les Deux Pigeons

 

affiche pour la création des Deux Pigeons par Jules Chéret (1886)

 

Ballet en deux actes et trois tableaux, argument d'Henry REGNIER et Louis MÉRANTE, d'après la fable de Jean de La Fontaine, musique d'André MESSAGER.

 

 

   partition

 

A Camille Saint-Saëns

hommage d'admiration et de reconnaissance

André Messager

 

 

Création au Théâtre de l'Opéra (Palais Garnier) le 18 octobre 1886 ; ce soir-là on donnait également la Favorite. Chorégraphie de Louis Mérante. Décors de Namouna retouchés par Auguste Rubé, Philippe Chaperon et Marcel Jambon (1er et 3e tableaux), Jean-Baptiste Lavastre (2e tableau). Costumes de Charles Bianchini.

 

196 représentations à l’Opéra au 31.12.1961.

 

 

 

 

personnages

Opéra

18 octobre 1886

création

Opéra

30 mars 1912

30e

Opéra

20 mars 1935

100e

Opéra

20 mai 1942*

130e

Opéra

04 août 1943*

139e

Opéra

27 février 1952

193e

Gourouli Mlles Rosita MAURI Mlles Carlotta ZAMBELLI Mlles Carlotta ZAMBELLI Mlles Lycette DARSONVAL Mlles Lycette DARSONVAL Mlles Christiane VAUSSARD
Mikalia MONTAUBRY SIREDE DAMAZIO Micheline BARDIN THUILLANT Claude BESSY
Djali Mélanie HIRSCH Aïda BONI Suzanne LORCIA Yvette CHAUVIRÉ Yvette CHAUVIRÉ Micheline BARDIN
Reine des Tziganes MONNIER Léa PIRON Yvonne FRANCK THUILLANT   LE ROY
deux Tziganes WALL et LAURENT          
Pepio Marie SANLAVILLE Antonine MEUNIER Olga SOUTZO MM. Roger FENONJOIS MM. Roger FENONJOIS MM. Max BOZZONI
un Tzigane MM. Louis MÉRANTE MM. Albert AVELINE MM. Albert AVELINE Serge PERETTI Serge PERETTI Michel RENAULT
Zarifi PLUQUE BOURDEL RAYMOND Roger RITZ   Lucien LEGRAND
Franca-Trippa de SORIA FEROUELLE FEROUELLE Nicolas EFIMOFF Nicolas EFIMOFF Nicolas EFIMOFF
le Capitaine AJAS          
un Serviteur PONÇOT          
le Syndic HOQUANTE          
Danseuses Mlles Bernay, Roumier, Monchanin, I. Ottolini, Grange, Keller, Gallay, Salle, Sacré, Chabot, Désiré, Violat, Lobstein, Sarcy, Blanc, Treluyer       Mlles Bardin, Ivanoff, Dynalix, Grellier, Sianina, Lauvray, Gerodez, Mail, N. Schwarz, Giro, Sylva, Krempff, Vaussard, Hamerer  
Danseurs MM. Lecerf, Stilb, Marius, Girodier       MM. Duprez, Sauvageot, Milliand, Decarli, Ponti  
Chef d'orchestre Ernest ALTÈS Paul VIDAL François RÜHLMANN Louis FOURESTIER Louis FOURESTIER Robert BLOT

 

Acte I : Parloir d'une maison de campagne.

Acte II, 1er tableau : Paysage ensoleillé au bord de la mer.

Acte II, 2e tableau : même décor que l'acte I.

 

Reprise le 11 mai 1923 : mise en scène et chorégraphie d'Albert Aveline. Avec Mmes Carlotta Zambelli (Gourouli), Suzanne Lorcia (Djali), Marthe Lequien (Pepio), Olga Soutzo, Kerval et M. P. Raymond, sous la direction de Philippe Gaubert.

 

* Reprise de 1942 : chorégraphie d'Albert Aveline. Décors et costumes d'après les maquettes de Paul-Raoul Larthe (Nancy, Meurthe-et-Moselle, 06 mai 1909 Mougins, Alpes-Maritimes, 06 janvier 1988). Décors exécutés par Maurice Moulène.

 

 

Première à la Monnaie de Bruxelles le 18 mars 1901, avec Mlles Dethul, Eva Sarcy, Bruky, Ghibaudi, Crosti, M. Saracco.

 

 

 

 

maquette du costume d'un Tzigane (Louis Mérante) par Charles Bianchini pour la création à l'Opéra

 

autres costumes pour la création des Deux Pigeons

 

 

 

 

Rosita Mauri (Gourouli), Mme Montaubry (Mikalia) et Marie Sanlaville (Pepio) lors de la création

 

 

 

 

Rosita Mauri (Gourouli), Marie Sanlaville (Pepio) et Mme Montaubry (Mikalia) dans la scène du Retour de l'Acte III, lors de la création (dessin d'Adrien Marie)

 

 

 

extraits de la partition d'orchestre de la Suite d'orchestre tirée des Deux Pigeons :

 

 

 

 

 

 

 

batterie

 

contrebasse

 

timbales

 

violoncelle

 

 

 

 

 

Comme son titre l'indique, c'est la fable de La Fontaine qui a servi de canevas à l'ingénieux librettiste. Pépio va épouser Gourouli ; mais, au moment ou le mariage va se célébrer, voici que des tziganes passent, musique en tête, et Pépio est assez fou pour les suivre. Que fait la pigeonne Gourouli ? Elle court rejoindre son bien-aimé, et prend, grâce à un déguisement, la place de la Gitana dont le volage Pépio s'est amouraché. Un orage éclate, qui disperse les bohémiens, et Gourouli, se faisant connaître, ramène le voyageur tout trempé, tout transi, au colombier, où sont restés les camarades, quatre beaux pigeons blancs, plus sages et plus avisés que leurs frères.

