Encylopédie     © l’Art Lyrique Français

ŒUVRES LYRIQUES FRANÇAISES

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B

BARC - BEG - BET - BON - BOUR

 

 

BABAOU

 

Comédie musicale en trois actes, livret de Louis Boucot et Raphaël Adam, musique de Fred Pearly et Pierre Chagnon. Création au Théâtre Daunou le 01 avril 1932.

 

"Vieilles histoires de déshabillage dont le café-concert a déjà bien abusé. Il s'agit ici d'une entreprise de divorces sur commande, grâce à un séducteur rétribué, en l'espèce Babaou, faux nègre et réellement comte déguisé. La musique ne vise pas davantage à l'originalité ; elle ne cherche qu'à devenir populaire, et l'on peut croire que la « Biguine de Babaou » connaîtra cet agréable sort." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)

 

 

BABEL-REVUE

 

Revue en quatre actes et onze tableaux, précédée de l'Esprit en bouteilles, prologue en deux tableaux, par Paul Burani et Édouard Philippe, musique de Robert Planquette, Louis Varney, Édouard Okolowicz, Lonati, Riou, Édouard Philippe, représentée à l'Athénée-Comique le 10 janvier 1879. Cette année, fertile en inventions curieuses, en scandales et en mauvaises pièces, a exercé la verve spirituelle des auteurs. On peut mettre un nom à chacune des artistes dont l'avocat résume ainsi l'incident judiciaire :

 

Je suis l'avocat de ces dames,

Je sais plaider sur un chiffon.

Si vous saviez que de réclames

Cela fait autour de mon nom !

Ici, c'est la belle petite

Du théâtre de *** mais, motus !

Un faux baron l'avait séduite ;

Par surcroît, il prend son quitus.

Là, ce prix du Conservatoire,

Avide d'avoir du succès,

Préférant l'argent à la gloire,

A fui le Théâtre-Français.

Une autre élève, à pleine voile

Prend la route de maint caissier ;

Pour bien prouver qu'elle est étoile,

Elle commence par filer.

Un nouveau talent se fait place

Dans un grand théâtre ; aussitôt

Des créanciers viennent en masse

Mettre la main sur son magot.

Enfin cette jeune inconnue,

Grâce à mon plaidoyer, pourra

Prouver quelle a, comme ingénue,

Tout... pour jouer cet emploi-là.

Je suis l'avocat, etc.

 

La musique de ce rondeau est de M. Lonati. On a remarqué aussi une polka, composée par M. Édouard Philippe et orchestrée par M. Hubans. Babel-Revue a eu près de cent représentations.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BABIOLE

 

Opérette villageoise en trois actes, livret de Clairville et Octave Gastineau, musique de Laurent de Rillé, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 janvier 1878 avec Mmes Paola Marié (Babiole), Mary Albert (Madeleine), Blanche Miroir (Arabelle), Blot (Babet), Rozahl (Jeanne), Descot (Estelle), Henriette (Georgette), MM. Daubray (le Bailli), Jolly (le Seigneur), Jeannin (Alain), Minart (Carcassol), Bienfait (Tamarin), Scipion (le Garde champêtre), Dubois (Magloire), Vinchon (Mathurin).

L'intrigue n'a pas coûté un grand effort d'imagination. Babiole est une fermière curieuse et rusée qui, pour se faire épouser par Alain, jeune rustre qui aime ailleurs, invente des stratagèmes et évente tous les secrets du village. Les auteurs ont semé cette longue farce de la menue monnaie de gauloiseries dent leurs spectateurs ordinaires sont si friands. La musique n'a rien de remarquable et n'offre guère que des réminiscences et des arrangements de vieux airs.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BABOLIN

 

Opérette en trois actes, livret de Paul Ferrier et Jules Prével, musique de Louis Varney, représentée aux Nouveautés le 19 mars 1884, avec Mmes Vaillant-Couturier (Elvérine), Juliette Darcourt (Mirane), Mily-Meyer (Bagatella), MM. Berthelier (Karamatoff), Morlet (Lorenzo), Albert Brasseur (Mélissen).

 

 

BABOUC

 

Opéra-comique en quatre actes, musique de Lemière de Corvey, écrit pour le théâtre Feydeau, en 1795. Lemière de Corvey, qui n'a pas fait représenter moins d'une vingtaine d'opéras-comiques complètement oubliés aujourd'hui, s'était fait connaître en 1793 par une composition originale. Il avait mis en musique un article du Journal du soir racontant la sommation faite au général Custine de rendre Mayence, et la réponse du défenseur de la place. Engagé volontaire, il fit une partie des campagnes de l'Empire et devint lieutenant-colonel.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BABOUCHE (LA)

 

Opérette à grand spectacle en trois actes et quatre tableaux, livret de Fernand Sarnette et E. Chambéry, musique du compositeur et chef d'orchestre Antoine Michel Léon Bonnet dit Colo-Bonnet (Perpignan, Pyrénées-Orientales, 19 février 1864 - 27 septembre 1940), représenté sur le Grand-Théâtre de Genève en avril 1895.

 

 

BACCHANALE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Bertal et Jules Lecocq, musique d’Hervé. Création aux Menus-Plaisirs le 22 octobre 1892, avec Mmes Lambrecht (Aiglonnette), Antonia Aussourd (Pépa), Derly (Sidonie), Derval (Angèle), Bordo (Hermance), Mithoir (Albertine), Marius (Juliette), MM. Charpentier (Adhémar Montsoleil), Théry (Fabien Milanor), Berville (Sulpice Banigaly), Jourdan (Alfred Legeay), Verneuil (Achille Beauduron), Modot (Marius Finolin), Vidal (un domestique), De Laborie (Léon), Dufour (Raoul).

 

 

BACCHANTE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret d’Arthur de Beauplan et Adolphe de Leuven, musique d’Eugène Gautier. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 novembre 1858 avec Marie Cabel. Cet ouvrage n'eut que trois représentations, et tomba malgré le succès personnel qu'y obtint Marie Cabel.

 

 

BACCHUS

 

Opéra en quatre actes et sept tableaux de Catulle Mendès, musique de Jules Massenet, représenté à l'Opéra le 02 mai 1909. => fiche technique

 

 

BACCHUS ET ÉRIGONE

 

Deuxième entrée (acte) des Fêtes de Paphos, paroles de La Bruère, musique de Mondonville, représentée à l'Opéra le 09 mai 1758.

 

 

BACCHUS ET ÉRIGONE

 

Entrée pour les Fêtes de Paphos, dont la musique a été écrite par Candeille en 1780.

 

 

BACCHUS TRIOMPHANT

 

Opéra, livret d’Henri Cain, musique de Camille Erlanger, représenté à Bordeaux le 11 septembre 1909.

 

 

BACHELETTE (LA)

 

Opérette en trois actes et quatre tableaux, paroles de M. Van der Elst, musique d’Eva Dell'Acqua, représentée à Bruxelles, sur le théâtre des Galeries-Saint-Hubert, le 10 mars 1896.

 

 

BACHELIER ET ALGUAZIL

 

Opéra-comique en un acte, d'Élie Brault, représenté au théâtre du Château-d'Eau en 1880, avec Mmes Cottin (Christina), Montoni (Carmen), MM. Gustave Leroy (Pedro), Henry Géraizer (Pepe), Destez (Bazile).

 

 

BAGARRE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-François Guichard et Antoine-Alexandre-Henri Poinsinet, musique de Pierre Van Maldere. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 10 février 1763.

 

 

BAGATELLE

 

Opérette en un acte, livret de Hector Crémieux et Ernest Blum, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 21 mai 1874 avec Mmes Anna Judic (Bagatelle), Laurence Grivot (Georges de Planteville), Suzanne (Finette) ; M. Ed. Georges (Pistache).

 

« Bagatelle est une demoiselle de café-concert ; elle a été sifflée ; Georges a cherché querelle aux siffleurs et a vengé de cet outrage la chanteuse. Rentrée chez elle, Bagatelle, en fureur, voit escalader sa fenêtre par un inconnu. Après avoir fait des efforts désespérés pour chasser l'audacieux, elle apprend que c'est lui qui l'a défendue contre la cabale, et elle cesse d'être inhumaine. La musique n'est pas trop commune. On y trouve une assez jolie chanson, celle de Javotte, la soubrette, intercalée dans un petit trio. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BAGATELLES DE LA PORTE (LES)

 

Opérette en un acte, livret de Baër, musique d’Hervé, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 14 août 1890.

 

 

BAILLI BIENFAISANT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Duserre, musique de Pierre-David-Augustin Chapelle, représenté au théâtre des Beaujolais le 15 mai 1786.

 

 

BAIN DE MONSIEUR (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Octave Pradels et Mancel, musique de Paul Lacôme, représentée à l’Eldorado le 12 septembre 1895.

 

 

BAÏOCCO ET SERPILLA

 

Parodie d’Il Giocatore [le Joueur] d’Orlandini, livret de Charles-Simon Favart, musique de Charles Sodi, créée à Paris, Théâtre-Italien, le 09 août 1753. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 25 janvier 1764.

 

 

BAISER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henri Gillet, musique d’Adolphe Deslandres. Création à l’Opéra-Comique le 23 juin 1884. => détails

 

 

BAISER (LE) ou LA BONNE FÉE

 

Comédie en trois actes, en vers, mêlée d'ariettes, livret de Jean-Pierre Claris de Florian, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 novembre 1781.

 

 

BAISER À LA PORTE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Jules de La Guette, musique de Charles Lecocq, représentée aux Folies-Marigny vers 1865.

 

 

BAISER AU PORTEUR (LE)

 

Vaudeville en un acte d'Eugène Scribe, Justin Gensoul et Frédéric de Courcy, musique d'Adolphe Adam, représenté au théâtre du Gymnase le 09 juin 1824.

 

« Nous ne mentionnons ici ce vaudeville que parce qu'il a fourni à Adolphe Adam l'occasion de se produire dans la carrière lyrique. Le sujet, emprunté à un vieux conte grivois, ne manque pas d'originalité. Derville, jeune et aimable officier, doit épouser Jenny, nièce de la baronne de Vervelles. Certes, il aime sa fiancée, mais on ne renonce pas aisément aux charmants hasards de la jeunesse ; aussi, le diable aidant, il obtient un baiser de la femme du fermier Thibaut ; celui-ci arrive juste à temps pour être témoin du méfait. Grande colère du mari ! Derville s'avise, pour l'apaiser, d'un expédient aussi extravagant que sa conduite. Il s'engage à laisser prendre au rustaud une revanche sur Jenny, et souscrit même un baiser au porteur, payable à Thibaut ou à son ordre. Ce baiser clandestin a retenti dans le village ; il occasionne une rupture passagère entre les deux jeunes gens, et un refroidissement de la part de Jenny. Heureusement pour Derville, le cœur ne perd jamais ses droits, et Jenny se laisse fléchir. Mais tout n'est pas fini ; l'inexorable Thibaut se présente, son billet à la main. Or, la baronne, qui s'est chargée de désintéresser les créanciers de son neveu, ne sachant pas de quelle dette singulière il s'agit, s'empare du billet et offre de faire honneur à la signature de Derville, au grand regret du fermier, qui, comme bien des maris, se trouve avoir payé les frais de l'assaut donné à son honneur. Cette donnée scabreuse inspira aux auteurs un amusant ouvrage rempli de piquants détails, dont l'audace, parfois extrême, était sauvée par l'esprit et l'habileté. Le succès fut complet et prolongé. Il aida à révéler le talent naissant d'Adolphe Adam, qui avait composé l'air du couplet final, air devenu populaire, et reproduit dans une infinité de vaudevilles. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BAISER AUX ENCHÈRES (LE)

 

Opérette à grand spectacle, musique de Kufferath, créée au théâtre de l'Apollo à Paris le 18 novembre 1922.

 

« On y voit une duchesse obligée de se faire chanteuse de music-hall, voire dompteuse, épouser finalement un conte ; la musique de M. Kufferath, fort bien venue, est d'un auteur rompu aux exercices modernes et qui parodie même agréablement les essais polytonaux et contemporains. »

(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1923)

 

 

BAISER DE SUZON (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pierre Barbier, musique d’Herman Bemberg. Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 04 juin 1888, mise en scène de Paravey, avec Mlles Mathilde Auguez (Suzon), Pierron (Thérèse), MM. Bernaert (Simon), Galand (Jacques), Barnolt (Lucas), sous la direction de Jules Danbé.

 

« C'est une petite paysannerie à l'imitation des Noces de Jeannette, dont elle semble former comme une sorte de contrepartie ; le livret ne manque ni de mouvement ni de gaieté, la musique ne manque ni de grâce ni d'expression, le tout avec une certaine inexpérience, et comme une espèce de gaucherie juvénile qui décelait l'âge des deux auteurs, tous deux à leurs débuts. La pièce était fort gentiment jouée. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BAISER DONNÉ ET RENDU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Guy, musique de Gresnick, représenté au théâtre des Amis de la Patrie (Louvois), le 15 février 1796.

 

 

BAISER EN DILIGENCE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Froyez, musique d’A. Noël, représentée au théâtre des Menus-Plaisirs le 05 décembre 1893.

 

 

BAISER ET LA QUITTANCE (LE) ou UNE AVENTURE DE GARNISON

 

Opéra-comique un trois actes et en prose, livret de Louis-Benoît Picard, Michel Dieulafoy et Charles de Longchamps, musique de Méhul, François-Adrien Boieldieu, Rodolphe Kreutzer et Niccolo [Isouard]. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 18 juin 1803.

 

 

BAL BOURGEOIS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Simon Favart, musique de vaudevilles, représenté au Théâtre de la Foire Saint-Germain le 13 mars 1738, puis à Brunoy le 22 novembre 1780 avec une musique de Prot.

 

 

BAL DE MADEMOISELLE ROSE (LE)

 

Saynète en un acte, livret et musique d’Edmond Lhuillier, représentée à la salle Erard, le 12 avril 1874.

 

 

BAL DE STRASBOURG (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Favart, de La Garde et Laujon, joué à la foire Saint-Laurent en 1744. Cette pièce, donnée à l'occasion du rétablissement de la santé du roi Louis XV, ne pouvait manquer, dans ces circonstances, d'être fort agréablement reçue. Mais ce qui en fit le principal succès, c'est la scène touchante du courrier, que tous les spectateurs chantaient avec les acteurs, et qui valut à Favart une députation des dames de la Halle avec un présent de fleurs et de fruits. Ceci est de l'histoire entrevue par une bien petite ouverture il est vrai ; mais enfin ce sont des faits.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BAL DES DIEUX (LE)

 

Cantate qui aurait été représentée au Théâtre de l'Opéra le 24 août 1724.

 

« Ni le Dictionnaire des frères Parfaict, ni ceux de Léris et de l'abbé de Laporte ne font la moindre mention de cette œuvre lyrique. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BAL DU SOUS-PRÉFET (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Duport et Amable Villain de Saint-Hilaire, musique d’Edouard Boilly. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 08 mai 1844, avec Mlle Zoé Prévost, M. Honoré Grignon.

 

« Les scènes de la vie de province ont souvent défrayé l'opéra-comique. Il s'agit cette fois d'un rentier qui veut se marier, et contrefait le sourd pour mieux éprouver le caractère des demoiselles auxquelles il fait la cour. Cette ruse le fait assister aux doux entretiens de sa prétendue, Mlle Agathe, avec un jeune commis voyageur qu'elle épouse, et notre rentier reste célibataire. La musique a de la vivacité et accuse de bonnes études musicales. On a remarqué l'ouverture et un bon duo chanté par Honoré Grignon et Mlle Prévost. M. Boilly était un ancien lauréat de l'Institut. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BAL IMPROMPTU (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Harny, musique de Desbrosses, représenté au Théâtre de la Foire Saint-Laurent le 10 juillet 1760. Un homme de condition, voulant donner une fête à la campagne, imagine de déguiser les valets en maîtres et les maîtres en valets. De là, différentes scènes, où ceux-ci parlent de leurs maîtres comme s'ils ne devaient plus redevenir leurs valets, et, depuis le Grand Condé, on sait le héros qu'est un maître pour son valet chambre ; mais les valets redeviennent Gros-Jean comme devant, et les péripéties de cette transformation terminent la pièce.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BAL MASQUÉ (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Benoît-Joseph Marsollier, musique de François-Joseph Darcis, créé à Versailles, Théâtre de la Cour, le 31 mars 1772. Première à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 01 avril 1772.

 

 

BALAYEUR ET BALAYEUSE

 

Opérette en un acte, livret de Siegel et Bataille, musique de Paul Henrion, représenté à l'Eldorado en avril 1873.

 

 

BALDASSARI

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Jules Ruelle, musique de M. de Mortarieux, représenté aux Fantaisies-Parisiennes le 03 août 1867. La donnée du livret est un peu risquée. La partition offre de jolis couplets et un duo dans lequel l'air Au clair de la lune, a été intercalé et traité avec goût.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BALLADINE ET CASQUENFER

 

Opérette-bouffe en un acte, livret de Charles Blondelet et Félix Baumaine, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado le 15 février 1869.

 

 

BALLET DE LA PAIX (LE)

 

Paroles de Roy, musique de François Rebel et Francœur, représenté à l'Opéra le 29 mai 1738. Il ne mérite d'être signalé que parce qu'il est l'ouvrage le plus saillant du surintendant de la musique du roi, de Francœur, qui fut directeur de l'Académie royale de musique de 1751 à 1767.

 

 

BALLET DE VILLENEUVE-SAINT-GEORGES

 

Opéra en trois actes avec un prologue, paroles de Banzy, musique de Colasse, représenté à la cour le 01 septembre 1692, et au théâtre de l'Académie royale de musique en 1700.

 

« Son nom lui vient de ce qu'il fut représenté devant le Dauphin à Villeneuve-Saint-Georges, le 1er septembre 1692. On le joua ensuite à Paris. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BALLET DE VINGT-QUATRE HEURES (LE)

 

Opéra, paroles de Legrand, musique de Jacques Aubert, représenté à l'Opéra le 05 novembre 1722.

 

 

BALLET DES ÂGES (LE)

 

Opéra en trois entrées avec prologue, paroles de Fuzelier, musique de Campra, joué en 1718. Le prologue représente les jardins d'Hébé, où la jeunesse est invitée à mettre à profit les douceurs d'un asile agréable. Chaque entrée forme une petite comédie : la première représente la jeunesse ou l'Amour ingénu ; la seconde, l'âge viril, ou l'Amour coquet ; la troisième, la vieillesse, ou l'Amour joué. La dernière scène montre la Folie triomphant de tous les Ages.

 

 

BAMBOULA (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de P. Didier et Rochery, musique de Charles Solié fils, représenté à Nantes le 28 février 1885, avec Mmes Jeanne Espigat, Poyard, Olivier, Massue, Roux, MM. Octave Labis, Herbez, Vidal, Baron.

 

 

BANC DE SABLE (LE)

 

Mélodrame, musique de Schaffner représenté à la Porte-Saint-Martin vers 1820.

 

 

BANDEAU DE L'AMOUR (LE)

 

Opérette en un acte, paroles d'Hippolyte Lucas, musique de Bazzoni, représentée sur le théâtre des Folies-Nouvelles en décembre 1855.

 

 

BANDIT (LE)

 

Opéra en deux actes, musique de Jean Simon Eykens, représenté à Anvers en 1836.

 

 

BANDIT (LE)

 

Opéra, musique de Van Bree, représenté au théâtre français de La Haye vers 1840.

 

 

BANDIT PAR AMOUR (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Cadinot, musique de Dassonville, représenté à Bourges en février 1881.

 

 

BANDOLERO (LE)

 

Opéra en quatre actes, livret d'Henry Boisseaux, musique de Jean-Jacques-Joseph Debillemont, représenté à Dijon le 05 décembre 1849. On y remarqua deux septuors, un boléro et une intéressante instrumentation.

 

 

BANNIÈRE DU ROI (LA)

 

Opéra, musique d’Auguste Mermet, joué à Versailles en 1839.

 

 

BANQUIER DU PAUVRE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de G. Bogaerts, musique de F. Everaerts, représenté à Liège le 09 août 1865.

 

 

BAQUET DE SANTÉ (LE)

 

Divertissement mêlé de couplets, livret de Pierre-Yvon Barré et Jean-Baptiste Radet, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 novembre 1784.

 

 

BAR-BA-BOUC

 

Opérette en un acte, paroles de Peytret, musique de Decroze, représentée à Marseille en 1865.

 

 

BARBACOLE ou LE MANUSCRIT VOLÉ

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Morambert et de Lagrange de la Ferté, musique de Papavoine, représenté à la Comédie-Italienne le 15 septembre 1760.

 

 

BARBARES (LES)

 

Tragédie lyrique en trois actes et un prologue, livret de Victorien Sardou et Pierre-Barthélemy Gheusi, musique de Camille Saint-Saëns (composé en 1901).

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 23 octobre 1901 (répétition générale le 20 octobre) ; mise en scène de Pedro Gailhard ; décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly ; costumes de Charles Bianchini ; chorégraphie de Joseph Hansen.

Mmes Jeanne HATTO (Floria), HÉGLON (Livie), VINCENT (une Femme).

MM. VAGUET (Marcomir), DELMAS (Scaurus), ROUSSELIÈRE (le Veilleur), RIDDEZ (Hildibrath), GALLOIS et CANCELIER (2 Hommes du Peuple).

Ballet au 3e acte : Mlles Torri, Beauvais, Carré, G. Couat, Barbier, Carrelet, Soubrier, Meunier, Billon, Mouret, Parent, Mestais, L. Mante et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL

 

28e représentation intégrale à l’Opéra le 15 décembre 1902, avec les créateurs, sauf MM. ROUSSELIERE (Marcomir), BAER (Scaurus) et CABILLOT (le Veilleur).

 

Cependant, l'acte II fut représenté seul à l’Opéra au cours de Galas :

Le 19 juin 1913 : Mme DEMOUGEOT (Floria), M. FONTAINE (Marcomir), sous la direction de Camille SAINT-SAËNS,

Duo de l'acte II donné à l'Opéra le 22 avril 1914 lors d'un gala en l'honneur du Roi et la Reine de Grande-Bretagne, avec Mme Jeanne HATTO (Floria), M. FONTAINE (Marcomir), sous la direction de Camille SAINT-SAËNS.

Enfin, à deux reprises, au cours de la saison 1915-1916, avec Mme HATTO (Floria), M. LAFFITTE (Marcomir), sous la direction de Henri BÜSSER.

 

32 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

  

     « L'action se passe sous les murs d'Orange, un siècle avant Jésus-Christ, à l'époque de l'invasion des Teutons. A l'entrée du drame, les Barbares sont aux prises avec les Romains, faiblissant sous le nombre, tandis que Floria, la grande prêtresse de Vesta, s'est réfugiée dans l'amphithéâtre , avec les vierges ses compagnes, les femmes et les enfants épouvantés. L'un des deux consuls qui combattent, Euryale, vient d'être tué, et sa veuve, Livie, jure de le venger. L'autre, Scaurus, vient engager les femmes à s'enfuir, pendant qu'il se fera tuer lui-même pour leur donner le temps d'échapper à la mort. Mais Floria résiste, espérant encore. Tout à coup les Germains vainqueurs envahissent l'arène, leur chef Marcomir à leur tête, se préparant à tout massacrer. Et voici que Marcomir, fasciné par la fière beauté de Floria, après lui avoir adressé quelques paroles, chasse ses guerriers, avec défense de pénétrer de nouveau dans l'enceinte. Et le rideau tombe sur un regard silencieusement échangé entre la vestale et le héros germain.

Au second acte, Scaurus est tombé aux mains des sentinelles ennemies, et les Barbares s'apprêtent à l'égorger. Sur un cri de Floria accourt Marcomir, qui lui accorde la vie de Scaurus. Mais, resté seul avec elle, il lui découvre la passion qu'elle lui a inspiré. Qu'elle consente à le suivre, et la ville sera sauvée. Elle s'indigne et résiste. Il lui fait entendre alors les chants de mort de ses soldats ivres. Floria éperdue, terrifiée, sans défense, cède devant ces clameurs sauvages, et Marcomir, après avoir donné aux siens l'ordre d'épargner la ville et de partir au point du jour, revient auprès d'elle. Mais il est transformé. Il n'exige plus, il prie, lui déclare qu'il ne veut la tenir que de sa libre volonté, et elle, touchée de sa magnanimité, l'âme envahie d'ailleurs par un amour dont elle se défendait en vain, finit par tomber aux bras de son vainqueur.

Nous assistons au départ des Barbares, et Floria s'apprête elle-même à suivre celui qui doit être son époux. Livie est là, toujours farouche, toujours songeant à venger celui qu'elle a perdu. Comme elle soupçonne Marcomir à ce sujet, elle use d'un stratagème pour acquérir la certitude de la vérité qu'elle entrevoit, et elle s'écrie : « Je veux punir le lâche qui, feignant de se rendre à mon époux vainqueur, l’a frappé dans le dos. — Tu mens », dit aussitôt Marcomir, indigné de cette accusation ; « c'était au cœur. » Et Livie, se jetant alors sur lui, le poignarde en disant : « Au cœur, donc ! »

Peu d'action, on le voit, dans cette pièce. Et l'on doit d'autant plus le regretter que l'œuvre du musicien s'en est assurément ressentie, et que la partition des Barbares, en dépit de son style magistral, est loin de compter parmi les meilleures du grand artiste qu'est M. Saint-Saëns. Mon regret est profond d'être obligé de le dire, mais à quoi bon déguiser ce qu'on croit être la vérité ? Ce qu'on doit reprocher à l'auteur des Barbares, c'est, après un manque trop évident d'inspiration, l'incertitude où nous jette son œuvre, par suite de l'incertitude où il parait s'être trouvé lui-même en l'écrivant. Qu'a-t-il voulu faire ? De quel côté a-t-il voulu se tourner ? On n'en sait rien, nul ne le pourrait dire, le but qu'il poursuit reste inconnu, et il semble, par son indécision, par l'hésitation dont témoigne son œuvre, avoir manqué de l'audace nécessaire et de franchise envers lui-même. On se rappelle involontairement, en entendant cette musique, la fière déclaration faite naguère par M. Saint-Saëns : « Je n'ai jamais été, je ne suis pas, je ne serai jamais de la religion wagnérienne. » Assurément, son œuvre n'est pas wagnérienne par certains côtés ; on n'y trouve que peu de traces de leitmotive, et l'orchestre se tient à sa place, n'accapare pas insolemment l'attention et ne s'efforce pas d'étouffer les voix sous son fracas instrumental. Mais, d'autre part, l'auteur emprunte pourtant aux procédés wagnériens le système détestable de la déclamation continue, la volonté de ne point construire de morceaux et celle d'éviter avec soin les ensembles. C'est cette façon d'agir qui me paraît blâmable, parce qu'elle a eu pour résultat de produire une œuvre sans caractère, sans couleur et sans portée. M. Saint-Saëns ne nous a pas habitués à le voir manquer de franchise ; à tout le moins a-t-il manqué ici de volonté et de décision. On attendait mieux de l'auteur de Samson et Dalila et de la symphonie en ut mineur.

La partition froide et incolore des Barbares ne saurait donc rien ajouter à la renommée et à la gloire de M. Saint-Saëns. Faut-il, après cela, constater de nouveau qu'elle est écrite de main de maître ? Il serait assurément peu croyable qu'il en fût autrement. Mais c'est au théâtre surtout que la forme ne suffit pas, et que le fond importe avant tout. Or, c'est le fond, c'est-à-dire la véritable inspiration, qui fait ici le plus complètement défaut, et la pauvreté du sujet n'est certainement pas étrangère à ce fait. Cependant, là même où la situation aurait pu le porter, comme dans la grande scène de Floria et de Marcomir, le compositeur n'a pas trouvé un accent, un élan, un cri du cœur pour souligner cette situation. Il y a sans doute quelques pages heureuses dans la partition, comme l'introduction symphonique du premier acte, la jolie scène de Floria et des femmes, où le chœur de celles-ci reprend d'une façon poétique chacune des phrases établies par la prêtresse, puis encore le chant vigoureux de la délivrance, au troisième acte : Divinité libératrice ! et enfin, de côté et d'autre, quelques phrases bien venues, avec, parfois, certains effets d'orchestre inattendus ou délicieux. Mais tout cela, il faut bien le dire, ne suffit pas à constituer une œuvre sérieuse et viable. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

BARBE DE BÉTASSON (LA)

 

Opérette en un acte, musique de Georges Douay, représentée aux Folies-Marigny en 1864.

 

 

BARBE-BLEUE

 

Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des Variétés, le 5 février 1866, dans une mise en scène de José Dupuis, avec Hortense Schneider (Boulotte), Dupuis (Barbe-Bleue), Couder (Popolani) et Kopp (le roi Bobèche), sous la direction de Jacques Offenbach.

 

« Le sire de Barbe-Bleue mis en scène par les auteurs de la Belle Hélène n'a rien de commun avec le Barbe-Bleue de Perrault, si ce n'est sa barbe et ses nombreux veuvages. Henri VIII jovial, il n'égorge pas lui-même ses femmes, il les fait empoisonner par son chimiste Popolani. Ce n'est pas, d'ailleurs, pour les punir du péché de curiosité qu'il leur offre le verre d'eau sucrée, c'est afin de pouvoir donner carrière à sa passion pour le changement. La partition de Barbe-Bleue, dit M. Jouvin, a les qualités et les défauts des cent partitions signées de ce nom qui a la vogue : Jacques Offenbach... M. Offenbach avait écrit des finales très développés dans la Belle Hélène ; dans Barbe-Bleue, il a surtout multiplié les petits airs ; mais la veine mélodique, pour être fragmentée, n'en est pas moins abondante. Je crois pourtant devoir mettre le compositeur en garde contre sa tendance à reproduire sans cesse les mêmes rythmes ; mais j'ai un bien faible espoir de le convertir, attendu qu'il réussit beaucoup, qu'il réussit surtout par le défaut que je m'efforce de reprendre. Le Bu qui s'avance a plus fait, pour le succès de la Belle Hélène, que le joli duo :

 

Oui, c'est un rêve d'amour !

 

Et, au moment où je fais cette moralité, une voix attardée dans la nuit chante sous mes fenêtres :

 

Il faut qu'un courtisan s'incline,

San s'incline.

 

On peut citer le duettino de l'introduction, la chanson de la batifoleuse, le motif de la valse du tirage au sort des rosières ; au deuxième acte, les couplets du bon courtisan, le morceau du baisemain. La page la plus musicale de l'ouvrage, c'est le grand duo de M. et Mme Barbe-Bleue, au troisième acte. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Principaux personnages : le sire de Barbe-Bleue ; le roi Bobèche ; le comte Oscar ; le prince Saphir ; Popolani, alchimiste de Barbe-Bleue ; la reine Clémentine ; la princesse Hermia, fille du roi Bobèche, paysanne au premier acte sous le nom de Fleurette ; Boulotte, paysanne, etc.

La scène se passe tantôt dans un village près du château de Barbe-Bleue, tantôt à la cour du roi Bobèche, tantôt dans un caveau du château de Barbe-Bleue. Date quelconque.

Chacun connaît l'horrifique histoire du Sire de Barbe-Bleue, ce seigneur qui avait la manie du conjungo et tuait ses femmes pour s'offrir le plaisir d'en épouser de nouvelles. Sujet bien macabre pour en tirer une histoire plaisante, dira-t-on. Mais fiez-vous à Meilhac et Halévy pour transformer le drame en un joyeux badinage.

Dans la pièce que nous analysons, Barbe-Bleue est un potentat indépendant sur la frontière des Etats du roi Bobèche, souverain de haute fantaisie, qui vit dans les plus mauvais termes avec son épouse, la reine Clémentine. Bobèche a eu de son mariage d'abord une fille, puis un fils. Voulant empêcher son sceptre de tomber en quenouille, il a imaginé de traiter sa fille comme jadis on traita le petit Moïse : la princesse fut mise dans un panier insubmersible et confiée au fil de l'eau. Depuis on n'en a plus entendu parler. En fait elle a été élevée par un paysan et vit en paysanne elle-même dans un village à proximité du château de Barbe-Bleue. Elle inspire un vif amour au prince Saphir qui, pour gagner son cœur de plain-pied, pour ainsi dire, s'est volontairement transformé en berger et est venu habiter porte à porte avec elle. Mais Saphir est beau garçon et a donné dans l'œil à une robuste luronne, Boulotte, laquelle ne passe pas pour une vertu farouche.

Le roi Bobèche s'étant aperçu à son vif chagrin que son fils était un lamentable polichinelle, impossible comme héritier du trône. s'est souvenu qu'il avait une fille et a chargé son grand courtisan, le comte Oscar, de retrouver la princesse.

Barbe-Bleue en est à son cinquième veuvage. Quand une femme le fatigue, il charge son alchimiste Popolani de la faire disparaître par le poison. Cinq épouses ont été ainsi expédiées, du moins il le croit. Il en cherche maintenant une sixième, et las des personnes de son rang, il voudrait une paysanne. Aussi a-t-il chargé Popolani de se mettre en quête d'une rosière ; lui-même présidera en personne au couronnement.

Bobèche n'aime guère sa femme, mais il ne veut pas qu'elle le trompe. Aussi lorsqu'un gentilhomme approche la reine de trop près charge-t-il le comte Oscar de le faire passer à trépas. Il opère le vide autour de sa Clémentine. Cinq grands personnages ont ainsi disparu de façon subite.

Mais Popolani pas plus que le comte Oscar n'ont exécuté à la lettre les ordres sanguinaires de leurs maîtres. Popolani s'est borné à endormir temporairement ses victimes ; le comte Oscar a tout simplement caché les siennes dans une maison amie.

Au premier acte, nous assistons au flirt de Fleurette et de Saphir : Fleurette aime beaucoup Saphir, mais elle ne veut entendre parler d'amour que pour le bon motif. Nous voyons ensuite Boulotte mettre l'assaut devant le pseudo-berger à la manière forte. Puis Popolani arrive, à la recherche de sa rosière ; il simplifie beaucoup son choix en s'en remettant au hasard : la rosière est tirée au sort, et le sort tombe sur Boulotte. Le comte Oscar arrive à son tour à la recherche de la princesse Hermia ; un heureux hasard la lui fait découvrir en Fleurette. Saphir est ravi de découvrir que sa bergère est princesse. Rien ne l'oblige plus à garder l'incognito et il annonce à son aimée que sous peu elle le verra à la cour en qualité de prétendant.

Survient Barbe-Bleue, qui a juste le temps d'apercevoir la princesse comme elle s'éloigne. Il préside ensuite au couronnement de la rosière ; Boulotte lui plaît et il l'épouse tout de go.

Le premier tableau du second acte se passe à la cour de Bobèche. Le roi fait exécuter le seigneur Alvarez, qui a été vu parlant à sa femme. Il a ensuite une explication pénible avec la reine. Le sujet de la dispute est la princesse Clémentine, qui se refuse à épouser le prince Saphir, choisi par le roi pour son époux. Elle ignore encore que Saphir et son berger ne font qu'un. Saphir paraît et toutes les objections de la princesse s'envolent comme par enchantement. Nouvelle scène de famille plus pénible que la première en présence du fiancé.

Arrive Barbe-Bleue qui présente à Bobèche sa sixième femme. La présentation de Boulotte cause une réelle sensation.

Second tableau : dans le caveau de l'alchimiste Popolani. Barbe-Bleue lui annonce qu'il va avoir à opérer sur Boulotte, car il a décidé d'épouser la princesse Hermia. Popolani rumine des projets de révolte. Quant paraît Boulotte, il lui fait, comme aux autres, boire un narcotique. Barbe-Bleue se croit veuf pour la sixième fois et s'en va satisfait. Une fois qu'il a le dos tourné, Popolani réveille sa pseudo-victime et la présente aux cinq premières femmes de Barbe-Bleue, qui lui constituent un gentil petit harem, préférant ça au trépas. Avec les six femmes il ourdit un complot. Il va les emmener déguisées en bohémiennes à la cour de Bobèche et dévoiler les crimes de son maître.

Le troisième acte s'ouvre sur les noces de Saphir et de la princesse Hermia. Comme les fiancés se dirigent vers la chapelle, Barbe-Bleue paraît et leur ordonne de s'arrêter. Il annonce la mort de Boulotte et demande au roi... la main de sa fille ! Tout simplement. Tant d'audace ne resterait pas impunie si Barbe-Bleue ne disposait pas d'une bonne armée, alors que Bobèche n'en a pas. La situation étant telle, la demande outrecuidante de Barbe-Bleue est accueillie par le roi avec satisfaction. Mais Saphir ne l'entend pas de cette oreille et provoque Barbe-Bleue en duel. Le combat a lieu et Saphir tombe bientôt, selon toute apparence mort, mais en réalité aussi vivant que les cinq seigneurs tués par Oscar et que les six femmes tuées par Popolani.

Popolani survient déguisé en bohémien et accompagné des six victimes déguisées en bohémiennes. Il complote sa vengeance de concert avec le comte Oscar. Leur conciliabule est interrompu par le retour de la noce : Barbe-Bleue vient d'être uni à la princesse. Nouvelle scène de famille aussi pénible que les précédentes.

Toutefois la vengeance et le dénouement approchent. Les bohémiennes, après avoir dit la bonne aventure, se démasquent : il devient évident que Barbe-Bleue est polygame à la septième puissance. Les seigneurs tués par Oscar se présentent à leur tour. Que faire en cette conjecture ? C'est bien simple : Saphir épousera Hermia, les cinq morts du comte Oscar se chargeront des cinq premières femmes de Barbe-Bleue. Quant à Barbe-Bleue, qui reste seul en présence de Boulotte, il reprendra celle-ci, qui ne le voit pas d'un œil sévère, nonobstant le vilain tour qu'il a essayé de lui jouer. La pièce finit donc par sept mariages simultanés : rarement dénouement d'opérette en a eu autant ! »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« La première moitié du XIXe siècle avait vu naître et prospérer le drame romantique ; l'opéra-bouffe est un produit de la seconde — et, naturellement, il s'est moqué de ce qu'il remplaçait dans la faveur du public. La remarque en a été faite, — combien subtilement ! — par M. Jules Lemaitre dans ses « Impressions de Théâtre », à propos du Barbe-Bleue de Meilhac et Halévy.

Ce n'est pas seulement dans les situations, c'est dans le dialogue même de la pièce que les deux collaborateurs ont nargué le romantisme... Telle scène, dont les répliques s'entrechoquent à raison de trois mots la ligne, n'est qu'un inénarrable « à la manière de... » parodiant le style haché menu jadis en usage au théâtre et dans le roman. Mais l'ironie de ces auteurs s'exerce en outre aux dépens de tant de sujets que leur opérette demeure le prototype de la « blague ». Il est difficile de la raconter ; avant de l'avoir vu jouer, ou aussitôt après, il faut la lire pour en apprécier pleinement la verve essentiellement ironique, et l'impertinence élégante.

On se demandera comment le Barbe-Bleue de la légende ou de l'histoire, le terrible Gilles de Laval, sire de Raiz, seigneur de Machecoul, de Tiffauges et de Champtocé, brûlé vif pour infanticide et magie noire — sinon pour « polygamie », cas pendable — a pu servir de prétexte à tant d'humour et de flonflons.
Meilhac et Halévy semblent avoir été hypnotisés par le début du conte de Perrault narrant les noces de cet Henri VIII — ou de ce Landru : « Ce fut un carnaval de huit jours et de huit nuits ; on ne dormait point, et l'on passait tout ce temps à se faire des malices les uns aux autres. »

Ceci lu, il n'est pas possible de voir les choses en noir !

Les cinq premières femmes de Barbe-Bleue ne sont pas mortes ; l'alchimiste Popolani les a tour à tour endormies avec une mixture de sa façon : nicotine et fleur d'oranger ! Il les réveille à volonté, grâce aux étincelles d'une machine électrique perfectionnée ; puis il les cache dans ses appartements particuliers, où, tout doucement, il se monte un petit harem avec les anciennes épouses de son maître et seigneur. Celui-ci a choisi pour sixième compagne une de ces « rosières » — tirée au sort — qui sont comme les chevaux, couronnées après leur chute. Il s'agit de Boulotte, fruste et fraîche paysanne que nous retrouvons dans le répertoire sous la cotte ou sous les atours de Bettina ou Serpolette — et il ne tarde guère à se lasser d'elle, surtout lorsqu'il a remarqué Fleurette, la fille du roi Bobèche... Le redoutable châtelain demandera donc la main de cette princesse, non sans avoir au préalable chargé Popolani de faire disparaître Boulotte : mais Boulotte. est une luronne qu'on n' « aura » pas facilement. D'autre part, Fleurette est aimée du prince Saphir. Barbe-Bleue le provoque : « Le jour où vous aurez le spleen, allez voir ce duel dansé où les deux adversaires ressemblent à une paire de dindons que l'on aurait posés sur une tôle rougie ». Saphir est embroché, ou, du moins, le satin de son pourpoint. Il tombe de peur — et son adversaire va lui arracher la jeune fille ; mais voici qu'une troupe de zingari pénètre dans le palais sous prétexte de dire la bonne aventure... Ce sont les cinq « légitimes » de Barbe-Bleue, délivrées par la sixième ; et elles se dressent devant leur mari !

Cela pourrait très mal tourner pour ce triste sire ; mais il obtiendra son pardon de Boulotte, qui désormais le fera marcher au doigt et à l'œil.

Quant à ses précédentes femmes, elles épouseront cinq galants seigneurs que Bobèche croyait avoir fait supprimer par son grand chambellan, le comte Oscar — les attentions réitérées de la reine pour ces Messieurs constituant un élément de discorde dans son ménage... Bien entendu, le comte Oscar, comme Popolani, avait épargné ces victimes d'une intrigue de foyer sur le détail de laquelle nous ne saurions insister.

Pour les spectateurs actuels, cette partie de l'œuvre fourmille d'allusions insoupçonnées. — Et observeraient-ils encore que l'événement a rendu tragique ce rapprochement entre l'imprévoyance du monarque, dont les canons ont été fondus en statue équestre érigée par la reconnaissance de ses peuples, et la prudence du sire de Barbe-Bleue (de qui l'on n'ose trop se défaire parce qu'il a coutume d'exercer dans ses montagnes : « un petit gros de cavaliers — plus dix obusiers de campagne — de fusiliers, des artilleurs — que c'est comme un bouquet de fleurs ! ») ?... Notez que Barbe-Bleue était joué en 1886 « devant les princes de toutes les principautés et les courtisans de toutes les cours » ; et il ne leur pouvait déplaire de voir fronder ailleurs, avec finesse, les principes de la monarchie — ceux de 89 n'ayant pas davantage trouvé grâce auprès des librettistes, nés malins.
Aussi le succès fut-il franc, immédiat, incontesté, complet. Créée le 5 février 1866 par José Dupuis — qui pensa refuser le rôle ! — Grenier, Kopp, Couder et Hortense Schneider, sur la scène des Variétés, la pièce y était admirablement montée dans de magnifiques décors que l'on eût dits brossés par Gustave Doré. Les vingt-cinq « premières » ont rapporté 97.558 francs ; c'est-à-dire qu'elle a connu rapidement une vogue semblable à celle des plus grands opéras-bouffes de l'époque... On l'a cependant moins souvent reprise ; quelques remaniements
ont paru s'imposer : est-ce parce qu'elle a perdu de sa véritable portée satirique — ou bien s'est-on sérieusement ému du nombre de choses respectables qui ont servi de thèmes à ses plaisanteries ?... Toujours est-il que la partition suffirait à préserver de l'oubli cette fantaisie si allègre : la muse d'Offenbach a le diable au corps — et nous sommes dans un pays où les couplets de cet esprit et les chansons de ce rythme font tout passer et supporter... même l'idée de la Mort ! »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

BARBERINE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Collin et Lavallée, d'après la jolie comédie d'Alfred de Musset, musique de Georges de Saint-Quentin, représenté au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 08 décembre 1891 avec Mmes Darcelle (Barberine), Savine (Rosenberg), Wolf (la reine), Dalmont (Karekeri), MM. Isouard (Ulrich), Gilibert (Wladislas).

 

« Le sujet manque un peu de mouvement et d'action pour une œuvre lyrique, et la musique, élégante et non sans grâce, laisse un peu trop à désirer sous le rapport de l'originalité. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BARBIER DE BAGDAD (LE) ou LE FILS DU CALIFE

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de Carlier aîné, musique de Crispin, représenté à Dunkerque en novembre 1829.

 

 

BARBIER DE CATALOGNE (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, paroles de Beaunoir, musique de Jaume, représenté à Bordeaux au commencement du XIXe siècle.

 

 

BARBIER DE SÉVILLE (LE)

 

Opéra-comique français, musique de Schulz, représenté à Reinsberg en 1786.

 

 

BARBIER DE SÉVILLE (LE)

 

Opéra-comique en quatre actes, livret de Giuseppe Petrosellini, musique de Giovanni Paisiello, créé à Saint-Pétersbourg, Théâtre de l’Ermitage, le 15 septembre 1782.

 

Version française d’Etienne-Nicolas Framery, texte parlé pris dans la comédie de Beaumarchais, représentée à Versailles, Théâtre de la Reine, le 14 septembre 1784.

Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 16 mars 1793 dans cette version française.

Représenté à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 27 juin 1889 avec Mme MARCOLINI (Rosine), MM. DUPUY (Almaviva), SOULACROIX (Figaro), Lucien FUGÈRE (Bartholo), René-Antoine FOURNETS (Basile), BARNOLT (La Jeunesse), BERNAERT (L'Eveillé), Pierre Julien DAVOUST (le Notaire), BERNARD (l'Alcade).

 

« Personnages : Rosine (soprano) ; le Comte Almaviva ; Bartholo (basse bouffe) ; Don Basile (basse) ; Figaro (baryton) ; Giovinetto [La Jeunesse], l'endormi (ténor) ; L'Éveillé (baryton) ; Deux Petits rôles ; Choeur.

On raconte que le jeune Rossini, désireux de mettre à son tour en musique la comédie de Beaumarchais qui valait alors tant de succès à Paisiello, s'en ouvrit, par politesse, au vieux maître, qui était de plus d'un demi-siècle son aîné. Paisiello, escomptant pour Rossini un échec retentissant, l'encouragea vivement dans son projet. Le Barbier de Séville de Rossini triompha et celui de Paisiello, moins brillant, tomba du coup dans l'oubli ! Et cependant, il ne manque pas de qualités. Aussi, sa reprise, en 1939, à la Scala de Milan, fut-elle très bien accueillie et, depuis lors, le Barbier de Séville de Paisiello est joué un peu partout, à titre de curiosité.

Il est intéressant de comparer les deux ouvrages : Si le Figaro révolutionnaire est le pivot de l'opéra rossinien, dans l'ouvrage de Paisiello, c'est au contraire le conservateur et réactionnaire tuteur de Rosine, Bartholo, qui joue ce rôle. Celui-ci, poussé par sa jalousie de vieillard, s'acharne à monter tout autour de sa jeune pupille un mur de soupçons, de vigilances et de précautions inutiles. Figaro est, pour Rossini, un personnage d'inimitable force dramatique, dans son rôle d'entremetteur fatal et déconcertant. Tandis que, chez Paisiello, il est minimisé et réduit à un personnage d' « utilité ». A sa place, c'est Rosine qui prédomine, à côté de Bartholo : une Rosine qui ne résume pas, comme l'autre, toutes les malices et les coquetteries de l'idéal féminin « victime », prisonnière de son amour, de sa condition et des équivoques. Le côté sentimental n'excitait pas la fantaisie de Rossini, contrairement à ce que nous voyons chez Paisiello. »

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

 

BARBIER DE SÉVILLE (LE)

 

[Il Barbiere di Siviglia]

Opéra bouffe en deux actes de Cesare Sterbini (1784-1831), d'après la comédie de Beaumarchais, musique de Gioacchino Rossini.

Ecrit en sept jours, l’ouvrage est intégralement de la main de Rossini, y compris la Romance d'Almaviva au 1er acte et le finale en forme de Boléro du 2e acte, attribués à Manuel Garcia, et les récitatifs attribués à Zamboni.

 

Personnages : le Comte Almaviva (ténor lyrique) ; le Docteur Bartholo, tuteur de Rosine (baryton-basse) ; Basile, maître de musique (basse) ; Pédrille [Fiorello] (ténor) ; Figaro, barbier (baryton) ; Rosine (soprano léger) ; Marcelline [Berta], femme de charge (mezzo-soprano) ; Trois petits rôles masculins (1 ténor et 2 rôles parlés) ; Chœur masculin (musiciens, gardes).

 

L’action se déroule à Séville, au XVIIIe siècle.

 

Créé au Théâtre Argentina de Rome le 20 février 1816 sous le titre Almaviva ossia l’inutile precauzione.

 

Elle fut jouée pour la première fois à Paris, salle Louvois, par la troupe du Théâtre Italien le 26 octobre 1819.

 

Première fois en français (version de Castil-Blaze : le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, opéra-comique en 4 actes) à l'Opéra de Lyon le 19 septembre 1821.

 

Première fois à la Monnaie de Bruxelles (version de Castil-Blaze) le 03 octobre 1821.

 

Première fois en français à Paris au Théâtre de l'Odéon (alors Théâtre Lyrique) le 06 mai 1824.

 

 

ROME

Th. Argentina

20.02.1816

LONDRES

Haymarket

1818

LONDRES

Covent Garden

10.03.1818

NEW YORK

Opéra du Palmo

19.05.1819

Rosine

G. GIORGI-RIGHETTI

FODOR

DICKONS

LEESUG

 

 

 

 

 

Almaviva

Manuel GARCIA

GARCIA

JONES

PHILIPS

Figaro

L. ZAMBONI

NALDI

LISTON

X

Bartholo

B. BOTTICELLI

AMBROSETTI

ISAACS

X

Basile

Z. VITARELLI

ANGRISANI

FAWCETT

X

Chef d’orchestre

G. ROSSINI

 

 

 

 

 

PARIS

Italiens

26.10.1819

LYON

 

19.09.1821

BRUXELLES

Monnaie

03.10.1821

PARIS

Odéon

06.05.1824

PARIS

Opéra

14.01.1828

PARIS

Opéra

09.12.1853

Rosine

Ronza DE BEGNIS

FOLLEVILLE

CAZOT

MONTANO

SONTAG

Angiolina BOSIO

Marceline

  BRUNET ROUSSELOIS

CAMOIN

ROSSI

Barbe Eléonore DUCLOS

 

 

 

 

 

 

 

Almaviva

GARCIA

DAMOREAU

DESFOSSÉS

LECOMTE

BORDOGNI

CHAPUIS

Figaro

PELLEGRINI

DÉRUBELLE

d’ARBOVILLE

LÉON

GALLI

MORELLI

Bartholo

GRAZIANI

MICALEF

EUGÈNE

CAMOIN

GRAZIANI

MARIÉ

Basile

DE BEGNIS

DUPORT

MARGAILLAN

VALÈRE

LEVASSEUR

OBIN

Pédrille

  CHARLES HUBERT

FRÉDÉRIC

 

KOENIG

un Notaire

    DUPUIS

ÉDOUARD

 

NOIR

un Alcade

    MARGERY

RIHOELLE

 

DONZEL

un Officier

    ALPHONSE

TANQUERELLE

AULETTI

CANAPLE

Chef d'orchestre

  SCHAFFNER   CRÉMONT

François-Antoine HABENECK

 

 

Première fois à l'Académie Royale de Musique à Paris (Salle Le Peletier), le 14 janvier 1828, à l'occasion d'un Gala à bénéfice.

 

Répété à l'Opéra-Comique en 1834, pour les débuts d'Inchindi dans le rôle de Figaro, l'ouvrage fut interdit par la Société des Auteurs, l'Opéra-Comique n'ayant pas alors le droit de représenter des traductions.

 

Le 28 septembre 1851, il était présenté à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) dans la version de Castil-Blaze, avec Mme Duez ; MM. Biéval, Meillet, Dumonthier, Prouvier.

 

Première au Théâtre de l'Opéra le 09 décembre 1853, dans la version française de Castil-Blaze (fragments donnés lors de la représentation au bénéfice de la Caisse des pensions).

 

En janvier 1856, il était en même temps représenté au Théâtre-Lyrique du boulevard du Temple (version de Castil-Blaze) et au Théâtre des Italiens (version originale). Le Théâtre-Lyrique de la place du Châtelet l'adoptait le 02 novembre 1868, celui de la salle de l'Athénée le 20 septembre 1873, toujours dans la version française de Castil-Blaze, avec les débuts de Mlle Wanda de Bogdani (Rosine), MM. Dereims (Almaviva) et Staveni (Basile), et celui du Château-d'Eau le 14 août 1879. Le Théâtre-Lyrique des frères Milliaud, installé aux Variétés, créait la version française de L. V. Durdilly le 16 août 1898.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 19 en 1851, 10 en 1852, 4 en 1853, 15 en 1854, 6 en 1855, 14 en 1856, 8 en 1858, 21 en 1868, 26 en 1869, 3 en 1870.

 

 

THEATRE-LYRIQUE

Bd du Temple

04.01.1856

THEATRE DES ITALIENS

 

18.01.1856

THEATRE-LYRIQUE

place du Châtelet

02.11.1868

Théâtre-Lyrique du CHÂTEAU-D'EAU

14.08.1879

Théâtre-Lyrique des VARIETES

 

16.08.1898

Rosine

Esther CAYE

BORGHI-MAMO

Jeanne DEVRIÈS

SEVESTE

Jenny PASSAMA

 

 

 

 

 

 

Almaviva

L. ACHARD

MARTO

BLUM

Gustave LEROY

GUEURY

Figaro

MEILLET

GRAZIANI

Jean-Pierre AUBÉRY

QUEYREL

Félix BARRÉ

Bartholo

Victor PRILLEUX

ZOCCHINI

Emile WARTEL

SOTO

BOURGEOIS

Basile

FLORELA

BAILLOU

LABAT

 

ROUGON

 

Ayant décidé d'inscrire l'œuvre à son répertoire, l'Opéra la met en répétitions et l'annonce, en octobre 1882, avec la distribution suivante :

Mmes NORDICA et GRISWOLD (Rosine).

MM. DEREIMS (Almaviva), MELCHISSEDEC (Figaro), Auguste-Acanthe BOUDOURESQUE (Bartholo) et Pedro GAILHARD (Basile).

Chef d’orchestre : Ernest ALTES.

Mais les représentations n'eurent pas lieu.

 

Cependant, l’œuvre entre au répertoire de l'Opéra-Comique, le 08 novembre 1884.

 

Première au Palais Garnier (8e représentation à l'Opéra de Paris), dans la version originale, les 19, 26 et 30 mai 1912 [2e acte seul le 30 mai], par les Artistes de l'Opéra de Monte-Carlo.

Mmes DE HIDALGO (Rosine), Mary GURARD (Marceline).

MM. SMIRNOFF (Almaviva), Titta RUFFO (Figaro), CHALMIN (Bartholo), Feodor CHALIAPINE (Don Basile), Charles DELMAS (Pédrille), PROFERISCE (un Officier).

Chef d'orchestre : A. POME

 

L'ouvrage fut ensuite répété à l’Opéra, en vue de trois représentations annoncées pour les 07, 12 et 17 février 1919, avec les interprètes ci-dessous :

Mmes Raymonde VECART (Rosine), T. BERTINI (Marceline).

MM. G. PAGANELLI (Almaviva), BATTISTINI (Figaro), D. CARNEVALLI (Bartholo), VANNI-MARCOUX (Basile), ERNST (Pédrille), Louis MARIE (un Officier).

Chef d'orchestre : Arturo VIGNA

Une indisposition de M. BATTISTINI fit avorter ce projet.

 

L'œuvre reparut cependant au Palais Garnier, d'abord en italien, le 04 avril 1930, avec les Artistes de la Compagnie de Conchita Supervia ; puis le 18 mai 1933, première en français au Palais Garnier (version Castil-Blaze, complétée par Jean Chantavoine), dans une mise en scène de Jacques Rouché, utilisant un plateau tournant, des décors et costumes de Ch. Martin ; enfin, le 13 août 1936, dans la version habituelle de Castil-Blaze, pour les représentations de l'Opéra, salle du Théâtre Sarah-Bernhardt.

 

33e représentation à l'Opéra de Paris (Palais de Chaillot) le 04 juin 1969.

 

Reprises des

04.04.1930

11e

18.05.1933

15e

13.08.1936

23e

02.09.1936

(Théâtre Sarah Bernhardt)

15.01.1937

32e

(Théâtre des Champs-Elysées)

Rosine

Conchita SUPERVIA

Fanny HELDY

BROTHIER

Solange DELMAS

Solange DELMAS

Marceline

Maria NEVESO

Ketty LAPEYRETTE

MONTFORT

MONTFORT

MONTFORT

 

 

 

 

 

 

Almaviva

Nino EDERLE

VILLABELLA

VILLABELLA

VILLABELLA

Louis ARNOULT

Figaro

Léon PONZIO

PONZIO

PONZIO

PONZIO

PONZIO

Bartholo

Carlo SCATTOLA

Albert HUBERTY

HUBERTY

HUBERTY

HUBERTY

Basile

Vincenzo BETTONI

André PERNET

PERNET

PERNET

PERNET

Pédrille

DE MUREL

MOROT

MOROT

MOROT

MOROT

un Officier

MADLEN

MADLEN

MADLEN

MADLEN

MADLEN

l’Alcade

GUYARD

FOREST

LEJEUNE

P. COURANT

LEJEUNE

un Notaire

DELMONT

FROUMENTY

ERNST

ERNST

ERNST

Chef d’orchestre

A. PADOVANI

Mario CORDONE

RÜHLMANN

RÜHLMANN

RÜHLMANN

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Rosine : CINTI-DAMOREAU (1828), DORUS-GRAS (1831), Margherita PERRAS (1936).

Almaviva : MM. A. NOURRIT (1828), RUBINI (1837), DUPREZ (1841), CHAPUIS (1853), MANURITTA (1936).

Basile : MM. HURTEAUX (1831), OBIN (1853), VANNI-MARCOUX (1936).

Figaro : MM. DABADIE (1828), TAMBURINI (1837), BARROILHET (1841), MORELLI (1853).

 

 

Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 08 novembre 1884, dans la version française de Castil-Blaze. Mise en scène de Charles Ponchard.

Mmes VAN ZANDT, remplacée au pied levé au début du second acte par Cécile MEZERAY (Rosine), PIERRON (Marceline).

MM. DEGENNE (Almaviva), Max BOUVET (Figaro), Lucien FUGÈRE (Bartholo), Hippolyte BELHOMME (Basile), DULIN (Pédrille), Etienne TROY (l'Officier), BERNARD (l'Alcade), Pierre Julien DAVOUST (le Notaire).

Chef d'orchestre : Jules DANBÉ.

 

La 100e représentation à l'Opéra-Comique fut fêtée le 25 février 1887 avec les artistes de la création, sauf : Mmes Cécile MÉZERAY (Rosine), PERRET (Marceline).

MM. DELAQUERRIÈRE (Almaviva), SOULACROIX (Figaro), BUSSAC (Bazile) et Rémy CAMBOT (Pédrille).

 

 

25.09.1897

Opéra-Comique

 

30.01.1900

Opéra-Comique

(276e)

22.04.1907

Opéra-Comique

 

19.12.1912

Opéra-Comique

(347e)

15.12.1918

Opéra-Comique

(364e)

16.02.1924

Opéra-Comique

(379e)

02.02.1929

Opéra-Comique

(410e)

13.01.1931

Opéra-Comique

(427e)

19.02.1935

Opéra-Comique

(470e)

Rosine

PARENTANI

B. GRAVIÈRE

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Geneviève MATHIEU-LUTZ

Y. BROTHIER

WEIT (débuts)

GAULEY

GAULEY

Lillie GRANDVAL

Marceline

PERRET

PERRET

PERRET

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

VILLETTE

MATTIO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Almaviva

CLEMENT

L. DAVID

F. FRANCELL

F. FRANCELL

F. FRANCELL

VILLABELLA

ARNOULT (déb)

CLAUDEL

FOUCHY

Figaro

BADIALI

DELVOYE

DELVOYE

ÉLAIN

A. BAUGÉ

A. BAUGÉ

ROQUE

ROQUE

LANZONE

Bartholo

L. FUGÈRE

L. FUGÈRE

L. FUGÈRE

DELVOYE

André ALLARD

L. FUGÈRE

André ALLARD

MUSY

MUSY

Basile

J. ISNARDON

J. ISNARDON

L. AZÉMA

L. AZÉMA

L. AZÉMA

L. AZÉMA

TUBIANA

BALBON

AUTRAN

Pédrille

DUFOUR

DURAND

ÉLOI

RIVES

BARTHEZ

RIVES

GILLES

GILLES

GILLES

L’Officier

Etienne TROY

Etienne TROY

Etienne TROY

DONVAL

BARTHEZ

RIVES

GILLES

GILLES

DUFONT

Le Notaire

GOURDON

GOURDON

DELAHAYE

BARTHEZ

ÉLOI

DONVAL

POUJOLS

POUJOLS

DUDOUET

L’Alcade

ÉLOI

ÉLOI

 

ÉLOI

FEINER

ÉLOI

ÉLOI

POUGNET

DUREL

Chef d’orchestre

 

GIANNINI

MIRANNE

PICHERAN

PICHERAN

M. FRIGARA

G. LAUWERYNS

Elie COHEN

G. CLOËZ

 

 

 

29.10.1937

Opéra-Comique

(492e)

14.04.1938

Opéra-Comique

(498e)

17.02.1939

Opéra-Comique

(505e)

07.03.1940

Opéra-Comique

(514e)

27.04.1945*

Opéra-Comique

 

20.01.1946

Opéra-Comique

 

01.12.1954*

Opéra-Comique

(844e)

22.09.1956

Opéra-Comique

 

03.11.1961

Opéra-Comique

 

21.03.1970**

Opéra-Comique

(1101e)

Rosine

Solange DELMAS

Solange DELMAS

L. GRANDVAL

J. MICHEAU

Claudine COLLART

J. MICHEAU

Nelly MATHOT

Janine MICHEAU

Liliane BERTON

 

Marceline

MATTIO

MATTIO

MATTIO

LIANY

Marguerite LEGOUHY

MATTIO

Marguerite LEGOUHY

Marguerite LEGOUHY

Gabrielle RISTORI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Almaviva

Louis ARNOULT

Louis ARNOULT

MARGULIES

ALTERY

Pierre FOUCHY

Paul DERENNE

Raymond AMADE

Jean GIRAUDEAU

André MALLABRERA

André MALLABRERA

Figaro

André GAUDIN

André GAUDIN

André GAUDIN

André GAUDIN

Jean DROUIN

André BAUGE

Michel DENS

Robert MASSARD

Robert MASSARD

Jean-Pierre LAFFAGE

Bartholo

Louis MUSY

Louis MUSY

Louis MUSY

Louis MUSY

Louis GUENOT

Louis GUENOT

Jean VIEUILLE

Louis MUSY

Julien GIOVANNETTI

Michel ROUX

Basile

André BALBON

CLAUDE-GOT

André BALBON

BALDOUS

Willy TUBIANA

FROUMENTY

Xavier DEPRAZ

Pierre SAVIGNOL

Pierre SAVIGNOL

Xavier DEPRAZ

Pédrille

GILLES

GILLES

GILLES

GILLES

G. WION

G. WION

DAGUERRESSAR

Antoine GRIFFON

Julien THIRACHE

Claude GENTY

L’Officier

DUFONT

PAYEN

PAYEN

PAYEN

PAYEN

PAYEN

José FAGIANELLI

 

Georges ALVES

Stanislas STASKIEWICZ

Le Notaire

POUJOLS

POUJOLS

POUJOLS

POUJOLS

Henri BUCK Henri BUCK LE PRIN   Jacques HIVERT  

L’Alcade

DERROJA

DERROJA

DERROJA

Henry BUCK

DERROJA POUJOLS André NOËL André DRAN    

Chef d’orchestre

 

Albert WOLFF

Gustave CLOËZ

Gustave CLOËZ

 

Gustave CLOËZ

Albert WOLFF Jean FOURNET Pierre CRUCHON  

 

* Décors et costumes de Charles Martin.

 

** Mise en scène de Paul-Emile Deiber ; maquette des décors et des costumes de Suzanne Lalique, décors exécutés par Moulene, costumes exécutés par Henri Lebrun et Thérèse Marjollet dans les ateliers de l'Opéra-Comique ; orfèvrerie Christofle.

 

Représenté en italien le 20 octobre 1933.

 

La 500e représentation à l'Opéra-Comique eut lieu le 27 mai 1937 avec :

Mmes Solange DELMAS (Rosine), Jeanne MATTIO (Marceline).

MM. Louis ARNOULT (Almaviva), Émile ROUSSEAU (Figaro), Louis MUSY (Bartholo), Paul CABANEL (Basile), Raymond GILLES (Pédrille, l'Officier), Alban DERROJA (le Notaire), POUJOLS (l'Alcade), sous la direction de Gustave CLOËZ.

 

Reprise à l'Opéra-Comique le 07 mars 1943 (532e représentation) avec la distribution précédente, sauf :

Mme Janine MICHEAU (Rosine).

MM. José BECKMANS (Figaro), André BALBON (Basile), Camille MAURANE (Pédrille, l'Officier), Henry BUCK (le Notaire), Paul PAYEN (l'Alcade).

Chef d'orchestre : Francis CEBRON.

 

662 représentations au 31.12.1950 (dont 387 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 19 en 1951, 12 en 1952, 12 en 1953, 19 en 1954, 16 en 1955, 27 en 1956, 23 en 1957, 24 en 1958, 22 en 1959, 22 en 1960, 33 en 1961, 29 en 1962, 23 en 1963, 23 en 1964, 23 en 1965, 25 en 1966, 28 en 1967, 23 en 1968, 27 en 1969, 17 en 1970, 15 en 1971, soit 1128 au 31.12.1972.

 

Représentation au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 21 avril 1933 avec Mme G. Féraldy (Rosine) ; MM. L. Fugère (Bartholo), André Baugé (Figaro), Calbet (Almaviva), Lafont (Basile).

 

Résumé.

« Le Barbier de Séville », la plus classique des fictions d'opéra, est l'histoire du vieux tuteur Bartholo qui s'est mis en tête d'épouser sa pupille Rosine. Mais Rosine aime le Comte Almaviva, lequel, avec la complicité du barbier Figaro, se présente sous l'uniforme chez Bartholo, avec un billet de logement. Basile, un jésuite fort suspect, sert alternativement les intérêts de Bartholo et ceux d'Almaviva. Bien entendu, Rosine épousera finalement le comte, à la barbe de son tuteur, lequel aura même, sans le vouloir, facilité grandement la conclusion des choses.

 

L'action se déroule à Séville au XVIIIe siècle.

ACTE I. — Une rue, devant la maison de Bartholo.

En compagnie de musiciens ambulants conduits par Pédrille, le Comte Almaviva, qui a pris le nom de Lindor, vient donner une aubade sous les fenêtres de Rosine [Cavatine de Lindor : Se il mio nome... / Des rayons de l'aurore...]. Les musiciens s'étant éloignés, Figaro, le sémillant barbier, accourt en chantant à plein gosier [Air de Figaro : Largo al factotum... / Place au factotum...]. Reconnaissant bientôt le Comte, il se met à sa disposition pour faciliter ses projets. Bartholo et sa pupille Rosine apparaissent sur le balcon, d'où la jeune fille laisse intentionnellement tomber un rouleau de musique, qu'elle envoie ramasser par son tuteur ; mais, à peine celui-ci a-t-il descendu quelques marches, que déjà le papier, qui contient un tendre billet, est entre les mains d'Almaviva.

La disparition de ce billet rend Bartholo soupçonneux, et, comme il a l'intention d'épouser sa pupille, il juge prudent de ne pas perdre de temps ; aussi se rend-il immédiatement chez Basile, le maître de chant de Rosine, qui est chargé de tout préparer pour le mariage.

Pendant ce temps, le comte et Figaro ourdissent leur complot. Figaro étant barbier du Docteur Bartholo, nul n'est mieux placé pour faciliter à Almaviva une entrevue avec Rosine.

Un régiment vient d'arriver à Séville : le comte prendra un costume militaire, et un billet de logement l'introduira chez Bartholo, où il arrivera avec l'air d'un homme entre deux vins.

ACTE II. — Chez Bartholo.

Rosine, seule, épanche ses sentiments [Air de Rosine : Una voce, poco fa... / Rien ne peut changer mon âme...]. Figaro accourt ensuite par une porte dérobée et sollicite de la main de la pupille une lettre pour Lindor. La lettre étant déjà préparée, il la prend, et se cache dans un cabinet, pour faire place à Bartholo, lequel tempête après le barbier. Arrive Basile, qui révèle la présence du Comte à Séville et conseille de l'éloigner par tous les moyens, surtout par la calomnie [Air dit « de la Calomnie » (Basile) : La calumnia è un venticello... / C'est d'abord rumeur légère...]. Bartholo interroge ensuite sa pupille sur son entrevue avec Figaro, l'accusant d'avoir écrit une lettre [Air de Bartholo : A un dottor della mia sorta... / Croyez-vous qu'il soit bien facile...].

Le comte, se montrant alors sous les traits d'un soldat ivre, met la patience et la jalousie de Bartholo aux abois. Sur ces entrefaites, Rosine, Basile, Figaro, Marcelline et la garde interviennent pour achever d'assourdir notre homme.

ACTE III. — Même décor.

Le Comte se présente de nouveau chez Bartholo, sous le nom d'Alonzo ; il se fait passer pour un maître de chant, chargé de remplacer Basile qu'une indisposition a fait garder le lit. Comme preuve de son mandat, il remet à Bartholo la lettre de Rosine à Lindor. Le docteur veut lui faire donner une leçon de chant à sa pupille. Rosine commence par refuser, puis accepte quand elle a vu le professeur (*).

(*) A la « leçon de chant », il est convenu d'intercaler en lieu et place de l'Air original de la « Précaution inutile » [Contro un cor...], un autre morceau brillant, généralement choisi parmi les suivants : Il Bacio (Arditi) ; Variations (Proch) ; Ombra leggera (Meyerbeer) ; Carnevale di Venezia (arr. Benedict).

Mais Basile, qui survint inopinément, alors qu'on l'a prétendu malade, risque de tout compromettre. Figaro détourne l'attention de Bartholo en insistant pour le raser. Le Comte, se souvenant que Figaro lui a dit que l'or était le nerf de l'intrigue, passe une bourse à Basile, lequel veut bien reconnaître alors qu'il est atteint de fièvre scarlatine et consent à aller se coucher dans un bon lit...

ACTE IV. — Même décor ; minuit.

Bartholo envoie Basile quérir le notaire sur l'heure, dans le but de hâter son mariage. Puis il calomnie Almaviva auprès de sa pupille qui, outrée, humiliée, consent à épouser son tuteur à l'instant même. Figaro et Almaviva arrivent par la fenêtre. Rosine accable le Comte d'amers reproches ; mais bientôt tout s'explique. Le Comte, rejetant son manteau, laisse voir un habit magnifique et apprend à Rosine que Lindor et Almaviva ne font qu'un, et qu'il l'aime d'un ardent amour [Trio : O qual colpo in aspettato... / Surprise extrême...]. Figaro s'aperçoit que l'échelle par laquelle ils sont entrés a été enlevée. Mais, comme Basile arrive sur ces entrefaites avec un notaire, les deux amoureux sont mariés sur le champ, Basile servant même de témoin, moyennant honnête finance.

Bartholo survient avec quelques valets, auxquels il donne l'ordre d'arrêter tout le monde. Dans son trouble, il saisit le notaire au collet. Apprenant ce qui vient de se passer, il demeure confondu. Il est surtout furieux contre lui-même, car, en enlevant l'échelle, il n'a fait que faciliter une union qui le désespère [Chœur final : Ah, disgna ziati noi !... / Chantons cette journée...].

 

     « Opéra bouffe représenté pour la première fois à Rome, au théâtre Argentina, le 26 décembre 1816 (jour où la stagione du carnaval commence en Italie), et, à Paris, à la salle Louvois, par la compagnie italienne, le 26 octobre 1819.

