Jules BARBIER

 

Jules Barbier en 1894 [photo de Nadar]

 

 

Paul Jules BARBIER dit Jules BARBIER

 

auteur dramatique français

(7 rue Bellefonds, Paris ancien 2e, 09 mars 1825* – 55 boulevard Beaumarchais, Paris 3e, 16 janvier 1901*)

 

Fils de Nicolas Alexandre BARBIER (Paris, 18 octobre 1789 Sceaux, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 04 février 1864*), peintre [cousin germain d'Auguste BARBIER, librettiste], et d'Agathe Marie RICHARD (Paris, 30 juin 1785 – Paris 16e, 20 septembre 1875*).

Epouse à Paris ancien 10e le 10 juillet 1851* Marie Louise Josèphe RENART dite Marie BARBIER (Paris ancien 10e, 08 octobre 1827* – Paris 17e, 20 août 1897), auteur des Contes blancs, et de Réponse de Medjé, mélodie, musique de Charles Gounod (1882).

Parents de Jeanne BARBIER (Paris ancien 9e, 02 décembre 1852 – Paris 7e, 23 mai 1926) [épouse à Paris 10e le 07 février 1888 Louis Henri LAFFILLÉE (Paris ancien 9e, 03 avril 1859 – Paris 16e, 02 mai 1947), architecte], et de Pierre BARBIER, librettiste.

 

 

Il fit ses études au collège Henri IV, s'adonna à la poésie, et débuta au théâtre par deux pièces en vers, jouées à la Comédie-Française : l'Ombre de Molière (1847), et le Poète (1847), où il montrait des qualités littéraires. Depuis, il écrivit un nombre considérable de pièces, des drames, des comédies, des livrets d'opéras, soit seul, soit en collaboration avec Barrière, Decourcelle, Fournier, Michel Carré, etc. Parmi ses drames, nous citerons : André Chénier (1849) ; Jenny l'ouvrière (1850) ; les Contes d'Hoffmann (1851) ; Princesse et Favorite (1865) ; Jeanne d'Arc (1873) ; Un retour de jeunesse (1877). Parmi ses comédies, mentionnons : l'Amour mouillé (1850) ; les Amoureux sans le savoir (1850) ; Un roi de la mode (1851) ; le Maître de la maison (1866) ; la Loterie du mariage (1868) ; Un homme à plaindre (1879) ; etc. ; mais c'est surtout comme librettiste que Jules Barbier a conquis sa réputation. Nous nous bornerons à citer : Galatée (Victor Massé, 1852) ; les Noces de Jeannette (Victor Massé, 1853) ; le Pardon de Ploërmel (Giacomo Meyerbeer, 1859) ; Faust (Charles Gounod, 1859) ; la Reine de Saba (Charles Gounod, 1862) ; Roméo et Juliette (Charles Gounod, 1867) ; Paul et Virginie (Victor Massé, 1877) ; Polyeucte (Charles Gounod, 1878) ; Françoise de Rimini (Ambroise Thomas, 1882) ; Une Nuit de Cléopâtre (Victor Massé, 1886) ; Bianca Capello (Hector Salomon, 1886) ; la Tempête, ballet (Ambroise Thomas, 1889) ; ainsi que des versions françaises de Fidelio (1860) et des Joyeuses Commères de Windsor (1866). On lui doit aussi des recueils de vers : le Franc-tireur, chants de guerre (1871) ; la Gerbe (1884) ; Fleur blessée (1890) ; et deux volumes de Théâtre en vers (1879). Suite à l'incendie de l'Opéra-Comique, il a été directeur par intérim de ce théâtre du 15 octobre au 31 décembre 1887. Chevalier de la Légion d'honneur en 1865, il a été promu officier le 12 juillet 1880.

En 1851, il habitait 37 rue de la Chaussée d'Antin à Paris 1er ; en 1864, 104 rue du Bac à Paris 7e ; en 1875, 48 rue Pergolèse à Paris 16e ; en 1897, 81 boulevard Berthier à Paris 17e, où il est décédé en 1901 à soixante-quinze ans.

 

 

 

livrets

 

les Marionnettes du docteur, drame en 5 actes, avec Michel Carré, musique de Joseph Ancessy (Odéon, 29 décembre 1851)

Galathée, opéra-comique en 2 actes, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 14 avril 1852)

le Mémorial de Sainte-Hélène, drame historique en 3 parties et 18 tableaux, avec Michel Carré, musique d'Artus (Ambigu-Comique, 21 avril 1852)

les Noces de Jeannette, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 04 février 1853)

les Papillotes de Monsieur Benoist, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique d'Henri Reber (Opéra-Comique, 28 décembre 1853)

les Antipodes, vaudeville en 1 acte, avec Michel Carré, musique de G. Hirt (Variétés, 29 juillet 1854)

les Sabots de la marquise, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique d'Ernest Boulanger (Opéra-Comique, 29 septembre 1854) => fiche technique

le Roman de la Rose, opéra-comique en 1 acte, avec Jules Delahaye, musique de Prosper Pascal (Théâtre-Lyrique, 29 novembre 1854)

Miss Fauvette, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 13 février 1855)

l'Anneau d'argent, opéra-comique en 1 acte, avec Léon Battu, musique de Louis Deffès (Opéra-Comique, 05 juillet 1855)

Deucalion et Pyrrha, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique d'Alexandre Montfort (Opéra-Comique, 08 octobre 1855)

les Saisons, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 02 décembre 1855)

