Encylopédie     © l’Art Lyrique Français

ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES

A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z

 

R

REL - REV - RIO - ROI - ROL - ROS

 

 

RABAGÂTEUSES (LES)

 

Bouffonnerie en un acte, musique de Firmin Bernicat. Création en 1872.

 

 

RABELAIS

 

Opéra-comique en trois actes, paroles de Georges Noyer et Gribouval, musique de M. Prestreau, représenté sur le Théâtre-Français de Rouen en mars 1883.

 

 

RACOLEURS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Joseph Vadé, musique de vaudevilles. Création à la Foire Saint-Germain le 11 mars 1756. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 01 août 1762.

 

 

RACOLEURS (LES)

 

Opéra bouffe en un acte, livret d’Édouard Duprez, musique de Napoléon Joseph de Colbert-Chabanais. Création à l'école de Duprez le 08 juin 1870. => détails

 

 

RADEGONDE

 

Cantate, livret de Paul Collin, musique de Bernard Crocé-Spinelli (1898).

 

 

RAFAELLO LE CHANTEUR

 

Opéra-comique en un acte, livret de Legentil et Ryan, musique de Willent-Bordogni, représenté à l'Opéra-National-Lyrique le 28 mai 1877. Le sujet a été imité du Passant de François Coppée.

 

 

RAGE D'AMOUR (LA)

 

Parodie mêlée de vaudevilles et ariettes en un acte, livret de Dorvigny, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 19 mars 1778. C’est une parodie de Roland, opéra de Niccolò Piccinni, donné à l’Opéra de Paris le 27 janvier 1778.

 

 

RAISON, L'HYMEN ET L'AMOUR (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Patrat fils, musique de Taix, représenté sur le théâtre des Jeunes-Elèves le 30 janvier 1804.

 

 

RAJAH DE CHATOU (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Fernand Beissier, avec de Gorsse et Jacoutot, représentée à la Pépinière le 1er mars 1895.

 

 

RAJAH DE MYSORE (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Charles Lecocq.

 

Première représentation au théâtre des Bouffes-Parisiens le 21 septembre 1869.

 

« Il y avait dans la donnée de cette pièce, empruntée à un vieux conte allemand, de quoi faire un charmant ouvrage. Les auteurs ont forcé les détails et ont trop sacrifié à Momus et aux satyres ; cette manie de farce à outrance gâte tout. Un rajah ne se contente pas d'être le plus heureux des souverains, il veut être immortel. Son médecin lui administre une drogue et le voilà passé immortel. Il dort, et à son réveil on lui persuade qu'il a dormi dix-huit ans ; sa femme est morte ; tout a vieilli autour de lui ; il veut épouser la jeune sœur de sa femme qu'il trouve trop jeune pour lui. Il renonce à l'immortalité et veut reprendre les conditions de la vie commune ; pendant un second sommeil, tout reprend son aspect accoutumé ; il retrouve sa femme vivante, ses amis, son médecin et se contente d'être le plus heureux des rajahs. Sans les vulgarités du dialogue, les grossièretés qu'y ajoutent encore les acteurs, cette pièce serait fort agréable. La musique est spirituelle, bien faite et fort mélodique. Ce n'est pas le compositeur qui a été en faute. Son ouverture est charmante. Je signalerai une valse chantée par Dilarah, les couplets du médecin et le chœur qui les accompagne. Cet ouvrage a été joué par Désiré, Bonnet, Mme Thierret et Mlle Raymonde. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

RALLYE-CHAMPDOUILLARD

 

Opérette en un acte, paroles de Henri Ramond, musique de M. Polideffre, représentée au Palais-Royal le 20 janvier 1873.

 

 

RAMPONNETTE

 

Opérette bouffe en trois actes, livret d’André Lénéka et A. Richard, musique de Casimir Baille et Sélim, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 07 décembre 1896 avec Fernand Bérard (Jean).

 

 

RAMSÈS

 

Drame en un acte en vers, de Léonce de Pesquidoux, avec musique de Paul Vidal, représenté au théâtre Égyptien de l'Exposition universelle le 27 juin 1900.

 

 

RANCUNE TROMPÉE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-François Marmontel, musique de Luigi Piccinni. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 octobre 1819.

 

 

RANTZAU (LES)

 

Comédie d'Erckmann-Chatrian, reprise au Nouvel-Ambigu le 08 décembre 1922 avec une partition nouvelle de Félix Fourdrain.

 

« Il s'agit là d'une suite de morceaux symphoniques comme Bizet en a écrit une pour l'Arlésienne et Grieg une autre pour Peer Gynt ; le compositeur s'est gardé d'abuser des cuivres et sa Berceuse tendre paraît particulièrement bien venue. »

(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1923)

 

 

RAOUL BARBE-BLEUE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 02 mars 1789.

 

Donné à l'Opéra de Paris le 29 février 1816 dans une représentation au bénéfice d'Albert Bonnet, et le 17 mars 1822 dans une représentation au bénéfice de Mlle Volnais.

 

« Cet ouvrage est un des plus faibles de ce compositeur, qui d'ailleurs n'insiste pas trop sur son éloge dans ses Essais. Il recommande le trio : Ma sœur, ne vois-tu rien venir ? et l'air de Raoul : Venez régner en souveraine, dans lequel le basson soutient des notes qui forment avec le chant des quintes consécutives. Voici dans quels termes Grétry les justifie : « Cet effet est dur à l'oreille, sans doute ; mais si l'on fait attention que lorsque Raoul dit à Isaure : Venez régner en souveraine, c'est comme s'il lui disait : « Venez chez moi pour y être égorgée, si vous êtes curieuse, » (et le public sait qu'elle a ce défaut) ; les quintes alors font frémir l'auditeur, et c'est précisément ce que j'ai voulu. » Naïve illusion ! La musique de Grétry n'a jamais fait frémir personne, même celle qu'il a écrite dans la Fausse magie. Il s'abusait d'ailleurs sur la propriété et l'action morale des intervalles. En ce qui concerne les quintes de suite, si Halévy en a tiré un effet pathétique dans l'air de la Juive : Il va venir, si M. Verdi en a obtenu un effet mélodique puissant dans le Miserere du Trovatore ; Rossini a fait produire à ces mêmes quintes consécutives, dans Guillaume Tell, des effets tout différents ; elles ont donné un caractère pastoral à la tyrolienne et un charme mystérieux et doux au chœur : Voici la nuit. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RAOUL, SIRE DE CRÉQUI

 

Comédie lyrique en trois actes, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dalayrac.

 

Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 31 octobre 1789, sous la direction de La Houssaye.

 

« Cette pièce offre du mouvement et de l'intérêt, à l'exception d'une scène inconvenante dans laquelle les fils d'un geôlier enivrent leur père pour délivrer un prisonnier. La partition renferme de jolis motifs ; nous citerons les plus saillants : la romance : De vos bontés, de son amour, chaque instant m'est un nouveau gage, la mélodie en est bien faite et l'harmonie fort régulière ; le petit duo des deux frères : Je brûle de voir ce château ; la romance de Raoul, qui est d'un sentiment très fin : Une lumière vive et pure ; enfin les couplets en ut de Bathilde et de Ludger, suivis d'un trio d'un bon effet. La chanson : Un jour Lisette allait aux champs, est restée longtemps populaire. Cet ouvrage, moyennant quelques changements dans le livret, serait entendu avec plaisir. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RAPHAËL

 

Opéra en cinq actes, livret de Joseph Méry, musique de L. Giunti-Bellini, représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l'Athénée) le 31 mai 1873, avec Mme Crapelet, Mlle Formi, M. Sacley.

 

« L'un des plus grands succès de fou rire qui se soient jamais vus dans un théâtre lyrique. » [Arthur Pougin, la Chronique musicale, 1874]

 

« L'esprit paradoxal et la recherche de l'effet, sans choix et sans aucun souci de la vérité, qu'affectait Méry, le rendaient peu propre à faire une œuvre dramatique. Celle-ci est pitoyable. Les principaux personnages sont Raphaël, Jules Romain, la Fornarina et la Vanozza, sa rivale, qui fait empoisonner le grand peintre, dans sa fureur jalouse. Aucun musicien n'aurait pu triompher d'un semblable livret. On a remarqué cependant une barcarolle avec chœurs et l'air de contralto : La haine déchire mon âme. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

RATON ET ROSETTE ou LA VENGEANCE INUTILE

 

Parodie en un acte, livret de Charles Simon Favart, musique de vaudevilles. Création à Paris, Théâtre-Italien, le 24 mars 1753. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 13 décembre 1762. C’est une parodie de Titon et l’Aurore, pastorale héroïque de Mondonville, donnée à l’Opéra de Paris en 1753.

 

 

RAYMOND ou LE SECRET DE LA REINE

 

Drame lyrique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Joseph Bernard Rosier, d’après le Masque de fer, roman d’Alexandre Dumas, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 05 juin 1851, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mlles Caroline Lefebvre [Faure-Lefebvre] (Stella), Léocadie Lemercier (la Comtesse), MM. Boulo (Raymond), Mocker (le Chevalier), Bussine (le Baron).

 

« La légende du masque de fer a fourni le sujet de ce sombre mélodrame. La scène se passe à Moret, près de Fontainebleau, au premier acte. Raymond est un jeune paysan, enrichi par la protection d'une personne inconnue. Il va épouser la pauvre orpheline Stella. Tout à coup son mariage est rompu par l'intervention du chevalier de Rosargue, créature du cardinal Mazarin ; car Raymond est le frère du roi, et ne doit pas épouser une paysanne. Il reçoit le brevet d'officier et part pour la guerre. Au second acte, Raymond est à Fontainebleau, où il voit la reine, sa mère, et apprend d'une des dames de la cour le fatal secret. Mazarin en est informé ; il donne ordre de conduire Raymond dans une prison lointaine, et de cacher sous un masque de fer les traits qui peuvent révéler sa naissance. Après diverses péripéties, tous les personnages se retrouvent dans un couvent. Le chevalier reconnaît, dans Stella, sa fille. Il répare son lâche abandon en prenant la place de Raymond, et, poussant le dévouement jusqu'à l'héroïsme, il se couvre du masque fatal et se laisse conduire à la Bastille. Un tel livret convenait peu au genre de talent de M. Ambroise Thomas, qui d'ailleurs a eu la mauvaise fortune de prodiguer des trésors de science et de goût dans des pièces médiocres et souvent pires. L'ouverture offre un andante remarquable, suivi d'une brillante péroraison. Le chœur des vieillards, au milieu duquel se trouve une chanson à boire fort originale, a été redemandé par le public. Un autre chœur dialogué, de femmes, a obtenu le même accueil : Heureux époux, quelle faveur ! Le deuxième acte renferme, entre autres morceaux intéressants, une romance charmante chantée par le ténor : En proie au douloureux martyre, et une scène pastorale tour à tour musicale et chorégraphique. M. Ambroise Thomas a donné à cette partie de son ouvrage un caractère archaïque parfaitement réussi. L'ariette : Petits oiseaux, que vous êtes heureux, est d'un goût exquis. Nous ne citerons du troisième acte que la prière des moines, la cavatine du ténor : Point de pitié pour mes larmes, et la mélodie de Stella : Illusion chérie. Le style idéal du compositeur s'est trouvé presque toujours en désaccord avec le fond de cette pièce empruntée au répertoire de l'Ambigu. La partition pour piano et chant a été arrangée par M. Vauthrot. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RAYMOND DE TOULOUSE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Guilbert de Pixerécourt, musique de Foignet père et fils, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 16 septembre 1802.

 

 

RAYON DES SOIERIES

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Nino, musique de Manuel Rosenthal.

 

Personnages : Gaston, vendeur (baryton Martin) ; M. Loyal, chef de rayon (basse chantante) ; un Vieux Monsieur (baryton-basse) ; M. Comptant, caissier (basse) ; le Garçon d’ascenseur (baryton) ; Ben Gazou, chambellan de la Reine (baryton) ; Colette, vendeuse (soprano) ; la Reine des Iles Aloha (mezzo-soprano) ; Chœurs : clients et clientes.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 02 juin 1930. Mise en scène de Georges Ricou. Décors et costumes dessinés par Maurice Dufrène, costumes réalisés par la Maîtrise des Galeries Lafayette. Accessoires, soieries, gants, robes, vêtements, livrées, fournis par les Galeries Lafayette. Mannequins Siegel.

Mmes Véra PEETERS (Colette), Mathilde CALVET (la Reine des îles Aloa).

MM. Roger BOURDIN (Gaston, le vendeur), André BALBON (Monsieur Loyal, chef de rayon), Émile ROUSSEAU (Ben Gazou, chambellan de la Reine), BALDOUS (le vieux Monsieur), Paul PAYEN (le garçon d'ascenseur), MORTURIER (Monsieur Comptant, le caissier).

Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.

 

5e représentation (soirée de gala) le 12 juin 1930 sous la direction de Gustave CLOËZ avec les créateurs sauf M. GAUDIN (Gaston).

 

12 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Résumé.

Amusante aventure d'un jeune vendeur de magasin, éconduit tout d'abord par celle qu'il aime, qui plaît tellement à une Reine exotique venue acheter des soieries que la faveur de sa belle lui revient bien vite, en même temps qu'un substantiel avancement professionnel !

 

ACTE UNIQUE. — Au premier étage d'un magasin de nouveautés.

M. Comptant fait des additions à la caisse. Gaston s'empresse auprès de Colette, la vendeuse.

Le Garçon d'ascenseur annonce les rayons aux clients et clientes. Gaston ne montre guère d'habileté commerciale, Colette le lui dit sans ambages et, quand il lui demande de l'épouser, elle l'éconduit.

M. Loyal, le chef de rayon, informe Gaston du fait qu'il ne touchera plus désormais qu'un faible pourcentage sur les ventes effectuées. Colette lui jette sa bague et sort. Gaston s'effondre sur une chaise, ramasse la bague et la contemple tristement [Air de Gaston : Pauvre perle baroque...].

M. Loyal donne alors à Gaston une excellente leçon de vente. Colette retourne à son comptoir. Un Vieux Monsieur s'approche. Survient M. Loyal annonçant l'arrivée de la Reine des Iles Aloha.

La Reine fait son entrée, suivie de Ben Gazou, son chambellan. La Reine jette son dévolu sur Gaston, lui achète pour 510.860 francs de soieries et lui propose de partir avec elle. Gaston accepte.

Colette n'arrive pas à vendre le moindre gant au Vieux Monsieur qui sort précipitamment. M. Comptant s'exclame sur la vente de Gaston à la Reine, mais Gaston va partir : c'est un désastre. M. Loyal lui fait alors tripler ses appointements. Colette se montre maintenant douce et câline... Gaston joue l'indifférence, mais, quand la Reine revient, elle a la surprise de les trouver tous deux enlacés ! Ben Gazou s'efforce de calmer l'emportement de sa souveraine. Colette plaide la cause de Gaston avec tant d'éloquence que la Reine, magnanime, les réunit à nouveau tous deux.

Gaston retourne à son rayon, Colette à son comptoir. Les clients reprennent gaiement leur ronde.

 

« Un vendeur rabroué par une vendeuse, distrait par son amour, est renvoyé. Sur ces entrefaites, entre une princesse étrangère qui s'éprend du beau jeune homme et acquiert toutes les soieries du rayon. Sur quoi, volte-face de la direction qui veut retenir un tel vendeur, et de la vendeuse qui ne veut pas manquer de se faire épouser. Musique pleine d'entrain, savante, sans ostentation. »

(Larousse Mensuel Illustré, juillet 1930)

 

 

RAZZIA

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Verneuil et Corre, musique de Van Damme, représenté à Gand en février 1896. L'auteur de la musique appartenait à l'orchestre du théâtre.

 

 

RÉBECCA

 

Scène biblique en un acte pour soli, chœurs et orchestre, livret de Paul Collin, musique de César Franck.

 

Première audition en concert à Paris, le 15 mars 1881, par la Société chorale d’amateurs de Guillot de Sainbris.

 

Représenté à la Salle Gaveau le 16 mai 1911.

 

Création en version scénique, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 25 mai 1918. Mise en scène d'Emile Merle-Forest.

Mme Madeleine BUGG (Rébecca).

MM. LESTELLY (Eliézer), FEROUELLE (Bathuel).

Chef d'orchestre : Camille CHEVILLARD

 

21e à l’Opéra, le 11 janvier 1922 avec : Mme LAVAL (Rébecca), M. A. HUBERTY (Eliézar).

 

Autres interprètes à l'Opéra :

Eliézer : Léonce TEISSIÉ (1920).

 

21 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 21 décembre 1922 avec Mme Soyer (Rebecca), M. Van Obbergh (Eliézer).

 

 

RECHERCHE DE L'INCONNU (LA)

 

Opérette en un acte, paroles de Charles Bridault, musique de Sylvain Margeant, représentée aux Folies-Nouvelles en décembre 1857.

 

 

RÉCONCILIATION (LA)

 

Opérette en un acte, paroles de J. Deschamps et Félix Savard, musique de Georges Rose, représentée aux Nouveautés le 11 juillet 1867.

 

 

RÉCONCILIATION VILLAGEOISE (LA)

 

Opéra-comique en un acte en prose, mêlé d'ariettes, livret de La Ribardière, retouché par Antoine-Alexandre-Henri Poinsinet, musique de Théodore-Jean Tarade. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 15 juillet 1765.

 

 

RECRUE DE LIÉGE (LA)

 

Opéra bouffe en langue wallonne, musique de Jehan-Noël Hamal, représenté à Liège en 1757.

 

 

RECRUTEURS (LES)

 

Opéra-comique en trois actes et quatre tableaux, livret d’Amédée de Jallais et Alphonse Vulpian, musique d’Alfred Lefébure-Wély. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 11 décembre 1861, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mlles Marie Marimon, Bélia, Valérie Tual, MM. Sainte-Foy, Berthelier, Gourdin, Capoul.

 

« Sur un livret insipide, l'habile organiste a écrit une partition hérissée de combinaisons harmoniques, estimable à cause de la science de détail qu'on y remarque, mais peu mélodique en somme, et dépourvue de qualités dramatiques. Le contre-point sur l'air de La monaco est intéressant ; les couplets de Lucas, au commencement du second acte, empruntent leur effet comique à un procédé bien souvent employé dans les pièces du théâtre de la foire : Vous ne serez pas mon nez, mon épouse. Qu'aux Variétés on se serve de tels moyens pour faire rire ; qu'on y chante : Ce roi barbu qui s'avance, bu qui s'avance, nous n'avons rien à y voir ; mais le genre de l'opéra-comique devrait être préservé de ces drôleries usées et peu spirituelles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RÉDEMPTION

 

Poème-symphonie en deux parties, livret d’Edouard Blau, musique de César Franck. Première version (1872). Deuxième version représentée à l’Odéon le 10 avril 1873.

 

 

RÉDEMPTION (LA)

 

Mystère en cinq parties avec prologue et épilogue, poésie d’Emile Deschamps et Emilien Pacini, musique de Giulio Eugenio Abramo Alary, représenté à Paris, au Théâtre-Italien le 14 avril 1850.

 

 

RÉDEMPTION D'ISTAR (LA)

 

Drame lyrique, livret d'Eugène Bertol-Graivil, musique de Charles de Sivry, représenté au Théâtre des Nations le 29 juin 1879, avec Mme Irma Marié (Istar) et M. L. Mauzin (le Berger) => livret

 

 

REDINGOTE GRISE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’André Lénéka et Arthur Bernède, musique de Frédéric Le Rey, représenté à Paris pour l'inauguration du Théâtre-Mondain, le 29 mars 1895.

 

 

RÉDUCTION DE PARIS (LA)

 

Drame lyrique en trois actes, livret de Barnabé Farmian Durosoy, musique de Francesco Bianchi. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 30 septembre 1775. Henri IV est le héros de la pièce.

 

 

RÉGIMENT QUI PASSE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Maurice Hennequin, musique de Paul Hillemacher et Lucien Hillemacher, représenté à Royan le 11 septembre 1894.

 

 

RÉGINE ou DEUX NUITS

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène Scribe, musique d'Adolphe Adam. Création au Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 17 janvier 1839, avec Mmes Rossi-Caccia (Régine de Volberg), Berthault (Tiennette), Marie Julie Boulanger (la comtesse de Lichsteinstein) ; MM. Gustave Roger et Moreau-Sainti (Roger), Henri (Sauvageon, maire de Dunkerque).

 

« L'action se passe dans la ville de Dunkerque au temps de la République. Une jeune demoiselle noble, fille d'un duc de Volberg, a épousé un soldat, en 1793, pour échapper aux persécutions d'un représentant du peuple. Immédiatement séparée de ce soldat, elle le retrouve colonel douze ans plus tard, à la veille de la bataille d'Austerlitz. Régine avait obtenu un consentement de divorce ; mais, malgré l'opposition de sa tante et les préjugés de sa famille, elle déchire l'acte de divorce et change son titre de princesse de Volberg contre le nom plébéien de Mme Roger. Il est vrai que ce Roger est devenu dans l'intervalle comte de l'Empire, ce qui diminue singulièrement l'héroïsme de Régine et affaiblit le ressort de la pièce de M. Scribe, lequel d'ailleurs enrichit ou anoblit toujours ses héros au dénouement. C'est sur un si pauvre livret qu'Adolphe Adam a écrit, avec la plus grande facilité, une musique facile. On a remarqué dans le premier acte les couplets du maire de Dunkerque : J'ai peur, j'ai peur, chantés par Henri ; l'air de Régine : Un jeune et beau trompette, chanté par Mlle Rossi, enfantillage musical de mauvais goût. Le second acte n'a de saillant que le grand duo final dans lequel se trouve un cantabile pour le soprano, gracieusement accompagné par un violoncelle obligé. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RÈGNE DE DOUZE HEURES (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Eugène de Planard, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 08 décembre 1814.

 

 

RÈGNE DE TITUS (LE)

 

Cantate, paroles de ***, musique d’Alphonse Vergne, exécutée au théâtre royal de l'Odéon le 03 novembre 1824.

 

 

REINE BERTHE (LA)

 

Opéra en deux actes, livret de Jules Barbier, musique de Victorin Joncières.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 27 décembre 1878. Mise en scène d’Adolphe Mayer. Décors de Jean-Louis Cheret (1er acte), Auguste Rubé et Philippe Chaperon (2e acte). Costumes d'Eugène Lacoste.

Mmes DARAM (Berthe), Andréa BARBOT (Aliste), BLUM (un Page), NIVET-GRENIER (Gertrude).

MM. VERGNET (Pépin le Bref), GAILHARD (Simon), Eugène CARON (Enguerrand).

Chef d'orchestre : Charles LAMOUREUX

 

5e à l’Opéra, le 20 janvier 1879, avec les créateurs.

 

5 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« La légende de Berthe la Fileuse, versifiée au XIIIe siècle par le trouvère Adenès, a fourni le sujet de la pièce. Elle pouvait être exposée avec plus de clarté, surtout dans un ouvrage lyrique, où les récitatifs ne sont pas nettement articulés par les chanteurs. L'impatience causée au public par l'obscurité de l'action a rejailli sur la partition, et cet opéra n'a pu être donné que trois fois. La musique n'est pas cependant sans mérite, ni inférieure à celle de plusieurs ouvrages représentés depuis quelque temps et qui, sans avoir du succès, ont été accueillis plus favorablement. Les personnages sont : Pépin le Bref ; Berthe, fille de Flor, roi de Hongrie, et de la reine Blanche-Fleur ; Enguerrand, seigneur de Laval ; Aliste, fille d'Enguerrand ; Simon, vieux bûcheron ; Gertrude, femme de Simon ; un page. Le premier acte se passe sur la lisière d'une forêt. Les bûcherons veulent y mettre le feu pour se venger des exactions et des cruautés exercées par la reine ou en son nom ; soit ; mais l'auteur aurait dû choisir un autre méfait que celui qu'il signale, c'est-à-dire la pendaison d'un braconnier :

 

Vengeons-nous en livrant à la flamme

Le domaine royal ;

Rendons à cette reine infâme

Le crime pour le crime et le mal pour le mal.

 

Simon cherche à s'opposer à leur fureur ; il demande qu'on épargne sa maison, asile qui abrite

 

L'ange inconnu, la jeune hôtesse

Qui de son cœur sur vous a versé le trésor !

Qui de son travail même et non de larmes vaines

A secouru vos maux et soulagé vos peines,

Celle que vous nommez la fée aux tissus d'or !

 

Berthe paraît ; elle promet d'obtenir pour le pauvre peuple des traitements plus doux, et, cédant au charme que cette jeune fille exerce, les séditieux ajournent leur dessein incendiaire. Restée seule avec Simon et Gertrude, elle rappelle qu'ils l'ont recueillie mourante, inanimée, et, à leurs questions sur sa naissance, elle répond :

 

Vous m'aimez ! que suis-je autre chose ?

Je suis votre fille Isabeau.

 

Mais elle sait qu'elle a perdu le rang suprême, la couronne de reine de France, par l'infâme machination du seigneur de Laval. Chargé par le roi Pépin d'aller en Hongrie chercher Berthe sa fiancée, ce seigneur l'a conduite dans une forêt, l'a frappée de sa masse d'armes et, la croyant morte, a fait prendre ses habits à sa fille Aliste et a présenté celle-ci au roi comme l'épouse qui lui était destinée. Berthe a rencontré dans les bois un bel écuyer et son cœur a parlé en sa faveur. Mais, pendant qu'elle s'abandonne avec confiance à cet amour, survient un page qui, dans le bel écuyer, salue le roi lui-même. Berthe, indignée d'avoir été trompée, s'enfuit. Les paysans mettent le feu à la forêt. Le roi, la reine et tous ceux qui les accompagnent quittent ce lieu sinistre ; ainsi finit le premier acte.

Le second a lieu dans une salle du palais. Les dames et les pages s'amusent à se lancer des cercles d'or avec des baguettes, autrement dit à jouer aux grâces :

 

Volez, anneaux légers,

Volez dans l'air, volez vers elles ;

Soyez d'amour les messagers

Fidèles.

 

Aliste a des pressentiments. On a annoncé la prochaine arrivée d'un page envoyé vers les parents de Berthe. Enguerrand de Laval cherche à rassurer sa fille en lui disant qu'il a donné des ordres pour que le page soit frappé avant qu'il ait pu remplir sa mission.

Le roi survient ; il annonce à la reine et à Enguerrand stupéfaits quo, chevauchant à l'aventure, il a délivré le page attaqué par des malfaiteurs et déjà blessé par eux. La reine essaye d'éviter la vue de ce messager. Le roi, qui conçoit des soupçons et d'ailleurs n'aime pas Aliste, insiste pour qu'on introduise le page, qui n'est autre que Berthe elle-même. Ici commence pour les deux coupables une scène de torture morale fort bien conduite et qui réussirait dans une autre pièce que dans un opéra. Le page rend compte à la reine des sentiments de ses parents pour elle, de ce qu'on rapporte de ses vertus, de l’affection qu'elle inspirait à tous, et l'ironie est sanglante. Il finit par annoncer la venue dans trois jours du roi Flor et de la reine Blanche-Fleur. Cette scène se complique encore de l'étonnement que cause à Pépin le son connu de cette voix. Le bûcheron Simon, suivant les instructions de Berthe, vient offrir à la reine des tapisseries de la belle inconnue qu'elle avait témoigné le désir d'admirer. Pépin consent à les voir. Aliste et son père, affolés de terreur, veulent quitter le palais secrètement ; le roi se trouve sur leur passage et les oblige à assister à l'exhibition de ces tapisseries. Simon les déroule et en décrit le sujet. C'est l'histoire en figures de la jeune princesse Berthe. On y voit successivement son départ pour la France, son arrivée à la frontière, le crime d'Aliste et d'Enguerrand. Celui-ci se trouble : « Il ment, s'écrie-t-il ; ne le croyez pas, sire. Qui donc m'a vu ? Qui donc répond de lui ? » — « Moi ! la reine Berthe ! » répond Isabeau, paraissant en costume royal. Pépin a retrouvé l'objet aimé. Enguerrand est livré à la justice du roi ; Aliste expie son usurpation dans un couvent.

Ce livret singulier n'a pas été pris au sérieux par le public de l'Opéra. Le compositeur, au contraire, a déployé à le traiter une ardeur et une conviction incontestables, et sa partition est une œuvre très laborieuse. Les morceaux les plus saillants à notre avis sont, dans le premier acte : la romance de Berthe, Refuserez-vous de m'entendre ? la cantilène, Je suis la colombe ; le finale, Comme un oiseau de Dieu ; dans le second acte, le chœur de femmes, Volez dans l'air, anneaux légers ; le duo, Rassure-toi ; l'air, A toi merci, ma bonne épée, et la musique orchestrale de la scène des tapisseries. Les procédés de composition de M. Victorin Joncières sont fort éclectiques ; l'accent dramatique y domine toutefois et les situations sont traduites dans le langage musical avec une grande intelligence, comme par exemple la scène entre Berthe et Pépin : Je suis sans doute le jouet d'un rêve. On aurait pu s'attendre à plus de simplicité dans quelques détails, tels que dans les sonneries de trompettes qui modulent en fa, en la bémol, en si, en , en ut successivement et donneraient la meilleure opinion de la facture des instruments de cuivre au VIIIe siècle, si l'on ne devait pas dans un opéra sacrifier l'archaïsme à l'idéal ; cependant trop de complications nuisent au caractère. Distribution : Berthe, Mme Daram ; Aliste, Mme Barbot ; Gertrude, Mme Nivet-Grenier ; un page, Mlle Blum ; Pépin, M. Vergnet ; Simon, M. Gailhard ; Enguerrand, M. Caron. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

REINE CAROTTE (LA)

 

Pièce fantastique en trois actes, paroles de Clairville, Victor Bernard et Victor Koning, musique de Gilles Raspail, représentée aux Menus-Plaisirs le 13 janvier 1872.

 

 

REINE D'UN JOUR (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Henri de Saint-Georges, musique d'Adolphe Adam.

 

Création au Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 19 septembre 1839, avec Mmes Jenny Colon (Francine), Berthault (Simonne), Marie Julie Boulanger (lady Pekinbrook) ; MM. Mocker (le Comte d'Elvas), Nicolas Jean Jacques Masset (Marcel), Honoré Grignon (Trim Trumbell), Victor (le Shérif), Palianti (un Soldat).

 

Représentation au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 25 avril 1854, avec Mme Meillet et MM. Théophile Rousseau-Lagrave, Auguste Legrand.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 25 en 1854, 2 en 1856.

 

« Le librettiste a imaginé d'improviser une reine de circonstance qui n'est autre que Francine Camusat, marchande de modes de Calais qui débarque sur le sol anglais, passe pour la femme de Charles II, attire l'attention de Richard Cromwell et des puritains, et favorise, sans s'en douter, la rentrée dans ses Etats de la princesse de Portugal, qui vient partager les dangers de son royal époux. Rentrée dans la vie privée , la marchande de modes épouse le pauvre marin Marcel. L'invention est bizarre. La musique de la Reine d'un jour n'a rien de remarquable, si ce n'est peut-être les couplets chantés par Mocker : Non, non, je ne vous aime pas, et le chant du matelot au second acte. Mme Leplus [Jenny Colon] a chanté le rôle de Francine. Masset a débuté avec éclat dans cet ouvrage, en compagnie de Grignon, de Mme Boulanger et de Mlle Berthault. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Première au Théâtre-Lyrique le 25 avril 1854. Le ténor Rousseau de Lagrave et Mme Meillet galvanisèrent pendant quelques soirs cette partition qui n'avait eu qu'un médiocre succès en 1839, à l'Opéra-Comique. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

REINE D'UNE HEURE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Beaumont, musique de Ferdinand Poise (1880).

 

 

REINE DE CHYPRE (LA)

 

Opéra en cinq actes, livret d'Henri de Saint-Georges, musique de Fromental Halévy.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 22 décembre 1841. Divertissements de Joseph Mazilier. Décors de René Philastre et Charles Cambon. Costumes de Paul Lormier.

Mmes Rosine STOLTZ (Catarina Cornaro), WILDEMANN (la Gondolière).

MM. Gilbert Louis DUPREZ (Gérard de Coucy), BARROILHET (Jacques de Lusignan), MASSOL (Mocenigo), Lucien BOUCHÉ (Andrea Cornaro), François WARTEL (Strozzi), F. PREVOST (Hérault d'armes), OCTAVE, CHARPENTIER (2 Seigneurs), MARTIN, SAINT-DENIS, HENS (3 officiers).

Ballet réglé par MAZILIER, dansé par Mlles LEROUX, DUMILATRE, FITZJAMES, MM. Marius PETIPA, MABILLE et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : François-Antoine HABENECK

 

Reprises en 1851 et 1854.

 

100e représentation à l’Opéra, le 17 mai 1854, avec Mmes TEDESCO (Catarina), PRINTEMPS (la Gondolière), MM. Gustave ROGER (Gérard), BONNEHEE (Lusignan), MASSOL (Mocenigo), HENS, DONZEL (2 Seigneurs), CANNAPLE, NOIR (2 Officiers), sous la direction de Narcisse GIRARD.

 

Première au Palais Garnier le 06 août 1877 (119e représentation). Mise en scène d’Adolphe Mayer. Décors d'Antoine Lavastre et Eugène Carpezat (1er acte), Emile Daran (2e acte), Jean-Louis Chéret (3e acte), Auguste Rubé et Philippe Chaperon (4e acte), Jean-Baptiste Lavastre (5e acte). Costumes d'Eugène Lacoste.

Mme Rosine BLOCH (Catarina Cornaro).

MM. VILLARET (Gérard de Coucy), LASSALLE (Jacques de Lusignan), Eugène CARON (Mocenigo), MENU (Andrea Cornaro), Etienne SAPIN (Strozzi), GASPARD (un Héraut d'Armes), GRISY, MONTVAILLANT (Seigneurs Vénitiens), LONATI, LAFFITTE (2 Officiers), FRERET, HELIN (2 Cypriotes).

Ballets réglés par Louis MERANTE, dansés par, au 3e acte « Les Courtisanes » : Mlles RIGHETTI, FATOU, PARENT, PIRON — au 4e acte, « La Cypriole » : Mlle Laure FONTA et M. VASQUEZ.

Chef d'orchestre : Ernest ALTES

 

152e à l’Opéra, le 20 juillet 1878, avec les interprètes de la reprise, sauf M. BERARDI (Andrea Cornaro).

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Catarina Cornaro : Mmes MONDUTAIGNY (1847), Elisa MASSON (1847), ELMIRE (1856), LA POMMERAYE (1857), Adelaide BORGHI-MAMO (1858), A. RICHARD (1878).

Gérard de Coucy : MM. MARIE (1843), BORDAS (1847), SALOMON (1877).

Jacques de Lusignan : MM. LATOUR (1844), Jean-Baptiste PORTEHAUT (1845), MASSOL (1851), MANOURY (1877).

 

152 représentations à l’Opéra dont 34 au Palais Garnier au 31.12.1961.

 

« Le poème de cet opéra est une œuvre littéraire remarquable. Il rappellerait même la tragédie lyrique telle qu'on l'envisageait au siècle dernier, si l'époque de l'action ne se rapprochait pas des temps modernes. Cependant on est encore en 1469. Un patricien de Venise a promis Catarina, sa fille, à un chevalier français, Gérard de Coucy. Le Conseil des Dix, par la bouche de Mocenigo, lui ordonne de rompre cet hymen et d'accepter pour gendre Lusignan, un roi. Il hésite, et ne cède qu'a des menaces de mort. Au second acte, Catarina est contrainte, pour sauver les jours de son fiancé, de lui déclarer qu'elle renonce à lui, qu'elle ne l'aime plus. Le troisième acte se passe dans la capitale du royaume de Chypre. Mocenigo est informé de la présence de Gérard. Dans la crainte qu'il ne soit un obstacle à ses projets, il le fait attaquer par des spadassins ; un inconnu lui porte secours et le délivre. Au quatrième acte, Lusignan et la reine débarquent dans l'île. Le cortège défile et la fête commence. Gérard a juré de tuer l'époux de Catarina ; mais, au moment de le frapper, il reconnaît en lui l'inconnu à qui il doit la vie. Lusignan, généreux, la lui sauve une seconde fois. Plusieurs années s'écoulent, Gérard s'est fait chevalier de Rhodes ; Catarina s'est noblement résignée à son sort ; elle est mère. Un poison lent va délivrer la république de Venise d'un roi qui sert mal ses desseins ambitieux. Gérard accourt pour avertir Catarina du complot formé contre les jours de son époux. Cette entrevue forme une des plus belles scènes lyriques du théâtre moderne. Mocenigo parait, et dit qu'il rejettera le crime sur eux ; Lusignan a entendu cette menace ; il fait arrêter Mocenigo, mais non pas avant que celui-ci n'ait donné d'une fenêtre le signal à ses Vénitiens d'attaquer la ville. Lusignan sort presque mourant pour combattre ; il est vaillamment secondé par Gérard, mais il revient sur la scène pour y succomber dans les bras de Catarina. Celle-ci montre son fils aux Cypriotes, qui l'acclament comme souverain. Gérard retourne à Rhodes. De tous les livrets d'opéras modernes, celui-ci est peut-être le mieux fait. Il donne lieu à des situations très dramatiques que le regrettable compositeur a rendues avec une puissante expression, une science profonde, une sensibilité exquise. Son génie a pu se manifester avec plus d'éclat dans plusieurs scènes de la Juive ; mais la partition de la Reine de Chypre est admirable d'un bout à l'autre, et la plus riche en motifs de toutes celles qu'il a écrites. Le caractère général est grave, énergique, tendre et pathétique. II ne pouvait avoir une vivacité que le sujet ne comportait pas. L'introduction offre une phrase de violoncelle d'une haute distinction. La romance : Le ciel est radieux, le duo qui suit, dans lequel se trouve cet ensemble charmant : En ce jour plein de charmes, inaugurent avec grâce la tragédie dont le nœud se forme dans le duo entre le patricien et l'envoyé de Venise : Sommes-nous seuls ici ? Nous signalerons particulièrement la phrase : Eh ! qu'importe à la république et les serments et les amours ! Le chœur des gondoliers, qui ouvre le second acte, a été souvent bissé ; il est suivi d'une magnifique scène : Le gondolier, dans sa pauvre nacelle, d'une mélancolie profonde. Aucun compositeur n'a exprimé ce sentiment aussi bien que M. Halévy. C'était le fond même de sa nature. Mme Stoltz jouait et chantait cette scène d'une manière admirable. Duprez, à son tour, disait avec beaucoup de charme le duo : Arbitre de ma vie. Dans la scène du jeu, on remarque les couplets syllabiques, devenus populaires : Tout n'est dans ce bas monde qu'un jeu. Le grand duo : Vous qui de la chevalerie, dans lequel se trouve la romance : Triste exilé, est, jusqu'à l'allégro, un des plus beaux morceaux du répertoire; interprété par Duprez et Baroilhet, il électrisait l'auditoire. Nous ne signalerons du quatrième acte que les airs de danse, qui sont mieux réussis qu'on ne pouvait s'y attendre de la part d'Halévy, et le cantabile : Seul espoir de ma triste vie, phrase d'une tristesse amère. L'auteur a rencontré là, par l'effet de la vérité même de son inspiration, la forme des plus anciens airs d'opéras dans lesquels le discours musical était scrupuleusement approprié aux paroles. On remarquera que ce chant est syllabique. Quoique exécuté dans un mouvement lent, il ne perd rien de son expression et de son intérêt. Chaque note, chaque accord portent et suivent l'accentuation du texte. Après la touchante cavatine chantée par Baroilhet : A ton noble courage, le dénouement se prépare, et comme il est amené par l'entrevue de Gérard et de Catarina, le compositeur a réservé pour ce duo du cinquième acte ses meilleures inspirations. Ce duo : Malgré la foi suprême, qui commence en réalité au récitatif de Gérard : Quand le devoir sacré qui près du roi m'appelle, est un chef-d'œuvre. La noblesse des sentiments, la passion contenue, la douleur sont exprimées dans un langage sublime. Si cet ouvrage, qui en somme est entre les mains de tous les musiciens, n'est pas représenté aussi souvent qu'il le mérite à l'Opéra, il ne faut pas l'attribuer à la longue tension des sentiments graves, au défaut de variété, à la teinte un peu sombre de la tragédie, car le public est habitué depuis trente ans à des récréations plus sombres encore, telles que la scène du Miserere du Trovatore, ou celle de l'assassinat nocturne dans Rigoletto. D'ailleurs on pourrait à la rigueur introduire au troisième acte des divertissements plus vifs dont l'arrivée du cortège royal fournirait l'occasion. La véritable raison, à notre avis, c'est que le duo du cinquième acte, qui explique le passé et prépare le dénouement, arrive trop tard, au moment où le public est fatigué d'une longue représentation, dont le mouvement un peu solennel des morceaux chantés et du récitatif a encore augmenté la durée, et puis, y a-t-il encore un public pour des œuvres de ce caractère, distingué et tendre, pathétique et toujours élevé ? L'opéra de la Reine de Chypre a été un des mieux interprétés du répertoire. Mme Stoltz, Duprez, Baroilhet jouissaient alors de toute la faveur du public. Massol chantait à ravir les couplets des dés. Le rôle de Cornaro était tenu par Bouché. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Le duo du 3e acte et le 5e acte tout entier sont devenus populaires. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

REINE DE LA MOISSON (LA)

 

Opéra-comique, musique de M. Salesses, représenté à Orléans en avril 1859.

 

 

REINE DE LA RUE DE LA PAIX (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de R. de Cesse et Jack Cazol, musique de Spéranza-Camuzat, créée au théâtre de Cluny à Paris le 19 avril 1924 avec Mmes Jane Pyrac (Bertyle), Lepers (Alice), MM. Léo Rivière (Timoléon), Monistrol (Michel).

 

 

REINE DE SABA (LA)

 

Opéra en cinq actes, livret de Michel Carré et Jules Barbier, musique de Charles Gounod. Création au Théâtre de l'Opéra le 28 février 1862. => fiche technique

 

 

REINE DES FÉES (LA)

 

Opéra en un acte, paroles de Constant Frédéricx, musique de Paul d'Acosta (pseudonyme d'un riche amateur), exécuté dans un concert, à Gand, en mars 1890.

 

 

REINE DES EAUX (LA)

 

Opéra en trois actes, livret de Charles Nuitter, musique de Louis Lacombe, représenté à Sondershausen le 14 mars 1901. => détails

 

 

REINE DES GITANOS (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Henri de Bornier, musique de Charles Lartigue, représenté dans les salons de M. d'Algarra à Paris le 12 mars 1864.

 

 

REINE DES KORRIGANS (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, paroles de M. Cassien-Frogier, musique de M. Caspar, représenté à Nancy le 27 décembre 1890.

 

 

REINE DES PÉRIS (LA)

 

Comédie persane en un prologue et cinq actes, livret de Fuselier, musique d'Aubert, représentée par l'Académie royale de musique le 10 avril 1725. Cet opéra n'a pas été repris.

 

« Mlle Lambert y chanta le rôle d'Amphitrite dans le prologue et celui de Fatime dans la comédie.

Le compositeur Aubert, musicien attaché à l'Opéra, est le père du fabuliste. Son ouvrage lyrique ne réussit point. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

REINE DES REINES (LA)

 

Opérette-bouffe en trois actes, paroles de P.-L. Flers, musique d’Edmond Audran, représentée au théâtre de l'Eldorado en octobre 1896. « Ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante », fait dire Beaumarchais à l'un de ses personnages. Cet axiome pourrait servir de devise à bon nombre d'opérettes ; il serait surtout de mise en ce qui concerne la Reine des Reines, qui abuse peut-être de la permission de manquer d'intérêt, et que sa musique seule, assez aimable, a pu soutenir quelque peu. Les interprètes étaient MM. Théry, Régnard, Rablet, Pons-Arlès, Grandey, Maurice Lamy, Mmes Alice Bonheur et Paulette Darty.

 

 

REINE FIAMMETTE (LA)

 

Conte dramatique en quatre actes et six tableaux, livret de Catulle Mendès d’après sa pièce, musique de Xavier Leroux.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 23 décembre 1903. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Marcel Jambon, Lucien Jusseaume et Eugène Ronsin. Costumes de Charles Bianchini.

 

 

23.12.1903

Opéra-Comique

(création)

08.02.1910

Opéra-Comique

(36e)

11.10.1910*

Opéra-Comique

 

27.03.1919

Opéra-Comique

(47e)

21.05.1935

Opéra-Comique

(56e)

Orlanda

Mary GARDEN

M. CARRÉ

M. CARRÉ

Fanny HELDY

Fanny HELDY

Pentasilée

TIPHAINE

S. BROHLY

S. BROHLY

TIPHAINE

R. GILLY

Agramente

Jeanne PASSAMA

LASSALE

Mathilde COCYTE

COUTURA

BERNADET

Violine

A. PORNOT

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Geneviève MATHIEU-LUTZ

J. CALAS

L. BAUGÉ

Viola

VAUTHRIN

Madeleine ROBUR

Madeleine ROBUR

LAUGÉE

O. ERTAUD

Violette

R. LAUNAY

M. TEYTE

BILLA-AZÉMA

A. FAMIN

GRAVA

Chiarina

CORTEZ

DUVERNAY

DUVERNAY

BILLA-AZÉMA

FENOYER

Angioletta

DUMESNIL

de POUMAYRAC

de POUMAYRAC

BERNARD

J. MICHEAU

Pomone

DAFFETYE

HEILBRONNER

HEILBRONNER

G. BAYE

G. CHELLET

Michela

DELMAI

TISSIER

TISSIER

DELAMARE

M. DROUOT

Flora

COSTES

JURAND

JURAND

BOURGUIGNON

DANTHON

premier jeune Garçon

DUMESNIL

MÉNARD

MÉNARD

RAGON

LEGOUHY

deuxième jeune Garçon

R. LAUNAY

FAYE

Madeleine ROBUR

RONCEY

GAUDEL

une Pensionnaire

LEMERCIER

JULLIOT

JULLIOT

JULLIOT

JULLIOT

 

 

 

 

 

 

Daniello

Adolphe MARÉCHAL

Léon BEYLE

Léon BEYLE

Léon BEYLE

L. ARNOULT

Giorgio d’Ast

J. PÉRIER

FRANCELL

FRANCELL

A. BAUGÉ

J. VIEUILLE

Cardinal Cesar Sforza

André ALLARD

F. VIEUILLE

F. VIEUILLE

André ALLARD

C. GAULD

Lucagnolo

DELVOYE

DELVOYE

DELVOYE

VAURS

E. ROUSSEAU

J. Cesano

JAHN

de POUMAYRAC

de POUMAYRAC

V. PUJOL

GIVAUDAN

P. Cortez

DUTILLOY

GUILLAMAT

GUILLAMAT

H. AUDOIN

M. ENOT

Castiglione

CARBONNE

COULOMB

COULOMB

DE CREUS

DUREL

Jean Vasari

Auguste MINVIELLE

DUPOUY

PASQUIER

BELLET

GENIO

le Promoteur

GIRAUD (débuts)

L. AZÉMA

L. AZÉMA

L. AZÉMA

G. BOUVIER

Chef d’orchestre

MESSAGER

RÜHLMANN

RÜHLMANN

A. WOLFF

A. WOLFF

 

Pour la reprise du 17 septembre 1910, ajout au 4e acte d’un ballet, « la Danse des Fous », réglé par Mme MARIQUITA et dansé par Mlles Regina BADET, Staccia NAPIERKOWSKA, M. Robert QUINAULT et les dames du Corps de ballet.

 

* Costumes de Marcel Multzer. Au 4e tableau, la Danse des Fous dansé par Mlles Regina BADET, Staccia NAPIERKOWSKA, M. Robert QUINAULT, Mlles Richeaume, G. Dugué et le Corps de Ballet.

 

59 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

  

« Principaux personnages : Danielo ; Giorgio d'Ast ; le cardinal César Sforza ; Orlanda, souveraine de Bologne, dite la reine Fiammette ; mère Agramante ; Chiarina, suivante.

La scène se passe à Bologne au XVIe siècle.

Un drame de passion et de sang, tout empreint du souffle romantique, et habillé d'images somptueuses et de rimes étincelantes par un vrai poète. Le poème en est parfois si beau qu'on se prend à regretter qu'on l'ait choisi pour le dissimuler sous une musique, si parfaite soit-elle.

Il s'agit de la sombre trame ourdie par le cardinal César Sforza, neveu du pape, contre Orlanda, la reine Fiammette, pour la dépouiller de ses Etats et en arrondir le domaine du Saint-Siège. Orlanda a pour consort un aventurier, le bâtard Giorgio d'Ast, qui aspire au pouvoir suprême et se contentera du rôle d'homme de paille du souverain pontife, en régnant nominalement sur Bologne. Pour obtenir ce résultat, César Sforza a spéculé sur le fanatisme d'un jeune franciscain, Danielo, qui s'engage à frapper Orlanda parce qu'elle est soi-disant acquise aux doctrines de Luther, puis pour une raison personnelle aussi, le cardinal lui ayant fait accroire que la reine fit périr son frère, après en avoir fait son amant.

Du personnage de Fiammette, Catulle Mendès a fait une créature charmante, insouciante et folle, vivant innocemment et sans méchanceté, pour le plaisir et pour l'amour. Danielo aime Fiammette sans la connaître, sous le nom d'Helena, ignorant qu'elle est la reine.

Le premier acte situe l'action dans le temps et dans l'espace. C'est un chapelet de scènes épisodiques, bien caractéristiques de la Renaissance italienne, qui se déroule autour de l'exposition. Dans une hôtellerie, sur les bords du Reno, rendez-vous d'aventures galantes, où défilent jeunes seigneurs et belles dames, nous apprenons qu'est descendu un jeune franciscain, Danielo, lequel a rendez-vous avec le cardinal Sforza, dont il doit recevoir une mission secrète. Le cardinal arrive, déguisé en pèlerin. Il a d'abord une entrevue avec Giorgio d'Ast, le mari de la reine, et offre à cet homme de rien, que la reine, par caprice, a élevé jusqu'à sa couche, le trône de sa femme, au nom du pape. Giorgio hésite, car pour que se réalise ce rêve, il faut que Fiammette disparaisse. et s'il n'aime pas sa femme, il répugne à un assassinat. Mais l'ambition triomphe vite du sentiment, et Giorgio tranquillise sa conscience en se disant que, du moins, il ne trempera pas personnellement dans le crime.

Le cardinal entreprend alors Danielo. Celui-ci est prêt à tout pour obéir à l'Eglise. Il recule toutefois quand il apprend qu'il s'agit de tuer une femme. Et il n'en cache pas la raison : il aime. C'est alors que pour triompher de ses scrupules, Sforza lui affirme que Fiammette fut la meurtrière de son frère, de ce frère qu'il aimait par dessus tout et qui lui fut mystérieusement enlevé pendant son sommeil. Donc, Danielo frappera. Et Giorgio sera roi.

Orlanda a eu fantaisie d'une retraite au couvent des Clarisses, à quelque distance de Bologne, et c'est là que nous la trouvons au second acte, entourée de nonnains peu austères, auxquelles elle donne des leçons de « gai sçavoir ». Surprise en cette occupation par la supérieure, mère Agramante, elle s'amuse à scandaliser cette personne prude en lui révélant qu'un homme entre au couvent en secret. Cet homme, elle le lui fait voir : c'est Danielo, et il vient pour elle, qu'il connaît sous le nom d'Helena. Mère Agramante s'éloigne, suffoquée.

Les amants sont seuls, mais Danielo est tragique et préoccupé : ne doit-il pas dans cinq jours tuer, et tuer une reine ! Orlanda a bien de la peine à lui faire oublier ses noires pensées, mais elle y parvient à force de caresses, sans pouvoir cependant lui arracher son secret.

La scène change et nous sommes dans la chambre d'Orlanda, où, sur un grand lit défait, reposent les amoureux. Danielo dort. Un cauchemar le réveille en sursaut : le jour fatal a lui, c'est aujourd'hui qu'il doit s'acquitter de sa mission de sang. Mais, épuisé, il succombe bientôt de nouveau au sommeil.

Pendant qu'il dort, arrive une des galantes filles du premier acte, qui a surpris le secret de la conspiration ourdie contre la reine, et qui vient l'en avertir. A sa stupeur, elle reconnaît en Danielo l'homme chargé du meurtre. Affolée, Fiammette songe tout d'abord à tuer son amant, qu'elle accuse de trahison ; puis elle s'avise qu'il ne connaît pas sa victime. Et quand l'ami s'éveille enfin, et part, c'est elle qui lui tend le poignard dont il doit la percer. Puis, gaîment, elle ordonne le départ pour la cour. Et lorsque Chiarina lui demande pourquoi elle est si pressée de se rendre là-bas : « Pour être assassinée ! » répond-elle en un éclat de rire.

Le troisième acte se déroule dans les jardins du palais. La folie y règne en maîtresse et la reine ne trahit aucun trouble au milieu des apprêts du crime qui se font autour d'elle. Son mari a un éclair de remords et voudrait l'avertir. Elle le cingle de son mépris et cette velléité s'éteint : que Fiammette marche à sa destinée !

Les conspirateurs approchent. Danielo avance sans voir, le poignard à la main. Orlanda le laisse venir tout près ; puis, quand le poignard est levé, elle se retourne et le malheureux recule, épouvanté. La reine ordonne qu'on le laisse échapper ; mais le cardinal veille et fait arrêter le meurtrier. Il a compris : son premier plan a échoué ; mais puisque Orlanda aime, il réussira autrement.

La scène change et nous nous trouvons transportés dans un appartement de la reine. Orlanda vient d'apprendre que le cardinal a déféré Danielo au tribunal des Franciscains. Un arrêt de mort est certain. Paraît alors Giorgio d'Ast, qui met à la malheureuse le marché en mains : qu'elle abdique et son amant aura la vie sauve. C'est la nouvelle combinaison du cardinal. Elle signe le parchemin qu'on lui tend. Danielo sera sauvé ; mais elle n'a pas prévu qu'en achetant sa grâce elle signait son propre arrêt de mort. Au baisser du rideau, le cardinal désigne d'un geste celle qui n'est plus reine au Promoteur des Franciscains.

Au quatrième acte, nous revoyons le décor du deuxième : le couvent des Clarisses, mais transformé en prison. Fiammette y est captive et, au lever du rideau, elle entend la sentence qui la condamne comme hérétique à périr par la hache. Comme elle se désespère, la fidèle Chiarina lui annonce la visite de Danielo, devenu prêtre, et qui vient pour l'entendre en confession et l'absoudre. Elle lui parle d'amour, il veut partir. Pour le garder auprès d'elle, elle consent à se confesser. C'est ainsi qu'il apprend que le cardinal a menti et qu'Orlanda est innocente du meurtre de ce frère chéri, dont on l'avait accusée. Au comble de l'indignation, Danielo se retourne avec rage contre le perfide calomniateur ; mais que faire, car la fuite est impossible ! Et déjà tinte le glas des morts. Le fond de la scène s'ouvre et laisse deviner l'échafaud. Sforza arrive, entouré de l'appareil lugubre de la justice.

Fou de rage, Danielo s'empare en cachette d'une hache, s'élance et frappe le cardinal. Il manque son coup, et ce geste il va le payer de sa vie. S'il ne peut sauver Fiammette, du moins mourra-t-il avec elle. Et, tendrement enlacés, les deux amants marchent vers le billot. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Est-ce par esprit de protestation contre l'Opérette que Catulle Mendès, qui en fut l'ennemi juré, fit broder une partition sur le poème éminemment dramatique de la Reine Fiammette, où il avait, cependant, bien suffisamment prodigué les trésors d'harmonie de son verbe lyrique ? L'œuvre avait tout d'abord été représentée, sans grands frais, au Théâtre-Libre, direction Antoine, en 1889... « Ah, s'il y avait là de la musique ! » s'était écrié Francisque Sarcey. D'autant plus que c'est au ténor Capoul que (malencontreusement d'ailleurs) fut distribué le principal rôle masculin. Paul Vidal se chargea d'une orchestration scénique. Depuis, l'auteur de Scarron tint absolument à ce que le conte passionnel qu'il avait conçu fût interprété « en musique ». Il en cisela les rimes, suivant sa poétique si spéciale, et confia le livret, créé à l'Opéra-Comique le 23 décembre 1903, au compositeur. Xavier-Henri-Napoléon Leroux qui malgré son nom — ses noms — bien français, natif des Etats du pape, présentait cet avantage d'être le compatriote de ses romantiques héros.

 

***

 

Ceux-ci s'agitent en pleine Renaissance italienne. Des personnages renouvelés du Décaméron entretiennent commerce de galanterie dans une hôtellerie de Bologne. A l'écart, rêve, inquiet, un moine franciscain : Danielo, qui a rendez-vous avec le cardinal César Sforza, neveu du pape. Le cardinal ourdit un ténébreux complot : les Etats bolonais appartiennent à la belle Orlanda, surnommée « la reine Fiammette » — la « petite flamme » — en raison de son exubérante gaieté. La reine a épousé Giorgio d'Ast, aventurier bâtard ; il n'a que le titre de prince consort. Dans le but de détrôner Orlanda, au profit du Saint-Siège, qui convoite ses domaines, César Sforza va convaincre ce misérable de l'intérêt qu'il peut avoir à se débarrasser de sa femme pour demeurer seul souverain de Bologne — et à se contenter de régner sous l'autorité du pape, lequel assumerait le fardeau du pouvoir en lui abandonnant tous les honneurs. Le meurtre de la reine Fiammette est donc résolu en principe — après quelques hésitations de la part de l'aventurier, dont l'ambition ne tarde pas à étouffer les scrupules. Il ne s'agit plus que de trouver un assassin. Danielo a été choisi. Déguisé en pèlerin, le cardinal l'aborde et lui donne l'ordre de frapper au nom de la raison d'Etat. Il fait appel au fanatisme du moine en lui représentant la reine comme une luthérienne — et, pour achever de le décider, il lui dénonce Orlanda comme responsable de la disparition d'un frère qu'il adorait et qu'elle aurait fait occire, n'en voulant plus pour amant, à la manière de Marguerite de Bourgogne, toujours comme dans La Tour de Nesle !... Autant de criminelles calomnies... Mais Sforza n'y regarde pas de si près ; et son machiavélisme est couronné de succès : Danielo ne respire plus que vengeance.

Selon les pures traditions du romantisme, Danielo doit être amoureux de la femme qu'il a juré d'immoler, tout en ignorant son identité, tel Andréas, dans la Théodora de Victorien Sardou — Fiammette n'est connue de lui que sous le nom d'Héléna. La petite reine, habituellement tout à la joie de vivre, fait pour le moment une retraite dans un de ces couvents mondains qui florissaient à l'époque et ne passaient point pour des modèles de discipline farouche. Ce n'est pas la faute de la supérieure, Mère Agramante, que la fantasque pénitente se divertit à choquer. Elle va jusqu'à introduire son amant Danielo dans le monastère, mais elle réussit difficilement à dissiper la sombre mélancolie qui s'est emparée de lui.
Le jour approche où le conspirateur doit tenir son serment funeste. Il a passé la nuit dans les bras de sa maîtresse et s'est endormi, accablé. Pendant qu'il repose, une femme, qui a surpris le secret du complot dirigé contre la reine, vient prévenir celle-ci... et elle reconnaît en Danielo l'homme chargé d'exécuter l'ordre sanglant du cardinal. Orlanda s'épouvante. Que faire ? Echapper au danger immédiat en faisant périr le traître ?... Mais Danielo ne sait pas que celle qu'il aime est précisément la victime que l'on désignait à ses coups. Il s'éveille... Fiammette lui tend un poignard, le laisse partir, et, dans un joli mouvement de défi, se rend bravement à la cour afin de courir jusqu'au bout cette périlleuse aventure.
Une fête galante réunit les courtisans dans les jardins du palais. La reine Fiammette s'y ébat, rayonnante de grâce, d'insouciance et d'entrain juvéniles. Son sinistre époux, au contraire, est la proie des remords ; il tente de s'en libérer en avouant tout à la jeune femme — qui l'arrête dédaigneusement. Cependant, la mort est en marche et Danielo surgit, brandissant un stylet... qu'il laisse tout à coup tomber, en poussant un cri de folie : la reine le regarde : il a reconnu sa maîtresse, l'amoureuse Héléna dans cette Orlanda maudite. On l'entoure, on le saisit. Vainement Fiammette cherche à le sauver : le terrible cardinal Sforza, qui veille et qui dirige tout, voyant le coup manqué, s'occupe déjà d'un autre plan diabolique : il s'agit de donner le choix à l'infortunée souveraine entre l'abdication et la condamnation de son Danielo. Fiammette n'hésite point : elle signe l'acte qui la découronne... sans réfléchir qu'en perdant le pouvoir elle se livre sans défense à ses ennemis acharnés, qui vont exploiter contre elle l'accusation d'hérésie.

