Salles lyriques parisiennes
Arts (Théâtre des)
Enseigne théâtrale qui apparut à diverses reprises dans l'histoire du théâtre à Paris (notamment à l'Opéra de la rue de Louvois, au début du XIXe s., et pour de brèves tentatives à la salle des Menus-Plaisirs, en 1874 et en 1879). Ce titre devint plus significatif quand il fut porté, de 1906 à 1940, par l'ancien théâtre des Batignolles (créé en 1838), 78 bis boulevard des Batignolles (17e arrdt.), d'abord dirigé par Robert d'Humières, puis par Jacques Rouché (1910-1913), et devenu ensuite Théâtre Hébertot, du nom de son nouveau directeur. Le titre de « Théâtre des Arts » a été alors repris (1954) par un théâtre de la rue Rochechouart, ancien cinéma qui était devenu d'abord théâtre Verlaine.
le Théâtre des Arts vers 1906
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Athénée (Théâtre de l')
La salle de l'Athénée, située rue Scribe, fut aménagée par le banquier Bischoffsheim pour permettre au fondateur des concerts populaires, Pasdeloup, d'y donner de grandes séances de musique symphonique et d'oratorio (1866). Cette combinaison n'ayant que médiocrement réussi, on transforma la salle de l'Athénée en théâtre de l'Athénée, mais l'entreprise ne réussit pas davantage ; c'est alors que le directeur des Fantaisies-Parisiennes transporta son petit théâtre lyrique dans la salle de l'Athénée. A la suite de divers incidents, l'Athénée dut fermer ses portes pour quelques mois en 1874. Il les rouvrit pour devenir scène de comédie, sous le titre de théâtre Scribe. En 1876, il prit le titre d’Athénée-Comique, et se consacra exclusivement à la comédie bouffe, au vaudeville et à la revue. En 1883, il dut donner sa dernière représentation, la démolition de l'immeuble ayant été décidée. Le petit théâtre situé 7 rue Boudreau (9e arrdt.), aménagé en 1893 dans l'un des foyers de l'Eden-Théâtre*, fut appelé d'abord Comédie-Parisienne, puis s'est rouvert, le 27 octobre 1896, sous le nom de Théâtre de l'Athénée. On y joua le vaudeville et l'opérette jusqu'en 1934, date à laquelle Louis Jouvet en devint directeur.
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Bouffes-Parisiens (Théâtre des)
C'est dans une petite salle des Champs-Elysées, aujourd'hui détruite, la salle Lacaze, qui prit plus tard le nom de Folies-Marigny, que le théâtre des Bouffes-Parisiens fit son inauguration, le 5 juillet 1855, sous la direction de Jacques Offenbach, qui fut en même temps le chef d'orchestre et le compositeur habituel. Lorsque vint l'hiver, la troupe se transporta dans la petite salle du passage Choiseul (2e arrdt.), qui fut agrandie et transformée en 1864. Les Bouffes donnèrent des opérettes et des pantomimes, et tout Paris accourut pour entendre les Deux aveugles, Orphée aux enfers, etc. Offenbach laissa, reprit, puis abandonna la direction qui, sous ses successeurs, eut aussi de beaux succès. Parmi les pièces les plus applaudies à la fin du XIXe s., nous citerons : Madame l'Archiduc, la Timbale d'argent, la Marquise des rues, les Mousquetaires au couvent, la Mascotte, Joséphine vendue par ses sœurs, Miss Helyett (1890), l'Enlèvement de la Toledad, Mam'zelle Carabin (1893), etc.
le théâtre des Bouffes-Parisiens vers 1867
La salle du Théâtre des Bouffes-Parisiens fut construite en 1826 par le physicien Comte et l'ouverture eut lieu le 23 janvier 1827, sous le nom de Théâtre des Jeunes-Auteurs. Le spectacle se composait de tours de physique amusante et de petites pièces jouées par des enfants. En 1855, la petite salle du Théâtre Comte devint le Théâtre des Bouffes-Parisiens (salle d'hiver), sous la direction de Jacques Offenbach, qui venait de créer les Bouffes-Parisiens (salle d'été) aux Champs-Elysées et l'inauguration eut lieu le 29 décembre avec Bataclan, de Ludovic Halévy, musique d'Offenbach, qui eut un succès formidable. De 1855 à 1862, les Bouffes connurent des soirs superbes, avec entre autres : les 66, les deux vieilles Gardes, la Rose de Saint-Flour, le Violoneux, Orphée aux Enfers (21 octobre 1858), Geneviève de Brabant, Monsieur Choufleury restera chez lui, du Duc de Morny, en collaboration avec Ludovic Halévy. En 1863. la salle fut reconstruite. On donna Listchen et Fristchen pour les débuts de Zulma Bouffar, l'Amour chanteur pour ceux d'Irma Marié. En 1864, Varney fonde avec M. de Porto-Riche, le père de l'auteur d'Amoureuse, la Société Hanapier et Cie, qui eut M. Mestepès, puis M. Lapointe comme administrateurs. En 1866, la Société Hanapier fit faillite ; la salle resta à louer et le 28 septembre, M. Varcollier, mari de Mme Ugalde, en prit la direction. Signalons sous cette direction une reprise d'Orphée, avec Cora Pearl, qui s'essayait dans le rôle de « Kioupidonn » et qui fut sifflée. Le 1er août 1867, MM. Lefranc et Dupontavisse succédèrent à M. Varcollier et le 3 septembre 1868, Charles Comte et Jules Noriac prirent la direction ; aussitôt le Théâtre retrouva sa vogue avec l'Ile de Tulipatan et la Princesse de Trébizonde. Puis vint l'année terrible. Enfin, le 16 septembre 1871, les Bouffes rouvrirent et les directeurs tombèrent sur un succès (16 avril 1872) : la Timbale d'argent, d'un débutant, Léon Vasseur. Judic s'y révéla, secondée par Désiré et Peschard. En 1873, Charles Comte demeura seul ; il monta la Boîte au lait, l'Etoile, Madame l'Archiduc, qui fut jouée par Daubray, Mmes Judic et Grivot. Plus tard, Mme Théo reprit le rôle de « Marietta ». En 1879, les Bouffes, sous la direction de Cantin, connurent à nouveau la prospérité avec les Mousquetaires au Couvent, la Mascotte, Gillette de Narbonne, avec Hittemans, Morlet, Charles Lamy, Mme Montbazon. Cantin se retira et laissa la place à Gaspari, puis à Mme Ugalde qui fut directrice de 1886 à 1889 et rencontra un grand succès avec Joséphine vendue par ses sœurs. En 1890, deux énormes succès : une pantomime, l'Enfant prodigue, admirablement interprétée par Félicia Mallet et l'immortelle Miss Helyett, le triomphe sans lendemain de Bianah Duhamel. De 1892 à 1913, les Bouffes-Parisiens jouèrent successivement l'Enlèvement de la Toledad, avec Mme Simon-Girard, les Petites Michu et Véronique, d'André Messager où triomphèrent Jean Périer, Mariette Sully et Tariol-Baugé, les Travaux d'Hercule, de Robert de Flers et A. de Caillavet, musique de Claude Terrasse. En 1913, Gustave Quinson prend possession du fauteuil directorial et organise une brillante saison de comédie qui débuta avec le Secret, le grand succès d'Henry Bernstein, auxquels succédèrent les grands succès de Sacha Guitry : la Pèlerine écossaise, la Jalousie, etc. Puis les Bouffes revinrent à l'opérette : Phi-Phi, de Christiné, avec Urban et Alice Cocéa ; Dédé, de Christiné, avec Maurice Chevalier ; Là-Haut, de Maurice Yvain, avec Dranem et Chevalier ; Trois Jeunes Filles nues, de Moretti ; Au Temps de Gastounet, revue de Rip. De 1929 à 1936, MM. Albert Willemetz et Louis Meucci présidèrent aux destinées de ce théâtre et montèrent Flossie, de Szulc ; les Aventures du Roi Pausole, d'Albert Willemetz et A. Honegger ; Sous son Bonnet, revue de Rip ; Un Soir de Réveillon, de Moretti ; O mon bel Inconnu, de Sacha Guitry et Reynaldo Hahn ; le Bonheur Mesdames, de Francis de Croisset, Albert Willemetz et Christiné ; Toi c'est Moi, de Henri Duvernois et Moïses Simons. => les Bouffes-Parisiens : vol. 1 ; vol. 2 par Henry Buguet (1873)
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Capucines (Théâtre des)
Théâtre qui fut créé à Paris, 39 boulevard des Capucines (2e arrdt.) en 1900 par Mortier dans l'ancienne salle des conférences où débutèrent Sarcey, Jules Lemaitre, Brunetière, Bourget, etc., et qui, après, servit aux séances d'illusionnisme des frères Isola ; on y a vu représenter des comédies et opérettes, comme : la Bonne Intention, Au temps des croisées, Par politesse, le Pantalon de la baronne, etc. Ce théâtre ferma ses portes le 29 juin 1973.
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Champs-Elysées (Théâtre des)
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Château-d'Eau (Théâtre du)
Ce théâtre, situé 50 rue de Malte, à Paris (11e arrdt), fut fondé en 1866 sous la direction de Bastien Franconi, qui l'appela Cirque du Prince-Impérial, et y donna des drames militaires et des représentations équestres. En 1867, Hostein prit la salle, devenue alors le théâtre du Château-d'Eau, et y joua le drame, mais sans succès. Il eut pour successeurs Léon Cogniard, puis Hippolyte Cogniard (1870), qui transforma la salle. On y représenta des féeries des drames, etc. Cogniard fut remplacé en 1875 par Dejean, puis par Dornay, qui firent faillite. Les artistes du théâtre se constituèrent alors en société (1877), donnèrent des drames, et louèrent, pendant l'été, la salle à Leroy qui y joua des opéras. En 1883, le théâtre devint un opéra populaire, sous la direction de Lagrenée, puis sous celle de Garnier, et représenta notamment l'Etienne Marcel de Saint-Saëns. L'entreprise échoua. Le drame reparut au Château-d'Eau avec Bessac et Péricaud , qui louèrent la salle à Milliaud pour y jouer des opéras. En 1888, Senterre fit du Château-d'Eau le Théâtre-Lyrique, y donna le Jocelyn de Godard, etc., et dut fermer ses portes. Il fut remplacé par Monza et, en 1892, par Lemonnier, qui, en y jouant le drame, rendit la prospérité à ce théâtre, appelé depuis 1894 Théâtre de la République. Pendant le dernier trimestre de l'année 1889, la troupe de l'Opéra-Comique, sous la direction d'Albert Carré, y a donné quotidiennement des représentations en attendant son emménagement dans la troisième salle Favart. Il fut remplacé en 1904 par l'Alhambra, démoli en 1967.
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Châtelet (Théâtre du)
Construit sur la place du Châtelet (1er arrdt.) par l'architecte Davioud, ce théâtre fut inauguré en août 1862. La salle, la plus vaste de Paris, contient plus de trois mille places, et ses vastes proportions la destinaient au drame et à la féerie. Ce théâtre fut successivement dirigé par Hostein (1862), Nestor Roqueplan (1869), Hostein (1871), Fischer et Beaugé (1874), qui y jouèrent l'opéra ; Castellano (1875), qui revint au drame ; Rochard (1880), qui joua le drame et la féerie ; Floury père et fils (1882) et Rochard (1898). Parmi les pièces qui ont eu le plus de succès, citons : le Secret de miss Aurore, les Mystères du vieux Paris, le Tour du monde en 80 jours, Michel Strogoff ; parmi les féeries : les Mille et une nuits, Coco fêlé, Cendrillon, la Poudre de Perlinpinpin, Robinson Crusoé. En 1874, Edouard Colonne, fondateur de l'Association artistique, entreprit de donner chaque dimanche d'hiver, au Châtelet, des concerts symphoniques.
Théâtre du Châtelet, photo de Charles Marville vers 1853-1870
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Cirque du Palais-Royal
Vaste établissement de plaisir construit à Paris, en 1787, dans le jardin du Palais-Royal, par Rose de Saint-Pierre. Il y édifia un théâtre qui prit le nom de Théâtre du Cirque-du-Palais-Royal et, peu après, celui de Cirque-National, puis de Lycée-des-Arts ; on y jouait l'opéra-comique et la pantomime. Appelé, en 1798, « Veillées-de-Thalie », il donna des traductions d'opéras italiens, prit enfin le titre de Bouffons-Français, et devait jouer des traductions d'ouvrages allemands et italiens, avec un orchestre solide et des chœurs exercés. Dès les premières représentations, le succès fut éclatant. Mais, le 16 novembre 1798, le feu se déclara dans les bâtiments du cirque, et les détruisit entièrement.
vue du jardin du Palais-Royal, avec le nouveau cirque, par Sergent (1807-1809)
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Cluny (Théâtre de)
Construit à Paris, 71 boulevard Saint-Germain (5e arrdt.), en 1863, pour être une salle de concerts, il s'ouvrit en janvier 1864, sous le nom d'Athénée musical ; mais, presque aussitôt, il fut transformé en salle de spectacle et fut appelé, en novembre 1864, théâtre Saint-Germain. On y joua le vaudeville, l'opérette, le drame, sous les directions de Gérault, Moniot, Bartholy, Godard, qui ne purent y attirer le public. Larochelle l'acheta, le rouvrit en 1866, lui donna le nom de « théâtre de Cluny », qu'il a conservé depuis, et le quitta en 1871. Après lui, Pournin, et en 1886, Derembourg et Léon Marx en prirent la direction, que ce dernier a gardée seul depuis 1888. Le théâtre joue le vaudeville, l'opérette et surtout la comédie bouffe, puis ferme ses portes en 1989.
le Théâtre de Cluny vers 1900
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Comédie-Italienne
Diverses troupes de comédiens italiens avaient été appelées en France par Henri III, Henri IV, Mazarin, et y avaient fait d'assez longs séjours, sans se fixer définitivement à Paris, lorsque l'une d'elles obtint, vers 1659, de jouer à l'Hôtel* de Bourgogne, rue Mauconseil, alternativement avec les comédiens français ; sur le théâtre du Petit-Bourbon, avec la troupe de Molière, et ensuite sur le théâtre du Palais-Royal. Lors de la réunion de tous les comédiens français à la salle Guénégaud, en 1680, les Italiens se trouvèrent seuls possesseurs du théâtre de Bourgogne, où ils continuèrent de représenter avec beaucoup de succès jusqu'en 1697 des farces dont les principaux personnages étaient Arlequin, Pantalon, Scapin, Beltrame, le Capitan, Scaramouche, Mezzetin, Polichinelle, Pierrot, le Docteur, etc. Une pièce satirique dirigée contre Mme de Maintenon fit fermer leur théâtre pendant dix-neuf ans. De 1716 à la Révolution, la Comédie-Italienne fournit encore une longue carrière. Les acteurs et les actrices qui brillèrent durant ces diverses périodes furent : Isabelle Andreini, Francesco, son mari, Lelio, leur fils, le fameux Dominique, que prisait tant Louis XIV, Fiurelli, célèbre dans le rôle de Scaramouche, Spezzafer, Constantini, dit Mezzetin, Riccoboni, Carlin, etc. En 1762, la Comédie-Italienne fusionne avec l'Opéra-Comique*, né de la Foire ; ces comédiens libres sont constamment en conflit avec les « officiels » : Comédie-Française et Opéra. En 1779, tous les acteurs italiens furent renvoyés, sauf Carlo Bertinazzi (qui mourut à Paris en 1783). La troupe française inaugura sur le Boulevard, en 1783, une nouvelle salle, qui devint le théâtre Favart, avant de reprendre le nom d'Opéra-Comique.