L'impresario du théâtre Argentina, à Rome, eut une heureuse inspiration le jour où il proposa à Rossini le libretto du Barbier de Séville, mis jadis en musique par Paisiello. Aucune pièce ne pouvait mettre aussi bien en lumière le côté spirituel, gracieux et vif de son génie, dont les aspects sont si variés. Rossini fut appelé à faire un chef-d'œuvre. Disons-le à sa louange, il se trouva dans un grand embarras en apprenant que, moyennant quatre cents écus romains, rémunération stipulée d'avance pour chaque ouvrage qu'il plairait à l'impresario de lui demander, il devait mettre une partition nouvelle à la place de la partition, tant applaudie autrefois, de Paisiello. Le jeune compositeur avait trop d'esprit pour ne pas honorer le vrai mérite. Il se hâta d'écrire à Paisiello. Le vieux compositeur, quoiqu'il passât pour avoir conçu de la jalousie contre le jeune maestro, depuis le succès prodigieux d'Elisabetta (Naples, 1815), lui répondit qu'il ne se formaliserait en rien de voir un autre musicien traiter le sujet de son opéra. Il comptait, au fond, dit-on, sur une chute éclatante. Un libretto écrit par Ferretti n'ayant pas été du goût de Rossini, et Ferretti n'ayant su rien trouver de meilleur, on recourut à Sterbini, qui voulait traiter le Barbier de Séville d'une manière toute nouvelle, pour le placement et la coupe des morceaux de musique. Rossini mit une préface très modeste au libretto, montra la lettre de Paisiello à tous les dilettanti de Rome, et entreprit son travail. En treize jours, la musique du Barbier fut terminée. « Rossini, croyant travailler pour les Romains, dit Stendhal, venait de créer le chef-d'œuvre de la musique française, si l'on doit entendre par ce mot la musique qui, modelée sur le caractère des Français d'aujourd'hui, est faite pour plaire le plus profondément possible à ce peuple, tant que la guerre civile n'aura pas changé son caractère. » Cependant, dès que le bruit se répandit que Rossini refaisait l'ouvrage de Paisiello, ses ennemis se hâtèrent d'exploiter dans les cafés ce qu'ils appelaient une mauvaise action. Cela n'avait par le moindre sens ; car les drames lyriques de Métastase ont été mis en musique par des centaines de compositeurs. Que de fois n'a-t-on pas vu paraître au théâtre, avec une nouvelle musique, l'Artaserse, l'Adriano in Siria, la Didone, l'Alessandro nell' Indie, l'Achille in Sciero ? Il faut ajouter que Sterbini n'était pas aimé du public romain. « Paisiello lui-même n'était point étranger à ces intrigues dit Castil-Blaze ; une lettre de sa main fut montrée à Rossini. Paisiello écrivait de Naples à l'un de ses amis de Rome, et lui recommandait expressément de ne rien négliger pour que la chute fût éclatante. » Le jour de la première représentation arriva, et c'est ici surtout que, à travers tant de versions répandues sur le sort de cet admirable ouvrage à son origine, il est utile de demander la vérité à une bouche contemporaine. Mme Giorgi-Righetti, actrice chargée de créer le rôle de Rosina, va nous servir de cicerone. Cette cantatrice nous apprend que d'ardents ennemis se trouvaient, dès l'ouverture du théâtre, à leur poste, tandis que les amis, intimidés par la mésaventure récente de Torvaldo e Dorliska (Rome, 1816), montraient peu de résolution pour soutenir l'œuvre nouvelle. Rossini, selon Mme Giorgi-Righetti, avait eu la faiblesse de consentir à ce que Garcia, dont il aimait beaucoup le talent, remplaçât l'air qui se chante sous le balcon de Rosina par une mélodie espagnole de sa façon, pensant que, la scène étant en Espagne, cela pourrait contribuer à donner de la couleur locale à l'ouvrage ; mais les dispositions du public rendirent cet essai déplorable. Par une circonstance malheureuse, on avait oublié d'accorder la guitare avec laquelle Almaviva s'accompagne ; Garcia dut l'accorder séance tenante. Une corde cassa ; le chanteur fut obligé de la remettre, et, pendant ce temps, les rires et les sifflets s'en donnaient, comme on le pense bien, sans le moindre égard pour le jeune maître de vingt-cinq ans, pour le pauvre Rossini, qui, selon l'usage, accompagnait an piano. Etrangère aux habitudes et au goût des Italiens, la mélodie fut mal reçue, et le parterre se mit à fredonner les fioritures espagnoles. Après l'introduction, vient la cavatine de Figaro. Le prélude put se faire entendre ; mais lorsqu'on vit entrer en scène l'acteur Zamboni sur ce prélude, portant une autre guitare, un fou rire s'empara des spectateurs, et la cabale fit si bien, par son vacarme, que pas une note de ce morceau ravissant ne put être écoutée. Rosina se montra sur le balcon, et le public, qui chérissait la cantatrice, se disposait à  l'applaudir ; malheureusement elle avait à dire ces paroles :

 

Segui, o caro, de' segui cosi,

 

« Continue, mon cher, va toujours ainsi. »

A peine les eut-elle prononcées que l'hilarité redoubla dans la salle. Les sifflets et les huées ne cessèrent pas une minute, pendant tout le duo d'Almaviva et de Figaro ; l'ouvrage dès lors sembla perdu. Enfin, Rosina entra en scène et chanta la cavatine attendue avec impatience. La jeunesse de Mme Giorgi-Righetti, la beauté de sa voix, la faveur dont elle jouissait auprès du public, lui procurèrent une sorte d'ovation dans cette cavatine. Trois salves d'applaudissements prolongés firent espérer un retour de fortune pour l'ouvrage. Rossini, assis au piano, se leva, salua, puis, se tournant vers la cantatrice, il lui dit à demi-voix : « Oh ! natura ! — Rendez-lui grâce, répondit Mme Giorgi ; sans elle, vous ne vous seriez pas levé de votre chaise. » — Cette éclaircie de soleil au milieu de la tempête tomba presque aussitôt ; les sifflets recommencèrent de plus belle au duo que Figaro chante avec Rosina. Le tapage redoublant, il fut impossible d'entendre une phrase du finale. Tous les siffleurs de l'Italie, dit Castil-Blaze, semblaient s'être donné rendez-vous dans cette salle. Au moment du bel unisson qui commence la strette, une voix de Stentor cria : « Voici les funérailles de don Pollione », paroles qui avaient sans doute beaucoup de sel pour des oreilles romaines, car les cris, les huées, les trépignements couvrirent aussitôt la voix des chanteurs et l'orchestre. Lorsque le rideau tomba, Rossini se tourna vers le public, leva légèrement les épaules et battit des mains. Les spectateurs furent, affirme-t-on, vivement blessés de ce mépris de l'opinion ; mais pas un signe d'improbation n'y répondit. La vengeance était réservée pour le second acte ; elle fut aussi cruelle que possible, car on ne put entendre une seule note. « Jamais, s'écrie avec raison un auteur, jamais pareil débordement d'outrages n'avait déshonoré la représentation d'une œuvre dramatique ». Rossini cependant, qui, ainsi qu'on en peut juger, n'était pas plus heureux à sa première soirée que ne l'avait été Beaumarchais lui-même, ne cessa point d'être calme, et sortit du théâtre avec la même tranquillité que s'il s'était agi de l'opéra d'un de ses confrères. Après s'être déshabillés, les chanteurs : Mme Giorgi, Rosina ; Garcia, Almaviva ; Zamboni, Figaro, et Boticelli, Bartholo, accoururent à son logis pour le consoler de sa triste aventure. Ils le trouvèrent endormi profondément.

Stendhal, qui a écrit une Vie de Rossini, prétend que les Romains trouvèrent le commencement du Barbier ennuyeux et bien inférieur à celui de Paisiello. « Ils cherchaient en vain cette grâce naïve, inimitable, et ce style, le miracle de la simplicité. L'air de Rosine,

 

Sono docile,

 

parut hors de caractère ; on dit que le jeune maestro avait fait une virago d'une ingénue, ce qui est vrai. « La pièce, poursuit Stendhal, se releva au duetto entre Rosine et Figaro, qui est d'une légèreté admirable et le triomphe du style de Rossini. L'air de la Calunnia fut jugé magnifique et original. Néanmoins, après le grand air de Basile, on regretta davantage encore la grâce naïve et quelquefois expressive de Paisiello. Enfin, ennuyés des choses communes qui commencent le second acte, choqués du manque total d'expression, les spectateurs firent baisser la toile. En cela, le public de Rome, si fier de ses connaissances musicales, fit un acte de hauteur qui se trouva aussi, comme il arrive souvent, un acte de sottise. » Le lendemain, cependant, la pièce alla aux nues ; on voulut bien s'apercevoir que, si Rossini n'avait pas les mérites de Paisiello, il n'avait pas non plus la langueur de son style, défaut énorme qui gâte souvent les ouvrages, si semblables d'ailleurs, de Paisiello et du Guide. Pour cette deuxième représentation, Rossini remplaça l'air malencontreux de Garcia par la délicieuse cavatine :

 

Ecco ridente il cielo,

 

dont il emprunta le début à l'introduction de son Aureliano in Palmira. Cette introduction d'Aureliano in Palmira (Milan, 1814) est un des meilleurs morceaux de l'auteur ; comme l'ouvrage n'avait pas eu de succès, Rossini en avait fait, l'année suivante, l'ouverture d'Elisabetta, regina d'Ingilterra ; or, elle avait déjà figuré dans sa partition de Ciro in Babilonia, en 1812. Cette symphonie peu tragique, bien qu'elle eût précédé des opéras sérieux, annonça les joyeusetés du factotum della città, devint l'ouverture de il Barbiere di Siviglia, et n'en fut pas moins applaudie. Elle se trouve ainsi avoir à exprimer, dans Elisabetta, les combats de l'amour et de l'orgueil chez une des aines les plus hautaines dont l'histoire ait gardé la mémoire, et, dans il Barbiere, les folies de Figaro. Mais ne sait-on pas que le moindre changement de temps suffit souvent pour donner l'accent de la plus profonde mélancolie à l'air le plus gai ? Rossini put donc se servir, avec un grand bonheur, du motif du premier chœur :

 

Sposa del grande Osiride

 

de son Aureliano, pour en composer

 

Ecco ridente il cielo,

 

début de la cavatine d'Almaviva. Ce délicieux andante nous offre, ainsi que le fait remarquer Castil-Blaze, le premier exemple de la modulation au mode mineur que l'on rencontre dans les opéras de Rossini, modulation si souvent employée ensuite par ce maître et par la foule de ses imitateurs. Ce moyen harmonique, cette manière ingénieuse d'éviter la route battue et la cadence prévue, appartient à Majo, et plusieurs musiciens s'en étaient emparés bien avant Rossini. Quoi qu'il en soit, la nouvelle cavatine, adaptée à la hâte au Barbiere si mal reçu, fut chantée le soir même de la seconde épreuve par Garcia et vivement applaudie. En outre, Rossini s'était empressé d'enlever de son œuvre tout ce qui lui parut avoir été raisonnablement improuvé ; puis, il prétexta une indisposition et se mit au lit, afin de n'être pas obligé de paraître cette fois au piano. Le public, ce soir-là, se montra moins mal disposé que la veille. Il voulut entendre l'ouvrage, ce qu'il n'avait pu faire encore, avant de l'exécuter tout à fait. Cette résolution assurait le triomphe du maestro ; car « il était impossible qu'un peuple si bien organisé ne fût point frappé des beautés répandues à profusion dans ce chef-d'œuvre. » On écouta, et les applaudissements seuls rompirent le silence des auditeurs attentifs ; il n'y eut pas d'enthousiasme à cette représentation, mais, aux représentations suivantes, le succès grandit, et l'on en vint enfin à ces transports d'admiration qui partout ont accueilli cette œuvre du génie. On raconte que bientôt l'enthousiasme prit de telles proportions, que Rossini fut conduit plusieurs soirs de suite à son logis, en triomphe, à la lueur de mille flambeaux, par ces mêmes Romains qui l'avaient si cruellement sifflé précédemment. Les premiers qui comprirent tout le mérite du Barbiere vinrent entourer le lit de Rossini et le félicitèrent sur l'excellence de son opéra. Ce revirement de fortune et d'opinion n'étonna point le musicien : il n'était pas moins certain de sa réussite le soir même de sa chute, que huit jours après.

Fait singulier, le sort du Barbiere di Siviglia fut le même à Paris qu'à Rome ; les mêmes causes produisirent le même effet dans l'une et l'autre ville : chez nous, l'ouvrage de Paisiello fut encore opposé à celui de Rossini. La première représentation, à la salle Louvois, se ressentit des articles publiés par des journalistes malveillants ou ignorants, et l'impression de la soirée fut glaciale. Il est vrai que Mme Ronzi de Begnis échauffait peu le rôle de Rosina, pour lequel son talent était insuffisant. Par une inspiration qui devait d'ailleurs tourner à l'avantage de Rossini, les dilettanti parisiens demandèrent le Barbiere de Paisiello. Paer, directeur de la musique au Théâtre-Italien, et que le jeune maestro inquiétait, eut l'air de céder à une exigence du public, que peut-être il avait provoquée ; mais le contraire de ce qu'il attendait arriva. Déjà les traditions de l'ancienne musique que l'on ressuscitait étaient perdues ; aucun artiste ne savait plus la chanter dans son caractère de simplicité. D'ailleurs, si l'on s'en rapporte à Castil-Blaze, excellent juge en cette matière, la forme de l'ouvrage était surannée ; il y avait trop d'airs, trop de récitatifs, et l'instrumentation parut maigre. Ce fut un fiasco orribile. Il fallut en revenir à la partition de Rossini, qui, grandie par les avantages dont sa rivale était dépouillée, ravit tous les connaisseurs. Les rôles étaient alors tenus, avec une perfection que l'on n'a pas égalée depuis, par Garcia, Almaviva modèle ; Pellegrini, joyeux et spirituel Figaro ; de Begnis, Basile parfait ; Graziani, Bartolo vivace et malin qui n'a pu être vaincu depuis lors que par Lablache. Mme Ronzi de Begnis seule détruisait l'harmonie de ce délicieux ensemble ; aussi, quand, le 14 décembre, Mme Mainvielle-Fodor prit le rôle de Rosina, le succès de l'ouvrage fut triplé. Qu'on se figure la perfection où en était arrivée l'exécution du Barbiere, en lisant les lignes suivantes échappées à la plume de Castil-Blaze : « Pour vous donner une idée de Garcia dans ce rôle qu'il a confisqué totalement à son profit, je vous dirai que mon précieux ami Rubini m'a toujours semblé médiocre Almaviva, tant je tenais dans mon oreille impitoyable les traits hardis, accentués, perlés à pleine voix de Garcia. Qui me rendra cette avalanche sonore du comte exaspéré, maudissant l'importune troupe de ses musiciens :

 

Ah ! maledetti, andante via,

Ah ! canaglia via di quà ?

 

C'était sublime ! » L'ouverture du Barbiere amusa beaucoup à Rome ; on y vit, ou l'on crut y voir les gronderies du vieux tuteur amoureux et jaloux, et les gémissements de la pupille. Le petit terzetto

 

Zitti, zitti, piano, piano,

 

du second acte, fut applaudi avec un enthousiasme indescriptible. « Mais c'est de la petite musique, s'écriaient les adversaires du jeune compositeur; cela est amusant, sautillant, mais n'exprime rien. Quoi ! Rosine trouve un Almaviva fidèle et tendre au lieu du scélérat qu'on lui avait peint, et c'est par d'insignifiantes roulades qu'elle prétend nous faire partager son bonheur ! »

 

Di sorpresa, di contento

Son vicina a delirar.

 

Eh bien, écrivait Stendhal en 1824, les roulades si singulièrement placées sur ces paroles, et qui faillirent, même le second jour, entraîner la chute de la pièce à Rome, ont eu beaucoup de succès à Paris ; on y aime la galanterie et non l'amour. Le Barbier, si facile à comprendre par la musique, et surtout par le poème, a été l'époque de la conversion de beaucoup de gens. Il fut donné le 23 septembre 1819 (Stendhal se trompe de date, lisez : 26 octobre), mais la victoire sur les pédants qui défendaient Paisiello comme ancien n'est que de janvier 1820... Je ne doute pas que quelques dilettanti ne me reprochent de m'arrêter à des lieux communs inutiles à dire ; je les prie de vouloir bien relire les journaux d'alors et même ceux d'aujourd'hui (1823), il ne les trouveront pas mal absurdes, quoique le public ait fait d'immenses progrès depuis quatre ans. La musique aussi a fait un pas immense depuis Paisiello ; elle s'est défaite des récitatifs ennuyeux, et elle a conquis les morceaux d'ensemble... Rossini, luttant contre un des génies de la musique dans le Barbier, a eu le bon esprit, soit par hasard, soit par bonne théorie, d'être éminemment lui-même. Le jour où nous serons possédés de la curiosité, avantageuse ou non pour nos plaisirs, de faire une connaissance intime avec le style de Rossini, c'est dans le Barbier que nous devrons le chercher. Un des plus grands traits de ce style y éclate d'une manière frappante. Rossini, qui fait si bien les finales, les « morceaux d'ensemble », les duetti, est faible et joli dans les airs qui doivent peindre la passion avec simplicité. Le chant spianato est son écueil. On sent bien que Rossini lutte avec Paisiello ; dans le chœur des donneurs de sérénades, tout est grâce et douceur, mais non pas simplicité. L'air du comte Almaviva est faible et commun ; en revanche, tout le feu de Rossini éclate dans le chœur

 

Mille grazie, mio signore !

 

et cette vivacité s'élève bientôt jusqu'à la verve et au brio, ce qui n'arrive pas toujours le Rossini. Ici son âme semble s'être échauffée aux traits de son esprit. Le comte s'éloigne en entendant venir Figaro ; il dit, en s'en allant :

 

Già l'alba è appena,

E amor non si vergogna.

 

Voilà qui est bien italien. Un amoureux se permet tout, dit le comte. La cavatine de Figaro

 

Largo al factotum

 

est et sera longtemps le chef-d'œuvre de la musique française. Que de feu ! que de légèreté, que d'esprit dans le trait :

 

Per un barbiere di qualità !

 

Quelle expression dans

 

Colla donetta...

Col cavaliere !...

 

Cela a plu à Paris et pouvait fort bien être sifflé à cause du sens leste des paroles. La situation du balcon dans le Barbier est divine pour la musique ; c'est de la grâce naïve et tendre. Rossini l'esquive, pour arriver au superbe duetto bouffe :

 

All’ idea di quel metallo !

 

Les premières mesures expriment d'une manière parfaite l'omnipotence de l'or aux yeux de Figaro. L'exhortation du comte :

 

Su, vediam di quel metallo !

 

est, bien au contraire, d'un jeune homme de qualité qui n'a pas assez d'amour pour ne pas s'amuser, en passant, de la gloutonnerie subalterne d'un Figaro à la vue de l'or. Cimarosa n'a jamais fait de duetto aussi rapide que celui d'Almaviva avec Figaro :

 

Oggi arriva un reggimento,

 

qui est, en ce genre, le chef-d'œuvre de Rossini, et par conséquent de l'art musical. On regrette de remarquer une nuance de vulgarité dans

 

Che invenzione prelibata !

 

Un modèle de vrai comique se trouve, au contraire, dans ce passage relatif à l'ivresse du comte :

 

Perché d'un che poco è in se,

Il tutor, credete a me,

Il tutor si federà.

 

On admirait surtout la sûreté de voix de Garcia dans le passage

 

Vado... ma il meglio mi scordavo.

 

Il y a là un changement de ton, dans le fond de la scène, sans entendre l'orchestre, qui est le comble de la difficulté. La fin de ce duetto, depuis

 

La bottega ? non si sbaglia,

 

est au-dessus de tout éloge. La cavatine de Rosine

 

Una voce poco fa,

 

est piquante ; elle est vive, mais elle triomphe trop. Il y a beaucoup d'assurance dans le chant de cette jeune pupille persécutée, et bien peu d'amour. Le chant de victoire sur les paroles :

 

Lindor mio sarà

 

est le triomphe d'une belle voix. Mme Fodor y était parfaite. L'air célèbre de la Calomnie

 

La calunnia è un venticello

 

ne semble à Stendhal qu'un extrait de Mozart, fait par un homme d'infiniment d'esprit, et qui lui-même écrit fort bien. « C'est ainsi que Raphaël copiait Michel-Ange dans la belle fresque du prophète Isaïe, à l'église de Saint-Augustin. » L'entrée du comte Almaviva, déguisé en soldat, et le commencement du finale du premier acte, sont des modèles de légèreté et d'esprit. Il y a un joli contraste entre la lourde vanité du Bartolo qui répète trois fois, d'une manière si marquée,

 

Dottor Bartolo !

 

et l'aparté du comte :

 

Ah ! venisse il caro oggetto !

Della mia felicità ;

 

Rien de plus piquant que ce finale. Peu à peu, à mesure qu'on avance vers la catastrophe, il prend une teinte de sérieux fort marqué L'effet du chœur

 

La forza, aprile quà,

 

est pittoresque et frappant. On trouve ici un grand moment de silence et de repos, dont l'oreille sent vivement le besoin, après le déluge de jolies petites notes qu'elle vient d'entendre. En Italie, on chante, pour la leçon de musique de Rosine, cet air délicieux :

 

La biondina in gondoletta.

 

A Paris, Mme Fodor le remplaçait par l'air de Tancrède :

 

Di tanti palpiti

 

arrangé en contredanse. Nous avons vu, en 1863, au Théâtre-Italien, Mme Borghi-Mamo intercaler dans cette scène l'air si connu du Baccio, et, l'année suivante, Mlle Adelina Patti donner au même endroit la valse di Gioia insolita, la Calessera, chanson espagnole, et, en 1867, le rondo de Manon Lescaut de M. Auber, qu'on appelle l'Eclat de rire. Le grand quintetto de l'arrivée et du renvoi de Basile est un morceau capital ; le terzetto de la tempête est, aux yeux de beaucoup de personnes, le chef-d'œuvre de la pièce, qui est elle-même le chef-d'œuvre du maestro dans le genre comique, après la Cenerentola toutefois, si l'on s'en rapporte au goût de certains amateurs délicats. Ce que nous pouvons constater, c'est qu'en France le Barbiere est plus généralement connu que la Cenerentola. Il est resté au répertoire du Théâtre-Italien, où il a été souvent l'objet de reprises fort suivies. Les artistes les plus distingués ont tenu à honneur d'aborder ce célèbre ouvrage, que le monde entier a applaudi. Nous rappellerons : Galli, Figaro ; Mlle Cinti (1825) ; Mlle Sontag (1826) ; Santini, Figaro (1828) ; Lablache, Figaro ; Mme Malibran (1831) ; Mlle Giulia Grisi (1833) ; Morelli ; Lablache, Bartolo ; Ronconi, Basilio ; Salvi ; Mme Persiani (1844) ; Mlle Nissen (1844) ; Mario, Almaviva (1845) ; Calzolari ; Napoleone Rossi ; Beletti ; Mme de La Grange (1853) ; Mario ; Tamburini ; Rossi ; Mme Alboni (1854) ; Lucchesi ; Gassier ; Rossi ; Mme Gassier (1854) ; Mario ; Everardi ; Zucchini ; Angelini ; Mme Borghi-Mamo (1855) ; plus récemment encore nous avons vu ou revu : Mlle Adelina Patti (1862) ; Baragli, Almaviva ; Mme Borghi-Mamo (1863) ; Mario ; Scalese, Bartolo ; Mlle Patti (1864). Malheureusement, dans ces dernières années, l'exécution du Barbiere a été pâle et médiocre. Mario n'est plus qu'un Almaviva décoloré, à qui l'on pourrait chanter comme à Basile :

 

Buona sera, mio signore.

 

Quant à Mlle Patti, elle est ravissante de grâce et de gentillesse dans le rôle de Rosine, cette voix vibrante, jeune et agile, redonne un nouvel éclat au chef-d'œuvre de 1816.

Il Barbiere di Siviglia, traduit par Castil-Blaze en français, a été représenté à l'Odéon le 6 mai 1824. En octobre 1837, alors qu'il était question de l'adapter à la scène de notre grand Opéra, le Barbier de Séville fut exécuté au bénéfice d'un choriste basse de l'Académie de musique, qui s'était blessé grièvement, dans la salle Chantereine, par Lafont, Almaviva ; Alizard, Basile ; Prosper Dérivis, Figaro ; Bernadet, Bartholo ; Mme Dorus, Rosine ; Mlle Flécheux, Marceline. Divers empêchements arrêtèrent la représentation immédiate à l'Opéra. Après avoir été repris à l'Opéra national le 28 septembre 1851, il ne put être joué à l'Opéra que le 9 décembre 1853. Le directeur du Théâtre-Italien s'opposant à la mise en scène d'une traduction du Barbier de Séville, le ministre n'en autorisa qu'une seule représentation incomplète, plusieurs fragments ayant été supprimés. Mme Bosio s'y montra dans tout l'éclat de son talent, et dit à ravir la cavatine de Niobe,

 

Di tuoi frequenti palpiti,

 

si brillante et si difficile. Chapuis, Morelli, Obin, Marié secondèrent parfaitement la virtuose éminente ; le chœur et l'orchestre firent merveille dans le finale. Le deuxième acte du Barbier a reparu de nouveau au Théâtre-Lyrique en 1857. Mme Carvalho chantait le rôle de Rosine. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Dans la leçon de chant, Mme Bosio chanta la cavatine de la Niobé : Di tuoi frequenti palpiti.

Cet opéra ne fut joué qu'une fois, par suite de l'opposition du directeur du Théâtre-Italien, dit Castil-Blaze, mais en réalité parce que les fragments entendus dans la représentation extraordinaire du 9 décembre 1853 ne produisirent pas l'effet qu'on en attendait. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

« Distribution à l’Opéra-National le 28 septembre 1851 : Almaviva, Biéval (qui quelquefois prenait aussi son nom de Lourdel sur les affiches) ; Figaro, Meillet (pour ses débuts) ; Bartholo, Dumonthier ; Basile, Prouvier ; Rosine, Mlle Zoé Duez (élève de Mme Damoreau). — La version Castil-Blaze, avec dialogue parlé emprunté à Beaumarchais, date de la période lyrique de l'Odéon (1824-1829) ; le rôle d'Almaviva en fut chanté par Duprez, alors à ses débuts. Elle a été adoptée ensuite par tous les théâtres de Paris et de la province. Nous l'avons entendu chanter à l'Opéra le 9 décembre 1853 par Mme Bosio, Rosine ; Chapuis, Almaviva ; Morelli, Figaro ; Marié, Bartholo ; Obin, Basile. En juillet 1864, elle a servi encore à fêter sur la scène de la Porte-Saint-Martin la liberté des théâtres nouvellement décrétée (Capoul, Almaviva). — La comédie de Beaumarchais était prédestinée à devenir un opéra. Elle a été mise en musique par Paisiello (Saint-Pétersbourg, 1780) ; Benda (Hambourg, 1782) ; Schulz (Reinsberg, 1783) ; Niccolo Isouard (Malte, 1796) ; Rossini (Rome, 1816 ; Paris, 1819). Tout dernièrement aussi le maestro Dall' Argine a donné un Barbiere di Siviglia en Italie. On peut compter encore le ballet de Figaro ou la Précaution inutile, arrangé par Duport et Blache et dansé à l'Opéra en 1806. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

« Principaux personnages : le comte Almaviva ; Figaro ; Bartholo ; Basile ; Rosine, pupille de Bartholo ; etc.

La scène se passe à Séville, époque indéterminée.

Le Barbier de Séville, ou la Précaution inutile, avait déjà été mis en musique par Paesiello et avait joui dans cette version d'une grande vogue lorsque Rossini eut la fantaisie de reprendre ce livret. Le nouveau Barbier eut tôt fait de plonger l'ancien dans l'oubli. Cette partition est, en effet, une de celles où le brillant génie du cygne de Pesaro se donne le plus librement carrière.

Retraçons rapidement l’intrigue, familière à tous, grâce à la comédie de Beaumarchais à laquelle elle est empruntée. Le docteur Bartholo, type ridicule de vieillard amoureux, tiré de la comédie italienne classique, veut épouser sa pupille Rosine, qu'il tient jalousement enfermée. Mais Rosine a été aperçue à Madrid par le comte Almaviva, qui a retrouvé sa trace et la poursuit à Séville, déguisé en pauvre bachelier, et sous le nom de Lindor. Le premier acte débute par une sérénade du comte sous les fenêtres de la belle. La persienne reste close et le comte se découragerait peut-être sans l'assistance du barbier Figaro, homme d'infinie ressource, qui lui offre ses services. Tandis que les deux conspirateurs devisent, Bartholo et Rosine paraissent au balcon. L'ingénue laisse tomber un rouleau de musique et envoie son tuteur le chercher, faisant signe en même temps à Almaviva de le ramasser et de disparaître. Le cahier contient un billet par lequel Rosine invite son adorateur à se faire connaître. Oui, mais comment ? C'est ici que Figaro se montre utile. Il a ses entrées dans la maison et y travaillera pour les amoureux. Quant au comte, qu'il se présente déguisé en militaire un peu gris et muni d'un billet de logement. On verra après. Mais il faut se hâter, car Bartholo a pris ses mesures pour épouser Rosine dès le lendemain.

Au deuxième acte, nous sommes dans la chambre de Rosine. La belle enfant vient d'écrire un billet à son Lindor. Elle le remet à Figaro, qui lui annonce la prochaine visite de celui qu'elle aime sans le connaître.

Bartholo fait ensuite à sa pupille une scène de jalousie, interrompue par l'arrivée de Basile, le maître à chanter de Rosine. Celui-ci est un louche et visqueux personnage, exécuteur des basses besognes du docteur. Il vient apprendre à son patron que le comte Almaviva est à Séville et que c'est à Rosine qu'il en veut. Cette information plonge l'amoureux docteur dans une grande inquiétude.

Mais voici venir le comte, en militaire. Il exhibe son billet de logement et parvient à glisser à Rosine un mot à l'oreille. Mais le docteur est au bénéfice d'une exemption et la ruse du comte va échouer. Il parvient toutefois à faire passer un billet à son amie. Les choses se gâtent, on hausse le ton, et la garde vient s'enquérir de la cause du vacarme. Le comte se fait reconnaître de l'officier, qui se retire avec des révérences. Bruyante finale à l'italienne.

Même décor au troisième acte. Le comte revient déguisé en bachelier et se dit envoyé par Basile. Comme preuve de son mandat, il remet à Bartholo la lettre de Rosine à Lindor. Le docteur veut lui faire donner une leçon de chant à sa pupille. Celle-ci commence par refuser, puis accepte quand elle a vu le professeur. Elle chante le grand air de la Précaution inutile.

Figaro vient raser le docteur : c'est le jour. Il réussit à dérober la clef de la persienne qui ouvre sur le balcon. Mais Basile, qui survient alors qu'on l'a prétendu malade, risque de tout compromettre. On s'arrange à expédier le pauvre homme en lui faisant croire qu'il a la fièvre, mais Bartholo n'en surprend pas moins Almaviva comme il est en train d'annoncer à Rosine qu'il viendra l'enlever à minuit.

Quatrième acte : même décor, minuit. Un orage sévit au dehors. Bartholo envoie Basile quérir le notaire sur l'heure. Puis il calomnie Almaviva auprès de Rosine, prétendant que ce suborneur se vante de sa conquête auprès d'autres femmes, par l'intermédiaire desquelles lui, Bartholo, a pu se procurer la lettre de Rosine à Lindor. Outrée, la pauvrette consent à épouser son tuteur à l'instant même.

Arrivent par la fenêtre Figaro et Almaviva trempés. Ils détrompent sans peine Rosine, qui apprend qu'Almaviva et Lindor ne font qu'un. Et comme Basile arrive avec le notaire, les deux amoureux sont mariés en un tour de main, Basile servant même de témoin, moyennant honnête salaire. Quand Bartholo survient tout est fini, et le pauvre homme reste avec sa courte honte, car, conclut Figaro, « quand la jeunesse et l'amour sont d'accord pour tromper un vieillard, tout ce qu'il fait pour l'empêcher peut bien s'appeler la Précaution inutile ! »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, opéra-comique en quatre actes, d'après Beaumarchais et le drame italien de Sterbini, version française de Castil-Blaze, ajustée sur la partition de Rossini... Ouf !... voici ce que nous apprend le faux-titre du libretto.

De nombreux prédécesseurs, dont le plus célèbre est Paesiello, avaient déjà mis en musique la prose de Beaumarchais — avec une certaine fortune. Mais rien ne devait égaler la vogue de l'opéra-comique de Rossini : « Il Barbiere di Siviglia », représenté pour la première fois à Rome, le 20 janvier 1816 ; et ce chef-d'œuvre de virtuosité fut écrit en une dizaine de jours ! Il succédait à une première version, impitoyablement sifflée. La création en France eut lieu le 20 octobre 1819 à la salle Louvois. En 1821, le Barbier est représenté à Lyon, le 19 septembre. Et c'est trois ans plus tard que Paris accueillit solennellement, comme des enfants prodigues, les héros de la comédie, sur un terrain d'ailleurs intermédiaire : les planches de l'Odéon ! le 6 mai 1824... Le « Théâtre Italien » en avait donné, l'année précédente, une représentation à laquelle assistait le maître compositeur... Rossini se vit acclamé, et même entraîné sur la scène pendant un entr'acte — raconte Alphonse Royer dans son « Histoire de l'opéra » (V, 2.) — « Le clarinettiste Gambaro fit exécuter un concert de nuit sous ses fenêtres de la rue Rameau. Un banquet fut offert au cygne de Pesaro par ses admirateurs. A table, on le plaça entre Mlle Mars et Mlle Pasta ; et Lesueur, doyen des compositeurs français, porta un toast « au génie qui venait d'ouvrir une nouvelle route musicale ». Le lendemain, les amis et les ennemis de sa gloire échangent des articles de journaux et des brochures. La Cour et la ville prirent part à la lutte qui fut violente et acharnée. Les vaudevillistes s'en mêlèrent et injurièrent en flonflons l'auteur du « Barbiere » au nom de l'art national... Rossini, par compensation, reçut dans l'intervalle sa nomination de membre étranger de l'Institut de France, où le premier ministre de la maison du Roi lui offrait l'hospitalité. Chose bizarre, les feuilles libérales attaquaient la rénovation lyrique, défendue par les royalistes : le Constitutionnel s'était fait réactionnaire, et, en tête du parti de la réforme, marchait la Gazette de France... Protectrice de Rossini, la Monarchie ne gardait pas rancune à Beaumarchais, considéré pourtant comme un des précurseurs de la révolution. C'était l'amnistie. Le Barbier de Séville est définitivement entré au répertoire de l'Opéra-Comique, le 8 novembre 1884.

Paul de Saint-Victor, dans les remarquables études qu'il a consacrées à notre théâtre classique au troisième volume de ses « Deux Masques », a fait appel à toute la magie de son verbe lorsqu'il s'est agi d'exprimer ce que notre Caron de Beaumarchais doit au maestro Gioacchino Rossini pour la partition magistrale dont il a enveloppé le texte immortel de la pièce — tant et si bien qu'il est désormais presque impossible de le lire dans l'original sans éveiller dans la mémoire l'harmonieux commentaire brodé par la mélodie sur les paroles ailées... Et l'œuvre, purement gauloise, met en scène, sous des noms d'Espagne, des personnages tellement empruntés au répertoire de la Comédie italienne, qu'il n'est pas extraordinaire que la muse du compositeur les ait si facilement adoptés... Tout ce que disent Figaro et Almaviva, Basile et Bartholo ; tout ce que, déjà, gazouillait Rosine, vaut la peine d'être chanté.

 

***

 

Bartholo, docteur-ganache — héritier direct des Harpagons, Argantes, Gérontes, et autres Cassandres — séquestre dans Séville sa jolie pupille Rosine. Il ne tient point à régler ses petits comptes de tutelle, et, afin de s'en éviter la cruelle nécessité, le vieux renard s'avise d'épouser la senorita... Mais celle-ci n'entre pas volontiers dans les raisons qui militent en faveur de cette élégante solution. Elle se rebiffe... D'où, incarcération sous verrous combinés et jalousies cadenassées. D'autant plus que le comte Almaviva, fameux coureur de cotillons, poursuit depuis Madrid la conquête de ce jupon-là... Sérénades, déguisements, etc... Rosine, en prenant l'air à son balcon, laisse choir un billet doux — le galant s'en est emparé : c'est le signal de l'amoureuse escarmouche.

Almaviva s'attache la précieuse collaboration du barbier Figaro, Scapin bon à tout faire et prêt à davantage encore. Bartholo, pour garder sa porte, a mis sur pied sa valetaille. Figaro, qui jouit de ses grandes et petites entrées en qualité de perruquier-droguiste, a vite fait de s'introduire dans la place — il éclope tout le personnel. Sur ses conseils, le comte ne tarde pas à se produire sous les traits d'un soldat raisonnablement pris de vin, et, porteur d'un billet de logement bien établi. Mais Bartholo possède une dispense tout à fait en règle — et l'amoureux est obligé de replier ses batteries — non sans mener grand tapage à la faveur duquel il glisse à Rosine un « poulet ».

Pour gagner la revanche, on va mettre à profit l'existence de Dom Basile — une manière de Tartuffe caricatural, cafard et cupide : le maître à chanter de Rosine. Le comte, travesti en bachelier, vient se présenter comme remplaçant de ce professeur, soi-disant malade... Almaviva joue de malheur : Basile opère justement une majestueuse entrée ! Mais une bourse rebondie, adroitement glissée, le persuadera d'aller soigner au lit sa prétendue scarlatine — et, tandis que Figaro se met en devoir de raser Bartholo, qui se méfie tout de même un peu, le feint bachelier fait prendre à Rosine une leçon sentimentale... Hélas, les amoureux sont imprudents, et le vieillard a tôt fait de les surprendre et d'interrompre leur touchant duo de tendresses... La seconde manche est perdue.

Et la « belle » est fort compromise !... Bartholo va utiliser les ténébreux conseils de Basile sur l'efficacité de la calomnie ; il possédait en réserve une missive adressée par Rosine au comte — qu'elle ne connaît encore que sous le nom de Lindor. Il présente brusquement cette épître à sa pupille, en lui disant qu'il la tient d'une femme à qui son amoureux l'a sacrifiée... Dans son indignation, la naïve jeune fille accorde immédiatement sa main au barbon, qui charge Basile d'aller tout de suite quérir le notaire. Puis, lui-même court chercher la garde en constatant que Figaro lui a volé la clé qui ferme la fenêtre... Pendant ce temps, le comte et le barbier escaladent le balcon. Lindor n'a pas de peine à se justifier auprès de son idole — et comme Basile arrive au bon moment, flanqué du notaire, une seconde bourse non moins pansue que la première achève d'acheter son silence complice... et le tabellion conclut le mariage. Bartholo revient à point pour tenir la chandelle au comte... le seul compte qu'il éclairera — car, fiche de consolation, le petit capital de Rosine est définitivement abandonné à ses rapines ; ça n'a plus aucun intérêt.

... Mais la pièce, depuis plus d'un siècle, a tellement captivé celui du public, qu'il n'était pas très nécessaire d'en donner ici l'analyse — et c'est ce qu'on peut appeler « l'inutile précaution ».

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

BARBIER DE TROUVILLE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Henri [pseudonyme d'Adolphe Jaime], musique de Charles Lecocq, représentée au théâtre des Bouffes-Parisiens le 19 novembre 1871.

 

« Il s'agit dans cette farce d'une demoiselle Caroline, qui a la passion du théâtre et se prépare à débuter dans le Barbier de Trouville, d'un amant jaloux, d'un bourgeois nommé Potard, à la recherche d'une cuisinière qui sache préparer un lapin aux confitures. La musique que nos artistes se donnent la peine d'écrire pour ces scènes burlesques leur est bien supérieure et forme avec elles un contraste bien singulier. M. Lecocq a écrit pour cette opérette une jolie valse et un boléro assez agréable. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

BARBIER DE VILLAGE (LE) ou LE REVENANT

 

Opéra-comique en un acte, en vers libres, paroles de Grétry neveu, musique de Grétry, représenté au théâtre Feydeau le 06 mai 1797.

 

 

BARBIER DU ROI (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de J. Caccia, musique de Léopold Guigou, représenté à Marseille en mars 1875.

 

 

BARBIÈRE IMPROVISÉE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Paul Burani et Jules Montini, musique de Joseph O’Kelly, représentée aux Bouffes-Parisiens le 01 mai 1884.

 

 

BARBIÈRES DE VILLAGE (LES)

 

Opérette en un acte, livret de Charles Blondelet et Félix Baumaine, musique de Firmin Bernicat. Création à l'Alcazar le 28 novembre 1877.

 

 

BARCAROLLE (LA) ou L'AMOUR ET LA MUSIQUE

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Scribe, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 22 avril 1845 avec Mmes Révilly (Clélia, soprano), Delille (Gina, soprano) ; MM. Chaix (le marquis de Felino, basse), Hermann-Léon (Cafarini, basse), Gustave Roger (Fabio, ténor), Gassier (le comte de Fiesque, basse).

 

« Si l'on y regardait à deux fois, on verrait peut-être que la Barcarolle avait déjà été mise au théâtre à diverses reprises, sous différents titres. Scribe lui-même, en collaboration avec Varner, a donné notamment un vaudeville intitulé la Chanson ou l'Intérieur d'un bureau, dont le sujet est identiquement celui de la Barcarolle. Ici, le librettiste a peut-être abusé un peu trop de son habileté dans l'art de disposer les détails, de susciter des incidents, de faire naître les situations et les mots autour d'une donnée insuffisante en elle-même pour amener régulièrement et justifier le développement complet d'une action dramatique. Personne n'excelle plus que le subtil auteur du Domino noir à construire un édifice sur les bases les plus fragiles, à dresser une pyramide sur la pointe d'une aiguille. Mais ce sont là des tours de force qui ne réussissent pas toujours, et ces monuments à fondations douteuses s'écroulent bien vite. Le livret est des plus simples, et même des plus médiocres. Dès le premier mot, vous devinez le dernier ; l'action glisse sur des roulettes dans une rainure savonnée, sans secousse, sans cahot. Vous n'éprouvez pas ces affreuses inquiétudes que vous inspirent les dramaturges de l'école Bouchardy, dont le char compliqué est à chaque pas près de s'embourber et de verser. Les coursiers de Scribe ne prennent jamais le mors aux dents ; ils vous mènent d'un petit trot bien doux, et conduisent agréablement à destination le sujet qu'on leur confie, pourvu, cependant, qu'il n'y ait pas plus de trois postes ; car, au delà, ils commencent à s'essouffler. Pourtant, il est notoire que, sans nouveauté de conception, sans profondeur de pensée et sans style, sans force comique, sans traits et sans mots, ce postillon dramatique qui ne vise pas au chef-d'œuvre, ce Scribe, qui n'aime ni les coups d'éperon ni les coups de fouet, parvient à faire des ouvrages que l'on peut compter parmi les mets les plus agréables dont se compose le menu du festin des théâtres. Amuser le public, telle est sa devise. Or, il y a dans cette Barcarolle, qui ne supporterait pas une critique sérieuse, tout ce qui suffit, mais rien que ce qui suffit, pour tenir éveillé le spectateur et fournir matière au compositeur. En Italie, on n'en demanderait pas davantage — moins encore peut-être ; mais, en France, on veut un peu d'illusion.

L'action de la Barcarolle se passe à Parme. Un ministre ridicule, le marquis de Félino, a la manie de vouloir jouer, dans la petite cour du grand-duc, le rôle d'un Richelieu : le ministre français a aimé Anne d'Autriche : Félino, dans le seul but de l'imiter, fera la cour à la femme de son souverain. Il s'adresse à un professeur de contrepoint, pauvre diable de maître de chapelle, pour avoir une mélodie mise sur des paroles d'amour ; une barcarolle, selon lui, remuera profondément le cœur de la duchesse. Le brave professeur, nommé Caffarini, assez embarrassé de la mission, monte chez Fabio, à la fois son élève et le locataire d'une des mansardes de sa maison ; et, sans plus de gêne, il fouille ses papiers et y trouve un madrigal qui conviendra on ne peut mieux au premier ministre. Quelques variantes suffiront à le mettre en situation. Le billet doux est bientôt glissé, sous forme de barcarolle, dans la corbeille à ouvrage de la duchesse par Félino ; mais le grand-duc trouve la déclaration. Grand scandale ! Qui a formé ce complot poétique et musical contre son honneur ? Il découvrira le coupable, coûte que coûte, et prompte justice en sera faite. « Cet homme, assurément, n'aimait pas la musique ; » mais les citadins de Parme l'adorent, eux : la musique et la barcarolle sont fredonnées de toutes parts, car le comte de Fiesque a eu grand soin de les répandre. Le comte de Fiesque, jeune seigneur de la cour, amoureux de Clélia, la fille même du premier ministre, ne comprend pas d'abord l'émoi du grand-duc au sujet d'une barcarolle dont il est l'auteur, lui, pour les paroles et la musique, à quelques variantes près pourtant, et qu'il a composée pour Clélia, la fille du ministre ; il n'hésite donc pas à en réclamer la paternité. Détournée de la tête du marquis de Félino, la colère du grand-duc menace celle du comte ; mais Fabio, le jeune musicien chez qui a été trouvée l'œuvre criminelle de lèse-majesté, viendra au secours de Fiesque ; par lui sera éclairci le mystère qui enveloppe les destinées de cette barcarolle, à laquelle il avait été chargé seulement d'ajouter un accompagnement. Fabio s'introduit, à cet effet, dans le jardin du palais ducal ; il se met aux écoutes derrière les charmilles, et surprend une double conversation entre Félino et son complice, il signor Caffarini, et entre celui-ci et sa nièce Gina, jeune couturière fort gentille et fort espiègle. Possesseur du galant secret, il attache à son silence deux conditions : la délivrance du comte de Fiesque, déjà emprisonné, et le mariage du même comte de Fiesque avec Clélia ; Félino souscrit à tout. Mais le duc pourrait fort bien ne pas sanctionner tous ces petits arrangements ; il lui faut un coupable ; Fabio se dévouera. En sa qualité de musicien, sa raison est sujette à caution : c'est dans un moment de folie, dit-il, qu'il a commis cette insulte envers la femme de son souverain ; mais la barcarolle, vers et musique, est de lui, et il la destinait à Gina. Bref, le comte de Fiesque épouse Clélia, et Fabio épouse Gina ; du même coup, voilà deux bons mariages arrêtés. — La musique dont M. Auber a brodé ce frêle canevas, bien qu'élégante, facile et distinguée, comme tout ce qui vient de l'illustre maître, n'a peut-être pas assez de nouveauté ; plusieurs motifs éveillent des réminiscences ; M. Auber ne se souvient pas toujours — et il est le seul — des airs charmants qui lui échappent, et parfois il se pille lui-même. Le thème de la Barcarolle n'a pas toute l'originalité désirable ; c'est la phrase principale de l'ouvrage ; elle est prise, reprise, répétée à chaque instant. « Il aurait fallu là, dit M. Théophile Gautier, une de ces mélodies nettes, franches, incisives, se gravant invinciblement dans la mémoire, comme M. Auber en rencontre à chaque pas, surtout lorsqu'il ne les cherche point. Il est singulier que le compositeur qui a fait tant de charmantes barcarolles, dans des pièces où elles n'étaient qu'accessoires, ait manqué celle-ci, qui donne le titre à l'ouvrage, et qui en était, en quelque sorte, la pensée musicale. » La critique ici n'est pas fondée ; car ce thème principal,

 

O toi dont l'œil rayonne,

 

est une mélodie facile qui a eu un sucres populaire. Le premier mouvement de l'ouverture, où est placé un effet mystérieux de sourdines, deux airs de femme et un duo bouffe, ont été fort applaudis.

On a remarqué l'air de soprano

 

Personne en ces lieux ne m'a vue,

 

au premier acte, puis le duo pour deux voix de basse :

 

Viens, que par toi nos muses...

 

qui est d'une bonne déclamation musicale, et enfin le chant de la barcarolle en quatuor, à la fin de l'ouvrage. — Acteurs qui ont créé la Barcarolle : MM. Roger, Gassier, Hermann-Léon ; Mlles Révilly et Delille. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BARDE (LE)

 

Opéra en quatre actes, paroles et musique de Léon Gastinel, représenté au Grand-Théâtre de Nice le 25 février 1896.

 

 

BARDES (LES) ou OSSIAN, Voir Ossian.

 

 

BARIGEL (LE)

 

Opéra-comique, musique d'Aug. de Pellaert, représenté à Bruxelles.

 

 

BARKOUF

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Eugène Scribe et Henry Boisseaux, musique de Jacques Offenbach. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 24 décembre 1860 avec Mmes Marie Marimon (Maïma), Bélia (Balkis), Casimir (Périzade) ; MM. Sainte-Foy (Bababeck), Nathan (le Grand Mogol), Warot (Saëb), Constant Lemaire (Kaliboul), Jean François Philibert Berthelier (Xailoum).

 

« Le sujet de Barkouf est tiré d'un conte politique et philosophique de l'abbé Blanchet, qui a publié plusieurs nouvelles ingénieuses. On peut affirmer, sans crainte d'être démenti, que peu d'auteurs eussent osé transporter ce sujet sur les planches et confier le principal rôle à... un bouledogue. Il a fallu l'habileté de Scribe pour venir à bout d'une entreprise aussi étrange. Une des principales difficultés de l'ouvrage a été plus ou moins spirituellement tournée. L'action se passe, en grande partie, dans la coulisse, et le public ne connaît le héros que par ses aboiements. Mais, nous dira-t-on, plusieurs chiens fameux ont joué leur personnage dans une foule de pièces, témoin le Juif-Errant, la Bergère des Alpes, le Chien de Montargis : cela est vrai ; ils sont nombreux, les drames, les vaudevilles, les féeries, où les collègues de Barkouf firent leurs preuves et obtinrent les bravos du public ; mais citez-nous un terre-neuve qui se soit jamais risqué dans un rôle musical ; nommez-nous un bouledogue qui ait osé faire ronfler sa basse à la clarté du gaz, un king-charles qui se soit avisé de remplacer le ténor en vogue devant la rampe ? On craignait donc l'émotion inséparable d'un premier début. Aussi, de peur que Barkouf ne perdît la tête, la voix, le ton et la mesure, au premier coup d'archet, on l'a laissé prudemment à l'écart.

Il s'agit d'un chien que le Grand Mogol envoie aux habitants de Lahore, les plus turbulents, les plus séditieux de ses sujets. « Vous n'avez point voulu de votre dernier caïmacan, dit le Grand Mogol au peuple de Lahore. Voici un nouveau gouverneur ; il a des crocs, il a des griffes, il aboie à merveille et saura bien vous mettre à la raison si le goût lui en prend. » Tous les sujets du grand Mogol tremblent d'épouvante à chaque aboiement de Barkouf. Mais une jeune fille nommé Maïma apprivoise le dogue, et gouverne à sa place avec justice et bonté. La félicité la plus complète règne dans le royaume de Lahore ; malheureusement Barkouf est tué, et sa mort est pleurée par son peuple reconnaissant.

La musique n'a pas répondu à l'attente des habitués de l'Opéra-Comique. M. Offenbach s'est trouvé plus à l'aise à son petit théâtre des Bouffes-Parisiens qu'à l'Opéra-Comique. Notons toutefois quelques jolis airs, entre autres les couplets :

 

Ici. Barkouf !

 

au deuxième acte, et ceux du troisième :

 

Mais buvez donc...

 

Deux ou trois chœurs ont une facture légère, ingénieuse et pimpante ; mais l'originalité, qui constitue, en définitive, le principal mérite du maestro, ne montre guère plus l'oreille en cette histoire de chien couronné que le chien lui-même. Tandis que la critique, qui a toujours gâté M. Offenbach, se montrait bonne personne envers la partition de Barkouf, il s'élevait, du sein de la Revue des Deux Mondes, un coup de sifflet aigu, jeté par le sévère Scudo. Le même écrivain s'exprimait de la manière suivante dans le deuxième volume de son Année musicale : « Est-il possible d'imaginer une œuvre plus misérable, plus honteuse pour tous ceux qui y ont coopéré et plus indigne d'être représentée devant un public qui a le droit d'être respecté, que Barkouf, chiennerie en trois actes, de l'invention de M. Scribe ? Je dis avec intention une chiennerie, car c'est un chien, nommé Barkouf, qui est le héros de la pièce, et la musique de M. Offenbach est digne du sujet qui l'a inspirée. Comment l'administration d'un théâtre subventionné n'a-t-elle pas jugé ce que valait l'ouvrage qu'on avait mis à l'étude et que tous les artistes déclaraient impossible ?... Je ne serais pas étonné, cependant, qu'il se trouvât un éditeur assez hardi pour faire graver la partition de Barkouf. » Faut-il en vouloir au compositeur qui verse ainsi la folie à Euterpe et l'entraîne aux mauvais lieux, sur les traces d'Erato, ou bien à ce public blasé, ignorant et grossier, qui ne trouve jamais que l'orgie soit assez décolletée, la farce assez grimaçante, l'épilepsie des auteurs, des comédiens et des chanteuses assez complète, assez hideuse, assez stupide ? »

Le critique de la Presse, laissant dormir pour un jour son atticisme ordinaire, s'est permis, de son côté, la phrase suivante : « Ce n’est pas le chant du cygne, c'est le chant de l'oie ! »

Acteurs qui ont créé Barkouf : MM. Sainte-Foy ; Berthelier ; Nathan ; Mmes Marimon ; Bélia ; Casimir, etc. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BARMÉCIDE (LE)

 

Opéra en trois actes, musique de Pellaert, représenté à Bruxelles en 1824.

 

 

BARON DE GROSCHAMINET (LE)

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Charles Nuitter et de l'architecte Charles Garnier, musique de Jules Duprato, représenté aux Fantaisies-Parisiennes le 24 septembre 1866. C'est une bouffonnerie assez amusante, dans laquelle on a distingué la légende du baron et des chœurs bien traités. Chanté par Gourdon, Bonnet, Barnolt et Mlle Bonelli.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BARON LUFT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Conradin Kreutzer, représenté à Vienne en 1830.

 

 

BARON TZIGANE (LE)

 

[Der Zigeunerbaron]

Opérette viennoise en trois actes, livret d’Ignaz Schnitzer, d’après un livret de Mór Jókai tiré de son histoire Saffi ; version française d’Armand Lafrique ; musique de Johann Strauss II.

 

Personnages : Graf Peter Homonay (baryton) ; Comte Carnero (baryton) ; Sandor Barinkay (ténor) ; Kalman Zsupan, éleveur de cochons (baryton) ; Arsena, sa fille (soprano) ; Mirabella, sa gouvernante (contralto) ; Ottokar (ténor) ; Czipra, bohémienne (mezzo-soprano) ; Saffi, sa fille adoptive (soprano) ; Pali, bohémien (basse).

 

L’action se déroule en Hongrie, au XVIIIe siècle.

 

Première représentation à Vienne, Theater an der Wien, le 24 octobre 1885.

 

Première en français au Havre en janvier 1895.

 

Première en français, à Paris, Folies-Dramatiques, le 20 décembre 1895, mise en scène d’Eugène Lasalle, avec Mmes Jane Pernyn (Saffi), Paulin (Arsena), Jane Evans (Mirabella), Josée Marya (Czipra), MM. P. Monteux (Sandor), Cavé (Carnero), Moizard (Ottokar), Hittemans (Zsupan), Joubert (Homonay).

  

« Dans cet ouvrage, dont la forme est particulièrement soignée, mais parfois aux dépens de l'inspiration, l'auteur a largement mis à contribution les czardas et les chants populaires de la Hongrie, et cela d'autant plus volontiers que l'action se passe précisément en ce pays. Les danses nationales de l'Autriche lui ont fourni aussi un contingent dont il a su se servir avec habileté. Toutefois, les amateurs hongrois lui ont reproché d'altérer un peu trop facilement les motifs populaires qu'il empruntait à leur pays, en transposant en majeur ce que les tziganes ont l'habitude de jouer en mineur, et vice versa. Entra autres morceaux importants, on a applaudi vigoureusement le grand finale du premier acte, traité largement et qui ne déparerait pas un véritable opéra. Le principal rôle du Baron des Tziganes a valu un très grand succès à l'excellent comique Girardi. Cet ouvrage a été représenté à Paris, sur le théâtre des Folies-Dramatiques, avec paroles françaises de M. Armand Lafrique, en décembre 1895. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« Principaux personnages : Sandor Barinkay, chef tzigane ; Kalman Zsupan, riche marchand de porcs ; le comte Carnero, président de la commission des mœurs ; Ottokar, son fils ; le comte Homonay, magnat hongrois ; Czipra, sorcière ; Saffi, sa fille adoptive ; Arséna, fille de Zsupan ; Mirabella, femme de Carnero ; etc.

Les deux premiers actes se passent dans le district de Temesvar, en Hongrie, en 1738 ; le dernier à Vienne en 1740.

Sandor Barinkay est le fils d'un chef tzigane banni il y a une vingtaine d'années pour crime politique. Parti tout enfant, il n'a jamais revu les domaines où il va rentrer tout à l'heure, gracié sur la demande du comte Homonay. En son absence, personne ne s'attendant à le revoir jamais, son voisin Zsupan, gros marchand de porcs, s'est approprié ses meilleures terres et s'est dépensé en vaines recherches pour retrouver un trésor qui doit être enfoui quelque part dans la propriété. Il emploie à ce travail un nommé Ottokar, d'origines obscures. Zsupan a une fille qui s'est éprise d'Ottokar et les deux amoureux se sont juré une fidélité éternelle. A la porte de Zsupan habite la vieille sorcière Czipra, qui vit avec la jeune et belle Saffi, laquelle passe pour sa fille.

Au lever du rideau, Ottokar revient de ses infructueuses fouilles. La vieille Czipra l'épie et se moque de lui en cachette. Elle en sait sur le trésor et sur bien des choses plus long qu'elle ne veut dire.

Arrive Barinkay, conduit par Carnero, président de la commission des mœurs et commissaire royal chargé de le mettre en possession de ses biens. Le nouveau propriétaire apprend que Zsupan a une fille et à tout hasard il parle d'une union possible entre sa voisine et lui. La sorcière lui prédit qu'il trouvera du même coup une femme et sa fortune. A Carnero, elle annonce qu'il retrouvera du même coup sa femme et son fils. Cette seconde prédiction se réalise aussitôt : la femme de Carnero n'est autre que Mirabella, gouvernante d’Arséna Zsupan, que son mari croyait perdue depuis la guerre avec les Turcs ; et son fils est Ottokar, l'amoureux de la dite Arséna.

Zsupan présente Arséna à Barinkay ; mais celle-ci allègue, pour refuser sa main, qu'elle est par sa mère de sang noble et ne peut épouser moins qu'un baron. Barinkay est blessé dans son amour-propre, mais sa blessure sera vite pansée : Saffi se présente et il en tombe aussitôt amoureux. La jeune fille le lui rend avec usure et une union est sur le champ décidée. Les deux fiancés surprennent par hasard un rendez-vous d'amour entre Ottokar et Arséna : la possession de ce secret ne leur sera pas inutile.

Arrivent les tziganes, qui rendent hommage à leur chef. Barinkay leur présente celle qu'il a choisie pour femme. En vain Carnero, au nom de la commission des mœurs, veut s'opposer à cette union qui lui paraît scandaleuse. On l'envoie promener, mais il jure de se venger. Hongrois et tziganes sont sur le point d'en venir aux mains lorsque l'acte s'achève.

Le second acte se passe en un coin du domaine en ruine de Barinkay. Saffi et Barinkay échangent au petit jour en présence de la vieille Czipra de doux serments d'amour. Le chef tzigane a trouvé sa femme ; il lui reste, pour que s'accomplisse l'oracle, à trouver le trésor enfoui sur ses terres par Méhemet-Kali-Pacha. C'est ce qu'il fait en quelques coups de pioche.

Le camp tzigane s'éveille et se met au travail. On vient annoncer que la voiture de Zsupan s'est embourbée à quelques pas de là. Zsupan lui-même vient demander de l'aide. Les tziganes se moquent de lui et le dépouillent adroitement de sa gourde et de deux sacs d'argent. Il serait même maltraité par-dessus le marché sans l'arrivée de renforts. Carnero survient avec la force armée : il s'agit de venger la morale outragée par l'union libre de Barinkay et de Saffi. Les choses tourneraient mal pour les amoureux sans l'arrivée du magnat Homoday, qui vient recruter des soldats pour la guerre contre l'Espagne. Celui-ci témoigne à Barinkay la plus grande bienveillance. Il l'enrôle avec ses bohémiens. Par une méprise, Zsupan et Ottokar sont enrôlés aussi.

A un moment donné, la vieille Czipra révèle que Saffi est fille du dernier pacha de Hongrie, Méhémet-Kali-Pacha. Barinkay se désole : cette haute naissance crée un gouffre entre sa femme et lui. Dans l'espoir de combler la distance, il va partir pour la guerre et y conquérir des lauriers. Saffi est au désespoir de ce départ, mais impuissante à l'empêcher. A la fin de l'acte tout le monde part pour Vienne, où l'histoire aura son dénouement deux ans plus tard.

Les deux ans sont écoulés. Carnero a réussi par ses intrigues à faire confisquer à Barinkay ses terres et le trésor retrouvé par lui. Saffi a disparu et Barinkay n'en a rien su tandis qu'il se couvrait de gloire en bataillant contre les Espagnols. Du moins s'est-il acquis des droits à la reconnaissance de Zsupan en lui sauvant la vie lors d'une vilaine affaire contre les Guérillas.

Nous sommes à Vienne le jour du retour des soldats victorieux. Homonay annonce à Carnero sa mise à la retraite et la dissolution de la commission des mœurs. Arrive Barinkay, qui est atterré par la nouvelle de la disparition de sa femme. Il n'a plus de goût à la vie, mais n'oublie pas le bonheur d'autrui : il obtient de Zsupan la main d'Arséna pour Ottokar.

Entrée triomphale des troupes victorieuses. Devant tous, Homonay annonce à Barinkay que le roi lui rend ses terres, son trésor et lui confère le titre de baron.

Enfin, Saffi reparaît : pour se soustraire à des assiduités qui lui étaient odieuses, elle a fait la campagne déguisée en hussard et revient juste à temps pour mettre sa main fidèle dans celle de son époux. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

BARON FRICK (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Ernest Depré et Charles Clairville, musique d’Ernest Guiraud, Alphonse Duvernoy, Francis Thomé, André Wormser, Clément Broutin, Victorien Joncières, William Chaumet, Georges Pfeiffer, Charles de Bériot et Ferrand, représentée au Cercle artistique et littéraire de la rue Volney à Paris le 22 décembre 1885. Il va sans dire que tous les compositeurs de ce petit ouvrage étaient membres du cercle.

 

 

BARONNE DE HAUT-CASTEL (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Laurencin, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1877.

 

 

BARONNE DE SAN-FRANCISCO (LA)

 

Opérette en deux actes, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique d’Henri Caspers, représentée aux Bouffes-Parisiens le 27 novembre 1861. Cet ouvrage a été très favorablement accueilli.

 

 

BARRICADES DE 1848 (LES)

 

Opéra patriotique en un acte et deux tableaux, livret de MM. Brisebarre et Saint-Yves, musique de MM. Pilati et Gautier, représenté au théâtre de l'Opéra-National (salle du Cirque Olympique), le 05 mars 1848.

 

« Sur toutes les scènes parisiennes, grandes et petites, la République fut chantée, acclamée, fêtée. Ce ne fut partout que cantates, que couplets, et des pièces de circonstance ne tardèrent pas à être données sur toute la ligne des théâtres. La première qui parut, et dont il serait presque impossible aujourd'hui de retrouver la trace si M. Théodore Muret n'avait eu soin de la noter dans son Histoire par le théâtre, c'est celle qui a pour titre les Barricades de 1848. Cette pièce, nous ignorons pourquoi, ne figure pas dans les biographies des auteurs et compositeurs. Voici ce qu'en dit M. Théodore Muret, à qui nous laissons toute responsabilité : « Un demeurant de la première Révolution y personnifiait mil sept cent quatre-vingt-neuf ; son fils représentait un homme de mil huit cent trente, et son petit-fils, un gamin de la nouvelle génération, car cette graine-là ne périt pas, représentait le 24 février. Comme en 1830, l'élève de l'Ecole polytechnique avait là son rôle ; gardes nationaux et ouvriers étaient à l'œuvre de concert ; les femmes faisaient de la charpie pour les blessés ; un sergent de la ligne refusait de tirer sur le peuple, et dans un second tableau, le trône était brûlé, comme il le fut en effet, sur la place de la Bastille. Mais au moins si, dans ces quelques scènes, la victoire populaire fut chantée, ce fut sans invectives brutales, comme on a le regret d'en trouver dans le répertoire de Juillet. » Dans cette pièce de circonstance, Joseph Kelm jouait avec beaucoup de naturel le rôle du vieux vainqueur de la Bastille. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Ce titre seul d'un opéra improvisé, appris et joué en quelques jours, dit assez que de grands événements s'étaient accomplis dans l'ordre politique et social. Le Théâtre-Lyrique (plus Opéra-national que jamais) voulait lutter d'actualité avec les autres scènes parisiennes, qui toutes célébraient la révolution de février par des pièces de circonstance. Cependant il paraîtrait que la presse ne fut point conviée à la première représentation des Barricades, car les journaux de l'époque n'en donnent le compte rendu que sous forme de simple constatation. Mais Théodore Muret, dans son excellent ouvrage, l'Histoire par le Théâtre, est, par bonheur, plus explicite : « Un demeurant de la première révolution, dit-il, personnifiait 1789 ; son fils était un homme de 1830 ; et son petit-fils, gamin de la nouvelle génération, représentait le 24 février. Comme en 1830, l'élève de l'Ecole polytechnique avait là son rôle : gardes nationaux et ouvriers étaient à l'œuvre de concert ; les femmes faisaient de la charpie pour les blessés ; un sergent de la ligne refusait de tirer sur le peuple ; et dans le second tableau le trône était brûlé, comme il le fut en effet sur la place de la Bastille. Mais au moins si dans ces quelques scènes la victoire populaire fut chantée, ce fut sans invectives brutales, comme on a le regret d'en trouver dans le répertoire de Juillet. » — Quant à la musique, elle nous est totalement inconnue. L'un de ses auteurs, M. Pilate, dit Pilati, a signé quantité d'opérettes jouées depuis quarante ans dans les petits théâtres, et aussi divers opéras du répertoire de la Renaissance-Ventadour, tels que Olivier Basselin (1838) et le Naufrage de la Méduse (1839), ce dernier en collaboration avec M. de Flotow. M. Eugène Gautier, son co-auteur pour les Barricades, avait obtenu le second prix de Rome en 1842 ; il a été assez fécond aussi. Aujourd'hui il est chargé du feuilleton musical au Journal Officiel, et du cours d'histoire de la musique au Conservatoire. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BASCULE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Le Roi, représenté à l’Ambigu-Comique en 1791.

 

 

BASILE ou À TROMPEUR, TROMPEUR ET DEMI

 

[ou Bazile ou A trompeur, trompeur et demi]

Comédie mêlée d’ariettes en un acte, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Grétry. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 17 octobre 1792.

 

 

BASOCHE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Bugnon, musique de Borghèse, représenté sur le petit théâtre des Beaujolais en 1787.

 

 

BASOCHE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Carré, musique d’André Messager. Création à l'Opéra-Comique le 30 mai 1890. => fiche technique

  

 

BASTIDE ou PRIÈRE À LA LIBERTÉ

 

« Scène lyrique en prose, par Guy Chaumont-Quitry, citoyen français, ornée d'une fête nationale mêlée de chœurs, ariettes et danses, en l'honneur de la liberté, vers et musique de Louis Raynal-Rouby, citoyen français », représentée sur le théâtre de Montpellier, le 23 janvier 1792.

 

 

BASTIEN ET BASTIENNE

 

[Bastien und Bastienne]

Singspiel allemand en un acte, livret de Friedrich Wilhelm Weiskern (1710-1768) et Johann Müller, d’après les Amours de Bastien et Bastienne de Charles Simon Favart, parodie du Devin du village de Rousseau ; version française de Georges Hartmann et Henry Gauthier-Villars (1859-1931) ; musique de Wolfgang Amadeus Mozart (K.V. 50), composée en 1768, il avait alors douze ans.

 

Personnages : Bastien, berger (ténor ou alto) ; Colas, un prétendu magicien (basse) ; Bastienne, bergère (soprano).

 

Première représentation privée à Vienne, dans les jardins de la maison du docteur Mesmer en septembre 1768. L’œuvre ne fut reprise qu’en 1890 à Berlin.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 09 juin 1900, dans la version française. Mise en scène d’Albert Carré.

Mme EYREAMS (Bastienne).

MM. CARBONNE (Bastien), BELHOMME (Colas).

Chef d'orchestre : Alexandre LUIGINI.

 

19 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 29 décembre 1900 avec Mlles Friché (Bastienne), MM. E. Forgeur (Bastien), Danse (Colas).

 

Résumé.

Bastien et Bastienne, est une sorte de contrefaçon burlesque du Devin de village de J.-J. Rousseau : Bastienne vient se plaindre à Colas que Bastien, son amoureux, l'abandonne. Colas conseille alors à Bastienne de feindre elle-même la froideur pour reconquérir son ami. Mais Bastienne ne peut supporter longtemps la peine que cette comédie cause à Bastien. Elle lui avoue sa ruse, et les deux jeunes gens se réconcilient.

 

Contenu :
Ouverture (Intrada)

N° 1 : Air de Bastienne [« Mein liebster Freund »…].

N° 2 : Air de Bastienne [« Ich geh' jetzt auf die Wiese »...].

N° 3 : Pastorale Symphonique.

N° 4 : Air de Colas : [« Befraget mich »…].

N° 5 : Air de Bastienne [« Wenn mein Bastien »…].

N° 6 : Air de Bastienne [« Würd' ich auch »…].

N° 7 : Duetto Bastienne-Colas [« Auf den Rat »...].

N° 8 : Air de Bastien [« Grossen Dank dir »…].

N° 9 : Air de Bastien [« Geh', du sagst mir »...].

N° 10 : Air de Colas [« Diggi, daggi »…].

N° 11 : Air de Bastien [« Meiner Liebsten »…].

N° 12 : Air de Bastienne [« Er war mir sonst treu »…].

N° 13 : Air de Bastien (repris ensuite par Bastienne) [« Geh' hin, dein Trotz »…].

N° 14 : Récitatif de Bastien et Bastienne [« Dein Trotz vermehrt sich »…].

N° 15 : Duetto Bastien-Bastienne [« Geh' Herz von Flandern »...].

N° 16 : Terzetto Colas-Bastien-Bastienne [« Kinder ! seht, nach Strurm und Regen »...].

 

 

BA-TA-CLAN

 

Chinoiserie musicale en un acte, livret de Ludovic Halévy, musique Jacques Offenbach, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des Bouffes-Parisiens, le 29 décembre 1855, mise en scène d'Alexandre May, avec Mlle Marie Dalmont (Fé-an-nich-ton), MM. Pradeau (Fé-ni-han), Berthelier (Ké-ki-ka-ko), Prosper Guyot (Ko-ko-ri-ko).

 

« Fantaisie chinoise assaisonnée au gros sel de la parade. Non, il n'est peut-être pas de conception plus folle que celle-là et qui contienne à plus haute dose l'élément du gros rire. Pradeau et Berthelier s'étaient fait des têtes à dérider les cariatides du théâtre ; nous avons quelquefois pris le thé dans des tasses chinoises où l'on jurerait voir leurs portraits.

Quant à la partition, c’est une des meilleures et des plus franchement originales qu'ait données M. Offenbach. Elle contenait entre autres morceaux remarquables : une introduction, un duo plein de verve, et un quatuor bouffe, pastiche et à la fois parodie du genre sérieux italien.

Ba-ta-Clan : inaugura la salle Choiseul (ancien Théâtre-Comte). »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

« Nous ne saurions donner l'analyse de cette chinoiserie par trop chinoise, où les cymbales ont tant d'esprit que les acteurs n'en ont plus ; on ne sait s'il faut rire ou avoir pitié de ceux qui ont perpétré cette pièce bizarre, s'il faut rire ou avoir pitié de ceux qui l'exécutent et de ceux qui vont l'entendre. Les personnages de la pièce ont les noms les plus spirituels qu'il soit possible d'imaginer : Fé-ni-han, souverain de Ché-i-no-or ; Ké-ki-ka-ko ; Ko-ko-ri-ko ; Fé-an-nich-ton ; les acteurs ont le diable au corps ; on les pourrait croire enragés ; la musique bondit, voltige, casse les vitres, fait tapage ; mais tout cela ne constitue pas une œuvre lyrique ; c'est justement qu'elle est appelée Ba-ta-clan, si le mot Ba-ta-clan veut dire cohue, tapage, assemblage de choses sans nom. On a prétendu, et le Moniteur écrit en toutes lettres, dans ses colonnes officielles, que Ba-ta-clan est « le chef-d'œuvre du genre bouffe » ; qu'il a été accueilli d'un bout à l'autre par un immense éclat de rire ; que, parmi les divers morceaux de « cette délicieuse partition », trois surtout ont enlevé toute la salle : Je suis Français, Il demande une chaise et Ba-ta-clan. Nous constatons ce fait, qui pourra, dans l'avenir, donner une légère idée de l'extravagance contemporaine. La muse de M. Offenbach est proche parente de celle de Gavarni ; elle en a tout l'entrain factice, le mauvais ton, les raffinements, les caprices et les trivialités.

Le succès de Ba-ta-clan méritait d'être complet : un café-concert s'ouvrit aux alentours du Cirque National et prit pour enseigne ce titre à jamais fameux. Qu'on dise, après cela, que Paris n'est pas le cerveau de la France, et que la France n'est pas le pays le plus civilisé du monde. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BATAILLE (LA)

 

Pièce lyrique en trois actes et neuf tableaux, livret de Claude Farrère, musique d’André Gailhard.