Valentine d'Aubigny, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique de Fromental Halévy (Opéra-Comique, 26 avril 1856)

Psyché, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique d'Ambroise Thomas (Opéra-Comique, 26 janvier 1857 ; 2e version, 21 mai 1878)

le Médecin malgré lui, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Théâtre-Lyrique, 15 janvier 1858 ; Opéra-Comique, 22 mai 1872) => fiche technique

les Noces de Figaro, opéra bouffe en 4 actes, version française avec Michel Carré, musique de Wolfgang Amadeus Mozart (Théâtre-Lyrique, 08 mai 1858)

le Magnifique, opéra bouffe en 1 acte, musique de Jules Philipot (1867 ; Opéra-National-Lyrique, 24 mai 1876)

Faust, opéra en 5 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Théâtre-Lyrique, 19 mars 1859 ; Opéra, 03 mars 1869) => fiche technique

le Pardon de Ploërmel, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique de Giacomo Meyerbeer (Opéra-Comique, 04 avril 1859)

Philémon et Baucis, opéra-comique en 2 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Théâtre-Lyrique, 18 février 1860 ; Opéra-Comique, 16 mai 1876) => fiche technique

Gil Blas, opéra-comique en 5 actes, avec Michel Carré, musique de Théophile Semet (Théâtre-Lyrique, 23 mars 1860)

Fidelio, opéra-comique en 3 actes, version française avec Michel Carré, musique de Ludwig van Beethoven (Théâtre-Lyrique, 05 mai 1860)

la Colombe, opéra-comique en 2 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Baden-Baden, 03 août 1860 ; Opéra-Comique, 07 juin 1866) => fiche technique

la Nuit aux gondoles, opéra-comique en 1 acte, musique de Prosper Pascal (Théâtre-Lyrique, 19 novembre 1861)

l'Eventail, opéra-comique en 1 acte, livret de Michel Carré, musique d'Ernest Boulanger (Opéra-Comique, 04 décembre 1860)

la Statue, opéra en 3 actes, avec Michel Carré, musique d'Ernest Reyer (Théâtre-Lyrique, 11 avril 1861 ; Opéra-Comique, 20 avril 1878)

les Amours de Silvio ou le Fruit défendu, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique de François Schwab (Baden-Baden, 25 septembre 1861)

la Reine de Saba, opéra en 5 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Opéra, 28 février 1862) => fiche technique

la Fille d'Egypte, opéra-comique en 2 actes, musique de Jules Beer (Théâtre-Lyrique, 23 avril 1862)

le Cabaret des amours, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique de Prosper Pascal (Opéra-Comique, 08 novembre 1862)

Peines d'amour perdues, opéra-comique en 4 actes, avec Michel Carré, musique du Cosi fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart (Théâtre-Lyrique, 31 mars 1863)

les Joyeuses Commères de Windsor, opéra-comique en 3 actes, version française, musique d'Otto Nicolai (Strasbourg, 21 avril 1864)

la Fleur de lotus, opéra-comique en 1 acte, musique de Prosper Pascal (Baden-Baden, 26 juillet 1864)

le Mariage de Don Lope, opéra-comique en 1 acte, musique de Hartog (Théâtre-Lyrique, 29 mars 1865)

Lisbeth ou la Cinquantaine, opéra-comique en 2 actes, version française de Jules Barbier, musique de Felix Mendelssohn-Bartholdy (Théâtre-Lyrique, 09 juin 1865)

les Dragées de Suzette, opéra-comique en 1 acte, avec Jules Delahaye, musique d'Hector Salomon (Théâtre-Lyrique, 13 juin 1866)

Mignon, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique d'Ambroise Thomas (Opéra-Comique, 17 novembre 1866)

Roméo et Juliette, opéra en 5 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Théâtre-Lyrique, 27 avril 1867 ; Opéra-Comique, 20 janvier 1873 ; Opéra, 28 novembre 1888) => fiche technique

Hamlet, opéra en 5 actes, avec Michel Carré, musique d'Ambroise Thomas (Opéra, 09 mars 1868)

l'Amour mouillé, opéra-comique en 1 acte, avec Arthur de Beauplan, musique d'Edouard de Hartog (Fantaisies-Parisiennes, 30 mai 1868 ; titré l'Amour et son hôte, Bruxelles, 09 février 1872)

Don Quichotte, opéra-comique en 3 actes, avec Michel Carré, musique d'Ernest Boulanger (Théâtre-Lyrique, 10 mai 1869) => fiche technique

Jeanne d'Arc, cantate, musique de Gaston Serpette (Opéra, 21 novembre 1871)

la Guzla de l'émir, opéra-comique en 1 acte, avec Michel Carré, musique de Théodore Dubois (Théâtre-Lyrique, 30 avril 1873)

Jeanne d'Arc, drame en 5 actes, chœurs, musique de scène et de danse de Charles Gounod (Gaîté, 08 novembre 1873) => voir ci-dessous

Don Mucarade, opéra bouffe en 1 acte, avec Michel Carré, musique d'Ernest Boulanger (Opéra-Comique, 10 mai 1875) => fiche technique

les Amoureux de Catherine, opéra-comique en 1 acte, musique d'Henri Maréchal (Opéra-Comique, 08 mai 1876)

Sylvia ou la Nymphe de Diane, ballet en 3 actes, avec Jacques de Reinach, musique de Léo Delibes (Opéra, 14 juin 1876)

