ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
V
VACANCES DE L’AMOUR (LES)
Opéra-comique en trois actes, musique de Mme Perrière-Pilté, représenté dans son salon le 06 août 1867.
VADÉ CHEZ LUI
Comédie mêlée de scènes du genre grivois, en un acte, livret de Jacques-Benoît Demautort, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 04 août 1800.
VAGO DISPREZZATO (IL)
[en fr. le Fat méprisé]
Opéra bouffe italien en un acte, musique de Niccolo Piccinni, représenté au Théâtre de l'Opéra le 16 mai 1779.
VAISSEAU AMIRAL (LE) ou FORBIN ET DELVILLE
Opéra en un acte, livret de Révéroni Saint-Cyr, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 02 avril 1805 (12 germinal an XIII), avec Mmes Augustine Haubert-Lesage (Delville), Rosette Gavaudan (Jean-Bart), MM. Pierre Gaveaux (l'amiral Tourville), Juliet père (Saint-Pern), Jousseran (le comte d'Hocquincour), Saint-Aubin (Forbin). => partition livret
VAISSEAU FANTÔME (LE)
[Der Fliegende Holländer]
Opéra romantique allemand en trois actes, d’après un épisode des Mémoires de Herr von Schnabelewopski de Heinrich Heine, poème et musique de Richard Wagner.
Personnages : Daland, navigateur norvégien (basse) ; Senta, sa fille (soprano) ; Erick, chasseur (ténor) ; Mary, nourrice de Senta (mezzo-soprano) ; le pilote de Daland (ténor) ; le Hollandais (baryton-basse) ; marins du navire norvégien, équipage du Hollandais, femmes.
L’action se déroule dans un petit port de pêche norvégien, au XVIIIe siècle.
Richard Wagner, écrivit le livret à Paris en 1841 et composa la musique en six semaines, au printemps 1842, à Meudon. Il présenta son œuvre à l'Opéra de Paris. Elle fut refusée, mais le directeur lui acheta son livret, chargeant Louis-Philippe Dietsch d'écrire une autre partition.
Première représentation à Dresde, Théâtre Royal, le 02 janvier 1843 :
Mmes Wilhelmine SCHRÖDER-DEVRIENT (Senta), Marie WACHTER (Marie).
MM. Michael WÄCHTER (le Hollandais), Carl RISSE (Daland), REINHOLD (Erick), BIELEZIZKY (le Pilote).
Chef d’orchestre : Richard WAGNER.
Première fois en français dans la version de Charles Nuitter au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles, le 06 avril 1872, avec Mme STERNBERG (Senta), MM. BRION D'ORGEVAL (le Hollandais), WAROT (Daland).
Amédée Boutarel en a donné une version française.
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BRUXELLES Monnaie 06.04.1872 |
NEW YORK Metropolitan 27.11.1889 |
LILLE Opéra 28.01.1893 |
Senta |
STERNBERG |
WIESNER |
TYLDA |
Marie |
VON EDELSBERG |
HUHN |
ZEVORT |
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le Hollandais |
BRION D’ORGEVAL |
REICHMANN |
COBALET |
Daland |
WAROT |
FISCHER |
DULLIN |
Erik |
VIDAL |
KALISH |
SOUBEYRAN |
le Pilote |
BARBET |
MITTELHAUSER |
VASSORT |
Chef d’orchestre |
SINGELÉE |
A. SEIDL |
SINSOILLIEZ |
Première à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 17 mai 1897, dans la version française de Charles Nuitter. Mise en scène de Léon Carvalho. Décors d’Eugène Carpezat. Costumes de Théophile Thomas.
Reprise à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 28 décembre 1904. Mise en scène d’Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Charles Bianchini.
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17.05.1897 Opéra-Comique (création) |
28.12.1904 Opéra-Comique (11e) |
15.09.1911 Opéra-Comique (31e) |
Senta |
Jane MARCY |
Claire FRICHE |
Marthe CHENAL |
Marie |
DELORN |
Mathilde COCYTE |
CHARBONNEL |
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le Hollandais |
BOUVET |
M. RENAUD |
M. RENAUD |
Daland |
BELHOMME |
F. VIEUILLE |
Louis AZÉMA |
Erik |
JÉRÔME |
Léon BEYLE |
Gaston DUBOIS |
le pilote |
CARBONNE |
Maurice CAZENEUVE |
FASQUIER |
Chef d'orchestre |
J. DANBÉ |
A. LUIGINI |
F. RÜHLMANN |
44 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 34 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Cet ouvrage est entré au répertoire du Théâtre National de l'Opéra (Palais Garnier), le 27 décembre 1937, version française de Charles Nuitter. Mise en scène de Pierre Chereau. Décors et costumes d'Olivier Rabaud.
Mlles Germaine HŒRNER (Senta), SCHENNEBERG (Marie).
MM. Martial SINGHER (le Hollandais), BERNASCONI (Daland), JOUATTE (Erik), CHASTENET (le Pilote), GOURGUES (le Timonier).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
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12.12.1943
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22.01.1944 50e |
16.08.1946 56e |
10.10.1948* 62e |
19.06.1953 71e |
09.06.1956 78e |
08.10.1956
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Senta |
HOERNER |
HOERNER |
HOERNER |
Adine YOSIF |
CAMART |
SARROCA |
MONMART |
Marie |
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SCHENNEBERG |
ALMONA |
Odette RICQUIER |
SCHARLEY |
SCHARLEY |
SCHARLEY |
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le Hollandais |
BECKMANS |
BECKMANS |
BECKMANS |
José BECKMANS |
BIANCO |
BIANCO |
BIANCO |
Daland |
MEDUS |
MEDUS |
Henri MEDUS |
MEDUS |
MEDUS |
Pierre SAVIGNOL |
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Erik |
ROUQUETTY |
JOUATTE |
René VERDIERE |
VERDIERE |
GIRAUDEAU |
Paul FINEL |
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le Pilote |
CHASTENET |
CHASTENET |
Ed. CHASTENET |
RIALLAND |
RIALLAND |
RIALLAND |
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le Timonier |
DELORME |
DELORME |
DELORME |
ROUQUETTY |
GOURGUES |
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Chef d’orchestre |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
Louis FOURESTIER |
SEBASTIAN |
FOURESTIER |
SEBASTIAN |
* Costumes et décors d'après les maquettes d'Olivier Rabaud, décors exécutés par Maurice Moulène, projections de M. Klausz.
88e à l’Opéra, le 09 mai 1960 :
Mmes VARNAY (Senta), SCHARLEY (Marie).
MM. HOTTER (le Hollandais), VAN MILL (Daland), BEIRER (Erik), PASKUDA (le Pilote), ROUQUETTY (le Timonier).
Chef d'orchestre : Hans KNAPPERTSBUSCH
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Senta : Mmes VOLFER (1939), YOSIF (1947), MONMART (1956).
le Hollandais : M. CAMBON (1942).
Daland : MM. SERKOYAN (1956), SAVIGNOL (1957).
88 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Une fois tous les sept ans, le Vaisseau fantôme du Hollandais maudit aborde le rivage, et son passager en descend pour tenter sa chance à la recherche d'une femme fidèle jusqu'à la mort. Dans la maison de Daland, il trouve Senta, qui abandonne pour lui son fiancé Eric. Mais comme le Hollandais a des craintes, il s'empresse de repartir, afin d'épargner à Senta la damnation, prix de l'infidélité qu'il redoute. Senta se précipite à sa suite dans la mer. L'heure de la rédemption ayant sonné, tous deux apparaissent étroitement enlacés au-dessus des flots.
(Les citations françaises sont tirées de la version Nuitter.)
ACTE I. — Un rivage norvégien bordé de rochers.
Poussé par la tempête, le bateau de Daland vient d'être obligé de jeter l'ancre à plusieurs milles du port. Tous les marins rentrent dans le navire pour se reposer. Le Pilote veille un moment encore [Chant du Pilote : Mit Gewitter und Sturm... / Malgré vents et tempêtes...] puis s'endort. Le vent souffle avec violence et un nouveau bateau paraît : c'est le Vaisseau fantôme du Hollandais maudit, aux mâts noirs, aux voiles rouges. Blême, vêtu de noir, le Hollandais en descend. Une fois tous les sept ans, le bateau aborde et le réprouvé a le droit de tenter sa chance sur terre, car il a été condamné à errer éternellement jusqu'au jour où une femme l'aimera suffisamment pour lui rester fidèle jusqu'à la mort. Le délai est justement échu [Air du Hollandais : Die Frist ist um... / L'heure a sonné...].
Daland sort et voit le nouveau navire à côté du sien. Le Hollandais lui demande de l'accueillir chez lui, promettant au marin une riche récompense. Daland ayant fait allusion à sa fille Senta, l'étranger la lui demande en mariage. Daland, flatté de s'allier un gendre aussi riche, consent.
Entre temps, le vent a tourné. Les matelots relèvent les ancres ; tandis que le Hollandais remonte à son bord, le navire de Daland met déjà à la voile en direction du port.
ACTE II. — Une pièce dans la maison de Daland.
Des jeunes filles réunies autour de Senta font tourner leurs rouets en chantant [Chœur des Fileuses : Summ' und brumm' du gutes Rädchen... / Bon rouet, gronde et bourdonne...].
Senta rêve en contemplant le portrait du
Hollandais de la légende qui est fixé à la paroi. Les jeunes filles taquinent
Senta à propos de son fiancé Eric qui pourrait bien se formaliser de tant
d'attention. Mary, la nourrice de Senta, s'en mêle. En réponse, Senta chante la
Ballade du Hollandais volant, exprimant en conclusion le désir d'être celle qui
apportera au malheureux le repos définitif [Ballade de Senta : Io-ho-hoé !
Io-ho-hoé !... Traft ihr das Schiff... / Hiva, a... Avez-vous vu le
vaisseau mort ?...]. Eric, qui est arrivé entre temps, se plaint des
sentiments de sa fiancée. Senta essaie de le rassurer, mais, quand imprudemment
Eric raconte avoir vu en rêve Daland s'approcher avec un inconnu ressemblant
étrangement au personnage du portrait,
Senta s'exalte de nouveau, si bien qu'Eric doit bientôt s'enfuir, désespéré.
Le Hollandais entre alors avec Daland. Senta pousse un cri de surprise. Son père lui présente l'étranger comme le fiancé qu'il lui a choisi et la laisse seule avec lui. Senta promet au Hollandais fidélité jusqu'au trépas [Grand Duo Senta-le Hollandais : Versank ich jetzt... / Du temps passé...].
ACTE III. — Une crique dans laquelle reposent côte à côte le navire de Daland et celui du Hollandais.
Le navire de Daland est illuminé et les matelots festoient à l'intérieur [Chœur des Matelots] ; celui du Hollandais demeure sombre et sinistre.
L'équipage du Vaisseau fantôme se montre enfin ; le vent souffle dans ses voiles et la mer s'agite autour de lui ; c'est le moment pour lui de reprendre sa course vagabonde. La peur s'emparant alors des marins norvégiens, tous fuient.
Senta arrive, suivie d'Eric qui lui fait des reproches. [Cavatine d’Eric : Willst jenes Tages... / Te souviens-tu du jour ?...]. Le Hollandais, qui a surpris l'entretien, croit Senta infidèle. Pour épargner à la jeune fille qu'il aime la damnation éternelle qui la menace en cas de trahison, il lui jette un bref adieu, s'élance sur son navire sans se soucier de ses supplications et de ses cris, met rapidement à la voile et part. Senta renouvelle son serment de fidélité. Grimpant sur un rocher, elle se jette dans les flots pour être unie au Hollandais jusqu'à la mort. Au même instant, le Vaisseau fantôme s'abîme dans la mer avec tout son équipage. On voit alors s'élever au-dessus des flots, transfigurés, le Hollandais et Senta étroitement embrassés. L'heure de la délivrance a enfin sonné !
« Opéra représenté à Dresde le 2 janvier 1843, puis dans plusieurs villes d'Allemagne, et repris à Munich en janvier 1865. La donnée de la pièce est la même que celle du Vaisseau fantôme représenté à l'Opéra en 1842. M. Wagner avait cédé le poème à M. Léon Pillet, qui en confia la musique à Dietsch. Le Hollandais volant fut froidement accueilli à Dresde, et fit une lourde chute à Berlin. M. de Gasperini a apprécié beaucoup mieux que nous la musique du célèbre novateur ; aussi nous lui donnons la parole sur le Vaisseau fantôme. « Dans cet opéra, a-t-il dit, Wagner se révèle, pour qui sait lire, avec ses vives préoccupations du drame, de la matière scénique ; en même temps que le musicien jeune, plein d'idées, de chaudes convictions, déborde à chaque instant le poète. L'ouverture, qu'on a entendue quelquefois à Paris, est une des plus curieuses pages de la partition. Weber est manifestement encore l'unique modèle du compositeur ; mais, sous les formes de l'auteur d'Oberon, il est facile de reconnaître le tempérament propre du disciple, la puissance de ses développements, les hardiesses de ses combinaisons harmoniques et orchestrales. Au premier abord, en écoutant cette longue ouverture, vous ne distinguez que difficilement des points d'éclaircie dans cet immense ouragan ; ce vacarme, ces vociférations des basses haletantes, tumultueuses, fatiguent vite et indisposent l'auditeur. Peu à peu la lumière se fait ; dans ce chaos des éléments déchaînés, vous reconnaissez un point central, une lumière, un phare ; c'est la mélodie que chantera plus tard celle qui attend le capitaine maudit et qui aspire à se dévouer pour lui. Cette mélodie revient sans cesse, tantôt pleine, entière, retentissante, tantôt tronquée et affaiblie, comme si le marin que le destin poursuit voyait tour à tour se rapprocher et s'éloigner de lui la terre de salut. A la fin, la mélodie, dépouillée de tous ses ornements harmoniques et portée par les harpes, s'élève et expire dans un lointain céleste ; le salut est assuré et la fatalité vaincue. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra a été représenté à Bruxelles, au théâtre de la Monnaie, le 6 avril 1872. Cette nouvelle tentative en faveur du maitre de l'avenir, et à vingt-neuf ans d'intervalle, ne réussit pas. Malgré les trompettes de la renommée et le luxe de la mise en scène, la nef de M. Wagner est encore venue se briser contre le rocher de l'insensibilité publique, absolument rebelle aux beautés transcendantales émanées de ce génie méconnu. On a remarqué, comme toujours, le chœur des fileuses et le chœur dialogué des matelots et des femmes. Chanté par Warot, Bryon, d'Orgeval, Mlle Sternberg. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
« L'auteur a raconté lui-même dans quelles circonstances particulièrement dramatiques son esprit s'était emparé de ce sujet, et comment il en avait fait un poème d'opéra. Il s'embarquait en 1839 et quittait l'Allemagne pour venir en France par mer. Assailli par une tempête terrible, le navire qui le portait, détourné de sa route, dut s'estimer heureux de trouver un abri dans un petit port norvégien. Wagner avait entendu les matelots se raconter entre eux la fameuse légende populaire du « Hollandais volant », celui qu'on pouvait appeler le Juif errant des mers, espèce de capitaine sacripant qui avait encouru la colère du ciel en jurant de franchir une passe périlleuse malgré les vagues, malgré la tempête, malgré Dieu lui-même, et qui, pour punition de son sacrilège, avait été condamné à errer sur les mers pendant l'éternité. Sous l'impression de cette légende et de la tempête à laquelle il avait assisté, Wagner conçut la pensée d'un opéra dont le héros serait ce Hollandais volant, et de là naquit le Vaisseau-fantôme, dont le titre allemand est précisément le Hollandais volant (der Fliegende Holländer).
Après sept années passées sur mer, le Hollandais débarque sur la côte norvégienne. Il implore la mort, qui ne veut pas de lui, et il sait qu'il devra retourner sur les flots et recommencer sa course éternelle s'il ne rencontre, pour le délivrer, une femme qui lui sera fidèle jusqu'au tombeau. Chemin faisant, il fait la connaissance d'un pêcheur, le vieux Daland, père d'une jeune fille nommée Senta ; l'entretien s'engage, la familiarité se produit, et, finalement, le Hollandais offre au pêcheur tous ses trésors s'il veut lui accorder la main de sa fille.
Daland ne demande pas mieux, bien que sa fille soit fiancée au jeune chasseur Erik. Il emmène chez lui le Hollandais, qui se fait connaître à. Senta. Celle-ci, cœur généreux et compatissant, consent, pour le sauver, à devenir sa femme, et jure qu'elle lui sera toujours fidèle. Le Hollandais s'éloigne. Erik a bientôt appris que Senta l'abandonne ; il vient lui reprocher cet abandon, se lamente auprès d'elle et, au milieu de ses plaintes, lui prend doucement la main. A ce moment le Hollandais reparaît, il a vu le mouvement, la main de Senta dans celle d'Erik, il se croit trompé par celle qui avait promis de le sauver... Brusquement il part, remonte sur son vaisseau, fait lever l'ancre par ses matelots et s'éloigne rapidement du rivage. Mais Senta n'est pas infidèle, et elle va le lui prouver. Senta gravit en courant l'une des plus hautes falaises qui dominent la mer, et, arrivée là, elle crie au damné : « Gloire à ton ange libérateur ! Gloire à sa loi ! Regarde, et vois si je suis fidèle jusqu'à la mort ! » Et elle se jette dans les flots. A peine a-t-elle disparu, que le navire sombre et s'abîme à son tour. Et l'on voit alors s'élever au-dessus de la mer la double image des deux êtres que l'amour et la mort ont unis pour l'éternité, et qui apparaissent transfigurés, l'un et l'autre enlacés.
On ne peut nier que ce ne soit là le sujet d'un beau drame lyrique, dont l'auteur a su d'ailleurs entremêler l'action d'incidents et d'épisodes intéressants, les uns farouches et sombres, les autres pittoresques et gracieux. La musique se ressent de l'influence de Weber, le premier modèle de Wagner, mais non sans que la personnalité de celui-ci perce et s'accuse déjà par instants d'une façon très nette. L'œuvre n'est pas essentiellement originale, mais elle est intéressante et contient de fort belles parties. Plusieurs morceaux en sont célèbres, surtout l'ouverture et le délicieux chœur des fileuses ; mais d'autres encore méritent d'être signalés, particulièrement les chœurs des matelots norvégiens, la ballade du Hollandais volant dite par Senta, son premier duo avec Erik, et surtout celui qu'elle chante avec le Hollandais. D'ailleurs, par l'époque à laquelle elle a été écrite, et surtout par la nature du sujet traité, la musique du Vaisseau-fantôme tranche avec celle des grandes œuvres de Wagner, et, si l'on y trouve déjà quelques longueurs, on peut constater que cette musique est moins tendue, moins grandiloquente que celle de ses fameux drames symboliques. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : le Hollandais ; Daland, marin norvégien ; Senta, sa fille ; Erik, chasseur.
L'action se passe en Norvège, au bord de la mer, époque indéterminée.
C'est au cours d'un voyage par mer de Riga à Boulogne que Wagner, pendant une effroyable tempête, conçut l'idée de son Hollandais volant, laquelle est tirée d'une légende rapportée par Henri Heine, dans un récit publié en 1834. Wagner écrivit sa partition à Meudon, près Paris, en 1841. Le sujet est la rédemption par l'amour : Un réprouvé a été condamné à errer par la tempête jusqu'au jour où une femme l'aimera suffisamment pour lui rester fidèle jusqu'à la mort. Or, il n'a la permission de tenter sa chance à terre qu'une fois tous les sept ans. C'est pendant un de ces répits que se déroule le drame.
Le théâtre représente un rivage bordé de rochers à pic. La mer occupe une grande partie de la scène. Orage. Le navire de Daland vient de jeter l'ancre près de la côte. Daland constate que la tempête l'a forcé d'atterrir à sept milles du port, et il déplore ce contretemps.
Tous rentrent dans le vaisseau, sauf le pilote, qui chante puis s'endort. Apparaît alors, fantomatique, le navire du Hollandais, aux mâts noirs, aux voiles rouges. Sans bruit, il atterrit et cargue sa voilure. Le Hollandais descend à terre. Il raconte que la période de sept ans est écoulée. Une fois de plus, il va se mettre en quête de la femme qui doit le sauver. Par instants, on entend des bouffées du chant lugubre de son équipage.
Daland sort de sa cabane et voit le nouveau navire à côté du sien. Echange de propos entre Daland et le Hollandais. Celui-ci demande à Daland de le recevoir chez lui et lui promet une riche récompense. Il va même très vite en besogne et sollicite du Norvégien la main de sa fille, qu'il n'a pas encore vue. La cupidité fait tressaillir Daland de joie à la pensée de s'allier un gendre aussi riche. Il consent. Cette femme, serait-ce celle que le vagabond des flots attend depuis si longtemps ? Le premier acte s'achève sur un rayon d'espoir.
Le second acte se passe chez Daland, où un groupe de jeunes filles file autour de Senta. Au mur du logis est pendu un portrait du Hollandais volant de la légende et Senta rêve en le contemplant. Ses compagnes la plaisantent. Senta est fiancée au chasseur Erik, et celui-ci pourrait bien se formaliser de tant d'attention accordée au portrait d'un inconnu. En réponse, Senta leur chante la légende du Hollandais volant. En terminant, l'exaltation la gagne et elle exprime le vœu d'être celle qui apportera au malheureux le repos définitif.
Erik, entré sur ces entrefaites, a entendu. Il se plaint des sentiments de sa fiancée en un duo où Senta essaie de le rassurer, mais Erik, sans se rendre compte de son imprudence, lui raconte qu'il a vu, en rêve, aborder un navire étrange, d'où descendaient Daland et le Hollandais du portrait. Senta, à ce récit, s'exalte à nouveau, si bien qu'Erik s'enfuit, désespéré.
Entrent le Hollandais et Daland. En voyant celui qui occupe toute sa pensée, Senta ne peut retenir un cri. Son père lui présente l'étranger comme le fiancé qu'il lui a choisi, puis il la laisse seule avec le Hollandais. Le duo qui suit est le moment capital de l'action. Senta promet à son fiancé fidélité jusqu'au trépas.
Au troisième acte, le théâtre représente un havre bordé de rochers d'un côté. Sur le devant de la scène la maison de Daland. Au fond le navire du Norvégien et celui du Hollandais, assez rapprochés l'un de l'autre. Nuit claire. Le navire norvégien est illuminé, les matelots sont sur le pont, bruyants éclats de joie. L'aspect du navire hollandais forme un contraste sinistre : une nuit fantastique l'enveloppe de toutes parts ; il y règne un silence de mort.
Pendant que les Norvégiens dansent et festoient, voici que du navire hollandais l'équipage sort enfin. La mer s'agite autour de lui, alors qu'elle reste calme ailleurs. Une lueur sinistre et blafarde s'allume sur le vaisseau. Le vent se met à siffler dans le gréement. L'équipage exécute des manœuvres de départ. Le délai est écoulé et il va falloir que les damnés reprennent leur course folle sur les vagues.
A ce spectacle, la peur gagne les matelots du navire voisin. Cette peur se change bientôt en panique et ils fuient. Suit une émouvante explication entre Erik et Senta. Le Hollandais, survenu sans être vu, entend quelques paroles et croit Senta infidèle. Pour lui, l'heure du salut n'a donc pas encore sonné ? Désespéré, il crie à Senta un adieu et s'élance sur son navire, sans prêter l'oreille aux supplications de sa fiancée. Il veut éviter à la jeune fille qu'il aime la damnation, prix de l'infidélité qu'il redoute. Senta lui déclare alors qu'elle le connaît, qu'elle a mûrement pesé sa décision et que, quoi qu'il fasse, elle lui sera fidèle désormais.
Le navire s'éloigne dans le fracas de la tempête. Senta gravit alors un des rochers de la côte et se précipite dans les flots en criant au Hollandais : « Gloire à ton ange ! Gloire à sa loi ! Jusqu'à la mort je suis à toi ! » Au même instant, le navire du Hollandais s'abîme avec son équipage. Au fond, on voit s'élever au-dessus de la mer le Hollandais et Senta, transfigurés, étroitement embrassés. L'heure de la délivrance a sonné ! »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
VAISSEAU FANTÔME (LE) ou LE MAUDIT DES MERS
Opéra fantastique en deux actes, poème de Richard Wagner, d’après un épisode des Mémoires de Herr von Schnabelewopski de Heinrich Heine, traduction française de Paul Foucher et Bénédict H. Revoil, musique de Louis-Philippe Dietsch.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 09 novembre 1842. Décors de René Philastre et Charles Cambon. Costumes de Paul Lormier. Avec Mme DORUS-GRAS (Minna), MM. CANAPLE (Troll), Mécène MARIÉ (Magnus), F. PREVOST (Barlow), OCTAVE (Eric), sous la direction de HABENECK.
12 représentations.
Richard Wagner, avait présenté son œuvre à l'Opéra de Paris. Elle fut refusée, mais le directeur lui acheta son livret, chargeant Dietsch d'écrire une autre partition.
« La légende qui a fourni le sujet de cet ouvrage est tellement bizarre qu'elle n'a pu être accueillie par le public. On a néanmoins rendu justice à la musique. On a remarqué la prière, la scène chantée par Mme Dorus au premier acte et l'air chanté au second par Marié. Le sujet est le même que celui du Hollandais volant, mis en musique par Richard Wagner, qui avait vendu son livret à M. Léon Pillet. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le sujet de cet opéra est emprunté à une légende du Nord, dont Richard Wagner devait aussi s'inspirer (le Hollandais volant). P.-L.-Phil. Dietsch (1808-1865) manquait des qualités qui donnent aux ouvrages dramatiques le mouvement et la vie ; c'est dans la musique religieuse que ce compositeur estimé s'est plus particulièrement distingué. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VAL D'ANDORRE (LE)
Drame lyrique en trois actes, livret d’Henri de Saint-Georges, musique de Fromental Halévy.
Création au Théâtre National de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le samedi 11 novembre 1848, mise en scène d’Henri, décors de Pierre-Luc-Charles Ciceri, Henri Martin, Auguste Rubé, Joseph Thierry et Charles Cambon, avec Mmes Révilly (Thérésa), Célestine Darcier (Rose-de-Mai), Louise Lavoye (Georgette) ; MM. Audran (Stéphan), Jourdan (Saturnin), Mocker (Lejoyeux), Charles Battaille (Jacques Sincère), Palianti (L'Endormi), Henri (le Grand Syndic), sous la direction de Théodore Labarre.
23 représentations en 1848.
Reprise à l'Opéra-Comique le 10 octobre 1875 avec Mmes Chapuy (Rose-de-Mai), Ducasse (Georgette), Vidal (Thérésa) ; MM. Louis-Henri Obin (Jacques Sincère), Monjauze (Stéphan), Nicot (Saturnin), Barré (Lejoyeux).
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 15 octobre 1860, avec Mmes Meillet (Rose-de-Mai), Roziès (Georgette), Zévaco (Thérésa) ; MM. Charles Battaille (Jacques Sincère), Monjauze (Stéphan), Désiré Fromant (Saturnin), Meillet (Lejoyeux).
Représentation au Théâtre-Lyrique le 24 octobre 1868 pour la réouverture de ce théâtre, sous la direction de Mangin, avec Mmes Fidès Devriès (Rose-de-Mai), Daram (Georgette), Antoinette Révilly (Thérésa) [prêtée par l'Opéra-Comique] ; MM. Monjauze (Stéphan), Meillet (le capitaine Lejoyeux), Lutz (Jacques Sincère), Verdelet (Saturnin), Verdellet, Gabriel, Giraudet. Puis repris avec Mmes Juliette Borghèse (Rose-de-Mai) et Léon-Duval (Georgette).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 34 en 1859, 44 en 1860, 1 en 1861, 28 en 1868, 22 en 1869, 6 en 1870.
« Le poème est intéressant et la partition renferme de très belles pages. Cet ouvrage a eu déjà la plus brillante destinée. La scène se passe dans les Pyrénées, où fleurit la petite république d'Andorre. Rose-de-Mai est une orpheline au service d'une riche fermière nommée Thérèse. Georgette, autre jeune paysanne, complète ce trio féminin. Stéphan, le chasseur de chamois, parle au cœur de toutes trois, mais n'a des yeux que pour Rose. Un vieux chevrier, Jacques Sincère, dont le type rappelle celui d'Edie Ochiltree de Walter Scott, possède tous les secrets de ces personnages, et s'intéresse aux deux jeunes amoureux. Il veut même donner à Rose, pour sa dot, la somme de 3,009 livres, fruit de ses économies pendant quarante ans ; mais voilà qu'au milieu des rivalités qu'inspire le beau Stephan, un recruteur arrive pour réclamer les quinze citoyens que la république d'Andorre doit fournir pour le service de la France. Le sort désigne Stéphan. Dans son désespoir, le chasseur s'enfuit dans la montagne, où il sera poursuivi, atteint, puis traité en déserteur. Rose, cédant à une inspiration funeste, dispose d'une somme confiée à sa garde par Thérèse, et s'en sert pour racheter son fiancé. Elle compte sur le don promis du vieux chevrier, et c'est dans sa pensée un emprunt de quelques heures. La pauvre Rose est accusée de vol et comparaît devant le conseil des anciens, rassemblé sur la montagne pour la juger. Les scènes les plus déchirantes se succèdent. Pour conclure , le vieux chevrier aidant, la pauvre fille découvre, dans sa rivale et son accusatrice, dans la fermière Thérèse, sa propre mère, qui la reconnaît et obtient du tribunal un facile pardon. Ce drame, plein d'émotions, a été traité par le grand compositeur avec cette sensibilité profonde et exquise qui était particulière à son tempérament et à son génie. La partition est riche en effets variés. Un sentiment vif de la nature anime l'ouverture. L'air du chevrier : Voilà le sorcier, est un chef-d'œuvre de coloris musical. Le quatuor : Savant devin, est d'une déclamation vraie et spirituelle. Rien n'égale la chaste et naïve rêverie de la romance chantée par Rose-de-Mai :
Marguerite,
Qui m'invite
A te conter mes amours.
