la Petite Fonctionnaire

 

Edmée Favart (Suzanne) lors de la création [photo Henri Manuel]

 

Comédie musicale en trois actes, livret de Xavier Marie ROUX (05.Veynes, 15 octobre 1850* –), d'après la Petite Fonctionnaire, comédie en trois actes (Théâtre des Nouveautés, 25 avril 1901) d'Alfred CAPUS, musique d'André MESSAGER.

 

   partition

 

 

 

Création à Paris, au Théâtre Mogador le 14 mai 1921 ; mise en scène d'E. Berny.

 

Reprise au Trianon-Lyrique le 19 mai 1922.

 

 

personnages créateurs
Suzanne Mlles Edmée FAVART
Riri Yanne EXIANE
Mme Lebardin Louise MARQUET
Mme Pagenel Renée LAUNAY
Première Invitée KERVAN
Deuxième Invitée Marguerite de BUSSON
Troisième Invitée GRANDI
Une Dame RULLIÈS
Auguste (travesti) Renée CLÉDEN
Delphine SUDAKA
une Femme de chambre Marie de BUSSON
le Vicomte MM. Henry DEFREYN
M. Lebardin Louis MAUREL
M. Pagenel Félix BARRÉ
Un Monsieur FRANCELLI
Chef d'orchestre Paul LETOMBE

 

 

 

morceaux séparés aux éditions Choudens

 

Catalogue des morceaux

 

Acte I

  Ouverture    
01 Chœur Ah ! regardons couler la Loire les Invitées
02 Duo Cinquante ans, c'est l'âge admirable Lebardin, Pagenel
03 Couplets C'était une modiste blonde Lebardin
04 Ensemble Pour tuer la longueur de cet après-midi Mme Pagenel, les Invitées
05 Entrée du Vicomte Bonjour, Monsieur le Vicomte les Invitées, le Vicomte
06 Rondeau Je suis la petite fonctionnaire les Invitées, Suzanne
07 Duo Hé là Monsieur, tout doux Suzanne, le Vicomte
08 Air Oui vraiment, c'est à n'y pas croire Lebardin
09 Final Mademoiselle Suzanne ! Lebardin, Suzanne

Acte II

10 Chœur Poste restante. Poste restante. les Chœurs, un Monsieur, Riri, une Dame
11 Duo Je suis vexé, veuillez m'en croire Suzanne, le Vicomte
12 Couplets Le métier de téléphoniste Riri
13 Duo O mon Auguste ! Riri, Auguste
14 Duo Ma chère, vous me faites rire Suzanne, Riri
15 Rondeau L'amour, ah ! dans quel trouble Suzanne
16 Air J'ai l'honneur de vous faire part le Vicomte
Duo Que pensez-vous de cette lettre ? le Vicomte, Suzanne
17 Final Ah ! quel bonheur Lebardin, Pagenel, Suzanne, Riri, Auguste, les Chœurs

Acte III

18 Chœur Marchant toujours, c'est nous les Chœurs
18 bis Danses I. One-step — II. Tango — III. Shimmy  
19 Couplets Lorsque j'étais célibataire le Vicomte
20 Duetto Pstt ! je fais signe au chauffeur Suzanne, Lebardin
21 Romance Je regrette mon Pressigny Suzanne
22 Trio Je suis pincé ! c'était forcé ! Mme Lebardin, Lebardin, Pagenel
23 Petit Chœur Vite, monsieur, rentrez chez vous les Chœurs
24 Duo, Ensemble et Final Oui, votre amour était sincère Suzanne, le Vicomte, Lebardin et tous les Personnages

 

 

 

 

Nous ne croyions pas, à vrai dire, que cette aimable comédie fût impérieusement destinée à devenir « musicale ». Il a fallu pour cela l'étirer et la bourrer tour à tour, soit en alanguissant l'action, soit en y insérant des hors-d’œuvre. Mais qui songerait à s'en plaindre, dès que la musique est de M. Messager ?

 

Informons toutefois ceux qui n'assistèrent pas aux débuts de la petite employée des postes, télégraphes et téléphones, qu'elle est courtisée et presque compromise par le quinquagénaire, aussi sage que mal conservé, qu'est M. Lebardin, mais que son pur et juvénile amour pour le naïf et agréable vicomte de Lemblin sera néanmoins couronné au dernier acte. Autour de ces trois protagonistes évoluent des seigneurs de moindre importance : Mme Lebardin, femme autoritaire et sèchement jalouse ; M. Pagenel, viveur par conviction qu'interrompent des accès de goutte ; Mlle Riri, auxiliaire des postes, etc. (voir plus haut), qui tombe dans les bras d'un petit télégraphiste fort avancé pour son âge ; enfin, gens du monde retirés à Pressigny, habitués de music-hall, barman, barmaid, tout ce qui, en un mot, constitue la bonne société.

 

Naturellement, cette comédie sans prétentions (nous l'espérons, du moins) est farcie d'invraisemblances : le vicomte a épousé une femme qui le trompe six heures avant la bénédiction nuptiale, alors que dans la réalité c'eût été six heures plus tard ; — puis l'on nous présente un bureau de poste d'une méticuleuse propreté et des employées empressées et polies à l'égard du public, ce qui rentre dans le domaine du conte bleu, d'autant plus qu'une communication téléphonique est obtenue immédiatement après avoir été demandée...

