Encylopédie     © l’Art Lyrique Français

ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES

A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z

 

L

LE - LI - LOI - LU

 

 

LABOUREUR CHINOIS (LE)

 

Opéra en un acte, livret de J.-M. Deschamps, Jean-Baptiste Després et Etienne Morel de Chédeville, musique tirée d'Haydn, de Mozart et arrangée par Henri Montan Berton, création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 05 février 1813. Divertissements de Louis Milon. Costumes de François Guillaume Menageot.

 

« Mme Albert (Mlle Hymm) joua le rôle de Nida avec succès. Sa coiffure à la chinoise eut plus de vogue que le pastiche. Elle fut adoptée pendant quelques années dans le monde élégant. Berton ne craignit pas d'ajouter à la musique des grands maîtres quelques airs et des récitatifs de sa composition. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Les principaux morceaux de cet opéra sont empruntés à Mozart et à Jos. Haydn. Ce pastiche obtint du succès, grâce à Mme Albert (Mlle Hymm) et à sa coiffure d'un genre nouveau. Cette habile cantatrice remplissait le rôle de Nida, et elle était secondée par Lays (Kan-si), Nourrit (Falzé), Dérivis (l'Empereur) et Bertin (le Mandarin). »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

LAC DES FÉES (LE)

 

Opéra en cinq actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d’Esprit Auber. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 01 avril 1839. Divertissements de Jean Coralli. Décors de René Philastre et Charles Cambon. Costumes de Paul Lormier. Avec Mmes Rosine Stoltz (Marguerite), Nau (Zéila), Élian Barthélemy (Edda et un jeune Pâtre) ; MM. Gilbert Duprez (Albert), Levasseur (Rodolphe de Cronembourg), François Wartel (Issachar), Alexis Dupont (Conrad), Ferdinand Prévôt (Fritz), Molinier (Pikler).

 

« Le sujet de la pièce appartient à une ballade allemande et ne pouvait suffire aux dimensions d'un opéra en cinq actes. L'ouverture est une des mieux réussies du célèbre compositeur, et on l'entend toujours avec plaisir. Duprez a chanté avec talent le rôle de l'étudiant poétique et rêveur Albert ; Mlle Nau, celui de la reine des fées Zéila. Nous citerons particulièrement le duo : Asile modeste et tranquille, et le chœur des étudiants : Vive la jeunesse. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LADY MELVIL

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, musique d’Albert Grisar, représenté sur le théâtre de la Renaissance le 15 novembre 1838.

 

« L'action se passe à Londres. Une grande dame, lady Melvil, est aimée par un artiste florentin nommé Bernard, qui emploie, pour parvenir à lui faire connaître son amour, bien des moyens, au nombre desquels il s'en trouve d'assez peu délicats, entre autres celui de lui envoyer une parure vendue à la duchesse de Devonshire. Malgré le scandale causé par cette licence, lady Melvil et Bernard s'entendent à merveille et finissent par s'épouser, et, ce qui atténue singulièrement la thèse que les auteurs se sont proposé de soutenir pour flatter le goût du public de ce temps, il se trouve que Bernard est noble et qu'il cachait son titre sous les apparences de la profession d'orfèvre. La partition renferme de jolies idées, des phrases originales, en un mot elle annonçait beaucoup de talent ; le trio en canon du premier acte, les couplets de Tom Krick, les airs de lady Melvil ont été appréciés d'emblée par les musiciens et le public. C'est dans cet ouvrage que la charmante cantatrice anglaise, Mme Anna Thillon a débuté. Les autres rôles ont été remplis par Féréol, Saint-Firmin, Mmes Chambery et Henri. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LÀ-HAUT

 

Opérette bouffe en trois actes, livret d'Yves Mirande, Gustave Quinson et Albert Willemetz, musique de Maurice Yvain, créée aux Bouffes-Parisiens le 29 mars 1923 avec Mmes Malbos (Emma), Montallet (Maud), MM. Maurice Chevalier (Evariste Chanterelle), Dranem (Frisotin).

 

« Evariste Chanterelle, arrivé au ciel après un séjour au purgatoire, voit de là-haut sa femme restée sur terre et courtisée par un cousin. Il obtient la permission d'aller la chercher et la ramène au ciel, au milieu d'aventures qui peuvent être d'autant plus invraisemblables que tout cela n'était qu'un rêve. Sur cette bouffonnerie, M. Yvain a écrit une musique agréable, sans prétention et bien rythmée. »

(Larousse Mensuel Illustré, mai 1923)

 

 

LAÏS

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Lacrie et Pontier, musique de Marc Delmas (Saint-Quentin, 28 mars 1885 - Paris, 30 novembre 1931), représenté au Grand Théâtre de Dijon en février 1909.

 

 

LAITIÈRE DE TRIANON (LA)

 

Opéra de salon, livret de Galoppe d'Onquaire, musique de Weckerlin, représenté dans les salons de Rossini le 18 décembre 1858. C'est une idylle agréable, qui a été chantée avec talent par M. Biéval et Mlle Mira.

 

 

LAITIÈRE ET LE POT AU LAIT (LA)

 

Pièce en un acte et en vers, mêlée de chant, de William Busnach et Armand Liorat, musique de Frédéric Wachs, représentée au Palais-Royal le 01 mai 1883.

 

 

LAKMÉ

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Philippe Gille et Edmond Gondinet, musique de Léo Delibes.

 

Personnages : Lakmé (soprano) ; Malika (mezzo-soprano) ; Ellen (soprano) ; Rose (soprano) ; Mistress Bentson (mezzo-soprano) ; Gerald (ténor) ; Nilakantha (basse) ; Frédéric (baryton) ; des Hindous, des officiers anglais et leurs épouses, des marins, des marchands chinois, des musiciens, des brahmanes.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 14 avril 1883. Mise en scène de Charles Ponchard. Décors d’Auguste Rubé, Philippe Chaperon, Jean-Baptiste Lavastre, Antoine Lavastre et Eugène Carpezat. Costumes de Théophile Thomas.

Mmes Marie VAN ZANDT (Lakmé), FRANDIN (Mallika), PIERRON (Mistress Bentson), RÉMY (Miss Ellen), Zoé MOLÉ-TRUFFIER (Miss Rose).

MM. TALAZAC (Gérald), COBALET (Nilakhanta), Auguste Armand BARRÉ (Frédéric), CHENNEVIÈRE (Hadji), TESTE (un Domben), Pierre Julien DAVOUST (un Marchand chinois), BERNARD (le Kouravar).

Au 2e acte, « Danses hindoues » réglées par Mlle L. MARQUET, dansées par Mlles ANTONELLI, MAGGI, MILANI et le Corps de ballet.

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

100e représentation le 06 mai 1891.

Mmes Jane HORWITZ (Lakmé), Blanche DESCHAMPS-JEHIN (Mallika), PIERRON (Mistress Bentson), Suzanne ELVEN (Miss Ellen), DEGRANDI (Miss Rose).

MM. GIBERT (Gérald), Maurice RENAUD (Nilakhanta), SOULACROIX (Frédéric), Edmond CLÉMENT (Hadji), Etienne TROY (un Domben), LONATI (un Chinois), MOUSELER (le Kouravar).

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

Représentation du 28 avril 1898.

Mmes NEVADA (Lakmé), Marie DELORN (Mallika), PIERRON (Mistress Bentson), MOLÉ (Miss Ellen), VILMA (Miss Rose).

MM. Adolphe MARÉCHAL (Gérald), MONDAUD (Nilakantha), DUFOUR (Frédéric), JACQUET, Etienne TROY, MONTÉGUT, ÉLOI.

 

1427e représentation à l'Opéra-Comique en mai 1955.

 

 

23.06.1909

Opéra-Comique

(500e)

24.06.1926

Opéra-Comique

(863e)*

12.01.1928

Opéra-Comique

(911e)*

26.01.1929

Opéra-Comique

(941e)*

03.04.1929

Opéra-Comique

(950e)*

13.05.1931

Opéra-Comique

(1000e)

24.11.1933

Opéra-Comique

(1042e)**

13.11.1936

Opéra-Comique

(1078e)

19.11.1936

Opéra-Comique

***

Lakmé

LIPKOWSKA

FERALDY

GAULEY

GAULEY

GAULEY

BEN SEDIRA

Hermine GATTI

 

TURBA-RABIER

Mallika 

J. LASSALE

ESTEVE

DUCUING

DUCUING

DUCUING

G. CERNAY

ARNAUD

 

FENOYER

Mistress Bentson 

VILLETTE

TIPHAINE

TIPHAINE

TIPHAINE

VILLETTE

TIPHAINE

TIPHAINE

 

TIPHAINE

Miss Ellen

BAKKERS

FAROCHE

LEBARD

CORNEY

LEBARD

LEBARD

VIGOUROUX

 

GAUDEL

Miss Rose

POUMAYRAC

VACCHINO

VAVON

LEBARD

VACCHINO

VACCHINO

DOUSSET

 

SECONDI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gérald

Léon BEYLE

VILLABELLA

VILLABELLA

Paul SAVERNY

CLAUDEL

CLAUDEL

Louis ARNOULT

Louis ARNOULT

Georges THILL

Nilakantha

GHASNE

ALBERS

BALDOUS

GUÉNOT

GUÉNOT

BALDOUS

André ARBEAU

CLAUDE-GOT

André PERNET

Frédéric

André ALLARD

BOURDIN

G. VILLIER

J. VIEUILLE

J. VIEUILLE

J. VIEUILLE

PAYEN

ROUSSEAU

ROUSSEAU

Hadji

DOUSSET

ROUSSEL

ROUSSEL

DE CREUS

DE CREUS

DE CREUS

DE CREUS

LE PRIN

LE PRIN

le Domben

VINET

 

 

GAILLOUR

GAILLOUR

GAILLOUR

  GUILLOT  

un Marchand Chinois

ÉLOI

 

 

ÉLOI

ÉLOI

ÉLOI

  POUGNET  

le Kouravar

BARTHEZ

 

 

RIVES

RIVES

IMBERT

  DUFONT  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ballet

R. BADET

Mona PAIVA

Mona PAIVA

Andrée COMTE

DE RAUWERA

DE RAUWERA

Solange SCHWARZ

 

 

Chef d’orchestre

PICHERAN

LAUWERYNS

LAUWERYNS

LAUWERYNS

LAUWERYNS

LAUWERYNS

Henri JAMIN

 

Eugène BIGOT

 

* Décors de Raymond Deshays. Au 2e acte, Nouveau Divertissement Hindou réglé par Louise Virard.

** Décors de Raymond Deshays. Au 2e acte, Ballet réglé par Carina Ari.

*** Pour la première soirée du grand abonnement de quinzaine (les "jeudis" de l'Opéra-Comique).

 

 

 

11.12.1937

Opéra-Comique

(1104e)

28.05.1943

Opéra-Comique

(1141e)

02.12.1944

Opéra-Comique

(1171e)

10.04.1946

Opéra-Comique

(1199e – Gala)

25.02.1956

Opéra-Comique

(1436e)

18.10.1959

Opéra-Comique

 

17.01.1960

Opéra-Comique

 

04.01.1961

Opéra-Comique

(1502e)*

Lakmé

TURBA-RABIER

J. MICHEAU

 

Lily PONS

 

Mado ROBIN

Mado ROBIN

Mady MESPLE

Mallika 

J. MATTIO

J. MATTIO

 

J. MATTIO

 

J. COLLARD

Raymonde NOTTI-PAGES

Jane BERBIE

Mistress Bentson 

TIPHAINE

M. LEGOUHY

 

M. LEGOUHY

 

Gabrielle RISTORI

Gabrielle RISTORI

Gabrielle RISTORI

Miss Ellen

Ch. GAUDEL

G. CHELLET

 

G. DROUOT

 

Micheline DUMAS

Micheline DUMAS

Micheline DUMAS

Miss Rose

GAUDINAU

Ch. GAUDEL

 

Ch. GAUDEL

 

Jacqueline CAUCHARD

Jacqueline CAUCHARD

Georgette SPANELLYS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gérald

L. ARNOULT

L. ARNOULT

L. ARNOULT

L. ARNOULT

Roger GARDES

Michel CADIOU

Alain VANZO

Alain VANZO

Nilakantha

L. MOROT

L. MUSY

Jacq. ROUSSEAU

Paul CABANEL

Charles CLAVENSY

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

Xavier DEPRAZ

Frédéric

E. ROUSSEAU

E. ROUSSEAU

BUSSONNET

A. GAUDIN

Marcel ENOT

Julien THIRACHE

Pierre GERMAIN

Antoine GRIFFONI

Hadji

PUJOL

Henry BUCK

Henry BUCK

P. DERENNE

LE PRIN

Serge RALLIER

André NOEL

Jacques LOREAU

le Domben

Raymond GILLES

Raymond GILLES

Raymond GILLES

Raymond GILLES

Henri BEDEX     Jacques HIVERT

un Marchand Chinois

Gabriel COURET

SAINT-COME

POUJOLS

RALLIER

Victor BONOMO     André DAUMAS

le Kouravar

BARBERO

A. MESTRAL

DUFONT

G. WION

Jean GIRAUD     Robert GEAY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ballet

Sonia BESSIS

Sol. SCHWARZ

 

L. BYSANTI

 

 

 

 

Chef d’orchestre

Roger DESORMIERE

E. BIGOT

 

A. WOLFF

 

Richard BLAREAU

Richard BLAREAU

Jésus ETCHEVERRY

 

* Version originale avec récitatifs. Maquettes et réalisations des décors et costumes dans les ateliers de l'Opéra-Comique. Mise en scène de Jean-Jacques Brothier. Au 2e acte, danses réglées par Michel Rayne : Mlle Gisèle Adloff, Mlles Lyna Garden, Olga Alexandrowicz, Christiane Payen, Josyane Consoli, Claudette Scouarnec, Michèle Baude, Françoise Lamone, Josette Jeisler.

 

1265 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 971 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 11 en 1951, 11 en 1952, 9 en 1953, 14 en 1954, 13 en 1955, 18 en 1956, 15 en 1957, 16 en 1958, 12 en 1959, 7 en 1960, 23 en 1961, 14 en 1962, 5 en 1963, 5 en 1964, 13 en 1965, 9 en 1966, 13 en 1967, 5 en 1968, 1 en 1969, soit 1479 au 31.12.1972.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 29 novembre 1886 avec Mmes Villaume (Lakmé), Castagné (Mallika), Legault (miss Ellen), Gandubert (miss Rose), Gayet (mistress Bentson), MM. Engel (Gérald), Renaud (Nilakantha), Isnardon (Frédéric), Gandubert (Hadji), Durand (un domben), Fleurix (un marchand), Séguier (un kouravar).

 

Une série de représentations de cet ouvrage fut donnée à la Gaité-Lyrique dont la première eut lieu le 18 février 1908 avec Mmes Alice VERLET (Lakmé), GORSKA (Mallika), VILLETTE (Bentson), GONZALES (Ellen), FAIRY (Rose), MM. David DEVRIES (Gérald), Félix VIEUILLE (Nilakantha), VIGNEAU (Frédéric), ÉLOI (Hadji), sous la direction d'Auguste AMALOU.

 

Résumé.

La scène se passe au milieu du XIXe siècle, dans une possession anglaise de l'Inde, où une fille de brahmine, Lakmé, aime d'un amour impossible Gérald, un officier anglais. Le premier acte amène la rencontre de Gérald et de Lakmé, le deuxième, la vengeance farouche de Nilakantha qui frappe Gérald au cours d'une fête populaire, et le troisième, au sein de la forêt mystérieuse, la mort de Lakmé au moment où Gérald la quitte pour rejoindre son régiment.

 

ACTE I. — Le jardin ombragé d'une pagode, dans un paysage tropical.

Le brahmine Nilakantha qui hait les Anglais, célèbre son culte à l'écart. Il se sépare ensuite de sa fille Lakmé qu'il laisse avec ses serviteurs Hadjii et Mallika. Les jeunes filles célèbrent le calme et le repos de l'asile qu'elles habitent, puis s'éloignent pour se rendre au bain [Ensemble : Sous le dôme épais...].

Tout à coup, un bruit se fait entendre, celui d'une clôture brisée. Par la brèche pénètrent Gérald et Frédéric, officiers anglais, en compagnie d'Ellen, fille du gouverneur et fiancée de Gérald, de Rose, sa cousine, et de leur gouvernante, Mrs Bentson. Ils ont cédé à la curiosité de visiter la mystérieuse enceinte, en dépit des prudents avertissements de Frédéric. Tous se retirent après quelques instants, à l'exception de Gérald, retenu à la vue d'un bijou laissé sur une table par Lakmé [Air de Gérald : Prendre le dessin d'un bijou... — Fantaisie aux divins mensonges...]. Lakmé apparaît, accompagné de Mallika. Elle soupire, car elle est à l'âge de l'amour [Récit et Strophes de Lakmé : Mais je sens en mon cœur des murmures confus... — Pourquoi dans les grands bois ?...].

Soudain, sa rêverie est interrompue ; elle étouffe un cri, car elle a aperçu Gérald. Ses serviteurs accourent. Lakmé les éloigne du geste, et se retourne, courroucée, vers l'audacieux qui a osé franchir l'enceinte sacrée. Mais, quand Gérald lui dit des mots d'amour et brave la mort pour le seul plaisir de la voir, elle s'émeut. La belle jeune fille ne tarde pas à être charmée, enivrée même par les paroles de l'étranger [Air de Gérald et Ensemble : C'est le dieu de la jeunesse...]. L'entretien est interrompu par l'arrivée de Nilakantha qui découvre immédiatement la clôture brisée : périra le coupable qui a osé profaner le jardin sacré ! Il compte d'ailleurs sur Lakmé pour le lui désigner.

ACTE II. — En pleine ville hindoue, un jour de fête.

Tableau bruyant et animé d'un jour de fête, avec quelques incidents comiques, auxquels prennent part Mrs Bentson et ses élèves. Frédéric plaisante Gérald sur son air rêveur.

Après un Ballet de Bayadères, entrent Nilakantha et Lakmé, costumés en mendiants [Stances de Nilakantha : Lakmé, ton doux regard se voile...]. Nilakantha demande à sa fille de chanter la Légende sacrée de la Fille des Parias, espérant qu'en l'entendant, l'étranger maudit qu'il cherche se trahira [Air de Lakmé, dit « Air des Clochettes » : Où va la jeune Hindoue, fille des parias ?...]. Lakmé, qui, après s'être assurée de l'absence de Gérald, a commencé avec fermeté, se trouble lorsqu'elle l'aperçoit, s'avançant avec Frédéric. Cela suffit à Nilakantha, qui profite de la diversion introduite par le passage de soldats anglais au son des fifres et des tambours, pour tramer le sinistre complot. Gérald sera suivi, entouré, tandis que Lakmé restera sous la garde de Hadjii, qui est un ami sûr. Lakmé lui fait en vain signe de s'écarter : Gérald lui crie son amour ardent. Lakmé tente vainement de le mettre sur ses gardes, il se refuse obstinément à s'éloigner d'elle. Le cortège de la déesse Dourdja, qui passe à ce moment, l'y oblige tout de même. Les conjurés en profitent pour frapper Gérald par derrière, le laissant, croient-ils, mort sur la place, avant de disparaître.

Lakmé est accourue ; elle se penche sur Gérald et le fait transporter au cœur de la forêt, dans une retraite où elle usera de ses talents de guérisseuse pour le ramener à la vie.

ACTE III. — Dans la forêt, au seuil d'une cabane de bambous.

Lakmé, entourant le blessé de tendres soins, l'a bientôt remis sur pied. Elle lui redit la tragique aventure et lui dévoile son naïf amour. Gérald, touché de son dévouement, jure de lui consacrer sa vie. Lakmé part alors pour la source sacrée, chercher l'eau qui unit les cœurs aimants.

Resté seul, Gérald voit arriver Frédéric, qui a suivi sa trace au sang égoutté de sa blessure. Il lui apprend que l'Inde est en insurrection, et que le régiment de Gérald va partir : s'il ne se présente pas, il sera porté déserteur ! Gérald finit par promettre qu'il sera au rendez-vous. Frédéric s'éloigne.

Lakmé revient, heureuse, portant la cruche contenant l'eau sacrée. Elle s'aperçoit tout de suite de la transformation qui s'est opérée en son absence dans le cœur de son ami. Lakmé s'alarme, et le charme opère : Gérald accepte de s'unir à elle pour toujours. Mais on entend passer les fifres et les tambours britanniques. Lakmé comprend qu'une barrière infranchissable se dressera toujours entre eux. Se sentant abandonnée, elle saisit une fleur de datura et y puise la mort. Gérald commence à comprendre à son tour. Il s'alarme et oublie tout ce qui n'est pas Lakmé : qu'elle lui donne la coupe, il est prêt à la vider avec elle. Tous deux accomplissent alors le rite qui les lie jusqu'à la mort, et qui rendra Gérald inviolable aux Hindous. Aussi, quand Nilakantha arrive, juste à temps pour recueillir le dernier soupir de sa fille, elle peut encore arrêter sa main et mourir dans les bras de Gérald, en lui balbutiant des mots d'amour...

 

« Lakmé, grâce à sa musique si pleine de charme, de poésie, de couleur et d'originalité, a obtenu l'un des plus grands succès qu'on ait connus à l'Opéra-Comique depuis une vingtaine d'années. C'est là de la musique bien française, claire, limpide, élégante, vraiment inspirée, qui a placé son auteur au premier rang des artistes de ce temps. Elle avait valu à Delibes, que la mort nous a enlevé trop tôt, son élection à l'Académie des beaux-arts, en remplacement de Victor Massé, et elle semblait lui promettre un long et brillant avenir, brisé par une fin brusque et prématurée dont l'art français s'est ressenti cruellement.

Le livret de Lakmé, peut-être un peu uniforme, était aimable cependant, et présentait cette qualité trop rare qu'il était écrit avec une véritable élégance. Il avait d'ailleurs inspiré le musicien de la façon la plus heureuse, et l'on ne saurait lui en demander davantage. La scène se passe dans les Indes anglaises, où un jeune officier nommé Gérald doit épouser prochainement une belle jeune fille, miss Ellen, sa compatriote. Le hasard veut qu'un jour, pénétrant dans le jardin d'un brahmane, il se trouve en présence de la fille de celui-ci, la jolie Lakmé, dont il s'éprend aussitôt et qui répond à son amour. Mais le père de celle-ci, Nilakantha, prêtre fanatique, ayant appris qu'un profane avait franchi le seuil de sa demeure sacrée et avait osé adresser la parole à sa fille, a juré la mort de l'infidèle dont la présence a souillé son logis. Nilakantha ne saurait reconnaître Gérald, qui s'est enfui à son approche, mais il le découvrira pour se venger de lui. A cet effet il parcourt la ville, sous les habits d'un moine mendiant, et se fait accompagner par sa fille, dont il fait une diseuse de chansons, pensant que sa vue et sa voix amèneront Gérald à se découvrir. A la vue de celle qu'il aime, Gérald se trahit en effet, et un coup de poignard l’a bientôt puni de son audace. La blessure toutefois n'est pas mortelle, et le dévouement de Lakmé, qui soigne Gérald en secret, le rend à la vie. Les deux amants s'adorent plus que jamais, et Lakmé prépare leur union secrète selon le rite de Brahma, lorsqu'on entend au loin la musique d'un régiment qui passe : c'est celui de Gérald, qui s'éloigne pour aller prendre part à la répression d'une révolte des Indiens. Le devoir parle au cœur du jeune officier plus fort que l'amour. Gérald ne peut rester auprès de son amie, qu'il abandonne pour aller où l'honneur l'appelle. Lakmé, qui ne peut supporter son départ, s'empoisonne alors en mâchant la feuille d'un arbre dont le suc est mortel, pour mourir dans les bras de celui qu'elle ne saurait cesser d'aimer. « C'est mon rêve, » dit- elle,

 

C'est mon rêve qui sombre,

Et je ne sais quel ombre

Passe sur mon cœur attristé ;

Mais je meurs sous le charme

De ma première larme

D'ivresse et de volupté.

 

Si l'on voulait signaler toutes les belles pages de la partition de Lakmé, il faudrait, en quelque sorte, en dresser le catalogue thématique. C'est d'abord le beau prélude instrumental, dans lequel les violons établissent avec une grande puissance la phrase que nous retrouverons au second acte, dans le duo passionné de Gérald et de Lakmé, puis le chœur religieux des Hindous qu'on entend dès le lever du rideau et auquel succède le noble et large chant de Nilakantha : Soyez trois fois bénis ! L'invocation du vieux prêtre : Blanche Dourga, pâle Siva, n'est pas moins heureuse, et le petit duo de Lakmé et de sa compagne Mallika est d'une grâce onduleuse et charmante. Ce premier acte, très riche, renferme encore un quintette d'un rythme piquant dans lequel est insérée une jolie romance de baryton, l'air de Gérald : Fantaisie aux divins mensonges et l'adorable chant de Lakmé : Pourquoi dans les grands bois... devenu si célèbre. Le second acte s'ouvre sur la scène vivante, brillante et grouillante du marché, traitée par le musicien avec une verve, un entrain, une crânerie et une sûreté de main extrêmement remarquables, et les airs de danse qui la terminent sont d'une fraîcheur et d'un dessin adorables. La légende de la Fille des parias est un air de virtuosité qui était destiné surtout à faire ressortir l'habileté et toutes les ressources de la voix si étonnante de Mlle Van Zandt ; grâce à son talent, Delibes a su éviter la banalité dans une circonstance où tout autre que lui peut-être y aurait succombé. L'acte se couronne d'une façon superbe par le grand duo d'amour de Gérald et de Lakmé dont l'orchestre nous a donné un avant-goût dans l'introduction symphonique de l'œuvre. Enfin, sans oublier l'entr'acte et le joli chœur lointain : Descendons la pente doucement, il faut surtout citer au troisième acte les deux grands duos de Gérald et de Lakmé, avec le délicieux cantabile de celle-ci : Ah ! viens dans la forêt profonde, dont le sentiment est si pénétrant. Mais une énumération est bien sèche et bien froide lorsqu'il s'agit d'une telle œuvre, où il faut louer surtout la couleur, la grâce, la poésie, le sentiment à la fois chaste et passionné de l'inspiration, sans parler du choix et de la fraîcheur des idées, du piquant et de la nouveauté des harmonies, de la tenue et de la clarté du discours musical, de la richesse et de la variété de l'orchestre, enfin de toutes les qualités de forme et de fond qui concourent à l'enfantement d'une œuvre exquise en son ensemble et dans toutes ses parties. C'est grâce à ces qualités que Lakmé, après avoir enchanté le public français, a fait triomphalement le tour de toutes les scènes de l'Europe, portant au loin la renommée de Delibes et contribuant pour sa grande part à la gloire de la jeune école française dans ce qu'elle a de sain, de vigoureux, de personnel et de vraiment national. Le succès si franc, si spontané et si sincère de Lakmé était d'ailleurs aidé par une interprétation de tout point remarquable. C'était une artiste pleine de grâce et d'originalité, Mlle Marie Van Zandt, cantatrice d'une extraordinaire habileté, qui personnifiait la jeune héroïne indienne, tandis que le rôle de Gérald était tenu par M. Talazac et que celui de Nilakantha faisait le plus grand honneur à M. Cobalet ; les autres, moins importants, étaient confiés à Mlles Frandin, Rémy, Molé et Pierron, à MM. Barré et Chenevière. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Gérald, officier anglais de l'armée des Indes ; Frédéric, son camarade ; Nilakantha, brahmine ; Hadji, serviteur de Nilakantha ; Lakmé, fille de Nilakantha ; Mallika, suivante de Lakmé ; Ellen, fiancée de Gérald ; Rose, amie d'Ellen ; Mistress Bentson, gouvernante des deux jeunes filles.

La scène se passe de nos jours, dans une possession anglaise de l'Inde.

Livret hétéroclite : sur une touchante et même tragique histoire d'amour — l'amour impossible d'une fille de brahmine pour un officier anglais — sont plaquées des scènes comiques qui jurent et font tache. Malgré ces défauts, la pièce est une des mieux assises au répertoire, grâce à la délicieuse musique de Delibes.

Le premier acte se passe dans un paysage tropical, dans le jardin qui entoure la pagode où Nilakantha, adversaire farouche des Anglais, célèbre son culte en cachette et entretient au cœur des Hindous qui le vénèrent la haine de l'impie envahisseur.

Un chœur religieux des fidèles amène sur la porte de la pagode le vieux prêtre, puis Lakmé. Laissés seuls, le père et la fille se séparent : Nilakantha doit se rendre à la ville pour la fête qui se prépare. Il confie Lakmé à Hadji et à Mallika. Les deux jeunes filles célèbrent le calme et le repos de l'asile qu'elles habitent puis s'éloignent pour se rendre au bain.

Pas plutôt sont-elles sorties que le jardin est envahi avec bris de clôture par une bande folle : Rose, Ellen, leur gouvernante, cèdent à la curiosité qui les pousse à visiter la demeure d'un brahmine et elles refusent de prêter l'oreille aux prudents avertissements de Frédéric. Gérald, fiancé d'Ellen, est uniquement préoccupé de la poésie du lieu. Pendant que les autres s'éloignent, il s'attarde à prendre copie d'un bijou que Lakmé a oublié là. Mais Lakmé revient, accompagnée de Mallika ; Gérald se cache pour mieux contempler cette exquise apparition. Lakmé renvoie Mallika ; elle soupire : du vague lui monte au cœur, car elle est à l'âge de l'amour. Soudain sa rêverie est interrompue et elle étouffe un cri : elle a aperçu Gérald. Ses serviteurs accourent ; mais au lieu de requérir leur aide, elle les tranquillise et les éloigne. Puis, quand elle est seule, elle se tourne courroucée vers le sacrilège qui n'a pas craint de pénétrer dans une enceinte sacrée, que souille sa seule présence. Est-ce bien cependant de la colère qu'elle éprouve ? Non, elle a été frappée au cœur et quand Gérald, sous le charme, lui dit des mots d'amour et brave la mort pour le seul plaisir de la voir un instant, elle s'émeut : la chose est si nouvelle pour elle ! Mais l'entrevue n'est pas de longue durée : Nilakantha revient et Gérald, sur la prière de Lakmé, s'enfuit. Il reste cependant des traces de son passage, une clôture brisée. Nilakantha le voit aussitôt et jure la mort de l'étranger impur qui a pénétré chez lui.

Cet étranger, il faut le retrouver. Ce ne sera pas chose facile. Cependant Nilakantha ne doute pas que, si un étranger s'est exposé à un danger aussi terrible, il faut qu'il y ait été poussé par le désir de voir sa fille. Il compte donc sur elle pour lui faire reconnaître le coupable.

C'est à cela que nous le retrouverons occupé au deuxième acte, qui s'ouvre sur le tableau bruyant et animé d'un jour de fête dans une ville de l'Inde. Quelques incidents comiques, auxquels prennent part Mistress Bentson et ses élèves, précèdent un ballet de bayadères. Après la danse, entrent Nilakantha et Lakmé, déguisés en mendiants. Nous apprenons incidemment que Gérald, qui a rejoint le groupe des anglo-indiens, est très préoccupé depuis l'aventure de la pagode.

Nilakantha, resté seul avec sa fille au milieu d'une foule de curieux, demande à Lakmé de chanter. Pendant le chant, il scrute les physionomies des auditeurs, épiant un geste, un mot échappé par surprise au sacrilège, si par hasard il vient à passer. Lakmé, qui s'est assurée de l'absence de Gérald, commence avec assurance la légende de la fille des parias. Mais, au milieu, elle aperçoit le jeune officier qui approche avec Frédéric. Il ne la voit pas encore, mais c’est elle qui se trouble. Quand enfin Gérald l'a reconnue, il fait un mouvement vers elle, elle pousse un cri. Cela suffit : Nilakantha est renseigné.

Des soldats anglais passent au fond, au son des fifres et des tambours. La curiosité de la foule est détournée de ce côté. Le père et la fille restent seuls avec quelques conjurés à qui Nilakantha a fait signe de rester. Et là se trame le sinistre complot : Gérald sera suivi, isolé, entouré et frappé sans voir qui le frappe. Pendant l'exécution, Lakmé restera sous la garde de Hadji. Hadji est pour la jeune fille un ami sûr et dévoué. Il a deviné son mal et lui offre ses services : si elle a un ami à sauver, il est là, qu'elle use de lui.

Mais Lakmé lui fait signe de s'écarter : Gérald revient et lui crie son amour ardent. Elle tente vainement de le mettre sur ses gardes : elle ne veut pas qu'il meure ! Qu'il fuie donc au plus vite ! Mais il se refuse obstinément à s'éloigner d'elle. Il le faut, cependant, au moins momentanément, car on entend approcher le cortège de la déesse Dourja. Brillant déploiement de mise en scène ; danseuses sacrées, etc. Gérald y a assisté, sans se douter qu'il est guetté. Quand le cortège a passé, entraînant la foule à sa suite, les conjurés s'approchent silencieusement et frappent le malheureux par derrière. Ils le laissent pour mort sur la place et disparaissent. Mais Lakmé veillait ; elle se penche sur le blessé, s'assure qu'il vit encore et ordonne à Hadji de le transporter dans la petite cabane en bambous, au cœur de la forêt, où elle usera de ses talents de guérisseuse et rendra la vie à celui qu'elle aime — elle le sait maintenant.

