Charles CONSTANTIN
Charles Constantin en 1884 [photo Provost]
Titus Charles CONSTANTIN dit Charles CONSTANTIN
chef d'orchestre, violoniste et compositeur français
(Marseille, 1er registre, Bouches-du-Rhône, 07 janvier 1835* – maison Pellanne, 7 place Gassion, Pau, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], 27 octobre 1891*)
Fils de Jean Pierre CONSTANTIN (Lyon, Rhône, 21 avril 1797 – Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône, 09 juin 1875), chapelier [fils d'André CONSTANTIN, chapelier], et de Marie BOURRELY (Marseille, 25 mai 1811 – Marseille, 07 janvier 1859), mariés à Marseille, 2e registre, le 14 août 1830*.
Epouse à Paris 18e le 04 octobre 1864* Blanche Victoire LEGENDARME (Paris ancien 8e, 13 janvier 1845 – Salies-de-Béarn, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], 08 juillet 1891*), couturière.
Parents de Marie Pauline CONSTANTIN (Paris 18e, 13 juin 1868* – Paris 9e, 11 février 1872*) ; d’Hortense Louise CONSTANTIN (Paris 9e, 21 décembre 1869* –) ; de Pierre Marie Charles CONSTANTIN (Colombes, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 15 mai 1874* – Voulangis, Seine-et-Marne, 20 juin 1947) ; de Charles Marie Victorien CONSTANTIN (Colombes, 21 janvier 1878* – ap. 1924).
Violoniste, il joua dans les orchestres du Théâtre-Italien et du Théâtre-Lyrique (en poste en 1863). Elève d’Ambroise Thomas au Conservatoire de Paris, il obtint en 1861 une mention honorable au concours du prix de Rome avec la cantate Atala, et en 1863 le second prix avec la cantate David Rizzio. Il fit une carrière de chef d’orchestre aux Fantaisies-Parisiennes (1865-1870), au Vaudeville (où il dirigea la création de l'Arlésienne de Bizet le 01 octobre 1872), à la Renaissance (1873), à l’Opéra-Comique (où il supplée Adolphe Deloffre à partir de septembre 1875 et lui succède en juin 1876, et où il est remplacé à son tour en septembre de la même année par Charles Lamoureux), puis au théâtre de Pau à partir de 1878. Il fut nommé officier de l’Instruction publique en 1889.
En 1863, il habitait 5 rue de Grammont à Paris 2e ; en 1872, 34 rue de Douai à Paris 9e ; en 1874, 6 rue Centrale à Colombes. Il est décédé en 1891 à cinquante-six ans, domicilié à Pau.
oeuvres lyriques
la Fiancée du Maudit, opéra en 2 actes, livret de Jules Ruelle (Genève, 1856) Une reine en Provence, opéra-comique en 1 acte, livret de Jules Ruelle (Genève, 1857) Bak-Bek, ballet en 2 actes (Grand Théâtre de Lyon, janvier 1867) Salut, cantate (Théâtre de l’Athénée, 15 août 1867) Dans la forêt, opéra-comique en 1 acte, livret de Jules Ruelle (Théâtre Lyrique de l’Athénée, 02 décembre 1872 avec Mmes Berthe Marietti (Edmée), Enaux (Laurette), MM. Lefèvre (Robert), Etienne Troy (Honorat), Girardot (Pamphile), Galabert (Paterne), Guillot (Pierre)) => partition « C'est un lever de rideau sans grande importance. Pour éviter un mariage qu'on lui propose, un jeune gentilhomme se dérobe à toute société et cherche la solitude dans les bois. Il rencontre dans ses courses une hamadryade qui fait impression sur son cœur ; il en devient amoureux et cette nymphe n'est autre que la jeune personne qu'on voulait lui faire épouser. La musique a paru peu en harmonie avec la simplicité du livret. Elle a trop de solennité et de sonorité ; on a remarqué le quatuor et une romance de soprano. » (Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1872) le Crime de Palerme, opéra-comique en 2 actes, livret d’Emile et Edouard Clerc (reçu à l’Athénée en mars 1873, non représenté)
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Souvenir des Pyrénées, romance béarnaise (par. C. Darichon / mus. H. Lespine), accompagnement de piano de Charles Constantin
