Armand SILVESTRE
Paul Armand SILVESTRE dit Armand SILVESTRE
écrivain français
(7 rue Saint-Florentin, Paris ancien 1er, 18 avril 1837* – 5 rue Peyrolade, Toulouse, Haute-Garonne, 19 février 1901*)
Fils de Jean Baptiste Casimir SILVESTRE (1799 –), avocat à la cour royale de Paris, et de Marie Honorine Natalie Pauline HOUSSAYE (1810 –), mariés à Paris le 04 juillet 1836*.
Epouse 1. à Paris 1er le 09 février 1876* (divorce à Paris 9e le 17 avril 1885*) Aimée Fanny NICOLAS (Saint-Servan-sur-Mer, Ille-et-Vilaine, 31 janvier 1848* –), fille de Pierre Marie NICOLAS (Saint-Servan-sur-Mer, 1819 –), marin, et d'Aimée Marie LEMOINE (Cancale, Ille-et-Vilaine, 1826 –), couturière.
Epouse 2. Marceline GONRY (1843 – ap. 1901).
Ancien élève de l'Ecole polytechnique, il entra au ministère des finances en 1869, y fut inspecteur des finances et sous-chef de bureau et suivit régulièrement la carrière administrative. Il fut nommé inspecteur des Beaux-Arts le 12 août 1892. Mais c'est à ses talents littéraires qu'il dut sa notoriété. Il publia d'abord des poèmes dans la tradition parnassienne : Rimes neuves et vieilles, avec préface de George Sand (1862), puis deux autres recueils de vers : les Renaissances (1869), la Gloire des souvenirs (1872) ; la Chanson des heures (1878) ; les Ailes d'or (1880) ; le Pays des roses (1883) ; le Chemin des étoiles (1885). Après avoir collaboré à plusieurs journaux, il entra en 1879 au Gil Blas, où il inséra une grande quantité de nouvelles et de contes humoristiques, souvent d'un assez mauvais goût. Ses poésies sont d'un esprit plus délicat, mais la gauloiserie de ses nouvelles a plus fait pour étendre sa réputation que ses vers les mieux tournés. On lui doit, en ce dernier genre : les Farces de mon ami Jacques (1881) ; les Malheurs du commandant Laripète (1881) ; les Mémoires d'un galopin (1882) ; le Péché d'Eve (1882) ; Pour faire rire (1882) ; le Filleul du docteur Trousse-Cadet (1882) ; les Bêtises de mon oncle (1883) ; Chroniques du temps passé (1883) ; Contes grassouillets (1883) ; Madame Dandin et Mademoiselle Phryné (1883) ; le Livre des joyeusetés (1884) ; les Mélancolies d'un joyeux (1884) ; Contes pantagruéliques et galants (1884) ; En pleine fantaisie (1884) ; le Falot (1884) ; Histoires belles et honnestes (1884) ; les Cas difficiles (1885) ; Contes à la comtesse (1885) ; les Merveilleux Récits de l'amiral Lekelpudubec (1885) ; le Dessus du panier (1885) ; les Veillées de saint Pantaléon (1886) ; Histoires inconvenantes (1887) ; Au pays du rire (1888) ; Gauloiseries nouvelles (1888) ; Histoires joyeuses (1888) ; Fabliaux gaillards (1888) ; Maïma (1888). On lui doit aussi plusieurs pièces de théâtre : Ange Bosani, en trois actes, avec Emile Bergerat ; Aline, en un acte, avec Hennequin, représentés au Vaudeville ; puis, en 1876, il a donné Dimitri, en collaboration avec Henri de Bornier et Victorin Joncières, au Théâtre-Lyrique ; Sapho, drame en un acte et en vers (1881) ; Coquelicot, opéra-comique, musique de Louis Varney (1882) ; Galante aventure, opéra-comique, avec Davyl (1882) ; Henry VIII, grand opéra en cinq actes, avec Détroyat, musique de Saint-Saëns (1883) ; Pedro de Zalamea, opéra en quatre actes, avec Détroyat (1884) ; les Templiers, opéra en cinq actes, avec Adenis, musique de Litolff (1886) ; Jocelyn, opéra en quatre actes, avec Capoul, musique de Benjamin Godard (1889) ; Grisélidis, mystère en 3 actes et en vers, avec Eugène Morand (Comédie-Française, 15 mai 1891) dont les auteurs ont tiré un conte lyrique, musique de Massenet (1901) ; etc. Pour la représentation de Joseph de Méhul à l'Opéra le 26 mai 1899, il a écrit les récitatifs qui ont été mis en musique par Bourgault-Ducoudray. En outre, il a réuni en volumes ses critiques d'art des Salons et expositions de peinture : le Nu au Salon, le Nu au Champ-de-Mars, Exposition de 1889, le Nu au Louvre, etc.