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Comique et Lyrique (Théâtre-Français)
Fondé en 1790 par un nommé Clément de Lornaison, ce petit théâtre était situé à Paris, à l'angle des rues de Bondy et de Lancry, sur l'emplacement de l'ancien théâtre des Variétés-Amusantes. L'on y jouait à la fois la comédie, le drame, le vaudeville et l'opéra-comique, il disparut dans les derniers mois de 1793. Sa salle resta fermée jusqu'en 1795, époque où vint s'y installer le théâtre des Jeunes-Artistes.
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Daunou (Théâtre)
Situé à Paris, 7 rue Daunou (2e arrdt.), ce théâtre de 450 places, principalement consacré aux comédies, a été inauguré le 30 décembre 1921. Des opérettes y seront créées, dont Ta bouche (1921) de Maurice Yvain, Madame (1923) et J'adore ça (1925) d'Henri Christiné.
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Déjazet (Théâtre)
En 1859, Eugène Déjazet, fils de la célèbre actrice, prit la direction du petit théâtre des Folies-Nouvelles*, situé à Paris, 41 boulevard du Temple (3e arrdt), dont il changea le nom pour lui donner celui de « théâtre Déjazet » et c'est là qu'il fit représenter ses opérettes. Malgré quelques bonnes pièces où jouait sa mère, il dut abandonner, en 1869, une entreprise ruineuse. Ses successeurs ne furent pas plus heureux : de 1876 à 1880, Ballande dirigea ce théâtre, qu'il appela Troisième Théâtre-Français. Il reprit ensuite le nom de « théâtre Déjazet », fut refait et agrandi en 1882, et, depuis, sous les directions Campisiano, Boscher, Calvin, Lemonnier et Roll, on y a joué le vaudeville, la comédie et le drame. Puis ce théâtre devint un cinéma (1936).
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Délassements-Comiques (Théâtre des)
Théâtre de Paris. La première salle qui porta ce nom fut construite boulevard du Temple en 1785, et brûlée en 1787. On la reconstruisit peu après et on y joua d'abord la pantomime, puis la comédie et l'opéra-comique. Sous des directions diverses, elle prit successivement le nom de Théâtre lyri-comique (1800), de Variétés-Amusantes (1803), de Délassements-Comiques (1804), de Nouveaux-Troubadours (1805), ferma ses portes en 1807, et fut démolie peu après. Un nouveau théâtre des Délassements-Comiques, construit en 1841 sur le même boulevard, eut pour principaux directeurs Laloue, qui donna surtout des féeries, et Sari, qui donna des revues et des pièces à femmes. Après la démolition du boulevard du Temple, la troupe des Délassements s'installa dans une salle de la rue de Provence, puis Faubourg-Saint-Martin, et se dispersa. Un troisième théâtre des Délassements-Comiques, construit en 1866, boulevard du Prince-Eugène (aujourd'hui boulevard Voltaire), joua le vaudeville et l'opérette, et fut incendié en 1871. L'année suivante, le théâtre des Nouveautés du Faubourg-Saint-Martin reçut le nom de Délassements-Comiques ; il cessa d'exister vers la fin de 1877.
Théâtre des Délassements-Comiques et du Petit Lazzari en 1861
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Eden-Théâtre
Salle de spectacle, organisée à Paris, rue Boudreau, en vue d'acclimater en France les grandes œuvres chorégraphiques. La salle de l'Eden-Théâtre, construite sur les plans de Klein et Duclos, était la plus vaste de Paris, après l'Opéra. L'inauguration se fit le 7 janvier 1883, par la représentation d'Excelsior, ballet de Manzotti, musique de Marenco, auquel succédèrent différents ballets italiens et français. Lamoureux, qui avait donné pendant quelque temps ses concerts à l'Eden-Théâtre, eut l'idée d'y fonder une nouvelle scène lyrique et de choisir pour début le Lohengrin de Richard Wagner. La première représentation de Lohengrin, qui eut lieu le 3 mai 1887, fut aussi la dernière, en raison des troubles qu'elle avait suscités sur la place publique. On essaya ensuite de l'opérette et de la féerie avec un grand luxe de mise en scène ; on reprit la Fille de Madame Angot, le Pied de mouton, le Petit Duc, Orphée aux enfers, et l'on monta Ali-Baba, de Charles Lecocq. Tout cela n'eut qu'un médiocre succès. Une nouvelle tentative de théâtre lyrique fut faite avec Samson et Dalila, de Saint-Saëns, et la Jolie Fille de Perth, de Bizet. Au bout d'un mois, le théâtre fermait, et il était déclaré en faillite. Une nouvelle entreprise essaya de rouvrir l'Eden, neuf mois après, en y jouant quelques pantomimes, mais sans plus de succès, et une nouvelle fermeture s'ensuivit. Porel prit la direction, avec le dessein de faire jouer à l'Eden-Théâtre la comédie. Il donna Pêcheurs d'Islande, de Louis Tiercelin ; l'Arlésienne, d'Alphonse Daudet, avec la musique de Bizet, et les Faux Bonshommes, de T. Barrière. En même temps, il faisait entendre Merowig, drame lyrique, de Georges Montorgueil et Samuel Rousseau. Au bout de quelques mois, l'Eden fermait définitivement ses portes ; on le détruisit pour construire, à sa place, des maisons de rapport. Son existence n'avait pas dépassé dix années, de 1883 à 1893. Le théâtre de l'Athénée* a été aménagé en 1893 dans l'un des foyers de l'Eden-Théâtre.
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Eldorado
Salle de spectacle, à Paris, construite en 1858 sur l'emplacement du manège Pellier. Située 4 boulevard de Strasbourg (10e arrdt.), elle fut successivement café-concert, music-hall, puis cinéma. Surnommé « la Comédie-Française de la chanson », l'Eldorado connut une période dorée, jusqu'en 1878 où la concurrence de la Scala* le força à changer de genre et à se transformer en théâtre d'opérette. Puis, en 1896, les propriétaires de la Scala en prirent la direction.
le Concert de l'Eldorado en 1900 [photo Gaillard]
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Fantaisies-Parisiennes (Théâtre des)
Ce théâtre, fondé par un peintre, Martinet, était situé au n° 26 du boulevard des Italiens, à Paris, sur l'emplacement où l'on a construit, depuis lors, celui des Nouveautés. Il était destiné, à ressusciter le genre de l'ancien opéra-comique à proportions mignonnes, tel qu'on le comprenait au temps des premiers essais de Duni, de Monsigny, de Philidor et de Grétry. L'inauguration se fit, le 2 décembre 1865, par un spectacle qui comprenait il Campanello, opéra bouffe de Donizetti adapté à la scène française, et les Deux arlequins, d'Emile Jonas. Puis on représenta successivement : Robinson Crusoé, les Oreilles de Midas, les Légendes de Gavarni, Gervaise, le Soldat malgré lui, le Chevalier Lubin, Roger Bontemps, l'Amour mouillé, etc. A ces ouvrages inédits venaient se joindre des reprises d'œuvres intéressantes. Puis encore, on vit aux Fantaisies-Parisiennes des adaptations d'œuvres de compositeurs célèbres qui n'avaient jamais paru à la scène, comme l'Oie du Caire, de Mozart, et la Croisade des dames, de Franz Schubert. Enfin, vinrent des traductions d'ouvrages importants : les Masques, de Pedrotti ; le Docteur Crispin, des frères Ricci ; une Folie à Rome, Piedigrotta, de Frederico Ricci. Les Fantaisies-Parisiennes allèrent s'installer d'une façon plus confortable à l'Athénée, rue Scribe, le 11 février 1869, et y continuèrent leurs exploits. En même temps, elles en prenaient le titre et abandonnaient celui de Fantaisies-Parisiennes. C'est alors qu'on y vit jouer Sylvana, de Weber ; les Brigands (I Masnadieri), de Verdi ; on reprit aussi divers ouvrages du répertoire de l'Opéra-Comique et du Théâtre-Lyrique. Puis, vinrent les événements de 1870 : l'Athénée, comme tous les autres théâtres, dut fermer ses portes, et les rouvrit plus tard, dans des conditions difficiles, sous le titre et avec une partie de la subvention du Théâtre-Lyrique, alors disparu. L'histoire des Fantaisies-Parisiennes est alors terminée.
Ce nom fut également donné, de 1878 à 1884, au théâtre Beaumarchais, 25 boulevard Beaumarchais à Paris 4e, où beaucoup d'opérettes furent créées. Ce fut également, de 1903 à 1909, le nom du cabaret de la Nouvelle Eve, 25 rue Pierre-Fontaine à Paris 9e.
Ce fut également l'autre nom de l'Alcazar royal, créé en 1867 rue d'Arenberg à Bruxelles, où des opérettes furent créées, dont, le 04 décembre 1872, la Fille de Madame Angot de Charles Lecocq.
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Feydeau (Théâtre)
Ce théâtre, appelé d'abord théâtre de Monsieur, fut l'un des plus célèbres de Paris pendant la période révolutionnaire. Le privilège en avait été accordé, en 1788, à Léonard Autié, coiffeur de la reine Marie-Antoinette, qui s'associa, pour son exploitation, avec le violoniste Viotti. Léonard avait obtenu de Monsieur, frère du roi (depuis Louis XVIII), qui habitait les Tuileries, la jouissance de la salle de spectacle de ce palais et la faculté de donner à son entreprise le nom de « théâtre de Monsieur ». C'est le 26 janvier 1789 que le théâtre de Monsieur fit son inauguration dans la salle des Tuileries. Le nouveau théâtre joua : l'opéra italien, l'opéra-comique français, la comédie française et le vaudeville. Le succès fut, dès l'abord, très grand ; mais la situation du théâtre de Monsieur devint difficile lorsque, la cour rentrant à Paris, il dut, pendant près d'une année, aller se réfugier à la foire Saint-Germain. Enfin, la salle du 19 de la rue Feydeau, construite par Legrand et Molinos, étant prête, on en fit brillamment l'inauguration, le 6 janvier 1791, et c'est alors que le théâtre abandonna sa première appellation de « théâtre Monsieur » pour prendre celle de « théâtre Feydeau ». Le théâtre Feydeau mit au jour toute une série d'ouvrages. Puis il donna des concerts qui devinrent aussitôt célèbres. Pourtant, sa situation restait précaire. Il accepta donc les propositions qui lui furent faites par un groupe d'artistes de la Comédie-Française, qui lui offrirent de partager le théâtre avec eux, chaque troupe jouant de deux jours l'un. Cette combinaison dura jusqu'en 1798. Après une longue série de succès et de revers, les artistes du théâtre Feydeau se réunirent à ceux du théâtre Favart et formèrent la troupe de l'Opéra-Comique* (16 septembre 1801). L'Opéra-Comique, après avoir séjourné une année à la salle Favart, pour permettre de faire à celle de Feydeau des réparations urgentes, revint à celle-ci, qu'il ne quitta plus qu'en 1829, pour aller prendre possession de celle qu'on venait de lui construire rue Neuve-des-Petits-Champs (salle Ventadour). Peu de temps après, le théâtre Feydeau était démoli.
coupe et vue extérieure du théâtre de la rue Feydeau, 1791
vue du Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Feydeau ; gravure de Dubois d'après Courvoisier
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Foire (Théâtres de la)
On peut comprendre sous ce nom générique différentes sortes de spectacles qui figurèrent pendant près de deux siècles dans les célèbres foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent à Paris. Dès l'année 1596, on voit le lieutenant civil autoriser un théâtre de ce genre sur la foire Saint-Germain, à la condition que les artistes payeront chaque année deux écus aux Confrères de la Passion. Singes et chiens savants, acrobates et danseurs de corde, telles étaient les attractions des théâtres de la foire. En 1650, Brioché y montra ses marionnettes. En 1674, Dominique de La Mormandin, sieur de La Grille, ouvrit sur la foire Saint-Germain le théâtre des Bamboches, où le jeu des marionnettes était accompagné de couplets. Lully, surintendant de la musique royale, le fit fermer. En 1697, la foire Saint-Germain comptait les trois troupes des frères Allard (qui allaient jouer à la cour), de Maurice et de Bertrand. Peu à peu les théâtres forains se mirent à représenter des scènes dialoguées, à reprendre les types de la comédie italienne, à jouer des comédies à ariettes, embryons d'opéras-comiques. C'était empiéter sur les privilèges de la Comédie-Française et de l'Opéra, qui protestèrent et firent interdire aux troupes foraines le dialogue d'abord, et bientôt même le monologue. En 1710, on leur défendit à la fois le chant, les paroles et la danse. Ils répondirent par l'ingénieuse invention des pièces à la muette. L'auteur faisait les gestes, l'orchestre jouait un air, et le public chantait en chœur les couplets écrits en grosses lettres sur des pancartes. Les grands comédiens les obligèrent encore à diminuer leur orchestre et à augmenter le prix des places. D'Argenson fit envahir et briser par ses archers le théâtre de la Foire. Cependant, en 1714, la troupe de Catherine Vanderberg obtint de l'Opéra le privilège de donner des pièces mêlées de chant. D'excellents auteurs travaillèrent pour le théâtre de la Foire. Le Sage composa, avec Dominique et Fuselier, plus de cent petites pièces. Citons encore les noms de Dorneval, Boissy, Largillière, Lafont, Autreau, Piron, Vadé, Sedaine, Lemonnier, Panard, et, parmi les musiciens : Gilliers, Dauvergne, Duni, Philidor et Monsigny. Vers 1724, une impulsion nouvelle fut donnée à l'Opéra-Comique* de la Foire, dont le privilège appartint successivement à Honoré, à Pouteau (1727), à de Vienne (1732), à Monnet (1743), à Berger ; puis après une nouvelle suppression, de 1745 à 1752, derechef à Jean Monnet (1752). En 1762, l'Opéra-Comique de la Foire alla se fondre avec la Comédie-Italienne. Les foires virent encore les troupes d'Audinot, de Nicolet, les Variétés amusantes, de Lécluse (1777), les Italiens, les Comédiens de Monsieur (1789), les Variétés comiques et lyriques et le Théâtre de la Liberté (1791). Mais la suppression des foires mit fin à ces entreprises. L'histoire du théâtre de la Foire a été écrite par les frères Parfait, par Des Boulmiers, Monnet, Maurice Albert. => la Foire Saint-Laurent, par Arthur Heulhard (1878) => Jean Monnet, avec un appendice sur l’Opéra-Comique de 1752 à 1758, par Arthur Heulhard (1884)
plan de la Foire Saint-Germain vers 1670, gravure de Jollain
plan de la Foire Saint-Laurent en 1745
le théâtre Nicolet à la Foire Saint-Germain au début du XVIIIe s., estampe coloriée [musée Carnavalet]
la Foire Saint-Germain pendant l'incendie du 16 juillet 1762, gravure coloriée
la Foire Saint-Germain, miniature de Nicholas Van Blarenberghe, 1763
une parade au théâtre de la Foire Saint-Laurent devant la loge de Nicolet en 1786, gouache anonyme
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Folies-Bergère
Folies-Bergère, théâtre de music-hall construit à Paris, 32 rue Richer (9e arrdt.), en 1867, sur l'emplacement des magasins des « Colonnes d'Hercule », où l'on vendait des sommiers. Destiné à inaugurer un genre de spectacles composés d'éléments divers : opérettes, fantaisies lyriques, pantomimes, chansonnettes, exercices gymnastiques, il ouvrit, le 2 mai 1869, sous le nom de Café du Sommier élastique, mais dut fermer plusieurs fois entre 1869 et 1871. En novembre 1871, Sari le métamorphosa, y ajouta un promenoir et en fit les Folies-Bergère ; en 1880, il le consacra à des concerts de grande musique. Le 28 avril 1881 commencèrent les répétitions de l'orchestre du Concert de Paris (nouveau nom des Folies-Bergère), placé sous le patronage d'un comité composé de Gounod, Massenet, Saint-Saëns, Delibes, Joncières et Guiraud ; mais bientôt les Folies-Bergère reprenaient leur ancien genre. Plusieurs directeurs s'y succédèrent jusqu'en 1918, date à laquelle Paul Derval en fit l'acquisition ; il devait y monter un grand nombre de revues à grand spectacle.
