » dit don Juan à Leporello. Celui-ci revient en tremblant de tous ses membres. Il a vu le commandeur, l'uom di sasso, l'uomo bianco, qui se rend à l'invitation de don Juan. Ici l'orchestre exprime cette scène avec une puissance et une énergie singulières. Don Giovanni, a cenar teco m’invitasti ! e son venuto. Abrégeons: Don Juan ordonne à Leporello de faire servir un souper au convive inattendu. « Arrête un peu ! dit l'ombre : celui qui assiste au banquet céleste ne mange plus un pain mortel ; d'autres soins m'appellent ici. Tu m'as invité ; tu connais ton devoir ; viendras-tu à ton tour souper avec moi ? — J'irai. — Donne-moi la main comme gage de ta promesse. — La voici ! Holà ! quelle étreinte glaciale ! — Repens-toi ! change de conduite à ton heure dernière. — Non, loin de moi cette pensée. — Repens-toi, scélérat ! — Non, vieux fou. — Repens-toi. — Non. — Le temps n'est plus à toi. — Oh ! quel tremblement s'empare de moi ! Je sens les démons qui me saisissent ; d'où sortent ces flammes ? quelles horribles angoisses ! Chœur des spectres. C'est trop peu pour tes crimes ; viens, tu éprouveras un mal pire encore. — Oh ! qui me déchire à la fois l'âme et les entrailles ? O terreur ! c'est l'enfer ! »
Rien n'est saisissant en musique comme toute cette scène. Les effets d'instrumentation, l'emploi des timbres divers, la nature des accords employés, les syncopes et les autres artifices de la composition, des réminiscences même d'autres parties du drame, tout cela a servi merveilleusement Mozart dans l'expression d'une peinture si forte. Et cependant il a obtenu l'effet tout en observant la langue de l'art, sans innover rien, sans confusion, en écrivant avec la plus parfaite clarté. L'observance la plus exacte des règles de l'harmonie et du rythme ne l'a pas plus gêné que la correction du dessin n'a affaibli l'œuvre du Jugement dernier de Michel-Ange. Un tel exemple n'est-il pas une réfutation de la nouvelle esthétique qui s'intitule Musique de l'avenir ?
D'après le code des idées modernes, l'intérêt et la sensation forte doivent l'emporter sur le plaisir et la satisfaction du cœur. Aussi la toile tombe ordinairement sur la disparition dans l'abîme de don Juan et de la statue du commandeur. Il n'en était pas de même dans l'ancienne société. On ne voulait pas renvoyer les gens chez eux avec des idées aussi lugubres. Une fois le châtiment du coupable assuré, la moralité du drame confirmée, on ne voyait aucun inconvénient à ce que les honnêtes gens de la pièce vinssent se féliciter sur la scène et se réjouir avec le public d'avoir été délivrés d'un monstre. Dussions-nous passer pour un esprit rétrograde, nous approuvons ce vieil usage considéré en lui-même, et aussi par rapport à l'intégrité de l'œuvre originale.
Don Juan a été nommé à juste titre l'opéra des opéras. Après l'audition de Don Giovanni à Vienne, Haydn, consulté sur le mérite de cet ouvrage, répondit : « Tout ce que je sais et puis vous affirmer, c'est que Mozart est le plus grand compositeur de notre époque. »
Mozart a fourni la preuve de la justesse de cette belle définition, qui vient d'être donnée par le P. Félix dans la chaire de Notre-Dame : « L'art est l'expression de la beauté idéale sous une forme créée. »
Un Don Juan, opéra en trois actes, arrangé d'après Don Giovanni de Da Ponte et de Mozart, par Thuring et Baillot pour les paroles et par Kalkbrenner pour la musique [ballet réglé par Gardel], fut représenté à l'Académie impériale de musique le 17 septembre 1805 [30 fructidor an XIII]. Rien n'est plus ridicule que ce Don Juan français. Les situations dramatiques sont changées, le duel supprimé, ainsi que la scène dans laquelle donna Anna reconnaît l'assassin de son père ; le trio des masques est remplacé par un trio de sbires ; des sopranos le sont par des ténors ; il y a des inversions sans nombre. En revanche, des motifs de Kalkbrenner ont été intercalés ; en voilà plus qu'il n'en faut pour qualifier cette entreprise de vandalisme. Malgré de telles dégradations, l'œuvre de Mozart resta ainsi plusieurs années au répertoire. Voici quelle était la distribution des rôles : Don Juan, Roland ; Leporello, Huby ; Ottavio, Laforêt ; Masetto, Dérivis ; la Statue, Bertin ; Elvire, Zerline, Anna, Mlles Armand, Ferrière, Pelet. Martin chantait la partie d'un des sbires dans le trio.
Don Giovanni fut représenté pour la première fois, à Paris, le 12 octobre 1811, sur le Théâtre-Italien, où il a été maintenu au répertoire avec un succès toujours croissant et interprété par les artistes les plus célèbres : Mmes Mainvielle-Fodor, Sontag, Malibran, Méric Lalande, Giulia Grisi, Persiani, Frezzolini, MM. Garcia, Lablache, Rubini, Mario.
L'opéra de Don Juan a été arrangé en quatre actes, pour la scène française, par Castil-Blaze, et représenté à l'Odéon le 24 décembre 1827. Cette traduction a été faite avec goût. Le dialogue reproduit une partie de la pièce de Molière. Cependant les paroles italiennes ont toujours été préférées ; c'est pour cette raison que nous nous en sommes servi pour désigner les morceaux les plus saillants de cette œuvre merveilleuse, dans laquelle on ne sait ce qu'on doit le plus louer. La science musicale au service de l'expression dramatique n'a jamais été poussée plus loin. Toute la finesse et la mobilité des sentiments les plus divers sont exprimées dans un langage d'une harmonie incomparable.
Don Juan, traduit et disposé en cinq actes par Castil-Blaze, A.-H. Castil-Blaze et E. Deschamps, fut représenté à l'Académie royale de musique le 10 mars 1834.
Distribution : Don Juan, Nourrit, faute de baryton suffisant ; Mazetto, Levasseur ; Ottavio, Marcelin Lafont ; Commandeur, Dérivis ; donna Anna, Mlle Falcon ; Zerline, Mme Damoreau ; Elvire, Mme Dorus Gras.
La reprise de ce chef-d’œuvre, faite en 1866, concurremment à deux théâtres, à l'Opéra et au Théâtre-Lyrique, a remis en lumière les beautés de cette partition. Faure a obtenu un grand succès dans le rôle de don Juan, à l'Opéra ; mais l'exécution a été beaucoup plus satisfaisante au Théâtre-Lyrique. Mme Charton-Demeur, Mlle Nilsson, Michot ont exécuté le trio des Masques comme nous ne l'avons jamais entendu aux Italiens, même par les artistes les plus célèbres. Mme Carvalho a rendu le rôle de Zerline avec sa finesse habituelle et le charme particulier que possède sa voix. Les barytons Barré et Lutz ont été satisfaisants dans les rôles de don Juan et de Mazetto ; celui de Leporello a été aussi convenablement chanté par Troy.
L'auteur du livret, l'abbé Da Ponte mourut, presque centenaire, vers 1840, à New York, où il avait, quelques années auparavant, rempli les fonctions de directeur du théâtre italien. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le rôle de donna Anna avait été singulièrement amoindri ; par contre, on avait ajouté plusieurs airs à celui d'Elvire. — Le trio des masques, chanté par deux ténors et une basse figurant des sbires, eut pour interprètes Martin, Lhoste et Gaubert. Ce seul fait dit assez avec quelle intelligence et quel respect de la partition originale fut traité le chef-d’œuvre de Mozart. — Malgré les profanations innombrables de C. Kalkbrenner, Don Juan fut joué une trentaine de fois, mais dans l'espace de plusieurs années. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Au printemps de l'année 1787, Mozart quittait Vienne et se rendait à Prague pour profiter de l'hospitalité que lui offrait son ami le comte de Thun. La capitale de la Bohème était alors sous le charme des Noces de Figaro, chantées par la troupe italienne du signor Bondini ; aussi Mozart ne put se soustraire aux ovations dont on l'accablait de toute part. Point de fête sans lui, ni de soupers, ni de parties de campagne ; les joueurs de sérénades étaient en permanence sous sa fenêtre. Il voulut fuir tant de plaisir ; mais on le surveilla, on le retint, et il ne put obtenir sa grâce qu'en s'engageant à donner la primeur d'un opéra de sa composition à ses bons amis de Bohème. En effet, de retour à Vienne, il s'entendit immédiatement avec l'abbé Da Ponte pour bâtir un livret sur la donnée du Dissoluto punito, autrement de Don Giovanni, drame de Tirso de Molina. (Ce Da Ponte, coureur d'aventures à la manière de Casanova, n'est mort qu'en 1838, à New York, âgé de quatre-vingt-dix ans. Il a laissé des mémoires, peu connus quoiqu'infiniment curieux). Mozart esquissa son immortelle partition à Vienne et vint la terminer à Prague, travaillant d'abord dans une chambre à l'Hôtel des « Trois Lions », puis chez son ami le pianiste Dusseck. La première représentation en fut donnée, le 4 novembre 1787, par la troupe, médiocre mais très zélée, de Bondini, qui avait attendu le retour du maître. Le succès fut très vif ; plus modéré l'année suivante à Vienne, et presque nul à Berlin. — Don Juan ne fit son entrée à l'Opéra de Paris qu'en 1805, arrangé pour les paroles par Thuring, général de brigade, et Baillot, sous-bibliothécaire du château de Versailles ; pour la musique (!) par Chrétien Kalkbrenner. Ces messieurs s'étaient accordé toutes les licences, par exemple celle de faire chanter le « trio des masques » par trois basses ! (Il y avait eu, en 1791, représentation à Feydeau d'un Convitato di pietra, de Gazzaniga, dans lequel Cherubini avait intercalé les principaux morceaux de l'opéra de Mozart.) — Don Giovanni apparaît pour la première fois en 1811, au Théâtre-Italien de Paris. Il est traduit en français par Castil-Blaze et représenté à l'Odéon en 1827, avec un dialogue parlé emprunté à Molière. Enfin il revient en 1834 à l'Opéra, avec un excellent livret de Castil-Blaze, de M. Blaze de Bury et d'Emile Deschamps. Les représentations du Théâtre-Lyrique, peu brillantes quant aux décors et aux costumes, furent cependant plus qu'honorables sous le rapport de l'exécution musicale. Les récitatifs avaient été supprimés, mais on avait rétabli le tableau final, connu seulement de quelques érudits, et dans lequel tous les personnages de la pièce se félicitent mutuellement de la catastrophe qui a emporté le traître. — Distribution : Don Juan, Barré ; Leporello, Troy ; Ottavio, Michot ; le Commandeur, Depassio ; Mazetto, Lutz ; Anna, Mme Charton-Demeur ; Zerline, Mme Carvalho ; Elvire, Mlle Nilsson. — Dans le même temps le chef-d’œuvre de Mozart était chanté au Théâtre-Italien et à l'Opéra (avec Faure). L'année 1866 peut être qualifiée d' « année des trois Don Juan ».
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Principaux personnages : Don Juan ; Leporello, son valet ; Mazetto ; le Commandeur ; donna Anna, sa fille ; Elvire, femme délaissée de don Juan ; Zerline, fiancée de Mazetto ; don Ottavio, fiancé de donna Anna.
La scène se passe à Burgos, en Espagne, à une époque indéterminée.
Des diverses versions de Don Juan préexistantes, da Ponte a tiré un livret composite dans le goût du XVIIIe siècle. Il l'a coupé en petits tableaux rapides qui donnent à une action un peu monotone dans ses grandes lignes la diversité qui lui manque.
Premier tableau : devant le palais du Commandeur. Don Juan s'est introduit nuitamment et masqué dans les appartements de donna Anna, fille du Commandeur et fiancée de don Ottavio. Il a tenté de forcer la belle mais a échoué et, au moment où se lève le rideau, sa victime le poursuit jusque sur les marches du palais. Elle ne parvient pas à voir ses traits, car l'arrivée de son père la met en fuite. Le Commandeur provoque en duel le ravisseur. Don Juan refuse d'abord le combat avec ce vieillard débile, mais celui-ci avant été jusqu'à le frapper, il dégaine et, en quelques passes, étend son adversaire mort à ses pieds. Après quoi il décampe prestement.
Attirés par le bruit, donna Anna, don Ottavio et des serviteurs paraissent sur le théâtre du combat. Désespoir de donna Anna, qui fait jurer à don Ottavio de tirer vengeance d'un tel forfait.
Deuxième tableau : un faubourg à Burgos. Leporello tente, mais sans succès, de faire de la morale à son maître. Survient Elvire, à qui don Juan jura un amour éternel. Pour triompher d'elle il alla jusqu'au mariage, après quoi il disparut. Elle reconnaît l'époux perfide et l'accable de reproches. Ne sachant comment se tirer de ce mauvais pas, le séducteur s'éclipse, chargeant Leporello des explications nécessaires. Leporello, sitôt qu'il s'est assuré du départ de son maître, console Elvire en lui dévoilant ce que son aventure a de banal. Sur le catalogue qu'il tient soigneusement à jour, il lui fait voir les noms de toutes les belles que Don Juan a séduites : rien qu'en Espagne, mille et trois !