Paul et Virginie, opéra en 3 actes, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Théâtre-Lyrique, 15 novembre 1876)

le Timbre d'argent, opéra fantastique en 4 actes, avec Michel Carré, musique de Camille Saint-Saëns (Théâtre-Lyrique, 23 février 1877)

Graziella, drame lyrique en 2 actes, musique d'Antony Choudens (Théâtre-National-Lyrique, 12 septembre 1877)

Polyeucte, opéra en 5 actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Opéra, 07 octobre 1878) => fiche technique

la Reine Berthe, opéra en 2 actes, musique de Victorin Joncières (Opéra, 27 décembre 1878)

Néron, opéra en 4 actes, musique d'Anton Rubinstein (version allemande de Richard Pohl, Hambourg, 01 octobre 1879 ; version française, Anvers, 1884)

les Contes d'Hoffmann, opéra fantastique en 4 actes, musique de Jacques Offenbach (Opéra-Comique, 10 février 1881)

Terre, éclaire-toi, chœur, musique de Jules Cohen (Opéra, 15 octobre 1881)

la Taverne des Trabans, opéra-comique en 3 actes, avec Erckmann-Chatrian, musique d'Henri Maréchal (Opéra-Comique, 31 décembre 1881)

Françoise de Rimini, opéra en 4 actes, avec Michel Carré, musique d'Ambroise Thomas (Opéra, 14 avril 1882)

Une Nuit de Cléopâtre, drame lyrique en 3 actes, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 25 avril 1885)

Bianca Capello, opéra en 5 actes, musique d'Hector Salomon (Anvers, 01 février 1886)

la Tempête, ballet fantastique en 3 actes, musique d'Ambroise Thomas (Opéra, 26 juin 1889)

Jehan de Saintré, opéra-comique en 2 actes, avec Pierre Barbier, musique de Camille Erlanger (Aix-les-Bains, 01 août 1893)

Lovelace, opéra en 4 actes, avec Paul de Choudens, musique d'Henri Hirchmann (Théâtre de la République, 19 septembre 1898)

Daphnis et Chloé, comédie lyrique en 3 actes, avec Pierre Barbier, musique d'Henri Maréchal (Théâtre-Lyrique, 08 novembre 1899)

le Tasse, opéra en 3 actes, avec Pierre Barbier, musique d'Eugène d'Harcourt (Monte-Carlo, 14 février 1903)

Renza, opérette en 3 actes, avec Pierre Barbier, musique de Charles Lecocq (non représenté)

Circé, grand opéra, avec Pierre Barbier, musique de Théodore Dubois (non représenté)

Danubia, avec Pierre Barbier, musique de Feinsinger (non représenté)

 

mélodies

 

À la brise, madrigal, paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (1875) => partition

À la Madone, romance, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod

À toi mon cœur, musique de Charles Gounod (1872) => partition

Ah ! valse légère, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod => partition

Aimons-nous !, musique de Charles Gounod (1872) => fiche technique

Au printemps, musique de Charles Gounod (1868) => partition

Bergeronnette (la), musique d'Antony Choudens (1870) => partition

Biondina, poème musical de 12 chants, paroles italiennes de Giuseppe Zaffira, version française de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (vers 1873)(Londres, 1872) => partition

Blessed is the man [en fr. Bienheureux le cœur sincère], duetto pour soprano et contralto, paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (Londres, 1873) => partition

Boléro, musique de Charles Gounod (1871) => partition

Chanson de la rose (la), musique de Georges Bizet (1868/1873) => partition

Chanson printanière, musique de Charles Gounod

Chantez Noël !, musique de Charles Gounod (1867) => fiche technique

Clos ta paupière, berceuse, paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (1873) => partition

Desdichado (el), boléro, chanson espagnole à 2 voix, version française de Jules Barbier, musique de Camille Saint-Saëns (1871)

Hymne à la musique, pour chœur mixte et orchestre, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Théâtre-Lyrique, 30 octobre 1862)

Hymne à la nuit, musique de Charles Gounod (1868) => partition

Medjé, chanson arabe, musique de Charles Gounod (1865) => fiche technique

Mélodies (50), dont les Amours du poète et l'Amour et la vie d'une femme, version française de Jules Barbier, musique de Robert Schumann

Mon amour a mon cœur, musique de Charles Gounod (1875) => partition

N'oublions pas !, musique de Georges Bizet (1868/1873) => partition

Noël, à deux voix de femmes et orgue, musique de Charles Gounod (1869) => partition

Prends garde !, musique de Charles Gounod (1872) => partition

Prière d'Abraham, paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (1873) => partition

Quanti Mai !, poésie italienne de Pietro Metastasio, paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (1872) => partition

Reine du matin (la), avec Michel Carré, musique de Charles Gounod

Rêverie, musique de Charles Gounod (1872) => partition

Sur la montagne, musique de Charles Gounod (1872) => partition

Temple de l'harmonie (le), cantate, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (1869) => partition

Viens ! les gazons sont verts [If thou art sleeping, maiden, awake !], poésie anglaise de Longfellow, paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (1873) => partition

Viens mon cœur ! [My beloved spake], paroles françaises de Jules Barbier, musique de Charles Gounod (1871) => partition

 

 

 

 

Jeanne d'Arc

 

partition et livret : vol. 1 ; vol. 2 ; morceaux détachés

 

Drame en cinq actes et sept tableaux, livret en vers de Jules Barbier, chœurs, musique de scène et de danse de Charles Gounod.

