l'Amour masqué
Comédie musicale en trois actes, livret de Sacha GUITRY, musique d'André MESSAGER, dédicacée à Yvonne Printemps par le compositeur.
Création à Paris, au Théâtre Edouard VII le 15 février 1923. L'orchestre a été dirigé à la répétition générale par le compositeur.
personnages | créateurs |
Elle | Mlles Yvonne PRINTEMPS |
1re Servante | Marthe FERRARE |
2me Servante | Marie DUBAS |
1re Dame | Reine BERNÈDE |
2me Dame | Suzanne DUPLESSIS |
3me Dame | Suzanne DUVAL |
4me Dame | Germaine CORNET |
Lui | MM. Sacha GUITRY |
l'Interprète | Louis MAUREL |
le Baron | URBAN |
le Maharadjah | Pierre DARMANT |
le Maître d'hôtel | L. KERLY |
le Valet de pied | G. LEMAIRE |
1er Monsieur | Henri GARAT |
2me Monsieur | MARIN |
3me Monsieur | Robert JUGAIN |
4me Monsieur | de SIZE |
Chef d'orchestre | Albert CHANTRIER |
morceaux séparés aux éditions Salabert
Catalogue des morceaux
Acte I |
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Ouverture | |||
01 | Introduction et Air | Veuillez accepter quelques roses | les deux Servantes, Elle |
02 | Couplets | J'ai deux amants | Elle |
03 | Tango chanté | Valentine a perdu la tête ! | le Baron |
04 | Quintette | Kartoum belafft | Elle, les deux Servantes, le Maharadjah, l'Interprète |
05 | Air | Mon rêve | Elle |
06 | Final | Je m'étais juré qu'à vingt ans | Elle |
Acte II |
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1er Entr'acte | |||
07 | Couplets | Depuis l'histoire de la pomm' | Elle, les deux Servantes |
07 bis | Sortie | Que si l' plus grand plaisir de l'homme | |
08 | Chœur | Fête charmante | les Invités |
08 bis | Sortie | Fête charmante | |
09 | Duo | Viens, s'il est vrai que tu m'attends | Elle, Lui |
09 bis | Chanson des Bonnes | J'aim' pas les bonn's | le Baron |
10 | Chant birman | Lalla vabim ostogenine | le Maharadjah |
11 | Ensemble et Chanson de Koutchiska | Messieurs les invités | les Invités, l'Interprète |
12 | Couplets du Charme | Il est un pouvoir dont le Temps | Elle |
13 | Final | Excusez-nous si nous partons | Tous |
Acte III |
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2e Entr'acte | |||
14 | Couplet | Ah ! Quelle nuit ! Quelle maîtresse ! | Lui |
15 | Quatuor | Le Maradjah m' disait | Elle, l'Interprète, les deux Servantes |
16 | Couplet | Ah ! Quelle nuit ! Quelle maîtresse ! | le Baron |
17 | Romance | Pourquoi m'en écrire un volume ? | Elle |
18 | Duetto | Excellente combinaison | 1re Servante, l'Interprète |
19 | Final | J'ai deux amants, c'est beaucoup mieux | Elle |
photo prise lors de la création (Yvonne Printemps, Sacha Guitry, Louis Maurel)
André Messager fait répéter l'Amour masqué à Yvonne Printemps vers 1927
Messager dirige l'Amour masqué que chante Yvonne Printemps. Dessin de Don.
