Félix MONTAUBRY

 

Félix Montaubry dans la Circassienne (Alexis Zouboff) lors de la création en 1861 [BNF]

 

 

Achille Félix MONTAUBRY dit Félix MONTAUBRY

 

ténor français

(rue Saint-Gelais, Niort, Deux-Sèvres, 12 novembre 1826* Angers 3e, Maine-et-Loire, 02 octobre 1898*)

 

Fils de Jean-Baptiste MONTAUBRY (Niort, 23 septembre 1798 – Niort, 15 janvier 1861), tailleur d’habits puis artiste musicien [fils de Pierre Gervais MONTAUBRY (La Rochelle, Charente-Maritime, 27 novembre 1772 – Niort, 28 février 1848), perruquier, et de Madeleine PLANTIVEAU (Sansais, Deux-Sèvres, 25 novembre 1768 – Niort, 19 février 1811], et d’Adélaïde LÉPINE (Niort, 30 mai 1800 – Niort, 19 janvier 1872), tapissière, mariés à Niort le 17 janvier 1823.

Frère d'Édouard MONTAUBRY (1824–1883), compositeur ; d’Alfred Antoine MONTAUBRY (Niort, 30 juin 1828* Melle, Deux-Sèvres, 23 juin 1900*), peintre-vitrier.

Cousin de Blanche LEHÉE dite Blanche MONTAUBRY, danseuse à l'Opéra entre 1861 et 1873.

De sa liaison avec Victoire Catherine CAMUSET est né Félix Édouard Eugène MONTAUBRY (La Villette, Seine [auj. dans Paris], 24 septembre 1846* – 27 faubourg Saint-Martin, Paris ancien 5e, 05 juillet 1847*).

Epouse à La Haye, Pays-Bas, le 07 novembre 1850 [acte transcrit à Paris 9e le 18 mars 1864*] Caroline Zoé Eugénie PRÉVOST (rue Monsigny, Paris ancien 2e, 18 mai 1829* – 29 rue Marbeau, Paris 16e, 27 novembre 1906*), soprano (voir plus bas), fille naturelle des chanteurs Jean-Baptiste CHOLLET et Zoé PRÉVOST ; parents d’Édouard MONTAUBRY fils (1855–1930), chanteur et compositeur.

 

 

Fils d'un musicien qui s'occupa de bonne heure de son éducation artistique, il commença par jouer de divers instruments, notamment du violon, qu'il échangea ensuite contre le  violoncelle. Admis au Conservatoire dans la classe de violoncelle, il en sortit pour essayer de se créer des ressources en jouant dans différents orchestres de théâtre, et fut employé successivement comme alto, comme violon ou comme violoncelle, aux Folies-Dramatiques, à la Porte-Saint-Martin et au Vaudeville. Il rentra au Conservatoire dans la classe de Panseron, en sortit avec un second prix d’opéra-comique en 1846, et obtint immédiatement à l'Opéra-Comique, comme ténor, un premier engagement qu'il fit résilier pour partir en octobre 1847 s'exercer dans les premiers rôles à La Nouvelle-Orléans.

Après des débuts brillants en Amérique, il revint en Europe en 1848, et se fit entendre successivement à Lille, à Bruxelles (1849-1850), où il fut engagé à plusieurs reprises, au Théâtre Royal de La Haye (1850), à Strasbourg, à Bordeaux, à Marseille, et ses succès en province et à l'étranger, notamment à la Monnaie de Bruxelles (1856-1858) [où il chanta la première de Martha (Lionel) de Flotow le 13 février 1858, et celle des Dragons de Villars (Sylvain) de Maillart le 13 mai 1858], où ses appointements de premier ténor d’opéra-comique s'élevèrent à 40 000 francs pour huit mois, lui firent proposer par Roqueplan, à l'Opéra-Comique, un engagement de cinq ans à des conditions analogues. Montaubry y fit ses nouveaux débuts, le 16 décembre 1858, dans les Trois Nicolas, écrit expressément pour lui par Clapisson, et bientôt obtint un succès de vogue. Il reprit, au grand plaisir du public, plusieurs ouvrages du répertoire, puis fit plusieurs créations importantes dans le Roman d'Elvire, d’Ambroise Thomas (1860) ; la Circassienne (1861), où il avait un rôle travesti de femme ; Lalla-Roukh, de Félicien David (1862), le principal succès du compositeur et du chanteur ; Lara, de Maillart (1864), etc. Parallèlement, il avait créé à Baden-Baden le 09 août 1862 Béatrice et Bénédict (Bénédict) d’Hector Berlioz. En 1868, sa voix s'étant détériorée à cause d'une maladie du larynx, il quitta l'Opéra-Comique, pour fonder une école de chant. L’année suivante, l’acteur Montrouge lui vendit pour 65 000 francs son théâtre des Folies-Marigny, dont il ne tarda pas à abandonner la direction. Il chanta ensuite en province, à la Monnaie de Bruxelles (16 novembre 1870) et revint à l'Opéra-Comique en 1871, puis, la même année, prit la direction du théâtre des Arts à Rouen. En 1873, il fut engagé à la Gaîté pour jouer le rôle principal dans une reprise remaniée d'Orphée aux Enfers (Aristée) d'Offenbach le 07 février 1874. Il y joua Une folie (Florival, 1874) de Méhul, Obéron (Huon, 08 juin 1876) de Weber, et y créa le 24 mai 1876 le Magnifique (Horace dit le Magnifique) de Jules Philipot. En 1877, il quitta Paris pour aller prendre la direction d'un théâtre de province, et enfin devint professeur de chant au conservatoire d'Angers.