 

Des czardas, habilement arrangées, de jolies valses, et deux charmantes variations défrayent cette partition aimable. Beaucoup de précision dans les ensembles, parfaitement réglés par M. Mérante, et grand succès pour les gracieuses interprètes : Mmes Sanlaville (Pépio), Mauri (Gourouli), et Hirsch (Djali).

 

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1888)

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps des grands ballets semble passé pour l'Opéra. Les directeurs de notre première scène n'en veulent plus qui soient de dimensions à occuper, toute une soirée, les lorgnettes friandes de leurs abonnés. Aujourd'hui on compte les pas et on rogne la jouissance des yeux ; Coppélia, cette petite merveille de fine musique, a été amputée sans vergogne de tout un acte, et des coupes sombres sont pratiquées journellement dans les charmantes partitions de la Korrigane et de la Farandole, qui restent aussi comme des types achevés de ce genre de composition. Nous en arrivons tout doucement à de simples divertissements, ainsi qu'on en voit dans les féeries à la mode, et c'est une manière commode et qui n'exige pas beaucoup de frais de tourner un cahier des charges exigeant. Du moment qu'il est convenu et passé en usage qu'on doit danser à l'Opéra, il faudrait, ce nous semble, le faire magnifiquement. Les entrechats devraient y être plus grands qu'ailleurs, et le luxe de la mise en scène effréné. La sainte mousseline est ici hors de saison ; et débauches pour débauches, qu'elles soient au moins sardanapalesques. J'y voudrais des ruissellements d'or et des années de jolies filles manœuvrant sous l'archet paterne de M. Altès et l'endiablant au besoin, un dévergondage harmonieux de théories se déroulant à l'infini, un embrasement de lumières éblouissantes dardant ses rayons sur les épaules soyeuses et les étoffes chatoyantes... Et il est dommage de renoncer à ces fêtes des yeux, aujourd'hui surtout que nous avons tant de compositeurs excellant en la matière qui pourraient en faire, du même coup, des fêtes pour les oreilles.

 

Les Deux Pigeons sont le plus court, croyons-nous, de tous les divertissements intimes qu'on nous ait présentés jusqu'à ce jour à l'Opéra ; ces trois actes (il y a bien trois actes sur l'affiche !) durent en tout une heure un quart, entr’actes compris ; la mise en scène en est très peu compliquée, le premier et le troisième acte se passant dans le même décor, un intérieur rustique, nous dit le livret. Quant au décor plus relevé du deuxième acte, une place de village avec un chêne immense, on l'a emprunté tout simplement au ballet de Namouna. C'est donc se tirer à bon marché d'une des clauses du cahier des charges. Nous ne pouvons qu'en féliciter l'habileté des directeurs.

 

Les Deux Pigeons ne se composent à vrai dire que de deux grands divertissements hongrois, encadrés ingénieusement par M. Henry Régnier dans la fable de La Fontaine : le jeune gars Pepio, fils de fermiers aisés de la Thessalie (XVIIIe siècle), s'ennuie près de sa douce fiancée Gourouli, et pour se distraire, entreprend de suivre dans ses pérégrinations une troupe de Tziganes qui vient de passer dans son village. Mais sa fiancée le surveille de loin, pour le ramener au logis quand il aura été abreuvé de toutes les amertumes, volé et battu par ses compagnons, tourné en dérision par les filles brunes de la tribu, et percé jusqu'aux os par un orage formidable. C'est, comme on voit, d'une contexture extrêmement simple et claire, ce qui n'a jamais été un défaut pour un ballet. Cela donne lieu de plus à quelques scènes gracieuses qui font honneur à l'imagination poétique du librettiste.

 

Mais nous avons hâte d'arriver au jeune musicien, M. Messager, qui s'était déjà signalé à l'attention par quelques aimables ballabiles donnés aux Folies-Bergère et par plusieurs opérettes où il avait laissé percer l'oreille d'un compositeur supérieur à la besogne qu'il accomplissait. Et en effet, nous avons retrouvé à l'Opéra un artiste délicat et déjà versé à ce point dans le métier qu'il n'a plus grand'chose à y apprendre du côté technique. Il n'en va pas tout à fait de même au point de vue des idées, qui manquent trop souvent d'originalité. Mais si M. Messager, — il est encore à cet âge heureux où tous les espoirs sont permis, — parvient un jour à dégager plus franchement sa personnalité, l'école française possédera un charmant musicien de plus.