Le troisième acte se passe dans la forêt, à l'entrée de la mystérieuse retraite choisie par Lakmé pour cacher ses amours. Gérald renaît à la vie, grâce aux soins de la magicienne. Elle lui redit la tragique aventure où il faillit succomber et lui dévoile son rêve naïf de vie à deux : ne l'aime-t-il pas comme elle l'aime ? Dans le lointain on entend le chant des amants qui se rendent à la source sacrée. Pourquoi ne pas les imiter ? Et Lakmé part pour la source chercher l'eau qui unit pour la vie les cœurs aimants.

Ici se place la plus énorme invraisemblance d'un livret qui en contient passablement. Resté seul, Gérald voit arriver Frédéric, qui a suivi sa trace au sang égoutté de sa blessure. Il est ravi de trouver son ami vivant, mais il lui apporte une fâcheuse nouvelle : le régiment de Gérald va partir, et s'il manque à l'appel, il sera porté comme déserteur. Entre l'amour de Lakmé et le devoir envers la patrie, un officier ne saurait hésiter. Gérald finit par promettre à son ami qu'il sera au rendez-vous dans une heure, et Frédéric s'éloigne.

Lakmé revient heureuse, portant la cruche où elle a recueilli l'eau sacrée. Mais pas plutôt a-t-elle plongé les yeux dans ceux de Gérald qu'elle reconnaît la transformation qui s'est opérée en son ami. Elle s'alarme, ses pleurs opèrent, et Gérald, de nouveau sous le charme, accepte de s'unir avec elle pour la vie. Mais à la lisière du bois on entend passer les fifres et tambours britanniques, et une flamme passe dans les yeux du jeune officier. Lakmé a compris : une barrière infranchissable se dressera toujours entre eux. En simple fille de la nature, pour qui vivre c'est aimer, elle donne alors sans hésitation à son rêve la seule conclusion qu'il lui semble comporter : pendant que Gérald, distrait, écoute les chants des soldats, elle mord une fleur vénéneuse de datura, puis, avec une infinie tendresse, elle fait ses adieux à celui qui lui révéla l'amour. Gérald commence à comprendre à son tour ; il s'alarme, il oublie tout ce qui n'est pas Lakmé : qu'elle lui donne la coupe, il est prêt à la vider avec elle. Et tous deux accomplissent le rite qui les lie jusqu'à la mort. Lakmé sait bien que pour lui la délivrance n'est pas loin : mais du moins ce rite le rendra-t-il inviolable pour les Hindous : en mourant elle lui sauve donc une seconde fois la vie. Et quand Nilakantha survient, juste à temps pour recueillir le dernier soupir de sa fille, elle peut encore arrêter son bras et protéger celui qu'elle aime. Les dieux sont satisfaits : il leur fallait une victime, elle s'est offerte. Et Lakmé expire en balbutiant des mots d'amour à Gérald désespéré. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« L’Inde est le pays des pêcheurs de perles... C'est dans ce cadre merveilleux qu'Edmond Gondinet et Philippe Gille ont enchâssé leur Lakmé. Dans tout le répertoire de l'opéra-comique, il n'y a point de bijou d'un plus délicieux orient.

Arnold Mortier — le rédacteur du Figaro si connu pour les spirituelles chroniques théâtrales qu'il publiait sous la signature : « Un Monsieur de l'orchestre » — a complètement gardé l'anonymat sur l'affiche de cette pièce à laquelle il avait collaboré. Gille, Gondinet et Mortier formaient un triumvirat d'écrivains dramatiques gais. Le Roi l'a dit et Jean de Nivelle appartiennent également à Gille et à Gondinet — et c'est à l'auteur de ces dernières partitions, relevant toutes deux du lyrisme léger, presque de l'opérette, qu'ils firent appel pour Lakmé : le compositeur Léo Delibes, surtout apprécié pour ses ballets célèbres de Coppélia et de Sylvia.

L'école française n'a rien donné de plus littéralement « joli » — aussi, le succès de Lakmé, créé par Mlle Van Zandt — étoile américaine, un peu filante — et Talazac, sur la scène de l'Opéra-Comique (direction Carvalho) le 14 avril 1883, a-t-il été retentissant. L'année 1883 est restée celle de Lakmé.

 

***

 

Une des possessions anglaises de l'Hindoustan vient de se soulever contre le joug britannique ; et l'armée de Sa Gracieuse Majesté a facilement dompté les rebelles à l'exception de ces vieux prêtres fanatiques, qui jouèrent si gros jeu dans la révolte des Cipayes. L'un d'eux, Nilakantha, vit à l'écart dans sa pagode, célébrant plus ou moins clandestinement le culte de Brahma, Siva et Vishnou, et attisant chez les fidèles la haine de l'envahisseur. Une fête sacrée se prépare, aux apprêts de laquelle va veiller le brahmane, qui laisse Lakmé, son enfant chérie, poétique « fille des dieux », sous la garde des serviteurs dont il est sûr : Hadji, tout dévoué à sa petite maîtresse, et Mallika, la compagne attentive de sa jeunesse. Les deux amies vont se baigner dans le Gange. Tout à coup, des rires éclatent et un essaim d'européennes fait étourdiment irruption dans le jardin de la pagode. Ce sont les charmantes filles du gouverneur : Misses Ellen et Rose et leur très respectable chaperon, Mistress Bentson, complètement affolée par les dégâts occasionnés à la clôture végétale dans laquelle ces demoiselles pénètrent avec effraction. Les folles n'ont pu résister à la curiosité qui les entraîne, et elles sont bientôt rejointes par leurs fiancés respectifs, Gérald et Frédéric, officiers de la Reine. Frédéric, plus sage et plus averti du danger mortel que l'on court en violant le mystère des temples hindous et l'intimité religieuse de leurs farouches desservants, réussit à faire prévaloir ses conseils de prudence — et la bande joyeuse s'éloigne,… à l'exception de Gérald, nature rêveuse, qui tient à profiter de l'occasion pour parcourir en artiste l'exotique habitation. Cependant qu'il s'attarde à prendre le croquis d'une étrange parure oubliée par Lakmé, la jeune Indienne surgit... A l'aspect du sacrilège, son premier mouvement est d'appeler au secours ; mais un cri serait le signal d'un massacre, — et tandis qu'elle hésite, Gérald la contemple, en extase, — et lorsque dans le désarroi des sentiments qui l'envahissent, avec un apitoiement courroucé, la gentille prêtresse adjure ce téméraire de s'enfuir, le bel officier ne trouve à répondre que « Laisse-moi te regarder ! »

Lakmé, tout à l'heure, sentait dans son cœur, sous les effluves des tropiques, s'éveiller mille sensations nouvelles encore assez vagues... et Gérald la regarde amoureusement, et brave la mort pour ce seul plaisir... Un éclair des yeux, un contact de mains — tout de suite, le coup de foudre !...

Le retour de Nilakantha vient arracher les deux amants à leurs premiers aveux, à leurs duos, à leur étreinte. Le vieux brahme a connu la présence d'un étranger — et les dieux ne pardonnent point les profanations de ce genre.

Au milieu d'un marché bruyant, Gérald, obsédé par le souvenir de son idéale vision, promène les premières mélancolies — soudain, dans la foule bariolée, parmi les mercantis, les soldats et les bayadères paraît un derviche mendiant, appuyé sur une jeune fille qui demande l'aumône en chantant d'antiques poèmes... Nilakantha, déguisé, cherche la victime expiatoire. Le rusé personnage a deviné bien des choses, et il compte sur le hasard, à défaut de l'amour, pour amener l'inconnu en face de Lakmé dont il espère surprendre quelque tressaillement révélateur. Il oblige avec insistance la malheureuse enfant à chanter une légende de « charmeurs »... et, fatalement attiré, Gérald s'approche. Lakmé n'a pas su retenir un cri. Nilakantha en sait suffisamment... et pendant que la pauvre petite essaie de ressaisir ses esprits, le prêtre s'attache aux pas de sa proie... Dans l'ombre, à la faveur du tumulte frénétique déchaîné par le passage d'une procession en l'honneur de la déesse Dourgâ, Gérald est entouré, entraîné, aussitôt frappé d'un coup de kriss malais — et les assassins s'enfuient. Mais Hadji, le fidèle esclave de Lakmé, veillait de loin ; sur l'ordre de sa maîtresse, il relève Gérald, s'assure rapidement que la blessure n'est pas incurable... comme tous les Hindous, il connaît les magiques vertus des plantes de la grande jungle — et l'on transporte le jeune homme dans une petite cabane enfouie au plus épais de la forêt des bambous.

Gérald est demeuré longtemps caché dans sa retraite de verdure — seul avec Lakmé. La fille des dieux n'a plus d'incertitude sur les sentiments qui l'ont agitée, et elle veut célébrer ses noces mystiques en buvant avec l'élu l'eau miraculeuse du fleuve sacré. Pendant qu'elle se dirige vers la source, Gérald est retrouvé par son ami Frédéric et il apprend que le régiment va partir... Entre l'amour et l'honneur, l'officier n'a pas hésité ; lorsque Lakmé revient, elle ne reconnaît plus son amant : c'est le soldat qui lui répond ! Une courte lutte s'engage, et peut-être le blessé va-t-il succomber à la tentation de ne plus quitter la délicieuse amie qui l'a sauvé... mais une marche militaire éclate à la lisière du bois : Gérald se redresse — Lakmé comprend que le devoir les rend étrangers l'un à l'autre... Elle n'hésite pas et s'empoisonne avec une fleur vénéneuse. Le jeune homme s'élance — trop tard. Il n'a plus qu'à vider la coupe apportée par la petite prêtresse pour la consécration de leur union. Le rite pieux le rend invulnérable désormais aux vengeances de Nilakantha qui s'approche ; et tous deux recueillent, brisés, le dernier regard de Lakmé qui exhale son âme idyllique en murmurant : « Tu m'as donné le plus doux rêve qu'on puisse avoir sous notre ciel. »

Ce suicide aux plantes exotiques (en l'espèce, le datura stramonium) est une réminiscence de l'Africaine sous le fatal mancenillier — et, plus tard, Madame Butterfly n'a pas été sans évoquer la figure passionnément tendre de Lakmé.

Nous conseillons aux spectateurs sensibles de relire en rentrant le conte de Boccace mis en rimes légères par Alfred de Musset sous le titre de « Simone ». Ils y trouveront un exemple salutaire des risques auxquels on s'expose en mordant aux fleurs défendues — sauge, ciguë ou belladone — et de consolantes considérations sur la fin des « âmes heureuses à qui Dieu fit cette faveur de partir encore amoureuses... ».

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

« Marcel Lamy a remonté Lakmé à l'Opéra-Comique, dans de nouveaux décors fabriqués dans les ateliers de la maison, avec un jeune metteur en scène qui ne coûte pas (encore) très cher, Jean-Jacques Brothier. Malheureusement, cette solution n'a pas fait plaisir à tout le monde, à Jean-Jacques notamment, qui s'est plaint amèrement de ne pouvoir travailler sur des maquettes conçues par un seul homme. Il s'est consolé en allant acheter lui-même, dans un grand magasin qui exposait des objets de l'Inde, les plus beaux saris authentiques qui s'y trouvaient. Et il a fait appel à une Indienne expérimentée pour draper lesdits saris sur les formes parfois opulentes des choristes.

Dans cette Lakmé, on a beaucoup admiré la taille fine et les progrès de la prima donna Mady Mesplé. Elle les doit au dernier en date des professeurs au Conservatoire, la cantatrice Janine Micheau, qui a pris sa cadette en main.

— Lakmé est l'un des rôles les plus difficiles que je connaisse, dit Janine Micheau. Pour l'air des Clochettes, je commençais à avoir le trac dès le premier acte. Je me nouais, ma gorge se séchait ; je croyais que je ne pourrais jamais chanter. Pour tout arranger, j'avalais un grand verre de whisky avant d'entrer en scène. Après, cela marchait tout seul. »

[Musica disques, mars 1961]

 

 

LALLA-ROUKH

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Michel Carré et Hippolyte Lucas, d’après un poème de Thomas Moore, musique de Félicien David.

 

Personnages

Voix

créateurs

Noureddin

1er ténor

MM. Félix MONTAUBRY

Baskir

1re basse chantante ou baryton

GOURDIN

Bakbara

basse

Pierre Julien DAVOUST

Kaboul

basse

LEJEUNE

Lalla-Roukh

soprano

Mmes CICO

Mirza

soprano

Emma BÉLIA

une Bayadère (danse)

 

Mlle MONTERO (débuts)

Esclaves, Soldats, Bayadères

 

 

Chef d’orchestre

 

Ernest DELDEVEZ

 

L’action se déroule dans la vallée de Cachemire (1er acte), et dans le palais d’été du roi de Samarcande (2e acte).

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 mai 1862, mise en scène d’Ernest Mocker, décors de Jean-Pierre Moynet, Charles Cambon et  Joseph Thierry, costumes de Jules Marre.

 

100e représentation le 09 avril 1863 avec les créateurs.

 

376e et dernière représentation le 29 mai 1898 :

Mmes ARNOLD (Lalla Roukh), Jeanne TIPHAINE (Mirza).

MM. Léon DAVID (Nourreddin), Hippolyte BELHOMME (Baskir), ÉLOI (Bakbara), Etienne TROY (Kaboul).

Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.

 

376 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1899.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 27 octobre 1862 avec Mmes Eugénie Monrose (Lalla-Roukh), Dupuy (Mirza), MM. Jourdan (Noureddin), Bonnefoy (Baskir). 

 

« L'originalité du poème, dont l'invention appartient à Thomas Moore, le lieu de l'action, la poésie vague de certaines situations, l'indécision même des caractères, tout semblait concourir à favoriser l'inspiration du compositeur. Aussi a-t-il obtenu un succès incontestable et mérité. Lalla Roukh (Joue de Tulipe, en langue indienne), fille d'un sultan des Indes, se rend de Delhi à Cachemire pour épouser le fils du roi de la petite Boukharie. Elle est accompagnée par un homme de confiance, un eunuque nommé Baskir, lequel, chargé de veiller sur la princesse, s'acquitte assez mal de ses délicates fonctions. Pour charmer les ennuis du voyage, une sorte de trouvère indien chante à Lalla Roukh des romances si tendres, qu'elle écoute avec tant de plaisir, que son cœur n'est plus libre au moment où elle touche au but de son voyage. Fort heureusement, comme dans Jean de Paris, le compagnon de route de la princesse n'était autre que le jeune prince de Boukharie, qui avait voulu connaître quels sentiments il pouvait inspirer à sa fiancée et parvenir à se faire aimer pour lui-même. Après une délicieuse introduction : C'est ici le pays des roses, et les couplets de Baskir, dont le rythme est heureux, le morceau le plus saillant du premier acte, est la suave cantilène de Noureddin : Ma maîtresse a quitté la tente ; les couplets de Mirza : Si vous ne savez plus charmer, avec son petit allegro, ont aussi beaucoup de grâce. Au deuxième acte, l'air de Lalla Roukh : O nuit d'amour, est d'une poésie inspirée. Nous aimons moins l'allegretto qui le suit et qui manque de distinction. Le duettino : Loin du bruit, loin du monde, est un des plus jolis nocturnes qu'on entende au théâtre. Les couplets : Ah ! funeste ambassade ! et le duo bouffe : Tout ira bien demain, sont aussi des morceaux parfaitement réussis. Mlle Cico a créé le rôle de Lalla Roukh avec toutes les apparences de la distinction ; Gourdin et Mlle Bélia ont aussi très bien rempli leurs rôles. Montaubry n'a donné aucun relief à celui de Noureddin. Roger en eût fait une création poétique et charmante. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LAMBERT SIMNEL

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d’Hippolyte Monpou, terminée et orchestrée par Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 14 septembre 1843 avec Mmes Révilly (la Duchesse de Durham), Célestine Darcier (Catherine Bred), Zoé Prévost (Marthe) ; MM. Masset (Lambert Simnel), Mocker (Edouard), Grard (le Comte de Lincoln), Duvernoy (Richard Simon), Honoré Grignon (le major Tom Will), Henri (John Bred).

 

« La partition est l'œuvre posthume du compositeur. Elle était restée inachevée, dit-on ; Adolphe Adam la termina. L'action se passe sous Henri VII, roi d'Angleterre. Le comte de Warwick, dernier descendant des Plantagenets, est mort dans la Tour de Londres. Ses partisans découvrent un jeune garçon qui lui ressemble, c'est Lambert Simnel. C'était dans l'histoire le fils d'un boulanger ; Scribe a préféré en faire un garçon pâtissier, comme il a transformé, dans le Prophète, Jean de Leyde, le tailleur, en un cabaretier. Le comte de Lincoln fait passer Lambert Simnel pour le prétendant. L'ambition s'empare du pauvre garçon, qui abandonne sa fiancée Catherine et court se signaler par mille exploits. Mais le masque tombe, le héros redevient pâtissier comme devant, épouse Catherine, et le répertoire de l'Opéra-Comique compte un mauvais poème de plus. Il avait été refusé par Donizetti et par Halévy. On retrouve dans la musique les qualités et les défauts du compositeur romantique : la recherche de la couleur, un sentiment mélodique réel, des modulations trop brusques et des rythmes heurtés. Nous doutons qu'on doive lui attribuer le monstrueux anachronisme du God save the king, composé plus de cent soixante-dix ans après la guerre des Deux roses. Scribe n'y regardait pas de si près et Adolphe Adam encore moins. Nous citerons, parmi les morceaux les plus saillants, le chœur d'introduction, qui a de la vigueur et qui est coupé par de jolis couplets ; l'air de ténor, dont l'adagio est empreint d'une mystique tendresse :

 

Les yeux baissés, timide et belle,

Ma fiancée est à mon bras ;

Doucement vers la chapelle

Je guide ses pas ;

 

le terzetto : Il nous faut un Warwick, est bien traité ; l'air de soprano qui ouvre le second acte : Anges divins, de celui que j'aime, se distingue par un adagio d'un sentiment exquis et qui, exécuté par les violoncelles, a servi d'ouverture. Les couplets : J'avais fait un plus joli rêve, sont d'une touche délicate et expressive. Le troisième acte n'offre guère de saillant que la romance chantée par Simnel : Adieu, doux rêves de ma gloire, qui se distingue surtout par le sentiment de ce refrain :

 

Vous m'avez donné la couronne,

Vous m'avez ravi le bonheur !

 

En somme, l'intérêt musical est plus puissant dans le premier acte que dans ceux qui suivent, ce qui est nécessairement pour un ouvrage lyrique une cause d'insuccès. Masset et Mlle Darcier ont chanté avec talent les rôles de Lambert Simnel et de Catherine ; les autres ont été interprétés par Grard, Mocker, Henri, Honoré Grignon, Duvernoy, Mmes Zoé Prévost et Révilly. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LAMBERT SIMNEL

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville (celui de l'opéra de Monpou), musique de Charles Van der Does, maître de musique du roi Guillaume III, représenté à La Haye dans le mois de janvier 1851. On a prétendu que plusieurs morceaux avaient été composés par le roi lui-même.

 

 

LANCELOT

 

Drame lyrique en quatre actes et six tableaux, livret de Louis Gallet et Edouard Blau, musique de Victorin Joncières.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 07 février 1900. Mise en scène de Pedro Gailhard. Décors d'Eugène Carpezat (1er et 2e actes [les 3 premiers tableaux]), Amable (3e acte et 2e tableau du 4e acte), Philippe Chaperon fils (1er tableau du 4e acte). Costumes de Charles Bianchini. Au 4e tableau, le Rêve de Lancelot, divertissement, chorégraphie de Joseph Hansen.

Tableaux : 1. le palais du roi Arthur ; 2. la chambre de la reine ; 3. la terrasse du château de Dinan ; 4. le lac des Fées, au clair de lune ; 5. le couvent ; 6. le lac des Fées, au soleil couchant.

Mmes Marie DELNA (Guinèvre), BOSMAN (Elaine).

MM. VAGUET (Lancelot), Maurice RENAUD (Arthus), FOURNETS (Alain de Dinan), BARTET (Markhoel), LAFFITTE (Kaddio), LACOME et PELOGA (2 Serviteurs), GALLOIS, ROGER, DELIT, BAUDIN, BARRAU, DHORME, LABERE, FOURCADE, CANCELIER, DENOYE et PALIANTI (les Chevaliers Pairs).

Danses : Mlles SANDRINI (la Fée du lac), ROBIN (Lancelot), J. RÉGNIER, IXART, MORLET, L. MANTE et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Paul VIDAL

 

8e à l’Opéra, le 24 avril 1900, avec les créateurs, sauf : Mme Berthe SOYER (Guinèvre).

 

8 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« Le cycle justement célèbre des romans de la Table-Ronde, vaste épopée dont le roi Arthus est en quelque sorte le centre et le pivot, a été mis largement à contribution par Wagner, qui, malgré son dédain apparent pour la France, lui a emprunté délibérément les sujets de quelques-uns de ses drames. Du Chevalier au Cygne il a fait Lohengrin ; Tristan de Léonois lui a fourni la donnée de Tristan et Yseult, et il a trouvé dans Perceval le Gallois celle de son Parsifal. Parmi les autres il a négligé le Chevalier à la charrette, dont deux de ses compatriotes, MM. Théodore Hentschel et A.-R. Hermann, ont fait chacun un opéra, qu'on a vu représenter sans grand succès en ces dernières années, l'un à Leipzig, l'autre à Brunswick. Ce « chevalier à la charrette », c'est précisément Lancelot du Lac, qui a fourni aux auteurs de Lancelot le héros de leur livret. Ils en ont malheureusement dénaturé le caractère, en en faisant non plus, comme dans le poème de Chrétien de Troyes, le vengeur de son roi et le poursuivant du ravisseur de la reine Guinèvre, mais précisément le propre amant de cette princesse, ce qui est justement le contraire du récit original.

Le premier acte représente la grande salle du palais du roi Arthus. Des douze pairs qui sont appelés à prendre place auprès de lui autour de la Table-Ronde, un a disparu, et deux chevaliers se présentent pour lui succéder. L'un est Alain de Dinan, brave et loyal serviteur de son roi, père de la jeune Élaine, qu'Arthus voudrait faire épouser à Lancelot, son favori ; l'autre est le farouche Markhoel. dont le caractère fâcheux ne tarde pas à se dévoiler. Confiant dans le jugement et l'honnêteté de Lancelot, Arthus lui confie la mission de choisir entre les deux prétendants, lorsque ceux-ci lui auront exposé leurs titres à la dignité qu'ils convoitent. Alain parle le premier et, sûr de son passé, dit simplement à Lancelot : « Je n'ai rien à t'apprendre, juges, tu me connais. » Et Lancelot lui répond respectueusement : « Je vous connais, messire. » Il n'en est pas de même avec Markhoel, qui remplace l'énumération de ses titres par une menace directe à Lancelot. Il a surpris son secret, découvert qu'il est l'amant de la reine, et si Lancelot ne le nomme pas, il dévoilera tout. Indigné, Lancelot, qui néanmoins a le cœur d'un chevalier, n'hésite pas et proclame comme douzième pair le plus digne de cet honneur, Alain de Dinan. Markhoel, furieux ne tarde pas à se venger. Grâce à lui, le roi surprend Lancelot et la reine au milieu d'un tendre entretien. « Je te livre cet homme », lui dit-il en lui montrant Lancelot. Quant à la reine, qu'il n'a cessé d'aimer, il se borne à la confiner dans un cloître.

Markhoel profite sans tarder de la licence que lui a donnée le roi. En scélérat qu'il est, il attire Lancelot dans un guet-apens, le frappe et le laisse pour mort. Lancelot n'est pourtant que dangereusement blessé. Il est recueilli par Alain, chez qui il est entouré des soins les plus tendres par sa fille, la jeune Élaine. Alain a caché à son enfant le nom de l'infortuné chevalier, et Élaine s'est éprise de Lancelot sans le connaître. Celui-ci, enfin guéri, ne songe qu'à découvrir la retraite de Guinèvre, et il prend congé de ses hôtes sans se douter de l'amour qu'il a inspiré.

Nous voici précisément dans le couvent où Guinèvre s'est réfugiée. Auprès d'elle se trouve Élaine, sans qu'on sache pourquoi ni comment elle y est venue. Bientôt arrive Arthus, qui vient annoncer à l'épouse infidèle non qu'il oublie, mais qu'il pardonne, et qu'elle est libre de quitter le couvent. On voit ensuite paraître Lancelot, qui a découvert la retraite de sa bien-aimée et qui veut l'entraîner avec lui. Guinèvre refuse. Lancelot, désespéré, va s'éloigner, mais Élaine a surpris les derniers mots de leur entretien, elle a reconnu Lancelot, elle a tout compris, et son émotion est si forte qu'elle tombe inanimée.

Que sera le dénouement ? Le voici. Lancelot se retrouve au bord du lac où il a passé les belles années de son enfance. Une barque apparaît, glissant très lente. Sur le devant, un rameur. Dans la barque, Élaine étendue, en vêtements blancs, entourée de fleurs et de verdure. A l'arrière est assise une femme vêtue de deuil et les traits cachés par un long voile noir. La barque s'est encore avancée. Lancelot regarde et s'écrie : « Élaine !... Morte !... Que me reste-t-il donc ? » A ce cri, la femme vêtue de noir s'est dressée ; elle rejette son voile. C'est Guinèvre. Elle regarde Lancelot et, de la main lui montrant le ciel : « Ce qui me reste... Dieu ! »

Pièce singulière, sans action, sans mouvement, sans situations, sans intérêt, pièce mal conduite et mal construite, dont l'élément lyrique semble complètement absent, et où le caractère passionné des héros est rendu avec une mollesse telle qu'il n'excite ni la pitié ni la sympathie. Il est évident que M. Joncières a fait tous ses efforts pour tirer un parti acceptable de ce livret mal compris et mal venu. On n'oserait dire qu'il y a réussi, et cela est d'autant plus fâcheux qu'on sent qu'il a voulu, par la forme qu'il a donnée à son œuvre, réagir en quelque sorte contre les excès, les sottises, les aberrations des jeunes coryphées de ce qu'on appelle l'école moderne. Nous ne trouverons ici ni le fracas orchestral, ni les harmonies déchirantes, ni les audaces aussi maladroites qu'inutiles qu'on peut trop justement reprocher à certains prétendus réformateurs qui devraient bien commencer par se réformer eux-mêmes. Mais aussi, il faut bien le constater, l'œuvre est froide, trop impersonnelle, et on n'y trouve pas l'accent, l'élan, le mouvement et la couleur indispensables dans toute production dramatique. Ce n'est pas qu'on ne rencontre, dans la partition de Lancelot, certaines pages intéressantes et appelant l'attention ; mais elles sont plus rares qu'on ne le souhaiterait, et il arrive encore qu'elles manquent du nerf, de la couleur et de l'énergie nécessaires. Il faut citer pourtant, au premier acte, le chœur des chevaliers : Lancelot, brave entre les braves, chœur sans accompagnement, dont l'accent plein de franchise est doublé d'une belle sonorité ; la marche instrumentale très brillante et très colorée qui annonce l'arrivée du roi et de la reine ; puis la grande scène de Lancelot et de Guinèvre, qui est bien traitée et à qui l'on voudrait seulement plus d'élan et de chaleur communicative. Je lui préfère peut-être le duo de Lancelot et d'Élaine au second acte, qui est coupé par une ritournelle pleine d'élégance, et surtout, au troisième, la scène du pardon, entre Arthus et Guinèvre, dont le sentiment est très élevé et qui constitue l'un des meilleurs épisodes de l'œuvre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

LANGUE MUSICALE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Gabriel de Lurieu et Charles Moreau de Commagny, musique de Fromental Halévy. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 11 décembre 1830.

 

 

LANLAIRE ou LE CHAOS

 

Divertissement en un acte, livret de Bonnefoy de Bonyon et Louis de Boissy, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 juillet 1787. C’est une parodie de Tarare, opéra de Salieri (Opéra, 1787).

 

 

LANTERNE MAGIQUE (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Auguste Carré, musique de M. Deffès, écrite expressément pour le Magasin des demoiselles et publiée en 1862.

 

 

LANTERNE MAGIQUE (LA)

 

Opéra en trois actes, musique de Miry, représenté au Grand-Théâtre de Gand en 1854.

 

 

LANVAL ET VIVIANE

 

Comédie-féerie en cinq actes, en vers, d'André de Murville, musique de Champein, représentée au Théâtre-Français le 13 septembre 1788.

 

 

LAO-KAÏ

 

Opérette en un acte, paroles de M. Gervais, musique de Gaston Maynard, représentée aux Folies-Bordelaises, à Bordeaux, le 23 décembre 1886.

 

 

LAPIN BLANC (LE) ou TOBY

 

Opéra-comique en un acte, livret de Mélesville et Pierre Carmouche, musique de Louis-Ferdinand Herold. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 21 mai 1825, sans succès.

 

« La scène est en Écosse. Toby, jeune homme crédule, propose à un voyageur un lapin blanc, moyennant soixante guinées ; le voyageur ne doute pas que ce ne soit un voleur, et donne la somme, puis va faire sa déclaration. Toby est l'objet des soupçons, mais tout s'éclaircit. Ce sujet, traité en vaudeville, aurait pu réussir aux Variétés. Chute. »

[Almanach des spectacles, 1826]

 

 

LARA

 

Opéra-comique en trois actes et six tableaux, livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, musique d’Aimé Maillart.

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 21 mars 1864, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Galli-Marié (Kaled), Blanche Baretti (Camille), Valérie Tual (Casilda), Casimir (Hélène Barbara), MM. Félix Montaubry (Lara), Gourdin (Lambro), Eugène Crosti (Ezzelin), Nathan (le Marquis), Trillet (Antonio), Lejeune (Don Fabio).

Première à la Monnaie de Bruxelles le 04 mars 1865 avec Mmes Meyer-Boulart (la comtesse Flor), Faivre-Réty (Kaleb-Guenare), Arquier, Bernonville, MM. Jourdan (Lara), Brion d'Orgeval (Lambro), Barré, Ferrand, Metzler.

 

« Les deux poèmes de lord Byron, le Corsaire et Lara, ont fourni le sujet de cette pièce. Lara revient dans le château de ses pères, qu'il a quitté depuis de longues années, pour mener la vie aventureuse d'un forban. Il est suivi de Kaled, jeune esclave habillée en homme et dévouée à son maître pour lequel elle ressent un amour passionné. Pendant son absence, le château a été gardé par Lambro, vieux domestique qui n'y a laissé pénétrer personne, pas même la jeune comtesse de Flor, cousine de Lara et future héritière de ses biens. Cependant, au deuxième acte, Lara reçoit en grand seigneur ses invités. L'un d'eux, Ezzelin, aime la comtesse de Flor ; Lara, de son côté, se montre sensible à ses charmes, au grand désespoir de Kaled, dont la jalousie trahit le sexe aux yeux de la comtesse. Elle ne peut cacher sa douleur à Ezzelin, qui apprend d'elle le secret de son maître. Lara n'est autre chose que Conrad le corsaire. Ezzelin le fait connaître à l'assemblée ; mais Lara soutient si bien son rôle que les doutes se dissipent. Un rêve de Lara, qui rappelle celui de Lorédan dans Haydée, occupe une partie du troisième acte. Il se voit au milieu de ses compagnons ; un combat s'engage ; il est blessé à mort et tombe dans les bras de la fidèle Kaled. Lorsque Lara se réveille, il lit le testament de son père et y trouve la condamnation de sa conduite passée. Il se juge indigne d'habiter la demeure de ses aïeux, d'hériter de leur nom, de leurs richesses. Il s'exile donc volontairement, et monte dans une barque où Kaled le suit. Cet ouvrage a réussi. Son caractère dramatique a été rendu avec habileté par le compositeur. Comme dans les Dragons de Villars, on y trouve plusieurs scènes entrainantes et d'un grand effet. Parmi les morceaux remarqués, nous distinguerons dans le premier acte un beau chœur d'hommes, la ballade suivie du refrain : On te pendra ; les couplets de Lambro : Comme un chien fidèle. Dans le second, d'autres couplets bien tournés et chantés encore par Lambro ; la grande scène de Kaled, qui est la meilleure de tout l'ouvrage ; et le finale, qui est traité magistralement. Enfin, dans le troisième acte, la scène du rêve. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LASTHÉNIE

 

Opéra en un acte, livret de M. de Chaillou, musique d'Herold. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 08 septembre 1823. Décors de Charles Ciceri. Costumes de Garneray. Avec Nourrit (Alcibiade), Ad. Nourrit (Cléomide); Mme Sainville (Hyparète) et Mme Grassari (Lasthénie).