Création au Théâtre de la Gaîté le 08 novembre 1873, avec Ida Félix, sous la direction de Jules Danbé.

Première au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 03 janvier 1890.

 

Il n'entre pas dans le plan de cet ouvrage de donner l'analyse du remarquable drame de M. Jules Barbier, dans lequel l'histoire de l'héroïne française a été plus respectée que dans les autres pièces dont elle a fourni le sujet. Je dois me contenter de mentionner dans la partie musicale le chœur des fugitifs, le chœur : Dieu le veut, celui des soldats dans le cachot de Jeanne et une marche funèbre. Le rôle du page Loys a été chanté par Mlle Perret.

(Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1876)

 

M. Jules Barbier, contrairement à l'exemple donné par Schiller, a suivi de très près l'histoire, et, pour un public français, il serait dangereux de faire autrement. C'est même là l'écueil des sujets consacrés par l'histoire populaire ou par la légende et auxquels il est à peu près impossible de rien ajouter comme de rien retrancher ; le poète n'a plus la moindre liberté, chaque péripétie de son drame est connue à l'avance ; partant l'intérêt se trouve diminué, la curiosité n'existe plus. La seule licence que M. Barbier se soit permise, c'est de faire Jeanne Darc amoureuse ; Schiller aussi l'avait fait aimer, mais au courant de sa courte campagne ; il l'avait rendue éprise d'un jeune seigneur anglais, Lionel, et c'est cette défaillance de cœur qui, dans le drame allemand, lui enlevait sa puissance surnaturelle. Dans le drame français, elle aime un de ses compagnons d'enfance, un jeune paysan, dont le souvenir la poursuit à travers les batailles, et elle se persuade que c'est pour la punir de ce sentiment trop humain que Dieu la prive de son appui au moment décisif. Toutefois, puisqu'elle aimait Thibault avant que Dieu lui envoyât des visions, on ne voit pas bien pourquoi il la punissait ensuite de rester fidèle à un sentiment qui n'a rien de coupable. L'auteur allemand était resté plus logique : l'amour pour un Anglais, au cours même de sa mission, était une faute et presque un crime dont l'expiation n'avait rien que de naturel. Mais M. Barbier n'a pas songé, comme Schiller, à écrire une pièce philosophique ; il s'est contenté de donner la forme dramatique à un épisode trop connu de notre histoire nationale, et souvent d'enchâsser dans ses vers, de la façon la plus textuelle, les mots historiques prêtés à l'héroïne. Le début du premier acte a une grande saveur romantique : on assiste au départ d'une troupe de paysans qui fuient leur village devant les hordes étrangères ; aux strophes qu'ils chantent, car ce drame a de grandes parties lyriques ou élégiaques, se mêlent les inspirations de Jeanne Darc, qui écoute ses voix et en transmet les conseils à ses compatriotes. On assiste ensuite au départ de Jeanne, à sa présentation à la petite cour de Chinon, au siège d'Orléans, épisode que le poète a eu le tort d'écourter, puisqu'il est le principal dans la courte carrière militaire de l'héroïne ; enfin au sacre de Reims, au siège de Compiègne, à la prison et au bûcher. Ce sont autant de tableaux que le théâtre de la Gaîté a représentés avec un grand luxe de mise en scène. Le sacre, la prison et le bûcher, étaient surtout remarquables.

La partition écrite par M. Gounod pour les principales scènes de l'œuvre comptera parmi ses meilleures pages. « Le prélude du premier acte, qu'il eût peut-être dû grandir en symphonie complète, dit M. Ed. Fournier, est d'un sentiment moitié rustique, moitié religieux, tout à fait distingué. La plus pénétrante mélancolie plane sur le chœur : Nous fuyons la patrie, et l'idéal même des plus séraphiques visions empreint le duo des saintes voix qui d'en haut inspirent et conseillent Jeanne. Il y a là un admirable ensemble harmonique entre l'orchestre, l'orgue et ces deux voix dont le chant tombe du ciel en mélodieuse rosée. La chanson de la ribaude fait plus tard un étonnant contraste par son mouvement et son rythme d'antique gaillardise. C'est la chanson du chantre au cabaret, après le plain-chant. Le ballet des ribaudes est d'une étrangeté rythmique fort curieuse ; c'est la science amusante appliquée à la musique. La marche du sacre a la plus majestueuse allure. Rien de plus solennel que cet immense accord des cuivres avec le carillon de la cathédrale. Le chœur des soldats dans la prison, sorte de brindisi de la conquête insolente, est d'un merveilleux entrain. Enfin, la marche funèbre est d'un admirable sentiment de douleur et de deuil.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)

 

 

 

 

 

Il se fit connaître dès l'âge de treize ans par un dithyrambe intitulé : la Voix de la France (Paris, 1835, in-8°). Il publia ensuite, dans le journal l'Illustration, un à-propos en vers : l'Ombre de Molière, qui fut représenté à la Comédie-Française, le 15 janvier 1847. Cet intermède avait pour interprètes Maillard et Provost ; le succès fut très vif, car le jeune débutant dans la carrière littéraire flagellait, avec l'audace de ses vingt ans, les petites infamies de l'époque. On en jugera par les extraits suivants :
 

