Pierre Montan BERTON

 

 

 

Pierre Montan BERTON

 

compositeur français

(Maubert-Fontaine, Ardennes, baptisé le 07 janvier 1727* rue Saint-Nicaise, Paris ancien 1er, 14 mai 1780*)

 

Fils de Pierre BERTON (v. 1700 – av. 1760), musicien de la cathédrale de Beauvais (1737), musicien aux Saints-Innocents à Paris (1752) et marchand mercier, et de Poncette MACQUART (Maubert-Fontaine, 19 juin 1696 – Poitiers, Vienne, 01 juillet 1780), mariés à Paris le 02 avril 1725.

Epouse le 06 février 1770 Anne Marthe Perrot DUREBECQ dite PETITOT (Marseille, Bouches-du-Rhône, 11 juin 1745 – ap. 1780).

Parents d'Henri Montan BERTON, compositeur.

 

 

Engagé comme basse à l’Opéra de Paris en 1744, où il resta deux ans, il s'en alla chanter à Marseille, puis devient chef d’orchestre de concerts à Bordeaux (1748), chef d'orchestre à l'Opéra de Paris (débuts en 1755 en tant que batteur de mesure, puis premier batteur de 1759 à 1780), et directeur de ce théâtre (1767 à 1777 ; 1780). A la fois directeur et chef d’orchestre de la première scène musicale de France, il était aussi chef d’orchestre de la chapelle royale et violoncelliste de la chambre du roi. Il a donné à l’Opéra quelques ouvrages : Deucalion et Pyrrha (en société avec Giraud, 1755) ; Erosine (1766) ; Sylvie (avec Trial, 1765) ; Théonis (avec Trial et Granier, 1767) ; Adèle de Ponthieu (avec Laborde, 1772). De plus, il a ajouté ou refait divers morceaux pour plusieurs anciens opéras de Lully, Campra, Desmarets et Rameau.

Il est décédé en 1780 à cinquante-trois ans.

 

 

 

œuvres lyriques

 

Deucalion et Pyrrha, opéra-ballet en 1 acte, livret de Pierre de Morand et Poullain de Sainte-Foix, musique avec François Joseph Giraud (Opéra, 30 septembre 1755) => fiche technique

Sylvie, opéra en 3 actes et 1 prologue, livret de Pierre Laujon, musique avec Jean-Claude Trial (Fontainebleau, 17 octobre 1765 ; Opéra, 18 novembre 1766) => partition

Erosine, pastorale héroïque, constituant la 3e entrée des Fêtes lyriques, livret de François-Augustin Paradis de Moncrif (Fontainebleau, 09 novembre 1765 ; Opéra, 30 août 1766) => partition livret

Théonis ou le Toucher, pastorale héroïque en 1 acte, faisant partie des Fragments nouveaux, livret d'Antoine-Alexandre-Henri Poinsinet, musique avec Louis Granier et Jean-Claude Trial (Opéra, 11 octobre 1767)

Linus, opéra en 3 actes, livret de Charles-Antoine Leclerc de La Bruère, musique avec Antoine Dauvergne et Jean-Claude Trial (Château de Versailles, 08 octobre 1769)

Amadis de Gaule, tragédie lyrique en 3 actes et 1 prologue, livret de Philippe Quinault, musique avec Benjamin de Laborde (Opéra, 26 novembre 1771)

Adèle de Ponthieu, tragédie lyrique en 3 actes, livret de Razins de Saint-Marc, musique avec Benjamin de Laborde (Opéra, 01 décembre 1772) => fiche technique

Bellérophon, opéra en 4 actes et 1 prologue, livret de Thomas Corneille, Fontenelle et Boileau, musique avec Louis Granier (Versailles, 20 novembre 1773)

 

 

 

 