les Folies-Bergère vers 1900
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Folies-Dramatiques (Théâtre des)
Construit boulevard du Temple, à Paris, par l'architecte Allaux, il fut ouvert en janvier 1831, sous la direction de Léopold, remplacé peu après par Mourier, qui, actif et expérimenté, sut attirer le public en faisant jouer des vaudevilles et des drames-vaudevilles ; entre autres, Robert Macaire, avec Frédérick Lemaître. A sa mort (1857), il fut remplacé par Harel fils, dont la direction ne fut pas heureuse En 1862, le théâtre fut transporté dans une salle nouvelle, rue de Bondy. En 1867, Moreau-Sainti en devint directeur, y donna des opérettes, dont plusieurs d'Hervé, obtint de vifs succès, et fut remplacé par Cantin, qui sut attirer la foule avec Héloïse et Abailard, la Fille de Madame Angot, Jeanne, Jeannette et Jeanneton, les Cloches de Corneville, etc. A Cantin succéda Blandin (1879), et, depuis lors, les Folies-Dramatiques ont eu des fortunes diverses sous la direction de Gautier (1883), de Micheau et Brasseur (1885), de Vizentini (1890), de Peyrieux (1894), de Regnard (1895), de V. Silvestre (1896), de Nunès (1898). Le 1er février 1900, les Folies-Dramatiques devinrent l'Opéra populaire ; mais, cette entreprise ayant périclité, le théâtre rouvrit sous le nom de Folies-Dramatiques, au mois de juin suivant. Le cinéma s'y est ensuite installé. => les Folies-Dramatiques par Henry Buguet (1873)
l'Opéra populaire en 1900
le Théâtre des Folies-Dramatiques en 1912
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Folies-Marigny (Théâtre des)
Vers 1850, le prestidigitateur Lacaze fit construire dans le carré Marigny, aux Champs-Elysées, à Paris (8e arrdt.), un pavillon qu'il appela salle Lacaze et où il donna des représentations. En 1855, Jacques Offenbach rouvrit, sous le nom de Bouffes-Parisiens, la petite salle abandonnée et y fit jouer avec succès des opérettes, jusqu'à la fin de 1856. Elle devint ensuite le Théâtre Deburau, avec Deburau fils (1858), le Théâtre des Champs-Elysées, avec Mme de Chabrillan, puis avec Eugène Moniot, et reçut, en 1862, le nom de Théâtre des Folies-Marigny. Sous la direction de Montrouge, on y joua, avec un vif succès, des opérettes et des pièces à femmes jusqu'en 1869. Sous les successeurs de Montrouge, les Folies-Marigny périclitèrent à tel point qu'on finit par démolir le petit théâtre, qui fut remplacé, en 1881, par le panorama de Buzenval. En 1895, le panorama disparut à son tour, et, sur son emplacement, on construisit un nouveau théâtre, qui fut inauguré en janvier 1896, sous le nom de Folies-Marigny. On y vit des revues, des ballets et des attractions de tout genre. Il devint en 1913 la Comédie-Marigny, puis, en 1925, entièrement transformé, le théâtre Marigny. La comédie, l'opérette et la revue y alternèrent.
le Théâtre des Folies-Marigny vers 1900
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Folies-Nouvelles (Théâtre des)
Ce fut d'abord un café-concert, ouvert en 1852, 41 boulevard du Temple, à Paris (3e arrdt.), par le chanteur Meyer, qui l'appela Folies-Meyer. En 1853, le compositeur Hervé s'y installa, lui donna le nom de Folies-Concertantes, y joua des pièces excentriques et des pantomimes, et céda son privilège à Louis Huart et Altaroche. Ceux-ci y firent construire une charmante salle, ouverte en octobre 1854 sous le nom de Folies-Nouvelles, et ce théâtre, où l'on joua surtout des opérettes et des pantomimes avec Paul Legrand, eut, pendant quelques années, une grande vogue. En 1859, Eugène Déjazet en prit la direction et lui donna le nom de Théâtre Déjazet*.
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Gaîté (Théâtre de la)
Un des plus anciens théâtres de Paris. Il tire son origine du Spectacle des danseurs de corde, fondé à la foire, en 1753, par Jean-Baptiste Nicolet, et qui n'était d'abord qu'un jeu de marionnettes, auxquels il adjoignit, peu après, de vrais acteurs jouant de petits vaudevilles. En 1759, Nicolet s'installa au boulevard du Temple, et Louis XV lui permit de donner à son spectacle le titre de « théâtre des grands danseurs du roi ». En 1792, Nicolet abandonna ce titre pour celui de « théâtre de la Gaîté » En 1795, il loua son théâtre à un acteur nommé Ribié, qui lui donna celui de « théâtre d'Emulation » et ne le conserva que trois années. La veuve de Nicolet en reprit alors la direction, qu'elle partagea ensuite avec son gendre Bourguignon, non sans lui avoir rendu son titre de « théâtre de la Gaîté ». Lorsqu'en 1807 un décret de Napoléon vint réduire à huit le nombre des théâtres de Paris, la Gaîté fut comptée parmi les privilégiés. On jouait alors à ce théâtre le drame, le vaudeville et la féerie. Bourguignon avait fait construire, en 1808, une salle plus confortable que la première. Elle passa successivement dans les mains de Guilbert de Pixerécourt, de Bernard-Léon, sous la direction duquel, en 1835, elle fut détruite par un incendie, pour être rebâtie aussitôt ; de Cès-Caupenne, en 1857, de Meyer et Montigny, de Hostein. En 1862, la destruction d'une partie du boulevard du Temple fit disparaître la Gaîté. On fit construire une nouvelle salle par l'architecte Hittor, au square des Arts-et-Métiers, 3bis rue Papin (3e arrdt.). Plusieurs directeurs s'y succédèrent en peu d'années, qui ne furent pas heureux : Harmant, Dumaine, Victor Koning, puis Boulet, qui, avec deux féeries : la Chatte blanche et le Roi Carotte d'Offenbach, remit le théâtre sur pied. Ce fut Offenbach, qui, en 1872, prit la direction de la Gaîté où il monta Orphée aux Enfers et Geneviève de Brabant. Après lui, Albert Vizentini y ressuscita l’ancien Théâtre-Lyrique et y joua Dimitri, Paul et Virginie et la Clef d'Or, première œuvre de Saint-Saëns. Du 5 mai 1876 au 2 janvier 1878, il prend donc le nom de Théâtre-National-Lyrique. Puis le théâtre subit une crise avec quelques directions éphémères, jusqu’en 1881, où Debruyère et Larochelle se mirent à sa tête, qui y rétablirent l'opérette. En 1884, Debruyère resta seul directeur et consacra le théâtre à l’opérette à grand spectacle. La Gaîté connut de grands succès avec le Grand Mogol, la Cigale et la Fourmi, le Petit Poucet, le Voyage de Suzette. Plus tard, Coquelin et Hertz y jouèrent la comédie jusqu'en 1903, où le théâtre fut cédé aux frères Isola. Ils y donnèrent avec un incomparable éclat, de grandes représentations d'opéra. On applaudit tour à tour Hérodiade, Messaline, la Vivandière avec Calvé, Litvinne, Renaud, Marie Delna. En 1907, le théâtre devient Théâtre de la Gaîté-Lyrique. A partir de 1909, les frères Isola firent représenter avec le concours d'artistes de l'Opéra-Comique, presque toutes les pièces du répertoire, le Jongleur de Notre-Dame, la Navarraise, la Bohème, Cendrillon, la Dame Blanche. Puis ce furent les Huguenots, avec Lucienne Bréval et Affre ; la Favorite avec Delna ; le Prophète avec Alvarez et Quo Vadis de Nouguès, avec Mary Laffargue, Thévenet, Vallandri, Jean Périer. Ensuite, c'est la Salomé de Mariotte, avec Lucienne Breval, Jean Périer ; Don Quichotte de Massenet, avec Lucy Arbel, Fugère, Vanni-Marcoux ; le Cœur de Floria, ballet de Mariquita et de Lorde, musique de Georges Menier ; Ivan le Terrible de Raoul Gunsbourg ; les Girondins, d'E. Le Borne, Leneka et de Choudens ; Naïl d'Isidore de Lara, etc. Le 1er janvier 1914, les frères Isola prenaient la direction de l'Opéra-Comique et cédaient la Gaîté à Monsieur Charbonnel, qui n'eut le théâtre que quelques mois, car il fut mobilisé dès le début de la guerre. Pendant sa courte direction, il représenta Icare de Deutsch de la Meurthe, il créa la Danseuse de Tanagra d'Henri Hirchmann, Madame Roland et les Contes de Perrault de Fourdrain, Narkis ballet de Nouguès. Le théâtre lyrique de la Gaîté rouvrit ses portes en octobre 1919 sous la direction de Gabriel Trarieux et de Georges Bravard, avec la Belle Hélène d’Offenbach interprétée par Marguerite Carré et Max Dearly. Suivirent ensuite des opérettes et des opéras-comiques : Véronique de Messager, avec Edmée Favart et Jean Périer ; la Fille de Madame Angot de Lecoq, avec Marthe Chenal et Edmée Favart ; Boccace de Suppé, avec Marthe Chenal ; les Brigands d'Offenbach, avec Jean Périer ; la Hussarde de Fourdrain ; l'Homme qui vendit son âme au Diable de Jean Nouguès ; le Barbier de Séville avec Lucien Fugère, Ponzio et Brothier ; la Basoche de Messager, avec Lucien Fugère ; la Dame au Domino, création d’Henri Hirchmann ; Paganini de Lehár, avec Baugé ; Mireille, avec Brothier ; Manon, avec Nespoulous ; Werther, avec Lapelleterie ; la Dame Blanche, avec Villabella ; Mignon ; Guillaume Tell, avec Alexandre Guys ; le Caïd, avec Bordon ; Hänsel et Gretel, avec Cabanel ; Sapho, avec Mary Viard ; etc. En 1930, création de la Bataille, de Claude Farrère, musique d'André Gailhard. En août 1931, en association avec Maurice Catriens, la Gaîté créa le Scarabée Bleu de Nouguès, avec Robert Burnier et Aimée Mortimer, et la Tulipe Noire de Tiarko Richepin, avec Pasquali. Entre temps, la Gaîté donnait des représentations d'opéra : la Juive, la Favorite, le Trouvère, Guillaume Tell, etc. Le 15 novembre 1932, création du Pays du Sourire de Lehár avec Willy Thunis. En 1934, Bravard, resté seul directeur depuis juillet 1926, fit représenter Coup de roulis de Messager, avec Aquistapace, Mary Viard, André Gaudin, Mostova et Robert Allard. Puis, le 23 mars 1935, eut lieu la création de Malvina de Hahn. En septembre 1935, reprise de Monsieur Beaucaire de Messager, avec Mary Viard, Roland Laignez, André Balbon, Monette Dinay. Puis les Artistes Associés donnèrent une série de représentations des Noces de Figaro avec Mlles Yvonne Brothier, Ritter-Ciampi, Henriette Lebard, Emma Luart, Madeleine Mathieu et MM. Hubert Audouin, Roger Bourdin, Charles Friant, Roland Laignez, Jean Monet, mise en scène de Max de Rieux. En novembre, Bravard donna la Chanson du Bonheur, de Lehar, avec André Burdino, Georgette Simon, Roger Tréville, Lyne Clevers, Morton, Nina Myral, Duvaleix, Bever et Félix Oudart. Au mois de mai 1936, la Dernière Valse, d'Oscar Straus, avec Raymond Chanel, André Balbon, Suzanne Laplace, Monette Dinay et Robert Allard. En octobre 1936, les Compagnons de l'Opérette présentèrent Un P'tit bout d'Femme, de René Mercier, avec Loulou Hegoburu, Germaine Roger, Dulysse, Hélène Reynès, Laure Diana, Robert Ancelin, Adrien Lamy, Niel, Loche, Descombes, Mainart, Gustave Nelson et Robert Allard. => la Gaîté : vol. 1 ; vol. 2 par Henry Buguet (1875)
façade du théâtre de la Gaîté en 1900
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Gymnase-Dramatique
Théâtre parisien construit, en 1820, sur l'emplacement de l'ancien cimetière de NotreDame-de-Bonne-Nouvelle, 38 boulevard Bonne-Nouvelle (10e arrdt.), par les architectes Rougevin et Guerchy. Le privilège en avait été concédé à de La Roserie, qui le transmit à Delestre-Poirson, Le Gymnase était autorisé, tout en jouant des pièces nouvelles sous forme de comédies-vaudevilles, à jouer aussi celles des pièces du répertoire de la Comédie-Française et de l'Opéra-Comique, abandonnées par ceux-ci, et dont les auteurs étaient morts depuis au moins dix ans, à condition de réduire ces ouvrages en un seul acte. En 1824, Poirson obtint l'autorisation d'appeler son théâtre « Théâtre de Madame ». La Révolution de 1830 lui rendit celui de Gymnase-Dramatique. En 1844, Poirson eut pour successeur Montigny, qui abandonna peu à peu le vaudeville à couplets pour les grandes pièces et la comédie de mœurs. Scribe, Augier, Dumas fils, Meilhac et Halévy, Labiche, Sardou comptèrent parmi ses auteurs à succès. La direction de Montigny dura trente-sept ans, de 1844 à 1881. Il eut pour successeurs Victor Koning (1881-1893), puis Masset et Emile Abraham (1893), Porel et Albert Carré (1894), Porel seul (1898), et Chautard (1899). => le Gymnase : vol. 1 ; vol. 2 par Henry Buguet (1875)
le Théâtre du Gymnase-Dramatique en 1900
le Théâtre du Gymnase-Dramatique vers 1900
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Hôtel de Bourgogne (Théâtre de l')
Bâti vers 1548 par les confrères de la Passion, sur l'emplacement occupé auparavant par l'hôtel des ducs de Bourgogne, dans la rue Mauconseil, à Paris. C'est là que jouèrent d'abord Gros-Guillaume, Gauthier-Garguille, Turlupin, Bruscambille ; puis Floridor, Bellerose, Montfleury, Mondory, la Béjart, mère de la femme de Molière ; Baron père, Poisson, et surtout la fameuse Champmeslé et son mari ; c'est là que furent représentés les chefs-d'œuvre de Corneille et de Racine. Les comédiens italiens exploitèrent ce théâtre de 1680 à 1697, puis de 1716 à 1719, et y jouèrent, outre des canevas italiens, des comédies françaises d'Autreau, Marivaux, Saint-Foix, etc. ; les opéras-comiques de Sedaine et de Favart, embellis par la musique de Monsigny, Grétry, Dalayrac, etc. Le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne, qui fut, avec le théâtre du Marais, le véritable berceau de la Comédie-Française, était devenu, en 1680, l'asile de la Comédie-Italienne, qui y demeura pendant plus d'un siècle, c'est-à-dire jusqu'en 1783, époque où elle alla prendre possession de la salle qu'on venait de lui construire sur les terrains du duc de Choiseul (salle incendiée deux fois, en 1838 et en 1887 : aujourd'hui Opéra-Comique*). Le théâtre de Bourgogne, démoli alors, disparut à jamais. Son existence avait été de deux cent trente-cinq ans.