On cite de Montaubry plusieurs romances, dont il a composé à la fois la musique et les paroles. Il a même fait jouer sur son théâtre des Folies-Marigny une opérette en un acte, Horace (02 février 1870), dont il jouait le principal rôle. Il en a donné une seconde sur un autre petit théâtre : Son Altesse le Printemps. « M. Montaubry dut à sa voix, plus qu’à son talent et à sa distinction, la vogue dont il jouit durant quelques années. » (Georges Baudouin, 1884).

En 1855, il habitait 43 rue du Ranelagh à Passy. Il est décédé en 1898 à soixante-et-onze ans en son domicile, 9bis boulevard Carnot à Angers.

 

Sa femme, Caroline Zoé Eugénie PRÉVOST dite Caroline PRÉVOST, soprano, a débuté à l’Opéra-Comique le 12 mai 1849 dans les Diamants de la couronne (Catarina), puis quitta la salle Favart et épousa Montaubry en 1850. Elle a ensuite rempli divers engagements sur les mêmes théâtres que son mari.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Il y débuta le 23 septembre 1846 dans le Chalet (Daniel).

Le 16 décembre 1858, il y fit sa rentrée en créant les Trois Nicolas (Dalayrac) de Louis Clapisson.

 

Il y créa également le 13 mars 1847 Alix (Etienne) de Doche ; le 07 juin 1859 Italie, cantate de Fromental Halévy ; le 24 février 1860 le Roman d'Elvire (le chevalier Gennaro d’Albani) d’Ambroise Thomas ; le 15 août 1860 Vive l’Empereur !, cantate de Jules Cohen ; le 02 février 1861 la Circassienne (Alexis Zouboff) d’Esprit Auber ; le 17 février 1862 le Joaillier de Saint-James (Bernard) d’Albert Grisar ; le 12 mai 1862 Lalla-Roukh (Noureddin) de Félicien David ; le 13 avril 1863 Bataille d’amour (le Comte Tancrède) d’Emmanuel Vaucorbeil ; le 21 mars 1864 Lara (Lara) d’Aimé Maillart ; le 05 novembre 1864 le Trésor de Pierrot (Pierrot) d’Eugène Gautier ; le 08 mars 1865 le Saphir (Gaston de Lusignan) de Félicien David ; le 09 décembre 1865 le Voyage en Chine (Henri de Kernoisan) de François Bazin ; le 16 juillet 1866 José-Maria (Carlos) de Jules Cohen ; le 25 février 1867 le Fils du brigadier (Emile) de Victor Massé ; le 23 novembre 1867 Robinson Crusoé (Robinson) de Jacques Offenbach.

 

Il y chanta Fra Diavolo (Fra Diavolo, 500e le 20 mars 1863) ; les Mousquetaires de la Reine ; le Postillon de Lonjumeau ; le Songe d'une nuit d'été ;  le Petit Chaperon rouge (1860) ; Rose et Colas (Colas, 12 mai 1862) ; les Diamants de la couronne ; le Pré-aux-Clercs ; Zampa (Zampa) ; les Porcherons (1865).