 

Ce qu'il faut louer sans réserve dans la partition des Deux Pigeons, c'est la pâte orchestrale, qui en est excellente. Tout le discours des instruments y est piquant, jamais obscur ni embrouillé dans ses complications, et vient rehausser singulièrement la valeur de la mélodie. On voit du reste que M. Messager est un des disciples aimés de Saint-Saëns ; il a déjà la main sûre et ingénieuse du maître. Ce qui nous a plu davantage dans cette suite de petites pièces symphoniques, ce sont les divertissements hongrois, qui ont de la couleur et du caractère, puis une valse agréable et des pizzicati, imités de Sylvia, ouvragés vers la fin d'un joli dessin de flûte. Il y a aussi des détails amusants dans le pas des Deux Pigeons au premier acte, dont la chorégraphie originale fait honneur à l'invention de M. Mérante ; à signaler encore, au finale de ce même acte, une phrase expressive pour violon solo, qui semble échappée d'un concerto classique.

 

Mlle Mauri fait les honneurs du nouveau ballet avec sa grâce habituelle ; elle nous a fait de plus la surprise de paraître en blonde dans la première partie de l'ouvrage, ce qui l'a fait paraître plus jolie encore quand nous l'avons retrouvée au deuxième acte avec ses cheveux noirs. Fi des postiches et des cosmétiques, mademoiselle !

 

Et toujours la nature embellit la beauté.

 

Mlle Sanlaville, qui donne la réplique à Mlle Mauri dans ce duo roucoulant, est un pigeon de la race pattue, qui a des rengorgements et des renflements superbes. Avec ce jeune mâle d'allure provocante, on est bien certain que le conte finira comme tous les contes, qui promettent toujours à leurs héros une nombreuse famille. D'ailleurs le livret ne laisse pas de doute à cet égard : « Vois ces pigeons, dit quelque part Gourouli à Pepio ; comme ils ont l'air heureux ! comme ils s'aiment !.. . que ne faisons-nous comme eux ! »

 

Or, ces bienheureux volatiles que l'on contemple à l'Opéra dans un colombier sont de vrais oiseaux du bon Dieu, en chair et en os, qui ne se contentent pas d'être prolifiques comme tous ceux de leur race, — ce qui est déjà d'un mauvais exemple pour ces demoiselles du ballet, — mais qui encore se montrent d'une voracité à inquiéter les économes sévères d'un théâtre où on est fort regardant sur la dépense. Tout cela finira mal pour eux, et je les vois déjà figurer en crapaudine sur la table de M. Ritt ; ce sera le moyen pour lui de se récupérer des graines jetées avec tant de prodigalité par Mlle Mauri à ces intéressants pensionnaires. De cette façon, l'estomac directorial y retrouvera son compte.

 

(le Ménestrel, 24 octobre 1886)

 

 

 

 

 

L'Opéra vient de nous donner un ballet : les Deux Pigeons, de M. Henry Régnier, musique de M. André Messager, lequel procède en droite ligne de la délicieuse fable de La Fontaine, et nous fait assister aux amours tendres, à la séparation et au raccommodement de deux fiancés, nés dans le bleu pays de la fantaisie, en dépit de l'affirmation formelle du livret, qui veut que la scène se passe très précisément « aux confins de la Thessalie, au XVIIIe siècle ». Cette topographie et cette chronologie n'ont leur raison d'être, comme on le pense, que dans la volonté du costumier qui a vêtu les personnages de la façon la plus gaie et la plus galante, et du décorateur qui a donné pour cadre à leurs aventures un paysage ensoleillé de l'Archipel grec.

 

Mais l'important, dans ce voyage ou il vous plaira, c'est que les voyageurs soient charmants, et ils le sont. Gourouli est une pigeonne accomplie, et Pepio, un parfait pigeon, malgré ses tendances au vagabondage. Ils s'adorent et vont se marier, sous les yeux d'une agréable aïeule, aux cheveux blancs, au riant visage, parée à la byzantine comme une vierge d'iconostase, lorsqu'un nuage traverse tout à coup leur beau ciel.

 

Pepio a du vague dans l'âme ; avant de s'enchaîner définitivement, il voudrait voir du pays ; tout justement arrive une bande de tsiganes, au milieu desquels brillent comme des escarboucles les grands yeux de la danseuse. Djali. A ce miroir le pigeon Pepio se prend comme une simple alouette. Il part, mais honnêtement, du consentement même de sa fiancée Gourouli, et de la bonne grand'mère Mikalia qui, l'instant d'après, pense qu'il ne faut point pourtant abandonner à lui-même l'imprudent enfant et engage Gourouli à le suivre pour le ramener.

 

Tombé en plein campement tsigane, Pepio marche de mésaventure en mésaventure. Convenablement stylé et payé par Gourouli qui, sous un déguisement, veille de près sur son fiancé, le chef de la troupe s'arrange pour qu'en peu d'instants le pauvre voyageur soit dépouillé et berné.

 

On lui a pris sa bourse et on se moque de lui. Et comme l'orage soudainement menaçant disperse les tsiganes, il se trouve seul sous la pluie, au milieu du fracas de la foudre, ayant vainement frappé à toutes les portes qui se ferment devant ce vagabond aux poches vides.

 

Il tombe, à bout de forces, et mourrait là sans doute, si l'adorable Gourouli ne veillait sur lui. Elle le recueille et le ramène au pigeonnier maternel, où dans la douce tiédeur du nid il oubliera ses désagréables impressions de voyage.