 

Première représentation au Théâtre de la Gaîté-Lyrique le 09 mars 1931, avec Mme Tapalès-Ysang (Yorisaka).

 

« Le goût de la vie moderne amène une marquise japonaise à céder à un attaché naval anglais. Ils sont surpris par le marquis qui ne dit rien, car on est à la veille d'une bataille navale avec les Russes. Le marquis s'y fait tuer, passe son commandement à l'attaché naval qui est tué à son tour, et la marquise n'aura plus qu'à se réfugier dans une maison de sainteté. Cette histoire mélodramatique est découpée en quelques tableaux de signification claire, auxquels la musique ne sert guère que de fond ; néanmoins le compositeur a pu manifester son talent agréable dans quelques mélodies. Le rôle de la marquise Yorisaka était confié à une vraie japonaise, Mme Tapalès-Ysang qui a une voix bien timbrée. »

(Larousse Mensuel Illustré, avril 1931)

 

 

BATAILLE D'AMOUR

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Victorien Sardou et Karl Daclin, musique d’Emmanuel Vaucorbeil. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 13 avril 1863, avec Mmes Blanche Baretti (Diane), Bélia (Olivette), Révilly (Barbe), MM. Félix Montaubry (le Comte Tancrède), Eugène Crosti (le Baron de Hocquincout), Sainte-Foy (le Chevalier Ajax de Hautefeuille), Nathan (Calandrin). => partition

 

« Habitué aux triomphes, M. Sardou a dû trouver assez extraordinaire que le public de l'Opéra-Comique lui fasse subir un échec, et le plus complet des échecs, car la musique était parfaitement réussie ; elle a été jugée par tous les connaisseurs comme une œuvre distinguée et faisant beaucoup d'honneur à son auteur. Malheureusement elle n'a pu sauver le livret de M. Sardou. Ce n'est pas qu'il n'ait son mérite. Le dialogue est piquant, la donnée amusante ; mais quelques propos trop lestes ont d'abord indisposé le public, et une scène de mauvais goût a tout gâté. L'action se passe, en 1630, sur la terrasse de Saint-Germain et dans un pavillon appartenant au baron de Hocquincourt. Sa nièce et sa pupille, la charmante Diane de Hocquincourt, est demandée en mariage par le jeune comte Tancrède. Les jeunes gens s'aiment, mais le baron a promis la main de Diane au chevalier Ajax de Hautefeuille, ridicule personnage, et il refuse. Tancrède persiste, Hocquincourt s'entête. Sentant qu'il a pour lui le cœur de la jeune fille, le comte parie qu'il triomphera de tous les obstacles au point de faire sortir la nièce du baron de son appartement avant minuit. Une gageure assez singulière a lieu à ce sujet entre les deux personnages. C'est ici que M. Sardou s'est mis en frais d'invention. Il est sans doute parvenu à faire enlever Diane par son amant, mais non pas à enlever les suffrages. La pièce n'a eu que quatre représentations. En écrivant sa musique, M. Vaucorbeil a fait l'application d'une théorie qui est sienne et que la direction de ses études lui permettait d'aborder avec succès ; ayant à mettre en musique une pièce dans le caractère des comédies du XVIIIe siècle, il a pensé qu'il devait adopter les formes de la musique de cette époque. Est-il dans le vrai au point de vue esthétique ? a-t-il été partout conséquent avec sa doctrine ? Ce sont des questions que nous ne voulons pas traiter ici. Nous nous contenterons de dire que sa partition, non seulement se recommande par de fortes qualités de style, mais encore par des motifs charmants et une instrumentation distinguée. L'ouverture, qui affecte la forme de la sonate, offre une phrase fort élégante en fa dièse répétée en mi bémol. L'action s'engage dans un joli trio d'un sol passo ; on distingue dans le quatuor qui suit les dessins de l'orchestre imitant ingénieusement le gazouillement des oiseaux. Le rondeau du baron module un peu trop, mais le motif est heureux. Le duo entre le baron et Tancrède a eu du succès : on y remarque une phrase dans le style de Händel d'un effet original et comique. L'invocation à la nuit de Tancrède montre ce que l'on peut attendre de M. Vaucorbeil lorsqu'il traitera un sujet sérieux. Il y a là des phrases d'un sentiment tout moderne d'ailleurs, pleines de chaleur et de passion. L'archaïsme revient dans la pavane qui sert d'entr’acte. Le duettino a bien la tournure gauloise des chansons à boire du bon temps des Philidor et des Monsigny. Le commencement du finale du second acte qui est d'une belle forme scénique, le joli motif andante en bémol de l'air de Tancrède au troisième acte, le chant large et mélodieux du quatuor et enfin la sérénade d'action qui amène le dénouement sont encore des morceaux saillants. Cette partition est trop intéressante pour ne pas être de nouveau soumise au public en sacrifiant toutefois ce duo malencontreux des Cotillons qui en a motivé le séquestre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BATAILLE DE BOSSUS

 

Opérette en un acte, livret de Péricaud et Lucien Delormel, musique de Charles Malo, représentée au concert de l’Eldorado en 1877.

 

 

BATAILLE DE DENAIN (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Emmanuel Théaulon de Lambert, Armand Dartois et Fulgence de Bury, musique de Giuseppe Catrufo. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 24 août 1816 avec Mmes Duret (Clémence), Desbrosses (Madame Francoeur), Leclerc (Lucette), Moreau (Léon), MM. d'Arancourt (le Duc de Villars), Chenard (le Comte d'Haspres), Auguste Huet (le Marquis de Nivernais), Richebourg (le Chevalier d'Olange), Moreau (Henri Dorval), Lesage (Alain). => livret

 

« C'est une pièce de circonstance faite à l'occasion de la fête du roi ; aussi est-elle remplie des allusions les plus transparentes. Comme dans toutes les compositions de ce genre, le livret offre peu d'intérêt. En voici le sujet : Un vieux gentilhomme, qui vit retiré dans son château, a une nièce recherchée à la fois par trois prétendants ; l'un d'eux, qui est préféré, a malheureusement été fait prisonnier, mais il trouve moyen de s'échapper le matin même de la bataille de Denain ; il s'y couvre de gloire, et il finit par obtenir la main de celle qu'il aime. D'après les journaux du temps, les auteurs ayant eu l'adresse de prodiguer des noms qui commandaient le respect, aucun signe de défaveur n'osa se manifester malgré l'ennui général. La musique de Catrufo n'est pas sans mérite. Son style témoigne des bonnes études qu'il avait faites à Naples, où les traditions des Scarlatti, des Jomelli, des Durante étaient encore dans toute leur force. A l'exception de Félicie ou la Jeune fille romanesque, opéra-comique qui précéda celui de la Bataille de Denain, les œuvres dramatiques de Catrufo sont tombées dans l'oubli ; on ne connaît plus de cet auteur que ses Solfèges progressifs et ses Vocalises. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BATAILLE DES DUNES (LA)

 

Mélodrame, musique de Morange, représenté à Paris vers 1805.

 

 

BATAILLE DU LÉMAN (LA)

 

Ode-symphonie en quatre parties avec strophes déclamées, soli, chœurs et orchestre, livret de Lionel Bonnemère, musique de Louis Nicole, représentée à Genève, salle de la Réformation, le 05 mars 1884. Représenté à Fougères le 10 février 1901.

 

 

BÂTARD DE CERDAGNE (LE)

 

Opéra en trois actes, livret de L. Metjé, musique de Pierre Germain, représenté au Théâtre de Brest le 22 novembre 1880, avec succès.

 

 

BATELIERS DE SAINT-CLOUD (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Simon Favart, musique de vaudevilles, créé au Théâtre de la Foire Saint-Laurent le 10 septembre 1743. Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 14 février 1768.

 

 

BATHILDE ET ÉLOY

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 09 novembre 1794.

 

 

BATHYLE

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Édouard Blau, musique de William Chaumet. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 04 mai 1877, avec Mmes Ducasse (Bathyle), Eigenschenck (Mytila), M. Auguste Armand Barré (Anacréon).

 

« L'auteur du poème a remporté le prix au concours Crescent, en 1874, sur 98 concurrents. Le public n'a pas plus souscrit à ce jugement qu'à la plupart de ceux rendus par les jurys de ces concours. On aurait pu ; en effet, imaginer une pièce plus intéressante et plus morale, d'après la gracieuse poésie d'Anacréon, l'Amour mouillé. L'adolescent Bathylle est l'objet de l'amour jaloux du vieux poète. La Syrienne Mytila, reçue dans sa maison, inspire au jeune homme une vive passion. Anacréon, dans sa fureur, la chasse de chez lui et accable de ses reproches l'ingrat Bathylle, qui, désespéré, se donne la mort par le poison. Anacréon comprend alors la puissance de l'autour et invoque l'intervention de Cupidon, qui apparaît, ressuscite Bathylle et le rend à sa jeune maîtresse. Ce sujet, trop renouvelé des Grecs et peu propre à l'opéra-comique, a été traité par M. William Chaumet avec beaucoup d'habileté et de goût ; il a donné à sa musique un caractère plutôt allégorique et descriptif que dramatique, et c'est ce que le sujet comportait, ce qui a fait admettre quelques tonalités vagues et des intonations plus instrumentales que vocales, dans plusieurs passages, selon les théories du jour, auxquelles M. Chaumet parait conformer son esthétique. Les fragments les plus saillants sont les couplets chantés par Mytila, la chanson à boire d'Anacréon, le duo des jeunes amoureux et la scène de la mort de Bathylle. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BATTEZ PHILIDOR !

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Abraham Dreyfus, musique d’Amédée Dutacq. Création à l'Opéra-Comique le 13 novembre 1882. => fiche technique

 

 

BATTU ET CONTENT

 

Opérette en un acte, livret de Briant et Faverne, musique de F. Wachs, représentée à la Gaieté-Rochechouart le 17 novembre 1888.

 

 

BAVARDS (LES)

 

Opéra bouffe en deux actes, livret de Charles Nuitter, d’après Los Habladores, conte de Cervantès, musique de Jacques Offenbach.

 

Première représentation à Bad Ems, Théâtre d’Ems, le 11 juin 1862 (sous le titre Bavard et Bavarde).

 

Représenté à Paris, Bouffes-Parisiens, le 20 février 1863, avec Mmes Delphine UGALDE (Roland), TESTÉE (Béatrix), THOMPSON (Inès), SIMON (le marchand de cigares), DALBERG (le barbier), PARENT (le muletier), TAFFANEL (le bottier), MM. PRADEAU (Sarmiento), DÉSIRÉ (Cristobal), ÉDOUARD (Torribo), WALTER (Pèdro), sous la direction de Jacques OFFENBACH.

 

Représenté au Théâtre des Menus-Plaisirs en 1890.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 03 mai 1924, dans une mise en scène d’Albert Carré. Costumes dessinés par Multzer, exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu.

Mmes Germaine GALLOIS (Roland), Marguerite ROGER (Béatrix), Niny ROUSSEL (Inès), MAUROY (le marchand de cigares), Antoinette RÉVILLE (le barbier), Lucienne ESTÈVE (le muletier), Germaine ÉPICASTE (le bottier).

MM. André ALLARD (Sarmiento), Louis AZÉMA (Cristobal), Fernand ROUSSEL (Torribo), POUJOLS (Pèdro).

Chef d'orchestre : Maurice FRIGARA.

 

6e représentation le 25 mai 1924 avec les créateurs sous la direction de Maurice Frigara.

 

7 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

  

« Le poème des Bavards est tiré d'un intermède de Michel Cervantès, pétillant de sel et d'esprit local. Au lever du rideau, nous sommes dans le pays des coups de soleil et des coups de rapière. Les bretteurs poussent çà et là comme des grenades, et, pour peu que vous regardiez un peu trop la lune à l'heure où ronfle l'alcade, il vous pleut toutes sortes d'estafilades fort malsaines. Un certain seigneur Sarmiento est condamné à 200 ducats d'amende, pour une écorchure faite à un voisin, et le juge qui a prononcé la sentence nous offre un type parfait de sagacité et de discernement. « Vous avez agi en gentilhomme en donnant cette estafilade à votre voisin, dit-il à Sarmiento ; en la payant, vous agissez en chrétien ; moi, en prenant cet argent, je suis satisfait, et vous hors de peine. » Quant au battu, qu'il s'arrange ! Un bachelier sans sou ni maille, appelé Roland, entend sonner les ducats que l'homme de loi fourre en son escarcelle, et il accourt à ce tintement alléchant, comme un parasite au bruit des plats. Il s'enquiert de ce qui se passe, puis, s'approchant de Sarmiento, il lui propose, en tendant sa joue, une estafilade au rabais : « Monseigneur, je suis un pauvre hidalgo, quoique j'aie vu des temps meilleurs ; je suis nécessiteux, et j'ai vu que Votre Grâce a donné 200 ducats à un homme qu'elle avait blessé ; si c'est pour vous un divertissement, je viens me mettre à votre disposition, et je demanderai pour cela 50 ducats de moins que l'autre. » Notre gentilhomme s'imagine que le pauvre diable a perdu la tête, il veut l'éconduire, mais autant vaudrait chasser une mouche qui s'obstine à s'abattre sur le nez d'un honnête homme. S'il lui parle de sa balafre, le bachelier, aussi tenace qu'érudit, s'écrie aussitôt que c'est ce que donna Caïn à son frère Abel, quoique, à cette époque, on ne connût pas les épées ; que c'est aussi ce que donna Alexandre le Grand à la reine Penthésilée, en lui enlevant Amora, la ville bien murée ; et Jules César au comte don Pedro Anzuces, en jouant aux dames avec Gaiferos, entre Cavanas et Olias. » Sarmiento, que ce bourdonnement agace, déclare que le pauvre hidalgo a quelque démon dans la bouche, sur quoi Roland reprend que « Qui a le démon en bouche va à Rome, et qu'il a été à Rome, dans la Manche, en Transylvanie et dans la ville de Montauban ; que Montauban est un château dont Renaud était le seigneur ; que Renaud était un des douze pairs de France de ceux qui mangeaient avec l'empereur Charlemagne, autour de la table ronde, laquelle n'était pas carrée ni octogone. » N'y tenant plus, Sarmiento envoie au diable l'enragé bavard ; mais aussitôt ce dernier lui fait savoir que « le diable a plusieurs manières de nous buter ; que la plus dangereuse est celle de la chair ; que chair n'est pas poisson ; que le poisson est flegmoneux ; que les flegmatiques ne sont pas abonnés à la colère ; que l'homme se compose de quatre éléments : de colère, de sang, de flegme, de méchanceté ; que la mélancolie n'est pas la joie, parce que la joie consiste à avoir de l'argent, que l'argent fait l'homme, que les hommes ne sont pas des bêtes, que les bêtes pâturent, etc. » L'idée vient au seigneur Sarmiento d'utiliser cette langue infatigable. Sa femme, Béatrix, est bavarde comme une paire de castagnettes entre les mains d'une danseuse ; Roland est le perroquet qui fera taire cette pie borgne ; il va mettre aux prises ces deux animaux domestiques, et, d'avance, il parie pour le bachelier. C'est en effet le preux Roland qui l'emporte dans le duel singulier qu'il engage avec dame Béatrix. Il parle, il parle, il parie encore ; et lorsque la femme de Sarmiento veut répliquer, il élève le ton, il gesticule. Pas une pause et pas un silence ; un quart de mot ne passerait pas entre les intervalles de ses phrases effrénées. « Il enchaîne, dit M. P. de Saint-Victor, des kyrielles de lazzi à des chapelets de proverbes, des ribambelles de coq-à-l'âne à des festons de billevesées. C'est le salmigondis faisant le bruit d'un charivari. » Béatrix tient bon d'abord ; à la fin, elle tombe stupéfiée, paralysée, inerte, sous cette douche de paroles qui ne tarit pas. Lorsqu'elle se relève, elle est guérie à jamais de l'intempérance de sa glotte. A bavarde, bavard et demi. Au scénario de Michel Cervantès, M. Nuitter a ajouté un alcade à grandes manches et à grande baguette, avec une perruque qui tombe ébouriffée sur ses gros yeux écarquillés, un de ces alcades qui, ainsi que le fait spirituellement remarquer le critique de la Presse, perchent sur leurs fauteuils comme les épouvantails sur les cerisiers, et qui se passent, de pièce en pièce, les dés du Bridoie de Rabelais, et le bégayement du Brid'oison de Beaumarchais. Cet alcade fait l'amusement de la pièce, car si le type n'est pas neuf, il est du moins de ceux qui sont toujours applaudis. Dans les Bavards, il est complété par la longue et blême figure d'un greffier qui suit à pas comptés son doux maître, comme le spectre de la maigreur talonnant le dieu de l'obésité. Sarmiento a de plus une pupille dont Roland est amoureux, et que le bavard finit par épouser à force de ruses et de stratagèmes. Une assez jolie scène, qui appartient aussi au librettiste français, est celle où dame Béatrix feint d'être muette pour se venger du complot ourdi contre son babil. Son mari l'interroge sur un cas urgent ; point de réponse, mais en revanche une pantomime animée et vive : « Il pleut des soufflets, Sarmiento ! » Ses valets et ses servantes, l'alcade et le greffier imitent son silence autour d'elle rangés, et le bonhomme se débat, stupéfait et hagard, au milieu de ces statues vivantes, qui grimacent et qui gesticulent. « Sur ce joli poème, dit M. P. de Saint-Victor, M. Offenbach a jeté des airs à faire damner l'alcade de la pièce et à défrayer toutes les sérénades de Paris. Ce n'est plus de la caricature musicale, mais un tableau de genre plein de couleur et d'esprit. La bouffonnerie en est élégante ; le musicien reste léger dans sa charge ; ses coq-à-l'âne même ont des ailes. Le verre d'Offenbach n'est pas grand, mais il boit toujours dans son verre, et la liqueur qu'il y verse gagne et s'épure tous les jours. » Parmi les airs que l'on a le plus applaudis dans les Bavards, nous citerons le chœur de créanciers et le petit trio bouffe du premier acte, qui trotte si joliment sur sa mesure syllabique. Le second acte contient un charmant quintette, une valse entraînante et d'amusants couplets de table. Les Bavards, avant de paraître aux Bouffes-Parisiens, avaient diverti la belle compagnie à Bade, pendant la saison de 1863. Ils ont fourni à Mme Ugalde un des triomphes de sa carrière artistique, et ont été repris avec succès. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BAYADÈRE (LA)

 

[Die Bajadere]

Opérette viennoise, version française de Pierre Veber, lyrics de Bertal et Maubon, musique d’Emmerich Kálmán, créée à Vienne en 1921.

 

Première représentation en français au Théâtre des Célestins, Lyon, le 30 janvier 1925.

 

Première à Paris, au théâtre Mogador, le 30 janvier 1926, avec Mme Kousnezoff (Odette Darimonde) ; MM. Léonard (le prince Radjami), Vesirel (comte Armand), Cahuzac (Dr Cohen).

 

« Le prince Radjami use de son pouvoir d'hypnotiseur pour attirer chez lui la divette Odette Darimonde, créatrice de la Bayadère ; mais celle-ci se refuse au mariage. Mais quelques mois après le prince et la divette se retrouveront et l'amour arrangera tout. Pour corser cette situation, P. Veber a imaginé une intrigue secondaire dont il ne paraît pas bien utile de donner le détail. La musique de M. Kalman est faite à l'imitation de celle de Franz Lehár ; elle abonde en valses, airs de jazz, mélodies italiennes ; et elle est pittoresquement orchestrée. »

(Larousse Mensuel Illustré, mars 1926)

 

 

BAYADÈRES (LES)

 

Opéra en trois actes, livret d'Etienne de Jouy, musique de Charles-Simon Catel, représenté pour la première fois à l'Opéra (salle Montansier) le 08 août 1810 ; divertissements de Pierre Gardel et Louis Milon ; décors de Protain fils (acte I), Charles Cicéri et Jacques Daguerre (acte II) ; costumes de Ménageot. Reprise à l'Opéra (salle Le Peletier) le 16 avril 1821, avec Mme Branchu (Lamée), Nourrit (Démaly), Dérivis (Olkar), Laforêt (Rustan), Bertin, Eloy, Duparc.

 

« Nous laissons volontiers la parole à l'auteur du poème, qui explique habilement les raisons qui l'ont inspiré. « La considération dont jouit, dans I'Indoustan, cette classe de femmes connues en Europe sous le nom de bayadères, repose sur une opinion religieuse, présentée dans les livres indiens comme un fait historique. Le récit très succinct que je vais en faire paraîtra d'autant moins déplacé, qu'on y reconnaîtra la source où j'ai puisé le dénouement et quelques-unes des situations du drame que le lecteur a sous les yeux. On lit, dans un des pouranas (poèmes historiques et sacrés), que Schirven, l'une des trois personnes de la divinité des Indes orientales, habita quelque temps la terre, sous la figure d'un rajah célèbre, nommé Devendren. En prenant les traits d'un homme, le dieu ne dédaigna pas d'en prendre les passions, et il fit de l'amour la plus douce occupation de sa vie. Son peuple, dont il n'était pas moins adoré pour ses défauts que pour ses vertus, le sollicitait en vain de donner un successeur à l'empire, en choisissant du moins une épouse légitime dans le grand nombre de femmes de toutes les classes qu'il avait rassemblées autour de lui. Devendren différait toujours, parce qu'il ne voulait épouser que celle dont il était aimé le plus tendrement, et que, tout dieu qu'il était, il avait peine à lire dans les cœurs ; à la fin cependant, le rajah s'avisa, pour éclaircir ses doutes, d'un stratagème qui réussit au delà de ses espérances. Il feignit de toucher à sa dernière heure, rassembla toutes ses maîtresses autour de son lit de mort, et déclara qu'il prenait pour épouse celle qui l'aimait assez pour n'être pas effrayée de l'obligation terrible qu'elle contracterait en acceptant sa foi. Cette proposition ne tenta personne ; le bûcher de la veuve se montrait trop voisin du trône et du lit conjugal : douze cents femmes gardaient un silence imperturbable, lorsqu'une jeune bayadère dont le rajah avait été quelque temps épris, instruite de son état et de sa position, se présenta au milieu de l'assemblée muette, s'approcha du lit du prince et déclara qu'elle était prête à payer de sa vie l'insigne faveur de porter un seul moment le nom de son épouse. On célébra leur hymen à l'instant même, et quelques heures après, Devendren mourut ou du moins feignit de mourir. Fidèle à sa promesse, la bayadère fit aussitôt les apprêts de sa mort. On éleva, par son ordre, un bûcher de bois odorant sur les bords du Gange ; elle y plaça le corps de son époux, l'alluma de sa propre main et s'élança dans les flammes ; mais au même instant le feu s'éteignit ; Devendren, debout sur le bûcher, tenant entre ses bras sa fidèle épouse, se fit connaître au peuple, et publia sur la terre l'hymen qu'il accomplit dans les cieux. Avant de quitter le séjour des mortels, il voulut, pour y perpétuer le souvenir de son amour et de sa reconnaissance, qu'à l'avenir les bayadères fussent attachées au service de ses autels, que leur profession fût, honorée et qu'elles portassent le nom de devadasis (favorites de la divinité). »

Cet opéra obtint un succès très marqué. Nourrit père, Dérivis et Mme Branchu, chargés des rôles principaux, s'en acquittèrent avec un incomparable talent. La partition, constamment poétique et mélodique, est un modèle de correction harmonique. Il fut réduit à deux actes, le 31 août 1821.

Un premier opéra de Catel, Sémiramis, donné en 1802, n'avait obtenu qu'un succès d'estime, quoiqu'il surpassât en mérite les Bayadères ; mais le théâtre est une loterie, dit M. Castil-Blaze, et un premier ouvrage est toujours accueilli du public avec défiance. Le succès des Bayadères engagea l'administration à remettre en scène Sémiramis. L'infortunée reine de Babylone se montra deux fois seulement, et rentra dans le tombeau de Ninus pour n'en plus sortir. Les paroles et la musique des Bayadères sont depuis longtemps oubliées ; mais il se rattache à la représentation de cet opéra une anecdote assez curieuse, que nous allons raconter ici : Napoléon aimait la musique, mais il n'aimait qu'une musique douce et terne, digne pendant de la plate et ridicule poésie de la plupart des rimeurs de son règne. « N'est-il pas singulier, écrit M. de Pontécoulant, que lui, aux oreilles duquel le bruit des canons et de la chute des empires avait si souvent retenti, n'aimât, en fait de musique, qu'une harmonie faible et pour ainsi dire monotone ? Au théâtre de la cour et dans les concerts des Tuileries, tous les instruments étaient pourvus de sourdines. Ce goût de pianissimo était bien étonnant chez l'homme du monde qui faisait le plus de fracas et qui le redoutait le moins. » On avait donc persuadé à l'empereur que la musique du nouvel opéra en vogue, les Bayadères, lui siérait à merveille. Un jour, l'auteur et le compositeur sont avertis que Napoléon veut entendre leur ouvrage, et qu'il se rendra le soir même à l'Opéra. Catel est heureux... ; mais, à la représentation, il reste anéanti ; il croit à une cabale, il ne reconnaît plus sa partition... C'est que l'on n'avait pas prévenu le malheureux compositeur que Persuis, chef d'orchestre, exécutait, par ordre, la partition des Bayadères à la sourdine. L'empereur fut servi à souhait. « On exécuta, lisons-nous dans l'Art musical, la belle musique de ce charmant opéra avec la plus parfaite monotonie, sans crescendo ni forte, et ce fut à un tel point, que le public, étonné, montra par instants des velléités d'impatience, que le respect imposé par la présence du chef de l'État put seul comprimer. » Napoléon avait, on le voit, une façon toute particulière de comprendre l'art musical, et en cela il n'est pas le seul, n'y eût-il de son avis que cet homme de beaucoup d'esprit d'ailleurs, qui définissait la musique « le plus désagréable de tous les bruits. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Inférieur à Sémiramis, cet opéra obtint cependant un accueil bien meilleur.

Solo de cor anglais exécuté par Vogt.

La centième représentation en fut donnée le 13 novembre 1818. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BAYARD À LA FERTÉ ou LE SIÈGE DE MÉZIÈRES

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Marc-Antoine Désaugiers et Michel-Joseph Gentil de Chavagnac, musique de Charles-Henri Plantade. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 03 octobre 1811.

 

     « Bayard a fait lever le siège de Mézières : au lieu d'aller porter à son roi la nouvelle de ce haut fait, il se rend en secret au château de la Ferté, où l'attire l’amour qu'il ressent pour Mme de Randan ; il y rencontre le roi, que les mêmes motifs avaient amené. Au moment où Mme de Randan vient de déclarer franchement au roi ses sentiments pour Bayard, surviennent deux seigneurs qui ont conspiré la perte du héros. Ils apportent une lettre écrite au gouverneur de Mézières, offrant toutes les apparences de la trahison, et accusent d'intelligence avec les ennemis le chevalier sans peur et sans reproche. Le roi, quoique irrité du succès obtenu par son rival en amour, ne suspecte pas un seul instant la loyauté de Bayard, qui ne tarde pas à se justifier. La levée du siège de Mézières prouve que la fameuse lettre n'est qu'une ruse de guerre ; de plus, Mme de Randan apprend au roi que Bayard est non pas son amant, mais son mari ; car elle l'a épousé il y a peu de temps.

Cet opéra, qui avait d'abord trois actes, fut ensuite réduit à deux. La musique de Plantade obtint quelque succès ; on applaudit surtout plusieurs morceaux d'ensemble traités avec une certaine ampleur. Gavaudan, Mme Gavaudan et Mme Moreau remplissaient les principaux rôles dans cet ouvrage, où se retrouvent la grâce, la mélodie facile et le tour gracieux qui distinguent les productions de l'auteur de la romance si justement populaire : Te bien aimer, ô ma chère Zélie. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BAYARD À MÉZIÈRES

 

Opéra-comique en un acte, d’Emmanuel Dupaty et René Alissan de Chazet, musique de François-Adrien Boieldieu, Charles-Simon Catel, Niccolo [Isouard] et Luigi Cherubini. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 12 février 1814.

 

 

BAYARD DANS BRESSE ou CRÉQUI ET CLÉMENTINE

 

Opéra en quatre actes, livret de Claude-Joseph Rouget de Lisle, musique de Stanislas Champein. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 21 février 1791.

 

 

BÉARNAIS (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de MM. Hyacinthe Kirsch et Pellier, musique de J.-Théodore Radoux, représenté au Grand-Théâtre de Liège en mars 1866.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 30 janvier 1868 avec Mmes Ferdinand-Sallard (Gabrielle), Dumestre (Neulat), MM. Edmond Delaunay-Riquier (Henri IV), Jamet (baron d'Amerval), Laurent, Etienne.

 

Première à Lille en novembre 1879 avec Mlle Julia Potel et M. Itrac.

 

« Il est inutile de dire que le bon roi est le héros de la pièce. On a dit que cet ouvrage renfermait des morceaux d'un mérite réel. Nous le croyons d'autant plus volontiers, que la musique religieuse de M. Radoux nous est connue, et qu'elle appartient à un ordre de compositions élevé et véritablement religieux. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BÉARNAIS (LES) ou HENRI IV EN VOYAGE

 

Comédie mêlée de chants en un acte, livret de Sewrin, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 21 mai 1814.

 

 

BÉARNAISE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène Leterrier et Albert Vanloo, musique d’André Messager. Création au Théâtre des Bouffes-Parisiens le 12 décembre 1885. => fiche technique

 

 

BÉATRICE

 

Légende lyrique en quatre actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, musique d’André Messager. Création à Monte-Carlo le 21 mars 1914. Première à l'Opéra-Comique le 23 novembre 1917. => fiche technique

 

 

BÉATRICE

 

[Beatrijs]

Opéra flamand en trois actes, livret de Félix Rutten (1882-), musique de Guillaume Landré.

 

Créé à l'Opéra Royal de La Haye, en fin 1925.

 

Première à Paris, au Palais Garnier, le 19 février 1926, par la troupe de l'Opéra Royal de la Haye et les créateurs de l'ouvrage. Mise en scène de Alexander POOLMAN.

Mmes Hélène HORNEMAN (Sœur Béatrice), Liesbeth POOLMAN-MEISSNER (la Voix Céleste), Tiny SCHEFFELAER (Machtold), Gusta SCHEEPMAKER (l'Hôtesse), ANDRIESSEN (la Mère Supérieure), C. VERHAEGEN et A. LAMBRECHT (deux Enfants de Chœur), Gwendoline HUYSERS (une vieille Sœur).

MM. Jules MOES (le Chevalier Valentin), KUBBINGA (le Jardinier), G. ZALSMAN (le Prêtre), John ISEKE (Edgard).

Chef d'orchestre : Albert VAN RAALTE

1 représentation à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« Sur la légende de sœur Béatrice quittant le couvent pour suivre le chevalier Valentin, puis tombant du bonheur illusoire au malheur certain, et qui revient prendre sa place au couvent sans que personne se soit aperçu de son absence, car elle a été remplacée par la Vierge, M. Guillaume Landré a écrit une partition un peu monotone et sans grand accent. Cette œuvre très honorable a été fort bien interprétée par la troupe de l'Opéra de La Haye. »

(Larousse Mensuel Illustré, avril 1926)


 

BÉATRICE ET BÉNÉDICT

 

Opéra-comique en deux actes et quatre tableaux, d’après Much ado about nothing (Beaucoup de bruit pour rien), pièce de William Shakespeare, poème et musique d’Hector Berlioz.

 

Personnages : Don Pedro, général (basse) ; Leonato, gouverneur de Messine (basse) ; Héro, sa fille (soprano) ; Béatrice, sa nièce (mezzo-soprano) ; Claudio, officier (baryton) ; Bénédict, officier (ténor) ; Ursula, compagne d’Hero (contralto) ; Somarone, chef d’orchestre (basse).

L’action se déroule à Messine, en Sicile.

 

Création au Nouveau Théâtre de Baden-Baden le 09 août 1862, décors de Bouvillier, mise en scène de Bénazet, avec Mmes Charton-Demeur (Béatrice), Eugénie Monrose (Héro), Geoffroy (Ursule), MM. Félix Montaubry (Bénédict), Jules Lefort (Claudio), Mathieu Emile Balanqué (don Pedro), Victor Prilleux (Somarone), Guerrin (Leonato), sous la direction d’Hector Berlioz.

 

Représenté pour la première fois en France, dans une version en trois actes, au Théâtre de l’Odéon, le 05 juin 1890.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 12 février 1966, avec des récitatifs d'André Boll mis en musique par Tony Aubin, mise en scène de Pierre Médecin, décors et costumes de Léon Gischia, chorégraphie de Michel Rayne.

 

Représentation du 29 mars 1966 avec Mlles Hélia T'HEZAN (Béatrice), Andréa GUIOT (Héro), Francine ARRAUZAU (Ursula), MM. Albert VOLI (Bénédict), Jacques DOUCET (Claudio), Jean-Christophe BENOIT (Somarone), Jacques MARS (Don Pédro), Louis RIALLAND (Léonato). Danse : Mlles Françoise Lamone, Chantal Quarrez, Sylvie Clavier, Catherine Richet, Françoise Manière, MM. Alain Leroy, Yves Casati, Antonin di Rosa, François Guilbard, Jean-Paul Gravier, Jean-Jacques Dorizon. Chef d'orchestre : Richard BLAREAU.

 

9 représentations à l'Opéra-Comique en 1966, soit 9 au 31.12.1972.

 

« Berlioz écrivait mieux en prose qu'en vers, et je crois même que sa musique doit beaucoup de sa célébrité aux écrits de l'auteur ; mais voici un échantillon de sa poésie. Il n'ajoutera rien à sa gloire.

 

Le vin de Syracuse

Accuse

Une grande chaleur

Au cœur.

De notre île

De Sicile,

Vive ce fameux vin

Si fin !

La plus noble flamme,

Douce à l'âme

Comme au cœur

Du buveur

C'est la liqueur vermeille

De la treille

Des coteaux de Marsala

Qui l'a.

Poète divin,

Ta muse

Abuse,

Tu le vois,

De notre patience ;

Assez d’éloquence !

Rimeur aux abois,

Bois !

 

On voit que dans cet opéra, Berlioz a mêlé des scènes familières et bouffonnes à d'autres d'un caractère élevé ; mais si la pièce est bizarre, la musique l'est encore davantage. Des modulations discordantes, des sons heurtés et sans idée, des phrases décousues et mal écrites pour les voix, la mélodie rare et toujours tourmentée, voilà ce que tous les hommes de goût et sans parti pris reconnaîtront dans cet opéra. Les trois morceaux qui ont été bien accueillis, et qui méritaient de l'être, sont ceux dans lesquels Berlioz s'est conformé aux principes traditionnels de l'harmonie et aux règles du sens commun, appliqués à la composition idéale. Ces morceaux sont : le duo nocturne de Héro et Ursule : Vous soupirez, madame ! très poétique et d'un effet charmant ; l'air de Béatrice : Dieu, que viens-je d'entendre ! et le trio qui le suit : Je vais d'un cœur aimant. J'ajouterai l'épithalame grotesque : Mourez, tendres époux ! écrit dans le style madrigalesque des écoles flamandes du XVIe siècle, et une sicilienne, quoique plutôt étrange qu'agréable à entendre. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

« Personnages : BÉATRICE (soprano coloratura) — BÉNÉDICT (ténor) — CALUDIO (baryton) — HÉRO (soprano) — DON PEDRO (basse) — LÉONATO (basse) — URSULA (alto) — SOMARONA (basse) — CHŒUR.

Cet ouvrage de demi-caractère expose, non sans préciosité, mais avec une grâce souriante, un conflit entre l'orgueil et l'amour.

1er acte. — Béatrice, nièce du Gouverneur de Messine, Don Pedro, aime Bénédict, un jeune officier, mais son orgueil l'empêche de l'avouer. Quant à Bénédict, il affirme ne point songer à se marier. Mais l'exemple de son ami Claudio, qui va s'unir à la belle Héro, sœur de Léonato, les fera tous deux changer d'idée. Bénédict est d'ailleurs ravi d'apprendre, par une confidence, que Béatrice l'aime...

Héro chante, avec sa suivante Ursula « le premier émoi de l'amour et la douceur de la nuit paisible et sereine », un duo écrit par Berlioz « per amica silentia lunae ».

Au 2e acte, Béatrice, déjà fort éprise, exprime ses sentiments dans un air à l'italienne, avec récitatif, andante, cabalette et vocalises. Ébranlée par l'exemple du cortège nuptial qui se forme, elle hésite cependant encore. Mais l'amour finalement l'emporte. Entraînés par l'allégresse générale, Béatrice et Bénédict se marient comme leurs amis. »

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

 

BÉATRIX DE ROHAN

 

Drame lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret d’O. Meunier, musique d’Edmond Rateau, exécuté le 21 décembre 1894 à Nantes, dans la salle des Beaux-Arts, par les soins de la Société académique de la Loire-Inférieure.

 

 

BEAU CHASSEUR (LE)

 

Opérette en un acte, musique de Frédéric Barbier, représentée à l’Eldorado en 1869.

 

 

BEAU DUNOIS (LE)

 

Opérette en un acte, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Charles Lecocq, représentée au théâtre des Variétés le 13 avril 1870.

 

« Les fables gracieuses et poétiques de la mythologie ne suffisaient pas à l'appétit destructeur de nos faiseurs de pièces. La chevalerie devait avoir son tour, dussent nos gloires nationales s'amoindrir et se ternir ; La Hire se transformer en Jocrisse, La Trémoille en Cassandre, Dunois en Cadet-Roussel ! Après Orphée aux Enfers, le Sire de Framboisy ; après le Sire, Croquefer ou le Dernier des paladins ; après Croquefer, les Chevaliers de la Table ronde ; après les Chevaliers, les Jeanne d'Arc, les Dunois ; et après toute cette suite de grands noms et de grandes choses, changés en pitres burlesques et en sarabandes grossières, l'étranger envahit notre sol ; on a vu alors par qui les Jeanne d'Arc et les Dunois ont été remplacés. L'ennemi s'est retiré en gardant deux de nos provinces et en nous emportant cinq milliards. Dans la pièce jouée en 1870, trois mois avant la guerre, le brave La Hire contracte mariage, mais jure de ne le consommer qu'après avoir chassé les Anglais de Montargis. La Trémoille et Xaintrailles sont les témoins de son serment. Il confie la garde de sa femme à Dunois, qui abuse de la confiance de son ami pour faire sa cour. Il est accueilli ; et La Hire, revenant sans avoir expulsé les Anglais, est trop heureux de voir son mariage cassé par le roi. En acceptant de pareils livrets, en les sollicitant même avec empressement, les compositeurs n'apprécient pas le tort qu'ils se font à eux-mêmes ; à moins qu'ils ne recherchent le succès que par le scandale, l'excentricité et la drôlerie des situations, la flagornerie des instincts d'un certain public ; en ce cas, il n'y a rien à leur dire, il n'y a qu'à les plaindre ; mais mieux vaut encore les avertir. M. Charles Lecocq a du talent et il le gaspille sur des pièces ridicules et absolument mauvaises, dont le moindre inconvénient est celui d'entraîner la chute et l'oubli de ses partitions. Cet inconvénient a cependant son importance ; car la musique de M. Lecocq est bien faite, mélodique, spirituelle, écrite avec une rare facilité. Je citerai, dans la partition du Beau Dunois, les couplets du rire, la chanson O mon Lubin ! les couplets de La Hire : Ami, je te la confie, et un trio. Chanté ou plutôt joué par Dupuis, Kopp, Léonce, Mlles Aimée et Lucy Abel. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

BEAU NICOLAS (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Vanloo et Eugène Leterrier, musique de Paul Lacôme, représenté aux Folies-Dramatiques le 08 octobre 1880, avec Mmes Juliette Simon-Girard (Camille), Dharville (la Claudine), Réval (Rosette), Bouteiller (Mariton), Dorsay (Toinon), Claudia (Margotte), Grella (Ramonette), Forty (Baptistine), Héléna (Prudence), MM. Maugé (le Sénéchal), Luco (le Capitaine Flamberge), Simon-Max (Criquet), Edouard Montaubry (Pastorel), Bartel (le Bailli), Noirot (le Tambour), Guy (François), Speck (Marcassou). => partition

 

« La pièce est d'une telle invraisemblance, que l'analyse n'offrirait aucun intérêt. La musique lui est bien supérieure, écrite avec verve et esprit. On y remarque plusieurs morceaux d'une facture distinguée, notamment un madrigal et une romance, Adieu, ma douce amie, au premier acte ; les couplets C'est la fille à Jean-Pierre et Admirez le joli vainqueur, au second acte, et une chanson à deux voix au troisième. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BEAU TÉNÉBREUX (LE)

 

Œuvre lyrique, livret de Noël Desaux et Gaston Raunac, musique d’Ed. Delnaes.

 

Première représentation à Liège, Théâtre du Trianon, le 24 février 1918, mise en scène de F. Henrotte.

 

 

BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN

 

Opéra en quatre actes, livret d'Édouard Blau, musique de Paul Puget. Création à l'Opéra-Comique le 24 mars 1899. => fiche technique

 

 

BEAUMARCHAIS

 

Opéra bouffe en trois actes et quatre tableaux, livret d'André Baugé, musique de Gioacchino Rossini adaptée par Eugène Cools. Création au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 19 mai 1932 avec Mmes Maguy Warna (princesse Adélaïde), A. Vavon (comtesse du Vernet), Simone Lencret (Colinette), H. Meunier (Pepita) ; MM. André Baugé (Beaumarchais), Robert Casa (comte du Vernet), André Noël (Alain).

Repris le 31 mars 1933.

 

"Utilisant les airs de Rossini qui lui convenaient le mieux, M. André Baugé a composé un livret ingénieux, histoire facile d'amour qui nous mène de la boutique de l'horloger Caron, dans le parc de Versailles et dans un port espagnol. Les airs ont été adroitement soudés par Eugène Cools." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)

 

 

BEAUREPAIRE ou LA PATRIE RECONNAISSANTE

 

A-propos en un acte de Lebœuf, musique de Candeille, représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre de l'Opéra-National, le 03 février 1793. C'était un hommage au commandant de Verdun ; mais la pièce devait être bien mauvaise, puisqu'on la siffla dans un temps où les œuvres de ce genre étaient accueillies avec enthousiasme. Inutile d'ajouter que l'Opéra-National, comme les autres théâtres, s'inspirant de l'opinion alors accréditée, montrait le brave officier se tuant pour ne pas signer la capitulation de la place. Tel était encore le sujet d'une Apothéose de Beaurepaire par Méhul, donnée à Feydeau, et celui de la Mort de Beaurepaire, jouée au théâtre du Palais-Variétés, le 30 novembre 1792. Les estampes ont adopté la même version. Un dessin du temps, non signé, et qui, depuis lors, a été reproduit, porte la légende suivante : Trait de courage et de dévouement de Beaurepaire (octobre 1792). Beaurepaire, commandant du 1er bataillon de Maine-et-Loire, se donne la mort à Verdun, en présence des fonctionnaires publics, lâches et parjures, qui veulent livrer à l'ennemi le poste confié à son courage.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BEAUTÉ DU DIABLE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Eugène Scribe et Emile de Najac, musique de Jules Alary. Création au théâtre de l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 28 mai 1861, avec Mmes Léonie Bousquet (Léopoldine), Bélia (Fidès) ; MM. Eugène Troy (Jean Lenoir), Warot (Max Baldegg).

 

« Le titre de cet ouvrage n'est bon qu'à dérouter l'intelligence du public. Il ne s'agit pas, en effet, de cet éclat printanier qui est l'apanage des jeunes visages ; mais tout simplement d'un moyen de plaire, déjà indiqué par Scribe dans son opéra du Philtre. Le mineur Jean Lenoir parvient à se faire aimer de Léopoldine, non grâce à un talisman, ainsi qu'il le croit naïvement, mais en rasant son visage barbu, en prenant un costume avantageux, et surtout en s'occupant de lui-même. La beauté du diable serait donc celle qu'on doit à l’art plus qu'à la nature ? Singulière conclusion, qui frise le paradoxe. Le livret, achevé par M. de Najac, attendait son tour depuis neuf ans dans les cartons de l'Opéra-Comique. Le succès médiocre de la partition valut seul à l'ouvrage quelques représentations. La musique, bien écrite pour les voix, manquait d'originalité, à part un chœur de paysans et une romance. Scribe, par respect pour sa mémoire, ne fut pas nommé. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BEAUTÉ DU DIABLE (LA)

 

Œuvre lyrique, livret d’Eugène Grangé et Lambert-Thiboust, musique de G. Thony.

 

Première représentation à Paris, Théâtre du Palais-Royal, le 20 août 1861, mise en scène de M. Aubert.

 

 

BÉGAIEMENTS D'AMOUR

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Émile de Najac et Charles Deulin, musique d'Albert Grisar, représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 08 décembre 1864 avec Mme Faure-Lefebvre (Caroline), MM. Désiré Fromant (Polynice), Prosper Guyot (Baptiste).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 9 en 1864, 10 en 1865, 10 en 1868, 7 en 1869.

 

« C'est une bluette de bon goût, d'une touche délicate, qui tient toutefois un peu trop du marivaudage ; la musique en est spirituelle, pimpante, appropriée au sujet. La petite ouverture, composée des trois principaux motifs de l'ouvrage, est instrumentée d'une main légère et habile. On y a distingué un charmant effet de flûte se détachant sur des pizzicati de violoncelles et de contrebasses. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Ce coquet marivaudage était pourtant destiné à la scène bouffonne du passage Choiseul. Il a été joué au Théâtre-Lyrique par Fromant et Mme Faure-Lefebvre ; mais il avait été répété aux Bouffes-Parisiens, avec de la musique de M. Leo Delibes, et les rôles en étaient distribués à Désiré et à Mlle Tautin (1858). — Grisar avait presque terminé sa carrière et sa vie ; il ne donna plus qu'une opérette aux Bouffes (les Douze Innocentes), puis il mourut subitement dans son domicile (rue de la Station, n° 16, à Asnières), le 15 juin 1869. Il était né en 1808, à Anvers. — Les directeurs de théâtres semblent ignorer que l'auteur de Gille ravisseur a laissé un certain nombre d'œuvres prêtes à entrer en répétition : Riquet à la houppe (trois actes) ; le Parapluie enchanté (féerie en trois actes et neuf tableaux) ; Rigolo (un acte) ; etc. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BÉGONIA

 

Opérette en trois actes, livret de René Pujol, musique de René Mercier. Création à la Scala de Paris le 15 février 1930, avec Mmes Paulette Duvernet (Mme Doucette), S. O'Nil (Lily) ; MM. Dranem (Saturnin), Morton (Preafeets), J. Vitry (Bob), Urban (Doucette).

 

« L'entraîneur Preafeets, sûr que son cheval Bégonia doit gagner une course, fait croire le contraire, envoie un vieux parieur stupide, Saturnin, prendre des tickets à sa place au pari mutuel et gagne un million. Mais chacun croit que Saturnin est l'heureux bénéficiaire, en sorte que celui-ci est assailli et flatté par tout le monde jusqu'au moment où il déclare la vérité. Tout cela entremêlé d'aventures amoureuses qui s'arrangent au dernier acte. Musique agréable, aisée, mais facile. Interprétation de choix avec Dranem dans le rôle de Saturnin, et Morton dans celui de l'entraîneur. »

(Larousse Mensuel Illustré, avril 1930)

 

 

BEIGNETS DU ROI (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Albert Carré, musique de Firmin Bernicat. Création aux Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles le 10 février 1882. Remanié en 1888 sous le titre les Premières armes de Louis XV. => fiche technique

 

 

BEL ADONIS (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Léon Quentin et François, musique de F. Wachs, représentée aux Folies-Bergère en novembre 1872.

 

 

BEL-BOUL

 

Bouffonnerie musicale en un acte, paroles de M. de Lachesneraye, musique de Laurent de Rillé, représenté aux Folies-Nouvelles en mars 1857.

 

 

BÉLISAIRE

 

Opéra, musique de Désaugiers (le père du chansonnier). Non représenté.

 

 

BÉLISAIRE

 

Comédie héroïque en trois actes, livret d’Auguste-Louis Bertin d’Antilly, musique de Philidor (actes I et II) terminée par Henri Montan Berton (acte III). Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 03 octobre 1796.

 

« Cet ouvrage est tiré du roman de Marmontel : le moment choisi par le librettiste est celui où Bélisaire, victime des intrigues de la cour de Justinien, et privé de la vue, s'est retiré avec sa fille, le jeune Tibère et un enfant de douze ans, dans une résidence située sur les frontières de l'empire. Le plan est aussi mal conçu que mal exécuté ; le dialogue est froid, mais la musique n'est pas indigne du talent de Philidor. Celle du second acte surtout a été remarquée ; on prétend que Berton en composa la musique. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BÉLISAIRE

 

[Belisario]

Opéra italien en trois actes, livret de Salvatore Cammarano (1801-1852), musique de Gaetano Donizetti, représenté à Venise, sur le théâtre de la Fenice, le 7 février 1836, et à Paris, sur le Théâtre-Italien, le 24 octobre 1843. Le poème offre de fortes situations musicales. Bélisaire revient en triomphateur de la conquête de l'Italie. Les sénateurs lui adressent des félicitations, tandis qu'Antonine, sa femme, appelle sur sa tête la vengeance divine, parce qu'il a tenté de faire mourir ses fils. Cette scène et la cavatine chantée par l'épouse du général de Justinien sont des pages inspirées. Le duo entre Bélisaire et le jeune chef des Barbares, Alamiro, est plein de noblesse et d'énergie ; c'est le morceau de la partition le plus connu en France. La scène dans laquelle Bélisaire est accusé publiquement par sa femme fournit le sujet du finale entraînant du premier acte. Dans le second, Bélisaire, aveugle et proscrit, est consolé par sa fille. La situation rappelle celle d'Œdipe et d'Antigone. Donizetti, cette fois, est resté bien au-dessous de Sacchini. La scène magnifique d'Œdipe à Colone :

 

Ah ! n'avançons pas davantage

 

ne se refait pas. Au troisième acte, Alamiro amène des Barbares sous les murs de Byzance, pour venger l'outrage fait à Bélisaire. Le trio dans lequel celui-ci retrouve dans Alamiro le fils qu'il croyait avoir perdu est le chef-d'œuvre de l'opéra. Bélisaire, blessé à mort dans le combat, succombe aux yeux d'Antonine, qui, en proie au remords et au désespoir, meurt à son tour. Cette dernière scène est de toute beauté.

Disons, cependant, que le sujet si rebattu de Belisario rappelle assez désagréablement le roman soporifique de Marmontel et la tragédie de M. de Jouy, sans compter celles de Rotrou et de La Calprenède, ainsi que l'opéra de Philidor ; si c'était encore les tableaux de David et de Gérard, à la bonne heure. Il est d'ailleurs inutile de s'engager sérieusement dans l'analyse du livret italien, « la chose la moins importante qu'il y ait au monde, dit M. Théophile Gautier, même aux yeux du poète, qui l'écrit sans souci autre que de faire des vers bien scandés, bien rythmés et bien coupés, genre de mérite totalement inconnu des paroliers français. » L'opéra de Donizetti obtint beaucoup de succès à Venise. Lors de sa première apparition à Paris, il n'en fut pas de même. Chez nous, Belisario, avant même d'avoir été exécuté aux Italiens, n'était pas une nouveauté ; presque tous les morceaux en avaient été chantés dans les salons et dans les concerts ; ils étaient, par conséquent, connus de tous les dilettanti ; en outre, une traduction française de M. Hippolyte Lucas avait été jouée en province. Malgré cela, ou à cause de cela, la critique se montra d'une sévérité excessive, injuste même à son endroit ; elle fut peu sympathique au sujet, peu sympathique également à la musique. Laissons parler M. Théophile Gautier, celui qui, de tous les critiques, passe pour apporter le plus de bienveillance dans ses jugements : « L'ouverture, écrivait-il en octobre 1893, manque de correction et de gravité ; nous savons bien que la musique ne peut exprimer ni des faits précis, ni des noms propres, et qu'il n'est pas de combinaisons de notes et d'accords qui signifient Narsès, Bélisaire, Justinien. Cependant il nous semble que l'introduction d'un opéra où il s'agit d'yeux crevés, d'enfant sacrifié, de femme furieuse et autres menus ingrédients dramatiques, ne devrait pas être presque gaie et presque sémillante ; cela vient d'une tendance de l'art italien de s'inquiéter assez peu de l'appropriation de ses ressources au sujet qu'il traite. Nous autres Français, nous sommes un peu plus rigoureux, et nous aimons une mélodie triste sur une donnée triste, sans toutefois tomber dans les quintessences des esthétiques allemands. Moins délicatement organisés que les peuples méridionaux, nous sommes moins flattés par la beauté des sons et de la mélodie que par l'expression : pour nous plaire, il faut que la musique soit intimement liée au sujet, c'est-à-dire dramatique avant tout. Nous ne comprenons qu'avec beaucoup de peine ces enthousiasmes, excités dans les théâtres d'Italie par des airs insérés au milieu de scènes avec lesquelles ils n'ont aucun rapport, et que, souvent même, ils contrarient. Ces plaisirs naïfs et spontanés nous sont presque in connus. Nous ne voulons être heureux qu'à bon escient : pour qu'un air nous charme, il faut qu'il plaise à notre esprit au moins autant qu'à notre oreille, et c'est ce qui explique pourquoi certains opéras, qui ont obtenu un si éclatant succès au delà des monts, ont réussi médiocrement à Paris. Les Français ne sont sérieux que dans leurs amusements. Affaires, politique, moeurs, religion, ils traitent tout avec la plus grande légèreté ; mais ils trouvent étrange qu'on puisse rire, causer, faire des visites de loge en loge pendant la représentation d'un opéra, sauf à n'écouter que l'air de bravoure charité par la cantatrice à la mode. Ils écoutent depuis la première note jusqu'à la dernière, avec une intensité d'attention à laquelle ne s'attendent pas du tout les pauvres opéras italiens, composés pour ne pas être entendus. »

Ces réflexions, qui d'abord peuvent ressembler à une digression épisodique, expliquent pourquoi le Bélisaire, malgré le nombre de morceaux remarquables et l'estime que l'on en fait en Italie et en Allemagne, ne paraît pas devoir jouir à Paris du succès des autres ouvrages de Donizetti, tels que Lucia, Anna Bolena, l'Elisir d'Amore, Linda di Chamouni, Don Pasquale et la Favorite. Disons, pour terminer, que Belisario est un peu de la famille des Martyrs, du même compositeur ; un certain ennui gagne le spectateur le plus résolu, à l'aspect des tuniques, des chlamydes, des péplums et des cothurnes. Çà et là se reconnaît pourtant la main qui a écrit cette délicieuse Lucie, qui a fait le tour du monde. Le grand air du premier acte, que chantait Mme Giulia Grisi, chargée de représenter Antonine, la méchante femme de Bélisaire, a du mouvement et de l'énergie. Le duo du second acte, entre Irène et Bélisaire,

 

Se vederla a me non lice,

 

mérite aussi d'être cité. Mlle Nissen et M. Fornasari le chantaient avec un grand talent. Belisario servait de début à ce dernier, une basse fort applaudie en Italie et en Angleterre, et qui nous promettait un digne successeur de Lablache. Le grand duo pour ténor et basse entre Alamiro et Belisario est superbe ; le cantabile a autant de suavité que la strette de mâle énergie. Morelli, Corelli et Mme Bellini interprétaient les autres personnages de cet opéra, que, malgré d'éminentes qualités, Paris n'a pas adopté ; car il n'y a qu'une chose que Paris n'admet pas, c'est qu'on l'ennuie, même en musique.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BELLA ou LA FEMME AUX DEUX MARIS

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Alexandre Duval, musique de Deshayes, représenté au théâtre Louvois en 1795.

 

 

BELLE ARSÈNE (LA)

 

Comédie-féerie en quatre actes et en vers, mêlée d'ariettes, livret de Charles Simon Favart, d’après la Bégueule, conte de Voltaire, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, créée par les comédiens italiens ordinaires du roi, à Fontainebleau, Théâtre de la Cour, le 06 novembre 1773 (version en trois actes). Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 14 août 1775, avec Mme Trial (Arsène) et M. Michu (Alcindor), sous la direction de La Pommeraye. 226 représentations jusqu’en 1819.

 

« L'idée de cette pièce est empruntée à la Bégueule, conte de Voltaire. La Belle Arsène désespère ses amants par son indifférence et ses mépris. Alcindor, le plus constant de tous et le plus digne de lui plaire, ne peut vaincre sa fierté ; pour la corriger, il affecte d'être volage ; mais il offense son orgueil, sans faire naître sa sensibilité. Cependant l'amour-propre de la dame ne peut supporter les dédains de l'amant ; c'est alors qu'elle prie une fée, sa marraine, de la transporter dans son palais, où bientôt elle commande en souveraine, où tout ce qu'elle désire s'exécute, où chacun s'empresse de la divertir par des danses, de l'amuser par des concerts ; mais, hélas ! il n'y a point d'hommes dans le palais de la fée, par conséquent point de soupirant. Elle n'y voit point Alcindor, qu'elle ne peut s'empêcher de regretter. Ces fêtes, dont elle est pourtant la reine, ne tardent pas à la fatiguer, à l'ennuyer ; elle fuit ce séjour brillant, qui n'a plus d'attraits pour elle, et s'égare dans une forêt ; la fée, qui ne la perd pas de vue, excite un orage épouvantable. Un charbonnier qu'elle rencontre augmente la frayeur de la Belle Arsène par ses propos grossiers ; elle tombe, accablée de crainte et de fatigue, au pied d'un arbre. Pendant son évanouissement, la scène change ; elle se trouve transportée de nouveau au milieu de la cour brillante de sa marraine, où l'on va célébrer le mariage d'Alcindor. Elle laisse alors échapper des regrets, renonce à sa folle vanité, et assure son bonheur en faisant celui de son fidèle amant. La Belle Arsène fut jouée avec un très grand succès. Monsigny, qui travaillait péniblement, avait été longtemps à en composer la musique. Quelques morceaux sont d'un sentiment exquis. Citons le trio :

 

Doux espoir de la liberté ;

 

l'air charmant :

 

L'art surpasse ici la nature ;

 

celui du quatrième acte :

 

Voici quel est mon caractère,

 

dans lequel on trouve cette phrase, passée en proverbe : Charbonnier est maître chez lui :

 

Je me ris de toute la terre ;

Oui, oui,

Charbonnier est maître chez lui.

 

Cet opéra-comique porte presque partout l'empreinte de la sensibilité, caractère le plus saillant de la musique de Monsigny. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BELLE AU BOIS DORMANT (LA)

 

Opéra-féerie en trois actes, livret d'Eugène Planard, musique de Michele Enrico Carafa. Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 02 mars 1825. Ballets de Pierre Gardel. Décors de Charles Ciceri. Costumes de Jean-François Garneray. Avec Nourrit (le vieux Berger), Ad. Nourrit (Lindor), Dabadie (le Sénéchal), Dérivis (Altamor, chevalier errant); Mlles Grassari (la Belle au bois dormant), Frémont (Persinette) et Ménard.

 

« On a déjà fait deux vaudevilles et un mélodrame sur ce sujet. L'auteur de l'opéra a moins suivi, que ses devanciers, le conte de Perrault. Altamor se présente pour désenchanter la princesse, endormie depuis cent ans ; mais ce miracle est réservé au jeune Lindor qui jusque-là a gardé son cœur, malgré toutes les séductions dont il a été l'objet. La reine rentre dans ses droits, et épouse son libérateur, qui est un prince élevé par un berger. Spectacle brillant, mais un peu long. Succès légèrement contesté. »

[Almanach des spectacles, 1826]

 

« Bien que le livret fût de Planard, la musique de Carafa, les danses de Gardel, les décors de Ciceri, la Belle au bois dormant endormit son auditoire. Ce n'était pas là, bien certainement, le résultat que s'était proposé ce quatuor de célébrités. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BELLE AU BOIS DORMANT (LA)

 

Opéra-féerie en quatre actes, livret de Clairville et William Busnach, musique d’Henry Litolff, représenté au théâtre du Châtelet le 04 avril 1874. La musique occupe une trop large place dans cette féerie, et quoique travaillée avec le soin qu'apporte dans ses ouvrages ce laborieux musicien, elle ne pouvait être remarquée comme elle méritait de l'être. Toutefois, on peut rappeler les couplets du fuseau, des batteurs de blé, le trio du briquet, des airs de ballet. Chanté par René Jullien, Laurent, Mme Reboux, Mlle Paola Marié.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BELLE AU BOIS DORMANT (LA)

 

Féerie en trois actes de Henry Bataille et Robert d’Humières, musique de scène de Georges Hüe, représentée au Nouveau Théâtre le 24 mai 1894. => détails

 

 

BELLE AU BOIS DORMANT (LA)

 

Opérette en trois actes, paroles d’Albert Vanloo et Georges Duval, musique de Charles Lecocq sur des thèmes de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 19 février 1900.

 

 

BELLE AU BOIS DORMANT (LA)

 

Féerie lyrique en un prologue, trois actes et neuf tableaux, livret de Michel Carré fils et Paul Collin, musique de Charles Silver, représentée au Grand-Théâtre de Marseille en novembre 1901 avec Mme Bréjean-Silver (la Reine, la Pincesse Aurore), Mlles Jenny Passama (la fée Urgèle), H. Delormes (Jacotte), Vialas (le Page), Gérald (Dame Gudule), Mme Marie Girard (la fée Primevère [rôle parlé]), MM. Cornubert (le Chevalier errant, le Prince), Michel Dufour (le Roi), Chalmin (Barnabé), Danse (le grand Sénéchal), Commengre (Eloi), sous la direction d'Albert Vizentini.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 30 décembre 1903 avec Mmes Bréjean-Silver (la Reine, la Pincesse Aurore), Maubourg (la fée Urgèle), Eyreams (Jacotte), Tourjane (le page), Boulin (la fée Primevère), Piton (Dame Gudule), MM. Delmas (le Chevalier errant, le Prince), Boyer (Barnabé), Cotreuil (le roi), Caisso (le sénéchal), Danlée (Eloi), Austin (un chevalier).

 

 

BELLE AU BOIS DORMANT (LA)

 

Féerie chantée en un acte, livret de Lucien Métivet, musique de Jane Vieu.

 

Première représentation au théâtre des Mathurins, le 24 février 1902.

 

 

BELLE BOURBONNAISE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d'Ernest Dubreuil et Henri Chabrillat, musique d’Auguste Cœdès, représenté au théâtre des Folies-Dramatiques le 11 avril 1874. La pièce est remplie d'incidents amusants, dont Manon, la belle Bourbonnaise, tient les fils. On y trouve aussi quelques situations sentimentales, qui ont fourni à l'auteur de la musique l'occasion d'écrire de jolies romances. On a applaudi un bon quintette et un menuet. Chanté par Milher, Raoult, Sainte-Foy, Mlles Desclauzas et Tassily.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BELLE CATHERINE (LA)

 

Opérette en un acte, livret du marquis de Massa et de Mesgrigny, musique de Jules Costé, représentée au cercle de l’Union artistique le 06 janvier 1883.

 

 

BELLE DE HAGUENAU (LA)

 

Comédie musicale en quatre épisodes, livret de Jean Variot, musique de Maurice Fouret. Création au Trianon-Lyrique le 21 février 1924. Première à l'Opéra-Comique le 17 novembre 1931. => fiche technique

 

 

BELLE DE PARIS (LA)

 

Opéra-ballet bouffe en dix tableaux, livret de Louis Ducreux, musique de Georges Van Parys. Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 09 février 1961, chorégraphie et mise en scène de Jean-Jacques Etchevery, décors et costumes de René Gruau avec Jacques Jansen. 16 représentations en 1961, soit 16 au 31.12.1972.

 

 

BELLE ÉPICIÈRE (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Paul Decourcelle et Henri Kéroul, musique de Louis Varney, représentée aux Bouffes-Parisiens le 16 novembre 1895, avec Félix Huguenet.

 

 

BELLE ESCLAVE (LA)

 

Opéra-comique de Philidor, non représenté. A. en juger par les fragments qui en ont été publiés dans les Feuilles de Terpsichore, cet ouvrage a dû être un des plus importants du compositeur. Les airs : Avant de sortir de la vie, De l'amante la plus chérie, Quel espoir ! c'est pour moi l'aurore ; la chanson Riches de la terre, sont traités avec une habileté remarquable ; mais le trio entre Ali, Fatmé et Zizine est peut-être le morceau le plus travaillé de tout l'œuvre de Philidor. Le motif sur les paroles :

 

Cher Ali, je t'ouvre mes bras,

 

passe successivement dans chaque partie sur des marches harmoniques fort intéressantes. Nous regrettons de n'avoir pu trouver l'ensemble de la partition de la Belle esclave, et M. Fétis paraît n'avoir pas été plus heureux que nous. Nous signalerons encore les airs de danse, qui sont gracieux et dont le rythme a parfois de l'originalité, provenant de l'emploi ingénieux du contrepoint plus que de la fraîcheur des motifs et de l'invention.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BELLE ESPAGNOLE (LA)

 

Saynète en un acte, livret et musique d’Hervé, jouée aux Folies-Concertantes en 1855 avec Hervé et Joseph Kelm.

 

 

BELLE ÉTOILE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Georges Maillard, musique d’Henri Vaillard, représenté à Rennes en février 1887. Le compositeur a occupé les fonctions de second chef d’orchestre à l’Opéra-Comique.

 

 

BELLE FERMIÈRE (LA) ou CATHERINE

 

Comédie en trois actes et en prose, avec deux airs et un vaudeville chantés et composés par Amélie-Julie Simons-Candeille, en dernier lieu, Mme Périé, représentée sur le théâtre de la Nation (Comédie-Française) le 27 décembre 1792.

 

 

BELLE HÉLÈNE (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach.

 

Personnages : Pâris, fils de Priam, roi de Troie (ténor) ; Ménélas, roi de Sparte (ténor) ; Agamemnon, roi d’Argos (baryton) ; Calchas, grand prêtre de Jupiter (basse) ; Achille, roi de Phthiotis (ténor) ; Oreste, fils d’Agamemnon (soprano) ; Ajax I, roi de Salamis (ténor) ; Ajax II, roi de Locris (baryton) ; Hélène, reine de Sparte (soprano) ; Bacchis, suivante d’Hélène (mezzo-soprano) ; Leoena, courtisane (soprano) ; Parthoenis, courtisane (soprano) ; des gardes, des esclaves, des gens du peuple, des princes et des princesses, cortège funèbre pour Adonis, entourage d’Hélène.

 

L’action se déroule en Grèce, dans l’Antiquité.

 

Première représentation à Paris, sur le théâtre des Variétés, le 17 décembre 1864, mise en scène de José Dupuis, avec Hortense Schneider (Hélène), Léa Silly (Oreste) et José Dupuis (Pâris), sous la direction de Lindheim. 594 représentations jusqu’en 1900.

 

Représenté au Théâtre de la Gaîté-Lyrique, le 05 octobre 1919, costumes de Jenny Carré.

Reprise le 30 mars 1929, avec Mmes M. Berthon (Hélène), S. Rouvière (Oreste), Sylvane (Loena) ; MM. Morton (Calchas), Roussel (Ménélas), A. Noël (Pâris), Nabos (Achille).

 

Représenté au Théâtre Mogador, le 25 février 1960.

 

Résumé.

« La Belle Hélène » est une fantaisie qui, prenant plaisamment à partie les héros d'Homère, donne une version assez inattendue des événements qui ont précédé la guerre de Troie :

Pâris se présente à Hélène costumé en berger et sort vainqueur des concours de jeux d'esprit. Par un oracle, le Grand Augure de Jupiter, qui est complice, envoie le mari en Crète pour un mois. Pendant ce temps, Hélène résiste toutefois à Pâris jusqu'au jour où elle croit le voir en rêve et s'abandonne alors à lui. Ménélas est furieux, mais comme il ne veut pas se retirer, le Grand Augure de Vénus, qu'il a fait venir de Cythère, emmène Hélène sacrifier à la déesse du lieu... Trop tard, Ménélas s'aperçoit que le soi-disant Augure n'était autre que Pâris déguisé. Agamemnon mobilise alors les Grecs pour partir en guerre contre Troie.

 

ACTE I. — A Sparte, devant le temple à Jupiter.

Il n'est bruit dans toute la Grèce que du Jugement du Mont Ida, où Pâris, ayant décerné à Vénus le prix de la beauté, s'est entendu promettre en récompense l'amour de la plus belle des mortelles. Or tout le monde sait bien dans le pays que c'est Hélène, la femme du roi Ménélas. Pâris se présente, costumé en berger, à Calchas, Grand Augure de Jupiter, lui raconte certains détails du fameux Jugement et requiert sa complaisance pour faciliter l'exécution des volontés divines. Hélène paraît, et le beau berger ne manque pas de faire forte impression sur elle. Calchas annonce l'arrivée des rois de la Grèce qui, suivis d'une grande foule, viennent assister à des jeux d'esprit. Voici d'abord les deux Ajax, puis le bouillant Achille ; le faible Ménélas, enfin le fier Agamemnon. Le tournoi commence. Il consiste en une charade, un calembour et des bouts rimés. Pâris sort chaque fois vainqueur. On lui demande qui il est : Pâris décline son nom. Sensation dans la foule ! Hélène est très excitée ; elle pose la couronne sur la tête du vainqueur et l'invite à dîner au palais.

Entre temps, Pâris a eu un entretien avec Calchas, qui fait à son gré parler l'Oracle : Ménélas doit, pour sa santé, aller passer un mois en Crète ! Le pauvre homme n'y comprend rien ; il se tâte le front et redoute, à certains signes, de partir sans sa femme ! Mais Calchas le presse, les rois le pressent, Hélène le presse et tout le monde le presse tant et si bien qu'il part, aux acclamations de la foule en délire.

ACTE II. — Dans le palais de Ménélas et d'Hélène.

Hélène est à sa toilette. Depuis un mois Ménélas est absent ; elle n'a point cédé cependant à Pâris. Comme on lui annonce sa visite, elle hésite, puis consent à le recevoir. Il se fait pressant, mais en vain, et s'éloigne en déclarant que la ruse lui permettra bientôt de triompher !

Les rois de la Grèce viennent maintenant chez Hélène pour s'adonner à leur passion du jeu. Calchas triche et s'entend huer par ses partenaires. Hélène s'entretien avec Calchas, puis s'étend sur sa couche, après avoir demandé d'agréables rêves. Le Grand Augure les lui a promis sur commande : dès qu'elle est endormie, il laisse entrer auprès d'elle Pâris, déguisé en esclave. Aussi, lorsque Hélène l'aperçoit devant elle, n'a-t-elle pas de peine à se laisser persuader qu'il s'agit seulement d'un songe. Elle s'abandonne doucement à lui [Grand Air d’Hélène dit « Invocation à Vénus » : Dis-moi, Vénus, quel plaisir trouves-tu ?...].

Ménélas, revenu sans crier gare, a la désagréable surprise de trouver sa femme dans les bras du bel étranger. Outré, il appelle les rois de la Grèce pour leur demander compte de la façon dont ils ont gardé son honneur ! Hélène, de son côté, fait sèchement remarquer à Ménélas qu'avant d'entrer chez sa femme un galant homme frappe toujours à la porte ! Quant aux rois de la Grèce, très embarrassés et assez gris, ils chassent Pâris, lequel jure bien de revenir !

ACTE III. — Sur la plage de Nauplie.

Les rois de la Grèce sont tous sur cette plage mondaine, délibérant gravement sur la situation créée dans le pays par l'entêtement de Ménélas : une étrange maladie sévit, en effet, dans les ménages grecs, où les maris quittent leurs femmes et les femmes leurs maris. Hélène fait tant et si bien que Mélénas va chercher aide auprès d'Agamemnon et de Calchas. Tous deux lui conseillent solennellement de se sacrifier pour le salut de la patrie [Trio : Lorsque la Grèce est un champ de carnage...] (parodie du célèbre Trio de « Guillaume Tell », de Rossini). Mais Ménélas n'en veut rien entendre ; d'ailleurs, il a écrit à Cythère pour faire venir le Grand Augure de Vénus, qui apportera certainement une solution convenable au conflit.

Au mot de Grand Augure, Calchas s'effraie d'une concurrence possible mais, bien vite, il se rassure, car, lorsque le bateau aborde, il en voit descendre Pâris lui-même, déguisé en Augure ! La solution est simple : Hélène doit aller à Cythère sacrifier à la déesse du lieu ! Ménélas trouve la chose tout à fait raisonnable et presse la reine de s'embarquer. Pâris s'est, entre temps, fait reconnaître d'Hélène qui, cessant dès lors toute résistance, se laisse emporter par son vainqueur [Ensemble : Pars pour Cythère !...].

Acclamations et cris de joie ! Mais pas plutôt le navire a-t-il quitté le rivage que Pâris, abandonnant son déguisement, se fait reconnaître. Ce n'est pas à Cythère qu'il mène la reine, mais à Troie ! Ménélas, suffoqué, voulant les rattraper, tombe à l'eau et Calchas réussit tout juste à le repêcher. Agamemnon proclame aussitôt la mobilisation de l'armée des Grecs, auxquels il tient une harangue pour leur annoncer le début de la Guerre de Troie.

