Jules BARBOT

 

 

 

Joseph Théodore Désiré BARBOT dit Jules BARBOT

 

ténor français

(Toulouse, Haute-Garonne, 12 avril 1824* – Paris 9e, 26 décembre 1896*)

 

Fils de Jean Guillaume BARBOT (Toulouse, 06 mars 1790 – Toulouse, 09 septembre 1844), maître d'écriture [fils de Jean-Pierre BARBOT, boulanger], et de Cécile LAPORTE (– ap. 1850), mariés à Toulouse le 15 janvier 1817*.

Cousin éloigné de Paul BARBOT, compositeur.

Epouse à Paris ancien 2e le 16 mai 1850* Caroline BARBOT (1830–1893), cantatrice.

 

 

Il reçut à la maîtrise de sa ville natale une si bonne éducation musicale que, dès 1838, il était déjà premier violon au théâtre du Capitole. Il vint à Paris, encore bien jeune, ayant l'étude de la composition pour but et son violon comme unique moyen d'existence. Il entra au Conservatoire en 1842 et suivit d'abord la classe d'harmonie d'Antoine Elwart, qui lui conseilla de se consacrer à la musique vocale. Elève de Garcia, il obtint, au concours de 1845, un accessit de chant, le second prix de chant en 1846, et le premier prix de chant ainsi qu'un second prix d'opéra en 1847. Il commença à chanter aux Concerts du Conservatoire (aspirant le 20 novembre 1845 ; sociétaire le 16 novembre 1847 ; démissionnaire le 27 février 1849). Au mois d'octobre 1847, il débuta à l'Opéra dans le Comte Ory et joua successivement le Philtre, la Muette de Portici, Charles VI et Léopold de la Juive. Quelques mois plus tard, à la suite de la révolution de Février, Garcia alla s'installer à Londres et confia sa classe à son ancien élève, qui la dirigea avec succès jusqu'en 1850. C'est à cette époque qu'il épousa Mlle Caroline Douvry, dont il était le professeur, et déjà chanteuse légère à Vichy, sous la direction de Strauss. Ils s'éloignèrent bientôt de Paris, engagés tous deux au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles. Ils chantèrent trois ans dans cette ville et deux ans à Lyon. En 1856, M. Barbot débuta, le 12 mars, à la salle Favart, dans le rôle de Georges Brown de la Dame blanche. « L'agilité, la correction et le goût, dit M. A. de Rovray, sont les qualités dominantes du jeune ténor. Les notes de poitrine sont fort bonnes et ne manquent ni de force ni d'élan ; mais il excelle dans la voix de tête et dans la voix mixte ; il phrase bien, il sait filer un son et le diminuer jusqu'au pianissimo. Il respire où il faut respirer ; ses ornements sont bien choisis, sa vocalisation bien nette et il ne s'engage jamais dans un trait qu'il n'en sorte à son honneur. Il a dit l'invocation : Viens, gentille dame, avec un charme extrême, une délicatesse, un fini qui lui ont valu des tonnerres d'applaudissements. » Il chanta avec non moins de réussite Blondel de Richard Cœur de Lion, Zampa, Lionel de l'Eclair, Gaston des Dames-capitaines, de Reber (1857) ; Fra Diavolo, Surgis des Monténégrins (1858). Le 19 avril 1858, il créa avec sa femme le Siège de Lille d'A. Delannoy au Grand-Théâtre de Lille. Au commencement de mars 1859, il se disposait à quitter Paris quand la direction du Théâtre-Lyrique lui offrit de se charger du rôle de Faust dans l'opéra de Gounod. Il n'hésita pas à remplacer un acteur qui représentait ce rôle depuis un an, et il le joua dans l'espace de quinze jours. Ce fut sa dernière création. Il s'était retiré à Toulouse, quand il fut nommé, le 01 octobre 1875, professeur de chant au Conservatoire, en remplacement de Pauline Viardot ; poste qu'il occupa jusqu'au 01 octobre 1894, date à laquelle il fut atteint par la limite d'âge.

Il est décédé en 1896 à soixante-douze ans, en son domicile, 16 rue Halévy à Paris 9e.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra de Paris

 

Il y débuta en octobre 1847 dans le Comte Ory (le Comte Ory).