 

Tout cela a été très simplement et délicatement arrangé par M. Henry Régnier, avec l'intention évidente de garder à ce conte d'amour la naïveté touchante de la fable originale ; le plan chorégraphique de son collaborateur professionnel, M. L. Mérante, a été agréablement tracé sur ce canevas léger, et tout à fait de façon à mettre en valeur la grâce malicieuse, séduisante et vive, la légèreté d'oiseau et le charme de fée de Gourouli, c'est-à-dire de Mlle Rosita Mauri.

 

Le compositeur des Deux Pigeons est un des musiciens les plus militants de la jeune génération ; jusqu'ici il n'avait abordé que les scènes de genre, où diverses opérettes de sa façon ont eu la plus heureuse destinée. En faisant son entrée dans les vastes domaines de l'Opéra, il a eu le grand esprit et le tact assez rare de ne point sacrifier au désir de paraître. Il est resté sagement dans les limites de son sujet et n'a point cherché à donner la grande mesure de son talent. Il a écrit des airs à danser très francs, d'une vivante et lumineuse couleur, des mélodrames d'un ton très exact et très sobre, le tout instrumenté avec une réelle sûreté de main. Le jeune compositeur met excellemment en œuvre les idées que son imagination lui apporte ; il montre un sentiment très juste de la scène ; élève de M. C. Saint-Saëns, sous le patronage duquel il a mis sa partition, il a d'ailleurs de qui tenir comme symphoniste et comme dramatiste, double individualité aujourd'hui indispensable à tout musicien qui se destine au théâtre.

 

Je cite au hasard de mes souvenirs, dans cette partition des Deux Pigeons, un pas de deux, au commencement de l'ouvrage ; l’entrée des tsiganes, page très caractéristique ; le pas des voiles, puis un pizzicato, et surtout des variations sur un thème très primitif, avec une czardas d'une verve bien entraînante.

 

Après Mlle Mauri, dont j'ai déjà parlé et qui a connu dans cette soirée un des succès les plus complets que puisse faire à une artiste notre public parisien si ménager de ses suffrages, on a fort applaudi Mlle Sanlaville, un sentimental et gracieux Pepio, et Mlle Hirsch, c'est-à-dire Djali la charmeuse. Mlle Montaubry est très bien dans Mikalia, et Mlle Monnier, dans la reine des tsiganes.

 

Je ne rapporte de cette représentation qu'une seule critique. A la fin du second acte, Pepio tombe, aveuglé par les éclairs, ruisselant sous l'ondée ; on le peut croire mort et le rideau baisse, pendant que la symphonie continue jusqu'au moment où se relève la toile sur le décor du premier acte.

 

Là, en quelques minutes, se joue la scène du retour des deux pigeons, scène attendue, inévitable, d'un joli caractère musical, mais sans réel intérêt dramatique.

 

On pouvait très bien terminer l'ouvrage à l'acte précédent, et je ne serais pas surpris que M. Henry Régnier eût primitivement réglé ainsi cette fin. Je vois, en effet, qu'après la scène nous montrant Pepio évanoui, il en existe dans le livret une autre qu'on a coupée à l'exécution.

 

Elle décrit la fin de l'orage ; elle fait intervenir des écoliers qui entraînent Pepio, se moquent de lui, l'insultent, et le blessent. C'est la scène du pigeon de La Fontaine :

 

... Un fripon d'enfant, — cet âge est sans pitié, —

Prend sa fronde...

 

Il restait alors peu à faire pour que la pièce se trouvât conduite à bonne fin : montrer Gourouli relevant elle-même le pauvre blessé, le réchauffant dans ses bras, pour l'emmener triomphalement vers le nid maternel, au milieu de quelque grand mouvement de foule.

 

Très certainement, M. Henry Régnier a dû avoir la vision de ce dénouement, sans doute moins conforme au dénouement intime et doux de la fable originale, bien naturel pourtant et d'une économie scénique bien plus simple. S'il ne s'y est pas arrêté, admettons que c'est surtout pour ne point nous priver de la très délicate inspiration finale de son musicien, et sachons-lui gré de son sacrifice.

 

(Louis Gallet, la Nouvelle Revue, 01 novembre 1886)

 

 

 

 

 

Carlotta Zambelli (Gourouli) lors de la reprise à l'Opéra de 1912

 

 

 

de g. à dr. : Antonine Meunier (Pepio) et Carlotta Zambelli (Gourouli) lors de la reprise à l'Opéra de 1912

 

 

 

les Deux Pigeons à l'Opéra [reprise du 30 mars 1912]

 

La soirée se complétait [après la première du Cobzar] de la reprise d'une oeuvre de jeunesse de M. André Messager : les Deux Pigeons. La ballet a conservé une fraîcheur parfumée, une grande spontanéité d'idées, une juvénilité d'accents et d'inspiration qui ont ravi l'auditoire. Enregistrons-en le vif succès. Mlle Zambelli, fine, spirituelle, Mlle Aïda Boni, jolie et d'une dextérité parfaite, Mlles Léa Piron et Meunier, exquises, M. Aveline, agile et élégant, y prévalurent. Au pupitre, M. Paul Vidal, qui conduit ce ballet comme s'il l'avait écrit... c'est-à-dire en maître.