Sa mission remplie, l'honnête valet se retire et laisse Elvire maudire seule le misérable qui l'a trompée. La pauvre délaissée s'en va à son tour. Elle est bientôt remplacée par une joyeuse bande de villageois faisant cortège à deux futurs époux, Mazetto et Zerline. Revenant sur leurs pas, Don Juan et Leporello tombent au milieu de la troupe et, instantanément, l'éternel amoureux flambe pour la fraîche paysanne. Il en entreprend aussitôt la conquête et charge Leporello de distraire le mari. Mais Mazetto n'est pas de composition facile ; resté seul, il se croit trahi par sa fiancée et rumine de vagues projets de vengeance.
Dieu sait comment finirait l'aventure si Elvire n'arrivait en trouble fête pour avertir Zerline, à qui don Juan a déjà promis le mariage — il manque vraiment de prestige, le héros ! — Elvire réussit à emmener la trop confiante villageoise, et Don Juan, resté seul, enrage.
Surviennent donna Anna et don Ottavio, sans méfiance encore. Mais Elvire, toujours elle ! leur ouvre les yeux : au son de la voix, donna Anna reconnaît soudain l'assassin de son père. Les trois conjurés jurent derechef de se venger du misérable.
Troisième tableau : devant la grille du château de Don Juan. L'amoureux légendaire n'a pas renoncé à Zerline. Il prépare une fête, à la faveur de laquelle il compte arriver à ses fins.
Sur la scène restée vide arrivent Zerline et Mazetto ; une explication a lieu qui s'impose, et la coquetterie adroite de la jeune fille a bientôt raison de la colère de son fiancé. La fête se déroule ensuite. Caché, Mazetto entend Don Juan parler d'amour à Zerline. Trois masques solennels passent devant le parc : ce sont, on le devine, Elvire, donna Anna et don Ottavio. Sur l'ordre de Don Juan, Leporello les invite.
Quatrième tableau : le parc, la nuit, fête aux flambeaux. Continuation de la fête, avec les mêmes personnages. A un moment donné, Don Juan réussit à entraîner Zerline dans un pavillon. Bientôt on entend des appels à l'aide, et Zerline sort échevelée. Don Juan essaie, mais vainement, de donner le change en rejetant la faute sur Leporello. Les trois conjurés se démasquent alors et révèlent à Don Juan qu'ils connaissent tous ses crimes. A la pointe de l'épée, le coupable se fraie un chemin et disparaît.
Cinquième tableau : une rue de Burgos. A gauche la maison d'Elvire. Don Juan fait aujourd'hui la cour à la propre camérière d'Elvire. Pour cela, il change de vêtements avec son domestique et s'apprête à donner sérénade à la belle sous les dehors de Leporello, tandis que Leporello entraîne au loin Elvire, qui le prend pour Don Juan. La pauvre femme, prête à pardonner encore, tombe dans le piège. Don Juan n'a plus, grâce à une ruse adroite, qu'à se débarrasser de Mazetto et d'une bande de villageois venus dans l'intention de lui faire un mauvais parti. Mazetto, rossé par celui qu'il prenait pour Leporello, est consolé et pansé par Zerline.
Sixième tableau : un coin de parc. Leporello, à la faveur de son déguisement, a entraîné Elvire dans un coin sombre du parc. Il cherche maintenant à s'évader, mais la retraite lui est coupée par donna Anna, don Ottavio. Zerline et Mazetto. Le stratagème est dévoilé, et Elvire pense en mourir de honte et de désespoir. L'amour pour son indigne époux est pourtant si puissant que, jusqu'au bout, elle sera disposée à lui revenir et à le défendre pour peu qu'il s'y prête. Leporello s'esquive et don Ottavio jure une fois de plus d'avoir la vie de Don Juan en expiation de ses crimes.
Septième tableau : le cimetière. La statue équestre du Commandeur. En fuyant ses ennemis, Don Juan est arrivé, sans le savoir, au cimetière en face de la statue du Commandeur. Il a le cœur de rire. Au même endroit, mais par-dessus le mur, arrive Leporello, qui fuit, lui aussi, ceux qui viennent de découvrir sa ruse. Tandis que causent les deux compères, le Commandeur prend soudain part à la conversation. Ni Don Juan ni son valet ne comprennent d'abord d'où vient cette voix qui menace. Mais apercevant enfin le monument funéraire de sa victime — admirez la rapidité avec laquelle a été érigé ce mausolée ! — don Juan charge Leporello d'inviter le Commandeur à souper. En tremblant, le poltron s'exécute, mais sa frayeur se change en panique lorsqu'à son invitation la statue répond par un signe de tête affirmatif. Voulant s'assurer du prodige, Don Juan renouvelle l'invite. De nouveau la statue fait « oui » de la tête. Le pécheur endurci n'en éprouve nulle frayeur et part préparer le « festin de pierre ».
Huitième tableau : l'oratoire de donna Anna. Courte scène entre donna Anna et don Ottavio, simple prétexte à duo.
Neuvième tableau : une salle du palais de Don Juan. Le festin servi. Un orchestre sur le théâtre. Don Juan fait gaîment bombance avec de belles filles, servi par Leporello, et aux sons de la musique. Dernière tentative d'Elvire pour reconquérir son époux ; elle ne s'attire qu'outrages et railleries. Au comble de la détresse, elle s'éloigne. A peine est-elle sortie qu'on l'entend pousser un grand cri. Don Juan dépêche Leporello pour voir ce qui arrive. Le valet rentre blanc comme farine et les jambes flageolantes : il vient de voir le Commandeur dans le vestibule. Bravant Dieu et le diable, Don Juan crane : il va au devant de son hôte et le prie à souper. Tout le monde est sorti, hors lui-même et Leporello. Le Commandeur invite à son tour Don Juan à souper avec lui dans la tombe. Son invitation est acceptée. Il tend la main à son convive : sans trembler, celui-ci saisit la main tendue. Mais il pousse aussitôt un cri de douleur : la main de marbre s'est refermée sur la sienne. Il a beau se débattre, la statue s'abîme, l'entraînant avec elle sous la terre. Leporello est cloué au sol par la terreur.
Surviennent donna Anna, Zerline, Elvire, don Ottavio et Mazetto, qui concluent dans le goût du temps par une naïve moralité, dont le génie de Mozart a su faire un chef-d'œuvre musical. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« A l’Opéra, on ne chôme pas : le travail intense qui s'y poursuit mérite une louange chaleureuse. Georges Hirsch, poursuivant le « rajustement » de grands chefs-d’œuvre, nous a présenté Don Juan en de fort belles conditions scéniques et vocales (il conviendra seulement de modifier quelques détails, surtout la mise en scène du dernier tableau). Interprétation groupant quelques-uns de nos meilleurs chanteurs (alternant, d'ailleurs, dans les rôles essentiels : Crespin et Monmart, Giraudeau et Vanzo, Brumaire, Noguéra, Massard, Jacques Mars, etc.), autour de Blanc, don Juan superbe de voix et d'allure, et Janine Micheau, qui prête à Zerline sa voix incomparable. Exécution du plus beau caractère, sous la baguette de Louis Fourestier. »
[Jacques Feschotte, directeur de l’Ecole Normale de Musique, Musica, avril 1957]
« L'Opéra nous a offert une reprise du Don Juan de Mozart, dans les beaux décors, d'un noir si espagnol, de Jacques Marillier, et dans la mise en scène vivante et passionnée de José Beckmans. Ce fut une représentation d'un style très romantique, voire romanesque, d'une œuvre qui supporte, telle est sa force et sa vérité, bien des « visions », bien des interprétations différentes, scéniquement et musicalement. Maurice Le Roux en était, une fois de plus, le responsable musical ; ses mouvements souvent très lents ont contribué à accentuer les aspects pathétiques, très « XIXe siècle », de la représentation, qui conviennent d'ailleurs très bien à la scène immense et au style de la salle du Palais Garnier. En général, j'ai trouvé Maurice Le Roux en grand progrès, et les « mouvements divers » qui l'ont accueilli au moment où il montait au pupitre, avant le second acte, plutôt déplacés. Evidemment, on pouvait encore lui reprocher certains décalages entre la fosse et le plateau n'ayant jamais « fait de métier », au sens humble du mot, Le Roux en souffrira toujours, malgré sa haute et vivante musicalité, malgré son intelligence des œuvres.
George London était Don Juan, d'une beauté très spectaculaire, si musicalement pas toujours très raffiné, épaississant beaucoup trop les récitatifs. Pour donna Anna, Teresa Stich-Randall, renonçant à maintenir sa voix dans le timbre et au niveau de puissance de la flûte, a été prodigue de grands effets de force, vocalement pas très heureux, mais contribuant à une composition d'une belle intensité dramatique. Jane Berbié a été une très sensible Zerline, musicalement très en place ; mais son timbre de dugazon n'est pas fait pour le personnage, pas plus que celui de baryton de Pierre Germain, délicieux comédien, évidemment, n'est fait pour Mazetto. Il n'y a que du bien à dire du Leporello de Giovannetti, de l'Ottavio de Vanzo ; et, quoique sa voix fût fatiguée, Jacqueline Brumaire a donné, en Elvire, une leçon de style mozartien dont quelques artistes de la soirée eussent pu profiter. »
[Antoine Goléa, Musica disques, août 1962]
DON JUAN DE FANTAISIE
Opérette en quatre actes, musique de Frédéric Barbier, création aux Fantaisies-Parisiennes le 09 juin 1866.
DON JUAN DE VILLAGE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de P. Chazot, musique de Bryon d'Orgeval, représenté à Bruxelles, sur le théâtre de la Monnaie, le 06 mai 1863 avec Mmes Dupuy, Cèbe (Marguerite et Rose), MM. Aujac (Martin), Carrier (Athanase Pivoine).
DON JUAN ET HAÏDÉE
Scène lyrique, livret d’Edmond Delière, musique du prince Edmond de Polignac, exécutée à Saint-Quentin le 26 novembre 1877. On a remarqué dans cet ouvrage les romances d'Haïdée et de don Juan, ainsi qu'un chœur bien traité.
DON JUAN MARIÉ ou LA LEÇON D'AMOUR
Opérette en un acte, livret d'H. Escoffier, musique d'Eugène Anthiome, créée aux Fantaisies-Parisiennes le 31 octobre 1878 => détails
DON MENDOCE ou LA RECONNAISSANCE DIFFICILE
[ou Dom Mendoze ou le Tuteur portugais]
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph-Alexandre de Ségur et Emmanuel Dupaty, musique d’Andreas Jacob Romberg et Bernhard Heinrich Romberg. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 15 février 1802.
DON MICCO E LESBINA
Intermède comique italien en trois actes, représenté sur le théâtre de l'Académie royale de musique, le 07 juin 1729, avec Ristorini et Rosa Ungarelli.
« Cet intermède comique contribua, avec celui de Serpilla e Bajocco, à former le dilettantisme italien au XVIIIe siècle. La prima donna, si on peut lui donner ce nom, était la signorina Rosa Ungarelli. Dominique et Romagnesi ne manquèrent pas de traduire Don Micco e Lesbina pour leur théâtre, en y ajoutant force lazzi. Le nom de l'auteur de la musique de Don Micco ne nous est pas parvenu. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Parodie de Dominique et Romagnési, musique de Mouret : 17 août 1729 ; elle avait pour interprètes Théveneau et Mlle Silvia.
Ce fut sur l'invitation du prince de Carignan que ces chanteurs italiens, dirigés par Lucio Papirio et fort applaudis à Bruxelles en 1728, vinrent à Paris.
Avec Serpilla et Bajocco, ces deux opéras bouffes italiens furent représentés quatre fois de suite et firent beaucoup de plaisir. On y introduisit des danses, des chœurs italiens de Campra et de Batistin, ainsi que des solos de violon exécutés par le célèbre Guignon, le dernier roi des violons. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DON MUCARADE
Opéra bouffe en un acte, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique d'Ernest Boulanger. Création à l'Opéra-Comique le 10 mai 1875. => fiche technique
DON PASQUALE
Opéra bouffe italien en trois actes, livret de Giovanni Ruffini (1807-1881), d'après Ser Marcantonio d’Angelo Anelli, musique de Gaetano Donizetti.
Personnages : Don Pasquale, vieux garçon (basse bouffe) ; le docteur Malatesta, son ami (baryton) ; Ernesto, neveu de Don Pasquale (ténor) ; Norina, une jeune veuve (soprano) ; un notaire (basse) ; des serviteurs, un majordome, une modiste, un coiffeur (rôles muets).
L’action se déroule à Rome, au début du XIXe siècle.
Créé à Paris, Théâtre-Italien (salle Ventadour), le 03 janvier 1843 par Mme Giulia GRISI (Norina), MM. LABLACHE (don Pasquale), MARIO (Ernesto), TAMBURINI (Docteur Malatesta), sous la direction du compositeur.
Première fois en français, dans une traduction de Gustave Vaez et Alphonse Royer, au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles, le 04 août 1843 : Mme VILLIOMI (Norina), MM. ZELGER (don Pasquale), LABORDE (Ernesto), Adolphe ALIZARD (le docteur).
Première fois en français à Paris, au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 09 septembre 1864 dans la même traduction.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 30 en 1864, 5 en 1865.
Repris au Théâtre du Château-d'Eau le 20 janvier 1886 avec Marguerite MINEUR (Norina) MM. G. DAVID (don Pasquale), Henry LEROY (Ernesto), et LHERIE (Malatesta).
