Louis GALLET

 

 

 

Louis Marie Alexandre GALLET dit Louis GALLET

 

littérateur et auteur dramatique français

(rue Jeu de Paume, Valence, Drôme, 14 février 1835* – Paris 9e, 16 octobre 1898*)

 

Fils de Jean Louis GALLET, propriétaire, et de Marie Marguerite Adèle JACQUET.

Epoux de Marie Anne SAUSSE (Etoile-sur-Rhône, Drôme, 12 janvier 1834* – Paris 10e, 02 mars 1894*).

 

 

S'étant rendu à Paris en 1858, tout en s'occupant de littérature, il entra dans l'administration hospitalière, devint directeur de Lariboisière, chef de bureau des hôpitaux et inspecteur général de l'Assistance publique. Habile et fécond librettiste, il a écrit un grand nombre de livrets d'opéras, entre autres : la Princesse jaune (1872) ; la Coupe du roi de Thulé (1873) ; Cinq-Mars (1877) ; le Roi de Lahore (1877) ; Etienne Marcel (1879) ; le Cid (1885) ; Fulvie (1888) ; Ascanio (1890) ; le Vénitien (1890) ; le Rêve (1891) ; Thamara (1892) ; Stratonice (1892) ; l'Attaque du moulin (1894) ; Thaïs (1894) ; Xavière (1895) ; Frédégonde (1895) ; le Spahi (1897) ; Déjanire (1898) ; etc. On a de lui aussi des drames, des comédies, des romans (les Confidences d'un baiser ; le Capitaine Satan, roman ; Sarah Blondel, roman ; Saltimbanques ; le Petit Docteur ; Crispin battu, comédie en un acte et en vers) ; des notes de voyage : Au pays des Cigaliers (1888) ; Fêtes cigalières et félibréennes (1891) ; des brochures d'économie hospitalière ; Hommage à Auber (1871) ; A la mémoire de Georges Bizet (1875) ; Conférence sur Lacombe et son œuvre (1891) ; Notes d'un librettiste (1891) ; Guerre et Commune (1898) ; Patria, poèmes, etc. En 1880, il est entré comme critique musical à la Nouvelle Revue ; il y a tenu la revue musicale (1880-1898), continuée par Gheusi. Il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur le 30 décembre 1888.

En 1894, il habitait 9 boulevard de Denain à Paris 10e. Il est décédé en 1898 à soixante-trois ans, en son domicile, 1 square La Bruyère à Paris 9e.

 

 

=> l'Opéra (la Nouvelle Revue, 01 janvier 1880)

=> la Question du Théâtre-Lyrique par Louis Gallet (la Nouvelle Revue, 15 mai 1880)

=> articles publiés dans la Nouvelle Revue (1880-1898) par Louis Gallet

 

 

 

livrets

 

le Kobold, opéra-ballet en 1 acte, avec Charles Nuitter, musique d'Ernest Guiraud (Opéra-Comique, 26 juillet 1870) => détails

Djamileh, opéra-comique en 1 acte, musique de Georges Bizet (Opéra-Comique, 22 mai 1872) => fiche technique

la Princesse jaune, opéra-comique en 1 acte, musique de Camille Saint-Saëns (Opéra-Comique, 12 juin 1872)

la Coupe du roi de Thulé, opéra en 3 actes, avec Edouard Blau, musique d'Eugène Diaz (Opéra, 10 janvier 1873) [lors du concours de 1856, ce livret fut mis en musique par plusieurs musiciens, dont Georges Bizet, Jules Massenet et Ernest Guiraud]

Marie-Magdeleine, drame sacré en 3 actes, musique de Jules Massenet (Odéon, 11 avril 1873 ; Opéra-Comique, 24 mars 1874) => fiche technique

l'Adorable Bel-Boul, opérette en 1 acte, avec Paul Poirson, musique de Jules Massenet (Cercle de l'Union artistique [Cercle des Mirlitons], 17 avril 1873) => partition ; livret

Don Rodrigue, opéra en 5 actes, avec Edouard Blau, musique de Georges Bizet (1873, inachevé)

Rédemption, poème symphonique avec choeurs, musique de César Franck (Concert national, 10 avril 1873)

Beppo, opéra-comique en 1 acte, musique de Jean Conte (Opéra-Comique, 30 novembre 1874) => fiche technique

Eve, mystère en 3 actes, musique de Jules Massenet (Concerts Lamoureux, 18 mars 1875) => fiche technique