l'Hôtel de Bourgogne
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Jeunes-Artistes (Théâtre des)
Il s'installa, au cours des derniers mois de l'année 1794, dans une salle située sur le boulevard, occupée précédemment par le Théâtre-Français comique et lyrique. Les premiers directeurs furent Robillon, Boirie, puis, en 1801, le compositeur Foignet et son fils. Le répertoire, qui ne comprenait d'abord que des comédies et des vaudevilles, était uniquement composé de pièces nouvelles. Avec les deux Foignet, le théâtre devint une véritable petite scène lyrique. On y jouait des sortes de féeries musicales. Cependant, vers 1805, Foignet céda l'entreprise à son premier fondateur, Robillon, qui abandonna le genre lyrique, conserva la féerie et ramena la comédie et le vaudeville. Le théâtre fut brutalement mis à mort par le décret impérial de 1807, qui supprimait la liberté des théâtres. Il avait duré environ quinze ans.
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Jeunes-Comédiens (Théâtre des)
Fondé à Paris, vers 1804, par Hurpy, au Palais-Royal, et transporté l'année suivante dans l'enclos des Capucines (aujourd'hui rue de la Paix), sa troupe était composée d'enfants de quatre à onze ans, qui jouaient des pièces du répertoire et des pièces nouvelles, écrites à leur intention : comédies, vaudevilles, opéras-comiques. Le décret impérial de 1807 amena sa suppression.
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Louvois (Théâtre)
Construit en 1791, à Paris, par l'architecte Brongniart, 6 rue de Louvois (2e arrdt.). Le directeur de Lomel, le consacra à l'opéra et à la comédie, puis exclusivement à l'opéra-comique. En 1793, il devient le théâtre des Amis de la Patrie, jouant le vaudeville et l'opéra. Peu après, Mlle Raucourt vient y jouer la tragédie, puis d'autres acteurs de la Comédie-Française y jouent la comédie. Le 18-Fructidor amène la fermeture du théâtre Louvois, qui est bientôt rouvert par Ribié. De nouveau fermé par ordre du Directoire, le théâtre des Troubadours vint, en 1798, s'y installer pour jouer le vaudeville. Ils firent place aux acteurs de l'Odéon, qui, sous la direction de Picard, obtinrent un succès éclatant en 1805, et prirent le titre de théâtre de l'Impératrice. Lorsqu'en 1808 le théâtre de l'Impératrice s'en alla dans la salle de l'Odéon reconstruite, celle de Louvois fut abandonnée. En 1820, la salle de l'Opéra*, située alors rue de Richelieu, dut faire place à une chapelle expiatoire ; on décida, en attendant la construction par Debret de la salle de la rue Le Peletier, de placer provisoirement l'Opéra dans celle, toute voisine, de Louvois, qui l'abrita pendant un peu plus d'une année. La carcasse du théâtre Louvois, dont tout l'intérieur fut détruit, devint le magasin de décors de l'Opéra-Comique.
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Menus-Plaisirs (Théâtre des)
Situé 14 boulevard de Strasbourg à Paris (10e arrdt.) et construit par l'architecte Lehmann sur l'emplacement de l'ancien Café-Concert du XIXe Siècle, ce théâtre ouvrit ses portes le 15 décembre 1866, sous la direction de Gaspari. Son existence fut souvent difficile, et il changea fréquemment de titre et de genre. En 1873, il passe aux mains de Merklein ; en 1874, il devient théâtre des Arts avec Weinscheink et, en 1875, avec Paul Clèves, qui en cumule à la fois la direction et celle du théâtre Cluny, dont il devient une sorte de succursale. En 1876, il prend le titre d'Opéra-Bouffe avec Gardel ; en 1877, il redevient théâtre des Menus-Plaisirs avec Durécu. On le retrouve, en 1879, théâtre des Arts avec Wessel et l'année suivante avec Okolowicz ; Dormeuil père le rouvre en 1881, sous le titre de Comédie-Parisienne, et le laisse l'année suivante aux mains de son fils et de Philibert Bréban, qui lui rendent son appellation de Menus-Plaisirs. On y voit alors se succéder les directions Blandin (1884), Derembourg et Lagoanère (1887), Lagoanère seul (1891), Miran (1893), puis tour à tour Chapé, Cox, Chapuis, Gilbert-Gigout, Minuto, Grisier, G. Mathieu, jusqu'à ce qu'enfin Antoine, qui avait donné dans cette salle, depuis 1891, les représentations de son Théâtre-Libre, en prenne la direction (1897), en lui donnant le nom de Théâtre-Antoine.
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Mogador (Théâtre)
Salle de spectacles fondée en 1913, située 25 rue de Mogador à Paris (9e arrdt.). Au cours des années 1920, on y donne des opérettes et des revues, et, en séances d'après-midi, les Thés Mogador, qui sont des après-midi musicaux : Rip de Planquette avec Léon Ponzio (1920) ; Madame l'Archiduc d'Offenbach avec Edmée Favart (1920) ; la Petite Mariée de Lecocq avec Geneviève Mathieu-Lutz et Jean Périer (1921) ; le Petit Duc de Lecocq avec Edmée Favart, Tarquini d'Or et Louis Maurel (1921) ; la Petite Fonctionnaire de Messager avec Edmée Favart et Henry Defreyn (1921) ; la Poupée d'Audran avec Geneviève Mathieu-Lutz (1921) ; la Petite Bohème d'Hirchmann (1921) ; la Mascotte d'Audran avec Jane Morlet et Léon Ponzio (1921). Les Ballets russes de Diaghilev s'y produisent en 1922 sous la direction musicale d'Ernest Ansermet. Cora Laparcerie dirige le théâtre d'octobre 1923 à mai 1924 qui joue des pièces d'Edmond Rostand et de Maurice Maeterlinck. Il est ensuite consacré aux opérettes, revues, comédies musicales depuis les années 1930. Les frères Isola le dirige de 1925 à 1936 et y créent de nombreux succès comme la Bayadère de Kalman (1926) ; No, no, Nanette de Youmans (1926) ; Rose-Marie de Friml (1927) ; Hallelujah de Youmans (1929) ; le Chant du désert de Romberg (1930) ; Orphée aux enfers d'Offenbach avec Lucien Muratore et Max Dearly (1931) ; l'Auberge du Cheval-Blanc de Benatzky (1932) ; la Vie parisienne d'Offenbach (1934) ; Mandrin de Szulc (1934) ; Surcouf de Planquette (1935). De 1940 à 1969, Henri Varna dirige le théâtre et y produit des opérettes à grand spectacle, dont la Belle Hélène avec Geori Boué en 1960.
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National (Théâtre)
Ce théâtre, construit à l'époque de la Révolution, fut fondé par la Montansier et élevé, d'après les dessins de l'architecte Louis, sur une portion de l'ancien hôtel de Louvois, rue de Richelieu (alors rue de la Loi), et sa façade principale donnait sur cette rue. On devait y jouer tous les genres. Le théâtre fit son inauguration le 15 août 1793. Mais son existence devait être courte, sous sa première forme. La Commune de Paris s'empara du Théâtre National, pour y installer l'Opéra*, après avoir fait arrêter la Montansier. Ce fut la cause d'un procès qui ne dura pas moins de dix années. L'Opéra devait y rester jusqu'au 13 février 1820, jour où le duc de Berry (fils du futur roi Charles X), sortant de la représentation, était assassiné par Louvel. L'archevêque de Paris exigea que le théâtre fût démoli. L'Opéra fut en effet transporté dans la salle Favart. Quelques années plus tard, le gouvernement de la Restauration fit commencer, sur l'emplacement du théâtre, la construction d'une chapelle expiatoire ; mais, après la révolution de 1830, on y aménagea la petite place Louvois. C'est également en se rendant à l'Opéra de la rue de Richelieu que Bonaparte échappa à l'attentat de la rue Saint-Nicaise (conspiration de la machine infernale) le 24 décembre 1800.
le Théâtre de l'Opéra de la rue de Richelieu (1794-1820), vue d'optique de l'époque
le Théâtre de l'Opéra, dénommé Théâtre des Arts entre août 1794 et février 1797 ["Académie Royal (sic) de Musique"], installé dans la salle du Théâtre National ; c'est dans cette salle que, pour la première fois, des bancs furent installés au parterre
Bal costumé et masqué à l'Opéra en 1800, gravure d'après Bosco
attentat de la rue Saint-Nicaise contre Napoléon Bonaparte se rendant à l'Opéra de la rue de Richelieu le 24 décembre 1800
attentat sur la personne de Son Altesse Royale Monseigneur le duc de Berry en sortant de l'Opéra dans la nuit du 13 février 1820 à 11 heures moins 10 minutes
assassinat du duc de Berry, gravure française
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Nations (Théâtre des)
C'est le nom que prit, en 1874, le Théâtre-Historique, installé, après 1870, dans les bâtiments reconstruits de l'ancien Théâtre-Lyrique, 2 place du Châtelet, à Paris (4e arrdt.), et cédé (1874) par Castellano à Jean-Gustave Bertrand. Celui-ci, après des alternatives de succès et de revers, mourut en 1880, et eut pour successeur Ballande. Le drame historique et le drame à spectacle firent le fond du répertoire. En 1886, le théâtre des Nations devint le théâtre de Paris, qui n'eut lui-même qu'une existence éphémère ; l'Opéra-Comique*, après l'incendie de la deuxième salle Favart, devait, en 1887, prendre possession de la salle pendant onze ans, avant d'inaugurer la troisième salle Favart en 1898. En 1899, il devint le Théâtre Sarah-Bernhardt. Du 01 août au 28 novembre 1936, les représentations de l'Opéra de Paris ont été données dans le Théâtre Sarah-Bernhardt, pendant les travaux de rénovation de la scène du Palais Garnier.
accident survenu le 08 janvier 1891 à l'Opéra-Comique, installé dans le théâtre de la place du Châtelet de 1887 à 1898 (dessin d'A. Esnault, le Monde illustré)
"Le 8 janvier, à neuf heures du soir, un accident des plus singuliers et heureusement des plus rares est arrivé au théâtre de l'Opéra-Comique, quelques instants avant la fin de la représentation de la Cigale madrilène. Un spectateur, M. Robin, fabricant de jouets, qui se trouvait à l'une des extrémités de la seconde galerie, s'étant penché un peu trop en avant, a perdu l'équilibre et a été précipité dans le vide. Le malheureux est resté un instant accroché à la première galerie, puis est venu s'abattre sur la chaise de M. Chertier, piston, qui venait heureusement de s'absenter un instant. Quand on l'a relevé, M. Robin avait perdu connaissance. Néanmoins, il a pu, au bout d'un moment, prononcer quelques paroles. Une voiture des ambulances urbaines, mandée par M. de Laselves, commissaire de police, a ramené la victime de cet accident à son domicile, rue Saint-Maur. M. Robin n'avait reçu que des contusions sans gravité, et en a été quitte pour une belle peur. En compensation de l'émotion bien naturelle qu'il a éprouvée, M. Paravey, directeur de l'Opéra-Comique, a mis à sa disposition une loge pour une des représentations de la semaine." (le Monde illustré, 17 janvier 1891)
le Pont-au-Change et le Théâtre Sarah-Bernhardt en 1900
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Nouveau-Théâtre
A Paris, 15 rue Blanche (9e arrdt.). La salle du Nouveau-Théâtre, qui est, comme forme, l'une des plus élégantes de Paris, était englobée dans l'ensemble des constructions du Casino de Paris, ouvert en 1891 sous la direction de Borney et Desprez. Tandis que dans le grand hall du Casino avaient lieu des bals, des danses, des exercices forains, on jouait dans la salle voisine des ballets, des pièces lyriques, des vaudevilles, etc. Ce n'est guère que vers 1895 que la salle spéciale de la rue Blanche prit le nom de Nouveau-Théâtre, sans devenir d'ailleurs un théâtre régulier. On continua bien d'y donner parfois des ballets et des pantomimes. Mais bientôt il n'y eut plus de troupe spéciale, et le Nouveau-Théâtre servit surtout aux représentations de diverses sociétés dramatiques. C'est là que l'Œuvre, sous l'impulsion de Lugné-Poe, joua Peer Gynt, Jean-Gabriel Borkmann, de Henrik Ibsen, Au delà des forces humaines, de Bjœrnstjerne Bjœrnson, la Cloche engloutie de Hauptmann ; c'est là que les Escholiers représentèrent Ghetto, de Heyermann, Alleluia, de Marco Praga, Danton, de Romain Rolland, l'Or, de Magre, etc. En même temps, le Nouveau-Théâtre servait aussi de salle de concert. Camille Chevillard y continuait le dimanche les concerts de l'orchestre Lamoureux, tandis qu'Edouard Colonne y donnait, pendant deux années, ses petits concerts du jeudi. C'est dans la salle du Nouveau-Théâtre que Charles Lamoureux donna les premières représentations à Paris de Tristan et Isolde, de Richard Wagner. En 1906, le Nouveau-Théâtre devint le Théâtre Réjane. Il prit enfin en 1921 le nom de Théâtre de Paris. On y joue le drame et la comédie.
