ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
P
PAR - PAU - PEI - PERV - PEU - PL - POU - PRIS
PACHA (LE)
Opérette en un acte, livret de Charles Nuitter, musique de Frédéric Barbier, créée aux Folies-Nouvelles en mars 1858.
PADILLO LE TAVERNIER
Opéra-comique en un acte, musique d’Albert Joseph Vivier, représenté au théâtre Royal de Bruxelles en mai 1857.
PADMÂVATÎ
Opéra-ballet en deux actes, livret de Louis Laloy (1874-1944), musique d’Albert Roussel (op. 18, composé entre 1913 et 1918).
Personnages : Ratan-Sen, roi de Chitoor (ténor) ; Padmâvatî, sa femme (contralto) ; Alauddin, sultan mogol de Delhi (baryton) ; le Brahmane (ténor) ; Gora, intendant du palais de Chitoor (baryton) ; Badal, émissaire de Ratan-Sen (ténor) ; Nakâmti, jeune fille (mezzo-soprano) ; la Sentinelle (ténor) ; un prêtre (basse) ; deux femmes du palais (soprano et contralto) ; une femme du peuple (soprano) ; un guerrier (ténor) ; un marchand (ténor) ; un artisan (baryton) ; guerriers, prêtres, femmes du palais, la populace.
Danseurs : une femme du palais ; une esclave ; un guerrier ; Kali ; Durga ; Prithivi ; Parvati ; Uma ; Gauri.
L’action se déroule à Chitoor, en 1303.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 01 juin 1923 (répétition générale le 31 mai à 14h avec les créateurs). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors et costumes d'après les maquettes de Valdo-Barbey. Décors exécutés par Mouveau. Chorégraphie de Léo Staats.
Mmes LAPEYRETTE (Padmâvatî), Jane LAVAL (Nakâmti), DAGNELLY (une Femme du Peuple), MARILLIET et LALANDE (2 Femmes du Palais), DENYA (une Jeune Fille).
MM. Paul FRANZ (Ratan-Sen), ROUARD (Alaouddin), FABERT (le Brahmane), DALERANT (Gora), PODESTA (Badal), DUBOIS (un Guerrier), SORIA (Veilleur), Georges RÉGIS (un Marchand), PEYRE (un Artisan), NARÇON (un Prêtre).
Danses : Mlles A. JOHNSSON (une Femme du Palais), J. SCHWARZ (une Esclave), LORCIA (Kali), BOURGAT (Douga), M. G. RICAUX (un Guerrier).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
28e à l'Opéra le 29 mai 1931
Mmes LAPEYRETTE (Padmâvatî), Jane LAVAL (Nakâmti), C. REX (une Femme du Peuple), MARILLIET et MANCEAU (2 Voix), Aimée MORTIMER (une Jeune Fille).
MM. XXX
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
Reprise à l’Opéra du 09 décembre 1946 (31e représentation)
Mmes Hélène BOUVIER (Padmâvatî), Renée MAHÉ (Nakâmti), HAMY (une Femme du Peuple), CHABAL et DES MOUTIERS (2 Femmes du Palais), VAREZ (une Jeune Fille).
MM. Charles FRONVAL (Ratan-Sen), Marcel CLAVÈRE (Alaouddin), RAMBAUD (le Brahmane), CAMBON (Gora), DESHAYES (Badal), ROUQUETTY (un Guerrier), BREGERIE (le Veilleur), GOURGUES (un Marchand), PETITPAS (un Artisan), PHILIPPE (un Prêtre).
Danses réglées par Robert QUINAULT : Mlles KREMPFF (une Femme du Palais), G. GUILLOT (une Esclave), M. LAFON (Kali), SIANINA (Douga), M. LEGRAND (un Guerrier).
Chef d'orchestre : Maurice FRANCK
39e à l’Opéra, le 9 juin 1947, avec les interprètes de la reprise.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Padmâvatî : Mmes MONTFORT (1923), FROZIER-MARROT (1927).
Ratan-Sen : MM. DUTREIX (1923), VERDIERE (1927).
Alaouddin : M. MAURAN (1925).
le Brahmane : M. BASCOUL (1923).
39 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
Padmâvatî est célèbre dans l'Inde entière pour le dévouement héroïque dont elle donna l'exemple lors de la prise de Tchitor par le sultan des Mongols Alaouddin, vers la fin du XIIIe siècle de l'ère chrétienne : Alaouddin, devenu amoureux de Padmâvatî, est vainqueur de Ratan-Sen, roi de Tchitor, mais en vain : avant qu'il entre dans la ville, la reine a tué son époux qui voulait la persuader de se livrer au roi mongol pour sauver la cité, et elle est, après cela, montée elle-même sur le bûcher.
ACTE I. — Une place à Tchitor.
Interrompant une joyeuse animation populaire, le veilleur annonce que le sultan des Mongols a déjà dépassé la troisième porte. Gora, l'intendant du palais, demande au peuple de faire bon accueil à l'étranger qui se présente aujourd'hui dans Tchitor sans menace et sans armes. Badal, l'envoyé du roi, est moins optimiste, car il a vu luire les lances des Mongols dans la plaine.
Alaouddin s'avance bientôt avec son escorte vers Ratan-Sen qui lui offre la coupe d'alliance. Le Mongol demande de pouvoir admirer les merveilles de Tchitor. Ratan-Sen lui présente tout d'abord ses guerriers [Danse Guerrière], puis ses danseuses [Danse des Femmes esclaves], enfin les femmes de sa race [Entrée et Danse des Femmes du Palais]. Alaouddin demande à voir Padmâvatî, dont le Brahmane qui l'accompagne fait un passionné éloge.
Padmâvatî paraît à un balcon du palais. Nakamti une fille du peuple, chante sa louange. La reine de Tchitor passe, tandis que le peuple se prosterne, sur un geste de Gora.
Alaouddin, vivement impressionné, se retire brusquement avec son escorte. Le Brahmane, qui est demeuré en arrière, exige de la part de son maître, que lui soit livrée Padmâvati, sous menace de venir s'en saisir si le présent lui était refusé.
L'alarme est donnée et la foule écartèle le Brahmane.
Padmâvatî n'a plus qu'un désir : ne pas se séparer, vivante ou morte, de son époux.
ACTE II. — L'intérieur du temple de Siva.
Padmâvatî joint ses supplications à celles des prêtres qui sont dans la crypte. L'un d'eux lui déclare que les Filles de Siva, consultées, ont promis pour l'aurore, un sacrifice souverain. Padmâvati se déclare prête si c'est elle qui doit s'offrir. Mais il y aura plus d'une victime !
Ratan-Sen entre, ensanglanté, dans le temple. Il tâche de persuader Padmâvatî de se livrer au Mongol pour sauver la ville. Padmâvatî refuse avec indignation, et, implorant la protection de Siva, frappe de son arme Ratan-Sen. Mais, à genoux devant lui elle ne le quitte pas, car la mort doit les unir.
Les femmes s'empressent autour de la Reine. La toilette funèbre achevée, les prêtres commencent les incantations, évoquant successivement les Filles blanches de Siva [Pantomime] et les Filles noires, Kali et Dourga, serpent de la douceur perfide [Danse et Pantomime].
La cérémonie funèbre se déroule, cependant qu'au dehors on entend des cris grandissants. Padmâvatî, conduite par les Apsaras, monte sur le bûcher. A la porte du fond, qui a cédé, le sultan Alaouddin se présente, vainqueur, dans l'aube pâle. Arrêtant d'un geste ses soldats, il regarde immobile, la fumée qui monte de la crypte...
« Le sultan mongol Alouaddin vient avec son armée jusqu'à la ville de Tchitor, mais il n'a que des intentions pacifiques et le prince de Tchitor offre de son côté au sultan la coupe d'alliance. En même temps il lui donne des fêtes, fait danser ses guerriers et ses esclaves ; puis il présente les femmes du palais. Mais Alouaddin conseillé par un brahmane, veut voir l'épouse du prince elle-même, et Raten-Sen consent à montrer Padmavati dévoilée. Sur quoi le sultan tombe amoureux d'elle, et toujours poussé par le brahmane, la réclame comme gage. Sur le refus de Raten-Sen, c'est à nouveau la guerre. Les troupes d'Alouaddin entrent dans la ville. Raten-Sen, blesse, promet de sauver son peuple en livrant la princesse, mais celle-ci poignarde le prince et se tue à son tour, de sorte que le sultan vainqueur ne trouvera plus la proie qu'il convoitait. Cette légende tragique prêtait à de beaux développements chorégraphiques ; elle a de plus inspiré au compositeur une musique colorée, très travaillée, d’écriture extrêmement fouillée et peut-être même trop complexe : l'abondance des parties nuit parfois à leur netteté. »
(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1923)
PAGANINI
Opérette autrichienne en trois actes, livret de Paul Knepler et Béla Jenbach, musique de Franz Lehár.
Personnages : Nicolo Paganini, violoniste (ténor ; le rôle peut être chanté par un baryton haut) ; le Marquis Pimpinelli (baryton) ; le Prince Felice Baciocchi, époux de Maria-Anna-Elisa (baryton ou basse) ; Bartucci, impresario de Paganini (basse) ; le Général d’Hédouville, aide de camp de Napoléon (rôle parlé) ; Beppo le bossu, contrebandier (ténor) ; Maria-Anna-Elisa, princesse de Lucques, sœur de Napoléon Ier (soprano) ; Bella Giretti, primadonna de l'Opéra de Lucques (soprano) ; la Comtesse de Laplace, dame de la Cour (mezzo-soprano ou alto) ; Neuf petits rôles (6 masculins, 3 féminins) ; Chœurs : villageois, dames de la Cour et gentilhommes, officiers et soldats, contrebandiers, filles, vagabonds, musiciens ambulants, gendarmes.
Première représentation à Vienne, théâtre Johann Strauss, le 30 octobre 1925, avec Richard Tauber (Paganini).
Représenté à Paris, Gaîté-Lyrique, le 03 mars 1928, dans une version française d’André Rivoire, avec MM. André Baugé (Paganini), Robert Allard (marquis Pimpinelli), Henry-Jullien (Bartucci), Gilbert Nabos (général d'Hédouville), Valette (prince Félice Bacciochi), Castin (Beppo) ; Mmes Louise Dhamarys (Princesse Anna-Elisa), Renée Camia (Bella), Hélène Gérard (Carollina). Chef d'orchestre : M. Clémandh. Divertissements réglés par Mme Stichel, dansés par Mlle Sonia Batcheff.
Résumé.
L'action se passe dans la principauté de Lucques, au commencement du XIXe siècle. L'illustre violoniste Paganini s'y attarde six mois auprès de la princesse Maria-Anna-Elisa qui lui voue une grande admiration et un vif amour. Il s'en échappe toutefois, pour se consacrer exclusivement à son art prestigieux.
ACTE I. — Une cour pittoresque, près du village de Capannari, aux environs de
Lucques.
Des villageois attablés écoutent un solo de violon exécuté par le fameux Paganini. Bartucci, son impresario, court le rejoindre.
Pimpinelli, puis la princesse Maria-Anna-Elisa arrivent avec quelques demoiselles d'honneur et des cavaliers. On entend de nouveau le violoniste, auquel les villageois risquent tout d'abord de faire un mauvais parti. Paganini se présente, verre en main [Air de Paganini : Schönes Italien... / Belle Italie...] et fait tout de suite grande impression sur Maria-Anna-Elisa.
Paganini parti et la princesse étant entrée dans l'auberge, arrive Bella, primadonna de l'Opéra de Lucques. Celle-ci, qui vient d'échapper au prince Felice Baciocchi, lequel la poursuit de ses assiduités, doit subir celles de Pimpinelli qui, en dépit de son âge, fait, sans aucun succès du reste, la cour à toutes les femmes.
Pagagini, vexé par le prince Felice Baciocchi, veut partir sur l'heure avec Bartucci, mais Maria-Anna-Elisa le retient.
ACTE II. — Dans la grande salle des fêtes du château de Lucques, six mois plus tard.
Bella chante. Paganini et Pimpinelli jouent aux cartes. Le violoniste perd tout ce qu'il possède, même son violon qu'il a mis en gage. Le Prince Felice survenant, Bella lui présente les artistes. Pimpinelli rend au violoniste son instrument en échange de la « recette » de son secret pour être irrésistible ! Mais Paganini lui-même n'y croit guère [Air de Paganini : Gern' hab' inch die Frau'n geküsst... / J'ai toujours cru qu'un baiser...]. Pimpinelli essaie la « recette » sans beaucoup de succès, sauf auprès de la vieille Comtesse de Laplace, qu'il a entreprise par erreur...
Paganini assure Maria-Anna-Elisa de son amour. Le comte d'Hédouville, aide de camp de Napoléon, vient toutefois informer la princesse du désir de son frère de la voir rompre avec Paganini.
Bella joue la coquetterie avec le violoniste, réussissant à lui arracher, avec une dédicace enflammée, la chanson destinée à la princesse. Maria-Anna-Elisa n'hésite plus alors à laisser d'Hédouville arrêter Paganini. Informé par Bella du danger qui le menace, celui-ci refuse cependant de fuir. Son jeu est à tel point ensorcelant [Ballet] que Maria-Anna-Elisa le prend finalement sous sa protection.
ACTE III. — Un cabaret à la frontière du pays.
Filles et contrebandiers chantent, dansent et se
disputent. Paganini entre. Tout d'abord méfiants, les contrebandiers accueillent
bientôt l'artiste avec cordialité. Beppo le bossu chante. Puis Bartucci, qui est
parvenu à rejoindre Paganini dans ce bouge, sort un instant avec lui.
Pimpinelli paraît à son tour avec Bella, qu'il a réussi à enlever. Il se fait
voler par les contrebandiers, puis par de soi-disant gendarmes, cependant que
Bella, retrouvant Paganini, se jette dans les bras du violoniste. Mais Bartucci
réussit à rappeler Paganini à sa mission d'artiste. Bella se décide alors à
épouser Pimpinelli.
Maria-Anna-Elisa vient encore, sous un déguisement, dire un dernier adieu à Paganini, puis elle s'éloigne doucement...
« Paganini, venu pour donner un concert à Lucques, s'éprend de la princesse Elisa, sœur de Napoléon, sans d'ailleurs connaître la qualité de cette dernière. Quand il la découvre, il est déjà trop tard. Bien entendu, les auteurs du livret créent mille obstacles aux amoureux. Le prince, autant par jalousie que poussé par ses sujets qui accusent le virtuose de sorcellerie, interdit d'abord le concert ; mais la princesse fera lever l'interdiction. Au deuxième acte, Paganini, déjà lassé, commence à courtiser l'actrice Bella ; la princesse les surprend et, furieuse, veut faire arrêter le musicien ; une fois encore, elle cédera au charme de la musique. Mais tout est bien fini. Au dernier acte, Paganini fugitif est réfugié dans une auberge. C'est là que la princesse viendra lui dire adieu. Ce tableau est fort animé et est très réussi. Autour des personnages principaux, gravitent des comparses bien dessinés, tout d'abord l'impresario de Paganini, Bartucci, puis l'admirable marquis Pimpinelli, amoureux de toutes les femmes et par toutes repoussé ; il finira pourtant par épouser l'actrice Bella. Le compositeur Franz Lehár a trouvé dans cette agréable pièce l'occasion d'écrire de sentimentales romances et quelques agréables chansons comiques, comme celle que détaille agréablement M. Robert Allard sur un accompagnement vif de basson ; il y a aussi, bien entendu, une jolie valse que chantent et dansent le même M. Robert Allard avec Mme Renée Camia ; il y a enfin un plaisant menuet grâce auquel les dames du corps du ballet de la Gaîté font valoir leurs mérites. L'orchestration est bien conduite, encore qu'un peu chargée de doublures ; les bois y jouent un rôle important et particulièrement l'expressive clarinette. »
(Larousse Mensuel Illustré, avril 1928)
PAGE (LE)
Opéra-comique, musique de Just, représenté à Amsterdam vers 1787.
PAGE (LE)
Opéra bouffe en un acte, paroles de Sacha Guitry, musique de Ludo Ratz, représenté au théâtre des Mathurins le 15 avril 1902.
PAGE DE MADAME MALBOROUGH (LE)
Opérette en un acte, livret d’E. Vierne [Jules Verne], musique de Frédéric Barbier, création aux Folies-Nouvelles le 28 octobre 1858. => détails
PAGES DE LOUIS XII (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret de Villeneuve et Barrière, musique de Friedrich von Flotow, représenté sur le théâtre de la Renaissance dans le mois de février 1840. La musique de cet ouvrage a paru agréable, et on a surtout applaudi un morceau d'ensemble bien réussi dans la scène du colin-maillard.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAGODE (LA)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Henri de Saint-Georges, musique de Benoît-Constant Fauconier (Fontaine-l'Evêque, Belgique, 28 avril 1816 - Thuin, Belgique, 24 août 1898). => partition
Création au Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 septembre 1859, costumes d’Alfred Albert, avec Mmes Léonie Bousquet (Foa, soprano), Coraly Geoffroy (Nadidja, soprano), MM. Jourdan (Williams, ténor), Barrielle (Fadidjou, basse), Eugène Troy (Sanders, baryton), Lejeune (un Fakir).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 22 janvier 1862 avec Mmes Meyer-Boulart (Foa), Dupuy (Nadidja), MM. Jourdan (Williams), Bonnefoy (le grand prêtre), Aujac (son confident).
« Il y a des idées neuves et originales dans cet ouvrage, et on les distingue à travers les recherches d'une ingénieuse instrumentation. Il y a même un très bon duo de deux basses, entre Fadidjou et Sanders, chanté par Barrielle et Troy. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAILLASSE
[I Pagliacci]
Drame lyrique italien en un prologue et deux actes, livret et musique de Ruggero Leoncavallo ; version française d’Eugène Crosti.
Personnages : Nedda [« Colombine » dans la pièce], femme de Canio (soprano) ; Canio [« Paillasse » dans la pièce], chef de la troupe de comédiens ambulants (ténor) ; Tonio [« Taddeo » dans la pièce], un clown (baryton) ; Peppe [« Arlequin » dans la pièce], un acteur (ténor) ; Sylvio, un villageois, soupirant de Nedda (baryton) ; des villageois.
L’action se déroule près de Montalto, en Calabre, le jour de l’Assomption, entre 1865 et 1870.
Créé à Milan, Teatro dal Verme, le 21 mai 1892.
|
MILAN 21.05.1892 |
Nedda |
A. STEHLE-GARBIN |
|
|
Canio |
F. GIRAUD |
Tonio |
Victor MAUREL |
Chef d’orchestre |
Arturo TOSCANINI |
La version française fut créée à Bordeaux (Grand Théâtre), le 26 novembre 1894.
Première fois à Bruxelles, au Théâtre Royal de la Monnaie, le 13 février 1895, avec Mlle Cécile SIMONNET (Nedda), MM. BONNARD (Canio), SÉGUIN (Tonio), ISOUARD (Peppe), GHASNE (Silvio).
Première fois à Paris, en décembre 1899, en privé, au Cercle de l'Union Artistique avec Mme DE NUOVINA (Nedda), MM. LUBERT (Canio), SEGUIN (Tonio) sous la direction de VIZENTINI.
Première au Théâtre National de l'Opéra (Palais Garnier) le 17 décembre 1902 (répétition générale le 14 décembre au profit de l'Œuvre des 30 ans de théâtre), dans la version française ; ce soir-là on donnait également le ballet Bacchus. Mise en scène d'Alexandre Lapissida. Décor de Marcel Jambon et Alexandre Bailly. Costumes de Charles Bianchini.
Mme Aïno ACKTÉ (Nedda).
MM. Jean de RESZKE (Canio), DELMAS (Tonio), LAFFITTE (Peppe), Dinh GILLY (Sylvio), GALLOIS et CANCELIER (2 Paysans).
Chef d'orchestre : Paul VIDAL
|
06.05.1904 36e |
01.03.1920 46e |
21.03.1926* 85e |
09.03.1927 100e |
28.03.1931 116e |
20.11.1936 131e |
Nedda |
HATTO |
Lucy ISNARDON |
Marise BEAUJON |
J. LAVAL |
Marise BEAUJON |
NESPOULOUS |
|
|
|
|
|
|
|
Canio |
ROUSSELIERE |
LAFFITTE |
Georges THILL |
Georges THILL |
DE TREVI |
LUCCIONI |
Tonio |
BARTET |
ROUARD |
LANTERI |
ROUARD |
PERNET |
PERNET |
Sylvio |
RIDDEZ |
TEISSIE |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
Peppe |
DUBOIS |
DUBOIS |
SORIA |
SORIA |
GILLES |
CHASTENET |
2 Paysans |
GALLOIS CANCELIER |
Michel EZANNO GONGUET |
GUYARD MORINI |
GUYARD MADLEN |
GUYARD MADLEN |
ERNST MADLEN |
Chef d’orchestre |
|
Arturo VIGNA |
BÜSSER |
BÜSSER |
BÜSSER |
GAUBERT |
* Soirée de gala au profit des œuvres de bienfaisance des Ecoles Nationales d'Arts et Métiers.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Nedda : Mmes HATTO (1902), NORIA (1903), DE LUZA (1920), HELDY (1920), Marthe DAVELLI (1923), DENYA (1923), BERTHON (1927), MORERE (1931).
Canio : MM. ROUSSELIERE (1903), ALVAREZ (1906), DARMEL (1920), LAPPAS (1920), GOFFIN (1920), RAMBAUD (1920), ANSSEAU (1923), FONTAINE (1923), PERRET (1926), KAISIN (1929).
Tonio : MM. BARTET (1902), CERDAN (1920), JOURNET (1920), VALMORAL (1921), BROWNLEE (1934).
131 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
En 1910, le Metropolitan Opera venait en donner quelques représentations, en italien, au Théâtre du Châtelet.
|
Bordeaux 26.11.1894 |
Monnaie de Bruxelles 13.02.1895 |
Cercle Union 12.1899 |
Opéra-Comique 13.01.1910 |
Châtelet 23.05.1910 |
Nedda |
Jane PERNYN |
Cécile SIMONNET |
DE NUOVINA |
LAMARE |
ALTEN |
|
|
|
|
|
|
Canio |
VILLA |
BONNARD |
LUBERT |
SALIGNAC |
CARUSO |
Tonio |
CLAVERIE |
SEGUIN |
SEGUIN |
ALBERS |
AMATO |
Chef d’orchestre |
HARING |
Philippe FLON |
VIZENTINI |
HASSELMANS |
PODESTI |
Première à l'Opéra-Comique le 13 janvier 1910. Version française. Mise en scène d’Albert Carré.
|
13.01.1910 Opéra-Comique (1e) |
14.03.1915 Opéra-Comique (9e) |
19.10.1915* Opéra-Comique (1er acte seul) |
31.05.1917 Opéra-Comique (50e) |
29.12.1921 Opéra-Comique (matinée) |
17.06.1922 Opéra-Comique (100e) |
06.08.1922 Opéra-Comique
|
05.06.1924 Opéra-Comique
|
12.05.1926 Opéra-Comique
|
Nedda |
Berthe LAMARE |
E. BRUNLET |
E. BRUNLET |
M. MATHIEU |
DI GASTARDI |
DI GASTARDI |
SAIMAN |
Julienne MARCHAL |
Andrée CORTOT |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Canio |
Thomas SALIGNAC |
FONTAINE |
FONTAINE |
DARMEL |
VEZZANI |
M. OGER |
ROGATCHEWSKY |
Jean MARNY |
FORTI |
Tonio |
Henri ALBERS |
Raymond BOULOGNE |
H. ALBERS |
H. ALBERS |
J. LAFONT |
J. LAFONT |
Dinh GILLY |
André ALLARD |
Armand CRABBÉ |
Peppe |
Maurice CAZENEUVE |
BERTHAUD |
BERTHAUD |
DE CREUS |
DE CREUS |
Victor PUJOL |
Victor PUJOL |
DE CREUS |
GENIN |
Sylvio |
Daniel VIGNEAU |
BELLET |
BELLET |
A. BAUGÉ |
Maurice SAUVAGEOT |
Maurice SAUVAGEOT |
GOAVEC |
GOAVEC |
ROUSSEAU |
Paysan |
DONVAL |
DONVAL |
H. AUDOIN |
MAURETTE |
ÉLOI |
ÉLOI |
POUJOLS |
ÉLOI |
ÉLOI |
Paysan |
Louis VAURS |
H. AUDOIN |
MAURETTE |
BRUN |
BRUN |
FEINER |
BRUN |
BRUN |
BRUN |
Chef d'orchestre |
Louis HASSELMANS |
P. VIDAL |
P. VIDAL |
P. VIDAL |
ARCHAINBAUD |
ARCHAINBAUD |
ARCHAINBAUD |
ARCHAINBAUD |
Elie COHEN |
* Matinée de gala : à 1 heure et demie, répétition générale du gala italien au bénéfice de la Croix Rouge italienne et des familles des mobilisés : 1. Marche royale italienne. 2. la Marseillaise. 3. la Traviata (2e acte). 4. la Tosca. 5. Paillasse (1er acte).
|
03.02.1929 Opéra-Comique
|
04.04.1929 Opéra-Comique
|
20.06.1933 Opéra-Comique
|
26.06.1945 Opéra-Comique (460e) |
08.08.1953 Opéra-Comique
|
19.11.1954* Opéra-Comique (544e) |
05.01.1955* Opéra-Comique (550e) |
24.04.1960* Opéra-Comique (594e) |
02.10.1965 Opéra-Comique
|
15.02.1966* Opéra-Comique (670e) |
26.10.1966 Opéra-Comique
|
Nedda |
Maguy GONDY |
Madeleine MATHIEU |
Maguy GONDY |
Geori BOUÉ |
Christiane CASTELLI |
Ginette CLAVERIE |
Ginette CLAVERIE |
Andréa GUIOT |
Christiane CASTELLI |
Christiane CASTELLI |
Christiane CASTELLI |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Canio |
RAZAVET |
RAZAVET |
Raoul GIRARD |
LUCCIONI |
Georges THILL |
Raoul JOBIN |
Raoul JOBIN |
Tony PONCET |
Paul FINEL |
Paul FINEL |
Paul FINEL |
Tonio |
AUDOIN |
André ALLARD |
L. MUSY |
L. MUSY |
J. BORTHAYRE |
Jean BORTHAYRE |
Jean BORTHAYRE |
Jean BORTHAYRE |
René BIANCO |
Jean BORTHAYRE |
Julien HAAS |
Peppe |
ARNOULT |
V. PUJOL |
V. PUJOL |
P. FOUCHY |
Pierre GIANNOTTI |
Serge RALLIER |
Victor BONOMO |
Pierre GIANNOTTI |
André MALLABRERA |
|
|
Sylvio |
J. VIEUILLE |
GAUDIN |
PAYEN |
R. JEANTET |
C. MAURANE |
R. JEANTET |
R. JEANTET |
Robert MASSARD |
Yves BISSON |
Yves BISSON |
|
Paysan |
ÉLOI |
ÉLOI |
LANGLET |
DUFONT |
Serge RALLIER |
Alain VANZO |
André DRAN |
Georges DAUM |
Michel LECOCQ |
||
Paysan |
BRUN |
BRUN |
POUJOLS |
POUJOLS |
Jean GIRAUD |
Charles DAGUERRESSAR |
Charles DAGUERRESSAR |
André DAUMAS |
Georges DAUM |
||
Chef d'orchestre |
Georges LAUWERYNS |
Elie COHEN |
Elie COHEN |
DESORMIÈRE |
Pierre CRUCHON |
Pierre CRUCHON |
Pierre CRUCHON |
Jésus ETCHEVERRY |
Jésus ETCHEVERRY |
* Maquettes et décors de Raymond Deshays. Maquettes des costumes de Raymond Fost exécutés par Thérèse Marjollet dans les Ateliers de l'Opéra-Comique. Coiffures de Thérèse Peter. Mise en scène de Louis Musy.
477 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 5 en 1951, 10 en 1952, 9 en 1953, 20 en 1954, 12 en 1955, 11 en 1956, 15 en 1957, 4 en 1958, 3 en 1959, 16 en 1960, 18 en 1961, 18 en 1962, 10 en 1963, 4 en 1964, 10 en 1965, 6 en 1966, 1 en 1967, 3 en 1969, 12 en 1970, 3 en 1971, soit 667 au 31.12.1972.
Résumé.
Paillasse est une amère tragédie, inspirée à son auteur par un drame réel. La scène se passe dans un village calabrais : Canio, chef d'une troupe de comédiens ambulants, a surpris sa femme en compagnie du jeune paysan Silvio et la menace de mort. Mais la représentation étant annoncée, il doit faire taire ses tourments personnels pour contenter les spectateurs. Cependant, la pièce qui est interprétée reproduit si exactement la situation de tout à l'heure, que le mari offensé se prend à son jeu et poignarde sa femme devant tout le monde. Silvio, accouru pour la secourir, subit le même sort.
L'action se déroule près de Montalto, en Sicile, le 15 août 1865.
PROLOGUE : Devant le rideau fermé, Tonio vient saluer les spectateurs en leur annonçant la pièce [Prologue chanté par Tonio : Si puo ? — Un nido di memorie... / Bonjour, c'est moi...).
ACTE. I. — Sur la place du village.
Toute la population est en liesse. Une troupe de comédiens ambulants, dirigée par Canio dresse son tréteau. Tonio, le bouffon de la troupe, qui est laid et difforme, s'empresse à aider Nedda, la femme de Canio, dont il est épris. Le mari lui donne un soufflet. Raillé par les gens, Tonio jure de se venger. A Nedda, effrayée, Canio assure que, seul son grand amour pour elle est cause de sa jalousie. Mais, qu'elle commette une infidélité, et ce sera la mort !
Demeurée seule, Nedda cherche à s'étourdir en chantant [Air de Nedda : O ! che volo d'angelli... / Oh, voyez s'élancer...]. Un paysan emmène Canio et Beppo à l'auberge. Tonio risque alors une nouvelle tentative ; mais, cette fois-ci, Nedda le cravache. Plein de rage, Tonio insulte celle qu'il aime. Demeurant dans les alentours, il prépare sa vengeance.
Tonio aperçoit justement le jeune paysan Silvio passant par-dessus le mur pour rejoindre Nedda. Il observe un moment leur rencontre [Duo Nedda-Silvio : Decidi il mio destin... / De toi dépend mon sort...) et s'en va avertir le mari. Silvio a juste le temps de s'enfuir, Canio en a toutefois assez vu. Le poignard en main, menaçant, il essaie d'arracher à Nedda le nom du galant, mais en vain. D'ailleurs, comme Beppo le lui rappelle, la représentation va commencer, et il n'y a pas de temps à perdre. Canio demeure un moment seul. Il doit jouer tout à l'heure et rire, tandis que son cœur souffre horriblement [Monologue de Paillasse : Vesti la giubba ! / Ris donc, Paillasse !...].
[Intermède Symphonique]
ACTE II. — Même décor.
Le public se presse pour la représentation. L'action qui se déroule alors sur la petite scène des comédiens est la suivante : Colombine (Nedda) attend son amant Arlequin (Beppo), dont on entend la voix à la cantonade [Sérénade d’Arlequin : Columbina il tenero fido... / O Colombine !...]. Un Clown (Tonio) vient faire à Colombine une cour burlesque, ce qui amuse beaucoup les spectateurs. Survenant à son tour, Arlequin chasse l'autre, et s'installe auprès de la belle. Mais Paillasse, le mari de Colombine (Canio), revient à l'improviste. Arlequin s'esquive à temps, par la fenêtre.
A partir de ce moment, commence à se reproduire sur le tréteau la même scène qui tout à l'heure se déroulait en réalité sur la place [Air de Paillasse : No, Pagliaccio non son… / Non, Paillasse n'est plus...]. L'atmosphère devient tendue, car les spectateurs commencent à s'apercevoir que le jeu devient sérieux. Nedda continue à jouer légèrement ; mais, quand son mari lui crie : « Son nom ! son nom ! », en prenant un couteau sur la table, l'effroi la saisit alors et elle cherche à fuir de la petite scène. Silvio, qui était dans la salle, veut s'élancer, se trahissant ainsi ; toutefois les spectateurs le retiennent. Pendant ce temps, Canio poignarde sa femme ! Silvio, s'étant dégagé, se précipite. Canio, l'apercevant, se retourne brusquement et le poignarde à son tour. Puis, laissant tomber son couteau, il dit, en s'adressant aux spectateurs affolés : « Rentrez chez vous : la comédie est finie ! ».
« C'était le début à la scène d'un jeune compositeur de trente-deux ans, qui se faisait en même temps son librettiste. Le sujet de son opéra était le même que celui d'une pièce que M. Catulle Mendès avait fait représenter il y a quelques années. Aussi celui-ci réclama-t-il par la voix de la presse, et même devant la Société des auteurs, dans le but d'empêcher en France les représentations possibles de l'œuvre de son confrère italien. Celui-ci se défendit en déclarant que ce sujet avait été traité bien avant M. Catulle Mendès, et que par conséquent il ne lui appartenait pas en propre. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage obtint à Milan un succès éclatant, qui bientôt se répandit par toute l'Italie. Le livret, très dramatique, excitait un vif intérêt, et la musique, brutale, parfois un peu vulgaire, mais pathétique et empreinte d'un véritable sentiment scénique, emportait les suffrages du public et même ceux de la critique, bien que celle-ci ne se fit pas faute d'exprimer d'importantes réserves. Une excellente interprétation, en tête de laquelle il faut citer surtout notre compatriote M. Maurel et Mme Stehle, chargés des deux rôles principaux, ne fut pas étrangère au succès initial, qui, après s'être reproduit sur la plupart des scènes italiennes, gagna ensuite l'Allemagne, la Belgique et même la France, car l'opéra de M. Leoncavallo a été joué et applaudi dans plusieurs de nos villes de province. A l'heure présente, M. Leoncavallo est un des jeunes musiciens sur lesquels l'Italie se croit le plus en droit de compter pour l'avenir. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
Personnages : Canio (dans la comédie Paillasse) ; Tonio (dans la comédie Taddeo) ; Peppe (dans la comédie Arlequin) ; Silvio, paysan ; Nedda (dans la comédie Colombine).
La scène se passe en Calabre, près de Montalto, le jour de l'Assomption. Epoque moderne, entre 1865 et 1870.
En guise d'ouverture, les auteurs ont écrit un prologue, chanté devant le rideau par Tonio. C'est une page aujourd'hui célèbre et qui se donne fréquemment au concert.
Le premier acte se passe, comme le second, sur une place de village où le théâtre forain est dressé. C'est jour de fête et il doit y avoir le soir grande représentation. Tonio, le bouffon de la troupe, envoyé en avant-garde, attend ses camarades qui arrivent presque aussitôt sur leur charrette tirée par un âne, au milieu des acclamations de la foule. Tonio est bossu, laid, son rôle est de faire rire à ses dépens. Il a l'âme aussi difforme que le corps : haineux, fourbe, jaloux. Et ce monstre est encore amoureux de Nedda, la Colombine, l'étoile de la compagnie, qui est mariée à Canio, le Paillasse. Canio adore sa femme, mais celle-ci ne le lui rend pas. Elle repousse, il est vrai, les avances de Tonio, mais c'est pour se garder à un jeune paysan, Silvio, qui habite le village où nous sommes et qui la pousse à fuir avec lui. Peppe, dans la comédie, est chargé du rôle d'Arlequin.
La représentation est annoncée pour sept heures. En attendant, un paysan emmène Canio et Peppe boire un verre. Un cortège de pifferari passe. La scène se vide et Nedda reste seule avec le grotesque Tonio qui risque une déclaration. Elle le repousse, puis, comme il insiste, elle le cravache. L'immonde personnage jure alors de se venger, et l'occasion ne va pas tarder à s'offrir.
Silvio arrive en effet. Il conjure Nedda de fuir avec lui. Tonio les épie et court chercher Canio. Celui-ci arrive juste à temps pour voir disparaître un homme derrière le mur et pour entendre Nedda lui dire : « A ce soir ! » Il saute le mur à son tour, mais Silvio a eu le temps de lui échapper. Il se retourne alors vers sa femme et s'efforce de lui arracher le nom du galant. Il n'en peut rien tirer, pas même par la menace. Dans sa rage, il va la frapper de son couteau, mais ses camarades le désarment : il est temps de se préparer pour la représentation. Ici se place le fameux monologue qu'ont chanté tous les barytons des deux mondes : « Ris donc, Paillasse ! Change en grimace ton supplice et ta peine !... »
Canio rentre dans la baraque et le rideau tombe.
Au second acte, le public afflue. Nedda encaisse la recette. Tonio a obtenu de Canio qu'il se maîtrise jusqu'à la représentation : le galant y assistera sûrement et il est probable qu'il se trahira. En effet. Silvio est là, mais pour l'instant il ne se trahit pas.
La représentation foraine commence. On voit Colombine seule (Nedda) attendre son amant Arlequin (Peppe) en l'absence de son mari Paillasse (Canio). Sérénade d'Arlequin à la cantonade. Puis intermède comique de Taddeo, le jocrisse (Tonio), qui fait à Colombine une cour ridicule et fait rire aux larmes le public. Suit la scène d'amour avec Arlequin. Mais le mari revient à l'improviste. Arlequin a eu le temps de s'esquiver par la fenêtre. Le mari a pourtant entendu Colombine lui crier : « A ce soir... pour toujours je suis à toi ! » — les identiques paroles qu'il y a quelques heures Nedda disait à l'autre !
Paillasse ne fait d'abord que jouer son rôle et Colombine lui donne la réplique. Mais bientôt le drame devient singulièrement poignant et un malaise commence à planer sur l'assistance. En effet, Paillasse ne joue plus : il est sérieux, et combien ! Quand il hurle « Son nom ! son nom ! », quand il saisit un couteau sur la table, Silvio comprend ; il veut s'élancer sur la scène à la défense de celle qu'il aime. On le retient. Et sous les yeux des assistants terrifiés, Paillasse poignarde par deux fois sa femme ; puis quand il aperçoit Silvio qui accourt, il se retourne contre lui et le poignarde à son tour, tandis que la foule affolée s'enfuit de tous côtés.
Et hébété, laissant tomber son couteau, Paillasse conclut : « La comédie est finie ! »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Innombrables sont les œuvres dramatiques, comiques et lyriques inspirées par les Saltimbanques... sans parler du drame de Dumersan et de l'opérette moderne de Louis Ganne et Maurice Ordonneau qui ont été joués sous ce titre, du Paillasse de d'Ennery (répertoire de Frédérick-Lemaître) interprété en 1850 à la Gaîté — ni de toutes les pièces du répertoire traversées par des nomades, depuis les Forains jusqu'à la Cigale — en passant par Mignon — ; nous retrouvons dans la plupart le personnage classique et romantique du pitre, bien fait pour inspirer l'auteur attiré par cette vivante antithèse : l'amuseur public obligé de rire et de faire rire, lorsque parfois son âme est triste jusqu'à la mort... c'est l'homme qui rit, quels que soient ses divers avatars ; le « Gwymplaine », ou le « Triboulet » de Hugo... l'éternel « Rigoletto ». Les annales du théâtre enregistrent même une Fille de Paillasse. Mais c'est encore à l'épisode tragiquement mis en scène par Catulle Mendès dans la Femme de Tabarin que ressemble le plus le poème lyrique de Ruggiero Leoncavallo : I Pagliacci, représenté pour la première fois à Milan, le 31 mai 1892 (l'auteur fut rappelé vingt-quatre fois !) — et adapté en français par Eugène Crosti, professeur au Conservatoire de Paris, pour le Théâtre National de l'Opéra — où Paillasse a été créé le 17 décembre 1902.
Les bohémiens dont il s'agit sont des saltimbanques de notre époque. Ils donnent une grande représentation en Calabre, pour les fêtes du 15 août. Une espèce de « Quasimodo », le pitre de la troupe, qui répond au nom de Tonio, précède ses compagnons afin de s'occuper du campement. Le chariot de Thespis ne tarde pas à le rejoindre, et l'on s'aperçoit tout de suite qu'une atmosphère de drame enveloppe les personnages : Deux d'entre eux, la Colombine et le Paillasse — Nedda et Canio — sont mariés, et mal mariés. Nedda garde son cœur à son amoureux Silvio, un berger du pays qui voudrait l'enlever. Canio aime passionnément sa Colombine — et le hideux Tonio la convoite en secret.
Profitant d'une occasion qui lui est offerte, le bouffon ne va pas différer l'aveu de sa flamme — Canio est allé avec ses camarades faire un tour dans les auberges ; Nedda est seule. — Elle rit au nez de ce malencontreux soupirant, et, comme il devient agressivement entreprenant, elle finit par le cingler d'un coup de cravache. Tonio laisse éclater sa haine ; et, dès lors, il ne cherche plus que vengeance. Aussi, dès que Silvio peut rejoindre Nedda, le misérable qui les espionnait va prévenir le mari. Paillasse accourt, trop tard pour surprendre le couple — mais il a vu s'enfuir une ombre, qui lui échappe, et entendu quelques mots de rendez-vous. C'en est assez pour qu'il accable sa femme de sa colère, sans réussir à lui faire nommer son amant, — et il la tuerait sans doute sur place ; mais ses compagnons viennent le chercher pour le spectacle — il faut composer son visage, jouer son rôle de Paillasse, rire pour égayer la foule...
Canio a son idée fixe : il veut forcer le coupable à se trahir. La comédie bouffe commence : Colombine doit recevoir Arlequin en l'absence de Paillasse. La situation n'est qu'un tragique décalque de l'état d'âme des interprètes et de leur position vis-à-vis les uns des autres : mêmes prétentions ridicules du jocrisse au cœur de la coquette — mêmes déclarations de l'amoureux favorisé — même retour inopiné du mari jaloux... A partir de ce moment, le public est surpris de l'accent de vérité farouche que met Canio dans son débit — tout à coup, le Paillasse a saisi un poignard ; et, dans l'assistance, Silvio s'est dressé... mais déjà, la pauvre Nedda tombe mortellement atteinte ; Canio bondit sur son rival, qu'il frappe sur le corps de la femme, et s'écroule auprès des cadavres dans une crise de démence... Fin de la comédie humaine. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PAILLE D'AVOINE
Opérette en un acte, livret d'Adolphe Jaime, Rozale et Alphonse Lemonnier, musique de Robert Planquette, représentée au théâtre de la Porte-Saint-Denis le 13 octobre 1877 ; chantée par Mme Matz-Ferrare.
PAIN BIS (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Brunswick et Arthur de Beauplan, musique de Théodore Dubois. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 février 1879, costumes de Théophile Thomas, avec Mlles Ducasse, Chevalier, MM. Barnolt, Fugère.
« L'idée n'est pas neuve. Daniel le brasseur est entretenu par sa femme Charlotte dans une oisiveté complète, de peur qu'il ne lui arrive de quitter ses jupons, tandis qu'elle fait tout l'ouvrage de la maison. Sa servante, une Lilloise, traite autrement Séraphin, son amoureux ; elle se croise les bras et fait suer sang et eau le pauvre garçon. Daniel s'ennuie et fait la cour à la servante. Pour lui plaire, il subit tous ses caprices, tire les seaux d'eau, porte le bois, etc. Charlotte s'aperçoit de sa fausse manœuvre et, après une explication conjugale assez orageuse, remet les rôles à leur place. Tout cela est, en somme, assez vulgaire. La musique est travaillée et offre une quantité de détails ingénieux et élégants, sans toutefois faire preuve d'une inspiration soutenue. L'instrumentation joue un rôle trop prépondérant. On peut signaler l'air de Daniel, J'ai pour femme un trésor, et le quatuor final. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PAIX (LA)
Opéra-ballet en trois actes et prologue, par Roy, musique de Rebel et Francœur, représenté à l'Opéra le 29 mai 1738.
"Les auteurs y ajoutèrent Nirée le 22 juillet 1738, après avoir déjà remplacé leur 1er acte par celui de la Fuite de l'Amour ; mais, en dépit de leurs efforts, ils ne purent l'aire jouer leur Ballet de la Paix plus de trente et une fois."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PAIX ARMÉE (LA)
Opérette en un acte, musique de Jules Costé, représentée à Paris, Cercle de l’Union artistique le 16 avril 1868.
PAIX, CHARITÉ, GRANDEUR
Cantate, paroles d'Edouard Fournier, musique de Jean-Baptiste Weckerlin, interprétée au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 15 août 1866 avec Mme Pauline Gueymard-Lauters, M. Eugène Caron et les artistes des chœurs.
PAIX ET L'AMOUR (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Molière, à Paris, en 1798.
PAIX ET LIBERTÉ !
Cantate scénique, paroles de Jules Adenis, musique de Jules Massenet, exécutée au Théâtre-Lyrique le 15 août 1867 par Mme Ferdinand-Sallard et M. Jules Puget.
PALADINS (LES)
Opéra-ballet en trois actes, livret de Jean-François Duplat de Monticourt, musique de Jean-Philippe Rameau.
Première représentation à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal), le 12 février 1760 sous la direction de Pierre Montan Berton.
« Cet ouvrage n'eut que quelques représentations. Rameau prétendit qu'on n'avait pas eu le temps de goûter sa musique, et se servit de cette expression : « La poire n'est pas mûre. » Une actrice, Mlle Carton, répondit : « Cela ne l'a pourtant pas empêchée de tomber. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le sujet est tiré d'un conte de La Fontaine : le Petit chien qui secoue des pierreries.
Cet opéra-ballet ne réussit point.
Parodie : les Pèlerins de la Courtille, de Lemonnier, 1760. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PALESTRINA
Légende musicale allemande en trois actes, poème et musique de Hans Pfitzner.
Personnages : le pape Pie IV (basse) ; Giovanni Marone et Bernardo Novagerio, légats du pape (baryton et ténor) ; le cardinal Christoph Madruscht, prince évêque de Trente (basse) ; Carlo Borromeo, cardinal romain (baryton) ; le cardinal de Lorraine (basse) ; Abdisu, patriarche d’Assyrie (ténor) ; Anton Brus de Muglotz, archevêque de Prague (basse) ; le comte Luna, envoyé du roi d’Espagne (baryton) ; l’évêque de Budoja (ténor) ; Theophilus, évêque d’Imola (ténor) ; l’évêque de Cadix (baryton-basse) ; Palestrina, maître de chapelle de l’église Sainte-Marie-Majeure de Rome (ténor) ; Igino, son fils (soprano) ; Silla, son élève (mezzo-soprano) ; l’évêque Ercole Severolus, maître des cérémonies au concile de Trente (baryton-basse).
L’action se déroule à Rome et à Trente, en novembre et décembre 1563, l’année de la fin du concile.
Créée à Munich, Prinzezgententheater, le 12 juin 1917, dans une mise en scène de Hans PFITZNER qui dirigea la représentation du 11 septembre.
Mmes Maria IVOGUN (Ighino), Emmy KRUGER (Silla).
MM. Karl ERB (Palestrina), Fritz FEINHALS (Carlo Borromeo), Paul KUHN (Bernardo Novagiero), Frederic BRODERSEN (Cardinal Morone), Paul BENDER (le Pape Pie IV), Léo SCHUTZENDORF (Graf Lune).
Chef d'orchestre : Bruno WALTER
Première fois à Paris, au Palais Garnier, dans la traduction française de Roger Fernay, le 30 mars 1942 — Décors et costumes dessinés par Adolf Mahnke — Mise en scène de Bruno VON NIESSEN.
Mmes COURTIN (Ighino), SCHENNEBERG (Silla), LEFORT (le Spectre de Lucrèce), SAINT-ARNAUD (un Jeune Docteur, un Ange), MAHE et HAMY (2 Anges).
MM. DE TREVI (Palestrina), BECKMANS (Cardinal de Borromée), FANIARD (Bernardo Novagiero), CAMBON (Cardinal Morone), DUTOIT (le Pape Pie IV), GILLES (Graf Luna), MEDUS (Cardinal Madruscht), RAMBAUD (Evêque de Budoja), PACTAT (Cardinal de Lorraine), CLAVERIE (Evêque de Prague), ETCHEVERRY (Evêque de Cadix), CHARLES-PAUL (Evêque de Severolus), GOURGUES (Patriarche d'Assyrie), DESHAYES (Evêque d'Imola), DE LEU (Dandini Grossetto), DELORME (Evêque de Fiesole), PETITPAS (Evêque de Feltre), DELORT et VAUTHRIN (2 Evêques), GAYAN (Masarelli, Giuseppe), CLAVAUD (Général des Jésuites).
MM. NORÉ, RAMBAUD, CHASTENET, CHARLES-PAUL, CAMBON, CLAVERE, FROUMENTY, ETCHEVERRY, DUTOIT (les Spectres des anciens Maîtres), SAINT-COME, DESHAYES, MEDUS, PETITPAS, GICQUEL (les Chanteurs de Sainte-Marie Majeure).
Chef d'orchestre : Bertil WETZELSBERGER
13e à l’Opéra, le 13 décembre 1942, avec les créateurs, sauf : Mme COUVIDOUX (un Jeune Docteur), MM. FRONVAL (Palestrina), FOREST (Graf Luna), MEDUS (le Pape Pie IV), DUTOIT (un Chanteur, - à la place de Médus -) et Louis FOURESTIER au pupitre.
13 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Ce grand opéra historico-musical met en scène le compositeur Palestrina en conflit avec le pape au sujet de la réforme de la musique d'église (*), et qui triomphe finalement, grâce à la composition d'un chef-d'œuvre authentique : la Messe dite « du Pape Marcel ». L'action se déroule en 1563, à la fin du Concile de Trente.
(*) La musique polyphonique en opposition à la musique monodique de l'église traditionnelle.
Au 1er acte, Palestrina, las et découragé, n'a plus rien écrit depuis la mort de sa femme Lukrezia. En vain, le Cardinal Borromée l'incite-t-il à composer une œuvre magistrale qui sauverait la musique nouvelle menacée par le pape.
Soutenu par l'apparition miraculeuse de sa femme et celle des maîtres du passé venus l'encourager à renouer la chaîne qui les unit tous à travers les siècles, Palestrina écrit alors, inspiré par les anges et sous leur dictée, en une nuit, la Messe dont, au petit jour, son fils Ighino et son élève Silla trouvent les feuillets épars, autour du vieux maître endormi à sa table de travail.
Le 2e acte, en contraste absolu, présente de l'ultime séance du Concile de Trente, une image révélant tout le matérialisme et la futilité qui dominent les discussions des hauts dignitaires de l'Église. La séance levée, les serviteurs espagnols et italiens reprennent la dispute de leurs maîtres, et le Cardinal Madruscht doit faire intervenir les armes pour mettre fin au désordre.
Le 3e acte s'ouvre à Rome, chez Palestrina, dans l'attente de la décision papale au sujet de sa nouvelle composition qui s'exécute dans la chapelle Sixtine. Bientôt, les chanteurs apparaissent, acclamant le sauveur de la musique nouvelle que le pape Pie IV en personne vient féliciter et rétablir dans ses fonctions. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
PALMA ou LE VOYAGE EN GRÈCE
Opéra-comique en deux actes, livret de Pierre-Edouard Lemontey, musique de Charles-Henri Plantade. Création à Paris, Théâtre Feydeau, le 22 août 1798. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 02 octobre 1801.
PALMYRE ou LE PRIX DE LA BEAUTÉ
Opéra-comique, musique de Légat de Furey, amateur, et élève de Rameau, écrit vers 1780 et exécuté dans des réunions privées.
PALUDIER DU BOURG-DE-BATZ (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret de M. Tanguy, musique de M. Febvre, représenté au théâtre d'Angers le 30 mars 1876.
PAN ET LA SYRINX
Moralité légendaire en un acte, livret et musique de Jacques Chailley, d'après le poème de Jules Laforgue. Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 23 novembre 1962, mise en scène de René Clermont (1921-1994), chorégraphie de Michel Rayne, décor et costumes de Jacques Noël (1924-2011), avec Jean-Christophe Benoît (Pan), Jane Berbié (la Syrinx), Jacques Loreau (le Haut-Parleur), chef d'orchestre : Richard Blareau, danse : Olga Alexandrowicz et Jean-Pierre Martino. 4 représentations en 1962, 2 en 1963, soit 6 au 31.12.1972.
« Comme à l’Opéra, Georges Auric a la ferme intention de donner à l'Opéra-Comique tous ses soins. Ce théâtre traverse ce qu'il est convenu d'appeler une « crise » ; il souffre surtout de la désaffection du public jeune, et d'un amaigrissement de son répertoire, dû à des causes diverses, dont certaines ne sont que fortuites. Auric veut précisément en faire un théâtre pour les jeunes, sans pour cela ne plus le considérer que comme un banc d'essai. Il a accepté que l'on y joue une œuvre reçue avant son accession à ses fonctions actuelles, Pan et la Syrinx, de Jacques Chailley. C'est un acte fort aimable d'un musicien d'une grande culture, qui ne manque ni d'esprit ni de savoir-faire. Le texte, de Jules Laforgue, ne brille pas précisément par ses qualités lyriques ; le mérite de Chailley n'en est que d'autant plus grand d'avoir su faire chanter véritablement ses personnages, sur le mode ironique, évidemment. L'œuvre tient surtout par son personnage principal, ce Pan dont l'aventure peut être définie comme une initiation à la fois musicale et amoureuse. Le rôle réclame un excellent chanteur, doublé d'un excellent comédien. Jean-Christophe Benoît est l'un et l'autre, et son succès personnel a été à juste titre très vif. Le rôle de la Syrinx est bien plus passif, et peut-être un peu trop souvent muet. Une fois de plus, Jane Berbié y a déployé ses qualités de charme et la sûreté de son instinct de musicienne. Vocalement, j'eusse souhaité — comme je l'ai déjà fait pour sa Zerline d'avant les vacances — un timbre plus clair que celui dont la nature l'a pourvue. Je sais bien que son timbre, précisément, lié aux limites de sa tessiture, réduit le nombre des personnages dont elle me paraîtrait l'incarnation idéale : pages, travestis, tels que Siebel, où je serais heureux de pouvoir l'applaudir. Mais qu'importe, en ce cas, la quantité ? Mieux vaut, en un rôle, atteindre à l'excellence, que de laisser subsister, dans dix personnages, certains regrets. »
[Antoine Goléa, Musica disques, janvier 1963]
PANACHE BLANC (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Albert Carré et Audebert, musique de Philippe Flon, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 15 février 1884 avec Mmes Legault, Bégond, MM. Delaquerrière, Soulacroix, Chappuis, Guérin, Blondeau.
PANCHO
Drame lyrique en trois actes (légende mexicaine), livret d'A. Rastier, musique d'Edmond Van Cleef, créé au Casino de Nice le 07 février 1923.
PANCRACE ET POLYCARPE
Opéra-comique en deux actes, musique de Byesse, représenté au théâtre Montansier en 1797.
PANDORE
Mélodrame, paroles de d'Aumale de Corsenville, musique de Beck, représenté au théâtre de Monsieur le 2 juillet 1789.
PANDORE
Scène lyrique pour voix de soprano, récitant et chœur, livret de Paul Collin, musique de Gabriel Pierné (1888).
PANIER FLEURI (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d’Ambroise Thomas. Création au Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le lundi 06 mai 1839, avec Mlle Zoé Prévost (Angélique), MM. Jean-Baptiste Chollet (Beausoleil), Achille Ricquier (Robichon), Honoré Grignon (Roland), Tessier (François).
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 26 mars 1854, avec Mme Adolphine Petit-Brière (Angélique), MM. Gustave Sujol (Beausoleil), Leroy.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 23 en 1854.
« La trivialité du sujet contraste avec la rare élégance de la musique de M. Ambroise Thomas. Mme veuve Beausoleil joue un peu le rôle de la Mère Grégoire, chansonnée par Béranger, même après le retour inattendu du hussard Beausoleil, son mari, qu'on avait cru mort. Le Panier fleuri est l'enseigne de l'auberge tenue par ce couple accommodant. Il ne saurait y avoir de la franche gaieté dans la représentation d'un tel livret. Nous citerons, parmi les morceaux les plus jolis de la partition, le duo chanté par Chollet et Mlle Prévost : J'ai bien appris à te connaître ; l'air militaire : Mes beaux seigneurs, et le quatuor final : A la consigne sois fidèle. Ricquier jouait un rôle de greffier avec une verve très comique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le futur auteur du Caïd et d'Hamlet était tout frais émoulu de l'école de Rome lorsqu'il donna ce petit acte en 1839, à l'Opéra-Comique. Il n'avait encore fait jouer que deux opéras : la Double échelle et le Perruquier de la Régence. Les rôles créés par Chollet et Mlle Prévost furent repris au Théâtre-Lyrique par Sujol et Mme Petit-Brière. La pièce, qui ne manque pas de gaîté, est pleine de lazzi de cabaret et de corps-de-garde. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PANNE AUX AIRS
Parodie en un acte, livret de Clairville, musique de Frédéric Barbier, représentée au théâtre Déjazet le 30 mars 1861.
PANORAMA DE PARIS (LE) ou C’EST FÊTE PARTOUT !
Divertissement en cinq tableaux, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert et Armand Dartois, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 avril 1821, à l'occasion du baptême de Monseigneur le duc de Bordeaux. Cet ouvrage a été très applaudi.
PANTAGRUEL
Opéra bouffe en deux actes, livret d'Henri Trianon, musique de Théodore Labarre, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 24 décembre 1855. Décors d'Hugues Martin. Costumes d'Alfred Albert. Avec Mmes Laborde (Nicette), Poinsot (Pantagruel), MM. Belval (Gargantua), Louis-Henri Obin (Panurge), Boulo (Dindenault), Marié, Sapin, Kœnig.
Cet ouvrage, représenté en présence de l'Empereur et de l'Impératrice, n'a été joué qu'une fois.
« Notre première scène lyrique ne peut tolérer la bouffonnerie rabelaisienne. Elle peut s'accommoder de situations comiques, tempérées par la grâce, et encore rarement. La pièce de Pantagruel est tombée à plat dès la première représentation, et l'excellent musicien a été encore victime du choix d'un médiocre livret. L'ouverture, le chœur des écoliers, l'air de Panurge et les détails de l'orchestration ont recueilli les suffrages des amateurs. Les rôles ont été joués par Obin, Boulo, Belval, Marié, Mme Laborde et Mlle Poinsot, cette dernière portant le costume de Pantagruel. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Pantagruel ne fut joué qu'une seule fois. Cet ouvrage fut interdit par ordre de l'empereur, présent à la première représentation et qui crut trouver dans le livret des allusions malveillantes pour lui et pour son entourage. »
(Félix Jahyer, Paris-Théâtre, 09 avril 1874)
PANTAGRUEL
Opéra héroï-comique, livret d’Alfred Jarry et E. Demolder, d’après Rabelais, musique de Claude Terrasse.
Première représentation à l’Opéra de Lyon, le 30 janvier 1911, sous la direction de Maurice Frigara.
PANTHÉE
Opéra-ballet en cinq actes, paroles de Lafare, musique de Philippe, duc d'Orléans, et de Gervais, représenté par l'Académie royale de musique, dans les appartements du Palais-Royal, le 15 mars 1709.
PANTHÉE
Opéra en quatre actes, musique de Reichardt, représenté à Paris en 1786.
PANTINS (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Edouard Montagne, musique de Georges Hüe. Création à l’Opéra-Comique le 28 décembre 1881. => fiche technique
PANTINS DE VIOLETTE (LES)
Opéra bouffe en un acte, livret de Léon Battu, musique d’Adolphe Adam, représenté aux Bouffes-Parisiens le 29 avril 1856, avec Mmes Schneider (Pierrot), Marie Dalmont (Violette) ; M. Pradeau (Alcofribas).
« Un peu moins d'un an avant la représentation des Pantins de Violette, Adolphe Adam avait écrit à M. Jouvin une lettre dans laquelle il définissait parfaitement la nature de son propre talent, tout en peignant avec un rare bonheur d'expression les tendances actuelles de l'art.
« … Je me reconnais effectivement, ‑ avait-il dit, ‑ atteint de cette hystérie musicale qui me force à produire sans cesse. Aussi, comme je ne sais pas et ne veux pas savoir jouer au whist, Dieu sait quelle vieillesse m'attend, quand on ne voudra plus de ma musique ! Le moment n'en est peut-être pas bien loin. Je ne sais faire que de la musique qui caresse ; mais le public devient lépreux : il commence aimer qu'on le gratte ; il voudra bientôt qu'on l'égratigne et qu'on l'écorche. »
Et ce sont là de grandes vérités. Le répertoire d'Adam n'est qu'une longue caresse mélodique qui commence au Chalet pour finir aux Pantins. Cette dernière partition, toute pimpante de verve et d'originalité, fut comme le chant du signe de l'artiste regretté. A quelques jours de là, il fut trouvé mort un matin dans son lit.
La romance Quand j'ai perdu ma tourterelle... dont l'exposition mineure se retrouve au majeur dans la conclusion, est d'un tour naïf et pleureur ; la Chanson du pantin et les couplets d'Alcofribas mettent la joie au cœur par leur rythme entraînant et la netteté de leurs contours mélodiques. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« C'est une gentille partition. Dans ce milieu de pierrots, de polichinelles, de magiciens et de Colombines, le compositeur est à son aise. Ses mélodies claires et faciles, son instrumentation fine et déliée sont à leur place et produisent un effet très agréable. On a applaudi à juste titre l'air de Violette à son serin : Canari, mon chéri ; le rondo d'Alcofribas : En ce monde, à la ronde, et l'air : Pierrot, joli pantin. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PANTOUFLE (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Jean-Baptiste Rochefort, représenté à Montansier vers 1780.
PANURGE
Opéra-comique en trois actes, livret de Clairville et Octave Gastineau, musique d’Hervé, représenté à Paris, Bouffes-Parisiens, le 10 septembre 1879, sous la direction de Marius Baggers, avec Mmes Bennati (Phœbé), Luther (Fanfare), Lynnès (Fleurette), Rivero (Coquerolle), Becker (Gibeline), MM. Auguste Louis Arsandaux (Panurge), A. Jolly (Grippeminaud), Pamard (Claquedent), Desmonts (Brisepaille), Pescheux (Couporeille), Lespinasse (le Crieur), Berthelot (Hilarion).
« Toute la pièce roule sur les maris trompés, pour arriver à montrer le sacripant Panurge faisant assez bon ménage avec la ribaude Phœbé pour échapper aux représailles que Grippeminaud, gouverneur de Beaugency, voudrait lui faire subir. Cette pièce abonde en gauloiseries de mauvais goût, comme le comporte tout sujet tiré de Rabelais ; d'ailleurs, elle n'a pas mieux réussi que les autres pièces ayant même origine. Labarre était un musicien d'une autre valeur que M. Hervé, et cependant son Pantagruel est tombé à plat.
Il suffirait de transcrire ici les couplets de Panurge, Ce mari comme de coutume ; ils inspireraient au lecteur une répulsion salutaire pour tout mélange de choses religieuses et respectables en soi avec les gravelures trop nombreuses dans ce genre de pièces. Il y a dans la partition des pages mélodiques très agréables. Je citerai : le duetto Mariez-vous, ne vous mariez pas ; les couplets On peut dire et médire de la vie à deux ; la romance de Panurge, Moi, vagabond, seul sur la terre, d'un excellent sentissent, qu'on s'étonne de trouver dans un tel personnage ; les Strophes à l'amour, mélodie gracieuse et poétique, même sur des paroles d'un libertinage grossier. Ce qui a été le plus applaudi le méritait le moins : ce sont les couplets des moutons de Panurge, la valse chantée par Phœbé la ribaude et la ronde des maris de Beaugency. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PANURGE
Opérette à spectacle en trois actes et dix tableaux, livret de Henri Meilhac et Albert de Saint-Albin, musique de Robert Planquette, représentée à Paris, Gaîté-Lyrique, le 22 novembre 1895, avec Soulacroix (Panurge) et Mariette Sully (Catarina), sous la direction de Charles Malo.
PANURGE
Haulte farce musicale en trois actes, livret de Georges Spitzmüller et Maurice Boukay, musique de Jules Massenet, représentée au Théâtre-Lyrique de la Gaîté le 25 avril 1913. => fiche technique
PANURGE DANS L'ÎLE DES LANTERNES
Comédie-opéra en trois actes, en vers, livret du comte de Provence (futur Louis XVIII) et de Morel de Chedeville, d’après Rabelais, musique de Grétry.
Création au Théâtre de l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 25 janvier 1785, sous la direction de Jean-Baptiste Rey. Ballet réglé par Gardel l'aîné. Avec Mme Saint-Huberti (Climène), M. Lays (Panurge).
« Grétry dit naïvement dans ses Essais, à propos de cet ouvrage : « Panurge est le premier ouvrage entièrement comique qui ait paru avec succès sur le théâtre de l'opéra, et j'ose croire qu'il y servira de modèle. » Le sujet est tiré de Rabelais, et cependant le livret a semblé monotone et sans gaieté, comme toutes les pièces ayant la même origine. L'ouverture, qui est des plus médiocres, a paru si belle à son auteur, qu'il l'a reprise à la fin de l'opéra pour accompagner le ballet. La tempête qui jette Panurge sur le rivage de l'île des Lanternes est rendue d'une façon puérile. Quelques passages du poème expriment assez bien le caractère de Panurge, pour lequel le présent seul existe ; entre autres celui-ci :
Ne te souvient-il plus que tu fus marié ?
— O ciel ! en voyageant, je l'avais oublié.
« Mais Grétry manque de sens lorsqu'il affirme que ce comique est digne de Molière. Molière et Rabelais, quel contraste ! Gardel avait réglé les danses, et Laïs chanta le rôle de Panurge. Nous venons de relire la partition et nous ne trouvons rien à citer. C'est une des erreurs du charmant maître liégeois. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le sujet de cet opéra bouffe, qui manque de gaieté, fut indiqué à Morel de Chédeville par le comte de Provence. — En 1800, Moutonnet-Clairfons publia Panurge, ballet comique en 3 actes et en vers libres de Fr. Parfaict, pour faire voir que l'opéra de Morel est un plagiat.
L'ouverture renferme de belles idées mélodiques et est répétée à la fin de l'ouvrage pour le grand ensemble imaginé par le chorégraphe Gardel.
Pas de quatre dansé par Vestris, Gardel, Mlles Langlois et Saulnier : il fit la fortune de cet opéra, dont le succès resta d'abord indécis. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PAPA DE FRANCINE (LE)
Opérette en trois actes, livret de Victor de Cottens et Paul Gavault, musique de Louis Varney, représentée au théâtre Cluny le 05 novembre 1896.
PAPILLOTES DE MONSIEUR BENOIST (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique d’Henri Reber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 décembre 1853. C'est une œuvre de goût, pleine de science et de sentiment. En voici le sujet : Deux jeunes gens, qui se croient frère et sœur et dans une position de fortune très modeste, ont pour voisin un brave et digne homme, M. Benoist, qui joue du violon. Il est très bien accueilli par les jeunes ouvriers, et même si bien, qu'il se croit un instant aimé de Suzanne, qui lui a dit en plaisantant qu'elle ne voulait pas d'autre mari que lui. Cependant Benoist se souvient de son premier, de son unique amour. Il avait adressé une déclaration en vers à une charmante fille qui habitait une chambre vis-à-vis de la sienne. Le madrigal avait été accepté. Le lendemain la belle se met à la fenêtre ; une de ses papillotes est enlevée par le vent. Notre poète amoureux s'en empare ; mais quelle est sa stupéfaction lorsqu'il reconnaît un fragment de sa déclaration ! Aussi, depuis ce temps, il doute fort de lui-même et des sentiments qu'il peut inspirer. Il a raison, car l'ouverture d'une boîte, renfermant un testament, fait connaître que Suzanne n'est pas la sœur d'André. Tous deux pleuraient à la pensée de se quitter. C'est de grand cœur qu'ils s'épousent, et le brave Benoist retourne à sa mansarde avec son violon. Ce dernier personnage a été créé par Sainte-Foy avec un talent achevé de comédien. Tous les morceaux qui composent la partition de M. Reber ont du caractère, expriment avec vérité la situation, le sentiment intime des personnages. La mélodie est toujours distinguée, et l'harmonie d'un intérêt soutenu. La facture a les apparences de la simplicité, ce qui a fait accuser la manière du compositeur d'affectation et de parti pris. C'est à notre avis une erreur. Il y a dans les accompagnements une dépense considérable de connaissances symphoniques et d'arrangements ingénieux. Grétry et Haydn semblent revivre dans le style dramatique de M. Reber. Ce n'est pas un faible mérite que d'évoquer de telles ombres. Nous signalerons, parmi les morceaux saillants, la romance de M. Benoist, les couplets d'André : Suzanne n'est plus un enfant ; le dialogue entre la voix de Suzanne et le violon de M. Benoist ; le duo du partage du mobilier maternel et un dernier duo d'amour. Le compositeur a traité l'orchestration avec une grande sobriété, sans y employer les cuivres. Les rôles ont été créés par Sainte-Foy, Couderc et Mme Miolan-Carvalho. La partition a été arrangée pour piano et chant par M. Vauthrot.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÂQUERETTE
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Grangé et Charles de La Rounat, musique de Jules Duprato. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 02 juin 1856. Il s'agit, dans la pièce, d'une jeune fille bretonne que son tuteur, le vieux soldat Christophe, veut faire épouser à Banalec, qui est fils d'un fermier, et d'une niaiserie complète. La jeune Pâquerette est, de son côté, d'une naïveté telle, que le vieux troupier croit devoir inviter Gaston de Beaupré, ancien officier de son régiment, à servir d'intermédiaire entre les fiancés. Cet officier vient en Bretagne pour épouser une riche châtelaine ; mais, en s'acquittant consciencieusement de son emploi, il est lui-même épris de la grâce et de l'innocence de Pâquerette, la préfère à la riche héritière, et la demande en mariage aux yeux de Banalec stupéfait. La musique a paru montée d'un ton au-dessus du livret, tant sous le rapport de la solennité de certaines phrases nullement en rapport avec le sujet que sous celui de l'instrumentation, trop chargée de cuivres. On a remarqué la chanson de Banalec : Ah ! j' sis-t-y content ! et le finale. Distribution : Gaston, Jourdan ; Banalec, Sainte-Foy ; Bernard, Nathan ; Pâquerette, Mlle Henrion.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÂQUES DE LA REINE (LES)
Grand opéra en quatre actes, paroles de M. Mary Lafon, musique de Paul Mériel, représenté à Toulouse, sur le théâtre du Capitole, le 20 mars 1886.
PÂQUES FLEURIES
Opéra-comique en trois actes et quatre tableaux, livret de Clairville et Alfred Delacour, musique de Paul Lacôme, représenté aux Folies-Dramatiques le 21 octobre 1879. Ramon de Navarrins s'oppose au mariage de sa fille avec le capitaine Roger de Marsan et veut la marier au général espagnol don Diego. Une paysanne basque, la Maïta, et Riquet, son amoureux, favorisent les rendez-vous des jeunes gens. On est en temps de guerre. Selon l'usage, la fête de Pâques fleuries est un jour de trêve. Le général en profite pour se marier avec Irène de Marsan. Mais au moment de la cérémonie, la Maïta fait rompre la trêve ; le général s'empresse de retourner à son poste et l'union des deux amants s'ensuit.
Sur ce livret d'une naïveté excessive, M. Lacôme s'est donné la peine d'écrire une partition sérieusement travaillée et de faire valoir chaque scène avec esprit et délicatesse. Je signalerai surtout le duo de Maïta et Riquet suivi d'un joli quatuor, le rondeau de Pâques fleuries et des airs de danse assez caractérisés. Cet ouvrage est çà et là entaché de couplets d'un goût douteux. Chanté par Lepers, Simon-Max, Luco, Maugé, Gabel, Vavasseur, Mme Juliette Simon-Girard, Mlle Monthy.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PAR LA FENÊTRE
Opérette en un acte, musique de Firmin Bernicat. Création aux Folies-Bergère en 1874.
PARADE (LA)
Opérette, livret de Jules Brésil, musique d’Emile Jonas, représentée aux Bouffes-Parisiens le 02 août 1856.
« Il n'a manqué à cette bouffonnerie que d'être jouée à la porte du théâtre : c'est même d'abord ainsi que nous avions compris la chose, et cela nous réjouissait fort pour les promeneurs des Champs-Elysées. Mais il en fut autrement (crainte du mauvais temps). »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
PARADIS DE MAHOMET (LE)
Opérette en trois actes, livret de Henri Blondeau, musique de Robert Planquette complétée par Louis Ganne.
Représenté à Paris, Théâtre des Variétés, le 13 mai 1906.
PARADIS DE MAHOMET (LE) ou LA PLURALITÉ DES FEMMES
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique de Frédéric Kreubé et Rodolphe Kreutzer.
Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 23 mars 1822, avec Mmes Pradher (Zéneyde), Ponchard (Zuléma), Marie Julie Boulanger (Nyn-Dia), Zoé Prévost (Fatmé) ; MM. Vizentini (Nathan), Ponchard (Adolphe), Paul (Nadir), Louvet (Assem), Féréol (Balachou), Allaire (Ours-Kan), Leclerc (Sa-Hab).
« Le public a montré peu d'empressement pour cet ouvrage, qui cependant avait été fort applaudi à la première représentation. »
[Almanach des spectacles, 1823]
PARADIS PERDU (LE)
Drame oratorio en quatre parties, paroles d’Edouard Blau, d'après le poème de Milton, musique de Théodore Dubois, exécuté le 27 novembre 1878 aux concerts du Châtelet (Concerts Colonne), où les soli étaient chantés par Mlles Jenny Howe et Sarah Bonheur, MM. Furst, Lauwers, Séguin, Villaret fils et Labarre.
« Cet ouvrage avait obtenu, en partage avec le Tasse, de Benjamin Godard, le premier prix au concours biennal de composition de la ville de Paris. On y a surtout applaudi dans la seconde partie (l'Enfer) le trio des anges rebelles et l'air de Satan, et, dans la troisième (le Paradis terrestre), le joli chœur féminin des Esprits, le duo élégant d'Adam et Eve, et l'air énergique du triomphe de Satan. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PARAGUASSÙ
Poème lyrique en trois parties, musique de O'Kelly et de Villeneuve, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 02 août 1855, au bénéfice de l'Association des artistes musiciens. Cet ouvrage, dont l'action se passe au bord de la rivière des Amazones, a été interprété par François Marcel Junca, Charles Dulaurens, Ribes et Mme Deligne-Lauters [Pauline Gueymard-Lauters]. On a remarqué un joli duo entre Paraguassù et Diego. Des fragments de cette œuvre ont été exécutés dans la salle Pleyel, en 1864, par la Société de Sainte-Cécile.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PARAPLUIE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Deulin et de Najac, musique d’Albert Grisar ; ouvrage posthume et inédit.
PARATAIO (IL) ossia IL CACCIATOR DELUSO
[en français le Chasseur trompé]
Intermède italien en deux actes, musique de Niccolo Jommelli, représenté par l'Académie royale de musique le 23 septembre 1753, avec Manelli (Argone), Anna Tonelli (Clarissa), Cosimi (Floro), Cat. Tonelli (Fille).
« Il fut représenté le 25 septembre 1753 après les Artisans de qualité. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PAR-DEVANT MAÎTRE PLANTIN
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Annelot, musique de M. Geng, représenté à Cherbourg, le 17 février 1876.
PARDON DE PLOËRMEL (LE)
[ou Dinorah]
Opéra-comique en trois actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique de Giacomo Meyerbeer.
Personnages : Dinorah, paysanne (soprano) ; Hoël, chevrier, son fiancé (baryton) ; Corentin, un berger, joueur de cornemuse (ténor) ; le chasseur (basse) ; le moissonneur (ténor) ; des chevriers (soprano et contralto).
L’action se déroule dans un village breton, au XIXe siècle.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 avril 1859, en présence de Leurs Majestés Impériales, mise en scène d’Ernest Mocker, décors d’Edouard Desplechin et Chevet.
|
04.04.1859 Opéra-Comique (création) |
26.09.1874 Opéra-Comique (100e) |
23.05.1881 Opéra-Comique
|
28.09.1886 Opéra-Comique (180e) |
16.03.1912 Opéra-Comique (209e) |
Dinorah |
Marie CABEL |
Zina DALTI |
VAN ZANDT |
MERGUILLIER |
NICOT-VAUCHELET |
Un Pâtre |
BREUILLÉ |
DUCASSE |
Lucie DUPUIS |
Blanche DESCHAMPS |
L. VAUTHRIN |
Un Pâtre |
Emma BELIA |
Lina BELL |
DEGRANDI |
C. THEVENET |
|
Chevrière |
DUPUY |
NADAUD |
ESPOSITO |
FLORENTZ |
|
Chevrière |
Marguerite Jeanne Camille DECROIX |
Marguerite Jeanne Camille DECROIX |
Blanche BALANQUÉ |
MARINI |
|
|
|
|
|
|
|
Hoël |
Jean-Baptiste FAURE |
Jacques BOUHY |
DUFRICHE |
Max BOUVET |
H. ALBERS |
Corentin |
SAINTE-FOY |
Paul LHÉRIE |
BERTIN |
BERTIN |
CAPITAINE |
Loïc |
Constant LEMAIRE |
DUFRICHÉ |
Pierre Julien DAVOUST |
Pierre Julien AVOUST |
Georges MESMAECKER |
Claude |
PALIANTI |
PALIANTI |
TESTE |
TESTE |
DONVAL |
le Braconnier |
BARRIELLE |
BARRIELLE |
BELHOMME |
FOURNETS |
GUILLAMAT |
le Faucheur |
WAROT |
SACLEY |
MOULIÉRAT |
VEZZANI |
|
Chef d’orchestre |
MEYERBEER |
DELOFFRE |
J. DANBÉ |
RÜHLMANN |
216 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 8 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 23 décembre 1859 avec Mmes Sophie Boulart (Dinorah), Dupuy et Cèbe (pâtres), MM. Carman (Hoël), Aujac (Corentin), Depoitier (le chasseur), Hénault (le faucheur).
« Le livret, qui traite une paysannerie bretonne triste, ennuyeuse au possible, a offert néanmoins au grand musicien l'occasion de déployer une variété infinie d'effets. La contexture de la pièce est telle, qu'il en résulte une suite de tableaux que Meyerbeer a décrits avec cette science, cette habileté, ce luxe de détails étudiés qui, à défaut même de l'inspiration, rendent toujours ses opéras intéressants et excitent à juste titre l'admiration des connaisseurs. Le Pardon de Ploërmel a été joué sur les théâtres étrangers sous le nom de Dinorah, avec un succès durable. Dans le premier acte, on remarque tout d'abord le thème plein de fraîcheur du chœur des paysans et paysannes : le Jour radieux se voile à nos yeux, et l'ensemble des six voix de femmes sur un rythme nouveau et original. La course de la chèvre de Dinorah est ingénieusement imitée par l'orchestre ; les couplets de Corentin, à deux mouvements, sont assez bizarres. Ecrits en vers de neuf syllabes, sur la demande du maître, ils n'en paraissent pas plus harmonieux à l'oreille :
Dieu nous donne à chacun en partage
Une humeur différente ici-bas.
Il en est qui sont pleins de courage ;
Moi, je suis de ceux qui n'en ont pas.
L'harmonie, successivement majeure et mineure, déroute l'oreille sans la charmer, et l'allegretto qui suit n'est rien moins que plaisant. Le duo entre Dinorah, la folle, et Corentin, le poltron, cause plus de malaise que de plaisir. La situation est forcée, la musique l'exprime trop bien. Dans ces sortes de cas, les compositeurs italiens laissent l'esprit divaguer et la raison de côté ; ils s'adressent à l'oreille, quelquefois à la virtuosité, et ils font bien ; le public ne s'ennuie pas. L'air de baryton : O puissante magie, est très remarquable par son énergie, rendue plus sensible par l'introduction d'une belle phrase en mi majeur pleine de tendresse. Le premier acte est terminé par un trio élégant et gracieux, accompagné d'un effet lointain d'orage qui prépare aux péripéties du second acte. Ce second acte a une scène charmante, poétique ; c'est une vraie trouvaille. C'est elle qui a décidé du succès de l'ouvrage ; c'est elle qui a fait pardonner aux auteurs d'avoir groupé tant d'idées, d'efforts, de traits ingénieux autour d'une légende stupide. Nous voulons parler de la Valse de l'ombre. La lune éclaire la scène. La pauvre Dinorah croit voir dans son ombre un être mystérieux avec lequel elle veut danser, et elle danse en chantant. La mélodie de cette valse est distinguée, vive et instrumentée avec un goût exquis. Le retour du thème principal y est ménagé fort habilement. Quant aux effets d'orage, à la rupture du pont, à l'irruption des eaux, aux sauts de la chèvre et de Dinorah elle-même, tout cela, est puéril et sans grand effet sur le public, parce que les personnages de Corentin et de Hoël lui sont antipathiques, et que l'idée de faire de la pauvre folle une victime est trop odieuse. C'est donc en vain que Meyerbeer a écrit son beau trio dramatique. C'est de l'or jeté dans un torrent. Fidèle à son système d'oppositions et de contrastes, Meyerbeer qui, par ses exigences polies et tenaces, finissait par être plus auteur du livret de son opéra que les auteurs eux-mêmes, a voulu qu'au déchaînement des éléments produit au second acte succédassent le calme, la sérénité, les images du bonheur champêtre. Une fanfare, exécutée par cinq cors, précède l'air du chasseur : En chasse ! le jour est levé, dont la coupe est originale et la mélodie franche et bien accentuée. On entend ensuite un air de faucheur, puis un duo de deux jeunes bergers, enfin une prière en quatuor. La romance du baryton : Ah ! mon remords te venge de mon fol abandon, est un morceau d'expression dans le caractère de l'air de l'Etoile du Nord : Pour fuir son souvenir ; la mélodie est distinguée, pleine de sentiment et de passion. Le duo qui amène le dénouement, ainsi que le finale, est traité avec une science dramatique consommée. Les défauts de cet ouvrage tiennent beaucoup plus du poème que de la partition; mais le grand compositeur ne doit pas en être plus complètement absous que de sa participation au livret de l'Africaine. Le sens littéraire et le goût n'étaient pas chez lui à la hauteur du génie musical. Les deux rôles principaux, de Dinorah et de Hoël, ont été créés par Mme Cabel et par Faure ; celui de Corentin, par Sainte-Foy. Bareille a dit le chant du chasseur, Warot celui du faucheur. Les rôles accessoires de pâtres, de chevrières, etc., ont été tenus par Mlles Bélia, Breuillé, Decroix et Dupuy, et par Lemaire et Palianti. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PARENTS DUN JOUR (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d'Amédée de Beauplan, musique d’Angelo Benincori. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 07 novembre 1815.
PARFUM DE RACE
Comédie lyrique en un acte, livret de Fernand Lafargue, musique d’Alfred Rabuteau, représentée à la salle Duprez, le 30 avril 1891. => détails
PARI (LE) ou NOMBREUIL ET MERVILLE
Opéra-comique en un acte, livret de Saint-Just et Charles de Longchamps, musique de François-Adrien Boieldieu. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 décembre 1797.
PARI DE LA DUCHESSE D’ALENÇON (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Poisson de La Chabeaussière révisé par Hippolyte Advenier de Fontenille, musique de Louis Chancourtois. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 13 mai 1824.
PARIA (LE) ou LA CHAUMIÈRE INDIENNE
Opéra en deux actes, paroles de Demoustier, d'après le roman de Bernardin de Saint-Pierre, musique de Pierre Gaveaux, représenté à Feydeau le 8 octobre 1792.
PARIAS (LES)
Opéra en trois actes, livret de Hippolyte Lucas, musique d’Edmond Membrée, représenté au théâtre de l'Opéra-Populaire (Châtelet) le vendredi 13 novembre 1874. Le sujet a été tiré de la Chaumière indienne de Bernardin de Saint-Pierre, mais les modifications qu'on lui a fait subir pour en faire un livret d'opéra n'ont pas été heureuses. On aurait pu facilement fournir à un aussi excellent musicien que M. Membrée l'occasion de composer un drame chrétien sans en gâter l'effet par le mélange d'éléments disparates et incompatibles avec le fond des idées. Gadhy, le paria, se dispose à fuir avec Maïa, la veuve indienne destinée au bûcher et qui ignore la triste condition de son amant. Aussitôt qu'elle l'apprend, elle s'en éloigne avec horreur, et le malheureux Gadhy se donne la mort. Saint François-Xavier, l'apôtre des Indes, survient et ressuscite Gadhy aux yeux des sauvages qui, à la vue de ce miracle, se convertissent à la foi chrétienne. Cependant, les brahmes font élever le bûcher où Maïa doit être immolée. Le saint renverse les idoles. Les prêtres et le peuple s'en emparent et s'apprêtent à brûler saint François-Xavier, Maïa et le paria. Le bûcher est dressé sur le rivage ; la mer monte, envahit la plage, transforme le bûcher en radeau. Un navire portugais apparaît et recueille les trois victimes arrachées ainsi à la mort par un nouveau miracle. On a remarqué dans cet ouvrage la romance du ténor : Ma jeunesse à l'ombre s'écoule, accompagnée par un chœur de fête ; l'air de Maïa : Adieu, mère adorée, l'invocation de saint François-Xavier : Je crois en Dieu, tout-puissant, créateur, et l'air de la vision au troisième acte. Chanté par Prunet, Jules Petit, Mmes Fursch-Madier, Crapelet et Filiati. Cet ouvrage n'a pas réussi.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PÂRIS ou LE BON JUGE
Opéra bouffe en deux actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique de Claude Terrasse, représenté à Paris, Théâtre des Capucines, le 01 mars 1906.
PARIS EN 1867
[1867 !] Cantate, paroles de Gustave Chouquet, musique de Laurent de Rillé. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1867, avec Mme Marie Roze, M. Eugène Crosti.
PARISIENNES (LES)
Opéra bouffe en quatre actes, livret de Jules Moinaux et Victor Koning, musique de Léon Vasseur, représenté aux Bouffes-Parisiens le 31 mars 1874, avec M. Ed.-Georges, Mmes Judic, Peschard, Mlles Berthe Legrand, Rose-Marie. Cet ouvrage n'a pas eu de succès.
PARNASSE (LE)
Ballet en cinq entrées, représenté à l'occasion de la naissance du dauphin, à Versailles, sur la Cour de marbre, le mercredi 05 octobre 1729, et ensuite la même année sur le théâtre de l'Académie royale de musique.
"Comme cet ouvrage a été composé des morceaux qui étaient alors les plus goûtés, nous pensons qu'il y aura quelque intérêt à les faire connaître, ainsi que les noms des interprètes. La première entrée, le Parnasse, a été tirée du prologue de Bellérophon, de Lully : Muses, préparez vos concerts ; de celui de Phaéton, de Lulli : Un héros qui mérite une gloire immortelle, et du chœur d'Isis, de Lulli : Célébrons son grand nom. Acteurs : Chassé et Thévenard. La seconde entrée, intitulée la Muse lyrique, a eu pour interprètes Mlles Le Maure et Antier. On y chanta un air extrait du Retour des dieux, paroles de Tannevot, musique de Colin de Blamont : Peuples soumis au pouvoir de Louis, et un air du Carnaval de Venise, paroles de Regnard, musique de Campra : Si canti, si goda. La troisième entrée mit en scène un berger, Dangerville, et trois bergères, Mlles Antier, Le Maure et Pélissier, qui chantèrent une idylle : les Présents des dieux : Habitants fortunés des rives de la Seine, paroles de l'abbé Pellegrin, musique de Colin de Blamont. La Muse héroïque est le titre de la quatrième entrée. Chassé, Mlles Antier, Eremans, Lenoir, chantèrent des fragments d'Amadis de Gaule de Lulli, de la pastorale d'Issé de Destouches, des Présents des dieux et des Fêtes grecques et romaines de Colin de Blamont. Enfin le Génie de la France, cinquième entrée, a été formé de fragments tirés de Phaéton, de l'Idylle de Sceaux, du ballet des Eléments de Lalande et Destouches, et du ballet des Stratagèmes de l'amour de Destouches. On voit qu'en 1729 on faisait encore à Lulli la part du lion, et c'était justice. Ce plain-chant, cette psalmodie, dont se moque si agréablement Castil-Blaze, était le genre de musique qui convenait le mieux à ces pompeuses représentations, et ces récitatifs pleins de noblesse n'étaient pas si éloignés qu'on le croit généralement de la déclamation lyrique de Gluck. Ajoutons que des intermèdes nombreux et gracieux étaient habilement ménagés dans ces tragédies lyriques."
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
"Ce pastiche, composé à l'occasion de la naissance du Dauphin et représenté à Versailles le 5 octobre 1729, fut ensuite donné à Paris. C'est Blondy qui en régla les danses.
Interprètes : Chassé, Thévenard; Mlles Le Maure, Antier, Pélissier et Eremans."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PARSIFAL
[Parzival]
Drame sacré allemand en trois actes, inspiré du poème de Wolfram von Eschenbach, lui-même tiré de Perceval de Chrétien de Troyes, poème et musique de Richard Wagner (son dernier opéra).
Personnages : Amfortas, fils de Titurel, souverain du Royaume du Graal (baryton-basse) ; Titurel, ancien roi (basse) ; Gurnemanz, doyen des chevaliers du Graal (basse) ; Parsifal (ténor) ; Klingsor, magicien (basse) ; Kundry (soprano) ; premier et second chevaliers du Graal (ténor et basse) ; six jeunes filles-fleurs du jardin de Klingsor (six sopranos solistes et deux chœurs de sopranos et contraltos) ; quatre écuyers (sopranos et ténors) ; jeune gens et enfants (ténors, contraltos, sopranos).
Créé à Bayreuth, Festspielhaus, le 26 juillet 1882.
Premières fois, à New York (Metropolitan Opera) le 24 décembre 1903 ; à Monte-Carlo (version française de Raoul Gunsbourg le 23 janvier 1913) ; à Londres (Covent Garden) le 02 février 1914 (en allemand).
|
Bayreuth 26.07.1882 |
New York 24.12.1903 |
Londres 02.02.1914 |
Kundry |
Amalie MATERNA |
TERNINA |
M. DAVEY |
|
|
|
|
Parsifal |
Hermann WINKELMANN |
BURGSTALLER |
H. HENSEL |
Amfortas |
Theodor REICHMANN |
VAN ROOY |
VON DER OSTEN |
Titurel |
KINDERMANN |
JOURNET |
A. KIESS |
Gurnemanz |
SCARIA |
BLASS |
BENDER |
Klingsor |
Karl HILL |
O. GORITZ |
KNÜPFER |
Chef d’orchestre |
Hermann LEVI (*) |
A. HERTZ |
BODANZKY |
* Richard Wagner dirigea la 16e représentation, dernière de l'année 1882.
Première à Bruxelles (Théâtre Royal de la Monnaie) le 05 janvier 1914, dans la version française de Judith Gautier et Maurice Kufferath, sous la direction de O. Lohse, avec Mmes L. Panis (Kundry), Cuvelier (1er écuyer), Viceroy (2e écuyer), Viceroy, Carli, Cuvelier, Somers, Prick, d'Avanzi (les enchanteresses de Klingsor), R. Delvigne (le page du Graal), MM. H. Hensel (Parsifal), Rouard (Amfortas), Billot (Gurnemanz), Bouilliez (Klingsor), Dua (Titurel), Dognies (3e écuyer), Dufranne (4e écuyer), Goossens (1er chevalier), Demarcy (2e chevalier).
On doit une version française à Victor Wilder, ainsi qu'à J.-G. Prodhomme.
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 04 janvier 1914 (répétition générale le 01 janvier), dans la version française d’Alfred Ernst. Mise en scène de Paul Stuart. Décors d'Eugène Simas (1er et 3e actes) et Rochette (2e acte). Costumes de Joseph Pinchon.
Mmes Lucienne BRÉVAL (Kundry), LAUTE-BRUN (1er Ecuyer), MONTAZEL (2e Ecuyer), GALL, Léonie COURBIÈRES, CAMPREDON, DAUMAS, BUGG, LAPEYRETTE (les Filles-fleurs de Klingsor), DOYEN (une Voix).
MM. Paul FRANZ (Parsifal), LESTELLY (Amfortas), A. GRESSE (Titurel), DELMAS (Gurnemanz), JOURNET (Klingsor), NANSEN (3e Ecuyer), REVOL (4e Ecuyer), DUTREIX (1er Chevalier), CERDAN (2e Chevalier), TRIADOU, Michel EZANNO, DELPOUGET, GONGUET, CHAPPELON, Robert COUZINOU, DELRIEU (les Chevaliers).
Chef d'orchestre : André MESSAGER
|
27.04.1914* 36e |
12.04.1924 36e |
19.10.1928 59e |
18.02.1931** 70e |
23.01.1933 72e |
18.03.1933*** 78e |
24.03.1954**** 87e |
Kundry |
DEMOUGEOT |
DEMOUGEOT |
BOURDON |
Germaine LUBIN |
L. PANIS |
Marcelle MAHIEU |
M. MÖDL |
1er Ecuyer |
CARO |
REX |
Y. GERVAIS |
Renée MAHÉ |
Renée MAHÉ |
PLUMACHER |
|
2e Ecuyer |
DENYA |
LALANDE |
LALANDE |
LALANDE |
LALANDE |
BAUER |
|
6 Filles-Fleurs |
BERTHON MONSY CARO CROS LAUTE-BRUN Yvonne COURSO |
TIRARD MARILLIET CARO DE MEO LAVAL TESSANDRA |
Charlotte TIRARD Andrée MARILLIET MORÈRE HŒRNER MANCEAU MONTFORT |
MORÈRE MARILLIET DONIAU-BLANC Odette RICQUIER S. RENAUX I. POPOVA |
Milly MORÈRE Andrée MARILLIET DONIAU-BLANC S. RENAUX, Odette RICQUIER ALMONA |
O. MOLL SAILER PLUMACHER WISSMANN WACHMANN P. BAUER |
|
Ecuyers |
LAUTE-BRUN, MONTAZEL, DELSAUX |
|
|
Y. FRANCK ELLANSKAIA A. BOURGAT ROZES LASCAR |
|
A. BOURGAT, MAIL, GUIDEZ, LASCAR |
|
Une Voix |
DOYEN |
|
|
MANCEAU |
|
LUMIÈRE |
|
le Page du Graal | Marie-Thérèse HOLLEY | ||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
Parsifal |
Paul FRANZ |
Paul FRANZ |
Paul FRANZ |
L. MELCHIOR |
Georges THILL |
José de TRÉVI |
WINDGASSEN |
Amfortas |
LESTELLY |
ROUARD |
ROUARD |
ROUARD |
Martial SINGHER |
Martial SINGHER |
NEIDLINGER |
Titurel |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
NARÇON |
SENTPAUL |
Gurnemanz |
DELMAS |
DELMAS |
JOURNET |
GROMMEN |
JOURNET |
André PERNET |
VON ROHR |
Klingsor |
CERDAN |
HUBERTY |
HUBERTY |
HUBERTY |
HUBERTY |
HUBERTY |
H. CRAMER |
3e Ecuyer |
NANSEN |
SORIA |
SORIA |
BOINEAU |
LE CLEZIO |
LE CLEZIO |
FISCHER-S |
4e Ecuyer |
REVOL |
THILL |
GILLES |
GILLES |
GILLES |
GILLES |
K. RIESER |
1er Chevalier |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
MADLEN |
T. SCHABO |
|
2e Chevalier |
MAHIEUX |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
CAMBON |
G. SCHOTT |
|
Chevaliers |
JOBIN MORINI ERNST GUYARD FROUMENTY |
CHASTENET, FORET, ERNST, FROUMENTY, ETCHEVERRY | |||||
Chef d’orchestre |
Henri RABAUD |
Philippe GAUBERT |
Philippe GAUBERT |
Philippe GAUBERT |
Philippe GAUBERT |
Philippe GAUBERT |
LEITNER |
* Filles-fleurs : Mmes Andrée Vally, Laute-Brun, Daumas, Campredon, Bugg, Lapeyrette, Courbières, Kirsch, Goulancourt, Montazel, Bonnet-Baron, Delisle, Marie Hubert, Durif, Gauley-Texier, Bloume, Sédeville, Farelli, Mourgues, Perret, Nizet, Cosset, Choquet, Darry, Varnier, Notick, Bonneville, Gardy, Doyen, Dumas.
Chevaliers : MM. Dutreix, Narçon, Triadou, Michel Ezanno, Delpouget, Chappelon, Gonguet, Couzinou, Claudin, Delrieu, Prim, Barutel, Fréville, Brunlet, Cherrier, Bernard, Marcade, Miellet, Marchisio, Cheyrat, Brulfert, Armand, Augros, Leroux, Lacaze, Christin, Betbeder, Cottel, Taveau, Fradin, Renault.
** Avec Mmes Boucher, Armand, Crapet, Farelli, Perret, Soyer, Chausson, Gelly, Picat, Chardon, Jabaudon, Cosset, Morturier, Choquet, Valette, Rousselot, Notick, Bonneville, Aziane, Melin, Bertin, Rougier, Naxara, Imbert.
MM. Delrieu, Landral, Priem, Anglès, Grenier, Favreau, Depienne, Lefevbre, Delort, Delmont, Pancotti, Pierrotet, Lafon, Leroux, Juda, Picat, Charviny, David, Fradin, Cottel.
*** Autres Filles-Fleurs : Mmes Morturier, Choquet, Guy, Augros, Notick, E. Castel, Aziane, Melin, Rougier, Naxara, Imbert, Douls, Farelli, Armand, Rousseau, Amélie Bruder, Perret, Soyer, Chausson, Gelly, Picat, Chardon, Jabeaudon, Cosset.
Autres Chevaliers : MM. Delrieu, Landral, Priem, Angles, Grenier, Favreau, Depienne, Lefebvre, Delort, Delmont, Pancotti, Pierrottet, Lafon, Leroux, Juda, Picat, Charviny, David, Fradin, Cottel.
**** Pour la reprise de 1954, chantée en allemand, qui eut lieu avec les Artistes et les Chœurs de l'Opéra de Stuttgart, décors et costumes de Heinrich Wendel, mise en scène de Kurt Puhlmann.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Kundry : Mmes MAHIEU (1928), LUBIN (1931).
Parsifal : MM. VAN DYCK (1914), DARMEL (1914), LAFFITTE (1924), MELCHIOR (1931), DE TREVI (1933).
Amfortas : M. SELLIER (1914).
Gurnemanz : MM. GROMMEN (1931), KIPNIS (1933), PERNET (1933), FROUMENTY (1935).
Klingsor : M. CERDAN (1914).
89 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
La Confrérie des Chevaliers du Graal, gardienne du vase précieux qui recueillit le sang du Seigneur, est décimée par les artifices maudits du magicien Klingsor qui se sert des offices de l'étrange Kundry pour perdre plus sûrement les chevaliers. Parsifal, un chaste adolescent, résiste victorieusement à l'enchanteresse. Après avoir erré vingt ans à la recherche du temple du Graal, il entre avec le Chevalier Gurnemanz et Kundry repentante dans le sanctuaire dont il devient Prêtre-Roi.
L'action se passe au moyen âge, dans le burg et sur les domaines du Graal à Montsalvat, sur le versant septentrional des montagnes de l'Espagne gothique ; ensuite dans le château magique de Klingsor sur le versant méridional de ces montagnes, tourné vers l'Espagne mozarabe.
ACTE I.
1er TABLEAU : Une clairière dans le domaine de Montsalvat.
Le jour se lève. Gurnemanz et deux écuyers dorment sous un arbre. Aux sons d'une fanfare solennelle, ils s'éveillent et font la prière du matin. Puis Gurnemanz engage ses compagnons à s'occuper du bain qui doit apaiser les souffrances d'Amfortas. Celui-ci, en effet, quoique chevalier du Graal et Prêtre-Roi, a succombé aux artifices diaboliques du magicien Klingsor. Depuis lors, son flanc saigne douloureusement d'une blessure toute semblable à celle du Sauveur.
Deux chevaliers s'approchent. A la question que leur pose Gurnemanz, ils répondent que le nouveau remède appliqué à la blessure d'Amfortas ne lui a procuré aucun soulagement. Un des écuyers signale la venue d'une femme étrange, Kundry, qui tend à Gurnemanz un baume précieux, puis se jette à terre comme une bête fourbue.
La litière du roi approche, entourée de chevaliers et d'écuyers. On entend les plaintes d'Amfortas, qui reprend quelque courage en se remémorant la prophétie annonçant la venue d'un fol plein de compassion, lequel doit mettre un terme à son martyre. Amfortas accepte des mains de Gurnemanz le baume apporté par Kundry, qui demeure indifférente à la reconnaissance du roi. Le cortège s'éloigne bientôt.
Les écuyers malmènent alors Kundry en l'accablant de reproches. Gurnemanz prend sa défense, rappelant son dévouement en de nombreuses circonstances. Gurnemanz s'inquiète cependant des longues et mystérieuses absences de Kundry, dont elle revient si étrangement prostrée. Le vieux chevalier instruit ensuite ses compagnons des origines du Graal, la coupe sacrée où fut recueilli le sang du Sauveur, dont les Chevaliers réunis autour de Titurel ont la garde. Son récit est interrompu par des cris résonnant du côté du lac ; bientôt un cygne mortellement blessé vient s'abattre dans la clairière, forfait inouï dans une forêt où les bêtes sont sacrées. On amène bientôt le coupable : c'est un jeune homme, Parsifal, qui semble inconscient de son acte. Kundry complète les vagues renseignements qu'il donne sur ses origines.
Le roi revient du lac, calmé par le bain ; Gurnemanz, qui pressent en Parsifal le Chaste-fol annoncé, l'invite à le suivre pour tenter l'épreuve.
Le décor se déplace. On entend retentir des cloches et des trompettes.
[Scène « de la Transformation » (« Verwandlungsmusik »)].
Enfin Gurnemanz et Parsifal pénètrent dans une immense salle couronnée d'une coupole lumineuse.
2e TABLEAU : Le temple du Graal.
Une longue cérémonie se déroule : celle de l'élévation annuelle du Graal, que Parsifal contemple en silence, sans paraître comprendre. A la fin, Gurnemanz, déçu dans son attente, le chasse avec humeur.
ACTE II.
1er TABLEAU : La tour de Klingsor.
Klingsor, un Chevalier du Graal, déchu à la suite d'une faute grave, s'adonne à la magie. Entouré de créatures fantastiques, il essaie d'attirer dans son domaine les Chevaliers du Graal pour les perdre.
Parsifal, chassé de Montsalvat par Gurnemanz, s'approche précisément. Pressentant que la lutte sera dure, Klingsor fait appel à Kundry qu'il tient asservie par de noirs maléfices, et dont le concours lui sera nécessaire pour vaincre le Chaste-fol. Kundry se défend tout d'abord, puis, avec un ricanement sinistre, court accomplir sa mission maudite.
Du haut de son observatoire, Klingsor voit Parsifal mettre rapidement hors de combat la troupe damnée envoyée par lui à sa rencontre. Puis la tour s'abîme dans les profondeurs du sol et fait place à un jardin luxuriant.
2e TABLEAU : Le jardin des Filles-Fleurs.
Parsifal, debout sur la muraille, considère avec surprise le spectacle qui s'offre à sa vue. Les Filles-Fleurs, créatures enchanteresses, l'appellent et tente de le séduire. Mais inutilement.
Alors Kundry paraît et renvoie tout l'essaim séducteur. Elle fait d'abord vibrer dans le cœur du chaste adolescent le sentiment filial et lui révèle son nom : Parsifal. Enfin, se faisant plus pressante, elle l'enlace et lui donne le baiser auquel nul jusqu'ici n'a résisté. Mais la révélation de la volupté fait à Parsifal l'effet d'une souffrance. Le souvenir d'Amfortas se présente à sa pensée. Au désespoir de la possédée, il oppose une fermeté d'airain. Si la pécheresse veut le suivre dans la voie du renoncement et du sacrifice, il effacera son passé criminel. Ivre de colère et d'amour, Kundry lui offre de nouveau ses caresses. Comme il la repousse avec horreur, elle prononce alors la malédiction fatale : jamais Parsifal ne retrouvera le chemin de Montsalvat !
Klingsor, accouru aux cris de Kundry, brandit la Sainte-Lance, précieuse relique qu'il déroba autrefois à Amfortas, et avec laquelle il fit au malheureux son inguérissable blessure. Il vise Parsifal, mais l'arme demeure suspendue au-dessus de la tête du Chaste-fol qui s'en saisit aussitôt et trace avec elle un vaste signe de croix, transformant le jardin de délices en un désert aride. Parsifal s'éloigne, en rappelant à Kundry qu'il l'attend là-bas, aux sources radieuses de la vie, de la miséricorde et du pardon.
ACTE III.