Dans le couvent des Clarisses qui l'a connue si heureuse, la petite reine dépossédée se voit emprisonnée et déjà marquée pour le supplice... Danielo, qui a prononcé les vœux définitifs, vient entendre sa confession. Mais elle ne veut tout d'abord lui parler que de son amour : il la repousse avec horreur, la considérant toujours comme la meurtrière de son frère. Orlanda n'a pas de peine à lui prouver son innocence. Une généreuse fureur arme le bras du jeune prêtre contre le perfide Sforza. Lorsque arrivent les gens de justice, il se précipite sur la hache de l'exécuteur et en frappe le cardinal. Immédiatement arrêté, Danielo ne sera plus séparé de Fiammette ; il aura la consolation de partager son sort et d'expirer avec elle — leurs deux têtes tranchées unies dans un dernier baiser. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

REINE INDIGO (LA)

 

[Indigo und die vierzig Räuber]

Opéra bouffe autrichien en trois actes, livret de Maximilian Steiner, d’après Ali Baba et les quarante voleurs, conte extrait des Mille et une nuits, musique de Johann Strauss II.

 

Personnages : Janio (ténor) ; Indigo (ténor) ; Ali Baba (ténor) ; Romadour (baryton) ; Fantasca (soprano) ; Piastrella (soprano) ; Empress (soprano).

 

Première représentation à Vienne, Theater an der Wien, le 10 février 1871, avec Albin Swoboda (Janio), Carl Matthias Rott (Indigo), Jani Szika (Ali Baba), Carl Adolf Friese (Romadour).

 

Représenté au théâtre de la Renaissance, le 27 avril 1875, dans la version française d’Adolphe Jaime et Victor Wilder, mise en scène de Paul Callais, avec Mmes Zulma Bouffar (Fantasca) ; Alphonsine (la reine Indigo) ; Félix Puget (Janio) ; Vauthier (Romadour) ; Daniel (Babazouk).

 

Représentation au Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 04 juillet 1878.

 

« Cet ouvrage a été d'abord représenté à Vienne sous ce titre : Indigo ou les Quarante voleurs. Le livret est une suite de scènes décousues où le grotesque le dispute à l'absurde. Fantasca et son fiancé Janio ont quitté les rives du Danube bleu pour celles de l'Euphrate. La femme du sultan, nommée Indigo, vient de succéder à son mari défunt. Elle vend les trente-trois femmes du sérail, parmi lesquelles se trouve Fantasca. Elle veut épouser Janio ; celui-ci parvient à déjouer la passion de cette reine et à s'enfuir avec sa maîtresse. M. Johann Strauss, qui est un excellent musicien, a déployé un talent remarquable dans cette partition qui se distingue surtout par la variété des rythmes, la richesse de l'harmonie et les combinaisons des effets de l'instrumentation. Je signalerai dans le premier acte le chœur des Bayadères, le terzetto valse : Quel sombre et noir présage, et plusieurs phrases du finale ; dans le deuxième, les couplets du Merle blanc, la valse brindisi : O flamme enivrante ; dans le troisième, la scène du marchand d'esclaves, le chœur des femmes : Maître drôle ; la tyrolienne chantée par Fantasca et le chœur valse : Danube d'azur. On ne peut se défendre d'un sentiment de tristesse en voyant l'art musical prostitué à des turpitudes et à des enfantillages qui dépassent tout ce que M. Offenbach a semé dans ses ouvrages.

Il est difficile de comprendre que le public puisse trouver amusants des morceaux dans lesquels on chante sur une musique fort bien faite : Ah ! que j'étais bête, bête, bête, bête, bête ; Notre affaire est sûre, sûre, sûre, sûre ; La chose est faite, faite, faite, etc., etc. En se rappelant le refrain de la Belle Hélène, ce roi barbu qui s'avance, bu qui s'avance, on pense à la fable de l'Âne et le Petit Chien.

Cet ouvrage a obtenu un très grand succès. Signe des temps ! »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

REINE JEANNE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d’Hippolyte Monpou et Luigi Bordèse. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 octobre 1840 avec Mmes Eugénie Garcia (Jeanne), Célestine Darcier (Pepa), MM. Botelli (de Tarente), Honoré Grignon (Durazzo), Mocker (Lillo), Emon (d'Urbino), Daudé (Pietro).

 

La scène se passe à Naples. La reine est détrônée par ses sujets, excités à la révolte par le prince Durazzo. Jeanne se déguise en bohémienne et oppose à son ennemi un aventurier nommé Lillo, dont elle fait un prétendant. A la faveur des troubles nouveaux qu'elle suscite, de concert avec le duc de Tarente, elle remonte sur le trône de Naples. La musique de cet opéra, faite en collaboration, tient nécessairement du pastiche. Jamais deux compositeurs travaillant ensemble n'ont montré des qualités plus opposées. Aux accents heurtés et inégaux de Monpou succèdent les mélodies faciles et dans le goût italien de Bordèse. Cependant, malgré ce défaut d'unité, l'ouvrage a été bien accueilli. Au premier acte, on a remarqué le boléro, et au second un trio très bien traité. Mme Eugénie Garcia a eu du succès dans le rôle de Jeanne. Les autres personnages ont été représentés par Botelli, Mocker, Honoré Grignon, Daudé et Mlle Darcier.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

REINE JOYEUSE (LA)

 

Opérette, livret d'André Barde, musique de Charles Cuvillier. Nouvelle version de la Reine s'amuse des mêmes auteurs.

Représentée à Paris, théâtre de l'Apollo, le 08 novembre 1918, décors et costumes de Léon Bakst, orchestre dirigé par Fernand Malet, avec Mmes Jane Marnac, Juliette Darcourt, Florelle, MM. Albert Brasseur, Fernand Frey, Aimé Simon-Girard.

 

 

REINE MOZAB (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Carré, musique de Jules Duprato, publié dans le Magasin des demoiselles en 1859. => partition

 

 

REINE S'AMUSE (LA)

 

Opérette en cinq tableaux, livret d'André Barde, musique de Charles Cuvillier. Remaniée en 1918 sous le titre de la Reine joyeuse.

Représentée à Marseille, théâtre des Variétés, le 31 décembre 1912 avec Mlle Angèle Gril, MM. Sulbac, Armand Franck, Fabert, Fernal, Kerny, orchestre dirigé par P. Barachin.

Reprise à Lyon, Théâtre des Célestins, le 20 janvier 1913, avec Mlles Angèle Gril, Mary-Hett, MM. Raoul Villot, Armand Franck.

Première à Paris, Olympia, le 06 février 1913, avec Mlles Angèle Gril, Régine Flory, MM. Polin, Dorville, Morton, Maxime Capoul, orchestre dirigé par Paul Letombe.

 

 

REINE TOINON (LA) ou LA LAITIÈRE DE TRIANON

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Jacques Ferny, musique d’Anacharsis Prestrau, représenté au Théâtre des Arts, à Rouen, en 1886. Cet ouvrage, traduit en italien par M. Enrico Golisciani, a été représenté ensuite à Naples, au théâtre Sannazzaro, le 18 avril 1890.

 

 

REINE TOPAZE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Lockroy et Léon Battu, musique de Victor Massé, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 27 décembre 1856, avec Mmes Caroline Miolan-Carvalho (Topaze), Irma Sophie Pannetrat (comtesse Filomele), Caroline Vadé (une Hôtelière), MM. Monjauze (capitaine Rafaël), Meillet (Annibal Barbiano), Mathieu Emile Balanqué (Francatrippa), Désiré Fromant (Fritellino), Serène (Zeno), Joseph-Adolphe Lesage (Gritti), Beaucé (Lorédano), Auguste Legrand (Manfredi), Louis Joseph Cabel (Bembo).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 2 en 1856, 113 en 1857, 7 en 1858, 9 en 1860, 17 en 1864, 7 en 1865, 15 en 1866.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 17 octobre 1864 avec Mmes Meyer-Boulart (Topaze), Dubarry (comtesse Filomele), MM. Jourdan (capitaine Rafaël), Barré (Annibal Barbiano), Danglès (Fritellino), Mengal (Francatrippa).

 

« Topaze est une jeune fille qui a été enlevée tout enfant à ses parents, nobles et riches patriciens de Venise. Elle est devenue la reine en quelque sorte d'une troupe de bohémiens. Elle aime un jeune capitaine nommé Rafaël, et, par ses manœuvres aussi hardies qu'originales, elle parvient à détacher celui-ci d'une grande dame de Vicence qu'il doit épouser, et à lui faire partager son amour. Rafael doit hésiter d'autant moins que le secret de la naissance de Topaze lui a été révélé par deux bohémiens dans un moment d'ivresse. La partition se compose d'un grand nombre de morceaux parmi lesquels on en distingue cinq qui ont particulièrement fixé l'attention, soit par leur mérite intrinsèque, soit par la brillante exécution de Mme Miolan-Carvalho, qui a déployé dans le rôle de la reine Topaze toutes les merveilles de son organisation vocale et de son talent. L'ouverture a une sonorité étrange, bien appropriée à une action qui doit se passer au milieu d'une tribu de bohémiens. Le motif du petit sextuor : Nous sommes six seigneurs, est une belle inspiration. L'air de l'abeille, indépendamment de la mélodie, qui est gracieuse, est accompagné ingénieusement par un trémolo de violons à l'aigu ; l'effet de ce procédé est charmant. Le boléro, déjà entendu dans l'orchestre, est chargé de vocalises qui ont été une nouvelle occasion de triomphe pour la cantatrice. On a intercalé dans le second acte de l'ouvrage l'air du Carnaval de Venise, avec les variations de Paganini. Mme Carvalho les a exécutées avec une facilité, une ténuité de sons, une finesse de détails tout à fait extraordinaires. Enfin, au troisième acte, il y a un trio scénique bien réussi, entre Annibal et les deux bohémiens. Le titre de cet ouvrage est inséparable du nom de l'artiste créateur, Mme Carvalho. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Mme Carvalho obtint un grand succès de vocaliste en chantant des variations sur « le Carnaval de Venise ». Pour le dire en passant, cet air célèbre est du siècle dernier ; son auteur s'appelait Cifolello, aussi fut-il connu longtemps sous le nom de « la Cifolella ». Il n'a pris son titre actuel qu'après avoir été intercalé, en 1816, par Persuis et Kreutzer dans leur ballet du Carnaval de Venise. M. Victor Massé, que nous rencontrons pour la première fois au Théâtre-Lyrique, est un des derniers adeptes de la religion mélodique comprise dans toute son orthodoxie ; il croit et il pratique. L'auteur applaudi de Galatée et des Noces de Jeannette avait obtenu le prix de Rome en 1844. Il siège aujourd'hui à l'Institut dans ce fauteuil n° 3 qui est comme un talisman pour procurer la longévité à ses titulaires. En effet, depuis 1795, il n'a encore été occupé que par Gossec, qui est mort à quatre-vingt-seize ans, et par Auber, qui y a vécu en bonne santé jusqu'à sa quatre-vingt-dixième année. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

REÎTRE (LE)

 

Opéra-comique, livret d’André Thomas et Marcel Lerouge, musique de Charles Mêlant, représenté à Namur, en décembre 1890.

 

 

RELIGIEUSE DANOISE (LA) ou LA COMMUNAUTÉ DE COPENHAGUE

 

Opéra-comique en trois actes, musique de L.-E. Jadin, représenté au théâtre Montansier en 1791.

 

 

REMPLAÇANT (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Alfred Bayard, d’après le Mouchoir bleu, nouvelle de Bocquet, musique d’Alexandre Batton. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 11 août 1837, avec Mme Jenny Colon (Marie), MM. Couderc (Pichot), Alphonse Révial (Georges).

 

« Le poème offre des détails choquants d'invraisemblance et de mauvais goût. La musique est bien faite, mais dépourvue de mélodie. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

REMPLAÇANT (LE)

 

Opérette en un acte, paroles et musique d’Edmond Deparis, représentée à Dieppe le 13 septembre 1874.

 

 

REMPLAÇANTE (LA)

 

Saynète en un acte, paroles de M. Delaly, musique de MM. Berger, d'Hardelot et Paul Fauchey, représentée au théâtre des Capucines le 22 décembre 1902.

 

 

RENARD CHEZ LES POULES (LE)

 

Opérette en trois actes, livret d'André Mouézy-Eon et Alfred Machard, musique de Tiarko Richepin, créée à Paris, Théâtre Michel le 31 janvier 1929, avec Mmes Marguerite Deval (Mme Touplain Genty), Alice Prinsse (Mireille), Germaine Sergys (Jeanne Bertot), Mireille (Titi Bobêche) ; MM. Henri Defreyn (Raymond Pourville), André Berley (Touplain Genty), Henry Prestat (M. Bobêche).

 

"Le jeune professeur Raymond Pourville, fiancé à une surveillante de pensionnat Mireille trouble tous les cœurs des pensionnaires, et même celui de la directrice, Mme Touplain. Le deuxième acte se passe dans le dortoir, non sans quiproquos ; mais tout se terminera bien entendu par le mariage projeté. Musique aimable et abondamment venue, fort joliment instrumentée."

(Larousse Mensuel Illustré, mars 1929)

 

 

RENAUD

 

Tragédie lyrique en trois actes, livret de Jean Joseph Lebœuf, d’après le livret d’Armida (1772) de Giovanni di Gamerra (1742-1803), inspiré par la Jérusalem délivrée du Tasse, musique d’Antonio Maria Sacchini. C’est la version définitive d’une œuvre représentée à Milan en 1772 sous le titre d’Armida, et à Londres en 1780 sous le titre de Rinaldo.

 

Personnages : Renaud, prince croisé, amant d’Armide ; Armide, princesse de Damas, amante de Renaud ; Hidraot, roi de Damas et père d’Armide ; Adraste, roi Indien, amant d’Armide ; Tissapherne, souverain de Cilicie, amant d’Armide ; Chevaliers sarrasins ; Rois et chevaliers, ligués ou tributaires ; Mélisse, confidente d’Armide ; Doris, confidente d’Armide ; Iphise, confidente d’Armide ; Antiope, commandant des Amazones ; Arcas, capitaine des gardes d’Hidraot ; une Nymphe ; Euménides ; Démons qu’on ne voit point ; Troupes de guerriers Sarrasins et Croisés ; Pindore, héraut d’armes sarrasin ; Haridée, héraut d’armes français ; Soldats de diverses nations ; Amants et amantes de la suite d’Armide ; Bergers et pâtres des deux sexes, des environs d’Ascalon ; Troupes des Génies, de la suite d’Armide, sous forme des Ris, Jeux et Plaisirs.

 

La scène est proche des murs de la ville d’Ascalon.

 

Représentée à l'Académie royale de musique le vendredi 28 février 1783.

 

« Comme nous l'avons vu plus haut, le sujet de cet opéra avait été traité par Pellegrin en 1722, et il fait suite à celui de Quinault. L'héroïne de la Jérusalem délivrée régnait sur la scène lyrique depuis un siècle, car la première représentation de l'Armide de Lully eut lieu en 1686. Gluck avait donné un nouvel éclat aux attraits de l'enchanteresse. Sacchini eut tort de s'attaquer à des souvenirs aussi récents. Ce n'est pas que sa partition de Renaud ne renferme de grandes beautés ; mais le ton uniforme de son style, la majestueuse régularité de ses périodes n'étaient pas de nature à éterniser l'intérêt d'un sujet que le succès même avait affaibli. Il était réservé au génie de Rossini d'évoquer trente ans plus tard cette grande ombre dramatique, et encore il n'a pu lui rendre qu'une courte existence. Nous signalerons néanmoins les principaux fragments de la partition de Renaud. La première scène nous offre deux chœurs assez beaux, le chœur des rois et un ensemble ; la quatrième, l'air de Renaud : Déjà la trompette guerrière ; nous ferons observer que ce rôle est écrit pour une voix de haute-contre et dans un registre plus élevé encore que celui d'Orphée, dans la partition transposée par Gluck à l'usage du chanteur Legros. La scène sixième est remplie par la marche des Amazones et des Circassiennes, entrecoupée par l'air d'Antiope, écrit également dans un diapason très élevé. L'orchestration de tout l'ouvrage est encore fort simple. Elle se compose des instruments suivants : deux parties de cors et trompettes, deux flûtes, deux hautbois, premiers violons, deuxièmes violons, une partie pour les violes, bassons et basses, timbales. Le chœur : Régnez, triomphez, belle Armide, est d'un bel effet et termine le premier acte. Le deuxième acte, qui est le plus beau, débute par un quatuor délicieux de soprani : Vous triomphez, belle Princesse ; toutes les parties sont écrites sur la clef d'ut première ligne, et, quoique la voix la plus grave ne descende pas au-dessous du , l'intérêt se soutient constamment. Après le duo entre Renaud et Armide, nous remarquons un des airs les plus touchants, les plus pathétiques qu'on puisse entendre : Barbare amour, tyran des cœurs ; l'accompagnement est d'une suavité exquise. La réduction au piano qu'on en a faite dans quelques recueils ne peut donner une idée de l'effet qu'un tel air produirait au théâtre avec l'orchestre. Nous passons rapidement sur les scènes d'évocations et sur les chants guerriers qui terminent le second acte, pour appeler l'attention des amateurs sur le finale de cet opéra. A partir de l'andante grazioso en , chanté par Armide : Et comment veux-tu que je vive ? jusqu'à la chute du rideau, la musique est ravissante. L'orchestre y tient la plus grande place à cause de la magnificence du spectacle qui représente un palais enchanté, et sans doute la pantomime des génies. Nous nous sommes étendu sur les mérites de cette partition, parce que les trois Armide de Lulli, de Gluck et de Rossini ont, dans l'Armide de Sacchini, non pas une rivale, mais une sœur trop longtemps oubliée. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Framery a mis des paroles sur les morceaux de l'Armida que Sacchini transporta dans sa partition française.

Mlle Levasseur, chargée du rôle d'Armide, ne chanta que quatre fois cet opéra ; Mme Saint-Huberti prit sa place à la 5e représentation et y obtint un éclatant succès. La belle Mlle Maillard fit ses débuts à l'Académie dans le rôle d'Antiope. Les autres interprètes étaient : Legros (Renaud), Lays (Hidraot), Chéron, Moreau, Lainé, Rousseau et Chenard; Mlles Joinville, Châteauvieux, Gavaudan et Lebœuf.

Reprise : 1802. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

RENAUD

 

Drame lyrique en un acte, poème de M. de Thémines-Lauzières, musique de Gilbert Desroches (pseudonyme de la baronne Legoux), représenté à Boulogne-sur-Mer le 08 septembre 1888.

 

« Cet ouvrage était une nouvelle mise à la scène de l'épisode célèbre des amours de Renaud et Armide dans la Gerusalemme liberata. Il avait été écrit en vue du concours Rossini et présenté en effet par le compositeur à l'Académie des beaux-arts, mais sans succès. Mme la baronne Legoux, morte aujourd'hui, était une femme fort distinguée mais une musicienne médiocre, qui avait adopté le pseudonyme de Gilbert Desroches, sous lequel elle fit des efforts inouïs pour se présenter devant le grand public sans jamais y pouvoir parvenir. Après avoir fait jouer son Renaud, sous la forme dramatique, à Boulogne-sur-Mer, elle en fit exécuter divers morceaux, sous forme de concert, à l'une des intéressantes séances de l'Association artistique d'Angers (1892), si fâcheusement disparue depuis lors. Dans l'un comme dans l'autre cas, l'œuvre resta médiocre, sans couleur et sans flamme. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

RENAUD ou LA SUITE D'ARMIDE

 

Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de l'abbé Pellegrin, sous le nom du chevalier, son frère, musique de Desmarets, représentée par l'Académie royale de musique le 05 mars 1722.

 

« A cette époque l'Opéra comptait des pensionnaires renommés à cause de leur talent : Thévenard, Tribou, Dun, Lemire, Chassé et Mlles Antier, Lemaure, Eremans, Tulou , etc. Les personnages principaux de cette tragédie sont les mêmes que dans les Armide de Lully et de Gluck, c'est-à-dire Armide, Adraste, Renaud et Hidraot ; mais c'est la seule analogie à constater. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Parmi les interprètes de cet opéra, qui ne fut pas bien accueilli, on remarque les noms de Mlles Eremans et Antier cadette, de Tribou et de Chassé.

Dès le carnaval de 1705, il y avait eu des répétitions de Renaud au Palais-Royal. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

RENAUD D'ARLES

 

Drame lyrique en cinq actes et six tableaux paroles de Louis de Fourcaud, musique de Noël Desjoyeaux, représenté sur le théâtre de Monte-Carlo le 31 mars 1900. Le sujet, très dramatique, assez singulier, est celui-ci. Le vieux roi d'Arles a eu le tort d'épouser en secondes noces une jeune fille, la reine Guibel, qui n'a pas tardé à prendre pour amant le chevalier Renaud, dont l'âge est plus proche du sien et qui, cependant, veut bientôt briser cette chaîne criminelle, d'autant qu'il est devenu amoureux de la belle Juliane, fille du premier mariage du roi. Voici qu'Arles-la-Grande, attaquée par les Sarrasins, est en grand danger. Renaud se met à la tête de la jeunesse de la ville, combat héroïquement et sauve la cité. Le roi, pour récompense, lui donne un titre et la main de sa fille. Guibel alors, furieuse, fait connaître publiquement son déshonneur, dont Renaud est le complice, et le roi, écrasé par cette révélation, chasse les deux coupables. Pour se venger, Guibel ne trouve rien de mieux que de rappeler par trahison les Sarrasins qui, pour la seconde fois, se présentent devant la ville. C'est alors que Renaud surgit de nouveau, sauve Arles définitivement par des prodiges de vaillance, obtient du roi son pardon et s'unit enfin à Juliane. Mais tout n'est pas fini, Guibel, dont la fureur ne connaît plus de bornes, pénètre dans le palais pendant la fête nuptiale pour frapper celui qui fut son amant et, se trompant (!), tue le roi, après quoi elle se poignarde elle-même. Le chevalier Renaud, l'époux de Juliane, deviendra roi d'Arles. Sur ce livret un peu étrange, le compositeur a écrit une musique conçue dans la pure doctrine wagnérienne, une musique lourde, surabondante en leitmotive, fertile en longueurs excessives, manquant de mouvement et s'attardant trop facilement aux récits inutiles. On a signalé pourtant dans la partition quelques pages intéressantes, mais qui sont noyées dans des développements intempestifs. L'ouvrage avait pour interprètes MM. Ibos (Renaud) et Daraux (le Roi), Mmes Renée Vidal (Guibel) et Lafargue (Juliane).

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

RENAUD D'AST

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Pierre-René Lemonnier, musique de Jean-Claude Trial et Pierre Vachon. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 12 octobre 1765.

 

 

RENAUD D'AST

 

Comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Pierre-Yvon Barré et Jean-Baptiste Radet, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 19 juillet 1787.

 

« Cette pièce, imitée de l'Oraison de saint Julien, conte dont La Fontaine a tiré le sujet de Boccace, a eu du succès. Plusieurs des motifs sont devenus populaires. Pendant quarante ans on a entendu chanter dans les vaudevilles l'air : Vous qui d'amoureuse aventure courez et plaisirs et dangers. La coupe facile de cette mélodie, sa banalité même, ont dû seules décider son adoption. Un air de Renaud d'Ast a joui d'une autre destinée ; ce n'est pas le théâtre qui s'en est emparé, c'est l'Eglise. Sans renouveler ici ce que nous avons dit ailleurs au sujet des cantiques sur des airs profanes (v. notre Histoire générale de la musique religieuse), nous rendons justice au goût de l'auteur inconnu de cette appropriation. L'air de l'amante de Renaud d'Ast : Comment goûter quelque repos, ah ! je n'en ai pas le courage, est un andante plein de sentiment et de mélancolie. Il aurait donc pu choisir plus mal ; mais nous l'approuvons moins d'avoir conservé le premier vers. Le cantique débute ainsi : Comment goûter quelque repos dans les tourments d'un cœur coupable. Avec les meilleures intentions du monde, les auteurs de ces cantiques causent aux musiciens doués de mémoire d'étranges distractions dans le saint lieu. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RENCONTRE EN VOYAGE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pujoulx, musique de Bruni, représenté à Feydeau le 28 avril 1798.

 

 

RENCONTRE IMPRÉVUE (LA)

 

Compliment de rentrée, livret de Louis Anseaume, musique de Nicolas Lefroid de Méreaux. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 11 avril 1774.

 

 

RENCONTRE IMPRÉVUE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’A. Larsonneur, musique de Richard Mandl, compositeur autrichien, représenté à Rouen, sur le théâtre des Arts, le 16 mars 1889. Interprètes : Mlle Wilhem et M. Amédée Sujol.

 

 

RENCONTRE IMPRÉVUE (LA) ou LES PÈLERINS DE LA MECQUE

 

[Die Pilgrine von Mekka]

Opéra-comique allemand en trois actes, livret d’après les Pèlerins de La Mecque de Lesage et d’Orneval, version française de Louis Hurtout Dancourt, musique de Christoph Willibald, chevalier von Gluck.

 

Personnages : Ali (ténor lyrique) ; Osmin (ténor bouffe) ; Maître Uberschwang (baryton) ; le Sultan d'Egypte (ténor) ; Kalender (basse) ; Rézia (soprano 1yrique coloratura) ; Balkis, servante de Rézia (alto bouffe) ; Amina (soubrette) ; Dardanea (mezzo-soprano) ; un petit rôle et deux rôles muets ; Choeur : Ballet (dans la version Arend-Rother seulement).

 

Création à Vienne, Burgtheater, le 07 janvier 1764.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 décembre 1906, dans la version française, à l'occasion d'un Gala organisé par les journalistes parisiens.

Mmes Hélène DEMELLIER (Rézia, favorite du Sultan), MIRAL (Balkis), DANGÈS (Amine), LOUVET (Dardanaé).

MM. DE LUBEZ (Ali), Georges MESMAECKER (Osmin), GHASNE (le Calender), Baron d'ESPATYS (Vertigo), VERNUDACCHI (le Sultan).

Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.

Seule représentation à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Cet ouvrage fut repris dans la même version le 08 novembre 1923 au Trianon-Lyrique par Mmes Marcelle EVRARD (Rézia), Andrée MOREAU (Balkis), MM. FORTI (Ali), Alex JOUVIN (Osmin), Max MARRIO (le Calender), Georges VILLIER (Vertigo), dans une mise en scène d’Alex JOUVIN, sous la direction de Louis MASSON.

 

« Le « Chevalier Gluck » n'a pas écrit que de grandes tragédies héroïques, mais aussi quelques petits opéras gais : l'Ivrogne corrigé, le Cadi dupé, la Rencontre imprévue, les Pèlerins de la Mecque, qui connaissent — parfois dans des théâtres de marionnettes — une intermittente faveur.

Le Prince Ali parcourt le monde, en compagnie de son fidèle serviteur Osmin, à la recherche de sa bien-aimée Rézia qui lui a été enlevée par des pirates.

Au Caire, un de ses compatriotes de Bassora, Kalender, veut le persuader de se faire derviche. Mais, entre-temps, Ali est mandé au palais du Sultan, invitation, à laquelle il ne répond du reste qu'à son corps défendant. Bien à tort, car il a le plaisir d'y retrouver Rézia, devenue l'esclave favorite du maître de ces lieux. Mais le Sultan revient inopinément à son domicile et les deux jeunes gens décident de fuir ensemble. Pour cela, ils se joignent à une caravane de pèlerins en partance pour la Mecque, qu'ils abandonnent à quelques kilomètres de la ville.

Trahis par le cupide Kalender, ils sont ramenés auprès du Sultan. Celui-ci, touché par l'inébranlable fermeté de leur attachement mutuel, leur accorde la liberté. »

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

 

RENCONTRES (LES) ou LE MÊME ROMAN

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Baptiste-Charles Vial et Mélesville, musique d’Auguste Lemière de Corvey et Giuseppe Catrufo. Création l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 11 juin 1828.

 

 

RENCONTRES SUR RENCONTRES

 

Opéra en un acte, musique de Gresnick, représenté au théâtre Montansier, à Paris, en 1799.

 

 

RENDEZ-VOUS (LE)

 

Comédie en un acte, en vers, mêlée d'ariettes, livret de Pierre Légier, musique d’Egidio Duni. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 16 novembre 1763.

 

« Les spectateurs de ce temps toléraient la musique, mais en lui imposant des limites étroites. Un critique de l'époque écrivait, à l'occasion de cette pièce : « Les ariettes en sont assez lyriques, mais peut-être d'un coloris un peu trop fort pour ce genre de spectacle. » Malgré la vivacité du coloris, la partition de Duni est demeurée dans l'ombre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RENDEZ-VOUS (LE) ou LES DEUX RUBANS

 

[ou les Rubans ou le Rendez-vous]

Opéra-comique en un acte et en vers, livret de Pierre-Germain Parisau, musique de Charles Deblois. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 11 août 1784.

 

 

RENDEZ-VOUS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Désaugiers, représenté au théâtre de Beaujolais en 1792.

 

 

RENDEZ-VOUS BIEN EMPLOYÉ (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Louis Anseaume, musique de Jean-Paul-Egide Martini. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 10 février 1774. D’après Félix Clément, la musique serait de Monsigny.

 

 

RENDEZ-VOUS BOURGEOIS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Niccolo Isouard.

 

Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 09 mai 1807.

Mmes SAINT-AUBIN (Julie), PELLET (Reine), MOREAU (Louise).

MM. JULIET (Dugravier), MOREAU (Jasmin), PAUL (Charles), LESAGE (Bertrand), Auguste HUET (César).

Chef d’orchestre : Victor LEFEBVRE.

 

Faute de documentation antérieure, les archives de la salle Favart comptent comme « première représentation » de cette œuvre, celle de la reprise du 27 janvier 1830.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 20 mai 1848 (103e représentation) :

Mmes Léocadie LEMERCIER (Julie), REVILLY (Reine), LEVASSEUR (Louise).

MM. Achille RICQUIER (Dugravier), EMON (Jasmin), PONCHARD (Charles), SAINTE-FOY (Bertrand), BUSSINE (César).

Chef d'orchestre : TILMANT.

 

La 500e à l'Opéra-Comique fut fêtée le 20 mars 1873, la pièce étant jouée en travestis, les artistes femmes interprétant les rôles d'hommes, et vice versa : Mmes REVILLY (Dugravier), REINE (Jasmin), NADAUD (Charles), DUCASSE (Bertrand), GALLI-MARIÉ (César).

MM. COPEL (Julie), SAINTE-FOY (Reine), BARNOLT (Louise).

Chef d'orchestre : DELOFFRE.

 

 

26.05.1890

Opéra-Comique

(603e)

30.12.1900

Opéra-Comique

(692e)

18.11.1915

Opéra-Comique

(727e)

14.10.1933

Opéra-Comique

(732e)

Julie

CHEVALIER

CHEVALIER

CARRIÈRE

GATINEAU

Reine

BRÉAN

VILMA

TIPHAINE

BERNADET

Louise

PIERRON

PIERRON

TAPPONNIER

PERRY

 

 

 

 

 

Dugravier

François-Antoine GRIVOT

GOURDON

FERAUD SAINT-POL

F. VIEUILLE

Jasmin

Etienne TROY

VIANNENC

BELLET

E. ROUSSEAU

Charles

Mme BERNAERT

Mlle ROLLAND

BERTHAUD

Mlle EVRARD

Bertrand

BARNOLT

Georges MESMAECKER

Georges MESMAECKER

R. HERENT

César

MARIS

André ALLARD

BOURGEOIS

J. VIEUILLE

Chef d’orchestre

J. DANBÉ

GIANNINI

E. PICHERAN

P. RENAUD

 

760 représentations officielles à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 69 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.

 

Première au Théâtre-Lyrique (alors Opéra-National, salle du Théâtre-Historique) le 17 octobre 1851 avec Mmes Guichard (Julie), Vallet (Louise), Guillard (Reine) ; MM. Honoré Grignon (Dugravier), Alexandre Neveu (Bertrand), Fosse (César), Menjaud (Charles), Ribes (Jasmin).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 21 en 1851, 21 en 1852.

 

Première au Palais Garnier le 18 mars 1899, à l'occasion d'un Gala de l'Association des Artistes dramatiques, avec la Troupe du Théâtre National de l'Opéra-Comique. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Esther CHEVALIER (Julie), PIERRON (Reine), VILMA (Louise).

MM. GOURDON (Dugravier), BERNAERT (Jasmin), THOMAS (Charles), BARNOLT (Bertrand), Michel DUFOUR (César).

Chef d'orchestre : GIANNINI

1 représentation à l’Opéra au 31.12.1961.

 

"L’acteur Neveu est un Bertrand assez plaisant, notamment par sa corpulence." (le Ménestrel, 26 octobre 1851)

 

« Cette spirituelle débauche d'un écrivain de talent eut une vogue qui ne s'est pas démentie depuis plus de cinquante ans. Le sel en est plus gaulois qu'attique. C'est, en somme, la pièce la plus amusante du théâtre d'Hoffman, et elle a fourni à Niccolo l'occasion d'écrire une partition dont tous les motifs ont une allure vive, naturelle, toute française : nous citerons particulièrement la phrase du trio :

 

Mais en amour, comme à la guerre,

Un peu de ruse est nécessaire.

 

Le quinque de la scène VI, qui a un ensemble charmant :

 

Le temps est beau, la route est belle,

La promenade est un plaisir ;

 

et les couplets de Louise : Il sait lire et compter ; ah ! c'est vraiment un talent rare. Il n'est pas jusqu'à l'ouverture des Rendez-vous bourgeois qui ne mette en gaieté et en belle humeur l'auditeur le plus refrogné. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Ce chef-d’œuvre des opéras-bouffes français fut joué pour la première fois à l'Opéra-Comique le 09 mai 1807. — Voici comment les rôles en étaient distribués au Théâtre-Lyrique [Opéra-National, 17 octobre 1851] : Dugravier, Honoré Grignon ; Bertrand, Neveu ; César, Fosse ; Charles, Horace Menjaud (fils du sociétaire de la Comédie-Française) ; Jasmin, Augustin Ribes ; Julie, Mme Adèle Guichard ; Louise, Mlle Vallet ; Reine, Mlle Guillard. — Dans le même temps, l'Opéra-Comique donnait les Rendez-vous bourgeois avec Ricquier, Dugravier ; Sainte-Foy, Bertrand ; Bussine, César ; Ponchard, Charles ; Carvalho (futur directeur du Théâtre-Lyrique), Jasmin ; Mlle Lemercier, Julie ; Mlle Decroix, Louise ; Mlle Révilly, Reine. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

RENDEZ-VOUS CLANDESTINS (LES)

 

Opérette en trois actes de Yoris d'Hansewick et Michel Carré fils, musique de Léo Pouget, créée à la Cigale le 31 mars 1926, avec Mmes Judic (Mme Lenormand), Melville (Nelly), Cazin (Marion), Bernard (Evariste) ; MM. Bouchard (Duchêne), Delangle (Amyot), Bellon (Néotold), Montagné (Revost).

 

« L'action se passe sous le Directoire. La riche Mme Lenormand veut épouser un faux marquis, tandis que le vrai marquis aspire à la main de la riche Nelly. Marquis vrai et faux sont dénoncés, emprisonnés, puis graciés grâce à l'intervention de Mme Lenormand et Nelly naturellement, et tout finit en accords parfaits. De même, la musique de M. Léo Pouget, aimable, badine et sans prétention. »

(Larousse Mensuel Illustré, mai 1926)

 

 

RENDEZ-VOUS D'AMANDINE (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Adolphe Faure, musique de M. Bar, représenté au Grand-Théâtre de Lille en février 1879.

 

 

RENDEZ-VOUS ESPAGNOLS (LES)

 

Opéra en trois actes, livret d’André-Jacques Coffin-Rony, musique d’Etienne Fay. Création au théâtre de la rue de Louvois en 1793. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 juin 1796.

 

 

RENDEZ-VOUS GALANTS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Fernand Langlé, musique de Mme de Sainte-Croix, représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l'Athénée) le 25 janvier 1873, avec Mme Caroline Girard, Mlles Enaux et Deguers.

 

 

RENDEZ-VOUS NOCTURNE (LE)

 

Opéra en un acte, musique de Jean-Paul-Egide Martini, représenté au Théâtre lyrique et comique en 1773.

 

 

RENDEZ-VOUS SUPPOSÉ (LE) ou LE SOUPER DE FAMILLE

 

Comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Jean-Baptiste Pujoulx, musique d’Henri Montan Berton. L'ouvrage avait été représenté précédemment, le 11 novembre 1788, sous forme de comédie : les Dangers de l'absence, ou le Souper de famille. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 05 août 1798 (18 thermidor an VI), avec Mmes Crétu (Mme Florville), Gavaudan (Auguste), Ribou (Julie), Hyacinthe (Lisette), MM. Louis Michu (Florville), Jean-Pierre Solié (Candor), Paulin (Ambroise), Moreau (Lafleur). => livret

 

 

RENDS-MOI CÉLESTINE

 

Opérette en un acte, paroles de Charles Cabot, musique de M. Marietti, représentée au concert de l'Eldorado en 1877.

 

 

RENÉGAT (LE)

 

Opéra, musique de M. Debillemont, représenté à Dijon en 1849.

 

 

RENÉGAT DE TANGER (LE)

 

Scène lyrique (cantate), paroles du marquis de Pastoret, musique de Victor Massé avec laquelle il obtint le Grand Prix de Rome en 1844, jouée au Théâtre de l'Opéra le 21 février 1845 avec Canaple, Octave, Mlle Dobrée.

Cet ouvrage a été gravé. Avec cette cantate qui fut chantée trois fois à l'Opéra, Renaud de Vilbac a obtenu le deuxième premier Grand Prix de Rome en 1844.

 

 

RENZA

 

Opérette en trois actes, livret de Pierre Barbier, musique de Charles Lecocq, non représentée.

 

 

REO PER AMORE (IL)

 

[en français le Coupable par amour]

Opéra italien, musique de Niedermeyer, représenté à Naples vers 1820.

 

 

RÉPERTOIRE (LE)

 

Pièce en un acte mêlée de chant, paroles d'Arnould, musique de Papavoine, représentée à l’Ambigu-Comique vers 1775.

 

 

REPRISE DE TOULON (LA)

 

Opéra, musique de Gossec, non représenté.

 

 

REPRISE DE TOULON PAR LES FRANÇAIS (LA) — Voir la Prise de Toulon par les Français.

 

 

RÉSERVISTES (LES)

 

Opérette en un acte, livret d’E. Le Roy, musique de Félix Boisson, représentée à Châlons-sur-Marne le 02 février 1888.

 

 

RÉSOLUTION INUTILE (LA) ou LES DÉGUISEMENTS AMOUREUX

 

Comédie en un acte mêlée de vaudevilles, livret de Joseph Patrat, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 18 novembre 1783.

 

 

RESSEMBLANCE SUPPOSÉE (LA)

 

Opéra-comique, musique de Vandenbrœck, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1789.

 

 

RESSOURCE COMIQUE (LA) ou LA PIÈCE À DEUX ACTEURS

 

Comédie en un acte, mêlée d'ariettes, précédée d'un prologue, livret de Louis Anseaume, musique de Nicolas Lefroid de Méreaux. Création l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 août 1772. Frontin et Lisette remplacent des acteurs vainement attendus, et jouent à deux une pièce qui a six personnages. Ce petit ouvrage, composé par l'aïeul du savant professeur de Rouen, M. Amédée Méreaux, n'est pas mentionné dans l'article biographique publié par M. Fétis.

 

 

RESSOURCES DE JACQUELINE (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henry Boisseaux, musique de Charles Poisot. Création à Paris en 1853, avec MM. Mazeau, Gavet, Mlle Marie Damoreau.

 

 

RESSUCITÉ (LE)

 

Opérette en un acte, paroles et musique de P. Martyns, représentée au concert de la Scala le 18 janvier 1867.

 

 

RÉSURRECTION

 

[Risurrezione]

Drame lyrique italien en quatre épisodes, livret de Cesare Hanau, d'après le roman de Léon Tolstoï, version française de Paul Ferrier, musique de Franco Alfano.

 

Personnages : le prince Dimitri Ivanovitch Neklioudov (ténor) ; Sofia Ivanovna, sa tante (mezzo-soprano) ; Katioucha (soprano) ; Matriona Pavlovna, gouvernante (soprano) ; Nora (soprano) ; Anna, paysanne (contralto) ; Fenitchka (mezzo-soprano) ; la Bossue (contralto) ; le Rousse (mezzo-soprano) ; Fedia, une petite fille ; Simonson (baryton) ; Kirtzlov (basse) ; Vera (mezzo-soprano) ; une vieille servante, un paysan, détenus, soldats, paysans.

 

L’action se déroule en Russie et en Sibérie, au XIXe siècle.

 

Création à Turin, Teatro Vittorio Emanuele, le 30 novembre 1904, mise en scène de Tullio Serafin, avec Elvira Magliulo (Catarina), Angelo Scandiani, Mieli, Ceseroli, sous la direction de Tullio Serafin.

 

Première en français à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, le 18 avril 1906 par Mmes Dratz-Barat (Catarina), Maubourg, Bourgeois, Paulin, Tourjane, Udellé, De Bolle, Dewin, Massart, MM. Léon David (Prince Dimitri), Jean Bourbon (Simonson), Artus.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 16 mai 1927. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Raymond Deshays et Arnaud. Costumes de Marcel Multzer.

Mmes Mary GARDEN (Catarina), Mathilde CALVET (Sofia), FERRAT (la Gouvernante), Lucienne ESTÈVE (Anna), HOLLEY (la Korablewa), Véra PEETERS (la Rouge, Véra), LEBARD (Fénitchka), Germaine CERNAY (la bossue), Andrée BERNADET (la Servante), VACCHINO (une Femme), HOLT (l'Ourse).

MM. René MAISON (Prince Dimitri), José BECKMANS (Simonson), Louis AZÉMA (le Gardien-chef), Paul PAYEN (un Paysan, un Moujik), Raymond GILLES (un Employé), Robert JYSOR (un Officier), BRUN (un Paysan), DELMAS (Krialoff).

Chef d'orchestre : MORANZONI.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 10 avril 1934 (23e représentation).

Mmes Mary GARDEN (Catarina), Aimée LECOUVREUR (Sofia), FENOYER (la Gouvernante), Andrée BERNADET (Anna), MAZZONI (la Korabléwa), DANTHON (la Rouge, Véra), LEBARD (Fénitchka), Marguerite PIFTEAU (la Bossue), GALDEMAS (une Femme, la Servante).

MM. René MAISON (Prince Dimitri), Carlton GAULD (Simonson), LIVEN (Gardien-chef), Paul PAYEN (un Paysan, un Moujik), Raymond GILLES (un Employé), Louis DUFONT (un Gardien), Gabriel JULLIA (un Officier), NEGRE (un Paysan).

Chef d'orchestre : Gustave CLOËZ.

 

27 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, 7 en 1954, soit 34 au 31.12.1972.

 

« Opéra-Comique. — La reprise, en fin de saison, de « Rédemption » du bon maître Alfano, un des doyens de la musique italienne — qui devait mourir au début de novembre — lui donne, ainsi, une de ses dernières joies. Généreuse, bien chantante, cette partition, construite sur un livret ramenant à quatre tableaux caractéristiques le célèbre roman-plaidoyer de Tolstoï, a été parfaitement mise en valeur par la grande Patricia Neway, Jobin, Michel Roux et la fougue, aussi sincère que contagieuse, de George Sebastian. »

(Jacques Feschotte, Musica, janvier 1955)

 

 

RÉSURRECTION DE CADET ROUSSELLE (LA)

 

Opéra-comique, paroles d'Hippolyte, musique de Pételard, représenté aux Délassements-Comiques en 1798.

 

 

RÉSURRECTION DE LAZARE (LA)

 

Oratorio, paroles de Charles Grandmougin et Emile Favin, musique de Raoul Pugno, exécuté à Paris, Concert-populaire, le 11 avril 1879.

 

 

RETABLE DE MAÎTRE PIERRE (LE) — Voir les Tréteaux de Maître Pierre.

 

 

RETOUR (LE)

 

Drame lyrique en deux actes, poème et musique de Max d'Ollone.

 

Créé au Théâtre Municipal d'Angers, le 13 février 1913, par :

Mme Suz. CESBRON (Blanche), MM. BECKER (le Grand-père), FRAIKIN (Jean), COLONNE (Hugues), LASSALLE (le vieux Jacques), sous la direction de l'Auteur.

 

Première fois à Paris, au Palais Garnier, le 06 juin 1919, dans une mise en scène d'Emile Merle-Forest.

Mme LUBIN (Blanche).

MM. A. GRESSE (le Grand-père), RAMBAUD (Jean), Yves NOEL (Hugues), NARÇON (le Vieux Jacques).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN

 

3e à l’Opéra, le 16 juillet 1919, avec les créateurs, sauf : Mme Alice ALLIX (Blanche) et l'Auteur au pupitre.

 

3 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

RETOUR D’ULYSSE (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Edouard Montagne, musique d’Hervé.

 

Première représentation à Paris, Délassements-Comiques, le 24 mai 1863, sous la direction du compositeur.

 

 

RETOUR D’ULYSSE (LE)

 

Opérette-bouffe en trois actes, livret de Fabrice Carré, musique de Raoul Pugno, représentée aux Bouffes-Parisiens le 01 février 1889 avec MM. Maugé, Dekernel, Schmidt, Mmes Mily-Meyer, Silly, Jeanne Thibault, Gilberte.

 

« Encore une parodie mythologique issue du genre qui donna naissance à Orphée aux Enfers et à la Belle Hélène ; mais ce genre est usé, et le public n'en veut plus entendre parler. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

RETOUR D’ULYSSE DANS SA PATRIE (LE)

 

[Il Ritorno d’Ulisse in Patria]

Opéra en un prologue et cinq actes, livret de Giacomo Badoaro, musique de Claudio Monteverdi.

 

Personnages : Giove (Jupiter) (ténor) ; Nettuno (Neptune) (basse-contre) ; Minerva (Minerve) (soprano) ; Giunone (Junon) (soprano) ; Mercurio (Mercure) (baryton) ; Ulisse (Ulysse) (baryton) ; Penelope (Pénélope), femme d’Ulisse (soprano) ; Telemaco (Télémaque), fils d’Ulisse (ténor) ; Antinoo (basse-contre), Pisandro (ténor), Anfinomo (baryton), soupirants de Pénélope ; Eurimaco, amant de Melanto (baryton) ; Melanto, suivante de Pénélope (mezzo-soprano) ; Eumete, porcher d’Ulisse (ténor) ; Iro, bouffon des soupirants (ténor bouffe) ; Ericlea, nourrice d’Ulisse (mezzo-soprano) ; Naïades, marins, sirènes et néréides.

 

Première représentation à Venise, Teatro San Cassiano, en février 1641.

 

Représenté dans une version française en trois actes et neuf tableaux de Xavier de Courville, et une adaptation musicale de Vincent d’Indy, à Paris, le 16 mai 1925, par la compagnie La Petite Scène ; mise en scène, décors et costumes de Xavier de Courville ; avec Mmes Peignot (Minerve), Claire Croiza (Pénélope), J. Pianavia [Jacqueline Casadesus] (Melanto), Mlle Richettine de Carfort (Télémaque), Mme de Boulanacy (Ericlea), MM. J. Mourier (Ulysse), M. Hébert (Antinoo), L. de La Patellière (Pisandro), P. E. Beretin (Anfinomo), A. Gaudin (Eurimaco), P. Lavallée (Eumete), J. Michaut (Iro). Cette version a été représenté sous forme de concert, à la Schola Cantorum, le 25 février 1927.

 

 

RETOUR DE JEANNE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Alexandre Bisson, musique de Charles Lenepveu (1881).

 

 

RETOUR DE L'ÂGE D'OR (LE)

 

Opéra français, musique de Mattheson, représenté à Brunswick en 1705.

 

 

RETOUR DE L'ARMÉE (LE)

 

Cantate, paroles d'Alphonse Royer, musique d'Auguste Gevaert, chantée au Théâtre de l'Opéra le 15 août 1859 avec Mmes Marie Dussy, Ribault, MM. Renard, Coulon, Dumestre.

On ne chanta cette cantate qu'à la représentation gratuite du 15 août.

 

 

RETOUR DE TENDRESSE (LE)

 

Comédie en un acte, en vers, mêlée d'ariettes, livret de Louis Anseaume, musique de Nicolas Lefroid de Méreaux. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 01 octobre 1774. Cette pièce est tirée de la Réconciliation villageoise de Poinsinet.

 

 

RETOUR DES DIEUX SUR LA TERRE (LE)

 

Opéra, musique de Colin de Blamont, écrit vers 1725.

 

 

RETOUR DES OFFICIERS (LE)

 

Comédie en un acte, en prose, avec un divertissement, paroles de Dancourt, musique de Gilliers, représentée aux Français le 19 octobre 1697. Il n'y a pas d'autre musique dans cette pièce qu'une ouverture dans le goût italien du temps, un preludio avant le divertissement et des couplets chantés pendant la kermesse.

 

 

RETOUR DU CHAMPS-DE-MARS (LE)

 

Divertissement en un acte, mêlé de vaudevilles et d'airs nouveaux, paroles et musique du Cousin-Jacques (Beffroy de Reigny), représenté au théâtre des Beaujolais en juillet 1790. Cette pièce formait la suite de la Fédération du Parnasse du même auteur, et était jouée dans la même soirée.

 

 

RETOUR DU PRINTEMPS (LE)

 

Opéra, musique de Marc-Antoine Charpentier, écrit vers 1680.

 

 

RETOUR IMPRÉVU (LE)

 

Opérette en un acte d'Hervé, représentée aux Folies-Bergère le 03 février 1870.

 

 

RETOUR INATTENDU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de François Bernard Valville, musique de Pierre Gaveaux. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 29 mars 1802.

 

 

RETOUR INATTENDU (LE) ou LE MARI REVENANT

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Monet, musique de François Foignet fils, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 10 mai 1802.

 

 

RÉUNION DU 10 AOÛT (LA) ou L’INAUGURATION DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

 

Sans-culottide dramatique en cinq actes, mêlée de déclamation, chants, danses, évolutions militaires, paroles de Moline et Bouquier, musique de Porta. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 05 avril 1794 (16 germinal an II).

Sujet : 1er acte. Le cortège part de la Bastille. 2e acte. On se dispose à fêter l'Être-Suprême sur le boulevard des Italiens. 3e acte. La Place de la Révolution. 4e acte. Les Invalides. 5e acte. Le Champ de Mars.

 

 

REVANCHE D'IRIS (LA)

 

Comédie musicale en un acte, livret de Paul Ferrier, musique d’Edmond Diet.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 13 mai 1906, décor de Lucien Jusseaume, costumes de Marcel Multzer, mise en scène d’Albert Carré.

Mme TIPHAINE (Iris).

M. DELVOYE (Diogène).

Chef d'orchestre : Eugène PICHERAN.

 

13 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

REVANCHE DE CANDAULE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Henri Thiéry et Paul Avenel, musique de Jean-Jacques Debillemont, représenté au Théâtre du Vaudeville le 28 octobre 1869. Il fallait bien que le sujet scabreux du tableau si remarqué de M. Gérome passât de la toile au théâtre ; seulement tout est grotesque dans ce petit ouvrage. Candaule va demander à Gygès de satisfaire aussi sa curiosité comme il a satisfait la sienne. Gygès a beau imaginer toutes sortes de prétextes, il lui faut obéir au tyran. De concert avec Mme Gygès, il mystifie Candaule. La musique n'a rien offert de saillant. Chanté par Berthelier, Lécuyer, Mlle Fonti.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

REVANCHE DE FORTUNIA (LA)

 

Folie musicale en un acte, paroles de Hippolyte Lefebvre, musique de Victor Robillard, représentée aux Folies-Marigny le 1er juillet 1865.

 

 

REVANCHE DE FRONTIN (LA)

 

Opérette en un acte, paroles de M. Gallay, musique de M. Mouchet, représentée aux Folies-Bordelaises le 20 novembre 1880.

 

 

REVANCHE DE GALATHÉE

 

Opérette en un acte, paroles de Paul Ferrier, musique d’Edmond Diet, représentée à la Bodinière le 20 avril 1898.

 

 

REVANCHE DE SGANARELLE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Docquier, musique de Léon Du Bois, ancien prix de Rome de l'Académie de Belgique, représenté à Nantes le 31 mars 1890.

 

 

REVANCHE DE VULCAIN

 

Opérette de Commerson et Furpille, musique de M. Cottin, représentée aux Folies-Nouvelles en décembre 1856.

 

 

RÊVE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles-Guillaume Etienne, musique d’Antoine-Frédéric Gresnick. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 janvier 1799.

 

 

RÊVE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique d’Edmond Savary. Création au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 13 octobre 1865.

Mme ESTAGEL (Hélène) ; MM. Désiré FROMANT (Frantz), Emile WARTEL (Docteur Walter).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 7 en 1865, 1 en 1866.

 

« On a remarqué que le compositeur de ce petit acte n'avait pas employé le trombone dans son orchestre ; pourtant la scène du Rêve se passait en Allemagne, où cet instrument est cultivé avec passion. Le trombone, qui n'est que notre saquebute du moyen âge, à peine modifiée, était oublié en France lorsque Gluck le restitua à nos orchestres. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

RÊVE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de MM. Sémiane et Albert Gérés, musique de Henri Cieutat. Création au théâtre des Menus-Plaisirs le 17 février 1888.

 

 

RÊVE (LE)

 

Drame lyrique en quatre actes et sept tableaux, livret de Louis Gallet, d'après le roman d’Émile Zola, musique d’Alfred Bruneau.

 

Personnages : L'Evêque Jean de Hautecœur (basse chantante ou baryton) ; Félicien, son fils (ténor) ; Hubert, brodeur (baryton) ; Angélique, brodeuse (soprano) ; Hubertine, sa mère adoptive (mezzo-soprano) ; Deux petits rôles (soprani) ; Chœur : voix aériennes, voix des Saintes, brodeuses, gens d'Eglise, gens du peuple, etc.

 

Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 18 juin 1891, mise en scène de Léon Carvalho, décors d’Auguste Rubé et Philippe Chaperon, Marcel Jambon, Antoine Lavastre et Eugène Carpezat, costumes achetés au Magasin du Louvre.

Mmes Cécile SIMONNET (Angélique), Blanche DESCHAMPS-JEHIN (Hubertine), ELVEN et FALIZE (2 enfants de chœur).

MM. ENGEL (Félicien), Max BOUVET (Jean d’Hautecœur), Eugène LORRAIN (Hubert).

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

 

27.09.1900

Opéra-Comique

(24e)

01.05.1914

Opéra-Comique

(34e)

12.11.1925

Opéra-Comique

(45e)

16.02.1939

Opéra-Comique

(53e)

Angélique

GUIRAUDON

Marthe CHENAL

Y. BROTHIER

J. ROLLAND

Hubertine

DESCHAMPS- JEHIN

S. BROHLY

M. CALVET

LECOUVREUR

 

 

 

 

 

Félicien

Léon BEYLE

D. DEVRIES

Ch. FRIANT

ARNOULT

Hautecœur

BOUVET

H. ALBERS

H. ALBERS

ENDREZE

Hubert

F. VIEUILLE

F. VIEUILLE

F. VIEUILLE

L. GUENOT

Chef d’orchestre

LUIGINI

P. VIDAL

M. FRIGARA

Eugène BIGOT

 

Le 8e tableau final, supprimé à la création, fut rétabli pour la reprise du 27 septembre 1900.

 

Pour la reprise du 16 février 1939, l'œuvre fut remontée dans une mise en scène de Jean Mercier, décors et costumes de Jacques Ernotte.

 

93 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 70 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 12 novembre 1891 avec Mmes Chrétien (Angélique), de Béridèz (Hubertine), MM. Leprestre (Félicien), Seguin (Jean d'Hautecœur), Dinard (Hubert).

 

Résumé.

L'action se passe à Beaumont-l'Eglise, à la fin du XIXe siècle. Angélique, jeune fille pieuse et exaltée, a rêvé qu'elle épouserait un prince et mourrait en plein bonheur.

Son rêve s'accomplit à la lettre, avec les traverses indispensables à l'intérêt dramatique de l'action théâtrale.

 

ACTE I.

1er TABLEAU : L'atelier des brodeuses.

Angélique est assise, plongée dans la silencieuse lecture de la « Légende dorée ». Hubert et Hubertine ses parents adoptifs, la contemplent discrètement, puis ils sortent. Angélique feuillette son livre en dialoguant avec les voix qui chantent doucement dans l'air. Nouvelle intervention d'Hubert et Hubertine, puis arrivée de l'Evêque Jean de Hautecœur qui vient examiner une broderie qu'Angélique doit justement achever pour lui. La jeune fille s'exalte en entendant le prélat parler du pouvoir miraculeux qui fut attribué à sa race : les Hautecœur ont, en effet, le don de guérir au nom de Dieu.

L'Evêque parti, Hubertine raconte à Angélique que Jean de Hautecœur a souffert d'un mortel tourment dont rien ne le console : il fut marié autrefois et sa jeune femme mourut en lui donnant un fils, beau comme un ange et riche comme un roi. On dit que celui-ci est revenu depuis peu auprès de son père, qui a résolu de l'obliger à devenir prêtre.

Angélique conte à Hubertine le rêve qu'elle a fait d'épouser un prince et de mourir en plein bonheur, au faîte de sa destinée accomplie... La brodeuse s'effraie de l'exaltation d'Angélique et s'efforce de la calmer. Mais la jeune fille voit apparaître, à travers la baie vitrée du fond celui que les Saintes lui ont promis qu'elle épouserait : c'est Félicien que seule du reste Angélique a brièvement aperçu, et qui disparaît aussitôt, tandis qu'elle demeure souriante, en extase...

2e TABLEAU : Le Clos Marie, vers la fin du jour.

Des laveuses battent le linge et le plient [Introduction orchestrale sur le thème d'une vieille chanson française]. Angélique paraît, tout animée, et s'affaire à son ouvrage. Lorsque sonne la cloche du Salut, les laveuses sortent par groupes. Angélique demeure seule [Air d’Angélique : Ah ! que j'aime à rester seule dans cet enclos ! Mon rêve y vit parmi les lilas éclos...]. Félicien arrive bientôt, l'air ravi, regardant Angélique avec une tendresse émue, et lui dit son amour, Angélique l'enjoint très simplement d'aller demander sa main à ses parents adoptifs, puis elle disparaît par la porte du clos.

ACTE II

3e TABLEAU : L'atelier, au premier étage de la maison des brodeuses.

C'est le jour de la Fête-Dieu. Angélique étale la broderie des Hautecœur devant Félicien, Hubert et Hubertine. Le jeune homme n'a pas encore parlé. Hubert et Hubertine sont intrigués par ses allures, mais Angélique est persuadée que c'est bien réellement son prince, venu à elle sous un déguisement. Du reste, le jeune homme a promis de se faire connaître lors de la procession de la Fête-Dieu.

Le cortège justement s'approche. Angélique regarde dans la rue avec une émotion croissante. Elle aperçoit bientôt Félicien derrière le dais, à la suite de l'Evêque : c'était donc bien celui qu'elle avait pressenti ! Elle exulte, tandis qu'Hubert et Hubertine jettent sur elle un regard de profonde douleur.

4e TABLEAU : La Chapelle des Hautecœur. (Salle du chapitre, dans la cathédrale ; à droite, l'entrée de la chapelle).

L'Evêque Jean est bien décidé à faire de son fils un prêtre pour lui éviter l'éternelle douleur qui le ronge [Air de Jean de Hautecœur : Seigneur, j'ai dit : Jamais !...].

Hubert et Hubertine s'approchent humblement de l'Evêque, Celui-ci les a convoqués pour leur signifier que le mariage de son fils est impossible et les enjoindre d'amener Angélique à renoncer à son amour. Tandis que, soumis, les époux s'éloignent, Félicien arrive. Jean de Hautecœur l'attire vers lui avec émotion. Une violente explication a bientôt lieu, de laquelle le fils sort finalement vaincu.

Angélique survient à son tour, très troublée. A ses supplications, Jean de Hautecœur demeure inflexiblement sourd. Angélique chancelle et tombe évanouie sur les dalles.

ACTE III.

5e TABLEAU : La chambre d'Angélique.

La jeune fille, très blanche, est endormie dans un fauteuil. On entend comme un murmure lointain les voix des Saintes qui lui parlent.

Sur le balcon, Félicien surgit, pâle et troublé. Il s'agenouille devant elle et lui redit son amour. Angélique se réveille, ravie. Les jeunes gens comprennent qu'on les a trompés. Ils s'aiment toujours et veulent maintenant fuir ensemble. Mais Angélique se ressaisit ; une force invincible la retient et des voix s'élèvent qui la clouent sur place. Dans l'enthousiasme du sacrifice, elle n'aspire plus qu'à mourir au premier baiser de celui qui la presse de plus en plus vivement de fuir avec lui. Le jeune homme alors, dans un geste de résolution furieuse s'élance sur le balcon et disparaît dans la nuit. Restée seule, Angélique tend désespérément les mains vers les ténèbres, puis, retombant comme brisée, elle éclate en sanglots.