 

Il y créa le 16 juin 1848 l'Apparition (Alvar) de François Benoist.

 

Il y chanta la Juive (Léopold, 1848) ; la Muette de Portici (Masaniello, 1849) ; Robert le Diable (Raimbaut, 1849) ; le Philtre ; Charles VI.

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Il y débuta le 19 août 1850 dans l'Eclair (Lionel).

 

Il y fit sa rentrée le 12 mars 1856 dans la Dame blanche (Georges Brown).

 

Il y a créé le 03 juin 1857 les Dames-capitaines (Gaston de Marigny) de Napoléon Henri Reber.

 

Il y chanta Richard Cœur de Lion (Blondel, 1856) ; Zampa (Zampa, 1856) ; l'Eclair (Lionel, 1857) ; Fra Diavolo (Fra Diavolo) ; les Monténégrins (Surgis, 1858).

Sa carrière au Théâtre-Lyrique

 

Il y débuta le 19 mars 1859 en créant Faust (Faust) de Charles Gounod.

 

 

 

 

Son éducation musicale se fit à la maîtrise de la cathédrale de Toulouse, et il commença par apprendre le violon, qu'il étudiait d'ailleurs sans enthousiasme. Pourtant, à cette époque, il ne songeait nullement à devenir un chanteur, car il n'avait que très peu de voix, et elle était d'un timbre défectueux. M. Barbot vint à Paris, et fut admis au Conservatoire comme élève d'harmonie, le 25 mars 1843, dans la classe de M. Elwart. Peu de jours après, sur le conseil de ce dernier, il demandait à entrer dans une classe de chant, et en effet, le 25 mars suivant, il devenait l'élève de Garcia, et un peu plus tard de Morin et de Moreau-Sainti pour l'opéra-comique, et de Michelot pour l'opéra. Devenu pensionnaire en 1846, il ne prit part, je crois, à aucun concours, ce qui ne l'empêcha pas d'être engagé à l'Opéra à la fin de 1848, lorsqu'il quitta le Conservatoire. Chanteur remarquable à beaucoup d'égards, quoique sa voix fut incomplète, M. Barbot sut obtenir des succès, et l'un des plus brillants qu'il remporta lui fut procuré par le rôle de Faust, qu'il créa avec beaucoup de talent au Théâtre-Lyrique dans le chef-d'œuvre de M. Gounod. Mais la plus grande partie de sa carrière active s'écoula à l'étranger, où il avait abordé le genre italien, et qu'il parcourut pendant de longues années avec sa femme. On n'entendait plus parler de M. Barbot, lorsqu'un arrêté du ministre des beaux-arts, en date du 1er octobre 1876, le plaça à la tête de la classe de chant laissée vacante au Conservatoire par la démission de Mme Pauline Viardot.

(F.-J. Fétis, Biographie universelle des Musiciens, supplément d'Arthur Pougin, 1881)

 

 

 

 

 

Le ténor [Guardi] à qui avait été confié le rôle de Faust ne put, en dépit d’une voix charmante et d’un physique très agréable, soutenir le fardeau de ce rôle important et considérable. Quelques jours avant l’époque fixée pour la première représentation, on dut s’occuper de le remplacer, et on eut recours à Barbot, qui était alors disponible. En un mois, Barbot sut le rôle et fut prêt à jouer.

(Charles Gounod, Mémoires d’un artiste, 1896)

 

 

Il fallut se remettre à l'ouvrage, trouver un ténor ; on trouva Barbot, qui possédait, à défaut d'une grande voix, un grand talent. Il faisait fort bien le trille et ne consentit à jouer le rôle qu'à la condition de pouvoir, une fois au moins dans la soirée, perler un trille en toute liberté. Il fallut lui passer cette fantaisie, et un long trille enflé et diminué avec un art consommé, digne de servir de modèle à tous les trilles de l'univers, couronna le bel air : Salut, demeure chaste et pure, où il produisait l'effet d'une jolie boucle de cheveux sur un sorbet.

(Camille Saint-Saëns, Portraits et Souvenirs, 1899)

 

 

 

 

 

Encylopédie