 

(Xavier Leroux, Musica, mai 1912)

 

 

 

 

Après celle du Cobzar, la musique des Deux Pigeons a paru également juste, vive, aimable et fine. Dirigée par M. Paul Vidal, elle a trouvé sur la scène d'admirables interprètes : Mlle Zambelli (à gauche) tendre et malicieuse, Mlle Aïda Boni (à droite) souple et séduisante, Mlle Meunier, M. Aveline. Les décors, par leur richesse de couleurs, rappellent un peu ceux du Cobzar. Nous donnons ici la photographie de celui du premier acte. (Musica, mai 1912)

 

 

 

 

Carlotta Zambelli et Albert Aveline interprétant les Deux Pigeons

 

 

 

 

A l'occasion de la reprise des Deux Pigeons, M. André Messager a résumé ses souvenirs et fait au Figaro les déclarations suivantes :

« Le ballet les Deux Pigeons a été représenté pour la première fois sur la scène de l'Opéra le 18 octobre 1886. »

A ce sujet, nous avons demandé à notre collaborateur, M. André Messager, quelles impressions et quels souvenirs il avait gardés de la première. « Ce ballet, nous dit M. Messager, me fut commandé par Vaucorbeil, sur la recommandation de Camille Saint-Saëns avec qui je travaillais à cette époque et qui venait de faire représenter, avec le plus grand succès, Henri VIII. Vaucorbeil quitta, toutefois, l'Opéra avant de pouvoir exécuter sa promesse, et ce fut le premier ballet monté sous la direction de Ritt et Gailhard qui lui avaient succédé.

Les principaux interprètes s'appelaient alors : Mlles Rosita Mauri, Hirsch, Sanlaville, MM. Mérante, Pluque, Soria.

Une première reprise eut lieu en 1892, pour accompagner les représentations de Gwendoline, de Chabrier. Mais ce dernier ouvrage n'ayant pu se maintenir que pendant quelques soirées, les Deux Pigeons accompagnèrent l'ouvrage de mon cher et malheureux ami dans la tombe, d'où j'eus cependant la joie de le faire sortir pendant ma direction à l'Opéra.

Une seconde reprise eut lieu en 1912, avec une distribution éclatante comprenant les noms de Zambelli, Aïda Boni et Aveline, sans oublier Antonine Meunier, délicieuse dans le travesti de Pépio.

C'est encore Zambelli qui sera l'admirable titulaire du rôle de Gourouli vendredi prochain [11 mai 1923] avec, pour partenaire dans le rôle du pigeon voyageur et volage, Marthe Lequien qui l'a déjà dansé à plusieurs reprises. Aïda Boni ayant quitté la scène en pleine gloire et en plein talent, c'est une toute jeune danseuse, Mlle Lorcia, qui est appelée à remplir le rôle qu'elle avait si brillamment recréé. Elève de Zambelli, Mlle Lorcia me paraît posséder des qualités de tout premier ordre et une nature des plus intéressantes.

Auprès d'elle, Mlles Soutzo, Kerval et M. Raymond complètent un ensemble que je ne pouvais souhaiter meilleur. M. Aveline a réglé la mise en scène et les danses avec une intelligence et une compréhension de la musique tout à fait remarquables, ce qui ne l'empêche pas de garder le rôle qu'il avait déjà tenu à la dernière prise et où il avait été si remarqué.

En somme, la direction de l'Opéra a tout mis en œuvre pour obtenir une exécution et une présentation parfaites, et je suis heureux d'adresser à M. Rouché mes remerciements les plus sincères pour l'accueil qu'il a réservé aux Deux Pigeons et à leur auteur. »

(programme de l’Opéra, mai 1923)

 

 

 

 

 

De même que Léo Delibes, en dehors de Lakmé, est passé à la postérité avec Coppélia et Sylvia, André Messager doit à deux ballets une bonne partie de sa popularité actuelle. Véronique et Monsieur Beaucaire eussent-ils rejoint dans l'oubli le Bourgeois de Calais et Passionnément, Messager n'en resterait pas moins l'auteur des Deux Pigeons et d’Isoline, deux partitions que le concert a empruntées à la scène comme pour perpétuer le souvenir d'une époque où la fraîcheur, la grâce et la délicatesse ne cherchaient pas d'excuses.

 

Quand il écrivit les Deux Pigeons, à l'âge de trente-deux ans, Messager n'en était pas à ses débuts de compositeur de ballets. Tel Célestin-Floridor de Mam'zelle Nitouche, la célèbre opérette de Florimond Rongé dit Hervé, il s'était adonné à la musique sérieuse (très sérieuse) le matin et à la musique légère (très légère) le soir. Et c'est ainsi que le grave maître de chapelle et organiste de Sainte-Marie des Batignolles avait commis son premier ballet - Fleur d'Oranger - représenté au début de 1883... aux Folies-Bergère.

 

Notons que le fringant jeune homme brun aux moustaches en croc se maria au Havre, dans l'été de la même année.

 

Ses biographes rapportent que Gabriel Fauré, son ancien condisciple de l'école Niedermeyer, qui tenait l'orgue, se permit de glisser quelques passages de Fleur d'Oranger dans ses improvisations au cours de la cérémonie.