Après avoir commencé son éducation musicale en province, il vint à Paris et fit, comme tous nos jeunes violonistes, partie de l'orchestre de divers théâtres, entre autres du Théâtre-Italien et du Théâtre-Lyrique. En même temps il se faisait admettre au Conservatoire, dans la classe de M. Ambroise Thomas (1er juin 1858), et au bout de quelque années d'études se présentait au concours de l'Institut ; il obtint une mention honorable au concours de 1861, et le second grand prix en 1863, pour la cantate David Rizzio, paroles de M. Gustave Chouquet. Lorsque M. Martinet fonda sur le boulevard des Italiens, en 1866, l’aimable théâtre des Fantaisies-Parisiennes, M. Constantin en devint le chef d’orchestre, et c'est à son influence, à son action intelligente, à ses goûts réellement artistiques, qu'on dut de ne pas voir verser ce théâtre dans l'ornière de l'opérette prétendue bouffe, alors si fort à la mode, et qu'on le vit au contraire s'engager résolument dans la voie du véritable opéra-comique, accueillant à bras ouverts les jeunes compositeurs, mettant au jour d'intéressantes traductions d'opéras étrangers, tels que l'Oie du Caire, de Mozart, la Croisade des Dames, de Schubert, il Campanello, de Donizetti, Sylvana, de Weber, et enfin reprenant d'adorables chefs-d'œuvre du vieux répertoire français, dont l'Opéra-Comique semblait ne plus se soucier : les Rosières, le Muletier, d'Hérold ; le Déserteur, de Monsigny ; le Sorcier, de Philidor ; le Nouveau Seigneur du village, le Calife de Bagdad, la Fête du village voisin, de Boieldieu, etc. Avec un orchestre incomplet, des chœurs insuffisants, un personnel de chanteurs très secondaires, mais auxquels il savait communiquer sa flamme et son ardeur, M. Constantin, qui ne ménageait ni son temps ni sa peine, obtenait des résultats surprenants au point de vue de l'exécution, et attirait l'attention générale sur ce petit théâtre, dont il était en réalité le moteur et le soutien. A la salle de la fermeture de l'Athénée, M. Martinet ayant transporté son théâtre dans le local de ce dernier, M. Constantin trouva un nouvel élément à son activité. La direction voulait transformer son répertoire en l'agrandissant, et l’on joua à l’Athénée de véritables grands opéras, sérieux ou bouffes, tes que les Brigands, de Verdi, les Masques (Tutti in Maschera), de M. Pedrotti, le Docteur Crispin, des frères Ricci. L'exécution était toujours excellente, et c'était toujours M. Constantin qui était à sa tête. Cependant, des difficultés étant survenues entre lui et l'administration, le jeune artiste quittait l'Athénée, en septembre 1871, pour aller diriger les concerts du Casino, dont M. Métra dirigeait les bals. Là encore son influence se fit sentir, et il donna à ces concerts un caractère plus sérieux, plus vraiment musical que par le passé. Néanmoins il rentrait à l'Athénée au mois de janvier 1872, mais bientôt, ce théâtre ayant fermé ses portes, M. Constantin devenait chef d'orchestre du nouveau théâtre de la Renaissance, fondé par M. Hostein. Lorsque celui-ci, qui était en même temps directeur du Châtelet, voulut essayer d'acclimater l'opéra sur cette vaste scène, et y monta la Belle au bois dormant de M. Litolff, c'est M. Constantin qu'il chargea de l'organisation musicale du Châtelet et de la direction de l'orchestre. L'essai n'ayant pas réussi, l'excellent artiste retourna à la Renaissance. Depuis lors, il a été appelé (septembre 1875) à succéder à M. Deloffre dans la direction de l’orchestre de l'Opéra-Comique ; mais lors du changement d’administration qui fit succéder M. Carvalho à M. Du Locle comme directeur de ce théâtre, l'engagement de M. Constantin ne fut pas renouvelé. Au milieu de ses travaux multiples, M. Constantin n'oubliait