 

« Après Orphée aux Enfers, qui nous montrait les dieux de l'Olympe en goguette, nous avons eu la Belle Hélène et son escorte obligée : Pâris, Ménélas, Calchas, Agamemnon, Achille, Oreste et les deux Ajax, tous héros de la veille, devenus les grotesques du lendemain, types homériques passés à l'état de fantoches. MM. H. Meilhac et Halévy nous racontent, à leur façon, la séduction d'Hélène par le beau Pâris.

Cette bouffonnerie, pleine d'anachronismes burlesques, est jouée et chantée par tous les acteurs avec une verve irrésistible. Le succès a été complet. Mais cette débauche d'esprit a soulevé des orages dans tous les rangs de la critique. « On a traité de sacrilèges ces facéties extrêmes et d'un goût volontairement équivoque, dont les dieux et les héros d'Homère font les frais, dit M. Vapereau : on s'est montré plus jaloux du culte de l'antiquité que de l'antiquité elle-même ; on a oublié que les Grecs et les Romains se moquaient eux-mêmes, à l'occasion, de leur Olympe. Sans descendre aux temps de Lucien, ce représentant du voltairianisme païen, le drame satirique ne s'unissait-il pas, chez les anciens Grecs, dans l'austère tragédie, dans la trilogie classique ? on se fâche de voir l'Iliade et l'Enéide travesties ; on crie au scandale ; on accuse notre génération d'irrévérence et de scepticisme ; on monte sur les grands mots et les grandes phrases ; on défend de toucher à l'arche sainte de l'art antique, comme si on témoignait plus de respect aux chefs-d'œuvre en les oubliant qu'en les parodiant ! comme si le rire et le sarcasme des gens d'esprit n'étaient pas, pour les œuvres sublimes, encore une façon d'hommage ! comme si, enfin, les poèmes d'Homère ne méritaient plus qu'une épitaphe respectueuse

 

Sacrés ils sont, car personne n'y touche ! »

 

Ecoutons à présent la critique du Figaro, M. Jouvin : « Dans le livret fantaisiste de MM. H. Meilhac et Ludovic Halévy, Agamemnon, son frère Ménélas, le bouillant Achille, Calchas, Oreste et les deux Ajax, sont profilés avec toute la liberté d'une caricature spirituelle : le droit des deux jeunes auteurs était là où pour eux était le succès. Ils pouvaient tout se permettre, à deux conditions : écrire une parodie amusante et fournir à l'imagination de leur collaborateur toutes les situations que comporte la musique bouffe. Ces deux conditions, ils les ont remplies ; et tenir le crayon caricatural d'une main légère n'était pas chose aussi aisée qu'on se l'imagine. Mais, diront les délicats, le procédé ne varie point, c'est celui d'Orphée aux Enfers. Il consiste à systématiser les plus violents anachronismes et à couler de force la langue et les héros d'Homère dans les paletots modernes. Cela est vrai ; mais l'effet comique est toujours le résultat d'un défaut d'équilibre dans la pensée ou dans l'action. Plus la chute qui fait l'esprit en tombant est profonde, plus l'éclat de rire qui l'accompagne est retentissant. Dans une parodie de l'Iliade, c'est le rapprochement violent de deux civilisations séparées par quarante siècles qui lâche la détente de la gaieté. »

Si pourtant on se plaçait au point de vue de la dignité même de l'art, on pourrait trouver que les applaudissements obtenus par ces moyens forcés, par ces plaisanteries au gros sel, qui tombent souvent dans la licence ou dans la platitude, sont peu à l'honneur de notre époque ; et il est certain que le siècle où l'on applaudissait les beaux vers du Cid ou ceux d'Athalie aura, dans l'histoire littéraire, une plus belle place que celui où le public trépigne d'aise quand il entend des couplets comme les suivants :

 

Ces rois remplis de vaillance,

Plis de vaillance (bis),

C'est les deux Ajax,

Etalant avec jactance,

T'avec jactance (bis),

Leur double thorax,

Parmi le fracas immense

Des cuivres de Sax !

C'est les deux Ajax, les deux, les deux Ajax !

 

Ce roi barbu qui s'avance,

Bu qui s'avance (bis),

C'est Agamemnon.

Et ce nom seul me dispense,

Seul me dispense (bis)

D'en dire plus long ;

J'en ai dit assez, je pense,

En disant son nom.

C'est Agamemnon, Aga, Agamemnon.

 

Parlons maintenant de la musique. La Belle Hélène est, de l'avis de la critique, une des meilleures partitions bouffes de M. Offenbach. On y retrouve cette veine abondante, primesautière et facile de Ba-ta-clan, d'Orphée et des Bavards ; rien de plus vif, de plus extravagant. « Après quelques mesures d'introduction et l'attaque véhémente d'un premier chœur, dit M. Chadeuil, le jeune Oreste chante des couplets qui semblent avoir le mors aux dents ; puis viennent un récit comique du berger, la chanson d'Hélène, un duo d'amour, un trio bouffe, et un finale turbulent auquel concourent toutes les voix, bouquet triomphal qui vous fait aux oreilles ce qu'un feu d'artifice vous fait aux yeux. Les notes partent comme des fusées volantes. Tous, chanteurs et instrumentistes, ressemblent aux artificiers, les soirs de gala public... » Il y a, dans la Belle Hélène, des finales développés et de petits morceaux courts déguisés en madrigaux burlesques, des pages pour les connaisseurs et des refrains pour la foule. Le premier air de Pâris, dans lequel reviennent constamment ces paroles, en forme de ronde :

 

Evohé ! que ces déesses,

Pour enjôler les garçons,

Ont de drôles de façons

 

est très gracieux, très distingué et du tour mélodique le plus heureux : c'est, de l'avis de M. Jouvin, un morceau de scène. Les deux finales du premier et du second acte sont de l'excellente charge musicale. « Si celui qui termine le premier acte a plus de verve, dit le critique du Figaro, l'autre est peut-être plus spirituel ; il emprunte à la forme italienne des clichés pour parodier certains travers de style des chanteurs italiens. Le duo d'amour entre Pâris et Hélène est également une caricature ; mais il n'emprunte pas uniquement son mérite à un trait de parodie finement rencontrée : il a des mélodies et de la grâce. Plusieurs morceaux de cette œuvre légère sont devenus rapidement populaires, entre autres les couplets chantés par les rois et les princes de la cour d'Hélène, dans lesquels Agamemnon. Ménélas, Achille et les deux Ajax font, sur des syllabes redoublées, l'éloge de leurs faits d'armes. Rien n'est plus bouffon. Citons encore les couplets dont le refrain est :

 

Et voilà comme

Un galant homme

Evite tout désagrément.

 

Ceux également que dit la belle Hélène :

 

Il nous faut de l'amour,

N'en fût-il plus au monde.

Dis-moi, Vénus, quel plaisir trouves-tu

A faire ainsi cascader la vertu ?

 

Le succès de la Belle Hélène est un des plus grands que puissent compter les Variétés. Après avoir gardé l'affiche une partie de l'année, cet ouvrage, qui a été le triomphe de Mlle Schneider, a été repris au bout de quelques mois (décembre 1865), avec le même bonheur.

Les acteurs qui ont créé la Belle Hélène sont : MM. Dupuis, Pâris ; Kopp, Ménélas ; Grenier, Calchas ; Couder, Agamemnon ; Guyon, Achille ; Hamburger, Ajax Ier; Andof, Ajax IIe; Mmes Schneider, Hélène ; Silly, Oreste ; etc.

Après avoir exposé les appréciations d'une critique très indulgente, qu'il nous soit permis de donner à notre tour notre avis sur les pièces de ce genre. La littérature s'y unit à la musique pour remplir à l'égard du public le rôle de proxénète. Dans cette déplorable association, la musique cesse d'être un art, et c'est un devoir pour les artistes de la répudier, de la chasser du sanctuaire. La musique a le don d'anoblir tout ce à quoi elle est mêlée. Les paroles les plus fades gagnent de la distinction, les pensées triviales perdent de leur bassesse ; le son et le rythme rendent harmonieux et même décents les mouvements du corps qui, privés de cet accompagnement, ne seraient plus que des contorsions intolérables. La danse, sans la musique, ne peut même être imaginée, tant elle offrirait de grossièreté. Comment peut-il se faire que des dons aussi merveilleux soient profanés et systématiquement transformés en parodies funestes au goût du public et peu honorables pour ceux qui les inventent et en tirent profit ? Dans la Belle Hélène, la musique est en harmonie avec les paroles et son caractère de charge grossière rivalise de précision avec les bas instincts de la gaminerie parisienne. Le spectateur se sent honteux d'assister à ces débauches de l'esprit et du talent. Pour se justifier, il en rapporte deux ou trois lazzi amusants et encourage les personnes de sa connaissance à aller les entendre. Il éprouve le besoin d'avoir des complices. Dans un certain monde, l'auditoire de la chanteuse Thérésa s'est recruté de cette manière. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Principaux personnages : Pâris, fils du roi Priam ; la belle Hélène, reine de Sparte ; Ménélas, son mari ; Calchas, grand augure de Jupiter ; Agamemnon, roi des rois ; Oreste, son fils, etc.

La scène se passe à Sparte pendant les deux premiers actes, à Nauplie pendant la saison des bains au troisième. Aux temps homériques.

Comme Orphée aux enfers, la Belle Hélène use de l'anachronisme et en tire sa vis comica. Mais Meilhac et Halévy sont des personnages d'une autre envergure que Crémieux, et leur œuvre supporte mieux l'épreuve du temps, grâce à des qualités d'esprit et de finesse qui sont impérissables. Voici de quelle façon les deux académiciens accommodent la tragique aventure qui préluda à la guerre de Troie.

Le jugement du mont Ida, où Paris décerna à Vénus le prix de la beauté, fait beaucoup de bruit en Grèce, et en particulier à Sparte. On chuchote que pour lui témoigner sa satisfaction, Vénus a promis à Pâris l'amour de la plus belle des mortelles ; or il est de notoriété publique que cette plus belle des mortelles c'est Hélène, fille de Jupiter et de Léda, femme de Ménélas, roi de Sparte. Telle est la donnée fondamentale. Hélène aura beau faire, elle aura beau dresser autour de sa vertu les remparts les plus redoutables, la Fatalité la guette et Pâris est vainqueur d'avance. Comme dans tout le théâtre antique, l'Anankê est donc le ressort principal de l'action dans la Belle Hélène.

Au premier acte, qui se passe à Sparte sur une place publique, devant le temple de Jupiter, nous assistons, après quelques hors-d’œuvre et la présentation de Calchas, à la cérémonie des pleureuses d'Adonis. Puis Hélène, très angoissée, a un entretien avec le grand augure : la promesse de Vénus à Pâris l'épouvante ; elle attend avec anxiété, une anxiété mêlée de curiosité, l'arrivée de Pâris.

Intermède joyeux : Oreste et deux belles filles échangent avec Calchas des propos dépourvus de solennité.

Arrive Paris en costume de berger. Il dévoile à Calchas son identité, et requiert, au nom de Vénus, son assistance, voire sa complicité, pour l'exécution des volontés divines. Lorsque Hélène paraît, Calchas la désigne à son séducteur, puis laisse les deux amants épiques discuter seuls leurs petites affaires. Hélène, qui ignore à qui elle a affaire, se laisse aller au charme qui l'attire vers le beau berger. L'innocent tête à tête est interrompu par l'arrivée des rois de la Grèce, suivis d'une grande foule : des jeux publics sont en effet annoncés, un tournoi d'esprit consistant en une charade. un calembour et des bouts rimés. Trois fois, c'est le berger qui sort vainqueur de l'épreuve. Prié de se faire connaître, il déclare alors qui il est, et c'est Hélène qui, de sa main, pose sur le front du lauréat la couronne de branches de pin. De la part de Ménélas, elle le convie à dîner ; mais il lui avoue tout bas que la présence de Ménélas le gêne. Qu'à cela ne tienne ! Calchas résout la difficulté au moyen d'un tonnerre et d'un oracle : les dieux décident que Ménélas doit aller passer un mois en Crête. Le pauvre homme n'y comprend rien, mais les dieux veulent être obéis, et devant l'insistance et l'unanimité de la foule, il part.

Le deuxième acte se déroule dans les appartements d'Hélène. Ménélas est absent depuis tantôt un mois, et la reine oppose toujours à Paris une héroïque résistance : le Troyen n'est pas plus avancé qu'au premier jour. Comme Hélène est à sa toilette, on annonce Pâris. Après de grandes hésitations, Hélène consent à le recevoir. L'amoureux se fait pressant, et comme la proie qui lui est promise ne cède ni aux supplications ni aux menaces, il s'éloigne en annonçant qu'il triomphera par la ruse.

Entrée des rois de la Grèce et de Calchas qui viennent chez la reine pour y jouer au jeu de l'Oie.

Calchas triche et doit s'enfuir sous les huées, poursuivi par ses dupes. Il revient seul et, à la reine qui implore son secours contre la Fatalité qui la poursuit. il ne peut offrir que des consolations insuffisantes. Pendant ce dialogue, Pâris s'est introduit clandestinement dans la pièce et s'y est caché, déguisé en esclave.

Hélène reste seule, elle le croit du moins, et tente de se livrer au sommeil. En s'étendant sur son lit de repos, elle a demandé à Vénus des rêves agréables. Lors donc qu'elle aperçoit Pâris debout devant elle, elle se persuade aisément qu'il s'agit d'un rêve et se laisse sans méfiance aller aux douceurs du flirt. Elle s'y laisse aller tant et si bien que lorsque arrive Ménélas, revenu sans prévenir, il trouve sa femme tendrement pâmée dans les bras d'un esclave, en qui il reconnaît bientôt Pâris.

Outré, il appelle les rois de la Grèce, qui banquettent dans une galerie voisine et leur demande compte de son honneur, dont ils avaient la garde. Embarrassés et un peu gris, les rois ne savent que répondre et se contentent de chasser Pâris, qui les brave et part, promettant de revenir.

Entre le deuxième et le troisième acte. il s'est passé en Grèce des choses étranges : Vénus, courroucée de ce qu'on s'oppose à l'exécution de ses desseins, a semé les germes d'une étrange épidémie : partout les femmes quittent leurs maris et les maris quittent leurs femmes. Ils ne meurent pas tous, mais tous ils sont frappés. Nous apprenons ces horribles détails sur la plage élégante de Nauplie, où les rois de la Grèce se sont rendus pour la « season ». On délibère gravement sur une situation devenue intenable. Une seule solution ramènerait l'ordre dans le pays : il faudrait que Ménélas consentît à se sacrifier pour le salut du peuple. C'est ce que lui exposent Agamemnon et Calchas dans un trio célèbre, excellente parodie du trio de Guillaume Tell. Mais Ménélas ne veut rien savoir : que le pays s'arrange ! Lui ne cédera pas.

Le malheureux compte sans la Fatalité : Quos vult perdere Jupiter dementat. Poussé par un démon qu'il ignore, il a lui-même écrit à Cythère pour en faire venir le grand augure de Vénus. Pourquoi ? Il n'a pas même songé à approfondir. Mais nous ne tarderons pas à l'apprendre.

La galère de Cythère aborde, en effet, et le grand augure en descend. Ce n'est autre que Pâris déguisé. A la Grèce suppliante, qui lui demande un remède à ses maux, il répond sur un rythme très gai que Vénus se fait bonne et compatissante : pour lever le châtiment et supprimer l'épidémie conjugale qui désole les foyers de la Hellade, elle ne demande que peu de chose : la reine ira en personne à Cythère et y sacrifiera cent génisses blanches à la déesse du lieu. Cet expédient paraît à Ménélas parfaitement logique et raisonnable, il presse Hélène d'y acquiescer. La reine, à qui Pâris s'est fait reconnaître, comprenant que la lutte est désormais inutile, y consent. Elle monte sur la galère avec l'augure, aux acclamations de tous. Pas plutôt le navire a-t-il quitté le rivage que Pâris ôte sa fausse barbe et se fait reconnaître : ce n'est pas à Cythère, c'est à Troie qu'il mènera la reine ! Tableau.

Cette brève analyse ne peut, en aucune façon, donner une idée de la drôlerie du dialogue, qui n'est d'un bout à l'autre, qu'un feu roulant de cocasseries devenues classiques. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« La Bruyère, au moins une fois, aura manqué de jugement quand il a décrété qu' « il n'y a pas de chef-d'œuvre à deux ! » Déjà, de son temps, Corneille et Molière lui avaient infligé en composant Psyché le démenti le plus typique... De nos jours, c'est encore l'antiquité qui a inspiré à deux auteurs, Meilhac et Halévy, un chef-d'œuvre d'un autre genre — nous voulons parler de la Belle Hélène.

... Nous voulons parler... quelle prétention ! « Le théâtre instruit mieux que ne fait un gros livre », a écrit quelque part Voltaire, et le gros livre a déjà été écrit, par fragments, sur le rôle d'Hélène, au théâtre — car il n'est pas question, bien entendu, des pages qui lui sont consacrées dans la littérature des Légendes, sinon dans les histoires de la Littérature... il n'y a que l'embarras du choix. Si même nous nous réfugions dans le petit domaine des critiques de l'Opérette, combien de jolies choses sont à lire là-dessus, depuis les notes lumineuses de Jules Lemaitre — l'auteur du Mariage de Télémaque — dans ses « Impressions de Théâtre », jusqu'à l'article relatif à l'une des dernières « centièmes » publié dans le Figaro sous la signature de Robert de Flers : « Hélène aux bras blancs. »

A-t-on encore l'esprit classique indispensable, dans le public qui ne lit point, pour se récréer au spectacle d'Orphée aux Enfers, ou de l'Enlèvement d'Hélène par Pâris... Et parmi ceux qui ont fait des humanités suffisantes, combien se trouveront dans les conditions voulues pour éprouver « à voir bafouer les dieux de l'Olympe, les héros de l'Enéide ou de l'Iliade, ce secret plaisir intérieur que ressentent ceux qui leur gardent quelque rancune des sévérités de la classe ; et qui, en écoutant les irrévérences de l'opéra-bouffe, peuvent croire qu'ils assistent à une tentative de mise au point (*)... »

 

(*) Brieux. — Discours de réception à l'Académie française, sur Halévy.

 

Ainsi s'exprime un aimable académicien. Il en est, comme lui, à qui « la connaissance des choses de l'antiquité n'a pas été, dès l'enfance, imposée à travers l'horreur sacrée qu'inspirent à la plupart des élèves la version latine et le thème grec — qui n'ont jamais été punis pour avoir mal traduit Virgile, et à qui Homère n'a point valu de pensum... Ces noms ne sont liés dans leur esprit au souvenir d'aucun gros chagrin d'enfant — et ils peuvent ne pas éprouver non plus le sentiment particulier provoqué par la gouaillerie qui s'efforce aux dépens de divinités pour lesquelles on a jadis professé un respect dont on s'est libéré... Afin de conserver sa puissance, la verve railleuse doit s'exercer sur ce qui fut un objet de vénération ; il faut avoir conservé un reste de foi pour goûter toute la saveur d'un blasphème. Au fond, la parodie est une forme atténuée de la vengeance. » (Brieux, op. cit.)

Aujourd'hui on ne va pas chercher si loin, ni surtout si haut ! Certains, qui ne comprennent point — pour cause — disent : « Ça date ! », et sans s'apercevoir que ce sont eux qui datent. D'autres, au contraire, trouvent avec plaisir comme un écho lointain de leur jeunesse réveillée à cet appel des noms classiques : ils se savent gré de comprendre. Ils sont alors tout heureux de rappeler du fond de leur mémoire quelque lambeau de texte grec, ou quelques souvenirs de ces auteurs latins qui les ennuyaient fort, qu'ils entendaient mal, et qu'ils ne sentaient à aucun degré, mais qui leur inspiraient tout de même une certaine admiration : ils parlent de « sel attique et gaulois ». Ils disent : « les travers et les ridicules des anciens étaient les mêmes que les nôtres », et « l'humanité a toujours les mêmes passions ». Il n'y avait pas si loin du boulevard à l'Agora... Aristophane et les potiers de Tanagra nous en sont garants... « Ils revoient vaguement une caricature d'écolier aux marges d'un livre de classe ; ils n'ont peut-être pas tout à fait oublié cette Enéide travestie de Scarron, dont le professeur leur a lu un jour de piquants passages. Alors, ils se gaudissent, et, pour un peu, ils feraient à leur voisin des citations, comme les deux Labadens qui se retrouvent dans la comédie de Labiche... Et si la Belle Hélène n'a plus tout à fait autant d'adorateurs qu'autrefois, c'est — comme le prévoyaient ses critiques — parce que les programmes d'études actuels ayant eu le temps de porter leurs fruits, les générations formées par un enseignement où la « culture physique » occupe la première place n'ont même plus de l'antiquité grecque ou latine cette pâle teinture qu'en avaient Mistingué et Lenglumé. »

Enfin, remarque Brieux : « Au premier examen, l'on est porté à croire que le succès a été dû — au moins dans ce qu'il a eu d'éclatant — à la secousse que produit dans l'esprit le rapprochement inattendu de deux ordres d'idées entre lesquelles le temps semblait avoir mis une définitive et infranchissable barrière... Si l'on nous dit qu'Hermione, l'amoureuse névrosée, la criminelle par passion, collectionne des timbres-poste, ou si l'on nous montre le bouillant Achille cherchant à deviner une charade dont le mot est « locomotive », on fait agir un des éléments essentiels et infaillibles du rire — c'est-à-dire la mise en activité simultanée, dans notre cerveau, de deux cellules qui, d'habitude, ne sont pas excitées en même temps... Mais une étude plus attentive nous montre, dans la Belle Hélène, d'autres éléments de succès — et de plus nobles. Ne pourrait-on pas soutenir que, débarrassée des plaisanteries de pur anachronisme, les Grecs eux-mêmes en eussent pu supporter la représentation ? Il s'y cachait, sous le travestissement du passé, une satire assez mordante des choses contemporaines... » — qu'il s'agisse d'idées politiques, ou de principes religieux, ou de théories littéraires — Jules Lemaitre en a dressé, à l'occasion de Barbe-Bleue, une statistique éloquente... Et c'est toujours, ou déjà, le même joyeux jeu de massacre. — « Faut-il en conclure que ce théâtre contient un ferment révolutionnaire ?... Cette pensée eût indigné peut-être, et à coup sûr bien étonné l'auteur de l'Abbé Constantin..., mais les dieux choisissent parfois des porte-voix inconscients... » D'ailleurs, l'auteur de la Famille Cardinal était, nous le savons, plein d'indulgence narquoise. Et il a toutes les excuses pour sa « Phèdre de l'Opérette », victime, avec tant d'autres, de la F...atalité !

 

***

 

Le berger Pâris ayant rencontré au coin d'un bois sacré Junon, Minerve et Vénus, en train de se disputer la palme de la beauté, ces déesses ont recours à son arbitrage. Il décerne la pomme de discorde à Vénus, qui, en témoignage de reconnaissance, lui promet l'amour de la plus belle des mortelles.

Il s'agit d'Hélène, fille de Jupiter et de Léda, épouse de Ménélas, roi de Sparte... Elle ne fait pas de difficultés pour en convenir — mais oppose quelque résistance. Toutefois, on ne lutte pas contre son destin. C'est pourquoi l'augure Calchas annonce à Ménélas que les dieux estiment sa présence indispensable sur les rivages de la Crète. — Pendant son absence, Pâris réussit à endormir les scrupules d'Hélène ; il lui persuade qu'elle est en train de vivre un songe. Et, à demi dupe, elle s'abandonne aux bras du berger, lorsque Ménélas, revenu sans prévenir, — l'imprudent ! — fait soudainement irruption.

Aux cris du malheureux mari, tous les monarques ses confrères, arrachés à l'orgie, accourent : Agamemnon, les deux Ajax, Achille, Oreste, etc... Ménélas leur demande, avec véhémence, compte de l'honneur de sa femme. — Il paraît qu'il la leur avait confiée à son départ. La dispute dégénère en bacchanale... Pâris est chassé.

Vénus le venge en déchaînant sur Sparte une épidémie amoureuse. Pour récupérer leur tranquillité, les Grecs offrent un sacrifice à la déesse. Le grand-prêtre de Cythère vient leur déclarer que la cérémonie aura lieu dans son île, et que le concours d'Hélène y est nécessaire — mais d'Hélène seule ! Elle monte avec lui dans sa galère, qui l'emporte — et l'on s'aperçoit alors que ce grand-prêtre, déguisé, c'était Pâris, fils de Priam, roi des Troyens.

... Tel est, dans sa classique nudité, ce prologue — connu — de la « Guerre de Troie », naturellement poussé au burlesque. La charge des poses antiques, ces caricatures que l'anachronisme relevait en bosse, interloquèrent un public cependant entraîné par Orphée aux Enfers — mais la Belle Hélène était d'une tout autre subtilité. Le burlesque, comme la comédie bachique, comme l'ironie supérieure, n'est pas accessible aux classes inférieures : le peuple ne vit pas assez au niveau des « grands objets » pour trouver quelque chose de comique à les voir rabaissés — et il ne les connaît pas assez bien pour savoir comment on peut les rendre ridicules. La délicatesse dont on se pique augmente le plaisir du contraste.

Cependant, comme Orphée, Hélène fut le nouveau prétexte d'une levée de boucliers dans le camp des classiques. Il y eut un déchaînement d'attaques furibondes contre cette parodie sacrilège (*). Et les imprécations violentes de ceux qui l'accusaient de « profaner » essayèrent inutilement d'ennuager l'aurore de sa triomphante carrière. La Presse, qui l'avait d'abord fraîchement accueillie, sinon quasi condamnée, fut obligée de convenir qu'il se dégageait de cette opérette une « ivresse de vin de Champagne »... Il y eut un instant de surprise — et puis, ce fut l'essor.

 

(*) Chaque fois que la belle Hélène avait à prononcer le nom de « sa sœur Clytemnestre », Hortense Schneider s'abandonnait à des éternuements qui semblaient aux « purs » autant de nasardes décochées aux héros de la tragédie classique entraînés dans le pêle-mêle d'une monstrueuse « descente de la courtille ».

 

Comptait-on, oui ou non, sur le succès ? Meilhac et Halévy se montraient inquiets. Leur œuvre n'était pas d'une seule venue ; la charade du premier acte, élaborée au cours d'un souper d'épicuriens — comme le latin macaronique du Malade imaginaire — est due au président du corps législatif impérial, le duc de Morny — un des auteurs, anonyme, de M. Choufleury restera chez lui le… , qu'il avait signé du pseudonyme de « M. de St-Rémy ».

Offenbach, lui, avait confiance, presque superstitieusement... Sa partition revenait de si loin !

Plusieurs remaniements paraissaient nécessaires : de la répétition générale, 13 décembre 1864, à la première, le 17, le compositeur dut refaire pour José Dupuis l'air du « Mont Ida » que l'artiste choisit entre trois motifs différents —­ tel le berger qu'on y célèbre, en butte aux séductions du trio d'immortelles. On a, d'autre part, souvent raconté avec quelles peines les collaborateurs avaient pu s'assurer le concours d'Hortense Schneider — la « Malibran » de la musique bouffe.

La Belle Hélène était d'abord destinée au théâtre des Bouffes-Parisiens, dont Offenbach était le créateur ; mais, depuis longtemps libéré de sa direction, il venait de rompre avec un de ses successeurs. On avait alors songé au Palais‑Royal, et voici qu'Hortense Schneider, sur laquelle on comptait pour le rôle d'Hélène, se brouillait à son tour avec son directeur, qui avait bien l'impertinence de lui refuser une augmentation — ses appointements n'ayant pas dépassé 6.000 francs depuis cinq ans ! La veille de son départ « définitif » pour la Gironde natale, elle résiste aux objurgations d'Offenbach venu la relancer au milieu de ses bagages, armé de la fameuse partition. Il se précipite au piano. Perchée sur une malle, elle écoute jouer le maestro, s'émerveille, mais ne cède pas. Offenbach continue, Hortense change de malle, mais ne se décide point... Offenbach crie, hurle, fausse une pédale... Hortense Schneider est au comble de l'enthousiasme — mais une grande artiste n'a qu'une grande parole « Non ! Non ! et non !... On ne l'apprécie pas à sa juste valeur au Palais-Royal ! Elle n'y jouera plus. Elle ne jouera nulle part. Elle partira. Elle part. Elle est partie... » (R. Boutet de Monvel : les Variétés. — Martinet : Offenbach. Sa vie, son œuvre. — F. Loliée : la Fête Impériale. — R. de Flers : Hélène aux bras blancs.)

La voici revenue chez sa mère, à Bordeaux ; une dépêche d'Offenbach l'y a poursuivie : « Affaire manquée au Palais-Royal. Possible Variétés. » Elle répond par un défi : « Deux mille francs par mois ! »... Heureuse époque ! — On télégraphie : « Entendu ! » — Et elle reprenait le train. Ce fut un grand émoi dans le monde des théâtres qu'une artiste — fût-elle illustre — pût demander et obtenir des prix pareils... On cria à l'immoralité, à la décadence — et l'on inscrivit les 2.000 francs par mois d'Hortense Schneider à l'actif de la « corruption impériale... »

Les Variétés d'alors n'avaient pu monter l'opérette en l'entourant des recherches de mise en scène si vite imposées par les concurrences. Mais la pièce était supérieurement interprétée. Aux côtés d'Hortense Schneider — qui chante « avec un art que l'on croyait perdu », et de José Dupuis, déjà nommé, on applaudit Grenier représentant Calchas « le front ceint de ses bandelettes d'où s'échappe une profusion de boucles extravagantes » — le grand augure Calchas, au légendaire : « Trop de fleurs ! » dont l'intonation a été depuis fixée par Baron nez varietur — l'excellent Calchas « qui, s'il a de condamnables manières lorsqu'il joue à l'Oie, sait écarter du Temple les deux petites amies d'Oreste avec un geste de bonté compréhensive et de fermeté paternelle qui achèvent de nous éclairer sur son âme de philosophe » (Brieux). Couder fait un superbe Agamemnon — le roi des rois, d'une psychologie si pénétrante, lorsque, après avoir écouté la composition d'Ajax II dans le concours des « Bouts-Rimés » (Toute chaîne — A deux poids — Toute peine — En a trois !...) et après y avoir rêvé, il prononce : « Ça ne veut rien dire, mais c'est harmonieux à l'oreille : vous ferez école ! » Sur quoi l'on entrevoit toute la poésie futuriste. — Kopp, c'est Ménélas, le classique cocu de fabliau, dans la pure tradition gauloise. — Guyon, l'Achille matamore au talon à musique, a cru devoir se composer une tête de porc-épic sortant d'une boîte à surprise. Oreste — un Oreste au col empesé, portant monocle, entraînant à sa suite danseuses et courtisanes — est incarné par Mlle Silly, l'ennemie d'Hortense Schneider, gracieuse petite personne tournée à ravir dans son maillot rose, à la voix polissonne, au geste ensorceleur... Il était désormais difficile de résister.

Là-dessus, les acteurs, par le travail de l'improvisation quotidienne, arrivent à dégager la personnalité de leurs rôles, et la transposent dans les scènes élastiques où ils commencent à se livrer aux cascades bientôt devenues traditions — ce sont toujours les procédés de la « commedia dell'arte », si caractéristiques de l'interprétation d'Orphée : « J'ai vu, — écrit Sarcey — Pâris et Agamemnon ne plus parler à Ménélas, au troisième acte, qu'en lui appliquant une vigoureuse tape sur son occiput chauve... Ménélas bondissait du coup, par un prodigieux ressaut, toujours plus haut, puis se redressait avec dignité — et finissait par sourire comme s'il comprenait la plaisanterie... On riait aux larmes (*)... »

 

(*) Cf., à propos de la sûreté des effets de ce genre, l'intéressante étude du philosophe Bergson : Le Rire. — Essai sur la signification du comique, ch. II, parag. Ier.

 

Le succès s'était dessiné à partir de la douzième représentation. A la vingt-cinquième, on a réalisé 97.224 francs de recettes. Désormais, ce sera la vogue — avec toutes les loges louées une quinzaine à l'avance ; l'orchestre, les couloirs envahis. La Belle Hélène résistait après la centième aux chaleurs d'un été torride, et, après quelques semaines de repos accordées à ses créateurs, elle reprenait en hiver sa carrière, bientôt fantastique.

Cependant, l'opéra-bouffe partait, sous la direction d'Offenbach, pour son tour de France et du monde, triomphant simultanément dans toutes les capitales. Le livret va jusqu'à fournir des titres aux revues des petits théâtres — tel le Bu qui s'avance, de Busnach (300 représentations). Et la partition fait fureur : il n'est pas un instrument de musique qui n'ait vulgarisé « Pars pour la Crète ».

La première reprise importante eut lieu en 1876, où Léonce jouait Ménélas. Deux nouvelles séries de représentations fructueuses en 1886 et 1899, avec une mise en scène digne de l'ouvrage. On crut devoir ajouter au troisième acte un divertissement inédit, tout entier composé d'airs d'Offenbach : « Le jugement de Pâris » conduit par le prince Oreste (Mlle Lavallière). Pour cette dernière reprise, la pièce était distribuée à toute la compagnie comique des Variétés — en tête : Brasseur, Guy, Prince, Simon et Baron — inoubliable Calchas (*). Depuis Hortense Schneider, Mmes Judic, Granier, Simon-Girard ont été successivement « Hélène aux bras blancs... » Ce rôle a récemment tenté Mme Marguerite Carré, de l'Opéra-Comique... Est-il à souhaiter que les grands augures qui président aux destinées du second Vaisseau lyrique enlèvent à leur tour la belle Hellène ? En l'espèce, il faut se méfier de l'équipage : il a presque noyé sous des ondes par trop sonores la Fille de Madame Angot... L'Opérette n'a rien à faire dans cette somptueuse galère.

 

(*) En 1919, la Belle Hélène, chantée par le ténor Francell (Pâris), à la Gaîté, réalisait 1 million aux soixante-dix premières représentations. »

 

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

BELLE HÉLÈNE DANS SON MÉNAGE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Moreneville, musique de Georges Rose, représentée aux Nouveautés le 11 juillet 1867.

 

 

BELLE HISTOIRE (LA)

 

Opérette bouffe en trois actes, livret de H.-G. Clouzot, musique de Maurice Yvain. Création au Théâtre de la Madeleine le 25 avril 1934 avec Mmes Marcelle Denya (Lison), Thérèse Dorny (Adolphine), Dany Loris (la princesse) ; MM. Morton (Spartakas), René Dary (Jean). Maquettes de Vertès.

 

"Cette belle histoire n'est pas le moins du monde édifiante. Lison, éprise du fils du meunier, ce Jean qui se fait passer pour le marquis de Carabas, attire dans un bois les galants d'occasion, à seule fin d'enrichir le pseudo-marquis. Celui-ci d'ailleurs est désireux d'épouser la fille du roi Spartakas ; et il y parviendra en effet tandis que le roi se consolera avec Lison. On voit que cette « belle » histoire est la plus laide du monde. Fort maladroitement agencée par surcroît et d'une extrême faiblesse de dialogue. Il était bien difficile au compositeur de bâtir là-dessus une partition de qualité. Il s'y est efforcé cependant, tâchant de muer l'opérette en opéra-comique. C'est précisément par quoi M. Maurice Yvain a péché. Mais on lui saura gré de nous avoir épargné des redites de jazz, d'avoir conservé à la musique française sa ligne traditionnelle, et l'on retiendra tout autant les airs de Pam, Paméla, de Il est un dieu tendre et charmant que les ensembles Buvons ou Carabi, Carabas." (Larousse Mensuel Illustré, 1934)

 

 

BELLE JARDINIÈRE (LA)

 

« Bouquet en un acte, en prose et ariettes, à l'occasion de la fête de monseigneur le maréchal duc de Richelieu », paroles de Caprez, musique de Beck, représenté sur le théâtre de Bordeaux le 24 août 1767.

 

 

BELLE KALITCHA (LA)

 

Opérette en un acte, livret d’Armand Liorat, musique de Frédéric Wachs, représentée aux Folies-Bergère en décembre 1872.

 

 

BELLE LINA (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Paul Avenel et Paul Mahalin, musique de M. Rubans, représenté au théâtre de l'Athénée le 06 février 1875. Chanté par Noël Martin, Mlles Sichel et Caroline Girard.

 

 

BELLE LURETTE

 

Opérette en trois actes, livret d’Ernest Blum, Edouard Blau et Raoul Toché, musique de Jacques Offenbach, représentée au théâtre de la Renaissance le 30 octobre 1880, après la mort du compositeur. Les morceaux qui ont eu le plus de succès sont : le Jabot du colonel, l'ensemble Nous sommes les amoureux, la parodie du Danube bleu, la ronde de Colette. Chantée par Mlles Jane Hading, Milly Meyer, MM. Jolly, Vauthier, Cooper.

 

 

BELLE-MADELEINE (LA)

 

Opéra-comique en quatre actes, paroles de MM. de Lustières et Dutertre, musique de M. G. Schmitt, représenté au théâtre Déjazet le 24 juin 1866. La Belle-Madeleine est le nom d'un bâtiment qui, pendant les guerres de l'Empire, naviguait de conserve avec un autre vaisseau nommé le Crocodile. Une jeune femme, déguisée en mousse, sauve la vie du capitaine de la Belle-Madeleine. La musique a paru digne d'estime, malgré l'interprétation insuffisante des nombreux morceaux de la partition. Chanté par Gayral et Mlle Longuefosse. [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BELLE POULE (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d'Hector Crémieux et Albert de Saint-Albin, musique d'Hervé, représentée aux Folies-Dramatiques le 30 décembre 1875, avec Mmes Hortense Schneider (Poulette), Toudouze (la Marquise de Montembrèche), Prelly (Fœdora), C. Jullien (Amaranthe), Duvernoy (Marton), Dezoder (Mirette), Gréty (Lisette), E. Perrin (Marinette), J. Becker (Rosette), Jenny (Jacqueline), Jeanne Duc (Petit-Pierre), MM. Milher (le Baron de la Champignole), Simon-Max (Poulet), Luco (Jean Marcou), Eugène Didier (le Chevalier d'Aigrefeuille), Heuzey (Vincent), Jeault (le Notaire), Caillat (un Crieur), Legrain (Maître de clavecin), Prosper Guyot (Maître de maintien), Clavandier (Maître de littérature), Speck (Lafleur), Pellerin (Jasmin), Blanquin (l'Aubergiste), Arthur (un Paysan).

 

« Cette belle poule est une paysanne dont les amours, avec un jeune garçon nommé Poulet, sont traversés par beaucoup d'incidents pendant trois actes. On a remarqué, au milieu des incohérences familières au compositeur, la chanson de la Bordelaise, le rondeau dans lequel la belle Poule expose les sciences qu'on lui fait apprendre chez la marquise de Montembrèche, qui l'a adoptée, et une jolie valse. Chantée par Simon-Max, Milher, Luco, Mlle Schneider et Mme Prelly. » [Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BELLE SAISON (LA)

 

Comédie musicale en deux actes et onze tableaux de Jean de Létraz, musique de Jean Delettre. Création au Théâtre Marigny le 29 juin 1937, avec Mmes Lucienne Boyer, Marguerite Pierry, Monette Dinay ; MM. Pills, Tabet, Boucot.

 

« Une Montmartroise qui s'éprend d'un peintre aux poches apparemment vides découvre un jour que celui-ci est un metteur en scène de cinéma pourvu de tous billets. Est-elle enchantée de cette découverte ? Non pas. Car nous sommes dans le monde du théâtre et des rêves. Par dépit elle se lance dans le music-hall jusqu'au moment où tout s'arrange, puisqu'il le faut bien pour finir la pièce. Celle-ci est ornée de nombreux couplets fort agréablement mis en musique par J. Delettre ; cela forme une suite de chansons à la mode du jour. » (Larousse Mensuel Illustré, 1937)

 

 

BELLE SOPHIE (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Paul Burani et Eugène Adenis, musique d’Edouard Missa, représenté au théâtre des Menus-Plaisirs le 11 avril 1888.

 

 

BELLE TONNELIÈRE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, musique d’Edmond Waucampt, représenté à Tournai en février 1876.

 

 

BELLE TUNISIENNE (LA)

 

Opérette en un acte, livret de Maurice Bouchor, musique de Gaston Lemaire, représentée au Cercle des Mathurins en novembre 1889.

 

 

BELLÉROPHON

 

Opéra en cinq actes, de Thomas Corneille, Fontenelle et Boileau, musique de Jean-Baptiste Lully, représenté à Paris, sur le théâtre de l'Opéra, le 31 janvier 1679.

Cet opéra fut annoncé d'abord sous le titre de : les Triomphes de Bellérophon (Mercure galant, décembre 1678, page 124). Plusieurs recueils lui donnent pour auteur Corneille le jeune, quelques-uns Fontenelle ; de récents travaux sur l'Académie de musique nous renseignent d'une manière certaine sur les noms des librettistes. Castil-Blaze, dans son Répertoire général du théâtre de l'Opéra, n'hésite pas à donner aux trois collaborateurs un droit égal de paternité sur le poème, mais son rôle s'arrête à une simple mention ; il nous a donc fallu chercher ailleurs les indices certains de cette association poétique. En ce qui concerne Fontenelle, la collaboration est parfaitement établie ; on a même été, nous le répétons, jusqu'à le présenter comme l'unique auteur de l'ouvrage. Un des secrétaires de Lulli, nommé Noirville, a publié une Histoire de l'Académie royale de musique, devenue fort rare, mais que nous avons sous les yeux, et dans laquelle Bellérophon figure avec la seule signature de Thomas Corneille. Toutefois, une note de l'auteur nous apprend que tout le monde sait que le rôle d'Amisodar est entièrement de la composition de M. de Fontenelle... » Noirville dit encore : « Thomas Corneille, rebuté par le peu de succès de Psyché, avait renoncé au théâtre lyrique ; mais Racine et Despréaux, qui n'avaient rien oublié pour décrier Quinault, n'oublièrent rien aussi pour ramener Corneille à faire des opéras ; et, ne se flattant pas d'en venir à bout par eux-mêmes, ils firent si bien, que Louis XIV lui fit l'honneur de lui témoigner qu'il le souhaitait. Il n'en fallait pas moins pour le rembarquer sur une mer qui lui paraissait trop orageuse. Corneille choisit le sujet de Bellérophon. Il en fit le premier acte avec beaucoup de facilité ; il le montra à Lulli, à qui il déclara que le plan du quatrième et du cinquième acte était tracé, mais qu'il ne savait comment disposer le deuxième et le troisième ; Lulli lui dit de consulter Quinault. Ce dernier s'y prêta de bonne grâce ; mais il pensa le désespérer par la rigueur avec laquelle il fit main basse sur les deux tiers de ses vers, qu'il ne trouvait pas assez lyriques. Il le tira enfin d'embarras. Bellérophon fut achevé, et les représentations emportèrent également les suffrages de la cour et de la ville. » Ainsi Quinault, bien que son nom ne figure pas sur le titre, aurait aussi participé à la mise sur pied de cet opéra, dont la fable lui était d'ailleurs familière, puisqu'il en avait déjà tiré une tragédie intitulée également Bellérophon, laquelle, soit dit en passant, avait eu une superbe chute. Jusqu'à présent, nous n'avons pas vu quelle part Boileau devait revendiquer dans la pièce. « On a dit que Despréaux avait eu une grande part à ce poème, lisons-nous dans les Annales dramatiques ; mais Fontenelle, dans une lettre adressée aux auteurs du Journal des savants, a assuré bien positivement qu'à l'exception du prologue, du morceau qui ouvre le quatrième acte, et du canevas, il ne pouvait y avoir rien de Despréaux dans Bellérophon ; et que Thomas Corneille, qui ne se souciait pas trop de cette sorte de travail, lui avait envoyé à lui-même (Fontenelle) le plan de cet opéra pour l'exécuter. » Il n'en est pas moins vrai que Boileau a écrit : « Tout ce qui s'est trouvé de passable dans Bellérophon, c'est à moi qu'on le doit. » Le même auteur prétend en somme que les paroles de cet opéra ont été attribuées à tort à Corneille, et que Fontenelle les a revendiquées. Quoi qu'il en soit, Bellérophon, obtint un succès prodigieux. Il fut joué sans discontinuer depuis le 31 janvier jusqu'au 27 octobre suivant, et repris avec non moins de bonheur dès le milieu de l'année 1680. Le 3 janvier 1680, il avait été représenté devant le roi à Saint-Germain-en-Laye. Le roi en avait fait répéter divers morceaux deux fois de suite. En outre, deux représentations extraordinaires en avaient été données, la première, le 21 mai, pour le dauphin, et l'autre, le 6 septembre, pour la reine d'Espagne (Marie-Louise d'Orléans), fille de Monsieur, alors sur son départ. Cet opéra obtint donc un succès des plus marqués. Un concours prodigieux accueillit Bellérophon dès le premier jour, si l'on s'en rapporte aux écrits du temps. « On peut assurer, dit Devisé, que tout Paris y était (à l'Opéra), et que jamais assemblée ne fut plus nombreuse ni plus illustre. J'entends crier miracle de tous côtés ; chacun convient que M. Lulli s'est surpassé lui-même, et que ce dernier ouvrage est son chef-d'œuvre. » Les enthousiastes pouvaient parler de la sorte, puisque Armide n'avait pas encore paru. La fameuse Mlle Le Rochois donnait au rôle de Sténobée un grand éclat.

Nous n'entreprenons pas l'analyse du poème. Le héros de la pièce est connu dans l'histoire poétique par son insensibilité pour les avances amoureuses de Sténobée, et par la défaite de la Chimère, dont il triompha, monté sur le cheval Pégase. Le prologue est entre Apollon, les Muses, Bacchus et Pan. « Passons présentement à un examen précis des beautés et des défauts de cet opéra, dit Noirville ; l'exposition de la première scène a, d'un consentement universel, passé pour la plus belle du théâtre lyrique. Le second acte est celui qui a le plus prêté au musicien, par le moyen de la magie, qui est, sans contredit, la plus frappante qu'on ait jamais vue au théâtre, Il y a une singularité à observer dans cette magie, c'est qu'elle est toute versifiée en rimes plates, c'est-à-dire non croisées ; on ignore les raisons qui ont pu porter l'auteur à s'imposer cette loi, car le hasard ne saurait avoir produit cela pendant trente vers de suite. On a trouvé les fêtes du troisième acte trop longues, et que le quatrième n'est pas assez rempli. On aurait aussi souhaité que la pièce eût fini par la mort de Sténobée. La fête qui suit a paru hors de raison, après une catastrophe si tragique. » En 1728, lorsqu'on reprit Bellérophon, on y fit quelques changements ; on supprima le divertissement du quatrième acte, généralement critiqué, et on le remplaça par un divertissement mieux approprié au sujet. Il avait été fait, d'ailleurs, contre le sentiment du poète, et seulement pour fournir un sujet à la musique. Aujourd'hui, tout le bruit qui s'est fait jadis autour de Bellérophon est éteint, bien éteint, et c'est à peine si la tentative de Berton et Grenier put, en 1773, en réveiller les lointains échos.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Quinault a secondé Th. Corneille dans la composition de cet opéra, et le rôle d'Amisodar tout entier est de Fontenelle.

Les rôles de Jobate, Sthénobée, Philonoé, Bellérophon et d'Amisodar furent confiés à Beaumavielle, Mlles F. Christophe et Aubry ; Clédière et Nouveau aîné.

Reprises : 1680, 1705, 1718 et 1728.

Arlequin Bellérophon, parodie de Dominique et Romagnési : 7 mai 1728. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BELLÉROPHON

 

Opéra en quatre actes et un prologue, livret de Thomas Corneille, Fontenelle et Boileau, musique de Pierre Montan Berton et Louis Granier, représentée à Versailles le 20 novembre 1773, à l'occasion du mariage du Comte de Provence (futur Louis XVIII). C'est l'opéra de Lully remis en musique.

 

 

BELPHÉGOR

 

Opéra-comique en un acte et en vers, livret de Léon Halévy, musique de Casimir Gide, représenté dans le salon du compositeur, rue Bonaparte, le 05 février 1858. Ce petit ouvrage, écrit avec science et esprit, a été chanté par Bussine jeune, Mlles Mira et Rossignon.

 

 

BELVÉDER (LE), ou LA VALLÉE DE L'ETNA

 

Mélodrame en trois actes de Pixerécourt, musique de Quaisain, représenté à l'Ambigu, le 10 décembre 1818.

 

 

BELZÉBUTH ou LES JEUX DU ROI RENÉ

 

Grand opéra en quatre actes, musique de Castil-Blaze (1841), accepté pour le livret à l'Opéra de Paris, mais refusé pour la partition, et représenté sur le théâtre de Montpellier.

 

 

BÉNÉDICTION DE LA NÉVA

 

Scène lyrique, tirée du drame du Chevalier d'Éon, par M. de Lescure, musique de M. Adolphe Nibelle, exécutée au palais du Trocadéro le 10 octobre 1878. Tous les ans, le 6 janvier, jour de l'Épiphanie, le clergé russe métropolitain, en présence du czar, de l'armée et du peuple, bénit les eaux encore glacées de la Néva pour conjurer les désastres de la débâcle et des inondations. Cette scène se compose de plusieurs morceaux : l'hymne national russe, le chœur des popes, un chœur populaire, une prière et un finale à double orchestre : Dieu, garde en ta bonté. Les soli ont été chantés par M. Lauwers. Cet ouvrage a été aussi exécuté avec succès à Orléans.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BÉNÉFICE DE ROUFLAQUET (LE)

 

Revue en cinq actes et vingt tableaux, livret d’Ernest Blum et Alexandre Flan, musique d’Hervé, représentée aux Délassements-Comiques en 1861.

 

 

BENIOWSKI ou LES EXILÉS DU KAMTSCHATKA

 

Opéra en trois actes, paroles d'Alexandre Duval, d’après une pièce de Kotzebue, musique de Boieldieu. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 08 juin 1800, avec Mme Armand (Aphanosia), MM. Elleviou (Beniowski) et Gavaudan (Stephanoff), sous la direction de Frédéric Blasius. 72 représentations jusqu’en 1828.

 

« Cet opéra doit son existence à un hasard singulier. Alexandre Duval raconte en ces termes les faits qui lui inspirèrent son poème : « Un jour que plusieurs représentants se trouvaient réunis chez Talma, avec le général Dumouriez, qui revenait vainqueur de l'armée du Nord, Marat se présenta, seul, dans cette assemblée. Sa présence fit sur la société l'effet de la tête de Méduse... Il était dans ce costume aimable sous lequel on l'a représenté, ce qui contrastait beaucoup, je ne dirai pas avec la grande parure, mais avec l'élégante simplicité de toutes les personnes qui composaient la fête. Lui, sans se démonter, s'adresse à Dumouriez, dit des injures aux représentants dont il ne partageait pas les opinions, et finit enfin par avoir, avec le général, une assez longue conférence à voix basse. Dugazon, l'un des personnages de la fête, qui était toujours sûr d'égayer la compagnie par son esprit et ses bons mots, quand il ne se laissait pas aller à toute son extravagance, fit une plaisanterie qui était plus que hardie, et qui pensa conduire Talma et sa femme sur l'échafaud. Il prit un réchaud embrasé, y répandit des parfums, et suivit Marat dans tous les mouvements qu'il faisait, comme s'il voulait purifier l'air qu'il empoisonnait de sa présence. Marat n'eut pas l'air d'y faire attention ; mais, dès le lendemain, son journal retentit du repas donné par Talma aux conspirateurs et de l'insulte faite aux véritables patriotes. Comme le temps, quoique déjà noirci par l'orage qui devait éclater en 1793, ne devait pas faire craindre que cette mauvaise plaisanterie eût des suites, Talma resta dans la plus grande sécurité. Bientôt l'orage éclate, nos amis communs périssent sur l'échafaud... et, souvent, à ce tribunal de sang, on demandait aux accusés s'ils faisaient partie des conspirateurs qui s'étaient réunis chez l'acteur Talma. On juge quelle était sa situation, celle de tous ceux qui l'aimaient, et certes, le nombre en était grand. Cependant, on lui conseilla de se taire ; on lui représenta que la force de son talent, que le peuple savait apprécier, l'empêcherait toujours de faire partie des victimes... Cependant, comme nos sales tyrans finirent par ne plus rien respecter. Talma fut instruit par un de ses amis que son nom était porté sur une liste de proscription. L'amitié qui nous unissait dès ce temps-là, la conformité de nos opinions, l'engagèrent à me confier ses craintes.... Un soir qu'après avoir joué la tragédie, il me parut plus sombre qu'à l'ordinaire, je lui demandai le sujet de sa tristesse : il me dit qu'il ne pouvait se rendre compte de ses pressentiments, mais qu'il craignait d'être arrêté au premier moment, et que ce n'était qu'en tremblant qu'il rentrait chez lui ; qu'il allait s'y trouver seul ; qu'il avait envoyé sa femme dans une campagne écartée... Le voyant dans ce trouble, qu'il ne pouvait vaincre, je lui proposai d'aller souper chez lui, et même d'y passer la nuit... Le long de la route, je tâchai de lui donner de l'espérance ; et en soupant, et après quelques verres de vin, nous finîmes par éloigner tout à fait nos trop justes inquiétudes. Mais quand je fus retiré dans ma chambre, ou plutôt dans sa bibliothèque, car c'était là que je couchais dans un très beau lit grec, très élégant sans doute, mais très peu commode, je me mis à réfléchir sur la position dangereuse dans laquelle il se trouvait ; et, de réflexion en réflexion, je finis par me dire : mais si par hasard on venait l'arrêter cette nuit ! mes opinions, moins connues que les siennes peut-être, mais qui néanmoins le sont assez, pourraient me mériter l'honneur de suivre mon héros jusque sur l'échafaud. Je ne pourrais pas dire que je ne suis pas de la compagnie de monseigneur. Cette idée m'attrista : ce n'est pas que je redoutasse d'accompagner mon ami à la mort (en ces temps-là, on tenait peu à la vie) ; mais j'éprouvais un sentiment mélancolique dont je ne me rendais pas compte, qui ne suffisait que trop pour m'empêcher de me livrer au sommeil. Pour comble de contrariété, un maudit gros chien, gardien de sa maison (cette maison était celle de la rue de Chantereine, que plus tard Talma vendit à Bonaparte), par ses aboiements furieux, me faisait craindre de voir entrer, à chaque instant, la force armée, précédée, suivant l'usage de ce temps, des membres d'un comité révolutionnaire. Ne pouvant espérer de trouver le sommeil, je saisis le premier livre qui me tomba sous la main, et le hasard me fit tomber sur les Mémoires de Beniowski. Je lus ; et, malgré mes frayeurs, je me trouvai la tête assez libre pour faire le plan d'un opéra, que le public a accueilli avec bienveillance, sans savoir seulement que ce malheureux enfant était né au milieu des craintes et des alarmes. Le lendemain, je contai à Talma mes terreurs de la nuit ; il en rit avec moi, comma on riait dans ce temps-là. »

Les aventures du fameux chevalier hongrois Beniowski avaient déjà fourni à Kotzebue la matière d'un drame. Le poème de Beniowski s'écarte quelque peu de l'histoire, comme on en va juger par une rapide analyse. « Beniowski, général au service de la cause polonaise, est tombé au pouvoir des Russes, qui l'ont exilé au Kamtschatka. Ses compagnons d'infortune forment le projet de s'affranchir ; ils le prennent pour chef. Mais appelé au château du gouverneur, dont il aime passionnément la nièce, il se trouve placé dans la cruelle alternative de trahir son parti ou sa maîtresse ; l'amour l'emporte, et les deux amants sont unis. Cependant un exilé russe, Stephanoff, jaloux de Beniowski, jette des doutes sur sa loyauté et se présente ensuite chez le gouverneur, à qui il dévoile le secret de la conjuration. Il parvient à obtenir la grâce de tous les coupables, excepté celle du chef ; or ce chef n'est autre, on le sait déjà, que Beniowski. Traître à son parti, coupable aux yeux du gouverneur, il ne sait où porter ses pas ; il fuit à travers mille dangers. Enfin, les exilés prennent les armes. Beniowski, errant de rocher en rocher, de précipice en précipice, épuisé de fatigue, mourant de faim, tombe, sans connaissance, sur le sol. La nuit est venue. Les gens de Stephanoff le recueillent et le rappellent à la vie. Stephanoff, qui l'a reconnu, pourrait se défaire de lui ; mais il a senti le remords, et Beniowski est sauvé par son rival même. Pour le soustraire à la vengeance des exilés, Stephanoff a été forcé de s'avouer coupable ; et, à son tour, il se trouve exposé à leur fureur. Ils veulent le punir de son crime ; mais Beniowski s'y oppose, et l'un et l'autre font la paix. Enfin, on se bat ; les exilés triomphent, et le gouverneur suit Beniowski en Pologne. »

On remarque dans la partition de Boieldieu des chœurs d'une vigueur et d'une énergie dont on ne l'avait pas cru capable jusque-là. L'individualité du compositeur s'y efface encore pourtant sous la pression du grand style. Son génie va bientôt jeter sa première lueur dans le Calife de Bagdad, et déjà on peut le pressentir. Beniowski fut remonté en juillet 1824, avec d'assez grands changements : un nouvel air pour l'acteur Gavaudan, un autre pour Lemonnier ; une ouverture, qui, selon l'expression de Boieldieu lui-même, sentait le cuir russe ; un finale nouveau au troisième acte, et une foule de remaniements dans l'orchestre et dans le chant. Dans une lettre adressée le 17 juillet 1824 au directeur du Courrier des spectacles, Boieldieu disait, en parlant de cette reprise : « Je me suis donné autant de mal que pour un ouvrage nouveau. Puisse le succès de cette reprise me dédommager un peu, et le public me savoir gré de tant de travail pour un ouvrage qu'il avait adopté, mais dans lequel, malgré son indulgence, je sentais qu'il y avait à corriger... L'ouvrage a été remis sur le métier, » disait-il en terminant. Malgré cette refonte consciencieuse, Beniowski ne comptera jamais parmi les meilleures œuvres de l'auteur tant aimé de la Dame blanche. Quelques motifs heureux, quelques mélodies originales méritaient pourtant d'être conservés. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BENVENUTO

 

Drame lyrique en quatre actes et six tableaux, livret de Gaston Hirsch, musique d’Eugène Diaz.

 

Création à l’Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 03 décembre 1890, mise en scène de Charles Ponchard, décors de Jean-Baptiste Lavastre et Eugène Carpezat, costumes de Charles Bianchini, chorégraphie de Mlle Marquet, orchestre dirigé par Jules Danbé, avec Mmes Blanche Deschamps-Jehin (Pasilea), Clarisse Lévy dite Yvel (Delphe), MM. Maurice Renaud (Benvenuto Cellini), Ernest Carbonne (Pompeo Guasconti), Eugène Lorrain (De Montsolm), Edmond Clément (Andrea), César Bernaert (Orazio), Charles Gilibert (De Cagli), Louis Alfred Maris (Coversini), Lonati (Cosme de Médicis), Eugène Thierry (le Chef du Guet).

  

« L'illustre sculpteur florentin n'est pas heureux lorsque nos auteurs veulent en faire le héros d'une œuvre lyrique. Le Benvenuto Cellini de Berlioz n'avait pu obtenir naguère, à l'Opéra, que trois représentations ; le Benvenuto de M. Diaz n'a pu dépasser la dixième à l'Opéra-Comique, dont la scène n'est pas faite, d'ailleurs, pour donner asile aux élans et aux fureurs du grand drame lyrique, et qui serait mieux inspiré de s'en tenir au genre spécial auquel il doit son nom.

Le livret de M. Hirsch nous montre Benvenuto aux prises avec une ancienne maîtresse, Pasilea Guasconti, délaissée par lui et qui veut empêcher son mariage avec la jeune Delpha de Montsolm. Elle lui fait tendre un guet-apens dans lequel, en se défendant, le sculpteur tue deux de ses adversaires. L'affaire fait du bruit, et Benvenuto, obligé de fuir Florence, se rend à Rome, où il n'évite pas la prison et où, mis en jugement, il est condamné à mort. Pendant ce temps, sa fiancée est empoisonnée par une fausse lettre de lui que lui a envoyée sa rivale. Enfin, la peine de Benvenuto, sur les instances de l'ambassadeur de France, est commuée en celle du bannissement, Delpha renaît comme par miracle à la vie, et Pasilea se poignarde pour échapper au supplice du bûcher qui l'attend comme empoisonneuse.

La partition de M. Eugène Diaz ne le cède guère en valeur à ce livret poussé au noir. M. Diaz retarde d'un quart de siècle, et la forme, on pourrait dire la formule ultra-italienne de sa musique, a paru un peu trop démodée. Les idées étaient sans nouveauté, l'orchestre sans saveur, l'harmonie sans originalité, et quelques heureux motifs ne compensaient pas la fadeur de l'ensemble. L'ouvrage était vaillamment défendu par Mlles Blanche Deschamps et Clarisse Yvel, MM. Renaud, Carbonne et Lorrain. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BENVENUTO CELLINI

 

Opéra en trois actes et cinq tableaux, livret de Léon de Wailly et Auguste Barbier, musique d’Hector Berlioz (composé entre 1834 et 1837).

 

Personnages : le Cardinal Salviati (basse) ; Balducci, trésorier papal (basse) ; Teresa, sa fille (soprano) ; Benvenuto Cellini, orfèvre (ténor) ; Ascanio, son apprenti (mezzo-soprano) ; Francesco et Bernardino, artisans de l’atelier de Cellini (ténor et basse) ; Fieramosca, sculpteur au service du Pape (baryton) ; Pompeo, spadassin (baryton).

 

L’action se déroule à Rome, en 1532, pendant le Carnaval.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 10 septembre 1838 ; décors de René Philastre et Charles Cambon ; costumes de Paul Lormier ; avec Mme Dorus-Gras (Teresa), Rosine Stoltz (Ascanio), MM. Gilbert Duprez (Benvenuto), Derivis (Barducci), Massol (Fieramosca), Serda (le Cardinal), François Wartel (Francesco), F. Prévôt, sous la direction de F. A. Habeneck. Il y eut 29 répétitions et 7 représentations.

 

Reprise à l’Opéra (première au Palais Garnier) le 18 mai 1972, avec Mmes Andréa Guiot (Teresa), Jane Berbié (Ascanio), MM. Alain Vanzo (Benvenuto), Robert Massard (Fieramosca), Dupouy, José Van Dam, sous la direction de Jean Fournet.

 

Représenté au Théâtre des Champs-Elysées pour son inauguration le 03 avril 1913 (répétition générale le 31 mars 1913), mise en scène d'Ernest Van Dyck, avec Mmes Suzanne Vorska (Teresa), Judith Lassalle (Ascanio), MM. René Lapelletrie (Benvenuto), Georges Petit (Fieramosca), Dangès (Balducci), Blancard (le Cardinal), Bourgeois (Giacomo Balducci), Régis (Francesco), Collet (Bernardino), Dent (Pompeo), Iriarte (le Cabaretier), Vallermont (un Officier), sous la direction de Felix Weingartner.

 

« Cet ouvrage, dans lequel Berlioz a tenté, pour la première fois, de réaliser les hardiesses de sa théorie musicale, a été l'objet, de la part des musiciens et des critiques, d'une réprobation générale qui a exercé une funeste influence sur la carrière du compositeur dramatique. Son opéra des Troyens l'a dédommagé imparfaitement du long ostracisme dont il a été victime. On a signalé toutefois, parmi les morceaux saillants de la partition de Benvenuto Cellini, un trio : O Thérésa, vous que j'aime, et le boléro chanté par Mme Holtz. M. Berlioz s'est laissé à tort confondre avec les prétendus musiciens de l'avenir. Il a produit des œuvres fort remarquables, et son mérite est supérieur de beaucoup à celui de M. Wagner. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Ce livret d'opéra est le seul qu'ait écrit le poète viril des Iambes.

Cet ouvrage est d'une telle difficulté qu'il ne passa qu'après vingt-neuf répétitions générales : il n'en fut donné que trois représentations.

Reprise peu heureuse en janvier 1839 : Alexis Dupont et Alizard remplacent G. Duprez et Massol. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

« Théâtre des Champs-Elysées : soirée d'inauguration avec la représentation du Benvenuto Cellini de Berlioz.

Je ne m'attarderai pas à raconter toutes les péripéties qui marquèrent la préparation et l'apparition du Benvenuto Cellini de Berlioz à l'origine. Les détails de ces diverses circonstances ont été déjà exposés un peu partout, et les Annales ont fait connaître, dans le précédent numéro, les incidents caractéristiques et la physionomie générale de la première représentation. Je me bornerai donc — vu le peu de place dont je peux disposer en raison des autres nouveautés théâtrales de la semaine — à indiquer les impressions qui se dégagent de la reprise de cet ouvrage et les conditions dans lesquelles il vient de nous être offert. Et, tout d'abord, comme il y a plus de soixante-dix ans que l'œuvre a été jouée à Paris, il n'est pas, je présume, inutile de dire brièvement en quoi consiste l'action et d'en déterminer les principaux éléments. Le sujet traité par Berlioz se compose d'une intrigue d'amour traversée par les incidents d'une libre vie d'artiste.

Benvenuto Cellini, qui aime la jeune Teresa et en est aimé, se décide à l'enlever, parce que le père de Teresa préfère à un libertin comme Cellini un artiste de bien moindre mérite, mais aussi d'humeur moins aventureuse.

Cependant, Cellini parviendra à s'unir à Teresa, et ce mariage sera dû à la seule intervention de la rayonnante puissance de son génie. Comme, en effet, Cellini menace, devant l'envoyé du pape, de briser sa magnifique statue de Persée, qui lui est réclamée, toute résistance cède. Le cardinal légat n'admet plus qu'on fasse obstacle au désir de l'artiste, alors qu'apparaît, dans toute sa splendeur, surgissant du moule où elle vient d'être fondue, l'œuvre admirable exécutée par l'incomparable sculpteur.

C'est donc, évidemment, la supériorité qui réside dans l'inspiration artistique que Berlioz a pris surtout plaisir à mettre en lumière. A travers les diverses complications de l'intrigue, on s'aperçoit bien vite que le principal effort du compositeur, secondé par ses aspirations instinctives, tend, non seulement à la glorification du génie artistique, mais encore à démontrer que rien ne doit et ne peut s'opposer à son libre essor. C'est là une pensée essentiellement chère à un romantique fougueux comme Berlioz.

Aussi, n'est-ce pas tant la partie consacrée aux rencontres et entretiens amoureux qui est intéressante, en cette œuvre, que celle où est dépeinte l'existence de Cellini au milieu de ses compagnons, ou encore tout ce qui a trait à la pleine expansion de ses facultés, comme ce joyeux tumulte du carnaval à Rome, où disparaissent les entraves imposées au libre développement de l'individu.

C'est dans ces passages que triomphe la vive imagination de Berlioz, admirablement servie par la si riche palette de son orchestration.

Ce sont, du reste, ceux que met le mieux en relief la représentation. Et l'on se rend fort bien compte, ainsi, des résistances du public à l'origine. Ce qui le choquait, c'étaient ces détails familiers, toute cette vie intense, débordante, qui circule dans l'œuvre et dont Wagner devait plus tard nous présenter un autre spécimen dans ses Maîtres Chanteurs. Aujourd'hui, c'est justement ce qui charme le plus l'auditoire et qui conserve à l’œuvre toute sa jeunesse.

M. Weingartner, qui dirigeait l'orchestre, à fort bien saisi et exprimé ce caractère, et les instrumentistes ont traduit sa pensée avec un merveilleux éclat.

Au reste, l'ouvrage est très bien monté. L'interprétation est excellente. M. Lapelletrie se montre un parfait Benvenuto ; il chante avec beaucoup d'art et a été tout particulièrement applaudi dans la délicieuse phrase :

 

O Teresa ! vous que j'aime plus que ma vie !

 

et dans son bel air : « Sur les monts les plus sauvages, que ne suis-je un simple pasteur ! »

Mlle Vorska est une charmante Teresa. Sa voix, bien posée, est d'un timbre fort agréable. M. Georges Petit personnifie avec intelligence le rival de Benvenuto, l'envieux et peu scrupuleux Fieramosca.

Quant à la salle du nouveau Théâtre des Champs-Elysées, elle offre ce rare mérite d'être douée d'une très bonne acoustique. De plus, elle est spacieuse, de dégagements faciles, et éclairée avec une remarquable ingéniosité. Cette soirée d'ouverture est du plus favorable augure, et implique les plus heureux présages. »

(Albert Dayrolles, les Annales, 06 avril 1913)

 

« Personnages : LE CARDINAL SALVIATI (basse) — GIACOMO BALDUCCI (basse) — TÉRÉSA (soprano) — BENVENUTO CELLINI (ténor) — ASCANIO (mezzo-soprano) — FRANCESCO ET BERNARDINO (ténor et basse) — FIERAMOSCA (baryton) — POMPÉO (baryton) — PETITS ROLES ET CHŒUR.

La scène se passe en 1532 à Rome, durant le Carnaval. En l'absence de son père, le trésorier papal Balducci, sa fille Teresa accueille Cellini, le célèbre ciseleur et fondeur florentin. Térésa et Cellini décident de fuir ensemble, à la faveur des déguisements, durant la nuit du mardi gras. Fieramosca, concurrent et rival de Cellini, qui les a épiés, est surpris par Balducci qui le fait rosser d'importance.

Au 2e acte, un des élèves de Cellini, Ascanio, vient lui remettre, de la part du pape, un sac de ducats, à la condition que la statue de Persée soit fondue dès le lendemain. Fieramosca se dispose lui aussi, avec la complicité du spadassin Pompéo, d'enlever Térésa.

Le second tableau de cet acte présente l'image colorée et vive du Carnaval sur la Place Colonna. Au moment où Térésa va être enlevée par Cellini et Ascanio, Fieramosca se présente dans le même but avec Pompéo et sous un déguisement tout pareil ! Cellini tue Pompéo et prend la fuite, tandis qu'Ascanio emmène Térésa.

Au 3e acte, Ascanio et Térésa attendent le retour de Cellini. Celui-ci se dispose à quitter Rome avec Térésa quand surviennent Balducci et le Cardinal Salviati, légat du Pape : Cellini aura la vie sauve et pourra épouser Térésa s'il fond sur l'heure la fameuse statue. Dans son atelier, Cellini y parvient, non sans avoir dû jeter dans le creuset tout le métal qu'il a pu trouver sous sa main.

N.B. — Berlioz a écrit pour Benvenuto Cellini, en 1844, une nouvelle ouverture qui est connue au concert sous le nom d'Ouverture du Carnaval romain. »

(Marcel Sénéchaud, le Répertoire lyrique d’hier et d’aujourd’hui, 1971)

 

 

BEPPO

 

Opéra-comique en un acte, livret de Louis Gallet, musique de Jean Conte. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 30 novembre 1874.

 

 

BERCEAU (LE)

 

Divertissement en un acte, livret de René-Charles Guilbert de Pixerécourt, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 23 mars 1811.

 

 

BERCEAU DE HENRI IV (LE)

 

Opéra en deux actes, musique de Leblanc, représenté au théâtre Comique et lyrique de Paris en 1790.

 

 

BÉRÉNICE

 

Tragédie en musique et en trois actes, d’après la tragédie de Racine, poème et musique d’Albéric Magnard.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 15 décembre 1911. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de M. Multzer. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes MÉRENTIÉ (Bérénice), CHARBONNEL (Lia).

MM. Laurent SWOLFS (Titus), Félix VIEUILLE (Mucien), DE POUMAYRAC (un officier), Louis VAURS (le Chef de la flotte), PAYAN (un esclave).

Chef d'orchestre : François RÜHLMANN.

 

9 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

 

BERGER D'AMPHRISE (LE)

 

Comédie en trois actes et en prose, suivie d'un divertissement, de Delisle, musique de Mouret, représentée à Paris, au théâtre de la Comédie-Italienne, le 20 février 1727. Cette pièce fut jouée sans avoir été annoncée. Apollon et Momus, exilés de l'Olympe, se rencontrent et se reconnaissent ; ils se proposent de se rendre utiles aux hommes, Apollon en les instruisant et Momus en les corrigeant ; ils sont l'un et l'autre à la cour de Midas. « Cette pièce, lisons-nous dans l'Histoire anecdotique et raisonnée du Théâtre-Italien (1769, t. VII), est très morale, et le sujet du divertissement est la dispute entre les élèves d'Apollon et ceux de Marsyas : il fut extrêmement applaudi ; l'on a souvent regretté qu'on ne l'ait pas conservé et adapté à quelque autre comédie. » Mouret, alors dans tout l'éclat de sa réputation, avait composé la musique ; Gardel, une des célébrités chorégraphiques de l'Opéra, avait réglé le ballet ; malgré cette réunion de talents, l'ouvrage ne fut représenté que sept fois. Le Berger d'Amphrise n'a point été imprimé.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BERGÈRE CHÂTELAINE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Eugène de Planard, musique d’Esprit Auber. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 27 janvier 1820, avec Mmes Desbrosses (la Mère Berthe), Marie Julie Boulanger (Lucette), Palar [Eugénie Rigaut] (Louise) ; MM. Auguste Huet (le Duc de Bretagne), Paul (le Comte de Montfort), Darancourt (le Grand Bailli), Vizentini (le Bailli), Moreau (Robert), Mada (un Ecuyer).