 

« Cette pièce empruntée au Voyage d'Anténor, avait été mise autrefois au Vaudeville. Alcibiade délaisse Hyparète, sa femme, pour Lasthénie ; Cléomède, autre libertin qui blesse aussi les droits de l'hymen, est le rival et l'ami d'Alcibiade. La courtisane n'aime ni l'un ni l'autre, et ne fait autre chose que s'amuser à leurs dépens. Elle forme donc l'honnête dessein de remettre la paix dans le ménage d'Alcibiade. A cet effet, elle persuade à chacun de ses deux amants d'employer ses soins à ramener l'autre à la fidélité conjugale. Elle fait paraître une beauté voilée qu'Alcibiade prend pour la femme de Cléomède, et qu'il lui présente devant l'autel de l'hymen , en dictant lui-même la formule du serment :

 

Je jure par les dieux de n'être plus volage,

De n'adorer que celle à qui l'hymen m'engage ;

Qu'un châtiment terrible et mérité,

Que tous les maux deviennent mon partage

Si je brûle jamais pour une autre beauté.

 

Le voile tombe, et Alcibiade reconnaît sa femme. Ce sujet fade n'a pas fort heureusement inspiré l'auteur des paroles ; mais la musique a réussi complètement. On a particulièrement remarqué le duo entre Lasthénie et Hyparète :

 

Ah ! que ce jour pour Hyparète, etc.

 

[Almanach des spectacles, 1824]

 

« Cet ouvrage n'offre aucune des qualités dramatiques dont le compositeur a fourni des preuves si brillantes dans Marie, dans le Pré aux clercs, dans Zampa. Le caractère antique que comportait le sujet, tiré des Voyages d'Anténor en Grèce, par M. de Lantier, y fait défaut. C'est d'ailleurs une comédie froide, sans situations musicales. La pièce fut sifflée; cependant la partition ne fit aucun tort à la réputation toujours croissante du compositeur. L'orchestration de Lasthénie est déjà fine et brillante ; le trio : Se peut-il qu'ainsi l'on outrage ? est bien déclamé, et le duo pour deux femmes, Lasthénie et Hyparète, offre des phrases délicieuses. Il a été chanté par Mlles Grassari et Sainville. Nourrit père, qui est devenu fort gros, jouait le personnage du sémillant Alcibiade, tandis qu'Adolphe Nourrit chantait le rôle secondaire de Cléomède. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LATROUILLAT ET TRUFFALDINI ou LES INCONVÉNIENTS D’UNE VENDETTA INFINIMENT TROP PROLONGÉE

 

Saynète-opéra en un acte, livret d’Ernest Blum et Alexandre Flan, musique d’Hervé, représentée aux Folies-Nouvelles le 28 mai 1855 avec MM. Gerpré (Truffaldini, débuts) et Blum (Latrouillat, débuts).

 

 

LAURA

 

Roman musical en trois actes et quatre tableaux, livret de Paul Bérel [Paul de Choudens], musique de Charles Pons, créé en province en 1906, puis représenté au Trianon-Lyrique le 30 décembre 1909. => détails

 

 

LAURE ou L'ACTRICE CHEZ ELLE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 septembre 1799. Cette pièce a été faite pour Mme Saint-Aubin. L'actrice répète ses rôles, reçoit des visites, entre autres celle d'un jeune et timide auteur qui a peint sa flamme dans une scène dont l'actrice prend connaissance. Le père arrive, se laisse toucher, et l'amant obtient la main de sa maîtresse. Si Dalayrac n'avait mis en musique que de semblables livrets, il eût été fort à plaindre.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LAURE ET PÉTRARQUE

 

Opéra en un acte, livret de Moline, musique de Candeille, représenté à la cour, à Marly, le 24 octobre 1778, et à l'Académie royale de musique le 02 juillet 1780. Cet ouvrage n'eut pas de succès.

 

 

LAURENCE

 

Opéra en un acte, musique de Saint-Amand, représenté à Strasbourg en 1790.

 

 

LAURETTE

 

Comédie en un acte, livret de Danzel de Malzéville, musique de Nicolas Lefroid de Méreaux. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 23 juillet 1777.

 

 

LAURETTE

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Dubuisson, musique extraite d’œuvres de Haydn, représenté au théâtre de Monsieur (Feydeau) le 30 janvier 1791. On sait que le célèbre compositeur a écrit un assez bon nombre d'opéras tant allemands qu'italiens, mais aucun pour la scène française. Celui de Laurette a été formé de différents morceaux extraits de ses œuvres.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LAURETTE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Patrat et Rougemont, musique de Lanusse, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 14 avril 1802.

 

 

LAURETTE AU VILLAGE

 

Opéra-comique, musique de Bernardo Porta, représenté au théâtre Molière en 1793.

 

 

LAURIANE

 

Grand opéra en quatre actes, livret d’A. Guiou et J. J. Magne, d’après les Beaux Messieurs de Bois-Doré de G. Sand et P. Meurice, musique d’Augusto Machado. Création à Marseille, Grand-Théâtre, le 09 janvier 1883.

 

« Augusto Machado, compositeur portugais, est actuellement directeur du Conservatoire de Lisbonne. Le sujet de cet ouvrage était tiré du beau roman de George Sand, les Beaux Messieurs de Bois-Doré ; la musique en avait été écrite sur un livret italien qu'il fallait adapter à la scène française. Conçue dans un bon style, souvent distinguée, toujours intéressante, la partition était digne d'attention, et on y sentait l'influence de la jeune école française, avec certains passages d'un italianisme qui détonnait un peu sur l'ensemble général. Parmi les morceaux les mieux venus, on distinguait : au premier acte, un joli chœur, un air de basse, une prière dans la coulisse et un finale peut-être un peu trop bruyant ; au second, le meilleur, de charmants airs de ballet, la villanelle : Sous les bosquets toujours verts, la très belle incantation du nécroman et une fraîche cavatine de ténor ; au troisième, trop long, une aubade élégante et un heureux duo d'amour ; enfin, au quatrième, une délicieuse cantilène de soprano et le quatuor du duel, qui est d'un bon effet. L'ouvrage était joué à Marseille par Mlles Julia Potel et Perretti, MM. Degenne, Hermann Devriès, Lemonier et Henri. Le 1er mars 1884, Lauriane faisait son apparition sur le théâtre San Carlos de Lisbonne, dans la patrie du compositeur, et cette fois avec son texte original italien. Les interprètes étaient alors Mmes Erminia Borghi-Mamo et Eugenia Mantelli, MM. Ortisi, Devoyod, Rapp, Piazza et Povoleri. Chose singulière, l'accueil qu'on lui fit fut moins favorable que celui qu'il avait reçu en France. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

LAUSUS ET LYDIE

 

Opéra en trois actes, musique de Lenoble et de Méhul, non représenté.

 

 

LAVANDIÈRES DE SANTAREM (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe Dennery et Eugène Grangé (1810-1887), musique d’Auguste Gevaert, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 27 octobre 1855, avec Mmes Caroline Girard (Don Luiz), Deligne-Lauters [Pauline Gueymard-Lauters] (Margarida), Amélie Bourgeois (Térésa), MM. Auguste Marchot (Jean V, roi de Portugal [rôle repris ensuite par Cabel]), Honoré Grignon (le Duc d'Aguilar), Auguste Legrand (le Baron de Casilhas), Charles Dulaurens (Manoël), Charles Prilleux (Pablo).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 21 en 1855, 2 en 1856.

 

L’œuvre comporte un ballet au second acte dans lequel figurent la Valencienne, la Galicienne, l'Aragonaise et autres pas espagnols.

 

« C'est un drame compliqué, et l'attention qu'on est obligé d'y apporter pour saisir la marche de l'action nuit aux impressions musicales. On a cependant applaudi un chœur de soldats, les couplets de Manoël introduits dans le duo. La facture de la partition atteste l'habileté et la science du compositeur. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LAZZARONE (LE) ou LE BIEN VIENT EN DORMANT

 

Opéra en deux actes, livret d'Henri de Saint-Georges, musique de Fromental Halévy. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 29 mars 1844. Décors de Jules Dieterle, Charles Séchan et Edouard Desplechin (acte I), René Philastre et Charles Cambon (acte II). Costumes de Paul Lormier. Avec Barroilhet (Mirobolante), Levasseur (Josué Corvo); Mmes Rosine Stoltz (Beppo) et Dorus-Gras (Baptista).

 

« La scène se passe à Naples, entre un vieux tuteur infidèle du nom de Josué, le lazzarone Beppo, la fleuriste Baptista, reconnue pour la nièce de Josué, et l'improvisateur Mirobolante. Le sujet est trop frivole pour un grand opéra, et la musique, parfaitement appropriée d'ailleurs aux situations, aurait été mieux goûtée à l'Opéra-Comique. On remarque l'absence de ténor dans la partition. Cette voix est remplacée par celle de contralto ; Mme Stoltz jouait le rôle de lazzarone. Nous signalerons, parmi les morceaux que renferme cet agréable ouvrage, la cavatine de Beppo : Rien n'est si doux que la paresse, et les couplets : Quand on n'a rien, chantés par Mme Stoltz ; la chanson de Baptista : Achetez-moi roses nouvelles, dite par Mme Dorus. Les duos de Beppo et de Mirobolante offrent des phrases charmantes ; celui du second acte est remarquable. Les trios sont traités avec esprit et verve. Baroilhet a montré tout son talent de comédien et de chanteur dans le rôle de Mirobolante ; Levasseur s'était chargé de celui de Josué. Halévy a obtenu sans contredit des succès marqués et profitables dans le genre de l'opéra-comique. Il connaissait à fond toutes les ressources de son art ; il avait l'esprit fin et délié; il ne pouvait toucher à rien sans faire preuve de talent. Cependant nous croyons que ce genre n'a jamais été le sien. L'Eclair, les Mousquetaires de la reine, le Val d'Andorre ne sont pas d'ailleurs des opéras-comiques, mais des opéras semi-seria, des œuvres fort distinguées, gracieuses, mais nullement comiques. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« L'absence de ténor nuisit à cet opéra, dont le sujet fut traité avec trop de recherche par le compositeur. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

LÉANDRE CANDIDE ou LES RECONNAISSANCES EN TURQUIE

 

Comédie-parade en vaudevilles en deux actes, livret de Jean-Baptiste Radet, Antoine-Pierre-Augustin de Piis, Pierre-Yvon Barré et Jean-René Le Couppey de La Rozière, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 juillet 1784.

 

 

LÉANDRE ET HÉRO

 

Tragédie lyrique en cinq actes, précédée d'un prologue, paroles de Lefranc de Pompignan, musique du chevalier de Brassac. Création au Théâtre de l'Opéra le 05 mai 1750, avec Chassé (Athamas), Jélyotte (Léandre), Albert, Selle, Person ; Mlle Chevalier (Thermilis), Fel (Héro) et Lemière (l'Amour). Ballet par l'élite des sujets de la danse.

 

Le nom des auteurs assura un succès de quelques représentations à cet ouvrage ; ils en abandonnèrent les avantages pécuniaires à Rebel et Francœur. Le chevalier composa encore un autre opéra : l'Empire de l'amour, dont les paroles étaient de Saint-Gilles. Voltaire l'en félicitait en ces termes : « Le chevalier de Brassac a non seulement le talent très rare de faire la musique d'un opéra, mais il a le courage de le faire jouer, et de donner cet exemple à la noblesse française. » Ce que Voltaire appelait courage, nous l'appelons une faiblesse et un détestable exemple. Sauf de très rares exceptions, l'inspiration n'est pas le partage des amateurs titrés qui ambitionnent les suffrages du parterre, et d'autre part le genre de vie que leur éducation et leur position leur imposent est incompatible avec les études longues et absorbantes auxquelles les véritables compositeurs doivent se vouer.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LEÇON (LA) ou LA TASSE DE GLACE

 

Comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes, paroles de Marsollier, musique de Dalayrac, représentée au théâtre Feydeau le 24 mai 1797. Cette pièce avait déjà été jouée au Théâtre-Italien, sous le titre de la Fausse peur, le 18 juillet 1774.

 

 

LEÇON D'AMOUR (LA)

 

Opéra-comique, musique d’Alphonse Varney, représenté au Théâtre-Français de Bordeaux, en février 1868.

 

 

LEÇON D'AMOUR (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Armand Liorat, musique de Frédéric Wachs, représentée aux Bouffes-Parisiens le 14 septembre 1873.

 

 

LEÇON D'UNE FEMME (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Alexis de Charbonnières, musique de Marcel Duret. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 06 mai 1815.

 

 

LEÇON DE CHANT (LA)

 

Opérette, musique de Jacques Offenbach, représenté à Ems en août 1867.

 

 

LEÇON DE CHANT (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Adenis, musique de Laurent de Rillé, représenté au théâtre de la Galerie Vivienne le 21 juin 1891.

 

 

LÉDA

 

Opérette en un acte, paroles de Fernand Beissier, musique de Justin Clérice, représentée à Parisiana le 29 février 1896.

 

 

LÉDA

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Pierre Veber et Lucien Augé de Lassus, musique d’Antoine Banès (1909).

 

 

LÉGATAIRE DE GRENADE (LE)

 

Drame lyrique en quatre actes, livret de Maurice Bouquet, musique de Hugh Cass, chef d'orchestre, représenté au Grand-Théâtre de Toulon le 28 février 1874. Chanté par Dardignac, Henry, Baldy, Mmes Fontenay-Ladois, Chabert et Nordmann. Cet ouvrage avait été présenté par ses auteurs au concours ouvert par le ministère au Théâtre-Lyrique de Paris en 1867.

 

 

LÉGATAIRE UNIVERSEL (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Jules Adenis et Lionel Bonnemère, d'après la comédie de Regnard, musique de Georges Pfeiffer (1897).

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 juillet 1901. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Mathilde de CRAPONNE (Lisette), Cécile EYREAMS (Isabelle), PIERRON (Mme Argante).

MM. Jean PÉRIER (Crispin), CARBONNE (Eraste), François-Antoine GRIVOT (Géronte), Georges MESMAECKER (Clistorel), DELAHAYE (Gaspard), JACQUIN (Scrupule), Etienne TROY (un laquais).

Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 20 mars 1905 (10e représentation). Même distribution, sauf : Mmes Lucy VAUTHRIN (Lisette), TIPHAINE (Isabelle), MM. Maurice CAZENEUVE (Eraste), GOURDON (Géronte), HUBERDEAU (Scrupule). Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.

 

14 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 31 octobre 1902 avec Mmes Maubourg (Lisette et Clistorel), Eyreams (Isabelle), Piton (Mme Argante), MM. Boyer (Crispin), Forgeur (Eraste), Caisso (Géronte), Cotreuil (Scrupule), Durand (Gaspard).

  

« Les librettistes ont désarticulé très proprement l'amusant chef-d'œuvre de Regnard pour faire tenir ses cinq actes en trois, tout en faisant à la musique la place qu'elle devait occuper. Ils ont conservé toutes les situations essentielles et ont laissé à la pièce son caractère absolument fantaisiste. Tel qu'il est, et adroitement agencé, leur livret a suffi pour inspirer heureusement le compositeur et pour lui permettre d'écrire une partition fort aimable, d'un excellent sentiment comique, et précisément conçue dans le ton, dans la forme et dans les proportions qui convenaient. M. Pfeiffer n'a pas visé à faire plus qu'il ne fallait. Sa musique, très fine, très élégante, mais surtout très discrète, composée de morceaux courts pour la plupart, reste toujours en situation et ne ralentit jamais l'action, qu'elle se borne à encadrer en quelque sorte et à souligner légèrement.

Si la muse de M. Pfeiffer ne s'est pas débridée comme celle de Regnard, si elle n'a pas le diable au corps et le feu aux trousses, elle n'en a pas moins de vraies et sérieuses qualités : un sentiment bouffe plein de grâce et de légèreté, le sens de la scène et des situations, un gentil flux mélodique à qui l'on souhaiterait parfois un peu plus de nouveauté, une sobriété rare qui ne porte préjudice ni à l'élégance des harmonies ni à la finesse de l'orchestre, enfin une construction solide et rationnelle des morceaux, car, l'œuvre ayant pris la forme dialoguée, la partition se compose naturellement de morceaux détachés, et ce n'a pas été une surprise fâcheuse pour le public, qui a eu le plaisir d'entendre non seulement des ariettes et des couplets, mais encore des morceaux d'ensemble : duos, trios et le reste, qui lui procuraient la jouissance, dont il est sevré depuis longtemps, d'entendre plusieurs voix résonnant de concert.

Après une ouverture, fort agréable, on trouve au premier acte un gentil trio d'introduction, finement travaillé, à la manière de Grisar, avec un orchestre alerte et pimpant. Moins heureuse est la romance d'Éraste, de même que son duo avec Isabelle, où l'inspiration semble restée rétive. Mais la petite ariette de Géronte : Je suis sûr qu'étant marié, est d'un tour charmant, et le trio final, avec son anathème burlesque, est très scénique et d'un style bouffe excellent. A citer particulièrement, au second acte, le quatuor de la veuve, vif et mouvementé, où la verve du compositeur s'est déployée en toute liberté. Au troisième, qui est peut-être le meilleur, il faut signaler, après un joli entr'acte où brillent un violon et un violoncelle solos, la scène du testament, qui est très bien traitée, bien en scène, avec un orchestre élégant et vivace, le petit trio qui suit, et le quintette de la léthargie, écrit en imitations, sur un rythme piquant, amusant et plein de franchise. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

LÉGENDE DE L’ONDINE (LA)

 

Drame lyrique en trois actes et six tableaux, paroles de Charles Velmont, musique de Georges Rosenlecker, représenté sur le théâtre Royal de Liège le 05 mai 1886.

 

 

LÉGENDE DE SAINT CHRISTOPHE (LA)

 

Légende en trois actes et huit tableaux, poème et musique de Vincent d'Indy (composé entre 1912 et 1920), d’après la Legenda Aurea ou Legenda Sanctorum de Jacopo da Varazze (1228-1298).

 

Créée à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 09 juin 1920 (répétition générale le 06 juin). Mise en scène d'Emile Merle-Forest. Décors de Maurice Denis.

Mmes Germaine LUBIN (Nicéa, la Reine de Volupté), Léonie COURBIÈRES, DAGNELLY, HARAMBOURE (3 Esprits célestes), KRIEGER (Voix de l'Enfant Jésus).

MM. Paul FRANZ (Auférus), DELMAS (l'Ermite), ROUARD (le Roi de l'Or), RAMBAUD (le Prince du Mal), A. HUBERTY (l'Historien), NARÇON (le Souverain Pontife), Yves NOEL (un Marchand), L. MARIE (un Amant), GONGUET (un Officier, un Archer), SORIA (un Homme), NANSEN (un Important), Michel EZANNO (un Empereur), ERNST (un Bourgeois), MAHIEUX (le Hérault).

Mlle Y. DAUNT (la Danseuse), petite MONTJARET (l'Enfant Jésus).

MM. GUILLEMIN (le Capitaine des Archers), BOURDEL (le Bourreau), Jules JAVON (un Mire).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN

 

19e à l’Opéra, le 06 décembre 1922, avec les créateurs, sauf : MM. A. GRESSE (l'Ermite), BRUYAS (un Marchand), SORIA (un Amant), G. DUBOIS (un Important), DENIZARD (le Capitaine des Gardes), P. BARON (le Bourreau), sous la direction de Gabriel GROVLEZ.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Nicéa : Mme J. HATTO (1920).

Auférus : M. DARMEL (1920).

l'Historien : A. NARÇON (1920).

 

Vincent d'INDY dirigea son œuvre les 08 octobre, 08 et 20 décembre 1920.

 

19 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

LÉGENDE DE SAINTE CÉCILE (LA)

 

Oratorio, paroles anglaises de Chorley traduites par Joseph-Dieudonné Tagliafico, musique de Julius Benedict, exécuté au Théâtre Impérial de l'Opéra (salle Le Peletier) le 30 avril 1870 avec Mmes Pauline Gueymard-Lauters, Christine Nilsson, MM. Edouard Adolphe Colin, Jean-Baptiste Faure.

 

« Cet oratorio ne fut chanté qu'une seule fois, pour la représentation au bénéfice de Mlle Nilsson, qui en versa le produit dans la caisse de l'Association des artistes musiciens. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

LÉGENDE DE SAINTE CÉCILE (LA)

 

Œuvre lyrique en trois actes et en vers, livret de Maurice Bouchor, musique d’Ernest Chausson, représentée au Petit-Théâtre de la Galerie Vivienne, par des marionnettes, le 25 janvier 1892. => partition

 

« C'est d'après la légende chrétienne que M. Bouchor a construit son petit poème tragique, car la Légende sainte Cécile n'est pas autre chose qu'une tragi-comédie — à l'usage des marionnettes. On sait que Cécile, d'après la légende, est restée pure, quoique mariée à Valérien, qui, sur ses prières, respecta son innocence. Mais Valérien était idolâtre, et elle le convertit. C'est la contrepartie de Polyeucte. Le poète nous montre Cécile prisonnière du roi, qui veut l'épouser; elle s'y refuse, quoique n'étant encore, de par la volonté de l'auteur, que la fiancée de Valérien. Mais le roi est païen, et il lui fait horreur. Celui-ci pourtant lui donne le temps de réfléchir, et il lui dépêche, pour l'amener à ses fins, son confident Gaymas, un bon vivant, très cynique, dont tous les efforts tendent à prouver à Cécile que ces dieux, qu'elle fait état de mépriser et de haïr, sont des êtres bien plus agréables qu'elle ne le suppose. Mais l'impatience du roi le pousse à venir trouver Cécile dans sa prison ; il emploie vainement auprès d'elle toutes les supplications, la vierge reste inflexible et repousse plus que jamais son amour. Survient Valérien, le visage ensanglanté, car déjà son martyre a commencé. Le roi, furieux alors, menace Cécile de la livrer à ses soldats, qui la souilleront sans pitié. Prise de terreur, Cécile appelle à son aide l'archange saint Michel, qui foudroie le misérable. Mais les deux fiancés n'échapperont point pour cela au supplice qui les attend. Cécile, la première, est livrée aux tigres, et Valérien implore le ciel afin de la voir une dernière fois pour que sa vue lui donne le courage de mourir à son tour. C'est alors que Cécile lui apparaît, radieuse et souriante, montant au ciel soutenue par deux anges. M. Ernest Chausson, qui est un de nos jeunes musiciens les plus épris des théories les plus avancées, a écrit pour cette pièce une musique qui ne cadre guère avec sa poésie simple et savoureuse. Ce n'est ni par la clarté ni par la simplicité que brille cette musique plus contournée et plus tourmentée qu'il ne faudrait, qui a surtout le tort d'offrir une grande difficulté d'exécution, par suite de la façon bizarre dont elle est écrite et qui témoigne du peu de respect de l'auteur pour la voix humaine. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

LÉGENDE DU BOUFFON (LA)

 

Scène lyrique en forme de grand opéra, pour contralto, ténor et baryton, musique d'Alphonse Pellet, exécutée à Nîmes en 1880.

 

 

LÉGENDE DU DIABLE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, musique de Léon Vercken, représenté à Anvers, sur un théâtre de société, le 20 novembre 1865.

 

 

LÉGENDE DU MAGYAR (LA)

 

Opérette en trois actes, paroles de Maxime Boucheron, musique d’Aimé Godard, représentée au théâtre des Galeries-Saint-Hubert, de Bruxelles, en avril 1888.

 

 

LÉGENDE DU PACHA (LA)

 

Opérette en un acte, paroles de M. F. Corbie, musique de M. Duhem, représenté au concert du XIXe-Siècle le 20 décembre 1873.

 

 

LÉGENDE DU POINT D'ARGENTAN (LA)

 

Mystère en un acte, livret d’Henri Cain et Arthur Bernède, musique de Félix Fourdrain.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 17 avril 1907. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Claire FRICHÉ (Rose-Marie), Aline VALLANDRI (l'Errante).

MM. Louis AZÉMA (Pierre), TARQUINI (le Docteur).

Chef d'orchestre : Jacques MIRANNE.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 17 octobre 1922 (46e représentation).

Mmes Madeleine SIBILLE (Rose-Marie), COIFFIER (l'Errante).

MM. Louis AZÉMA (Pierre), DUPRÉ (le Docteur).

Chef d'orchestre : Émile ARCHAINBAUD.

 

50e représentation à l'Opéra-Comique  le 20 novembre 1922 avec la distribution ci-dessus, sauf : M. Louis GUENOT (le Docteur).

 

60 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

LÉGENDE DU TORRENT (LA)

 

Grande symphonie lyrique en trois parties, d'après un poème d’André Mérane, musique de M. Duteil d'Ozanne, exécutée au théâtre de Saint-Germain-en-Laye, sous la direction de l'auteur, le 13 avril 1902.

 

 

LÉGENDE DU TSAR SALTAN (LA)

 

[la Légende du Tsar Saltan et de son fils Guidon, le héros vaillant et glorieux, et la belle Princesse Cygne]

Opéra russe en un prologue, quatre actes et sept tableaux, livret de W.-J. Bjelsky, d'après Pouchkine ; version française de Louis Lalloy ; musique de Nikolaï Rimski-Korsakov.

Première à la Monnaie de Bruxelles, dans la version française, le 15 avril 1926, sous la direction de Valentin Morskoij, avec Mmes H. Smirnova (Militrissa, la sœur cadette), C. Clairbert (la princesse Cygne), S. Ballard (Babarikha), Y. Andry (la sœur puînée), R. Laudy (la sœur aînée), la petite Van Boeckel (le Tsarévitch Guidon à l'âge de 6 ans ; le frelon), la petite Verhaegen (le Tsarévitch Guidon à l'âge de 11 ans), la petite De Georgie (l'écureil), la petite Sterckman (Technomore), MM. L. Van Obbergh (le Tsar Saltan), E. Gallins (le Tsarévitch Guidon), A. Boyer (le bouffon), M. Claudel (le vieil homme), E. Colonne (le courrier), P. Arnaud (le premier marchand), J. Decock (le deuxième marchand), H. Raidich (le troisième marchand).

 

 

LÉGENDES DE GAVARNI (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Hippolyte Lefebvre, musique de Frédéric Barbier, création aux Bouffes-Parisiens le 29 janvier 1867. => détails

 

 

LÉHÉMAN ou LA TOUR DE NEUSTADT

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 décembre 1801. Cette pièce, quoique intéressante, offrait des incidents multipliés et tragiques au milieu desquels la muse légère de Dalayrac perdait ses attraits particuliers.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LEICESTER

 

Drame mêlé de musique, musique d'Edouard Gregoir, représenté à Bruxelles le 13 février 1854.

 

 

LEICESTER ou LE CHÂTEAU DE KENILWORTH

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d'Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 25 janvier 1823, décors de Mathis et Desroches, avec Mmes Marie Julie Boulanger (Cycili), Antoinette Lemonnier (Elisabeth), Pradher (Amy Robsart) ; MM. Auguste Huet (le Comte de Leicester), Ponchard (sir Walter Raleigh), Darancourt (Hugues Robsart), Desessart (Doboobie), Louvet (lors Schrewsbury),  Henri (lord Hundson), Belnie (lord Stanley).

 

« Le sujet, tiré du roman si beau et si émouvant de Walter Scott, d'ailleurs défiguré par l'auteur des paroles, convenait peu à la muse alors si légère de M. Auber. Il l'aurait mieux traité à l'époque on il écrivit Haydée. Leicester fut composé entre Emma et la Neige. Il eut peu de succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LEÏLA ou LE GIAOUR

 

Opéra en trois actes, paroles de Tavernier, musique de Bovery, représenté sur le théâtre des Arts, à Rouen, au mois de décembre 1840. La ville natale de Boieldieu s'est distinguée entre toutes par ses dispositions favorables à la décentralisation artistique. Au mois de février de la même année, on avait représenté sur ce théâtre l'opéra des Catalans, composé par M. Elwart. L'action de Leïla se passe en Grèce au temps de la domination des Turcs. Les morceaux qui ont été le plus goûtés sont l'ouverture, le duo du premier acte, le finale du second acte, et le chœur des conjurés.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LENDEMAIN DE LA BATAILLE DE FLEURUS (LE)

 

Impromptu en un acte, mêlé de prose et de vers, musique de Kreutzer, représenté au théâtre Egalité en 1794.

 

 

LENDEMAIN DE NOCES (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Léger, musique de L.-E. Jadis, représenté à Feydeau en 1795.

 

 

LÉNORE

 

Opéra en quatre actes, musique de Jules Kapry, représenté à Saint-Pétersbourg, sur la scène intime du Conservatoire de musique, en avril 1897. Le sujet de cet ouvrage est tiré de la ballade célèbre de Bürger : Lénore ou les Morts vont vite. L'auteur est un artiste français depuis longtemps établi en Russie, où il a su se faire une situation très honorable.

 

 

LÉOCADIE

 

Drame lyrique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 04 novembre 1824 avec Mmes Pradher (Léocadie), Eugénie Rigaut (Sanchette) ; M. Augustin Lemonnier (Don Fernand d'Aveyro), Lafeuillade (Don Carlos), Auguste Huet (Philippe de Leiras), Darancourt (Crespo).

 

« La pièce est intéressante, trop intéressante même pour un opéra-comique, en ce sens que le mélodrame y domine presque constamment. La pauvre Léocadie est devenue mère d'un enfant dans des circonstances plus que bizarres. Le secret a été longtemps gardé ; mais, l'enfant étant venu à tomber dans le Tage, Léocadie, dans un élan d'angoisses maternelles, se trahit elle-même. Après les péripéties les moins vraisemblables, mais cependant émouvantes, Carlos, le fiancé de Léocadie, que la découverte de son déshonneur avait éloigné d'elle, se trouve être justement le père mystérieux de cet enfant. La partition est une des plus agréables de celles qui caractérisent la première manière de M. Auber. Après un joli chœur d'introduction, chanté par des jeunes filles, on remarque la romance mélancolique de Léocadie : Pour moi, dans la nature, tout n’est plus que douleur ; l'entrée de Fernand : C'est moi ! c'est moi ! est un air plein de franchise et tout à fait sympathique. On trouve déjà une harmonie distinguée et bien intentionnée sous la mélodie des couplets de Sanchette :

 

Voilà trois ans qu'en ce village

Nous arriva ce bel enfant.

 

Le finale, d'une coupe excellente, débute par une gracieuse farandole en sol mineur, à laquelle succèdent un passage dramatique bien traité et une strette dont la marche harmonique est un peu commune. Le premier entracte n'est que la répétition par l'orchestre des couplets de Sanchette. L'influence du style de Boieldieu se fait surtout sentir dans le duo qui ouvre le second acte, et dont le style est gracieux et tendre. Un mélodrame qui n'offre aucun trait saillant pour la musique remplit cet acte. Le dernier renferme des couplets bien tournés, chantés par Sanchette : Je viens de voir notre comtesse. On y remarque un allegro vivace en mi mineur chaleureux et entraînant : Par mes remords par ma souffrance, que mes forfaits soient expiés, qui amène bien le dénouement. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LÉON ou LE CHÂTEAU DE MONTENERO

 

Drame lyrique en trois actes et en prose, mêlé d'ariettes, représenté pour la première fois sur le théâtre de l'Opéra-Comique, le 24 vendémiaire an VII (15 octobre 1798) , paroles d'Hoffman, musique de Dalayrac L'auteur du poème annonce, dans l'avertissement mis en tête de sa pièce, qu'il en a pris le sujet dans les Mystères d'Udolphe, roman à brigands et à clairs de lune. Ce genre de littérature était alors fort à la mode. Les airs de Dalayrac eurent sans doute du succès ; cependant on remarque que déjà à cette époque l'influence de la musique italienne et peut-être même de la musique allemande se faisait sentir. C'est en trahissant un mouvement de dépit qu'Hoffman s'exprime ainsi : « Dalayrac, compositeur aimable et fécond, éprouve le même sort que Grétry ; il est en butte aujourd'hui aux outrages des partisans de la science des notes, parmi lesquels se font remarquer de jeunes fanatiques du charivari ultramontain, etc. » L'éducation musicale était encore si incomplète en France, même chez les gens d'esprit, qu'on appelait charivari ultramontain les Nozze di Figaro de Mozart, et Il Matrimonio segreto de Cimarosa.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LEONA ou LE PARISIEN EN CORSE

 

Opéra-vaudeville en deux actes, livret d'Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, musique de Pilati, représenté au Palais-Royal le 14 janvier 1836.

 

 

LÉONCE ou LE FILS ADOPTIF

 

Comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Niccolo Isouard. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 novembre 1805. Le livret est un des meilleurs qu'ait écrits Marsollier ; on y remarque des situations touchantes ; le sujet, dans lequel l'honnêteté et la vertu n'excluent pas l'intérêt, donne lieu à des scènes d'une exquise sensibilité. Quant à la musique, elle fixa l'attention du public sur le jeune compositeur. La romance de Daniel : L'hymen est un lien charmant lorsque l'on s'aime avec ivresse, a eu un succès franc et durable. Le chanteur Solié la disait avec goût dans les théâtres et les salons, en se faisant accompagner sur la lyre ou la guitare. La mélodie devint un des timbres de vaudeville les plus connus.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LÉONE

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de Georges Montorgueil, d'après Emmanuel Arène, musique de Samuel Rousseau.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 07 mars 1910. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.

Mmes Alice RAVEAU (Diana), NICOT-VAUCHELET (Milia), Judith LASSALLE (Catarina).

MM. SENS (Léone), André ALLARD (Négroni), Louis VAURS (Piéri), Maurice CAZENEUVE (Massino), PAYAN (le Moine), DUPOUY (un Caporal), BELHOMME (un Aîné).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.