Dans le second acte, rempli par les situations les plus pathétiques, on remarque surtout les couplets : Le soupçon, Thérèse, chantés avec une expression admirable par Battaille, qui a obtenu un grand succès dans la création du rôle difficile du chevrier. Le finale de cet acte est magnifique. Le troisième acte offre des morceaux qui ne le cèdent en rien aux précédents sous le rapport de la mélodie et de l'effet scénique. On y distingue particulièrement la romance de Stéphan : Toute la nuit suivant la trace ; le trio : Mon Dieu ! l'ai-je bien entendu ? dont la strette est pleine de chaleur, et enfin la scène du jugement. Mlle Darcier a laissé des souvenirs durables dans le rôle de Rose-de-Mai, comme actrice et comme cantatrice. L'ouvrage a été d'ailleurs monté exceptionnellement ; car l'administration de l'Opéra-Comique était encore riche en sujets de divers caractères. Audran, Jourdan, Mocker, Henri et Palianti, Mlles Lavoye et Révilly formaient, avec Mlle Darcier et Battaille, un ensemble très satisfaisant. Le Val d'Andorre a été joué au Théâtre-Lyrique en octobre 1860, avec succès. Mme Meillet remplit le rôle de Rose-de-Mai, créé par Mlle Darcier ; Mlle Roziès, celui de Georgette ; Monjauze, Fromant, Battaille, Meillet, ceux du chasseur, de Saturnin, du chevrier et du recruteur Lejoyeux. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Distribution au Théâtre-Lyrique le 15 octobre 1860 : Le Chevrier, Battaille ; Stephan, Monjauze ; Lejoyeux, Meillet ; Saturnin, Fromant ; Rose-de-Mai, Mme Meillet ; Georgette, Mlle Roziès ; Thérésa, Mme Zévaco. Cette brillante distribution détermina en partie le succès de quatre-vingts représentations consécutives que le Val d'Andorre obtint au Théâtre-Lyrique. Halévy était déjà atteint par le mal qui devait l'emporter, en 1862 ; mais ses biographes racontent que le bon accueil fait à son opéra lui procura un retour momentané à la santé. — Le Val d'Andorre fut créé à l'Opéra-Comique le 11 novembre 1848. La « Chanson du Chevrier », morceau favori de la partition, courut alors tous les carrefours, alternant avec les Girondins. C'est ainsi qu'en 1793, on avait vu une autre pastorale (Il pleut, bergère...) donner la réplique à la fulgurante Marseillaise. — Voir Notice sur la vie et les ouvrages de F. Halévy, par Beulé ; Paris, 1862, gr. in-8°. Fromenthal Halévy, sa vie et ses œuvres, par M. Léon Halévy (son frère) ; Paris, 1863, grand in-8°. Halévy écrivain, par M. Arthur Pougin ; Paris, 1865, in-8°. Consulter aussi les pages 314 et suivantes de la Musique à Paris, d’Albert de Lasalle et E. Thoinan ; 1863, Morizot ; in-18. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
VALASKI ET OPHÉLIE ou LE PASSAGE DE L’HERMITAGE
Opéra-comique en trois actes, musique de Dreuilh, représenté vers 1805 au Grand-Théâtre de Marseille, où cet artiste remplissait les fonctions de chef d'orchestre.
VALCOUR ou UN TOUR DE PAGE
Opéra-comique en un acte, musique de Devienne, représenté à Feydeau en 1797.
VALENTIN ou LE PAYSAN ROMANESQUE
Opéra-comique en trois actes, livret de Louis-Benoît Picard et Claude-François Fillette-Loraux, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 13 septembre 1813, avec Mmes Sophie Belmont (Isabelle), Antoinette Regnault [Lemonnier] (Marie), MM. Auguste Huet (l'Archiduc), Jean-Blaise Martin (Valentin), Simon Chenard (Simon), Louis Ponchard (Charles), Vizentini (le Grand Fauconnier), Aller (un Ecuyer), Moreau (Faribulli), Darancourt (Vandick), Juliet père (un Officier suisse), Jean-Pierre Louvet (un Officier de garde). L'ouvrage a été repris et réduit en deux actes le 04 décembre 1819. => partition
VALENTINE D'AUBIGNY
Opéra-comique en trois actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique de Fromental Halévy. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 avril 1856, avec Mlles Caroline Duprez, Zoé Bélia, MM. Charles Battaille (Gilbert), Mocker, Nathan.
« La conception bizarre du livret a nui à l'effet de la partition, qui renferme des morceaux distingués, notamment l'air de Gilbert : Comme deux oiseaux ; les couplets de Boisrobert : Un amoureux, accompagné par un pizzicato d'un effet très heureux, et le boléro de Sylvia. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VALENTINE DE MILAN
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Nicolas Bouilly, musique d’Etienne-Nicolas Méhul, terminée par Louis-Joseph Daussoigne. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 28 novembre 1822, décors de Mathis et Desroches. Avec Mmes Paul (Valentine), Desbrosses (Laurencia) ; MM. Darancourt (Jean Galéas), Auguste Huet (Louis de France), Desessarts (Olivier de Clisson), Leclerc (Sire-Albert), Alexis Dupont (Urbain Galéas), Louvet (le Duc de Florence), Henri (le Duc de Férare), Grégoire (un Inconnu [personnage muet]), Alair (premier écuyer du prince Louis), Mada (premier écuyer du duc de Milan).
« Beau et brillant succès, mérité par l'intérêt du sujet, et par une des plus belles compositions musicales que possède la scène de l'Opéra-Comique ; tous les honneurs de la soirée ont été pour Méhul, dont le buste a été couronné sur le théâtre. Il faut ajouter que l'ouvrage était dans les cartons de l'Opéra-Comique depuis plus de quatorze ans. »
[Almanach des spectacles, 1823]
VALET DE CHAMBRE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique de Michele Enrico Carafa. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 septembre 1823 avec Mmes Marie Julie Boulanger (Denise), Zoé Prévost (la Comtesse) ; MM. Auguste Huet (le Comte Edmond), Darboville (Germain), Belnie (Dupré), Casimir (un Maître d'hôtel), Duchenet (un Cocher).
« C'est le joli vaudeville de Frontin, mari-garçon, auquel une musique un peu trop savante a fait perdre quelque chose de sa vivacité. Heureusement le jeu de d'Arboville et de madame Boulanger a bien couvert ce défaut, et l'ouvrage n'a pas fait moins de plaisir qu'à la rue de Chartres. »
[Almanach des spectacles, 1824]
« Le duo du valet de chambre est devenu un morceau classique. Il a la verve, l'élégance, le tour mélodique qui conviennent aux morceaux de concert. Parfaitement écrit pour les voix et sur une situation facile à comprendre, il a dédommagé, par un succès qui n'est pas épuisé, le compositeur de ses innombrables revers, qu'il faut surtout attribuer à la supériorité de la musique de son rival, hâtons-nous d'ajouter, de son vieil et fidèle ami, Rossini. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VALET DE CHAMBRE DE MADAME (LE)
Opérette, musique d’Olivier Métra ; jouée aux Folies-Bergère, en novembre 1872. Chantée par Mme Stani.
VALET DE CŒUR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Ferrier et Charles Clairville, musique de Raoul Pugno, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 avril 1888, avec Mmes Marie Grisier-Montbazon (Chloé), Macé-Montrouge (Uranie), Gilberte (Lodoïska), Afchain (Justine) ; MM. Cooper (Philidor), Montrouge (La Barbotière), Ch. Lamy (Césarin), Scipion (Florival).
« Musique aimable et fine, gâtée par un livret fâcheux, dont la lourdeur et le peu d'agrément vinrent enrayer le succès. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
VALET DE DEUX MAÎTRES (LE)
Opéra-comique en un acte, en prose, livret de Jean-François Roger, musique de François Devienne. Création au Théâtre Feydeau le 03 novembre 1799. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 novembre 1801.
VALET DE DEUX MAÎTRES (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-François Roger, musique de Vincenzo Fiocchi. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 26 octobre 1802.
VALET-POÈTE (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret de Fernand Renoz, musique du vicomte Raoul de Lostanges, représenté dans un atelier de sculpture avenue Dauphine en février 1862, et chanté par des artistes du Théâtre-Lyrique : MM. Petit, Auguste Legrand, Adolphe Girardot et Mlle Amélie Faivre.
VALETS DE GASCOGNE (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Philippe Gille, musique d’Alfred Dufresne, créé au Théâtre-Lyrique le 02 juin 1860. => fiche technique
VALETS MODÈLES (LES)
Opérette en un acte, livret de Francis Tourte, musique de Georges Douay, représentée à la salle Taitbout en 1875.
VALLÉE SUISSE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Sewrin et René Alissan de Chazet, musique de Joseph Weigl. Création à Saint-Cloud le 29 octobre 1812. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 31 octobre 1812. C'est un agréable ouvrage comme pièce et comme musique.
VALMIERS ou LE SOLDAT DU ROI
Opéra-comique en trois actes, paroles de Verment-Muriton, musique de Champein, représenté à Paris en décembre 1805.
VALSE ET MENUET
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Méry, musique de Louis Deffès, représenté au Kursaal d’Ems le 27 juillet 1865. Ce petit ouvrage a été assez favorablement accueilli pour qu'il soit bientôt joué sur un des théâtres de Paris.
Il fut repris au théâtre de l'Athénée le 16 avril 1870. Quelques changements ont été faits à la pièce pour la représentation française. Le canevas est si léger qu'il ne peut intéresser que les désœuvrés d'une ville d'eaux. Un baron arrive à Weimar pour engager une danseuse qui doit figurer dans les divertissements qu'il est chargé d'organiser à l'occasion d'une fête à Versailles ; il se trompe et engage une cantatrice ; de là quiproquos et dénouement tel quel. M. Louis Deffès est un compositeur d'esprit qui aurait dû n'associer sa musique élégante et très mélodique qu'à des pièces de quelque valeur littéraire. On a entendu sa musique avec plaisir, mais on n'a pris aucun intérêt à ce livret insipide. Je rappellerai parmi les morceaux les plus goûtés un trio, la leçon de menuet et la valse. Il y a une singularité dans cet ouvrage : c'est que deux personnages y jouent du violon, la prima donna et le baryton ; ce qui en rendra l'exécution assez difficile. Cet opéra-comique a été très bien chanté par Jean-Pierre Aubéry, Justin Née, Laurent et Mlle Singelée.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
VALSES DE VIENNE
Opérette viennoise en trois actes et sept tableaux, livret d'Alfred Maria Willner, Heinz Reichert et Ernst Marischka, musique empruntée à Johann Strauss père et fils. Version française d'André Mouézy-Eon et Jean Marietti, lyrics de Max Eddy. Création française au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 21 décembre 1933 avec Mmes R. Grisler (Fanny), Simone Lencret (Pépi), Lucienne Tragin (Rési), Fanély Revoil (la comtesse) ; MM. André Baugé (Johann Strauss fils), Pierre Magnier (Johann Strauss père), Ed. Castel (Ebeseder), André Noël (Léopold), Florencie (le prince Gogol).
« C'est un moyen commode d'avoir une musique charmante de la choisir d'abord et d'écrire ensuite la comédie de théâtre. Celle-ci est sans prétention, mais agréable. La fille du pâtissier Ebeseder est fiancée au fils d'un tailleur, mais son cœur est beaucoup plus sensible pour la personne du jeune Strauss, et elle ne balancerait pas s'il voulait bien abandonner la musique pour la pâte feuilletée. Il n'en fera rien, car, malgré un père jaloux, le succès lui viendra, l'argent en même temps et la belle par-dessus le marché. On n'a peut-être pas pu utiliser pour la partition les meilleures pages des Strauss, mais il en reste assez d'agréables pour séduire l'auditeur. L'interprétation est excellente. »
(Larousse Mensuel Illustré, 1933)
VAMPIRE (LE)
[Der Vampyr]
Opéra allemand en quatre actes, livret de W. A. Wohlbrück, musique de Heinrich August Marschner.
Première représentation à l’Opéra de Leipzig le 29 mars 1828.
« Cet ouvrage, fort remarquable, se distingue particulièrement par l'expression caractérisée des personnages de la pièce et par une harmonie originale et vigoureuse. Le Vampire ne pâlirait pas trop à côté du Freischütz de Weber, l'ancien compétiteur de Marschner. Cet opéra fut accueilli avec enthousiasme et représenté sur les théâtres de toutes les villes de l'Allemagne. Il le fut aussi à Londres et à Liège le 27 janvier 1845, avec succès. Il a été traduit et adapté à la scène française par Ramoux, et on se disposait à le donner à l'Académie de musique lorsque les événements de 1830 en firent ajourner la représentation. Les ouvrages écrits de l'autre côté du Rhin à cette époque, tels que ceux de Spohr, de Marschner et de Lindpaintner, offraient des beautés que nous cherchons vainement dans les élucubrations ténébreuses et prétentieuses de la jeune école allemande. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VAN DYCK
Opéra-comique en trois actes, paroles de Delamotte, musique de Villent-Bordogni, représenté sur le théâtre de Bruxelles dans le mois de novembre 1845. Les mélodies y sont faciles et gracieuses ; l'instrumentation bien traitée. On a surtout remarqué deux airs nationaux : Pier lala et Reuzen, Reuzen ! intercalés au moment de la distribution des prix aux compagnies d'arquebusiers. Le trio du second acte et le duo entre Rubens et Van Dyck au troisième acte, ont laissé une bonne impression du talent de Villent.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VAN DYCK AMOUREUX
Opéra-comique en un acte, livret d’Emile Max et Leclerc, musique de Marie de Pierpont, représenté à la salle Kriegelstein le 9 janvier 1888.
VANINA
Opéra en quatre actes, livret de Legouvé et Louis Gallet, musique d’Emile Paladilhe (1887-1890), non représenté.
VANINA D'ORNANO
Opéra en trois actes, livret de Léon Halévy, musique inachevée de Fromental Halévy.
VANNINA (LA)
Drame lyrique en trois actes, livret de Paul de Choudens, musique de Paul Bastide, représenté à Rouen le 29 janvier 1926. => fiche technique
VAUNAVET L’EMPAILLEUR
Opérette en un acte, livret d’Ad. Huard et Gabriel, musique de Georges Douay, représentée aux Délassements-Comiques le 05 mai 1866.
VEAU D’OR (LE)
Drame lyrique en trois parties, paroles de M. Privat, musique d’Auguste Caune, représenté avec succès en avril 1881, sur le Grand-Théâtre de Marseille.
VEILLÉE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et Amable Villain de Saint-Hilaire, musique d’Alexandre Paris. Création à l’Opéra-Comique (salle Ventadour) le 14 février 1831, avec Mmes Pradher, Lemesle, MM. Moreau-Sainti, Henri, Féréol.
« C’était un livret de pensionnaire de Rome, sans invention, dépourvu de situations musicales, parfaitement capable de décourager un jeune artiste de la carrière lyrique. Le héros de la pièce a quitté la maison paternelle et sa fiancée pour se faire corsaire. Il revient au logis après quatre années d’absence, pendant lesquelles, grâce à son honnête négoce, il a amassé une belle fortune. Il apprend en arrivant que Mlle Nancy, sa fiancée, va épouser un rival odieux. Il manifeste son indignation en annonçant son départ et en léguant par testament toute sa fortune à son infidèle. Ce trait de délicatesse touche tous les cœurs et amène une réconciliation. Paris a été l’élève de Lesueur, et ses premières compositions avaient fixé sur lui l'attention publique ; mais la partition de son opéra-comique ne doit être considérée que comme une de ces nombreuses épaves, de ces frutti di mare des concours de l'Institut. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VEILLÉE (LA)
Opérette en un acte, musique de Mme Jacques-Labalette, représentée à Lille en novembre 1863.
VEILLÉE DE JEANNE D’ARC (LA)
Grande scène lyrique pour soprano, chœur d’hommes et orchestre, poésie de Pierre-Barthélemy Gheusi, musique d’Ernest Lefèvre-Dérodé, exécutée sur le Grand-Théâtre de Reims en mars 1895.
VEILLÉE DES NOCES (LA)
Opérette en trois actes, livret d’Alexandre Bisson, Edouard Bureau et Fernand Jattiot, musique de Frédéric Toulmouche.
Représenté aux Menus-Plaisirs le 21 juin 1888 avec Mmes Pierny et Savenay, MM. Gellio, Francès, Germain et Bartel.
VEILLEUSE (LA) ou LES NUITS DE MILADY
Opérette en un acte, livret de Gustave Lemoine, musique de Loïsa Puget. Création au Théâtre du Gymnase le 27 septembre 1869. => fiche technique
VELLEDA
Opéra en cinq actes, paroles de Jouy, musique d’Aimon, représenté à l'Opéra en 1824.
VELLÉDA
Opéra en quatre actes, livret d’Augustin Challamel (1818-1894) et Jules Chantepie, d’après les Martyrs de Chateaubriand, musique de Charles Lenepveu (écrit pour Adelina Patti).
Première représentation à Londres, Covent Garden, le 04 juillet 1882, dans la version italienne de G. Vacotti, avec Adelina Patti (Velléda), Mme Valleria (Ina), et Mlle Stahl (Even), MM. Nicolini (Cœlius), de Reszké (Senon) et Cotogni (Teuter).
Première en français à Rouen, théâtre des Arts, le 18 avril 1891, avec Mmes Levasseur (Velleda) et de Béridez (Even), MM. Leprestre (Cœlius) et Lequien (Senon).
« Il serait superflu de dire que le sujet de Velleda est tiré de l'épisode bien connu des Martyrs de Chateaubriand. Velleda, prêtresse de Teutatès, aimée du chef gaulois Teuter, inspire aussi une passion profonde, mais secrète, à Cœlius, le général des Romains, qui, sous un déguisement, pénètre chez les Gaulois, où il est reconnu par Teuter, qui devine son dessein. Celui-ci lui envoie la druidesse Ina pour l'attirer à un rendez-vous, tandis que sur les conseils de Senon, père de Velleda, il fait prêcher la révolte par cette dernière. Cœlius est exact au rendez-vous, où, au lieu de Velleda, qu'il attendait, il trouve Ina. Bientôt le signal de la révolte s'allume sur les rochers, les cris de guerre retentissent, et Cœlius, surpris, va être mis à mort, quand survient Velleda, qui le sauve et lui permet de s'éloigner. Il reprend le commandement de son armée, écrase les rebelles, mais cédant aux supplications de Velleda, à qui il a déclaré sa passion, il fait grâce aux prisonniers. Il enfreint ainsi les ordres du César de Rome, qui exigeait le massacre des révoltés. Obligé de fuir pour échapper au châtiment, il va retrouver Velleda sur les bords de l'Océan et s'apprête à partit avec elle, lorsque les Gaulois, conduits par Teuter et Senon, viennent les surprendre et arrêter leur départ. C'est une femme, Even, qui aimait Cœlius et qu'il a dédaignée, qui, pour se venger, a révélé à Senon les amours de sa fille et du chef romain. Accusée de sacrilège, Velleda se poignarde et Cœlius se tue à ses côtés.
Le drame manque d'habileté, et la passion y est plutôt indiquée que marquée en traits vigoureux et vraiment scéniques. Il a suffi néanmoins pour inspirer au musicien une œuvre intéressante, empreinte de noblesse, écrite avec le plus grand soin et dans laquelle, à côté de pages puissantes, on remarque surtout des épisodes pleins de grâce, de charme et de poésie. Si l'on peut signaler, pour leur vigueur et leur sonorité, le chœur du premier acte : Teutatès veut du sang ! la scène de la conjuration au second et la fête du troisième acte, il faut louer particulièrement la jolie romance de Cœlius : Dans ma vie, et son cantabile : En vain dans la forêt, la curieuse ballade d'Even : Gallia se berçait et le duo plein de tendresse : Loin des bruits vains de la terre. Ce sont là des pages sincères, heureusement inspirées, et d'un caractère bien français. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
VENANT DE PONTOISE
Opérette en un acte, livret d'Eugène Mestépès, musique d'Alfred Dufresne, représenté aux Bouffes-Parisiens le 18 février 1856. => fiche technique
VENDANGE (LA)
Opéra-comique en deux actes, paroles de Joigny, musique de Quaisin, représenté au théâtre des Amis des Arts (théâtre Molière) en 1798.
VENDANGE (LA)
Opéra-comique en trois actes, avec ballet ; livret en dialecte alsacien, musique de Weckerlin, représenté au théâtre de Colmar en mai 1879.
VENDANGE ENSORCELÉE (LA)
[D'r verhäxt herbst]
Opéra-comique en quatre actes, en dialecte alsacien, livret de Mangold, musique de J.-B. Weckerlin, représenté à Colmar, avec un très grand succès, le 31 mai 1879.
VENDANGES DE SURESNES (LES)
Comédie en un acte, en prose, avec un divertissement, paroles de Dancourt, musique de Gilliers et de Grandval père, représentée au Théâtre-Français en 1695.
VENDANGEURS (LES) ou LES DEUX BAILLIS
Opéra-comique en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, musique de vaudevilles. Création à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 07 novembre 1780.
VENDÉE
Drame lyrique en trois actes et quatre tableaux, paroles de Charles Foley et Adolphe Brisson, musique de Gabriel Pierné, représenté sur le Grand-Théâtre de Lyon le 17 mars 1897. Le titre de l'ouvrage et l'époque de l'action : juin 1793, en indiquent suffisamment le sujet, la Vendée royaliste se soulevant contre la France républicaine. C'est l'affreuse guerre civile, la sanglante lutte des « Blancs » et des « Bleus », que les auteurs ont mise en scène, et de la façon la plus sombre et la plus mélodramatique, sans même l'éclairer d'une lueur de tendresse ou de passion vraiment humaine. C'est là le défaut du poème, qui laisse au spectateur une impression pénible et lourde. La partition de Vendée est l'œuvre d'un artiste de talent, bien doué, et déjà sûr de lui, et auquel on souhaiterait seulement un peu plus de personnalité. Ce n'est pas une œuvre de combat, comme celles que nous donnent certains jeunes musiciens, un peu trop entichés de formules nouvelles et de théories extravagantes. M. Pierné ne cherche pas midi à quatorze heures, il va droit son chemin, se laissant aller à sa nature, et paraissant se peu soucier de suivre servilement les doctrines que quelques-uns voudraient imposer à tous et qui, sous couleur de prétendue indépendance, emprisonneraient l'art dans une forme étroite, dans un moule unique. En un mot, M. Pierné, sans faire fi de certaines idées nouvelles, ne renie pas non plus le passé et se rattache, en somme, à la vraie école française, avec sa clarté et son éclectisme bien entendu. On peut citer comme particulièrement bien venues certaines pages de sa partition. Au premier acte, l'air de Jeanne : Ah ! mon cœur se remplit d'ivresse, le récit qui se termine en duo : C'était dans une nuit d'opale, et le finale qui n'est pas sans grandeur, mais qui manque un peu de nouveauté ; le second acte serait à signaler presque en entier, et le compositeur y a introduit plusieurs thèmes populaires, qu'il a traitées avec beaucoup de savoir et d'habileté ; enfin, au troisième, nous trouvons un beau prélude d'une belle venue, le serment du chef vendéen et le duo de Jeanne et du duc de Guérande ; tout cet acte est, d'ailleurs, bien conduit et d'une réelle puissance dramatique. Vendée avait pour interprètes Mmes Chrétien-Vaguet (Jeanne), Cossira (Yvonne), Mary Girard (une fille), Duperret (la comtesse), MM. Delvoye (Jagault), Bucognani (le duc), Ramieux (le chef vendéen), Chalmin et Durand.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
VENDÉENNE (LA)
Grand opéra en quatre actes, livret de Frédéric Deschamps, musique de Louis Maillot, créé au théâtre des Arts de Rouen le 09 décembre 1857 avec Mme Geismar. Représenté au grand théâtre Toulouse en mai 1859 avec Mme Geismar, MM. Joseph Dufrène et Laget, un jeune ténor.
VENDÉENNE (LA)
Drame lyrique en un acte, livret et musique d’Ernest Garnier, représenté au Grand-Théâtre de Lyon en février 1903.
VENDETTA (LA)
Opéra en trois actes, livret de Léon Pillet et Adolphe Vannois, musique d'Henri de Ruolz. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 11 septembre 1839. Divertissements de Joseph Mazilier. Décors de René Philastre et Charles Cambon. Costumes de Paul Lormier. Avec Gilbert Louis Duprez (Paolo), Massol (Sylvio Spalazzi), Levasseur (Matteo le père), François Wartel, F. Prévôt, Adolphe Alizard ; Mlle Nathan (Flora Spalazzi) et Mme Widemann (Maria) ; Danse de l'acte II : Nathalie Fitzjames et Maria.
« Le sujet de cet ouvrage a été tiré du célèbre roman de M. Mérimée, Colomba. On a remarqué plusieurs chœurs d'une bonne facture, et particulièrement le chœur des chasseurs. Duprez, Massol, Levasseur et Mlle Nathan ont concouru à cette représentation. M. de Ruolz s'est fait connaître par des inventions plus durables et plus avantageuses. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le sujet de cet opéra est emprunté à Matteo Falcone, de Mérimée.
Cet ouvrage fut remanié, mais il n'obtint pas plus de succès en 2 actes que sous sa forme primitive. C'est comme habile chimiste et comme inventeur de procédés de galvanoplastie que M. Henri de Ruolz était appelé à conquérir une réputation durable. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VENDETTA (LA)
Drame lyrique, paroles d’Eugène Lefebvre, musique de Charles Berlandier, représenté à Alger en février 1901.
VENDETTA (LA)
Drame lyrique en quatre actes, paroles de H. Bérard et Ed. Martin, musique de Georges Palicot, représenté à la Salle des Agriculteurs le 21 mars 1903.
VENDETTA (LA)
Drame lyrique en trois actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique de Jean Nouguès, représenté à l’Opéra de Marseille le 27 janvier 1911.
VENDÔME EN ESPAGNE
Opéra en trois actes, livret d'Empis et Mennechet, musique de Herold et d’Esprit Auber. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 05 décembre 1823. Ballets réglés par Gardel. Décors de Charles Ciceri. Avec Nourrit (Philippe V), Dérivis (Vendôme), Adolphe Nourrit (Gaston), Bonnel (Alvar), Dabadie (Lopez) ; Mme Grassari (la Reine) et Mlle Jawurek (Inès).
Cette pièce de circonstance avait pour objet de célébrer le retour du duc d'Angoulême à Paris.
« Drame lyrique en un acte de Boieldieu, Auber et Herold. Le livret ne mentionne pas Boieldieu comme un des compositeurs de cet opéra. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VENDREDI
Opérette en un acte, livret de Duvert et Lausanne, musique d'Edouard Montaubry, créée aux Folies-Nouvelles le 18 avril 1859. => détails
VENGEANCE DE PIERROT (LA)
Opérette en un acte, paroles de H. Lefebvre, musique de Blangini fils, représentée aux Bouffes-Parisiens le 17 mars 1865.
VENGEANCE ITALIENNE ou LE FRANÇAIS À FLORENCE
Opéra-comique en deux actes, musique de Jupin, représenté à Strasbourg le 12 novembre 1834.
VENGEANCE PATERNELLE (LA)
Comédie en un acte, livret de Joseph Patrat, musique d’Armand-Emmanuel Trial. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 18 février 1792.
VENGEANCES (LES)
Opéra, musique de Langlé, écrit au commencement du XIXe siècle (inédit).
VENGEUR (LE)
Opéra bouffe en un acte, livret de Charles Nuitter et Alexandre Beaumont, musique d’Isidore-Edouard Legouix, représenté au théâtre de l'Athénée le 20 novembre 1868. => détails
VENISE
Opéra en trois actes, musique de Raoul Gunsbourg. Création à Monte-Carlo le 08 mars 1913. => détails
VENISE
Opérette en trois actes, livret d'André Mouézy-Eon, lyrics d'Albert Willemetz, musique de Tiarko Richepin, représentée au Théâtre Marigny le 25 juin 1927. => fiche technique
VENISE LA BELLE
Opéra-comique en un acte, paroles de Lambert et Lefebvre, musique d’André Simiot, représenté à Lyon en février 1853. On a remarqué la facilité mélodique avec laquelle ce petit ouvrage a été écrit.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VÉNITIEN (LE)
Grand opéra en quatre actes, poème de Louis Gallet, musique d’Albert Cahen, représenté sur le théâtre des Arts à Rouen, le 14 avril 1890, avec Mmes Bossy et Fouquet, MM. Lafarge, Mondaud, Vérin et Schmidt.
« Le sujet de cet ouvrage est tiré d'un poème de lord Byron, le Siège de Corinthe, relatif au siège que les Turcs firent subir, en 1715, à la ville de Corinthe, défendue par les Vénitiens. Aux péripéties de cette action se mêle une histoire d'amour qui se termine par un dénouement profondément dramatique. La partition, pour être un peu trop dépourvue d'originalité, est du moins écrite avec soin. Parmi les pages les plus intéressantes, on signale au premier acte un chœur de jeunes Vénitiens, un duo d'amour d'où se détache une jolie phrase : Non, viens, oublions le monde, et la séance du Conseil des quarante ; et au second, qui se passe dans le camp des Turcs, une pittoresque chanson de berger, un air de ténor inégal mais non sans qualités, et un vigoureux chaut de guerre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
VÉNITIENNE
Opéra bouffe en un acte, livret de René Kerdyk, musique de Jean Rivier. Création à la Comédie des Champs-Elysées le 31 mai 1937.
"L’argument de la Vénitienne reprend le vieux thème du client qui séduit la marchande de soieries et est trompé lui-même. La musique de M. Jean Rivier, encore qu'elle se borne au récitatif mélodique, sans jamais s'épanouir en vraies mélodies, est du moins d'une grâce, d'un charme, d'une justesse d'expression étonnants. La brièveté de l'œuvre la garde de la monotonie ; elle emprunte d'ailleurs beaucoup de son agrément au poème tendre, pittoresque et ravissant de René Kerdyck." (Larousse Mensuel Illustré, 1937)
VÉNITIENNE (LA)
Comédie-ballet en trois actes, avec un prologue, livret d'Antoine Houdar de La Motte, musique de Michel de Labarre, représentée à l'Académie royale de musique le mardi 26 mai 1705, avec : Mme Dupeyré (Euterpe), Hardouin (Momus), Boutelou (un Plaisir) dans le Prologue ; Mmes Desmatins (Léonore), Maupin (Isabelle), Vincent (Spinette), Dupeyré (Isménide), Loignon (une Barquarolle), MM. Chopelet (Octave), Hardouin (Isménor), Dun (Zerbin), Boutelou fils (un Barquarolle), Cochereau (un Masque).
« Cette pièce, dont la structure était faible, ne survécut pas à quelques représentations ; mais elle prépara le succès des Fêtes vénitiennes de Danchet et Campra. Le sujet se prêtait en effet à la variété du spectacle, dans lequel on voyait défiler Momus, Euterpe, Arlequin, Pantalon, le Docteur, Spezzafer, Scaramouche, Polichinelle, Pierrot, Léonore, Octave, Isabelle, Spinette, Isménide la devineresse, Isménor le devin, Zerbin, des barquerolles, c'est-à-dire des mariniers, des masques, des sorciers, des Espagnols et des bohémiens. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Ce fut la dernière création de Mlle Maupin.
Le 3e acte (le Bal) fut introduit dans les Nouveaux Fragments de Lully : 3 décembre 1711, et dans le Ballet sans titre : 26 mai 1726.
Dauvergne a remis cet opéra-ballet en musique : 20 novembre 1768. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VÉNITIENNE (LA)
Opéra-ballet en trois actes, livret d'Antoine Houdar de La Motte (mis en musique en 1705), musique de Dauvergne, représenté par l'Académie royale de musique le 03 mai 1768, avec Mmes Larrivée (Isabelle), Beaumesnil (Léonore), Du Bois (Isménide), Rosalie (Spinette), MM. Le Gros (Octave), Larrivée (Zerbin).
VENT-DU-SOIR ou L'HORRIBLE FESTIN
Opéra bouffe en un acte, livret de Philippe Gille, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 mai 1857, avec Mlle Marie Garnier (Atala), MM Désiré (Vent-du-Soir), Léonce (le Lapin courageux), Tayac (Arthur).