 

1883 est aussi l'année de François les Bas bleus, la première opérette de Messager. Deux ans plus tard, le compositeur jouissait non seulement d'une certaine notoriété, mais de l'estime des plus éminents spécialistes, Camille Saint-Saëns notamment. C'est sur la recommandation de ce dernier que le directeur de l'Opéra, Vaucorbeil, demanda à Messager la partition des Deux Pigeons, sur un livret signé d'un ancien sociétaire de la Comédie-Française, Henri Régnier, et du chorégraphe Louis Mérante.

 

Le sujet des Deux Pigeons est celui de la fable de La Fontaine portant le même titre. Mais les librettistes ont eu l'esprit de la transposer du monde des animaux dans celui des hommes : dans un pays imaginaire qui ressemble à la Roumanie du XVIIIe siècle, la jeune Gourouli cherche à attendrir son fiancé Pepio, qui a la tête ailleurs. Elle y réussit provisoirement en lui faisant contempler un couple de pigeons. Malheureusement, le passage d'une troupe de bohémiens vient réveiller l'esprit aventureux de Pepio, qui tombe amoureux de Djali, la jolie Tzigane. La fuite de Pepio en compagnie des bohémiens termine le premier acte. Le rideau se relève sur une place en bordure d'un village ; les bohémiens y campent devant une auberge. Etourdi par les danses et par la présence de Djali, le naïf Pepio se laisse dépouiller par ses nouveaux amis. Il n'intéresse plus personne et ne trouve abri ni dans le camp des Tziganes, ni dans l'auberge, au moment où éclate un violent orage. En désespoir de cause, il se réfugie dans un arbre, mais l'arbre est frappé par la foudre et le malheureux, transi et commotionné, prend le chemin du retour. Le bref troisième acte se déroule dans le même décor que le premier : Pepio rentre au bercail et sa fiancée lui pardonne son escapade.

 

La suite orchestrale qui en a été tirée ne correspond pas exactement à l'ordre des scènes. Elle débute brillamment par la Marche de l'Entrée des Tziganes, à laquelle s'enchaîne le Pas des deux pigeons (qui la précède dans le ballet). Thème et variations accompagnent les danses des bohémiens à la fin du premier acte. Les extraits suivants - Divertissement, Danse hongroise et Finale - appartiennent au deuxième acte et se situent juste avant l'orage.

 

La première représentation des Deux Pigeons fut retardée par la mort de Vaucorbeil. D’après certaines confidences de Messager à Louis Laloy, ses successeurs Ritt et Pedro Gailhard n’étaient rien moins que pressés de monter l’ouvrage ; il ne s’y décidèrent que le 18 octobre 1886, avec l'étoile milanaise Rosita Mauri dans le rôle de Gourouli, et Sanlaville. Bien que son succès fut très vif, le ballet ne tarda pas à quitter l'affiche et n'y revint qu'au bout de vingt-quatre ans, en 1910. Messager, lui-même, était directeur de l'opéra depuis 1908 et avait repris la baguette à cette occasion. La chorégraphie de Mérante, passablement oubliée, avait été refaite par Albert Aveline, qui interpréta le rôle du roi des Tziganes auprès de Carlotta Zambelli, la dernière grande ballerine italienne de l'Opéra.

 

Il convient de mentionner que la création des Deux Pigeons détermina une petite révolution dans les habitudes techniques du ballet de l'Opéra. Jusqu'en 1885, et malgré la relative complexité mélodique de Sylvia (1876) ou de la Korrigane (1880), les ouvrages chorégraphiques étaient répétés au violon. On renonça à ce violon (souvent assisté d'un alto) en faveur de Messager ; et le piano fit son apparition dans les salles de danse du Palais Garnier.

 

(Maurice Tassart, 1952)

 

 

 

 

 

Reprise des Deux Pigeons à l'Opéra en 1952 dans la chorégraphie d'Albert Aveline. Les étoiles en sont Mlles Bardin et Vaussard, MM. Renault et Bozzoni.

 

 

 

Reprise des Deux Pigeons à l'Opéra en 1952 dans la chorégraphie d'Albert Aveline. Les étoiles en sont Mlles Bardin et Vaussard, MM. Renault et Bozzoni.

 

 

 

Tiré à quatre épingles, la mine sévère, la moustache conquérante, André Messager avait l'air d'un officier de hussards plutôt que d'un artiste.

 

Et pourtant, quel artiste que ce musicien complet !

 

« Il n'y a pas beaucoup d'exemples dans l'histoire de la musique d'une culture aussi complète, d'une science aussi approfondie qui consente à appliquer ses qualités à des formes réputées, on ne sait pourquoi, secondaires. De combien de chefs-d’œuvre ce préjugé ne nous a-t-il pas privés ? Et c'est encore là que se révèle la délicatesse de pensée de Messager, c'est là que son éclectisme nous apparaît une enviable direction d'art. Avoir osé n'être que tendre, exquis, spirituel, n'exprimer que la galanterie des passions, avoir osé sourire, alors que chacun ne s'applique qu'à pleurer, c'est là une audace bien curieuse pour ce temps. »

 

Ce jugement est de Gabriel Fauré, qui fut à l'école Niedermeyer le condisciple de Messager, son cadet de huit ans. De Fauré, qui tint l'orgue au Havre pour le mariage de son jeune confrère, en 1883, et glissa dans ses improvisations, au cours de la cérémonie, quelques mesures de Fleur d'Oranger.