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Th. ITALIEN 03.01.1843 |
BRUXELLES 04.08.1843 |
THEATRE-LYRIQUE 09.09.1864 |
OPERA-COMIQUE 20.06.1896 |
Norina [Louise] |
soprano |
G. GRISI |
VILLIOMI |
Léontine de MAËSEN |
PARENTANI |
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Don Pasquale |
basse |
LABLACHE |
ZELGER |
ISMAEL |
FUGERE |
Ernesto [Octave] |
ténor |
MARIO |
LABORDE |
GILLAND |
CLEMENT |
Malatesta [le Docteur] |
baryton |
TAMBURINI |
Adolphe ALIZARD |
Eugène TROY |
Eugène BADIALI |
un Notaire |
basse | Prosper GUYOT | |||
Chef d’orchestre |
DONIZETTI |
DONIZETTI |
HANSSENS |
Adolphe DELOFFRE |
J. DANBE |
Première à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 20 juin 1896, dans la version de Vaez et Royer. Mise en scène de Léon Carvalho.
Mme PARENTANI (Norina).
MM. Lucien FUGÈRE (don Pasquale), Edmond CLÉMENT (Ernesto), Eugène BADIALI (Malatesta), ÉLOI (un Notaire).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
Reprise à l'Opéra-Comique du 04 février 1904 (11e représentation) avec la même distribution, sauf : Mme KORSOFF (Norina), M. DELVOYE (Malatesta) et M. Eugène PICHERAN au pupitre.
Depuis le 04 février 1904 Don Pasquale n'a plus été représenté salle Favart. Il fut cependant repris le 10 février 1910 au Trianon-Lyrique avec Mme Jane MORLET (Norina), MM. José THERY (don Pasquale), Georges FOIX (Ernesto), CLERGUE (Malatesta), sous la direction de CHERUBINI, puis au Palais Chaillot le 20 décembre 1943 avec Mme Vina BOVY (Norina), MM. GILBERT-MORYN (don Pasquale), Luis MARIANO (Ernesto), et Charles COTTA (Malatesta). Chef d'orchestre : Marcel CARIVEN .
Le 13 juin 1946, Stéphane Wolff présentait cet ouvrage au Théâtre Sarah-Behrnardt dans une version française nouvelle d’André de Badet, des décors de Romain Erté, des costumes de Pontet et une mise en scène de Max de Rieux, avec Mme Renée DORIA (Norina), MM. GILBERT-MORYN (don Pasquale) Maria ALTÉRY (Ernesto) Charles COTTA (Malatesta). Divertissements réglés par Pierre BEREZZI, dansés par Mme Emmeline PONCET (Colombine), MM. Pierre BEREZZI (Arlequin), Jacques RÉVERDY (Pantalon) et Jean PEMEJA (Pierrot). Chef d'orchestre : Charles BOISARD.
14e représentation le 25 novembre 1959, version française nouvelle d’André de Badet ; maquettes des décors et costumes de Romain Erté ; décors réalisés dans les ateliers du Grand Casino de Vichy par M. Boucard ; chorégraphie de Joseph Lazzini ; mise en scène de Max de Rieux.
Mlle Liliane BERTON (Norina).
MM. Amilcare BLAFFARD (Ernesto), Henri MEDUS (Don Pasquale), Louis NOGUERA (Malatesta), Jacques HIVERT (le Notaire).
Artistes de la Danse : Mlle Gisèle ADLOFF (Norina), MM. Guy LEONARD (Malatesta), Michel LAINER (Don Pasquale), Antonin di ROSA (Ernesto).
Chef d'orchestre : Richard BLAREAU.
11 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 1 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 4 en 1959, 2 en 1960, 4 en 1971, 6 en 1972, soit 27 au 31.12.1972.
Première au Palais Garnier, (le 1er acte seulement), à l'occasion d'un Gala des Auteurs Dramatiques, le 05 février 1916.
Mme Elvira de HIDALGO (Norina).
MM. Guglielmo NIOLA (don Pasquale), Fernando CARPI (Ernesto), Giuseppe DANISE (le Docteur Malatesta).
Chef d'orchestre : Arturo VIGNA
1 représentation à l’Opéra (1er acte seul) au 31.12.1961.
Résumé.
L'action, qui se passe à Rome vers 1750, met en scène, comme dans le « Barbier de Séville », un ridicule vieillard qui s'est mis dans la tête de se marier. Mais la jeune Norina fait la vie tellement amère à son vieil époux que Don Pasquale finit par renoncer à cette réunion en faveur de son neveu Ernesto.
ACTE I.
1er TABLEAU : Chez Don Pasquale.
Don Pasquale, vieillard aisé, veut prendre femme en dépit de son âge, afin que son neveu, lequel prétend épouser la jeune veuve Norina, n'hérite point de lui.
Le docteur Malatesta, auquel il confie ce projet, feint d'entrer dans ses vues. Il ne tarde même pas à venir lui proposer une femme accomplie, sa prétendue sœur Sofrina, qui, jusqu'ici, fut élevée au couvent [Air de Malatesta : Bella siccome un' angelo...]. Don Pasquale est ravi ; il brûle du désir de voir celle dont on lui a fait un portrait si flatteur [Cavatine de Don Pasquale : Ah ! un foco insolito...]. A son neveu Ernesto, il annonce son prochain mariage, ajoutant, à l'étonnement d'Ernesto, que le Docteur approuve son projet, la future étant sa sœur [Duo Pasquale-Ernesto : Prender moglie !...]. Ernesto, pensant perdre Norina, songe à mourir.
2e TABLEAU : La Chambre de Norina.
La jeune femme lit une sentimentale lettre d'amour, qui la met en gaîté [Cavatine de Norina : Quel guardo, il cavaliere...]. Un domestique lui apporte un message d'adieu du pauvre Ernesto. Le Docteur Malatesta arrivant, elle le lui montre et Malatesta, bien vite, la rassure. Tous deux discutent le plan du mariage fictif qu'ils projettent pour Don Pasquale, et font même une petite répétition de la comédie à jouer au vieillard.
ACTE II. — Un bal chez Don Pasquale.
Ernesto, seul, exhale sa tristesse. Apercevant son oncle qui arrive, il se retire. Don Pasquale donne des ordres au sujet de sa première entrevue avec Norina. Celle-ci se présente bientôt, voilée, en compagnie du Docteur [Trio : Via da brava...].
Prenant d'abord l'attitude d'une jeune femme timide, Norina met le vieux Don Pasquale au comble de la félicité. Un prétendu notaire lit le contrat. Ernesto survient. Le Docteur l'instruit à voix basse de ce qui se passe et le supplie de ne rien gâter. Le contrat est alors signé. Ernesto signe aussi, comme témoin, pas complètement rassuré toutefois.
L'acte n'est pas plutôt passé que Norina, à qui Don Pasquale a fait donation de la moitié de ses biens, change de contenance et fait à son époux toutes les misères imaginables. Don Pasquale reste pétrifié, abasourdi : le dépit et la colère l'étouffent [Quatuor : E rimasto...].
ACTE III.
1er TABLEAU : Chez Don Pasquale.
Les invités plaisantent et rient (*). Pasquale veut user de son autorité et arracher Norina au bal, mais celle-ci le giffle [Duo dit « du Soufflet » : Signorina, in tanta fietta...].
(*) On a parfois la mauvaise idée de supprimer les chœurs dans Don Pasquale, ce qui entraîne forcément quelques modifications scéniques. C'est tout particulièrement regrettable pour ce chœur du bal, qui est une des perles de la partition.
Norina part en laissant négligemment tomber un billet dont le contenu désespère Don Pasquale : il s'agit d'un rendez-vous donné par Ernesto, dans le parc, à la nuit close ! Don Pasquale fait, en grande hâte, appeler le Docteur. Celui-ci, avec bonhomie, défend sa prétendue sœur. Tous deux conviennent de surprendre l'entretien.
2e TABLEAU : Dans le jardin de Don Pasquale.
Ernesto chante la Sérénade qui doit attirer l'attention de la bien-aimée [Com' è gentil...]. Norina paraît [Duo : Tornami a dir che m'ami...].
Au signal convenu, Don Pasquale et le Docteur Malatesta surgissent. Les amoureux sont surpris et une scène désopilante s'ensuit. Le Docteur propose à Don Pasquale un moyen de tout arranger, en renonçant à la main de Norina en faveur de son neveu. Le vieillard finit par comprendre : Norina n'était pas la sœur du Docteur ; le mariage n'était qu'une feinte. Soulagé, il y renonce et c'est Ernesto que Norina épousera [Scène et Rondo final : La moral di tutto questo...].
« Le sujet de la pièce n'est pas neuf, puisqu'il s'agit d'un vieillard épouseur ; mais les scènes épisodiques lui donnent de l'agrément. Don Pasquale est vieux et riche ; il se met en tête de prendre femme. Son ami, le docteur Malatesta, ne pouvant l'en dissuader, feint d'entrer dans ses vues, et lui propose sa propre sœur, fille timide et naïve ; fille élevée, dit-il, dans un couvent. Celle-ci, qui n'est autre que Norina, jeune veuve fort rusée et aimée d'Ernesto, neveu de don Pasquale, entre dans le complot. L'entrevue a lieu ; les grâces pudiques de la pensionnaire éblouissent le vieillard ; le mariage est précipitamment célébré par les soins de Malatesta. Mais aussitôt après, la douce Agnès devient une tigresse indomptable. Elle fait une dépense d'enfer, met tout son plaisir à torturer le pauvre don Pasquale qui, ayant osé faire quelques observations, reçoit un soufflet. Il ne lui reste plus qu'à s'aller pendre de désespoir. Alors seulement, on lui apprend qu'il a été dupe : que notaire et contrat ont été simulés, et qu'il est libre. C'est avec une explosion de joie qu'il se décharge sur son neveu du fardeau conjugal. Le fond de ce livret appartient à un opéra intitulé Ser Marc Antonio, représenté le 10 juillet 1813, et dont la musique est de Pavesi. La partition de l'opéra de Don Pasquale est charmante et offre quatre morceaux tout à fait hors ligne : le duo de la répétition, au premier acte, entre Norina et le docteur ; le beau quatuor final du second ; le duo du soufflet et la délicieuse sérénade au troisième acte Cam' è gentil. On trouve dans tout l'ouvrage des qualités scéniques supérieures, une entente des effets d'orchestration qui résultent de l'expérience du compositeur ; mais la sérénade est une inspiration d'une fraîcheur et d'une originalité charmantes. Lablache était d'un comique achevé dans le rôle de don Pasquale ; Mario, Tamburini et Mme Grisi ont chanté avec succès les rôles d’Ernesto, de Malatesta et de Norina. Quoique Donizetti ait composé cet opéra expressément pour le public parisien, il était plus connu dans la province que dans la capitale, où il n'était représenté que trois ou quatre fois pendant la saison des Italiens. M. Carvalho a eu la bonne pensée de donner Don Pasquale, traduit en français, au Théâtre-Lyrique. Ismaël et Mlle de Maësen ont chanté les rôles créés par Lablache et Mme Grisi. Don Pasquale fut représenté, avec la version française de MM. Alphonse Royer et Gustave Vaëz, le 9 septembre 1864. Troy a bien vocalisé le rôle du docteur ; Ismaël était bon dans celui de don Pasquale ; quant à Mlle de Maësen, elle n'a pas trouvé là un rôle qui lui convint ; ses moyens comportent l'opera seria. Le rôle de Gilda, dans Rigoletto, donne la mesure de ses aptitudes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Donizetti composa ce chef-d’œuvre d'un goût si attique, ou, pour mieux dire, si parisien, à cinquante pas du boulevard, au n° 1 de la rue de Grammont. (Voir le livre de M. Léon Escudier, intitulé : Mes Souvenirs). La première représentation en fut donnée au théâtre Ventadour, le 4 janvier 1843, avec Mario, Tamburini, Lablache et Mlle G. Grisi. — Le livret rappelait la donnée générale du Barbier de Séville ; en tout cas, il était imité de celui de Ser Marc’ Antonio, mis en musique par Pavesi (Milan, 1811) et par Pacini (Venise, 1824). — L'édition française du Théâtre-Lyrique différait en plusieurs points de mise en scène de celle du Théâtre-Italien : les costumes n'étaient plus modernes, mais appartenaient à l'époque de Louis XV ; le premier acte se passait dans un jardin, et Don Pasquale faisait son entrée en chaise à porteurs ; la scène des créanciers était remplacée par une scène de bal. — Norine, Mlle de Maësen ; Don Pasquale, Ismaël ; le Docteur, Troy (pour ses débuts) ; Ernest, Gilland (pour ses débuts aussi, après succès remportés dans un café-concert du Palais-Royal). »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DON PÈDRE
Drame en cinq actes, musique de Blanchard, représenté au théâtre Molière après la révolution de Juillet 1830.
DON PÈDRE — Voir le Roi Don Pèdre.
DON PROCOPIO
Opéra bouffe en deux actes, livret italien de Carlo Cambiaggio, musique de Georges Bizet (composée de juin 1858 à mars 1859). Créé au Théâtre de Monte-Carlo le 06 mars 1906 sous la direction de Charles Malherbe, d'après une révision musicale de celui-ci, et dans une traduction française de Paul Collin et Paul Bérel (pseudonyme de Paul de Choudens). => partition détails
DON QUICHOTTE
Opéra-comique en trois actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique d’Ernest Boulanger. Création au Théâtre-Lyrique le 10 mai 1869. => fiche technique
DON QUICHOTTE
Opéra bouffe en un acte, livret de J. Deschamps, musique d’Emile Pessard. Première représentation à Paris, salle Erard, le 13 février 1874.