En 1885, il habitait 52 rue de Douai à Paris 9e, en 1897, 27 rue Godot-de-Mauroy à Paris 9e. Il est décédé en 1901 à soixante-trois ans, domicilié à Courbevoie, Seine [auj. Hauts-de-Seine].
Il a été dit à tort frère de Simon Clément Louis Théophile SILVESTRE (Le Fossat, Ariège, 12 octobre 1823 – Paris 9e, 20 juin 1876*), journaliste et critique d’art [fils d'Omer Bernard SILVESTRE et de Paule Catherine Séraphine GAILLARD].
livrets
Dimitri, opéra en 5 actes, avec Henri de Bornier, musique de Victorin Joncières (Opéra-National-Lyrique, 05 mai 1876 ; Opéra-Comique, 05 février 1890) l'Orage, opéra-comique en 1 acte, musique de John Urich (Monnaie de Bruxelles, 02 mai 1879) la Czarine, grand opéra en 4 actes, musique de Gaspar Villate (La Haye, 02 février 1880) la Tempête, poème symphonique en 3 parties, avec Pierre Berton, musique d'Alphonse Duvernoy (Châtelet, 18 novembre 1880) Coquelicot, opérette en 3 actes, musique de Louis Varney (Bouffes-Parisiens, 02 mars 1882) Galante aventure, opéra-comique en 3 actes, avec Louis Davyl, musique d'Ernest Guiraud (Opéra-Comique, 23 mars 1882) => fiche technique Henry VIII, opéra en 4 actes, avec Léonce Détroyat, musique de Camille Saint-Saëns (Opéra, 05 mars 1883) Pedro de Zalamea, grand opéra en 4 actes, avec Léonce Détroyat, musique de Benjamin Godard (Anvers, 31 janvier 1884) l'Epée du roi, opéra-comique en 2 actes, musique d'Arthur Coquard (Angers, 20 mars 1884) les Templiers, opéra en 5 actes, avec Jules Adenis et Lionel Bonnemère, musique de Henry Litolff (Monnaie de Bruxelles, 25 janvier 1886) le Mari d'un jour, opéra-comique en 3 actes, avec Adolphe Dennery, musique d'Arthur Coquard (Opéra-Comique, 04 février 1886) Diane de Spaar, opéra-comique en 2 actes, musique d'Adolphe David (Nantes, 03 décembre 1887) Jocelyn, opéra en 4 actes, avec Victor Capoul, musique de Benjamin Godard (Monnaie de Bruxelles, 25 février 1888) la Marchande de sourires, pièce japonaise en 5 actes de Judith Gautier, prologue d'Armand Silvestre, musique de scène de Benedictus (Odéon, 21 avril 1888) le Pilote, opéra en 3 actes, musique de John Urich (Monte-Carlo, 29 mars 1890) le Commandant Laripète, opéra bouffe en 3 actes, avec Paul Burani et Albin Valabrègue, musique de Léon Vasseur (Palais-Royal, 03 mars 1892) les Poèmes d'amour, opérette en 3 actes, musique d'Alexandre Georges (Bodinière, 01 mai 1892) les Drames sacrés, poème dramatique en vers en 1 prologue et 10 tableaux, avec Paul Morand, musique de scène de Charles Gounod (Vaudeville, 17 mars 1893) Fleur de lotus, ballet-pantomime en 1 acte et 2 tableaux, chorégraphie de Mariquita, musique de Desormes (Folies-Bergère, 25 mars 1893) Izeyl, drame en 4 actes en vers, avec Paul Morand, musique de scène de Gabriel Pierné (Renaissance, 24 janvier 1894) O'Ménéné, ballet en 1 acte (Eldorado, 24 octobre 1894) Lizarda, opéra-comique en 4 actes, musique de Gabriel Pierné (1893-1894) Salomé, pantomime lyrique en 1 acte et 5 tableaux, avec Henry Meltzner, musique de Gabriel Pierné (Comédie-Parisienne, 04 mars 1895) Chemin de croix, drame sacré en 3 actes, musique d'Alexandre Georges (Paris, 31 mars 1896) le Château de Kœnigsburg, légende alsacienne en 3 actes, musique de Francis Thomé (22 avril 1896) Bianco Torella, opéra en 3 actes, musique de la baronne Durand de Fontmagne (Toulouse, 06 avril 1897) Messaline, drame lyrique en 4 actes, avec