« A en croire les récits des voyageurs, les sauvages manqueraient essentiellement de gaieté ; mais si on en juge par ceux des Bouffes-Parisiens, on serait tenté de prendre Robinson Crusoé pour un mystificateur et le capitaine Cook pour un misanthrope. Le fait est qu'on se pâmait de rire à voir le terrible Vent-du-Soir manger un ours sacré en croyant dévorer un coiffeur, et son compère le Lapin-Courageux avaler une tabatière à musique qui égayait sa digestion en exécutant (in petto) une valse entraînante.
Voilà pour le comique ; quant à l'élément gracieux, Mlle Garnier et, après elle, Mlle Maréchal, étaient chargées de le représenter. Dans un rôle de princesse sauvage, ces dames portaient à ravir un costume qui ne pesait peut-être pas cinq cents grammes.
Désiré a débuté dans cette pièce en jouant le personnage de Vent-du-Soir avec une effervescence et un luxe de mimique qui compromirent son succès. Plus tard, il s'est relevé de ce demi-échec et, en atténuant les violences de son jeu, en cherchant à allier la finesse à l'excentricité excessive, il a su se faire un ami du public.
Désiré venait de Marseille où depuis quatre ans il faisait fureur. Avant, il s'était fait remarquer au Théâtre-Royal de la Haye ; il y jouait, de prédilection, le rôle de Bourguignon dans les Jeux de l'Amour et du Hasard. On a conservé aussi un bon souvenir de Désiré au théâtre des Galeries Saint-Hubert à Bruxelles et au théâtre de Montmartre, où il a débuté avec succès dans le Philtre champenois. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
VENTE APRÈS DÉCÈS (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles d'Etienne, musique de Dourlen, représenté au Gymnase-Dramatique le 1er août 1821.
VÉNUS AU MOULIN D'AMPIPHROS
Tableau bouffon et mythologique en un acte, livret de Jules Brésil, musique de Paul Destribaud, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 31 mai 1856, avec MM. Prosper Guyot, Wilfrid et Mlle Hesmès.
« Je ne sais si un sonnet bien fait vaut à lui seul un long poème ; mais ce que j'affirme, c'est qu'une romance réussie vaut mieux que certains opéras que je pourrais nommer ‑ si ce n'était, le respect que je dois au lecteur. ‑ Or, c'est justement par une romance que le talent de M. Destribaud nous fut révélé. Mais, quelle romance ! c'est cette idylle fantastique et rêveuse comme un conte allemand, ce poème attendrissant qui a nom 1'Ondine. Quand on a fait 1'Ondine, on peut bien se reposer ; mais M. Destribaud, au lieu de jouir de ce droit superbe, a donné encore la Chanson de Fortunio ‑ empruntée au Chandelier, l'amoureuse comédie de Musset, ‑ le Chant de l'Almée, sur des paroles de M. Méry, et quantité d'autres pièces de chant et de piano. De la Vénus au moulin d'Ampiphros il est resté un trio de table bien fait, le gracieux andante de l'ouverture et la jolie chanson du tabac. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« C'est encore une parodie. On a remarqué un bon trio de table. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VÉNUS D'ARLES (LA)
Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier et Armand Liorat, musique de Louis Varney, représentée au théâtre des Nouveautés le 30 janvier 1889, avec Mlles Mathilde Auguez, Juliette Darcourt, Stella, MM. Brasseur père et fils, Piccaluga, Guy, Lauret.
VÉNUS ET ADONIS
Tragédie en un prologue et cinq actes, livret de Jean-Baptiste Rousseau, musique de Henri Desmarets.
Création à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal) le 17 mars 1697 avec Mmes Desmatins (Cydippe), Le Rochois (Vénus), MM. Du Mesny (Adonis), Hardouin (Mars), sous la direction de Marin Marais.
Reprise à l'Opéra le 17 août 1717 avec Mmes Antier, Journet, MM. Cochereau, Thévenard.
« Cet ouvrage a eu un certain succès, puisqu'il a été repris vingt ans après la première représentation. Les quatre rôles d'Adonis, de Mars, de Cydippe et de Vénus ont été chantés d'abord par Du Mesny, Hardoin, Mlles Desmatins et Rochois, et ensuite, en 1717, par Cochereau, Thévenard, Mlles Antier et Journet. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VÉNUS ET ADONIS
Opéra en un acte, paroles de Collet de Messine, musique de Mondonville, représenté à l'Opéra le 09 mai 1758.
VÉNUS ET ADONIS
Opéra, musique de Fortia de Piles, représenté à Nancy en 1784.
VÉNUS ET ADONIS
Scène lyrique, paroles de Louis de Gramont, musique de Xavier Leroux, représentée à l’Opéra le 24 janvier 1897, puis aux Arènes de Nîmes le 13 août 1905.
VÉNUS INFIDÈLE
Bouffonnerie mythologique, paroles d’A. Pouillon, musique de Léon Roques, représentée à l'Eldorado en septembre 1868. Chantée par Victor (Mars), Valérie (Adonis), Mlle Chretienno (Vénus).
VÊPRES SICILIENNES (LES)
Opéra en cinq actes, livret d’Eugène Scribe et Charles Duveyrier, d’après Casimir Delavigne, musique de Giuseppe Verdi.
Personnages : la duchesse Hélène (soprano) ; Ninetta (contralto) ; Henri, un jeune Sicilien (ténor) ; Guy de Montfort, gouverneur de Sicile (baryton) ; Jean de Procida, chef des patriotes siciliens (basse) ; le comte de Vaudemont (seconde basse) ; Danieli (ténor léger) ; Thibault (ténor) ; Robert (second baryton) ; Mainfroid (second ténor) ; le Sire de Béthune (seconde basse).
L’action se déroule à Palerme, en 1282.
Création au Théâtre de l'Opéra [Académie impériale de musique] (salle Le Peletier) le 13 juin 1855, en présence du couple impérial. Mise en scène de L. Palianti. Chorégraphie de Petipa. Décors de Joseph Nolau et Auguste Rubé (actes I et IV), Charles Cambon et Joseph Thierry (actes II et V), Edouard Desplechin (acte III). Costumes de Paul Lormier et Alfred Albert. Avec Mmes Sophie Cruvelli (la duchesse Hélène), Clarisse Françoise Sannier (Ninetta) ; MM. Louis Gueymard (Henri), Louis-Henri Obin (Jean de Procida), Bonnehée (Guy de Montfort), Mécène Marié (Robert), Boulo (Danieli), Kœnig (Mainfroid), Théodore Coulon (le Sire de Béthune), Guignot (le Comte de Vaudemont), Aimès (Thibault), Kœnig (Mainfroid), sous la direction de Narcisse Girard.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 18 novembre 1856 avec Mme Vandenhaute (Hélène), MM. Wicart (Henri Nota), Carman (Guy de Montfort), Depoitier (Procida).
« Cet ouvrage a été composé expressément pour la scène française. M. Verdi a donné à son style plus d'ampleur, une déclamation plus soignée et à son instrumentation plus de fini et d'intérêt que dans d'autres ouvrages. Néanmoins les Vêpres siciliennes n'ont pu prendre place dans la pléiade des opéras qui ne quittent pas le répertoire. Le rôle d'Hélène a été écrit pour les moyens exceptionnels de Mlle Sophie Cruvelli, qui a obtenu un grand succès de cantatrice dans le boléro du cinquième acte. Gueymard a laissé de bons souvenirs dans le rôle d'Henri et surtout dans le duo du quatrième acte. Il a été remplacé par Villaret lors de la reprise des Vêpres, le 20 juillet 1863. Nous rappellerons l'air de Procida, chanté par Obin au second acte : Et toi, Palerme, ô beauté qu'on outrage. La danse occupe une large place dans la partition de cet opéra. Indépendamment du ballet des Quatre saisons au troisième acte, il y a une jolie tarentelle au deuxième. La romance d'Henri, au cinquième acte : La brise souffle au loin, est une mélodie pleine de fraîcheur et de poésie. Bonnehée a mérité de vifs applaudissements pour la manière pathétique et expressive dont il interprétait le rôle de Montfort dans l'air du troisième acte, et surtout dans le beau duo : Quand ma bonté, toujours nouvelle, l'empêchait d'être condamné.
L'opéra des Vêpres siciliennes, traduit en italien par Fusinato et Caimi sous le titre de Giovanna di Guzman, a été représenté au théâtre ducal de Parme le 26 décembre 1855 et à la Scala de Milan le 04 février 1856. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Ballets dessinés par Petipa. Pas du printemps, dont le mouvement lent est poétique.
Reprise en 1863.
C'est le premier ouvrage que Verdi ait expressément composé pour la scène française, et il est écrit avec plus d'art et de soin que ses précédents opéras : le finale du 2e acte et surtout celui du 3e en font foi. Parmi les morceaux les plus applaudis des Vêpres siciliennes, citons encore l'air de Procida et le boléro du 5e acte. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Cet opéra, commandé à Verdi pour la Deuxième Exposition universelle de Paris, relate un épisode sanglant des guerres d'Italie : le massacre général des Français, lors des vêpres du lundi de Pâques 1282, résultat d'une conspiration ourdie par les partisans de la Maison de Souabe conduits par Jean de Procida. Le ballet des Quatre saisons est presque indépendant de l'opéra.
Au 1er acte, Hélène, duchesse de Sicile, insultée en plein Palerme par des soldats français, appelle à son secours ses compatriotes. Le gouverneur français, Monfort, intervient. Il repousse Arrigo, un homme d'origine inconnue qui aime la duchesse.
Au 2e acte, Jean de Procida, chef des patriotes siciliens, s'entend avec Arrigo et Hélène pour chasser les Français. Quand Procida s'est retiré, Arrigo se déclare à Hélène. Mais, ayant décliné avec dédain l'invitation à un bal qu'apportait un officier français, il est arrêté.
Au 3e acte, Arrigo est reconnu par Monfort comme son fils depuis longtemps disparu. Au bal, les conspirateurs s'apprêtant à assassiner Monfort, Arrigo cherche à protéger son père qui, informé par lui, ordonne l'arrestation des coupables. En désignant Arrigo comme son sauveur, Monfort le voue au mépris d'Hélène et de Procida.
Au 4e acte, Arrigo rend visite à Hélène dans sa prison et lui explique la raison de son attitude à l'égard du Gouverneur. Monfort ordonne la mise à mort d'Hélène et de Procida, mais Arrigo intervient en leur faveur, et il révèle à tous que Monfort est son père. Une amnistie générale est proclamée et Arrigo pourra épouser Hélène.
Au 5e acte, Procida révèle à Hélène que les cloches de son mariage donneront le signal du massacre des Français. Pour l'éviter, Hélène déclare à Arrigo qu'elle désire différer la cérémonie. Mais Monfort fait sonner les cloches qui déclenchent le soulèvement.
Les Vêpres siciliennes, n'ont jamais connu un grand succès, même quand la musique en fut adaptée, avec un autre ballet, à un livret différent, inspiré des annales portugaises, sous le titre de Giovanna di Gusman (1856). Toutefois, dans les opéras les plus délaissés de Verdi se trouve toujours quelque perle rare : ici, le boléro que chante Hélène au dernier acte : « Mercè, dilette amici... ». — A relever aussi l'air de Procida, au 2e acte : « O, tu Palerme... ».
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
VERCINGÉTORIX
Drame musical en quatre actes et sept tableaux, livret d’Arthur Bernède et Paul de Choudens musique de Félix Fourdrain.
Représenté à l’Opéra de Nice le 31 janvier 1912.
VERCINGÉTORIX
Epopée lyrique en quatre actes, livret d’Etienne Clémentel et J. Louwyck, musique de Joseph Canteloube.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 26 juin 1933 (répétition générale le 22 juin). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors dessinés par Etienne Clémentel.
Mmes NESPOULOUS (Mélissa), LAWRENCE (Keltis), LAPEYRETTE (la Grande Druidesse), MAHE, HOLLEY, Odette RICQUIER, TESSANDRA, ALMONA, MANCEAU, MONTFORT (les Druidesses), MAHE (Epone), FRANCK (une Femme).
MM. Georges THILL (Vercingétorix), André PERNET (Gobannit), SINGHER (Ségovax), LE CLEZIO (Régulus), ASCANI - débuts - (Durnac), GILLES (Vercassilaun), MOROT (Cavaros), FROUMENTY (Critognat), ETCHEVERRY (Viridomar), CHASTENET (Tarcillos, un Soldat), ERNST (un Vieillard, un Soldat), MADLEN, FOREST, DE LEU (3 Soldats).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
9e à l’Opéra, le 13 décembre 1933, avec les créateurs, sauf :
Mme MAHIEU à la place de Mme Holley, et M. DE LEU (Tarcillos).
Le rôle de « la Grande Druidesse » a été également chanté à l’Opéra par Mme Odette RICQUIER (1933), remplacée alors dans le sien (une Druidesse) par Mme DONIAU-BLANC.
9 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Vercingétorix à l’Opéra.
MM. Clémentel, Louwyck et Canteloube ont entrepris la noble tâche de doter notre pays d'une œuvre lyrique nationale. Ils se sont voués à la glorification de l'âme celtique en incarnant dans le personnage de Vercingétorix toutes les qualités représentatives de notre race. Le grand chef arverne est devenu ainsi une sorte de héros légendaire, plus près du symbole que de la vérité historique. Car c'est dans une sorte de mystique wagnérienne que les librettistes ont traité ce vaste sujet qui rappelle à la fois Lohengrin, Siegfried et Parsifal par sa conception de l'héroïsme, de la mission surnaturelle, de l'obéissance aux décrets du destin, du renoncement au bonheur humain et du talisman de la pureté.
Vercingétorix, riche, heureux et honoré, allait épouser Mélissa lorsque les victoires menaçantes de César éveillent en lui un sentiment nouveau. Une force mystérieuse le dresse contre l'envahisseur. Il veut grouper toutes les forces de résistance du pays. Il veut créer le sens national et l'idée de patrie. Ses compagnons le suivent sans enthousiasme. C'est en vain que la Grande-Druidesse le soutient et prophétise l'avenir de la France : les chefs gaulois voudraient faire leur soumission à César. Alors, pour obéir aux dieux, Vercingétorix renonce à l'amour pour obtenir la victoire. Il repousse ainsi les légions romaines. Mais il a cru pouvoir se reposer trop tôt sur ses lauriers et les dieux l'abandonnent. Vaincu et trahi par tous ses amis, il les sauve en allant se livrer à César.
Sur cette hautaine donnée. M. Canteloube a écrit une partition généreuse et de belle tenue. Ce musicien, si sensible à la poésie du folklore, n'a peut-être pas rencontré à l'Opéra le cadre qui convient à son idéal artistique si délicat et si raffiné, mais il a su trouver de beaux accents et un mouvement dramatique d'une incontestable vigueur.
Une très belle présentation scénique et une distribution remarquable (MM. Georges Thill, Pernet, Singher, Mmes Marjorie Lawrence, Nespoulous et Lapeyrette) ont contribué au succès de l'ouvrage. »
(l'Illustration, 08 juillet 1933)
« Vercingétorix, à qui César a envoyé un messager de paix, ne veut pas se soumettre à l'étranger, malgré l'opposition de Gobannit qui se trouve être, comme dans tout bon mélodrame, le père de Mélissa, fiancée du héros. Le conseil des chefs se range à l'avis de Gobannit et Vercingétorix est banni. Mais il revient avec la druidesse Keltis, exhorte les siens à la résistance, et prend le commandement dans Gergovie assiégée. Il bat les Romains et est proclamé roi : alors il consent à épouser Mélissa ; mais Keltis est partie, le laissant sans protection ; bientôt trahi par Gobannit, abandonné par Mélissa elle-même, Vercingétorix devra se livrer à César. Il s'agit ici d'un drame continu dans la formule wagnérienne. Elle ne donne au musicien nul repos ; et il doit dérouler de longues phrases lyriques sans arrêt ; celles écrites par J. Canteloube sont loin d'être sans intérêt ; une sorte de Marseillaise avant la lettre traverse tout le drame ; et l'orchestre, encore que très nourri, ménage toujours à la voix le passage indispensable. »
(Larousse Mensuel Illustré, août 1933)
VÉRIDIQUE HISTOIRE DU DOCTEUR (LA)
Action musicale en un acte, livret de Serge Aubert, musique de Maurice Thiriet. Création à la Comédie des Champs-Elysées le 31 mai 1937.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 19 mars 1959, mise en scène d'André Boll, maquette du décor et des costumes de Suzanne Roland-Manuel, décor exécuté par Maurice Moulène dans les ateliers de l'Opéra, costumes exécutés dans les ateliers de l'Opéra-Comique par Mlle Marjollet.
Mmes Agnès LEGER (Elle), Geneviève SERRES (Madame), Ione CLAIRE (la Commère), Ginette CLAVERIE (la Sœur).
MM. Gabriel BACQUIER (Lui), André NOEL (le Cabaretier), Raymond AMADE (l'X), Pierre GIANNOTTI (le Facteur, la Borne), Marcel ENOT (le Frère), Georges DAUM (le Garde).
Chef d'orchestre : Jésus ETCHEVERRY.
6 représentations à l'Opéra-Comique en 1959, soit 6 au 31.12.1959.
« L’argument de la Véridique histoire est le banal épisode du docteur épris de la femme du cabaretier voisin. La musique de M. Thiriet est plus indécise que celle de M. Rosenthal, hésite entre le jazz et le music-hall, mais vaut tout de même beaucoup mieux que l'insignifiant livret. »
(Larousse Mensuel Illustré, 1937)
VÉRITABLE HISTOIRE DE MIGNON ET DE WILHELM MEISTER
Pièce en trois actes et neuf tableaux de J. Denis et Léon Chancerel, d'après Goethe, musique de Schumann, choisie et instrumentée par Louis Aubert ; orchestration des lieder par D. Lazarus.
Création au Théâtre Fémina le 19 janvier 1927 avec Mmes Maneta de Radwan (Mignon), Marguerite Beriza (Philine), Rose Daumas (Mélina) ; MM. Valère (Wilhelm Meister), Marc Ducros (un aubergiste), Julien Barot (le poète).
« Les auteurs ont suivi assez fidèlement Goethe et ont découpé l'action en quelques images fort joliment mises en scène. Ceci ne constitue pas une pièce à proprement parler, mais c'est tout de même un fort agréable spectacle. D'autant plus que la musique de Schumann l'enrichit d'un admirable commentaire : l'orchestration en est pleine de tact et de goût, et le public prend à l'entendre un plaisir non douteux. »
(Larousse Mensuel Illustré, mars 1927)
VÉRONIQUE
Opérette en trois actes, livret d’Albert Vanloo et Georges Duval, musique d’André Messager. Création au Théâtre des Bouffes-Parisiens le 10 décembre 1898. Première à l'Opéra-Comique le 07 février 1925. => fiche technique
VERROU (LE)
Opérette en un acte, livret de Louis Battaille, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado le 31 octobre 1879. => fiche technique
VERS LA GLOIRE !
Ode dramatique en cinq tableaux, paroles de Georges Garnir et Victor Lagye, musique de Léon Du Bois, représentée à la Monnaie de Bruxelles le 28 mars 1919 avec Mme Wybauw-Detilleux (la Belgique), MM. Farini (un soldat), Demarcy (un artisan), et le concours de M. Marcy du Théâtre du Parc.
VERSEZ, MARQUIS !
Opérette en un acte, livret d’Alexis Bouvier et Edouard Prével, musique de Frédéric Barbier, représentée aux Folies-Marigny le 19 avril 1862.
VERTIGO (LE)
Opérette en trois actes, livret d'Henri Crisafulli et Henri Bocage, musique d’Hervé, représentée à la Renaissance le 29 septembre 1883, avec MM. Jolly, Marcel, Mmes Louise Thuillier-Leloir (Hippolyte) et Cécile Lefort.
VERT-VERT
Opéra-comique en un acte, livret de Desfontaines, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 11 octobre 1790.
VERT-VERT
Opéra-comique en trois actes, livret de Henri Meilhac et Charles Nuitter, musique de Jacques Offenbach. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 mars 1869, décors de Philippe Chaperon, avec Mlles Cico (Mimi), Caroline Girard (la Corilla), Révilly (Mlle Paturelle), Moisset (Bathilde), Valérie Tual (Emma), Coralie (une Servante), MM. Victor Capoul (Vert-Vert), Couderc (Baladon), Sainte-Foy (Binet), Ponchard (Bellecour), Gailhard (Comte d'Arlange), Armand Potel (de Bergerac), Leroy (Friquet), Bernard (le Directeur).
« Le livret a été imité d'une ancienne pièce de MM. de Leuven et Desforges, dans laquelle Mlle Déjazet a obtenu un grand succès il y a près de quarante ans. La scène se passe dans un pensionnat. La sous-directrice a épousé secrètement le maître à danser Baladon. Deux pensionnaires sont aussi plus ou moins mariées à deux officiers de dragons. On voit déjà que les librettistes ont pris la salle Favart pour le passage Choiseul ; mais ce n'est rien encore. Le perroquet, héros du joli poème de Gresset, vient de mourir ; le jardinier Binet l'enterre dans une plate-bande du jardin, aux accents d'un chœur funèbre. Il y a là un neveu de la directrice qui est élevé dans ce gynécée et qui fait la cour à. une demoiselle Mimi ; il reçoit le nom du défunt et hérite de ses prérogatives. La directrice l'envoie toutefois voyager sous la conduite du jardinier Binet. Mimi se désespère ; elle trouve l'uniforme d'un de ces messieurs les dragons, s'en revêt et court après son amant, qu'elle retrouve dans une auberge donnant la réplique à une chanteuse de théâtre, la prima donna Corilla. Elle gagne à sa cause les deux dragons qui grisent Vert-Vert et le ramènent au pensionnat ; arrivés là, les dragons profitent du trouble de la sous-directrice, qui s'est laissé surprendre avec le Vestris Baladon, pour emmener leurs femmes, et Mimi s'empare de l'inconstant Vert-Vert. Je laisse au lecteur le soin de juger de la valeur de ce livret. M. Offenbach n'a pas été plus heureux que lors qu’il a fait jouer Barkouf au même théâtre ; et cependant c'est à mon avis son meilleur ouvrage comme compositeur. On l'eût accueilli avec faveur s'il eût été donné aux Bouffes-Parisiens. La romance de Vert-Vert :
Oui, l'oiseau reviendra dans sa cage,
Retrouver le bonheur qui l'attend,
est agréable. J'en dirai autant de l'air du coche dont l'accompagnement est ingénieux. Il y a aussi à la fin du troisième acte un quatuor d'un assez joli effet. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
VERT-VERT ou LE PERROQUET DE NEVERS
Opéra-comique en un acte, paroles de Bernard Valville, musique de Gauthier, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 02 décembre 1800.
VESTALE (LA)
Tragédie lyrique en trois actes, livret d’Etienne de Jouy, musique de Gaspare Spontini.
Personnages : Licinius, général romain (ténor) ; Julie, jeune vierge, vestale (soprano) ; Cinna, centurion (ténor) ; la grande vestale (soprano) ; un consul (basse) ; le pontifex maximus (basse) ; des vestales, des prêtres, des gens du peuple, des matrones, des jeunes femmes, des sénateurs, consuls, licteurs, des guerriers, des gladiateurs, des danseurs, des enfants, des prisonniers.
L’action se déroule à Rome.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 15 décembre 1807. Décors de Protain.
Mmes BRANCHU (Julia), MAILLARD (la Grande Vestale).
MM. Etienne LAINE (Licinius), LAYS (Cinna), DERIVIS (le Grand Pontife).
Ballet réglé par Pierre GARDEL : Mlles CLOTILDE, GARDEL, CHEVIGNY, MM, BEAULIEU, BRANCHU et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Jean-Baptiste REY
Reprise à l'Opéra (salle Le Peletier) le 22 août 1821 dans des décors de Charles Ciceri.
L'ouvrage fut joué à l’Opéra chaque année jusqu'en 1835. Une reprise en fut faite le 17 mars 1854 (207e représentation) avec :
Mmes Sophie CRUVELLI (Julia), POINSOT (la Grande Vestale).
MM. Gustave ROGER (Licinius), BONNEHEE (Cinna), Louis-Henri OBIN (le Grand Pontife), sous la direction de Narcisse GIRARD.
Première fois au Palais Garnier (216e représentation à l'Opéra), le 24 janvier 1909, en italien par les Artistes de la Scala de Milan, et au bénéfice des sinistrés de la Calabre et de la Sicile. Mise en scène de Napoleone Carotini ; décors de Victorio Rota, costumes de G. Palanti ; chorégraphie de Achille Coppini.
Mmes Ester MAZZOLENI (Julia), Linda MICUCCI (la Grande Vestale).
MM. Emilio DE MARCHI (Licinius), R. STRACCIARI (Cinna), Nazzareno DE ANGELIS (le Grand Pontife), V. MENTASTI (le Chef des Aruspices), C. THOS (un Consul).
80 Elèves de l'Ecole de Danse de la Scala de Milan.
Chœurs (120 Choristes) et Orchestre (110 instrumentistes) de la Scala de Milan, Chef des chœurs : Aristide VENTURI, Chef d'orchestre : Edoardo VITALE
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Julia : Mmes GRANIER (1811), HIMM (1811), FAY (1920), SAINLAVILLE (1821), DABADIE (1825), FALCON (1834).
Licinius : MM. L. NOURRIT (1820), A. NOURRIT (1834), MERLY (1854).
Cinna : MM. ALBERT (1811), DUPARC (1811), DABADIE (1834).
216 représentations à l’Opéra (dont une au Palais Garnier) au 31.12.1961.
« Tragédie lyrique en trois actes, représentée pour la première fois à l'Académie impériale de musique le 11 décembre 1807. Ce chef-d'œuvre faillit ne pas voir le jour. Le jury de l'Opéra, auquel le compositeur romain dut soumettre sa partition, déclara que le style en était bizarre, l'harmonie défectueuse, l'orchestration bruyante, que certains passages étaient complètement inintelligibles, en accordant toutefois qu'on y remarquait çà et là quelques belles choses ; enfin il fut d'avis que l'ouvrage ne devait pas être exécuté. Non seulement un tel jugement était peu courtois à l'égard d'un musicien qui avait fait jouer déjà quatorze opéras environ à Naples, à Venise, à Parme, à Florence, mais il témoignait des innovations hardies, alors incomprises, dont Spontini devait enrichir l'art musical. L'impératrice Joséphine décida que la Vestale serait mise en scène. Persuis et Rey, musiciens médiocres, furent chargés de la révision de cette œuvre de génie, et Spontini dut refaire plusieurs morceaux. Les répétitions durèrent un an, et les frais de copie s'élevèrent à la somme de dix mille francs. Enfin l'opéra fut joué et eut un succès immense qui dura trente ans.
Le poème avait été proposé à Cherubini et à Méhul, qui l'avaient refusé. Le plan en est bien ordonné, le style toujours lyrique et les beaux vers y abondent.
Au premier acte, le théâtre représente le Forum et le temple de Vesta. Licinius revient vainqueur des Gaulois et va recevoir les honneurs du triomphe ; mais Julia, sa fiancée, est entrée pendant son absence dans le collège des Vestales, et c'est elle-même qui doit déposer la couronne du triomphe sur le front du héros, son amant. Licinius, plus épris que jamais, déclare à Julia qu'il ira pendant la nuit la ravir dans le temple pour lui faire partager sa destinée. L'acte se termine par des jeux publics.
Au second acte, la grande vestale remet à Julia la verge d'or qui doit servir à attiser le feu sacré. A peine s'est-elle retirée que les devoirs de la prêtresse et la passion de l'amante viennent tour à tour bouleverser le cœur de Julia. Cédant à l'empire d'un premier amour, elle ouvre à Licinius la porte du temple. Au moment le plus pathétique de leur entretien, le feu s'éteint sur l'autel. Ils comprennent aussitôt toute l'horreur de leur situation. Cinna accourt pour arracher son ami Licinius à la fureur du peuple ameuté aux portes du temple ; il l'entraîne. Les vestales arrivent et trouvent Julia évanouie sur les marches de l'autel. On la dépouille de ses ornements sacrés, et le grand pontife prononce la sentence de mort en couvrant la jeune fille d'un voile noir. Elle sort escortée par les licteurs.
Au troisième acte, les spectateurs voient la fosse où la prêtresse parjure à ses serments doit être ensevelie vivante. Licinius se livre à toute sa fureur ; il apprend que l'armée reste insensible à sa cause et qu'il ne peut compter que sur un petit nombre d'amis prêts à périr avec lui. Le funèbre cortège s'avance. Julia se prépare au sacrifice de sa vie et adresse une prière aux dieux, quand Licinius, à la tête de quelques soldats, se présente et se déclare coupable du sacrilège dont on punit son amante. Les prêtres demandent sa mort ; le tumulte est à son comble. Tout à coup la foudre éclate et vient rallumer le feu de l'autel. Licinius et Cinna retirent de la tombe Julia évanouie. Le pontife cède à la volonté divine, manifestée par un tel prodige, et un dernier tableau montre les deux époux dans le cirque de Flore, présidant aux jeux et aux danses en l'honneur de Vénus Erycine.
L'empereur Napoléon Ier fit exécuter des fragments de la partition aux Tuileries le 14 février 1807. Après les premières répétitions, malgré sa prédilection pour la musique de Paisiello et de Zingarelli, il fut frappé du grand caractère de cette œuvre et il dit au compositeur : « Votre opéra abonde en motifs nouveaux ; la déclamation est vraie et s'accorde avec le sentiment musical ; de beaux airs, des duos d'un effet sûr, un finale entraînant ; la marche du supplice me paraît admirable ; M. Spontini, je vous répète que vous obtiendrez un grand succès ; il sera mérité. »
Presque tous les morceaux de la partition sont remarquables à différents titres. Le second acte renferme les beautés les plus saillantes ; le charme de l'expression et l'ampleur du style ; la tendresse et la vigueur y dominent tour à tour. Nous rappellerons seulement aux amateurs le duo entre Licinius et Cinna : Unis par l'amitié, qui offre une des phrases les mieux inspirées qui aient été écrites ; la prière de Julia :
O des infortunés, déesse tutélaire !
Latone ! écoute ma prière
Mon dernier vœu doit te fléchir.
Daigne, avant que j'y tombe
Ecarter de ma tombe
Le mortel adoré pour qui je vais mourir.
Dans cette scène pathétique, le musicien s'est surpassé. Tout, dans cette prière, contribue à lui donner l'expression de tendresse sérieuse et résignée que la circonstance solennelle comportait ; une mesure lente à neuf croches, les rentrées de l'orchestre répétant la phrase de la cantilène comme un écho sorti des profondeurs du temple ; enfin le ton de fa dièse mineur qui, malgré de récentes dénégations à l'égard des propriétés tonales, conserve, selon nous, un caractère plaintif allié à une certaine fermeté. L'air : Impitoyables dieux, porte l'empreinte de la violence, comme la cavatine : Les dieux prendront pitié, celle de la douceur. Le tempo rubato employé dans ce dernier est de l'effet le plus heureux. Le finale du second acte est un des plus émouvants qui soient au théâtre. Ici Spontini a été créateur d'une nouvelle forme lyrique. Il s'est pénétré de la situation. Les prêtres, le peuple accablent Julia d'imprécations :
De son front que la honte accable,
Détachons ces bandeaux, ces voiles imposteurs,
Et livrons sa tête coupable
Aux mains sanglantes des licteurs.