Il était doué d'une organisation musicale si exceptionnelle, qu'à l'âge de six ans, il déchiffrait à première vue les morceaux les plus difficiles. A douze ans, il touchait l'orgue et composait des motets dignes d'être exécutés à la cathédrale de Senlis. Après s'être exercé à la maîtrise de Notre-Dame de Paris, Berton débuta à l'Académie royale de musique en 1744, dans l'emploi de basse-taille, avec un médiocre succès. En 1746, il partit pour Marseille, où il remplit les fonctions de seconde basse pendant l'espace de deux ans. Berton eut l'esprit de comprendre que sa voix était moins solide que son talent ; aussi renonça-t-il à la profession de chanteur. Il se fixa à Bordeaux, où il remplit à la fois les fonctions de chef d'orchestre du Grand-Théâtre, d'organiste dans deux églises et de directeur du concert. C'est dans cette ville qu'il débuta comme compositeur en écrivant des airs de ballet qui furent appréciés. La place de second chef d'orchestre étant devenue vacante à l'Académie royale de Paris, en 1755, par la mort de Boyer, Berton se mit sur les rangs et l'emporta au concours.

Quelques années plus tard, Louis XV le nomma violoncelliste de sa chambre, pour le récompenser d'avoir tenu le bâton de chef d'orchestre à toutes les représentations solennelles données à Versailles. En 1767, Trial et Berton furent nommés directeurs de l'Académie royale de musique. Les deux musiciens eurent le tort d'accepter, à leurs risques et périls, une position dangereuse, à laquelle il durent renoncer en 1769. Toutefois, en vertu de certains arrangements, ils continuèrent de prendre part à la direction de notre première scène lyrique, en société avec Dauvergne et Joliveau. En 1774, Berton fut nommé administrateur général de l'Opéra, conjointement avec Rebel. C'est alors que Gluck et Piccinni accomplirent leur grande révolution dans la musique dramatique. Berton, cœur loyal, mais tête romanesque, donna un souper, resté célèbre, auquel il invita les deux compositeurs. Après s'être donné une accolade peu sincère de part et d'autre, les rivaux furent placée à table, l'un à côté de l'autre ; mais la haine les séparait, l'avenir l'a bien prouvé. En 1776, les commissaires des Menus-Plaisirs s'étant chargés de l'administration de l'Académie de musique pour le compte du roi, Berton dut quitter cette direction, qu'il ne reprit qu'en 1778. Il eut alors la malheureuse ambition de vouloir présider, en qualité de chef d'orchestre, à la reprise solennelle du Castor et Pollux, de Rameau, qui eut lieu le 7 mai 1780. Il souffrait déjà d'une bronchite, et, par suite de l'émotion ou d'une imprudence, le mal changea de nature. Sept jours après la représentation, Berton succombait aux atteintes d'une fluxion de poitrine. La veuve de Berton obtint 3,000 fr. de pension, et son fils 1,500 fr., par brevet du bureau de la ville, en date du 22 juillet 1780.

Berton possédait, à un degré unique pour son époque, les qualités innées et acquises de l'homme créé pour diriger et discipliner un orchestre, c'est-à-dire une somme de connaissances supérieure à celle de ses rivaux, l'expérience d'un compositeur qui, sans exceller dans son art, avait su y mériter d'honorables succès, et, par-dessus tout, l'amour du beau, le culte de l'idéal, l'horreur du vulgaire. Gluck a trouvé dans Berton, un aide zélé, sans lequel il eût difficilement triomphé de l'apathie de musiciens routiniers, effrayés par les audaces du maestro allemand.

« Telle était la confiance de Gluck dans les talents de Berton, dit la Biographie Michaud, qu'il lui laissa le soin de refaire le dénouement de son Iphigénie en Aulide, tel qu'on l'a toujours exécuté depuis. »