DON QUICHOTTE
Pièce à grand spectacle en trois actes et vingt tableaux de Victorien Sardou et Charles Nuitter, musique de scène d’Albert Renaud.
Première représentation à Paris, théâtre du Châtelet, le 09 février 1895.
« Je terminerai ces déjà longues notes par quelques mots seulement sur le Don Quichotte que le Châtelet vient de monter. Ces quelques mots seront d’autant plus brefs que la pièce remaniée par M. Sardou m’a semblé plutôt longue et dénuée d’intérêt. Que ceux à qui la perspective d’une grande mise en scène sourit, y aillent voir : je souhaite qu’ils ne soient pas de mon avis. MM. Dailly, Volny, Albert, Barral, Bouyer, Mmes Archaimbaud, Marga-Lucena, Miroir, Blanchet, Diony, qui font de leur mieux, M. Albert Renaud, avec une importante partition de musique de scène, et les décorateurs, avec quelques tableaux heureux, n’ont pas suffi à nous sortir d’un engourdissement que le froid, lui aussi, était loin de combattre. »
[Paul-Emile Chevalier, le Ménestrel, 17 février 1895]
DON QUICHOTTE
Comédie héroïque en cinq actes, livret d’Henri Cain, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra de Monte-Carlo le 19 février 1910. Première à l'Opéra (5e acte seul) le 10 décembre 1911. Première à l'Opéra-Comique le 07 octobre 1924. => fiche technique
DON QUICHOTTE CHEZ LA DUCHESSE
Opéra-ballet, livret de Charles Simon Favart, musique de Boismortier, représenté à l'Académie royale de musique le 12 février 1743, avec Bérard (Don Quichotte), Cuvillier (Sancho), Mlle Fel (Altisidor), Person (Merlin), Albert; Mlles Clairon et Gondré (Amantes enchantées).
« Le compositeur est moins connu par ses opéras et ses airs répandus à profusion de son vivant dans le public, que comme auteur d'un motet célèbre, Fugit nox, exécuté au concert spirituel, le jour de Noël, pendant plusieurs années, et qui mérite sa renommée. Boismortier a introduit, dans l'ensemble choral traité dans la manière de Lalande, des noëls populaires. Cette idée ingénieuse a été reproduite avec bonheur par Lesueur, dans le Gloria in excelsis de sa messe de Noël. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage ne se maintint pas longtemps au répertoire.
Sous ce même titre, Pannard avait donné, neuf ans auparavant, un ballet-pantomime à l'Opéra-Comique. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DON QUICHOTTE ET SANCHO PANÇA
Tableau grotesque en un acte (« la première opérette française »), livret et musique d’Hervé (1847), inspiré par l’acteur Désiré. Représenté au Théâtre-Lyrique [Opéra-National] (salle du Cirque Olympique) le 06 mars 1848, avec Hervé (Don Quichotte) et Joseph Kelm (Sancho Pança).
DON RAPHAËL
Opéra en trois actes, musique de Catrufo, reçu à l'Opéra-Comique (inédit).
DON SANCHE ou LE CHÂTEAU D'AMOUR
Opéra-féerie en un acte, livret de E. G. M. Théaulon de Lambert et de Rancé, d'après Florian, musique de Franz Liszt, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 17 octobre 1825, décors de Charles Ciceri, costumes d'Hippolyte Lecomte, avec MM. Prévost (Alidor), Ad. Nourrit (Don Sanche), Mme Grassari (Elzire), Mlles Frémont et Jawurek (un Page), sous la direction de Rodolphe Kreutzer.
La partition, d’abord égarée, a été retrouvée en 1900 par J. Chantavoine. Il s’agit du seul opéra écrit par Liszt, alors qu’il n’avait que quatorze ans.
« L'enchanteur Alidor, pour protéger don Sanche et vaincre, en faveur de ce chevalier, l’indifférence d'Elzire, emploie la ruse. Il réussit à attendrir cette beauté qui dissimulait, et les amants obtiennent leur admission au château d'Amour, où l'on ne peut pénétrer que lorsqu'on aime et qu'on est fidèle. Tel est le sujet de l’opéra imité d'une nouvelle de Florian. Cet ouvrage devait être et a en effet été jugé avec indulgence. »
[Almanach des spectacles, 1826]
« Il éprouva une chute complète, mais sans gravité, attendu que l'enfant prodige ne tomba pas de bien haut. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Péché de jeunesse d'un pianiste qui devait toute sa vie chercher à étonner le monde et qui n'a pas encore réussi à faire preuve d'inspiration et de goût. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DON SPAVENTO
Opéra-comique en trois actes, livret de Léon Morand et Gustave Vattier, musique d'Alfred Delehelle, représenté au Théâtre-Royal de La Haye le 13 janvier 1883. => détails
DONA MARIA
Opéra, paroles de M. Lesier, musique de M. de Reiset, ambassadeur de France près la cour de Hanovre, sous le pseudonyme de Bauger, représenté à Brunswick en février 1865.
DONNA DEL LAGO (LA) Voir la Dame du lac.
DONNA SUPERBA (LA)
[en fr. la Femme orgueilleuse]
Intermède italien en deux actes, représenté par l'Académie royale de musique le 19 décembre 1752. On sait que le goût des opéras italiens s'implanta en France, non sans une vive opposition, en 1752 et en 1753.
DORIA ou LA TYRANNIE DÉTRUITE
Opéra héroïque en trois actes, livret de Gabriel Marie Legouvé et Lœillard d’Avrigny, musique de Méhul. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 12 mars 1795. Cet ouvrage ne réussit pas.
DORISE (LA)
Drame lyrique italien en quatre actes, version française de Paul Ferrier, musique de Cesare Galeotti, représenté à la Monnaie de Bruxelles le 18 avril 1910 avec Mmes Croiza (Alays), Lily Dupré (Aurore), Symiane (Clochette), De Bolle (Déïdamie), Florin (Céphyse), Aubry (Eurydice), MM. Saldou (Fabrice), de Cléry (Didier), La Taste (Philippe), Dua (le maître à danser).
DORMENON ET BEAUVAL ou LE FILS CORRIGÉ
Opéra-comique en deux actes, livret anonyme, musique de Nicolas Lefroid de Méreaux. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 septembre 1787. Cet ouvrage a subi une chute à peu près complète.
DORMEUR ÉVEILLÉ (LE)
Comédie en deux actes mêlée d’ariettes, livret de Louis Anseaume ou Ménilglaise, musique de Jean-Benjamin de Laborde, représentée à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 27 octobre 1764.
DORMEUR ÉVEILLÉ (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Philidor, représenté en 1783 à la Comédie-Italienne.
DORMEUR ÉVEILLÉ (LE)
Opéra-comique en quatre actes, livret de Jean-François Marmontel, musique de Niccolò Piccinni, créé à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 14 novembre 1783. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 juin 1784.
« Le compositeur jouissait alors de ses triomphes, et le public était bien disposé à son égard. Le Dormeur éveillé eut du succès. Il est inutile de dire que le sujet a été tiré des Mille et une nuits, car il a reparu au théâtre plus de dix fois sous différents titres. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DORMEUR ÉVEILLÉ ou ABOU-HASSAN
Opéra-comique en trois actes, livret d’Alexandre Rolland, musique de Félix Clément, reçu au Théâtre-Lyrique en 1847.
DORMEUR ÉVEILLÉ (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Leprévost, représenté à l'Opéra-Comique en mars 1848.
DORMEUSE ÉVEILLÉE (LA)
Opérette en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Audran, représentée aux Bouffes-Parisiens le 29 décembre 1883, avec Mmes Marie Grisier-Montbazon (Suzette), Gélabert (Diane), Lucy Darly ; MM. Piccaluga (Octave de Follebranche), Maugé (le Capitaine Vieubec), Charles Lamy (Saturnin), Gerpré (Gorju), Désiré (Domingo), Desmonts (le Père Jérôme).
« Les Mille et une Nuits nous ont familiarisés avec le joli conte du Dormeur éveillé, qui jadis donna naissance à un opéra-comique ; en connaît aussi le sujet du Diable à quatre, que Sedaine tirait naguère d'une pièce anglaise. Il y avait de l'un et de l'autre dans cette Dormeuse éveillée, qui malheureusement manquait de nerf et d'entrain et qui semblait avoir communiqué à la musique une sorte de somnolence langoureuse. La pièce était néanmoins bien jouée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DOROTHÉE
Opéra-comique, musique de Jean-Baptiste Rochefort, représenté à Montansier vers 1776.
DOT (LA)
Comédie en trois actes et en prose, mêlée d'ariettes, livret de Guillaume Desfontaines, musique de Nicolas Dalayrac.
Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 08 novembre 1785. Premère à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 21 novembre 1785.
« Le livret offre des détails pleins d'esprit et de gaieté. L'ouverture est peut-être la meilleure qu'ait écrite Dalayrac. Nous citerons les jolis couplets chantés par Mme Dugazon : Dans le bosquet, l'autre matin, je cherchais la rose nouvelle ; le petit air, J'allais lui dire que je l'aime ; la marche en sol, et enfin l'air chanté par le magister, Jeunes bergerettes, de par un seigneur éminent, entrecoupé par des reprises du chœur. C'est de la petite musique, mais pimpante et spirituelle. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DOT DE BRIGITTE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier et Antony Mars, musique de Gaston Serpette et Victor Roger, représentée avec succès aux Bouffes-Parisiens le 06 mai 1895, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Brigitte), Germaine Gallois (Hortense), Alice Bonheur (Nicole), MM. Félix Huguenet (le Colonel), Charles Lamy (Mulot), Barral (Chamoisel), Théry (Brétigny) ; chef d'orchestre : Marius Baggers.
DOT DE RÉGINE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Michaels, musique de L. Barwolf, représenté au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le 01 février 1872 avec Mmes Danis-Barwolf (Régine), Nordet (Amanda), MM. Philippe Jourdan, Lauwers. Cet ouvrage a été bien accueilli.
DOT DE SUZETTE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Elie Dejaure, d’après la Dot de Suzette ou l’Histoire de Mme de Senneterre racontée par elle-même de Joseph Fiévée, musique de François-Adrien Boieldieu. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 05 septembre 1798. Ce fut le début du compositeur dans la carrière dramatique ; la pièce réussit, le sujet était agréable, la musique pleine de promesses, et l'actrice, Mme Saint-Aubin, fit valoir par son talent toutes les qualités de cette œuvre qui obtint un succès décidé.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DOT MAL PLACÉE (LA)
Fantaisie espagnole en trois actes, livret de Georges Mancel, musique de Paul Lacôme, représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l’Athénée) le 28 février 1873 avec Mme Caroline Girard (Pépita), MM. Henry Géraizer (Santa-Marina), Lary (Carlos), Lepers (Luis), Galabert (Rodrigo), d'Herdt (le docteur Menomtombo).
Cette farce est un peu trop gauloise. El señor Santa-Marina possédait une collection de médailles rares qui constituait toute sa fortune. Sur le point de tomber dans les mains de pirates, il l'a avalée. Pour doter sa fille, il éprouve une grave difficulté dont M. Purgon le débarrasse en un tour de main. Cette dot était en effet bien mal placée, surtout dans un livret d'opéra-comique. La musique a été trouvée agréable et ingénieuse. On a applaudi un duo sur la medicina.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
DOTS (LES)
Opéra-comique, musique de C.-L.-J. Hanssens, représenté à Gand en 1804.
DOUBLE APOTHÉOSE (LA)
Pièce en deux actes, de Piïs, musique de Propiac, représentée au théâtre des Troubadours (salle Louvois) le 13 décembre 1800.
DOUBLE CLEF (LA) ou COLOMBINE COMMISSAIRE
Comédie-parade en deux actes, livret de Jean-Louis Brousse-Desfaucherets, musique d’Alexandre Louet. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 juin 1786.
DOUBLE DÉGUISEMENT (LE)
Comédie en deux actes mêlée d’ariettes, livret d’Houbron, musique de Gossec. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 28 septembre 1767.
DOUBLE ÉCHELLE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique d’Ambroise Thomas.
Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 23 août 1837, sous la direction de Narcisse Girard, avec Mmes Olivier (la Marquise), Zoé Prévost (Suzanne), Lestage (une Femme de chambre), MM. Fleury (le Sénéchal), Couderc (le Chevalier d'Orgeville), Paul Jean Fargueil (Lucas).
« Le poème est fort agréable et d'une gaieté de bon goût. C'est le premier échelon de la carrière si brillamment fournie par M. Ambroise Thomas. La partition de la Double échelle renferme des morceaux très jolis, entre autres un duo, des couplets chantés par Couderc, un trio original et un quintette sur le motif d'un ancien menuet, et qui est fort bien traité. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DOUBLE ÉPREUVE (LA) — Voir Colinette à la cour.
DOUBLE ÉPREUVE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Ernest Dubreuil, musique de Léon Vercken, représenté à Paris dans les salons de MM. Mangeot frères le 29 janvier 1880. La pièce, assez agréable et spirituelle pour être jouée dans un théâtre de société, aurait besoin d'être un peu retouchée pour la scène. La musique, au contraire, est très travaillée et ne peut manquer d'être favorablement accueillie par les dilettantes. L'harmonie, d'une correction irréprochable, fait valoir la mélodie, toujours vive et gracieuse. On a surtout remarqué l'air de Manuela et son duo avec Pablo.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
DOUBLE MARIAGE (LE)
Opéra en un acte, musique de Pierre-David-Augustin Chapelle, représenté à la Comédie-Italienne en 1786.