ACTE IV.

6e TABLEAU : L'Oratoire de l'Evêque.

Jean de Hautecœur est à genoux, priant et pleurant en pensant à la femme qu'il a perdue. Félicien entre, en proie à une vive agitation. Il vient annoncer à son père qu'Angélique se meurt et le conjure d'accomplir le miracle qui peut la sauver. Après une violente lutte, au moment où Félicien lui crie qu'il n'a sans doute jamais aimé sa mère, l'Evêque se décide à accomplir le rite.

7e TABLEAU : Le Miracle. (La chambre d'Angélique).

Hubert et Hubertine, désolés, sont auprès d'Angélique. L'Evêque entre pour lui administrer l'Extrême-Onction ; Félicien s'agenouille au seuil. La cérémonie liturgique se déroule lentement. Jean de Hautecœur se penche sur la mourante et prononce les paroles sacramentelles. Le miracle s'accomplit. Angélique se dresse, éblouie, chancelante : elle épousera Félicien, comme les Saintes le lui ont promis !

8e TABLEAU : Le Mariage. (Sous le porche de la cathédrale).

C'est le jour du mariage de Félicien et d'Angélique. Les cloches sonnent. Les portes de l'église s'ouvrent toutes grandes. Angélique s'avance lentement, au bras de Félicien, suivie de Jean, d'Hubert et d'Hubertine. Son rêve s'accomplit et elle meurt, heureuse, dans les bras de son époux, sous son premier baiser [Air d'Angélique : Tout est joie et tout est lumière...].

Remarque : A la création de l'ouvrage, en 1891, le dernier tableau avait été supprimé, ce qui est, évidemment, un non-sens.

 

« Y avait-il, dans le roman intime et mystique de M. Emile Zola, les éléments d'un drame lyrique, d'une action véritablement théâtrale, avec le mouvement, la couleur, les élans passionnés si incontestablement nécessaires à toute œuvre musicale destinée à la scène ? Les amours de la jeune Angélique et du fils de l’évêque Jean d'Hautecœur, tels qu'ils se présentaient, suffisaient-ils à animer cette action, à la vivifier, à lui donner le ressort et le nerf indispensables ? Trouvait-on là, enfin, les contrastes, les oppositions, surtout les situations que

réclame impérieusement la scène lyrique ? Il ne me semble pas qu'on puisse répondre affirmativement à toutes ces questions, et, malgré le talent déployé par le librettiste dans son adaptation, je pencherais plutôt pour la négative.

Mais aussi bien, n'est-ce pas le livret du Rêve qui a suscité les discussions animées qu'on a vu s'élever autour de cet ouvrage. C'est la musique, première œuvre importante d'un jeune artiste bien doué sans doute, mais très audacieux, très désireux de faire du bruit, et qui semble surtout, si l'on veut bien me passer cette expression, avoir pris à tâche de casser de nombreuses vitres pour ameuter les passants et attirer l'attention sur son œuvre et sur sa personne, à quelque prix que ce puisse être. A quoi l'on peut dire qu'il a réussi de la façon la plus complète.

Élève de M. Massenet, second grand prix de composition musicale à l'Institut en 1881, M. Bruneau s'était fait, dès avant l'apparition du Rêve, la réputation d'être un des plus intransigeants parmi les plus intransigeants de la jeune école, n'entendant et ne voulant rien entendre au sujet de ce que ces messieurs appellent « des concessions au public », et poussant à leur point le plus extrême les plus pures traditions wagnériennes. Il n'est pas besoin de dire, par conséquent, qu'on chercherait vainement dans la partition du Rêve l'ombre et l'apparence même d'un « morceau ». Les scènes se succèdent, le dialogue se continue sans interruption, sans repos et sans césure, et — les leitmotive mis à part, car il y en a plusieurs, cela va de soi, — l'on ne voit jamais se reproduire un dessin musical une fois qu'il s'est établi. D'autre part, jamais deux voix ne se font entendre ensemble, et l'intention du compositeur est si arrêtée de supprimer l'harmonie des voix, que lorsque par instants la situation l'oblige absolument à en produire deux l'une avec l'autre, il les fait invariablement chanter à l'unisson. Enfin, il proscrit résolument les chœurs ; et ceci encore est si voulu que, dans le tableau du Clos-Marie, où se trouve une petite scène de lavandières, scène qui appelait l'ensemble choral d'une façon si naturelle et si heureuse, il ne leur accorde pas la parole et les fait danser au lieu de chanter. Notez que ceci est absolument illogique, que le chœur eût été là absolument à sa place, et que rien ne saurait en tenir lieu. Mais on a des principes ou on n'en a pas…

Ces observations, toutefois, ne s'adressent qu'au sentiment scénique de l'auteur. Mais on peut formuler d'autres critiques, celles-ci concernant le côté purement musical, et touchant à des points qui me semblent plus graves. Si habitués que nous commencions à être aux licences et aux duretés harmoniques, il faut avouer que nous n'avions pas encore été soumis — au théâtre, du moins — à un régime tel que celui que M. Bruneau nous a imposé sous ce rapport. Assurément, les dissonances sont le condiment, le piment, si l'on veut, de l'harmonie ; ce n'est pas une raison pour nous condamner au poivre rouge continu. Il y a, dans l'harmonie de M. Bruneau, des heurts d'accords véritablement impossibles, des accords d'ailleurs absolument inanalysables ; quelquefois il leur donne un semblant de figure, pour l'œil, à l'aide de la pédale, qu'il emploie du reste avec trop de fréquence ; mais ils n'en demeurent pas moins douloureux pour l'oreille. J'ajoute qu'il y a là un parti pris de violence et d'étrangeté, car le musicien en arrive à pervertir inutilement des harmonies naturelles par elles-mêmes, à l'aide d'altérations qui les rendent déchirantes. Quant à des préparations, à des résolutions d'accords, il est inutile de lui en demander ; il ne s'en occupe même pas. Il résulte de tout cela que le sentiment de la tonalité disparaît d'une façon presque absolue, et qu'on ne sait pour ainsi dire jamais dans quel ton l'on se trouve. Aussi, qu'arrive-t-il ? Comme cette musique est véritablement diabolique à chanter, que les voix n'ont jamais de point d'appui, le compositeur, pour ne point les laisser s'égarer, se voit obligé souvent de soutenir la partie vocale en la redoublant à la basse, ce qui est anti-musical et ce qui produit à chaque instant des suites d'octaves de l'effet le plus déplorable. Les octaves ne le gênent point d'ailleurs, même entre les parties instrumentales ; il s'en trouve une assez jolie série, entre autres, au début de l'introduction du second acte !

Ce qu'on peut reprocher encore à M. Bruneau, c'est, non point la pauvreté de son orchestre, qui est généralement nourri et corsé, mais son manque d'intérêt symphonique. Quand on prend à Wagner ses principes, sa déclamation, son discours vocal ininterrompu, son mépris des ensembles, il faudrait lui emprunter aussi son admirable, son incomparable orchestre. A la vérité, ce n'est pas là chose très facile... mais vraiment la trame symphonique est ici bien lâche, et les développements brillent trop par leur complète absence.

Essayer de tracer une analyse serrée de la partition du Rêve serait chose impossible, étant donné la forme générale de l'œuvre et l'absence presque complète de points de repère. Je voudrais cependant tâcher d'en faire ressortir quelques pages. L'inspiration, il faut le confesser, n'y est pas abondante ; elle n'en est pourtant pas toujours absente. Je n'en voudrais pour preuve que la longue phrase adressée à l'évêque par Angélique, au premier acte :

 

Il me semble qu'elles sont miennes,

Ces statues aux regards si doux…

 

phrase bien développée, et dont le caractère est suave et pénétrant. Il faut tirer de pair aussi toute la première partie du second tableau, celui du Clos-Marie, où le musicien s’est fort joliment servi d'une des délicieuses chansons populaires si heureusement recueillies par M. Julien Tiersot. Il a traité ce thème avec beaucoup de goût et d'habileté, et l'effet a paru d'autant plus heureux qu'on trouvait là un rythme et une tonalité, ce dont on était un peu trop complètement sevré jusqu'alors. Il y a encore de-ci, de-là, quelques jolis accents, quoiqu'on puisse reprocher au musicien de s'être fâcheusement dérobé dans certaines situations importantes, et de n'avoir pas su trouver les élans chaleureux qu'elles exigeraient impérieusement. Entre autres, il a employé heureusement et à diverses reprises (trop fréquemment même) certains thèmes du chant liturgique. Il a obtenu ainsi un joli effet, à la fin du second tableau, en faisant chanter par les voix invisibles le thème de l’Ave verum, et plus tard en faisant entendre, au passage de la procession, le chant de la Fête-Dieu.

En résumé, la partition du Rêve est une œuvre volontairement étrange, une œuvre d'une intransigeance farouche, faite pour dérouter de parti pris l'esprit et les oreilles, conçue dans un système scénique et musical absolument arbitraire, et dans laquelle une grande somme de talent, d'un talent très réel, a été dépensée pour aboutir à un résultat qui n'est pour plaire ni aux artistes, ni au public. Je sais bien qu'aujourd'hui le public est l'objet du mépris de quelques-uns de nos jeunes musiciens. Pour qui travaillent-ils, cependant ? Il n'est pas inutile de faire remarquer à ce propos qu'en dépit des cris de triomphe poussés par les amis du compositeur et du bruit fait par eux autour de son œuvre, le Rêve a obtenu un total de vingt-trois représentations. C'était là l'opinion du public. Vox populi... »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Personnages : L'évêque Jean d'Hautecœur, père de Félicien ; Félicien, amoureux d'Angélique ; Hubert, brodeur, père adoptif d'Angélique ; Angélique, brodeuse, enfant trouvée ; Hubertine, femme d'Hubert, mère adoptive d'Angélique.

L'action se passe de nos jours, à Beaumont-l'Eglise.

Du roman de Zola, tout parfumé de mysticisme et baigné de blancheur, le librettiste a tiré un drame à la fois simple et poignant. La donnée peut se résumer en deux mots : Angélique est une enfant trouvée recueillie sous le porche de Sainte-Agnès, un soir d'hiver, par le ménage de brodeurs Hubert-Hubertine. Elle a grandi à l'ombre de la cathédrale, dans le parfum de l’encens et son âme, en qui travaillent de mystérieuses hérédités, s'est développée pure et mystique, se dressant comme un lys vers le ciel. Elle lit et relit la vie des saints dans la Légende dorée ; elle en est imprégnée au point d'en arriver à l'extase et des visions la hantent : ses saintes lui ont promis qu'elle épousera un prince et mourra en plein bonheur, au faîte de sa destinée accomplie. La réalisation de ce rêve à la lettre, avec les traverses indispensables à l'intérêt dramatique, tel est le sujet de la pièce.

Le premier tableau montre Angélique rêvant devant son métier de brodeuse. Hubert et Hubertine s'effrayent de son exaltation mystique. Jean d'Hautecœur fait une apparition dans l’atelier des brodeurs. Cet évêque grand seigneur, avant de se faire prêtre, a été marié. Sa femme est morte en lui donnant un fils, Félicien, qui est aujourd'hui âgé d'une vingtaine d'années et est revenu auprès de son père. Il vit toutefois dans la retraite et n'a pas encore été vu en ville. Il s'occupe de travaux d'art, répare les antiques verrières de la cathédrale ; rien dans son extérieur ne révèle sa véritable condition. On chuchote que son père a résolu d'en faire un prêtre, afin de lui éviter les douloureuses expériences qui ont empoisonné sa propre vie.

A la fin du tableau, brève apparition de Félicien à travers les vitres du fond : Angélique a été seule à le voir et elle a reconnu son prince, celui que ses saintes lui ont promis et qu'elle a déjà entrevu à travers les arbres du Clos-Marie. Les autres assistants à la scène croient à une des hallucinations auxquelles la jeune fille est sujette.

Le deuxième tableau se passe au Clos-Marie, un jour de lessive. Angélique, toute joyeuse, lave du linge dans l'eau de la Chevrotte. Sur un échafaudage contre l'église, Félicien paraît. Il descend et la rencontre s'opère, délicieuse de pureté et de simplicité ; Angélique ne cèle rien de son amour. Elle feint de croire que Félicien est ce qu'il dit être : peintre verrier, et l'engage à demander sa main à ses parents adoptifs. Mais elle sait !... elle sait que, sous ce déguisement, c'est son prince qui l'aime.

Acte II, troisième tableau : l'atelier des Hubert le jour de la Fête-Dieu. La procession va passer. Félicien est là, car il vient tous les jours, mais il n'a pas encore fait sa demande et ses allures intriguent les bons brodeurs. Il a pourtant fixé à Angélique le jour de la Fête-Dieu pour se faire connaître : elle le verra à la procession et apprendra ainsi sa véritable identité. La procession approche, elle passe sous la fenêtre, invisible du public, visible seulement pour les acteurs. Soudain, derrière le dais, à la suite de l'évêque, Angélique l'a aperçu, et le grand jour se fait dans son esprit : « Le fils de monseigneur ! » Et elle exulte, tandis que, comprenant l'infranchissable distance qui sépare les deux jeunes gens, Hubert et Hubertine s'affligent.

Au tableau suivant, c'est la lutte qui commence entre le père et le fils. Jean d'Hautecœur a signifié aux brodeurs que le mariage de son fils est impossible ; il leur enjoint d'amener Angélique à renoncer à son amour. Une violente explication entre Félicien et son père a lieu ensuite, d'où le fils sort vaincu, brisé sous la main paternelle : « Tu seras prêtre ! » a conclu sans appel Jean d'Hautecœur. Et tandis qu'Hubert et Hubertine persuaderont à Angélique que Félicien ne l'aime plus, Jean d'Hautecœur affirmera à Félicien qu'Angélique l'oublie.

Acte III, cinquième tableau : la chambre d'Angélique. De son amour contrarié, la jeune visionnaire meurt. Elle est toute blanche dans son lit tout blanc, entourée de murs blancs comme elle. Mais par la fenêtre Félicien arrive : il a douté de ce qu'on lui a dit, il a voulu voir. Et tous deux apprennent qu'on les a trompés, ils s'aiment encore. Dans leur indignation, ils veulent fuir ensemble, s'aimer librement, envers et contre tous. Angélique va pour partir ; mais des murs, des draps, de toute cette blancheur, des voix s'élèvent qui la clouent sur place et la retiennent : ce n'est pas ainsi que doit s'accomplir son rêve. Elle en mourra sans doute, mais elle restera, et Félicien, désespéré, doit partir seul.

Acte IV, sixième tableau : dans l'oratoire de Jean d'Hautecœur. L'évêque prie et pleure en pensant à l'aimée qu'il a perdue, au fils qu'il doit meurtrir pour lui éviter souffrance pire. Mais Félicien surgit, dans un état de violente révolte. L'heure de la soumission est passée : Angélique se meurt ! Et le fils rappelle au père le pouvoir miraculeux que la légende attribue à sa race : les d'Hautecœur ont le don de guérir au nom de Dieu. Le malade qu'ils baisent en disant : « Si Dieu veut, je veux ! » est miraculeusement délivré de son mal. Que Jean d'Hautecœur use de ce pouvoir divin ! Qu'il guérisse Angélique ! Et comme le père refuse, Félicien le transperce de ce cri : « Ah ! vous n'avez jamais aimé ma mère ! » Sous ce coup, Jean d'Hautecœur chancelle. Il tombe en prière et la morte lui parle. Une nouvelle résolution descend en lui : Que son fils le précède, il accomplira le rite.

Le septième tableau nous ramène dans la chambre d'Angélique mourante. Tout a été préparé pour l'extrême-onction. On attend le prêtre : à sa place c'est l'évêque qui se présente avec les clercs. Toute une cérémonie liturgique se déroule, d'une saisissante solennité. Puis Jean d'Hautecœur se penche sur la frêle forme inanimée et la baise au front en prononçant les paroles sacramentelles. Et le miracle s'accomplit.

C'est ici qu'à la création de l'ouvrage s'arrêtait la représentation, ce qui est un non sens, la pièce ne parvenant pas ainsi à sa conclusion logique et naturelle. La direction avait reculé devant la difficulté d'un huitième tableau qui ne dure que deux ou trois minutes à peine. Ce dernier tableau est cependant indispensable et il faut espérer qu'à l'avenir on le rétablira.

Sitôt le miracle accompli, l'air s'emplit de joyeuses sonneries de cloches et la scène change à vue. Nous sommes transportés devant le porche de la cathédrale dont l'intérieur s'aperçoit constellé de mille flammes. C'est le jour du mariage d'Angélique. Jusqu'au bout le rêve s'est accompli ; les saintes ne pouvaient mentir ! Les deux époux sortent de l'église au milieu de la foule joyeuse ; Angélique a atteint le plus haut sommet de la félicité. Pour que tout soit consommé, il ne lui reste plus qu'à mourir. Aussi la voit-on chanceler, extasiée, aux bras de son époux et expirer en plein bonheur, sous le premier baiser de l'amour. Fin admirable, où la mort perd toute amertume et paraît un bien plus grand que la vie même. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« De bons esprits se sont attachés à démontrer que M. Emile Zola — en dépit de toutes ses prétentions au « réalisme » le plus accentué — faisait, dans cette note même, œuvre de romantique inconscient ; et, dans ce genre, le Rêve demeure son chef-d'œuvre. Ce romanesque roman, qui s'écarte si complètement de sa manière habituelle, n'est pas sans montrer quelque part ce qu'on nomme « le bout de l'oreille » — à quoi l'on reconnaît l'auteur ; mais enfin, celui-ci, trop souvent occupé de « charmer la canaille », a bien voulu pour une fois offrir un régal aux plus délicats. Et quel que fût le peu de succès rencontré par lui dans l'adaptation de ses ouvrages au théâtre, nous devons reconnaître que le Rêve n'a rien perdu de sa poésie pénétrante à l'interprétation qu'en a donnée le musicien.

M. Alfred Bruneau — un réaliste, lui aussi, paraît-il, en matière lyrique — s'est fait le traducteur mélodique de M. Zola. Lourde tâche. Aussi n'a-t-il réussi jusqu'à maintenant que dans le Rêve et dans l'Attaque du Moulin, créés à deux ans d'intervalle sur la scène de l'Opéra-Comique. Le drame dont il s'agit a été représenté pour la première fois le 18 juin 1891 : le poème est de Louis Gallet. Il n'a rien enlevé non plus de son mysticisme transcendant à l'affabulation de ce matérialiste impénitent.

La petite Angélique est une visionnaire ; créature presque immatérielle, abandonnée par des parents demeurés inconnus, une nuit de neige, sous le porche de la cathédrale gothique, à Beaumont-l'Eglise : de braves gens, brodeurs d'ornements liturgiques — le couple Hubert-Hubertine — l'ont recueillie et patiemment initiée à ce métier, bien fait pour développer le culte du beau, tout en laissant un libre essor à l'imagination de l'enfant, instinctivement spiritualiste. Elle se fanatise doucement, ne connaît pas d'autres plaisirs que ceux du jeune Eliacin :

 

J'entends chanter de Dieu les grandeurs infinies ;
Je vois l'ordre pompeux de ses cérémonies...

 

dévore avec délices « La Légende dorée », et finit par s'abandonner aux béatitudes extatiques des états profonds de l'hypnose — spéciales à la phase dite « état de rapport ». Elle s'y voit visitée par ces phalanges célestes dont l'hagiographie célèbre les prodiges : ses saintes préférées lui ont promis l'amour d'un prince, et une mort d'enchantement, au summum de la félicité supra-terrestre.

Ses parents adoptifs, âmes simples, se préoccupent de ces rêves, qui dépassent la portée de leur crédulité bourgeoise. Ils s'en ouvriraient volontiers à l'évêque Jean d'Hautecœur, qui ne dédaigne pas de se pencher sur leur travail. C'est une grande figure que celle de ce prêtre, entré dans les ordres à la suite d'un deuil de cœur — veuf d'une femme passionnément aimée, il en eut un fils, Félicien, dont il a fait un artiste religieux... Le jeune homme ne se montre guère ; il passe son existence à restaurer les verrières de la basilique, toujours juché sur quelque tour. Angélique ne l'a jamais aperçu, lorsqu'il apparaît tout à coup, ombre mystérieusement profilée derrière un vitrail incendié par les feux du soleil couchant — et la naïve brodeuse a laissé choir son ouvrage ; ses mains se joignent, son regard s'irradie... elle a vu son prince charmant.

Les jeux de la scène nous transportent au Clos-Marie... un de ces tableaux de lavoir qu'affectionne particulièrement Zola — il a bien voulu ne nous donner ici que la note de blancheur. — La rivière coule proche l'église, aux flancs de laquelle travaille Félicien, perché sur son échafaudage. Angélique l'a reconnu. Lorsqu'il descend, c'est tout de suite un duo. Le jeune homme, qui dissimule sa parenté avec l'évêque, se fait passer pour un simple ouvrier — la fillette, qui voit en lui un Prince déguisé, feint de le croire.

Aussi, lorsque le jour de la Fête-Dieu, Félicien — qui n'a pas cessé de visiter sa « promise » dans l'atelier de ses parents — accompagnant le dais, est salué comme « le fils de Monseigneur ! », la petite laisse librement éclater son allégresse ; elle ne voit pas dans ce titre le moindre obstacle à leur union.

Cependant, il est impossible de celer plus longtemps à la famille les sentiments qui ont fait battre ces deux cœurs. Immédiatement, le prélat se révolte. Il a trop souffert pour laisser son fils s'exposer aux tourments qui naissent toujours, selon lui, des unions disproportionnées. Et il somme le ménage des brodeurs d'arracher leur fille à ses illusions, tandis qu'il usera d'autorité vis-à-vis de Félicien pour l'amener au sacrifice des siennes.

Le coup a été fatal pour la pauvre petite Angélique. Elle a dû s'aliter et demeure étendue, toute faible, toute diaphane... Soudain, son amoureux paraît... Il n'a pu résister à la force supérieure qui l'entraîne vers son idole ; on a trop abusé de leur docilité, trop présumé de leur piété filiale — ils vont s'enfuir pour s'aimer librement... Mais il ne faut jamais désobéir aux voix d'en haut ; les visions d'Angélique lui ont promis la réalisation de son « rêve » à de certaines conditions — elle ne peut s'y dérober... Il faut attendre !

Félicien s'est retiré, découragé... C'est à son père qu'il s'en prend. L'évêque est prostré dans son oratoire ; douloureusement, il médite sur sa propre souffrance et sur celle qu'il inflige à son fils chéri... Celui-ci, tout à coup, se dresse à ses côtés ; il réclame sa part de bonheur ! Dieu a doué les d'Hautecœur du don de guérison miraculeuse : « Si Dieu veut, je veux ! » Félicien adjure son père d'user de son pouvoir pour sauver Angélique — et le prêtre résiste encore... jusqu'à ce que le doux fantôme de son épouse bien-aimée vienne lui murmurer des paroles de miséricorde et de bonté compatissante.

Jean d'Hautecœur s'est incliné. C'est lui qui va venir donner l'Extrême-Onction à l'Illuminée — grâce à son merveilleux privilège, il la ressuscite à l'amour. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

« Cette œuvre fut créée en 1891 à l'Opéra-Comique. La partition franche, solide et sympathique d'Alfred Bruneau est riche d'invention mélodique, de motifs d'un goût populaire, ce qui ne veut pas dire populacier ; et nous avons, depuis qu'elle a été écrite, entendu tant de choses, que nous comprenons à peine qu'on ait pu lui reprocher des duretés. On peut regretter davantage quelques inutiles éclats, trop de parallélisme entre le chant et la basse, et surtout la longueur du livret. »

(Larousse Mensuel Illustré, avril 1939)

 

 

RÊVE D'AMOUR

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe Dennery et Eugène Cormon, musique d'Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le lundi 20 décembre 1869, mise en scène d’Ernest Mocker, décors d’Edouard Despléchin, avec Mlles Priola (Henriette), Nau (Denise), Caroline Girard (Marion), Guillot (Claire), MM. Capoul (Marcel), Gailhard (le Chevalier de Bois Joli), Sainte-Foy (Andoche), Victor Prilleux (Bertrand), Julien (Thomas).

 

« C'est le dernier rêve de gloire du plus aimable compositeur français de notre siècle, du successeur de Boieldieu, du maître des maîtres modernes, à l'Opéra-Comique seulement, ce qui est encore beaucoup dire. Nul doute que si la pièce eût été mieux imaginée, la donnée un peu plus vraisemblable, si le sentiment de la nature eût été plus réel, tout en restant un peu voilé par une sorte de glacis de convention, la musique eût réussi, car elle n'est pas inférieure à celles du Maçon, de la Sirène, de la Barcarolle, en un mot des partitions de second ordre d'Auber. Il y a même çà et là dans le dernier ouvrage écrit par le maître des hardiesses harmoniques et des effets d'instrumentation qui attestent qu'il s'était maintenu au courant du mouvement musical, et que, sans abjurer ses dieux, il s'initiait aux doctrines nouvelles. Le livret est, comme je l'ai dit, sans véritable intérêt. Un paysan romanesque a trouvé une belle demoiselle endormie, comme une Marion, sous un pommier, l'a contemplée, a déposé un baiser sur sa joue et s'est enfui à toutes jambes. Mlle Henriette de la Roche-Villers a conservé le souvenir de cet épisode ; elle n'a pu voir Marcel, c'est le nom du paysan, elle le croit beau, noble, riche. Cependant Marcel doit épouser Denise ; la noce se prépare, les habitants du château arrivent pour jouir du spectacle d'une noce au village. La belle endormie apparaît aux yeux effarés de Marcel qui quitte tout, Denise, la noce et les violons, et se sauve encore. On a représenté là un des charmants tableaux de Lancret, complété par des costumes et des décors empruntés à ceux de Watteau. C'est la Balançoire, le Colin-maillard que les auteurs de la mise en scène ont ingénieusement reproduits. En rôdant autour du parc, Marcel rencontre Henriette, lui parle ; il est fou d'amour, il veut se rapprocher de la noble demoiselle et s'enrôle. Il revient nécessairement capitaine à l'acte suivant. Entre temps, un vrai chevalier, amoureux d'Henriette qui se croit sa cousine, lui révèle qu'elle n'est que la fille adoptive du marquis de la Roche-Villers et qu'on l'a recueillie dans la famille même où Marcel allait entrer. Ce qui aurait dû motiver et amener son union avec Marcel l'en éloigne par un caprice des librettistes. Henriette, voyant le désespoir de Denise, s'éprend d'une grande tendresse pour elle, et, lorsque Marcel revient, lui déclare qu'elle est sa sœur ; Denise épouse Marcel et Henriette le chevalier. On voit que cette pièce ne méritait pas d'être mise en musique par Auber ; mais la partition sera lue avec un vif intérêt par les musiciens ; l'ouverture en est charmante, pleine de frais motifs ; c'est une fort jolie pastorale. La romance de Marcel au second acte est expressive, ainsi que les couplets de Denise : Ce qu'on voit faire, et le duo d'Henriette et du chevalier ; au deuxième acte, on a remarqué une jolie valse ; au troisième, précédé d'une gavotte, un trio bouffe excellent : Dans un bon ménage, qui doit commander ? »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

RÊVE D'UN ÉCOLIER (LE)

 

Opéra-comique, paroles de M. Longuet, musique de M. Gariboldi, représenté par les élèves de l'Ecole internationale de Saint-Germain-en-Laye le 27 juin 1868.

 

 

RÊVE D'UN SOIR

 

Opérette en trois actes de Janbach et Reichert, adaptation française de R. de Machiels, lyrics de Bertal et Maubon, musique de Franz Lehár. Création française au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 30 janvier 1935 avec Mmes Fanny Revoil (Sonia), Simone Lencret (Mascha), Violette Fleury (Lina) ; MM. Roger Bourdin (Sacha), Boucot (Iwan), Berlioz (le grand-duc), E. Castel (Bardolo). Chef d'orchestre : Gressier.

 

"Une intrigue qui se garde de toute originalité met aux prises le jeune prince misogyne Sacha avec la danseuse Sonia, qui est chargée de lui faire comprendre le charme féminin et de le préparer à un mariage. Il arrive ce qui devait arriver, c'est que les jeunes gens s'éprennent l'un de l'autre, s'enfuient et filent le parfait et pur amour, jusqu'au jour où, le prince régnant étant mort, Sonia doit se sacrifier pour permettre à Sacha de monter sur le trône. Cela ne va pas sans lamentations, que M. F. Lehár était chargé d'orner de notes. Mais cet auteur qui, dans la musique légère, a eu d'agréables trouvailles mélodiques, laisse trop apercevoir, lorsqu'il veut s'élever à l'opéra-comique, son insuffisance et sa banalité. Les meilleures pages sont celles qui sont inspirées du folklore." (Larousse Mensuel Illustré, 1935)

 

 

RÊVE D'UNE NUIT D'ÉTÉ (LE)

 

Opérette en un acte, livret d'Etienne Tréfeu, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 30 juillet 1855, avec Berthelier.

 

« La pièce aurait pu tout aussi bien s'intituler le Songe d'une nuit d'été ; mais ce titre déjà immortalisé par Shakespeare, repris par Mendelssohn, et enfin utilisé par M. Ambroise Thomas, n'était vraiment plus de mise. La chose eut donc nom le Rêve d'une nuit d’été… Quel ingénieux synonyme ! »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

RÊVE DE CINYRAS (LE)

 

Comédie lyrique en trois actes et cinq tableaux, livret de Xavier de Courville, musique de Vincent d'Indy, créée au Théâtre de la Petite-Scène le 09 juin 1927.

 

 

RÊVE DE LA MARQUISE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique d’Edouard Laurens, représenté au château d'Ecresmes (Loiret) en juillet 1885.

 

 

RÊVE DE VALSE

 

[Ein Walzertraum]

Opérette viennoise en trois actes, livret de Felix Dörmann et Leopold Jacobson ; version française de Léon Xanrof et Jules Chancel ; musique d’Oscar Straus.

 

Personnages : Maurice de Fonségur ; Moussy, confident de Maurice ; Prince Lothar ; Joachim VII, Grand-Duc de Snobie ; Sigismond Wendolin ; Franzi, directrice de l'orchestre ; la Princesse Hélène ; Frédérique d’Insterbourg, première dame d'honneur (desclauzas) ; Madame de Linzbach ; Petits rôles et chœurs : neuf demoiselles de l'orchestre, seigneurs et dames de la Cour de Snobie, ambassadeurs, ministres, officiers étrangers, soldats.

 

Première représentation à Vienne, Carltheater, le 02 mars 1907.

 

Première représentation en français, à Paris, Théâtre de l’Apollo, le 03 mars 1910, mise en scène de Paul-Edmond.

 

Représenté en français : au Théâtre des Folies-Dramatiques, le 08 décembre 1922 ; au Théâtre du Trianon-Lyrique, le 17 septembre 1929 (reprise le 01 février 1935) ; au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le 11 juin 1934 ; au Théâtre Mogador, le 22 mars 1947.

 

Résumé.

Maurice de Fonségur, officier français, a été contraint d'épouser la Princesse Hélène de Snobie qu'il avait embrassée un jour par erreur. Mais il compte bien ne pas faire souche et, le soir même de ses noces, quitte sa femme pour aller entendre un orchestre de Viennoises au restaurant voisin. Franzi, la directrice de l'orchestre, s'éprend vivement de lui. Quand elle apprend qu'il est l'époux de la princesse, elle consent généreusement à montrer à la pauvre Hélène comment elle doit s'y prendre pour plaire à son mari. La tentative réussit ; Franzi, le cœur déchiré, ne peut être que le douloureux témoin du bonheur qu'elle a contribué à créer.

 

ACTE I. — Salle d'honneur dans le palais du Grand-Duc de Snobie.

Le lieutenant Maurice de Fonségur en mission dans la capitale de la Snobie a compromis, sans le vouloir, la princesse Hélène, fille du Grand Duc régnant de Snobie, Joachim VII, en l'embrassant dans le cou en plein bal, croyant embrasser sa cousine qui portait à peu près la même toilette rose. Fonségur a dû se laisser marier, malgré son horreur du mariage et faction débute au cours de cette cérémonie alors que Joachim fait le petit discours d'usage devant tous les hauts personnages de la Snobie qui sont vexés de cette union de leur princesse avec un petit lieutenant, alors que son époux devait être son cousin, le Prince Lothar, petit être niais, ridicule et qui n'a encore pour tout vêtement de cérémonie que son costume de Première Communion.

La cérémonie terminée et tous les personnages officiels disparus, le Grand Duc rappelle à la première dame d'Honneur, Madame d'Insterbourg, veuve quadragénaire et inassouvie, qu'il l'a chargée de donner les conseils d'usage à la jeune mariée, la princesse Hélène ; car le Grand Duc est veuf aussi, mais n'a pas lieu de le regretter, il vit très heureux et tranquille dans cette solitude, mais il s'étonne un peu de la froideur de Fonségur pour sa jeune épouse et la Princesse partage son inquiétude.

Mais le Prince Lothar furieux et jaloux vient déclarer au lieutenant Fonségur que si le ciel ne bénit pas leur union en leur donnant un héritier, le divorce est prononcé d'office au bout d'un an... Fonségur qui ne cherchait qu'une occasion de rompre ce mariage profitera donc de ce moyen. Il annonce, au Grand Duc consterné, qu'il est dans l'impossibilité d'être, pour la Princesse, autre chose qu'un grand frère et au lieu de passer sa première nuit de noces avec sa jeune femme, il ira faire la fête en compagnie du lieutenant de Moussy, dans un établissement on la musique est jouée par un orchestre de femmes viennoises [Valse chantée par Fonségur : Oui, c'est une valse de Vienne...].

ACTE II. — Jardin d'un restaurant.

Dans les jardins du restaurant de nuit, ce sont des parties de plaisir, des soupers, des danses et la musique grisante de cet orchestre de femmes dirigé par Franzi, une adorable Viennoise.

Fonségur fait la connaissance de Franzi et une idylle s'ébauche entre les deux jeunes gens. Fonségur invite à souper la charmante musicienne.

Grand émoi dans le Palais après le départ des deux amis, pleurs de la princesse, fureur de Joachim, et joie de Lothar qui songe au divorce des époux. Le Grand Duc et son neveu ont recherché le fugitif de tous cédés et viennent d'arriver dans les jardins et veulent interroger les musiciennes.

Tandis que le Grand Duc aguiché par Fifi, la Grosse Caisse, est allé souper avec elle, Lothar veut adroitement tâter le terrain et questionne Franzi qui, apprenant l'arrivée de ces grands personnages s'est séparée vivement de Fonségur qui cherche à se dissimuler.

Au moment où Fonségur et Moussy croyant ne pas être vus se glissent vers la sortie du restaurant, ils se trouvent nez à nez avec Joachim et Lothar. Ils font rapidement demi-tour, mais Hélène et Mme d'Insterbourg se dressent devant eux.

Fonségur leur explique sa fugue par la magie de la valse qui l'a attiré et retenu sans qu'il pût se défendre. Le rythme les entraîne eux aussi irrésistiblement. Tous se mettent à danser et la pauvre Franzi s'écroule en pleurant, tandis que Fonségur, au bras de la Princesse Hélène, retourne au Palais sous l'œil vigilant de Joachim VII triomphant et de Lothar qui songe de plus en plus au divorce de sa cousine.

ACTE III. — Même décor qu'au premier acte.

Huit jours se sont passés et Fonségur attend inquiet et nerveux la décision du Grand Duc. Fonségur commence à regretter d'avoir méconnu son bonheur et la princesse est sûre de reconquérir son mari avec la complicité et les conseils de l'adorable Franzi qui impose silence à son amour pour Fonségur. Tout le palais va être transformé et cette cour ennuyeuse et gourmée sera, suivant l'expression même de Fonségur, une véritable cour Louis XV. Jusqu'à Lothar revêtu d'un habit neuf, à qui on a envoyé le coiffeur pour le friser au petit fer. Madame d'Insterbourg compare son existence à celle de Franzi, et regrette de n'avoir pas été artiste, tandis que celle-ci aurait rêvé d'être dame d'honneur.

Le Grand Duc annonce à Fonségur qu'il a enfin pris sa résolution..., il a choisi le divorce. Fonségur peut partir... Désespéré, il fait prier la princesse de le recevoir. Hélène vient et l'ayant soumis à une épreuve suprême (la magie de la valse) où éclate la sincérité de l'amour du mari reconquis, elle lui pardonne. Franzi sort lentement, tandis que Fonségur et Hélène, dans les bras l'un de l'autre, la regardent partir…

 

« Principaux personnages : Maurice de Fonségur ; Prince Lothar ; Joachim VII, grand-duc de Snobie ; Princesse Hélène ; Frédérique d'Insterbourg ; Franzy, musicienne, directrice d'un orchestre viennois ; etc.

L'action se passe en Snobie, de nos jours.

Le théâtre représente une salle d'honneur au palais du grand-duc de Snobie Joachim VII. Le personnel de la cour est là en grand apparat. Il paraît que s'achève dans une salle voisine le repas de noces de la grande-duchesse Hélène et de son consort Maurice de Fonségur, officier français. Ce mariage a une origine romanesque : dans un bal de cour, à Vienne, on a surpris l'officier en train d'embrasser, en un lieu écarté, l'héritière du grand-duché de Snobie. Fonségur a dû épouser pour éviter un scandale, et tous le félicitent de sa chance ; mais lui envisage les choses sous un autre aspect. Il ne voulait pas se marier et la femme qu'il a embrassée était pour lui une inconnue. Il n'aspire maintenant qu'à quitter au plus tôt ce grand-duché d'opérette et à rentrer à Paris. Mais la grande-duchesse Hélène ne sait rien de tout cela ; elle aime son mari et espère bien le conquérir.

La chose n'ira pas toute seule si l'on en juge par notre premier acte. La noce a fait son entrée solennelle, et l'on échange des discours de congratulation. Celui de Fonségur est un peu désobligeant pour sa nouvelle patrie. Le prince Lothar, de la branche collatérale, crible son cousin par alliance de coups d'épingle. La réception s'achève pourtant tant bien que mal. Dans une conversation avec son confident Moussy, Fonségur expose son plan : la loi pragmatique annulant un mariage princier infécond, il se prétendra atteint d'une infirmité qui l'empêche de faire souche et s'abstiendra de toute relation avec son épouse.

La fatale nouvelle plonge Joachim VII dans la désolation : « Ah ! la pauvre dynastie ! » Seul Lothar triomphe. Il voit déjà prononcé le divorce qu'il appelle de ses vœux. Le laissant à sa joie, Fonségur s'éclipse pour aller avec son ami, tous deux vêtus en officiers français, entendre un orchestre de Viennoises qui joue dans un jardin voisin. Cependant que, toute triste, la pauvre Hélène rentre dans sa chambre nuptiale déserte.

Le second acte se déroule au jardin-restaurant viennois. Nous faisons d'abord connaissance avec les dames de l'orchestre dirigé par une certaine Franzi. Arrivent ensuite Fonségur et Moussy. Franzi accepte à souper avec Fonségur. C'est une personne libre d'allures, mais vertueuse. Elle veut bien souper, mais c'est tout. En attendant, elle s'éprend subito du bel officier, qu'elle croit garçon. Tous deux sont attablés dans un pavillon de verdure quand surviennent Joachim et Lothar, en habit, à la recherche du consort disparu. Joachim se berce de l'illusion que son gendre est venu chercher auprès des Viennoises des excitations favorables à ses aspirations dynastiques ! Les deux hauts personnages se trouvent soudain entourés de musiciennes et prennent peu à peu goût à la conversation de ces dames. Par elles, ils apprennent que Franzi soupe avec un officier. Si c'était lui ! Suit un chassé-croisé, Fonségur échappant à plusieurs reprises aux tentatives de Joachim et de Lothar pour le surprendre.

Mais voici de nouveaux personnages : Hélène a voulu constater elle aussi l'infidélité de celui qu'elle aime. Elle arrive accompagnée de sa dame d'honneur Frédérique. Dans une conversation avec Franzi, elle surprend sans peine l'amour de la Viennoise pour son mari. Elle s’étonne que cette femme ait si facilement fait la conquête d'un cœur qu'elle aimerait tant conquérir elle-même. Et sans trahir la vérité, elle demande à la musicienne son secret.

Puis ce qui devait arriver arrive. Hélène et Fonségur se rencontrent, Franzi les voit et découvre qu'elle vient de donner des conseils à une rivale. De rage elle brise son violon et fait un esclandre. L'acte s'achève ensuite sur une valse entraînante.

Au troisième acte, nous assistons à la conquête de Fonségur par sa femme Hélène, qui met à profit les leçons de Franzi. La bonne Franzi, en effet, a compris l'inanité de son rêve. Fonségur n'est pas pour elle ; il n'éprouve à son endroit qu'une fantaisie passagère. Elle se sacrifie donc, et restant dans la coulisse, elle accepte d'aider la femme légitime à s'assurer l'amour de son mari. Mais pour cela elle met la cour sens dessus dessous. La grande-duchesse Hélène fait renouveler le mobilier, affecte l'insouciance, la gaîté, et ordonne à tout le personnel du palais de montrer des visages souriants. Fonségur n’y comprend rien. Ça commence par l'amuser, puis cela l'intrigue, et finalement il se reprend d'intérêt pour cette femme qu'il avait toujours refusé de regarder. Hélène ne va-t-elle pas jusqu'à lui rendre sa liberté ? Jusqu'à le complimenter sur la conquête de Franzi ? Mais en attendant, elle prie en sous-main son père de différer la rupture définitive.

Une décision s'impose pourtant : elle sera prise tout à l'heure, mais au moment suprême Fonségur se ravise : il s'aperçoit qu'il aime sa femme et la réconciliation a lieu. Comme les deux sont aux bras l'un de l'autre, on entend une valse à la cantonade, Fonségur écarte une draperie et voit la pauvre Franzi qui, les yeux pleins de larmes, se donne la consolation de ce bonheur : son ouvrage ! »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Rêve d'un jour ! » a chanté lui-même l'auteur, comme pour nous prévenir qu'il n'avait pas, en composant son libretto, d'autre ambition que d'écrire une pièce légère et falote sans se poser en travailleur pour la postérité reconnaissante...

Nous avons en ce moment-ci l'impression d'une mise au point... celle de l'Opérette moderne, du cycle dit « viennois ». Il fut un temps où les Français ont été incapables d'applaudir une opérette si elle ne venait de Vienne, de Bruxelles, de Londres, de New York — cependant qu'en raison du même snobisme, les auteurs étrangers prenaient le sujet de la pièce dans notre propre répertoire... sachant fort bien qu'il n'est bec amoureux que de Paris. — Et c'est à Paris qu'ils situent généralement l'action ; c'est ce Paris que chante, sur tous les tons, le « leitmotive » de la partition qu'ils se hâtent de nous envoyer pour que la mode en soit lancée ou soit consacrée par Paris... Paris, « ô Paris, gai séjour ! » ainsi que le déclinaient les Cent Vierges.

Oui, d'accord, il y a la valse de Vienne « vol de deux oiseaux accouplés ». Mais, parfois, il n'y a que la valse dans leurs partitions... et plus souvent, hélas, dans leurs livrets.

La récente résurrection de la Veuve Joyeuse vient de remettre cet ouvrage — d'ailleurs agréable — à sa place dans le répertoire : et c'est loin d'être la première ! Mais il n'y a pas beaucoup d'opérettes modernes qui soient dignes d'être accueillies au même titre parmi les chefs-d'œuvre du genre. Encore que le succès de la Veuve Joyeuse ait été jadis au-delà de tout ce que l'on peut imaginer, nous savons qu'il n'a point dépassé à la création celui de la Mascotte, par exemple.

C'est une simple question de temps — et nous la voyons aujourd'hui dans l'effet de recul voulu. Nous doutons fort qu'il soit aussi favorable à Rêve de Valse, qu'on a pu sous-intituler la Vie Viennoise — paroles allemandes de F. Dœrmann et L. Jacobson — sur lesquelles l'œuvre d'Oscar Straus a été interprétée pour la première fois à Vienne le 2 mars 1907. « Made in Germany » est l'histoire de « ce soldat français qu'une mélodie autrichienne entendue par hasard affole au point de lui faire quitter sa femme le soir de ses noces pour aller danser avec une musicienne ambulante »... ainsi l'analyse le revuiste « Rip » — dont le nom seul constitue, j'imagine, toute une compétence en matière d'opérette. Ce qu'il y a de gentil dans la pièce est renouvelé, comme par hasard, de le Cœur et la Main, de Gillette de Narbonne et « tutti quanti ». On a même plagié les Fêtards (la leçon de coquetterie). L'intrigue s'étire en trois actes : quand le mouvement s'alanguit, on bat la mesure à trois temps, sur les rythmes de Straus, et les sujets tournent sur place... et le sujet aussi, d'ailleurs, MM. Xanrof et Chancel, les traducteurs, s'en sont sortis comme ils ont pu sur la scène de l'Apollo (3 mars 1910 — 100 représentations). Mais nous n'hésitons pas à préférer une œuvre qui leur est plus personnelle : S. A. R., qu'ils ont eux-mêmes tirée de leur Prince Consort (musique d'Yvan Caryll), et dont ils se sont souvenu, ainsi que de Pour être aimée, en adaptant Rêve de Valse. La partition d'Oscar Straus (avec un seul s) « perpétuellement dansante, bondissante, berçante, toute en formules rythmiques » a été ainsi appréciée par le maître Reynaldo Hahn : « Du commencement à la fin, il y flotte une valse, la valse du Rêve de Valse, obsédante, caressante, persistante, entraînante, languissante, — et, pour l'évoquer mieux, il accumule de lancinants adjectifs — la valse de Rêve de Valse justement caractérisée dans ses couplets : c'est la valse toujours pareille, et jamais la même pourtant… Et même quand ce n'est pas elle qu'on entend, c'est encore elle, toujours elle ; elle succède aux autres valses qui se mêlent à elle, elle ne s'efface que pour reparaître, elle se transforme, se déforme, se reforme — tantôt lente, tantôt vive, tantôt voluptueuse et douce, tantôt bruyante et criarde, confondue avec les autres airs, les soulignant, les animant, les dominant — et ce procédé, qui d'abord impatiente, puis exaspère, finit par s'imposer, par provoquer une sorte de vertige physiologique, par dégager une sorte de poésie... »

On comprend dès lors davantage que le jeune Maurice de Fonségur, officier attaché à l'ambassade française dans le Grand-Duché de Snobie, et marié malgré lui à la princesse Hélène pour éviter un scandale parce qu'il a été surpris en train de l'embrasser, se soit évadé pour courir après la jolie tzigane Franzi (Mme Alice Bonheur) — laquelle a vraiment tort de les réconcilier, puisqu'un divorce aurait si bien fait l'affaire du cousin Lothar, de la branche collatérale, en permettant à Fonségur de reprendre la vie parisienne — musique d'Offenbach — ... idée qui devrait bien venir aux directeurs des théâtres de l'Opérette... On lui retirerait son uniforme blanc. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

RÉVEIL DE CAMAILLAKA (LE)

 

Opéra, musique de Scio, représenté au théâtre Molière en 1791.

 

 

RÉVEIL DE THALIE (LE)

 

Comédie en trois actes mêlée de vaudevilles, livret de Desfontaines, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 06 mai 1783.

 

 

RÉVEIL DU BOUDDHA (LE)

 

Mystère lyrique en trois épisodes, livret de Paul Milliet, musique d’Isidore de Lara, représenté au Théâtre Royal de Gand le 01 décembre 1904.

 

 

RÉVEIL DU PEUPLE (LE) ou LA CAUSE ET LES EFFETS

 

Opéra-comique en cinq actes, paroles de Joigny, musique de Trial fils, représenté au théâtre Favart le 17 août 1793.

 

 

REVENANT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-Victor Fontanès de Saint-Marcellin et Dozaux fils, musique d’Henri François Berton. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 15 février 1817.

 

 

REVENANT (LE)

 

Opéra fantastique en deux actes et cinq tableaux, livret d’Albert de Calvimont, d’après Redgauntlet, roman de Walter Scott, musique de José-Melchior Gomis. Création l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 31 décembre 1833 avec Thénard (Sténie). M. Gomis, auteur du Diable à Séville, a fait preuve d'habileté dans cet ouvrage. On remarque dans sa partition un beau duo pour soprano et ténor : Belle Sara, mon bonheur, la ronde du sabbat : Sous la présidence, et le chant d'église avec accompagnement d'orgue : Daigne, au pied de ton trône.

 

 

REVENANT (LE)

 

Opérette en un acte, paroles de M. Mille-Noé, musique d’Emile Bourdeau, représentée dans un salon en février 1867.

 

 

REVENANT (LE)

 

Opérette en un acte, musique d’Henri Covin, représentée dans un salon en mars 1873.

 

 

REVENANTS BRETONS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, paroles d'Alfred de Guézennec, de Bréhat, musique de J.-B. Weckerlin. La scène se passe dans une ferme de la basse Bretagne. Alain, jeune pâtour, aime Yvonne, la fermière, chez laquelle il est en service ; mais il n'ose le lui dire ; Yvonne le devine de reste, son cœur étant au même diapason. Claudine, sœur d'Yvonne, qui devait être épousée par Jobic, le tailleur du village, a été laissée par ce dernier, qui fait la cour à Yvonne depuis qu'il sait que cette dernière est plus riche que sa sœur. Ce sorcier de Jobic, car il professe aussi ce métier, joue tous les tours possibles au crédule Alain, et finit par lui persuader qu'il est damné, et que sa femme le sera aussi. La ruse se découvre, et Alain obtient la main d'Yvonne ; cette dernière dotant sa sœur Claudine, Jobic revient à ses premières amours. Il y a plusieurs airs populaires bretons dans cette pièce, entre autres : J' suis né natif du Finistère, et les Nahinigouz. Cette pièce a été jouée plusieurs fois en public à la salle Hers et dans d'autres salles de concert. Elle a été mise en répétition à l'Opéra-Comique, et retirée par les auteurs la veille de la première représentation, sous la direction de M. Beaumont. C'est une pièce de mœurs bretonnes, faite par un Breton.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RÉVÉREND (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Georges Ohnet, musique d'Antoine Taudou, représenté à Perpignan, ville natale du compositeur, le 31 mars 1883. M. Taudou, aujourd'hui professeur d'harmonie au Conservatoire, avait obtenu un premier prix de violon dans cet établissement et, en 1869, le premier grand prix de Rome à l'Institut ; mais, l'état de sa santé ne lui permettant pas de faire le voyage d'Italie, il renonça à la pension attachée à ce prix, ce qui permit à l'Académie des beaux-arts d'attribuer l'année suivante deux premiers prix. C'est, croyons-nous, le seul exemple de ce genre que présentent les annales du prix de Rome.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

RÊVERIES RENOUVELÉES DES GRECS (LES)

 

Parodie des deux Iphigénie, en trois actes, en vers, mêlée de vaudevilles, livret de Charles Simon Favart, Claude-Henri Fusée de Voisenon et Jean-Nicolas Guérin de Frémicourt, musique de Félix-Jean Prot (pour l’accompagnement) et de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 juin 1779. C’est une parodie d’Iphigénie en Aulide et d’Iphigénie en Tauride, tragédies lyriques de Gluck données à l’Opéra de Paris en 1774 et 1779.

 

 

RÊVEUR ÉVEILLÉ (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Mlle C. Duval, musique d’Alexandre Leprévost. Création au Théâtre National de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 21 mars 1848. Un jeune amoureux, fils d'un militaire qui a sauvé la vie à son colonel, rêve la richesse pour offrir son cœur et sa main à la fille d'un propriétaire opulent qu'il aime. Son rêve est réalisé par le colonel, qui retrouve le fils de son libérateur et comble tous ses souhaits. L'ouverture seule, dans ce petit ouvrage, a mérité les suffrages des amateurs.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

REVUE POUR RIEN (LA) ou ROLAND À RONGEVEAUX

 

Revue en deux actes et sept tableaux, livret d’Ernest Blum, Clairville et Paul Siraudin, musique d’Hervé, représentée aux Bouffes-Parisiens le 27 décembre 1864.

 

 

RHEA

 

Drame musical en trois parties, livret de Paul Millet, musique de Spiro Samara, représenté à Florence, théâtre Verdi, le 11 avril 1908.

 

 

RHÉNA

 

Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Michel Carré fils, musique de Jean-Baptiste Van den Eeden, représenté à la Monnaie de Bruxelles le 15 février 1912 avec Mmes Béral (Rhéna), Montfort (Giovanna), Callemien (Girella), Dignat (Generosa), MM. Audouin (Falco Meleghari), Bouilliez (Don Gesnaldo), Billot (Raffagiolo), Demarcy (le syndic), Dognies (Taddeo), Dufranne (Pelipe).

 

 

RHIN ALLEMAND (LE)

 

Chant, poésie d'Alfred de Musset, musique de Charles Delioux, chanté au Théâtre de l'Opéra le 05 août 1870 par Jean-Baptiste Faure.

 

« Interprète : Faure, puis Caron.

Tout le monde connaît l'origine des vers d'Alfred de Musset, réponse à la chanson de Nicolas Becker. (V. Édouard Fournier, feuilleton de la Patrie du 25 juillet 1870).

Pianiste-compositeur d'un talent original, Ch. Delioux a rendu avec un rare bonheur les strophes inspirées et patriotiques de notre grand poète. L'auteur d'Yvonne et Loïc, comédie musicale représentée avec succès au Gymnase en 1851, a dû, faute de temps, recourir à la complaisance de M. Léo Delibes pour l'instrumentation de son chant si français et si coloré. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

RHINOCÉROS ET SON ENFANT (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Saint-Fargeau [Lepelletier dit], musique de Charles de Sivry, représentée aux Délassements-Comiques le 01 septembre 1874.

 

 

RHODOPE

 

Opérette gréco-égyptienne en trois actes, livret de Paul Ferrier et Paul de Choudens, musique de Louis Ganne, représentée au Casino de Monte-Carlo le 14 décembre 1910, sous la direction du compositeur, avec Mlles Mariette Sully (Rhodope), Angèle Gril (Nausicaa), MM. Georges Foix (Amasis), Poudrier, Maurice Lamy, Fernal.

 

 

RHUM ET EAU EN JUILLET

 

Parodie de l'opéra Roméo et Juliette de Charles Gounod, en six tableaux, d’Amédée de Jallais, musique d’Eugène Déjazet, représentée au théâtre Déjazet dans le mois de juillet 1867. Ce sont les Crapulets et les Monstraigus qui défrayent cette spirituelle fantaisie. Les deux principaux rôles ont été remplis par Legrenay et Mlle Boisgontier.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RIBEIRO PINTO

 

Drame lyrique en deux actes, musique de Joseph Dupont, représenté à Liège en mai 1858.

 

 

RICHARD

 

Parodie en un acte, livret de Pierre-Germain Parisau, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 04 septembre 1781. C’est une parodie de Richard III, tragédie de Barnabé Farmian Durosoy, donnée au Théâtre-Français en 1781.

 

 

RICHARD CŒUR DE LION

 

Comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique d’André Grétry.

 

Personnages : Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre (ténor) ; Blondel, un trouvère (ténor) ; Laurette (soprano) ; Marguerite de Flandre, comtesse d’Artois (soprano) ; Colette (soprano) ; Sir Williams (basse) ; Florestan (basse).

 

Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 21 octobre 1784, avec Mmes ROSALIE (Antonio), COLOMBE (Marguerite), DUGAZON (Laurette), DESFORGES (Béatrix), MM. PHILIPPE [Philippe Cauvy] (Richard), CLAIRVAL [Jean-Baptiste Guignard] (Blondel), COURCELLE (le Sénéchal), MEUNIER (Florestan), et NARBONNE (William), sous la direction de LA POMMERAYE.

 

Représenté dans une version en quatre actes à l’Opéra-Comique le 21 décembre 1784 et à Fontainebleau le 25 octobre 1785.

 

Repris le 20 mars 1806 à l’Opéra-Comique (salle Feydeau).

 

Repris à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 27 septembre 1841, dans une réorchestration d’Adolphe Adam.

Mmes DESCOT (Antonio), CAPDEVILLE (Marguerite), THILLON (Laurette), LESTAGE (Béatrix), BLANCHARD (Mathurine), MARIE (Colette).

MM. Gustave ROGER (Richard), MASSET (Blondel), PALIANTI (le Sénéchal), Honoré GRIGNON (Florestan), HENRY (William), VICTOR (Mathurin), DAUDE (Urbain), SAINTE-FOY (Charles Guillot), Achille RICQUIER (Paysan).

 

L'ouvrage a été remonté par deux fois à l'Opéra-Comique, le 18 octobre 1873 dans une mise en scène de Charles Ponchard et des décors de Philippe Chaperon, et le 13 octobre 1910 dans une nouvelle mise en scène de Paravey.

 

 

19.05.1856

Opéra-Comique

(235e)

18.10.1873

Opéra-Comique

(271e)

14.11.1887

Opéra-Comique

(500e)

13.10.1910

Opéra-Comique

(603e)

Antonio

Zoé BÉLIA

NORDET

DEGRANDI

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Marguerite

Amélie REY

THIBAULT

PERRET

JURAND

Laurette

BOULARD

Ad. ISAAC

PATORET

N. MARTYL

Béatrix

LASSERRE

RIZZIO

MARY

TISSIER

Mathurine

FÉLIX

Marguerite Jeanne Camille DECROIX

BRILLOIN

VILLETTE

Colette

TALMON

NADAUD

ESPOSITO

CARRIÈRE

 

 

 

 

 

Richard

JOURDAN

DUCHESNE

MOULIÉRAT

FEODOROFF

Blondel

BARBOT

MELCHISSEDEC

BOUVET

VIGNEAU

le Sénéchal

DUVERNOY

NATHAN

Pierre Julien DAVOUST

GUILLAMAT

Florestan

Achille RICQUIER

BERNARD

BERNARD

DUPRÉ

William

BECKERS

René NEVEU

BUSSAC

L. AZÉMA

Mathurin

Constant LEMAIRE

Pierre Julien DAVOUST

TESTE

VAURS

Urbain

BEAUPRÉ

TESTE

Etienne TROY

BELHOMME

Charles Guillot

SAINTE-FOY

BARNOLT

BARNOLT

Georges MESMAECKER

un Paysan

CHAPRON

     

Chef d’orchestre

TILMANT

DELOFFRE

J. DANBÉ

HASSELMANS

 

621 représentations officielles à l’Opéra-Comique au 31.12.1950, dont 19 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.

 

Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 23 mai 1856, avec Mmes Caroline Girard (Antonio), Marie Brunet [Maria Brunetti] (Marguerite), Pouilley (Laurette), Adèle Vadé (Mathurine), Caroline Vadé (Colette), Esther Caye (Beatrix) ; MM. Pierre Jules Michot [débuts] (Richard), Meillet (Blondel), Auguste Legrand (Florestan), Louis Joseph Cabel (Williams), Quinchez (le Sénéchal), Leroy (Mathurin ; un Paysan), Adolphe Girardot (Charles Guillot), Henri Adam (Urbain).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 42 en 1856, 28 en 1857, 17 en 1858, 45 en 1859, 31 en 1860, 17 en 1861, 6 en 1862, 15 en 1863, 9 en 1864, 24 en 1865, 31 en 1866, 24 en 1867, 13 en 1868.

 

Résumé.

ACTE I. — Richard Cœur de Lion est retenu en captivité, au retour de la Croisade au château de Linz (*). Son fidèle Blondel s'en approche, exprimant sa fidélité dans un air célèbre : « O Richard, ô mon Roi... » Survient, avec sa suite, une grande dame en qui Blondel croit reconnaître la bien-aimée du Roi, Marguerite de Flandre. Pour s'en assurer, il joue sur sa viole un air composé jadis pour elle par Richard. La Comtesse, surprise, s'arrête. Blondel, afin d'approcher d'elle, demandera asile pour la nuit dans l'auberge où loge la noble voyageuse.

(*) Le fait est historique, mais non le lieu, car Richard Cœur de Lion fut détenu au château de Dürnstein, au bord du Danube.

ACTE II. — Richard se plaint de sa captivité et de l'abandon dans lequel il se trouve. Blondel vient chanter au pied de la tour. Le Roi, surpris, répond à Blondel en continuant la phrase musicale entendue, qui est celle de la romance composée pour Marguerite de Flandre. Les grands interviennent pour interdire à Blondel l'accès de la tour.

ACTE III. — Blondel révèle aux gens de la Comtesse avoir découvert le cachot où Richard Cœur de Lion est détenu. Ceux-ci, après avoir distrait le gouverneur, donnent l'assaut au château. Le Roi, délivré, retrouve Marguerite avec ivresse.

