André MESSAGER
André Charles Prosper MESSAGER dit André MESSAGER
compositeur et chef d'orchestre français
(rue Montpeyroux, Montluçon, Allier, 30 décembre 1853* – Paris 17e, 24 février 1929*)
Fils de Paul Émile Philippe MESSAGER (Paris ancien 10e, 21 janvier 1818 – Saint-Josse-ten-Noode, près de Bruxelles, Belgique, 10 mars 1873), percepteur des contributions directes [fils de François Dominique MESSAGER (Paris ancien 10e, 22 octobre 1772 – Paris ancien 10e, 23 novembre 1844), militaire, et de Marthe Marie GEMEAU (Rueil [auj. Rueil-Malmaison], Seine-et-Oise [auj. Hauts-de-Seine], 25 juin 1787 – Montluçon, 05 avril 1854)], et de Sophie Cornélie LHOTE DE SÉLANCY (Paris ancien 4e, 27 septembre 1825 – 29 rue de la Santé, Paris 13e, 14 septembre 1899*) [fille d'Alexis Louis LHOTE DE SÉLANCY (Versailles, Seine-et-Oise [auj. Yvelines], 29 novembre 1785 – Paris 8e, 10 janvier 1871), officier du service de la chambre du roi, et d'Arsène Alexis Joséphine FORCUIT (Versailles, 1793 – Paris ancien 2e, 05 juin 1856)], mariés à Vaugirard, Seine [auj. Paris 15e] le 05 novembre 1844*.
Frère de Marguerite Louise Marthe MESSAGER (Noyon, Oise, 02 octobre 1845* – Biot, Alpes-Maritimes, 17 février 1940) [épouse à Le Havre, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime], le 15 septembre 1874 Michel Vital Eugène Timoléon AUGÉ-LARIBÉ (Lauzerte, Tarn-et-Garonne, 20 avril 1840 – Montpellier, Hérault, 23 avril 1909), industriel ; parents de Michel AUGÉ-LARIBÉ (Montpellier, 11 avril 1876 – Paris 17e, 16 août 1954), auteur d'un livre sur le compositeur] ; et d'Émile François Alexis MESSAGER (Noyon, 15 mars 1848* – 17 rue Custine, Paris 18e, 28 avril 1902*), chef comptable à l'Opéra-Comique en 1902 [épouse à Pantin, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], le 30 juillet 1874 Jeanne Émilie VIDAL (Saint-Pierre-le-Moûtier, Nièvre, 21 mars 1851 – Neuilly-Plaisance, Seine-et-Oise [auj. Seine-Saint-Denis], le 21 novembre 1919)].
Epouse 1. à Le Havre le 20 août 1883* (divorce le 08 février 1894*) Édith Caroline Ida CLOUET (Le Havre, 11 décembre 1862* – Paris 16e, 17 octobre 1894*), fille de Jules César Antoine Frédéric CLOUET (Avignon, Vaucluse, 12 mai 1818 – Le Havre, 20 février 1889*), fabricant de produits chimiques, et de Marie Caroline DELACRETAZ (Viennet, canton de Vaud, Suisse, 03 octobre 1825 – Neuilly-sur-Seine, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 13 avril 1917), mariés à Vaugirard le 18 février 1843.
Parents de Jean André Émile Charles MESSAGER (2 rue Gounod, Paris 17e, 09 avril 1886* – Bordeaux, Gironde, 22 octobre 1952), journaliste et critique musical, marié à Paris 9e le 12 novembre 1912 (divorce le 25 novembre 1930) avec Marie-Louise ROSTAGNI (Nice, Alpes-Maritimes, 16 janvier 1891 – Paris 17e, 13 mars 1968) [parents de Jacqueline Edith Isabelle MESSAGER (Nice, 13 septembre 1913 – Bordeaux, 19 octobre 2011), mariée à Paris 17e le 01 juin 1934 avec Jean-Jacques René DUMORA (Bordeaux, section 3, 19 mars 1911 – Lormont, Gironde, 21 juillet 1990), baryton [grands-parents de Jean-Baptiste DUMORA, baryton] ; et d'Andrée Henriette MESSAGER (Nice, 23 janvier 1917 – Sens, Yonne, 16 juin 2006)].
Epouse 2. à Londres, Angleterre, en 1895 (puis divorce) Alice Maude DAVIS dite Hope TEMPLE (Dublin, Irlande, 27 décembre 1859 – Folkestone, Angleterre, 10 mai 1938), compositrice de mélodies.
Parents de Madeleine Hope Andrée MESSAGER (Maidenhead, Grande-Bretagne, 30 décembre 1897 – Saint-Tropez, Var, 12 mars 1986) [épouse à Paris le 17 décembre 1919 (divorce en avril 1931) Jacques Henri LARTIGUE (Courbevoie, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 13 juin 1894 – Nice, Alpes-Maritimes, 12 septembre 1986), photographe d'art].
Il fit ses études classiques tout en travaillant le piano depuis l'âge de sept ans. A seize ans, il vint à Paris et entra à l'école de musique religieuse de Niedermeyer (1868), où il fit toutes ses études musicales, dans les classes de Clément Loret (orgue), Adam Laussel (piano) et d'Eugène Gigout (harmonie). Il s'y lia avec Saint-Saëns et Fauré. Il en sortit en 1874 pour succéder à Fauré dans les fonctions d'organiste du chœur de Saint-Sulpice. Il fut chef d'orchestre aux Folies-Bergère (1878), puis, après une année passée à Bruxelles en qualité de chef d'orchestre à l'Eden-Théâtre (1880), il revint remplir les fonctions d'organiste du grand orgue à l'église Saint‑Paul-Saint-Louis (1881), puis celle de maître de chapelle à Sainte‑Marie-des‑Batignolles (1882‑1884). Directeur de la musique à l’Opéra-Comique (1898‑1903), il associa son nom à la création de Pelléas et Mélisande (1902), comme plus tard aux représentations de la Tétralogie à l’Opéra (1909). Il assura la direction de la musique et de l'orchestre à Covent Garden de 1901 à 1907, fut nommé le 26 janvier 1907 codirecteur, avec Leimistin Broussan, de l’Opéra de Paris (01 janvier 1908 au 01 septembre 1914), et en dirigea pour la première fois l’orchestre le 23 octobre 1908. A la mort de Marty, il lui succéda au pupitre de la Société des concerts du Conservatoire (1908-1919), pris encore la baguette à l’Opéra-Comique pour deux saisons (1919-1920), devint à nouveau directeur de la musique de ce théâtre de 1919 à 1921, et dirigea l’orchestre des Ballets russes en 1924.
En tant que chef d'orchestre, il a débuté à l'Opéra-Comique le 23 mars 1898 en créant l'Ile du rêve de Reynaldo Hahn. Il y dirigea également les créations ou premières suivantes : Beaucoup de bruit pour rien, la Carmélite, Cosi fan tutte, Fervaal, la Fille de Roland, Grisélidis, Hansel et Gretel, Louise, Pelléas et Mélisande, la Reine Fiammette, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, la Tosca, dont ses œuvres Une Aventure de la Guimard, Fortunio et Béatrice. Il y a effectué des reprises de la Basoche, Fidelio, la Traviata, Joseph et Orphée. Etant directeur de l'Opéra, il y a dirigé pour la première fois le 23 octobre 1908 à l'occasion de la première du Crépuscule des Dieux. Il y dirigea également les créations ou premières suivantes : l'Or du Rhin, Salomé, Déjanire, Fervaal, Parsifal et Scemo. Il y a assuré des reprises de la Walkyrie, Siegfried (1909), Tristan et Isolde (1910), les Maîtres chanteurs de Nuremberg, Gwendoline (1911), le Miracle (1914), la Damnation de Faust (1917), et un cycle de la Tétralogie en 1913.
En tant que compositeur, il obtint en 1876 au concours ouvert par la Société des compositeurs la médaille d'or pour une symphonie, qui fut exécutée le 20 janvier 1878 aux concerts du Châtelet, où elle fut accueillie favorablement ; en 1877, la Société académique de Saint-Quentin lui décerna le second prix pour sa cantate mise au concours : Don Juan et Haydée. Il donna sur diverses scènes de genre des petits ballets et remporta en 1881 le second prix de la Ville de Paris pour sa cantate : Prométhée enchaîné. Les opérettes, les opéras-comiques et les ballets de la plus séduisante facture se succédèrent avec un succès qui ouvrit bientôt à Messager les portes des grands théâtres parisiens et les scènes officielles : les Deux Pigeons (1886) ; Isoline (1888) ; la Basoche (1890) ; les P'tites Michu (1897) ; Véronique (1898) ; Fortunio (1907) ; Monsieur Beaucaire (1919) ; Coups de roulis (1928) ; etc. On lui doit également des arrangements pour le piano (España et Gwendoline de Chabrier ; Impressions d'Italie de Charpentier ; Au pays bleu d'Holmès ; Namouna de Lalo ; le Déluge, Etienne Marcel, le Requiem, la Symphonie n°2 et Phryné de Saint-Saëns dont il avait écrit l'orchestration de l'acte I). Avec Paul Vidal, il a orchestré le ballet Suite de danses sur des musiques de Frédéric Chopin (Opéra, 23 juin 1913). Il a publié aussi des critiques musicales dans la Grande Revue (1903-1904) et dans Musica (1902, 1907 et 1908).
Il fut nommé chevalier (12 juillet 1891), officier (05 août 1907), puis commandeur (07 septembre 1927) de la Légion d'honneur, et fut élu membre de l'Académie des Beaux-arts le 08 mai 1926, en remplacement d'Emile Paladilhe.