L'héroïne aime un inconnu dont elle n'a que la photographie. Le modèle vient réclamer cette photographie, mais elle date de vingt ans et la jeune femme le prend pour le père de l'inconnu. Le père improvisé accepte ce rôle et c'est sous le masque qu'il fera sa cour. Naturellement ce qui devait arriver arrive : la jeune femme finit par s'éprendre du modèle malgré les années, et tout s'arrange. Sacha Guitry a mêlé à cette comédie de nombreux couplets qui ont été délicieusement mis en musique par André Messager. L'auteur de la Basoche, de Véronique a conservé toute sa verve ; la ligne mélodique est toujours délicieuse, l'harmonisation savante sans en avoir l'air, et l'orchestration délicate laisse aux voix toute leur importance. (Larousse mensuel illustré, avril 1923)
Malgré des faiblesses, cette œuvre aimable a obtenu du succès parce qu'elle a marqué le réveil d'un genre que l'on croyait mort depuis la guerre, celui de l'opérette française. Celle-ci qui, dès les premières années du XXe siècle, luttait péniblement déjà contre l'opérette viennoise, était sur le point de céder le pas à la fausse opérette américaine, où la chanson de café-concert s'accrochait à la danse de music-hall, ajoutant à la déchéance du livret celle de la musique. En dépit de son sous-titre littéraire de « comédie musicale », l'Amour masqué est une opérette qui revient à la tradition la plus éprouvée. Yvonne a vingt ans. Elle est riche, grâce aux libéralités de deux protecteurs, qu'elle n'aime pas. Son cœur est à un jeune inconnu, dont elle a dérobé l'image chez un photographe. Prévenu par celui-ci, le propriétaire de la photographie vient la réclamer ; Yvonne ne sait pas que l'épreuve dérobée date d'il y a vingt ans ; elle prend le visiteur pour le père du jeune homme dont les traits l'ont frappée, et le prétendu père feint d'admettre l'existence du fils, grâce auquel il entrevoit qu'il pourra faire avec succès sa cour. Il prévient Yvonne que ce fils, un peu original, aime le mystère et apparaîtra masqué au bal qu'elle donne le soir même. Il va sans dire que c'est le prétendu père qui arrive sous le masque et se fait passer pour le fils. Après bien des péripéties où l'on voit les deux servantes d'Yvonne prendre l'aspect même de leur maîtresse (ainsi l'amour est trois fois masqué), où l'on voit un membre de l'Institut servir d'interprète à un maharadja, tout finit pour le mieux. Yvonne s'éprend du père à défaut du fils, avec d'autant plus de facilité qu'elle reste ainsi fidèle à son idéal, qui est d'avoir deux amants. (La pièce portait primitivement le titre de : J'ai deux amants.) Mais ces deux amants, elle les trouvera dans le même homme. Pour accompagner cette aventure qui ne se pique pas d'être morale (et où le librettiste insiste sans nécessité sur des propos qu'il est bien inutile de souligner), André Messager a écrit une partition élégante, comme à l'habitude. La simplicité des moyens musicaux mis en œuvre est remarquable ; elle apparaît avec évidence dans la réduction pour piano et chant. La phrase, mélodique, longue et sinueuse, se déroule avec aisance ; elle n'est pas, à vrai dire, d'une qualité rare, mais elle possède au plus haut point le naturel. Jamais l'harmonisation n'en est compliquée, mais elle est toujours ingénieuse, riche (sans excès) en modulations subtiles et en parures enharmoniques pittoresques et plaisantes. On retrouve dans l'Amour masqué la maîtrise de Véronique, de la Basoche et de Fortunio, avec une tendance à « l'art dépouillé » qui caractérise la jeune musique d'après-guerre. (André Cœuroy, Larousse mensuel illustré, août 1923)
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Acte I. Couplets "J'ai deux amants" Yvonne Printemps (Elle, créatrice) et Orchestre Gramophone P 826, mat. 7-33115, enr. à Londres le 12 juillet 1929
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Acte II. Duo "Viens, s'il est vrai que tu m'attends" Yvonne Printemps (Elle, créatrice), Sacha Guitry (Lui, créateur) et Orchestre Gramophone P 826, mat. 7-39262, enr. à Londres le 12 juillet 1929
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Acte I. Air "Mon rêve" Marcelle Ragon (Elle) et Orchestre Gramophone W 493, mat. 033237, enr. le 18 mai 1923
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Sélection : "Je m'étais juré qu'à vingt ans" ; "Depuis l'histoire de la pomm'" ; Couplets du Charme ; "J'ai deux amants" Yvonne Printemps (Elle, créatrice) et Orchestre dir Marcel Cariven Gramophone DB 5114, mat. 2LA3455-1, enr. le 06 mars 1941
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