 

« Comédie mêlée d’ariettes représentée pour la première fois par les comédiens ordinaires du roi, le 21 octobre 1784, selon Sedaine, et le 25 octobre 1785, d'après les indications données par Grétry dans ses Essais. La direction actuelle de l'Opéra-Comique n'étant pas en mesure de donner des renseignements historiques exacts sur les pièces de son répertoire, il nous a fallu chercher ailleurs l'explication de ce défaut de coïncidence. Les dates données par le compositeur dans ses Essais sont souvent fautives. La pièce de Richard Cœur de Lion a été représentée le 21 octobre 1784. Elle a été mise en quatre actes le 21 décembre 1785, puis réduite de nouveau à trois actes le 29 décembre suivant. Le poème est un des plus développés du répertoire de l'ancien Opéra-Comique, et quoique rempli d'invraisemblances, d'anomalies, d'anachronismes, de naïvetés presque ridicules, il intéresse encore après quatre-vingts ans d'existence. C'est qu'à une action forte et simple qui est la délivrance d'un roi prisonnier, l'auteur a su mêler des épisodes qu'il avait le don d'exposer avec un ton de vérité et un naturel charmants. Le drame proprement dit est aussi mal conçu au point de vue littéraire que mal exprimé par le musicien. Ce n'était pas l'avis de Grétry, qui prétend, dans ses Essais sur la musique, avoir fait un ouvrage dont le mérite principal est l'unité. Il poussait l'illusion jusqu'à s'imaginer qu'il écrivait dans « le vieux style » (sic), qu'il était assez maître de sa manière pour en approprier l'expression aux temps, aux caractères, aux âges et même au degré de culture intellectuelle de ses personnages. Ecoutons-le parler : « La musique de Richard, sans avoir, à la rigueur, le coloris ancien d'Aucassin et Nicolette, en conserve des réminiscences. L'ouverture indique, je crois, assez bien que l'action n'est pas moderne. Les personnages nobles prennent à leur tour un ton moins suranné, parce que les mœurs des villes n'arrivent que plus tard dans les campagnes. Le musicien, par ce moyen, peut employer différents tons, qui concourent à la variété générale. L'air : O Richard ! ô mon roi ! est dans le style moderne, parce qu'il est aisé de croire que le poète Blondel anticipait sur son siècle par le goût et les connaissances. Le trio : Quoi ! de la part du gouverneur ! reprend une forme de contre-point convenable à sir Williams. Blondel, toujours attentif à saisir le ton de chacun, se vieillit dans les traits de la musique où il dit :

 

La paix, la paix, mes bons amis. »

 

C'est l'habitude des poètes et des artistes. Ils s'évertuent à chercher des effets dont le public se soucie fort peu ; ils croient les avoir trouvés, et ils admirent leurs stériles efforts. Les qualités natives de leur génie se manifestent ailleurs et autrement qu'ils ne l'ont voulu. Après tout, ils se procurent ainsi une double jouissance ; ils estiment et se vantent à eux-mêmes les parties les plus faibles de leurs ouvrages, et ils acceptent dédaigneusement pour les autres le suffrage du public. L'opéra de Richard Cœur de Lion marque le point culminant de la carrière musicale du compositeur. Il avait donné précédemment la Caravane et l’Epreuve villageoise. Il n'écrivit plus après que des ouvrages médiocres ou qui parurent tels, parce qu'ils n'offrirent pas de beautés supérieures. Tout le monde est d'accord pour louer la fraîcheur et la grâce des couplets d'Antonio : La danse n'est pas ce que j'aime ; la noblesse de l'air : O Richard, ô mon roi ! la finesse de la chansonnette de Blondel : Un bandeau couvre ses yeux, avec le délicieux ensemble à contre-temps qui suit ; la rondeur gauloise des couplets : Que le sultan Saladin.

Le grand air du second acte, chanté par Richard : Si l'univers entier m'oublie, commence par une phrase d'un magnifique mouvement que le compositeur n'a pas su conduire jusqu'à la fin. On sent que le souffle lui a manqué. L'exclamation : O mort ! est sourde et bizarre, tombant sur un la bémol grave en dehors du registre vocal. Nous arrivons au thème saillant de l'ouvrage, au célèbre duo entre Richard et Blondel : Une fièvre brûlante, qui a toujours produit un grand effet au théâtre. Grétry, cette fois, ne s'est pas trompé sur le mérite de son inspiration, car la phrase principale a été employée jusqu'à neuf fois dans les trois actes, avec diverses combinaisons. Le chœur qui termine le second acte : Sais-tu ? connais-tu ? a du mouvement et du caractère. La scène quatrième du troisième acte offre un ensemble remarquable, et l'émotion s'empare des spectateurs lorsque Blondel chante cette belle phrase : Sa voix a pénétré mon âme, je la connais, oui, oui, madame. N'oublions pas la ronde de la noce : Eh ! zic, et zoc, quand les bœufs vont deux à deux, qui à bon droit a tant égayé nos pères. Richard et la Dame blanche offrent, malgré la différence des genres et des époques, des qualités toutes françaises qui les maintiendront encore longtemps au répertoire.

Cet ouvrage a été repris à l'Opéra-Comique le 27 septembre 1841 avec une nouvelle instrumentation, écrite par Adolphe Adam, qui a ajouté au duo d'Une fièvre brûlante, un trémolo de violon qui a obtenu un grand succès auprès des habitués peu délicats sur la nature de leurs impressions. Cette imitation des battements d'un pouls fébrile, n'est à nos yeux qu'un enfantillage de plus à ajouter au bagage de l'ingénieux musicien. Les reprises qu'on a faites de cet opéra au Théâtre-Lyrique ont été aussi très suivies. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Richard Cœur de Lion a été représenté pour la première fois (le 21 octobre 1787) à la salle Favart, alors toute neuve et qui était très fréquentée par la foule élégante des boulevards. Clairval jouait le rôle de Blondel ; Philippe, celui du roi. Le second acte obtint un très grand succès, que faillit compromettre le troisième. Sedaine refit plusieurs fuis le dénouement ; il ajouta même un quatrième acte qui se passait dans un souterrain, où le gouverneur se trouvait renfermé avec Blondel, qui lui arrachait l'ordre de mise en liberté de Richard. La combinaison fut encore jugée mauvaise. « Les habitants de Paris, nous dit Grétry dans ses Mémoires, avaient une telle envie de voir terminer cet ouvrage d'une manière agréable, que chaque société m'envoyait un dénouement pour Richard. Enfin, Sedaine adopta le siège qui concilie tout... Il est inutile, ajoute-t-il, de parler du succès de cette pièce ; il paraît que cent représentations (!) suffiront à peine à l'empressement du public. » — Le Théâtre-Lyrique adopta l'édition réorchestrée par Ad. Adam pour la reprise de l'Opéra-Comique en 1841, et il distribua ainsi les rôles : Blondel, Meillet ; Richard, Michot (qui venait d'un café-concert de la rue de la Lune) ; Florestan, Legrand ; Antonio, Mlle Girard ; Marguerite, Mlle Brunet ; Laurette, Mlle Pouilley. — Dans le même temps l'Opéra-Comique reprit aussi Richard Cœur de Lion avec Jules Puget (Blondel), et Jourdan (Richard). »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

RICHARD EN PALESTINE

 

Opéra en trois actes, livret de Paul Foucher, d'après un roman de Walter Scott (Contes des Croisades), musique d'Adolphe Adam. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 07 octobre 1844. Divertissements de Joseph Mazilier. Décors de Charles Séchan, Jules Dieterle et Edouard Desplechin (actes I et III) et Charles Ciceri (acte II). Costumes de Paul Lormier. Avec Barroilhet (Richard), Levasseur (Ismaël), Marié (Kenneth); Mme Dorus-Gras (Bérengère) et Mlle S. Méquillet (Édith Plantagenet).

 

« Le livret retrace plusieurs épisodes des croisades. La musique nous a paru froide et sans couleur. Nous mentionnerons, parmi les morceaux un peu saillants de cet ouvrage médiocre, la mélodie chantée par Richard : Air pur qui vient de la patrie, le duo de Bérengère et de Kenneth : En votre cœur, lorsque étouffée, et le trio du second acte : Que vois-je ? ô ciel ! »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RICHARD III

 

Grand opéra en quatre actes et six tableaux, livret d’Emile Blavet, d’après William Shakespeare, musique de Gaston Salvayre.

 

Première représentation à Saint-Pétersbourg, théâtre Marie, le 21 décembre 1883, dans une version italienne, sous le titre de Riccardo III, avec Mmes Maria Durand, N. Bulinoff et Amelia Sthal, MM. Dufriche, Marconi, Pinto, Corsi, Ughetti, Scolara et Manfredi.

 

Représenté en français à Nice, le 29 janvier 1891 avec Mmes Renée Richard, Félix d'Alba et Vaillant-Couturier, MM. Devoyod et Saléza ; Rouen, 22 décembre 1893 ; Toulouse, 26 novembre 1910.

 

 

RICHE AMOUREUX (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, paroles et musique de Victor Simon, représenté au théâtre Montansier le 09 décembre 1806. Cet ouvrage avait déjà été joué au théâtre de la Cité.

 

 

RICHILDE

 

Tragédie lyrique en quatre actes et dix tableaux, poème et musique d’Emile Mathieu, représentée au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, le 19 décembre 1888 avec Mmes Rose Caron (Richilde), Cagniart (Odile), Falize (Arnold), Lecion (Baudouin), MM. Engel (Osbern), Renaud (Robert le Frison), Gardoni (Albert de Béthune), Gandubert (Wedric), Rouyer (Malgy), Pother (un magistrat).

 

« M. Mathieu est un compositeur belge, artiste très instruit, directeur de l'École de musique de Louvain, qui a eu la fortune, trop rare, de voir accueillir son œuvre, une œuvre fort importante, par la grande scène lyrique de la Belgique, où elle a été accueillie par ses compatriotes avec une visible sympathie. Le sujet de Richilde est sombre et mélodramatique. L'auteur l'a emprunté à l'histoire même de son pays, à l'époque des luttes féodales, abondantes en épisodes tragiques. La comtesse Richilde de Hainaut, devenue veuve, se refuse à confier la tutelle de ses fils à Robert le Frison, soutenue qu'elle est dans sa résistance par une sorte d'aventurier, le seigneur d'Osbern. Bientôt elle s'éprend de celui-ci, qui, de son côté, aime Odile, la propre fille de Richilde, et en est aimé. Mais Odile devine, se sacrifie silencieusement à sa mère, s'enfuit et disparaît sans qu'on puisse savoir ce qu'elle est devenue. On la croit morte alors, et Osbern, se jugeant libre désormais, vient d'épouser Richilde quand le hasard lui fait découvrir Odile au fond d'un cloître où elle s'est réfugiée. La passion les emporte, mais leur bonheur dure peu. Richilde, soupçonnant son époux, le fait épier ; apprenant qu'il doit avoir une entrevue avec sa rivale, qu'elle ignore être sa fille, elle fait mettre celle-ci à mort, et n'apprend toute l'étendue de son crime que plus tard, de la bouche même d'Osbern mourant. Dans l'égarement de sa douleur, elle devient folle.

C'est sur ce drame lugubre que M. Mathieu a écrit une partition conçue dans des formes très accentuées et qui se réclame surtout des doctrines wagnériennes les plus avancées. La division par scènes, la prépondérance du récitatif, l'importance donnée à l'orchestre, enfin l'emploi du leitmotiv destiné à caractériser chaque personnage, tout s'y trouve réuni. L'œuvre, inégale et parfois inexpérimentée, est puissante d'ailleurs, empreinte d'un véritable sentiment dramatique et ne laisse pas que d'offrir de l'intérêt. A tout prendre, c'est celle d'un artiste, excessif et intempérant sans doute, mais en possession d'un talent réel, bien doué par la nature, et à qui ne manquent ni l'inspiration ni le tempérament. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

RIEN DE TROP ou LES DEUX PARAVENTS

 

Opéra-comique en un acte, livret de Joseph Pain, musique de Boieldieu. Création à Saint-Pétersbourg, Théâtre de l’Ermitage, le 06 janvier 1811. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 19 avril 1811. Il s'agit dans la pièce de deux jeunes mariés qui, au cœur de l'hiver, ont voulu passer leur lune de miel en tète à tète à la campagne, malgré les conseils de leur oncle. Ils ne tardent pas l'un et l'autre à s'ennuyer et à se lasser de leur bonheur intime, faute de distractions salutaires. Le livret est faible et la partition n'est qu'agréable. Elle renferme un joli duo.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RIEN POUR LUI

 

Féerie en trois actes, paroles de Faur, musique d’A. Piccinni, représentée au théâtre Feydeau le 24 octobre 1815.

 

 

RIEN QU'UN JOUR

 

Opéra-comique en trois actes, livret de M. Dupin, musique de M. Hubans, représenté au théâtre des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles le 25 novembre 1876, avec succès.

 

 

RIENZI, LE DERNIER DES TRIBUNS

 

[Rienzi, der letzte der Tribunen]

Opéra tragique en cinq actes, d’après Rienzi, roman d’Edward George Bulwer-Lytton tiré d’une chronique italienne anonyme du XIVe s., livret et musique de Richard Wagner.

 

Personnages : Cola Rienzi, tribun romain et notaire papal (ténor) ; Irène, sa sœur (soprano) ; Stefano Colonna (basse) ; Adriano, son fils (mezzo-soprano) ; Paolo Orsini (basse) ; Raimondo, légat du Pape (basse) ; Baroncelli, Cecco del Vecchio, le Messager de la paix, citoyens romains (ténor, basse, soprano) ; des ambassadeurs, des nobles, des prêtres, des moines, des soldats, des messagers, et le peuple.

 

L’action se déroule à Rome, au milieu du XIVe siècle.

 

Première représentation à Dresde, Hofoper, le 20 octobre 1842, avec Mmes Schröder-Devrient, Wüst, Thiele, MM. Tichatschek, Dettmer, Wächter, Vestri, Reinhold, Risse.

 

Première au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 06 avril 1869 dans la version française de Charles Nuitter et Jules Guilliaume (1825-1900), mise en scène d'Auguste Vizentini, décors de Charles Cambon, costumes d'Eugène Lacoste, avec Mlles Hannah Sternberg (Irène), Juliette Borghèse (Adriano), Marguerite Priola (une des messagères de la paix), MM. Jules Monjauze (Rienzi), Massy (Baroncelli), Guillaume Bacquié (Cecco), Lutz (Orsini), Alfred Giraudet (Stefano Colonna), Labat (Raimondo), sous la direction de Jules Pasdeloup ; ballet : Zina Mérante. 38 représentations (37 en 1869, 1 en 1870).

 

« Cet ouvrage a été dès l'origine destiné par M. Wagner à l'Opéra français. Il en écrivit lui-même le livret d'après un roman de sir Lytton Bulwer, et en offrit, en 1840, la partition à M. Léon Pillet, qui la refusa. M. Anténor Joly, directeur du théâtre de la Renaissance, accueillit l'œuvre du compositeur et se mit en mesure de la faire entendre ; mais il fit faillite avant que les répétitions ne commençassent. Une cantatrice de talent et de cœur, Mme Schroeder-Devrient, touchée de l'infortune de l'artiste, entreprit de faire représenter Rienzi sur le théâtre de Dresde. Elle réussit, et l'ouvrage obtint un succès tel, que son auteur fut nommé immédiatement maître de chapelle du roi de Saxe. Ceci se passait en 1842. Au moment où nous écrivons ces lignes, en 1869, on prépare au Théâtre-Lyrique une représentation de Rienzi. Quoique cette œuvre ne contienne aucune des hardiesses que Wagner a introduites depuis dans ses partitions, on a jugé prudent toutefois d'opérer de longues coupures et d'approprier le plus qu'on a pu la pièce aux exigences du goût français, en souvenir sans doute de l'accueil plus que sévère fait au Tannhäuser en 1861. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Il fut représenté pour la première fois à Paris, au Théâtre-Lyrique, le 6 avril 1869 sur un livret traduit par MM. Nuitter et Guilliaume. Si la partition du célèbre chef de l'école néo-allemande trouve encore quelques admirateurs, tout le monde a été d'accord pour proclamer son livret absurde et absolument dénué d'intérêt dramatique. Deux patriciens romains, Orsini et Colonna, ont formé le projet d'enlever Irène, la sœur du tribun Rienzi ; Adriano, fils de Colonna, défend la jeune fille contre ses ravisseurs ; Colonna est enchanté de la conduite de son fils et lui permet d'épouser Irène ; mais Orsini persiste dans son dessein ; Rienzi paraît et fait appel au peuple qui lui décerne une ovation. Irène est confiée à l'honneur d'Adriano ; Rienzi est dictateur ; Colonna, Orsini ainsi que les ambassadeurs étrangers lui rendent hommage. Mais Orsini, toujours vindicatif, tente d'assassiner le tribun ; celui-ci a été protégé par sa cuirasse ; il envoie à la mort Orsini et Colonna. Irène et Adriano demandent leur grâce et l'obtiennent ; mais le dictateur, nouveau Masaniello, devient bientôt impopulaire ; il fait appel aux armes et, comme César, venit, vidit, vicit. Adriano jure de venger la mort de son père qui a succombé dans la bataille. Le clergé, représenté par la personne du cardinal Raimondo, lui retire son appui ; la foule se rassemble ; un tumulte populaire s'élève ; on met le feu au Capitole. Rienzi, Adriano et Irène y trouvent la mort. J'ai condensé dans ce peu de mots tout un bric-à-brac auquel le public n'a généralement rien compris. Ainsi que je l'ai fait observer dans ma première notice, les formes italiennes ne sont pas rares dans cet ouvrage ; aussi Wagner l'a-t-il presque renié avec une ostentation dont personne n'a été dupe. Et cependant ce sont les passages écrits dans les conditions normales et traditionnelles de l'art qui ont seuls été remarqués et applaudis ; je veux dire le chœur des messagères de la paix et la prière de Rienzi. Tout le reste est d'une sonorité creuse et impitoyable. La fréquence des tutti, les tremolo et l'emploi constant des instruments de cuivre rendent l'audition de cet opéra très fatigante, et son véritable titre devrait être : Much ado about nothing. M. Pasdeloup, ayant eu la prétention de faire à l'égard de M. Richard Wagner ce que Habeneck fit autrefois pour les symphonies de Beethoven, consacra de grands efforts et d'assez folles dépenses à la mise en scène de cet opéra ; il n'épargna rien pour en organiser le succès. Le ban et l'arrière-ban des Bavarois, des Prussiens, des Hessois, Wurtembergeois, Badois, auxquels vinrent se joindre les journalistes de la presse libérale, alors en grande majorité partisans de ce qu'on appelait la nouvelle école allemande, se donnèrent rendez-vous au Théâtre-Lyrique et s'efforcèrent en vain de faire un succès au favori du roi de Bavière ; mais Rienzi était bien au-dessous de ce que la réputation du maître allemand promettait. On a eu beau dire que l'opéra de Rienzi est un de ses premiers ouvrages ; qu'il n'avait pas encore répudié les habitudes de l'art italien ; qu'il n'était pas encore entré en possession de son génie. Il est facile de répondre que si, depuis 1842, M. Richard Wagner avait produit une œuvre supérieure à Rienzi, M. Pasdeloup l'aurait choisie de préférence. C'est l'œuvre d'un excellent musicien, doué d'une volonté énergique, d'une présomption et d'une jactance sans pareilles, manquant d'inspiration et émettant des théories creuses pour donner le change sur l'impuissance de son génie. M. Pasdeloup a beaucoup fait pour installer chez nous M. Wagner ; en faisant exécuter pendant plusieurs années, par son orchestre dans les Concerts populaires, les quatre meilleurs morceaux de son compositeur favori, il est parvenu à lui donner une grande notoriété ; il lui a recruté des partisans ; mais on peut affirmer qu'il n'a pas été récompensé de ses labeurs. Il a monté l'opéra de Rienzi avec un luxe de décors et de costumes qu'on n'avait jamais vu au Théâtre-Lyrique, et cette entreprise a été plutôt ruineuse que profitable à sa direction et à l'art ; on l'a blâmé d'avoir fait des frais aussi considérables pour une pièce telle que beaucoup de collégiens de treize à quatorze ans n'en imagineraient pas une plus décousue et plus absurde, et pour une partition dont la musique a été jugée assourdissante. Le chœur des messagers de la paix et les couplets de soprano qui y sont intercalés se détachent gracieusement sur ce fond lourd et chargé de sonorités excessives. De même, la prière de Rienzi, à la fin de l'ouvrage, a paru délicieuse à entendre, en raison du contraste qu'elle forme avec le tumulte belliqueux qui règne dans l'ensemble de l'œuvre. Je ne crois pas qu'il existe un seul opéra où les tutti soient si fréquents et où les cuivres jouent un rôle aussi prépondérant. C'est du fracas et du fatras. Il paraît que M. Pasdeloup a renchéri sur les doctrines du maître et a supprimé de la partition allemande des airs et des duos. Montjauze a bien chanté le rôle de Rienzi. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

« Meinherr Wagner avait vingt-six ans lorsqu'il arriva à Paris, en 1839. Il séjourna jusqu'en 1842, demeurant successivement rue de la Tonnellerie, illustrée par la naissance de Molière, rue du Helder et à Meudon. Ce qu'il venait chercher, c'était la fortune et la gloire, minimum de l'ambition des Allemands, quand ils quittent leur aride « vaterland » et qu'ils s'abattent sur une terre étrangère. Mais il ne trouva à vivre que des bienfaits de Meyerbeer (qu'il insulta depuis) et de quelques éditeurs qui eurent la bonté de lui commander de menus ouvrages d'arrangement. Il réduisit notamment pour piano et chant la Favorite, le Guitarrero et la Reine de Chypre. Il écrivit aussi quelques couplets pour un vaudeville des Variétés intitulé la Descente de la Courtille. Cependant son Rienzi, qu'il venait d'achever, était refusé par le directeur de l'Opéra. Alors commença à germer dans ce qui sert de cœur à meinherr Wagner cette haine de sauvage qu'il a vouée à la France, et dont il faisait parade dernièrement dans une comédie de sa façon intitulée : Une Capitulation. Il faut lire le scenario de cette farce repoussante dans les Prussiens en Allemagne, le livre si patriotique et si consolant de M. Tissot. Rienzi, porté à Dresde, y fut chanté vers la fin de 1842. Il nous est revenu vingt-sept ans plus tard, et la direction du Théâtre-Lyrique a fait des efforts considérables pour en assurer le succès. Les décors, les costumes, la danse, la figuration, tout était monté sur un pied de luxe inusité. On avait poussé le soin jusqu'à pratiquer de larges coupures dans la partition pour la rendre plus digestible aux oreilles parisiennes. Cependant Rienzi disparut après une vingtaine de représentations pénibles Le public n'eut pas même de colère contre une musique médiocre mais conçue d'après les procédés acceptés par toutes les écoles, et qui, malgré son vacarme, n'était pas assez wagnérienne pour provoquer des haut-le-cœur. Personne ne s'y trompa et ne voulut prendre pour du grand art ce qui n'était que du gros art. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

RIGOLETTO

 

Opéra italien en un prologue et trois actes, livret de Francesco Maria Piave (1810-1876), d'après le Roi s'amuse, drame historique de Victor Hugo (1832) ; version française d'Edouard Duprez ; musique de Giuseppe Verdi.

 

Personnages : Rigoletto (baryton) ; le duc de Mantoue (ténor) ; la comtesse de Ceprano (soprano) ; Marcello (baryton) ; le comte de Monterone (basse) ; Sparafucile (basse) ; Gilda (soprano) ; Giovanna (contralto) ; Maddalena (mezzo-soprano) ; un Huissier de la cour ; Chevaliers ; Dames ; Pages ; Hallebardiers.

 

La scène est à Mantoue et dans ses environs, au XVIe siècle.

 

Création à Venise, Teatro La Fenice, le 11 mars 1851.

 

Première fois à Paris, au Théâtre des Italiens, le 19 janvier 1857.

 

Première fois en français, le 22 novembre 1858, au Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles

 

Première fois en français à Paris le 24 décembre 1863 au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet). Reprise avec Mme SCHRŒDER.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 3 en 1863, 83 en 1864, 53 en 1865, 31 en 1866, 24 en 1867, 9 en 1868, 32 en 1869, 8 en 1870.

 

 

VENISE

11.03.1851

PARIS

Th. des Italiens

19.01.1857

BRUXELLES

22.11.1858

THEATRE-LYRIQUE

24.12.1863

Gilda, fille de Rigoletto

Teresina BRAMBILLA

FREZZOLINI

VANDENHAUTE

Léontine de MAËSEN

Madeleine, soeur de Sparafucile

CASALONI

ALBONI

MEURIOT

Marie DUBOIS

la Comtesse de Ceprano

     

REBOUX

Joanna, vieille gouvernante de Gilda

     

Barbe Eléonore DUCLOS

un Page

 

   

Henriette ALBRECHT

 

 

 

 

 

le Duc de Mantoue

MIRATE

MARIO

WICART

MONJAUZE

Rigoletto, son bouffon

VARESI

CORSI

CARMAN

ISMAËL

Sparafucile, bravo

PONS

ANGELINE

DE POITIER

Emile WARTEL

le Comte de Monterone

   

BORSARY

PÉRONT

Matteo Borsa, courtisan

   

VRYDAGH

Auguste LEGRAND

Marcello, poète de cour

     

CAILLOT

le Comte de Ceprano

     

TESTE

Chef d’orchestre

Angelo MARIANI

X

HANSSENS

DELOFFRE

 

Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier), le 3e acte seulement, le 05 avril 1883, à l'occasion d'un Gala :

Mme Adèle ISAAC (Gilda).

MM. LASSALLE (Rigoletto), MECHELAERE (Monterone).

Chef d'orchestre : MADIER DE MONTJAU

 

Première intégrale au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 27 février 1885, dans la version française. Mise en scène de Pedro Gailhard. Décors de Jean-Baptiste Lavastre et Edouard Desplechin. Costumes du Comte Lepic.

Mmes G. KRAUSS (Gilda), A. RICHARD (Madeleine), VIDAL (la Comtesse, Johanna), HERVEY (un Page).

MM. DEREIMS (Duc de Mantoue), LASSALLE (Rigoletto), Auguste-Acanthe BOUDOURESQUE (Sparafucile), GASPARD (Monterone), BOUTENS (Marcello), Etienne SAPIN (Borsa), DESMET (Ceprano).

Chef d'orchestre : Ernest ALTES

 

 

14.09.1888

50e

23.12.1892

100e

26.10.1900

138e

01.12.1902

141e

06.05.1904

147e

Gilda

LUREAU

BERTHET

V. EIGHENA

BERTHET

Alice VERLET

Madeleine

A. RICHARD

HEGLON

B. SOYER

B. SOYER

B. SOYER

La Comtesse

DUMESNIL

VINCENT

BEAUVAIS

BEAUVAIS

VINCENT

Johanna

CANTI

CANTI

VINCENT

VINCENT

BEAUVAIS

Un Page

TEDESCHI

LAFLECHE

MATHIEU

MATHIEU

MATHIEU

 

 

 

 

 

 

Le Duc

MURATET

AFFRE

VAGUET

VAGUET

AFFRE

Rigoletto

LASSALLE

BERARDI

RIDDEZ

J. NOTÉ

J. NOTÉ

Sparafucile

L. GRESSE

DUBULLE

DELPOUGET

BAER

BAER

Monterone

Eugène BATAILLE

BALLARD

DOUAILLIER

DOUAILLIER

DOUAILLIER

Marcello

LAMBERT

GRIMAUD

CANCELIER

CANCELIER

CANCELIER

Borsa

VOULET

LAURENT

GALLOIS

GALLOIS

GALLOIS

Ceprano

CREPEAUX

DENOYÉ

DENOYÉ

PALIANTI

DENOYÉ

Chef d’orchestre

VIANESI

DE MONTJAU

MANGIN

MANGIN

 

 

 

 

31.01.1908

165e

11.06.1908*

171e

Gala

02.05.1910

 

12, 23 et 30.05.1912**

Galas

22.12.1913

 

 

16.04.1916

272e

Gilda

MIRANDA

MELBA

ALEXANDROWICZ

NEJDANOVA

Berthe MENDÈS

GALL

Madeleine

FLAHAUT

PETRANKO

LAPEYRETTE

LOLLINI

BONNET-BARON

LAPEYRETTE

La Comtesse

COURBIERES

COURBIERES

 

CARLOTTA

Marie HUBERT

COSSET

Johanna

GOULANCOURT

GOULANCOURT

 

GIRARD

GOULANCOURT

HARAMBOURE

Un Page

MATHIEU

MATHIEU

 

GERVAIS

NOTICK

DOYEN

 

 

 

 

 

 

 

Le Duc

MURATORE

CARUSO

DUBOIS

CARUSO

FONTAINE

SULLIVAN

Rigoletto

NOTÉ

RENAUD

DUCLOS

Tita RUFFO

RENAUD

NOTÉ

Sparafucile

PATY

A. GRESSE

A. GRESSE

DE LUNA

JOURNET

A. GRESSE

Monterone

CERDAN

CERDAN

CERDAN

CLAUZURE

CERDAN

NARÇON

Marcello

NUCELLY

NUCELLY

 

TARAGO

TRIADOU

ERNST

Borsa

NANSEN

NANSEN

 

Ch. DELMAS

GONGUET

GONGUET

Ceprano

DELPOUGET

DELPOUGET

 

DELESTAN

Michel EZANNO

Joseph Antoine BONAFÉ

Chef d’orchestre

P. VIDAL

T. SERAFIN

 

L. JEHIN

P. VIDAL

H. BÜSSER

 

* Le Gala du 11 juin 1908 fut donné au bénéfice de la caisse des retraites de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques.

** Les Galas des 12, 23 et 30 mai 1912 furent donnés avec le concours des Artistes et des Chœurs de l'Opéra de Monte-Carlo (l'œuvre fut chantée en italien).

 

 

 

14.11.1918

300e

07.05.1920

402e

31.03.1922

351e

(en italien)

24.07.1924

 

10.08.1925

(500e à Paris fêtée *)

20.03.1929

500e

18.09.1929

582e

02.03.1930

590e

18.10.1931

622e

Gilda

VECART

Yvonne GALL

RITTER-CIAMPI

CAMPREDON

MONSY

NORENA

NORENA

Suzanne HÉDOIN

NORENA

Madeleine

ARNE

Yvonne COURSO

Yvonne COURSO

COSSINI

FROZIER-MARROT

MONTFORT

MANCEAU

L. TESSANDRA

MANCEAU

La Comtesse

DAGNELLY

DAGNELLY

DAGNELLY

LALANDE

REX

REX

LALANDE

Cécile REX

MANDRAL

Johanna

BARDOT

GAULEY-TEXIER

GAULEY-TEXIER

DUBOIS-LAUGER

DUBOIS-LAUGER

BLANCHARD

DUBOIS-LAUGER

BLANCHARD

MARIN

Un Page

COSSET

HARAMBOURE

 

LALANDE

LALANDE

LLOBERES

LALANDE

Cécile REX

MANDRAL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Duc

LAFFITTE

Dimitri SMIRNOV

CAMPAGNOLA

DUTREIX

THILL

W. MARTIN

 

Ed. RAMBAUD

 

Rigoletto

RENAUD

DUCLOS

IVANTZOFF

DUCLOS

DUCLOS

BROWNLEE

 

NOUGARO (débuts)

 

Sparafucile

A. GRESSE

A. GRESSE

A. GRESSE

A. GRESSE

MAHIEUX

A. GRESSE

 

GROMMEN

 

Monterone

NARÇON

NARÇON

NARÇON

MAHIEUX

NARÇON

NARÇON

 

NARÇON

 

Marcello

ERNST

ERNST

 

ERNST

ERNST

ERNST

 

ERNST

 

Borsa

GONGUET

GONGUET

 

Georges RÉGIS

Georges RÉGIS

MADLEN

 

MADLEN

 

Ceprano

GODARD

GODARD

 

GUYARD

CAMBON

CAMBON

 

GUYARD

 

un Officier

 

Michel EZANNO

          CAMBON  

Chef d’orchestre

RÜHLMANN

BÜSSER

Arturo VIGNA

GROVLEZ

H. BÜSSER

H. BÜSSER

H. BÜSSER

H. BÜSSER

H. BÜSSER

 

* La Régie de l'Opéra ayant tenu compte des représentations données au Théâtre-Lyrique, la 500e à Paris fut fêtée le 10 août 1925. En fait, elle n'eut lieu, pour l'Opéra, que le 20 mars 1929.

 

 

24.08.1934

 

17.05.1935

600e

05.11.1938*

695e

19.01.1943

700e

05.02.1949

 

31.10.1949

800e

24.08.1956

900e

12.02.1964

 

05.10.1964

 

27.02.1970**

1099e

Gilda

 

L. PONS

Solange DELMAS

MATHOT

VAN HERCK

VAN HERCK

DORIA

Mady MESPLE

Andrée ESPOSITO

Christiane EDA-PIERRE

Madeleine

 

ALMONA

Antoinette DUVAL [COUVIDOUX]

LEFORT

CHABAL

CHABAL

LEFORT

Denise SCHARLEY

Marie-Luce BELLARY

Francine ARRAUZAU

La Comtesse

 

HAMY

LALANDE

LALANDE

 

DEBIERRE

DESMOUTIERS

     

Johanna

 

BACHILLAT

HAMY

COUVIDOUX

 

CROISIER

FOURRIER

     

Un Page

 

LALANDE

LALANDE

SAINT-ARNAUD

 

CAUCHARD

SPANELLYS

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Duc

JOBIN

BORGIOLI

Georges NORÉ

Georges NORÉ

ROMAGNONI

ROMAGNONI

ROMAGNONI

Roger GARDES

Georges LICCIONI

Georges LICCIONI

Rigoletto

RICHARD

BROWNLEE

José BECKMANS

José BECKMANS

BIANCO

BIANCO

E. BLANC

René BIANCO

René BIANCO

Robert MASSARD

Sparafucile

MOROT

A. HUBERTY

MÉDUS

MÉDUS

MÉDUS

HUC-SANTANA

Gérard SERKOYAN

HUC-SANTANA

Gérard SERKOYAN

Félix GIBAND

Monterone

FROUMENTY

NARÇON

Jean CLAVERIE

PACTAT

 

PHILIPPE

PHILIPPE

José FAGIANELLI

José FAGIANELLI

Jean-Pierre HURTEAU

Marcello

CAMBON

ERNST

ERNST

André RICHARD

 

MAX-CONTI

CLAVERE

 

 

 

Borsa

MADLEN

MADLEN

DE LEU

DE LEU

 

ROUQUETTY

ROUQUETTY

Maurice MAIEVSKY

Maurice MAIEVSKY

 

Ceprano

ETCHEVERRY

ETCHEVERRY

COTTA

GICQUEL

 

GICQUEL

CHARLES-PAUL

     

Un Officier

FOREST

FOREST

FOREST

GICQUEL

 

CHASTENET

CHASTENET

     

Chef d’orchestre

BÜSSER

BELLEZA

Louis FOURESTIER

RÜHLMANN

 

FOURESTIER

DERVAUX

    Alberto EREDE

* Danse : Mlles Claude, Chambray, Sioza, Berggren, Goureau, Rigel, Thalia, Lauvray, Sianina, Continsouza, Dassas, Charrier.

** Reprise le 27 février 1970, mise en scène de Michel Crochot.

 Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Gilda : D'ERVILLY (1885), LOVENTZ (1892), ADAMS (1895), SANDERSON (1895), DEREIMS (1903), VERLET (1904), Zina BROZIA (1908), KURZ (1909), VUILLAUME (1909), Berthe MENDÈS DE LÉON (1910), HEMPEL (1910), ALEXANDROWICZ (1910), HEMMLER (1912), LIPKOWSKA (1913), CAPSIR (1917), BERTHON (1917), GALZY (1919), BORELLO (1919), MASON (1920), RITTER-CIAMPI (1921), ROMANITZA (1921), DE HIDALGO (1922), G. WALSKA (1923), HARAMBOURE (1923), DAL MONTE (1924), MELUIS (1924), DI VEROLI (1926), MARCHAL (1926), HEDOUIN (1927), LALANDE (1929), D'ALIGNAN (1930), GUGLIELMETTI (1931), BIDU SAYAO (1931), CLAIRBERT (1933), DELMAS (1934), BOVY (1935), GATTI (1935), BAUGE (1936), PERRAS (1936), BONNI-PELLIEUX (1938), MICHEAU (1940), MONDA-MILLION (1945), Mado ROBIN (1945), TURBA-RABIER (1945), M. L. CIONI (1947), GRANDVAL (1947), DONEDDU (1947), BOURSIN (1949), MORALES (1952), ESPOSITO (1959), MESPLE (1960), SILVY (1960).

Madeleine : Mmes FIGUET (1885), LEAVINGTON (1889), RAUNAY (1889), PACK (1889), R. VIDAL (1890), DURAND-ULBACH (1890), BEAUVAIS (1895), LACOMBE-OLLIVIER (1896), ARBELL (1904), DE BUCK (1908), CHARBONNEL (1908), BOYER DE LAFORY (1909), CHARNY (1910), BAILAC (1911), CALVET (1912), BONNET-BARON (1913), Mad. CARON (1923), TESSANDRA (1927), MANCEAU (1929), RICHARDSON (1931), BACHILLAT (1936), SCHENNEBERG (1936), COUVIDOUX (1938), MISTRAL (1945), ATTY (1946), VAREZ (1947), PALOMBINI (1947), LEROY-THIEBAULT (1950), DISNEY (1950), SCHARLEY (1951), CHAUVELOT (1952), G. SERRES (1952), GORR (1953), MICHEL (1955), COUDERC (1956), DE PENNAFORT (1958), KAHN (1959).

le Duc de Mantoue : MM. BERTIN (1885), IBOS (1885), JÉRÔME (1889), SCAREMBERG (1903), RIDDEZ (1908), GAUTIER (1908), ALTCHEWSKY (1908), DUBOIS (1909), SOUBEYRAN (1909), SMIRNOV (1909), CAMPAGNOLA (1910), R. LASSALLE (1911), FONTAINE (1911), BASSI (1913), GRANAL (1914), RE (1917), RAMBAUD (1918), COFFIN (1921), HACKETT (1922), PANIGEL (1922), TRANTOUL (1922), Eric AUDOIN (1924), GRANVILLE (1924), PERRET (1924), SORIA (1925), PACELLA (1926), KAISIN (1928), GILLES (1928), VILLABELLA (1929), LAZZARO (1929), VERGNES (1929), LAURI-VOLPI (1930), JOBIN (1930), GENIN (1932), LUCCIONI (1932), GIGLI (1934), DE MURO (1936), BURDINO (1936), CHASTENET (1936), ROUQUETTY (1936), MANURITA (1936), SINNONE (1937), KIEPURA (1939), NECQUEÇAUR (1941), ALTERY (1941), SAINT-COME (1942), GUILHEM (1943), GIRIAT (1944), YACCAZI (1946), MORARO (1947), TRAVERSO (1947), Libero DE LUCA (1948), MALLABRERA (1949), LAROZE (1952), RAIMONDI (1953), GEDDA (1956), VANZO (1956), GIRAUDEAU (1957), GOUTTEBROZE (1959), CADIOU (1960), BOTIAUX (1960), BLONDEL (1961).

Rigoletto : MM. MELCHISSEDEC (1885), Eugène SIZES (1897), Marcellin DUCLOS (1908), DANGES (1909), TEISSIE (1910), CARRIE (1910), ROOSEN (1913), LESTELLY (1914), BATTISTINI (1917), ROUARD (1919), Robert COUZINOU (1920), IVANTZOFF (1921), BAKLANOFF (1921), MAGUENAT (1922), LANTERI (1923), SCHWURTZ (1923), URBANO (1924), SARROBE (1924), MAURAN (1924), RODRIGO (1926), ZALESKI (1926), NOUGARO (1930), ENDREZE (1931), SINGHER (1931), ROUGENET (1932), CAMBON (1932), L. RICHARD (1933), ASCANI (1933), MUSY (1936), TIBETT (1937), NOGUERA (1938), CLAVERE (1938). FOREST (1941), BARSAC (1944), CORTIS (1947), DENS (1947), BORTHAYRE (1952), ROTHMULLER (1952), VALDENGO (1953), TORRES (1953), Aldo PROTTI (1954), MASSARD (1958), BACQUIER (1959), HAAS (1960), DUBUC (1960).

Sparafucile : MM. PLANÇON (1885), FABRE (1891), PATY (1898), LEQUIEN (1908), VANNI-MARCOUX (1909), JOURNET (1910), VALLIER (1910), MARVINI (1912), LASKIN (1913), KARDEC (1914), H. LEGROS (1921), AQUISTAPACE (1922), PEYRE (1924), ZAPOROJETZ (1926), NEGRE (1929), GROMMEN (1930), MOROT (1932), BERNASCONI (1937), ETCHEVERRY (1938), DUTOIT (1939), TOMATIS (1940), BADIOLI (1947), A. RICHARD (1950), Roger RICO (1950), SAVIGNOL (1951), Xavier DEPRAZ (1952), CHAPUIS (1959), HURTEAU (1960), DEVERCORS (1961).

 

983 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 11 juin 1932, le dernier acte seulement, à l'occasion d'un Gala au bénéfice de la Caisse de retraite :

Mmes Emma LUART (Gilda), Rose POCIDALO (Madeleine).

MM. Louis MUSY (Rigoletto), Giuseppe LUGO (Duc de Mantoue), Félix VIEUILLE (Sparafucile).

Chef d'orchestre : Georges LAUWERYNS.

Seule représentation à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Résumé.

Rigoletto, le bouffon du Duc de Mantoue, a une fille belle comme le jour, Gilda, qu'il cache aux yeux de tous. Le Duc l'enlève. Pour se venger, Rigoletto attire son maître dans une embuscade. Mais Gilda se sacrifie pour son séducteur et c'est son cadavre que Rigoletto, horrifié, découvre en lieu et place de celui du Duc.

 

L'action se déroule à Mantoue, au XVIe siècle.

ACTE I. — Au palais ducal.

Une grande fête est donnée. Le Duc de Mantoue, conversant avec le baron Borsa, s'avoue fort intrigué par une rencontre qu'il a faite à l'église. Le baron signale l'entrée de la Comtesse de Ceprano et le Duc vante alors les attraits de celle-ci [Ballade du Duc : Questa o quella... / Qu'une belle...]. Il offre bientôt le bras à la Comtesse et sort avec elle. Le bouffon Rigoletto raille Ceprano, qui tourne le dos, puis sort. Marcello raconte alors que Rigoletto a une maîtresse qui est un ange de beauté ! Rigoletto revient ensuite avec le Duc, auquel il donne les conseils les plus outrageants pour le mari de la Comtesse de Ceprano. Révoltés, les courtisans jurent de tirer vengeance du bouffon.

Un plaignant s'avance, le Comte de Monterone, que le Duc a outragé, et lui fait les plus sanglants reproches. Rigoletto, accablant Monterone de railleries, reçoit sa malédiction.

ACTE II. — La maison de Rigoletto dans une rue écartée.

Rigoletto, encore sous le poids de la malédiction de Monterone, s'achemine à pas lents vers sa demeure. Sparafucile, un spadassin, lui offre ses services ; Rigoletto les décline pour le moment [Air de Rigoletto : Pari siamo... / Tous deux égaux...].

Gilda vient au-devant de son père qui lui témoigne un ardent attachement, et Rigoletto entre chez lui [Duo : Deh ! non parlare al misero... / Ah ! ne parle pas au malheureux...]. Rassuré par les promesses de sa fille et l'apparente vigilance de la gouvernante Giovanna, il ressort bientôt. Gilda pense à celui qu'elle a rencontré à l'église. Le Duc, qui s'était depuis un moment déjà introduit dans la cour de la maison, tombe aux pieds de Gilda en se faisant passer pour un
pauvre étudiant [Duo : E il sol dell' anima... / Vois à tes pieds...]. Quand il s'est retiré, la jeune fille rêve à celui qui lui a prétendu se nommer Carlo Baldi [Grand Air de Gilda : Caro nome... / Mot troublant...].

Marcello, Ceprano, Borsa et les courtisans, armés et masqués arrivent pour mettre à exécution leur projet d'enlever la maîtresse du bouffon. Ils persuadent Rigoletto qu'il s'agit de la comtesse Ceprano, si bien que le bouffon se laisse bander les yeux et va jusqu'à tenir l'échelle aux ravisseurs de son enfant.

Gilda, bâillonnée avec un mouchoir, est emmenée au loin. Rigoletto, arrachant son bandeau et reconnaissant à la lueur d'une lanterne, une écharpe perdue par sa fille, comprend l'horrible vérité ; c'est déjà la malédiction de Monterone qui s'accomplit !

ACTE III. — Une antichambre du Palais.

Les courtisans racontent au Duc l'aventure et lui apprennent que la belle est dans le palais ; le Duc sort aussitôt.

Survient Rigoletto, en proie à une violente agitation, mais fredonnant pour se donner une contenance. Il interroge tous les visages, comprend enfin que sa fille est ici-même et la réclame [Air de Rigoletto : Cortigiani, vil razza... / Courtisans, race vile et damnée...]. Moment de stupeur : comment, c'était sa fille ? Mais Gilda elle-même, échevelée, se précipite dans les bras de son père [Duo : Piangi, fanciulla... / Pleure, ô mon doux ange, pleure...].

Vient à passer le funèbre cortège du comte de Monterone marchant au supplice entre deux hallebardiers. Rigoletto déclare qu'il sera son vengeur [Air de Rigoletto : Si, vendetta, tremenda vendetta... / Ô vengeance, éclatante vengeance...].

ACTE IV. — Un lieu désert au bord du Mincio, avec une masure, dont l'intérieur est visible pour le spectateur.

Rigoletto et sa fille devisent dans l'ombre, tandis qu'à l'intérieur Sparafucile fourbit sa longue épée. Le Duc, déguisé, entre dans la maison, attiré par Madeleine la sœur du bravo [Chanson du Duc : La donna è mobile... / Comme la plume au vent...]. Gilda saisit alors toute l'étendue de son malheur [Célèbre Quatuor : (Duc) Bella figlia dell'amore... / Oui, mon âme s'abandonne...].

Rigoletto concerte avec Sparafucile la mort du Duc et envoie sa fille endosser des vêtements d'homme, car il s'agit de quitter Mantoue sans retard. Mais il veut s'assurer auparavant que sa vengeance est accomplie et se retire en attendant l'exécution du crime.

C'est alors que Madelaine intervient auprès de son frère en faveur du beau galant et que Gilda, revenue écouter à l'huis, apprend que si le hasard amène quelque passant à la porte, c'est lui qui sera dépêché à la place de l'autre.

Sa résolution est prise ; elle frappe, entre et tombe... Rigoletto approche maintenant, savourant sa vengeance. Sparafucile lui remet le sac contenant la victime, que le bouffon veut jeter lui-même à la rivière. Subitement, une bribe de la chanson du Duc, qui retentit dans le bouge de Sparafucile, cloue Rigoletto sur place. Il déchire la toile du sac et, découvrant sa fille expirante, sombre dans l'horreur du désespoir !

 

« On sait que, malgré des beautés littéraires incontestables, le drame de Victor Hugo intitulé : le Roi s'amuse, ne put être joué qu'une fois, à cause du sujet de la pièce et de la licence de certaines peintures. L'arrangeur italien s'est efforcé de le rendre possible au théâtre, en changeant les personnages tout en conservant les principaux épisodes. François Ier est devenu le duc de Mantoue ; Triboulet s'est appelé Rigoletto ; Saint-Vallier, le comte de Monterone. La scène d'introduction représente un bal animé ; le duc et ses familiers se promènent en causant de leurs galanteries. Il entretient l'un d'eux, nommé Borsa, de la rencontre qu'il a faite d'une belle jeune fille et de ses projets. Il connaît sa demeure, et il sait que chaque nuit un homme s'y introduit. Cette jeune fille, c'est Gilda ; cet homme, c'est son père, Rigoletto, le bouffon. Il la cache, comme un avare son trésor. Lui, homme sans mœurs, âme vile et conseiller pervers, il entend préserver l'honneur de sa fille de toute souillure. L'apparition de Monterone au milieu de la fête rappelle l'entrée de la statue du commandeur dans Don Juan, moins l'harmonie saisissante de Mozart. Monterone vient demander compte au duc de l'outrage fait à l'honneur de sa fille. L'indignation et les plaintes du vieillard sont accueillies par les plaisanteries des courtisans et les quolibets moqueurs de Rigoletto lui-même, qui payera cher cette bassesse. Le duc, obsédé des objurgations de Monterone, le fait arrêter et emmener par ses hallebardiers. Le vieillard, en partant, maudit le bouffon. Ce tableau d'exposition est fort bien traité. Le théâtre représente ensuite la maison de Rigoletto donnant sur une rue bien écartée. En rentrant chez lui, il est escorté par un spadassin, nommé Sparafucile, qui lui offre ses services. Ils pourront lui être utiles, car quelqu'un rôde autour de sa fille, et lui a peut-être déjà parlé. Rigoletto entre dans la maison, interroge Gilda et aussi sa gouvernante Giovanna. Rassuré par leurs réponses, il sort. Le duc, qui s'est introduit dans la cour de la maison, se montre aussitôt. Il se fait passer pour un pauvre étudiant nommé Gualtier Maldè. Pendant leur duo d'amour, le comte de Ceprano et Borsa sont venus pour reconnaître les lieux. Ennemis jurés du bouffon, ils ont comploté d'enlever sa fille, et, à l'aide d'un stratagème infernal, le malheureux est amené à se laisser bander les yeux et à tenir l'échelle aux ravisseurs de son enfant.

Au second acte, Rigoletto est dans le palais du duc. Il interroge tous les visages pour découvrir quelque indice du sort de Gilda. A la fin, sa fureur, son désespoir éclatent ; il leur demande avec cris, avec larmes sa fille. Les courtisans se conduisent en cette circonstance comme il l'a fait lui-même. Ils se moquent de sa douleur. Sa fille sort des appartements du duc. Elle implore le pardon de son père, qui cherche à l'éclairer sur les véritables sentiments de celui qu'elle croit être son amant.

C'est au troisième acte que le duc se révèle tel qu'il est aux yeux de Gilda. La scène représente un cabaret, tenu par le spadassin Sparafucile et sa sœur, la courtisane Maddalena. Une lézarde dans la muraille permet de découvrir ce qui se passe à l'intérieur. Rigoletto et Gilda voient de cette manière le duc déguisé se livrer là à une orgie du plus bas étage. Cette situation, l'une des plus fortes qu'on ait produites au théâtre, donne lieu à un magnifique quatuor. Rigoletto concerte avec Sparafucile la mort du duc, moyennant une somme de vingt écus, et renvoie sa fille en lui enjoignant de prendre un habillement d'homme et de se rendre à Vérone. Maddalena implore la pitié de son père en faveur du duc, dont la jeunesse et la désinvolture l'intéressent. Un orage éclate. Gilda revient habillée en homme. Elle reprend sa placé devant la fente de la muraille. Elle apprend le coup qui menace le duc. La pensée de mourir à la place de celui qui la trahit vient à son esprit. Elle frappe à la porte ; elle entre. Sparafucile l'assassine à la place du duc, met son cadavre dans un sac pour le jeter dans le Mincio. Rigoletto se présente pour s'assurer par ses propres yeux que l'œuvre de sa vengeance est consommée. Quel est son désespoir lorsqu'il ouvre le sac et qu'il voit les traits de sa fille au lieu de ceux de son séducteur ! Il tombe presque sans vie sur le corps de la malheureuse, tandis que l'on voit le duc et Maddalena s'éloigner tranquillement, aux premières heures de l'aurore, en chantant : La donna è mobile, et traverser le pont du Mincio.

Passons maintenant à l'examen de la partition remarquable écrite sur ce poème malsain, qui n'offre pas même le contraste d'une seule scène animée par un sentiment convenable et honnête. Quelques notes lugubres des instruments de cuivre, sur un trémolo du quatuor, servent d'introduction ; lorsque la toile se lève, deux orchestres font entendre des airs de danse vifs et élégants. Le premier motif de chant de la partition est la ballata : Questa o quella, chantée par le duc ; ces couplets expriment bien l'amour frivole et insouciant, passe-temps de cette société corrompue. Le menuet qui suit est bien un peu une réminiscence de celui de Don Juan ; mais il est en situation. L'entrée de Monterone rappelle aussi celle de la statue du commandeur, moins la puissance de l'harmonie de Mozart. Le duo entre Rigoletto et le spadassin est dramatique ; les parties vocales sont déclamées, tandis que l'intérêt mélodique est dans l'accompagnement. Dans le duo suivant, entre Rigoletto et sa fille, l'inspiration du compositeur s'élève. A la grâce des cantilènes de Gilda, il a su mêler heureusement les accents pathétiques du père tremblant pour la sécurité de son enfant. Le troisième duo, entre Gilda et le duc déguisés ne manquerait pas de charme si la strette : Addio, addio, n'était pas si vulgaire. L'air de Gilda : Caro nome che il mio cor festi primo palpitar, est bien court, mais il offre des formes mélodiques neuves et fort gracieuses. Le chœur syllabique : Zitti, zitti, moviamo a vendetta, termine d'une manière saisissante le premier acte.

Le commencement du second acte présente une inégalité choquante avec le reste de l'ouvrage. Le cantabile assez pâle du duc est suivi d'un chœur syllabique et à l'unisson dans lequel on raconte l'enlèvement de Gilda, et qui est une imitation de celui de la Sonnambula. Rien de plus commun que l'allégro de l'air : Possente amor mi chiama ; mais la scène dans laquelle le pauvre bouffon vient chercher sa fille est admirable. Il déguise sa douleur en fredonnant un refrain dont les phrases entrecoupées trahissent son émotion. L'andante agitato : Cortigiani, vil razza dannata, est une des belles pages de la partition. Mais le morceau capital de cet acte est le duo entre le père et la fille : Tutte le feste al tempio. Écrit avec la plus grande habileté pour les voix, il produirait un effet de sonorité qui suffirait à son succès, quand même il ne renfermerait pas les phrases les plus touchantes dans le premier mouvement, les plus énergiques dans l'allégro.

Le troisième acte est le chef-d'œuvre du compositeur. Nous passons légèrement sur les couplets : La donna è mobile, qui joignent à une mélodie facile et gracieuse le mérite de maintenir au duc le même caractère que ceux du premier acte : Questa o quella, avaient déjà exprimé. Le quatuor : Un di, se ben rammento mi, réunit toutes les qualités d'une invention musicale. La mélodie est constamment inspirée ; chaque personnage conserve son caractère propre ; et, en outre, les deux groupes restent bien distincts, comme l'exige la situation. Quant à l'harmonie, sans offrir beaucoup de variété, elle soutient bien l'édifice vocal. Le rythme surtout donne à cet ensemble un entraînement tout à fait exceptionnel. La galanterie du duc, la coquetterie de Maddalena, l'horreur qu'éprouve Gilda à ce spectacle, les sentiments de compassion de Rigoletto pour sa fille et de vengeance à l'égard du duc, tout cela a été coordonné par une conception forte, hardie et d'un effet admirable. Les scènes qui suivent sont encore traitées avec un grand talent. Nous signalerons la description de l'orage, des rafales de vent obtenues au moyen de tierces chromatiques vocalisées par les chœurs à bouche fermée derrière la scène. D'autres maîtres ont employé tous ces procédés au théâtre ; mais ils en ont atténué l'effet en les prolongeant outre mesure. M. Verdi est toujours rapide et bref. Quand il a produit la sensation qu'il se propose, il n'insiste pas et passe à autre chose.

Le rôle de Rigoletto a été créé par Corsi, et a fait sa réputation en Italie. Mario, Mmes Frezzolini et Alboni ont joué ceux du duc de Mantoue, de Gilda et de Maddalena. Mlle Battu a chanté le rôle de Gilda avec distinction. Cet ouvrage, traduit en français par M. Edouard Duprez et mis en quatre actes, a été représenté au Théâtre-Lyrique le 24 décembre 1863.

La partition de Rigoletto est, à notre avis la meilleure que le maître ait écrite, et il est regrettable qu'elle soit associée à une pièce qui ne peut manquer de devenir insupportable en vieillissant, tant les situations en sont exagérées, violentes et causent de malaise aux spectateurs. Le Roi s'amuse peut se lire, mais il ne peut être remis en scène. Rigoletto, grâce à la musique et à la transformation des personnages, a résisté et résistera encore à l'épreuve du temps ; mais un jour viendra où le public demandera à ne plus voir ce triste bouffon trompeur et trompé, ce spadassin et sa coquine de fille, cet assassinat, ce cadavre apporté dans un sac ; où l'on ne craindra pas de trouver puéril et grossier cet expédient du trou dans le mur qui rend possible le magnifique quatuor du quatrième acte. En attendant le retour d'un goût plus sévère dans le choix des situations dramatiques, nous constatons que le Rigoletto joué au Théâtre-Lyrique a plu infiniment mieux qu'au Théâtre-Italien. L'orchestre et le zèle des artistes ont dû contribuer au succès. Ismaël a été remarquable acteur dans le rôle de Rigoletto ; Monjauze, Wartel ont rempli ceux du comte de Mantoue et de Sparafucile ; Mlles Léontine de Maësen et Dubois, ceux de Gilda et de Maddalena. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Un opéra plein de vie et de mouvement, riche en mélodies de franc jet et portant à toutes ses pages la marque d'un esprit fécond servi par une main d'artiste ; c'était un désinfectant trouvé à point pour chasser les miasmes laissés par les Troyens. Le succès fut considérable, se prolongea longtemps, et eut des regains fructueux. Il faut dire aussi que les chanteurs avaient très bien saisi le sens de cette musique pittoresque et passionnée. Ismaël rendait le personnage du bouffon Rigoletto avec beaucoup de vigueur et de mordant ; Monjauze prêtait de la grâce et de l'élégance au duc de Mantoue, et Mlle de Maësen avait des accents très dramatiques au service de Gilda ; Wartel faisait Sparafucile, et Mlle Dubois, Maddalena. — Rigoletto a été représenté pour la première fois au théâtre de la Fenice de Venise, le 11 mars 1851. Le livret de M. Piave était imité du drame de Victor Hugo, le Roi s'amuse. Ce n'est que six ans plus tard, en janvier 1857, que cette œuvre importante du maestro Verdi fut donnée à Paris, avec Corsi, Mario, et Mme Frezzolini. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

« Principaux personnages : le duc de Mantoue ; Rigoletto, son bouffon ; Comte de Monterone ; Sparafucile, bravo ; Gilda, fille de Rigoletto ; Madelaine, sœur de Sparafucile.

La scène est à Mantoue et dans ses environs, au XVIe siècle.

Comme plusieurs autres opéras de Verdi, celui-ci a ses origines en France et n'y est revenu qu'après un stage en Italie. Pourquoi les personnages du Roi s'amuse ont-ils changé de nom ? Pourquoi François Ier est-il descendu au rang plus humble de duc de Mantoue ? Demandez-le à la censure, qui exigea ces modifications. A part ces changements d’étiquette, le drame original est suivi assez fidèlement par le librettiste italien. Il n'a subi que les contractions et les mutilations exigées par son transport sur une scène d'opéra.

Le duc de Mantoue, qui pour le caractère ressemble au François Ier de Hugo comme un frère, est amoureux d'une inconnue, laquelle n'est autre que la fille de son bouffon Rigoletto. Rigoletto, horrible, difforme, n'en a pas moins une fille belle comme le jour ; et comme il n'a pas d'illusions sur les mœurs de son maître, il cache jalousement ce trésor à tous les veux. Pourtant il ne peut l'empêcher de se rendre à l'église, et c'est là que le duc l'a aperçue. Il l'a suivie et connaît sa retraite : une petite maison en un lieu écarté, où la belle vit avec une duègne et reçoit quotidiennement la visite d'un homme qui se cache avec le plus grand soin.

On annonce, d'autre part, comme une chose hautement comique, que Rigoletto a une maîtresse. Bien mieux, celle-ci serait un ange de beauté. Mais l'arrivée du bouffon coupe court aux chuchotements. Le duc, en ce moment, lorgne la femme d'un de ses courtisans, homme très jaloux. Faisant haineusement son métier, le bossu donne à son maître les conseils les plus outrageants pour le mari, qui jure vengeance et s'en va avec d'autres ourdir un complot contre l'insulteur à gages.

Mais un plaignant s’avance : le duc de Monterone, condamné à mort, puis gracié par le duc. Il vient d'apprendre que sa fille a payé cette grâce de son honneur et il vient adresser à celui qui lui fit dans ces conditions don de la vie les plus sanglants reproches. Il lui faut à son tour subir les railleries du bouffon ; mais, en se retirant, il appelle sur ce dernier la malédiction du ciel. En l'entendant, Rigoletto a tressailli : une crainte superstitieuse s'est emparée de lui. C'est que lui aussi a une fille.