MOLIÈRE.
Si nos marquis vivaient en des loisirs futiles,
Peut-être ils n'avaient pas le pouvoir d'être utiles ;
Mais la France aujourd'hui réclame tous ses fils,

Et qui perd sa jeunesse a volé son pays !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour Trissotin, la race en est si fort accrue,
Qu'on trouve ce gredin à tous les coins de rue :
L'un, l'effroi du papier et la honte de l'art,
S'environne à plaisir d'un éternel brouillard,
Va chercher dans les cieux le vague et le mystère,
Et se croirait perdu s'il restait sur la terre ;
L'autre est à qui le paie, et fait en même temps
Des chansons pour les bleus et des vers pour les blancs,
Souille la probité dont l'éclat l'importune,
Et sur son déshonneur établit sa fortune ;
L'autre, enfin, oubliant d'apprendre le français,
Le prétend inutile et lui fait son procès.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dirai-je enfin Tartufe et son âme hypocrite ?
A ce seul souvenir, ma voix encor s'irrite.
Tartufe ! il est partout, dans le temple, au sénat,
Sous l'habit du tribun, sous le dais du prélat.
Bien différent du gueux qu'au parvis d'une église
Mons Orgon recueillit sans souliers ni chemise,
II porte haut la tête, et d'un encens banal
Enfume des coquins dans un dévot journal.
Habile à raconter de pieuses histoires,
Des moines et des saints il écrit les mémoires.
Il parle au nom du peuple et de la liberté ;
C'est lui qui prône en chaire un bal de charité,
Et du gain qu'il en tire amasse des retraites
Pour les filles de joie et les voleurs honnêtes.
De leurs deniers pourtant il vit avec éclat,
Criant fort, mangeant bien, jusqu'à ce que l'Etat,
Dupe des beaux dehors de ce fourbe émérite,
Le hausse a quelque emploi digne de son mérite.
Si tout ce que j'ai dit te semble un peu gaulois,
II en faut accuser le vieux parler françois.
Je hais la muse frêle et timide, et la mienne
Trahit dans ses instincts la race plébéienne ;
Elle aime la rudesse, et sans chercher le mot,
Quand elle trouve un sot, elle l'appelle un sot.
 

MERCURE.
Parbleu ! je me veux mettre aussi de la partie ;
Mon fils, j'aurai, du moins, ta jeunesse avertie
De tous les mauvais pas où tu rompras ton cou,
Si tu suis les conseils de cet honnête fou.
Tu seras détesté de toute créature,
On lâchera sur toi l'outrage et l'imposture,
Et si tu ne meurs pas à force de chagrins,
On en viendra peut-être à te casser les reins.
Mais d'abord tu vivras crasseux et pauvre hère,
Sommeillait sur la dure et faisant maigre chère,
Sans habit, sans foyer, sans toit, et tu verras
Des coquins attablés qui seront gros et gras,
Et qui feront, du bruit de leur joie insolente,
Rougir la nudité de ta vertu tremblante.
Est-ce là le destin d'un homme de bon sens ?
Laisse à d'autres que toi ces rêves languissants ;
Prends-moi sur toute chose une plume facile,
Ecris mal et beaucoup !... Sois à l'argent docile,
Pille tout, vole tout, partout cherche ton bien ;
Langue, parents, vertu, ne considère rien ;
Promène sur le monde une parole amère,
Raconte, s'il le faut, les amours de ta mère,
Et, toujours étonné de ta propre valeur,
Sois ensemble écrivain, commerçant et voleur.
Alors les gens de goût te salueront poète.

 