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Nouveautés (Théâtre des)
Construit, à Paris, place de la Bourse (2e arrdt.), à l'endroit où s'ouvre aujourd'hui la rue du Quatre-Septembre, ce théâtre ouvrit ses portes le 1er mars 1827, sous la direction de Bérard, ancien directeur du Vaudeville, qui, au bout d'un an, céda la place à Langlois, lequel fut ensuite remplacé par Bossange. Le privilège l'autorisait à jouer le vaudeville et des pièces mêlées de musique nouvelle. Ruinées par de nombreux procès avec l'Opéra-Comique et par la révolution de 1830, après cinq années d'existence, les Nouveautés fermèrent leurs portes. L'Opéra-Comique*, de 1832 à 1840, puis le Vaudeville qui venait de brûler rue de Chartres, occupèrent successivement la salle. Un second théâtre des Nouveautés s'établit rue du Faubourg-Saint-Martin (10e arrdt.), dans la salle Raphaël, sur l'emplacement de l'ancienne foire Saint-Laurent. Il eut pour directeurs successifs E. Hugot, Mme Albine de l'Est et Georges Blum. Il fut inauguré le 7 mai 1866, incendié le 3 décembre suivant, rouvert le 28 janvier 1867, et disparut en 1869. Enfin, un troisième théâtre des Nouveautés fut créé en 1878, 26 boulevard des Italiens (2e arrdt.), sur l'emplacement des anciennes Fantaisies-Parisiennes (1865-1869) et des Fantaisies-Oller (1876). Il fut fondé par Brasseur père, et se consacra d'abord au vaudeville et à l'opérette. Son inauguration eut lieu le 12 juin 1878, par un grand vaudeville, Coco, de Clairville, Grangé et Delacour. Pendant plusieurs années, il obtint de grands succès avec de nombreuses opérettes. Depuis lors, il s'est tourné, avec non moins de bonheur, du côté de la comédie bouffe. Il fut démoli en 1911. Une nouvelle salle, construite 24 boulevard Poissonnière (9e arrdt.) et inaugurée en avril 1921, reprit cette enseigne. Sous la direction de Benoît Léon-Deutsch, elle a connu quelques-uns des plus durables succès d'opérettes et de comédies modernes.
l'Opéra-Comique dans la Salle de la Bourse, dessin de 1883
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Opéra (Théâtre de l')
Le Théâtre de l'Opéra fut successivement installé dans treize salles parisiennes : 1° Salle du Jeu de paume de la Bouteille, rue Mazarine (03 mars 1671 - 30 mars 1672) ; 2° Salle du Jeu de paume de Bel-Air, rue de Vaugirard (15 novembre 1672 - 1673) ; 3° première Salle du Palais-Royal (15 juin 1673 - incendiée le 06 avril 1763) ; 4° Salle des Machines au Palais des Tuileries (24 janvier 1764 - 1769) ; 5° deuxième Salle du Palais-Royal (02 janvier 1770 - incendiée le 08 juin 1781) ; 6° Salle des Menus-Plaisirs, rue Bergère (1781) ; 7° Salle de la Porte-Saint-Martin*, 16 boulevard Saint-Martin (31 octobre 1781 - 1794) ; 8° Théâtre National* [Salle Montansier], rue de Richelieu (26 juillet 1794 - 13 février 1820) ; 9° Théâtre Louvois*, 6 rue de Louvois (1820) ; 10° première Salle Favart, place Boieldieu (1820-1821) ; 11° Salle Le Peletier, 12 rue Le Peletier (16 août 1821 - incendiée le 28 octobre 1873) ; 12° Salle Ventadour, rue Méhul (1874) [occupée par le Théâtre-Italien*] ; 13° Palais Garnier, place de l'Opéra (inauguré le 05 janvier 1875). L'Opéra était installé dans la salle du Théâtre National de la rue de Richelieu depuis 1794, quand l'assassinat du duc de Berry, le 13 février 1820, provoqua la destruction de ce théâtre. Le prince, poignardé, comme on sait, sur les marches de l'Opéra, à onze heures du soir, fut apporté expirant au foyer, et l'archevêque de Paris, appelé en toute hâte pour lui administrer les sacrements, refusa de se rendre dans un lieu si profane, s'il ne lui était promis qu'on démolirait la salle. On le lui promit. L'Opéra resta fermé pendant deux mois, et l'on mit aussitôt à l'étude un projet de construction. C'est à ce moment qu'on choisit le vaste emplacement de l'hôtel Choiseul, rue Le Peletier, pour y élever, en 1821, une salle qui devait être provisoire et qui dura jusqu'en 1873. Quoique bâtie légèrement, toute de bois et de plâtre, cette salle ne coûta pas moins de 1.800.000 francs. L'ouverture eut lieu le 16 août 1821. Elle était admirablement disposée et parfaitement sonore. Au moment où l'on se disposait à monter Jeanne d'Arc de Mermet, un incendie éclata dans la salle. En quelques heures, ce théâtre devint la proie des flammes le 28 octobre 1873. Le directeur M. Halanzier demanda aussitôt et obtint d'installer provisoirement l'Opéra à la salle Ventadour, en faisant alterner ses représentations avec celles des Italiens jusqu'à ce qu'il s'installe dans le Palais Garnier, construit de 1861 à 1874 et inauguré en 1875. De 1781 à 1894, le magasin de décors de l'Opéra était situé rue Richer à Paris 9e. Il fut détruit par un incendie en 1894. Les Ateliers Berthier furent alors construits, 32 boulevard Berthier à Paris 17e, par Charles Garnier, de 1895 à 1898, pour le remplacer. => les Treize salles de l'Opéra par Albert de Lasalle, 1875 => les Quinze salles de l'Opéra par André Lejeune et Stéphane Wolff, 1955
incendie de la première salle du Palais-Royal le 06 avril 1763, estampe coloriée de l'époque
première salle du Palais-Royal à Paris [à gauche] dans laquelle s'installa Lully et qui fut détruite par l'incendie en 1763. - deuxième salle du Palais-Royal [à droite] qui brûla à son tour en 1781
l'Opéra dans la 2e salle du Palais-Royal
incendie de l'Opéra dans la 2e salle du Palais-Royal le 08 juin 1781
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Opéra-Comique (Théâtre de l')
C'est le 26 décembre 1714 que deux entrepreneurs, Saint-Edme et la veuve Baron, qui avaient chacun un spectacle à la Foire*, fusionnèrent ces deux spectacles en un seul, auquel ils donnèrent le nom d'Opéra-Comique. La Comédie-Française obtint la fermeture de ce théâtre en 1718. Trois ans après, l'Opéra-Comique obtenait l'autorisation de reparaître. En 1745, ce théâtre fut de nouveau supprimé. On ne le revit qu'en 1752, installé dans la salle des Menus-Plaisirs, rue Bergère. En 1780 environ, la salle de l'Hôtel* de Bourgogne, rue Etienne-Marcel, où s'étaient établis en 1762 les acteurs de la Comédie-Italienne*, tombant en ruine, on choisit l'emplacement de l'hôtel Choiseul pour y construire un théâtre assez spacieux pour répondre au goût de plus en plus prononcé de la population parisienne pour les spectacles. Alors furent commencés les travaux du théâtre de l'Opéra-Comique (première salle Favart) ; entrepris en mars 1781, sur les dessins de l'architecte Heurtier, ils furent achevés en 1783. Au mois d'avril de la même année, la Comédie-Italienne (très improprement nommée, puisqu'on n'y représentait plus depuis longtemps que des pièces françaises) quitta son ancien local de la rue Mauconseil et vint s'installer à la nouvelle salle. L'ouverture en eut lieu le 28 avril 1783, sous les auspices de Favart, dont cette salle prit d'abord le nom (première salle Favart). Néanmoins, le nom d'Italiens demeurant par la force de l'habitude aux comédiens du théâtre, ce nom d'Italiens fut donné au boulevard voisin et à la place sur laquelle le théâtre s'ouvrait. Cette place a été depuis appelée place Boieldieu. La salle Favart, comme on disait jadis, était adossée à la partie conservée de l'ancien hôtel Choiseul, dont la façade donnait sur le boulevard et où se fonda, en 1782, et se tint longtemps un cercle célèbre, dit le Salon. Les acteurs de l'Opéra-Comique jouirent de la salle Favart jusqu'en 1797, époque où la nécessité de réparations urgentes les contraignit à émigrer au théâtre Feydeau*, 19 rue Feydeau (16 septembre 1801). Le 16 avril 1829, l'Opéra-Comique quitte le théâtre Feydeau et s'installe le 20 avril 1829 dans la salle Ventadour [qu'occupera le Théâtre-Italien*], rue Méhul, jusqu'en septembre 1832, puis au théâtre des Nouveautés*, place de la Bourse, pour inaugurer enfin la deuxième salle Favart le 16 mai 1840. Incendiée le 15 janvier 1838 (elle était à cette époque occupée par la troupe du Théâtre Italien), la première salle Favart fut reconstruite immédiatement sur les plans de M. Carpentier (deuxième salle Favart), et fut inaugurée le 16 mai 1840 avec le Pré-aux-Clercs d'Herold. Cette salle, qui contenait 2.000 places, était une des plus jolies et des mieux distribuées d'après l'ancien système de construction des théâtres qui offrait tant de vices radicaux. A un grand nombre de loges du premier et du second rang, étaient liés de petits salons d'une grande élégance. Le 25 mai 1887, elle fut anéantie par un incendie qui fit des centaines de victimes. L'Opéra-Comique s'installa alors dans le Théâtre des Nations*, construit à la place du Théâtre-Lyrique*, place du Châtelet. Le 07 décembre 1898, le théâtre de l'Opéra-Comique prit possession de la troisième et actuelle salle Favart. La carcasse du théâtre Louvois*, dont tout l'intérieur fut détruit, devint le magasin de décors de l'Opéra-Comique. => l'Incendie de l'Opéra-Comique de 1887
Théâtre-Italien (première salle Favart) en 1780, dessin de Lallemand
Théâtre-Italien (première salle Favart), vers 1785
Théâtre Royal des Italiens (première salle Favart)
Théâtre Royal Italien (première salle Favart)
Théâtre Royal Italien (première salle Favart), fin du XVIIIe s.
première salle Favart, gravure de 1820
Théâtre National de l'Opéra-Comique (deuxième salle Favart), dessin de 1883
Une soirée à l'Opéra-Comique (deuxième salle Favart) en 1885
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Palais-Royal (Théâtre du)
Théâtre parisien situé au Palais-Royal, péristyle Joinville, 72 et 73. Construit en 1783, ce théâtre s'appela d'abord « théâtre des petits comédiens de S. A. S. Mgr le comte de Beaujolais », et plus tard « théâtre des Beaujolais ». En 1790, la Montansier s'empara de la salle et y fonda le théâtre auquel elle donna son nom, et qui finit par prendre le titre de théâtre des Variétés. Lorsqu'en 1807, le théâtre des Variétés alla s'installer sur le boulevard Montmartre, la salle des Beaujolais resta inoccupée. On y vit bientôt une troupe de singes et de chiens savants, puis, de 1810 à 1812, un spectacle de pantomime et d'acrobates, qui s'appelait les Jeux forains. Un peu plus tard, ce fut un café chantant, puis le café de la Paix, qui, malgré son titre, fut, sous la Restauration, la cause de telles querelles politiques qu'on finit par le fermer. Le privilège d'un nouveau théâtre ayant été accordé à Dormeuil et Charles Poirson, ceux-ci firent reconstruire entièrement l'ancienne salle des Beaujolais et l'inaugurèrent, le 6 juin 1831, sous le titre de théâtre du Palais-Royal. Le genre adopté était le vaudeville. C'était le théâtre gai par excellence, et tous les vaudevillistes en renom furent ses fournisseurs. Citons seulement : Scribe, Mélesville, Saintine, Vanderburch, Dumersan, Dumanoir, Paul de Kock, Cogniard, Saint-Georges, etc. Plus tard, ce furent Labiche, Marc Michel, Clairville, Albert Monnier, Théodore Barrière, Lambert Thiboust, puis Henri Meilhac, Gondinet, Chivot, Duru, et Victorien Sardou, Alexandre Bisson, Georges Feydeau, Hennequin, Léon Gandillot, etc. La Vie parisienne d'Offenbach y fut créée le 31 octobre 1866. Le Palais-Royal eut successivement pour directeurs Plunkett, Léon Dormeuil, Choler, Briet, Delcroix, Mussay, Maurice Charlot. => le Palais-Royal par Henry Buguet (1874)
L'actuel Théâtre du Palais-Royal ne compte pas parmi les plus anciennes scènes de Paris puisque l'année 1931 marque son centenaire ; mais son rôle dans l'histoire du théâtre n'en est pas moins intéressant. D'ailleurs il est légitime de faire remonter son origine à 1781, date à laquelle l'architecte Louis construit, sur les instructions du duc d'Orléans, une salle à l'extrémité septentrionale de la Galerie Montpensier, — soit sur l'emplacement actuel, — l'inauguration ayant lieu en 1784. Simple théâtre de marionnettes au début, en dépit de son nom Théâtre des petits comédiens de Son Altesse le comte de Beaujolais ; on ne tarde pas à y jouer des pantomimes, petites comédies et opéras-comiques. Mais, comme les théâtres ne sont pas libres et font l'objet de privilèges jalousement gardés, les acteurs sur la scène se contentent de mimer l'action, tandis que d'autres, dans les coulisses, prononcent les paroles ou chantent, comme cela s'était produit sur les scènes de la foire Saint-Laurent et autres foires. Néanmoins les comédiens français et italiens ne peuvent admettre cette concurrence et, sur leur intervention, interdiction est faite à la direction des Beaujolais d'avoir plus d'un acteur pour un rôle. Cependant, sur ces entrefaites, éclate la Révolution, et le directeur, un sieur Lomel, vend 570.000 francs son théâtre à l'active Mlle de Montansier — de son vrai nom Marguerite Brunet — qui dirigeait les théâtres des résidences royales : Versailles, Saint-Cloud et Fontainebleau. La réouverture a lieu le 12 avril 1790 avec une bonne troupe ; le théâtre ayant été libéré de ses entraves, plusieurs pièces sont successivement représentées. Quand sa directrice est jetée en prison en 1793, à cause de son attachement à la reine — et la direction échoit alors au régisseur Neuville —, la scène Montansier prend le nom de Théâtre du péristyle du jardin Egalité, puis en 1794 Théâtre de la Montagne pour devenir en 1795 le Théâtre de Montansier-Variétés : Mlle Mars y fera ses débuts. Neuville, qui a été également arrêté, puis relâché, épouse Mlle de Montansier, libérée à la chute de Robespierre. Cependant la direction cède en location son théâtre à cinq administrateurs : Foignet père, Simon, Ribié, D... et Mme Nicolet. A cette époque le jardin du Palais-Royal est encore à la mode et le théâtre en bénéficie. On y rencontre, au foyer, le Tout-Paris d'alors, les jeunes écrivains, les auteurs en vogue et maintes célébrités. Les odalisques, qui en avaient été chassées, y sont revenues. D'ailleurs le théâtre offre chaque soir cinquante entrées gratuites