 

 

 

œuvres lyriques

 

Horace, chapitre V, livre Ier, opérette en 1 acte et en vers, livret d’A. Duprez (Folies-Marigny, 02 février 1870, avec le compositeur dans le rôle principal)

Son Altesse le Printemps, opérette

 

 

 

 

Félix Montaubry dans la Circassienne (Alexis Zouboff déguisé en Clara), lors de la création en 1861 [BNF]

 

 

Est arrivé rejoindre son frère, chef d'orchestre du Vaudeville, et a débuté par jouer du violon dans quelques orchestres de petits théâtres. Entré au Conservatoire dans les classes de chant, il a joué en province et à l'étranger avant de venir à Paris. Une grande rouerie et une connaissance parfaite de son art. Le premier ficelier que je connaisse. Dans le bas, peu ou point de notes, il parle, il élude, il fait tout, chanter excepté. Dans le haut, de la grâce, toujours de la finesse, souvent de l'entrain et du feu : alors il crie. Il dit le dialogue à côté du sens, c'est une jolie ruine de salon. En scène, peu de tenue, il s'amuse. Il mène de front son chant et ses chaussures. Tous les matins, après les altères et l’hydrothérapie, deux heures de promenade dans sa chambre pour briser ses bottines et se faire le pied. Quand il sort il est soigné comme un paquet de pharmacien ; il en a tous les cachets et souvent les ficelles. Rendez-le heureux et dites-lui qu'il paraît 37 ans. Il a épousé la fille de mademoiselle Prévost et non pas celle de Chollet, comme le bruit en a toujours couru.

(Yveling Rambaud et E. Coulon, les Théâtres en robe de chambre : Opéra-Comique, 1866)

 

 

 

Félix Montaubry dans la Circassienne (Alexis Zouboff déguisé en Clara), lors de la création en 1861

 

 

Né d'une famille de musiciens. Il se livra d'abord à l'étude de divers instruments, notamment du violon et du violoncelle. Entré au Conservatoire dans la classe de violoncelle, il en sortit peu après et essaya de se créer des ressources en jouant du violon ou du violoncelle, ad libitum, au Vaudeville, à la Porte-Saint-Martin et à la Gaîté. Puis l'idée lui vint de monter de l'orchestre sur la scène, et comme il avait de la voix, de la méthode, une entente parfaite de la musique, la chose lui parut facile. Il rentra donc au Conservatoire, où il prit les leçons de Panseron, obtint un prix en 1846 et débuta la même année à l'Opéra-Comique. Mais Roger régnait alors à la salle Feydeau, dans tout l'éclat de ses premiers succès. Le débutant passa inaperçu, résilia son engagement et partit pour La Nouvelle-Orléans. L'année suivante (1848), il revint en France et se fit entendre successivement au théâtre de Lille, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, au théâtre royal de La Haye, à Strasbourg, à Bordeaux, à Marseille. Engagé pour la seconde fois à Bruxelles aux appointements de 40.000 fr. pour huit mois, il reçut les propositions du directeur de l'Opéra-Comique, M. Roqueplan, et se lia pour cinq années à ce dernier théâtre, à des conditions analogues. Les débuts de M. Montaubry devant le public parisien eurent lieu le 16 décembre 1858, dans les Trois Nicolas de Clapisson, avec un succès éclatant dont toute la presse, sympathique au jeune ténor, se fit l'écho empressé. Accueilli dès la première soirée comme l'héritier de Roger, de Ponchard et d'Elleviou, il a repris depuis lors avec un égal bonheur l'ancien répertoire : Fra Diavolo, le Postillon de Lonjumeau, le Songe d'une nuit d'été, le Chaperon Rouge, Rose et Colas, les Mousquetaires de la Reine, les Diamants de la couronne, le Pré-aux-Clercs, Zampa, etc. Depuis, il a créé, entre autres rôles : le Roman d’Elvire (1860) ; la Circassienne (1861), où il avait un rôle travesti de femme ; Lalla-Roukh, de M. Félicien David, le plus grand succès du compositeur et de son interprète (1862) ; le Trésor de Pierrot ; Lara, de M. Maillart, etc. En 1868, M. Montaubry quitta l'Opéra-Comique, fonda une école de chant et, peu après, devint propriétaire et directeur du théâtre des Folies-Marigny. Vers 1870, il se démit de sa direction et, depuis lors, il s'est fait entendre comme chanteur sur divers théâtres, notamment à Bruxelles. A la fin de 1873, il a été engagé au théâtre de la Gaîté, à Paris.