Un poète, drame en cinq actes et en vers, joué au Théâtre-Français en 1847, obtint un succès contre lequel protesta en ces termes un critique de l'époque : « Ce quelque chose, rempli de vers souvent tendres, délicats et d'un tour excellent, mais dont pas un seul n'a une raison d'être, ce quelque chose, dis-je, est incontestablement le contraire de tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin, à une œuvre dramatique quelconque, comédie ou drame ; et le plus triste, dans cette soirée, c'est moins encore la pièce que le public. Le public, le croirait-on, a entendu, du premier au dernier, les cinq actes, sans les troubler autrement que par des applaudissements. J'avoue que cette façon d'accueillir l'impossible et l'absurde est capable de renverser toutes les idées établies jusqu'à ce jour en matière de théâtre et sur les choses dramatiques ; de bonne foi, on en est réduit à se demander qui, de la critique ou du public, a perdu le sens. Dans quelle voie un succès peut-il jeter le jeune homme qui a écrit cette pièce, et sur lequel l'art avait le droit de compter pour ses qualités de poète, et à cause même de sa vive imagination ? Et si ce jeune homme, égaré, prenant désormais pour poétique un dévergondage qu'il est en droit de regarder comme la plus aimable fantaisie, renonce à tout jamais au sens commun, à l'observation, à la logique, à la réalité, qui sont les lois, premières de toute œuvre littéraire ; si, encouragés par son exemple, vingt autres nous apportent leurs hallucinations d'écoliers destinés à devenir monomanes en vieillissant, je demande à ce public à qui la critique devra s'en prendre d'un répertoire insensé dont on vient d'encourager la déplorable tentative. » Le succès du Poète ne fut qu'éphémère, en dépit de la fraîcheur, de la jeunesse, de l'élégance et de l'heureux tour des vers. Depuis lors, M. Jules Barbier a signé un assez grand nombre d'ouvrages, et a surtout réussi en composant le poème de plusieurs opéras restés célèbres. Il est à regretter que l'homme qui avait montré, à ses débuts, des tendances vers la littérature élevée, se soit adonné de plus en plus à la littérature facile. Ses productions, écrites en vue de la réussite immédiate, trahissent un laisser-aller de style qui ramènera difficilement cet auteur au point d'où il est parti. Voici la liste des pièces de M. Jules Barbier : l'Ombre de Molière, intermède en vers (Théâtre-Français, 15 janvier 1847) ; Un poète, drame en cinq actes et en vers (Théâtre-Français, 16 avril 1847) ; Amour et bergerie, comédie en un acte et en vers (Odéon, 16 janvier 1848) ; les Premières Coquetteries, comédie-vaudeville en un acte (Variétés, 20 juillet 1848) ; Oscar XXVIII, comédie-vaudeville en deux actes, avec Labiche et Decourcelle (Variétés, 29 juillet 1848) ; Bon gré mal gré, comédie en un acte et en prose (Théâtre-Français, 9 janvier 1849) ; André Chénier ou 90, 92, 94, drame en vers, en trois époques (Porte-Saint-Martin, 16 mars 1849) ; Un drame de famille, drame en cinq actes, avec Michel Carré (Ambigu, 5 mai 1849) ; le Feu de paille, comédie-vaudeville en un acte, avec Chapelle (Variétés, 23 juin 1849) ; Graziella, drame en un acte, tiré des Confidences, de M. de Lamartine, avec Michel Carré (Gymnase, 20 octobre 1849) ; Laurence, drame en deux actes, avec Théodore Barrière et Michel Carré (Gymnase, 17 janvier 1850) ; Henriette Deschamps, drame en trois actes, avec Michel Carré et A. Dumesnil (Porte-Saint-Martin, 9 février 1850) ; l'Amour mouillé, comédie-vaudeville en un acte, avec Michel Carré et Arthur de Beauplan (Gymnase, 5 mai 1850) ; les Amoureux sans le savoir, comédie en un acte et en vers, avec Michel Carré (Théâtre-Français, 14 novembre 1850) ; Jenny l'ouvrière, drame en cinq actes, avec Decourcelle (Porte-Saint-Martin, 28 novembre 1850) ; les Contes d'Hoffmann, drame fantastique en cinq actes, avec Michel Carré (Odéon, 21 mars 1851) ; Un Roi de la mode, comédie en trois actes, mêlée de couplets, avec Decourcelle et Barrière (Variétés, 25 septembre 1851) ; les Derniers Adieux, comédie en un acte et en prose, avec Michel Carré (Théâtre-Français, 25 octobre 1851) ; la Fileuse, drame en cinq actes, avec Michel Carré (Gaîté, 19 décembre 1851) ; les Marionnettes du docteur, drame en cinq actes, avec Michel Carré, musique d'Ancessy (Odéon, 29 décembre 1851) ; Galatée, opéra-comique en deux actes, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 14 avril 1852) ; le Mémorial de Sainte-Hélène, drame historique en trois parties et dix-huit tableaux, dont un prologue et un épilogue, avec Michel Carré, musique d'Artus (Ambigu, 21 avril 1852) ; Voyage autour d'une jolie femme, tableau de mœurs en un acte, avec Michel Carré (Vaudeville, 31 octobre 1852) ; les Noces de Jeannette, opéra-comique en un acte, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 4 février 1853) ; les Papillotes de monsieur Benoît, opéra-comique en un acte, avec Michel Carré, musique d'Henri Reber (Opéra-Comique, 28 décembre 1853) ; les Antipodes, vaudeville en un acte, avec Michel Carré, musique de G. Hirt (Vaudeville, 29 juillet 1854) ; les Sabots de la Marquise, opéra-comique en acte, avec Michel Carré, musique d'Ernest Boulanger (Opéra-Comique, 29 septembre 1854) ; le Roman de la Rose, opéra-comique en un acte, avec Jules Delahaye, musique de Prosper Pascal (Théâtre-Lyrique, 29 novembre 1854) ; Miss Fauvette, opéra-comique en un acte, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 13 février 1855) ; Une épreuve avant la lettre, comédie-vaudeville en un acte, avec feu Cordellier-Delanoue (Variétés, 14 février 1855) ; l'Anneau d'argent, opéra-comique en un acte, avec Léon Battu, musique de Louis Deffès (Opéra-Comique, 5 juillet 1855) ; Deucalion et Pyrrha, opéra-comique en un acte, avec Michel Carré, musique d'Alexandre Montfort (Opéra-Comique, 8 octobre 1855) ; les Saisons, opéra-comique, en trois actes, avec Michel Carré, musique de Victor Massé (Opéra-Comique, 22 décembre 1855) ; Valentine d'Aubigny, opéra-comique en trois actes, avec Michel Carré, musique d'Halévy (Opéra-Comique, 26 avril 1856) ; Psyché, opéra-comique en trois actes, avec Michel Carré, musique d'Ambroise Thomas (Opéra-Comique, 26 janvier 1857) ; le Médecin malgré lui, opéra-comique en trois actes, avec Michel Carré, musique de Charles Gounod (Théâtre-Lyrique, 15 janvier 1858) ; les Noces de Figaro, opéra en quatre actes, avec Michel Carré, musique de Mozart (Théâtre-Lyrique, 8 mai 1858) ; Faust, opéra en cinq actes, avec Michel Carré, musique de Gounod (Théâtre-Lyrique, 19 mars 1859) ; le Pardon de Ploërmel, opéra-comique en trois actes, avec Michel Carré, musique de Meyerbeer (Opéra-Comique, 4 avril 1859) ; Gil Blas, opéra-comique en cinq actes, avec Michel Carré, musique de Th. Semet (Théâtre-Lyrique, 4 mars 1860) ; Cora ou l'Esclavage, drame en cinq actes et sept tableaux (Ambigu, 21 août 1861) ; la Nuit aux gondoles, opéra-comique en un acte, musique de Prosper Pascal (Théâtre-Lyrique, 19 novembre 1861) ; la Reine de Saba, opéra en cinq actes, avec Michel Carré, musique de Gounod (Opéra, 28 février 1862) ; la Fille d'Egypte, opéra-comique en deux actes et trois tableaux, musique de Jules Beer (Théâtre Lyrique, 23 avril 1862) ; Peines d'amour perdues, opéra en quatre actes, avec Michel Carré, imitation du Cosi fan tutte, de Mozart (Théâtre-Lyrique, 31 mars 1863) ; Lisbeth ou la Cinquantaine, opéra-comique en deux actes, musique de Mendelssohn (Théâtre-Lyrique, juin 1865) ; Princesse et favorite, drame en cinq actes (Ambigu, 1865). Avons-nous tout mis ? Ma foi, nous ne sommes pas bien sûr de n'en pas avoir oublié. Et s'il en est ainsi, nous en demandons humblement pardon au fécond auteur. Hérodote assure que Cyrus connaissait par leur nom tous les soldats de son armée ; c'est une faculté merveilleuse que nous souhaitons à certains de nos auteurs contemporains.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866)