1er TABLEAU : Un paysage printanier dans le territoire de Montsalvat.
Vingt ans ont passé. Parsifal a erré par tous les chemins, sans jamais retrouver celui de Monsalvat. Au lever du rideau, Gurnemanz sort de son ermitage, attiré par des gémissements plaintifs provenant d'un épais taillis. Il y découvre Kundry en robe de pénitente, dont le seul mot est maintenant : Servir !
Un sombre chevalier, visière baissée, sort des bois, marchant lentement et d'un pas hésitant : c'est Parsifal. Il s'assied, exténué, sur un tertre. Gurnemanz qui ne le reconnaît pas encore, l'invite à quitter son armure, car c'est aujourd'hui le jour du Vendredi-Saint. Parsifal plante en terre la lance, dépose l'armure et le heaume, puis s'agenouille et tombe en prière. Gurnemanz et Kundry le reconnaissent. Parsifal raconte alors sa longue route sur les sentiers de l'erreur, témoignant du désir d'être conduit sans retard vers Amfortas. Gurnemanz s'offre à l'accompagner, lui disant la désolation de Montsalvat, où Amfortas se refuse obstinément à célébrer le Saint Sacrifice. Toutefois, il a promis, à l'occasion des funérailles de Titurel qui doivent avoir lieu le jour même, de céder aux supplications des Chevaliers en élevant une dernière fois le Graal.
Avant de partir, Parsifal se fait oindre par Gurnemanz, lequel salue en lui l'élu du Seigneur, le faisant Prince et Roi du Graal. Sitôt investi de ses saintes fonctions, Parsifal donne à Kundry le baptême, qu'elle reçoit avec une grande émotion.
Parsifal admire la beauté des bois et de la prairie, s'étonnant de la sérénité de la nature en ce jour anniversaire de deuil et de douleur. Gurnemanz lui dit alors comment la nature fécondée par les larmes et le repentir du pécheur se relève, au contraire, vivifiée par cette rosée bienfaisante [la « Prairie fleurie » ou l’ « Enchantement du Vendredi-Saint » (*)].
(*) La version de concert dite « l'Enchantement du Vendredi-Saint » reproduit à peu près intégralement la page orchestrale qui accompagne le dialogue Gurnemanz-Parsifal, à partir du baptême de Parsifal, puis, annoncé par de longues tenues, le baptême de Kundry et enfin la suave mélodie de l'Enchantement longuement développée. Le fragment conclut par quelques mesures apocryphes.
Parsifal baise doucement Kundry au front. Bientôt, au son des cloches de Montsalvat, les trois pèlerins se mettent en route. Le changement de décor du 1er acte se renouvelle.
2e TABLEAU : Le temple du Graal.
On célèbre les funérailles de Titurel. Amfortas, qui officie, a un sursaut de révolte et de désespoir. En silence, Parsifal et ses compagnons pénètrent dans le Sanctuaire. De la pointe de la Sainte-Lance, Parsifal touche la blessure d'Amfortas. Celui-ci chancelle et tombe dans les bras de Gurnemanz. Puis il ordonne de découvrir la châsse. L'obscurité se fait ; le vase sacré s'illumine et devient rouge comme du sang. Titurel, revenu un instant à la vie, se lève et bénit l'assemblée. Une colombe descend des hauteurs de la Coupole et plane au-dessus de l'assemblée. Kundry s'affaisse lentement et tombe inanimée sur le sol. De tous les points du temple monte un cantique d'amour et d'actions de grâce.
« C'est la dernière œuvre du maître de Leipzig, à laquelle il pensa pendant près de vingt ans, car il avait conçu le plan du drame dès 1864. Il publia ce drame en 1877, mais la partition ne fut complètement terminée qu'au mois de janvier 1882, six mois avant la représentation.
Parsifal, le héros de tout un cycle de traditions fabuleuses du moyen âge, est, on le sait, le père de Lohengrin, de sorte que, logiquement, l'ouvrage qui porte ce dernier titre devrait être la suite du précédent. Wagner, il faut bien le reconnaître, n'a pas fait grands frais d'imagination pour la conception des poèmes qu'il se traçait à lui-même. Si quelques rares incidents lui appartiennent en propre, la donnée générale de ses drames est toujours empruntée par lui aux mythes populaires, et ces mythes, les Allemands eux-mêmes nous les ont empruntés, en mettant à contribution le cycle fameux de nos romans des chevaliers de la Table ronde. La légende du Saint-Graal, particulièrement, qui forme le fond du sujet de Parsifal, a précisément servi de point de départ à ce cycle célèbre, ainsi qu'on peut le voir dans le récit qu'en a fait Robert de Buron dans son poème naïf de Joseph d'Arimathie, qui date du XIIe siècle. Suivant lui, un des hommes de la suite de Pilate, Joseph d'Arimathie, aurait été trouver ce dernier après le crucifiement de Jésus, et lui aurait dit : « Seigneur, je vous ai longtemps servi sans en recevoir ni rémunération ni récompense. Aujourd'hui je viens, pour ma peine, vous demander le corps de Jésus. — Je te l'accorde volontiers, aurait répondu Pilate, et, de plus, je te remets le vase dans lequel ce juste, que je n'ai pu sauver, a lavé ses mains en dernier lieu. » Joseph, alors, détacha promptement le corps de Jésus, l'étendit à terre, et recueillit pieusement dans une coupe le sang divin qui coulait encore des plaies.
Il serait trop long de raconter les aventures de Joseph, qui subit ensuite une longue captivité, au cours de laquelle Jésus lui apparut un jour, en lui disant : « Garde avec soin cette coupe ; tous ceux auxquels il sera donné de la voir d'un cœur pur seront les miens ; ils auront satisfaction et joie perdurables. » Joseph en effet la conserva toujours et lui donna le nom de Gréal (plus tard altéré en Graal), parce que nul ne pouvait la voir sans y prendre gré. Mais la coupe divine fut, par la suite, ravie par les anges aux descendants de Joseph et rapportée par eux à un saint nommé Titurel, déjà possesseur de la lance qui avait percé le flanc du Christ. Ce saint construisit alors, sur la cime de Montsalvat, un palais de marbre, et fonda l'ordre du Graal, dont, après lui, son fils Amfortas devint le chef.
Ici, je vais emprunter au curieux livre de MM. Albert Soubies et Charles Malherbe, l’Œuvre dramatique de Richard Wagner, l'analyse du drame que Wagner a tiré de ce sujet : — « Lorsque commence le drame de Parsifal, Amfortas souffre d'une terrible blessure. Le magicien Klingsor lui a ravi sa lance et l'en a frappé, tandis que, méconnaissant les règles du Graal, il cédait aux séductions d'une beauté diabolique. Ainsi déchu, souillé, il ose à peine célébrer encore les saints mystères, car la vue seule de la coupe sacrée rend plus cuisantes ses souffrances et plus vifs ses remords. Un des vieux chevaliers de l'ordre, Gurnemanz, raconte longuement à de jeunes écuyers ce douloureux épisode de la vie du roi, et leur ordonne de laisser en paix une créature singulière, Kundry, aux yeux farouches, au rire fatidique, trouvée un jour inanimée sur les marches du palais et dont l'existence semble uniquement remplie par la recherche du baume magique qui doit guérir Amfortas. — A ce moment a lieu l'entrée en scène de Parsifal, arrêté pour avoir tué, sans se douter de la gravité de son acte, un cygne sacré sur le territoire du Graal. Gurnemanz admoneste, peut-être un peu lourdement, le téméraire chasseur. Mais, tout en le gourmandant, il l'a regardé avec intérêt, et, sur de vagues indices, s'est demandé s'il n'avait pas devant lui l'Élu promis par le ciel pour racheter la faute d'Amfortas. Il le convie donc à assister avec lui à la célébration de la Cène, et une suite d'ingénieux changements à vue nous les montre tous deux gravissant d'abord les pentes de la colline qui, en réalité, s'abaisse sous leurs pieds, et pénétrant ensuite dans le sanctuaire du Graal. — Les chevaliers entrent par groupes et se rangent autour des tables servies. En vain Amfortas se refuse à accomplir son ministère Sacerdotal ; la voix impérieuse de Titurel se fait entendre et l'oblige à découvrir la coupe divine qu'illumine subitement une clarté éblouissante. Ignorant et naïf, le néophyte n'a compris que peu de chose à ces pratiques religieuses, mais il a vu les angoisses du roi, d'un homme comme lui, et son cœur s'est ému de pitié. Cette lance qui a fait la blessure peut seule la guérir ; il ira donc l'arracher aux mains impies qui la détiennent.
« Trois scènes d'un caractère bien différent remplissent le second acte. La première se passe entre le magicien Klingsor et Kundry. Cette Kundry est un personnage bizarre à la conception duquel les commentateurs allemands attachent une importance extrême. C'est un être à double face. Servant à la fois Amfortas et Klingsor, victime d'une fatalité qui la condamne à faire le malheur de tous ceux qui l'approchent, Kundry ne doit trouver le repos que dans la mort. Durant sa vie, elle essaye en vain d'échapper à l'implacable destinée. Klingsor, par exemple, oblige cette infortunée, qui ne marche au mal, nous l'avons dit, que sous la contrainte de son maître, à user de tous ses artifices pour séduire Parsifal. La seconde scène nous montre le jeune héros sourd aux appels provocants des sirènes apostées par Klingsor : « Laisse-moi baiser ta bouche », lui dit l'une d'elles. — « Repose-toi sur mon sein », reprend une autre. Mais, admis par une faveur insigne aux cérémonies liturgiques du Graal, Parsifal a puisé dans sa participation aux saints mystères une force surhumaine. Aussi tout d'abord échappe-t-il aux pièges périlleux de ces démons féminins. Toutefois sa vertu doit subir un assaut plus rude encore, et c'est Kundry qui le livre avec une insistance passionnée au début, presque avec rage par la suite : lutte symbolique du bien et du mal « antagonisme éternel de l'innocence aux prises avec le vice, de la lumière avec les ténèbres ! » Impuissante à vaincre, Kundry appelle Klingsor à son aide. Celui-ci accourt, brandissant sa lance ; mais la pureté du héros suffit à produire un miracle ; l'arme sacrée reste suspendue dans l'espace, au-dessus de la tête de Parsifal, qui s'en empare.
« La première scène du troisième acte nous présente Gurnemanz plongé dans ses mornes rêveries, tandis que près de lui, derrière un buisson, Kundry repose énervée, lassée. Un instant elle s'éveille, et, sans mot dire, elle assiste ainsi à un long entretien entre Gurnemanz et Parsifal. L'heure approche en effet où le jeune héros doit succéder à Titurel, et, pour le préparer à sa mission, Gurnemanz se livre vis-à-vis de lui à un certain nombre de pratiques dont la singularité ne manque pas de surprendre les spectateurs médiocrement familiarisés avec les rites du Graal. Il s'agit, pour ainsi parler, d'une allusion savante, chargée d'intentions mystiques, à l'un des plus admirables passages de l'Évangile, à cette belle scène où Madeleine rend le plus humble et le plus touchant hommage au Sauveur du monde. Kundry, servant ici la religion comme à l'acte précédent elle servait l'impiété, touchante image de cet « éternel féminin », condamné par sa faiblesse même à demeurer le jouet de toutes les passions de l'homme, Kundry lave les pieds de Parsifal ; elle les parfume avec le baume contenu dans un flacon d'or, elle les essuie avec sa chevelure. Ensuite Gurnemanz puise dans sa main l'eau de la source et la répand sur la tête de Parsifal, qui lui-même verse sur le front de Kundry cette eau salutaire, gage de pardon et de rédemption.
« Animé d'un saint enthousiasme, Parsifal exalte la grandeur de Dieu, auteur de toutes les merveilles de la nature ; il sent qu'il deviendra son élu, qu'il commandera, qu'il devra protéger les faibles, et déjà des paroles de clémence et de paix s'échappent de ses lèvres pour consoler celle qui gémit, la pauvre Kundry. Alors il reprend la route, une première fois suivie jadis, qui mène au palais, et il pénètre dans la salle que remplissent maintenant les pompes d'une cérémonie funèbre. Titurel est mort. De nouveau Amfortas, dans les spasmes de la douleur qui l'étreint, se refuse à découvrir la coupe. Mais Parsifal s'avance ; il touche de sa lance l'horrible plaie qui se referme aussitôt, et, portant une main pure dans le tabernacle, il balance solennellement le Saint-Graal au-dessus de la foule, tandis que, touchée par la grâce, Kundry s'affaisse lentement aux pieds du nouveau roi. »
Tel est le drame sur lequel Wagner a écrit une de ses partitions les plus émouvantes et les plus puissantes, l'une des plus riches en beautés éclatantes et de premier ordre. Si ce drame est parfois obscur, souvent trop dépourvu de réel intérêt, avec des longueurs inutiles et cruelles, il n'en a pas moins inspiré le compositeur. « La musique, a dit un critique, reste toujours d'accord avec la poésie et s'identifie avec elle. Cette musique, d'un style soutenu, semble pénible quand le poète s'attarde à des développements inutiles ; elle s'illumine au contraire d'une clarté soudaine lorsque, aux prises avec une situation vraiment neuve et forte il s'élève, d'un vol audacieux, jusqu'à des régions encore inexplorées dans le domaine de l'art. »
On sait de quel soin religieux Wagner entourait l'exécution de ses œuvres à Bayreuth. Non seulement il écrémait les principaux théâtres de l'Allemagne en empruntant à chacun d'eux ses artistes les plus renommés, qui venaient, par pur dévouement et sans rétribution aucune, lui prêter le concours de leur talent, mais, pour parer à tout accident possible, chaque rôle avait deux ou trois titulaires. C'est Mme Materna, de l'Opéra de Vienne, qui créa celui de Kundry, qu'elle partagea ensuite avec Mmes Malten, du théâtre de Dresde, et Marianne Brandt, de Berlin. Parsifal était joué par le ténor Winckelmann, de Dresde, qui était doublé par MM. Gudehus, de Dresde, et Jaeger, de Bayreuth. Les autres étaient ainsi distribués : Amfortas, M. Reichmann, de Vienne ; Gurnemanz, M. Scaria ; Klingsor, M. Carl Hill, de Schwerin ; enfin , Titurel, M. Kindermann, de Munich. L'orchestre, dont la responsabilité dans l'ouvrage est véritablement écrasante, était dirigé par M. Hermann Lévi, chef d'orchestre du théâtre Royal de Munich. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Amfortas ; Titurel ; Gournemans ; Parsifal ; Klingsor ; Koundry.
La scène se passe d'abord dans le burg et sur les domaines du Grâl, à Montsalvat, sur le versant septentrional des montagnes de l'Espagne gothique ; ensuite dans le château magique de Klingsor, sur le versant méridional de ces montagnes, tourné vers l'Espagne mozarabe.
Version française de Victor Wilder.
La donnée de Parsifal est purement mystique. Elle a été empruntée par Wagner aux vieux romans de chevalerie. La légende raconte que des anges, pour récompenser la fidélité de Titurel, ont confié à sa garde la lance dont fut percé le sein de Jésus-Christ sur la croix, ainsi que le vase — le Grâl — où fut recueilli le sang répandu par la blessure du Sauveur. Pour former à ces précieuses reliques une défense digne d'elles, Titurel a rassemblé autour de lui une sainte confrérie, les chevaliers du Grâl, et construit dans une retraite inaccessible un sanctuaire, Montsalvat. Là, le temps se partage entre la méditation, la prière, et la protection des causes saintes. Une fois l'an, le maître du Grâl accomplit un mystérieux office : devant les chevaliers assemblés, on lui apporte la châsse où le Grâl est conservé à l'abri des regards profanes. Avec ce calice, vénérable entre tous, il célébré alors la Cène, et lorsqu'il élève le sang divin au moment du sacrifice, une colombe apparaît au-dessus de l'officiant, un rayon tombe de la voûte, et le sang se met à luire d'un vif éclat, baignant les fidèles de sa lumière empourprée. Ce miracle redonne à tous foi, vigueur et courage pour les luttes à venir.
Titurel, devenu vieux, a passé ses fonctions sacerdotales à son fils Amfortas, homme zélé, mais trop confiant en soi, voire téméraire, dont l'imprudence a attiré sur Montsalvat et les chevaliers du Grâl une épouvantable catastrophe.
Un nommé Klingsor, homme aux sentiments impurs, ayant tenté de se faire admettre au rang des chevaliers du Grâl, s'était vu repousser. Pour se venger il recourut aux artifices de la magie et construisit non loin de Montsalvat, avec l'aide des puissances infernales, un jardin de délices qu'il peupla des plus dangereuses séductrices, non sans s'être préalablement immunisé contre leurs tentations en sacrifiant criminellement sa virilité. Par ses noires pratiques, il s'asservit Koundry et en fit la plus précieuse de ses auxiliaires dans ses entreprises contre les chevaliers de la pureté et de la lumière. Cette Koundry est sous le coup d'une terrible malédiction pour avoir ri au passage de Jésus se rendant à Golgotha. Depuis, elle cherche en tous lieux son pardon, elle tend les bras à Celui qu'elle offensa, puis elle rit dans son délire, et quand elle s'éveille c'est pour trouver une nouvelle victime entre ses bras. Seul la délivrera celui qui saura résister à ses charmes infâmes.
Avec l'assistance de Koundry, Klingsor a déjà su enlever à Montsalvat de nombreux défenseurs, qui vivent aujourd'hui honteusement au sein de la volupté, dans les bras des Filles-Fleurs. Amfortas, l'imprudent, osa braver le magicien et s'avancer jusque sur ses domaines, la Sainte-Lance à la main. Lui aussi succomba à Koundry, et se vit enlever la précieuse relique par l'immonde Klingsor. Il est rentré à Montsalvat, toutefois, et continue à y officier en qualité de pontife, mais à son flanc saigne sans cesse la blessure, toute semblable à celle du Sauveur, que lui fit l'infernal magicien, avec la même arme. Cette blessure lui cause d'épouvantables tortures, qui deviennent tout à fait intolérables lorsqu'il doit, en accomplissement des devoirs de sa charge, élever le Saint Grâl pour le réconfort de ses frères. Seule la vue du sang divin luisant dans le sanctuaire conserve encore la vie au vieux Titurel ; seule elle maintient un reste de force à la sainte confrérie.
Quant à Koundry, entre ses crises de possession, le remords la dévore. Elle erre auprès des chevaliers du Grâl, comme une humble sauvagesse, et leur rend tous les services que peut imaginer sa soif d'adoucir les maux causés par elle. Puis, soudain, un engourdissement la saisit : c'est le magicien qui l'appelle pour une nouvelle œuvre de damnation, et sa malédiction la contraint à obéir.
Pourtant, une prophétie est venue d'en haut à Amfortas dans une de ses heures d'angoisse. Une voix a murmuré à son oreille ces mots : « Instruit par la pitié, le Simple-Pur, attends-le, celui que j'ai choisi ! » Donc, il y a espoir de délivrance ; mais d'où et comment viendra cette délivrance ?
Telle est la situation au moment où s'ouvre le drame de Wagner.
Une forêt dans les domaines du Grâl. A l'arrière-plan scintille la nappe d'un lac tranquille. Gournemans, un vigoureux vieillard et deux écuyers dorment sous un arbre. C'est l'aube, et au lointain une fanfare sonne le réveil. Les dormeurs se lèvent et s'apprêtent à recevoir le cortège accompagnant la litière d'Amfortas. Le bain matinal procure quelque soulagement aux souffrances du blessé.
Koundry accourt échevelée, au grand galop d'un cheval. Du fond de l'Arabie elle apporte un baume précieux et le tend à Gournemans. Puis elle se jette à terre comme une bête fourbue. Le cortège du roi approche maintenant. On entend la plainte du malheureux. Il se réconforte en se remémorant la prophétie... mais le doute est entré dans son âme.
Le dialogue qui suit a pour objet de nous apprendre tout ce qui a été dit plus haut. Il est interrompu par le vol d'un cygne, qui vient s'abattre sur la scène et expire dans les bras de quelques écuyers. Une flèche l'a transpercé : forfait inouï, car dans la forêt du Grâl les bêtes sont sacrées. Le criminel ne tarde du reste pas à paraître, amené captif par quelques chevaliers. C'est un grand garçon, aux yeux innocents et purs, qui ne paraît pas avoir le moins du monde conscience de sa culpabilité. Interrogé, il déclare qu'il tire au vol tout ce qu'il voit. Gournemans tente d'éveiller sa pitié et y réussit sans peine. Sans mot dire, l'inconnu brise son arc et ses flèches en signe de repentir. On le questionne sur son père et sa mère. Il n'a jamais connu le premier. La seconde, il l'a perdue en suivant de brillants cavaliers qu'il vit un jour passer dans la clairière. Ses réponses le montrent d'une ignorance complète, d'une naïveté d'enfant. Comme on parle de sa mère, Cœur-Dolent, Koundry se soulève et déclare qu'elle a vu mourir la pauvre femme. A ces mots, d'un mouvement impulsif, le Simple s'élance sur Koundry et l'étranglerait si on ne l'en empêchait. Après quoi, saisi d'un violent tremblement, il se trouve mal et Koundry court à son aide, s'attirant ainsi l'approbation de Gournemans ; mais elle proteste avec horreur : jamais elle ne fait le bien ! Qu'on la laisse en repos !
Le roi revient du lac. Le bain l'a calmé. Pendant ce qui précède, Gournemans a longtemps contemplé l'inconnu : serait-il, par hasard, le Pur-Fol annoncé ? Il faut tenter l'épreuve : resté seul avec le jeune homme, il l'invite à le suivre et à regarder avec attention ce qui se passera sous ses yeux.
Le décor commence à se mouvoir. Les personnages immobiles ont l'air d'avancer. Le bois se fait autour d'eux plus touffu, puis des rochers paraissent et finalement une large cavité sombre s'ouvre, qui va s'éclairer peu à peu et laisser voir l'intérieur du sanctuaire de Montsalvat. C'est là qu'en présence du Simple immobile et muet, va se dérouler la solennité annuelle de l'élévation du Grâl. Parsifal regarde de tous ses yeux, mais sans paraître comprendre. Pourtant, au grand cri de douleur et de désespoir d'Amfortas lorsque se rouvre sa blessure, il a porté la main à son cœur : la Pitié a instruit l'Innocent, mais cette action est restée inconsciente et ne déroulera que plus tard ses effets. Lorsque, la cérémonie terminée, les chevaliers ont vidé la coupole, Gournemans s'adresse à son compagnon, et, découragé en voyant qu'il n'a rien compris, il le chasse avec mauvaise humeur.
Le deuxième acte s'ouvre par un court tableau au sommet d'une tour où Klingsor a établi son observatoire. Le Simple approche et le magicien en est averti. Il sait qu'avec lui il aura affaire à forte partie. Il réveille donc Koundry de son sommeil léthargique et lui enjoint de se mettre à l'œuvre. Elle a un mouvement de résistance, vite mâté par le maître. On la voit disparaître lentement dans les profondeurs d'où, un instant, elle émergea, vision douloureuse.
La scène change et nous sommes transportés dans les jardins enchantés de Klingsor, en plein tourbillon de Filles-Fleurs. L'alarme vient d'être donnée : un ennemi approche. Il a déjà blessé plusieurs des défenseurs de l'enceinte et bientôt il apparaît, tranquille et étonné, sur le parapet du mur. Les Filles-Fleurs l'appellent et tentent de le séduire. Leur art glisse sur sa cuirasse d'innocence. Visiblement, il faut pour triompher de cet adversaire une séductrice plus habile : Koundry paraît et renvoie tout le monde. La scène qui suit entre le Pur-Fol et la maudite est une merveille. Tour à tour, Koundry use de toutes ses armes, évoque le souvenir de Cœur-Dolent, révèle à l'Innocent son nom — Parsifal — et finit par lui donner le baiser auquel nul avant lui n'a résisté. Mais l'effet est le contraire de ce qu'elle attend. La révélation de la volupté produit à Parsifal l'effet d'une souffrance et évoque devant ses yeux l'image d'Amfortas. Par la Pitié, le Simple est devenu « Sachant » (durch Mitleid wissend). Désormais, il connaît sa mission et toutes les tentations de Koundry resteront vaines. Au désespoir de la possédée, à sa frénésie, il opposera une fermeté d'airain. Au paroxysme du désir, Koundry prononce alors la malédiction fatale : jamais Parsifal ne retrouvera le chemin de Montsalvat ! Au même instant Klingsor paraît, brandissant la Sainte-Lance. Il vise Parsifal, mais l'arme reste suspendue au-dessus de la tête du Pur, qui s'en saisit et part, non sans avoir d'un signe de croix transformé en un désert le jardin de délices. Une dernière fois il se retourne et dit à Koundry effondrée : « Tu sais où tu peux me retrouver ! »
La malédiction de Koundry a porté : vingt ans, Parsifal a erré par tous les chemins, sans jamais retrouver celui de Montsalvat. Au début du troisième acte, nous sommes au matin du Vendredi-Saint et nous apercevons un coin gracieux et tranquille des domaines du Grâl. Une source à droite ; à gauche, une pauvre cabane d'où sort Gournemans, un Gournemans tout blanchi par les ans. Il lui semble avoir entendu un gémissement, et le son de la voix ne lui est pas inconnu. Il va à un épais buisson, en écarte les branches et découvre Koundry en léthargie, vêtue d'une robe de pénitente en bure grossière. Il s'empresse auprès d'elle et bientôt elle reprend ses sens. Son expression est bien différente de ce qu'elle était jadis. Elle se lève et prend immédiatement l'attitude d'une servante. A Gournemans qui l'interroge, elle ne répond qu'un mot : « Servir ! » Jusqu'à la fin de l'acte et du drame, elle n'ouvrira plus la bouche.
Pendant que Koundry pourvoit aux besoins de l'ermite, un sombre chevalier, la visière baissée, l'armure noire, avance tenant à la main la Sainte-Lance inclinée. Arrivé sur le devant de la scène, il reste immobile. Gournemans le contemple avec surprise, mais n'en obtient pas de réponse. Il lui apprend alors qu'il se trouve sur terre sacrée et n'a pas le droit d'y pénétrer en armes ; aujourd'hui surtout, le jour saint entre tous où Jésus mourut sur la croix !
Parsifal — car c'est lui — a entendu. Il plante en terre la lance, dépose à son pied l'armure et le heaume, puis s'agenouille et tombe en prière. Gournemans, stupéfait, fait signe à Koundry : N'est-ce pas le Simple qui jadis tua le cygne ? Koundry fait « oui » de la tête. Mais, soudain, Gournemans tressaille : il a reconnu la Sainte-Lance !
Parsifal sort enfin de son mutisme. Il raconte sa longue route sur les sentiers de l'erreur. Il demande à être conduit vers celui dont il doit apaiser la souffrance. Au comble de la joie et de l'exaltation, Gournemans s'offre à guider ses pas. Il lui dit la désolation de Montsalvat, où Amfortas se refuse obstinément à célébrer le saint sacrifice, espérant ainsi obtenir de la mort la délivrance à sa torture. Pourtant il vit encore, mais Titurel, lui, est mort. Pour ses funérailles, Amfortas, cédant aux supplications des chevaliers, a consenti à élever une dernière fois le Grâl, et cela aujourd'hui même. Avant de partir, Parsifal se fait oindre roi par Gournemans, puis il donne à Koundry le baptême, qu'elle reçoit en pleurant abondamment.
Ici se place cette merveille des merveilles : l'enchantement du Vendredi-Saint, une inspiration vraiment surhumaine de Wagner.
Les trois pèlerins se mettent en marche. Le changement de décor du premier acte se renouvelle et ramène le décor de la basilique, où l'on célèbre les funérailles de Titurel. Amfortas s'apprête à remplir son office ; mais au moment suprême, il a un sursaut de révolte et de désespoir. Arrachant sa tunique, il demande à ses frères de le percer de leurs épées. Tous gardent un silence consterné, sans voir que de nouveaux personnages sont entrés. Parsifal, du bout de la Sainte-Lance, touche la blessure d'Amfortas. On voit alors le visage du malade s'éclairer d'un rayonnement divin. Il chancelle ; Gournemans le reçoit dans ses bras. Poursuivant sa mission, Parsifal prend la place de celui qu'il vient de guérir et ordonne de découvrir le Grâl. Les chevaliers se groupent autour de lui, devenu le sommet d'une pyramide humaine. L'obscurité se fait, le Grâl s'illumine, tandis que résonnent de sublimes harmonies. La colombe descend et plane sur la tête de Parsifal. Koundry, les yeux levés sur son vainqueur, s'affaisse lentement et tombe inanimée sur le sol. Le rideau se ferme petit-à-petit sur un tableau de sainte extase. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Le chant du cygne, l'œuvre suprême de Wagner, celle dont on a pu dire qu'elle était comme l'Evangile de son culte — et celui de ses ouvrages qui attendit le plus longtemps la consécration de la gloire.
Le maître l'avait réservée exclusivement à Bayreuth, où Parsifal fut joué pour la première fois le 26 juillet 1882, devant un public de fidèles et d'initiés — et qui, d'ailleurs, avaient payé pour ça. Les dilettantes français, arrivés en pèlerinage : Saint-Saëns, Léo Delibes, Francis Planté, Vincent d'Indy, Lamoureux, Mme Judith Gautier, etc., ne furent admis qu'à la troisième représentation — ce qui paraît avoir attiédi leur enthousiasme. De longues années devaient s'écouler avant que le dernier héros wagnérien franchît notre frontière, à la veille même de la guerre. Les principales auditions signalées jusque-là ont lieu à New York en 1904 et en 1909 ; à Amsterdam, à Zurich... On en juge l'exécution impossible à Monte-Carlo. Enfin, Parsifal étant légalement tombé dans le domaine public, trente ans après la mort de l'auteur survenue au début de l'année qui suivit la création de son chef-d'œuvre, la première réalisation au Théâtre de l'Opéra est tentée le 2 janvier 1914, version de Victor Wilder, d'après l'adaptation française d'Alfred Ernst, interprétée par Mme Lucienne Bréval, MM. Franz, Delmas, Gresse, Lestelly. Au pupitre, André Messager.
Wagner a raconté qu' « au printemps de 1857, il se trouvait près de Zurich, deux jours avant Pâques. Autour de lui, c'était l'Enchantement du Printemps : Toutes les forces de la vie se réveillaient et recommençaient à s'épanouir dans la lumière nouvelle... Etait-ce donc encore pour s'abîmer dans la douleur et dans la mort ? — Mais non ; une douceur s'épandait sur toutes choses ; une immense pitié accueillait tous les êtres, infinie et divine, car passait alors dans l'air la mystérieuse douceur du Vendredi-Saint : Rédemption, Rachat de l'homme et de toute la nature, que sauve la mort subie par Jésus. » (Ad. Boschot, Chez les Musiciens.)
Cet « Enchantement du Vendredi-Saint », c'est celui que nous allons retrouver symbolisé dans Parsifal, où, vingt-cinq ans après l'avoir éprouvé, Richard Wagner tentait de l'exprimer lyriquement.
***
La légende de « Perceval (Parsifal) et Titurel » fait partie, comme celle de « Lohengrin », du cycle de Montsalvat et du Graal.
Au moyen âge, la Table-Ronde est le centre de deux sphères de poésie chevaleresque : l'une, profane et galante — à laquelle appartiennent la Légende du Roi Arthur, les romans de Merlin et Viviane, de Lancelot et Genièvre, de Tristan et Yseult, d'Eric et Enide, du Chevalier au Lion (Yvain) et de la Dame de Brécilien (Brocéliande) ; — l'autre, religieuse, mais non sans mélange de tendres sentiments humains, et dont le poème de Perceval-le-Gallois semble le monument le plus ancien et le plus important. Chrestien de Troyes le commença à la demande de Philippe d'Alsace, comte de Flandres; il fut continué par Gerbert et Gauthier de Denet et fini par Manessier dans les dernières années du XIIe siècle. — C'est l'histoire de la Quête du Saint-Graal, thème que les romanciers développent en 50.000 vers.
Qu'est-ce que le « Graal » ? C'est, d'après les Trouvères, le vase sacré « dont Notre Seigneur avait fait usage chez Simon lorsqu'il avait célébré la Pâque avec ses Apôtres » et dans lequel Joseph d'Arimathie recueillit, au Calvaire, le sang qui s'échappait des blessures de Jésus. Le calice et la lance dont le centurion perça le côté du Christ sur la croix ont été confiés par les Anges à Titurel. Une confrérie de chevaliers monte la garde autour de ces reliques au monastère inaccessible du Mont-Salvat ; et une pieuse tradition veut que tous les ans, lorsque Titurel célèbre la commémoration de la Cène, la conservation du sang divin se manifeste par une irradiation prodigieuse. Le Saint-Esprit descend alors en vol miraculeux de colombe — apparition qui porte à son comble la ferveur et l'enthousiasme des Chevaliers du Graal, prêts à se dévouer derechef aux plus nobles causes.
Cependant, proche le Mont-Salvat, on aperçoit les luxuriantes frondaisons d'un jardin mystérieux et mal famé, qui passe pour servir de repaire à de diaboliques Armides, dites les « Filles-Fleurs ». Cette Capoue de mauvais aloi, dont l'origine est fort suspectée de sorcellerie, est la propriété d'un singulier personnage nommé Klingsor. Il a jadis essayé de s'introduire dans la Confrérie du Graal ; justement évincé, il a juré de se venger ; et, lui-même à l'abri des séductions de filles, fleurs ou non, grâce à de certaines précautions radicales qu'il a bien eu le courage de prendre, il s'emploie à lâcher son dangereux personnel sur les Chevaliers ses voisins, et il a eu déjà la joie malsaine de voir quelques-uns d'entre eux succomber à la tentation. — Dans son vilain métier, ce Klingsor a pour principale collaboratrice une belle pécheresse, Koundry, aux charmes invincibles. Mais la malheureuse, sur qui pèse une malédiction analogue à celle dont a été frappé jadis le Juif errant pour avoir nargué le Sauveur marchant au supplice, est dévorée par le remords, sans pouvoir toutefois s'arracher à la terrible emprise, évidemment magique, de Klingsor.
Celui-ci vient de porter un coup décisif à ses ennemis : Titurel, se sentant vieillir, avait résigné son saint ministère entre les mains de son fils Amfortas, fanatique et présomptueux, enclin à la manière forte par excès de zèle, et qui est maladroitement venu provoquer Klingsor dans son repaire, en brandissant la Lance précieusement gardée au Mont-Salvat. Le magicien, secondé par Koundry, n'a pas eu de peine à désarmer le téméraire, à le réduire à l'impuissance, et à le blesser au flanc avec la Lance même, au même endroit où elle atteignit jadis le Christ sur le Golgotha. Cette plaie reste inguérissable. Revenu au monastère, Amfortas continuera l'exercice de son sacerdoce, mais au prix d'insoutenables souffrances chaque fois qu'il officie. Et il se fût abandonné au découragement si une prophétie consolatrice ne lui avait permis d'espérer la venue d'un « simple », qui sera le Libérateur.
Telles sont les données indispensables à la compréhension scénique de l'affabulation wagnérienne, et dans laquelle le maître exécute une suite de variations particulièrement brillantes sur le thème qui lui est le plus cher : la Rédemption par l'Amour ou par la céleste Pitié...
***
On devine que le héros attendu, le Simple, le Pur, est Parsifal... Il ne se signale d'abord que par son innocence et sa sauvagerie : il a blessé d'une flèche un cygne considéré comme un animal sacré — la chasse est, en tout temps, prohibée sur le Mont-Salvat — et il a maille à partir avec Koundry, qui rôde dans la forêt, hésitante éternellement entre le vice et la vertu. Parsifal, dont personne ne sait le nom — sauf précisément Koundry, quelque peu sorcière — l'étranglerait en un tournemain lorsqu'elle lui apprend assez brutalement la mort de « Cœur-Dolent », sa mère. Les chevaliers, qui étaient intervenus à propos de l'incident du cygne, s'interposent. On emmène l'inconnu, et Amfortas tente d'éveiller son esprit et son cœur en le faisant assister à la cérémonie, pour lui si douloureuse, de l'Élévation du Graal. — Parsifal ne donne que des signes d'émotion trop superficielle pour que l'on puisse espérer de lui les grandes choses annoncées, et on le laisse libre.
Klingsor est plus averti. Du haut de sa tour, il a vu s'approcher celui qu'il reconnaît comme son adversaire le plus redoutable. Et il commence par détacher contre lui l'escadron volant des « Filles-Fleurs »... Aucun résultat. Klingsor fait alors donner la garde dans l'irrésistible personne de Koundry. L'enchanteresse n'obéit d'abord qu'à contre-cœur ; mais, peu à peu, et surtout devant la froideur inexplicable et humiliante de cet homme de marbre, elle se pique au jeu. Et comme Parsifal résiste aux séductions les plus stratégiques et aux baisers les plus savants, Koundry, échevelée, furieuse, le poursuit de ses imprécations et lui jette un des plus détestables sorts de son répertoire magique : Jamais plus Parsifal, envoûté, ne pourra retrouver le chemin qui mène au Mont-Salvat...
De son côté, Klingsor estime que la précaution est insuffisante, et le voici qui pourchasse le héros avec la Sainte Lance jadis conquise sur Amfortas... Mais à l'instant où il va le frapper, l'arme lui échappe des mains et s'élève au-dessus du front de Parsifal, qui la saisit. Il trace avec elle dans l'air le signe sacré de la Croix — et le palais infernal s'engloutit ; puis, désormais errant, le nouveau paladin s'éloigne.
Parsifal a marché pendant vingt ans à l'aventure... A l'aube du Vendredi-Saint, Koundry, qui depuis le même temps vit dans la pénitence et prodigue ses soins aux vieux ermites du Mont-Salvat, voit paraître soudain, cherchant sa route, un chevalier aux armes noires qui tient une lance inclinée. Le vieillard Gournemans, un des plus anciens parmi les serviteurs du Graal, apprend à cet étranger que nul n'a le droit de pénétrer en appareil guerrier sur la montagne bénie, et surtout le jour où l'on commémore le mystère de la Passion. — En silence, le nouveau venu dépouille son armure, ôte son casque, s'agenouille devant la Lance qu'il a plantée en terre et dans laquelle, stupéfait, Gournemans reconnaît la relique si longtemps pleurée. Le patriarche révèle alors à Parsifal quelle désolation règne aujourd'hui au monastère : terrassé par la maladie, Amfortas refuse désormais d'endurer la torture que renouvelle intolérablement pour lui la célébration de la Cène. Et Titurel, l'ancêtre, est mort ; on procédera tout à l'heure à ses solennelles obsèques, pendant lesquelles un suprême effort est tenté par les chevaliers pour décider son fils à élever une dernière fois le Saint-Graal. Amfortas s'y résigne, mais, à l'heure cruelle, ses forces le trahissent, et il supplie, désespéré, ses amis, ses frères, de le mettre à mort... Tout à coup, les rangs muets s'écartent : Parsifal, qui a reçu de Gournemans l'onction sacrée, s'avance, suivi de Koundry, régénérée par le baptême. Il touche du fer de la Sainte Lance la blessure, aussitôt miraculeusement guérie, d'Amfortas, qu'il écarte ensuite doucement ; il prend la place du pontife, et il élève le Graal, qui s'empourpre dans un rayonnement, pendant que la Colombe apparaît et survole l'admirable scène, aux accents ineffables des chœurs célestes. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PART À DIEU (LA)
Opérette en un acte, livret de Jules Baric, musique de Laurent de Rillé, non représentée et publiée dans le Magasin des Demoiselles.
PART DU DIABLE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 16 janvier 1843, mise en scène de Louis Palianti, avec Mmes Rossi-Caccia (Carlo Broschi [Farinelli], soprano), Anna Thillon (Casilda, soprano), Révilly (Marie-Thérèse de Portugal, soprano) ; MM. Gustave Roger (Rafael d'Estuniga, ténor), Grard (Ferdinand VI, basse), Achille Ricquier (Gil Vargas, basse), Victor (Fray Antonio, basse), Palianti (le comte de Medrano).
« Cet ouvrage charmant a inauguré, à notre avis, la troisième manière du chef de l'école française. Les ouvrages que ce compositeur fit représenter de 1820 à 1830 se firent remarquer par la simplicité, la naïveté de la mélodie, tels sont : la Bergère châtelaine, le Maçon, la Fiancée. La variété des effets, la science des combinaisons du rythme, la finesse des détails de l'orchestration, une harmonie piquante et originale, le brio, la verve spirituelle sont les qualités qui marquent la seconde manière du maître. Il suffit, pour justifier cette appréciation, de rappeler quelques-unes des œuvres représentées de 1830 à 1840 : la Muette, Fra Diavolo, l'Ambassadrice, le Domino noir. A partir de cette époque, il semble que les émotions du cœur, la passion, l'expression d'une sensibilité vraie l'ont emporté sur les facultés ingénieuses et brillantes du compositeur. Cette troisième manière, loin d'être moins féconde et moins heureuse que les deux autres, a produit des ouvrages fort remarquables qui auraient suffi pour placer leur auteur au premier rang, s'il les eût donnés au public dès le début de sa carrière. La Part du diable, la Barcarolle, la Sirène enfin, et surtout Haydée doivent fournir assez de preuves de la justesse de notre opinion, pour qu'il ne soit pas nécessaire d'insister davantage. L'histoire singulière du célèbre chanteur Broschi Farinelli a donné à Scribe l'idée de son poème. Après avoir excité, par son chant et sa voix de soprano, une admiration qui tenait du délire en Italie et en Angleterre, l'élève de Porpora s'était rendu en Espagne dans l'année 1736. Le roi Philippe V aimait beaucoup la musique ; mais, depuis la mort de son fils, il était tombé dans un état d'abattement tel, qu'il négligeait les affaires de son royaume. La reine, Elisabeth de Ferrare, essaya du pouvoir de la musique pour guérir le roi de sa mélancolie. La voix de Farinelli opéra ce prodige, et ses accents triomphèrent des accès du nouveau Saül. S'il ne devint pas roi comme David, Farinelli fut du moins comblé d'honneurs à la cour, et on dit même qu'il devint premier ministre ou plutôt premier favori de Philippe et de Ferdinand VI, son successeur. Scribe a tiré un piètre parti de cette histoire extraordinaire. Le roi d'Espagne, épris de la voix d'une jeune fille, fait enlever celle-ci. La pauvre chanteuse parvient à s'échapper, et le roi en devient fou de désespoir. Un étudiant, nommé Rafaël d'Estuniga, aime aussi la fugitive, et, ne pouvant la retrouver, il prend le parti de se donner au diable. Satan lui apparaît sous la forme de Carlo Broschi, frère de Casilda, celle qu'il aime. Le marché est passé, et le diable promet de pourvoir à la fortune de Rafaël à la condition que tout sera commun entre eux. Le roi, qui a entendu Carlo chanter la romance qui avait si délicieusement frappé ses oreilles, attache le chanteur à sa personne. Celui-ci use de son crédit pour déjouer le complot formé par un grand inquisiteur nommé Fra Antonio, dans le dessein de perdre la reine ; il décide le roi à présider son conseil, et enfin il obtient de lui qu'il consente à l'union de Casilda avec Rafaël. Les divers incidents du marché conclu entre le prétendu diable et l'étudiant sont fort comiques et de la bonne façon de Scribe.
L'ouverture est jolie, surtout à son début ; on y remarque un mystérieux effet de violons avec sourdines et une belle fanfare de chasse des mieux traitées, qu'on retrouve dans le corps de l'ouvrage. L'air : C'est elle qui chaque jour, parfaitement chanté par Roger, a de la passion et de la chaleur. La romance : Oui, devant moi, droit comme une statue, chantée par Mme Anna Thillon, est naïve ; le duettino qui suit, entre le frère et la sœur, a cela de piquant qu'il est dit par deux soprani ; Mme Rossi-Caccia chantait le rôle de Broschi-Farinelli avec une voix ravissante de pureté et d'éclat, surtout dans les sons suraigus. Le morceau capital du premier acte est la cantilène : Ferme ta paupière, dors mon pauvre enfant, qui est devenue classique et populaire. On remarque, dans le second acte, une canzonetta napolitana : Qu'avez-vous, comtesse ? d'une vivacité et d'une franchise tout à fait charmantes ; l'accompagnement en est d'un goût exquis. Le quatuor pour basse et trois soprani, qui se termine sans accompagnement, est traité avec une supériorité magistrale. L'air de soprano : Reviens, ma noble protectrice, et le joli duo qui suit, sont les seuls morceaux intéressants du dernier acte, dans lequel le librettiste et les spectateurs sont occupés à débrouiller les fils de l'intrigue. L'opéra de la Part du Diable a obtenu un grand et durable succès. Malgré quelques détails du second acte, cet ouvrage a une teinte générale de douce mélancolie qu'on ne rencontre pas, nous le répétons, dans les précédentes œuvres de M. Auber. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PARTIE CARRÉE
Opéra-comique en un acte, livret de Lucien Augé de Lassus, musique de Rodolphe Lavello. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 juin 1884, avec MM. Herbert, Maris, Dulin, Mlle Lucie Dupuis, Pierron et Dupont.
PARTIE CARRÉE (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Louis Hennequin, musique de Pierre Gaveaux, représenté à Feydeau le 26 juin 1793.
PARTIE DE CAMPAGNE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Henri-Ferdinand La Martelière, musique de Louis-Emmanuel Jadin. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 26 juin 1810.
PARTIE DE CHASSE (LA)
Opéra-comique en trois actes, paroles de Desfontaines, musique de Saint-Georges, représenté à la Comédie-Italienne le 12 octobre 1778.
PARTIE DE TRICTAC (LA) ou LA BELLE-MÈRE
Opéra-comique en deux actes, musique de C.-L.-J. Hanssens, représenté à Gand en 1812.
PARYSATIS
Drame en trois actes et un prologue, de Jane Dieulafoy, avec musique de scène, chœurs et ballet de Camille Saint-Saëns, représenté aux Arènes de Béziers, devant 12.000 spectateurs, les 17 et 19 août 1902. Mme Dieulafoy, on le sait, a été la collaboratrice active de son mari dans ses belles explorations archéologiques en Perse. Son long séjour en ce pays lui donna l'idée d'un roman historique qu'elle publia sous le titre de Parysatis, et c'est de ce roman qu'elle tira les éléments d'un drame écrit par elle expressément pour le vaste cadre des Arènes de Béziers et dans des conditions scéniques toutes particulières. La musique, sous forme de marches, de chœurs et de danses, tenait une place importante dans ce drame, et M. Saint-Saëns consentit volontiers à l'écrire. C'est dire quelle en est la valeur, aussi lien au point de vue poétique qu'au point de vue musical, et dans les conditions grandioses où elle devait être conçue. Pour une telle œuvre il fallait un maître, un maître rompu aux formes les plus nobles et les plus pures de l'art classique, et nul plus que l'auteur de Samson et Dalila n'était qualifié sous ce rapport. Il faut signaler surtout, parmi les meilleures pages de la partition, la musique du prologue, la scène finale du premier acte, la chanson avec chœur du second, un chœur délicieux : Prince charmant, avec ses exquises sonorités de harpes, un autre chœur : Louez Anita la pure, d'une délicatesse incomparable, un beau chant de chasseurs accompagné de trompes, et enfin les airs de ballet, qui sont d'une grâce pleine d'élégance. C'est au milieu du ballet que se trouve une véritable perle, le Chant du rossignol, inspiration toute empreinte de poésie, avec ses brèves interventions du chœur.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
PAS DE SAPEUR
Opérette en un acte, paroles de M. Quentin, musique de Victor Robillard, représentée à la Gaîté-Montparnasse le 15 mars 1890.
PAS SI BÊTE
Opérette en un acte, paroles de M. Laurencin, musique de M. L. Désormes, représentée à l'Eldorado en mai 1877.
PASSAGE DES PRINCES (LE)
Comédie musicale en deux parties et quatorze tableaux, livret de Charles Méré, musique empruntée à Jacques Offenbach. Création au Théâtre de la Madeleine le 09 décembre 1933 avec Mmes Jane Marnac (Hortense Schneider), Parisys (Silly) ; MM. Henri Rollan (Grammont-Caderousse), Pizani (Offenbach).
« On voit Offenbach partout aujourd'hui, même aux Folies-Bergère. M. Charles Méré a imaginé de construire une intrigue autour du grand musicien bouffe, ou mieux autour de son œuvre, et, sous le prétexte de nous faire assister vers 1860 ou 1865 aux amours de la célèbre Hortense Schneider, il a composé la plus charmante anthologie des airs d'Offenbach. C'était s'assurer le plus efficace moyen de succès. » (Larousse Mensuel Illustré, 1933)
PASSAGE DU RÉGIMENT (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Sewrin, musique de Giuseppe Catrufo. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 05 novembre 1832, avec Mmes Casimir, Marie Julie Boulanger, MM. Augustin Lemonnier, Thénard, Vizentini
« L'idée de cette petite pièce est assez plaisante. Un capitaine de carabiniers a épousé, en secret et malgré la défense du ministre de la guerre, une femme qu'il aimait et qu'il installe dans son château, aux environs de Colmar. Toujours en route, il n'a pu passer vingt-quatre heures avec elle ; mais son régiment, se rendant à Strasbourg, passe sous les murs de son parc. Le colonel donne l'ordre de faire halte et de distribuer les billets de logement. Notre carabinier choisit naturellement sa femme pour hôtesse ; par malheur le colonel a la même pensée ; il s'installe au château et fait la cour à la jeune femme de son subordonné, et rend impossible tout colloque entre les époux. Le capitaine devient jaloux, et un duel va avoir lieu, lorsque la situation se révèle réciproquement et amène un raccommodement. En 1832, ce genre de pièce ne pouvait déjà plus réussir ; elle se prêtait peu d'ailleurs à la musique. Celle de Catrufo n'a obtenu qu'un succès d'estime ; l'air chanté par Mme Casimir a été vivement applaudi. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PASSANT (LE)
Opéra-comique en vers, en un acte, livret de François Coppée, d’après sa comédie éponyme (1869), musique d’Emile Paladilhe. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 24 avril 1872, avec Mmes Galli-Marié (Zanetto), Priola (Silvia).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 12 mars 1874 avec Mmes Galli-Marié (Zanetto), Carbonnel (Silvia).
« Il est fâcheux pour le jeune compositeur d'avoir accepté pour ses débuts au théâtre une œuvre aussi anti-lyrique que la fantaisie poétique de M. Coppée. De jolis vers, une étude psychologique intéressante, un dialogue d'un caractère original, cela a pu motiver un succès en faveur du poète, et, dans une époque stérile en talents comme la nôtre, lui procurer à peu de frais une gloire éphémère. Mais il n'y avait dans cette œuvre aucun des éléments propres à former un livret d'opéra-comique. M. Paladilhe a tenu à lutter avec un sujet ingrat. La partition et le poème se sont nui mutuellement. Le musicien n'a trouvé aucune mélodie franche ; ses procédés de composition, tout laborieux et estimables qu'ils sont, n'ont abouti à aucun effet appréciable sur le public, si ce n'est à une impression générale d'ennui et de défiance à l'égard de son avenir de compositeur. On a remarqué un joli prélude et un chœur sans accompagnement. L'auteur de la Mandolinata a une revanche à prendre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
PASSÉ MINUIT
Opérette en un acte, livret de Lockroy et Auguste Anicet-Bourgeois, musique de Louis Deffès, représentée aux Bouffes-Parisiens le 24 novembre 1864.
« C'est l'ancien vaudeville qu'Arnal a rendu célèbre, dont on a fait le livret d'une opérette qui a eu vingt-sept représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PASSE-PARTOUT (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Campenhout, représenté à Lyon en 1814.
PASSION (LA)
Tableaux vivants de M. Bonnefois, avec musique scénique et chœurs de Francis Thomé, représentés au Nouveau-Théâtre le 05 juin 1894.
PASSION (LA)
Mystère sacré en quatre actes et neuf tableaux, paroles et musique de Henri Giulietti, représenté au Nouveau-Théâtre le 24 janvier 1899. L'œuvre était en grande partie déclamée. Les deux seuls solistes étalent Mlle Avelly et Mme Telba. Les chœurs avaient, naturellement, une tâche importante.
PASSION (LA)
Drame lyrique en quatre actes et dix tableaux, livret de Jules Méry et Paul de Choudens, d'après leur poème, musique d'Albert Dupuis (1912-1914), représenté à l'Opéra de Monte-Carlo le 02 avril 1916 sous la direction de Léon Jehin, avec Mmes Lucy Perelli (Marie), Stora (Madeleine), Barclay (un ange), Durbal (Sephora), Sorret (une sainte femme), MM. Charles Fontaine (Jésus), Georges Petit (Judas), Marcel Journet (Pilate), Gustave Huberdeau (Cornelius), Charles Delmas (Pharès), Victor Chalmin (Sadoc), Armand (Pierre), Berti (Jean), Etienne Billot (Joram), Stephan (un officier d'Hérode), Delestan (un adepte).
PASSIONNÉMENT !
Comédie musicale en trois actes, livret de Maurice Hennequin et Albert Willemetz, musique d’André Messager. Création au Théâtre de la Michodière le 15 janvier 1926. => fiche technique
PASTORALE HÉROÏQUE (LA)
Entrée ajoutée à l'opéra d'Hésione, composée pour la fête des ambassadeurs du roi d'Espagne à l'occasion de la naissance du dauphin, et exécutée à Versailles le mardi 24 janvier 1730, et à l'Académie royale de musique le 31 du même mois. Laserre en composa les paroles, et Rebel fils, la musique.
« Cette pastorale, composée pour la fête des ambassadeurs du roi d'Espagne, à l'occasion de la naissance du Dauphin, fut d'abord entendue à l'hôtel de Bouillon, le 24 janvier 1730.
A l'Académie de musique, elle suivit la tragédie d'Hésione, dont on supprima le prologue.
Interprètes : Dun, Mlles Pélissier, Eremans, Dun et Petitpas.
Ballet dansé par Dumoulin, Mlles Camargo et Sallé. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PASTORALE EN MUSIQUE (LA)
Pastorale en trois actes, livret de l'abbé Perrin (introducteur des ambassadeurs près de Gaston, duc d'Orléans), musique de Robert Cambert, jouée à Issy, dans le château de M. de La Haye, au mois d'avril 1659. C'est le premier opéra français et un des premiers ouvrages lyriques représentés en France. Les pièces jouées précédemment n'étaient que des arrangements d'opéras italiens. Les paroles et la musique se prêtant un mutuel secours, et constituant une œuvre originale, font de la Pastorale en musique de Cambert et de l'abbé Perrin le véritable point de départ de la musique dramatique, qui a pu recevoir de Lully, quinze ans plus tard, une forme plus parfaite, mais dont le premier essai appartient à Cambert. Cambert était alors organiste de l'église collégiale de Saint-Honoré à Paris, et surintendant de la musique de la reine mère, Anne d'Autriche.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PATAPOUF Ier
Opérette en un acte, paroles de M. Koll, musique de M. Blétry, représentée à l'Eden-Concert le 23 février 1889.
PATART, PATART ET Cie
Vaudeville-opérette en quatre actes, de Charles Clairville et André Sylvane, musique de Louis Gregh, représenté aux Folies-Dramatiques le 09 octobre 1893.
PAT-CHOU-LY
Opérette en un acte, musique de Ben Tayoux, représentée aux Folies-Bergère le 01 mars 1875.
PÂTÉ EMPOISONNÉ (LE)
Opérette en un acte, livret d'Elie Frébault, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Alcazar d'hiver le 22 septembre 1877. => détails
PATHELIN
Comédie musicale, livret de Georges Spitzmüller, musique de Paul Bastide, création à Strasbourg en mai 1939.
PATRIE !
Opéra en cinq actes et six tableaux, livret de Victorien Sardou et Louis Gallet, d'après Patrie ! drame en cinq actes de Victorien Sardou (Porte-Saint-Martin, 18 mars 1869), musique d’Emile Paladilhe.
Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 20 décembre 1886 (répétition générale le 16 décembre). Mise en scène de Pedro Gailhard. Décors : Poisson (1er acte), Henri Robecchi et Amable (2e et 5e actes), Auguste Rubé, Philippe Chaperon et Marcel Jambon (3e acte), Jean-Baptiste Lavastre (4e acte). Costumes de Charles Bianchini.
Mmes G. KRAUSS (Dolorès), BOSMAN (Rafaela), DUMÉNIL (Gudule).
MM. LASSALLE (Comte de Rysoor), DUC (Karloo), Edouard DE RESZKE (Duc d’Albe), MURATET (La Trémoille), BÉRARDI (Jonas), SENTEIN (Rincon), Etienne SAPIN (Vargas), CRÉPEAUX (Delrio), DUBULLE (Noircarmes), BALLEROY (un Officier d'honneur), BOUTENS (un Officier), GIRARD (Miguel), LAFFITTE (Galéna), HÉLIN (Bakkerzeel), DE SOROS (Cornélis).
Ballet réglé par Louis MERANTE : Mlles J. SUBRA (l'Abondance), TORRI - débuts - (l'Espagne), DOUCET (la Paix), HAYET (la Justice), MM. VASQUEZ (l'Esclave), PRINCE (la Farce) et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Jules GARCIN
50e représentation à l’Opéra, le 04 mai 1888, avec les créateurs, sauf :
Mme Eva DUFRANE (Dolorès), MM. Pol PLANÇON (Duc d'Albe), MARTAPOURA (Jonas), LAMBERT (Rincon) et Augusto VIANESI au pupitre.
|
07.01.1891 58e |
28.10.1907 74e |
07.12.1916 85e |
08.09.1919 93e et dernière |
Dolorès |
ADINI |
GRANDJEAN |
BREVAL |
DAUMAS |
Rafaela |
BOSMAN |
N. MARTYL |
CAMPREDON |
LAUTE-BRUN |
|
|
|
|
|
De Rysoor |
LASSALLE |
DELMAS |
DELMAS |
JOURNET |
Karloo |
DUC |
MURATORE |
FRANZ |
DARMEL |
Duc d’Albe |
PLANÇON |
CHAMBON |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
La Trémoille |
VAGUET |
DUBOIS |
L. DUFRANNE |
DUBOIS |
Jonas |
DOUAILLIER |
BARTET |
Joseph Antoine BONAFÉ |
Y. NOEL |
Noircames |
BALLARD |
DELPOUGET |
NARÇON |
MAHIEUX |
Rincon |
LAMBERT |
DOUAILLIER |
A. HUBERTY |
DRUINE |
Vargas |
VOULET |
GALLOIS |
GONGUET |
GONGUET |
Delrio |
CREPEAUX |
DENOYE |
ERNST |
ERNST |
Miguel |
Louis IDRAC |
BAUDIN |
CAMARGO |
NOURY |
Galena |
LAFFITTE |
RAGNEAU |
DEL VAL |
GODARD |
Officier |
RAGNEAU |
CERDAN |
LACOME |
LACOME |
Officier |
PALIANTI |
CANCELIER |
|
|
|
|
|
|
|
Ballet |
J. SUBRA VASQUEZ |
SANDRINI VASQUEZ |
A. JOHNSSON A. AVELINE |
ZAMBELLI A. AVELINE |
Chef d’orchestre |
DE MONTJAU |
P. VIDAL |
H. BÜSSER |
BACHELET |
Reprise du 28 octobre 1907 : décors de Rubé et Moisson (1er et 5e actes), Amable (2e), Chaperon et fils (3e), Carpezat (4e). Costumes de Charles Bianchini.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Dolorès : Mmes DUFRANE (1887), d'ALVAR (1887), LE SENNE (1916), LUBIN (1917), CROS (1917).
Rafaela : Mmes SAROLTA (1887), LOVENTZ (1891), BUGG (1918), BERTHON (1919).
Comte de Rysoor : MM. MELCHISSEDEC (1887), BERARDI (1887), NOTÉ (1900).
Karloo : MM. SELLIER (1887), ALVAREZ (1900), LUCAS (1900), LAFFITTE (1915).
Duc d'Albe : M. DUBULLE (1887).
93 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Le poème de cet ouvrage est l'adaptation musicale du drame émouvant et superbe que M. Sardou avait fait représenter à la Porte-Saint-Martin, le 18 mars 1869. Cette adaptation, faite avec beaucoup d'adresse, a inspiré le compositeur de la façon la plus heureuse. M. Paladilhe ne prétend être d'aucune école ; ce n'est pas un musicien à tendances ni à parti pris. Il n'a point de théories, il ne se propose point de modèles, il écrit simplement comme il sent, sans se préoccuper de plaire à d'autres qu'au vrai public, le juge en dernier ressort. Il cherche, de la façon la plus naturelle du monde, à tirer parti de son inspiration et, comme il a le sentiment de la vérité, le sentiment du pathétique, il a écrit, sur un livret superbe, une musique pleine de grandeur, de passion, d'émotion, de poésie, et il s'est trouvé que cette musique a communiqué aux auditeurs l'émotion dont il l'avait animée, et qu'elle a obtenu un succès complet.
Ce qui me semble particulièrement remarquable dans la partition de Patrie !, en la considérant dans son ensemble, c'est la solidité monumentale de la construction, c'est la sûreté et la fermeté des attaches, qui ne trahissent jamais ni une faiblesse ni une négligence, c'est la belle sonorité de l'orchestre, orchestre vraiment scénique et non point symphonique (ce qui n'est pas la même chose), c'est la coupe élégante et la belle ordonnance de la phrase musicale, dont les ondulations prennent parfois une ampleur superbe, c'est enfin un ensemble de qualités à la fois très musicales et très scéniques qui dénotent un véritable homme de théâtre, apte à saisir toutes les situations et à les traduire en son langage avec la plus grande fidélité et le plus grand effet possibles. Ce qu'on lui souhaiterait seulement peut-être, c'est un peu plus d'originalité, de personnalité dans l'idée musicale proprement dite, qui, si elle se développe toujours d'une façon magistrale, n'est pas toujours essentiellement nouvelle dans son premier jet.
Si l'on voulait entrer dans le détail de l'œuvre, il faudrait signaler, au premier acte, un chœur de soldats très crâne et très sonore, toute la scène de l'instruction, qui est d'une belle et sévère ordonnance et que vient couper la chanson très franche du sonneur Jonas, le chœur des prisonnières, la prière si bien accompagnée par les cloches et les cors, et surtout le fragment symphonique qui suit, et qui est exquis. Au second, il faut tirer de pair la scène de Rysoor et des conjurés, scène excellente, traitée en déclamation rapide et d'un dessin plein de fermeté, puis le duo dans lequel Rysoor apprend à Dolorès qu'il se sait trompé par elle et qu'il tuera son amant ; c'est là une page très puissante, très pathétique, d'une couleur chaude et, si l'on peut dire, d'une violence émue, qui produit une impression profonde. Le ballet du tableau suivant est tout à fait aimable. Le troisième acte nous achemine aux grandes beautés de la partition, ici, dans leur caractère intime, tout à l'heure, au quatrième acte, dans leur plus grande expansion. A remarquer tout d'abord un fort joli cantabile dans la scène entre le duc d'Albe et sa fille, puis la scène suivante, dans laquelle on force Karloo à rendre son épée, et qui est très bien traitée avec les trois voix ; mais le morceau capital est la dénonciation faite par Dolorès. La situation est puissante, dramatique, déchirante, et l'on peut dire que le musicien n'est pas resté au-dessous d'elle, car elle est vraiment magistrale, magistralement écrite et animée d'un grand souffle.
Mais voici vraiment le point culminant de l'œuvre, l'acte de l'Hôtel-de-Ville. Le drame, la musique, la mise en scène, tout concourt à son extrême puissance. Ici, l'émotion va toujours grandissant : la situation, d'abord dramatique, devient peu à peu terrifiante, et se dénoue dans une explosion formidable. C'est, en premier lieu, la scène de la conjuration et l'air superbe de Rysoor : C'est ici le berceau de notre liberté, air d'un noble et beau caractère, d'une ampleur grandiose, qu'accompagnent merveilleusement les harpes et les trombones. Puis le duo si pathétique dans lequel Rysoor reconnaît en Karloo l'amant de sa femme, l'ami qui l'a lâchement trahi ; ce duo, tantôt touchant, tantôt véhément, est divisé en plusieurs épisodes dont l'un des plus émouvants est la phrase si douloureuse de Rysoor :
Ah ! malheureux que j'aimais tant,
Voilà ce qu'il a fait pourtant !
dont le ton désespéré arrache des larmes à l'auditeur. A partir de ce moment, l'action se précipite. La rentrée des conjurés, la prise d'armes, la charge qui sonne, les premiers bruits de trahison, le combat, les coups de feu, l'entrée des Espagnols, la tentative d'évasion de Rysoor et de ses amis, arrêtée par l'arrivée du duc d'Albe, la scène du sonneur, le meurtre de celui-ci, le transport de son cadavre percé de balles, les plaintes de Rysoor sur son corps, tout cela est rendu, musicalement, avec une grandeur, un élan, une chaleur, et en même temps une fermeté et une sûreté de main qui feraient honneur à un grand maître. De cet ensemble vraiment héroïque, je détacherai la scène où Jonas, sachant qu'il marche à la mort en allant donner avec ses cloches le signal qui doit faire s'éloigner le prince d'Orange, dit à Rysoor :
Seigneur, ils me tueront. Ce n'est pas pour ma vie,
Mais ma femme, les miens !...
et l'admirable déploration que Rysoor, un instant après, fait entendre sur le corps inanimé du malheureux :
Pauvre martyr obscur, humble héros d'une heure,
Je te salue et je te pleure !
Ce chant de douleur et de regret est l'une des plus belles, des plus nobles, des plus touchantes inspirations du musicien.
Patrie ! a été admirablement jouée pour ses deux rôles principaux, ceux de Dolorès et de Rysoor, par Mme Krauss et M. Lassalle. L'interprétation générale était d'ailleurs excellente. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : le duc d'Albe ; le comte de Rysoor ; Karloo ; le sonneur Jonas ; Dolorès, femme de Rysoor ; Rafaële, fille du duc d'Albe.
L'action se passe à Bruxelles, en 1568.
Patrie ! est un modèle de livret de grand opéra historique : dramatique, somptueux, abondant en prétextes à déploiements vocaux et instrumentaux. Le thème est emprunté à la sanglante campagne du duc d'Albe contre les Flandres ; il utilise la légende du sonneur Jonas, qui sacrifia sa vie plutôt que de trahir sa patrie.
Bruxelles est occupé par les Espagnols, qui massacrent sans pitié et règnent par la terreur. Le prince d'Orange est aux environs et une conjuration s'ourdit pour chasser l'étranger haï. A la tête des conjurés sont le comte de Rysoor et Karloo, son jeune ami. Rysoor a une femme, Dolorès, dont il est éperdument épris ; mais son amour n'est pas payé de retour : sa femme a séduit Karloo, dont elle est follement amoureuse. Karloo ne sait pas résister à cette passion, mais est rongé de remords à la pensée de sa trahison : Rysoor est, en effet, pour lui plus qu'un ami, et lui témoigne une entière confiance.
Le témoigne d'Albe, enfin, est père d'une jeune fille qui est aussi douce et pitoyable que lui-même est cruel et sanguinaire. La malheureuse s'éprendra de Karloo et lui sauvera la vie en mainte occasion.
Un grand souffle patriotique traverse ces cinq actes. D'un bout à l'autre vibre l'âme de la Flandre, écrasée sous un joug odieux.
Au premier acte, les Espagnols campent en plein Bruxelles ; scène de violence et de débauche. On amène des prisonniers ; l'un d'eux est le comte de Rysoor, qui vient d'être quatre jours absent, auprès du prince d'Orange. Si cette absence se découvre, il est perdu. Mais, à sa stupéfaction, le soudard espagnol qui loge chez lui déclare aux juges l'avoir vu, la nuit précédente, comme il sortait de chez sa femme ! Rysoor échappe ainsi à la mort, mais il est frappé au cœur : Un homme était la nuit précédente auprès de sa femme ! Quel est cet homme ? Un seul indice : il doit être blessé à la main.
Tandis qu'un troupeau de victimes est envoyé au supplice, paraît Rafaële, la fille du duc d'Albe. On lui cache tout ce qui se passe, mais elle a surpris, de la fenêtre du couvent qu'elle habite, des choses qui lui ont paru insolites. Elle vient voir et arrive à temps pour gracier les malheureux condamnés.
Ce tableau des horreurs de la guerre, illuminé par l'apparition de Rafaële, s'achève sur une scène où Rysoor arrache à son logeur espagnol les renseignements qui lui permettront de retrouver l'amant de sa femme.
Le deuxième acte débute par un tableau chez le comte de Rysoor. Scène d'amour entre Dolorès et Karloo, la première passionnée, le second partagé entre son désir et la honte de sa trahison. Arrive Rysoor, qui ne soupçonne pas son meilleur ami. Karloo sorti, l'explication a lieu entre le mari et la femme. Elle est violente, haineuse. Rysoor annonce son dessein de tuer son rival ; il le reconnaîtra à sa main blessée. Comment empêcher ce meurtre ? Dolorès n'hésite pas : elle a surpris le secret de la conjuration qui doit livrer le duc d'Albe au prince d'Orange ; elle ira livrer son mari aux Espagnols. Elle ignore qu'en ce faisant elle livrera du même coup son amant.
La scène se transporte au palais du duc d'Albe, où se donne une grande fête, prétexte à ballet. Dona Rafaële préside aux réjouissances. Blessée par l'attitude des Flamands présents, elle est réconfortée par l'intervention de Karloo ; elle saura lui prouver sa reconnaissance.
Troisième acte : dans le cabinet du duc d'Albe. Le sombre duc signe des arrêts de mort. Sa fille, encore bouleversée par la scène de tout à l'heure, vient intercéder pour la population opprimée. On introduit Karloo, que les conjurés ont chargé d'obtenir qu'on ouvre les barrières tendues à tous les carrefours. Il réussit, mais le duc lui ayant offert un poste de confiance, il risque de tout compromettre par son refus hautain. Cette fois encore, l'intercession de Rafaële lui permet de s'éloigner ; mais la haine que la pauvre femme a lue dans les yeux du patriote l'a désespérée et elle s'évanouit.
C'est à cet instant que, forçant toutes les consignes, Dolorès se précipite dans la chambre. Elle révèle la conjuration, tout ce qu'elle en sait. Elle ignore pourtant le signal que doit donner le sonneur Jonas. Elle ignore surtout que Karloo est parmi les conjurés. C'est le duc d'Albe qui le lui apprend. Atterrée, elle voudrait reprendre ses paroles. Trop tard !
Quatrième acte : à l'Hôtel de Ville de Bruxelles. Les conjurés se réunissent pleins d'espoir, ignorant la trahison de Dolorès. Fortuitement, Rysoor reconnaît en Karloo l'homme qui lui a ravi sa femme. Le coup est dur ; mais le patriote se ressaisit : sauver la Flandre d'abord, on comptera après. Et il désigne Karloo comme chef de l'insurrection.
Soudain, de tous côtés paraissent les Espagnols : les conjurés sont pris au piège. Tous ils sauront mourir ; pas un ne parle de se rendre. Albe révèle à Rysoor que c'est une femme qui lui a livré son secret. Chose curieuse, le comte ne soupçonne pas tout d'abord Dolorès.
Ici se place l'épisode de Jonas. Envoyé au clocher pour donner le signal qui doit livrer le prince d'Orange à ses ennemis, le fidèle sonneur donne le signal sauveur. Il paye aussitôt son héroïsme de sa vie. Furieux de voir sa vengeance lui échapper, Albe donne l'ordre d'exécuter séance tenante les conjurés. Sa fille survient alors, échevelée et lui arrache la grâce de Karloo : elle l'aime ! Karloo a beau se regimber, protester, il vivra. Et Rysoor lui confie pour mission de venger la patrie en découvrant et tuant la femme qui les a trahis.
Cinquième acte : Dolorès est torturée par la pensée du crime qu'elle a commis. C'est elle qui a envoyé tant d'hommes, et des meilleurs, à l'échafaud !
Karloo paraît, Karloo qu'elle a cru mort. Et la passion lui fait oublier tout autre sentiment. Mais Karloo n'est plus le même ; il se doit à sa mission : il cherche un coupable ; il est le Vengeur. Dolorès est glacée d'effroi. Dans son affolement, elle se trahit. Ainsi, c'était elle !
Froidement, Karloo lui annonce qu'il va frapper, mais pas tout de suite ; elle assistera premièrement au supplice de ses victimes. Ce supplice se déroule sur la place, hors de la vue du spectateur ; seules les rouges lueurs du bûcher lui sont visibles. Et, tandis que Dolorès, folle de terreur et de remords, implore sa grâce, il la poignarde, puis se précipite par la fenêtre pour rejoindre ses frères dans le martyre. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
PATRIE RECONNAISSANTE (LA) ou L'APOTHÉOSE DE BEAUREPAIRE
Opéra héroïque en un acte, paroles de Lebœuf, musique de Candeille, représenté à l'Opéra (Académie de musique) le 03 février 1793 (15 pluviôse an I). Cet ouvrage fut sifflé.
PATTES BLANCHES
Opérette en un acte, livret de Constantin et L. Coron, musique de Laurent de Rillé, représentée aux Bouffes-Parisiens le 21 mai 1873. Les aventures bouffonnes de deux Européens au milieu d'une tribu de nègres sont accompagnées d'une musique appropriée aux lazzis les plus extravagants. Ces bamboulas grotesques et ces parodies de boléros sont sans doute considérées par le musicien accrédité du ministère de l'instruction publique comme un délassement de ses fonctions d'inspecteur de l'enseignement du chant dans les lycées et d'examinateur dans la commission des bibliothèques scolaires. Cette opérette a été jouée plutôt que chantée par Ed.-Georges et Armand Potel.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PAUL ET JULIE ou LA LETTRE SUPPOSÉE
Opéra-comique de Mlle Péan de la Rochejagu, représenté au Casino Paganini dans le mois de mars 1851.
PAUL ET PIERRE
Opérette en un acte, livret de Gabriel Prévost, musique d’Emile Louis, représentée à la salle des Familles le 26 mars 1874.
PAUL ET VIRGINIE
Opéra-comique en trois actes en prose, livret d’Etienne Guillaume François de Favières, musique de Rodolphe Kreutzer.
Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 janvier 1791, sous la direction de Frédéric Blasius. 301 représentations jusqu’en 1846.
« Le poème n'est qu'une faible imitation de quelques épisodes du célèbre roman de Bernardin de Saint-Pierre, et encore le dénouement est-il complètement de l'invention de Favières. La tempête a lieu au départ de Virginie. Paul, monté sur un rocher, aperçoit le naufrage du vaisseau. Il se jette à la mer, sauve Virginie et l'apporte dans ses bras sur le rivage. Ce troisième acte se passe presque tout entier en pantomime. La musique de Paul et Virginie a obtenu un grand succès. On y remarque une couleur locale assez remarquable pour l'époque, et des airs gracieux. L'ouverture, en ut, débute par un motif très simple et un peu monotone ; mais la seconde partie se distingue par de beaux développements pleins de chaleur. Nous citerons encore la romance dialoguée de Paul et Virginie : De ta main tu cueilles le fruit, et la chanson nègre : Quand toi s'en va de la case, dont l'accompagnement est assez piquant. La scène de l'orage se distingue par une bonne harmonie et des effets d'orchestration assez dramatiques. Cet opéra a été repris en 1846, sans grand succès. Toutefois, le finale du deuxième acte a réussi ; Jourdan et Mlle Léocadie Lemercier ont joué Paul et Virginie ; Henri, le vieux noir ; Honoré Grignon, Mmes Félix et Saint-Ange, les autres rôles. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAUL ET VIRGINIE ou LE TRIOMPHE DE LA VERTU
Drame lyrique en trois actes et six tableaux, livret d’Alphonse du Congé Dubreuil, d’après le roman de Bernardin de Saint-Pierre, musique de Jean-François Lesueur, représenté à Paris (théâtre Feydeau) le 13 janvier 1794, sous la direction de La Houssaye. Le roman de Bernardin de Saint-Pierre n'a guère fourni que son titre à cet ouvrage, car les épisodes sont tout différents. Ainsi Virginie ne quitte pas l'île ; elle est arrachée des mains du capitaine par des insulaires, qui font sauter le vaisseau. Quant à la musique, elle offre, à un degré plus marqué que dans les autres opéras, les défauts et les qualités de Lesueur : de la grandeur et de la monotonie ; de la froideur dans le récitatif et la mélodie, mais aussi un rythme qui s'impose magistralement à l'auditoire ; enfin de la puissance dans l'harmonie des chœurs.
Lesueur a eu le malheur de devancer son temps. Doué d'une grande originalité, d'un sentiment très élevé de l'art, et d'une puissance de travail extraordinaire, il n'a jamais rien écrit sans se proposer d'atteindre à un idéal que l'état du théâtre à son temps ne comportait pas. C'est ce qui explique le peu de succès de la plupart de ses opéras. Trente années plus tard, lorsque l'école romantique eut mis à la mode ce qu'on appelle la couleur locale, son génie, puissamment aidé des conquêtes que l'art musical avait faites pendant cet intervalle, aurait enfanté des chefs-d’œuvre. Les modulations hardies, l'indépendance de son style, les sonorités étranges de son orchestre, qui avaient autrefois motivé l'opposition et la critique souvent excessive des musiciens, auraient alors été prônées comme autant de qualités. Les idées, les intentions abondent dans ses partitions ; mais la grâce et la vigueur font défaut. C'est un génie incomplet, il est vrai, mais sa place restera marquée à côté de Méhul, de Spontini et de Cherubini.
L'ouverture de Paul et Virginie annonce le lever du jour, et l'acte premier débute par un hymne des sauvages indiens au soleil levant : Divin soleil, âme du monde. C'est un chœur d'un beau caractère. Le duo de Paul et de Virginie : Quel air pur, quel beau jour ! a pour accompagnement des gammes ascendantes et descendantes qui lui donnent de la suavité. La romance du bon nègre Domingo, languissante et sans esprit, est tout à fait manquée, et celle de la négresse Sara ne vaut guère mieux. Dans le second acte, on remarque un duo original et fort bien fait entre Babet et Domingo : Je n'ai pas encore eu d'amant et m'en suis passée à merveille. Lesueur, que la manie de l'antiquité possédait et qui s'imaginait naïvement avoir retrouvé la musique des Grecs, émaillait ses partitions de mots scientifiques, de termes empruntés aux anciens modes, et on ne peut s'empêcher de sourire en lisant les mots doriens, hypophrygiens, lydiens, appliqués à des morceaux conçus dans la tonalité moderne, et des phrases comme celle-ci : In tutto quest' allegro, eseguite ancora col carattere locale, e col sentimento della ritmopœia, ebraica dei profeti ; e coll' espressione e l'accento della melopœia diastaltica, mescolata della systaltica, etc. Il a même prétendu que des morceaux de son opéra de la Mort d'Adam expliquaient plusieurs textes des anciens sur la musique des hébreux, des patriarches, sur celle des prophètes, des Égyptiens, des Chaldéens, des plus anciens grecs. (Voir page 114 de la grande partition). Pour en revenir à Paul et Virginie, citons encore le grand duo du deuxième acte : Est-ce donc là la récompense ? et le quatuor du troisième acte : O rage, ô douleur infinie ! qui est le plus beau morceau de l'ouvrage. La scène de la tempête paraîtrait faiblement rendue si on l'exécutait maintenant. Elle a paru émouvante autrefois. Comme nous l'avons dit plus haut, les auteurs ont changé le dénouement de Bernardin de Saint-Pierre. Virginie est sauvée du naufrage et de l'incendie du vaisseau par les Indiens, dont sa bonté l'avait rendue l'idole.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAUL ET VIRGINIE
Opéra en un acte, livret et musique de Denis Robert, représenté au théâtre de Port-Louis (île Maurice) le 30 octobre 1876. Ce petit ouvrage a été orchestré par M. Laban.
PAUL ET VIRGINIE
Opéra en trois actes et sept tableaux, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique de Victor Massé.
Création à l’Opéra-National-Lyrique le 15 novembre 1876 par Mmes Cécile RITTER (Virginie), ENGALI (Méola), MM. CAPOUL (Paul), MELCHISSEDEC (de Sainte-Croix) sous la direction d’Albert VIZENTINI.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 10 novembre 1877 avec Mmes Fouquet (Virginie), Bernardi (Méala), Lurie (Marguerite), Ismaël (Mme de la Tour), Maes (un négrillon), MM. Bertin (Paul), Dauphin (M. de Sainte-Croix), Devoyod (Domingue), Mechelaere (M. de la Bourdonnais), Frennet (un intendant).
Première à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 18 décembre 1894. Mise en scène de Léon Carvalho.
Mmes SAVILLE — débuts — (Virginie), Marie DELNA (Méola), BUHL (Madame de la Tour), Charlotte WYNS (Marguerite), VILLEFROY (un Négrillon).
MM. Edmond CLÉMENT (Paul), Lucien FUGÈRE (de Sainte-Croix), MONDAUD (Dominique), ARTUS (de la Bourdonnais).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
50e représentation le 24 novembre 1895 :
Mmes LAISNÉ (Virginie), Charlotte WYNS (Méola), VILMA (Madame de la Tour), PIERRON (Marguerite), VILLEFROY (un Négrillon).
MM. LEPRESTRE (Paul), Lucien FUGÈRE (de Sainte-Croix), MONDAUD (Dominique), VIANNENC (de la Bourdonnais).
68e et dernière représentation (Salle du Château-d'Eau), le 10 novembre 1898 :
Mmes LAISNÉ (Virginie), PIERRON (Méola), VILMA (Madame de la Tour), CHEVALIER (un Négrillon).
MM. Adolphe MARÉCHAL (Paul), Lucien FUGÈRE (de Sainte-Croix), HUBERDEAU (Dominique), Michel DUFOUR (de la Bourdonnais).
Chef d'orchestre : VAILLARD.
68 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1899.
« Cet ouvrage est, à mon avis, le plus distingué, le plus poétique, le plus fortement inspiré qui ait été représenté au Théâtre-Lyrique depuis bien des années. Le chef-d'œuvre littéraire de Bernardin de Saint Pierre a été habilement arrangé pour la scène, et la couleur générale est bien celle que l'imagination conçoit en lisant le récit touchant des amours de ces infortunés enfants. Dans le premier tableau, l'action se passe dans la case de Marguerite, cabane de bambous, ouverte sur un paysage de l’île de France. Mme de La Tour et Marguerite sont occupées à filer du coton. Les deux mères s'entretiennent de leurs enfants et se font part de leurs remarques sur leur attachement mutuel. Mme de La Tour annonce l'intention d'envoyer Paul aux Indes pour quelque temps, moins pour éprouver son amour pour Virginie que pour préparer leur bonheur futur. Ce duo des deux mères est d'un effet charmant. C'est un dialogue et un ensemble dans la forme du nocturne d'une teinte pleine de tendresse et de calme. Domingue, le vieux serviteur dévoué à ses maîtres et presque de la famille, a entendu le projet d'éloigner Paul. Il intervient dans la conversation et chante des couplets dont la mélodie est parlante et originale : N'envoyez pas le jeune maitre vers les pays lointains ! On annonce l'arrivée d'un navire venant de France. Mme de La Tour se rend à Port-Louis avec l'espérance de recevoir une lettre de sa famille. Le chœur des habitants de l’île : Un navire entre dans le port, est à la fois populaire et distingué. On voit le balancement du navire, on entend le chant monotone des matelots, on se souvient de ces accents dont ils accompagnent leurs efforts lorsqu'ils retirent les ballots de la cale. C'est ainsi qu'un véritable artiste sait poétiser les détails les plus vulgaires, en évitant également deux écueils, la banalité et le réalisme. Paul et Virginie surpris par l'orage accourent abrités sous une large feuille de bananier. Le duo qu'ils chantent : O joie ! ô douceur d'aimer qui nous aime ! a le mérite particulier d'exprimer par un heureux mélange des voix l'union parfaite et mystérieuse de deux cœurs confiants l'un dans l'autre. La poésie de Félicien David et les formes harmoniques de Mendelssohn semblent se condenser dans ce morceau. Méala, épuisée de fatigue, les bras meurtris et les vêtements en lambeaux se présente sur le seuil. Elle vient implorer un asile contre la poursuite d'un maître impitoyable. Virginie, compatissante, lui donne du lait, du pain, des paroles de consolation. Elle se charge avec Paul de la ramener chez son maître et d'obtenir sa grâce. Dans ce trio, on distingue surtout une belle phrase :
Oui, les cœurs que Dieu même inspire
Dans l'innocence des champs
Trouvent bien ce qu'il faut dire
Pour émouvoir les méchants.
Le deuxième tableau transporte le spectateur dans la plantation de M. de Sainte-Croix, riche planteur de la Rivière-Noire. Ce mauvais colon n'est pas nommé par Bernardin de Saint-Pierre. Pourquoi l'auteur du livret l'a-t-il baptisé du nom de Sainte-Croix ? C'est sans doute par antiphrase ; car c'est sur les rameaux de l'arbre de la croix que l'égalité des droits des âmes humaines a été promulguée dans le monde. Le choix de ce nom n'est pas heureux. Les esclaves font entendre des accents douloureux sous les ardeurs du soleil ; un négrillon chante sur un mode mineur et avec des intonations plaintives sa misère. Virginie et Paul arrivent avec Méala. Ici les récitatifs sont d'une expression excellente et passent tour à tour de la rudesse à une douceur exquise. Pardonnez-lui, s'écrie Virginie en s'adressant à Sainte-Croix. Son chant large et soutenu part du cœur. C'est une magnifique inspiration. Le chœur est ravi : Oh ! la douce voix ! oh ! le doux sourire, c'est un chant d'oiseau dans l'air envolé ; à peine elle parle, et chacun l'admire. Sainte-Croix est subjugué. A travers la distance des âges et en tenant compte de la différence des moyens employés, cette page rappelle la puissance d'expression de Gluck. Sainte-Croix accorde la grâce de Méala. Mais la beauté de Virginie allume dans son cœur grossier une passion brutale. L'intelligente et reconnaissante Méala s'en aperçoit la première, et lorsque Sainte-Croix, en l'honneur de ses deux hôtes, improvise une sorte de fête et ordonne à Méala de chanter, celle-ci les avertit qu'un danger les menace :
Parmi les lianes,
Au fond des savanes,
Le tigre est couché.
Son regard flamboie,
Il guette sa proie,
Dans l'ombre caché.
Le jour va s'éteindre,
Voici la nuit ;
Il peut vous atteindre,
Fuyez ! — tout fuit.
Cette chanson âpre et sauvage reste musicale malgré ses intonations hardies et son rythme heurté, ce qui prouve qu'il n'est nullement nécessaire de sortir du domaine de l'art pour produire l'effet cherché, lorsque le musicien a de l'imagination et du goût. Sainte-Croix, furieux du départ précipité de Virginie et de Paul, en rend Méala responsable et la livre à un nouveau châtiment. Je trouve que dans cette scène, les auteurs ont été trop loin. La danse de la bamboula, l'orgie du planteur, son ivresse, les cris de la malheureuse qui dominent le chœur, produisent une impression trop pénible pour une œuvre lyrique. Il faut se garder de confondre l'émotion avec la sensation physique. Une symphonie intéressante intitulée : la Forêt, sert d'entr’acte.
Le premier tableau du deuxième acte représente l'habitation de Mme de la Tour. Elle achève d'habiller Virginie et de la parer de quelques bijoux. Elle l'informe qu'une vieille parente la mande auprès d'elle et consent à lui laisser sa fortune à la condition qu'elle partira pour la France. Virginie ne veut pas quitter sa mère. Elle lui fait la confidence de son amour. Mme de La Tour, après de douces exhortations, la laisse seule à ses réflexions. Tout cela a été traité par le compositeur avec une délicatesse infinie. Ici se place une scène très poétique dans sa naïveté, scène pleine de naturel, qui suffirait seule pour faire le succès d'un acte d'opéra. La jeune fille veut savoir ce que pense de son départ Domingue, ce vieil ami qui l'a vue naître, qui l'aime ainsi que Paul. Pour toute réponse, sans la regarder et tout en travaillant à sa natte de jonc, Domingue chante :
L'oiseau s'envole
Là-bas ! là-bas !
L'oiseau s'envole
Et ne revient pas.
Ah ! pauvre folle !
Reste à la maison.
Crois à ma chanson
L'oiseau s'envole
Et ne revient pas.
Oiseau fidèle
Que Dieu bénit,
Oiseau fidèle,
Reste en ton doux nid.
Ferme ton aile,
Tu dormiras mieux
Que sous d'autres cieux.
Oiseau fidèle,
Que Dieu bénit,
Oiseau fidèle,
Reste en ton doux nid.
La mélodie de cette cantilène est expressive et touchante.
Le désespoir de Paul apprenant la fatale nouvelle forme la contrepartie de cette scène. Elle est rendue plus dramatique encore par l'aveu que Marguerite fait à son fils de sa faute et de la honte de sa naissance. Cette situation difficile à rendre est d'une déclamation si juste qu'elle a pleinement réussi. Rien d'attendrissant comme les consolations que Paul, malgré sa douleur et dans son affection, prodigue à sa mère. Les phrases les plus remarquées sont celles-ci : Ah ! ne brisez pas mon courage, et Je vous honore ; je vous aime. Méala revient encore une fois chercher un refuge ; mais cette fois, elle est suivie de près par Sainte-Croix. Paul le reçoit. Une discussion s'engage ; elle se termine par la rançon de l'esclave avec l'argent envoyé de France à Virginie. Le grand duo dans lequel Paul et Virginie font le serment d'être l'un à l'autre paraît un peu long à cause de la succession des mouvements divers, andante, allegretto, allegro maestoso, entrecoupés de récitatifs, à la façon de la mélopée en vogue de l'autre côté du Rhin, et heureusement fort contestée en deçà ; mais la péroraison en la bémol majeur est admirable d'inspiration. Cette belle phrase a été choisie par le compositeur pour caractériser l'amour de Paul et de Virginie, amour noble et pur, au-dessus des vicissitudes hautaines, plus fort que la mort.
Par le ciel qui m'entend, par l'air que je respire,
Par ce Dieu que je prends à témoin de ma foi,
Par tes larmes, par ton sourire,
Je jure de n’être qu'a toi !
Au second tableau, il fait clair de lune et on voit la mer à travers les arbres. Le chœur que j'ai signalé plus haut est répété en fanfare par les cors ; bien écrite pour ces instruments, elle produit le plus charmant effet. Elle se poursuit développée par un chœur lointain. Après le grand air de Virginie, Méala chante des couplets auxquels des appogiatures donnent beaucoup de caractère. C'est un hors d'œuvre, mais on l'entend avec plaisir. Virginie s'est endormie sur un banc de gazon. M. de La Bourdonnais arrive et presse le départ ; Mme de La Tour réveille sa fille. La toile tombe. Le troisième acte renferme d'aussi beaux morceaux que les deux autres. La chanson de Méala : En vain sur cette lointaine rive, est une mélodie fort jolie, toute en syncopes sur lesquelles M. Victor Massé aurait pu obtenir de son poète des paroles mieux adaptées à ce genre de rythme. Le quatuor : Que l'enfant que j'aime, composé de mesures alternées à quatre et à deux temps, est gracieusement accompagné par les instruments à cordes, en pizzicato. Le pauvre Paul, inconsolable de l'absence de son amie, lit et relit une lettre de Virginie ; la déclamation en est mélodieuse et d'une sensibilité exquise. Je la donne ici, parce qu'elle me semble avoir un parfum de candeur qu'il est doux de respirer en ces temps où l'amour est si mal exprimé au théâtre :
Chère mère, vous m'avez dit
De vous mander les jours de joie
On de chagrin que Dieu m'envoie ;
C'est à grand' peine : on m'interdit
De vous écrire ; et moi, sans armes
Contre un si rigoureux arrêt,
Je vous fais tenir en secret
Ces mots arrosés de mes larmes.
D'autres tourments que je prévois
Me tiennent le cœur en alarmes ;
J'ai trop pleuré, rappelez-moi.
Au sein même de la richesse,
Je suis plus pauvre qu'autrefois,
Ne pouvant vous faire largesse
De tous les biens que je reçois ;
Il a fallu que votre fille
Se cachât des regards jaloux
Pour recourir à son aiguille
Et travailler au moins pour vous.
Hélas ! c'est là tout le mérite
De menus objets faits par moi
Que j'ai pu joindre à mon envoi
Pour vous et maman Marguerite.
A Paul cette petite fleur
Que l'on appelle violette,
Du nom même de sa couleur ;
Elle semble éclose en cachette
Sous le buisson où la trahit
Le doux parfum qu'elle recèle ;
Par les soins de Paul puisse-t-elle
Prospérer en cet humble nid
De fleurs, de mousse et de verdure,
Où notre fontaine murmure,
Où nos oiseaux chantent en chœur,
Hélas ! où j'ai laissé mon cœur !
Le fond du théâtre s'ouvre et laisse voir à travers une gaze un salon aristocratique. Virginie est invitée à chanter. Elle s'accompagne sur la harpe :
Que ma chanson vers toi s'envole,
O doux ami que j'ai quitté, etc.
La mélodie est ravissante de grâce et de mélancolie. On l'entoure, on la félicite. Un personnage lui est présenté. C'est Sainte-Croix. Virginie repousse avec dédain ses hommages. La vieille parente témoigne son indignation et congédie Virginie. Paul a suivi cette vision et s'écrie : « Elle revient vers nous ! » Domingue accourt ; en effet, on annonce l'arrivée d'un navire ; mais il est ballotté par la tempête et ne peut aborder. Paul se précipite sur la plage. Le théâtre change. A quelque distance en mer, on voit le Saint-Géran à demi submergé. Virginie est étendue inanimée sur le sable ; Paul est agenouillé près d'elle. Tous les personnages et les habitants de l'île sont accablés de douleur. Le chœur chante :
Pauvres amants !
Séparés sur la terre
Et longtemps malheureux,
L'amour que rien n'altère
Les attend dans le ciel et commence pour eux !
Cette partition, le chef-d’œuvre de M. Victor Massé, est désormais associée au poème de Bernardin de Saint-Pierre et s'ajoute glorieusement aux meilleurs opéras de l'école française. Distribution : Paul, Capoul ; M. de Sainte-Croix, Melchissédec ; Domingue, Jacques Bouhy ; M. de La Bourdonnais, Bonnefoy ; Virginie, Mlle C. Ritter ; Méala, Mme Engalli ; Mme de La Tour, Mme Ferdinand-Sallard ; Marguerite, Mme Téoni ; un négrillon, Mlles Parent et Marcus. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PAUL ET VIRGINIE
Opéra (incomplet), livret de Raymond Radiguet et Jean Cocteau, musique d’Erik Satie.
PAUL, FAUT RESTER
Parodie en un acte de Paul Forestier, de Siraudin et Marc Leprévost, avec airs nouveaux de Victor Robillard, représentée au Palais-Royal le 22 février 1868.
PAUL Ier
Opéra en trois actes, paroles de Luce et Victor Lefebvre, musique de Bovery, représenté à Douai vers 1830. Ce fut presque le début de ce bon musicien qui lutta pendant de longues années contre la fortune et qui est mort récemment chef d'orchestre d'un des plus modestes théâtres de Paris. L'auteur de Jacques Artevelde, du Giaour, était un mélodiste distingué et plusieurs de ses romances sont devenues justement populaires.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAULIN ET CLAIRETTE ou LES DEUX ESPIÈGLES
Comédie en deux actes, paroles et musique de Dezède, représentée au Théâtre-Français le 5 janvier 1792, l'année même de la mort du compositeur.
PAULINE ET HENRI
Comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, paroles de Boutillier, musique de Rigel, représentée à Feydeau le 9 novembre 1793. C'est une pièce empreinte de cette fadeur et de cette fausse sensibilité particulières à cette époque, et auxquelles la Terreur répondait par son ironie sanglante.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAULUS ou LA CONVERSION DE SAINT-PAUL
Œuvre lyrique, musique de Felix Mendelssohn-Bartholdy, écrite en partie à Düsseldorf et terminée en 1835. Cet oratorio est l'œuvre la plus importante du compositeur. Elle est souvent exécutée en Allemagne ; mais le public n'en connaît en France que de beaux fragments. Le livret allemand se compose de strophes poétiques, reliées entre elles par des périodes, en prose, reproduisant les récits extraits des Actes des apôtres. La mort de saint Etienne est le sujet du prologue de l'oratorio. Le récit des persécutions exercées contre les disciples du. Christ précède la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas et ses premières prédications. Dans la dernière partie, saint Paul dit adieu aux fidèles de Milet et d'Ephèse, en leur faisant un tableau des luttes de l'Eglise naissante. M. Maurice Bourges a traduit en vers français tout ce livret écrit en prose. La musique de cet ouvrage est d'une originalité hardie et puissante. L'expression et la couleur y dominent plus que la mélodie et l'unité de style. Les contrastes sont fréquents, l'instrumentation habile et savante. Des effets de sonorité nouveaux et d'un goût exquis ont élevé Mendelssohn au rang des premiers symphonistes. Parmi les morceaux les plus admirés, nous citerons en première ligne le chœur de soprani, accompagné par tous les instruments à vent et les timbales en trémolo dans la scène de la conversion de saint Paul, et le chœur : Gloire au malheureux qui souffre le martyre, dans la première partie. Mendelssohn a arrangé lui-même, pour le piano et à quatre mains, l'ouverture qui produit de l'effet.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAUVRE AVEUGLE (LA) ou LA CHANSON SAVOYARDE
Opéra-comique en un acte, paroles de Hapdé et Philidor, musique de Porta, représenté à l'Ambigu-Comique le 24 juillet 1797.
PAUVRE FEMME (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 avril 1795.
PAUVRE HOMME (LE)
Opéra-comique, musique de Saint-Amans, représenté à Paris en 1797.
PAUVRE MATELOT (LE)
Complainte en trois actes, livret de Jean Cocteau, musique de Darius Milhaud.
Personnages : la Femme (soprano) ; le Matelot (ténor) ; son Beau-père (basse) ; son Ami (baryton).
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 16 décembre 1927, mise en scène de Gabriel Dubois, décor de Raymond Deshays et Arnaud, costumes de Marcel Multzer.
Reprise le 03 février 1938 avec une orchestration nouvelle de Milhaud, mise en scène de Jean Cocteau, décors de Guillaume Monin.
|
16.12.1927 Opéra-Comique (création) |
03.02.1938 Opéra-Comique (14e) |
12.01.1945 Opéra-Comique (20e) |
La Femme |
Madeleine SIBILLE |
Jane ROLLAND |
Jane ROLLAND |
|
|
|
|
Le Matelot |
LEGRAND |
Victor PUJOL |
BONNEVAL |
Son beau-père |
Félix VIEUILLE |
Louis MOROT |
L. GUENOT |
Son Ami |
Louis MUSY |
Louis MUSY |
Louis MUSY |
Chef d'orchestre |
Georges LAUWERYNS |
DESORMIERE |
DESORMIERE |
25 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Résumé.
L’action se déroule dans un port, de nos jours. La Femme du Matelot attend le retour de son mari, absent depuis quinze ans. Quand il rentre, il se fait passer pour un ami du Matelot. Sa femme, qui ne le reconnaît pas, le tue afin de pouvoir enrichir son époux...
ACTE I. — A gauche, le bar de la Femme du Matelot ; à droite, le débit de vins de son Ami. Entre les deux, la rue.
Un piano mécanique sévit dans le bar. La Femme du Matelot et son Ami vont l'arrêter. Tous deux parlent du Matelot, dont on est sans nouvelles depuis quinze ans passés. A l'étonnement de l'ami et au mécontentement de son père, la Femme du Matelot lui demeure fidèle. L'ami se retire après avoir emprunté un marteau.
La conversation se poursuit alors entre la Femme du Matelot et son père : l'épouse est sûre que son mari reviendra. Pendant ce dialogue, le Matelot apparaît et s'avance silencieusement dans la rue. Il s'arrête devant la porte du bar, hésite, se retourne et va finalement frapper à celle du débit d'en face. Son Ami, qui le prend pour un ivrogne, refuse tout d'abord de le recevoir, mais bientôt, l'ayant reconnu, l'accueille avec joie. Le Matelot s'inquiète immédiatement de sa femme et l'autre, bien vite, le rassure. Le Matelot décide alors de se présenter le lendemain chez lui, incognito, « pour voir son bonheur du dehors ».
ACTE II. — Même décor.
Le Matelot s'apprête à sortir de chez son Ami qui lui souhaite bonne chance. Il traverse la rue et frappe à la porte du bar. Sa Femme lui ouvre et il se présente comme un camarade venant apporter des nouvelles de l'absent. La Femme du Matelot se réjouit d'apprendre ainsi que son mari, bien vivant, sera bientôt de retour auprès d'elle. Mais il est pauvre et endetté même... Qu'importe : elle l'aime ainsi, car il serait riche s'il avait seulement voulu la trahir ! Le Beau-père s'étonne. Le narrateur exhibe les perles magnifiques qu'il possède et demande l'autorisation de passer la nuit sous ce toit.
Le Matelot s'installe. Son Ami vient rapporter à sa Femme le marteau qu'il avait emprunté, puis se retire. La Femme s'éloigne.
ACTE III. — Même décor.
Il fait nuit. Dans le bar à peine éclairé, le Matelot dort à plat ventre, la figure dans son bras replié. Sa Femme apparaît, remontant très lentement d'une chambre en contre-bas, avec une bougie. Elle s'approche silencieusement du dormeur, le regarde un instant, prend le marteau et, après une hésitation, l'en frappe sur la tête. Puis elle le fouille et prend les perles. On entend retomber le marteau.
Le Beau-père du Matelot s'approche. La femme lui avoue son crime : à la pensée du retour de son mari sans argent, elle s'est décidée à tuer. Mais l'aspect de sa victime la trouble. Avec son père, elle portera le cadavre dans la citerne...
L'ami sort alors de chez lui pour aller voir le Matelot sans que les autres l'aperçoivent. La Femme et le Beau-père du Matelot se tenant cois, l'Ami se retire, persuadé que l'autre dort à poings fermés. La Femme du Matelot et son père prennent alors le cadavre, l'un par les pieds, l'autre par le cou, et sortent avec lui...
PAVILLON (LE)
Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de Bondy vers 1804.
PAVILLON DES FLEURS (LE) ou LES PÊCHEURS DE GRENADE
Comédie lyrique en un acte, livret de René-Charles Guilbert de Pixerécourt, musique posthume de Nicolas Dalayrac (voir le Pavillon du calife). Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 13 mai 1822.
« Pièce un peu faible d'invention, mais dont le fond est racheté par d'heureux détails. Succès. »
[Almanach des spectacles, 1823]
« L'ouverture est charmante. Les morceaux les plus agréables sont : le virelai chanté par Laure : A l'espérance, Zoraïde, ouvrez votre cœur ; les couplets chantés dans une barque par Almanzor : Sur ce rivage attachons nos filets, suivis d'un ensemble d'un joli effet ; la romance de Zoraïde : La colombe fugitive, et le dernier duo entre Zoraïde et Almanzor. Nous croyons que la pièce a fait tort à la partition. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAVILLON DU CALIFE (LE) ou ALMANZOR ET ZOBÉIDE
Opéra en deux actes, paroles de Després, Deschamps et Morel, musique de Dalayrac, représenté sur le Théâtre de l'Opéra le 12 avril 1804 (22 germinal an XII), avec Laforêt (Almanzor), Bertin, Albert (Usbeck) et Lays (Rustan); Mme Branchu (Zobéide) et Mlle Chollet.
« Cet ouvrage, le seul que Dalayrac ait écrit pour l'Opéra, ne réussit point. On le reprit, sans plus de succès, à Feydeau, sous le titre suivant : le Pavillon des fleurs (voir ce titre). Le poème avait été réduit à un acte. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage, dont on remarquait le gracieux trio, fut arrangé plus tard pour l'Opéra-Comique (1822) : il n'y réussit pas mieux que sous sa première forme. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PAYS (LE)
Drame en musique en trois actes et quatre tableaux, livret de Charles Le Goffic, musique de Guy Ropartz.
Personnages : Tual, pêcheur breton (ténor) ; Jörgen, chasseur islandais (baryton) ; Koethe, fille de Jörgen (soprano dramatique).
Création au Grand-Théâtre de Nancy le 03 février 1912, dans des décors de Borbeau, une mise en scène de Mancini, avec Mme Rose HEILBRONNER (Koethe), MM. LHEUREUX (Tual) et ERNST (Jorgen) sous la direction de Guy ROPARTZ.
Première à l'Opéra-Comique le 16 avril 1913 avec Il était une bergère de Marcel Lattès. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Raymond Deshays et Alexandre Bailly. Costumes de Félix Fournery.
Mme Germaine LUBIN (Koethe).