M. Montaubry, qui réalise sous beaucoup de rapports l'idéal des héros de l'Opéra-Comique, fait un grand et très habile usage de la voix mixte et de la voix de tête. Il y trouve, selon l'expression de M. Auber, « des nuances dans les nuances. » Talent un peu grêle pour les personnages qui, comme Zampa, exigent de mâles accents, il excelle dans ceux qui tirent leur principal charme des notes douces et mélancoliques. Toutefois, il ne manque pas de pétulance et son jeu, pour être gracieux et parfois efféminé, a souvent du feu et de la véritable émotion. On a dit avec raison qu'il rappelle les Ponchard, les Chollet et les ténors les plus populaires de l'école française. Une de ses camarades a caractérisé sa manière par un mot qui s'est répété dans les coulisses : elle a baptisé cet artiste « le ténor Colibri ». En 1850, étant à La Haye, M. Montaubry a épousé Mlle Caroline Prévost, fille de la cantatrice Zoé Prévost, cantatrice elle-même et qui a eu divers engagements sur les mêmes scènes que son mari. M. Montaubry, qui est aussi un excellent musicien, a composé la musique et les paroles de plusieurs romances, quelquefois attribuées par erreur à son frère.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)

 

 

 

 

 

Le ténor Montaubry, dont on se rappelle les succès de dix années à l'Opéra‑Comique, est mort dimanche dernier, à Angers, à près de 72 ans. Né à Niort le 12 novembre 1826, il entra d'abord au Conservatoire dans une classe de violoncelle, et appartint à l'orchestre du vaudeville. Puis, s'étant aperçu qu'il avait une jolie voix, il quitta sa classe de violoncelle pour celles de chant et d'opéra-comique de Panseron et Moreau-Sainti. Il avait pour camarades, au Conservatoire, Battaille, Balanqué, Meillet, Gueymard, Jourdan, Barbot, Bussine, Grignon, tous morts avant lui, Après avoir obtenu un second prix d'opéra-comique en 1846, il accepta un engagement pour la Nouvelle-Orléans, où il resta deux années. De retour en Europe, il tint successivement son emploi à Lille, Bruxelles, La Haye, Strasbourg, Marseille, Bordeaux, et se fit en province une réputation telle qu'on s'étonnait de ne pas le voir à Paris. Enfin, en 1858 il signa avec l'Opéra-Comique un engagement de cinq ans aux appointements de 40.000 francs. C'était, disait-on, le premier ténor qui eût atteint ce chiffre à ce théâtre. Clapisson écrivit, expressément pour ses débuts, un ouvrage nouveau en trois actes, les Trois Nicolas, dans lequel d'Alayrac (un des trois Nicolas) était mis en scène. L'ouvrage fut joué le 16 décembre, et le succès du chanteur fut éclatant. Pendant les dix années qu'il passa à l'Opéra-Comique, choyé par le public, Montaubry y reprit triomphalement un grand nombre de rôles du répertoire, le Postillon de Lonjumeau, Fra Diavolo, le Songe d'une nuit d'été, Zampa, les Mousquetaires de la Reine, le Petit Chaperon rouge, Rose et Colas... Il fit aussi plusieurs créations, dans la Circassienne d'Auber, le Roman d'Elvire d'Ambroise Thomas (avec Mlle Monrose), Lalla-Roukh de Félicien David (avec Marie Cico), Lara, de Maillart (avec Mme Galli-Marié), le Joaillier de Saint-James, le Voyage en Chine, Robinson Crusoé, le Trésor de Pierrot, puis, en 1868 il quitta ce théâtre, sa voix commençant à faiblir, et parut vouloir se livrer à l'enseignement. Cependant, au bout de quelque temps il prit la direction du petit théâtre des Folies‑Marigny, y composa, y fit représenter et y joua lui-même une opérette intitulée Horace, écrivit une autre opérette, Son Altesse le Printemps, puis, en 1873, s'en alla jouer à la Gaîté Orphée aux Enfers d'Offenbach, et enfin, après avoir pris la direction d'un théâtre en province, dit complètement adieu à la scène pour se consacrer à l'enseignement. Dans ces dernières années, il avait été nommé professeur de chant au Conservatoire d'Angers, où il se fixa, ce qui ne l’empêcha pas, plus récemment, de remplir les mêmes fonctions au Conservatoire de Nantes. Montaubry avait épousé en 1850 une chanteuse distinguée, Mlle Caroline Prévost, fille de Chollet et de Mme Zoé Prévost, les deux principaux créateurs du Postillon de Lonjumeau à l'Opéra-Comique. Son frère aîné, Édouard Montaubry, fut pendant plusieurs années chef d’orchestre au Vaudeville et fit représenter quelques opérettes.

(A. P., le Ménestrel, 09 octobre 1898)

 

 

 

 

 

 

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