 

M. Jules Barbier a été président de la Société des auteurs dramatiques. Cet écrivain, dont la fécondité semble inépuisable, a composé depuis 1865 les pièces suivantes : les Dragées de Suzette, opéra-comique en un acte, musique de Salomon (1866, in-12) ; le Maître de la maison, comédie (1866, in-12), avec Foussier ; Maxwell, drame en cinq actes avec un prologue (1867, in-12) ; Roméo et Juliette, opéra en cinq actes, musique de Gounod (1867, in-12), avec Michel Carré ; la Loterie du Mariage, comédie en deux actes et en vers (1868, in-12) ; Mignon, opéra-comique en trois actes, musique d'Ambroise Thomas (1867, in-12), avec Carré ; Hamlet, opéra en cinq actes, musique d'Ambroise Thomas (1868, in-12), avec Carré ; Don Quichotte, opéra-comique en trois actes, musique d'Ernest Boulanger (1869, in-12), avec Carré ; le Franc-tireur (1875, in-12), chants de guerre ; Sous le même toit, comédie en un acte (1872, in-12) ; la Guzla de l'émir, opéra-comique en trois actes, musique de Dubois (1873, in-12), avec Carré ; Jeanne Darc, drame en cinq actes et en vers, avec chœurs, dont la musique est de Ch. Gounod (1873, in-12), pièce déjà publiée en 1869 ; Dom Mucarade, opéra-comique en un acte, musique d'Ernest Boulanger (1875, in-12), avec Carré ; Paul et Virginie, opéra en trois actes, musique de V. Massé (1876, in-12), avec Carré ; le Timbre d'argent, opéra fantastique en quatre actes avec Carré. M. Jules Barbier a été décoré de la Légion d'honneur en 1865.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)

 

Voici les ouvrages nouveaux que M. Barbier, producteur infatigable, a ajouté à la liste de ses œuvres. Avec M. Michel Carré, son collaborateur habituel, il a donné : Polyeucte, opéra en cinq actes, musique de Gounod (1878) ; Françoise de Rimini, opéra, musique de A. Thomas (1882) ; avec MM. Erckmann-Chatrian, la Taverne des Trabans, opéra-comique (1881). Seul. M. Barbier a produit : les Amoureux de Catherine, opéra-comique en un acte, musique de H. Maréchal (1876, in-12) ; Sylvia ou la nymphe de Diane, ballet en trois actes, musique de Léo Delibes (1876, in-12) ; le Magnifique, opéra-comique en un acte, musique de Philipot (1876, in-12) ; Graziella, drame lyrique en deux actes, musique de Choudens (1877, in-12) ; la Reine Berthe, opéra en deux actes, musique de V. Joncières (1878, in-12) ; Un retour de jeunesse, drame en cinq actes et en vers (1877, in-12) ; Un homme à plaindre, comédie en trois actes et en vers (Odéon, 28 décembre 1879) ; Théâtre en vers (1879, 2 vol. in-18) ; la Petite Sœur, vaudeville (1881) ; la Gerbe, poésies (1884, in-18) ; Néron, opéra en quatre actes, musique de Rubinstein (1885, in-12) ; Néron, drame en cinq actes et en vers (1885, in-12) ; Une nuit de Cléopâtre, opéra en trois actes, musique de Victor Massé (1885, in-12) ; Bianca Capello, opéra en cinq actes, musique de M. Hector Salomon, représenté pour la première fois sur le théâtre royal d'Anvers le 1er février 1886 (1886, in-18). Il a été nommé, en octobre 1887, directeur provisoire du théâtre de l'Opéra-Comique.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1888)

 

 

 

 