 

« M. Auber s'était essayé déjà à la composition dramatique en donnant à Feydeau le Séjour militaire et le Testament et les Billets doux (1813-1819), pièces en un acte qui n'avaient pas réussi. On désespérait de l'avenir artistique du célèbre auteur de la Muette et des Diamants de la Couronne, quand il revint à la charge par la Bergère châtelaine, qui ouvrit enfin la longue série de ses succès, Le librettiste avait offert au musicien un assez vaste cadre à remplir, et ce dernier avait donné essor à son imagination. « On remarqua tout d'abord, dit M. de Pontécoulant dans l'Art musical du 20 juillet 1865, que le compositeur entrait dans une voie nouvelle, et que, chose inusitée alors, il ne faisait pas chanter ses héros comme on faisait chanter les bergers ; dans cette partition, chaque caractère avait le ton qui lui convient et possédait une physionomie musicale qui lui est propre. La pièce offrant au jeune dilettante l'occasion de rappeler les motifs de quelques anciens lais, il la saisit, mais si ces réminiscences firent alors peu d'effet, c'est que le style de ces mélodies se retrouvait dans toutes les romances répandues alors dans les salons. Aux diverses reprises que subit cet opéra, ce qui avait été le moins apprécié à la première représentation fut ce qui charma ; ce qui était jadis considéré comme monotone parut depuis d'une piquante originalité. Les honneurs du bis, honneurs qui n'étaient pas prodigués comme de nos jours, furent accordés à un duo plein de vérité, et le finale du second acte, traité avec délicatesse, esprit, grâce et savoir, fut unanimement redemandé. » Une ronde introduite dans la Bergère châtelaine, et dont s'emparèrent tous les vaudevilles du temps, devint bientôt populaire et répandit le nom d'un musicien dont l'individualité ne s'était pas encore complètement dégagée, mais qui laissait déjà apercevoir la grâce, la finesse, l'esprit de son talent si éminemment français. On trouve, il est vrai, dans cette partition de début des réminiscences ; l'imitation rossinienne est, en plusieurs endroits, apparente ; le compositeur tâtonne encore, manque de franchise, d'accentuation. « On reprend çà et là, dans la Bergère châtelaine, écrit M. Thurner (Transformation de l'Opéra-Comique, 1865), quelques terminaisons de phrases, le finale du premier acte notamment, où les redites abusives de la tonique, de la sous-dominante et de la dominante, décèlent une influence qui s'est surtout révélée trois ans plus tard dans la Neige (1823). » La critique d'alors vanta beaucoup une imitation du tic-tac du moulin, dans l'ouverture. Cette ouverture, offrant des motifs charmants, pleins de fraîcheur, de légèreté, frisant l'afféterie et n'y tombant jamais, agencée avec art, soutenue par une orchestration bien nourrie, cette ouverture excita le plus vif enthousiasme. Le duc de Berry, qui assistait à la première représentation, donna lui-même le signal des applaudissements, ne se doutant guère alors qu'il devait tomber quinze jours plus tard sous le couteau de Louvel. Ces applaudissements accompagnèrent tous les morceaux répandus dans l'ouvrage. Dès ce moment, M. Auber compta parmi nos meilleurs compositeurs d'opéras-comiques. Il venait de se révéler, d'annoncer une manière à lui, dont il ne s'est jamais écarté depuis, même lorsqu'il a tenté de s'élever plus haut. C'est à la Bergère châtelaine que l'on doit la liaison d'Auber et de Scribe. Ce dernier écrivit au compositeur la lettre suivante : « Monsieur, voulez-vous me permettre de placer, dans un vaudeville que j'écris en ce moment pour le théâtre de Madame, votre ronde si jolie et si justement populaire de la Bergère châtelaine ? Je ne vous cacherai pas, monsieur, que je me suis engagé auprès de mon directeur à faire réussir ma pièce, et que j'ai compté pour cela sur votre charmante musique. » M. Auber répondit : « Ma ronde est peu de chose, monsieur, et votre esprit peut se passer de mon faible secours ; mais si, avec la permission que vous me demandez, et dont vous n'avez nul besoin, je pouvais vous prêter la jolie voix et le joli visage de Mme Boulanger, je crois que nous ferions tous deux une bonne affaire. » Voilà le point de départ d'une collaboration qui allait durer près de quarante ans.

Acteurs qui ont créé la Bergère châtelaine : Huet, Moreau, Paul, Mmes Desbrosses et Boulanger. En 1867, époque à laquelle nous écrivons ces lignes, les artistes qui ont aidé au premier triomphe du célèbre compositeur n'existent plus, le poète qui a écrit le libretto est mort depuis longtemps, le vainqueur seul est toujours debout, chargé d'années, de gloire et d'honneurs. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BERGÈRE DE BOUGIVAL EN SUISSE (LA)

 

Opérette en un acte, musique de Francis Chassaigne, représentée dans un café-concert vers 1875.

 

 

BERGÈRE DE QUALITÉ (LA)

 

Comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes, paroles du marquis de Montalembert, musique de Cambini, représentée sur le théâtre de l'hôtel de Montalembert le 24 janvier 1786. Les interprètes de cet ouvrage étaient tous de grands seigneurs et de grandes dames de la famille de Montalembert : MM. le marquis de La Chevalerie, le vicomte de Sainte-Hermine, le comte de Nugent, de Boismorel, et Mmes la marquise de Montalembert, la baronne de Montalembert et la comtesse de Podenas.

 

 

BERGÈRE DES ALPES (LA)

 

Pastorale en trois actes et en vers, mêlée d'ariettes, livret de Jean-François Marmontel, musique de Josef Kohaut. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 19 février 1766. Cet ouvrage eut beaucoup de succès. Un critique résumait de la façon suivante les mérites du poème : « Des situations bien présentées, de l'adresse dans la liaison des scènes, beaucoup d'esprit dans les détails. » Mais il conclut étrangement, en ajoutant : « Ce genre n'était pas fait pour avoir de grands succès au Théâtre-Italien. » Il nous semble que les charmantes comédies de Marivaux avaient depuis longtemps frayé la route au grave Marmontel, qui, d'ailleurs, jouait à coup sûr, en arrangeant pour la scène un roman à la mode et d'un naturel de convention. Kohault, l'auteur de la partition, avait déjà fait représenter, en 1764, un opéra-comique intitulé : le Serrurier, qui avait réussi à souhait. Grimm dit de lui qu'il « était un homme sublime lorsqu'il touchait le luth. » Malheureusement, le luth n'avait rien de commun avec la musique de la Bergère, qui parut d'une faiblesse extrême. La pièce n'eut que onze représentations.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BERGERS (LES)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Hector Crémieux et Philippe Gille, musique de Jacques Offenbach, représenté aux Bouffes-Parisiens, le 11 décembre 1865 avec Mmes Lise Tautin (la Sincère), Irma Marié (Daphné ; Annette ; la Rouge), Zulma Bouffar (l'Intendant ; Jeannet), Frasey-Berthelier (la Marquise), Garrait (Thyrsis), Sorac (Chryséa), Bonelli (Nicette), Simon (Blaise), Delmary (Estelle), Marie Brun (Sylvain), MM. Berthelier (Myriame ; Colin ; Nicot), Léonce (le Marquis de Fonrose), Désiré (Veautendon), Duvernoy (Palémon), Tacova (le Bailli), Gourdon (Alphésibée), Gobin (le Menu), Pelva (1er Berger), Halbleid (2e Berger), Valter (3e Berger), Leriche (4e Berger).

 

« Quelques jours avant la première représentation, M. Offenbach, enhardi par le succès, écrivait les lignes suivantes au directeur du Figaro : « Le poème de nos Bergers a trois actes : c'est une série de pastorales encadrées dans une belle et bonne pièce. Voilà mon opinion courageuse sur l'œuvre de mes collaborateurs H. Crémieux et Ph. Gille. Ils m'ont avoué, du reste, hier, avec la même rude franchise, que ma partition était un triple chef-d'œuvre. Au premier acte, nous sommes en pleine antiquité, et, pour montrer à la mythologie que je n'avais pas de parti pris contre elle, je l'ai traitée en opera seria, étant entendu, n'est-ce pas ? que la musique seria n'exclut pas la mélodie. Vous me comprendrez aisément quand vous saurez que les auteurs du libretto se sont servis du charmant épisode de Pyrame et Thisbé pour en prêter la fable à leurs bergers Myriame et Daphné. Je n'aurais pas osé faire pleurer l'amant par l'amante sur l'air du Roi barbu, et je me suis cru obligé, pour tout ce premier acte, d'emboucher mes pipeaux sur un mode plus élevé. Au second acte, j'ai nagé en plein Watteau, et j'ai mis tous mes efforts à me souvenir (c'est si bon de se souvenir !) de nos maîtres du XVIIIe siècle. Dans l'orchestre comme dans a mélodie, j'ai tâché, autant que possible, de ne pas m'éloigner de ce style Louis XV, dont la traduction musicale me séduisait tant. Au troisième acte, j'ai cherché à réaliser la musique Courbet. Nous avons choisi, autant que possible, les tableaux où les femmes sont habillées. Vous apprécierez notre réserve. Je me résume, en vous affirmant que je n'ai jamais écrit une partition avec plus d'amour, ayant à remplir le cadre le plus heureux que je pusse souhaiter. Trois époques, et par conséquent trois couleurs différentes réunies dans le même opéra. Les décors sont splendides ; ils sont de Cambon, c'est tout dire. Bertall nous a composé des costumes ravissants. Tout le bataillon de nos artistes aimés va donner... Priez votre public de devenir le mien, de bien écouter le premier acte, de rire beaucoup au deuxième et de se tordre au troisième... » Le directeur du Figaro imprima la lettre du maestro, dont nous supprimons la moitié ; le public la lut et trouva la chose on ne peut plus naturelle. Ne soyons pas plus sévère que lui, et croyons que ce compositeur heureux a mis la main sur un libretto exceptionnel, et qu'il en a tiré une partition qui est un triple chef-d’œuvre. M. Offenbach est d'ailleurs audacieux. Il a voulu conduire lui-même son orchestre, ce qui équivalait à dire : « Je ne redoute rien. » Comme nous l'apprend sa lettre, les Bergers se présentent sous trois aspects différents ; le premier acte a pour titre : l'Idylle, le deuxième s'appelle Trumeau, et le troisième s'annonce ainsi : la Bergerie réaliste. Myriame et Daphné s'aiment d'un tendre amour, tout en soufflant dans leurs pipeaux, malgré leurs parents. O douleur sans pareille ! un soir, par un orage épouvantable, l'amant éperdu cherche son amante égarée. Il trouve son voile souillé de sang. Jugez de sa douleur ; il veut se tuer ; il se tue. Cependant Daphné n'est point morte, et c'est à son tour de pleurer le pauvre Myriame, qui s'est suicidé un peu trop vite. Elle supplie Eros de lui rendre son amant pour l'éternité. Son vœu s'accomplit, et le couple amoureux est immortalisé. « Toute la musique du premier acte est exquise, dit M. Paul de Saint-Victor ; un souffle d'églogue antique y circule. On est surpris, et on est charmé d'entendre le joueur de mirliton de la Belle Hélène tirer ces doux airs de la flûte des pâtres de Théocrite. Il faut citer le duo d'amour Nous nous aimons..., roucoulant et tendre comme la mélodie d'un baiser, et surtout les couplets d'Eros, d'une malice si mélancolique et si fine. » Nous retrouvons les deux bergers en plein règne rococo, enrubannés et enguirlandés comme s'ils s'échappaient d'une toile de Watteau. Ils s'appellent Annette et Colin, et ils se trompent dans le style de l'époque. Colin en conte de toutes les couleurs à la marquise, et Annette s'en laisse conter par le marquis ; l'Amour en rit dans son rabat d'intendant fripon ; et quand, plus tard, il se fâche, savez-vous ce qu'ils lui répondent, les espiègles ? « Laissez-nous vivre encore un siècle, et nous nous corrigerons de nos défauts. On leur octroie ce siècle. De ce trumeau, M. Offenbach a fait un pastiche de la petite musique chevrotante et soupirante du XVIIIe siècle. Le troisième acte est long et n'est guère réjouissant ; les bergers réalistes n'ont pas fait rire. Myriame n'est plus Colin, il est Nicot, un rustaud ; Daphné n'est plus Annette, elle est la Rouge, une maritorne fagotée en épouvantail à mettre sur un cerisier pour effrayer les moineaux et les amours. La vacherie, la basse-cour, l'abreuvoir, le fumier et les bonnets de coton, les vieux liards et les sabots garnis de paille ont fait cause commune avec le patois normand, pour nous régaler d'un dessert inattendu et mal venu : la Ronde de la soupe aux choux. Si bien que l'on comprend parfaitement la lassitude qui s'empare de nos deux goujats. « Regrettez-vous enfin le passé ? leur demande Eros, transformé cette fois en gamin des rues. » Et sur leur désir exprimé d'en finir avec cette vie, Eros les emporte en plein Olympe, malgré leurs sabots, leur jargon et leur avarice. Les voilà donc délivrés du toit à cochons, et nous aussi. Les deux premiers actes suffisent largement au succès ; le troisième, bien que froidement accueilli, n'a pas empêché la réussite des Bergers. Dans cet acte, l'acteur Désiré débite une harangue grotesque à des paysans ; monté sur un tonneau, l'orateur déclare qu'il s'appuie sur les principes de 1789 ; en même temps, le tonneau se défonce, et l'acteur fait remarquer que les principes de 1789 ne sont pas très solides. Cette facétie a paru de mauvais goût en haut lieu, et motiva de la part du ministère de l'intérieur un communiqué, duquel il résulterait que la drôlerie signalée ne figurait pas dans le manuscrit, et qu'elle était du cru de M. Désiré. M. Désiré a été puni de ses écarts d'imagination par une amende. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BERGERS DE L'AISNE (LES)

 

« Divertissement en musique, pour le rétablissement de la santé du Roy », paroles de Roy, musique de Morel, exécuté chez l'intendant de Soissons les 23 et 24 septembre 1744.

 

 

BERGERS DE WATTEAU (LES)

 

Divertissement en un acte, livret de Charles Placet et Eugène Mathieu, musique de Jacques Offenbach sous le pseudonyme d’Alfred Lange, représenté aux Bouffes-Parisiens le 24 juin 1856.

 

« C'est à partir de ce jour que M. Offenbach renonça aux danseurs, à leurs pompes et surtout à leurs œuvres. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

BERGERS TRUMEAUX (LES)

 

Opéra bouffon en un acte, livret de Charles Dupeuty et Frédéric de Courcy, musique de Louis Clapisson. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 10 février 1845 avec Mlle Zoé Prévost, MM. Henri, Sainte-Foy.

 

Les auteurs du livret n'ont cherché qu'à fournir au compositeur l'occasion d'écrire de la musique rétrospective, c'est-à-dire de faire une parodie ingénieuse des formules musicales des anciens maîtres. M. Ambroise Thomas, dans la Double échelle, avait déjà réalisé ce projet avec esprit. Un grand seigneur du temps de Louis XV veut faire jouer une comédie dans son château, et fait tirer les rôles au sort par des comédiens de qualité. Il en résulte des situations comiques et même grotesques. M. Clapisson a poussé aussi loin que possible le manque de respect l'égard des points d'orgue, des cadences surannées qui charmaient nos pères. Le public s'est amusé de cette caricature. Il a applaudi une ouverture plaisante, le duo des deux bergers chanté par Mlle Prévost et Henri ainsi qu'au jeu désopilant de Sainte-Foy.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BERNABO

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Castil-Blaze, d'après Molière, paroles ajustées sur la musique de Cimarosa, Salieri, Paisiello, Guglielmi, Farinelli et Grétry (1856).

 

 

BERNOISE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lucien Solvay (1851-), musique d’Émile Louis Victor Mathieu (1844-1932), représenté au théâtre de la Monnaie à Bruxelles le 01 avril 1880 avec Mme Lonati (Bertha, la Bernoise), MM. Soulacroix (André), Dauphin (Richel), Chappuis.

 

Représentation (également en français) à Anvers le 11 mars 1897.

 

On a applaudi dans ce petit ouvrage une chanson bachique avec chœur.

 

 

BERTHE

 

Comédie héroï-pastorale en trois actes et en vers, paroles de Pleinchesne, musique de Gossec, Philidor et Botson, représentée au théâtre de la Monnaie de Bruxelles le 18 janvier 1775.

 

Le livret de cet ouvrage, imprimé à Bruxelles dès 1774, porte seulement, comme auteurs de la musique, les noms de Gossec et de Philidor ; mais aucun doute ne peut rester sur la part importante qu'y prit Botson, lorsqu'on a lu le curieux travail publié par M. Charles Piot sous ce titre : Particularités inédites concernant les œuvres musicales de Gossec et de Philidor (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2e série, tome XI, n° 11, novembre 1875). Jusqu'à la publication de ce travail, personne n'avait eu connaissance de cet ouvrage, auquel sont attachés les deux grands noms de Gossec et de Philidor.

 

 

BERTHE ET PÉPIN

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Régnard de Pleinchesne, musique de Prosper-Didier Deshayes. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 03 novembre 1787.

 

 

BERTHOLDE À LA VILLE

 

Opéra-comique en un acte (parodie), livret de Louis Anseaume, musique du marquis Lasalle d'Offemont, représenté au Théâtre de la Foire Saint-Germain le 09 mars 1754.

 

 

BERTOLDO IN CORTE

 

(Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno) Intermezzo italien en deux actes, livret de Carlo Goldoni, musique de Vincenzo Legrenzio Ciampi, créé au Teatro San Moisè de Venise le 26 décembre 1748.

 

Première au Théâtre de l'Opéra le 09 novembre 1753 sous le titre de Bertoldo in corte, avec Mlle Lepri (Armira), Guerrieri (Emilio), Manelli (Bertoldo), Cosimi (Bertoldino), Anna Tonelli (Bertoldina), Catarina Tonelli (Cacasenno).

 

« Parodie : Bertholde à la ville, de l'abbé de Lattaignant et Anseaume : 09 mars 1754.

L'immense plaisir avec lequel on écouta Bertoldo in corte, que l'on donnait pour les adieux de la compagnie italienne dirigée par Bambini, détermina la ville de Paris à retenir ces artistes jusqu'au printemps suivant. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BETLY

 

Opéra italien en deux actes, paroles et musique de Donizetti, représenté pour la première fois à Naples en 1836, et à Paris, d'après la traduction en français d'Hippolyte Lucas, avec les récitatifs d'Adolphe Adam, au Théâtre de l'Opéra, le 28 décembre 1853, avec Mme Angiolina Bosio (Betly), MM. Morelli (Franz), Boulo (André) et Coulon (Léonard).

 

« Donizetti abusa souvent de sa prodigieuse facilité. Quelques-uns de ses ouvrages sont acquis à la postérité ; les autres sont déjà oubliés. Parmi ces derniers, on peut citer, sans crainte d'être taxé de sévérité, l'opéra de Betly, qui ne produisit qu'un médiocre effet à l'Académie de musique, lors de son apparition en 1853, moins de cinq ans après la mort du chantre inspiré de Lucia. Bornons-nous donc à citer pour mémoire cette œuvre assez faible, dont on ne chante plus que la tyrolienne fort bien écrite, et d'un effet certain dans les concerts. La voix séduisante de Mme Bosio ne put sauver la partition du naufrage. Donizetti, qui unissait facilement le talent de poète à celui de musicien, avait traduit lui-même le livret de Betly sur le Chalet de Scribe et Mélesville, mis en musique par Adolphe Adam (1834). Ajoutons que Donizetti n'avait rien pris, ou fort peu de chose, aux arrangeurs français. Ceux-ci s'étaient bornés, en somme, à convertir en opéra-comique le Betly de Goethe, qui remettait en lumière le Daphnis et Alcimadure, pastorale de Mondonville, imitée elle-même de l'Opéra de Froustignan, pièce languedocienne. Nous pourrions remonter à Longus et à Théocrite. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C'est la traduction d'un opéra italien, Betly. Donizetti en avait emprunté le sujet au charmant opéra-comique français de Scribe et Mélesville, le Chalet, dont la donnée appartient à une pièce de Goethe, Jeri und Baetely, comédie mêlée de chants.

Le rôle de Betly était rempli par Mme Bosio, qui ne put assurer le succès de cet ouvrage médiocre, où l'on remarque cependant un air de soprane qui produit de l'effet.

Adolphe Adam a écrit les récitatifs de cette adaptation française. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BETTINA

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Emile de Najac, musique de Léonce Cohen, représenté aux Fantaisies-Parisiennes le 14 juin 1866. => détails

 

 

BEULEMANS MARIE SA FILLE

 

Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret de Frantz Fonson et Fernand Wicheler, d'après leur comédie le Mariage de mademoiselle Beulemans, musique d'Arthur Van Oost, créée au Théâtre royal des Galeries, à Bruxelles, le 18 octobre 1912 avec Mmes Yvonne Gay (Suzanne Beulemans), Charmal (Mme Beulemans), MM. Alfred Jacque (Ferdinand Beulemans), Georges Foix (Albert Delpierre), Mylo (Séraphin Meulemeester), Ambreville (Meulemeester père).

 

 

BIANCA CAPELLO

 

Grand opéra en cinq actes, livret de Jules Barbier, musique de Hector Salomon, représenté sur le théâtre royal d'Anvers le 1er février 1886.

 

« Le sujet, tiré d'un épisode très dramatique et bien connu de l'histoire des ducs de Florence à la fin du XVIIe siècle, avait été traité en Italie à diverses reprises, mais ne l'avait pas été en France. Le livret de M. Jules Barbier est pathétique, intéressant et fertile en situations qui ont permis au musicien de donner la mesure de son talent. La partition de M. Hector Salomon est une œuvre puissante et inspirée, écrite en un style excellent et instrumentée avec une vigueur exempte de tout excès. Elle avait pour interprètes Mmes Delprato et Remi, MM. Cossira, Seguin, Guillabert, Jouhanet et Kinnel. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BIANCO TORELLA

 

Opéra en trois actes et quatre tableaux, poème d’Armand Silvestre, musique de la baronne Durand de Fontmagne, représenté à Toulouse, sur le théâtre du Capitole, le 6 avril 1897.

 

 

BIBLIS

 

Tragédie lyrique en cinq actes et un prologue, paroles de Fleury, musique de Lacoste, représenté à Paris, sur le théâtre de l'Opéra, le 06 novembre 1732. Cet opéra ne fut donné que six fois.

 

Caunus vient de soumettre la Carie, et de la rendre à la princesse Ismène, qu'il doit épouser ; mais son bonheur est troublé par le chagrin de l'inconsolable Biblis. Celle-ci ne peut voir s'éloigner son frère, qu'elle aime d'un amour criminel. Pour le retenir, elle lui offre le trône d'Ionie, qu'elle occupe par droit d'aînesse et comme prêtresse d'Apollon. Caunus l'accepte, et va prêter, devant le peuple, le serment accoutumé. Tout à coup l'oracle d'Apollon se fait entendre, lui ordonne de laisser jouir Biblis de la souveraineté, et de s'éloigner d'un Etat où sa présence va causer les plus grands malheurs. Caunus jure d'obéir aux dieux. Il est prêt à partir, et refuse de suivre Ismène en Carie, craignant d'y attirer les malheurs qui menacent l'Ionie. Mais Biblis, dominée par son étrange passion, engage Iphis, dont elle est aimée, à retenir Caunus, malgré les ordres des dieux. Iphis y consent et réussit. Cependant Biblis s'est retirée dans le lieu où reposent ses ancêtres ; là, elle gémit sur son amour criminel. Iphis vient l'y retrouver, et lui apprendre que Caunus est resté. Elle lui reproche d'avoir trop bien suivi ses ordres, et l'engage à cacher la retraite qu'elle a choisie. Iphis refuse d'obéir, et court avertir Caunus, tandis que, transportée momentanément aux Champs-Élysées, Biblis voit les tourments préparés dans les enfers à ceux qui se rendent coupables d'inceste. Caunus la retrouve dans l'endroit funèbre où elle est venue se lamenter. Elle en sort à sa sollicitation pour aller préparer l'hymen de son frère et d'Ismène. Iphis la presse de lui accorder sa main ; c'est alors qu'elle lui déclare qu'un autre a pris possession de son cœur. Enfin l'autel est préparé pour la bénédiction nuptiale : on amène une victime. Biblis saisit le couteau des sacrifices, et va s'en frapper, lorsque son frère lui retient le bras. Caunus, touché des maux que cause sa présence, s'éloigne ; il va quitter pour jamais la terre d'Ionie, lorsque Biblis survient. Il veut lui rendre la couronne ; mais elle lui laisse voir son amour. Il s'en indigne, et se reproche de n'avoir pas cédé à la voie de l'oracle. Enfin Biblis se poignarde et meurt. — Cet opéra parut à la veille d'une révolution musicale, une année avant Hippolyte et Aricie, de Rameau, qui fit une sensation extraordinaire, et porta un coup décisif aux compositions dramatiques de son temps. Il n'est ni meilleur ni pire que tous ceux dont notre Académie s'était contentée depuis Lully.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BIBLIS

 

Scène religieuse pour mezzo-soprano, ténor, baryton, chœurs et orchestre, paroles de Georges Boyer, musique de Jules Massenet (juillet 1887). => partition

 

 

BIEN D'AUTRUI (LE)

 

Opérette en un acte, livret d'Alphonse Lemonnier et F. Oswald, musique de Samuël David, représentée au Théâtre des Délassements-Comiques le 23 octobre 1869.

 

 

BIGOUDIS (LES) ou LES JUMELLES AUDACIEUSES

 

Opérette en trois actes, livret de Victor Hoerter et Jacques Saint-Amand, musique de Maurice Bellecour, créée au théâtre du Moulin-Bleu à Paris le 20 juillet 1923 avec Mmes Rantza (Bigoudis), Ramondon (Lucette), Nyssor (Mme Toche), MM. Pastore (Max), Derblais (Marius).

 

 

BIJOU PERDU (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Philippe Auguste Alfred Pittaud de Forges, musique d'Adolphe Adam.

 

Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 06 octobre 1853, avec Mmes Marie Cabel (Toinon), Marie Garnier (Marotte) ; MM. Gustave Sujol (le Marquis d'Angennes), Meillet (Pacôme), Louis Joseph Cabel (Bellepointe), Horace Menjaud (le Chevalier), Leroy (Coquillière), Quinchez (le Vicomte), Andrieux (le Comte), Henri Adam (le Baron).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 40 en 1853, 27 en 1854, 12 en 1855, 8 en 1856, 33 en 1861, 12 en 1862.

 

Représenté au Théâtre-Lyrique (salle de l’Athénée) le 18 octobre 1873 ; au Théâtre de la Galerie Vivienne, le 13 novembre 1896 ; au Théâtre de la Renaissance, le 10 mars 1900.

 

« La donnée du livret n'est pas d'un goût irréprochable. C'est l'histoire d'une montre qui passe de main en main, du boudoir de Mme Coquillière, femme d'un fermier général, dans la poche du marquis d'Angennes, puis dans celle du commissionnaire Pacôme, tombe entre les mains de Toinette la jardinière, qui la restitue au marquis à la condition que l'engagement militaire contracté par son amoureux sera annulé. Les détails de ce canevas ne sont rien moins qu'édifiants. La jolie voix de Mme Cabel, qui a débuté dans cet opéra, les grâces de sa personne, l'accueil populaire fait à la ronde de Toinette au second acte ont décidé du succès de cet ouvrage, médiocre sous tous les rapports. Cet air de guinguette :

 

Ah ! qu'il fait donc bon,

Qu'il fait donc bon cueillir la fraise !

 

chanté par Mme Cabel est de la même famille que le

 

Oh ! oh ! oh ! qu'il était beau,

Le postillon de Longjumeau !

 

même trivialité, même succès. Les idées mélodiques d'Adolphe Adam sont d'une nature essentiellement vulgaire. C'est de la gaieté sans grâce, sans esprit, sans finesse ; mais il montrait une telle habileté dans l'instrumentation et l'accompagnement, que la jolie apparence déguisait la pauvreté du fond, comme la soie, les guipures, la dentelle, les diamants et les joyaux dissimulent souvent les formes les plus chétives et les plus disgracieuses. On a remarqué encore dans le Bijou perdu le concerto pour flûte, écrit expressément pour le virtuose Rémusat, et qui sert d'introduction ; la romance de Cupidon et la romance de Pacôme :

 

Ah ! si vous connaissiez Toinon. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Début de Mme Cabel, cantatrice belge, dont les brillantes qualités de vocaliste trouvèrent leur emploi dans un rôle écrit pour elle. Les couplets des « Fraises », qu'elle disait avec tant de gaillardise, étaient une paraphrase du vieil air : Marie, trempe ton pain… ; ils n'en eurent que plus d'écho à tous les carrefours ; et on peut les classer aujourd'hui dans le musée de la chanson française. — Reprise à l'Athénée, de la rue Scribe, avec la jolie Mlle Singelée. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BIJOUX DE JEANNETTE (LES)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Marc Constantin, musique d’Amédée Godart, représenté au théâtre de la Renaissance le 9 août 1878. Chanté par Urbain, René Julien, Mlles Blanche Miroir et Davenay.

 

 

BILITIS

 

Comédie lyrique en un acte, paroles et musique d’Albert Dupuis, représentée à Verviers en 1899.

 

 

BILLET DE JOSÉPHINE (LE)

 

Opérette en trois actes et quatre tableaux, livret de Georges Feydeau et Jules Méry, musique d’Alfred Kaiser, représentée au théâtre de la Gaîté le 23 février 1902.

 

 

BILLET DE LOGEMENT (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Maxime Boucheron et Paul Burani, musique de Léon Vasseur, représenté aux Fantaisies-Parisiennes le 16 novembre 1879 avec Mmes Humberta (Hélène), Tassily (Douce), Liogier (Mariette), MM. Denizot (la Colichemarde), Gustave Sujol (le Colonel), Jannin (Sulpice), Bellot (l'Echevin), Marty (Gontran).

 

« L'aventure est singulière. Le baron de Montagnac père a substitué un de ses bâtards à un enfant de sa femme, fruit des œuvres de François Ier, et a abandonné celui-ci à un aventurier nommé la Colichemarde. Le fils illégitime est devenu baron de Montagnac et épouse une jeune fille au moment où l'officier Gontran vient loger au château. Avant que le mariage ait été consommé et après les péripéties sans lesquelles il n'y aurait pas de pièce, duel avec le colonel, condamnation de l'officier par le conseil de guerre, Gontran reprend son nom el son titre et épouse la baronne. La lecture d'un testament du vieux Montagnac a suffi aux auteurs pour démêler cet imbroglio. La partition renferme quelques morceaux assez intéressants pour qu'on regrette l'emploi que l'artiste fait de son talent en l'associant à des paroles aussi inconvenantes que celles, par exemple, du duetto conjugal d'Hélène et Sulpice, Pour nous, plus d'entraves, et les couplets d'Hélène, Il faut tendrement l'occuper, et à des trivialités telles que celles-ci :

 

Ah ! quel bel homme

Ah ! nom d'un chien !

Mais voyez comme

Comme il est bien !

 

On remarque dans l'ouverture un agréable motif en la majeur ; dans le premier acte, une fughette andantino d'un bon effet vocal, mais bien dépaysée à cette place ; les couplets de Douce, Oui, deux grands rois ; la romance de Gontran, Vous n'êtes plus la jeune fille, dont le dessin d'accompagnement par la clarinette manque toutefois de correction à la fin du morceau, et le finale, dans lequel il y a de bonnes choses musicales, notamment des phrases en canon et un style d'imitation soutenu et bien traité. Ce travail a été presque entièrement perdu à l'exécution, car les troupes qui jouent ces ouvrages ne se composent pas de chanteurs assez bons musiciens pour bien exécuter ce genre de musique. Les deux autres actes ne contiennent rien de saillant. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BILLET DE LOTERIE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-François Roger et Auguste Creuzé de Lesser, musique de Niccolo [Isouard]. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 14 septembre 1811.

 

Représenté au Théâtre de l'Opéra le 28 avril 1822 lors d'une représentation au bénéfice de Mlle George.

 

Cet ouvrage, dont l'intrigue était assez piquante, obtint, grâce surtout à la partition, un succès prolongé, à Paris et dans la province. On trouve, dans cet opéra, un air de soprano qui est devenu classique.

 

 

BILLET DE LOTERIE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Fernand Beissier, musique de J. Desormes.

 

 

BILLET DE MARGUERITE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d'Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d'Auguste Gevaert, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple), le 07 octobre 1854 avec Mmes Deligne-Lauters [Mme Pauline Gueymard-Lauters] (Marguerite), Maria Meillet-Meyer (Berta), Augustine Chevalier (Dorothée) ; MM. Léon Achard (Tobias), Auguste Alphonse Edmond Meillet (Reinhold), Charles Alexandre Colson (Jacobus).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 31 en 1854, 10 en 1855.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 05 février 1871 avec Mmes Fidès Devriès (Marguerite), Nordet (Berta), MM. Paul Lhérie (Reinhold), Ben-Aben (Tobias), Aujac (Jacobus).

 

« La scène se passe en Allemagne, aux environs de Bamberg, et toute l'intrigue roule sur une équivoque, sur une promesse de mariage consignée dans une sorte de billet à La Châtre, qui n'amène que des scènes insignifiantes et un dénouement fort peu intéressant. L'auteur de la partition, jeune compositeur belge, s'était fait connaître chez nous, l'année précédente, en donnant au Théâtre-Lyrique un petit opéra bouffe en un acte, Georgette, où il y avait du talent. Le Billet de Marguerite, beaucoup plus important, se distinguait moins par la nouveauté des idées que par l'habileté et la facilité du musicien. Citons, au premier acte, un joli chœur dans la manière de Weber, un duo pour baryton et ténor, qui est bien coupé pour la scène ; au second acte, un joli trio, spirituellement conçu, la romance :

 

Pauvre fille,

Sans famille,

 

qui est d'un bon sentiment ; Gardez-moi, un duo pour deux voix de femmes, dont le commencement est lourd, vulgaire, et qui s'achève par une sorte de nocturne plein de grâce ; au troisième acte, les couplets piquants du messager Jacobus, et le finale, morceau d'ensemble rempli d'incidents savamment développés. Ce finale méritait un meilleur sort que la place qu'il occupe à la fin d'une histoire de village dont il dépasse le cadre par ses proportions et son développement. M. Scudo, parlant de cet ouvrage, que le public accueillit avec beaucoup de faveur, écrivait : « Il y a certainement de l'avenir dans le talent déjà remarquable de M. Gevaert, s'il parvient à se dépouiller d'une foule de vieilles formules d'accompagnement dont son instrumentation est remplie. Il use et abuse, jusqu'à la satiété, d'une certaine progression ascendante qu'on trouve dans tous les opéras de M. Verdi, et dont Meyerbeer s'est parfois servi en grand maître. Il serait dommage qu'un musicien aussi distingué que M. Gevaert employât son talent à rééditer des lieux communs. » Le Billet de Marguerite a servi de début, à Paris, à une cantatrice belge qui a partagé le succès de son compatriote, Mme Deligne-Lauters, élève du Conservatoire de Bruxelles, et qui est devenue Mme Gueymard. Léon Achard débuta aussi dans cet ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BILLET DE MARIAGE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Desfontaines, musique de Fridzeri, représenté sur un théâtre de société en 1771.

 

 

BILLET DE MARIAGE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Desfontaines, musique de Jean-Benjamin de Laborde. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 31 octobre 1772.

 

 

BILLET DE SPECTACLE (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Philibert et Siégel, musique de J. Uzès, représentée à l’Eldorado en 1872.

 

 

BILLETS DOUX (LES)

 

Opéra-comique, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de Bondy vers 1804.

 

 

BILLY-BILL

 

Opérette en trois actes, livret de Max Dearly et Georges Léglise, musique d'Henri Goublier. Création à la Scala de Paris le 17 janvier 1931 avec Mmes Vidiane, Christiane Dor, Mascelli ; MM. André Baugé, Georgé.

 

"Livret amusant, musique agréable et sans banalité ; bonne interprétation." (Larousse Mensuel Illustré, 1931)

 

 

BION

 

Opéra-comique en un acte et en vers, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Méhul. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 27 décembre 1800. Agénor, jeune Athénien, voyant que Bion est amoureux de Nisa, trouve plaisant de la lui enlever. Bien, à qui ce projet n'échappe point, mystifie d'abord Agénor, et finit par l'unir à celle dont il est aimé. Ce sujet offre peu d'intérêt, mais on trouve de la fraîcheur dans les idées et de la grâce dans le style. La musique est digne du célèbre auteur de Stratonice, et nous ne comprenons pas pourquoi la plupart des biographes ont omis de citer cet ouvrage dans la liste de ses œuvres. Il nous a semblé juste de réparer cet oubli qui ne s'explique point.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BLAISE ET BABET ou LA SUITE DES TROIS FERMIERS

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Jacques-Marie Boutet de Monvel, musique de Nicolas Dezède, créé à Versailles, Théâtre de la Cour, le 04 avril 1783. Première à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 30 juin 1783. Les mêmes auteurs avaient donné, en 1777, les Trois fermiers, pièce tirée d'un fait historique. Ces trois fermiers, afin d'empêcher leur seigneur de vendre sa terre, lui prêtent 100,000 écus. Ce trait, consigné dans les Ephémérides de l'année 1769, avait été fort bien accueilli au théâtre ; aussi Monvel songea-t-il à lui donner une suite dans Blaise et Babet, qui obtint un succès très marqué. Babet, levée de grand matin, fait, en attendant Blaise, son prétendu, des bouquets pour la fête de son grand-père Mathurin. Piquée du retard de son amoureux, elle rentre chez elle au moment où elle le voit venir. Blaise l'appelle ; mais Babet veut se venger elle se cache. Il l'appelle encore ; elle ouvre enfin sa fenêtre. Mais où donc est Blaise ? A son tour, elle appelle Blaise, mais en vain : alors elle prend le parti de descendre. A la vue du bouquet que tient Babet, Blaise devient jaloux ; Babet voit un ruban à la boutonnière de Blaise, et Babet devient jalouse. Enfin nos deux jeunes gens se brouillent, et jurent de n'être jamais l'un à l'autre. Cependant on annonce l'arrivée du seigneur qui vient rembourser les trois fermiers des sommes qu'ils lui ont généreusement prêtées, pour conserver sa terre qu'il allait être obligé de vendre. Il ajoute 12,000 livres destinées à doter six jeunes filles, et deux années du revenu de sa terre pour marier Blaise à la petite-fille de Mathurin. Hélas ! Blaise et Babet ont juré de ne plus s'aimer... Babet apprend heureusement que le ruban dont Blaise était porteur lui était destiné. De son côté, Blaise découvre que le bouquet de Babet avait été cueilli à son intention. Les deux amants s'embrassent, et la pièce finit par un mariage, comme cela devait être. Cet ouvrage est fort supérieur à celui dont il est la suite. Les querelles d'amour sont très communes au théâtre ; mais celle qui fait le fond de cette bluette est filée avec tant d'art, le caractère des deux jeunes villageois est d'une candeur et d'une naïveté si touchantes, que la situation paraît absolument neuve. La musique de Dezède, de ce compositeur charmant qui excellait dans le genre pastoral, et que l'on surnomma avec raison l'Orphée des champs, cette musique joint à une expression vraie, toujours locale, le mérite d'une mélodie douce et gracieuse, souvent naïve. Blaise et Babet est celui de tous ses ouvrages qui obtint le plus de vogue. Il peut être considéré comme son chef-d'œuvre. L'ouverture est encore intéressante à entendre, et n'est pas inférieure à la plupart de celle des opéras de Grétry. Tous les motifs de Blaise et Babet ont été arrangés pour clavecin et remplissent les recueils de musique du temps, notamment les Feuilles de Terpsychore et le Journal de clavecin publié par un de nos homonymes, Clément, de 1762 à 1773 et dédié à Laborde. — Mme Dugazon, très belle femme, et Michu, fort bel homme, jouaient Blaise et Babet.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BLAISE LE SAVETIER

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Michel-Jean Sedaine, d’après Jean de La Fontaine, musique de Philidor.

 

Création au théâtre de la Foire Saint-Germain le 09 mars 1759.

 

Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 03 février 1762. Il y fut joué, ainsi qu’à la 1re salle Favart, jusqu’en 1784.

 

Reprise à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 septembre 1949, dans une mise en scène de Max de Rieux :

Mmes Lucienne JOURFIER (Blaisine), Nadine RENAUX (Mme Prince).

MM. Jean GIRAUDEAU (Blaise), Serge RALLIER (M. Prince), Jean MICHEL (1er recors), Michel FOREL (2e recors), Guy SAINT-CLAIR (Jeannot).

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

4 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

  

« Blaise va se rendre au cabaret, malgré les remontrances de sa femme Blaisine, quand des recors, soutenus de la femme d'un huissier, propriétaire de la maison où il demeure, viennent saisir ses meubles. Blaise confie à sa femme l'amour de l'épouse de l'huissier pour lui, et Blaisine lui confie à son tour l'amour de l'huissier pour elle. Tous deux s'accordent pour duper l'huissier. Une armoire, sur le théâtre, se prête merveilleusement au stratagème qu'ils imaginent, et dont la réussite est complète. L'huissier en est pour sa courte honte, et madame, de son côté, se voit démasquée. Blaise le savetier est le premier ouvrage dramatique que donna Philidor, après avoir vainement sollicité la place de surintendant de la musique du roi. On y trouve de la franchise, du rythme surtout, et une tenue de style qui contraste avec le laisser-aller des musiciens d'instinct qui alimentaient alors l'Opéra-Comique. Mais la reprise de Blaise le savetier, fort intéressante comme étude rétrospective, n'aurait pas plus de chance d'être favorablement accueillie par le public que les autres partitions de l'auteur d'Ernelinde, dont plusieurs ont joui autrefois d'une si grande vogue. On remarque surtout dans cette pièce un quinque écrit avec une verve et un talent hors ligne. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BLAISOT ET PASQUIN

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Leroi, Francis et Martinelli, musique de Bianchi, représenté au théâtre Montansier le 09 avril 1804.

 

 

BLANCHE DE MANS

 

Opéra en quatre actes, livret d’A. Duruz, musique de Ch. Hœnni, directeur de l’Ecole de musique de Sion, représenté à Sion (Suisse) en 1894.

 

 

BLANCHE DE PROVENCE ou LA COUR DES FÉES

 

Opéra en trois actes, livret de Léon Théaulon de Lambert et De Rancé, musique de Henri Montan Berton, Boieldieu, Cherubini, Kreutzer et Paer, création à la Cour le 01 mai 1821 ; première au Théâtre de l'Opéra (salle Favart) le 03 mai 1821 ; décors de Charles Cicéri et Jacques Daguerre ; costumes d'Auguste Garneray.

 

« De cette pièce de circonstance, composée à l'occasion de la naissance et du baptême du duc de Bordeaux, fils posthume du duc de Berry, il n'est resté que le magnifique chœur final de Cherubini :

 

Dors, cher enfant, tendre fleur d'espérance !

 

Ce morceau, qui est encore exécuté dans les concerts du Conservatoire, méritait d'être distingué des nombreux hommages en vers et en chansons qui répétaient à l'héritier des Bourbons les belles promesses déjà faites, sur un ton non moins chaleureux, à l'héritier impérial. Pour le duc de Bordeaux comme pour le roi de Rome, les prédictions des faiseurs d'opéras ne désarmèrent point le destin. Ce qu'il y a de plus piquant, c'est que l'Italien Paer, un des compositeurs qui prirent part à la confection de cet ouvrage, avait été ramené de Vienne en France par Napoléon, qui l'avait comblé de faveurs et qui l'avait fait son maître de chapelle. Louis XVIII, il est vrai, se montra également bon prince à son endroit, et, de la chapelle impériale à la chapelle royale, notre compositeur n'eut qu'un saut à faire. Cette collaboration à une pièce de circonstance appela sur Boieldieu les faveurs du gouvernement : il reçut la croix de la Légion d'honneur, et fut attaché à la maison de la duchesse de Berry en qualité de compositeur. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra fut composé à l'occasion du baptême du duc de Bordeaux.

Il ne comprend que dix scènes donnant lieu à deux changements à vue, qui permirent de diviser en 3 actes ce qui n'en devait former qu'un seul dans la pensée des auteurs.

Il n'en est resté que le chœur de Cherubini : Dors, mon enfant. Ce morceau poétique et suave est souvent chanté aux Concerts du Conservatoire. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BLANCHE ET OLIVIER

 

Opéra, musique de Catrufo, reçu à l'Opéra-Comique. (Inédit.)

 

 

BLANCHE ET RENÉ

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Louis Placide Canonge, musique d'Eugène Prévost, représentée en privé à La Nouvelle-Orléans en juin 1871.

 

 

BLANCHE ET VERMEILLE

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Jean-Pierre Claris de Florian, musique d’Henri-Joseph Rigel. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 05 mars 1781. Réduite en un acte, le 26 mai suivant. On trouve dans cette pièce l'esprit et la grâce de l'auteur des Nouvelles et de Jeannot et Colin. La musique est agréable et bien écrite ; le style et l'harmonie sont dignes d'un élève de Richter et de Jommelli. Les compositions de Rigel réussirent mieux dans les concerts spirituels qu'au théâtre.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BLANCHE HAQUENÉE (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Michel-Jean Sedaine, musique de Bernardo Porta. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 22 mai 1793 (représentation inachevée).

 

 

BLANCHE-NEIGE

 

[Schneewitchen]

Opéra en deux actes et neuf tableaux, livret d'Otto Maag, d'après le conte des frères Grimm, version française de Louis Juillerat, musique extraite d'opéras de Franz Schubert, adaptée et arrangée par Felix Weingartner.

 

Personnages :

Le Roi Benoît (basse) ; le Roi Basile (baryton) ; le Prince, son fils (ténor). La Reine Edmonde, seconde femme du Roi Benoît (soprano dramatique) ; Blanche-Neige, fille du Roi Benoît (mezzo-soprano). Vingt-et-un petits rôles (14 masculins, 7 féminins). Chœurs.

 

Création au Théâtre municipal de Bâle le 26 décembre 1941.

 

Première en français, au Grand Théâtre de Genève le 04 décembre 1942.

 

Résumé.

Blanche-Neige est la belle-fille de la cruelle Reine Edmonde qui cherche à la faire périr. Mais Blanche-Neige se réfugie dans une maisonnette an sein de la forêt, où l'accueillent aimablement sept petits nains dont elle se met à tenir le ménage. Cependant, la Reine a découvert la retraite de Blanche-Neige ; déguisée en pauvresse, elle vient lui offrir une pomme empoisonnée. Blanche-Neige, morte, est pleurée par les sept nains qui l'enferment dans un cercueil de verre. Le Prince, fils du roi Basile, la découvre et supplie Dieu de lui rendre la vie. Le miracle s'accomplit et les deux jeunes gens célèbrent la puissance de l'amour.

 

ACTE I.

1er TABLEAU : Dans les appartements de la Reine Edmonde.

La Reine Edmonde apprend que le roi du pays voisin, organise une grande fête, où la plus belle princesse recevra une couronne et sera fiancée à son fils, le prince héritier. Espérant l'emporter sur toutes les autres femmes, la Reine décide de s'y rendre. Elle pense que le prince héritier s'éprendra d'amour pour elle, et qu'il attendra, pour l'épouser, la mort de son époux, le vieux Roi Benoît. La Reine décide aussi d'amener avec elle sa belle-fille, Blanche-Neige, en qualité de servante, afin de l'humilier à tout jamais. Elle consulte son miroir magique qui lui confirme qu'elle est la plus belle femme du pays.

2e TABLEAU : Salle des fêtes dans le palais du Roi Basile.

La fête bat son plein. La Cour présente ses hommages au Prince. Quelques princesses se présentent pour concourir. Mais, lorsque la Reine Edmonde arrive, elle est proclamée la plus belle. Au moment où le Prince va la couronner, il aperçoit Blanche-Neige. Saisi au plus profond de son être, il laisse tomber la couronne. De son côté Blanche-Neige ne peut détacher son regard du Prince. Furieuse de l'affront qui lui est fait, la Reine quitte immédiatement le palais. Resté seul, le Prince jure de retrouver Blanche-Neige.

3e TABLEAU : En pleine forêt.

En rentrant de la fête, la Reine fait arrêter son carrosse et ordonne à son Chasseur de tuer Blanche-Neige. Mais le Chasseur n'ose pas commettre le crime et s'enfuit. Blanche-Neige, seule dans la forêt, prie Dieu de la sauver. Des Elfes apparaissent et la conduisent vers la maisonnette des sept nains.

4e TABLEAU : Dans la maisonnette des nains.

Blanche-Neige, à son arrivée, remercie les Elfes et pénètre dans la maisonnette. Elle se restaure un peu, se couche dans un des lits et s'endort. Les Nains arrivent et découvrent Blanche-Neige, qui leur raconte son histoire. L'aîné des Nains fait procéder à un vote. A six contre un, ils décident d'accueillir la jeune fille, qui veillera désormais à leur ménage.

ACTE

5e TABLEAU : Dans les appartements de la Reine.

Dans un coffret, le Chasseur apporte à la Reine un cœur, pour lui prouver que Blanche-Neige est morte. Toutefois ce cœur est celui d'une biche que le chasseur a tuée à la place de Blanche-Neige.

Le Prince, qui cherche Blanche-Neige partout, arrive, et demande à la Reine de lui dire où se trouve sa bien-aimée. La Reine lui répond que Blanche-Neige s'est enfuie ; le Prince repart à sa recherche.

Etonnée de n'avoir pu charmer le Prince, la Reine consulte à nouveau son miroir. Il lui répond qu'elle est la plus belle ici, mais que Blanche-Neige, par-delà les montagnes, auprès des sept nains, est mille fois plus belle encore. La Reine décide alors de tuer elle-même Blanche-Neige. Elle prépare un poison, dont elle imprègne la moitié d'une pomme que Blanche-Neige devra manger. Elle s'apprête à se rendre auprès de Blanche-Neige, déguisée en vieille paysanne.

6e TABLEAU : Dans la maisonnette des Nains.

Les Nains prennent congé de Blanche-Neige pour se rendre à leur travail. Ils lui recommandent de ne laisser entrer personne dans la maison et de se tenir sur ses gardes. Quelques instants après, la Reine, méconnaissable sous son déguisement, se présente à la fenêtre de la maisonnette. Elle offre la moitié empoisonnée de la pomme à Blanche-Neige, tandis qu'elle-même mange l'autre moitié. Blanche-Neige s'écroule, inanimée, au pied de la fenêtre. La Reine, triomphante, s'enfuit. Lorsque les Nains rentrent, ils découvrent Blanche-Neige étendue par terre. Ils décident de ne pas l'enterrer, mais de lui faire un cercueil en verre qu'ils déposeront en pleine forêt.

7e TABLEAU : Dans la forêt.

Les Nains veillent Blanche-Neige dans son cercueil. Arrive le Prince. Bouleversé de voir Blanche-Neige inanimée, il demande aux Nains de lui donner le cercueil. A leur refus, il supplie Dieu de lui rendre Blanche-Neige. Le miracle s'accomplit : Blanche-Neige ouvre les yeux et sort du cercueil. Le Prince et Blanche-Neige, entourés des Nains, chantent la puissance de l'amour [Duo : Liebe ist ein süsses Licht... / Oui, nous vivons par l'amour...].

8e TABLEAU : Dans les appartements de la Reine.

La Reine a fait demander le Prince. En l'attendant, elle consulte son miroir magique, qui lui dit que la future épouse du Prince est mille fois plus belle qu'elle. Dans un mouvement de colère extrême, elle détruit le miroir, et tombe morte.

9e TABLEAU : Dans la salle des fêtes du Roi Basile.

Le Roi Basile et sa cour accueillent Blanche-Neige et le Prince, qui font leur entrée solennelle en compagnie des sept Nains. Le Roi unit les deux amants et les invite à régner à sa place.

 

 

BLANCHISSEUSE DE BERG-OP-ZOOM (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Léon Vasseur, représenté aux Folies-Dramatiques le 27 janvier 1875 avec Luco, Milher (Van der Pruth), Vavasseur, Mario Widmer, Mme Tassily et Mlle Vanghell.

 

« Il y est question d'un riche brasseur, Van der Graff, forcé d'épouser Guillemine la blanchisseuse par Van der Pruth , père de celle-ci, qui a surpris le brasseur escaladant son balcon. L'habile blanchisseuse finit à force de ruses par vaincre la répugnance de Van der Graff et s'en faire adorer. Je m'abstiens ici de toute réflexion sur le rôle abaissé qu'on fait jouer à l'art musical en l'associant à de si pauvres sujets. Quelques grivoiseries semées çà et là peuvent seules les faire accepter du public, et ce n'est pas ce qui les recommande le mieux. On a applaudi le duo de l'échelle, le duo de Van der Graff et de Guillemine, les couplets du mari et un chœur de blanchisseuses. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BLESSURE D'AMOUR

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Stéphane Bordèse, musique de M. Bemberg, représenté dans un salon en mai 1902.

 

 

BLEUETS (LES)

 

Opéra en quatre actes, livret d’Eugène Cormon et Henri Trianon, musique de Jules Cohen, représenté au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 23 octobre 1867, avec Mmes Christine Nilsson (Estelle), Valérie Tual (Sœur Dorothée), Willème (Dinarda), Dardenne (Béatrix), Fork, Berdet, Leno, Zewoska (Paysannes), MM. Jules Bosquin (Fabio), Eugène Troy (Mengo), Lutz (Juan II), Legrand (l'Infant), Guyot (Don Alvar), René Neveu (Don Gusman), Boudias (Don Pedro), Etienne Troy (Don Ruy), Georges Baretti (Don Sanche), Fontenay (Don Luys), Christophe, Victor, Wagner, Solon, Hiestand, Garcin (Seigneurs).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 9 en 1867.

 

« Le livret n'a pas été heureusement conçu. Le roi don Juan de Castille veut remettre sa couronne à son fils naturel, Fabio, jeune guerrier plein de bravoure. Pour arriver à son dessein, il fait éloigner de sa vue une jeune fille qu'il aime et qu'il doit épouser. Estelle est son nom. Le roi la fait enfermer dans un couvent. L'abbesse de ce couvent, la sœur Carmen, qu'il destine en mariage à Fabio, est un personnage comique et de mauvais goût. L'infant d'Espagne meurt ; Fabio, le fils naturel, est proclamé roi d'Espagne, et il oublie la pauvre Estelle avec laquelle il allait cueillir les bluets dans les blés. La musique n'a pas produit une vive impression. On a distingué plusieurs morceaux, chantés par Mlle Nilsson, un chœur au troisième acte et une marche triomphale, instrumentée avec habileté. Cet ouvrage a été chanté par Troy, Lutz, Mlles Nilsson et Tual. Il a été représenté sur le théâtre de Nice en février 1873 dans une traduction italienne de M. de Lauzières. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La scène au XVIe siècle, dans le royaume de Castille. — Mlle Nilsson, avant de prendre possession du rôle d'Ophélie, dans Hamlet d’Ambroise Thomas, à l'Opéra, fit dans les Bluets sa dernière création au Théâtre-Lyrique. — L'auteur de la musique était en ce temps-là inspecteur de la Chapelle des Tuileries. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BLONDE ET LA BRUNE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Lemière de Corvey, représenté à Feydeau en 1795.

 

 

BLUETTE

 

Opéra-comique français en trois actes, livret d’Henri Gillet et Arthur Porte, musique de Louis Mayeur, représenté au théâtre Royal de La Haye le 23 avril 1887.

 

 

BOCAGE (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, musique de Marcellus Muller, représenté à Caen, dans la grande salle de l’Hôtel de ville, à l’occasion d’une fête locale, le 05 février 1875.

 

 

BOCCACE

 

[Boccaccio]

Opéra-comique viennois en trois actes, livret de Richard Genée et Camillo Walzeel, d’après la comédie Boccace ou le Décaméron d’Alfred Bayard, Adolphe de Leuven et Arthur de Beauplan, musique de Franz von Suppé.

 

Personnages : Fiametta, fille adoptive de Lambertuccio (soprano) ; Boccaccio, écrivain (ténor) ; Lambertuccio, citoyen de Florence (ténor) ; Béatrice, femme de Scalza (soprano) ; Peronella, femme de Lambertuccio (contralto) ; Pietro, prince de Palerme (ténor) ; Scalza, marchand (baryton) ; Leonetto, étudiant (ténor) ; Isabella, femme de Lotteringhi (mezzo-soprano) ; Lotteringhi, tonnelier florentin (ténor) ; Checco, mendiant (basse) ; colporteur (baryton) ; majordome (baryton).

 

L’action se déroule à Florence, en 1331.

 

Première représentation à Vienne, Karltheater, le 1er février 1879, avec Antonia Link (Boccace) et Mlle Streitmann (Fiametta).

 

Première fois en français, dans la version d’Henri Chivot et Alfred Duru, aux Galeries Saint-Hubert à Bruxelles, le 03 février 1882.

 

Première fois à Paris, Folies-Dramatiques, le 29 mars 1882, dans la version française de Chivot et Duru, décors de Zavra, costumes de Draner, avec Mmes Marie Montbazon [Grisier-Montbazon] (Boccace), B. Thibault (Béatrice), Vernon (Frisca), B. Aubry (Péronelle), Régodia (Zvanetta), MM. Lepers (Stromboli), Maugé (Pandolfo), Luco (Quiquibio), Lefèvre (Lélio), Désiré (Orlando), Speck (l'inconnu), Jeault (un bourgeois), Laroque (Beppo), Barrielle (un capitaine), sous la direction de Joseph Luigini.

 

Représenté au Nouveau-Théâtre, en 1896 ; au Théâtre du Trianon-Lyrique, en 1909 ; au Théâtre de la Gaîté-Lyrique, en 1914.

 

« Principaux personnages : Jean Boccace ; le prince Orlando ; Pandolfo, jardinier ; Tromboli, tonnelier ; Quiquibio, barbier ; Béatrice ; Frisca, femme de Tromboli ; Péronelle, femme de Pandolfo ; Zanetta, femme de Quiquibio.

La scène se passe à Florence vers 1340.

Boccace appartient au même genre de pièces que les Contes d'Hoffmann et d'autres similaires, où il s'agit de réunir autour d'une intrigue quelconque des récits variés empruntés à un auteur unique. Comme dans les Contes d'Hoffmann, l'auteur joue lui-même dans Boccace le rôle principal et devient le héros des aventures qu'il a racontées. Cette macédoine de nouvelles plaisantes est assez habilement faite dans le cas qui nous occupe, et toutes les histoires marchent alertement de front, alors que dans les Contes d'Hoffmann les librettistes ont préféré les présenter séparément, chacune remplissant un acte.

A Florence habitent, à l'époque où s'ouvre l'action, le jardinier Pandolfo, le perruquier Quiquibio et le tonnelier Tromboli. Tous trois sont mariés à des personnes d'âge, d'aspect et de tempérament divers. Péronelle, femme de Pandolfo, est une personne un peu mûre, mais portée au sentiment. Zanetta, femme de Quiquibio, trompe son mari avec Lelio, ami de Boccace. Frisca, femme de Tromboli, ne demande qu'à tromper le sien, mais n'en a pas eu jusqu'ici l'occasion. Les trois maris tremblent pour leur tête, car le bruit court que le fameux Boccace, le bourreau de cœurs, est à Florence incognito. En un trio, ils exposent leurs craintes au début du premier acte, au moment même où Lelio se trouve en conversation criminelle avec Zanetta et ne sait comment sortir, le mari barrant la retraite. Lelio n'est du reste pas seul chez le barbier : Boccace, se trompant de maison, l'y avait précédé, car il poursuit une inconnue dont il est amoureux. Zanetta joue alors une audacieuse comédie : elle se précipite échevelée sur la place et demande protection à son mari, disant qu'un homme est venu lui demander asile. Le malheureux était poursuivi par un ennemi qui, sans égard pour les protestations de la maîtresse du logis, a pénétré dans la maison. Lelio et Boccace sortent à leur tour feignant de se battre, mais ce sont les maris qui reçoivent la plupart des coups. Des étudiants accourus se mêlent à la bagarre, qui s'achève par la fuite des trois compères.

Sitôt seuls, Lelio et Boccace rient de l'aventure et Boccace raconte qu'il est amoureux pour de bon d'une jeune fille qu'il a aperçue à sa fenêtre, mais qu'une duègne farouche accompagne comme son ombre. Cette jeune fille, renseignements pris, est de naissance mystérieuse et a été confiée à Pandolfo le jardinier et à sa femme Péronelle, qui touchent de ce fait une riche pension.

Mais voici que survient un nouveau personnage. C'est le prince de Palerme, Orlando, jeune homme un peu naïf, qui est venu incognito à Florence, dans le but de faire connaissance discrètement d'une jeune personne qu'il est question de lui faire épouser. Orlando est ravi de rencontrer Boccace, dont il connaît les œuvres et pour qui il a la plus haute admiration. Son ambition serait d'égaler l'illustre conteur comme littérateur... et comme séducteur ! Boccace, qui prévoit des occasions de rire, entreprend de faire l'éducation d'un si noble élève. Et les leçons commencent aussitôt : les fidèles entrent à l'église, et les jeunes gens les regardent afin de trouver des sujets d'expériences. Quand passe Frisca, femme de Tromboli, Orlando tombe en arrêt : voilà la conquête qu'il se propose de faire. Et comme elle laisse choir son bouquet, vite il le ramasse et le lui rend : les hostilités sont engagées. Passent encore Quiquibio et Zanetta, Pandolfo et Péronelle, accompagnés de Béatrice, la flamme de Boccace. Le jardinier laisse les deux femmes entrer seules à l'église. Nous apprenons bientôt que si Boccace est amoureux de Béatrice, Béatrice de son côté a remarqué Boccace. Mais ce dernier, caché, entend une nouvelle qui le désespère : il est question de marier celle qu'il aime !

Pour se débarrasser de Péronelle, Boccace songe à son ami Lelio. Il lui demande comme un grand service de faire la cour à la duègne. Lelio accepte à contre cœur ! Et le siège de Péronelle commence illico. Un billet incandescent est dépêché à l'inflammable vieille, lui donnant rendez-vous sur la place. Pendant qu'elle y sera, Boccace pourra se faufiler dans l'église et parler à sa bien-aimée.

De son côté, Orlando a fait du chemin : il a parlé à Frisca et celle-ci lui a laissé son livre de messe, avec son adresse : un admirable prétexte pour s'introduire chez le tonnelier. Orlando annonce son intention de poursuivre son intrigue sous le nom de Boccace, ce à quoi celui-ci ne s'oppose pas. Lelio se donnera également pour Boccace à dame Péronelle.

Voici les trois couples formés : Boccace-Béatrice, Péronelle-Lelio, Orlando-Frisca. Il n'y a plus qu'à laisser les événements suivre leur cours. Pour Orlando, cela commence mal : cherchant à s'introduire chez Frisca, il est surpris par Tromboli, qui lui donne la chasse. En courant, les deux hommes renversent presque le couple Lelio-Péronelle et voici Orlando qui débouche sur la place où Lelio et Boccace sont déjà cachés.

Pour échapper aux maris ameutés et assoiffés de vengeance, Orlando troque son costume contre celui d'un mendiant, sans s'apercevoir que ce mendiant a déjà troqué ses effets contre ceux de Boccace.

Arrivent les maris, qui reconnaissent le costume de Boccace sur le dos d'Orlando et donnent la bastonnade au malheureux prince de Palerme, lequel a toutes les peines du monde à se faire reconnaître. Comme il faut une victime à la foule, arrive à point nommé un colporteur dont la populace brûle la pacotille.

Le deuxième acte, fort plaisant, représente à gauche la cour de Tromboli, avec des tonneaux à demi-achevés, et à droite le jardin de Pandolfo, avec un grand poirier abritant un banc rustique. Un petit mur sépare les deux enclos. Un grand mur ferme au fond les deux propriétés. Au lever du rideau on voit se hisser sur ce mur Boccace, Lelio et Orlando. C'est le petit jour du matin. Aubade suivie de retraite. Attirés par le bruit les maris sortent de chez eux et ne trouvent personne. En bons voisins ils devisent, et les galants aux aguets apprennent ainsi des choses intéressantes : Péronelle est malade (d'amour) et aurait besoin d'un médecin ; ce sera le rôle de Lelio ; Tromboli a un cuvier à vendre ; çà, c'est l'affaire d'Orlando ; enfin Pandolfo attend un ouvrier jardinier pour faire la cueillette de ses poires ; çà, c'est pour Boccace. Il paraît aussi que le poirier de Pandolfo passe pour être ensorcelé, détail dont Boccace fera son profit.

Bientôt les femmes sortent des deux maisons. Pendant qu'elles bavardent, des lettres attachées à des pierres viennent tomber à leurs pieds : à chacune son billet doux, qui disparaît bientôt dans un corsage. Béatrice rentre chez Pandolfo pour lire le sien à son aise. Frisca et Péronelle relisent les leurs en cachette. Comme elles sont ainsi occupées, on frappe à la porte du fond. C'est Lelio en médecin, qui se fait reconnaître et engage la conversation avec la duègne. On frappe encore : c'est Orlando qui entre chez Tromboli en simulant l'ivresse. Lui aussi se fait reconnaître de Frisca, mais la conversation des amoureux est vite interrompue par le retour du mari. Pour ne pas être pincé, Orlando se cache dans un tonneau. Tromboli finit par l'y dénicher, mais sa femme lui fait accroire qu'il s'agit d'un acheteur désireux de s'assurer du bon état de la marchandise. Or l'acheteur supposé prétend que le tonneau fuit. Le tonnelier affirme que ce n'est rien : avec un peu de goudron il n'y paraîtra plus. Pour sceller le marché le trio entre prendre un verre.

Chez Pandolfo, Boccace se présente en garçon jardinier. Il se fait reconnaître de Béatrice et imagine une ruse pour éloigner le patron. Il lui raconte que son poirier enchanté occasionne à qui y monte de curieuses hallucinations : on croit voir des choses qui n'existent pas. Pandolfo monte dans le poirier poussé par la curiosité et sans se gêner Boccace et Béatrice s'embrassent et se cajolent, sous les yeux du bonhomme qui trouve ça très drôle.

Frisca, Tromboli et Orlando sont ressortis. Tromboli entre dans la cuve pour goudronner les fentes ; pendant ce temps, Orlando et Frisca se bécotent au-dessus de sa tête. Et Pandolfo continue à en voir de réjouissantes ! C'est sa femme maintenant qui sort en caressant Lelio. Le spectateur voit ainsi les trois couples amoureusement enlacés, à la barbe des deux maris inconscients : effet d'un comique sûr.

Ce tableau est dérangé par l'arrivée de Quiquibio. Rappelons-nous que chacune des trois femmes croit être courtisée par Boccace. Or le barbier a appris que Boccace devait se rendre chez Pandolfo sous un déguisement. Une foule irritée est à la porte, qui réclame Boccace à grands cris. Son embarras est extrême lorsqu'au lieu d'un Boccace elle en trouve trois. Mais le vrai Boccace est très crâne et se dénonce. Il déclare son amour pour Béatrice et se dit prêt à épouser. La foule approuve : Boccace marié cessera d'être dangereux pour les maris. Il y a malheureusement un empêchement : Pandolfo ignore qui sont les parents de Béatrice ; impossible donc de demander leur consentement.

A ce moment précis arrive l'intendant qui chaque mois apporte la pension de la jeune fille. Il vient cette fois pour emmener la jeune personne à qui ses parents ont trouvé un époux. Boccace ne désespère pas pour si peu ; à l'oreille il glisse à Béatrice d'avoir confiance : avec l'aide de ses amis il la retrouvera et saura bien la reprendre.

Le dernier acte se passe au palais ducal, où Béatrice est maintenant installée, car elle est princesse désormais, fille du grand-duc de Toscane. Auprès d'elle se trouve Péronelle, promue au rang de surintendante. Pandolfo est grand arboriculteur des domaines. Quiquibio et Tromboli viennent implorer leur protection pour obtenir l'un le titre de barbier de la cour, l'autre celui de sommelier du palais.

Quant au futur que l'on destine à Béatrice, vous avez sans doute deviné qu'il n'est autre que le prince de Palerme, Orlando. Et quand celui-ci a appris la vérité, il a, avec une noire ingratitude, fait prendre les mesures les plus sévères pour empêcher Boccace d'approcher de sa future. Le conteur a du reste subitement disparu.

On introduit une jeune demoiselle d'honneur, dont l'arrivée a été annoncée à Péronelle. La mignonne fait son entrée : c'est Boccace en vêtements de femme. On présente la nouvelle à ses camarades qui lui font une chaude bienvenue. Sous ce déguisement, l'amoureux verra Béatrice avant le mariage, qui doit avoir lieu dans une heure.

Arrive le cortège : Orlando donne la main à Béatrice. Derrière eux défile toute la Cour. Orlando n'est pas content, sa femme lui fait grise mine, et lui, au fond, en tient toujours pour Frisca. Et justement Frisca se glisse à son oreille et lui déclare qu'elle a à lui parler sans retard ; sinon elle fera un esclandre. Lelio, complice de Boccace, adresse une sommation semblable à Péronelle. Boccace enfin parvient à faire connaître sa présence à Béatrice. Puis le cortège s'éloigne et Lelio reste seul en scène avec les étudiants ses compères. Tout est prêt pour l'enlèvement de Béatrice dès qu'Orlando et Péronelle seront occupés ailleurs, chacun de son côté.

Péronelle paraît la première ; il est décidé que Lelio ira l'attendre dans sa chambre. Au tour d’Orlando maintenant. Frisca lui fait une scène en règle. Pour s'en débarrasser, le prince la pousse dans sa chambre, en face de celle de Péronelle.

Voici Tromboli, maintenant, complètement gris. Orlando l'envoie dans la chambre où se trouve sa femme, pour lui faire une farce. Mais le tonnelier est tellement ivre qu'il entre dans la chambre de Péronelle. La scène est libre maintenant pour l'entrevue entre Boccace et Béatrice. Tandis qu'ils sont tendrement enlacés, Orlando revient et Boccace s'enfuit, à la prière de son amie. Orlando est furieux, il appelle au secours et la scène s'emplit de monde. On cherche Péronelle qui sort de sa chambre coiffée du chapeau de Tromboli. Le tonnelier, qui survient, reconnaît son couvre-chef et le reprend.

Grande nouvelle : Boccace est pris ; les soldats l'amènent devant le prince. On va lui infliger un châtiment exemplaire. Il ne manifeste du reste aucun repentir et déclare hautement son intention d'épouser la grande-duchesse. Il rit même au nez d'Orlando qui va l'envoyer en prison quand Lelio se présente avec les étudiants : il annonce que le grand-duc ordonne la mise en liberté de Boccace, qui vient d'être fait citoyen de Naples où le roi Robert l'appelle à la cour. Orlando est du reste embarrassé, car Frisca le fait chanter. Il renonce donc à son mariage et annonce son départ pour la Sicile. Il emmènera Tromboli et sa femme à la cour de Palerme.

Quant à Boccace, il partira sans celle qu'il aime, mais en donnant à entendre qu'il reviendra et ne renonce pas. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Ah, vous avez aimé les partitions étrangères... vous avez adoré les Opérettes où l'on valse ; et vous en avez mis partout en France, où vous avez cru lancer une mode !... Vous n'avez rien inventé, vous n'avez rien découvert : « Il faut en rabattre, écoliers ! » — comme disait Pierre Louÿs dans Une Volupté nouvelle.

En 1909, MM. de Flers et de Caillavet, adaptaient du viennois le livret de la Veuve Joyeuse, musique de Franz Lehár — et la Veuve Joyeuse était elle-même adaptée d'un vaudeville bien français de Henri Meilhac : l'Attaché d'Ambassade.

En 1882, MM. Chivot et Duru adaptaient de l'allemand le livret de Boccace, musique de Franz von Suppé, joué à Vienne et à Bruxelles — et que les auteurs eux-mêmes, Lagye, Zell et Genée, avaient adapté d'une comédie de Leuven, Bavard et Beauplan, créée en 1853 au Théâtre du Vaudeville... également adaptée du Décaméron ; des Cent nouvelles nouvelles ; des Contes de La Fontaine, etc.

Un petit travail analogue a fait du Réveillon de Meilhac et Halévy, l'opérette « viennoise » la Chauve-Souris, à son tour réadaptée en français... sous deux espèces différentes.

Pour achever de rendre le parallèle plus typique, la partition de Boccace, comme celle de la Veuve Joyeuse, fourmille de motifs à trois temps... Ce n'est pas que l'on s'en plaigne, et « pourvu que l'on tourne bien, il n'y a pas de mal à tourner ». Enfin, il y a quelque part un « Septuor-marche » du plus grand effet... d'autant plus qu'il est à huit personnages !