DOUBLE PIÈGE (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Mme Mélanie Waldor, musique de M. G. Douay, représenté dans la salle Herz en juin 1868. Chanté par Ducellier, Aurèle, Neveu, Mlles Regnault et Ducasse.
DOUBLE RÉCOMPENSE (LA)
Opéra-comique, musique de Simon, représenté au théâtre Montansier en 1797.
DOUBLE RÉCOMPENSE (LA)
Opéra-comique, musique de Devismes, représenté au théâtre Montausier vers 1805.
DOUZE FEMMES DE JAPHET (LES)
Vaudeville-opérette en trois actes, livret d’Antony Mars et Maurice Desvallières, musique de Victor Roger, représenté au théâtre de la Renaissance le 16 décembre 1890.
DOUZE INNOCENTES
Opérette en un acte, paroles de M. de Najac, musique d’Albert Grisar, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 octobre 1865, avec Berthelier.
DRAC (LE)
Opéra féerique en trois actes et six tableaux, livret de Louis Gallet d'après le drame de George Sand et Paul Meurice, musique de Paul et Lucien Hillemacher.
Créé au Théâtre de Karlsruhe, le 13 novembre 1896, dans la version allemande d’Emma Klingenfeld.
Mmes MOTTL (le Drac), MEYER (Fleur de Mer), NOE (Francine), TOMSCHICK (Cyanée).
MM. POKORNY (Bernhard), BUSSARD (Lesquinade), NEBE (Andréas), HAAG (un Marin).
Chef d'orchestre : Félix MOTTL
Première à Paris, au Palais Garnier, le 29 juin 1942, sous le titre le Drac, sorcier de la mer, dans une mise en scène de Pierre Chereau, des décors et costumes réalisés d'après les maquettes de Jean Souverbie.
Mmes SEGALA (le Drac, Fleur de Mer), COURTIN (Francine), BOUVIER (Cyanée).
MM. BECKMANS (Bernhard), RAMBAUD (Lesquinade), FROUMENTY (Andréas), PETITPAS (un Marin).
Chef d'orchestre : Louis FOURESTIER
5e à l’Opéra, le 04 janvier 1943, avec les créateurs, sauf Renée MAHE (Francine).
5 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
DRAGÉES DE SUZETTE (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Barbier et Jules Delahaye, musique de Hector Salomon, représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 13 juin 1866 avec Mlle Valérie Tual (Suzette), MM. Emile Wartel (Van-Taff), Gabriel (Champeaux), Désiré Fromant (Joseph), Prosper Guyot (Germain).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 8 en 1866, 16 en 1867, 11 en 1868, 1 en 1870.
Le canevas de la pièce est fort léger. C'est un imbroglio entre un fermier général, une actrice de l'Opéra, sa camériste et un jeune villageois. Les dragées en question renferment chacune une perle ; c'est un moyen de séduction employé par le financier. La partition est traitée avec science et habileté. Elle est l'œuvre d'un musicien instruit et d'un homme de goût. Elle renferme de jolis morceaux, entre autres des couplets sur un temps de valse, Laissez là vos bijoux, bien chantés par Mlle Tual. Dans la table alphabétique des compositeurs, le nom de M. Hector Salomon, notre contemporain, doit être séparé de celui du compositeur Salomon, collaborateur de l'abbé Pellegrin, et auteur de l'opéra de Théonoé, joué à l'Académie de musique en 1715.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
« Le principal personnage était Mlle Sallé, la célèbre danseuse. — M. H. Salomon occupait alors l'emploi d'accompagnateur au Théâtre-Lyrique ; il était en 1866 maître du chant à l'Opéra. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
DRAGÉES DU BAPTÊME (LES)
Opérette, livret de Charles Dupeuty et Bourget, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 18 juin 1856. C'est une pièce de circonstance, dont le baptême du prince impérial a fourni le prétexte. On y a remarqué les Couplets de la cloche. Jouée par Prosper Guyot et par Mlle Mareschal, débutante.
« Opérette composée à l'occasion du baptême du Prince impérial. On sait ce qu'il reste des ouvrages de circonstance ; de là le proverbe : Passé la fête, adieu... la pièce ! (Début de Mlle Maréchal.) »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
DRAGON DE LA REINE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Pierre Decourcelle et Frantz Beauvallet, musique de Léopold de Wenzel, représenté au théâtre de l'Alhambra de Bruxelles le 25 mars 1888 avec Mmes Juliette Simon-Girard (Sedaine), Lydie Borel (Rose), Blanche Olivier (la Comtesse), MM. Hurbain (De Cornensac), Simon-Max (Pamphile), Duchène (Montauciel), Mock (le Major), et à Paris, au théâtre de la Gaîté, le 31 mai 1888 avec Mmes Juliette Simon-Girard (Sedaine), Gélabert (Rose), Jeanne Evans (la Comtesse), MM. Berthelier (De Cornensac), Simon-Max (Pamphile), Alexandre (Montauciel), Riga (le Major).
« Les auteurs ont eu l'idée de nous montrer Sedaine, jeune ouvrier maçon, devenant amoureux d'une jeune fille, tandis que s'éprend de lui une grande dame sur le retour, la comtesse de Bellardoise. Comment il devient dragon de la reine, puis spadassin émérite, puis chef d'une troupe de comédiens de campagne, c'est ce qu'il est assez difficile d'expliquer. Mais ce qui est bien plus inexplicable, c'est que ce dragon, chargé d'une dépêche militaire d'une extrême importance, oublie tranquillement son uniforme en changeant de costume pour servir ses amours, et perd la susdite dépêche. On a beau être au théâtre , l'invraisemblance a des bornes. Quant au mariage final de la comtesse de Bellardoise avec un vieil officier ridicule qu'elle n'a jamais vu, c'est le comble de l'audace scénique. La musique ne sauve pas les imperfections de ce livret mal venu. M. de Wenzel, dont la réputation s'est surtout faite avec une chanson devenue populaire, le P'tit bleu, ne manque pourtant, à l'occasion, ni de verve, ni de quelque imagination. Il n'en a guère dépensé dans la partition du Dragon de la reine, qui ne sort point des banalités les plus ordinaires et dont il n'y a rien à retenir. La pièce a été montée avec beaucoup de luxe à Paris. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
DRAGONETTE
Opérette militaire en un acte, livret d'Adolphe Jaime et Eugène Mestépès, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 30 mars 1857.
« Léonce en cantinière, — Mlle Coraly Guffroy en fifre. — Début de cette dernière... Grand effet de chevelure blonde. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
DRAGONS DE L’IMPÉRATRICE (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret de Georges Duval et Albert Vanloo, musique d’André Messager. Création au Théâtre des Variétés le 13 février 1905. => fiche technique
DRAGONS DE VILLARS (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Cormon et Lockroy, musique d’Aimé Maillart.
Personnages : Thibaut, un riche paysan (ténor) ; Sylvain, son premier valet (ténor) ; Belamy, sous-officier de dragons (baryton) ; un Prédicateur (baryton) ; Georgette, femme de Thibaut (soprano) ; Rose Friquet, une pauvre fille de ferme (soprano) ; Petits rôles ; Chœurs (dragons et paysans).
Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 19 septembre 1856, mise en scène de Léon Carvalho, par Mmes Caroline GIRARD (Georgette), Juliette BORGHÈSE (Rose Friquet), MM. SCOTT (Sylvain), Adolphe GIRARDOT (Thibaut), Antoine GRILLON (Bellamy), Henri ADAM (le Pasteur), sous la direction d’Adolphe DELOFFRE.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 47 en 1856, 26 en 1857, 20 en 1858, 25 en 1860, 16 en 1861, 19 en 1862, 3 en 1863.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 13 mai 1858 avec Mmes Barbot (Rose Friquet), Feitlinger (Georgette), MM. Carman (Bellamy), Félix Montaubry (Sylvain), Gourdon (Thibault), Borsary (un pasteur).
Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 05 juin 1868. — Mise en scène d’Ernest Mocker.
Mmes Caroline GIRARD (Georgette), GALLI-MARIÉ (Rose Friquet).
MM. Paul LHÉRIE (Sylvain), PONCHARD (Thibaut), Armand Auguste BARRÉ — débuts — (Bellamy), BERNARD (le Pasteur), MICHAUD (un Dragon), EUGÈNE (le Lieutenant).
Chef d'orchestre : Adolphe DELOFFRE.
50e représentation à l'Opéra-Comique le 17 janvier 1869 avec la même distribution sauf MM. LAURENT (Sylvain) et JULIEN (le Pasteur).
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17.05.1874 Opéra-Comique (100e) |
29.05.1898 Opéra-Comique
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07.07.1900 Opéra-Comique (331e) |
02.03.1911 Opéra-Comique (368e) |
15.10.1916 Opéra-Comique (371e) |
Georgette |
REINE |
CHEVALIER |
EYREAMS |
DE POUMAYRAC |
R. CAMIA |
Rose Friquet |
Marguerite CHAPUY |
MARIE DE LISLE |
MARIE DE LISLE |
TIPHAINE |
E. FAVART |
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Sylvain |
Paul LHÉRIE |
ENGEL |
CARBONNE |
DE POUMAYRAC |
Eugène DE CREUS |
Thibaut |
BARNOLT |
BARNOLT |
François-Antoine GRIVOT |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Bellamy |
BERNARD |
Lucien FUGÈRE |
Lucien FUGÈRE |
DELVOYE |
André ALLARD |
le Pasteur |
MELCHISSEDEC |
Etienne TROY |
Etienne TROY |
GUILLAMAT |
H. AUDOIN |
un Dragon |
MICHAUD |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
ÉLOI |
le Lieutenant |
LACROIX |
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Chef d’orchestre |
DELOFFRE |
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GIANNINI |
E. PICHERAN |
E. PICHERAN |
L'Opéra-Comique a présenté cette œuvre au Théâtre de la Gaîté-Lyrique qui la créa le 01 mai 1908 avec Mmes Rachel LAUNAY (Georgette), TIPHAINE (Rose Friquet), MM. DE POUMAYRAC (Sylvain), Georges MESMAECKER (Thibaut), André ALLARD (Bellamy), MELGATI (le Pasteur), sous la direction d’A. AMALOU.
Reprise au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 30 mai 1935 avec Mmes Fanély Revoil (Rose Friquet), Simone Lencret (Georgette) ; MM. Villabella (Sylvain), Deldi (Bellamy), Edmond Castel (Thibault).
377 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 47 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Résumé.
Le dragon Belamy s'est installé dans la ferme de Thibaut dont il courtise la femme, cependant que Rose Friquet, qui est aimée de Sylvain, le valet de ferme, s'ingéniera à faire échapper les protestants cachés dans la montagne. Le deuxième acte amène l'épisode gai de la clochette qui carillonne chaque fois que Belamy veut prendre un baiser à Georgette ; le troisième, après qu'un faux renseignement a laissé momentanément croire à Sylvain que Rose avait trahi les fugitifs, s'achève avec les préparatifs de la noce des deux amoureux.
L'action se déroule vers 1704 pendant les guerres cévenoles. Il s'agit toutefois d'un épisode gai des « dragonnades » tristement célèbres du Maréchal de Villars.
ACTE I. — La ferme de maître Thibaut.
Pendant que les hommes sont à la ville, les femmes rangent dans des paniers leur récolte de fruits. Georgette Thibaut chante quelques couplets. Tout à coup, retentit le son de la trompette. C'est un sauve-qui-peut général, car les dragons du Maréchal de Villars ont mauvaise réputation. Thibaut cache sa femme dans le colombier et les autres se réfugient dans le presbytère.
Le brigadier Belamy envahit la ferme, demande divers renseignements à Thibaut et entre pour se reposer quelques instants. Sylvain, un valet de Thibaut, élevé par un pasteur protestant qui se trouve précisément caché avec ses ouailles dans le voisinage, entre avec quelque retard ; ses mules se sont égarées dans la montagne. Mais voici Rose Friquet qui les ramène.
Dans un entretien que Sylvain a ensuite avec Rose, elle lui parle des grottes de Saint-Gratien et des fugitifs qui s'y trouvent cachés. Le garçon de ferme qui ne peut dissimuler son émotion conjure Rose de se taire [Romance de Sylvain : Ne parle pas, Rose, je t'en supplie...].
Le dragon Belamy revient bientôt et se fait servir à boire par Rose, qui le met malicieusement au fait de la cachette au bon vin et du colombier où s'est réfugiée la tourterelle de Maître Thibaut. Dame Georgette, en tête à tête avec le brigadier, lui parle alors, avec un peu de crainte, du solitaire de Saint-Gratien qui fait carillonner la cloche de l'ermitage (d'où le titre allemand de la pièce « Das Glöcken des Eremiten ») pour avertir les maris quand leurs femmes commettent quelque infidélité ! [Couplets de la Cloche : Din, din, din, din ! Il sonne, il carillonne...].
L'acte s'achève par une scène de ripaille ; pendant que les soldats s'enivreront et lutineront les commères, Rose pourra s'esquiver et guider les protestants jusqu'à la frontière de Savoie.
ACTE II. — L'ermitage de Saint-Gratien dans un site escarpé et sauvage.
Il fait nuit. Sylvain gravit le sentier et, par un signal convenu, rassure les fugitifs. Il est bientôt rejoint par Rose elle-même. Sous la lumière des étoiles, tous deux s'avouent leur amour. Rose a appris que tous les chemins étaient gardés, mais elle connaît un sentier par où elle saura conduire les proscrits. Sylvain s'éloigne. Thibaut, recherchant sa femme qu'il a cru voir au bras d'un dragon, est hors de lui. Rose s'en débarrasse en le lançant sur une fausse piste.