Une strette à trois temps très rapide et poursuivie avec vigueur et en crescendo par l'orchestre et les chœurs enleva les spectateurs et causa le plus vif enthousiasme. Cet effet a été employé depuis dans une foule d'ouvrages. La marche du supplice ne serait peut-être pas remarquée aujourd'hui comme elle le fut jadis, à cause des combinaisons nouvelles de sonorité funèbres employées par Rossini, Halévy et surtout par Meyerbeer. Spontini est entré résolument dans cette voie qu'on a trop encombrée au grand détriment de la mélodie et du goût.
Voici quelle a été à l'origine la distribution des rôles : Licinius, Lainez ; Cinna, Lays ; le grand pontife, Dérivis ; Julia, Mme Branchu ; la grande vestale, Mlle Maillard.
Cet ouvrage fut repris à l'Opéra le 17 mars 1854 avec Roger, Obin, Bonnehée, Mlles Poinsot et Sophie Cruvelli. L'air : Dans le sein d'un ami fidèle, chanté par Cinna, parut encore magnifique. On remarqua dans le rôle de la grande vestale des phrases entraînantes, entre autres celle-ci, adressée à Julia :
Ah ! je sens que pour toi j'ai le cœur d'une mère,
Et je bénis ma fille embrassant mes genoux.
Le finale du second acte, qui passe à juste titre aux yeux des musiciens pour un chef-d'œuvre incomparable, a produit peu d'effet.
On avait été obligé de transposer plusieurs rôles ; l'orchestre n'avait pas assez répété cette musique pour la bien interpréter. Mlle Sophie Cruvelli a eu de très belles poses dans son rôle de Julia ; mais l'intelligence de ce genre de musique lui a fait complètement défaut. Roger lui-même, si consciencieux et si passionné pour la musique des maîtres, n'a pas rendu le rôle de Licinius avec tout le succès désirable. En somme, c'est une partie à recommencer. Mais ce n'est pas tout de monter un chef-d'œuvre ; il faut un public pour le comprendre, et, pour le moment, ce public n'existe pas en France.
La partition de la Vestale fut proposée par le jury nommé par Napoléon, pour un des prix décennaux de 10,000 fr., et le poème de Jouy fut également admis pour un prix de 5,000 fr. Les contestations auxquelles donnèrent lieu les décisions du jury décidèrent l'empereur à ne pas distribuer les récompenses proposées.
L'opéra de la Vestale eut un autre genre de succès. Sans parler de la parodie qu'en fit l'auteur lui-même, et qui réussit sur le théâtre du Vaudeville, nous rappellerons le spirituel pot-pourri de Désaugiers, qui eut un succès populaire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Grand succès.
Etienne de Jouy s'est inspiré d'Ericie ou la Vestale, drame en 3 actes de Fontanelle, écrit en 1769 pour la Comédie-Française, mais qui n'y fut point représenté.
Pour arriver à produire son chef-d'œuvre, Gaspard Spontini fut obligé de se soumettre aux décisions des juges de l'Académie et de faire revoir sa partition par Persuis et J.-B. Rey.
Nourrit, père et fils, se sont distingués dans le rôle de Licinius. Jenny Lind a obtenu son plus beau succès en chantant la Vestale traduite en italien.
On en donna la centième représentation le 7 juin 1816, et cet ouvrage resta au répertoire jusqu'en 1828.
Reprises sans succès en 1834 (Interprètes : Nourrit, Levasseur, Dabadie ; Mlle C. Falcon, Mme Dabadie) et en 1854 (Interprètes : Roger, Obin, Bonnehée ; Mlles Sophie Cruvelli et Poinsot).
Ce chef-d’œuvre fut proposé pour le prix décennal, en 1810 ; mais on se rappelle que les récompenses promises par le décret du 28 novembre 1809 ne furent point décernées.
Chanson-parodie de Désaugiers. Jouy a écrit lui-même une parodie de son opéra. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Principaux personnages : Licinius, général romain ; Cinna, chef de légion ; Julia, jeune vestale, etc.
La scène se passe à Rome, sous la République, au temps du « tumulte gaulois ».
Licinius, général romain, vient d'être vainqueur des Gaulois qu'il a chassés de Rome. Mais au lieu de montrer de la joie de son triomphe, il est accablé de douleur, car il aime d'un amour sacrilège une jeune fille consacrée à Vesta. Il l'aimait déjà avant qu'elle fut prêtresse et son amour était partagé ; mais la famille de son amante, imbue de préjugés de caste, a préféré vouer Julia à la virginité éternelle plutôt que de la donner à un soldat obscur. Or c'est à cette Julia qu'incombe la mission de poser sur son front le laurier de la victoire. Telle est la situation au moment où s'ouvre l'action, sur un point du forum voisin du temple de Vesta. Licinius confie ce que nous venons d'exposer à son ami Cinna.
Les deux hommes s'éloignent, et Julia entre avec les vestales. La grande vestale a remarqué le trouble de la jeune femme et la met en garde contre les pièges de l'amour. Puis Julia reste seule jusqu'au moment où s'approche le cortège du triomphateur. Licinius descend de son char. Julia approche en tremblant et couronne le héros. Le grand prêtre observe à l'autel de funestes présages. Profitant de ce que l'attention se porte ailleurs, Licinius donne tout bas à Julia rendez-vous pour la nuit prochaine, après quoi la cérémonie s'achève sans encombre.
Le théâtre, au second acte, représente l'intérieur du temple de Vesta. C'est au tour de Julia d'entretenir durant la nuit le feu sacré. Restée seule, elle se laisse aller à son amour coupable. Licinius est là, elle le sait. Et voici qu'il l'appelle. Duo d'amour, à la fin duquel les amants glacés d'effroi s'aperçoivent que le feu de l'autel s'est éteint. Pour Julia, c'est la mort. Mais Cinna survient qui arrache son ami à ces lieux où il court le danger d'être surpris.
Les prêtres font irruption dans le temple : des étrangers ont été vus sortant de cette enceinte sacrée, que leur présence a profanée. Julia s'est ressaisie : elle ne redoute pas la mort et avoue qu'elle aime. Rien ne peut désormais l'arracher au supplice. Mais elle ne prononcera pas le nom de celui qu'elle adore. On lui couvre la tête d'un voile noir et les licteurs l'entraînent hors du temple.
Au troisième acte, nous sommes au « champ d'exécration », en dehors des remparts de Rome. Trois tombes occupent la scène. Deux sont fermées et portent le nom de vestales coupables. La troisième est ouverte : c'est la tombe de Julia.
Licinius arrive en proie au plus affreux désespoir, prêt aux résolutions extrêmes. Cinna est impuissant à le calmer. Il lui amène pourtant une cohorte d'amis sûrs et fidèles, prêts à risquer avec lui un coup de main.
Licinius tente auparavant d'attendrir le grand pontife ; il supplie, il menace. Le tout en vain. Il se retire alors, et bientôt on voit approcher le funèbre cortège. Julia est accompagnée par les malédictions de la foule. Le prêtre commence ses libations et ses prières ; on procède aux apprêts de l'emmurement, car les vestales coupables doivent être enterrées vives. Un miracle seul pourrait sauver Julia : si le feu du ciel tombant sur l'autel embrasait sa robe de prêtresse qu'on y a déposée. Mais rien ne luit, et le grand pontife donne l'ordre de conduire la victime au tombeau.
C'est alors que Licinius et ses hommes se présentent menaçants. Licinius offre sa vie en échange de celle de la prêtresse : qu'elle vive et il s'immolera sous les yeux de tous ! Mais Julia ne veut pas d'un tel sacrifice : elle déclare ne pas connaître son sauveur, puis entre au tombeau que l'on referme. Licinius et ses amis vont se précipiter sur les licteurs, une mêlée générale se prépare, quand soudain la foudre éclate et met le feu à la robe étendue sur l'autel : les dieux ont parlé ! Licinius et Cinna font sortir du tombeau Julia évanouie.
Ici le théâtre change et représente le cirque de Flore, avec le temple de Vénus Erycine. Les deux amants marchent à l'autel et la pièce se termine suivant l'usage de l'ancien opéra par des chants et des danses en l'honneur des époux. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
VEUF DU MALABAR (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Paul Siraudin et Adrien-Robert B... (pseudonyme de Charles Basset), musique d’Alexandre Doche. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 27 mai 1846.
« Les auteurs du livret se sont bien gardés d'introduire dans la pièce les déclamations sentimentales de la tragédie de Lemierre. Il s'agit d'un joaillier français nommé Laverdurette, époux de l'Indienne Djina, jeune coquette qui emploie tous les moyens pour forcer son mari à la conduire en France. Ne pouvant y réussir, elle feint de se noyer pour contraindre son époux à se tuer sur sa tombe, selon une coutume du pays, imaginée par les législateurs de l'Opéra-Comique. Laverdurette sauve sa vie en offrant une cassette de pierreries à un magistrat ; mais c'est sa propre femme qui, sous la robe et le capuchon de ce magistrat, reçoit le cadeau et se charge de dérober le veuf aux conséquences de son veuvage. Tous deux s'embarquent, et l'incognito de Djina ne cesse sans doute que quand elle a touché le sol français, ce paradis si désiré. La musique n'offre guère que des couplets d'une mélodie franche et assez jolie. Ce petit ouvrage a été bien joué par Ricquier, Sainte-Foy, Chaix et Mme Henri Potier. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VEUVE AMÉRICAINE (LA)
Opéra-comique en deux actes, musique de Lebrun, représenté au théâtre Montansier en 1799.
VEUVE D’UN VIVANT (LA)
Opérette en un acte, livret d’Alexis Bouvier, musique de Charles Domergue, représentée aux Folies-Marigny le 07 février 1863.
VEUVE DE CANCALE (LA)
Parodie en cinq actes, livret de Pierre-Germain Parisau, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 03 octobre 1780. C’est une parodie de la Veuve du Malabar, tragédie d’Antoine-Marin Le Mierre donnée au Théâtre-Français en 1770.
VEUVE DU MALABAR (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Alfred Delacour (1817-1883) et Hector Crémieux, musique d’Hervé, représenté au théâtre des Variétés le 26 avril 1873. Les anachronismes et la confusion des antipodes sont les moyens ordinaires qu'emploient les faiseurs de ce genre de pièces pour amuser le public. Boulot, petit marchand de Paris, ruiné et facétieux, est allé chercher fortune dans l'Inde. Il y est devenu le seigneur Boulboum et se dispose à épouser une riche princesse de Lahore, Tata-lili. Il reconnaît en elle son ancienne maîtresse, Anita-Tivoli. Un autre hyménée se prépare aussi entre Zizibar et Cocorilla, la couturière. Boulboum passe pour avoir été tué par une panthère ; comme il a été marié sous le régime indou, sa veuve inconsolable doit périr dans les flammes d'un bûcher, et de grandes réjouissances publiques s'apprêtent à l'occasion de ce spectacle. Tata-lili chante même une valse entraînante pour célébrer le martyre de l'hyménée. Mais les femmes se révoltent contre la loi de Brahma. Tout le reste se passe en farces assez désopilantes. Il y a çà et là des scènes vraiment comiques. La musique a les défauts ordinaires des opérettes de M. Hervé. Elle n'est pas toujours correctement écrite, les accompagnements sont négligés, l'harmonie est primesautière et quelquefois témoigne des études incomplètes de l'auteur ; mais, malgré tout cela, on sent qu'il écrit de verve, sans se soucier de la facture. Il rencontre souvent l'inspiration ; il a le sens de la comédie musicale et il a un fonds d'idées, sous ce rapport, plus fertile que ses congénères. Dans le premier acte, on a remarqué la romance de Zizibar, avec le chœur dont les effets rythmiques sont fort grotesques, l'air de Cocorilla, celui de Boulboum ; dans le deuxième acte, une marche, une chanson à boire dite par Cocorilla, le chœur : Gloire à Tata-lili ; les couplets : Voyez, messieurs, voyez l'objet. Une valse assez jolie sert d'entracte ; elle a été déjà entendue au commencement du deuxième acte ; mais, associée à des paroles trop ridicules, on y fait peu d'attention. Je signalerai enfin le quintette de la balance, le chœur des gens de maison et la tyrolienne nègre. Distribution : Boulboum, Dupuis ; le nabab Kerikalé, Berthelier ; Zizibar, Léonce ; Tata-lili, Mlle Schneider ; Cocorilla, Mlle Marie Heilbronn.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
VEUVE GRAPIN (LA)
Opérette en un acte, livret de Deforges, musique de Friedrich von Flotow, représentée aux Bouffes-Parisiens le 21 septembre 1859. C'est une jolie pièce, accompagnée d'une musique agréable et légère. Elle a été jouée à Berlin dans le mois de février 1861, avec beaucoup de succès.
VEUVE INDÉCISE (LA)
Parodie en un acte, avec des ariettes, livret de Jean-Joseph Vadé, terminé par Louis Anseaume, musique d’Egidio Duni. Création à la Foire Saint-Laurent le 22 ou 24 septembre 1759. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 18 janvier 1764. C’est une parodie de la Veuve coquette, 2e entrée des Fêtes ou le Triomphe de Thalie de Jean-Joseph Mouret, données à l’Opéra en 1714.
VEUVE JOYEUSE (LA)
[Die Lustige Witwe]
Opérette viennoise en trois actes, livret de Victor Léon et Leo Stein, d’après l’Attaché d’ambassade, vaudeville de Henri Meilhac ; version française de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet ; musique de Franz Lehár.
Personnages : le Prince Danilo, attaché d'ambassade marsovien (baryton) ; Camille de Coutanson, lieutenant (ténor) ; Popoff, ambassadeur de Marsovie à Paris ; Bogdanowitch, premier secrétaire ; Figg, drogman ; Lerida, Consul de Guatemala ; D'Estillac, attaché militaire belge ; Kromski, attaché de légation ; Missa Palmieri, la « Veuve Joyeuse » (soprano) ; Nadia, baronne Popoff ; Huit petits rôles (4 masculins, 4 féminins) ; Chœurs.
Première représentation à Vienne, Theater an der Wien, le 31 décembre 1905, avec Mizzi Gunther (Hanna) et Louis Treumann (Danilo), sous la direction du compositeur.
Première représentation en français, à Paris, théâtre de l’Apollo, le 28 avril 1909, mise en scène de Paul-Edmond, danses réglées par Mme Stichel, décors de Chambouleron et Mignard (acte I), Amable (acte II), Paquereau (acte III) ; avec Miss Constance Drever (Missia Palmieri), Mmes Thérèse Cernay (Nadia), Nell Breska (Manon), Landon (Praskovia), Harrietty (Olga), Gellys (Sylviane) ; MM. Félix Galipaux (baron Popoff), Henry Defreyn (prince Danilo), Soudieux (Camille de Coutançon), Casella (d'Estillac), Saidreau (Lérida), Victor Henry (Figg), Liesse (Kromtsky), Emile René (Bogdanowitch), Paul Dopp (Pristitch), Marcos (le gérant de chez Maxim's) ; chef d'orchestre : L.-V. Célansky.
Reprise à la Gaîté-Lyrique le 01 septembre 1934 avec Mmes Corinne Harris (Missia Palmieri), Yvette Vigouroux (Nadia), Hœn (Manon), de Lighi (Olga), Baleste (Sylviane) ; MM. André Balbon (baron Popoff), André Gaudin (prince Danilo), André Noël (Camille de Coutanson), Buck (Figg), Darmoin (d'Estillac).
Résumé.
La jolie « Marsovienne » Missia Palmieri, veuve et riche à millions, a été courtisée autrefois par le prince Danilo, que la fierté empêche aujourd'hui de se déclarer. Mais il s'arrange toutefois pour barrer le passage à tous ses prétendants. Au jour où elle se prétend ruinée, il n'hésite plus à demander en mariage la « Veuve joyeuse » laquelle avoue alors que, si elle perd sa fortune, c'est que celle-ci va tout entière revenir à son second mari !
ACTE I. — Un salon, à l'ambassade de Marsovie à Paris.
L'action se passe dans les salons de l'Ambassade de Marsovie, durant un bal donné par l'Ambassadeur Popoff, pour fêter l'anniversaire du prince régnant.
Nadia, femme de l'Ambassadeur, flirte avec Camille de Coutanson, jeune officier français [Couplets de Nadia : Ne le dites pas...]. L'invitée la plus entourée est Missia Palmiéri, jeune Américaine élevée en Marsovie et veuve d'un riche banquier Marsovien qui lui a laissé une fortune de plus de trois cents millions. Une foule de courtisans rêvent d'épouser cette jolie et joyeuse veuve ; mais il est important que les trois cents millions restent à la banque d'Etat de Marsovie où ils sont déposés et dont ils constituent la presque totalité de l'actif. Si on les en retirait, ce serait la faillite pour la Marsovie.
Pour éviter un tel désastre, l’Ambassadeur Popoff se propose de demander au Prince Danilo de se dévouer pour la patrie et d'épouser Missia. A ce moment, le prince fait son entrée [Air de Danilo : Pardonne-moi, chère patrie...].
Popoff explique à Danilo ce qu'il attend de lui. Celui-ci, qui a jadis profondément aimé Missia, oppose un refus à la proposition de son ambassadeur, ne voulant pas être aujourd'hui confondu avec les soupirants qui convoitent la superbe dot. Toutefois, Danilo promet à Popoff de s'employer à écarter de la jolie veuve tout prétendant qui ne serait pas Marsovien.
Missia et Danilo, qui n'ont jamais cessé de s'aimer, se retrouvent à ce bal. La veuve cherche à arracher à Danilo l'aveu de son amour, mais celui-ci au contraire jure de ne jamais lui dire « Je vous aime ». Missia tente alors d'éveiller sa jalousie. Mais Danilo, par de savantes manœuvres, écarte d'elle tous les soupirants, et ils restent seuls.
Danilo invite alors Missia à danser ; celle-ci s'y refuse tout d'abord, jusqu'à l'instant où, grisée par la valse, elle se laisse entraîner par le prince [Valse de Danilo : Ecoutez, c'est la valse...].
ACTE II. — Une garden-party chez Missia Palmieri.
Missia donne une fête dans le parc de son hôtel et chante pour ses invités.
Popoff est inquiet, car il s'imagine que la veuve veut épouser Camille de Coutanson, ne se doutant pas de l'intrigue de ce dernier avec sa femme. La vertu des Marsoviennes semble d'ailleurs bien fragile, car presque tous les maris présents sont trompés, et, comme l'un d'eux prétend que s'il trouvait sa femme avec un amant, il ferait mourir celui-ci sous le knout, Danilo fait remarquer que cela est bien peu parisien et qu'en matière de femmes, le plus savant n'est qu'un écolier [Marche-Septuor (Danilo) : Je proclame que les femmes...].
Missia tente de griser Danilo en évoquant des souvenirs d'enfance, mais sans succès. Le prince se contente d'écarter de Missia tous les soupirants ; mais il partage les inquiétudes de l'ambassadeur en ce qui concerne l'officier français Camille de Coutanson, alors que celui-ci ne songe qu'à Nadia, qu'il entraîne dans le pavillon de chasse du parc.
Popoff va les y surprendre ; pour éviter un drame, Missia se substitue adroitement à Nadia, si bien que lorsque l'Ambassadeur fait ouvrir la porte du pavillon, c'est la veuve joyeuse qui en sort au bras du jeune officier français. Cette apparition consterne Popoff qui prévoit la faillite de son pays et déchaîne la jalousie de Danilo qui s'enfuit faire la fête chez Maxim's.
ACTE III. — Le bar de chez Maxim's.
Chez Maxim's, Popoff, Nadia et Missia sont venus relancer le prince. Puis Danilo et Missia restent seuls et celle-ci avoue au prince que sa présence dans le pavillon avec Camille de Coutanson, n'avait pour but que de sauver Nadia [Valse (Missia) : Heure exquise...].
De son côté, Nadia n'a pas de peine à persuader son mari de son honnêteté. Cependant, pour décider Danilo à lui demander sa main. Missia annonce que, par testament, feu son mari a prévu qu'elle aurait à restituer toute sa fortune au cas où elle se remarierait. Délivré de ses scrupules, Danilo tout heureux accepte enfin d'épouser Missia. Celle-ci lui apprend alors que le testament prévoit également que sa fortune appartiendra à son nouvel époux.
Et la Marsovie ne fera pas faillite [Final (Ensemble) : Ah ! les femmes...].
« Principaux personnages : le baron Popoff, ministre de Marsovie à Paris ; le prince Danilo, attaché militaire marsovien ; Camille de Coutanson, lieutenant de chasseurs ; Figg, drogman ; Missia Palmieri, la veuve joyeuse ; Nadia, baronne Popoff.
L'action se passe à Paris, de nos jours.
La Veuve Joyeuse est le type de l'opérette viennoise nouveau style, telle qu'elle a évolué depuis Johann Strauss, le véritable créateur du genre. L'intérêt réside dans la musique, où la danse se taille la plus large part, dans la danse elle-même, dans une brillante mise en scène. Quant à l'intrigue, elle se ramène à assez peu de chose.
Missia Palmieri est une jolie Marsovienne, — la Marsovie est une principauté balkanique de fantaisie, — élevée en Amérique, puis revenue au pays, où elle s'est éprise d'un jeune noble, le prince Danilo, lequel témoignait pour elle d'un penchant très vif. Un beau jour le prince Danilo disparut. Blessée de cet abandon, la jeune femme épousa par dépit le vieux banquier Palmieri qui la laissa au bout de quelques mois veuve et riche à cinquante millions. Depuis son veuvage elle mène existence large et joyeuse et est venue résider à Paris. A Paris existe une ambassade de Marsovie, dont le titulaire est le baron Popoff, type de gâteux suffisant que les librettistes ont su faire assez amusant. La principale mission de cet étrange diplomate consiste à empêcher Missia Palmieri d'épouser un étranger, pareil mariage devant compromettre irrémédiablement le crédit de la Marsovie. Tout le capital de la veuve est en effet engagé dans la banque d'État de cette principauté. Missia et Danilo ne se sont pas revus depuis leur idylle d'antan.
Ils se revoient au premier acte. Popoff a imaginé de faire épouser Missia à Danilo, qui aime toujours la jeune femme et se console en menant une vie de bâtons de chaise. Missia n'a pas oublié non plus son ancien flirt, mais dès la première entrevue, elle a des mots malheureux. Elle accuse Danilo de l’avoir abandonnée et ne paraît pas ajouter foi à sa justification lorsqu'il déclare être disparu parce que pauvre et incapable de lui assurer l'existence. Elle lui donne à entendre qu'aujourd'hui il lui revient à cause de sa fortune, ce qui blesse au cœur l'attaché militaire. Aussi ce dernier refuse-t-il de lui faire l'aveu que, par coquetterie, elle voudrait lui arracher. Il jure à Missia que jamais il ne lui dira : « Je vous aime ! ». Il y aura donc lutte entre la veuve joyeuse qui veut forcer Danilo à se déclarer et ce dernier qui s'entête à n'en rien faire. Les trois actes de la pièce nous montrent les différentes passes de ce duel.
Parallèlement à cette action s'en déroule une seconde. Le lieutenant de Coutanson fait à l'ambassadrice une cour assidue sous les yeux du mari, confiant comme un mari de vaudeville. Nadia se défend du reste courageusement. Elle ne cache pas à son soupirant le penchant qu'elle ressent pour lui, mais elle refuse obstinément de lui céder, sous prétexte qu'elle veut rester une honnête femme. Avec cela elle est d'une jalousie féroce et mène au pauvre garçon une vie impossible, lui ordonnant d'épouser Missia, puis intervenant pour l'en empêcher dès qu'il essaie de lui obéir.
C'est cette situation qu'expose le premier acte, lequel se passe dans les salons de l'ambassade de Marsovie, au cours d'une soirée donnée par Popoff à l'occasion de la fête du souverain.
Figg, drogman hébété et grotesque, égaie l'action de ses propos et rappelle les « fous » des anciens rois ou les « clowns » de Shakespeare — en petit !
A Popoff qui lui demandait d'épouser Missia, Danilo a répondu que la chose était impossible, mais que par contre il s'engageait à écarter de la riche veuve tous les prétendants. L'acte nous le montre commençant à mettre cette tactique à exécution. Choisi par Missia pour une certaine valse, il met son tour de danse aux enchères à cent louis. Tous les candidats s'éloignent sauf un, Camille de Coutanson. Mais le geste de ce dernier est arrêté net par Nadia.
Il faut dire un mot d'un éventail qui joue dans la pièce un rôle essentiel. C'est celui de Nadia. Coutanson y a écrit : « Je vous aime ! ». Après quoi l'objet s'égare. Il passera désormais de mains en mains. Arrivé dans celles de Popoff, l'ambassadeur veut connaître la propriétaire. Nadia déclare qu'il est à elle, mais explique à son mari qu'elle a simplement voulu sauver une amie.
L'acte finit par une valse effrénée de Danilo et de Missia.
Le second acte nous transporte chez Missia Palmieri qui donne une fête marsovienne dans ses jardins : prétexte à costumes pittoresques. Au fond de la scène se trouve un petit pavillon. Popoff redoute Maurice de Coutanson comme épouseur possible pour Missia Palmieri. Il s'en ouvre à Danilo et lui montre l'éventail sur lequel sont écrits les mots ; « Je vous aime ! ». Danilo reconnaît l'écriture de Camille. Mais de qui celui-ci est-il donc amoureux ? Figg assure que c'est d'une femme mariée. Danilo prend l'éventail et promet de chercher. Il interroge plusieurs dames, surprend le secret d'autant d'intrigues, mais d'aucune où Coutanson soit partie.
Sur ces entrefaites, Missia fonce droit sur son adversaire dont elle a surpris le jeu et lui demande à bout portant pourquoi il s'acharne à écarter d'elle les soupirants. Elle lui jette au visage sa conviction qu'il est mu par la jalousie. Il s'en défend. Puis il oublie à son tour l'éventail sur une table. Missia y lit la déclaration et croit que Danilo l'a fait exprès : ne voulant pas parler, il a écrit ! Elle laisse l'objet où elle l'a trouvé.
Suit une scène entre Camille et Nadia. Cette dernière est bien chancelante. Serrée dans ses derniers retranchements, elle écrit encore sur l'éventail, au-dessous de la déclaration : « Je suis une honnête femme ». Après quoi elle consent à prouver le contraire en allant s'enfermer dans le pavillon avec son amoureux.
Ils ont été vus par Figg. Arrive Popoff qui veut entrer dans le pavillon pour y écrire une dépêche. Figg ne sait comment l'en empêcher. Il finit par révéler que M. de Coutanson est enfermé là avec une femme mariée, sans dire laquelle. Mais Popoff tient à savoir : il regarde par le trou de la serrure. Quand il reconnaît sa femme. il entre en fureur et veut tout massacrer ; mais Figg fait preuve de présence d'esprit : il est allé cherché Missia, qui entre dans le pavillon, tandis que Nadia en sort. Puis la porte s'ouvre et Missia paraît avec Camille. Stupéfaction générale ! Popoff se persuade qu'il a mal vu ; mais Danilo est complètement trompé et croit qu'il y a réellement intrigue entre Missia et Camille. Il est confirmé dans son erreur quand Missia annonce son prochain mariage. Dégoûté, il retourne chez Maxim, vers les femmes faciles dont il fait sa compagnie ordinaire.
Le troisième acte se passe chez Maxim. Scène de luxueuse débauche. Popoff arrive, à la recherche de Danilo, qui paraît au bout d'un instant. L'ambassadeur a acquis la conviction que Missia aime Danilo et il vient le lui dire. Mais Danilo ne veut rien entendre.
Surviennent Missia et Nadia. Par un stratagème adroit, Missia s'arrange à rester seule avec Danilo. L'explication décisive a lieu. Missia donne la clé de l'incident du pavillon, Danilo laisse transpirer son secret, s'entêtant cependant à ne pas parler. Missia ne triomphera qu'en faisant croire que son mariage la ruine. Popoff, qui, convaincu de la trahison de sa femme — toujours l'éventail ! — a annoncé son intention de divorcer et d'épouser la veuve, se retire dès qu'il apprend qu'elle perd sa fortune en se mariant. Danilo, lui, saisit la perche, et quand il apprend que la fortune ira au second mari de Missia il est trop tard pour se dédire — il n'en a du reste nulle envie ! Nadia réussit sans peine à convaincre son mari de son innocence et tout finit comme vous vous y attendiez depuis le début de la soirée. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« La date du 23 mai 1909, l'Apollo de Paris — music-hall transformé en théâtre pour la circonstance — présentait au public français Missia Palmiéri... La Veuve Joyeuse, qui nous arrivait précédée d'une réputation mondiale ; et le premier acte de cette opérette nous donne lui-même une idée de ce que dut être la cérémonie.
Donc, Missia — Marsovienne élevée à l'américaine — a eu jadis un flirt accentué avec le prince Danilo, son compatriote. Mais Danilo n'était pas riche, et n'osa point se déclarer. Missia en conçut du dépit : lasse d'attendre, elle accorda sa main au vieux banquier Palmiéri — heureusement décédé par la suite. Ce financier lui laissait, avec un deuil léger, une lourde liste civile : cinquante millions ! qu'elle a déposés (versez donc votre or !) à la banque de Marsovie, sa patrie. Maintenant, que Missia, qui est très courtisée, vienne à se marier avec un étranger... c'est « le krach, le pouf, la faillite » pour la principauté besogneuse et falote dont elle relève. Et le baron Popoff — diplomate de la vieille école, c'est-à-dire appartenant à l'une de ces cours dont les airs nationaux sont orchestrés par Offenbach — s'est imposé la tâche de parer à ce danger en s'efforçant d'unir la Veuve Joyeuse à un Marsovien. Dans ce but, il profite de son passage à Paris (ce Paris, tellement chanté par toutes les opérettes — surtout celles qui font partie de la « légion étrangère ») pour donner en son honneur une fête pendant laquelle il compte bien la remettre en présence de son attaché d'ambassade, l'ancien amoureux : Danilo.
Ce jeune homme s'était lancé dans le monde — le monde et demi — de la galanterie bien parisienne... pour y oublier Missia. Mais comme il n'en est pas plus riche, et parce que le capital de la Veuve Joyeuse est encore beaucoup augmenté de l'héritage du mari, le prince ose moins que jamais se déclarer. Et Missia s'est piquée au jeu — celui des séductions dont elle entoure Danilo, qui est bien le seul à ne pas courir après ses millions; au contraire, il lui dit : « Je ne vous aime pas ! »
Il faudra que la jalousie vienne s'en mêler : évoluant dans un foyer d'intrigues, Missia finira par se compromettre, au cours d'une fête, pour sauver une amie, dont elle a pris la place auprès d'un officier français — Camille de Coutançon — dans le pavillon de chasse où la jolie Nadia Popoff fut sur le point d'être surprise par sa ganache de mari, l'ambassadeur. Du coup, Danilo, dont le rôle s'était borné jusque-là, tout en résistant à la veuve, à écarter les prétendants, laisse éclater son dépit d'avoir été joué — croit-il — et par conséquent son amour. Et Missia n'aura désormais pas beaucoup plus de peine à le rattraper qu'à le détromper.