Au second acte, on le retrouve dans la ruelle déserte où il cache son enfant. Il y rencontre un bravo, Sparafucile, qui lui offre ses services moyennant honnête récompense pour le débarrasser des galants trop empressés auprès de son amie (comme tout le monde, il croit Gilda la maîtresse du bouffon). Il explique sa méthode : on opère à domicile ; sa sœur, Madelaine, entraîne le galant au bouge, et là le malheureux est expédié sans bruit, puis jeté à la rivière. Conditions : moitié d'avance, le reste après. Rigoletto retient les paroles du bravo : peut-être en aura-t-il besoin.

Emouvante entrevue entre le père et la fille. Celle-ci ignore jusqu'au nom de son père. Elle l'adore cependant, mais recule devant l'aveu de l'amour qui s'est glissé dans son âme pour certain inconnu entrevu à l'église.

Du bruit ! Le bouffon va aux écoutes. Pendant que la porte reste entrebâillée, le duc réussit à se glisser dans le jardin, et ferme la bouche à la duègne en lui jetant une bourse. Sa surprise est extrême en reconnaissant Rigoletto : elle redouble en apprenant qu'il est le père de la belle inconnue. Bientôt le bouffon se retire, laissant le loup dans la bergerie. Le duc, en roué séducteur, n'a pas de peine à vaincre : Gilda est si pure, si ignorante ! Elle ne sait à qui elle a affaire : il a dit se nommer Carlo Baldi, être pauvre et vouloir l'épouser.

Et le duc se retire. Mais depuis un instant des gens se cachent dans la ruelle. Ce sont les courtisans, poursuivant leur vengeance contre le bouffon haï. A Rigoletto, qui, hanté par un pressentiment, est revenu sur ses pas, ils disent être venus pour enlever la femme du marquis de Ceprano, son voisin. Le malheureux accepte de jouer son rôle dans l'aventure ; on l'aveugle et pendant qu'il fait le guet, on enlève sa fille. Resté seul et n'entendant plus rien, il découvre l'horrible vérité : c'est la malédiction qui s'accomplit !

Troisième acte. Le duc a appris l'enlèvement de Gilda. Les courtisans lui révèlent qu'on l'a amenée au palais. Dans un bon mouvement, il songe à réparer sa faute en épousant l'ange dont la pureté l'a ému. Mais voici que survient Rigoletto, la rage au cœur, le rire grimaçant au visage. Il écoute, épie, espérant trouver un indice qui le mettra sur la trace de son enfant. Dans tous les yeux il lit une joie mauvaise ; on le raille, on jouit de sa douleur. Tout à coup un mot l'éclaire : elle est ici, au palais ; et il réclame sa fille ! Stupeur : comment, c'était sa fille ! Les courtisans comprennent trop tard tout le mal qu'ils ont fait.

Mais Gilda elle-même se précipite dans la chambre. La voici dans les bras de son père. Elle lui avoue maintenant son innocent amour, dont le duc abusa ; elle dit le rapt dont elle fut victime. Comme ils sont tous deux embrassés, passe un funèbre cortège : le père outragé que la veille il railla, le bouffon le voit maintenant marcher au supplice. Il appelle en passant la vengeance du ciel sur le duc qui lui prit l'honneur avant de lui prendre la vie. Rigoletto a entendu : c'est lui-même qui jouera le rôle de vengeur.

Quatrième acte. Un lieu désert au bord du Mincio. La masure où vivent Sparafucile et sa sœur Madelaine. L'intérieur en est visible pour le spectateur. C'est la nuit.

Rigoletto et sa fille causent dans la rue, tandis que dans la maison Sparafucile fourbit sa longue épée. Gilda aime toujours celui qui l'a séduite, et elle le dit sans honte. Pendant qu'ils devisent dans l'ombre, le duc, déguisé, entre dans la maison. Rigoletto et Gilda l'ont reconnu. Ils regardent maintenant par une fente de la porte. Bientôt, la pauvre Gilda connaît toute l'étendue de son malheur : celui qu'elle aime est là pour une autre, et cette autre est une fille de bas étage.

Pendant que le duc et Madelaine causent et boivent, Sparafucile vient parler au bouffon : l'homme est là, pris au piège. Doit-il vivre ou mourir ? Il mourra, décide Rigoletto, et il verse la moitié de la somme. Il envoie sa fille se déguiser en homme, car il s'agit de quitter Mantoue sans retard. Lui-même la rejoindra sitôt justice faite. Il veut aider Sparafucile à jeter le cadavre à la rivière et s'assurer auparavant que sa vengeance est accomplie.

Sparafucile est homme de parole. Il annonce à sa sœur que l'heure est venue de tenir ses engagements. Mais Madelaine a pitié du beau galant. Ne pourrait-on l'épargner ? Impossible, répond le bravo. Pourtant Madelaine insiste, et l'on arrête ceci : si le hasard amène à l'huis un passant, on le dépêchera à la place de l'autre.

Justement, Gilda est revenue. Elle est habillée en homme, et si elle revient, c'est qu'elle est lasse de vivre, et qu'en mourant, elle espère sauver celui qu'elle aime toujours, malgré tout. Elle entend à travers la porte la conversation de Sparafucile et de sa sœur. Elle sait que derrière la porte un homme attend l'épée nue. Pourtant elle frappe, entre, et tombe...

Dans la rue, Rigoletto approche. Il savoure d'avance la joie horrible de la vengeance. Sparafucile lui livre un sac contenant un cadavre. Le bouffon, triomphant, sinistre, va lancer le sac par-dessus le parapet, quand un bout de chanson le change en statue de pierre : ce refrain, c'est celui de son maître le duc, et il part du bouge de Sparafucile ! Qui donc lui a-t-on livré dans le sac ? Il déchire la toile et reconnaît sa fille !

Le drame s'achève sur la sombre horreur de son désespoir. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« C’est une étrange fantaisie que nous avons de rendre aux Italiens, avec usure, la politesse qu'ils ont faite à Molière, à Beaumarchais et à quelques autres parmi nos auteurs classiques — en leur fournissant des sujets de pièces tirées d'œuvres qui sont bien de chez nous, et que nous eussions parfaitement pu exploiter nous-mêmes. Cette manie sévit aujourd'hui dans l'art du cinématographe ; notre littérature dramatique alimente de scénarios — et des meilleurs — la majeure partie de leurs films — et les moins heureusement adaptés, pour ne pas dire les plus mal joués... Aux environs de 1850, un camouflage, qui n'était peut-être pas indispensable, a enrichi le répertoire lyrique du Roi s'amuse et de la Dame aux Camélias, sous les titres de Rigoletto et de la Traviata — démarquage de Piave, musique de Verdi. Les versions françaises d'Edouard Duprez nous ont restitué fort imparfaitement les chefs-d'œuvre de Victor Hugo et d'Alexandre Dumas fils... — Des considérations politiques se sont opposées à ce que les héros du drame romantique fussent réintégrés en possession de leur royal état civil.

Représenté pour la première fois en italien, à Venise, le 11 mars 1851 — en français, à Paris, sur le Théâtre-Lyrique, le 24 décembre 1863 ; créé à l'Opéra le 2 mars 1885, Rigoletto met en scène les protagonistes de le Roi s'amuse, aux prises avec le même sujet : Mais François Ier n'est plus que le duc de Mantoue, dont le bouffon Rigoletto joue le rôle de Triboulet... Et c'est peut-être infiniment moins choquant. M. de Saint-Vallier est devenu comte de Monterone sans grand dam pour la vérité historique. Sparafucile est à peu près l'homonyme de Saltabadil, le spadassin ruffian ; sa sœur la ribaude, cette « fille d'amour délicieuse et folle » comme la Muse même du poète, s'appelle Madelaine, au lieu de Maguelonne — ce qui était beaucoup plus « Renaissance » — et la fille de Rigoletto a troqué son nom de Blanche pour celui de Gilda — qui a bien davantage le parfum de l'époque.

 

***

 

Cet opéra suit de si près le drame de Hugo qu'il ne nous semblerait pas essentiel d'en donner ici l'analyse — les scènes étant d'ailleurs aussi claires que demeure obscure, trois actes sur cinq, celle sur laquelle elles se déroulent... Et c'est tout ce qui reste de le Roi s'amuse, au théâtre — où le roi était bien le seul à s'amuser ! Les pièces du père Hugo peuvent faire de magnifiques opéras ; la sonorité de son verbe s'y prêtant merveilleusement. Mais il est à peu près impossible d'entendre celle-ci patiemment, si le musicien ne vient pas au secours des interprètes : Plus encore que la Censure, l'ennui profond qui se dégage de cette action ténébreuse l'avait, dès la création, écartée des planches... et le grand tapage mené par la Comédie-Française à l'occasion de sa reprise hasardeuse — dont on voulut, assez incongrûment, faire l'apothéose de l'auteur — ne servit qu'à en aggraver l'échec.

Verdi s'est emparé du sujet ; il en a autant que possible éliminé les invraisemblances flagrantes — telle cette interminable apostrophe de Saint-Vallier, écoutée par le monarque avec un recueillement si étrange et si méritoire. Et les librettistes ont eu, nous l'avons dit, le bon sens de substituer des personnages de film italien aux protagonistes de la mascarade royale qui avait si fort étonné les esprits judicieux et familiarisés avec l'histoire « vraie » de notre XVIe siècle... Il y avait bien de quoi s'indigner devant cet extraordinaire tableau de la Cour du Roi-Chevalier, et devant la confiance avec laquelle était accueillie par les ignorants ou par les naïfs cette caricature passionnée d'un des règnes les plus brillants qu'ait vus la France.

Tel quel, Rigoletto ne provoque plus le même malaise. Et nous en retrouvons, sous la signature de Raoul Toché, le spirituel « Frimousse » du Gaulois, un résumé subtil en alexandrins de la bonne fabrique, un tantinet irrespectueux, et que nous ne résistons pas à l'agrément de translater — persuadés que le public peut encore prendre un plaisir extrême à l'ingénieuse façon dont cette fable est contée :

 

« Faut-il vous raconter la pièce ?... Je suppose

Que non... — Vous y tenez ?... — D'accord ! voici la chose :
D'abord, n'oubliez pas que ce drame est en vers !

Or, le duc de Mantoue, prince galant, pervers,

Courtise une fillette, en passant auprès d'elle
Pour un simple écolier. Il s'en va voir sa belle

Le soir. Il ne sait pas que l'enfant, in petto,

A pour père... qui donc ? — Son fou Rigoletto !
Celui-ci, de lazzis trop venimeux, irrite

Les courtisans qui vont enlever la petite,

Par vengeance. On la livre au Prince. — En pareil cas
Que feriez-vous ?... Messieurs, ne nous en flattons pas,

Le Prince ne saurait être beaucoup plus bête

Que nous... N'insistons point sur ce doux tête-à-tête...

Malgré ce que le choix peut avoir de flatteur,

Rigoletto entend punir le séducteur :

Il l'attire en un guet-apens, chez un bon drille
Nommé Sparafucile, et dont, fort belle fille,

La sœur a ce qu'il faut pour séduire les gens.

Ce spadassin n'est point parmi les exigeants :

Pour un peu d'or comptant, il commettra le crime,

Et coudra dans un sac cette noble victime.

Mais Gilda, qui a tout vu par hasard, ne veut pas
Que celui qu'elle aima soit conduit au trépas.

Elle va revêtir vite des habits d'homme,

Et pendant que le duc de Mantoue fait un somme,
Elle court vers le bouge, ouvre la porte, et... crac !

Sparafucile frappe et la met dans le sac.

Rigoletto, content, vient, quittant son air rogue,

Faire éclater sa joie en un long monologue.

Il tient son ennemi sous ses pieds... c'est charmant !

Mais tout en se livrant à son contentement

Il regarde le corps, tandis qu'un éclair brille,

Il pousse un cri d'horreur... C'est Gilda ! C'est sa fille !

On accourt, un docteur examine l'enfant :

Le sang a dû causer la mort en l'étouffant... »

 

Etc... Et, si vous tenez à ne pas demeurer sous l'impression pénible que laisse à l'audition cette sombre aventure, même avec l'adoucissement de la musique, nous vous conseillons fort, là-dessus, de relire le Chirurgien du Roi s'amuse, monologue d'Arnold Mortier... C'est beaucoup plus... rigoletto ! »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

RIGOLO

 

Opéra-comique en un acte, livret de Peltier, musique d'Albert Grisar ; ouvrage posthume et inédit.

 

 

RIGUEURS DU CLOÎTRE (LES)

 

Drame lyrique en deux actes et en prose, livret de Joseph Fiévée, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 23 août 1790, avec Mmes Saint-Aubin (Lucile), Crétu (Emilie), Desforges (l'Abbesse), Lescot (la Sous-prieure), Desbrosses (une vieille Religieuse), MM. Louis Michu (le Comte), Pierre-Philibert Granger (un Officier). => partition livret

 

 

RIOVAL

 

Opéra en un acte, livret d’Emmanuel Ducros, musique de M. Wiernsberger, représenté à Reims en janvier 1886.

 

 

RIP

 

Opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, livret de Henri Meilhac et Philippe Gille, d’après Rip Van Winckle de Washington Irving, musique de Robert Planquette.

 

Création, dans une version anglaise de H. B. Farnie sous le titre de Rip Van Winckle, à Londres, Comedy Theatre, le 14 octobre 1882.

 

Première en français à Paris, Folies-Dramatiques, le 11 novembre 1884, avec Mmes Scalini, Mily-Meyer, Brindes, MM. Brémont (Rip), Simon-Max, Péricaud, Darman, Ginet, Delausnay.

 

Première à Bruxelles, le 19 février 1885.

 

Représenté au Théâtre de la Gaîté le 18 octobre 1894 avec Mmes Bernaert (Nelly), Mariette Sully (Kate), R. Marcelle (Jacinthe), petite S. Colin (Lowna), MM. Soulacroix (Rip), Paul Fugère (Ichabod), Dekernel (Nick), Mauzin (Derrick), Nivette (Hudson), petit F. Rouquet (Petit Jacques).

  

« L'ouvrage n'était pas nouveau, car il avait été joué à Londres, peu d'années auparavant, au Comedy-Theatre, où il avait obtenu plus de quatre cents représentations sous le titre de Rip-Rip. Les auteurs français avaient adapté des paroles françaises sous la musique écrite par M. Planquette sur le texte anglais de M. Farnie, en reproduisant le sujet très curieux que celui-ci avait emprunté à une légende américaine. On sait que l'Hudson, ce grand fleuve américain, fut découvert au XVIIIe siècle par un hardi marin hollandais, le capitaine Hudson, qui lui donna son nom. Un jour, dit-on, que les vivres commençaient à s'épuiser à bord, son équipage se débarrassa de lui en le mettant à terre avec quelques matelots qui lui restaient fidèles. Il se perdit avec eux dans la montagne de Caatskill, et plus jamais on n'eut de ses nouvelles. L'aventure est restée légendaire en Amérique, où les bonnes gens assurent que le capitaine Hudson revient parfois dans la montagne, et lorsqu'on y entend le tonnerre, ils prétendent que c'est lui qui joue aux boules, le jeu favori des Hollandais. Ils racontent encore qu'un jour, en 1775, sous le règne de George III, un habitant de Caatskill, nommé Rip, s'avisa d'aller dans la montagne pour voir s'il n'y rencontrerait pas le capitaine Hudson jouant aux boules. Surpris par le sommeil il y succomba, et lorsqu'il revint à lui, après une nuit fantastique et terrible, fertile en incidents de toute sorte, il se réveilla fatigué, usé et vieilli plus qu'on ne saurait dire. Nouvel Epiménide, il avait dormi vingt ans, si bien qu'étant parti sujet de George III, il revenait citoyen de la république américaine, ayant toutes les peines du monde à se faire reconnaître de ses compatriotes, qui le croyaient mort depuis longtemps. C'est de cette légende curieuse, popularisée en Amérique par Washington Irving, que M. Farnie avait tiré le fond de sa pièce. Celle-ci, adaptée par les auteurs français, était très variée de tons, tantôt agreste, tantôt dramatique, tantôt fantastique, et, si la musique de M. Planquette n'était pas toujours à la hauteur du sujet et des situations, elle avait cependant des parties bien venues, et l'on en peut citer nombre de pages agréables et faites pour plaire au public. C'est d'abord l'air de Rip : C'est un rien, un souffle, un rien, le trio : Mes enfants, sachez qu'en ménage, le quatuor de l'amour, la romance de Rip : C'est malgré moi, le chœur des lanternes, d'autres encore qu'il serait trop long de détailler davantage. Bref, le caractère nouveau et très original de la pièce, la grâce et la bonne allure de la musique, le soin apporté à la mise en scène surtout dans sa partie fantastique, l'ensemble de l'interprétation, tout concourait au succès, qui fut considérable. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Rip ; Derrick, gouverneur ; Nick Vedder, aubergiste ; ses enfants, Jack et Kate ; Lowena, fille de Rip ; Nelly, femme de Rip ; Jacinthe, servante de Nick ; Ischabod, médecin, etc.

La scène se passe au troisième acte en 1783, aux autres en 1763, à Kaatskill, petit village au bord de l'Hudson.

Si Rip n'a pas eu toute la vogue des Cloches, cela tient surtout au livret, qui n'est pas d'une gaîté aussi franche. La pièce se maintient cependant au répertoire, à cause de ses qualités musicales, à cause aussi de sa mise en scène riche et variée.

L'intrigue est tirée de la vieille légende de Rip van Winkle, endormi pendant vingt ans pour avoir voulu s'approprier le trésor du capitaine Hudson, et revenu vieilli parmi les siens qui ne le reconnaissent pas. Mais les auteurs ont modifié la légende : Rip n'a pas vraiment dormi pendant vingt ans ; il a seulement fait un mauvais rêve.

Rip est un bon garçon, plein de cœur, mais paresseux incorrigible. Aussi sa femme Nelly et ses enfants ne nagent-ils pas dans l'opulence. Il vit à Kaatskill, petite localité des bords de l'Hudson, au temps où l'Angleterre régnait encore sur les Etats-Unis d'aujourd'hui. Le bruit court que dans les environs est caché le trésor du capitaine Hudson, gardé par des nains malfaisants, et que l'imprudent qui toucherait à ce trésor expierait sa témérité par un sommeil léthargique de vingt années. Rip, qui passe sa vie à rôder par la montagne un fusil à la main, sous prétexte de chasse, a découvert le trésor et, pressé un jour par le gouverneur Derrick, qui menace de vendre sa maison s'il ne s'acquitte pas d'une dette, il va puiser dans l'or du Hollandais. Derrick convoitait la terre de Rip parce qu'il sait que le gouvernement en offre un haut prix pour y construire des fortifications. Rip restant propriétaire, c'est lui qui bénéficiera de l'aubaine et il sera riche au dernier acte.

Voici maintenant les détails qui s'enguirlandent autour de cette donnée. Derrick en veut à Rip parce que tous deux ont courtisé Nelly et que celle-ci a donné la préférence au second. Derrick a un garçon, Jack, amoureux de Lowena, la fille de Rip. L'aubergiste Nick Vedder a une fille, Kate, amoureuse d'un jeune médecin sans clientèle, Ischabod. Il a aussi un fils, Jean, dont le rôle est épisodique. Nick, veuf depuis longtemps, est amoureux de sa servante, Jacinthe, et se remarierait volontiers.

Lorsque s'ouvre l'action, on fête l'anniversaire du roi George III, et Derrick, en sa qualité de gouverneur, réchauffe de son mieux l'enthousiasme de ses administrés. Le bruit court que des conspirateurs, soudoyés par l'or étranger, cherchent à renverser la domination anglaise. Derrick, ayant appris que la maison de Rip va prendre une valeur considérable, le gouvernement projetant de la remplacer par des ouvrages fortifiés, réclame à son propriétaire cent dollars qu'il lui doit. Rip, qui a son idée, lui promet de rendre la somme le jour même à midi. Puis il s'enfonce dans la montagne. A midi, il est de retour et paye en or. Cela excite les soupçons ; il a payé en vieille monnaie française, peu courante dans le pays, qu'il a prise au trésor du capitaine Hudson. Mais Derrick a trouvé sa vengeance : Rip refusant d'expliquer la provenance de cet or, il l'accuse de conspirer et d'avoir été payé par l'étranger. Prévenu à temps, Rip s'éclipse avant d'être arrêté.

Au deuxième acte, Rip est retourné près du trésor du Hollandais, afin de se l'approprier en entier. Il est rejoint par la fille et la servante de Nick, puis par Nelly sa femme. Celles-ci essaient de le dissuader de son projet, lui rappelant les menaces de la légende : ce sommeil de vingt ans qui doit accabler qui oserait toucher à l'or d'Hudson. Rip n'en a cure.

Surviennent encore Derrick, Ischabod et des soldats, à la poursuite de Rip. Ils ont tous grand'peur dans ce lieu sauvage. Derrick fait à Nelly une proposition risquée : qu'elle consente à l'épouser si Rip ne reparaissait pas. Nelly ne dit ni oui ni non, mais réussit à éloigner Derrick.

Resté seul, Rip se met en devoir de retrouver le trésor. Il pénètre dans le caveau qui y conduit. Plusieurs tableaux rapides se succèdent, montrant Rip toujours plus avant dans sa recherche et finalement près des barils où sont les doublons. Scène fantastique : des nains jouent aux boules. Ils font boire à Rip une vieille eau-de-vie si exquise qu'il en prend plus que de raison et finit par succomber au sommeil. Le capitaine Hudson lui apparaît alors et prononce l’arrêt : « Tu dormiras pendant vingt ans. »

Le troisième acte met en scène le rêve de Rip. Il est censé se passer vingt ans plus tard. Rip se réveille vieilli de vingt ans. Il descend à Kaatskill qu'il reconnaît à peine. La taverne de Nick est tenue par son fils Jean. Lowena va épouser Jack Derrick. Ischabod a épousé Kate et en a eu vingt enfants. Nelly, vieillie, mais riche grâce à la vente de sa maison, est sur le point de céder à l'importunité de Derrick, qui désire toujours l'épouser. Le pauvre Rip, que personne ne veut reconnaître, apprend enfin la vérité : il a dormi vingt ans. Et pour comble de malheur, on le chasse comme un malfaiteur et un vagabond. Le rideau baisse.

Heureusement, tout ceci n'était qu'un cauchemar. Au quatrième acte, Rip se réveille pour de bon, et il n'a dormi qu'une nuit. A l'endroit où il repose, les gens du village viennent continuer les réjouissances en l'honneur de George III. Nick permet à Kate d'épouser Ischabod, à condition qu'elle ne s'oppose pas à son propre mariage avec Jacinthe. Le gouvernement a acheté la maison de Rip, qui désormais est dans l'abondance sans avoir eu besoin des millions du Hollandais.

Rip tombant au milieu du peuple en liesse, continue à se croire un vieillard. Il embrouille tout, prend sa femme pour sa fille, demande à Kate des nouvelles de ses enfants... On le rappelle à la réalité, il constate qu'il est jeune et vigoureux, que son fusil est en bon état et qu'il n'a pas de barbe blanche au menton. Il se laisse alors aller à la joie. Maintenant qu'il est riche, Derrick se dit son ami et lève son opposition au mariage de Jack et de Lowena. Noce et allégresse générales. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« « Ce n'est plus que le fantôme d'un songe errant au grand jour. » (Eschyle).

 

Ceux qui, au collège, ont « fait de l'anglais », eurent à traduire le « Livre d'esquisses » (Sketch Book) — ce petit chef-d'œuvre du Dickens américain, Washington Irving. Et si, pour eux, cette version n'eut pas l'aridité commune à combien d'autres douloureuses, c'est qu'ils auront été charmés par le conte de « Rip van Winkle ».

 

***

 

Rip habite un petit village d'Amérique, au pied des monts Caatskill, pays colonisé jadis par les Hollandais et qu'arrose le fleuve Hudson — qui se jette à New York dans l'Océan. L'Hudson aurait été découvert par le capitaine dont il porte le nom. Ce fut, paraît-il, un marin célèbre, et ses biographes racontent ainsi sa disparition mystérieuse : à la suite d'une révolte de son équipage, auquel allaient manquer les vivres, le Hollandais et quelques matelots qui lui étaient demeurés fidèles, furent débarqués. Ne connaissant pas la contrée, complètement sauvage, ils s'enfoncèrent dans les montagnes de Caastskill et s'égarèrent. On ne les revit plus vivants. Mais des colons prétendirent longtemps après avoir aperçu d'étranges créatures, tantôt cheminant de nuit le long des sentiers perdus et tantôt réunies en de mystérieuses cavernes, où ces inconnus, vêtus à l'ancienne mode, tenaient gravement leurs conciliabules : fumant, buvant du gin et jouant parfois aux boules — c'est le jeu favori des Hollandais. On en conclut que l'on avait affaire aux fantômes du capitaine Hudson et de ses hommes... et le grondement du tonnerre ayant été évoqué pour caractériser le roulement de leurs boules, pas un paysan ne se serait risqué dans la montagne un soir d'orage. Pourtant, vers 1775, un certain Rip van Winkle voulut s'assurer du fait, et... à ce que l'on rapporte, il tomba au milieu de ce cénacle de revenants. Ceux-ci l'invitèrent à boire avec eux. L'ivresse le gagnant, il s'endormit... et se réveilla vieilli de vingt ans.

La fable est de tous les temps, de tous les pays, de toutes les littératures. Elle relève du mythe d'Epiménide, des Mille et une Nuits et du cycle oriental relatif aux légendes dites « des dormants ». Les chroniques du Moyen-Age nous ont conservé l'histoire du moine de Citeaux, qui écouta chanter l'oiseau du Paradis un jour entier dans la forêt — et, revenu au monastère, où il ne reconnaissait plus personne, s'aperçut que ce jour avait duré cent ans ! — Le bon Perrault s'est bien gardé de dédaigner ce thème. Enfin, le nouvelliste yankee s'en est inspiré très heureusement dans l'anecdote de son « Rip », si populaire aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne où bien des tavernes encore portent l'enseigne de « Old Rip ».

De cette affabulation, transposée naturellement pour la scène, on a fait une magnifique opérette étrangère — jouée six cents fois de suite à Londres (*). Les français, bien entendu, se hâtèrent d'aller l'y chercher... Et c'est ainsi que Rip vit les feux de la rampe, le 11 novembre 1884, au théâtre des Folies-Dramatiques.

 

(*) Un opéra en trois actes intitulé Rip van Winkle, livret de William Ackermann, musique de Franco Leoni, a été représenté au « His Majesty's Theatre » le 4 septembre 1897.

 

Dramatique est le mot ; car Rip — primitivement Rip-Rip, adapté par Henri Meilhac et Philippe Gille de l'auteur anglais Farnie, — finissait d'abord presque mal, comme tout opéra dit « comique » qui se respecte (il y a « mélo » dans mélodie).

De retour au village, Rip a beaucoup de peine à se faire reconnaître par ses compatriotes, qui le croyaient mort. Il les avait laissés sujets du roi George III, et il les retrouve citoyens des Etats-Unis : c'est qu'entre-temps fut proclamée l'indépendance américaine. Les Caatskills avaient été l'un des principaux foyers d'agitation politique, le pays se prêtant merveilleusement aux positions stratégiques. Or, dans l'opérette, Rip — un brave garçon serviable, mais flâneur, fantaisiste et sans fortune — possède une maison et une terre hypothéquées. Son créancier, le bourgmestre Derrick, n'ignore pas que ce terrain va être acheté fort cher par le gouvernement anglais ; il s'agit d'en devenir propriétaire — et, pour cela, d'obliger Rip à s'acquitter. — Derrick sait parfaitement que son débiteur n'est pas solvable ; mais, en dehors du mobile intéressé qui le fait agir, il aura le plaisir d'assouvir de vieilles rancunes en se montrant intraitable, Rip lui ayant jadis été préféré par une jeune fille nommée Nelly. Cependant, en s'aventurant dans la forêt, le pauvre rêveur a fait la découverte d'un trésor. Il soupçonne que c'est celui du capitaine hollandais. — dont la légende est, là-dessus, particulièrement menaçante — et il n'ose d'abord y toucher ; mais, le bourgmestre exigeant son paiement immédiat, Rip n'hésite plus et verse son or... C'est de l'or français.

Magistrat britannique, Derrick n'ignore pas les sympathies de la France pour la cause de la liberté, et l'appui que son roi se prépare à laisser apporter par La Fayette au mouvement insurrectionnel de l'Union. Dans la rage qu'il ressent à voir s'évanouir ses projets de spéculation, l'occasion lui paraît propice pour se venger de son rival en l'accusant de pactiser avec l'ennemi. Et il le ferait arrêter si Rip ne se sauvait à point nommé dans la montagne, dont il connaît tous les détours... Poursuivi quelque temps, il finit par se réfugier dans la grotte au trésor et se met en devoir d'en continuer l'exhumation. — C'est alors que lui apparaît l'ombre du capitaine Hudson, et qu'après une bacchanale fantastique, Rip s'endort... Lorsqu'il se réveille, conformément à la version originale, fatigué, usé, vieilli véritablement ; lorsqu'il est méconnu et repoussé par tout le monde, et traité comme un fou — même par ses enfants ! — ce dénouement nous semble beaucoup plus cruel que celui du conteur américain : dans le Sketch Book, en effet, Mme Rip, dame van Winkle, était une abominable mégère ; et Rip, vieilli mais veuf, avait du moins pour l'aider à supporter le choc de sa décrépitude la consolation légitime d'être débarrassé de son tyran... Mais au théâtre, Nelly est une aimable jeune femme, et c'eût été un crime de lui laisser des cheveux blancs. La pièce comportait bien assez de scènes tragiques et de situations touchantes... surtout celles qui prêtent à des effets de « voix du sang ». Bref, en voyant que le public, toujours bon, tirait ses mouchoirs, les auteurs ont compris que le maximum d'émotion dont peut disposer une œuvre légère était largement atteint, et que le mélange de sentiment et de gaîté relevé par le « merveilleux » ayant suffisamment produit son habituel résultat, il ne fallait pas dépasser le « point de saturation » des mouchoirs susdits.

Donc, après avoir laissé Rip dormir encore dix années, les Parisiens l'ont vu se relever sur la scène de la Gaîté — 1894 — avec du soleil plein sa barbe blonde : il avait « rêvé sa vieillesse »... et se retrouvait riche. Ce dénouement est-il plus logique ? That is the question !... Parce que Rip bat le record de l'invraisemblance féerique, et qu'on pourrait se demander comment il fait pour rêver ce qui se passe quand il n'est pas sur la scène, — ou alors, pourquoi diable s'en étonne-t-il lorsqu'il y revient ?... Mais, d'autre part, l'état de songe suffit à expliquer bien des énormités — notamment qu'il faille à l'infortuné le miroir de la vérité qui habite le puits du village pour constater que sa barbe ondule jusqu'à sa ceinture. Du reste, c'est inimaginable ce que les personnages ont pu vieillir tous en ces quatre lustres ! Lui encore, il les a passés en plein air, livré aux intempéries. Mais ses contemporains (dont la plupart n'ont, à bien compter, que la quarantaine) sautent à cloche-pied dans le patriarcat !... Ah ! ces Américains sont les Gascons de l'Angleterre...

Enfin, lorsque l'on prend du fantastique, pour que ce soit tout à fait amusant, il faut s'abandonner les yeux fermés... Pas tout le temps, cependant : il y a là-dedans des ballets de spectres multicolores qui sont, eux aussi, des « mythes solaires », agréables à regarder, pour peu que la mise en scène — et elle s'y prête — nous aide à trouver le rêve joli ; et rien de plus gracieux que le défilé des lanternes promenées par les villageoises dans les sentiers en labyrinthe du sous-bois. Rip devrait être tout à fait l'opérette à grand spectacle. Seulement elle exige une interprétation de comédien : Brémond, de l'Odéon, avait créé le rôle, repris avec tant d'éclat par le baryton Soulacroix — pour lequel Planquette, le compositeur des Cloches de Corneville (autres harmonieux fantômes) a très brillamment allongé sa partition primitive ; et la reprise, en 1900, à la Gaîté, fournit encore une carrière de deux cents représentations.

Fantasmagorie pour les grands enfants, cette fantaisie va toujours au cœur des papas et mamans en lesquels un vieux Rip sommeille. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

RIQUET A LA HOUPPE

 

Opéra-pantomime-féerie en trois actes, paroles de ***, musique de François Foignet fils, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 12 décembre 1802. Deux des principaux rôles de cet ouvrage étaient tenus, l'un par Monrose, qui fut plus tard, dans l'emploi des « valets » et de la « grande livrée », l'une des gloires de la Comédie-Française, l'autre par Thénard, qui occupa ensuite une place importante dans le personnel de l'Opéra-Comique.

 

 

RIQUET A LA HOUPPE

 

« Folie-féerie » en deux actes, de Simonin, musique de Leblanc, représentée à la Gaîté le 28 septembre 1811.

 

 

RIQUET A LA HOUPPE

 

Opéra-comique en trois actes, paroles du général Moline de Saint-Yon et de Gustave Nadaud, musique de M. Prévost-Rousseau, représenté dans la salle de la Société d'agriculture le 22 janvier 1868.

 

 

RIQUET A LA HOUPPE

 

Féerie en trois actes et vingt tableaux dont un prologue, livret de Paul Ferrier et Charles Clairville, musique de Louis Varney. Création aux Folies-Dramatiques le 20 avril 1889, avec MM. Huguet, Gobin, Perrin, Guyon fils, Mlles Blanche Marie, Leriche, Noémie Vernon, Ilbert.

 

 

RIQUET A LA HOUPPE

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de M. Sauvage, musique d'Albert Grisar ; ouvrage posthume et inédit.

 

 

RIQUET A LA HOUPPE

 

Comédie musicale en un prologue et trois actes, livret de Raoul Gastambide, musique de Georges Hüe. Création à l'Opéra-Comique le 17 décembre 1928. => fiche technique

 

 

RITA ou LE MARI BATTU

 

[ou Deux hommes et une femme]

Opéra-comique en un acte, livret de Gustave Vaez, musique de Gaetano Donizetti (1841).

 

Création, après la mort du compositeur, à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 07 mai 1860, avec Mme Caroline Faure-Lefebvre (Rita), MM. Warot (Peppe), Barrielle (Gasparo).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 27 décembre 1860 avec Mme Dupuy, MM. Aujac, Bataille.

 

« Rita a épousé un matelot nommé Gasparo qui, le jour de ses noces, l’a battue et s'est enfui jusqu'au Canada. On apprend peu après qu'il a péri dans un naufrage. Rita contracte une nouvelle union avec un certain Peppe, garçon timide qui, celui-là, se laisse battre ; mais Gasparo revient. Condamné à reprendre sa femme, il parvient à se procurer son acte de mariage, le déchire à la grande satisfaction de Rita, et prend le large, tout en indiquant à Peppe les moyens de ne pas se laisser battre par sa moitié. Sur ce canevas très ridicule, mais amusant par les détails, Donizetti a écrit, comme toujours, une musique délicieuse par la fraîcheur des idées, l'abondance des motifs, et une facture d'une habileté consommée. Il faudrait tout citer ; bornons-nous à rappeler le duo excellent : C'est elle... je frémis, dont la péroraison enlève l'auditoire ; la scène du jeu de la Morra ; la charmante chanson de Peppe : Je suis joyeux comme un pinson ; enfin le trio bouffe : Je suis manchot. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RIVAL CONFIDENT (LE)

 

Comédie en deux actes, mêlée d'ariettes, livret de Nicolas-Julien Forgeot, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 26 juin 1788. Nous signalerons seulement de cet ouvrage l'ariette : Ici lorsque l’on est heureux, et surtout la ronde : L'âge a su borner nos désirs, qui a de la grâce et de l'entrain.

 

 

RIVALE D’ELLE-MÊME (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jacques Bins de Saint-Victor, musique de Jean-Pierre Solié. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 04 octobre 1800.

 

 

RIVALITÉ VILLAGEOISE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Philibert, musique de Charles-Philippe Lafont, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes le 29 octobre 1801. Lafont, tout jeune alors et qui jouait la comédie, était destiné à devenir l'un des plus grands violonistes de l'école française.

 

 

RIVAUX D'UN MOMENT (LES)

 

Opéra en un acte, livret de Jean-François Corsange de La Plante, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 juin 1812.

 

 

RIVAUX DE VILLAGE (LES) — Voir la Cruche cassée.

 

 

RIVAUX GÉNÉREUX (LES)

 

Opéra-comique, musique de Levasseur l'aîné, représenté sur le théâtre particulier d'un grand seigneur en 1770.

 

 

RIVOLI

 

Opérette militaire à grand spectacle en trois actes et quatre tableaux, livret de Paul Burani, musique d’André Wormser, représentée avec succès au théâtre des Folies-Dramatiques le 30 octobre 1896. Interprètes : MM. Jean Périer, Simon-Max, Gardel-Hervé, Vavasseur, Loree, Georges Mesmaecker, Mmes Dumont, Augustine Leriche, Mouline, de Beaumont.

 

 

ROB-ROY

 

Opéra, paroles de Paul Duport et de Forges, musique de Friedrich von Flotow, représenté à Royaumont chez M. de Bellissen, et au théâtre de l'hôtel de Castellane au mais de mai 1837. Mme de Forges a chanté avec talent le rôle de Diana Vernon.

 

 

ROBERT BRUCE

 

Opéra en trois actes, livret d’Alphonse Royer et Gustave Vaez, musique de Gioacchino Rossini. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 30 décembre 1846. Divertissements de Joseph Mazilier. Décors de Joseph Thierry (acte I), Charles Cambon, Jules Dieterle et Edouard Desplechin (acte II), René Philastre et Charles Cambon (acte III). Costumes de Paul Lormier. Avec Barroilhet (Robert Bruce), Anconi (Douglas), Bettini (Arthur), Paulin (Edouard); Mme Rosine Stoltz (Marie), Mlle Nau (Nelly).

 

« Le sujet du poème a été tiré de l'Histoire de l'Ecosse par Walter Scott. Robert Bruce, roi d'Ecosse, défend sa couronne contre les entreprises d'Edouard II, roi d'Angleterre, Douglas le Noir vient lui offrir le secours de son épée. Il est accompagné de sa fille Marie, qui est aimée d'Arthur, jeune officier anglais. Celui-ci est amené par les circonstances à sauver la vie du roi d'Ecosse. Il est accusé de trahison, et va payer de sa tête l'acte de générosité que sa passion pour la fille de Douglas lui a fait commettre, lorsque celui-ci s'empare du château occupé par Edouard et en expulse les Anglais.

Quatre opéras au moins de Rossini ont servi à composer ce pastiche. Ce sont Zelmira, la Donna del Lago, Torwaldo e Dorliska et Bianca e Faliero. Niedermeyer fut chargé de combiner tous les éléments de cette œuvre singulière. Au point de vue de l'art lyrique, on ne saurait se montrer trop difficile et même sévère à l'égard d'entreprises musicales de cette espèce. Il n'appartient qu'au seul compositeur de puiser dans son propre répertoire des morceaux qu'il juge utile pour sa gloire de remettre en lumière, parce qu'il les adapte à leur nouvelle destination en les modifiant presque toujours ; de même qu'un statuaire peut faire d'un Caïn un Vulcain, et même d'une Sapho une Pénélope. L'artiste assume ainsi la responsabilité de son œuvre. Mais, à l'occasion de Robert Bruce, nous n'avons pas le courage de crier au scandale, puisque ce pastiche a eu pour résultat d'enrichir le répertoire français de très beaux airs tirés d'opéras qu'on ne représente plus. Au lieu d'engager nos lecteurs à se voiler la face, nous préférons les inviter à ouvrir leurs oreilles aux mélodies du chantre de Pesaro. L'air chanté par Douglas : Eh quoi ! chez vous la crainte, suivi de l'allégro : Prêts pour la guerre, est d'une ampleur, d'une fermeté harmonique superbes ; il a été tiré de Zelmira ; la barcarolle chantée par Marie : Calme et pensive plage, est la mélodie charmante de la Donna del Lago : O mattutini albori ; le grand air de soprano : O saint amour ! première flamme, est celui de la Donna del Lago : Oh ! quante lagrime. Le finale, qui offrait aux yeux éblouis des spectateurs la foule harmonieuse des bardes revêtus de robes blanches et tenant à la main leur lyre d'or, était d'un effet scénique admirable. La musique de cette scène appartient également à la Donna del Lago. Nous devons mentionner aussi la romance de Zelmira, intercalée sur les paroles : Anges sur moi penchés, dont la mélodie est suave et l'harmonie pénétrante. Barroilhet a chanté le rôle de Robert Bruce : Anconi, celui de Douglas ; Bettini et Paulin, ceux d'Arthur et d'Edouard. Le rôle de Marie n'était pas favorable au talent de Mme Stoltz. Mlle Nau complétait, dans un rôle secondaire, la représentation. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Ce pastiche fut mal accueilli et l'on y chuta Mme Stoltz.

Niedermeyer composa la plus grande partie de cet ouvrage avec des fragments de la Donna del lago, de Zelmira et d'Armida.

Dans l'ouverture, on entendit résonner simultanément huit trompettes, en quatre tons différents.

Introduction à l'orchestre du sax-horn. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

  

ROBERT BRUCE

 

Opéra, musique du R. P. Adolphe de Doss, représenté à Liège, au collège Saint-Servais, par les élèves de l'établissement, le 28 décembre 1878.

 

 

ROBERT LE BOSSU

 

Opéra-comique, musique de Charles Foignet, représenté à Paris en 1795.

 

 

ROBERT LE DIABLE

 

Opéra en cinq actes, livret d'Eugène Scribe et Germain Delavigne, musique de Giacomo Meyerbeer.

 

Personnages : Robert, duc de Normandie (ténor) ; Raimbaut, paysan (ténor) ; Bertram, ami de Robert (basse) ; Isabelle (soprano) ; Alice, femme de Raimbaut (soprano).

 

L’action se déroule à Palerme, au XIIIe siècle.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 21 novembre 1831. Mise en scène d'Adolphe Nourrit. Décors de Charles Ciceri. Costumes de François-Gabriel-Guillaume Lepaulle.

Mmes DORUS-GRAS (Alice), CINTI-DAMOREAU (Isabelle), LAVRY (Dame d'honneur d'Isabelle).

MM. Adolphe NOURRIT (Robert), Marcelin LAFONT (Raimbaut), LEVASSEUR (Bertram), PRÉVOST (un Ermite), ALEXIS (le Prévôt du Palais), MASSOL (un Héraut d'armes), Prosper HURTEAUX (Alberti), F. PRÉVOST, François WARTEL, POUILLEY, TRÉVAUX (Chevaliers), RÉVIAL, SÉGUY, COUDER, LINTERMANS, EUZÉE (Ermites), GRENIER (le Roi de Sicile), SIMON (le Prince de Grenade), ALPHONSE (un Héraut d'armes), PEQUEUX (le Chapelain), MARIUS, STEILBET, DUMAN (Fugitifs).

Ballet réglé par Philippe TAGLIONI, dansé par Mlle TAGLIONI (Héléna), Mlles LEGALLOIS, MONTESSU, NOBLET, DUPONT, JULIA, M. PERROT et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : François-Antoine HABENECK

 

Première reprise le 20 juillet 1832.

 

100e représentation à l’Opéra, le 20 avril 1834, avec les créateurs, sauf : Mme LAURENT (une Dame d'Honneur), MM. A. DUPONT (Raimbaut), François WARTEL (le Prévôt du Palais), DERIVIS (Alberti).

 

300e le 12 mai 1848 avec Louis GUEYMARD (Robert) (débuts).

 

La 500e fut fêtée le 13 novembre 1867, avec Mmes MAUDUIT (Alice), Marie BATTU (Isabelle), MM. Louis GUEYMARD (Robert), GRISY (Raimbaut), BELVAL (Bertram), FRERET (Alberti), Mlle FONTA (Hélèna), sous la direction de Georges HAINL.

 

Première au Palais Garnier, le 06 décembre 1876 (577e représentation). Mise en scène d'Adolphe Mayer. Décors de Jean-Louis Chéret (1er acte), Antoine Lavastre et Eugène Carpezat (2e acte), Auguste Rubé et Philippe Chaperon (3e acte), Emile Daran (4e acte), Jean-Baptiste Lavastre et Edouard Desplechin (5e acte). Costumes d'Alfred Albert.

Mmes Gabrielle KRAUSS (Alice), Caroline MIOLAN-CARVALHO (Isabelle), GRANIER (une Dame d'Honneur).

MM. SALOMON (Robert), VERGNET (Raimbaut), Auguste-Acanthe BOUDOURESQUE (Bertram), GASPARD (Alberti), Etienne SAPIN (le Hérault d'armes), GRISY (le Prévôt du Palais), MERMAND (l'Ermite).

Ballet réglé par Louis MERANTE, dansé par Mlle Laura FONTA (Hélèna), Mlles PARENT, FATOU, PALLIER, A. MERANTE et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Ernest DELDEVEZ

 

 

12.03.1877

600e

27.06.1881

631e

07.07.1886

700e

28.08.1893

751e et dernière

Alice

G. KRAUSS

DUFRANE

DUFRANE

CHRETIEN

Isabelle

MIOLAN-CARVALHO

DE VERE

LUREAU

LOVENTZ

Dame

GRANIER

GRANIER

GRANIER

MATHIEU

 

 

 

 

 

Robert

SYLVA

VILLARET

ESCALAÏS

DUC

Raimbaut

VERGNET

DEREIMS

TEQUI

VAGUET

Bertram

BOUDOURESQUE

BOUDOURESQUE

L. GRESSE

L. GRESSE

Alberti

AUGUEZ

GASPARD

LAMBERT

DOUAILLIER

Le Hérault

Etienne SAPIN

Etienne SAPIN

Etienne SAPIN

GALLOIS

Prévôt

GRISY

GRISY

VOULET

LACOME

L’Ermite

MERMAND

BONNEFOY

BOUTENS

DENOYE

Hélèna

L. FONTA

RIGHETTI

FATOU

LOBSTEIN

Chef d’orchestre

E. ALTES

E. ALTES

GARCIN

DE MONTJAU

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Alice : Mmes FALCON (1832), FLECHEUX (1835), Rosine STOLTZ (1837), PAUN (1838), RIEUX (1839), NATHAN (1842), DE ROISSY (1842), BEAUSSIRE (1845), BETTY (1845), DAMERON (1846), ROSSI-CACCIA (1846), RABI (1847), JULIENNE (1848), GRIMM (1848), CASTELLAN (1848), POINSOT (1851), LAGRUA (1852), STELLER (1853), Sophie CRUVELLI (1854), LAFONT (1856), RIBAULT (1856), DUSSY (1858), SASS (1860), REY-BALLA (1861), NILSSON (1870), FURSCH-MADIER (1874), BAUX (1877), DE RESZKE (1878), LEROUX (1884), LUREAU (1884), DE LAFERTILE (1887), BRONVILLE (1888), BOSMAN (1891), FIERENS (1892).

Isabelle : Mmes JAWURECK (1832), DORUS-GRAS (1833), NAU (1836), ELIAN (1840), DOBRE (1842), DE ROISSY (1842), D'HALBERT (1846), PRETI (1846), Marie HÉBERT-MASSY (1848), DE LAGRANGE (1848), PETIT-BRIÈRE (1850), LABORDE (1851), DUSSY (1851), DELISLE (1858), HAMAKERS (1859), Caroline DUPREZ (1860), DE TAISY (1862), PASCAL (1864), THIBAULT (1871), DEVRIES (1871), BELVAL (1874), DARAM (1877), FRANCK-DUVERNOY (1879), LACOMBE-DUPREZ (1881), ISAAC (1884), D'ERVILLY (1884), CARRERE (1892), MARCY (1892).

Robert : MM. LAFOND (1833), DUMAS (1836), MARIO (1838), RAGUENOT (1842), DUPREZ (1843), Guillaume POULTIER (1844), MARIE (1844), GARDONI (1845), BORDAS (1847), BETTINI (1848), Julien MATHIEU (1852), ARMANDI (1856), RENARD (1860), DULAURENS (1861), MORERE (1864), Edouard Adolphe COLIN (1870), JOURDAIN (1881), LAMARCHE (1881), BERNARD (1888), DUPEYRON (1892).

Raimbaut : MM. François WARTEL (1832), BOULO (1840), CARLO (1841), WERMELIN (1842), OCTAVE (1842), MENGHIS (1844), KOENIG (1845), PAULIN (1845), Joseph DUFRÈNE (1846), BARBOT (1849), FLEURY (1850), AIMES (1851), HAYET (1861), BOSQUIN (1872), LAURENT (1881), PIROIA (1884), WARMBRODT (1888), JÉRÔME (1890).

Bertram : MM. DERIVIS (1832), HURTEAUX (1832), SERDA (1835), Lucien BOUCHÉ (1841), BREMOND (1844), ARNOUX (1845), BESSIN (1846), Adolphe ALIZARD (1847), GENIBREL (1848), Jean DEPASSIO (1851), COULON (1855), CAZAUX (1864), DAVID (1864), PONSARD (1872), GIRAUDET (1881), CHAMBON (1892).

Hélèna : Mlles Fanny ELLSLER (1835), FITZJAMES (1836), FABRI (1845), PLUNKETT (1846), EMAROT (1847), ZINA (1862), MERANTE (1864), DESIRE (1888).

 

751 représentations à l’Opéra dont 175 au Palais Garnier au 31.12.1961.

 

« Cet opéra est, avec celui des Huguenots, le principal titre de gloire du grand compositeur. Il avait déjà obtenu des succès en Allemagne et en Italie, où il avait fait représenter Emma di Resburgo, Marguerite d'Anjou et Il Crociato ; mais son génie l'entraînait vers des régions plus élevées. Le livret de Robert le Diable lui offrit les situations dramatiques les plus favorables à l'épanouissement de ses puissantes facultés. Une légende du moyen âge a fourni le sujet du poème dont voici l'analyse succincte. Un être malfaisant, sorte d'envoyé de Satan, a séduit Berthe, fille du duc de Normandie. Robert est le fruit de cette union. Ses déportements excitent contre ce jeune seigneur l'indignation de ses vassaux, qui le chassent. Robert, fugitif, aborde en Sicile, se fait aimer de la princesse Isabelle et devient son fiancé. Mais il irrite par son insolence les chevaliers et le père d'Isabelle ; il va succomber sous les coups de ses ennemis, quand un mystérieux personnage, le chevalier Bertram, le dégage. Robert s'attache à son libérateur et lui jure une amitié à toute épreuve. Or ce Bertram est son père, le séducteur de sa mère. Il est damné et ne songe plus qu'à enchaîner son fils à sa destinée. Livré à ses perfides conseils, Robert joue avec fureur et perd ses richesses et même ses chevaux, ses armes, à la veille du tournoi dans lequel il doit combattre pour celle qu'il aime. Le prince de Grenade triomphe à sa place et va épouser Isabelle. Bertram propose alors la conquête d'un talisman, d'un rameau qui doit faire recouvrer à Robert tout ce qu'il a perdu. Ce rameau doit être cueilli dans le monastère antique fondé par sainte Rosalie. Là, au milieu des ruines, les ombres des nonnes sacrilèges se livrent chaque nuit à d'impudiques ébats. Robert, à qui Bertram reproche son manque de courage, cède encore et va s'emparer du rameau magique. Il retourne auprès d'Isabelle, qui, sentant l'influence impérieuse du talisman, frémit, demande grâce, et a recours à ses larmes. Robert s'abandonne à sa générosité naturelle, brise le rameau aux pieds d'Isabelle ; mais il redevient faible et désarmé. Il est contraint de s'enfuir. Bertram, pressé par l'heure fatale, découvre enfin à son fils le mystère de sa naissance et le conjure de se livrer à lui. La scène se passe sur le parvis de la cathédrale de Palerme. L'orgue se fait entendre ; Alice, sœur de lait de Robert, présente à celui-ci le testament de sa mère. Un affreux combat se livre dans son âme. Enfin la terre s'entr’ouvre sous les pieds de Bertram, et Robert, ramené au bien, épouse la princesse.

Des épisodes fort intéressants viennent distraire le spectateur des invraisemblances de ce drame romantique. A travers ce merveilleux, l'idée de la lutte entre le bien et le mal se fait jour, et c'est le principal ressort de l'action dramatique.

Meyerbeer a fait preuve dans cette œuvre d'une individualité puissante et a indiqué un horizon nouveau. Il a dramatisé la science harmonique des écoles allemandes par des procédés que nous ne pouvons qu'indiquer brièvement. L'expression du caractère du personnage et de la situation dramatique est dans l'accord. L'impression en est plus concise, plus instantanée que dans la phrase mélodique qui a besoin de quelques mesures pour exercer son influence. La modulation enharmonique est la ressource la plus habituelle du maître pour entrer inopinément, sans préparation, dans le sens moral de son sujet. Il résulte de cette manière d'envisager la composition que, privée d'un texte, d'en-titre, d'un canevas, d'une situation exprimée, la musique de Meyerbeer n'intéresse pas, n'attache pas autant que celle des compositeurs qui se préoccupent moins de peindre avec énergie, précision et toute la force possible les sentiments humains, que d'émouvoir l'âme par le charme prolongé de l'oreille et par la sensation du rythme. C'est pour cette raison que les pièces instrumentales de Meyerbeer sont généralement courtes. L'esthétique de son art ne l'invitait pas à faire précéder ses opéras d'ouvertures développées. L'orchestration de Meyerbeer est admirable de science, de ressources, d'intentions dramatiques ; mais elle ne se détend jamais. La sonorité, la variété des timbres, tout concourt incessamment à l'effet. Que les imitateurs du maître prennent garde ; s'ils poussaient trop loin ce système sans le soutenir par d'éminentes qualités, ils agiraient sur leur auditoire d'une manière plutôt acoustique que musicale.

L'analyse de la volumineuse partition de Robert le Diable nous entraînerait trop loin. Nous devons nous borner à en rappeler quelques fragments. Le compositeur, d'accord avec les auteurs du livret, a pu ménager et graduer l'intérêt en l'appliquant successivement à des scènes de caractères très variés. Les deux premiers actes n'offrent que des tableaux gracieux auxquels le sentiment dramatique n'a qu'une faible part. La ballade : Jadis régnait en Normandie, a de l'originalité et de la couleur ; la romance d'Alice : Va, dit-elle, mon enfant, est d'une suavité, d'une sensibilité exquises ; l'harmonie en est intéressante et distinguée. Le chœur syllabique : Au seul plaisir fidèle, avec la Sicilienne : O fortune, à ton caprice, ont eu un succès populaire. Les modulations qui ramènent les motifs sont piquantes, mais peut-être trop développées. L'air de soprano : En vain j'espère, au milieu de phrases charmantes, offre des difficultés d'exécution ; le duo : Ah ! l'honnête homme, est un chef-d'œuvre de haute comédie musicale. Les deux caractères du naïf villageois et du satanique Bertram sont rendus avec une vérité saisissante.

Les trois derniers actes diffèrent totalement des actes précédents. Les scènes mystérieuses, lugubres, bizarres, pathétiques s'y succèdent. C'est la Valse infernale avec ses accords sauvages et stridents ; ce sont les couplets d'Alice : Quand je quittai la Normandie, interrompus par l'arrivée de Bertram, qui donne lieu à un duo dans lequel la frayeur est simulée par la musique avec une habileté merveilleuse ; le duo : Si j'aurai ce courage, où se trouve cette phrase, l'écueil des ténors : Des chevaliers de ma patrie, manque d'unité de composition, sans doute à dessein ; des phrases fort mélodiques et inspirées se suivent sans être reliées entre elles ; l'évocation : Nonnes qui reposez, empreinte d'une énergie forte et pittoresque ; l'air : Robert, toi que j'aime, appelé communément l'air de Grâce, qui, très beau à la scène, conserve au salon toutes ses qualités mélodiques et son expression pathétique ; enfin le Chœur des moines, qui réunit le triple mérite de la beauté du chant, de l'originalité du rythme et de la vérité d'expression. La scène des dernières luttes de Robert, la prière, les aveux de Bertram : Je t'ai trompé, je fus coupable, terminent dignement cet ouvrage gigantesque dont on peut critiquer la théorie à quelques égards, mais qui a certainement élargi l'horizon de l'art musical, fait connaître des ressources nouvelles et enrichi le répertoire des facultés humaines. L'interprétation de Robert le Diable a été fort remarquable dès l'origine. Le rôle de Bertram fut créé par Levasseur avec une supériorité qui a fait longtemps honneur à cet artiste ; celui de Robert a été d'abord chanté par Adolphe Nourrit avec chaleur et intelligence, puis par Duprez et Gueymard ; celui de Raimbaut, par le ténor Lafont. Mme Cinti-Damoreau se faisait vivement applaudir dans le rôle d'Isabelle. Mlle Dorus fut, en 1832, remplacée dans celui d'Alice, par Mlle Falcon. Mme Stoltz l'a chanté depuis avec talent. On remarquait dans le ballet, dont l'idée était un peu trop romantique, Mmes Taglioni, Montessu, Julia et Noblet. De tous les opéras modernes, celui de Robert le Diable a été un des plus souvent représentés. – Sous le titre de Roberto da Picardia, il a été représenté en Italie avec succès en 1855 ; Naudin y a chanté le rôle de Robert. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Quatre timbales résonnent pour la première fois à l'orchestre. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

« Principaux personnages : Robert, duc de Normandie ; Bertram, son ami ; Raimbaut, paysan normand ; Isabelle, princesse de Sicile ; Alice, paysanne bretonne, sœur de lait de Robert.

L'action se passe en Sicile, au temps de la domination normande.

Le romantisme n'a peut-être jamais rien produit de plus extravagant que ce livret de MM. Scribe et Delavigne. Raconter Robert le Diable n'est pas tâche facile. Quant à le faire comprendre, mieux vaut y renoncer d'avance.

Tout d'abord, nous devons accepter la donnée suivante : Robert, duc de Normandie, surnommé Robert le Diable, est bien réellement né des œuvres du Malin, qui a séduit et épousé sa mère. Sa conduite satanique l'a fait chasser de ses Etats, et c'est ainsi qu'il se trouve en Sicile, en compagnie d'un certain Bertram. dont tous ignorent la véritable identité, mais qui n'est autre que le diable, c'est-à-dire le propre père de Robert. Ce diable a du cœur et adore ce fils ; il s'efforce de lui prouver son affection en le damnant afin de ne pas être séparé de lui. D'après un arrêt de l'enfer, s'il n'y parvient pas avant le prochain minuit, Robert sera gagné pour le ciel en réponse aux prières de sa mère.

Cette mère vient de mourir et Robert l'ignore. Il va l'apprendre tout à l'heure de la bouche d'Alice, sa sœur de lait, venue tout exprès de Normandie en compagnie de son fiancé Raimbaut pour lui porter ce message et le testament maternel, qu'il lui est enjoint de n'ouvrir qu'au cinquième acte, au moment de la lutte suprême entre l'influence paternelle et l'influence maternelle, laquelle doit, comme bien vous pensez, tourner à l'avantage des phalanges célestes.

Les actes précédents sont remplis des vilenies et sacrilèges les plus variés que suggère Bertram à Robert dans l'excès de sa tendresse. Le premier acte nous présente Robert et Bertram, l'arrivée de Raimbaut et de sa fiancée. Nous assistons au message de cette dernière, à la remise du testament. Nous apprenons du même coup que Robert est amoureux d'Isabelle princesse de Sicile, qu'il n'a pu revoir depuis un certain temps et qui doit le croire infidèle. Alice se charge de porter à la princesse un message dont il eût pu tout aussi bien se charger lui-même, puisqu'il est présent au moment de sa remise. L'acte s'achève sur une scène de jeu où Robert perd tout son argent et jusqu'à ses armes, sur le conseil perfide de Bertram.

Le second acte se déroule au palais d'Isabelle. Un tournoi se prépare dont la main de la princesse sera le prix. Le prétendant qui paraît avoir toutes les chances est le prince de Grenade ; mais Isabelle aime encore Robert et se désole de son absence. Survient Isabelle qui remet son billet et s'échappe, tandis qu'au même instant Robert paraît. Réconciliation : Isabelle fait armer le champion de son choix ; mais Bertram, qui ne veut pas de ce mariage et patronne secrètement le prince de Grenade, lequel n'est qu'un démon déguisé, envoie Robert s'égarer dans les bois à l'heure du tournoi, si bien que l'autre prétendant gagne sans combat la main de la princesse.

Troisième acte : Les rochers de Sainte-Irène, « paysage sombre et montagneux ». Une grotte qui n'est autre qu'une porte de l'enfer ; une croix de bois. Bertram s'exerce à diverses diableries. Raimbaut et Alice se sont donné rendez-vous en cet endroit. Le démon commence par détacher Raimbaut de sa fiancée, de sorte que celle-ci se trouve abandonnée lorsqu'elle paraît. Bertram entend la sentence de l'enfer qui le condamne à perdre son fils si avant minuit il ne l'a damné. Alice a surpris sans le vouloir le terrible secret, mais Bertram la terrorise et parvient, du moins il le croit, à lui sceller les lèvres.