... Les personnages de Boccace !... Ils sont beaucoup ! Presque trop. — Ce sont les protagonistes des Contes — et nous ne serions pas très sûrs de nous y reconnaître si l'on n'avait ingénieusement fait de ces trois actes un cadre à passe-partout, destiné à rendre Boccace lui-même le héros des situations principales du Décaméron. Ce procédé avait déjà servi pour la mise à la scène des Contes de la Reine de Navarre et des Contes d'Hoffmann. Ici, l'amalgame est assez heureux, surtout pour les deux nouvelles classiques du « Cuvier » et du « Poirier » ; il a été brodé par-ci par-là quelques applications du « Galant Jardinier », des « Oies du Frère Philippe » et de la « Gageure des Trois Commères ». Le tout est relié par une intrigue assez opaque et qui défie l'analyse — made in Germany — La musique serait plutôt de facture italienne, scrupule de couleur locale. Elle est due au compositeur de Fatinitza — et de ce Poète et Paysan dont on ne joue que l'ouverture. Nous savons le parti que les librettistes de l'époque ont tiré d'autres nouvelles — il suffit de citer : Gillette de Narbonne, musique d'Audran ; le Cœur et la Main, le Jour et la Nuit, la Petite Mariée, musique de Lecocq..., etc.

Boccace a été créé aux Folies-Dramatiques le 29 mars 1882 par Mlle Montbazon, — la Mascotte — qui épousa Georges Grisier, son « maître d'armes », le futur directeur de l'Ambigu, à la suite des leçons d'escrime qu'il lui avait données pour qu'elle se « fendît » mieux, au premier acte. Grâce à son art — et à son travesti coquet, des plus seyants, le succès de l'Opéra-bouffe en question fut aussi vif qu'à l'étranger. Il eût fallu la plume du conteur florentin pour célébrer en elle, dignement, le « Rossignol » de ce recueil animé, dont les vivantes fresques ont charmé tous les publics, même les moins lettrés, — ceux qui prennent encore le Décaméron pour un homme — et, malgré l'immoralité du fabliau, dérident les censeurs les plus moroses... Le « Poirier » serait seul à ne pas être « enchanté » !

C'est charmant... et tant pis pour « quelques-uns entre ceulx qui ne servent en ce monde qu'à reprendre les œuvres d'autruy — ou, si mieulx ne sçavent, s'en moquer — plutost qu'ilz ne sçauroient imiter ce qu'ilz reprennent... » (Epitre d'Antoine Le Maçon, traducteur de Boccace, à Marguerite de Navarre.) »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

 

BŒUF APIS (LE)

 

Opéra bouffe en deux actes, livret de Philippe Gille et Eugène Furpille, musique de Léo Delibes, représenté aux Bouffes-Parisiens le 15 avril 1865.

 

 

BOHÈME (LA)

 

Opéra italien en quatre actes, livret de Giuseppe Giacosa (1847-1906) et Luigi Illica (1857-1919), d'après le roman Scènes de la vie de bohème (1849) d’Henri Murger ; version française de Paul Ferrier ; musique de Giacomo Puccini.

 

Personnages : Mimi, une grisette (soprano) ; Musetta (soprano) ; Rodolfo, poète (ténor) ; Marcello, peintre (baryton) ; Schaunard, musicien (baryton) ; Colline, philosophe (basse) ; Benoît, le propriétaire (basse) ; Alcindoro, conseiller d’Etat (basse) ; Parpignol (ténor) ; le sergent des douaniers (basse) ; étudiants, grisettes, bourgeois, boutiquiers, etc.

 

L’action se déroule au Quartier latin, à Paris, vers 1830.

 

Création au Teatro Regio de Turin le 01 février 1896 ; décors et costumes d'Adolfo Hohenstein.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles, dans la version française, le 25 octobre 1900.

 

 

TURIN

Teatro Regio

01.02.1896

LONDRES

Covent Garden

02.10.1897

BRUXELLES

Monnaie

25.10.1900

NEW YORK

Metropolitan

26.12.1900

Mimi

Cesira FERRANI

Alice ESTY

THIÉRY

MELBA

Musette

Camilla PASINI

Bessie McDONALD

MAUBOURG

OCCHIOLINI

 

 

 

 

 

Rodolphe

Evan GORGA

Umberto SALVI

DAVID

SALEZA

Marcel

Tieste WILMANT

MAGGI

Eugène BADIALI

CAMPANARI

Schaunard

Antonio PINI-CORSI

TILBURY

CHALMIN

GILIBERT

Colline

Michele MAZZARA

DEVER

DANLÉE

JOURNET

Benoît

Alessandro POLONINI

 

 DANSE

 

Saint-Phar

 

 

V. CAISSO

 

Parpignol

 

 

DISY

 

Chef d’orchestre

Arturo TOSCANINI

JACQUINOT

Philippe FLON

MANCINELLI

 

Première au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) (le 3e acte seulement), sous le titre « la Vie de bohème » le 19 juin 1910, au cours d'un Gala à bénéfice, par les Artistes du Metropolitan Opera de New York.

Mmes FARRAR (Mimi), ALTEN (Musette).

MM. CARUSO (Rodolphe), SCOTTI (Marcel).

Chef d'orchestre : V. PODESTI

Seule représentation à l’Opéra (3e acte seul) au 31.12.1961.

 

Première à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 13 juin 1898, dans la version française, sous le titre « la Vie de bohème ». Mise en scène d’Albert Carré. Décors de Lucien Jusseaume. Costumes de Marcel Multzer.

Première 3e salle Favart le 11 janvier 1899.

 

200e représentation le 30 novembre 1907. Dernière le 02 avril 1972 (toujours dans les décors de Lucien Jusseaume).

 

 

Opéra-Comique

13.06.1898

(1re)

Opéra-Comique

04.03.1903

(100e)

Opéra-Comique

24.12.1915

(309e)

Opéra-Comique

29.12.1921

(401e) (matinée)

Opéra-Comique

06.08.1922

(412e)

Opéra-Comique

12.05.1926

(486e)

Opéra-Comique

23.09.1926

(500e)

Opéra-Comique

03.02.1929

(579e)

Opéra-Comique

04.04.1929

(584e)

Opéra-Comique

20.06.1933

(669e)

Opéra-Comique

04.11.1938

(783e)

Mimi

Julia GUIRAUDON

M. CARRÉ

Ed. FAVART

Marguerite ROGER

DI GASTARDI

Ninon VALLIN

H. STILES

CORNEY

CORNEY

Fanny HELDY

Jane ROLLAND

Musette

Jane MARIGNAN

TIPHAINE

TIPHAINE

SIBILLE

CALAS

SIBILLE

Y. FAROCHE

M. MORERE

GONDY

Madeleine SIBILLE

Madeleine DROUOT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rodolphe

Adolphe MARÉCHAL

Adolphe MARÉCHAL

E. CLEMENT

TRANTOUL

CAPITAINE

KAISIN

VILLABELLA

W. MARTIN

MICHELETTI

MICHELETTI

Paul VERGNES

Marcel

Max BOUVET

DELVOYE

VAURS

André BAUGÉ

Maurice SAUVAGEOT

Roger BOURDIN

G. VILLIER

M. GAUDIN

G. VILLIER

LANZONE

Jean VIEUILLE

Schaunard

Lucien FUGÈRE

Lucien FUGÈRE

André ALLARD

André ALLARD

REYMOND

Emile ROUSSEAU

Emile ROUSSEAU

Emile ROUSSEAU

MUSY

André ALLARD

Willy TUBIANA

Colline

Jacques ISNARDON

HUBERDEAU

J. PÉRIER

LAFONT

DUPRÉ

W. TUBIANA

W. TUBIANA

BALBON

DUPRÉ

CLAUDE-GOT

André BALBON

Monsieur Benoît

Hippolyte BELHOMME 

JACQUIN

PAYAN

GADAYÉ

Louis GUÉNOT

Louis GUÉNOT

P. PAYEN

P. PAYEN

P. PAYEN

MORTURIER

PAYEN

Saint-Phar

Maurice JACQUET

BERTIN

Georges MESMAECKER

Georges MESMAECKER

ROUSSEL

Georges MESMAECKER

Georges MESMAECKER

Georges MESMAECKER

Georges MESMAECKER

DE CREUS

DERROJA

Parpignol

GOURDON

DELAHAYE

BERTHAUD

DABURON

DABURON

DABURON

DABURON

GUILLOT

GUILLOT

GUILLOT

GIRIAT

un Douanier

      BARTHEZ BARTHEZ DOMENECH   DUFONT DUFONT DUFONT MALVASIO

le Père la Pêche

      ÉLOI POUJOLS ÉLOI   ÉLOI ÉLOI POUJOLS  

Chef d’orchestre

Alexandre LUIGINI

E. PICHERAN

E. PICHERAN

HASSELMANS

ARCHAINBAUD

Georges LAUWERYNS

Georges LAUWERYNS

Georges LAUWERYNS

Georges LAUWERYNS

Gustave CLOËZ

JEAN-MOREL

 

 

 

Opéra-Comique

05.06.1941

(819e)

Opéra-Comique

03.05.1951

(1000e)

Opéra-Comique

25.10.1952

(1029e)

Opéra-Comique

07.12.1952

 

Opéra-Comique

10.11.1955

(1102e)

Opéra-Comique

01.11.1954

 

Opéra-Comique

07.08.1959

 

Opéra-Comique

15.04.1963

 

Opéra-Comique

01.03.1968

(1422e)

Opéra-Comique

06.03.1970

 

Opéra-Comique

02.04.1972

(1496e)

Mimi

L. GRANDVAL

Geori BOUÉ

Paulette CHALANDA

Paulette CHALANDA

M. de PONDEAU

Agnès LÉGER

    Denise MONTEIL   Andrée ESPOSITO

Musette

Madeleine DROUOT

G. CLAVERIE

Christiane CASTELLI

Christiane CASTELLI

Agnès LEGER

Christiane CASTELLI

    Michèle HERBÉ   Hélia T'HÉZAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rodolphe

ALTERY

L. de LUCA

L. de LUCA

Raphaël ROMAGNONI

Roger GARDES

André LAROZE

Robert GOUTTEBROZE

Pierre FLETA

Georges LICCIONI

Jean DUPOUY

Georges LICCIONI

Marcel

André GAUDIN

R. GOURDIN

Robert JEANTET

Robert JEANTET

Pierre GERMAIN

Robert JEANTET

Pierre GERMAIN

Michel DENS

Yves BISSON

Michel TREMPONT

Michel DENS

Schaunard

Emile ROUSSEAU

Emile ROUSSEAU

Emile ROUSSEAU

Emile ROUSSEAU

Charles CLAVENSY

Charles CLAVENSY

Jacques DOUCET

José VAN DAM

Stanislas STASKIEWICZ

Antoine GRIFFONI

Robert SAVOIE

Colline

Louis MOROT

X. SMATI

Adrien LEGROS

Pierre SAVIGNOL

Xavier DEPRAZ

Pierre SAVIGNOL

Jacques MARS

Gérard SERKOYAN

Xavier DEPRAZ

Xavier DEPRAZ

Jean-Louis SOUMAGNAS

Monsieur Benoît

MORTURIER

P. PAYEN

Jacques HIVERT

 

P. PAYEN

 

Georges DAUM

Jacques HIVERT

Georges ALVES

Georges DAUM

Jacques LOREAU

Saint-Phar

DERROJA

A. NOEL

René HÉRENT

 

René HÉRENT

 

Jacques HIVERT

Serge RALLIER

Georges DAUM

Jacques LOREAU

Robert ANDREOZZI

Parpignol

GIANNOTTI

Jean MICHEL

Jean MICHEL

 

Alain VANZO

 

André DAUMAS

Robert ANDREOZZI

Bernard MURACCIOLE

Robert DUMÉ

André DAUMAS

un Douanier

DUFONT       José FAGIANELLI   Georges ALVES

MAX-CONTI

Pierre THAU

Bernard GONTCHARENKO

Jean RALLO

Chef d’orchestre

G. CLOËZ

A. CLUYTENS

Pierre CRUCHON

Pierre DERVAUX

Jean FOURNET

Jean FOURNET

A. CLUYTENS

  Jean-Claude HARTEMANN   Jean-Claude HARTEMANN

 

1018 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950 (dont 962 entre le 01.01.1900 et le 31.12.1950), 21 en 1951, 20 en 1952, 17 en 1953, 19 en 1954, 19 en 1955, 22 en 1956, 19 en 1957, 19 en 1958, 19 en 1959, 30 en 1960, 37 en 1961, 32 en 1962, 25 en 1963, 20 en 1964, 25 en 1965, 23 en 1966, 22 en 1967, 18 en 1968, 16 en 1969, 21 en 1970, 14 en 1971, 10 en 1972, soit 1486 au 02.04.1972.

  

Résumé.

Le poète Rodolphe aime Mimi ; mais il est pauvre et se sépare volontairement de la grisette, car il ne peut lui fournir tout ce qui serait nécessaire à sa frêle santé. Son ami Marcel a une liaison passablement orageuse avec Musette. Au dernier acte, Mimi revient mourir auprès de Rodolphe dans la mansarde qui connut quelque temps leur bonheur.

 

L'action se déroule à Paris, vers 1840.

ACTE I. — Une mansarde.

Il fait froid. Rodolphe et Marcel ont faim. Survient Colline le philosophe, puis Schaunard qui a pu se procurer des victuailles et veut en faire profiter ses amis. Le concierge Benoît, qui arrive pour encaisser son terme, est renvoyé bredouille. La bande dégringole ensuite l'escalier pour aller finir la soirée au Café Momus. Seul Rodolphe reste en arrière. Et voici que frappe à la porte Mimi, qui vient se réchauffer chez son voisin [Air de Rodolphe : Che gelida manina... / Que cette main est froide...]. Les jeunes gens conversent. Une liaison s'ébauche rapidement [Air de Mimi : Si, mi chiamano Mimi... / On m'appelle Mimi…]. Quand les autres, qui s'impatientent, viennent relancer Rodolphe, Mimi sort avec lui rejoindre la compagnie.

ACTE II. — Le Réveillon au Quartier latin.

Parpignol passe avec son étalage portatif de jouets.

La Bohème, installée au Café Momus, est en train de festoyer. Musette arrivant au bras de son protecteur Saint-Phar, revoit Marcel qu'elle n'a jamais oublié [Valse de Musette : Quando men vo soletta... / D'un pas léger...).

Aussi, écartant le vieux bonhomme sous le premier prétexte venu, elle tombe bientôt dans les bras de son ancien ami. Saint-Phar, revenu, ne trouve plus que l'addition du plantureux repas à payer.

ACTE III. — La Barrière d'Enfer.

Marcel habite avec Musette. Il retrouve Rodolphe, qui feint l'indifférence à l'égard de Mimi. La pauvre fille, qui se meurt de phtisie, n'en comprend tout d'abord pas le vrai motif et se laisse courtiser par un riche vicomte. Quand elle surprendra une conversation entre Rodolphe et Marcel, elle se résignera [Quatuor : Addio... / Adieu...]. Musette, elle, mène avec Marcel une existence de ruptures continuelles et de raccommodements. L'acte s'achève sur une nouvelle brouille.

ACTE IV. — Dans la mansarde du premier acte.

Rodolphe et Marcel vivent de nouveau, seuls et mélancoliques, dans leur mansarde. Schaunard et Colline ne sont guère mieux lotis qu'eux. Survient Musette, très élégante, qui amène avec elle Mimi mourante. Chacun fait de son mieux pour adoucir les derniers instants de la grisette qui a voulu fermer les yeux dans la chambre qui abrita quelques mois son bonheur : Musette donne ses boucles d'oreilles, Colline sacrifie son manteau [Air de Colline : Vecchia zimarra... / O ma vieille douillette… (Variante : O défroque si chère…)]. Mais c'est trop tard : Mimi rend le dernier soupir, et Rodolphe s'effondre auprès d'elle.

 

« Il va sans dire que le sujet de cet opéra était, comme celui de M. Leoncavallo, représenté six mois plus tard, tiré de la Vie de Bohème d'Henry Murger. Conçus dans une note différente, les deux ouvrages obtinrent l'un et l'autre un très grand succès et parcoururent l'un et l'autre simultanément en Italie une carrière brillante. La Bohème de M. Puccini, adaptée à la scène française par M. Paul Ferrier, fut représentée à l'Opéra-Comique le 13 juin 1898 et très favorablement accueillie. La partition, d'un sentiment mélodique aimable sans grande nouveauté, est du moins vivace, accorte, gracieuse et bien en scène. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

« Principaux personnages : Rodolphe, poète ; Marcel, peintre ; Mimi, grisette ; Musette, lorette ; Schaunard, Colline, bohèmes ; etc.

La scène se passe à Paris, vers 1840.

La Vie de Bohème de Murger a été traitée dramatiquement de plusieurs manières différentes. Dans la comédie lyrique de Puccini, c'est le côté sentimental qui est surtout exploité. Mais le milieu est pourtant présenté de façon suffisamment pittoresque, notamment au second acte.

L'action s'ouvre dans la mansarde obscure et glacée où travaillent Rodolphe et Marcel. C'est la veille de Noël et la misère des deux amis est profonde. Arrivent Colline et Schaunard, le musicien, avec de l'argent, du bois et des victuailles : c'est Schaunard qui a déniché un client fastueux et original et qui, en bon confrère, veut faire profiter toute la Bohème de l'aubaine.

Suit la scène épisodique du concierge berné et renvoyé avec sa quittance. Elle est d'un bon comique. Sitôt le malheureux Benoît expédié, les amis s'apprêtent à finir la journée par un festin chez Momus. Sous prétexte d'un article à terminer, Rodolphe reste un instant seul en arrière.

C'est alors que se présente Mimi et que se noue — très promptement — la liaison entre le poète et la grisette. A la fin de la scène, la Bohème s'impatiente et appelle Rodolphe. Mimi demande à être de la partie. A bras ouverts on accueille la nouvelle recrue.

L'acte deuxième est le plus coloré et le plus mouvementé. Il représente le réveillon au quartier Latin, à l'angle du café Momus. La rue ne cesse d'un bout à l'autre de présenter le tableau le plus vivant et le plus gai. Mais c'est à la terrasse du café que se déroule l'action véritable. La Bohème s'y est installée et se fait servir un festin somptueux.

Vient à passer Musette, l'ancienne à Marcel, avec son protecteur Saint-Phar. En revoyant son ex-ami — qui ne l'a jamais oubliée — Musette se sent prise d'une nostalgie. Elle prodigue les agaceries à Marcel, qui se défend mal et pas très longtemps. Sous un prétexte quelconque, Musette expédie Saint-Phar, les anciens amants tombent aux bras l'un de l'autre et quand le malheureux barbon reviendra, il trouvera en guise de souvenir de sa belle... l'addition de toute la joyeuse bande à payer !

Troisième acte : la barrière d'Enfer. Rodolphe adore Mimi, mais il s'aperçoit qu'elle décline et se désespère de ne pouvoir lui assurer les soins dont elle aurait besoin. Comme d'autre part elle est courtisée par un vicomte très riche, il feint de n'aimer plus et fait à la pauvre fille des scènes de jalousie. Il voudrait que la rupture vînt d'elle et affecte de se donner tous les torts. Mimi s'y est laissé prendre, mais elle s'en désole. Quand elle aura compris, tout à l'heure, en surprenant un entretien entre Rodolphe et Marcel, elle se résignera.

Rodolphe est occupé à peindre une enseigne. Il mène avec Musette une existence orageuse, de brouilles et de réconciliations fréquentes. La pauvre Musette est frivole jusqu'aux moelles, ce qui ne l'empêche pas d'aimer Marcel par dessus tout et de lui revenir après chaque nouvelle bordée. Quand elle revient, Marcel commence toujours par tempêter, puis il pardonne et la vie recommence comme par le passé. Le troisième acte s'achève sur une nouvelle rupture de ces amants intermittents.

Mimi est partie avec le vicomte. Elle n'a vécu avec lui que peu de temps, mais cela, Rodolphe l'ignore. Et le pauvre poète est comme un corps sans âme. Marcel, de son côté, s'ennuie de Musette. C'est dans ce triste état d'esprit que nous retrouvons les deux amis au dernier acte, dans le décor du premier. L'hiver est revenu, avec lui le froid, et la gène est toujours aussi grande. Schaunard, Colline, qui font une apparition, ne sont pas plus fortunés.

Une visite inattendue : Musette, très élégante, fait irruption dans la mansarde. Elle est très émue et annonce que Mimi l'accompagne ; mais la pauvre fille est si malade qu'elle s'est évanouie sur le palier. On la dépose avec précaution sur le lit : impossible de s'illusionner, elle se meurt, et, se sentant mourir, elle a voulu fermer les yeux dans la chambre où elle fut quelques mois heureuse, près de celui qu'elle n'a jamais cessé d'adorer.

Il faut adoucir les derniers instants de la pauvrette. Musette sacrifie des bijoux ; Colline engage son meilleur paletot : Mimi aura ainsi du feu, un manchon, des médicaments, un médecin. Mais ce dernier viendra trop tard : la grisette s'éteint doucement au milieu de ses amis ; à ses pieds, Rodolphe s'effondre anéanti. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Les Scènes de la vie de Bohème, par Henri Murger, lues de moins en moins — c'est tellement loin de nous, et l'époque où elles se déroulent semble si vieillotte ! — ont inspiré un très grand nombre d'adaptations méli-mélo-dramatiques. La plus connue, celle qui sert de canevas aux librettistes, est une comédie de Théodore Barrière, créée aux Variétés, dans les environs de 1850. Reprise à l'Ambigu, à l'Odéon, au Vaudeville, à Déjazet, etc., sa réception sur la scène de la Comédie-Française date de 1897. Dans le feuilleton qu'il lui consacrait à cette occasion, Francisque Sarcey raconte que peu de pièces ont mis plus fréquemment en mouvement les plumes des journalistes ; ... « combien d'études ont paru sur la Bohème, combien de souvenirs sur les héros de Murger et sur Murger lui-même — si oublié aujourd'hui !... On ne pouvait ouvrir un journal sans y trouver ou des considérations philosophiques sur le fond de l'œuvre, ou des détails sur la façon dont elle avait été conçue, jouée, accueillie par le public ». Le drame de Barrière demeure inscrit au répertoire, et n'est donné que rarement. En revanche, l'opéra-comique de Puccini, écrit sur le même sujet par Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, version française de Paul Ferrier, n'a pas cessé d'être accueilli avec la plus constante faveur, depuis sa création à Turin, le 1er février 1896 ; et à Paris, le 13 juin 1898.

M. Leoncavallo, qui écrit lui-même ses livrets, a tiré du roman de Murger une comédie lyrique en quatre actes, représentée en Italie en 1897 et en France en 1899, sous le titre de la Bohème. Enfin, pour être complet, signalons une charmante cadette, en la Petite Bohème, opérette de Henri Hirchmann, créée avec succès aux Variétés il y a une quinzaine d'années, et dans laquelle M. Paul Ferrier s'était attaché cette fois à développer le côté joyeux de l'ouvrage.

L'opéra, dit comique, a naturellement traité le sujet à la manière noire.

Les quatre prototypes de « bohèmes » — Rodolphe, Marcel, Colline et Schaunard — trop connus depuis le roman pour que nous nous attardions à rappeler leur caractère, se réunissent la nuit de Noël, dans la mansarde que partagent Marcel et Rodolphe ; les deux amis sont à bout de ressources ; mais Schaunard a réussi à se procurer quelques subsides. On va pouvoir réveillonner. Du moment que les jeunes gens se sentent en fonds, cela suffit pour leur ôter le désir de payer leurs dettes — et le concierge qui se présentait avec sa quittance de loyer est spirituellement éconduit. A la suite de quoi l'on décide d'aller finir la fête au café Momus. Rodolphe seul a désiré rester chez lui pour terminer son travail. Il est rejoint par la petite Mimi. L'idylle s'ébauche ; et lorsque les camarades viennent relancer le retardataire, il n'ira les retrouver qu'en compagnie de la grisette.

Au quartier Latin, la bohème fait ripaille. Elle tient ses assises chez Momus. Parmi les passants dont la rue est toute grouillante, Marcel reconnaît son ancienne amie Musette, aujourd'hui assez huppée, au bras de son protecteur Saint-Phar... La coquette se sent reconquise par les souvenirs du bon temps, celui de l'insouciance et de l'indépendance... Elle envoie promener le gêneur, ne tarde pas à retomber dans les bras de Marcel — et s'enfuit avec lui. La bande joyeuse leur fait escorte, et laisse la note à payer au lamentable Saint-Phar — comme de bien entendu !

L'histoire s'attriste avec le décor. Nous voyons la « Barrière d'Enfer » sous la neige. Les deux faux ménages ne sont pas heureux : D'une part, Rodolphe se rend compte que la santé de Mimi devient de jour en jour plus chancelante... Il ne peut faire face aux frais que nécessiterait le traitement indispensable. Cependant, elle est courtisée par un jeune vicomte, fort riche... et Rodolphe va se résigner à provoquer une rupture dans l'intérêt de la pauvre enfant ; par une délicatesse touchante, il essaye de lui rendre impossible la vie commune en jouant la jalousie, sans se rendre compte de l'accent de vérité qu'il y apporte malgré lui... Mimi ne résiste pas et s'éloigne, mais elle n'est pas dupe. D'un autre côté, la liaison de Musette avec Marcel est une suite d'orages beaucoup plus justifiés. Musette est volage, ce qui ne l'empêche point d'aimer son ami ; seulement, elle en a assez, de la misère, et ne tardera pas à prendre de nouveau son vol.

Au dernier tableau, le quatuor se retrouve dans la situation du début, sans argent, sans feu, sans amour... Tout à coup, Musette paraît ; elle vient annoncer à Marcel que sa Mimi est mourante. En effet celle-ci, qui la suivait, se laisse tomber sur le seuil : elle n'a pas voulu quitter la vie sans revoir la petite chambre où elle a connu le bonheur... Tout le monde s'empresse autour d'elle et s’ingénie à lui faire une fin plus douce ; Musette lui donne ses bijoux ; Colline vend son manteau pour lui acheter un manchon (Réminiscence attendrissante du joli « manchon de Francine »). On allume du feu ; le médecin peut venir... mais la petite grisette a déjà vécu — et, avec elle, la jeunesse de ses amis. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

  

BOHÈME (LA)

 

Comédie lyrique italienne en quatre actes, d'après le roman Scènes de la vie de bohème (1849) d’Henri Murger, poème et musique de Ruggero Leoncavallo, version française d’Eugène Crosti.

 

Première représentation à Venise, La Fenice, le 06 mai 1897 avec Elisa Frandin (Musette), Mme Storchio (Mimi), Mme Cappelli et MM. Beduschi (Marcel), Angeli-Fornari (Rodolphe), Isnardon (Schaunard), Aristi, Frigiotti et Giordani.

 

Représenté en français à Nice, le 23 février 1889 et à Paris, théâtre de la Renaissance, le 10 octobre 1899.

  

« De même que M. Puccini, après le grand succès remporté en France, puis en Italie, par la Manon de M. Massenet, n'avait pas hésité à faire représenter lui-même une Manon Lescaut qui fut d'ailleurs bien accueillie, M. Leoncavallo, malgré le succès obtenu par la Bohème du même Puccini, n'hésita pas à écrire et à offrir au public une nouvelle Bohème. Il va sans dire que celle-ci, comme la précédente, était tirée du roman de Murger, si fameux il y a un demi- siècle. La charpente des deux livrets était toutefois assez dissemblable, et M. Leoncavallo, qui était son propre poète, avait fait en sorte de traiter sa pièce autrement que l'avaient fait ses devanciers et de ne pas choisir les mêmes incidents. Quant à la musique, elle a paru assez intéressante, sinon fort originale. On en a cité particulièrement au premier acte la chanson de Mimi et celle de Musette, la scène du repas et le duo de Marcel et de Musette, au troisième la romance de Marcel, et au quatrième un quatuor très applaudi, mais un peu trop coulé dans le mode de celui du Falstaff de Verdi. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

« Principaux personnages : Marcel, peintre ; Schaunard, musicien ; Rodolphe, poète ; Barbemuche, littérateur ; le vicomte Paul, élève de Barbemuche ; Colline, philosophe ; Musette, grisette ; Mimi, fleuriste.

La scène se passe à Paris, entre Noël 1837 et Noël 1838.

M. Leoncavallo écrit lui-même ses livrets. C'est lui qui, dans la Bohème de Murger, a découpé les quatre actes de sa comédie lyrique. Il s'est surtout attaché à développer les situations musicales, ne laissant à l'action proprement dite qu'une toute petite place. On pourrait résumer le livret ainsi : les héros de la Bohème sont pauvres mais joyeux ; le 24 décembre 1837, Marcel se met en ménage avec Musette ; le 15 avril 1838, Mimi lâche son ami Rodolphe pour tâter de l'opulence avec le vicomte Paul ; en octobre de la même année, Musette lâche Marcel pour ne pas mourir de faim, et le vicomte laisse Mimi sur le pavé ; elle y prend une pneumonie et revient mourir chez Rodolphe le 24 décembre 1838. Les amours de Marcel et de Musette, de Schaunard et de Phémie ne sont que des hors d'œuvre et le rôle de tous les autres personnages, y compris Barbemuche, est réduit à sa plus simple expression. Il y a pourtant un personnage qui joue un rôle important : c'est la foule des étudiants, des grisettes, des bourgeois, etc. M. Leoncavallo s'entend à animer la scène, même en dehors de toute action proprement dite.

Reprenons chaque acte plus en détail. Au premier, la Bohème réveillonne au Café Momus. Elle n'a pas d'argent pour payer, mais Barbemuche, désireux de s'introduire dans le joyeux cénacle, intervient à point nommé et règle l'addition. Musette est introduite par Mimi, qui est l'amie de Rodolphe. L'idylle s'esquisse entre Marcel et la nouvelle venue.

Le second acte se joue le jour du terme, 15 avril, dans la cour de l'immeuble habité par Musette. L'amie de Marcel, ne payant plus son terme, vient d'être expulsée et ses meubles ont été descendus dans la cour. Or justement elle a invité pour ce soir-là tous ses amis de la Bohème. Ils arrivent et on improvise une soirée dans la cour. Les locataires s'insurgent, et cela finit par un tumulte. Barbemuche est parmi les invités de Musette, avec son élève le vicomte Paul. Ce dernier est épris de Mimi. Il fait miroiter aux yeux de celle-ci une vie de luxe et d'oisiveté ; la pauvre fille, qui mène avec Rodolphe une existence de privations, se laisse tenter et s'esquive en compagnie du vicomte. Désespoir de Rodolphe, lorsqu'il s'aperçoit de sa disparition.

Nous nous retrouvons quelques mois plus tard dans la mansarde de Marcel, voisine de celle de Rodolphe. Ce dernier n'a pas oublié Mimi, bien qu'il affecte l'indifférence. Musette meurt littéralement de faim. Aussi, pendant que Marcel est sorti chercher à vendre une toile, prend-elle la résolution de partir, bien que toujours amoureuse de son beau peintre. C'est l'histoire de la Périchole. Elle laisse une lettre au concierge, à l'adresse de son ami, mais est retenue un instant par la visite inattendue de Mimi, si bien que Marcel la trouvera encore là à son retour. Mimi aime toujours Rodolphe et a voulu le revoir. Mais l'ombrageux poète la reçoit très mal, l'accable de reproches et de sarcasmes. Marcel, de son côté, chasse sa Musette, que pourtant il adore. Et pas plus tôt les deux femmes sont-elles parties que le pauvre garçon regrette son geste et s'effondre sur le lit où reposait son amie.

Au dernier acte, Noël est revenu. Nous sommes dans la mansarde de Rodolphe. Triste Noël, qui ramène de lancinants souvenirs, rendus plus amers par un garde-manger vide et un foyer sans feu. Marcel attend Musette, qui a annoncé son retour. Et c'est Mimi qui arrive, mourante. Elle a été abandonnée par le vicomte, est tombée malade, a été recueillie à l'hôpital. d'où elle est sortie soi-disant guérie, mais il est visible qu'elle est à bout de forces. Elle meurt dans les bras de Rodolphe désespéré, en présence de Marcel, de Schaunard et de Musette, qui a fini par revenir comme elle l'avait promis. C'est par ce dénouement seulement que l'œuvre de Leoncavallo se rapproche de celle de Puccini qui porte le même titre. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

BOHÉMIEN (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul-Auguste Ducis et Joseph Hélitas de Meun, musique de Louis Chancourtois. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 15 juillet 1818. (Voir la Ceinture magique).

 

« L'affiche annonçait une seconde représentation, et il n'y en avait pas eu de première sous ce titre ; on aurait pu mettre cinquantième si on eût voulu. Le Bohémien n'est autre chose que la Ceinture magique. Le seul changement heureux était la musique ; cet essai annonce dans M. Champ-Courtois un compositeur plein de verve et de goût. Nous lui souhaitons un poète plus habile ou plus heureux. » [Almanach des spectacles, 1819]

 

« Aucun des ouvrages de Chancourtois ne réussit au théâtre, quoique l'auteur eût fait de très bonnes études musicales au Conservatoire de Paris. Après avoir fait représenter quatre opéras infructueusement, il échangea volontiers la qualité de compositeur contre le titre d'inspecteur général des finances. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BOHÉMIENNE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Charles Simon Favart, musique de Charles-François Clément, créé à Paris, Théâtre-Italien, le 28 juillet 1755. Première à l'Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 22 avril 1762.

 

 

BOHÉMIENNE (LA)

 

Opéra en trois actes, musique de Soubies, représenté à Toulon en 1845.

 

 

BOHÉMIENNE (LA)

 

[The Bohemian Girl]

Opéra anglais en trois actes, livret d’Alfred Bunn d’après la Gipsy, ballet-pantomime d'Henri de Saint-Georges (1839), musique de Michael William Balfe.

 

Personnages : Arline, fille du comte (soprano) ; Thadée, Polonais proscrit (ténor) ; la Reine des Gitans (alto) ; Devilshoof, chef des Gitans (basse) ; le Comte Arnheim, gouverneur de Presbourg (basse) ; Florestein, son neveu (ténor) ; le Capitaine de la garde (basse) ; un officier (ténor) ; Buda, femme de chambre d’Arline (soprano).

 

L’action se déroule à Presbourg, en Pologne.

 

Première représentation à Londres, Drury Lane, le 27 novembre 1843, avec Elisabeth Rainforth (Sarah), sous la direction du compositeur.

 

Première représentation en France, à Rouen, Théâtre des Arts, le 23 avril 1862, version française d'Henri de Saint-Georges, mise en scène de M. Briet, avec Mmes Galli-Marié (la Reine Mabb), Irène Lambert (Sarah d'Arnheim), Bourgeois (Martha), MM. Bonnesseur (le Comte d'Arnheim), Warnots (Stenio de Stoltberg), Dubosc (Trousse-diable), Paris (Narcisse de Krakentorp), Merchie (un Officier de justice), Carlos (le Médecin du Comte), Guillemet (un Paysan), Lange (un Bohémien), Edmond P. (un Officier des troupes de l'Empereur).

 

La version française en un prologue et quatre actes d'Henri de Saint-Georges, avec récitatifs et ajout de deux airs nouveaux de Jules Duprato, fut représentée au Théâtre-Lyrique (place du Châtelet) le 30 décembre 1869. A cette occasion, le compositeur reçut de l’empereur Napoléon III la Légion d’honneur. Avec Mmes Palmyre Wertheimber (la reine Mabb), Hélène Brunet-Lafleur (Sarah d'Arnheim), Andrieux (la nourrice), MM. Jules Monjauze (Stenio de Stoltberg), Lutz (le Comte d'Arnheim), Guillaume Bacquié (Trousse-Diable), Jalama (Narcisse), Prosper Guyot (un Bohémien), Numa Auguez (un paysan), Brisson (un officier).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 1 en 1869, 28 en 1870.

 

« Cet ouvrage était populaire et avait rendu célèbre le nom de Balfe en Angleterre depuis plus de vingt ans, lorsqu'on se décida à le faire connaître au public français. Les péripéties nombreuses et serrées de ce drame en décèlent l'origine ; c'était primitivement un ballet de MM. de Saint-Georges et Mazillier, la Gipsy, dont MM. Benoist, Thomas et Marliani ont écrit la musique. Le lieu de l'action a été transporté d'Ecosse en Hongrie. Sarah d'Arnheim est une jeune fille qu'un Bohémien, nommé Trousse-Diable, a enlevée tout enfant à son père, riche seigneur hongrois. Elevée au milieu d'aventuriers, elle a inspiré une passion qu'elle partage à un jeune soldat nommé Stenio, qui s'est engagé dans la troupe de Trousse-Diable pour ne pas servir l'empereur d'Autriche. La reine des Bohémiens, Mabb, jalouse de Sarah, s'efforce de la perdre. Elle lui fait porter un bijou volé à un seigneur de Crackentorp. La jeune fille est arrêtée, conduite devant le juge qui se trouve être le comte d'Arnheim. Dans son désespoir de ne pouvoir prouver son innocence, elle veut se tuer d'un coup de poignard. Le comte arrête son bras, et découvre à un signe particulier que Sarah est sa fille. Le prologue explique l'origine de cette cicatrice, dont Stenio a été l'auteur dans une circonstance où il a sauvé la vie à cette enfant. C'est une invention, à mon avis, très hasardée, et qui a l'inconvénient d'un pléonasme dramatique. Sauver trois fois la vie à une jeune fille dans un opéra, c'est deux fois de trop. Cela n'est supportable que dans un ballet. La reine Mabb, en effet, jalouse du bonheur de Sarah qui va enfin épouser Stenio, rentré en grâce auprès de l'empereur et reconnu pour un noble gentilhomme, veut faire tuer la jeune fille par un de ses hommes. Trousse-Diable détourne l'arme et la balle va frapper la reine Mabb elle-même. Je passe sur la scène dans laquelle le comte veut faire épouser à sa fille Narcisse de Crackentorp. La pièce a beaucoup plu en Angleterre et a peu réussi à Paris ; c'est la meilleure partition de Balfe. L'inspiration manque un peu d'originalité et de force, mais elle est brillante et facile. La partie vocale est bien traitée et l'instrumentation colorée. Quant à la nature des idées, elle se subordonne trop aux moyens dramatiques employés alors par Donizetti et même par Adolphe Adam. Ce dernier musicien, bien inférieur au compositeur anglais, a exercé sur lui une influence singulière, que l'on a remarquée surtout dans le Puits d'amour et dans l'Etoile de Séville. L'ouverture de la Bohémienne est fort bien écrite pour les instruments. Elle plaît aux amateurs d'une intelligence musicale moyenne. Les modulations y sont trop fréquentes. Je citerai de cet ouvrage le chœur des Bohémiens, la prière, dans le prologue ; dans le premier acte, la marche du guet, la romance du rêve, le duo entre Stenio et Sarah ; au deuxième acte, un bon quatuor et un duo de femmes ; ensuite, un finale imité de Donizetti, et des soli de flûte et de violon pendant les entr'actes. L'opéra de la Bohémienne a été chanté par Monjauze, Lutz, Bacquié, Mlle Wertheimber et Brunet-Lafleur ; dans une autre distribution, on a remarqué Coppel, Mlle Schrœder et Mme Dubois. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

« Le sujet mélodramatique de cet opéra est celui du ballet de la Gipsy, dansé à l'Opéra en 1839, et dont la musique était de MM. Benoist, Ambroise Thomas et Marliani. Un librettiste anglais en avait fait un opéra-comique taillé à la mode française. M. Balfe en écrivit la musique qui fut chantée à Londres au printemps de 1844. The Bohemian Girl, devenue la Bohémienne après traduction, avait déjà couru la province avant d'arriver au Théâtre-Lyrique, où elle fut écoutée avec intérêt. Il en est resté une romance du tour le plus heureux et qui valut un réel succès à Mme Brunet-Lafleur. Balfe est un des rares compositeurs anglais dont la musique ait passé le détroit. Il est né à Limerick (Irlande), en 1808. Cependant une partie de sa vie d'artiste s'est passée en Italie. Son premier opéra, I Rivali, a été chanté à Palerme en 1830. Depuis, il a donné Enrico IV al passo de la Marna (Milan, 1833) ; etc., et à notre salle Favart : le Puits d'Amour (1843) et les Quatre Fils Aymond (1844). »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BOHÉMIENNE SUPPOSÉE (LA)

 

Comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, paroles du marquis de Montalembert, musique de Tomeoni, représentée sur le théâtre de l'hôtel de Montalembert le 7 mars 1786.

 

 

BOIS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Albert Glatigny, musique d’Albert Cahen. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 11 octobre 1880, avec Mlles Marguerite Ugalde (Mnazile) et Louise Thuillier [Thuillier-Leloir] (Doris).

 

« C'est une idylle charmante. La nymphe Doris compte trop sur le pouvoir de ses charmes ; le jeune faune Mnazile y est insensible ; il leur préfère sa liberté. Doris sait si bien s'y prendre, qu'elle triomphe de la froideur de Mnazile et ressent à son tour les tourments de l'amour qu'elle a fait naître. La musique, quoique un peu trop compliquée pour un sujet aussi simple, offre de jolis détails. L'ouverture et la petite symphonie de la scène du ruisseau attestent le mérite du jeune compositeur. Les morceaux les plus remarqués sont l'air de Mnazile, la phrase Vois ces grappes vermeilles et, dans l'air des amours, le motif Dis-moi, si tu voyais. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BOIS DE DAPHNÉ (LE)

 

Opéra-comique en un acte, en vers libres, paroles et musique d'Eugène de Stadler, représenté en 1866 dans le salon de Mme Gaveaux-Sabatier. Le prétendu compositeur de ce petit ouvrage ne connaissait pas une note de musique. C'est un jeune artiste russe, M. Minkous, celui qui écrivit pour l'Opéra, avec Léo Delibes, la musique du ballet la Source, qui se chargea de transcrire ses « idées » et évidemment de construire sa partition.

 

 

BOÎTE À MUSIQUE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Charles Nuitter et Alexandre Beaumont, musique de Théodore de Lajarte (1884).

 

 

BOÎTE À SURPRISE (LA)

 

Opérette, paroles de MM. Deforges et Laurencin, musique de M. Deffès, représentée à Ems le 2 août 1864, et aux Bouffes-Parisiens le 3 octobre 1865. On a remarqué une ronde provençale chantée par Mlle Tostée (36 représentations).

 

 

BOÎTE AU LAIT (LA)

 

Opéra bouffe en quatre actes, livret de MM. E. Grangé et J. Noriac, musique de Jacques Offenbach, représentée aux Bouffes-Parisiens le 03 novembre 1876 avec Mmes Théo (Francine), Paola Marié (Mistigris), Luigini (Paméla), Blanche Miroir (Félicien), Soll (André), Heumann (Victor), Moréna (Sylvestre), MM. Daubray (Poupardet), Fugère (Souchard), Colombey (Adalbert), Scipion (Pacheco).

 

C'est une version remaniée de la Boîte au lait, vaudeville des auteurs du livret, créé aux Variétés en 1862 avec Lise Tautin.

 

Le titre lui-même n'a aucune signification dans la pièce ; comment celle-ci aurait-elle de l'intérêt ? Francine vient au secours de son amoureux, le tire de quelques mauvaises aventures, se bat en duel à sa place et traverse victorieusement des ateliers de peintre, des études d'huissier. Les scènes sont décousues, et le jeu des acteurs, surtout des actrices, a seul contribué à procurer à cette opérette un certain nombre de représentations. Quant à la musique, elle est détestable ; écrite avec négligence, elle n'offre qu'une suite de petites phrases sautillantes, hachées en menus morceaux. On ne peut rappeler de ces quatre actes que le rondo du lait, le chœur des nymphes, les couplets de Francine venant demander son portrait, ceux de l'hirondelle, le rondo des huissiers et la fable de la Laitière et du pot au lait.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BOÎTE DE PANDORE (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Théodore Barrière, musique d'Henri Litolff, représenté aux Folies-Dramatiques le 17 octobre 1871 avec Mmes Ferdinand-Sallard (Pandore), Blanche d'Antigny (Minerve), Bade (Eustache), MM. Milher (le Destin), Vauthier (Jupiter), Luce (Prométhée), Vavasseur (l'Espérance), Chaudesaigues (Azurin).

 

« Le musicien puissant qui avait nom Henri Litolff, l'auteur des deux ouvertures héroïques des Guelfes et des Girondins, venait s'essayer dans un genre que semblait devoir lui interdire son génie inégal, mais mâle et vigoureux. Et cependant il y déploya des qualités et une souplesse de main qu'on ne se fût pas attendu à trouver en lui. Cet artiste à la personnalité exubérante, grandiose, souvent violente, avait cherché à se faire coquet, mignon, gracieux, et il n'est que juste de dire qu'il y avait jusqu'à un certain point réussi. Sa partition, conçue dans un ordre d'idées si différent de ses appétits ordinaires, renfermait certaines pages pleines de délicatesse et de fraîcheur. Par malheur, si la critique ne manqua pas de les signaler justement, le public n'en sut tenir grand compte, dérouté qu'il était par la sottise et l'extraordinaire médiocrité d'un poème dont la chute méritée entraîna celle de la partition. Car le livret lamentable de la Boîte de Pandore fut une des erreurs les plus prodigieuses de Théodore Barrière. Aussi, malgré les incontestables qualités de la musique, malgré la présence d'une cantatrice charmante, Mme Ferdinand-Sallard, qui en faisait ressortir avec un rare talent les pages les plus heureuses, l'ouvrage n'obtint aucun succès et disparut après un petit nombre de représentations. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BOLIVAR

 

Opéra en trois actes et dix tableaux, livret de Madeleine Milhaud, d’après Bolivar, drame de Jules Supervielle, musique de Darius Milhaud.

 

Personnages : Manuela (soprano) ; Précipitation (contralto) ; Maria Térèsa (soprano) ; Missia (contralto) ; Bianca (mezzo-soprano) ; une femme du peuple (soprano) ; Bolivar (baryton) ; Bovès (basse) ; l’aveugle (basse) ; Nicator (ténor), le moine (baryton) ; l’évêque (basse) ; le délégué (baryton) ; le visiteur (ténor) ; le maire (baryton) ; un conjuré (baryton) ; Dominguez (ténor) ; trois paysans (ténor, baryton, basse) ; trois officiers (ténor, baryton, basse) ; Ibarra (ténor) ; le peintre (baryton) ; deux soldats (ténor, baryton) ; un musicien (ténor) ; un homme du peuple (ténor).

 

L’action se déroule dans plusieurs localités du Venezuela, du Pérou et de la Colombie, pendant les trente premières années du XIXe siècle.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 12 mai 1950. Mise en scène de Max de Rieux. Décors et costumes d'après les maquettes de Fernand Léger. Décors exécutés par Maurice Moulène, costumes par André Pontet.

Mmes Janine MICHEAU (Manuela), Hélène BOUVIER (Précipitation), Marcelle CROISIER (Maria Térèsa), Inès CHABAL (Missia), DESMOUTIERS (Bianca), COUVIDOUX (une Femme du peuple).

MM. Roger BOURDIN (Bolivar), Henri MEDUS (Bovès), P. FROUMENTY (l'Aveugle), J. GIRAUDEAU (Nicador), CHARLES-PAUL (le Moine), Michel ROUX (l'Evêque), PHILIPPE (le Délégué, un Laboureur, un Officier), André NOEL (le Visitador), MAX-CONTI (le Maire, un Conjuré), MICHEL (Dominguez, Ibarra), ROUQUETTY, GICQUEL (deux Laboureurs, deux Officiers), FOREL (le Peintre), DESHAYES et PETITPAS (deux Soldats), GOURGUES (un Musicien, un Homme du Peuple).

Danses réglées par Serge Lifar, dansées par Mlle Paulette DYNALIX, MM. Lucien LEGRAND, DUPREZ, Mlles THALIA, RIGEL, GÉRODEZ, AMIGUES et le Corps de Ballet.

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

Reprises des 09 et 12 décembre 1954.

Mmes Berthe MONMART (Maria Térèsa), Janine MICHEAU (Missia), Hélène BOUVIER (Précipitation).

MM. Roger BOURDIN (Bolivar), Pierre SAVIGNOL (Bovès), Jean GIRAUDEAU (Nicador), Pierre FROUMENTY (l'Aveugle), CHARLES-PAUL (le Moine).

Chef d'orchestre : André CLUYTENS.

 

Reprise à l’Opéra du 09 décembre 1955 (20e représentation).

Même distribution qu'à la création, sauf :

Mmes MONMART (Maria Térèsa), Odette RICQUIER (Missia), Jeannine FOURRIER (une Femme).

MM. SAVIGNOL (Bovès), SOIX (le Délégué, un Officier), PHILIPPE (un Laboureur), HECTOR (le Visitador, Dominguez), GIANNOTTI (Ibarra), CLAVERE (le Peintre, un Officier), VANZO, ALVES (deux Soldats).

Danses : Mlle Micheline GRIMOIN, MM. DUTHOIT, POMIE.

 

22e à l’Opéra, le 23 décembre 1955, avec la distribution de la reprise du 09 décembre 1955.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Manuela : Mlle BOURSIN (1950).

Précipitation : Mme Odette RICQUIER (1950).

Maria Térèsa : Mme GAUDINEAU (1950).

Bolivar : M. BIANCO (1951).

Bovès : M. Pierre MORLIER (1950).

Le Visitador : M. COURET (1950).

 

22 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

« A l’Opéra de Paris, la reprise de Bolivar de Milhaud a ouvert les yeux et surtout les oreilles de bien des gens qui, lors de la création de l'œuvre, il y a une douzaine d'années, en avaient dit pis que pendre. Initialement, la faiblesse de l'œuvre était uniquement dans ses longueurs ; j'étais, pour ma part, convaincu que, ces longueurs supprimées, la beauté de l'œuvre apparaîtrait dans tout son éclat. Darius Milhaud, génie généreux et fécond, souvent jusqu'à la démesure, s'est laissé convaincre, cette fois-ci, par les fraternelles recommandations de Georges Auric ; il a permis que l'on supprimât même certains passages, beaux par eux-mêmes, mais qui alourdissaient trop l'ensemble. Et voici Bolivar victorieux, par la fraîcheur et la puissance de son inspiration mélodique, par le brillant éclat de ses grands ensembles, par les qualités, tantôt épiques, tantôt dramatiques, de son vivant discours musical, par l'étincellement de ses couleurs, que Fernand Léger a traduit dans ses décors de si efficace façon.

Et j'en viens au spectacle, l'un des plus beaux du Palais Garnier. Les décors constituent un exemple frappant de l'adaptation parfaite de l'esprit d'un peintre à l'esprit d'un musicien et d'un sujet ; que ceux qui, à Lyon et ailleurs, ont vêtu, cette année, le Pelléas de Debussy de si aventureuse façon y lisent une lumineuse leçon !

Musicalement, si on excepte un ou deux rôles médiocrement tenus, le spectacle est d'une haute tenue. Au pupitre, Serge Baudo a su mettre en valeur et le lyrisme et le côté brillant de l'œuvre ; sur scène, les chœurs, dont le rôle est si important, et les principaux solistes ont défendu l'œuvre avec une magnifique ardeur. Je nommerai René Bianco, qui prenait une succession difficile, celle de Roger Bourdin ; Liliane Berton, qui n'a pas le côté « oiseau de paradis » de l'inoubliable Janine Micheau, mais qui a chanté avec charme et facilité, parfois, je crois, grâce à d'habiles transpositions, Jean Giraudeau, enfin, extraordinaire de musicalité, d'intelligence et de vie. »

[Antoine Goléa, Musica disques, février 1963]

 

 

BON FERMIER (LE)

 

Opéra-comique, musique d’Henri-Joseph Rigel, représenté aux Beaujolais vers 1780.

 

 

BON FILS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de François-Antoine Devaux, musique de Philidor. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 11 janvier 1773. Le sujet du livret est une critique assez plate dirigée contre les gardes-chasse et les baillis. La musique de Philidor, assez pâle quoique bien faite, n'était pas de nature à rendre la pièce plus divertissante. Les Bons fils étaient alors à la mode au théâtre.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BON FILS (LE)

 

Opéra-comique en un acte et en prose, paroles de Hennequin, musique de Lebrun, représenté à Paris, au théâtre Feydeau, le 17 septembre 1795.

 

 

BON GARÇON (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Auguste Anicet-Bourgeois et Lockroy, musique d’Eugène Prévost. Création à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 22 septembre 1837.

 

 

BON HERMITE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Provost-Montfort, musique d’Arquier, représenté au théâtre de la Cité en 1793.

 

 

BON NÈGRE

 

Opérette en un acte, musique de Musard fils, représentée aux Folies-Nouvelles en mars 1858.

 

 

BON PÈRE (LE)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Cambini, représentée au théâtre des Beaujolais en 1788.

 

 

BON ROI DAGOBERT (LE)

 

Comédie musicale en quatre actes, livret d’André Rivoire, musique de Marcel Samuel-Rousseau.

 

Personnages : le Roi Dagobert (ténor) ; Eloi (baryton) ; Odoric (basse) ; Pépin (basse) ; Ega (ténor ou baryton). La Reine (soprano) ; Nantilde (mezzo-soprano) ; Bertrude (mezzo-soprano) ; l’Intendante (mezzo-soprano) ; Petits rôles et chœurs : serviteurs, novices, leudes, demoiselles d'honneur, femmes, soldats.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 05 décembre 1927. Décors de Raymond Deshays et Arnaud. Costumes dessinés par Marcel Multzer exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu. Chorégraphie de Louise Virard. Mise en scène de Georges Ricou.

 

 

05.12.1927

Opéra-Comique

(création)

05.05.1938

Opéra-Comique

(36e)

09.02.1939

Opéra-Comique

(50e)

16.05.1943

Opéra-Comique

(62e)

La Reine

Emma LUART

Vina BOVY

Vina BOVY

Vina BOVY

Nanthilde

G. FERALDY

Elen DOSIA

I. JOACHIM

Elen DOSIA

Bertrude

Lucienne ESTÈVE

J. MATTIO

J. MATTIO

D. SCHARLEY

l'Intendante

TIPHAINE

 

 

 

Demoiselles d’honneur et Novices

BERNADET

Vera PEETERS

LEBARD

A. VAVON

GAUDEL

GAUDINEAU

L. THELIN

Ch. LIANY

GAUDEL

GAUDINEAU

L. THELIN

FENOYER

GAUDEL

SERRES

ANGELICI

LECONTE

4 Pages

 

 

 

 

Dagobert

Charles FRIANT

L. ARNOULT

L. ARNOULT

L. ARNOULT

Eloi

Roger BOURDIN

R. BOURDIN

A. BALBON

R. BOURDIN

Odoric

BALDOUS

GUÉNOT

GUÉNOT

GUÉNOT

Ega

E. ROUSSEAU

P. PAYEN

P. PAYEN

P. PAYEN

Pépin

MORTURIER

G. JULLIA

G. JULLIA

G. JULLIA

le Guetteur

GÉNIO

GIRIAT

GIRIAT

GIANNOTTI

Chef d’orchestre

Louis FOURESTIER

Eugène BIGOT

G. CLOËZ

G. CLOËZ

 

La reprise de 1938 fut effectuée dans une mise en scène nouvelle de Max de Rieux.

 

72 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Résumé.

Ce sont là variations assez polissonnes sur le thème du fameux roi et du grand saint Eloi : histoire saugrenue d'une substitution de femmes que sauvent heureusement la qualité spirituelle du texte et la verve de la musique.

 

La scène se passe en l'an de fantaisie 630.

ACTE I. — La terrasse d'un château, aux environs d'Orléans.

La foule appelle Dagobert. Celui-ci, sans se soucier de son mariage qui doit être célébré le jour même, est parti à la chasse. Eloi fait savoir à la foule que la nouvelle reine sera Hidelswinte au doux nom, fille de Swintila. Une femme, Bertrude, que l'on arrête comme folle, prédit que le roi mourra s'il épouse Hidelswinte.

Nantilde, qui aime Dagobert, s'inquiète de cette menace. Odoric, découvrant que le roi est à la chasse, se fâche. Eloi s'ingénie à faire prendre patience à la Reine [Récit d’Eloi : C'est toute une histoire, oui, Madame...]. Enfin Dagobert arrive, tout étonné : il n'avait pas songé à la cérémonie et va changer de costume. La Reine, dialoguant pendant ce temps avec Odoric, refuse d'épouser Dagobert. Eloi suggère une combinaison, qui est adoptée, et propose immédiatement à Nantilde de remplacer la reine chaque nuit dans le lit du roi ; Dagobert lui, pourra aimer, mais dans l'obscurité... La foule acclame le Roi et la nouvelle Reine.

ACTE II. — Une salle attenante à la chambre à coucher de la Reine.

Il fait nuit. Dagobert et Nantilde sont dans les bras l'un de l'autre. Au jour naissant, Dagobert se retire. Nantilde rêve [Air de Nantilde : Ce soir !... Reviendra-t-il encore ?...].

La Reine entre, venant reprendre sa place, étonnée que Dagobert ne marque pas encore l'inconstance qu'elle attend pour rompre et s'en retourner à la cour de son père. Eloi demeure toujours optimiste. Le Roi revient, fatigué de la chasse, aimant, dit-il, la compagnie de la Reine. Celle-ci, s'impatientant quelque peu, sort violemment.

Dagobert, apercevant Nantilde, songe à la prendre pour maîtresse, confessant son amour pour la Reine la nuit seulement. La Reine revient, suffoquée. Le Roi se retire. La Reine, piquée au vif, déclare vouloir rependre sa légitime place la même nuit. Elle fait chercher le Roi et lui demande fidélité jusqu'au soir.

ACTE III. — Une chambre de repos qui donne sur l'alcôve de la chambre à coucher de la Reine.

Les demoiselles d'honneur chantent des couplets assez piquants à l'égard du souverain. L'Intendante les interrompt et emporte les fleurs de la chambre de la reine. Eloi, assailli de questions indiscrètes par les demoiselles d'honneur, les fait toutes sortir. Il se réjouit du dénouement de l'affaire ; mais Odoric n'est pas tranquille encore.

Maintenant, la Reine confie ses craintes à Bertrude et à Eloi qui la rassurent et la conseillent au mieux [Duo (Éloi-la Reine) : Majesté !... Madame...].

Au dernier moment arrive Nantilde que la Reine ne peut plus renvoyer, car le Roi est à la porte. Dagobert entre et referme à clé derrière lui. Bientôt la Reine est dans ses bras, mais il s'étonne quelque peu et, au bout d'un moment, dépité, songe à partir. La Reine essaie de le retenir. Quand Dagobert lui demande la chanson qu'il aime, elle se dégage et c'est Nantilde, dans l'ombre, qui chante à sa place [Chanson de Nantilde : Je suis allée à la fontaine...]. Dagobert, ravi, se dirigeant sur la voix, saisit Nantilde et la prend dans ses bras, retrouvant ses
impressions perdues. Au bout d'un moment, la Reine écarte Nantilde et se glisse à sa place. Le même jeu recommence jusqu'au moment où Dagobert, voulant en avoir le cœur net, prie saint Denis de l'éclairer... La lune entrant alors par la fenêtre lui permet d'apercevoir deux femmes à ses côtés.

Le roi appelle ses gens. Tous accourent, emplissant aussitôt la chambre. La Reine s'explique et Dagobert la renvoie à son père. Il veut aussi punir Eloi et Nantilde. Mais Nantilde l'aime et le proclame. Dagobert décide alors de partir faire la guerre en Espagne, pour oublier !

ACTE IV. — Un coin de forêt, près d'un couvent.

Des novices vont à leurs petits jardins. Depuis trois mois, Nantilde est parmi elles, rêveuse.

On apprend que Dagobert fuit devant Swintila. Eloi arrive, réclamant à manger et à boire. Nantilde et lui se reconnaissent. Elle voudrait rejoindre le Roi, qui est vaincu, mais Eloi l'en dissuade. Nantilde sortie, Dagobert arrive à temps pour se faire prendre au piège, avec Eloi, par la Reine et son fidèle Odoric. La Reine avoue qu'elle n'a fait cette guerre que parce qu'elle aime Dagobert. Mais lui a dans le cœur une autre femme : Nantilde, morte, croit-il, et il s'est juré d'être fidèle à sa mémoire. Eloi estime que c'est là un serment illusoire et presse la Reine d'insister, car Nantilde serait la première, affirme-t-il, à réunir leurs Majestés. Il s'écarte et bientôt revient avec Nantilde, soi-disant ressuscitée pour un jour, qui conjure le Roi d'aimer la Reine...

Pépin entre, annonçant la victoire. Le peuple se réjouit de voir la guerre terminée et applaudit à l'hyménée du Roi.

Dagobert décide de ne plus être désormais un roi de fantaisie. Toutefois, à l'hilarité générale, il met tout aussitôt son casque à l'envers !

 

« En transportant sa pièce de la Comédie-Française à l'Opéra-Comique, André Rivoire n'en a pas changé l'affabulation. Son roi Dagobert n'a rien à voir avec l'histoire ; c'est le roi de la chanson. Ses aventures avec la douce Nanthilde se terminent bien, malgré la jalousie de la reine et les combats. Cela veut seulement amuser. Et M. Samuel-Rousseau, compositeur, n'a de son côté rien cherché d'autre. Pour éviter d'allonger démesurément la pièce, il a conservé l'ancien parlé, en le soutenant seulement d'un léger accompagnement musical, au lieu de faire comme autrefois taire les violons. Cette formule mixte est assez peu heureuse ; bien souvent on n'entend ni les paroles ni la musique. Mais M. Samuel-Rousseau a le bon goût d'orchestrer légèrement et de ne pas mettre à chaque instant en lutte les voix et les trompettes. Il a écrit quelques jolies scènes, notamment celle du ministre Eloi et de l'orfèvre Odoric. »

(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1928)

 

 

BON SEIGNEUR (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Desboulmiers, musique de Robert Desbrosses. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 19 février 1763.

 

 

BONHOMME (LE) ou POULOT ET FANCHON

 

Opéra-comique en un acte, livret et musique du Cousin-Jacques (Beffroy de Reigny), représenté au théâtre Montansier le 11 décembre 1799.

 

 

BONHOMME BUFFO (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Brun-Lavainne, musique de H. Carben, représentée dans un salon le 18 mars 1865.

 

 

BONHOMME DE NEIGE (LE)

 

Opérette en trois actes, livret d’Henri Chivot et Albert Vanloo, musique d’Antoine Banès, création aux Bouffes-Parisiens le 19 avril 1894. => fiche technique

 

 

BONHOMME HIVER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Paul Célières, musique de Jules Duprato (1863).

 

 

BONHOMME JADIS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Franc-Nohain, d'après une nouvelle d’Henri Murger, musique d’Emile Jaques-Dalcroze.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 09 novembre 1906, dans une mise en scène d’Albert Carré.

Mme Geneviève MATHIEU-LUTZ (Jacqueline).

MM. Lucien FUGÈRE (Jadis), Fernand FRANCELL (Octave).

Chef d'orchestre : Jacques MIRANNE.

 

16 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Reprise au Trianon-Lyrique le 25 mars 1925.

 

« Personnages : le Bonhomme Jadis ; Octave ; Jacqueline.

La scène se passe à Paris, chez le Bonhomme Jadis, vers 1840.

Le livret de M. Franc-Nohain suit de très près la charmante pièce si connue de Murger. Il se résume en peu de mots : le Bonhomme Jadis, veuf de sa femme Jacqueline, qu'il a tendrement aimée, a deux voisins, ou plutôt un voisin et une voisine. La voisine s'appelle Jacqueline comme la chère défunte et est une simple ouvrière. Le jeune homme, timide et studieux, s'appelle Octave. Les deux jeunes gens s'aiment sans oser se l'avouer. Octave n'a jamais poussé l'audace au-delà de l'envoi, par la fenêtre, de bouquets de violettes à l'adorée. Témoin de ce manège, le Bonhomme décide de jouer le rôle de la Providence. Il appelle Octave, le confesse et finalement l'invite à déjeuner pour tout à l'heure.

Octave parti, c'est le tour de Jacqueline. Jadis l'arrête sur l'escalier et l'invite à son tour. Puis il saisit le premier prétexte venu pour laisser les amoureux seuls. Ils ne font pas grand progrès cependant, et le Bonhomme comprend qu'une intervention plus énergique est nécessaire. Il s'applique donc à allumer la jalousie chez Octave en se montrant extrêmement galant vis-à-vis de son invitée. La ruse réussit si bien que lorsqu'il veut envoyer Octave à la cave, celui-ci feint d'être gris pour ne pas quitter la place. Mais à malin, malin et demi. Jadis feint l'ivresse à son tour, les deux hommes un instant s'observent. On ne sait comment finirait l'aventure si le Bonhomme n'avait ramassé une lettre écrite par Octave à Jacqueline, mais que le nigaud n'avait osé envoyer. Cette lettre, Jadis la lit maintenant comme étant de lui. Octave reconnaît sa missive et, lui coupant la parole, finit la lettre de mémoire. Il s'est ainsi trahi et les amants sont réunis ; mais ce n'a pas été sans peine et le Bonhomme en a eu chaud !

Cette bluette vaut surtout par la musique, qui est une merveille de fraîcheur et de vie. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

BONNE AVENTURE (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, musique d’Etienne Fay, représenté sur le théâtre des Jeunes-Elèves le 01 avril 1802.

 

 

BONNE AVENTURE (LA)

 

Opérette-bouffe en trois actes, livret d’Emile de Najac et Henri Bocage, musique d’Emile Jonas, représentée à la Renaissance le 03 novembre 1882.

 

 

BONNE AVENTURE, Ô GUÉ (LA)

 

Revue de l'année 1867 en quatre actes et huit tableaux, par Amédée de Jallais, musique d'Auguste L'Eveillé, représentée sur le théâtre des Folies-Marigny, le 14 décembre 1867.

 

 

BONNE D’ENFANT (LA)

 

Opérette-bouffe en un acte, livret d’Eugène Bercioux, musique de Jacques Offenbach, création aux Bouffes-Parisiens le 14 octobre 1856.

 

« Pièce plus comique en intention qu'en réalité. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

 

BONNE DE CHEZ DUVAL (LA)

 

Vaudeville-opérette en trois actes, livret d’Hippolyte Raymond et Antony Mars, musique de Gaston Serpette, représenté au théâtre des Nouveautés le 06 octobre 1892.

 

 

BONNE DE MA TANTE (LA)

 

Saynète bouffe en un acte, livret d’Hippolyte Bedeau, musique de Frédéric Barbier, création à l’Eldorado en 1872. => fiche technique

 

 

BONNE FEMME (LA) ou LE PHÉNIX

 

Parodie d’Alceste (de Gluck) mêlée de vaudevilles et de danses, en deux actes, livret de Pierre-Yvon Barré, Pierre-Antoine-Augustin de Piis, Jean-Baptiste-Denis Després et Louis-Pierre-Pantaléon Resnier, musique de vaudevilles arrangés par Jean-Baptiste Moulinghen. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 07 juillet 1776.

 

 

BONNE FILLE (LA)

 

[la Cecchina, ossia la Buona Figliuola]

Opéra bouffe italien en trois actes, livret de Carlo Goldoni (1707-1793), d’après Pamela de Samuel Richardson, musique de Niccolo Piccinni.

 

Personnages : Cecchina (soprano) ; la marquise Lucinda, amante du chevalier Armidoro (soprano) ; le chevalier Armidoro (soprano) ; Ninella, servante du marquis ; Lesbina, femme de chambre de la marquise ; Tagliaferro, cuirassier allemand ; le marquis della Conchiglia (ténor) ; Cola, Napolitain, amoureux de Ninella.

 

Première représentation à Rome, Teatro del Valle, le 06 février 1760, et à Paris, sur le théâtre de l'Académie royale de musique, le 07 décembre 1778.

 

Première à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 17 juin 1771, dans une version française de Jean-François Cailhava de l’Estandoux, et une musique révisée par Domenico Baccelli.

 

« La Cecchina fut un des premiers ouvrages du célèbre compositeur. Son opéra d'Alessandro nell' Indie avait favorablement disposé le public, qui fit à la Buona Figliuola l'accueil le plus enthousiaste. C'est en effet le plus remarquable opéra bouffe qui ait été composé avant le Matrimonio segreto, de Cimarosa. La coupe des airs, la variété du rythme, la fréquence des modulations, le développement intéressant des finales, tout cela parut nouveau. On admira aussi la parfaite intelligence des situations ménagées par Goldoni, le premier auteur comique de l'Italie, d'autant plus que Bruni s'était exercé sans succès sur le même sujet. On porta aux nues l'œuvre nouvelle, et modes, ajustements, enseignes de boutiques, tout fut à la Cecchina. Ginguené prétend que Piccinni ne mit que dix-huit jours à écrire cet opéra. Cela est facile à croire, puisque nous connaissons les titres de quatre-vingts ouvrages dramatiques de ce maître. D'ailleurs Rossini et Donizetti ont donné l'exemple d'un plus rapide travail, si on songe à la complication de l'orchestration moderne. On raconte que Jommelli, à son retour de Stuttgart, fatigué d'entendre parler de tous côtés de la Cecchina, n'en concevait pas une bonne opinion et disait : « Sarà qualche ragazzo e qualche ragazzata, Je vais voir un adolescent et entendre quelque puérilité. » Le vieux maître ne tarda pas à changer d'avis et à reconnaître, avec la sincérité d'un grand artiste, que Piccinni était doué d'un génie créateur. Lors de la représentation de la Buona Figliuola à Paris, Piccinni fut appelé sur la scène et complimenté par le public. Honneur, si c'en est un, qu'il méritait mieux que Floquet, l'auteur de l'Union de l'amour et des arts. Indépendamment des ensembles, dont la facture est remarquable pour l'époque, nous appellerons l'attention sur deux airs pleins de sensibilité et de grâce. Le premier : Una povera ragazza, est un andante d'un sol passo, mais assez développé, dont le motif principal est heureusement ramené à la fin. Sacchini et Méhul ont écrit plusieurs airs dans cette forme. Le second, Vieni il mio seno ... dolce riposo, pourrait s'appeler cavatine du sommeil, si on ne tenait compte que du caractère expressif. Mais il faut laisser ce mot aux ouvrages modernes, et particulièrement à la gracieuse mélodie de M. Auber dans la Muette. L'accompagnement en sixains persistants de l'air de la Buona Figliuola augmente l'effet de cette scène touchante. On a fait une traduction française de cet opéra. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra fit partie de la suite d'ouvrages italiens proposés à l'admiration des uns, aux sarcasmes des autres par le directeur De Vismes, dans la campagne glucko-piccinnienne de 1778-1779. Le véritable titre de la pièce est : la Cecchina, ossia la Buona figliuola, mais le sous-titre a prévalu. A Rome, cet ouvrage excita des transports d'admiration poussés jusqu'au fanatisme : il n'y avait pas eu jusqu'alors de succès plus brillant ; celui de la Cecchina fut universel. Le livret était tiré du roman de Paméla, qui a fourni au théâtre un grand nombre de comédies. La Bonne fille est une orpheline retirée dans un château et élevée par une dame qui en prend le plus grand soin. Sa beauté, ses vertus, l'ont fait aimer d'un jeune seigneur ; elle a su plaire aussi au jardinier, qui veut l'épouser. La femme de chambre de la dame et une paysanne coquette, qui aspirent toutes les deux à la main du jardinier, répandent des soupçons sur la sagesse de la Bonne fille. Le jeune seigneur en est offensé ; la maîtresse du château veut la faire enlever et l'envoyer dans un couvent pour la soustraire à la passion du marquis amoureux ; le jardinier la délivre des mains des ravisseurs, et la conduit en triomphe ; mais le marquis l'emmène à son tour. Enfin arrive un soldat allemand, qui vient s'informer d'un enfant que le colonel a laissé malade, en passant dans le village, d'où il avait été obligé de fuir avec précipitation, à cause d'une affaire d'honneur. Le colonel vient lui-même, et reconnaît sa fille, qu'il accorde en mariage au jeune seigneur.

L'opéra de Piccinni s'empara de tous les théâtres d'Italie, et partout il produisit la même sensation. On ne voulait plus entendre d'autre musique ; le peuple demandait toujours la Buona Figliuola, à l'exclusion de compositions plus récentes. Les modes, les enseignes de cafés, de boutiques, les coiffures étaient à la Cecchina. Ce fut le premier exemple de cette vogue dont nous avons été souvent témoins pour quelques opéras modernes. Ce fut dans la Cecchina, si l'on en croit l'historien de l'Opéra-Italien, que Piccinni fit entendre pour la première fois des finales avec des changements de tons, de rythmes et de mouvements, qui renfermaient plusieurs scènes. Logroscino, à qui l'on devait l'invention de ces finales (1730), les écrivait sur un seul thème. Cette idée originale, précieuse, de la coupe et de la conduite des finales fut une des causes du succès merveilleux de la pièce. Jommelli, passant à Rome, à son retour de Stuttgart, avait les oreilles fatiguées des éloges prodigués à la Buona Figliuola ; d'un ton de mépris, en parlant du compositeur et de son ouvrage, il disait à ses familiers : Sarà qualche ragazzo e qualche ragazatta ; mais, après avoir entendu l'ouvrage, il déclara solennellement, avec la sincérité digne d'un si grand maître, que Piccinni était inventeur.