Ariane, poème lyrique, musique de Léon de Maupeou (Concerts du Châtelet, 30 janvier 1876)

le Déluge, poème biblique en 3 parties, musique de Camille Saint-Saëns (Châtelet, 05 mars 1876)

Sainte Agnès, oratorio en 2 actes, musique de Clémence de Grandval (Paris, 13 avril 1876)

Cinq-Mars, drame lyrique en 4 actes, avec Paul Poirson, musique de Charles Gounod (Opéra-Comique, 05 avril 1877) => fiche technique

le Roi de Lahore, opéra en 5 actes, musique de Jules Massenet (Opéra, 27 avril 1877) => fiche technique

la Clé d'or, comédie lyrique en 3 actes, avec Octave Feuillet, musique d'Eugène Gautier (Théâtre National Lyrique, 14 septembre 1877)

Maître Pierre, opéra en 4 actes, musique de Charles Gounod, inachevé (1877-1884)

Etienne Marcel, opéra en 4 actes, musique de Camille Saint-Saëns (Lyon, 08 février 1879)

la Fée, opéra-comique en 1 acte, musique d'Emile Hemery (Opéra-Comique, 14 juin 1880)

Endymion, poème mythologique en 3 tableaux, musique d’Albert Cahen (Concerts Pasdeloup, 18 mars 1883)

le Chevalier Jean, drame lyrique en 4 actes, avec Edouard Blau, musique de Victorin Joncières (Opéra-Comique, 11 mars 1885)

le Cid, opéra en 4 actes, avec Adolphe d'Ennery et Edouard Blau, musique de Jules Massenet (Opéra, 30 novembre 1885) => fiche technique

Cléopâtre, poème lyrique pour soprano, chœur et orchestre, musique d'Alphonse Duvernoy (Concerts Colonne, vers 1885)

Patrie !, opéra en 5 actes, avec Victorien Sardou, musique d'Emile Paladilhe (Opéra, 20 décembre 1886)

Proserpine, drame lyrique en 4 actes, musique de Camille Saint-Saëns (Opéra-Comique, 16 mars 1887)

Michel Columb, opéra en 4 actes, avec Lionel Bonnemère, musique de Louis Bourgault-Ducoudray (Bruxelles, 07 mai 1887)

Vanina, opéra en 4 actes, avec Ernest Legouvé, musique d'Emile Paladilhe (1890, non représenté)

Joël, opéra en 3 acte, musique de Gilbert Desroches [baronne Legoux] (Nice, 11 avril 1889)

Ascanio, opéra en 5 actes, musique de Camille Saint-Saëns (Opéra, 21 mars 1890)

le Vénitien, opéra en 4 actes, musique d'Albert Cahen (Rouen, 14 avril 1890)

le Rêve, drame lyrique en 4 actes, musique d'Alfred Bruneau (Opéra-Comique, 18 juin 1891)

Thamara, opéra en 2 actes et 4 tableaux, musique de Louis Bourgault-Ducoudray (Opéra, 28 décembre 1891) => fiche technique

Stratonice, opéra en 1 acte, musique d'Alix Fournier (Opéra, 09 décembre 1892) => détails

les Saintes Marie de la Mer, légende de Provence en 4 parties, musique d'Emile Paladilhe (Montpellier, avril 1892)

l'Attaque du moulin, drame lyrique en 4 actes, musique d'Alfred Bruneau (Opéra-Comique, 23 novembre 1893)

Thaïs, comédie lyrique en 3 actes, musique de Jules Massenet (Opéra, 16 mars 1894) => fiche technique

Xavière, idylle dramatique en 3 actes, musique de Théodore Dubois (Opéra-Comique, 26 novembre 1895)

Frédégonde, drame lyrique en 5 actes, musique d'Ernest Guiraud terminée par Camille Saint-Saëns (Opéra, 18 décembre 1895) => fiche technique

Ping-Sîn, drame lyrique en 2 actes, musique d'Henri Maréchal (1895 ; Opéra-Comique, 23 janvier 1918)

Dalila, opéra en 3 actes, avec Octave Feuillet, musique d'Emile Paladilhe (1895-1896)

Photis, comédie lyrique en 3 actes, musique d'Edmond Audran (Genève, février 1896)

la Femme de Claude, drame lyrique en 3 actes, musique d'Albert Cahen (Opéra-Comique, 24 juin 1896)

le Drac, opéra féérique en 3 actes, musique de Paul et Lucien Hillemacher (version allemande d'Emma Klingenfeld, Karlsrhhe, 13 novembre 1896 ; version française, Opéra, 29 juin 1942)

