Paul BARBOT
François Cécile BARBOT dit Paul BARBOT
ténor, compositeur et pianiste français
(14 rue Saint-Antoine-du-T., Toulouse, Haute-Garonne, 16 septembre 1826* – Paris 16e, 10 septembre 1913*)
Fils de Jean Marie BARBOT (Toulouse, 09 septembre 1792 – ap. 1826), perruquier, et de Jeanne Antoinette BREFEL (Toulouse, 14 septembre 1799 – ap. 1826).
Cousin éloigné de Jules BARBOT, ténor.
Epoux de Caroline Louise Gertrude Pasqualina FRANCO (Naples, 1818 – Paris 5e, 16 mars 1892*), parents de :
1. Jeanne Georgette Marie BARBOT (Saint-Joseph, province de Naples, 03 juillet 1844 – Paris 5e, 11 avril 1921*) épouse 1. à Toulouse le 10 juin 1865* (divorce le 22 août 1884) Joseph Romain de LORDE (Mazères-sur-Salat, Haute-Garonne, 28 février 1827* –), médecin [parents de Gustave Pascoual André Paul de LORDE dit André de LORDE (Toulouse, 11 juillet 1869 – Antibes, Alpes-Maritimes, 06 septembre 1942), auteur dramatique] ; épouse 2. à Paris 6e le 01 août 1885* Jean MOUNET dit MOUNET-SULLY (Bergerac, Dordogne, 27 février 1841* – Paris 5e, 01 mars 1916*) tragédien [frère de Paul MOUNET, ép. Andréa BARBOT, cantatrice].
2. Gaston Jean François BARBOT (Toulouse, 03 juin 1846* – ap. 1894), pianiste et violoncelliste.
4. Paul François Marie BARBOT (Toulouse, 05 mars 1854* – Toulouse, 30 avril 1860*).
Il commença l'étude du piano sous la direction de Mme Rey, puis entra au Conservatoire de Toulouse, d'où il sortit en 1842 avec un premier prix, ayant composé lui-même son morceau de concours avec accompagnement d'orchestre. A la fin de la même année il fut admis, au Conservatoire de Paris, dans la classe de Zimmermann ; mais bientôt, se voyant en possession d'une belle voix de fort ténor, il quitta cet établissement, et, en 1844, partit pour Naples, où il se fit recevoir au collège de musique de San Pietro a Majella, et où il commença l'étude du chant sous la direction de Crescentini. Six mois après, le ténor Tamberlinck ayant rompu l'engagement qui le liait au théâtre du Fondo, Paul Barbot fut engagé par l'impresario Flauto en qualité de premier ténor double, ayant pour chefs d'emploi Donzelli et Fraschini, et débuta à ce théâtre dans le Cantatrici villane. Il travailla alors avec Donzelli, qui fut son véritable professeur, et passa l'année suivante au théâtre San-Carlo, où il fut bien accueilli et encouragé.
De retour en France en 1846, M. Barbot éprouva, pendant la traversée, un accident qui lui fit perdre à tout jamais la voix, et l'obligea à modifier sa carrière. Après une année de tâtonnements et d'indécision, il reprit avec ardeur ses études de piano et de composition, et se fixa définitivement à Toulouse, où il se fit rapidement une excellente position comme professeur et comme exécutant. Bientôt il écrivit, sur le sujet de l'École des femmes, de Molière, les paroles et la musique d'un opéra-bouffe avec récits à l'italienne, qui, représenté à Toulouse, y obtint un assez vif succès. Depuis lors, M. Barbot a composé et publié plus de cent morceaux de piano, parmi lesquels on peut surtout signaler ceux dont les titres suivent : le Réveil-matin, la Danse des Treilles, les Soirées d’Espagne, Souviens-toi, Fleur des Alpes, Pinson et Fauvette, etc. Ces morceaux ont paru chez les éditeurs Choudens, Heugel, Heu, Colombier, Prilipp et Langlois. Paul Barbot, qui a fait avec ses enfants des tournées artistiques en Angleterre, en Hollande et en Belgique, a organisé, à Toulouse, des soirées d'élèves d'un genre nouveau, qui ont produit en cette ville une grande impression, et dans lesquelles il faisait exécuter par un orchestre composé de six pianos, à vingt-quatre mains, les chefs-d'œuvre symphoniques de Beethoven, de Weber, de Meyerbeer, etc., spécialement arrangés par lui à cet effet.
En 1854, il habitait 24 allée Louis Napoléon à Toulouse. Il est décédé en 1913 à quatre-vingt-six ans en son domicile, 29 rue Mirabeau à Paris 16e. Il est inhumé au Père-Lachaise (columbarium, case 1135).
œuvres lyriques
l'Ecole des femmes, opéra bouffe en 1 acte d'après la comédie de Molière, livret et musique de Paul Barbot, création au Capitole de Toulouse le 20 mai 1853 avec MM. Wicart (Horace), Comte, Cléophas, Mlles Van-den-Haute et Chevalier, sous la direction du compositeur.