cependant pas complètement qu'il était compositeur. Il écrivit les partitions de Bak-Bek, ballet en deux actes représenté au Grand-Théâtre de Lyon en janvier 1867 ; de Salut, cantate exécutée à l'Athénée le 15 août de la même année ; et de Dans la Forêt, opéra-comique en un acte joué à l'Athénée le 2 décembre 1872. Il a composé aussi plusieurs morceaux importants pour les concerts du Casino lorsqu'il en était directeur, entre autres Rolla, ouverture exécutée en janvier 1872, et une Ouverture villageoise, exécutée au mois de février de la même année. (François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, suppl. d’Arthur Pougin, 1878-1880)
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Charles Constantin en 1881 [photo Gustave de Paris]
Charles Constantin, chef d'orchestre, compositeur, est né à Marseille le 7 janvier 1835. Il vint très jeune à Paris, et fit partie de l'orchestre de divers théâtres. Admis au Conservatoire dans la classe de M. Ambroise Thomas, il prit part au concours de l'Institut, et obtint en 1863 le second grand prix pour la cantate David Rizzio. En 1866, il entra comme chef d'orchestre aux Fantaisies-Parisiennes, où, tout en faisant reprendre d'adorables chefs-d’œuvre du vieux répertoire, il ouvrit les bras aux jeunes compositeurs. M. Martinet, le directeur, ayant transporté son théâtre à l'Athénée, M. Constantin l'y suivit. En 1871 il le quitta pour aller diriger les grands concerts du Casino. En 1872 il revenait à l'Athénée, mais ce théâtre ayant fermé ses portes, M. Constantin devenait chef d'orchestre du nouveau théâtre de la Renaissance. En 1875 il fut appelé à succéder à M. Deloffre dans la direction de l'orchestre de l'Opéra-Comique. Tous ces théâtres se ressentirent de son influence, de son action intelligente, de ses goûts réellement artistiques. C'est à lui que l'on dut de ne pas les voir verser dans l'ornière de l'opérette prétendue bouffe. — Nous ne parlons pas bien entendu de l'Opéra‑Comique. C'est après avoir quitté ce dernier poste que M. Constantin est venu habiter parmi nous. Nous croyons inutile de vanter ici le mérite et le talent de M. Constantin comme chef d'orchestre : chacun a pu l'apprécier. Comme compositeur, on lui doit la Fiancée du Maudit, grand opéra en 2 actes, les partitions de Bak-Bek, ballet en deux actes, de Salut, cantate exécutée à l'Athénée, Dans la Forêt, opéra-comique en un acte joué à l'Athénée en 1872, Une reine en Provence, opéra-comique et qui lui valut le prix Trémont, décerné par l'Institut de France. Sans parler de ses belles et nombreuses fantaisies arrangées avec un art tout particulier nous mentionnerons les ouvertures symphoniques Rolla, Athalie, Esther, Henri IV et une ouverture villageoise, etc. Tout le midi a gardé un excellent souvenir de M. Constantin, depuis ses deux fameuses tournées qu'il fit avec son orchestre de 40 musiciens de premier ordre. Royan lui doit d'être au premier rang, comme théâtre pendant la saison d'été et Pau n'oubliera jamais la transformation qu'il fit subir au nôtre l'an passé. M. Constantin est désormais notre concitoyen. Et nul ne doute que son influence artistique ne se fasse sentir sérieusement dans notre ville. (Francis Mark, Pau-Théâtre, 13 novembre 1881)
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version française de l'Oca del Cairo (l'Oie du Caire) de Mozart, dessin de Stop, 1867
M. Constantin en a complété l'orchestration inachevée avec habileté et conscience. Il a introduit dans l'ouvrage une ouverture et une scène d'introduction tirés d'un opéra manuscrit de Mozart, intitulé : Lo Sposo deluso, ainsi qu'un trio de la Villanella rapita, opéra de Bianchi, mais dont la musique a été composée par Mozart en 1784.