Artiste d’un goût et d’une culture raffinés, il a témoigné, dans le genre de l’opéra-comique et de l’opérette, d’une inspiration mélodique faite de grâce, de charme, d’élégance et de distinction. Il a remis ainsi en valeur des genres réputés, à tort, comme secondaires et inférieurs, en démontrant, par la qualité de son langage et la délicatesse de son style, la vanité des hiérarchies arbitraires entre les différents genres musicaux.
En 1883, il habitait 11 place Malesherbes à Paris 17e ; en 1886, 2 rue Gounod à Paris 17e ; en 1897, 18 rue Marbeuf à Paris 8e. Il est décédé en 1929 en son domicile, 103 rue Jouffroy [auj. rue Jouffroy-d'Abbans] à Paris 17e. Il est enterré au cimetière de Passy (15e division).
=> André Messager, articles du Musica (septembre 1908)
=> André Messager, mon maître, mon ami, par Henry Février (1947)
=> André Messager, musicien de théâtre par Michel Augé-Laribé (1951)
=> André Messager (Société d'Emulation du Bourbonnais, 1954-1956)
André Messager dessiné par Gabriel Fauré
œuvres lyriques
les Païens, opérette, livret d'Henri Meilhac, musique avec Serpette, Widor, Massenet et Delibes (1876 ; partition perdue) François les bas bleus, opéra-comique en 3 actes, livret d'Ernest Dubreuil, Eugène Humbert et Paul Burani, musique de Firmin Bernicat terminée par André Messager (Folies-Dramatiques, 08 novembre 1883) => fiche technique Gisèle, opérette en 3 actes, livret de F. Oswald et Maxime Boucheron (1884-1885 ; partition perdue) la Fauvette du Temple, opéra-comique en 3 actes, livret de Paul Burani et Eugène Humbert (Folies-Dramatiques, 17 novembre 1885) => fiche technique le Petit Poucet, féerie en 4 actes et 32 tableaux d'Eugène Leterrier, Arnold Mortier et Albert Vanloo, musique de scène (Théâtre de la Gaîté, 28 octobre 1885) la Béarnaise, opéra-comique en 3 actes, livret d'Eugène Leterrier et Albert Vanloo (Bouffes-Parisiens, 12 décembre 1885) => fiche technique le Bourgeois de Calais, opéra-comique en 3 actes, livret d'Ernest Dubreuil et Paul Burani ; création aux Folies-Dramatiques le 06 avril 1887 avec Mmes L. Borel (Marthe), Juliette Darcourt (la Comtesse de Civrac), Fanzi (René), Clementi (Gudule), MM. Morlet (le Duc de Guise), Gobin (Lord Trefford), Dechesne (André), Guyon (le Chevalier de Champagnolles), Bellucci (Maître Aubriet), Lauret (Kerkadec), Duhamel (Mitonnet), orchestre dir. Désiré Thibault. => partition les Premières armes de Louis XV, opéra-comique en 3 actes (d'après les Beignets du roi), livret d'Albert Carré, musique de Firmin Bernicat remaniée par André Messager (Menus-Plaisirs, 16 février 1888) => fiche technique Isoline, conte de fées en 3 actes et 10 tableaux, livret de Catulle Mendès (Renaissance, 26 décembre 1888 ; Opéra-Comique, 21 novembre 1958) => fiche technique le Mari de la Reine, opérette en 3 actes, livret d'Ernest Grenet-Dancourt et Octave Pradels (Bouffes-Parisiens, 18 décembre 1889) => fiche technique le Colibri, comédie en 1 acte de Louis Legendre (Paris, 1851 – 14.Villers-sur-Mer, août 1908), musique de scène (Vaudeville, 12 juin 1889) la Basoche, opéra-comique en 3 actes, livret d'Albert Carré (Opéra-Comique, 30 mai 1890) => fiche technique Hélène, drame en 4 actes et 5 tableaux de Paul Alexandre Delair (77.Montereau-Fault-Yonne, 24 octobre 1842* – 75017.Paris, 19 janvier 1894*), musique de scène (Vaudeville, 15 septembre 1891) => texte Madame Chrysanthème, conte lyrique en 1 prologue, 4 actes et 1 épilogue, livret de Georges Hartmann et André Alexandre (Théâtre de la Renaissance, 26 janvier 1893) => fiche technique Miss Dollar, opérette en 3 actes, livret de Charles Clairville et Albert Vallin (Nouveau-Théâtre, 22 décembre 1893) => fiche technique Mirette, opéra-comique en 3 actes, livret de Michel Carré fils. Création, avec succès, à Londres, au Savoy Theatre, le 03 juillet 1894, dans une version anglaise de Frederic E. Weatherly et Harry Greenbank, avec Mlles Maud Ellicott, Rosina Brandram, Florence Perry, MM. Walter Passmore, Courtice Pouds, Avon Saxon, Scott Fishe, Herbert Ralland, Scott Russell, John Coates. => partition la Fiancée en loterie, opérette en 3 actes, livret de Camille de Roddaz et Alfred Douane. Création aux Folies-Dramatiques le 13 février 1896, avec Mmes Cassive (Mercédès Zapata), Augustine Leriche (Carmen Zapata), Ginette (Lola), Minati (Rita), Dauge (Maris), Darley (Pepa), MM. Jean Périer (Angelin), Hittemans (Zapata), Vauthier (Lopez), Pierre Achard (Henri Sarteuil), Vavasseur (Directeur de la prison), Jannin (Commandant de "la Floride"), Baron fils (Commissaire du bord), Batréau (Caraco). => partition le Chevalier d’Harmental, opéra-comique en 5 actes, livret de Paul Ferrier (Opéra-Comique, 05 mai 1896) => fiche technique l'Ondine, drame lyrique, livret de Pierre-Barthélemy Gheusi (en préparation en 1897, inachevé) les P'tites Michu, opérette en 3 actes, livret d'Albert Vanloo et Georges Duval (Bouffes-Parisiens, 16 novembre 1897) => fiche technique la Montagne enchantée, pièce fantastique en 5 actes et 12 tableaux d'Emile Moreau et Albert Carré, musique de scène avec Xavier Leroux (Théâtre de la Porte-Saint-Martin, 12 avril 1897) => partition => programme Véronique, opérette en 3 actes, livret d'Albert Vanloo et Georges Duval (Bouffes-Parisiens, 10 décembre 1898 ; Opéra-Comique, 07 février 1925) => fiche technique les Dragons de l'Impératrice, opéra-comique en 3 actes, Albert Vanloo et Georges Duval (Variétés, 13 février 1905) => fiche technique Fortunio, comédie musicale en 4 actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet (Opéra-Comique, 05 juin 1907) => fiche technique Miousic, opérette en 2 actes, livret de Paul Ferrier, musique avec Reynaldo Hahn, Charles Cuvillier, Camille Erlanger, Henri Herblay [Hirchmann], Rodolphe Berger, Charles Lecocq, Xavier Leroux, Paul Letombe, Willy Redstone, Paul Vidal (partition perdue) (Olympia, 21 mars 1914) Béatrice, légende lyrique en 4 actes, livret de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet (Monte-Carlo, 21 mars 1914 ; Opéra-Comique, 23 novembre 1917) => fiche technique Cyprien, ôte ta main de là !, fantaisie en 1 acte, livret de Maurice Hennequin (Concert Mayol, 01 juin 1917, avec Prince) => partition Monsieur Beaucaire, opérette romantique en 1 prologue et 3 actes, livret de Frederick Lonsdale et Adrian Ross, version française d’André Rivoire et Pierre Veber (Londres, 07 avril 1919 ; Théâtre Marigny, 20 novembre 1925 ; Opéra-Comique, 18 novembre 1955) => fiche technique la Petite Fonctionnaire, comédie musicale en 3 actes, livret de Xavier Roux (Théâtre Mogador, 14 mai 1921) => fiche technique l'Amour masqué, comédie musicale en 3 actes, livret de Sacha Guitry (Théâtre Edouard VII, 15 février 1923) => fiche technique Passionnément !, comédie musicale en 3 actes, livret de Maurice Hennequin et Albert Willemetz (Théâtre de la Michodière, 15 janvier 1926) => fiche technique Deburau, comédie en 4 actes et 1 prologue de Sacha Guitry, musique de scène (Théâtre Sarah-Bernhardt, 07 octobre 1926) => fiche technique Coups de roulis, opérette en 3 actes, livret d'Albert Willemetz (Théâtre Marigny, 29 septembre 1928) => fiche technique Sacha, comédie musicale en 4 actes, livret de Maurice Donnay et André Rivoire, lyrics de Guillot de Saix, d'après Education de prince de Maurice Donnay, musique terminée par Marc Berthomieu ; création à l'Opéra de Monte-Carlo le 23 décembre 1933 avec Mmes Edmée Favart (la Reine), Janine Guise (Raymonde Percy), Paulette Marinier (Chochotte), Jane Morlet (Mme Garantie), MM. Henry Defreyn (Cercleux), René Charle (Sacha), Georges Davray (Braoulitch).