Moïna, drame lyrique en 2 actes, musique d'Isidore de Lara (Monte-Carlo, 14 mars 1897)

le Spahi, poème lyrique en 4 actes, avec André Alexandre, musique de Lucien Lambert (Opéra-Comique, 18 octobre 1897)

Notre-Dame de la Mer, poème légendaire, musique de Théodore Dubois (1897)

Déjanire, tragédie antique avec chant, avec Camille Saint-Saëns, musique de Camille Saint-Saëns (Béziers, 28 août 1898)

les Guelfes, opéra en 5 actes, musique de Benjamin Godard (1898 ; Rouen, 12 janvier 1902)

Jahel, drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux, avec Simone Arnaud, musique d'Arthur Coquard (Rouen, 1899)

Lancelot, drame lyrique en 4 actes et 6 tableaux, avec Edouard Blau, musique de Victorin Joncières (Opéra, 07 février 1900)

Titania, drame musical en 3 actes, avec André Corneau, musique de Georges Hüe (Opéra-Comique, 20 janvier 1903) => fiche technique

Mauprat, drame lyrique en 4 actes, avec Edouard Blau, musique de William Chaumet

 

mélodies

 

À Colombine, sérénade d'Arlequin, extrait du Roman d'Arlequin, musique de Jules Massenet (1872)

Chanson de Capri, musique de Jules Massenet (1872) => partition

Chantez, voix bénies, hymne, musique de Charles Gounod (1870) => partition

Elégie, musique de Jules Massenet (vers 1872) => fiche technique

Epithalame, musique de Camille Saint-Saëns

Femmes de Magdala (les), musique de Jules Massenet (1872) => partition

Mignon, musique de Charles Gounod (1871) => partition

Nuit d'Espagne, musique de Jules Massenet (1872) => fiche technique

Soldats de Gédéon (les), chœur pour voix d'hommes, musique de Camille Saint-Saëns (1876)

Souvenez-vous de moi !, musique de Paul Puget (1881) => partition

Trois soldats !, musique de Jean-Baptiste Faure => partition

 

 

 

 

 

 

 

C'était en 1871. M. Du Locle était alors directeur de l'Opéra-Comique. N'ayant pu, en raison de circonstances indépendantes de sa volonté, faire représenter le Timbre d'argent, il désirait me donner une compensation et me demandait un ouvrage en un acte, facile à monter. « Vous devriez voir Louis Gallet, me dit-il, c'est un poète et un homme charmant ; vous êtes faits pour vous entendre. » Voisins, par hasard, Gallet et moi, habitant l'un et l'autre les hauteurs du faubourg Saint-Honoré, nous fûmes liés bien vite ; nos « atomes crochus » sympathisèrent immédiatement. Le Japon, en ce temps-là, faisait fureur : nous fîmes voile pour le Japon et la Princesse Jaune vint au jour, en attendant le Déluge, Etienne Marcel et tous les autres produits d'une collaboration qui pour moi était un charme, et qui ne se lassait jamais. Sans être aucunement musicien, Gallet, jugeait finement la musique ; en littérature, en art, nous avions les mêmes goûts ; tous deux nous aimions à nous délasser des travaux sérieux par d'innocents enfantillages, et c'était, à propos de tout et de rien, un bombardement réciproque de sonnets fantaisistes, de strophes baroques et de dessins extravagants, joute dans laquelle il avait sur moi le double avantage du poète et du peintre, car il y avait en Gallet un peintre auquel avait manqué seulement un peu de travail pour se développer ; sans y mettre aucune prétention, il peignait des paysages et des marines d'après nature, très justes de ton et de sentiment. Parfois il venait en aide aux décorateurs de théâtre : le beau désert du Roi de Lahore, le délicieux couvent de Proserpine, entre autres, ont été exécutés d'après ses aquarelles... Sa puissance de travail était prodigieuse : toujours on le trouvait la plume à la main, griffonnant des paperasses pour l'Assistance publique, dont il était un des hauts fonctionnaires, rédigeant des rapports, écrivant des romans, des articles pour plusieurs revues, des comédies, des poèmes d'opéra, entretenant une effroyable correspondance ; et il écrivait encore des sonnets pour se reposer. Puis c'étaient des discours en prose et en vers, pour des inaugurations de statues, pour des banquets littéraires ; les conseils, la collaboration même, accordés aux débutants trop faibles encore pour marcher sans aide et sans appui. Continent peut-on suffire à un tel labeur ? On n'y suffit pas, on y succombe. Que de fois je l'engageai à se borner, à laisser de côté des travaux dont l'urgence ne me paraissait pas démontrée ! Mais le travail était pour Gallet une passion, et rien ne pouvait l'en arracher.