Paul Morand, musique d'Isidore de Lara (Monte-Carlo, 21 mars 1899) le Feu céleste, cantate, musique de Camille Saint-Saëns (1900) Charlotte Corday, drame lyrique en 3 actes, 1 prologue et 5 tableaux, musique d'Alexandre Georges (Opéra-Populaire, Château-d'Eau, 16 février 1901) => fiche technique Grisélidis, conte lyrique en 3 actes et 1 prologue, avec Paul Morand, d'après leur pièce, musique de Jules Massenet (Opéra-Comique, 20 novembre 1901) => fiche technique le Chevalier d'Eon, opéra-comique en 4 actes, avec Henri Cain, musique de Rodolphe Berger (Porte-Saint-Martin, 10 avril 1908)
mélodies
Absente (l'), musique d'Isaac de Camondo (1903) Aimez quand on vous aime !, musique de Francesco Paolo Tosti (1898) Allons voir, musique de Francesco Paolo Tosti Amoroso, musique de Cécile Chaminade (1893) Amour d'automne, musique de Cécile Chaminade (1893) Amour d'hiver [1. Ce fut au temps du chrysanthème ; 2. Je porte sur moi ton image ; 3. Que l'heure est vite passée ; 4. Ne souffre plus ! ; 5. Quand tu passes, ma bien-aimée ; 6. l'Hiver de cet an est si doux], musique d'André Messager (1911) => partition Amour d’hiver, recueil, musique de Paul Puget Angélus (l'), musique de Cécile Chaminade Anniversaire, musique de Jules Massenet (1880) => partition Arioso, musique de Léo Delibes Aube tombe (l'), musique d'Antony Choudens Aurore (Cocorico), extrait du recueil Poème pastoral, musique de Jules Massenet (1872) Aurore, musique de Gabriel Fauré (1884) Automne, musique de Gabriel Fauré (1878) Ave, Stella !, musique de Jean-Baptiste Faure Blanche et rose, musique de Léo Delibes Bonsoir, musique de Gabriel Pierné (1883) Bonsoir Mignonne, musique d'Antony Choudens Bucher (le), musique d'Alexis de Castillon Chanson crépusculaire, musique de Paul Delmet Chanson d'amour, musique de Gabriel Fauré (1882) Chanson d'automne, musique de Francesco Paolo Tosti Chanson d'automne, musique d'André Caplet (1900) Chanson d'étoiles, orientale, musique d'Auguste Coedès (1881) => partition Chanson des cerises (la), musique d'André Messager (entre 1884 et 1888) => fiche technique Chanson lorraine, musique de Jean-Baptiste Faure (1878) => partition Chant d'amour, musique d'André Messager (1894) => fiche technique Charme (le), extrait de la Chanson des Heures, musique d'Ernest Chausson (1879) Credo d'amour, musique d'Emmanuel Chabrier (1883) Crépuscule, extrait du recueil Poème pastoral, musique de Jules Massenet (1872) => fiche technique Départ, extrait du recueil Chansons pour elle, musique de Paul Puget (1895) Dialogue nocturne, duo pour soprano et ténor, musique de Jules Massenet (1871) => partition Epithalame, musique de Jules Massenet (1891) => partition Fée aux chansons (la), musique de Gabriel Fauré (1882) Femmes de France (les), musique de Paul Delmet Fleur jetée, musique de Jean-Baptiste Faure Fleur jetée, musique de Gabriel Fauré (1884) Fleur jetée, musique de Cécile Chaminade (1893) Fleurs d'hiver, musique d'André Messager (1889) Heure du soir, musique de Léo Delibes Il pleuvait, musique de Jules Massenet (1871) => partition Jours passés, musique de Léo Delibes Madrigal, musique de Jules Massenet (1869) => partition Madrigal, musique de Gabriel Fauré (1883) Marchande de rêves (la), musique de Jules Massenet (1905) => partition Marquise !, musique de Jules Massenet (1888) => fiche technique Mélancolie, musique de Paul Delmet Mer (la), musique d'Alexis de Castillon Mimosa, musique d'André Messager (novembre 1882) Musette, avec Victor Debay, musique d'Isaac de Camondo (1903) Myrto, musique de Léo Delibes N'est-ce pas, musique de Cécile Chaminade (1906) Neige rose, musique d'André Messager (entre 1884 et 1888) => fiche technique Noël des oiseaux (le), musique de Cécile Chaminade (1895) Noël païen, musique de Jules Massenet (1886) => fiche technique Notre amour est chose légère, musique d'André Messager (1897) Nous avons passé sans nous voir, musique de Jean-Baptiste Faure Pays des rêves (le), musique de Jean-Baptiste Faure Pays des rêves (le), musique de Gabriel Fauré (1884) Peine d'amour, musique de Léo Delibes Pensée d'automne, musique de Jules Massenet (1887) => fiche technique Pensée de printemps, musique de Jules Massenet (1893) => partition Plus doux chemin (le), madrigal, musique de Paul Vidal (1906) puis Gabriel Fauré (1907) Poème d'avril, recueil de 8 mélodies, musique de Jules Massenet (1866) : 1. Prélude ; 2. Sonnet matinal ; 3. Double jeunesse ; 4. Riez-vous ? ; 5. Vous aimerez demain ; 6. Que l'heure est donc brève ; 7. Ton baiser ; 8. Adieu => fiche technique Poème d'hiver, recueil de 5 mélodies, musique de Jules Massenet (1882) : 1. C'est au temps de la chrysanthème ; 2. Mon cœur est plein de toi ; 3. Noël ; 4. Tu l'as bien dit ; 5. Ah ! du moins, pour toi je veux être => partition Poème du souvenir, recueil de 6 mélodies, musique de Jules Massenet (v. 1868) : 1. A la trépassée ; 2. L'air du soir ; 3. Un souffle de parfums ; 4. Dans l'air plein de fils de soie ; 5. Pour qu'à l'espérance ; 6. Epitaphe => partition Que l'heure est donc brève !, musique de Léo Delibes Ramier (le), madrigal, musique de Gabriel Fauré (1904) Regret d'avril, musique d'André Messager (août 1882) Regrets, musique de Frédéric d'Erlanger (1896) Regrets !, musique de Léo Delibes Renouveau, musique d'Alexis de Castillon Rien n'est que de France, musique de Jules Massenet (1891) => partition Rimes tendres, musique de Louis Aubert (1900) Roses d'octobre, recueil de 7 mélodies, musique de Xavier Leroux (1893) [1. Dans tout ce qui me charme... ; 2. Ame et Parfum ; 3. Tu m'as fait plus qu'un Dieu ! ; 4. Devant la Mer ; 5. Femmes et Fleurs ; 6. Floraison ; 7. Je te rapporte un cœur...] S'il est un charmant gazon, musique de Frédéric d'Erlanger (1896) Secret (le), musique de Gabriel Fauré Semeur (le), musique d'Alexis de Castillon Sérénade mélancolique, musique de Julius Bleichmann Sonnet mélancolique, musique d'Alexis de Castillon Sonnet païen, musique de Jules Massenet (1869) => partition Sous les branches, musique de Jules Massenet (1868) => partition Souvenir, musique de Fernand Halphen (1911) => partition Sur l'eau !, musique d'André Colomb Sur le lac d'argent, duetto, musique de Jean-Baptiste Faure (1879) => partition Testament, musique d'Henri Duparc (1883) Un adieu, musique de Jules Massenet (1869) => partition Une autre, musique d'Isaac de Camondo (1903) Vendange, musique d'Alexis de Castillon Violettes, musique de Georges Hüe Voyageur (le), musique de Jean-Baptiste Faure Voyageur (le), musique de Gabriel Fauré (1878)
Sur l'eau !, poésie d'Armand Silvestre, musique d'André Colomb
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Monument à Armand Silvestre par Antonin Mercié, élevé sur le Cours-la-Reine à Paris, inauguré le 31 octobre 1906.