Une représentation de la Buona Figliuola maritata sur le théâtre de Feltri, petite ville à sept lieues de Venise, fut signalée par un déplorable accident. Vers la fin du spectacle, un violent orage éclate tout à coup ; la foudre pénètre dans la salle par les combles du bâtiment, et éteint toutes les lumières. Les spectateurs poussent des cris d'effroi ; le tumulte, la confusion deviennent horribles. On se précipite dans les corridors ; chacun cherche dans les ténèbres une issue pour fuir ce lieu de désolation. Quand la salle est enfin éclairée de nouveau, un effrayant tableau s'offre aux yeux : de tous côtés, on voit des hommes, des femmes et des enfants privés de sentiment ; dix personnes étaient réduites en cendres, et près de quatre-vingts grièvement blessées. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BONNE FILLE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Duni, représenté sur le théâtre de la Comédie-Italienne en 1762. Le sujet est le même que celui de la Cecchina, traité par plusieurs compositeurs.

 

 

BONNE MÈRE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Florian et de Mélesville, musique de Douai, représenté au Gymnase le 06 juillet 1822. Cet ouvrage a servi de début au compositeur qui s'est fait connaître depuis dans le monde musical par plusieurs productions hardies, savantes, conçues d'après un système d'indépendance que le public n'a pas goûté.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BONNE MOISSON (LA)

 

Cantate, musique d’Auguste Charlot. Création à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 15 août 1868, avec Mme Marie Heilbronn, M. Pedro Gailhard.

 

 

BONNE SŒUR (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Petit aîné et Philippon de la Madeleine, musique de Bruni, représenté au théâtre Feydeau le 21 janvier 1801. Cet opéra offre des mélodies agréables, des scènes bien traitées dans le goût sentimental de cette époque. Bruni était un musicien d'un grand mérite, et ses duos de violon surtout sont estimés des amateurs.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BONNETS D’ÂNE (LES)

 

Opérette en un acte, musique de F. Wachs, représentée au concert de l’Eldorado le 28 août 1875.

 

 

BONS AMIS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, musique de Laborde, représenté à l'Opéra-comique le 5 mars 1761.

 

 

BONS COMPÈRES (LES) ou LES BONS AMIS

 

Opéra-comique en un acte, paroles anonymes, musique de Benjamin de Laborde, représenté à l'Opéra-Comique (Foire Saint-Germain) le 5 mars 1761. Cet ouvrage n'obtint aucun succès, par le fait de la faiblesse du livret ; on s'adressa à Sedaine, qui s'efforça de rendre celui-ci supportable, mais sans y pouvoir réussir. Il prit alors le parti d'écrire sur la musique de Laborde un poème nouveau, et l'ouvrage, ainsi transformé, reparut devant le public quelques années après, sous le titre de l'Anneau perdu et retrouvé. (Voir ce titre).

 

 

BONS VOISINS (LES)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Planterre, musique de Jadin, représenté à Feydeau le 1er novembre 1797. Cet ouvrage n'est ni pire ni meilleur que les quarante autres dus à la fécondité de cet ancien page de la musique du roi Louis XVI, qui était un pianiste habile, mais qui, comme compositeur, avait plus de facilité que d'inspiration.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BONSOIR, MONSIEUR PANTALON !

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lockroy et de Morvan, d’après Twice Killed de John Oxenford, musique d'Albert Grisar.

 

Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 19 février 1851. Mise en scène d’Ernest Mocker. Avec Mmes Léocadie Lemercier (Colombine), Marguerite Jeanne Camille Decroix (Isabelle), Révilly (Lucrèce), MM. Achille Ricquier (Tiritofolo, le Docteur), Ponchard fils (Lélio), Bellecour (Mr Pantalon).

 

« L'action se passe à Venise, dans la maison du docteur Tirtoffolo. Isabelle, sa nièce, doit épouser le fils de M. Pantalon, Lélio, qu'elle ne connaît pas encore. Il se fait introduire dans un panier à l'adresse de Colombine, suivante de Mme Lucrèce, maîtresse du logis. Par une suite de péripéties assez bouffonnes, le panier vient à tomber dans le canal du Rialto. En apprenant que ce panier renfermait un homme vivant, tout le monde est dans la stupeur. Un peu plus tard, Lélio reparaît, mais pour être presque empoisonné par une drogue du docteur. Comment cacher ce nouveau meurtre à M. Pantalon, qui arrive pour célébrer l'hymen de son fils ? Tout s'explique et finit bien, comme au théâtre de la foire. Cette pièce est imitée des Rendez-vous bourgeois, et ne laisse pas d'être fort amusante. La musique de Grisar est parfaitement appropriée aux situations. Nous rappellerons la sérénade chantée au lever du rideau, les couplets de mezzo-soprano, l'air du ténor : J'aime, j'aime, qui est fort comique et le quatuor Bonsoir, monsieur Pantalon, qui a donné le nom à la pièce dont il est le morceau musical le plus intéressant. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BONSOIR PARIS

 

Opérette en deux actes et vingt tableaux, livret d'André Heuzé, Charles Tutelier et André Bay, d'après un scénario de N. Boborykine, lyrics de Jacques Monteux, Roger Féral et René Toché, musique de Lionel Cazaux et Jacques Réal.

 

"Ils se sont mis à neuf pour écrire cette nouvelle opérette. C'est dire qu'elle a un cachet bien personnel. Le prince Boris de Snobie, exilé, est devenu Gimmy au music-hall, et il ne commande plus qu'à une troupe de boys. Rappelé par son peuple, Boris, arrive avec sa compagnie de music-hall, et on veut en faire un roi malgré lui. De sorte que, pour échapper à cet honneur et retrouver sa liberté de Paris, le prince n'a plus comme ressource que de machiner un complot républicain contre lui-même. L'air de Bonsoir Paris a tout ce qu'il faut pour devenir populaire ; et l'opérette bénéficie d'ailleurs d'une interprétation de choix, avec la caricaturale Charlotte Lysès, la gracieuse Paulette Dubost, le désopilant Henry Laverne." (Larousse Mensuel Illustré, 1932)

 

 

BONSOIR, VOISIN !

 

Opéra-comique en un acte, livret de Brunswick et Arthur de Beauplan, musique de Ferdinand Poise.

 

Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 20 septembre 1853. Ce fut le début du jeune compositeur, lauréat de l'Institut. On y remarqua de la verve et de la facilité ; l'ouvrage eut cent représentations. M. Poise a été l'élève d'Adolphe Adam. Saynète à deux personnages, jouée par Meillet et sa femme.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 31 en 1853, 15 en 1854, 23 en 1855, 10 en 1856, 1 en 1857.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 28 septembre 1863 avec Mlle Faivre (Louisette) et M. Meillet (Charlot).

 

Représenté au Théâtre des Fantaisies-Parisiennes, le 17 janvier 1866.

 

Première à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) le 12 juin 1872 avec Mlle Revue (Louisette), M. Eugène Thierry (Charlot).

 

« Personnages : Charlot, ouvrier ébéniste ; Louisette, jeune ouvrière.

L'action se passe sous Louis XV.

Cette petite bluette est sans malice : Charlot, ouvrier ébéniste, a un parrain qui veut le marier à sa nièce Louisette. Les deux jeunes gens ne se connaissent pas, mais tous deux ont contre le mariage des objections de principe : Charlot aime les conquêtes faciles et éphémères ; Louisette est jalouse de sa liberté. Fidèle à son système, Charlot poursuit de ses assiduités une jeunesse dont il n'a pas vu les traits, mais qu'il accompagne chaque jour de son atelier à sa demeure. Il lui fait parvenir des poulets embrasés. Pour échapper à cette persécution, la jeune personne, qui n'est autre que Louisette, a déménagé et, sans le savoir, a pris une chambre contiguë à celle de Charlot. Le théâtre, coupé par le milieu, laisse voir l'intérieur des deux logements, que relie une porte de communication. Les meubles de la jeune fille ont été entassés pêle-mêle au milieu de la chambre.

Charlot rentre chez lui le premier. Il tient une lettre qu'il se proposait de faire tenir à son inconnue, mais qui n'a pu être délivrée, la destinataire étant partie sans laisser d'adresse. Par mégarde, il laisse tomber sa lettre sur le plancher, devant la porte qui ouvre sur la chambre voisine. Son premier air nous fait connaître son sentiment sur le mariage et sur les intentions de son parrain. Il nous met ensuite au courant de la petite intrigue esquissée ci-dessus. Soudain, une crampe d'estomac le rappelle à la réalité : il n'a pas soupe et meurt de faim. Il sort donc à la recherche de provisions.

Arrive alors dans l'autre chambre Louisette, qui achève de nous documenter sur l'état des faits. Après quoi elle se met en demeure d'arranger sa chambre. Mais elle s'aperçoit bien vite que ses meubles sont trop lourds pour ses forces : les hommes, remarque-t-elle, ont pourtant leur utilité.

Pendant qu'elle peine à accrocher ses tableaux, Charlot est rentré avec des œufs, du beurre et du lard. Son intention est de faire une omelette, mais il ignore comment cela se confectionne. En balayant sa chambre, il a poussé, sans y prendre garde, sa lettre sous la porte dans la chambre voisine. Tout à coup, il s'avise que sa voisine (il ne sait pas qu'il en a changé) est cuisinière et il l'appelle au secours. Son désespoir est infini en apprenant que la cuisinière est partie ; mais il est vite consolé : la nouvelle voisine accepte de la remplacer.

Mais comme elle va pour ouvrir la porte, Louisette voit la lettre et reconnaît un message de son persécuteur. Celui-ci lui annonce sa visite pour minuit. Et il est onze heures ! La pauvre fille a grand peur. Qui sait ? peut-être le voisin est-il honnête et lui viendrait-il en aide ? Elle ouvre donc et Charlot entre chez elle avec tout ce qu'il faut pour faire le souper. Pendant que Louisette fait l'omelette, il monte le lit et met les meubles en ordre. Puis il invite sa voisine à souper avec lui.

Louisette, poussée par la crainte, lui explique le service qu'elle attend de lui : qu'il veuille bien lui tenir compagnie jusqu'au moment où viendra le séducteur. Charlot commence par s'indigner contre le misérable, puis, s'étant aperçu qu'il s'agit de lui-même, il devient plus indulgent et même un peu pressant, si pressant que la voisine, par une ruse adroite, réussit à passer dans l'autre chambre et à pousser le verrou. Il est pincé ! « Bonsoir, voisin ! » lui crie l'espiègle, en l'engageant à user du lit qu'il vient de monter.

Mais Charlot est rusé aussi. Jouant un double personnage, il feint de recevoir l'amoureux redouté de la voisine, d'avoir avec lui une altercation et de tomber inanimé par terre. Sa feinte réussirait peut-être s'il ne se relevait pas trop tôt. Au moment où Louisette, alarmée, se décide à jeter un coup d'œil dans sa chambre, le simulateur disparaît à pas de loup dans le corridor, espérant la surprendre par un mouvement tournant. Tous deux réintègrent, au même instant, leurs logements respectifs : joué de nouveau !

Un mot de Charlot apprend à Louisette qu'oncle et parrain sont une seule et même personne et que c'est eux-mêmes que l'on entend marier. Leurs objections au mariage sont tombées à cette heure et Charlot implore son pardon. Louisette l'accorde volontiers, mais ne rouvrira la porte qu'à son mari : « Bonsoir, voisin, dormez vite !... »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

 

BORIS GODOUNOV

 

Drame musical russe en un prologue et quatre actes, et huit tableaux, d’après le drame d’Alexandre Pouchkine et l’Histoire de l’Etat russe de Nikolaï M. Karamzine, poème et musique de Modest Moussorgski (commencé à l’automne 1868, sur les conseils de l’historien V. Nikolsky, et achevé plus d’un an plus tard).

 

Personnages : Boris Godounov (baryton basse) ; Fiodor et Xénia, ses enfants (mezzo-soprano et soprano) ; le prince Chouiski (ténor) ; Andrei Tchelkalov, secrétaire de la Douma (baryton) ; Pimène, un moine chroniqueur (basse) ; Grigori (le faux Dimitri) (ténor) ; Marina Mnichek, fille du voïvode de Sandomir (mezzo-soprano) ; Rangoni, un jésuite (basse) ; Varlaam et Missaïl, moines vagabonds (basse et ténor) ; une hôtesse (mezzo-soprano) ; l’Innocent (ténor) ; un officier de police (basse) ; un boyard de la cour (ténor) ; le boyard Khroutchtchev (ténor) ; Lavitchki et Tchernikovski, jésuites (basses) ; boyards, soldats, officiers, seigneurs et dames de Pologne, jeunes filles de Sandomir, pèlerins, peuple de Moscou.

 

L’action se déroule en Russie et en Pologne, de 1598 à 1605.

 

Création au Théâtre Marie de Saint-Pétersbourg dans la version originale de Moussorgski, le 27 janvier 1874 par Mme Julia P. PLATONOVA (Marina), Daria LEONOVA (l’Hôtesse), MM. A. MELNIKOV (Boris), KOMISSARJEWSKY (Dimitri), Ossip PETROV (Varlaam), SOBOLEW (Missaïl), sous la direction d’Edouard NAPRAVNIK.

 

Première à Paris, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 19 mai 1908, en russe, dans la version arrangée par Rimski-Korsakov, par la Troupe de l'Opéra Impérial de Moscou (sans le tableau de l'auberge) : 6 représentations les 19, 21, 24 et 31 mai et 02 et 04 juin 1908.

Mise en scène de Alexandre SANINE — Décors de Alexandre Golovine et Alexandre Benois — Costumes de Bilibine.

Mmes ERMOLENKO (Marina), TOUGARINOVA (Fédor, l’hôtesse), PETRENKO (la Nourrice), Dagmara RENINE (Xénia).

MM. Feodor CHALIAPINE (Boris), Dimitri SMIRNOW (Dimitri-Grégori), KASTORSKY (Pimen), CHARONOW (Varlaam), ALTCHEWSKY (Chouisky), CHOUPRINIKOW (l'Innocent), KRAVTCHENKO (Missaïl), KEDROW et TOLKATCHEW (les Exempts).

Chœurs de l'Opéra Impérial de Moscou

Chef d'orchestre : Félix BLUMENFELD

 

7e représentation à l'Opéra de Paris le 19 juin 1909 [2e acte et 2e tableau du 3e acte], en russe, par la Compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev, avec Feodor CHALIAPINE (Boris).

 

L'œuvre fut donnée au Metropolitan Opera de New York, en russe, le 18 mars 1913, avec Feodor Chaliapine (Boris).

 

Elle reparut à Paris, en russe le 22 mai 1913 au Théâtre des Champs-Elysées. Décors de Constantin Joon, G. Golow et Léon Baskt. Mise en scène d’Alexandre SANINE : Mmes NICOLAEWA (Marina), DAWIDOWA (Fédor, l'hôtesse), BRIAN (Xénia), PETRENKO (la Nourrice). MM. Feodor CHALIAPINE (Boris), DAMAEW (Dimitri-Grégori), BELIANINE (Varlaam), Paul ANDREEW (Pimène), Nicolas ANDREEW (Chouisky), ALEXANDROWITCH (l'Innocent), BOLCHAKOW (Missail). Chef d'orchestre : Émile COOPER.

 

La version française qu'en tira Michel Delines fut créée au Grand Théâtre de Lyon le 26 janvier 1913. Le Théâtre des Champs-Elysées à Paris la donna en novembre 1913 (sans les scènes de Marina).

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 12 décembre 1921 avec Mmes L. Bergé (Marina), Richardson (une hôtesse), Prick (Fédor), Dechesne (Xénia), S. Ballard (la Nourrice), MM. Arnal (Boris Godounov), Perret (Dimitri), A. Boyer (Varlaam), Van Obbergh (Rangoni), Chantraine (Pimen), Arnaud (Chouisky), Maudier, Dognies, Decock, Raidich, Delaxe, Smeets, sous la direction de C. de Thoran.

 

 

LYON

26.01.1913

NEW YORK

19.01.1913

PARIS

Champs-Elysées

22.05.1913

PARIS

Champs-Elysées

07.11.1913

Marina

CATALAN

L. HOMER

NICOLAEWA

 

Fédor

MATY

A. CASE

DAWIDOWA

R. FEART

Hôtesse

MIRAL

J. MAUBOURG

DAWIDOWA

C. THEVENET

Nourrice

MIRAL

M. DUCHENE

PETRENKO

C. THEVENET

Xénia

REMO-NELSEN

L. SPARKES

BRIAN

ROMANITZA

 

 

 

 

 

Boris

AQUISTAPACE

A. DIDUR

CHALIAPINE

GIRALDONI

Dimitri

VERDIER

P. ALTHOUSE

DAMAEW

TIRMONT

Pimen

GLOSSET

L. ROTHIER

P. ANDREEW

H. ALBERS

Varlaam

TEISSIÉ

DE SEGUROLA

BELLAMINE

A. BOYER

Chouisky

REVIALDI

A. BADA

N. ANDREEW

LHEUREUX

Chef d’orchestre

RYDER

TOSCANINI

E. COOPER

INGHELBRECHT

 

Reprise au Palais Garnier, le 08 mars 1922 (8e représentation), première dans la version française de Michel Delines, complétée par Louis Laloy. Mise en scène d'Alexandre Sanine. Décors d'après les maquettes de Golovine. « Polonaise » au 2e tableau du 3e acte réglée par Léo Staats.

Mmes Germaine LUBIN (Marina), Yvonne COURSO (Fédor), Ketty LAPEYRETTE (l'hôtesse), Jeanne LAVAL (Xénia), Jeanne MONTFORT (la Nourrice).

MM. VANNI-MARCOUX (Boris), SULLIVAN (Dimitri-Grégori), André GRESSE (Varlaam), Albert HUBERTY (Pimène), Henri FABERT (Chouisky), SORIA (l'Innocent), RAMBAUD (Missail), CARBELLY (le Héraut), MAHIEUX (l'Exempt), BRUYAS (Lovitzky), ERNST (Tcherniakovsky), GONGUET (Kroutchov, un Boyard).

Chef d'orchestre : Serge KOUSSEVITZKY

 

Reprises des

06.08.1924

50e

23.03.1926

60e (en russe)

16.04.1928

74e

02.05.1928

69e

03.10.1930

100e

22.03.1937

111e

Marina

DE SADOWEN

Antonine TIKHONOVA

FERRER

FERRER

FERRER

FERRER

l'Hôtesse

DUBOIS-LAUGER

ANTONOWITCH

LAPEYRETTE

LAPEYRETTE

LAPEYRETTE

LAPEYRETTE

Nourrice

MONTFORT

HERMANOVA

MONTFORT

MONTFORT

MONTFORT

MONTFORT

Fédor

Yvonne COURSO

IVANOVA

Yvonne COURSO

Yvonne COURSO

COSSINI

RICQUIER

Xénia

LAVAL

Véra FAURÉ

LAVAL

LAVAL

LAVAL

MAHE

 

 

 

 

 

 

 

Boris

MAHIEUX

Platon ZESSEWITCH

VANNI-MARCOUX

VANNI-MARCOUX

PERNET

PERNET

Dimitri

DUTREIX

Theodore RITCH

RAMBAUD

RAMBAUD

KAISIN

ROUQUETTY

Pimen

Fred BORDON

A. KONDRATIEFF

PEYRE

PEYRE

Fred BORDON

FROUMENTY

Varlaam

A. GRESSE

Kapiton ZAPOROGETZ

NARÇON

NARÇON

A. HUBERTY

A. HUBERTY

Chouisky

DUBOIS

Michel D'ARIAL

FABERT

FABERT

FABERT

DE TREVI

l'Innocent

SORIA

 

G. DUBOIS

G. DUBOIS

DE LEU

NORÉ

Missaïl

Georges RÉGIS

Nicolas LAVRETSKY

SORIA

SORIA

DUBOIS

GILLES

le Héraut

CARBELLY

OKOZOTCHENKO

CARBELLY

CARBELLY

DALERANT

CHARLES-PAUL

l'Exempt

ERNST

PROSOROVSKY

ERNST

ERNST

NEGRE

CAMBON

Lovitsky

DELMONT

 

CAMBON

CAMBON

CAMBON

ERNST

Tcherniakovsky

ERNST

 

ERNST

ERNST

NEGRE

FOREST

Kroutchov

MADLEN

 

MADLEN

MADLEN

MORINI

MADLEN

Un Boyard

MADLEN

 

MADLEN

MADLEN

MADLEN

MADLEN

Rangoni

  DOUBROWSKY      

José BECKMANS

 

 

 

 

 

 

 

Polonaise

X

DENIZARD

DENIZARD

LEBERCHER

LEBERCHER

S. LIFAR

Chef d’orchestre

DEFOSSE

Alexandre KITCHINE

SZYFER

SZYFER

SZYFER

GAUBERT

 

La reprise de 1937 eut lieu avec le tableau de « Rangoni ». En 1949, l'œuvre fut reprise dans une mise en scène de Vanni-Marcoux et des décors d'Yves Bonnat. Le tableau de « Rangoni », de nouveau abandonné, ne reparaît qu'en 1960.

 

Reprises des

27.11.1944

131e

25.05.1949

 

08.08.1949

186e

17.04.1953

206e

08.04.1960

238e

Marina

HOERNER

Marysa FERRER

CHAUVELOT

SARROCA

CRESPIN

Hôtesse

BOUVIER

Hélène BOUVIER

DISNEY

BOUVIER

COUDERC

Nourrice

MISTRAL

CHABAL

CHABAL

SCHARLEY

KAHN

Fédor

RICQUIER

 

CAUCHARD

CAUCHARD

SABRAN

Xénia

MAHE

SABATTIER

SABATTIER

ANGELICI

BERTON

 

 

 

 

 

 

Boris

ETCHEVERRY

HUC-SANTANA

HUC-SANTANA

CHRISTOFF

CANGALOVIC

Dimitri

ROUQUETTY

René VERDIERE

ARNOULT

LUCCIONI

Paul FINEL

Pimen

FROUMENTY

FROUMENTY

SAVIGNOL

VAILLANT

SERKOYAN

Varlaam

MEDUS

André PHILIPPE

MEDUS

BIANCO

CLAVENSY

Chouisky

RAMBAUD

GIRAUDEAU

GIRAUDEAU

GIRAUDEAU

GIRAUDEAU

Innocent

DE LEU

 

DELORME

ARNOULT

AMADE

Missaïl

GILLES

 

GOURGUES

ROUQUETTY

ROUQUETTY

Héraut

FOREST

 

CAMBON

CAMBON

BORTHAYRE

Exempt

CAMBON

 

PETITPAS

CHARLES-PAUL

MAX-CONTI

Lovitsky

GICQUEL

 

DESHAYES

ROUX

FOREL

Tcherniakovsky

PETITPAS

 

PETITPAS

SERKOYAN

GRIFFONI

Kroutchov

BREGERIE

 

ROUQUETTY

CHASTENET

CHAUVET

Un Boyard

BREGERIE

 

CHASTENET

DESHAYES

GOURGUES

Rangoni

CHARLES-PAUL

CHARLES-PAUL

    René BIANCO

Chef d’orchestre

FOURESTIER

 

A. WOLFF

SEBASTIAN

O. DANON

 

En 1954, une représentation fut donnée à l'Opéra avec Mme Liliane BERTON (Xenia), MM. Nicola ROSSI-LEMINI (Boris) [qui chantait en russe], Pierre SAVIGNOL (Pimen), Jean MICHEL (l'Innocent).

 

Le 17 août 1956, représentation à l'Opéra avec Mme Geneviève SERRES, MM. Pierre SAVIGNOL (Boris), René VERDIÈRE, Louis RIALLAND, Camille ROUQUETTY (Missaïl). Chef d'orchestre : George SEBASTIAN.

 

Autres interprètes des principaux rôles à l'Opéra :

Marina : Mmes BEAUJON (1922), CROS (1922), KOCHITZ (1925), CARO (1925), TIKHONOVA (1926), TIRARD (1926), M. T. HOLLEY (1932), DE MONIGHETTI (1933), DJANEL (1937), VOLFER (1945), COURTIN (1945), CORKE (1946), GILLY (1948), G. SERRES (1955).

l'Hôtesse : Mad. CARON (1923), ANTONOWITCH (1926), COUVIDOUX (1937), SCHENNEBERG (1945), PONS (1951), GORR (1953), DELVAUX (1955).

Boris : MM. Thadde ORDA (1922), AQUISTAPACE (1922), ARNAL (1923), ZALESKI (1925), Albert HUBERTY (1925), MOSJOUKINE (1926), ZESSEWITCH (1926), GOT (1929), BECKMANS (1945), Paul CABANEL (1945), Roger RICO (1947), PETROV (1954), VAILLANT (1954), ROSSI-LEMENI (1954), ARIE (1955), SAVIGNOL (1956), SZEKELY (1956).

Dimitri : MM. GRANAL (1925), RITCH (1925), PERRET (1926), VERGNES (1932), CHASTENET (1946), VERDIERE (1947), KRIFF (1956), Jacques LUCCIONI (1958), CHAUVET (1962).

Pimen : MM. ZAPOROJETZ (1909), KONDRATIEFF (1926), MEDUS (1937), DUTOIT (1945), DEPRAZ (1953).

Varlaam : MM. ZAPOROJETZ (1926), CLAVERIE (1929), PHILIPPE (1946), PACTAT (1956).

Prince Chouisky : MM. DAVIDOW (1909), SORIA (1925), d'ARIAL (1926), LE CLEZIO (1932), CHASTENET (1945), LE BRETON (1948), RIALLAND (1955).

 

240 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

Première à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 20 juin 1932, en russe, mise en scène d’Alexandre Ouloukhanoff, danse polonaise réglée par Bronislava Nijinska, décors et costumes d’Ivan Bilibine, avec la troupe de l'Opéra russe de Paris :

Mmes Hélène SADOWEN (Marina), Maria DAWIDOWA (Fédor, l'hôtesse), Nathalie KACHOUCK (Xénia), ANTONOVITCH (la Nourrice).

MM. Feodor CHALIAPINE (Boris), Mecislav PERKOVITCH (Dimitri-Grégori), Constantin KAYDANOV (Varlaam), Constantin JOUKOVITCH (Pimène), Georges POSEMKOWSKY (Chouisky), GUERBERG (l'Innocent), Nicolas LAVRETSKY (Missaïl).

Chef d'orchestre : Jean WAERSEGERS.

 

Reprise à l'Opéra-Comique du 11 octobre 1935 (6e représentation).

Même distribution que ci-dessus, sauf : MM. RITCH (Dimitri-Grégori), GITOVSKY (Varlaam), DIEVSKY (Pimène). Chef d'orchestre : Alexandre LABINSKY.

 

8 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

Représenté au Théâtre du Châtelet le 07 juin 1933 en russe avec Mme Evert (Marine) ; MM. Feodor Chaliapine (Boris Godounov), Davydova (Fédor), Posemkowsky (Chemsky).

 

Représenté Salle Gaveau, le 31 décembre 1935, dans une version française de Michael D. Calvocoressi.

  

Résumé.

Le poème de Pouchkine n'est pas une tragédie, mais une suite de tableaux dépeignant les vicissitudes de l'existence de ce Boris Godounov qui, en 1598, à la mort de son beau-frère Féodor, fils d'Ivan le Terrible, se fit nommer tsar, par une élection truquée, après avoir fait mystérieusement disparaître le tsarévitch Dimitri, second fils d'Ivan le Terrible. L'action débute au moment où Boris Godounov accède au trône et met en scène les intrigues du jeune moine Grigori, lequel se fait passer pour le tsarévitch miraculeusement échappé à la mort.

 

Epoque : 1598-1605.

PROLOGUE.

1er TABLEAU : La cour du Couvent de Novedievitchi près de Moscou.

Le peuple, réuni dans la cour du couvent où s'est retiré Boris Godounov, élève, sur l'ordre de la police et sans trop savoir de quoi il s'agit, ses voix suppliantes. Tchelkalov annonce que Boris refuse de prendre le pouvoir. Des pèlerins passent, distribuant des amulettes et invitant le peuple à se porter à la rencontre de Boris.

2e TABLEAU : Place du Kremlin.

Le peuple se réjouit de la décision de Boris Godounov qui vient d'accepter de revêtir la dignité suprême, mais le nouveau tsar ne peut se débarrasser d'un pressentiment sinistre [Monologue de Boris : Mon cœur est triste...]. Un cortège l'accompagne, au son des cloches, à la cathédrale.

ACTE I.

1er TABLEAU : Au Couvent des Miracles.

Le moine Pimène rédige la chronique. Son jeune compagnon Grigori lui raconte un rêve qu'il vient de faire. Répondant à ses questions, Pimène lui apprend que Dimitri, le tsarévitch assassiné, aurait aujourd'hui son âge. Cette révélation fait naître dans l'esprit du jeune homme l'idée de s'enfuir du couvent afin de se faire passer pour Dimitri sauvé de la mort.

2e TABLEAU : Une auberge à la frontière lithuanienne.

L'Hôtesse chante la joyeuse « Chanson du canard » [J'avais un beau canard...], puis Missel et Varlaam qui se sont également échappés du couvent pour accompagner le faux Dimitri (Grigori), entrent avec lui dans l'auberge, où ils sont tous trois cordialement reçus. Varlaam chante la ballade d'Ivan le Terrible [Chant de Varlaam : Quand j'étais à Kazan...] et devient de plus en plus gai. L'Hôtesse indique à Grégori un chemin détourné qui franchit la frontière, mais la police intervient pour arrêter Grigori. Comme il se trouve être le seul à savoir lire l'ordre d'arrestation, il prétend que c'est Varlaam qui y est désigné pour être incarcéré. Lorsque la supercherie se découvre, Grigori a déjà pris le large en passant par la fenêtre.

ACTE II. — Dans les appartements du Kremlin.

Xénia, la fille de Boris, pleure un fiancé perdu, tandis que Féodor, le jeune fils du tsar, étudie la géographie avec la Nourrice. Boris entre et s'entretient tendrement avec ses enfants. Resté seul avec son fils, il lui décrit sa tâche difficile [Monologue de Boris : J'ai atteint le pouvoir suprême...]. Des cris viennent de l'intérieur de l'appartement ; Feodor s'enquiert de leur origine et décrit plaisamment la dispute survenue entre le perroquet et la servante ! Les enfants et la Nourrice se retirent. Le Prince Chouïski, un rusé courtisan, vient alors annoncer au tsar qu'un prétendant au trône est apparu, prenant le nom de Dimitri. Inquiet et troublé, Boris se fait donner à nouveau par Chouïski les détails de l'assassinat du tsarévitch. Ce récit dissipe ses craintes, mais le bouleverse à tel point que le déclenchement d'un carillon éveille en lui une profonde terreur [Scène dite « du Carillon » : Oh ! j'étouffais !...].

ACTE III.

1er TABLEAU : Au château de Sandomir, en Pologne.

Marina Mnichek, la fille du voïvode de Sandomir, est assise devant son miroir, écoutant le babillage de ses servantes. Elle pense à ce Dimitri qu'elle aimerait épouser, non par amour, mais par ambition, pour devenir tsarine.

Le jésuite Rangoni vient ensuite demander à Marina de s'emparer à tout prix du cœur de Dimitri, afin que la foi catholique puisse être introduite par elle à Moscou. Marina s'écarte craintivement de Rangoni, quoique ses ambitions s'accordent cependant avec les siennes.

2e TABLEAU : Dans les jardins du château.

Dimitri, plongé dans ses rêves, attend sa bien-aimée Marina. Rangoni promet de le soutenir dans ses ambitieux projets, s'il s'engage à le garder constamment à ses côtés. Dimitri se cache au moment où Marina arrive avec des seigneurs polonais qui tous rendent hommage à sa beauté. La jalousie dévore Dimitri. Marina sert admirablement son ambition en l'engageant à gagner son cœur en même temps que le trône des tsars [Duo Marina-Dimitri : O tsarévitch...].

ACTE IV.

1er TABLEAU : Dans la forêt de Kromy.

La révolte gronde dans le pays. Des paysans se sont emparés de Khroutchov qu'ils attachent à un arbre. Un Innocent passe, poursuivi par des gamins. Varlaam et Missaïl surviennent, excitant le peuple contre Boris, l'engageant à acclamer tsar le « noble Dimitri ». Des jésuites chantent le « Salvum fac regem », mais une violente dispute s'ensuit, qui se calme à l'arrivée de Dimitri. Celui-ci se fait bientôt reconnaître comme tsar et acclamer par la foule. Tous le suivent au combat. Seul l'Innocent reste en scène, prophétisant une longue suite de malheurs à
la Russie.

2e TABLEAU : Dans le palais du tsar.

Les seigneurs assemblés délibèrent quant au sort qui sera réservé au faux Dimitri. Chouïski leur révèle le terrible secret qu'il a surpris ; puis Boris entre, toujours poursuivi par la hantise de son crime. Quand il a repris quelque peu ses esprits, Chouïski introduit le moine Pimène qui fait le récit d'un miracle accompli sur la tombe de Dimitri. Ce dernier coup achève Boris. Il se meurt et fait appeler son fils auquel il remet le pouvoir en lui adressant son dernier adieu [Mort de Boris : Adieu, mon fils...].

(En réalité, l'œuvre devrait s'achever par le tableau de la forêt de Kromy, mais l'usage s'est établi de conclure par la mort de Boris.)

 

« Le sujet met en scène l'un des épisodes les plus curieux de l'histoire de la Russie au XVIIe siècle. Un conseiller intime du tsar Fédor, fils d'Ivan, nommé Boris Godounov, fait assassiner le jeune Dimitri, frère du souverain et son unique héritier. A la mort de Fédor, Boris, qui n'a accompli son crime que dans le but de s'emparer du pouvoir, se fait acclamer par le peuple et monte sur le trône. Mais vers le même temps, un jeune moine du nom de Grischka s'échappe de son couvent, jette le froc aux orties et se rend en Pologne, où il se fait passer pour le défunt tsarévitch Dimitri. Le gouvernement polonais le reçoit d'autant mieux qu'il comprend tout l'avantage qu'un tel événement peut lui procurer. Bientôt le prétendu Dimitri, qui a épousé la fille d'un des plus puissants magnats, se met à la tête de l'armée polonaise et marche avec elle sur la Russie. On apprend en ce moment la mort de Boris, et le faux Dimitri, mettant les circonstances à profit, usurpe à son tour le pouvoir, qu'il ne doit pas garder longtemps.

Tel est ce poème, dont la conduite est un peu incohérente au point de vue scénique, et qu'un historien de la musique russe, musicien lui-même, M. César Cui, apprécie en ces termes : « Il ne s'agit pas ici d'un sujet dont les diverses parties, combinées de façon à présenter une suite obligée, découlant l'une de l'autre, répondent dans leur ensemble aux idées d'une stricte unité dramatique. Chaque scène y est indépendante ; les rôles, pour la plupart, y sont de passage. Les épisodes que nous voyons se succéder ont nécessairement une certaine connexion entre eux ; ils se rapportent tous, plus ou moins, à un fait général, à une action commune ; mais l'opéra ne souffrirait pas d'un déplacement de scènes, ni même d'une substitution de certains épisodes secondaires à d'autres. Cela tient à ce que Boris Godounov n'est, à proprement parler, ni un drame, ni un opéra, mais plutôt une chronique musicale, à la manière des chroniques dramatiques de Shakespeare. Chacune des scènes, prise séparément, éveille un sérieux intérêt, qui n'est pourtant pas activé par des antécédents, mais qui s'arrête brusquement sans trait d'union avec la scène qui va suivre… » Ajoutons que quelques-unes de ces scènes sont entièrement écrites en prose, tandis que d'antres sont en vers, et nous aurons une idée générale de la physionomie du livret de Boris Godounov, qui offrait d'ailleurs au compositeur une série de tableaux très favorables à la musique.

La partition de Moussorgski est inégale comme l'était son talent, mais n'en reste pas moins fort intéressante et dénotant une véritable personnalité. Si le compositeur était peu symphoniste et s'entendait médiocrement à manier les ressources de l'orchestre, si son harmonie est parfois étrange et rude, sa modulation incorrecte et excessive, il avait du moins pour lui la générosité d'une inspiration dont l'abondance et la saveur sont faites pour étonner. C'est un musicien peut-être de plus d'instinct que de savoir, qui marche droit devant lui sans s'inquiéter des obstacles et qui parfois trébuche en chemin, mais qui néanmoins atteint le but, en le dépassant môme parfois à force d'audace.

Peu symphoniste, je l'ai dit, Moussorgski ne s'est même pas donné la peine d'écrire une ouverture et des entractes. Mais certaines pages de sa partition n'en sont pas moins remarquables par leur accent, leur couleur et leur effet scénique, et surtout par le sentiment national qui s'eu dégage au point de vue musical. Sous ce rapport il faut signaler, au premier acte, la grande scène militaire, qui est d'un éclat superbe, et le chœur des moines mendiants ; au second, toute la scène de l'auberge, dont l'intensité dramatique ne faiblit pas un instant et qui présente une étonnante variété de rythme et de couleur ; puis, au troisième, le chœur des suivantes, chanté sur un rythme de cracovienne, l'air de Marina en forme de mazurka, et une grande polonaise pleine de verve et de chaleur ; enfin, tout l'épisode de la mort de Boris, qui est d'un effet vraiment saisissant. C'en est assez, malgré les inégalités et les défauts de l'œuvre, pour faire regretter la mort d'un artiste doué d'une façon toute particulière, dont l'instruction sans doute était incomplète, mais qui pourtant semblait appelé à un brillant avenir. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

« A l’Opéra.

Le 17 avril 1953, reprise de Boris Godounov, le chef-d’œuvre de Moussorgsky, dans des décors nouveaux d'Yves Bonnat et une mise en scène de Vanni-Marcoux : décors qui en imposent par leur réalisme, mise en scène qui s'efforce à les faire vivre, par une recherche — certains la trouveront trop poussée — de l'intensité, de l'émotion, par une peinture plus accentuée du drame. Il faut dire que le principal acteur, Boris Christoff, le chanteur bulgare qui incarne le tsar, ne sait point taire ses tourments et qu'il les extériorise parfois avec outrance. Grand tragédien, grand musicien, ce Boris : l'organe n'a pourtant pas la puissance de celui de Chaliapine, ni la profondeur veloutée. On n'oublie ni la prestance du chanteur russe ni sa mise en scène ; doit-on ajouter qu'on n'oublie ni Pernet, ni Etcheverry, ni Vanni-Marcoux, ni leur grandeur, ni la réserve tragique avec laquelle ils conduisaient le rôle ? Sous la direction mouvante de G. Sebastian, l'orchestre de l'Opéra accompagne avec à-propos les chœurs qui chantent en français, alors que le principal acteur s'exprime en russe. Ces chœurs se surpassent dans le tableau du Couronnement : la splendeur de la mise en scène est ici à souligner. Dans le tableau de la taverne, Hélène Bouvier chante et joue avec entrain l'hôtesse. Varlam voudrait être un ivrogne irrésistible. Quant à Luccioni incarnant Dimitri, il reste ... Luccioni. Giraudeau campe avec habileté la féline personnalité de Chouisky. Aux côtés de Scharley (la nourrice), citons Angelici (Xénia). Sachons gré à la direction d'avoir supprimé la scène du Jésuite et de Marina. La fête polonaise se déroule dans un attrayant décor et une magnifique mise en scène. Quant au public qui vient pour le chanteur, mais non pour la musique, comprendra-t-il un jour que Boris, dans les moindres détails, est un chef-d’œuvre musical ? »

(Norbert Dufourcq, Larousse Mensuel Illustré, juin 1953)

 

 

BOSSU (LE)

 

Opéra-comique en quatre actes et neuf tableaux, livret d’Henri Bocage et Armand Liorat, d’après le roman célèbre de Paul Féval, musique de Charles Grisart, représenté au théâtre de la Gaîté le 19 mars 1888, avec Mmes Jeanne Thibault, Jeanne Leclerc (Aurore de Nevers), Schmidt, Destrées, Delys, Paravicini, MM. Lacressonnière, Berthelier, Vauthier, Émile Petit, Marc Nohel, Chameroy, Rosambeau, Castelli, Berville, Jaltier, Delausnay, Blanche, Durieu.

 

« Le roman fameux de Paul Féval avait déjà donné naissance à un drame intéressant que tout Paris avait voulu voir et qui avait été l'objet de maintes reprises. Pour être moins fortunée, sa transformation en opéra-comique ne fut pas accueillie pourtant sans une certaine faveur. On eût souhaité sans doute à la musique plus de nerf et d'éclat, une vigueur plus soutenue et un grain d'originalité, mais elle contenait, en somme, quelques pages agréables, telles que la romance des tourterelles, les couplets caractéristiques du Bossu, le ballet de Colin-Maillard, la scène de la fascination et deux duos assez bien venus. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BOTTE SECRÈTE (LA)

 

Opérette bouffe en un acte, livret de Franc-Nohain, musique de Claude Terrasse, représentée au théâtre des Capucines le 27 janvier 1903.

 

 

BOUCHARD D'AVESNES

 

Opéra national en cinq actes et sept tableaux, livret néerlandais de Hippoliet van Peene, musique de Karel Miry (Gand, 14 août 1823 - Gand, 03 octobre 1889), représenté à Gand le 06 mars 1864. Cet ouvrage a été chaleureusement accueilli. L'orchestre était conduit par M. Singelée, l'habile violoniste.

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 16 décembre 1864 avec Mmes Moreau, Elmire, Arquier (le page), MM. Wicart (Bouchard d'Avesnes), Roudil, Coulon.

 

 

BOUCLE DE CHEVEUX (LA)

 

Opéra-comique en un acte, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Nicolas Dalayrac. Création à l’Opéra-Comique (salle Feydeau) le 30 octobre 1802. Cet ouvrage éprouva une chute complète, malgré le talent des auteurs et le goût du public de ce temps pour leurs productions.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BOUFFE ET LE TAILLEUR (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Pierre Villiers et Armand Gouffé, musique de Pierre Gaveaux, créé au Théâtre Montansier le 21 juin 1804. Première à l’Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 06 juin 1836.

 

« Cette bluette est encore amusante après soixante ans de date ; aussi a-t-elle reparu à plusieurs reprises à l'Opéra-Comique, et n'a-t-elle jamais quitté le répertoire de province. On y retrouve la gaieté tempérée et spirituelle de ce chansonnier délicat, qui ne buvait que de l'eau, tout en célébrant joyeusement et en bons vers le jus de la treille. Les saillies du dialogue conservent leur effet, parce qu'elles sont à leur place et de bon aloi. Les situations ont été bien comprises et bien traitées par le musicien. Gaveaux avait un sentiment de l'art très vif. Il avait fait de bonnes études littéraires et musicales, et, avant l'apparition d'Elleviou et de Martin, c'était le meilleur chanteur de l'Opéra-Comique.

Il est fâcheux qu'il ait éparpillé ses inspirations mélodiques sur un aussi grand nombre d'ouvrages, car elles ont du naturel et de la grâce ; plusieurs de ses romances sont devenues populaires. Dans le Bouffe et le Tailleur, nous rappellerons particulièrement la scène dans laquelle l'acteur chante un duo à lui seul, s'asseyant et se relevant pour faire la demande et la réponse :

 

Monsieur, vous avez une fille.

— Parbleu ! monsieur, je le sais bien.

— Monsieur, je la trouve gentille.

— Cela, monsieur, ne vous fait rien.

 

Et la romance dont les paroles et la musique sont si bien dans le vrai caractère de la comédie à ariettes :

 

Conservez bien la paix du cœur,

Disent les mamans aux fillettes ;

Sans la paix, adieu le bonheur ;

Craignez mille peines secrètes.

On tremble, on se promet longtemps

De rester dans l'indifférence,

Et puis on arrive à douze ans,

Et le cœur bat sans qu'on y pense.

 

On comprend la pensée du second couplet :

 

Et puis l'on arrive à seize ans,

Et l'amour vient sans qu'on y pense.

 

Et on devine aussi que ce sévère avertissement sera un peu corrigé à la conclusion, par cette morale plus douce enseignée aux fillettes :

 

Si l'on n'aime pas au printemps,

L'hiver viendra sans qu'on y pense.

 

Ces petits ouvrages, entendus de loin en loin, reposent l'esprit des efforts trop bruyants du répertoire comique moderne. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BOUFFON DE BERGEN (LE)

 

Opéra romantique en trois actes, livret et musique de Fritz Obar, représenté sur le théâtre municipal de Zwickau en mars 1895. L’auteur remplissait les fonctions de chef d’orchestre de ce théâtre.

 

 

BOULANGÈRE A DES ÉCUS (LA)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de MM. Meilhac et Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Variétés le 19 octobre 1875, avec Mmes Aimée (Margot), Paola Marié (Toinon), Heumann (Ravannes), Ghinassi (De Brion), Lavigne (De Quercy), Delormes (De Breuil), MM. Dupuis (Bernadille), Pradeau (le Commissaire), Léonce (Délicat), Berthelier (Flammèche), Baron (Coquebert), Daniel Bac (le Financier).

 

« La boulangère est la belle Margot, qui, enrichie et vaniteuse, porte ses pains en carrosse, escortée de quatre laquais et d'un suisse. Bernardille, perruquier de la duchesse du Maine, a trempé dans la conspiration de Cellamare, et, poursuivi par la police, il est sauvé par Margot. Celle-ci en devient amoureuse ; mais Bernardille aime Toinon. La boulangère jalouse livre à la justice le pauvre perruquier conspirateur. Toinon obtient du Régent la grâce de son amant. Cet ouvrage a eu un grand succès, que l'on ne comprendrait guère sans l'engouement du public pour la musiquette de M. Offenbach et surtout pour le jeu excitant et provocant des actrices. Les morceaux les plus applaudis sont : la chanson suisse : Ah ! Montame, je n'étais pas là ; la romance : Elle est à moi ; les couplets : L'Amour, c'est un capital ; les couplets du Coco et l'air populaire de la Boulangère a des écus. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BOULE DE NEIGE

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Charles Nuitter et Etienne Tréfeu, musique de Jacques Offenbach, représenté sur le théâtre des Bouffes-Parisiens le 14 décembre 1871, avec Mmes Peschard (Olga), Bonelli (Grégorine), Nordet (Schamyl), de Ribeaucourt (Patchouline), Thierret (la Grande Khane), MM. Désiré (Balabrelock), Berthelier (le Caporal), Montrouge (le Grand Khan), Edouard Georges (Kassnoiseff), Duplessis (Kachmir), Victor (Polkakoff), Montbars (Potapotinski), Prosper Guyot (Krapack).

 

« M. Offenbach tient absolument à faire sortir ses chansons du gosier des bêtes. Serait-ce pour punir la muse de ses résistances, ou pour mieux mystifier un public dont, il a été pendant vingt ans l'enfant gâté ? Nous avons eu le chien Barkouf, à l'Opéra-Comique, que Scudo appelait plaisamment une chiennerie en trois actes. Ici, c'est un ours, appelé Boule-de-Neige, qui est le héros de la pièce. Cet ours est le monarque imposé par le Grand Kan à un peuple ingouvernable et trop coutumier de révolutions. Cet ours, transformé en hospodar, signe de sa griffe les décrets les plus grotesques, sous l'injonction d'une dompteuse nommée Olga. Un vitrier réfractaire, amant de la dompteuse, se revêt de la peau d'un ours pour échapper aux sbires qui le pourchassent, et Boule-de-Neige est supplantée par lui. Le nom du premier ministre devrait servir de titre à la pièce. Il s'appelle Balabrelock. Le compositeur a formé sa partition de plusieurs morceaux de Barkouf et d'autres ouvrages de sa façon. On a remarqué la romance des Souvenirs, les couplets de la Muselière, la complainte de la grande Ourse, un quartette et un sextuor syllabique. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

BOUM ! SERVEZ CHAUD !

 

Opérette en un acte, livret de Hermil (dit Milher) et Numès, musique d’A. de Villebichot, représentée à l’Eldorado en 1882.

 

 

BOUQUET (LE)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Dubron, musique de Chaulier, représenté à Boulogne-sur-Mer le 27 août 1888. L’auteur était chef de musique d’un régiment d’artillerie.

 

 

BOUQUET DE COLETTE (LE)

 

Opéra français en un acte, musique de Lemoyne, représenté à Varsovie en 1775.

 

 

BOUQUET DE L'INFANTE (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Eugène de Planard et Adolphe de Leuven, musique d’Adrien Boieldieu. Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 27 avril 1847.

 

« Le livret n'est pas heureusement imaginé. Don Fabio de Sylva, gentilhomme portugais exilé et dépouillé de ses biens par le roi de Portugal, veut se venger. Il organise un complot qui est découvert. Il est condamné à mort ; et la sentence va recevoir son exécution, lorsqu'on apprend que le roi accorde la grâce du coupable. C'est le bouquet de l'infante tombant sur la scène qui est le symbole de l'amnistie royale.

M. Henri Blanchard a jugé trop sévèrement cet ouvrage.

« M. Boieldieu, dit-il, n'en est pas à son coup d'essai, et on aimerait à lui voir frapper des coups de maître. Il a le faire facile, mais quelque peu arriéré par la simplicité trop claire de sa mélodie et la naïveté de ses modulations. A Dieu ne plaise que nous nous fassions l'avocat des idées romantiques en musique ; mais il faut reconnaître que le chant est devenu plus passionné et les accompagnements plus complets qu'ils ne l'étaient jadis. Le naturel est une belle qualité ; mais il y a le naturel insignifiant, niais, plat, comme il y a le naturel élégant, facile, noble, élevé. M. Boieldieu nous semble se tenir au milieu de ces deux naturels : c'est la pointe d'originalité, cet inattendu si nécessaire pour réveiller l'auditeur blasé par les styles si divers qu'on essaye à présent, qui fait défaut à M. Boieldieu. Sa muse est trop honnête fille, trop décente ; elle ne se permet pas le plus petit écart. Elle nous fait l'effet de considérer les muses de Beethoven et de Weber comme ces dames trop hardies du temps de la Régence, qui ne suivaient que les caprices de leur imagination. » Nous avouons que la musique n'a pu relever le mauvais poème du Bouquet de l'infante ; mais cependant on a pu apprécier les qualités qui distinguent M. Adrien Boieldieu. Héritier d'un nom illustre, il a su en perpétuer jusqu'à un certain point la gloire. Déjà, dans son opéra de Marguerite, on avait remarqué des élégies élégantes : dans le Bouquet de l'infante, les morceaux sont plus développés et l'instrumentation plus riche. Nous signalerons, au premier acte, l'introduction qui mérite des éloges, ainsi que la cachucha, chantée avec un incomparable brio par Mlle Louise Lavoye ; l'habile cantatrice dut bisser cet air ; un charmant nocturne à quatre voix ; la romance : Vous voyez bien qu'il est mon père, chantée par Mlle Lavoye ; l'air de Pascales ; et, dans le reste de la partition, le trio avec chœurs, l'air de Ginetta et la romance de Fabio : Ah ! le plus beau jour de ma vie sera mon dernier jour ! qui est d'un sentiment noble et d'une expression touchante. Audran, Mocker et Mlle Lavoye ont créé les rôles de cet ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BOUQUET DE VIOLETTES (LE)

 

Opérette en un acte, livret de Georges Grisier et Maxime Boucheron, musique d’André Martinet, représentée à Aulus, Théâtre du Parc, le 10 août 1883.

 

 

BOUQUET DU VAUDEVILLE (LE) ou DIALOGUE D’UN CHARBONNIER ET D’UNE POISSARDE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN

 

Livret de Pierre-Antoine-Augustin de Piis, musique de vaudevilles. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 26 octobre 1781.

 

 

BOUQUETIÈRE (LA)

 

Opéra en un acte, livret d'Hippolyte Lucas, musique d'Adolphe Adam, création au Théâtre de l'Opéra (salle Le Peletier) le 31 mai 1847 ; décors de Charles Cambon et Joseph Thierry ; costumes de Paul Lormier ; avec Mlle Nau (Nanette, la bouquetière), MM. Ponchard fils (le vicomte de Courtenay), Brémond (l'Inspecteur du quartier).

 

« Le vicomte de Courtenay achète tous les jours, au prix d'un écu de 6 livres, un bouquet à Nanette. Le vicomte est un charmant mauvais sujet qui se ruine au jeu, si bien qu'il n'a pas d'autre ressource que d'aller s'engager chez un racoleur. N'ayant plus le moyen d'acheter un régiment, il le gagnera. En chemin, il rencontre la jolie bouquetière. Navette lui offre le bouquet quotidien ; mais comment le payerait-il ? tout son avoir se borne à vingt sous... Le vicomte donne à Nanette un billet de loterie, puis il lui fait ses adieux en déposant un baiser sur les joues de la jeune fille. Nanette est émue et n'écoute que d'une oreille distraite M. l'inspecteur du marché, qui a bien envie de lui décocher une déclaration, mais en est toujours empêché au moment décisif par quelque incident grotesque.

Le vicomte revient, portant à son chapeau les rubans des nouveaux enrôlés, s'apprêtant à payer à ses nouveaux camarades la bienvenue d'usage. Nanette se sent triste en songeant qu'un si joli garçon peut revenir de la guerre boiteux, estropié, et même ne pas revenir du tout. Heureusement, la fortune se montre favorable. Avec le billet que M. vicomte lui a donné en payement, Nanette gagne 20,000 écus ! Elle court vite racheter la liberté de M. de Courtenay, et veut rendre à sa pratique le surplus de la somme. Le vicomte refuse ; d'ailleurs que pourrait-il faire de 20,000 écus, lui qui a contracté la vicieuse habitude de manger 200,000 livres par an ? Heureusement encore, il vient de mourir aux Indes, fort à point, un vieux bonhomme, riche comme Crésus, qui n'a d'autre héritier que le vicomte de Courtenay. Donc M. de Courtenay, devenu riche, épouse Nanette, et forme le projet d'être sage. Quant à M. l'inspecteur, il reste décidément garçon, et la toile tombe.

L'ouverture est le morceau le mieux réussi de l'opéra. On y trouve des idées gracieuses, ce rythme et cette netteté rapide qui ont valu à Adolphe Adam sa popularité ; on y trouve aussi un charmant motif qui se reproduit plus tard dans l'ouvrage. Citons les couplets et la cavatine de Nanette, le trio de basse, ténor et soprano, le chœur des nouveaux enrôlés, l'entrée et la marche de la loterie. Le livret est naturellement peu compliqué, vu le manque d'espace ; mais les vers en sont bons, et ne ressemblent pas à ces bouts-rimés ridicules dont le public se contente d'ordinaire. — La décoration, qui représentait l'ancien quai aux Fleurs, était d'une grande finesse de ton, et a fait le plus grand honneur à MM. Cambon et Thierry. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« C'est le sujet de Mes derniers vingt sous, vaudeville du Gymnase.

Beau décor représentant le vieux Paris, par Thierry. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

 

BOUQUETIÈRE DE TRIANON (LA)

 

Opéra-comique en deux actes, livret de Laurencin [Paul-Aimé Chapelle] et Jules Adenis, musique de Frédéric Barbier, création au théâtre Saint-Germain le 24 novembre 1864. => détails

 

 

BOUQUETIÈRE DU CHÂTEAU-D'EAU (LA)

 

Opérette en trois actes, livret posthume de Paul Burani, musique de Constantin Lubomirski, représentée au théâtre du Château-d'Eau le 10 janvier 1902 avec Mariette Sully (Rosinette).

 

 

BOURGEOIS DE CALAIS (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d'Ernest Dubreuil et Paul Burani, musique d’André Messager, représenté aux Folies-Dramatiques le 06 avril 1887. => partition

 

 

BOURGEOIS DE FALAISE (LE)

 

Opéra bouffe en un acte, livret de Jean Limozin et André de la Tourrasse d'après « le Bal » de Regnard, musique de Maurice Thiriet.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 19 juin 1937. Décor de Georges Mouveau. Costumes de A. Barsacq et André Bask. Mise en scène de Jean MERCIER.

Mmes Odette TURBA-RABIER (Rosine), Odette ERTAUD (Licette).

MM. André BALBON (Sottencourt), Willy TUBIANA (Figeac), Louis GUÉNOT (Dorante), René HÉRENT (Mathieu-Crochet), Gabriel COURET (Landre), POUJOLS (Champagne).

Chef d'orchestre : Roger DÉSORMIÈRE.

 

8 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Sur la donnée classique de la jeune fille promise à un prétendant ridicule, amoureuse d'un autre, qu'elle épousera bien entendu, grâce à l'intervention belliqueuse d'un ami de son Léandre, M. Maurice Thiriet a écrit une musique aimable, un peu lourde et chargée, fort susceptible malgré cela de plaire au public. » (Larousse Mensuel Illustré, 1937)

 

 

BOURGEOIS DE REIMS (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Henri de Saint-Georges et Constant Ménissier, musique de François-Joseph Fétis. Création à l'Opéra-Comique (salle Feydeau) le 07 juin 1825 (spectacle gratis).

 

« François Ier, sous le déguisement d'un simple particulier, se rend chez un habitant de Reims pour y dîner, conformément à une invitation qu'il en avait reçue lorsqu'il n'était encore que le comte d'Angoulême, et acquiert la preuve de l'amour de ses sujets. Succès. »

[Almanach des spectacles, 1826]

 

« Cet ouvrage a été composé à l'occasion du sacre de Charles X. L'auteur n'attache pas une grande importance à cette production de circonstance ; car il ne donne aucun détail sur la représentation ni sur la partition dans l'autobiographie fort étendue qu'il s'est consacrée dans son ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BOURGEOIS GENTILHOMME (LE)

 

Comédie-ballet en cinq actes et en proses avec divertissements de Molière, musique de Jean-Baptiste Lully.

 

Représentée à Chambord devant le roi le 14 octobre 1670, et à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 29 novembre suivant.

 

Repris à la Comédie-Française en janvier 1852 avec cérémonie et divertissements composés par Charles Gounod.

 

Première fois à l'Académie Royale de Musique, avec le concours des Artistes de la Comédie-Française, le 30 décembre 1716.

 

Repris, au cours de Galas, toujours avec le concours des Artistes de la Comédie-Française, les 13 mars 1817, 11 décembre 1826, 30 janvier 1840, 15 janvier 1845 et 09 janvier 1852.

 

Première fois au Palais Garnier, le 18 mars 1899, à l'occasion d'un Gala au bénéfice de l'Association des Artistes dramatiques, avec les Artistes de la Comédie-Française.

 

Le 06 juin 1901, la Cérémonie est donnée lors de la représentation au bénéfice de Marie Laurent, avec Coquelin cadet (M. Jourdain), Chambon (le Grand Muphti), et les artistes des principaux théâtres de Paris.

 

 

18-3-1899

7e

11-3-1900

8e

15-10-1903

11e

26-12-1905

12e

Lucile

MULLER

MULLER

MULLER

MULLER

Dorimène

MARCY

NANCY-MARTEL

L. SILVAIN

L. SILVAIN

Mme Jourdain

PIERSON

FAYOLLE

PIERSON

PIERSON

Nicole

KALB

KALB

GRANDJEAN

KALB

M. Jourdain

COQUELIN cadet

COQUELIN cadet

COQUELIN cadet

LELOIR

Cléonte

BOUCHER

BOUCHER

DEHELLY

DEHELLY

Dorante

LE BARGY

PRUDHON

BAILLET

BAILLET

Maître de Philosophie

LELOIR

LELOIR

LELOIR

LAUGIER

Maître de Musique

LAUGIER

LAUGIER

LAUGIER

X

Maître à danser

Jules TRUFFIER

Jules TRUFFIER

Jules TRUFFIER

Jules TRUFFIER

Maître d'armes

VILLAIN

VILLAIN

VILLAIN

RAVET

Maître tailleur

JOLIET

JOLIET

FALCONNIER

FALCONNIER

Covielle

DE FERAUDY

DE FERAUDY

DE FERAUDY

Georges BERR

Laquais     CROUÉ et BRUNOT  
la Chanteuse     Louise GRANDJEAN  

Chef d'Orchestre

LEON

TAFFANEL

LEON

LEON

 

Nota. — Les trois représentations données en mars 1900 (avec la distribution du 11 mars) le furent par les Artistes de la Comédie-Française réfugiée au Palais Garnier à la suite d'un incendie de la salle Richelieu.

Le « Divertissement », réglé par J. HANSEN, fut dansé :

en 1899, par Mlles SUBRA, ZAMBELLI, SALLE, MM. GIRODIER et FEROUELLE.

en 1900 par Mlles ROUVIER, EVEN, LAUTIER, MM. GIRODIER et FEROUELLE.

Les Artistes du chant (de l'Opéra) qui y participèrent furent :

en 1899, Mmes Louise GRANDJEAN, FLAHAUT, Aïno ACKTÉ, Lucienne BRÉVAL, BEAUVAIS ; MM. AFFRE, DELPOUGET, LAURENT, RENAUD.

en 1900, Mmes Louise GRANDJEAN, FLAHAUT, MM. LAFFITTE, DELPOUGET, CABILLOT.

En 1899, comme en 1900, M. CHAMBON personnifiait le « Grand Muphti ».

Le « Divertissement » ne fut pas donné en 1903 et 1905.

12 représentations à l’Opéra au 31.12.1961, dont 6 au Palais Garnier.

  

« Le Bourgeois gentilhomme obtint à Paris un grand succès. Chacun croyait y reconnaître le portrait de son voisin, et on ne se lassait point d'aller applaudir cette peinture si vraie et si naturelle des vaniteuses prétentions de la richesse roturière. « Le personnage de M. Jourdain, dit La Harpe, est un des plus vrais et des plus gais qui soient au théâtre. Tout ce qui est autour de lui le fait ressortir : sa femme, sa servante Nicole, ses maîtres de danse, de musique, d'armes et de philosophie ; le grand seigneur son ami, son confident et son débiteur ; la dame de qualité dont il est amoureux ; le jeune homme qui aime sa fille, et qui ne peut l'obtenir, parce qu'il n'est pas gentilhomme ; tout sert à mettre en jeu la sottise de ce pauvre bourgeois... Molière a su tirer encore des autres personnages un comique inépuisable ; l'humeur brusque de M. Jourdain, la gaieté franche de Nicole, la querelle des maîtres sur la prééminence de leur art, les préceptes de modération débités par le philosophe qui, un moment après, se met en fureur et se bat en l'honneur et gloire de la philosophie ; la leçon de M. Jourdain, à jamais fameuse par sa découverte, qui ne sera jamais oubliée, que depuis quarante ans, il faisait de la prose sans le savoir. La galanterie niaise du bourgeois et le sang-froid cruel de l'homme de cour..., la brouillerie des jeunes amants et de leurs valets, sujet traité si souvent par Molière, et avec une perfection toujours la même et toujours différente : tous ces morceaux sont du grand peintre de l'homme, et nullement du farceur populaire. » Le célèbre Lulli joua un rôle dans cette pièce, s'il faut en croire l'anecdote suivante : Le musicien florentin avait acheté la charge de secrétaire du roi ; il alla trouver la compagnie pour se faire recevoir ; mais ces messieurs lui répondirent unanimement qu'ils ne voulaient pas d'acteur parmi eux. Il eut beau leur dire qu'il n'avait jamais joué sur le théâtre que trois fois, dans le Bourgeois gentilhomme, et cela devant le roi ; ils furent sourds. Il alla s'en plaindre au ministre Louvois, qui lui dit que les secrétaires du roi avaient raison. « Quoi ! monsieur, lui répondit Lulli, si le roi vous ordonnait, tout ministre que vous êtes, de danser devant lui, vous le refuseriez ? » D'après une autre version, la réplique du musicien aurait été celle-ci : « Eh ! monsieur, tout ministre que vous êtes, vous en auriez bien fait autant. » Louvois, ne sachant que répondre, lui expédia un ordre qui le fit recevoir. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cette comédie a été reprise en 1852 au Théâtre-Français, à l'occasion de l'anniversaire de Molière, avec la musique du maître, arrangée par M. Jules Cohen, reprise de nouveau en janvier 1876 au théâtre de la Gaîté, avec de nouveaux changements, des accompagnements écrits sur la basse chiffrée et une orchestration de fantaisie par M. Weckerlin. Les fragments symphoniques qui nous sont restés dans les opéras du compositeur florentin auraient pu servir de modèles pour ce genre de travail, et l'effet en serait encore intéressant si les études en étaient dirigées avec la connaissance du style de cette époque. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BOURGUIGNONNES (LES)

 

Opéra-comique en un acte et en prose, livret d’Henri Meilhac, musique de Louis Deffès, créé à Bad Ems le 19 juillet 1862. Première à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 16 juillet 1863, mise en scène d’Ernest Mocker, avec Mmes Caroline Girard (Manette), Marguerite Jeanne Camille Decroix, M. Ponchard.

 

« Manette est venue passer quelques jours à la ferme de son cousin par alliance, Landry, dont la femme Thérèse a le tort de faire la besogne de son homme, ce qui permet à celui-ci de se livrer à une oisiveté dangereuse pour la paix du ménage. Heureusement, Manette est une fine mouche. Elle éconduit Landry, qui cherche à lui conter fleurette, et, grâce à ses conseils, Thérèse écarte à temps le danger qui menace son bonheur conjugal. Manette apprend à la jeune femme le secret du ménage, c'est-à-dire l'art de tenir un époux en haleine, en inquiétant son orgueil et son cœur. La scène dans laquelle les deux cousines boivent du vin de Bourgogne pour se donner du cœur est de mauvais goût. La chanson à boire, qui semble être un accessoire obligé de tous les livrets d'opéra-comique, est déplacée dans la bouche d'une femme. Ce petit livret ne manque ni d'esprit ni d'habileté. C'est un agréable marivaudage en sabots. Le sujet est usé jusqu'à la corde, mais les variations ont presque le mérite de la nouveauté. Cette agréable saynète eut d'ailleurs l'avantage de servir de début, à l'Opéra-Comique, à Mlle Caroline Girard, la seule Dugazon de notre époque, qui chantait avec un brio incomparable l'air : Tends ton verre, la Bourguignonne. On remarqua aussi un trio excellent, et la partition se fixa au répertoire de l'Opéra-Comique ; ce qui dispense de tout autre éloge. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BOURSE OU LA VIE (LA)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Galoppe d'Onquaire, musique de Charles Manry, joué aux Néothermes le 7 juillet 1856.

 

 

BOURSE OU LA VIE (LA)

 

Opérette en un acte, musique de Francis Thomé, représentée à la salle Erard, dans un concert, en mars 1872.

 

 

BOUSSIGNEUL (LES)

 

Vaudeville en trois actes, de Gaston Marot, Alfred Pouillon et Edouard Philippe, musique d’Édouard Okolowicz, représenté au théâtre des Arts le 07 février 1880 et, depuis, avec le même succès aux Folies-Dramatiques. La pièce, amusante et spirituelle, pouvait se passer de musique ; cependant on a remarqué une valse chantée, Mon cher parrain, et la Ronde de Martinot. Joué par Galaberd, Chamonin et Verlé, Mmes Cuinet, Alice Brunet, Valérie Riva et Van Dyck.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BOUTON D’OR

 

Opéra-comique en un acte, livret de Dharmenon et Launay, musique de Campisiano, représenté à Saint-Germain-en-Laye en mai 1882.

 

 

BOUTON D'OR

 

Fantaisie lyrique en quatre actes et cinq tableaux, livret de Michel Carré fils, musique de Gabriel Pierné, représentée au Nouveau-Théâtre le 3 janvier 1893.

 

« Il y a de tout dans cette pièce qui n'en est pas une, et qui n'a d'ailleurs d'autre prétention que d'offrir aux yeux un spectacle très varié, très curieux et souvent très intéressant. Au quatrième tableau, surtout, un ballet d'un effet et d'un genre tout à fait neufs, absolument séduisant, a obtenu un succès fou, grâce à son caractère fantastique et plein de poésie. M. Pierné, un jeune prix de Rome, a écrit pour Bouton d'or une partition assez importante, qui renferme des airs de ballet délicieux et plusieurs morceaux charmants de musique de scène. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BOUTON PERDU (LE)

 

Opérette en un acte, livret d'Eugène Grangé et Victor Bernard, musique d'Adrien Talexy, représentée aux Bouffes-Parisiens le 07 mars 1874 avec Mmes Peschard (Don Pedro de Millaflorès), Cécile Denault (Dolorès), Ad. Cuinet (Dona Tertulia), MM. Homerville (Don Castagnetto), Edouard Georges (Ignacio).

Comme la scène se passe en Espagne, le musicien a donné un tour madrilène à ses inspirations. On y remarque des boléros et un charmant morceau de hautbois.

 

 

BRACONNIER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Lieutaud, musique de Raymond, représenté au théâtre des Beaujolais en 1785 ou 1786.

 

 

BRACONNIER (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret d’Émile Van der Burch et Adolphe de Leuven, musique de Gustave Héquet (Bordeaux, 1803 - Paris, 26 octobre 1865). Création à l'Opéra-Comique (2e salle Favart) le 29 octobre 1847 avec Mme Léocadie Lemercier (Lisa), MM. Jourdan (Herbert), Chaix (Wolff), Sainte-Foy (Paternick). => livret

 

« Sur un livret très naïf et sans intérêt, M. Gustave Héquet a écrit une partition bien médiocre. On y a remarqué toutefois un bon quatuor et le duo entre le braconnier Hébert et Lisa, fille du garde-chasse. Ce petit ouvrage a été chanté par Jourdan, Chaix et Mlle Lemercier. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BRACONNIERS (LES)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret d’Henri Chivot et Alfred Duru, musique de Jacques Offenbach, représenté au théâtre des Variétés le 29 janvier 1873. C'est une suite de drôleries qui se passent dans la province du gouverneur de Bigorre et auxquelles prennent part Rastamagnac, Marcassou, Bibletta, Bibès et la jolie barbière Ginetta, etc. La partition se compose de motifs décousus, vulgaires et sautillants. On a remarqué les couplets du Bouton de rose, une sérénade, un duetto, le quatuor des Assassins et le galop de la Mule. Chanté par Dupuis, Berthelier, Grenier, Léonce, Mlles Zulma Bouffar, Marie Heilbronn.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876]

 

 

BRADAMANTE

 

Tragédie lyrique en cinq actes et un prologue, livret de Roy, musique de Lacoste, représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre de l'Opéra, le 02 mai 1707. L'illustre nièce de Charlemagne ne réussit pas mieux à l'Opéra qu'au Théâtre-Français. Elle n'eut pas d'ailleurs, pour se faire accepter, une musique digne d'elle. Cette musique était de Lacoste, chef d'orchestre de notre première scène lyrique de 1710 à 1714, et dont les sept partitions, sans originalité, sont aujourd'hui complètement oubliées. Ne cherchons pas à les tirer de la poussière où elles dorment du sommeil profond réservé aux œuvres médiocres.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BRAMINE

 

Opéra-comique en un acte, musique d’Alexandre Piccinni, représenté au Gymnase le 17 juin 1822.

 

 

BRANCHE CASSÉE (LA)

 

Opérette en trois actes, livret de Jules Noriac et Adolphe Jaime, musique de Gaston Serpette, représentée aux Bouffes-Parisiens le 23 janvier 1874, avec Mmes Peschard (Jean), Judic (Margotte), Rose-Marie (Estelle), Suzanne (Martha), A. Vié (Daphné), Duclos (Rose), G. Hayet (la prima dona), Morel (un page), MM. Homerville (le Gouverneur), Edouard Georges (le prince de Botvernich), Lucien Fugère (Grégoire), A. Ben (Van Krick), Prosper Guyot (Vanasbrock), Sautros (le maître des cérémonies), Hector (un buveur).

 

 

BRANCHE DE GENÊT (LA)

 

Opéra-comique, livret de Jules Rogeron, musique de M. Febvre, représenté à Angers en avril 1875.

 

 

BRASSEUR D'AMSTERDAM (LE)

 

Opéra-comique en un acte, paroles de M. de Najac, musique de M. Alary, représenté à Ems le 19 août 1861. Ce petit ouvrage a un cachet de sensibilité bourgeoise qui rappelle les pièces du commencement de ce siècle. La femme de M. Vanberg se croit incomprise par son mari ; elle s'abandonne à des idées romanesques, qui peu à peu revêtent la forme plus arrêtée d'un certain Raoul de Floriac ; mais, préférant le rôle de galant homme à celui d'homme galant, Raoul, ami de Vanberg, l'avertit du danger auquel son prosaïsme exagéré l'expose. La femme du brasseur comprend qu'elle côtoyait l'abîme, et le ménage se réconcilie, grâce au dévouement de l'amitié. Plusieurs morceaux agréables ont été distingués dans ce petit opéra : la romance chantée par Mme Cambardi : De chagrin je me meurs ; la scène : Si je l'aime, c'est fait de moi, et le rondeau final. Huet et Caussade ont joué les rôles de Vanberg et de Raoul.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BRASSEUR DE PRESTON (LE)

 

Opéra-comique en trois actes, livret d’Adolphe de Leuven et Brunswick, musique d'Adolphe Adam.