 

(Camille Saint-Saëns, Portraits et Souvenirs, 1899)

 

 

 

 

 

En même temps que l'honneur de lui succéder ici comme chroniqueur musical, la tâche m'est confiée de saluer pour la dernière fois Louis Gallet, mort à Paris, il y a quelques jours. Il serait superflu de rappeler aux lecteurs de la Nouvelle Revue les qualités critiques de celui qui, depuis dix-huit ans, les renseignait sur la musique dramatique contemporaine avec tant de compétence et d'éclectisme impartial.

 

Intéressé par toutes les formes d'art, bienveillant comme s'il n'eut pas été lui-même un militant et un professionnel, Louis Gallet jugeait les œuvres avec un soin respectueux de tout effort. Le rôle de librettiste, toujours trop oublié dans le succès et si communément bafoué après un échec, lui avait donné une philosophie souriante, que sa bonté faisait plus résolue encore à ne pas manifester avec âpreté les opinions frondeuses de son scepticisme parisien.

 

Il n'était point, d'ailleurs, de ceux dont le labeur est borné à des observations théoriques ou consacré uniquement à des analyses compliquées du théâtre et de l'art actuels. Travailleur acharné, doué de facultés d'assimilation qui lui permettaient, presque simultanément, les occupations les plus disparates, Louis Gallet fut à la fois un homme de lettres des plus féconds et un très éminent fonctionnaire.

 

Poète de haute valeur, ses préférences l'avaient, de bonne heure, avec la complicité des circonstances et des milieux, spécialisé dans le livret musical, où il excella d'emblée, grâce à la résignation modeste de sa grande personnalité. On ne sait pas assez, en effet, — on ne soupçonne pas la part d'abnégation du poète dans l'élaboration des œuvres lyriques où il apporte les premières réalisations du plan qu'il a conçu.

 

L'art du « librettiste », pour être sacrifié toujours à celui du musicien qu'il inspire, n'en est pas moins une école de patience, de dévouement et de science consommée ; il doit se plier aux exigences du chanteur, aux équilibres tyranniques de la mesure, consentir sans révolte aux banalités inéluctables qu'exige, à tout instant, la tenue rythmique des phrases chantées ou des terminaisons vocales d'une période. Les rimes insolites, la personnalité dans la coupe du vers, la variété libre de l'écriture lui sont interdites par les règles de l'harmonie dont il doit demeurer à la fois l'inspirateur et l'esclave. Parfois même, il est appelé à écrire, sous d'immuables rythmes, les syllabes succinctes qui s'évertueront à concilier ensemble la rime, la raison, le sens et jusqu'à l'emploi des voyelles favorables à l'émission des notes difficiles ; c'est une mosaïque à bâtir, dont nul critique, au soir de la première, ne soupçonne le miracle et n'hésite guère cependant, à démontrer bien aisément la médiocrité forcée.

 

Louis Gallet n'était pas indifférent à ces reproches de l'ignorance professionnelle ; mais il les lisait sans humeur et ne s'indignait pas contre leur injustice mal informée. La virtuosité de son lyrisme le rendait précieux aux maîtres de la musique française ; fidèles à sa collaboration, qu'ils recherchaient avec un empressement plus concluant que tout éloge, ils ont associé son nom à leurs plus durables succès.

 

C'était un écrivain vraiment français, au style harmonieux et nuancé ; la concision, la grâce caractérisent ses œuvres, sources de tant de mélodies célèbres qui lui devront une première part de leur notoriété. Poète, il ne condamnait aucune formule créatrice, mais s'affranchissait également de toutes celles qui ne procèdent pas des qualités qui sont nôtres par excellence : l'élégance et la clarté.

 

Critique, il aimait surtout à donner son suffrage aux musiques simplistes, aux chants véritablement inspirés des traditions de notre passé lyrique, — aux partitions que n'alourdit pas l'influence pesante des maîtres tudesques, que n'embroussaillent pas les tumultes superposés des combinaisons psycho-musicales. Les « états d'âme » de telles pages, fort admirées de certains, n'émouvaient pas sa robuste érudition d'art. Si, quelquefois, il déplorait la docilité d'un jeune musicien à dénationaliser sans éclat le génie mélodique de notre race, il s'efforçait de retrouver en lui et de louer les traces manifestes de son inspiration française.