œuvres pour piano
=> partitions |
Un des artistes les plus laborieux et les plus estimables de notre troupe, M. Cléophas, a obtenu une représentation à son bénéfice, qui aura lieu demain vendredi. Cette représentation est composée de manière à exciter l'intérêt du public. Outre le Bonhomme jadis, comédie, et le 4e acte des Huguenots, on doit jouer pour la première fois l'Ecole des Femmes, opéra bouffe en un acte, tiré de Molière, paroles et musique de M. Paul Barbot, de Toulouse. Un fragment de cet opéra, chanté dans un concert, a donné une excellente idée de l'œuvre de notre jeune concitoyen. (Journal de Toulouse, vendredi 20 mai 1853)
Nous avons rarement l'occasion de fêter la venue d'un ouvrage indigène sur notre théâtre, car il est dans les usages de la province de compter sur la fécondité des artistes parisiens pour renouveler le répertoire. Il y a cependant bien des considérations à faire valoir en faveur de la protection à laquelle auraient droit les travaux de nos compositeurs du Midi, trop modestes pour soumettre leur œuvre à l'appréciation d'un public injustement prévenu contre les opéras qui arrivent de province. Une de ces considérations, et peut-être la plus puissante, c'est l’immense difficulté qu’éprouve tout homme nouveau, à se faire jour sur les théâtres de Paris, au milieu des faiseurs en renom, difficulté souvent insurmontable, et, quand elle est vaincue, suivie de déceptions faites pour dégoûter l'esprit le plus persévérant. Si donc les théâtres de province entraient résolument dans la voie que nous leur signalons, ils auraient l'avantage de rendre facile une carrière toujours épineuse à son début, et, en même temps celui de varier leur répertoire, en enlevant à la centralisation artistique une part de ses injustes rigueurs. Cela dit, et, sans vouloir entrer dans l'examen d'une question qui exigerait de trop longs développements, arrivons à la cause de ces réflexions. Elles nous ont été inspirées par l'audition de l'opéra de M. Paul Barbot, l’Ecole des Femmes, représenté vendredi dernier, pour la première fois, sur le théâtre du Capitole. C'est une rude tâche qu'un semblable début ; il faut une bien grande foi dans ses forces pour entreprendre un acte aussi téméraire. M. Barbot a tenté l'épreuve et il a réussi, car il n'avait pas compté en vain sur son talent déjà mûri par des études sérieuses. Son œuvre a reçu de chaudes et vives sympathies, et le parterre toulousain a prouvé une fois de plus que, quand il ne se laissait pas entraîner par certains directeurs du goût public, il savait être un juste et bon appréciateur du vrai mérite. Ce n'est pas que l'opéra de M. Barbot soit complet ; nous devons dire avec notre franchise ordinaire qu'il porte l'empreinte d'un premier essai. La caractère bouffe du sujet n'est pas suffisamment tracé, et l'auteur a visé parfois à des effets trop sérieux pour ce genre ; les récitatifs, écrits sur des vers alexandrins, sont longs ; il y a de la monotonie dans la manière de traiter les morceaux ; nous pourrions signaler d'autres défauts, mais nous estimons que la part de la critique est déjà trop grande et nous avons hâte de louer M. Barbot de ses mélodies élégantes, spirituelles et gracieuses, et de son orchestration simple et facile ; nous aimons jusqu'à cet entrain juvénile et cette fougue intrépide qui emportent le compositeur un peu à l'aventure, sans toutefois l'égarer et lui faire faire fausse route. Il y aurait beaucoup à louer dans l'École des Femmes, mais nous citerons comme les morceaux les plus importants : l'ouverture, écrite largement et dans un très bon style ; un duo nocturne du meilleur effet et parfaitement réussi ; enfin un trio qui, bien qu'il roule sur une phrase peu nouvelle, est composé de façon à s'être fait applaudir à plusieurs reprises. Nous avions déjà entendu ce trio à un concert et en adressant à l'auteur les compliments qu'il méritait, nous avions émis le vœu de voir l'opéra tout entier représenté sur notre scène. Nous nous félicitons d'avoir pressenti le bon accueil qui était réservé à l'œuvre de notre jeune compatriote, et d'avoir été en quelque sorte son premier patron. M. Barbot doit être fier d'un succès enlevé aussi vaillamment et obtenu sans les ressources familières au charlatanisme. Ce succès est d'autant moins contestable que l'interprétation de cet ouvrage a laissé beaucoup à désirer. M. Wicart qui remplissait par complaisance le rôle d'Horace, s'est trop souvenu de son emploi de fort premier ténor, et a fait entendre des cris capables d'effrayer la muse délicate et légère de l'opéra-comique ; Mlle Van-den-Haute et M. Comte ont été souvent au-dessous de leur tâche. Seuls, M. Cléophas et Mlle Chevalier nous semblent avoir mérité des éloges. L’orchestre, conduit par M. Barbot, a suivi l'élan du compositeur. C'était à ne pas le reconnaître, tant nous sommes habitué, depuis longtemps à une exécution molle et décolorée. M. Barbot verra, dans la soirée de vendredi, un encouragement pour son avenir. Il y a chez ce jeune homme du talent, de l'esprit et du cœur. Avec de tels éléments, en est toujours sûr de réussir ; il faut seulement que M. Barbot se défie de ses moyens et qu'il travaille avec plus de calme et de réflexion, en étudiant la science des voix qu'il semble ne pas posséder complètement, ainsi que celle de l'orchestre, et en s'efforçant de donner à ses phrases cette carrure qui caractérise toujours le grand maître. L'opéra du M. Barbot a été le fait le plus important de la dernière quinzaine. Nous ne parlerons pas de la malheureuse reprise de la Muette de Portici. Le répertoire est toujours le même. Cependant remercions M. Dufresne de nous avoir rendu le Comte Ory et la Fille du Régiment, où le public applaudit cet artiste distingué, et Mlle Borchardt, qui chante de manière à nous laisser les plus vifs regrets sur son départ d'une scène où elle a reçu de si chaleureuses marques de sympathie. (A. Pujol, Journal de Toulouse, lundi 23 mai 1853)
|