 

Création à l'Opéra-Comique (salle de la Bourse) le 31 octobre 1838, sous la direction de Henri Valentino, avec Mlle Zoé Prévost (Effie), MM. Jean-Baptiste Chollet (Daniel Robinson ; Georges Robinson), Henri (Toby), Achille Ricquier (sir Olivier Jenkins), Honoré Grignon (lord Mulgrave), Fosse (Lovel), Tessier (Bob).

 

Représenté à l’Opéra-National (salle du Cirque Olympique), le 22 janvier 1848 avec Mme Henri Potier (Effie), MM. Louis Joseph Cabel (Daniel Robinson ; Georges Robinson), Huré (sergent Toby).

 

Reprise au Théâtre-Lyrique le 23 décembre 1868 avec Mme Daram (Effie), MM. Meillet (Robinson), Wartel (Toby), Legrand (Jenkins), Giraudet (le Général), Henry Géraizer (Lovel), Verdellet (Bob).

 

Représentations au Théâtre-Lyrique : 5 en 1868, 43 en 1869, 12 en 1870.

 

« Voici de quelle façon un critique raconte le libretto du Brasseur : Daniel Robinson a pour industrie de brasser de la bière à Preston sous le roi George II ; c'est pourquoi on l'appelle le brasseur de Preston. Les troupes royales sont auprès de la ville, à la veille de livrer le combat au prince Edouard, fils du prétendant; mais Daniel s'en soucie autant qu'un poisson d'une pomme. Le brasseur va se marier, et recommande à sa fiancée, Effie, de ne pas le confondre avec son frère George, qui lui ressemble de la façon la plus alarmante. En revanche, le moral des deux jeunes gens diffère complètement : George est tapageur, bambocheur, mais brave, généreux et loyal ; Daniel est doux comme un agneau non encore sevré, et timide comme un lièvre. On n'attend plus pour la noce que le frère George... Tout à coup le sergent Toby se présente avec une mine effarée et inquiète, et demande à Daniel si le lieutenant George n'est pas à la brasserie. Le congé de deux jours qu'il avait obtenu est expiré sans qu'il ait reparu, et, comme on doit livrer bataille le lendemain, il serait considéré comme déserteur et déshonoré, s'il ne revenait au camp avant midi. Cette triste nouvelle tombe dans la joie générale comme une goutte d'eau glacée dans une chaude vapeur, et abat subitement l'allégresse des convives ; la noce est interrompue : Daniel veut courir à la recherche de son frère, et il monte en carriole, suivi de la jeune Effie, tout éplorée. »

Au second acte, nous sommes transportés dans le camp anglais. Daniel arrive avec Effie et le brave sergent : grâce à la miraculeuse ressemblance, les soldats prennent Daniel pour George : cette méprise suggère à Toby l'idée de revêtir le brasseur de l'uniforme de George, et de lui faire tenir, à la bataille, la place de son frère absent. Daniel se prête de bonne grâce à cette substitution de personnes, comme on dirait en argot judiciaire ; mais il est peu martial de son naturel, et se connaît médiocrement en stratégie. Toby, qui est un homme expéditif et que rien n'embarrasse, lui donne sur place une leçon de tenue militaire ; il lui apprend à marcher fendu comme un compas, à rouler de gros yeux, à porter son chapeau de travers, à fumer dans une pipe culottée, à dire morbleu ! sacrebleu ! et autres fleurs de rhétorique soldatesque. Cette leçon profite beaucoup plus à Effie qu'au débonnaire Daniel. Cependant le conseil a prononcé, et le lieutenant George doit garder pendant deux mois les arrêts forcés. C'est dur ; mais en comparant cette punition aux dangers que le rôle qu'il a accepté pouvait lui faire courir, le brasseur se console. Entre Jenkins, un vieil officier de marine : « Vous êtes le lieutenant Robinson ? — Oui, monsieur. — En ce cas, vous devinez l'objet de ma visite. Ma sœur, séduite et abandonnée par vous ! Il me faut une réparation, le mariage ou un duel à mort, à votre choix ; prenez votre épée et suivez-moi. — Impossible, monsieur; j'ai dû rendre mon épée, je suis aux arrêts. » Au même instant, on crie : Aux armes ! ce sont les Ecossais. « Aux armes, mon lieutenant, dit Toby. — Impossible, sergent; je suis aux arrêts. — Aux arrêts ! un jour de bataille ! Malheur ! mon brave George serait déshonoré. Je vais supplier le général de les lever ; il ne me refusera pas cette faveur, la première que je lui demande. » En effet, Toby revient bientôt après avec le consentement du général. Le malheureux brasseur n'a pas été plus tôt hissé sur un cheval, que la courageuse bête (je parle du cheval) l'emporte au galop au milieu des rangs ennemis. Le bruit du canon lui a fait prendre le mors aux dents... Les Ecossais sont en pleine déroute, et le général, pour récompenser les prodiges de valeur du lieutenant Robinson, le nomme capitaine sur le champ de bataille. Il est de plus désigné pour aller présenter au roi les drapeaux pris sur l'ennemi... Le roi, charmé de sa belle conduite, le charge de la pacification de l'Irlande. Daniel ne peut refuser, et, par surcroît de désespoir, il doit partir le soir même ; mais, comme un malheur n'arrive jamais seul, le major Jenkins revient avec le contrat de mariage qu'il a préparé d'avance, et somme le lieutenant supposé d'accomplir sa promesse... Heureusement, George revient, et, par un coup de théâtre très adroit, se substitue à Daniel au moment où celui-ci, traqué dans ses derniers retranchements, va épouser Anna Jenkins. Daniel se démet alors de son métier de héros improvisé, et retourne à sa brasserie de Preston, où il épouse son Effie. Le sujet si usé des ménechmes a fourni le sujet de cette pièce, assez spirituelle et habilement mouvementée pour se passer, au besoin, de musique. La partition d'Adolphe Adam est une des meilleures productions de ce compositeur. Non seulement il la jugeait ainsi lui-même, mais les critiques lui prédirent un succès au moins égal à ceux du Chalet et du Postillon de Longjumeau. Les couplets de Chollet au premier acte ; le chœur des soldats ; la poétique romance : Pour sauver sa vie, et le récit de Chollet racontant les prouesses de son cheval, sont des morceaux bien en situation. Le compositeur et les auteurs avaient fait aussi la part du vulgaire, dans la scène où Effie, pour donner du cœur à son fiancé, prend les attitudes et la démarche militaire. « Quand Mlle Prévost, dit le critique anonyme déjà cité, a commencé à parcourir le théâtre au pas de charge, en chantant : Ran plan plan, le parterre s'est ému ; aux jurons véritables qu'elle a prononcés, l'enthousiasme a éclaté ; mais, quand on l'a vue prendre une pipe, envoyer des bouffées de fumée de vrai tabac de caporal, qui ont répandu un vrai parfum de taverne et de corps de garde ; oh ! alors, les trépignements du parterre ont ébranlé la salle. » Le succès de la pièce se prolongea pendant plusieurs années. Le Brasseur de Preston a été repris à l'Opéra-National le 22 janvier 1848. Mme Henri Potier, charmante comédienne d'ailleurs, chantait faux le plus agréablement du monde. Musard a tiré de cet ouvrage un fort joli quadrille. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Cet opéra a toujours été considéré comme faisant la paire avec le Postillon de Lonjumeau ; il est signé des mêmes auteurs, empreint du même esprit, et s'il n'a pas obtenu un succès égal, c'est que dans les créations jumelles des arts, comme dans celles de la nature, il y a toujours une victime. Le Brasseur de Preston, représenté pour la première fois à l'Opéra-Comique en 1838, était repris au Théâtre-Lyrique avec Cabel et Mme Henri Potier dans les rôles créés par Chollet et Mlle Prévost. L'acte du camp avait été agrémenté d'un ballet de tambours lilliputiens, dansé par des enfants. Ce divertissement obtint beaucoup de succès devant un public qui avait couru aux exhibitions du nain Tom-Pouce. Une seconde et dernière reprise du Brasseur de Preston eut lieu vingt ans plus tard, à la salle de la place du Châtelet (direction Pasdeloup), avec Meillet et Mlle Daram. Mais ni Mme Potier, ni Mlle Daram ne renouvelèrent ce trait de gaîté de Mlle Prévost qui osa fumer en scène une vraie pipe, bourrée de vrai tabac, et réellement allumée. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BRAVO (LE)

 

Opéra en trois actes et quatre tableaux, livret d’Émile Blavet, musique de Gaston Salvayre, représenté à l'Opéra-National-Lyrique (Gaîté) le 18 avril 1877 avec Mmes Marie Heilbronn (Violetta Tiepolo), Berthe Thibault (Annina), MM. Jacques Bouhy (Jacopo [le Bravo]), Paul Lhérie (Lorenzo de Montfort), Caisso (Gino, gondolier), Gresse (Contarini).

 

La pièce est obscure, compliquée, bizarre. Elle se passe à Venise. Contarini, l'un des Dix, a séduit une jeune fille, Giovanna, et est cause de sa mort. Le père a voulu venger l'honneur de sa maison en tuant le ravisseur. Au moment où le conseil des Dix le condamne à la peine capitale, son fils, Jacopo, revient de la guerre, et, grâce à l'intervention d'un des juges, Tiepolo, le vieillard vivra, mais à la condition que Jacopo se dévouera au service de la république en acceptant la profession de bravo. Fenimore Cooper avait déjà imaginé cette histoire ; mais autre chose est un roman très développé, dans lequel des choses invraisemblables sont déduites insensiblement, autre chose est un opéra, où les situations doivent être claires, l'action concise et rapide. Tiepolo est mort aussi ; en laissant la tutelle de Violetta, sa fille, à Contarini. Celui-ci veut qu'elle soit sa femme ou qu'elle entre dans un couvent. Mais le jeune Lorenzo de Montfort possède le cœur de Violetta. Jacopo, par reconnaissance pour la mémoire de Tiepolo, se fait un devoir de protéger leurs amours et de punir Contarini de ses méfaits ; enfin, après bien des incidents, il le provoque et le tue. Le peuple veut prendre le parti de Contarini contre le bravo ; mais celui-ci se fait ouvrir les rangs en montrant le sceau du conseil des Dix, qui le protège, et, pendant que les religieuses sont agenouillées autour du cadavre, il s'embarque avec Lorenzo, Violeta, Gino le gondolier, Annina sa maîtresse, et... vogue la galère !

La partition est un mélange de tous les styles, où domine une orchestration recherchée, précieuse, incontestablement ingénieuse, mais souvent bruyante. Le rôle du bravo est bien caractérisé par les timbres sourds et lugubres des instruments. Plusieurs airs de danse, surtout celui de la danse orientale, sont absolument dénués de charme, et la prétention à l'effet pittoresque a égaré le musicien ; les accords sont mal enchaînés ou plutôt ne le sont pas du tout, et l'oreille de l'auditeur est offensée gravement. Quant à la partie vocale, qui est l'essentielle, on y trouve aussi trop d'efforts pour enlever les suffrages d'un public vulgaire par des cris et une sonorité excessive. Ensuite, la succession des motifs, qui ne sont pas liés entre eux, nuit à l'effet de chacun d'eux. On dirait que l'auteur a voulu faire servir à cet ouvrage tout ce qu'il avait amassé dans ses cartons. En somme, l'inspiration se fait difficilement jour à travers l'enchevêtrement musical dont elle est surchargée. Parmi les morceaux qui ont plu davantage, on peut citer le chœur des mariniers, les couplets de Gino, au troisième acte ; un chœur dansé, une tarentelle et la grande barcarolle finale, morceau symphonique très travaillé, qui a du mérite en soi, mais qui est hors de propos. Chanté par MM. Bouhy, Lhérie, Gresse, Caisso ; Mlles Heilbronn, Berthe Thibault ; danseuses : Mlles Théodore et Maillart.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BRAVO (LE)

 

Opéra romantique en cinq actes, musique d’Arthur Kœnnemann, représenté en avril 1886 au théâtre municipal de Munster, où l’auteur remplissait les fonctions de chef d’orchestre.

 

 

BREBIS ÉGARÉE (LA)

 

Roman musical en trois actes et vingt tableaux, livret de Francis Jammes, musique de Darius Milhaud.

 

Création à l'Opéra-Comique (3e salle Favart) le 10 décembre 1923. Décors de Deshays et Arnaud d'après les maquettes de Charles Lacoste. Costumes de Marcel Multzer. Mise en scène d’Albert Carré.

Mmes Suzanne BALGUERIE (Françoise), FERRAT (Mme Denis), Germaine BAYE (une religieuse), Niny ROUSSEL (Jacquot), BANON (Claudine), COIFFIER, Germaine EPICASTE, MARZANNE, MAUROY, Yvonne DUCUING et VILLETTE (six récitantes).

MM. Thomas SALIGNAC (Pierre), André BAUGÉ (Paul), Louis MORTURIER (le Père Gabriel), GASTAUD (le Directeur de la Cie).

Chef d'orchestre : Albert WOLFF.

 

5 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

 

« Une jeune femme, Françoise, éprise du musicien Pierre Denis, abandonne pour lui son mari et ses enfants. Mais à Burgos où elle s'est réfugiée avec le musicien, elle tombe malade : le regret lui vient, et lorsqu'elle sort de l'hôpital elle va rejoindre son mari qui a pardonné. Mis en musique les vers de Francis Jammes paraissent souvent très longs ; il semble que M. Darius Milhaud, qui aime les gageures imprévues, se soit volontairement assez peu soucié des nécessités scéniques ; sa musique, néanmoins, est assez simple et peu révolutionnaire ; écrite il y a déjà quelques années, elle porte encore la marque de l'influence debussyste. »

(Larousse Mensuel Illustré, janvier 1924)

 

 

BREDOUILLE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Galoppe d'Onquaire, musique de Paul Bernard, représenté en 1863 dans les salons de Mme la princesse Vogoridès.

 

 

BRELAN DE DAMES

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Morin de Clagny, musique du violoniste N. Louis, représentée à Versailles, dans la salle du Jeu de Paume, pour une fête de bienfaisance, le 22 juin 1853.

 

 

BRELAN DE VALETS

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Jules Lévy, musique de Blum, représenté à Strasbourg en 1863.

 

 

BRÉSILIEN (LE)

 

Vaudeville en un acte, livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach, représenté au Palais-Royal le 09 mai 1863.

 

 

BRETAGNE

 

Grand opéra en quatre actes, livret de Louis Gallet et de Lionel Bonnemère, musique de Louis Bourgault-Ducoudray, nouvelle version de Michel Columb (Nantes, décembre 1892).

 

 

BRIC-À-BRAC

 

Revue de l'année 1879, par Félix Savard et Montréal, jouée à l'Athénée en février 1880. Cette revue est une des plus sensées et des plus spirituelles à la fois qu'on ait faites depuis quelque temps, et tout y serait à louer si les auteurs n'avaient pas fait çà et là quelques concessions aux goûts trop grivois du public inférieur ; telle est la scène de l'esplanade des Invalides. En revanche, on y a applaudi une excellente critique du réalisme en littérature, du darwinisme et une parodie fort divertissante d'une pièce jouée dans l'année et intitulée le Fils de Coralie. Quelques intermèdes de musique ont été composés avec goût par M. Varney, le fils de l'auteur du Chant des girondins, Mourir pour la patrie, qui a été adopté par les gardes nationaux de 1848. On a surtout remarqué la musique de l'air sur l'Asile de nuit et une petite pièce d'orchestre. Montrouge a joué le rôle principal avec sa verve ordinaire.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880]

 

 

BRIGAND (LE)

 

Drame en trois actes et en prose, mêlé de musique, livret de François-Benoît Hoffman, musique de Rodolphe Kreutzer. Création à l'Opéra-Comique (1re salle Favart) le 25 juillet 1795 (7 thermidor an III). C'était une pièce de circonstance, destinée à exposer sur la scène les crimes des agents de la Révolution, un an après la chute de Robespierre. Quoique la pièce se passe dans les montagnes de l'Ecosse, les allusions y sont assez transparentes, et les doctrines féroces des proconsuls y sont assez clairement exposées, comme, par exemple, à la fin des couplets chantés par Kirk au premier acte :

 

Les vaincus reviennent encore,

Mais les morts ne reviennent plus.

 

La musique de Kreutzer, plus connu comme auteur de Lodoïska et de Paul et Virginie, partagea le sort de ce drame de circonstance, et fut oubliée avec lui. Nous mentionnerons seulement le finale du second acte, que les auditeurs contemporains ont trouvé pathétique et vrai.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BRIGANDS (LES)

 

[I Masnadieri]

Opéra en quatre actes et sept tableaux, livret d’Andrea Maffei (1798-1885), d’après Die Räuber, tragédie de Schiller, musique de Giuseppe Verdi.

 

Personnages : Massimiliano (basse) ; Francesco (baryton) ; Carlo (ténor) ; Amalia (soprano) ; Arminio (ténor) ; Moser (basse) ; Rollo (ténor).

 

L’action se déroule en Allemagne, au début du XVIIIe siècle.

 

Représenté à Londres, Her Majesty’s Theatre, le 22 juillet 1847, avec Jenny Lind (Amelia), Lucien Bouché (Moser), sous la direction de Giuseppe Verdi.

 

Représenté dans une version française de Jules Ruelle au Théâtre de l'Athénée le 03 février 1870, avec Mlle Marie Marimon (Amélie), MM. Jamet (Maximilien, comte de Moor), Jourdan (Carlo), Auguste Louis Arsandaux (François), Peters (Moser), Bonnet (Daniel).

 

« Le livret n’est autre chose qu’une imitation des Brigands de Schiller. Le sujet avait déjà été choisi par Mercadante, qui n’avait pas réussi. Il en fut de même pour Verdi, malgré le talent des interprètes, qui étaient Jenny Lind, Lablache, Gardoni, Coletti, Bouché, Corelli et Daifiori. C’est un sujet terrible que celui qu’a imaginé Schiller. Nous comprenons qu’il ait séduit M. Verdi par l’horreur même des situations devant laquelle ce compositeur ne recule jamais. Cependant la musique reste bien en deçà de ce que l’on pouvait attendre d’une telle entreprise. Les mélodies ont peu de caractère et la couleur générale est terne. On a remarqué dans le chœur d’introduction l’andantino : O mio castel paterno, l’allegro : Nell’ argilla maledetta, l’air de baryton : Quella lampada vitate, qui exprime une pensée parricide qui jamais n’aurait dû souiller l’art musical. Laissons ces horreurs à la tragédie et aux vers alexandrins. Nous ne pouvons signaler dans le second acte que l’air d’Amalia, dans le troisième le duo de soprano et de ténor, et enfin le terzetto final de l’ouvrage. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« Opéra en quatre actes et sept tableaux, paroles françaises de Jules Ruelle, d'après le drame de Schiller, musique de Verdi, représenté au théâtre de l'Athénée le 3 février 1870. L'œuvre littéraire du poète allemand, si vantée et si célèbre autrefois, est devenue presque illisible. Ses défauts, dont le moindre est celui de n'avoir pas le sens commun, ont éclipsé ses qualités. Mais ce sombre drame, rempli de déclamations, d'imprécations et d'horreurs, devait séduire M. Verdi. Un vieillard enfermé dans un cachot par son propre fils, deux frères ennemis mortels et rivaux ; l'un d'eux qui se fait chef de brigands peur faire régner la vertu sur la terre et punir le crime, qui tue sa fiancée et se poignarde ensuite, tels sont les personnages auxquels le compositeur fait chanter des cavatines, des duos et des ensembles. Malgré le peu d'intérêt qu'on prend à l'action de ce drame, et le malaise qu'on éprouve en voyant des situations perpétuellement sombres et monotones, on ne peut cependant s'empêcher de remarquer l'originalité de certains effets et l'expression forte de quelques passages de cette partition, et de divers procédés qui ont été reproduits dans il Trovatore, la Traviata et Rigoletto. L'introduction offre un très beau solo de violoncelle, qui autrefois, à Londres, a obtenu un grand succès sous l'archet du violoncelliste Piatti ; le récit de Carlo ; l'air de François : A quoi bon languir sur la terre ? Je citerai surtout la grande scène du second acte, dans laquelle Jenny Lind était admirable d'énergie, surtout lorsqu'elle s'écriait : Carlo vive. L'interprète de l'édition française, Mlle Marimon, a fait aussi de toute cette scène le morceau capital de l'ouvrage. Le chœur du dernier tableau de cet acte est fort original. Je rappellerai encore, dans le troisième acte, le chœur des brigands, et le beau trio du quatrième. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

 

BRIGANDS (LES)

 

Opéra bouffe en trois actes, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach.

 

Création au Théâtre des Variétés, à Paris, le 10 décembre 1869, avec Zulma BOUFFAR (Fragoletto), AIMÉE (Fiorella), LUCCIANI (Princesse de Grenade), MM. DUPUIS (Falsacappa), KOPP (Pietro), LANJALLY (le Duc de Mantoue), BARON (le Chef des Carabiniers), GOURDON (Gloria Cassis) et BLONDELET (Campotasso), sous la direction de Jacques OFFENBACH.

 

Repris à la Gaîté-Lyrique le 10 décembre 1921, dans une mise en scène de Gabriel DUBOIS, avec Mmes ALVAR (Fragoletto), Raymonde VECART (Fiorella), POMMIER (Princesse de Grenade) Marthe FERRARE (le Duc de Mantoue), MM. Jean PERIER (Falsacappa), GIBIER (Pietro), JULLIEN (le Chef des Carabiniers), J. DUBOSQ (Gloria Cassis), MOBET (Campotasso), sous la direction de Paul LETOMBE.

 

Première à l'Opéra-Comique le 15 juin 1931, dans la mise en scène de Gabriel Dubois, décors de Raymond Deshays, costumes dessinés par Marcel Multzer exécutés par Mme Solatgès et M. Mathieu.

Mmes Marcelle DENYA (Fragoletto), Emma LUART (Fiorella), AGNUS (Princesse de Grenade), LEBARD (Adolphe de Valladolid), Andrée VAVON (Zerlina ; la Duchesse), Marinette FENOYER (Fiametta), Andrée BERNADET (Bianca ; la Marquise), VILLETTE (Pipa), QUENET (Pipetta), M.-J. MARTIN (Cicinella).

MM. Louis MUSY (Falsacappa), Marcel CARPENTIER (Pietro), Victor PUJOL (le Duc de Mantoue), André BALBON (le Chef des Carabiniers), LE PRIN (Gloria Cassis), BALDOUS (Campotasso), Jean VIEUILLE (Carmagnola), ROUSSEL (Pipo), DERROJA (Barbavano), Paul PAYEN (Domino), Raymond GILLES (le Précepteur), MATHYL (un courrier ; un huissier), DRANEM (le caissier).

Chef d'orchestre : Georges LAUWERYNS.

 

36 représentations à l’Opéra-Comique au 31.12.1950.

  

« Le brigand Falsacappa est informé que le prince de Grenade envoie au prince de Mantoue sa fille qu'il doit épouser, et qu'une somme de trois millions doit être rapportée par l'ambassadeur chargé de cette mission. Il lui vient à l'esprit de substituer le portrait de sa fille à celui de la jeune princesse, et de se substituer aussi lui-même avec sa troupe au personnel de l'ambassade. On comprend les quiproquos et les drôleries qu'une telle situation amène. Au lieu des millions, dépensés par un caissier infidèle, Falsacappa ne trouve qu'une somme insignifiante. Le véritable ambassadeur survient, et le brigand paierait cher son stratagème, si le prince de Mantoue ne reconnaissait dans la fille du bandit une personne qui lui a sauvé la vie. Il en résulte que les brigands sont amnistiés et retournent à leurs nobles travaux. Le fond de ces pièces est, comme on le voit, pauvrement imaginé, et il semble que les auteurs comptent pour le succès sur les plus grotesques invraisemblances. Les détails accessoires sont si multipliés et si extravagants, que le spectateur se soucie d'ailleurs très peu du canevas de l'intrigue. Je ne trouverais rien de compromettant pour l'art dans ces sortes de farces, si on les présentait comme telles pour l'amusement populaire, et si les moyens employés étaient en proportion avec le peu d'importance du genre. Mais quand on songe que l'exploitation de ce genre de spectacles est devenue une industrie très lucrative, encouragée pendant vingt ans de mille manières par les fonctionnaires de l'Etat, qu'un compositeur a eu le courage d'écrire une partition de près de 400 pages, sur un livret comme celui des Brigands, il y a là de quoi faire faire des réflexions assez tristes sur les destinées de l’art musical et du goût dans notre propre pays, et sur la mauvaise influence que nous exerçons ailleurs. On a remarqué, dans le premier acte des Brigands, le chœur d'introduction avec le dialogue entre le faux ermite et les jeunes filles : Bon ermite, ah ! dis-nous vite, où nous conduis-tu ? — Dans le sentier de la vertu, etc. ; les couplets de Falsacappa : Quel est celui qui par les plaines... ? et les couplets de Fiorella, la fille du bandit : Au chapeau je porte une aigrette. Le musicien se défiait donc de son poète et le poète de son musicien, puisque tous deux ont eu recours à deux détonations de revolver pour faire applaudir ces couplets. Du reste, M. Offenbach met tout en musique, même les bottes des carabiniers. Dans le deuxième acte, le canon : Soyez pitoyables et donnez du pain, est le seul morceau qui ait quelque valeur musicale. Dans le duetto du notaire qui le suit, le musicien revient à son éternel rythme de polka. Au troisième acte, je ne trouve à citer que le chœur de fête : l'Aurore paraît. Les Brigands ont été joués par Dupuis, Kopp, Léonce, Blondelet, Lanjallais, Baron, Mlles Aimée, Zulma Bouffar, etc. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872]

 

« Principaux personnages : Falsacappa, chef de brigands ; Fiorella, sa fille ; Fragoletto, amoureux de Fiorella ; le duc de Mantoue ; Antonio, son caissier ; la princesse de Grenade ; le comte de Gloria-Cassis, son chambellan ; le baron de Campotasso, premier écuyer du duc de Mantoue, etc.

La scène se passe premièrement dans la montagne, au quartier-général de Falsacappa, puis à la frontière hypothétique du duché de Mantoue et du royaume de Grenade ; enfin à la cour de Mantoue. Epoque indéterminée.

La cour de Mantoue doit à la cour de Grenade une somme de cinq millions. Le règlement des comptes approchant, un mariage est arrangé qui simplifiera la question financière : le duc de Mantoue épousera la princesse de Grenade. Celle-ci devant apporter deux millions en dot, la cour de Mantoue n'aura plus à verser que trois millions le jour de la noce. La princesse approche avec sa suite et le duc est convaincu que son caissier doit avoir les fonds nécessaires. Il envoie une ambassade à la rencontre de la princesse. Mais en réalité le caissier ne dispose que de quelque douze cents francs, ayant mangé le reste avec des femmes.

Dans la montagne, le brigand Falsacappa et ses hommes sont souverains. Les carabiniers ne parviennent jamais à mettre la main sur eux, qui, sûrs de l'impunité, rançonnent la contrée. Mais l'amour est maître des brigands et des rois : la fille de Falsacappa, Fiorella, s'est amourachée d'un jeune paysan, Fragoletto, qui lui rend son affection et va même jusqu'à se faire brigand pour lui plaire. Autre détail : le duc de Mantoue, s'étant égaré dans la montagne, tombe au milieu des brigands. Son affaire serait claire sans Fiorella, qui le trouve gentil et le fait évader. Le duc n'oubliera pas cet acte de générosité, pas plus du reste que l'image de Fiorella, qui lui fit profonde impression.

Tels sont en gros les faits qu'expose le premier acte. Nous y apprenons au surplus que chez les brigands le mécontentement gronde : les affaires ne vont plus. Pour maintenir son prestige, Falsacappa imagine un coup magnifique : arrêter à la frontière la princesse de Grenade et sa suite ; substituer Fiorella à la princesse et les brigands à la suite ; se rendre à la cour de Mantoue, toucher les trois millions et disparaître. Et ce beau plan réussirait peut-être, sans l'inexistence des trois millions, qui gâte tout.

Ce premier acte est encore égayé par l'inénarrable apparition des carabiniers, « sécurité des foyers », qui « par un malheureux hasard » arrivent, hélas ! « toujours trop tard ! »

Second acte. A la frontière, devant l'auberge où doivent se rencontrer la princesse de Grenade et l'ambassade envoyée pour la recevoir. Les brigands arrivent, emprisonnent aubergiste et marmitons, leur enlèvent leurs vêtements et se substituent à eux.

Quand survient l'ambassade du duc de Mantoue, ce sont les brigands qui la reçoivent. Elle est promptement mise sous bonne garde et les brigands la remplacent. Ce sont eux encore qui reçoivent la princesse de Grenade et sa suite. Les nouveaux venus sont emprisonnés à leur tour et il ne reste plus aux brigands qu'à opérer une troisième transformation et à se rendre auprès du duc. Fiorella sera la princesse, Fragoletto sera son petit page, Falsacappa représentera Gloria-Cassis, et le reste à l'avenant.

Troisième acte : le duc de Mantoue, en attendant sa future, enterre gaiement sa vie de garçon. Il a quelques mots d'entretien avec son caissier, et sort de l'entrevue tout à fait rassuré : le caissier affirme avec aplomb qu'il a les fonds et que les Espagnols n'ont qu'à venir. Ce caissier est un philosophe et connaît le cœur humain. Avec le seul billet de mille francs qui lui reste, il ne doute pas d'arriver à s'entendre avec le personnage chargé d'encaisser les trois millions.

Arrivent les brigands, costumés en Espagnols, comme il a été dit plus haut. Mais le prince ne tarde pas à reconnaître en la pseudo-princesse de Grenade la jolie fille qu'il rencontra dans la montagne. De son côté, le caissier échoue dans sa tentative de corruption, Falsacappa ne consentant pas à se contenter de mille francs. Le malheureux Antonio, qui espérait trouver un confrère, conclut qu'il a eu la guigne de tomber sur un honnête homme.

Les choses commencent donc à se gâter. Elles se gâtent tout à fait lorsque arrivent la vraie princesse, les vrais Espagnols et les vrais carabiniers, délivrés on ne sait comment. Les brigands croient leur dernière heure venue, et elle le serait en effet, si Fiorella ne rappelait au duc qu'un service en vaut un autre : elle lui a sauvé la vie, qu'il prouve sa reconnaissance en amnistiant les coupables. Le duc y consent et les brigands passent en bloc à son service. Quant au vrai Gloria-Cassis, il s'entend immédiatement avec le caissier et empoche le billet de mille : des trois millions, il ne sera plus question pour le quart d'heure !

Le duc, cela va de soi, épouse la princesse et Fragoletto épouse Fiorella. »

(Edouard Combe, les Chefs-d’œuvre du répertoire, 1914)

 

« Ces Brigands-là n'ont rien de ceux de Schiller, mais le poème qui les célèbre est tout de même un chef-d'œuvre — et peut-être celui de la triple collaboration Meilhac-Halévy-Offenbach. Si l'on a qualifié la partition de « mariage de raison entre l'opérette-bouffe et l'opéra-comique », le livret restera comme un modèle de fantaisie dans la satire — un peu de Molière, un peu de Musset — et d'ironie, celle qui sera la manière d'Anatole France. Cette fois, ce que les auteurs ont raillé — mais sans rosserie, avec élégance, à leur habitude — c'est la « raison d'État » en général ; c'était en particulier l'entourage de l'Impératrice qui, ainsi qu'en usaient les Médicis avec leurs Italiens, mettait toutes ses complaisances dans les Espagnols... et ils grandissaient !

Il faut donc se méfier des gens qui viennent se donner comme étant du pays où soufflent les vents de faveur : voici une ambassade partie soi-disant de Grenade ; le comte Gloria-Cassis, grand chambellan, accompagne à la cour de Mantoue la jeune princesse qui doit épouser le souverain de ce duché — mariage diplomatique, la cour de Mantoue étant débitrice envers celle de Grenade d'une somme de cinq millions ; on a transigé : la future apportera deux millions en dot ; Grenade recevra trois millions de Mantoue.

Mais le cortège qui s'avance est en réalité composé de brigands. C'est la bande de Falsacappa, qui a capturé sur la frontière, au coin d'un bois, la véritable ambassade — et l'a mise sous clef dans la cave d'une hôtellerie perdue, après s'être substituée à l'hôte, à l'hôtesse et aux marmitons.

Une transformation consécutive a fait de ce Falsacappa le noble comte Gloria-Cassis ; sa fille, Fiorella la Brune, a « emprunté » sa garde-robe à la princesse ; le jeune Fragoletto, novice bandit amoureux ; est devenu son petit page et le reste de la troupe, affublé plus ou moins vraisemblablement de la défroque des captifs, tient lieu d'escorte sous la conduite d'un vieux malandrin « honoraire », Pietro, bandit en inactivité ; il a encore « quelques restants dont il use à l'occasion — et l'occasion est volontiers complaisante »... mais il regrette l'époque où l'on se contentait de dévaliser le coche.

Il y a, de par la contrée, une inénarrable escouade de carabiniers lâchés aux trousses des brigands... « mais, par un malheureux hasard, ils arrivent, toujours, trop tard… »

Cependant, le désordre règne à la cour de Mantoue. Le jeune duc mène la vie à grandes guides et n'est pas plus pressé que ça de prendre femme... d'autant qu'il ne ménage guère le trésor et ne sait trop si l'on sera en mesure de se libérer vis-à-vis des gens de Grenade. Il interroge son caissier qui le rassure, mais sait, lui, à quoi s'en tenir : ayant, dans son humble sphère, « boulotté » la grenouille, il ne peut ignorer que les fonds nécessaires à l'acquittement de la dette — ou bien à l'achat des canons qui en dispenseraient, au besoin — depuis longtemps ont disparu en noces et festins... « Quel meilleur emploi peut-on faire des fonds d'Etat que de les aliéner en majeure partie pour les petites femmes endettées que taquinent des couturiers indélicats, ou qu'assassinent de leurs réclamations inopportunes d'impatients tapissiers ! »... Chaque fois que son cœur battait, il grattait ses livres... si bien que, de battements en grattements, et de grattements en battements il a mangé tout l'argent — oui, tout l'argent — de son pays !... et il lui reste en caisse « un bon billet de mille francs ». — Mais il connaît son monde : le surintendant des finances du roi de Grenade est sans doute homme à le comprendre... On n'a qu'à déposer négligemment ce bon billet sur le coin de la table où doivent s'échanger les signatures, à regarder distraitement ailleurs, et à ne plus s'apercevoir de rien...

La scène est du plus haut comique : C'est Falsacappa, le cœur palpitant, qui, sitôt à la cour, s'est hâté de se mettre en rapports avec le trésorier aux trois millions... voici le bon billet de mille francs... « Hé bien... il n'y a plus qu'à compléter la somme ! » s'inquiète le pseudo-diplomate — « Un bon billet de mille francs... », répète le caissier en se frottant les mains. — « Je le vois ; restent 2.999.000 francs. — Et remarquez que ce n'est pas un billet de la Sainte-Farce, comme il y en a dans les théâtres... c'est un vrai bon billet !... Je le pose là... je ne m'occupe plus de lui... » L'œil cligne et se perd dans un rêve... « Maladetta ! — s'écrie le brigand — c'était un confrère ! »

Et il va étrangler le malheureux concussionnaire, qui croit, de son côté, avoir affaire à un honnête ministre ! — mais tout à coup arrive la véritable ambassade que les carabiniers ont fini par délivrer..., et le capitaine s'empare de notre Fra Diavolo... ; va-t-on le pendre ? Non ; la gentille Fiorella s'est précipitée aux genoux du prince, qui reconnaît en elle une crâne petite amazone grâce à l'intervention de laquelle il a pu, certain jour qu'il s'était égaré dans la montagne, échapper aux mains des Brigands. On les amnistie... Cependant, le vrai Gloria-Cassis, puisqu'on est en train de régler les comptes, s'est approché du caissier : cet homme de confiance fait voltiger à ses yeux le bon billet de mille francs que l'hidalgo rafle en un clin d'œil. — Il a compris !... C'est de l'entente cordiale.

 

***

 

Il y avait ici trop d'art dans la caricature, et trop de finesse dans la comédie, pour que le dernier des opéras-bouffes de la célèbre trinité bénéficiât d'une popularité aussi générale que ses productions précédentes (*). L'époque s'y prêtait d'ailleurs moins. Les Brigands avaient vu pour la première fois les feux de la rampe, aux Variétés, le 10 décembre 1869. Le théâtre fermait ses portes le 14 août 1870 ; et les blessés de la guerre étaient soignés dans le foyer transformé en ambulance. La première grande reprise eut lieu en 1871, aux Variétés, avec un succès égal à celui de la création ; nouvelle série de représentations en 1876. Puis, les Brigands font leur entrée à la Gaîté (1878). L'œuvre, créée par José Dupuis et Zulma Bouffar — si alerte sous le travesti de Fragoletto — n'avait plus tout à fait les mêmes interprètes. Cependant, Léonce était venu des Variétés pour rendre au caissier légendaire son épique physionomie. Lassouche fut également irrésistible dans la composition de ce bébé sénile, congestionné par l'abus des divertissements érotiques. Quant au chef des Carabiniers — ces ancêtres du « sergent de ville » — il est désormais impossible de se le représenter sous des traits différents de ceux du grand Baron, qui a repris le rôle en 1900, lorsque les Variétés ont remonté les Brigands.

 

(*) Les Brigands ont cependant lancé la mode des fameux « soupers de centième », le premier ayant été donné en leur honneur.

 

« L'original, c'est qu'en son temps Baron, ancien garde national, servit bel et bien dans un corps de carabiniers. Cet uniforme — avec retouches — était donc pour lui chose familière, et les auteurs ne semblent point l'avoir oublié lorsqu'ils imaginèrent de remettre en scène ce rôle du « pandore » traditionnel. Son entrée, rythmée par le bruit des bottes, fut la surprise du spectacle. Elle aurait fait rire la gendarmerie tout entière, et finit de lancer Baron — applaudi déjà dans les Deux Sourds et dans la Grande Duchesse, il ne fut à proprement parler mis en vedette qu'à dater des Brigands... Il fallut ce rôle de quelques lignes pour qu'il réussît à faire pleinement valoir ses puissantes qualités de comique, son naturel parfait, son flegme nonchalant, sa délicieuse bonhomie et son organe enfin, dont on connaît sur le public les irrésistibles effets.

« Baron perdait, dit-on, quelque assurance dès qu'il s'agissait de musique. Les accompagnements le troublaient à l'excès, particulièrement lorsqu'il entrait en scène à la tête de sa patrouille. A peine avait-il prononcé les mots fameux : « Nous sommes les carabiniers ! », qu'un flageolet maudit lançait coup sur coup plusieurs notes aiguës, qui ne manquaient point, à chaque répétition, de lui couper tout net le sifflet. Incontinent, il se tournait vers les musiciens, et son regard irrité laissait entendre que si l'on ne chantait pas la même chose que lui, tout accord devenait impossible... et que, pour sa part, il préférait ne point continuer. Jamais il ne prit son parti de cet insolite piston — qui semblait donner la réplique à son nez — et force fut à Offenbach de modifier l'orchestration (*). »

 

(*) Roger Boutet de Monvel. — Les Variétés, ch. V.

 

A l'issue de la répétition générale, le maestro s'était avisé de remanier tout le finale du second acte ; on avait décidé, du jour au lendemain, que les carabiniers reparaîtraient en scène. A la reprise de 1878, un ballet fut intercalé dans le dernier tableau : le Retour de l'ambassade — reproduisant, en proportion des limites du plateau de la Gaîté, l'Entrée de Charles-Quint à Anvers du peintre Mackart. Mais la partition — que le chef d'orchestre conduisait en sautillant — souffrait de tant de hors-d'œuvre... et l'on avait dû, même, couper une scène amusante, où les apprentis brigands s'exercent à dévaliser un mannequin — contrepartie d'un chapitre pittoresque du Capitaine Fracasse. Ces divertissements ne servent qu'à noyer l'action, surtout dans les soi-disant « attractions » où l'on fait appel à des éléments qui lui sont parfois étrangers. Ils sont tout à fait inutiles avec des ouvrages de cette envergure — et il ne faut jamais paralyser le mouvement scénique d'une pièce... fût-elle aussi connue que les Brigands — qui ne l'est encore pas assez. »

(Roger Tournefeuille, les Grands succès lyriques, 1927)

 

  

BRILLANT ACHILLE (LE)

 

Vaudeville-opérette en trois actes, livret de Charles Clairville et Fernand Beissier, musique de Louis Varney, représenté au théâtre de la Renaissance le 21 octobre 1892, avec Mmes Théo (Rose), J. Saulier (Bertine), Virginie Rolland (Mme Pélican), Berthelot (Noémie), Isaac, Richard ; MM. Félix Huguenet (Achille Toupart), Regnard (Bonami), Edouard-Georges (Ledouillet), Moriès (un Anglais).

 

 

BRIN D'AMOUR

 

Opérette en un acte, paroles d'Achille Lafont (pseudonyme d’Achille Eyraud [1821-1882]), musique de Louis Heffer (pseudonyme d'Hervé), représentée sur le théâtre des Folies-Nouvelles le 23 septembre 1857.

 

 

BRIOCHES DU DOGE (LES)

 

Opérette, musique de M. Demarquette, jouée aux Folies-Bergère en mars 1872.

 

 

BRISÉÏS

 

Drame lyrique en trois actes, livret d'Ephraïm Mikhael et Catulle Mendès, musique d'Emmanuel Chabrier (le 1er acte seul est achevé et fut représenté).

 

Première audition aux Concerts Lamoureux, à Paris, le 31 janvier 1897, après le décès du compositeur, avec Mmes Eléonore BLANC (Briséïs), CHRETIEN (Thanaste), MM. ENGEL (Hylas), GHASNE (le Catéchiste), NICOLAOU (Strakolès), sous la direction de Charles LAMOUREUX.

 

Première représentation à la scène, au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier), le 08 mai 1899. Mise en scène de Lapissida. Décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly. Costumes de Charles Bianchini.

Mmes Lucy BERTHET (Briséïs), CHRÉTIEN-VAGUET (Thanasto).

MM. VAGUET (Hylas), BARTET (le Catéchiste), FOURNETS (Strakoklès).

Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL

 

Reprise à l’Opéra du 04 novembre 1916 (8e représentation).

Mmes GALL (Briséïs), DEMOUGEOT (Thanasto).

MM. LAFFITTE (Hylas), LESTELLY (le Catéchiste), A. GRESSE (Strakoklès).

Chef d'orchestre : Camille CHEVILLARD

 

11e à l’Opéra le 21 novembre 1916, avec :

Mmes BUGG (Briséïs), BOURDON (Thanasto) et les interprètes de la reprise.

 

Autres interprètes à l'Opéra :

Briséïs : Mme CARRERE (1899).

le Catéchiste : M. Robert COUZINOU (1916).

Strakoklès : M. DELMAS (1916).

 

11 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

  

« A quoi pouvait servir, à quoi rimait cette exhibition fragmentaire d'une œuvre dont deux des auteurs sur trois avaient disparu, d'une œuvre dont la partition avait été laissée inachevée par le compositeur et qui ne pouvait qu'exciter l'indifférence du public, averti d'avance que l'intérêt qu'il y pouvait prendre n'aurait aucune satisfaction ? Le sujet n'était autre que celui de la Fiancée de Corinthe, dont Goethe s'était naguère inspiré. La musique ne pouvait rien ajouter à la renommée de Chabrier, artiste à la fois remarquable et inégal, mort sans avoir pu donner sa pleine mesure. Cette musique, bruyante à l'excès, selon la coutume de l'auteur, était quelque peu incohérente et, malgré quelques bons passages, surtout dans les scènes chorales, dont le sentiment dramatique était intense, donnait à l'auditeur une impression mélancolique et presque pénible. Laissons reposer les morts, puisqu'ils ne sont plus là pour défendre leurs œuvres par le travail de préparation à la scène, qui amène toujours des retouches et des corrections. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

BROCÉLIANDE

 

Opéra féerique en quatre actes et six tableaux, livret d’André Alexandre, musique de Lucien Lambert, représenté sur le théâtre des Arts, à Rouen, le 25 février 1893.

 

« Encore un opéra dont le sujet est emprunté au cycle fameux des chevaliers de la Table ronde, si fréquemment mis à contribution depuis le moment où Richard Wagner a songé à s'en emparer. Peut-être en abuse-t-on un peu. Il est ici question des korrigans, des lutins et des fées, desdits chevaliers qui suivent l'étendard du roi Arthur de Bretagne, et de la voluptueuse Viviane, et de l'enchanteur Merlin, que sais-je ? Le beau chevalier Gildas, entraîné dans la forêt de Brocéliande pour y venger la défaite infligée à Morgan, pénètre jusque dans le palais de la fée Viviane, près de laquelle il oublie sa tendre fiancée, la douce et séduisante Enide. Mais Merlin veille, Merlin, qui est amoureux de Viviane, et c'est grâce à lui qu'Enide vient trouver Gildas dans sa retraite et qu'elle peut l'arracher aux bras de sa rivale. Le mérite de ce poème, écrit d'ailleurs en vers sonores, est d'offrir au compositeur des situations puissantes et variées, essentiellement favorables à une musique passionnée, colorée et pittoresque. Le musicien n'a pas failli à sa tâche, et son œuvre se recommande par un heureux jet mélodique et un excellent sentiment de la scène, que complète une réelle habileté dans l'instrumentation. Parmi les morceaux remarqués, il faut d'abord citer l'ouverture, fréquemment exécutée dans nos grands concerts symphoniques, puis, au premier acte, le récit de Morgan, la belle phrase de Gildas : Vive Dieu ! ma fureur est grande, le chœur plein de vigueur : Hardi, Gildas ! et le charmant duo de Gildas et d'Enide ; au second, un chœur de lutins et l'invocation de Gildas à la source magique ; au troisième, qui est particulièrement riche, la mélodie de Viviane : J’ai marché cette nuit..., le grand duo qu'elle chante avec Gildas, suivi du trio avec Merlin, et des airs de ballet fort élégants ; enfin, au quatrième, la cantilène pleine de tendresse d'Enide et un excellent finale. Cet ouvrage important avait pour interprètes Mlles Marguerite Baux et Parentani, MM. Cornubert, Ceste, Poitevin, Corin et Corpait. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903]

 

 

BROCÉLIANDE

 

Conte bleu en musique en un acte, livret de Fernand Gregh, musique d’André Bloch. Création au Théâtre de l'Opéra le 23 novembre 1925. => fiche technique

 

 

BROSKOVANO

 

Opéra-comique en deux actes et en prose, livret d’Eugène Scribe et Henry Boisseaux, musique de Louis Deffès, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 29 septembre 1858 avec Mmes Marie Marimon (Hélène), Caroline Girard (Michaëla), MM. Désiré Fromant (Constantin), Adolphe Girardot (Basile), Gabriel (Hassan), Joseph-Adolphe Lesage (Jovitza). Le lieu de la scène était en Orient. Broskowano est, en effet, le génie malfaisant, le vampire auquel croient les Turcs superstitieux. Deffès a obtenu le prix de Rome de 1847.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 29 en 1858, 5 en 1859. => partition

 

« Le soldat Constantin, ayant tué sur la grande route un seigneur richement vêtu, avec lequel il avait eu une querelle, se fait passer, aux yeux de l'aubergiste Jovitza, pour Basile, le prétendu inconnu de la fille de Jovitza. La jeune Hélène devient l'épouse de Constantin, et c'est alors que le vrai Basile arrive. On prend le nouveau marié pour Broskovano, un chef de brigands, la terreur de la contrée ; mais tout s'éclaircit enfin c'est Constantin, au contraire, qui a tué le bandit et délivré ainsi les habitants d'un ennemi implacable. Le premier acte de ce faible livret rappelle, avec désavantage, les Méprises par ressemblance, de Patrat. La direction ne comptait guère sur cette pièce, et Scribe qui, aux répétitions, avait fini par douter comme les autres, annonça qu'il ne se nommerait pas. Or, pendant qu'un succès inattendu se décidait, Scribe était au congrès de Bruxelles, en sorte qu'il ne put revenir sur la décision qu'il avait prise. Boisseaux fut donc nommé seul. La brochure et la partition portent le nom de Scribe. La musique parut très agréable, et l'on bissa, au premier acte, les couplets militaires de Constantin, dont le motif sert de début à l'ouverture de l'opéra, et la légende du vampire. Le quatuor du deuxième acte est d'une facture remarquable. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BROSSEUR ET MARQUISE

 

Opérette en un acte, livret de Raphaël Grizy, représentée dans un salon le 21 novembre 1875.

 

 

BROUILLERIES (LES)

 

Comédie en trois actes et en prose, mêlée d'ariettes, livret de Charles-Joseph Loeillard d'Avrigny, musique d’Henri Montan Berton. Création à l’Opéra-Comique (1re salle Favart) le 01 mars 1790. Cet imbroglio à la mode espagnole fut favorablement accueilli à cause de la musique, quoiqu'elle paraisse peu digne de l'auteur de Montano et Stéphanie, du Délire et d'Aline.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BROUILLERIES (LES)

 

Opéra en un acte, paroles de Dumaniant, musique de Charles Foignet, représenté à Paris au théâtre Montansier en 1799.

 

 

BRUMMELL

 

Opérette en trios actes et cinq tableaux, livret de Robert Dieudonné, couplets de Rip, musique de Reynaldo Hahn.

 

Première représentation aux Folies-Wagram, le 17 janvier 1931, décors de Raymond Deshays, costumes de Jenny Carré, mise en scène d’Ochse, sous la direction d’Albert Valsien, avec Mmes Marguerite Deval (Lady Eversharp), Sim-Viva (Peggy), Renée Devilder (Laura), Marcelle Monthil (l’Innocente) ; MM. Robert Pizani (Brummell), Lucien Baroux (Jim), Louis Arnoult (Dick Fryatt), Henry Jullien (le Prince de Galles), Edmond Roze (Helliot), Hemdey (l’Aubergiste).

 

« Brummell, homme de modeste origine, devenu favori du prince de Galles, parie avec lui qu'il lui soufflera sa maîtresse dans le délai d'un mois. Mais ruiné par les courses, Brummell se réfugie dans le village dont il est originaire ; il y retrouve son ancienne camarade Peggy qui hésite entre lui et le jeune Dick. Relancé par les gens de la cour, Brummel fait un nouveau pari, celui de séduire Peggy. Il perdra sur toute la ligne, mais il sera dédommagé par une maîtresse restée fidèle. La musique de Reynaldo Hahn est peine d'agrément, de savoir, et il y a des ensembles traités de main de maître. »

(Larousse Mensuel Illustré, mars 1931)

 

 

BRUNET ET CAROLINE

 

Opéra-comique en un acte, paroles de Ségur jeune, musique de Mengozzi, représenté à Montansier en 1799.

 

 

BRUNETTE

 

Opéra-bouffe en un acte, paroles de Charles Potier, musique de Parizot, représenté à Bordeaux en 1862.

 

 

BRUSCHINO

 

Opéra bouffe en un acte, livret de G. M. Poppa, d’après une pièce française d’Alissan de Chazet et E. Ourry, musique de Gioacchino Rossini.

 

Première représentation à Venise, Teatro San Mosè, en 1813, sous le titre de Bruschino o Il Figlio per azzardo.

 

Traduit et arrangé de l'italien par M. A. de Forges, et révisée par Jacques Offenbach, il fut représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Bouffes-Parisiens, le lundi 28 décembre 1857.

 

« Ce n'était plus l'opérette que l'on jouait aux Bouffes ; c'était déjà l'opéra-comique. L'opérette fécondée par le succès, nourrie de bravos, avait grandi soudain et arrivait, en quelque sorte à l'état adulte. Pourtant, malgré ses airs de grand enfant, elle avait conservé certaines habitudes d'espièglerie ; elle jouissait encore du droit de fantaisie. Ainsi quand on exécute l'ouverture de Bruschino il arrive qu'à un certain passage les violons cessent de jouer et se mettent à frapper de l'archet sur les plaques de fer-blanc qui servent de réflecteur aux bougies des pupitres. (!)

Qu'est cela, s'il vous plaît ? et pourquoi ce bruit à propos de musique ?... Voilà parbleu une singulière manière d'exécuter une symphonie et il faut croire qu'on est allé recruter ces messieurs de l'orchestre à Bicêtre ou à Charenton !

Eh ! non ! rien de tout cela ! Il ne s'agit ici ni de tic nerveux ni d'attaque d'épilepsie, mais bien d'une tradition burlesque qui remonte à la jeunesse de Rossini, jeunesse pleine de fioritures comme une cavatine du Barbier et menée à grandes guides à travers l'Italie folle de mélodie.

C'était au carnaval de 1812. Rossini venait d'arriver à Venise où l'impresario du théâtre San-Mosé l’avait attiré par la double promesse d'un libretto à musiquer et d'une somme de quarante sequins environ pour prix d'une partition à livrer de suite.

La querelle des musiciens et des paroliers ne date point d'hier, comme vous l'allez voir, non plus que celles des sculpteurs et des praticiens, des dessinateurs sur bois et des graveurs.

Pour dire vrai, le libretto de la Scala di seta (l'Échelle de soie) était pitoyable de tout point et Rossini crut devoir le refuser. Grande colère de l'impresario qui n'en voulut point démordre et qui, par tous les moyens de droit, força bel et bien mon dit compositeur à s'inspirer d'une pareille ineptie. Il fallut en passer par là ; mais notre maestro, qui n'avait pas son pareil en l'art des mystifications, imagina de se venger bruyamment du directeur trop tenace en introduisant dans son ouverture le charivari que l'on sait. Pendant que les violons de l'orchestre faisaient gémir sous leurs archets les abat-jour en fer-blanc, lui, Rossini, assis gravement au piano d'accompagnement, improvisait des arpèges désordonnées, frappait des accords insensés alternativement avec le coude et le genou.

On murmura au parterre, puis on grinça, puis on hurla et, si le malicieux compositeur n'avait fui prestement, on allait — suivant l'expression consacrée — lui verser sur la tête des pots de fleurs où il n'y avait point de fleurs.

Il faut vraiment entendre bourdonner dans sa tête les mélodies à venir de Sémiramide et de Guillaume Tell pour se permettre de jouer pareil jeu quand on a le parterre pour adversaire et être déjà riche de parties gagnées pour écarter ainsi les atouts de gaieté de cœur.

La partition de Bruschino, comme une mosaïque de pierres précieuses, a été faite avec différents morceaux choisis dans les œuvres de jeunesse de Rossini. L'ouverture de la Scala di seta y figure en première ligne, et on n'a eu garde de supprimer les coups d'archet traditionnels. C'était justice ; car il ne faut rien perdre de ce qui vient des grands hommes. »

[Albert de Lasalle, Histoire des Bouffes-Parisiens, 1860]

 

« Cette bouffonnerie musicale n'était qu'une reprise d'une des improvisations les plus légères de la jeunesse de Rossini, il Figlio per azzardo, donnée à Venise au petit théâtre de San-Mosé, pour le carnaval de l'année 1813, de cette année mémorable qui vit naître à la fois Tancredi et l'Italiana in Algieri. Rossini avait déjà, sur cette scène microscopique, successivement fait jouer la Cambiale di matrimonio (1810), l'Inganno felice (1812), la Scala di seta (1812), l'Occasione fa il ladro (1812), opéras en un acte ou farze, parmi lesquels l'Inganno felice est un petit chef-d'œuvre. Le jeune maestro, qui devait bientôt aborder la scène du grand théâtre de la Fenice, avait à souffrir les tracasseries, l'humeur jalouse et l'insolence d'un impresario qui, le voyant pauvre, se permettait de le traiter fort légèrement, et alla en dernier lieu jusqu'à lui donner le plus mauvais libretto qu'il pût trouver, celui de Bruschino. Rossini, qui avait engagé son talent naissant pour quelques sequins, ne se déconcerta pas. Il dit en riant à son collaborateur, après avoir parcouru le libretto : « Je vous prouverai que je suis plus fort que vous, en faisant de la musique encore plus détestable que votre poema. » Telle est l'histoire de Bruschino, qui précéda de quelques semaines l'avènement de Tancredi, le premier opera seria de Rossini, et dont le manuscrit original est entre les mains d'un dilettante vraiment distingué, de M. le prince Poniatowski, le compositeur de Pierre de Médicis. Bruschino ne fut exécuté que deux fois devant le public vénitien, qui, dès les premières mesures de l'ouverture, manifesta sa mauvaise humeur. Stendhal se trompe en attribuant à la Scala di seta la plaisanterie des coups d'archet frappés par les violonistes sur le fer-blanc qui entoure la lumière aux pupitres de l'orchestre. Cette haute bouffonnerie musicale se trouve marquée à la trentième mesure de l'ouverture de Bruschino. Elle causa l'étonnement et la colère d'un public nombreux venu de tous les quartiers de Venise pour écouter l'opéra nouveau. Ce public qui, deux heures avant la représentation, assiégeait les portes, se crut personnellement insulté, et siffla comme sait siffler un public italien en colère. Rossini avait voulu simplement jouer un mauvais tour à l'impresario qui se plaisait à. l'humilier, et, pour arriver à son but, il n'avait pas craint de mystifier quelque peu le public.

Qui se serait douté qu'un demi-siècle plus tard Bruschino ferait les délices des dilettanti parisiens et les attirerait aux Bouffes ? « Cette jolie petite partition, dit Scudo, contient, après l'ouverture, un duettino pour soprano et ténor, un autre duo pour ténor et baryton, où l'on retrouve les germes du duo du Turc en Italie : Per piarere alla signera ; un air de basse dont les difficultés vocales étaient une malice à l'encontre du pauvre Raffanelli, qui était vieux et dans l'impuissance de rendre le plus léger gorgheggio ; puis viennent un air de soprano avec accompagnement obligé de clarinette, un trio, un charmant quatuor et le finale, qui annonce tout ce que Rossini fera dans ce genre où les Italiens n'ont pas de rivaux… » Bruschino ne fut pas trop mal chanté par les grotesques acteurs des Bouffes, plus accoutumés à interpréter la folle musique des Deux Aveugles et d'Orphée aux enfers, que les gracieuses cantilènes du chantre de Pesaro. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BRUTUS

 

Opéra, musique de Pierre Candeille. Non représenté.

 

 

BÛCHERON (LE) ou LES TROIS SOUHAITS

 

Opéra-comique en un acte, livret de Jean-François Guichard et N. Castet, musique de Philidor. Création à l’Opéra-Comique (Hôtel de Bourgogne) le 28 février 1763. Suzette revient de la forêt en chantant ; Colin l'entend et accourt ; mais Suzette refuse de rester avec lui ; elle craint d'être surprise par sa mère, qui veut la marier au fermier Simon malgré son mari Blaise, auquel Colin plairait pour gendre. Quelle nouvelle pour Colin ! Il voudrait témoigner sa douleur à Suzette, mais on entend quelqu'un ; c'est Blaise, le père de Suzette, qui revient de son travail. Blaise, qui est malheureux en ménage, déplore sa triste situation : « Méchante femme et point de pain ! ah ! quel destin ! » dit-il. Le tonnerre gronde : Mercure parait et lui annonce que Jupiter, touché de sa misère, remplira les trois premiers souhaits qu'il voudra former. Blaise, embarrassé, va consulter le bailli, avec qui il se met à table. On boit. Blaise sait que le bailli aime l'anguille, il voudrait pouvoir lui en offrir une ; à peine ce souhait est-il formé qu'une anguille paraît sur la table. Mme Blaise, voyant que son mari a si mal profité de ce premier souhait, devient furieuse. Dans son premier mouvement, Blaise souhaite de la voir muette, ce qui s'accomplit aussitôt ; enfin, il lui fera sacrifice du troisième souhait pour lui rendre la langue qu'elle a si bien pendue, si elle consent au mariage de Suzette avec Colin. Margot se rend et recouvre la parole. On s'en aperçoit bientôt, car les mots sortent en foule de sa bouche, ils se pressent jusqu'à ce qu'enfin la source en soit épuisée.

On voit que cette pièce est une plaisanterie de plus à l'endroit des femmes qui ont la démangeaison de trop parler. Elle eut vingt-quatre représentations successives, ce qui était beaucoup alors ; mais pas assez pour enseigner aux femmes les avantages du silence ; car on la reprit souvent. Philidor n'avait pas encore donné de meilleure musique ; celle du Bûcheron fut fort applaudie ; on l'entendit longtemps avec plaisir.

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

BUISSON VERT (LE)

 

Opéra-comique en un acte, livret de Fonteille [Michel Carré], musique de Léon Gastinel, représenté au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 15 mai 1861, avec Mlle Victorine Moreau, MM. Jules Petit (Belmann) [débuts], Auguste Legrand, Leroy et Serène.

Représentations au Théâtre-Lyrique : 21 en 1861.

 

« Le livret est trop naïf, trop nul pour qu'on en doive donner l'analyse. Le Buisson vert est l'enseigne de l'auberge où se passe l'action, dont les personnages sont : un paysan amoureux et poète, une jeune fille qui répond à sa tendresse, son père, vieux matelot, qui se trouve avoir sauvé les jours du roi de Suède Gustave III, enfin ce monarque lui-même, qui amène le dénouement par ses libéralités royales. La musique de M. Léon Gastinel, ancien pensionnaire de Rome, méritait un poème plus favorable à l'inspiration. On a remarqué le chœur : Salut, monsieur Cornélius, et un joli chœur de chasseurs. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

« La scène en Suède, du temps de Gustave III. Ce monarque apparaissait même au dénouement pour tirer d'embarras les personnages de la pièce, et aussi les auteurs. L'auteur de la musique avait obtenu le prix de Rome en 1846. »

[Albert de Lasalle, Mémorial du Théâtre-Lyrique, 1877]

 

 

BUONA FIGLIUOLA (LA)

 

Opéra bouffon italien, livret de Carlo Goldoni, musique de Niccolo Piccinni, représenté au Théâtre de l'Opéra le 07 décembre 1778.

 

« Le sujet de la Cecchina ossia la buona Figliuola est emprunté au roman de Paméla.

Ce bel ouvrage fut écrit pour Rome en 1760. On y trouve des finales développés.

L'enthousiasme du public fut si grand à l'audition de cet opéra que Piccinni fut appelé sur la scène. »

(Gustave Chouquet, Histoire de la musique dramatique en France, 1873)

 

 

BUONA FIGLIUOLA MARITATA (LA)

 

Opéra italien en trois actes, livret de Carlo Goldoni, musique de Niccolo Piccinni, représenté au Théâtre de l'Opéra le 15 avril 1779.

 

 

BURGONDE (LA)

 

Opéra en quatre actes et cinq tableaux, livret d’Emile Bergerat et Camille de Sainte-Croix, musique de Paul Vidal.

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 23 décembre 1898 ; mise en scène de Lapissida ; chorégraphie de Joseph Hansen ; décors de Marcel Jambon et Alexandre Bailly (1er, 2e et 3e actes), Eugène Carpezat (4e acte) ; costumes de Charles Bianchini.

Mmes Lucienne BRÉVAL (Ilda), HÉGLON (Pyrrha), Andrée SAUVAGET (Ruth).

MM. ALVAREZ (Gautier), DELMAS (Attila), VAGUET (Zerkan), NOTÉ (Hagen), BARTET (Bérikh), DOUAILLIER (un vieil Arverne).

Ballet : Mlles HIRSCH, LOBSTEIN, SALLE, J. REGNIER, GIRODIER, HOQUANTE, MM. GIRODIER, REGNIER, JAVON.

Chef d'orchestre : Paul TAFFANEL

 

11e représentation à l’Opéra, le 25 juin 1899, avec les créateurs, sauf Mme BEAUVAIS (Ruth), M. Eugène SIZES (Hagen) et l'Auteur au pupitre.

 

11 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

  

« Bien étrange, ce poème de la Burgonde, qui nous reporte au temps de l'invasion des Gaules et de leur ravage par Attila. Au premier acte, qui nous représente le campement des Huns dans une forêt de l'Ile-de-France, nous voyons Hagen, prince de Worms, Gautier d'Aquitaine et Ilda la Burgonde, qui ont été livrés en otages à Attila par les rois leurs pères, en échange d'une sauvegarde pour leurs États. Hagen et Gautier sont devenus tous deux amoureux d'Ilda ; mais comme celle-ci préfère Gautier à son compagnon, Hagen a conçu contre son rival une haine mortelle. De son côté, Attila a jeté les yeux sur Ilda. Il en résulte que Pyrrha, sa favorite, craignant d'être délaissée par lui, favorisera le projet que les deux amants ont formé de s'enfuir

ensemble. Attila doit donner un festin qui sera une orgie, Quand l'infâme sera ivre, tous deux s'échapperont et iront en Aquitaine, protégés dans leur fuite par Pyrrha. Ainsi arrive-t-il. Pendant la fête, Ilda disparaît avec Gautier. Mais Attila s'en aperçoit bientôt, et il entre en fureur lorsque paraît un cavalier masqué qui, sans vouloir se faire connaître, lui propose, s'il lui donne vingt guerriers et vingt chevaux, de courir après les fugitifs, de les rejoindre et de les ramener. Il exige seulement comme récompense, qu'Attila s'engage à lui donner la femme qu'il aime et dont seul il est le maître. Attila promet, et le cavalier s'éloigne avec son escorte. Il n'a pas de peine à retrouver les fugitifs, se précipite sur eux sans qu'ils aient le temps de se reconnaître, les enchaîne et les l'amène au camp. Ici, les événements se précipitent. Hagen se fait connaître à Attila , et lui rappelle sa promesse. « C'est bien, lui dit celui-ci ; quelle femme veux- tu ? — Celle que je ramène, Ilda la Burgonde. » Attila le prend de haut avec lui, puis déclare à Ilda qu'il veut lui-même l'épouser. Et comme Ilda lui apprend qu'elle aime Gautier, il fait enchaîner ce dernier pour qu'on l'emmène au supplice. Mais voici que Hagen, pris de remords, et voyant que pour toute récompense de sa trahison il n'a fait que jeter Ilda dans les bras d'Attila et vouer Gautier à la mort, jure de sauver celui-ci ou de mourir avec lui. Il le délivre en effet, mais est lui-même frappé mortellement, tandis qu'Ilda, de son côté, tue Attila avec son propre glaive et s'enfuit définitivement avec celui qu'elle aime !

Telle est cette pièce, dont le défaut capital est de n'avoir rien absolument de lyrique, pièce singulière, mal construite, qui manque d'action sinon de mouvement, qui manque surtout d'intérêt, la figure sauvage d'Attila n'en pouvant inspirer aucun, et celles des deux amants, Gautier et Ilda, n'étant pas mises suffisamment en relief pour exciter la sympathie et la pitié du spectateur. Reste le rôle du musicien. M. Paul Vidal, grand prix de Rome, professeur au Conservatoire, chef d'orchestre et chef du chant à l'Opéra, est un artiste instruit, aimable, délicat, et qui a donné des preuves de talent. Possède-t-il les qualités et les facultés nécessaires au vrai musicien scénique ? Est-il un homme de théâtre ? Jusqu'ici il ne l'a pas prouvé, et ce n'est pas encore la musique de la Burgonde qui en donnera la preuve. On cherche vainement chez lui le tempérament et la personnalité. Sa musique est sage, trop sage. Bien écrite sans doute, mais froide et languissante, suffisamment orchestrée sans que d'ailleurs cet orchestre offre jamais un réel intérêt, enfin vraiment trop exempte de saveur, de couleur et de caractère. Les idées sont courtes et sans nouveauté, le dessin mélodique manque de relief et de solidité, et l'art des développements semble inconnu au compositeur, qui ne sait pas tirer parti même des éléments qui sont mis à sa disposition. Le livret de la Burgonde lui offrait certains épisodes qui paraissaient de nature à exciter son inspiration ; par exemple la légende de Pyrrha au second acte, et, au troisième, le long monologue de Gautier et celui d'Ilda. Il n'en a su rien tirer. La légende est absolument dépourvue d'accent et d'originalité, et quant aux deux monologues, qui appelaient tout naturellement une cantilène caressante et tendre, ils sont manques l'un et l'autre. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait rien dans cette partition de la Burgonde, mais les pages intéressantes sont rares à signaler. Au premier tableau un joli petit chœur de femmes, finement accompagné par les harpes et les bois, et une courte cantilène de Hagen ; puis l'heureuse phrase du duo de Gautier et d'Ilda : Dieu d'amour, Dieu d'Aquitaine ! établie séparément par chacun d'eux, puis reprise à deux voix et se terminant en trio par l'arrivée de Pyrrha (on retrouve d'ailleurs ce motif à l'orchestre tout le long de l'ouvrage) ; au second acte une phrase d'Attila : Pour affirmer sa bienvenue, qui ne manque pas d'ampleur, avec les cuivres qui l'escortent, et certains passages du ballet, aimables et très heureusement rythmés. Mais tout cela est bien épars, bien isolé au cours de ces quatre actes plus touffus que substantiels. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1904]

 

 

BURGRAVES (LES)

 

Drame lyrique en quatre actes tiré de la trilogie de Victor Hugo, musique de Léo Sachs.

 

Créé à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, le 18 juin 1924. Mise en scène de A. DUREC. Décors de Jambon, Amable et Carpezat. Costumes de Granier.

Mmes Suzanne BALGUERIE (Guanhumara), CESBRON-VISEUR (Régina), Suzanne GARDINE (Lupus), Yvonne ORLY (Gorlois).

MM. Francisque DELMAS (Job), Hector DUFRANNE (le Mendiant), Léon LAFFITTE (Otbert), G. de POUMAYRAC (Hatto), Daniel VIGNEAU (Magnus), FLAVIEN (le Capitaine), André BUBON (Platon, Jossius), André PHILIPPE (Gilisson), LA TASTE (Kuntz), FORTI (Teudon), F. JULIEN (Haquin), Louis MARIE (Gondarius), G. HENRI (Gerhard, Hermann), R. LUBIN (Giannilaro), Jean VIEUILLE (Karl, Darius), STEPHANE (Silvann).

Au 2e acte, « La Fête des Vendanges », réglée par Mme SBERNA‑GRILLIERES, dansée par Mlle A. LEIBOWITZ et M. TROYANOFF.

Chef d'orchestre : Paul PARAY

 

Première fois au Palais Garnier, le 24 février 1927, à l'occasion d'un gala au profit de la Fondation Victor Hugo.

Mise en scène de Pierre CHEREAU — Décors de Korovine.

Mmes BALGUERIE (Guanhumara), CESBRON-VISEUR (Régina), BARTHE (Lupus), LALANDE (Gorlois), Yvonne COURSO (Edwige), TESSANDRA et LLOBERES (deux Burgraves).

MM. BOURBON (Job), DELMAS (le Mendiant), FONTAINE (Otbert), Marcellin DUCLOS (Hatto), Daniel VIGNEAU (Magnus), CAMBON (le Capitaine), CARBELLY (Platon, Jossius), DALERANT (Gilisson, Kuntz), MADLEN (Teudon), SORIA (Haquin), GUYARD (Gondarius), DELBOS (Gerhard), MORINI (Giannilaro, Karl), ERNST et Raoul GILLES (deux Burgraves), RAYBAUD (Silvann).

Au 2e acte, « La Fête des Vendanges » réglée par Nicolas GUERRA, dansée par Mlles LORCIA, DAMAZIO et M. Serge PERETTI.

Chef d'orchestre : Philippe GAUBERT

 

2 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.


 

BUTTE DES MOULINS (LA)

 

Opéra-comique en trois actes, livret de Gabriel et Desforges, musique d’Adrien Boieldieu, représenté à l’Opéra-National (salle du Théâtre-Historique) le 06 janvier 1852, avec Mlle Louise Rouvroy (Marielle), MM. Meillet (Eloi), Alexandre Neveu (Dorliton), François Marcel Junca (le tambour-major).

Représentations au Théâtre-Lyrique : 17 en 1852.

 

« Le sujet est assez bizarre : il s'agit d'une conspiration des membres de la société de l'Epingle noire et de l'attentat commis, rue Saint-Nicaise, contre les jours du premier consul. Une famille de porteurs d'eau est compromise, par suite de la transformation d'un tonneau en machine infernale. Les personnages de la pièce sont un comte de Saint-Céran, conspirateur ; un bonhomme Brichard, qui a promis la main de sa fille Mariette à trois prétendants : à son neveu Robert, tambour-major, revenant d'Italie ; à Eloi, son frère ; au citoyen Dorliton, clerc du commissaire de police. Tout se termine par la proclamation de l'innocence de ces pauvres Auvergnats et par un défilé triomphant sur la Butte des Moulins.

Dans le premier acte, on distingue la romance chantée par Eloi et un bon quatuor pour voix d'hommes ; dans le second, le compositeur a montré autant d'habileté que de goût dans le gracieux chœur de la fontaine, dans le duo entre Eloi et Mariette : A l'eau, à l'eau ! et dans les couplets du tambour-major. Le finale, qui débute par un quintette sans accompagnement, est remarquable. »

[Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1869]

 

 

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