 

Mais il y a la musique ! Et l'auteur de Véronique pouvait seul écrire cette partition tour à tour comique et sentimentale, amusante et poétiquement attendrie. Qu'il chante la profession de foi de « la petite fonctionnaire », ou les regrets du vicomte, ou le supplice de Riri en écoutant les excitants entretiens que lui confie le téléphone, ou encore les potins de Pressigny ; qu'il écrive, enfin, le duo d'amour du second acte, ou le pétillant duo bouffe du troisième, dans lequel les mouvements des taxis et des ascenseurs tour à tour sont célébrés, chantés, mimés ; partout enfin nous retrouvons cette abondance d'inspiration, la légèreté de main, les idées neuves, le coloris orchestral toujours juste, précis et attrayant. M. Messager est en vérité un surprenant magicien, dont les fines mélodies et les harmonies chatoyantes semblent éclairées par la lampe d'Aladin.

 

La petite fonctionnaire, c'est Mme Edmée Favart, avec son charme, sa grâce, sa verve accoutumés. M. Louis Maurel est un excellent Lebardin, bon comédien doublé d'un chanteur sûr. M. Henry Defreyn prête sa voix sympathique et son jeu intelligent au personnage du vicomte. Mlle Exiane serait une parfaite Riri si elle possédait une voix moins acidulée. Enfin M. Félix Barré, Mme Louise Marquet et Renée Launay complètent, selon la formule, un très satisfaisant ensemble.

 

L'exécution orchestrale, fort louable, fut dirigée par M. Paul Letombe, qui pourrait, sans inconvénients, se livrer à une mimique moins passionnée. Enfin, la mise en scène est tout à fait réussie. Elle donne envie de se retirer à Pressigny en qualité de receveur des P. T. T.

 

(René Brancour, le Ménestrel, 20 mai 1921)

 

 

 

 

 

Adornée de musique délicate, la Petite Fonctionnaire, de M. Alfred Capus, ne prétend pas à être un opéra-comique ; pour notre plus grand plaisir, l'œuvre est restée une comédie.

 

Gentille, fraîche, toute de primesaut, elle ne se prêtait en rien au développement lyrique, sévère ou romantique. M. Xavier Roux et surtout M. Messager en qui nous admirons tout le sens d'une grâce et d'une claire légèreté essentiellement françaises, l'ont bien compris. Les couplets issus de leur collaboration parent la comédie d'Alfred Capus d'attraits nouveaux, complètent et parfont l'agrément du dialogue primitif.

 

L'argument, on le sait, est simplet et ne vise qu'à divertir. Les fioritures, la « façon » des auteurs en font tout le charme.

 

Rentier mûrissant, M. Lebardin évoque en son château des bords de la Loire le souvenir de la petite Louisette qu'étant étudiant il aima en vain. Or, Louisette est maintenant « postière » dans la petite ville voisine et se présente au château pour affaires de service.

 

Nous la retrouvons au second acte en son luisant bureau des P. T. T. Le vicomte lui fait part de son prochain mariage — un drôle de mariage ! — et Louisette souffre, car elle est amoureuse du vicomte. Aimant si malheureusement ce séduisant gentilhomme, elle est aimée par Lebardin qui roucoule devant son guichet. Aussi accepte-t-elle, par dépit amoureux, la situation que ce dernier lui offre. Mais, naturellement, tout s'arrange ; la jeunesse et la beauté ne sauraient être brimées de la sorte par un destin amer ; abandonné par sa future, le vicomte tombe dans les bras de la délicieuse petite « préposée ».

 

La nouvelle partition de M. Messager s'égale aux précédentes. L'auteur de Véronique et de tant d'autres petits chefs-d'œuvre y fait toujours preuve d'un goût sûr et d'une parfaite maîtrise. Gracieusement et spirituellement dessinée, sa musique enlève la phrase, l'accentue, la vivifie. Soutenu par une orchestration précise et discrète, souvent alangui de sentimentalité ou animé de malice, l'air « vient » avec aisance. Son inspiration de bon aloi charme ou amuse, il sonne clair et flatte l'oreille.

 

Il était réellement impossible de réunir une interprétation plus appropriée à la Petite Fonctionnaire que celle qui triomphe chaque soir au Théâtre Mogador.

 

Mlle Edmée Favart n'est-elle pas, en effet, prédestinée par sa voix et son jeu à l'art d'un Messager ! Peu de chanteuses sont aussi fines comédiennes que cette artiste vive et preste non sans bonhomie et auraient pu, par conséquent, enlever de façon si délurée les nombreuses scènes parlées d'une telle comédie musicale. La Colette de la Basoche nous devait d'être cette petite fonctionnaire-là.

 

On n'a pas oublié la création du rôle de Nelly faite récemment à la Gaîté-Lyrique par Mlle Yahne Exiane dans l'opérette de MM. Falk et Bousquet. Après cette fugue fort remarquée, la blonde Mlle Exiane est revenue au Mogador. Elle déploie dans un rôle qu'on eût souhaité plus considérable les charmes acidulés d'une voix agile.

 

M. Defreyn est lui-même, c'est le jeune premier, l'enfant gâté du public ; il le sait et peut-être en abuse. Mais il porte si bien la toilette, et lance si bien la romance ! A ses côtés, M. Louis Maurel est un fort bon comique et M. Félix Barré ainsi que Mmes Launay, Marquet, Sudaka, etc., se tirent à leur honneur de leurs emplois.

 

(J. Lieubal, Comœdia illustré, 01 juin 1921)

 

 

 

 

 

 

Acte III. Romance "Je regrette mon Pressigny"

Fanély Revoil (Suzanne) et Orchestre dir Marcel Cariven

enr. vers 1934

 

 

 

 

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