Belamy survient alors avec Georgette qui se défend mollement ; mais à chaque baiser qu'il veut lui prendre, Rose, cachée et jouant la Providence, agite la clochette de l'ermitage !
A peine Georgette s'est-elle échappée des bras de Bellamy que Thibaut arrive tout effaré. Belamy le rassure. Thibaut, persuadé maintenant que Belamy est venu pour Rose, s'en amuse prodigieusement. Les deux hommes, bras dessus, bras dessous, se dirigent vers le village. Quelques instants après, le brigadier revient sur ses pas pour découvrir le farceur qui s'est amusé à sonner la cloche. Apercevant Rose, il se blottit dans un coin. C'est alors la fuite nocturne, à travers les ravins des infortunées familles conduites par Sylvain et Rose. Avec leur vénérable Prédicateur, elles demandent à Dieu de les protéger.
Mais Belamy a tout vu et il agira...
ACTE III. — La rue dans laquelle donne la maison de Thibaut.
Le matin est venu ; la nouvelle des fiançailles de Rose et de Sylvain a mis tout le monde en émoi. Le bruit se répand tout à coup que les fugitifs auraient été trahis par Rose et arrêtés avant d'atteindre la frontière. Sylvain se laisse prendre à cette perfidie et disparaît. Quelques instants après, Rose se présente en toilette de fiancée [Air de Rose : Il m'aime, espoir charmant !]. Mais Sylvain rompt brutalement avec elle. Rose, blessée dans son orgueil et son amour, trouve un secours inattendu auprès de Georgette. La consternation fait place à la joie lorsqu'on apprend qu'elle est innocente du crime qu'on lui imputait et que les proscrits ont atteint la frontière. Mais Belamy, furieux, veut faire fusiller Sylvain. Il se calme quand on le menace de révéler à ses supérieurs qu'au lieu d'accomplir son devoir, il a festoyé toute la nuit dans la cave de Thibaut. Les choses s'arrangent donc, et tous chantent joyeusement avec le brigadier : « Sonne, sonne toujours, trompette coquette, etc. ».
« Cette pièce est fort intéressante, quoique la plupart des situations soient des lieux communs au théâtre ; mais elles sont disposées avec habileté, et forment un ensemble plein de mouvement et de variété. Le type de Rose Friquet est original et bien rendu. C'est une jeune fille que la bizarrerie de son caractère a rendue un objet de méfiance et d'aversion pour tout le pays. Cependant elle cache, sous ces dehors singuliers, un excellent cœur et un esprit pénétrant. Grâce à elle, de malheureux proscrits peuvent sortir d'une grotte des Cévennes où ils ont trouvé un refuge et gagner la Savoie. Elle sait préserver à temps le fermier Thibaud d'une infortune conjugale ; enfin elle inspire au jeune villageois Sylvain un amour sincère et passionné, et tous deux sont heureux de s'épouser. La partition des Dragons de Villars a fait beaucoup d'honneur à M. Aimé Maillart. Elle abonde en mélodies charmantes, et on y remarque même des beautés d'un ordre élevé. Nous citerons en première ligne la prière : Soutien de l'innocent, dont la male harmonie et le chant large expriment bien le caractère énergique et la ferveur religieuse de ces habitants des Cévennes ; et ensuite, l'air de Rose Friquet, qui se compose de trois mouvements excellemment traités. L'andante : Espoir charmant, Sylvain m'a dit : je t'aime, est suave et expressif; le petit allegretto, Ah ! voyez, voyez cette figure, est piquant, et la cabalette, Oui, c'est moi qu'il a choisie, a de la passion et de la grâce. Nous rappellerons aussi un petit duo : Quelle folie, moi jolie, dont l'effet est gracieux, mais qui pèche par trop de mignardise, et les Couplets de la cloche. Les rôles ont été créés par Scott, Grillon, Girardot, Mlles Borghèse et Girard. Cet opéra-comique a été joué avec succès à Königsberg, à Berlin, à Hambourg et sur les principaux théâtres de l'Allemagne sous le titre la Clochette de l’ermite. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Il n'est peut-être pas d'opéra qui ait été représenté plus souvent au Théâtre-Lyrique. La reprise qui en a été donnée à l'Opéra-Comique (avec Mme Galli-Marié) a obtenu un égal succès, et il en existe une traduction allemande qui, sous le titre de la Cloche de l'Ermite, est au répertoire de tous les théâtres d'outre-Rhin. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
« Principaux personnages : Rose Friquet, jeune bergère ; Thibaut, riche fermier : Sylvain, son valet ; Belamy, sous-officier de dragons ; Georgette, femme de Thibaut.
La scène se passe dans l'Estérel, vers 1704.
MM. Lockroy et Cormon ont su tirer une action légère et gaie d'un épisode singulièrement dramatique des guerres de religion dans lesquelles les dragons du maréchal de Villars ont joué un rôle sanglant. Des protestants fugitifs se cachent dans les montagnes de l'Estérel, et les fameux dragons leur donnent la chasse. Sylvain, valet du fermier Thibaut, a été élevé par un pasteur protestant, qui se trouve précisément dans le voisinage, caché avec quelques-unes de ses ouailles. Il connaît la retraite des malheureux, mais se garderait bien de les trahir. Les dragons fouillent le pays et, au premier acte, on en voit arriver quelques-uns, sous la conduite de Belamy, chez Thibaut, homme riche, avare et jaloux, qui, à l'annonce de leur approche, a caché toutes ses provisions et enfermé sa femme dans le pigeonnier. Tous ses voisins ont du reste pris des précautions analogues, car les dragons de Villars sont précédés d'une fâcheuse réputation.
Cependant, la vertu des femmes dans le village de Thibaut est devenue légendaire. Cela tient à une curieuse superstition. Un vieil ermitage en ruines du voisinage possède encore un clocheton et une cloche, et la croyance s'est répandue que l'esprit du dernier ermite veille sur l'honneur conjugal des maris de la contrée. Si une femme se permettait de fauter, immédiatement la clochette de l'ermitage se mettrait à sonner, annonçant la chose bien loin à la ronde.
Il ne faut pas moins que cette menace et la crainte salutaire du scandale pour maintenir dans le droit chemin Georgette, la femme de Thibaut, une luronne à qui, sans cela, les aventures ne feraient pas peur.
Reste à présenter le principal personnage féminin, Rose Friquet, une pauvre bergère qui vit en sauvage et que tout le monde méprise, avec une exception cependant : Rose est aimée en secret de Sylvain.
Or donc, les dragons sont arrivés chez Thibaut et s'installent. Ils sont surpris de ne voir de femmes nulle part. Sylvain, qui apprend le but de leur visite, tremble pour les réfugiés et se demande comment il fera pour retenir les dragons et faire fuir ses protégés. Seul, il n'y parviendrait pas, mais une aide inespérée lui vient de Rose Friquet. Rose a surpris le secret de Sylvain. Elle connaît la retraite des protestants ; mais on pourrait se dispenser de lui chanter : « Ne parle pas, Rose, je t'en supplie ! » car elle n'a nulle envie de livrer à la mort ces innocentes victimes. C'est elle, au contraire, qui retiendra les dragons, en leur révélant la cachette des femmes et du vin, et en proposant un bal et la ripaille. Pendant que les soldats s'enivreront et lutineront les commères, elle pourra s'esquiver et guider les protestants jusqu'à la frontière de Savoie.
Tout irait très bien, sans le tempérament méridional de Georgette, qui s'en laisse conter par Belamy, et qui consent à l'accompagner nuitamment à l'ermitage, non sans trembler bien fort pourtant : vous savez, la cloche !
Thibaut, cela va sans dire, ne se doute de rien, et l'acte s'achève sur une scène d'orgie.
Le second acte se passe la nuit, devant l'ermitage. Sylvain est là, seul, au lever du rideau. Il a compris le manège de Rose et se prépare à profiter du répit qu'elle lui procure pour délivrer les proscrits. Il est bientôt rejoint par Rose elle-même, et là, sous la lumière des étoiles, tous deux s'avouent leur amour. Mais Rose apporte de mauvaises nouvelles : tous les chemins qui conduisent à la frontière sont gardés, sauf un sentier de chèvres qu'elle connaît et par où elle pourrait assurer la fuite des malheureux. C'est donc elle qui leur servira de guide et Sylvain va les chercher dans leur cachette.
Pas plus tôt a-t-il disparu, arrive Thibaut, qui a vu Belamy se diriger vers l'ermitage, en compagnie d'une femme. Il a cru reconnaître Georgette : en quoi il ne se trompait pas. Rose le lance sur une fausse piste, pour s'en débarrasser.
Surviennent Belamy et Georgette. Celle-ci résiste mollement aux assauts du beau militaire. Elle va succomber, elle succomberait certainement sans Rose qui, cachée, a tout vu et tout entendu et qui joue maintenant le rôle de la Providence. Agitée par elle, la cloche se met à tinter et Georgette, terrifiée, se ressaisit. Mais la cloche se tait et, un peu rassurée, Georgette se laisse prendre un baiser. Nouveau carillon, plus fort que le premier et qui amène sur les lieux Thibaut, dans tous ses états. Belamy est seul, car Georgette a eu le temps de s'esquiver. Thibaut se rassure ; il se persuade même que Belamy est venu pour Rose et l'idée l'amuse prodigieusement. Les deux hommes, réconciliés, s'en vont bras dessus, bras dessous.
Mais Belamy revient bientôt et aperçoit Rose, qui ne le voit pas. Il comprend le mystère de la cloche et se cache pour observer. Presque aussitôt arrive Sylvain avec les protestants. Rose se met à leur tête pour les conduire en lieu sûr. Mais Belamy a tout vu et va immédiatement entreprendre la poursuite.
Au troisième acte, le matin est venu et tout s'apprête pour le mariage de Rose et de Sylvain. Mais le bruit se répand que les dragons ont fait une importante prise et Thibaut fait croire à Sylvain que les protestants ont été livrés à Belamy par Rose, tentée par la prime offerte aux délateurs. Le pauvre garçon est atterré. En réalité, on ne sait encore rien, sauf que Belamy, au lieu d'aller avec ses hommes à la poursuite, est resté dans la cave de Thibaut à boire son meilleur vin. Cela ne lui suffit pas : il poursuit son avantage auprès de Georgette, et celle-ci, s'apercevant que la cloche ne sonne plus, cesse immédiatement toute résistance.
Arrive Rose, qui ne comprend rien à l'accueil de Thibaut, encore moins à celui de Sylvain. Quand elle apprend de quoi on l'accuse, blessée dans son orgueil et dans son amour, elle refuse de se disculper et s'enferme dans un mutisme fier. Adieu le mariage ! Adieu le bonheur ! Seule Georgette, qui n'a pas le cœur tendre à demi, se range aux côtés de la pauvre fille. Touchée de ce secours inattendu, Rose, sans mot dire, tend un papier à la fermière : c'est le message du pasteur, écrit à la frontière et annonçant le salut de tous les fugitifs.
Tout est raccommodé entre Rose et son amoureux. Les choses risquent par contre de se gâter entre Sylvain et Belamy. Le dragon, furieux d'avoir été joué, veut faire fusiller le pauvre garçon. Mais il compte sans Rose, qui le menace de révéler à ses supérieurs les festivités de la veille. Pareille révélation entraînerait, pour le sous-officier coupable, le châtiment le plus sévère. Aussi, quand survient le lieutenant, Belamy reste-t-il coi. Tout finit donc bien et l'on pourra reprendre les préparatifs interrompus de la noce. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Le quartier des dragons, mousquetaires et voltigeurs, est un domaine généralement exploité par l'Opérette. Ce dernier genre — qui n'est nullement le dernier des genres — tendant de plus en plus à « présenter » (comme l'on dit au cinéma) ses productions sous l'étiquette plus classée, sinon plus classique, d' « opéra-comique », nous ne verrions aucun inconvénient à ce que tant de militaires qui ont combattu pour son succès allassent triompher sur les premiers champs de manœuvre lyriques où, depuis longtemps, tiennent garnison leurs frères d'armes aînés, les soldats de Villars — l'opéra-comique qui porte le nom de leur régiment n'étant d'ailleurs qu'une opérette supérieure... c'est-à-dire gradée, galonnée, chevronnée.
Nous ne compterons pas les brisques de ces éternels « rengagés » — les Dragons de Villars n'ayant jamais quitté le répertoire depuis leur première année de campagne — 1856 — date de la création (le 19 septembre), au Théâtre-Lyrique, du chef-d'œuvre de Louis-Aimé Maillart — seul ouvrage encore joué de ce compositeur, qu'il a d'ailleurs suffi à immortaliser. Les auteurs du livret, MM. Lockroy et Cormon, semblent avoir regardé les « dragonnades » du même œil dont la spirituelle marquise de Sévigné voyait rouer la canaille, sans aucune méchanceté — car on eût pu bâtir un mélodrame noir sur le sujet qui sert de point de départ à l'action par eux inventée.