Chez Maxim's, où Danilo est allé rejoindre de faciles petites amies, elle est venue lui déclarer que feu son mari la déshéritait si elle convolait en secondes noces. Danilo ne diffère plus l'aveu de sa flamme. A présent, Missia le tient... elle peut donc lui confesser que la gênante fortune dont il s'agit ne lui est enlevée qu'au profit de son nouvel époux. — Il faut se résigner au bonheur. D'ailleurs, ainsi l'exige l'intérêt du pays !
***
Il y a beaucoup de « veuves » sur les planches — surtout dans le répertoire italien : la Veuve rusée, la Veuve querelleuse, la Veuve trompeuse — et la Veuve indécise, prudente, coquette, etc. — et la Veuve momentanée, du même auteur viennois, M. V. Léon, — mais il n'y a pas de Marsovie qui tienne ! C'est une contrée heureuse, sans histoire — ni géographie ; et à laquelle nous ne passerons point la fantaisie d'imposer des lettres de naturalisation à une charmante petite personne... qui a bien la mine d'être de chez nous.
En 1861, le théâtre du Vaudeville représentait une comédie de Meilhac, l'Attaché d'ambassade. Cette pièce, aujourd'hui vieillie, porte fortement empreinte la marque de Scribe. Elle comprenait bon nombre des éléments de succès du livret plus haut détaillé : c'est-à-dire tout ce que l'intrigue offre de cohérent, et les principaux personnages : Mme Palmiéri, le Prince, l'Ambassadeur et sa femme, un des « prétendants » : d'Estillac... et même M. Figg, le drogman dont nous n'avons point parlé — parce qu'il sautille autour de l'action « comme un des bouffons de Shakespeare » toutes proportions gardées, a-t-on remarqué. C'est le « fol » et le badin du Moyen-Age, auquel toutes les hardiesses, plaisanteries, parodies et inconvenances étaient permises — même les plus grossières... Il remplace le « parasite » de l'antiquité, qui payait son écot à la table des patriciens en grimaces et en bons mots.
Meilhac était aussi l'auteur de la Veuve (tout court), sans rapport du reste avec celle-ci, et il avait également écrit avec Halévy le Réveillon — dont le sujet offrait déjà cette particularité d'avoir fourni à des librettistes viennois une opérette, musique de Johann Strauss (fils du créateur de la Walse... auteur du Beau Danube bleu) — jouée sous le titre Die Fledermaus et réadaptée en français sous deux espèces différentes : la Tzigane, oubliée — et la Chauve-Souris, aux Variétés (1904).
C'est en somme le même travail qui, de l'Attaché d'ambassade, a fait la Veuve Joyeuse. Sur un démarquage de MM. Victor Léon et Léo Stein, le compositeur Franz Lehár écrivit sa partition, non exempte de réminiscences, mais absolument délicieuse. Il n'y a pas que la « Valse »... mais enfin, il est de fait qu'il y a Valse — la valse viennoise, « une des plus originales et plus séduisantes manifestations, dans le domaine artistique, de ce que Vienne peut produire tout à fait de son propre fonds »... c'est Wagner qui a dit cela !
Créée au théâtre An der Wien le 30 décembre 1905, la Veuve Joyeuse, à son contact initial avec le public, fut tout d'abord assez fraîchement accueillie (c'est d'ailleurs l'effet général produit par la première audition) ; mais on y revint — et, dès lors, ce fut un véritable vertige.
A l'époque de son apparition en France, elle avait eu sur les scènes autrichiennes douze cents représentations. Voici ce que disait à ce moment Serge Basset, du Figaro :
« Les statisticiens ont été attirés eux aussi par la vogue sans précédent de la Veuve Joyeuse, et, de leurs calculs, il ressort que cette œuvre a été jouée déjà 18.000 fois. Elle a été traduite en treize langues, sans compter l'adaptation française : 142 scènes allemandes ou autrichiennes en ont composé leur fructueuse affiche ; 154 scènes américaines, 135 scènes anglaises l'ont également montée. Elle est interprétée dans trente pays ; la Chine, l'Hindoustan et la Sibérie l'ont applaudie, comme les centres les plus raffinés. On a évalué à 5 millions la somme totale versée par les seuls habitants de New York aux heureux directeurs (quelquefois deux dans la même ville) qui ont représenté l'opérette de M. Franz Lehár ; à 70.000 livres sterling la somme encaissée en deux ans par M. Herzmanski, éditeur de la partition... »
Et le critique du Théâtre écrivait lapidairement : « J'en suis fâché pour quelques grincheux que le succès a coutume de désobliger, mais le public y vient et y revient, attiré d'invincible manière par cette partition à laquelle doit être attribuée tout spécialement la gloire de ce triomphe universel — tel qu'on n'en vit jamais depuis qu'il y a des hommes... et qui font des pièces de théâtre ! »
C'est pourtant cette partition qui dut compliquer le travail des traducteurs français X... et X... — initiales énigmatiques sous lesquelles se cachaient modestement MM. de Flers et de Caillavet : il appartenait en effet aux plus spirituels héritiers dramatiques de Meilhac et Cie de « retoucher », en somme, l'Attaché d'ambassade. Mais en se conformant à la marche à suivre établie par le musicien, dans la distribution de ses morceaux, on voit que les duos se succèdent, alternatifs, au détriment du mouvement voulu — ce qui ne se fût pas produit avec un compositeur écrivant sur un livret original, car on connaît l'impeccable structure scénique de nos opérettes classiques. L'action de celle-ci languit un peu. Nos auteurs se seront dédommagés en saupoudrant de sel, à pleines mains, le dialogue, et en mettant infiniment de grâce dans tout ce qu'un couplet peut comporter de poésie : c'est surtout là qu'on les a reconnus, puisque la pièce de Meilhac n'en contenait aucun, et que partout ailleurs ils ont, autant que possible, respecté son texte.
Cependant, l'intérêt musical de l'œuvre de Franz Lehár était un peu défloré par l'abus qu'avaient fait des « timbres » principaux les Revues de fin d'année — notamment des motifs de la valse et du septuor bouffe : « Oh ! les femmes !... », d'une veine comique si fertile. Il peut prendre sa place dans le grand répertoire, à côté de « Les Femmes, il n'en faudrait pas ! », « Pas de femmes ! » et « Les femmes, il n'y a que ça ! », etc. Avec de tels atouts, il n'est pas étonnant que la Veuve Joyeuse ait atteint parmi nous l'apogée de sa renommée : Paris, à diverses reprises, l'a hospitalisée jusqu'à la guerre — la « millième » a été fêtée en janvier 1914 ; il est telle cité de province où près de cinq cents représentations, en quatre saisons d'opérette, n'ont pas épuisé l'enthousiasme. On peut dire que, pendant un lustre, il ne s'est point passé de jour où, sur quelque point du globe, Missia n'ait valsé avec Danilo. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
VEUVE MALBROUGH (LA)
Opérette en un acte, livret d’Henri Blondeau et Hector Monréal, musique de Marc Chautagne, représentée à l’Eldorado le 14 septembre 1872.
VEUVE PROSPER, SUCCESSEUR
Opérette en trois actes, livret d’Alévy, Vély, Vallier et Fournier, musique de M. Thony, représentée au théâtre Déjazet le 11 octobre 1893.
VIAGGIATORI (I)
[en fr. les Voyageurs]
Intermède italien en trois actes, musique de Leonardo Leo. Création au Théâtre de l'Opéra le 12 février 1754, avec Menotti (Pancrace), Catarina Tonelli (Clarissa), Mlle Lepri (Emilia), Cosimi (Giramond), Guerrieri (Sigismond), Anna Tonelli (Fiammetta).
« Aux opéras italiens représentés en 1753 et 1754, il conviendrait d'en ajouter encore deux autres, selon de Léris : le Médecin ignorant et Tracollo. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VICOMTE DE CHRYSOCALE (LE)
Opérette, livret de Frédéric Dharmenon et Gaston Escudier, musique de Charles de Sivry, représentée au théâtre des Délassements-Comiques le 22 octobre 1874.
VICTIME DES ARTS (LA) ou LA FÊTE DE FAMILLE
Opéra-comique en deux actes, livret de Louis-Marie d'Estourmel, musique de Niccolo Isouard, Jean-Pierre Solié et Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 février 1811.
VICTOIRE !
[ou Chant de victoire]
Cantate en l’honneur de la Prise de Sébastopol, paroles de Michel Carré, musique d’Adolphe Adam. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 septembre 1855, avec MM. Jean-Baptiste Faure, Bussine, Jourdan.
VICTOIRE !
Cantate, paroles de Joseph Méry, musique d'Ernest Reyer, interprétée au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 27 juin 1859 par Mme Pauline Gueymard-Lauters, Cazaux et les chœurs. Elle ne fut exécutée que ce soir-là.
VICTOIRE (LA)
Scène lyrique, livret d’André Rivoire, musique d’Alexandre Georges.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 14 juillet 1919, à l'occasion des fêtes de la Victoire.
Mmes Madeleine MATHIEU (un Paysanne), Eugénie BRUNLET (une Ouvrière), Mathilde SAÏMAN (une Moissonneuse), VILLETTE (une Veuve).
MM. PARMENTIER (un Messager), David DEVRIÈS (un Brigadier), Julien LAFONT (un Ouvrier), Louis AZÉMA (un Vieillard).
Tous les Artistes de l'Opéra-Comique et les Chœurs.
Chef d'orchestre : Paul VIDAL.
2 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
La représentation gratuite donnée à l'Opéra-Comique le 14 juillet 1919, en présence de Georges Clemenceau, comprenait : la Victoire ; l'Hymne triomphal de Charles Pons (voir ce titre) ; Aux morts pour la Patrie, chant funèbre de Charles Péguy, musique d'Henry Février ; ainsi que la Marseillaise chantée par Marguerite Carré.
VICTOIRE (LA)
Tragédie lyrique en quatre actes, livret de Louis Payen et Henri Cain, d'après la tragédie de Louis Payen (1909), musique d'Albert Dupuis, représentée à la Monnaie de Bruxelles le 28 mars 1923 avec Mmes Bergé (Erryna), Prick (Céphyse), Maréchal (Dione), MM. Perret (Acristos), Roosen (Démias), Espirac (Eupater), Decock (Pratinias), Smeets (l'envoyé de Sparte).
VICTORIA ET SON HUSSARD
Opérette à grand spectacle en trois actes et quatre tableaux, livret d'André Mauprey et René Coes, musique de Paul Abraham. Création au Moulin-Rouge le 16 décembre 1933, mise en scène de Maurice Catriens, avec Mmes Grazia del Rio (Victoria), Lily Palmer (O Lia San), Betty Spell (Riquette), Fleuriot (O Lili San), Mercier (O Miki San), Bergeal (O Kiki San) ; MM. Péraldi (Reginald Parson), Pierrel (Stéfan Capeck), Marcel Lamy (comte Ferry), Bringo (Janczi). Chef d'orchestre : Edmond Mahieu.
« Le titre assez piquant, l'annonce du succès connu par cette pièce à l'étranger, faisaient espérer, sinon un chef-d’œuvre de l'opérette, du moins une production assez gaie. Il en faut rabattre. Il s'agit, en effet, d'une de ces comédies dramatiques de type international où la sentimentalité le dispute à la niaiserie. Un prisonnier évadé de Russie retrouve à Tokio, mariée à l'ambassadeur d'Amérique, la comtesse hongroise qui fut sa fiancée ; il la suit à l'ambassade de Russie, est repris par les Russes, gracié, et retrouve enfin dans son pays natal la comtesse divorcée, qui pourra se marier à nouveau. La partie la plus agréable est constituée par le troisième acte, prétexte à fêtes locales et à musique inspirée du folklore. » (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
VIE (LA)
Drame lyrique, paroles de L. Geelhand, musique d'Edouard Gregoir, représenté à Anvers le 06 février 1848, joué dans le courant de la même année à Amsterdam, et enfin, en 1851, au théâtre italien de Bruxelles.
VIE BRÈVE (LA)
[la Vida breve]
Drame lyrique espagnol en deux actes et quatre tableaux, livret de Carlos Fernandez Shaw ; version française de Paul Milliet ; musique de Manuel de Falla.
Personnages : Salud, une Gitane (soprano) ; sa grand-mère (mezzo-soprano) ; Carmela, une jeune fille (mezzo-soprano) ; Paco (ténor) ; oncle Sarvaor (basse) ; un chanteur (baryton) ; Manuel, le père de Carmela (baryton) ; une voix dans la forge (ténor) ; la voix d’un marchand ambulant (ténor) ; une voix lointaine (ténor).
Première représentation (en français) au Casino Municipal de Nice le 01 avril 1913. Mise en scène de Streliski. Décors de Franck-Lassale. Avec Mme Lillian GRENVILLE (Salud), MM. David DEVRIÈS (Paco) et COTREUIL (Oncle Sarvaor), sous la direction de Jacques MIRANNE.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 12 avril 1923, dans la version française, avec Mmes Soyer (Salud), Ballard, Dalmas, MM. Descamps (Paco), Chantraine, Smeets.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 janvier 1914. Mise en scène d'Albert Carré. Chorégraphie de Mariquita. Décors d’Alexandre Bailly. Costumes de Marcel Multzer.
Mmes Marguerite CARRÉ (Salud), Suzanne BROHLY (la Grand’mère), SYRIL (Carmela), BILLA-AZÉMA, CAMIA, CARRIÈRE et JOUTEL (les Vendeuses).
M. Fernand FRANCELL (Paco), Félix VIEUILLE (l'Oncle Sarvaor), Daniel VIGNEAU (le Chanteur), Louis VAURS (Manuel), DONVAL (le Forgeron), DELOGER (le Vendeur).
Danses : Mlles MALAGUENITAS et M. Rafael PAGAN.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
Reprise à l'Opéra-Comique du 12 mars 1928 (9e représentation).
Mmes Ninon VALLIN (Salud), Mathilde CALVET (la Grand’mère), Lucienne ESTÈVE (Carmela).
MM. Gaston MICHELETTI (Paco), Félix VIEUILLE (l'Oncle Sarvaor), Georges VILLIER (le Chanteur), Louis MUSY (Manuel), Léon NIEL (le Forgeron), CORNELLIER (le Vendeur), MATHYL (une voix).
Danse : Mlle Carmen GRANADOS.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
23e représentation le 23 novembre 1930 :
Mmes Andrée CORTOT (Salud), Mathilde CALVET (la Grand’mère), DUCUING (Carmela).
MM. Raoul GIRARD (Paco), Félix VIEUILLE (l'Oncle Sarvaor), GAUDIN (le Chanteur), ROUSSEAU (Manuel), GÉNIO (une Voix dans la forge, une Voix lointaine, un Vendeur).
Danse : Mlle Carmen GRANADOS.
Chef d'orchestre : Louis MASSON.
Reprise à l'Opéra-Comique du 29 avril 1949 (35e représentation), mise en scène de Louis Musy, décors et costumes d’Hector Basaldin.
Mmes Renée GILLY (Salud), LEROY-THIEBAUT (la Grand’mère), Jacqueline CAUCHARD (Carmela), CELLIER, CHELLET, GAUDEL et Colette HÉRENT (les Vendeuses).
MM. Louis ARNOULT (Paco), Willy TUBIANA (l'Oncle Sarvaor), Camille MAURANE (le Chanteur), Robert JEANTET (Manuel), Pierre GIANNOTTI (le Forgeron), Serge RALLIER (le Vendeur), Jean MICHEL (une voix).
Danse : Mme Espanita CORTEZ.
Chef d'orchestre : DE MENDOZA
37 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Résumé.
L'action se passe de nos jours à Grenade. Paco et Salud échangent des serments d'amour. Mais Paco est fiancé à Carmela ; leurs noces sont célébrées le lendemain. Salud vient pour être convaincue de la trahison de celui qu'elle aime ; elle tombe morte en prononçant une dernière fois son nom.
ACTE I.
1er TABLEAU : Cour d'une maison de gitanes dans l'Albaicin à Grenade. A gauche, l'entrée d'une forge éclairée par le rouge éclat du feu.
Scène 1. — On entend les forgerons battant le fer sur l'enclume. Une voix s'élève (ténor) [Mon amour, comme le fer...].
La Grand-mère est seule en scène, occupée à soigner des oiseaux dont la cage est suspendue à la porte de l'habitation [Ce pauvre oiselet en cage...].
Des voix de marchands de légumes ou de fruits se font entendre dans la rue ; elles passent et s'éloignent. Des cloches tintent au loin.
Scène 2. — Salud arrive, désolée. La Grand-mère la rassure ; Paco, son fiancé va venir. Puis la Grand-mère entre dans la maison en faisant un geste de pitié.
Scène 3. — Salud, qui était allée s'appuyer à la porte de la rue, revient lentement. Elle chante [Vivent ceux qui rient...], tandis que les marteaux frappent en cadence sur l'enclume.
Scène 4. — La Grand-mère revient annoncer à Salud l'arrivée de Paco.
Scène 5. — Paco accourt ; il prend les mains de Salud et la regarde avec tendresse. Il la rassure et lui promet fidélité éternelle.
Scène 6. — La Grand-mère reparaît ; elle s'arrête pour contempler les deux fiancés. L'Oncle Salvaor vieux gitan farouche, les sourcils en broussailles, arrive, regarde et se précipite vers Paco. Mais la Grand-mère l'a vu, l'arrête et le retient. Salvaor déclare à la Grand-mère vouloir tuer Paco qui, demain, épouse une fille fort riche, de sa caste et de son rang. Les deux vieux entrent dans la forge sans avoir été vus des deux jeunes gens. Ils se retournent plusieurs fois pour regarder Salud et Paco, tout à leur amour.
2e TABLEAU. (Intermède symphonique).
Scène 7. — C'est tout d'abord la pleine lumière qui illumine la vue panoramique de Grenade, mais le soir vient peu à peu ; enfin la nuit tombe tout à fait. On entend les échos de joyeuses chansons. Puis elles se font discrètes, s'éloignent et s'éteignent. Le silence règne.
ACTE II.
3e TABLEAU : Une petite rue à Grenade sur laquelle donne la façade latérale de la maison de Manuel et de Carmela. On aperçoit le patio de la maison et le tableau très brillant d'une fête.
Scène 8. — C'est la célébration des fiançailles de Paco et de Carmela. On entend des guitaristes et des chanteurs. Des voix s'élèvent [Le Chanteur : A..y ! Je chante des soleares...]. Un peu avant la fin de la danse, Salud apparaît ; elle court à la fenêtre et regarde avec anxiété dans la maison [Air de Salud : Il est là !... Il cause avec cette femme...].
Scène 9. — Salud voit sa grand-mère et son oncle. Elle tombe dans les bras de la grand-mère qui la serre sur sa poitrine. Salud croit entendre la voix de Paco au milieu des bruits de la fête ; elle chante d'une fenêtre [Malheur aux femmes qui naissent sous une mauvaise étoile...].
Les bruits décroissent dans la maison, comme si l'on prêtait l'oreille au chant de Salud. Elle va chanter à une autre fenêtre.
Dans la maison, Carmela interroge Paco. Son frère Manuel invite les invités à danser.
L'oncle Salvaor et Salud se dirigent vers une des portes de la maison. Les bruits de fête et les airs joyeux recommencent à l'intérieur. L'obscurité devient complète sur la scène.
4e TABLEAU : Le patio de la maison de Manuel et de Carmela où a lieu la fête.
Scène 10. — Carmela, Manuel et Paco sont ensemble d'un côté ; de l'autre le chanteur et quelques jeunes gens avec leurs guitares. Paco feint d'être gai. Carmela l'observe. Voyant que les invités se tournent vers l'entrée, Paco regarde et voit entrer l'oncle Salvaor et Salud.
Scène 11. — Manuel interroge les nouveaux arrivants. L'oncle Salvaor prétend qu'ils viennent tous deux pour danser et chanter. Salud se dégage de son oncle, déclarant vouloir que Paco achève de la tuer. Paco se trahit, mais nie l'avoir aimée. Avec une immense détresse, Salud répète encore le nom de Paco, puis elle porte la main à son cœur, chancelle et tombe. Les assistants sont horrifiés. La grand-mère et l'oncle accusent Paco de tromperie, de lâcheté et d'infamie.
VIE DU POÈTE (LA)
Symphonie-drame en trois actes et quatre tableaux, poème et musique de Gustave Charpentier. Création au Conservatoire national le 18 mai 1892 ; première à l'Opéra de Paris le 17 juin 1892. => fiche technique
VIE EN VOYAGE (LA)
Comédie en cinq actes, de Maurice Desvallières, avec musique de scène de Gabriel Marie, représentée au théâtre du Vaudeville le 30 septembre 1901.
VIE MONDAINE (LA)
Opéra bouffe en quatre actes, livret de Paul Ferrier et Emile de Najac, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre des Nouveautés le 13 février 1885, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Georgette), Mily-Meyer (Tom), Darcourt (Léa), Ducouret (un guide), Norette (un guide), MM. Berthelier (Chiquito), Albert Brasseur (Eymeric de la Grande-Dèche), Jourdan (Gaétan d'Oriflamme), Allart (le baron Pschutt), Schmidt (le docteur Montcontour), Charvet (Carcassonne), Dubois (Potassier), Lauret (Pataquès).
VIE PARISIENNE (LA)
Opéra bouffe en quatre actes et cinq tableaux, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach.
Personnages : le Baron de Gondremarck, un riche Suédois ; Bobinet ; Raoul de Gardefeu ; le Brésilien ; la Baronne de Gondremarck ; Métella, une demi-mondaine ; dix-huit petits rôles (8 masculins, 10 féminins) ; Chœurs.
Première représentation à Paris, théâtre du Palais-Royal, le 31 octobre 1866, dans une version en cinq actes, par Zulma Bouffar (Gabrielle), sous la direction du compositeur.
Version en quatre actes représentée au Théâtre des Variétés le 25 septembre 1873.
Reprise au Théâtre Mogador le 26 septembre 1934 avec Mmes Hélène Regelly (Gabrielle), Danielle Brégis (Metella), Jeanne Saint-Bonnet (Pauline), Rose Carday (la baronne) ; MM. Henry Laverne (le baron de Gondremark), Dréan (Bobinet), Porterat (Gardefeu), Carpentier (le Brésilien). Chef d'orchestre : M. Diot.
« Reprise présentée en jolis costumes : le livret de Meilhac et Halévy, qui place l'action au milieu de banquets et fêtes, permet une profusion de toilettes et une richesse de mise en scène à laquelle ils n'ont peut-être pas pensé en leur temps, mais qui convient bien au nôtre. Et la musique d'Offenbach demeure jeune, plaisante, alerte, cocasse à souhait. Elle est servie par des interprètes de choix, à la tête desquels se trouve M. Henry Laverne, comédien de grande classe, qui trace du baron de Gondremark une silhouette vive, mobile et frappante. » (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
Résumé.
Un riche étranger qui veut connaître la capitale française est l'objet de joyeuses mystifications organisées par Gardefeu et son ami Bobinet. Mais Métella, l'ancienne amie des plaisantins, trouble la combinaison.
Tout rentre dans l'ordre, après une suite de plaisantes péripéties et d'inénarrables mascarades qui ont pour cadre le Paris du Second Empire.
ACTE I. — Le hall de la gare du Chemin de fer de l'Ouest, à Paris.
Gardefeu et Bobinet apparaissent au milieu du brouhaha. Ils viennent tous deux chercher la même femme, Métella, laquelle arrive au bras d'un troisième et prétend ne pas les reconnaître ! Dégoûtés du demi-monde, les deux amis décident alors de « repeupler les salons du Faubourg Saint-Germain ».
Gardefeu, qui reste un moment en arrière, aperçoit Joseph, son ancien valet de chambre, aujourd'hui guide pour étrangers, venu attendre à la gare des clients chics, le Baron et la Baronne de Gondremarck. Flairant une aventure avec la Baronne, Gardefeu se substitue à Joseph pour piloter le couple à travers la capitale. Arrive encore un Brésilien, bien décidé à s'amuser en galante compagnie [Rondeau du Brésilien : Je suis Brésilien, j'ai de l'or...].
ACTE II. — Un salon chez Gardefeu.
Arrivent tout d'abord le bottier et la gantière de Gardefeu qui s'écartent à l'approche du maître de céans.
Gardefeu, prétendant conduire le Baron et la Baronne au Grand-Hôtel, les amène chez lui. Le Baron s'étonne bien un peu, mais Gardefeu donne des explications convaincantes... Visiblement préoccupé d'aventures galantes, le Baron prie son cicerone de porter une lettre de recommandation qu'un ami lui a donnée pour une certaine Métella...
Comme le Baron tient à la table d'hôte, il faut à tout prix en organiser une. Le bottier et la gantière sont dépêchés en hâte pour trouver des dîneurs.
Bobinet arrive, un peu déçu déjà des femmes du monde. Gardefeu le met au courant de ses entreprises, et Bobinet offre d'organiser, le lendemain, dans l'hôtel de sa tante, momentanément absente, une fête de nuit en l'honneur du Baron. A la Baronne, Gardefeu le présente comme horloger. Bobinet s'en va, très digne, avec la pendule.
Arrive ensuite Métella, qui est présentée au Baron. La fine mouche a bien compris que Gardefeu nourrit l'intention de courtiser la Baronne ; elle se jure de l'en empêcher.
La scène de la table d'hôte, mascarade de haute fantaisie, termine l'acte en gaîté.
ACTE III. — Le grand salon de l'hôtel de Quimper-Karadec.
Bobinet a mis son projet à exécution. Il envoie les larbins et les femmes de chambre se déguiser en gens du monde pour recevoir dignement le Baron. Gardefeu arrive et raconte ses premières sorties parisiennes avec les Gondremarck. Il recommande à Bobinet de retenir le plus longtemps possible le Baron à sa fête.
Tandis que les deux compères s'esquivent, Gardefeu pour rejoindre la Baronne, Bobinet pour s'habiller en « amiral suisse », le Baron fait son entrée. Grande mascarade de fantaisie, au cours de laquelle le Baron flambe pour l' « Amirale ». A la fin tout le monde est gris.
ACTE IV. — Un salon dans un restaurant.
Le maître d'hôtel surveille les préparatifs d'un bal masqué offert par le Brésilien. Il voit arriver deux clientes habituelles, puis le Baron, à qui Métella a révélé toutes les supercheries dont il a été victime jusqu'ici, ainsi que les visées de Gardefeu sur sa femme. Le Baron est bien décidé à se venger. Métella entre, invitée, elle aussi, au bal du Brésilien. Repoussant les avances du Baron, elle lui repasse une « amie » qui n'est autre que la Baronne, prévenue elle aussi par Métella, et venue, masquée, surprendre son mari. Métella, qui flambe de nouveau pour Gardefeu, court le rejoindre.
Le Baron reçoit assez froidement l' « amie ». Celle-ci se confie alors au maître d'hôtel, lequel la fait entrer dans un cabinet particulier d'où elle pourra sortir au moment opportun.
Arrivée — très bruyante — de la bande du Brésilien, puis de Bobinet et Gardefeu, déguisés. Le Baron provoque Gardefeu en duel, mais, au moment de préciser ses griefs, il est obligé de reconnaître qu'il n'en a pas et qu'au fond il s'est bien amusé... Les adversaires réconciliés, les témoins Bobinet et le Brésilien, se disputent à leur tour. La Baronne intervient alors et reprend son époux en main. Métella assure à Gardefeu que c'est pour lui seul qu'elle a agi de la sorte, mais elle n'en sourit pas moins aussi à Bobinet...
Tous vont souper ensemble et célèbrent gaîment la « vie parisienne » !
« Bouffonnerie musicale en quatre actes. C'est une pièce carnavalesque qui répond assez mal à son titre. Le vicomte Raoul de Gardefeu s'est emparé, au débarcadère du chemin de fer, d'un baron suédois dont la femme est fort jolie, et il lui fait les honneurs de la capitale. Alors commence une série de mystifications extravagantes. Le vicomte installe le baron de Gondremark et la baronne dans son propre appartement, en leur faisant accroire qu'ils sont au Grand-Hôtel. Il improvise une fête en leur honneur chez un certain amiral suisse, dont les invités sont des domestiques travestis. La pièce se termine dans un salon du Café-Anglais. La partition, écrite sur cette fantaisie burlesque par le fécond musicien, se compose d'une suite de petits morceaux à la portée du personnel chantant du lieu. On a remarqué le finale du premier acte, un rondeau chanté par Mlle Honorine, une tyrolienne chantée par Mlle Zulma Bouffar, les couplets de la Colonelle, du Brésilien et de la gantière. Hyacinthe, Brasseur, Gil-Pérès, Priston, Lassouche, Mmes Thierret, Montaland, Paurelle, Massin ont joué dans cette pièce, qui a eu un grand nombre de représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Principaux personnages : le baron et la baronne de Gondremarck ; Bobinet ; Raoul de Gardefeu ; Métella, demi-mondaine ; un Brésilien, etc.
La scène se passe à Paris, sous le second Empire.
Plus que beaucoup d'autres ouvrages dus à la célèbre collaboration, celui-ci a vieilli. C'est qu'il porte une date précise. Barbe-Bleue, les Brigands, la Périchole, se déroulent dans un passé de fantaisie et sont ainsi de tous les temps. Seuls leur vêtement extérieur, certains mots, certaines allusions, révèlent l'époque de leur apparition. La Vie parisienne met en scène le Paris de la fin du second Empire, c'est-à-dire un monde spécial, trop près de nous pour être déjà oublié, trop loin pour ne pas paraître démodé. Cela n'empêche pas plusieurs scènes de l'ouvrage, grâce surtout à une musique gaie et pimpante, de conserver leur drôlerie énorme, mais cela nuit à la popularité de l'ensemble.
La donnée est simple : un étranger distingué et sa femme viennent visiter Paris. Un Parisien qui s'ennuie et est en quête d'une femme du monde comme maîtresse, se substitue à leur cicerone, les loge chez lui dans l'intention de séparer le mari de la femme, leur fait croire qu'ils sont au Grand-Hôtel, leur improvise dans son appartement une table d'hôte qui est une mascarade, conduit le mari dans une soirée mondaine où les invités sont des domestiques, tandis que l'organisateur de la supercherie croit entraîner la femme au théâtre et... beaucoup plus loin. Mais les victimes de la mystification sont averties par Métella, une « ancienne » du mystificateur qui s’est reprise pour lui d'une flamme soudaine et tout le monde finit par s'expliquer le mieux du monde dans un restaurant de nuit.
Et voici le détail du scénario : à la Gare de l'Ouest, Bobinet et Gardefeu attendent « leur » femme. Car ils ont toujours la même, c'est une fatalité. Quand Métella arrive — tel est son nom — c'est au bras d'un troisième. Réconciliés par une commune infortune, les deux amis décident de renoncer au demi-monde et de « repeupler les salons du faubourg Saint-Germain ». Bobinet y va tout de suite.
Gardefeu réfléchit encore. Il rencontre son ancien valet de chambre, devenu guide au service du Grand-Hôtel, qui attend le baron et la baronne de Gondremark, des Suédois très chics, qui désirent faire connaissance avec la « vie parisienne ». Gardefeu flaire une aventure et s'improvise guide : il remplacera Joseph. La baronne lui paraît délicieuse et il croit deviner que, tant elle que son mari, sont venus à Paris dans la ferme intention de s'amuser, chacun de son côté. Par le même train est arrivé un Brésilien qui ne fait pas mystère de ses intentions folichonnes. Gardefeu emmène ses voyageurs, soi-disant au Grand-Hôtel, en réalité chez lui.