aux nymphes du Palais-Royal : elles étaient connues sous leur nom de guerre : la Belle paysanne, l'As de pique, la Bacchante, etc. Eugène Hugot, qui a écrit l'histoire de cette salle, relate qu'un commissaire spécial, Robillard, les surveillait et leur offrait des dragées, mais enfermait, pendant les entr'actes, les rebelles dans une pièce du théâtre servant de salle de police. Ce succès même porte ombrage aux artistes des grandes scènes, qui, sous couleur de moralité, obtiennent du ministre de la justice, Fouché, la fermeture des Variétés Montansier (fin 1806) ; la troupe émigre alors dans la salle de la Cité, puis (juin 1807), boulevard Montmartre, au théâtre des Variétés. Quant à la scène du Palais-Royal, on y voit des faiseurs de tours, des marionnettes, des danseurs de corde, des chiens savants et autres spectacles de second ordre, ce qui lui vaut en 1810 le nom de Jeux forains. Puis un café y est installé, qui est appelé Café de la Paix sous les Cent Jours, mais qui, après la deuxième Restauration, verra surtout des querelles entre officiers en demi-solde et gardes du corps, querelles fréquemment terminées par des défis et des duels, si bien qu'il est fermé en 1818 et le restera pendant près de quinze ans. La réouverture du Théâtre du Palais-Royal — reconstruit et agrandi par l'architecte Guerchy — n'a lieu qu'en juin 1831 ; il gardera d'ailleurs définitivement ce titre, sauf de 1848 à 1858 où on l'appellera Théâtre de la Montansier. Le spectacle d'inauguration — commencé à 7 heures — comprenait un prologue de Malesville, Brazier et Bayard : Ils n'ouvriront pas, avec Virginie Déjazet et Régnier, futur sociétaire de la Comédie-Française, puis l'Audience du prince, par Villeneuve, de Livry et Anicet Bourgeois, et le Frotteur, de Bayard et Paul Dupont. Sous la direction de Dormeuil (Charles Contat-Desfontaines) et de Charles Poirson, cette scène — qui n'est autre que la salle actuelle — se constitue un répertoire varié. Au début, on joue surtout des pièces en un acte, petits vaudevilles, interprétés par des acteurs comme Samson, Derval, Potier, le remarquable bouffon Grassot et Virginie Déjazet, qui y jouera de 1831 à 1842. En 1860, Léon Dormeuil, fils du précédent, et Plunkett (frère de Mme Doche) prennent la direction. Comme on est un peu las de l'habituelle formule du vaudeville, on joue des opérettes ou des vaudevilles sans couplets. Choler devient leur associé en 1869. Au cours de cette période, le Théâtre du Palais-Royal a connu d'éclatants succès, par exemple celui du Chapeau de paille d'Italie (en 1851) de Marc Michel et Labiche, fournisseurs attitrés du théâtre ; la Boule, d'Henri Meilhac et Halévy (1864) ; la Vie parisienne (1866) ; etc. René Luguet, Brasseur (débutant en 1852), Gil Perez (1854), Henry Monnier, l'auteur de Joseph Prudhomme, Lassouche, Geoffroy (1862), Hortense Schneider font les délices des spectateurs. Le théâtre du Palais-Royal voit même sur ses planches Frédérick Lemaître (1862) dans les Saltimbanques, essai d'ailleurs peu heureux. Lorsque Dormeuil et Plunkett, découragés par quelques échecs, se retirent en 1880, la direction est prise par Delcroix et Briet qui font restaurer la salle — le foyer étant décoré d'une peinture murale d'Emile Bayard reproduisant les principaux acteurs de la troupe, depuis le début, depuis Mlle Mars. La réouverture a lieu dès le 14 septembre 1880 avec un impromptu de Théodore de Banville, et, peu après, le théâtre remporte un triomphe avec Céline Chaumont dans Divorçons, de Sardou et Najac. Réjane, transfuge du Vaudeville, fait bientôt partie de la troupe : elle débute dans Un camarade. En 1884, le théâtre fête son centenaire. Les directions se succèdent : en 1887, Mussay et Briet ; en 1889, Mussay et Boyer ; puis, successivement, Maurice Charlot, Judic, Eugène Héros, Gustave Quinson (1910). Sous l'habile direction de ce dernier les succès se multiplient : le Chasseur de chez Maxim's, 601 représentations ; le Monsieur de cinq heures, 568 représentations ; Madame et son filleul, 545 représentations ; le Petit Café, 431 représentations ; etc. La salle est coquettement restaurée et l'interprétation reste excellente. Ainsi se poursuit brillamment la tradition du Théâtre du Palais-Royal, qui s'est créé une place bien à part parmi les spectacles parisiens et a mérité l'appellation de temple du rire. (Camille Meillac, Larousse Mensuel Illustré, octobre 1932)
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Porte-Saint-Martin (Théâtre de la)
Théâtre situé à Paris, 16 boulevard Saint-Martin (10 arrdt.). Il fut construit en 1781 en quatre-vingt-six jours, par Lenoir, pour abriter momentanément l'Opéra*, à la suite de l'incendie de la salle du Palais-Royal. L'Opéra y resta du 31 octobre 1781 jusqu'en 1794. La salle du boulevard prit alors le nom de théâtre de la Porte-Saint-Martin. Fermée en 1807, elle rouvrit ses portes l'année suivante, sous le nom de Spectacle des Jeux gymniques. En 1814, le théâtre de la Porte-Saint-Martin reprenait, avec son premier titre, le cours de son existence, sous la direction de Saint-Romain. On lui concédait le droit de jouer le vaudeville, le drame, la féerie et le ballet-pantomime. Saint-Romain avait pour successeurs Lefeuve (1819), Deserre et Merle (1822), le baron de Mongenet (1826), Crosnier ( 1830), Harel, sous la direction duquel la Porte-Saint-Martin devient la citadelle du romantisme. Harel eut pour successeurs les frères Théodore et Hippolyte Cagniard (1840-1848), qui lancèrent surtout le théâtre dans le genre de la féerie. La Porte-Saint-Martin passa successivement aux mains de Tilly, de Victor Henri, de Cournier et, enfin, de Marc Fournier, qui remit le drame en honneur. Raphaël Félix prend la direction en 1868, monte Patrie, puis ne tarde pas à se retirer. La Porte-Saint-Martin est incendiée pendant la Commune, en 1871. Aussitôt reconstruite, elle rouvre ses portes en 1873, sous la direction Ritt et Larochelle. A ceux-ci ont succédé Paul Clèves (1879), Maurice Bernhardt et Derembourg (1884), Duquesnel (1885), Emile Rochard (1891), Baduel (1896), Floury et Coquelin (1897), enfin Herz et Coquelin (1900). => la Porte-Saint-Martin par Henry Buguet (1877)
le nouvel Opéra de la Porte-Saint-Martin, gravure de J. A. Le Campion d'après Testard
L'actuel théâtre de la Porte-Saint-Martin ne date que d'une soixantaine d'années ; mais sur son emplacement s'élevait auparavant un autre théâtre qui fut la proie des flammes en 1871 et qui avait connu des soirées glorieuses. C'est en effet après l'incendie de la salle du Palais-Royal (en juin 1781), où l'Académie nationale de musique donnait ses représentations, que l'architecte Lenoir éleva, boulevard Saint-Martin, avec une rapidité digne d'éloge, puisqu'il ne lui fallut que quatre-vingt-six jours, un élégant théâtre. La troupe de l'Opéra s'y installa de 1781 à 1794, avant d'émigrer dans la salle du Théâtre national de la rue de la Loi (rue de Richelieu). Le théâtre ne rouvre qu'en 1802, avec le titre « Théâtre de la Porte-Saint-Martin » et joue surtout le mélodrame et le vaudeville. Mais l'Empire apporte bientôt une modification profonde dans la législation des théâtres ; l'empereur régente l'art dramatique et rétablit la censure. Après le décret du 8 juin 1806 fixant les répertoires des théâtres subventionnés, un règlement, du 25 avril 1807, du ministre de l'Intérieur, s'occupe des divers théâtres et stipule pour celui de la Porte-Saint-Martin qu'il sera « spécialement destiné au genre appelé mélodrame, et aux pièces à grand spectacle. Dans les pièces du répertoire de ce théâtre, comme dans toutes pièces des théâtres secondaires, on ne pourra employer pour les morceaux de chant qu'airs connus. On ne pourra donner sur ce théâtre des ballets dans le genre historique et noble. Ce genre, tel qu'indiqué plus haut, étant exclusivement réservé au grand Opéra. » Cette citation montre combien peu de liberté était alors laissée aux théâtres ; mais cette mesure était aussi inspirée par la jalousie des directeurs des autres théâtres, jaloux de ses succès. Cela ne paraît d'ailleurs pas suffisant encore puisque le décret du 8 août 1807 supprime plusieurs scènes, dont la Porte-Saint-Martin. Cependant, la fermeture n'est pas de longue durée, car sa réouverture a lieu en 1810 sous le nom de « Spectacle des jeux gymniques » ; l'on n'y donne que des ballets et pantomimes. Il ne reprend son ancienne appellation qu'en 1815 avec la direction Saint-Romain, et ne tarde pas à se consacrer au drame à grand spectacle et à la féerie. Un de ses grands succès, est, en 1815, celui des Petites Danaïdes, avec le célèbre acteur Potier. Plusieurs directeurs se succèdent : Lefeuve (1819), Deserre et Merle (1822), baron de Mongenet (1826). Avec Crosnier, la Porte-Saint-Martin représente d'abord des pièces célébrant l'épopée impériale, spectacle fort aimé du public. La troupe compte bientôt parmi ses artistes Frédérick Lemaître, Bocage, Mme Dorval. C'est l'époque des batailles romantiques et la Porte-Saint-Martin, ouverte aux initiatives et aux audaces — que laissaient déjà prévoir certains mélodrames populaires — insoucieuse des vieilles chaînes classiques, accueille les œuvres de Casimir Delavigne, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Félix Pyat, Balzac ; quelques-uns d'entre eux retirent même leurs pièces de la Comédie-Française pour les porter à la scène du boulevard Saint-Martin. En 1831, Alexandre Dumas y donne Antony où Mme Dorval et Bocage remportent le plus grand succès ; ces mêmes artistes jouent Marion Delorme. En 1833, Frédérick Lemaître et Mlle George interprètent Lucrèce Borgia, qui ne tient pas très longtemps l'affiche. Quant à Marie Tudor, cette pièce n'a qu'un petit nombre de représentations. Le directeur, Harel, fait alors jouer Angèle d'Alexandre Dumas. Si certaines œuvres romantiques ont soulevé l'enthousiasme des adeptes du nouveau mouvement, elles n'ont guère rempli les caisses du théâtre ; par contre la Tour de Nesle, d'Alexandre Dumas et Gaillardet, a obtenu un triomphe (1832), Vautrin de Balzac doit disparaître de la scène par ordre du gouvernement et Harel connaît de grosses difficultés financières, si bien qu'en mars 1840 la Porte-Saint-Martin doit clore ses portes. Quelques mois après elles rouvrent, sous la direction des frères Théodore et Hippolyte Cagniard (1841-1848). Après les Deux serruriers et les Chiffonniers de Paris, puis Don César de Bazan, interprété magnifiquement par Frédérick Lemaître, qui triomphe également dans les Mystères de Paris, les nouveaux directeurs obtiennent des succès dans les pièces à décors et somptueuses féeries : les Mille et une nuits, la Biche au bois, le Pied de mouton. Cependant en 1848 les artistes, constitués en société, donnent quelques représentations de Tragaldahas d'Auguste Vacquerie. Tilly, Victor Henry, Cournier se succèdent ensuite à la direction, puis Marc Fournier, qui ne tonnait d'abord que de maigres succès avec Claudie de George Sand et Toussaint-Louverture de Lamartine. Le public fête Mélingue dans Schamyl, Benvenuto Cellini, et surtout le Bossu, succès considérable. Raphaël Félix (1868) [frère de Rachel] monta Patrie de Sardou. Quand la guerre éclate, les théâtres ferment. C'est à la Porte-Saint-Martin que la Société des gens de lettres donne, après l'investissement, le 5 novembre 1870, son émouvante matinée littéraire — sous la présidence de Victor Hugo et avec le concours de l'inégalable Frédérick Lemaître — et dont les recettes permettront d'acheter un canon. Les portes du théâtre restent closes pendant le siège et la Commune et, au mois de mai 1871, le théâtre est détruit par un incendie. La salle actuelle, construite sur les dessins de la Chardonnière, est un peu moins vaste que l'ancienne, dont elle reproduit les dispositions. La séance d'ouverture a lieu avec éclat le 27 septembre 1873 et l'assistance applaudit encore Frédérick Lemaître, Taillade, Mme Marie-Laurent dans Marie Tudor. Les directeurs Ritt et Larochelle obtiennent un énorme succès en 1874 avec les Deux orphelines de Dennery et font représenter le Tour du monde et les Misérables. De 1879 à 1900 la direction passe en plusieurs mains : Paul Clèves (1879), Maurice Berhardt et Derembourg (1884), Duquesnel (1885), Emile Rochard (I890), Baduel (1896), Fleury et Coquelin (1897), Herz et Coquelin (1900). Sarah Bernhardt interprète en 1883 Froufrou, et Nana-Sahib, et triomphe dans Théodora et la Tosca (1887). En 1893, le Napoléon de L. Martin-Laya attire un nombreux public. Mais un événement sensationnel se produit le 28 décembre 1897, date inoubliable pour le théâtre moderne, avec la première de Cyrano de Bergerac, interprété par Coquelin. Les directeurs Herz et Coquelin montent ensuite l'Affaire des poisons, dernière pièce écrite par Sardou et Chantecler, autre représentation mémorable. De 1910 à 1914, citons parmi les pièces jouées sur cette scène : l'Aventurier d'Alfred Capus, l'Enfant de l'amour d'Henry Bataille, la Flambée d'Henry Kistemaekers, les Flambeaux d'Henry Bataille. Fermé pendant la première partie de la grande guerre, le théâtre de la Porte-Saint-Martin rouvre le 18 février 1915. De 1917 à 1919 sont créées l'Amazone d'Henry Bataille et Un soir au front d'Henry Kistemaekers. A la mort de Henri Herz en 1922, Paul Gavault devient codirecteur avec Jean Coquelin. Pendant la saison 1922-1923 est représenté le Phénix de Maurice Rostand. De brillantes reprises — entre autres du Vieil homme — ont lieu sous ces deux directeurs et sous leur successeur, depuis mai 1924, Lehmann, qui préside actuellement aux destinées de cette scène. Ainsi le théâtre de la Porte-Saint-Martin — dont l'histoire a été résumée, entre autres dans une étude de G. Cain — s'est consacré, selon les circonstances et les directions, aux divers genres de l’art théâtral, et souvent avec le plus vif et le plus légitime succès. Cette salle a été la citadelle du romantisme, et plus tard le nouveau théâtre de la Porte-Saint-Martin a vu naître Cyrano de Bergerac. Ce sont là des titres suffisants pour le renom de la scène du boulevard Saint-Martin ; mais bien d'autres œuvres de grande valeur y ont attiré le public et remporte des triomphes ; et la grandeur même de ce passé permet d'espérer qu'elle continuera dans l'avenir à garder une place importante dans les annales dramatiques. (Camille Meillac, Larousse Mensuel Illustré, janvier 1932)