MM. Thomas SALIGNAC (Tual), Félix VIEUILLE (Jorgen).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
9e représentation le 02 février 1924 avec les interprètes de la première, sous la direction d'Albert WOLFF.
Représentation du 14 février 1924 avec les interprètes de la première, sous la direction de Maurice FRIGARA.
14 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Résumé.
Un marin breton, naufragé en Islande, y épouse la fille de son sauveur. Mais l'appel du pays natal est plus fort que l'amour : au printemps, il s'enfuit, pour disparaître enlisé dans les marécages.
La scène se passe en Islande.
ACTE I. — Une dune, près de Fifa-fjord.
Scène 1. — Koethe et Tual sortent de la demeure de Jörgen. Tual s'est épris de la fille de Jörgen qui le recueillit au jour où, seul survivant de l' « Etoile d'Arvor », il s'enlisait dans la tourbière.
Scène 2. — Jörgen interrompt brusquement les effusions de Koethe et de Tual. Celui-ci demande à Jörgen de lui permettre d'épouser Koethe. Jörgen éprouve la sincérité du jeune homme en le conduisant sur la crête de la dune, d'où la vue s'étend sur l'immense marécage, le Hrafuaga, où Tual faillit périr. Là, Koethe et Tual ayant prononcé le serment qui les voue à l'engloutissement en cas d'infidélité, Jörgen leur donne sa bénédiction.
ACTE II. — Sur la grève de Fifa-fjord, en avril.
[Introduction Symphonique].
Scène 1. — Tual travaille à la construction d'une barque. Depuis plusieurs mois, il est l'époux de Koethe, et il serait heureux si la nostalgie de son pays d'Arvor ne venait le saisir.
Scène 2. — Koethe s'approche sans bruit et confie à Tual qu'il sera bientôt père. Tous deux se réjouissent, et Koethe se sent rassurée [Ballade en Duo : Messire Olaf s'en va partir en chasse...].
ACTE III.
1er TABLEAU : La chambre familiale (le « badstofa ») de Jörgen.
[Introduction Symphonique].
Scène 1. — Koethe songe, assise au coin de l'âtre. Elle sent que le pays breton va lui arracher son époux et se désespère. Jörgen chante à mi-voix une vieille saga.
Scène 2. — Jörgen entre, fort gai, et se met à table en devisant sur son passé heureux.
Scène 3. — Tual arrive à son tour, rêveur. Jörgen laisse échapper, dans la conversation, que deux goélettes de Paimpol sont déjà arrivées dans la baie d'un fjord qu'on peut atteindre en quelques heures par le Hrafuaga gelé. Tandis que Jörgen va sa coucher, Tual s'apprête à sortir. Mais Koethe le retient et il se décide à rester aux côtés de sa femme. Bientôt Koethe s'assoupit. Des visions du pays apparaissent à Tual. Il se lève brusquement, comme halluciné, gagne la porte à pas feutrés et s'en va. On entend bientôt le galop d'un cheval. Koethe s'éveille en sursaut, court à la lucarne et aperçoit Tual qui fuit sur le poney. Elle se précipite au dehors, tandis que Jörgen, mal réveillé, reprend sa chanson...
[Intermède Symphonique].
2e TABLEAU : La dune et le tertre du premier acte.
Scène 1. — Koethe, ayant coupé par la traverse pour revoir Tual, escalade le tertre et se couche à plat ventre. Tual passe dans le ravin, visible de Koethe seulement. La jeune femme, désespérée, maudit l'avide et jalouse Bretagne, à qui celui qu'elle aime tant l'a sacrifiée ! Voyant Tual s'engager sur la Hrafuaga, elle redoute le pire.
Scène 2. — Jörgen, arrivant à son tour, signale l'apparition des noirs corbeaux, annonciateurs du dégel. Koethe, horrifiée, décrit la scène où l'infidèle s'enlise dans le marais vengeur, puis elle tombe, inerte, sur les bras de son père.
« L'Opéra-Comique a renouvelé son affiche avec deux œuvres de tendances opposées, de caractère très différent. Autant la partition du Pays, de M. Guy Ropartz (publiée à Nancy, chez l'éditeur Dupont-Metzner), se recommande par l'austérité de sa conception et de son exécution, autant celle de M. Lattès — écrite sur une comédie de M. André Rivoire, Il était une Bergère, jouée à la Comédie-Française — vise surtout à plaire. Si M. Guy Ropartz a pleinement réalisé le dessein qu'il avait formé, on ne peut dire que M. Lattès ait complètement atteint le but qu'il s'était proposé. Du moins, son ouvrage, tout en présentant de l'agrément, n'offre‑t-il point les qualités requises pour retenir constamment intéressée l'attention de l'auditeur. Il est juste d'ajouter que M. Ropartz possède une maturité d'esprit, une expérience, une sûreté de main auxquelles l'heureux âge de M. Lattès ne lui permet pas encore de prétendre.
Pour le Pays, M. Guy Ropartz s'est inspiré d'une nouvelle intitulée l'Islandaise, extraite du beau livre de M. Charles Le Goffic, où sont étudiées les Passions Celtes.
L'action, condensée, sobre et brève, se passe entre trois personnages.
Un pêcheur, Tual, a été jeté évanoui par la tempête sur la côte islandaise. Recueilli par le vieux chasseur Joergen et par sa fille, Koethe, il a été tendrement soigné par la jeune fille, dont il ne tarde pas à être épris, et qu'il épouse. L'existence de ce couple pourrait se dérouler en toute félicité, s'il ne surgissait un insurmontable obstacle. Tual ne peut oublier sa patrie. Il ne cesse de rêver à son pays, à tous ceux qu'il a quittés. Koethe s'aperçoit avec douleur que la pensée de son mari est absente d'elle, et que ses préoccupations sont ailleurs.
Il y a là une intéressante étude de la nostalgie, et M. Guy Ropartz en a rendu l'impression saisissante quand il nous montre Tual arrêtant, suspendant son travail, en entendant la voix plaintive du cor anglais qui s'élève de l'orchestre et plonge le pêcheur en une indéfinissable langueur. L'arrivée inopinée de Koethe fait tressaillir le marin en un brusque sursaut ; sa pensée était loin d'elle !
Tual ne peut résister à l'appel incessant de l'idée obsédante. Une nuit, il s'enfuit de la maison. Koethe se met à sa poursuite, mais elle n'arrive que pour voir son mari se débattre en vain dans la tourbière où il s'est enlisé avec son cheval et où tous deux périssent engloutis.
M. Guy Ropartz a traité ce sujet avec une sorte d'âpreté farouche. Il semble qu'il ne se soit guère préoccupé que de la sombre fatalité qui pèse sur ces malheureux. J'aurais aimé, au contraire, voir Tual constamment partagé entre son culte pour son pays et son amour pour sa femme. La tendre affection éprouvée pour Koethe aurait pu suggérer à Tual des accents doux et caressants, d'une tendresse enveloppante. Il y aurait eu là comme une fraîche idylle, née de l'accord des cœurs, formant un heureux contraste avec la morne tristesse de ce paysage dénudé, dont l'impression désolante avive, accentue les regrets du mari pour sa patrie.
Il pouvait y avoir, dans cette lutte entre l'obsession nostalgique et l'amour conjugal, — qui n'allait pas tarder à être augmenté, renforcé de l'amour paternel, comme nous le font pressentir les personnages, — un élément d'intérêt puissant qui disparaît dans l'uniformité de teinte sombre adoptée par le compositeur. Il m'apparaît qu'il y a eu une sorte de parti pris, de volonté implacable à tenir l'œuvre dans une tonalité nettement déterminée, et à éviter tout ce qui pouvait être de nature à troubler l'unité d'impression. Je crois qu'il y a eu exagération en ce sens de la part du compositeur qui, au reste, me semble doué d'un tempérament plus enclin à la force qu'à la grâce.
Quoi qu'il en soit, il faut savoir grand gré à M. Albert Carré d'avoir ouvert son théâtre à un musicien d'incontestable talent, aux aspirations élevées, qui s'était surtout fait connaître au concert et qui témoigne pour son art d'une noble ferveur d'âme.
Trois personnages se partagent l'action d'Il était une Bergère, comme, également, celle du Pays n'en comporte que trois. Dans le Pays, Mlle Lubin, la brillante lauréate des derniers concours du Conservatoire, a montré une excellente articulation au service d'une voix pleine, sonore et bien posée dans le rôle de Koethe. MM. Salignac (Tual) et Vieuille (Joergen) ont justifié, par la qualité d'une interprétation à la fois sobre et émouvante, les applaudissements chaleureux qui les ont accueillis à la chute du rideau.
Comme on a pu le voir par l'analyse que je viens de faire de l'action du Pays, M. Guy Ropartz, tout comme les autres musiciens contemporains, ressent une prédilection marquée pour les sujets tragiques. Nos modernes compositeurs semblent proscrire, de propos délibéré, les livrets gais. La joie, les manifestations exubérantes, la libre expansion du bonheur, l'esprit, la verve, ne sont guère actuellement en honneur. Et, pourtant, le public fait fête aux auteurs qui le mettent en liesse ! Je viens d'en avoir une preuve des plus convaincantes, arec le double succès obtenu au théâtre des Arts par la réapparition des Deux Vieilles Gardes, de Léo Delibes, si pétillantes de jeunesse, et par celle de Mesdames de la Halle, d'Offenbach. Le finale de Mesdames de la Halle — comme, au reste, la plupart de ceux d'Offenbach — contient des trouvailles de comique, d'invention burlesque. Nous ne pouvions songer à le reproduire dans ce numéro des Annales, en raison de son étendue ; nous avons dû nous borner au gentil petit morceau, d'un rythme si allègre, si avenant, que prenaient plaisir à fredonner nos pères et qui est demeuré populaire... »
(Albert Dayrolles, les Annales, 27 avril 1913)
PAYS DE COCAGNE (LE)
Opéra en deux actes, livret de M. Desforges, musique de Pauline Thys (Mme Sébault), représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 24 mai 1862 avec Mmes Blanche Baretti (Violette), Marie Faivre (Colombine), MM. Jules Lefort (le roi de Cocagne), Emile Wartel (le premier ministre), Verdellet, Surmont.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 2 en 1862.
« Mlle Thys est une des rares personnes de son sexe qui, depuis Mlle Bertin (auteur d'Esmeralda), se soient avisées de mettre sur pied une partition d'opéra bonne ou mauvaise. Elle avait déjà donné aux Bouffes-Parisiens une opérette intitulée : La Pomme de Turquie. Les deux principaux rôles du Pays de Cocagne étaient confiés à Mlle Baretti et au baryton Jules Lefort. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PAYS DE L’OR (LE)
Pièce à grand spectacle, mêlée de pantomime, en trois actes et quatorze tableaux, d’Henri Chivot et Albert Vanloo, musique de Léon Vasseur, représentée au théâtre de la Gaîté le 26 janvier 1892, avec Mmes Cassive, Gélabert, Moïna Clément, Ducouret, Rolla, MM. Alexandre, Fugère, Bartel, Dacheux, Liesse, Riga.
PAYS DES BIJOUX (LE)
Opérette en deux actes, musique de Georges Douay, représentée aux Folies-Marigny en 1876.
PAYS DU SOURIRE (LE)
[Das Land des Lächelns]
Opérette romantique viennoise en trois actes, livret de Ludwig Herzer et Fritz Löhner, d’après Victor Léon, musique de Franz Lehár.
Personnages : le Prince Sou-Chong (ténor ; le rôle peut être tenu par un baryton haut) ; le Comte Gusatve de Pottenstein (baryton) ; Tchang, oncle de Sou-Chong (baryton) ; le Comte de Lichtenfels, père de Lisa (rôle parlé) ; Lisa (soprano) ; Mi, sœur de Sou-Chong (soprano) ; Huit petits rôles (3 masculins, 5 féminins) ; Chœurs : Invités, serviteurs, jeunes filles, comparses ; 2 danseuses.
Première représentation à Berlin, Metropol Theater, le 10 octobre 1929, avec Richard Tauber (Sou-Chong), sous la direction du compositeur.
Première représentation dans une version française d’André Mauprey et Jean Marietti, au Théâtre Royal de Gand, le 01 avril 1932 avec Mmes Germaine Roumans (Lisa) et Gina Berthot (Mi), MM. Louis Izar (Sou-Chong) et Gotis de Ville (Gustave).
Première représentation à Paris, Gaîté-Lyrique, le 15 novembre 1932, dans la version française, avec Mmes Georgette Simon (Lisa), Coecilia Navarre (Mi), MM. Willy Thunis (Sou-Chong), Paul Darnois (Gustave), Duvaleix (le comte de Lichtenfels) et Descombes (Tchang), sous la direction de Franz Lehár. Divertissements réglés par Mme Goutcharowa et dansés par Mlle Jetty Jassonne.
Résumé.
Le Pays du Sourire est une sorte de réplique chinoise de Madame Butterfly, dans laquelle la victime est une Européenne, mariée à un prince chinois, que les coutumes de son pays contraignent à répudier l'épouse d'une autre race. Dans une des versions françaises de l'opérette, la jeune femme retourne en Europe avec son ancien prétendant, venu l'enlever ; dans l'autre, le prince chinois, son époux, fuit avec elle, tandis que le prétendant évincé emmène, de son côté, la jeune sœur du prince.
ACTE I. — Un salon dans la villa du comte de Lichtenfels, à Holdenbourg.
Lisa, fille du comte de Lichtenfels, est courtisée par le comte Gustave de Pottenstein, mais elle se sent davantage attirée par le prince chinois Sou-Chong [Duo Lisa-Gustave : On reste bons amis...]. Lisa et Gustave sortent.
Sou-Chong est introduit, seul, dans le salon [Air de Sou-Chong : Toujours sourire...]. Lisa paraît. L'idylle se développe, puis Sou-Chong et Lisa sortent. Le Comte de Lichtenfels arrive, entouré de jeunes filles qui lui demandent de leur faire faire la connaissance du Prince. Il s'exécute et elles se font dire par Sou-Chong la manière chinoise de « conter fleurette ». Puis les jeunes filles sortent, tandis que Sou-Chong reçoit l'avis de son rappel en Chine. Lisa demande à être seule avec Sou-Chong, qui décide bientôt de l'épouser pour l'emmener avec lui dans son pays.
ACTE II. — Le hall du palais du prince Sou-Chong à Pékin.
On assiste tout d'abord à la cérémonie de la « remise de la robe jaune » à Sou-Chong. Son oncle, le vieux et fanatique Tchang, le félicite.
Tchang se dresse ensuite contre les réformes introduites par les blancs, et en particulier par la princesse Lisa. Sou-Chong résiste poliment à son oncle, puis il rejoint sa femme dans le jardin [Duo Sou-Chong-Lisa : Oui, je te vois…] et tous deux sortent.
Mi, sœur de Sou-Chong, plaint le sort de ses semblables, puis se retire. Gustave, en uniforme d'officier de marine, s'introduit alors avec l'Eunuque qu'il essaie, sans succès d'ailleurs, de soudoyer. Gustave, rencontrant Mimi, lui fait gentiment la cour [Duo Gustave-Mi : Quand Dieu créa le monde... — Mon amour et ton amour...]. Ils sortent.
Sou-Chong subit alors l'assaut de Tchang, lequel
veut lui faire répudier son épouse européenne. Mais Sou-Chong demeure fermement
attaché à Lisa [Air de Sou-Chong : Je t'ai donné mon cœur...]. Quand il
est sorti, Gustave revient avec Mi et rencontre Lisa, à laquelle il
apprend que son mari va épouser, ainsi qu'il vient de l'entendre, ses quatre
fiancées chinoises le jour même. Tchang confirmant le fait, Lisa, effondrée,
décide de partir. Sou-Chong toutefois ordonne de ne pas la laisser quitter le
palais. Puis il enlève son médaillon et le passe avec dévotion au cou de la
statue de Bouddha.
ACTE III. — Un boudoir dans l'appartement réservé aux femmes, chez Sou-Chong.
Lisa est traitée comme une prisonnière. Mi lui apprend que Sou-Chong se dispose à l'emmener dans un château perdu. Elles s'en vont, tristes toutes deux. L'Eunuque introduit prudemment Gustave dans l'appartement réservé. Gustave prépare l'évasion et appelle Lisa en frappant à sa porte. Mais Lisa hésite. Mi ne peut l'encourager, car elle sait que son frère n'a pas cessé de l'aimer.
Gustave fait maintenant une cour sérieuse à Mi. Lorsque Lisa et Gustave vont partir, un signal d'alarme retentit. Mi songe à les faire passer par un couloir secret, mais Sou-Chong intervient. Mi se déclare seule coupable. Sou-Chong, magnanime, laisse partir Lisa avec Gustave. Il demeure un moment silencieux, puis, voyant Mi qui pleure, va vers elle et la prend dans ses bras...
Dans une autre version, Lisa persuade Sou-Choung de s'en aller avec elle et se jette dans ses bras. Mi montre le chemin à son frère et à Lisa. Gustave l'enlève et tous quatre partent vers le bonheur...
"Dans cette opérette, qui porte pourtant un titre prédestiné, c'est le sourire qui manque le plus. Ce n'est plus « la Veuve joyeuse » mais bien plutôt « la Mariée récalcitrante ». L'héroïne, échappée d'une principauté fantaisiste de la Mittel-Europa, s'est éprise du prince Souchong qui l'a épousée et emmenée en Chine, le pays du sourire ; tout ne s'y termine pas cependant en souriant. Le prince, par nécessité politique, consent à se soumettre à la petite formalité de prendre, dans les familles nobles de sa patrie, quatre nouvelles épouses, ce qui fâche outre mesure la première Mme Souchong. Un officier de marine européen, qui lui fit jadis inutilement la cour, arrive à point pour l'aider à fuir le tyran asiatique. Mais celui-ci a fait garder toutes les portes du palais. Ce n'est qu'au dernier acte que le prince Souchong se décide à pardonner et à libérer l'imprudente. En un tel sujet, Franz Lehár ne peut guère donner cours à son inspiration facile mais souvent plaisante. Il vise alors au grand opéra ou presque. Le malheur est qu'il y perde le plus clair de sa personnalité.
Il y a dans cette partition un air devenu populaire avant la représentation ; il est chanté par M. Willy Thunis avec une complaisance qui dépasse la nécessité. Cet acteur, au goût étranger, met d'ailleurs, dans sa création du prince Souchong, beaucoup de fougue. Sa partenaire, Mlle Georgette Simon, a une fort jolie voix qui ne manque ni de souplesse ni d'éclat." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)
PAYSAN (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jules Alboise du Pujol, musique de Charles Poisot. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 16 octobre 1850, avec Mlle Marguerite Jeanne Camille Decroix, MM. Jourdan, Nathan, Constant Lemaire, Hermann-Léon.
« L'auteur du livret reproduit un des épisodes légendaires de la vie de Henri IV, et l'attribue à Joseph II. La scène se passe aux frontières de l'Autriche et de la Prusse. Un jeune officier de fortune, au service de l'empereur, aime la nièce d'un baron fort entêté de sa noblesse. Celui-ci refuse de s'allier à la famille d'un paysan ; mais l'empereur s'intéresse au sort des deux jeunes gens. Une partie de chasse le conduit chez le villageois. Il s'y régale avec grand appétit d'un quartier de chevreuil, et, pour lever les scrupules du baron, il ennoblit son hôte rustique. Ce sujet, qui a été traité trop souvent au théâtre pour intéresser le public, ne convenait pas à un jeune compositeur. Cet ouvrage a été le début au théâtre de M. Charles Poisot, élève distingué d'Halévy. La partition du Paysan annonçait les qualités les plus solides, de la verve mélodique, un sentiment vrai de la déclamation, une harmonie correcte et variée. Il est regrettable qu'on n'ait pas encouragé ce compositeur dans la carrière où le portaient son organisation et ses bonnes études. L'ouverture débute par un andante, dans lequel on remarque un charmant effet produit par les clarinettes, les cors et les bassons. Elle se termine par un allegretto rustique plein d'entrain. Parmi les morceaux les plus saillants, nous rappellerons la romance, naïve et tendre, de Thérèse : Ne plus le voir ; le duo bouffe : Qui ! vous ! devenir noble un jour, et les couplets : Gros et gras meunier, un soir, qui ont bien la couleur et le ton de notre vieille musique française. L'éditeur Richault a publié une belle édition in-4° de cette partition. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PAYSAN À PRÉTENTION (LE)
Opéra-comique, musique de Deshayes, représenté au théâtre de Beaujolais en 1787.
PAYSANNE SUPPOSÉE (LA) ou LA FÊTE DE LA MOISSON
Opéra-comique en trois actes, livret de C. Dubois, musique de Matthieu-Frédéric Blasius. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 août 1788.
PAYSANS PATRIOTES (LES)
Comédie lyrique en trois actes, livret de Masson de Morvilliers, musique de Georg Joseph Vogler. Création à Versailles, Théâtre de la Cour, le 25 mars 1784.
PEAU D'ÂNE
Opéra-comique en un acte, livret d'Eugène Scribe, représenté au Théâtre de la rue Pigalle le 02 octobre 1824.
PEAU D'ÂNE
Opérette féerique en un acte, livret de Julian (Mme Pilati), d'après le conte de Perrault, musique de Ruytier (Pilati), représentée aux Folies-Nouvelles en mars 1858.
PEAU D'ÂNE
Opéra-comique de Raoul Laparra, créé à Bordeaux le 03 février 1899.
PEAU DE CHAGRIN (LA)
Comédie lyrique en quatre actes, livret de Pierre Decourcelle et Michel Carré fils, d'après le roman d’Honoré de Balzac, musique de Charles Levadé.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 24 avril 1929. Mise en scène de Georges Ricou. Décors de Raymond Deshays et Arnaud. Costumes dessinés par Marcel Multzer exécutés par Mme Solatgès et Henri Mathieu.
Mmes Madeleine SIBILLE (Comtesse Fœdora), Véra PEETERS (Pauline), FERRAT (Mme Gaudin), Jane ROLLAND (Rosette ; Aquilina), LEBARD (Réséda ; Mme de Senoncourt), Suzanne DUMAN (Mme de Beauséant), Andrée BERNADET (Mme d'Espars), Andrée VAVON (Mme de Navarrens), BREKA (Mme de Rochegude), J. MARTIN (Mme de Nucingen).
M. Charles FRIANT (Raphaël), Félix VIEUILLE (Jonathas), Roger BOURDIN (le Comte Rospoli), Willy TUBIANA (Barbentane), Victor PUJOL (Rastignac), Émile ROUSSEAU (Blondet), Paul PAYEN (de Marsay ; un Clerc), Jean VIEUILLE (Bixiou), Raymond GILLES (Firmin), CORNELLIER (de Trailles ; Antonin), Roland LAIGNEZ (du Tillet).
Au 3e acte, Divertissement réglé par Mme Louise VIRARD, dansé par Mlles GUGGIARI (l'Amour), Édith JALADIS (le Faune), GOLDFLAM et les Dames du corps de ballet.
Chef d'orchestre : Louis MASSON.
Reprise à l'Opéra-Comique du 23 février 1932 (21e représentation). Même distribution qu'à la création, sauf :
Mmes Aimée LECOUVREUR (Mme Gaudin), VILLETTE (Mme de Beauséant), PERRY (Mme de Navarrens), VACCHINO (Mme de Rochegude).
MM. Émile ROQUE (Bixiou), GÉNIO (de Trailles ; Antonin).
Chef d'orchestre : Élie COHEN.
24e représentation le 19 mars 1932 :
Mmes Madeleine SIBILLE (Comtesse Fœdora), Véra PEETERS (Pauline), LECOUVREUR (Mme Gaudin), Jane ROLLAND (Rosette ; Aquilina), LEBARD (Réséda ; Mme de Senoncourt), VILLETTE (Mme de Beauséant), Andrée BERNADET (Mme d'Espars), PERRY (Mme de Navarrens), VACCHINO (Mme de Rochegude), MARTIN (Mme de Nucingen).
M. Charles FRIANT (Raphaël), Félix VIEUILLE (Jonathas), Roger BOURDIN (le Comte Rospoli), Willy TUBIANA (Barbentane), Victor PUJOL (Rastignac), Émile ROUSSEAU (Blondet), Paul PAYEN (de Marsay ; un Clerc), Jean VIEUILLE (Bixiou), Raymond GILLES (Firmin), GENIO (de Trailles ; Antonin).
Divertissement dansé par S. ROSNE, MEROUZE, EDITH et les Dames du corps de ballet.
Chef d'orchestre : Elie COHEN.
26 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« On connaît cette balzacienne histoire. Un poète romantique, Raphaël de Valentin. désespéré d'amour par une coquette russe, la comtesse Fœdora, est prêt à se suicider. Mais de l'autre côté du quai il y a une boutique d'antiquaire ; c'est là que le poète est suivi par la fille de sa logeuse, Pauline, laquelle l'aime de son côté sans succès ; c'est là que le vieux marchand lui offre cette peau de chagrin avec laquelle il pourra satisfaire tous ses désirs, mais en échange d'un peu de jeunesse. Ainsi donc Raphaël obtient la richesse ; il tue en duel son rival auprès de la comtesse ; et quand celle-ci cédant au talisman est prête à aimer Raphaël, il est si vieux qu'il la méprise. C'est alors que revient Pauline ; pour sauver celle-ci épuisée par tant de chagrin, il forme un dernier vœu et meurt. Tout cela est adroitement découpé par les librettistes et forme un spectacle non dénué d'intérêt.
La musique de Charles Levadé n'est pas moins habile. Si elle a un défaut, c'est de manquer un peu trop d'originalité et même de couleur. Mais, il y a d'agréables trouvailles. Le thème de la Peau de chagrin est assez significatif. Il y a en outre de jolies réponses de l'orchestre aux voix. Ces voix sont celle de Mlle Vera Peeters (Pauline), laquelle est fraîche et fort plaisante, celle de Mlle Madeleine Sibille (Fœdora) dont le timbre s'impose naturellement à l'attention, et enfin celle de M. Charles Friant (Raphaël) qui supporte sans faiblesse un rôle extrêmement long et difficile. Nommons aussi M. Félix Vieuille qui a fort bien caractérisé le personnage de l'antiquaire, M. Roger Bourdin, remarquable comme toujours en comte Rospoli, et enfin, M. Tubiana qui se fait admirer dans le rôle épisodique de Barbentane. »
(Larousse Mensuel Illustré, juin 1929)
PEAU DE L'OURS (LA)
Opéra-comique, musique d’Arquier, représenté au théâtre Molière vers 1792.
PEAU DE L'OURS (LA)
Opérette en un acte, musique de Samuël David, représentée aux Folies-Nouvelles en 1857 ou 1858.
PEAUFIN
Comédie bouffe en un acte, livret de R. Gastambide et André Baugé, musique de J. Mazellier. Création au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 03 mai 1935.
PÉCHÉ DE GÉRONTE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Pagès de Noyez, Mandville et Malcamps, musique de William Chaumet, représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l'Athénée) le 30 décembre 1872. C'est l'éternel sujet du tuteur et de la pupille, d'un vieillard épouseur et d'une Rosine qui lui joue des tours et finit par lui échapper. La musique a été accueillie avec une indulgence qu'on a absolument refusée à la pièce. On y a remarqué un morceau commençant par ces mots : Vous plaisantez. Cet ouvrage n'a pas réussi.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
PÉCHÉ VÉNIEL
Opérette en un acte, paroles de Franc-Nohain, musique de Claude Terrasse, représentée au théâtre des Capucines le 16 novembre 1903.
PÊCHEUR D'ISLANDE
Drame en quatre actes et neuf tableaux, livret de Louis Tiercelin d'après le roman de Pierre Loti, musique de Guy Ropartz, représenté à Paris, Théâtre d'application, le 18 février 1893.
PÊCHEURS (LES)
Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret du marquis Adrien-Nicolas de La Salle d’Offémont, musique de François-Joseph Gossec. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 23 avril 1766, puis, avec des changements, le 07 juin 1766.
« Cet opéra-comique est le meilleur que le compositeur ait écrit. Il a obtenu un grand succès, dû en grande partie aux nouvelles formes données par Gossec à la musique instrumentale. Quoiqu'il n'ait joint au quatuor que les hautbois, les cors et les bassons. Les mélodies ne sont pas fort originales ; mais le tour en est franc et l'harmonie bien appropriée au rythme. Cette partition offre beaucoup d'analogie quant au style avec celles de Philidor ; mais la sonorité en est meilleure. Les morceaux les plus saillants sont l'ariette de Jacques : Suzette a déjà dix-huit ans, celle de Suzette : Dois-je espérer, ou dois-je craindre ? un bon trio entre le bailli, Bernard et Suzette et un quatuor bien traité. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÊCHEURS DE CATANE (LES)
Drame lyrique en trois actes, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique d’Aimé Maillart. Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 17 décembre 1860, avec Mmes Blanche Baretti (Nella), Amélie Faivre (Dona Carmen), Adèle Vadé (Dame Andréa), MM. Mathieu Emile Balanqué (Cecco), Peschard (Fernand), Adolphe Girardot (Nazoni), Emile Wartel (le capitaine Barbagallo).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 9 en 1860, 14 en 1861.
« Le sujet de la pièce a quelque ressemblance avec celui de Graziella, le joli roman de Lamartine. Il s'agit d'une jeune villageoise, Nella, qui, séduite par les protestations d'amour d'un jeune seigneur, le préfère à son ami d'enfance, le bon et fidèle Cecco ; mais le jeune seigneur est fiancé à Carmen, personne de son rang. La pauvre Nella se retire au couvent des Annonciades. Avant de prononcer ses vœux, elle revoit Fernand, qui se décide enfin à l'épouser ; mais elle a été frappée au cœur ; elle meurt, ce qui est un dénouement assez imprévu et fort lamentable. Quant aux pêcheurs de Catane, ils n'interviennent que dans des épisodes assez secondaires, et pour fournir à la mise en scène et au compositeur des motifs et des chœurs. La musique de M. Aimé Maillart est avant tout scénique. Elle est colorée, vive et instrumentée avec talent. Nous citerons le chœur : Enfants de l'Etna ; un bon quintette, des airs de danse, la marche des soldats, la romance qui ouvre le second acte : Du serment qui m'engage ; le finale, une tempête, et le premier chœur du troisième acte. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La Graziella de Lamartine, traînée vivante devant un public de théâtre et traduite à sa barre, fut reçue avec une sévérité froide. Les mélancolies poétiques qui se dégagent des feuillets du livre se tournèrent en prosaïque ennui dans ce nouveau milieu. Mlle Baretti qui débutait par le rôle primitivement destiné à Mme Carvalho, était encore trop dénuée d'autorité, pour venir en aide aux auteurs. C'est aussi dans ce drame lyrique que s'est essayé, en sortant du Conservatoire, le ténor Peschard, qui alla bientôt chanter le Comte Ory à l'Opéra. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PÊCHEURS DE PERLES (LES)
Opéra en trois actes, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique de Georges Bizet. Création au Théâtre-Lyrique le 30 septembre 1863. Première à l'Opéra-Comique le 24 avril 1893. => fiche technique
PÊCHEURS DE SAINT-JEAN (LES)
Scènes de la vie maritime en quatre actes, livret d’Henri Cain, musique de Charles-Marie Widor.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 26 décembre 1905. Mise en scène d’Albert Carré.
Mmes Claire FRICHÉ (Marie-Anne), Mathilde COCYTE (Madeleine), COMÈS (Jeanne).
MM. Thomas SALIGNAC (Jacques), Félix VIEUILLE (Jean-Pierre), CARBONNE (Marc), Louis AZÉMA (l'Hôtelier), Étienne BILLOT (Landi).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
13 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
PÊCHEUSE (LA)
Fantaisie en un acte, paroles de M. Fléron, musique d’Adolphe Stanislas, représentée au théâtre des Capucines le 15 avril 1902.
PEDRO DE ZALAMEA
Grand opéra en quatre actes, livret de Léonce Détroyat et Armand Silvestre, musique de Benjamin Godard, représenté sur le théâtre Royal d'Anvers le 31 janvier 1884. La critique s'est trouvée partagée sur la valeur de cet ouvrage, qui a d'ailleurs été favorablement accueilli par le public, au moins en ce qui concerne la musique, car le livret a été jugé généralement avec sévérité. Parmi les morceaux dont l'effet a été le plus considérable, il faut signaler l'ouverture, où l'auteur a déployé toutes les qualités de son habile instrumentation, au premier acte un joli duo de soprano et ténor, au second une romance de baryton et une romance de ténor, au troisième un nouveau duo de soprano et ténor, et au quatrième un trio bouffe excellent et d'une excellente facture. L'ouvrage était chanté par Mmes Poissenot (Isabelle), Mounier (Rosaura) et Dupouy (Astolfio), MM. Warot (Alvar), Auguez (don Pedro) et Guillabert (Ricardo).
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PÉDROLINO
Opérette en un acte, livret d'Eugène Bertol-Graivil, musique d'Emile Boussagol, représentée à l'hôtel Continental à Paris le 13 avril 1893.
PEER GYNT
Opéra en trois actes, neuf tableaux et un prologue, d'après la pièce d’Ibsen, poème et musique de Werner Egk.
Créé à Berlin, Preussische Staatsoper, le 28 novembre 1938, dans une mise en scène de WOLF-VOLKER, avec Mmes Käte HEIDERSBACH (Solveig), Beate ASSERSON (Anse), Hilde SCHEPPAN (Ingrid), MM. Mathieu AHLERSMEYER (Peer Gynt), Gustav RODIN (le Vieux Roi), Walter GROSSMANN (l'Inconnu), Wilhelm HILLER (le Président), Benne ARNOLD (Made), sous la direction du compositeur.
Première fois à Paris, au Palais Garnier, le 09 octobre 1943, dans l'adaptation française de André Coeuroy (répétition générale le 04 octobre à 18h). Décors et costumes de P. Lavailley. Mise en scène de Pierre Chereau.
Mmes SEGALA (Solweig), LEFORT (Aase), BONNI-PELLIEUX (Ingrid), DENYS - débuts - (la Femme Rousse), JUYOL, COURTIN, MATTIO (3 Oiseaux Noirs), DARBANS (la Femme du Bailli).
MM. BECKMANS (Peer Gynt), RAMBAUD (le Vieux Roi), ETCHEVERRY (l'Inconnu), MEDUS (le Président), PHILIPPE (le Fermier, 1er Marchand), FOREST (le Forgeron, 2e Marchand), CHASTENET (le Chef Troll), SAINT-COME (Mads), BREGERIE (le Bailli), DESHAYES (3e Marchand), DELORME (un Vieil Homme, un Garçon).
Danses réglées par Serge LIFAR : Mlles S. SCHWARZ, M. BARDIN, IVANOFF, MM. Serge LIFAR, Serge PERETTI, R. RITZ.
Chef d'orchestre : Werner EGK
12e à l’Opéra, le 11 mars 1944, avec les créateurs, sauf : MM. DUTOIT (le Président), DESHAYES (le Chef Troll), BREGERIE (le Bailli, 3e Marchand) et Louis FOURESTIER au pupitre.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Aase : Mme BOUVIER (1944).
Peer Gynt : M. NOUGARO (1943).
12 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Personnages : PEER GYNT (baryton) — SOLVEIG (soprano lyrico-dramatique) — AASE (alto dramatique) — INGRID (soprano lyrique) — ROTHAARIGE (soprano dramatique) — MADS (ténor bouffe) — LE VIEUX ROI (ténor) — SEIZE PETITS ROLES — 1 rôle parlé — CHŒUR ET BALLET.
Peer Gynt s'apparente à la fois à Don Juan, à Faust et à Tannhäuser. Egk a modifié la trame originale du drame d'Ibsen (1867) en ce sens que le personnage titulaire, sans volonté, égoïste et ne pouvant jamais se décider à entreprendre une action décisive chez Ibsen, apparaît plutôt ici comme l'esclave de ses chaînes, qui le conduisent au Royaume des Trolls.
Les caractères des autres personnages (par ex. Anitra) sont également modifiés. Des idées nouvelles ont été introduites dans ce Peer Gynt, par exemple au 8e tableau, où les mauvaises actions du héros font l'objet de plaintes de la part d'Ingrid, de Mads, des marchands et d'Aase.
L'action — légendaire — est censée se dérouler en Scandinavie, au milieu du XIXe siècle.
Prologue. — Peer Gynt, perdu dans la contemplation d'un gros nuage noir, voit passer le bailli, sa femme et le forgeron qui se rendent à la noce d'Ingrid, laquelle épouse Mads, le sot, alors qu'elle aurait pu l'épouser. Peer Gynt les suit.
ACTE I. — 1er TABLEAU : Place à Haegstad.
Les gens de la noce ne sont pas enchantés de la venue inopinée de Peer Gynt, dont la réputation n'est guère bonne. Au premier regard, Peer Gynt s'éprend de la belle Solveig. Devant les filles et les garçons, il se vante d'exploits fantastiques. Mads, qui a été séquestré par sa fiancée, le prie de lui ramener son Ingrid. Peer Gynt le lui promet, mais il s'enfuit avec elle ! Tous s'apprêtent à se lancer à leur poursuite. Seule demeurera en arrière la vieille Aase, mère de Peer Gynt, qui prie pour son fils.
2e TABLEAU : Le hall des Trolls de la montagne.
Le vieux Roi des Trolls et sa fille Rothaarige chantent le caractère éphémère de l'existence. Aase et Solveig passent, à la recherche de Peer Gynt. Quand elles se sont éloignées. Peer Gynt apparaît en compagnie d'Ingrid. Celle-ci en a assez et Peer Gynt la renvoie chez elle. Rothaarige s'approche alors de Peer Gynt et ils s'étreignent. Les Trolls se réjouissent de cette victoire sur Peer Gynt.
3e TABLEAU : Dans le royaume des Trolls.
Peer Gynt demande au Roi des Trolls de partager sa puissance. Mais l'épreuve des yeux, qui doit le rendre semblable aux Trolls, le fait hésiter. Les Trolls deviennent alors menaçants. Peer Gynt évoque le nom de Solveig, ce qui fait cesser l'enchantement.
4e TABLEAU : Une clairière.
Peer Gynt s'est construit une hutte. Solveig le rejoint, pour rester toujours auprès de lui. Cependant, Rothaarige se présente avec un affreux garçon qu'elle dit être le fils de Peer Gynt. Comme elle est résolue à ne jamais renoncer à Peer Gynt, celui-ci ne trouve pas d'autre solution que la fuite. Faisant croire à Solveig qu'il va travailler dans la forêt, il part.
ACTE II. — 5e TABLEAU : Un port en Amérique centrale.
Quinze ans ont passés. Peer Gynt, devenu riche, songe à d'autres réussites encore. Il raconte à des marchands que son navire ancré dans le port est chargé de caisses d'or. Le Président de la ville signifie à Peer Gynt que son bateau ne peut pas légalement sortir du port. Toutefois, après que Peer Gynt lui a remis une forte somme d'argent, il promet de s'entremettre pour faire lever l'interdiction.
Pendant ce temps, les marchands se sont emparés du bateau, qui prend le large. Peer Gynt, s'apercevant de ce vol, appelle la punition du ciel sur les coupables. A ce moment, la chaudière du bateau explose et le navire s'engloutit avec toute sa précieuse cargaison. Le Président de la ville revient avec l'autorisation promise.
6e TABLEAU : Une taverne dans un port de l'Amérique centrale.
Peer Gynt, appauvri, se trouve entouré d'une danseuse (Rothaarige), d'un hôte (le vieux Roi), de matelots, de nègres et de filles. Peer Gynt s'approche tendrement de la danseuse qui s'intéresse à sa bourse. Lorsqu'elle s'aperçoit qu'il ne possède plus qu'un maigre argent de poche, elle le gifle et Peer Gynt s'effondre, la tête sur la table. Une vision lui fait apparaître un manège de cirque avec une dompteuse qui fait danser les hommes à sa guise. Peer Gynt s'écrie : « Tromperie ! C'en est assez » et décide de retourner dans sa patrie.
ACTE III. — 7e TABLEAU : Une forêt détruite par le feu.
Trois chemins conduisent chacun à un oiseau noir. Chacun de ceux-ci est une femme habillée et masquée. Raillé par les deux premiers oiseaux, Peer Gynt s'approche du troisième, auquel se substitue brusquement un personnage mystérieux qui lui apprend que sa mère Aase est morte, que sa maison a été vendue à l'encan et que lui-même passe pour mort. L'Inconnu conduit Peer Gynt dans le royaume souterrain des Trolls.
8e TABLEAU : Chez les Trolls.
Le vieux Roi des Trolls est ému de revoir Peer Gynt après un aussi long temps d'absence. Peer Gynt va être couronné en présence de témoins, mais des doutes s'élèvent quant à ses mérites et un délai d'un an lui est encore imposé.
9e TABLEAU : Une clairière.
Solveig chante devant sa hutte, attendant toujours le retour de Peer Gynt. Quand il apparaît, elle l'accueille avec joie. Mais l'Inconnu qui escortait Peer Gynt fausse le sens des paroles de Solveig et conseille à Peer Gynt de fuir. Mais Peer Gynt veut rester là dans l'attente du jugement. Il ne pourra être sauvé que si Solveig peut répondre à la question de savoir où Peer Gynt était durant sa longue absence. Solveig répond : « Dans ma foi, mon amour et mon espoir ! » Peer Gynt est délivré. Maintenant, il repose paisiblement, elle protégera son sommeil ; il est revenu à la maison ! »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
PEINES D'AMOUR
Opéra-comique en quatre actes, paroles de Michel Carré et Jules Barbier, d'après Peines d’amour perdues, pièce de William Shakespeare, musique tirée du Cosi fan tutte (voir ce titre) de Wolfgang Amadeus Mozart.
Représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 31 mars 1863, dans une mise en scène de Léon Carvalho, avec Mmes Caroline FAURE-LEFEBVRE (Princesse d'Aquitaine), Marie CABEL (Rosaliene), Amélie FAIVRE (Jacquinette), Caroline GIRARD (Papillon), MM. Léon DUPREZ (Prince de Navarre), Jules PETIT (Biron), Emile WARTEL (don Armando), TRILLET (Niaisot), GABRIEL (Caboche), Prosper GUYOT (le Sénéchal), chef d'orchestre : DELOFFRE.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 18 en 1863.
« Le Cosi fan tutte (Comme elles font toutes) a eu de singulières vicissitudes. Après avoir été longtemps éloigné du répertoire à cause de la donnée immorale du libretto, on a essayé de reprendre la musique en l'adaptant à une pièce intitulée : le Laboureur chinois. C'était en 1807. On fit entendre l'œuvre originale au Théâtre-Italien en novembre 1862. L'impression primitive fut la même qu'à l'origine. L'auditoire était choqué du spectacle de deux amants mystifiant leurs maîtresses, provoquant leur infidélité et la leur pardonnant au dénouement, sous prétexte que toutes les femmes agissent de même : cosi fan tutte. Mais autant le poème déplaisait, autant la musique était trouvée délicieuse M. Carvalho, jusqu'alors si heureux dans ses entreprises de traductions et d'arrangements, résolut de changer le poème en gardant la musique. On fit choix d'une pièce de Shakespeare : Loves labours lost, Peines d'amour perdues, dont le sujet n'a pas un grand intérêt. Ferdinand, roi de Navarre, passionné pour l'étude, a juré, ainsi que ses trois amis : Biron, Du Maine et Longueville, de consacrer trois années au travail sans adresser la parole à une seule femme. La princesse de France arrive, et, dès la première entrevue, Ferdinand conçoit pour elle la plus grande passion, tandis que ses amis subissent le même charme à la vue des filles d'honneur de la princesse. Tous quatre prodiguent à leurs dames les madrigaux et les sonnets. Celles-ci, après les avoir bien mystifiés, accueillent leurs demandes en mariage. De telle sorte que les Peines d'amour se trouvent non perdues, mais récompensées. De l'alliance de Mozart et de Shakespeare, des deux génies les plus opposés qui fussent au monde, ne pouvait sortir qu'une mauvaise pièce. Plusieurs esprits ont prétendu que les compositions musicales n'étaient que des cadres fort élastiques pouvant convenir à l'expression des sentiments les plus différents. Il y a sans doute des exemples de cette variété d'application ; mais il est à remarquer que ces morceaux de seconde main n'ont jamais eu la valeur des conceptions inspirées par le sujet lui-même. Les morceaux les plus admirés de la partition italienne, le quintette : Di scrivermi ogni giorno giurami, l'air Per pietà, ben mio, perdona ! la suave romance : Un' aura amorosa, ont produit beaucoup moins d'effet dans la pièce française que dans l'opéra italien. Léon Duprez [fils du célèbre ténor] a chanté cette dernière cantilène avec beaucoup de goût. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Mozart, sur la commande de l'empereur Joseph II, avait composé et fait représenter à Vienne, en 1790, son opéra bouffe de Cosi fan tutte (Comme elles font toutes). Mais le livret du signor Da Ponte était trop insignifiant pour résister à l'épreuve de la traduction. Les arrangeurs français imaginèrent alors de sauver la musique du maître en l'appliquant à la comédie de Shakespeare : Peines d'amour perdues. C'est ce tableau rentoilé qu'on a exposé au Théâtre-Lyrique. Il n'y a pas fait grande figure, malgré le luxe des décors, et l'élégance des costumes taillés d'après les modèles de la Renaissance italienne. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PEINES ET LES PLAISIRS DE L'AMOUR (LES)
Pastorale en cinq actes, avec un prologue, paroles de Gilbert, musique de Cambert, deuxième opéra représenté par l'Académie royale de musique le 08 avril 1672, en vertu du privilège accordé le 28 juin 1669, par Louis XIV. Ce privilège ayant été transmis la même année à Lully, Cambert passa en Angleterre, où le roi Charles II lui donna la surintendance de sa musique. Il mourut à Londres en 1677.
« Pastorale représentée à l’Opéra fin de novembre ou commencement de décembre 1671, selon l'Histoire de l'Opéra, d'un secrétaire de Lully, et non le 8 avril 1672 , comme l'indique de Léris dans son Dictionnaire des théâtres.
Le rôle de Climéne, très favorable au talent de Mlle Brigogne, valut à cette cantatrice le nom de petite Climène. — Le chant de déploration qui se trouve dans cette pastorale fit donner le nom de tombeaux aux morceaux du même genre. On appela ainsi ces pièces élégiaques parce que, dans les Peines et les Plaisirs de l'Amour, Apollon chante son hymne de regrets devant le tombeau de la nymphe Climène. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PEINTRE AMOUREUX DE SON MODÈLE (LE)
Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Louis Anseaume, musique d’Egidio Duni et de vaudevilles. Création au théâtre de la Foire Saint-Laurent le 26 juillet 1757. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 06 février 1762.
« Duni, étant à la cour de Parme, avait composé la musique de Ninette à la cour, de Favart. Les directeurs de plusieurs théâtres de Paris voulurent s'attacher ce jeune Italien, qui paraissait goûter les pièces françaises, et ils lui envoyèrent plusieurs livrets, afin qu'il en composât la musique. Duni ne tarda pas à venir à Paris, et il débuta par le Peintre amoureux de son modèle. La pièce était amusante, la musique d'une intelligence facile le compositeur aimable. Tout alla à souhait pour Duni, qui fit jouer dix-huit opéras dans l'espace de treize ans. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÉLAGE ou LE ROI ET LA PAIX
Opéra en deux actes, paroles de Jouy, musique de Spontini, représenté à l'Académie royale de musique le 23 août 1814, avec Lays (Pélage), Nourrit (Alphonse), Bonet, Levasseur (Aurelio); Mme Branchu (Favila), Albert et Lebrun.
Comme son nom l'indique, cette pièce avait pour objet de célébrer le retour de Louis XVIII.
PÈLERIN (LE)
Opéra en trois actes, musique de Charles Foignet, représenté à Paris en 1792.
PÈLERINS DE LA MECQUE (LES) — Voir la Rencontre imprévue.
PELLÉAS ET MÉLISANDE
Drame lyrique en cinq actes et treize tableaux, livret de Maurice Maeterlinck, adapté de sa pièce, musique de Claude Debussy.
Personnages : Arkel, roi d’Allemonde (basse) ; Geneviève, sa fille, mère de Pelléas et de Golaud (contralto) ; Pelléas (baryton-Martin), Golaud, son demi-frère (baryton) ; Mélisande (soprano) ; le petit Yniold, fils du premier mariage de Golaud (soprano) ; un médecin (basse) ; serviteurs, gens du peuple, chœurs des marins.
L’action se déroule dans un Moyen âge mythique, au pays imaginaire d’Allemonde.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 30 avril 1902. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume et Eugène Ronsin. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Mary GARDEN (Mélisande), GERVILLE-REACHE (Geneviève).
MM. Jean PÉRIER (Pelléas), Hector DUFRANNE (Golaud), Félix VIEUILLE (Arkel), VIGUIÉ (un Médecin), petit C. BLONDIN (Yniold).
Chef d'orchestre : André MESSAGER.
|
23.12.1906 Opéra-Comique (50e) |
18.02.1911 Opéra-Comique (80e) |
28.01.1913 Opéra-Comique (100e) |
09.05.1919 Opéra-Comique (108e) |
Mélisande |
M. GARDEN |
M. CARRÉ |
M. CARRÉ |
M. CARRÉ |
Geneviève |
S. BROHLY |
S. BROHLY |
S. BROHLY |
S. BROHLY |
Yniold |
POUMAYRAC |
POUMAYRAC |
CARRIÈRE |
BERNARD |
|
|
|
|
|
Pelléas |
J. PÉRIER |
J. PÉRIER |
J. PÉRIER |
FRANCELL |
Golaud |
DUFRANNE |
H. ALBERS |
Raymond BOULOGNE |
H. ALBERS |
Arkel |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
Médecin |
GUILLAMAT |
GUILLAMAT |
PAYAN |
DUPRÉ |
Chef d'orchestre |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
RÜHLMANN |
MESSAGER |
|
11.02.1922 Opéra-Comique (136e) |
11.04.1925 Opéra-Comique (153e) |
14.12.1925 Opéra-Comique (163e) |
30.01.1930 Opéra-Comique (206e) |
10.05.1932 Opéra-Comique (223e) |
Mélisande |
M. CARRÉ |
A. RÉVILLE |
Sarah FISCHER |
L. SCHOENE |
MODRAKOWSKA |
Geneviève |
M. CALVET |
M. FERRAT |
M. FERRAT |
M. CALVET |
M. CALVET |
Yniold |
BERNARD |
N. ROUSSEL |
M.-T. GAULEY |
M.-T. GAULEY |
M.-T. GAULEY |
|
|
|
|
|
|
Pelléas |
Constantin STROESCO |
André BAUGÉ |
Roger BOURDIN |
Roger BOURDIN |
Ch. PANZERA |
Golaud |
H. ALBERS |
H. ALBERS |
Louis GUÉNOT |
DUFRANNE |
DUFRANNE |
Arkel |
L. AZÉMA |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
Médecin |
DUPRÉ |
DUPRÉ |
DUPRÉ |
J. VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
Chef d'orchestre |
A. WOLFF |
INGHELBRECHT |
Albert WOLFF |
Albert WOLFF |
G. CLOËZ |
|
29.09.1933 Opéra-Comique (238e) |
12.09.1940 Opéra-Comique (266e) |
21.09.1940 Opéra-Comique (267e) |
29.09.1940 Opéra-Comique (268e) |
12.10.1940 Opéra-Comique (269e) |
26.10.1940 Opéra-Comique (270e) |
12.11.1940 Opéra-Comique (271e) |
24.11.1940 Opéra-Comique (272e) |
Mélisande |
S. BERRIAU |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
Geneviève |
PIFTEAU |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
Yniold |
J. ROLLAND |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pelléas |
Georges CATHELAT |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
Golaud |
VANNI-MARCOUX |
BECKMANS |
BECKMANS |
BECKMANS |
BECKMANS |
BECKMANS |
BECKMANS |
BECKMANS |
Arkel |
F. VIEUILLE |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
Médecin |
J. VIEUILLE |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
Jean VIEUILLE |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
le Berger |
||||||||
Chef d'orchestre |
A. WOLFF |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
|
15.12.1940 Opéra-Comique (273e) |
16.02.1941 Opéra-Comique (274e) |
16.03.1941 Opéra-Comique (276e) |
20.04.1941 Opéra-Comique (277e) |
17.05.1941 Opéra-Comique (278e) |
08.06.1941 Opéra-Comique (281e) |
02.11.1941 Opéra-Comique
|
15.11.1941 Opéra-Comique (282e) |
Mélisande |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
Geneviève |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
Yniold |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Paule TOUZET |
Paule TOUZET |
Paule TOUZET |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pelléas |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
A. GAUDIN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Golaud |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Louis MUSY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Arkel |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
Henri MEDUS |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Médecin |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
Jean VIEUILLE |
G. JULLIA |
|
le Berger |
||||||||
Chef d'orchestre |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
|
18.12.1941 Opéra-Comique
|
13.01.1942 Opéra-Comique
|
31.01.1942 Opéra-Comique
|
19.02.1942 Opéra-Comique
|
08.04.1942 Opéra-Comique
|
22.05.1942 Opéra-Comique
|
28.05.1942 Opéra-Comique
|
07.06.1942 Opéra-Comique
|
30.06.1942 Opéra-Comique
|
29.11.1942 Opéra-Comique
|
Mélisande |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
Geneviève |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
G. CERNAY |
Denise SCHARLEY |
Yniold |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pelléas |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Jacques JANSEN |
Golaud |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
José BECKMANS |
Henri ETCHEVERRY |
Henri ETCHEVERRY |
Arkel |
Jean VIEUILLE |
L. GUENOT |
Jean VIEUILLE |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
|
Médecin |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
G. JULLIA |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
|
le Berger |
Camille MAURANE | Camille MAURANE | Camille MAURANE | Camille MAURANE | Camille MAURANE | |||||
Chef d'orchestre |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
|
08.12.1942 Opéra-Comique (interrompue par une alerte) |
27.12.1942 Opéra-Comique
|
24.01.1943 Opéra-Comique
|
06.02.1943 Opéra-Comique
|
18.03.1943 Opéra-Comique (Soirée des Jeunesses Musicales de France) |
03.04.1943 Opéra-Comique
|
26.04.1943 Opéra-Comique
|
13.05.1943 Opéra-Comique (Soirée des Jeunesses Musicales de France) |
21.05.1943 Opéra-Comique
|
27.06.1943 Opéra-Comique
|
Mélisande |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
Geneviève |
D. SCHARLEY |
Madeleine SIBILLE |
Madeleine SIBILLE |
D. SCHARLEY |
D. SCHARLEY |
Suzanne DUMAN |
D. SCHARLEY |
Madeleine SIBILLE |
S. DUMAN |
M. SIBILLE |
Yniold |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
|
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pelléas |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
Georges CATHELAT |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
Golaud |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
José BECKMANS |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
Arkel |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
Henri MEDUS |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
||
Médecin |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
G. JULLIA |
Jean VIEUILLE |
||
le Berger |
C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | ||
Chef d'orchestre |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
|
17.10.1943 Opéra-Comique
|
06.11.1943 Opéra-Comique
|
26.11.1943 Opéra-Comique
|
11.12.1943 Opéra-Comique
|
06.02.1944 Opéra-Comique
|
27.02.1944 Opéra-Comique
|
14.03.1944 Opéra-Comique
|
11.06.1944 Opéra-Comique
|
Mélisande |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
Geneviève |
M. SIBILLE |
M. SIBILLE |
M. SIBILLE |
M. SIBILLE |
|
|
|
|
Yniold |
|
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
Ch. GAUDEL |
|
|
|
|
|
|
|
Hélène BOUVIER |
D. SCHARLEY |
Pelléas |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
André GAUDIN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
G. CATHELAT |
Golaud |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
Arkel |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
L. GUENOT |
Henri MEDUS |
L. GUENOT |
|
Médecin |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
Jean VIEUILLE |
|
le Berger |
C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | C. MAURANE | |
Chef d'orchestre |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
DESORMIÈRE |
G. CLOËZ |
DESORMIÈRE |
|
31.01.1946 Opéra-Comique (312e) |
04.06.1949 Opéra-Comique (335e) |
15.11.1949* Opéra-Comique (339e) |
30.04.1952 Opéra-Comique (cinquantenaire de la création) |
27.08.1954** Opéra-Comique
|
08.12.1954** Opéra-Comique (370e) |
Mélisande |
J. MICHEAU |
I. JOACHIM |
I. JOACHIM |
Irène JOACHIM |
Irène JOACHIM | |
Geneviève |
SCHARLEY |
Solange MICHEL |
Solange MICHEL |
Renée GILLY |
Solange MICHEL | |
Yniold |
Ch. GAUDEL |
J. CELLIER |
Jacq. CELLIER |
Charlotte VACQUIER (élève du Conservatoire) |
Jacqueline CAUCHARD | |
|
|
|
|
|
||
Pelléas |
W. CLÉMENT |
J. JANSEN |
J. JANSEN |
Jacques JANSEN |
J. JANSEN |
Jacques JANSEN |
Golaud |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
ETCHEVERRY |
Michel ROUX |
Michel ROUX |
Arkel |
H. MEDUS |
FROUMENTY |
Ch. CLAVENSY |
Charles CLAVENSY |
Ch. CLAVENSY |
Ch. CLAVENSY |
Médecin |
G. JULLIA |
J. VIEUILLE |
Gabriel JULLIA |
Jean VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
le Berger |
Gabriel JULLIA | |||||
Chef d'orchestre |
A. WOLFF |
A. CLUYTENS |
A. WOLFF |
Albert WOLFF |
|
Jean FOURNET |
* Décors et costumes d'après les maquettes de Valentine Hugo ; décors exécutés par André Pelegry, costumes par MM. H. et A. Mathieu.
** Mise en scène et présentation conformes à celles d'Albert Carré.
Présenté en 1930 à l'Opéra-Comique dans des décors et costumes de Valdo Barbey, puis le 22 mai 1942 (40 ans de la création) dans des nouveaux décors de Paul Lavallay et une nouvelle mise en scène de Jean Mercier, puis en 1949 dans des décors et costumes de Valentine Hugo, « Pelléas et Mélisande » fut remonté — à l'occasion des fêtes de son cinquantenaire — le 30 avril 1952 dans les décors de Lucien Jusseaume et Eugène Ronsin de la création reconstitués par Raymond Deshays, costumes de la création de Charles Bianchini exécutés par H. et A. Mathieu, mise en scène de Louis Musy conforme à celle d'Albert Carré.
343 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 6 en 1951, 12 en 1952, 4 en 1953, 5 en 1954, 11 en 1955, 5 en 1959, 4 en 1962, 15 en 1963, 6 en 1964, 5 en 1965, 3 en 1966, 5 en 1967, 5 en 1969, 6 en 1970, soit 435 au 31.12.1972.
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 08 septembre 1966.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 09 janvier 1907 avec Mmes Mary Garden (Mélisande), Bourgeois (Geneviève), Dos (le petit Yniold), MM. Georges Petit (Pelléas), Bourbon (Golaud), Artus (Arkel), Danlée (le médecin).
Résumé.
Dans la forêt d'Allemonde, Mélisande, une jeune inconnue, a été découverte tout en pleurs par Golaud, rude seigneur féodal qui l'emmène et l'épouse. Mais un penchant irrésistible attire instinctivement Mélisande vers Pelléas, un demi-frère de Golaud beaucoup plus jeune que lui. Golaud, dévoré de jalousie, tue finalement Pelléas, blessant en même temps Mélisande mortellement. Celle-ci meurt sans laisser deviner son secret. Ces trois âmes inquiètes demeurent séparées sans avoir pu comprendre les jeux cruels du destin...
ACTE I. — Scène 1 : Une forêt.
Golaud s'est égaré dans la forêt en suivant les traces d'une bête qu'il poursuivait. Il y découvre la douce et tendre Mélisande qui ne peut dire ni d'où elle vient, ni ce qu'elle fait là.
On comprend seulement qu'elle a été très effrayée et qu'elle s'est enfuie, Golaud l'emmène.
Scène 2 : Une salle dans le château.
Geneviève lit à Arkel une lettre de Golaud à son frère Pelléas dans laquelle il lui raconte la découverte de Mélisande, qu'il a épousée sans demander l'assentiment de l'aïeul. Il espère être pardonné ; dans ce cas, Pelléas l'avertira en allumant une lampe au sommet de la tour [Air dit « de la Lettre » : Voici ce qu'il écrivait...]. Pelléas sollicite de partir auprès d'un ami malade, mais Arkel et Geneviève lui conseillent de demeurer encore jusqu'au retour de son frère et de Mélisande. Ils ne sont plus fâchés et Pelléas donnera le signal convenu.
Scène 3 : Devant le château.
Mélisande et Geneviève parlent des ténèbres qui règnent sur le sombre et vieux château d'Arkel. Geneviève en a été, elle aussi, impressionnée quand elle vint ici ; cependant, voici plus de quatorze ans déjà qu'elle y habite. Pelléas arrive et rencontre pour la première fois Mélisande. Une secrète inclination, marquée seulement par une retenue craintive, se manifeste entre eux. Pelléas parle vaguement de son départ projeté.
ACTE II. — Scène 1 : Une fontaine dans le parc.
Pelléas et Mélisande, se promenant dans la forêt,
arrivent auprès de la « Fontaine des aveugles ». Mélisande, assise sur le bord,
joue distraitement avec l'anneau de mariage que lui a donné Golaud. Tout à coup,
l'anneau tombe et elle pousse un cri. Les jeunes gens ont peur.
Que vont-ils raconter ? La vérité, déclare Pelléas.
Scène 2 : Un appartement dans le château.
Golaud a été mystérieusement blessé à l'heure même où Mélisande laissait tomber son anneau dans la « Fontaine des aveugles ». La jeune femme le soigne en lui avouant qu'elle n'est pas heureuse au château. Golaud cherche à la rassurer, mais, s'apercevant tout à coup de la disparition de l'anneau, il s'emporte et exige que Mélisande aille tout de suite le chercher. Pelléas l'accompagnera. Mais elle a menti et prétendu l'avoir perdu à l'entrée d'une grotte.
Scène 3 : Devant une grotte.
Pelléas et Mélisande s'approchent tous deux, à la recherche de l'anneau qu'ils savent cependant n'être point là. Un rayon de lune qui pénètre dans la grotte leur fait apercevoir trois vieux pauvres à cheveux blancs qui s'y sont réfugiés, car la famine est grande dans le pays. La marée monte, et la peur les envahit peu à peu.
ACTE III. — Scène 1 : Une des tours du château.
Mélisande, à sa fenêtre, peigne ses longs cheveux en chantant [Scène de la « Chevelure » : Mes longs cheveux descendent jusqu'au pied de la tour...]. Pelléas la voit, s'approche et embrasse les cheveux de Mélisande, déclarant qu'elle restera ainsi prisonnière. Golaud survient brusquement. Quoique jaloux, il ne veut prendre encore que pour un simple enfantillage le jeu dangereux que jouent sa femme et son frère. Cependant, il adresse un avertissement à Mélisande.
Scène 2 : Les souterrains du château.
Golaud conduit Pelléas jusqu'à l'ouverture d'une ancienne citerne d'où s'exhalent de mortelles senteurs, Pelléas se sent oppressé d'angoisse.
Scène 3 : Une terrasse au sortir des souterrains.
Pelléas, délivré de l'oppression qui l'avait saisi dans les souterrains, respire enfin librement. Golaud lui précise ses précédents avertissements, d'autant plus que Mélisande, qui sera bientôt mère, a besoin de grands ménagements.
Scène 4 : Devant le château.
Golaud, qui ne veut plus se dissimuler à lui-même le penchant irrésistible qui attire Mélisande vers Pelléas, entreprend d'interroger le petit Yniold. D'une voix qui voudrait être calme et indifférente, il le questionne habilement. Mais chaque réponse de l'enfant, sans rien révéler de répréhensible, le torture et l'angoisse. Finalement, il soulève Yniold afin qu'il regarde par la fenêtre dans la chambre de Mélisande. Pelléas est là avec elle, et l'enfant dit qu'ils ne font rien. Golaud, désespéré, s'enfuit.
ACTE IV. — Scènes 1 et 2 : Un appartement dans le château.
Pelléas persuade Mélisande de venir le voir une dernière fois à la « Fontaine des aveugles », car, demain, enfin, il partira et ne la reverra plus.
Arkel entre et dialogue avec Mélisande, se réjouissant de l'heureux temps qui va venir, quand Mélisande aura donné le jour à son enfant. Golaud survient, annonçant le départ de son frère. Ne pouvant plus se contenir, Golaud brutalise Mélisande, sous les yeux de son grand-père qui le croit ivre.
Scène 3 : Une fontaine dans le parc.
Le petit Yniold, venu chercher sa balle perdue, est effrayé par la nuit. (Cette scène est fréquemment supprimée.)
Scène 4 : Même décor.
Pelléas retrouve Mélisande pour la dernière fois et ils tombent enfin dans les bras l'un de l'autre. Mais Golaud les a suivis, les épiant dans l'ombre. On entend se refermer les lourdes portes du château. Mélisande aperçoit Golaud, qui est armé de son épée. Pelléas, lui, n'a pas la sienne. Pelléas et Mélisande mourront donc ensemble dans un baiser. Golaud se précipite et frappe, tuant son frère, mais blessant seulement sa femme.
ACTE V. — Un appartement dans le château.
Mélisande, couchée dans un lit, se meurt. Sa petite fille, qui vient de naître prématurément, repose auprès d'elle. Le Médecin, Arkel et Golaud sont dans la chambre. Golaud est dévoré de remords. Il voudrait savoir si Mélisande est innocente. Faisant sortir Arkel et le Médecin, il la torture de questions. Elle répond qu'elle n'est pas coupable, mais il n'en est pas persuadé et ne saura jamais rien. La lumière baisse ; Mélisande, petit à petit, s'en va. Les servantes entrent sans avoir été appelées, et, bientôt, tombent à genoux. Mélisande n'est plus. Golaud s'effondre, désespéré.
« La pièce de M. Maeterlinck, pièce étrange, avait été jouée aux Bouffes-Parisiens le 17 mai 1893, au milieu des rires irrévérencieux d'un public mis en joie par toute une série de naïvetés et de maladresses scéniques qui, d'une œuvre à prétentions sérieuses, faisaient une involontaire bouffonnerie. M. Claude Debussy, prix de Rome de 1894, musicien abscons s'il en fut, que certains confrères de même calibre plaçaient en chef d'une nouvelle école, crut cependant voir en Pelléas et Mélisande un sujet excellent de drame lyrique, s'en empara et, après le travail d'adaptation nécessaire, le mit en musique, à sa manière et dans les conditions où il comprend la musique dramatique. Malheureusement, il est en retard, M. Debussy, comme beaucoup de ses jeunes confrères. Eux et lui se disent et se croient en avance sur leur temps, et ils ne s'aperçoivent pas que le temps marche et que maintenant ils sont en retard. Ils ne s'aperçoivent pas que le public est las à la fin d'entendre de la musique qui n'en est pas ; qu'il est fatigué de cette déclamation lourde et continuelle, sans air ni lumière, dans laquelle il ne trouve pas une parcelle de chant véritable ; qu'il a assez de ce chromatisme insupportable grâce auquel le sens de la tonalité disparaît comme le sens mélodique ; qu'il a soif d'entendre quelques phrases qui aient un sens appréciable. qui se déroulent d'une façon logique et rationnelle, et qui ne passent pas de modulation en modulation pour aboutir encore à une modulation. Or, le rythme, le chant, la tonalité, voilà trois choses inconnues à M. Debussy et volontairement dédaignées par lui. Sa musique est vague, flottante, sans couleur et sans contours, sans mouvement et sans vie. C'est, non pas même une déclamation, mais une mélopée continuelle et dolente, sans nerf et sans vigueur, fuyant, de parti pris et de propos délibéré, toute espèce de netteté et de précision, aussi bien dans le dessin musical proprement dit que dans le rythme et jusque dans la mesure, qui, elle-même, reste toujours vague et indéterminée. Jamais une nuance, jamais un semblant d'opposition dans un sens ou dans l'autre. L'orchestre lui-même, toujours uniforme, est sans caractère et sans consistance, avec ses sons constamment soutenus, avec ses éternelles tenues d'instruments à vent : cors, clarinettes ou bassons, sans que la voix brillante, vibrante et généreuse des violons se fasse jamais entendre. Le tout dans une gamme volontairement éteinte, sourde et assoupissante. Et pourtant, la partition à la fois somnolente et incorrecte de M. Debussy (car elle était singulièrement écrite, cette partition) était joliment jouée et chantée par d'excellents interprètes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
« Principaux personnages : Arkël, roi d'Allemonde ; Golaud et Pelléas, petit-fils d'Arkël, fils de Geneviève, mais de pères différents ; le petit Yniold, fils d'un premier lit de Golaud ; Mélisande ; Geneviève, mère de Golaud et de Pelléas.
La scène se passe au château d'Arkël, dans le royaume fabuleux d'Allemonde, à une époque lointaine mais indéterminée.
Ce n'est point tâche aisée que de résumer ce drame papillotant, ces petites scènes dans des décors perpétuellement changeants, où se meuvent comme flottantes des figurines falotes, des êtres élémentaires, touchants et puérils. Ce qui sauve l'ensemble à la représentation, c'est la poésie très personnelle et très spéciale de Maeterlinck unie étroitement jusqu'à se confondre entièrement à la musique si originale de Debussy.
Pelléas et Mélisande, c'est l'histoire d'un amour innocent, qui croit et se développe comme à l'insu des personnages, et de la jalousie qui monte parallèlement au cœur d'un mari et arme le bras du frère contre le frère. C'est enfin la mort de l'héroïne, qui s'en va comme elle est venue, sans qu'on sache qui elle est, ni si cette âme menue de petite fille ou de simplesse, aux mouvements tout réflexes et instinctifs, a vraiment existé et n'est pas quelque création de nos sens hallucinés. Sous certains rapports, Pelléas et Mélisande est une sorte de Tristan et Yseult pour marionnettes, qui se passerait à Lilliput.
Ceci dit, le mieux est de s'en tenir à une énumération des tableaux, chacun ne contenant dans la règle qu'une scène.
Une forêt : Mélisande est agenouillée au bord d'une fontaine. Arrive Golaud qui s'est perdu à la chasse. Golaud est l'aîné de deux petits-fils du très vieux roi Arkël. Il est veuf et a eu un petit garçon, Yniold, de son premier mariage. Rencontre de Golaud et de Mélisande, qui répond par monosyllabes et ne donne sur elle-même aucun renseignement permettant d'établir son identité.
Une salle dans le château : Golaud a épousé Mélisande sans demander l'assentiment de l'aïeul ; aussi n'ose-t-il reparaître au château. Il a écrit à son demi-frère Pelléas, beaucoup plus jeune que lui, pour savoir s'il est pardonné et s'il peut revenir. Dans ce dernier cas, Pelléas doit lui apprendre la chose en allumant une lampe au sommet de la tour. Arkël et Geneviève n'ont plus de colère et Pelléas allumera la lampe.
Devant le château : première rencontre de Pelléas et de Mélisande ; entre eux se manifeste la retenue craintive et la gène de l'amour qui commence et qui n'ose s'avouer à soi-même.
Une fontaine dans le parc : Pelléas et Mélisande, en se promenant, sont arrivés au bord de la « fontaine des aveugles ». Développement du sentiment ébauché au tableau précédent. Accidentellement — est-ce bien un accident ? — Mélisande laisse tomber dans la fontaine l'anneau que lui a donné Golaud. Les deux jeunes gens ont peur comme d'une première faute.
Un appartement dans le château : Golaud s'est blessé et est malade dans son lit. Mélisande le soigne. Elle confie à son mari qu'elle n'est pas heureuse au château : la peur de l'amour, qui voudrait chercher le salut dans la fuite ? Peut-être. Golaud, aveugle, la retient et la tranquillise. Il s'aperçoit soudain de la disparition de l'anneau et s'irrite : que Mélisande l'aille chercher tout de suite ! Mais lorsqu'il demande où elle l'a perdu, elle ment. Pourquoi a-t-elle menti ? Un vague sentiment de culpabilité sans doute.
Devant une grotte : Pelléas et Mélisande feignent la vaine recherche de l'anneau, qu'ils savent bien n'être pas là. Apparition énigmatique de trois vieux pauvres à cheveux blancs (??). La peur monte, symbolisée par la marée.
Une des tours du château ; un chemin de ronde passe sous une fenêtre de la tour : c'est la scène, si admirable au point de vue poétique, pictural et musical, de la chevelure. Mélisande, à sa fenêtre, peigne ses longs cheveux en chantant. Pelléas la voit, et le jeu dangereux continue ; l'amour éclate à tous les yeux, sauf à ceux des amants qui refusent encore de voir. Golaud survient tandis que Pelléas joue avec les cheveux de Mélisande. La jalousie entre dans son âme, mais lui non plus ne veut pas encore voir, ne veut pas s'avouer. Il se borne à un avertissement et à une réprimande.
Les souterrains du château : le plus énigmatique de tous ces tableaux ; Golaud conduit Pelléas au bord d'un sombre gouffre, au fond duquel on voit une eau stagnante. Ce gouffre est sans doute le symbole de celui au-dessus duquel Pelléas est en train de se pencher en se laissant aller au sentiment qui l'entraîne vers Mélisande. Ce tableau est très court.
Une terrasse au sortir des souterrains : simple suite de la scène précédente ; ne dure qu'une minute à peine. Mais Golaud y précise l'avertissement donné lors de la scène de la chevelure. Il affecte une tranquillité qu'on sent feinte.
Devant le château : jolie scène où Golaud, en qui la jalousie fait de terribles ravages, cherche à tirer du petit Yniold des renseignements sur les rapports entre son frère et sa femme. C'est ici que Maeterlinck se montre le plus génial : les réponses innocentes de l'enfant sont de nature à attiser le feu qui ronge le cœur de son père. Elles ne disent rien de précis, ne révèlent rien de positif dont on puisse faire un grief, mais laissent tout supposer. Et l'auteur qui fait souvent parler les grandes personnes comme des enfants, trouve ici sans peine le langage qui convient à un enfant véritable. A la fin Golaud soulève son fils pour qu'il regarde par la fenêtre dans la chambre de Mélisande : Pelléas est là avec elle. Et l'enfant dit qu'ils ne font rien. Golaud est mûr pour les choses irréparables.
Un corridor dans le château : Pelléas se rend enfin vaguement compte du danger et annonce à Mélisande qu’il va partir. Mais, avant, il veut voir une dernière fois son amie à la « fontaine des aveugles ». Jolie scène épisodique entre le vieil Arkël et Mélisande. Golaud survient ; il annonce le départ de son frère. On le sent exaspéré. Quand Mélisande sans penser à mal le touche, sa rage éclate, et il la brutalise sous les yeux de son grand-père en prononçant des paroles de fou, qui rappellent l'Othello de Shakespeare. Puis il se maîtrise soudain et son calme est plus effrayant que sa fureur. Arkël le croit ivre. Mélisande pleure. Et Arkël prononce : « Si j'étais Dieu, j'aurais pitié du cœur des hommes... » phrase qui pourrait bien être la moralité de tout l'ouvrage.
Une terrasse dans la brume : scène très énigmatique où l'on voit le petit Yniold converser avec un berger dans un langage que n'aurait pas renié la Pythie de Delphes. Cette scène est du reste fréquemment coupée ; elle ne dure qu'un instant.
Une fontaine dans le parc : le nœud du drame. Nous sommes de nouveau au bord de la « fontaine des aveugles », où Pelléas a voulu voir Mélisande une dernière fois avant de disparaître. Et l'aveu lui échappe enfin ; et Mélisande avoue aussi ; et leurs lèvres se joignent. Mais Golaud les a suivis. Ils ne peuvent plus rentrer au château, ils ont oublié le temps et les portes se sont refermées, mais ils n'en ont cure. Soudain du bruit. Mélisande entend, puis reconnaît Golaud qui se cache. Il a son épée, Pelléas n'a pas la sienne. Ils savent que c'est la mort. Ils restent calmes et ne se retournent pas. Ils mourront les lèvres jointes. A la vue du baiser, Golaud se précipite et frappe. Il tue son frère, il blesse sa femme, qui est sur le point d'être mère.
Un appartement dans le château : Mélisande va mourir. Non pas de sa blessure qui est légère ; non pas de la naissance prématurée de sa fille, qui est auprès d'elle. Elle meurt parce qu'elle n'a plus de raison de vivre. Golaud est dévoré de remords. Il a compris, il croit avoir compris que son frère et Mélisande étaient innocents, mais il n'est pas sûr, il ne sait rien, il voudrait savoir. Il fait sortir tout le monde, questionne la mourante, la torture, tout en implorant son pardon. Elle avoue ingénument avoir aimé Pelléas, et demande où il est. Mais comment l'a-t-elle aimé ? A-t-elle été coupable ? Elle affirme que non, avec une simplicité entière. Mais il ne la croit pas. Elle va mourir et il ne sait pas, il ne saura jamais ! C'est l'enfer qui commence.
Les servantes entrent sans avoir été appelées. Ou peut-être c'est l'ange de la mort qui les a appelées. Mélisande décline. Soudain les servantes tombent à genoux : l'ange de la mort a passé. Et Golaud s'effondre en sanglotant. Arkël conclut : « Ne restez pas ici, Golaud... Il lui faut le silence... C'était un petit être si tranquille, si timide et si silencieux... C'était un pauvre petit être mystérieux, comme tout le monde... »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Il y a quelque trente ans, le monde intellectuel et artiste commençait à s'occuper du poète gantois Maurice Maeterlinck. L'auteur de Pelléas et Mélisande, d'Ariane et Barbe-Bleue, de Monna Vanna, de l'Oiseau bleu — et de la Vie des Abeilles, est aujourd'hui salué comme un des apôtres de l'idéalisme. L'ensemble de son œuvre a le charme puissant de l'irréel, et il emprunte un attrait d'actualité aux curiosités de plus en plus décidées qui nous poussent, invinciblement, à engager des relations avec l'au-delà. Lui-même avoue chercher le moyen de faire sentir que « le mystère est sur le point d'intervenir »... Il nous produit parfois l'impression d'un médium qui servirait de truchement à quelque manifestation confuse de Shakespeare.
On sait que le talent de Claude-Achille Debussy, poète lui aussi, mais « musicien-poète », et d'une si subtile imprécision, est tout à fait idoine à traduire lyriquement des conceptions de cette espèce. Qu'il nous suffise de rappeler ses antécédents : il fit exécuter dans les concerts la Damoiselle élue et la cantate de l'Enfant prodigue, qui, interprétée par Rose Caron, Van Dyck et Taskin, lui valut, en 1884, et grâce à Gounod, le Grand-Prix de Rome. Ce fut ensuite avec le Quatuor à cordes, le Prélude à l'après-midi d'un Faune, puis la Boîte à joujoux (1913), suite pour piano composée à l'intention de sa petite-fille, et popularisée par les « Ballets suédois » — costumes et décors de Hellé.
Une représentation unique de Pelléas et Mélisande, poème en 5 actes et 18 tableaux, qui étonna quelque peu le public et la critique, fut organisée par Lugné-Poe aux Bouffes-Parisiens, le 17 mai 1893, et jouée dans de remarquables décors de Paul Vogler... Mais les tourelles gothiques, les bois touffus, les effets d'eau pouvaient-ils inspirer les créateurs de Pelléas aussi intensément que les frondaisons séculaires, l'admirable cadre claustral de l'abbaye de Saint-Wandrille où, au mois d'août 1910, Mme Georgette Leblanc-Maeterlinck, encouragée par le succès de Macbeth, interpréta Mélisande.
Le drame lyrique de Maeterlinck et Debussy fut donné pour la première fois au théâtre de l'Opéra-Comique le 30 avril 1902. Cette création se fit malgré l'auteur. Il écrivit au Figaro pour protester contre le directeur, M. Carré, et même contre le musicien, avec lesquels il se trouvait en désaccord sur le choix de l'artiste à qui le rôle avait été distribué (Mlle Mary Garden) ; son œuvre fut, selon lui, traitée « en pays conquis » : on y pratiquait des coupures qui rendaient, à son avis, incompréhensible un texte où l'on maintenait par contre ce qu'il manifestait l'intention — peut-être tardive — de supprimer, d'améliorer... etc. (la lecture du livret accuse, de fait, quelques différences). Il concluait enfin que « le Pelléas en question est une pièce qui lui était devenue étrangère, presque ennemie — et que dépourvu de tout contrôle sur son opéra, il se voyait réduit à en souhaiter la chute, prompte et retentissante... ».
Ce vœu ne fut pas exaucé... Le poète eut été bien fâché d'être pris au mot !
***
... Et ceci se passait en des temps très lointains — des temps primitifs — dans un pays inconnu, et qui gagne à l'être, parce qu'il est triste et malsain ; les personnages ont l'air d'enfants malades ; leur fièvre finit par nous gagner...
Le prince Golaud, déjà grisonnant, rencontre dans la forêt une petite fille qui pleure comme la fontaine au bord de laquelle elle est assise... Mélisande ! princesse de légende aux cheveux d'or. Nous ne savons d'ailleurs rien d'elle, car elle ne répond que par monosyllabes. Golaud n'approfondit point — ne soyons pas plus indiscrets que lui ; soyons seulement plus prudents — car il l'emmène, et il l'épouse, le naïf !
Il a conduit sa femme dans le sombre palais de son aïeul Arkel « où l'on ne voit jamais la lumière ». Le vieil Arkel, roi d'Allemonde, et la reine Geneviève ont un autre petit-fils : Pelléas, beaucoup moins âgé que Golaud, et celui-ci a déjà un enfant : Yniold, né d'un premier lit. Dans le manoir lugubre, Pelléas et Mélisande ne tarderont pas à réunir, instinctivement, leur jeunesse, leur mélancolie... Sympathie, tendresse, puis amour mystique. Un incident, qui a déjà la signification d'un symbole : Mélisande a laissé tomber son anneau nuptial dans la « Fontaine des Aveugles » où elle s'amusait à baigner sa chevelure devant Pelléas quelque peu troublé... Golaud, qui se méfie, réclame âprement cet anneau. Mélisande et Pelléas feignent de le chercher — au bord de la mer ! La peur les prend, « symbolisée » par la marée montante.
Mais l'amour ne perd pas ses droits — ni Mélisande ses cheveux : elle les a dénoués en se penchant à la fenêtre de la tour clair-de-lunaire, au bas de laquelle rêvait, naturellement, Pelléas : inondé, à la lettre, par la toison blonde, il s'en saisit avidement et s'y submerge (symbole !), en balbutiant des mots d'extase... Golaud les a-t-il vus ? Il fera faire à Pelléas une petite promenade hygiénique dans les souterrains du castel, où il l'invite à mesurer de l'œil la profondeur d'un joli gouffre qui doit avoir en même temps celle d'un nouveau symbole — et dont l'être vivant qu'on y projetterait aurait assurément quelque peine à se tirer. Cela sent l'abîme moral.
Une scène d'un art plus précis est celle où Golaud, miné par la jalousie, utilise l'espionnage ingénu du petit Yniold pour savoir ce que font ensemble Pelléas et Mélisande : l'enfant, hissé sur les épaules du mari, regarde dans la chambre par une meurtrière — et, au moment d'observer ce que doit ignorer son innocence, saisi d'une vague frayeur, il refuse de voir et de parler... « A l'Opéra-Comique, sur des paroles aussi antimusicales que les mots « petit père ! » trente-six fois répétés, la situation ne pouvait que paraître choquante, et l'on a crié au scandale...Il était louable, sans doute, de respecter avec ses redites entêtantes le texte volontairement monotone de l'écrivain gantois, mais peut-être en l'occurrence eût-il mieux valu le traduire en belle langue française, claire, sonore, souple, variée... » C'est cependant ici que Maeterlinck, qui fait parler puérilement les grandes personnes sous le prétexte — si moderne ! — de « styliser » leur langage, trouve sans fatigue celui qui convient à un enfant. Ce dernier ne s'exprime d'ailleurs pas toujours aussi intelligiblement. Il a notamment avec un berger une espèce de conversation dans la brume qui est d'un nébuleux achevé. Aussi la coupe-t-on presque partout... mais on sent que l'auteur y tient, car c'est encore du « symbole » ; cela fait beaucoup de symboles. L'horreur du convenu et du banal est légitime ; mais au moins faut-il que le commun des mortels puisse pénétrer les finesses de ces allégories où les personnages s'épanchent en propos souvent sibyllins, accompagnés d'étranges harmonies, un peu trop savantes.
Le dénouement est très humain ; il relève du « fait divers » : Pelléas veut se dérober à sa passion reconnue coupable, mais ne peut s'empêcher de donner un dernier rendez-vous à Mélisande, auprès de la fontaine emblématique des « Aveugles ». Et c'est l'éternel duo des amants, surpris dans leur baiser, ainsi que Paolo et Francesca... Golaud tue Pelléas d'une glaive fratricide ; atteinte par choc en retour, Mélisande s'enfuit et va mourir, persécutée des questions du mari qui — comme toujours — veut savoir... ; le burgrave Arkel fermera les yeux de la pauvre petite amoureuse : « C'était un petit être si tranquille et timide, silencieux, mystérieux... ». Et il exprime ainsi la philosophie de ce drame : « Si j'étais Dieu, j'aurais pitié du cœur des hommes !... »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
« La reprise parisienne de Pelléas et Mélisande a permis enfin d'éliminer les discussions sur les décors et la mise en scène de l'œuvre ; la musique et le drame y étaient au premier plan. Les décors, c'étaient ceux de la création ; et, certes, Auric ne pense pas que c'est là la solution idéale pour la présentation actuelle du chef-d’œuvre ; il l'a adoptée, provisoirement, afin que l'Opéra-Comique pût, de justesse, tout à la fin de 1962, commémorer dignement Debussy. La mise en scène, curieusement signée Pierre Bertin, était celle d'une tradition vieille de soixante ans, et n'a gêné personne de façon pesante.
La musique, je l'ai dit, était à l'honneur. Manuel Rosenthal lui a donné un poids extraordinaire, par des mouvements qui ont pu, d'abord, paraître trop lents, mais qui se sont imposés très vite au sentiment de tous, tant ils donnaient de relief et de profondeur à l'œuvre entière. Et grâces soient rendues au personnel technique de la maison : le parfait silence dans lequel se sont déroulés les changements de décor ont permis, pour une fois, aux interludes d'apparaître dans toute leur splendeur.
Denise Duval et Henri Gui ont eu à lutter avec l'absence d'une mise en scène inédite ; je veux dire que la neutralité de la mise en scène parisienne les a comme dénudés, les a privés de ces voiles, de ces masques qu'ailleurs décors surprenants et jeux de scène plus ou moins saugrenus avaient pu leur fournir. Du coup, Gui a paru moins Pelléas que jamais ; et l'intelligence et la sensibilité de Denise Duval n'ont pu faire complètement oublier que sa voix était bien plus celle d'une héroïne de Cocteau que celle de Mélisande. La poésie, la magie étaient absentes à l'appel ; elle avait beau chanter « je te voyais ailleurs », elle ne semblait voir tout que tout près d'elle, et sur un seul plan. Souzay, lui, essayait bien d'agrandir les dimensions de son personnage ; mais comment y arriver, obligé comme il était de parler trop souvent au lieu de chanter ? Seul Vessières était vraiment aux dimensions du monde tragique et mystérieux de l'œuvre. »
[Antoine Goléa, Musica disques, févier 1963]
PENDANT LA CHASSE
Opérette en un acte, livret d’A. Philibert, musique de Paul Henrion, représentée à l’Alcazar le 18 novembre 1874.
PENDU (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Frédéric de Courcy et Pierre Carmouche, musique de Louis Clapisson. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 25 mars 1841, avec Mme Potier, MM. Moreau-Sainti (Olivier Landry), Mocker (Drick).
« Il s'agit d'un soldat condamné à être pendu, et qui obtient du maréchal de Châtillon la facétieuse permission de se chercher un remplaçant. Le soldat le trouve dans la personne d'un pauvre amoureux qui renonce à la vie par désespoir d'amour. Le dénouement épargne aux spectateurs sensibles le tableau d'une pendaison. Le rôle de Drick, chanté par Mocker, offre plusieurs mélodies agréables et un air bien traité : Mon maréchal, mon maréchal ! sa justice est infinie. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÉNÉLOPE
Opéra en trois actes, livret de Marmontel, musique de Niccolo Piccinni.
Première représentation à Fontainebleau, devant la cour, le 02 novembre 1785, puis à l'Académie royale de musique (salle de la Porte-Saint-Martin) le vendredi 09 décembre 1785 avec Mme Saint-Huberty (Pénélope) sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
« Quoique cet ouvrage ait été froidement accueilli, sans doute parce que le public espérait mieux de l'auteur de Didon, néanmoins il renferme plusieurs beaux fragments qu'on peut citer, et particulièrement l'air chanté par Pénélope : Oui, je la vois, cette ombre errante. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra, représenté d'abord à Fontainebleau, le 2 novembre 1785, n'obtint à Paris qu'un demi-succès. Le rôle principal et dominant en fut écrit pour Mme Saint-Huberti, qui était secondée par Lainé (Télémaque), Larrivée (Ulysse) et Chardini (Laërte).
On reprit cet ouvrage avec des changements, le 16 octobre 1787 ; mais il ne réussit pas mieux sous cette seconde forme. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PÉNÉLOPE
Poème lyrique en trois actes, livret de René Fauchois (1845-1924), musique de Gabriel Fauré.
Personnages : Ulysse, roi d’Ithaque (ténor) ; Eumée, vieux berger (baryton) ; Antinoüs (ténor), Eurimachus (baryton), Laerte (ténor), Ctesippos (baryton), Pisandre (baryton), prétendants de Pénélope ; un berger (ténor) ; Pénélope, reine d’Ithaque (soprano) ; Euryclée, nourrice d’Ulysse (mezzo-soprano) ; Cléone (mezzo-soprano), Melantho (soprano), Alkandra (mezzo-soprano), Phylo (soprano), Lydia (soprano), servantes ; Eurynome, la gouvernante (soprano) ; bergers, serviteurs, danseurs et joueurs de flûte.
Création à l'Opéra de Monte-Carlo le 04 mars 1913. Décors de Visconti, costumes de Zamperoni. Mise en scène d’A. DUREC. => programme
Mmes Lucienne BRÉVAL (Pénélope), Alice RAVEAU (Euryclée), DURAND-SERVIÈRE, MALRAISON, GILSON, FLORENTZ, CRITICOS, ROSSIGNOL, BILLSAN
MM. Charles ROUSSELIÈRE (Ulysse), Jean BOURBON (Eumée), Charles DELMAS (Antinoüs), André ALLARD (Eurymaque), SARDET (Léodès), Robert COUZINOU (Ctésippe), SORRET (Pisandre), ROSSIGNOL (un Pâtre)
Chef d'orchestre : Léon JEHIN
Première fois à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, le 10 mai 1913, dans des décors de Ker-Xavier Roussel exécutés par Georges Mouveau, une mise en scène d’A. Durec, avec Mmes Lucienne BRÉVAL (Pénélope), Cécile THEVENET (Euryclée), MM. Lucien MURATORE (Ulysse), BLANCARD (Eumée) sous la direction de Louis HASSELMANS.
Première au Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles le 01 décembre 1913, sous la direction de M. de Thoran, avec Mmes Croiza (Pénélope), de Georgis (Euryclée), Cuvelier (Cléone), Fauvernier (Alkandre), Somers (Mélantho), Gianini (Lydie), MM. Darmel (Ulysse), Bouilliez (Eumée), Grommen (Pisandre), Dufranne (Antinoüs), Ponzio (Eurymaque), Duo (Léodès), Demarcy (Ctésippe), Prick (un pâtre).
Première à l'Opéra-Comique le 20 janvier 1919, dans une mise en scène d’Albert Carré, des décors de Lucien Jusseaume et des costumes de Marcel Multzer. Aux 1er et 3e actes, Divertissements réglé par Jeanne Chasles.
Mmes Germaine LUBIN (Pénélope), Cécile THÉVENET (Euryclée), Jeanne BOURGUIGNON (Mélantho), DELAMARE (Cléone), Germaine BAYE (Alkandre), Jeanne CALAS (Philo), Andrée FAMIN (Lydie), CHAMPAGNE (Eurynome).
MM. Charles ROUSSELIÈRE (Ulysse), Félix VIEUILLE (Eumée), Eugène DE CREUS (Antinoüs), PARMENTIER (Eurymaque), Raymond GILLES (Pisandre), D'ÉPINAY (Léodès), Hubert AUDOIN (Ctésippe), Victor PUJOL (un Pâtre).
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.
63 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
|
11.04.1922 Opéra-Comique (20e) |
09.12.1924 Opéra-Comique (35e) |
11.12.1924* Opéra-Comique (38e) |
19.03.1927 Opéra-Comique (44e) |
14.03.1931 Opéra-Comique (58e) |
21.03.1931** Opéra-Comique (59e) |
Pénélope |
M. MATHIEU |
Claire CROIZA |
Claire CROIZA |
BALGUERIE |
BALGUERIE |
BALGUERIE |
Euryclée |
M. CALVET |
DE SILVERA |
DE SILVERA |
M. CALVET |
M. CALVET |
M. CALVET |
Mélantho |
L. ESTÈVE |
L. ESTÈVE |
L. ESTÈVE |
KAMIENSKA |
FENOYER |
FENOYER |
Cléone |
DELAMARE |
DELAMARE |
DELAMARE |
BERNADET |
BERNADET |
BERNADET |
Alkandre |
G. BAYE |
JULLIOT |
JULLIOT |
DUCUING |
DUCUING |
DUCUING |
Philo |
J. CALAS |
G. CORNEY |
G. CORNEY |
G. CORNEY |
LEBARD |
LEBARD |
Lydie |
A. FAMIN |
J. WEIT |
J. WEIT |
VACCHINO |
VACCHINO |
VACCHINO |
Eurynome |
CHAMPAGNE |
CHAMPAGNE |
CHAMPAGNE |
CHAMPAGNE |
CHAMPAGNE |
CHAMPAGNE |
|
|
|
|
|
|
|
Ulysse |
FONTAINE |
LAPELLETRIE |
LAPELLETRIE |
M. OGER |
MURATORE |
MURATORE |
Eumée |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
F. VIEUILLE |
Antinoüs |
DE CREUS |
DE CREUS |
DE CREUS |
L. NIEL |
L. NIEL |
L. NIEL |
Eurymaque |
Maurice SAUVAGEOT |
Maurice SAUVAGEOT |
Maurice SAUVAGEOT |
R. BOURDIN |
J. VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
Pisandre |
R. GILLES |
R. GILLES |
R. GILLES |
R. GILLES |
R. GILLES |
R. GILLES |
Léodès |
V. PUJOL |
L. NIEL |
L. NIEL |
D'ARJAC |
GENIO |
GENIO |
Ctésippe |
H. AUDOIN |
MORTURIER |
MORTURIER |
MORTURIER |
MORTURIER |
MORTURIER |
Un Pâtre |
DONVAL |
L. NIEL |
L. NIEL |
L. NIEL |
L. NIEL |
L. NIEL |
Chef d'orchestre |
A. WOLFF |
INGHELBRECHT |
INGHELBRECHT |
A. WOLFF |
A. WOLFF |
A. WOLFF |
* Au 3e acte, Divertissements dansé par Mlles Luparia, Rosne, Bugny, Goetz et le Corps de Ballet.
** Divertissements réglés par Robert Quinault, dansés par Mlles Rosne, Stephann et le Corps de Ballet.
Première fois au Palais Garnier, le 2e acte seulement, le 28 mai 1935, à l'occasion d'un Festival Fauré :
Mmes LUBIN (Pénélope), CERNAY (Euryclée).
MM. DE TREVI (Ulysse), SINGHER (Eumée), CHASTENET (un Pâtre).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
Cette œuvre est entrée au répertoire du Théâtre National de l'Opéra le 14 mars 1943 — Décors et costumes dessinés par Lecaron — Mise en scène de Pierre CHEREAU.
Mmes Germaine LUBIN (Pénélope), Suzanne LEFORT (Euryclée), H. SAINT-ARNAUD (Mélantho, un Pâtre), Odette RICQUIER (Cléone), ALMONA (Alkandre), Germaine HAMY (Philo), BONNI-PELLIEUX (Lydie), COUDERC (Eurynome).
MM. Georges JOUATTE (Ulysse), Paul CABANEL (Eumée), ROUQUETTY (Antinoüs), CHARLES-PAUL (Eurymaque), Charles CAMBON (Ctésippe), R. GOURGUES (Léodès), DESHAYES (Pisandre).
Danses réglées par Albert AVELINE : Mlles BINOIS, LASCAR.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
2e représentation le 20 mars 1943 avec les créateurs (chant, danse et orchestre) sauf M. ETCHEVERRY (Eurymaque), auxquels il faut ajouter pour le chant :
Mmes AUGROS, BOULESTEIX, Amélie BRUDER, CLÉRY, CORNILLIÈRE, COTTRELLE, COURCELLE, DANTHON, DOULS, GILLARD, GRANDVIÈRES, GUÉNOT, JEANNETEAU, LUMIÈRE.
MM. FAVREAU, HONTARREDE, RONSIL.
27e à l’Opéra (au Théâtre Royal de Liège), le 19 janvier 1951.
Mmes JUYOL (Pénélope), LEFORT (Euryclée), COLLARD (Mélantho, un Pâtre), RICQUIER (Cléone), CHAUVELOT (Alkandre), DESMOUTIERS (Philo), BONNI-PELLIEUX (Lydie), COUVIDOUX (Eurynome).
MM. FRONVAL (Ulysse), FROUMENTY (Eumée), ROUQUETTY (Antinoüs), CHARLES-PAUL (Eurymaque), GICQUEL (Ctésippe), GOURGUES (Léodès), CHASTENET (Pisandre).
Chef d'orchestre : Paul BASTIDE
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Pénélope : Mmes COURTIN (1945), FERRER (1947).
Euryclée : Mmes DARBANS (1944), CHABAL (1947), DISNEY (1949).
27 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Résumé.
La scène de passe à Ithaque, dans les années qui suivirent la prise de Troie. Ulysse n'étant pas rentré de la guerre, sa femme Pénélope subit les assiduités grandissantes des prétendants qui aspirent à le remplacer. Mais, fidèle, à l'absent, elle espère toujours en son retour.
Ulysse revient, sous le déguisement d'un mendiant, écarte les importuns et remonte sur son trône.
ACTE I. — Un vestibule précédant la chambre de Pénélope.
Scène 1. — Les servantes filent. On entend les éclats de voix des prétendants de Pénélope qui, depuis dix ans que son époux est parti, aspirent inutilement à sa main, et se consolent de leur insuccès dans l'ivresse et le tapage.
Scène 2. — Ecartant violemment les draperies, les prétendants entrent. L'un d'eux, Eurymaque, demande aux servantes d'aller chercher Pénélope.
Scène 3. — Attirée par le bruit la vieille nourrice Euryclée s'avance et reproche aux prétendants leur vain tumulte. Ils insistent pour voir Pénélope et, sur le refus d'Euryclée, tentent de forcer le passage conduisant à la chambre de la reine.
Scène 4. — Pénélope apparaît à ce moment au haut des marches. Tous reculent. Antinoüs demande à Pénélope de se décider enfin pour l'un d'eux, mais la noble reine d'Ithaque paraît ne point l'entendre. Elle songe à Ulysse, dont elle attend patiemment le retour. Les prétendants veulent alors la contraindre à achever sous leurs yeux le linceul de Laërte qu'elle s'est imposée de filer avant de consentir à prendre un nouvel époux. Toutefois, la toile est à peine commencée encore... Pleine de tendres regrets, Pénélope évoque la grandeur de son royal époux, et lui adresse un appel exalté [Monologue de Pénélope : Ulysse, fier époux...].
Scène 5. — On entend une voix qui appelle au dehors. C'est Ulysse, qui se présente comme un pauvre de passage, implorant la pâture que l'on donne au chien et le droit de dormir sur la paille. Eurymaque veut l'écarter, mais Pénélope, au nom de son époux absent, accède à son désir. Tous les prétendants sortent, entraînant les jeunes servantes avec eux.
Scène 6. — Pénélope s'excuse auprès du pseudo-mendiant et ordonne à Euryclée de prendre soin de lui. Quelque chose en cet homme les trouble l'une et l'autre, comme un souvenir imprécis... Pénélope rêve, tandis qu'Euryclée lave les pieds de l'inconnu. Soudain, la nourrice le reconnaît ; à mi-voix, Ulysse lui enjoint vivement de se taire. Il réclame à manger, et Euryclée l'entraîne.
Scène 7. — Pénélope, après s'être assurée qu'elle
est bien seule, prend le linceul, dont elle défait chaque soir ce que le jour
elle a tissé. Mais les prétendants sont entrés sur la pointe des pieds et la
surprennent. Ils lui donnent alors jusqu'au lendemain pour se décider à épouser
l'un
d'eux.
Scène 8. — Pénélope se désole. Le mendiant, qui revient avec Euryclée, lui demande l'autorisation de se rendre lui aussi sur la colline où elle va chaque soir épier le retour de la nef de son époux. Pénélope acquiesce, puis entre dans sa chambre, suivie d'Euryclée.
Scène 9. — Ulysse, resté seul, se redresse, va au trône de Pénélope, baise les franges du drap qui le recouvre, ainsi que le linceul abandonné. Des yeux et des mains, il salue tous les objets.
Scène 10. — Pénélope et Euryclée reviennent, ayant jeté un manteau sur leurs épaules. Ulysse a repris son attitude humble. Tous trois sortent.
ACTE II. — Le sommet d'une colline qui domine la mer.
Scène 1. — Au calme clair de lune qui baigne le paysage, le vieux berger Eumée chante. Des pâtres le saluent en passant.
Scène 2. — Pénélope arrive avec Euryclée. Ulysse les suit. Pénélope s'abandonne au souvenir des temps heureux [Monologue de Pénélope : C'est sur ce banc, devant cette colonne...]. Eumée l'assure de sa fidélité, puis rejoint les bergers qui veillent autour des feux allumés.
Pénélope, toute troublée, interroge longuement ensuite le mendiant, qui lui suggère d'élire celui des prétendants qui pourra tendre l'arc d'Ulysse. Pénélope se retire ensuite avec Euryclée.
Scène 3. — Ulysse, allant vivement vers les bergers, se fait reconnaître d'eux et leur demande de venir à l'aube au palais lui prêter secours pour châtier les importuns.
ACTE III. — La grande salle du palais d'Ulysse.
Scène 1. — Le jour commence à poindre. Ulysse prépare sa vengeance. Il a retrouvé le glaive d'Hercule et, tout en proférant de terribles menaces, va le cacher sous le trône de Pénélope [Monologue d’Ulysse : Toute la nuit, sans bruit, comme une ombre, j'ai rôdé...].
Scène 2. — Euryclée, à mi-voix, dialogue avec Ulysse qui lui donne l'assurance que lui seul pourra tendre l'arc royal. Euryclée sort.
Scène 3. — Eumée arrive et se prosterne devant son maître, Vivement, Ulysse le relève. Les bergers sont tous là, prêts à la bataille.
Scène 4. — Les prétendants entrent et jettent des ordres aux servantes et aux joueuses de flûte.
Scène 5. — La reine paraît. Antinoüs lui ordonne de désigner son nouvel époux. Pénélope répond que celui d'entre les prétendants qui tendra l'arc d'Ulysse et lancera la flèche à travers douze anneaux sera l'élu. Eurymaque se croît tout de suite sûr d'y pouvoir parvenir. Un coup de tonnerre retentit ; des ténèbres obscurcissent la scène. Pénélope, brusquement saisie d'une émotion intense, prédit la fin brutale des audacieux et le prochain retour du guerrier...
Les concurrents, nullement troublés, s'épuisent vainement, tour à tour sur la corde. Bientôt ils s'arrêtent et réclament à boire. Alors, le mendiant qui s'était tenu à l'écart s'avance et demande de tenter l'aventure. Par dérision, les prétendants lui accordent la permission. Ulysse, devant les prétendants effarés, tend l'arc immense et sa flèche traverse les anneaux. Un second trait vient ensuite mortellement frapper Eurymaque. Dépouillant son déguisement, le roi d'Ithaque se redresse en brandissant le glaive qu'il avait dissimulé sous le trône de Pénélope. Tous les prétendants le reconnaissent et veulent fuir. Mais les bergers, au dehors, n'en épargnent aucun. Euryclée soutient Pénélope qui défaille d'émotion.
Scène 6. — Pénélope a couru aux portes qui s'ouvrent. Justice est faite. Ulysse apparaît et Pénélope tombe dans ses bras.