 

Même hostile, il ne s'est jamais laissé aller à la facile véhémence des diatribes sans pitié. Il était trop bon pour n'être pas généreux, trop compétent pour se proclamer exclusif. Ses critiques étaient d'un brave homme et ses louanges d'un vrai connaisseur. Les unes et les autres me sont, en ce qui me concerne, demeurées précieuses ; et je sais, pour les avoir personnellement éprouvées, la sûreté de ses jugements, la rare valeur de ses conseils.

 

 

L'énumération de ses ouvrages raconte éloquemment sa carrière d'auteur heureux, la maîtrise sans déclin de son théâtre.

 

Il avait débuté en 1861, à vingt-six ans, par un drame en trois actes, Mikaïta, joué à Bruxelles. Vinrent ensuite : le Coupeur d'oreilles, cinq actes avec Montagne, au Théâtre Parisien, en 1866 ; le Kobold, musique de Guiraud, à l'Opéra-Comique, en 1870 ; Djamileh de Bizet, deux ans après ; la Princesse Jaune pour Saint-Saëns ; la Coupe du Roi de Thulé, avec Ed. Blau, musique de Diaz ; Beppo (Conte) ; Cinq-Mars, pour Gounod, en 1877 ; le Roi de Lahore, avec Massenet ; la Clef d'or, en collaboration avec Octave Feuillet et Gautier ; en 1879, Etienne Marcel (Saint-Saëns) ; la Fée (Hémery) ; le Chevalier Jean (Joncières) ; le Cid (Massenet), en 1885 ; Patrie !, l'année suivante, avec Sardou, musique de Paladilhe ; Proserpine et Ascanio (Saint-Saëns) ; le Vénitien d'Albert Cahen ; le Rêve pour Alfred Bruneau (juin 1891) ; Thamara (Bourgault-Ducoudray) ; la Stratonice d'Alix Fournier ; l'Attaque du moulin, pour Bruneau (1893) ; Thaïs, avec Massenet ; la Xavière de Ferdinand Fabre, musique de Théodore Dubois ; Frédégonde, musique de Guiraud et de Saint-Saëns ; Photis, avec Audran ; la Femme de Claude pour Albert Cahen ; le Drac, musique de Paul et Lucien Hillemacher ; Déjanire (Béziers, août 1898), musique de Saint-Saëns.

 

Mentionnons encore un grand nombre d'œuvres exécutées dans les concerts symphoniques : Marie-Magdeleine, Eve (Massenet) ; le Déluge (Saint-Saëns) ; Endymion (Albert Cahen) ; Cléopâtre (Alphonse Duvernoy) ; Sainte-Agnès (Mme de Grandval) ; les Saintes-Maries de la Mer (Paladilhe).

 

Des volumes divers, des romans, des poèmes, beaucoup de pièces terminées, dont certaines à la veille d'être jouées, sont signées aussi de Louis Gallet. Son nom littéraire n'a donc rien à redouter de l'oubli et même une survivance d'actualités successives, — si l'on peut assembler ces deux mots, — est réservée encore à sa mémoire, vénérée de tous, comme l'atteste l'unanimité émue des regrets de la presse parisienne.

 

 

Or, bien qu'un tel bagage suffise amplement à remplir toute autre existence, il faut ajouter que Louis Gallet ne s'est pas contenté de cette œuvre intellectuelle. Il fut, en outre, un grand philanthrope : la douleur pauvre a connu par lui des soulagements efficaces, des adoucissements que ses fonctions d'administrateur des hôpitaux lui permirent de réaliser, pour sa plus grande joie.

 

L'assistance publique l'honorait comme un de ses meilleurs auxiliaires. Sa charité, la modestie de sa vie à la fois retirée et parisienne, sa douce et pensive physionomie, sa bonté proverbiale et jusqu'au bienfaisant esprit de ce parfait honnête homme revivent dans les éloges de ceux qui furent ses collaborateurs ou ses administrés.

 

Il avait, de la famille, une conception qu'il étendait à toute l'humanité dolente ; elle élargissait son horizon jusqu'à des ambitions très nobles. Son existence fait songer à ces belles proses rythmées que Massenet et Saint-Saëns lui mirent en musique et qui chantent, dans toute l'harmonie de leur simplicité, la distinction grandiose de son esprit et de son cœur.

 

(Pierre-Barthélemy, la Nouvelle Revue, 01 novembre 1898)

 

 

 

 

 

Monument de Louis Gallet érigé au Champs-de-Mars à Valence, sculpture de Jean-Antoine Injalbert, inauguré le 29 septembre 1901 en présence de Saint-Saëns

 

 

 

 

Encylopédie