cantates
Don Juan et Haydée, cantate à 3 voix, paroles de Byron (médaille d'or au concours ouvert par l'Académie de Saint-Quentin en 1877) Prométhée enchaîné, cantate pour solistes, chœurs et orchestre, paroles de Georges Clerc (2e prix au concours musical de la Ville de Paris en 1881) "On nous promet, à brève échéance, l'audition de Prométhée, de M. Messager, ouvrage classé au concours après Loreley et dont les qualités ont paru assez remarquables pour en faire désirer la mise à l'étude." (Louis Gallet, la Nouvelle Revue, 01 janvier 1883)
ballets
Fleur d’oranger, ballet en 1 acte, livret de Lucien Defoursy (Folies-Bergère, 1878 ; Royan, 03 août 1893) les Vins de France, ballet en 2 tableaux, livret de Lucien Defoursy (Folies-Bergère, 1879) Mignons et vilains, ballet en 1 acte, livret de Lucien Defoursy (Folies-Bergère, 1879) les Deux Pigeons, ballet en 3 actes, livret d'Henry Regnier et Louis Mérante (Opéra, 18 octobre 1886) => fiche technique les Bleuets, ballet en 1 acte, livret de Balbiani et Frédéric d'après Victor Hugo (Paradis latin, 27 février 1889 ; partition perdue) Scaramouche, pantomime-ballet en 2 actes, livret de Maurice Lefèvre et Henri Vuagneux, musique avec Georges Street (Nouveau-Théâtre, 17 octobre 1891) => fiche technique Amants éternels, pantomime en 3 actes, livret de Corneau et Gerbault (Théâtre Libre, 26 décembre 1893) le Procès des roses, pantomime en 1 acte, livret de Catulle Mendès (Théâtre Marigny, 06 juin 1896) (partition perdue) le Chevalier aux fleurs, ballet avec chœurs en 1 acte, livret d'Armand Silvestre, musique avec Raoul Pugno (Théâtre Marigny, 25 mai 1897)
Une aventure de la
Guimard, ballet en 1 acte, livret d'Henri Cain (Versailles, 1900 ; Opéra-Comique, 08 novembre 1900)
=>
fiche technique mélodies
À une fiancée, poésie de Victor Hugo (vers 1888) => fiche technique Aimons-nous, poésie d'Emile Blémont (1897) Amour d'hiver [1. Ce fut au temps du chrysanthème ; 2. Je porte sur moi ton image ; 3. Que l'heure est vite passée ; 4. Ne souffre plus ! ; 5. Quand tu passes, ma bien-aimée ; 6. l'Hiver de cet an est si doux], poésies d'Armand Silvestre (1911) => partition Arioso, poésie de Paul Burani => fiche technique Arpège, poésie d'Albert Samain Bateau rose (le), poésie de Jean Richepin (vers 1892) Chanson d'automne, poésie de Paul Delair (entre 1882 et 1889) Chanson de ma mie (la), poésie de Théodore de Banville (novembre 1882) => fiche technique Chanson des cerises (la), poésie d'Armand Silvestre (entre 1884 et 1888) => fiche technique Chanson mélancolique, poésie de Catulle Mendès (entre 1884 et 1888) => fiche technique Chansons populaires d'Alsace, recueillies et traduites par Arsène Alexandre, harmonisées par Messager, images de Georges Delaw (1920) => partition Chant d'amour, poésie d'Armand Silvestre (1894) => fiche technique Credo de la victoire (le), chant patriotique pour deux voix, paroles d'Ernest Dubreuil et de Paul Burani => partition Curly Locks, poésie de F. E. Weatherly (entre 1882 et 1889) Douce chanson, poésie d'Emile Blémont (1894) => fiche technique Fleurs d'hiver, poésie d'Armand Silvestre (1889) Gavotte, danse chantée, poésie de Théodore de Banville (vers 1887) Mimosa, poésie d'Armand Silvestre (novembre 1882) Neige rose, poésie d'Armand Silvestre (entre 1884 et 1888) => fiche technique Noël alsacien, nouveau noël Notre amour est chose légère, poésie d'Armand Silvestre (1897) Nouveau printemps [1. Se peut-il qu'une larme vienne ; 2. Mai vient ; 3. Un réseau d'ombres emprisonne ; 4. La lune égrène en perles blondes ; 5. Dans les arbres blancs de givre], poésies de Georges Clerc d'après Heinrich Heine (1885) Paix de blanc vêtue (la), poésie de Léon Lahovary (1922) => partition Pour la patrie, poésie de Victor Hugo (entre 1882 et 1889) Regret d'avril, poésie d'Armand Silvestre (août 1882) Ritournelle, poésie d'Henry Gauthier-Villars (vers 1892) Rosyllian, poésie traduite de l'anglais par Geoffroy Martarelli Si j'avais vos ailes !, valse chantée, poésie d'Ernest Grenet-Dancourt et Octave Pradels (vers 1890) => fiche technique Sur la mer, poésie de José-Maria Cantilo Va chercher quelques fleurs, poésie de Louis Aufauvre (1922) => partition
musique instrumentale
Symphonie (1875 ; médaille d'or au concours ouvert en 1876 par la Société des Compositeurs ; Concerts Colonne, 20 janvier 1878) Loreley, ballade pour orchestre (1880 ; le manuscrit avait été égaré, et, retrouvé, l'œuvre fut donnée aux Concerts Colonne en 1930 sous la direction de Gabriel Pierné) Souvenirs de Bayreuth, fantaisie en forme de quadrille sur les thèmes favoris de l'Anneau du Nibelung, pour piano à quatre mains, musique avec Gabriel Fauré (entre 1880 et 1889) Trois valses, pour piano à quatre mains, dédiées à Vincent d'Indy (juillet 1884) => partition de la 2e valse Trois pièces, pour violon et piano : Barcarolle, Mazurka, Sérénade (1897) Solo de concours, pour clarinette et piano (concours du Conservatoire National de Musique, 1899) => partition Morceau de lecture à vue du concours de piano (femmes) du Conservatoire National de Musique (septembre 1903) => partition Morceau de lecture à vue du concours de piano (femmes) du Conservatoire National de Musique (août 1911) => partition Impromptu, op.10, pour piano (vers 1888) Habanera, op.11, pour piano (vers 1888) => partition Menuet, op.12, pour piano [op. 12 bis pour 4 mains] (vers 1888) => partition Mazurka, op.13, pour piano [op. 13 bis pour 4 mains] (vers 1888) => partition Caprice-Polka, op.14, pour piano (vers 1888) Valse, op.15, pour piano (vers 1888) Messe de l'Association des pêcheurs de Villerville, pour chœur de femmes et orchestre de chambre, musique avec Gabriel Fauré => 1er manuscrit de la partition ; 2e manuscrit (1906) |
frontispice d'un air de la Fiancée en loterie, édité le 21 mars 1896
André Messager vers 1890
André Messager lors de la création de Véronique (1898), photo Nadar
L’Orientation musicale
Est-il possible de prévoir ce que sera la Musique de demain ? Les sentiers battus semblent devoir être désertés. Mais où allons-nous ? Nous avons jugé indispensable, pour le premier numéro de Musica, de consulter sur ce sujet délicat ceux des jeunes maîtres dont l’indiscutable originalité, la nouveauté de leurs conceptions et la sûreté de leur érudition ou de leur jugement pouvaient éclairer notre religion.
André Messager souhaite et prévoit le retour aux qualités de notre race ; et n’est-ce point par les meilleures de ces qualités que brillent la Basoche et la délicieuse Isoline ?
Il est assez généralement convenu que la musique en France traverse une période de trouble, d’incertitude et de tâtonnements. « On ne sait plus ce qu’il faut faire », telle est la formule dont se servent tour à tour compositeurs, directeurs de théâtres ou de concerts et même auditeurs, en constatant l’insuccès de la majeure partie des œuvres musicales données depuis une période déjà assez longue. Et cette formule est parfaitement juste en ce sens que la plupart des compositeurs sont désorientés, désorbités, ballotés, de Wagner à Grieg en passant par Puccini ; toujours prêts à s’embarquer pour la Scandinavie, l’Allemagne et la Russie au lieu de rester tranquillement dans leur pays, d’essayer d’être eux-mêmes, de faire, en un mot, la musique qu’ils peuvent faire, sans s’inquiéter de formules et de théories qui ne vont ni à leur caractère ni à leur nature. Il est certain que notre génération a été étrangement troublée par Wagner et son système. L’apparition des chefs-d’œuvre de ce colossal génie a été pour nous comme le lever d’un soleil nouveau et nous a laissé à tous un tel éblouissement que beaucoup en sont restés aveuglés. Qui ne s’est efforcé alors d’imiter plus ou moins Wagner ? Qui n’a voulu faire du leit-motive, de la mélodie continue, de l’orchestration intensive ? Bien peu, hélas ! qui aient su résister ! Et c’est là, uniquement là qu’il faut chercher la cause du malaise musical dans lequel nous vivons encore à présent. Tout cela, Dieu merci ! est en train de se dissiper peu à peu. Il a paru quelques œuvres, Louise et Pelléas entre autres, nettement de notre pays, auxquelles le Wagnérisme est resté complètement étranger, et qui, je l’espère, encourageront les autres compositeurs à écouter leur propre tempérament et à faire de la musique dégagée de tout influence contraire à nos goûts et à nos aptitudes. Je ne veux pas dire par là que Louise et Pelléas soient les exemples à suivre… Non ! il ne faut jamais refaire ce qu’un autre a fait le premier. Mais efforçons-nous de reconquérir les qualités que beaucoup semblent avoir perdues : la clarté, la gaîté, la grâce et la tendresse. Si nous avons déjà cela, ce sera suffisant et nous pourrons nous passer du reste.