Scène 7. — Le peuple d'Ithaque acclame le vainqueur. Tous rendent grâce à Zeus qui a enfin réuni les deux époux.
« Première représentation au Théâtre des Champs-Elysées.
Le Théâtre des Champs-Elysées témoigne d'une activité féconde. Ses spectacles sont toujours d'un très vif intérêt artistique. Après la brillante soirée d'inauguration avec le Benvenuto Cellini de Berlioz, nous avons eu de charmantes restitutions d'ouvrages italiens célèbres, dans des décors ingénieusement appropriés, et des étoiles du chant, telles que Maria Barrientos, Mignon Névada, Graziella Pareto, Lydia Lipkowska, défilèrent, tour à tour, pour le plus grand plaisir des dilettantes. Voici venir, maintenant, les spectacles russes, qui alternent avec cette admirable Pénélope, de Gabriel Fauré, dont il a été déjà longuement question ici même, lors des représentations de Monte-Carlo, ce qui me permet d'envisager surtout les conditions où elle se produit à Paris.
La mise en scène du Théâtre des Champs-Elysées est harmonieuse et sobre, et le charme de Pénélope se dévoile dans un cadre digne d'elle.
Le premier acte, qui nous introduit dans le vestibule où les servantes sont occupées à filer, se déroule dans un décor aux dimensions restreintes, dont les proportions sont intelligemment combinées, de façon à permettre les évolutions des danseuses et des joueuses de flûte, pendant que, dans l'ombre, les prétendants se groupent autour de Pénélope et l'assaillent de leurs déclarations. Cette scène, où murmurent alternativement la flûte, le hautbois, où soupire le violon, tandis que s'égrènent les notes des harpes à l'accompagnement, forme un tableau absolument exquis. Je noterai, à propos de la harpe, le spirituel effet dont s'est servi M. Gabriel Fauré pour indiquer, par une série de notes descendantes, l'impression des doigts de Pénélope glissant sur la toile pour en défaire les fils qu'elle entrecroisait pendant le jour.
Les décors des deux autres actes sont également très bien disposés pour laisser la musique se déployer à l'aise, tout en évitant la dispersion des sons. On a beaucoup goûté l'émouvant duo du second acte, l'appel si chaleureux d'Ulysse aux bergers, et les scènes si vivantes du troisième acte. M. Muratore jette avec éclat le beau cri : « Je suis Ulysse, votre roi ! », après avoir amorti les sonorités de son organe dans toute la première partie où il est déguisé en mendiant.
Mme Lucienne Bréval est admirable dans son incarnation de Pénélope, qu'elle chante avec un pathétique intense. Elle est également remarquable par la noblesse de ses attitudes et la tendresse touchante de ses accents. Mlle Thévenet émeut par son intonation douloureuse et poignante quand, avant reconnu Ulysse, elle le fait passer devant elle en lui disant : « Viens, étranger ! » Elle a bien saisi la sensibilité profonde de cette musique qui se distingue par la pureté et la simplicité de son allure, mais qui demeure constamment empreinte de sentiment.
L'orchestration, d'une délicieuse harmonie de teintes, est supérieurement mise en valeur par les excellents instrumentistes du Théâtre des Champs-Elysées, fort bien conduits par M. Hasselmans. Voilà une belle suite de représentations en perspective !... »
(Albert Dayrolles, les Annales, 25 mai 1913)
PÉNITENTE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Henri Meilhac et William Busnach, musique de la comtesse Clémence de Grandval sous le nom de Clémence Valgrand. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 mai 1868, avec Mlle Cico, MM. Armand Potel et Gustave Leroy.
« Le livret est aussi étranger au bon goût qu'à la morale. Il y est question du mariage du seigneur Torribio avec la fille d'un marchand de comestibles, d'une indigestion de l'époux, d'un jeune abbé qui en profite pour faire sa cour à la jeune femme, etc. Ce genre de pièce aurait mieux convenu aux Bouffes-Parisiens ou au théâtre du Palais-Royal qu'à l'Opéra-Comique. La musique n'offre rien de saillant. On a remarqué plusieurs jolies phrases éparses çà et là et un trio bouffe. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PENSION DE JEUNES DEMOISELLES (LA)
Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de Bondy vers 1804.
PENSIONNAT DE JEUNES DEMOISELLES (LE) — Voir les Visitandines.
PENSION DE JEUNES GARÇONS (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Dubois, musique de Propiac, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 03 novembre 1801.
PENTHÉE
Opéra en cinq actes, livret de Charles-Auguste, marquis de La Fare (1644-1712), capitaine des gardes de Philippe d'Orléans, d'après le troisième Livre des Métamorphoses d'Ovide, musique de Philippe II d'Orléans (le Régent de 1715 à 1723), représenté au Palais-Royal le 16 juillet 1705 en présence de Louis XIV.
PÉPÉ
Comédie musicale en trois actes, livret d'André Barde, musique de Maurice Yvain. Création au Théâtre Daunou le 23 octobre 1930 avec Mmes Ristori (Solange), S. Deguyse (Jacqueline), Ducouret (Mme Jeannerot), D. Staub (Mme Dupont) ; MM. Harry Baur (Fressenoy), L. Baroux (Pailloux), J. Sergy (Davilier), Baudry (Dupont).
« Un vieux beau, Pierre Fressenoy, a épousé la jeune Solange Jeannerot dont, au grand courroux de la belle-mère, il n'a point d'enfants. Or, Solange à la suite d'un accident, rentre chez elle à l'improviste, et surprend une jeune fille, Jacqueline, sur les genoux de son mari. Mais elle prend celle-ci pour une fille de Fressenoy, et la garde chez elle, jusqu'au moment où un amant évincé de Jacqueline vient tout révéler. Solange ne divorcera pourtant pas, car elle sait maintenant qu'elle va être mère. Sur ce thème vaudevillesque, Maurice Yvain a écrit une musique aimable, plaisante et fort bien faite. »
(Larousse Mensuel Illustré, décembre 1930)
PEPE ET TITA
Opérette en un acte, livret de Jules Ruelle, musique d’Adolphe Deslandres, représentée dans un salon en septembre 1881. => partition
PÉPITA
Opéra-comique en deux actes, livret de Charles Nuitter et Jules Delahaye, musique de Léon Delahaye fils.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 juillet 1878, avec Mlles Ducasse (Pépita), Godefroy (Hermosa), Marguerite Decroix (Margaret), MM. Charles Nicot (sir George Williams), Lucien Fugère (l'Alcade), Bernard (Williams), Maris (Balmasède), Pierre Julien Davoust (Quertinos), Petit (Anfora).
« La pièce, mouvementée, gaie, spirituelle, est dans le véritable ton de l'opéra-comique, et si la partition eût été au diapason du poème, l'ouvrage aurait réussi et serait resté peut-être au répertoire ; mais l'écart était trop grand et Pépita a vécu ! Un bourgeois de Gibraltar nommé Quertinos a deux nièces à marier dont l'une, Hermosa, touche à la maturité et l'autre, Pepita, est recherchée par de nombreux prétendants. Quertinos entend marier l'aînée qui est d'un placement difficile, parce qu'en ajournant les amoureux toreros, il reçoit de chacun d'eux des cadeaux multipliés, destinés à obtenir ses bonnes grâces.
Un jeune officier de marine, sir George Williams, brusque la situation ; il envoie un billet à la señora Pepita, dans lequel il lui propose de la conduire chez son oncle. C'est Hermosa qui reçoit la lettre et s'en attribue le contenu. Les deux sœurs quittent la maison de leur tuteur et vont s'installer chez l'oncle Williams, où ne tardent pas à se rendre les toreros, les autres personnages et l'alcade en personne. Pepita et Hermosa se déguisent en servantes, mais sont bientôt reconnues. L'alcade constate deux enlèvements au lieu d'un. Que faire ? appliquer la loi espagnole et enjoindre à sir George d'épouser l'aînée. Quertinos va lire l'extrait de naissance d'Hermosa, qui le lui arrache et le détruit ; Pepita est proclamée l'aînée, malgré toute apparence. Le mariage est décidé avec celui qu'elle aime et le bon oncle Williams console la fille majeure, Hermosa, en lui offrant sa main. Un dialogue animé et quelques bonnes plaisanteries ont rendu cette pièce intéressante. On n'a remarqué dans la musique que l'ouverture, assez travaillée, l'air de l'alcade et les couplets de l'un des toreros, Valmaseda. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PEPITA JIMÉNEZ
Comédie lyrique anglaise en deux actes et trois tableaux, livret de Francis B. Money-Coutts, d'après Juan Valera, musique d’Isaac Albéniz.
Création au Liceo de Barcelone le 05 janvier 1896.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 03 janvier 1905, dans une version française de Maurice Kufferath, avec Mmes Baux (Pepita Jiménez), Maubourg (Antanona), MM. David (Don Louis), d'Assy (Don Pedro), Belhomme (le vicaire), Boyer (le comte Genazahar), Lubet (premier officier), Crabbé (deuxième officier).
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 18 juin 1923, dans une version française de Joseph de Marliave. Décors de Lucien Jusseaume et Raymond Deshays, costumes de Marcel Multzer. Mise en scène d’Albert Carré.
Mmes Marguerite CARRÉ (Pépita), Lucienne ESTÈVE (Antonona).
MM. Max BUSSY (don Luis), Louis AZÉMA (don Pèdro), Roger BOURDIN (le Comte), DUPRÉ (le Révérend), André GOAVEC et DELMAS (2 Officiers), DAVID (le jardinier).
Danses réglées par Mme Jeanne CHASLES.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
8 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Pepita Jimenez aime don Luis de Vargas, lequel se destine aux ordres ; mais la servante Antonona les met en présence avant l'adieu définitif, et naturellement l'amour triomphe, car Pepita menace de s'empoisonner, et don Luis cède à la fois à la menace et à son amour secret. Sur ce thème banal, le regretté compositeur Isaac Albéniz a écrit une musique assez expressive, mais pas très personnelle ; le compositeur, dans cette œuvre de jeunesse, subit encore diverses influences, depuis les romantiques allemands jusqu'aux Italiens contemporains ; il ajoute à cela une certaine couleur locale fort piquante. Il y a d'ailleurs dans cette partition de jolies pages, comme la Danse des enfants. »
(Larousse Mensuel Illustré, août 1923)
PEPITO
Opéra-comique en un acte, livret de Léon Battu et Jules Moinaux, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Variétés le 28 octobre 1853, avec Biéval, Leclerc et Mlle Larcena.
Représenté aux Bouffes-Parisiens le 10 mars 1856, avec Pradeau.
« Trois ou quatre hivers auparavant on avait joué Pepito aux Variétés, avec Leclerc dans le rôle repris aux Bouffes par Pradeau. Cette opérette est, croyons-nous, le premier ouvrage dramatique de M. Offenbach. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« L'action se passe entre une jolie aubergiste ibérienne, fiancée au soldat Pepito, absent ; Miguel, rival du soldat, et une sorte de Figaro grotesque. La musique n'offrait rien de saillant. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÈRE GAILLARD (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Thomas Sauvage, musique d’Henri Reber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 07 septembre 1852, avec Mmes Andréa Favel (Madame Gaillard), Marguerite Jeanne Camille Decroix (Marotte), MM. Charles Battaille (le Père Gaillard), Sainte-Foy (Jacques).
« Cet ouvrage n'obtint pas un grand succès ; la partition fut admirée des connaisseurs, en vue desquels M. Reber écrit sa musique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÈRE LAJOIE (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Jules Conrardy, représenté à Liège en 1858.
PÈRE RIVAL (LE)
Opéra-comique, musique de Janssens, représenté au théâtre d'Anvers le 02 février 1824.
PÉRICHOLE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après le Carrosse du Saint-Sacrement, pièce de Prosper Mérimée, musique de Jacques Offenbach.
Première représentation dans une version en deux actes, à Paris, Variétés, le 6 octobre 1868, avec Hortense Schneider (la Périchole), sous la direction du compositeur.
Un troisième acte fut ajouté à l’occasion d’une reprise aux Variétés le 25 avril 1874.
Personnages : la Périchole, chanteuse des rues (soprano) ; Piquillo, chanteur des rues, épris de la Périchole (ténor) ; Don Andres de Ribeira, vice-roi du Pérou (baryton) ; Don Pedro de Hinoyosa, gouverneur de Lima (baryton) ; le comte Miguel de Panatellas, seigneur attaché au service du vice-roi (ténor) ; le marquis de Sartarem (baryton) ; le marquis de Tarapote (basse) ; deux notaires (ténor et baryton) ; le vieux prisonnier ; Guadalena, Berginella, Mastrilla, propriétaires de l’auberge des « Trois Cousines » (sopranos, mezzo-soprano) ; Manuelita, Ninetta, Brambilla, Frasquinella, dames de la Cour (sopranos, mezzo-soprano, contralto) ; des courtisans, des citadins, des pages, des gardes, etc.
L’action se déroule à Lima, capitale du Pérou, à la fin du XVIIIe siècle.
« M. Prosper Mérimée a fait connaître, vers 1830, dans une saynète du Théâtre de Clara Gazul, la Périchole, comédienne du Pérou. Devenue favorite du vice-roi, elle parcourait dans un riche carrosse les rues de Lima, lorsqu'elle rencontra le viatique qu'on portait à un malade. A cette vue, elle éprouve un sentiment de respect religieux tel, qu'elle descend de son équipage et y fait monter le prêtre avec le viatique. Depuis ce temps, il est d'usage de porter à Lima le Saint-Sacrement dans un carrosse. Les auteurs ont bien fait de ne prendre que le nom de Périchole à cette légende dorée. Maintenant, qu'en ont-ils fait ? Cela les regarde ; nous ne les suivrons pas dans ce cabaret des Trois cousines, où il se passe des scènes inénarrables. Il suffit de dire que cette pièce appartient au genre ultra-burlesque, qu'elle a obtenu un certain succès, et que la musique de M. Offenbach est toujours plus qu'à la hauteur de ces excentricités. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Principaux personnages : la Périchole, chanteuse des rues ; Piquillo, chanteur des rues, son fiancé ; Don Andrès de Ribeira, vice-roi du Pérou ; Don Pedro, gouverneur de Lima ; le comte de Panatellas, premier gentilhomme de la chambre ; les trois cousines, cabaretières.
La scène se passe dans un Pérou de fantaisie, à une époque indéterminée.
La Périchole est quelque chose dans le goût de la Favorite, mais dans une note incomparablement plus gaie. Piquillo et la Périchole s'adorent, mais leur métier de chanteurs des rues ne leur rapporte rien, parce que Piquillo est si jaloux qu'il empêche son adorée de quêter d'une façon profitable : je m'entends ! Si bien qu'au début de l'action ils meurent positivement de faim. Et pourtant c'est un jour de liesse, le jour de la fête du vice-roi, et pour que cette solennité ne manque pas de manifestations de joie bruyantes et spontanées, le gouverneur de Lima et le premier gentilhomme de la cour ont pris de nombreuses précautions : quand le vice-roi, déguisé à l'instar d'Haroun-al-Raschid, mais instantanément reconnu dès qu'il se montre, parcourra les rues de sa capitale, partout il n'entendra que louanges sur sa personne et sur son sage gouvernement. Sans doute n'est-il point assez sot pour ne pas s'apercevoir qu'on le joue ; en soupirant il constate qu'il est difficile à un grand de connaître la vérité.
Sur la place, en face de la petite maison où le vice-roi abrite ses frasques, se trouve l'auberge des Trois Cousines. Là s'installent Piquillo et la Périchole, mais, toujours grâce à la jalousie de Piquillo, la recette est nulle. La Périchole est si lasse qu'elle se laisse choir d'inanition au seuil de la petite maison du vice-roi. Pendant qu'elle essaiera de dormir, Piquillo va tenter la fortune ailleurs.
Arrive le vice-roi, qui aperçoit la belle et qui s'en éprend de façon aussi violente que soudaine. Il lui offre à dîner et, vraiment, la pauvre Périchole n'est pas en état de refuser une offre de ce genre. Il lui propose de l'accompagner au palais. Après quelque hésitation, elle se décide et écrit à Piquillo une lettre devenue célèbre, où tout en protestant de son amour et en promettant fidélité à son ami « quant aux choses essentielles », elle lui annonce qu'elle n'en peut plus et qu'elle le quitte. Les trois cousines remettront la lettre et la pauvre fille va se mettre à table.
Le comte de Panatellas et Don Pedro ont suivi le manège de leur maître, et lorsqu'ils se sont assurés que celui-ci ne songe à rien moins qu'à prendre une favorite, ils le rappellent au règlement : celui-ci exige formellement que la favorite soit une femme mariée. « Qu'à cela ne tienne », répond le souverain amoureux : « je vous donne deux heures pour lui trouver un mari ! » La chose n'est pas fort aisée, mais le roi a parlé et, en bons courtisans, les deux compères se mettent en chasse : l'un se charge de trouver le mari, l'autre part en quête d'un notaire. Don Andrès, de son côté, va tâcher de décider la Périchole à convoler en justes noces.
Panatellas revient bredouille : personne n'a consenti à épouser dans ces conditions. Très préoccupé, il n'a pas vu Piquillo, qui a reçu la lettre de son amie et qui, de désespoir, est en train de se pendre. Il a la corde au cou lorsque Panatellas, par inadvertance, bouscule son tabouret, avec ce résultat que le pendu lui tombe sur le dos. Un désespéré : voilà son affaire ! Et il entreprend aussitôt Piquillo, négociation difficile et qui n'aboutit qu'à force de libations ; le malheureux ne consent que lorsqu'il a complètement noyé toute raison dans l'alcool.
Parallèlement à la conversion de Piquillo se négocient celles du notaire et de la mariée, et les mêmes arguments sont employés dans les trois cas. Enfin, tout le monde est au point : Piquillo, la Périchole, les notaires, ainsi que leurs convertisseurs, sont tous extrêmement lancés. Cependant, alors que Piquillo est ivre au point de ne pas reconnaître la Périchole, celle-ci reconnaît très bien Piquillo et l'épouse en parfaite connaissance de cause. La scène du mariage termine l'acte de la façon la plus cocasse.
Le second acte (que l'on coupe souvent en deux) se passe au palais du vice-roi. Toute la cour est sens dessus dessous : on vient d'apprendre que le maître prend une favorite, que celle-ci n'est qu'une chanteuse ambulante mariée pour la circonstance à un comparse complaisant et pourvu du jour au lendemain d'un nom et d'un titre ronflant. Dans un instant va avoir lieu la cérémonie officielle de la présentation de la favorite à la cour. Cette présentation doit, selon l'étiquette, être faite par le mari.
Piquillo est dégrisé. Il ne se souvient de rien et ne comprend pas pourquoi on l'a revêtu d'habits somptueux, pas davantage pourquoi il se trouve dans un palais. Il s'étonne des mines dédaigneuses des dames d'honneur et des regards méprisants des courtisans. Quand il en demande la cause, on lui répond, sur de la musique de Donizetti, qu'il vient d'épouser la maîtresse du roi. Après tout, il s'en moque, et présentera volontiers sa femme à la cour, puisqu'on ne l'empêche pas de s'unir... morganatiquement à la femme qu'il aime, et que sa complaisance doit lui procurer les ressources nécessaires à l'entretien de la Périchole. Il ignore, en effet, quelle est la femme qu'il a épousée. Tout est prêt pour la cérémonie de la présentation et le mari se dispose à remplir son office, mais lorsque la Périchole paraît et qu'en elle le malheureux reconnaît sa maîtresse infidèle, il devient amer et brutal. Les explications de son amie le trouvent sourd et obstiné : il fait un scandale et crie à sa femme son mépris et sa fureur. Conséquence : il sera conduit au cachot n° 17, réservé aux maris récalcitrants.
La sottise de Piquillo a irrité la Périchole, mais n'a pas détruit son amour. Elle désire se venger, mais de façon bénigne. Feignant de partager la colère du vice-roi, elle profite de la situation pour faire mettre son ami en liberté. Et dès qu'elle peut avoir avec lui une explication, elle tente de le faire entrer dans ses vues, qui consistent à prolonger la situation tant que l'intérêt matériel l'exigera, mais sans accorder au vice-roi la moindre privauté. Comme il ne veut rien entendre, elle se résigne en soupirant : elle renoncera à l'opulence et reprendra, avec Piquillo désormais son époux, la vie de privations et de misère. Elle fait cependant dire au vice-roi que Piquillo a réfléchi et qu'il consent à faire une présentation convenable et selon l'étiquette.
Pendant ce temps, toute la cour conspire. Il s'agit de rendre au vice-roi la vie impossible jusqu'à ce qu'il se décide à renvoyer la favorite. S'il tient à en prendre une, qu'il choisisse parmi son entourage : il y trouvera, sans peine, chaussure à son pied et toutes les complaisances voulues.
La campagne de coups d'épingle commence avec le repas du vice-roi. Abusant des privilèges de l'étiquette, don Pedro, Panatellas et les autres gentilshommes de la maison royale forcent leur auguste maître à souper de pain sec et d'eau claire. Leur audace pourrait leur coûter cher et la colère souveraine risque d'éclater sur eux en tempête.
Heureusement que survient le coup de théâtre : Piquillo et la Périchole, revêtus de leurs haillons du premier acte, viennent prendre congé du vice-roi et lui rendre tous les présents dont il les a comblés. Mais don Andrès a l'âme généreuse : il ne reprend pas ses petits cadeaux, qui serviront aux chanteurs à se mettre en ménage. Dénouement, comme on voit, ultra-moral. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Au début du mois de septembre 1868, le Figaro commençait à piquer la curiosité de Paris par l'annonce de la mise en répétition, au Théâtre des Variétés, d'une œuvre nouvelle que devait signer la grande trinité d'Opéra-bouffe : Meilhac-Halévy-Offenbach. Pour titre : la Périchole.
C'est une pièce fort bizarre, un monstre dramati-comique, hybride comme l'héroïne qui lui a donné son nom — que beaucoup de spectateurs, peu ferrés sur ses origines, prononcent d'ailleurs incorrectement. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il paraissait sur une affiche : « Périchole », en langue ibérique, provient de « cholita » : métisse, et de « perri choli » : petite chienne de métisse... tel fut l'aimable sobriquet donné par Antonio Amat, vice-roi du Pérou, à une de ses favorites — personnage historique — au commencement du siècle dernier, fille de sang mêlé, moitié Espagnole et moitié Indienne, et qui s'appelait Mariquita Villegas — enfant de la balle, devenue l'Etoile du « Coliseo » de Lima ; comédienne illustre, assure Roger Boutet de Monvel dans l'Histoire des Variétés. La grande réputation qu'elle acquit sur les planches péruviennes fit user de son surnom pour désigner un emploi : à Madrid et dans les colonies d'Amérique, on jouait les « péricholes » de même que, chez nous, les « dugazons ».
Les amateurs pourront trouver la chronique de ses fantaisies dans le numéro de l'Univers Illustré daté du 17 octobre 1868. Vers 1830, elle avait inspiré à Prosper Mérimée une nouvelle, et un acte inséré primitivement dans la seconde édition de son recueil du Théâtre de Clara Gazul : le Carrosse du Saint-Sacrement, représenté en 1850 au Théâtre-Français avec Augustine Brohan — et repris récemment sur la scène du « Vieux-Colombier ». Mais on en connaissait depuis 1835 une quelconque adaptation de Desforges, jouée au Palais-Royal sous le titre de : la Périchole — et dont le seul mérite fut d'avoir été interprétée par Virginie Déjazet.
Faisant, suivant leur habitude, un amalgame heureux de l'histoire et de la légende, Meilhac et Halévy composèrent de ces éléments leur Périchole, — sorte d'opéra-bouffe où l'on trouve déjà cependant cette grâce de mélancolie dont leur théâtre ultérieur a gardé l'empreinte, légère. La « Lettre », célèbre, est la paraphrase de celle de Manon Lescaut : « Mon amour, je t'adore et je te quitte... car c'est une vilaine mort que de mourir de faim, et je ne veux pas rendre le dernier soupir en croyant pousser un soupir d'amour... »
Mais l'Opérette n'a jamais tué personne — à peine Valentin, dans le Petit Faust... et si peu ! — Donc, nous ne sommes pas inquiets sur le sort de la Périchole et de son amant Piquillo. Ce sont deux virtuoses du pavé, chanteurs ambulants malchanceux. La ville de Lima est cependant en fête, mais on n'écoute pas leurs boléros et séguedilles « pour soirées » ; on préfère les saltimbanques (ce qui prouve qu'en tous pays et de tout temps le goût du public est toujours mauvais) ; c'est à peine si deux ou trois maravédis ont daigné choir dans leur sébille... « et encore, il y en a un qui a des façons de sonner !... » Bref, c'est la « miseloque ». D'autant que Piquillo, jaloux, ne veut pas que la Périchole fasse la quête elle-même — les Péruviens ayant la main plus prompte à saisir sa taille que leur aumônière — aussi préfère-t-il la laisser dormir (qui dort dîne), au coin d'une borne, car elle est bien lasse. Et, pendant ce temps, il ira tâcher d'attendrir les âmes sensibles, aux pincements de sa guitare.
Voici venir le vice-roi du Pérou, don Andrés de Ribeira, dissimulant sous un vaste parapluie rouge sa tête exempte de couronne et coiffée du chapeau de dom Basile : il essaye de circuler incognito, comme le calife Haroun-al-Raschid dans les rues de sa capitale — soi-disant en quête de la Vérité, mais surtout de « petites femmes » moins décourageantes que cette mythologique personne. Justement il trébuche sur notre Esmeralda, qu'il arrache à des rêves reluisants et nutritifs. Et comme il a le cœur tendre — un peu trop — il lui propose d'aller souper en tête-à-tête... La Périchole se méfie. Mais cet inconnu, décidément emballé, fait appel à des arguments irrésistibles : ses poches sont pleines de piastres — enfin, suprême séduction, il se décide à décliner sa qualité vice-royale... Que voulez-vous, la pauvre fille est à jeun depuis trop longtemps — et, qui sait, l'Occasion n'a pas tant de cheveux... le vice-roi non plus, d'ailleurs ; il n'est guère compromettant... enfin, la Fortune est peut-être là, pour elle et pour son ami — et elle se résigne à lui écrire la lettre que vous savez... Hortense Schneider la disait merveilleusement. « Sa voix moqueuse se voilait de tendresse et d'une élégante sensualité. » De son côté, le grand José Dupuis, qui jouait Piquillo, se révélait parfaitement émouvant lorsque, découragé, cherchant un peu de réconfort auprès de sa maîtresse, il ne trouvait en revenant que ses paroles d'adieu... « Et il avait alors une scène muette où, tandis que les violons reprenaient en sourdine le motif de la Lettre : « O mon cher amant, je te jure que je t'aime de tout mon cœur... », il lui suffisait de quelques expressions de physionomie pour attendrir à fond toute la salle. » Ce n'était presque plus de l'Opérette... Mais, dit Robert de Flers, « lorsque Piquillo va se pendre, nous savons bien qu'une opportune ritournelle jaillira de l'orchestre pour l'en empêcher à temps... » Un soir, même, ce fut bien juste ; et le suicide dérisoire faillit tourner au tragique par la faute du caoutchouc qui refusa d'allonger la corde au bout de laquelle l'infortuné comédien commençait à grimacer sérieusement...
Et, vite, c'est la bacchanale ! Don Andrés, absolument fou de la Périchole, veut l'amener à la cour, comme favorite. Mais, une loi péruvienne l'exige, pour y figurer « honorablement » à ce titre, il importe qu'elle soit mariée... C'est ce que, sans ambages, rappellent à leur souverain des courtisans ombrageux — qui se seraient si fort accommodés de voir leurs propres femmes occuper l'emploi, lucratif ! Le vice-roi leur donne une heure pour dénicher un « du Barry »... Et Piquillo tombe du ciel, à l'extrémité de son lacet. On le dépend avec la dernière énergie ; puis, pour endormir sa conscience, on se met en devoir de l'enivrer. La Périchole est déjà grise ; mais elle, encore lucide, a pu reconnaître le mari qu'on lui destine... ce qui a pour effet de lever ses derniers scrupules — car elle avait toujours rêvé d'épouser son amant, sans qu'ils eussent jamais réussi à ramasser une recette suffisante pour les frais de cérémonie... Les notaires, réquisitionnés, font quelques difficultés, parce que c'est jour de fête : on noie leurs objections dans tous les vins d'Espagne imaginables — et il y en a !... pour tout le monde ; si bien que, le contrat signé — en titubant — cet acte (un chef-d'œuvre) s'achève dans l'ébriété générale.
Les scènes suivantes parodient agréablement l'opéra bien connu : la Favorite. Dégrisé, Piquillo repousse avec indignation sa Périchole — et il ne cache pas au vice-roi ce qu'il pense de ses manières... On saute sur ce rebelle avec des bonds de batracien, et on l'incarcère dans le cachot n° 17 — où sa femme vient le retrouver, s'épuise à lui faire entendre raison, et n'y parvient qu'après avoir accepté de restituer à don Andrés les « honneurs », titres et présents dont il comptait les accabler en échange de leurs complaisances. Ils sont secondés en cela par toute la noblesse péruvienne, qui n'accepterait pas qu'une étrangère vînt usurper ses privilèges : on est en train de faire une existence insoutenable à ce malheureux vice-roi... Bon prince, il rendra la liberté aux deux musiciens, non sans dorer la médiocrité où il les rejette — grâce à d'honnêtes honoraires — en reconnaissance du talent qu'ils déploient à chanter son auguste clémence... et qui leur vaudra sans doute un brillant engagement aux « Variétés » de Lima.
***
Celles de Paris ont représenté la pièce en question pour la première fois le 6 octobre 1868. Le premier acte et le second tableau allèrent aux nues, mais les derniers semblèrent à peu près manqués : Schneider n'obtenait pas son succès coutumier, et on allait jusqu'à trouver qu'elle s'inspirait, mal, de Thérésa. — Francisque Sarcey fut sévère ; et Jules Janin — qui n'aimait d'ailleurs aucune Opérette — concluait de la Périchole que « ce n'était pas le Pérou » !
Librettistes et musicien passèrent la nuit sur le champ de bataille pour panser les blessés — raconte Jérôme dans l'Univers Illustré. Ils amputaient à celui-ci une scène ; à celui-là, un air ; à d'autres une phrase, un mot, deux mesures, un vers pesant, un calembour éclopé... quelques morceaux de chant durent changer de place. On fit reprendre au second acte les couplets bissés : « Les femmes, les femmes, il n'y a que ça ! » — l'opérette se terminait par une autre reprise, en chœur, celle du motif déjà populaire : « Il grandira, car il est Espagnol ! »
Ainsi allégée, la Périchole rebondit vers le succès définitif. Cependant, elle s'est toujours un peu ressentie de l'opération. Les Variétés donnèrent le 25 avril 1874 une version nouvelle en trois actes et quatre tableaux. C'est alors que l'on vit surgir « le vieux prisonnier » (Lassouche) — fantoche tragi-comique, sortant de son oubliette comme une caricature de Monte-Cristo, sous sa défroque déchiquetée, élimée, éraillée... « où tout ce qui n'est pas un trou est une tache ».
La pièce a été depuis reprise par Judic, et, dans la suite, par Granier, sous une autre forme, remaniée encore d'après les deux premières. Telle quelle, aujourd'hui, elle sert généralement d'adieux aux compagnies d'Opérette, en fin de saison. Les artistes chantent avec conviction : « Nous vous quittons ainsi que l'hirondelle ; vers d'autres cieux, nous prenons notre vol... » Et, une fois de plus, on entend avec joie ces pétillantes mélodies, que l'on n'oublie jamais. — Certains accusaient Offenbach de se répéter. Mais, riposta le Gaulois, « sa Muse est revêtue d'une robe de moire aux reflets changeants ; c'est toujours la même étoffe, ce n'est jamais le même ton »... et l'on se sent encore irrésistiblement gagné par cette exhilarante griserie qui, s'évaporant sur la salle, faisait, aux Variétés, sautiller dans leurs stalles les gandins du dernier Empire. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PÉRIGOURDIN (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Gossec, écrit pour le service du prince de Conti et représenté chez ce personnage. Cet ouvrage ne fut jamais joué sur un théâtre public.
PÉRINETTE
Saynète lyrique, livret de Lussan, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 29 octobre 1855. Morceaux remarqués : couplets de Périnette : Les plus beaux garçons du village, et ceux de Paimpol : Petite négresse, sauvagesse. Jouée par Berthelier et Mlle Delmont.
« Le soir même et à deux pas du théâtre, une sirène de café-concert désolait les échos des Champs-Élysées en chantant les Vingt sous de Périnette. Il est bon de prévenir la postérité que la jolie cantilène de M. P. Henrion datait alors de deux ans au moins et ne faisait, par conséquent, aucune allusion méchante à la recette des Bouffes. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
PERKAIN
Légende lyrique en trois actes, livret de Pierre-Barthélemy Gheusi, d'après une légende basque de Pierre Harispe, musique de Jean Poueigh.
Créé au Grand Théâtre de Bordeaux, le 16 janvier 1931, dans une mise en scène de O. Guichard, décors et costumes de Ramiro Arrue, par :
Mme E. d'ARDENNE (Gatchucha).
MM. SINGHER (Perkain), CUBERO (le Commissaire de la Convention), REYBAUD (Dominique Iharour), BENOIT (Kurutchet le Gaucher), sous la direction de Henri MORIN.
Première fois au Palais Garnier, le 26 janvier 1934 (répétition générale publique le 25 janvier) ; décors et costumes dessinés par Ramiro Arrue ; mise en scène de Pierre Chereau.
Mmes Marthe NESPOULOUS (Gatchucha), MAHE (Mayaléna), BACHELLAT (Karméla), POPOVA (la Gitane), HAMY (une Bergère).
MM. SINGHER (Perkain), DE TREVI (le Commissaire de la Convention), ETCHEVERRY (Dominique Iharour), FABERT (Kurutchet-le-Gaucher), GILLES (le Barde), LE CLEZIO (Pierre d'Assance), CLAVERIE (le Catalan), DE LEU (l'Officier), CAMBON (le Chevrier), MADLEN (le Crieur de jeu).
Danses réglées par Léo STAATS : Mlle Narti MORALES, MM. GOUBE, P. DUPREZ et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : François RÜHLMANN
6e à l’Opéra, le 07 mars 1934, avec les créateurs, sauf :
MM. LE CLEZIO (le Commissaire de la Convention), DE LEU (Pierre d'Assance, l'Officier).
6 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« L'action se passe en pays basque. Le joueur de pelote Perkain, bien que sa tête ait été mise à prix par la Convention, n'en vient pas moins célébrer sur les bords de la Nive ses fiançailles avec Gatchucha, la fille du vieux Dominique, lequel, pour soustraire les trésors de l'église aux révolutionnaires, les a cachés. Naturellement, le commissaire de la Révolution arrive au plus beau moment de la fête ; mais Perkain est allé chercher du renfort et chasse les miliciens. Ceux-ci n'en prendront pas moins Gatchucha comme otage. Mais Perkain, déguisé, nargue le commissaire et lui échappe. Cela s'arrangera. Le commissaire est basque ; il est désarmé par les gens du pays ; Perkain lui reproche alors d'avoir abandonné les siens, de sorte que le révolutionnaire repenti et le joueur de pelote tombent dans les bras l'un de l'autre. Un dénouement si naïf est-il vraiment fait pour troubler les cœurs des abonnés et des habitués de l'Opéra ? On n'ose le croire. A vrai dire, tout cela n'est que prétexte à réjouissances et danses. Le compositeur Jean Poueigh a largement puisé dans le fonds populaire pour établir ses motifs de zortzico, de fandango, de jota ou de habanera. Peut-être a-t-il trop chargé d'harmonies singulières et d'une instrumentation lourde et compliquée ce qui aurait dû conserver une allure simple et légère. Trop de savoir ici nuit. Trop ou pas assez. Mlle Morales n'en obtint pas moins un vif succès dans ses danses gitanes. »
(Larousse Mensuel Illustré, 1934)
PERLE DE BRINBORIO (LA)
Opérette-bouffe en trois actes, paroles de M. Castelan, musique de M. Coupin, représentée à Marseille en mars 1888.
PERLE DE CHICAGO (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Dekobra, musique de Sylvabell-Demars, créée à la Gaîté-Lyrique le 22 mai 1924 avec Mlles Stuart, Denise Cam, Marguerite Gilbert, MM. Morton, Robert Jysor, Marck.
PERLE DE FRASCATI (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Emilien Pacini, musique d’Amédée Roubin, représenté au théâtre de l'opéra de Rouen, le 9 février 1859.
PERLE DE JADE
Opérette en un acte, paroles d’Alban de Polhès, musique de Ludo Ratz, représentée au théâtre des Capucines le 11 mai 1903.
PERLE DE NAPLES (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles Mauris, musique d’Abel Auscher, représenté à Cauterets en août 1885. L'auteur de la musique était avocat à Marseille.
PERLE DU BRÉSIL (LA)
Drame lyrique en trois actes, livret de J. Gabriel de Lurieu (1795-1869) et Sylvain Saint-Etienne, musique de Félicien David.
Création à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique), le 22 novembre 1851, sous la direction d’Alphonse Varney, avec Mlles Zoé Duez (Zora), Adèle Guichard (la comtesse de Cavallos), MM. Lucien Bouché (Don Salvador), Philippe (Lorenz), Soyez (Rio), François Marcel Junca, Lourdel [Biéval], Prouvier, Wilhems (quatre Chefs brésiliens).
Représenté au Théâtre-Lyrique le 10 mars 1858, avec Mmes Caroline Miolan-Carvalho (Zora), Moreau (la comtesse de Cavallos), MM. Balanqué (Don Salvador), Pierre Jules Michot (Lorenz), Fromant (Rio), Emile Wartel, Auguste Legrand, Armand Potel, Sérène (quatre Chefs brésiliens).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 17 en 1851, 47 en 1852, 4 en 1853, 39 en 1858, 9 en 1859, 15 en 1863, 13 en 1864.
Première à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 mai 1883, décors de Jean-Baptiste Lavastre, Auguste Rubé et Philippe Chaperon, costumes de Théophile Thomas, avec Mmes Nevada (Zora), Lucie Dupuis (la comtesse de Cavallos), MM. Cobalet (l'amiral Don Salvador), Jean Mouliérat (Lorenz), Chennevière (Rio), Belhomme, Lescoutras, Octave Labis, Carroul (quatre Chefs brésiliens), Lucien Collin (Don José), Gourdon (Don Inigo), Pierre Julien Davoust (Diego), Teste (Numez).
« L'action se passe successivement à la cour de Portugal, en pleine mer et dans une forêt du Brésil. Elle offre plus d'une analogie avec le poème de l'Africaine. L'amiral Salvador a ramené, d'un de ses voyages, la jeune sauvagesse Zora. Grâce à l'éducation brillante qu'il lui a donnée et à ses charmes naturels, elle est devenue l'idole de la cour, et il compte en faire sa femme. On met à la voile. Le jeune lieutenant Lorenz, aimé de Zora, est à bord sous le déguisement d'un simple matelot. L'amiral le reconnaît, et il va se venger d'un rival, lorsqu'une tempête survient et l'oblige à différer sa vengeance. Le vaisseau s'abîme dans les flots et l'équipage parvient à se réfugier sur la côte brésilienne. Les naturels du pays accourent, cernent les Européens, et les menacent de leurs tomahawks. Une voix de femme se fait entendre, c'est celle de Zora invoquant le Grand Esprit. Les Brésiliens tombent à genoux, reconnaissent leur jeune compatriote ; la paix est conclue, et Zora obtient facilement du vieil amiral la permission d'épouser Lorenz, qu'elle aime. La Perle du Brésil est le premier ouvrage dramatique de M. Félicien David. Le genre descriptif y occupe encore une grande place. La fête maritime du deuxième acte, la scène du hamac dans la forêt, le chant des oiseaux, la tempête sont exprimés avec cette couleur ingénieuse et originale qui ont valu un succès si mérité à l'auteur du Désert et de Christophe Colomb. Les qualités dramatiques dont il a fait preuve dans Herculanum et Lalla-Roukh sont déjà fort développées dans le troisième acte de la Perle du Brésil. Parmi les morceaux saillants et les plus remarqués de l'ouvrage, nous citerons le chant du Mysoli, et la ballade : Entendez-vous dans les savanes. Les rôles furent créés par le ténor Philippe, Soyer, la basse Bouché, Mlle Guichard et Mlle Duez, gracieuse et brillante élève de Mme Damoreau, qui, dans le rôle de Zora, et particulièrement dans les couplets du Mysoli, a fait preuve d'une sûreté d'intonation et d'une agilité merveilleuses. Ce rôle a été depuis chanté, en 1858, avec le plus grand succès, par Mme Miolan-Carvalho, au Théâtre-Lyrique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le premier opéra de M. Félicien David. Cette fois l'auteur du Désert, en cherchant son inspiration dans les forêts de l'Amérique, n'avait fait que changer de paysage, mais sans perdre de vue le soleil des tropiques, toujours si propice à l'éclosion de ses mélodies. La Perle du Brésil (primitivement répétée à l’Opéra-Comique par Battaille, Audran et Mme Ugalde) fut chantée au Théâtre-Lyrique par Mlle Duez (Zora), Philippe (Lorenz), Bouché (Salvador), Junca (un Brésilien), Soyer (Rio), Mme Guichard (la Comtesse). Le succès fut très grand et consolida le crédit artistique du nouveau théâtre. — F. David a repris depuis sa partition en sous-œuvre, et en a donné une édition où le dialogue parlé est remplacé par des récitatifs. La traduction italienne y suit parallèlement le texte français ; elle a été faite par M. de Thémines-Lauzières, très expert dans ces délicats travaux. — Voir Félicien David, sa vie et son œuvre, par Alexis Azevedo ; gr. in-8°, avec portrait et autographes ; Paris, 1863. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PERLE DU CANTAL (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau, musique de Frédéric Toulmouche, représentée aux Folies-Dramatiques le 02 mars 1895.
PERMISSION DE DIX HEURES (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville, Pierre Carmouche et Charles Nuitter, musique de Jacques Offenbach, représenté à Bad Ems le 20 juillet 1867. Le livret est amusant, la musique agréable. On a remarqué un air de baryton, un duo et un quatuor intéressant. Chanté par Gourdon, Grillon, Mme Colas et Mlle Lemoine. Il fut représenté à Paris au théâtre de la Renaissance le 04 septembre 1873.
PÉRONNE SAUVÉE
Opéra en trois actes, paroles de Billardon de Sauvigny, musique de Dezède, représenté à l'Académie royale de musique le 27 mai 1783. L'héroïsme de Marie Fouré, qui se mit à la tête des habitants de Péronne pour repousser les assiégeants, fait l'objet de cette pièce patriotique.
« Cet opéra ne réussit point ; on y remarqua cependant deux chœurs dont l'animation contrastait avec les autres morceaux de ce froid ouvrage. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PERRIN ET LUCETTE
Comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Bertin Davesne, musique de Giovanni Cifolelli. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 25 juin 1774. Cette pièce, avec l'Italienne, forme tout le bagage dramatique de l'habile mandoliniste.
PERRUCHE (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri Dupin et Philippe Dumanoir, musique de Louis Clapisson. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 28 avril 1840. Ce petit ouvrage a eu du succès, et pendant longtemps il est resté au répertoire comme lever de rideau. Le canevas de la pièce est trop léger pour supporter l'analyse. Il y a dans la partition des chansons auvergnates, un duo du Baiser, chanté par Jean-Baptiste Chollet et Zoé Prévost, un air de Porteur d'eau et un quatuor final dans lesquels on a remarqué de la verve et une gaieté charmante. L'orchestration en est fort distinguée. Mlle Berthault et Ricquier ont joué plutôt que chanté les rôles secondaires.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PERRUQUE DE CASSANDRE (LA)
Opérette en un acte, livret d'Altaroche, musique d'Edouard Montaubry, créée aux Folies-Nouvelles le 11 mai 1857. => détails
PERRUQUE DU BAILLI (LA)
Opérette de Pauline Thys, exécutée chez l'auteur en février 1861.
PERRUQUE ET LA REDINGOTE (LA)
[la Redingote et la perruque] Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique de Rodolphe Kreutzer et Frédéric Kreubé. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 25 janvier 1815.
PERRUQUIER DE LA RÉGENCE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard et Paul Duport, musique d'Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 30 mars 1838 avec Mmes Jenny Colon (Agathe), Marie Julie Boulanger (la Duchesse de Grandval), MM. Jean-Baptiste Cholet (Fléchinel), Gustave Roger (le Marquis de Forlange), Henri (le Czar Pierre le Grand), Paul Jean Fargueil (La Rose), Victor (Mikalof).
Cet ouvrage est le second que le compositeur ait fait représenter. Il eut un assez grand nombre de représentations. Le poème ne valait pas celui de la Double échelle, ce qui n'empêcha pas M. Ambroise Thomas de le traiter avec une élégance et une pureté de style qui ne se démentent jamais. Le duo, le trio et l'ensemble du second acte surtout ont été remarqués. Jean-Baptiste Chollet et Mlle Jenny Colon y ont rempli les principaux rôles.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PERSÉE
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully.
Première représentation à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal) le 17 avril 1682 sous la direction du compositeur, et ensuite à Versailles, dans le mois de juin.
« Ce sujet avait déjà été traité, par Thomas Corneille, sous le nom d'Andromède, tragédie dans laquelle la mise en scène et les machines tenaient lieu de beautés littéraires. On ne trouve pas dans le prologue de la pièce de Quinault les adulations banales dont le grand roi était presque invariablement l'objet. Le poète célèbre la Vertu, l'Innocence, et aussi la Fortune. Le motif du chœur suivant est gracieux.
O Vertu charmante !
Votre empire est doux.
Avec vous, tout nous contente,
On n'est point heureux sans vous.
O Vertu charmante !
Votre empire est doux.
L'opéra de Persée offrait un des plus beaux spectacles qu'on puisse imaginer. On célébrait d'abord des jeux en l'honneur de Junon, puis au second acte, on voyait les jardins du palais de Céphée, roi d'Ethiopie, père d'Andromède ; ensuite, l'arrivée des cyclopes, des nymphes guerrières apportant à Persée, de la part de Pallas, un bouclier de diamant ; des Divinités infernales lui offrant le casque de Pluton. Au troisième acte, le théâtre représentait l'antre des Gorgones, Méduse y déclamait son récitatif célèbre :
J'ai perdu la beauté qui me rendait si vaine.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Si je perds la douceur d'être l'amour du monde,
J'ai le plaisir nouveau d'en devenir l'effroi.
On voyait Persée trancher la tète de Méduse, des monstres se former du sang de cette Gorgone, et Persée vainqueur s'envoler dans les airs.
L'acte IV se passait au bord de la mer. Andromède, attachée à un rocher par des Tritons et des Néréides, excitait la compassion des Ethiopiens placés sur des rochers, et le désespoir de ses parents, impuissants à la secourir. On voyait la mer en fureur, le monstre s'approcher de l'infortunée jeune fille, et Persée dans les airs accourant la délivrer.
Au dernier acte, les noces de Persée et d'Andromède étaient célébrées. On voyait descendre le palais de Vénus, et le spectacle était terminé par l'apothéose de Céphée, Cassiope, Persée et Andromède, entourés d'étoiles étincelantes.
C'est une des meilleures partitions de Lulli. Nous citerons particulièrement l'air de Mérope :
Ah ! je garderai bien mon cœur,
Si je puis le reprendre.
L'air de ténor, chanté par Mercure :
Je ne puis dans votre malheur.
Celui de Phinée :
L'amour meurt dans mon cœur, la rage lui succède ;
J'aime mieux voir un monstre affreux
Dévorer l'ingrate Andromède,
Que la voir dans les bras de mon rival heureux.
L'air de l'Ethiopien, suivi d'un chœur d'un effet charmant :
Que n'aimez-vous,
Cœurs insensibles ?
Que n'aimez-vous ?
Rien n'est si doux,
Et enfin, au cinquième acte, le récitatif du grand prêtre, suivi du chœur :
O doux hymen, sois propice à nos vœux.
Le rôle de Phinée, dans l'opéra de Lulli, a été écrit pour baryton, alors appelé basse-taille, et le chanteur Thévenard donna à ce genre de voix une importance jusque-là inconnue. Il fut suppléé dans ce rôle par Chassé.
L'opéra de Persée a été repris sept fois de 1682 à 1746. Le rôle de Mérope a été chanté successivement par Mlles Le Rochois, Desmatins, Pestel, Antier, Chevalier ; celui de Persée par Dumesnil, Cochereau, Murayre, Tribou et Jélyotte. Nous avons mentionné plus haut le célèbre chanteur Thévenard. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Les rôles de Céphée, Phinée, Persée, Méduse, de Mérope et Andromède eurent pour interprètes : Dun, Beaumavielle, Duménil, Desvoyes, Marthe le Rochois et Aubry.
La petite Desmatins, nièce de Beauchamps, alors âgée de douze ans, chanta et dansa avec succès dans cet opéra, où le danseur Pécourt se fit vivement applaudir.
Reprises : 1687, 1703, 1710, 1722, 1723, 1737 et 1746.
Des quatre parodies de cet opéra, celle de Fuzelier (Arlequin Persée, 1720) passe pour la meilleure.
Parmi les morceaux les plus mélodieux de cet ouvrage, citons le trio : O dieux ! qui punissez l'audace et l'évocation : Hymen, ô doux hymen ! sois propice à nos vœux ; rappelons parmi ceux qu'on trouvait alors travaillés le début du 3e acte, le chœur : Descendons sous les ondes et le duo entre Phinée et Mérope (acte IV, sc. II), et signalons surtout aux musiciens le monologue de Méduse et la scène des Gorgones. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PERSÉE
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Marmontel, d’après le livret de Philippe Quinault, musique par Philidor.
Première représentation à l'Académie royale de musique (2e salle du Palais-Royal) le 27 octobre 1780, avec Legros (Persée), Larrivée (Phinée), Lainé (Mercure); Mlles Levasseur (Andromède), Durancy (Méduse), sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
« Le compositeur se montra à la hauteur de cette tâche ambitieuse. Les chœurs sont très beaux, et le rôle de Méduse, interprété par Mlle Durancy, fut surtout très admiré. Cependant cet ouvrage ne resta point au répertoire. Un décor incrusté de diamants, représentant le palais de Vénus, dont le roi avait fait don à l'Opéra, ne produisit qu'un effet médiocre, faute d'être éclairé convenablement. Le réalisme matériel ne convient pas mieux au théâtre que le réalisme moral. Nous signalerons l'air de Méduse : J'ai perdu la beauté qui me rendait si vaine, dont la facture et l'expression sont des plus remarquables. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage ne réussit pas, et cependant le chœur final du 2e acte, les chœurs des Éthiopiens et des Tritons, le duo de la tempête, le récitatif et l'air de Méduse sont des morceaux à placer à côté des belles pages de Gluck.
Mlle Durancy chanta le rôle de Méduse avec une telle fougue qu'elle mourut des funestes conséquences de son ardeur trop généreuse, à l'âge de 34 ans. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PERSÉE ET ANDROMÈDE ou LE PLUS HEUREUX DES TROIS
Opéra en deux actes, livret de Nino, tiré des Moralités légendaires de Jules Laforgue, musique de Jacques Ibert.
Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 15 mai 1929 ; décors et costumes d'après les maquettes de Jean-Gabriel Daragnès, décor exécuté par Georges Mouveau ; mise en scène de Pierre Chereau ; chorégraphie de Léo Staats.
Mmes Fanny HELDY (Andromède), MANCEAU (Thétis), MARILLIET, LALANDE, MORTIMER, DOULS, LUMIERE (les Néréides).
MM. Miguel VILLABELLA (Persée), André PERNET (le Monstre).
Mlles ELLANSKAIA et Alice BOURGAT (les Furies).
Chef d'orchestre : Henri BÜSSER
11e à l’Opéra, le 22 janvier 1930, avec les créateurs, sauf :
Mmes HAMY et MESLIN à la place de Mmes MARILLIET et LUMIERE.
N. B. — Le rôle de « Persée » fut également chanté à l’Opéra par M. VERGNES (1930).
11 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Andromède, sur son rocher, est prisonnière d'un monstre amoureux d'elle. Mais elle ne rêve qu'à l'inconnu qui viendra la délivrer. C'est Persée qui sans pitié tue le monstre. Mais alors la jeune femme, révoltée par la cruauté de Persée refuse de le suivre ; elle comprend que seul le monstre l'aimait vraiment, elle l'embrasse, et celui-ci ressuscite. Jacques Ibert sur ce livret ironique a écrit une musique fort aimable, un peu debussyste, mais fort bien orchestrée. »
(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1929)
PERSES (LES)
Tragédie en deux actes imitée d'Eschyle par André-Ferdinand Herold, avec musique de Xavier Leroux, représentée à l'Odéon le 05 novembre 1896.
PERUGINA
Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville, musique d'Hippolyte Monpou, représenté au théâtre de la Renaissance au mois de décembre 1838. Cette pièce avait déjà été jouée au Gymnase, le 16 mai 1821, sous le titre de la Meunière, paroles de Scribe et Mélesville. Trois artistes, depuis célèbres, ont attaché leur nom à ce modeste vaudeville. Il a servi aux débuts de la cantatrice Mme Méric Lalande, qui a été l'interprète des principaux chefs-d'œuvre sur les scènes de l'Europe. La musique du vaudeville de la Meunière a été composée par Garcia, le ténor renommé, père de la Malibran et de Mme Pauline Viardot ; enfin le rôle de Pierre fut joué par Pitrot, qui fut un des niais les plus amusants du Vaudeville. La partition de Perugina n'a pas d'importance au point de vue musical. On y a distingué à peine une ou deux romances.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÉRUVIENS (LES)
Opéra, musique d’Arquier, représenté à Tours en 1798.
Opérette en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Audran, représentée aux Bouffes-Parisiens le 31 mars 1885. Interprètes : MM. Maugé, Piccaluga, Pierre Joseph de Mesmaecker, Mmes Louise Thuillier-Leloir, Piccaluga et Becker.
PETER GRIMES
Opéra en un prologue, trois actes, un épilogue et six tableaux, livret de Montagu Slater, d'après The Borough (le Bourg), poème de George Crabbe (1810), musique de Benjamin Britten.
Personnages : Peter Grimes, un pêcheur (ténor) ; John, son mousse (rôle muet) ; Ellen Orford, la maîtresse d’école (soprano) ; Balstrode, capitaine de la marine marchande en retraite (baryton) ; Auntie, patronne de l’auberge du Sanglier (contralto) ; la première et la seconde nièces (sopranos) ; Bob Boles, un pêcheur méthodiste (ténor) ; Swallow, le magistrat (basse) ; madame Sedley, une riche veuve (mezzo-soprano) ; le révérend Horace Adams (ténor) ; Ned Keene, l’apothicaire (baryton) ; le docteur Thorp (rôle muet) ; Hobson, le charretier (basse) ; Chœur : les habitants du bourg et les pêcheurs.
L’action se déroule dans « The Borough », un village de pêcheurs de la côte Est de l’Angleterre, vers 1880.
Créé à Londres, Sadler’s Wells Theatre, par le Sadler's Wells Company, le 7 juin 1945, avec : Mmes Joan CROSS (Ellen), Blanche TURNER et Minnia BOWER (ses Nièces), Valette IACOPI (Mrs Sedley), Edith COATES (Auntie).
MM. Peter PEARS (Peter Grimes), Roderick JONES (le Capitaine), Owen BRANNIGAN (Swallow), Morgan JONES (Soles), Tom CULBERT (le Pasteur), Edmund DONLEVY (Ned Keene), sous la direction de Reginald GOODALL et dans une mise en scène de Eric CROZIER.
Premières fois, à Stockholm en 1945 ; à Zurich, en 1948 ; à Berlin, à Milan en 1947 ; à New York en 1948.
Première fois à Paris, au Palais Garnier, le 11 juin 1948, en anglais, par la Troupe du Théâtre Covent-Garden de Londres. — Décors et costumes de Tanya Moiseiwitch — Mise en scène de Tyrone GUTHRIE.
Mmes Doris DOREE (Ellen), Muriel RAE et Muriel BURNETT (ses Nièces), Constance SHACKLOCK (Mrs Sedley), Hilde BUCHEL (Auntie, l'Aubergiste).
MM. Richard LEWIS (Peter Grimes), Tom WILLIAMS (le Capitaine, Balstrode), Owen BRANNIGAN (Swallow), Hubert NORVILLE (Bob Boles), Rhydderch DAVIS (Hobson), David TREE (le Pasteur), Graham CLIFFORD (Ned Keene), Dorek NORTH (l'Apprenti).
Les Chœurs du Covent-Garden, Chef : Douglas ROBINSON.
Chef d'orchestre : Karl RANKL
2 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Une version française de Roger Lalande, a été créée à Strasbourg, le 29 mars 1949, sous la direction de Frédéric ADAM, avec Mmes Mireille SABATTIER (Ellen Oxford), Edith COATES (Auntie), MM. Roger BARNIER (Peter Grimes) et Yves NOEL (Capitaine Balatrode), dans une mise en scène de Roger LALANDE.
Résumé.
L'action se passe dans un bourg de pêcheurs, sur la côte orientale de l'Angleterre, autour de 1830, et décrit le tragique conflit entre l'individualité et la masse.
Peter Grimes est impopulaire, parce que différent des autres, emporté et original. Le Capitaine Balstrode lui voue cependant de la sympathie et l'institutrice Ellen Orford tente de lui venir en aide, mais en vain. La fatalité aidant, Peter Grimes est accusé du meurtre de son apprenti, et son comportement désordonné aggrave encore l'inimitié de la population à son égard. Le malheureux sombre finalement dans la folie et disparaît en mer.
PROLOGUE. — Intérieur de la maison communale aménagée en salle de justice.
Hobson, le voiturier, fonctionnant comme huissier, introduit devant le Juge Swallow le pêcheur Peter Grimes qui doit répondre de la mort de son apprenti disparu durant une tempête. L'interrogatoire est souvent interrompu par les interventions des assistants. Mrs Sedley et l'institutrice Ellen Orford prennent brièvement la parole. L'innocence de Peter Grimes est établie, mais, à l'ouïe du verdict, un vaste tumulte éclate, au milieu duquel Peter Grimes n'arrive pas à se faire entendre. Enfin, la foule sort et Peter Grimes demeure seul avec Ellen Orford qui tente de le calmer et de le réconforter.
ACTE I.
1er TABLEAU : Dans la rue du bourg, non loin de la mer. Quelques jours plus tard.
[Introduction Symphonique]. Les pêcheurs et leurs femmes vaquent nonchalamment à leurs travaux. L'animation est grande devant le « Board », petite auberge, dont l'hôtesse, « Auntie » invite les passants à entrer.
Peter Grimes appelle à l'aide pour haler son bateau. Seuls Balstrode et Keene lui répondent. Le bateau mis en lieu sûr, Peter Grimes s'approche avec Keene, lequel lui offre comme nouvel apprenti un pupille de l'hospice, qu'Ellen ira chercher avec Hobson.
Une longue discussion s'engage entre Peter Grimes, Keene et les gens du bourg, avec intervention de Mrs Sedley. Puis tous entrent dans le « Board ». Resté en arrière, Peter Grimes dialogue avec Balstrode, lui avouant son désir d'épouser Ellen. Enfin, Peter Grimes demeure seul, aspirant à une tranquillité qu'il ne trouve point [Rêve de Peter Grimes : What harbour shelters peace ?...].
[Interlude Symphonique (Orage)].
2e TABLEAU : A l'intérieur du « Board ».
La tempête déferle au dehors. « Auntie » accueille Mrs Sedley et offre un abri aux pêcheurs surpris par l'orage. Suivent divers épisodes gais ou sérieux. Peter Grimes arrive à son tour, venant attendre le retour d'Ellen avec son nouvel apprenti. Les pêcheurs l'accueillent assez fraîchement. Pour calmer les esprits, Balstrode propose une chanson d'ensemble, qui est entonnée par tous [Ronde en canon : Old Joe, has gone fishing...]. Elle est interrompue par le retour d'Ellen qui revient avec Hobson et Boy, le nouvel apprenti, tous trois trempés jusqu'aux os. En dépit de la tempête, Peter Grimes part avec Boy apeuré.
ACTE II.
1er TABLEAU : Dans la rue (Comme au 1er acte). Plusieurs semaines après.
[Introduction Symphonique]. L'action débute dans la tranquille atmosphère d'un dimanche matin, au son des cloches de l'église. Pendant que le service religieux se déroule dans le temple, Ellen s'entretient amicalement avec Boy. Peter Grimes arrive, voulant emmener Boy à la pêche. Ellen s'y oppose, mais Peter Grimes, ne se souciant point du dimanche, s'entête et le ton monte. Le gamin s'enfuit alors, poursuivi par Peter Grimes. Ellen s'éloigne bientôt par un autre chemin. Les voisins, qui ont observé toute la scène derrière leurs persiennes mi-closes, ameutent les fidèles qui sortent du temple. Bientôt la foule se dirige, menaçante, vers la demeure de Peter Grimes. Seules Ellen, « Auntie » et ses deux nièces demeurent en arrière [Quatuor : From the gutter...].
[Interlude Symphonique (Passacaille)].
2e TABLEAU : Dans la hutte de Peter Grimes.
Très exalté, Peter Grimes expose à Boy ses projets. Mais le grondement de la foule qui s'approche a pour effet de l'exaspérer de plus en plus. Finalement, il fait sortir Boy par une porte donnant sur la falaise, s'apprêtant à le suivre. Mais, comme on frappe à l'autre porte, Peter Grimes revient sur ses pas. Un cri retentit alors : c'est Boy qui est tombé à la mer. Peter Grimes se précipite à son secours. Les pêcheurs, le Révérend Horace Adams à leur tête font irruption dans la hutte vide. Ils en ressortent bientôt, sauf Balstrode qui va jeter un coup d'œil sur la falaise.
ACTE III.
1er TABLEAU : La rue (comme au 1er acte). Quelques jours plus tard.
[Introduction Symphonique (Clair de lune)]. On perçoit les échos d'un bal. L'atmosphère est tendue. Mrs Sedley vient conter à Keene la disparition de Boy, exprimant sa conviction que Peter Grimes est un assassin. Keene se moque d'elle. Ellen et Balstrode découvrent le bateau de Peter Grimes sur la plage, avec une pièce du chandail de Boy qu'Ellen avait décoré d'une ancre brodée [Air d’Ellen : My brodered anchor on the chest...].
D'autres gens ont également aperçu le bateau. Mrs Sedley ameute le juge et les pêcheurs. Tous recherchent Peter Grimes pour le juger et ils l'appellent vainement dans toutes les directions.
[Interlude Symphonique].
2e TABLEAU : Même décor. Plusieurs heures après.
Peter Grimes est seul dans la lueur changeante d'un clair de lune ennuagé. Une sirène retentit lugubrement, par intermittences. Dans le lointain, des voix appellent toujours Peter Grimes. Celui-ci s'approche, au comble de l'exaltation. Ellen l'engage à rentrer chez lui, mais il ne la reconnaît même plus. Comme il repousse également l'aide de Balstrode, celui-ci lui donne le conseil désespéré d'aller faire naufrage au large de la côte. Peter Grimes s'embarque alors et disparaît. Balstrode reconduit Ellen chez elle, et bientôt la vie reprend son cours normal dans le petit bourg.
PETIT ABBÉ (LE)
Saynète musicale à un personnage, paroles de Henri Bocage et Armand Liorat, musique de Charles Grisart, représentée au Vaudeville le 9 octobre 1879, avec Mme Céline Chaumont comme interprète.
PETIT BLAISE
Opéra-comique en un acte, paroles de Victor Pittié, musique de Paul Rougnon, représenté au théâtre d'Application en mai 1889.
PETIT BOIS (LE)
Opérette en un acte, livret d’Armand Liorat, musique de Charles Grisart, représentée aux Bouffes-Parisiens le 07 mars 1893.
PETIT BONHOMME VIT ENCORE
Opérette en deux actes, paroles de M. de Najac, musique de Louis Deffès, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 19 décembre 1868. Musique spirituelle, facile et appropriée aux situations assez plaisantes de la pièce. On a remarqué les couplets vocalisés par la signora Florini (il fallait dire Fiorini), une bamboula, le finale du premier acte, un duo et les couplets qui terminent le deuxième acte. Chanté par Berthelier (Belleface), Lanjallais, Bonnet, Mlles Fonti et Gilbert.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PETIT CHAPERON ROUGE (LE)
Mélodrame en trois actes, de Brazier et Frédéric, musique de Schaffner. Création à la Porte-Saint-Martin le 28 février 1818.
PETIT CHAPERON ROUGE (LE)
Opéra-féerie en trois actes, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert, d’après le conte de Charles Perrault, musique de François-Adrien Boieldieu. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 juin 1818, décors de Mathis, Desroches et Blanchard, machines de Carré, avec Mmes Gavaudan (Petit Chaperon rouge), Marie Julie Boulanger (Nanette), Desbrosses (Berthe) ; MM. Martin (le baron Rodolphe), Ponchard (le comte Roger), Lesage (M. Job), Darancourt (l'Ermite de la forêt), Roland (Edmond), Aller (1er Bûcheron), Granger (2e Bûcheron).
Repris à l'Opéra-Comique avec Mmes Célestine Darcier (Rose d'Amour), Descot (Nanette), Marie Julie Boulanger (Berthe), MM. Masset (le baron Rodolphe), Audran (le comte Roger), Henry (l'Ermite de la forêt), Achille Ricquier (M. Job), Daudé (Edmond).
Repris à l'Opéra-Comique en 1860 avec Mmes Faure-Lefebvre, Casimir, Zoé Bélia, MM. Félix Montaubry, Crosti, Barrielle, Constant Lemaire.
« Le baron Rodolphe avait destiné sa sœur Zélinde au comte Roger son voisin. Roger a refusé cette noble alliance. De là, une guerre à outrance entre ces deux seigneurs. Rodolphe a juré de se venger sur les femmes des vassaux de Roger. Celui-ci aime éperdument Rose-d’Amour à qui il fait la cour sous l'habit et le nom d’Alain, simple berger. Il profite d'une trêve pour voir sa bien-aimée sur les terres de son redoutable ennemi, que ses odieux procédés, envers ses vassales, ont fait surnommer le Loup. Rose-d’Amour est défendue par un talisman ; ce talisman est un petit Chaperon Rouge ; tant qu'elle le portera, elle n'aura rien à craindre du loup Rodolphe qui a aussi son talisman ; c'est une bague enchantée dont le pouvoir est de le faire aimer de toutes les femmes. Par ordre du méchant baron, les jeunes filles qui ont atteint leur seizième année, doivent tirer au sort celle qui, pendant trois mois, doit cultiver les fleurs du château ; ce temps achevé, la jeune vassale rapporte une dot en récompense de ses services. Le jour du tirage est arrivé. Rodolphe a ordonné au magister de mettre sur tous les billets le nom de Rose-d’Amour ; mais, par un prodige, le billet sorti porte le nom d'Annette à la place de celui de Rose-d'Amour. Annette descend à l’ermitage ; et, tout en protestant de sa vertu, elle a tout permis au baron. Une autre va lui succéder. Rose-d'Amour doit être â Rodolphe avant d'être à Roger. Tel est l'oracle qu'a prononcé le vieil ermite protecteur de Rose-d'Amour. La bergère va porter à l'ermite son petit pot de beurre et sa galette ; elle s'arrête dans le bois, s'y endort et rêve que l'ermite l'unit à son cher Alain. Rodolphe veut profiter du sommeil de Rose-d'Amour. Le Chaperon rend ses efforts inutiles ; il imagine une autre ruse ; il prend l'air et l'habit de l'ermite. Rose, que la chaleur accable, a ôté son Chaperon protecteur ; elle se trouve, sans défense, à la merci du brutal baron ; l'ermite paraît tout-à-coup ; il apprend à Rodolphe que Rose-d'Amour est fille de Zélinde, et par conséquent sa nièce ; c'est ainsi qu'il explique son oracle : Rose appartient à Rodolphe avant d'être à Roger. Succès complet et soutenu ; une musique délicieuse a été, pour le public, un invincible talisman qui a sauvé le poème d'un imminent danger. »
[Almanach des spectacles, 1819]
« Le compositeur venait de succéder à son maître Méhul, comme membre de l'Institut, lorsqu'il fit représenter le Petit Chaperon rouge. On dit alors de cet opéra, que c'était son discours de réception. On connaît le joli conte de Perrault. Théaulon transforma les personnages. Le Petit Chaperon devint Rose d'amour, le loup prit les traits du baron Rodolphe, et le comte Roger fut l'heureux amant qui empêcha la pauvrette d'être croquée par le loup. Cet ouvrage, qui offre des mélodies fraîches et pleines de naturel, a eu longtemps les honneurs du répertoire. L'orchestration, plus riche et plus colorée que dans les ouvrages précédents du maître, faisait pressentir l'auteur de la Dame blanche. La partition abonde en morceaux charmants ; nous rappellerons les couplets : Robert disait à Claire ; la ronde : Depuis longtemps, gentille Annette ; la romance : Le noble éclat du diadème ; les couplets : Il m'a demandé le bouquet ; l’air de Martin : Anneau charmant, si redoutable aux belles ; enfin les deux duos du deuxième acte et celui du troisième. Cet ouvrage a été repris à l'Opéra-Comique en 1860, avec Félix Montaubry, Crosti, Barrielle, Constant Lemaire, Mmes Faure-Lefebvre, Casimir et Mlle Zoé Bélia. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PETIT CHAPERON ROUGE (LE)
Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret d’Ernest Blum et Raoul Toché, musique de Gaston Serpette. Création au théâtre des Nouveautés le 10 octobre 1885, avec Mlles Marguerite Ugalde (Denisette), Juliette Darcourt (Eglantine), MM. Brasseur (Bolivot), Berthelier (Bardoulet), Albert Brasseur (Narcisse Leloup), Allard (Macassar).
PETIT CHAPERON ROUGE (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Ernest Blum, Paul Ferrier et Pierre Decourcelle, musique de Marius Baggers. Création au Théâtre du Châtelet le 22 décembre 1900 avec Mariette Sully (Nichette), Louis Decori (Messire le loup) et Marcelle Yrven (Mère-grand).
PETIT COUSIN (LE)
Opérette en un acte, livret d'Henri Rochefort et Deulin, musique du comte Gabrielli. Création au théâtre des Bouffes-Parisiens le 17 avril 1860.
PETIT DUC (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Charles Lecocq.
Création au théâtre de la Renaissance le 25 janvier 1878, mise en scène de Victor Konig, sous la direction de Madier de Montjau, avec Mmes Jeanne Granier (le duc Raoul de Parthenay), Desclauzas, Mily-Meyer, Léa D'Asco, Piccolo, Panseron, Ribe, Lasselin, Dianie, Davenay, MM. Vauthier, Berthelier, Urbain, Caliste, Elim, Bovet, Hervier, Deberg, Desclos, Duchosal.
Première au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 05 septembre 1933 avec Mmes Fanély Revoil (le Duc de Parthenay), Tariol-Baugé (la Directrice), Simone Lencret (la duchesse), Zanetti (Roger), S. Bara (Hélène), Cabanis (Mlle Champlatré), Antoni (Mlle de Sainte-Anémone) ; MM. Dranem (Frimousse), Roland Laignez (Montlandry).
« Cet ouvrage est, au point de vue musical, le meilleur dû à la musa pedestris de l'auteur de la Fille de Madame Angot. La pièce est amusante. Le duc Raoul de Parthenay a dix-huit ans. Il a épousé le matin même une charmante jeune fille qu'il aime. Mais, sur l'ordre du roi, les jeunes gens doivent se séparer le jour même et attendre quelque temps encore la consommation du mariage. La duchesse est envoyée à Lunéville au couvent des jeunes filles nobles et le petit duc devra achever son éducation sous la direction de son précepteur, le sieur Frimousse, et de son gouverneur militaire, le capitaine Montlandry. Les deux jeunes époux protestent contre cette séparation, car ils s'aiment tendrement. Parthenay, qui est né colonel, laisse là livres et précepteur, monte à cheval, se met à la tête de son régiment et va à Lunéville.
Le second acte se passe dans le couvent des demoiselles nobles. Le bouillant petit duc veut en faire sortir de force sa femme, menace de donner l'assaut au pensionnat. Mais on entend gronder le canon, et Mme Diane de Château-Lansac, la directrice, persuade à Parthenay qu'il a autre chose à faire que de mettre à sac un couvent. Le petit duc court à l'ennemi, se couvre de gloire et obtient du roi, en récompense de sa bravoure, de devenir le mari de sa femme. On voit combien l'intrigue est faible ; mais dans l'état actuel de l'art théâtral lyrique, cela importe peu, car ce cadre est rempli de petites scènes épisodiques et de couplets écrits pour les interprètes jouissant de la faveur du public. Petite querelle entre les pages et les demoiselles d'honneur, chœur d'officiers, le boute-selle, la leçon de chant, rondeau de la paysanne, idylle, chœur de dragons, chansons du petit bossu, du mot d'ordre, de l'épée sont autant de hors-d’œuvre très faiblement reliés à l'action. Selon les circonstances et le jeu des acteurs, ces pièces peuvent avoir un succès de vogue et d'argent, mais elles manquent de l'élément vital qui assure une destinée durable. Il y a beaucoup de choses à louer dans la partition : l'entrée et les couplets des pages, une gavotte, le duo du duc et de la duchesse : C'est pourtant bien doux, je vous aime ! les couplets de la Petite femme, la Leçon de chant, dans laquelle on regrette de trouver des effets burlesques que M. Lecocq aurait dû laisser à M. Offenbach : Mais la soup... mais la soupçonner, quelle peine ! l'ensemble et les couplets de Montlandry, le Rondeau de la paysanne, la marche de la ronde Pas de femmes et les couplets de l'épée.»
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
« Principaux personnages : le duc de Parthenay ; la duchesse de Parthenay ; Montlandry ; Frimousse ; Diane de Château-Lansac, directrice de la maison des demoiselles nobles de Lunéville.
La scène se passe à Versailles, puis aux environs de Lunéville, au commencement du XVIIIe siècle.
Le premier acte se déroule à Versailles, dans la salle de l'Œil-de-Bœuf. On marie le jeune duc de Parthenay, âgé de dix-huit ans seulement. avec Mlle Blanche de Cambry qui n'en a que quinze. Mariage politique : il a été entendu d'avance que sitôt après la noce les époux seraient séparés et que l'union ne deviendrait effective qu'au bout de deux ans. En attendant, la mariée sera conduite à la maison des demoiselles nobles de Lunéville et le marié se perfectionnera dans le métier des armes.
Les principaux intéressés ignorent ce qui les attend et se croient mariés le plus sérieusement du monde. Le duc, en particulier, se réjouit d'être quitte enfin de son ridicule précepteur Frimousse, auquel il préfère de beaucoup son instructeur militaire Montlandry. Il entre donc dans une violente colère lorsqu'il apprend l'enlèvement de sa femme. Et, comme pour lui accorder une compensation, on lui permet de prendre le commandement du régiment dont il fut jusqu'ici colonel honoraire, il décide d'emmener ses dragons à l'assaut du pensionnat où est internée la duchesse et de reprendre celle-ci de gré ou de force. Frimousse, dont les fonctions auprès du petit duc sont terminées, est envoyé comme professeur de littérature à la maison des demoiselles nobles de Lunéville ; c'est là que nous le retrouverons au second acte.
Le pensionnat de Lunéville a pour directrice une luronne dans les veines de laquelle coule du sang de Henri IV, Madame Diane de Château-Lansac. Nous la trouvons au début de l'acte suivant en train de donner une leçon de chant à ses élèves. Arrive Frimousse ; mais à peine est-il installé que l'alarme est donnée : un régiment de dragons fait le siège de la maison. Presqu’aussitôt arrive Montlandry, en parlementaire. Il réclame la duchesse, et annonce que si celle-ci n'est pas remise de bon gré entre ses mains, le régiment l'enlèvera de force. La directrice répond fièrement par un refus et fait mettre Blanche de Parthenay au cachot. Puis elle renvoie le parlementaire et organise la résistance. Frimousse étant le seul homme éligible, est chargé de diriger la défense.
Survient une paysanne, qui n'est autre que le petit duc déguisé. Il a imaginé ce moyen de s'introduire dans la place et réussit effectivement à communiquer avec sa femme. En feignant d'être éprise de Frimousse, la fausse paysanne parvient à lui subtiliser les clés, mais l'évasion qu'il projette est empêchée par l'arrivée de la directrice : le duc a été reconnu. Pourtant l'irruption des soldats démontre presque aussitôt que toute résistance de la part des assiégées serait vaine. Mme de Château-Lansac joue alors sa dernière carte : on se bat à la frontière, près de là, et au lieu de s'attarder à faire le siège d'un pensionnat, le régiment de Parthenay devrait être au feu. Le petit duc en convient et part, promettant de revenir bientôt. Pour se venger de Frimousse, il l'emmène avec lui.
Au troisième acte, nous sommes au camp. Montlandry est arrivé ; le petit duc et le régiment le suivent.
Soudain, alarme : il faut livrer bataille. Les soldats partent en hâte et quelques femmes occupent seules la scène. Par elles nous apprenons les péripéties du combat. D'abord battues, les troupes françaises reprennent l'avantage, grâce à l'arrivée du petit duc et du régiment de Parthenay au moment décisif. Le jeune colonel s'est battu comme un héros et est tout échauffé par l'action. On lui prépare sa tente. Il n'est du reste pas le seul à s'être couvert de gloire : Frimousse, qui l'eût cru ? a fait sans le vouloir plus de trois cents prisonniers et son ardeur belliqueuse ne connaît désormais plus de bornes.
Le soir tombe. Le petit duc doit donner le mot d'ordre. Les soldats s'étant laissé aller à des excès avec les villageoises, ce mot d'ordre, qui est aussi un ordre, sera : « Pas de femmes ! » Le jeune héros se prépare au repos. Un coup de feu retentit et une femme se glisse dans la tente vide. On vient, on cherche, le petit duc comme les autres. Mais dans sa tente il a reconnu sa femme ! Et il renvoie tout le monde, prétendant n'avoir rien vu.
Dans la nuit, c'est maintenant le duo d'amour, la dinette, les explications : pour suivre son mari, la duchesse s'est évadée et a bravé tous les dangers.
Tandis que les amoureux devisent, une patrouille passe et perçoit un bruit de baisers. Le général sera instruit de cette infraction à des ordres formels, et alors qu'il s'y attend le moins, le petit duc voit arriver Montlandry, chargé de lui demander son épée. Il remet ce qui lui en reste : l'arme en effet s'est brisée dans la bataille. Mais cette punition n'était qu'une feinte : le général fait grâce et envoie le duc et la duchesse annoncer à Versailles la victoire des armes françaises. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« « Quinze ans ! — ô Roméo ! l'âge de Juliette ! » (Musset, Rolla.)
C’était en janvier 1877, — raconte « Le Monsieur de l'Orchestre », Arnold Mortier, dans ses Soirées Parisiennes du Figaro de l'époque... Henri Meilhac, pour s'endormir, avait pris, au hasard de sa bibliothèque, un roman : le Dernier amour de Mirabeau. Tout en le parcourant, depuis quelques instants il sentait le sommeil venir lorsqu'il fut frappé par ces lignes : « Le duc de Bourbon ayant été marié fort jeune, on le sépara de sa femme. Et il parvint à enlever celle-ci du couvent où on l'avait enfermée. »
— Tiens ! se dit-il... mais voilà un sujet d'opéra-comique ! Et il se mit à rêver, à chercher, à creuser, — puis s'endormit en murmurant : « Le joli rôle pour Granier ! »
Le lendemain, à déjeuner, Halévy et lui proposèrent l'affaire à Koning. Le jour même, le traité fut signé. Le musicien choisi par le directeur et par les auteurs était Charles Lecocq, le compositeur éminent de la Petite Mariée, le père de la Fille de Madame Angot.
***
… « On a l'âge du mariage, quand on a l'âge de l'amour ! » chante le petit duc de Parthenay (pas de « Bourbon », pour ne point s'attirer d'histoire avec l'Histoire) : mais cet âge-là n'était pas le même qu'à l'époque dite « du progrès », au Siècle où, tout de suite à l'échelle de toutes choses — et même « petit » duc — on était Grand !
Saint-Simon n'avait que vingt ans lorsqu'il fut uni à Mlle de Lorges, âgée de dix-sept — « et, déjà, l'année précédente, il avait songé à épouser Mlle de Beauvilliers, qui en avait quatorze. Mlle de Quintin se marie à quinze ans (l'âge de Juliette, de la bergère Astrée — et de Manon Lescaut) avec Lauzun ; la duchesse de Mortemart, belle-sœur du duc de Beauvilliers, à treize ans, et son mari en a quatorze ; à quatorze ans, Mlle d'Aubigné, la future Mme de Maintenon, devient Mme Scarron ; à moins de douze ans, Catherine de Vivonne épouse Charles d'Angennes, marquis de Rambouillet ; à douze ans, la princesse de Savoie épouse le duc de Bourgogne qui en a quinze ; à douze ans, Mlle de Nantes, fille de Louis XIV et de Mme de Montespan, épouse le duc de Bourbon, qui en a dix-sept... Dans ces deux derniers cas, et c'était vraisemblablement la coutume dans tous les cas analogues, sitôt le mariage célébré, les très jeunes époux s'en allèrent chacun de son côté, sous la garde de leurs dames d'honneur ou de leurs gouverneurs, et restèrent séparés un an ou deux, achevant leur éducation (*). » L'âge nubile était alors fixé par les lois à douze ans.
(*) André Le Breton. — la Comédie humaine de Saint-Simon, ch. VII, p. 191.
... Quelquefois même, on signait le contrat d'enfants à peine sevrés.
Pour ramener la paix entre la France et l'Angleterre, au milieu de la guerre de Cent Ans, Philippe de Bourgogne parvint à faire conclure à Calais, le 4 novembre 1396, le mariage d'Isabelle, fille de Charles VI, avec Richard II, roi d'Angleterre. La jeune épousée avait sept ans.
En 1160, le roi d'Angleterre, Henri Plantagenet,
fit conclure le mariage de son fils aîné avec la
petite Marguerite de France — mariage qui eût réuni dans les mains du jeune
prince le sceptre de France et d'Angleterre, sans la naissance de
Philippe-Auguste, fils de Louis VI et de sa troisième femme, Adèle de Champagne
... Les nouveaux époux avaient bien huit ans à eux deux.
Enfin on n'ignore pas que Louis XI préparait la réunion de la Bretagne à la France par le mariage de Charles de France et d'Anne de Bretagne ... qui étaient encore à naître !
C'est donc ce qui vient d'arriver au jeune duc de Parthenay, marié de très bonne heure pour raisons de famille à Mlle Blanche de Cambry : à peine s'il a eu le temps de présenter sa femme au Roy Soleil et d'ouvrir le bal, à l' « Appartement » par un menuet... La mariée disparaît, aux mains de ses demoiselles d'honneur — et le marié se prépare à gagner la chambre nuptiale, lorsqu'il se trouve nez à nez avec son précepteur Frimousse, pédant en us, tout barbouillé de grec et de latin, hérissé de férules — excellente caricature de style ; ce grimaud lui annonce que la jeune femme vient d'être conduite au pensionnat, où elle doit parfaire son instruction ; ils vont reprendre les études au point où ils les ont laissées ! Le petit duc est atterré, puis furieux : il aimait déjà tant sa petite duchesse... Heureusement, son maître d'armes Montlandry intervient, apportant de meilleures nouvelles : pour consoler son élève d'une déconvenue en somme assez cruelle, il a obtenu qu'on le mît en fait à la tête du régiment de dragons qui porte son nom... « Quelle joie d'être colonel avant dix-huit ans, et colonel d'un régiment qui vous appartient, où l'on n'eut pour prédécesseur que quelqu'un de sa race même !... Quelle joie de dire : Mon régiment ! et de penser que, sans barbe au menton, l'on commandait à tous ces durs-à-cuire, à ces moustaches, à ces chamois (*) ! »
(*) Frédéric Masson. — le Marquis de Grignan, ch. III, p. 108.
La valeur n'attend pas le nombre des années !... Le duc de Parthenay tire immédiatement l'épée, fait rassembler ses hommes sur-le-champ, et quitte en pleine nuit Versailles pour une expédition mystérieuse.
Naturellement, il a couru d'une traite au pensionnat des Demoiselles nobles de Lunéville, où la petite duchesse est soigneusement gardée par la directrice, — cousine du Roy, s'il vous plaît : Diane de Château-Lansac, qui descend d'Henry IV... côté des femmes ! C'est une luronne ; elle envoie promener gaillardement Montlandry, que détache en parlementaire le jeune colonel pour réclamer sa femme ; et comme, avec toutes les formes requises par la galanterie la plus courtoise, il l'informe que son refus va entraîner la prise d'assaut du couvent, la dame de Château-Lansac se prépare à soutenir un siège en règle... Elle convoque le ban et l'arrière-ban des marmitons, et elle imagine de mettre à leur tête, comme capitaine, le professeur de belles-lettres ; or, celui-ci n'est autre que Frimousse — lequel avait déjà bien de la peine à se défendre contre ses élèves, mutinées par Blanche de Parthenay qui l'a rendu responsable de son incarcération. Ces demoiselles sont dans la joie ; la descendante d'Henry IV s'amuserait énormément de ce remue-ménage belliqueux, si son devoir et si sa dignité l'y autorisaient... Seul, Frimousse, que l'on tarabuste, est navré. Cependant, tandis qu'il monte la garde, on lui amène une paysanne qui s'est réfugiée dans le pensionnat... poursuivie soi-disant par les soldats : c'est le petit duc travesti ! Le voici qui tourne autour de Frimousse. Le pédant a un faible pour l'églogue : de bucoliques souvenirs s'éveillent en lui ; cette villageoise lui semble échappée de quelque pastorale bocagère... elle sourit d'un air fort engageant : c'est une idylle ! Mais en le frôlant de sa cotte, la traîtresse lui a dérobé son trousseau de clefs : en un clin d'œil, le duc se débarrasse de sa défroque rustique, tire l'épée, taille en pièces la valetaille, ouvre les portes — les dragons envahissent la place... Et au moment où, triomphant, le régiment de Parthenay va délivrer sa colonelle, apparaît la directrice, solennelle, imposante, grave ; elle tend au vainqueur une dépêche de la cour : on a reçu des nouvelles de la frontière, où la guerre vient de reprendre ! Le petit duc n'hésite pas : il embrasse tendrement sa femme, il réunit ses hommes, qui s'arrachent aux cajoleries des pensionnaires, tandis que Montlandry coquette avec Diane de Château-Lansac... et, saisissant Frimousse qu'il entraîne en guise d'otage, malgré ses protestations indignées et sa résistance, il donne le signal du départ : en route pour la gloire !
Sur le champ de bataille, les dragons de Parthenay sont intervenus à propos pour décider de la victoire (*) ! Frimousse lui-même, qui a dû suivre son ancien élève, a senti toutes les réminiscences de l'épopée classique lui monter à la tête et il ne rêve plus que plaies et bosses. Mais il y avait des femmes dans le camp ; leur influence a bien failli être néfaste... Ordre du général : Pas de femmes ! Le petit duc en personne est chargé d'assurer le respect de cette consigne. Or, tandis que la nuit, sous la tente, l'ivresse du combat se dissipant, il s'endort en rêvant non sans mélancolie à la petite épouse si lointaine, on entend un coup de mousquet : la sentinelle a vu se glisser une ombre vers le quartier des officiers... on cherche partout ; plus rien ! mais le duc a l'air bien troublé : car il a trouvé, blottie dans un coin, sa Blanche adorée, qui s'est sauvée pour le rejoindre et vient de passer à travers les balles !... Tout doucement, le calme rétabli, c'est un exquis duo d'amour, où le bruit des baisers ponctue le motif : « Pas de femmes ! » repris en sourdine par une patrouille : celle-ci s'approche de la tente du colonel, et le chef écoute un instant ; puis, édifié, s'en va... Roulement de tambours ; Montlandry s'avance : le petit duc, ayant désobéi aux instructions les plus formelles — Pas de femmes ! — est obligé de lui remettre son épée : mais comme elle a été brisée à l'ennemi, pendant la charge, il n'y a pas moyen de garder rigueur au jeune héros ; le général lui rend ce trophée, en lui ordonnant de le porter à Versailles, avec la nouvelle de son triomphe. Le petit duc aura conquis le droit de ne pas coucher seul sur ces lauriers.
(*) A la création, Lecocq avait de légitimes craintes sur l'effet que produirait au troisième acte la phrase : « La bataille est gagnée ! » survenant quelques instants après l'engagement du combat, lequel se résumait en quelques « boum ! boum ! » de grosse caisse, en coulisse ... Elle déchaîna un rire sans méchanceté.
Le 25 janvier 1878, le rideau de la Renaissance se levait sur le Petit Duc...
Les spectateurs du temps ne parlent jamais de cette soirée sans un regret heureux, ont constaté les chroniqueurs. MM. de Flers et de Caillavet, les spirituels héritiers en littérature de Meilhac et Halévy, lui consacrent une jolie tirade émue, au premier acte de Primerose.
Après la Grande-Duchesse, qui fut le clou théâtral de l'Exposition de 1867, le Petit Duc constitua l'une des attractions les plus artistiques de l'Exposition de 1878. Il ne lui manqua même pas la suprême consécration : la visite du prince de Galles, qui la renouvela sept ou huit fois. Tous les étrangers lui venaient ; il alla tout de suite, également, à l'étranger. Luce y triomphait à Bruxelles, dans le même temps que Granier faisait les délices des Parisiens. Les vieux boulevardiers évoquaient à son sujet l'enchanteresse Déjazet, dans ses Premières armes de Richelieu (*).
(*) Suivant une version accréditée, c'est la pièce que Koning avait donnée comme thème à Meilhac et Halévy, qui devaient prendre les personnages dans la situation où elle les a laissés au dénouement. Granier a d'ailleurs joué ensuite « les Premières Armes », au Gymnase.
C'est qu'il en est des pièces célèbres comme des crus les plus illustres... On parlera plus tard du Petit Duc 78. Et cependant le succès courait un train d'enfer : l'opérette a été interprétée plus de trois cents fois de suite. Elle réalisait 165.000 francs en trente représentations. Elle atteignait le « million » à la 228e. Ce fut la meilleure affaire financière de l'année ! Elle donnait cent pour cent aux actionnaires du théâtre, qui mettait 200.000 francs dans sa caisse de réserve, et distribuait en dehors de l'intérêt annuel (6 p. 100), un dividende de 20.000 francs sur les fonds restés en caisse. Aucune dépression n'était enregistrée, les cours se maintenaient en progression constante... éloquent langage des cours !
La Vie Parisienne a consacré au « souper de la 200e » une amusante double page. On y voit le banquet nuptial du Petit Duc, et les Pages (Mme Piccolo et Léa d'Asco, deux étoiles demi-mondaines) autorisés à chercher de jambes en jambes les jarretières de la mariée pendant la lecture de l'épithalame élaboré par Frimousse.
Le souper de centième a eu lieu en réalité au pavillon Henri-IV (terrasse de Saint-Germain). Auteurs, directeur, artistes, journalistes et amis buvaient à Jeanne Granier, lorsqu'un petit soldat parut, porteur d'un énorme bouquet, adressé « au colonel du régiment de Parthenay par ses camarades, les chasseurs à cheval en garnison à Saint-Germain »...
Et Jeanne Granier, très émue, embrassa le petit soldat... Si les quatre cents personnes qui l'acclamaient dans les rues, à la sortie des matinées dominicales, en avaient obtenu autant !
Le Petit Duc fut repris au théâtre de l'Eden en 1888, avec un luxe féerique. La vraie mise en scène des revues modernes, déployée à l'acte du camp, permit d'applaudir un ballet, un défilé d'armée française où figuraient les plus curieux uniformes, avec tout un état-major de cavaliers, et un effet de bataille particulièrement réussi : mousquetades, clairons, tambours, fascines, feux de bivouac ; et la ville assiégée, derrière une rivière argentée sous la lune bleue. Il était, paraît-il, impossible de rêver plus beau. Un grand morceau symphonique avait été ajouté à la partition primitive, avec appels de trompettes et grondement incessant de cavalerie s'enchaînant aux chœurs...
Dans ce panorama de guerre en dentelles, Dupuis, sous les traits de Frimousse, jouait à lui tout seul une scène héroï-comique : « Il avait l'air de tout faire, il allait, venait et se démenait, il montrait aux soldats l'ennemi... et demeurait prudemment à l'abri. Il tirait des coups de pistolet en l'air avec une crânerie exquise, et, quand l'armée revenait victorieuse, il essuyait la poudre qui couvrait son visage et ses vêtements, et prenait sa large part des félicitations que le colonel adressait aux troupes... »
Mais si l'on gagnait la bataille, le théâtre perdit de l'argent.
Signalons de bonnes reprises aux Variétés, en 1890 (avec la charmante douairière Daynes-Grassot, si fine dans le personnage de la directrice — créé avec tant de panache par Desclauzas) ; aux Bouffes-Parisiens, en 1897 ; aux Variétés, en 1905 et 1912, où, successivement, Brasseur et Polin jouèrent « Frimousse » — et, récemment, à la Gaîté-Lyrique (1925-1926), où Mlle Dhamarys a chanté presque tout l'hiver le rôle du Petit Duc.
Il est question de faire entrer ce chef-d'œuvre au répertoire de l'Opéra‑Comique ; il y ajoutera une harmonie : celle du rire. Il s'agit d'ailleurs d'une sorte de comédie-lyrique en miniature : « Intrigue allègrement menée, scènes lestement filées, dialogue constamment amusant, épisodes abondants en trouvailles scéniques, et détails spirituels toujours dans le caractère de l'action. » La musique elle-même a tout le parfum de l'époque : son « menuet » reste classique, et la « leçon de solfège » est transcrite d'un bout à l'autre sur des motifs de Lulli.
Enfin, c'est essentiellement un spectacle pour amoureux. Et la plupart de ceux qu'on entend fredonner à la sortie ce chœur guilleret : « Pas de femmes ! » serrent, frileuse, contre eux, quelqu'une de vous, ô Mesdames... »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PETIT FAUST (LE)
Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, livret de Hector Crémieux et Adolphe Jaime, musique d’Hervé. Création au théâtre des Folies-Dramatiques le 23 avril 1869, mise en scène d’Hervé, avec MM. Hervé (Faust), Milher (Valentin), Mmes Van Ghel (Méphisto), Blanche d'Antigny (Marguerite), sous la direction de M. Bernardin.
« Si on devait juger du mérite d'une œuvre par le succès et par le nombre de représentations successives, celle-ci l'emporterait de beaucoup sur les meilleurs opéras d'Herold, de Boieldieu et d'Auber, voire même de Rossini ; aucun ouvrage de ces maîtres n'a joui à son apparition d'une vogue comparable à celle du Petit Faust. Il y a là un problème psychologique à résoudre. Pour ma part, je ne proposerai pas d'autre solution que celle-ci : Il faut retourner la proposition et dire : on peut juger de l'état mental d'une société par le succès qu'une œuvre telle que le Petit Faust y obtient et par le plaisir qu'on y prend. Il est impossible de donner une analyse supportable des scènes décousues composant cette pièce, dont le musicien a fait çà et là une parodie de l'opéra de M. Gounod, mais qui, sous la plume des librettistes, n'est qu'une olla podrida de lazzi plus indécents les uns que les autres, et dans lesquels l'esprit ne dissimule pas la grossièreté. Faust est un vieux maître d'école qui tient une classe de garçons et de filles. Marguerite lui est amenée par son frère Valentin, qui part pour la guerre ; cette drôlesse met l'école sans dessus dessous, et se sauve pour devenir ce qu'on sait. Faust, rajeuni par Méphisto, court après sa belle, la trouve dans un bal public, l'enlève dans un fiacre après avoir tué son frère. Le spectre de Valentin apparaît aux yeux des coupables et les entraîne dans un enfer fort tristement parodié. Pour qu'on ne m'accuse pas de sévérité outrée, voici le texte du finale du troisième acte que les auteurs n'ont pas craint d'intituler : Hymne à Satan !....
MÉPHISTO.
Riez, chantez, ô cher troupeau maudit
Maître Satan vous ouvre sa demeure ;
Quand vous chantez, il sait que l'on gémit,
Quand vous riez, il se dit : quelqu'un pleure !
C'est moi qui donne le signal,
Démons, tournez dans une ivresse folle
Et qu'une horrible farandole
Ajoute à ce bal
Un aspect infernal !
Et dansez donc !
Et tournez donc !
DEUXIÈME COUPLET.
Riez, chantez, un jour tout finira.
Au train que va la vertu sur la terre,
Le temps est proche où Satan vous dira :
Reposez-vous, je n'ai plus rien à faire.
Et dansez donc !
Et tournez donc !
Vous danserez pendant l'éternité.
MÉPHISTO, MARGUERITE, FAUST.
Ah ! c'est le châtiment
DANSE GÉNÉRALE.
Dansez, tournez, dans ce bal infernal,
C'est Méphisto qui donne le signal.
Et le rideau tombe sur cette danse ignoble vulgairement appelée cancan, qu'à Londres comme à Vienne, à Berlin comme à Pétersbourg, on appelle la danse nationale française. Je ferai observer que c'est en 1858 que M. Offenbach a le premier introduit dans une œuvre lyrique, Orphée aux Enfers, cette danse de mauvais lieu ; que la société policée d'alors, je ne dis pas la société polie (elle avait déjà été rejoindre les vieilles lunes), non seulement passa condamnation sur ce fait, mais s'en amusa si fort que, depuis, cette danse devint le finale obligé de toutes les opérettes du maestro Offenbach ; que l'administration, fidèle interprète de l'opinion publique, fit de lui et de ses collaborateurs autant de chevaliers de la Légion d'honneur... Ce mouvement musical, si brillamment inauguré en 1858, a régné sans interruption jusqu'à présent. La guerre et les malheurs de la patrie ne l'ont pas interrompu. Il sera l'un des caractères de notre époque et fournira à la postérité des éléments pour la juger. La musique que M. Hervé a écrite sur ce livret, considérée en elle-même, est meilleure que ne le comportait le sujet, sans toutefois s'élever beaucoup au-dessus du genre de composition en usage dans les bals publics ; les motifs de valse, de polka et d'autres danses abondent ; l'ouverture elle-même est une valse. La parodie musicale de la kermesse, du chœur des soldats, de divers procédés particuliers à M. Gounod est assez spirituelle. Le musicien a traité aussi heureusement plusieurs tyroliennes. Comme il en met dans tous ses ouvrages, il a acquis une grande habitude dans l'arrangement vocal de ces cantilènes ; mais les idées qui pourraient être gracieuses sont dénaturées par des effets de charge à outrance, qui les rabaissent au niveau des tréteaux de la foire. Cependant, au milieu de ces extravagances, on a remarqué deux pages de musique qui se distinguent par un sentiment poétique, une harmonie bien caractérisée ; c'est une idylle qui a pour titre les Quatre saisons. Ce hors-d’œuvre n'a pas de sens dans la bouche de Méphisto et perd une grande partie de son charme au voisinage des sottises et des turlupinades qui l'accompagnent. Mais il est là comme un témoignage de la pensée humaine qui n'abdique pas complètement ses droits, et un hommage presque involontaire rendu à l'art qu'on injurie et qu'on profane. Les représentations du Petit Faust dépassèrent le chiffre de deux cents. L'auteur de la musique joua lui-même le rôle de Faust ; les autres rôles principaux furent chantés par Milher, Vavasseur, Mmes Van Ghel, Blanche d'Antigny. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
« Principaux personnages : Faust ; Valentin ; Méphisto (travesti) ; Marguerite.
L'action se passe en pleine fantaisie, censément sous le règne de Clotaire VIII, mais, si l'on en juge par les apparences, dans le Paris du second empire.
Il s'agit ici d'une parodie, c'est-à-dire d'une chose qui ne devrait pas se raconter et qui serait à ranger plutôt dans le genre hybride de la revue de fin d'année. Celle-ci est d'une folie ahurissante qui passe toute imagination et défie toute analyse. Elle ne se reprend plus guère, parce qu'elle fourmille d'allusions qui ont vieilli et qui sont devenues parfaitement inintelligibles pour le public contemporain.
Nous allons essayer de dire en quelques mots très brefs comment MM. Crémieux et Jaime ont déformé le livret de Barbier (il va sans dire que Hervé a usé de la même liberté vis-à-vis de la musique de Gounod).
Faust est un vieux maître d'école qui enseigne les rudiments à de très jeunes élèves des deux sexes. Le premier acte se passe dans la salle d'école, où règne une indescriptible anarchie. Valentin, un soldat qui part pour la guerre, amène à Faust sa sœur, la petite Marguerite, et lui demande de la prendre en pension. Marguerite a le diable au corps, et il paraît que c'est contagieux, car le vieux pédagogue s'aperçoit bientôt qu'il a le diable au corps aussi. Ses efforts pour le faire sortir aboutissent à un dédoublement : il se trouve en face d'un joli petit Méphisto en travesti qui lui donne la jeunesse.
Le second acte a pour théâtre la « Closerie des Vergiss-mein-nicht », c'est-à-dire une sorte de Jardin de Paris moderne, peuplé de beautés faciles. Méphisto y conduit Faust, un Faust vanné par la noce, qui s'épuise à rechercher la Marguerite qu'il a perdue. Il a chargé Méphisto de convoquer en ce lieu les Marguerite de tous les pays et devant lui défilent des Anglaises, Italiennes, Françaises, Javanaises. Dans aucun de ces groupes ne se trouve celle qu'il cherche.
Arrive Marguerite, la vraie, qui se présente sous les traits d'une cocote très achalandée. Faust la reconnaît et lui fait une déclaration brûlante. Il lui confie qu'il a rêvé d'avoir une femme à lui tout seul. Marguerite le croit toqué, mais quand elle apprend de Méphisto qu'il est très riche, elle accepte de jouer son rôle d'ingénue. Vite, un fiacre ! Faust ne tient pas en place et brûle d'emmener sa conquête.
Le fiacre paraît, mais il est chargé ! Faust offre au cocher vingt mille francs pour se défaire de son client. La proposition est tentante et le cocher s'efforce de débarquer son voyageur. Mais ce voyageur n'est autre que Valentin, qui rentre de la guerre et se fait conduire chez sa sœur. Quand ce guerrier reconnaît Marguerite il entre dans une grande fureur et provoque Faust en duel. Au milieu du combat, Méphisto intervient et fait le « coup de la tabatière » (les auteurs veulent bien nous expliquer que les adversaires sont « aux prises »). Il offre donc une prise à Valentin, et pendant que celui-ci se sert, Faust peut tout à loisir le transpercer de part en part. Sans plus s'inquiéter du sort de son frère, Marguerite s'en va avec son nabab.
L'acte suivant se passe dans la « chambre virginale ». Marguerite, en mariée, chante au rouet. Faust la contemple avec attendrissement. On apporte aux époux la soupe au vin traditionnelle (ceci ne se comprend plus guère aujourd'hui). De la soupière sort Méphisto sous les traits d'Adolphe, le dernier amant de Marguerite, qui met la puce à l'oreille du marié, en lui apprenant sur sa femme certains détails tout à fait intimes. Pour effacer cette fâcheuse impression, Marguerite joue le grand jeu, la scène de la candeur et des aveux rougissants. Faust avale tout.
Comme tous deux découvrent la soupière, une nouvelle apparition en sort : la tête de Valentin.
Pour finir, Faust avoue à Marguerite qu'il a voulu lui faire une surprise ; pour satisfaire le désir qu'elle avait exprimé — « une chaumière et ton cœur » — il s'est volontairement ruiné. A cet aveu, l'ingénue le lâche avec la plus grande désinvolture.
Jadis, la pièce se terminait sur un dernier tableau, la Nuit de Va-te-Purgis, où l'on voyait Méphisto, entouré des péchés capitaux, condamner Faust et Marguerite à danser pendant l'éternité. Aujourd'hui, on termine généralement sur le troisième tableau, complété par une parodie du trio de Faust : « Anges purs, anges radieux... », chanté comme dans la pièce originale en montant d'un ton à chaque reprise, mais avec cette variante : la première fois le thème se chante sur le plancher, la seconde sur des chaises et la troisième sur la table.
C'est, on le voit, tout ce qu'on peut imaginer de plus épileptique. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Le règne de l'Opérette n'a pas été inauguré par Offenbach — ainsi qu'on le croit généralement et bien qu'il fût le fondateur des Bouffes-Parisiens, considérés à tort comme le berceau d'un genre dont la création remonte plus haut et fort loin. — C'est aux Folies-Concertantes que le musicien Florimond Rongé, dit « Hervé », lança, vers 1854, la mode d'un spectacle qui tient de la comédie-vaudeville et de l'opéra bouffon — les ariettes dont nos pères agrémentaient certaines pièces ayant pris, petit à petit, les proportions d'une vraie partition.