Le maréchal Villars a lâché ses grands diables de soudards sur les montagnes de l'Esterel... Il s'agit de traquer les Camisards, fuyant leur pays de Cévennes. Ces huguenots ont fini par trouver une retraite à peu près sûre dans des cavernes avoisinant un petit village. Sylvain, le valet du fermier Thibaut, élevé jadis par le vieux pasteur qui dirige les persécutés, connaît leur cachette et les y secourt de son mieux. Mais la petite Rose Friquet, une gardeuse de chèvres un peu fille de bohème, et pour laquelle la montagne où elle mène paître son troupeau n'a, depuis longtemps, nul mystère, a découvert le secret. Sylvain s'en aperçoit ; il tremble pour ses protégés, bien à tort : quoique tenue à distance par la communauté villageoise, qui la taxe de sorcellerie, Rose a bon cœur sous ses dehors malicieux ; et elle ne saurait trahir les malheureux proscrits, même si elle n'aimait pas Sylvain — d'un amour d'ailleurs partagé.
Cependant, les dragons finissent par arriver au hameau, et ils tombent chez l'habitant — le sous-officier Belamy, grand coureur devant l'Esterel, à leur tête. La réputation de cet ancêtre probable du « Bel Ami » de Maupassant et de ses hommes est telle que, dès leur approche, le métayer Thibaut et ses voisins commencent par mettre sous clef leurs femmes et leurs provisions. Une légende, qui court la contrée, ne les rassure qu'à demi : Dans le lointain, l'on aperçoit le clocher d'une église en ruines — on la dit hantée par l'ermite qui en fut jadis le desservant, et il est de tradition que la cloche — baptisée probablement à Corneville — sonne lorsqu'un mari est en instance de déshonneur.
Sylvain envisage plus sérieusement le péril qui résulte de la présence des dragons dans le pays... il pense à ses amis les protestants. C'est alors que Rose Friquet rentre en scène. Il s'agit tout d'abord de détourner des réfugiés l'attention de la soldatesque. Rien n'est plus facile. Elle s'en vient rôder autour de Belamy, qu'elle aguiche et qu'elle émoustille. Justement le dragon est de méchante humeur ; il trouve la piquette exécrable et la bourgade étrangement « mal femmée ». Rose lui rit au nez, elle s'apitoie faussement sur le triste accueil fait aux militaires par les croquants du crû — elle laisse entendre qu'il est surprenant de les voir aussi résignés... Belamy dresse l'oreille — le résultat de la manœuvre se devine : un coup d'œil à droite, et un autre à gauche... un ou deux tours de clef, et voilà le cellier ouvert, les villageoises dénichées. C'est en vain que Thibaut s'arrache les cheveux ; son épouse danse avec Belamy et les dragons font ripaille... Rien à craindre momentanément pour les fugitifs.
Le stratagème de Rose n'a que trop bien réussi : Georgette, la femme de Thibaut, pressée par son nouveau soupirant, lui a conté la légende de la cloche — et, pour mieux dissiper les scrupules qui résultent de ses inquiétudes à ce sujet, Belamy juge piquant de lui assigner un rendez-vous nocturne près de cet ermitage impopulaire. Or, c'est dans son voisinage immédiat que se trouvent les grottes de Saint-Gratien, où se cachent les protestants. Et la présence du sous-officier à cet endroit est d'autant plus redoutable que Sylvain, croyant les soldats en train de cuver leur orgie, a choisi cette nuit pour faire évader les proscrits. Rose doit leur servir de guide. Les deux jeunes complices vont être troublés dans leur entretien par l'arrivée de Belamy et de Georgette, mais ces derniers ne sont pas seuls : Thibaut les a suivis ; il faut absolument éloigner tout ce monde-là. Là Friquet va s'embusquer dans les ruines, et au moment où le dragon dérobe un baiser à la villageoise, la cloche, agitée par Rose, se met à carillonner. Georgette s'enfuit et Thibaut surgit ; mais, naturellement, il ne trouve que Belamy — et il a trop d'intérêt à ne pas croire à son infortune conjugale pour ne pas accepter facilement les explications du galant, lorsque celui-ci lui persuade qu'il est venu avec une autre que sa femme... d'autant plus qu'il a, tout à l'heure, entrevu sur les lieux la petite gardeuse de chèvres.
Thibaut s'en est allé, ragaillardi. Mais Belamy n'est pas aussi crédule, et il entend tirer au clair le mystère de cette cloche... Tapi dans l'ombre, il ne tardera pas à voir surgir Rose Friquet, puis les proscrits conduits par le berger Sylvain... C'est plus qu'il n'en faut pour être fixé. Il va réveiller ses dragons et les lancer sur la piste.
Le lendemain, dans le village, se préparent les accordailles de Rose et de Sylvain. Celui-ci attend sa future qu'il a laissée à la tête des fugitifs pour les guider dans la montagne. Pendant ce temps, Thibaut clabaude sur le compte des fiancés : il croit Rose la maîtresse de Belamy, et comme il sait que les dragons sont partis dès le petit jour à la poursuite des huguenots, il va répétant partout que c'est elle qui a révélé à l'officier la retraite de ces malheureux. Les paysans se détournent de Sylvain ou lui rient au nez — tant et si bien qu'il s'impatiente et réclame une explication. Quelques paroles malencontreuses échappées à Belamy — qui sort, gris, de la cave où il s'est enfermé pour boire le vin du fermier, au lieu de se mettre à la tête de son détachement en patrouille dans les alentours — achèvent de compromettre Rose Friquet. Et lorsque la pauvre petite, l'heure de la noce sonnée, se présente à son cher promis en robe d'épousée, Sylvain la repousse avec éclat en l'accusant de trahison et de parjure.
Rose, indignée, dédaigne de se justifier... Elle n'est soutenue que par Georgette — qui n'a plus rien à refuser à Belamy ; et c'est à la sensible fermière qu'elle fera sa confidence : tandis qu'on la soupçonnait de vendre au dragon la vie des proscrits, elle guidait ceux-ci à travers la montagne, par un sentier de chèvres connu d'elle seule, et parvenait enfin à les sauver. A cette heure, un mot reçu du vieux pasteur lui annonce que les fugitifs sont désormais en sûreté à la frontière de Savoie. Les dragons reviennent bredouilles ; Sylvain tombe aux genoux de Rose. Mais Belamy, furieux, parle d'arrêter le berger comme conspirateur. Il le ferait comme il le dit, si la Friquet — qui a décidément réponse à tout — ne menaçait à son tour le sous-officier de le dénoncer pour avoir laissé échapper les huguenots par sa négligence en service commandé : ivrognerie et libertinage. Louvois ne plaisante pas avec de tels écarts de discipline : aussi, à l'arrivée du lieutenant du Roi, Belamy se garde-t-il bien de rendre compte de l'échec qui a terminé sa mission. Tout porte à supposer que la compatissante Georgette le consolera d'avoir sacrifié la conquête des galons d'officier à celle de ses faveurs. Ainsi tout le monde sera satisfait — y compris le public, qui ne recevra moralement pas un moindre plaisir de la disgrâce du mari que du bonheur des amoureux. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
DRAPEAU (LE)
Conte patriotique en deux actes, livret de Paul Milliet, musique de Charles Pons. Création à la Gaîté-Lyrique le 22 décembre 1918. => détails
DRAPEAU BLANC (LE)
Opéra en un acte, paroles et musique de Pierre Maurice, compositeur suisse, représenté à Cassel, sur le théâtre de la cour, en mai 1903.
DRAPIER (LE)
Opéra en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique de Fromental Halévy. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 06 janvier 1840. Décors de René Philastre et Charles Cambon. Costumes de Paul Lormier. Avec Mmes Nau (Jeanne), Élian (Berthe) ; MM. Mario (Urbain), Massol (Gautier), Levasseur (Maître Bazu), Adolphe Alizard (Frère Benoist), Ferdinand Prévost (l'Inconnu et le Capitaine Delanoue).
« L'action se passe au temps de la Ligue. Le livret présente des péripéties tour à tour burlesques et tragiques. Il a assez mal servi le génie du regrettable maître, qui se plaisait dans les régions élevées, tendres et pathétiques. Tout ce que chantait Mario, alors de passage à l'Opéra, était intéressant, notamment la romance et la cavatine. Levasseur jouait le rôle du Drapier, de manière à se faire applaudir. Les autres artistes qui ont paru dans cet opéra étaient Massol, Alizard, Mlles Nau et Annette Lebrun. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le dernier acte de cet opéra renferme deux duos remarquables ; celui que chantaient Mario et Mlle Nau produisit beaucoup d'effet. On peut le considérer comme le morceau capital du Drapier, qui ne reçut pas du public un favorable accueil. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DREIFACH HOCHZEIT IM BESENTHAL (DIE)
[en français les Trois noces dans la vallée des balais]
Opéra-comique en trois actes et en patois alsacien, représenté au théâtre de Colmar le 17 septembre 1863.
DROIT D’AÎNESSE (LE)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique de Francis Chassaigne, représentée aux Nouveautés le 27 janvier 1883, avec Mmes Marguerite Ugalde (Falka), Juliette Darcourt, Moriane, Lucy-Jane, Ducouret, Norette, Varenne, Marcelle, Rose Doré, MM. Berthelier, Vauthier, Albert Brasseur, Bonnet, Scipion, Charvet, Lauret, Dubois, Prosper.
DROIT DU SEIGNEUR (LE)
Comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Desfontaines et Paul-Antoine Laval, musique de Jean-Paul-Egide Martini, créée à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 17 octobre 1783. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 29 décembre 1783. Le compositeur écrivit sur ce livret absurde une musique gracieuse qui valut à l'ouvrage un succès de vogue. On n'y trouve pas néanmoins la sensibilité exquise dont il a fait preuve dans la jolie partition d'Annette et Lubin, et dans la romance si connue : Plaisir d'amour. Le sujet ne le comportait pas.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DROIT DU SEIGNEUR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Burani et Maxime Boucheron, musique de Léon Vasseur, représenté au théâtre des Fantaisies-Parisiennes le 13 décembre 1878. On s'est souvent diverti au théâtre au sujet de cette ridicule légende ; mais les anciens librettistes le traitaient d'une main plus légère que ceux d'aujourd’hui. Il suffit de rappeler les couplets du Nouveau seigneur du village :
Ah ! vous avez des droits superbes
Comme seigneur de ce canton.
Dans l'opérette dont il s'agit, l'expression est aussi crue que l'intention est peu voilée :
Le vassal doit à son seigneur
De tout réserver la primeur :
Le blé qu'il rentre dans sa grange,
La vigne dont il fait vendange, etc.
Et s'il prend une ménagère
Ayant vertu, beauté, fraîcheur,
Il en doit aussi la primeur,
Et voilà le droit du seigneur.
C'est sur cette donnée que se sont évertues les auteurs pendant trois actes. La musique ne rachète pas la vulgarité du sujet. Les idées manquent d'originalité ; l'harmonie n'est pas toujours correcte. Cependant quelques morceaux sont assez bien traités ; tels sont : la Légende des ancêtres, dont le motif est répété trois fois dans l'ouvrage ; le terzetto Oui, je suis depuis ma naissance, dans lequel se trouve une fort jolie phrase dite par Lucinette, Vite, il faut partir ; le motif à deux-quatre de l'orchestre dans le finale du second acte, et, le trio bouffe du troisième. Chanté par Mmes Humberta, Rose Méryss, Cuinet ; MM. Cyriali, Denizot, Gustave Sujol, Bonnet.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
DUBARRY (LA)
[Die Dubarry]
Opérette en deux actes et huit tableaux, livret de Paul Knepler, Ignaz Michael Welleminsky et Hans Martin Cremer, musique de Theo Mackeben. Créé à Berlin le 14 août 1931.
Version française d'André Mouézy-Eon et Albert Willemetz créée au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 21 octobre 1933 avec Mmes F. Révoil (la Dubarry), S. Lencret (Margot), A. Louvain (Mme Sauterelle) ; MM. Boucot (de Fressac), Callio (Lavallery).
"Les auteurs ont découpé en tableaux d'un goût douteux et dépourvus de tout intérêt dramatique la vie de la Dubarry depuis son humble origine jusqu'au moment où elle devint favorite du roi. La musique est presque aussi faible que la pièce." (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
DUC D'AQUITAINE (LE) ou LE RETOUR
Opéra-comique en un acte, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert, Armand Dartois et E. de Rancé, musique de Felice Blangini. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 décembre 1823.
DUC D'OLONNE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Xavier Saintine, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 février 1842 avec Mmes Anna Thillon (Bianca de Molina), Révilly (Mariquita), Blanchard (Sœur Angélique) ; MM. Mocker (Don Gaspard de Saavedra), Gustave Roger (le Chevalier de Vilhardouin), Henri (Mugnoz), Honoré Grignon (La Rose), Daudé (Rapallo), Victor (un Alcade mayor), Palianti (un Domestique du palais).
C'est un imbroglio espagnol dans lequel les événements politiques servent de prétexte aux intrigues les plus invraisemblables. Le duc d'Olonne s'est marié avec une jeune fille, donna Bianca, sans la connaître, sans l'avoir vue, au moment de s'expatrier et pour conserver ses biens. Cette jeune fille est aimée du chevalier de Villehardouin, qui l'épouse au dernier acte, après que le duc d'Olonne a fait casser son mariage. Les situations épisodiques et les ressorts ingénieux, que Scribe a ménagés avec son habileté ordinaire, ont donné un certain intérêt à cette pièce absurde. La partition est une des meilleures que le célèbre compositeur ait écrites. L'ouverture offre les principaux motifs de l'ouvrage agencés avec habileté. Les couplets chantés par Mme Anna Thillon, Fleurs fraîches et jolies, sont d'une harmonie suave et vaporeuse. Ils sont suivis d'un trio gracieux. Les couplets, pour voix de basse, chantés par Henri, forment une sorte de boléro dont la ritournelle imite le galop d'un cheval d'une façon originale et comique. Le second acte est le meilleur. On y remarque le chœur des nonnes et celui des soldats, dont le contraste est exprimé avec une recherche d'harmonie dans l'orchestre tout à fait remarquable. La scène du souper, un trio dramatique, et le finale Guerriers de l'Espagne et de France, ont été très applaudis. La phrase O France, ô ma patrie ! est une des belles inspirations du compositeur. Le morceau le plus saillant du troisième acte est la sérénade : Vers ton balcon, je cherche l'auréole, traitée en quatuor. Indépendamment des artistes que nous avons cités, Mocker, Gustave Roger, Honoré Grignon et Mlle Révilly ont interprété cet ouvrage.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DUC DE FERRARE (LE)
Drame lyrique en trois actes, poème de Paul Milliet, musique de Georges Marty, représenté au Théâtre-Lyrique de la Renaissance le 30 mai 1899 avec Mlles Martini et Lobey, MM. Cossira, Seguin, Soulacroix et Delaquerrière.