(André Messager, Musica, octobre 1902)
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André Messager, photo Benque-Bary
M. André-Charles-Prosper Messager est né à Montluçon (Allier), le 30 décembre 1853. Dans un article récent (1), M. Messager a retracé lui-même les diverses phases de sa vie d'artiste : « Aussi loin que je puis me rappeler, raconte-t-il, je me vois penché sur un tabouret de piano et avalant avec avidité la plus exécrable musique à la mode de ce temps-là. Mes parents trouvaient cela charmant, jusqu'au jour où je leur déclarai que je désirais devenir compositeur et faire de la musique ma carrière. Mon père, spécialement, ne pouvait admettre qu'un fils de fonctionnaire (il l'était, hélas !) pût songer à exercer un pareil métier. Le sort se chargea d'arranger tout cela en enlevant, dans une tempête de Bourse, jusqu'au dernier centime de tout ce que nous possédions. C'est alors que j'entrai à l'Ecole Niedermeyer, où je fis complètement mes études musicales. M. Eugène Gigout fut mon professeur de contre-point, Adam Laussel mon professeur de piano et Clément Loret mon professeur d'orgue. Je quittai l'école en 1874 pour remplir les fonctions d'organiste du chœur à l'église Saint-Sulpice, où je restai six ans (2). Pendant cette période je fis mes débuts comme compositeur, d'abord avec une Symphonie en quatre parties, couronnée par la Société des Compositeurs et exécutée aux Concerts Colonne, et quelque temps après, avec un ballet joué aux Folies-Bergère (rares étaient les débouchés en ce temps-là !) et intitulé naïvement Fleur d'Oranger. Le succès de ce ballet, joué à peu près 200 fois, m'encouragea dans cette voie et les Vins de France et Mignons et Vilains suivirent d'assez près ma première tentative. En 1880, je trouvai l'occasion, tout à fait par hasard, de faire mes débuts comme chef d'orchestre, en acceptant un engagement pour inaugurer l'Eden-Théâtre de Bruxelles, où je restai un an, composant encore deux nouveaux ballets. De retour à Paris, encore une fois le hasard (qui a joué un rôle prépondérant dans mon existence) me mit à même d'aborder le théâtre lyrique. Cette fois-ci, c'était un triste hasard, la mort de Firmin Bernicat, qui laissait inachevée la partition de François les Bas-bleus. L'éditeur de Bernicat, qui était aussi le mien, M. W. Enoch, voulut bien me confier cet ouvrage à terminer, et le succès répondit à sa confiance. Puis vinrent la Fauvette du Temple (1884), début de M. H. Micheau (depuis, directeur des Nouveautés) dans la direction théâtrale, la Béarnaise (également en 1884) aux Bouffes, et, enfin, le Bourgeois de Calais (1885), aux Folies-Dramatiques, dont l'insuccès termina la première série de mes productions dramatiques. Un jour de cette année 1885, je reçus la lettre suivante : « Mon cher ami, j'ai profité de l'effusion qui suit une bonne première, pour demander à Vaucorbeil de vous commander un ballet. Allez donc le trouver ; il vous attend demain chez lui rue de Miromesnil. » Cette lettre était signée Saint-Saëns. Il avait eu la bonté de me donner quelques leçons de piano et de fugue à ma sortie de l'Ecole Niedermeyer, s'était intéressé à moi et me donnait, de la manière la plus délicate, une preuve de la générosité de son cœur et de la sollicitude qu'il a su toujours, et en toute occasion, montrer pour les jeunes. Je ne saurais trop lui en exprimer ma reconnaissance. Cette visite, c'étaient les portes de l'Opéra qui s'ouvraient devant moi. Vaucorbeil me commanda en effet le ballet des Deux Pigeons, qui ne fut cependant représenté que sous la direction Ritt et Gailhard, le 18 octobre 1886, Vaucorbeil étant mort quelques mois auparavant. A la suite des Deux Pigeons et malgré le succès de cet ouvrage, je fus presque deux ans sans pouvoir trouver un librettiste qui voulût me confier un livret. Je ne perdis rien pour attendre, car Catulle Mendès voulut bien écrire pour moi ce bijou de poésie qui s'appelle Isoline, représenté le 26 décembre 1888 à la Renaissance. Puis vint le Mari de la Reine (1890), qui passa très inaperçu aux Bouffes, puis, quelques mois plus tard, la même année, la Basoche à l'Opéra-Comique. Ensuite, Scaramouche, ballet-pantomime représenté pour l'inauguration du Nouveau-Théâtre, Miss Dollar (1893) au même théâtre, la Fiancée en Loterie aux Folies-Dramatiques (1897) et, presque en même temps, le Chevalier d'Harmental à l'Opéra-Comique. Ce dernier ouvrage tomba lamentablement. J'étais tellement découragé par cet insuccès que je ne voulais plus écrire du tout et tentai de me retirer en Angleterre, où j'avais fait représenter, en 1894, Mirette, opéra-comique écrit pour le Savoy-Théâtre de Londres, en collaboration avec ma femme, alors au sommet de sa réputation comme compositeur de lieder. C'est là que je reçus, un beau jour, un rouleau flairant le manuscrit et que je mis de côté sans vouloir l'ouvrir tout d'abord, C'était le livret des P'tites Michu. La gaieté du sujet me séduisit et, renonçant à mes idées noires, je me mis à écrire avec un tel entrain qu'en trois mois l'ouvrage était terminé et joué la même année (1898) aux Bouffes avec un énorme succès. J'ai su depuis que ce livret avait été refusé par deux ou trois compositeurs ! Véronique (1899) lui succéda au même théâtre, puis les Dragons de l'Impératrice aux Variétés (1905) et, enfin, Fortunio à l'Opéra-Comique (1907). Quand j'aurai noté en passant le Chevalier aux Fleurs, grand ballet écrit en collaboration avec Raoul Pugno pour l'inauguration du Théâtre-Marigny et la musique de scène et ballet en collaboration avec Xavier Leroux pour la Montagne enchantée, féerie jouée à la Porte-Saint-Martin, je crois que j'aurai épuisé le catalogue de mes ouvrages. Lorsque M. Albert Carré fut nommé directeur de l'Opéra-Comique, il me demanda d'y remplir les fonctions de directeur de la musique (1898 à 1903), fonctions que j'alternai avec celles de directeur de l'Opéra de Covent-Garden de Londres, 1901 à 1907. Enfin j'étais nommé directeur de l'Opéra le 26 janvier 1907 avec M. Broussan (3). » (1) Musica, septembre 1908. (2) M. Messager a été, en outre, organiste du grand orgue de l'église Saint-Paul-Saint-Louis (1881) et maître de chapelle à l'église Sainte-Marie des Batignolles de 1882 à 1884. (3) Entrés en fonctions le 1er janvier 1908. Analysant cet œuvre musical qui comprend une symphonie à côté de menus ouvrages chorégraphiques, et des opéras-comiques voisinant avec des opéras-bouffes, M. Gabriel Fauré s'exprimait ainsi : « ... Ne pensez pas que dans les P'tites Michu ou Véronique, ou encore dans maints ballets qui ont fait fortune, sa plume ait eu moins de distinction que dans des ouvrages de premier plan comme les Deux Pigeons, Madame Chrysanthème ou la Basoche. Sa veine mélodique est également généreuse dans ces diverses productions ; elle va d'un rythme alerte, aisé, renouvelé de formes, de lignes très pures et toujours distinguée, sans ambigüité comme sans banalité, et sans cesse une écriture fine, serrée, mais simple, la rehausse de ses plus délicats ornements. Son orchestre est clair, sonore, riche d'inventions heureuses, abondant en sonorités piquantes ; vous n'y trouverez jamais ce laisser-aller, ces négligences qui ont si souvent compromis la dignité des œuvres de poésie légère... Il n'y a pas beaucoup d'exemples, dans l'histoire de la musique, d'un artiste d'une culture aussi complète, d'une science aussi approfondie, qui consente à appliquer ses qualités à des formes réputées, on ne sait pourquoi, secondaires. De combien de chefs-d'œuvre ce préjugé ne nous a-t-il pas privés ? Et c'est encore là que se révèle la délicatesse de pensée de M. Messager ; c'est là que son éclectisme nous apparaît une enviable direction d'art. Avoir osé n'être que tendre, exquis, spirituel, n'exprimer que la galanterie des passions, avoir osé sourire alors que chacun s'applique à bien pleurer, c'est là une audace bien curieuse pour ce temps. Et c'est surtout l'affirmation d'une conscience d'artiste. » M. Robert Brussel ajoute « ... Il voulut être et il fut l'un des derniers, peut-être le dernier des compositeurs français « galants ». Par là il trouve sa place, et l'une des meilleures, dans l'évolution de la musique contemporaine. » M. André Messager s'est aussi acquis une réputation de chef d'orchestre qui ne le cède en rien au renom du compositeur. Il a dirigé maintes fois et un peu partout en France et à l'étranger, et il est depuis novembre 1908 chef d'orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire. A l'Opéra, le directeur a souvent fait place au cappelmeister et M. Messager est monté au pupitre pour y diriger des exécutions sensationnelles, le Crépuscule des Dieux de Wagner ou la reprise de Gwendoline d'Emmanuel Chabrier. « ... Il est le plus français des chefs d'orchestre ; je veux dire qu'il incarne, dans cet art, la netteté, a écrit M. Reynaldo Hahn... Ses mouvements sont ceux d'un connaisseur qui, avec délices, fait observer l'une après l'autre toutes les beautés d'une œuvre, les désignant, les appréciant, les analysant avec une éloquence méthodique et délicate... On peut appliquer à M. Messager considéré comme chef d'orchestre ce mot de Mallarmé à quelqu'un qui lui chantait de beaux vers avec une diction qu'il aimait : « Ce poème, vous m'en faites sentir jusqu'à la page qu'on tourne ! » (4) (4) Ces diverses citations sont extraites d'articles parus dans le n° 72 de Musica, septembre 1908. Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1891, M. André Messager a été promu en 1907 au grade d'officier. Il est, en outre, décoré des ordres suivants : Commandeur de Sainte-Anne de Russie, de l'Etoile Polaire de Suède, de Léopold II de Belgique, de Saint-Alexandre de Bulgarie. (Octave Séré, Musiciens français d'aujourd'hui, 1912)
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le compositeur André Messager dont le chef-d'œuvre : la Basoche, vient d'être repris à l'Opéra-Comique (Musica, juin 1906)
lettre d'André Messager du 21 novembre 1907
André Messager dessiné par Leonetto Cappiello dans le Rire du 23 février 1907
lettre d'André Messager, directeur de l'Opéra de Paris, du 13 juillet 1909, à propos d'un ballet de Schwartz et Francmesnil [coll. ALF]
André Messager en 1910 [photo Pierre Petit]
André Messager, compositeur français, né à Montluçon le 30 décembre 1853, élu membre de l'Académie des beaux-arts en remplacement de Paladilhe. Il n'est personne qui n'ait applaudi sans arrière-pensée à l'élection d'André Messager à l'Académie des beaux-arts. Cette unanimité dans la louange est trop rare pour n'être pas soulignée. André Messager, compositeur, chef d'orchestre, critique ou directeur de théâtre, ne compte que des sympathies, et l'hommage qui vient de lui être rendu s'adresse autant au caractère qu'au talent de l'auteur des Deux Pigeons. C'est plaisir délicat que de feuilleter les souvenirs, déjà anciens, où il raconte, avec la grâce même qui caractérise sa musique, ses débuts dans la carrière :
Aussi loin que je puis me rappeler, je me vois perché sur un tabouret de piano et avalant avec avidité la plus exécrable musique à la mode de ce temps-là. Mes parents trouvaient cela charmant, jusqu'au jour où je leur déclarai que je désirais devenir compositeur, et faire de la Musique ma carrière. Mon père, spécialement, ne pouvait admettre qu'un fils de fonctionnaire (il l'était, hélas !) pût songer à exercer un pareil métier. Le sort se chargea d'arranger tout cela en enlevant, dans une tempête de Bourse, jusqu'au dernier centime de tout ce que nous possédions. C'est alors que j'entrai à l'École Niedermeyer, où je fis complètement mes études musicales. M. Eugène Gigout fut mon professeur de contrepoint, Adam Laussel mon professeur de piano, et Clément Loret mon professeur d'orgue.