Hervé s'était intitulé lui-même le « compositeur toqué ». C'est le titre, d'ailleurs, d'une de ses productions, curieusement autobiographique. Félix Duquesnel, dans les « Grandes premières », publiées par Je Sais Tout, et, plus récemment, M. Louis Schneider dans son intéressante collection des Maîtres de l'Opérette française, ont étudié la vie et l'œuvre de « cet être extraordinaire, à la fois directeur, acteur, auteur dramatique et lyrique, si admirablement organisé ; doué comme personne, il mit au monde une série ininterrompue d'opérettes burlesques — dont plusieurs sont des chefs-d'œuvre, d'une verve exubérante et d'une outrancière gaîté qui confinait à la folie — mais d'une forme musicale distinguée jusque dans la fantaisie la plus extrême ; car, chez lui, la débauche d'imagination n'excluait ni l'invention, ni la couleur, ni l'originalité ». C'était l'avis d'Auber, et aussi de Wagner qu'il avait si fort égayé, et qui sut l'apprécier dans ses « Mémoires ».
Hervé s'était improvisé compositeur, d'abord en étudiant à la maîtrise de Saint-Roch, et puis en s'exerçant sur l'orgue qu'il tenait à la chapelle de Bicêtre ; il fit jouer ses premières œuvres dans cet hôpital d'aliénés, par les « malades » ! Nommé plus tard professeur de violoncelle au collège Rollin, puis admis comme organiste à Saint-Eustache et dans un pensionnat de jeunes filles, il y opérait sous son nom authentique de Florimond — et trouvait moyen, le soir, de conduire l'orchestre des Délassements-Comiques et du Palais-Royal sous le pseudonyme d'Hervé, dont il devait signer ses élucubrations. C'est ainsi qu'il servit, dans Mam'zelle Nitouche (son dernier grand succès), de prototype à Meilhac, pour le double personnage de « Célestin Floridor » si magistralement incarné par Baron : professeur au couvent des Hirondelles, jouant chaque matin de l'harmonium — et, le soir, maestro léger, faisant jouer ses opérettes au théâtre.
Il avait écrit lui-même le livret et la partition du charentonnesque Œil crevé, et de Chilpéric, cet ancêtre du Sire de Vergy... Dix ans après la création de Faust au Théâtre-Lyrique, et au cours du mois qui suivit son entrée solennelle à l'Opéra, Hervé, Jaime et Crémieux donnaient le Petit Faust aux Folies-Dramatiques, où fut représenté pour la première fois, le 23 avril 1869, ce modèle de bouffonnerie.
C'était ce qui pouvait se concevoir de plus adroit en fait de cabrioles musicales ; les notes étincellent comme des paillettes et s'égrènent en éclats de rire — celui de la blague, et de la plus spirituelle, exercée aux dépens du chef-d'œuvre de Charles Gounod — tandis que la malice des librettistes exécute une irrespectueuse charge à fond de train sur le poème de Goethe... nous n'entreprenons pas de les y suivre ! — On a observé que le docteur Faust, vieux maître d'école mixte, transformé par le « diable au corps » de ses élèves — et, en particulier, de la jeune Gretchen — en gigolo naïf, y a beaucoup perdu de sa poésie ; et Marguerite, la cocodette qui le gruge, de sa candeur. Valentin, ce pandour au trépas bavard, frère du « Lescaut » de Manon et mâtiné de La Pallice, y a laissé son intransigeante austérité de gendarme ; Siébel, ce petit polisson, n'a plus rien à perdre du tout, et « Méphisto », diminué de son satanique rictus, a été amputé des ultimes syllabes de son nom... Ce qu'on y a gagné, c'est l'inénarrable personnage du « cocher de fiacre », réquisitionné par Faust pour enlever Marguerite ! — C'est la botte secrète du duel : le coup de la tabatière (les deux adversaires en étant « aux prises »)... c'est l'apparition dans une soupière — et la recette pour élever le ton à chaque crescendo du « trio final », où l'on monte successivement sur les chaises, puis sur la table, etc...
Cela ne se raconte point ; il faut aller le voir, il faut surtout l'entendre — car c'est principalement dans l'orchestration qu'éclate la science, le génie de la parodie : les trois chœurs de la kermesse sont écrits « en contrepoint » ! La valse-pot-pourri s'amalgame avec les motifs populaires du Carnaval de Venise... et l'on trouve dans l'Idylle des « quatre-saisons » certaine mélodie qui n'aurait rien à envier aux lieds les plus « clairs-de-lunaires » de Schubert.
Aussi, le succès fut très franc ; et deux cents représentations le consacrèrent. Hervé lui-même avait voulu créer son « Faust ». Une étoile du demi-monde, Blanche d'Antigny (*), lui donnait la réplique en Marguerite, présentée sous des espèces plantureuses qui pouvaient passer pour une ironie... et que, par tradition, l'on recherche le plus possible chaque fois qu'il s'agit de renouveler la distribution. La divette Van Ghell incarnait agréablement Méphisto, et son travesti était à lui seul une tentation. Milher jouait impayablement Valentin. — Le petit rôle de Siébel, interprété primitivement par « une inconnue », prit peu à peu plus d'ampleur. Ce personnage traverse l'action comme un lutin fripon et espiègle. La partition fut augmentée pour Conchita Gélabert de plusieurs morceaux — dont une « jota aragonesa » des plus pittoresques — à la belle reprise du 15 février 1882, sur la scène de la Porte-Saint-Martin. Là, le Petit Faust, joué tout d'abord comme une « féerie à trucs », devint « opéra-bouffe fantastique », à grand spectacle, en trois actes et onze tableaux, considérablement remanié, remis en scène d'une façon grandiose et admirablement approprié à la machinerie puissante de ce théâtre ; on y applaudissait trois ballets merveilleux : la Querelle de la Vigne et du Houblon (vins et bières) — Le Défilé des Marguerites de tous pays (pôles compris) — et Les Péchés capiteux.
(*) Blanche d'Antigny fut le prototype de la « Nana » de Zola. C'était une blonde d'une carnation magnifique. Elle fit, une belle nuit, le pari — qu'elle gagna — de traverser le boulevard toute nue... sous un manteau.
Elle mourut des suites de la variole qu'elle avait rapportée d'Egypte. Son dernier protecteur était un prince Nariskhine.
Les dernières rééditions n'ont peut-être pas offert la même splendeur scénique. Elles n'ont point laissé d'être piquantes, surtout aux Variétés (1897). En 1909, les fantoches d'Hervé ont revu les feux de la rampe aux Folies-Dramatiques — tréteaux de leurs premiers ébats — et le Petit Faust n'a, en somme, pas plus vieilli que Faust lui-même... sans compter qu'il a, pour paraître jeune, un secret qui n'est pas à la portée du premier en date : se donner — et nous avec — à un joli petit diable. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PETIT JACQUOT (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles d'Alexandre, musique de Solié, représenté au théâtre Montansier le 27 juillet 1801.
PETIT JEUNE HOMME (LE)
Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Lucien Delormel, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Eldorado en 1880.
PETIT LULLI (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Louis Leloir et Paul Gravollet, musique de Charles Hess, représenté à Valenciennes le 27 février 1896.
PETIT MAÎTRE EN PROVINCE (LE)
Comédie en un acte, en vers, avec des ariettes, livret d’Harny de Guerville, musique de Charles-Guillaume Alexandre. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 07 octobre 1765.
PETIT MOUJIK (LE)
Opérette en trois actes, livret de Pierre Newsky et Jean Léry, musique de M. Haakman, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 avril 1896.
PETIT MATELOT (LE) ou LE MARIAGE IMPROMPTU
Opéra-comique en un acte, livret de Charles Pigault-Lebrun, musique de Pierre Gaveaux. Création à Paris, Théâtre Feydeau, le 07 janvier 1796. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 08 octobre 1801.
« La pièce semble avoir été faite pour Mme Scio, qui dans le rôle du petit matelot Fulbert, âgé de seize ans, a obtenu beaucoup de succès. Quoique presque tous les personnages de cet opéra soient des adolescents, il n'en paraît pas moins vieillot. La prétention qu'a eu Gaveaux de faire de la musique descriptive dépassait de beaucoup ses moyens. Sa tempête est rendue d'une façon puérile ; le rôle du capitaine Sabord est manqué. Nous ne trouvons à mentionner que le duo des deux sœurs, le quinque : On est vraiment heureux à table, les couplets du tabac chantés par Mme Scio, qui allumait une pipe et fumait sur le théâtre, à la grande satisfaction des goujats de ce temps (la race n'en est pas éteinte) et l'ariette du petit matelot, qui vaut beaucoup mieux :
Adieu vergue, artimon, hunier ;
Adieu trop ingrate victoire.
Ma maîtresse vaut bien la gloire,
Le bonheur vaut bien un laurier.
A des vers de cette trempe, la musiquette de Gaveaux pouvait suffire. Distribution : le père Thomas, Juliet ; la mère Thomas, Mme Verteuil ; Cécile, quatorze ans, Mlle Rolandeau ; Lise, seize ans, Mlle Rosine ; Bazile, Duverney ; Sabord, Résicour ; Fulbert, fils de Sabord, seize ans, Mme Scio. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PETIT MEZZETIN (LE)
Saynète imitée de la comédie italienne, paroles de Th. de Banville, musique de M. Nargeot, représentée aux Folies-Nouvelles en octobre 1855.
PETIT ŒDIPE (LE) ou AGENOR ET ZULMA
Comédie en un acte et en vers, mêlée d'ariettes et de vaudevilles, livret de C. Landrin, musique de Marc-Antoine Désaugiers. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 mai 1779.
PETIT ORPHÉE (LE)
Opéra-comique en quatre actes, paroles de Rouhier-Deschamps, musique de Deshayes, représenté au théâtre de la Cité en 1794. Cet ouvrage, depuis lors bien oublié, obtint à son apparition un succès considérable et mérité.
PETIT PAGE (LE) ou LA PRISON D'ÉTAT
Opéra en un acte, musique de Gresnick, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1797.
PETIT PAGE (LE) ou LA PRISON D'ÉTAT
Comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, paroles de Guilbert de Pixerécourt, musique de Kreutzer et Niccolo Isouard, représentée à Feydeau le 14 février 1800.
PETIT PARISIEN (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Burani et Maxime Boucheron, musique de Léon Vasseur, représenté aux Folies-Dramatiques le 16 janvier 1882, avec Mmes Juliette Simon-Girard (le Petit Parisien), Burton (la Princesse de Parme), Rose Méryss (Flora), Sohlia (Marchande de nèfles), Roger (le petit Marquis), Falsonn (le petit Abbé), Buisson (le petit Gazetier), Bouteillier (une Gantière ; Coquette), Thiéry (une Pâtissière), Bonnier (la Directrice du Panorama), Langlois (Léandre), Mariana (Agnès), Villiers (Colombine), Berthe (Arlequine), Alberty (Dorine), MM. Maugé (le Chevalier du Guet), Simon-Max (Cottinet), Luco (le Duc de Bagneux), Bartel (San-Bricoli), Speck (l'Exempt), Jeault (un Marchand de journaux), Gustave Sujol (le Directeur de la Loterie), Ambroise (le Vidame), Barrielle (le Colonel).
PETIT POUCET (LE)
Opérette, musique d’Edmond Audran, représentée à Marseille en avril 1868.
PETIT POUCET (LE)
Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, livret d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique de Laurent de Rillé, représenté au théâtre de l'Athénée le 08 octobre 1868. Dans l'analyse donnée par la Gazette musicale, nous lisons : « Le Petit Poucet est en réalité un joli jeune homme, très amoureux de Mlle Aventurine, la fille aînée de l'ogre Krock-Mach-Cru ; mais Mme l'ogresse Aglaé, femme légère, repousse l'amour du faux ogre Rastaboul, pour disputer à sa fille le cœur de ce séduisant garçon. » Les personnages sont donc l'ogre Krock-Mach-Cru, le faux ogre Rastaboul, l'ogresse et ses cinq filles jumelles, le Petit Poucet et ses quatre frères ; deux acteurs et onze actrices. C'est une exhibition de jeunes filles plus ou moins jolies, avec accompagnement d'une musique légère et animée. Il y a même au deuxième acte un galop final dont l'entrain ne laisse rien à désirer. M. Laurent de Rillé a été nommé, par M. Duruy, inspecteur général du chant dans les lycées et les écoles normales primaires. Etait-ce pour arranger ainsi les contes de Perrault, ad usum studiosœ juventutis ?
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PETIT POUCET (LE) ou L’ORPHELIN DE LA FORÊT
Opéra-féerie en cinq actes, paroles de Cuvelier et Hapdé, musique de Gauthier, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes vers 1797.
PETIT SOUPER (LE)
Opéra-comique, musique de Dalayrac, représenté au théâtre de la Cour, à Paris, en 1781.
PETIT SOUPER (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Baptiste Violet d'Epagny, musique de Victor Dourlen. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 21 février 1822, avec Auguste Huet.
« Jamais ouvrage ne fut plus mutilé par la censure, et exécuté avec plus de négligence par les comédiens. Les auteurs l'ont retirée après la première représentation. » [Almanach des spectacles, 1823]
PETIT VERT-VERT (LE)
Opérette en un acte, musique de Georges Douay, représentée en 1872.
PETITE ANGOT (LA)
Opérette en deux parties et six tableaux, livret d'Hugues Delorme et Fernand Rouvray, musique tirée de Charles Lecocq, adaptation et musique nouvelle d'Henri Casadesus. Création à Paris, Alhambra, le 16 février 1934.
"Le livret met en scène les descendants supposés des personnages mêmes de Charles Lecocq, Ginette Angot, petite-fille de la célèbre Clairette, et Jean de Parthenay, descendant du Petit Duc. Mais Ginette est fruitière. En voilà assez pour que le vieux duc de Parthenay s'oppose au mariage. D'autant plus que ce noble homme a bourse si plate qu'il partage sans vergogne avec ses domestiques les pourboires. Aussi rêve-t-il de marier Jean de Parthenay à une jeune et riche Portugaise, Margarita, délurée autant que sa tante est entreprenante. Pour arranger les choses, les auteurs ont tout bonnement ressuscité Clairette Angot et le Petit Duc, qui naturellement protégeront les amours de Jean et de Ginette. Quand rien ne va plus, on trouvera un fiancé tout à point pour l'impatiente Margarita, et même le reste pour la tante. Si ce dénouement est arbitraire, si l'exposition traîne un peu, du moins y a-t-il dans le deuxième acte des traits assez comiques." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
PETITE BOHÈME (LA)
Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier, d’après Scènes de la vie de bohème de Henry Murger, musique de Henri Hirchmann. Création au Théâtre des Variétés le 20 janvier 1905, avec Mmes Eve Lavallière (Mimi), Jeanne Saulier (Musette), Léonie Laporte (la Comtesse), Ginette (Francine), Fournier (Phémie), Debrives (Angèle), MM. Paul Fugère (Barbemuche), Alberthal (Marcel), Prince (Vicomte de la Bretèche), Claudius (Colline), Vauthier (Arsène), Carpentier (Rodolphe), Casella (Schaunard), Simon (Monetti), Bernard (Vicomte de la Fouchardière), Petit (Baptiste), Bergerat (Jacques), Batreau (Tardivel), Duclerc (le Notaire), Lambert (un Masque), sous la direction d’Oscar de Lagoanère.
« Principaux personnages : Carolus Barbemuche, précepteur du vicomte de la Bretèche ; le vicomte Paul de la Bretèche ; Rodolphe ; Colline ; Marcel ; Schaunard ; Monetti, fumiste enrichi, père d'Angèle ; Mimi ; Musette ; la comtesse de la Bretèche ; Angèle Monetti ; etc.
La scène se passe à Paris, en 1845.
La Petite Bohème est un des nombreux ouvrages tirés de la Bohème de Murger. La plupart de ces adaptations scéniques ont une fin tragique ; il était indiqué de tirer d'un livre aussi gai une action qui fût franchement gaie jusqu'au bout, et c'est ce qu'a voulu faire M. Paul Perrier.
Rodolphe, homme de lettres, a été chargé par son oncle Monetti, enrichi dans l'exercice de la fumisterie et père d'une fille charmante à laquelle il donne 300 000 fr. de dot, d'écrire un traité : le Manuel du parfait fumiste. Mais peu confiant dans l'assiduité au travail de son neveu, M. Monetti l'a consigné sur la terrasse de sa maison, où se passe le premier acte, et où il lui fait monter ses repas par un domestique. Pour éviter les tentatives d'évasion, l'oncle a retiré à son neveu ses vêtements de ville et les a remplacés par un costume turc. Rodolphe est donc censé écrire le Manuel, mais l'inspiration manque : il n'a pas encore tracé une ligne, et voici des jours qu'il est là.
Sous la terrasse habite une dame, et cette dame n'est autre que Musette, amie intermittente de Marcel, le peintre camarade de Rodolphe. Elle est actuellement entretenue par un baron qui l'ennuie. S'étant aperçus du voisinage, Musette et Rodolphe ont tôt fait d'établir des communications par une vieille trappe rouillée.
Arrive, par la trappe, Marcel. Celui-ci se réconcilie avec Musette, qui enverra son congé au baron. Marcel est l'invité de Musette, et il n'est pas le seul : le toit de Rodolphe va bientôt être garni d'une nombreuse et joyeuse compagnie. C'est d'abord Colline, le philosophe ; puis Schaunard, d'autres encore, et leurs amies. Parmi les dames se trouve Mimi, dont Rodolphe s'éprend instantanément. L'accord n'est pas long à conclure, et pour célébrer les accordailles on décide de faire un festin. La difficulté des vivres n'arrête pas longtemps la Bohème. Il y a d'abord le panier, contenant le dîner de Rodolphe, puis le dîner préparé par Musette. Cela serait très insuffisant, mais parmi les convives se trouve Carolus Barbemuche, précepteur du jeune vicomte Paul de la Bretêche, qui ambitionne d'être admis au cénacle, et qui pavera son admission de victuailles abondantes et choisies. La cérémonie d'admission, combinée avec les fiançailles de Rodolphe et de Mimi, termine le premier acte.
Le second acte se passe à l'hôtel de la Bretèche, où Barbemuche est censé faire piocher le droit au vicomte. Le précepteur a de graves préoccupations : pour rendre à ses amis du Quartier Latin leur politesse, il n'a rien trouvé de mieux que de les inviter à une soirée au domicile de la comtesse de la Bretêche, une royaliste intransigeante sur les principes. Il a cru pouvoir profiter d'une absence de la noble dame. Mais il lui faut la complicité du vicomte, qu'il obtient sans peine lorsque ce dernier apprend que Musette sera de la partie. Il aura aussi celle du vicomte Maurice de la Fouchardière, ami de Paul, très épris d'une autre invitée nommée Mimi. Mimi se laisse faire la cour, parce qu'elle est lasse de la misère et entrevoit des jours d'abondance. Musette vise plus haut : elle veut se faire épouser par Paul et ne lui donnera rien que « la bague au doigt ».
Nous assistons à une entrevue ménagée par la comtesse entre Paul et Angèle Monetti, dont la dot serait la bienvenue pour redorer le blason des la Bretèche. Après quoi les personnages graves se retirent ; la comtesse part pour Montmorency et la place est libre pour les invités de Barbemuche. Ils arrivent costumés : ce sont les mêmes qu'à la fin du premier acte ; Barbemuche costumé en Catherine de Médicis a beaucoup de succès, et tout irait bien si la comtesse ne rentrait inopinément. Outrée, la noble dame appelle la garde, qui arrive commandée par Monetti. Les danseurs sont mis en état d'arrestation comme le rideau tombe.
Un certain temps a passé entre le second et le troisième acte. Musette a réussi à se faire agréer comme fiancée de Paul de la Bretèche. Marcel ne se console pas de l'abandon de son amie. Rodolphe supporte plus stoïquement le départ de Mimi, devenue l'amie de Maurice de la Fouchardière ; mais, au fond, il y pense sans cesse. Au lever du rideau, les deux amis sont en train de travailler — ou de faire semblant — au restaurant de l'Ermitage, à Montmorency. Arrive bientôt la Bohème : Schaunard, Colline, Jacques et leurs amies. Une tuile dorée s'est abattue sur leurs têtes et ils viennent dépenser leur argent à la campagne. Tous ensemble partent pour une partie à ânes. Colline reste seul en arrière pour s'occuper du dîner. L'hôte a justement la commande d'un dîner de noce, la noce de Paul de la Bretèche ! Mais ce dîner s'annonce mal. Barbemuche, envoyé par la comtesse, décommande de nombreux couverts dont l'hôtelier fera profiter la Bohème.
Pendant un instant la scène reste vide : arrivent Mimi et Maurice, et nous assistons à une rupture. Pas plus tôt sommes-nous sûrs que Mimi est libre, surviennent les gens de la noce : elle est lugubre, la noce ! La comtesse pleure ; Monetti, qui est là avec Angèle, toute prête à prendre une succession qu'on devine devoir s'ouvrir bientôt, la réconforte. Paul est maussade et Musette, au moment de sauter le pas, éprouve de graves appréhensions. Aussi, quand revient la Bohème, la dénouement se précipite. Mimi, qui s'était esquivée, rentre au bras de Rodolphe, et après quelques mots d'explication sur le mode sentimental, Musette saute au cou de Marcel. C'est en cette posture que les trouvent Paul et sa mère : il ne sera plus question de mariage, de ce côté du moins, car il est évident, lorsque le rideau baisse pour la dernière fois, que Paul fera une fin en épousant Angèle Monetti. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
PETITE CENDRILLON (LA)
Opérette en deux actes, livret d'Antony Mars, musique d'Alcide Béjot (1902).
PETITE COMTESSE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Gaston Escudier, musique de Luigi Ricci, représenté au théâtre Taitbout le 21 février 1876. C'est une traduction un peu libre de l'opéra italien Chi dura vince, représenté à Milan en 1838, avec succès. Il s'agit d'un comte qui, pour éprouver la constance de Fiorina, sa femme, se fait passer pour un artisan et s'expose à beaucoup de mésaventures. Fiorina lui conserve sa tendresse, et le comte reprend son titre et son rang. Le livret est bien traité, avec esprit et grâce. La musique est charmante, mélodique et pleine de verve. On n'a pu en juger par l'exécution pitoyable de la troupe du théâtre Taitbout. Les meilleurs sujets étaient Mlle Breton et Mme Carlin.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PETITE FADETTE (LA)
Opéra-comique en deux actes, paroles d'Anicet Bourgeois, musique de Semet, représenté aux Variétés en 1850.
PETITE FADETTE (LA)
Opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, livret de George Sand et Michel Carré, musique de Théophile Semet. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 11 septembre 1869, décors d’Edouard Desplechin, avec Mmes Galli-Marié (Fadette), Bélia (Madelon), Guillot (Sylvinet), Révilly (la mère Fadet), MM. Barré (Landry), Gailhard (Barbeau), Armand Potel (Cadet-Caillaux), sous la direction de Ferrand.
« Le roman de la Petite Fadette est trop connu pour qu'une analyse de la pièce soit nécessaire : je ferai observer que ce mélange de sentimentalité et de réalisme qui en a fait le succès a nui beaucoup à celui de l'opéra. Le thème de l'œuvre littéraire ne pouvait être goûté qu'à l'aide de détails multipliés, d'épisodes et de longs dialogues. Dans une œuvre dramatique, l'action doit être simple et non entravée par les descriptions et les analyses de sentiment. Là où Sedaine, ou tout simplement Desforges aurait pleinement réussi, Mme George Sand a échoué. Un musicien laborieux et convaincu, comme M. Semet, a sans doute fait preuve de beaucoup de talent dans cet ouvrage ; mais, malheureusement pour lui, il a perdu sa peine. Des mélodies charmantes, des intentions ingénieuses, une orchestration des plus distinguées n'ont été appréciées que par les amateurs. Je citerai dans le premier acte le chant du Fadet : Fadet, petit Fadet, prends ta cape ; la chanson du bois joli et le chœur des enfants : Fadette qui naguère ne dansait. Dans le second acte on a remarqué les souhaits de la grand'mère : Ce soir, oublie en dormant ; les couplets de Cadet-Caillaux : Je suis jeune et bel homme. Il y a aussi le chœur dans lequel les effets de cloches sont bien rendus par les cors. Tout est intéressant dans cet opéra, musicalement parlant ; le troisième acte renferme aussi des morceaux traités avec beaucoup de goût, entre autres une romance de Landry : Oui, Fadette, quand je t'appelle. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
PETITE FEMME DE LOTH (LA)
Opéra burlesque en deux actes, livret de Tristan Bernard, musique de Claude Terrasse, représenté au petit théâtre des Mathurins le 01 octobre 1900, avec Mlles Marguerite Deval, Jolly, Varley et Mindès, MM. Tarride, Liesse et Chalande.
Création à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 02 mai 1901 (acte II seul).
« Fantaisie curieuse, gaie et amusante, accompagnée d'une musique aimable et vivante, dans laquelle on a particulièrement remarqué le chœur et l'hymne d'introduction, les couplets du déluge et la scène de la pétrification. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
« Principaux personnages : Loth, patriarche ; Dagar, sa femme ; Mélech, serviteur d'Abraham ; Schem, amoureux de Dagar ; les filles de Loth ; etc.
La scène se passe à Gomorrhe, il y a longtemps.
La fantaisie de Tristan Bernard ne connaît pas de bornes. Elle n'est égalée que par son irrévérence. On va en juger dans ces deux actes, qui donnent de la destruction de Gomorrhe, ou du moins de la tradition y relative, une version inédite et tout à fait inattendue.
Le patriarche Loth déjà très âgé et flanqué de deux grandes filles, a épousé en secondes noces une femme très jeune et fort jolie dont il est bien incapable d'apaiser les ardeurs. Pourtant elle a résisté jusqu'ici à un jeune homme de Gomorrhe nommé Schem ; elle lui a résisté, mais en s'arrangeant à ne le point désespérer.
Or voici que tombe chez le patriarche un serviteur d'Abraham, venu de Chaldée pour régler des comptes de moutons. Il est reçu tout d'abord par la servante Titsa, qui lui fournit — à notre intention — divers renseignements utiles pour l'intelligence de la pièce. Après la bienvenue d'usage, en musique, Mélech et Dagar échangent quelques propos savoureux, puis les filles de Loth emmènent l'hôte faire un brin de toilette dont il a grand besoin.
Arrive alors le soupirant de Dagar, le jeune Schem. L'épouse du patriarche continue à lui tenir la dragée haute ; elle ne trompera son mari que si l'on trouve le moyen de l'éloigner pendant une quinzaine de jours. Schem cherchera. L'entretien est interrompu par l'arrivée de Loth en personne. Il arrive navré par l'inconduite des gens de la localité. Son âme pieuse appréhende les plus grands malheurs. Sans doute un second déluge paraît peu probable, mais par contre, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que le feu du ciel... Mélech lui fait observer que jamais Jéhovah n'emploierait un moyen qui aurait l'inconvénient de frapper avec les coupables un juste tel que lui. Loth ne s'arrête pas à cette objection : si Jéhovah décide de frapper Gomorrhe, il saura bien l'avertir par le moyen d'un messager. « Tiens, tiens ! » se dit Dagar. Et elle sort.
Mélech a été frappé de la même idée au même instant. C'est que lui aussi convoite la femme du patriarche et serait bien aise de rester auprès d'elle. Ses intérêts diffèrent toutefois beaucoup de ceux de Schem : pour ce dernier il importe que Loth parte seul et laisse sa femme en arrière ; pour Mélech, il importe que Loth emmène sa femme, parce qu'alors Mélech aura l'occasion de faire route avec Dagar.
Il va donc y avoir pléthore de messagers célestes. Le premier qui se présente est un ange rose et joufflu — Dagar — qui vient du séjour du Très-Haut inviter Loth à fuir Gomorrhe, condamnée à être détruite par le feu du ciel. Seulement, Jéhovah exige qu'il parte sans sa femme.
A peine ce message est-il délivré qu'arrive un second envoyé céleste — Mélech — tout différent du premier : un homme barbu. Il donne à Loth un message semblable pour le fond au premier, mais avec cette différence que le patriarche est invité à emmener son épouse. Cette divergence étonne Loth, mais le second message doit sans doute corriger le premier. Il va faire ses préparatifs de départ.
Les plus mystifiés dans la circonstance sont les mystificateurs eux-mêmes, chacun se persuadant que l'autre est vraiment envoyé par Jéhovah, et tremblant pour les conséquences de son sacrilège.
L'arrivée des chameaux pour les bagages interrompt leur méditation et termine l'acte sur une note animée.
Le second acte se passe à quelque distance de Gomorrhe. Dagar et sa servante Titsa ont un peu d'avance et arrivent les premières en scène, près d'un bosquet célèbre comme rendez-vous d'amoureux. Si elles se sont hâtées, c'est qu'en cet endroit Dagar doit rencontrer Schem. Toutefois ce n'est pas Schem qui se présente, mais Mélech, qui fait à Dagar une déclaration brûlante, reçue assez favorablement du reste. Les deux faux anges se confient leurs angoisses et finissent par découvrir combien elles sont vaines.
Schem arrive à son tour : il a trouvé un truc merveilleux pour retenir Dagar à Gomorrhe sans son mari. Dagar est enchantée de rester à Gomorrhe... avec Mélech. Et pour cela il n'y a qu'à renouveler le coup de l'envoyé céleste, porteur cette fois d'un post-scriptum : défense à quiconque fait partie de la troupe de Loth de se retourner pour voir l'incendie de la ville coupable, sous peine d'être changé en statue.
Ça prend admirablement. Loth ne retournera plus une seule fois la tête en arrière. Il n'en est pas de même de sa femme, qui se retourne et s'arrête subitement immobile. En une chanson remarquable, elle décrit le froid qui monte, monte jusqu'au moment où elle se tait.
C'est maintenant au tour de Mélech à se retourner. Lui se pétrifie presque instantanément. Les autres s'en vont épouvantés, laissant les deux statues seules en présence. Celles-ci ne tardent pas à dégeler, comme bien vous pensez. Et au bout d'un temps très court, Dagar et Mélech disparaissent dans le bosquet des amoureux.
Arrive alors le pauvre Schem, accompagné d'un ami et de Titsa. Il trouve Dagar sans trop de peine, mais en quelle posture ! Mélech accepte un duel au sabre, qui ne donne aucun résultat. Jugeant que le jeu n'en vaut pas la chandelle, Schem renonce le premier : il se consolera avec une des filles de Loth, qui se trouve vacante. Mélech gardera Dagar. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
PETITE FONCTIONNAIRE (LA)
Comédie musicale en trois actes, livret de Xavier Roux, musique d'André Messager. Création au Théâtre Mogador le 14 mai 1921. => fiche technique
PETITE FRONDE (LA)
Opérette en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Audran, représentée aux Folies-Dramatiques le 16 novembre 1888, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Madame Jacobin), Ilbert et Riveri, MM. Huguet, Larbaudière et Guyon fils.
« Auteurs et compositeur ont été souvent mieux inspirés que dans cette pièce assez mal venue.
Les premiers ont eu une singulière idée de rapetisser un événement historique aux proportions de l'opérette, et de le transformer en une fable tant soit peu ridicule ; le second, dont le talent n'est pas en cause, n'a écrit cette fois qu'une partition banale, sans couleur, sans saveur et sans fraîcheur. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PETITE LAMPE MERVEILLEUSE (LA)
Opéra-comique-féerie en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au Gymnase le 29 juillet 1822 avec Mmes Méric-Lalande (Faruck-Naz), Fleuriet (Massoud), Léontine Fay (Aladin) ; MM. Bernard-Léon (Aboul-Hassan), Emile (Xailoum), Provenchère (Ali-Kas-Kas), Chalbos (Bohetzad).
PETITE MADEMOISELLE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre de la Renaissance le 12 avril 1879, avec Mmes Jeanne Granier, Desclauzas, Mily-Meyer, Piccolo, Ribe, Dianie, Kolb, MM. Berthelier, Vauthier, Urbain, Lary, Pacra, Libert, Caliste, Tony, Deberg, Duchosal, Tauffenberger, Auger, Perrenot, Desclos, William.
Le succès toujours croissant des opérettes du genre burlesque depuis vingt ans oblige les auteurs à de grands efforts pour en trouver de nouvelles. Au nombre de leurs inventions récentes figurent les cocasseries historiques. Prendre pour cadre un des faits de notre histoire nationale, le remplir avec une mise en scène très soignée, presque exacte, des décors et des costumes d'une fidélité relative, faire servir tout cela à la représentation de bouffonneries sans nom débitées dans le langage le plus bas et le plus plat, c'est là un piquant contraste, un assaisonnement offert au public qui dispense du goût littéraire et de l'art dramatique ; car on ne peut donner le nom d'art à une juxtaposition de scènes décousues où l'imprévu est la règle, l'invraisemblance l'élément du succès. Le premier acte se passe aux avant-postes de l'armée royale, devant Paris, en 1652 ; le deuxième à l'hôtel de ville, le troisième à l'hôtel Cameroni. La jeune comtesse Cameroni, veuve d'un mari vieux et infirme, est sollicitée par Mazarin d'épouser le frère jumeau de ce vieillard. Elle embrasse le parti de la Fronde tout aussi bien que la grande Mademoiselle, équipe une troupe à ses frais et intrigue avec l'Espagne. Mais elle veut entrer dans Paris pour mieux lutter contre Mazarin. Elle se munit du passeport d'une certaine Mme Douillet, femme d'un notaire d'Angoulême, chez qui les officiers de la garnison trouvaient facilement bon souper, bon gîte et le reste. La réputation de Mme Douillet s'était répandue jusque sous les murs de Paris, car, à la vue du passeport, les galants officiers entourent la comtesse et veulent la retenir. Celle-ci appelle à son aide le capitaine de Manicamp qui, la trouvant charmante, en devient sérieusement amoureux. La comtesse profite de cette passion subite pour obtenir de lui d'entrer dans Paris. Cet acte est émaillé de scènes burlesques ; des bourgeois, en jouant aux boules, se sont aventurés trop loin et ont été faits prisonniers ; leurs femmes viennent au camp les réclamer. L'un d'eux chante la chanson du cochonnet que le public a trouvée de son goût ; la légende du notaire d'Angoulême et les couplets de Mme Douillet ont été également remarqués. Pendant le second acte la comtesse, cachée sous le nom de Trompette chez sa sœur de lait, Mme Taboureau, cabaretière, soutient les frondeurs et les paye. Le capitaine Manicamp l'a suivie, déguisé en garçon charcutier, et se cache à son tour chez la tripière Madelon. La bataille s'engage ; Manicamp va rejoindre les royalistes ; la petite Mademoiselle fait élever des barricades que Manicamp attaque et escalade. La comtesse est faite prisonnière. C'est dans cet acte que se trouvent les intermèdes les plus bouffons et d'un réalisme de parti pris qui plaît à beaucoup de gens. Il parait qu'on aime voir la comtesse Cameroni, qui joue un rôle politique, crier aux buveurs qui appellent la fille ? la fille ?: Eh té ! la fille, la voilà ! Pas besoin de crier comme ça ! Il paraît qu'il est agréable d'entendre chanter à une tripière : Quand le cervelas va, tout va ! Je n’ connais qu’ ça. Le septuor de la conspiration a été traité en charge et le musicien a rappelé, en les parodiant, quelques passages du septuor des Huguenots :
Demain donc, demain à l'hôtel de ville
Nous y serons cent, nous y serons mille,
Tout ce que Paris a de flibustiers,
De coupeurs de bourses et d'aventuriers,
Les gueux, les filous, toute la racaille,
Nous les pousserons tous à la bataille ;
Nous les lancerons,
Les ameuterons,
Et par ce moyen nous réussirons.
Et là-dessus, Dieu nous assiste,
Bien qu'il soit triste
D'user de moyens violents,
Dieu soit pour nous et favorise,
Dans cette crise,
La cause des honnêtes gens.
Des rythmes anciens et populaires, des timbres de la Clef du caveau fournissent au musicien, pour ces nombreux couplets d'opérette, des passe-partout utiles ; ici c'est la Faridondaine, ailleurs c'est une autre chanson. Une scène, comique à cause même de sa platitude, est celle dans laquelle la tripière harnache son mari pour la patrouille :
Prends garde au froid, prends garde au chaud,
Il y a là un souvenir de la garde nationale assez exact.
Les meilleurs morceaux, au point de vue de la comédie musicale, sont les couplets de Trompette et Lambin et ceux de Trompette. La comtesse, déguisée en servante, arrose à ses frais les gosiers des émeutiers et leur chante cette drôlerie, qui a eu un succès de fou rire et de bon aloi :
Notre patron, homme estimable,
Voyant l'état où s' trouve Paris,
Veut qu'un' diminution notable
Soit faite aujourd'hui dans les prix.
Tant qu' dur’ra la cris' politique,
Par ma voix il vous avertit,
Qu'à tous ceux qui boiv’nt, sa boutique
Va rester ouvert' chaque nuit,
Et qu'avec ça, ça n'est pas tout,
Et qu'avec ça, j' suis pas au bout,
Et qu'avec ça, v'là la merveille,
Et qu'avec ça l’ prix d' la bouteille
Ça n' s'ra pas vingt sous, ça n' s'ra pas dix sous,
Ça n' s'ra pas cinq sous, ça n' s'ra pas deux sous,
Ça s'ra, ça s'ra ce que chacun voudra.
A la fin de l'ouvrage l'actrice, s'adressant au public, lui annonce dans une variante :
Que pour voir la p'tit' demoiselle
Ça n' s'ra pas vingt sous,
Ça n' s'ra pas dix sous, etc.
Ça s'ra beaucoup plus cher que ça !
Et en effet cette opérette, pendant le premier mois de ses représentations, a fait encaisser au théâtre de la Renaissance la somme de 139,125 francs ; ce qui donne une moyenne de 4,600 francs de recette quotidienne.
La mazarinade qui sert de thème au finale est commune. La comtesse a été conduite dans l'hôtel Cameroni, où elle doit épouser le préféré de Mazarin. Grâce aux manœuvres du cabaretier Taboureau et de Manicamp, elle échappe à un mariage odieux et finit par épouser son capitaine.
Les morceaux les mieux accueillis sont les couplets de Jacqueline, Jeunes et vieux, le motif joué par les petits violons, et le virelai de la comtesse, Arrivé dans Bordeaux. L'habitude d'écrire a donné à M. Ch. Lecocq une souplesse et une dextérité qui lui font suivre les paroles presque à la lettre, comme accent et comme rythme. En sa qualité de bon harmoniste, il sait faire tomber la parole et la bonne note sur l'accord avec précision. Il en résulte pour l'auditeur une satisfaction un peu commune, mais qui répond bien à son degré de culture musicale. C'est de l'art à la hauteur de l'idée qu'on se fait de la musique dans le haut et petit commerce, chez les gens oisifs ou occupés qui ne demandent qu'à se distraire. Les amateurs d'art et les gens de goût n'ont rien à voir dans ce genre de plaisir, dont le plus grand mérite est d'être lucratif pour ceux qui le cultivent.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PETITE MAISON (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Michel Dieulafoy et N. Gersin, musique de Gaspare Spontini. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 mai 1804 (seule représentation). Spontini n'avait pas été heureux avec le premier ouvrage écrit par lui pour la France, Julie ou le Pot de fleurs, donné au même théâtre. Il le fut moins encore avec celui-ci, dont la chute fut éclatante et la représentation singulièrement orageuse. La pièce, détestable, paraît-il, avait déjà considérablement indisposé le public, lorsqu'une incartade d'Elleviou, chargé du principal rôle, vint mettre le comble à la colère de celui-ci. Il s'ensuivit un tapage épouvantable, des huées, des cris, des sifflets, à tel point que l'ouvrage ne put être achevé et que jamais plus il n'en fut question.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PETITE MAISON (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Alexandre Bisson et Georges Docquois, musique de William Chaumet.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 05 juin 1903. Mise en scène d'Albert Carré. Décors d’Eugène Ronsin, Paul Paquereau et Amable. Costumes de Charles Bianchini.
Mmes Marguerite CARRÉ (Gabrielle), Catherine MASTIO (Florence), TIPHAINE (Claudine), Jeanne HUCHET-ROUSSELIÈRE (Babet), COSTES (Véronique), Pauline VAILLANT (Marya).
MM. Edmond CLÉMENT (de Fargis), Lucien FUGÈRE (Pichon), DELVOYE (Dominique), Georges MESMAECKER (Jasmin), IMBERT (Firmin), DELAHAYE (Justin).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Partition fort aimable, gentiment inspirée, écrite avec le plus grand soin par un artiste instruit et amoureux de son art, mais qui pâtit de la nullité d'un poème par trop insuffisant. Le compositeur mourait subitement peu de mois après cet échec qui ne lui était pas dû. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
PETITE MANON (LA)
Opéra-comique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Maurice Ordonneau et André Heuzé, musique d’Henri Hirchmann, représenté au Théâtre royal de Gand le 15 mars 1913.
PETITE MARIÉE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre de la Renaissance le 21 décembre 1875 avec Jeanne Granier (Graziella), sous la direction de Madier de Montjau. Cet ouvrage est jusqu'à présent le meilleur opéra bouffe du fécond compositeur, quoiqu'il soit le moins travaillé et renferme peu de morceaux saillants. Mais la pièce est amusante et reste dans des limites que l'on ne devrait jamais dépasser. Graziella, à peine mariée à San-Carlo, qu'elle aime, est l'objet des entreprises du podestat Rodolfo. Pour y échapper, elle est contrainte de passer pour la femme de Montefiasco, lui-même au pouvoir d'une épouse intraitable sur le chapitre de ses droits et qui les réclame au besoin la cravache à la main. Les deux jeunes mariés traversent une foule d'incidents comiques ; plusieurs même ont un caractère tendre et touchant. Si M. Lecocq avait le bon goût, dans l'intérêt de sa réputation et en même temps de la dignité de l'école française, de se montrer plus sévère et beaucoup moins accommodant dans le choix de ses livrets, s'il renonçait absolument aux concessions à faire à un public aussi ingrat et mobile qu'exigeant, il pourrait espérer d'occuper une place restée vide à la suite des maîtres dans le genre charmant de l'opéra-comique, si délaissé de nos jours ; car on ne connaît plus guère de pièces intermédiaires entre le grand opéra et l'opérette burlesque, parce que l'esprit et le goût font depuis longtemps mauvais ménage. L'ouverture de la partition de la Petite mariée est peu intéressante. Dans le premier acte, on peut signaler la chanson du coup de l'étrier, le duo de Graziella et de San-Carlo, la valse de la cravache. Dans le deuxième, les couplets de l'épée, ceux du jour et de la nuit, le duo de l'enlèvement et une assez jolie ronde de nuit. Le troisième acte est le plus musical de l'ouvrage. Les couplets des reproches : Pour vous sauver, on se dévoue, sont ingénieusement rendus, et une pointe de sensibilité se fait remarquer dans le duo des larmes : Tu pleures, Graziella. Les livrets que M. Lecocq met en musique ne lui fournissent pas l'occasion de faire preuve de son mérite en dehors de la comédie. La Petite mariée a obtenu un grand succès. Distribution : le podestat, Vauthier ; San-Carlo, Félix Puget ; Montefiasco, Dailly ; Graziella, Mlle Jeanne Granier ; Lucrezia, Mlle Alphonsine.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
« Principaux personnages : le podestat Rodolfo ; San Carlo ; Raphaël de Montefiasco ; Casteldemoli, père de Graziella ; Graziella, la petite mariée ; Lucrezia, femme de Montefiasco.
La scène se passe aux environs de Bergame au XVIe siècle.
Dans une auberge des environs de Bergame se cachent trois personnages mystérieux : Casteldemoli, un riche gentilhomme en délicatesse avec le podestat, à qui il refuse obstinément de céder une propriété dont celui-ci a grande envie ; sa fille Graziella ; enfin San Carlo, favori du podestat, qui va épouser Graziella, mais dans le plus grand secret. Il tient surtout à ce que son mariage soit ignoré de son auguste maître, et voici pourquoi :
Jadis le podestat le surprit en conversation criminelle avec son épouse aujourd'hui défunte ; magnanimement l'époux outragé fit grâce, mais en remettant sa vengeance à plus tard : sitôt San Carlo marié, il se réserve de lui appliquer la loi du talion. San Carlo a donc fait croire au podestat que sa santé nécessitait un séjour à la campagne et il va profiter de cette absence pour se marier. Il envoie chaque jour à Bergame des bulletins de santé peu rassurants, de façon a gagner du temps.
Aujourd'hui le mariage est imminent ; mais il manque à l'époux un témoin. A point nommé arrive Montefiasco, un malheureux qui vit sous la pantoufle d'une extraordinaire virago, la signora Lucrezia. Comme certain jour San Carlo sauva la vie à Montefiasco, il demanda à celui-ci, qui ne peut refuser, de remplacer le témoin manquant.
Tout irait bien si Lucrezia, impatiente de revoir son époux, ne venait pas tout compromettre. Pendant qu'elle fouille l'auberge, nouvelle complication : le podestat lui-même, alarmé par les bulletins que lui adresse son favori, vient en personne prendre de ses nouvelles, juste au moment où les époux reviennent de l'église ! Comment se tirer du pétrin ? San Carlo ne trouve rien de mieux que de présenter au podestat Montefiasco comme le mari de Graziella. Mais Graziella a produit sur le podestat une vive impression : aussi l'emmène-t-il séance tenante à la cour avec son père et son prétendu mari. San Carlo réussit à retenir la volcanique Lucrezia, puis à s'éclipser et à rejoindre son épouse à Bergame.
Au second acte, nous sommes au palais du podestat. Casteldemoli a été nommé grand chambellan, Montefiasco, capitaine des pages et finalement Graziella, lectrice de Son Altesse. San Carlo arrive brisé de fatigue. Il doit assister sans mot dire à bien des choses qui le chiffonnent et qu'on devine sans peine.
Lucrezia arrive à son tour ; elle apprend de son mari le secret de la comédie et consent à une réconciliation. Au moment où les deux époux s'embrassent ils sont aperçus par le podestat, qui se persuade qu'il y a brouille entre Graziella et son mari et en tire bon augure pour ses projets personnels. La scène de la lecture de Boccace, où la lectrice se trouble, le confirme dans cette impression. Il prend pour confident.... San Carlo lui-même ! Le pauvre mari est sur les épines. Décidément, il n'y a de salut pour lui que dans la fuite. Il décide sans peine Graziella à le suivre. Mais les fugitifs sont arrêtés par Lucrezia, qui prend San Carlo pour son mari. Le podestat arrive attiré par le bruit et n'en peut croire ses veux, lorsqu'il reconnaît San Carlo en celui qui voulait enlever Graziella. Il mande sur le champ Montefiasco et la situation est telle que la vérité doit apparaître.
En apprenant que San Carlo est marié, le podestat ne se sent plus de joie : enfin ! il tient sa vengeance !
Le troisième acte se passe dans un vestibule du palais, au petit jour. Par les ordres du podestat, San Carlo et Graziella ont passé la nuit séparément dans deux chambres militairement gardées. Et c'est Montefiasco qui monte la garde. Lucrezia vient le réclamer et lui demande de quitter la cour, où il est exposé à trop de tentations. Le pauvre mari préférerait rester, car le service militaire lui procure certains loisirs qu'il apprécie à leur juste valeur. Délivrés, les deux époux qui viennent de passer une si triste nuit de noces se lamentent sur leur sort. Le podestat qui survient rend par ses railleries plus cuisantes leurs peines. Il fait emprisonner San Carlo pour avoir les coudées plus franches, mais dans la conversation qui suit avec la petite mariée, il se laisse toucher par la candeur de la pauvre femme. Il apprend d'autre part que San Carlo ne fut pas le seul à profiter des faveurs de feue la podestate : Montefiasco possède en effet un portrait révélateur. En souverain magnanime, le podestat pardonne donc et San Carlo, rassuré sur la vertu de Graziella, pourra désormais aimer sa femme en toute tranquillité.
Quant au podestat, il aura sa petite compensation : la propriété qu'il convoitait et que Casteldemoli refusait de lui vendre, Graziella lui en fait don. La vertu sera donc, comme il sied, récompensée. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« L’idée première de cette opérette est tellement ingénieuse qu'il n'est pas extraordinaire de la rencontrer dans le répertoire de Scribe. Conférez le livret avec celui de l'opéra-comique Giralda ou la Nouvelle Psyché.
***
Rodolfo, podestat de Bergame, acquit jadis la certitude que sa femme l'avait trompé avec son meilleur ami, San-Carlo. Mais, au lieu de tirer de ce dernier une vengeance éclatante, suivant le mode romantique, avec le concours de ses sbires (à nous les plombs de Venise, l'onde perfide du Rialto, les lacets du Conseil des Dix, ou le poison des Borgia !) le tyran attendra qu'il se marie à son tour pour lui rendre les ornements de Minotaure dont il l'a si généreusement gratifié... Précisément, San-Carlo s'est mis à aimer la gentille Graziella de Casteldemoli — et, pour échapper à la loi du talion qui le menace, il se décide à un hymen clandestin... Mais voici que le podestat tombe au milieu de la noce ! Et, afin de soustraire Graziella aux entreprises du prince, le nouveau marié ne trouve rien de mieux que de la lui présenter comme venant d'épouser le seigneur de Montefiasco, son témoin — qui lui-même est d'ailleurs en puissance conjugale de la signora Lucrezia, fâcheuse et jalouse !
Toute l'habileté des librettistes consiste à tirer parti de cette fausse situation, qui entraîne dans les quiproquos les plus fous leurs personnages réunis dès l'acte suivant à la petite cour bergamasque. Nous y retrouverons Montefiasco, ballotté de Graziella à Lucrezia — qui l'accable de scènes et de coups de cravache — pendant que San-Carlo monte la garde autour ; il y a de quoi : le podestat a beau ne point se douter du tour qu'on lui joue, il n'en assiège pas moins la petite mariée — qu'il bombarde d'abord du titre de « lectrice », et puis de déclarations plus ou moins ambiguës, après avoir tenté de la troubler en lui faisant lire à voix haute les plus suggestifs Contes de Boccace, insidieusement commentés. Enfin, n'y tenant plus, il s'en vient faire confidence à San-Carlo du « coup de foudre » qu'il a ressenti pour sa délicieuse sujette — croyant toujours avoir affaire à « Mme Montefiasco » — et il lui annonce qu'il est prêt à lui pardonner le passé, à condition de pouvoir compter sur son concours dans la conquête de Graziella.
Le pauvre mari ne l'entend pas de cette oreille !... Il se décide à s'enfuir avec sa femme. Or, Lucrezia les a surpris ; et elle prend San-Carlo, masqué, et drapé dans un manteau couleur muraille, pour Montefiasco en train d'enlever quelque belle. Furieuse, elle fait une algarade terrible, qui donne l'alarme : le podestat accourt à la tête d'une ronde de nuit ! San-Carlo est reconnu. Rodolfo s'imagine qu'il a voulu lui souffler Graziella, et somme Montefiasco de pourfendre le ravisseur. Mais Montefiasco en a assez : et il dit tout. Il est désormais établi que Graziella est bien la légitime épouse de cet excellent San-Carlo... Le podestat se frotte sardoniquement les mains : il va pouvoir songer à sa vengeance.
On a enfermé les deux conjoints dans deux pavillons séparés. Rodolfo va de l'un à l'autre. Il nargue San-Carlo et multiplie les tentatives de séduction auprès de Graziella... jusqu'à ce que, touché par les larmes de la mignonne, il borne les effets de son ressentiment à faire croire au malheureux mari qu'il a tout obtenu de la timide enfant ; or, un malentendu va prolonger l'erreur et le tourment de celui-ci : pour remercier le podestat de sa clémence, Graziella lui fait hommage d'une propriété que son père Casteldemoli possédait enclavée dans les terres de la couronne, et qu'il avait toujours refusé de céder au prince. En apprenant que sa femme a dédommagé Rodolfo, San-Carlo s'imagine que c'est au prix de son honneur — et le tyran trouverait piquant de le laisser se le persuader... si toute idée de revanche ne venait à l'abandonner lorsqu'il apprend que son épouse ne l'avait pas trompé qu'avec son favori. En effet, si Lucrezia fit tant de scandale à propos de Montefiasco, c'est qu'elle savait que celui-ci eut jadis à la cour une maîtresse dont elle a gardé le portrait : or, elle vient de reconnaître l'image de sa rivale dans un des tableaux qui décorent la salle des gardes... C'était la défunte du podestat... « Décidément, conclut philosophiquement ce dernier, elle ne méritait pas ma vengeance... » Il pardonne. San-Carlo en sera quitte pour la peur.
***
Paul de Saint-Victor a dit de la partition de Charles Lecocq que « bien qu'écrite pour le flageolet de la musiquette, l'esprit y court et la verve y circule d'un bout à l'autre. C'est rempli de motifs charmants, de couplets ironiques et de morceaux fringants, d'une allure si vive et d'un tour si rapide, qu'ils semblent enlevés dans un galop de strette alerte, comme des poneys capricieusement endiablés, et qui auraient les ailes de Pégase ou de l'Hippogriffe. La perle de l'œuvre, pleine de gaîté malicieuse, d'espièglerie spirituelle, c'est le duettino du « Rossignol » de Boccace, mélodie tendre, voluptueuse, et qui mêle dans un gazouillement délicat la voix de la femme au chant de l'oiseau ».
Nous avons parlé des origines du sujet. D'autre
part, on a pu en remarquer la ressemblance avec l'intrigue de le Jour et la
Nuit, des mêmes auteurs (Vanloo et Leterrier), ainsi que de
Giroflé-Girofla, à laquelle la Petite Mariée succédait sur les
planches de la Renaissance, le 29 décembre 1875. Elle était interprétée par la
même étoile, Jeanne Granier — alors à ses débuts, qui furent un triomphe... à
tel point que le « Cercle des Mirlitons » la nommait membre honoraire de son
Union artistique, à l'occasion de la « centième », louait la salle, et donnait
sur
la scène, après le spectacle, un souper et un feu d'artifice de circonstance —
en l'honneur de Charles Lecocq. Son œuvre avait été représentée devant « un
parterre de têtes couronnées » venues tout exprès dans la capitale. On y
remarquait l'assiduité du compositeur Johann Strauss, qui ne quittait Paris que
pour aller conduire à Vienne la deux centième de sa Chauve-Souris (une
opérette, adaptée du Réveillon d'Henri Meilhac — que l'on devait bientôt
entendre sous le titre de la Tzigane).
Le directeur Hostein, cédant la Renaissance à Victor Koning, lui tint à peu près ce langage : « Mon cher, je suis obligé de vous imposer une pièce des auteurs de Giroflé, reçue par traité, et sur laquelle je ne compte pas. — Mais, en revanche, je vous laisse la Filleule du Roi. »
La Filleule du Roi se joua à peine une vingtaine de fois... Quant à la pièce imposée, sur laquelle il n'y avait pas à compter, c'était la Petite Mariée, qui fut jouée deux cent trente-trois fois de suite, reculant la date de clôture du théâtre et devançant celle de sa réouverture. Elle avait fait 200.000 francs de recette en cinquante représentations, et atteint un total de 365.000 francs pour la centième ; soit une moyenne de 3.650 francs par jour. Les librettistes touchaient 45.000 francs ; le compositeur 6 p. 100 ; les deux principaux interprètes 15.000 francs. La « petite Granier », qui avait débuté à 1.000 francs par mois dans Giroflé, obtenait donc un cachet quotidien de 150 francs. Le directeur, tous frais payés, pouvait compter sur 1.650 francs par jour de bénéfice net, soit un produit de 165.000 francs pour une saison (chiffres communiqués au Figaro par Jules Prével). — Il y eut une matinée au bénéfice des victimes de la grande inondation. Enfin, détail touchant, parmi les fleurs, Jeanne Granier reçut un jour une jolie poupée de chez Huret portant le même costume que la « petite mariée »... Galante façon de lancer son cœur à l'artiste — car, cela s'est chanté dans la Veuve Joyeuse : « Nos cœurs ne sont que des joujoux ! »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PETITE MUETTE (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, représenté aux Bouffes-Parisiens le 03 octobre 1877. L'auteur a imaginé une pièce aussi invraisemblable que compliquée. Mercédès est devenue muette le jour de son mariage avec le vieux seigneur José d'Albatros. Le docteur Cacomillas déclare que la jeune femme ne recouvrera la parole que sous l'influence de l'amour. Le colonel de dragons Raphaël apporte à don José le brevet de lectrice de l'infante accordé par le roi à la marquise. Malgré l'embarras où cet honneur jette les habitants du château, on part pour la cour. Le colonel sait pendant le voyage rendre la parole à la petite Muette. Alors, pour expliquer au mari un prodige aussi surprenant, l'auteur de la pièce n'a trouvé d'autre moyen qu'un coup de canon, qui sauve les jours du roi et fait de don José d'Albatros le plus heureux des favoris et le plus ridicule des maris. De telles élucubrations sont peu propres à relever l'art dramatique et encore moins l'art musical. M. Serpette a dépensé plus de savoir-faire et d'habileté technique que de goût dans cet ouvrage. La première partie de l'ouverture est agréable ; la fin en est commune. Les morceaux les mieux faits au point de vue musical sont : le chœur des vétérans, le duo de Raphaël et don José : Lisez, nous sommes en famille ; une habanera, le chœur, Buvons, la chanson militaire, une aubade, déjà entendue dans l'ouverture, et la chanson finale de Polichinelle, lue par Mercédès à la petite infante, qui est franchement gaie. Afin de rendre la musique plus animée, les auteurs de ces opérettes abusent des effets syllabiques. Chanté par Daubray, Jolly, Minart, Jeannin, Scipion, Maxnère, Dubois, Vinchon, Rivet ; Mmes Peschard (Raphaël), Théo, Luce, Descot, Blot.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PETITE NANETTE (LA)
Opéra-comique en deux actes, paroles et musique du Cousin-Jacques (Beffroy de Reigny), représenté au théâtre Feydeau le 9 décembre 1796 (19 frimaire an V).
« Ce petit ouvrage obtint un très grand succès, certifié par ce fait que peu de temps après son apparition un commerçant s'établissait dans la rue du Four-Saint-Germain, en arborant au-dessus de sa boutique l'enseigne : A la Petite Nanette. Il n'y a pas fort longtemps que cette enseigne subsistait encore. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PETITE POUCETTE (LA)
Vaudeville-opérette en trois actes et cinq tableaux, livret de Maurice Ordonneau et Maurice Hennequin, musique de Raoul Pugno, représenté au théâtre de la Renaissance le 7 mars 1891.
PETITE PRINCESSE (LA)
Opérette en un acte, livret d'Eugène Bertol-Graivil, musique de Charles de Sivry, représentée au Théâtre d'Application (Bodinière) le 08 mai 1893.
PETITE REINE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret d'Adolphe Jaime et Jules Noriac, musique de Léon Vasseur, représenté aux Bouffes-Parisiens le 09 janvier 1873. On a remarqué dans la partition, un peu incolore, un duo dans lequel est intercalé un joli madrigal : Quand vous me regardez à travers vos cils bruns ; l'ensemble vocal du deuxième acte et dans le troisième, un duo agréable et le rondo du baiser. Chanté par Désiré, Armand Potel, Mmes Judic, Peschard (le page Roger de Steinberg), Scalini.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PETITE REINETTE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Charles Clairville et William Busnach, musique de Louis Varney, représentée à Bruxelles, sur le théâtre des Galeries-Saint-Hubert, le 11 octobre 1882. Cet ouvrage est tombé à plat par la faute du livret.
PETITE SOUBISE (LA)
Opérette en un acte, paroles de MM. Max et Leclerc, musique de Raoul Schubert, représentée au Casino de Luc, le 19 août 1887.
PETITE TACHE (LA)
Vaudeville-opérette en trois actes, paroles de Fabrice Carré, musique de Victor Roger, représenté aux Bouffes-Parisiens le 26 mars 1898.
PETITE TONKINOISE (LA)
Opérette en un acte, paroles de Lebreton et Fernand Beissier, musique d’Albert Petit, représentée à l'Eden-Concert le 5 juillet 1890.
PETITE VÉNUS (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau, musique de Justin Clérice, représentée dans une version anglaise de Francis Richardson, The Royal Star, à Londres, Prince of Wales, le 16 septembre 1898.
PETITE VEUVE (LA)
Opérette en un acte, paroles de M. Verneuil, musique de M. Bovery fils, représentée au théâtre de Montmartre (Paris) le 27 janvier 1883.
PETITES BARNETT (LES)
Comédie-opérette en trois actes, de Paul Gavault, musique de Louis Varney, représentée au Théâtre des Variétés le 08 novembre 1898, mise en scène de Riga, avec Mmes Germaine Gallois (Suzannah), Angèle (Mme Verdurel), Eve Lavallière (Lucy), Diéterle (Margaret), De Verly (Fanny), A. Rogé (Léonora), Brunel (Arabella), Favelli (Dorothy), MM. Brasseur (Robert Garnier), Guy (Augustus), Prince (Tommy), Petit (Jean), Demey (Charles), Georges Mesmaecker (André), Leitner (Jacques), Raoul (John) ; chef d'orchestre : M. Fock.
PETITES BREBIS (LES)
Opérette en deux actes, livret d’Armand Liorat, musique de Louis Varney, représentée au théâtre Cluny le 05 juin 1895.
PETITES CARDINAL (LES)
Opérette en deux actes et dix tableaux, livret d’Albert Willemetz et Paul Brach, d’après le roman d’Halévy, musique de Jacques Ibert et Arthur Honegger.
Première représentation à Paris, Bouffes-Parisiens, le 15 février 1938, avec Saturnin Fabre (Monsieur Cardinal), sous la direction de Marcel Cariven.
PETITES COMÉDIES D’AMOUR (LES)
Opérette en un acte, livret de Dutertre et Alphonse Lemonnier, musique d’Adolphe de Groot, représentée au théâtre du Vaudeville le 14 juin 1865.
PETITES ÉTOILES (LES)
Opérette en trois actes, livret de Pierre Veber et Léon Xanrof, musique d'Henri Hirchmann, représentée au Théâtre Apollo le 23 décembre 1911, mise en scène d'Alphonse Franck, avec Mlles Angèle Gril (Florette), Marcelle Devriès, MM. Henri Defreyn, Paul Ardot (Ramouyer), Victor Henry, Clarel.
PETITES FEMMES (LES)
Opérette en trois actes, livret d'André Sylvane, musique d'Edmond Audran, représentée aux Bouffes-Parisiens le 11 octobre 1897.
PETITES VESTALES (LES)
Opéra bouffe en trois actes, paroles d’Ernest Depré et Arthur Bernède, musique de Frédéric Le Rey et Justin Clérice, représentée au théâtre de la Renaissance le 22 novembre 1900.
PETITS APPARTEMENTS (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri Dupin et Antoine-François Varner, musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique le 09 juillet 1827. => fiche technique
PETITS AUVERGNATS (LES)
Opéra-comique, musique de Morange, représenté au théâtre des Jeunes-Elèves en 1799.
PETITS AVEUGLES DE FRANCONVILLE (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Lebrun, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1802.
PETITS COMMISSIONNAIRES (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Gresnick, représenté au théâtre de la rue de Louvois, à Paris, en 1795.
PETITS DU PREMIER (LES)
Opérette en un acte, livret de William Busnach, musique d’Emile Albert, représenté d'abord sur le théâtre Saint-Germain le 03 décembre 1864, et ensuite aux Bouffes-Parisiens le 03 mars 1865.
PETITS LAPINS (LES)
Opérette en un acte, livret de Julien Sermet et Louis Battaille, musique d’Albert Petit, représentée au concert de l’Horloge le 18 juin 1887.
PETITS MONTAGNARDS (LES)
Opéra-comique, musique de Charles Foignet, représenté à Paris en 1793.
PETITS MOUSQUETAIRES (LES)
Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier et Jules Prével, musique de Louis Varney, représentée aux Folies-Dramatiques le 05 mars 1885, avec Mmes Marguerite Ugalde (D'Artagnan), Jeanne Andrée (Constance Bonacieux), Desclauzas (Armide de Tréville), Savary (Madeleine), MM. Gobin (Bonacieux), Simon-Max (Planchet), Tony-Riom (de Tréville), Edouard Montaubry (Athos), Riga (Porthos), Delausnay (Aramis), Péricaud (l'Aubergiste), Paul Ginet (Grimaud), Duhamel (Bazin), Gildès (Mousqueton).
Reprise aux Folies-Dramatiques le 22 novembre 1893 avec Louise Thuillier-Leloir (Constance Bonacieux).
« C'est comme une sorte d'adroite réduction, avec le concours de la musique, du drame si vivant et si empanaché qu'Alexandre Dumas et Auguste Maquet avaient tiré de leur fameux roman : les Trois Mousquetaires. Il n'obtint guère moins de succès et fournit une brillante carrière. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PETITS PRODIGES (LES)
Opérette en un acte, livret d'Adolphe Jaime et Etienne Tréfeu, musique d’Emile Jonas, représenté aux Bouffes-Parisiens le 19 novembre 1857.
« On eût dit une crèche, un cours d'A B C, un carnaval de moutards. Ils étaient là une vingtaine, déguisés en bébés et se livrant à des cabrioles désordonnées, exécutant un charivari à égayer un hospice de sourds et muets. Après plusieurs scènes d'une extravagance vraiment risible, commençait un concert instrumental dont les parties étaient exécutées réellement par plusieurs artistes de la troupe, les autres jouant du mirliton, qui est un instrument à la portée de tout le monde.
Léonce tenait la partie de violoncelle.
Tayau exécutait des variations excentriques sur le violon.
Mlle Maréchal jouait du piano.
Guyot du cornet à piston.
Et Désiré soufflait dans un basson ; or, cet instrument lui fut jadis familier, et la façon dont il en jouait lui valu même un prix au Conservatoire. La première fois que Désiré voulut faire profiter le public de son talent ce fut un jour de grande revue, comme musicien de la garde nationale. — Le moment est venu de faire honneur au Conservatoire, et Désiré attaque avec conviction un solo pathétique... Mais — « Oh ! la, la ! » — notre virtuose avait voulu faire petit pied, et les bottes trop exiguës qu'il avait chaussées lui causèrent une douleur telle que le solo en prit une teinte mélancolique ; jamais, de mémoire de basson, notes plus plaintives ne s'étaient fait entendre. L'assistance, émue, pleurait comme au quatrième acte de la Reine Margot, quand Lamole et Coconas endurent le supplice du brodequin. Désiré, lui, était pressé d'en finir, et le chef de musique avait toutes les peines du monde à l'empêcher d'accélérer la mesure ; en pareil cas, les adagio deviennent facilement des presto vivace.
Arrivé à la fin du morceau, — tout passe en ce monde ! — le malheureux supplicié s'empressa de quitter les rangs pour aller... se mettre à son aise, et il dut rentrer chez lui son instrument sous un bras et ses bottes sous l'autre. L'aventure fit quelque bruit.
Mais nous voilà loin des Bouffes ; empressons-nous d'y rentrer pour écouter le festival des Petits prodiges.
Le thème donné était celui du Carnaval de Venise dont on se renvoyait les variations burlesques entremêlées de reprises par le chœur des mirlitons. Puis venait la Basse-cour grande valse imitative avec aboiements, miaulements, et cris d'oiseaux effarouchés.
Le concert fini, Léonce tirait gravement un bouquet de sa poche, le jetait en l'air, le recevait et saluait le public. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
PETITS VIOLONS DU ROI (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d'Eugène Scribe et Henry Boisseaux, musique de Louis Deffès, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 30 septembre 1859, avec Mmes Caroline Girard (Lulli), Amélie Faivre (Mme Beauvais), Marie Faivre (Hortense), Caroline Vadé (Vol-au-vent), Célat (Risotto) ; MM. Désiré Fromant (Philippe Beauvais), Emile Wartel (Ododéi), Gabriel (Béchamel), Leroy (le Commissaire).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 23 en 1859, 5 en 1860.
« L'action se passe en 1654, peu après la majorité de Louis XIV. Lully est le héros de la pièce, et quelques-uns des morceaux qui lui sont attribués défrayent la partition, fort habilement écrite par M. Deffès, et bien interprétée par Mlle Caroline Girard. On a remarqué le God save the king, ingénieusement arrangé. Cet ouvrage a eu vingt-huit représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« On y voyait pendant trois actes Lully en marmiton, sous les traits de Mlle Girard. Pièce mal cuisinée, pleine d'invraisemblances et faite de scènes accommodées en ratatouille sans sel, ni piment. L'agréable musique de M. Deffès était un dédommagement, sinon une compensation suffisante à la débilité du livret. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PÉTRARQUE ou LAURE ET PÉTRARQUE
Pastorale lyrique en un acte, livret de Moline, musique de Candeille, représentée à l'Opéra le 02 juillet 1780. Les caractères de Pétrarque et de Laure sont entièrement travestis dans cet ouvrage, qui n'eut d'ailleurs aucun succès. Le principal titre à la renommée de Candeille est son opéra de Castor et Pollux, refait sur celui de Rameau, et dans lequel on remarque quelques bons morceaux.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PÉTRARQUE
Opéra en quatre actes, livret de J. Dharmenon, musique de Hippolyte Duprat, représenté au Grand-Théâtre de Marseille le 19 avril 1873. Il est difficile de comprendra qu'on ait eu la pensée de violenter aussi bien l'histoire que la légende dans un pays si voisin des lieux habités par Pétrarque et par Laure. Dans la pièce, la princesse romaine Albani dispute à Laure le cœur du poète et, désespérant de l'emporter sur sa rivale, fait empoisonner celle-ci et se donne ensuite la mort dans l'église où Pétrarque pleure sur le cercueil de son amante. Les morceaux les plus remarqués ont été, dans le premier acte, la romance : La colombe craintive, au deuxième, un chœur de jeunes filles : Jour des Rameaux, et le duo : Tout me sourit dans ce vallon ; au quatrième, le Requiem et une romance de ténor. Les auteurs n'ont pas négligé l'occasion d'une belle mise en scène et ont placé au troisième acte le triomphe de Pétrarque au Capitole. Ecrit dans le style italien, cet ouvrage n'en est pas moins intéressant, et il renferme plusieurs morceaux d'une belle inspiration, parmi lesquels on peut citer la scène dans laquelle Colonna invite Pétrarque à retourner en Italie ; pendant le duo qu'ils chantent, on entend une jolie barcarolle, et on voit Laure passer dans le lointain. Distribution : Pétrarque, Delabranche ; Laure, Mlle Arnaud ; princesse Albani, Mlle Lebel ; Dermond, Horeb. Cet opéra a obtenu un chaleureux succès.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
Sous la forme d’opéra en cinq actes et six tableaux, sur un livret de MM. Hippolyte Duprat et J. Dharmenon, il fut représenté pour la première fois à Paris le 11 février 1880, au théâtre de l'Opéra-Populaire. Le public parisien, subissant l'influence des sectaires de la mélopée infinie et indéfinie, s'est montré de parti pris intolérant envers cet ouvrage conçu dans la forme des opéras italiens de Donizetti et de Mercadante. On ne saurait nier qu'il y ait des réminiscences dans cet opéra de Pétrarque ; mais il renferme de fort beaux fragments d'une inspiration réelle : tels sont le second duo du troisième acte, la romance de Pétrarque en présence de la tombe de Laure, et, dans un tout autre genre, la farandole, dont la mélodie est aussi franche que l'effet scénique en est charmant. La longueur démesurée de la partition a nui certainement à l'effet de la représentation à Paris. On l'a allégée un peu ; mais pour sauver le navire, on ne doit pas hésiter à jeter par-dessus le bord les fardeaux les plus pesants. Ce n'est pas à l'égard du compositeur que la critique pouvait se montrer aussi sévère, mais bien envers les librettistes qui ont altéré, en le vulgarisant, cet amour platonique dont les grands poètes seuls sont susceptibles, qui leur fait tant d'honneur et qui entoure d'une chaste auréole le front de celles qui ont su l'inspirer.
Il me semble qu'il n'était pas nécessaire, pour exciter l'intérêt, de transformer en une maîtresse ordinaire la belle Laure de Noves, cette vertueuse mère de famille, crebris partubus fessa, a dit d'elle Pétrarque lui-même. Les auteurs se sont ainsi privés de l'élément qui donne le plus de force à une œuvre lyrique ou dramatique, le caractère. Sans le caractère spécial de cette passion, Pétrarque n'aurait pas consacré à l'immortalité de Laure ses 318 sonnets et 88 canzone. Ces relations platoniques ne se sont jamais démenties et on en trouve encore la marque dans le dernier poème que lui inspira son tombeau et qui commence ainsi :
Qui riposan quei caste et felici ossa
Di quell' alma gentile et sola in terra.
L'opéra de Pétrarque a été chanté à Paris par MM. Warot, Plançon, Doyen ; Mmes Perlani et Jouanny.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PEUR DU GENDARME (LA)
Vaudeville-opérette en trois actes, paroles de Paul Ferrier, musique de J. Darien, représenté aux Bouffes-Parisiens le 21 février 1887.
PHAEDRE
[Fedra]
Tragédie lyrique italienne en trois actes, livret de Gabriele d'Annunzio, musique d’Ildebrando Pizzetti (composé entre 1909 et 1912).
Créé à Milan, Théâtre de la Scala, le 20 mars 1915 par Mmes Salomea KRUCENISKI (Phaedre), CESARI (Astimone), Fanny ANITÚA (Aethéa), MM. GRANDINI (Thésée), Edoardo DE GIOVANNI (Hippolyte), Giulio CIRINO (Eurythos) sous la direction de Gino MARINUZZI.
Première fois à Paris, au Palais Garnier, le 07 juin 1923 (répétition générale le 06 juin à 14h), de la tragédie de Gabriele d'Annunzio, traduite en français par André Doderet, avec une musique de scène empruntée à l’œuvre lyrique de Pizzetti, mise en scène d’Armand Bour, décors et costumes de Léon Bakst.
Mmes Ida RUBINSTEIN (Phaedre), S. DESPRES (Astymone), M. MORENO (Aethéa), M. BERRY (Gorga), SYLVIE (Hipponoé), GREYVAL (Eunone).
MM. DESJARDINS (Thésée), YONNEL (Hippolyte), CAPELLANI (Eurythos), CHAMBREUIL (le Prêtre).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT.
5 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Acte I : Phaedre, dans le palais de Thésée, attend le retour de son mari. Au large, la voile noire annonce le désastre des Sept. Phaedre n'est pas émue, car elle n'aimait pas Thésée. Mais celui-ci n'est pas mort. Il revient vainqueur, et fait trois présents à son fils Hippolyte : un cheval fougueux, un vase d'argent, une captive. Phaedre est aussitôt jalouse de celle-ci, car elle aime son beau-fils. Acte II : Rentrée chez elle, elle ne peut penser qu'à lui. Celui-ci arrive et reproche à sa belle-mère d'avoir tué la captive, qui lui plaisait, car il n'est plus, comme celui de Racine, le chaste chasseur des forêts. Phaedre veut le baiser sur la bouche : il la repousse. Elle crie qu'il a voulu la violenter, et elle montre la hache dont elle assure qu'il l'a menacée. Thésée le voue à la colère des dieux, qui le font tuer par son cheval. Acte III : L'aède chante le thrène autour du cadavre. Aphrodite tue Phaedre. Le drame est plus sauvage, plus primitif, plus brutal que la tragédie de Racine ; le meilleur éloge qu'on en puisse faire est de constater que Phaedre nous intéresse autrement mais à l'égal de Phèdre. Mme Ida Rubinstein lui prête de jolies attitudes.
Sur le thème légendaire lyriquement développé par G. d'Annunzio, J. Pizzetti a écrit une musique de scène et des chœurs de caractère très moderne. Ce compositeur est avec F. Malipiero, l'un des plus remarquables de l'école contemporaine italienne ; il a de la sensibilité et du savoir ; peut-être emploie-t-il un orchestre un peu touffu. »
(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1923)
PHAÉTON
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully, représentée à Versailles, théâtre de la Cour, le 06 janvier 1683 et par l'Académie royale de musique le 27 avril de la même année.
« Cet ouvrage a obtenu un immense succès. La magnificence du spectacle, sans doute, lui a fait donner le nom d'opéra du peuple. Il renferme cependant des beautés d'un ordre très élevé et d'un sentiment exquis. Le prologue n'offre en scène que deux personnages, Saturne et Astrée, avec le chœur. Il a pour sujet : Le retour de l'âge d'or, et pour objet principal, l'éloge de Louis XIV. La pièce offre une grande variété d'effets, de machines et de métamorphoses. Protée se transforme successivement en lion, en arbre, en monstre marin, en fontaine et en flamme. Le temple d'Isis, le palais du Soleil, la course de Phaéton et sa chute, ont fourni l'occasion d'un grand spectacle que les témoignages contemporains s'accordent à considérer comme extraordinaire. Nous citerons pour la musique l'air charmant qui ouvre le premier acte et qui est chanté par Libie : Heureuse une âme indifférente, et toute la scène deuxième entre Théone et Libie : Je ne vous croyais pas dans un lieu solitaire, qui est d'une noblesse soutenue et d'une grande délicatesse d'expression ; la scène d'Epaphus et de Libie, qui se termine par le petit duo :
Que mon sort serait doux
Si je vivais pour vous !
Le chœur des heures : Dans ce palais, bravez l'envie, et l'air d'Epaphus : Dieu qui vous déclarez mon père ; l'air de Triton : Que Protée avec nous partage et Le plaisir est nécessaire ; le duo intéressant entre Epaphus et Libie : Hélas ! une chaîne si belle ; l'air pour soprano, dans le cinquième acte, chanté par une bergère égyptienne : Ce beau jour ne permet qu'à l'aurore. C'est surtout par la combinaison variée des rythmes, par la belle déclamation des récitatifs et la parfaite intelligence du poème que les partitions de Lulli se recommandent à l'attention. Celle de Phaéton est une des plus riches et des plus variées. Cet ouvrage obtint sept reprises jusqu'en 1742, et il a eu successivement pour principaux interprètes : Chopelet, Dun, Thévenard, Cochereau, Murayre, Tribou, Chassé, Jélyotte ; et Mmes Moreau, Desmâtins, Maupin, Tulou, Antier, Lambert, Le Maure, Eremans, Dominique.
Romagnesi et Riccoboni, les impresarii des théâtres de la foire, firent de Phaéton des parodies fort amusantes, parmi lesquelles on peut citer celle intitulée : le Cocher maladroit. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage inégal fut joué d'abord à Versailles devant le roi, le 6 janv. 1683. La blonde et belle Fanchon Moreau débute à l'âge de quinze ans dans le prologue de Phaéton.
Reprises : 1692, 1702, 1710, 1721, 1730 et 1742.
En novembre 1721, le roi de France se rend à la représentation publique de cet opéra : Louis XV n'avait jamais encore assisté à un pareil spectacle.
Palaprat, l'abbé Macharti, Dominique et Romagnési, Riccoboni, ont fait représenter des parodies de Phaéton, que les contemporains de Lully avaient surnommé l'opéra du peuple.
Le duo Que mon sort serait doux et le célèbre duo du 5e acte Hélas ! une chaîne si belle... sont restés les morceaux les plus aimés de cet ouvrage. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PHANOR ET ANGELA
Opéra en trois actes, paroles de Faur, musique de Persuis, représenté à Feydeau en juillet 1798.
PHAON
Opéra en deux actes, livret de Claude-Henri Watelet, musique de Niccolo Piccinni. Création à Choisy, Théâtre de la Cour, en septembre 1778. Le succès obtenu par l'opéra de Roland aurait dû faire ouvrir les portes de l'Académie royale de musique à ce gracieux ouvrage. Il n'en fut rien. Piccinni était protégé par la reine. Les vieilles et sottes rancunes des partisans du coin du roi suscitèrent au compositeur bien d'autres entraves.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PHARAMOND
Drame en cinq actes avec chœurs et chants, musique de Glachant, représenté au théâtre du Délassement-Comique en 1790. L'auteur remplissait à ce théâtre les fonctions de chef d'orchestre.
PHARAMOND
Opéra en trois actes, livret de François Ancelot, Pierre-François-Félix Guiraud et Alexandre Soumet, musique de Henri Montan Berton, Rodolphe Kreutzer et François Adrien Boieldieu. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 10 juin 1825. Ballets de Pierre Gardel. Décors de Charles Ciceri. Costumes d'Hippolyte Lecomte. Avec Dérivis (Pharamond), Ad. Nourrit (Clodion), Prévost (Orovèse), Dabadie (Théomir), Hennekindt [Giovanni Inchindi] (le chef des Gaulois), Ferd. Prévôt, Lafont et Bonnel ; Mmes Grassari (Phédore), Jawureck (Isule) et Mme Dabadie (l'Ange de la France).
« Pharamond, chef des Francs, s'est allié avec les Gaulois pour chasser les Romains ; mais Clodion, son fils, épris de Phédora, fille d'Orovèze, qui veut la consacrer au service des dieux, s'oppose a ce sacrifice, ce qui amène la désunion entre les deux peuples. Tout à coup on annonce l'approche des Romains. Gaulois et Francs ne songent plus qu'à repousser l'ennemi commun. Orovèze seul, pour se venger, veut livrer sa patrie et faire périr l'amant de sa fille. Pharamond, vainqueur, pardonne au coupable, qui consent enfin à l'hymen qui doit cimenter l'union des deux peuples. Le charme des ballets, la pompe du spectacle, la magnificence des costumes et des décorations, ont rendu cet ouvrage digne de son objet. Succès. »
[Almanach des spectacles, 1826]
« C'est un opéra de circonstance dans lequel les collaborateurs ont trop compté les uns sur les autres. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Encore un opéra de circonstance : il fut composé à l'occasion du sacre de Charles X (Reims, 29 mai 1825).
Malgré sa bonne interprétation, Pharamond n'obtint aucun succès. Il n'en est resté qu'un chœur et un duo de Boieldieu : on les a entendus aux Concerts du Conservatoire. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PHARAONS (LES)
Grand opéra en quatre actes et cinq tableaux, livret de Ferdinand Dugué et Charles Grandmougin, musique de Charles Grelinger, représenté au théâtre municipal de Reims le 7 décembre 1899.
PHÈDRE
Tragédie lyrique en trois actes, livret de François Hoffman, musique de Jean-Baptiste Lemoyne.
Première représentation à Fontainebleau, devant la cour, le 26 octobre 1786, puis à l'Opéra (salle de la Porte-Saint-Martin) le 21 novembre 1786 avec Chéron (Thésée) , Rousseau (Hippolyte) ; Mme Saint-Huberti (Phèdre), sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
PHILADELPHIE
Opéra en un acte, musique de Beaulieu, écrit en 1855. M. Beaulieu est plutôt connu par son dévouement à l'art et par ses fondations généreuses que par ses compositions.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PHILANTHROPE (LE) ou L'AMI DE TOUT LE MONDE
Comédie en trois actes, en prose, avec un divertissement, paroles de Legrand, musique de Quinault, représentée aux Français le 17 février 1724.
PHILÉMON ET BAUCIS
Ballet héroïque en un acte, livret de Chabanon de Maugris, musique de Gossec. Création au Théâtre de l'Opéra le 26 septembre 1775, à la suite d’Alexis et Daphné, pastorale en un acte, des mêmes auteurs. M. Chabanon de Maugris est le frère du littérateur distingué de ce nom, auteur de plusieurs ouvrages intéressants sur la musique, et membre de l'Académie française et de celle des Inscriptions. La France comptait un bon compositeur de plus. Quoique originaire du Hainaut, Gossec parcourut toute sa carrière musicale dans notre pays.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PHILÉMON ET BAUCIS
Opéra-comique en deux actes, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique de Charles Gounod. Création au théâtre de Baden-Baden durant l’été 1859, dans une version en deux actes. Première au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860, dans une version en trois actes. Première à l'Opéra-Comique le 16 mai 1876, dans la version définitive en deux actes. => fiche technique
PHILIPPE ET GEORGETTE
Opéra-comique en un acte, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 décembre 1791. Le livret est amusant. Il s'agit d'un pauvre soldat suisse qui a eu la fantaisie de passer la frontière en temps de guerre pour voir une jeune fille qu'il aime, et qui est poursuivi de maison en maison, traqué et sur le point d'être fusillé. La jeune Française cache son amant pendant plusieurs jours dans un cabinet noir, sous une table, dans une caisse, où elle peut, et finalement, après les embarras les plus émouvants et les complications les moins rassurantes, la grâce du malheureux Suisse est accordée, et les parents de la jeune fille souscrivent à leur union. La naïveté de la mélodie, la simplicité de la musique de Dalayrac désarment la critique. L'ouverture est le meilleur morceau de l'ouvrage. Plusieurs airs ont été populaires, notamment les chansons de Bonnefoi, dont la première se termine par ces mots :
Mais on aime ce qu'on n'a pas,
Et ce qu'on a cesse de plaire.
Nous signalerons aussi l'air de M. Martin, pour basse-taille : Oui, je vois, j'entende fort bien.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PHILIPPINE
Opérette en trois actes et six tableaux, livret de Jean Limozin, musique de Marcel Delannoy. Création à la Comédie des Champs-Elysées le 21 octobre 1937 avec Mlle Agnès Capei, MM. Urban, Cuénod, Yvon Le Marc-Hadour et Eric Reine.
"Sur un livret assez pauvre, le musicien a écrit une partition curieuse par le mélange des tons où elle se complait et qui ne craint pas d'associer parfois les sonorités du jazz aux subtilités de Debussy." (Larousse Mensuel Illustré, 1937)
PHILOCLÈS
Opéra-comique en deux actes, livret de Justin Gensoul, musique de Victor Dourlen. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 octobre 1806.
PHILOCTÈTE
Tragédie en trois actes, imitée de Sophocle par Pierre Quillard, avec musique d’Arthur Coquard, représentée à l'Odéon le 19 novembre 1896.
PHILOMÈLE
Opéra, livret de Charles-Auguste, marquis de La Fare (1644-1712), capitaine des gardes de Philippe d'Orléans, musique de Philippe II d'Orléans (le Régent de 1715 à 1723), en collaboration avec Marc-Antoine Charpentier, représenté trois fois au Palais-Royal en 1694. Musique et livret perdus.
PHILOMÈLE
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Roy, musique de La Coste, représentée par l'Académie royale de musique le 20 octobre 1705, avec Thévenard (Térée), Mlle Journet (Progné), Mlle Desmatins (Philomèle), Cochereau (Athamas), Mlle Loignon (Minerve), Mlles Dujardin, Dupeyré, Poussin et Aubert ; Chopelet, Mantienne, Desvoyes, Boutelou et Dun (prologue).
Reprises : 1709, 1723 et 1731.
Parodie de Piron en 3 actes : 12 juin 1723.
« Lors de la quatrième reprise de cet ouvrage, qui eut lieu en 1734, Thévenard fut remplacé par Chassé. Mlles Le Maure et Antier chantèrent les rôles de Philomèle et de Progné. Jélyotte, qui devait bientôt briller au premier rang, parut dans deux rôles secondaires de Génie et de matelot. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PHILOMÈLE
Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck), représenté à Versailles vers 1716.
PHILOMÈLE ET THÉRÉE
Pantomime dialoguée en trois actes, de Corsse, musique de Quaisin et Quinebaud, représentée à l'Ambigu-Comique le 17 décembre 1800.
PHILOSOPHE EN VOYAGE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de Paul de Kock, musique de Frédéric Kreubé et Louis-Barthélemy Pradher. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 août 1821, avec Mmes Antoinette Lemonnier (Amélie de Marsan), Marie Julie Boulanger (Justine) ; MM. Auguste Huet (le Colonel de Germancey), Vizentini (M. de Valbreuse), Augustin Lemonnier (Saint-Léon), Darancourt (M. de Fonval), Batiste (Frontin), Julliet (Dumont), Allaire (un Garçon d'auberge), Louvet (un Brigadier de maréchaussée).
« Sujet un peu usé ; mais toujours heureux au théâtre. Succès. »
[Almanach des spectacles, 1822]
PHILOSOPHE PRÉTENDU (LE)
Comédie mêlée de chants en trois actes, livret de Desfontaines, musique anonyme. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 06 octobre 1762.
PHILTRE (LE)
Opéra en deux actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 20 juin 1831. Décors de Charles Ciceri. Avec Mmes Dorus-Gras, puis (6 juillet) Mme Damoreau (Thérésine), Mlle Jawurek (Jeannette) ; MM. Adolphe Nourrit (Guillaume), Levasseur (le docteur Fontanarose), Dabadie (Joli-Cœur), Élie (le Valet).
« Le sujet du livret a été traité plusieurs fois et a fourni à Donizetti l'occasion d'écrire une charmante partition : l'Elisire d'amore. Guillaume obtient d'un charlatan un philtre qui doit le faire aimer de Thérésine ; en possession de cette liqueur précieuse, il dédaigne d'abord la jeune fermière, et se ravise ensuite. C'est un canevas fort léger et qui n'offre guère de situations dignes de notre grande scène lyrique. Le déploiement des chœurs de l'Opéra, la solennité de l'orchestre n'ont pas de raison d'être pour un si mince intérêt. Quant à la musique écrite par le maître français, elle porte l'empreinte des qualités qui le distinguent. Les mélodies ont de la grâce, de la franchise. Nous signalerons l'air : Je suis sergent, brave et galant, écrit pour Dabadie ; l'air de Fontanarose : Vous me connaissez tous, chanté par Levasseur ; la barcarolle à deux voix : Je suis riche, vous êtes belle, d'une facture gracieuse et originale ; et le morceau d'ensemble du second acte, où les villageoises pressent Guillaume de danser avec elles. Nourrit a joué, avec un naturel parfait, le rôle du villageois naïf. Mlle Dorus et Mme Damoreau ont chanté tour à tour, avec succès, celui de Thérésine. Les décors, de Ciceri, furent très appréciés. Cet ouvrage transporté à l'Opéra-Comique y fournirait encore une longue carrière. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Castil-Blaze s'est trompé en fixant la date de cette première représentation au 13 octobre 1831. Il parle aussi d'une innovation importante qui remonterait à cette soirée : le rideau, qui depuis le 19 mars 1671 ne se baissait qu'au dénouement de la pièce, serait tombé pour la première fois à la fin de chaque acte. Nous n'avons pu réussir à nous assurer de l'exactitude de ce renseignement.
Centième représentation : le 3 novembre 1837.
Parodie : le Philtre champenois.
Opéra italien : l'Elisire d'amore, musique de Donizetti. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PHI-PHI
Opérette en trois actes, livret d’Albert Willemetz et Fabien Solar, musique d’Henri Christiné.
Création à Paris, Bouffes-Parisiens, le 12 novembre 1918, chorégraphie d'Aveline, avec Mmes Alice Cocéa (Aspasie), Pierrette Mad (Madame Phidias) ; MM. Urban (Phi-Phi), Dréan (Le Pirée), Michel Barré (Périclès), Ferréal (Ardimédon) ; direction de Jules Berny.
Reprise le 05 septembre 1933 avec Mmes Grégory (Aspasie), R. Paris (Madame Phidias) ; MM. Urban (Phidias), Dréan (Le Pirée), Nelson (le Prince), Hennecy (Périclès).
« Chantons Phi-Phi…
Phi-Phi est un succès fort sympathique, parce qu'il fut exempt de toute outrecuidance, et qu'il a pénétré d'un doux étonnement les auteurs qui l'ont inventé, les directeurs qui l'ont monté, les artistes qui l'ont joué, le spectateur qui ne l'avait pas encore vu, et les bénéficiaires de cet état de choses — qui continuent à percevoir d'invraisemblables pourcentages... Quand on songe à toutes les grandes machines théâtrales, annoncées avec tant de tapage et de battage, et tombées avec un bruit sec de ballon qui éclate sous un coup de gong, le chuchotement de ces deux syllabes vous laisse rêveur... Phi-Phi, qu'est-ce encore ? Fi ! Fi ! Et l'on passait... Il passait le monsieur plus ou moins ferré sur ses « humanités », devant l'affiche des tournées qui lui parlait de Phidias et de Périclès... il passait à côté de la joie, comme à côté de la fortune passa l'administrateur imprudent et malavisé qui refusa la pièce neuve — trop habitué maintenant à compter avec le papier ! Démonétisé, Périclès !... Pas assez « styliste », Phidias ! Et le petit acte en vers, libres, rejeté par l'Odéon, ne réussissait pas davantage à se glisser à « l'Abri », grossi en chemin d'un second tableau. C'est tout à fait par charité que les Bouffes-Parisiens, en souvenir d'Offenbach, voulurent bien consentir, le 12 novembre 1918, à hospitaliser « pour un mois » cette malice néo-grecque — devenue, sous sa forme nouvelle et définitive, l'opérette légère en trois actes qui allait prendre place dans le répertoire entre la Belle Hélène et les Travaux d'Hercule — et battre le record de la Veuve joyeuse.
C'est alors que le chuchotement dont nous parlions commença de prendre quelque consistance... Phi-Phi ! « D'abord un bruit léger, rasant le sol, comme une hirondelle avant l'orage, pianissimo, murmure et file, et sème en courant le trait... Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement : « Vraiment, ce n'est pas si mal que ça ! »... L'effet est produit... Cela germe, rampe, chemine, et rinforzando, de bouche en bouche, va le diable ; puis, tout à coup, ne sais comment, vous voyez le Succès se dresser, s'enfler, grandir à vue d'œil : il s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel d'engouement et de frénésie... Qui diantre y résisterait ?... » comme dirait, ou à peu près, le maître à chanter de Rosine.
***
Le célèbre sculpteur Phidias vient de recevoir une commande du gouvernement hellénique : un groupe représentant « l'Amour et la Vertu » — pour lequel des modèles sont demandés. Il a jeté son dévolu sur la jeune et séduisante Aspasie. Mais Mme Phidias ne l'entend pas de cette oreille : c'est elle qui symbolisera la Vertu. Quant à l'Amour, un de ses soupirants, le prince Ardimédon, se chargera de poser pour. Le groupe ne tarde pas à prendre de la vie... Phidias se console avec Aspasie, et il la dédommage en lui confiant le rôle de l'Économie, adjointe à l'œuvre, sur la demande de Périclès — qui se charge de lui assurer les moyens nécessaires pour soutenir avec sérieux le personnage qu'elle incarne.
***
Phi-Phi a eu, aux Bouffes-Parisiens, des milliers de représentations, réalisant des recettes que peut seule contrebalancer la Revue des Folies-Bergère. Il a « fait » actuellement des dizaines de millions. Plusieurs tournées le promènent incessamment.
D'une façon générale, les artistes n'ont pas besoin de souligner ni de surcharger le texte. Cette œuvre est suffisamment leste et déjà fort plaisante par sa musique alerte, et justifiant d'un livret beaucoup plus spirituel que l'on n'a accoutumé de l'attendre de ce genre-là. Un curieux travail de cristallisation l'a conduite petit à petit à son point de perfection. Primitivement, nombre de couplets écrits par le compositeur Christiné étaient destinés à des revuistes : de là cette note « Revue » qui persiste dans quelques scènes. Mais la refonte en a été très habile et ingénieuse, lors du remaniement de Phi-Phi ; et les points de suture disparaissent sous les innombrables pointes. Tous les auditeurs les sentent-ils ?... Il y a là beaucoup d'allusions classiques. Mais le mérite de MM. Willemetz et Solar est précisément d'avoir mis dans leur ironie et dans leurs bouffonneries de quoi rallier tous les suffrages — ceux des lettrés, et ceux des autres, qui, plus que jamais, prendront le Pirée pour un domestique. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PHŒDÉ
Opéra-comique en un acte, livret et musique d’Oscar Stoumon, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 19 janvier 1860 avec Mme Dupuy (Phœdé), MM. Ferdinand Cœuilte (Luizzi), Mengal.
PHOQUE À VENTRE BLANC (LE)
Parade musicale en un acte, livret de William Busnach, musique de Georges Douay, représentée au concert de l'Alcazar le 17 juillet 1871.
PHOTIS
Comédie lyrique en trois actes, poème de Louis Gallet, musique d’Edmond Audran, représentée sur le Grand-Théâtre de Genève en février 1896. Interprètes : Mme Julia Lucas, Mlle Dulac, MM. Mickaehly, La Taste, Emery et Guérin.
PHROSINE ET MÉLIDOR
Opéra en trois actes, d'Arnault père, musique de Méhul, représenté à l'Opéra-Comique le 04 mai 1794.
PHRYNÉ
Opéra-comique en deux actes, en vers libres, livret de Lucien Augé de Lassus, musique de Camille Saint-Saëns (composé en 1892-1893).
Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 24 mai 1893, mise en scène de Léon Carvalho, décors d’Auguste Rubé et Philippe Chaperon, costumes de Théophile Thomas, statue de Phryné-Aphrodite par M. Campagne.
Mmes Sibyl SANDERSON (Phryné), BUHL (Lampito, esclave de Phryné).
MM. Lucien FUGÈRE (Dicéphile, archonte), Edmond CLÉMENT (Nicias, son neveu), Jean PÉRIER (Agoragine, démarque), BARNOLT (Cynalopex, démarque), LONATI (un Héraut).
Athéniens, Athéniennes, Gardes scythes, Chanteurs, Danseurs, Flûteurs, etc.
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.
L'action se passe à Athènes au IIIe s. av. J.-C.
|
11.06.1901 Opéra-Comique (89e) |
13.01.1910 Opéra-Comique (100e) |
12.04.1916 Opéra-Comique (110e) |
10.10.1935 Opéra-Comique (117e) |
Phryné |
SANDERSON |
NICOT-VAUCHELET |
M. DORSKA |
GRANDVAL |
Lampito |
DE CRAPONNE |
HERLEROY |
Y. BROTHIER |
Ch. GAUDEL |
|
|
|
|
|
Dicéphile |
L. FUGÈRE |
André ALLARD |
André ALLARD |
L. MUSY |
Nicias |
CLÉMENT |
FRANCELL |
PAILLARD |
L. ARNOULT |
Agoragine |
André ALLARD |
VAURS |
VAURS |
G. JULLIA |
Cynalopex |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
Georges MESMAECKER |
DUREL |
un héraut |
Etienne TROY |
ELOI |
ELOI |
POUJOLS |
Chef d'orchestre |
LUIGINI |
E. PICHERAN |
SAINT-SAËNS |
A. WOLFF |
120 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 32 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 02 décembre 1896 avec Mmes Harding (Phryné), Milcamps, MM. Isouard (Nicias), Gilibert, Blancard, Caisso, Danlée.
Représentation au Théâtre du Trianon-Lyrique le 11 décembre 1922.
« La muse ordinairement plus sérieuse de M. Saint-Saëns ne nous avait pas habitués à des œuvres de ce genre. Ceci est un badinage, mais un badinage exquis, une fantaisie charmante et telle qu'elle ne pouvait sortir que des mains d'un grand artiste. D'aucuns s'en sont presque scandalisés, prétendant volontiers qu'un tel artiste se déshonorait, s'encanaillait tout au moins à traiter de semblables sujets avec la légèreté qu'ils comportent. Ainsi donc, la grâce, l'élégance, la coquetterie seraient interdites à un compositeur par cela seul qu'il s'est fait connaître par des œuvres plus sérieuses ! A ce compte, Grétry aurait eu le plus grand tort d'écrire le Tableau parlant, Gluck la Rencontre imprévue, Ambroise Thomas le Caïd et Gounod le Médecin malgré lui. Laissons dire les gens austères et remercions les artistes qui, comme M. Saint-Saëns, veulent bien prendre la peine de varier nos jouissances et consentent à quitter parfois l'Olympe pour descendre sur la terre. La vérité est que M. Saint-Saëns a écrit, sur un livret qui met en scène la belle Phryné placée entre un jeune soupirant qui lui plaît et un vieil amoureux sénile qu'elle berne et mystifie aux yeux de tous, une partition tout aimable, où la gaieté s'avoisine à la grâce, et cela sans renoncer un instant à ses belles qualités musicales, je veux dire à la pureté du style, à la saveur piquante des harmonies, à l'élégance enfin et à la vivacité d'un orchestre toujours alerte, toujours varié, plein de couleur et traité de main de maître. Le chœur d'introduction, les couplets bouffes de Dycéphile, si curieusement accompagnés, ceux de Nicias, un motif de danse délicieux, l'air de Phryné, la scène de la mystification, tout serait à citer dans cette mignonne partition, dont l'enfantement n'a été évidemment qu'un jeu pour son auteur, et qui n'en donne pas moins la meilleure et la plus éclatante preuve de l'étonnante souplesse de son talent. Le public, moins austère que certains censeurs moroses, a fait à ce joli badinage musical tout l'accueil qu'il méritait. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Principaux personnages : Dicéphile, archonte ; Nicias, son neveu ; Phryné, courtisane ; etc.
La scène se passe à Athènes, au IIIe siècle avant J.-C.
Cet ouvrage est de caractère gai et léger ; M. Augé de Lassus y a prodigué l'esprit et les jolis vers, et M. Saint-Saëns l'a paré d'une musique parfaitement adéquate au sujet.
L'archonte Dicéphile est célibataire, vieux et laid. Il déteste les femmes, qui le lui rendent avec usure, mais a su, par des moyens à lui, s'assurer une certaine popularité auprès des citoyens. Il a un neveu, Nicias, dont il administre la fortune, c'est-à-dire si l'on en croit le neveu et l'opinion publique, qu'il se l'approprie, ne lâchant au malheureux Nicias que juste assez pour lui permettre de faire des dettes. Aussi n'est-il pas pressé de rendre ses comptes, bien que le temps en soit venu.
Au premier acte, on inaugure un buste de Dicéphile. Phryné, qui sort de sa maison, persifle poliment le hargneux magistrat. Celui-ci est donc de méchante humeur, et ordonne à ses acolytes Cynalopex et Agoragine de se saisir de son neveu, contre lequel il a obtenu une saisie par corps. Et justement Nicias approche. Il s'efforce d'obtenir quelque argent du vieux grigou, mais n'en reçoit que de bons conseils. Il l'accuse alors carrément de vol, et Dicéphile s'éloigne sans oser pousser trop avant la conversation sur ce sujet.
Resté seul, Nicias se désole : il aime Phryné, ne se croit pas aimé d'elle, et ne possède pas un sou vaillant. Une bande de joyeux fêtards qui passent essaient en vain de l'égayer : il demande qu'on le laisse avec ses pensées. Arrivent alors Cynalopex et Agoragine, qui voudraient bien s'assurer de lui, mais redoutent l’éclat de sa colère. Et non sans raison, car lorsqu'ils essaient de l'arrêter, il les bat sans merci. Tumulte, interrompu par l'arrivée de Phryné. Quand la courtisane apprend que l'on veut mener Nicias en prison, elle fait rosser la police par ses esclaves et recueille leur victime dans sa maison. L'acte se termine gaîment aux cris de : « Dicéphale est un fripon ! »
Le second acte se passe chez Phryné. Celle-ci a recueilli Nicias, lui rendant ainsi un éminent service dans une circonstance critique. Elle lui avoue maintenant qu'elle l'aime. Et quand on vient annoncer que Dicéphile, furieux, cherche partout son neveu pour en tirer vengeance, qu'il vient le relancer jusque chez la courtisane qui lui offrit asile, Phryné prie Nicias de s'éloigner : elle en fait son affaire.
Dicéphile entre et se montre au début fort peu poli. Mais Phryné est une fine mouche, qui sait s'y prendre avec les hommes. Elle affole petit à petit le vieillard, qui se sent soudain des ardeurs jusque-là ignorées. Quand il est à point, elle lui fait tirer un rideau, derrière lequel se trouve une merveilleuse statue d'elle-même, toute nue. Cette vision achève le malheureux archonte, qui tombe aux genoux de l'hétaïre. A ce moment paraissent Nicias et un esclave, avec Agoragine et Cynalopex. Surpris dans cette attitude compromettante, l'archonte cède à un léger chantage et tout finit par une réconciliation. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
PHRYNETTE
Opérette à spectacle en un acte, livret de Fernand Beissier, musique de Justin Clérice, représentée au concert Parisiana le 28 janvier 1895.
PHYSIONOMANIE (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Razy et Ferrière, musique d'Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Troubadours (théâtre Louvois) le 17 janvier 1801.