Voici la liste des œuvres musicales de Berton : Deucalion et Pyrrha, opéra-ballet en un acte, en société avec Giraud, paroles de Saint-Foix et Morand (Académie royale de musique, 30 septembre 1755) ; quelques morceaux ajoutés aux Fêtes vénitiennes, opéra-ballet de Campra (à la reprise de 1759) ; chœurs et airs de danse, ajoutés à Camille, opéra de Campra (à la reprise de 1761) ; Erosine, acte ajouté aux Fêtes galantes, paroles de Moncrif (Académie royale de musique, 30 août 1766) ; chœurs et airs de danse pour l'Iphigénie en Tauride de Desmarets (à la reprise de 1766) ; Sylvie, ballet héroïque en trois actes, avec un prologue, en société avec Trial, paroles de Laujon (Académie royale de musique, 11 novembre 1766) ; Théonis ou le Toucher, pastorale héroïque, en société avec Trial et Grenier, paroles de Poisinet, formant le second acte des Fragments nouveaux (Académie royale de musique, 13 octobre 1767). « Cette pastorale, dont l'idée est vraiment lyrique et bien rendue, disait un critique du temps, a eu beaucoup de succès. La musique, assortie au sujet, aussi gracieuse, aussi brillante que neuve, a fait beaucoup d'honneur à MM. Berton et Trial, directeur de l'Opéra, et à M. Grenier, premier violon de S. A. monseigneur le prince Charles. » Amadis de Gaule, opéra de Lully, refait en collaboration avec de Laborde (Académie royale de musique, 4 décembre 1771) ; Adèle de Ponthieu, tragédie lyrique, d'abord en trois actes et remise en cinq, en société avec de Laborde, paroles de Razins de Saint-Marc (Académie royale de musique, 1er décembre 1772, pièce remise en musique par Piccinni le 27 octobre 1781) ; Bellérophon, opéra de Lully, arrangé pour la cour, en société avec Grenier (20 novembre 1773) ; Issé, de Lully (20 novembre 1773) ; les divertissements de Cythère assiégée, opéra en trois actes, musique de Gluck (Académie royale de musique, 1er août 1775). Berton a composé plusieurs airs pour la reprise de Castor et Pollux, de Rameau ; il a ajouté à Dardanus, opéra du même compositeur, un morceau resté célèbre, et connu sous le nom de chacone de Berton. On doit vivement regretter que la jalousie et l'envie aient empêché ce compositeur de donner la mesure de son talent, dans un ouvrage de longue haleine.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)

 

 

 

 

 

A l'âge de six ans, il lisait la musique à première vue ; à douze, il avait déjà composé des motets qu'on exécutait à la cathédrale de Senlis. Quelques années après il entra à l'église Notre-Dame de Paris, pour y chanter la basse-taille. En 1744, il débuta à l'Opéra, où il resta deux ans. N'ayant pu vaincre sa timidité, il partit pour Marseille, et y joua les rôles de secondes basses pendant deux autres années ; mais ayant ensuite renoncé au théâtre, il alla à Bordeaux en qualité de chef d'orchestre. A cette époque, il commença à écrire des airs de ballets qui eurent beaucoup de succès, ce qui le détermina à se fixer à Bordeaux, où il remplit les fonctions d'organiste de deux églises et de directeur du concert, sans renoncer à sa place de chef d'orchestre du théâtre. La place de chef d'orchestre de l'Opéra de Paris étant devenue vacante par la mort de Boyer (en 1755), Berton se présenta au concours, et l'emporta sur ses rivaux. Rebel et Francœur ayant demandé leur retraite en 1767, Trial et Berton obtinrent l'entreprise de l'Opéra ; mais deux ans après ils demandèrent la résiliation du bail qu'ils avaient fait à leurs risques et périls, ce qui leur fut accordé. Ils restèrent cependant directeurs du spectacle avec Dauvergne et Joliveau jusqu'en 1774. Alors Berton fut nommé administrateur général, en survivance et conjointement avec Rebel. En 1776 les commissaires des Menus-Plaisirs s'étant chargés de l'Opéra pour le compte du roi, Berton obtint encore le titre de directeur-général de ce spectacle. Ce fut alors qu'il parvint à faire rendre un arrêt du conseil qui fixait sa pension pour l'avenir, à tout événement. Cette circonstance fut heureuse pour lui ; car Devismes ayant obtenu l'entreprise de l'Opéra pour son compte, en 1778, Berton prit sa retraite avec la jouissance d'une pension de 8,000 fr. Déjà, en 1767, il en avait eu une de 1,000 francs, comme ancien maître de musique, et une autre, en 1772, comme compositeur. A la retraite de Devismes, il redevint encore directeur de l'Opéra, en 1780 ; cette rentrée lui fut fatale. A la reprise de Castor et Pollux, qui eut lieu le 7 mai de cette année, il voulut diriger lui-même l’exécution musicale ; mais la fatigue qu'il en ressentit lui causa une maladie inflammatoire dont il mourut sept jours après. En 1768, il avait obtenu la survivance de De Bury comme chef d'orchestre de la chapelle du roi ; il devint titulaire de cette place en 1775. Précédemment il avait été admis comme violoncelle de la chambre, en dédommagement de ce qu'il avait battu la mesure à tous les grands spectacles de Versailles, sans recevoir de gratification. Berton possédait à un haut degré l’art de diriger un orchestre, et ce n'était pas un petit mérite à l'époque où la plupart des symphonistes étaient dépourvus de talent. Il fut le premier qui, sous ce rapport, donna l'impulsion vers un meilleur système d'exécution, et son talent fut d'un grand secours au génie de Gluck, pour introduire dans l'orchestre de l'Opéra des réformes devenues indispensables. Ce fut sous son administration que cet artiste et Piccinni furent appelés à Paris, et que s'accomplit la grande révolution de la musique dramatique en France.