 

lettre de Jules Barbier du 08 avril 1874 à propos de son livret de Mignon d'Ambroise Thomas

 

 

 

Le public, lorsqu'il applaudit un opéra, ne rend pas assez justice à celui qu'il nomme dédaigneusement : le « parolier ». Le librettiste est parfois un vrai poète, et son œuvre va de pair avec la partition. Jules Barbier aurait très bien pu rester uniquement poète dramatique ; ses débuts lui permettaient même, dans cette voie, succès et honneur ; mais l'amitié l'entraîna un soir à aider un jeune maestro, et c'en était fait de sa liberté. De ce jour il fut enchaîné aux doubles croches, sa verve poétique fut voilée de musique ; ce n'est qu'à de trop rares intervalles qu'il sut se dégager complètement et donner des œuvres de haute tenue littéraire, comme la Jeanne d'Arc que reprenait l'an dernier avec succès Sarah Bernhardt, à son passage à la Porte-Saint-Martin.

Jules Barbier eut une éducation quasi-princière, son père étant précepteur des ducs d'Orléans ; il fut élevé parmi eux et il resta l'intime ami du duc de Montpensier. Aussi, à ses débuts au théâtre, tous les d'Orléans étaient-ils à l'orchestre. C'était à la Comédie-Française, en 1847, et l'on donna de lui l'Ombre de Molière et le Poète. Il serait difficile d'avoir plus brillants débuts, car, outre les spectateurs dont nous parlions, Jules Barbier avait, parmi ses interprètes, Rachel. Elle dit les strophes de la Muse tragique dans l'Ombre de Molière.
En 1849, il fit jouer un André Chénier qui faillit le faire fusiller. L'année d'avant, Amour et Bergerie avait eu un joli succès à l'Odéon. S'est exercé depuis dans tous les genres, mais a été surtout entraîné vers l'opéra et l'opéra-comique par le hasard d'une première collaboration avec son ami Victor Massé. Galatée et les Noces de Jeannette furent ses premières pièces lyriques. On traitait alors Victor Massé et ses collaborateurs de révolutionnaires : « Trois gâcheurs de plâtre se sont réunis pour faire une Galatée », dit un critique à cette époque.

Parmi les œuvres qui suivirent, nous citerons de mémoire : les Noces de Figaro, le Pardon de Ploërmel, la Statue, la Reine de Saba, Roméo et Juliette, Hamlet, Faust, Mignon, Psyché, Une Nuit de Cléopâtre, Philémon, les Sabots de la Marquise, les Papillotes de Monsieur Benoist, les Contes d'Hoffmann, le Timbre d'argent, Valentine d'Aubigny, les Amoureux de Catherine, l'Esclave, Sylvia, la Tempête, Gil Blas, Néron, etc., etc. Son ami Michel Carré collabora à beaucoup de ces pièces. Les titres de ces opéras disent le nom de ses collaborateurs musiciens : Ambroise Thomas, Charles Gounod, Victor Massé, Reber, Halévy, Saint-Saëns, Reyer, Meyerbeer, Rubinstein, Leo Delibes, Boulanger, Offenbach, Semet, Membrée, etc., etc.

En dehors du genre purement lyrique, nous citerons Jeanne d'Arc, cinq actes en vers, créés par Lia Félix et repris par Sarah Bernhardt, André Chénier, la Loterie du mariage, un Retour de jeunesse, le Maître de la maison, les Marionnettes du docteur, un Drame de famille, Jenny l'ouvrière, la Sorcière, Cora ou l'esclavage, le Mémorial de Sainte-Hélène, la Fille du maudit, Princesse et favorite (une des plus curieuses), les Premières coquetteries, Bon gré mal gré, les Amoureux sans le savoir, Sous le même toit, Maxwell, etc., etc. Sa vie est donc un très compliqué catalogue. Jules Barbier est un laborieux.

A publié en outre quelques nouvelles et trois volumes de vers : Le Franc-tireur, la Gerbe, la Fleur blessée.

C'est le père de Pierre Barbier, le délicat poète de « Vincenette », un des petits bijoux du répertoire de la Comédie.

 

 

(Figures contemporaines tirées de l'album Mariani, 1896)

 

 

 

 

 

Le mariage de M. Jules Barbier.

Malgré ses soixante-quinze ans très sonnés, M. Jules Barbier, l'auteur dramatique bien connu, désire convoler en justes noces avec Mlle Berthe Perret, de l'Opéra-Comique, âgée de cinquante-trois printemps.

Mais voilà que son fils et sa vieille sœur, Mlle Victoire Barbier, ne veulent à aucun prix entendre parler de cet hymen, et ils donnent tous deux pour raison que leur père et frère ne jouit pas de la plénitude de ses facultés intellectuelles.

M. Jules Barbier demande à la première chambre du tribunal civil d'ordonner la main-levée de l'opposition qui est faite par ses proches.

(le Ralliement, 02 octobre 1900)

 

 

 

 

« Vous êtes faits pour travailler ensemble, leur disait Lecocq : vous, Nuitter, vous êtes très grand, vous, Beaumont, assez petit : or, j'ai remarqué qu'il en était ainsi de toutes les bonnes collaborations. Michel Carré avait l'air d'un nain à côté du géant Barbier. Voyez, Erckmann et Chatrian, Leterrier et Vanloo... Chivot et Duru... »

 

(J. Brindejont-Offenbach, Cinquante ans de musique française, 1925)

 

 

 

 

 

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