 

Fleur d'Oranger, c'était le premier ballet de Messager, et il venait d'être créé... aux Folies-Bergère. Car, tout comme le Célestin Floridor de Mam'zelle Nitouche, notre compositeur faisait de la musique sérieuse le matin (il était organiste titulaire de Sainte-Marie des Batignolles) et de la musique légère le soir. Non seulement des ballets, mais des opérettes dont la première, François les bas bleus, date également de 1883, l'année de son mariage et de ses trente ans.

 

Sa carrière ne devait jamais plus cesser de se dérouler sur ces deux plans. Il écrivit bien d'autres ballets (les Deux pigeons, Isoline) et bien d'autres opérettes (Véronique, Monsieur Beaucaire, la Basoche, les P'tites Michu, Fortunio, Passionnément, Coups de Roulis, etc...) Et s'il ne tarde pas à abandonner les claviers, ce fut pour prendre la baguette du chef d'orchestre et la mettre au service des plus grandes causes. A la tête — pendant douze ans — de la Société des Concerts du Conservatoire, il y créa les Nocturnes et le Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy, l'Apprenti sorcier de Paul Dukas, la suite de Pelléas de Fauré et nombre d'autres œuvres modernes. A l'Opéra-Comique, il créa et imposa Louise de Gustave Charpentier, puis Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. A l'Opéra, enfin, dont il partagea la direction de 1908 à 1914 avec Broussan (récemment décédé à l'âge respectable de 101 ans). André Messager conduisit la première « intégrale » française de la « Tétralogie », ainsi que la création en France de Parsifal et la première représentation au Palais Garnier de la Salomé de Richard Strauss. N'était-il pas un fervent wagnérien, l'un des premiers pèlerins de Bayreuth du vivant même du maître ? A l'étranger, en revanche, que ce soit au pupitre du « Covent Garden Opera » de Londres ou à l'occasion de ses tournées aux Etats-Unis, il fut un ardent propagandiste de la musique française. Et n'oublions pas non plus qu'il collabora en tant que chef d'orchestre aux « Ballets Russes » de Diaghilev, aussi révolutionnaires en leur temps que, de nos jours, ceux de Maurice Béjart.

 

Mais revenons au ballet qui nous occupe en premier lieu, c'est-à-dire les Deux Pigeons.

 

C'est sur la recommandation de Camille Saint-Saëns que le directeur de l'Opéra, Vaucorbeil, demanda à Messager la partition de cet ouvrage dont la paternité, quant au livret, revenait au chorégraphe Louis Mérante et à l'acteur Henri Régnier, ancien sociétaire de la Comédie-Française. La première représentation se trouva retardée par la mort de Vaucorbeil, et n'eut lieu que le 18 octobre 1886 sous la direction de son successeur, Pedro Gailhard, avec l'étoile milanaise Rosita Mauri dans le rôle principal. Malgré son succès, le ballet quitta prématurément l'affiche et n'y revint que vingt-quatre ans plus tard, en 1910, sous la baguette directoriale de Messager lui-même. Si nos renseignements sont exacts, il a eu en tout 196 représentations sur notre première scène nationale jusqu'à ce que le répertoire français dans son ensemble, aux environs de 1955, fût sacrifié à des modes chorégraphiques venues d'ailleurs. Mais cela est une autre histoire. Bornons-nous à rappeler que les Deux Pigeons, où devaient s'illustrer Carlotta Zambelli et Albert Aveline, Lycette Darsonval, Yvette Chauviré, Suzanne Lorcia, Christiane Vaussard, Serge Peretti et Michel Renault, déterminèrent une petite révolution dans les habitudes techniques du ballet de l'Opéra. Jusqu'en 1885, les ouvrages chorégraphiques étaient répétés au violon, parfois assisté d'un alto. On renonça à cet accompagnement sommaire en faveur de Messager, et le piano fit son apparition dans les studios de danse du Palais Garnier.

 

Le sujet des Deux Pigeons est celui de la fable de La Fontaine portant le même titre, mais transposé du monde des bêtes dans celui des hommes. Dans un pays imaginaire qui pourrait être la Roumanie au XVIIIe siècle, la jeune Gourouli cherche à attendrir son fiancé Pepio en lui faisant contempler les ébats d'un couple de pigeons. Malheureusement, le passage d'une troupe de bohémiens réveille l'esprit aventureux de Pepio, qui tombe amoureux fou de Djali, la belle Tzigane. Pepio accompagne les nomades. Étourdi par leurs danses et par la présence de Djali, il se laisse dépouiller par ses nouveaux amis qui, aussitôt, l'abandonnent à son triste sort. Il ne trouve abri ni dans le camp des Tziganes, ni dans l'auberge, au moment où éclate un violent orage. En désespoir de cause, il rentre au bercail, et sa fiancée lui pardonne son escapade.