Chez Gardefeu, après une scène entre le bottier et la gantière du jeune célibataire, nous voyons arriver le baron et la baronne, qui s'étonnent de trouver l'hôtel si petit et si dépeuplé. Gardefeu a réponse à tout. Pourtant il n'a pas songé au dîner, et quand ses voyageurs s'informent de l'heure de la table d'hôte, il s'avise qu'il lui faut trouver des dîneurs pour faire illusion. Le bottier et la gantière figureront, le premier l'indispensable « major de table d'hôte », la seconde, la « veuve du colonel ». Ces deux chefs de file se chargent d'amener les autres figurants.
Le baron confie à son guide qu'il a une lettre d'introduction pour une dame du demi-monde nommée Métella. Gardefeu est très bien placé pour le mettre en relations avec cette personne qui, du reste, ne tarde pas à faire son apparition. La belle enfant se remet à flamber pour Gardefeu en apprenant les projets que son ex-amant nourrit à l'endroit de la baronne ; elle se promet d'y mettre le holà.
L'acte finit sur la scène de la table d'hôte, un tableau de haute fantaisie.
Au troisième acte, nous sommes à l'hôtel de Quimper Karadec, qui est vacant et dont Bobinet, complice de Gardefeu, a obtenu la jouissance pour un soir. Bobinet, à la demande de Gardefeu, a invité le baron — sans la baronne — à une grande soirée. Il y rencontrera, comme invités, des larbins et des femmes de chambre, vêtus de la défroque de leurs maîtres et maîtresses. Autre scène de haute fantaisie, à la fin de laquelle tout le monde est gris.
Le quatrième acte se passe dans un restaurant de nuit. Le maître d'hôtel voit arriver premièrement deux de ses clientes habituelles, puis le baron, qui a appris de Métella la mystification dont il vient d'être victime et les visées de Gardefeu sur la baronne. Métella lui a donné rendez-vous au restaurant, sans lui cacher qu'elle est invitée par un Brésilien très généreux, mais en lui affirmant qu'elle trouvera moyen de le rejoindre. Elle arrive, en effet, et annonce au baron qu'une de ses amies lui fera prendre patience en attendant qu'elle-même puisse se libérer. Le baron fait la grimace : il est prévenu contre le « coup de l'amie ».
L'amie survient, masquée. On l'a deviné, c'est la baronne en personne, prévenue par Métella et venue pour surprendre son mari. Celui-ci la reçoit très mal, lui fait servir à souper et s'éclipse. Au désespoir, la baronne s'ouvre au maître d'hôtel, qui la fait disparaître dans un cabinet vacant d'où elle pourra sortir lorsqu'elle jugera le moment opportun.
Arrive, très bruyante, la bande du Brésilien, où nous reconnaissons plusieurs des figurants des mascarades précédentes. Bobinet et Gardefeu entrent à leur tour, déguisés. Il y a rencontre entre Gardefeu et le baron et un duel est décidé. Mais Gardefeu n'a pas envie de se battre ; il parlemente et demande au baron de quoi il se plaint. Et au fait, de quoi peut-il bien se plaindre ? — C'est ici la meilleure scène de comédie de la pièce. — Il a été hébergé, presque gratuitement ; on l'a mené à une soirée où il avoue qu'il s'est beaucoup amusé. Vraiment, il est difficile à contenter. Aussi les adversaires sont-ils enclins à se réconcilier, quand leurs témoins (le Brésilien et Bobinet) se mettent à se disputer à leur tour. Tout cela pourrait bien se gàâer sans l'intervention de la baronne, qui croit le moment venu de quitter sa cachette. Métella l'accompagne. Elle explique à Gardefeu qu'elle n'a agi que par amour pour lui. Et — force de l'habitude — tandis qu'elle se réconcilie avec Gardefeu, elle esquisse un geste identique dans la direction de Robinet ! La baronne pardonne et le tout s'achève en un hymne à la « vie parisienne ».
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« C’est au journal humoristique fondé par Marcelin en 1863 — et demeuré, dans son dilettantisme bien français, l'expression d'un esprit spécial dont il a conservé la formule, sinon même le monopole — que Meilhac et Halévy empruntèrent le titre de la grande opérette fantaisiste composée par eux en 1866, entre Barbe-Bleue et la Grande-Duchesse, pour le Palais-Royal, à l'occasion de l'Exposition et à la gloire de Paris...
« Le décor change. Plus de pays bleus ! plus de grands-duchés de féerie... Nous descendons de la lune sur la terre : mieux, sur l'asphalte ! Ainsi qu'il sera, ne varietur, écrit pendant des siècles sur la première page des pièces imprimées : la scène se passe à Paris, de nos jours. — Et non seulement à Paris, mais dans ce petit Paris du grand ; Paris de cocagne, aux frontières molles et flottantes, qui s'étend du Bois au perron à colonnes des Variétés, en passant par les Boulevards et la rue de la Paix ; qui n'est pas — nous le savons bien et n'arrivons pas à le déplorer — le Paris exclusif du travail, de l'épargne et de la vertu, mais plutôt celui de l'oisiveté, de la dépense et du plaisir ; qui n'est pas le Paris de la France, mais le Paris des Parisiens et surtout des étrangers ; qui n'est pas uniquement Paris si l'on veut, qui n'est que la ruche bourdonnante de ses modes, la capitale de sa beauté, l'arrondissement de ses péchés et le quartier favori de sa joie — mais qui est aussi, par bonheur, le pays natal de sa charité, auquel il sera beaucoup pardonné ; sans lequel, en un mot, Paris incomplet, décapité, ne serait plus lui-même... Et, dans ce Paris-là, quel sera forcément, nécessairement, le personnage, le type envisagé par nos auteurs avec un amour choisi, et auquel ils réserveront tous leurs soins et toute leur prédilection ? La Femme — non pas la grande Dame trop imposante, la femme française qui est d'un théâtre au-dessus du leur ; ni l'étrangère, la cosmopolite de haute allure, trop inquiétante et compliquée ; ni encore l'honnête, agréable et droite bourgeoise... mais la femme de ce Paris féminin, gentille marionnette de la vie, poupée à caprices d'un jour et à passion d'une nuit : la petite femme (*). »
(*) Henri Lavedan. Discours de réception à l'Académie française. Sur Henri Meilhac (1899).
« Au milieu de cette ribambelle de femmes, a-t-on le temps d'aimer et d'être aimé ? » demande l'un des personnages de la pièce. « Non, Monsieur ! on ne l'a pas ... On ne peut pas tout avoir ; ce serait trop : celui qui a l'amour ne peut pas avoir les femmes ; celui qui a les femmes ne peut pas avoir l'amour. Il faut choisir !... »
C'est, en effet, vers cette princesse lointaine qu'allaient se précipiter les étrangers de toute espèce attirés dans la capitale par l'Exposition de 1867. « Je vais donc avoir encore une occasion de les passer en revue, ces dix ou douze adorables femmes qui, depuis quinze ans, dans la galanterie française, tiennent le haut du pavé ! Toujours les mêmes !... La vieille garde qui se rend toujours et qui ne meurt jamais !... » — s'écrie, au quatrième acte de l'opérette, le maître d'hôtel qui préside le service du « grand 16 »... un philosophe. et qui en a vu ! Récemment, la psychologie et la raison d'être de ce petit demi-monde ont été très finement étudiées dans l'École des Cocottes. C'est chez lui que se distille cette essence baptisée par l'inventeur de la « lorette », Nestor Roqueplan : « Parisine » — et n'en use pas qui veut ; il faut, pour la doser « le sens inné jusqu'au merveilleux des choses élégantes, frivoles et superficielles de la vie parisienne. » C'est mieux qu'un philtre, c'est un charme — peu connu d'ailleurs : Villon disait déjà qu’ « il n'est bon bec que de Paris »... Aussi la Vie Parisienne n'est-elle guère jouable en province.
On a défini le vrai Parisien en ces termes choisis : « C'est un épicurien délicat, un dilettante nonchalant, fort ingénieux, qui a su arranger et composer toute sa vie avec art, et qui tire doucement de Paris tout le plaisir qu'il peut donner. Spirituel en diable, mais indulgent et même indifférent ; très égoïste en apparence, mais d'un égoïsme atténué par le désir de plaire, d'être aimable. Il a l'espèce particulière de bonté qui est équivalente à la charité dans plus d'un cas. et qu'engendrent le scepticisme et l'habitude d'amusements où l'ironie tient toujours quelque place — avec une arrière-pensée de détachement railleur et un refus élégant d'être tragique (c'est-à-dire ridicule ou méchant), soit dans la douleur, soit dans la volupté : Cette mentalité, bien que superficielle, se rencontre souvent avec la sagesse la plus profonde...
L'opérette de MM. Meilhac et Halévy — comme presque tout leur théâtre — donne de ce je ne sais quel charme, immatériel et malaisé à définir, l'impression la plus vive » — et ces traits de mœurs y sont essaimés au hasard de scènes constituant tant bien que mal une sorte de farce énorme, à la Molière ; quelque chose comme la mystification gigantesque dont Monsieur de Pourceaugnac est l'objet. Il y a là d'ailleurs, avec autant d'observation et de fantaisie, plus de douceur et de grâce. Le sujet — qui est aussi un rajeunissement heureux de la vieille pochade ingénue intitulée Monsieur Deschalumeaux, avait été précédemment esquissé par les auteurs eux-mêmes en 1864 dans leur petit acte du Photographe.
Le baron de Gondremarck est un de ces riches métèques sur lesquels notre Paris exerce l'irrésistible fascination que vous savez. « N'est-ce pas une joie de penser qu'il y a sur toute la planète, dans les régions les plus lointaines, de petites images de Paris qui vivent ainsi sous des fronts... Nous nous disons avec une vanité attendrie qu'ils sont comme ça des centaines et des milliers dans leurs villes maussades ou leurs châteaux déserts, qui pensent aux boulevards, au Bois et aux Champs-Elysées, en rêvant au crépuscule — et qui, tandis qu'ils paraissent regarder les premières étoiles, considèrent en eux-mêmes les premières lumières dont s'illumine Montmartre... » M. de Gondremarck a entendu parler, en Suède, avec enthousiasme, d'une certaine Parisienne — Métella — par un de ses amis, Jean Stanislas de Frascata, qui lui a même confié pour elle une lettre de la mélancolie la plus subtile. Et il arrive... avec sa femme ! Celle-ci, du reste, est exquise. Or, deux Parisiens, Bobinet et Gardefeu, lâchés par Métella, ont décidé de se rabattre sur les femmes du monde. Ils rencontrent dès son arrivée le couple suédois en quête d'un appartement ; séduit par la jolie baronne, Gardefeu imagine de la recevoir chez lui en faisant passer pour le Grand-Hôtel son propre logement du faubourg Saint-Germain, qu'il organise ad hoc après l'avoir peuplé de créatures à lui. Son but est d'égarer Gondremarck dans le tourbillon de la vie parisienne — ce qui est d'autant plus facile que le baron a l'intention de « s'en fourrer jusque-là ! » — tandis qu'il fera la cour à sa femme, que lui dispute Bobinet.
Mais la baronne est prévenue par Métella, reprise d'un caprice pour les deux viveurs, du moment qu'ils font mine de ne plus être ses esclaves ; elle n'hésite point à planter là le « Brésilien » qui est venu, cousu de pistoles, mettre tout son or à ses pieds — et, profitant de ce que le Suédois lui a donné rendez-vous au Café Anglais, elle y mène à titre d'amie Mme de Gondremarck, déguisée, qu'elle s'arrangera pour mettre en présence de son époux... Il est bien entendu que les ressentiments seront noyés dans le champagne — dont la mousse est comme le parfait symbole de cette production : cela jaillit, pétille, pique et se volatilise avant que d'être analysé...
« De quoi vous plaignez-vous... Ne vous êtes-vous pas amusé ?... » dit-on à Gondremarck. Et vous voyez combien la conclusion de la pièce devient philosophique ! On en peut dire autant à beaucoup de critiques évocateurs de « règles » ; ils rappellent ces médecins qui ne veulent pas que l'on guérisse contre l'avis de la Faculté.
Peut-être conçoit-on l'hésitation des interprètes lorsqu'ils se trouvèrent aux prises, brusquement, et avant la lettre, avec un livret de ce genre. Il était écrit pour la troupe du Palais-Royal, peu familiarisée avec l'opéra-bouffe ; la direction Plunkett avait imposé ses artistes, d'un talent très spécial et dépourvus de voix, sinon pour des couplets de vaudeville : Brasseur père, Hyacinthe, Gil Perez, Lassouche et Priston ; Mmes Céline Montaland, Paurelle, Honorine (la créatrice de Métella, qui devait incarner plus tard — avec quel sombre réalisme ! — la « Pomaré » de Nana, et les affreuses duègnes des Deux Orphelines et des Mystères de Paris : « la Frochard » et « la Chouette ») et l'on avait en outre fait appel au concours de Mme Zulma Bouffar, dont le rôle, d'abord peu important, avait été transformé au point de vue musical pendant les répétitions.
La « générale » est restée mémorable ; non seulement aucun succès n'était prévu, mais les acteurs étaient tellement convaincus que l'on n'irait pas jusqu'au troisième acte... qu'ils ne s'étaient même guère donné la peine de l'apprendre — et que Mlle Paurelle avait jugé superflu de commander sa toilette pour ce tableau. Dans ces conditions, les auteurs proposaient de retirer purement et simplement l'ouvrage, laborieusement monté. — Plunkett tint bon. La première eut lieu le 31 octobre 1866 en présence du Tout-Paris... On signalait dans une loge la princesse de Metternich, infidèle, pour la circonstance, à Wagner... Ce fut un triomphe.
C'est qu'il se dégageait — nous l'avons dit — comme une griserie sensuelle de cette bacchanale. On croyait vivre un rêve ; les comédiens eux-mêmes s'amusaient comme d'une mascarade folle, galvanisés par la musique d'Offenbach... « Musiquette tant qu'on voudra, disait Sarcey, cette musiquette est délicieuse... » Lisez les pages d'une philosophie si malicieuse, consacrées à l'opérette de Meilhac et Halévy par M. Jules Lemaitre dans ses Impressions de Théâtre. Et le maître Reynaldo Hahn pourra écrire : « Lorsque, dans la Vie Parisienne, revient, ramené avec beaucoup d'art et d'à-propos, le motif : « Tout tourne, tourne, tourne !... » il semble en effet que ce ne soit pas seulement dans la tête des convives éméchés que se forme la farandole des tables et des chaises, mais aussi en réalité dans celle des spectateurs : les fleurs, les lustres, les bouteilles sont pris d'un délire dansant ; la fièvre des êtres se communique aux choses, tout est animé d'une vibration frénétique — il règne un vertige trépidant, c'est comme une hypertrophie de l'instinct du rythme... Et quand il semble que la musique, les cris, les rires, la gaieté furieuse aient atteint leurs dernières limites, éclate soudain un nouveau motif tombé là comme un bolide incandescent, la strette endiablée : « Feu partout ! Lâchez tout ! » — et le rideau tombe sur un regain de folie orgiaque après lequel il ne peut plus y avoir que l'épuisement et que le silence... L'homme qui, à ce point, sut rendre et communiquer la soif impatiente du plaisir, et enveloppa certaines visions triviales de cette espèce de vapeur fantastique, était un poète, un lyrique, un grand artiste représentatif d'une époque et d'un milieu. »
Le public se l'était laissé dire... et pas deux fois : ce fut la vogue. On n'eut à reprocher à la pièce que quelques longueurs — notamment au quatrième acte. Elles disparurent. La Vie Parisienne eût d'abord 265 représentations consécutives — la salle retenue trois semaines d'avance — les places faisant en moyenne 10 francs de prime, et les vingt-cinq premières rapportant 102.497 francs. L'opérette fut millionnaire en neuf mois ! Nous renvoyons les curieux à l'édition qui en a été donnée en 1875 par la Librairie Illustrée, avec vignettes de Hadol et costumes coloriés par Draner. L'auteur de l'amusante préface nous confie qu'il avait collectionné quarante-trois articles célébrant la pièce — de grands articles de plusieurs colonnes, lesquels, mis bout à bout, formeraient des volumes sous les signatures des premiers critiques. — Et il fait le tableau de ce qu'était véritablement, historiquement la Vie Parisienne, à l'époque où on la jouait au Palais-Royal et aux Variétés, devant des chambrées d'étrangers...
Les reprises n'ont pas toujours été aussi heureuses... Le Paris du second Empire n'était plus. Nous l'avons vu ressusciter sur la scène des Variétés en 1911, avec une Vie Parisienne aux actes remaniés et qui nous fut rendue par « Samuel le Magnifique » dans le vrai style original — décors et costumes du temps. La dernière compagnie des Variétés : Albert Brasseur, Guy, Max Dearly, Prince, Moricey ; Mmes Méaly, Saulier, Diéterle et Mistinguett — y faisait feu de toute verve... Ce qui, au bout de quelques lustres seulement, pouvait sembler démodé, a pris depuis un demi-siècle un « caractère » intéressant — comme le remarquait le critique Nozière dans l'excellent article consacré à cette reconstitution par la revue d'art le Théâtre, en un somptueux numéro spécial : « Le vieillot devient le passé. Quand un ouvrage, quel qu'il soit, résiste à l'épreuve du temps, c'est qu'il est fait de main de maître ; et l'on peut le considérer comme un chef-d'œuvre. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
VIEIL AIGLE (LE)
Drame lyrique en un acte, livret et musique de Raoul Gunsbourg. Création à l'Opéra de Monte-Carlo le 13 février 1909. Première à l'Opéra de Paris le 26 juin 1909. => fiche technique
VIEIL AIR, JEUNE CHANSON
A-propos en un acte, livret d’André Lénéka, musique de Francis Thomé, représenté au théâtre de la Galerie Vivienne le 19 décembre 1893.
VIEILLARD AMOUREUX (LE)
Opéra, musique de L.-C. Moulinghem, représenté en province vers 1810.
VIEILLARD PHILOSOPHE (LE) ou LE DOUBLE HYMEN
Pastorale héroïque en trois actes et en vers, paroles de Durieu, musique de Labat, représentée à Montpellier le 11 avril 1794.
VIEILLE (LA)
Opéra-comique en un acte et en prose, livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne, musique de François-Joseph Fétis. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 mars 1826, avec Mme Pradher (la Comtesse de Xénia), MM. Augustin Lemonnier (Emile de Vercigny), Auguste Huet (Léonard), Firmin (Pétéroff). => partition
« Dans la retraite de Moscou un jeune officier français a sauvé la vie à une vieille comtesse russe, veuve d'un général ; elle lui donne asile dans son château, et pour le soustraire à l'exil, le nomme son époux. Le contrat de mariage qui devait être entaché de nullité se trouve parfaitement en règle, au grand regret du marié. Heureusement cette prétendue vieille est une jeune et jolie femme dont notre officier était épris. Des invraisemblances, beaucoup d'esprit. Succès. »
[Almanach des spectacles, 1827]
« Je n'ai pu me procurer le livret de cet ouvrage ; mais, d'après le texte des morceaux de la partition, on comprend qu'il s'agit dans la pièce d'un jeune officier français nommé Emile de Vercigny, qui, pour se soustraire peut-être aux rigueurs d'un exil en Sibérie, épouse une vieille femme russe, la comtesse de Xénia ; mais, comme on l'a vu depuis dans la Fanchonnette, la vieille bienfaitrice se trouve être au dénouement une jeune femme charmante. L'ouverture, très développée, a été écrite avec la correction qu'on devait attendre d'un musicien qui, déjà à cette époque, se livrait à l'étude la plus approfondie des éléments harmoniques de la composition. Le chœur des domestiques, dans l'introduction, est beaucoup trop long ; le duo qui suit : Doux souvenir de la patrie, est d'un joli effet. Nous signalerons encore un trio et un quatuor bien traités. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIEILLESSE D'ANNETTE ET LUBIN (LA)
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret d’Augustin-Louis Bertin d'Antilly, musique de Pierre-David-Augustin Chapelle. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 01 août 1789. C'est le seul ouvrage de ce musicien qui ait eu du succès. Annette et Lubin n'avaient que vingt-sept ans lorsqu'ils moururent de vieillesse, tant on vieillit vite au théâtre. Favart les avait mis sur la scène en 1762, dans une pièce qui eut beaucoup de succès et dont le sujet avait été pris dans un conte de Marmontel.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIEILLESSE D'ANNETTE ET LUBIN (LA)
Opéra-comique en deux actes, livret de Favart père et fils, musique de Jadin, représenté au théâtre de Monsieur (Feydeau) le 10 mars 1791.
VIERGE (LA)
Légende sacrée en quatre scènes, livret de Charles Grandmougin, musique de Jules Massenet ; création à l'Opéra de Paris le 22 mai 1880. => fiche technique
VIERGES DU NIL (LES)
Opérette en trois actes, livret de Max Eddy et Rumac, musique de Victor Soulaire, créée au théâtre de la Cigale à Paris le 20 novembre 1923.
VIEUX CHÂTEAU (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Scribe, musique de Charles Van der Does, représenté au Théâtre de La Haye en mai 1852.
VIEUX CHÂTEAU (LE) ou LA RENCONTRE
Opéra-comique en trois actes, livret d'Alexandre Duval, musique de Della-Maria, représenté à Feydeau le 15 mars 1798. C'est une pièce assez plaisante et qui pouvait réussir, mais la musique du compositeur marseillais était devenue bien pauvre.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIEUX COQUET (LE) ou LES DEUX AMIS
Opéra-comique en trois actes, musique de Papavoine, représenté à la Comédie-Italienne le 07 septembre 1762.
VIEUX DE LA MONTAGNE (LE)
Opéra en quatre actes, musique de Blangini. Cet ouvrage, écrit pour l'Opéra, n'a pas été représenté.
VIEUX DE LA MONTAGNE (LE)
Drame lyrique en quatre actes et six tableaux, livret de Georges de Dubor et Charles Fuster, musique de Gustave Canoby, représenté au Grand-Théâtre de Bordeaux le 30 décembre 1902.
VIEUX FOUS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Ségur jeune, musique de Ladurner, représenté à Feydeau le 16 janvier 1796. Les journaux du temps en louèrent le chant facile et trouvèrent que l'auteur avait fait preuve, dans les accompagnements, d'une connaissance profonde de l'harmonie. Il faut remarquer que le public de ce temps s'y connaissait fort peu.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIEUX GARÇONS !
Opéra-comique en un acte, livret de Michel Carré fils, musique de Louis Urgel.
Création à la Gaîté-Lyrique le 21 février 1931, avec Mmes Germaine CORNEY (Catherine), REYMOND (Gertrude), MM. G. MOUREAU (Kobbe), CASTIN (van Petersboom), DESCOMBES (van Hoosplott), et MONTIGNI (Fritz), sous la direction de Jules GRESSIER.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 19 juin 1932. Mise en scène de Gabriel Dubois.
Mmes Germaine CORNEY (Catherine), Andrée MOREAU (Gertrude).
MM. Pierre FOUCHY (Kobbe), André BALBON (van Petersboom), Émile ROUSSEAU (van Hoosplott), GÉNIO (Fritz).
Chef d'orchestre : Georges LAUWERYNS.
18 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
VIEUX MAESTRO (LE)
Opérette en un acte, musique d'Edmond Hocmelle, organiste et compositeur aveugle, représentée à Paris, dans un concert, en 1872.
VIEUX PRIX DE ROME (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles Potier, musique de Henri Potier, représenté sur le théâtre de Beaumarchais le 21 juin 1849. Un vieux compositeur a écrit un opéra dont les personnages sont Thalie, Euterpe et les trois Grâces ; mais il a attendu trente ans la représentation de son ouvrage ; aussi n'en a-t-il pas gardé le moindre souvenir, et on le prend pour juge de sa musique. Il va sans dire qu'il finit par la trouver charmante, mais seulement lorsqu'on lui apprend qu'il en est l'auteur. L'idée était assez piquante et a été traduite avec grâce par la muse légère de M. Henri Potier.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIEUX ROI (LE)
Tragédie lyrique en un acte, livret de Remy de Gourmont, musique d’Antoine Mariotte, représentée au Grand Théâtre de Lyon le 28 mars 1913. => détails
VIEUX SOLDAT ET SA PUPILLE (LE)
Opéra-comique en un acte et en vers, livret de Maillot, musique de Froment, représenté au théâtre des Beaujolais le 6 juin 1785.
VIEUX SORCIER (LE)
Opérette en un acte, livret Gabriel de Lurieu et Eugène Bertol-Graivil, musique de Félix Desgranges, représenté au Théâtre-Lyrique de la galerie Vivienne le 06 mars 1896.
VILLA DU SPIRITE (LA)
Opéra italien mis en musique sur le livret français du duc de Dino par Léopold Hackensollner, représenté le 25 avril 1877 au théâtre des Loges, à Florence.
VILLA MÉDICIS (LA)
Comédie lyrique en trois actes, livret et musique de Jules Mazellier, créée au Casino municipal de Nice le 09 avril 1923.
VILLAGEOISE ENLEVÉE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Dubuisson, musique de Bianchi, représenté au Théâtre-Français comique et lyrique en 1790.
VILLE MORTE (LA)
Opéra, livret de Gabriele D’Annunzio, musique de Raoul Pugno et Nadia Boulanger, terminé par Nadia Boulanger (1910-1913).
VIN DE LA CURE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Fernand Sarnette et Delécraz, musique d’A. Krantz, professeur de flûte au Conservatoire de Genève, représenté au Grand-Théâtre de Genève le 18 juillet 1896.
VINCIGUERRA
Opérette en un acte, livret de Eugène Hugot et P. Renard, musique de M. Bottesini ; jouée au théâtre du Palais-Royal en avril 1870. Cette pièce avait d'abord été représentée à Monaco et accueillie favorablement, comme le sont toutes les opérettes, par le public frivole qui fréquente ces villes de plaisance. Il s'agit de la passion romanesque et ridicule d'une noble dame pour un brigand des Abruzzes, nommé Vinciguerra ; mais lorsqu'elle le voit de près, elle est obligée de reconnaître qu'il répond peu à l'objet de ses rêves. Un soupirant de la dame se déguise en bandit, et, prenant les dehors de Vinciguerra, lui tient un tout autre langage, ce qui lui cause quelque perplexité; mais il advient que le faux Vinciguerra est pris pour le vrai, qu'il est arrêté, et qu'en fin de compte la grande dame et lui laissent le brigand regagner ses montagnes et y exercer son joli métier. M. Bottesini est bon musicien, et on sait qu'il est virtuose sur son instrument. Sa musique, tout italienne, est agréable et sans prétention. On a remarqué une jolie valse chantée. On ne s'attendait pas à voir sortir des flancs d'une contre-basse une œuvre aussi légère. Ce petit ouvrage a été chanté par Luguet, Deschamps, Mlles Julia Baron et Peyron.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
VINGT-HUIT JOURS DE CHAMPIGNOLETTE (LES)
Opérette militaire en un acte, livret de Paul Burani, musique de Robert Planquette, représentée à Paris, Théâtre de la République, le 17 septembre 1895.
28 JOURS DE CLAIRETTE (LES)
Vaudeville-opérette en quatre actes, livret d’Hippolyte Raymond et Antony Mars, musique de Victor Roger, représenté aux Folies-Dramatiques le 03 mai 1892, avec Mmes Marguerite Ugalde (Clairette), Stelly (Bérénice), Tusini (Michotte), MM. Guyon fils (Vivarel), Vauthier (Gibard), Guy (Michonnet), Victorin (le capitaine), Georges Mesmaecker (Benoît), Rocher (le vicomte), Vavasseur (Pépin).
« Principaux personnages : Michonnet, gazier, réserviste ; Vivarel, réserviste ; Gibard, maréchal des logis chef ; le capitaine ; Benoît, garçon pâtissier, réserviste ; Clairette, femme de Vivarel ; Bérénice, modiste.
La scène se passe de nos jours, à Paris puis à Montargis.
Vivarel, avocat et hussard dans la réserve, a eu une liaison avec Bérénice, modiste, qu'il a lâchée pour épouser Clairette. Au moment où s'ouvre l'action, il est à la veille de faire une période de 28 jours.
Le premier acte s'ouvre dans la boutique de Bérénice, passage Vivienne. Des modistes sont au travail ; la patronne est sortie. Entre Benoît, le garçon pâtissier, qui vient faire un brin de cour aux jeunes ouvrières. En sortant il croise Michonnet, un garçon gazier, qui, sous prétexte de fuites à boucher, vient se livrer à des occupations du même genre. Michonnet et Benoît sont tous deux sur leur départ : une période de 28 jours les appelle à Montargis.
Michonnet sorti, Bérénice rentre. Elle se plaint d'avoir été lâchée trois mois auparavant par son amant, qu'il lui a été impossible de retrouver. Nous savons que cet amant n'est autre que Vivarel. La patronne passe dans l'arrière-boutique et presque aussitôt arrive une cliente, Clairette Vivarel, qui vient commander des chapeaux. Elle est mariée depuis un mois. Pour choisir ses modèles, les modistes l'emmènent à l'atelier. Vivarel entre à son tour dans la boutique, où sa femme lui a donné rendez-vous. Il ignore que la patronne est son ancienne maîtresse. Mais il l'apprend bientôt, car Bérénice revient et lui saute au cou dès qu'elle l'a reconnu. Le pauvre homme, qui sait sa femme dans une pièce voisine, est dans tous ses états. Il ment pour gagner du temps, essaie en vain de s'esquiver. Il annonce à Bérénice qu'il part pour ses 28 jours à Montargis ; puis, profitant d'une courte absence de la patronne, il va pour sortir. Seulement, sur le pas de la porte, il est arrêté par son marchef Gibard, qui le retient jusqu'au retour de Bérénice. Gibard sait que Vivarel est marié, mais ne connaît pas sa femme. Il se méprend aussitôt et salue en la modiste madame Vivarel. Il part enfin et Bérénice retourne à l'atelier. Mais Vivarel ne doit pas rester seul, paraît-il : sa femme le rejoint aussitôt. Il voudrait bien l'emmener et ne peut cacher son trouble. Clairette a la puce à l'oreille. Pourtant elle doit chercher son chapeau à l'atelier. Quand elle est sortie, afin d'éviter une rencontre des deux femmes, Vivarel ferme à clé la porte de la chambre où se trouve Bérénice.
Retour de Michonnet, suivi bientôt de Benoît. Les deux amateurs de petites modistes se querellent et finissent par en venir aux mains, en dépit des efforts de Vivarel pour les calmer. Le bruit de la dispute attire les curieux, tout le monde rentre en scène sauf Bérénice, qu'on entend frapper violemment à la porte. Finale mouvementé, à la faveur duquel Vivarel peut enfin emmener sa femme.