 

8 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

LÉONIDAS ou LES SPARTIATES

 

Opéra en trois actes, poème de Guilbert de Pixerécourt, musique de Persuis et Gresnick. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre de la République et des Arts] (salle Montansier) le 15 août 1799 (28 thermidor an VII). Cet ouvrage n'eut que trois représentations. Gresnick mourut dans la même année ; il avait quarante-sept ans. On attribua sa mort prématurée au chagrin que lui causa la chute de son œuvre.

 

 

LÉONORE

 

Drame lyrique en deux actes, d'après la ballade de Burger, musique de Sowinski, écrit vers 1840 ; inédit.

 

 

LÉONORE ou L'AMOUR CONJUGAL

 

Drame historique en deux actes et en prose, mêlé de chants, livret de Jean-Nicolas Bouilly, musique de Pierre Gaveaux.

 

Création à Paris, théâtre Feydeau, le 19 février 1798, avec Julie Scio (Léonore) et Pierre Gaveaux (Florestan), sous la direction de La Houssaye.

 

Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 28 septembre 1801.

 

« Florestan est plongé dans un cachot ; Léonore, sa femme, s'introduit dans la prison sous le nom de Fidelio, et parvient à délivrer son époux. On sait que ce sujet a été traité par Beethoven avec la sombre énergie qu'il comportait. Il devient sans intérêt de s'occuper de la musique fade qu'a pu écrire sur un tel poème l'auteur dont le chef-d’œuvre est le Bouffe et le tailleur. (Voyez Fidelio.) »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LÉONORE ou L'HEUREUSE ÉPREUVE

 

Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret d’Honoré-Nicolas-Marie Duveyrier (père de Mélesville et de Charles Duveyrier), musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 07 juillet 1781.

 

 

LÉONORE DE MÉDICIS

 

Grand opéra en quatre actes, musique de Salvatore Agnelli, représenté sur le Grand-Théâtre de Marseille le 23 mars 1855.

 

 

LÉONORE ET FÉLIX ou C’EST LA MÊME !

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Victor Fontanès de Saint-Marcelin, musique de François Benoist. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 novembre 1821.

 

« Sujet usé ; applaudissements de complaisance. » [Almanach des spectacles, 1822]

 

 

LÉONTINE ET FONROSE

 

Opéra-comique en quatre actes, musique de Pauwels, représenté à Bruxelles vers 1800.

 

 

LÉONTINE SŒURS

 

Comédie musicale en trois actes, livret d’Albert Acremant, musique d'Antoine Mariotte. Création au Trianon-Lyrique le 21 mai 1924. => détails

 

 

LE PELETIER DE SAINT-FARGEAU ou LE PREMIER MARTYR DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

 

« Fait historique » en un acte, livret d’Auguste-Louis Bertin d'Antilly, musique de Matthieu-Frédéric Blasius. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 23 février 1793.

 

 

LÉPREUSE (LA)

 

Tragédie légendaire en trois actes, livret d’Henry Bataille, musique de Sylvio Lazzari.

 

Personnages : Ervoanik, jeune paysan breton (ténor) ; Matelinn, père d'Aliette (basse chantante) ; le Sénéchal (baryton) ; le Prêtre (basse) ; Aliette Tilli, fiancée d'Ervoanik (soprano) ; Maria, mère d'Ervoanik (alto) ; la Vieille Tilli (mezzo-soprano) ; Dix petits rôles (3 masculins et 7 féminins) ; Chœurs : la foule, le clergé, les enfants du village.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 07 février 1912. Mise en scène d'Albert Carré. Décors d’Alexandre Bailly. Costumes de Marcel Multzer.

Mmes Marguerite CARRÉ (Aliette), Marie DELNA (Tili), Suzanne BROHLY (Maria), MÉNARD, BILLA-AZEMA, THÉVENET, VILLETTE (quatre lavandières), Jenny FAYOLLE (une Servante), CARRIÈRE et UNIA (Sœurs d'Ervoanik).

MM. Léon BEYLE (Ervoanik), Félix VIEUILLE (Mattelinn), Louis AZÉMA (le Sénéchal), PAYAN (le Prêtre), Louis VAURS, BARTHEZ et PASQUIER (trois Paysans).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.

 

 

25.11.1922

Opéra-Comique

(28e)

03.03.1925

Opéra-Comique

(38e)

17.02.1927

Opéra-Comique

(50e)

01.04.1945

Opéra-Comique

(52e)

Aliette

M. CARRE

SIBILLE

SIBILLE

SEGALA

Tili

L. CHARNY

A. RAVEAU

L. ESTÈVE

SCHENNEBERG

Maria

 BROHLY

PERELLI

PERELLI

SIBILLE

Lavandière

 CALAS

CORNEY

CORNEY

CHELLET

id.

G. BAYE

G. BAYE

DUCUING

DANIÈRE

id.

HOLT

HOLT

HOLT

LEGOUHY

id.

B. AZEMA

B. AZEMA

MORÈRE

SCHARLEY

Servante

 MARZANNE

JULLIOT

JULLIOT

SERRES

Sœurs d'Ervoanik

 SODOYER

petite SIMON

VERY

VERY

M. WALTER

ANGELICI

 

 

 

 

 

Ervoanik

TRANTOUL

LEGRAND

LEGRAND

L. ARNOULT

Mattelinn

F. VIEUILLE

F. VIEUILLE

F. VIEUILLE

J. ROUSSEAU

Sénéchal

L. AZEMA

L. AZEMA

L. AZEMA

J. VIEUILLE

Le Prêtre

L. GUENOT

L. GUENOT

R. GILLES

L. GUENOT

Paysan

Maurice SAUVAGEOT

R. GILLES

GILLY

G. JULLIA

id.

 DONVAL

IMBERT

IMBERT

J. DROUIN

id.

 BARTHEZ

BOSSAN

BOSSAN

A. MESTRAL

Chef d'orchestre

RÜHLMANN

M. FRIGARA

M. FRIGARA

G. CLOËZ

 

70 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Résumé.

L'action se déroule au moyen-âge, en Bretagne, à Ploumillan. Un jeune paysan, Ervoanik, aime Aliette Tilli, que l'on soupçonne atteinte de la lèpre. Mais la jeune fille se refusera d'être sienne, jusqu'à ce que la Vierge lui accorde la guérison. Se croyant à tort indignement trompée par Ervoanik, elle lui fait boire un jour dans son verre. Ervoanik contracte la terrible maladie et se voit retrancher du monde des vivants. Mais Aliette se joint volontairement à lui pour partager sa cruelle destinée.

 

ACTE I. — Une cour de ferme, de grand matin.

Maria, mère d'Ervoanik attend les lavandières. Quatre paysannes s'avancent, s'installent et battent le linge tout en jasant sur le compte d'Aliette Tilli, une fille de lépreux, à laquelle Ervoanik fait la cour. Maria avise son homme, le père Matelinn, qui est de mauvaise humeur au sujet de son fils. Ervoanik s'approche, demandant tout d'abord la permission de se rendre au Pardon de Folgoat, ensuite d'épouser la jolie Aliette. Les parents refusent farouchement.

Aliette paraît ; elle est douce, touchante, puis menaçante lorsque Matelinn la repousse et l'injurie. Maria, cependant, obtient que les deux jeunes gens soient laissés seuls pour se faire leurs adieux. Mais leur tendresse s'exalte, et ils décident d'aller ensemble, pieds nus, au Pardon de Folgoat implorer la Vierge, afin qu'elle permette leur union.

ACTE II. — Une salle de ferme, chez la vieille Tilli.

La vieille Tilli cherche à attirer chez elle des enfants qui répondent en lançant des pierres dans sa misérable demeure. Le Sénéchal la remet à l'ordre. La vieille, de nouveau seule, se met à danser [Chanson de Tilli : Bonsoir, bonsoir, nous chanterons...].

Aliette et Ervoanik font halte chez elle, au soir tombant, sur le chemin du pèlerinage. Succombant à la fatigue, le jeune homme s'endort sur le banc où il est assis. Aliette songe au mal dont elle est atteinte, mais dont Ervoanik sera préservé, car elle ne vivra pas avec lui jusqu'à ce que la Sainte Vierge lui accorde d'en guérir [Air d'Aliette : Ferme tes yeux...].

La vieille Tilli, dépitée de voir Aliette renoncer à répandre la terrible maladie, lui conte que son ami eut deux enfants d'une maîtresse qu'il abandonna. Ervoanik se réveille. Dupé par Tilli, il s'accuse en riant. Aliette prend au sérieux la plaisanterie et lui tend le verre où elle a bu...

ACTE III. — Même décor qu'au premier acte.

La foule, assemblée devant la maison de Matelinn, pleure et gémit, car Ervoanik, qui a contracté la lèpre, va être séparé du monde des vivants. Sa mère, à qui il a tout caché, entre sans comprendre.

Ervoanik apparaît bientôt en costume de lépreux. Douloureusement, il prend congé des siens. Le souvenir d'Aliette le déchire, car il n'a pas cessé de l'aimer.

Matelinn, apercevant Aliette, la chasse brutalement. Le Prêtre appelle Ervoanik auquel le Sénéchal lit l'édit royal qui retranche les lépreux de la communauté humaine. Alors que la cérémonie s'achève, Aliette paraît, vêtue de la même livrée qu'Ervoanik portera désormais. Elle lui tend la main pour aller avec lui vers la maison blanche, pareille au tombeau, où ils porteront ensemble l'accablant fardeau.

 

 

LEQUEL ?

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et François Ancelot, musique d’Aimé Simon Leborne. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 21 mars 1838, avec Mlle Berthault, MM. Couderc, Fleury, Henri.

 

« Une donnée originale répond au titre de la pièce. Un riche négociant, pour exciter son fils à se bien conduire, à mener une vie sage et réglée, a imaginé de l'élever avec un autre enfant qui n'est pas le sien, laissant ignorer à tout le monde lequel des deux héritera de son nom et de sa fortune. Il va sans dire que c'est le fils qui est le mauvais sujet, tout en étant doué d'ailleurs des qualités les plus aimables du cœur et de l'esprit. La musique de cet acte a mérité à Leborne les témoignages de l'estime des connaisseurs. Plusieurs mélodies élégantes et un beau sextuor ont prouvé la science et le goût de cet habile professeur, que le Conservatoire vient de perdre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LÉRIDA

 

Opéra-ballet, musique de Batistin (Struck), représenté à Versailles vers 1719.

 

 

LESTOCQ ou L'INTRIGUE ET L'AMOUR

 

Opéra en quatre actes, livret d’Eugène Scribe, musique d'Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 24 mai 1834, avec Mmes Pradher (Elisabeth), Peignat (Eudoxie), Elisa Massy [Hébert-Massy] (Catherine), MM. Thénard (Lestocq), Henri (Golofkin), Deslandes (Strolof), Alphonse Révial (Dimitri Lapoukin), Génot (Samoief), Louvet (Voref).

 

« Le livret est un écheveau très embrouillé ; en voici le sujet Elisabeth, fille de Pierre Ier, déclarée inhabile à succéder à son père, se retire dans une province où elle est accompagnée par un médecin français nommé Lestocq, ancien favori du czar, homme ambitieux et habile. Il organise une conspiration et rétablit sur le trône la fille de Pierre le Grand. M. Auber ne fut pas heureux cette fois, soit que les situations ne l'aient pas inspiré, soit qu'il ait subi les effets d'une défaillance passagère, Lestocq est sa plus faible partition. Les accompagnements sont cependant très travaillés et accusent une main fort habile ; mais les motifs n'ont pas d'ampleur, et un mouvement de contredanse s'y fait presque constamment remarquer. Nous rappellerons seulement un duo de ténor et soprano, et un chœur pour voix d'hommes. Lestocq a été joué à Londres, au théâtre royal de Kent, sous le titre de la Princesse et le médecin. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LETTRE AU BON DIEU (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène Scribe et Frédéric de Courcy, musique de Gilbert-Louis Duprez. Création à l'Opéra-Comique le 28 avril 1853. => détails

 

 

LETTRE DE CACHET (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jules Oudot et Maurice Bouchard, musique de Gaston Lemaire, représenté au Cercle des Mathurins en février 1889.

 

 

LETTRE DE CACHET (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de M. Jalabert, musique de Charles Haring, représenté à Bordeaux le 3 février 1890.

 

 

LETTRE DE CHANGE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard, musique de Nicolas-Charles Bochsa. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 11 décembre 1815, avec Marie Julie Boulanger.

 

 

LETTRE POSTHUME (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Mélesville, musique de Frédéric Kreubé. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 avril 1827 avec Zoé Prévost (Cécile).

 

« Cette lettre, soustraite par un fripon d'intendant, se retrouve dans un pâté au moment où cet homme va devenir l'époux d'une jeune personne, dont le père, alors, accorde la main à l'amant qu'elle chérit. Succès contesté. »

[Almanach des spectacles, 1828]

 

 

LEUR FEMME

 

Opérette en un acte, paroles de P. Fournier, musique d’Edmond Missa, représentée à l'Olympia le 22 mai 1897.

 

 

LÉZARD (LE)

 

Pièce en un acte mêlée de chant, de William Busnach et Armand Liorat, musique de Frédéric Toulmouche, représentée au concert de la Scala le 29 août 1896.

 

 

LIBERTÉ ECLAIRANT LE MONDE (LA)

 

Cantate pour chorale, musique de Charles Gounod.

 

Première audition à Paris, au Palais Garnier, le 25 avril 1876, à l'occasion d'un Gala Franco-américain.

Chorales diverses, Chœurs et Orchestre de l'Opéra.

Chef d'orchestre : Charles GOUNOD.

Seule audition à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

LIBERTIN (LE)

 

[The Rake's Progress]

Opéra anglais en trois actes, neuf tableaux et un épilogue, livret de Wystan Hugh Auden (1907-1973) et Chester Kallmann, inspiré par une suite d'estampes de William Hogarth ; version française d’André de Badet ; musique d’Igor Stravinsky.

 

Personnages : Corfido [Trulove], père d’Anna (basse) ; Anna [Anne], fiancée de Tom Vaurien (soprano) ; Tom Vaurien [Tom Rakewell], le libertin (ténor) ; Mère Loie [Mère Goose], patronne de la maison close (mezzo-soprano) ; Encan [Sellem], vendeur d’enchères (ténor) ; Nick Lombre, au service de Tom (baryton) ; Baba la Turque, femme à barbe (mezzo-soprano) ; Keeper, un gardien de l’asile de fous (basse) ; femmes de mauvaise vie, fêtards, domestiques, citadins, fous.

 

Créé en langue anglaise à Venise, Théâtre La Fenice, le 11 septembre 1951 par Mmes Elisabeth SCHWARZKOPF (Anna), Jennie TOUREL (Baba la Turque), MM. ROUN-SEVILLE (Tom), KRAUS (Nick), Rallael ARIE (Trulove), Hugues CUENOD (Sellem), sous la direction d’Igor STRAVINSKY.

 

Première fois en français à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, le 26 mars 1952, avec Mmes SERVERIUS (Anne), BOLOTINE (Baba la Turque), MM. Claude HECTOR (Tom), LAFFONT (Nick), DE GROOTE (Trulove), DELMARCHE (Sellem), sous la direction de René DEFOSSEZ.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 18 juin 1953, dans la version française. Mise en scène de Louis Musy. Maquettes des décors et des costumes de Georges Wakhévitch. Décors exécutés par Laverdet et Moulène. Costumes par la maison Karinska, Henry Lebrun et Thérèse Marjollet.

Mmes Janine MICHEAU (Anne), Simone COUDERC (Baba la Turque), Marguerite LEGOUHY (Mère Goose).

MM. Léopold SIMONEAU (Tom Rakewell), Xavier DEPRAZ (Nick Shadow), Pierre FROUMENTY (Trulove), René HÉRENT (Sellem), Gabriel JULLIA (Keeper).

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

9e représentation le 18 novembre 1953.

Mmes Marthe LUCCIONI (Anne), Simone COUDERC (Baba la Turque), Marguerite LEGOUHY (Mère Goose).

MM. Léopold SIMONEAU (Tom Rakewell), Xavier DEPRAZ (Nick Shadow), Pierre FROUMENTY (Trulove), René HÉRENT (Sellem), Gabriel JULLIA (Keeper).

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

14e représentation le 08 juin 1963. Maquettes des décors et des costumes de Georges Wakhévitch. Réalisation scénique d'Henri Doublier d'après la mise en scène de Louis Musy.

Mmes Jacqueline SILVY (Anne), Denise SCHARLEY (Baba la Turque), Solange MICHEL (Mère Goose).

MM. Jean GIRAUDEAU (Tom Rakewell), Xavier DEPRAZ (Nick Shadow), Jacques MARS (Trulove), Jacques LOREAU (Sellem), Jacques LINSOLAS (Keeper).

Chef d'orchestre : Manuel ROSENTHAL.

 

9 représentations à l'Opéra-Comique en 1953, 8 en 1963, soit 17 au 31.12.1972.

 

Résumé.

Tom Rakewell est un jeune désœuvré que le sinistre Shadow conduit à la déchéance, mais que protège l'amour inébranlable d'Anne. Tom épouse une créature ridicule, se lance dans de désastreuses affaires et meurt finalement à l'asile d'aliénés.

Le drame se déroule dans l'ambiance légère d'un monde bouffe, en Angleterre, au XVIIIe siècle.

 

ACTE I.

1er TABLEAU : Le jardin de Trulove, un matin de printemps.

Anne et Tom chantent la douceur de leur amour. Trulove, le père d'Anne fait rentrer la jeune fille et propose à Tom une situation que celui-ci refuse avec légèreté. Trulove s'éloigne, insatisfait, et Tom, demeuré seul, invoque sa bonne fortune. Un mystérieux personnage se présente aussitôt : Nick Shadow, qui apprend à Tom qu'un gros héritage l'attend à Londres...

Tom exulte : déjà son premier souhait se réalise ! Retenant le messager à son service, il décide de partir immédiatement avec lui. Nick n'articulera de prétentions de salaire qu'au terme d'un délai d'un an et un jour. Tom prend alors congé de Trulove et d'Anne.

Au moment où le rideau tombe, Nick Shadow fait au public une confidence qui ne laisse subsister aucun doute quant à ses intentions maléfiques.

2e TABLEAU : A Londres, dans une maison close.

Dans le lupanar de Mère Goose, fêtards et filles chantent. Nick s'efforce de débaucher Tom. Au coup d'une heure, le jeune homme, las, décide de rentrer chez lui. Mais Nick, d'un geste, fait reculer l'aiguille et la pendule frappe alors douze coups. Tom se met à boire avec précipitation. Mélancoliquement, il exprime son sentiment de l'amour [Cavatine : Love, too frequently...]. Les filles veulent toutes le consoler, mais Mère Goose revendique la priorité et l'entraîne. Nick célèbre sa première victoire.

3e TABLEAU : Le jardin de Trulove, en automne.

Anne invoque la nuit tranquille et consolante au secours de son malheureux amour. Trulove appelle sa fille. Anne hésite un instant. Elle implore la protection divine, puis manifeste avec éclat sa décision d'aller au secours du bien-aimé [Cabalette : I go to time...].

ACTE II.

1er TABLEAU : A Londres, dans la salle à manger de Tom.

Tom dit sa désespérance et son ennui dans cette cité bruyante. Nick apparaît, lui apportant le portrait de Baba la Turque, femme à barbe qu'il suggère à Tom d'épouser. Persuadé de faire ainsi grande sensation dans le monde, Tom accepte cette idée avec enthousiasme et sort en compagnie de Nick.

2e TABLEAU : A Londres, devant la maison de Tom.

Anne approche, hésitante. Une chaise à porteurs escortée par Tom s'arrête. Un dialogue confus s'engage entre Tom et Anne. Tom conjure Anne de quitter ce lieu où il est plongé dans l'ignominie, mais elle refuse de l'entendre. Baba la Turque, passant sa tête à la portière de la chaise, Tom doit avouer que c'est là sa femme. Douloureusement surprise, Anne se retire. Tom conduit cérémonieusement Baba. Du haut du perron, celle-ci salue théâtralement la foule accourue et découvre sa superbe barbe noire !

3e TABLEAU : La même pièce qu'au premier tableau, mais surchargée de toutes sortes d'objets bizarres : oiseaux empaillés, collections minérales, coquillages, porcelaines, etc.

Tom et Baba déjeunent. Baba bavarde sans arrêt, puis elle étreint Tom qui se dégage avec humeur. Larmes et colère de Baba qui arpente la pièce en brisant tous les objets à sa portée. Elle a deviné que Tom n'aime réellement que la jeune fille entrevue la veille à la porte. Finalement excédé, Tom la coiffe d'un capuchon qu'il lui enfonce à l'envers sur le visage, interrompant brusquement la cadence de son air...

Baba restera ainsi, muette et figée, jusqu'à la fin de l'acte. Tom s'endort sur le sofa.

Nick s'introduit alors avec un mystérieux appareil dont il fait la fallacieuse et muette démonstration. Tom se réveille, ayant, dit-il, rêvé d'une machine capable de transformer les pierres en pain... Nick la lui présente aussitôt et Tom s'exalte à l'idée de devenir, grâce à elle, un bienfaiteur de l'humanité. Baba ne compte désormais plus du tout pour lui.

ACTE III.

1er TABLEAU : La salle à manger de Tom, poussiéreuse et sale.

Tom a fait faillite. Des groupes de bourgeois examinent les objets exposés avant la vente aux enchères de ses biens. Baba est toujours à la même place, immobile, le capuchon sur son visage.

Anne vient s'enquérir de Tom : on le dit en Amérique ; d'autres assurent qu'il est déjà mort.

Sellem, le commissaire-priseur, procède alors aux enchères, qui s'animent de plus en plus. Baba elle-même est mise en vente. Sellem lui retire le capuchon... et Baba termine alors sa cadence inachevée à l'acte précédent ! Furieuse, Baba invective les assistants et veut les chasser. On entend au dehors les voix plaintives de Tom et de Nick. Anne rentre, et, se penchant à la fenêtre, leur enjoint de s'éloigner. Baba attire Anne et lui confie que Tom l'aime encore. Anne sort rapidement. Baba, qui va reprendre ses exhibitions théâtrales, souhaite que la jeune fille parvienne encore à sauver Tom. Elle commande sa voiture et part, laissant les assistants sidérés.

2e TABLEAU : Un cimetière, par une sombre nuit.

[Introduction Symphonique].

Le délai fixé par Nick, un an et un jour, est écoulé. Tom doit payer et c'est l'âme du jeune homme que son méphistophélique compagnon réclame. Tom, se sentant perdu, invoque le secours du ciel. Nick lui concède une chance de s'en tirer au jeu et Tom, grâce à la protection invisible d'Anne, gagne. Mais, avant de disparaître, Nick prive Tom de la raison. La nuit se fait, complète.

Quand le jour se lève, Tom est assis sur un tertre, souriant et chantonnant d'une voix enfantine. Le malheureux se croit Adonis, aimé de Vénus.

8e TABLEAU : Un asile d'aliénés.

[Introduction Symphonique].

Tom-Adonis attend l'arrivée imminente de « Vénus » qui lui a promis sa visite. Les autres déments s'agitent autour de lui, railleurs. On entend grincer la porte, et tous fuient. Un Gardien introduit Anne, qu'il instruit de l'idée fixe de Tom.

Anne appelle Tom « Adonis » et Tom convie « Vénus » à monter sur le misérable grabat qu'il désigne comme son trône. Tous deux chantent l'éternité de l'amour. Tom s'appuie contre Anne qui le berce tendrement.

Le Gardien entre alors avec Trulove venu rechercher sa fille. Anne prend congé du pauvre dément endormi et se retire, ainsi que Trulove et le Gardien. Tom, s'éveillant, appelle sa bien-aimée. Mais, bientôt, il s'écroule au milieu de ses compagnons d'infortune qui se lamentent...

EPILOGUE (devant le rideau baissé).

Baba, Tom, Nick, Anne et Trulove apparaissent, les hommes sans perruque, Baba sans sa barbe. S'adressant au public, les acteurs tirent la morale de cette fable, condamnant l'oisiveté, mère de tous les vices.

 

« A l’Opéra-Comique.

La version française du dernier opéra de Stravinsky, Rake's Progress (le Libertin), donnée avec le concours de Janine Micheau, Simoneau et Depraz, a fait couler beaucoup d'encre. L'auteur de Pulcinella, qui avait, en cette partition, emprunté tous ses thèmes à Pergolèse, a poussé plus loin le système en faisant alterner ici des esthétiques que tout semblait opposer : le bel canto italien, Mozart, Massenet, Verdi... et Stravinsky de la première heure. Manque de goût, disent les uns ; manque d'unité, répondent les autres ; paradoxe inutile, disent les troisièmes. Au fait, depuis la Symphonie des psaumes, Stravinsky ne s’épuise-t-il pas en des recherches de métier qui amenuisent ses facultés lyriques, ou font taire la spontanéité, l'inspiration ? Est-ce par une pièce de ce genre qu'il compte ressusciter un drame qui s'enlise, ou bien n'est-ce là qu'une boutade de sa part ? »

(Norbert Dufourcq, Larousse Mensuel Illustré, août 1953)

 

 

LILINE ET VALENTIN

 

Opérette en un acte, paroles de Jules de La Guette, musique de Charles Lecocq, représenté aux Folies-Marigny vers 1865.

 

 

LILLOISE (LA)

 

Cantate, paroles de A. Jomain, musique de Ferdinand Lavainne, exécutée à Lille les 8 et 9 octobre 1842, lors des fêtes destinées à célébrer le cinquantenaire du bombardement de cette ville en 1792. Les deux auteurs avaient été mieux inspirés, pour cette circonstance patriotique, qu'on ne l'est généralement pour les pièces de ce genre, qui n'offrent qu'un intérêt dynastique et personnel. Le refrain belliqueux

 

Victoire ! Victoire !

Retentissez, trompettes de l'histoire,

Que dans nos murs flottent nos étendards !

Lille a repris sa couronne de gloire.

Victoire ! Victoire !

Un demi-siècle a béni nos remparts.

 

avait inspiré au musicien une large phrase en unisson dont l'effet était puissant et plein d'éclat.  La cantate fut chantée le 8 octobre, sur une estrade dressée au milieu de la Grande-Place, par la Société royale des chœurs, que dirigeait son chef Charles Vught, et l'effet en fut immense. Elle n'en produisit pas moins le lendemain 9, lorsqu'elle fut exécutée au théâtre par la même Société, accompagnée par la musique des pompiers et des canonniers. Le refrain dont nous avons cité les vers retentit durant de longues années dans les rues de Lille, tellement sa carrure et sa franchise l'avaient fait entrer dans toutes les mémoires. Assistaient à ces fêtes du cinquantenaire et à l'exécution de la Lilloise cinquante-huit vétérans, septuagénaires ou octogénaires, qui avaient pris part à la défense de la ville en 1792 et qui pour la circonstance avaient revêtu leurs uniformes d'alors. On juge si ceux-là furent entourés et choyés par la population.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

LINA ou LE MYSTÈRE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Révéroni Saint-Cyr, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 08 octobre 1807. L'action se passe au temps d’Henri IV. Le comte de Lescars, séparé par les nécessités de la guerre de la femme qu'il vient d'épouser, la retrouve quatre ans après avec un fils dont on lui avait caché la naissance. Les événements de la guerre, une ville livrée au pillage, plusieurs autres détails qui donnent de la vraisemblance au dénouement, démontrent que l'officier ne peut attribuer qu'à sa propre faute la présence inattendue, à son foyer, de cet enfant légitime de fait, sinon d'intention. Nous avons donné une courte analyse de ce livret, pour montrer le parti que certains auteurs tirent des anciennes pièces. Celle-ci a reparu à l'Odéon, mise en jolis vers par M. Viennet, il y a peu d'années, sous le titre de Selma. On y trouve les mêmes situations ; la seule différence notable, en dehors de la forme, qui est charmante, est que le lieu de la scène a été transporté des Pyrénées au Caucase. Les Béarnais sont devenus des Cosaques, sous la plume du spirituel académicien. Malgré la hardiesse de la donnée du poème de Lina, il fournissait au musicien une occasion excellente de révéler ses qualités dramatiques ; mais Dalayrac n'en était pas abondamment pourvu. Le poème de M. Viennet pourrait être converti en une bonne œuvre lyrique de demi-caractère. Quatre personnages sont en scène. Halévy a montré dans l'Éclair le parti qu'un compositeur peut tirer de cette combinaison.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LINDAMIRE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de D. Duboys, musique d’Antonio Bernardi, représenté à Spa le 17 août 1862. On a remarqué la romance : Vous serez bientôt grand seigneur, chantée par Péront.

 

 

LINDOR

 

Opéra-comique en un acte, musique de Mme Héritte-Viardot, représenté au théâtre de Weimar en mai 1879. Chanté par M. Knopp et Mme Horson.

 

 

LINNÉE ou LA MINE DE SUÈDE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Elie Dejaure, musique de Victor Dourlen. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 10 septembre 1808. Le livret est absurde. Un jeune homme est condamné à travailler aux mines ; le célèbre naturaliste Linnée, qui jouit en Suède du privilège de délivrer un prisonnier à son choix, lui fait rendre la liberté. Un tel sujet d'opéra était capable de glacer l'imagination la plus ardente. Ce fut l'œuvre de début de Dourlen dans la carrière lyrique.

 

 

LINOTTES (LES)

 

Opérette en trois actes, livret de Robert Dieudonné et C.-A. Carpentier, d'après la pièce de Georges Courteline, musique d'Edouard Mathé, représentée à Paris, au Théâtre du Perchoir, le 01 avril 1923, avec Mmes Clara Tambour (Hélène), Isabelle Fusier, Jenny Rackson (Anita), Natacha (la Princesse), MM. Marcel Vallée (Stephen Hour), René Bussy, René Hieronimus (Coral), Barral (Gullitch), accompagnés par Edouard Mathé au piano.

 

Reprise au Théâtre des Nouveautés le 13 février 1935, avec Mmes Suzanne Dehelly, Davia, Dany-Lorys, Clara Tambour, MM. Marcel Vallée, Germain Champell, Lestelly, Henry Defreyn, accompagnés par un orchestre.

 

« Les adaptateurs ont suivi de très près le roman de Courteline, et leur mérite est d'avoir écrit d'adroits motifs de chansons. La musique d'Edouard Mathé est aisée et savante, sans en avoir l'air ; la Romance de mon amant, la chanson des Linottes sont parmi les pages les mieux venues de ce charmant ouvrage. »

(Larousse Mensuel Illustré, mai 1923)

 

 

LINUS

 

Tragédie lyrique, livret de Charles-Antoine Leclerc de La Bruère, musique de Jean-Philippe Rameau (1750), non représentée.

 

 

LINUS

 

Opéra en trois actes, livret de Charles-Antoine Leclerc de La Bruère, musique d'Antoine Dauvergne, Jean-Claude Trial et Pierre Montan Berton, représenté au Château de Versailles le 08 octobre 1769.

 

 

LION AMOUREUX (LE)

 

Comédie lyrique en trois actes, livret d'Henri Cain, musique de Paul Gautier, représentée au Casino municipal de Nice, fin mars 1922. => détails

 

 

LION DE SAINT-MARC (LE)

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Nuitter et Beaumont, musique d’Isidore-Edouard Legouix, représenté au théâtre Saint-Germain le 24 novembre 1864. => détails

 

 

LIONEL FOSCARI

 

Scène lyrique (cantate), paroles du comte de Pastoret, musique d'Aimé Maillart (Prix de Rome 1841 avec cette cantate), représentée au Théâtre de l'Opéra (Salle Le Peletier) le 13 octobre 1841 avec Mlle Elian (Hélène), MM. Mécène Marié (Lionel), Adolphe Alizard (le Doge).

Cette cantate du jeune lauréat de l'Institut ne fut entendue qu'une fois.

 

 

LIQUEUR D'OR (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de William Busnach et Armand Liorat, musique de Laurent de Rillé, représenté aux Menus-Plaisirs le 11 décembre 1873. La scène se passe en Hollande, ce qui n'a pas empêché M. le gouverneur de Paris d'interdire les représentations de cet ouvrage, tant la pièce est indécente et dépasse les limites, déjà beaucoup trop étendues qu'on accorde à ce genre de productions. M. Laurent de Rillé, nommé inspecteur de l'enseignement du chant dans les lycées et membre de la commission d'examen des bibliothèques scolaires par M. Duruy, aurait pu mieux employer son temps. Chanté par Milher, Tissier, Mme Matz-Ferrari, Mlle Silly.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

LISBETH

 

Opéra-comique en trois actes et en prose, livret d’Etienne Guillaume François de Favières, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 janvier 1797. La jolie nouvelle de Florian intitulée Claudine a fourni le sujet du livret ; mais l'auteur a renchéri sur le caractère pastoral du roman suisse, et l'a gâté en faisant intervenir Gessner, qui déclame des tirades philosophiques à l'usage des âmes sensibles. Le succès de Lisbeth ne s'est pas soutenu, malgré une romance charmante, et la partition n'en a pas été gravée.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LISBETH ou LA CINQUANTAINE

 

[Die ruckkehr aus der fremde]

Opéra-comique allemand en deux actes, musique de Felix Mendelssohn-Bartholdy.