l'Opéra dans le théâtre de la Porte-Saint-Martin (1781-1794), gravure d'après Lallemand
l'Opéra dans le théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1781
le peuple exige la fermeture de l'Opéra [théâtre de la Porte-Saint-Martin], le 12 juillet 1789, dessin de Prieur
façade du Théâtre de la Porte-Saint-Martin (à gauche : ancienne ; à droite : en 1932)
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Renaissance (Théâtre de la)
Le premier théâtre de la Renaissance fut fondé en 1838 par Anténor Joly et installé dans la salle Ventadour, qui avait été construite pour l'Opéra-Comique, et qui servit plus tard au Théâtre-Italien. On devait y jouer tous les genres. Anténor Joly inaugurait triomphalement son théâtre, le 8 novembre 1838, avec Ruy Blas, de Victor Hugo ; mais l'Opéra et l'Opéra-Comique lui intentèrent procès sur procès, lui interdisant la représentation de certains ouvrages, et lui enlevant des artistes qui faisaient sa fortune. La Renaissance dut fermer ses portes le 23 mai 1841. Le second théâtre de la Renaissance, qui est contigu à celui de la Porte-Saint-Martin, fut élevé en 1872 par l'architecte Lalande, et inauguré le 6 mars 1873, 20 boulevard Saint-Martin (10e arrdt.), sous la direction d'Hostein, par la représentation d'un drame d'Adolphe Belot, la Femme de feu. Il était alors en effet consacré au drame. Mais il changea souvent de genre. On y voit ainsi se succéder comme directeurs, après Hostein : Victor Koning (1874), qui en fait un théâtre d'opérette, Gravière (1882), Olokowicz et Hecquard (1883), Fernand Samuel (1884), qui consacra le théâtre à la comédie, Lerville (1891), Détroyat (1893 : "Théâtre-Lyrique"), Sarah Bernhardt (1893), Milliaud (1899 : "Théâtre-Lyrique"), Lagoanère (1900), Firmin Gémier (1901 : "Théâtre-Gémier"), Lucien Guitry (1902), Abel Tarride (1909), Cora Laparcerie (1913), Henri Varna (1942). => la Renaissance par Henry Buguet (1882)
le Théâtre de la Renaissance en 1900 [photo Moreau frères]
Le fondateur du théâtre de la Porte-Saint-Antoine, Anténor Joly — auquel fut adjoint bientôt le vaudevilliste Ferdinand de Villeneuve — fut autorisé le 30 septembre 1837 à ouvrir un théâtre, avec faculté de jouer « drames, comédies, vaudevilles avec airs nouveaux ». Il fit choix de la salle Ventadour, qui avait été établie pour l'Opéra-Comique, et que l'architecte Navarre transforma en la parant d'une décoration Louis XV or et blanc. L'annonce de la création de ce théâtre suscita de grands espoirs parmi les écrivains. Enthousiaste, Théophile Gautier adjura le directeur de ne point donner de vaudeville, « ce fléau plus redoutable que la peste et le choléra », et de consacrer la nouvelle scène à la poésie : « Des vers ! donnez-nous des vers et puis des vers et encore des vers ! Il faut laisser la prose aux boutiquiers des boulevards. « Des poètes ; pas de faiseurs ! Il n'est pas besoin d'ouvrir un nouvel étal pour les fournitures de ces messieurs. Il y a bien assez de dix-huit maisons pour le mélodrame et le vaudeville. » De fait, l'inauguration, le 8 novembre 1838, avec Ruy Blas, fut une soirée triomphale, à laquelle assista le Tout-Paris littéraire. Aussi le théâtre paraissait appelé à une brillante destinée. D'ailleurs Anténor Joly avait composé avec soin sa troupe de drame et de comédie avec Frédérick Lemaître et le comique Saint-Firmin, Mmes Albert, Juliette Drouet, Ida Ferrier — qui devait devenir Mme Alexandre Dumas — et sa troupe d'Opéra-Comique et vaudeville avec Marié de l'Isle et Mme Anna Thillon. Il donna successivement, entre autres pièces, des drames de Frédéric Soulié, Alexandre Dumas, Lucie de Lammermoor, opéra en trois actes d'Alphonse Royer et Gustave Vaëz, musique de Gaetano Donizetti, la Fille du Cid, tragédie en trois actes par Casimir Delavigne. Mais ce succès même porta ombrage aux comédiens de la Comédie-Française, et surtout à la direction de l'Opéra et de l'Opéra-Comique, qui, arguant de leurs privilèges, intentèrent procès sur procès au directeur de la Renaissance, lui disputant ses artistes (Marié de l'Isle) et ses pièces : Lady Melvil, etc. En dépit de belles recettes, après dix-huit mois de représentations, Anténor Joly constata un déficit de 280.000 francs dans sa caisse et abandonna le 15 avril 1840 le théâtre, qui fut fermé le 2 mai suivant. En vain essaiera-t-il, en constituant une nouvelle société, de le rouvrir de nouveau le 9 janvier 1841, avec une pièce de Léon Gozlan : Il était une fois un roi et une reine ; la représentation fut interdite par les censeurs, l'ambassadeur d'Angleterre croyant découvrir dans la pièce des allusions à des personnalités britanniques. La réouverture n'eut lieu que le 26 janvier avec une reprise ; cette seconde tentative dura peu, puisque la dernière représentation fut donnée le 16 mai 1841. Le premier théâtre de la Renaissance, à sa disparition, comptait plus de cinquante pièces à son répertoire. Pendant vingt-sept ans on ne jouera dans la salle Ventadour que des pièces du répertoire italien, jusqu'au jour où le directeur du Théâtre-Lyrique, Carvalho, y donnera, trois fois par semaine, des représentations françaises sous le nom de « Théâtre de la Renaissance ». Mais le second théâtre de ce nom représentant Faust, Roméo et Juliette n'a qu'une brève existence, soit dix-neuf soirées, du 16 mars au 4 mai 1868, la fermeture ayant lieu le 6 mai avec la déconfiture de Carvalho. Le troisième théâtre de la Renaissance date de 1873 ; il a été construit sur l'emplacement du restaurant Deffieux, accolé au théâtre de la Porte-Saint-Martin qui fut incendié — avec ce restaurant — en mai 1871. L'architecte de Lalande éleva en un temps fort court, de juillet 1872 à février 1873, une élégante salle pouvant contenir de 1.100 à 1.200 personnes, et dont les sculptures de la façade sont l'œuvre de Carrier-Belleuse. Hippolyte Hostein, ex-directeur du Théâtre historique, consacra cette nouvelle scène au drame, l'inauguration ayant eu lieu le 8 mars 1873, avec la Femme de feu, d'A. Belot. Après les représentations de divers drames, dont Thérèse Raquin, d'Emile Zola, il se rendit compte que cette salle convenait mal à ce genre et que l'opérette y réussirait mieux. Il donna des représentations d'œuvres d'Offenbach, dont Daphnis et Chloé et la Jolie parfumeuse avec Jeanne Granier. Giroflé-Girofla de Charles Lecocq, est jouée deux cent quatre-vingt-quatre fois. Son successeur, Victor Koning (1875-1881), n'eut qu'à suivre la route déjà tracée, et se succédèrent les opérettes à grand succès de Charles Lecocq : la Petite Mariée, Kosiki, la Marjolaine, le Petit Duc, la Camargo, la Petite Mademoiselle, la Jolie Persane et la Tzigane de Johann Strauss. Prenant la direction du Gymnase, Koning est remplacé par Gravière (1882-1883), lequel céda la direction à Hecquart (1884). Fernand Samuel (1884-1888) fit de la Renaissance un théâtre de comédie, qui eut la faveur des Parisiens. Après de brillantes reprises de Tartufe, des Plaideurs, de l'Ecole des femmes, il joua (7 février 1885) la Parisienne d'Henry Becque, des pièces de Hennequin, Edmond Gon'dinet, Alexandre Bisson, Georges Feydeau, et Isoline, conte de fées en trois actes de Catulle Mendès, musique de Messager. Après la direction Letombe (1889-1891), Lerville (1891-1892), Détroyat (1893), sous le nom de Théâtre lyrique et après avoir connu des fortunes diverses — il ferma en 1892 — le théâtre de la Renaissance est pris par Sarah Bernhardt (1893-1898) et Maurice Grau. Avec la grande artiste, ce théâtre brilla d'un vif éclat et l'on se rappelle les admirables représentations qu'elle donna. En 1893 : les Rois, cinq actes de Jules Lemaître ; en 1894 : Gismonda, de Victorien Sardou ; en 1895 : la Princesse lointaine, d'Edmond Rostand ; la même année Amants, de Maurice Donnay ; en 1896 : la Figurante, trois actes de F. de Curel, et la Meute, quatre actes d'Abel Hermant ; en 1897 : Spiritisme, trois actes de Victorien Sardou ; la Samaritaine, mystère en trois tableaux d'Edmond Rostand, musique de G. Pierné ; les Mauvais bergers, d'Octave Mirbeau ; en 1898 : la Ville morte, de Gabriele d'Annunzio ; l'Affranchie, trois actes de Maurice Donnay ; Lysiane, quatre actes de Romain Coolus ; Médée, tragédie en trois actes de Catulle Mendès. Tout Paris vint l'applaudir dans la reprise de Phèdre. Sous la direction Milliaud frères (1898-1899) — Sarah Bernhardt ayant émigré en 1898 à la place du Châtelet — la Renaissance reprend son nom de Théâtre lyrique et représente Daphnis et Chloé d'Henri Maréchal, la Bohème de Leoncavallo. Deux chefs-d’œuvre : Obéron, opéra fantastique en quatre actes de Weber, et Iphigénie en Tauride de Gluck, connaissent des soirées triomphales. Avec la direction de Lagoanère (1900) l'opérette fait une courte réapparition. Gémier (1901) joue l'Ecolière, cinq actes de Jean Julien ; la Vie publique, quatre actes, par Emile Fabre ; le Voile du bonheur, comédie chinoise en un acte de Georges Clemenceau ; le Portefeuille, un acte d'Octave Mirbeau ; le Cœur a des raisons, de Robert de Flers et A. de Caillavet. Lucien Guitry (1902-1909) représente la Châtelaine, quatre actes d'Alfred Capus, Crainquebille, trois actes, et le Mannequin d'osier, quatre actes d'Anatole France ; l'Adversaire, quatre actes d'Alfred Capus et Emmanuel Arène ; les Malfilâtre, deux actes de Georges de Porto-Riche ; l'Escalade, quatre actes de Maurice Donnay. Il connaît alors les principaux succès de sa carrière et crée les célèbres pièces de Bernstein et de Bataille, entre autres le Voleur, Samson, la Griffe, la Femme nue. Un autre grand artiste lui succède à la direction de la Renaissance avec Abel Tarride (1909-1913), qui donne la Petite Chocolatière, Mon ami Teddy (d'André Rivoire), le Vieil Homme, Une Femme passa, l'Occident, la Gamine, etc. Cora Laparcerie, qui prit ensuite la direction de ce théâtre, remporta également de grands succès, avec Aphrodite, Mon homme, la Danseuse rouge... Le directeur actuel (depuis septembre 1928), Marcel Paston, embellit et modernisa la salle et installa une scène tournante permettant de changer de décor en moins d'une minute. Parmi les pièces créées, citons Music-hall et Chair, de Charles Méré. Ainsi, la Renaissance, qui compte parmi les théâtres préférés des Parisiens, a connu, selon les directeurs, des triomphes, des périodes brillantes et d'autres moins heureuses, mais cette élégante scène peut s'enorgueillir d'avoir révélé quelques-unes des plus belles œuvres de notre littérature dramatique. (Camille Meillac, Larousse Mensuel Illustré, avril 1932)
le Théâtre de la Renaissance vers 1900
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la Scala
Café-concert parisien, 13 boulevard de Strasbourg (10e arrdt.). Edifiée en 1878 sur l'emplacement du concert du Cheval-Blanc, la Scala était située en face de l'Eldorado*. Les deux établissements se livrèrent une guerre acharnée, avant de passer sous la même direction (1896). Elle fut rachetée en 1910 par Fursy qui en fit un théâtre d'opérettes et de revues montmartroises (1910-1913). La Scala fut transformée par la suite en « Théâtre du Vaudeville » (1920-1929). Après un retour à l'opérette, elle revient à la chanson en 1934 et fut transformée en cinéma en 1936.
le Concert de la Scala en 1900 [photo Gaillard]
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Théâtre-Italien
Ce n'est qu'à partir du commencement du XIXe siècle que Paris a possédé un théâtre permanent d'opéra italien. Jusque-là, diverses troupes de chanteurs italiens étaient bien venues s'y produire, mais de façon accidentelle. Mazarin en fit venir trois successivement. En 1729, quelques chanteurs italiens jouèrent à l'Opéra de Paris deux intermezzi populaires dans leur pays : Serpilla e Baiocco et Don Micco e Lesbina. Enfin, en 1752, une autre troupe de chanteurs bouffes parut à l'Opéra, avec un succès éclatant, et joua une douzaine d'ouvrages charmants de Pergolèse, Latilla, etc. C'est le séjour de ces chanteurs qui fit naître la « guerre des bouffons », entre les partisans de la musique italienne et ceux de la musique française. En 1778-1779, apparurent de nouvelles troupes. En 1789 s'ouvrait le théâtre de Monsieur, bientôt théâtre Feydeau, qui, ayant la faculté de jouer l'opéra italien, recruta une troupe de chanteurs admirables ; mais ceux-ci, après le 10 août 1792, quittèrent Paris. Enfin, en 1801, un vrai théâtre d'opéra italien s'installa à Paris, sous la direction de la Montansier, dans la salle du théâtre de la Société Olympique, rue de la Victoire, d'où les comédiens émigrèrent l'année suivante, dans la salle Favart. On les voit, en 1804, au théâtre Louvois, en 1808 à l'Odéon, en 1814 de nouveau à la salle Favart, en 1818 de nouveau et en 1825 encore à Favart, où ils restent jusqu'au premier incendie de ce théâtre, en 1838. Ils donnent alors quelques représentations à la salle Ventadour, rue Méhul, puis retournent à l'Odéon, et enfin, en 1841, se fixent à la salle Ventadour, où ils restent jusqu'à leur disparition (1878). Du 20 avril 1829 à septembre 1832, l'Opéra-Comique* s'était installé dans la salle Ventadour. En 1874, l'Opéra* partagea cette salle avec les Italiens. Quelques années plus tard, le chanteur français Maurel ressuscita pour une saison le Théâtre-Italien dans la salle de la place du Châtelet.