Le second acte se passe dans la cour de la caserne de cavalerie à Montargis. Scène de service intérieur où l'on voit divers types de réservistes. Il paraît qu'il en manque un à l'appel : un nommé Benoît. Gibard et Vivarel reparaissent, tous deux en uniforme cette fois. Gibard raconte à Vivarel que dans le train il a chauffé fortement une très jolie femme qui se rendait à Angoulême. Or c'est à Angoulême que Clairette devait aller prendre patience pendant les 28 jours de son mari. Et nous apprendrons bientôt que c'est bien Clairette devant qui Gibard a galamment mis le siège.
Resté seul un instant, le pauvre Vivarel voit arriver... Bérénice, qui le relance jusqu'à Montargis. Gibard, qui survient et qui la croit femme de Vivarel, la présente en cette qualité à tout l'escadron. Le capitaine emmène la pseudo-Mme Vivarel faire le tour du quartier.
Arrive Clairette, qui n'a pas trouvé à Angoulême la tante qu'elle allait surprendre et qui a eu l'idée de venir rejoindre son mari. Gibard la voit, la reconnaît pour sa compagne de voyage et poursuit activement son offensive. Il apprend incidemment à la légitime que Vivarel est à Montargis... avec sa femme ! Clairette n'est pas tolérante en pareille matière ; c'est du reste une luronne, experte en tous les sports. Elle promet de se venger. Gibard, convaincu que Bérénice est la femme de Vivarel, prend Clairette pour sa maîtresse et en voulant arranger les affaires, mettra désormais les pieds dans tous les plats.
L'entrevue entre Clairette et Vivarel suit immédiatement. Le malheureux mari s'embourbe de plus en plus et Gibard rend sa situation plus intenable en faisant à Clairette une cour assidue, dans l'excellente intention de débarrasser son ami de cette « ancienne » compromettante. Il réussit à cacher la nouvelle venue dans un bureau avant le retour de Bérénice. Or dans ce bureau se trouve l'uniforme du nommé Benoît, qui n'a pas répondu à l'appel. Clairette tient sa vengeance : elle endosse promptement l'uniforme et se présente comme le réserviste défaillant, à la stupéfaction de Vivarel, qui n'ose rien dire.
Comme elle est sortie arrive le vrai Benoît, qui avait manqué le train. Que faire ? Gibard et Vivarel sont très ennuyés. Le plus pressé est de se débarrasser du vrai Benoît ; ce qu'ils font en l'envoyant en prison, à tout hasard ! L'acte se termine sur un duel entre Clairette-Benoît et Michonnet ; la première ayant giflé le second, efface cet outrage en blessant le pauvre Michonnet dans le dos. Mais la vue du sang a fait défaillir Clairette, et en lui portant secours, Bérénice découvre le pot aux roses : ce réserviste est une femme ! Elle ne dit mot cependant, mais se promet de suivre attentivement les événements.
Au troisième acte, le théâtre est coupé en deux et représente deux chambres d'un château délabré des environs de Montargis, où les hussards sont en manœuvres. Dans le compartiment de gauche Vivarel et Gibard essaient vainement de se réchauffer. Vivarel s'efforce, sans succès, de détromper Gibard et de le convaincre que Clairette est sa femme, tandis que Bérénice n'est que son ex-maîtresse. Gibard voit là une manœuvre d'homme jaloux. Le pauvre Vivarel se ronge de souci à la pensée que Clairette partage peut-être à cette heure le lit de quelque camarade de cantonnement !
Dans la pièce voisine, on finit par installer, après diverses péripéties comiques, Michonnet et Clairette, qui doivent partager l'unique lit disponible. Les deux adversaires sont tout à fait réconciliés. Mais Michonnet trouve drôles les façons que fait le pseudo-Benoît pour coucher avec lui. Finalement, Clairette s'en va seule dans un cabinet voisin et Michonnet reste seul possesseur du lit. Auparavant, par un vasistas, Vivarel avait aperçu sa femme de l'autre côté de la paroi. Pour la retrouver il a suivi à tâtons le corridor et entre maintenant dans la pièce obscure. Il envoie Michonnet dans le cabinet et en fait sortir Clairette. Scène de famille, qui est épiée par Gibard à travers le vasistas, puis interrompue par le dit Gibard au moment où elle tourne à l'aigre : Clairette gifle son mari devant Gibard et Michonnet ébahi. Ce dernier était rentré dans la chambre attiré par le bruit. Quand il voit un hussard gifler un gradé, il appelle le poste et fait arrêter Benoît-Clairette, qui passera en conseil de guerre.
Le quatrième acte est celui où tout s'arrange. En l'état où sont les choses, il n'était pas facile d'amener le dénouement. Nous sommes dans le parc du château. Benoît-Clairette est prisonnière dans l'orangerie et c'est Michonnet qui monte la garde devant la porte. Le malheureux est bourrelé de remords à l'idée qu'il sera peut-être cause de la mort de son camarade. Il voudrait bien le faire évader et fait porter par une servante dans l'orangerie des vêtements de femme que lui prête une paysanne.
Arrivent Gibard et Vivarel, tous deux également désireux de faire filer Clairette. Ils commencent par renvoyer Michonnet, puis ouvrent la porte de l'orangerie dont ils voient, à leur stupéfaction, sortir Clairette en costume de villageoise. Elle consent à s'en aller, mais ne renonce pas à se venger. Comme elle s'éclipse, entre Benoît, le vrai Benoît, qui ne sort d'un cachot que pour entrer dans un autre. Il réclame son uniforme. Or cet uniforme, Clairette l'a laissé dans l'orangerie. Vivarel et Gibard y envoient l'infortuné, qui passera ainsi en conseil de guerre pour couronnement de toutes ses infortunes.
Entre temps, une explication a lieu entre Vivarel et Bérénice au sujet du hussard qui est une femme. Gibard, toujours désireux d'arranger les affaires, déclare à Bérénice que ce hussard est la maîtresse de Vivarel. La modiste jure à son tour de se venger : et de deux !
Mais il est temps de procéder à l'interrogatoire de Benoît, qui comparaît devant le capitaine complètement abruti par tous ces événements auxquels il ne comprend goutte. Bérénice le dénonce comme femme au capitaine, et l'interrogatoire devient une série de réjouissantes calembredaines. Benoît se voit convaincu d'être un faux Benoît. On ne sait comment tout cela finirait si l'on n'amenait Clairette, arrêtée comme Benoît tentant de s'évader sous un déguisement. Désormais tout va s'expliquer : Benoît reprendra son sexe, Clairette sa place de légitime et Bérénice consolera probablement Gibard. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
VIOL DE LUCRÈCE (LE)
[The Rape of Lucretia]
Opéra anglais en deux actes, livret de Ronald Duncan, d'après le Viol de Lucrèce, drame d'André Obey ; version française de Georges Dalman ; musique de Benjamin Britten.
Personnages : Collatinus, général romain (basse) ; Tarquinius, prince étrusque (baryton) ; Junius, général romain (baryton) ; Lucrèce, femme de Collatinus (alto) ; Bianca, nourrice de Lucrèce (mezzo-soprano) ; Lucia, servante de Lucrèce (soprano) ; Deux « chœurs » à une seule voix (récitants) (soprani et ténors).
Création à l'Opéra de Glyndebourne le 12 juillet 1946.
Première en français à Bruxelles le 09 juin 1947.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 04 novembre 1971 (série de 7 représentations les 04, 06, 07, 12, 14 et 18 novembre et 12 décembre 1971), dans la version française, décors, costumes et mise en scène de Roger Lalande. (Production du Grand Théâtre de Bordeaux).
Mmes Berthe MONMART [04, 06, 07, 12, 14 nov.] et Dany BARRAUD [18 nov., 12 déc.] (la Récitante), Francine ARRAUZAU [04, 06, 07 nov., 12 déc.] et Danièle MILLET [12, 14, 18 nov.] (Lucrèce), Geneviève MACAUX (Bianca), Patricia DUPONT [04, 06, 07 nov., 12 déc.] et Michèle CLAVERIE [12, 14, 18 nov.] (Lucia).
MM. Michel SENECHAL [04, 06, 07, 12, 14 nov.] et Michel CADIOU [18 nov., 12 déc.] (le Récitant), Michel ROUX (Collatinus), Claude CALES [04, 06, 07, 12, 14 nov.] et Michel LLADO [18 nov., 12 déc.] (Taquinius), Jean-Pierre LAFFAGE [04, 06, 07, 12, 14 nov.] et Franck SCHOOTEN [18 nov., 12 déc.] (Junius).
Direction musicale : Jean-Claude CASADESUS.
7 représentations à l'Opéra-Comique en 1971, soit 7 au 31.12.1972.
Résumé.
Lucrèce, la chaste épouse du général romain Collatinus, subit l'outrage du prince étrusque Tarquinius, et sa honte la conduit au suicide.
Deux témoins, le « chœur soprano » et le « chœur ténor » assistent à l'action, la commentent et en traduisent la signification au point de vue chrétien.
ACTE I.
INTRODUCTION : Le chœur (ténor) situe le drame dans l'histoire romaine, à l'époque de la domination étrusque, puis le chœur (soprano) en rapporte la signification à l'éthique chrétienne.
SCÈNE 1. — La tente des généraux dans la campagne. — Après la description par le chœur (ténor) du camp endormi, les généraux Collatinus et Junius, ainsi que le prince étrusque Tarquinius apparaissent dans leur tente. Ils boivent et discutent du vin, puis de leur femmes dont la conduite en leur absence laisse à désirer, à l'exception de celle de Lucrèce, la chaste épouse de Collatinus.
Junius, demeuré seul, estime que Collatinus est un homme heureux. Tarquinius revenu, la conversation reprend au sujet de Lucrèce, dont Tarquinius conçoit le désir d'éprouver la vertu. Junius va se coucher. Tarquinius, agité et inquiet, réclame bientôt son cheval.
INTERLUDE : Le chœur (ténor) décrit la chevauchée nocturne de Tarquinius vers Rome.
SCÈNE 2. — Une pièce dans la demeure de Lucrèce, à Rome, le même soir. — Le chœur (soprano) introduit la scène où l'on voit Lucrèce rêvant à Collatinus, tandis que Blanca, sa vieille nourrice, et Lucia la servante, filent.
Bientôt Tarquinius arrive et demande à Lucrèce une hospitalité qu'elle ne peut lui refuser.
ACTE II.
INTRODUCTION : Le chœur (soprani), citant Virgile, fait l'historique de la prospérité des Etrusques. On entend retentir des voix qui symbolisent l'insécurité générale régnant dans Rome, puis le rideau s'écarte.
SCÈNE 1. — La Chambre à coucher de Lucrèce. — Lucrèce dort. Tarquinius fait irruption dans la pièce. Lucrèce le prend tout d'abord pour son époux nuitamment revenu, puis, reconnaissant Tarquinius, se défend jusqu'au moment où l'Etrusque la tient à sa merci... Le rideau tombe rapidement.
INTERLUDE : Les deux chœurs (soprani et ténors) implorent la pitié divine durant l'acte du viol.
SCÈNE 2. — Une salle dans la demeure de
Lucrèce, le lendemain, au petit jour. — Lucia et Bianca décorent de fleurs
le hall de la maison.
Lucrèce entre, demandant à Lucia d'envoyer immédiatement un message de rappel à
Collatinus.
Bientôt, on frappe à la porte et Collatinus, très inquiet, arrive avec Junius. Bianca le rassure et Junius fait de même, lui avouant toutefois que, la veille au soir, Tarquinius, jaloux de Collatinus, est sorti, fort tard, du camp...
Lucrèce paraît, vêtue de deuil. Elle dit sa honte, son désespoir, et se poignarde devant son époux disposé cependant à oublier. Les assistants expriment leur désespoir en s'agenouillant autour du cadavre de Lucrèce. Maintenant, tout semble bien fini...
POSTLUDE. Non ! déclarent les deux chœurs, qui, dans une envolée grandiose en sa parfaite simplicité, donnent à la tragique aventure de Lucrèce un prolongement transcendant et sublime...
VIOLETTA — Voir la Traviata.
VIOLETTE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique de Michele Enrico Carafa et Aimé Simon Leborne. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 07 octobre 1828 avec Zoé Prévost (Euriante).
« Le livret a été écrit par Planard, d'après le roman du comte de Tressan, intitulé : Gérard de Nevers. Tout en applaudissant à la facilité mélodique du compositeur, on peut lui reprocher d'avoir laissé, dans cet ouvrage, trop de traces de négligence. Un des motifs de la Violette a servi de thème à des variations brillantes, composées pour le piano par Henri Herz ; ces variations ont fait le tour du monde. On ne connaît plus depuis longtemps l'opéra que par le morceau de piano. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIOLETTE DE MONTMARTRE
[Das Veilchen vom Montmartre]
Opérette viennoise en trois actes, livret de Julius Brammer et Alfred Grünwald ; version française de Max Eddy et Jean Marietti ; musique d’Emmerich Kálmán.
Création à Vienne, Johann Strauss Theater, le 28 mars 1930.
Première représentation en français, à Marseille, Variétés, le 12 octobre 1932.
Première à Paris, théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 20 décembre 1935 avec Mmes Lotte Schœne (Violette), Louisette Rousseau (Ninon), Blanc (Bébé) ; MM. Villabella (Raoul), Edmond Castel (Picassiette), Florencie (le ministre), René Novan (Florimond), Jean Riveyre (Charles Jacques), Marco Behar (Parigi).
« Encore une tisane extraite des feuilles un peu desséchées de la Vie de bohème de Murger, c'est-à-dire une imitation un peu pâle qui nous revient d'Europe centrale. Une pauvre chanteuse des rues, Violette, est recueillie par un trio de bohèmes, devient chère au peintre lâché par sa maîtresse pour un fastueux ministre, sauve la situation lorsque les deux autres compagnons poète et musicien font représenter leur première œuvre, et finit par arriver à ses fins, c'est-à-dire à être l'élue de son barbouilleur. Tout cela n'est pas neuf ; la musique sentimentale de E. Kalman ne l'est pas davantage ; elle va de romance en romance et ne prend un peu de gaîté qu'au dernier acte. Sans médire de Mme Lotte Schœne, la vedette, on peut avancer qu'elle n'est pas particulièrement destinée ni par son physique ni par sa prononciation à jouer les Montmartroises ; et comme M. Villabella possède aussi une diction particulière, on ne pouvait manquer de s'apercevoir que cette nouvelle œuvre arrivait d'au delà des frontières. » (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
VIOLIER (LE)
Opéra-comique, musique de M. Van Hoey, représenté à Malines vers 1872.
VIOLON DE CRÉMONE (LE)
Opéra-comique, musique de Camille Durutte, représenté à Metz le 10 mars 1865.
VIOLON DE CRÉMONE (LE)
Opéra en un acte, livret tiré de la comédie de François Coppée, musique de Jeno Hubay, représenté à Bruxelles en 1894.
VIOLON DE STRADIVARIUS (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de M. Alexandre, d'après le conte d'Hoffmann, musique de M. Ginouvès, représenté au théâtre Michel, à Marseille, le 30 juin 1877. Chanté par Gueidan, Amphoux, Pons ; Mlles Crudère et Guichenné.
VIOLON ENCHANTÉ (LE)
Opéra en un acte, musique de M. Deldevez (inédit).
VIOLON MAUDIT (LE)
Drame lyrique, musique de Jaques-Dalcroze, représenté en janvier 1893 au théâtre de Genève, avec Mlle Philippon et M. Imbart de la Tour dans les deux principaux rôles.
VIOLONEUX (LE)
Légende bretonne en un acte, livret d’Eugène Mestépès et Emile Chevalet, musique de Jacques Offenbach.
Création au Théâtre des Bouffes-Parisiens (Champs-Elysées) le 31 août 1855, par Mme Hortense SCHNEIDER (Reinette), MM. Joseph DARCIER (le Père Mathieu), et BERTHELIER (Pierre), sous la direction de Jacques OFFENBACH.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 14 décembre 1901.
Mme TIPHAINE (Reinette).
MM. Lucien FUGÈRE (Père Mathieu), CARBONNE (Pierre).
Chef d'orchestre : GIANNINI.
2 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Il fallait entendre Darcier chanter les couplets du Violoneux ; que de larmes il avait dans la voix au début de ce morceau si touchant, et avec quel art il arrivait à l'explosion pathétique du refrain ! Cette musique est vraiment une belle musique, et ce chanteur un beau chanteur. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« Cette pièce est amusante ; on a remarqué les couplets de Berthelier : Conscrit, conscrit, je suis conscrit ; la ronde du violoneux, chantée par Darcier, et le duo du militaire, par cet artiste et Mlle Schneider. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VIPÉRINE (LA)
Opérette en un acte, livret de William Busnach et Jules Prével, musique de Jean-Jacques Debillemont, représentée aux Folies-Marigny le 19 octobre 1866.
VIRGINIE
Comédie lyrique en trois actes, livret de Henri Duvernois, musique d’Alfred Bruneau.
Créée à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 09 janvier 1931 (répétition générale publique le 05 janvier) ; mise en scène de Pierre Chereau ; décors et costumes de M. Martin.
Mmes Yvonne BROTHIER - débuts - (Virginie Déjazet), Aimée MORTIMER (Rosette).
MM. VILLABELLA (Marcel), ROUARD (Senneval), A. HUBERTY (le Comte), RAMBAUD (Théodore), GILLES (Amaury), DALERANT (Gaspard), FROUMENTY (le Maître), NEGRE (le Dieu), GUYARD (l'Huissier).
Mmes HAMY, REX, BLANCHARD, Irène MARIN (les Grisettes).
MM. LUCCIONI, JOBIN, BOINEAU, ERNST, GUYARD (Rapins).
Au 2e acte, « Divertissement » réglé par Albert AVELINE : Mlles Camille BOS (une Marguerite), Suzanne LORCIA (une Fleur Rare), CEBRON (la Rosée), M. Serge PERETTI (le Papillon) et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
7e à l’Opéra, le 2 février 1931, avec les créateurs.
7 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Dans un atelier de peintre, dont le modèle est emprunté à un tableau d'Horace Vernet, des rapins de fantaisie, chantant, plaisantant, accueillent un nouveau venu qui se présente sous le nom de Marcel Dupont et qui est en réalité fils d'un pair de France. La jeune Virginie Déjazet, amie d'un des rapins trouve le nouveau venu à son goût. La réciproque est vraie, et elle est engagée par le pair de France pour une soirée. L'acte chez celui-ci donnera ainsi prétexte à un ballet, et à divers mouvements de comédie assez adroit. Au dernier acte Virginie revient souper avec ses camarades, et déjà séduite par sa vision d'un autre monde elle abandonne son pauvre Senneval pour le riche jeune nomme. Quelques chansons, assez banales, mais dans le style de Charles X, si l'on peut ainsi parler, ont été favorablement accueillies. Les meilleures pages sont sans doute les pages purement orchestrales : une polka, un quadrille. L'instrumentation est extrêmement discrète mais fort bien équilibrée. Dans le ballet, M. Peretti a dansé avec beaucoup d'élégance le rôle d'un papillon. »
(Larousse Mensuel Illustré, février 1931)
VIRGINIE ou LES DÉCEMVIRS
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Désaugiers aîné, musique d'Henri Montan Berton, ballets de Gardel. Création au Théâtre de l'Opéra le 11 juin 1823, avec Mmes Grassari (Virginie), Branchu (Valérie), MM. Dérivis (Appius), Nourrit (Icile), Dabadie (Virginius). => partition
« Le sujet de cette tragédie lyrique est le tyrannique abus d'autorité qui occasionna la chute des décemvirs à Rome. Virginie, dont le père est actuellement à l'armée, va épouser le tribun Icile. Appius, l'un des dix magistrats suprêmes de la république, épris de la jeune fille, la fait réclamer par Claudius, son client, comme étant née d'une des esclaves de ce Claudius. Le secours des lois est invoqué de part et d'autre, mais c'est au tribunal d'Appius lui-même que la cause est portée ; et il adjuge Virginie à son client. Cependant Icile s'est hâté de faire avertir Virginius de l'affaire. Ce père infortuné a aussitôt quitté l'armée, pour venir lui-même défendre sa fille. Ses droits sont méconnus. Ne pouvant parvenir à émouvoir en sa faveur une multitude stupide que les tyrans font trembler, il soustrait son enfant à l'infamie en lui donnant la mort. Ce sujet froidement atroce n'a jamais parfaitement réussi sur notre théâtre. M. Désaugiers s'est cependant assez habilement tiré des plus grandes difficultés ; et la belle musique de l'auteur de Montano, d'Aline, etc. a décidé le succès de l'ouvrage. »
[Almanach des spectacles, 1824]
« C'était le quarante-septième ouvrage dramatique de ce fécond compositeur. Il renfermait encore quelques parties intéressantes sous le rapport de l'harmonie. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra n'obtint qu'un succès d'estime. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VIRGINIE ANGOT
Opérette en un acte, musique de M. Muller, représentée au concert des Porcherons en octobre 1874.
VIRTUOSES DU PAVÉ (LES)
Bouffonnerie musicale en un acte, livret de William Busnach, musique d'Auguste L'Éveillé, représentée aux Folies-Marigny le 19 avril 1864. Reprise au Théâtre Déjazet en novembre 1874.
VISION DE DANTE (LA)
Poème lyrique en trois parties, avec prologue et épilogue, livret d’Eugène Adenis et Édouard Adenis, musique de Max d'Ollone, exécuté au Conservatoire le 05 novembre 1899.
« Cet ouvrage, offert au public par les soins de l'Académie des Beaux-Arts, avait obtenu le prix Rossini en cette année 1899. Le livret, suffisamment lyrique dans la forme, montre Dante, après la mort de Béatrix, visitant, sous la conduite de Virgile, l'enfer et le purgatoire, puis, confié par celui-ci aux trois vertus théologales, la Foi, l'Espérance es la Charité, montant seul au paradis, où il retrouve, entourée d'une légion d'anges et de séraphins, celle qu'il a tant aimée. « Ce ciel, lui dit-elle, est notre temple. Notre hymen, commencé dans l'ombre de la terre, va s'achever au ciel dans la lumière. » Puis on entend un chant nuptial, et, suivis du cortège céleste, Dante et Béatrix montent vers l'infini.
Il y avait dans ce sujet de quoi inspirer un musicien, et M. d'Ollone en a su tirer un bon parti. Sa partition est fort intéressante, très élégamment écrite et souvent heureusement inspirée. Que cette inspiration ne soit pas toujours d'une nouveauté absolue, cela n'a rien sans doute qui doive étonner, et ce n'est pas à un compositeur à ses débuts que l'on peut demander une forte dose d'originalité. Or, M. d'Ollone est un vrai « jeune », ayant obtenu le grand prix de Rome en 1897. Mais ce qui est intéressant, c'est que M. d'Ollone chante et sait chanter, c'est que, tout en ayant un excellent orchestre, il ne lui sacrifie pas les voix, qu'il sait au contraire mettre en leur place et dans tout leur relief, c'est qu'enfin il n'est pas dans le courant d'idées bizarres et meurtrières qui emporte depuis quelques années la plupart de nos jeunes musiciens. La musique de la Vision de Dante contient vraiment des pages les unes charmantes, les autres remarquables, toutes écrites d'une plume sûre d’elle-même et qui ne laisse rien au hasard. Le premier chœur du prologue, d'une forme simple et d'une jolie couleur, est suivi d'un très heureux fragment symphonique, où brillent les violons et les harpes. Toute la scène de l'enfer, avec le chœur des damnés, est d'une bonne venue, d'un excellent sentiment dramatique, et se développe sur un orchestre tourmenté, expressif, mais sans aucun excès. Ce qui est charmant, c'est l'épisode où Paolo et Francesca racontent à Dante leur histoire, le récit de Paolo se déroulant mélancoliquement sur un solo de violon, celui de Francesca sur un solo de violoncelle ; cela est délicieux. A signaler encore, dans la seconde partie, l'appel de Virgile aux trois vertus théologales, sur une phrase ample, onduleuse et d'un beau style, puis, dans la troisième, le salut de Dante à Béatrix, le chœur des anges joliment accompagné par les violons, et toute la scène finale, qui est d'une belle envolée et d'un grand caractère. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
VISION DE JACOB (LA)
Oratorio, musique de Marcel Dupré, exécuté à Rouen en mai 1901.
VISION DE MÔNA (LA)
Légende lyrique en deux actes, livret de Gustave Desveaux-Vérité et Jean Fragerolle, musique de Louis Dumas. Création au Théâtre de l'Opéra le 21 octobre 1931. => détails
VISIONNAIRE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Lorin et Perrot, musique de Hignard, représenté sur le théâtre de Nantes le 18 janvier 1851.
VISITANDINES (LES)
Comédie en deux actes mêlée d’ariettes, livret de Louis-Benoît Picard, musique de François Devienne.
Création au Théâtre Feydeau le 07 juillet 1792, avec Julie Scio (Euphémie) et Jean-Blaise Martin (Frontin), sous la direction de La Houssaye.
Première à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 17 septembre 1801.
Reprise à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 05 mars 1825 sous le titre du Pensionnat de jeunes demoiselles dans une version en deux actes, avec un livret retouché par Jean-Baptiste-Charles Vial.
La Régie de la salle Favart considère comme « première » de cette œuvre la représentation de la reprise du 19 août 1830 (salle Ventadour), effectuée sous le titre des Visitandines et dans la version originale.
Reprise à l'Opéra-Comique du 15 mai 1900 (110e représentation).
Mmes LAISNÉ (Sœur Euphémie), PIERRON (l'Abbesse), Jeanne MARIÉ DE L'ISLE (la Tourière), CHARPANTIER (Sœur Agnès), COSTES, débuts (Sœur Augustine), MICAELLY (Sœur Victorine), DARMIÈRE (Sœur Joséphine), DAFFETYE (Sœur Ursule).
MM. Léon DAVID (Belfort fils), DELVOYE (Frontin), ROTHIER (Belfort père), François-Antoine GRIVOT (Grégoire), BELHOMME (un Cocher).
Chef d'orchestre : Georges MARTY.
112 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 3 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Une version, avec texte retouché par Hyacinthe Albertin, avait été présentée au théâtre de l’Odéon le 23 juin 1825, sous le titre : les Français au sérail.
Représenté au Théâtre-Lyrique (alors Opéra-National, salle du Théâtre-Historique) le 11 février 1852 sous le nom : le Pensionnat de Jeunes Demoiselles. 16 représentations en 1852.
« On ajouta un troisième acte, mais il fut supprimé. Cette pièce a dû sa célébrité aux circonstances. Les Visitandines eurent la vogue jusqu'à l'époque où ce genre de sujets fut interdit au théâtre. Le livret offre quelques scènes fort comiques ; mais presque partout l'invraisemblance le dispute au mauvais goût. On n'y rencontre aucune situation de nature à émouvoir le spectateur. Le livret du Domino noir a été mieux conçu sous ce rapport par M. Scribe pour le compositeur. La méprise du valet prenant un couvent pour une auberge, le coup de cloche des matines étouffant la voix de l'amant qui veut chanter une romance, la scène des deux ivrognes, contribuèrent au succès de l'ouvrage. Quand on relit la partition des Visitandines, on ne peut qu'attribuer aux idées du temps et au choix du sujet le long succès de cet ouvrage. La musique en est plate, commune, sans caractère. Ce sont des airs de vaudeville, des passe-partout. Si on en excepte la romance d'Euphémie, chantée avec accompagnement de harpe :
Dans l'asile de l'innocence,
Amour, pourquoi m'embraser de tes feux ?
Eloigne-toi ; la froide indifférence
Doit seule régner dans ces lieux.
qui pourrait supporter aujourd'hui les paroles et la musique du rondeau de Belfort : Enfant chéri des dames, de l'air Qu'on est heureux de trouver en voyage, chanté par Frontin, et des couplets du père Hilarion : Un soir de cet automne ? Les Visitandines ont reparu à l'Opéra-Comique après la Restauration sous le titre de Pensionnat de jeunes demoiselles, le 5 mars 1825, retouchées par Vial, et à l'Odéon sous celui-ci : les Français au sérail, le 28 juin 1825, retouchées encore par Hyacinthe Albertin. Le rôle de Frontin a été chanté par Martin. Le Pensionnat de jeunes demoiselles a été repris à l’Opéra-National le 11 février 1852. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le Pensionnat de Jeunes Demoiselles a été représenté à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 11 février 1852. Ce sont les Visitandines (de 1792) amendées et converties à une demi-vertu. Le livret trop scabreux de Picard avait été retouché en 1825 par Vial, à l'usage de l'Opéra-Comique ; il le fut encore la même année par Albertin ; et cette dernière édition corrigée passa au répertoire de l'Odéon, sous le titre de : les Français au Sérail. — La partition contient les deux airs populaires : Qu'on est heureux de trouver en voyage... et Enfant chéri des dames... — Les Visitandines ont été reprises pour la dernière fois, et sous leur vrai titre, en 1872, aux Folies-Bergère. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
VIVANDIÈRE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri Cain, musique de Benjamin Godard (orchestration terminée par Paul Vidal).
Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 01 avril 1895. Mise en scène de Léon Carvalho. Costumes de Théophile Thomas.
Mmes Marie DELNA (Marion), LAISNÉ (Jeanne).
MM. Edmond CLÉMENT (Georges), Lucien FUGÈRE (la Balafre), Eugène BADIALI (Capitaine Bernard), MONDAUD (Marquis de Rieul), T. THOMAS (Lafleur), E. THOMAS (André), HUET (Lieutenant Vernier), RAGNEAU (un Paysan), LACROIX (le Tambour-Maître).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
Reprise à l'Opéra-Comique du 14 juin 1902 (85e représentation). Distribution de la création, sauf : Mme EYREAMS (Jeanne). MM. Jean PÉRIER (Capitaine Bernard), Jean BOURBON (Marquis de Rieul), Georges MESMAECKER (Lafleur), JAHN (André), Etienne TROY (Lieutenant Vernier), IMBERT (un paysan) et Alexandre LUIGINI au pupitre.
Cet ouvrage a connu une carrière à la Gaîté-Lyrique où l'Opéra-Comique le créa le 01 octobre 1907 avec Mmes Marie DELNA (Marion), Lucy VAUTHRIN (Jeanne), MM. David DEVRIES (Georges), JACQUIN (La Balafre), ROSSEL (Capitaine Bernard), BOURGEOIS (Marquis de Rieul) sous la direction d'Auguste AMALOU.
Reprise, salle Favart, du 13 décembre 1914 (94e représentation).
Mmes Marie DELNA (Marion), Lucy VAUTHRIN (Jeanne).
MM. PAILLARD (Georges), André ALLARD (La Balafre), Jean PÉRIER (Capitaine Bernard), GHASNE (Marquis de Rieul), Georges MESMAECKER (Lafleur), BERTHAUD (André), BELHOMME (Lieutenant Vernier), HUET (un Paysan).
Chef d'orchestre : Paul VIDAL.
La 100e représentation à l'Opéra-Comique eut lieu, sans que les services de la Régie l’aient officiellement atteinte, le 18 février 1915 avec la distribution ci-dessus, sauf Mlle VAULTIER (Jeanne)
104 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 20 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Première au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles, le 21 mars 1896, par Mmes ARMAND (Marion), Catherine MASTIO (Jeanne), MM. BONNARD (Georges), GILIBERT (le sergent La Balafre), CADIO (capitaine Bernard), DANLÉE (le marquis de Rieul), CAISSO (le soldat Lafleur), DISY.