 

Première au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le vendredi 09 juin 1865, dans une version française de Jules Barbier.

Mmes Caroline FAURE-LEFEBVRE (Lisbeth), Barbe DUCLOS (Mme la Bourgmestre) ; MM. Désiré FROMANT (Hermann), Emile WARTEL (le Bourgmestre), Jules PETIT (Fritz), Charles POTIER (Martin).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 8 en 1865.

 

« Le titre de la partition allemande est Die ruckkehr aus der fremde (le Retour d'un voyage à l'étranger). Mendelssohn a composé cet ouvrage à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire du mariage de ses parents. Il fut exécuté pour la première fois en public au théâtre du Grand-Opéra de Berlin en 1851. C'est un opéra des plus médiocres ; si l'on en excepte des couplets empreints de cette douce rêverie qui caractérise la musique du célèbre compositeur, tout le reste est inférieur aux plus faibles ouvrages du répertoire français. L'orchestration affecte les plus singulières sonorités. La première des deux sérénades, dont le motif est assez gracieux, a pour accompagnement des batteries en pizzicati, imitation maladroite de la guitare, auxquelles viennent se joindre des rentrées d'instruments à vent qui ne sont pas d'un effet plus heureux. Mozart, dont Mendelssohn a parlé quelque part avec dédain, traitait autrement les pizzicati, surtout dans sa délicieuse sérénade de Don Juan : Deh ! vieni alla finestra. La seconde sérénade, chantée par le faux Fritz, consiste dans une lamentable phrase répétée à satiété sans accompagnement, et terminée par une rentrée des instruments à cordes. Au commencement du second acte, pendant que la scène s'éclaire, on remarque une courte symphonie exprimant successivement le sommeil et le lever de l'aurore ; cette fois, le compositeur a été bien inspiré ; l'harmonie en est douce et suave ; quant au sujet, il est d'une naïveté par trop allemande, et ne supporte pas l'analyse. L'interprétation au Théâtre-Lyrique a été fort intéressante : Mme Faure-Lefebvre, MM. Petit, Fromant et Wartel ont joué avec zèle cette épave d'un grand maître. Ce qui a le plus intéressé les spectateurs, c'est la reproduction du tableau de la Cinquantaine, du peintre Knaus, due à l'habileté et au goût de M. Arsène. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Livret traduit de l'allemand avec trop de fidélité pour ne pas être insipide. Musique incolore, privée surtout de qualités scéniques, et qui (à l'exception du lied que chantait Mme Faure-Lefebvre) fut jugée indigne de l'auteur d'Elie, de Paulus et des deux symphonies en la. D'ailleurs Mendelssohn n'a jamais pu faire figure au théâtre que dans le mélodrame, en ornant de magnifiques morceaux d'orchestre et de chant, le Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare ; Antigone, de Sophocle ; Athalie, de Racine ; Ruy-Blas, de Victor Hugo... Mais il n'a pu s'élever au-dessus d'une honnête et insuffisante médiocrité dans ses opéras-comiques : les Deux Pédagogues, les Comédiens en voyage, l'Oncle de Boston, etc. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

LISCHEN ET FRITZCHEN

 

Opérette en un acte, livret de Paul Boisselot (sous le pseudonyme de Paul Dubois) et Charles Nuitter, musique de Jacques Offenbach.

 

Première représentation à Bad Ems, Kursaal, le 24 juillet 1863, avec Zulma Bouffar qui y faisait ses débuts.

 

« Représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 5 janvier 1864. Cette petite pièce a obtenu le succès le plus franc. Fritzchen, pauvre domestique alsacien, estropie si outrageusement le français que son maître l'a mis à la porte. Au moment où il exhale sa douleur en plaintes comiques, il rencontre Lischen, jeune marchande de petits balais. Tous deux parlent un idiome si extravagant qu'ils s'en effarouchent mutuellement ; mais, entre compatriotes, la paix est bientôt faite, et un temps de valse les a aussitôt réconciliés. Le duo qu'ils chantent sur les paroles : Je suis Alsacienne, je suis Alsacien, est d'une mélodie agréable. Fritzchen a des vues sur Lischen ; mais ils s'aperçoivent tout à coup qu'ils sont frère et sœur ; ce qui les oblige à se séparer. Heureusement que Lischen a en sa possession une certaine lettre qu'elle n'a jamais pu lire. Fritzchen, plus lettré, y découvre qu'ils ne sont que cousin et cousine. Ils se livrent naturellement à une gaieté folle à laquelle le public s'associe de bonne grâce. L'ouverture a de la gentillesse ; l'air de la marchande de balais, la fable : Le rat de ville et le rat des champs, dite par Lischen en langue franco-allemande, sont avec le duo les morceaux les plus amusants de cette opérette, qui a été jouée avec entrain par Désiré et Mlle Zulma Bouffar. C'est à Ems qu'elle a été jouée pour la première fois. M. Offenbach aurait dû, selon nous, ne pas dépasser ces limites de la bouffonnerie.

 

Ne forçons pas notre talent,

Nous ne ferions rien avec grâce.

 

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LISE

 

Opérette française en deux actes, paroles de M. Saint-Eman, musique de M. Byn (pseudonyme d’Albert Roth, compositeur bernois), représentée à Berne le 16 février 1887.

 

 

LISE ET COLIN

 

Opéra-comique en deux actes, paroles d'Eugène Hus, musique de Pierre Gaveaux, représenté à Feydeau le 4 août 1796.

 

 

LISETTE

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de Thomas Sauvage, musique d’Eugène Ortolan, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 10 avril 1855 avec Augustine Chevalier.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 11 en 1855.

 

« Le canevas de cette pièce n'a pas une grande consistance. Il s'agit d'une comtesse hollandaise qui aime assez les aventures, et que sa camériste Lisette tire d'embarras, prête qu'elle est à endosser ses robes et sa responsabilité. Germain, son amoureux, trouve même que Lisette pousse trop loin la complaisance, et, de dépit, il se fait soldat. Devenu officier sous le nom de M. de Fouville, et faisant le service de la tranchée pendant le siège de Berg-op-Zoom, il pense qu'il fera la conquête d'une comtesse qui habite le château voisin. C'est toujours notre comtesse hollandaise, et encore Lisette qui recevra à sa place la déclaration. On devine le dénouement. Cette partition fut accueillie avec faveur, et on y remarqua une bonne entente des effets scéniques, une instrumentation traitée avec goût, et les qualités qui résultent d'une éducation littéraire et distinguée. M. Eugène Ortolan est fils du savant professeur à la Faculté de droit de Paris, élève de Berton et Halévy, et lauréat de l'Institut (2e grand prix de composition musicale). L'opéra de Lisette offre des chœurs bien rythmés, et, entre autres jolis morceaux, l'air de baryton du premier acte et la romance du deuxième : Lisette, croyez-moi, cause ce trouble extrême. Le sentiment musical y est vrai, quoique les situations dramatiques soient fausses. Nous pensons que le talent de M. Ortolan est trop civilisé pour s'exercer avec succès dans des paysanneries qui ne sont pas sorties de la palette de Boucher ni de la plume de Florian. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La scène se passait du temps de Louis XV ; le premier acte en Normandie, le second au siège de Berg-op-Zoom. M. E. Ortolan, élève de Berton et d'Halévy, a obtenu un deuxième prix de Rome. On a encore de lui une opérette jouée aux Bouffes-Parisiens (la Momie de Roscoco), et un oratorio biblique (Tobie). Il occupe un emploi au ministère des affaires étrangères. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

LISEZ PLUTARQUE

 

Opéra-comique en un acte, musique de Plantade, représenté au théâtre Montansier en 1800.

 

 

LISEZ PLUTARQUE

 

Opéra-comique en un acte, livret de François-Pierre-Auguste Léger et René Alissan de Chazet, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 22 décembre 1801.

 

 

LISIA

 

Comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes, paroles de Monnet, musique de Scio, représentée sur le théâtre Feydeau le 08 juillet 1793. On remarque dans cette pièce quelques préoccupations de la couleur locale ; elle se passe dans le nouveau monde ; on y célèbre la fête du Soleil, et la scène du fusil est assez bien imaginée, pour hâter la reconnaissance de la fille adoptive du chef indien. Scio, l'auteur de la musique, était violoniste et le mari de la célèbre chanteuse de l'Opéra-Comique.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LISIDORE ET MONTROSE

 

Opéra-comique en trois actes, paroles de Monnet, musique de Scio, représenté au théâtre Feydeau le 27 avril 1792. Le sujet de la pièce est le même que celui de Raoul de Créqui, de Richard Cœur-de-lion. Il était dans tous les cas plus intéressant que les bergeries sentimentales qui ont occupé la scène pendant toute la seconde moitié du XVIIIe siècle.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LISISTRATA ou LES ATHÉNIENNES

 

Comédie en un acte, livret de François-Benoît Hoffman, d’après la pièce d’Aristophane, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 15 janvier 1802.

 

 

LIVRE DE L'ERMITE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène de Planard et Paul Duport, musique de Michele Enrico Carafa. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 11 août 1831, avec MM. Féréol, Jean-Baptiste Chollet, Boulard, Mme Pradher et Mlle Zoé Prévost.  => livret

 

« La scène se passe en Portugal. Don Pascal Mascarille n'est autre qu'un simple secrétaire de grand seigneur qui s'est affublé un jour des habits et du titre de son maitre pour faire ses fredaines. Sa ruse a été découverte et il va être pendu. Un ermite, jadis homme de qualité, maintenant retiré du monde, touché de l'infortune du pauvre diable, lui fait don de ses titres de noblesse pour faciliter son évasion et son embarquement pour le Brésil. Pascal, transformé en duc d'Albateros, s'enrichit en Amérique, et, croyant que son escapade a été oubliée, revient en Portugal. L'ermite est mort, mais il a laissé entre les mains de Mazetto un livre sur lequel toutes les circonstances de sa vie sont écrites. Una autre intrigue commence alors, et c'est là le défaut de la pièce, jusque-là assez bien imaginée ; Pascal est devenu propriétaire des biens considérables d'une famille Médilla, dont les rejetons ont péri dans un naufrage : deux jeunes filles, Inès et Antonia, vont épouser, l'une un jeune pêcheur, l'autre un étranger. Pascal reconnaît dans cet étranger son propre fils et s'oppose à une mésalliance. Mais Inès et Antonia se trouvent être les héritières de la famille Médina. La crainte de se voir dépouillé de sa fortune et un codicille du livre de l'ermite déterminent le duc d'Albateros à consentir au double mariage. On a reconnu unanimement que la musique était charmante, parfaitement écrite, remplie de mélodie, instrumentée avec une habileté consommée ; mais le mauvais œil n'a pas cessé d'exercer sa maligne influence sur M. Carafa, même à l'égard de son chef-d'œuvre, de Masaniello. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LIVRE DES DESTINS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Bianchi, représenté au théâtre des Jeunes-Élèves le 02 février 1806.

 

 

LIZARDA

 

Opéra-comique en quatre actes, livret d’Armand Silvestre, musique de Gabriel Pierné (1893-1894).

 

 

LOCANDIERA (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes et deux intermèdes, livret d'André Boll, texte chanté de Jean Solar, d'après la comédie de Goldoni, musique de Maurice Thiriet.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 27 octobre 1960, mise en scène de Jacques Charon ; chorégraphie de Jacques Chazot ; maquettes des décors et des costumes d'André Levasseur ; décors exécutés par M. Brunet dans les Ateliers de l'Opéra ; costumes exécutés par M. Lebrun et Mlle Marjollet dans les Ateliers de l'Opéra-Comique.

Mme Franca DUVAL (Mirandoline).

MM. Pierre FLETA (le Chevalier de Ripafratta), Julien GIOVANNETTI (le Comte d'Alba Fiorita), Charles CLAVENSY (le Marquis de Forlipopoli), Jean-Pierre LAFFAGE (Fabrice).

Chef d'orchestre : Georges PRÊTRE.

 

17e représentation le 25 janvier 1961 avec les créateurs sous la direction de Georges Prêtre. Intermèdes dansés : MM. Jean-Pierre Toma, Jean-Pierre Martino, Daniel Delbrouck, Raymond Raynald.

 

13 représentations à l'Opéra-Comique en 1960, 12 en 1961, 4 en 1962, soit 29 au 31.12.1972.

 

 

LOCATAIRE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Sewrin, musique de Pierre Gaveaux. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 juillet 1800, avec MM. Solié, Gavaudan, Dozainville, Moreau et Mme Gavaudan.

 

« Cette pièce est amusante et la musique l'accompagne assez bien de ses airs de vaudeville. Nous signalerons les couplets chantés par Apolline : Je vois des jaloux en Espagne, ceux d'Ormond : C'est un admirable jardin gue le jardin des Tuileries, et un petit trio. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LOCOMOTION À TRAVERS LES ÂGES (LA)

 

Sketchs de Jean Rieux et Yoris d'Hansewick, poèmes de Guillot de Saix, musique nouvelle et arrangée de Jean Nouguès.

 

Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier), le 14 octobre 1926, au cours d'un Gala. — Chorégraphie de Christine KERF et GONTCHAROWA.

La Locomotion préhistorique :

Mme J. LEONNEL (la première Femme).

MM. SIGNORET (le premier Homme), H. LAVERNE (le premier Amant).

Apollon précurseur :

MM. DALERANT (Apollon), J. WEBER (Mercure).

Le char des Pharaons :

Mmes T. NAVAR (la Fille des Pharaons), S. CARYTH (la Charmeuse de serpents).

Mlles BRANMANTE et TROYANOFF (les Danseuses égyptiennes). M. Maurice ESCANDE (le Pharaon).

Le Char de Néron :

M. J. DEHELLY (Néron).

Le Char des Rois fainéants :

Mme FORCY (la Reine), M. GALLY (le Roi).

La Litière :

Mme A. DE CHAUVERON (la Patricienne).

Le Carrosse :

Mmes L. DHAMARYS (Célimène), J. MORLET (Arsinoé).

MM. J. PERNOD (Aramis), JULLIEN (Lancelot), PIQUEMAL et CLERY (Pietry et Caracas).

La Chaise à porteurs :

Mmes R. LAUWERS (la Marquise), G. BRU (la Bergère Watteau). M. M. DEBRY (le Berger).

La Diligence :

Mmes JUDIC (la Servante), H. LEBLOND (l'Hôtesse), BARANCEY (Mme Denis).

MM. R. DELANCHE (le Postillon), DETOURS (l'Hôtelier), LEBAS (M. Denis).

La première Locomotive :

Les FRATELLINI.

La Bicyclette :

MM. BROCCO (le Coureur), BISCOT (le Roi de la pédale).

Les premières Autos :

Mme Mary MARQUET (Pallas).

L'Auto moderne :

Mmes J. RENOUART et M. DEVAL (les Sportwoman).

M. P. DE GUINGAND (le Chauffeur).

Chef d'orchestre : Paul FOSSE.

Seule représentation à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

LODOÏSKA

 

Comédie héroïque en trois actes, livret de Claude-François Fillette dit Loreaux, d’après Vie et amours du chevalier de Faublas, roman de Jean-Baptiste Louvet de Couvray, musique de Luigi Cherubini.

 

L’action se déroule en Pologne, en 1600.

 

Création à Paris, théâtre Feydeau, le 18 juillet 1791, sous la direction de La Houssaye.

 

Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 05 janvier 1802.

 

« Cet ouvrage remarquable fut accueilli avec enthousiasme par les connaisseurs. La musique dramatique entrait en France dans une nouvelle voie. Les effets de l'harmonie et de l'orchestration venaient fortifier ceux de la diction lyrique et de la mélodie. Ce que Gluck avait imaginé incidemment en vue de l'expression passionnée, ce que Mozart avait constamment pratiqué dans ses opéras allemands ou italiens, Cherubini l'érigeait en principe, et, par la constance et la perfection de ses beaux travaux, fondait une école savante, consciencieuse, distinguée et favorable au développement de l'imagination des musiciens. Il est de toute évidence qu'en écrivant les opéras de Démophon et de Lodoïska, Cherubini a ouvert la voie à Méhul, à Lesueur, à Spontini. Les lecteurs qui ne connaissent pas le livret de Lodoïska peuvent s'en faire une idée en réunissant les principaux épisodes de Richard Cœur-de-lion et de Fidelio (voir ces articles). Quant à la musique, il est bien regrettable qu'aucun directeur de théâtre ne songe à la faire entendre de nouveau. Les morceaux de la partition de Lodoïska ne sauraient être exécutés dans les salons, en raison de leur forme toute symphonique. On ne peut se rendre compte de leur haute valeur que par une étude approfondie et à laquelle les musiciens seuls peuvent se livrer. Néanmoins l'ouverture a été souvent jouée dans les concerts. On trouve dans tout l'ouvrage un style noble et soutenu, des masses admirables et profondes, des modulations riches et variées qui l'empêchent de vieillir. Je ne crains pas de dire qu'après plus de soixante-dix ans, Lodoïska offre moins de rides que n'en ont la plupart de ses filles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LODOÏSKA ou LES TARTARES

 

Comédie en trois actes, en prose, livret de Jean-Elie Dejaure, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 01 août 1791. Le sujet de la pièce est le même que celui du poème de Fillette-Loreaux : loin d'être une comédie, la pièce de Lodoïska est un drame sombre et lugubre : l'action se passe sur les frontières de la Pologne, dans un pays exposé aux incursions des Tartares. Dans la scène première, on voit passer sur le théâtre des jeunes captives emmenées par un parti de ces barbares commandé par Titsikan. Celui-ci se propose de faire le siège d'un château dont on aperçoit les tours. Le comte de Lowinski, suivi de son fidèle écuyer Albert, est à la recherche de sa mai tresse Lodoïska, fille de Lupanski. Plutôt que d'accorder la main de sa fille au comte qui a aidé Poniatowski à monter sur le trône de Pologne, le vieillard l'a fait sortir de Varsovie et l'a confiée à son ami Boleslas. Celui-ci, abusant des droits de l'hospitalité et épris des charmes de Lodoïska, veut la contraindre à l'épouser ; ne pouvant triompher de sa résistance, sa passion se change en fureur et il enferme la malheureuse fille dans une tour, espérant ébranler sa constance par les ennuis d'une étroite captivité. Au moment où le comte et Albert arrivent près du château de Boleslas, Titsikan les attaque ; mais il est désarmé et ne doit la vie qu'à la générosité de Lowinski. Après cet incident qui doit avoir plus tard son influence sur le dénouement, le comte, en examinant le château, voit tomber à ses pieds une tuile à laquelle un billet a été attaché. Il reconnaît l'écriture de sa maîtresse qui a employé ce moyen pour obtenir quelque secours du dehors. Lowinski se décide à entrer dans le château. Il demande l'hospitalité que Boleslas lui accorde toutefois avec défiance. Au second acte, Lodoïska sur la terrasse d'une tour, respire l'air du matin et se plaint de sa destinée. Cette scène est touchante et elle a été bien traitée par le musicien ; la captive déplore la mort de son amant que Boleslas lui a fait annoncer. Le comte, caché, l'entend et ne peut se découvrir ; Boleslas surprend ses hôtes, les traite d'espions et n'accorde la vie à Lowinski qu'à la condition qu'il confirmera de sa propre bouche à Lodoïska la nouvelle de la mort du comte. Cette perfidie amène l'entrevue et la reconnaissance des deux amants en présence même de Boleslas. Mais, avant qu'ils n'aient eu le temps de se concerter, le vieux Lupanski arrive et vient chercher sa fille ; il voit avec le plus grand étonnement Lowinski au château et apprend avec indignation la conduite de celui qu'il croyait son ami. Il déclare que ni l'un ni l'autre ne peuvent prétendre à épouser Lodoïska et il se dispose à emmener celle-ci lorsque Boleslas enflammé de fureur s'oppose à leur départ et les retient tous prisonniers. Sur ces entrefaites, on accourt annoncer qu'une troupe de tartares entoure le château. On en prépare la défense. Au point de vue dramatique, il y a là un très beau motif de finale. On ne baisse pas le rideau pendant l'entr'acte. Des troupes d'hommes armés passent et repassent sur la scène. Les Tartares s'emparent du château ; Boleslas en fait sauter la plus grande partie et se précipite lui-même dans les flammes. Titsikan délivre les prisonniers et Lupanski consent à l'union de Lodoïska avec le comte Lowinski. La partition est l’œuvre la plus remarquable de Kreutzer. Les combinaisons harmoniques ne sont pas très fécondes. Le compositeur a trop souvent recours à l'emploi de l'accord de septième diminuée ; mais l'expression est forte et juste ; et on sent qu'il a la volonté de toujours peindre les situations. Une introduction tient lieu d'ouverture. Le chœur des jeunes captives qui se détache sur une marche tartare a du caractère. Nous signalerons l'air de Lowinski (haute-contre) : Lodoïska, ma tendre amie, et l'air de Titsikan (basse) : Comme moi jadis Alexandre. Les chœurs offrent des longueurs insupportables et complètement inutiles ; cette longueur n'est rachetée par aucun développement harmonique intéressant. Le deuxième acte est le mieux traité. Le récitatif de Lodoïska : Comme l'air est tranquille et frais, est bien accompagné par l'orchestre et la romance : La douce clarté de l'aurore, est un morceau inspiré. Le duo entre Boleslas et sa captive est lourd et peu concertant. Le grand finale : Il faut à nos vœux consentir, est le morceau capital de l'ouvrage. Il a de la chaleur et de belles qualités scéniques. Dans le troisième acte, nous signalerons la marche tartare, et les couplets en si mineur de Titsikan Pour votre général vainqueur. L'opéra de Lodoïska pourrait être l'objet d'une reprise intéressante.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LOHENGRIN

 

Opéra romantique allemand en trois actes et cinq tableaux, d’après le Chevalier au Cygne de Wolfram von Eschenbach, poème et musique de Richard Wagner (1845-1848).

 

Personnages : Henri l’Oiseleur, roi d’Allemagne (basse) ; Lohengrin (ténor) ; Elsa de Brabant (soprano) ; le duc Godefroi, son frère ; Frédéric de Telramund, comte de Brabant (baryton) ; Ortrude, son épouse (mezzo-soprano) ; le héraut du roi (baryton) ; comtes et seigneurs saxons, thuringiens et brabançons, dames d’honneur, pages et serviteurs.

 

Créé à Weimar, Hoftheater, le 28 août 1850.

 

Première fois à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, le 22 mars 1870 dans la version française de Charles Nuitter.

 

Premières fois à New York (Academy of Music), en 1871 ; à Londres (Covent Garden), le 08 mai 1875 ; à New York (Metropolitan-Opera), le 07 novembre 1883.

 

Sa création à Paris fut annoncée par l’Opéra-Comique en 1885, mais les éditeurs s’y opposèrent ; elle eut lieu à l’Eden-Théâtre, le 30 avril 1887, dans la version française de Charles Nuitter, au cours d’une soirée houleuse qui nécessita l’intervention de la police.

 

Représentation à Rouen (Théâtre des Arts), le 07 février 1891.

 

 

WEIMAR

28.08.1850

BRUXELLES

22.03.1870

LONDRES

08.05.1875

Elsa

AGTHE

STERNBERG

ALBANI

Ortrude

FASZTLINGER

DERASSE

d’ANGERI

 

 

 

 

Lohengrin

BECK

BLUM

NICOLINI

de Telramund

VON MILDE

Eugène TROY

V. MAUREL

le Roi

BATSCH

PONS

SEIDERMAN

le héraut   MAUREL  

Chef d’orchestre

Franz LISZT

RICHTER

VIANESI

 

 

NEW YORK

07.11.1883

PARIS

Eden-Théâtre

30.04.1887

ROUEN

07.02.1891

Elsa

NILSSON

F. DEVRIES

Jane GUY

Ortrude

FURSCH-MADI

DUVIVIER

DE BERIDEZ

 

 

 

 

Lohengrin

CAMPANINI

VAN DYCK

RAYNAUD

de Telramund

KASCHMANN

BLAUWERT

MONDAUD

le Roi

NOVARA

COUTURIER

LEQUIEN

Chef d’orchestre

VIANESI

LAMOUREUX

Philippe FLON

 

Première fois au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 16 septembre 1891, dans la version française de Charles Nuitter, mise en scène de Lapissida, décors de Jean-Baptiste Lavastre et Eugène Carpezat (1er et 3e actes), Amable et Eugène Gardy (2e acte), costumes de Charles Bianchini.

Mmes Rose CARON (Elsa de Brabant), FIERENS (Ortrude).

MM. Ernest VAN DYCK (Lohengrin), M. RENAUD (Frédéric de Telramund), DELMAS (le Roi Henri), DOUAILLIER (un Héraut), GALLOIS, DEVRIES, LAMBERT, PALIANTI (4 Nobles brabançons),VOULET, Louis IDRAC, RAGNEAU, CRÉPAUX (4 Vassaux).

Chef d'orchestre : Charles LAMOUREUX

 

Au Théâtre des Champs-Elysées, 30 novembre 1936 : première des représentations données à ce théâtre par l'Opéra de Paris avec Lohengrin, interprété par Mmes Germaine Lubin, Renée Gilly, MM. Georges Thill, Froumenty, Martial Singher, Cambon. Chef d'orchestre : Philippe Gaubert.

 

 

 

28.03.1892

50e

28.04.1894

100e

13.05.1903

 

02.10.1908

 

30.04.1910

 

10.05.1911

 

17.05.1922

333e

05.08.1926

400e

17.07.1931

454e

21.01.1933

519e

Elsa

Rose CARON

Rose CARON

L. GRANDJEAN

HATTO

KAISER

Xénia DORLIAC

Fanny HELDY

MARILLIET

Germaine HOERNER

Germaine HOERNER

Ortrude

DOMENECH

DUFRANE

CHRÉTIEN-VAGUET

PAQUOT-D'ASSY

DAUMAS (débuts)

DAUMAS

GRIALYS

CARO

Marcelle MAHIEU

M.-T. HOLLEY

Pages

                 

Renée MAHÉ, HAMY, LALANDE, MARIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lohengrin

VERGNET

ALVAREZ

CASSET

GODART

Paul FRANZ

FRANZ

FRANZ

FRANZ

  José de TRÉVI

Frédéric de Telramund

DUFRICHE

NOTÉ

BARTET

NOTÉ

DANGÈS

DANGÈS

DUCLOS

MAURAN

  NOUGARO

le Roi Henri

DELMAS

CHAMBON

CHAMBON

JOURNET

A. GRESSE

A. GRESSE

DELMAS

PEYRE

  GROMMEN

le Héraut

VALLIER

DOUAILLIER

STAMLER

NUCELLY

TEISSIÉ

TRIADOU

DALERANT

CAMBON

  CAMBON

Seigneurs et Vassaux

   

GALLOIS, GONGUET, BAUDIN, LACOME, CANCELIER, DÉNOYÉ, PALIANTI

 

MM. GONGUET, VARELLY, ROLLAND, Michel EZANNO, Ch. JAVON. Mmes HAMELIN, LEPAGE, DUPIRÉ, NOTICK, DOYEN, NARÇON, DUPUY, DUCREUX

         

Chef d’orchestre

Edouard COLONNE

Paul TAFFANEL

    Henri BÜSSER  

Camille CHEVILLARD

François RÜHLMANN

François RÜHLMANN

François RÜHLMANN

 

 

11.05.1934

 

20.08.1934

500e

26.10.1934

535e

16.05.1947

553e

29.08.1949

 

17.08.1953

 

22.08.1954

604e

02.12.1955

 

15.08.1956

 

15.08.1956

 

17.04.1959

620e

Elsa de Brabant

Yvonne GALL

HOERNER

Germaine HOERNER

HOERNER

Adine YOSIF

Berthe MONMART

Berthe MONMART

Régine CRESPIN

Berthe MONMART

Berthe MONMART

Régine CRESPIN

Ortrude

Georgette CARO

LAWRENCE

Marjorie LAWRENCE

GILLY

COUDERC

Suzanne JUYOL

COUDERC

COUDERC

Suzanne JUYOL

Lucienne DELVAUX

GORR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lohengrin

 

SAINT-CRICQ

Lauritz MELCHIOR

JOBIN

VERDIERE

VERDIERE

VERDIERE

Raoul JOBIN

VERDIERE

VERDIERE

KONYA

Frédéric de Telramund

 

SINGHER

John BROWNLEE

NOUGARO

Charles CAMBON

René BIANCO

René BIANCO

René BIANCO

René BIANCO

René BIANCO

René BIANCO

le Roi Henri

 

FROUMENTY

HUBERTY

FROUMENTY

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

VON ROHR

le Héraut

 

Charles CAMBON

Charles CAMBON

Charles CAMBON

CHARLES-PAUL

Charles CAMBON

Robert MASSARD

 

Robert MASSARD

Robert MASSARD

MASSARD

Pages

 

 

Mmes Renée MAHÉ, Germaine HAMY, LALANDE, ALMONA

               

Chef d’orchestre

François RÜHLMANN

J. E. SZYFER

Philippe GAUBERT

Louis FOURESTIER

Louis FOURESTIER

André CLUYTENS

André CLUYTENS

André CLUYTENS

George SEBASTIAN

George SEBASTIAN

KNAPPERTSBUSCH

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Elsa : Mmes BOSMAN (1891), ISSAURAT (1892), DUFRANE (1892), Lola BEETH (1892), BERTHET (1893), CHRETIEN (1893), GRANDJEAN (1896), NORDICA (1897), Aïno ACKTÉ (1898), KROUSCENISKA (1902), NORIA (1903), DUBEL (1904), LINDSAY (1906), KOUSNIETZOFF (1908), MASTIO (1908), HATTO (1908), SCALAR (1909), GALL (1910), FEART (1910), DORLIAC (1911), BOURDON (1912), LORRAINE (1912), PANIS (1912), TECLAR (1913), BERTHON (1922), LUBIN (1922), MAC ARDEN (1923), BONAVIA (1924), LAVAL (1924), NESPOULOUS (1927), Lotte LEHMANN (1929), DE MEO (1929), FAYE (1933), MULLER (1933), VOLFER (1937), DELPRAT (1939), YOSIF (1947), FERRER (1947), VARENNE (1953), VECRAY (1953).

Ortrude : Mmes DUFRANE (1892), DESCHAMPS-JEHIN (1893), BOURGEOIS (1896), PICARD (1898), CHRÉTIEN-VAGUET (1900), GOULANCOURT (1901), CARO-LUCAS (1905), ROYER (1905), FEART (1906), PAQUOT d'ASSY (1907), DURIF (1909), MANCINI (1909), DAUMAS (1910), MATI (1911), LE SENNE (1912), GOZATECUI (1922), BEAUMONT (1924), FROZIER-MARROT (1925), MAHIEU (1926), POOLMAN-MEISSNER (1926), DAVID (1931), KALTER (1932), HOLLEY (1933), CLERY (1935), Marg. SOYER (1936), VERON-GRUNWALD (1939), BOUVIER (1952), JUYOL (1952), DELVAUX (1956).

Lohengrin : MM. AFFRE (1891), ENGEL (1891), MURATET (1892), J. DE RESZKE (1893), DUPEYRON (1893), GIBERT (1893), VAGUET (1896), CASSET (1903), SCAREMBERG (1903), FEODOROW (1908), GODART (1908), ALTCHEWSKY (1910), G. DUBOIS (1911), FONTAINE (1911), MAGNERE (1912), VERDIER (1912), R. LASSALLE (1913), DARMEL (1914), GOFFIN (1922), ANSSEAU (1923), E. AUDOIN (1923), TRANTOUL (1923), LAFFITTE (1924), DUTREIX (1924), GRANAL (1924), THILL (1926), SULLIVAN (1929), DE TREVI (1931), ROGATCHEWSKY (1931), MELCHIOR (1932), YCHE (1933), MAISON (1933), BURDINO (1937), FANIARD (1937), JOUATTE (1938), FRONVAL (1947), HECTOR (1955).

Frédéric de Telramund : MM. BERARDI (1892), Gaston BEYLE (1892), BARTET (1897), RIDDEZ (1903), CHAMBON (1905), V. BECK (1908), Raymond BOULOGNE (1908), DANGES (1908), Dinh GILLY (1908), ROSELLY (1912), CARRIE (1912), BOURBON (1914), TEISSIÉ (1922), LANTERI (1924), BROWNLEE (1927), ENDREZE (1930), CAMBON (1933), ROUGENET (1933), BLOUSE (1935), L. RICHARD (1935), BECKMANS (1937), CHARLES-PAUL (1948).

le Roi : MM. PLANÇON (1891), BALLARD (1892), E. DE RESZKE (1893), DELPOUGET (1894), FOURNETS (1899), A. GRESSE (1901), NIVETTE (1903), RIDDEZ (1905), LEQUIEN (1908), JOURNET (1908), CERDAN (1910), LASKIN (1913), A. HUBERTY (1922), H. LEGROS (1923), MAHIEUX (1923), GROMMELA (1927), BERNASCONI (1935), Fred BORDON (1935), PACTAT (1939), VAILLANT (1954).

 

621 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

  

Résumé.

Lohengrin, un chevalier du Saint-Graal, prend la défense de la princesse Elsa de Brabant qu'accusent injustement Frédéric de Telramund et sa femme Ortrude. Il l'épouse en lui faisant promettre de ne jamais s'enquérir de son nom ni de son origine. Elsa ne peut tenir sa promesse et Lohengrin s'en va, comme il était venu, dans une nacelle tirée par un cygne.