Dans la célèbre École, il fut condisciple de Gabriel Fauré qui a tracé de lui, à son tour, ce joli portrait :
Tel que je vis alors Messager, tel je l'ai revu à chaque tournant de la vie : connaissant tout, sachant tout, se passionnant pour tout ce qui était nouveau, pourvu que l'ouvrage fût digne de son examen. Il avait été à Bayreuth des premiers pèlerins et jouait Wagner par cœur, alors qu'on l'ignorait encore à Paris. Il était curieux de la symphonie, du lied, des quatuors les plus récents, comme du dernier opéra. Je l'ai connu organiste à Saint-Sulpice et maître de chapelle à Sainte-Marie ; je l'ai connu pianiste, répétiteur, chef d'orchestre (et avec quelle autorité !), directeur de la musique à l'Opéra-Comique, directeur de théâtre en Angleterre, enfin à Paris à la tête de l'Opéra.
En effet, l'activité d'André Messager a été, est encore, débordante. Il quitta l'École Niedermeyer en 1874, pour remplir les fonctions d’organiste du chœur à l'église Saint-Sulpice, où il resta six ans. En 1881 est organiste du grand orgue de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, et, de 1882 à 1884, maître de chapelle à l'église Sainte-Marie-des-Batignolles. Mais dès 1880 il avait fait ses débuts comme chef d'orchestre en inaugurant l'Éden-Théâtre de Bruxelles. En 1898, Albert Carré, nommé directeur de l'Opéra-Comique, lui demanda de remplir les délicates fonctions de directeur de la musique, fonctions dont il s'acquitta jusqu'en 1903 tout en assumant celle de directeur de l'Opéra de Covent-Garden, à Londres (1901-1907). Le 26 janvier 1907 il était nommé directeur de l'Opéra avec Broussan, et entrait en fonction le 1er janvier de l'année suivante. En novembre 1908 il devenait en outre chef d'orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, poste qu'il conserva jusqu'en 1919. Pendant tout le temps de sa direction à l'Opéra il tint à honneur de monter lui-même au pupitre pour diriger des exécutions de choix, comme le Crépuscule des Dieux de Wagner ou la reprise de Gwendoline de Chabrier. Mais le plus beau fleuron de sa couronne, ce furent les études et l'exécution, à l'Opéra-Comique, en 1902, de Pelléas et Mélisande, qu'il dirigeait encore tout récemment lors de l'admirable reprise qui en fut faite il y a quelques semaines. Ici encore, il faut lui laisser la parole (d'après les souvenirs qu'il a donnés à la Revue musicale [1er mai 1926] sur les premières représentations de Pelléas) :
Ayant reçu sans la moindre hésitation Pelléas, Albert Carré, très séduit par le sujet et fortement impressionné par le caractère si particulier, si nouveau de la musique, se préoccupait beaucoup de la façon dont il pourrait présenter au public cette œuvre exceptionnelle. Nous avions de fréquentes discussions à ce sujet ; lui, pensant qu'il faudrait réserver Pelléas pour des représentations hors série ou des matinées spécialement destinées aux habitués des concerts dominicaux ; moi, estimant qu'il valait mieux aborder les difficultés de front et s'adresser tout de suite au public ordinaire, sans insister sur le côté exceptionnel de l'ouvrage. C'est mon avis qui prévalut, et nous nous occupâmes de la distribution sans plus tarder..... La lecture aux artistes eut lieu chez moi, tout à fait dans l'intimité. Debussy, au piano, fit entendre sa partition, chantant tous les rôles de cette voix caverneuse et profonde qui l'obligeait souvent à transposer à l'octave inférieur, mais dont les accents devenaient peu à peu irrésistibles. L'impression produite par cette musique ce jour-là fut, je crois, unique. Alors, pendant des semaines, les répétitions se déroulèrent dans une ardeur et un enthousiasme grandissants ; chaque scène recommencée vingt fois sans que jamais aucun interprète manifestât la moindre humeur devant les exigences du compositeur souvent très difficile à satisfaire...
L'animateur de ces répétitions, ce fut Messager. Debussy n'ayant prévu, dans son œuvre, que des changements presque à vue entre les tableaux, avait relié ceux-ci par des morceaux de durée insuffisante. Il lui fallut composer d'arrache-pied des interludes, et Messager allait chaque jour lui arracher les feuillets que Debussy avait remplis entre deux répétitions. On peut affirmer aujourd'hui que si l'œuvre nouvelle put résister dès le début à l'hostilité et aux sarcasmes, c'est parce que Debussy eut le rare bonheur de rencontrer, comme l'a très bien dit Maurice Emmanuel dans sa monographie sur Pelléas, « un chef d'orchestre capable d'entrer profondément dans sa pensée et de s'accommoder, dans les moindres détails, aux exigences de sa sensibilité ». Aussi, quiconque possède la partition originale de Pelléas ne s'étonnera pas de la voir dédiée, en même temps qu'à la mémoire de Georges Hartmann, à André Messager « en témoignage de profonde affection ». C'est que ce grand serviteur de la Musique est aussi un créateur ; et son rôle dans l'histoire de la musique française est de premier plan. S'il a choisi pour s'exprimer de préférence le domaine du léger opéra-comique, il a contribué, en même temps que Fauré et Debussy sur d'autres voies, à préserver la musique française des lourdes séductions wagnériennes ou franckistes. Dès le temps où il remplissait les fonctions d'organiste du chœur à Saint-Sulpice, vers 1875, il abordait l'orchestre avec une symphonie en quatre parties qui fut couronnée par la Société des compositeurs, et jouée chez Colonne. Puis il abordait le ballet avec une Fleur d'oranger (1878) dont les Folies-Bergère cueillirent l'innocence. Ce ballet fut joué deux cents fois. Le succès encouragea le jeune musicien, dont les Vins de France (un acte, 1879, Folies-Bergère) et Mignons et Vilains (un acte, 1879, même scène) suivirent aussitôt la première tentative. Dans ce genre du ballet, Messager a connu la célébrité avec les Deux Pigeons, trois actes exquis représentés pour la première fois à l'Opéra le 18 octobre 1886. Et ce furent ensuite : Scaramouche (deux actes, 1891 ; Casino de Paris), Amants éternels (trois actes, 1893 ; Théâtre-Libre), le Chevalier aux fleurs, en collaboration avec Pugno (trois actes, 1897 ; Marigny), le Procès des roses (un acte, 1896 ; inédit), Une aventure de la Guimard (un acte, 1900 ; Versailles et Opéra-Comique). En même temps les grâces de l'opéra-comique français retrouvaient sous sa main tout l'éclat du XVIIIe siècle. Les citer, c'est rappeler une série de succès, inégaux certes, mais toujours parés de spirituelle tendresse. Après avoir terminé l'œuvre inachevée de Bernicat François les Bas-Bleus (trois actes, 1883 ; Folies-Dramatiques), il donne coup sur coup la Fauvette du Temple (trois actes, 1885 ; Folies-Dramatiques) et la Béarnaise (trois actes, 1885 ; Bouffes-Parisiens). Puis viennent : le Bourgeois de Calais (trois actes, 1887 ; Folies-Dramatiques), Isoline (trois actes, 1888 ; Renaissance), le Mari de la reine (trois actes, 1889 ; Bouffes-Parisiens), et l'exquise Basoche (trois actes, 1890 ; Opéra-Comique) qui retrouve aujourd'hui le même accueil qu'autrefois sur le théâtre où elle fut créée. Les cinq années qui suivent sont un peu moins heureuses avec Madame Chrysanthème (quatre actes, 1893 ; Renaissance), Miss Dollar (trois actes, 1893 ; Casino de Paris), Mirette (trois actes, 1894 ; Savoy-Théâtre de Londres), la Fiancée en loterie (trois actes, 1896 ; Folies-Dramatiques), le Chevalier d'Harmental (cinq actes, six tableaux, 1896 ; Opéra-Comique). « Ce dernier ouvrage, dit Messager dans ses Souvenirs, tomba lamentablement. J'étais tellement découragé par cet insuccès, que je ne voulais plus écrire du tout, et tentai de me retirer en Angleterre. » C'est là qu'il reçut, en 1897, le manuscrit des P'tites Michu. En trois mois, l'ouvrage