« Un drame qui se déroule dans l'Italie féodale et sanglante de la fin du XVe siècle. Le duc de Ferrare, qui a un fils en état de gouverner, puisqu'il va lui confier la régence pendant son absence, n'en épouse pas moins en secondes noces une fort jeune et jolie femme que nous ne connaissons que sous le nom de Reginella. La jeune duchesse, en venant joindre son époux à Ferrare, est victime d'un accident de voiture (oh ! les voitures versées !), qui la fait tomber, évanouie, dans un gué. Le fils du duc, Alphonse d'Este, se trouve là tout à point pour la sauver et devient aussitôt amoureux de celle qui sera sa belle-mère et qui, elle-même, ne reste pas insensible à sa vue. Quoiqu'il en soit, le duc, appelé à combattre les ennemis du pape, s'éloigne en laissant la régence à sa femme et à son fils. On devine sans peine ce qui arrive pendant son absence. Les deux amants sont au comble de la félicité lorsque, tout à coup, arrive la nouvelle que le due, vainqueur de ses ennemis, s'apprête à rentrer à Ferrare. Le voici de retour en effet, et une lettre ne tarde pas à lui faire connaître les rapports criminels de sa femme et de son fils. Ivre de fureur, il ne songe qu'à tirer vengeance de l'affront fait à son honneur, et pour que cette vengeance soit non seulement terrible, mais aussi cruelle que possible, il n'imagine rien de mieux que de faire tuer la maîtresse par son amant. Et voici comme il prépare le châtiment. Pénétrant dans la chambre de la duchesse, il la bâillonne afin qu'elle ne puisse pousser un cri, puis la couvre d'un long manteau qui cache absolument son corps. Il fait ensuite appeler son fils, à qui il raconte qu'un misérable s'est introduit dans le palais et a tenté de l'assassiner. Il a réduit ce drôle à l'impuissance, mais il compte sur l'héritier de sa race pour le punir de son forfait, et il attend qu'Alphonse aille le percer de son épée. Le jeune homme hésite un instant à se charger de cette mission singulière, puis enfin, sur les instances de son père, il s'élance pour aller frapper le prétendu criminel, et revient bientôt, l'épée ruisselante du sang de sa victime. Et l’on voit apparaître l'infortunée duchesse, qui, frappée à mort par celui qu'elle aimait, vient expirer dans ses bras, sous son regard épouvanté. Tout cela est un peu bien singulier.
Sur cette pièce, M. Georges Marty, qui débutait sérieusement au théâtre, a écrit une partition qui se ressent un peu trop de ses préoccupations wagnériennes. La déclamation incessante, l'emploi excessif des motifs conducteurs, le fracas de l'orchestre, l'usage permanent et immodéré des cuivres, tout concourt à attester ces préoccupations. Nos jeunes musiciens ne croient donc pouvoir arriver à des effets de sonorité qu'en abusant sans pitié de toutes les forces de l'orchestre ? Mais, vrai Dieu ! la brutalité n'est pas de la puissance, et l'homme qui crie toujours finit par vous étourdir et ne plus se faire entendre. M. Marty doit pourtant savoir que certains grands hommes, tels que Bach et Händel, n'avaient pas besoin d'un tel déploiement de forces pour obtenir des effets saisissants. Il peut aussi s'en rapporter à Gluck, qui ne faisait pas toujours tonner tout son orchestre même dans les situations les plus dramatiques. On enrage de voir nos jeunes musiciens tomber dans de tels excès, s'y complaire et y persister. Quand donc en aurons-nous fini avec ces complications sans mesure, avec ce parti pris de violence, avec cette manie de sonorités criantes, stridentes et assourdissantes.
Il y pourtant du talent, un talent réel, dans cette partition du Duc de Ferrare, il y a surtout un incontestable sentiment scénique et dramatique, un vrai sens du théâtre, et le compositeur le prouve précisément dans certains effets d'orchestre, dont l'impression serait bien plus efficace s'ils étaient plus ménagés. On peut citer sous ce rapport le monologue du duc au troisième acte, qui est très puissant, avec les répliques sèches des trombones qui scandent les exclamations du chanteur ; cela est on ne peut mieux compris. Ce qui manque le plus dans cette musique, il faut bien le dire, c'est la véritable inspiration, c'est la veine mélodique. Toujours préoccupé de l'effet brutal, le compositeur semble trop peu se soucier de satisfaire et de charmer l'oreille, quand l'occasion s'en présente, par une cantilène caressante, simple et d'un heureux contour; il devient alors banal, parce qu'il ne prend aucune peine et se contente du premier dessin qui se présente à lui. Témoin la phrase d'Aliazzo au premier acte : Elle est blonde, et le fabliau de Marcile au second : Il était une fois un berger florentin. Cela est manqué, parce que cela n'a ni fraîcheur ni nouveauté. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
DUC DE GUISE (LE)
Opéra, musique d’Onslow, représenté à, Paris en 1837. Cet ouvrage bien écrit, mais sans inspiration, reçut un accueil des plus froids.
DUC DE MESSINE (LE)
Opéra-comique en 4 actes, livret de Bertol-Graivil et Charles Laborde, musique d'A. Dietrich. Création au Grand Théâtre de Dijon le 07 mars 1896. => détails
DUC DE WOLTZA (LE)
Opéra-comique, musique de L.-E. Jadin, représenté au théâtre Montansier en 1791.
DUC ET PAYSAN
Opéra-comique en un acte, livret de M. H. Yvert, musique de M. Brion d'Orgeval, représenté au théâtre d'Amiens en avril 1877.
DUCHESSE D'ALENÇON (LA) ou LE PARI DE LA DUCHESSE
Opéra-comique en un acte, paroles de Lachabeaussière et Fontenille, musique de Chancourtois, représenté au théâtre de l'Opéra-Comique le 13 mai 1824.
DUCHESSE DE FERRARE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maxime Boucheron, musique d’Edmond Audran. Création aux Bouffes-Parisiens le 25 janvier 1895, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Nadège), Rosine Maurel (Mlle Dupontalier), Germaine Gallois (Angèle), Alice Bonheur (Jeanne), Manuel (Isabelle), Ryter (Colette), MM. Félix Huguenet (Briancourt), Théry (Pierre), Bartel (Machuré), Jourdan (Raphaël), Schey (Stanislas) ; chef d'orchestre : Marius Baggers.
DUCHESSE DE GUISE (LA)
Opéra en trois actes, paroles de M. de la Bouillerie, musique de M. de Flotow, représenté sur le théâtre de la Renaissance au mois d'avril 1840.
« Cette pièce a été imitée de Henri III et sa cour, drame d'Alexandre Dumas. La représentation unique de cet ouvrage a eu lieu au profit des Polonais indigents, sous le patronage de la princesse Czartoryska, et sous la direction dramatique de M. le comte de Castellane. Les noms les plus aristocratiques ont figuré dans le personnel de cette représentation, qui a laissé dans le monde élégant de durables souvenirs. Quelques amateurs et une artiste débutante de premier ordre ont chanté les rôles principaux. Saint-Mégrin, l'amant de la duchesse de Guise, était représenté par M. Lac ; le duc, par M. Panel ; le magicien Ruggieri, par M. Laurence, et la duchesse de Guise, par Mme de Lagrange, qui depuis a parcouru si brillamment la carrière théâtrale. On a remarqué le chœur d'introduction, chanté par de jeunes seigneurs, une romance de ténor en si bémol majeur et un trio assez dramatique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DUCHESSE DE PADOUE (LA)
Action dramatique en deux actes, livret de Paul Grosfils, musique de Maurice Le Boucher. Création au Théâtre de l'Opéra le 21 octobre 1931. => détails
DUCHESSE PUTIPHAR (LA)
« Fantaisie romantique » en deux actes et en vers, paroles de Louis Artus, musique de Bemberg, représentée au Nouveau-Théâtre le 22 janvier 1903.
DUE CONTESSE (LE)
[les Deux comtesses]
Opéra italien, musique de Paisiello, représenté pour la première fois à Rome en 1777, et ensuite sur le théâtre de l'Académie royale de musique le 09 juin 1778, avec Caribaldi (Il Cavaliere della Piuma), Tosoni (Leandro), Focchetti (Prospero); Mmes Chiavacci (la Contessina) et Farnesi (Livietta).
« Il fut représenté sur le théâtre de l'Académie royale de musique par les soins de Devismes, alors directeur de l'Opéra, et qui voulait satisfaire les partisans de la musique italienne. Les Due contesse avaient obtenu à Rome un grand succès. A Paris, où on en avait fait suivre la représentation d'un ballet de Noverre, intitulé les Petits riens, on fit cette épigramme :
Avec son opéra bouffon,
L'ami Devismes nous morfond ;
Si c'est ainsi qu'il se propose
D'amuser les Parisiens,
Mieux vaudrait rester porte close,
Que de donner si peu de chose,
Accompagné de petits riens.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra de Paisiello inaugura la série des représentations de la compagnie de chanteurs italiens engagés par de Vismes ; il n'obtint qu'un demi-succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
DUEL (LE) ou UNE LOI DE FRÉDÉRIC
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Baptiste Pelissier et Joseph Desessarts d’Ambreville, musique de Victor Rifaut. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 juillet 1826.
« Ludovic, officier, prêt à épouser Élisa, fille du gouverneur d'une citadelle, est provoqué par un rival, officier comme lui et le blesse à mort. Pour sauver ce jeune homme, que l'échafaud attend, le major Verner se déclare l'auteur du meurtre, et va être exécuté ; mais la vérité se découvre. Heureusement le vaincu fait connaître en mourant que Ludovic a été provoqué, et comme la loi ne punit que l'agresseur, l'innocence de Ludovic est reconnue. Ce jeune homme retrouve un père dans le major, et épouse Elisa. Tel est le sujet de cet ouvrage, dont le succès a été légèrement contesté. La musique, dans laquelle on a reconnu des morceaux d'une bonne facture, est la première composition dramatique de l’auteur, élève de M. Berton. »
[Almanach des spectacles, 1827]
DUEL COMIQUE (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret italien de Giambattista Lorenzi traduit par Pierre-Louis Moline, musique parodiée d’Il Duello de Giovanni Paisiello (1774), arrangée et augmentée par Nicolas Lefroid de Méreaux. Création à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 16 septembre 1776.
DUEL DE BAMBIN (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Dumaniant, musique de Foignet père, représenté au théâtre Montansier en 1800. Ce petit ouvrage obtint un très vif succès, grâce, d'une part, à sa valeur propre, et, de l'autre, à la présence du célèbre comique Brunet, alors dans toute sa jeunesse, qui en remplissait le principal rôle.
DUEL DE BENJAMIN (LE)
Saynète lyrique, livret d'Eugène Mestépès, musique d’Emile Jonas, représentée aux Bouffes-Parisiens le 20 octobre 1855, avec Berthelier (Benjamin), Prosper Guyot (le zouave) et Mlle Macé. La frayeur de l'épicier Benjamin devant le sabre d'un zouave avait mis M. Jonas en humeur d'écrire une jolie musique bouffe.
« M. Jonas a écrit pour cette bluette une musique agréable, mélodique et naturelle. On a remarqué dans l'ouverture un joli solo de clarinette. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
DUEL DU COMMANDEUR (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Henry Boisseaux, musique de Théodore de Lajarte, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 10 juin 1857, avec Mmes Marie Brunet [Maria Brunetti] (Louise), Esther Caye (Diane), MM. Auguste Legrand (Roger de Vaudreuil), Henri Beaucé (Armand de Pienne), Leroy (le Commandeur de Tréville). => partition
Représentations au Théâtre-Lyrique : 4 en 1857.
La scène se passait sous Louis XV, et le Commandeur de Don Juan n'était pas en cause. Cet ouvrage ne réussit point. L'auteur, musicien de mérite et homme d'esprit, ne tarda pas à prendre sa revanche.
DUEL NOCTURNE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles de Longchamps, musique d’Henri-Jean Rigel. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 23 décembre 1805.
DUPE DE SON ART (LA) ou LES DEUX AMANTS
Opéra-comique en un acte, livret de Louis-Charles Sapey, musique de Victor Dourlen. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 09 septembre 1809.
DUVAL ou UNE ERREUR DE JEUNESSE
Opéra-comique en un acte, livret de Grétry neveu, musique de Marini, représenté à l'Ambigu-Comique le 03 juin 1800.
DZARA
Poème et musique de Gabrielle Rousseau, créé au Théâtre Royal de Liège le 17 mars 1923. L'action se passe au moyen âge, en Hongrie.