PIANELLA
Opérette en un acte, paroles d’Octave Féré et Saint-Yves, musique de Friedrich von Flotow, représentée au théâtre Déjazet le 11 mai 1860. C'est la Serva padrona de Goldoni qui a fourni le sujet de la pièce. Elle a été jouée en Allemagne avec succès au théâtre grand-ducal de Schwerin avant d'être entendue à Paris. Pamphile, Pianella (Zerbine), et Scapin en sont les personnages. La musique est remplie de motifs élégants, d'intentions comiques et de bon goût. L'ouverture, écrite spécialement pour la représentation française, est traitée avec développement ; nous rappellerons aussi un boléro fort bien chanté par Mlle Géraldine.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PIC DU DIABLE (LE)
Opéra-comique, musique de Dieudonné Goffin, représenté à Verviers le 01 janvier 1861.
PICAROS ET DIEGO ou LA FOLLE SOIRÉE — Voir l'Antichambre ou les Valets entre eux.
PICCOLINO
Opéra italien en trois actes, livret de M. de Lauzières, musique de Mme de Grandval. Création au Théâtre-Italien en janvier 1869. Une comédie de M. Victorien Sardou, portant le même titre et jouée au Gymnase, a fourni le canevas de la pièce. La partition offre de nombreuses réminiscences et quelques jolis morceaux. Une orchestration fort soignée et qui décèle une main expérimentée a fait beaucoup valoir certaines parties de l'ouvrage ; je citerai entre autres le finale du premier acte et le duo du troisième. Les mélodies sont bien écrites pour les voix et quelquefois heureusement présentées. Telle est la Chanson de Tivoli et une autre chanson suisse. On y a remarqué aussi un bon quatuor. Les interprètes ont rivalisé de zèle pour faire goûter cet opéra à un public de choix. C'étaient Mlles Krauss et Grossi ; Nicolini, Verger et Agnesi.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
PICCOLINO
Opéra-comique en trois actes, livret de Victorien Sardou et Charles Nuitter, musique d’Ernest Guiraud. Création à l'Opéra-Comique le 11 avril 1876. => fiche technique
PIE BORGNE (LA)
Comédie musicale en un acte, livret de René Benjamin, musique d’Henri Büsser.
Création au Grand Cercle d'Aix-les-Bains, le 05 août 1927 par Mmes Marie-Thérèse GAULEY (Henriette), Andrée MOREAU (Amélie), MM. PARMENTIER (Paul), René HERENT (Jacques), MESTRALLET (Olivier), sous la direction d’Henri BÜSSER.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 13 novembre 1929, dans une mise en scène de Gabriel Dubois, un décor de Raymond Deshays et Arnaud et des costumes de Marcel Multzer. (Répétition générale le 04 novembre).
Mmes Marie-Thérèse GAULEY (Henriette), JULLIOT (Amélie).
MM. André GAUDIN (Paul), René HÉRENT (Jacques), Louis AZÉMA (Olivier), Willy TUBIANA (Barcolet).
Chef d'orchestre : Louis FOURESTIER.
Reprise à l'Opéra-Comique du 09 novembre 1935 (11e représentation). Même distribution que ci-dessus, sauf MM. Émile ROUSSEAU (Paul), MORTURIER (Olivier), et Élie COHEN au pupitre.
18 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« La Pie borgne est une fort agréable comédie de caractère. Une jeune femme, qui est ici Mme Marie-Thérèse Gauley, abasourdit par son bavardage son père, son frère et son mari. Mais sous prétexte qu'un brave pêcheur à la ligne, Barcolet, dont le personnage est plaisamment dessiné par M. Tubiana, répond à tous ses propos : « Vous êtes charmante », la jolie pimbêche laisse entendre qu'elle a été vivement attaquée, puis se refuse à rien répondre à toutes les questions qui lui sont posées. Ainsi Barcolet est flanqué à la porte par ses trois confrères en pêche à la ligne, dès qu'il a l'imprudence de reparaître. Pour mettre en musique cette comédie, M. Henri Büsser a déployé toutes les ressources d'un métier parfait et d'une inspiration aisée. Il n'est jamais à court, et même on souhaiterait qu'il s'appesantisse un peu plus sur les mêmes motifs, ce qui éviterait une légère impression de décousu. Mais tout est finement souligné par un orchestre léger et délicatement conduit. »
(Larousse Mensuel Illustré, décembre 1929)
PIE VOLEUSE (LA)
[la Gazza ladra]
Opéra italien en deux actes, livret de G. Gherardini (1778-1861), d’après la Pie voleuse, pièce française de Théodore Baudouin d’Aubigny et Charles Caigniez, musique de Gioacchino Rossini.
Personnages : Giannetto (ténor) ; Fabrice, père de Giannetto (basse) ; Lucie, mère de Giannetto (mezzo-soprano) ; Ninetta, servante de Fabrice et de Lucie, amoureuse de Giannetto (soprano) ; Fernand, père de Ninetta (basse) ; le maire, soupirant de Ninetta (basse) ; Isaac, riche marchand (ténor).
L’action se déroule dans un grand village, non loin de Paris.
Première représentation à Milan, théâtre de la Scala, le 31 mai 1817, avec Teresa Belloc, Savino Monelli, Filippo Galli, Antonio Ambrosi.
Représenté en italien à Paris, au Théâtre de l'Opéra, le 18 septembre 1821, lors d'une représentation au bénéfice de Mme Mainvielle-Fodor, et le 17 mars 1822 lors d'une représentation au bénéfice de Mlle Volnais.
Une version française, en trois actes, sur un livret de Castil-Blaze et d'Aubigny, a été représentée à l'Odéon le 02 août 1824.
Représenté à New York en 1830 en français.
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 23 avril 1852 dans la version française de Castil-Blaze et d'Aubigny, avec Mlle Zoé Duez (Ninette), Louise Rouvroy (Petit-Jacques), Adèle Vadé ; MM. Charles Dulaurens, Lucien Bouché, Augustin Ribes (le bailli).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 7 en 1852.
« L'orchestration de cet ouvrage abonde en détails ingénieux. Le crescendo y est pratiqué de manière à produire des effets que le public de ce temps affectionnait particulièrement. La Gazza ladra eut un succès d'enthousiasme, préparé, il faut le dire, par celui de la Pie voleuse, à la Porte-Saint-Martin. L'ouverture est ravissante de verve et de brio. On dit que ce fut dans cet ouvrage qu'on vit employer pour la première fois le tambour comme instrument dans l'orchestre.
Cette œuvre produisit un effet immense ; toutefois certains aristarques, tels que Berton et plusieurs critiques, reprochèrent au compositeur certaines formules trop négligées, des crescendos trop multipliés, des rythmes trop animés. La Gazza ladra reçut à la fois le blâme et l'éloge de ceux qui s'appelaient alors « gens de goût ». Depuis, le succès de cet ouvrage n'a plus trouvé l'ombre d'un contradicteur ; tout le monde s'accorde maintenant à regarder cet opéra comme un des chefs-d'œuvre de Rossini. Les mélodies, tantôt bouffes, tantôt sérieuses, brillent continuellement par l'inspiration véritable, et le compositeur a su, par l'effet de sa musique, élever un médiocre mélodrame au rang de la tragédie poignante. Les rôles y sont écrits avec une finesse remarquable. On rit en entendant le podestat, on pleure en entendant Ninette, ou Pippo, ou Fernando. Il y a parfois une grâce villageoise toute charmante dans les morceaux ; parfois aussi, le spectateur est profondément ému par des accents pathétiques tels sont l'air de Fernando, le duo de Ninette et de Pippo, dans la prison, et la fameuse marche du supplice, et la prière de la condamnée. Nous citerons encore, pour le chant, la cavatine Di piacer mi balza il cor, air de triomphe de Mme Malibran, et tout récemment pour Mlle Patti ; le trio du premier acte ; l'air du podestat : Si, si, Ninetta, si admirablement chanté par Lablache. La Gazza ladra a fait briller le talent de bien des chanteurs ; c'est une des partitions qui plaisaient le plus autrefois aux habitués du Théâtre-Italien. Alors on admettait la grâce dans la douleur et les larmes ; dans une soirée consacrée aux plaisirs délicats de la sensibilité et du goût, on admettait encore que des intermèdes, des mélodies développées, des hors-d'œuvre, si l'on veut, vinssent distraire pendant quelques instants l'esprit des sombres péripéties du drame. Maintenant, on a remplacé tout cela par un réalisme impitoyable qui intéresse peut-être, mais qui fatigue sans charmer. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Musique de la Gazza ladra appliquée par Castil-Blaze au drame si populaire de la Porte-Saint-Martin, et qui lui-même avait fourni l'idée du livret italien. Edition jouée à l'Odéon en 1824. — Voir : Rossini, sa vie et ses œuvres, par les frères Escudier, in-18, E. Dentu, 1854. Rossini, sa vie et ses œuvres, par A. Azevedo, gr. in-8°, avec trois portraits et des autographes, au Ménestrel, 1864. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PIED D’ CHÂLIT
« Idylle militaire » en un acte, paroles de M. Montignac, musique de Ludo Ratz, représentée au théâtre des Capucines le 6 janvier 1904.
PIÈGE (LE)
Opérette en un acte, musique de Georges Douay, représentée en 1872.
PIÈGE À LOUPS (LE)
Opérette en un acte, musique de M. Ventéjoul, représentée aux Folies-Dramatiques en 1877.
PIERRE D'ARAGON
Grand opéra en quatre actes et six tableaux, paroles et musique d’Abel Darvey, représenté au Grand-Théâtre de Marseille en décembre 1898.
PIERRE DE MÉDICIS
Opéra en quatre actes et sept tableaux, livret d'Henri de Saint-Georges et Emilien Pacini, musique du prince Joseph Poniatowski. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 09 mars 1860. Divertissements de Lucien Petipa. Décors de Joseph Nolau et Auguste Rubé (acte I), Hugues Martin (acte II), Edouard Desplechin (acte III), Charles Cambon et Joseph Thierry (acte IV). Costumes d'Alfred Albert. Avec Mme Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Laura Salviati), Marie Bengraf (une Dame), MM. Louis GUEYMARD (Pierre de Médicis), BONNEHÉE (Julien de Médicis), Louis-Henri OBIN (Fra Antonio), Alexandre AIMÈS (Paolo Monte), Fidèle Ernest Joseph KŒNIG (un Soldat), MECHELAERE (un Soldat), FRÉRET (un Seigneur). Danse : au 2e acte "les Amours de Diane" avec Mme Ferraris, Fiocre, MM. Mérante, Coralli ; au 4e acte "Il Trescone" avec Mlle Caroline et M. Beauchet.
« La rivalité de deux frères, Julien et Pierre de Médicis, tous deux amoureux de la belle Laura Salviati, nièce du grand inquisiteur Fra Antonio, forme le sujet du poème. Pierre obtient de Fra Antonio la promesse de la main de Laura ; mais celle-ci aime Julien, qui ne voit d'autre moyen que la fuite avec sa maîtresse pour se soustraire à son rival. Son dessein est découvert, et il n'hésite plus alors à tirer l'épée et à se mettre à la tête d'une troupe de conjurés pour renverser Pierre de Médicis. Celui-ci, ne pouvant vaincre la résistance de Laura, l'oblige à se faire religieuse, de concert avec le grand inquisiteur. Un combat a lieu. Pierre, blessé grièvement, veut pardonner à son frère et lui accorder Laura. Il est trop tard, Fra Antonio s'est conformé à son désir ; sa nièce a pris le voile ; elle appartient au cloître. Il y a de belles situations et des épisodes intéressants dans ce livret. Le jeu de la morra, le ballet mythologique des amours de Diane, la luminara ou l'illumination subite du palais Pitti, au second acte ; au troisième, le tableau du Campo-Santo. La scène la mieux réussie est celle où Julien demande la main de Laura à son frère, qui la lui refuse. Le style de l'ouvrage affecte principalement la forme italienne ; il est bien écrit pour les voix ; l'orchestration est traitée magistralement ; les airs de ballet sont gracieux et d'un charmant effet. On a surtout remarqué la cavatine de Pierre de Médicis : Pour vous, j'abandonne Florence ; l'arioso de Laura : Oui, le ciel m'appelle ; la scène du Campo-Santo : Asile auguste et solitaire, et l'air : Abandonné de tous au sein de la mêlée. L'orchestre et les chœurs, sous la direction de M. Diestch, ont interprété la partition avec un ensemble remarquable. La magnificence des décors a surpassé ce qu'on avait vu jusqu'alors à l'Opéra. Les rôles ont été créés par Gueymard, Bonnehée, Obin, Aimès et Mme Gueymard-Lauters. Nous n'avons pas insisté sur la prétention qu'ont eue les librettistes de retracer, dans le personnage de Fra Antonio, la grande et austère figure de Savonarole. Son caractère et ses actes n'apparaissent nulle part dans l'action. S'il a eu une nièce, il n'a jamais dû songer à lui faire épouser un prince de la famille des Médicis, contre lesquels il ne cessa d'exciter l'indignation populaire. La ressemblance se borne au costume de l'ordre des dominicains que les gens de goût ont regretté de voir produire sur la scène. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Ballet : les Amours de Diane (Mme Ferraris), dessiné par Petipa.
Décors remarquables de Nolau, Rubé, Martin, Despléchin, Thierry et Cambon.
Reprise : 1862. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PIERRE ET CATHERINE
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri de Saint-Georges, musique d'Adolphe Adam. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 09 février 1829 avec Mlle Zoé Prévost (Catherine).
« Ce premier ouvrage complet d'Adolphe Adam indique les qualités qu'il a développées dans d'autres œuvres plus importantes. Le sentiment de l'action dramatique, de la facilité et une orchestration ingénieuse, se font remarquer dans l'ouverture, le premier duo, les jolis couplets chantés par Mlle Prévost, et le chœur : Avançons en silence ; et aussi quelque trivialité dans le reste. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PIERRE ET PAUL
Opérette en un acte, livret d’Antony Mars, musique de Victor Roger, représentée à Lunéville le 17 juillet 1893.
PIERRE LE GRAND
Comédie en quatre actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Jean-Nicolas Bouilly, musique de Grétry.
Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 13 janvier 1790, avec Mme Dugazon (Catherine), sous la direction de La Houssaye.
« La fameuse Catherine est naturellement l'héroïne de la pièce. Les critiques du temps et l'auteur lui-même ont vanté beaucoup le coloris musical de la partition. Le même éloge a été décerné soixante-quatre ans plus tard à celle de l'Etoile du nord. C'est le cas de rappeler le mot de Goethe : L'esprit humain avance toujours, mais en spirale. Grétry a introduit dans l'ouverture et dans une ariette, le motif d'un pas russe, dansé avec succès à l'Opéra par Mlle Guimard. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PIERRE LE GRAND À SAARDAM
[Zar und Zimmermann ; en fr. Tsar et charpentier]
Opéra-comique allemand en trois actes, livret et musique d'Albert Lortzing, représenté à Leipzig le 22 décembre 1837.
Première à la Monnaie de Bruxelles, dans la version française de Louis Danglas, le 13 mai 1867, avec Mmes Dumestre, Viette, MM. Jamet (le bourgmestre), Monnier, Barbet, Achard, Chappuis, Féraud.
PIERRE LUC ou LE CULTIVATEUR DU MONT BLANC
Opéra-comique en deux actes, paroles de Hapdé et Corsange, musique de Froment, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 22 août 1799.
PIERRE PHILOSOPHALE (LA)
Comédie en cinq actes, de Thomas Corneille et de Visé, musique de Marc-Antoine Charpentier, jouée à la Comédie-Française le 23 février 1681, elle n'eut que trois représentations.
PIERRETTE ET JACQUOT
Opérette en un acte, livret de Philippe Gille et Jules Noriac, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 13 octobre 1876. On peut signaler dans ce petit ouvrage un duo, une chanson savoyarde et le quatuor du souper. Chanté par Daubray, Mlles Cécile et Esther Grégoire.
PIERRETTE SOMNAMBULE
Opéra-comique en un acte, livret d’André Lénéka et Gandrey, musique de N.-T. Ravera, représenté à Paris, théâtre d'Application, le 27 mars 1900.
PIERROT À PAPHOS ou LA SÉRÉNADE INTERROMPUE
Opéra de salon, musique de M. Weckerlin, représenté en avril 1859.
PIERROT ET FOLIE
Opéra-comique en un acte, livret de M. Liesse, musique de M. A. Lagye, représenté aux Fantaisies-Parisiennes, à Bruxelles, le 8 mars 1878.
PIERROT ET LA BELLE ENCHANTÉE
Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée au concert de l'Eldorado le 22 mai 1875.
PIERROT-FANTÔME
Opéra-comique en un acte, livret d'Ernest Dubreuil et Léopold Stapleaux, musique de M. Lionel (pseudonyme du baron Léon de Vercken), représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l’Athénée) le 06 juin 1873 avec Mlle B. Marietti (Carline), MM. Vautier puis Lepers (Pierrot), Lefebvre puis Jouanne (Astolphe), Lary (Trincolo), Henry Géraizer (le docteur Barnaba), Galabert (Bambolini), Vinchon (Giacomo).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 04 mars 1874 avec MM. Monnier, Laurent, Lignel, Chappuis, Mengal.
« La donnée de la pièce est originale et fantaisiste. Pierrot est représenté en effigie dans la pharmacie de Barnaba. Témoin muet et sympathique des amours d'Astolphe et de Carline, de la rivalité du fils du podestat, il ne demande qu'à revivre pour reprendre son rôle d'ami complaisant, de protecteur de l'innocence opprimée, d'ennemi juré des parents fâcheux. Une fiole brisée sur le tableau et contenant un élixir de vie le fait sortir de son cadre. Il se mêle à l'action, l'embrouille et la débrouille, et, avant l'heure fatale où il doit reprendre son poste d'observateur muet, il est parvenu o marier Astolphe et Carline. Sur cette ingénieuse fantaisie, M. de Vercken a composé one musique excellente, tant sous le rapport de l'art d'écrire que sous celui de l'adaptation des idées mélodiques et de l'harmonie aux situations et au caractère des personnages. Il est maintenant bien rare de trouver une telle correction dans l'usage de la langue musicale, et elle témoigne des fortes études du compositeur et de son goût. L'ouverture, composée de divers motifs de l'opéra, est terminée par le thème populaire : Au clair de la lune, accompagné dans plusieurs tons et avec un travail de contrepoint d'un bon effet. Tous les morceaux sont bien réussis. Je citerai de préférence le duo de Carline et d'Astolphe : Perdus ! perdus ! quel mot viens-je d'entendre ? Un trio fort bien fait et où l'esprit de la comédie musicale brille dans tous les détails ; les couplets de Pierrot : Oui, monsieur, c'est Pierrot qu'on me nomme, et le finale. Ce petit ouvrage deviendrait un charmant lever de rideau au théâtre de l'Opéra-Comique. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PIERROT JALOUX
Opérette en un acte, livret de Lucien Rouland, musique de Clairville fils, représentée à Deauville le 01 août 1880.
PIERROT PINCÉ
Opéra-comique en un acte, musique de Mlle Lechevalier de Boisval, représenté dans un concert en juillet 1895.
PIERROT PUNI
Opéra-comique en un acte, paroles de MM. Semiane et A. Gères, musique de Henri Cieutat, représenté aux Bouffes-Parisiens, dans une soirée du Cercle funambulesque, le 14 juin 1890.
PIERROT TÉNOR
Opéra-comique en un acte, livret de Fernand Langlé et Jules Ruelle, musique de Théodore de Lajarte, représentée au Casino d'Enghien le 01 juillet 1876.
PIETRA DEL PARAGONE (LA)
[en fr. l'Amour à l'épreuve]
Opéra bouffe en deux actes et six tableaux, livret de Luigi Romanelli, musique de Gioacchino Rossini, représenté à la Scala de Milan le 26 septembre 1812.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 29 septembre 1971, dans une version française de Dominique Tirmont et Gabriel Couret, mise en scène de Gabriel Couret. 2 représentations en 1971, soit 2 au 31.12.1972.
PIFFERARI (I)
Opéra bouffe en un acte, à deux personnages, livret d’Amédée de Jallais, musique de Julien Nargeot, représentée au théâtre Deburau, aux Champs-Elysées, en août 1858.
PIGEON VOLE ou FLÛTE ET POIGNARD
Drame lyrique en un acte, livret et musique de Castil-Blaze, représenté au Théâtre-Italien (salle Ventadour) le 12 août 1843. La critique a plumé sans pitié ce pauvre oiseau que le spirituel musicographe aurait dû garder en cage. Un Vénitien jaloux s'aperçoit qu'un pigeon est chargé d'une tendre correspondance pour sa maîtresse, de la part d'un artiste, habile joueur de flûte. Il tue le pigeon, fait parvenir le message à son adresse, pour s'assurer de la trahison dont il est l'objet, et fait poignarder l'artiste par un bravo. La musique a été trouvée généralement peu digne de son auteur, à qui le public français a dû la connaissance de plusieurs ouvrages étrangers.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PILOTE (LE)
Opéra en trois actes et quatre tableaux, livret d’Armand Silvestre et Aristide Gandrey, musique de John Urich, représenté au Casino de Monte-Carlo le 29 mars 1890 avec Mlles Levasseur et Paulin, MM. Soulacroix et Isnardon. Cet ouvrage n'est que l'amplification d'un opéra-comique en un acte, l'Orage, que les mêmes auteurs avaient donné quelques années auparavant, le 02 mai 1879, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
PINÉCO ou LES CANOTIERS DE LA LOIRE
Opérette en un acte, paroles de MM. Dourel et Chillemont, musique de M. Février, représentée à Tours le 21 janvier 1893.
PING-SÎN
Drame lyrique en deux actes et trois tableaux, livret de Louis Gallet, musique d’Henri Maréchal (1895).
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 25 janvier 1918. Décors de Raymond Deshays. Costumes de Marcel Multzer. Mise en scène de Pierre-Barthélemy Gheusi.
Mme Yvonne BROTHIER (Ping-Sin).
MM. Eugène DE CREUS (Yao), André ALLARD (Kam'Si), Félix VIEUILLE (le Prêtre Slang), FERAUD DE SAINT-POL (le Mandarin d'armes), ÉLOI (un Serviteur).
Chef d'orchestre : Paul VIDAL.
17 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
PIPÉE (LA)
Opéra bouffe en deux actes, musique de Charles-François Clément, parodié sur la musique d'Il Paratajo, de Jommelli, représenté à la Comédie-Italienne le 20 janvier 1756.
PIQUILLO
Opéra-comique en trois actes, livret d'Alexandre Dumas père et de Gérard de Nerval, musique d'Hippolyte Monpou. Création à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 31 octobre 1837 avec Mmes Jenny Colon (Silvia), Rossi (Leonor), Eudoxie (une camériste), MM. Jean-Baptiste Chollet (Piquillo), Jansenne (Don Mendoce), Bevial (Don Fabrice d'Olivarès), Henri (Don Paez), Palianti (Don Henrique), Achille Ricquier (l'Alcade Zambulos). => livret
« Le livret est peu intéressant, et le héros de la pièce, Piquillo, voleur espagnol, n'inspire pas une grande sympathie. Quant à la musique, elle a le cachet d'originalité qui distingue toutes les productions de Monpou. Nous mentionnerons les charmants couplets chantés par Jenny Colon : Je ne suis point Phœbé, la déesse voilée, le trio : Au voleur ! le trio du signalement : Puisque vous voulez bien éclairer la justice, et surtout l'air ravissant : Mon doux pays des Espagnes, chanté par Jean-Baptiste Chollet au théâtre, et dans les concerts par Ponchard père, avec un grand succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PIRATE (LE)
[il Pirata]
Opéra italien en deux actes, livret de Felice Romani, musique de Vincenzo Bellini, représenté pour la première fois à la Scala de Milan le 27 octobre 1827 avec Mmes Henriette Méric-Lalande (Imogène), Marietta Sacchi (Adele), MM. Antonio Tamburini (Ernesto, duc de Caldora), Giovanni Rubini (Gualtiero), Lorenzo Lombardi (Itulbo), Pietro Ansilioni (Goffredo).
Version française d’Edouard Duprez représentée au Grand Théâtre de Lyon le 24 février 1835.
« Cet ouvrage, la troisième œuvre dramatique du compositeur, fixa définitivement sur lui l'attention du public. On y remarqua une véritable originalité, et il ne tarda pas à être représenté sur les principales scènes de l'Europe. Cependant, ce ne fut que le 1er février 1832 qu'il fut joué au Théâtre-Italien à Paris. La note fournie par le livret est lugubre. Gualtiero, de la famille des Montalti, ayant perdu sa fortune et son rang, cède au désespoir et quitte sa patrie, où il laisse Imogène, sa fiancée, dont il est tendrement aimé. Il devient chef de pirates. Pendant son absence, Imogène, pour sauver les jours de son père, a été contrainte d'épouser Ernest, duc de Calabre, ennemi de Gualtiero. Ce dernier est jeté par la tempête sur des écueils contre lesquels son vaisseau se brise ; il parvient à gagner le rivage avec quelques amis, et reconnaît son propre pays qu'il a quitté. Il apprend qu'Imogène est l'épouse d'Ernest. Dans sa fureur, il veut tuer le fils qu'elle a eu de ce mariage ; mais il cède aux angoisses maternelles et ne songe plus qu'à arracher la vie à son rival. Un combat s'engage ; Ernest succombe ; mais les chevaliers condamnent Gualtiero au supplice. Imogène devient folle. Tel est ce mélodrame assez mal conçu au point de vue littéraire, mais riche en belles situations et en beaux vers. L'ouverture du Pirate est assez médiocre, comme la plupart des compositions instrumentales de Bellini. La cavatine de Rubini : Nel furor delle tempeste est d'un beau jet mélodique et a fourni au célèbre chanteur une occasion de triomphe. Le chœur des pirates est bien rhythmé et a de la couleur. Quant au duo d'Imogène et de Gualtiero : E desso tu sciagurato, il brille au premier rang des duos dramatiques ; l'expression en est juste, et c'est un morceau bien conduit. Le finale du premier acte, le trio : Vieni, vieni, et l'air : Tu vedrai la sventurata, doivent encore être signalés parmi les bonnes inspirations du maître sicilien. Rubini, Santini et Mme Schrœder-Devrient ont été les interprètes de cet opéra au Théâtre-Italien. Cet ouvrage fut écrit à l'âge de vingt ans par le compositeur. Il a été chanté au Théâtre-Italien, à Paris, en 1846, par Mario, Coletti et Mlle Grisi, qui était admirable dans le rôle d'Imogène. Le chœur de la tempête et celui des pirates font de l'effet à la représentation. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PIRATE (LE)
Opéra, musique de Joseph d’Arquier, représenté au théâtre de Toulon en 1789.
PIRITHOÜS
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, livret de Jean-Louis-Ignace La Serre ou Seguinault, musique de Jean-Joseph Mouret, représentée par l'Académie royale de musique le 26 janvier 1723, avec Mlle Eremans (l'Europe), Mlle Catin (l'Amour), Mlle Lisarde (l'Hymen), Mlle Mignier et Dun, dans le prologue. — Muraire (Pirithoüs), Thévenard (Eurite), Dubourg (Thésée), Mlle Tulou (Hippodamie), Mlle Antier (Hermilis), Dun, Lemire, Tribou (la Discorde), Grenet, Guesdon, Mlles Mignier, Julie et Lisarde. — Ballet.
Le 15 avril 1723, Mlle Lemaure remplace Mlle Tulou dans le rôle d'Hippodamie : grand succès.
Reprise avec des changements considérables : 11 mars 1734.
« Ce compositeur n'a fait que continuer, en l'affaiblissant, la manière de Lully. Sa musique ne consiste guère que dans des récitatifs pompeux, assez bien prosodiés ; toutefois, l'expression de la situation dramatique est toujours comprise, de telle sorte qu'un acteur doué d'une belle voix, d'un geste noble, de qualités purement théâtrales, pourrait obtenir un grand succès dans les tragédies lyriques de ce temps. C'est ainsi que s'explique, malgré la médiocrité de la partition de Mouret, l'enthousiasme qu'excita Mlle Le Maure dans le rôle d'Hippodamie de Pyrithoüs. Ce fut pour l'entendre encore qu'on remonta cet ouvrage en 1734, avec Tribou, haute-contre, Chassé, basse-taille, et Jélyotte, ténor. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PIZARRE ou LA CONQUÊTE DU PÉROU
Tragédie lyrique en cinq actes, livret de Duplessis, musique de Pierre Candeille. Création au Théâtre de l'Opéra le 03 mai 1785.
« Les chœurs et les airs de danse en furent seuls applaudis. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PLAIDEURS (LES)
Opéra-comique en un acte, musique de Duboullai, représenté au théâtre Feydeau le 23 juin 1792.
PLAIDEUSE (LA) ou LE PROCÈS
Opéra-comique en trois actes, de Charles Simon Favart, musique d’Egidio Duni. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 19 mai 1762.
PLAIRE, C’EST COMMANDER
Opéra-comique en deux actes, paroles de Lasalle, musique de Mlle de Beaumesnil, représenté au théâtre Montansier le 12 mai 1792.
PLAISIR ET LA GLOIRE (LE)
« Scènes patriotiques en vers, mêlées de chant », livret de Sewrin, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (salle Favart) le 19 janvier 1794.
PLAISIRS DE LA CAMPAGNE (LES)
Opéra-ballet en trois actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Pellegrin et de Mlle Barbier, musique de Bertin, représenté par l'Académie royale de musique le 10 août 1719. La pêche, la vendange et la chasse forment les trois entrées de ce ballet, dans lequel chantèrent Mlle Antier, Tulou, Thévenard, Murayre, Le Mire, etc.
"Sujet : la Pêche, la Vendange, la Chasse.
Ce ballet obtint peu de succès."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PLAISIRS DE LA PAIX (LES)
Opéra ballet en trois actes, avec un prologue et quatre intermèdes, paroles de Menesson, musique de Bourgeois, représenté par l'Académie royale de musique le 29 avril 1715.
"Dans la seconde entrée, Thévenard fit les frais de la fête des buveurs avec d'autant plus de succès qu'il passait pour jouer son rôle au naturel."
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
"Le compositeur y chantait à côté de Mlles Antier et Heusé. Le ténor Muraire s'y produisit dans un rôle de buveur."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PLAN D’OPÉRA (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles de Gamas, musique de Foignet père, représenté au théâtre de la Cité le 27 octobre 1794.
PLANTATION THOMASSIN (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau, musique d’Albert Vizentini, représentée à Vichy le 24 juillet 1894.
PLANTEUR (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret d'Henri de Saint-Georges, musique d’Hippolyte Monpou. Création au Théâtre Royal de l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 01 mars 1839, avec Mmes Jenny Colon (Jenny Makensie), Berthault (Eva), MM. Honoré Grignon (Jakson), Achille Ricquier (Caton), Moreau-Sainti (sir Arthur Barcley).
« Le livret est des plus simples. Sir Jackson, le planteur, et miss Mackensie, jeune orpheline, sont les personnages principaux de cette pièce, qui a été très malmenée par la critique. On a remarqué les couplets avec chœur de femmes au commencement du premier acte, un quatuor et un air de miss Mackensie au second. On en a vu la reprise avec quelque intérêt sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PLAT DU JOUR (LE)
Revue en cinq actes et vingt tableaux, livret d’Ernest Blum et Alexandre Flan, musique d’Hervé, représentée aux Délassements-Comiques en 1861.
PLATÉE ou JUNON JALOUSE
Comédie-ballet en un prologue et trois actes, livret de Jacques Autreau (1656-1745) et Adrien J. Le Valois d’Orville, retouché par Balot de Sauvot, musique de Jean-Philippe Rameau.
Personnages du prologue : Thespis (ténor) ; un Satyre (basse) ; Momus (basse) ; Thalie (soprano) ; l’Amour (soprano) ; Deux Vendangeuses (soprano) ; Chœur.
Personnages de la Comédie : Platée (ténor bouffe) ; Cithéron (basse) ; Jupiter (basse) ; Mercure (ténor) ; Momus (ténor) ; Junon (soprano) ; la Folie (soprano) ; Clarine (soprano) ; Naïade (soprano) ; Iris (personnage muet) ; Chœur.
Première représentation à Versailles, théâtre de la Reine, le 31 mars 1745, à l’occasion du mariage du Dauphin, puis à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal) le 04 février 1749, par Latour (Platée), sous la direction d’André Chéron.
« Il s'agit dans le poème de la nymphe Platée, dont le rôle fut chanté par un acteur nommé Latour. Rien n'est plus divertissant et plus varié que cette partition. Les passe-pieds, les musettes, les tambourins et les menuets sont charmants. Nous signalerons aussi une ariette gracieuse : Que ce séjour, et un chœur de grenouilles fort divertissant. Rameau, que les biographes à la suite de Diderot s'accordent à représenter comme un homme atrabilaire et d'un caractère sombre, aimait beaucoup les plaisanteries musicales. Non seulement il a, dans son opéra de Platée, mis en musique les coua-coua de la gent batracienne, mais encore dans les pièces de clavecin, il s'est livré à toutes sortes d'imitations ingénieuses comme dans le Niais de Sologne, les Forgerons, etc. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Ce ballet fut d'abord représenté à Versailles, le 31 mars 1745.
Le prologue a pour titre : la Naissance de Vénus. La jalousie de Junon forme le sujet de la pièce.
Interprètes : Latour (Platée), Lepage, Person (Jupiter), Mlle Jacquet (Junon), Poirier (Mercure), Lamarre (Momus), Mlle Fel (la Folie), Mlle Coupée. — Mlle Rosalie remplissait le rôle de l'Amour, dans le prologue.
Danses par tout le corps de ballet.
Reprises : 1750, 1755.
C'est dans Platée que se trouve un chœur imitant le cri des grenouilles ; il n'a que quelques mesures ; mais il n'en mérite pas moins une mention particulière. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« De la nymphe béotienne Platée, le librettiste de Rameau a fait la déesse des marais et des grenouilles, lui conférant le caractère de la vieille fille romanesque, intimement persuadée qu'aucun homme, dieu ou mortel, ne peut la contempler sans tomber éperdument amoureux d'elle !
Cithéron, roi de Grèce, avec la complicité de Mercure, imagine, pour se débarrasser de ses assiduités, de lui faire croire que Jupiter l'aime et veut l'épouser, après avoir répudié Junon.
Le roi des dieux, se prêtant au jeu, se présente à Platée sous les aspects les plus ridicules, sans qu'un instant elle doute pourtant de son bonheur. Il lui offre une fête, menée de main magistrale par la Folie.
C'est, enfin, la cérémonie nuptiale, à laquelle assiste, sans être vue, Junon, qui n'est pas de connivence dans la plaisanterie. Momus, dieu de la gaieté, tient le rôle de l'Amour, cependant que trois de ses compagnons jouent les Trois Grâces. Junon, au comble de la fureur, se jette sur Platée et lui arrache son voile nuptial, puis éclate de rire en la reconnaissant. Jupiter et Junon remontent dans l'Olympe, tandis que, sous les moqueries des paysans, Platée retourne dans son marais.
L'artifice musical le plus piquant de cet ouvrage est d'avoir donné le rôle de Platée à un ténor bouffe chantant en fausset... »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
PLUIE ET LE BEAU TEMPS (LA) ou L'ÉTÉ DE L'AN VIII
Vaudeville en un acte, livret d’Emmanuel Dupaty, airs des couplets de Solié et musique de vaudevilles. Création à l'Opéra-Comique (1er salle Favart) le 17 novembre 1800.
PLUMET DU COLONEL (LE)
Opérette en un acte d'Henri Sauguet, créée au Trianon-Lyrique le 12 juin 1925.
PLUS FORTE (LA)
Drame lyrique en quatre actes, livret de Jean Richepin et Paul de Choudens, musique de Xavier Leroux terminée et orchestrée par Henri Büsser.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 11 janvier 1924. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume, Raymond Deshays et Arnaud. Costumes dessinés par Marcel Multzer exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu. Chorégraphie de Jeanne Chasles.
Mmes Lyse CHARNY (Julie), Marthe COIFFIER (Irma), COULÉARD (la voix).
MM. Henri ALBERS (Pierre), Charles FRIANT (Jean), André BAUGÉ (Louis), Louis AZÉMA (le Curé).
Au 3e acte, ballet dansé par Mlles Irène COLLIN (la petite Vieille), Henriette ANDRÉ, Gina LUPARIA, Simone ROSNE, Olga BUGNY (les Vieux) et les Dames du corps de ballet.
Chef d'orchestre : Alphonse CATHERINE.
3e représentation le 17 janvier 1924 avec les créateurs (chanteurs et danseuses) sous la direction d'Alphonse Catherine.
9 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
PLUS HEUREUX QUE SAGE
Opéra-comique en un acte, livret de Louis Mézières-Miot, musique de Victor Dourlen. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 25 mai 1816.
PLUS JOLIE FILLE DE FRANCE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Mlle Guesmer et M. de Montgon, musique de Félix Fourdrain, créée au Grand Théâtre du Havre le 04 décembre 1923 avec Mmes Marcelle Ragon (Jacqueline), Landry (la princesse Dahlia), Rousseau (Golgonde), MM. Félix Bellet (le prince Ahmed), Pagnoulle (Michel), Castia (Olive).
« Le prince Ahmed, qui s'ennuie depuis la disparition de son frère, et qui est, sans s'en apercevoir, aimé de la jeune princesse hindoue Dahlia, vient à Venise où l'on doit élire la plus belle femme du monde, qu'il se propose d'épouser. Il y tombe amoureux d'une certaine Jacqueline qui est en froid avec son ami Michel, jeune ingénieur électricien. Tandis que Jacqueline se laisse emmener dans l'Inde, Dahlia vient à Venise et est lauréate du concours. Elle retourne en son pays, et tout le monde va se retrouver dans le palais du radjah, y compris Michel, qui n'est autre que le frère du prince. Naturellement, tout s'arrange : Jacqueline et Michel se pardonnent, et le prince Ahmed, qui perd en Jacqueline la plus jolie fille de France, se console en épousant Dahlia la plus belle femme du monde. Sur ce thème burlesque et sentimental, Félix Fourdrain a écrit une musique aimable et séduisante. »
(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1924)
PLUS QUE REINE
Drame lyrique en quatre actes, livret d’Henri Cain, musique de Marcel Bertrand. Création à l’Opéra de Nice le 15 février 1929. => fiche technique
PLUTARQUE
Opéra-comique en un acte, paroles de Léger et Alissan de Chazet, musique de Solié, représenté à l'Opéra-Comique le 20 janvier 1802.
PLUTUS
Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Millaud et Gaston Jollivet, musique de Charles Lecocq.
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 31 mars 1886, décors d’Alfred Rubé et Philippe Chaperon, costumes de Théophile Thomas, avec Mmes Blanche Deschamps (la Pauvreté), Juliette Patoret (Myrrha), Pierron (Praxagora), Dupont et Marie Degrandi (deux moissonneuses), MM. Fugère (Plutus), Soulacroix (Carion), Jean Mouliérat (Xinthias), François-Antoine Grivot (Xénon), Hippolyte Belhomme (Chrémyle), Charles Balanqué (Belpsidème), Mauguière (un paysan), Amédée Sujol (le vigneron Lycas), Etienne Troy (un vigneron).
« C'était la transformation lyrique d'une comédie en deux actes et en vers que les librettistes avaient donnée au Vaudeville une douzaine d'années auparavant. La musique était le début à l'Opéra-Comique de M. Charles Lecocq, l'un des compositeurs les plus aimables et les plus instruits de ce temps, qu'on eût dû appeler dix ans plus tôt à ce théâtre. M. Lecocq, qui s'est toujours efforcé de relever le genre de l'opérette, dans lequel on l'avait sottement confiné, y avait introduit des qualités de savoir, de grâce et d'élégance qui n'y étaient guère connues avant lui et qui lui valurent des succès aussi nombreux que mérités. Cependant, soit que le poème antique qu'on lui offrait ne convînt pas à son talent, soit qu'il se trouvât gêné et intimidé en abordant une scène illustrée par tant de noms glorieux, sa partition de Plutus ne réussit pas autant qu'on l'eût pu souhaiter. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PLUTUS
Comédie en trois actes, imitée d'Aristophane par Paul Gavault, musique de scène de Xavier Leroux, représentée à l'Odéon le 17 décembre 1896.
PODESTAT (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jean Laffitte, musique de Charles Vogel. Création au théâtre des Nouveautés le 16 décembre 1831. Première à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 03 avril 1833.
POÈME DU SOIR (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Jacques Normandin, musique de Lucien Chevaillier.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 13 mai 1925. Mise en scène d’Albert Carré.
Mmes Marthe COIFFIER (Nelly), TIPHAINE (Luce).
MM. William MARTIN (Philippe), Louis AZÉMA (Landorge).
Chef d'orchestre : Pierre RENAULD.
2 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
POÈME VOLÉ (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1793.
POÈMES DE LA MER (LES)
Ode symphonie, paroles de M. Autran, musique de M. Weckerlin, exécutée au Théâtre-Italien dans le mois de décembre 1860. L'œuvre du poète date de 1835. Elle a été publiée en un volume sous ce titre : la Mer. M. Weckerlin, avec l'autorisation de M. Autran, en a extrait divers épisodes ou tableaux et en a formé une sorte de scenario. La Naissance des vagues, la Rêverie au bord de la mer, le Départ, la Mer calme, la Chanson d'un triton, le Cabin-boy ou le Mousse, la Promenade, tels sont les sujets des petites symphonies dans lesquelles le musicien a développé ses inspirations mélodiques et poétiques. Le morceau qui a été le plus goûté est un solo de ténor accompagné par le chœur à bouche fermée : A bocca chiusa. Belval, Félix, Mlle Balbi ont chanté cet ouvrage. Mlle Karoly a déclamé les intermèdes. Voici une strophe exprimant la Naissance des vagues.
Autour des archipels que Jéhova découpe,
Autour des continents qui se creusent en lit,
La mer monte ; elle écume, on dirait une coupe,
Qui sous la main de Dieu s'emplit.
Lorsque cet ouvrage a été exécuté par la société Sainte-Cécile, à Paris, le 4 février 1865, le morceau le plus applaudi a été l'air de soprano : La mer calme, chanté avec beaucoup de goût par Mme Barthe-Banderali.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POÈTE ET LE MUSICIEN (LE) ou JE CHERCHE UN SUJET
Comédie mêlée de chant en trois actes, livret d’Emmanuel Dupaty, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 mai 1811.
POÈTE SUPPOSÉ (LE) ou LES PRÉPARATIFS DE FÊTE
Comédie en trois actes, mêlée d'ariettes et de vaudevilles, livret de Pierre Laujon, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 25 avril 1782.
POINT D'ADVERSAIRE
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Pain, musique d’Antonio Pacini, représenté à Paris, théâtre Montansier, le 08 avril 1805.
POINT DE BRUIT
Opéra-comique, musique de Doche, représenté à la Porte-Saint-Martin en 1804.
POINTS JAUNES (LES)
Saynète en un acte, livret de Jules Pacra et Fétré, musique de Frédéric Barbier, création à l’Eldorado le 17 août 1872.
POIRIER (LE)
Opéra-comique en vaudeville, livret de Jean-Joseph Vadé, musique de vaudevilles. Création à la Foire Saint-Laurent le 07 août 1752. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 21 juin 1772, avec un livret retouché par Louis Anseaume et mis en musique par Louis-Joseph-Claude Saint-Amans.
POIRIER DE MISÈRE (LE)
Légende musicale en trois actes, livret de Jean Limozin et André de La Tourrasse, musique de Marcel Delannoy.
Personnages du chant : Misère (alto) ; la Mort (soprano dramatique) ; l’Innocent (soprano léger) ; Hilarion (basse) ; le Vagabond (ténor) ; le Bailli (baryton) ; le Bouffon (baryton) ; le Fossoyeur (basse) ; l’Embaumeur (basse) ; le Notaire (basse) ; l’Apothicaire (basse) ; le Lépreux (basse) ; le Trouvère (ténor) ; le Peuple ; les Maraudeurs (sopranos et mezzo-sopranos) ; les Petites filles (sopranos et mezzo-sopranos).
Personnages de la danse : le Roi ; la Reine ; les Hommes d’armes ; les Amants ; le Héraut ; le Bourreau et le Décapité ; Gens du peuple.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 21 février 1927. Décors de Georges Mouveau. Costumes de Marcel Multzer. Mise en scène de Gabriel Dubois.
Mmes Alice RAVEAU (Misère), Marie-Thérèse GAULEY (l'Innocent), Lucienne ESTÈVE (la Mort), Odette ERTAUD (1er Maraud).
MM. André ALLARD (le Chantre), Louis AZÉMA (le Bouffon), Willy TUBIANA (le Bailli), Georges GÉNIN (le Vagabond, le Saint), MATHYL (le Lépreux), Léon NIEL (le Trouvère), Georges MESMAECKER (l'Embaumeur), Raymond GILLES (le Notaire), Paul PAYEN (l'Apothicaire), Robert JYSOR (le Fossoyeur).
Les Amants : Mlle de RAUWERA et Mr MARCO.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
9 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Résumé.
Misère a obtenu de saint Denis de pouvoir tant qu'il lui plaira garder captif dans son poirier quiconque y sera monté. Pendant de très longues années, elle emprisonne ainsi la Mort et ne la délivre enfin qu'en cédant aux sollicitations de tous ceux qui aspirent au repos éternel.
PROLOGUE. — L'enclos de Misère, par une belle journée de septembre. Au milieu de l'enclos, un poirier centenaire chargé de fruits. Au fond, la maison de Misère, petite et délabrée.
Misère dort, appuyée sur son bâton. Les Maraudeurs (soprani et mezzo-sopranos) viennent voler les fruits de son poirier. Elle s'éveille et se met dans une grande colère, les menaçant de son bâton, ce dont ils n'ont cure.
Le rideau se ferme lentement. Le Vagabond, dans un grand dénuement, traverse le proscénium en courant.
Une troupe de gens, conduits par le Bailli, s'élance à sa suite en criant.
Dès qu'ils ont passé, le rideau s'écarte.
ACTE I.
Misère se relève douloureusement, puis se rassied pour retrouver le sommeil. Des cris vont se rapprochant. Le Vagabond, que la foule poursuit, entre en courant et tombe aux pieds de Misère. Elle lui fait signe de se cacher dans sa demeure et tient tête aux poursuivants, s'efforçant de les égarer. Quand ils sont tous partis, elle fait sortir le Vagabond. Tout effrayée elle veut le faire fuir, mais il la supplie de le sauver. Misère le fait alors asseoir et partage sa maigre pitance avec lui. Le soir vient ; le Vagabond reste seul, mais sa silhouette que l'ombre rend confuse, fait bientôt place à l'éclatante apparition de saint Denis. Misère, toute surprise du prodige, tombe à genoux. Le Saint la remercie de sa pitié et s'engage à exaucer le vœu qu'elle fera. Misère semble d'abord sans désir ; elle se décide pourtant et demande à saint Denis que le poirier garde prisonnier dans ses branches, tout le temps qu'elle voudra, quiconque y montera [Monologue de Misère : Il est dans ma cour un arbre vanté...].
Ainsi sera fait ; l'arbre s'enchante. La foule, revenue, se jette à genoux en apercevant le Saint. Celui-ci s'éloignant, tous se relèvent en tendant les bras vers lui.
ACTE II. — Même décor. Matinée d'automne.
Misère file sur le seuil. A ses pieds, l'Innocent écoute une histoire. Les Petites filles jouent dans l'enclos.
Un bruit mystérieux se fait entendre à deux reprises, arrêtant le chant et les rondes : c'est la Mort. A son apparition, Misère, épouvantée, court se cacher derrière le tronc du poirier. La Mort est venue chercher Misère ; mais celle-ci ne veut pas se laisser prendre et cherche inutilement à fléchir la sombre voyageuse. Misère l'invite à se régaler de ses poires en montant dans l'arbre. Sitôt qu'elle y est installée, le charme opère : la Mort est prisonnière. Misère danse autour de l'arbre une ronde frénétique, invitant tous les gens du village à venir voir captive l'horrible prisonnière. La foule déferle sur la scène. Le Bouffon, s'adressant en particulier au groupe formé du Fossoyeur, de l'Embaumeur, du Notaire et de l'Apothicaire, les raille en leur démontrant qu'ils n'auront désormais plus rien à faire. Le chantre Hilarion s'en mêle [Chanson d’Hilarion : Qu’on m'apporte trois bouteilles...].
Le peuple rit. Le Lépreux vient danser autour du poirier, en élargissant toujours plus le cercle autour de lui. Hilarion s'élance pour délivrer la Mort, mais il demeure captif lui-même. Les quatre hommes noirs, qui se précipitent à son secours, subissent le même sort. Les amants passent, insouciants, enlacés, muets d'extase. Ils traversent la scène, harmonieux et purs. L'Innocent et les Petites filles continuent leurs jeux.
Le Héraut entre en scène d'un seul bond et sonne une fanfare, tandis que le cortège royal défile (scène dansée). Le peuple se précipite, en faisant un vacarme étourdissant, le Bouffon, hissé sur une estrade, improvise un discours de plus en plus bafouillé et, à la fin, l'estrade s'écroule. Le Trouvère dit adieu aux chants que l'on n'entendra désormais plus, puisqu'on ne pourra plus mourir d'amour ! Le peuple fait alors mine de le maltraiter, mais les hommes d'armes rétablissent l'ordre. Tous dansent et chantent dans un enthousiasme de plus en plus violent.
ACTE III. — Un grand nombre d'années plus tard, par une matinée de printemps.
La Mort, toujours prisonnière, est cachée presque entièrement par les branches fleuries du poirier qui, devenu immense, couvre de son ombre tout l'enclos. La scène est encombrée de vieillards : ce sont tous les personnages des actes précédents qui ont vieilli, et ne peuvent mourir. La foule supplie Misère de lui rendre la Mort. Les Amants repassent, cherchant éternellement la solitude, puis s'en vont. L'Innocent apparaît, toujours semblable à lui-même. Les maraudeurs s'apprêtent à mettre le feu à la maison de Misère, tandis que s'élève la chanson de l'Innocent : « Viens ! Viens ! Viens ! »
Brusquement, Misère ouvre la porte en écartant les fagots. Elle écoute les doléances de tous. Chacun demande à être délivré de la vie qui n'en finit plus. Ebranlée, Misère s'approche de la Mort lui proposant un marché : les branches desserreront leur étreinte, mais Misère demeurera vivante jusqu'au dernier jour du monde où elle rejoindra saint Denis en sa demeure éternelle.
La Mort accepte, descend du poirier, et contemple le peuple qui lui tend les bras.
C'est alors la Danse macabre qui commence, la Mort emmenant le peuple par groupes successifs, en dansant chaque fois avec le personnage principal.
La Mort voit les Amants et va vers eux, mais, après une hésitation, s'éloigne.
Au loin, l'Innocent chante. Le soir est doux. Les Amants se fleurissent aux branches. Cependant, Misère sort à pas de loup, cachant derrière elle un gros bâton dont elle s'apprête à les frapper.
« Le sujet de cette pièce ne manque pas d'intérêt. La vieille paysanne Misère a un poirier qui garde dans ses branches quiconque y monte. Seule Misère peut rendre la liberté au prisonnier. Quand la Mort vient, Misère astucieusement la persuade de monter dans le poirier. Ainsi personne ne mourra plus. Mais au bout d'un certain temps, les vieillards lassés de souffrir, viennent supplier la paysanne de rendre la liberté à la Mort. Misère le fait à la condition que la Mort la laisse vivre. Ainsi désormais seule Misère est éternelle. La partition écrite sur ce conte manque non seulement d'originalité, mais de toute spontanéité. Elle utilise tous les clichés de l'harmonie ultra-moderne ; et par surcroît l'orchestre sonne assez mal. »
(Larousse Mensuel Illustré, avril 1927)
POISSON D’AVRIL
Opéra-comique en un acte, paroles de M. Rogeron, musique de René Delaunay, représenté à Tours en novembre 1903.
POLICHINELLE
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Charles Duveyrier, musique d’Alexandre Montfort. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 14 juin 1839 avec Mmes Rossi (Laurette), Marie Julie Boulanger (la signora Bochetta) ; MM. Mocker (Lœlio), Henri (le marquis de Bambolini).
« Les personnages favoris du théâtre de la foire, de Riccoboni et de Romagnesi, défilent sur la scène. Le livret est des plus invraisemblables, mais assez amusant. Lelio a épousé Laurette, fille d'un noble habitant de Palerme, Theodoro-Theodori-Bambolino-Bambolini. Lelio est un mari charmant, mais sa vie offre des absences mystérieuses qui font des ombres au bonheur de Laurette. Lelio est l'objet des accusations les plus noires ; mais voilà que Bambolino découvre que son gendre n'est autre que le célèbre Pulcinella, qui, tous les soirs, au théâtre de la Bocchetta, fait les délices des Napolitains. Beau-père de Polichinelle ! le coup est dur ; mais il signor Bambolino-Bambolini est trop Italien pour ne pas en prendre son parti de bonne grâce. La musique de M. Montfort a paru faite avec esprit ; on a remarqué les couplets de Bambolino : Les talents d'un ambassadeur, l'air de Laurette : Si tu m'aimes, Laurette, et le trio : Savez-vous bien que c'est un vice affreux, qui est le meilleur morceau de la partition. Ernest Mocker, qui depuis a donné son empreinte à plusieurs rôles intéressants, a débuté dans cet ouvrage ; les autres rôles ont été chantés par Henri, Mlle Rossi et Mme Boulanger. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POLICHINELLE
Opéra en un acte, musique de Poise, représenté au Bouffes-Parisiens en 1856.
POLITIQUE EN MÉNAGE
Opérette en un acte, livret de Hermil (dit Milher) et Numès, musique de Charles Thony, représentée à Dijon en 1883.
POLIUTO
Opéra en trois actes, musique de Donizetti, écrit à Naples en 1838, pour Adolphe Nourrit. La censure napolitaine n'en permit pas la représentation. Le livret avait été versifié par Salvator Cammarano, d'après les idées du célèbre chanteur, qui n'eut pas la consolation de créer le rôle de Polyeucte, qu'il avait étudié. C'est le 10 avril 1840 que cet opéra a été représenté à l'Académie royale de musique, sous ce titre : les Martyrs (voyez ce mot). On l'a applaudi aux Italiens le 14 avril 1859, et depuis il en a été donné plusieurs représentations. Le ténor Tamberlick a obtenu dans le rôle de Poliuto l'un de ses plus beaux succès. Le sextuor est un des chefs-d’œuvre de Donizetti. Il rappelle, par le rythme et le souffle inspiré qui l'anime, l'admirable sextuor de Lucie. La cavatine en duo du troisième acte a sans doute de l'entrain et produit de l'effet, puisqu'on l'a toujours fait répéter ; cependant elle n'exprime pas dignement, selon nous, l'enthousiasme religieux du couple chrétien aspirant à la gloire du martyre.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POLKA DES SABOTS (LA)
Opérette en un acte, livret de Dupeuty et Bourget, musique d'Alphonse Varney, représentée aux Bouffes-Parisiens le 28 octobre 1859.
« Toute la pièce se résume en cette question : lequel est préférable de porter des sabots ou des souliers ? Doucette, qui, en pareil matière, n'a pas d'opinions aussi arrêtées que les vôtres, lecteur parisien, hésite longtemps devant ce point d'interrogation qui lui semble des plus crochus. Le cas est grave, en effet, et il y va de son bonheur ; car si elle se décide pour les sabots elle épousera Rougeaud qui en fabrique par douzaines ; si, au contraire, elle opte pour les souliers, elle sera la femme du cordonnier Belœillet. Enfin, elle devient Mme Rougeaud pour prouver que le sabot est l'idéal de la chaussure.
M. Varney, qui dirige l'orchestre des Bouffes avec tant d'autorité et de savoir, a adapté à cette fantaisie rurale plusieurs morceaux qui se recommandent par la franchise de leur allure mélodique. On sait que M. Varney n'en est pas à son coup d'essai ; il a déjà donné le Moulin joli et l'Opéra au camp. Dans ce dernier ouvrage, représenté il y a quelques années à l'Opéra-Comique, Mme Andréa Favel jouait le rôle de Mme Favart. Ce fut une de ses dernières créations. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
« Cette petite pièce est amusante. On a beaucoup applaudi les jolis couplets de Doucette, chantés avec un vrai talent par Mlle Chabert. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POLKETTE
Opérette, paroles de M. Firmin, musique de M. Bernardin, représentée aux Folies-Nouvelles en juin 1856.
POLYDORE
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Pellegrin, musique de Batistin (J.-B. Stuck), représentée par l'Académie royale de musique le 15 février 1720, avec Dubourg (Polymnestor), Mlle Antier (Ilione), Mlle Lagarde (Déidamie), Jacier (Sthénélus), Arteau (Timante), Mlle Tulou (Théano), Thévenard (Polydore), Lemire (Grand Prêtre), Arteau (l'Ombre de Déiphile) et Muraire (un Thrace, un Grec).
Reprise avec des changements : 21 avril 1739.
« Jélyotte remplaça Murayre dans le rôle de Triton, en 1739, et dans celui de Polydore, Thévenard, qui avait quitté la scène, fut suppléé par Le Page. On sait que Jélyotte était un ténor élevé, et Thévenard une première basse fort étendue. Batistin fut le premier violoncelliste qu'on entendit à l'Opéra. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POLYEUCTE
Opéra en cinq actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique de Charles Gounod. Création au Théâtre de l'Opéra le 07 octobre 1878. => fiche technique
POLYPHÈME
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, poème en vers d’Albert Samain, musique de l’amiral Jean Cras.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 29 décembre 1922. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes dessinés par Marcel Multzer, exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu. Ballet du 5e tableau réglé par Jeanne Chasles.
Mmes Suzanne BALGUERIE (Galathée), Niny ROUSSEL (Lycas), Marthe COIFFIER (une Nymphe).
MM. VANNI-MARCOUX (Polyphème), Max BUSSY (Acis).
Danses : Mlles Gina LUPARIA (Diane chasseresse), Frédérique SOULÉ (1re Naïade), G. DUGUÉ (1re Nymphe), Simone ROSNE (1er Sylvain), Olga BUGNY (1er Faune), Mr GUERLYS (le dieu Pan) et les Dames du Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
11e représentation le 24 avril 1924.
Mmes Yvonne BROTHIER (Galathée), Niny ROUSSEL (Lycas), COULÉARD (une Nymphe).
MM. Henri ALBERS (Polyphème), Max BUSSY (Acis).
Danses : Mlles Gina LUPARIA (Diane chasseresse), H. ANDRÉ (1re Naïade), G. DUGUÉ (1re Nymphe), Simone ROSNE (1er Sylvain), Olga BUGNY (1er Faune), MM. GALLET (le dieu Pan), VINET (Actéon) et le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Albert WOLFF.
16 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
« Sur le thème légendaire connu, Albert Samain avait écrit un poème plein de charme et de tendresse, dont les alexandrins bien mesurés ne paraissaient pas appeler la musique, tant leur harmonie naturelle suffit. Néanmoins, Jean Cras a su tirer de ce mètre monotone une harmonieuse inspiration. Son oeuvre, très lyrique, avait obtenu en 1920 le prix du concours musical de la Ville de Paris. Elle ressemble plus souvent à une cantate qu'à une oeuvre théâtrale mouvementée. »
(Larousse Mensuel Illustré, février 1923)
POLYXÈNE
Tragédie lyrique en cinq actes, paroles de Joliveau, musique de Dauvergne, représentée à l'Opéra le 11 janvier 1763, avec Gélin (Pyrrhus), Pillot (Télèphe), Larrivée (la Jalousie); Mlles Arnould (Polyxène), Chevalier (Hécube).
« Cet opéra est de Joliveau, « secrétaire perpétuel de l'Académie de musique », comme l'indique le livret, et il fut représenté peu de mois avant l'incendie de ce théâtre (6 avril 1763). »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
POLYXÈNE ET PYRRHUS
Tragédie lyrique en cinq actes, avec un prologue, paroles de Laserre, musique de Colasse, représentée par l'Académie royale de musique le 21 octobre 1706. La partition de cet ouvrage, qui n'a pas été repris au théâtre, a été publiée par Ballard.
« Cette tragédie ne réussit guère. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
POMME D'ADAM (LA)
Opéra-comique en un acte, livret de Lucien Augé de Lassus, musique d’Antoine Banès, représenté au Casino de Trouville le 25 août 1899.
POMME D'API
Opérette en un acte, livret de Ludovic Halévy et William Busnach, musique de Jacques Offenbach, représentée au théâtre de la Renaissance le 4 septembre 1873. Cette pomme d'api, sous les traits de Mme Théo, débutant au théâtre dans cette pièce, est une jeune fille dont Édouard, neveu de M. Rabastens, est contraint de se séparer, et qui rentre chez l'oncle en qualité de domestique. Tout finit par un mariage. La musique est agréable. On a remarqué les couplets de la cuisinière et la romance : Consultez votre cœur, une des meilleures du répertoire du compositeur. Chantée par Daubray, Mmes Théo et Dartaux.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
POMME D'ÈVE (LA)
Opéra-comique en un acte, musique d'Emile Pichoz, représenté au Grand-Théâtre de Lyon le 26 décembre 1887.
POMME DE TURQUIE (LA)
Opérette en un acte, livret et musique de Pauline Thys, représentée aux Bouffes-Parisiens le 09 mai 1857.
« Mlle Pauline Thys est une des spécialistes de la romance. A l'époque du Jour de l'an, quand ce produit fait une concurrence si désastreuse aux oranges et aux sucres de pomme, l'album de Mlle Thys étincelle de dorures à la vitre de tous les marchands de musique. »
[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]
POMMES D’OR (LES)
Opérette-féerie en trois actes et douze tableaux, livret de Henri Blondeau, Hector Monréal, Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Audran. Représenté à Paris, Théâtre des Menus-Plaisirs, le 12 février 1883.
POMMIER DES AMOURS (LE)
Opérette en un acte, paroles de Francis Tourte, musique de Georges Douay, représentée à la Tertullia le 01 mai 1872.
POMMIERS ET LE MOULIN (LES)
Opéra en un acte, paroles de Forgeot, musique de Lemoyne, représenté par l'Académie de musique le vendredi 22 janvier 1790, avec Lays (Mathurin), Adrien (Thomas), Rousseau (Lucas); Mlles Lilette (Lucette) et Gavaudan (Rosette).
« Cette bergerie, imitée du Devin du village, parut insipide. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet ouvrage fut mieux accueilli que le précédent [Nephté de Lemoyne]. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
POMONE
Pastorale en un prologue et cinq actes, livret de l'abbé Pierre Perrin, musique de Robert Cambert.
Création au Théâtre de l’Opéra (salle de la Bouteille) le 03 mars 1671, avec Mme de Cartilly (Pomone), sous la direction du compositeur.
C'est le premier opéra qui ait été représenté par l'Académie royale de musique. Cet événement musical eut lieu d'après le privilège accordé par Louis XIV, le 28 juin 1669, à l'abbé Perrin, à Cambert, Sourdéac et Champeron.
« Pastorale représentée le 19 mars 1671.
Cet ouvrage eut pour interprètes Mlles Cartilly (et non de Castilly, comme l'écrit Castil-Blaze); Beaumavielle, baryton ; Rossignol, basse ; Clédière et Tholet, hautes-contre; Borel du Miracle, ténor grave. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
POMONE
Pastorale en trois actes, musique de Lacoste, écrite à la fin du XVIIIe siècle.
POMPE FUNÈBRE DE CRISPIN (LA)
Opéra-comique, musique de Jean-Baptiste Rochefort, représenté à Cassel vers 1776.
POMPIER DE SERVICE (LE)
Vaudeville-opérette en quatre actes et six tableaux de Victor de Cottens et Paul Gavault, musique de Louis Varney, représentée au théâtre des Variétés le 18 février 1897, avec Mmes Germaine Gallois, Méaly, Lavallière, Diéterle et Fugère, MM. Albert Brasseur, Dailly, Milher, Guy, Simon, Édouard Georges, Petit, Schutz, Moricet.
POMPON (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Charles Lecocq, représenté aux Folies-Dramatiques le 10 novembre 1875 avec Mmes Matz-Ferrare (Piccolo) ; Caillot (Fioretta) ; Toudouze (Ortensia) ; Paurelle (Béatrice) ; MM. Milher (le vice roi) ; Luco (Barabino) ; Didier (Castorini). => partition manuscrite
« La scène se passe à Palerme pendant le carnaval. Le brigand Tivolini doit s'y rendre, et son signalement est un pompon rouge et blanc qu'il porte à son chapeau. Ce chapeau passe sur la tête de l'innocent Piccolo, jeune médecin dont toutes les femmes raffolent et qui aime la jeune Fioretta, la bouquetière. Il est pris pour Tivolini, jugé par le vice-roi et condamné à être pendu. L'imbroglio se complique des efforts tentés par des femmes compatissantes pour le sauver de la potence. Les détails sont d'un goût équivoque ; mais le dénouement montre le trop bon marché que font les auteurs des convenances même vulgaires. La duchesse Cazadorès y Florida, que le vice-roi va épouser, a eu pour Piccolo un caprice, et cet adultère avant la lettre est divulgué aux yeux de tous. Le vice-roi seul n'y voit goutte, mais cependant persiste à vouloir découvrir celle qui a osé visiter dans sa prison l'homme qui allait être pendu le lendemain. Fioretta prend alors le caprice pour son compte :
PICCOLO.
O bonheur ! c'était toi !
FIORETTA.
Silence !
Si j'ai fait ce mensonge au roi,
C'est pour sauver votre existence,
Mais, monsieur, ce n'était pas moi.
Et le vice-roi épouse la duchesse, et Piccolo épouse Fioretta.
Que ces choses-là soient rimées dans un conte, cela s'est vu depuis Boccace jusqu'à Voltaire, en passant par La Fontaine ; mais jamais on ne les traduisait sur la scène et encore moins les aurait-on mises en musique. Cette mauvaise pièce a été traitée par le compositeur avec autant de soin consciencieux et d'effort que si elle eût été bonne. La partition est même plus forte d'harmonie que les précédentes du même auteur. On a remarqué le chœur d'introduction ; les couplets de la bouquetière : Voyez mes beaux bouquets ; le joli ensemble : Sans connaître la sentence ; le quatuor bouffe ; le duo : En amour, je suis très novice, et le chœur comique de l'arrestation : Il a le pompon, qui est d'une gaieté ranche. Mais quelle nécessité d'introduire dans cette farce une intention aussi irréligieuse que celle du cantique de la Rédemption des âmes ? de tourner en ridicule une bonne œuvre par ce refrain que j'abrège :
Quoi de plus doux sur cette terre,
De plus beau, de plus généreux,
Quand on n'a rien de mieux à faire,
Que de sauver des malheureux.
Servez des glaces, garçon,
Vanille, pistache, citron.
Le compositeur a dû, pour exprimer le sujet, parodier les formes de la musique sacrée et y mêler le ricanement musical ; belle besogne, ma foi ! Dans le second acte, on remarque un chœur bien écrit pour l'entrée de Fioretta, le quintette du tribunal, le quatuor et un brindisi. On ne peut rappeler dans le dernier acte, qui d'ailleurs est fort court, qu'une phrase du duettino : Une telle calomnie, et une jolie barcarolle un peu imitée du style d'Auber. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
POMPONIN OU L’AUTEUR MYSTIFIÉ
Opéra bouffon en deux actes, livret de Pierre-Louis Guinguené, musique de Niccolo Piccinni. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 03 novembre 1777.
POMPONNE ET FRIDOLIN
Opérette en un acte, livret de Paul Burani, avec Clerc et Wansinck, représentée au Théâtre des Batignolles le 02 août 1873.
PONCE DE LÉON
Opéra bouffon en trois actes, livret et musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 15 mars 1797 (25 ventôse an V), avec Mmes Gontier (Mme Dalmanchinaros), Jenny Bouvier (Mélanie), Screutzer (Laurette), MM. Louis Michu (Ponce de Léon), Jean-Baptiste-Sauveur Gavaudan (Padille), Simon Chenard (Caffardo), Dozainville (Pélerino), Saint-Aubin (1er médecin), Valville (2e médecin), Fleuriot (un chirurgien), Paulin (un apothicaire). => livret
« Cet ouvrage, qui n'est pas sans mérite, précéda immédiatement les deux œuvres capitales du compositeur, Montano et Stéphanie et le Délire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PONT D'AVIGNON (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Armand Liorat, musique de Charles Grisart, représentée aux Bouffes-Parisiens le 3 septembre 1878. La pieuse légende, à la fois poétique et touchante de saint Benezet et des frères pontifes a été transformée en une suite d'épisodes grivois, d'un mauvais goût déplorable, à laquelle le musicien a eu le tort d'associer sa muse. On a remarqué un duo au premier acte, les couplets du pont d'Avignon et une parodie du septuor des Huguenots. Chantée par MM. Daubray, Jolly ; Mlles Lody, Luce et Marie Albert.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PONT DE LODI (LE)
Opéra en un acte de Delrieu, musique de Méhul, représenté à l'Opéra-Comique le 15 décembre 1797.
PONT DES SOUPIRS (LE)
Opéra bouffon en deux actes et quatre tableaux, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 23 mars 1861 avec Mmes Lise Tautin (Catarina Cornarino), Tostée (Amoroso), Pfotzer (Fiammetta), Legris (Laodice), Taffanel (Fiorina), Nattier (Léandre), Igasty (Colombine), Fournier (Pierrot), Cortez (Isabelle), May (Arlequin), MM. Désiré (Cornarino Cornarini), Bache (Baptiste), Armand Potel (Fabiano Fabiani Malatromba), Tacova (le Chef du Conseil des Dix), Prosper Guyot (Astolfo), Duvernoy (Franrusto), Desmonts (Cascadetto), Caillat (Paillumido), Jean-Paul (Rigolo), Adolphe Jacques Tautin (Gibetto), Valter (un batelier), Fournier (l'huissier du Conseil).
Une version opéra bouffe en quatre actes a été représentée aux Variétés le 08 mai 1868 avec Mmes Lise Tautin (Catarina Cornarino), Garait (Amoroso), M. Cap (Laodice), Julia H. (Colombine), Gravier (Pierrot), E. Martin (Isabelle), L. Carretier (Arlequin), A. Latour (Léandre), Bénard (Cassandre), MM. Thiron (Cornarino Cornarini), Kopp (Baptiste), Dupuis (Fabiano Fabiani Malatromba), Grénier (le Chef du Conseil des Dix), A. Guyon (Astolfo), Gardel (Franrusto), Boulangé (Cascadetto), Hamburger (Magnifico), Géraud (Paillumido), Bordier (Gibetto), Horton (l'huissier du Conseil).
« Il suffit de dire que les scènes les plus désopilantes répondent à ce titre lugubre. Cornaro-Cornarini, Fabiano Malatromba, Tacova, Amoroso et Catarina en sont les personnages. Plusieurs des motifs sont devenus populaires. Nous citerons la jolie romance : Ah ! qu'il était doux mon beau rêve, le chœur : Dans Venise la belle, et les couplets : Je suis la gondolière. Le Carnaval de Venise sert de finale à cette pièce, en se transformant toutefois en bacchanale un peu trop échevelée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PONTONS DE CADIX (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et François Ancelot, musique d'Eugène Prévost. Création au théâtre de l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 08 novembre 1836.
PORCHERONS (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret de Thomas Sauvage et Jules Joseph Gabriel de Lurieu, musique d'Albert Grisar. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 janvier 1850, mise en scène d’Ernest Mocker, décors de Philippe Chaperon, avec Mmes Célestine Darcier (marquise de Bryane), Félix (vicomtesse de Jolicourt), Marguerite Jeanne Camille Decroix (Florine), MM. Sainte-Foy (vicomte de Jolicourt), Hermann-Léon (Desbruyères), E. Mocker (Antoine), Bussine (Giraumont), Constant Lemaire (Picard), Palianti (Ratapiol), Bellecour (Grand-Pierre), Lejeune (un Exempt), Mouren (un Exempt).
« L'action se passe au temps de Louis XV. La marquise de Bryane, jeune veuve d'un caractère fantasque et assez étourdie, refuse tous les partis, et prétend affronter seule et sans protection les aventures et les périls auxquels elle s'expose et qu'elle semble même rechercher. M. des Bryères parie avec ses amis 10,000 louis qu'il triomphera des dédains de la belle évaporée. En effet, arrivée à Paris en compagnie des époux Jolicour, elle ne tarde pas à tomber dans plusieurs pièges tendus sous ses pas. Elle est protégée par un mystérieux personnage, qui se fait appeler Antoine et passer pour un ouvrier ébéniste. Il ne peut cependant dissimuler le son de sa voix, que la marquise reconnaît pour celle d'un libérateur resté inconnu et qui a pénétré jusqu'à son cœur. Cet Antoine est le chevalier d'Ancenis, ami d'enfance de la marquise de Bryane. Il lui a prédit les mésaventures auxquelles son genre de vie l'exposait, et lui a déclaré son amour dans une lettre des plus tendres. Enfin une dernière escapade de l'héroïne amène le dénouement. Il lui prend fantaisie d'aller aux Porcherons, sorte de guinguette ou bal populaire de ce temps, située aux portes de Paris. Des Bryères fait diriger la voiture de Mme de Bryane vers sa petite maison, qu'il transforme en Porcherons pour prolonger l'illusion, et, au milieu de la situation la plus critique, la jeune veuve est heureuse de reconnaître dans Antoine, qui a feint de se prêter à la ruse du séducteur, le chevalier d'Ancenis, à qui il ne manque, pour être intéressant, ni le duel obligé, ni la lettre de cachet, ni la grâce finale du souverain. Les détails de la pièce sont amusants, mais la donnée est par trop invraisemblable. En outre, les scènes où le compositeur aurait pu faire preuve de son talent dramatique, se passent en dialogue. La partition des Porcherons est une des meilleures productions de Grisar. La mélodie y est gracieuse, l'harmonie variée, l'instrumentation piquante et spirituelle. Dans le premier acte, on remarque la romance chantée par Mme de Bryane : Pendant la nuit obscure, le trio : A cheval, et le thème délicieux de la scène de l'évanouissement. Le morceau le plus saillant du second acte est la romance de la lettre : L'amant qui vous implore, mélodie pleine de charme et d'expression. Le motif d'Antoine : Donnez-moi vot' pratique, et le trio bouffe final ont été très coûtés du public. C'est dans le tableau des Porcherons que le compositeur a déployé le plus de verve et d'inspiration scénique. Les Couplets à Bacchus et la Ronde des Porcherons offrent une progression d'effets variés et une gaieté communicative qui n'excluent pas les qualités sérieuses de l’œuvre musicale. Mlle Darcier a obtenu un de ses plus beaux succès dans le rôle de Mme de Bryane ; son jeu fin, sa voix expressive et vibrante ont laissé des souvenirs. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PORNIC LE HIBOU
Opérette, musique de Joseph Darcier, représentée aux Folies-Nouvelles en octobre 1858. L'auteur a chanté le rôle principal avec beaucoup de talent.
PORTEFAIX (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique de José-Melchior Gomis. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 16 juin 1835 avec Mmes Zoé Prévost (Héléna), Camoin (Christina), Riffaut (Teresita) ; MM. Thénard (Don Raphael), Henri (Don Ramiro), Jean-Baptiste Chollet (Gasparillo), Victor (le Corrégidor).
PORTEUR D’EAU (LE) — Voir les Deux Journées.
PORTEUR D’EAU (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté en province en 1801.
PORTEUR DE CHAISES (LE)
Opéra-comique en deux actes, de Monvel, musique de Dezède, représenté à la Comédie-Italienne le 10 décembre 1778 ; réduit à un acte (11 janvier) sous le titre de : Jérôme et Champagne.
PORTIA
Poème dramatique, paroles d’E. Augier, musique de De Hartog, exécuté par fragments dans un concert de la Société de Sainte-Cécile en 1853.
PORTRAIT (LE)
Opéra-comique en deux actes, livret de Laurencin et Jules Adenis, musique de Théodore de Lajarte. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 juin 1883, avec MM. Fugère, Bertin, Lucien Collin (le Prince), Barnolt, Gourdon, Etienne Troy, Mlles Chevalier et Lardinois.
« Un véritable opéra-comique, amusant, gai, bon enfant, comme, par malheur, on n'en voit plus guère dans le répertoire de ce théâtre, une musique franche, bien venue, sans prétention, mais non sans agrément, tel était ce Portrait, qui reçut du public un accueil très sympathique et très flatteur. Entre autres morceaux heureux, la partition contenait une jolie romance de ténor avec refrain en quatuor, une chanson pimpante : Vive la bouteille ! et un septuor très amusant et bien scénique, qu'on pourrait appeler le septuor de la clef. L’ouvrage était joué et chanté à souhait. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PORTRAIT (LE) ou LA DIVINITÉ DU SAUVAGE
Comédie lyrique en deux actes, livret de Saulnier, musique de Champein, création à l'Opéra de Paris le 22 octobre 1790, avec Rousseau (Dorval), Dufresne (Valère), Chardini (Fréort), Lays (le Sauvage); Mme Ponteuil (Julie), Mlle Roussellois (Finette).
« Pour expliquer en passant ce titre obscur, nous dirons qu'il est question dans la pièce du portrait de Julie, auquel Dorval, son amant, rend des hommages si assidus, qu'un sauvage à son service prend ce portrait pour une divinité et en adore l'original dès qu'il l'aperçoit. On voit par ce sujet de quelles inepties la muse dramatique était capable à cette époque. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Maigre sujet, maigre musique, maigre succès. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PORTRAIT DE COLETTE (LE)
Opérette en un acte, livret de Meillet et Dehelle, musique d'Edouard Montaubry fils, représentée au théâtre de La Tour d'Auvergne à Paris le 21 décembre 1880.
PORTRAIT DE FAMILLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique de Frédéric Kreubé. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 juillet 1814.
PORTRAIT DE MANON (LE)
Opéra-comique en un acte et en vers libres, livret de Georges Boyer, musique de Jules Massenet. Création à l'Opéra-Comique le 08 mai 1894. => fiche technique
PORTRAIT DE SÉRAPHINE (LE)
Saynète musicale de M. Simiot, représenté aux Folies-Nouvelles en septembre 1857.
PORTRAITS (LES)
Opéra-comique en deux actes, livret de Charles-Joseph Lœillard d'Avrigny, musique de Paolo Francesco Parenti. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 20 novembre 1790.
POSADA (LA) ou LE SOUPER DU ROI
Opéra-comique en un acte, musique d’Eugène Hutoy, représenté sur le théâtre Royal de Liège le 24 février 1874.
POSTICHE (LE)
Opérette, livret de Charles Samson et André Pradels, musique de Léo Pouget, représentée au Théâtre des Capucines le 24 février 1908, avec Angèle Gril.
POSTILLON DE LONJUMEAU (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d’Adolphe Adam.
Personnages : Madeleine, plus tard Madame de Latour, femme de Chapelou (soprano) ; Rose, soubrette (soprano) ; Chappelou, postillon, plus tard Saint-Phar, chanteur (ténor) ; le marquis de Corcy, intendant des spectacles royaux (ténor) ; Biju, forgeron, ami de Chapelou, plus tard Alcindor, choriste (baryton) ; Bourdon, choriste (basse).
L'action se passe à Longjumeau en 1756 et à Fontainebleau en 1766.
Création au Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 13 octobre 1836, avec Mmes Zoé Prévost (Madeleine), Roy (Rose), MM. Jean-Baptiste Chollet (Chapelou), Henri (Biju), Achille Ricquier (le marquis de Corcy), sous la direction de Narcisse Girard.
Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 03 novembre 1852, avec Mme Adèle Guichard (Madeleine), MM. Jean-Baptiste Chollet (Chapelou), Honoré Grignon (Biju), Leroy (le marquis de Corcy).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 19 en 1852, 8 en 1853, 1 en 1854.
Reprise au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 17 mai 1935 avec Yvonne Brothier et Miguel Villabella.
Résumé.
ACTE PREMIER : La place publique à Longjumeau. — Le postillon Chapelou célèbre ses noces avec Madeleine. Il prie le forgeron du village, Biju, de bien vouloir se charger de la diligence, le cas échéant, afin qu'il puisse rester avec Madeleine. Mais Biju refuse de lui rendre ce service. Voici qu'apparaît l'intendant des spectacles royaux, le marquis de Corcy, qui recherche un ténor. Il est obligé de s'arrêter au village même par suite d'accident de son carrosse. D'après une vieille coutume les paysannes enlèvent la mariée, tandis que Chapelou est obligé de se racheter par une chanson. L'intendant entend sa belle voix et lui offre la place d'un ténor. Chapelou accepte et accompagne le marquis à Paris sans faire ses adieux à son épouse.
ACTE DEUXIÈME : La salle de réception de Mme de Latour à Fontainebleau. — Dix ans plus tard. Chapelou, qui porte le pseudonyme de Saint-Phar, est devenu célèbre. Son ami Biju, le forgeron du village, l'a accompagné à l'Opéra, et sous le nom d'Alcindor il a réussi grâce à sa basse à devenir le chef des choristes. Madeleine, elle aussi, a eu de la chance pendant ces dix dernières années. D'une tante elle a hérité une immense fortune et a adopté le nom de Madame de Latour. Cependant elle aime encore toujours le postillon. Le marquis s'est épris de Madame de Latour et Chapelou est obligé de chanter en leur honneur une chanson composée par le marquis. Sans la reconnaître il lui fait la cour. Elle consent aussi à lui accorder sa main, mais non sans lui donner une bonne leçon avant. Elle lui fait remettre une lettre de son épouse et Madame de Latour prétend qu'elle est offensée du fait qu'il lui a fait la cour tout en étant marié. C'est alors qu'il nie tout et pour prouver la vérité de ses paroles il veut se marier immédiatement. Un chanteur doit secrètement remplacer le curé. Mais le marquis épie ce projet et il fait venir un véritable curé qui marie en effet le couple.
ACTE TROISIÈME : La chambre nuptiale. — Saint-Phar est trop heureux. Moyennant sa fourberie, il croit posséder la femme bien-aimée. Ses compagnons cependant lui expliquent qu'il a été dupé par le marquis et prennent la fuite. Il est désespéré, car maintenant il est marié avec deux femmes différentes, crime qui est puni de la peine de mort. Le marquis irrité de ce que Saint-Phar l'ait supplanté n'hésite pas, pour se venger de lui, à le dénoncer. Madeleine apparaît subitement dans la chambre sombre lui parlant tantôt comme Madame de Latour, tantôt comme Madeleine en faisant valoir ses droits d'épouse. Enfin le marquis arrive, accompagné de la garde, pour arrêter le coupable. Tandis qu'on l'entoure, Madame de Latour explique le malentendu se présentant comme Madeleine à Saint-Phar. Le refrain de la chanson du postillon termine la pièce.
« Le livret est d'une gaieté et d'une invraisemblance fort plaisantes et est dans le goût des canevas italiens joués sous le nom d'opéras-comiques au théâtre de la Foire. La musique est bien commune, mais franche et du meilleur style d'Adam. L'air chanté par Henri : Combattons, chantons, est une amusante parodie des chœurs d'opéra. Les couplets chantés par Chollet : Oh ! qu'il est beau, le postillon de Lonjumeau ! et le motif : Mon petit mari ont eu une fatigante popularité. Quand au trio : Pendu ! pendu ! on ne peut nier qu'il ne soit fort comique. Le Postillon de Lonjumeau a obtenu un grand succès et a valu au compositeur les honneurs du suffrage universel. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Au Théâtre-Lyrique, Chollet reprenait son rôle de Chapelou qui, en 1836, et après Fra Diavolo et Zampa, marqua une des plus belles étapes de sa carrière à l'Opéra-Comique. Le livret du Postillon de Lonjumeau, traduit en italien, a tenté les maestri Coppola et Speranza qui l'ont successivement mis en musique, et fait jouer dans leur pays. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
POSTILLON DE SAINT-VALÉRY (LE)
Opéra en deux actes, paroles de Commerson et Salvador, musique d'Auguste Pilati, représenté sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin au mois de mars 1849 avec Adolphine Petit-Brière et François Marcel Junca.
« On a remarqué de jolis couplets et un duo qui commence ainsi : Profitons de sa jalousie. Les principaux interprètes de cet ouvrage ont été Mme Petit-Brière et Junca. La représentation d'un opéra à la Porte-Saint-Martin, en 1849, était un essai de décentralisation musicale. On a depuis fait beaucoup de chemin dans cette voie. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POUCHE
Opérette en trois actes tirée de la comédie de René Peter et Henri Falk par Alphonse Franck, musique d'Henri Hirchmann.
Création au Théâtre de l'Etoile le 19 février 1925, avec Mmes Viorica (Armande), Reynal (Cécile), Yo Maurel (Pouche), MM. Defreyn (Bridier). Pizani (Alfred), Chevalier (Piedague), Gabaroche (La Fajolle).
Première aux Folies-Dramatiques le 19 mai 1925.
« Sur une intrigue mi-classique et mi-vaudevillesque, combinée par des auteurs qui se souviennent de Marivaux, mais n'ignorent rien des moyens comiques d'aujourd'hui, M. Henri Hirchmann, musicien fort distingué, a composé une partition agréable et légère. M. Hirchmann se laisse volontiers aller à sa fantaisie, et même, dit-on, il écrit assez souvent la musique avant les couplets et c'est le parolier qui se charge de l'ajustement. Ce renversement de la méthode ordinaire est commode pour le compositeur : il n'assure peut-être pas toujours à l’œuvre une homogénéité parfaite. »
(Larousse Mensuel Illustré, avril 1925)
POULARDE DE CAUX (LA)
Opérette en un acte, livret d'Adolphe de Leuven et Victor Prilleux, musique de Louis Clapisson, François-Auguste Gevaert, E. Gautier, F. Poise, Auguste Bazille et S. Mangeant. Création au théâtre du Palais-Royal le 17 mai 1861 avec Mlle Schneider (Rose ; Chonchette), MM. Pradeau (Ratichon), Luguet (Floquard), Lassouche (Fructueux dit Bourriquet). => partition
POULE (LA)
Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret d'Henri Duvernois et André Barde, musique d’Henri Christiné. Création au Théâtre des Nouveautés le 10 janvier 1936.
"Du roman d'Henri Duvernois, une amusante comédie musicale a été tirée fort adroitement ; les deux premiers actes sont d'un entrain étourdissant, et si le dernier a un peu moins de mouvement, c'est qu'il faut bien conclure. Le bon papa Sylvestry, ténor sans voix et sans femme, soigne ses cinq filles avec tant de gentillesse qu'on l'a surnommé « la poule » ; mais sa vigilance n'est pas bien grande ; l'aînée doit assumer le rôle de la sagesse, tandis que les quatre cadettes sont prêtes à jeter leurs bonnets par-dessus les moulins. Grâce à l'exubérante millionnaire Suavita, qui entraîne toute la famille en sa villa méditerranéenne, les cinq filles seront pourvues, les quatre folles légitimement, et la sage et droite Geneviève moins, car son Frédéric a déjà femme en province. Mais Suavita arrangera un honnête divorce avec un peu d'argent et tout finira pour le mieux dans le plus conventionnel des mondes.
La musique de Christiné, pleine d'allant, joliment rythmée, aux airs bien dessinés, ajoute encore à l'agrément de cette charmante pièce : on retiendra certes sa jolie chanson à la mode ancienne A la belle époque, celle plus moderne de la Poule, et la marche vive et entraînante de Nous étions quatre. La pièce est excellemment jouée par M. Michel Simon, père débonnaire ; Robert Burnier, amoureux franc qui sait n'être pas ridicule ; Mme Blanche Montel, qui a dessiné le type le plus sympathique de la jeune Française sérieuse, souriant même dans l'infortune, et Mme Jeanne Véniat, la plus exubérante, la plus étourdissante des Argentines de fantaisie." (Larousse Mensuel Illustré, 1936)
POULE BLANCHE (LA)
Opérette en quatre actes, livret de Maurice Hennequin et Antony Mars, musique de Victor Roger, représentée au théâtre Cluny le 13 janvier 1899.
POULE NOIRE (LA)
Opéra bouffe en un acte et deux tableaux, livret de Nino, musique de Manuel Rosenthal.
Personnages : Lajoie, père de Constance (baryton-basse) ; Berbiqui (baryton Martin). Constance, jeune veuve (soprano) ; Madeleine, la bonne (rôle parlé) ; le Chœur des locataires (chœur parlé).
Création à la Comédie des Champs-Elysées le 31 mai 1937, sous la direction du compositeur.
Première à l’Opéra-Comique (3e salle Favart) le 25 mai 1956, mise en scène de Max de Rieux, maquette des décors et costumes de Romain Erté, costumes exécutés par la maison Madelle, chorégraphie d’Espanita Cortez.
4e représentation le 19 septembre 1956.
Mmes Denise DUVAL (Constance), Odette RICQUIER (Madeleine).
MM. Jean GIRAUDEAU (Berbiqui), Jean VIEUILLE (Lajoie).
Chef d'orchestre : Richard BLAREAU.
Danses : Mlles Paule Morin, Antoinette Erath, Sylvie Gauchas, Arlette Ingraça, Madeleine Dupont, Gilberte Rollot, MM. Serge Reynald, Maurice Riche, Jacques Chazot, Alain Couturier, Michel Lainer, Daniel Delbrouck.
35e représentation le 10 octobre 1969.
Mmes Christiane HARBELL (Constance), Florence RAYNAL (Madeleine).
MM. Jean-Christophe BENOIT (Berbiqui), Jacques LOREAU (Lajoie).
Danses réglées par Michel Rayne
Chef d'orchestre : Jean-Claude HARTEMANN.
8 représentations à l'Opéra-Comique en 1956, 14 en 1957, 5 en 1958, 2 en 1959, 3 en 1962, 4 en 1969, soit 36 au 31.12.1972.
Résumé.
Cette « poule noire » est une jeune veuve inconsolable, qu'un petit gigolo parvient cependant à ragaillardir en jouant les désespérés...
ACTE UNIQUE. — Un salon meublé, avec vue sur un cimetière.
Constance est en compagnie de Madeleine ; derrière ses persiennes closes, elle pleure un époux défunt depuis trois ans.
Une sérénade se fait entendre, mais elle refuse de connaître le galant. Arrive Lajoie, père de Constance, qui s'enquiert auprès de la bonne de l'état de sa fille.
Un coup de sonnette : c'est le petit Berbiqui qui vient chaque jour prendre des nouvelles de Constance et n'a pas encore réussi à être introduit. Lajoie se désole de cet insuccès et conseille au jeune homme de feindre le désespoir pour éveiller la compassion de l'inconsolable.
Comme Constance s'approche, Berbiqui s'éclipse rapidement. Lajoie cherche à raisonner sa fille et suspend au volet une pancarte offrant l'appartement à louer. Constance se désole toujours.
Soudain, le chœur des locataires envahit la pièce. Parmi eux s'est glissé Berbiqui qui affecte une grande douleur et, sous le nom de Fidélio, parvient maintenant assez vite à attirer l'attention de Constance [Air de Berbiqui : Fidélio, si je m'appelle... et Duo : C'était un être unique au monde...].
Constance sort chercher le bail. Pendant ce temps, Lajoie félicite Berbiqui, tout en trouvant qu'il exagère un peu. Constance présente ensuite à « Monsieur Fidélio » l'inventaire de l'appartement [Trio].
Madeleine, qui a reconnu Berbiqui, est enchantée de l'impression qu'il a produite sur sa maîtresse. De joie, Berbiqui joue un air de jazz sur l'épinette. Constance, qui revient inopinément, est indignée ; elle enjoint à Berbiqui de se contenir... comme elle. Berbiqui, s'enhardissant, embrasse la « poule noire » qui feint de s'irriter et sort en sanglotant.
Berbiqui, désespéré, va écrire sa lettre d'adieu. Agissant sans le vouloir sur un déclic du secrétaire, il découvre un billet compromettant pour le défunt mari de Constance. Le chœur des locataires envahit de nouveau la pièce, mais bientôt, éconduit par Constance, il se retire. Berbiqui déclare alors à Constance qu'il va partir pour la chasse aux grands fauves... Constance manifeste quelques regrets et, sur un air de java, Berbiqui lui lit la lettre trouvée dans le secrétaire. Croyant la place conquise, il se déclare à Constance, qui fait une scène et claque les portes.
Lajoie revient, furieux. Il suffoque quand il prend connaissance de la lettre à « Loulou ». Sur ce, nouvelle intervention du chœur des locataires !
Madeleine, entrant en coup de vent, annonce que Constance, costumée en Espagnole, danse le fandango... Qu'à cela ne tienne : Berbiqui l'emmènera avec lui à Saragosse ! [Danse générale].
« L’argument de la Poule noire, l'aventure de la veuve éplorée qui ne peut se consoler qu'avec un sentimental pleurnicheur, lequel est naturellement un faux pleurnicheur. Cela, du moins, s'accepte ; le dialogue a de la drôlerie, la musique de M. Rosenthal de l'aisance et de la tenue. » (Larousse Mensuel Illustré, 1937)
« A l’Opéra-Comique, la distribution de la Tosca unissait un jeune ténor superbement doué, Lance, à l'autorité magistrale de Bourdin, et à l'émotion dramatique de Mme Sarroca. Mais, là encore, quel vacarme dans la fosse ! Aucune voix ne résisterait à un pareil tumulte orchestral. En fin de soirée, grâce à Richard Blareau, ce même orchestre a retrouvé sa vraie densité, pour servir la fort plaisante et légère œuvre de Nino et Manuel Rosenthal, la Poule Noire, présentée et jouée à ravir. Mais, alerte aux chefs d'orchestre (pas à tous, certes, mais à un grand nombre) de chez nous, dont l'intempérance sonore et le mépris des voix nous apparaissent, décidément, une cause déterminante du déséquilibre des présentations lyriques. »
[Jacques Feschotte, Musica, juillet 1956]
POUPÉE (LA)
Opérette à grand spectacle en quatre actes et cinq tableaux, livret de Maurice Ordonneau, musique d’Edmond Audran.
Première représentation au Théâtre de la Gaîté, le 21 octobre 1896, avec Mmes Mariette Sully (Alésia), Gilles-Raimbault (Mme Hilarius), Brandon (Guduline), Largini (Josse, apprenti), Guillaumet (Loïse), Barrois (Martine), Katia (Marie), MM. Paul Fugère (Lancelot), Lucien Noël (le Père Maximin), Dacheux (Maître Hilarius), Paul Bert (la Chanterelle), Bienfait (Lorémois), Jaltier (Frère Balthazar), Bernard (Frère Agnelet ; le Notaire), Fumat (Frère Basilique), Geoffroy (Frère Benoist).
Représentation au Théâtre Mogador, en octobre 1921.
« L'idée mise en œuvre par le librettiste est celle qui a été déjà si souvent mise à la scène, mais l'auteur a su la rajeunir et la présenter sous des dehors aimables et piquants. La musique, si elle n'ajoute rien à la grâce de l'action, ne lui nuit en aucune façon, et si elle manque un peu de nerf et de nouveauté, elle se laisse entendre sans déplaisir. Monté avec un grand luxe de mise en scène, l'ouvrage a obtenu du succès, fort bien joué qu'il était d'ailleurs. Ces histoires de poupées vivantes, marchantes, dansantes, et disant « papa » et « maman », pour n'être point neuves, ont presque toujours été heureuses au théâtre et y continuent leur agréable fortune. On connaît les titres de toutes ces pièces, dont le célèbre conteur Hoffmann pourrait revendiquer la paternité première : la Poupée de Nuremberg, les Pantins de Violette, Coppélia, les Contes d'Hoffmann, et jusqu'au dernier ballet allemand de ce genre, die Puppenfee. M. Maurice Ordonneau n'a donc pas eu grand mal à se donner pour trouver le sujet de cette nouvelle Poupée, mais il a traité ce sujet avec une certaine grâce aimable, avec une vivacité amusante qui font passer sur l'intérêt un peu trop secondaire peut-être que présente la pièce. De son côté, M. Audran, sans se mettre, lui non plus, en grands frais de nouveauté, a écrit une partition assez alerte, qui ne manque ni de mouvement ni d'entrain et qui se laisse entendre sans difficulté. Si l'on ajoute à cela une mise en scène bon goût, et une interprétation excellente d'où se détachaient les deux personnalités de Mlle Mariette Sully et de M. Paul Fugère, on comprendra facilement le succès qui a accueilli la Poupée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
« On est toujours un peu « des gosses » !... Il n'y a guère d'attractions qui aient connu plus de succès que celles des Figures de Cire — si ce n'est, dans les foires et les music-halls, ces marionnettes animées qu'on appelle des « automates », et auxquelles il ne manque même pas la parole — grâce aux procédés d'ailleurs inquiétants de la ventriloquie — se combinant avec le mouvement et l'expression, dus à la perfection du mécanisme, pour donner quelquefois l'illusion de la vie... Et l'homme, éternel singe, après avoir inventé le guignol qui le parodie, a voulu se donner encore le divertissement d'imiter lui-même sa propre contrefaçon !
En septembre 1840, l'Opéra-Comique donnait à son public l'Automate de Vaucanson, un acte de Leuven et Bordèse, dans lequel on voit le chevalier de Lancy prendre la place de l'automate joueur de flûte, pour faire sa déclaration à la nièce du célèbre mécanicien. Dès les premiers vagissements de l'Opérette, Mme Hortense Schneider chantait les Pantins de Violette. Et puis nous avons applaudi, en 1852, la Poupée de Nuremberg, du compositeur Adam. On se souvient du pittoresque « Ballet des automates », — second acte de Coppélia. — Ce fut ensuite l'impressionnante Olympia des Contes d'Hoffmann… Et enfin, voici la Poupée, livret de Maurice Ordonneau, musique d'Edmond Audran — avec laquelle on a joué pour la première fois au Théâtre de la Gaîté, le 21 octobre 1896. A Londres, plus de 600 représentations n'ont pas blasé les Anglais sur ce genre d'amusement. Le rôle, curieusement créé par Mariette Sully, a été repris par Mme Debério avec tant de charme et de vérité qu'on a entendu dans la salle quelques petits enfants parmi les grands réclamer la jolie « poupée ».
***
« L'action se passe dans un pays fantaisiste... » Nous sommes à Tamponville, à l'époque de Vaucanson : les Tamponvillageois sont parmi ces peuples heureux qui n'ont pas de géographie — placés, comme leur nom l'indique, entre certains Etats pour leur servir de tampon... Sage leçon ! Mais Tamponville n'a rien à voir avec l'Histoire. Les siennes lui suffisent, et, pour le moment, les affaires ne marchent guère. Tout augmente ; seuls, les revenus du couvent diminuent. Ce couvent, qui pourrait avoir comme abbé le révérend père Gaucher, de savoureuse mémoire, n'a pas la ressource d'exploiter un ni même le plus humble des chocolats-dentifrices. Les moines, frères quêteurs, vivent d'offrandes : le prieur penserait volontiers, comme son confrère et ancêtre Calchas, que les naturels donnent trop de fleurs et pas assez de légumes. Il y a là un certain frère Lancelot, éperdument novice, d'une candeur invraisemblable et de noble et riche famille, sur lequel le chapitre fondait les plus grands espoirs, car il est joli garçon et aurait assez de succès dans la tournée des ménagères. Mais ce novice est par trop coquebin pour faire fructifier sa bonne mine. Il a peur des femmes, comme le frère Philippe des vieux fabliaux — et ne rapporte jamais rien.
Bien plus, il a pour oncle un ancien noceur attardé, nommé La Chanterelle, et qui a menacé de le déshériter s'il n'envoyait pas le froc aux orties pour convoler en justes noces, faire souche, et perpétuer le nom. Lancelot ne veut rien entendre, et le prieur n'a pas de conseils à lui donner. Sans doute, il vaudrait mieux, pour l'exemple, garder au couvent une âme aussi ingénue ; mais, d'autre part, ça fait une bouche inutile. C'est ce que pense le digne abbé en dépliant mélancoliquement le journal qui enveloppe les deux harengs saurs conquis, pour tout potage, par le jeune quêteur sur quelque austère paroissienne.
Mais la Providence veille, et le saint homme se sent inspiré soudainement en lisant dans ce journal, faute d'une nourriture moins intellectuelle, qu'un fabricant d'automates, maître Hilarius, vient de mettre au monde deux poupées absolument merveilleuses : c'est l'illusion de la vie même, au point de la perfection.
Le plan du prieur est génial : il s'agit de donner une leçon à ce païen de La Chanterelle, — de faire épouser par Lancelot une des poupées automatiques en laissant croire à son oncle qu'il contracte un véritable mariage ; puis une fois en possession de l'héritage, de le ramener au couvent, muni de la forte somme et sans avoir couru le risque de compromettre son innocence avec la poupée virginale, qu'on reléguera au grenier afin de ne pas exercer l'imagination de la communauté sur une effigie suggestive.
Et les choses se passent ainsi avec cette complication que, la veille du grand jour, les deux poupées fantastiques ayant été cassées par une servante maladroite, la fille et la femme de maître Hilarius prennent leur place pour ne pas désespérer l'inventeur, resté dupe de la supercherie... C'est donc la jolie Alesia qui est unie à Lancelot, ce qui tombe le mieux du monde, car elle en est fort amoureuse. Elle joue d'abord à miracle son rôle de poupée mécanique, une fois transportée au château de La Chanterelle, ainsi que sa mère, autour de laquelle tourne le vieux roquentin. (Maître Hilarius, qui croit toujours avoir affaire à ses poupées, propose même de vendre sa femme, en faisant l'article avec insistance sur la façon dont « elle est faite », à La Chanterelle, écœuré.) Mais, in vino veritas — la noce s'est fort égayée, et le secret s'envole avec les bouchons de champagne.
A cette heure, Lancelot est déjà loin. Sous prétexte de fatigue, il a fui vers le couvent en emportant sa poupée, qu'il fourre dans un coin avant d'aller se coucher... Tout à coup, la statue, Dea ex machina, s'anime — et lorsque Hilarius, affolé, vient avec toute la société forcer la porte du monastère... il est trop tard.
Lancelot gardera sa femme... et le couvent conservera, rassurez-vous, la bonne moitié de sa dot. »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
POUPÉE DE NUREMBERG (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d'Adolphe de Leuven et Arthur de Beauplan, musique d'Adolphe Adam, représenté à l'Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 21 février 1852, avec Mlle Louise Rouvroy (Bertha), MM. Auguste Alphonse Edmond Meillet (Miller), Honoré Grignon (Cornélius), Horace Menjaud (Donathan).
Reprise au Théâtre-Lyrique de la place du Châtelet le 05 mars 1869.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 47 en 1852, 16 en 1853, 2 en 1854, 22 en 1869, 11 en 1870.
Dans ses notes autobiographiques, Adam a raconté qu'il était assez gravement malade lorsque Edmond Seveste, directeur du Théâtre-Lyrique, vint lui demander de mettre en musique un opéra-comique en un acte dont il lui apportait le livret. « En huit jours de temps, dit-il, et sans quitter le lit, j'écrivis ce petit ouvrage ; c'était la Poupée de Nuremberg. Je me levai le huitième jour pour me le jouer au piano, j'étais guéri : le travail avait tué la maladie. » (Souvenirs d'un musicien, 1er volume.)
« C'est une folie de carnaval. Cornélius est un fabricant de jouets d'enfants. Il a construit une poupée dont le mécanisme est si parfait, qu'il s'imagine avoir créé une vraie femme, que quelques paroles magiques suffiront à animer. Il la donne d'avance en mariage à son fils Donathan. Pendant son absence, deux amoureux s'introduisent chez lui. C'est son neveu Miller et une fleuriste nommée Bertha. Celle-ci s'affuble des vêtements de la poupée, Miller contrefait le diable, et le pauvre Cornélius, berné, battu, humilié, restitue à son neveu le patrimoine dont il l'avait dépouillé, après avoir mis en pièces la fiancée de son fils Donathan. La musique est accorte et troussée avec esprit. Le compositeur était malade et gardait le lit lorsqu'il écrivit cette bouffonnerie. Elle ne lui coûta que six jours de travail. L'ouverture se compose d'un andante élégant et d'une valse dont le motif est répété en duo dans la pièce, et a obtenu du succès. La scène de l'évocation, un trio pour voix d'hommes et un joli solo de violon, sont les morceaux les mieux traités de cette partition. Ce genre de pièce convenait parfaitement au talent ingénieux et peu élevé d'Adolphe Adam. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
POUPÉES DE L’INFANTE (LES)
Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret de Henri Bocage et Armand Liorat, musique de Charles Grisart, représentée aux Folies-Dramatiques le 09 avril 1881, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Marianna), Noémie Vernon (Louis XV), Elisa Frandin (Manoel), Clary (Mariquita), Adèle Cuinet (Barbara de Rocca Negra), Fassy (Mme de Raincy), Fredea (Mme de Grammont), Mariaquita (Mme de Ventadour), Ribelle (Josefa), Falsonn (José), Pervioni (Pedro), Boutellier (Luis), Henriot (Antonio), Godard (un Page), MM. Luco (Don Inigo), Maugé (Comte de Viroflay), Ambroise (Alvarez), Bartel (Lord Seymour), Gothi (Comte Perolski), Gustave Sujol (Krackenberg), Speck (Saint-Amaranthe), Edouard Montaubry (Comte de Medina), Jeault (le Surintendant des menus), Barrielle (un Capitaine des gardes).