Comme compositeur, Berton a donné : 1° Deucalion et Pyrrha, opéra en un acte, en société avec Giraud (1755) ; 2° Quelques morceaux dans les Fêtes vénitiennes, en 1759 ; 3° Chœurs et airs de danse ajoutés à l'opéra de Camille, musique de Campra, en 1761 ; 4° Érosine, paroles de Montcrif, en 1768 ; 5° Chœurs et airs de danse pour l'Iphigénie en Tauride, de Desmarets, en 1766 ; 6° Sylvie, en société avec Trial, au mois de novembre 1766 ; 7° Théonis, en société avec Trial et Granier, au mois d'octobre 1767 ; 8° Amadis des Gaules, de Lully, refait en collaboration avec La Borde, 1772 ; 9° Adèle de Ponthieu, avec La Borde, 1773 ; 10° Bellérophon, de Lully, arrangé pour la cour, en société avec Granier, 1773 ; 11° Issé, de Lully, arrangé pour la cour, 1773 ; 12° Les divertissements de Cythère assiégée, de Gluck, en 1775. Enfin, Berton a ajouté plusieurs morceaux aux opéras de Castor et Pollux et de Dardanus, de Rameau, entre autres, la Chacone, qui a eu quelque célébrité sous le nom de Chacone de Berton. Ce musicien a partagé avec quelques autres artistes le soupçon de n'être pas l'auteur des ouvrages donnés sous son nom, malgré le témoignage de Francœur, qui l'avait suivi dans tous ses travaux. La veuve de Berton obtint une pension de 3,000 francs, et son fils en eut une autre de 1,500 francs, par brevet du bureau de la ville, en date du 22 juillet 1780.

(François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, 1866)

 

Cet artiste distingué s'était donné, à l'Opéra, une sorte de spécialité : celle de rafraîchir, par l'adjonction de quelques morceaux nouveaux, les opéras anciens que l'on jugeait à propos de remettre à le scène. C'est ainsi qu'il écrivit des airs, des scènes, des airs de ballet pour Camille, reine des Volsques de Campra, pour Iphigénie en Tauride de Campra et Desmarets, pour Castor et Pollux et Dardanus de Rameau, etc. Cela lui donna l'occasion de publier (1702) un Recueil de différents airs à grande symphonie, composés et ajoutés dans plusieurs opéras et exécutés au concert français des Tuileries (Paris, La Chevardière). J'ignore si plusieurs volumes de ce recueil ont paru, mais le premier portait cette mention : « On donnera incessamment le second et le troisième recueil. »

(François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, supplément d’Arthur Pougin, 1881)

 

 

 

 

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