était terminé ; son succès aux Bouffes fut triomphal ; et plus triomphal encore, au même théâtre l'année suivante, celui de Véronique. C'est dans ces deux ouvrages que Messager a exprimé avec le plus constant bonheur la délicatesse de sa sensibilité, avec une finesse incomparable d'écriture et d'orchestre. Mais la liste n'est pas close, et voici encore les Dragons de l'Impératrice (trois actes, 1905 ; Variétés), Fortunio (trois actes, 1907 ; Opéra-Comique), Béatrice (quatre actes, 1914 ; Monte-Carlo), la Petite Fonctionnaire (trois actes, 1921 ; Mogador), l'Amour masqué (trois actes, 1923 ; Edouard VII), Monsieur Beaucaire (trois actes, 1925 ; Marigny), Passionnément (trois actes, 1926 ; Michodière). Pour mesurer toute l'activité créatrice d'André Messager, il faudrait dénombrer toutes ses autres œuvres, qui s'inscrivent dans les domaines les plus divers. A la musique de scène appartiennent Hélène (1891 ; Vaudeville) et la Montagne enchantée (en collaboration avec Xavier Leroux, 1897 ; Porte-Saint-Martin). Don Juan et Haydée (1876) et Prométhée enchaîné sont des scènes dramatiques. Pour piano à deux mains ont été publiées six œuvres délicates (Op. 10 à 16) et pour piano à quatre mains Trois valses originales. Une vingtaine de mélodies (Mimosa, Chanson mélancolique, Amours d'hiver, etc.) s'échelonnent de 1884 à 1910. La musique de chambre s'est enrichie de trois pièces pour violon et piano (1897), et tout en créant ses œuvres l'animateur de Pelléas n'a pas ménagé sa peine pour rendre accessible au grand public, par des réductions pour piano et chant ou la transcription d'œuvres d'orchestre, la Gwendoline de Chabrier, Namouna de Lalo, plusieurs ouvrages de Saint-Saëns (notamment Etienne Marcel et Phryné), les Impressions d'Italie de Charpentier, ou la suite symphonique d'Augusta Holmès Au pays bleu. Et dans le Gaulois, depuis 1919, il défend encore par la plume les droits de la musique. Jusque dans ses œuvres les plus légères, André Messager la défend aussi par l'exemple. « Opérettes », disent les dictionnaires. Mais ce ne sont pas des opérettes ; ce sont des comédies musicales où la comédie, avec son esprit, sa tendre délicatesse et ses subtilités, est tout entière dans la musique. Elles vivront, comme vivent encore les opéras-comiques de Gluck. Elles vivront, parce qu'elles auront gardé la jeunesse. C'est le secret de l'Art, c'est le secret du caractère d'André Messager. Bien rares sont les musiciens qui, comme lui, ont toujours su renouveler leur sensibilité avec chaque génération montante. On a vu, avec ce qu'il fit pour Pelléas, tout ce que peut révéler de flamme une âme qui vibre à toute forme de beauté neuve ou rénovée. N'est-ce point lui qui, septuagénaire, tint à honneur, il y a deux ans, de diriger les nouveaux ballets des nouveaux jeunes, les Biches de Poulenc et les Fâcheux d'Auric ? N'est-ce point lui qui, cette année, fut le parrain, auprès de Diaghilev et des Ballets russes, du jeune Anglais Constant Lambert, dont Romeo and Juliet fut créé, il y a quelque semaines, par cette compagnie ? Ce musicien est un homme. Ce vétéran est un jeune homme. C'est comme lui que nous devrions tous vieillir. (André Cœuroy, Larousse mensuel, novembre 1926)
Nous avons donné la biographie de ce musicien, à l'occasion de son élection à l'Académie des beaux-arts, en remplacement de Paladilhe. A la suite de Passionnément donné en 1926, l'auteur avait encore écrit Coups de Roulis (trois actes ; 1928, Marigny). Organiste, directeur de l'Opéra, chef d'orchestre, Messager était une des personnalités les plus marquantes du monde musical, un des types les plus parfaits de notre race. Musicien grand seigneur, à l'esprit caustique, à la verve brillante, jusqu'au bout serviteur de l'art, — ne dirigeait-il pas dernièrement les Biches de Poulenc, et les Fâcheux d'Auric aux Ballets russes ? — cet artiste laissera le souvenir d'un homme toujours jeune, aimable, et qui savait allier la science la plus profonde de la voix, de l'orchestre, à la finesse, à la distinction de la pensée. On ne saurait résister à l'élégance, à la sobriété, à la netteté de ce style ; sans insister lourdement comme tant d'autres, Messager vous convainc, il vous transporte... La mort de Messager est une grande perte pour la musique française ; mais nous entendrons toujours Fortunio, la Basoche, Véronique ou Isoline... Et puis nous n'oublierons pas que c'est à ce grand chef d'orchestre que nous devons la révélation de Pelléas ! (N. Dufourcq, Larousse mensuel, juin 1929)
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André Messager au piano (photo Harlingue-Roger Viollet)
André Messager, photo Manuel
André Messager est assurément parmi les compositeurs de musique légère l'un de ceux qui font le plus grand honneur à l'école française. C'est qu'il joint le métier le plus sûr, le plus raffiné à un don d'invention inépuisable. Il se hausse bien au-dessus de la cocasserie un peu débraillée d'Hervé, ou de la gentillesse un peu banale de Lecocq ; ses dons d'harmoniste sont aussi grands que ceux du mélodiste ; et s'il n'a pas abordé les genres sévères de la symphonie ou de l'opéra, c'est qu'il a su se connaître lui-même et, peut-être trop modeste, se contenter de boire dans son verre.
André Messager, né à Montluçon le 30 décembre 1853, fut à Paris élève de l'école Niedermeyer, comme Gabriel Fauré. Il eut pour professeur d'orgue Clément Loret, ce qui fut une chance pour l'élève, car Loret, fanatique de Bach, ne manquait pas de donner à ses disciples le goût du beau style. Pour la composition, Messager eut pour maître Saint-Saëns, et celui-ci le tenait en si haute estime que sur son conseil, Vaucorbeil, directeur de l'Opéra, commanda au jeune musicien ce ballet des Deux Pigeons qui fut dansé pour la première fois le 18 octobre 1886, et depuis maintenu au répertoire.
Ce ballet n'était pas la première œuvre de Messager ; il avait déjà fait jouer d'autres ballets aux Folies-Bergère, tout d'abord celui de Fleur d'oranger qui marqua l'entrée de Messager dans la musique par une série de deux cents représentations, puis ceux des Vins de France et de Mignons et Vilains. Après un séjour à Bruxelles, où il était chef d'orchestre de l'Eden Théâtre, André Messager revint à Paris terminer pour l'Opéra-Comique le François les bas bleus de Bernicat et ses propres créations, la Fauvette du Temple et la Béarnaise, données en 1885 aux Folies-Dramatiques et aux Bouffes-Parisiens.
Mais c'est vraiment avec le ballet des Deux Pigeons qu'il consacra sa maîtrise. Trouve-t-on dans l'introduction un écho de Saint-Saëns ? Peut-être. Mais tout au long de la partition se développent des mélodies ingénieuses, des coupes rythmiques variées et tout à fait propres à soutenir les pas des danseurs, une harmonisation rare où l'auteur ne craint pas d'employer les accords de passage étrangers à la tonalité, les appogiatures languissantes, ou surprenantes, les savantes modulations. Mais tout cela avec tant de doigté, tant de naturel que pas un instant on ne saurait songer à un pesant devoir; tout se passe comme si les heurts les plus inattendus, les hardiesses même, étaient des formes de la plus exquise courtoisie. Avec cela l'instrumentation fine et discrète d'un homme qui ayant déjà des habitudes de chef d'orchestre, connaît à merveille les ressources des instruments et se garde bien d'employer ceux-ci à faux.
Depuis Léo Delibes, on n'avait rien entendu d'aussi plaisant, rien admiré d'aussi dansant. Messager est déjà là tout entier. Il aura d'autres trouvailles et bien d'autres succès ; mais l'essentiel est déjà révélé. A peine peut-on soutenir que le ballet d'Isoline (Renaissance, 1889) l'emporte encore en distinction.