M. Constantin est né à Marseille et, dès sa plus tendre enfance, fut élevé à Genève. C'est donc à Genève qu'il commença ses études musicales et apprit le violon et l'harmonie. Dès l'année 1856, il y fit représenter un grand opéra en deux actes, la Fiancée du Maudit, paroles de Jules Ruelle, dont il avait composé la musique. L'année suivante, il offrit à l'appréciation du public un opéra-comique en un acte, intitulé : Une Reine en Provence, avec le même collaborateur. Ces deux essais furent assez heureux pour lui faire prendre la résolution d'aller achever ses études au Conservatoire de Paris. Il s'y présenta, fût admis à la classe de composition de M. Ambroise Thomas le 1er juin 1858, et entra successivement dans les orchestres du Théâtre-Lyrique, des Italiens et des concerts Pasdeloup, en qualité de premier violon. En 1861, ayant pris part au concours de l’Institut, une mention honorable lui fut accordée, et deux ans plus tard, au même concours, il obtint le second grand prix. En 1866, il commença sérieusement aux Fantaisies-Parisiennes, nouveau théâtre ouvert sur le boulevard des Italiens, sa brillante carrière de chef d'orchestre, et son directeur, M. Martinet, n’eut qu’à se louer de son acquisition. A Paris, tout théâtre lyrique non subventionné doit, pour se soutenir, faire de l'opérette ou du vaudeville, l’amour de la musique n'étant pas la qualité distinctive des habitants de notre capitale. Grâce à M. Constantin, l'entreprise marcha dans une bonne voie. Accueillant les œuvres nouvelles, recherchant les anciennes (nationales ou étrangères) il forma un répertoire composé d'excellents ouvrages, parmi lesquels nous citerons : la Croisade des Dames (Schubert), Il Campanello (Donizetti), Sylvana (Weber), le Muletier (Hérold), le Déserteur (Monsigny), le Sorcier (Philidor), le Nouveau Seigneur du village (Boieldieu), etc. M. Constantin termina même, sur la demande de M. Victor Wilder, le critique musical si apprécié, un opéra inachevé de Mozart, l’Oca del Cairo, qui fut représenté sur ce théâtre, et la presse parisienne, comme la presse allemande, le félicitèrent de cette tentative hardie et couronnée d’un plein succès. Son activité, supérieure à ses travaux, lui permit de participer à une édition nouvelle du Barbier de Séville, de Paesiello, dont il dut refaire l'orchestration. En homme de goût, il n’habilla pas à la moderne cette œuvre d'une autre époque, mais il lui prêta de nouvelles richesses par un emploi plus habile des moyens dont l'auteur s'était servi. L'approbation des artistes le récompensa de ce travail intelligent. Le zèle de M. Constantin lui ayant fait tirer tout le parti possible des éléments qui lui étaient confiés, M. Martinet, son directeur, transférant son théâtre dans le local de l'Athénée, conserva son chef d'orchestre avec d’autant plus d’empressement, qu'il voulait lancer son entreprise dans une voie plus large. Des ouvrages plus importants furent représentés. tels que les Brigands (de Verdi), les Masques (Tutti in Maschera) (de Pedrotti), le Docteur Crispin (des frères Ricci), etc., et M. Constantin sut toujours obtenir une parfaite exécution. En 1871, il quitta le théâtre de l'Athénée pour conduire les concerts du Casino Cadet, fondés par Arban. Sous son influence, ils prirent une physionomie nouvelle et revêtirent un caractère classique qui, jusque-là, leur était étranger. Au mois de janvier 1872, M. Constantin rentra à l'Athénée jusqu'à la fermeture de ce théâtre, qui survint peu de temps après. Devenu libre, il accepta l'engagement que lui offrait M. Hostein, directeur du nouveau théâtre de la Renaissance, qui, ayant aussi la direction du théâtre du Châtelet, voulut y faire une tentative d'opéra. Comme ballon d'essai, il monta la Belle au bois dormant, de M. Litolff, et cette expérience lyrique fut confiée aux soins de M. Constantin. L'épreuve eut des résultats négatifs et notre chef d'orchestre revint à la Renaissance. Sur la proposition de M. Vaucorbeil, alors commissaire du gouvernement près les théâtres subventionnés, M. Constantin fut nommé premier chef d'orchestre du théâtre Italien, ex aequo avec M. Vianesi, mais les difficultés matérielles que ce théâtre eut à vaincre le firent retourner à la Renaissance, où il resta jusqu'à ce que M. Vallon, ministre de l’Instruction publique, le nomma premier chef d’orchestre à l'Opéra-Comique, car à ce théâtre la nomination du titulaire de cet emploi émane du ministère. M. Constantin occupa ce poste avec