 

L’action se déroule à Anvers, dans la première moitié du Xe siècle.

(Citations françaises de la version Nuitter.)

ACTE I. — Une prairie au bord de l'Escaut.

Scène 1. — Une brillante assemblée se trouve réunie auprès d'un chêne sous lequel le Roi Henri l'Oiseleur tient sa cour de justice. Le Héraut d'armes demande aux nobles de prêter serment de fidélité au souverain. Le Roi expose la situation de l'Allemagne et s'étonne des discordes qui règnent au pays de Brabant. Il interroge à ce sujet Frédéric de Telramund ; ce dernier, en suite de la disparition mystérieuse du jeune prince Godefroi, frère d'Elsa, revendique ses droits et ceux de sa femme Ortrude à l'héritage du Brabant, en accusant hautement Elsa de la mort de son frère.

Tous les assistants et le Roi lui-même s'émeuvent à l'ouïe de cette terrible accusation que Frédéric maintient avec énergie.

Le Roi décide alors de faire comparaître l'accusée devant son tribunal.

Scène 2. — Elsa s'avance lentement et répond à peine aux accusations qui sont portées contre elle.

Dans une sorte d'extase, et comme se parlant à elle-même, elle décrit la vision qu'elle a eue d'un chevalier revêtu d'une brillante armure venu prendre sa défense. Le Roi ordonne le Jugement de Dieu. Telramund, se présentant en accusateur, défie ceux qui voudraient prendre le parti d'Elsa en combattant contre lui. Personne ne s'avance. Elsa, dans une ardente prière, supplie le Très-Haut de ne pas l'abandonner [Prière d’Elsa : Einsam in trüben Tagen... / Seule dans ma misère...]. Soudain l'attention de tous est attirée par une nacelle qui descend le fleuve tirée par un cygne. Un chevalier revêtu d'une armure d'argent en descend bientôt.

Scène 3. — Le chevalier mystérieux, Lohengrin, adresse à son cygne de touchants adieux [Les « Adieux au Cygne » (Lohengrin) : Nun, sei gedank... / O mon cher cygne...]. Puis il salue le Roi et se présente comme défenseur d'Elsa. Il la prie, lorsqu'il aura victorieusement combattu pour elle, de consentir à devenir son épouse, insistant cependant sur le fait qu'elle ne devra jamais chercher à connaître ni son nom, ni son origine.

Puis Lohengrin défie Frédéric et l'étend bientôt à terre à sa merci ; mais il lui fait grâce de la vie. Frédéric et Ortrude se retirent, honteux, tandis qu'Elsa, radieuse, et le peuple tout entier saluent le vainqueur.

ACTE II. — La cour intérieure du burg d'Anvers.

Scène 1. — Il fait nuit. Frédéric et Ortrude complotent sur les marches de l'escalier. Frédéric voudrait fuir, mais Ortrude songe à semer le doute dans le cœur d'Elsa ; Frédéric s'engage à la seconder dans ses ténébreux desseins.

Scène 2. — Elsa, vêtue de blanc, s'avance sur son balcon pour rêver à son bonheur. Ortrude réussit facilement à l'apitoyer sur son sort et profite à point nommé d'insinuer que le mystérieux époux d'Elsa pourrait bien un jour, si elle n'y prend garde, s'en retourner comme il est venu. Elsa repousse vivement cette pensée, cependant l'œuvre néfaste de la misérable Ortrude a quand même pénétré dans son cœur.

Scène 3. — Le jour se lève. Quatre trompettes sonnent l'appel du roi. Le héraut proclame la déchéance de Telramund et son bannissement de l'empire. L'époux d'Elsa est nommé Protecteur du Brabant. Quatre nobles murmurent. Frédéric s'approche vivement d'eux pour encourager leur révolte.

Scène 4. — Le cortège nuptial d'Elsa s'avance pour aller à l'église. Sur les marches de celle-ci, Ortrude se redresse, orgueilleuse, et revendique la préséance. Elle accuse même l'inconnu d'imposture. L'arrivée du Roi met fin à ce scandale.

Scène 5. — Frédéric à son tour paie d'audace. Prétendant que la confiance générale a été surprise, il demande à connaître au moins le nom de son vainqueur. Lohengrin refuse. La foi d'Elsa est ébranlée. Le traître s'approche à la dérobée pour l'avertir qu'il viendra chez elle, la nuit tombée, pour être prêt à lui porter secours. Le fiancé d'Elsa chasse Telramund ; après quoi, sous le regard menaçant d'Ortrude, le couple entre à l'église, étroitement enlacé.

ACTE III.

1er TABLEAU : La chambre nuptiale.

Scène 1. — Le cortège accompagne les nouveaux époux [Marche Nuptiale], puis il se retire, les laissant seuls.

Scène 2. — Elsa, accablée par l'émotion tombe dans les bras du chevalier [Grand Duo : Das süsse Lied verhallt.... / Au loin se perd leur voix...]. Mais l'inquiétude d'Elsa ne tarde pas à se manifester. Obsédée par l'idée funeste que lui ont suggérée Ortrude et Frédéric, Elsa pose bientôt à son mari la fatale question.

Presque aussitôt, Frédéric et les quatre nobles brabançons révoltés font irruption, l'épée à la main. Se saisissant de l'arme qu'Elsa lui tend rapidement, Lohengrin étend Frédéric mort à ses pieds. Puis il ordonne aux compagnons du traître, qui se sont jetés pleins d'effroi à ses genoux,
de porter le corps de Telramund au tribunal du Roi. Là, devant tout le monde, il se justifiera et dira son nom.

2e TABLEAU : Même décor qu'au premier acte.

Scène 3. — Les nobles et les vassaux se rassemblent. Puis le Roi arrive. On apporte le cadavre de Frédéric. Elsa, suit, pâle et défaite. Lohengrin apparaît alors, vêtu de son armure d'argent. Plein de tristesse, il se déclare forcé de repartir ; il dit la félonie de Frédéric, puis reproche hautement à la femme qu'il aime d'avoir manqué à la promesse solennellement faite. Elle va maintenant connaître le secret dont tous deux paieront la révélation par la perte de leur bonheur : il n'est autre qu'un des chevalier du Saint Graal, fils de Parsifal ; son nom est Lohengrin ! [Récit du Graal : In fernem Land... / Aux bords lointains...].

L'émotion est à son comble. Elsa défaille. Lohengrin lui fait de touchants adieux. Le cygne s'étant approché avec sa nacelle, Lohengrin y monte. Le cygne disparaît : on voit à sa place le jeune Godefroi, qui avait été victime des enchantements d'Ortrude. Et c'est la blanche colombe du Graal qui, tirant la nacelle, emmène le chevalier...

 

« Opéra représenté pour la première fois à Weimar en 1850. Franz Liszt conduisit l'orchestre et à cette occasion reçut des artistes l'hommage d'un bâton de mesure en argent. Le prélude de Lohengrin a été exécuté assez souvent à Paris pour qu'on puisse apprécier la manière du fameux agitateur allemand. Malgré l'enthousiasme de la colonie germanique, les auditeurs de cette symphonie, trop développée pour mériter le nom de prélude, n'ont pu y voir autre chose qu'une suite d'effets acoustiques, un crescendo habilement ménagé, un trémolo persistant sur la chanterelle et aboutissant à une rentrée sonore des instruments de cuivre, et cela sans l'ombre d'une idée ; c'est un défi audacieux porté à ce qu'on est convenu jusqu'à présent d'appeler la musique. Le chœur des fiançailles mérite d'être signalé, sans cependant offrir de ces beautés qui s'imposent à tous les gens de goût. Le reste de la partition nous à paru long, confus, affublé d'une harmonie si tourmentée, qu’elle est en complet désaccord avec son nom, enfin et surtout ennuyeux. Le lecteur qui voudra parcourir les mille méandres qu'offrent les aventures de Lohengrin et analyser la partition, pourra s'aider du livre écrit par l'infortuné Gasperini en faveur du système de son ami M. Richard Wagner, et du long et consciencieux travail publié par M. Reyer sur l'opéra de Lohengrin, dans le Journal des Débats (1re quinzaine d'octobre 1868). »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Nous n'avons pas à rappeler longuement ici les incidents qui ont signalé la première apparition de Lohengrin à Paris. Depuis plusieurs années déjà, et en dépit de certaines protestations, M. Lamoureux s'était attaché à répandre parmi les auditeurs de ses concerts le goût de la musique de Wagner. Que ce fût « par patriotisme », comme il le disait, ou par simple esprit de spéculation, l'entreprise était fructueuse, une grande partie du public se montrant, fort Justement d'ailleurs, désireuse de connaître, même sous la forme du concert, les œuvres du maître allemand qui avait révolutionné l'Europe musicale. Lorsqu'il crut le moment venu, M. Lamoureux voulut consacrer un théâtre à la représentation des œuvres wagnériennes. Il loua la salle de l'Eden, qui se trouvait alors vacante, monta Lohengrin avec un soin, un goût et un luxe artistiques absolument exceptionnels, et donna, le 3 mai 1887, une représentation de cet ouvrage qui, grâce à certaines manifestations politiques fâcheuses, mais auxquelles on pouvait s'attendre, ne devait pas avoir de lendemain. A peine son projet mis à exécution, M. Lamoureux se voyait obligé d'y renoncer. Il fallut voir s'écouler quatre années pour que, les esprits s'étant apaisés, la situation politique s'étant modifiée, l'Opéra pût enfin s'emparer à son tour de Lohengrin et l'offrir à son public, sans que cette fois le fait donnât lieu à aucune protestation. Il était temps en effet que le public français fût appelé à connaître, dans ses conditions naturelles d'exécution, une œuvre que depuis longtemps l'Europe appréciait à sa juste valeur et qui devait trouver sa place dans le répertoire de nos scènes lyriques.

En 1849, Richard Wagner, qui avait le titre et remplissait les fonctions de maître de chapelle du roi de Saxe, se joignait aux révolutionnaires qui se soulevaient contre l'autorité de ce prince et le chassaient de ses États. La victoire de ceux-ci ne fut pas de longue durée, et les troupes prussiennes eurent bientôt remis le roi sur son trône et obligé les insurgés à s'enfuir à leur tour, ceux du moins qui n'avaient été ni tués ni faits prisonniers. Wagner fut de ceux qui purent échapper à la répression, et il réussit à se réfugier à Weimar, auprès de Liszt. Il n'y put rester longtemps, la police saxonne le traquant avec beaucoup d'autres, et c'est alors qu'après être passé à Paris il se retira à Zurich, où son exil devait durer plusieurs années.

C'est de Zurich qu'il entama avec Liszt, toujours bon, toujours dévoué, cette longue correspondance qui devait aboutir à la représentation à Weimar de Lohengrin, sous l'excellente direction de Liszt lui-même, et c'est de Weimar que Lohengrin se répandit sur les divers États de l'Allemagne, puis sur toute l'Europe, puis dans le monde entier. Quoi qu'on en ait pu dire, Lohengrin reste, avec Tannhäuser, l'œuvre la plus populaire de Wagner, parce que, comme dans ses dernières œuvres, l’auteur n'y a pas poussé son système à ses extrêmes limites, et parce qu'elle reste accessible à la grande masse du public. Aussi les a-t-il reniés l'un et l'autre, et les wagnériens purs, les intransigeants, considèrent-ils ces deux ouvrages avec une sorte de dédain méprisant. Écoutons ce qu'en disait Wagner lui-même, plus tard, en écrivant à Liszt : « Écoute-moi, Tannhäuser et Lohengrin, je les ai jetés à tous les vents ; je ne veux plus en entendre parler. Quand je les ai livrés aux tripotages des théâtres, je les ai répudiés, je les ai maudits, je les ai condamnés à aller mendier pour moi et à ne me rapporter que de l'argent, seulement de l'argent. Je ne les aurais pas même employés à cela, si je n'y avais pas été forcé... » Et plus loin : « En abandonnant Tannhäuser et même Lohengrin aux théâtres, j'ai fait à la réalité de nos misérables institutions artistiques des concessions si profondément humiliantes que je ne puis tomber plus bas. Oh ! comme j'étais fier et libre, alors que je ne les avais donnés qu'à toi pour Weimar. Maintenant, je suis esclave et entièrement impuissant. Une inconséquence en amène une autre, et je ne puis étouffer cet affreux sentiment qu'en devenant encore plus fier et encore plus méprisant. Je me dis que j'en ai fini avec Tannhäuser et Lohengrin : ils ne me regardent plus. Mes nouvelles créations me sont d'autant plus sacrées ; je les conserve religieusement pour moi et mes amis... » Et il se trouve, comme je le disais, que c'est à ces deux ouvrages que Wagner devra le plus pur de sa gloire et de sa popularité !

Nous ne sommes pas, en effet, avec Lohengrin, dans la vraie doctrine wagnérienne, telle qu'elle découle des dernières œuvres du maître. Le leitmotiv, s'il s'y trouve déjà, n'y règne pas en maître et en tyran ; l'orchestre, s'il est déjà superbe, n'y asservit pas les voix, et se contente de les soutenir ; le compositeur, qui n'en est pas encore à la « mélodie continue », ne craint pas d'écrire ce qu'on peut appeler des morceaux, qui ont un commencement, un milieu et une fin ; enfin il ne se refuse pas à faire entendre simultanément plusieurs voix, il fait même entendre des chœurs, bien mieux, il écrit des pages en style concerté, telles que le finale du premier acte, dont les réminiscences italiennes font penser à Rossini et à Donizetti !

De fait, la partition de Lohengrin, très inégale, on pourrait dire très composite, renferme des pages souverainement belles, d'une beauté radieuse et puissante, à côté d'autres qui sont simplement insupportables, surtout à cause de leur longueur et de leur inutilité. Comment exprimer son admiration pour presque tout le premier acte, l'incomparable prélude, la prière, d'un si bel accent, la scène de l'interrogatoire d'Elsa, l'arrivée du cygne, d'un effet si merveilleux ? au second acte, pour la rêverie aux étoiles ? puis encore pour la marche des fiançailles, et au dernier acte pour ce duo d'amour, qui est vraiment d'une inspiration céleste ?

Mais, en revanche, que de morceaux insipides et dénués d'intérêt ! L'interminable duo d'Ortrude et de Frédéric au second acte, celui des deux femmes, qui n'est guère moins développé, et, pour remettre l'auditeur de ces deux pages vraiment cruelles, le dialogue peu récréatif du héraut avec le chœur. Ce qui paraît bien long encore, c'est tout le récit de Lohengrin à Eisa au premier acte, et, quoi qu'en puissent dire quelques-uns, le récit du Graal au troisième. Et, il faut bien l'avouer, ce qui paraît enfantin, rococo et vide de sens, c'est cette pièce qui n'a ni queue ni tête, ni action, ni mouvement, ni intrigue, c'est cette féerie qu'on dirait conçue pour un théâtre de marionnettes, et dans laquelle l'intérêt brille par son absence la plus complète. C'est même un prodige, et c'est là ce qui prouve la haute valeur musicale de Wagner, qu'il ait pu soutenir l'attention de l'auditeur à l'aide d'une partition écrite sur un pareil sujet. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : le roi Henri ; Lohengrin ; Frédéric de Telramund ; Elsa de Brabant ; Ortrude.

La scène se passe à Anvers, vers le milieu du Xe siècle.

Wagner a tiré le sujet de Lohengrin de la légende de Monsalvat et du Saint Graal.

Au premier acte, le théâtre représente une prairie sur les bords de l'Escaut. Le roi Henri rend la justice sous un chêne. S'adressant au peuple brabançon, il lui dit sa tristesse de le voir privé d'un chef et déchiré par la discorde. C'est alors que Frédéric de Telramund, agissant de bonne foi à l'instigation de sa femme, la ténébreuse magicienne Ortrude, accuse publiquement Elsa de Brabant du meurtre de son frère, le prince Gottfried. S'il en est ainsi, la couronne de Brabant doit lui échoir en partage et il demande au souverain de la lui octroyer. Tous frémissent d'horreur en entendant une accusation aussi terrible. Le roi ordonne qu'on amène Elsa devant lui.

Elle paraît, image de l'innocence. A la demande du roi elle l'accepte pour son juge, mais ne profère pas un mot pour sa défense. Pressée de se disculper, elle dit un songe qu'elle a eu : un chevalier vêtu d'une brillante armure venait prendre sa défense. Très ému, le roi ordonne le jugement de Dieu : qui se présentera comme champion de l'accusée ? Silence. Elsa s'abîme alors en prière et soudain l'attention des assistants se porte sur le fleuve. Un chevalier tel qu'Elsa l'avait vu en songe approche dans une légère nacelle tirée par un cygne, attelé d'une chaîne d'or. Il met pied à terre, renvoie le cygne, salue le roi et déclare qu'il vient défendre l'innocence. Il stipule que s'il est vainqueur, Elsa deviendra sa femme, mais à une condition : sous aucun prétexte elle ne devra chercher à savoir qui il est ni d'où il vient. Elsa acquiesce. Le champ clos est alors mesuré et le combat a lieu. L'inconnu en sort victorieux. Il fait toutefois don de la vie à son adversaire, qui s'effondre dans la honte, tandis que tous acclament le champion d'Elsa.

Le décor représente maintenant l'intérieur du château d'Anvers. II fait encore nuit. Ortrude et Frédéric, vêtus de guenilles, sont assis sur les marches de l'église. On entend dans le château des bruits de fête. Frédéric veut fuir, Ortrude ne peut se résoudre à s'éloigner. Elle n'a pas perdu l'espoir de la vengeance. Elle persuade son époux qu'il a été victime d'un maléfice. Quel est donc celui qui le terrassa ? Nul ne sait. Pourquoi ce mystère ? Elsa seule pourrait savoir et rompre le charme. La haineuse et jalouse Ortrude se propose donc de semer le doute au cœur de l'innocente qu'elle hait, et Frédéric se laisse une fois de plus convaincre.

Pendant que conspirent ainsi les enfants des ténèbres, Elsa paraît à sa fenêtre et donne cours à son innocente joie. Soudain elle entend gémir dans l'ombre. Accessible à la pitié, elle s'informe. Et Ortrude joue la comédie de l'humilité et du repentir. Elle implore grâce pour elle et pour son mari, et saisit l'occasion de verser le poison du doute au cœur d'Elsa sans méfiance. Elle insinue que le miraculeux chevalier, amené on ne sait d'où par un cygne, pourrait bien repartir un jour comme il est venu. Elsa affirme sa foi en celui qu'elle aime, mais le venin va poursuivre son œuvre de mort.

Le jour commence à poindre. Le château s'éveille. On annonce que le roi envoie Frédéric en exil et nomme l'époux d'Elsa protecteur du Brabant. Pourtant, parmi les nobles, on murmure. Le roi poursuit ses guerres et va emmener à sa suite l'élite du pays. Frédéric souffle sur ces ferments de révolte. Il accuse son adversaire de félonie. La plupart se détournent de lui, mais quelques-uns lui prêteront l'oreille.

Un cortège accompagne Elsa à l'église. Ortrude marche derrière elle dans l'attitude d'une suivante ; mais sur les degrés du porche elle se redresse, orgueilleuse, et revendique la préséance. Elle accuse maintenant l'inconnu d'imposture. Scandale. Emoi de la pauvre Elsa. Les imprécations d'Ortrude sont inter­rompues par l'arrivée du roi accompagné du protecteur du Brabant. Celui-ci chasse Ortrude, mais il comprend que le mal est déjà grand et qu'Elsa risque de lui échapper.

C'est maintenant Frédéric qui paye d'audace et qui en appelle du jugement auquel il a succombé. Dédaigneux des menaces, il somme son adversaire de se faire connaître. Lohengrin refuse. Mais la foi d'Elsa est ébranlée. Frédéric lui souffle à l'oreille qu'il viendra chez elle de nuit et lui révèlera la vérité. Elle a un ultime soubresaut de révolte contre cette dernière perfidie et se jette dans les bras de son mari. Tous deux entrent enlacés dans l'église, mais on sent bien que la catastrophe approche.

La chambre nuptiale. En cortège on y introduit les époux. Lorsque ceux-ci sont seuls commence un long et suave duo d'amour. Mais l'inquiétude d'Elsa ne tarde pas à se manifester. Son mari a beau lui prodiguer les avertissements, il ne peut l'empêcher de prononcer la question fatale. A peine l'a-t-elle proférée que des hommes cachés dans l'ombre se glissent dans la chambre. A leur tête est Frédéric. D'un coup d'épée l'époux d'Elsa l'étend mort à ses pieds. Puis il enjoint à ses compagnons de porter le cadavre au tribunal du roi. Là, il se justifiera et dira son nom.

Le théâtre change et représente une prairie vivement éclairée des rayons du soleil levant sur les bords de l'Escaut. Les nobles et leurs vassaux arrivent par groupes. Le roi arrive le dernier. Puis on apporte sur une civière le corps de Frédéric. Elsa suit, accompagnée de ses femmes. Enfin, c'est le Protecteur qui s'avance. Il déclare au roi qu'il est forcé de partir. Il accuse Frédéric de félonie et dit dans quelles circonstances il a dû le frapper. Puis, avec tristesse, il accuse Elsa d'avoir manqué à la foi jurée et d'avoir cherché à savoir qui il est. Elle va le savoir, mais en l'apprenant elle devra le perdre : ainsi le veut une inflexible loi. Il est en effet chevalier du Saint-Graal et Lohengrin est son nom. Elsa s'évanouit. Lohengrin lui fait ses adieux avec une infinie tendresse ; il ne la laissera toutefois pas seule au monde, et par un prodige il lui rend le frère qu'elle croyait perdu et qui était seulement victime des enchantements d'Ortrude.

Pendant qu'il parle ainsi, le cygne s'est approché. Lohengrin monte dans la nacelle et s'éloigne. Le rideau tombe. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Le complet insuccès du Tannhäuser, que la cabale avait manifestement achevé, déchaîna contre nous la haine de Wagner. Il eut le tort de l'exprimer en un pamphlet sans dignité (quoiqu'en dise Alphonse Royer), intitulé : « Une Capitulation » — et dans lequel il prétendait à railler les sentiments de la population parisienne pendant le siège..., plate production, dépourvue de sel, fielleuse et rageuse, regrettable à tous points de vue. Et le talent a beau n'avoir pas de patrie, l'auteur semblait définitivement exclu de la scène française, lorsque, le 29 octobre 1876, le Concert Pasdeloup eut la fâcheuse inspiration d'inscrire à son programme la « Marche Funèbre » du Crépuscule des dieux. Quelques fanatiques, peut-être dans le but d'intimider les sifflets possibles, poussèrent le zèle maladroit jusqu'à exagérer les applaudissements en l'honneur de cette page que d'aucuns, connaisseurs, ont estimée fort banale : ce fut le signal d'un charivari dans toutes les règles de l'art...

Le lendemain, M. Pasdeloup écrivit au Figaro une lettre d'ailleurs très digne, légitimant sa tentative au nom de ce précepte : « on peut ne pas admirer ; il n'est pas permis d'ignorer » — et déclarant en substance qu'il ne se reconnaissait « pas plus le droit d'imposer Wagner aux uns que d'en priver les autres » parce que, l'homme jugé, restait à connaître le grand musicien.

Toutefois, il fallut attendre jusqu'en 1887, où Lamoureux essaya de représenter Lohengrin sur le théâtre de l'Eden. L'opéra, créé à Weimar le 28 août 1850 sous la direction de Franz Liszt, avait obtenu un succès immense. Mais la date choisie pour un nouveau contact avec le public français n'était tout d'abord pas heureuse. C'était au lendemain de l'incident Schnæbelé. La manifestation, inévi­table, fut d'ailleurs justifiée par l'insuffisance de l'exécution orchestrale. En la matière, le Wagner ne supporte pas le médiocre — il exige la perfection sans laquelle « les chœurs se confondent avec les mélodies instrumentales, produisant une cacophonie à faire fuir un dilettante chinois. » Ce fut le fouillis : « un déchaînement de batteries culinaires », disent les profanes. La difficulté de la mise en scène vint contribuer à l'abandon de cette tentative ; on s'en tint à une audition.

Petit à petit, cependant, la province semblait se familiariser avec l'œuvre du compositeur — décédé, du reste, en 1883... Le 16 septembre 1891, l'Académie nationale de musique affiche Lohengrin (orchestre Lamoureux). Et l'on put croire que le blackboulage allait recommencer : les sirènes à roulettes qui avaient jadis joué un rôle dans l'accompagnement du Tannhäuser se remettaient de la partie ! Mais, à de sûrs indices, tels que la projection de « boules pestilentielles » — cette graine des gaz asphyxiants — le public et la police connurent que l'on se trouvait surtout en présence d'une manifestation d'étudiants, moins respectueux de l'Art que des traditions... Quelques arrestations énergiques furent opérées, et l'ordre régna désormais dans la capitale du Goût.

 

***

 

Wagner demande constamment le sujet de ses opéras, dont il est lui-même le parolier, aux romans de chevalerie et aux traditions fantastiques. Lohengrin appartient au cycle du Saint-Graal et des légendes de Montsalvat auxquelles sera plus tard empruntée la donnée de Parsifal. Le compositeur a d'ailleurs puisé directement son inspiration dans l'épopée de Parcival et Titurel du maître chanteur Wolfram d'Eschenbach, célèbre à la fin du XIIe siècle, et mis en scène dans Tannhäuser. Lohengrin relève en outre du comte de Psyché, accommodé à la mythologie scandinave du Xe siècle.

Sur les berges de l'Escaut, aux environs d'Anvers, le « roi » d'Allemagne, Henri l'Oiseleur, rend la justice sous un chêne, à la manière de saint Louis. La noblesse du pays l'entoure : un de ses chefs, Frédéric de Telramund, vient, à l'instigation de son épouse Ortrude, suspectée de sorcellerie, accuser la princesse de Brabant de fratricide : Elsa aurait assassiné son cadet Gottfried pour usurper sa couronne. Et elle refuse de se disculper : un songe prémonitoire a dressé devant elle, éblouissant, le chevalier qui prendra sa défense... et voici qu'au loin, sur le fleuve, on aperçoit un cygne attelé à une nacelle de laquelle surgit le champion télépathiquement prévu. L'étranger débarque ; il est fort au courant des événements. Il congédie son cygne cabalistique avec tendresse, il s'incline avec respect devant le suzerain, il accepte le « jugement de Dieu » — et, en rien de temps, il provoque, désarme, met Telramund knock out sans abuser d'ailleurs de sa victoire, puis offre galamment sa main et son cœur à Elsa... mais à la condition qu'elle ne cherchera aucunement à percer son incognito.

Il faudrait n'avoir jamais lu une fable et bien peu connaître la vie pour supposer un seul instant que la femme saura longtemps se résigner à une convention de ce genre. Et la princesse est femme, éminemment — par la bonté, d'abord : elle n'a pu entendre sans pitié Ortrude et Frédéric, chassés du burg, se lamenter sous ses fenêtres sur leurs ambitions déçues ; généreuse, elle recueille sa rivale — imprudente, elle écoutera ses conseils perfides : D'où vient l'inconnu ? Est-il sage de confier son bonheur et les destinées du royaume à cet énigmatique personnage qui peut disparaître comme il apparut, conduit par un animal mystérieux ? Et lorsque le doute a fait son œuvre dans l'esprit d'Elsa, les deux traîtres jettent le masque : c'est publiquement qu'ils accusent le chevalier au Cygne de magie, le jour même des accordailles ; et les comtes de Saxe et de Thuringe, l'aristocratie brabançonne, les turbulents, les mécontents et les jaloux, frondeurs, murmurent... Cependant, les nouveaux époux parlent d'amour : « Je t'avais vu en rêve avant ton arrivée. Lorsque tu es descendu sur notre rivage, j'eusse voulu, comme un ruisseau embaumé, serpenter autour de tes pas, me courber sous tes pieds comme les fleurs de la prairie... Je veux savoir qui tu es et d'où tu viens — dussé-je mourir après ! » Et Lohengrin répond avec mélancolie : « En respirant le baume aromatique répandu par les fleurs au loin dans les forêts, sur les montagnes, et qui t'arrive apporté par la brise de la nuit, sais-tu donc le nom qu'elles ont ?... » Il est déjà trop tard, et sa femme a manqué à son serment : Lohengrin, chevalier du Saint-Graal, est obligé de révéler devant le roi sa qualité, après avoir occis Frédéric le félon. Mais les règles de l'Ordre sont formelles et, son identité reconnue, il doit repartir. Déjà, le cygne est là ; Lohengrin atténue le désespoir d'Elsa en lui rendant un protecteur, miraculeusement, dans la personne d'un frère disparu jadis grâce aux enchantements d'Ortrude... et lui-même se perd dans le lointain — Symbole !

 

***

 

M. Van Dyck, désigné par Mme Cosima Wagner, avait été engagé tout exprès par la direction de l'Opéra pour créer à Paris, aux côtés de Mme Rose Caron, le rôle de Lohengrin. M. Van Dyck l'avait déjà chanté à l'Eden-Théâtre. Il portait alors une longue barbe blonde. A l'Opéra, pour obéir à une tradition discutée et qui fut, dans la presse, l'objet des commentaires les plus divers, il montrait un visage imberbe. Ses successeurs immédiats ne l'imitèrent pas, et revinrent à la barbe blonde. Depuis... »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

LOI DU PAL (LA)

 

Opérette en un acte, paroles de M. H. Pop, musique de M. Cazaneuve, représentée au concert de la Cigale le 13 mai 1891.

 

 

LOI JAUNE (LA)

 

Opéra-comique, paroles et musique de Pauline Thys, représenté sur le théâtre du Pavillon-de-Flore, à Liège, en décembre 1887.

 

 

LOIN DU BRUIT

 

Opérette en un acte, paroles de Galoppe d'Onquaire, musique de Paul Bernard, représentée dans les salons de Mme Orfila, en décembre 1859.

 

 

LOLA

 

Opérette en un acte, paroles de M. Chauvin, musique de M. Willent-Bordogni, représentée aux Bouffes-Parisiens le 08 juillet 1889.

 

 

LOLOTTE ET FANFAN

 

Opéra-comique en trois actes, musique de Dubarrois, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 28 février 1803.

 

 

LORD SUPPOSÉ (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Doismont, musique de Nicolas Joseph Chartrain. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 février 1776.

 

 

LORELEY

 

Légende symphonique en trois parties, paroles d’Eugène Adenis, musique de Paul et Lucien Hillemacher, exécutée au concert du Châtelet le 14 décembre 1882. Cette œuvre commune de deux frères, qui tous deux avaient obtenu le grand prix de Rome, le premier en 1876, le second en 1880, avait été couronnée en 1882 au concours biennal de composition musicale ouvert par la ville de Paris. Les deux compositeurs avaient envoyé leur partition de Rome, où ils se trouvaient encore, et c'est par dépêche qu'on dut les aviser en cette ville de leur succès. L'auteur du poème s'était inspiré, en l'arrangeant, ou plutôt en la dérangeant à sa manière, de la célèbre ballade de Loreley, la fée du Rhin, illustrée par Henri Heine, et dont les compositeurs allemands ont tant usé et abusé qu'il serait impossible aujourd'hui d'établir le nombre de ses interprétations musicales. MM. Hillemacher ont écrit sur ce poème une partition qui ne manque assurément pas de qualités, mais qui se distingué par certaines audaces parfois excessives en même temps qu'inutiles, aussi bien que par un style tourmenté et un manque de clarté fâcheux. La première partie surtout a paru d'une obscurité redoutable. Quelques pages pourtant sont à signaler pour leur intérêt, entre autres une cantilène du ténor : O vierge pure ! la chanson de baryton : Je n'ai mis mon bonheur sur terre..., et le finale mouvementé et développé delà seconde, ainsi que le grand duo d'amour de la troisième, qui est comme enveloppé dans une sorte de chœur mystérieux d'une jolie couleur et d'un heureux effet. Les excellents interprètes de cette œuvre d'exécution malaisée étaient Mlle Caroline Salla, MM. Talazac, Taskin et Plançon.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

LORENZACCIO

 

Drame lyrique en quatre actes et onze tableaux, d'après Alfred de Musset, poème et musique d’Ernest Moret.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 19 mai 1920. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.

Mmes Hilda ROOSEVELT (Marquise Cibo), Mathilde CALVET (Marie Soderini), Madeleine SIBILLE (Catherine Ginori), Andrée FAMIN (Louise Strozzi), Marthe FERRARE et Maud BERNARD (deux écoliers), MARZANNE (Agnolo).

MM. VANNI-MARCOUX (Lorenzaccio), René LAPELLETRIE (Alexandre de Médici), Henri ALBERS (Cardinal Cibo), Félix VIEUILLE (Philippe Strozzi), Louis CAZETTE (Tébaldéo), Julien LAFONT (Scoronconcolo), DUPRÉ (Cardinal Valori), BOURGEOIS (un Orfèvre, Bildo Altoviti), Victor PUJOL (Julien Salvati), Georges MESMAECKER (Baptista Venturi), Constantin STROESCO (Maffio, Alamano Salviati), Raymond GILLES (Marquis Cibo), CADAYÉ (Giono le Hongrois), REYMOND (un Officier), Maurice SAUVAGEOT (Roberto Corsini), MORTURIER (Sire Maurizio), WINKOPP (François Pazzi), Charles PANZERA (Thomas Strozzi), FAVILLA (Pierre Strozzi).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 08 novembre 1924 (22e représentation). Même distribution qu’à la création, sauf :

Mmes Madeleine SIBILLE (Marquise Cibo), FERRAT (Marie Soderini), Olympe GARCIA (Catherine Ginori), Renée DESTANGES (Louise Strozzi), MAUROY et VÉRY (deux écoliers), COULEARD (Agnolo).