Arrive Robert. Lutte terrible dans l'âme d'Alice, qui voudrait parler et n'ose. Bertram emploie tout son astuce à précipiter son fils à la perdition. Il lui suggère de conquérir Isabelle, quoique mariée, au moyen d'un rameau magique qui confère la toute puissance à qui l'a ravi, et qui se trouve sur le tombeau de Sainte Rosalie, dans un cimetière de nonnes damnées. Robert va donc nuitamment dérober le talisman.

Changement à vue : le cimetière des nonnes sous la lune. Bertram commence par faire la leçon aux nonnes : si Robert faiblit, qu'elles usent de toutes leurs séductions et ne le laissent pas partir sans qu'il ait commis le sacrilège. Robert arrive : ballet. Sortie des nonnes des tombeaux, hésitations du ravisseur. scène de séduction. Finalement, Robert enlève le rameau et s'enfuit, les nonnes rentrent dans leurs tombeaux et l'on entend un chœur infernal jeter un cri de triomphe.

Quatrième acte. Par la force de son talisman, Robert pénètre dans la chambre nuptiale d'Isabelle, après avoir plongé dans une torpeur magique tous les habitants du palais. Scène pathétique : « Robert, toi que j'aime, grâce pour toi-même et grâce pour moi ! » crie la malheureuse. Robert se laisse toucher. Il n'abusera pas de sa puissance, mais du même coup il s'anéantira. Il brise le rameau magique, le palais se réveille, on envahit la chambre et on le fait prisonnier.

Cinquième acte : dans le vestibule de la cathédrale de Palerme, lieu d'asile. Robert, qui a pu s'échapper on ne sait comment, grâce à Bertram, arrive sous le porche où nul n'a le droit de mettre la main sur lui. Scène touchante entre le père et le fils. Bertram se décide, comme dernier argument, à révéler sa paternité. En bon fils, Robert commence par décider d'aller en enfer avec papa. Il va signer le pacte fatal. Survient Alice, qui remet au bon moment à son frère de lait le testament de sa mère, ainsi conçu ! « Mon fils, ma tendresse assidue veille sur toi du haut des cieux ; fuis les conseils audacieux du séducteur qui m'a perdue. » Le pauvre enfant est maintenant tiraillé entre les deux influences contraires. Incidemment, Alice lui a révélé que le prince de Grenade n'a pu entrer à l'église — étant un démon — de sorte qu'Isabelle est toujours disponible. Comme il hésite encore, minuit sonne à propos et Bertram est englouti par l'abîme en hurlant : « Tu l'emportes, Dieu vengeur ! »

Les rideaux du fond s'écartent, on aperçoit l'intérieur de la cathédrale pleine de fidèles. La princesse, à genoux, semble attendre Robert. Chœur céleste. Apothéose. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Nous n'avons pas souvent à nous occuper d'œuvres de cet âge — il convient d'en parler avec un certain respect qui n'exclut d'ailleurs pas l'étonnement... on n'est pas toujours obligé de comprendre pour admirer ; et il y eut tels de nos arrière-grands-parents qui ont entendu Robert-le-Diable autant de fois que les jeunes gens de la génération actuelle auront vu jouer la Veuve Joyeuse — toutes proportions gardées. Nous regrettons un peu de ne pas être dans le cas particulier de ceux-là, car, pour bien raconter à ceux-ci Robert-le-Diable, ce n'est vraiment pas trop de quelques douzaines d'auditions.

A la « première », qui date du 21 novembre 1831, le public de l'Opéra ne laissa pas d'ailleurs d'être surpris par les étranges nouveautés du style de Meyerbeer. Quant au poème, broché sur un ancien « mystère » et perpétuellement remanié par le compositeur pour les besoins de son art, les deux librettistes, Scribe et Germain Delavigne, reconnaissent loyalement n'y avoir jamais vu très clair ! Oui, Scribe lui-même, le grand praticien, le subtil agent d'intrigues scéniques, toujours penché sur le métier à broder, et travaillant au plus impénétrable canevas avec d'inextricables écheveaux, Scribe accuse la confusion ! — sa prose étant sans cesse retouchée et mise en récitatifs, coupés, allongés et tripatouillés par l'implacable musicien... « à Paris, à Rome, à Baden, à Wiesbaden, à Berlin, partout où le poussait son humeur voyageuse, et où il rencontrait un poète, bon ou mauvais, pour confectionner les soudures et les stoppages nécessaires » (*).

 

(*) Alphonse Royer. — Histoire du Théâtre contemporain, XVI - 3.

 

Cet opéra chevaleresque, d'un romantisme fantastique, avait été monté dans de splendides conditions de mise en scène par le directeur Duponchel. Brossé par Cicéri, le tableau merveilleux de l'antique Abbaye (*) décida, paraît-il, du succès — qui fut foudroyant. La création réunissait les grands noms de Nourrit, Levasseur, Dumoreau, Dorus et Falcon. Robert atteignait la centième en moins de deux ans et demi. L'incendie de la salle Le Peletier ayant consumé les décors, arrêta le cours régulier des représentations, dont quelques-unes furent données en 1874 au théâtre Ventadour, d'où l'ouvrage fut rapidement retiré pour insuffisance de moyens d'exécution sous forme d'opéra-comique en trois actes. La reprise solennelle de ce vieux chef-d'œuvre eut lieu le 6 décembre 1876, avec Mmes Krauss et Miolan-Carvalho sur le vaste plateau du nouvel Opéra.

 

(*) Le décor reproduisait le cloître de Montfort-l'Amaury, combiné avec celui de Saint-Trophime, d'Arles.

 

***

 

De même que la fable compte des demi-dieux, nés des amours terrestres de quelques immortels, nous avons dans le duc Robert, non pas un démon, mais un demi-diable, issu d'une noble normande décédée récemment et de Lucifer, qui avait tenu à opérer lui-même sa conquête. Et cependant il semble que l'âme de la mère a dû lui échapper, puisqu'elle obtient du Ciel que son fils — malgré les débauches où, par atavisme, il se vautre — sera sauvé de l'Enfer, si le diable ne l'y emporte avant que sonne minuit. Nous apprenons que la défunte a rédigé un testament mystérieux qu'elle a chargé Alice, paysanne bretonne, et son fiancé Raimbaut, de porter à Robert qui est son frère de lait. Celui-ci a été exilé, à la suite de nombreux méfaits, en Sicile où s'étend la domination des Normands. Il fait sa société habituelle d'un certain Bertram, étrange personnage qui exerce sur lui une influence détestable — car, sournoisement, il l'incite au jeu, à la profanation et aux pires désordres... et cela par pur dévouement : Bertram n'est en effet qu'une incarnation de Satan lequel, bon père, travaille à la damnation de son rejeton — pour l'avoir éternellement sous sa main crochue. C'est tout naturel.

Quelque chose peut entraver ses projets : Robert — tel Faust — est amoureux : il a conté jadis fleurette à la princesse de Sicile. C'est Isabelle qu'on l'appelle (pardon, Monsieur Scribe !). Mais comme son mauvais génie avait réussi à l'éloigner d'elle, il n'ose pas trop reprendre le flirt où il l'a laissé. Profitant de ce qu'un tournoi va les rapprocher, il prie Alice de lui glisser un billet doux. Ce message est bien accueilli : La belle Isabelle est restée fidèle. Et ceci ne fait pas le compte de Bertram : Il suscite une autre candidature à la main de la princesse dans la personne d'un démon subalterne — qui paraît sous les traits du prince de Grenade, et qui sortira vainqueur du tournoi dont la main d'Isabelle était le prix... parce qu'à l'heure du combat — c'était en même temps celle de la sieste — il a trouvé moyen d'endormir Robert, champion de son choix.

Et cet état de choses va fournir à Satan le motif dont il a besoin pour entraîner son fils, avec lui, dans l'abîme. L'abîme susdit a, paraît-il, son orifice dans les grottes de Sainte-Irène. Justement, au cours d'opérations cabalistiques, Méphisto-Bertram vient d'y recevoir un communiqué des Ténèbres lui signifiant les conditions en vertu desquelles, à minuit sonné, l'âme de Robert doit lui être arrachée, s'il ne parvient pas à le faire succomber auparavant à la tentation. L'occasion est bonne — et, tout d'abord, il importe de se débarrasser d'Alice et de Raimbaut qui se trouvent là comme par hasard. Ce n'est qu'un jeu pour le Malin de séparer les amoureux, et ensuite de terrifier au moyen de ses maléfices la crédule petite bretonne... Elle a tout entendu, mais n'ose plus parler lorsque se présente Robert... Il faut se hâter : Isabelle a dû épouser le prince de Grenade — un adultère s'impose. Et, pour vaincre les scrupules possibles de la nouvelle mariée, son amant n'a qu'à se munir d'un talisman fatidique — un rameau, sans doute maudit, posé sur le sépulcre d'une Abbesse dans un monastère hanté, celui de Sainte-Rosalie.

Voici la nécropole... Effet de lune. Les nonnes qui reposent sous les pierres évidemment froides sortent lentement de leur tombe, évoquées par l'Esprit du Mal. Et ce sont de drôles de corps, Dieu leur pardonne !... car elles dansent le ballet. Elles l'avaient probablement beaucoup rôti... Parmi les fantômes, Robert évolue. Scène de séduction. Le pauvre diable s'empare du rameau. Rire infernal.

Le charme opère. Le fils du Démon s'est introduit dans le palais ; tout cède à son pouvoir magique. Isabelle est à sa merci... Mais l'amour est plus fort que la volupté ; devant son amie qui l'implore, qui le supplie de ne pas briser son cœur en abusant, pour la déshonorer, de ses forces impies, Robert hésite et recule. Il jette loin de lui le talisman. Les gardes se précipitent, on s'empare du malheureux. Et cependant, Satan ne considère pas encore la partie comme perdue. Il délivre son fils, qui fuit, et vient tomber sous le porche de la cathédrale. Bertram dévoile alors ses noms, surnom, qualité, domicile. Et Robert est si las qu'il va s'abandonner à lui... Mais Alice est là, venue à point pour lui remettre le testament maternel, qu'il ne doit connaître qu'à l'heure suprême... Robert apprend de quel duel de l'au-delà son âme est l'enjeu, dans le même temps qu'il voit pour son cœur le bonheur possible : car minuit sonne ! Les bureaux de l'enfer sont fermés... et le Diable s'est englouti, vaincu, entraînant avec lui le démoniaque époux de la chaste Isabelle... On ouvre la porte de la cathédrale. Amours, délices et orgues — Enthousiasme au Paradis !

… « Lors de la création, un nuage tombant des frises manqua d'estropier la première danseuse, Marie Taglioni. Au dénouement, Robert suivit Bertram dans la trappe infernale... Le public continua de n'y rien comprendre et applaudit de plus belle... »

(Alph. Royer, op. cit.) »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

  

ROBERT LE PIRATE

 

Opérette à grand spectacle en deux actes et dix-huit tableaux, livret d'Oscar Hammerstein, Franck Mandel et Laurence Schwab, version française d'Albert Willemetz, musique de Romberg. Création française au Théâtre du Châtelet le 20 décembre 1929, avec Mlles D. Bregis (Denise), M. Louvain (Clotilde), J. Plyna (Julie) ; MM. André Baugé (Robert), Bach (Alexandre), Hennery (Besace), Lenoty (Duval).

 

« Un gentilhomme, réfugié en Amérique pour avoir, au cours d'une rixe, tué un familier de Louis XVI, est amoureux de Denise Beaunoir, fille d'un riche planteur. Celle-ci, naturellement, est courtisée par un envoyé du roi de France, le vicomte de Ribaud, qui se charge d'emmener prisonnier son rival Robert de Mison. Il est bien nécessaire que le vaisseau soit attaqué par des pirates, que de Ribaud manque de courage, que Mison, libéré, triomphe. Cela ne suffit pas. Trois ans plus tard, Ribaud cherchera à se venger et à faire tomber Mison entre les mains des Français ; c'est le moment que Denise choisit pour aimer Robert. Cette rocambolesque et naïve aventure, due à plusieurs collaborateurs américains, comporte une musique assez facile de M. Romberg ; elle n'a rien d'américain ; elle n'utilise point les éléments du jazz, et se contente de suivre avec assez d'adresse les compositeurs français ou italiens de la fin du siècle dernier. »

(Larousse Mensuel Illustré, février 1930)

 

 

ROBERT-MACAIRE ET Cie

 

Opérette bouffe en deux actes, paroles de Charles Esquier, musique de W. Salabert, représentée au petit théâtre des Mathurins en mars 1901.

 

 

ROBIN DES BOIS — Voir Freischütz.

 

 

ROBINSON CRUSOÉ

 

Opérette en un acte, livret de William Busnach, musique de Jules François Pillevesse, dit Jules Pillevestre (Belleville, Seine [auj. dans Paris], 11 novembre 1837* - Montrouge, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 26 juin 1903*), représentée aux Fantaisies-Parisiennes le 21 février 1866.

 

 

ROBINSON CRUSOÉ

 

Opéra-comique en trois actes et cinq tableaux, livret d’Eugène Cormon et Hector Crémieux, musique de Jacques Offenbach. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 23 novembre 1867, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Galli-Marié (Vendredi), Cico (Edwige), Caroline Girard (Suzanne), Révilly (Deborah), MM. Félix Montaubry (Robinson), Eugène Crosti (sir William Crusoé), Ponchard (Toby), Sainte-Foy (Jim-Cocks), Bernard (Atkins).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 17 février 1868 avec Mmes Daniele (Vendredi), Dumestre (Suzanne), Nau (Edwige), Neulat (Deborah), MM. Jourdan (Robinson), Edmond Delaunay-Riquier (sir William Crusoë), Barbet (Toby), Etienne (Jim-Cocks).

 

« Les auteurs n'ont pris que quelques noms propres au roman de Daniel Foë. Ils ont imaginé une fable tout à fait invraisemblable. Robinson quitte sa famille pour chercher la fortune, dans l'intention de revenir enrichir ses parents et surtout sa jolie cousine, la jeune Edwige, qu'il aime. Il s'embarque ; il fait naufrage ; il est jeté dans une île déserte ; Vendredi est devenu son compagnon et son confident. Là viennent le rejoindre et sa cousine Edwige, et son ami d'enfance Toby, et la servante Suzanne. Après quelques démêlés avec les cannibales et quelques coups de pistolet, tout ce monde s'embarque pour retourner dans la vieille Angleterre. Les tableaux descriptifs abondent dans cet ouvrage ; mais l'auteur de la Belle Hélène, malgré ses efforts, ne s'est pas élevé au-dessus du médiocre dans ce genre. Il a échoué là où d'autres compositeurs sérieux, convaincus, ont échoué avant lui. Les scènes de mœurs sauvages, la description des beautés de la nature, des forêts vierges, de l'océan, de la nuit sous les tropiques, tout cela a été traité avec supériorité par des maîtres, entre autres par Kreutzer et par Lesueur dans leurs partitions de Paul et Virginie, et cependant il n'en est rien resté pour le public. C'est la musique du premier acte qui a paru la mieux traitée. Il renferme une jolie ronde, la ronde du dimanche, l'ariette de Suzanne et un bon quatuor. Dans le deuxième acte, on a remarqué le duo entre Robinson et Vendredi, et la chanson bouffonne du Pot-au-feu, et dans le troisième, les couplets : Maître avait dit à Vendredi. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROBINSON DU FAUBOURG SAINT-DENIS (LE)

 

Opérette en un acte, livret d'Alfred Kart, musique de Georges Rose, représentée au Concert du Gaulois en 1872.

 

 

ROCAMBOLE AUX ENFERS

 

Opérette en quatre actes et neuf tableaux, livret de MM. Clerc frères, musique de Willent-Bordogni ; représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 26 octobre 1872.

 

 

ROCHE AUX FÉES (LA)

 

Opérette de salon, musique de Joseph Grégoir ; représentée à Bruxelles en février 1872.

 

 

ROCHER DE LEUCADE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 14 février 1800.

 

 

ROCK LE BARBU

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et Pierre-Jean-Baptiste Desforges, musique de José-Melchior Gomis. Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 13 mai 1836, avec Mmes Casimir, Olivier, Annette Lebrun ; MM. Paul Jean Fargueil, Thénard.

 

« Cette pièce est amusante. Un jeune officier norvégien, d'un caractère romanesque, est affolé d'une jeune veuve dont la tournure d'esprit est aussi singulière ; elle ne peut souffrir qu'on lui fasse une déclaration dans les formes ordinaires. Notre officier pénètre dans sa maison sous le nom de Rock le Barbu, fameux voleur redouté dans tout le voisinage. La belle comtesse, d'abord effrayée, se rassure ensuite lorsqu'elle apprend qu'elle a affaire à un amant déguisé. Elle se venge en affectant de le prendre au sérieux et en lui proposant de partager sa vie aventureuse. Le militaire perd contenance en se voyant aimé en qualité de brigand. La nouvelle de l'arrestation du véritable Rock le Barbu vient mettre fin à cette situation embarrassante. La musique a paru entachée de réminiscences rossiniennes. On a remarqué les couplets de Rock le Barbu, un bon quatuor en mineur et un air chanté par Mme Casimir. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RODRIGUE ET CHIMÈNE

 

Opéra inachevé en trois actes, livret de Catulle Mendès, musique de Claude Debussy composée en 1890-1892.

 

 

ROGER BONTEMPS

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Clairville et Bernard Lopez, musique de Jean-Jacques-Joseph Debillemont, représenté aux Fantaisies-Parisiennes le 18 mars 1868.

 

 

ROGER-BONTEMS ET JAVOTTE

 

Pièce en un acte mêlée d’ariettes, livret de Pierre-Louis Moline et Dorvigny, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 13 mai 1775. C’est une parodie d’Orphée et Eurydice de Gluck.

 

 

ROGER DE SICILE ou LE ROI TROUBADOUR

 

Opéra en trois actes, livret de Jean-Henri Guy (1765 ap. 1832), musique d'Henri Montan Berton. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Montansier) le 04 mars 1817 ; décors de Pierre Luc Charles Cicéri ; avec Mmes Branchu (Elvire), Lebrun (Isaure), Reine (Hélène), MM. François Lays (Roger), Henri-Etienne Dérivis (Zibar), Louis Nourrit (Edmond), Antoine-Nicolas-Thérèse Prévost (Odiska), Casimir Eloy, Alexandre et Pouilley (trois Guerriers siciliens). => partition livret

 

« Ce faible ouvrage n'eut aucun succès. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROGER ou LE PAGE

 

Opéra en trois actes, livret d’Etienne Guillaume François de Favières et Benoît-Joseph Marsollier, d’après Primerose (voir ce titre), roman de Morel de Vindé, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 10 mars 1799.

 

 

ROI ARTHUR (LE)

 

Poème lyrique en trois épisodes, livret de Fernand Beissier, musique de Marcel Samuel-Rousseau, représenté au Conservatoire de Paris le 08 novembre 1903.

 

 

ROI ARTHUS (LE)

 

Drame lyrique en trois actes et six tableaux, d’après les romans de la Table ronde, poème et musique d’Ernest Chausson.

 

Première représentation (après la mort du compositeur) à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, le 30 novembre 1903, mise en scène de Charles de Beer, décors de Duboscq, costumes dessinés par Fernand Khnopff.

Mme PAQUOT-D'ASSY (Genièvre)

MM. Henri ALBERS (Arthus), DALMORÈS (Lancelot), FRANÇOIS (Mordred), FORGEUR (Lyonnel), VALLIER (Allan), COTREUIL (Merlin), HENNER (un laboureur), DANLÉE (un chevalier ; un écuyer), DISY et HENNER (1er et 2e soldats), AUSTIN et DANLÉE (3e et 4e soldats), sous la direction de Sylvain DUPUIS.

 

Première fois au Palais Garnier, le 30 mars 1916 (3e acte seulement) dans une mise en scène d'Octave Labis.

Mmes Jeanne HATTO (Genièvre), Léonie COURBIÈRES, MONTAZEL, HARAMBOURE (les Suivantes).

MM. LESTELLY (Arthus), SULLIVAN (Lancelot), NARÇON (Allan), LONGUET (Lyonnel), ERNST (un écuyer), LACOME, DUFRANNE, Joseph Antoine BONAFÉ, CAMARGO (4 soldats).

Chef d'orchestre : Vincent d'INDY

 

2 représentations (3e acte seul) à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« A l'Opéra.

Il semble que, du choix de quelques-unes des œuvres récemment mises à la scène, à l'Opéra, il soit légitime de tirer les plus favorables indices sur le futur répertoire de notre première scène. Il est certain que, lorsque la vie de ce théâtre sera redevenue normale, la question du répertoire n'ira point sans difficultés. Dès à présent, on peut discerner que, ces difficultés, M. Rouché saura les résoudre de la façon qu'il était le plus légitime d'espérer.

Certaines injustices, certains oublis dont les amis de la musique pouvaient justement s'affliger seront à coup sûr réparés. C'est une réparation de cet ordre et qui permet d'en attendre une plus complète que l'exécution récente du dernier acte du Roi Arthus d'Ernest Chausson, dont les beautés douloureuses et sublimes ont fait si grande impression.

C'est chose inconcevable, pour peu qu'on y réfléchisse, qu'une œuvre telle que celle-ci, de portée si haute, de tenue si magnifique et si propre à superbement illustrer les plus nobles efforts de notre école française, n'ait point, depuis plus de douze ans, trouvé en France un grand théâtre qui daigne l'accueillir. Certes, en cette inexplicable indifférence, le public des amateurs de musique a sa part de responsabilité. Mais que dire de celle de ceux qui, placés à la tête des scènes subventionnées, ont le devoir étroit de diriger le goût, ou tout au moins de ne point le desservir ? Il est permis d'être persuadé que dès que les circonstances le permettront, le Roi Arthus prendra au répertoire de l'Opéra la place qui devrait depuis si longtemps y être la sienne.

La reprise, encore plus récente, de l'Étranger, de M. Vincent d'Indy, appelle les mêmes. réflexions et autorise les mêmes espoirs. Si l'Opéra ne se refusa point a accueillir, il y a une dizaine d'années, cette belle œuvre, il ne fit rien — ou peu de chose — pour lui assurer une existence durable. Au temps où l'Étranger fit sa première apparition, le goût du grand public demeurait encore assez rétif aux ouvrages de grand style et de haute musicalité auxquels le triomphe du wagnérisme a désormais frayé la voie.

Ce n'est pas que la musique de l'Étranger s'inspire étroitement de la tradition wagnérienne. Maintenant que les œuvres des plus excellents maîtres de notre école sont devenues plus familières aux auditeurs, on perçoit avec évidence la vanité du reproche qu'on leur faisait jadis d'imiter servilement les procédés du grand musicien dont ils ne voulaient pas consentir à méconnaître le génie. Sur les artistes de la génération de M. d'Indy et d'Ernest Chausson, l'influence de Wagner ne s'exerça vraiment que dans la conception du drame. Musiciens, ils surent conserver leur originalité tout entière. Librettistes — s'il est permis d'user de ce mot ici fort inexact — ils n'ont pas su partout marquer la même indépendance. Les raisons de cette anomalie apparente se conçoivent assez aisément. Quoique diverses personnes, dont plusieurs très considérables, se soient soudain, depuis peu, assurées du contraire, Wagner fut un dramaturge en même temps qu'un génial musicien. Cette dualité prodigieuse ne saurait être commune.

Quoi qu'il en soit et bien que le sujet de l'Étranger puisse présenter, en soi, certains parti pris et surtout certaines contradictions qui n'agréent pas à tout le monde, ses beautés musicales sont d'essence assez noble pour assurer le succès.

Le deuxième acte tout entier et surtout le prodigieux finale qui le termine peuvent compter parmi les plus nobles pages que la musique ait produites. L'exécution, sous la direction de l'auteur, fut parfaitement belle. Elle réunissait d'ailleurs les deux créateurs de l’œuvre : Mlle Bréval et M. Delmas. Et il est superflu de louer l'interprétation vivante et musicale de deux artistes tels que ceux-ci. »

(Henri Quittard, le Figaro, 20 avril 1916)

 

 

ROI AVEUGLE (LE)

 

Légende scandinave en deux tableaux, livret d’Hugues Leroux, musique d’Henry Février.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 08 mai 1906.

Décors de Lucien Jusseaume. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Aline VALLANDRI (Hilda), D'OLIGÉ (une jeune fille).

MM. David DEVRIÈS (Ymer), Félix VIEUILLE (le Roi), FERNET (le Viking), BERNARD (un homme), SIMARD (un autre homme).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.

 

9 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

ROI BOIT ! (LE)

 

Opérette en un acte, livret d'Adolphe Jaime et Eugène Mestépès, musique d’Emile Jonas, représentée aux Bouffes-Parisiens le 09 avril 1857, avec Mmes Marguerite Macé [Macé-Montrouge] (Louisette), d'Abingdon (Louison), MM. Caillat (Sirodoux), Pierre Julien Davoust (François). => partition

 

« La musique de cette opérette était élégante et bien tournée ; la pièce avait l'allure de ces vaudevilles lestes et pétillants qu'entre deux rasades imaginaient les membres du Caveau. On y pourrait bien trouver quelques points de ressemblance avec une bluette agréable jouée place de la Bourse sous le titre de la Corde sensible. Mais nous nous soucions peu de composer à ce sujet une satire dans le style de Juvénal et nous aimons mieux parler de Caillat qui, dans le Roi boit ! rendait, une scène d'ivresse avec une vérité très grande. Comme ses jambes oscillaient avec abandon ! Comme il avait l'œil injecté d'alcool ! et quel jargon aviné il parlait !... C'était à croire que pour obtenir ces effets, l'administration subventionnait Caillat de fortes régalades. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

ROI BOSSU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Albert Carré, musique d’Elsa Barraine. Création à l'Opéra-Comique le 17 mars 1932. => fiche technique

 

 

ROI CANDAULE (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Michel Carré, musique d’Eugène Diaz.

Création au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 09 juin 1865, avec Mlle Daram (Nissa), MM. Jules Puget (Gygès dit Nadir), Emile Wartel (le roi Candaule).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 25 en 1865, 16 en 1866.

 

« E. Diaz est le fils du célèbre peintre Diaz de la Peña. Le Roi Candaule était son début au théâtre, mais il s'est manifesté une seconde fois dans des circonstances plus solennelles. Le gouvernement ayant ouvert, en 1867, un concours musical pour la composition de trois ouvrages destinés à l'Opéra, à l'Opéra-Comique et au Théâtre-Lyrique, M. E. Diaz obtint le prix d'opéra. Sa Coupe du roi de Thulé a été exécutée rue Le Peletier, en 1873. (Le Florentin, de M. Lenepveu, et le Magnifique, de M. Philippot, couronnés aussi, ont vu le jour sur les scènes auxquelles ils étaient destinés). »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

ROI CANDAULE (LE)

 

Comédie lyrique en cinq actes, livret de Maurice Donnay, musique d’Alfred Bruneau.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 01 décembre 1920. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes dessinés par Marcel Multzer exécutés par Mme Solatges et M. Mathieu. Au 2e acte, danses réglées par Jeanne Chasles.

Mmes Marthe CHENAL (la Reine Tudo), Andrée FAMIN (Baggis), Antoinette RÉVILLE (Noémia), Germaine BAYE (Naé), Marthe FERRARE (Satala), DELAMARE (Coloé).

MM. Jean PÉRIER (le Roi Candaule), Charles FRIANT (Gygès), Louis AZÉMA (Hermanax), Charles PANZERA (Pittacos), Eugène DE CREUS (Lixos).

Chef d'orchestre : Alphonse CATHERINE.

 

15e représentation le 21 janvier 1921.

Mmes Marthe CHENAL (la Reine Tudo), Andrée FAMIN (Baggis), Antoinette RÉVILLE (Noémia), Germaine BAYE (Naé), Marthe FERRARE (Satala), DELAMARE (Coloé).

MM. André ALLARD (le Roi Candaule), CLAUDE-JEAN (Gygès), MORTURIER (Hermanax), Charles PANZERA (Pittacos), Victor PUJOL (Lixos).

Chef d'orchestre : Alphonse CATHERINE.

 

18 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

ROI CARNAVAL (LE)

 

Opérette en un acte, paroles de Bannel et Puech, musique de Justin Clérice, représentée à Parisiana le 01 février 1898.

 

 

ROI CAROTTE (LE)

 

Opéra bouffe, féerie en quatre actes et dix-huit tableaux, livret de Victorien Sardou, musique de Jacques Offenbach.

Création au théâtre de la Gaîté le 15 janvier 1872 avec Mmes Zulma Bouffar (Robin-Luron), Seveste (Rosée du Soir), Judic (Cunégonde), Lyon (Mme Pipertrunck), Herbeer (Mme Trac), Devenay (Mme Koffre), Stéphane (Mme Schopp), Drouard (Thécla) ; MM. Masset (Fridolin), Soto (Pipertrunck), Alexandre (Truck), François-Antoine Grivot (Koffre), Vicini (le Roi Carotte), Gravier (Dagobert), Colleuille (Schopp), Delorme (Trac).

 

« Le livret de la pièce a été tiré d'un conte d'Hoffmann qui a pour titre : Histoire héroïque du célèbre ministre Klein Zach, surnommé Cinabre. M. Sardou et son collaborateur M. Offenbach ont adapté la donnée de ce conte au goût du public contemporain et particulièrement du parterre du théâtre de la Gaîté. Fridolin XIV (pourquoi XIV ?) est un prince fort mauvais sujet qui songe à réparer le désordre de ses affaires en épousant la princesse Cunégonde, autre drôlesse qui se laisse courtiser par le roi Carotte lequel, protégé par la fée Coloquinte, s'empare des Etats de Fridolin et de sa fiancée. Le roi détrôné va chez les singes apprendre la politique. Un génie bienfaisant, Robert-Luron, le fait remonter sur son trône et épouser Rosée-du-Soir, jeune princesse qui, déguisée en page, a accompagné le frivole Fridolin dans ses excursions extravagantes. Qu'au lendemain de nos désastres, de l'invasion de notre territoire, de la captivité de plus de trois cent mille citoyens, de l'horrible guerre civile, il se trouve un public pour ces sortes d'ouvrages, cela est honteux, et les hommes doués de patriotisme et de cœur en gémissent. Que M. Offenbach, qui est Francfortois, se moque de tout cela et de nous-mêmes, il est dans son rôle, et assurément, après avoir fait le jeu de M. de Bismarck pendant la durée de l'Empire, ce rôle lui a été assez avantageux pour qu'il ne renonce pas facilement à le poursuivre tant qu'il se trouvera des sots, des libertins et des courtisanes pour l'y encourager. Mais qu'un homme de talent et d'esprit tel que M. Sardou aille se commettre avec cet amuseur au point de collaborer avec lui, d'écrire pour sa musique de guinguette des lazzi et des extravagances, c'est là une chose fort surprenante et qu'aucune considération ne peut expliquer. La partition est volumineuse, et cependant je n'y ai trouvé qu'un quatuor, celui des ruines de Pompéi, qui m'ait intéressé ; tout le reste porte l'empreinte de la griffe de M. Offenbach, qui depuis vingt ans égratigne les oreilles des gens de goût. Cependant, comme des personnes d'une humeur plus facile ont remarqué divers morceaux, je vais les faire connaître : d'abord une petite valse en si bémol qui forme l'ouverture ; le rondo de la princesse Cunégonde, aussi valse en sol ; le chœur qui suit, valse lente en si bémol ; la romance des Fleurs, chantée par Rosée-du-Soir, autre valse en sol ; le duetto de la Boule, polka en sol ; le chœur : Vidons les flacons, valse en la majeur ; le chœur : Jour d'allégresse, valse en la majeur ; le chœur : Ah ! les drôles de costumes ! polka en mi ; l'air du roi Carotte, polka en sol ; En avant les violons, valse en si bémol ; le chœur : Jardiniers et jardinières, vulgaire sauterie en sol, décorée par le musicien du nom pittoresque de Farandole ; les couplets du diplomate Pipertrunck sont chantés sur un air de pont-neuf. Dans sa recherche du laid qu'il poursuit à outrance, M. Offenbach a imaginé de mettre les accents forts sur les e muets et de faire tomber la finale sur la syllabe que du mot « politique. » Je reprends mon énumération par la ronde des chemins de fer, enfantillage aussi lourd qu'une locomotive ; par celle des colporteurs qui chantent : Nous venons du fin fond de la Perse, sur l'air à trois temps d'une tyrolienne. Je rappellerai le grand duo de Cunégonde et de Fridolin : Vers ce gnome que j'abhorre, formé de deux valses, l'une en si bémol, l'autre en la bémol ; le chœur des Fourmis, étude d'après nature et imitation assez réussie ; la marche et le ballet des insectes, où naturellement les motifs de danse sont à leur place ; les couplets du panache, valse en sol ; le chœur du marché, polka en la ; le chœur : Oh ! quel gouvernement ! autre polka en ut ; enfin la reprise d'une autre polka précédemment entendue et qui termine dignement cette production de MM. Victorien Sardou et Jacques Offenbach. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

ROI D'YS (LE)

 

Légende bretonne en trois actes, livret d'Edouard Blau, musique d’Edouard Lalo. Création à l'Opéra-Comique le 07 mai 1888. => fiche détaillée

 

 

ROI D'YVETOT (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 octobre 1842, sous la direction de Narcisse Girard, avec Mmes Célestine Darcier (Jeanneton), Louise Rouvroy (Marguerite), MM. Jean-Baptiste Chollet (Josselyn), Audran (Adalbert), Grard (Reginald), Mocker (Daniel).

 

Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 05 janvier 1853 avec MM. Jean-Baptiste Chollet (Josselyn), Jean-Baptiste Carré (Adalbert), Horace Menjaud.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 8 en 1853.

 

« C'est une paraphrase très libre de la chanson de Béranger. Josselyn, ancien marchand drapier, possède le testament du feu roi d'Yvetot, qui l'institue son successeur. Amoureux de la paix à tout prix, et loin de faire valoir aucune prétention à la royauté, Josselyn ne songe qu'à faire ses quatre repas tout en se disposant à marier sa fille Marguerite au jeune Adalbert, neveu d'un commandeur de Malte. Mais son ambitieuse ménagère Jeanneton surprend son secret, et fait reconnaître son maître roi d'Yvetot. Le commandeur de Malte lui déclare la guerre dans les formes et somme son neveu d'abandonner sa fiancée et de se faire chevalier de Malte. Tout est en désarroi dans cette principauté de carton ; mais tout à coup le commandeur apprend que celle qu'il refuse pour sa nièce est sa fille, abandonnée par lui dès sa naissance ; que Marguerite a été recueillie par le marchand drapier et élevée comme sa fille sous le nom de Marguerite. Rien ne s'oppose plus à ce que la pièce finisse par le mariage désiré. La musique de cet opéra a été écrite avec cette facilité et, cette grâce bourgeoise qu'Adolphe Adam a mises dans tous ses ouvrages. L'ouverture est une des meilleures de ce musicien ; l'effet sur le public y est habilement ménagé. Les couplets : Fi des honneurs, ont obtenu le succès populaire qu'ils méritaient. Les Couplets du moulin ont plus d'originalité. On a remarqué dans le second acte le duo pour ténor et basse : Allons, point d'indigne faiblesse, et le quatuor : Dites, dites-lui. Le troisième acte n'offre guère de saillant qu'une romance de ténor assez bien tournée : Marguerite, à vous pour la vie. La chanson : Il était un roi d'Yvetot, faisait partie nécessairement du programme de la partition. Chollet a très bien joué le rôle de Josselyn, et Mlle Darcier celui de Jeanneton. Grard, Mocker, Audran et Mlle Rouvroy ont interprété les autres rôles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROI D'YVETOT (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, livret de Henri Chabrillat et Emile Hémery, musique de Léon Vasseur.

 

Première représentation à Bruxelles, le 25 octobre 1873.

 

« Représenté au théâtre Taitbout le 3 avril 1876. Cet ouvrage, d’un goût plus que médiocre, n'a pas réussi ; on a remarqué le chœur de la Nuit, un duo et une jolie romance de soprano. Chanté par Bonnet, Laurent, Gobin, Mmes Prelly et Desclauzas. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

ROI D'YVETOT (LE)

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de Jean Limozin et André de la Tourrasse, musique de Jacques Ibert.

 

Personnages : le Roi (baryton ou basse chantante) ; Médéric, ministre du roi (baryton) ; le Cabaretier maigre (baryton) ; le Cabaretier gras (ténor) ; le Doyen (basse) ; Jean-Louis (ténor) ; Renaud (baryton) ; Bertrand (ténor ou trial) ; le Sonneur (ténor) ; le Joueur de boules (baryton) ; Jeanneton (soprano de demi-caractère) ; Catherine (alto) ; la Gazette (mezzo-soprano) ; Petits rôles ; Chœurs : Quatre servantes, quatre vieillards, deux femmes, le peuple d'Yvetot.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 15 janvier 1930. Mise en scène de Gabriel Dubois. Décors et costumes d'après les maquettes de René Moulaert, décors exécutés par Deshays et Arnaud, costumes exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu. (Répétition générale le 13 janvier).

Mmes Emma LUART (Jeanneton), Mathilde CALVET (Catherine), DUVERNAY (la Gazette), ERTAUD, LEBARD, DUMAN, QUENET (4 servantes), JOYEZ (une femme [soprano]), JULLIOT (une femme [mezzo]).

MM. Roger BOURDIN (le Cabaretier maigre), Maurice OGER (le Cabaretier gras), Louis MUSY (le Roi), BALDOUS (le Doyen), René HÉRENT (Bertrand), Léon NIEL (Jean-Louis), Paul PAYEN (Médéric), André BALBON (Renauld), Jean NÉQUEÇAUR (le Sonneur), GAILLOUR (un homme [ténor]), JULLIA (un homme [basse]), HEBERT, LANGLET, FRANC, MARCHAL (4 vieillards).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

2e représentation le 16 janvier 1930 sous la direction d'Albert Wolff, avec les créateurs.

 

15 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Résumé.

L'action se passe en Yvetot, à une époque indéterminée, « entre l'invention de la poudre à canon et de nos jours ». Le roi Jeannot Ier qui a mené une campagne malheureuse contre les Rocainvillois, se voit destitué. Mais Yvetot est si malheureux sans son roi que tout le monde conspire pour le retour de son souverain. Après divers incidents héroï-comiques, Jeannot Ier reprend le pouvoir et épouse la douce Jeanneton qui devient ainsi reine d'Yvetot.

 

ACTE I. — La cour du roi.

Les servantes (sopranos et mezzo-sopranos) s'affairent à leurs besognes. Jeanneton, elle ne chante pas : le Roi a voulu lui faire épouser un cabaretier, mais elle a refusé. La bonne Catherine, tendrement, parle à la jeune fille.

Les Cabaretiers (barytons et ténors) entrent en se querellant. Le Doyen, les servantes et les quatre vieillards s'en mêlent : il s'agit d'une dispute avec les Rocainvillois, dont l'arrogance a été telle que le Roi est allé en personne se rendre compte si les rapports de ses sujets ne l'avaient point abusé.

Le Sonneur arrive en courant annoncer le retour du Roi au galop de son âne. Voici, en effet, Jeannot Ier qui se présente, en piteux état d'ailleurs, réclamant son ministre Médéric [Air du Roi : Secret terrible en vérité...]. Jeanneton lui apporte un broc de cidre et fait gentiment la révérence [Air de Jeanneton : Pour peu qu'un jour j'y consente...].

Le Roi confie ensuite à Médéric qu'il a été proprement rossé par les Rocainvillois et a dû leur céder. Ceci exige prompte vengeance. D'ailleurs le peuple d'Yvetot veut la guerre et part courageusement au combat.

ACTE II. — La place de l'église, le lendemain à l'aube.

Les femmes prient devant l'Eglise. Les vieillards et le Doyen écoutent anxieusement le récit du sonneur posté dans le clocher pour voir la bataille. Malheureusement, avec fracas, le sonneur dégringole bientôt dans l'escalier vermoulu ! L'affolement est général. Jean-Louis paraît, puis Bertrand, puis Renaud, qui se disent chacun à son tour seul survivant du combat. Leurs récits ne s'accordent d'ailleurs sur aucun point, sauf celui de la défaite infligée aux gens d'Yvetot. On entend une étrange fanfare : ce sont les combattants qui reviennent, harassés, criant à la trahison. Jeanneton craint le pire, car le Roi n'est pas avec eux. Le Joueur de boules affirme qu'il s'est noyé dans le ruisseau. Mais voici le Roi qui arrive, tête basse. Il comprend que la situation est grave. Jeanneton cherche à le consoler. Pendant ce temps, le Cabaretier gras a soulevé le peuple. On plante un arbre de la liberté, en proclamant la déchéance du Roi.

ACTE III. — Un lavoir au bord de la rivière.

La Gazette, les laveuses et Jeanneton entrent, portant leur linge. Elles s'installent pour laver, s'interpellant entre elles. Catherine arrive, souriante ; les chansons vont leur train [Chanson de la « Gazette » : Le meunier de belle taille était...].

Les quatre vieillards, suivis du Doyen, apparaissent, l'air accablé. Le Doyen explique que les affaires ne vont plus dans le pays [Air du Cabaretier maigre : Ah ! c'était un fier cabaret...]. Il suggère aux femmes de faire la grève, pour obliger les hommes à rappeler le Roi. Les laveuses commencent immédiatement à jeter leur linge en tas, et dansent autour.
Jeanneton reste seule. Une ombre furtive se glisse entre les arbres. C'est le Roi, qui regarde vers Yvetot, violemment ému [Air du Roi : La ville et ses fumées... les rumeurs et les voix...]. Jeanneton s'approche ; elle confie au souverain déchu que les femmes ont juré de le faire revenir en Yvetot. Le Roi, songeur, demande à Jeanneton de l'aider à porter sa peine et s'éloigne, emportant le réconfort délicieux de leurs aveux...

ACTE IV. — Même décor qu'au IIe acte ; mais l'arbre de la liberté, qui n'a plus aucune feuille, est planté au milieu de la place.

Le Roi s'avance dans la nuit encore profonde. Jeanneton le rejoint. La petite cité est couverte de barricades. Les vieillards arrivent, conduits par le Doyen. Médéric est inquiet. Des têtes paraissent peu à peu. Des projectiles commencent à voler d'une barricade à l'autre, sitôt que le jour se lève. L'un d'eux atteint le tonneau dans lequel le Roi s'était réfugié. L'apparition du souverain provoque un silence stupéfait, puis de longues acclamations. Chaque parti avoue qu'il conspirait pour le retour du souverain d'Yvetot !

Le Roi fait chercher Jeanneton, qui sera Reine ; et le tout s'achève par des chants enthousiastes, des bravos et des acclamations !

 

« Le roi d'Yvetot, Jeannot, attaqué par ses voisins et battu est exilé, tandis qu'on proclame la République. Mais Jeannot est aimé par une servante Jeanneton ; celle-ci fomente un complot de femmes ; et le roi d'Yvetot reviendra fort acclamé. Il n'y a là que bombardements à coups de légumes, et que musique de fort bonne humeur. Toute savante qu'elle soit, elle est toujours plaisante, fine, vivante et vraiment comique. Et l'orchestration délicate et colorée est d'un musicien consommé. »

(Larousse Mensuel Illustré, février 1930)

 

 

ROI DAGOBERT (LE)

 

Opérette burlesque en trois actes, livret d’Octave Pradels et Léon Raboteau, musique de Marius Lambert, représentée aux Bouffes-Parisiens le 20 décembre 1900.

 

 

ROI DAVID (LE)

 

Grand opéra, livret de Soumet et Félicien Mallefille, musique d'Ernest Guiraud, représenté à La Nouvelle-Orléans vers 1852. La partition de cet ouvrage, première production d'Ernest Guiraud, alors fort jeune, avait été écrite par lui sur le poème de David, opéra de Mermet représenté à l'Académie royale de musique en 1846.

 

 

ROI DAVID (LE)

 

Psaume dramatique en deux parties et 31 tableaux, livret de René Morax (1873-1963), musique d’Arthur Honegger.

 

Créé au Théâtre du Jorat à Mézières (canton de Vaud, Suisse), le 11 juin 1921.

 

Première fois au Palais Garnier, dans la version concert, le 18 mars 1926. 2e audition le 08 mars 1927.

 

L'œuvre, qui n'avait plus été représentée sur scène depuis sa création en Suisse, fut reprise dans sa version scénique le 31 janvier 1958 par le Théâtre du Capitole de Toulouse, dans une mise en scène de Maurice SARRAZIN, par les Comédiens du « Grenier de Toulouse » et, comme artistes du chant, Mmes Consuelo RUBIO, Clara NEUMANN, M. Jean HAMEL, sous la direction de Louis AURIACOMBE. — Chorégraphie de Géo STONE.

 

Première fois au Palais Garnier, dans la version scénique, le 21 octobre 1960. — Décor et costumes de Maurice Mélat. — Mise en scène de Maurice SARRAZIN. — Chorégraphie de Janine CHARRAT.

Mmes Simone TURCK (Bethsabée), H. COMTE (Mical), AGOSTINI (Servante de la Pythonisse), H. CLERY (Servante de Bethsabée), C. TACHA (la Pythonisse).

MM. G. BOUSQUET (David jeune), D. ROZAN (David roi), D. SORANO (Saül), J. MAUCLAIR (Nathan), R. BRET (Jonathan), J. DEGOR (Samuel), J. MIGNOT (Abner), G. CHAPUIS (Goliath), A. THORENT (Eliab), J. PLEE, P. CONSTANT (2 Archers), P. PRINCE (l'Amalécite), J.-P. LITUAC (Joab).

Artistes du chant :

Mmes A. GUIOT (l'Ange de l'Eternel, Mical), SCHARLEY (le jeune David, Bethsabée), Jacqueline SILVY (la jeune Fille).

M. Guy CHAUVET (David).

Artiste de la Danse :

M. Attilio LABIS (David dansant devant l'arche).

Chef d'orchestre : Pierre DERVAUX.

 

7e et dernière, le 05 décembre 1960, avec les créateurs, sauf :

Mme J. FERRARE (Bethsabée).

MM. S. EINE (David roi), Cl. RIO (Samuel), P. GARIN (Joab), P. PRINCE (Eliab).

Mmes SAUTEREAU (l'Ange de l'Eternel, Mical), KAHN (le jeune David, Bethsabée), AIGNERELLE (la jeune Fille).

M. RIALLAND (David).

 

7 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Personnages : Les nombreux rôles du Roi David sont tous parlés. Les parties vocales sont confiées au chœur et généralement à 6 solistes (2 sopranos, 1 mezzo-soprano, 1 alto, 1 ténor et 1 basse) dans la version théâtrale ; à 3 seulement (soprano, alto et ténor) dans celle de concert. Dans la simple énumération que nous donnons ci-dessous des scènes du drame, les numéros en chiffres arabes se rapportent aux morceaux de la version de concert.

 

Résumé.

L'action, faite d'un très grand nombre de brèves scènes juxtaposées montre le jeune berger David oint par le prophète Samuel ; puis David, époux de Mical et ami de Jonathan ; David chef de bande, sa générosité envers Saül ; la Consultation de la pythonisse d'Endor et la Défaite de Guilboa.

La deuxième partie comprend les scènes de la Danse devant l'arche, de Bethsabée et de la fuite de David ; enfin, le Couronnement de Salomon et la Mort du roi.

 

PREMIERE PARTIE

Ier DEGRÉ. — LE BERGER. [N° 1, Introduction (orchestre).]

Episode 1 : Bethléem. [N° 2, Cantique du berger David : (a) L'Eternel est mon berger.]

Episode 2 : La Vallée des térébinthes. [No 3 bis, Fanfare et entrée de Goliath.]

IIe DEGRÉ. — LE CAPITAINE. [N° 4, Chant de victoire (chœur) : Vive David, vainqueur des Philistins...]

Episode 3 : Le Palais de Saül. [N° 5, Cortège (orchestre).]
[N° 6, Psaume (ténor) : Ne crains rien...]

Episode 4 : David et Saül.

Episode 5 : La Chambre de Mical.

[N° 8, Cantique des prophètes (chœur) : L'homme né de la femme…]

Episode 6 : David et Samuel.
Episode 7 : David et Jonathan.

[N° 7, Psaume (soprano) : Ah ! si j'avais des ailes de colombe...]
Episode 8 : Le temple de Nob.

IIIe DEGRÉ. — LE CHEF DE BANDES. [N° 9, Psaume (ténor) : Pitié de moi, mon Dieu...]

Episode 9 : La caverne d'En-Guedi.

Episode 10 : La mort de Samuel.

Episode 11 : Une gorge du Carmel.

Episode 12 : Le camp de Saül. [N° 10, Le camp de Saül (orchestre).]

[N° 11, Psaume (chœur) : L'Eternel est ma lumière infinie...]
Episode 13 : L'antre de la pythonisse d'Endor. [N° 12, Incantation (orchestre).]

Episode 14 : Guilboa. [N° 13, Marche des Philistins (orchestre).]
Episode 15 : Les portes de Tsiklag. [N° 14, Lamentations de Guilboa (chœur avec ténor solo.).]

DEUXIEME PARTIE

IVe DEGRÉ. — LE ROI. [N° 17, Cantique (chœur) : De mon cœur jaillit un cantique.]

Episode 16 : Le palais de David à Hébron.

Episode 17 : L'Arche à Jérusalem. [N° 16, La Danse devant l'arche et N° 15, Cantique de fête (chœur) : Chantons le Dieu fort et clément...]

Episode 18 : David et Bethsabée. [N° 18, Chant de la servante (alto) : Bien-aimé, prends ma main...]

Episode 19 : La chambre du roi.

[N° 19, Psaume de la pénitence (chœur) : Miséricorde, ô Dieu...]
Episode 20 : La terrasse du palais. [N° 20, Psaume (chœur) : Je fus conçu dans le péché... et N° 21, Psaume (ténor et soprano) : Je lève mes regards...]

Episode 21 : La fuite de David.

Episode 22 : Les portes de Manahim. [N° 22, Chanson d'Ephraïm (chœur féminin et soprano) : O forêt d'Ephraïm...]

[N° 23, Marche des Hébreux (orchestre).]

Ve DEGRÉ. — LE PROPHÈTE. [N° 24, Psaume (chœur) : Je t'aimerai, Seigneur... et N° 25, Psaume (chœur) : Dans cet effroi, le grand Dieu que j'adore...]

Episode 23 : La peste à Jérusalem.

[N° 3, Psaume (chœur) : Loué soit le Seigneur...]

Episode 24 : La chambre du roi.

[N° 26, Couronnement de Salomon (orchestre).]

Episode 25 : La mort de David. [N° 27, La Mort de David (chœur et soprano) : Dieu te dit : Un jour viendra...]

 

 

ROI DE BOHÊME (LE)

 

Opéra-comique français, livret d'Henri de Saint-Georges, musique de Martin Lazare, représenté sur le théâtre Royal de La Haye le 01 avril 1852. Cet ouvrage avait été présenté à un concours ouvert par le roi des Pays-Bas et avait obtenu le prix.

 

 

ROI DE BOHÊME (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, musique de Vander Does, représenté au théâtre de La Haye vers 1855.

 

 

ROI DE CARREAU (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique de Théodore de Lajarte, représenté aux Nouveautés le 26 octobre 1883 avec Mmes Vaillant-Couturier, Mili-Meyer, Ducouret, Norette, Varenne, Marcelle, MM. Brasseur, Berthelier, Vauthier, Albert Brasseur, Tony Riom, Scipion, Charvet, Lauret, Blanche, Dubois, Prosper.

 

« Livret assez amusant bien que sans grande nouveauté, qui faisait revivre le Paris du XVIe siècle et dans lequel perçait une pointe aimable de sentiment, musique fraîche, gracieuse, dont plusieurs morceaux étaient vraiment charmants, tel que la ronde : On a construit un navire, l'excellent trio bouffe : Sur la terre étrangère, les gentils couplets : Quand vient le dimanche, etc. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

ROI DE CRACOVIE (LE)

 

Opérette en trois actes, livret de Laroche, musique de Charles Haring, représentée à Bordeaux le 14 février 1893.

 

 

ROI DE LA GAUDRIOLE (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Amédée de Jallais, Alexandre Flan et Charles Bridault, musique de Joseph Darcier, représentée aux Folies-Nouvelles le 01 juin 1858.

 

 

ROI DE LAHORE (LE)

 

Opéra en cinq actes, livret de Louis Gallet, musique de Jules Massenet ; création à l'Opéra de Paris le 27 avril 1877. => fiche technique

 

 

ROI DE PARIS (LE)

 

Opéra en trois actes, livret de Henri Bouchut, musique de Georges Hüe, créé à l'Opéra de Paris le 26 avril 1901. => fiche technique

 

 

ROI DE SICILE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Frédéric Soulié et Dulac, musique de Casimir Gide. Création à l'Opéra-Comique (salle Ventadour) le 17 octobre 1831. C'est une erreur de deux hommes d'esprit. A cette époque le public croyait encore au genre opéra-comique et n'admettait pas cette bouffonnerie à outrance, sans art, qu'il s'est laissé imposer depuis. Aussi la pièce fut-elle jouée au milieu des sifflets. En voici le sujet : Un jeune musicien du nom de Sainville, compte sur le succès d'un opéra pour payer ses créanciers. Il est hébergé par M. Potain, dont il aime la fille ; mais il est contrarié dans ses projets par les sieurs Bon-Nez et Joyaux. Notre musicien, pour apaiser ce dernier qui le menace de le faire incarcérer s'il ne lui paye un à-compte de 300 francs, imagine de faire passer, aux yeux de M. Potain, M. Joyaux pour le roi de Sicile détrôné et lui-même pour le prince héréditaire. Il obtient ainsi du bonhomme la somme désirée, et si le père de Sainville n'arrivait à temps pour tirer son fils d'affaire d'une manière plus honorable, l'immoralité le disputerait à l'extravagance dans cette pièce due cependant à un romancier célèbre, à l'auteur de la Famille de Lusigny et des Mémoires du diable. Quoique associée à un aussi mauvais livret, la musique de Casimir Gide a été remarquée. Sa partition renferme plusieurs chants heureux, des effets bien combinés, un bon quintetto et une jolie romance chantée par Thénard. Les qualités que les connaisseurs surent distinguer dans sa musique lui valurent l'honneur de collaborer avec Halévy dans le grand ballet en cinq actes la Tentation, accompagné de chœurs, qui fut donné à l'Opéra l'année suivante et qui obtint un grand succès. Plusieurs airs de danse, composés par Casimir Gide, eurent beaucoup de vogue.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROI DES AUNES (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de MM. J. Wallinger frères, musique d’Edmond Weber ; représenté au théâtre de Strasbourg en février 1869. Les Strasbourgeois se sont montrés sympathiques à cette œuvre éclose à l'ombre de leur clocher et ont déclaré que certaine ballade et certain quatuor étaient des chefs-d’œuvre. C'est d'un bon augure pour la carrière de M. Edmond Weber.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

ROI DES HALLES (LE)

 

Opéra-comique en trois actes et quatre tableaux, livret d'Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d'Adolphe Adam, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 11 avril 1853, avec Mmes Guichard (Marielle), Vadé (Mme Bourdillat), Marie Garnier (une jeune fille), MM. Jean-Baptiste Chollet (duc de Beaufort), Grignon (Martineau), François Marcel Junca (Bourdillat), Pierre Laurent (Planchet), Charles Alexandre Colson (Dandinelli), X (Rocquencourt).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 35 en 1853, 4 en 1854.

 

« Le duc de Beaufort a été singulièrement transfiguré par les auteurs du livret. Il a une fille naturelle, la jolie Mariette, qu'il fait élever chez un épicier de Paris. L'intérêt qu'il lui porte fait croire à un agent de Mazarin qu'elle est sa maîtresse, et comme il est poursuivi pour une mazarinade dont il est l'auteur, Mariette est enlevée par Bondinelli dans la pensée que le duc de Beaufort, en cherchant à la délivrer, se livrera lui-même. Tout se termine par la rentrée en grâce de Beaufort et le mariage de Mariette avec Planchet, garçon épicier. M. Scribe mettait peu de façons à maltraiter l'histoire. La musique n'a pas eu un meilleur sort que la pièce. Elle a paru généralement faible, à l'exception des couplets de Bourdillat : Les longs discours ne sont pas mon affaire, et d'un joli quatuor au premier acte. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La scène se passait au temps de la Fronde, comme le titre le dit assez aux personnes qui ont lu l'histoire. D'ailleurs et pour plus d'éclaircissement, l'affiche annonçait un ballet intitulé « la Frondetta ». Chollet représentait le duc de Beaufort, autrement « le Roi des Halles » ; ce fut sa dernière création. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

ROI DES MINES (LE)

 

Opéra en trois actes, livret d’Ernest Dubreuil, musique d'Edmond Cherouvrier, représenté au Théâtre-Lyrique le 22 septembre 1865. => fiche technique

 

 

ROI DES MONTAGNES (LE)

 

[Das Fürstenkind]

Opéra-comique viennois en trois actes, musique de Franz Lehár, représenté à Vienne en 1909. Version française de Maurice Ordonneau et Jean Bénédict représentée à Bruxelles, Théâtre Molière, le 21 décembre 1912, puis à Paris, Trianon-Lyrique, le 18 février 1914.

 

 

ROI DON PÈDRE (LE)

 

[ou Don Pèdre]

Opéra-comique en deux actes et trois tableaux, livret d’Eugène Cormon et Eugène Grangé, musique de Ferdinand Poise. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 30 septembre 1857, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Boulart, Félix, MM. Edmond Delaunay-Riquier, Jourdan, Victor Prilleux, Constant Lemaire.

 

« Le héros cruel de la tragédie de Du Belloy est transformé en galant coureur d'aventures dans cet opéra-comique. Il ne s'agit plus de Maria Padilla, mais de la jeune arabe Nerheda que don Pedre veut enlever à son amant, le sculpteur Fabio. La musique est claire, facile et dans la manière d'Adolphe Adam. Les morceaux les plus applaudis sont les couplets accompagnés par le chœur, la sérénade, chantée par le roi, à laquelle Nerheda répond par un motif de boléro et qui est suivie d'un joli petit trio : O nuit charmante ! les couplets du juif Machar ont été goûtés ; ils se terminent par ces deux vers :

 

Je perds sur tout ce que je vends...

Mais il faut bien gagner sa vie.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROI DU DANUBE (LE)

 

Opéra en un acte, musique de Pilati, représenté sur le théâtre d'Adelphi, à Londres, dans le mois de mai 1837.

 

 

ROI DU POURBOIRE (LE)

 

Opérette en trois actes, livret d'Aurèle Patorni, musique de Régina Patorni. Création au Trianon-Lyrique le 28 décembre 1931.

 

"Un poète, Jacques, amoureux de la jolie Ketty, caissière d'hôtel se fait passer pour un riche américain James Bilboket, le roi du pourboire. Mais celui-ci l'apprend, veut démasquer l'imposteur et par surcroît enlever Ketty. Il manquera ce dernier but mais non sans dépenser force dollars. La musique de Mme Patorni est aimable, tout emplie des souvenirs des maîtres d'autrefois." (Larousse Mensuel Illustré, 1931)

 

 

ROI ET LA LIGUE (LE) ou LA VILLE ASSIÉGÉE

 

À-propos en deux actes, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert et Armand Dartois, musique de Nicolas-Charles Bochsa. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 22 août 1815.

 

 

ROI ET LE BATELIER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henri de Saint-Georges, musique de Victor Rifaut et Fromental Halévy. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 novembre 1827 avec Augustin Lemonnier.

 

« Ce roi est Henri IV qui, le jour même de sa fête, fait parvenir des vivres aux Parisiens, dont il assiège la ville. Le batelier, ligueur, abjure à jamais la ligue et se prosterne aux genoux du monarque, dont on célèbre les vertus et la clémence. Succès. »

[Almanach des spectacles, 1828]

 

 

ROI ET LE FERMIER (LE)

 

[ou le Roy et le fermier]

Comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Pierre-Alexandre Monsigny. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 novembre 1762, avec Joseph Caillot (Richard).