Pourtant, avec l'opéra-comique de la Basoche (1890), André Messager va montrer qu'il manie aussi aisément les voix que les flûtes et les violons. Non sans parfois un peu forcer les syllabes à s'accommoder du rythme de la mélodie. Car pour le musicien, la musique prime tout. Examinez par exemple les couplets de l'Eveillé. Assurément l'agrément du livret d'Albert Carré et les péripéties des amours de Clément Marot contribuèrent et contribuent encore au succès de cet ouvrage. Et c'est probablement aux différences de qualité des livrets, que les œuvres de Messager durent leurs diverses fortunes. Le musicien était toujours le même, mais non la pièce. N'y a-t-il pas là l'explication de l'échec du Bourgeois de Calais et plus tard de l'échec du Chevalier d’Harmental (1897) ? Trois ans de travail perdus. La déconvenue fut rude pour l'auteur. Il se retira à Londres. C'est là qu'il épousa la musicienne Miss Temple et qu'il écrivit les P'tites Michu.
Le succès de cette opérette aux Bouffes-Parisiens fut très vif. Deux ans plus tard, au même théâtre triomphait Véronique. Cette fois le grand public tout entier était atteint et Véronique partait pour faire son tour de France et le tour du monde. Il est certain que dans ce genre tout à fait léger de l'opérette, André Messager était parfaitement à l'aise. Aussi ne l'abandonnera-t-il jamais, et l'y trouverons-nous fidèle jusqu'à ses derniers moments, avec Coups de roulis, c'est-à-dire jusqu'en 1928.
Ne voir en Messager que le compositeur serait pourtant masquer un autre côté de sa figure. André Messager était aussi un parfait chef d'orchestre. Il fallait le regarder au pupitre, grand, un peu maigre, un peu courbé, long nez penché vers la partition, dirigeant avec autant de simplicité que d'élégance et de sûreté. Non point simplement de la musique aimable ou facile, mais n'importe quelle musique, jusqu'à la plus ardue. André Messager, compositeur ou chef d'orchestre, n'ignorait rien des recherches harmoniques de ses contemporains : Claude Debussy lui était familier. Ces mérites le conduisirent à la direction de la musique à l'Opéra-Comique de Paris et au Covent-Garden de Londres. Puis de 1908 à 1914 il fut avec Broussan directeur de l'Opéra. C'est lui qui fit monter sur nos deux grandes scènes, Louise, Pelléas, la Habanera, Ariane et Barbe-Bleue, Hippolyte et Aricie, Parsifal. Mais cette période fut assez funeste à l'inventeur de tant d'airs délicieux.
Le compositeur reparut dès qu'André Messager put reprendre sa liberté. Son Fortunio avait été monté à l'Opéra-Comique en 1907 ; le maître revint au même théâtre en 1917 avec Béatrice. Puis ce furent à Mogador la Petite Fonctionnaire (1922), au théâtre Edouard VII l'Amour masqué (1924), au théâtre Sarah-Bernhardt Monsieur Beaucaire (1925), à la Michodière Passionnément (1927). Le 8 mai 1926 André Messager avait été nommé membre de l'Institut ; il mourut le 24 février 1929.
L'Amour masqué avait posé à Messager des problèmes nouveaux. Un des acteurs, l'auteur, Sacha Guitry, ne chantait pas. La principale protagoniste Yvonne Printemps n'était tout de même pas une cantatrice d'opéra. Rien de cela ne gêna le musicien. Les strophes de l'auteur-diseur tombent aisément sur un dessous d'orchestre bien mesuré. Dans un registre assez restreint, le compositeur écrit quelques-unes de ses pages les mieux venues. Les couplets sur le thème J'ai deux Amants, valent la célèbre chanson de Fortunio : C'est un garçon de bonne mine. André Messager était une sorte de virtuose de la composition. Et sa virtuosité possédait cet immense avantage : elle ne se laissait pas voir. Jamais le musicien n'a fait étalage de ses dons, ni de son savoir. Il écrit des chefs-d’œuvre en ayant l'air de sourire. Cette discrétion, ce goût de ce qui est juste à sa place, cette pudeur dans l'expression jointe à tant de joliesse et de beauté dépourvue de toute démesure et de toute prétention, ne voilà-t-il pas justement ce qui caractérise notre école et fait de Messager l'un des meilleurs représentants de l'esprit français ?
(Tristan Klingsor [1874-1966], les Musiciens célèbres, 1946)
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André Messager chez lui, 103 rue Jouffroy (Paris 17e), vers 1925
André Messager, magicien de l’opérette
Quel devin perspicace pouvait prévoir que le jeune André Messager s'orienterait, après les sévères disciplines de l'Ecole Niedermeyer, vers de plus souriants horizons ? Il eût été surpris d'apprendre que ce compagnon de la musique, nourri des plus nobles pensées du passé, et habitué des hautes cimes, demanderait à un art plus léger, à une vision plus aimable d'animer la fantaisie de sa plume.
L'appel de l'orgue.
Le piquant de cette orientation, c'est que Messager avait été conseillé par des maîtres qui, un jour, feront parler d'eux, avec des créations plus graves que celles choisies par l'auteur de Véronique. Saint-Saëns l'avait pris sous sa haute protection, à Niedermeyer. Fauré et Gigout lui avaient appris la meilleure manière d'acquérir un style élégant et clair. Si bien que Messager, après avoir mené de front l'étude du piano, de l'orgue, des accords, après une fréquentation assidue des grands maîtres, se lancera, pour ses débuts, à la composition d'une symphonie, qui sera, du reste, la première et dernière de son abondante production. Pas plus qu'aujourd'hui, les symphonies ne faisaient vivre un compositeur. Alors, Messager s'engagera d'ans un autre domaine moins ingrat, afin de faire face aux exigences d'une vie qui était quotidienne et incertaine. Il aurait pu poursuivre une obscure et modeste carrière dans quelque maîtrise de province, but que proposait Niedermeyer à ses élèves. Il eut la chance de ne pas quitter Paris. Grâce à Fauré, le voilà organiste du chœur, à Saint-Sulpice. Là, c'est un assaut d'ingéniosité entre lui et son partenaire, Widor, préposé au grand orgue. De la tribune au chœur, et du chœur à la tribune, ils s'adressent des défis sous forme de motifs. A chacun de les développer, de les orner, de les enjoliver à sa manière, en observant la règle des offices, et en donnant libre cours à leurs improvisations. Mais ces exercices doublés du casuel des morts et des vivants n'enrichissent guère Messager, et il lui faudra bientôt chercher ailleurs quelque débouché moins décevant, d'autant que divers prix de composition obtenus par lui ne sont aussi que de maigres viatiques.
Premières escarmouches.
Une occasion qui va vite s'offrir. Un court stage à l'Eden Bruxelles ne lui apportera pas l'aisance absolue, mais l'initie au métier de chef d'orchestre. De retour à Paris, où sa situation matérielle banque d'éclat, il s'aperçoit que, seul, le théâtre peut mener à quelque chose. Mais quoi écrire ? Pour qui composer ? De quels directeurs solliciter la confiance ? Autant de problèmes. Si encore il pouvait se flatter d'avoir quelque renom, les choses ne s'en arrangeraient que mieux. Un rayon d'espoir au milieu de ces préoccupations. Il compose plusieurs divertissements dansés, pour les Folies-Bergère (1878). Ces bluettes ne reflètent pas une grande originalité, mais elles apportent du pain pour quelque temps. Parmi ces chorégraphies sans prétention guettées par des vertus frêles et accueillantes, Fleur d'oranger eut sa petite histoire, et devait revivre d'une brève vie seconde. Eclose pour les planches des danseuses, elle connut une nouvelle floraison à l'occasion du mariage de Messager. Ce jour-là, c'était Fauré, le grand ami du compositeur, qui était à l'orgue. Il imagina, au cours de la cérémonie de mariage, de jouer un motif tiré de ce ballet, et de l'offrir en hommage aux jeunes époux. Messager reconnut la mélodie court-vêtue, se retourna, un peu surpris de cette échappée dans un saint lieu, mais n'en témoigna pas d'humeur. C'était là jeux plaisants entre amis et musiciens qui s'estimaient et accordaient au terme d'amitié son plus noble sens. Plus tard, au cours de l'une de ces joutes, ils improvisèrent au piano, en se lançant l'un à l'autre des défis amusés, un quadrille dont la Tétralogie de Wagner fournit la matière première. Fauré se le rappela, et pour ses œuvres légères, Messager comptera immanquablement sur l'approbation de son ami, qui faisait grand cas de son immense savoir, aimant son goût infaillible, et acceptait les jugements de ce compagnon de notes : « ... Dites à Messager, écrivait-il, que je tremble de lui montrer mes nouvelles compositions. Cet animal me fait presque plus peur que Saint-Saëns. » Saint-Saëns n'était pas moins riche d'éloges, et adressa les lignes suivantes à Messager qui ne lui ménageait pas son admiration : « Ne m'appelez plus maître, vous en êtes un autre ! Et je vous vois grandir de plus en plus, avec une joie où il y a un peu d'orgueil, car je m'imagine, peut-être à tort, avoir travaillé à votre éducation, comme Gounod, jadis, a travaillé à la mienne. Seulement, quand Gounod m'a vu grandir, ça ne lui a pas fait plaisir, il a eu besoin de s'y faire. Je ne suis pas du même acabit. »
L'opérette n'est pas un sous-produit.