« Il s'agit ici d'un épisode romanesque de la guerre de Vendée. Un détachement de troupes républicaines arrive dans un village ; les soldats ont faim, mais ne trouvent rien à manger, et Marion, la vivandière, n'a rien à leur donner. Arrive le jeune Georges de Rieul, fils du riche propriétaire d'un château voisin, libéral et patriote, autant que son père est royaliste et réactionnaire. Georges fait distribuer des vivres aux soldats, ce qui n'est point du goût de son père, dont la colère est telle qu'elle le pousse jusqu'à maudire son fils. Le jeune homme est désespéré, et, sur le conseil de la vivandière, suit les troupes et s'enrôle dans l'armée révolutionnaire ; en même temps, la gentille Jeanne, une jeune orpheline aimée de Georges et qui lui rend son amour, se joint à Marion à qui elle servira d'aide.
Les combats ont commencé entre les bleus et les blancs. Seule, une petite troupe de ceux-ci tient encore la campagne. On s'apprête à la débusquer du village qu'elle occupe, lorsque Marion apprend qu'elle est commandée par le marquis de Rieul. Le père et le fils peuvent se trouver face à face, l'un peut tuer l'autre !... Elle frémit à cette pensée, et s'arrange de façon que Georges soit dans l'impossibilité de prendre part à l'assaut du village. L'assaut est donné, et le marquis est fait prisonnier. Georges l'apprend, et veut risquer sa vie pour sauver son père, qui doit être fusillé. Marion l'écarte, en lui disant qu'elle se charge de tout. Elle protège en effet la fuite du marquis, qui s'échappe. Mais tout est découvert, et c'est Marion elle-même qui sera peut-être fusillée, lorsque arrive un décret de la Convention accordant amnistie pleine et entière à tous les rebelles.
Sur ce drame très bien mis en scène et dont l'émotion est très sincère, le pauvre Godard, dont ce fut la dernière œuvre, avait écrit une partition très franche, très vivante, très mouvementée, et merveilleusement adaptée au sujet. Il n'eut pas le temps d'y mettre la dernière, main et d'en achever l'orchestration, qui fut terminée très adroitement et très heureusement par M. Paul Vidal. Plusieurs morceaux sont à signaler dans la musique, bien venue et franche du collier de la Vivandière. Au premier acte, les excellents couplets de Marion : Viens avec nous, petit, le duo des amoureux, et la scène de la malédiction, qui est très bien traitée. Au second, les couplets comiques du sergent La Balafre, une scène charmante et pleine d'émotion entre Marion et Jeanne, la prière des deux femmes, la lecture de la lettre faite par Marion, qui tire vraiment les larmes des yeux, le récit militaire de La Balafre : En avant ! dont l'arrangement produit un effet prodigieux, et la scène de Marion avec le capitaine, qu'elle supplie de ne pas envoyer Georges à l'assaut et qui est très dramatique. Enfin, au troisième acte, la danse grotesque établie sur l'air de la Fricassée, la jolie phrase du duo des amoureux : Dans mes regards troublés, un joli mélodrame symphonique, un nouveau duo entre Marion et le capitaine, quand elle lui apprend, au péril de sa vie, que c'est elle qui a délivré le marquis, et la scène finale, dans laquelle on perçoit un souvenir du Chant du départ. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Georges de Rieul, fils du marquis de Rieul ; le marquis de Rieul ; André, frère de Georges ; le capitaine Bernard ; le sergent La Balafre ; Marion, vivandière ; Jeanne, la fiancée de Georges.
La scène se passe en 1794 aux environs de Nancy, puis en Vendée.
Pièce militaire et héroïque, qui pèche un peu par manque d'unité d'action.
Les troupes de la République rentrent victorieuses de Mayence. Elles arrivent vers le soir près du château du marquis de Rieul, un royaliste enragé, qui vit là avec ses deux fils Georges et André, ainsi qu'avec une sorte de fille adoptive ou de parente pauvre, Jeanne, bonne personne que tout le monde chérit dans le pays. Entre Georges et Jeanne existe un attachement profond, mais les jeunes gens ont peur du marquis. Georges est en outre en désaccord d'idées avec son père. Il est patriote avant tout et n'a pas d'attaches sérieuses avec l'ancien régime. Aussi quand la troupe arrive affamée, la reçoit-il fort bien en l'absence de son père et lui fait-il distribuer des vivres.
Marion, la vivandière, est adorée des soldats. Elle a fait toutes leurs campagnes, et tous se feraient volontiers tuer pour elle. Georges et Jeanne lui sont bien vite sympathiques. Elle décide Georges à s'enrôler, puis s'éloigne avec sa compagnie.
Georges resté seul est rejoint par Jeanne. Duo d'amour. Mais survient le marquis, courroucé de ce qu'on ait reçu des soldats républicains dans sa demeure. De l'explication entre le père et le fils résulte une rupture. Le marquis renie son fils et déclare qu'il sera désormais pour lui un étranger. Jeanne ayant essayé d'intervenir est rudement remise à sa place, puis renvoyée. La pauvre fille se désespère quand repasse Marion, qui comprend vite et la recueille dans sa voiture.
Au second acte, la troupe dont nous avons fait connaissance guerroie en Vendée. Il y a là toutes nos vieilles connaissance : le capitaine Bernard, le sergent La Balafre, Marion ! mais il y a en plus le sergent Georges, connu sous son seul prénom. Il y a aussi Jeanne, son amie. Et tous deux forment avec Marion comme une famille.
Le pays est à peu près pacifié. Seul un village tient encore, mais demain il sera réduit à son tour. Celui qui le défend est un forcené, le ci-devant marquis de Rieul. Par bonheur, Georges, qui ne fait que d'arriver, ignore ce détail. Mais Marion l'a appris et elle veut à tout prix empêcher que le père et le fils se trouvent face à face. Cependant c'est à Georges que doit incomber la tache de conduire l'attaque ; mais Marion aborde le capitaine Bernard. Elle ne lui dit pas tout de suite la vraie raison de sa requête, mais voyant qu'elle n'obtient rien sous de faux semblants, elle révèle au capitaine l'horrible vérité. Celui-ci comprend maintenant et il cède. Il charge Georges d'une mission à Fougères, où il s'agit d'aller chercher des renforts. Georges renonce avec peine à monter à l'assaut, mais il est soldat avant tout et obéit sans murmurer.
Cet acte plaît surtout par une foule de détails pittoresques étrangers à l'action et que nous avons passés sous silence pour ne pas allonger inutilement.
Au troisième acte, en l'absence de Georges, le village a été enlevé et le marquis de Rieul a été fait prisonnier. Il va passer en jugement, simple formalité précédant le peloton d'exécution. En attendant le conseil de guerre, on l'a enfermé dans la maison où loge Marion.
Georges revient de Fougères avec les renforts. Il apprend que son père est pris et va tomber sous les balles républicaines. Pour délivrer le malheureux, il ferait une folie et se perdrait avec lui. Marion ne permettra pas cela ; s'il faut une victime, que ce soit plutôt elle, et que ses enfants d'adoption, Georges et Jeanne, puissent vivre heureux ensemble.
Elle fait donc évader le marquis. Quel est le traître ? Le capitaine Bernard le saura bien vite : Marion s'avance et se dénonce. Elle n'a pas agi par coup de tête : l'instinct maternel s'est éveillé en elle et elle affrontera de son plein gré le piquet d'exécution pour que Jeanne soit heureuse.
Mais nous sommes à l'Opéra-Comique et chacun sent bien que Marion ne sera pas passée par les armes. Au moment suprême arrive un décret de la Convention qui déclare la guerre terminée et accorde l'amnistie aux vaincus. Tout finira donc bien. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
VIVANDIÈRES DE LA GRANDE ARMÉE (LES)
Opérette en un acte, livret de de Forges et Adolphe Jaime, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 06 juillet 1859.
« C'était un à-propos improvisé à l'occasion de notre campagne d'Italie. Le principal charme de cette bluette résidait dans les costumes dont on avait affublé le personnel féminin que vous savez. Les cantinières des zouaves s'y donnaient la main avec celles des bersaglieri, et ce colloque de turbans et de chapeaux emplumés était pour l'œil d'un effet très satisfaisant. De tout temps il s'est trouvé pour fabriquer des pièces de circonstance, des gens dont le dévouement littéraire va jusqu'à l'oubli même de toute littérature. Quand une grande idée circule dans l'air, quand tous les esprits sont atteints de la fièvre de la curiosité, quand tous les yeux sont tournés vers les horizons du Moniteur, épiant l'apparition de quelque grand événement, il importe bien alors qu'une action dramatique sagement étudiée vous vienne émerveiller par la savante mise en scène des passions et la logique des situations qu'elle fait naître. A quoi bon, je vous prie, s'épuiser à chercher la rime opulente ? A-t-on le temps d'arrondir ses périodes et de pourlécher sa phrase, quand le costumier, qui vous attend, est là, ciseaux en main, prêt à découper des kilomètres de drap garance ? Votre prose manque-t-elle de bon sens ? votre vers est-il boiteux ? qu'importe ; tout cela est de mise dans l'occurrence. Et puis, le public oserait-il siffler ?... l'intention des auteurs est si bonne, si bien marquée au coin du patriotisme !
Donc, foin d'Aristote ! foin de « docte cabale ! » plus de classiques, plus de romantiques ! l'art fait trêve, et le métier, qui usurpe sa place, triomphe sur toute la ligne.
C'est ainsi qu'il est procédé à la confection des pièces de circonstance. En général, toutes réussissent, toutes sont acceptées comme des vignettes vivantes qui viennent compléter les récits des journaux. La foule applaudit à outrance, et pendant ce temps-là, quelques amateurs, au goût plus délicat, méditent dans leur coin sur l'abus des licences en matière d'art.
Le fait est que souvent, en de pareilles circonstances, les lois du bon sens ont été outrageusement violées, et que parfois quand le drame simulé a voulu représenter le drame réel, il en a diminué le prestige à force de gaucherie et de faux enthousiasme. Plus d'esprit, quelque peu d'invention et de style ne gâteraient rien à l'affaire.
Les spécialistes du genre, qui forment presque une classe à part dans la grande famille des auteurs dramatiques, se distinguent par la facilité supérieure avec laquelle ils savent spéculer sur l'événement du jour et faire déteindre ses couleurs caractéristiques sur les pages hâtives qu'ils font métier d'improviser en une nuit. Gens bien avisés, vous les voyez profiter du facile et trop juste enthousiasme que citent les idées de patrie, de drapeau, d'honneur, de victoire, et faire éclater cette pompeuse artillerie de mots dont ils compromettent souvent le sens héroïque.
Il faut pourtant rendre cette justice à ces messieurs qu'ils sont passés maîtres en l'art de composer les tableaux vivants et de grouper leurs héros de façon que le manteau rouge de celui-ci ressorte sur la veste bleue de celui-là.
Tout pour l'œil ! telle est la devise de ces littérateurs, dont bon nombre étaient nés avec le génie du panorama et qui, si on les y encourageait un peu, montreraient la lanterne magique avec succès. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
VIVE L’EMPEREUR !
Cantate, parolier anonyme, musique de Jules Cohen. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1860 avec Félix Montaubry.
VIVE LA LIGNE !
Opérette en un acte, livret de Jules de La Guette, musique d'Auguste L'Eveillé, représentée aux Folies-Marigny le 16 mai 1868.
VIVE LE ROI, VIVE LA FRANCE !
Chant français, musique de Persuis, interprété au Théâtre de l'Opéra [Académie royale de musique] (salle Montansier) le 07 juillet 1817 par Lavigne.
V’LÀ LE TAMBOUR-MAJOR
Opérette en un acte, livret et musique d'Eugène Moniot, représentée aux Folies-Bergère en février 1873.
VOCATION DE MARIUS (LA)
Vaudeville-opérette en quatre actes, livret de Fabrice Carré et Albert Debelly, musique de Raoul Pugno, représenté au théâtre des Nouveautés le 29 mars 1890.
VŒU (LE) ou LE SOLITAIRE DU CANADA
Opéra, musique d'Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes en 1800 ou 1801.
VOILE DU BONHEUR (LE)
Comédie lyrique en deux actes, livret de Paul Ferrier, musique de Charles Pons. Création à l'Opéra-Comique le 26 avril 1911. => fiche technique
VOISINAGE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste Pujoulx, musique de Bertaud, Gustave Dugazon, Dubuat, Louis-Barthélemy Pradher et Quinebaud, tous élèves de Henri Montan Berton au Conservatoire. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 24 février 1800.
VOITURES VERSÉES (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Emmanuel Dupaty, musique de François-Adrien Boieldieu.
Création à Saint-Pétersbourg, Théâtre de l’Ermitage, le 24 ou 26 avril 1808 sous le titre le Séducteur en voyage ou les Voitures versées, sur un livret de Vedel d’après la comédie de Dupaty.
Première à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 avril 1820.
Mmes Antoinette LEMONNIER (Madame de Melval), DESBROSSES (Aurore), PALLAR [Eugénie RIGAUT] (Élise).
MM. MARTIN (Dormeuil), PAUL (Florville), PONCHARD (Armand), CHENARD (le Rond).
Les archives de la salle Favart considèrent cependant comme « Première représentation » de cette œuvre celle de la reprise qui en fut faite le 05 janvier 1830.
Reprise à l'Opéra-Comique du 07 mai 1852 (51e représentation) :
Mmes Andréa FAVEL (Madame de Melval), FÉLIX (Aurore), Caroline MIOLAN-CARVALHO (Élise), Marguerite Jeanne Camille DECROIX (Agathe), TALMON (Eugénie).
MM. BUSSINE (Dormeuil), PONCHARD (Florville), Edmond DELAUNAY-RIQUIER (Armand), Constant LEMAIRE (le Rond), SAINTE-FOY, NATHAN et LEJEUNE (trois Voyageurs).
Chef d'orchestre : TILMANT.
100e représentation à l'Opéra-Comique le 24 février 1854 avec la même distribution, sauf : Zoé BELIA (Élise).
Reprise à l'Opéra-Comique du 05 avril 1932 (128e représentation).
Mmes Emma LUART (Madame de Merval), Andrée MOREAU (Aurore) Marie-Thérèse GAULEY (Élise), DEVA-DASSY (Agathe), BERQUIN (Eugénie).
MM. José BECKMANS (Dormeuil), Victor PUJOL (Florville), Marcel CLAUDEL (Armand), Max MARRIO (le Rond), MATHYL, JULLIA et DÉRROJA (trois Voyageurs).
Chef d'orchestre : Maurice FRIGARA.
134 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 7 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Représenté au Théâtre de l'Opéra le 21 mars 1825 lors d'une représentation au bénéfice de Talma.
« L'auteur a fait un livret d'opéra du vaudeville intitulé : le Séducteur en voyage, représenté au Vaudeville le 04 décembre 1806. La pièce est assez amusante et fournit très bénévolement des prétextes à des airs et à des duos. La musique est tout à fait gracieuse et charmante. Martin triomphait dans l'air : Apollon toujours préside au choix de mes invités, et dans le duo : O dolce concento, variations ingénieusement brodées sur le motif : Au clair de la lune. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VOITURIN (LE)
Opérette, livret et musique d’Hervé, représentée sur le théâtre Deburau, aux Champs-Elysées, en septembre 1858. Jouée par l'auteur.
VOIX HUMAINE (LA)
Opéra en deux actes, livret de Mélesville, musique de Giulio Alary, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 30 décembre 1861. Décors de Joseph Nolau et Auguste Rubé. Costumes d'Alfred Albert. Avec Mmes de Taisy (Isaure), Laure Durand (la Voix humaine), MM. Théodore Coulon (Godefroy), Roudil (Conrad), Charles Dulaurens (l'Organiste Didier), Mécène Marié (Hans).
« La donnée du livret est ridicule. Il y est question d'un organiste amoureux qui compte sur l'effet du jeu de voix humaine de son instrument pour arriver à la gloire et à la possession de l'objet aimé. Un rival, en empêchant le mécanisme de l'orgue, veut le priver de ces avantages. La ruse est découverte et l'organiste triomphe. Le jeu de voix humaine est remplacé par celle d'une femme cachée dans le buffet. On ne conçoit pas qu'on puisse faire parade de tant de puérilité. La musique a été impuissante à faire vivre cet opéra. Il a eu treize représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra, qui ne réussit point, aurait été mieux intitulé, si on l'eût nommé l'Organiste amoureux. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VOIX HUMAINE (LA)
Tragédie lyrique en un acte, livret de Jean Cocteau, musique de Francis Poulenc.
Personnage : la Femme (soprano lyrico-dramatique).
La pièce de théâtre de Jean Cocteau fut créée à la Comédie-Française, le 17 février 1930, par Berthe Bovy. En 1959, Poulenc la transforma en monologue lyrique, écrit pour Denise Duval.
Création à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 février 1959, mise en scène, maquettes du décor et du costume de Jean Cocteau ; décor exécuté par M. Laverdet ; costume exécuté par Renée Trosseau dans les ateliers de l'Opéra.
Mlle Denise DUVAL (Elle)
Chef d'orchestre : Georges PRÊTRE.
15 représentations à l'Opéra-Comique en 1959, 3 en 1960, 3 en 1961, 6 en 1968, 1 en 1969, soit 28 au 31.12.1972.
« Conçu, semble-t-il, pour l'audition aveugle, cet opéra à un seul personnage est le long monologue d'une femme qui lutte désespérément, au téléphone, pour reconquérir son amant qui la lâche et l'abandonne.
Exercice de style un peu tarabiscoté, la Voix humaine (qui fut d'abord une pièce de théâtre parlé) est sans doute le seul opéra faisant allusion aux sentiments d'un chien ! Écrit pour Denise Duval, il a été créé par elle le 6 février 1959 à l'Opéra-Comique de Paris. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
VOL DE NUIT
[Volo di notte] Opéra italien en un acte, livret et musique de Luigi Dallapiccola. Première à l'Opéra-Comique le 07 octobre 1960, version française de Jacques Bourgeois. => fiche technique
VOLAGE ET JALOUX
Opéra-comique en un acte, livret de Thomas Sauvage, musique de Rosenhain, représenté à Bade le 03 août 1863. C'est une pièce à deux personnages dans laquelle on distingue l'ouverture, une tyrolienne, une romance pour ténor, et deux duos. Les rôles ont été chantés par Fromant, Mme Caroline Faure-Lefebvre.
VOLAGE FIXÉ (LE) — Voir le Quiproquo.
VOLÉCOUR ou UN TOUR DE PAGE
Opéra-comique en un acte, livret d’Etienne Guillaume François de Favières, musique de François Devienne. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 22 mars 1797.
VOLÉE DE MI-CARÊME (LA)
Opéra-comique en deux actes, musique d’E. Fontaine, représenté à Namur le 04 avril 1878.
VOLEURS DES VOSGES (LES) ou LA MAISON ISOLÉE
Opéra-comique en un acte, représenté au théâtre des Folies-Dramatiques le 06 mai 1832. C'est la reprise de l'opéra de Dalayrac réduit en un acte.
VOLIÈRE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Nuitter et Beaumont, musique de Charles Lecocq, représentée au théâtre des Nouveautés le 09 février 1888 avec MM. Brasseur père et fils, Jourdan, Gaillard, Tony Riom, Mlles Lardinois, Richard.
VOLIÈRE (LA)
Opérette de salon en un acte, livret et musique de Gustave Nadaud, publiée chez l'éditeur Heugel.
VOLONTAIRES DE LA RÉPUBLIQUE (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’E. Le Roy, musique de M. Boisson, représenté à Châlons-sur-Marne le 21 janvier 1886.
VOLTIGEURS DE LA 32ème (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Edmond Gondinet et Georges Duval, musique de Robert Planquette, représenté au théâtre de la Renaissance le 07 janvier 1880, avec Mmes Jeanne Granier (Nicolette), Desclauzas (Dorothée), Mily-Meyer (Flambart), Ribe (la cantinière), Pavicini (Béatrix), MM. Ismaël (le Marquis), Marchetti (Richard), Lary (César), Pacra (le Comte), Libert (le Duc), Tony (Anatole).
« La pièce est aussi invraisemblable que peu intéressante. Il y est question d'un marquis de Flavignoles, ancien émigré, qui reçoit du premier consul l'ordre de donner sa fille en mariage à un officier, et qui élude cette injonction tyrannique en substituant à sa vraie fille la chevrière Nicolette. Tout se découvre sans peine, car le lieutenant Richard n'est pas assez sot pour ne pas faire de différence entre une gardeuse de chèvres et la fille d'un marquis. C'est donc une opérette, et non un opéra-comique, que l'auteur des Cloches de Corneville a eue à mettre en musique et la nature des idées s'en est sans doute ressentie. Le premier acte est d'un caractère enjoué, rempli de couplets, de valses chantées, de fanfares ; dans le second, on a applaudi les couplets du tambour-major, une valse et une polka, et au troisième un chœur d'officiers. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
VOUVRAY
Opérette en trois actes, livret d'André Baugé, musique de Rodolphe Hermann. Création au Trianon-Lyrique le 03 mai 1929, avec Mmes Réville (Jacqueline), Ducuing (Marie-Jeanne), Tariol-Baugé ; MM. André Baugé (Vouvray), Marvini (Baranquard), J. Monet (Carrlet).
« Le chef de brigand Baranquart voudrait enlever la fille d'un châtelain, Jacqueline de Ryssac ; mais celle-ci est défendue par lé poète Vouvray qui étrangle le bandit et qui, une fois guéri du coup de poignard reçu dans cette action, épouse Jacqueline. Ce n'est point très compliqué. La musique ne l'est point davantage, mais elle ne manque pas d'agrément ; Mme Antoinette Réville a une voix fort séduisante ; Mme Tariol-Baugé est très amusante, et M. André Baugé lui-même auteur, directeur et acteur, est toujours agréable à entendre. »
(Larousse Mensuel Illustré, juin 1929)
VOYAGE AUTOUR DE MA CHAMBRE
Opéra-comique en un acte, livret de Xavier Saintine, Félix Duvert et Augustin de Lauzanne, musique d'Albert Grisar. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 août 1859, avec Mlles Henrion (Cécile), Marie Prost (Emilie), MM. Couderc (Dunois), Berthelier (Clairvoyant), Constant Lemaire (Coquillard), Eugène Troy (L'Aramée).
« Cette pièce, dont le sujet n'a aucun rapport avec la délicieuse fantaisie littéraire de Xavier de Maistre, convient mieux au genre du Palais-Royal qu'à celui de l'Opéra-Comique. La musique est toujours élégante et habilement écrite. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
VOYAGE AVANT LA NOCE (LE)
Opérette en trois actes, livret de Victor de Cottens et Robert Charvay, musique de Louis Varney, représentée au théâtre Trianon le 19 décembre 1902, avec Mariette Sully (Thylda).
VOYAGE DANS LA LUNE (LE)
Opéra-féerie en quatre actes et vingt-trois tableaux, livret d’Eugène Leterrier, Albert Vanloo et Arnold Mortier, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre de la Gaîté le 26 octobre 1875 avec Mmes Zulma Bouffar (Caprice), Marcus (Fantasia), Cuinet (Popotte), B. Méry (Flamma), MM. Christian (V'lan), Habay (Qui pass par-là), François-Antoine Grivot (Microscope), Laurent (Cactus), Tissier (Cosmos).
« Les morceaux remarqués dans cette olla-podrida sont la romance du prince Caprice à la lune, le chœur des astronomes, le madrigal : Je regarde vos jolis yeux, l'air du charlatan et des airs de ballet. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
VOYAGE DE CHAUDFONTAINE (LE)
Opéra bouffe en trois actes, en langue wallonne, musique de Jehan-Noël Hamal, représenté à Liège en 1757. Une adaptation de cette bouffonnerie, dont le caractère local ne pouvait malheureusement nous présenter qu'un intérêt médiocre, a été faite par M. H. de Fleurigny, et l'ouvrage a été ainsi représenté à Paris, au théâtre des Nouveautés, en juin 1890, par une troupe très satisfaisante d'artistes belges. La musique est vive, alerte, franche du collier, et l'on y rencontre plusieurs morceaux d'un véritable intérêt : au premier acte, l'air à vocalises du sergent : Apaisez-vous, mes tourterelles, et un chœur final très harmonieux ; au second, l'ariette de Rose : L’entendez-vous ? la chanson en duo : Je voudrais faire un voyage, qui est d'une grâce exquise, et la ronde en chœur du cramillan, qui est vraiment d'une gaieté folle ; enfin, au troisième, les couplets fort amusants du batelier, et l'air de Rose : Au diable la séquelle, qui est d'un excellent sentiment comique. C'est là un échantillon très curieux et très original de la musique dramatique du XVIIIe siècle.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
VOYAGE DE CORBILLON (LE)
Vaudeville-opérette en quatre actes, livret d’Antony Mars, musique de Victor Roger, représenté au théâtre Cluny le 30 janvier 1896.
VOYAGE DE COUR (LE) ou LES ABSENTS ONT TORT
[ou le Voyage à la cour]
Opéra-comique en un acte, livret de Merville, musique de Giuseppe Catrufo. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 20 août 1825.
« Une jeune personne (Roselinde) donne un asile à l'ancien favori du prince, et captive ce dernier qui allait épouser sa sœur. Le futur qu'il destinait d'abord à Roselinde est éconduit, et le favori rentre en grâce. Cette petite pièce était originairement en trois actes ; réduite ainsi elle a, dit-on, perdu une partie de ses avantages. Succès contesté ; l'auteur l'a retirée à la troisième représentation. »
[Almanach des spectacles, 1826]
VOYAGE DE LA MARIÉE (LE)
Opérette à grand spectacle en trois actes et neuf tableaux, livret de Paul Ferrier et Maurice Ordonneau, musique d’Edmond Diet, ballets de Justin Clérice, représentée à Bruxelles, Galeries Saint-Hubert, le 09 décembre 1904.
VOYAGE DE MM. DUNANAN PÈRE ET FILS (LE)
Opéra bouffon en deux actes et quatre tableaux, livret de Paul Siraudin et Jules Moinaux, musique de Jacques Offenbach, représenté aux Bouffes-Parisiens le 22 mars 1862. La barcarolle : A Venezia la bella, a laissé quelques souvenirs.
VOYAGE DE SUZETTE (LE)
Opérette à grand spectacle en trois actes, livret d'Alfred Duru et Henri Chivot, musique de Léon Vasseur. Création au théâtre de la Gaîté le 20 janvier 1890, mise en scène de Riga, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Suzette), Gélabert (Paquita), Burty (Cora), Faille (la Rosalba), MM. Pierre Joseph de Mesmaecker (Verduron), Simon-Max (Pinsonnet), Alexandre (André), Bellot (Giraflor), Riga (Général Zéphyris).
VOYAGE DU PETIT MARQUIS (LE)
Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Gaston Villemer, musique de Firmin Bernicat. Création aux Fantaisies-Oller le 05 octobre 1876.
VOYAGE EN AMÉRIQUE
Opéra bouffe en 4 actes, livret de Maxime Boucheron et Hippolyte Raymond, musique d’Hervé, représentée au théâtre des Nouveautés le 16 septembre 1880.
VOYAGE EN CHINE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Labiche et Alfred Delacour, musique de François Bazin. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 09 décembre 1865, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Révilly (Mme Pompéry), Cico (Marie), C. Gontié (Berthe), MM. Félix Montaubry (Henri de Kernoisan), Couderc (Pompéry), Sainte-Foy (Alidor de Rosenville), Ponchard (Maurice Fréval), Victor Prilleux (Bonneteau), Bernard (Martial), Blot (un Domestique), Lejeune (un Garçon d'hôtel).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 05 septembre 1866 avec Mmes Daniele (Marie), Flory (Berthe), Viette (Mme Pompéry), MM. Jourdan (Henri de Kermoisan), Monnier (Pompéry), Achard (Alidor de Rosenville), Mengal (Bonneteau).
Reprise au Trianon-Lyrique le 26 octobre 1929 avec Mmes M. Lamber (Marie), S. Meunier (Berthe), Delly-Mo (Mme Pompéry) ; MM. Léon Marcel (Henri), Bourgey (Pompéry), Darnois (Alidor).
Reprise au Trianon-Lyrique le 28 octobre 1933.
"Reprise extrêmement soignée d'une pièce pleine de fantaisie et de logique, où la musique semble écrite par un disciple de Haydn et de Mozart, tant elle est fine, spirituelle, pleine de verve et délicatement coloré. On n'a eu que le tort d'y mêler des intermèdes étrangers." (Larousse Mensuel Illustré, décembre 1933)
« Le succès obtenu par cet opéra dure encore au moment où nous écrivons, et durera très probablement tout l'hiver.
Voilà l'Opéra-Comique bien revenu de ce genre, mis à la mode pendant un certain temps, qui n'avait de comique que le nom.
La salle de la place Boieldieu s'est transformée en une sorte de succursale des Bouffes.
Seule, Marie, cette touchante élégie d'Hérold, réussit encore à faire monter quelques larmes aux yeux des spectateurs, qui n'ont pas vu trop souvent le Voyage en Chine.
La claque déroutée se demande si on ne lui a pas changé son public. »
(Paul de Toyon, la Musique en 1865, 1866)
VOYAGE EN ÉCOSSE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de MM. Cottu et Lecomte, musique de Victor Roger, représenté à Lille le 17 mai 1888.
VOYAGE IMPROMPTU (LE) ou SERA-T-IL MÉDECIN ?
Opéra-comique en un acte, livret d'Aubertin et Dumersan, musique d’Antonio Pacini, représenté à Paris, théâtre Montansier le 05 avril 1806. => livret
VOYAGE INCOGNITO (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de René-Richard Castel [Eugène de Planard], musique de Ferdinand Gasse. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 01 juillet 1819.
VOYAGES DE L'AMOUR (LES)
Ballet en quatre actes, avec un prologue, livret de Labruère, musique de Boismortier, représenté par l'Académie royale de musique le 03 mai 1736.
"Cet ouvrage fut monté avec un grand luxe et interprété par des artistes célèbres. Le rôle de l'Amour était rempli par Jélyotte, celui de Daphné par Mlle Pélissier ; les autres étaient répartis entre Chassé, Dun, Cuvillier, Tribou et Mlles Lemaire, Fel, Antier. Mlle Sallé parut dans la dernière entrée. Boismortier a composé beaucoup de musique ; il n'en est rien resté qu'un motet religieux bien traité : Fugit nox."
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
"Sujet : l'Amour et Zéphyre (prologue) ; 1. le Village ; 2. la Ville ; 3. la Cour ; 4. le Retour.
Le 4 juin 1736, nouvel acte de la Ville."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
VOYAGES DE ROSINE (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret de Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, d’après Rosine ou Tout vient à point à qui peut attendre, conte d’Alexis Piron, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 20 mai 1783 avec Mmes Adeline Colombe (Rosine), Masson (Fatmé), Carline (Lucile), MM. Rosière (Osmin), Trial (Ali), Philippe (Dolban), Meunier (Valère).
VRAIS SANS-CULOTTES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Rezicourt, musique de Lemoyne, représenté à Feydeau le 12 mai 1794.