« Les auteurs avaient adapté à la scène une élégante nouvelle publiée jadis par Roger de Beauvoir sous le simple titre de l'Infante, mais ils n'avaient pas su lui donner l'intérêt et le mordant nécessaires. Mlle Elisa Frandin, qui remplissait le principal rôle féminin, était une jeune artiste qui, après avoir remporté au Conservatoire un premier prix d'opéra, avait passé par l'Opéra-Comique, où l'on n'avait pas su employer ses remarquables facultés, et s'était vue réduite à chercher l'hospitalité d'un théâtre d'opérette. Mieux inspirée, elle se mit bientôt à étudier le chant italien et se rendit en Italie, où depuis plus de quinze ans elle a conquis une immense renommée de cantatrice et de comédienne, en jouant surtout des ouvrages du répertoire français tels que Carmen, Mignon, Fra Diavolo, où elle obtient de véritables et éclatants triomphes. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
POUPONNIÈRE (LA)
Opérette, livret de R. Pujol et Ch. Pothier, musique de Verdun et Oberfeld. Création aux Bouffes-Parisiens le 16 mars 1932 avec Mmes Françoise Rosay (Mme de La Noy), J. Francell (Christiane de La Noy), Meg Lemonnier (Titou) ; MM. Koval (Master Brown), Blanche (Rocher), Sergy (Jean Moreaux).
"Mme Adélaïde de La Noy, qui a fondé une pouponnière, veut marier à Maximin Rocher sa fille Christiane, qui, naturellement, aime un autre jeune homme, Jean Moreaux. Le soir de ses noces, Christiane s'enfuit avec Jean, et se réfugie à la pouponnière, où arrive également Titou, la maîtresse de Maximin, laquelle vient relancer l'infidèle. Tout se dénouera selon les vœux de chacun, après mille incidents burlesques : fête de Peaux-Rouges, visite du délégué du ministre à la pouponnière, etc. Partition légère rehaussée d'un peu de jazz." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)
POUR PLAIRE AUX FEMMES
Vaudeville musical en trois actes, livret d'André Mauprey et Robert de Mackiels, musique de W. Kollo. Création au Théâtre Déjazet le 19 octobre 1935 avec Mmes Alice Bonheur (Régine), Dinah Gervyl (Loulou Dorika), Myriam Daise (Lily), Gabrielle Rosny (Anna) ; MM. Jean Brochard (Jules Sirène), Pierre Destailles (Triton), Jean Brunil (Tournaire).
"Imbroglio assez vivement mené, où l'on voit un brave boutiquier de province conseiller à son jeune associé trop timide de se faire passer pour l'amant d'une « étoile » afin de prendre aux yeux de la fille dudit boutiquier auréole de don Juan ; ou l'étoile elle-même débarque dans la petite ville et veut se faire héberger par son amant supposé ; où tout finalement s'arrange par un mariage entre le faux conquérant des cœurs et la fille du boutiquier. Musique franche et sans prétention." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
POUR SA COURONNE
Fantaisie en un acte, paroles de M. Fordyce, musique de Louis Varney, représentée aux Bouffes-Parisiens le 17 avril 1897.
POUR TON BONHEUR
Oopérette en deux actes et sept tableaux, livret de Léopold Marchand, lyrics d'Albert Willemetz, musique de Marcel Lattès. Création aux Bouffes-Parisiens le 20 septembre 1935 avec Mmes G. Glenn (Victoria), D. Gaudart (Lise) ; MM. Albert Préjean (Horace), Saturnin Fabre (Justin), Koval (Bourchesin).
« Horace Caillebette était vendeur dans un magasin. Vendeur ponctuel, non moins que mari modèle. Mais il aime si bien sa femme, Lise, que celle-ci étant passée près de son rayon, il lui conte fleurette et se fait mettre à la porte. Sur quoi une énorme gerbe de fleurs arrive chez les époux. Il n'en faut pas plus pour qu'Horace prenne ombrage et commence une scène de jalousie ; mais, ô miracle, la gerbe est pour lui, envoyée par une Australienne riche qui l'a remarqué derrière ses comptoirs, et qui entend le faire divorcer à son profit. Dès lors Horace ne trouve plus l'envoi de la gerbe si offensant ; et comme il est poussé par son père et sa belle-mère, comme une fantaisie d'Australienne ne saurait durer, il consent à divorcer et à épouser l'incandescente Victoria. Mais nous ne serions pas au royaume de l'opérette si les choses en restaient là. Par un subterfuge de théâtre, c'est dans les bras de Lise que le nouveau marié passe sa première nuit, tandis que Victoria échoit au maire lui-même. Et comme il faut bien que tout s'arrange, il suffira de déchirer une feuille de l'état civil pour qu'Horace revienne à sa chère Lise. L'idée de cette pièce est agréable ; la musique de M. Lattès ne l'est pas moins : alerte, légère, et suivant les bonnes recettes. On en retiendra le duo « Pour ton bonheur », les couplets des électriciens et l'air humoristique « J'entends réveiller l'étiquette ». (Larousse Mensuel Illustré, 1935)
POURCEAUGNAC
Fragment tiré de l'opéra-ballet le Carnaval (voir ce titre), paroles de Molière, Benserade et Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully. Cet acte fut joué à part et sous ce titre en 1716.
POURCEAUGNAC
Opéra en trois actes, musique de Mengozzi, représenté à Montansier en 1793.
POUVOIR DE L'AMOUR (LE)
Opéra-ballet en trois actes et prologue, paroles de Lefebvre de Saint-Marc, musique de Joseph-Nicolas-Pancrace Royer, représenté à l'Académie royale de musique le 23 avril 1743. Mlles Julie, Le Maure, Fel, Coupée interprétèrent cet ouvrage avec Jélyotte. Il ne fut pas repris.
« Cet opéra-ballet ne réussit point. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
POUVOIR DE L'AMOUR
Opéra, musique de Fortia de Piles, représenté à Nancy en 1785.
POUVOIR DE LA NATURE (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Chardiny, représenté au théâtre de Beaujolais en 1786.
PRAXITÈLE ou LA CEINTURE
Opéra en un acte, livret de Jean-Baptiste de Milcent, musique de Mme Devismes. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre de la République et des Arts] (salle Montansier) le 24 juillet 1800 (5 thermidor an VIII). Costumes de Jean-Simon Berthélemy. Avec Lays (Praxitèle), Dufresne (Scopas), Duvernay (Philoxène), Laforest (Policlès); Mlles Claris (Vénus), Henry (Aglaé), Chevalier (l'Amour) et Mante (une des quatre femmes servant de modèles).
« Mme Devismes était une élève de Steibelt. Le culte de l'art plastique est porté un peu loin dans le livret, et ne serait pas toléré de nos jours, ce qui n'est pas peu dire. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Succès. — Pianiste distinguée et l’une des meilleures élèves de Steibelt, Jeanne Moyroud devint la femme de Devismes du Valgay, directeur de l'Académie de musique. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PRÉ-AUX-CLERCS (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique de Ferdinand Herold.
Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 15 décembre 1832.
Mmes PONCHARD (la Reine), CASIMIR (Isabelle), Elisa MASSY [HÉBERT-MASSY] (Nicette).
MM. THÉNARD (Mergy), Augustin LEMONNIER (Comminges), FÉRÉOL (Cantarelli), Paul Jean FARGUEIL (Girot), GÉNOT (un Exempt du guet).
Chef d’orchestre : Henri VALENTINO.
Le rôle d'Isabelle fut chanté par Mme DORUS-GRAS dès la seconde représentation à l'Opéra-Comique.
La 347e représentation fut donnée le 18 mai 1840, soir de l'inauguration de la seconde salle Favart, place Boieldieu.
La 500e à l'Opéra-Comique eut lieu le 18 avril 1846.
|
22.11.1841 Opéra-Comique
|
14.08.1848 Opéra-Comique (557e) |
16.09.1854 Opéra-Comique (560e) |
04.05.1865 Opéra-Comique (815e) |
07.12.1871 Opéra-Comique (1000e) |
la Reine |
Adèle VADÉ-BIBRE |
REVILLY |
Pauline COLSON |
CICO |
CICO |
Isabelle |
FÉLIX |
LEVASSEUR |
MIOLAN-CARVALHO |
Eugénie MONROSE |
MIOLAN-CARVALHO |
Nicette |
POTIER |
Léocadie LEMERCIER |
Caroline LEFEBVRE [FAURE-LEFEBVRE] |
Caroline GIRARD |
DUCASSE |
|
|
|
|
|
|
Mergy |
EMON |
PONCHARD |
Jules PUGET |
ACHARD |
DUCHESNE |
Comminges |
|
DUVERNOY |
COUDERC |
COUDERC |
PONCHARD |
Cantarelli |
SAINTE-FOY |
SAINTE-FOY |
SAINTE-FOY |
SAINTE-FOY |
Armand POTEL |
Girot |
|
NATHAN |
BUSSINE |
Eugène CROSTI |
MELCHISSEDEC |
l’Exempt |
|
PALIANTI |
NATHAN |
BERNARD |
JULIEN |
Chevau-léger |
|
AZEMA |
PALIANTI |
ROBERT |
ROBERT |
un Archer |
|
ADOLPHE |
ADOLPHE |
JULIEN |
JULIEN |
Chef d’orchestre |
|
TILMANT |
TILMANT |
DELDEVEZ |
DELOFFRE |
|
10.10.1879 Opéra-Comique (1228e) |
31.05.1891 Opéra-Comique (1500e) |
15.12.1932* Opéra-Comique (1572e) |
24.12.1932 Opéra-Comique (1574e) |
16.03.1949 Opéra-Comique
|
24.05.1949** Opéra-Comique (1600e) |
la Reine |
FAUVELLE |
LANDOUZY |
GRANDVAL |
MOIZAN |
MOIZAN |
|
Isabelle |
BILBAUT-VAUCHELET |
PIERRON |
AGNUS |
VAN HERCK |
VAN HERCK |
|
Nicette |
Louise THUILLIER [Thuillier-Leloir] |
MOLÉ |
M. T. GAULEY |
N. RENAUX |
N. RENAUX |
|
|
|
|
|
|
|
|
Mergy |
HERBERT (débuts) |
MOULIÉRAT |
CLAUDEL |
Raoul GIRARD |
ARNOULT |
ARNOULT |
Comminges |
MORLET |
Lucien COLLIN |
J. VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
J. VIEUILLE |
Cantarelli |
FUGÈRE |
FUGÈRE |
R. HERENT |
Victor PUJOL |
G. COURET |
G. COURET |
Girot |
Auguste Armand BARRÉ |
François-Antoine GRIVOT |
L. MUSY |
L. MUSY |
E. ROUSSEAU |
E. ROUSSEAU |
l’Exempt |
Etienne TROY |
Etienne TROY |
P. PAYEN |
P. PAYEN |
THIRACHE |
THIRACHE |
Chevau-léger |
LABAT |
LONATI |
TUBIANA |
JULLIA |
J. ENIA |
G. WION |
1er Archer |
Etienne TROY |
Etienne TROY |
MORTURIER |
BOUVIER |
G. WION |
Jean ENIA |
2e Archer |
Jean GIRAUD |
|||||
Chef d’orchestre |
LAMOUREUX |
J. DANBÉ |
Paul BASTIDE |
|
P. DERVAUX |
P. DERVAUX |
* Pour la reprise du 15 décembre 1932 (centenaire de la création), Mme Carina ARI a réglé les deux divertissements : la Mascarade (2e acte), la Danse des Archers (3e acte), et M. Joseph ANCELIN a réalisé une mise en scène nouvelle.
** Divertissements réglés par Constantin TCHERKAS, dansés par Mlles Paule MORIN, Sylvie GAUCHAS, Lyna BONNET, Antoinette ANCELIN, Jacqueline QUEFFELEC, Antoinette ERATH, MM. Max JENOC, Jean-Claude DOTTI, Alain COUTURIER, Régis VINCI. Violon solo : Marcel DARRIEUX.
1608 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 29 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Représenté au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) lors d'une représentation au bénéfice de Mme Dorval, le 30 mai 1833.
Reprise au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 05 juin 1936 sous la direction d'Eugène Bigot.
« L'inspiration du célèbre compositeur français a été provoquée et soutenue par un excellent livret. Le Pré-aux-Clercs est une des quatre ou cinq productions romantiques de cette époque, dont les beautés supérieures ont bravé les outrages du temps. La scène se passe sur les bords de la Seine, dans le voisinage du Louvre. Marguerite de Valois est retenue comme prisonnière à la cour de Charles IX, son frère. Sa présence est une garantie de la conduite de Henri de Navarre, l'un des chefs du parti huguenot. Elle garde auprès de sa personne une noble fille du Béarn, nommée Isabelle, que le roi destine en mariage au comte de Comminge, gentilhomme brave et querelleur. Le jeune baron de Mergy, envoyé par Henri de Navarre pour réclamer sa femme et sa jeune amie, dont il est lui-même fort épris, apprend qu’il a un rival redoutable. Marguerite s'intéresse à leurs amours, et veut employer en leur faveur le génie inventif d'un astucieux Italien nommé Cantarelli. Celui-ci serait disposé à les trahir, car il est voué corps et âme à son ami Comminge, si une lettre, écrite par lui au duc de Guise et tombée entre les mains de la reine de Navarre, ne le mettait à sa merci. Un hôtelier du Pré-aux-Clercs et sa fiancée, Nicette, sont mêlés à l'intrigue et fournissent l'occasion d'épisodes gracieux. Le projet de la reine est de marier secrètement Isabelle et de Mergy ; mais son exécution est traversée par la découverte que fait Comminge de leur amour. Il provoque son rival en duel. Au troisième acte, le mariage secret a eu lieu et on songe aux moyens de fuir. Cependant Mergy a une dette d'honneur à acquitter. Il est rejoint par Comminge, et tous deux mettent l'épée à la main. Des archers survenant les obligent à aller plus loin vider leur querelle. Comminge est tué dans le combat, et on voit des bateliers emmener son corps à Chaillot. Les amants sont réunis et se jurent une flamme éternelle. On ne sait ce qu'on doit le plus admirer dans cet ouvrage, la peinture musicale des situations scéniques, la teinte merveilleuse qui règne sur toute la partie épisodique, le coloris tour à tour discret et puissant de l'instrumentation, tout y est réuni pour le plaisir de l'oreille et la satisfaction de l'intelligence la plus exigeante. Aussi cet opéra a-t-il constamment réuni les suffrages des musiciens de toutes les écoles. L'ouverture en sol mineur est d'une originalité soutenue et d'une harmonie élégante ; elle se compose d'un tutti sur un rythme neuf et coupé à la manière de Weber, mais avec des procédés qui le rendent plus saisissant ; d'un cantabile en fa mineur, suivi d'une phrase délicieuse en majeur, reprise plus loin à la quinte inférieure ; d'un motif coquet en si bémol ; d'une fuguette et de développements sur le rythme primitif. Dans le chœur d'introduction, les voix accompagnent l'orchestre en accords plaqués d'un effet charmant. Il serait trop long d'analyser la partition, et d'ailleurs chaque morceau est un chef-d’œuvre. Nous rappellerons seulement le duo si connu : Les rendez-vous de noble compagnie ; l'air de Mergy : O ma tendre amie, et le finale du premier acte, dans lequel se trouve la touchante romance : Souvenirs du jeune âge. Le morceau de violon, exécuté pendant l'entr'acte, montre le quel point Hérold possédait les ressources de cet instrument. L'air d'Isabelle : Jours de mon enfance, accompagné par le violon solo, est un des plus jolis airs du répertoire de l'Opéra-Comique. Quant au trio : Vous me disiez sans cesse : Pourquoi fuir les amours ? entre Isabelle, la reine et Cantarelli, l'agencement des voix est égal en ingéniosité et en grâce à tout ce qu'on peut trouver de plus parfait dans les œuvres de l'école italienne. Tout en restant dans le caractère de l'opéra-comique, Hérold a dépassé les modèles du genre par l'heureux choix et l'abondance de ses mélodies. La scène de la mascarade, les belles phrases de la reine, de Mergy, l'entrée d'Isabelle au milieu de la fête et le finale, offrent une suite non interrompue de chants heureux et d'effets variés. Les combinaisons de l'orchestre et des voix sont particulières au compositeur. Des mélodies très développées sont jouées par les instruments, tandis que les voix forment des successions d'accords groupés de manière à se suffire à elles-mêmes et à fournir des périodes intéressantes. La musique du troisième acte offre plusieurs morceaux d'un rythme franc, cordial, qui semblerait en faire remonter la composition à l'époque de la première manière du maître. Pour bien apprécier cette différence, il est bon de rappeler que Hérold a commencé à travailler pour le théâtre en 1816, et que si un intervalle de seize années modifie bien des idées dans une tête comme l'était la sienne, il ne suffit pas à détruire les traces de la première allure du génie, ou même simplement les premières habitudes de l'esprit. Nous considérons comme appartenant à cette première manière le petit ensemble qui suit la phrase gracieuse que chante Nicette : Venez, et que je me promène, Je suis dame de ce domaine ; la ronde si populaire :
A la fleur du bel âge,
Georgette, chaque jour,
Disait, dans le village,
Jamais n'aurai d'amour.
le trio syllabique : C'en est fait, le ciel même a reçu nos serments, et enfin le chœur à l'unisson des archers : Nargue de la folie. Tous ces motifs sont charmants ; mais on en trouve d'équivalents dans le Muletier, dans Marie, tandis que, dans le reste de l'acte, Hérold se maintient à la hauteur où il s'était élevé dans Zampa, ajoutant à la grâce, qui ne l'a jamais quitté, la puissance de l'effet et une profonde sensibilité. A l'appui de cette observation, nous citerons le chœur : Que j'aime ces ombrages ; le trio scénique du duel où se trouve cette phrase magnifique : Ah ! je puis braver ta rage ; le quatuor d'une demi-teinte délicieuse : L'heure nous appelle ; et enfin la scène du bateau, dans laquelle le récit des violoncelles produit un des plus grands effets qui existent au théâtre. Les rôles de cet ouvrage ont été créés par des artistes assez médiocres, ce qui n'a pas empêché le succès immédiat. Le rôle d'Isabelle a été écrit pour Mme Casimir, qui l'a chanté à la première représentation, mais qui n'y reparut qu'un mois plus tard. Mlle Dorus l'a repris aussitôt ; les autres rôles ont été chantés par Fargueil, Thénard, Lemonnier, Féréol, Mme Ponchard et Mlle Massy. Hérold, atteint depuis plusieurs années d'une maladie de poitrine et épuisé par ses derniers travaux, ne survécut qu'un mois à son succès. Il mourut le 19 janvier 1833. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Principaux personnages : Mergy, jeune gentilhomme béarnais ; Comminge, jeune courtisan ; Cantarelli, maître de danse italien, de la suite de la reine Catherine de Médicis ; Girot, hôtelier du Pré-aux-Clercs ; Marguerite, reine de Navarre ; Isabelle, jeune comtesse béarnaise ; Nicette, fiancée de Girot.
La scène se passe à Etampes au premier acte, puis à Paris, en 1582, sous le règne de Henri III.
Mergy a été chargé par Henri, roi de Navarre, de se rendre à Paris pour réclamer à son cousin Henri III sa femme Marguerite, que la reine mère retient auprès d'elle. Mergy est amoureux d'Isabelle, une jeune comtesse béarnaise partie pour Paris avec la reine et qui y est, comme elle, retenue. On se propose même de lui faire épouser un jeune courtisan, Comminge, grand batailleur, redouté pour son habileté à tirer l'épée. Il va sans dire qu'Isabelle, qui aime de son côté Mergy, a ce projet en horreur.
La première rencontre entre ces personnages a lieu dans une auberge d'Etampes, sur la route de Paris, où l'hôtelier du Pré-aux-Clercs, Girot, est venu chercher sa fiancée, Nicette, filleule de Marguerite de Navarre. Mergy, qui s'acquitte de son ambassade, s'arrête à l'auberge pour y déjeuner. Il a des démêlés avec des soldats du régiment de Comminge, puis se trouve face à face avec Comminge lui-même. Entre temps. il a appris d'un personnage grotesque, Cantarelli, un de ces Italiens dont aimait à s'entourer Catherine de Médicis, et à qui Mergy rendit jadis service, les projets d'union dont il est bruit entre Comminge et Isabelle.
Marguerite de Navarre survient aussi ; une partie de chasse l'a amenée en ces parages. Elle est accompagnée d'Isabelle. Mergy et Isabelle ont occasion de constater qu'ils sont tous deux restés fidèles à leur attachement. Comminge sent en Mergy un rival et l'on pressent le conflit qui va suivre. L'acte s'achève sur le départ général pour Paris. Le lendemain, une grande fête aura lieu au Louvre et permettra à tous les personnages de s'y retrouver, même Girot et Nicette, que Marguerite a invités.
Le second acte se déroule donc au Louvre pendant la fête. La scène représente un salon du Louvre, avec à droite les appartements de la reine Margot. Celle-ci, au lever du rideau, devise avec Isabelle du moyen de faire manquer le mariage projeté avec Comminge. Marguerite n'en voit qu'un : marier secrètement Isabelle et Mergy, puis les faire fuir ensemble. Justement la noce de Nicette, à laquelle Marguerite a promis d'assister, fournit un bon prétexte. Au lieu d'un mariage on en fera deux, voilà tout. Mais il faut à la reine, pour l'exécution de son plan, un complice, et elle a songé à Cantarelli, qu'elle tient grâce à un habile chantage. Cantarelli est lié à Mergy par la reconnaissance, à Comminge par la crainte, à la reine par un secret que celle-ci a surpris et qui le met en son pouvoir. Il obéira donc en usant de toute sa souplesse pour ne se compromettre avec personne.
Il s'agit tout d'abord de détourner les soupçons de Comminge. Pour cela, Cantarelli lui fait croire que Mergy vient pour la reine et non pour Isabelle. Comminge trouve l'aventure plaisante, mais quand il essaie d'en rire avec Mergy, celui-ci le prend fort mal et l'entretien se termine par un rendez-vous sur le terrain, le lendemain soir, au Pré-aux-Clercs, théâtre habituel de ce genre d'explications.
Marguerite, qui ignore ce qui se passe, a d'autre part tout préparé. Cantarelli doit lui procurer une passe pour un gentilhomme et son page (lisez Mergv et Isabelle travestie). Elle s'est assuré les services d'un ecclésiastique de la cour pour bénir les deux unions. Le roi lui-même semble travailler pour les amoureux, car il a mal reçu l'ambassadeur du Béarnais et le renvoie les mains vides. Le départ de Mergy ne présente donc pas de difficultés. Le seul point délicat consiste à cacher à Isabelle le duel avec Comminge.
Au troisième acte, nous sommes au Pré-aux-Clercs, avec vue du Louvre par delà la Seine. La scène présente un tableau animé. Nicette, qui est maintenant mariée, se montre admirable dans l'exercice de ses fonctions d'hôtesse, si bien même que Girot sent s'éveiller sa jalousie.
Isabelle aussi est à cette heure mariée. Cantarelli apporte à Marguerite, pour les époux, la passe demandée. Tout est prêt pour la fuite ; les relais sont commandés jusqu'à la Loire. Rendez-vous est pris pour huit heures ; la reine et Isabelle s'éloignent et Mergy reste seul avec Cantarelli. Pas longtemps, car Comminge, ponctuel en matière de duel, se présente presque aussitôt. Cantarelli fera office de second. Les adversaires disparaissent dans les bosquets. Pendant la lutte à la cantonade, les soupeurs, les archers se divertissent en scène, se gardant bien d'intervenir. Une fois un des adversaires à terre, il sera temps de s'occuper de disposer du cadavre.
Huit heures sonnent au Louvre. Marguerite et Isabelle reparaissent, mais Mergy n'est pas là. On voit passer une barque où, caché sous un manteau, se devine un corps humain inanimé ! Ceux qui ont connaissance du duel ne doutent pas qu'on emporte le cadavre du gentilhomme béarnais. On ne sait comment instruire les deux femmes de ce malheur quand entre Cantarelli bouleversé. La parole lui manque. Tout ce qu'il peut dire, c'est que Comminge et Mergy viennent de se battre. Isabelle est au désespoir, mais un instant seulement, car Mergy paraît sain et sauf : c'est lui qui est sorti vainqueur du duel. Les deux époux s'éloignent en hâte tandis que baisse le rideau. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
[Reprise du 15 décembre 1932] « La pièce de Planard et d'Hérold avait été créée en 1882. Sauf dans quelques détails du livret, l'œuvre n'a pas vieilli. La musique, alerte, sensible, aisée, est celle d'un petit-maître qui sait se souvenir des exemples de Grétry et de Monsigny, qui n'a pas oublié Mozart, et qui possède un sens parfait des jolis effets, du mouvement, de l'émotion discrète. C'est, en son genre, un chef-d’œuvre. »
(Larousse Mensuel Illustré, 1932)
PRÉCAUTIONS INUTILES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret d'Achard et Louis Anseaume, musique de Chrestien, musicien de la chapelle du roi, représenté à l'Opéra-Comique le 23 juillet 1760.
PRÉCAUTIONS INUTILES (LES)
Opéra-comique, musique de Van Malder, représenté à Bruxelles en 1760.
PRÉCIEUSES RIDICULES (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de M. Valladier, d'après la pièce de Molière, musique de Paul Mériel, représenté à Toulouse en mars 1877.
PRECIOSA
Opéra allemand en quatre actes, livret de P. A. Wolff, d'après la Gitanilla, nouvelle de Miguel Cervantès, musique de Carl Maria von Weber, représenté à Dresde, Cosel’s Garten, 15 juillet 1820.
Représentation au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 avril 1858 dans la version française de Nuitter et Beaumont, avec MM. Désiré Fromant, Serène, Mme Juliette Borghèse (Preciosa).
Représentations au Théâtre-Lyrique : 34 en 1858, 27 en 1859.
« Cet ouvrage ne fit qu'ajouter à la réputation du maître. Lorsqu'on songea à faire connaître ses œuvres au public français, on se défia trop de leur originalité propre, et il en résulta des opéras hybrides qui excitèrent longtemps l'indignation de nos voisins et aussi des gens de goût. Tel fut l'opéra de Preciosa, mis en trois actes par T. Sauvage et arrangé par le musicien Crémont. Il fut représenté à l'Odéon le 17 novembre 1825, et repris le 23 novembre, sous le titre des Bohémiens.
La partition de Weber, avec les paroles de MM. Nuitter et Beaumont, fut enfin dignement représentée au Théâtre-Lyrique le 16 avril 1858. D'après le livret français, Preciosa est fille de Chosroès, chef d'une tribu de bohémiens, et exerce sur les gitanes un empire absolu. La troupe est cernée dans la sierra Nevada par le capitaine général de l'Andalousie. Le fils de cet officier a vu Preciosa dans Séville, et en est devenu amoureux. La jeune bohémienne, comme une sirène, l'attire par son chant dans la montagne. Il est saisi par les aventuriers, qui le gardent comme un otage, et font dire au père qu'ils tueront son fils s'il ne les laisse reprendre en liberté le chemin de leur pays. Le capitaine répond que ce jeune homme n'est pas son fils, mais un enfant trouvé qu'il a adopté, qu'aucune considération ne l'empêchera de remplir son devoir. Preciosa voit dans le jeune prisonnier un enfant de sa race ; elle déclare qu'elle répond à son amour et qu'elle consent à l'épouser. Puis, afin de sauver la tribu, elle indique dans le sol l'ouverture d'un long souterrain qui conduit à l'Alhambra de Grenade. Les gitanos s'y engagent tous ; on ferme l'orifice, et lorsque le capitaine arrive sur les lieux il ne trouve plus personne. La partition de Preciosa a une originalité toute particulière. C'est un petit chef-d’œuvre. Jamais le côté poétique de l'existence nomade de ces bohémiens n'a été décrit avec plus de couleur et d'intérêt. L'ouverture, dans laquelle quelques notes de triangle produisent un effet si étrange, est instrumentée admirablement. Le chœur dans la forêt, avec ses échos répétés par les cors, la ballade de Preciosa, la marche pittoresque des bohémiens, les couplets du brigand de jolis airs de danse, tels sont les morceaux de cette petite partition qui, à elle seule, suffit à caractériser le génie de Weber. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Représentée pour la première fois à Dresde en 1822, fut traduite par Th. Sauvage et arrangée par Crémont, en 1825, à l'usage de l'Odéon-Lyrique. — L'édition adoptée au Théâtre-Lyrique du boulevard du Temple était aussi un arrangement ; la pièce indigeste de Wolf, imitée d'un roman de Cervantès, avait été remaniée, et dans la partition entraient divers morceaux de Sylvana et des autres opéras de la jeunesse de Weber. Mais ces retouches étaient d'une main discrète et habile. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PREMIER BAISER (LE)
Opérette en trois actes, livret d’Emile de Najac et Raoul Toché, musique d’Emile Jonas. Création aux Nouveautés le 21 mars 1883 avec MM. Berthelier, Vauthier, Bonnet, Scipion, Mlles Marguerite Ugalde (Suzel) et Juliette Darcourt.
PREMIER EN DATE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Marc-Antoine Désaugiers et Yacinthe-Antoine Pessey, musique de Charles-Simon Catel. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 novembre 1814.
PREMIER HOMME DU MONDE (LE) ou LA CRÉATION DU SOMMEIL
Folie-vaudeville en un acte, livret de P.-A. Vieillard et Antoine Année, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 30 décembre 1800.
1er HUSSARDS !...
Opérette-monologue, livret de Maurice Ordonneau et Ernest Hamm, musique de Léon Vasseur, jouée dans plusieurs villes d'eaux en 1882.
PREMIER JOUR DE BONHEUR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe d'Ennery et Eugène Cormon, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 février 1868, mise en scène d’Ernest Mocker, décors de Philippe Chaperon, avec Mmes Marie Cabel (Hélène), Marie Roze (Djelma), MM. Capoul (Gaston de Maillepré), Sainte-Foy (sir John Littlepol), Melchissédec (de Mailly), Victor Prilleux (Bergerac), Bernard (le Gouverneur de Madras).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 04 novembre 1868, avec Mmes Marie Marimon (miss Hélène), Paula (Djelma), MM. Jourdan (Gaston de Maillepré), Carman, Guffroy (l'Anglais), Tournade.
« En entendant ce joli ouvrage, dont les mélodies, pleines de fraîcheur et de grâce, sont accompagnées avec une harmonie piquante et ingénieuse, on ne se douterait pas qu'il sort de la plume d'un vieillard de quatre-vingt-sept ans, si M. Auber n'avait pas constamment donné des marques de son activité. On pourrait même trouver que le titre de son ouvrage lui a rappelé ses premiers succès ; car on distingue dans plusieurs mélodies comme des réminiscences de la Bergère châtelaine, de la Neige, du Maçon. Ce qui nous reporte aux débuts du maître, de 1820 à 1826. Le sujet, en apparence original, n'est pas neuf. Il a été emprunté à une comédie représentée à l'Odéon le 27 mai 1816, sous le titre du Chevalier de Canolle, par Souques. Cette pièce a été mise en opéra-comique par Mme Sophie Gay, et représentée, avec la musique de M. Fontmichel, le 6 août 1836. Mais, au lieu de se passer en France au temps de la Fronde, l'action s'engage dans les Indes, devant Pondichéry, dont les Français font le siège. Un officier, Gaston de Maillepré, au lever du rideau, rend la liberté à des prêtresses d'une pagode, que les soldats ont faites prisonnières. C'est une entrée en scène qui fait connaître son caractère généreux et chevaleresque. Ce jeune officier semble voué aux mésaventures et aux déceptions. S'il fait un héritage, il se brouille avec son ami le plus intime ; sa nomination de colonel lui vaut un duel ; enfin celle qu'il aime et qu'il voudrait épouser est la nièce du gouverneur anglais de Madras. Hélène, accompagnée de son fiancé, sir John, visite le camp français pendant une trêve. Sir John, sans songer à mal, fait un dessin des fortifications. Il est surpris, arrêté comme espion, et condamné à mort. De son côté, Gaston, dans un combat, est fait prisonnier. Il revoit Hélène chez le gouverneur anglais, et, au moment où il espère lui faire partager ses sentiments, on apprend la condamnation de sir John, et le conseil de guerre, usant de représailles, décide que Gaston de Maillepré sera fusillé. Par bonheur sir John revient au camp, la paix est conclue entre les belligérants, et le jeune officier peut goûter enfin son premier jour de bonheur. Le livret a été fait avec beaucoup d'habileté, mais la donnée manque de force et de simplicité, et l'intérêt n'est pas suffisant. La partition renferme de fort jolis morceaux : l'ouverture d'abord, dans laquelle le motif de la gracieuse ballade des djinns contraste avec une sorte de marche guerrière ; ensuite, dans le premier acte, la romance du ténor : Attendons encore notre premier jour de bonheur ; dans le second, l'air chanté par Hélène à la jeune Djelma : Un époux chez vous ; le chœur de la fête donnée chez le gouverneur et la ballade des djinns, qui a obtenu un immense succès. La mélodie en est des plus simples, et elle n'est accompagnée que par deux accords, l'accord parfait et celui de septième dominante sur la tonique tenue en pédale par le cor ; mais cela est traité avec un goût exquis. L'interprétation par Mlle Marie Roze, actrice fort jolie, a aussi contribué au succès. Nous rappelons encore un trio d'hommes et un duo entre Gaston et Hélène, et enfin, dans le troisième acte, un délicieux nocturne pour deux voix de femme, et des stances poétiques harmonisées avec une rare délicatesse. Mlle Marie Roze a obtenu un grand succès dans le rôle, très court d'ailleurs, de l'Indienne Djelma. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PREMIER PAS (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Edouard Mennechet et Jean-François Roger, musique de Felice Blangini. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 24 novembre 1832.
PREMIER PAS (LE)
Opérette en un acte, paroles de M. Levasseur, musique de Gustave Bazin, représentée à Reims le 04 avril 1867.
PREMIER VENU (LE) ou SIX LIEUES DE CHEMIN
Comédie en trois actes mêlée d'ariettes, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial et Eugène de Planard, musique de Ferdinand Herold. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 28 septembre 1818.
« Voilà un véritable opéra-comique. M. Vial l'avait donné comme comédie au théâtre Louvois, en 1801. Il a rajeuni son ouvrage en le reproduisant en opéra-comique. Avec un compositeur comme M. Herold, il ne pouvait résulter d'une comédie agréable qu'un opéra plus agréable encore. La pièce de M. Vial est trop connue comme comédie, pour qu'il soit nécessaire d'en donner l'analyse. L'auteur n'a fait que les changements nécessaires pour les morceaux de chant. L’ouvrage a complètement réussi. » [Almanach des spectacles, 1819]
PREMIÈRE ESCARMOUCHE (LA)
Opérette n un acte, musique de Georges Douay, représentée en avril 1870.
PREMIÈRE FREDAINE
Opérette en un acte, paroles de M. de Germiny, musique d’André Martinet, représentée à Saint-Gratien le 10 juillet 1892.
PREMIÈRE PIERRE DE L'ÉGLISE D'ARGIS (LA)
Légende valaque, paroles d'Antony Deschamps, musique de Charles Manry, partition gravée et publiée chez l'éditeur Prilipp.
PREMIÈRES ARMES DE LOUIS XV (LES)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Carré, musique de Firmin Bernicat remaniée par André Messager. Version remaniée des Beignets du roi. Création à Paris, au théâtre des Menus-Plaisirs le 16 février 1888. => fiche technique
PREMIÈRES ARMES DE PARNY (LES)
Opérette en un acte, livret de Louis Péricaud et Lucien Delormel, musique de Frédéric Barbier. Création à l'Eldorado 15 mars 1882. => détails
PREMIERS PAS (LES) ou LES DEUX GÉNIES
Scène-prologue en un acte, livret de Gustave Vaez et Alphonse Royer, musique de Michele Enrico Carafa, Adolphe Adam, Fromental Halévy et Esprit Auber, exécutée sur le théâtre de l'Opéra-National (salle du Cirque Olympique) le 15 novembre 1847, avec Mmes Cara, Prety, Octave, Soudan, MM. Louis Joseph Cabel, Auguste Legrand, Lebel, Dupuis.
« La salle du Théâtre-Historique, institué par Alexandre Dumas, venait d'être appropriée à l'opéra-comique. Les Premiers pas et l'opéra de Gastibelza servirent à son inauguration. Le sujet du prologue consiste dans le divorce du génie de la musique avec celui du mélodrame, ce qui était assez mal imaginé pour l'ouverture d'un théâtre où ce dernier occupe une place si importante. Une scène comique et même un peu triviale se mêle à cette allégorie. Un jeune compositeur, ne pouvant se procurer un poème, met en musique le mémoire de sa blanchisseuse. Adolphe Adam a écrit l'ouverture, avec chœurs chantés derrière le rideau, et un duo pour ténor et soprano ; M. Carafa a composé un air de baryton qui a produit beaucoup d'effet ; M. Auber, un air brillant pour soprano, et Halévy une romance et un morceau d'ensemble. Cabel, Legrand, Mlles Preti et Cara, Mme Octave, sont les premiers artistes qui aient chanté dans cette salle. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« La pièce qui a servi de préface au copieux répertoire du Théâtre-Lyrique était une sorte de plaidoyer tendant à prouver que l'opéra ne serait pas expatrié au boulevard « du Crime », et que le dilettantisme parisien saurait bien découvrir son adresse pour aller lui rendre visite. Ces conclusions ressortaient d'une joute oratoire à laquelle se livraient le Génie de la musique et celui du mélodrame. Malgré l'intervention de ces personnages surnaturels, l'action se passait « de nos jours » dans une mansarde d'artiste ; et pour plus d'actualité les auteurs, en divers endroits de leur dialogue, insistaient sur l'inauguration du chemin de fer de Paris à Tours, qui était en effet la grande merveille du moment. — La partition présentait une mosaïque de motifs fournis par plusieurs compositeurs, procédé déjà essayé sans trop de succès (la Forêt de Sénart, en 1826, à l'Odéon ; la Marquise de Brinvilliers, en 1831, à l'Opéra-Comique, etc.). Le public fit fête cependant, à la romance d'Halévy ; à l'air de baryton de Carafa ; à l'air de soprano d'Auber (composé de fragments de Zanetta et du Duc d'Olonne), ainsi qu'aux « couplets du titi » d'Adolphe Adam. Quant à l'ouverture, qui était aussi d'Adam, elle présentait cette particularité que les chœurs y prenaient part, cachés derrière le rideau ; artifice dont Meyerbeer se servit plus tard dans le Pardon de Ploërmel. — Interprètes : Cabel, baryton (beau-frère de la célèbre cantatrice), Legrand, ténor (actuellement deuxième régisseur de l'Opéra-Comique), Lebel (acteur de l'ancien Cirque), Dupuis et Mmes Cara, Prety, Octave, Soudan. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PRENDS-MOI !
Opérette en trois actes, livret de R. et H. Hallais, musique de Sylvabell-Demars, créée au théâtre de l'Apollo à Paris le 05 avril 1923.
PRÉS SAINT-GERVAIS (LES)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Victorien Sardou et Philippe Gille, musique de Charles Lecocq, représenté au théâtre des Variétés le 14 novembre 1874, avec Mmes Peschard (Conti), Paola Marié (Friquette), Aline Duval (Mme Nicole), Berthe Legrand (Toinon), J. Abadie (Angélique), MM. Dupuis (le Sergent Larose), Christian (Harpin), Baron (Nicole), Cooper (Grégoire), Berthelier (Narcisse), Lanjallay (Sans-Vergogne), Gaussins (La Terreur).
La pièce amusante, en deux actes, de M. Sardou a été détaillée en opérette par M. Ph. Gille et a beaucoup perdu de la finesse et de la gaieté que lui donnait Mme Déjazet. Je signalerai le madrigal de la Rose et du Muguet ; les variations sur l'air de : Femme sensible, cette charmante romance de Méhul dans Ariodant ; le duo entre Friquette et Conti.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]
PRÉSENT DE NOCES (LE) ou LE PARI
Opéra-comique en un acte, livret de René Alissan de Chazet, musique d’Henri François Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 02 janvier 1810. La pièce est tombée à la première représentation.
PRÉSENT ET L’AVENIR (LE)
Œuvre lyrique en un acte et trois tableaux, livret et musique de divers auteurs, représentée au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 28 mai 1853.
« Trois jours avant les vacances, on représenta cet intermède, ou plutôt cet « épilogue », comme disait l'affiche. Le livret ne faisait que fournir aux chanteurs un prétexte pour débiter comme dans un concert divers morceaux empruntés au répertoire. Il existe d'autres pots-pourris de cette sorte, on peut citer l'Opéra à la Cour, de Grisar et de M. Adrien Boieldieu, que l'Opéra-Comique joua en 1840, à l'occasion de sa reprise de possession de la salle Favart. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PRÉSOMPTIF (LE)
Opéra bouffe en trois actes, livret d’Alfred Hennequin et Albin Valabrègue, musique de Louis Gregh, représentée à la Renaissance le 06 juin 1884. Cet ouvrage avait été joué d'abord au théâtre des Galeries-Saint-Hubert de Bruxelles, en décembre 1883, et ce sont les artistes de ce théâtre, MM. Deschamps, Raiter, Delausnay, Séguier, Mmes Blanche-Marie, Bernardi, Emmy Varèle, qui vinrent l'offrir au public de la Renaissance, alors sans directeur.
PRÉTENDANTS DE LIZINE (LES)
Opérette en un acte, paroles de M. Gresset, musique de M. Bovery fils, représentée au théâtre de Montmartre (Paris), le 13 mars 1886.
PRÉTENDU (LE)
Comédie en trois actes, en vers, mêlée d'ariettes, livret d’Antoine-François Riccoboni, musique de Pierre Gaviniès. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 06 novembre 1760. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 10 octobre 1763.
PRÉTENDUS (LES)
Opéra en trois actes, livret de Rochon de Chabannes, musique de Lemoyne, représenté à l'Académie de musique le 02 juin 1789, avec Adrien (Orgon), Rousseau (Valère), Lays (le baron de la Daudinière) ; Mlle Gavaudan (Julie).
« Le succès de cet ouvrage, maintenant oublié, a duré plus de trente ans. Le compositeur, tour à tour gluckiste, piccinniste et vaudevilliste musical, a montré plus de souplesse que de génie dans les évolutions de son talent. L'ouverture est une composition assez plate. Le premier duo entre Julie et Valère est assez bien traité, quoique les rentrées et les dessins d'accompagnement soient d'une uniformité ennuyeuse. Les récitatifs sont traités à l'italienne ; les batteries d'un sol passo abondent dans cet ouvrage. L'air de ténor chanté par la Dandinière est assez agréable : Venez jouir d'un sort si beau. Celui de Julie : De quel plaisir je vais jouir dans mon ménage, qui le suit, ne manque pas de vivacité. La scène dans laquelle Julie se moque de Mondor et, assise à son piano, contrefait l'inspirée : Quel dieu descend de la voûte azurée, est bien réussie et a décidé du succès de l'ouvrage. Il y a dans cet air des hardiesses vocales qui ont dû y contribuer aussi. Lorsque Julie s'est débarrassée de ses prétendants en faveur de Valère, un divertissement clôt le spectacle. Il y a dans cette partie de l'œuvre de Lemoyne des effets assez jolis de tambourin et de galoubet avec le premier violon, une ronde entraînante, dont le refrain :
De la jeunesse pour danser
Toujours prêt à recommencer,
a été populaire ; et enfin une pastorale dont l'instrumentation est bien traitée. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cet opéra, dans le goût français, fut repris le 29 octobre 1796, et il s'est maintenu pendant cinquante ans au répertoire. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PRÉTENTAINE (LA)
Vaudeville-opérette en quatre actes, paroles de Paul Ferrier et R. Bénédite, musique de Léon Vasseur, représenté au Nouveau-Théâtre le 10 octobre 1893.
PRÊTRESSE (LA)
Opérette en un acte, livret de Philippe Gille, musique de Georges Bizet composée en automne 1864, non représentée.
PRÉVENTION (LA)
Opéra-comique en un acte, musique de Luce Varlet, représenté à Douai en 1822.
PRÉVENTION (LA)
Opéra-comique, musique de Hédouin et A. Piccinni, représenté à Paris vers 1815.
PRIEUR DE SAINT-BASLE (LE)
Symphonie dramatique pour voix seules, chœur et orchestre, poème de Marie Henri Delacroix, musique d’Ernest Lefèvre-Dérodé, exécutée au Grand Théâtre de Reims le 04 juin 1881.
PRIMEROSE
Opéra en trois actes, livret d’Etienne Guillaume François de Favières et Morel de Vindé, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 07 mars 1798, décors de Munich d’après des dessins de Valenciennes, costumes de Fleuriot, Boucher, Alexandre et Picot.
« Le sujet paraît avoir été tiré du joli fabliau d'Aucassin et Nicolette. La musique est gracieuse et pourrait être entendue encore avec intérêt. Le duo : Quand de la nuit le voile tutélaire, chanté par Florestan et Primerose, a obtenu un grand succès. La facture en est des plus simples, mais la mélodie est agréable et l'expression juste. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PRINCE D'OCCASION (LE) ou LE COMÉDIEN DE PROVINCE
Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Henri La Martelière, musique de Manuel Garcia. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 15 décembre 1817.
PRINCE DE CATANE (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret de René-Richard Castel, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 mars 1813, avec Marie Julie Boulanger.
PRINCE DE NOISY (LE)
Opéra-ballet en trois actes, paroles de la Bruère, musique de Rebel et Francœur, représenté à l'Opéra le 16 septembre 1760.
Ce ballet héroïque, inspiré par la comédie de J. Dumas d'Aigueberre qui porte le même titre, fut représenté devant le roi et sa cour, à Versailles, le 13 mars 1749, le 10 mars 1750 et le 17 mai 1752, avant de faire son apparition à Paris.
Le sujet de cet ouvrage est tiré du conte du Bélier, d'Hamilton. Ce prince de Noisy est présenté comme le fils de Merlin l'enchanteur. Il est métamorphosé en bélier, etc.
PRINCE DE SALERNE (LE)
Comédie italienne en cinq actes, livret de Marie-Jeanne Riccoboni (scènes françaises) et Charles-Antoine Véronèse (canevas), musique anonyme. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 24 septembre 1746. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 05 novembre 1762.
PRINCE ET LE SOLDAT (LE)
Mélodrame en trois actes, de Montperlier, musique de Schaffner, représenté à l'Ambigu le 29 novembre 1814.
PRINCE IGOR (LE)
[Kniaz Igor]
Opéra en un prologue, quatre actes et six tableaux, livret de Wladimir Stassof, d'après le Dit de la campagne d'Igor, chanson de geste russe, musique d’Alexandre Borodine, achevée par Glazounov (prélude et 3e acte) et Rimski-Korsakov (orchestration).
Rimski-Korsakov a instrumenté les morceaux du Prologue, ceux des actes I, II et IV, ainsi que la Marche polovtsienne du IIIe. Glazounov a terminé, d'après les matériaux de l'auteur, et instrumenté tous les autres morceaux du IIIe acte ; il a, en outre, reconstitué de mémoire, et également instrumenté, l'ouverture de l'opéra.
Personnages : Igor Sviatoslavitch, prince de Seversk (baryton) ; Jaroslavna, sa femme (soprano) ; Vladimir Igorievitch, son fils d’un premier lit (ténor) ; Vladimir Jaroslavitch, prince Galitski, frère de Jaroslavna (baryton-basse) ; Kontchak, khan polovtsien (basse) ; Kontchakovna, sa fille (mezzo-soprano) ; Ovlour, un Polovtsien (ténor) ; Skoula et Erochka, musiciens (basse et ténor) ; la nourrice de Jaroslavna (soprano) ; Princes et princesses russes, guerriers, jeunes filles, Polovtsiens, servantes de Kontchak, esclaves de Kontchak, prisonniers russes.
Créé au Théâtre Marie de Saint-Pétersbourg, le 23 octobre 1890, par :
Mmes OLGUINA (Jaroslavna), SLAWINA (Kontchakovna), MM. MELKINOFF (Prince Igor), VASSILIEFF (Vladimir Igorewitch), DUGOSNOVITCH (Prince Galitzky), STAWRISKY (Kontchak), sous la direction de NAPRAVNIK.
Première fois à Paris, en russe, le 19 mai 1909, des scènes choisies, au Théâtre du Châtelet, par la Troupe de l'Opéra Impérial de Moscou :
Mme PETRENKO (Kontchakovna), M. CHARONOW (Prince Igor), SMIRNOV (Vladimir), ZAPOROJETZ (Kontchak).
Chef d'orchestre : Nicolas TCHEREPNINE
Première fois en français (version de Jules Ruelle) à Monte-Carlo le 11 mars 1924.
Représenté en français (version de Jules Ruelle) au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles, le 14 novembre 1924.
Représenté en français à Lyon le 04 février 1926.
Représenté en français (version de Jules Ruelle) au Grand Théâtre de Bordeaux, le 13 novembre 1927, avec Mme Nina KOCHITZ, PHILIPPS, MM. ROMETTE, ROUGENET et LEONOFF.
Première fois intégralement à Paris, en russe au Théâtre des Champs-Elysées le 27 janvier 1929.
Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 23 mai 1932, en russe, par la troupe de l'Opéra russe de Paris.
Mmes MONIGUETTI (Princesse Jaroslovna), LIPINA (Koutchkovna), Véra FAURE (une jeune fille).
MM. Feodor CHALIAPINE (Prince Galitzky), JURENIEFF (Prince Igor), PERTOVITCH (Prince Vladimir), ZASSEVITCH (Khan Koutcha).
Danses Polovtsiennes : Mmes Branislava NIJINSKA, SERVEN. M. Tadeo SLAWINSKI.
Chef d'orchestre : Michel STEIMAN.
10 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.
Repris à Paris le 13 mai 1956, par la Troupe de l'Opéra de Belgrade, au Cours du Festival de Paris, au Théâtre des Champs-Elysées.
|
Bruxelles 14.11.1924 |
Bordeaux 23.11.1927 |
Opéra-Comique 23.05.1932 |
Champs-Elysées 13.05.1956 |
Jaroslavna |
Marguerite SOYER |
Nina KOCHITZ |
MONIGUETTI |
HEYBALOVA |
Kontchakovna |
MERTENS |
PHILIPPS |
LIPINA |
MILADINOVIC |
|
BLONDEAU |
|||
|
GERDAY |
|||
|
|
|
|
|
Prince Igor |
ROOSEN |
ROUGENET |
JURENIEFF |
POPOVIC |
Vladimir |
ROGATCHEWSKY |
LEONOFF |
PERTOVITCH |
DRAGO STARC |
Prince Galitzky |
VAN OBBERGH |
ROMETTE |
CHALIAPINE |
N. CVEJIC |
Kontchak |
RICHARD |
JOUKOVITCH |
ZASSEVITCH |
CANGALOVIC |
Erochka |
MAUDIER |
|||
Ovlour |
ARNAUD |
|||
|
BOYER |
|||
Chef d’orchestre |
Corneil DE THORAN |
AGRENEFF |
H. STEIMAN |
O. DANON |
Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 26 décembre 1969, lors de la visite de l'Opéra du Bolchoï de Moscou. L'Opéra de Paris en avait déjà donné le ballet sous le titre Danses Polovtsiennes du Prince Igor.
Résumé.
Le scénario de cet ouvrage, un des plus goûtés, aujourd'hui encore, du théâtre russe, traite de la lutte des princes russes contre les Polovtsi, peuplade d'origine touranienne.
Le prince Igor, prisonnier du khan Kontchak,
assiste chez celui-ci au fameux divertissement des « Danses polovtsiennes » avec
chœurs, depuis longtemps appréciées au concert et célèbres
dans le monde entier.
S'étant échappé du camp polovtsien, le Prince Igor rentre à Putivl où son retour est salué avec joie.
L'action se passe en 1185 à Putivl (Russie) ; aux deuxième et troisième actes, dans le camp des Polovtsi.
PROLOGUE. — Une place publique à Putivl.
Les troupes sont sur le point de partir pour la guerre. Acclamé par son peuple, le Prince Igor, accompagné de princes et de boyards, sort de la cathédrale.
Une éclipse de soleil assombrit brusquement le ciel. Galitzky et Vladimir s'étonnent du prodige. Le peuple, qui voit là un présage funeste, veut retenir le Prince Igor. Mais celui-ci relève le courage de ses gens. Le jour réapparait. Igor s'écarte pour aller passer ses troupes en revue. Pendant ce temps, Erochka et Scoula s'empressent de se débarrasser de leurs armures pour passer furtivement au service du Prince Galitzky.
Igor prend ensuite congé de sa femme Jaroslavna, qui est pleine d'appréhension, et la confie à la garde de Galitzky. Jaroslavna se retire avec les princesses et les femmes des boyards. Bientôt le Prince part avec son armée.
ACTE I.
1er TABLEAU : La cour de la maison du Prince Galitzky.
Tandis que ses gens se livrent à des beuveries et des débauches, Galitzky, dilapidant les biens d'Igor, ambitionne de prendre le pouvoir à Putivl [Air de Galitzky : Je hais l'ennui...].
Des jeunes filles, venues se plaindre à lui de l'enlèvement de l'une d'elles, sont brutalement éconduites et doivent s'enfuir. Erochka et Scoula ricanent. Les partisans de Galitzky parlent de le couronner à la place d'Igor. Tous sortent enfin, sauf Scoula et Erochka.
2e TABLEAU : Une chambre dans le térem de Jaroslavna.
Jaroslavna, désemparée, songe à son époux absent [Arioso de Jaroslavna : Depuis longtemps, Igor...], puis, se couvrant le visage, s'absorbe dans ses pensées. La Nourrice introduit les jeunes filles molestées par Galitzky, qui viennent dans leur détresse implorer la protection de Jaroslavna. L'arrivée de Galitzky les fait bientôt fuir, pleines d'effroi. Aux vifs reproches de sa sœur, Galitzky répond par de l'insolence et des menaces. Mais Jaroslavna demeure ferme, et il doit enfin consentir à libérer la captive.
Lorsqu'il s'est retiré, entrent les boyards du Conseil qui, s'inclinant devant Jaroslavna, lui apprennent la défaite d'Igor, tombé captif et blessé aux mains des Polovtsi. L'épreuve est terrible, mais les boyards fidèles veulent braver le sort. On entend retentir la cloche d'alarme. Les boyards tirent leurs glaives et s'élancent au combat.
ACTE II. — Au camp polovtsien.
C'est le soir. Une jeune fille chante avec ses compagnes, puis les Polovtsiennes dansent. Kontchakovna, la fille du khan Kontchak, soupire après son bien-aimé.
Les prisonniers russes paraissent, escortés de gardes. Incitées par Kontchakovna, les jeunes Polovtsiennes leur offrent à manger et à boire ; puis les prisonniers s'éloignent. Passe la patrouille qui fait le tour du camp. Kontchakovna et les jeunes filles se retirent.
Vladimir, le fils d'Igor, comme lui prisonnier des Polovtsiens, appelle son aimée [Récit et Cavatine de Vladimir : Lentement baissa le jour... — Ah ! viens...]. Bientôt Kontchakovna est là et ils se promettent un amour éternel. Toutefois, Vladimir n'a pas encore osé parler à son père.
Igor s'avance [Air du Prince Igor : Hélas, mon âme est triste...]. L'aurore commence à luire. Ovlour, un Polovstien converti, s'approche d'Igor et lui conseille de fuir. Mais Igor considère que l'honneur maintenant le lui défend. Triste et pensif, Ovlour se retire.
Kontchak entre et salue gaiement Igor dont il fait davantage son hôte que son captif [Air de Kontchak : Salut à toi...]. Il aimerait même l'avoir pour allié et lui offre un grand divertissement dansé par ses esclaves [Célèbres « Danses Polovtsiennes » avec chœurs].
ACTE III : Au camp des Polovtsi.
De tous côtés, les Polovtsi accourent à l'approche de l'armée du khan Gsak [Marche Polovtsienne]. Kontchak s'avance à la rencontre de Gsak et le salue. Igor, Vladimir et les prisonniers russes, à l'écart, observent ce qui se passe.
Lorsque tous sont sortis, excepté les Russes, Vladimir propose à son père de fuir, car lui seul peut encore sauver son pays. Igor alors y consent. Arrive un train de chariots portant le butin de guerre. Les Polovtsiens accourus insultent les prisonniers russes qu'on a également amenés, puis se retirent. Tous les prisonniers russes rentrent dans leurs tentes. Les sentinelles veillent. Pendant que les gardes chantent et dansent, Ovlour fait ses préparatifs. Bientôt les gardes, épuisés, s'endorment. Ovlour s'approche alors furtivement de la tente d'Igor et l'invite à le suivre, ainsi que Vladimir, au coup de sifflet qu'il donnera au moment opportun. Ovlour s'écarte.
Kontchakovna, extrêmement agitée, entre en courant, s'arrête devant la tente de Vladimir et appelle le jeune homme. Elle vient d'apprendre qu'il s'apprête à fuir et s'efforce de l'en dissuader, au nom de leur amour. Toutefois, si le cœur de Vladimir est à elle, son honneur lui ordonne de partir... Igor, surpris, intervient et relève le courage défaillant de son fils. On entend les coups de sifflet d'Ovlour. Igor cherche à entraîner Vladimir qui s'abandonne déjà aux élans passionnés de Kontchakovna. Voyant qu'elle va le perdre, celle-ci donne l'alarme. Mais Igor a déjà fui ! Aux Polovtsiens accourus, Kontchakovna raconte ce qui s'est passé et doit maintenant défendre Vladimir contre la fureur vengeresse des siens.
Les khans arrivent. Kontchak admire l'héroïsme d'Igor et fait grâce à Vladimir, auquel il donnera même sa fille pour nouer l'alliance qu'il désire ardemment conclure avec Igor.
ACTE IV. — Les murailles et la place publique de Putivl.
Le jour commence à poindre. Jaroslavna, seule sur la terrasse au haut de la muraille, soupire après les siens [Complainte de Jaroslavna : Dans la douleur...]. Un groupe de villageois passe en chantant. Jaroslavna demeure absorbée dans ses pensées. Puis, contemplant les alentours de la ville dévastée par les ennemis, elle aperçoit deux cavaliers qui approchent. Avec émotion, elle reconnaît Igor. Celui-ci accourt bientôt, tandis qu'Ovlour s'éloigne avec les chevaux. Le cœur débordant de joie, Jaroslavna tombe dans les bras de son époux. Tous deux se dirigent ensuite lentement vers la citadelle.
Erochka et Scoula, stupéfaits, les aperçoivent et, changeant brusquement d'attitude, vont sonner la cloche d'alarme pour annoncer aux gens de Putivl l'heureux retour d'Igor ! Tous acclament le Prince et lui font cortège en manifestant une grande joie.
« Borodine était un savant distingué, qui néanmoins s'occupait de musique avec une ardeur véritable et qui était doué de facultés artistiques absolument exceptionnelles. Mort avant l'âge, le peu d'œuvres qu'il a laissées dénotait un tempérament de premier ordre et profondément original. Parmi ces œuvres restait la partition, restée inachevée, du Prince Igor, que deux de ses confrères, MM. Rimski-Korsakov et Glazounov, entreprirent de terminer pour la livrer au public ; c'est grâce à eux qu'elle put être représentée et obtenir le succès qu'elle méritait.
Le sujet du Prince Igor nous reporte à l'époque des luttes de la nationalité russe pour sa formation et son établissement, et nous fait assister aux efforts des princes russes contre les Polovtsi, peuplade nomade et guerrière, d'une origine semblable à celle des Madgyars. Si le livret se fait remarquer par une certaine naïveté et une certaine incohérence, il avait du moins cet avantage de fournir au musicien un cadre favorable à la verve colorée et au sentiment du pittoresque qui étaient le fond même de sa nature artistique. Ce n'est point dans la forme générale, c'est dans le caractère particulier de l'inspiration que réside l'originalité très réelle de l'œuvre de Borodine, et aussi, peut-on dire, dans le raffinement de son habileté technique et sa recherche de la nouveauté. Plusieurs morceaux méritent surtout d'être signalés dans sa partition, entre autres la cavatine de Wladimir, l'air de Jarowslawna et le trio dramatique du troisième acte, sans oublier les très curieuses et très savoureuses danses polovtsiennes, non plus que les chœurs, qui sont tout à fait remarquables. Cette musique du Prince Igor, d'un tour et d'un cachet si particuliers, fait regretter la fin si précoce d'un artiste qui n'a pas donné sa mesure et qui était certainement appelé à faire parler de lui. L'ouvrage, monté avec une véritable splendeur scénique, obtint à Saint-Pétersbourg un grand succès, dont une partie d'ailleurs était due à son excellente interprétation , confié à des artistes éprouvés comme Mmes Olguina et Slavina, MM. Melnikoff, Vassilieff, Ougrinowitch et Stawrinsky. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PRINCE INVISIBLE (LE)
Opéra-comique en six actes, paroles de Hapdé, musique de Foignet, représenté sur le théâtre des Jeunes-Artistes le 31 janvier 1804.
PRINCE SOLEIL (LE)
Féerie en quatre actes et vingt-deux tableaux, de Hippolyte Raymond et Paul Burani, musique de Léon Vasseur, représentée au théâtre du Châtelet le 11 juillet 1889.
PRINCE TROUBADOUR (LE) ou LE GRAND TROMPEUR DES DAMES
Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Pineu-Duval, musique de Méhul. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 mai 1813.
PRINCESSE BABOUCHE (LA)
« Fantaisie hindoue » en un acte, livret de Louis Battaille et Julien Sermet, musique de Tac-Coen, représentée au concert de la Scala le 16 avril 1888.
PRINCESSE BÉBÉ
Opérette en trois actes, livret de Pierre Decourcelle et Georges Berr, musique de Louis Varney, représentée au théâtre des Nouveautés le 18 avril 1902, avec Mmes Mariette Sully (Maïa), Cassive (Brimbelle), Berka (Bibiche), Genty (Bibichette), Crisa (Bibichon), Degrez (Ludwine), MM. Germain (le Roi), Torin (Goliath), Colas (Sigismond), Victor Henry (Boleslas), Lauret (Cactus), Gaillard (Oméga) ; chefs d'orchestre : MM. Fr. Perpignan et Maillé.
PRINCESSE COLOMBINE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Maurice Ordonneau et Emile André, d’après Farnie, musique de Robert Planquette, représentée au théâtre des Nouveautés le 07 décembre 1886, avec Berthelier (le sénéchal).
« MM. Farnie et Planquette avaient fait jouer en Angleterre une pièce intitulée Nell Gwynne, dont le succès avait été médiocre. Ils eurent l'idée de l'adapter à la française, avec l'aide de MM. Ordonneau et André ; elle ne fut pas plus heureuse de ce côté de la Manche que sur l'autre rive, et vit sa carrière se borner ici à une série de dix-neuf représentations. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PRINCESSE CZARDAS
[Die Csárdásfürstin]
Opérette viennoise en trois actes, livret de Leo Stein et Béla Jenbach, musique d’Emmerich Kálmán.
Personnages (Entre parenthèses, les noms qui changent dans la version originale allemande) : Edwin (ténor) ; Boni (le Comte Boni Kancziano) ; Nico (Feri Basci) ; le Prince, père d'Edwin ; Rosbeck (Rohnsdorff) ; l’Ambassadeur ; Me Kiss (Mac Grave) ; Sylva Varesco, chanteuse de music-hall (soprano) ; Stasi, nièce du Prince ; la Princesse (Anhilte) ; Quatre petits rôles (2 masculins, 2 féminins) ; Chœurs : suite du Prince, chanteuses, tziganes, domestiques.
Première représentation à Vienne, Johann Strauss Theater, le 17 novembre 1915.
Première représentation en français, dans une version d’Antoine de Graef, à Anvers, le 16 novembre 1921.
Représenté en France, dans une version française de René Peter, André Mauprey, lyrics d'Henri Falk, au Trianon-Lyrique, le 18 mars 1930.
Reprise à la Gaîté-Lyrique le 07 août 1931 avec Mmes Maya Sylva (Sylva), Christiane Maus (Stasi), Fernande Nysor (la princesse) ; MM. Gilbert Nabos (Edwin), Charles Darthez (Nico), Paul Darnois (Boni), Descombes (le prince), Montagné (Robec), Lacombe (Miska). Mise en scène de M. Maurice Catriens ; danses réglées par Mme Gontcharowa ; chef d'orchestre, M. Albert E. Jacobs.
Résumé.
Le jeune prince Edwin épouse une chanteuse de music-hall, Sylvia Varesco. Mais, lorsqu'elle se présente comme princesse, on ne veut voir en elle tout au plus qu'une « Princesse Czardas ». Dépitée, Sylvia déchire le contrat de son mariage et s'en va.
Toutefois, le père d'Edwin donne son consentement quand il apprend par hasard que sa femme a aussi été autrefois chanteuse de music-hall. Les amis d'Edwin et de Sylva réussissent à réconcilier les jeunes gens.
ACTE I. — A l’Orphéon de Budapest.
La chanteuse Sylva Varesco vient de se présenter
au public pour la dernière fois avant de partir en tournée aux Etats-Unis. On
lui fait une ovation enthousiaste. Nico et Boni sont particulièrement
démonstratifs. C'est cependant le jeune prince Edwin, qui déplore le plus le
départ de Sylva. Il l'aime, et pour la retenir, décide de l'épouser. Un notaire,
appelé en hâte, prend acte d'une promesse de mariage. Sylva rayonne de bonheur.
Cependant, Edwin est brusquement rappelé à Vienne et part à contre-cœur. Boni
montre à Sylva un article de journal
annonçant le mariage prochain d'Edwin avec sa jeune cousine Stasi. Sylva se
croit trahie et s'enfuit avec Boni.
ACTE II. — Le Palais du Prince Lippert-Weylersheim, près de Vienne.
Edwin a découvert toute la série de manœuvres auxquelles son père s'est livré pour le détacher de Sylva. Stasi ne tient guère au mariage de raison projeté. Tous dansent pour sceller leur amitié [Duo-Valse : Il faut vivre cœur à cœur...].
Arrive Boni, accompagné de Sylva qu'il fait passer pour sa femme. Edwin regrette le bonheur qu'il a laissé échapper. Comme Boni tombe tout de suite amoureux fou de Stasi [Duo-Valse : Le coup de tête...]. Il lui propose de divorcer d'avec Sylva : Boni étant Comte Kancziano, Sylvia en l'épousant est devenue comtesse ; Edwin, qui ne pouvait épouser la chanteuse Varesco, sera autorisé à prendre pour femme la Comtesse Kancziano ! Mais Sylva exhibe le contrat signé par Edwin. Scandale ! Elle ne peut être une vraie princesse, tout au plus une « Princesse Czardas ! ». Sylva, dépitée, déchire le contrat et sort avec Boni.
ACTE III. — Dans le vestibule supérieur d'un élégant hôtel viennois.
Edwin est bien décidé à épouser Sylva. Il a une explication avec Boni, mais comme son père arrive, il s'écarte vivement. Le Prince et sa femme veulent absolument éviter la mésalliance. Nico reconnaît en la princesse une de ses connaissances de jeunesse, ex-chanteuse de music-hall. Pour éviter la révélation de ce passé orageux, elle ne peut faire autrement que de consentir au mariage d'Edwin, d'autant que Stasi a déclaré péremptoirement qu'elle n'épouserait jamais personne d'autre que Boni. Le Prince acquiesce et, au moyen d'une conversation téléphonique habilement simulée, Boni réussit à réconcilier définitivement Edwin et Sylva.
« Le jeune prince Edwin a juré à la chanteuse de music-hall Sylva de l'épouser dans les deux mois. Ceci ne convient point à la famille, qui fiance le prince à sa cousine Stasi. Un comparse, Boni, enlèvera d'abord Sylva, puis épousera Stasi, tandis que la famille désarmée consentira à l'union de l'actrice et d'Edwin. Cela se déroule sur une musique qui veut être aimable, qui utilise tous les poncifs, et qui plaira sans doute. »
(Larousse Mensuel Illustré, mai 1930)
PRINCESSE D'AUBERGE
[De Herbergprinses]
Opéra flamand en trois actes et quatre tableaux, livret de Nestor de Tière ; version française de Gustave Lagye ; musique de Jan Blockx.
Principaux personnages : Merlyn, musicien ; Marcus, ami de Merlyn ; Rabo, forgeron ; Blutts, cabaretier, père de Rita ; Rita, cabaretière ; ses trois sœurs ; Katelyne, bourgeoise de Bruxelles ; Reinilde, fille adoptive de Katelyne.
L'action se passe à Bruxelles, sous la domination autrichienne, vers 1750.
Première représentation à l'Opéra flamand d'Anvers le 10 octobre 1896.
Représentation en français à Gand le 09 mars 1898 ; à Anvers, le 22 décembre 1898 ; à Lille le 05 janvier 1899 ; à Marseille le 19 décembre 1899.
Première à la Monnaie de Bruxelles, en français, le 14 décembre 1898 avec Mmes Charlotte Wyns (Rita), Marguerite Claessens (Reinilde), Domenech (la mère), MM. Scaramberg (Merlyn), Dufranne (Marcus), Maurice de Cléry (Rabo), Gilibert (Bluts).
« Princesse d'auberge, c'est un peu Carmen, transposé dans le milieu flamand, qui donne à la pièce son cachet, sa couleur, tout ce qui en fait le charme spécial et la valeur. L'action elle-même est assez exactement calquée sur la donnée que Meilhac et Halévy ont tirée de la nouvelle de Mérimée, mais sans en avoir, bien s'en faut, la valeur littéraire et dramatique. Les caractères sont tout d'une pièce et d'une simplicité qui confine à la puérilité. La psychologie est rudimentaire, la poésie informe. Mais le décor, et la façon dont il est traité musicalement, sont hauts en couleur et pittoresques. On vit en pleine kermesse et les épisodes qui se déroulent au long de la pièce semblent tous descendre du cadre de quelque vieux maître flamand. Ce qu'on boit, ce qu'on « noce », gesticule et crie dans Princesse d'auberge est inouï !
La Carmen flamande s'appelle Rita. Elle n'est pas. comme son modèle, sujet de tragédie ou d'épopée ; il y a pas mal de bourgeois en elle. De son métier, elle est cabaretière — d'où son surnom de « Princesse d'auberge » — mais une cabaretière doublée d'une fille de joie. En cela elle ne se distingue pas de ses trois sœurs, et les quatre commères exercent leur négoce sous l'œil bienveillant et aviné d'un père que la boisson tient en état d'abrutissement permanent.
En dernier lieu, Rita a eu comme amant officiel Rabo, le forgeron ; mais celui-ci a achevé de manger ses économies et n'est plus qu'une loque, une épave alcoolique. Aussi a-t-il cessé de plaire. Cependant, bien qu'il s'aperçoive, dans ses rares instants lucides, des débordements de Rita, il ne renonce pas à elle pour cela.
Merlyn est un musicien-poète, épris d'idéal, vivant dans le bleu. Il vit sagement auprès de sa vieille mère Katelyne et de sa sœur adoptive Reynilde — la Micaëla flamande — qu'il aime et dont il est aimé. Son art est tout pour lui, jusqu'au jour où le baiser de Rita lui révèle la volupté, l'ensorcelle et l'envoûte. Il se livre alors à la débauche, il boit comme un vrai Flamand et oublie poésie et musique dans les bras de son ardente amie.
Celle-ci diffère de Carmen sur un point : elle en a bien la perversité et la cruauté froide, mais elle aime jusqu'au bout Merlyn, au moins à sa façon. Elle ne donne pas à son nouvel amant de sujet de jalousie. La jalousie, c'est dans le cœur de Rabo qu'elle exerce ses ravages et qu'elle allumera l'idée du crime.
Princesse d'auberge contient encore un type particulièrement odieux de faux ami. Marcus, soi-disant ami de Merlyn, aime Reinilde et lui a demandé sa main. Repoussé poliment, mais fermement, il conçoit le projet diabolique d'écarter de son chemin l'obstacle qui lui barre l'accès du cœur de la jeune fille : il s'agit pour lui de perdre Merlyn en le poussant à la débauche, en le jetant en proie à Rita. Il ne réussit que trop bien dans son diabolique dessein, mais ses affaires avec Reinilde n'en sont pas avancées d'une ligne. C'est en vain qu'il aura poussé son ami à la ruine et à la mort.
Le premier acte se passe devant l'auberge de Rita. Sur le seuil est couché Rabo, ivre à son ordinaire. Des passants nous apprennent quel genre de vertu abrite ce toit hospitalier. Reinilde traverse la scène, laissant derrière elle une traînée de pureté et de blancheur. Elle repousse les avances de Marcus, dont nous entrevoyons du premier coup la noirceur.
Après quoi commence la liesse qui ne nous lâchera plus jusqu'à la fin de la soirée. C'est d'abord une sérénade à Rita et à ses sœurs, par de jeunes artistes très gais. Puis, le père Blutts et deux autres ivrognes, incapables de tenir sur leurs jambes. Puis Merlyn paraît, auréolé d'idéal, et nous voyons le sinistre Marcus à l'œuvre, cherchant à instiller le poison dans les veines de son ami. Ses efforts restent vains ; les premières tentatives de séduction de Rita n'ont apparemment pas plus de succès. Mais il se laisse donner le fatal baiser, et désormais sa destinée est scellée. Il va rouler à l'abîme. L'acte s'achève sur de gargantuesques beuveries.
Le premier tableau du second acte nous introduit chez Katelyne. La mère et la fiancée y sont en proie au deuil et au désespoir : Merlyn est ensorcelé, il ne quitte plus l'auberge et, quand il en rentre, c'est privé de sa raison. Au dehors, pour assurer le contraste, nous entendons les joyeux échos du carnaval. Merlyn paraît, mécontent de soi, la tête lourde, rongé de souci et de remords. L'instant est propice pour une tentative de sauvetage, et Reinilde entreprend la difficile tâche. Elle lui parle de sa mère, de son art, d'elle-même enfin. Merlyn est ébranlé, et c'est avec plus de confiance que les deux pauvres femmes partent pour l'église.
Elles croisent sur le seuil Blutts et Rabo — ivres, cela va sans dire — qui viennent relancer le poète et lui réclamer de l'argent. Reinilde paie, espérant ainsi leur voir les talons. Ils sortent, en effet, mais sont suivis immédiatement de Marcus, puis de Rita et de ses sœurs, travesties et accompagnées d'un bruyant cortège de masques. Les femmes ont raison des résistances de Merlyn et réussissent à l'entraîner. Marcus est allé chercher Katelyne et Reinilde, escomptant l'indignation de la jeune fille, qui doit, pense-t-il, la jeter dans ses bras. En quoi il se trompe. La scène change et le tableau suivant n'est que la brillante mise en scène du carnaval flamand. Sur un char, Merlyn et Rita s'affichent, Rabo, dans la foule, fait des gestes de menace.
Le troisième acte se déroule à l'intérieur de l'auberge. On assiste d'abord à une explication orageuse entre Rita et Rabo. Puis à une seconde explication entre Rita et ses sœurs, qui voudraient voir mettre Merlyn à la porte et Rabo rentrer en grâce. La mère de Merlyn vient ensuite réclamer, dignement et tristement son fils, qu'elle sait être là, probablement sous l'influence de l'alcool. Reinilde, qui a accompagné la pauvre vieille, voyant que les supplications sont vaines, essaie de la menace sans plus de succès. Rita les éconduit en riant. La scène suivante est entre Rita et Merlyn, qui manifeste une soif de plus en plus inquiétante. Des clients arrivent, entre autres Marcus. On chante, on s'enivre ; Blutts se joint à la fête, qui dégénère en orgie.
Il ne manque plus que Rabo, qui arrive avec des amis ; ses intentions sont manifestement hostiles ; il tente de provoquer une rixe, insulte publiquement Rita et finit par lancer un défi à Merlyn. Celui-ci le relève ; les deux hommes, en dépit des efforts de Rita pour les séparer, se battent au couteau et Merlyn tombe mortellement frappé. On arrête le meurtrier, qui, avec les paroles presque textuelles de José à la fin de Carmen, se livre à la police.
Contraste violent : on apporte avec des chants de triomphe la couronne que Merlyn a gagnée au concours de composition. Au même instant, la foule s'écarte pour laisser passer Katelyne et Reinilde. La mère veut être la première à féliciter le vainqueur : elle ne trouve que son cadavre. Reinilde saisit un couteau pour venger sur Rita la mort de son fiancé ; mais au moment de frapper, elle laisse retomber son bras : « La mort est une délivrance, l'éternel remords venge mieux ! »
Et le rideau baisse sur un curieux mélange de carillon joyeux et de glas funèbre. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
PRINCESSE D'ÉLIDE (LA)
Comédie-ballet de Molière, dont Jean-Baptiste Lully écrivit la musique, représentée en 1664. C'est à partir de cette époque que le compositeur collabora à toutes les pièces de Molière dans lesquelles il se trouve des scènes chantées ou dansées.
PRINCESSE D'ÉLIDE (LA)
Ballet héroïque en trois actes, avec un prologue, paroles de l'abbé Pellegrin, musique de Villeneuve, représenté par l'Académie royale de musique le 20 juillet 1728.
"Castil-Blaze indique Molière comme auteur du poème avec Pellegrin ; il a sans doute voulu dire que l'opéra était une sorte d'arrangement de la comédie de Molière. C'est une erreur. Il n'y a aucun rapport entre la pièce représentée dans les jardins de Versailles, à la superbe fête que donna Louis XIV le 8 mai 1664, et celle de l'abbé Pellegrin. L'Amour, Vénus, Polymnie et Terpsichore, forment le prologue de l'opéra, tandis qu'il n'a pour interlocuteur, dans la comédie, que des valets de chiens ; le reste de l'ouvrage est aussi différent. Les danseuses Camargo et Sallé étaient alors dans leur plus grande vogue. Quant au musicien Villeneuve, c'était un maître de musique de l'église cathédrale d'Aix, dont les compositions religieuses sont seules citées par M. Fétis."
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
"C'est le seul ouvrage de Villeneuve qui soit connu. Ce compositeur fut d'abord maître de musique de la cathédrale d'Aix."
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PRINCESSE DE BABYLONE
Opéra français, musique de Steibelt, écrit vers 1805, reçu à l'Académie impériale de musique et représenté sur le théâtre français de Saint-Pétersbourg, sous la direction du compositeur, vers 1812. Il y a de grandes beautés dans cet ouvrage.
PRINCESSE DE BABYLONE (LA)
Opéra en trois actes, paroles de Vigée et Morel, musique de Kreutzer, représenté à l'Académie impériale de musique le 30 mai 1815. Cette œuvre, médiocre d'ailleurs, d'un compositeur particulièrement favorisé par l'empereur Napoléon Ier, fut mal accueillie. Un mois après, Kreutzer travaillait, avec Persuis, à célébrer l'Heureux retour, dans un ballet qui porte ce titre, et qui fut exécuté à l'Académie, redevenue royale, le 25 juillet 1815. Les musiciens diront que les notes de musique n'ont pas d'opinion politique. On pourrait répondre qu'il y a telle circonstance particulière où il est plus digne de compter des pauses que d'attaquer le motif in tempo allegro.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PRINCESSE DE CACHEMIRE (LA)
Opéra en trois actes, musique de Blangini, représenté à Cassel en 1812.
PRINCESSE DE NAVARRE (LA)
Comédie-ballet héroïque en trois actes et en vers libres, avec un prologue et des divertissements, livret de Voltaire, musique de Jean-Philippe Rameau. Cette pièce fut composée pour le mariage du dauphin Louis et de l'infante d'Espagne, et exécutée par les comédiens français de la troupe du roi, et les divertissements, par l'Académie royale de musique, à Versailles, théâtre de la Grande Ecurie, le mardi 23 février 1745.
PRINCESSE DE TRÉBIZONDE (LA)
Opérette en un acte et deux tableaux, musique de Louis, Carlo, Thierry et Weckerlin, représentée au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 04 septembre 1853.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 11 en 1853.
« La saison théâtrale s'était terminée par un épilogue ; il allait de soi qu'après les vacances, la nouvelle campagne s'ouvrirait par un « prologue » qui ferait passer devant la rampe tout le personnel du chant et de la danse. Telle fut cette Princesse de Trébizonde qui n'eut guère que l'importance d'une parade. »
[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]
PRINCESSE DE TRÉBIZONDE (LA)
Opéra bouffe en trois actes, livret de Charles Nuitter et Etienne Tréfeu, musique de Jacques Offenbach ; représenté aux Bouffes-Parisiens le 17 décembre 1869, avec Mmes Fonti, Van-Ghell, Céline Chaumont, Thierret, MM. Berthelier, Désiré, Bonnet, Ed. Georges.
Cette farce rappelle une de celles que Riccoboni avait imaginées à la fin du siècle dernier. Le saltimbanque Cabriolo gagne à la loterie un château, des terres et le titre de baron. Il se rend dans ses domaines escorté de sa famille de paillasses. Parmi les figures de cire qu'il avait montrées dans sa baraque se trouvait celle de la princesse de Trébizonde ; un jour que cette figure avait eu le nez cassé, la fille du saltimbanque avait pris ses vêtements et sa place ; le fils d'un prince du voisinage en était devenu épris, et, échappant à la surveillance de son précepteur Sparadra, et du prince Casimir, son père, il ne songe qu'à épouser Zanetta ; ce qu'il parvient à faire après les péripéties les plus burlesques. Il y a une scène assez comique au deuxième acte : c'est celle où tout ce monde de bobèches, de gilles, de pitres et d'avaleurs d'étoupes se prélasse et se goberge dans le château. Tout va bien d'abord ; on mange, on boit, on dort ; puis on s'ennuie, on a la nostalgie de la profession ; les convives finissent par reprendre machinalement leurs habitudes : faire tourner leurs assiettes sur des baguettes, etc. Il est fâcheux que des couplets par trop grivois et dont les équivoques sont trop grossières viennent gâter une farce qui eût été tout à fait amusante si on l'eût contenue dans de justes bornes. Quant à la musique, elle dépasse partout la vulgarité, la cocasserie des situations ; c'est désagréable au possible ; cette musiquette, qui n'a pour elle que les effets d'un rythme sautillant ne cause aucune satisfaction à l'oreille ; tout ce qui peut plaire est d'une provenance étrangère au magasin de l'auteur ; ce sont des formules connues, des points d'orgue ressassés, des imitations fréquentes des beaux airs du répertoire de l'Opéra ou de l'Opéra-Comique, telles que celle d'Asile héréditaire et de bien d'autres. C'est un genre si l'on veut, mais un très mauvais genre, et il est certain que l'éducation musicale dans notre pays a fait bien du chemin en arrière, grâce à la prépondérance de cette forme d'œuvres artistiques et de l'idolâtrie de la bourgeoisie son égard.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
PRINCESSE DES CANARIES (LA)
Opérette en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Charles Lecocq, représentée aux Folies-Dramatiques le 09 février 1883, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Pépita), Jeanne Andrée (Inès), MM. Delannoy (le général Pataquès), Lepers (le général Bombardos), Simon-Max (Inigo), Dekernel (Pédrille), Bartel (le sergent Cléophas).
« La jeune Pépita est une princesse réduite à l'état de paysanne et qui emploie tous ses efforts à reconquérir le trône de princesse des îles Canaries. Elle y réussit en prenant, ainsi que sa sœur de lait Inès, une foule de déguisements, si bien qu'on les voit successivement, l'une et l'autre, en officiers de l'école des cadets, en Anglaises, en bouquetières, etc. Sur ce canevas fantaisiste, M. Lecocq a brodé une musique aimable, dans laquelle on remarque quelques gentils morceaux, tels que les couplets d'Inès : Soyez d'humeur gentille, le finale du premier acte, le duo bouffe : Ce cher général, la chanson des deux Anglaises, celle de la princesse des Canaries, etc. Les deux rôles de Pépita et d'Inès étaient tenus à souhait par Mme Simon-Girard et Jeanne Andrée ; les autres étaient confiés à MM. Delannoy, Lepers, Dekernel et Simon-Max. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PRINCESSE JAUNE (LA)
Opéra-comique en un acte et en vers, livret de Louis Gallet, musique de Camille Saint-Saëns (composé en 1872).
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 juin 1872, décor d’Auguste Rubé et Philippe Chaperon.
Mme DUCASSE (Léna).
M. Paul LHÉRIE (Kornélis).
Chef d'orchestre : Adolphe DELOFFRE.
|
09.11.1906 Opéra-Comique (6e) |
16.10.1909 Opéra-Comique (15e) |
16.11.1909* Opéra-Comique
|
25.06.1914 Opéra-Comique (43e) |
10.10.1935 Opéra-Comique (45e) |
25.12.1946 Opéra-Comique (50e) |
Léna |
Lucy VAUTHRIN |
Lucy VAUTHRIN |
Lucy VAUTHRIN |
VAULTIER |
O. ERTAUD |
JOURFIER |
|
|
|
|
|
|
|
Kornélis |
DEVRIES |
COULOMB |
COULOMB |
DE CREUS |
ARNOULT |
RIALLAND |
Chef d’orchestre |
MIRANNE |
PICHERAN |
PICHERAN |
PICHERAN |
A. WOLFF |
E. BIGOT |
* Décors de Lucien Jusseaume, costumes de Multzer.
51 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 46 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
« La donnée de la pièce est peu intéressante, comme tout ce qui est invraisemblable, et ne repose pas sur les sentiments de la nature. Un jeune savant hollandais s'est amouraché d'une image japonaise, et dans sa folie il dédaigne l'amour que sa jeune cousine ressent pour lui. Il boit un breuvage dont l'effet doit être de le transporter au Japon auprès de son idole. Il se croit, en effet, à ses pieds ; mais il la retrouve avec les traits de sa cousine, dont le portrait est d'ailleurs fixé au mur avec ses habits de Hollandaise. Il sort enfin de ce rêve bizarre et se rend de bonne grâce aux charmes de sa jeune parente. La musique de M. Saint-Saëns est encore plus étrange que le livret; s'il a voulu éviter de parcourir les sentiers connus de l'art musical, il a réalisé sa pensée ; mais il l'a fait avec un rare désintéressement, car il y a compromis gravement sa réputation ; les phrases sont décousues et obscures, les modulations vagues et trop fréquentes. On a distingué une romance et un duo. La partition et l'instrumentation sont traitées avec beaucoup de science et d'habileté. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]
PRINCESSE KAÏKA (LA)
Opérette en un acte, musique de Demersseman, représentée aux Folies-Nouvelles le 6 mai 1859.
PRINCESSE LOINTAINE (LA)
Pièce lyrique en quatre actes, livret de Georges-Martin Witkowsky et Henri Cain, d’après la pièce d’Edmond Rostand, musique de Georges Martin Witkowski.
Créée à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 26 mars 1934 (répétition générale publique le 22 mars) ; décors et costumes dessinés par Charlemagne ; mise en scène de Pierre Chereau.
Mmes BALGUERIE (Melissinde), ALMONA (Sorismonde), DESCAMPS (le Mousse).
MM. SINGHER (Bertrand), LE CLEZIO (Joffroy Rudel), FABERT (Squarciafico), FROUMENTY (Frère Trophime), ETCHEVERRY (Erasme), DE LEU (François, 1er Pèlerin), GILLES (Bistaigne, 2e Pèlerin), FOREST (Bruno, 3e Pèlerin), ERNST (Pergofat, 4e Pèlerin), CAMBON (le Patron), MADLEN (le Pilote), MEDUS (le Héraut), COTTEL (le Chevalier aux armes vertes), DEMOULIN (Nickolose, un Valet).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
6e à l’Opéra, le 14 mai 1934, avec les créateurs.
6 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
Cet ouvrage a été repris par l'Opéra de Lyon le 01 février 1935 avec Mme BALGUERIE et M. SINGHER, sous la direction de WIERSSEGERS.
"M. Witkowski n'a pas craint de donner ici la prééminence au chant et de reléguer au second plan les parties symphoniques : c'est simplement revenir à l'ordre normal des choses, vraiment trop bousculé depuis le drame wagnérien. Il a réservé la symphonie pour quatre préludes brefs, âpres et pathétiques. Il lui a fallu naturellement pratiquer dans le texte primitif de nombreuses coupures. Il est pourtant bien obligé de s'en tenir, pour suivre le vers, à une sorte de récitatif mélodique, qui n'est point la mélodie pure, et c'est là que se marque l'erreur du point de départ : mettre en musique une pièce qui n'était pas conçue pour cela. Néanmoins, cette ligne vocale ne manque pas de fermeté ; la phrase se suffit à elle-même, et prend souvent, comme dans la fameuse lettre de Pelléas de Claude Debussy, allure de période complète et bien équilibrée." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)
PRINCESSE MALEINE (LA)
Opéra en cinq actes, livret de Maurice Maeterlinck et Tito Ricordi, musique inachevée de Lili Boulanger (1911-1918).
PRINCESSE MARMOTTE (LA)
Opérette en trois actes, livret de Charles Clairville, Octave Gastineau et William Busnach, musique de Laurent de Rillé, jouée aux Galeries Saint-Hubert, à Bruxelles, le 24 janvier 1880.
« C'est encore une princesse qui court les aventures nocturnes pendant qu'on la croit plongée dans un sommeil léthargique et qui finit par épouser un jeune bachelier. La musique de cet ouvrage a paru terne et sans inspiration. Les rôles principaux ont été chantés par M. Vauthier et Mlle Lucy Abel. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
« Le livret, inspiré par le joli conte de Perrault la Belle au bois dormant, est amusant et gai ; la partition, traitée avec goût, est tout empreinte d'une grâce aimable et abondante en jolies mélodies. Il y faut signaler surtout : au premier acte, la ballade Quand le soleil disparaissait, un boléro plein de vivacité et les couplets Nous hâter devient nécessaire ; au second, la valse Ah ! que les hommes sont heureux ! la sérénade Voici la nuit et le finale ; enfin, au troisième, le joli quatuor du Cocorico. Les deux rôles principaux de l'ouvrage étaient fort bien tenus par Mme Lucy Abel et M. Vauthier. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PRINCESSE NIAGARA (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret de Julien Sermet et Louis Battaille, musique d’Edmond Missa, représenté à Reims le 12 mars 1892.
PRINCESSE OSRA (LA)
Opéra-comique français, livret tiré par Maurice Bérenger d'un roman anglais d’Anthony Hope, musique de Herbert Bunning, représenté à Londres, sur le théâtre de Covent-Garden, le 14 juillet 1902.
PRINCESSE PAULINE
Opéra-mascarade en deux actes et sept tableaux, livret de Francis Didelot, musique d'Henri Tomasi.
Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 22 juin 1962, mise en scène de Robert Manuel, chorégraphie de Michel Rayne, décors et costumes de François Ganeau.
Mmes Mady MESPLE (Pauline Borghèse), Paulette CHALANDA (Sidonie), Christiane HARBELL (Zoé de Montalban), Gabrielle RISTORI (Tine Ségurante).
MM. Jean GIRAUDEAU (Blangini), Jacques DOUCET (Masséna), Gérard CHAPUIS (Corvinio), Jean-Christophe BENOIT (le Prince Borghèse), Robert ANDREOZZI, Jacques LOREAU, Jacques HIVERT, Georges DAUM (les Quatre Conspirateurs), Jean-Pierre TOMA (Domingo).
Chef d'orchestre : Richard BLAREAU.
3e représentation le 27 juin 1962 avec les créateurs sous la direction de Richard Blareau.
3 représentations à l'Opéra-Comique au 31.12.1972.
PRINCESSE RAYON DE SOLEIL
[la Princesse Zonnenschyn]
Légende en quatre actes, livret de Pol de Mont, musique de Paul Gilson, représenté au Théâtre Lyrique flamand d'Anvers le 10 octobre 1903.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 09 septembre 1905 avec Mmes Francès Alda (la princesse), Bressler-Gianoli (Walpra), MM. Altchewsky (Tjalda), Artus (le roi Haïobaud), Dognies, François et Crabbé (les trois scaldes).
PRINCESSES DOLLAR
[Die Dollarprinzessin]
Opérette viennoise en trois actes, livret d'Alfred Maria Willner et Fritz Grünbaum ; version française de Willy et Ralph ; musique de Leo Fall.
Personnages : John Couder, milliardaire américain ; Fredy Wehrbourg, ingénieur ; le Baron Jean, grand écuyer de Couder ; Tom, cousin de Couder ; Dick, fils de Tom. Alice, fille de Couder ; Daisy, cousine d'Alice ; Olga, demi-mondaine parisienne ; Meg, soubrette d'Olga. Petits rôles et chœur.
Création au Theater an der Wien, à Vienne, le 02 novembre 1907.
Première en français à l'Olympia-Casino de Nice le 11 mars 1911. Première à Paris, à la Scala, dans la version française, le 06 décembre 1911.
Résumé.
La « Princesse Dollar » est une richissime jeune fille, Alice Couder, laquelle prétend épouser l'homme qu'elle choisira, en y mettant le prix. Sa cousine Daisy n'entrevoit le mariage que comme une possibilité pour elle de voyager et de vivre à sa guise. Quant à Couder, le père d'Alice, c'est un parvenu ridicule, qui épouse une demi-mondaine vulgaire, qu'on lui a fait prendre pour une femme du monde. Les uns et les autres font leurs petites expériences, qui concluent : au mariage pour la Princesse Dollar et sa cousine ; à la séparation pour le trop naïf Couder.
ACTE I.
1er TABLEAU : Le bureau de John Couder, à New York.
Alice, la fille du milliardaire John Couder, est femme d'argent, froide et calculatrice. Elle déclare nettement à son père qu'elle n'épousera un mari que le jour où il lui plaira de l'acheter, car il ne saurait être question de se marier par amour !
Paraît l'élégant baron Jean. C'est un noble décavé, que Couder a pris à son service et qu'il traite de haut. Comme le richissime américain est aussi naïf que vulgaire, Jean s'amuse à lui enseigner l'argot en guise de beau langage, cherchant à le ridiculiser de son mieux. Couder sort ; Daisy paraît. Cette jeune personne brûle de se marier, mais, comme elle estime que l'amour n'est pas fait pour les milliardaires, elle a pensé à Jean pour lui servir de plastron.
Survient Fredy Wehrburg, un ancien ami de Jean qui tient à se faire passer pour ruiné et voyage incognito. Son intention est de s'implanter chez Couder, pour en épouser la fille. Son impertinence en impose en effet au milliardaire, et Fredy devient le secrétaire d'Alice. La jeune fille se cabre, mais elle se prend en même temps à l'aimer.
2e TABLEAU : Le hall de l'Hôtel Couder.
Arrivent maintenant Tom et son fils Dick, deux parents de l'Américain, que celui-ci, dans sa prétention, a envoyés en Europe pour lui en ramener comme épouse une grande dame authentique. Ils viennent présenter Olga, une grue de la plus belle espèce, dont Couder s'éprend immédiatement. Frédy la reconnaît, ce qui ne manque pas d'exciter utilement la jalousie d'Alice.
ACTE II. — Le jardin d'hiver de l'Hôtel Couder.
Olga est désormais reine et maîtresse chez Couder. Elle y a introduit une bande de petites femmes commandées par Meg, qui lui sert d'espionne. Dick et Tom, n'ayant monté la combinaison avec Olga que pour mieux rançonner Couder, commencent à s'inquiéter de l'emprise que la demi-mondaine a acquise dans la place.
Alice veut se marier : elle en a les moyens. Sans le consulter, elle décide que ce sera avec Frédy [Quatuor avec la Valse (chantée par Alice) : Ce sont les petites milliardaires...].
De son côté Daisy propose à Jean un mariage blanc qui lui permettra de courir le monde, puis de se séparer aisément de lui au bout d'un an. L'arrangement conclu, tous deux décident de partir le soir même pour l'Europe.
Les fiançailles de Couder et d'Olga sont célébrées, en dépit des efforts de Dick et de Tom, qui insinuent qu'Olga est une dangereuse anarchiste ! Alice déclare publiquement qu'elle a choisi Frédy pour époux. Et, comme il regimbe, elle insiste en élevant le prix. Mais Frédy se retire et la jeune milliardaire en demeure pour ses frais !
ACTE III. — Un an après, dans la résidence californienne de Frédy.
Meg, Jean, Daisy et Frédy sont là. Frédy a gagné beaucoup d'argent. Il a toutefois simulé la faillite et offert de vendre ses mines à Couder, afin de l'attirer, lui et sa fille.
Jean et Daisy ont voyagé, en respectant, prétendent-ils, leur pacte. En réalité, ils ont triché tous deux, en se jouant mutuellement la comédie.
Arrivent Couder, Alice et Olga. On ne s'entend d'abord guère, mais les choses s'arrangent tout de même assez vite. Meg se trouve à point pour reconduire Olga en Europe. Alice et Frédy tombent dans les bras l'un de l'autre et le tout s'achève, comme bien l'on pense, le mieux du monde.
« Principaux personnages : John Couder, milliardaire américain ; sa fille Alice ; sa nièce Daisy ; Fredy Wehrburg ; le baron Jean ; Olga, demi-mondaine parisienne.
Les deux premiers actes se passent dans l'hôtel Couder, à New York, le troisième devant le chalet de Fredy, en Californie. De nos jours.
Trop longtemps, les dramaturges se sont évertués à nous apitoyer sur le sort de héros pauvres mais sympathiques. MM. Willner et Grünbaum ont tenté d'éveiller notre pitié pour les demoiselles trop riches. Entreprise hasardeuse s'il en fût ! Pour la justifier. il était nécessaire de philosopher un peu, et philosopher dans une opérette, quelle gageure ! Comme Wagner dans la Tétralogie, les librettistes de Princesses Dollar n'ont cependant pas hésité à agiter les grands problèmes : l'antagonisme de l'Or et de l'Amour, ni plus, ni moins. Il est vrai que, sentant la difficulté de la tâche, ils les ont agités tout doucement, sans les remuer, pour ainsi dire. En somme, on va le voir, tout ceci n'est pas très sérieux, bien que se plaçant sous l'égide auguste de Shakespeare, dont la Mégère apprivoisée fournit à l'intrigue le plus clair de son armature.
John Couder est un milliardaire gobeur et vulgaire, type de parvenu ridicule. Il pousse la naïveté jusqu'à accepter comme une grande dame russe une cocote parisienne mal embouchée. Sa manie est d'humilier les gens nés, en s'entourant à prix d'or de jeunes nobles décavés qu'il traite en simples domestiques. C’est ainsi qu'il a à son service, avec les fonctions d'écuyer, un certain baron Jean, lequel se venge de sa situation humiliante en ridiculisant de son mieux le patron. Le baron est, d'autre part, amoureux de la jeune nièce de Couder, Daisy, une petite personne qui brûle de se marier et est très éprise du baron, tout en s'illusionnant sur ses propres sentiments au point de les prendre pour de la simple amitié.
Alice, fille de Couder, est une femme d'une toute autre trempe. Froide, calculatrice. femme d'argent, elle est parvenue à se convaincre qu'il ne peut être question de l'épouser par amour, et que tout prétendant à sa main ne convoitera en réalité que sa fortune. Elle aussi se trompe sur sa véritable nature ; le besoin d'aimer n'est pas moins fort chez elle que chez sa cousine, mais elle s'efforce de lui imposer silence et professe hautement que le jour où il lui plaira, elle s'achètera le mari à sa convenance. lequel n'aura qu'à acquiescer et à se soumettre.
Tom Couder et son fils Dick sont deux fantoches qui vivent aux crochets de leur riche parent. Ce dernier, n'ayant pas renoncé à l'amour en dépit de l'âge venu, a dépêché ces deux parasites en Europe, avec mission de lui ramener comme épouse une grande dame authentique. Au lieu de cela, ils ramènent Olga, une grue de la plus grande vulgarité, avec la complicité de laquelle ils comptent chambrer et rançonner le milliardaire.
La première scène entre Alice et son père n'a pour but que de nous faire connaître ces détails préliminaires et de nous donner un aperçu du caractère des personnages. La scène suivante, entre Couder et le baron Jean, nous montre celui-ci s'évertuant à enseigner à son employeur, de l'argot en guise de beau langage et des gestes ridicules en guise de belles manières.
Puis Daisy paraît, et d'emblée laisse transparaître le goût qu'elle ressent pour l'élégant et spirituel baron. Elle lui expose son petit plan : ayant renoncé à l'amour, qui n'est pas fait pour les milliardaires (c'est, on le voit, le thème de la pièce), elle voudrait trouver un « bon et sincère ami qui puisse vivre avec elle sans lui faire la cour ». Et elle déclare à Jean que c'est à lui qu'elle a pensé. Son idée de derrière la tête, qu'elle ne dévoilera que plus tard, est d'épouser le baron en mariage blanc, de façon à pouvoir, pendant un an, courir le monde avec lui, puis de divorcer et de se quitter bons amis toujours.
Survient un nouveau personnage, Frédy Wehrburg, en qui Jean reconnaît un ancien ami, baron comme lui. Frédy ne veut pas être reconnu et réclame de Jean qu'il respecte son incognito. Il n'est nullement ruiné, mais tient à ce qu'on le croie sans le sou. Et il débarque chez Couder en dompteur, déterminé à mater Alice, à s'en faire aimer et à l'épouser. Il est ingénieur et s'y connaît en matière de mines comme pas un. Par son impertinence il en impose à Couder, et se fait engager comme secrétaire d'Alice. Et aussitôt nous assistons aux premières passes d'armes entre les adversaires. Alice se cabre en rencontrant une volonté qui la brave et un homme qui ne craint pas de lui montrer du mépris ; et, sans s'en douter, elle se prend à aimer Frédy. Bientôt, la jalousie fera le reste.
Arrivent Tom, Dick et Olga. Présentation grotesque à Couder, qui donne dans tous les panneaux avec une inlassable complaisance et s'éprend instantanément de l'échappée des grands bars parisiens. Olga est une vieille connaissance de Frédy, et vient à point pour permettre à ce dernier d'exciter la jalousie d'Alice. L'acte n'est pas terminé que déjà la demi-mondaine fait chez Couder la pluie et le beau temps.
A l'acte suivant, Olga est dans tout l'éclat de sa puissance. Elle introduit dans la maison une sorte de garde du corps, formé de petites femmes — prétexte à ballet et à « girls » — commandée par un personnage équivoque, Meg, qui, pendant cet acte, sert à Olga d'espionne et jouera au troisième un rôle tout différent. Le succès d'Olga est trop complet au goût de Tom et de Dick, qui craignent de se voir évincer de la combinaison. Les deux compères chercheront désormais à faire rater le mariage Couder-Olga, et pour cela ils feront croire à Couder que sa future est une anarchiste déguisée qui a juré la perte de tous les milliardaires de New York.
Entre temps, Daisy dévoile à Jean le petit plan exposé plus haut et l'épouse clandestinement. Tous deux s'éclipseront pendant la fête des fiançailles de Couder, fixée au soir même, et s'embarqueront pour l'Europe.
Les passes d'armes entre Fredy et Alice continuent. C'est Alice, cette fois, qui cherche à éveiller la jalousie de Fredy, mais celui-ci évente le piège. Tous deux s'entêtent à cacher leurs véritables sentiments et à ne pas vouloir faire le premier pas. L'acte se termine donc sur un esclandre. Pendant la fête des fiançailles et après que le plan Tom-Dick a échoué misérablement, laissant Olga plus que jamais maîtresse de la situation, Alice déclare tout à coup qu'elle s'est choisi un époux, et désigne comme l'élu Frédy. Elle le fait de la façon la plus offensante, et lorsqu'il se cabre et refuse, elle insiste en surenchérissant sur la dot. Frédy a beau jeu et se retire sur un geste de désintéressement qu'Alice, il faut l'avouer, s'est évertuée à lui rendre facile.
Entre le deuxième et le troisième acte, un an s'est écoulé. Couder a épousé Olga, qui le gave d'amour au point qu'il demande grâce et n'aspire plus qu'au divorce et au repos qui s'ensuivra. Daisy et Jean ont voyagé, et à les croire ils ont respecté le pacte conclu : chambres séparées, union platonique. En réalité, il n'en est rien : tous deux s'adorent et n'ont pas cessé de se le prouver tout au long du voyage, mais ils ont triché. Jean, simulant, pour exciter la jalousie de sa femme, un goût prononcé pour les femmes de chambre, Daisy a joué incognito, elle le croit du moins, le rôle de soubrette dans tous les hôtels où ils ont passé. Mais Jean n'a jamais été dupe et c'est ainsi que tout s'arrangera le mieux du monde pour le couple au dénouement.