 

(Maurice Tassart, 1969)

 

 

 

 

 

les Deux Pigeons à l'Opéra ; au centre : Christiane Vaussard

 

 

 

Rien ne dispose mieux un directeur de théâtre qu'un grand succès. En 1884, Henri VIII en était un.

 

Vaucorbeil, le directeur, offrit au jeune maître (Messager venait de gagner ce titre avec son François les Bas bleus), le scénario que son maître de ballet Louis Mérante et son directeur des études Henri Régnier avaient tiré de la plus belle des fables du vieux La Fontaine : les Deux Pigeons.

 

« Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre... »

 

Malheureusement, Vaucorbeil disparaissait à la fin de l'année et, d'après certaines confidences de Messager à Louis Laloy, ses successeurs Ritt et Gailhard n'étaient rien moins que pressés de monter l'ouvrage ; ils ne s'y décidaient que le 18 octobre 1886, après six longs mois de préparation ou d'atermoiements.

 

Traditionnel par le sujet, les caractères, l'ambiance, la distribution des épisodes et l'esthétique des attitudes et des pas, cet ouvrage, par l'accent de sa mélodie, pouvait alors passer pour moderne. Plus que la Source ou la Sylvia de Léo Delibes, on évoquait cette Namouna d'Edouard Lalo qui avait été si injustement boycottée. Est-ce que ce Messager n'était pas, lui aussi, comme ce Lalo, un symphoniste qui cache son jeu ? N'était-il pas de cette dangereuse petite cohorte de musiciens qui formaient la Société Nationale ?

 

Ainsi, en dépit de la virtuosité de Rosita Mauri et de Sanlaville, étoiles de la danse d'alors, cette « berquinade » ne prenait-elle pas pied au répertoire. La presse se montrait aigre-douce, et l'auteur n'obtenait que l'assentiment de Gounod et de Saint-Saëns.

 

Les Deux Pigeons se laissaient oublier.

 

Ils reparaissaient en 1910, Messager lui-même était devenu directeur de l'Opéra. Et cette fois, ils prenaient d'emblée leur place, entre Sylvia et Coppélia, et pas très loin de Namouna.

 

Rien de plus séduisant, de plus joli, de plus pimpant, de plus coquet, que cette petite partition qu'on avait trouvée sans relief ou trop discrète : tout au plus le Pas Hongrois « scandé par des éperons sonores comme l'antique cracovienne » avait-il, au début, trouvé grâce. Il constitue encore aujourd'hui une page particulièrement populaire.

 

Comme si elles ne l'étaient toutes ! En voici la nomenclature : Entrée des tziganes en mouvement de marche ; Scène et pas des Deux Pigeons ; Thème et variations ; Divertissement, avec son délicieux Andante et sa valse délicieuse ; Danse hongroise (comme l' « antique cracovienne ») et Finale.

 

(José Bruyr)

 

 

 

 

 

                                                 

 

Suite d'orchestre des Deux Pigeons

1. Scène et pas des deux pigeons. - 2. Thème et variations. - 3. Divertissement. - 4. Finale.

Musique de la Garde Républicaine

Columbia 785 et 786, mat. 75314 à 75316 et 75318, enr. av. 1925

 

 

                   

 

Suite d'orchestre des Deux Pigeons

1. Entrée des Tziganes. - 2. Scène et pas des deux pigeons.

Orchestre Symphonique dir François Rühlmann

Pathé X 5440, mat. N 8623-1 et N 8624-1, enr. en 1928

 

 

                   

 

Suite d'orchestre des Deux Pigeons

1. Entrée des Tziganes. - 2. Scène et pas des deux pigeons.

Orchestre Symphonique dir Edouard Bervily

Gramophone L 938, mat. 52-1074 et 52-1075, enr. vers 1934

 

 

                                                 

 

Suite d'orchestre des Deux Pigeons

1. Entrée des Tziganes. - 2. Scène et pas des deux pigeons. - 3. Danse hongroise. - 4. Thème et variations.

Musique de la Garde Républicaine dir Pierre Dupont

Columbia D 11020 et D 11021, mat. LX 225 à 228, enr. en février 1928

 

 

                                                                     

 

Suite d'orchestre des Deux Pigeons

1. Entrée des Tziganes. - 2. Scène et pas des deux pigeons. - 3. Thème et variations. - 4. Divertissement. - 5. Danse hongroise. - 6. Finale.

Orchestre de l'Association des Concerts Colonne dir Jean Fournet

Pathé PDT 135 à 137, mat. CPTX 685 à 689, enr. au Théâtre des Champs-Elysées, enr. en 1947

 

 

                        

 

1. Entrée des Tziganes. - 2. Scène et pas des deux pigeons. - 3. Thème et variations. - 4. Divertissement. - 5. Danse hongroise. - 6. Finale.

Orchestre de l'Opéra dir. Louis Fourestier

enr. en 1952

 

 

                        

 

1. Entrée des Tziganes. - 2. Entrée de Pépio et Pas des deux Pigeons. - 3. Thème et variations. - 4. Entrée [Divertissement]. - 5. Danse hongroise. - 6. Finale.

Orchestre de Paris dir. Jean-Pierre Jacquillat

enr. en 1969

 

 

 

Yvette Chauviré forme Marie-Claude Pietragalla sur un extrait des Deux Pigeons

filmé en 1987

 

 

 

 

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