MM. DE CREUS (Tébaldéo), Louis AZÉMA (Scoronconcolo), Émile ROUSSEAU (un Orfèvre, Bildo Altoviti), Georges GÉNIN (Maffio, Alamano Salviati), Raymond GILLES (Marquis de Cibo, Giono le Hongrois), Roger BOURDIN (un Officier), Roger LALANDE (François Pazzi), GILLY (Thomas Strozzi), LIGNON (Pierre Strozzi).

Chef d'orchestre : Fernand MASSON.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 10 mars 1927 (29e représentation). Distribution de 1924 sauf :

Mmes Odette ERTAUD (un écolier), VÉRY (un écolier, Agnolo), Vera PEETERS (Louise Strozzi).

MM. Roger BOURDIN (Lorenzaccio), Maurice OGER (Alexandre de Médici), Louis GUENOT (Cardinal Cibo), Georges GÉNIN (Tébaldéo), Léon NIEL (Julien Salvati), Robert JYSOR (un Officier), Louis MUSY (Roberto Corsini), Paul PAYEN (François Pazzi), D'ARJAC (Pierre Strozzi).

Chef d'orchestre : Georges LAUWERYNS.

 

46 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

LOUIS

 

Opéra en quatre actes, musique de De Pellaert, représenté à Bruxelles en 1838.

 

 

LOUIS IX

 

Drame lyrique en quatre actes, musique du comte de Beaufranchet, représenté à Rochefort, sous la direction de l'auteur, en juin 1903.

 

 

LOUIS IX EN ÉGYPTE

 

Opéra en trois actes, livret de Guillard et Andrieux, musique de Lemoyne, représenté à l'Académie royale de musique le 15 juin 1790, avec Lainé (Louis IX), Chéron (Méleck-Sala), Rousseau (Almodan), Lays (Mozès), Chardini (Tristan), Lebrun (Joinville), Châteaufort (le comte de Bretagne); Mlles Maillard (la Sultane), Gavaudan aînée (une des femmes de la Sultane), Gavaudan cadette (Adèle).

 

« La scène principale est celle où Louis IX, près d'être massacré par les assassins envoyés par le Soudan, triomphe de leur fureur par sa grandeur d'âme. La musique n'est pas à la hauteur du sujet. On ne peut remarquer dans la faible partition de Lemoyne qu'un air : Je veux réparer leurs malheurs, et deux romances : l'une : O ma mère, ma tendre mère, et l'autre : Du Français asservi j'ai su briser les chaînes. Voilà pourtant la musique que le public préférait alors à celle de Sacchini. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1869]

 

 

LOUIS XII

 

Comédie en trois actes et en prose, mêlée d'airs nouveaux, paroles de Plancher-Valcour, musique du Cousin-Jacques (Beffroy de Reigny), représentée au Délassement-Comique en 1790. Le Cousin-Jacques, qui écrivait généralement les paroles et la musique de ses pièces, en a cependant donné quelques-unes dont il a fait faire la musique par d'autres compositeurs ; mais celle-ci est la seule, à ma connaissance, dont il ait écrit la musique sur des paroles qui n'étaient point de lui.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

LOUIS XII ou LA ROUTE DE REIMS

 

Opéra-comique en trois actes, livret d'Henri de Saint-Georges et Joseph-François-Stanislas Maizony de Lauréal, musique de Wolfgang Amadeus Mozart, arrangée par M. Crémon et Vergne, représenté au Théâtre de l'Odéon le 07 juin 1825.

 

 

LOUIS XIV

 

Opérette en trois actes et cinq tableaux, livret de Serge Veber, musique de Philippe Parès et Georges Van Parys. Création à la Scala de Paris le 30 septembre 1929, avec Dranem.

 

« Un vendeur de chez Félix Potin, qui n'est autre que Dranem, est engagé par le comte de La Roche-Tarpée pour jouer le rôle de Louis XIV ; et celui-ci fait à son tour engager ses camarades d'épicerie. Naturellement cela ne vas pas sans créer quelques incidents comiques. Mais là comme ailleurs la désillusion vient vite et tout ce monde retournera au magasin. Les compositeurs n'ont point manqué de confier à Dranem et à ses confrères quelques agréables couplets. »

(Larousse Mensuel Illustré, novembre 1929)

 

 

LOUISE

 

Roman musical en quatre actes, poème et musique de Gustave Charpentier. Création à l'Opéra-Comique le 02 février 1900. => fiche technique

 

 

LOUISE ou LA MALADE PAR AMOUR

 

Opéra-comique en un acte, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 avril 1804.

 

 

LOUISE DE CHAROLAIS

 

Opéra en un acte, musique de J.-B. de Croze, représenté sur le Grand-Théâtre de Marseille le 30 mai 1854.

 

 

LOUISE MILLER

 

[Luisa Miller]

Mélodrame tragique italien en trois actes, livret de Salvatore Cammarano (1801-1852), d’après Kabale und Liebe, pièce de Friedrich Schiller (1783), musique de Giuseppe Verdi.

 

Personnages : Louise Miller [Luisa Miller], fille de Miller (soprano dramatique coloratura) ; la Comtesse Fédérica (alto dramatique) ; Laura, jeune paysanne, amie de Louise ; Rodolphe [Rodolfo], fils du comte (ténor lyrique) ; le comte de Walter (basse) ; Miller, ancien soldat (baryton) ; Wurm, secrétaire et confident du comte (basse) ; Hermann.

 

L’action se déroule au Tyrol, dans la première moitié du XVIIe siècle.

 

Première représentation à Naples, théâtre San Carlo, le 08 décembre 1849, avec Marietta Gavazzaniga (Luisa Miller), Salandri, Settimo Malvezzi, Achille de Bassini, Selva.

 

Représentation à Paris, au Théâtre-Italien, le 07 décembre 1852.

 

Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 02 février 1853, sous le titre de Louise Miller, dans une version française de Benjamin Alaffre et Emilien Pacini. Décors d'Hugues Martin (acte I), Edouard Desplechin (acte II), Joseph Nolau et Auguste Rubé (actes III et IV). Costumes de Paul Lormier. Avec Mmes Elisa Masson (la Duchesse), Angiolina Bosio (Louise Miller), Laura (Mendez) ; MM. Morelli (Miller), Louis Gueymard (Rodolphe), Merly (le comte Walter), Jean Depassio (Wurm), Donzel (Hermann).

 

« Cet opéra fut représenté à Naples, avec succès. Cammarano emprunta le sujet de Luisa Miller au drame de Schiller : Amour et hypocrisie. Nous retrouvons encore, et toujours, dans cette œuvre du maitre parmesan, des situations forcées et presque impossibles qui lui sont devenues familières. En effet, quel caractère que celui de ce Walter, qui menace la pauvre Louise de tuer ses parents si elle ne consent pas, en jurant le serment le plus abominable, non seulement à dissimuler l'amour qu'elle éprouve pour son fils, mais môme à faire semblant d'en aimer un autre ! L'ouverture est une des plus travaillées que le maitre ait écrites. Il y a développé une seule pensée musicale, avec moins de science et de bonheur assurément que Mozart ne l'a fait dans son ouverture de la Flûte enchantée, mais cependant, non pas sans intérêt et surtout sans couleur; l'introduction est un chœur champêtre. Il est suivi d'une romance de soprano dans laquelle se retrouve, sur les paroles : Lo vidi e il primo palpito, l'effet staccato que M. Verdi a introduit dans tous ses ouvrages. Le trio offre une belle phrase : T'amo d'amor ch'esprimere. Les morceaux les plus saillants du premier acte sont : l'air du baryton, large et énergique : Sacra la scelta è d'un consorte ; le chœur des chasseurs, sans accompagnement, et le quintette final : Tu signor fra queste soglie. Le deuxième acte ne renferme de saillant que l'air de Luisa : Tu puniscimi, o signore, dans lequel on remarque une phrase inspirée : Non lasciarmi in abbandono, et le quartette sans accompagnement. Nous signalerons, dans le troisième acte, le duo de soprano et baryton : La tomba è un letto, avec son allegro : Andrem raminghi e poveri, dans lequel la clarinette exprime bien la douleur de la pauvre Luisa, et le trio final qui est dramatique et expressif. En somme, sans être une des meilleures partitions de M. Verdi, Luisa Miller est encore une œuvre remarquable, et qui caractérise en plus d'un endroit la vigueur et l'âpreté de sa nature artistique. Cet opéra a été représenté au Théâtre-Italien le 7 décembre 1852. Il a été traduit en français par B. Alaffre, et la partition a été exécutée sans changement sur la scène de l'Opéra le 2 février 1853 sous le titre de Louise Miller. Les morceaux les plus remarqués ont été la cavatine de Louise, le quatuor du troisième acte, la romance de Rodolphe et la scène de l'imprécation. Morelli, Louis Gueymard, Merly, Jean Depassio, Mlle Masson et Mme Bosio ont interprété cet ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C'est la traduction de l'opéra italien Luisa Miller, dont le sujet a été emprunté par Cammarano à un drame de la jeunesse de Schiller.

Le rôle de Louise Miller était rempli par Angiolina Bosio, comédienne un peu froide, mais excellente cantatrice, qui mourut à la fleur de l'âge, en 1859. Gueymard (Rodolphe), Morelli (Miller), Merly (Walter), Depassio (Wurm) et Mlle Masson (la Duchesse), étaient les autres interprètes principaux de cet ouvrage.

Malgré un beau quintette, un quatuor sans accompagnement d'un grand effet et une romance de ténor d'un charme incontestable, cet opéra parut long et froid : on l'avait cependant allégé d'un air de basse et du duo entre Walter et Wurm qui figurent dans la partition italienne. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

« Luisa Miller, adaptation à la scène lyrique italienne du drame larmoyant de Schiller, Kabale und Liebe, n'est qu'un affreux mélo : La scène se passe au début du XVIIe siècle en pays tyrolien. Le Comte Walter, qui a usurpé son titre, voudrait faire épouser à son fils Rodolphe sa nièce, la Comtesse Fédérica, qui est veuve. Mais Rodolphe, sans révéler son identité réelle, s'est épris de Luisa Miller, la fille d'un vieux soldat.

Au 1er acte, les villageois fêtent l'anniversaire de Luisa. Wurm, un homme de main du Comte, révèle à Miller l'identité de Rodolphe et lui demande la main de sa fille. Le Comte fait arrêter Miller et sa fille. Mais quand Rodolphe le menace de faire certaines révélations à son sujet, il ordonne leur relaxation.

Au 2e acte, Miller a été de nouveau arrêté. Wurm, résolu à briser la foi de Rodolphe en Luisa, promet à la jeune fille, terrorisée, de faire relâcher son père si elle consent à lui écrire sous dictée une lettre dont il se sert pour perdre Luisa aux yeux de Rodolphe. Le jeune homme se croyant trahi, accepte, par dépit, d'épouser sa cousine.

Au 3e acte, le mariage de Rodolphe et de Fédérica s'apprête. Luisa donne à son père, qui a été libéré, une lettre pour Rodolphe. Celui-ci, désespéré, songe au suicide. Il se rend auprès de Luisa et s'empoisonne avec elle. Éclairé tardivement sur le comportement abominable de Wurm, il a encore le temps, avant de mourir, de le transpercer de son épée.

Deux airs de Luisa Miller sont fréquemment détachés de l'opéra : celui de Miller au 1er acte : « Il mio sangue, la vita darei... » et celui de Rodolphe au 2e acte : « Quando le sere al placido... ».

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

 

LOULOU ET SES BOYS

 

Opérette en trois actes, livret de Mac-Cab, Paul Farge et Pierre Bayle, musique de Michel Esner et Georges Sellers. Création au Théâtre Daunou le 07 décembre 1933.

 

"Petite œuvre aimable, assez inconsistante, et dont les cinq auteurs ne paraissent pas totaliser une grande somme d'expérience : ils ont seulement eu l'idée assez jolie de placer l'action dans un bar, ce qui leur a permis de faire monter les musiciens eux-mêmes sur le plateau." (Larousse Mensuel Illustré, 1933)

 

 

LOUP BLANC (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Émile Deveaux, musique de Samary père, représenté au Casino de Pougues-les-Eaux en septembre 1877.

 

 

LOUP ET L'AGNEAU (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Etienne Hippolyte Chol de Clercy et Hippolyte Messant, musique de Frédéric Barbier, création au théâtre Déjazet en octobre 1862. => détails

 

 

LOUP-GAROU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Edouard-Joseph Mazères, musique de Louise Bertin. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 10 mars 1827, avec Mmes Marie Julie Boulanger (Catherine), Zoé Prévost (Alice), MM. Jean-Baptiste Chollet (le comte Albéric), Vizentini (Bertrand), Valère (Raimbaud). L'œuvre fut créée au cours d’une représentation extraordinaire au bénéfice des indigents pendant laquelle on a joué aussi la Fausse Magie et le Concert à la Cour.

 

« Le loup-garou est un jeune seigneur exilé pour quelques fredaines amoureuses ; il a courtisé une jeune fille, et la retrouve au moment où elle va se marier. Sa présence excite une grande frayeur ; mais il se fait connaître et il épouse sa maîtresse. Succès contesté. Les représentations suivantes ont complètement réussi. »

[Almanach des spectacles, 1828]

 

 

LOUP-GAROU (LE)

 

Opérette en un acte, paroles de Jules Delahaye, musique d’Adolphe Nibelle, représentée aux Folies-Nouvelles en janvier 1858.

 

 

LOUPS DE MER (LES)

 

Opérette en un acte, paroles de M. Delarue, musique de M. Hubans, représentée au casino d'Enghien le 01 juillet 1876.

 

 

LOUVE (LA)

 

Drame lyrique en deux actes, paroles de J. Jacquin, musique de Gaston Sarreau, représenté à Alger en mars 1901.

 

 

LOVELACE

 

Opéra en quatre actes, livret de Jules Barbier et Paul de Choudens, musique d’Henri Hirchmann, représenté au théâtre de la République (Château-d'Eau) le 19 septembre 1898.

 

 

LOYSE DE MONTFORT

 

Scènes lyriques, paroles d’Emile Deschamps et Emilien Pacini, musique de François Bazin, couronnées à l'Institut le 03 octobre 1840 où elles furent chantées par Mme Rosine Stoltz (Loyse de Montfort), MM. Gustave Roger (Gaston de Montfort) et Dérivis (le capitaine Albert), et créées au Théâtre de l'Opéra le 07 octobre 1840 avec Mme Rosine Stoltz (Loyse de Montfort), MM. Mécène Marié (Gaston de Montfort) et Dérivis (le capitaine Albert).

 

« Cet intermède lyrique est l'œuvre de concours qui a valu à M. Bazin le grand prix de Rome. Il fut accueilli avec faveur par le public. On a remarqué la romance chantée par Gaston de Montfort : Reine des cieux, prends sous ton aile l'épouse en deuil ; le trio sans accompagnement : C'est l'étoile dans la nuit, et le duo : Tant d'amour m'entraîne. Mécène Marié, Derivis et Mme Stoltz ont interprété avec talent cet épisode émouvant du temps de la Ligue. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Ces scènes lyriques qui firent obtenir le grand prix de Rome à M. François Bazin furent chantées à l'Institut par Gustave Roger, Dérivis et Mme Stoltz ; elles furent interprétées à l'Opéra par Marié (Gaston de Montfort), Dérivis (le capitaine Albert) et Mme Stoltz (Loyse). C'était la première fois qu'on représentait sur un théâtre et en costumes la cantate couronnée par l'Institut : on l'entendit dans trois soirées successives.

Le livret imprimé de Loyse de Montfort donne à ces scènes lyriques le titre d'opéra en un acte. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

LUC ET LUCETTE

 

Opérette en un acte, paroles de de Forges et Riche, musique de Jacques Offenbach ; jouée dans la salle Herz, le 02 mai 1854, par M. et Mme Meillet.

 

 

LUCAS

 

Opéra-comique, musique de Henri-Joseph Rigel, représenté aux Beaujolais vers 1775.

 

 

LUCAS ET CÉCILE

 

Opéra-comique, musique de J. Quesnel, représenté à Montréal (Canada), vers 1792.

 

 

LUCAS ET LUCETTE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Gravollet, musique d'Edmond Missa, représenté le 06 mars 1906 au Cercle militaire sous la direction d'Edouard Mathé avec Mlle Marguerite Van Gelder et M. Casella.

 

 

LUCE DELL’ ASIA (LA)

 

Opéra en trois actes avec prologue et épilogue, musique d’Isidore De Lara, écrite sur un livret anglais de Beaty Kingston traduit en italien par G. Mazzucato, représenté au théâtre Covent-Garden de Londres le 11 juin 1892. Cet opéra n'est autre chose que la transformation scénique d'une cantate-oratorio composée, comme on vient de le voir, sur texte anglais, et qui avait été exécutée primitivement sous cette forme dans un des nombreux festivals dont le public du Royaume-Uni se montre si friand. Au théâtre Covent-Garden, les deux rôles importants de l'ouvrage étaient tenus par Mlle Emma Eames et M. Lassalle.

 

 

LUCETTE

 

Comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, livret de Joseph-Marie Piccinni (fils), musique de Niccolo Piccinni (père). Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 30 décembre 1784. Cet ouvrage offre peu d'intérêt.

 

 

LUCETTE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de C. Landrin ou d’Etienne-François de Lantier, musique d’Alessandro Mario Antonio Fridzeri. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 18 août 1785 (représentation inachevée).

 

 

LUCETTE ET COLIN

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Bryon, musique de M. N.-T. Ravera, représenté à la salle Herz le 06 mai 1888.

 

 

LUCETTE ET LUCAS ou LA PAYSANNE CURIEUSE

 

Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, livret de Nicolas-Julien Forgeot, musique de Florine Dezède, fille du compositeur. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 08 novembre 1781. Cette jeune musicienne était alors âgée de quinze ans ; on ne connaît d'elle que ce petit ouvrage.

 

 

LUCIE DE LAMMERMOOR

 

[Lucia di Lammermoor]

Opéra italien en trois actes, livret de Salvatore Cammarano (1801-1852), d'après The bride of Lammermoor, roman de Walter Scott (1819), version française d’Alphonse Royer et Gustave Vaez, musique de Gaetano Donizetti.

 

Personnages : Lord Henri Ashton (baryton) ; Lucie, sa sœur (soprano), sir Edgar de Ravenswood (ténor) ; lord Arthur Bucklaw (ténor) ; Raymond Bidebent, précepteur et confident de Lucie (basse) ; Alisa, demoiselle de compagnie de Lucie (mezzo-soprano) ; Norman, chef des soldats d’Ashton ; les habitants de Lammermoor, des pages, des écuyers, les domestiques d’Ashton.

 

Créé à Naples, Théâtre San Carlo, le 26 septembre 1835.

 

Premières fois à Paris, Théâtre Italien, en italien, le 12 décembre 1837 ; à Paris, Théâtre Lyrique Ventadour (Renaissance), en français, le 10 août 1839 ; à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, en français, le 05 septembre 1839.

 

 

NAPLES

26.09.1835

PARIS

12.12.1837

PARIS

10.08.1839

BRUXELLES

05.09.1839

Lucie

Fanny TACCHINARDI-PERSIANI

PERSIANI

A. THILION

JAWURECK

 

 

 

 

 

Edgard

Gilbert DUPREZ

RUBINI

RICCIARDI

ALBERT

lord Ashton

Domenico COSSELLI

TAMBURINI

HURTEAUX

CANAPLE

lord Arthur

GIOACCHINI

 

 

 

Raymond

PORTO-OTTOLINI

MORELLI

ZELGER

BAPTISTE

 

Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier), le 19 avril 1838 des scènes du 2e acte avec : MM. DUPREZ (Edgard) et SERDA (Asthon).

 

Le 24 avril 1841, au cours d'un Gala au bénéfice de Duprez, les 3e et 4e actes sont représentés avec Mme DORUS-GRAS (Lucie), MM. DUPREZ (Edgard), MASSOL (Asthon), Adolphe ALIZARD (Raymond), sous la direction de François-Antoine HABENECK.

 

Première fois intégralement à l'Académie Royale de Musique (salle Le Peletier) le 20 février 1846, décors de Charles Ciceri.

Mme NAU (Lucie).

MM. DUPREZ (Edgard), BARROILHET (Asthon), BREMOND (Raymond), PAULIN (Arthur), CHENET (Gilbert).

Chef d'orchestre : François-Antoine HABENECK

 

100e à l’Opéra le 28 juillet 1852, avec : Mme NAU (Lucie), MM. Julien MATHIEU (Edgard), LYON (Asthon), GUIGNOT (Raymond), FLEURY (Arthur), KOENIG (Gilbert), sous la direction de Narcisse GIRARD.

 

Première au Palais Garnier le 09 décembre 1889 (270e représentation) dans une mise en scène de Pedro Gailhard, dans des décors empruntés à d'autres œuvres, costumes de Charles Bianchini.

Mmes Nelly MELBA (Lucie), DENIS (Alisa).

MM. COSSIRA - remplacé au milieu du 1er acte par ENGEL dont ce furent les débuts - (Edgard), BERARDI (Asthon), BALLARD (Raymond), WARMBRODT (Arthur), GALLOIS (Gilbert).

Chef d'orchestre : Augusto VIANESI

 

Après 13 représentations, l'ouvrage est abandonné par l'Opéra, mais il reparaît sur différentes scènes lyriques de la capitale, en particulier aux Variétés, à la Renaissance, à la Gaîté et aux Champs-Elysées.

 

 

VARIETES

04.07.1898

RENAISSANCE

20.10.1899

GAITE

21.04.1908

CHAMPS-ELYSEES

10.04.1913

Lucie

HORWITZ

Jeanne LECLERC

VERLET

BARRIENTOS

 

 

 

 

 

Edgard

ENGEL

COSSIRA

FEODOROFF

CICCOLINI

Ashton

DEVOYOD

SOULACROIX

NOTÉ

RIMINI

Raymond

CARLOW

SUREAU

MARY

AVEZZO

Chef d’orchestre

 

J. DANBE

AMALOU

 

 

Cependant, l'œuvre revient au Palais Garnier en 1935. Cette œuvre, qui n'avait pas été représentée depuis 1890, a eu comme principale interprète Lily Pons.

 

 

15.05.1935 et 20.05.1935*

283e et 284e

(en italien)

03.10.1947

295e

(en italien)

01.06.1951

300e

25.04.1960

301e

24.04.1964**

327e

(en italien)

Lucie (Lucia)

Lily PONS

Solange DELMAS

Solange DELMAS

SUTHERLAND

Mady MESPLE

Alisa

SCHENNEBERG

Inès CHABAL

Inès CHABAL

Elise KAHN

Marie-Luce BELLARY

 

 

 

 

 

 

Edgard (Edgardo di Ravenswood)

Dino BORGIOLI

Giuseppe TRAVERSO

DE LUCA

Alain VANZO

Alain VANZO

Ashton (Enrico Ashton)

John BROWNLEE

John BROWNLEE

BIANCO

MASSARD

BIANCO

Raymond (Raimondo Bidebent)

HUBERTY

HUC-SANTANA

HUC-SANTANA

ROULEAU

Jacques MARS

Arthur (Arturo Buklaw)

Guido AGNOLETTI

Ed. CHASTENET

ROUQUETTY

CHAUVET

Jean BARRES

Gilbert (Normanno)

MADLEN

R. GOURGUES

R. GOURGUES

R. GOURGUES

R. GOURGUES

Chef d’orchestre

Vincenzo BELLEZZA

Louis FOURESTIER

Louis FOURESTIER

DERVAUX

DERVAUX

 

* Danses réglées par Mlle Léone Mail : Mlles Beaudoin, Chaland, Chouret, Folyot, Jourde, Zumbo, MM. Bernard, Boucher, Duquenoi, Galin, Dabin, Guizerix.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Lucie : Mmes DE ROISSY (1846), RABI (1847), BESSIN (1847), Marie HÉBERT-MASSY (1847), NORBET (1848), DE LAGRANGE (1849), LABORDE (1850), BIANCA (1854), DUSSY (1854), FORTUNI (1854), DELISLE (1857), HAMAKERS (1859), Caroline DUPREZ (1860), DE TAISY (1861), Camille de MAËSEN (1864), BOVY (1936), MESPLE (1960).

Edgard : MM. BETTINI (1846), Guillaume POULTIER (1848), ESPINASSE (1848), MASSET (1850), Louis GUEYMARD (1850), DELAGRAVE (1851), Gustave ROGER (1853), BRIGNOLI (1854), Jules PUGET (1856), RENARD (1858), Etienne SAPIN (1859), MICHOT (1860), Joseph DUFRÈNE (1861), DULAURENS (1861), MORERE (1864), DELABRANCHE (1866), AFFRE (1890), WESSELOWSKY (1938), LAURI-VOLPI (1948).

Asthon : MM. Jean-Baptiste PORTEHAUT (1846), MONNAC (1847), Jules LEFORT (1848), LAURENT (1850), MARIE (1851), MASSOL (1853), BONNEHEE (1854), BUSSINE (1857), DUMESTRE (1858), Eugène CARON (1862), BECKMANS (1936), DENS (1948).

Raymond : MM. ARNOUX (1846), DUCELIER (1847), PERIE (1859), COULON (1861), MECHELEARE (1864), MARS (1960), CHAPUIS (1960), SERKOYAN (1960).

 

315 représentations à l’Opéra dont 46 au Palais Garnier au 31.12.1961.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 30 janvier 1971, en italien, mise en scène, décors et costumes de Dario Dalla Corte. 9 représentations en 1971, soit 9 au 31.12.1972.

  

Résumé.

Lord Asthon est l'ennemi juré d'Edgard de Ravenswood, dont il a pénétré le secret amour pour sa sœur Lucie, et il a fermement résolu de faire contracter à celle-ci un mariage avec Sir Arthur, descendant d'une noble famille depuis longtemps alliée à la sienne.

Le premier acte, qui met le spectateur au courant de ces faits, se termine par le serment de fidélité d'Edgard et de Lucie.

Au deuxième acte, Gilbert, qui a intercepté les lettres d'Edgard, réussit à faire croire à Lucie que son fiancé l'a oubliée. Sur les instances de son frère, elle consent alors à épouser Sir Arthur. Mais Edgard revient et l'accable de reproches.

Au troisième acte, Lucie qui, dans un accès de démence, a poignardé son époux, croit revoir Edgard et lui adresse des protestations de fidélité et d'amour. (Scène de la folie.)

Au dernier acte, Edgard apprend la mort d'Arthur et de Lucie. Il se tue alors sous les yeux d'Asthon.

 

La scène se passe en Ecosse, vers 1700.

ACTE I. — Une fontaine au carrefour d'un bois.

Gilbert, des seigneurs et des paysans s'apprêtent à partir pour la chasse [Chœur : Couronnons la crête des montagnes...]. Lord Asthon se trouve seul avec Gilbert, qui, remarquant la tristesse de son maître, lui offre son concours pour se débarrasser d'Edgard. Asthon accepte tout d'abord, bien que ce meurtre répugne à son sentiment de l'honneur. Gilbert apprend ensuite à Asthon que sa sœur et Edgard se sont donné rendez-vous vers la fontaine où les amants ont coutume d'échanger leurs anneaux. Les chasseurs reviennent et font savoir à Asthon qu'ils ont aperçu Edgard dans une sombre allée, fuyant devant eux. Arthur entretient Asthom de son amour pour Lucie, et se réjouit à la pensée que son rival devra partir pour la France où il est envoyé en mission. Arthur donne alors le signal de la chasse [Chœur : En chasse, voici l'heure...].

Gilbert, corrompu par la soif du gain, regrette ce départ d'Edgard, dont l'assassinat lui eût rapporté une « assez ronde somme ». Apercevant Lucie au rendez-vous, il lui offre sa protection et ses services. Puis Lucie demeure seule, attendant Edgard [Air de Lucie : O fontaine, ô source pure...]. Edgard arrive ; les deux amants se font mutuellement leurs confidences [Duo Lucie-Edgard : Sur la tombe de mon père...].

ACTE II. — Un salon gothique au château d'Asthon.

Gilbert, revenant de France, rend compte à Lord Asthon de son voyage. Asthon lui demande des nouvelles d'Edgard et requiert son aide dans un complot qui doit empêcher le mariage de sa sœur avec Edgard, et la forcer à épouser Arthur. Gilbert, qui a feint de servir aussi les projets d'Edgard, a trouvé moyen de lui enlever pendant son sommeil l'anneau donné par Lucie, et d'en fabriquer un autre, exactement semblable. Asthon, utilisant cet odieux stratagème, fait mettre l'anneau sous les yeux de sa sœur pour lui prouver l'infidélité de son amant [Duo Lucie-Asthon : Quand mon cœur se désespère...]. Lucie finit par céder aux perfides insinuations de son frère. Elle revient bientôt et signe le contrat qui enchaîne son sort à celui d'Arthur. A ce moment, Edgard paraît, jetant tout le monde dans la consternation. Sa figure pâle, ses habits en désordre, attestent un voyage sans repos. Lucie s'évanouit. Edgard fait valoir ses droits, tire son épée, déchire le contrat et accable Lucie d'un foudroyant anathème [Sextuor : J'ai pour moi mon droit, mon glaive...].

ACTE III. — Une galerie de communication entre les appartements du château ; au fond, les jardins illuminés.

Gilbert reparaît avec Asthon, auquel il apprend qu'un homme l'attend dans le parc. C'est Edgard, qui vient provoquer son ennemi. Tous deux sortent, pour aller se battre en duel près du tombeau où reposent les aïeux d'Edgard.

Les invités font entendre un chœur, bientôt interrompu par un funeste incident. Lucie ne pouvant surmonter sa douleur, a vu sa raison s'aliéner et vient de poignarder son époux. Les cheveux en désordre, les traits altérés elle évoque le souvenir de son bonheur passé, et croit revoir Edgard, auquel elle adresse des protestations de fidélité et d'amour [Scène dite « de la Folie » : Ardon gl'incensi... / L'autel rayonne...], après quoi elle tombe, épuisée, dans les bras de ses suivantes.

ACTE IV. — Un site mélancolique, éclairé par la lune, au milieu des tombeaux.

Edgard entre à pas lents dans ce lieu choisi pour le duel. Pénétré de tristesse, il croit que Lucie l'a trahi.

Bidibend et de nobles seigneurs viennent lui apprendre la fin tragique d'Arthur, ainsi que la mort de Lucie, qui n'a jamais cessé de l'aimer. La cloche des funérailles se fait entendre. C'en est trop. Edgard saisit son poignard et se frappe d'un coup mortel, au moment où Asthon et Gilbert arrivent portant deux épées de combat.