Il s'agit d'un certain roi d'Angleterre qui s'égare à la chasse, reçoit un asile chez un inspecteur des chasses de la forêt, et, en récompense de l'hospitalité qu'il a reçue, favorise le mariage de cet inspecteur ou fermier nommé Richard, avec la gentille Jenny, que milord Lurewel voulait confisquer à son profit et qu'il avait même fait enlever. Le sujet, qui rappelle un peu la Partie de chasse de Henri IV de Collé, n'est pas compliqué, comme on le voit ; c'est presque puéril ; mais Sedaine savait si bien donner de la valeur aux scènes les plus familières, par le naturel de son dialogue et par la vérité du sentiment, que cette pièce pourrait être entendue avec intérêt. Quelques scènes pathétiques bien rendues faisaient déjà pressentir l'auteur du Déserteur, joué sept ans plus tard. Dans le premier acte, nous citerons le duo moitié comique moitié sérieux entre Richard et sa sœur Betsy, le récit fait par Jenny de son enlèvement ; dans le second, le quatuor final, et dans le troisième, le joli trio : Lorsque j'ai mon tablier blanc, toute cette scène est charmante, et enfin les trois ariettes de Jenny, de Richard et du roi, qui ont chacune un caractère différent et bien exprimé.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROI ET LE PÈLERIN (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, paroles de Lavallée, musique de Foignet père, représenté au théâtre Montansier le 2 juin 1792. Cet ouvrage d'un compositeur fécond quoique aujourd'hui complètement oublié, obtint un vif succès qu'un chroniqueur du temps constatait ainsi : « Poème et intrigue intéressants, de la gaîté, de la sensibilité, des couplets charmants et toujours redemandés, une musique agréable et quelquefois savante ont assuré le succès de cet opéra, qui a eu quarante représentations. » Plus tard, l'ouvrage fut réduit en deux actes et repris sous ce titre modifié : la Gageure du pèlerin.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

ROI FRELON (LE)

 

Opérette en trois actes, livret d’Albert Barré et Paul Bilhaud, musique d’Antoine Banès ; création aux Folies-Dramatiques le 11 avril 1895. => fiche technique

 

 

ROI L'A DIT (LE)

 

Opéra-comique en trois actes et en vers, livret d'Edmond Gondinet, musique de Léo Delibes.

 

Personnages : le Marquis de Moncontour (baryton-basse) ; Benoît (ténor) ; Baron de Merlussac (ténor) ; Gautru, financier (baryton) ; Marquis de Flarambel (ténor) ; Marquis de La Bluette (baryton) ; Marquise de Moncontour (contralto) ; Philomèle, Agathe, Chimène, Angélique, filles du marquis (mezzo-sopranos) ; Javotte, soubrette (mezzo-soprano léger) ; Miton, professeur de belles manières ; Pacome, serviteur de Moncontour ; seigneurs, masques.

 

L’action se déroule à Versailles, en 1688, sous le règne de Louis XIV.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 24 mai 1873, mise en scène de Charles Ponchard, décors de Charles Cambon et Philippe Chaperon.

Mmes PRIOLA (Javotte), GANETTI (Marquis de Florembelle), REINE (Marquis de la Bleuette), RÉVILLY (Marquise de Moncontour), Marguerite CHAPUY (Philomèle), Jeanne NADAUD (Chimène), Jeanne GUILLOT (Agathe), Blanche THIBAULT (Angélique).

MM. Paul LHÉRIE (Benoît), ISMAËL (Marquis de Moncontour), SAINTE-FOY (Miton), BARNOLT (Pacôme), BERNARD (Baron de Merlusse), Eugène THIERRY (Gautru).

Chef d'orchestre : Adolphe DELOFFRE.

 

La 50e représentation à l'Opéra-Comique fut donnée durant la saison 1884-1885, mais les archives concernant cette période ont été détruites dans l'incendie du Théâtre.

 

Le 03 juin 1885, l’œuvre fut donnée à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) dans une version révisée par Léo Delibes, costumes de Théophile Thomas.

 

Le 23 mars 1898, une nouvelle version en deux actes réalisée par Philippe Gille fut représentée à l’Opéra-Comique (salle du Châtelet).

Mmes TIPHAINE (Javotte), Jeanne LAISNÉ (Philomèle), Juliette PIERRON (la Marquise), ARNOLD (Flarambel), MARIÉ DE L'ISLE (Angélique), DELORN (La Bluette), OSWALD (Chimène), WILMA (Agathe).

MM. Lucien FUGÈRE (Marquis de Moncontour), Ernest CARBONNE (Benoît), Jacques ISNARDON (Miton), M. JACQUET (Merlussac), GOURDON (Gautru), Tony THOMAS (Pacôme).

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 25 juin 1900 (76e représentation) au Palmarium du Jardin d'Acclimatation.

Mmes TIPHAINE (Javotte), EYRÉAMS (Marquis de Florembelle), DELORN (Marquis de la Bleuette), Juliette PIERRON (Marquise de Moncontour), CHARPANTIER (Philomèle), DAFFEYTIE (Chimène), VILMA (Agathe), MARIÉ DE L'ISLE (Angélique).

MM. CARBONNE (Benoît), Lucien FUGÈRE (Marquis de Moncontour), François-Antoine GRIVOT (Miton), Georges MESMAECKER — débuts — (Pacôme), Michel DUFOUR (Baron de Merlusse), GOURDON (Gautru).

Chef d'orchestre : GIANNINI.

 

79 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 4 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 8 en 1961, soit 87 au 31.12.1972.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 09 avril 1888 avec Mmes Landouzy (Javotte), Walter (marquise de Moncontour), Legault (marquis de Flarainbel), Devigne (marquis de la Bluette), Gandubert, Falize, Passemoore et Maes (demoiselles d'honneur), MM. Gandubert (Benoît), Renaud (marquis de Moncontour), Isnardon (Miton), Rouyer (Merlussac), Chappuis (Gantru), Nerval (Pacôme).

 

Reprise au Trianon-Lyrique le 21 décembre 1911 avec Mme Jane MORLET (Javotte), MM. VINCENT (Benoît), José THERY (Marquis de Moncontour), et Alex JOUVIN (Milon) sous la direction de BERGALONNE. 

 

« La donnée de la pièce est trop absurde pour mériter une analyse développée. L'élégance de la versification et quelques traits spirituels ont réussi à la faire accepter. Le marquis de Moncontour est devenu le favori de Louis XIV, parce qu'il a retrouvé la perruche perdue de Mme de Maintenon. Il a quatre filles et pas de fils. Lorsque le roi l'a interrogé sur sa famille et lui a demandé s'il avait un fils, dans son trouble il a répondu affirmativement. Le roi, distrait ou mal renseigné, lui a dit : « Je le savais. » Et voilà que le marquis se croit obligé d'avoir un fils. Il adopte un petit paysan qui fait mille sottises, le ruine, le compromet et finit, dans un duel, par se faire passer pour mort par poltronnerie. Le roi adresse au marquis ses compliments de condoléance, et celui-ci en profite pour renvoyer à ses foins le fils adoptif. La musique est gracieuse, vive, habilement écrite, mais rien de tout cela ne restera ; l'inspiration fait défaut. On a remarqué, dans le premier acte, une gavotte, une marche dans le style archaïque, le chœur des quatre demoiselles ; dans le troisième, un morceau d'ensemble. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

« Principaux personnages : Benoît, paysan amoureux de Javotte ; Marquis de Moncontour ; Miton, professeur de danse et de maintien ; Baron de Merlussac, Gautru, prétendants à la main d'Agathe et de Philomèle ; Marquis de Flarambel, Marquis de la Bluette, amoureux d'Agathe et de Philomèle ; Marquise de Moncontour ; Philomèle, Agathe, Chimène, Angélique, les quatre filles du marquis et de la marquise de Moncontour ; Javotte, soubrette chez le marquis de Moncontour.

La scène se passe à Versailles, en 1688.

La donnée de cet ouvrage est plaisante et neuve. Le marquis de Moncontour, de très bonne et très vieille noblesse, touche enfin à la réalisation de son rêve le plus cher : il va être présenté au Grand Roi. Et, à l'ouverture du premier acte, nous le voyons, avec l'aide de la marquise et de ses quatre filles, en train de répéter sa révérence de cour, que l'émotion lui a fait oublier. A la fin de la scène on apporte la chaise, et le marquis y monte pour se rendre au palais.

Restée seule, la soubrette Javotte délivre Benoît, son amoureux, qui est enfermé dans une armoire. L'imprudent, pour revoir sa promise, a quitté le village et s'est introduit chez le marquis par la fenêtre. Javotte n'a eu que le temps de le cacher avant l'entrée de la famille et elle se hâte maintenant de le faire sortir. Elle voudrait qu'il partit au plus vite, mais il a son idée : entrer chez le marquis en qualité de suisse. Javotte lui fait observer que pour cela il lui manque les manières du beau monde et elle l'envoie chez Miton, le professeur de danse et de maintien. A peine est-il sorti que Miton entre. Il vient donner sa leçon aux jeunes marquises et, tout en les attendant, en donne une à Javotte. Quand surviennent ses quatre élèves, il se montre sous un jour inattendu et profite de la leçon pour leur faire passer des billets doux dont on l’a chargé. Deux des correspondants dont il transporte les missives sont les jeunes marquis de Flarambel et de la Bluette, qu'on entend présentement sous la fenêtre et qui bientôt sont dans la chambre, venus par le balcon. Mais la leçon est interrompue par l'arrivée de la marquise. Pour cacher leur embarras, les jeunes filles chantent à tue-tête, sous la direction de Miton, tout en dissimulant de leur mieux les deux jeunes gens derrière elles. Mais la ruse est mince et les deux amoureux sont tôt découverts. Et justement voici qu'approchent Merlussac et Gautru, les deux épouseurs sérieux auxquels le marquis a promis Agathe et Philomèle. Heureusement que Miton parvient à dissimuler les jeunes marquis derrière un paravent. Merlussac et Gautru partis, la marquise tance vertement les imprudents et annonce à ses filles qu'elle les renvoie au couvent.

Restée seule avec Miton, elle est rejointe par le marquis qui défaille d'émotion. La présentation a eu lieu et le roi a été tout à fait affable. Mais le pauvre marquis était si troublé, que lorsque Sa Majesté lui demanda : « Vous avez un fils ? », il a répondu étourdiment : « Oui, sire ! », à quoi le roi a répondu : « Je le savais ! ». Bref, le marquis s'est engagé à présenter au roi ce fils qu'il n'a pas ! Comment sortir de ce mauvais pas ? Le roi ne peut pas se tromper, il faut donc que le marquis trouve un fils et le présente à la cour. Où prendre ce fils qui lui tombe du ciel ? Ici, Miton vient à son aide : il trouvera. Et l'acte s'achève sur l'arrivée des courtisans venus féliciter le marquis de sa haute fortune, tandis que Javotte s'égaie de l'aventure.

Au second acte, Miton présente au marquis et à la marquise leur fils d'occasion. On a deviné que celui-ci n'est autre que Benoît. Ce dernier ne fait pas trop de façons pour accepter sa nouvelle situation, et, pas plutôt les fournisseurs du marquis l'ont-ils équipé en gentilhomme, qu'il en prend avec une grande aisance les façons. Il joue même le rôle si parfaitement au naturel que ses pseudo-parents trouvent qu'il va trop bien ! Pendant qu'on l'équipe, surviennent Merlussac et Gautru, qui ne se montrent guère enchantés de cet accroissement de famille, dont la dot des filles se ressentira sans doute. Pour les amadouer, le marquis fait des promesses ruineuses ; Benoît ignore encore qu'il a des sœurs et ce sont les marquis de Flarambel et de la Bluette qui le lui apprennent. Ces deux jeunes gens plaisent fort à Benoît, qui voit en eux des beaux-frères tout à fait à sa convenance.

La rencontre inévitable avec Javotte a lieu ensuite. Javotte est la moins satisfaite de cet avatar, car si Benoît lui agréait, le fils du marquis ne saurait être pour elle. Pourtant Benoît lui affirme qu'il l'aime toujours, mais Javotte est prudente et se méfie de la tournure que prennent les choses.

Benoît se querelle avec ses nouveaux parents quand il apprend que ses sœurs ont été renvoyées au couvent et qu'on veut marier les deux aînées à Merlussac et à Gautru. Il annonce qu'il a pour Agathe et Philomèle d'autres projets. Décidément il va un peu loin ! Et quand il part pour délivrer les recluses, le marquis et la marquise ont une explication pénible.

Benoît n'est pas longtemps absent. Comme on refusait de lui rendre ses sœurs, il a mis le couvent à sac. Il est suivi de près par les quatre jeunes filles, qui sont ravies de ce frère qui leur tombe de la lune et qu'elles accablent de caresses.

Merlussac, Gautru, Flarambel et la Bluette, survenant à propos pour le finale, Benoît met le comble au scandale en accordant publiquement la main d'Agathe et de Philomèle aux deux derniers, sans se soucier des protestations indignées des deux autres !

Le troisième acte est, comme les précédents, très mouvementé. Il s'ouvre sur une fête masquée donnée par le fils de M. le marquis à l'insu de son père. L'amphitryon n'arrive que sur le tard, car son père l'avait mis sous clé. Il s'est évadé cependant et est allé au jeu, où il s'est grisé et a énormément perdu, après quoi il s'est battu. Mais il a trouvé un moyen original de suppléer à son défaut de connaissances en escrime : à la première botte il tombe mort. Et comme les édits sur le duel sont très sévères, c'est le vainqueur qui se hâte de prendre le large, laissant sa victime ressusciter à loisir.

Le marquis et la marquise, rentrant chez eux, sont outrés de voir leur maison envahie par une foule de masques douteux. Ils renvoient tout le monde et font à Benoît une violente scène. Le coupable va endosser une tenue plus décente, et, après qu'il est sorti, ainsi que ses parents, les quatre ingénues reparaissent, ainsi que Flarambel et la Bluette. Benoît, pas plutôt revenu, promet à ces derniers de les débarrasser de leurs encombrants rivaux et il les envoie au roi solliciter son agrément au mariage. Tandis qu'ils y vont, il provoque séparément en duel Merlussac et Gautru, et se fait tuer successivement deux fois. Comme il y comptait, tous deux fuient en laissant un billet à l'adresse du marquis pour annoncer qu'ils renoncent à la main de ses filles. Mais le bruit s'est répandu que le fils de M. de Moncontour est mort et ce bruit parvient aux oreilles du roi. Aussi pendant que Benoît, bien vivant, est en train de présenter à ses parents Javotte comme la femme qu'il s'est choisie, arrivent Flarambel et la Bluette que le roi, apprenant la mort de l'héritier des Moncontour, a chargés de porter aux parents ses compliments de condoléance ! Un mot du roi avait fait naître un fils aux Moncontour ; un autre mot du roi le supprime : Benoît n'est plus que Benoît, le jeune marquis est mort, le roi l'a dit et le roi ne peut pas se tromper. Cette mort arrange tout : Flarambel et la Bluette épouseront celles qu'ils aiment, tous les ennuis du marquis, que le roi, par surcroît, vient de faire duc, cessent comme par enchantement et Benoît, redevenu simple manant, épousera Javotte, restée simple villageoise. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

ROI LEAR (LE)

 

Drame lyrique en quatre actes, musique d’Armand Reynaud, représenté à Toulouse, sur le théâtre du Capitole, en 1888.

 

 

ROI MALGRÉ LUI (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Émile de Najac (1828-1889) et Paul Burani, d'après un vaudeville de François Ancelot, musique d’Emmanuel Chabrier.

 

Personnages : Henri de Valois, roi de Pologne (baryton) ; le comte de Nangis, membre de sa suite (ténor) ; le duc de Fritelli (baryton bouffe) ; le comte Laski, patriote polonais, grand Palatin (basse) ; Basile, aubergiste (trial) ; marquis de Villequier (basse), Liancourt (ténor), d'Elbeuf (ténor), Maugiron (baryton) et comte de Caylus (baryton), nobles français ; un soldat (basse) ; Minka, serve du comte Laski (soprano) ; Alexina, duchesse de Fritelli (soprano) ; première serve (soprano) ; deuxième serve (mezzo-soprano) ; un page (rôle parlé) ; six serfs, des pages, des nobles français et polonais, des soldats, des dames polonaises, des gens du peuple.

 

L'action se passe aux environs et à Cracovie, et à la frontière de Pologne en 1574.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 18 mai 1887. Décors de Jean-Baptiste Lavastre et Eugène Carpezat (1er et 3e actes), Auguste Rubé, Philippe Chaperon et Marcel Jambon (3e acte). Costumes de Théophile Thomas. Mise en scène de Charles Ponchard.

Mmes Adèle ISAAC (Minka), Cécile MÉZERAY (Alexina), MARY, Mathilde AUGUEZ, Blanche BALANQUÉ, ESPOSITO, BARIA, NARDI (6 jeunes filles serves),

MM. Max BOUVET (Henri de Valois), Louis DELAQUERRIÈRE (Comte de Nangis), Lucien FUGÈRE (Duc de Fritelli), Eugène THIERRY (Laski), BARNOLT (Basile), CAISSO (Liancourt), MICHARD (d'Elbeuf), Lucien COLLIN (Maugiron), Etienne TROY (Caylus), Charles BALANQUÉ (Villequier), Rémy CAMBOT (Chef des serves ; un soldat).

Danses réglées par Mlle MARQUET.

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

3e représentation le 25 mai 1887, interrompue par l’incendie du théâtre. L’œuvre ne fut reprise que le 16 novembre suivant, dans une salle provisoire.

 

Repris le 04 novembre 1929 dans une version nouvelle, livret révisé par Albert Carré qui assure la mise en scène. Décors et costumes d'après les maquettes de Mme Lorentowicz. Décors de Deshays et Arnaud. Costumes dessinés par Multzer exécutés par Mme Solatgès et Henri Mathieu. Au 2e acte, Divertissement réglé par Louise VIRARD.

 

 

04.11.1929

Opéra-Comique

(21e)

13.12.1930

Opéra-Comique

(44e)

28.01.1937

Opéra-Comique

(48e)

20.09.1946

Opéra-Comique

(71e)

Minka

Yvonne BROTHIER

Yvonne BROTHIER

Georgette DENYS

TURBA-RABIER

Alexina

Jeanne GUYLA

Jeanne GUYLA

Lily LEBLANC

Vina BOVY

1re Serve

M.-J. MARTIN

M.-J. MARTIN

GAUDEL

FENOYER

GAUDEL

NOTTI-PAGES

DANIÈRE

SERRES

CHELLET

LEGOUHY

2e Serve

QUENET (débuts)

QUENET

une Servante

JULLIOT JULLIOT    

 

 

 

 

 

Henri de Valois

Roger BOURDIN

Roger BOURDIN

Roger BOURDIN

Roger BOURDIN

Comte de Nangis

Marcel CLAUDEL

Marcel CLAUDEL

Louis ARNOULT

Louis RIALLAND

Duc de Fritelli

Louis MUSY

Louis MUSY

Louis MUSY

Louis MUSY

Laski

Jean VIEUILLE

José BECKMANS

Jean VIEUILLE

Jean VIEUILLE

Basile

Paul PAYEN

Paul PAYEN

Paul PAYEN

Paul PAYEN

Liancourt

MATHYL

MATHYL

Gabriel COURET

Serge RALLIER

d’Elbeuf

Alban DERROJA

Alban DERROJA

Jean GIVAUDAN

Raymond AMADE

Maugiron

Émile ROQUE

Émile ROQUE

Georges RAVOUX

Jean DROUIN

Caylus

Roland LAIGNEZ

Paul PAYEN

Georges BOUVIER

Gustave WION

Villequier

André BALBON

André BALBON

Louis MORTURIER

Louis GUENOT

Chef des serves

Raymond GILLES

Raymond GILLES

Raymond GILLES

Raymond GILLES

1er Soldat

Raymond GILLES

Raymond GILLES

   

Chef d’orchestre

Louis MASSON

Louis MASSON

Eugène BIGOT

Eugène BIGOT

 

La 50e représentation a été fêtée le 21 février 1937 avec la distribution de la reprise du 28 janvier précédent.

 

89 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 69 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 2 en 1951, 3 en 1959, 6 en 1960, soit 100 au 31.12.1972.

 

Résumé.

ACTE PREMIER : Une galerie donnant sur un parc dans un château des environs de Cracovie. — En Pologne, en l'année 1574, un important parti, formé par la noblesse du pays, conspire contre le roi, Henri de Valois, et espère le remplacer par l'Archiduc d'Autriche. L'âme de ce complot est le grand palatin Laski. Henri de Valois lui-même n'est d'ailleurs pas bien enchanté à l'idée de rester toujours roi en Pologne. Le comte de Nangis, un Français et ami d’Henri, a été chargé d'enrôler une garde royale. A cette occasion, il s'est épris d'une jeune esclave du grand Palatin, nommée Minka, qu'il a chargée de surveiller les machinations de Laski. A la cour se trouve la duchesse de Fritelli, qu'Henri de Valois a eu l'occasion de libérer à Venise des mains de bandits, mais les deux ne se connaissent même pas de nom. Cette duchesse de Fritelli qui est polonaise et qui prend part à la conjuration pousse son mari, le duc Fritelli, un noble d'origine italienne, à décider le roi de quitter le pays. Cette conversation est surprise par Minka qui, croyant la rapporter à un ami de Nangis, la raconte au roi lui-même. Henri oblige le duc de Fritelli, en le menaçant d'exécution, à l'introduire au bal masqué donné au château du grand Palatin et à le présenter sous le nom de comte de Nangis, qui serait tombé en disgrâce auprès du roi.

ACTE DEUXIÈME : Chez le Grand Palatin. La salle d'un vieux château. — Le roi est introduit au bal et, au grand étonnement de Fritelli, prête le serment d'aider à chasser le roi du pays. Devant le refus du duc de Fritelli à se rendre maître de la personne du roi, Henri promet d'obliger le roi par la ruse de quitter le pays. Le vrai comte de Nangis arrive également au bal pour rejoindre Minka. Le duc de Fritelli, connaissant l'aventure amoureuse entre sa femme et Henri de Valois, fait répandre la nouvelle que le roi est au bal. Le palatin Laski fait entourer le palais des gardes et fait démasquer tout le monde. Le vrai comte de Nangis est pris pour le roi et doit être mis à mort parce qu'il se refuse de signer son abdication du trône. Pendant qu'il est mis sous la garde de Minka, qui ignore toujours la vraie identité du comte de Nangis et du roi, on tire au sort celui qui devra frapper le roi : c'est le faux Nangis qui est désigné. Henri s'apprête à défendre la vie de son ami, lorsque Minka annonce la fuite du prisonnier. Devant la menace de l'arrivée des troupes nivales, tout le monde se disperse.

ACTE TROISIÈME : Une salle d'auberge à la frontière de Pologne. — Les paysans préparent la réception du nouveau roi de Pologne. Arrive le duc de Fritelli qui doit le recevoir et leur apprend que ce n'est plus Henri de Valois, mais l'archiduc Ernest d'Autriche qui est roi de Pologne. Les paysans en sont étonnés, mais n'y voient pas d'inconvénients. Ils racontent au due qu'un voyageur est arrivé pendant la nuit. Celui-ci, croyant avoir affaire à l'archiduc, se fait annoncer et se trouve face à face avec Henri de Valois, qui fait son voyage vers la France. La duchesse de Fritelli, qui est amoureuse d’Henri, arrive au village à la recherche du faux comte de Nangis. Elle est accompagnée de Minka qui, elle, cherche le faux roi. La duchesse apprend par Henri lui-même que celui qu'elle avait pris pour le comte de Nangis, parce qu'il lui avait été présenté ainsi, est en vérité le roi contre lequel elle conspirait. Poussée par son amour, elle le prie de rester. Minka annonce l'arrivée du palatin Laski. Tous l'attendent avec terreur. Mais, au grand étonnement de tout le monde, il annonce que l'archiduc a refusé le trône et qu'il vient pour retenir Henri de Valois. Le roi pardonne aux conjurés et la garde ramène le « roi malgré lui » à son château.

 

« Comme pièce, cet ouvrage rentrait exactement dans le cadre et dans les données du véritable opéra-comique, genre un peu trop abandonné, au profit du grand drame lyrique, par le théâtre qui pourtant lui doit son nom. De son côté, la musique était bien conçue dans le genre de la comédie musicale, telle que l'ont rendue célèbre des maîtres comme Berton, Boieldieu, Niccolo, Herold, et Auber. Un peu touffue peut-être, parfois un peu chargée d'orchestre, la partition n'en faisait pas moins honneur à l'artiste qui l'avait signée et dont le travail très distingué s'imposait à l'attention. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Henri de Valois, roi de Pologne ; le comte de Nangis ; le duc de Fritelli ; Laski, grand palatin ; Minka, esclave de Laski ; Alexina, duchesse de Fritelli.

La scène se passe à Cracovie, en 1574.

Cet opéra-comique n'eut pas de chance : après sa troisième représentation, l'Opéra-Comique brûlait. Repris le 16 novembre suivant au Théâtre-Lyrique. le succès ne fut pas considérable et la pièce pas été reprise depuis, en dépit d'une musique admirable de verve et de couleur. La faute en est peut-être à un livret de vaudeville à quiproquos, à portes et à armoires, où l'on embrouille trop de ficelles et où le comique est un peu laborieux. Nous allons tâcher de narrer cet imbroglio, ce qui n'est pas tâche commode.

Henri de Valois a été envoyé à son corps défendant à Cracovie, pour prendre la couronne de Pologne, briguée par d'autres, entre autres un archiduc d'Autriche, et que la politique exige d'assurer à la France. Il ne demanderait qu'à renoncer à pareil honneur, ainsi que nous en avise le titre de la pièce.

L'intrigue repose sur quantité de pointes fragiles, que le spectateur est bien obligé d'admettre. La première, c'est que le roi est censé ne pas encore avoir été vu de ses nouveaux sujets, lors même qu'il réside depuis quelque temps déjà à Cracovie. Cela est nécessaire pour permettre l'équivoque entre Nangis et lui.

Les grands de Pologne conspirent contre la royauté d'Henri de Valois. A la tête de la conspiration se trouve le palatin Laski, qui travaille pour l'archiduc d'Autriche.

Avant l'appel du Valois à Cracovie — seconde pointe d'aiguille — celui-ci a eu une amourette, incognito toujours, à Venise. avec une noble dame nommée Alexina, qu'il a dû quitter brusquement et qui doit le tenir pour un homme sans foi et même sans politesse. Or cette dame est la propre nièce de Laski et se trouve au moment où se déroule l'action à Cracovie. Elle vient d'épouser un personnage ridicule, un Italien, le duc de Fritelli, qui exerce les fonctions de chambellan auprès du roi malgré lui et qui conspire contre son maître pour plaire au palatin, oncle de sa femme. Fritelli n'ignore pas l'histoire de Venise et redoute par dessus tout la rencontre de sa femme et de l'ancien galant de celle-ci, que du reste il connaît encore moins qu'elle. Henri, de son côté, ignore le mariage de Fritelli. — Troisième pointe d'aiguille.

Le comte de Nangis est un des joyeux compagnons de fête et d'aventures d'Henri de Valois, qu'il a suivi à Cracovie.

Enfin Minka est une jolie esclave de Laski, qui s'est amourachée de Nangis.

Au début du premier acte, les compagnons du roi cherchent à se distraire de leur mieux dans cette maussade Pologne. où il fait froid et toujours gris. Fritelli joue son rôle d'espion, sans grand succès du reste. Minka arrive pour avertir Nangis d'un grand danger qui menace le roi. Elle a découvert la conspiration qui se trame chez Laski. La conversation des amoureux est interrompue par l'arrivée du roi, que Minka, souvenons-nous en, n'a jamais vu, et Nangis donne à son amie rendez-vous à tout à l'heure pour apprendre le message qu'elle n'a pas eu le temps de lui délivrer. Ce message. c'est Henri lui-même qui le recevra dans un instant. Mais auparavant, il juge à propos de raconter à Fritelli son aventure vénitienne, et le pauvre mari a la douleur d'apprendre ainsi que l'amoureux de sa femme n'est autre que son auguste maître. Suit une explication entre le duc et la duchesse, une ambitieuse qui recherche pour Fritelli des honneurs dont elle aurait naturellement sa part, mais se soucie beaucoup moins de l'honneur conjugal du pauvre homme. Elle apprend à son époux que tout est prêt pour reconduire le Valois à la frontière et que pour exécuter cette expulsion les conjurés ont compté sur lui. Comme il n'est pas brave, la tâche lui sourit médiocrement ; mais il voit là une possibilité d'éloigner le roi de sa femme, ce qui lui plairait fort.

C'est après ces préliminaires que le roi rencontre Minka, venue au rendez-vous qu'elle a donné à Nangis. Elle ne fait pas mystère de son amour, et Henri voit une distraction à traverser cette petite aventure dont son compagnon n'a pas jugé bon de lui faire part. Mot par mot, il arrache à Minka tout ce qu'elle sait de la conspiration ourdie contre lui-même et loin d'en être fâché, il en éprouve au contraire la plus vive satisfaction. Ainsi donc on veut le mettre à la porte ! Mais il ne demande que ça, et même il conspirera aussi, s'il n'en faut pas plus pour assurer son départ. Fritelli, dont Minka vient de lui révéler le double jeu, interrompt la conversation, et Henri s'amuse à mettre ce poltron dans tous ses états en lui dictant son propre arrêt de mort pour haute trahison. A une seule condition, il lui fera grâce de la vie : il faut pour cela qu'il l'introduise parmi les conjurés et lui permette ainsi de conspirer contre sa couronne. Il prendra dans ce but le nom de Nangis, et afin de donner à son apparente trahison l'aspect de la vraisemblance, il fait peser ostensiblement sur le pauvre Nangis qui n'y comprend rien tout le poids de sa disgrâce : le comte sera mis aux arrêts dans ses appartements ! Henri oblige ensuite Fritelli, qui y met peu d'empressement, à le présenter à la duchesse sous son nom supposé — on se souvient qu'Alexina est censée ignorer l'identité du gentilhomme français qui lui fit la cour à Venise. — Les deux se trouvent face à face et se reconnaissent aussitôt. Mais Henri continue à ignorer qu'Alexina est la femme de Fritelli et inconsciemment retourne le couteau dans la plaie du pauvre mari.

On entend dans le fond la chanson qui doit servir à Nangis de signal pour rejoindre Minka. Se moquant des arrêts, Nangis saute par la fenêtre et ira rejoindre sa belle, tandis qu'Henri, tout à la joie de son escapade, se rend au palais de Laski où un grand bal est donné pour détourner les soupçons. C'est ce bal — une des plus magistrales pages écrites par Chabrier qui ouvre le second acte. Tout en dansant on conspire et l'on envoie les Français au diable. Alexina annonce à Laski que, grâce à Fritelli, le roi sera livré cette nuit même aux conjurés. Presqu'au même instant, Henri arrive, et Fritelli, qui est sur les épines, se voit contraint de présenter le Valois comme le comte de Nangis. Le faux Nangis apprend soudain qu'Alexina n'est autre que la duchesse de Fritelli : l'aventure se corse. Et Fritelli se mord les doigts de s'être fourré dans ce guêpier.

Arrivent les esclaves, et Minka, qui reconnait celui à qui elle a livré le message destiné à Nangis. Elle annonce à Henri que Nangis s'est évadé et n'est pas loin ; mais sa consternation est extrême en apprenant que celui auquel elle a eu l'imprudence de se confier conspire contre le roi. Comme l'intervention de la jeune fille pourrait gâter toute la comédie, Henri et Fritelli l'enferment à double tour.

Resté seul, Henri roucoule avec Alexina revenue. Les deux amoureux s'expliquent et ils viennent de se réconcilier quand arrivent Fritelli et Laski. Henri s'engage par serment à faire tout ce qui dépend de lui pour faire partir le Valois. Fritelli n'y comprend rien ; jusqu'à la fin, du reste, il ne comprendra jamais rien à rien.

Mis en demeure d'exécuter sa promesse et de livrer le roi, Henri s'en tire en faisant passer pour lui, Nangis que Minka vient d'introduire. On félicite la pauvre Minka d'avoir aidé à capturer le Valois détesté. Nangis a beau protester : pour tous, il sera désormais le roi. Lorsqu'Henri lui-même le reconnait pour tel, il cesse toute résistance, comprenant qu'il doit y avoir là-dessous quelque raison d’Etat. Il jouera donc son personnage supposé, et le jouera même de façon à se venger un peu de celui qui l'y oblige. Il le joue si bien que Minka elle-même ne sait plus que penser : serait-ce le roi qui, pour lui faire la cour, aurait pris un nom d'emprunt ?

Le roi est pris, le roi partira. Henri s'offre à l'accompagner. Ce plan agrée à Fritelli, puisqu'il éloigne l'amoureux d'Alexina. Mais la plaisanterie menace de passer les bornes. Laski s'avise que plutôt que de laisser partir le roi, mieux vaudrait s'en défaire une bonne fois en le mettant à mort. Henri, Alexina ont beau élever des objections, la majorité des conjurés se range à l'avis de Laski. Une tentative d'Henri pour sauver Nangis en se faisant reconnaître ne rencontre qu'incrédulité. Fritelli lui-même se refuse à lui donner raison. Nangis il est, Nangis il restera.

On tire au sort pour savoir qui exécutera la sentence. Tous les conjurés ayant mis dans l'urne le nom de Nangis, c'est donc Henri, le faux Nangis, qui se voit chargé de se faire passer à trépas. Après tout. cela vaut mieux ainsi : avec Nangis, Henri trouvera bien moyen de s'entendre, et s'il le faut. tous deux sauront vendre chèrement leur vie. Oui. mais on a compté sans Minka, qui a fait évader son amoureux. Elle v risque sa vie, mais que lui importe, pourvu que celui qu'elle aime soit sauvé ! Nangis libre, ce sont les Français avisés, la conspiration déjouée: aussi tous les conjurés se hâtent-ils de s'esquiver au plus vite. Henri seul reste, en jurant gaîment que du Valois et de sa race il va délivrer la Pologne !

Le troisième acte a la difficile tâche de débrouiller cet écheveau. Nous sommes dans une auberge et l'on prépare tout pour la prestation de serment du roi. Mais Fritelli vient annoncer que le roi qui sera couronné n'est pas celui qu'on pense. A la place du Valois, on verra arriver l'archiduc d'Autriche. Et justement Henri arrive criant : « Vive l'archiduc ! » Il réclame des chevaux pour le départ, mais il n'y en a pas. Il ne reste qu'une carriole et une haridelle. Comme cocher, une vieille servante. Bah ! on s'en contentera.

Du monde ! Henri sort. C'est Alexina qui raconte que l'archiduc ne vient plus. Pour sauver celui qu'elle aime, elle a su détourner le prétendant de venir. Ainsi le roi lui devra la vie et la couronne et c'est de lui que Fritelli recevra les honneurs et les récompenses dont elle aura sa part. Mais pour la première fois Fritelli ose une résistance : aider à monter sur le trône celui que sa femme voit d'un si bon œil, il ne s'y prêtera pas ! Et pour conjurer le péril, il déclare tout net à Alexina que Nangis a tenu son serment et que le roi est mort. Son coup fait, le faux Nangis s'est caché par prudence. Mais Fritelli le sauvera — en l'aidant à se sauver, ajoute-t-il in petto.

C'est maintenant Minka qui arrive à la recherche du pseudo-roi. Elle aussi se convainc sans peine que le roi est mort. L'aubergiste survient très ennuyé : la servante qui devait servir de cocher au faux Nangis est introuvable. Une idée traverse le cerveau d'Alexina : cette servante, elle la remplacera. Et elle sort pour aller se travestir.

Restée seule, Minka voit tout à coup paraître Nangis, le faux roi, son aimé. Transports d'amour ! Ainsi le roi n'est pas mort ! Mais à ces mots Nangis est pris d'angoisse : si le roi, le vrai, était mort ! Vite, qu'on se mette à la recherche du faux Nangis.

A peine les deux amants sont-ils sortis qu'Alexina rentre, déguisée en servante. Henri la rejoint, et le quiproquo se prolonge. Il faut fuir, car son régicide est connu. Henri n'y comprend plus rien — et comme on le comprend de n'y rien comprendre ! — mais puisque l'occasion se présente de fuir avec la jolie femme qu'il aime, en route et bon voyage !

Alexina est sortie et Henri va la suivre quand Fritelli accourt essoufflé : les Français arrivent, il faut fuir sans retard. Et Henri court rejoindre son amie, tandis que Fritelli se frotte les mains d'avoir, à ce qu'il croit, définitivement séparé sa femme d'un dangereux suborneur.

Mais le meilleur quiproquo ne peut durer toujours. Minka revenue ouvre les yeux au malheureux Fritelli. qui s'arrache les cheveux de désespoir. A cet instant le vrai Nangis paraît, ramenant le vrai roi qu'il a pu arrêter à temps. Tout s'explique en un instant, chacun reprend son nom et sa place. A contrecœur, Henri se résignera à être roi de Pologne : Alexina lui rendra la résignation plus douce, et pour que rien ne trouble les débuts de son règne, il commence par envoyer Fritelli à Paris avec un message pour la reine de France ! Nangis épousera Minka et tout finit au milieu des acclamations du peuple à son nouveau souverain. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Le livret du Roi malgré lui a été fort adroitement rajeuni par Albert Carré. Cette œuvre trop longue devient ainsi parfaitement acceptable ; elle pourrait encore supporter quelques coupures. Chabrier, génie abondant, s'épanche à l'aise et parfois trop ; il fait succéder le tendre au bouffon ; et même il a quelquefois des accents d'une émotion tout à fait sincère. L'orchestre sonne merveilleusement, mais bien ménagé et sans couvrir le débit vocal. M. Roger Bourdin fut un Henri de Valois plein d'aisance, et M. Musy s'est taillé un franc succès dans le ridicule personnage qu'est le duc italien de Fritelli. Mme Jeanne Guyla, en duchesse, et Mme Yvonne Brothier, en Minka, ont fait valoir leurs jolies voix ; celle de Mme Brothier est, comme toujours, très fraîche et très séduisante. »

(Larousse Mensuel Illustré, décembre 1929)

 

 

ROI MARGOT (LE)

 

Comédie en un acte avec des airs nouveaux, de Desvergers et G. Héquet, musique de M. Thys. Création au théâtre de la Renaissance le 06 février 1839.

 

 

ROI RENÉ (LE) ou LA PROVENCE AU XVe SIÈCLE

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Gabriel-Alexandre Belle et Sewrin, musique de Louis-Ferdinand Herold. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 août 1824.

 

 

ROI THÉODORE À VENISE (LE)

 

[Il Re Teodoro in Venezia]

Opéra bouffe héroï-comique en trois actes, livret de l’abbé Giovanni Battista Casti (1724-1803), d’après un épisode du Candide de Voltaire, musique de Giovanni Paisiello.

 

Représenté à Vienne, Burgtheater, le 23 août 1784.

 

Traduit de l'italien par Moline, il fut représenté par l'Académie royale de musique le 11 septembre 1787, avec Chardini (Théodore), Adrien (Achmet), Lays (Thaddée), Rousseau (Sandrin), Châteaufort ; Mlles Gavaudan (Lisette) et Joinville (Bélise).

 

Représenté au théâtre Feydeau le 21 février 1789.

 

« Ce fut sur la demande de l’empereur Joseph II que le célèbre compositeur écrivit à Vienne Il Re Teodoro, un de ses chefs-d’œuvre. On trouve dans la partition autant de grâce mélodieuse que de verve scénique. Le septuor du Roi Théodore est une composition charmante qui est devenue célèbre dans toute l’Europe. La reine raffolait de cet opéra, qui fut joué pendant trois mois sur le théâtre de la ville de Versailles. Elle le fit représenter à la cour par Garat, Azevedo et Richer. Le public accueillit assez froidement le Roi Théodore à l'Académie de musique. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Marie-Antoinette aimait beaucoup cet opéra qu'elle se fit chanter à Versailles par Garat, Azevedo et Richer. A Paris, on le reçut assez froidement. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROI VEUT RIRE (LE)

 

Bouffonnerie lyrique en deux parties, livret de Georges Docquois, musique d’Esteban Marti, représentée au Tréteau de Tabarin le 29 septembre 1896.

 

 

ROLAND

 

Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, livret de Philippe Quinault, d’après le Roland furieux (Orlando furioso) de l’Arioste (1516), musique de Jean-Baptiste Lully.

 

Personnages : Roland (basse) ; Angélique (soprano) ; Médor (haute-contre) ; Témire (soprano) ; Astolfe (haute-contre) ; Logistille (soprano) ; Demogorgon (basse) ; Chœur des fées, des insulaires, des bergers et des bergères, des héros et de la suite de la renommée.

 

Représentée par l'Académie royale de musique à Versailles, théâtre de la Cour, le lundi 08 janvier 1685, en présence de Louis XIV, et à Paris, à l’Opéra (1re salle du Palais-Royal) le 08 mars 1685 avec Mme Le Rochois (Angélique), MM. Beaumavielle (Roland), Duménil (Médor), sous la direction du compositeur.

Cet ouvrage a été repris six fois : en 1703, 1709, 1716, 1727, 1743 et 1755, et il a inspiré cinq parodies.

 

« On n'a jamais autant célébré les douceurs de la paix que sous le règne de celui de nos rois qui a inauguré le système des longues et grandes guerres. Comme dans tous les prologues d'opéras, le poète chante le plus grand des héros :

 

Qui fait cesser partout

La guerre impitoyable et ses fureurs affreuses.

 

Par une licence géographique et chronologique qui dépasse un peu les limites du genre, il met dans la bouche de Démogorgon et des fées les vers suivants :

 

Allons faire entendre nos voix

Sur les bords heureux de la Seine ;

Allons faire entendre nos voix

Au vainqueur dont tout suit les lois.

 

Le sujet de la pièce est connu. Angélique, reine de Cathay, est aimée de Médor, officier d'un roi africain, et elle partage sa passion. Dans le premier acte, Roland, neveu de Charlemagne et le plus renommé des paladins, fait remettre à Angélique un bracelet d'un grand prix comme témoignage de son amour. Au deuxième acte, le théâtre représente la fontaine enchantée de l'Amour au milieu d'une forêt. Roland se présente pour voir Angélique ; mais celle-ci met dans sa bouche un anneau dont la puissance magique la rend invisible. Roland, désappointé et désespéré, s'éloigne. Médor paraît ; il ne pense pas que la reine consente à accepter son cœur et sa main, il se lamente et tire son épée pour se tuer, et, s'adressant à la fontaine d'amour qu'il rend confidente de sa peine, il s'écrie :

 

Ruisseaux, je vais mêler mon sang avec votre onde,

C'est trop peu d'y mêler mes pleurs.

 

Angélique arrive à temps pour lui dire : Vivez, Médor. Ici se trouve une scène charmante dans laquelle Médor chante l'air remarquable : Je vivrai, si c'est votre envie. Angélique ne songe plus qu'à protéger son amant contre la fureur de Roland. Pendant que ce guerrier se berce des plus douces illusions ; elle se dérobe avec Médor à ses recherches, aux applaudissements du chœur :

 

Aimez, régnez en dépit de l'envie,

Goûtez les biens les plus doux de la vie :

La fortune et l'amour, la gloire et les plaisirs,

Peuvent-ils à jamais combler tous vos désirs.

Dans la paix, dans la guerre.

Dans tous les climats,

Jusqu'au bout de la terre,

Nous suivrons vos pas.

 

Puisse l'heureux Médor être un des plus grands rois,

Puisse-t-il rendre heureux ceux qui suivent ses lois.

 

C'est par cet épithalame, qui en vaut bien un autre, que se termine le troisième acte. Le quatrième est consacré au désespoir de Roland qui, au lieu de trouver celle qu'il aime au rendez-vous, lit gravés sur un arbre les vers qui expriment les amours heureux de Médor et d'Angélique. Des bergers, à qui il s'adresse, le confirment dans la pensée de son malheur et lui montrent le bracelet que la reine leur a laissé en reconnaissance de leurs soins. Roland devient fou. Le cinquième acte le représente endormi. Une symphonie aide à calmer ses sens agités. Les ombres des anciens héros paraissent et invitent Roland à prendre souci de sa gloire et à aller délivrer son pays. Roland sort de son assoupissement, revient à la raison et cède aux conseils et aux entraînements des Fées guerrières, de la Gloire, de la Renommée, de la Terreur et d'une troupe d'ombres de Héros qui répètent en chœur :

 

Ne suivez plus l'amour, c'est un guide infidèle ;

Non, n'oubliez jamais

Les maux que l'amour vous a faits.

 

Nous recommandons, dans la partition de Lulli, l'air de Médor :

 

Ah ! quel tourment,

De garder, en aimant,

Un éternel silence !

Ah ! quel tourment,

D'aimer sans espérance !

 

le duo pour soprano et ténor : Vivez en paix ; le duo d'Angélique et de Thémire :

 

Le secours de l'absence

Est un puissant secours.

 

l'invocation de Roland à la nuit ; dans le quatrième acte : l'air de Musette et le petit chœur de bergers, et la scène de folie de Roland ; et au cinquième, les airs de danse et le chœur guerrier final. Angélique et Médor occupent presque constamment la scène, et Roland a un rôle fort court. On n'a pas manqué d'omettre cette circonstance dans les parodies qui furent faites de cet opéra. On ne compte pas moins de six reprises de Roland depuis 1685 jusqu'à 1743. Le rôle d'Angélique a été tenu successivement par Mlles Desmatins, Journet, Antier et Le Maure ; celui de Thémire, suivante d'Angélique, par Mlles Armand, Poussin, Pélissier, Fel. Le rôle de Médor a été chanté par Poussin, Cochereau, Tribou et enfin par le célèbre Jélyotte. Celui de Roland a eu pour interprète Thévenard pendant quarante-deux ans. Ce chanteur ne fut remplacé par le sieur Chassé qu'à la sixième reprise, en 1743. Cet exemple de longévité lyrique est curieuse à constater. Il est vrai que les voix de basse-taille résistent plus longtemps que les autres aux fatigues de la scène. Louis XIV avait indiqué à Quinault le sujet de Roland. Lulli le regardait comme le meilleur de ses opéras. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Représenté à l’Opéra le 8 février 1685, comme on l'a toujours indiqué jusqu'à présent, ou le jeudi 8 mars 1685, selon l'Histoire de l'Opéra, d'un secrétaire de Lully. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROLAND

 

Tragédie lyrique en trois actes, livret de Marmontel, d’après le livret de Philippe Quinault, musique de Niccolò Piccinni.

 

Première représentation à l'Opéra (2e salle du Palais-Royal) le 27 janvier 1778, sous la direction de Pierre Montan Berton, avec Mlle Levasseur (Angélique), Legros (Médor), Larrivée (Roland), Lainé (Coridon), Moreau, Gélin; Mlle Gavaudan (Bélise); Mlle Lebourgeois (Thémire).

 

« Piccinni était arrivé de Naples à Paris depuis deux ans, appelé par la reine Marie-Antoinette. Il ne savait pas un mot de français et il l'apprit en écrivant sa partition de Roland sur le nouveau poème que Marmontel avait composé pour lui d'après l'ancienne pièce de Quinault. L'exemplaire de la partition que nous avons sous les yeux a une valeur historique. Il a appartenu à l'infortunée princesse de Lamballe, qui avait partagé les plaisirs délicats et élevés de la reine avant de partager ses douleurs jusqu'à la mort. Piccinni dédia sa partition à la reine en ces termes : « De tous les talents que votre majesté daigne animer de ses regards et faire fleurir autour d'elle, aucun n'a ressenti cette favorable influence aussi vivement que le mien. Transplanté, isolé dans un pays où tout était nouveau pour moi, intimidé dans mon travail par mille difficultés réunies, j'avais besoin de tout mon courage, et mon courage m'abandonnait. Un coup d'œil de Votre Majesté me l'a rendu. L'extrême désir de lui plaire, l'espérance d'y réussir, qu'Elle a bien voulu m'inspirer, m'ont donné une force nouvelle; mes inquiétudes se sont cal-ruées, et ce travail, si épineux d'abord, n'a eu pour moi que des attraits. S'il a quelque succès, madame, je le devrai à vos bontés, comme la terre doit ses fruits aux rayons de l'astre du jour ; et vous consacrer cet ouvrage, c'est vous faire hommage de vos propres bienfaits. » Roland réussit malgré les intrigues des gluckistes. Les gens de goût comprirent que les formes de l'art musical pouvaient quelquefois serrer moins étroitement la pensée scénique et littéraire, de même qu'un ample vêtement peut entourer de plis ondoyants un corps bien proportionné et vigoureux. Un critique du temps traite la partition de Roland de chef-d'œuvre d'énergie et de sensibilité. C'est peut-être trop dire ; passe encore pour Didon. L'ouverture est intéressante ; l'andante de l'air de Médor : Malheureux que je suis, est plein de sensibilité ; le duo qui suit entre Angélique et Médor : Soyez heureux loin d'elle, offre de belles phrases, mais l'ensemble montre quelle était encore à cette époque l'inhabileté des maîtres à écrire des duetti. Le chœur : Triomphez, charmante reine, a obtenu un grand succès ; mais il n'a pas la noblesse de ceux de Lully, ni même la puissance de rythme de ceux de Rameau. Les airs de danse sont peu saillants. En revanche, le chœur des amants enchantés, qui ouvre le deuxième acte, est ravissant. Toute la scène de la fontaine est bien réussie. L'air d'Angélique : C'est l'amour qui prend soin lui-même d'embellir ces paisibles lieux, est le plus beau morceau de l'ouvrage. En signalant de nouveau l'air de Médor : Je vivrai, si c'est votre envie, nous ferons observer en passant que dans certaines éditions ce premier vers est ainsi dénaturé : Je mourrai si c'est votre envie, et que nous entendons depuis plus de quinze ans des chanteurs prêter avec le plus grand sang-froid cette affreuse envie à Angélique.

 

Je vivrai, si c'est votre envie,

Je vous vois, mon sort est trop doux ;

Mais s'il faut m'éloigner de vous,

Je ne réponds pas de ma vie.

 

Le chœur qui termine le deuxième acte : Régnez en dépit de l'envie, est bien traité. Le rôle de Roland a été écrit pour basse ou plutôt pour baryton. Ce personnage ouvre le troisième acte par l'air : De l'aimable objet qui m'enchante, suivi du duo : Ah ! d'un laurier immortel. Ces morceaux, parfaitement écrits et accompagnés par les instruments avec beaucoup de goût, vous laissent froids et n'ont plus qu'un intérêt archaïque. Le compositeur se réveille dans la grande scène du désespoir de Roland. Si elle était bien chantée et bien jouée, elle produirait encore maintenant beaucoup d'effet. L'intermède des bergers est fade. La pastorale de Roland qu'on a jouée sur tous les clavecins est fort médiocre. En somme l'opéra de Roland renferme des beautés incontestables. Écrit avec plus de facilité et de pureté dans l'harmonie et les accompagnements que les ouvrages de Gluck, beaucoup mieux disposé pour les voix, il lui manque ce qui se trouve à forte dose chez son vigoureux rival , cette concision énergique, cet entraînement irrésistible, cette domination exercée par le génie, tout incorrect qu'il puisse être. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Succès. — La réussite de cet ouvrage provoqua la colère des Gluckistes et un redoublement d'épigrammes auxquelles les Piccinnistes répondirent avec beaucoup d'esprit. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROLAND À RONCEVAUX

 

Opéra en quatre actes, livret et musique d’Auguste Mermet.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 03 octobre 1864. Divertissements de Lucien Petipa. Décors de Joseph Nolau, Auguste Rubé et Philippe Chaperon (acte I), Charles Cambon et Joseph Thierry (actes II, III et IV). Costumes de Paul Lormier et Alfred Albert.

Mmes Pauline Gueymard-Lauters (Alde), Camille de Maësen (Saïda), Levielly (un Page ; une Esclave), MM. Louis Gueymard (Roland), Cazaux (Ganelon), Belval (l'Archevêque Turpin), Bonnesseur (l'Emir de Saragosse), Warot (un Pâtre).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 11 mai 1865 avec Mmes Charry (Alde), Victorine Moreau (Saïda), MM. Wicart (Roland), Coulon (archevêque Turpin), Roudil (Ganelon), Holtzem (le pâtre).

 

« De tous les guerriers que les légendes du cycle carlovingien ont rendus célèbres, le paladin Roland était le personnage le plus propre à figurer sur notre première scène lyrique. Il se présentait déjà entouré de l'auréole brillante des fictions de la poésie, et l'auteur du livret n'a eu qu'à disposer dans une suite de scènes les principaux épisodes du poème en langue franco-normande de Théroulde, intitulé : la Chanson de Roland.

Le comte Ganelon, envoyé en Espagne par Charlemagne, pour faire aux Sarrasins des propositions de paix commence par rendre la liberté à la fille de l'émir de Saragosse, Saïda, qu'il retenait prisonnière. Une belle châtelaine, Alde, éprise en secret des exploits de Roland, repousse les offres de Ganelon qui vent l'épouser malgré elle. Les deux femmes, qui se sont liées dans leur malheur par des sentiments d'amitié, se concertent pour empêcher cette union que doit bénir l'archevêque Turpin. Un violent orage force Roland à accepter l'hospitalité dans le château. Il est accueilli par Alde comme un libérateur, et il pourrait s'apercevoir de la passion qu'il inspire si son « cœur d'acier » n'était resté jusqu'alors volontairement inaccessible à l'amour. Apprenant que Ganelon veut opprimer une faible femme, il le provoque et lui ferait payer cher sa félonie, si l'archevêque n'arrêtait leurs bras au nom de Charlemagne. Ganelon se dispose à enlever la belle châtelaine ; mais Saïda vient au secours de son amie et lui offre, auprès de l’émir son père, un asile qu'elle accepte. Le second acte transporte la scène dans le palais de l'émir. Celui-ci se soumet en apparence aux conditions dictées par Charlemagne. Roland, malgré le serment qu'il a fait de ne jamais se laisser surprendre par l'amour, ne peut résister aux beaux veux de la châtelaine. Ganelon, en proie à la jalousie et à la fureur, n'hésite plus à consommer la plus noire trahison. Il forme avec l'émir le dessein de surprendre le paladin dans le défilé de Roncevaux, Roland et les douze pairs conduisant l'arrière-garde de l'armée, qui doit quitter l'Espagne pour retourner en France.

La scène, au troisième acte, représente le vallon de Roncevaux. Le paladin raconte à l'archevêque Turpin comment sa fameuse épée Durandal est venue en sa possession et à quelle condition elle doit rester invincible. Il lui confesse qu'il n'est plus maître de son cœur. Turpin lui conseille de rester fidèle à son serment et d'oublier la femme dont il est épris. Roland est agité de mille pensées contraires ; Alde n'a que lui pour protecteur, et il l'aime. Un pâtre vient annoncer que le val est cerné par les ennemis ; les soldats francs accourent et crient à la trahison. Les douze pairs pressent Roland de sonner de son cor d'ivoire pour avertir Charlemagne du danger qui les menace. Le guerrier refuse :

 

Quelle honte m'est proposée !

Ne plaise à Dieu qui fit ciel et rosée,

Que pour des Sarrasins je sonne l'oliphant.

 

L'archevêque bénit les combattants, et tous se précipitent sur les pas de Roland.

Au quatrième acte, qui n'est à proprement parler qu'un tableau, Roland vient de tuer le traître Ganelon ; mais, mortellement blessé, c'est au milieu des cadavres qui jonchent la terre, qu'il sonne enfin de son cor d'ivoire ; il succombe. Charlemagne apparaît au fond du théâtre pour voir le corps de son neveu emporté sur les boucliers. En présence d'un livret si bien conçu pour l'effet théâtral, il y a peu d'intérêt à en signaler les anachronismes et les inexactitudes historiques, à rappeler par exemple que ce furent les Vascons et non les Sarrasins qui exterminèrent l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne en 778.

L'opéra de M. Mermet a réussi de prime-abord, grâce au caractère français et sympathique du sujet, et ensuite à la clarté du style musical, à l'allure martiale, franche et décidée des périodes mélodiques. On ne saurait assurément mettre Roland en parallèle avec les grands ouvrages du répertoire : la Juive, les Huguenots, Guillaume Tell ; il ne saurait non plus soutenir la comparaison avec les principaux ouvrages de Donizetti, de Bellini, de Verdi, avec Lucie, la Favorite, Norma, le Trouvère. Mais il peut être classé au premier rang des opéras de troisième ordre, qui ont mérité du succès à cause de certaines qualités saillantes. Dans Roland on remarque peu ou point de situations tendres ; il n'y a ni duos ni cavatines, ni même de ces ensembles à deux et trois mouvements qui sont pour l'auditeur une source d'impressions variées. L'inspiration du compositeur est entraînée comme fatalement vers l'accent guerrier, la force rythmique et la sonorité. Le corps de l'ouverture est peu dessiné. Des appels fréquents de trompettes une marche guerrière donnent le ton général de l'ouvrage. Les morceaux les plus saillants du premier acte sont : la Chanson de Roland, dite par un pâtre, et le finale, dont la mélodie est large et puissante d'effet : Superbes Pyrénées. Cette chanson de Roland n'a aucune couleur historique. Il semble qu'elle aurait dû fournir le thème principal de l'ouvrage. On sait le parti que Meyerbeer a tiré du Choral de Luther dans les Huguenots. La Chanson de Roland, que Taillefer entonna en 1066 avant la bataille d'Hastings, était une sorte de plain-chant d'un caractère héroïque et religieux, d'ailleurs très favorable au développement musical. Dans le second acte, nous signalerons le chœur du complot : Roncevaux, vallon triste et sombre, dont la phrase mère est fort belle, mais qui est développée d'une manière insuffisante. Le troisième acte, qui a décidé du succès de l'œuvre, renferme de beaux fragments : la chanson mélancolique du pâtre, un chant de guerre, une farandole dont les ondulations serpentent dans la montagne et descendent sur la scène sur un motif de danse fort animé ; la lecture de la devise gravée sur l'épée Durandal : Je suis Durandal, du plus dur métal ; la scène de la confession, un bon trio entre Turpin, Roland et Alde, et le finale : En avant ! Montjoie et Charlemagne ! »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Sujet bien choisi, poème intéressant et musical.

Le succès de cet opéra d'un compositeur sincère peut être attribué en grande partie à l'effet que produit le 3e acte, dont le finale est devenu populaire (Montjoie et Charlemagne). On a surnommé ce chant la Marseillaise de la Chevalerie.

Reprise : 1866. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

  

ROLANDE

 

Pièce lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret de Paul Bérel (pseudonyme de Paul de Choudens), musique d’Henri Hirchmann, représentée à Nice en mars 1905.

 

 

ROLANDE ET LE MAUVAIS GARÇON

 

Opéra en cinq actes, livret de Lucien Népoty, musique d'Henri Rabaud.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 25 mai 1934 (répétition générale publique le 22 mai). Mise en scène de Pierre Chereau. Décors dessinés par Germaine de France (1er, 2e et 5e actes) et Emile Bertin (3e et 4e actes), exécutés par Emile Bertin.

Mmes Marisa FERRER (Rolande), RENAUX (Rosette), COURTIN - débuts - (le Page), Yvonne GERVAIS (Pernette), Odette RICQUIER (Guillemette).

MM. THILL (Gaspard), André PERNET (le Prince Richard), A. HUBERTY (Pescalou), LE CLEZIO (l'Etranger), R. GILLES (Manué), NARÇON (le Capelan), CHASTENET, MADLEN, FOREST, MEDUS (4 Officiers).

Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT

 

Reprise à l’Opéra du 24 novembre 1937 (13e représentation).

Les créateurs, sauf : René MAHE (Rosette), MM. José DE TREVI (Gaspard), ETCHEVERRY (le Prince Richard), CHASTENET (l'Etranger), GOURGUES (1er Officier). L'auteur au pupitre.

 

15e à l’Opéra, le 08 janvier 1938, avec les interprètes de la reprise, sauf Mme E. SCHENNEBERG (le Page). L'auteur au pupitre.

Danse : Mlles Lascar, Gerodez, Mairel, Hamerer, Angere, Chambray, Sioza, Berggren, Goureau, Rigel, Thalia, Lauvray, Sianina, Continsouza, Dassas ; MM. Sauvageau, Decarli, Delannay, Jamet, Milliand, Chatel.

 

Autres interprètes au Palais Garnier :

Rosette : Mme RENAUDIN (1935).

Le Page : Mme MAHE (1934), BACHILLAT (1934).

Guillemette : Mme ALMONA (1934).

le Capelan : M. MOROT (1934) - rôle supprimé en 1937 -

 

15 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« Prince-poète tout comme Charles d'Orléans, Richard ne cesse de célébrer en ses vers sa belle épouse Rolande, qui n'en a trop cure, et préférerait sans doute d'autres hommages. En sorte que la princesse, avec l'agrément de son seigneur du reste, s'échappe de la cour d'amour pour aller respirer librement dans une maison villageoise où elle n'a pour suivante que sa demoiselle d'honneur Rosette. Naturellement survient là l'inconnu singulier sans lequel il n'y aurait point de pièce possible ; mais, pour corser les choses, il entre par la fenêtre, car il n'est qu'un de ces mauvais garçons qui vivent de pillages, un peu comme notre François Villon, ainsi qu'on voit. Il a nom Gaspard Turgis, et comme il n'est pas insensible au charme des belles, il ne rançonne ni Rolande ni Rosette et se laisse chasser par les paysans alertés. Mais Rolande et Gaspard n'en ont pas moins été troublés. En sorte que le truand finit bien par retrouver la princesse, qui ne croit pas devoir le chasser. De tout quoi il faut bien que le prince Richard s'aperçoive un jour. Tout d'abord furieux, il fait jeter en prison Gaspard. Mais il a trouvé meilleure façon de se venger : il délivre le prisonnier et laisse à Rolande toute liberté de suivre le pauvre amoureux. C'est alors que par un juste retour des choses, la princesse a peur de cette liberté et qu'elle abandonne le pauvre vagabond à sa vie errante.