[A propos de Carmen] Il nous est impossible de ne pas faire bien des réserves sur le choix de ce sujet. Il nous est d'autant plus possible d'être franc que nous n'avons jamais caché notre goût pour les deux auteurs qui, à notre avis, traitent à peu près seuls aujourd'hui la comédie contemporaine, pour des esprits pleins de finesse dans l'observation, de délicatesse dans l'exécution, toujours en éveil et toujours distingués. [...] Tout est banal chez cette créature, la bonté comme l'amour ; mais il est injuste de n'en montrer que le côté féroce. Rien n'est plus vrai, rien n'est plus commun que ce type. Rien n'est plus méprisable non plus, si vous voulez, si ce n'est la courtisane cupide qu'on a cependant mise à la scène impunément. [...] La musique est, de tous les arts, celui qui a le plus grand besoin d'idéal. Il convient surtout à l'expression des amours chastes et élevées, à la traduction des choses mystiques de la passion et non point des matérielles. La plastique lui fait défaut, mais quelle revanche il prend dans le domaine de l'âme ! Les aspirations vers l'immortel sont interdites à des amours comme celles de don José et Carmen, et c'est une bien noble ressource dont le compositeur est privé. [...] M. Bizet a toutefois écrit une partition où l'inspiration est rarement spontanée, mais dont il faut reconnaître les qualités vigoureuses et scéniques. C'est de l'art voulu, mais c'est assurément de l'art. On y sent l'effort, mais on y sent aussi la force ; on y sent l'étude, mais on y sent aussi le savoir. Il importe peu d'avoir cherché quand on trouve. Or, M. Bizet a trouvé. (Armand Silvestre, l'Opinion nationale, 08 mars 1875)
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A Toulouse, inauguration [entre juillet 1904 et juin 1905] du monument élevé à la mémoire du poète Armand Silvestre. Ce monument est l'œuvre du sculpteur Théodore Rivière. Trois discours ont été prononcés : par le maire de Toulouse, par M. Eugène Morand, délégué du ministre de l'Instruction publique, et par M. Catulle Mendès, au nom des poètes amis d'Armand Silvestre. Des poésies ont été récitées par M. Albert Lambert et Mme Segond-Weber, représentant la Comédie-Française. (le Tout-Théâtre, 1905)
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O terre de Gascogne !
O terre de Gascogne, ô nourrice des races Dont le soleil de France a mûri la moisson, Terre où germe le Rire, où fleurit la Chanson, Où les pas des aïeux ont imprimé leurs traces,
O terre de Gascogne, ô terre de gaieté, Dont les faits sont écrits dans plus d'un vieux grimoire, Que, sous le cuir poudreux, par les ans respecté, D'Isaure et de Phébus parfume la mémoire,
O terre de Gascogne où le jaune velours Des plaines, sous le soc, en noirs sillons se creuse, Et dont le laboureur, à la voix généreuse, Suit, d'un refrain plaintif, les grands bœufs aux pas lourds,
O terre de Gascogne aux délices bornées, Aussi loin que s'en vont tes fleuves au flot clair, Par un horizon bleu qu'au fond tes Pyrénées Festonnent d'un frisson d'argent pâle dans l'air,
O terre de Gascogne aux nuits pleines d'étoiles Et pleines de parfums, où monte un filet bleu Des toits couchés dans l'ombre, où veille encor le feu Des antiques pasteurs endormis sous leurs toiles,
O terre de Gascogne où le sang du soleil Jusqu'aux briques des toits roule sa rouge sève, Dans les bourgs qu'au couchant, dans son manteau vermeil, Garde un clocher roman. comme un troupeau qui rêve,
O terre de Gascogne où fleurit la beauté Des filles dont l'art grec nous légua le modèle, Où revit, dans l'orgueil d'une grâce fidèle, L'image au noble front de Vénus Astarté,
O terre de Gascogne où mordent des brûlures Aux lèvres du baiser sur la neige des dents, Où la nuit a tissé les sombres chevelures, Où le feu des Midis fit les regards ardents,
O terre, du Trouvère et du Héros chérie, Dont le souvenir seul fait nos cœurs triomphants, Garde toujours ton cœur fidèle à tes enfants, O terre de Gascogne, ô ma belle Patrie !
(Armand Silvestre)
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