 

« On peut regarder cet opéra comme le chef-d’œuvre du maître ; car depuis l'introduction jusqu'au dernier finale, l'inspiration se soutient sans défaillir. Après avoir été jouée en Italie et y avoir obtenu un brillant succès, Lucie de Lammermoor apparut avec non moins d'éclat sur la scène française et au Théâtre-Italien. MM. Alphonse Royer et G. Vaëz traduisirent le poème en français, et l'opéra fut joué au théâtre de la Renaissance le 10 août 1839. On le représenta ensuite à l'Académie royale de musique le 20 février 1846. Il est toujours resté au répertoire des Italiens et à celui de l'Opéra. Malgré la faiblesse des exécutants qui l'interprètent parfois, il fait toujours les délices des véritables amateurs de musique dramatique. « Donizetti, dit M. Scudo (Littérature musicale), doit occuper le premier rang après le rang suprême qui appartient au génie. Il sera classé dans l'histoire de l'art immédiatement après Rossini, dont il a été le plus brillant disciple, et vivra dans la postérité par son chef-d’œuvre de Lucie, l'une des plus charmantes partitions de notre siècle. Pour caractériser à la fois la noblesse de son caractère et la tendresse de son talent, il ne faudrait qu'écrire au bas de son portrait ces mots de l'air final de Lucie : O bell’ alma innamorata ! » Dans cette œuvre, Duprez se révéla chanteur de premier ordre. Le roman de Walter Scott, d'où le sujet du poème a été tiré, est trop connu pour que nous fassions l'analyse de la pièce. Ce chef-d’œuvre a été écrit à Naples en 1835 pour le célèbre chanteur Duprez et pour Mme Persiani. Le succès de la musique et du ténor amena l'un et l'autre à Paris. Edgar se dirigea vers l'Opéra français, et Lucie fut accueillie aux Italiens, où elle débuta en 1837, en compagnie de Rubini, Tamburini, Morelli. Le rôle de Lucie fut tenu ensuite, aux Italiens, par Mmes Castellan, Caroline Duprez, Frezzolini, de La Grange ; celui d'Edgar, en 1845, par Moriani, excellent ténor et récemment avec éclat par Fraschini. Ronconi n'a été effacé par aucun successeur dans le rôle d'Asthon. A l'Opéra français, Duprez a été incomparable d'énergie, de passion, de fureur, de désespoir, dans les scènes de la fontaine, du contrat, de l'anathème et des tombeaux. Mlle Nau était ravissante dans le rôle de Lucie. Sa voix limpide, légère, ses grâces décentes, sa vocalisation si pure, tout contribuait à former en elle le type de la jeune et sympathique Ecossaise. Nous ne devons pas oublier Roger, qui a joué le rôle d'Edgar avec distinction et chaleur. La musique de Lucie a une originalité soutenue qu'on ne rencontre pas au même degré dans les autres opéras de Donizetti. Une teinte de mélancolie, répandue sur toutes les parties de l'ouvrage, lui donne le caractère d'unité si rare dans les partitions italiennes. C'est une œuvre inspirée d'un bout à l'autre. Après un chœur de chasseurs qui sert d'introduction, le récitatif commence et amène l'air d'Asthon : D'un amour qui me brave, coupé à l'italienne, et dont le second mouvement est accompagné par le chœur. La scène de la fontaine se compose de l'air délicieux de Lucie : O fontaine, ô source pure ! et du grand duo où la force et la grâce se marient heureusement ; le larghetto : Sur la tombe de mon père ; l'ensemble : De tes yeux éteins la flamme, en fournissent l'exemple. L'allegro de ce duo est devenu populaire. Au deuxième acte, le duo entre le frère et la saur offre un chant de violons sur lequel la phrase vocale trace une mélodie ferme et expressive ; le larghetto avec la ritournelle des flûtes est d'un charme infini; le passage : L'ingrat te délaisse, offre des appogiatures d'un effet excellent. Malheureusement l'allegro, quoique à quatre temps, rappelle la phrase à trois temps du duo du premier acte. Après un petit chœur sans prétention, qui repose l'esprit du spectateur : Suivons l'amant qui nous conduit, on arrive à la scène la plus importante de l'ouvrage, à la scène du contrat, au magnifique sextuor : J'ai pour moi mon droit, mon glaive. Ce morceau réunit toutes les qualités de ce genre de composition, et il en est devenu le type pour bien des musiciens en vogue qui ont pris la coupe, le rythme, l'agencement même des parties, et qui ont produit, avec ces éléments bien largement disséminés dans des mesures à neuf-huit et à douze-huit, des finales très applaudis. Donizetti a écrit plus simplement cette page immortelle, à trois-quatre avec des sixains à l'orchestre et des triolets aux parties vocales, et il a trouvé une combinaison telle qu'elle exprime fortement et simultanément le désespoir de Lucie, le caractère vil de Gilbert, la passion d'Edgar, l'étonnement d'Arthur, la fureur d'Asthon et l'effroi de Raimond. L'anathème prononcé par Edgar et la strette du finale terminent le second acte. Le troisième renferme des beautés d'un caractère différent. Il est vrai qu'il débute, comme les deux autres, par un chœur assez court, mais il nous semble que cette répétition du même effet, qui pourrait être considérée comme une marque d'impuissance dans une œuvre médiocre, est ici très motivée. Ces trois chœurs font une diversion suffisante aux impressions dramatiques et lugubres du poème et de la musique. Ils sont courts, élégants, et l'accompagnement du dernier ne manque pas d'une grâce piquante. Après le chœur de la noce a lieu la scène du défi. On la supprime à la représentation, du moins à Paris, et cependant elle est fort belle ; la jalousie d'Edgar, perfidement excitée par Asthon, y est accentuée avec vérité. Quant à la scène de la folie, elle est jusqu'à présent la plus belle qui soit au théâtre, et la mieux écrite pour faire valoir la chanteuse sans gêner le jeu de l'actrice. La réminiscence des motifs les plus tendres ajoute une grande tristesse à l'égarement de Lucie. Peut-être trouvera-t-on avec quelque raison que l'andantino : Je vais loin de la terre, a des formes trop régulières et offre un discours trop suivi pour être chanté par une insensée. La scène des tombeaux, le récitatif : Tombe de mes aïeux ! l'air : Bientôt l'herbe des champs croîtra, l'intervention du chœur apprenant à Edgar la mort de Lucie, tout cela est grand, vraiment tragique et a comme un parfum d'antiquité. On songe à l'Orestie du vieil Eschyle, malgré la différence des âges et des moyens. Il ne faut pas oublier que l'opéra de Lucie a été composé en Italie, et que Donizetti, né à Bergame, n'avait aucune raison de s'affranchir des usages italiens ; c'est pourquoi cet ouvrage, si sérieux, empreint d'une si profonde mélancolie, se termine par une cavatine ; mais l'auteur a su trouver dans son cœur une inspiration heureuse, touchante ; il a fait usage d'une déclamation naturelle, et à la fin, son âme de poète et d'artiste s'exhale en accents déchirants. Le succès de cette cavatine : O bell' alma innamorata, O bel ange, dont les ailes, a été aussi grand en France qu'il l'avait été à Naples, à Milan, où le talent de Duprez l'avait rendue populaire. Quelques semaines après le succès de son ouvrage, Donizetti quittait Paris pour redemander à son pays natal un surcroît d'existence intellectuelle que la production de soixante opéras avait épuisée. Il est mort deux ans après, le 8 avril 1848. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C'est la traduction de Lucia di Lammermoor, opéra italien représenté pour la première fois à Naples en 1835, et dont Cammarano puisa le sujet dans le poème de W. Scott.

Avant de paraître à l'Académie de musique, Lucie avait été représentée au théâtre de la Renaissance, le 6 août 1839, par le ténor Ricciardi, Hurteaux et Mme Anna Thillon.

Interprètes : G. Duprez, pour qui fut écrit le rôle d'Edgardo ; Barroilhet (Ashton) ; Mlle Nau (Lucie) ; Paulin (Arthur), Chenet (Gilbert), Brémond (Raimond).

Centième représentation : 2 juin 1852. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

« Principaux personnages : Henri Asthon, chef de clan écossais ; Edgar Ravenswood, autre chef de clan, ennemi d'Asthon ; lord Arthur Bucklaw, prétendant à la main de Lucie, agréé par le frère de celle-ci, Henri Asthon ; Gilbert, écuyer d'Asthon ; Lucie de Lammermoor, sœur d'Asthon, amoureuse d'Edgar Ravenswood.

L'action se passe en Ecosse, à la fin du dix-septième siècle.

Le récit qui va suivre montrera comment fut, littéralement, mis en pièce le fameux roman de Walter Scott. Le théâtre, surtout le théâtre de musique, dans lequel le dialogue, forcément ralenti, doit être considérablement écourté, nécessite de ces cruautés.

Les deux actes en quatre parties se réduisent pratiquement à quatre actes, et c'est ainsi que l'affichent la plupart des théâtres.

Le premier tableau représente le carrefour d'un bois pendant une partie de chasse. Une scène entre Asthon et son écuyer Gilbert, sinistre personnage qui trahit tout le monde à la fois, nous met brièvement au courant de l'argument. Asthon désire marier sa sœur Lucie à lord Arthur Bucklaw, ce qui servirait sa fortune et serait conforme à la fois à son intérêt et à ses sympathies ; mais Lucie est amoureuse d'Edgar Ravenswood, rejeton d'une famille ennemie de la sienne, et l'on sait combien étaient vives les haines entre clans en Ecosse. C'est en somme la donnée connue de Roméo Montaigu et de Juliette Capulet.

Pour débarrasser Asthon de cet odieux prétendant, Gilbert propose de tuer Ravenswood ; Asthon accepte tout d'abord, bien que ce meurtre répugne à son sentiment de l'honneur ; puis il change d'avis lorsqu'il apprend que Ravenswood est envoyé en mission en France, ce qui l'écarte suffisamment de Lucie. Gilbert aurait préféré l'assassinat, qui lui eut rapporté davantage. Il joue du reste un double jeu et sert de messager entre Ravenswood et Lucie.

Arthur survient et obtient d'Asthon la main de sa sœur. Il n'est pourtant pas rassuré sur les sentiments de celle-ci, car il a entendu parler de son inclination pour Edgar Ravenswood. Asthon le rassure de son mieux et lui apprend le départ d'Edgar.

Suit l'entrevue entre Lucie et Ravenswood, où avant le départ de celui-ci pour sa mission, les deux amoureux échangent leurs anneaux et se jurent un amour éternel.

Le deuxième tableau, dans une salle du château d'Asthon, montre d'abord Gilbert retour de France, où il a été servir d'espion à son maître. Il rend compte de sa gestion : non seulement il a intercepté les lettres d'Edgar de façon à faire croire à Lucie que son fiancé l'oublie, mais il a fait fabriquer un anneau en tout point semblable à celui que Lucie donna à son fiancé, et cet anneau, il le rapporte pour achever son œuvre de déception. Et en effet, lorsque Lucie aperçoit l'anneau fatal, elle ne doute pas de l'infidélité de Ravenswood et consent, sur les instances de son frère, à épouser lord Arthur.

Le mariage a lieu. On remarque bien la pâleur mortelle de l'épousée, mais on l'attribue à l'émotion. Pas plutôt Lucie a-t-elle signé au contrat qu'Edgar apparaît, hagard et les habits en désordre. En le voyant, Lucie perd connaissance. Le malheureux, fou de douleur, jette un défi mortel à Asthon et lance à Lucie, revenue à elle, l'anneau qu'elle lui avait donné. Car il la croit coupable et ses imprécations folles s'adressent à sa fiancée aussi bien qu'aux autres acteurs de cette pénible scène.

Le troisième tableau se passe dans une autre partie des appartements d'Asthon. Epithalame. Mais Gilbert annonce à son maître qu'un inconnu demande à le voir. Cet inconnu est introduit : c'est Edgar. La scène de la fin du deuxième tableau se renouvelle, mais à deux personnages seulement.

Soudain l'on fait irruption dans la pièce : dans un accès de démence, Lucie a poignardé son époux ! Elle apparaît presque aussitôt et nous avons la classique scène de la folie d'Ophélie. La pauvre femme revoit Edgar, qui lui adresse des protestations de fidélité et d'amour, après quoi elle tombe épuisée aux bras de ses femmes.

Dernier tableau : parmi les tombeaux, sous la lune. Edgar parle aux tombes de ses aïeux, qu'il s'apprête à rejoindre. Il ignore encore le drame qui vient de se dérouler au château et se croit vraiment trahi par celle qu'il aime. Un groupe de seigneurs lui apporte la fatale nouvelle, qui lui ouvre enfin les yeux. Non seulement Arthur est mort, mais Lucie vient à son tour de rendre le dernier soupir. Ce dernier coup l'achève et il se poignarde sous les yeux d'Asthon rongé par le remords, car n'est-il pas l'auteur de tous ces désastres ? Et Edgar meurt, troisième victime, en murmurant encore le nom de Lucie. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Il faut avoir le courage d'aller quérir dans l'œuvre romanesque de Walter Scott le sujet dont se sont inspirés les futurs auteurs de la Favorite, Alphonse Royer et Gustave Vaëz, et sur lequel s'est exercée la lyre de Donizetti, pour un opéra-keepsake, suivant la poétique alors de mode, qui fut créé à Paris au Théâtre de la Renaissance le 10 août 1839 ; il a été repris sur la scène de l'Académie Royale de musique le 24 février 1846 ; il est resté au répertoire jusqu'en 1866... et n'y a reparu que le 9 décembre 1889. On y revient de temps en temps, comme au Musée — musée d'horreurs.

 

***

 

Une invocation à Shakespeare s'imposera de bout en bout, si l'on aborde le narré de ce tissu de faits divers. L'Ecosse, la contrée des lacs, est aussi le pays des « clans » — et le propre des clans, c'est d'être en division perpétuelle. La maison d'Ashton a la haine de la maison de Ravenswood ; mais l'héritier des Ravenswood, Edgard, aime Lucie de Lammermoor, la sœur d'Ashton, lequel ne veut pas entendre parler de rapprochement, d'autant qu'il favorise un candidat à la main de la jeune fille dans la personne de lord Arthur Bucklaw. Et il va mettre tout en œuvre pour vaincre la résistance qu'oppose à ses projets Lucie éprise d'Edgard. Les vieilles familles ont, de tradition prêt à tout, un intendant ou écuyer, que n'étouffent point les scrupules ; celui des Ashton, prénommé Gilbert, vient s'offrir à son maître pour faire disparaître ce soupirant gênant de la circulation. Sans doute y réussirait-il, mais Edgard vient d'être chargé d'une mission diplomatique en France, — ce qui doit l'éloigner pour un certain temps — et Ashton répugne à un meurtre dont l'opportunité n'est, dans ces conditions, pas rigoureuse.

Toutefois, Gilbert, qui a du venin, ne lâche pas sa proie. Il suit en France le jeune homme dont il a capté la confiance ; et il en abuse pour détourner perfidement la correspondance d'Edgard avec Lucie — qui ne tardera pas à se croire abandonnée. De plus, le misérable est au courant d'une entrevue dans laquelle, avant la séparation, les amoureux ont échangé l'anneau des fiançailles. Il a trouvé moyen de s'en procurer un semblable, qu'il rapporte triomphalement comme un témoignage d'infidélité. Lucie de Lammermoor, frappée au cœur, accorde sa main à Arthur Bucklaw.

Naturellement, le mariage n'est pas plutôt consommé qu'Edgard reparaît. A son tour, il se croit trahi. La passion l'égare ; il jette au visage de sa fiancée, devenue livide, l'anneau qu'elle lui avait donné en gage de son amour, la maudit, et va provoquer Ashton.

Et, à partir de ce moment, nous sombrons en pleine folie furieuse : tandis que le malheureux Edgard s'enfuit dans son château, Lucie de Lammermoor saisie d'un délire sanglant a poignardé lord Arthur. Sa raison ne résiste pas à cette secousse ; elle nous en inflige le poignant spectacle... Et, pendant ce temps, Ravenswood erre désespéré parmi les sépultures de ses ancêtres qu'il invoque, avant d'aller bientôt les retrouver — car, en apprenant que Lucie, démente, a tué son époux et s'est frappée mortellement sur le cadavre, il n'hésite plus à se suicider. On peut déplorer qu'Ashton, responsable, ne profite pas de l'occasion pour en faire autant — après avoir occis le coupable Gilbert !... Et l'on a vu aussi, en sortant du théâtre, des spectateurs sujets au spleen se diriger vers la rivière... »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

LUCILE

 

Comédie en un acte, en vers, mêlée d'ariettes, livret de Jean-François Marmontel, musique d'André Grétry. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 05 janvier 1769 avec Joseph Caillot (Blaise).

 

« Le livret offre des scènes dramatiques que le compositeur a traitées avec sen heureuse sensibilité naturelle. C'était le second ouvrage qu'il faisait représenter à Paris, et il eut beaucoup de succès. Le touchant quatuor : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille, aurait suffi pour faire réussir la pièce. Après avoir servi à consacrer les fêtes de famille, les réunions amicales et les distributions de prix, ce chant eut une certaine fortune politique. Lorsque les Bourbons revinrent en France, partout où ils se montraient, les musiques jouaient l'air : Où peut-on être mieux, et le public chantait les paroles. La malice gauloise s'en est emparée aussi ; un soir, on représentait dans une salle de province la tragi-comédie de Samson. Arlequin luttait sur le théâtre avec un dindon qui se réfugia dans une loge d'avant-scène occupée par des employés des droits réunis, et le parterre d'entonner l'air : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ? L'analyse détaillée que donne Grétry de cette pièce prouve tout au moins le travail qu'elle lui a coûté. Le monologue de Blaise : Ah ! ma femme, qu'avez-vous fait ? produisait un effet pathétique que le compositeur attribue en partie à l'interprétation excellente de l'acteur Cailleau [Joseph Caillot]. C'est un acte de modestie à enregistrer ; le musicien liégeois n'en fournit guère l'occasion. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LUCRÈCE

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de H. Lefebvre et Lucien d'Hora, musique de Ben Tayoux, représenté au Théâtre Déjazet le 03 mars 1870.

 

 

LUCRÈCE D’ORGEAT

 

Parodie en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1870.

 

 

LUCREZIA BORGIA

 

[en fr. Lucrèce Borgia]

Opéra italien en trois actes, livret de Felice Romani (1788-1865), d’après la tragédie de Victor Hugo (1833), musique de Gaetano Donizetti.

 

Personnages : Don Alfonso d’Este, duc de Ferrare (basse) ; Lucrèce Borgia (soprano) ; Gennaro (ténor) ; Maffio Orsini (contralto) ; Jeppo Liverotto et Oloferno Vitellozzo, jeunes nobles au service de la République vénitienne (ténors) ; Don Apostolo Gazella (basse) ; Ascanio Petrucci (basse) ; Gubetta et Astolfo, au service de Lucrèce (basses) ; Rustighello, au service de Don Alfonso (ténor) ; Astolfo (basse) ; la princesse Negroni ; des chevaliers, des écuyers, des dames de la cour, des tueurs à gages, des pages, des masques, des portiers, des hallebardiers, des échansons, des gondoliers.

 

L’action se déroule à Venise et à Ferrare, au début du XVIe siècle.

 

Première représentation à Milan, Théâtre de la Scala, le 26 décembre 1833, avec Henriette Méric-Lalande (Lucrèce Borgia), Marietta Brambilla (Maffio Orsini), F. Pedrazzi (Gennaro), L. Mariani (Don Alfonso) et Spiaggi, sous la direction de Gaetano Donizetti.

 

Représenté à Paris, au Théâtre-Italien, le 27 octobre 1840 ; c’est à cette occasion que Victor Hugo revendiqua ses droits d’auteur devant un tribunal et gagna le procès.

 

Traduit en français sous le titre de Nizza de Grenade, opéra en quatre actes, livret de Monnier, représenté sur le théâtre de Lyon le 06 mars 1843. En 1856, Henri de Saint-Georges et Achille Dartois ont publié une version française sous le titre de Lucrèce Borgia.

 

« Cet ouvrage fut d'abord froidement accueilli, quoique exécuté par Mme Lalande, Mlle Brambilla et Pedruzzi. La canzone chantée par la Brambilla, au second acte, obtint immédiatement un grand succès. Quand on donna cet opéra au Théâtre-Italien de Paris, le 27 octobre 1840, M. Victor Hugo revendiqua son droit de propriété littéraire devant les tribunaux, et gagna son procès. Pour continuer à jouer la pièce, on dut changer le lieu de la scène, les costumes et l'époque. Lucrezia devint la Rinegata, et les Italiens de la cour de Borgia furent transformés en Turcs. On reprit ainsi cet opéra sous ce titre de : la Rinegata, le 14 janvier 1845. Plus tard, les auteurs français se montrèrent plus traitables, et, moyennant une indemnité convenue, on put jouer sous leur véritable titre : Ernani, Lucrezia, Linda di Chamouni, la Gazza ladra, etc. L'action de l'opéra de Lucrèce Borgia se passe à Venise et à Ferrare. La toile se lève sur la fin d'un bal, pendant lequel plusieurs jeunes seigneurs parlent assez mal de Lucrezia, qu'ils détestent. L'un d'eux, Gennaro, s'endort sur un siège ; Lucrèce entre masquée dans la salle du bal, et réveille le jeune capitaine en lui donnant un baiser. Gennaro se croit en bonne fortune, ouvre son âme à cette femme et lui parle des regrets qu'il éprouve d'ignorer le nom de sa mère. L'émotion qu'elle montre en l'écoutant prouve qu'elle parle à son fils. Les seigneurs reviennent, arrachent à Lucrèce son masque, lui reprochent ses crimes et ils lui font essuyer ces opprobres en présence de son fils. Au deuxième acte, le duc de Ferrare voit dans Gennaro un rival, et se préoccupe des moyens de le perdre. Le jeune homme, rebelle aux avances de Lucrèce, partage l'horreur qu'elle inspire à ses amis. Avec la pointe de son poignard, il efface sur le fronton du palais ducal la première lettre de l'inscription, qui n'offre plus aux regards que le mot : Orgia. Lucrèce demande à son mari de la venger. Lorsqu'elle apprend que le coupable est Gennaro, elle demande sa grâce ; mais le duc est inflexible ; il feint de se réconcilier avec le jeune homme, mais il met du poison dans le vin qu'il lui verse. Lucrèce, au moyen d'un antidote, conserve la vie à son fils. Au troisième acte, Lucrèce a préparé sa vengeance contre les seigneurs qui l'ont insultée à Venise. Au moment où ceux-ci se livrent à une orgie et font de copieuses libations, se croyant chez la princesse Negroni, Lucrèce paraît et leur déclare qu'ils sont chez elle, qu'elle a fait préparer pour eux cinq cercueils qui les attendent lorsque le poison qu'ils viennent de boire à longs traits aura mis fin à leurs jours. Lucrèce ignorait que Gennaro se trouvait parmi ces seigneurs. Il dit alors qu'il faut un sixième cercueil, parce qu'il doit partager le sort de ses amis. En vain Lucrèce le presse de prendre du contrepoison ; en vain elle lui révèle qu'il est son fils. Il est trop tard ; Gennaro tombe mourant entre ses bras. Nous ne  croyons pas que la musique soit propre à exprimer de telles horreurs ; et cela est heureux pour nous. Loin de reprocher à Donizetti son impuissance, on serait tenté de le remercier d'avoir comme dissimulé sous les voiles de sa mélodie, sous d'harmonieuses cantilènes, des situations qui eussent été intolérables sans cet adoucissement. L'ancienne école italienne, dont Donizetti a été le dernier représentant, savait idéaliser les scènes les plus réellement violentes et atteindre ainsi le but suprême de l'art. Qu'on se rappelle les scènes terribles de Sémiramis. Quelle force et quelle grâce dans ce chef-d’œuvre de Rossini ! Le système réaliste qui a prévalu depuis n'a pas fait oublier non plus le quatrième acte de la Favorite et la scène du cimetière de Lucie. M. Verdi ne peut manquer quelque jour de mettre en musique le Richard III de Shakespeare ; nous verrons alors jusqu'où peut aller le système de l'effet à outrance. En attendant, bornons-nous à signaler dans Lucrezia Borgia, qui n'est après tout qu'un opéra de second ordre dans l’œuvre générale de Donizetti, les parties les plus saillantes. Parmi les morceaux scéniques, nous rappellerons le chœur d'introduction : Bella Venezia, dont la strette est pleine de verve et entraînante; le finale du premier acte ; au troisième, la dispute de l'orgie et un chœur intéressant ; les romances et les cavatines sont nombreuses : celles qui produisent le plus d'effet sont la cavatine de Lucrèce : Com’è bello ; la cavatine du duc de Ferrare : Vieni la mia vendetta ; le trio de l'empoisonnement : Della duchessa, avec son magnifique adagio ; et la ballade : Il segreto, appelée communément le Brindisi. Le rôle de Gennaro a servi au second début de Mario sur la scène italienne, à Paris, en 1840. Il a chanté dans cet ouvrage avec Tamburini, Lablache et Mlle Grisi. Cet opéra a été traduit en français sous le titre de Nizza de Grenade, opéra en quatre actes, paroles de Monnier, représenté sur le théâtre de Lyon le 6 mars 1843. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LUDOVIC

 

Drame lyrique en deux actes, livret d’Henri de Saint-Georges, musique de Ferdinand Herold terminée par Fromental Halévy. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 16 mai 1833, avec Mmes Pradher (Francesca), Elisa Massy [Marie Hébert-Massy] (Nice), MM. Augustin Lemonnier (Ludovic), Féréol (Grégorio), Vizentini (Scipion).

 

« Herold travaillait à cet ouvrage lorsque la mort est venue le frapper. Il n'a composé que l'introduction, des couplets pour soprano, un trio, un chœur de buveurs et le commencement du finale du premier acte. On doit le reste de la partition à Halévy. La pièce a de l'intérêt ; en voici le sujet : Francesca, jeune fermière au village d'Albano, près de Rome, doit épouser Gregorio, son cousin. Une ordonnance de recrutement le désigne pour être soldat, ce qui fait hâter la célébration du mariage. Mais Francesca est aimée passionnément par Ludovic, Corse d'origine, jaloux et violent, qu'elle a fait régisseur de sa ferme. Il lui rend des services si dévoués qu'elle le garde, malgré des scènes qui se renouvellent chaque jour. Elle essaye en vain de l'éloigner, afin que le mariage ait lieu en son absence. « Eh bien ! dit-il, si tu ne peux être à moi, tu ne seras à aucun autre. » Il saisit un pistolet, et Francesca tombe baignée dans son sang. Au second acte, le spectateur est transporté dans une autre ferme appartenant à Nice, cousine de Francesca. Celle-ci n'a eu qu'une blessure légère dont elle est guérie. Elle éprouve des remords ; car elle a déposé devant les juges de manière à causer la condamnation à mort de Ludovic. Le capitaine Scipion cherche le fugitif. Quant à Gregorio, n'ayant pu se marier, il est soldat dans la compagnie du capitaine. Francesca s'exprime sur le sort qui attend l'infortuné Ludovic en termes si touchants, que sa cousine lui révèle qu'il est caché dans la maison même. Il ne tarde pas à paraître devant ses yeux ; il se jette à ses genoux, implore son pardon et l'obtient. Gregorio survient ; Francesca implore sa pitié et met pour condition à leur hymen qu'il sauvera les jours de Ludovic. Celui-ci, voyant à quel prix il peut conserver la vie, va se livrer lui-même au capitaine Scipion. Francesca ne peut plus cacher ses sentiments. La passion de Ludovic l'a envahie ; c'est lui qu'elle aime. Gregorio en est désespéré ; cependant il se dévoue et menace le capitaine de lui brûler la cervelle s'il ordonne la mort de son rival. Fort heureusement la grâce de Ludovic arrive. Le moyen qu'il a employé pour se faire aimer est assez excentrique. Cependant les scènes sont habilement ménagées, le caractère de Francesca est bien étudié ; c'est une pièce qui peut être reprise avec chance de succès. Halévy a écrit l'ouverture sur un motif d'Herold ; mais elle est médiocre. Le premier chœur : Déjà l'aurore qui se colore, se distingue par la fraîcheur du coloris et la simplicité de la mélodie. Le départ pour le marché a de la vivacité et de l'entrain. La scène de l'entrée des soldats a l'importance qui convient à un drame dans lequel l'élément militaire joue un rôle sérieux. Les couplets chantés par Nice (Mlle Massy) : Je vends des scapulaires, ont fourni le motif de l'ouverture ; ils rappellent la première manière d'Herold. La mélodie chantée par Francesca (Mlle Pradher) : l'Hymen en t'unissant, est aussi gracieuse que celle de la romance de Marie : Je pars demain ; elle est encadrée toutefois dans un chœur assez vulgaire. Le quatuor du premier acte, composé par Halévy, était toujours bissé. Le finale, écrit en grande partie par Halévy, offre de charmants motifs, entre autres les couplets de Gregorio : Oui, voilà ma femme, répétés sur d'autres paroles par Francesca et intercalés dans le chœur : Elle se marie. La musique du deuxième acte est loin de valoir celle du premier. Il débute par les couplets en duo : Voici le jour ; mais ce n'est plus la grâce et la souplesse du maître. La mélodie est lourde, pénible, et on comprend que les détracteurs de l'auteur de la Juive aient relevé cette disparate. Halévy redevient lui-même dans la romance pathétique de Francesca : Mon courroux, que son sort désarme, n'a plus de force pour haïr. Mais le duettino pour voix de femmes : Enfin, il est parti ; la prière en chœur : Nous voici tous, vierge Marie, sont des morceaux d'une valeur musicale exceptionnelle, et il serait à souhaiter que le public fût admis à les entendre de nouveau. Augustin Lemonnier et Vizentini complétaient l'ensemble de l'interprétation dont nous avons désigné plus haut les principaux chanteurs. La troupe de l'Opéra-Comique était à cette époque des plus médiocres. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LUI-MÊME

 

Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Variétés vers 1804.

 

 

LUISA MILLER — Voir Louise Miller.

 

 

LULLI ET QUINAULT ou LE DÉJEUNER IMPOSSIBLE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Gaugiran-Nanteuil, musique de Niccolo Isouard. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 février 1812.

 

 

LULU

 

Opéra allemand en deux actes, livret et musique d'Alban Berg. Création au Stadttheater de Zurich le 02 juin 1937.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 06 juin 1969, dans une version française de Louis Ducreux et André Tubeuf, mise en scène de Louis Ducreux, décors et costumes de Jean-Denis Malclès et Bernard Daydé.

6 représentations à l'Opéra-Comique en 1969, 3 en 1970, soit 9 au 31.12.1972.

 

 

LUTHIER DE VIENNE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henri de Saint-Georges et Adolphe de Leuven, musique d’Hippolyte Monpou. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 30 juin 1836. Le livret ne brille pas par l'invention, et le dénouement est trop peu naturel. Un luthier de Vienne voudrait faire épouser à son fils Frédéric sa nièce, jeune fille accomplie, qui touche de l'orgue comme un ange, mais à qui une santé délicate interdit le chant. Frédéric raffole d'une baronne de Castelfiore, qu'il a entendue chanter dans un concert. Cette baronne cantatrice ne veut pas être un obstacle à l'accomplissement des vœux du bon luthier. Elle rend Frédéric plus sage, et elle se résigne à épouser elle-même un vieux conseiller aulique. Maitre Crespel, le luthier, fabrique à la fois des orgues, des pianos, des violons et des hautbois. Les auteurs de ce livret d'opéra-comique auraient dû l'intituler avec plus de raison : le Facteur d'orgues. La partition du Luthier de Vienne est fort curieuse à étudier. On y voit les efforts tentés par Monpou dans le but de s'affranchir des formes classiques, d'imaginer des modulations et des rythmes nouveaux. Il échoue parfois, et cette manie d'innover lui fait trouver des chants bizarres et des harmonies tourmentées. D'autres fois, il est plus heureux et vraiment inspiré. L'ouverture a beaucoup d'intérêt, quoique manquant d'unité. Elle commence en ut mineur et finit en mi bémol. Les morceaux les mieux réussis sont la chanson dite par Couderc : Les fils de l'université ; la cavatine ; le cantique de sainte Cécile, véritable morceau de musique religieuse, et la chanson du vieux chasseur : Ramenons mon troupeau, chantés tous trois par la vaillante Mme Damoreau, à qui cet ouvrage a valu un succès de plus.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

LUTIN DE GALWAY (LE)

 

Opéra-comique, livret d’Ernest Deseille, musique de M. O’Kelly, représenté au théâtre de Boulogne-sur-Mer en septembre 1878 ; chanté par MM. Pellin, Toscan et Mlle Jouanny.

 

 

LUTIN DE LA VALLÉE (LE)

 

Opéra-comique en deux actes et trois tableaux, livret de Michel Carré et Jules Édouard Alboize de Pujol, chorégraphie d’Arthur Saint-Léon, musique d’Eugène Gautier, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 22 janvier 1853.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 33 en 1853.

 

« Le livret n'avait pas d'autre prétention que celle de fournir l'occasion à Saint-Léon de déployer son multiple talent de violoniste, de danseur et d'acteur. Il a été secondé par Mme Guy-Stéphan, qui a dansé la Madrilegna et El Zapateado, et par Mme Petit-Brière. Il y a des chœurs assez jolis dans la partition. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C'était à proprement parler un opéra-ballet, car la danse y tenait une large place. Mme Guy-Stephan y obtint un brillant succès avec ses pas espagnols. On y applaudissait aussi Saint-Léon pour son triple talent de danseur, de chorégraphe et de violoniste. Le parterre se pâmait surtout à l'exécution de son morceau intitulé : « Une Matinée à la campagne », et qui était la reproduction de tous les bruits de la basse-cour. Quant à la partie chantée, elle était confiée à Bieval, à Mme Petit-Brière et aux choristes. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

LYCÉENNE (LA)

 

Pièce en trois actes de Georges Feydeau, airs nouveaux de Gaston Serpette, représentée aux Nouveautés le 23 décembre 1887.

 

 

LYDÉRIC

 

Grand opéra en trois actes et quatre tableaux, livret d’Eugène Lagrillière-Beauclerc et Paul Cosseret, musique d’Emile Ratez, représenté sur le Grand-Théâtre de Lille le 10 janvier 1895. Le sujet du drame est tiré d'un épisode de l'histoire de la Flandre au septième siècle. L'auteur de la musique, artiste instruit et distingué, est directeur du Conservatoire de Lille, la plus ancienne école de ce genre qui existe en France. Son œuvre avait pour interprètes Mlle Lise d'Ajac, MM. Gogny, James Vautier et Ferran.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

LYDIA

 

Opéra-comique en un acte, paroles de MM. de Lyden et Smoni, musique d’Edmond Missa, représenté à Dieppe le 26 juillet 1887.

 

 

LYSIS ET DÉLIE

 

Opéra-ballet, paroles de Marmontel, musique de Jean-Philippe Rameau, représenté par les artistes de l'Académie royale de musique, au château de Versailles, en 1753.

 

 

LYSISTRATA

 

Opéra-comique en trois actes, livret de M. Lettry, musique de M. Feautrier, représenté à Lorient le 25 janvier 1885.

 

 

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