autant d'éclat que de talent. Quelque temps après, il quitta Paris pour accepter la direction artistique du Casino de Royan, qu'il tient depuis l'année 1877. Malgré ses occupations, toujours fort multipliées, M. Constantin ne négligea jamais la composition, et voici la liste de ses œuvres les plus importantes : un grand nombre d’ouvertures symphoniques, parmi lesquelles : Rolla, exécutée en janvier 1872 ; Esther, Ivanoé, l'ouverture Villageoise, Bak-Bek, ballet en deux actes, représenté sur le grand théâtre de Lyon en 1867, Salut, cantate chantée à l'Athénée, le 15 août de cette même année 67 ; puis, Dans la forêt, opéra-comique en un acte, représenté sur le théâtre lyrique de l'Athénée, où il obtint un succès assez éclatant pour atteindre au chiffre respectable de 112 représentations, ce qui fit décerner à son auteur le prix Trémont, par décision de MM. les membres de l’Institut (section musicale). Le Casino de Royan ne réclamant la présence de M. Constantin que pendant la saison d'été, il lui fut loisible, en 1878, d'aller, pendant l'hiver, remplir les fonctions de chef d'orchestre au théâtre San Carlos de Lisbonne. A son retour, la place de chef d’orchestre des concerts de Musique classique de Pau lut fût offerte ; il l'accepta et la remplit pendant cinq années. Comme homme et comme artiste, M. Constantin trouva à Pau l'estime qu'à ce double titre il éveille partout. Un besoin incessant d'activité le poussant et lui rendant pénible le temps des vacances, M. Constantin profita de ce repos pour donner des concerts dans nos villes méridionales : en 1879 avec son orchestre, en 1880 avec son orchestre et le célèbre pianiste Francis Planté. Son itinéraire, cette fois, le conduisit à Toulouse, et nous gardons un égal souvenir du virtuose et du chef d'orchestre. Par une étrange coïncidence, dans le temps où un conflit s'élevait entre M. Roudil, d'une part, et les chœurs et l'orchestre du Capitole d'autre part, un différend survenait entre M. Constantin et le directeur du théâtre de Pau. L'un de ces messieurs en eût-il connaissance ?... C'est ce que nous ignorons ; mais l'impresario Roudil ayant besoin d'un bon orchestre et d'un bon chef, et ce dernier n'ayant nulle raison de refuser les offres de l'impresario, voilà comment M. Constantin et ses instrumentistes ont fait élection de domicile dans notre ville. Le hasard a parfois de l'ingéniosité et nous le remercions d'avoir si bien arrangé les choses, car, sans cette heureuse circonstance, cette dissidence des masses et de l'administration pouvait entraîner les plus graves circonstances. Il fallait trouver, dans le chef d'orchestre, assez d'habileté pour diriger des masses chorales et orchestrales nouvellement formées ; il fallait qu’il fût assez actif pour répéter, comme des œuvres nouvelles, tous les ouvrages du répertoire et qu'il possédât assez de réputation pour que son nom répondît seul aux attaques haineuses auxquelles il était naturellement exposé. Eh ! bien ; celle somme de qualités diverses s'est trouvée chez M. Constantin, qui a répondu à toutes les exigences de la situation fort tendue, et c'est ce que nul autre ne pouvait faire. En joignant à ces bons offices l'organisation des concerts populaires, exigés à travers tant de répétitions motivées par l'inexpérience des masse, nous ne pouvons que remercier M. Constantin de ses travaux et féliciter M. Roudil d'avoir su le conserver pour la campagne prochaine. En effet, il y a aussi loin du batteur de mesure d'autrefois au chef d'orchestre d’aujourd’hui, que des premiers rudiments de l’art à ses extrêmes développements. L’artiste appelé à établir et à diriger des œuvres comme Hamlet et Henri VIII possède, à lui seul, autant d'importance que tous les premiers sujets, puisque tout le bien ou le mal de l'entreprise dépendent de lui. Nous insistons sur ce point, car en France l’importance du chef d’orchestre est peu ou point comprise. Il faut, à ce chef d'emploi, un savoir réel, une intelligence véritable, une organisation d'artiste le rendant capable de tout sentir et de tout comprendre. Avec ces qualités, qui sont l'apanage de M. Constantin, un chef d'orchestre est le premier élément de la fortune d'un théâtre lyrique, et voilà pourquoi nous désirons vivement que M. Constantin demeure définitivement acquis à notre grand théâtre. (Paul Mériel, directeur honoraire du Conservatoire de Toulouse, le Midi artiste, 12 juillet 1884)
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