Frédy, lui, a gagné beaucoup d'argent en exploitant, sous un faux nom, de vieilles mines abandonnées. Par des bilans maquillés, il répand néanmoins le bruit de sa faillite et offre de vendre à Couder, afin d'attirer celui-ci et sa fille dans sa résidence de Californie. C'est là qu'au lever du rideau nous voyons réunis Frédy, Jean, Daisy et Meg. Meg joue là un rôle indéfinissable. Elle semble n'avoir d'autre utilité que de débarrasser au dénouement Couder de l'encombrante Olga.
Arrivent Couder, Alice et Olga. On se reconnaît et le duel recommence. Mais les adversaires sont à bout de force. Après quelques feintes encore, ils jettent le masque d'un même geste et tombent aux bras l'un de l'autre. Olga divorcera et rentrera en Europe, dédommagée par une énorme pépite que Frédy vient d'extraire de sa mine. Jean et Daisy se sont réconciliés les premiers, et tout s'achève comme dans une opérette qui se respecte. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
PRINTEMPS (LE)
Divertissement pastoral en un acte, livret de Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, musique de vaudevilles arrangés par Félix-Jean Prot. Création à Marly le 19 mai 1781. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 mai 1781.
PRINTEMPS (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Camille de Roddaz et Montjoyeux, musique d'Alexandre Georges, représenté au Ministère des Travaux publics en 1888, puis à Rouen, sur le théâtre des Arts, le 02 mai 1890, avec Mmes Panseron [Lia], Dupont [Mengli], MM. Gandubert [Lieou], Mondaud [Fang], Fronti [Ou]) => partition
PRIS AU PIÈGE
Opéra bouffe en un acte, livret de Michel Carré fils, d'après le Florentin, comédie de La Fontaine et Champmeslé, musique d’André Gedalge.
Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 07 juin 1895, décor de Rubé, avec Mmes Jeanne Leclerc (Hortense), Zoé Molé-Truffier (Marinette), MM. Carbonne (Timante), Bernaert (Harpagème).
« C'était le début au théâtre de l’auteur, qui avait obtenu le second grand prix de composition musicale à l'Institut en 1886. Pris au piège, dont la partition, inégale et un peu trop touffue, était néanmoins intéressante. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PRISE DE JÉRICHO (LA)
Opéra biblique en trois actes, paroles de Deschamps, Desprès et Morel, musique de divers auteurs et principalement de Mozart, arrangée par Lachnith et Kalkbrenner, représenté à l'Académie impériale de musique le 11 avril 1805 (21 germinal an XIII). Cet ouvrage tint lieu de concert spirituel pendant la semaine sainte. Quoiqu'il soit regrettable d'avoir recours à de tels pastiches, nous devons signaler l'air connu des musiciens par les paroles suivantes : D'une fausse pitié je ne fus point séduite. Cet air est aussi beau que celui de Don Juan : Il mio tesoro.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Encore un pastiche composé sans goût et sans talent. On avait introduit dans cet oratorio des ballets et des marches religieuses que régla Milon. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PRISE DE LA BASTILLE (LA)
Œuvre lyrique (hiérodrame), livret et musique de Marc-Antoine Désaugiers, exécuté dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris, par les acteurs de l'Opéra, suivi d'un Te Deum, le 13 juillet 1790. L'Assemblée nationale était représentée à Notre-Dame par une députation, et c'était sur son ordre que l'ouvrage de Désaugiers, destiné à être exécuté chaque année à la même époque, avait été composé. Le lendemain 14, on célébrait la fête de la fédération, et on chantait au Champ-de-Mars l'hymne de J. Chénier dont Gossec a composé la musique à trois voix égales sans accompagnement. En voici la première strophe :
Dieu du Peuple et des Rois, des cités, des campagnes,
De Luther, de Calvin, des enfants d'Israël ;
Dieu que le Guèbre adore au pied de ses montagnes,
En invoquant l'astre du ciel :
Ici sont rassemblés sous ton regard immense,
De l'empire français les fils et les soutiens,
Célébrant devant toi leur bonheur qui commence,
Égaux à leurs yeux comme aux tiens.
Désaugiers a donné aux divers théâtres de petits opéras fort médiocres. Il a intitulé pompeusement le piteux ouvrage que nous citons : Hiérodrame.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PRISE DE MISSOLONGHI (LA)
Tragédie en cinq actes, musique de Kastner, représentée à Strasbourg en 1829.
PRISE DE PASSAW (LA)
Opéra-comique en deux actes, livret d’Emmanuel Dupaty, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 08 février 1806.
PRISE DE TOULON (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Picard, musique de Dalayrac. Création à Feydeau le 01 février 1794. On voit que l'ancien garde du corps du comte d'Artois a mis plus que de l'empressement à ne pas se laisser oublier.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PRISE DE TOULON PAR LES FRANÇAIS (LA)
Opéra-comique en un acte, livret d’Alexandre Pineu-Duval, musique d’Auguste Lemière de Corvey. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 21 janvier 1794.
PRISE DE TROIE (LA)
Poème lyrique en trois actes et cinq tableaux constituant la première partie des Troyens (voir ce titre pour les créations et représentations intégrales), poème et musique d’Hector Berlioz.
Personnages : Cassandre, prophétesse troyenne (soprano) ; Ascagne, fils d’Enée (soprano) ; Hécube, épouse de Priam (mezzo-soprano) ; Polyxène, fille de Priam (soprano) ; Enée (Aeneas), héros troyen (ténor) ; Chorèbe, fiancé de Cassandre (baryton) ; Panthée, prêtre troyen (basse) ; le fantôme d’Hector (basse) ; Priam, roi de Troie (basse) ; un soldat troyen (baryton) ; un capitaine grec (basse) ; Helenus, fils de Priam (ténor) ; Andromaque, veuve d’Hector (mime) ; Astyanax, son fils (mime) ; des soldats grecs et troyens, des gens de la ville, des femmes et des enfants.
L’action se déroule à Troie.
Créé à l'Opéra de Nice, le 28 janvier 1891 par Mme TYLDA (Cassandre), LAS NIEVES (Ascagne), MM. MANOURY (Chorébe), DUPUIS (Enée), ARMAND (Priam) et LISOTY (Panthée).
Première à la Monnaie de Bruxelles le 26 décembre 1906 avec Mmes Charles-Mazarin (Cassandre), Bastien (Andromaque), Bourgeois (Hécube), De Bolle (Ascagne), Dalbray (Polyxène), la petite Antonia (Astyanax), MM. Swolfs (Enée), Layolle (Chorèbe), François (Panthée), Danlée (l'ombre d'Hector), Dognies (Hélénus), Delaye (Priam et un chef grec), Deboot (un soldat troyen).
Première fois à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 15 novembre 1899. Mise en scène d'Alexandre Lapissida. Décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly (actes I et II), Amable (actes III et IV). Costumes de Charles Bianchini.
Mmes DELNA (Cassandre), FLAHAUT (Andromaque), AGUSSOL (Ascagne), BEAUVAIS (Hécube), MATHIEU (Polyxène), HANAUER (Astyanax).
MM. RENAUD (Chorèbe), Georges LUCAS (Enée), CHAMBON (l'Ombre d'Hector), DELPOUGET (Priam), DOUAILLIER (Panthée), CABILLOT (Hélénus), PATY (un Chef Grec), PELOGA (un Soldat troyen).
Ballet réglé par Joseph HANSEN, dansé par le Corps de Ballet.
Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL
Reprise, dans une version légèrement modifiée, le 12 décembre 1932 (17e représentation) — Décors et costumes de René Piot — Mise en scène de Pierre CHEREAU.
Mme FERRER (Cassandre), LAVAL (Ascagne), RICQUIER (Hécube).
MM. SINGHER (Chorèbe), DE TREVI (Enée), ETCHEVERRY (l'Ombre d'Hector), MOROT (Priam), CLAVERIE (Panthée), CHASTENET (Hélénus), FOREST (un Soldat troyen).
Mlles Y. FRANCK (Andromaque), M. BARDIN (Astyanax).
Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT
Reprise à l’Opéra du 25 novembre 1938 (23e représentation), dans une version à nouveau remaniée, avec les interprètes de 1932, sauf :
Mmes Renée MAHE (Ascagne), Y. GERVAIS (Hécube), J. COURTIN (Andromaque).
MM. Roger RICO (Priam), CHARLES-PAUL (Panthée).
Mlle Zizi JEANMAIRE (Astyanax).
26e à l’Opéra, le 16 décembre 1938, avec les interprètes de la reprise précédente, sauf M. Georges JOUATTE (Enée) et François RÜHLMANN au pupitre
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Cassandre : Mmes HEGLON (1900), M. T. HOLLEY (1933).
Chorèbe : M. Charles CAMBON (1933).
Enée : M. José LUCCIONI (1932).
26 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Cet ouvrage formait la première partie des Troyens à Carthage, dont la seconde partie seule fut représentée au Théâtre-Lyrique, en 1863, sous le titre : les Troyens. Berlioz ne l'entendit jamais, et ce n'est que dix ans après sa mort que le public parisien put connaître la Prise de Troie par la double exécution qui s'en fit simultanément, au mois de décembre de cette année, aux Concerts-Populaires et aux concerts du Châtelet, qui la firent entendre intégralement à plusieurs reprises. On applaudit surtout, dans l'un et l'autre endroit, la grande marche avec chœurs qui ouvre le second acte, un octuor superbe, l’air-pantomime exécuté par l'orchestre et l'admirable Marche troyenne devenue si célèbre. L'ouvrage, malheureusement, n'a pas paru encore sur une de nos scènes lyriques parisiennes. Le public allemand, plus heureux que nous, a pu l'applaudir et l'admirer, car il a été joué dans plusieurs villes de l'autre côté du Rhin. En France, c'est à Nice seulement qu'il a été représenté jusqu'ici. Les personnages mis en scène par Berlioz dans la Prise de Troie sont Cassandre, Coribe, Énée, Hector, Priam et Astyanax. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
« Personnages : CASSANDRE (soprano dramatique) — ASCAGNE (soprano) — HÉCUBE (mezzo-soprano) — POLYXÈNE (soprano) — ÉNÉE (ténor lyrique ou fort ténor) — HUIT PETITS ROLES ET 2 personnages muets — CHŒUR.
Le 1er acte est dominé par le récit et l'air de Cassandre, dans lesquels la prophétesse, en proie à de funestes pressentiments, prédit la catastrophe dont Troie est menacée.
Le 2e acte se déroule sous les murs de Troie. Une marche accompagne l'entrée du légendaire cheval de bois dans la cité de Priam. Cassandre vaticine et tente vainement de mettre en garde ses concitoyens, dans la certitude qu'elle a d'une catastrophe prochaine.
Au 3e acte, l'action se transporte au temple de Vesta où les femmes troyennes sont réunies en prière. Cassandre vient leur apprendre qu'Énée, au prix d'un ultime combat, a réussi à sauver une poignée d'hommes, ainsi que le trésor royal. Cassandre prophétise l'exode d'Énée et des Troyens survivants en Italie, puis elle tombe morte au pied de l'autel. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
PRISON D'ÉDIMBOURG (LA)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Eugène de Planard, musique de Michele Enrico Carafa. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 20 juillet 1833, avec Mmes Ponchard (Sarah), Clara Margueron (Effie), Elisa Massy [Hébert-Massy] (Jenny), MM. Alphonse Révial (George), Henri (le duc d'Argyle), Génot (Patrice), Achille Robert Hébert (Tom), Victor (Gilby), Belnie (Altrec). => livret
« Les livrets d'opéras qu'on a taillés dans l'ample étoffe des romans de Walter Scott ont eu peu de succès. Assurément on ne doit s'en prendre qu'à l'impéritie des littérateurs dramatiques. Quoi de plus émouvant que la belle conception de la Prison du comté d'Edimbourg, de mieux dessinés que les caractères des principaux personnages. Sans doute il existe une grande différence entre les conditions d'un drame et celles du roman le plus dramatique. Il me semble cependant que lorsque ce dernier est bien conçu et qu'il offre des situations à la fois poétiques et originales, terribles et tendres, le plus fort est fait ; et que le librettiste n'a plus besoin que de faire preuve d'une entente suffisante de la scène pour en tirer un grand parti. Cette habileté ne manquait ni à Scribe ni à Planard ; et cependant ils ont échoué cette fois et ont entraîné dans leur chute le malheureux compositeur. Nous disons malheureux, car M. Carafa a toujours été victime du défaut d'inspiration de ses collaborateurs. Son opéra de Masaniello, son chef-d’œuvre, n'est pas même resté au répertoire. La partition de la Prison d'Edimbourg renferme de grandes beautés. Indépendamment d'une facture facile et d'une instrumentation brillante et colorée, on y trouve de la sensibilité et des mélodies charmantes. Les rôles d'Effie et de sa sœur Jenny Deans, celui de la folle Sara, sont traités avec un talent magistral. Nous rappellerons le beau finale du deuxième acte et le chœur qui commence le troisième acte dans la prison d'Edimbourg. Le duo de soprani, si gracieusement écrit pour les voix, rappelle la mélodie célèbre de Tancredi : Di tanti palpiti. Il y a là une ressemblance qui m'a frappé. On sait que Carafa a été le collaborateur de Rossini dans plusieurs de ses opéras italiens ; mais on ne sait pas jusqu'où s'est étendue cette collaboration. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PRISONNIER (LE)
[il Prigioniero]
Opéra italien en un acte et un prologue, livret et musique de Luigi Dallapiccola d'après la Torture par l'espérance de Villiers de L'Isle-Adam et la Légende d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak de Charles De Coster, représenté à Florence le 20 mai 1950. Première à l'Opéra de Paris (Palais Garnier) le 21 avril 1968, version française de Jean-Marie Martin, mise en scène de Raymond Gérome, décors et costumes de Roger Bernard, chorégraphie de Roland Duflot, avec Mme Berthe Monmart (la Mère), MM. Jean Giraudeau, Xavier Depraz (le Prisonnier), Daniel Franck (l'Ombre du Prisonnier), Louis Rialland, Raymond Steffner, Lucien Duthoit (danse), sous la direction de Manuel Rosenthal.
PRISONNIER (LE) ou LA RESSEMBLANCE
Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Pineu-Duval, musique de Domenico Della Maria. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 29 janvier 1798. Le livret n'offre que des situations dont l'invraisemblance ne dissimule pas la banalité. Le succès néanmoins fut immense et populaire. Duval affirme, dans une notice sur son collaborateur, que celui-ci n'employa que huit jours à composer la musique du poème qu'il lui avait confié. Les motifs, sans être bien saillants, ne manquent pas d'un certain tour mélodique assez original, ce qui explique la vogue qu'ils ont obtenue. Nous citerons particulièrement la romance du prisonnier : Il faut des époux assortis dans les liens du mariage, qui pendant un demi-siècle a été un des timbres les plus souvent employés dans les vaudevilles. Citons encore le duo de la ressemblance. Les couplets : Lorsque dans une tour obscure, qui se terminent par ce refrain : La pitié n'est pas de l'amour ; et enfin le rondeau : Oh ! c'en est fait, je me marie. Cet opéra-comique a dû aussi son succès à ses interprètes : Elleviou, Mmes Saint-Aubin et Dugazon, comme aussi un intérêt posthume à la mort prématurée de Della-Maria.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PRISONNIER ANGLAIS (LE)
Comédie mêlée d’ariettes en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 décembre 1787. Remanié sous le titre de Clarice et Belton ou le Prisonnier anglais (voir ce titre).
PRISONNIER D'ÉTAT (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville, musique d’Alexandre Batton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 06 février 1828.
PRISONNIER FRANÇAIS (LE) ou LE BIENFAIT RÉCOMPENSÉ
Opéra-comique en un acte et en vers, paroles anonymes, musique de Porta, représenté au théâtre des Amis-des-Arts (théâtre Molière) le 2 octobre 1798.
PRISONNIÈRE (LA)
Comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, paroles de Jouy, de Longchamps et Saint-Just, musique de Cherubini et Boieldieu, représentée au théâtre Montansier en 1799. Malgré l'assemblage de ces noms célèbres, cette pièce n'eut aucun succès.
PRISONNIERS FRANÇAIS EN ANGLETERRE (LES)
Opéra, musique de Charles Foignet, représenté à Paris en 1798.
PRIX DE FAMILLE (LE)
Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Méry, musique de Victor Massé, gravé dans le Magasin des demoiselles en 1855.
PRIX DE L'ARC (LE)
Opéra-comique en un acte, musique de Saint-Amans, représenté au théâtre de la Cour de France en 1785.
PRIX DE LA VALEUR (LE)
Opéra-ballet en un acte, livret de Joliveau, musique de Dauvergne, représenté par l'Académie royale de musique le 01 octobre 1771, avec plusieurs autres actes de ballet ou d'opéra sous le titre de Fragments.
« Cet acte fut renforcé de deux fragments : l'Air, acte des Éléments (29 mai 1725), et la Sibylle, des Fêtes d'Euterpe (8 août 1758).
Berton et Trial s'étaient démis de leurs fonctions d'entrepreneurs de l'Académie de musique à la fin de l'année 1769, et la ville de Paris avait repris la régie de ce théâtre dispendieux. Elle nomma pour l'administrer Berton, Trial, Dauvergne et Joliveau ; voilà pourquoi l'on rencontre si souvent les noms de ces quatre auteurs dans la liste des opéras représentés. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PRIX DES ARTS (LE) ou LA FÊTE FLAMANDE
Opéra en un acte, musique de Lanctin, dit Duquesnoy, représenté à Bruxelles le 20 juin 1791.
PROCÈS (LE)
Opéra-comique en un acte, livret d’Henri Pineu-Duval, musique d’A. d’Estourmel. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 juin 1815.
PROCÈS (LE)
Opérette en un acte, livret d'Elisa Adam-Boisgontier, musique d'Albert Grisar, publiée dans le Journal des Demoiselles du 01 juillet 1867 et non représentée.
PROCÈS (LE) ou LA PLAIDEUSE — Voir la Plaideuse.
PROCÈS-VERBAL
Opérette en un acte, paroles de MM. Beinier et Sémiane, musique de M. Cieutat, représentée au concert de la Scala le 18 mars 1893.
PROCUREUR DUPÉ (LE)
Opéra-comique, musique de Jean-Philippe Rameau ; non représenté.
PROFESSEUR DE BASSON (LE)
Opérette en un acte, musique de M. Lacoustène, représentée aux Bouffes-Parisiens le 13 mars
1888.
PROFESSEUR DE TYROLIENNE (LE)
Opérette en un acte, musique de Francis Chassaigne, représentée dans un café-concert en 1874.
PROJET DE FORTUNE (LE)
Opéra-bouffon en un acte, paroles de Dumaniant, musique de Foignet, représenté au théâtre de la Cité (Variétés) en 1794.
PROJET DE PIÈCE (LE) ou LES DEUX MOUSQUETAIRES
Opéra-comique en un acte, livret de Mély-Janin, musique de Felice Blangini. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 novembre 1825 (spectacle gratis).
« Trois jeunes gens, fils d'un maire, cherchent un sujet de pièce pour célébrer la Saint-Charles, et ils le trouvent dans les divers personnages qui s'offrent à leur vue. Au dénouement l'auteur a mis en action un des derniers et des plus jolis tableaux de M. Horace Vernet, l'Intérieur d'un atelier de peinture. Succès. »
[Almanach des spectacles, 1826]
PROJET EXTRAVAGANT (LE)
Comédie en en deux actes, mêlée d'ariettes, paroles de ***, musique de Fay, représentée au théâtre Louvois en 1792. Il faut bien dire, en deux mots, quel est ce projet extravagant. Géronte veut épouser une jeune veuve nommée Lucile, sous le nom d'un autre, et tombe dans le piège en signant comme témoin le mariage de Lucile avec son neveu.
PROJETS DE SAGESSE (LES)
Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville, musique de Louis Maresse et Mélesville, représenté au Gymnase-Dramatique le 20 février 1821.
PROMENADE DANS UN SALON
Opérette à deux personnages, paroles de M. I. Ruelle, musique de M. Mutel, jouée dans les salons de Pleyel-Wolff et d'Erard, par M. et Mme Archainbaud, en février 1864.
PROMESSE DE MARIAGE (LA) ou LE RETOUR AU HAMEAU
Opéra-comique en un acte, livret de Michel Dieulafoy et N. Gersin, musique d’Angelo Benincori. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 mai 1818, avec Marie Julie Boulanger (Lucie).
« Deux titres pour une telle pièce, n'est-ce pas afficher de dangereuses prétentions ? Didier, né et élevé au village, est sur le point d'épouser Lucie, fille de la fermière Marguerite. Le partage d'une succession l'appelle à Paris ; mais il veut, avant de s'éloigner, rassurer sa maîtresse. Il lui laisse une promesse de mariage ; voilà pour le premier titre de l'ouvrage. Il s'est lié à Paris avec un petit maître qui s'est emparé de lui, et veut lui faire épouser sa sœur, dont il est fort embarrassé. Il faut retirer la promesse de mariage donnée à la paysanne Lucie ; voilà pour le second titre. Didier confirme lui-même à Lucie le motif de son retour ; c'est devant le village assemblé qu'elle remet à son infidèle l'écrit demandé. Didier, touché d'une telle générosité, tombe aux pieds de Lucie et obtient son pardon et sa main. Intrigue faible, cousue. La pièce n'a obtenu qu'un médiocre succès. » [Almanach des spectacles, 1819]
PROMESSES DE MARIAGE (LES) ou LA SUITE DE L'ÉPREUVE VILLAGEOISE
Opéra bouffon en deux actes et en vers, livret de Pierre-Jean-Baptiste Desforges, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 04 juillet 1787. => partition
« Cette pièce fait suite à l'Epreuve villageoise ; la Dame invisible ou l'Amant à l'épreuve, que ce compositeur fit représenter la même année, fit promptement oublier cet ouvrage assez faible d'ailleurs. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PROMÉTHÉE
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Jean Lorrain et André-Ferdinand Herold, musique de Gabriel Fauré. => partition
En 1917, Roger-Ducasse la réduisit à des proportions plus adaptées à un théâtre normal.
Créée aux Arènes de Béziers le 26 août 1900.
Première fois à Paris, le 12 décembre 1907, à l'Ancien Hippodrome, puis le 15 décembre 1907 au Palais Garnier, avec le concours des musiques de la Garde Républicaine (chef : Parès), du 1er Régiment du Génie (chef : Verbreggue) et du 89e Régiment d'Infanterie (chef : Girona). Décors de Jambon et Bailly, costumes de Betout. Mise en scène de Dherbilly.
|
Arènes de Béziers 26-08-1900 Création |
Palais Garnier 15-12-1907 1re |
Palais Garnier 17-05-1917 2e |
Pandore |
LAPARCERIE |
B. BADY |
COLONNA |
Hermès |
DE FEHL |
NORMA |
Y. DUCLOS |
Prométhée |
DE MAX |
DE MAX |
A. LAMBERT fils |
Rôles chantés : |
|
|
|
Bia |
FIERENS |
Rose FÉART |
DEMOUGEOT |
Gaia |
FELDY |
PAQUOT D’ASSY |
LAPEYRETTE |
Oenoé |
X |
LAUTE-BRUN |
Y. GALL |
Kratos |
DUC |
DUBOIS |
SULLIVAN |
Héphristos |
VALLIER |
D’ASSY |
A. GRESSE |
Andros |
ROUSSELIERE |
NUIBO |
LAFFITTE |
Chef d’orchestre |
G. FAURÉ |
G. FAURÉ |
CHEVILLARD |
4 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.
« Cet ouvrage avait été conçu précisément en vue des Arènes de Béziers, pour être joué en plein air et donner l'impression des grands spectacles antiques. Les rôles parlés étaient joués par M. de Max (Prométhée), Mlles Cora Laparcerie (Pandore) et Odette de Fehl (Hermès), de l'Odéon. Les rôles chantés étaient tenus par MM. Fonteix (Krastos), Vallier (Hephaïtos), Rousselière (Andros), Mmes Fierens-Peters (Bia), Rosa Feldy (Gaia) et Torrès (Ænoë). Le corps musical (450 instrumentistes) comprenait trois orchestres d'harmonie, un orchestre à cordes, 30 trompettes et 18 harpes, 200 exécutants formaient les chœurs. Enfin, le ballet comptait 50 danseuses. Les décors, immenses, étaient peints par M. Jambon. L'ensemble constituait une manifestation artistique exceptionnelle et grandiose, qui n'allait pas, on le conçoit, sans des dépenses considérables. Celles-ci ne s'élevèrent pas, en effet, à moins de 120,000 francs pour deux représentations, dont la première seule, d'ailleurs, produisit une somme de 75,000 francs. Le succès fut éclatant pour les poètes et pour leur interprètes. On parut moins satisfait de la musique, au sujet de laquelle un critique s'exprimait ainsi : « La partition de Prométhée a été écrite très consciencieusement par un maître auquel aucun secret de la grande symphonie n'est étranger, mais la plupart des spectateurs ont peu goûté cette musique savante, qui paraît ne pas convenir au théâtre de plein air. On lui reproche, en général, de manquer de relief. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]
PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ
Scène imitée d'Eschyle, par Léon Halévy, musique de Fromental Halévy, exécutée par la Société des concerts du Conservatoire le 18 mars 1849. Cette traduction d'une des œuvres du grand poète grec fait partie de l'ouvrage si distingué publié par M. Léon Halévy sous ce titre : la Grèce tragique. La Force, Prométhée, Vulcain et le chœur des Océanides sont les personnages de cette œuvre lyrique. Nous nous bornerons à en citer le passage suivant :
PROMÉTHÉE.
Tout martyr d'une foi nouvelle
A son vautour et son rocher,
Jusqu'au jour où Dieu le rappelle
Et fait un trône du bûcher.
De l'équité le jour s'avance ;
Le géant tombé renaîtra ;
Et quand viendra la délivrance,
D'un cri d'amour et d'espérance,
Le monde entier le saluera !
C'est dans cet ouvrage que le compositeur a essayé d'introduire dans notre musique les effets supposés du genre enharmonique des Grecs, auquel M. Vincent, par d'estimables travaux, cherchait à, convertir les musiciens. La tentative hardie d'Halévy échoua, non pas précisément qu'il soit impossible d'introduire des quarts de ton dans notre système diatonique, pourvu qu'on les emploie mélodiquement et comme une altération chromatique, mais parce qu'Halévy avait employé des instruments à cordes pour exécuter ces intervalles subtils qui ne peuvent être rendus avec précision qu'au moyen d'instruments à clavier.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ
Poème symphonique pour voix seules, chœur et orchestre, paroles de Camille du Locle, musique de Lucien Lambert, exécuté au Conservatoire le 19 avril 1885. Cet ouvrage avait été couronné ex aequo avec celui de Georges Mathias au premier concours Rossini.
PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ
Poème symphonique pour voix seules, chœur et orchestre, paroles de Camille du Locle, musique de Georges Mathias, exécuté au Conservatoire le 19 avril 1885. Cet ouvrage avait été couronné ex aequo avec celui de Lucien Lambert au premier concours Rossini.
PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ
Opéra en trois actes, livret de Maurice Emmanuel, d'après Eschyle, musique de Maurice Emmanuel (op. 16 ; 1916-1918), représenté au Théâtre des Champs-Elysées le 23 novembre 1959 avec Mmes Geneviève Moizan (Io), Mandalene Lierman (1re Océanide), Micheline Grancher (2e Océanide), Simone Codinas (3e Océanide), MM. Jean Mollien (Prométhée), Yvon Le Marc'Hadour (Hermès), Chœurs et Orchestre de la RTF dir Eugène Bigot.
PROMISE (LA)
Opéra-comique en trois actes, histoire provençale, livret d'Adolphe de Leuven et Brunswick, musique de Louis Clapisson, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 16 mars 1854, avec MM. François Marcel Junca (Giroman), Charles Alexandre Colson, Pierre Laurent (Petit Pierre), Auguste Legrand, Mmes Marie Cabel (Marie), Caroline Girard.
La scène en Provence, au temps du Premier Empire. C’était la deuxième création de Mme Cabel au Théâtre-Lyrique.
Représentations au Théâtre-Lyrique : 57 en 1854, 3 en 1855.
« La donnée de la pièce est assez amusante, quoiqu'un peu trop naïve. Un vieux marin, par un sentiment exagéré de reconnaissance envers un capitaine de vaisseau, M. Giromont, qui a atteint la cinquantaine, lui a promis en mourant la main de sa fille. Mais Marie aime un jeune marin, Petit-Pierre, qui l'aime aussi. Au moment de conclure l'hyménée, un navire anglais est signalé au large, et Giromont court à son poste, confiant la garde de sa promise, à qui ? à Petit-Pierre lui-même. Marie profite de cette circonstance pour manœuvrer de telle sorte, qu'à son retour le vieux capitaine n'a plus qu'à filer son nœud. Sit venia verbo. La musique est jolie, mais sans beaucoup de caractère. Il y a dans le premier acte deux phrases chantées successivement, puis un duo, qui sont une vraie trouvaille musicale. Les couplets de la veste de velours, chantés par Théodore, sont aussi fort bien tournés. Le trio : Moi ! vous aimer ! non pas ! est terminé par un joli ensemble syllabique. Mme Cabel a créé le rôle principal avec un grand succès. Elle s'est tirée avec éclat des vocalises les plus difficiles. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PROMISE D'UN AUTRE (LA)
Opéra-comique en un acte et deux tableaux, livret de M. Dufresne, musique de Ch. de Courcelles, représenté à l'Opéra-National-Lyrique le 28 mai 1877. Cet ouvrage offre plusieurs morceaux agréables. Chanté par Soto, Caisso et Mme Caroline Girard.
PROPHÈTE (LE)
Opéra en cinq actes, d’Eugène Scribe, musique de Giacomo Meyerbeer.
Personnages : Jean de Leyde (ténor) ; Fides, sa mère (mezzo-soprano) ; Bertha, sa fiancée (soprano) ; Jonas, Matthisen et Zacharias, Anabaptistes (ténor, basses) ; le comte Oberthal (baryton) ; des nobles, des bourgeois, des Anabaptistes, des paysans, des soldats, des prisonniers et des enfants.
L’action se déroule à Dordrecht, en Hollande, et à Münster, en 1534-1535, au temps de la révolte des Anabaptistes.
Création au Théâtre de l'Opéra [Opéra-Théâtre de la Nation] (salle Le Peletier) le 16 avril 1849. Divertissements d'Auguste Mabille. Décors de Charles Cambon et Joseph Thierry (actes I et IV), Charles Séchan (actes II et V), Edouard Desplechin (acte III). Costumes de Paul Lormier.
Mmes Pauline VIARDOT (Fidès), Jeanne-Anaïs CASTELLAN (Bertha), PONCHARD, COURTOT (2 Néophytes), Marie BENGRAF, PRINTEMPS, VAILLANT (3 Paysannes).
MM. Gustave ROGER (Jean de Leyde), LEVASSEUR (Zacharie), BREMOND (Oberthal), EUZET (Mathisen), Louis GUEYMARD (Jonas), PAULIN (un Soldat), Ferdinand PREVÔT (1er Paysan), KŒNIG (2e Paysan), MOLINIER (le Hérault), GENIBREL (le Sergent d'Armes), GUIGNOT (un Officier), DUCELIER, HENS (Deux Bourgeois), QUERIAU, ADICE LENFANT (3 Seigneurs), CORNET (1 Pâtre).
Ballets : Mlles PLUNKETT, ROBERT, MM. PETIPA, THEODORE.
Chef d'orchestre : Narcisse GIRARD
N. B. — Le soir de cette création, Léo Delibes figurait un Enfant de Chœur.
La 100e à l’Opéra eut lieu le 30 juillet 1851.
Mmes Elisa MASSON (Fidès) POINSOT (Bertha).
MM. CHAPUIS (Jean), LEVASSEUR (Zacharie), BREMOND (Oberthal), GUIGNOT (Mathisen), KOENIG (Jonas).
Chef d'orchestre : Narcisse GIRARD
Représenté à l'Opéra le 06 septembre 1854 avec Mmes POINSOT (Bertha), SANNIER (Fidès), Barbe Eléonore DUCLOS, PRINTEMPS et SAVEL (3 néophytes), LAURENT, ALINE et PIERRON (3 paysannes), MM. Jean DEPASSIO (Zacharie), Gustave ROGER (Jean), Théodore COULON (Oberthal), GUIGNOT (Mathisen), KŒNIG (Jonas), F. PRÉVOST et ROBERT (2 paysans), GOYON (sergent d'armes), CHAZOTTE (l'officier), LUCIEN (un soldat), HANO (le légat), NOIR (le hérault), DONZEL (garçon d'auberge), DONZEL, HENS et CANAPLE (seigneurs).
Danse au 3e acte : PETIPA, Mme ROBERT ; MERANTE, Mme CAROLINE.
300e le 15 janvier 1872.
Première au Palais Garnier le 16 août 1876 (322e représentation). Mise en scène d'Adolphe Mayer. Décors de Jean-Louis Cheret (1er et 2e actes), Jean-Baptiste Lavastre (3e acte), Antoine Lavastre et Eugène Carpezat (4e acte), Auguste Rubé et Philippe Chaperon (5e acte). Costumes d'Alfred Albert.
Chorégraphies réglées par Louis MERANTE, dansées par le Corps de Ballet et : « Rédowa » : Mlle RIGHETTI, M. REMOND. « Les Patineurs » : Mlle BUISSERET, M. AJAS. « La Frileuse » : Mlle Zina MERANTE, M. VASQUEZ.
Principales représentations au Palais Garnier :
|
16.08.1876 322e |
18.07.1881 400e |
23.05.1887 423e |
12.09.1892 465e |
Fidès |
Rosine BLOCH |
A. RICHARD |
A. RICHARD |
DESCHAMPS-JEHIN |
Bertha |
FURSCH-MADIER |
PLOUX |
DUFRANE |
BOSMAN |
|
|
|
|
|
Jean |
VILLARET |
SELLIER |
DE RESZKE |
DUC |
Zacharie |
MENU |
Alfred GIRAUDET |
DUBULLE |
L. GRESSE |
Oberthal |
Eugène BATAILLE |
Eugène LORRAIN |
PLANÇON |
PLANÇON |
Mathisen |
GASPARD |
GASPARD |
BALLEROY |
BALLARD |
Jonas |
LAURENT |
LAURENT |
TEQUI |
AFFRE |
Chef d’orchestre |
DELDEVEZ |
ALTES |
DE MONTJAU |
COLONNE |
Reprise du 05 octobre 1903 : mise en scène d'Alexandre Lapissida, les décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly (1er acte), Philippe Chaperon et Emile Chaperon fils (2e et 5e actes), Auguste Rubé et Marcel Moisson (3e acte), Eugène Carpezat (4e acte). Costumes de Charles Bianchini.
|
09.05.1898 472e |
10.02.1899 500e |
05.10.1903 536e |
08.02.1905*
|
26.02.1912 570e |
02.03.1912**
|
Fidès |
DELNA |
DELNA |
HEGLON |
FLAHAUT |
LAPEYRETTE |
LAPEYRETTE |
Bertha |
BOSMAN |
GRANDJEAN |
R. FEART |
DEMOUGEOT |
M. COMES |
M. COMES |
|
|
|
|
|
|
|
Jean |
ALVAREZ |
FEODOROFF |
ALVAREZ |
ALVAREZ |
FRANZ |
FRANZ |
Zacharie |
L. GRESSE |
L. GRESSE |
CHAMBON |
CHAMBON |
JOURNET |
JOURNET |
Oberthal |
FOURNETS |
FOURNETS |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
A. GRESSE |
CERDAN |
Mathisen |
BARTET |
DOUAILLIER |
DOUAILLIER |
DOUAILLIER |
ROSELLY |
ROSELLY |
Jonas |
CABILLOT |
CABILLOT |
CABILLOT |
CABILLOT |
NANSEN |
NANSEN |
Chef d’orchestre |
TAFFANEL |
TAFFANEL |
MANGIN |
|
P. VIDAL |
P. VIDAL |
* Autres chanteurs : Mmes MATHIEU, VINCENT.
MM. GALLOIS, BAUDIN, GONGUET, STAMLER, CANCELIER, DENOYÉ, RAGNEAU.
Danse (3e acte) : Mlles LOBSTEIN, VIOLLAT. MM. STAATS, RÉGNIER.
Mlles Beauvais, G. Couat, Barbier, Meunier, Billon, Klein, Rouvier, Urban, Coudaire. MM. Girodier, Ch. Javon, Ferouelle, Domingie, Cuvelier.
* Autres chanteurs : Mmes GAULEY-TEXIER, MARIE-HUBERT, NOTICK, COSSET, AUDAN, DUMAS.
MM. GONGUET, VARELLY, REVOL, TRIADOU, Michel EZANNO, CHAPPELON, REY.
Danse (3e acte) : Mlles G. COUAT, URBAN. MM. A. AVELINE, CLÉRET.
Mlles H. Laugier, Schwarz, J. Laugier, M. Lequien, B. Marie, Guillemin, Dockès, Even, Milhet. MM. Milhet, Even, Ch. Javon, Férouelle, Cuvelier.
573e à l’Opéra, le 29 mars 1912, avec les interprètes de la reprise.
Abandonné par l'Opéra, LE PROPHÈTE fut repris pour la dernière fois à Paris en février 1918 au Théâtre Lyrique de la Gaîté avec Mmes MONTAZEL (Fidès), LAUTE-BRUN (Bertha), MM. CAZENAVE (Jean), A. RUSERTY (Zaccharie), Max MARRIO (Oberthal), DELVAL (Mathisen), L. MARIE (Jonas), sous la direction de Gabriel BERGALONNE.
Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :
Fidès : Mmes ALBONI (1850), TEDESCO (1851), Palmyre WERTHEIMBER (1854), SAUNIER (1854), Rosine STOLTZ (1855), Adelaide BORGHI-MANO (1856), ARTOT (1858), CSILLAG (1859), Pauline GUEYMARD-LAUTERS (1866), LEAVINGTON (1873), Andréa BARBOT (1877), FIGUET (1884), R. VIDAL (1889), FLAHAUT (1899), B. SOYER (1901), PASSAMA (1906), PAQUOT d'ASSY (1907).
Bertha : Mmes JULIENNE (1850), Marie HÉBERT-MASSY (1850), Marie DUSSY (1852), MENDEZ (1857), Caroline BARBOT (1858), HAMAKERS (1859), Amélie REY (1860), MAUDUIT (1866), Antoinette ARNAUD (1872), BAUX (1876), Léontine MENDÈS (1879), JANVIER (1883), VAUTIER (1884), BRONVILLE (1888), Nina PACK (1890), CARRERE (1892), DEMOUGEOT (1905), MASTIO (1908).
Jean de Leyde : MM. Louis GUEYMARD (1850), SYLVA (1872), VERGNET (1878), SALOMON (1879), LUCAS (1899).
Zacharie : MM. GENIBREL (1850), DERIVIS (1851), DEPASSIO (1851), Louis-Henri OBIN (1852), COULON (1854), BELVAL (1857), CAZAUX (1859), DAVID (1870), PONSARD (1871), BERARDI (1876), NIVETTE (1903), PATY (1908).
Oberthal : MM. MERLY (1852), BORCHARDT (1862), CASTELMARY (1866), Eugène CARON (1871), AUGUEZ (1877), DELPOUGET (1899), LEQUIEN (1908), CERDAN (1912).
573 représentations à l’Opéra dont 252 au Palais Garnier au 31.12.1961.
« Cet ouvrage est le troisième que le célèbre compositeur ait fait représenter sur le théâtre de notre Académie de musique. Il doit être considéré aussi comme le troisième dans la série de ses chefs-d'œuvre. Ce n'est pas qu'on y remarque aucune trace d'affaiblissement, aucun symptôme d'épuisement des qualités supérieures qui ont signalé l'homme de génie ; au contraire, il y a dans l'opéra du Prophète des effets entièrement nouveaux, des idées originales, une inspiration élevée et soutenue, une instrumentation dont la sûreté d'effet tient du prodige ; l'application des timbres des instruments et des dessins mélodiques de l'accompagnement à la peinture des sentiments humains, montre que l'auteur était dans toute la plénitude de ses hautes facultés. Cependant Robert le Diable et les Huguenots ont incontestablement le pas sur le Prophète. Un passage fort judicieux de M. Fétis donnera l'explication de cette différence : « Il est remarquable, dit-il, que Robert, les Huguenots et le Prophète ont pour principe des idées mystiques. Dans le premier de ces ouvrages, tout l'intérêt consiste dans la lutte du génie du bien et de celui du mal, pour la possession d'une âme faible et passionnée. Dans les Huguenots, c'est l'amour le plus exalté aux prises avec le sentiment du devoir et la foi religieuse ; dans le Prophète, c'est l'anéantissement des sentiments humains par le fanatisme. Ce simple rapprochement suffit pour démontrer que les conditions dans lesquelles le compositeur s'est trouvé pour ce dernier opéra étaient infiniment moins favorables que celles des deux autres ; car les oppositions de sentiments et d'effets étaient les conséquences nécessaires de l'antagonisme des deux génies dans le sujet de Robert le Diable ; et l'amour, cette source inépuisable, éternelle d'émotions de tout genre, fournissait dans les Huguenots d'admirables éléments de contraste avec les passions de sectes religieuses ; tandis que le fanatisme brutal et cruel qu'enfante un mysticisme sensuel prive d'intérêt quelques uns des personnages du Prophète. Les angoisses maternelles qui viennent, aux derniers actes de l'ouvrage, faire diversion aux violences dont les premiers sont remplis, sont la seule source d'émotion où le compositeur ait pu puiser pour les inspirations de son génie. Pour triompher des difficultés d'un tel sujet, il ne fallait pas moins que la puissance d'un talent de premier ordre. »
On ne saurait donc reprocher au compositeur le caractère sombre et un peu uniforme de sa partition. Si la grâce, la tendresse y font défaut, c'est au sujet du livret qu'il faut s'en prendre. Avant de donner une rapide analyse de la pièce, nous signalerons une fois de plus les licences que Scribe a prises avec l'histoire. Tout le monde sait que Jean de Leyde était un tailleur : de son plein gré, le parolier en fait un cabaretier.
Au premier acte, Fidès, mère de Jean de Leyde, vient chercher Bertha, jeune fille des environs de Dordrecht, fiancée à son fils. Le seigneur, comte d'Oberthal, dont elle est la vassale, s'oppose à ce mariage et retient prisonnières en son château Fidès et Bertha. Trois anabaptistes profitent de ce rapt pour soulever les populations contre le comte. Au second acte, Jean raconte aux anabaptistes des visions qui lui annoncent qu'il sera roi. Ces fanatiques voient en lui l'homme qui convient à leurs desseins, et l'engagent à les suivre. Sur ces entrefaites, Bertha accourt, poursuivie par les soldats du comte ; Jean la dérobe à leurs regards; mais ceux-ci, furieux de se voir enlever leur proie, se saisissent de la mère de Jean et vont la frapper. A cette vue, Jean leur livre sa fiancée pour sauver les jours de sa mère; mais il n'hésite plus et s'éloigne de sa chaumière avec les anabaptistes. L'action se passe au troisième acte dans le camp des anabaptistes, en Westphalie. Jean a vaincu les troupes envoyées contre lui ; les horreurs de la guerre civile l'invitent à se dérober à la mission qu'il s'est donnée, lorsque le comte d'Oberthal, devenu son prisonnier, lui apprend que Bertha s'est précipitée dans le fleuve pour lui échapper, et qu'elle s'est réfugiée à Munster. Jean décide qu'il en fera le siège. Au quatrième acte, Fidès, qui croit que son fils n'existe plus, a quitté sa chaumière et se trouve à Munster, où elle traîne des jours misérables en tendant la main. Elle y retrouve Bertha, déguisée en pèlerin. Informée de la mort de Jean, celle-ci prend la résolution de poignarder le prophète, auteur de tant de maux. Un second tableau montre l'intérieur de la cathédrale. Jean, environné de toute la pompe impériale, est revêtu des insignes de la puissance suprême et reçoit les hommages que la foule croit rendre à un envoyé de Dieu, lorsque la voix de sa mère se fait entendre ; elle a reconnu son fils. Le faux prophète va être démasqué. Le peuple hésite entre son idole et la pauvre femme. Jean méconnaît sa mère. Celle-ci a le courage de dire qu'elle s'est méprise, que Jean n'est pas son fils.
Le dernier acte est le plus riche en effets dramatiques, mais en même temps le plus faux au point de vue historique, puisque Jean de Leyde fut jugé et condamné à mort. Scribe a préféré le faire périr volontairement, en Sardanapale. Fidès a été conduite dans un souterrain du palais par ordre de son fils. Jean vient l'y trouver, se jette à ses pieds, implore son pardon et est sur le point de se sauver avec elle. Bertha paraît une torche à la main. Elle va mettre le feu à une sorte de mine qui doit faire sauter le palais. Mais, à la vue de Fidès et de son fiancé, elle va partager leur fuite, lorsqu'un officier accourt pour annoncer à Jean que ses ennemis ont pénétré dans son palais. Bertha, à ces mots, reconnaît dans celui qu'elle aimait le prophète lui-même ; elle le maudit et se tue de désespoir. Dans un dernier tableau, on voit le prophète au milieu d'une scène d'orgie. Il laisse ses ennemis l'entourer, et, après avoir fait fermer les grilles du palais, il le fait sauter et s'ensevelit ave, eux sous les ruines. Il a fallu l'effort titanique du génie de Meyerbeer pour préserver sa partition du sort de Jean de Leyde. Ajoutons que, dans cet ouvrage en cinq actes, aucun personnage n'est intéressant, à l'exception d'une pauvre vieille mendiante qui ne peut que gémir et se plaindre. La magnificence du spectacle a compensé la pauvreté de conception du poème. La scène des patineurs sur un lac glacé, au troisième acte, et l'intérieur de la cathédrale de Munster ont émerveillé les spectateurs. Le rôle du prophète a été le début de Roger sur notre première scène lyrique, et il l'a créé avec une intelligence remarquable. Ce rôle a été, pour cet artiste distingué, une source d'ovations nombreuses, mais aussi une cause de fatigue excessive qui a abrégé la carrière du chanteur. Mme Pauline Viardot a chanté le rôle de Fidès avec un art et un sentiment dramatique excellents. Mme Castellan débutait dans celui de Bertha. Les anabaptistes ont été représentés par Levasseur, Euzet et Gueymard, qui depuis a remplacé, bien imparfaitement Roger dans le rôle de Jean. Les autres rôles ont été tenus par Brémond, Ferdinand Prévôt, Paulin, Guignot, Molinier, Génibrel, et Mmes Ponchard et Courtot.
La partition du Prophète est la plus longue du répertoire. Elle ne renferme pas moins de vingt-cinq morceaux, dont plusieurs sont très développés. Nous ne citerons que ceux dans lesquels le maître a montré le plus d'originalité, ou qui ont eu le plus de succès : le chœur pastoral qui sert d'introduction : La brise est muette, qui est d'une grande fraîcheur ; la romance à deux voix chantée par Bertha et Fidès : Un jour, dans les flots de la Meuse ; la valse en chœur avec la phrase délicieuse de Jean : Le jour baisse et ma mère ; l'arioso ou scène dans laquelle Fidès bénit son fils : Ah ! mon fils, sois béni ! Au troisième acte, le chœur des anabaptistes : Du sang, du sang ; le bel air de basse : Aussi nombreux que les étoiles, qui rappelle l'air de Marcel dans les Huguenots : Piff paff, traquons-les ! mais dont la mélodie est plus large et mieux soutenue ; les airs de ballet qui suivent, le quadrille des patineurs, dans lesquels le rythme affecte des formes neuves et piquantes ; le trio des anabaptistes : Sous votre bannière, l'on des meilleurs morceaux de la partition. Quant au cantique : Roi du ciel et des anges, dont le motif a été le plus populaire, j'avoue que la mélodie m'en a toujours paru peu distinguée, et qu'on s'attendait à trouver là une sorte de chant inspiré dans le genre de celle de la scène de la conjuration des Huguenots : A cette cause sainte.
Le quatrième acte offre, entre autres morceaux de premier ordre, les couplets de la mendiante : Donnez pour une pauvre âme, dont les accents entrecoupés sont d'une tristesse navrante. Le chœur des enfants : Le voilà, le roi prophète, qui suit la belle marche du sacre, est une phrase d'une simplicité presque banale ; et c'est sur cette phrase que Meyerbeer a construit l'édifice de son finale ; entendu d'abord en ré, redit en fa, reprise en ré, répétée par le chœur des femmes, puis par les voix d'hommes, recevant une nouvelle harmonie par le concours de l'orgue, enfin par celui de l'orchestre et de toutes les masses chorales, le crescendo a quelque chose de fulgurant ; il éclate et entraîne la salle entière. C'est par la plus merveilleuse habileté et par une science profonde que de tels effets musicaux peuvent être obtenus. Avant de quitter le quatrième acte, nous devons rappeler la scène émouvante entre le prophète et sa mère, dans laquelle Mme Viardot avait des déchirements maternels sublimes. La scène et la cavatine : O toi qui m'abandonne, ouvre le cinquième acte, dont les plus remarquables beautés sont dans le récitatif. Le duo entre Fidès et son fils est d'une énergie toujours croissante, et l'allegro : Il en est temps encore, offre un grand intérêt pour les musiciens au point de vue du rythme.
C'est un usage admis au théâtre de faire chanter les personnages au moment où il leur faudrait fuir au plus vite pour sauver leur vie. Scribe n'y a point failli, et Meyerbeer, qui a cependant fait de nombreux changements au livret, n'a pas su résister à la tentation d'écrire un délicieux trio, d'un charme ineffable, qui n'a que le tort de faire rêver trop longtemps Fidès, Bertha et le fiancé qui lui est rendu à une félicité sans nuage :
Loin de la ville,
Qu'un humble asile,
Qu'un sort tranquille
Comble nos veux ! etc.
Les couplets chantés par le prophète au dernier tableau : Versez, que tout respire, ont une allure nerveuse qui est en conformité avec la catastrophe qui se prépare. A partir de ce moment, les spectateurs ne sont plus capables d'entendre la musique. Ils sont tout yeux et sans oreilles. Aussi a-t-il fallu supprimer la bacchanale dans laquelle Meyerbeer avait sans doute fait preuve des nouvelles ressources de son génie inventif. Trois mois après la première représentation à Paris, l'opéra du Prophète fut exécuté à Londres avec un immense succès, par Mario, Mme Viardot, Miss Hayes et Tagliafico. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Le pas des patineurs, au 3a acte, fait sensation. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
« Principaux personnages : Jean de Leyde, le prophète ; Fidès, sa mère ; Berthe, sa fiancée ; Oberthal, sire de Dordrecht ; anabaptistes, etc.
La scène se passe aux environs de Dordrecht, puis à Leyde, dans une forêt de Westphalie, enfin à Münster, entre 1530 et 1536.
Raconter le Prophète — comme du reste d'autres livrets de Scribe pour Meyerbeer — est la plus ingrate des tâches. Au théâtre, ébloui par la mise en scène, les oripeaux, les ballets, une brillante figuration, le spectateur peut se faire illusion ; mais comment, lorsqu'on serre de près le monstre, en dissimuler les incohérences et l'absurdité ? L'histoire de Jean de Leyde telle que l'a conçue le librettiste, servira à justifier nos angoisses.
Au premier acte, tableau pastoral aux environs de Dordrecht. Berthe vient demander à Oberthal, son seigneur, l'autorisation d'épouser Jean, son fiancé, qui exerce à Leyde la profession d'aubergiste. Elle rencontre Fidès, la mère de Jean, à qui elle a donné rendez-vous afin de ne pas se présenter seule devant Oberthal. Apparition du trio des anabaptistes, qui prêchent une doctrine mi-religieuse, mi-révolutionnaire et donnent l'impression de rusés compères qui exploitent les rancunes des faibles pour des fins intéressées. Les paysans tressaillent à leurs excitations, mais leur courage ne va pas jusqu'à braver l'œil du maître : Oberthal, à chaque soubresaut, les mate en habile magnétiseur.
A ce puissant dompteur d'hommes, Berthe présente sa requête ; mais elle a le malheur d'être très jolie, et au lieu de l'autoriser à épouser le fiancé de son choix, Oberthal la livre ainsi que Fidès à ses soldats : c'est à lui-même qu'il réserve ce morceau de choix.
Second acte : Dans l'auberge de Jean, qui attend le retour de Berthe et de sa mère. Il a comme consommateurs, au lever du rideau, les trois anabaptistes. Ceux-ci sont frappés de la ressemblance de l'aubergiste avec une image du roi David, que l'on vénère à Münster. Cet homme ne figurerait-il pas bien le prophète qu'attendent les opprimés pour secouer leur joug, le chef promis qui doit les conduire à la victoire et au sac des châteaux ? Comme par hasard, Jean a justement rêvé la nuit précédente qu'il devenait roi et qu'on le sacrait dans un temple immense. Exploitant l'impression laissée par ce rêve, les trois anabaptistes assurent à Jean qu'il est bien véritablement l'élu du Seigneur. Le bon sens du jeune homme résiste tout d'abord à l'entraînement. Il faudrait une forte secousse morale pour le jeter tête baissée dans l'aventure. Et voici que la secousse se produit : Berthe arrive échevelée. Elle a pu s'échapper des mains des soldats qui l'entraînaient. Jean la cache et presque aussitôt les soldats paraissent. Ils le menacent, s'il ne livre pas la prisonnière, d'immoler sa mère sous ses yeux. Et Jean livre Berthe. Sa mère le remercie de cette preuve de piété filiale, mais le pauvre diable n'est pas pour cela très enchanté de sa conduite. Il est dévoré du besoin de se venger. Aussi lorsque reparaissent les anabaptistes, déclare-t-il qu'il a réfléchi : il est bien vraiment l'élu qu'ils attendent, et ne demande qu'à conduire les révoltés au sac des châteaux, à commencer par celui d'Oberthal. Mais — pourquoi ? — les anabaptistes lui dévoilent qu'il est nécessaire, en acceptant sa mission, qu'il renonce à tout jamais à revoir son foyer et sa mère. On sent que se prépare une scène à la Michel Strogoff. Jean s'étonne de cette exigence, mais finit par l'admettre sans trop de difficultés.
Du temps s'écoule entre le deuxième et le troisième acte. Jean a été victorieux. Entraînés par son courage, ses hordes de Jacques renversent tout devant elles, pillent, massacrent et violent à qui mieux mieux. Cela fait l'affaire des trois anabaptistes, dont Jean n'a été que l'instrument et qui ne se servent de lui que pour la satisfaction de leurs rancunes et de leurs passions, comptant bien briser l'idole dès qu'ils jugeront pouvoir s'en passer. Mais Jean est écœuré. Ce n'est pas là ce qu'il rêvait, et le moment est venu où il renâcle devant la besogne. Un nouveau coup de fouet sera nécessaire pour lui faire prendre Münster. Cet excitant sera l'arrivée d'Oberthal, fait prisonnier et reconnu. Par lui, Jean apprend que Berthe vit et se trouve dans Münster : il prendra donc Münster pour revoir celle qu'il aime. Ralliés par lui, ses soldats découragés livrent l'assaut et emportent tout devant eux.
A partir du quatrième acte, nous sommes à Münster. Il faut se souvenir, et tâcher d'admettre, si possible, que Fidès et Berthe ignorent l'identité de Jean avec celui qu'on nomme le prophète. Il faut admettre aussi que le dit prophète est regardé par Fidès et par Berthe comme une sorte d'Antéchrist, le dernier des misérables et le plus abominable des criminels. Au point que Berthe n'a pas de rêve plus cher que d'immoler le monstre et de périr ensuite.
Le jour du couronnement de Jean est arrivé, et c'est seulement lorsqu'elle le verra paraître dans sa Gloire que Fidès reconnaîtra son fils. Mais lui ne reconnaîtra pas sa mère, fidèle au serment que lui ont arraché les anabaptistes. Il obligera donc la pauvre femme à le renier publiquement. Puis soudain, Fidès se souvient de Berthe, qui cherche le prophète pour le poignarder. Et l'amour maternel l'emportant sur tout autre sentiment, elle va tout tenter pour sauver les jours de son enfant. Cet acte fait grande impression par la pompe déployée autour du sacre.
L'acte cinquième et dernier nous transporte d'abord dans un caveau du palais de Münster. Il paraît que dans une chambre voisine se trouvent de grands amas d'explosifs, suffisants pour faire sauter tout le bâtiment. Les anabaptistes ignorent ce détail, mais ont choisi cet endroit pour nous faire connaître leur dessein de trahir la cause et de livrer Münster et Jean à l'empereur, qui avance à marches forcées et leur a promis la vie sauve pour prix de leur infamie. Cette importante confidence faite, ils sortent et sont suivis par Fidès, conduite par des soldats : on donne à la pauvre femme ce caveau pour prison. Elle n'y restera pas longtemps seule, du reste ; au bout d'un instant Jean vient l'y rejoindre. A l'abri des indiscrets, il n'hésite pas à reconnaître sa mère, mais c'est elle maintenant qui le prend de haut et l'accable de sanglants reproches. Elle l'exhorte au repentir : qu'il renonce à cette royauté criminelle et la suive ! Il y consent volontiers, dans l'espoir de retrouver du même coup Berthe. Mais il ne soupçonne pas les difficultés qui l'attendent de ce côté.
Voici que, précisément, Berthe arrive — admirez la facilité avec laquelle on entre dans ce caveau, qui semble un des passages les plus fréquentés du palais — dans l'intention non dissimulée de faire sauter la maison : elle s'est pourvue, à cet effet, d'un flambeau. La rencontre des trois personnages est hautement pathétique. Jean, en prophète, cause à sa fiancée une telle répulsion qu'elle se donne la mort plutôt que de s'avouer qu'elle pourrait l'aimer encore !
Toutes ces émotions et ces tragiques conjonctures ont inspiré à Jean une grande résolution. Après avoir fait mettre sa mère en sûreté, comme sans Berthe la vie lui est à charge, comme il sent que la puissance lui échappe — il n'ignore ni l'approche de l'empereur ni la trahison de ses acolytes, semble-t-il — il mourra, mais il mourra en beauté, en tenant jusqu'au bout son rôle de roi et en entraînant dans sa mort ses ennemis et les faux amis qui l'ont trahi. Et il prépare l'explosion du tableau suivant.
Ce tableau se passe dans la grande salle du palais, quelques étages plus haut. Scène de triomphe et de dissipation. Jean mène la ronde et chante des couplets bachiques en l'honneur du punch (car le « nectar brûlant » dont il parle ne peut guère désigner un autre breuvage).
Les portes s'ouvrent, l'évêque de Münster, l'électeur de Westphalie, les princes de l'empire entrent, conduits par les anabaptistes traitres.
Jean ne se trouble pas : il fait fermer les portes. Aussitôt, détonations succèdent aux détonations, les murs s'écroulent et le prophète annonce à tous ceux qui l'entourent qu'ils vont mourir avec lui. Pour que l'héroïne ne manque pas au baisser du rideau, Fidès arrive et demande à mourir aussi : accordé. Et tout le monde expire en chantant avec frénésie. »
(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)
« Le spectateur qui pour la première fois de sa vie prend contact avec le répertoire du grand opéra, devinera — l'ignorât-il — que le Prophète, la Juive et les Huguenots, sans parler encore de Robert-le-Diable, sont dus au même librettiste... l'inimitable Eugène Scribe ! Le compositeur Meyerbeer, son collaborateur habituel (nous devrions dire son complice dans la perpétration des massacres qu'il met en scène !) avait trouvé en lui l'homme qu'il lui fallait, et réciproquement ; ils ont tous les deux le génie du mal, lyriquement parlant — leur œuvre a du champ de carnage, et leur muse historique est rouge. A peine venaient-ils de semer de cadavres les planches de l'Opéra qu'ils rêvaient d'autres hécatombes.
L'Africaine a été commise aussitôt après les Huguenots, quoiqu'elle n'ait été jouée qu'en 1866, trente ans plus tard — Meyerbeer était mort auparavant, sans avoir pu présenter sa pièce dans les conditions qu'il voulait. Mais entre-temps, il écrivait le Prophète, son dernier ouvrage, créé le 16 avril 1849, sous la direction Nestor Roqueplan. Monté fastueusement, cet opéra était interprété par le ténor Roger, l'inoubliable Raoul des Huguenots. N'ayant pas de grand soprano dramatique pour le premier rôle, le maestro changea toute l'économie de la partition primitive, y mutilant ce qui concerne le personnage secondaire de Bertha — un vrai casse-cou musical, terreur des titulaires de l'emploi. La partie de Fidès, écrite pour le mezzo de Mme Pauline Viardot, devait permettre à celle-ci de révéler son talent. Remarqué parmi les solistes, en enfant de chœur, Léo Delibes — le futur auteur de Lakmé...
Le Prophète n'a pas été tout d'abord, quoi qu'on en ait dit, un succès d'argent, Il avait semblé d'une intelligence dramatique plus laborieuse que ses devanciers ; et l'on y observait l'abus des notes d'hymnes... Il faut ensuite remarquer la persistance inquiétante de l'élément « catastrophal » dans la destinée théâtrale de Scribe et de Meyerbeer : le choléra s'abattit sur Paris à peine leur nouvelle production avait-elle vu le feu de la rampe, de même qu'il s'était déclaré en 1832, dès l'apparition de Robert-le-Diable. En outre, c'est à la suite d'une représentation du Prophète, donnée le 27 octobre 1873, que brilla l'ancien opéra de la rue Le Peletier... et, lors de la reprise en 1876, l'avant-veille et le jour de la répétition générale, deux incendies éclatèrent : sur la scène, pendant une manœuvre de décors, et dans le magasin de ceux-ci — ils furent toutefois sans gravité. Voilà ce que c'est que de donner si furieusement dans la peinture des sinistres !
Et cependant, le Prophète ne s'en est pas plus mal porté, même dans son pays... En dépit des fléaux et à travers les flammes, il avait, en deux ans, doublé le cap de la centième ; il atteignait la trois centième en 1872 et n'a jamais quitté le répertoire depuis qu'il a pris possession, dans le monument de Charles Garnier, du plateau transformé pour le « Ballet des Patineurs » en skating-rink.
***
La Westphalie est un des principaux théâtres des révolutions religieuses qui ont ensanglanté l'Europe du XVIe siècle. Les Anabaptistes, dangereux sectaires, chez lesquels le fanatisme sert de masque à l'ambition politique, parcourent le pays, frappant l'imagination des naïfs, et spéculant sur les mauvais instincts pour fomenter une révolte ; — à la faveur du désordre, ils s'empareront du pouvoir, représenté par Oberthal, seigneur de Dordrecht. Celui-ci est un triste sire et un vrai tyran. Ses vassaux tremblent devant lui. Cependant, la gentille Bertha vient solliciter l'autorisation d'épouser son fiancé Jean, aubergiste à Leyde, qui a prié sa mère Fidès d'accompagner la jeune fille — car le maître n'a pas bonne réputation. Ses craintes sont trop justifiées, et le misérable Oberthal n'hésite pas à pousser la barbarie moyenâgeuse jusqu'à faire enlever les deux femmes par ses soudards — il s'adjugera la plus fraîche...
A Leyde, parmi ses bouteilles, Jean les attend en vain. Dans un coin de l'auberge, trois patibulaires gaillards : Zacharie, Jonas, Mathisen — le trio des anabaptistes — l'observent et se le désignent, mystérieusement : ils se sont avisés d'une certaine ressemblance entre les traits de Jean et ceux conventionnellement attribués à une icône biblique représentant le roi David, objet de dévotion locale. Et justement ils ont affaire, dans la personne de ce simple, à un illuminé qui raconte ses songes : il a rêvé qu'il recevait la couronne. Les conspirateurs ont la partie belle ;ils auront en lui le chef populaire dont ils avaient besoin pour soulever le pays. Il ne leur manque plus que l'occasion. Celle-ci ne va pas tarder à leur être offerte : Bertha, qui s'est sauvée, se réfugie dans l'auberge — mais elle est poursuivie par les sicaires d'Oberthal qui arrêtent Jean, séance tenante, et le somment de leur livrer sa fiancée pour sauver la vie de sa mère... Le devoir est là... Fidès est donc libérée pendant qu'on entraîne Bertha. Mais Jean ne s'avoue pas battu — et, sans hésiter, poussé par les anabaptistes, il va se mettre à la tête des paysans rebelles pour se venger du despote.
Le soulèvement réussit au-delà de toute espérance. Jean — que les humbles, électrisés par la victoire, ont bientôt regardé comme un nouveau « prophète » — sème sur son chemin la terreur et la mort ; et (c'est l'histoire éternelle de toutes les révolutions) entièrement dans la main des anabaptistes, il ne sera bientôt plus maître de ses hommes : ceux-ci, bande effrénée d'incendiaires et de pillards, s'abandonnent à tous les carnages ; une réaction est inévitable : Réfugiées dans Munster, Fidès et Bertha, quasi prisonnières, détestent la réputation sanguinaire du « Prophète » rebelle, fauteur de ruines et de massacres, plus redoutable en ce moment que leur premier persécuteur. Elles ne savent pas son nom... et cependant, Jean de Leyde apprend d'Oberthal, capturé, que sa mère et sa fiancée sont enfermées dans les murs de la capitale... Il donnera l'assaut, et sera vainqueur encore une fois.
Ici, les choses se compliquent : Il faut savoir et admettre que, d'une part, la douce Bertha — poussée par cette exaltation du fanatisme qui n'est pas très rare aux heures de trouble — a juré de se sacrifier pour faire justice de ce faux Prophète exterminateur... et, d'autre part, que Jean s'est engagé sous la foi du serment à poursuivre son œuvre sans se laisser détourner par quelque sentiment que ce puisse être : il méconnaîtrait au besoin sa mère — tel Michel Strogoff — sans avoir d'ailleurs les raisons, ni l'attitude admirable de ce parangon des patriotes. Quoi qu'il en soit, triomphateur, et sacré roi en grande pompe au temple de Munster, selon son rêve, il renie Fidès — qui, elle, l'a bien reconnu et ne songe qu'à le préserver de la vengeance divine personnifiée par Bertha.
Cependant, les anabaptistes commencent à s'inquiéter : l'Empereur en personne marche sur les révoltés ; la résistance est impossible, et ils se préparent à capituler. Mais comme il faut un responsable, c'est naturellement Jean de Leyde qui paiera pour eux... Dans un des caveaux du palais, ils se sont réunis pour délibérer sur la trahison : rendre Munster, d'abord, et vendre le « Prophète ». Il est fâcheux qu'alors nous donnions à fond de train dans la charge de l'opéra, bouffe par excès de tragique. Un peu comme le propice cachot de l'Africaine, dont les auteurs de la joyeuse Périchole se souviendront en parodiant du même coup la Favorite, ce caveau devient un centre d'attraction pour tous les protagonistes — Scribe a été vaudevilliste. Leurs petites affaires réglées, les anabaptistes y font enfermer Fidès, dont ils craignent les indiscrétions : Jean de Leyde, qui fait sans doute le tour du propriétaire, l'y rejoint peu après ; et, naturellement, elle le couvrira d'imprécations. Ce n'est pas tout ; là, dans une soupente, sont amassés des explosifs... voici Bertha qui vient bombarder le palais ! — (ici nous nous excusons de n'avoir pas su nous défendre d'une association d'idées, élément de comique) — En reconnaissant à son tour l'ex-fiancé dans le Prophète, elle n'éprouve plus pour lui qu'une horreur décisive, à ce point qu'elle se poignarde.
Jean de Leyde est entraîné en matière d'émotions fortes, et il réussit à se dominer. Seulement, comme il sait la partie perdue, et que rien désormais ne le rattache à l'existence, il entend disparaître à la manière de Samson — dont la légende a dû frapper son esprit, nourri de la Bible : Il réunit autour de lui les anabaptistes pour un grand banquet, donne le signal de l'orgie en entonnant lui-même un « brindisi » de circonstance... puis court mettre le feu aux poudres et faire sauter le palais, dans le moment précis où il est envahi par les impériaux victorieux...
***
... Comme disait Madame de Sévigné « l'on n'entre point dans les raisons de cette grande tuerie ». L'opéra n'a pas pour devise : « La musique adoucit les mœurs ! »
(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)
PROSCRIT (LE) ou LE CORSAIRE DE VENISE
[Ernani]
Opéra italien en quatre actes, livret de Francesco Maria Piave, d'après Hernani, drame de Victor Hugo ; version française de MM. Escudier frères ; musique de Giuseppe Verdi.
Personnages : ERNANI, un proscrit (ténor lyrique) — DON CARLOS, roi de Castille (baryton) — DON RUY GOMEZ DE SILVA, Grand d'Espagne (basse) — DON RICCARDO, écuyer du Roi (ténor ou basse) — JAGO, écuyer de Silva (basse) — ELVIRA (soprano lyrique) — GIOVANNA, suivante d'Elvira (soprano) — CHŒUR.
Création au Teatro La Fenice de Venise le 09 mars 1844.
Version française représentée à la Monnaie de Bruxelles le 17 décembre 1845 avec Mlle Julien (Elvire), Mme Biacare (Jeanne), MM. Laborde (Conrade le corsaire), Laurent (André Ritti), Zelger (Bianco), Millet (Riccardo), Cannis (Iago).
« Opéra italien représenté sur le Théâtre-Italien, à Paris, le 6 janvier 1846 sous le titre de Il Proscritto. Cet ouvrage a été joué plus tard sous le nom primitif. Le grand septuor O sommo Carlo est une des meilleures pages que le compositeur ait écrites. Cette pièce n'était à l'origine autre chose qu'Hernani, le drame de Victor Hugo. Le poète s'étant opposé à ce qu'on jouât sa pièce en une autre langue que celle de sa muse romantique, et surtout qu'on la chantât, les personnages du drame espagnol ont été travestis en personnages italiens ; Hernani, Charles-Quint, Don Rigomez, da Silva, dona Sol, sont devenus Oldrado, le proscrit, le corsaire vénitien ; Andrea Ritti, sénateur et doge ; Zeno et Elvira sa fille. Victor Hugo s'est ravisé plus tard, et a compris qu'on ne l'avait pas traité plus mal en cette circonstance que Sophocle, Euripide, dont les plus belles tragédies ont été mises en musique, et que, parmi les modernes, Corneille, Racine, Beaumarchais et d'autres ont fourni aux compositeurs des sujets d'opéras qui n'ont en rien diminué l'admiration professée pour leurs œuvres. Cette partition n'occupe que le second rang parmi les ouvrages du fécond musicien lombard. Nous rappellerons seulement le finale du premier acte, qui est une belle imitation du sextuor de Lucie ; le chœur nuptial au quatrième et le trio final. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« En passant du drame de Victor Hugo à l'opéra de Verdi, par les soins du librettiste attitré de Verdi, Francesco-Maria Piave, l'action s'est naturellement simplifiée, sans perdre pour autant de sa puissance.
Il s'agit, essentiellement, de la rivalité de trois hommes épris d'une même femme, Donna Elvira, la Donna Sol de Victor Hugo. Ces trois hommes sont : Don Carlos, roi de Castille, le futur Charles-Quint ; le vieux seigneur Don Ruy Gomez de Silva, et un chef de bande, Ernani, qui n'est autre que le prince Jean d'Aragon révolté contre l'autorité royale. Devenu empereur du Saint-Empire romain-germanique, Don Carlos renoncera à Donna Elvira au profit d'Ernani. Mais la jalousie de Don Silva contraindra au suicide les deux jeunes gens, car il a été convenu entre Ernani et Silva qu'Ernani mourra à l'heure où Don Ruy sonnera du cor...
L'action se déroule : le 1er acte dans les montagnes d'Aragon, où le proscrit a trouvé refuge et au château de Silva ; le 2e acte dans le château de Don Ruy Gomez ; le 3e dans les souterrains où se trouve le tombeau de Charlemagne ; le 4e sur la terrasse du palais d'Aragon à Saragosse.
Ernani contient, au 1er acte (2e tableau) un air dramatique, très remarquable, d'Elvira : « Ernani, involami... » dans lequel la jeune fille souhaite de fuir avec Ernani, afin de se soustraire aux noces maudites qui se préparent avec Don Ruy. »
(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)
PROSCRIT (LE) ou LE TRIBUNAL INVISIBLE
Drame lyrique en trois actes, livret de Pierre Carmouche et Xavier Saintine, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 18 septembre 1833, avec Mmes Casimir (Antonia), Elisa Massy [Hébert-Massy] (Floretta), MM. Henri (le comte Lorezzo), Deslandes (Stéphano Strozzi), Thénard (Donati), Boulard (Pietro), Fargueil (Bulgari), Cavé (Emilio). => partition
« Scribe traitait l'histoire en pays conquis, arrangeait, dérangeait et se souciait d'exactitude chronologique comme de Colin-Tampon. Les auteurs du Proscrit ont dépassé les limites de ces licences. Il s'agit dans leur pièce de la conjuration qui a coûté la vie à Marino Faliero, et pas un des personnages qu'ils mettent en scène n'y a figuré. L'histoire nous a néanmoins conservé les noms de tous ceux qui ont participé à ce crime d'État. Ce drame est obscur, compliqué, et son caractère convenait peu au genre de talent d'Adolphe Adam. On y trouve cependant d'assez jolis morceaux. Au premier acte, un trio gracieux : L'hymen à Venise nous lie ; au second acte, l'air chanté par Mme Casimir : Non, non, Strozzi ; au troisième, le duo de basse et soprano chanté par Boulard et Mme Casimir : Je le hais, je le méprise, et enfin l'air de soprano : Sonnez, heure de la vengeance, qui est véritablement dramatique. Il y a aussi dans le cours de cet ouvrage des couplets d'une facture élégante chantés par Mlle Massy. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PROSERPINE
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully, représentée à Saint-Germain-en-Laye le 03 février 1680, et à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal) le 16 novembre 1680 sous la direction du compositeur.
« Malgré les boutades de Castil-Blaze, qui n'a vu dans les airs de Lulli que du plain-chant, tout musicien de bonne foi est frappé de la variété des rythmes employés par le compositeur, et de la facilité avec laquelle il a traité les vers de toute espèce fournis par le poète.
Dans le prologue, le poète célèbre les bienfaits de la paix. Le théâtre représente l'antre de la Discorde ; on y voit la Paix enchaînée : la Félicité, l'Abondance, les Jeux et les Plaisirs y accompagnent la Paix et sont enchaînés comme elle. La Victoire descend avec une suite nombreuse de héros ; elle déchaîne la Paix et les divinités qui l'accompagnent et enchaîne la Discorde et sa suite. Dans la partition du prologue, on ne trouve de saillant que le chœur : On a quitté les armes.
La tragédie lyrique de Proserpine est une des mieux conçues et des plus élégamment versifiées de Quinault. Le sujet est l'enlèvement de Proserpine par Pluton. Jupiter paraît au dénouement ; il est entouré des divinités de l'Olympe, et, pour satisfaire à la fois Cérès et Pluton, il ordonne que Proserpine passera six mois aux enfers et six mois sur la terre. La scène se passe successivement dans le palais et les jardins de Cérès, dans la campagne au pied du mont Etna, dans les champs Elysées où sont célébrées les noces de Proserpine et de Pluton. Il y a dans la pièce plusieurs épisodes intéressants : d'abord la scène en duo d'Alphée et d'Aréthuse : Me suivrez-vous sans cesse ? — Me fuirez-vous toujours ? le chœur magnifique : Célébrons la victoire du plus puissant des dieux ; la scène charmante dans laquelle Proserpine cueille des fleurs avec ses compagnes, dont le chœur alterne avec ses chants harmonieux :
Que notre vie
Doit faire envie
Le vrai bonheur
Est de garder son cœur.
Le jour n'éclaire
Que pour nous plaire.
Ces arbres verts
Ont leur plus beau feuillage,
Et mille oiseaux divers
Dans ce bocage
Imitent nos concerts
Par leur ramage.
Que notre vie, etc.
Nous signalerons encore l'air de Cérès : Ah ! quelle injustice cruelle ! le chœur des ombres heureuses dans le quatrième acte, et l'air de Pluton : Je suis roi des enfers, Neptune est roi de l'onde, et dans le cinquième, le beau monologue de Cérès :
Déserts écartés, sombres lieux,
Cachez mes soupirs et mes larmes ;
Mon désespoir a trop de charmes
Pour les impitoyables dieux.
Déserts écartés, sombres lieux,
Cachez mes soupirs et mes larmes.
L'opéra de Quinault et de Lulli a été repris sept fois de 1686 à 1741. On peut reprocher à la société d'alors d'avoir été assez stationnaire dans ses goûts. Cependant on doit reconnaître que le mérite de l'œuvre explique, s'il ne justifie pas complètement, cette constance qui dura soixante ans et à laquelle Rameau seul put mettre un terme. Le rôle de Cérès fut successivement chanté par Mlles S. Christophle, Maupin, Antier et Lemaure ; celui d'Aréthuse, par Mlles Ferdinand, Rochois, Desmatins, Journet, Pellissier, Eremans. En 1727, la jolie musette de la partition a été dansée par Mlle Prévost, et Mlle Sophie Camargo a obtenu un grand succès dans les caractères de la danse. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Ce remarquable ouvrage fut représenté d'abord à Saint-Germain devant Louis XIV et sa cour, le 3 fév. 1680 ; Mlle Ferdinand chanta le prologue (la Paix) et remplit le rôle d'Aréthuse. A Paris, Louison Moreau parut dans le prologue, et Marthe le Rochois fit sensation en jouant le personnage d'Aréthuse. Mlles Saint-Christophe et Aubry, le ténor Duménil, Beaumavielle et Dun (basse) figuraient Cérès, Proserpine, Alphée, Pluton et Ascalaphe.
Berain succède à Vigarani et compose les dessins des machines, des décorations et des costumes de cet opéra. Le palais de Pluton et le décor charmant des Champs-Élysées, peints par Rousseau, sont fort admirés.
Reprises : 1681, 1699, 1715, 1727, 1741 et 1758.
En 1741, Favart en a donné une fort agréable parodie, sous le titre de Farinette.
On remarque dans cet opéra un duo de basses : l'Amour comblé de gloire (a. Il, sc. VII), le premier et unique duo de ce genre qu'ait écrit Lully. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PROSERPINE
Opéra-ballet, musique de Batistin (Jean-Baptiste Stuck), représenté à Versailles vers 1713.
PROSERPINE
Tragédie lyrique en trois actes, livret de Nicolas Guillard, d’après le livret de Philippe Quinault, musique de Giovanni Paisiello, création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le mardi 29 mars 1803 (8 germinal an XI). Décors d'Ignazio Degotti, Moench et Protain aîné. Costumes de Jean-Simon Berthélemy. Avec Mmes Branchu (Proserpine), Armand (Cérès), Chollet (Cyane), MM. Bertin (Jupiter), Lays (Pluton), Laforêt (Ascalaphe), sous la direction de Jean-Baptiste Rey.
« Paisiello pouvait faire oublier Lully dans cet ouvrage, s'il ne l'avait pas été déjà. Les situations de cette pièce convenaient parfaitement à son génie, mais non aux idées de l'époque. Cette mythologie avait trop longtemps défrayé le théâtre. Après avoir revêtu des formes majestueuses et solennelles sous Louis XIV, elle s'était rapetissée ; elle était devenue mignarde et familière au XVIIIe siècle. Elle ne pouvait reprendre une existence qu'en subissant une transformation conforme aux idées ou aux prétentions qui ont ouvert le XIXe siècle. Paisiello a écrit un bel ouvrage qui, malgré la haute protection de Napoléon, n'a eu que treize représentations, et n'a jamais été repris. Toutefois, on chanta alors l'air de Cérès : Déserts écartés, sombres lieux, et le duo : Rendez-moi donc le bien qui m'était destiné. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Cette partition parut longue, ennuyeuse et sans mouvement dramatique ; aussi ne l'entendit-on que treize fois. On y doit cependant remarquer l'air de Cérès : Déserts écartés, sombres lieux, et le duo Rendez-moi donc le bien qui m'était destiné, où se trouve une combinaison harmonique alors nouvelle. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PROSERPINE
Drame lyrique en quatre actes, livret de Louis Gallet, d’après Proserpine, conte dialogué d’Auguste Vacquerie (1872), musique de Camille Saint-Saëns (composé en 1886-1887).
Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 16 mars 1887, décors de Jean-Baptiste Lavastre, costumes de Théophile Thomas, mise en scène de Charles Ponchard.
Mmes Caroline SALLA (Proserpine), SIMONNET (Angiola), PERRET (une Tourière), MARY, Mathilde AUGUEZ, ESPOSITO (3 jeunes filles), Blanche BALANQUÉ, BARIA, NARDI (3 novices).
MM. LUBERT (Sabastiano), TASKIN (Squarocca), COBALET (Renzo), HERBERT (Orlando), Lucien COLLIN (Ercole), BARNOLT (Gil), CAISSO (Filippo).
Chef d'orchestre : Jules DANBÉ
Reprise à l'Opéra-Comique du 29 novembre 1899 (11e représentation).
Mmes DE NUOVINA (Proserpine), Catherine MASTIO (Angiola), DEL BERNARDI (une Tourière), VILMA, STÉPHANE, CHARPANTIER (3 religieuses), ARGENS, DAFFETYE, FOUQUÉ (3 novices).
MM. Edmond CLÉMENT (Sabastiano), ISNARDON (Squarocca), Félix VIEUILLE (Renzo), DEVAUX (Orlando), DANGÈS (Ercole), BARNOLT (Gil), THOMAS (Filippo).
Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.
La 17e représentation à l'Opéra-Comique eut lieu le 17 mai 1900 avec la distribution ci-dessus, sauf Mme Charlotte WYNS (Proserpine), MM. VIANNENC (Orlando), CLASSEN (Filippo).
17 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont une entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 07 avril 1913 avec Mmes Béral (Proserpine), Bérelly (Angiola), Hègle (un courrier ; une tourière), Viceroy, Gianini et Autran (trois jeunes filles), Carli, Callemien et Bardot (trois novices), MM. Girod (Sabatino), de Cléry (Squarocca), Baldous (Renzo), Dua (Orlando), Demarcy (Ercole), Dufranne (Gil), Dognies (Filippo).
« Cet ouvrage ne plut point au public, surtout à cause du poème, dont on trouva l'audace et la brutalité excessives outre son caractère trop sombre et trop lugubre. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PROTIS
Opéra en trois actes, livret de M. Barthet, musique d'Henri Poncet, représenté à Aix-en-Provence le 13 mars 1900.
PROTOCOLO
Action scénique sur un montage de textes de Luis de Pablo, musique de Luis de Pablo (1968). Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 17 avril 1972, mise en scène de Pierre Barrat, décor et costumes de Bernard Daydé. 12 représentations au 31.12.1972.
PROVENÇALE (LA)
Opéra en un acte, livret de Joseph de Lafont, musique de Pierre-Joseph Candeille, représenté par l'Académie royale de musique le 01 juin 1778. Mouret avait écrit la musique de cet acte dans ses Fêtes de Thalie. Candeille refit les parties de chant et ne conserva de l'ancienne partition que les airs de danse. C'était un compositeur estimable.
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PSYCHÉ
Tragi-comédie-ballet en cinq actes, en vers libres, avec un prologue, de Molière, Philippe Quinault et Pierre Corneille, musique de Jean-Baptiste Lully.
Représentée sur le théâtre du palais des Tuileries le 17 janvier 1671, et sur celui du Palais-Royal le 24 juillet suivant.
Première fois au Palais Garnier, (le 3e acte seulement), le 29 juillet 1900.
Mmes LARA (l'Amour), BERTINY (Psyché), WANDA DE BONCZA (Zephyr).
Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.
« Le premier acte, la première scène du second, la première du troisième et les vers du prologue sont de Molière. Corneille fit le reste, et le vieux poète, alors âgé de soixante-cinq ans, écrivit cette déclaration de Psyché à l'Amour, qui passe pour un des morceaux les plus tendres et les plus naturels qui soient au théâtre. Les fragments de musique furent composés par Lulli. Ils ont été exécutés à la Comédie-Française un peu avant 1866. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PSYCHÉ
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret attribué d'abord à Thomas Corneille, puis revendiqué par Bernard de Fontenelle, musique de Jean-Baptiste Lully. Elle réincorpore les intermèdes que Lully avait composés pour la tragédie-ballet Psyché (voir ce titre). Elle fut représentée à l'Académie royale de musique (1re salle du Palais-Royal) le 19 avril 1678 avec Mlle Desmatins (Psyché) sous la direction du compositeur.
Paroles et musique furent composées en trois semaines. Cet ouvrage fut composé pendant la disgrâce de Quinault, le collaborateur ordinaire de Lully. Il fut repris trois fois de 1678 à 1713. Le rôle de Psyché fut chanté successivement par Mlles Desmatins et Journet ; celui de Vénus, par Mlles Maupin et Heusé ; celui de l'Amour, par Cochereau. Thévenard a chanté le rôle du roi, père de Psyché. A la première reprise de cet ouvrage, en 1703, les rôles de Vénus et de Psyché furent interprétés par Mlles Maupin et Desmatins ; en 1713, ils furent remplis par Mlles Heusé et Journet.
PSYCHÉ
Opéra en un acte, livret de Voisenon, musique de Mondonville, représenté au Théâtre de l'Opéra (salle des Machines) le 01 décembre 1769.
« Cet opéra fut représenté à Fontainebleau le 21 octobre 1762, et l'on y vit une décoration toute garnie de pierreries. — C'est le sujet du 3e acte des Fêtes de Paphos remanié.
Les spectacles du théâtre de la cour étaient alors d'une splendeur inouïe. Lors des fêtes données à l'occasion du mariage du Dauphin, on joua la Tour enchantée, ballet de Joliveau et Mme de Villeroi, mis en musique par Dauvergne (20 juin 1770). Quatre chars attelés chacun de quatre chevaux figurèrent pour la première fois sur notre scène lyrique, et plus de 800 acteurs, danseurs et comparses prirent part à l'action de la Tour enchantée. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PSYCHÉ
Opéra-comique en trois actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 26 janvier 1857, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Delphine Ugalde (Eros), Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Psyché), Boulart (Daphné), Révilly (Bérénice) ; MM. Charles Battaille (Mercure), Sainte-Foy (Antinoüs), Victor Prilleux (Gorgias), Beaupré (le Roi), Chapron (un Berger), sous la direction de Merlé.
Nouvelle version sous forme d'opéra en quatre actes avec récits, représentée à l'Opéra-Comique le 21 mai 1878, avec Mmes Marie Heilbronn (Psyché), Engally (Eros), Irma Marié (Bérénice), Donadio-Fodor (Daphné) ; MM. Morlet (Mercure), Lucien Collin (Antinoüs), Prax (Gorgias), Guillaume Bacquié (le Roi), Chenevière (le Berger Hylas), sous la direction de Jules Danbé.
« La fable gracieuse de Psyché est trop connue pour que nous la racontions ici à l'occasion de cet opéra-comique. Il suffit de dire que les personnages et que les principaux incidents en ont été conservés. On comprend que M. Ambroise Thomas ait eu la pensée d'appliquer ses facultés à un tel sujet. La grâce, le mystérieux symbolisme de cette histoire l'ont séduit. Malheureusement le public n'a pas des habitudes d'esprit aussi élevées, et l'œuvre de M. Thomas n'a été comprise que par les délicats. Ceux-ci liront toujours avec un grand intérêt les pages charmantes de la partition de Psyché ; l'introduction vaporeuse, l'invocation à Vénus, la mélodie chantée par Eros, la romance de Psyché et le finale du premier acte.
Le second acte commence par un chœur délicieux de jeunes filles ; on y remarque aussi un duo fort gracieux entre Eros et Psyché. L'air de Psyché : Non, ce n'est pas Eros ! et l'imprécation d'Eros sont les morceaux saillants du troisième acte. Les voix de femmes dominent trop dans cet ouvrage, qui ne contient pas un rôle de ténor. Mme Ugalde a chanté avec talent le rôle d'Eros, et Mlle Lefebvre celui de Psyché. Le rôle de Mercure a été rempli par Charles Battaille, Sainte-Foy, Prilleux, Mlles Révilly et Boulart ont joué les autres. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
« Sous la forme d’opéra en quatre actes, il fut représenté à l'Opéra-Comique le 21 mai 1878. Cette nouvelle partition d'un ouvrage représenté déjà en 1857 atteste assez la prédilection du compositeur pour ce sujet, qu'il a traité d'ailleurs avec beaucoup de goût, de talent et d'habileté. Les morceaux que j'ai signalés dans ma première notice sont encore ceux que le public a applaudis de préférence. Pourquoi cet opéra ne peut-il, malgré son mérite, se maintenir au répertoire ? Cela tient, je crois, au genre hybride auquel il appartient. Malgré les obstacles qu'oppose au succès des œuvres sérieuses le goût régnant des opérettes, il se trouve encore un public délicat et fier qui ne s'est pas laissé entraîner par ces flots impurs et qui aime à passer quelques heures dans une région idéale. Mais il ne lui plaît pas d'être ramené brusquement sur la terre, même par Mercure, surtout par celui qui chante ces couplets à Éros :
Simple mortelle ou déesse,
Une femme ne confesse
Jamais les ans révolus ;
Et les enfants de votre âge
Sont un fâcheux témoignage
De quelques printemps de plus !
Vénus, comme une bergère,
Y fait un peu de façon
Et la reine de Cythère
En secret se désespère
D'avoir un si grand garçon !
Même aux yeux les plus candides,
Les fils tiennent lieu de rides
Que ne peut cacher le fard ;
Hébé, voici bien le pire,
N'a pu s'empêcher de rire
En lui versant le nectar !
La crainte d'être grand'mère
Donne à Vénus le frisson !
Et la reine de Cythère
En secret se désespère
D'avoir un si grand garçon !
C'est du Desmoutiers écrivant ses lettres à la belle Émilie ; mais ce langage familier détonne sur le fond du poétique tableau hellénique. Ceux qui y applaudissent voudraient que la pièce fût relevée par plus d'une facétie de ce genre ; mais le sujet ne le comportait pas et l'effet serait, à mon avis, plus décisif si l'opéra de Psyché, débarrassé de ces concessions au vulgaire, se tenait toujours à la hauteur du mythe ingénieux et touchant qui a traversé les âges sans rien perdre de sa grâce mystérieuse. La nouvelle distribution a été celle-ci : Psyché, Marie Heilbronn ; Éros, Mme Engally ; Mercure, Morlet ; le berger Hylas, Chenevière ; le roi, Bacquié ; Bérénice, Mme Irma Marié ; Daphné, Mlle Donadio-Fodor. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]
PSYCHÉ
Tragi-comédie-ballet de Molière, Corneille et Quinault. Jules Cohen a refait la musique des chœurs de cet ouvrage, pour une reprise qui en eut lieu avec éclat, à la Comédie-Française, au mois d'août 1862.
PSYCHÉ ET L'AMOUR
Pastorale de Voisenon, musique de Saint-Amans, représenté à Bruxelles vers 1778.
P’TIT FI, P’TIT MIGNON
Vaudeville de Gabriel et Dupeuty, musique de M. Bernardin, représenté au théâtre Déjazet dans le mois de février 1860. Mlle Déjazet, sous un costume de zouave, chantait à ravir de jolis couplets.
P’TITES MICHU (LES)
Opérette en trois actes, livret d’Albert Vanloo et Georges Duval, musique d’André Messager. Création aux Bouffes-Parisiens le 16 novembre 1897. => fiche technique
PUBLIC VENGÉ (LE)
Comédie-vaudeville en un acte, livret de Leprêtre, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 09 avril 1782.
PUCK
Opéra féerique en 3 parties et 8 tableaux, livret d'André Boll d'après « le Songe d'une nuit d'été » de Shakespeare, musique de Marcel Delannoy.
PERSONNAGES : PUCK, génie espiègle (rôle dansé) — TITANIA, reine des fées (soprano) — HERMIA, fiancée de Démétrius, qui aime Lysandre (soprano) — HÉLÈNE, amoureuse de Démétrius (mezzo-soprano) — Une fée (soprano) — THÉSÉE, Duc d'Athènes, fiancé d'Hippolyte (ténor) — DÉMÉTRIUS, jeune Seigneur, amoureux d'Hermia (ténor) — OBÉRON, roi des génies (basse) — LYSANDRE, jeune seigneur, amoureux d'Hermia (ténor) — BOTTOM (trial), Quince, Sung et Flûte, chanteurs d'une troupe d'opéra — EGÉE, courtisan de Thérèse (rôle parlé) — HIPPOLYTE, reine des Amazones (rôle muet) — Les voix de la forêt (soprano, baryton, basse et les ondes Martenot) — Sylphides — Elfes — Petits rats — Anons.
L'action se passe dans une Athènes de fantaisie.
Création au Théâtre Municipal de Strasbourg, le 29 janvier 1949.
« Quoique Marcel Delannoy poursuive avec son art des chemins nouveaux, sa
musique ne devient jamais agressive. Intimement liée à l'action et mélodieuse à
souhait, elle représente de vraies trouvailles. On y rencontre ni chœurs, ni
figurants. Ils sont remplacés par le ballet et la pantomime. »
Résumé.
PROLOGUE : Le Palais de Thésée. — Thésée, Duc d'Athènes, annonce son prochain hyménée avec la fière amazone Hippolyte. Egée, vieux courtisan, vient porter plainte contre sa fille Hermia laquelle, fiancée par son père à Démétrius, lui préfère Lysandre. Thésée, pris comme arbitre, accorde à Hermia quatre jours pour accepter Démétrius pour époux, sous peine d'encourir la dure loi d'Athènes. Lysandre et Hermia conviennent de se rencontrer le soir dans les bois voisins.
ACTE UNIQUE : Un bois près d'Athènes. — Lysandre et Hermia s'égarent dans ces bois et s'y endorment sous les arbres. Puck, sur ordre d'Obéron, roi des génies, touche d'une fleur magique les yeux du jeune homme endormi et change ses sentiments ; à son réveil il se prendra d'amour pour la première femme qu'il apercevra. Cependant Démétrius, amant rebuté d'Hermia, erre avec Hélène dans les bois solitaires. La fleur magique dont Lysandre a été touchée le change à son tour : c'est à présent Hélène qu'il aime. Les amants se fuient et se poursuivent dans le bois ombreux.
— Au dessus de ces deux couples voltige l'essaim léger des sylphes et fées. Leur reine Titania a un favori qu'Obéron, son époux, veut lui arracher : ils se querellent. Obéron pour se venger ordonne à Puck de toucher de la fleur magique les yeux de Titania endormie. Aussitôt réveillée, elle se trouve éprise du chanteur Bottom, changé en âne.
Au retour du matin, Oberon ordonne alors à Puck de tout faire rentrer dans l'ordre. Titania qui s'éveille auprès du monstre le chasse avec horreur et se réconcilie avec Oberon. Lysandre revient à Hermia et Démétrius aime Hélène.
EPILOGUE : Le Palais de Thésée. — Tout s'arrange enfin : on célèbre les mariages des deux couples amoureux et celui de Thésée et d'Hippolyte, et la pièce finit dans l'allégresse générale.
PUDOR
Saynète musicale, musique de Charles Grisart, représentée au Cercle des Beaux-Arts le 11 mars 1876.
PUITS D’AMOUR (LE)
Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Adolphe de Leuven, musique de Michael William Balfe. Création au Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 20 avril 1843, décors de Pierre-Luc-Charles Ciceri, avec Mmes Célestine Darcier (le page Fulby), Félix-Mélotte (la princesse Philippine de Hainaut), Anna Thillon (Géraldine) ; MM. Jean-Baptiste Chollet (Edouard III), Audran (le comte Arthur de Salisbury), Henri (Bolbury), Daudé (lord Nottingham).
« Cet ouvrage est le meilleur de M. Balfe qui ait été joué à Paris. Le public lui a fait un bon accueil ; car il a eu un grand nombre de représentations. En outre, plusieurs thèmes tirés de la partition ont joui d'une véritable popularité. Le compositeur ayant obtenu, malgré sa qualité d'étranger et d'Anglais, la représentation de son opéra, c'est-à-dire une faveur refusée à un grand nombre de musiciens nationaux et postulants, a rencontré peu de bienveillance dans la presse. M. Balfe a parcouru depuis une belle carrière ; il a trouvé dans son pays la fortune et la renommée. Quoiqu'il ait fait représenter d'assez nombreux opéras, nous croyons que le Puits d'amour est resté au premier rang. Le sujet a un intérêt piquant. Un certain roi Edouard mène joyeuse vie avec plusieurs jeunes, seigneurs. Pour éprouver le courage de ses affiliés, il leur impose de se jeter dans un puits qu'on appelle le Puits d'amour parce que, d'après la ballade chantée dans la pièce, une jeune fille, trompée par son amant, s'y est précipitée. Mais ce puits est une sorte de souterrain bien capitonné qui mène à une salle somptueuse, où la société royale se donne rendez-vous. Un des compagnons du roi, Salisbury, a conçu un amour véritable pour une jeune fille nommée Géraldine, filleule et fiancée d'un shérif ridicule. Elle ne le connait que sous les apparences de Tony, le matelot. Le roi, qui doit épouser la princesse de Hainaut, veut aussi donner une femme à son favori. Salisbury, au désespoir, est contraint d'obéir, et renvoie à Géraldine l'anneau qu'elle a donné au matelot, en lui faisant annoncer qu'il a cessé de vivre sans cesser de l'aimer. La jeune fille, après avoir reçu le fatal message, se précipite dans le Puits d'amour. Mais voilà qu'elle se retrouve au milieu des seigneurs de la cour, déguisés en démons. Elle se croit morte et dans l'enfer. Sa candeur court les plus grands dangers dans ce refuge des plaisirs royaux ; mais Salisbury est là pour la protéger. Pendant qu'Edouard, déguisé en Pluton, dispute aux démons une facile victoire, le comte court prévenir le shérif, qui vient arrêter le roi comme un faux Edouard. Le roi, d'abord furieux, s'apaise au moyen de plusieurs procédés familiers à Scribe, pardonne au shérif, au comte de Salisbury et consent à son union avec Géraldine. Malgré la complication apparente du livret, et son invraisemblance, c'est un fort joli ouvrage. L'ouverture se compose d'un adagio mystérieux, dont l'harmonie est distinguée, et d'un allégro un peu bruyant. L'air du shérif : Pour bien remplir mon ministère, a de la rondeur, et Henri le chantait bien ; le duo pour soprano et basse : Compter sur la constance d'un matelot, est sur un rythme un peu commun et cependant d'un effet agréable, à cause sans doute de la disposition des voix. La légende chantée par Mlle Darcier a une originalité plaisante. L'air dit par Jean-Baptiste Chollet avec une désinvolture royale : O passe-temps enchanteur, se distingue par un bon rondo. La romance de ténor, chantée par Audran et qui vient ensuite, est la meilleure inspiration de tout l'opéra ; elle est d'une sensibilité exquise. Nous citerons, pour abréger, les couplets : Le temps emporte sur ses ailes, Tony le matelot, et surtout l'air de Mme Anna Thillon : Rêve d'amour, rêve de gloire, dont la cabalette est gracieuse. Cette cantatrice a prêté à la musique de son compatriote sa jolie voix et son style agréable. N'oublions pas un quintette bien écrit pour les voix et bien conduit. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]
PUITS D'AMOUR (LE)
Vaudeville-opérette en trois actes, paroles de Pierre Veber et L. Bannières, musique de Louis Gibaux, représenté au théâtre Cluny le 26 décembre 1901.
PUITS QUI PARLE (LE)
Opéra-comique en un acte, paroles anonymes, musique d’Arthur Mancini, représenté à Caen en mars 1883. L'auteur était professeur au conservatoire de Caen.
PUITS QUI PARLE (LE)
Opérette en trois actes, livret de Paul Burani et Alexandre Beaumont, musique d’Edmond Audran, représenté au théâtre des Nouveautés le 15 mars 1888 avec Mlles Lardinois, Juliette Darcourt, Lantelme, Darcelle et Debriège, MM. Brasseur père et fils, Perrin, Gaillard et Tony Riom.
« C'était une sorte de petite féerie musicale, sans grand esprit, ornée d'une musique sans grande saveur, jouée par toute une collection de fort jolies femmes sans grands costumes, et qui fut jouée sans grand succès. »
[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]
PUNITION (LA)
Opéra-comique en un acte, paroles de Desfaucherets, musique de Cherubini, représenté à Feydeau le 23 février 1799.
PUPILLE (LA)
Comédie en un acte, en prose, avec un divertissement, paroles de Fagan, musique de Mouret, représentée au Théâtre-Français le 05 juillet 1734.
PYGMALION
Acte du ballet du Triomphe des Arts, opéra en un acte, poème de La Motte, musique de La Barre, représenté au Théâtre de l’Opéra le 16 mai 1700. Il n’eut aucun succès. Plus tard, le poème fut refait par Balot de Sauvot.
PYGMALION
Acte du ballet du Triomphe des Arts, poème refait par Balot de Sauvot, et remis en musique par Jean-Philippe Rameau, représenté au Théâtre de l'Opéra le 27 août 1748, avec Jélyotte (Pygmalion); Mlles Romainville (Céphise), Coupée (l'Amour) et Puvignée (la Statue animée). Dans le Ballet, c'est Marchand qui remplissait le rôle du Tambourin.
« C'est le sujet de la dernière entrée du Ballet de La Motte : le Triomphe des Arts. Balot de Sovot en rajusta les paroles, et la musique de Rameau en fit la fortune.
On introduisit Pygmalion à la suite du Carnaval et la Folie et de plusieurs autres ouvrages.
Parodie : l'Origine des Marionnettes, 1753. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PYGMALION
Scène lyrique de Jean-Jacques Rousseau, musique de Coignet, représenté au Théâtre-Français le 30 octobre 1775.
PYGMALION
Opéra-comique en un acte, livret de Barnabé Farmian Durosoy, musique de Barnaba Bonesi. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 16 décembre 1780.
PYGMALION
Opéra en un acte, livret de Patin et Arnould, musique de Fromental Halévy (composé en 1823), ouvrage posthume, inédit et non représenté.
PYRAME ET THISBÉ
Tragédie lyrique en cinq actes, précédé d'un prologue, livret de La Serre, musique de François Rebel et François Francœur, représenté à l'Académie royale le 17 octobre 1726, avec Muraire (Ninus), Thévenard (Pyrame), Chassé (Zoroastre), Mlle Antier (Zoraïde), Mlle Pélissier (Thisbé), Dun et Cuvillier, Mlle Eremans et Mignier.
« Le 26 décembre 1726, Mlle Lemaure, pour sa rentrée au théâtre, chanta le rôle de Thisbé, dans lequel voulut aussi débuter Mlle Petitpas, le 22 janvier 1727.
C'est à la fin du 1er acte de Pyrame et Thisbé que se trouve un agréable duo, d'un rythme très franc, sur la reprise duquel Mlle de Camargo dansait un pas fort applaudi. Le succès de ce morceau fut tel qu'il servit de thème principal à une favorite : c'est le premier air d'opéra qui ait obtenu l'honneur d'une métamorphose de ce genre, et il s'appela tout d'abord la Camargo. On le retrouve sous ce nom dans la Clé du Caveau.
Mlles Pélissier, Petitpas et Camargo, qui parurent en même temps à l'Académie de musique, faisaient toutes les trois partie de l'Opéra de Rouen, dirigé par Pélissier. La ruine de cet entrepreneur fit la fortune de la première scène lyrique de Paris.
Reprises : 1740, 1759 et 1771.
Parodies de Dominique, Riccoboni fils et Romagnési, 1726 ; de Favart, 1740 ; le Quiproquo, 1740. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PYRAME ET THISBÉ
Mélodrame, musique de Jean-Baptiste Rochefort, représenté à Cassel en 1785.
PYRRHUS
Tragédie lyrique en cinq actes et un prologue, livret de Fermelhuis, musique de Royer, représentée par l'Académie royale de musique le 26 octobre 1730. Ce compositeur fut chef d'orchestre de l'Opéra et directeur du Concert spirituel. Il écrivit la musique du poème de Voltaire intitulé Pandore ; elle est restée inédite.
« Malgré les belles décorations de Servandoni et une exécution confiée à l'élite des artistes, cet opéra ne fut représenté que sept fois. »
(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)
PYRRHUS ET POLYXÈNE
Tragédie lyrique en cinq actes, paroles de Joliveau, musique de Dauvergne, représenté à l'Opéra le 11 janvier 1763.