La partition écrite par M. Henri Rabaud sur cette agréable intrigue est de qualité. Ce n'est point une répétition du Mârouf des deux collaborateurs ; l'atmosphère et l'époque sont tout autres. Mais la musique n'en suit pas moins un chemin facile ; elle est claire, agréable, vive ou tendre ou passionnée. Les parties vocales sont traitées avec un art consommé ; cela va du récit bien composé à la vraie mélodie ; et jamais l'orchestre ne vient par une lourdeur inutile obliger les interprètes à hausser sans mesure le ton. » (Larousse Mensuel Illustré, 1934)

 

 

ROMA

 

Opéra tragique en cinq actes d'Henri Cain, musique de Jules Massenet, représenté à l'Opéra de Monte-Carlo le 17 février 1912. Première à l'Opéra de Paris le 24 avril 1912. => fiche technique

 

 

ROMAGNESI

 

Opéra en un acte, paroles de Lemontey, musique de Plantade, représenté au théâtre Feydeau le 3 septembre 1799.

 

 

ROMAN (LE)

 

Opéra en un acte, paroles de Gasse, musique de Plantade, représenté à Feydeau le 12 novembre 1800.

 

 

ROMAN COMIQUE (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Bouffes-Parisiens le 10 décembre 1861. Il n'a guère été conservé de l'œuvre de Scarron que le titre et les noms de quelques personnages. On a applaudi plusieurs morceaux écrits avec verve par le compositeur, notamment le finale : Exécutons presto, presto !

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROMAN D'ELVIRE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Alexandre Dumas père et Adolphe de Leuven, musique d’Ambroise Thomas. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 24 février 1860, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mlles Eugénie Monrose (la marquise de Villa Bianca), Léocadie Lemercier (Lilla), MM. Félix Montaubry (le chevalier Gennaro d'Albani), Victor Prilleux (Malatesta), Eugène Crosti (Ascanio), Caussade (Aniello), Coutan (Lelio), Andrieu (Leoni), Lejeune (Marco).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 23 mai 1863 avec Mmes Eugénie Monrose (la marquise de Villa Bianca), Dupuy (Lilla), M. Jourdan (le chevalier d'Albani).

 

« La donnée du livret est fort singulière et ne peut guère être résumée en quelques lignes. Gennaro, jeune fou, joueur et assez libertin, a refusé d'épouser sa fiancée. Celle-ci jure de se venger. Sous un travestissement de vieille à faire peur, et grâce à une bohémienne qui abuse de la crédulité de Gennaro, elle se fait épouser par lui dans un moment où il est ruiné et poursuivi par ses créanciers. Après une multitude d'incidents, d'épreuves et de scènes de magie blanche, Gennaro reconnaît qu'il est l'époux d'une femme charmante, jeune et belle. Il est guéri de ses erreurs. Cette pièce bizarre, moitié féerique, moitié réaliste, convenait au genre de talent de M. Ambroise Thomas, très ingénieux, complexe dans ses effets, tout entier de nuances et de détails. Aussi la musique du Roman d'Elvire a-t-elle été trouvée très intéressante. On a surtout remarque le duo de la sorcellerie entre la marquise et la bohémienne, les couplets de Gennaro : J'aime l'or, et ceux du podestat : C'est un Grec ; le grand air de ténor et le finale du deuxième acte ; enfin la romance de Gennaro au troisième : Ah ! ce serait un crime. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROMAN D’UN JOUR

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Michel Masson fils et Armand Lafrique, musique d’Eugène Anthiome, créé au théâtre du Château-d'Eau le 07 mars 1884. => détails

 

 

ROMAN DE LA ROSE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jules Barbier et Jules Delahaye, musique de Prosper Pascal, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 29 novembre 1854.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 11 en 1854, 9 en 1855.

 

Le sujet est poétique, mais le dénouement est trop peu vraisemblable pour émouvoir. Un pauvre garçon a vu sa bien-aimée épouser un baron pour obéir à son père. Il est devenu fou et amoureux des oiseaux et des fleurs. Quelques années se sont écoulées sans doute, car sa Marguerite est veuve, et elle parvient à rendre la raison au pauvre Daniel en se présentant à lui parée de la rose, objet de son culte symbolique. On a remarqué dans la partition le duo : Eh quoi ! pour une rose, et une romance de soprano. Ce petit ouvrage a été chanté par Honoré Grignon, Mlles Bourgeois, Caroline Girard et Mme Meillet.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROMANCE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Claude-François Fillette-Loraux, musique d’Henri Montan Berton. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 26 janvier 1804 (05 pluviôse an XII), avec Mmes Pingenet cadette (Rosalie), Augustine Haubert-Lesage (Mme de Termont), Gavaudan (Lisette), Gontier (Catherine), MM. Dozainville (M. de Ferville), Jausserand (Valsain), Jean-Blaise Martin (Frontin). => partition livret 

 

 

ROMANCE DE LA ROSE (LA)

 

Opéra bouffe en un acte, livret d'Etienne Tréfeu et Jules Prével, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 11 décembre 1869. MM. les grotesques sont véritablement impitoyables. Il leur en coûtait donc beaucoup de laisser la délicieuse mélodie irlandaise dans la partition de Martha, où elle a été si gracieusement encadrée par M. de Flotow ? Il leur fallait effeuiller la rose de Thomas Moore sur les planches des Bouffes-Parisiens. Une veuve américaine a entendu une voix charmante chanter cette romance de la Rose, près d'un pavillon sur le bord de la mer ; elle suppose que cette voix est celle d'un musicien qui l'habite avec son ami qui est peintre et, sinon marié, du moins vivant comme tel ; mais c'est une erreur ; c'est le peintre qui chante agréablement, tandis que le musicien détonne ; pour empêcher la veuve de réclamer à celui qu'elle doit épouser la mélodie dont elle raffole, le peintre imagine de faire écorcher ce chant de toutes sortes de manières, tantôt par une clarinette enrouée, tantôt par une guitare fêlée, etc. ; en somme c'est une drôlerie assez bouffonne. Quant à la musique, il ne saurait en être question ; la partition ne se distingue des autres du même compositeur, à la fois le plus fécond en œuvres et le plus stérile en idées qu'on ait jamais vu occuper l'attention publique, que par des imitations d'aboiements de chien, à propos d'une scie d'atelier qui a pour titre : le Chien du colonel. Chantée par Victor, Hamburger, Lacombe ; Mlles Périer et Valtesse.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

ROMANS (LES)

 

Ballet héroïque en trois actes et un prologue, livret de Bonneval, musique de Niel, représenté par l'Académie royale de musique le jeudi 23 août 1736. La fiction et Clio forment le prologue ; la Bergerie, la Chevalerie, la Féerie sont les entrées de ce ballet. On y ajouta, le 23 septembre suivant, une quatrième entrée : le Roman merveilleux.

 

« Sujet : la Fiction (prologue) ; 1. la Bergerie ; 2. la Chevalerie ; 3. la Féerie.

Le 23 septembre 1736, on y ajoute le Roman merveilleux.

Bien que cet ouvrage de Niel ait obtenu du succès, l'existence de ce compositeur nous est à peu près inconnue. On sait seulement qu'il enseignait la musique à Paris. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROMANS (LES)

 

Opéra-ballet héroïque en quatre actes, livret de Bonneval, remis en musique par Cambini. Création au Théâtre de l'Opéra le 02 août 1776. Cet ouvrage n'eut que quatre représentations. L'auteur réussit beaucoup mieux dans la musique symphonique. Plusieurs de ses quatuors figurent avec honneur à côté de ceux de Boccherini.

 

« Représenté à l’Opéra le 30 juillet 1776.

Début malheureux du violoniste Cambini : son opéra ne fut joué que trois fois. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROME ET JUDÉE

 

Opéra en trois actes, paroles de M. d'Entremont, musique de Hugh Cass, représenté à Aix le 26 février 1887.

 

 

ROMÉO ET JULIETTE

 

Opéra en trois actes, livret de Joseph-Alexandre de Ségur, d’après le drame de Shakespeare, musique de Daniel Steibelt. Création au Théâtre Feydeau le 11 septembre 1793. Première à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 19 octobre 1801.

 

« Cet opéra, ayant été refusé à l'Académie de musique en 1792, les auteurs sacrifièrent les récitatifs, qu'ils remplacèrent par un dialogue en prose, et firent représenter la pièce à Feydeau. Elle eut un succès immense ; qui aurait assuré au compositeur la plus belle carrière s'il eut su s'en montrer digne. Des effets pleins de puissance et d'originalité, une mélodie distinguée et abondante rendent légitime la vogue dont cette partition a joui. Mlle Scio interpréta avec talent le rôle de Juliette. Nous remarquerons l'air de soprano : Du calme de la nuit, et l'admirable quatuor : Grâces, vertus, soyez en deuil, Juliette, etc., qui est une œuvre de génie. Pendant cette année funèbre, trois ouvrages très distingués ont été représentés et aucun n'est resté au répertoire, ce sont : le Barbier de Séville de Paisiello, la Caverne de Lesueur et Roméo et Juliette de Steibelt. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROMÉO ET JULIETTE ou TOUT POUR L'AMOUR — Voir Tout pour l’amour.

 

 

ROMÉO ET JULIETTE

 

Opéra en quatre actes, version française de Charles Nuitter, musique de Vincenzo Bellini. Première au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 07 septembre 1859. Divertissements de Joseph Mazilier. Décors d'autres œuvres adaptés par Joseph Nolau, Auguste Rubé et Hugues Martin. Costumes d'Alfred Albert et Paul Lormier. Avec Mmes Felicita von VESTVALI (Roméo), Pauline GUEYMARD-LAUTERS (Juliette), MM. Louis GUEYMARD (Tebald), Mécène MARIÉ (frère Laurent), Théodore COULON (Capulet).

 

« Cette pièce est une traduction de I Capuletti e i Montecchi, opéra en trois actes, livret de Felice Romani, représenté à Venise le 12 mars 1830, avec les sœurs Grisi. Le troisième acte (la scène du tombeau) ayant été manqué par le compositeur, on lui substitua celui de l'opéra de Nicola Vaccaj [Giulietta e Romeo, livret de Felice Romani, créé à Milan, Teatro Casabianca, le 31 octobre 1825], qui a continué depuis à être entendu dans l'œuvre de Bellini, sans que le public ait été suffisamment informé qu'il n'est pas de lui. C'est dans cet opéra que débuta Mme de Vestvali, la cantatrice la plus grande, sinon la plus grande des cantatrices. Sa voix ne manquait pas de charme, lorsqu'elle la ménageait. Gueymard, Marié, Mme Gueymard l'ont secondée dans les rôles de Juliette, de Tebald et de Capulet. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La première représentation annoncée et affichée ne put avoir lieu le 31 août, par suite d'une indisposition de Mme Vestvali.

Divertissement de Mazilier : il fut dansé par Mlle Zina sur des motifs de Bellini arrangés par Dietsch.

Les 3 premiers actes de Roméo et Juliette sont la traduction fidèle de l'opéra italien I Capuletti ed i Montecchi, chanté à Paris en 1833 par Giulia et Giuditta Grisi ; mais le 4e acte est emprunté à la partition de Giulietta e Romeo, de Vaccaj. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROMÉO ET JULIETTE

 

Opéra en cinq actes, livret de Jules Barbier et Michel Carré, musique de Charles Gounod. Création au Théâtre-Lyrique le 27 avril 1867 ; première à l'Opéra-Comique le 20 janvier 1873 ; première au Théâtre de l'Opéra le 28 novembre 1888. => fiche technique

 

 

ROMPONS !

 

Opérette-bouffe en un acte, livret d’Armand-Numa Jautard et Amédée de Jallais, musique d’Adolphe Vogel, représentée aux Bouffes-Parisiens le 21 septembre 1857.

 

« Ceci est le récit d'une querelle entre étudiant et étudiante, querelle qui aboutit à un Rompons !... des mieux accentués. Or, comme ces histoires-là sont passées de mode ! et comme le public a de la peine à se laisser mener une fois encore dans un de ces antiques garnis du quartier latin où la chambre se payait vingt francs par mois, y compris le cirage et le droit d'empêcher les voisins de dormir ! Tous ces vieux types d'étudiants gouailleurs, le béret sur l'oreille, la pipe et la chanson à la bouche, avaient un air de famille avec les joyeux clercs de la basoche, ces bandes querelleuses qui, au moyen âge « jetèrent souventes fois en de mélancolicques pensers monseigneur le roy de France. » Aujourd'hui, ils n'existent pas plus que la grisette bonne fille avec son bonnet à rubans bleus, pas plus que la rue de la Harpe, théâtre de leurs mœurs pittoresques. Les journaux de mode et la pioche municipale ont démoli tout cela ; ce qui n'a pas empêché MM. Jautard et de Jallais de chercher, après Gavarni et Frédéric Soulié, un coin ignoré dans les mansardes du Pays latin.

La musique de cette opérette était de M. Vogel, l'auteur de l'Ange déchu, un beau spécimen de romance dramatique. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

« Il est pénible de penser qu'un musicien du mérite de M. Vogel ait été réduit par l'état actuel de nos théâtres à écrire pour des pièces si puériles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

RONCEVAUX

 

Drame symphonique en trois parties, livret d’Edouard Blau, musique de Martial Caillebotte (1883).

 

 

RONDE DE NUIT (LA)

 

Œuvre anonyme. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 16 mars 1814.

 

 

RONDE DE NUIT (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Maurice Bouquet musique de Hugh Cass, représentée à l'Alcazar de Marseille le 10 août 1872.

 

 

RONDE DES SONGES (LA)

 

Scène fantastique, livret de Paul Collin, musique de Clémence de Grandval (1880).

 

 

ROSA, LA ROSE

 

Opérette en un acte, musique de Charles Poisot, représentée chez l'auteur le lundi 24 février 1868. La scène se passe dans un domaine des environs d'Heidelberg, entre un jeune et noble étudiant, le comte Arnold, et une jolie personne qui, par sa grâce et ses conseils, le fait renoncer à une vie un peu dissipée, et fixe en sa faveur ses sentiments. La musique est gracieuse et originale. On y remarque deux airs et un duo fort bien traités. Chanté par Verdellet et Mlle Séveste, ce petit ouvrage a été souvent représenté dans les salons parisiens et particulièrement, avec beaucoup de succès, chez Mme la marquise de Beaumont.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROSALIE ET MYRZA

 

Opéra-comique en trois actes, paroles de Boieldieu père, musique de Boieldieu, représenté à Rouen, sur le théâtre des Arts, le 28 octobre 1795.

 

 

ROSALINDE

 

Opéra-comique en trois actes, musique de Florimond Van Duyse, représenté à Anvers le 17 janvier 1864.

 

 

ROSALINE

 

Opéra en un acte, musique d’Edmond Râteau, représenté sur le Grand Théâtre de Nantes en 1892.

 

 

ROSANIE

 

Comédie en trois actes, en vers libres, livret de Devismes de Saint-Alphonse, musique d’Henri-Joseph Rigel. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 24 juillet 1780. Le sujet de la pièce est tiré d'un fabliau ancien, intitulé : les Merveilleuses aventures de Richard et de son ménestrel. Le compositeur a introduit dans sa partition un morceau dont les paroles et la musique sont attribuées au roi Richard : Si tendre et jeune femelle. Il est probable que les auteurs avaient choisi ce genre de pièce d'après l'exemple de Grétry ou pour se conformer à une mode du temps ; car on avait représenté, six mois auparavant, Aucassin et Nicolette, opéra également imité d'un fabliau du moyen âge. Rigel était un musicien de mérite, élève de l'illustre Jomelli, et sa musique religieuse était chantée avec succès au Concert spirituel.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROSE (LA)

 

Opéra en un acte, musique de Pierre-David-Augustin Chapelle, représenté à la Comédie-Italienne en 1772.

 

 

ROSE BLANCHE ET LA ROSE ROUGE (LA)

 

Opéra sérieux en trois actes, livret de René-Charles Guilbert de Pixerécourt, musique de Pierre Gaveaux. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 20 mars 1809. Ce mélodrame ne tient pas ce qu'annonce son titre. Les personnages historiques de la guerre des Deux Roses n'y figurent même pas. L'intérêt de la pièce roule sur des incidents étrangers à la politique.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROSE D'AMOUR ET CARLOMAN

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Alphonse Ducongé-Dubreuil, musique de Giuseppe Cambini. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 24 avril 1779.

 

 

ROSE D’ÉRIN (LA)

 

Opéra, musique de Julius Benedict. Ce n'est point un ouvrage original, mais bien la traduction allemande de l’opéra représenté précédemment à Londres sous ce titre : the Lilly of Killerney, et qui fut joué en Allemagne sous cette nouvelle appellation. Traduit en français par Adolphe d'Ennery et Hector Crémieux, cet ouvrage devait ensuite être joué à Paris, en 1865, au Théâtre-Lyrique, avec Mme Miolan-Carvalho dans le rôle principal. Les circonstances en décidèrent autrement, et il ne parut jamais en France.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

ROSE DE FLORENCE (LA)

 

Opéra en deux actes, livret d'Henri de Saint-Georges, musique d’Emanuele Biletta. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 10 novembre 1856. Décors d'Edouard Desplechin (actes I, II et III), Charles Cambon et Joseph Thierry (acte IV). Costumes d'Alfred Albert. Avec Mmes Marie Moreau-Sainti (Aminta), Delisle (Julia), MM. Gustave Roger (Theobaldo), Bonnehée (le Duc), Guignot (Cesario), Dérivis (le Majordome).

 

« La donnée de la pièce n'est pas neuve. Elle convient peu d'ailleurs au grand opéra. Aminta, fille d'un riche orfèvre de Florence, doit épouser son cousin Theobaldo, qui l'aime passionnément ; la cérémonie des fiançailles a lieu sans qu'aucun incident puisse faire présager une catastrophe ; mais, lorsque Aminta est retirée dans son appartement, le duc de Palma paraît à ses yeux et s'efforce de séduire la pauvre fille. Il offre de l'épouser ; il fait briller à ses yeux l'éclat du rang, de la richesse. Il feint un désespoir profond et fait mine de se tuer. Aminta, éperdue, effrayée, arrête son bras et avoue, pour le duc, des sentiments dont elle ne comprend pas sans doute toute la portée, mais dont il se prévaut pour préparer un enlèvement. Pendant qu'il s'est éloigné, Aminta se met en prières et finit par s'endormir. Le second acte est consacré au rêve d'Aminta ; elle se voit grande duchesse et entourée d'hommages. Un personnage masqué s'introduit au milieu de la fête. C'est Theobaldo. Il propose au duc de jouer contre lui cent mille écus, qu'il gagne, puis sa fortune entière, puis enfin la rose qu'il tient d'Aminta et qu'il porte sur son cœur ; il gagne tout. Le duc, furieux, tire son épée ; après un combat quelque temps douteux, Theobaldo reçoit le coup mortel. Aminta se précipite dans un abîme pour mettre fin à ses jours. Ici le rêve cesse ; le théâtre représente la chambre virginale d'Aminta. Elle est entourée de son père et de Theobaldo, et on se rend à l'autel. Quant au duc séducteur, il n'en est plus question. La partition de la Rose de Florence est écrite avec une facilité tout italienne, agréablement agencée pour les voix, instrumentée avec soin, mais dépourvue d'invention. On a entendu avec plaisir la sérénade chantée par le duc de Valence, le chœur des fiançailles, la canzonetta de la jeune fille, le grand duo de Theobaldo et d'Aminta : Au loin gémit un pauvre père, enfin l'air syllabique du majordome : Pages, demoiselles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Sujet inférieur à Victorine ou la Nuit porte conseil, mais de la même famille.

Partition italienne, souvent bruyante et peu originale. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROSE DE FRANCE

 

Opérette à grand spectacle en deux actes et quinze tableaux, livret de Mouézy-Eon, lyrics d'Albert Willemetz, musique de Sigmund Romberg. Création au Théâtre du Châtelet le 28 octobre 1933 avec Mmes Danielle Brégis (Marie-Louise), Monique Bert (Toinon), Gravil (la Maréchale), M. Arnaudy (la Camerera) ; MM. R. Bourdin (Beauval), Bach (Ragotin), Morin (Charles II).

 

"Pièce pseudo-historique : une fille de France doit épouser le roi d'Espagne, mais elle est amoureuse d'un simple sculpteur, lequel est surpris, envoyé au bagne, s'échappe bien entendu, sauve même Charles II du supplice du feu auquel des bohémiens le condamnaient, et, par suite d'une substitution de personnes, peut enfin épouser celle qu'il chérit. Cet imbroglio est bien fait pour frapper de jeunes imaginations, d'autant plus que la présentation est fort somptueuse, avec les décors de MM. Deshays et Bertin, et les costumes de MM. Brunelleschi et Curti. M. Romberg, le compositeur, laisse transparaître une certaine inexpérience dans les pages de tendresse et de mélancolie ; mais dans les pages joyeuses, l'éclat des cuivres dissimule ce défaut." (Larousse Mensuel Illustré, 1933)

 

 

ROSE DE PÉRONNE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Adolphe Dennery, musique d'Adolphe Adam. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 17 décembre 1840. Le livret de cet ouvrage a paru d'assez mauvais goût au public. La musique d'Adam a été applaudie, et Mme Damoreau a eu un beau succès. Mais il n'en a pas été de même du nom des librettistes annoncé à la fin de la première représentation. Le public de l'Opéra-Comique a voulu montrer en cette circonstance qu'il ne suffisait pas pour lui plaire d'avoir imaginé un imbroglio par trop invraisemblable et des situations équivoques. Nous citerons, parmi les morceaux saillants de la partition, les couplets chantés par Mme Damoreau et par Couderc ; un joli trio bouffe et un quatuor bien traité. L'instrumentation porte l'empreinte de cette manière légère et de cette ingéniosité qui tenaient lieu de style chez ce compositeur.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROSE DE SAINT-FLOUR (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Michel Carré, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 12 juin 1856, avec Mlles Dalmont et Schneider (Pierrette), MM. Petit (Chapaillou) et Pradeau (Marcachu).

 

« Il y a dans Paris, toute une colonie d'Auvergnats. Les cinq doigts de la main se tiennent moins que les membres de cette franc-maçonnerie du charabia. Ce sont de vaillants et d'honnêtes travailleurs que les fils de l'Auvergne ; mais les Parisiens leur pardonnent peu d'avoir accaparé deux des quatre éléments : l'eau et le feu, et de les vendre en boutique. On s'est ému aussi, et plus que de raison, de leur devise comiquement altière : « Ni hommes ni femmes... tous Auvergnats », et qui n'a rien à envier au fameux : « Roi ne suis, prince ne daigne, Rohan suis ». » Ces petits méfaits ont engendré des jalousies irrémédiables et dont les vaudevillistes ont profité en déversant le venin de la moquerie sur la gent auvergnate. Il est juste pourtant de dire que la Rose de Saint-Flour ne contenait ce toxique qu'à petite dose.

M. Offenbach a composé pour cette bluette un air de biniou qui ressemblait aux meilleures bourrées du Cantal. Cet air était aussi vrai que nature.

La Rose de Saint-Flour fut donnée pour la réouverture de la salle des Champs-Élysées. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

« La soupe aux choux, qui est le mets de résistance de l'action, n'a pas été assaisonnée de sel attique. Marcachu, le chaudronnier, y a jeté un des souliers apportés en cadeau à Pierrette par son rival Chapaillou, en y ajoutant un paquet de chandelles en guise de lard. On sent assez le parfum de ce potage, rehaussé par une chanson auvergnate avec ce refrain connu :

 

Nous étions ni hommes ni femmes,

Nous étions tous des Auvergnats,

 

Chapaillou est le préféré de Pierrette. La colère de Marcachu, l'Achille de Saint-Flour, se manifeste par la destruction des meubles et de la vaisselle. Au milieu d'un tel vacarme, on a distingué avec quelque peine une romance et un duo final assez agréables. Cette opérette a été jouée par Pradeau, Petit et Mlle Schneider. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Personnages : Marcachu, chaudronnier ; Chapaillou, cordonnier ; Pierrette.

La scène se passe à Saint-Flour, de nos jours. Le théâtre représente un cabaret.

Offenbach, outre ses ouvrages de longue haleine, a jeté à foison de petites farces musicales en un acte où il a mis parfois le meilleur de sa verve comique. Dans l'impossibilité de passer en revue tout ce répertoire, nous avons mis à part la Rose de Saint-Flour, une petite pièce qui se joue encore fréquemment et qui est un modèle du genre.

Cette fantaisie campagnarde se passe en Auvergne, et un des principaux effets comiques est tiré de l'accent auvergnat, qui est celui des trois personnages.

Pierrette, aubergiste et belle fille, a cassé sa marmite. Nous sommes un dimanche, pas moyen d'en acheter une neuve. Comment faire la soupe aux choux ? Le seul moyen est d'en emprunter une, car Marcachu et Chapaillou, qui tous deux prennent pension chez Pierrette et en sont tous deux amoureux, comptent sur leur dîner et ne doivent pas être déçus.

Tous deux sont amoureux de Pierrette ; mais Pierrette, lequel préfère-t-elle ? Elle ne sait, et cette incertitude la met dans un cruel embarras. En attendant elle va au plus pressé et sort à la recherche dune marmite.

Arrive Marcachu, portant une belle marmite de fonte. C'est qu'aujourd'hui c'est la fête de Pierrette, et le chaudronnier compte sur cette surprise pour enfoncer son rival. Il pend la marmite à la crémaillère et glisse dedans un bouquet, après quoi il se retire.

C'est au tour de Chapaillou maintenant. Il n'a pas oublié la Saint-Pierre et apporte à son adorée une belle paire de souliers, produit de son industrie. Son offrande mise en évidence sur la table, il sort afin de laisser à Pierrette la surprise.

La voici qui revient : elle n'a pas trouvé de marmite ! Mais qu'est-ce là ? Une belle marmite pendue à la crémaillère ! Sûrement, c'est Marcachu qui lui fait ce plaisir.

Et Marcachu lui-même paraissant à la porte, confirme l'hypothèse. Suit une scène où tous deux flirtent avec une rudesse tout auvergnate. Marcachu, criblé de coups de poing par sa belle, sent son amour se doubler de toute l'admiration que lui inspire une aussi robuste luronne. Et les amoureux se mettent à faire la soupe.

Mais soudain Marcachu fronce le sourcil : il vient d'apercevoir sur la table le paquet de Chapaillou. Il l'ouvre et devine tout. Vert de jalousie, il cache un soulier sous les légumes pour que Pierrette ne le voie pas. Tout à fait troublé, il met les chandelles dans la soupe au lieu du lard. Sur son conseil, Pierrette jette tout le contenu du panier dans la marmite, soulier y compris.

Survient Chapaillou. Il est stupéfait de ne pas être remercié et s'informe des souliers. Pierrette n'a rien vu. On cherche et finalement un soulier est retrouvé. Mais où donc a passé l'autre ? Les explications entre les deux hommes sont orageuses et risquent de s'achever en un « coup de torchon ». Pierrette réussit toutefois à obtenir une trêve en servant la soupe. Dans ce met de choix on trouve un peu de tout : d'abord les mèches des chandelles, puis un bouquet, enfin un soulier, le soulier perdu ! Marcachu est bien forcé d'avouer son crime et Pierrette déclare qu'elle n'épousera jamais un homme qui a l'indélicatesse de dissimuler un soulier dans la soupe.

Cette déclaration fait perdre au chaudronnier toute mesure. Le voici qui se met à briser tout dans la chambre ; après quoi il sort en emportant la marmite. Chapaillou reste maître de la place et de la femme.

Mais qu'est-ce donc ? Marcachu reparaît, un Marcachu repentant. humilié. Il apporte des meubles et de la vaisselle neuve ; il rapporte la marmite. On fait la paix et le rideau baisse aux sons de la bourrée. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

ROSE ET AURÈLE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Picard, musique de Devienne, représenté au théâtre Feydeau le 08 août 1794.

 

 

ROSE ET COLAS

 

Comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, livret de Michel-Jean Sedaine, d’après le Van, conte de Desfontaines, musique de Pierre-Alexandre Monsigny.

 

Création à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 08 mars 1764, par les Comédiens ordinaires du Roy, dont Mmes LARUETTE (Rose), BÉRARD (Mère Bobi).

MM. Joseph CAILLOT (Mathurin), LARUETTE (Leroux), et CLAIRVAL (Colas).

Chef d’orchestre : Adolphe BLAISE. 

 

Reprise à l'Opéra-Comique le 12 mai 1862, considérée comme la première. Mise en scène d’Ernest Mocker.

 

 

12.05.1862

Opéra-Comique

(1re)

25.12.1862

Opéra-Comique

(50e)

28.12.1864

Opéra-Comique

(100e)

09.12.1901*

Opéra-Comique

 

09.12.1905

Opéra-Comique

(137e)

Rose

GARAIT (débuts)

Valérie TUAL

Valérie TUAL

EYREAMS

EYREAMS

la Mère Bobi

Léocadie LEMERCIER

Marguerite Jeanne Camille DECROIX

CASIMIR

Esther CHEVALIER

CHEVALIER

 

 

 

 

 

 

Mathurin

Eugène TROY

Constant LEMAIRE

Pierre Julien DAVOUST

JACQUIN

JACQUIN

Pierre Leroux

SAINTE-FOY

BERTHELIER

Armand POTEL

Maurice CAZENEUVE

JAHN

Colas

Félix MONTAUBRY

CAPOUL

TRILLET

JAHN

Maurice CAZENEUVE

Chef d’orchestre

DELDEVEZ

DELDEVEZ

DELDEVEZ

GIANNINI

GIANNINI

 

* donné lors de la Grande Fête Septentrionale dans une mise en scène d'Albert Carré.

 

137 représentations à l’Opéra-Comique du 12.05.1862 au 31.12.1950, dont une entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950.

 

Donné à l'Opéra de Paris le 27 septembre 1815 pour la représentation de retraite de Mme Huet.

  

« Cet ouvrage appartient à la première période du genre opéra-comique, que nous diviserions volontiers en trois époques distinctes, à cause du caractère des ouvrages qui ont exercé une influence sur l'ensemble des productions des compositeurs. Ainsi de 1757 à 1770, Duni, Philidor et Monsigny occupent la scène ; de 1770 à 1791, Grétry, Dezède et Dalayrac déploient leur génie, leur grâce ou leur sentiment dans des situations plus variées et plus émouvantes que celles traitées par leurs prédécesseurs. Enfin de 1791 à 1812, Kreutzer, Cherubini, Méhul élargissent encore le cadre de l'œuvre lyrique et lui donnent des développements magnifiques, mais excessifs. C'est à eux que s'arrête le mouvement progressif de l'ancien répertoire. Niccolo [Isouard] et Boieldieu, de 1812 à 1825, rentrent dans le genre de l'opéra-comique, mais en même temps inaugurent le répertoire moderne. Celui-ci ne tarde pas à s'enrichir des œuvres d'Herold, d'Auber, d'Halévy et d'autres maîtres qui ont pratiqué largement l'éclectisme. On peut dire qu'à notre époque les genres sont absolument confondus. La liberté des théâtres aura pour conséquence de les rétablir au bout d'un certain temps, parce que l'esprit humain a besoin de catégories, d'ordre, de divisions dans ses plaisirs comme dans ses facultés. L'opéra-comique de Rose et Colas a joui d'une vogue qui ne s'explique que par le tour naturel du dialogue et de la musique ; car le fond de la pièce est très léger et la mélodie fort peu originale. On l'a repris à l'Opéra-Comique récemment, et Montaubry a chanté avec succès le rôle de Colas. Nous citerons l'ariette : Pauvre Colas, chantés par Rose, ainsi que l'air, d'un seul mouvement, de la mère Bobi ; le duo : Ah ! comme il y viendra, qui est comique, quoique d'un goût médiocre ; l'air gracieux de Colas : C'est ici que Rose respire, et la chanson de Rose : Il était un oiseau gris comme un' souris, qui doit son effet à la scène amusante de la chute de Colas. C'est probablement à cette chute qu'a été dû le succès de la pièce. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROSE ET FLORBEL

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Patras, musique de Quinebaud, représenté au théâtre Montansier le 27 octobre 1800.

 

 

ROSE ET NARCISSE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Nuitter et Beaumont, musique de Frédéric Barbier, représenté au Théâtre-Lyrique le 21 novembre 1855. => détails

 

 

ROSE-MARIE

 

Comédie musicale américaine en deux parties, livret d’Otto Harbach et Oscar Hammerstein ; version française de Roger Ferréol et Saint-Granier ; musique de Rodolphe Friml et Herbert Stothart.

 

Première représentation à New York, Imperial Theatre, le 02 septembre 1924, mise en scène de Paul Dickey, avec Marie Ellis (Rose-Marie) et Dennis King (Jim).

 

Première représentation en français à Paris, Théâtre Mogador, le 09 avril 1927.

 

 

ROSE-MOUSSE

 

Pièce en un acte, livret d’André Alexandre et Peter Carin, musique de Charles Lecocq.

 

Représenté à Paris, Théâtre des Capucines, le 28 janvier 1904.

 

 

ROSE-POLKA

 

Opérette en un acte, paroles de M. Grangé, musique de M. Villent-Bordogni, représentée aux Bouffes-Parisiens le 11 novembre 1886.

 

 

ROSE POMPON

 

Opéra-comique, livret de Fernand Beissier et Fernand Sarnette, musique d'Esteban Marti, représenté au Théâtre de la Renaissance à Liège le 06 octobre 1907 sous la direction du compositeur.

 

 

ROSES D’AMOUR (LES)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Gothi, musique de M. Campisiano, représenté à Saint-Germain-en-Laye en mai 1882.

 

 

ROSES DE M. DE MALESHERBES (LES)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. Delbès, musique de Jules Beer, représenté chez l'auteur le 17 janvier 1861, et la semaine suivante dans les salons de Rossini. On a applaudi l'introduction, la chanson du soldat et le trio final, morceau d'un véritable mérite. L'ouvrage a été chanté par Gourdin, Capoul et Mlle Mira.

 

 

ROSETTE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Louis Royer, musique d’Antoine Mathieu, représenté à Boulogne-sur-Mer en février 1897. L'auteur était professeur à l'École nationale de musique de Boulogne-sur-Mer.

 

 

ROSETTE ET COLIN

 

Opérette en un acte, paroles de Burion, musique de Pilati, représentée au concert de la Scala en décembre 1874.

 

 

ROSIER (LE)

 

Opéra-comique musique de Bonesi, joué au théâtre de Beaujolais en 1782.

 

 

ROSIER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Challamel, musique d’Henri Potier. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 août 1859, avec Mlles Irma Sophie Pannetrat, Marietta Guerra, MM. Ambroise, Ponchard.

 

 

ROSIER (LE)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Maurice Devilliers, d'après Guy de Maupassant, musique d'Henri Casadesus, créé au Théâtre du Forum à Liège le 31 mars 1923.

 

Première aux Folies-Dramatiques le 24 février 1925, avec Mmes J. Montange (Agathe), Jane Morlet (Mlle Prudent), M. Robert (Micheline), MM. G. Foix (Gabriel), Henri Mass (Saturnin), Tarquini d'Or (Bidoux), Jobin (Marquis de Chantemerle).

 

« Le « rosier » est ici pris dans le sens du masculin de « rosière ». Naturellement, le « rosier » tombe dans toutes les embuches de l'amour ; et tout finalement s'arrange. Cette farce paysanne a permis à M. Henri Casadesus d'écrire des morceaux pleins de verve comme le Chœur des conseillers municipaux, le Sonnet d'Arvers et comme le ballet du troisième acte. Il est bon que nos meilleurs musiciens ne dédaignent pas la forme charmante de l'opérette et de l'opéra bouffe et qu'ils y affirment leur traditionnelle gaîté. »

(Larousse Mensuel Illustré, avril 1925)

 

 

ROSIER DE THÉODULE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Julien Sermet et Mullem, musique de Léopold Gangloff, représentée au Concert Européen le 26 septembre 1890.

 

 

ROSIÈRE D'ICI (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Armand Liorat, musique de Léon Roques, représenté aux Bouffes-Parisiens le 27 mars 1873 avec Mmes Judic (Elise Fanfare), Massart (Simonne), Scalini (Lucette), Debreux (Jules Ramier), Martha (Gervaise), MM. Armand Potel (Pierre Loiseau), Edouard Georges (Loriot), Prosper Guyot (Plumet), E. Provost (le Délégué), Bertin (Pitou), Victor (Gravois).

La pièce est d'un goût équivoque ; une femme qui se grise au milieu de ses amoureux ne saurait offrir un spectacle agréable. Quant à la musique, elle dénote que le compositeur pourrait faire un meilleur usage de ses bonnes études et de son talent incontestable d'harmoniste.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876] => partition

 

 

ROSIÈRE DE FOLLEVILLE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Henriot et Sérard, musique de M. Quidam (?), représentée aux Folies-Belleville le 13 février 1885.

 

 

ROSIÈRE DE LA RUE JEAN-NICOT (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Cœdès et Nelgis, musique de M. Seignour, représentée au Tivoli-Gros-Caillou le 5 mars 1887.

 

 

ROSIÈRE DE QUARANTE ANS (LA)

 

Opérette, musique d’Eugène Déjazet, représentée au théâtre Déjazet dans le mois de mai 1862.

 

 

ROSIÈRE DE SALENCY (LA)

 

Comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, livret de Charles Simon Favart, musique parodiée de divers compositeurs. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 25 octobre 1769. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 14 décembre 1769.

 

 

ROSIÈRE DE SALENCY (LA)

 

Comédie pastorale en quatre actes, en vers, livret d’Alexandre Masson de Pezay, musique de Grétry. Création à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 23 octobre 1773. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 28 février 1774, puis dans une réduction en trois actes le 18 juin 1774. Les idylles de Gessner étaient alors à la mode. Grétry eut à cœur de payer son tribut et d'en reproduire le caractère et le sentiment en musique. Il ne resta pas au-dessous de son modèle. Les mélodies sont suaves, touchantes et parfois d'une sensibilité exquise. Le cachet de simplicité pastorale qui caractérise cet ouvrage n'en exclut pas l'accent dramatique dans les situations principales. Nous citerons le duo : Colin, quel est mon crime ? et la mélodie si populaire : Ma barque légère. Grétry fait observer avec beaucoup de justesse que le personnage Jean Gau, venant de sauver Colin du naufrage, ne songe pas à faire une image effrayante de la tempête, mais qu'il raconte avec rondeur et gaieté la belle action qu'il a faite ; il ajoute que les musiciens prennent trop souvent au sérieux les récits terribles, qui perdent leur intérêt quand le danger n'existe plus, et que le plaisir du succès doit l'avoir en partie fait oublier. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer l'observation suivante de Grétry : « Sans s'y porter en foule, le public a toujours vu avec satisfaction les représentations de la Rosière ; il a repoussé les actrices dont les mœurs étaient peu régulières, lorsqu'elles se sont présentées pour remplir le rôle de Cécile ; celles au contraire dont la sagesse embellissait le talent, ont reçu des applaudissements flatteurs, surtout à l'instant du couronnement ; ce qui prouve que les hommes rassemblés aiment la vertu, quoiqu'ils ne voulussent pas toujours se charger de rendre l'actrice vertueuse. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROSIÈRE DE SALENCY (LA)

 

Opéra, musique de Saint-Amans, représenté à Bruxelles vers 1778.

 

 

ROSIÈRE RÉPUBLICAINE (LA) ou LA FÊTE DE LA RAISON

 

Opéra en un acte, livret de Sylvain Maréchal, musique d'André Grétry. Création au Théâtre de l'Opéra [Théâtre des Arts] (salle Montansier) le 31 décembre 1794 [11 nivôse an II], avec Chéron (le Maire), Lays (le Curé), Adrien (l'Officier municipal), Rousseau (Lysis), Dufresne (un Vieillard) ; Mmes Chéron, Maillard, Gavaudan, etc. (vieilles mères de famille). => partition

 

« D'après les indications fournies par Grétry dans ses Essais, la partition n'en a pas été gravée. Il ne donne même pas la date de la représentation. Castil-Blaze l'établit à tort au 2 septembre 1794. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La partition in-8° de cet opéra fixe la date de sa première représentation au 26 décembre 1793 ; mais le livret manuscrit des Archives de l'Opéra porte que ce curieux ouvrage fut donné le sextidi, 1re décade de nivôse de l'an II de la République, et sous le titre de la Fête de la Raison.

Un orgue, établi sur le théâtre, accompagne les chants religieux du tableau de l'église (sc. VI). »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROSIÈRE SUISSE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Crémont, ancien chef d'orchestre des théâtres de l'Odéon et de l'Opéra-Comique. Ce petit ouvrage, dont le sujet est tout sentimental, a été joué à Caen au mois de mars 1834 ; c'est une composition légère, précédée d'une assez bonne ouverture.

 

 

ROSIÈRES (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de Louis-Ferdinand Hérold. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 janvier 1817.

 

Première au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 05 juin 1860, avec Mmes Amélie Faivre (Eugénie), Caroline Girard (Florette), Marie Faivre (Cateau), Adèle Vadé (Mme Brigitte), MM. Edmond Delaunay-Riquier (le Comte d'Ennemont), Joseph-Adolphe Lesage (le Commandeur d'Apremont), Gabriel (le Sénéchal du fief), Désiré Fromant (Bastien), Martin (L'Olive).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 25 en 1860, 5 en 1861.

 

« La pièce est amusante, écrite avec esprit et belle humeur, c'est le premier ouvrage dramatique du compositeur, et on y trouve déjà plus qu'en germe les qualités qui l'ont élevé au rang des premiers. compositeurs français. L'ouverture, les couplets de Florette : De ce village tous les garçons, le chœur final du premier acte ; au second acte, les couplets de Mme de Mondor, la marche des gardes-chasse ; le duo de Bastien et Florette, au troisième acte, sont les morceaux les plus saillants de l'ouvrage. Il a été repris au Théâtre-Lyrique le 05 juin 1860, et le 23 octobre 1866 au théâtre des Fantaisies-Parisiennes ; mais l'exécution de cette partition, remplie de piquants détails d'orchestre, a été si faible que le public n'a pu que savoir gré au directeur de son intention. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Le premier opéra-comique de l'auteur de Zampa et du Pré-aux-Clercs (car on ne peut guère compter Charles de France, donné l'année précédente, et improvisé comme pièce de circonstance, en collaboration avec Boieldieu). Les Rosières, chantées pour la première fois à Feydeau, le 27 janvier 1817, eurent un regain de succès au Théâtre-Lyrique. Les répétitions de ces trois actes n'avaient duré que quinze jours, tant on avait hâte de réparer le demi-échec de Fidelio. — Reprise en 1866 au petit théâtre des Fantaisies-Parisiennes. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

ROSIÈRES DU FAUBOURG SAINT-DENIS (LES)

 

Opérette en un acte, livret de Queyriaux et Chicot, musique d’Albert Petit, représentée au Concert Parisien le 09 décembre 1893.

 

 

ROSINE

 

Opéra en trois actes, paroles de Gersain, musique de Gossec, représenté à l'Académie royale de musique le 11 juillet 1786, avec (Germond), Lainé; Mlles Dozon (Rosine), Desportes (Colin).

 

« Malgré le mérite de la musique, cet ouvrage n'eut que peu de succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« De son vrai nom, Mlle Dozon s'appelait Anne Cameroy. De vachère, elle devint cantatrice distinguée, grâce aux leçons qu'elle reçut à l'Ecole royale de chant et de déclamation, dirigée par Gossec. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROSINE ET ZELY

 

Opéra-comique, musique de Leblanc, représenté au Théâtre comique et lyrique de Paris en 1790.

 

 

ROSITA

 

Opéra-comique en deux actes, livret de M. Longchamps, musique d’Edouard Weber, représenté au théâtre d'Angers en février 1876.

 

 

ROSSIGNOL (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Henry, musique de Pételard, représenté aux Délassements-Comiques en 1798.

 

 

ROSSIGNOL (LE)

 

Opéra en un acte, livret de C.-J.-G. Etienne, musique de Lebrun, représenté à l'Académie royale de musique le 23 avril 1816.

 

« On ne s'expliquerait guère la vogue dont cet opéra a joui jusqu'en ces dernières années, autrement que par la nécessité de compléter une représentation, de faire entendre un acte d'opéra avant un grand ballet. Ces ouvrages très courts sont rares au répertoire. On a longtemps donné le Rossignol à l'Opéra, afin de laisser les loges se garnir. Au début toutefois, le talent de vocalisation de Mme Albert Hymm et celui du flûtiste Tulou, ont dû contribuer à faire goûter cet opéra si médiocre dans lequel les deux virtuoses trouvaient l'occasion de se faire applaudir. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Succès prolongé. Trois opéras-comiques portant ce titre ont précédé celui d'Étienne : le Rossignol de Baillère, joué à Rouen le 8 octobre 1751 ; le Rossignol de Collé, représenté à Berny, chez le comte de Clermont, en novembre 1751, et le Rossignol de l'abbé de L'Atteignant donné à la foire Saint-Laurent le 15 septembre 1752.

Solo de flûte exécuté par Tulou.

Le Rossignol a été représenté pour la centième fois le 30 juin 1820. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

ROSSIGNOL (LE)

 

Nouvelle lyrique russe en trois actes, livret d’Igor Stravinsky et Stephan Nikolaïevitch  Mitousov, d'après un conte d'Andersen, musique d'Igor Stravinsky.

 

Personnages : le Rossignol (soprano) ; la petite cuisinière (soprano) ; la Mort (mezzo-soprano) ; le pêcheur (ténor) ; l’empereur de Chine (basse) ; le chambellan (basse) ; le bonze (basse) ; les ambassadeurs japonais (deux ténors, une basse) ; les courtisans (contraltos, ténors et basses) ; les spectres (contraltos).

 

Créé à Paris, à l'Académie Nationale de Musique (Palais Garnier) le 26 mai 1914, en russe, par la Compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev - Mise en scène d'Alexandre SANINE - Danses composées et réglées par Alexandre ROMANOV - Décors et costumes d'Alexandre Benois.

Mmes DOBROWOLSKA (le Rossignol), PETRENKO (la Mort), BRIAN (la petite cuisinière).

MM. ANDREJEW (l'Empereur de Chine), WARFOLOMEEV (le Pêcheur), GOULAIEW (le Bonze), BELIALINE (le Premier Chambellan), Mme MAMSINA, MM. CHARONOW, Fédor ERNST (les Ambassadeurs).

Danses : Mlle FOKINA II (la Danseuse), M. Max FROHMAN (le Danseur) et le Corps de Ballet des Ballets Russes.

Chœurs de l'Opéra Impérial de Moscou.

Chef d'orchestre : Pierre MONTEUX

 

2 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

ROSSIGNOL DE SAINT-MALO (LE)

 

Fantaisie lyrique en un acte, livret de Jean Gandrey-Réty, musique de Paul Le Flem.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 05 mai 1942. Mise en scène de Jean Mercier. Décors et costumes d'après les maquettes de Noury.

Mmes Irène JOACHIM (Azénor), Madeleine DROUOT, Marguerite LEGOUHY et Aimée LECOUVREUR (3 Commères).

MM. Émile ROUSSEAU (Jacquemin), Raymond MALVASIO (le Servant d'amour).

Chef d'orchestre : Francis CEBRON.

 

22 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

ROSY

 

Opérette en deux actes et six tableaux, livret d'André Barde, musique de Raoul Moretti. Création aux Folies-Wagram le 29 février 1930, avec Mmes Marguerite Deval (Mme de Sainte-Maxime), Dréan (Filoche), Mireille Perrey (Rose Pastel) ; MM. Henry Jullien (Croissy-Beaubourg), Adrien Lamy (Ripai), Edmond Roze (Partno).

 

« Un marquis candidat à l'Académie, Croissy-Beaubourg, se croit obligé de faire faire le tour du monde à la divette Rosy, accompagnée de trois chaperons, pour la transformer en femme accomplie. A la fin du voyage, il l'épousera ou paiera un dédit d'un million. Naturellement, le marquis s'éprend d'une dactylographe, Rosy du jeune Raphaël, et pour éviter de vider sa bourse, Croissy-Beaubourg essaie de surprendre son rival. Il n'y parviendra pas avant l'expiration du délai convenu, et, par surcroît, la dactylographe se laissera séduire par un autre compagnon de voyage. La partition est gaie ; elle se garde soigneusement de toute originalité, ce pourquoi elle ne manquera pas de plaire. »

(Larousse Mensuel Illustré, avril 1930)

 

 

RÔTISSERIE DE LA REINE PÉDAUQUE (LA)

 

Comédie lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Georges Docquois, d'après le roman d’Anatole France, musique de Charles Levadé.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 janvier 1920. Mise en scène d'Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume et Raymond Deshayes. Costumes de Marcel Multzer.

 

 

12.01.1920

Opéra-Comique

(création)

01.03.1931

Opéra-Comique

(26e)

15.04.1937

Opéra-Comique

(35e)

Jahel

Marthe DAVELLI

Mad. SIBILLE

Mad. SIBILLE

Catherine

Edmée FAVART

Sim. BERRIAU

Yv. FAROCHE

Jeannette

MEGANE

Germ. CERNAY

Germ. CERNAY

Madame Ménétrier

Louise PERROLD

QUENET

A. BERNADET

 

 

 

 

Jérôme Coignard

Jean PÉRIER

Louis MUSY

Louis MUSY

d'Astarac

Julien LAFONT

Julien LAFONT

André BALBON

Jacques

Jean MARNY

Marc. CLAUDEL

L. ARNOULT

d'Anquetil

Eugène DE CREUS

V. PUJOL

V. PUJOL

Frère Ange

André ALLARD

André ALLARD

L. GUENOT

la Guéritaude

ROUSSEL

LE PRIN

R. HERENT

Léonard

BOURGEOIS

MORTURIER

MORTURIER

un Postillon

Victor PUJOL

GENIO

GENIO

un Postillon

René HÉRENT

MATHYL

DERROJA

un Sergent

LYS

POUJOLS

POUJOLS

Chef d'orchestre

André MESSAGER

A. WOLFF

Eugène BIGOT

 

39 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

ROUET DE MADELINE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Franz Hitz, représenté au Havre en 1870.

 

 

ROUSSALKAS (LES)

 

Drame lyrique en deux actes et trois tableaux, livret d'Edmond Morvan [pseudonyme d'Edmond Bogros], d'après un poème russe de Pouchkine, musique de la baronne de Maistre (1869) représentée à la Monnaie de Bruxelles le 14 mars 1870 avec Mme Fidès Devriès (Catherine), MM. Eugène Troy (prince Léo), Peschard (Ivan), Aujac (Prosper), Maurel.

 

« Cette œuvre, dont la donnée est poétique et la musique charmante, va être incessamment représentée. D'ailleurs plusieurs morceaux ont été déjà chantés par nos principaux artistes dans plusieurs auditions ; c'est ce qui nous engage à lui donner place ici. La scène se passe en Russie, où la légende des Roussalkas est restée populaire. Ces Roussalkas sont des willis ou des ondines vengeresses de l'amour trompé. Voici le scénario du drame. Au premier acte, on assiste aux apprêts d'une noce près d'un moulin. Iwan est fiancé à Catherine ; tout respire la joie. Catherine seule est triste et rêveuse. Elle demande un moment d'entretien à Iwan. La noce entre au moulin. Restée seule avec son fiancé, la pauvre fille lui avoue qu'elle a trahi la foi qu'elle lui avait jurée ; qu'elle ne l'aime plus. Iwan est au désespoir, et la quitte. Catherine est aimée d'un jeune seigneur nommé Leo. Elle l'attend ; mais, au lieu du bien-aimé, c'est un page qui arrive et lui remet une lettre. A peine en a-t-elle achevé la lecture qu'elle pousse un cri et s'évanouit. Le page remet sur une table une bourse d'or et se retire. Goswin a entendu le cri de sa fille ; il accourt, suivi de tous les invités. Il trouve l'or sur la table ; il maudit Catherine, qui devient folle de désespoir, et court se jeter dans l'étang. Les Roussalkas accueillent cette nouvelle victime par des chants sympathiques. Ainsi finit le premier acte. Le deuxième nous transporte dans le palais du prince Leo Olger, au milieu d'une orgie des seigneurs, ses amis. Leo est livré à des remords, et, malgré les plaisanteries de ses camarades, il croit entendre la voix de Catherine et il en est troublé. On part pour la chasse. Dans un deuxième tableau, on est près du moulin ; Leo croit voir celle qu'il a séduite ; c'est son apparition qu'il prend peu à peu pour sa personne même. Il y a là une scène très poétique, un peu fantastique, mais d'un bel effet au théâtre. Il est attiré par les chants de la Roussalka ; plus il s'approche d'elle, plus elle s'éloigne. Il avance toujours les mains tendues vers elle ; il entre dans les roseaux et disparaît dans l'eau profonde où il trouve la mort. La musique exprime avec bonheur ces diverses situations. Dans le premier acte, nous signalerons des chants gracieux et pleins d'entrain ; la ballade : Sur cette rive déserte ; la romance de Catherine : Dans cette chaumière obscure, et le duo d'Iwan et de sa fiancée : Quand je vous quitte sans courage. Dans le deuxième acte, le chœur de l'orgie, l'air de la coupe, le chœur de la chasse, un orage, l'air d'Olger : Quelle force inconnue en ces lieux me ramène, la scène de la séduction et le chœur final des Roussalkas :

 

Vengeance, et qu'ainsi gémissent

Les cœurs cruels !

 

Cet opéra offre un mélange de réalité et de fantastique qui, au premier abord, semblait en rendre le sujet difficile au théâtre ; mais les scènes sont bien conduites, l'intérêt est soutenu, les airs et les chœurs ont de la couleur et sont en parfaite harmonie avec le poème. Nous tirons volontiers l'horoscope d'un succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra a été représenté au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le 14 mars 1870. Lorsque j'ai fait connaître au public ce charmant ouvrage encore inédit, dont la partition m'avait été communiquée par l'auteur, je ne doutais pas qu'il ne fût représenté dans un délai prochain et c'est pour cette raison que je lui ai donné exceptionnellement une place dans mon Histoire des Opéras. Mais je ne pensais pas alors que d'effroyables désastres disperseraient les éléments de la société parisienne aux quatre vents du ciel et que des étrangers recueilleraient les épaves de nos naufrages. C'est donc à Bruxelles que l'opéra des Roussalkas a été représenté, et il l'a été avec succès. Tous les morceaux que j'ai signalés ont été applaudis et le public a ratifié mon appréciation. Mme de Maistre a intercalé de nouveaux airs de ballet dans sa partition. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

ROUSSOTTE (LA)

 

Vaudeville-opérette en un prologue et trois actes, livret d’Henri Meilhac, Ludovic Halévy et Albert Millaud, musique d’Hervé, Charles Lecocq et Marius Boulard (1842-1891).

 

Première représentation à Paris, Théâtre des Variétés, le 26 janvier 1881 avec Mme Anna Judic, MM. Dupuis, Baron, Lassouche, Léonce, Bac. Il y fut joué jusqu’au 02 mai 1881.

 

Représenté à l’Eldorado en octobre 1893 ; à l’Ambigu-Comique le 06 novembre 1916.

 

C'est dans la Roussotte que se trouvait la fameuse chanson : Piouitt !... dont le succès fut si grand et qui pendant plusieurs années courut les rues de Paris.

 

 

ROYAL-AMOUR

 

Opérette en un acte, livret de Lagrange et Christian de Trogoff, musique de Léon Vasseur, représentée au concert de l'Alcazar le 10 novembre 1884.

 

 

ROYAL-CHAMPAGNE

 

Opéra-comique en un acte, livret de Couturier et de Saint-Geniès [Richard O'Monroy], musique de M. Lemarié, représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l'Athénée) le 28 juin 1873, avec MM. Le Chantéfèvre, Henry Géraizer, Mlle Marietti.

 

 

ROYAL-CHAMPAGNE

 

Opérette-bouffe en un acte, livret de M. Desmoulin, musique de G. Lemaire, représentée à Reims le 05 novembre 1884.

 

 

ROYAL-CRAVATE

 

Opéra-comique en deux actes, livret du comte Frank de Mesgrigny (1836-1884), musique d'Alfred de Massa, 3e duc de Massa (1837-1913). Création au Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 avril 1861, mise en scène d’Ernest Mocker. Avec Mmes Henrion (Henriette), Léocadie Lemercier (Toinon), MM. Gourdin (Gaston), Sainte-Foy (Champagne), Victor Prilleux (le marquis de Floreville), Nathan (le Père Martin). => partition

 

« On a distingué dans cet ouvrage les couplets : En avant ! et un ensemble bien traité : Au joyeux repos ; le duetto comique : O doux carillonnage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

ROYAUME DES AVEUGLES (LE)

 

Opérette en un acte, paroles d'Edouard Montagne, musique d'Oray, représentée aux Nouveautés, le 07 mai 1866.

 

 

ROYAUME DES FEMMES (LE)

 

Opérette à grand spectacle en trois actes et six tableaux, livret d’Ernest Blum et Paul Ferrier, musique de Gaston Serpette, représenté aux Nouveautés le 22 février 1889 avec Mmes Marguerite Ugalde (Joveline), Jane Pierny (Suavita), Juliette Darcourt (Frivotin), MM. Jules Brasseur (Père Prudent), Albert Brasseur (Alcindor).

 

 

RUBANS (LES) — Voir le Rendez-vous ou les Deux rubans.

 

 

RUBEZAHL

 

Légende symphonique en trois parties, livret de Gaston Cerfberr et Casimir de L’Eglise, musique de Georges Hüe, exécuté aux Concerts Colonne du Théâtre du Châtelet le 28 février 1886. => détails

 

 

RUINES DU MONT-CASSIN (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, musique de Luce, représenté sur le théâtre de Douai dans le mois de février 1838.

 

 

RUSE CONTRE RUSE

 

Comédie de Dumaniant mise en opéra-comique, musique de Jadin, représentée sur le théâtre de Versailles le 08 juin 1788.

 

 

RUSE CONTRE RUSE

 

Opéra-comique en un acte, livret d'Auguste Carré, musique de Joseph O'Kelly (1873).

 

 

RUSE D'AMOUR

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Beauquier, musique de Pierre Emile Ratez (Besançon, 05 novembre 1851 - Lille, 9 mai 1934), représenté à Besançon le 24 mars 1885.

 

 

RUSE D'AMOUR

 

Opérette en un acte, livret de Stéphane Bordèse, musique de Charles Lecocq, représentée à Boulogne-sur-Mer le 26 juin 1898.

 

 

RUSE D'AMOUR (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Chardiny, représenté au théâtre de Beaujolais en 1786.

 

 

RUSE D'AVEUGLES (LA)

 

Opéra, musique de J.-B. Mathieu, représenté à l'Institut des aveugles, rue Saint-Victor, le 22 décembre 1796 (02 nivôse an V).

 

 

RUSE DE GUERRE

 

Opérette en un acte, musique de M. d'Anoix, représentée sur le théâtre Bel-Abbès, à Alger, en mars 1867.

 

 

RUSE INUTILE (LA) ou LES RIVAUX PAR CONVENTION

 

Opéra-comique en deux actes, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Niccolo Isouard. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 30 mai 1805.

 

 

RUSE VILLAGEOISE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Charles Ots, représenté à Gand le 02 janvier 1796.

 

 

RUSES DE FRONTIN (LES)

 

Opéra en deux actes, musique de Champein, représenté au théâtre de Beaujolais vers 1783.

 

 

RUSES DE L'AMOUR (LES)

 

Opéra, musique de L.-C. Moulinghem, représenté en France vers 1790.

 

 

RUSES DE TRUFFALDIN (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Bertrand Millanvoye et Alfred Étiévant, musique de Paul Cressonnois, représenté au Théâtre d'Application (Bodinière) le 21 avril 1892.

 

 

RUTH

 

Eglogue biblique en trois parties, livret d'Alexandre Guillemin, musique de César Franck. Personnages : Ruth (soprano), Noëmi (mezzo-soprano), Orpha (contralto), Booz (baryton), un Moissonneur (ténor), un Israélite (ténor). Création à Paris, dans les salons Erard, le 30 octobre 1845 avec Louise Lavoye et César Franck au piano. Deuxième version (1860) représentée au Cirque des Champs-Elysées le 15 octobre 1871, avec chœurs et orchestre sous la direction de César Franck.

 

 

A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z

Encylopédie     © l’Art Lyrique Français