salle Ventadour, par C. Gilio, vers 1830
Théâtre-Italien (salle Ventadour)
salle Ventadour
intérieur de la salle Ventadour par Henri Valentin
Une ovation au Théâtre-Italien, d'après Eugène Lami
Un théâtre d’hier
Il est question de transférer l'Opéra-Comique dans l'ancienne salle Ventadour, actuellement occupée par une succursale de la Banque de France. Que de souvenirs ! Le plus érudit des historiens de Paris, notre ami et collaborateur Georges Cain, a trouvé, aux archives de Carnavalet, des détails piquants sur cet illustre théâtre :
La Salle Ventadour
Ce monument fut occupé, en 1828, par la troupe de Feydeau ; puis, il devint, vers 1832, un théâtre « nautique » et tomba en complète déconfiture. A cette époque, Alexandre Dumas père proposa à Victor Hugo de fonder un théâtre pour y jouer exclusivement le drame romantique. Ils dénichèrent le directeur idéal, un nommé Anténor Joly, rédacteur en chef du Vert-Vert, organe des théâtres. — Mais il n'a pas le sou ! objecta timidement Dumas, dont l'observation est faite pour surprendre. — Avec un privilège, il saura trouver l'argent, riposta Hugo, et je crois en lui, quoique je ne le connaisse pas ! Dumas, convaincu par de si péremptoires explications, ne pouvait qu'approuver. L'ébahissement d'Anténor Joly n'eut d'égal que sa reconnaissance. Quand il sortit de chez Victor Hugo, qui avait promis la pièce d'ouverture, il ne manquait plus au nouveau directeur que trois choses : de l'argent, un terrain où édifier son théâtre, des acteurs pour y jouer. L'argent se trouva rapidement ; un capitaliste, féru d'opéra-comique et vaguement vaudevilliste, apporta une commandite gagnée dans « les pompes funèbres ». Tout aussitôt, on loua le théâtre Ventadour, délaissé de tous, « mal situé en une cour où il ne passe personne », au milieu de démolitions, de terrains effondrés, de plâtras, d'échafaudages, de constructions. — Tout ce qu'on put faire pour lui, gémit Hugo, fut de changer son nom et d'appeler ce tombeau « théâtre de la Renaissance ». C'est, pourtant, dans ce « tombeau » que fut donnée, le 8 novembre 1838, la première représentation de Ruy Blas, en une salle inachevée, mal éclairée, empoisonnant la peinture et surtout insuffisamment chauffée. Les femmes durent s'envelopper dans leurs fourrures, les hommes gardèrent leurs paletots. Victor Hugo constate avec reconnaissance que « le duc d'Orléans eut la politesse de rester en habit ». Malgré ces contretemps, la pièce triompha, Frédérick Lemaître y fut acclamé. Les recettes étaient, cependant, insuffisantes et ne couvraient pas les frais. Le 23 mai 1841, Anténor Joly fermait les portes de la Renaissance, qui ne devait « renaître » que trente-deux ans plus tard sur la coquette scène du boulevard Saint-Martin. Au mois d'octobre 1841, la troupe italienne vint, à son tour, tenter fortune en la vaste salle Ventadour, et le succès couronna bien vite cette noble tentative artistique. Nos mères, et surtout nos grand'mères, nous ont dit de quel éclat brillèrent « les Italiens ». Ce fut, à les en croire, le dernier salon où l'on chanta. Dans cette jolie salle Ventadour, « la bonne compagnie » se donnait rendez-vous à l'operabuffa. D'épais tapis amortissaient le bruit, on parlait à voix basse ; comme à la Scala de Milan, — chère à Stendhal, — l'on se rendait discrètement visite de loge à loge. Le public était d'une suprême élégance, et d'admirables artistes, Tamberlick, Rubini, Lablache, Mario (qui fut duc de Candia), interprétaient Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi. Les femmes s'appelaient la Malibran, Henriette Sontag, la Pasta, la Grisi, la Cruvelli, la Frezzolini, et enfin la Patti : un firmament d'étoiles ! Trois fois par semaine, — mardi, jeudi et samedi, — les Italiens « faisaient florès » ; mais la Révolution de 1848 éloignant de Paris une partie de leur aristocratique clientèle, on dut baisser les tarifs... Le second Empire y vécut encore quelques belles soirées d'art ; mais la guerre de 1870 et le Siège fermèrent le théâtre, transformé en ambulance. Après l'incendie de la rue Le Peletier (8 octobre 1873), l'Opéra, trouvant asile place Ventadour, y donna, en attendant l'achèvement de la salle actuelle, une longue série de représentations... Plus tard, des troupes de passage s'y exhibèrent, mais la vogue n'y était plus. En 1879, l'immeuble, désaffecté et transformé, devint « Banque d'Escompte » ; en 1893, la Banque de France en faisait une de ses annexes. Depuis, dans le grand hall vitré construit sur l'emplacement de la scène et du parterre, on touche des coupons, on échange des titres, on établit des bordereaux... ; des garçons de caisse, en habit gris bleu, circulent, affairés et solennels, et le tintement continu des pièces d'or comptées et recomptées succède aux tirades de Ruy Blas, aux cavatines du Barbier de Séville, aux roucoulades de la Patti... Sic transit gloria... (Georges Cain)
Notre savant confrère Albert Soubies consacre un volume très complet, plein de souvenirs et d'idées, à l'histoire de la salle Ventadour. Il y reproduit des documents curieux. Voici la description, faite par Théophile Gautier, de la salle que représente l'aquarelle de Lami, ci-dessus reproduite :
Avant de parler des oiseaux, disons quelques mots de la cage que l'on a faite aussi riche, aussi dorée que possible ; car les Bouffes sont autant un salon qu'un théâtre, et leur public, presque entièrement composé d'hommes du monde, exige impérieusement toutes les recherches du confortable et de l'élégance. Le ton de la salle est or et blanc ; le fond des loges est grenat. La première galerie, qui a la forme d'une corbeille renversée, est en cuivre estampé dont les jours permettent d'apercevoir le bas de robe des femmes assises derrière. Ainsi, gare aux vilains pieds ou aux souliers mal faits, ce qui est à peu près la même chose ! Le plafond représente un lacis de câbles dorés qui laissent voir un ciel de nuit étoilé. Le rideau, dont la composition est un peu confuse, porte cette inscription relative à la musique : Curarum dolce solamen, maxime un peu mélancolique pour être écrite sur un rideau de théâtre. [Si la « cage » convient à Théophile Gautier, les décors et la mise en scène sont loin de le satisfaire.] Dans quel théâtre forain supporterait-on des comparses si ridiculement fagotés ? Quant à la décoration, un temple babylonien, le plus magnifique motif qui puisse se rencontrer sous le pinceau d'un artiste ; nous ne saurions mieux le comparer, pour la couleur et l'ordonnance, qu'à une grande charlotte russe cannelée de massepains. Pour achever l'illusion, les acteurs sont généralement coiffés de biscuits de Savoie dorés ou peints les plus ridicules du monde. (Théophile Gautier)
(les Annales, 23 mars 1913)
la rue Ventadour en 1865 ; au fond, la salle Ventadour
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Théâtre-Lyrique
Théâtre de Paris, fondé en 1847, par Achille Mirecour et Adolphe Adam, dans la salle de l'ancien Cirque-Olympique, boulevard du Temple, sous le nom d'Opéra-National. Fermé en 1848, il rouvrit en 1851 dans la salle du Théâtre-Historique, et prit, en 1852, le nom de Théâtre-Lyrique. Sous les deux directions de Carvalho (1856-1860, 1862-1868), le Théâtre-Lyrique, qui avait été transporté place du Châtelet en 1862, fut le rival de l'Opéra et de l'Opéra-Comique. Incendié pendant la Commune, il fut reconstruit et le Théâtre-Historique s’y installa en 1874, sous le nom de Théâtre des Nations*, qui deviendra en 1899 le Théâtre Sarah-Bernhardt. Ce nom fut repris par la suite : le Théâtre-Lyrique-National, installé 17 rue Scribe (d'abord appelé Athénée en 1866, puis Théâtre-Lyrique le 11 septembre 1871), de mars à juin 1872 ; le Théâtre-National-Lyrique, installé au théâtre de la Gaîté du 05 mai 1876 au 02 janvier 1878 ; le Théâtre-Lyrique installé au théâtre du Château-d'Eau du 13 octobre 1888 au 05 mars 1889 ; celui installé au théâtre de la Renaissance de janvier à mars 1893. Les frères Milliaud installent leur Théâtre-Lyrique à la Porte-Saint-Martin en 1897, aux Variétés en 1898, puis à la Renaissance de mars 1899 à mars 1900. => histoire du Théâtre-Lyrique
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Trianon-Lyrique
Théâtre parisien situé 80 boulevard de Rochechouart (18e arrdt.). Bâti en 1894 à l'emplacement du jardin de l'Elysée-Montmartre, le Trianon-Concert sera détruit dans la nuit du 17 au 18 février 1900 ; seule la façade subsistera. Reconstruit, inauguré le 18 décembre 1902 sous le nom de Trianon-Théâtre, il fut rebaptisé en 1903 Théâtre Victor-Hugo. En 1906, il devient Trianon-Comique et se spécialise dans l'opérette, genre qui sera à l'honneur jusqu'en 1936, date à laquelle il se consacrera au music-hall. En 1917, il fut renommé Trianon-Lyrique, et en 1920, le Trianon.
le café-concert de Trianon avant l'incendie de 1900
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Variétés (Théâtre des)
Théâtre situé à Paris, 7 boulevard Montmartre (2e arrdt.), et fondé en 1790, dans la salle occupée aujourd'hui par celui du Palais-Royal, par la Montansier. Sans attendre le décret de l'Assemblée nationale du 19 janvier 1791 établissant la liberté des théâtres, la Montansier choisit, pour s'y établir le théâtre des Beaujolais, qu'elle déposséda de leur salle. Elle se proposait de jouer tous les genres : tragédie, comédie, opéra et vaudeville. Elle sut réunir une troupe superbe, dans laquelle on trouve les noms de Baptiste, Damas, Grammont, Lacave, Mlle Sainval aînée, Mlle Mars, Mme Barroyer, etc. L'ouverture se fit le 12 avril 1790. Outre les grands ouvrages du répertoire de la Comédie-Française, la Montansier offrait à son public des traductions des meilleurs opéras italiens de Cimarosa, Paisiello, Sarti, Martini, avec quelques opéras-comiques français originaux. Durant la clôture de Pâques 1791, la Montansier chargea l'architecte Louis d'agrandir sa salle. Devenue suspecte, la Montansier, pour échapper au danger, fit jouer des pièces révolutionnaires et donna à son théâtre le titre de Théâtre de la Montagne. Emprisonnée néanmoins elle fut délivrée par le 9-Thermidor. Son théâtre, en prenant un nouveau titre, celui de théâtre des Variétés-Palais-Egalité (c'est le nom qu'avait alors le Palais-Royal), modifia son répertoire. Abandonnant la tragédie, la comédie sérieuse et l'opéra italien, il s'adonna à l'opéra-comique et au vaudeville, surtout à la grivoiserie et à la farce. La Montansier, rendue à la liberté, avait cédé ses droits de directrice à une société de cinq artistes : César, Crétu, Foignet, Amiel et Simon, qui, changeant de nouveau le nom du théâtre, l'appelèrent Variétés-Montansier. Les Variétés étaient alors le théâtre le plus achalandé de Paris : jalouse de ce succès, la Comédie-Française provoqua un décret impérial de juin 1806, qui ordonnait aux Variétés de quitter leur salle le 1er janvier 1807, en leur donnant la faculté de faire construire une salle nouvelle sur le boulevard Montmartre. Elles occupèrent provisoirement celle du théâtre de la Cité et, le 24 juin 1807, inauguraient la salle définitive où elles prirent le simple nom de Théâtre des Variétés. Depuis lors, le théâtre des Variétés a toujours été l'un des favoris du public parisien. A la société des cinq artistes qui en avaient pris la direction, on vit succéder plus tard deux vaudevillistes : les frères Achille et Armand d'Artois, puis Dumanoir, Bayard, Jouslin de La Salle, Nestor Roqueplan, Thébaudeau, Morin, Carpier, Hippolyte Cogniard, Eugène Bertrand, Fernand Samuel. Pendant près de soixante ans les Variétés se consacrèrent uniquement au vaudeville, genre qui leur était d'ailleurs imposé par leur privilège, et l'on y vit tour à tour les acteurs les plus célèbres qui illustrèrent ce genre. Avec la nouvelle liberté des théâtres, vers 1864, les Variétés s'adonnèrent à l'opérette. Ce fut le temps des triomphes d'Offenbach et d’Hervé, en même temps que de Meilhac et Ludovic Halévy, Albert Millaud. Aujourd'hui, la comédie de genre a pris possession des Variétés, avec les Deux Ecoles et la Veine d'Alfred Capus, le Vieux Marcheur et le Nouveau Jeu, de Henri Lavedan ; Education de prince, de Maurice Donnay, etc., sans exclure quelques retours à l'opérette, comme avec le Sire de Vergy, Mademoiselle George de Varney, la Chauve-Souris de Johann Strauss, et autres. => les Variétés par Henry Buguet (1874)
Théâtre des Variétés, gravure de Durau d'après Hédouin, vers 1864
le Théâtre des Variétés en 1900
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Vaudeville (Théâtre du)
Théâtre de Paris, fondé en 1792 par l'auteur dramatique Piis, rue de Chartres, près du Palais-Royal. Détruit par un incendie le 18 juillet 1838, le théâtre se transporta, le 17 mai 1840, place de la Bourse (2e arrdt.), dans l'ancienne salle des Nouveautés laissée vacante par la troupe de l'Opéra-Comique, et où il resta jusqu'en 1869. Chassé par le percement de la rue du Quatre-Septembre, le Vaudeville s'établit dans une salle nouvelle, à l'angle du boulevard des Capucines et de la Chaussée-d'Antin (9e arrdt.). Après avoir joué les œuvres d'auteurs tels que Scribe, Lockroy, Saintine, Ancelot, Dupeuty, Paul de Kock, Benjamin Antier, le Vaudeville, changea de genre et abandonnant la pièce à couplets pour la comédie et le drame moderne. Une des directions les plus brillantes fut celle de Porel : il dirigea le Vaudeville et le Gymnase avec Albert Carré de 1895 à 1998, puis le Vaudeville seul, jusqu'à sa mort (1917). Après un essai de transformation en théâtre lyrique (1919), le Vaudeville revint à la comédie jusqu'en 1925, où il fut transformé en salle de cinéma. => le Vaudeville par Henry Buguet (1874)
le Théâtre du Vaudeville en 1900
le Théâtre du Vaudeville en 1906
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