Pourtant, Saint-Saëns avait émis une singulière réflexion sur le genre cher à son ami. N'avait-il pas dit : « L'opérette est une fille de l'opéra-comique qui a mal tourné » ? Boutade. Messager aurait-il, dès lors, démérité de son art en libérant tant de jolies pages dont Saint-Saëns reconnaissait, avec une parfaite sincérité, l'élégance, la finesse racée, le métier raffiné, la mélodie chantant sans réticence, l'orchestration où l'air sonore circule sans se charger d'aucune impureté ? Cet ami du plaisant détendait son rire dans la fréquentation de Wagner, qu'il alla entendre à Bayreuth, à la source même du génial créateur. Cet hommage rendu à Wagner, avec son sens prodigieusement intuitif qui surprenait la valeur à sa juste place, Messager découvre, plus tard, Debussy, et le propose à l'admiration des foules, aux esthètes comme aux mélomanes de bon vouloir. Il lutta pour lui contre tous, et l'arracha à la vindicte de l'incompréhension. Jeunesse de cœur, fraîcheur d'esprit si vivaces que, la vieillesse venue, il aimait, chaque matin, me disait son fils Jean qui était mon ami, disposer sur le pupitre de son piano une page de Bach qu'il se jouait avec une délectation profonde. A ces goûts d'aristocrate de la musique, Messager alliait d'autres goûts plus directs, plus simples. Il adorait la chanson, et le disait. Il se plaisait à l'entendre dans les endroits où elle s'épanouissait et se sentait libre. Le music-hall ou le cabaret ne lui apparurent jamais comme des lieux de perdition, mais bien comme un milieu où toute pose s'abolit, où l'enjouement est maître, où la fleur bleue trouve son terrain préféré. A l'âge mûr, il se rappelait quelques mauvais moments du début de sa carrière, alors qu'il fréquentait des scènes moins altières que celles de l'Opéra et de l'Opéra-Comique. Il avait écouté, en dilettante et aussi en grand sensible, les chansons de Polin, de Mayol, de Fragson, de Dranem, de Chevalier. Il aimait leur ton piquant, s'amusait de leur ton rosse. Leur loquacité désinvolte le divertissait comme elle séduisait le public qui se laisse prendre à un motif bien tourné, à une alerte lancée mélodique, qu'il préfère aux savantes distillations d'ennuyeuses symphonies. Le Messager qui avait longtemps fréquenté le chant grégorien et célébré à l'orgue les saints offices ne bouda pas la musique légère. D'autres que lui avaient déjà déserté la sainteté des temples, et assuré l'opérette d'une foi sans mysticisme. Il imita ces transfuges, et il ne crut pas déchoir en fréquentant d'autres sanctuaires consacrés à des rites folâtres et légers. L'opérette, la comédie lyrique (à vrai dire Messager distinguait mal l'une et l'autre) étaient pour lui un genre qui n'était pas ouvert au premier venu. Des compositeurs de haut talent, remarquait-il plaisamment, dotés de tous les prestiges d'un métier infaillible, ont commis l'imprudence de s'y risquer alors que l'austérité de leur pensée et la sévérité de leur science duraient dû leur conseiller l'abstention. Ils n'ont pas réussi. Ils ne pouvaient réussir, disait Messager, s'ils n'avaient reçu le stimulant de l'ironie. Le ciel ne leur avait pas fait cadeau d'une affabilité mélodique, seul moyen de toucher, grâce à la simplicité de la ligne, grâce aussi à une vivacité primesautière.
Quelques insuccès.
Il semble même, parfois, que Messager, en prise directe avec des sujets échappant au véritable esprit de l'opérette et de la comédie lyrique, ait moins été l'enfant de la chance, qui, pourtant, le traitait en enfant gâté, mais qui, alors, le bouda et lui refusa son sourire. Après la réussite du ballet des Deux Pigeons, à l'Opéra, ce fut la chute, en 1888, de l'opéra-comique, le Bourgeois de Calais, ce qui affecta profondément le compositeur. « Je fus, dit-il, presque deux ans sans pouvoir trouver un librettiste qui voulût me confier un livret. » Echec compensé, la même année, par l'éblouissante réussite du conte de fée Isoline. La délicate Madame Chrysanthème touche moins le cœur du public de l'Opéra-Comique de 1892 que ne l'avait fait le roman de Loti. L'échec de l'opéra-comique le Chevalier d'Harmental désespéra Messager : « J'étais tellement découragé par cet insuccès que je ne voulais plus écrire du tout, et tentais de me retirer en Angleterre. » Le rappel de ces insuccès n'est pas surprenant quand un musicien se mêle de créer une entente entre le plateau et la fosse d'orchestre. Et encore moins à propos d'un compositeur qui écrivait la musique en se jouant, mais exagérait certainement son autocritique en disant : « J'ai une douzaine d'actes qui ont bien marché au théâtre, mais c'est que j'en ai écrit plus de cent. » Tableau sombre que brossait le malicieux Messager, réflexion qui ne saurait porter une ombre maléfique sur les succès qui accueillirent sa riche production d'opérettes, depuis François les bas bleus (1883), four notoire à la répétition générale, mais immense succès auprès du public, jusqu'à la dernière œuvre, Coups de roulis (1928). Sur cette échelle du temps se placent des musiques que Messager écrivait sans effort, avec une énergie au travail que rien n'arrêtait, la tendresse et la malice faisant assaut de couplets amis. Torturé par la souffrance qui, vers la fin de sa vie, inquiétait ses amis, Messager répondait avec son délicieux sourire sceptique : « J'ai passé l'âge du désespoir. » Tout entier à Deburau avec Sacha Guitry, il fut violemment atteint d'une crise néphrétique : « Je crois bien, s'écrie-t-il, que je vais aller voir de l'autre côté comment on fait la musique. » Et la crise passée : « Allons, on va pouvoir faire un peu de musique. »
La chance que guette la confiance.
Jusqu’au bout, Messager garda cette vivacité, sa fierté de Parisien. Esprit qu'il tenait d'une ascendance Ile-de-France, encore que né, en 1853, à Montluçon, qu'il quitte à l'âge de seize ans. Ses opérettes, ses pétillantes comédies portent les traces d'un entrain mordant. Pourtant l'insuccès du Mari de la reine (1889) l'avait touché, comme le rappelle cette dédicace sur une partition offerte à Henry Février : « En souvenir du meilleur de mes fours ». La Basoche, en 1890, lui fait oublier cet accrochage, d'autant que Saint-Saëns, son aîné de dix-huit ans, se déclare ravi par cette musique claire, sans lourdeur, accessible au sentiment, teintée d'ironie. Le renom est venu. Il est quelqu'un. On le considère comme l'un des musiciens avec qui il faut compter. Et il n'hésitera pas à se dépenser, à se donner dès qu'une cause hardie s'offre à sa curiosité prompte à s'émouvoir. Mélomanes de souche, public des bons jours se retrouvèrent et s'accordèrent pour fêter les P'tites Michu (1897) dont la verve aimable, sans façons, séduisit les juges les plus grincheux. L'année suivante, c'est la populaire Véronique, gouailleuse, moqueuse, accessible aussi à la tendresse. Elle fit une entrée triomphale dans le monde de la gaieté, qu'elle ne quitte pas au bout d'une soixantaine d'années d'âge. Quelques années plus tard, en 1905, les Dragons de l'impératrice, coulé dans un Paris toujours présent, un parisianisme Second Empire, mêlant le charme de Véronique à la pétulance des P'tites Michu. Fortunio (1907) retrouve le même succès. Saint-Saëns n'est pas le dernier à se porter garant de la sincérité et de la netteté d'une partition dont il disait à Messager : « Savez-vous bien que vous êtes le seul, actuellement, pour faire de la musique à mon goût ? J'étais dans l'enchantement, et j'ai eu le plaisir de voir que je n'étais pas le seul. » Qui n'a entendu la délicieuse mélodie de Monsieur Beaucaire ? Tous les barytons y ont exercé leur voix et tenté leur chance dans une épreuve de charme. Londres eut la primeur de cette opérette qui, ensuite, débarqua sur le continent et y acclimata le sujet fantaisiste d'un roman américain. La vieillesse n'arrête pas l'activité créatrice de Messager. Avec les années, son art fluide accentue sa limpidité et ne refuse pas certaines recherches hardies. Telle apparaît la Petite Fonctionnaire (1921). La même vivacité choisie souffle sur les dernières partitions, du charmant Amour masqué, Passionnément, et Coups de roulis où un beau cuirassé d'escadre surprendra les soupirs et les aveux de deux jeunes amoureux. Cependant, le vieil homme souffre dans sa chair. Ces douleurs, il les supporte, et la musique a le pouvoir de les adoucir et même de les écarter. La plume reste alerte. Elle court avec allégresse sur les portées, et c'est dans un dernier épanouissement que le maître quittera les désillusions de la vie, et nous contera que la frivolité du ton ne s'oppose pas à la profondeur du sentiment. C'est ce stoïcisme souriant que garde Messager jusqu'au moment où il cesse d'écrire et de produire. Tout au long d'une œuvre qui ne voulut être ni ennuyeuse ni pédante, il ne manque pas de rappeler que le rire peut ne pas bouder l'émotion ou faire échec à la tendresse. Il y fallait du talent, beaucoup de talent, et aussi des dons de séduction, d'élégance et de netteté, qu'André Messager possédait au suprême degré.
(Paul Le Flem, Musica disques, septembre 1960)
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brochure éditée lors de la commémoration du centenaire de la naissance d'André Messager à Montluçon en juillet 1953 [don de la mairie de Montluçon]
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André Messager, photo Henri Manuel