SAINTE-FOY

 

Sainte-Foy, lithographie d'Alphonse Léon Noël (1851)

 

 

Louis Charles PUBEREAUX dit SAINTE-FOY

 

ténor (trial) français

(Vitry-le-François, Marne, 07 février 1817* Neuilly-sur-Seine, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 01 avril 1877*)

 

Fils de Charles Vincent PUBEREAUX (Vitry-le-François, 15 avril 1791 – Neuilly-sur-Seine, 07 décembre 1861*), marchand sellier [fils de Louis PUBEREAUX], et de Jeanne Adèle LESEURRE (Vitry-le-François, 18 février 1798 [30 pluviôse an VI] ap. 1877), mariés à Vitry-le-François le 10 janvier 1816*.

Epouse à Paris ancien 5e le 09 septembre 1843* Clarisse HENRY (1817–1896), soprano.

 

 

Il était le fils d'un ancien soldat du premier Empire que ses camarades avaient surnommé Sainte-Foy. Elève de Panseron et de Garaudé au Conservatoire, il débuta en 1840 à l'Opéra-Comique dans l'emploi des trials. Doué d'une voix nasillarde assez fâcheuse, mais dont il se servait avec habileté en en tirant des effets très comiques, excellent comédien et faisant preuve d'une verve bouffonne qui ne tombait jamais dans la trivialité, il obtint pendant près de trente ans des succès ininterrompus. Non seulement il reprit avec bonheur dans le répertoire tous les rôles de son emploi, mais il fit un grand nombre de créations dans : Galatée, Giralda, le Caïd, la Fée aux roses, le Carillonneur de Bruges, le Pardon de Ploërmel, Jocrisse, le Joaillier de Saint-James, les Absents, Zilda, le Fils du brigadier, le Voyage en Chine, etc. En 1862, il fit un court passage au Théâtre-Lyrique, puis rentra à l’Opéra-Comique. En 1869, Sainte-Foy quitta l'Opéra-Comique pour Saint-Pétersbourg, où on lui offrait un engagement. Là, son jeu plein de finesse ne fut pas compris du public. Il revint bientôt à Paris, fit une courte apparition aux Folies-Dramatiques dans le genre de l'opérette, où il créa le 11 avril 1874 la Belle Bourbonnaise d’Auguste Cœdès, et peu après fut obligé de quitter la scène par l'état de sa santé. Il est mort des suites d’un ramollissement du cerveau. Il avait chanté également aux Concerts du Conservatoire (aspirant le 10 décembre 1832 ; sociétaire du 23 décembre 1844 au 10 janvier 1856).

En 1843, il habitait 88 rue de Richelieu à Paris ; en 1855, 21 rue Buffaut à Paris. Il est décédé en 1877 à soixante ans, en son domicile, 92 rue de Longchamp à Neuilly-sur-Seine.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Il y débuta le 18 mai 1840 en créant Zanetta ou Jouer avec le feu (Dionigi) d'Esprit Auber.

 

Il y créa également le 17 juin 1840 le Cent-Suisse (Briolet) de Joseph Napoléon Ney ; le 06 mars 1841 les Diamants de la couronne (Mugnoz) d’Esprit Auber ; le 26 octobre 1841 la Main de fer (Job) d’Adolphe Adam ; le 02 novembre 1842 le Kiosque (Bibolo) de Jacques Féréol Mazas ; le 17 août 1844 les Deux gentilshommes de Justin Cadaux ; le 14 octobre 1844 le Mousquetaire de Georges Bousquet ; le 04 décembre 1844 Wallace de Rifaut, Garaudé, Boulanger et Girard ; le 10 février 1845 les Bergers Trumeaux de Louis Clapisson ; le 09 août 1845 le Ménétrier (Jeannowitz) de Théodore Labarre ; le 15 mai 1846 le Trompette de Monsieur le Prince de François Bazin ; le 27 mai 1846 le Veuf du Malabar d’Alexandre Doche ; le 05 août 1846 le Caquet du couvent d’Henri Potier ; le 08 février 1847 le Sultan Saladin (Pimperelle) de Luigi Bordèse ; le 10 août 1847 la Cachette (Robin) d’Ernest Boulanger ; le 29 octobre 1847 le Braconnier (Paternick) de Gustave Héquet ; le 21 février 1848 Gille ravisseur (Valentin) d’Albert Grisar ; le 13 septembre 1848 la Sournoise (Saint-Jean) d’Alphonse Thys ; le 03 janvier 1849 le Caïd (Ali-Bajou) d’Ambroise Thomas ; le 31 mars 1849 les Monténégrins (Poliquet) d’Armand Limnander ; le 01 octobre 1849 la Fée aux roses (Aboulfaris) de Fromental Halévy ; le 09 novembre 1849 le Moulin des Tilleuls (Trichard) d’Aimé Maillart ; le 12 janvier 1850 les Porcherons (vicomte de Jolicourt) d’Albert Grisar ; le 20 juillet 1850 Giralda (Ginès Perès) d’Adolphe Adam ; le 16 août 1851 la Séraphina d’Alfred de Saint-Julien ; le 01 décembre 1851 le Château de la Barbe-bleue (Don Fresco) d’Armand Limnander ; le 20 février 1852 le Carillonneur de Bruges (Van Bruck) d’Albert Grisar ; le 14 avril 1852 Galathée (Midas) de Victor Massé ; le 07 septembre 1852 le Père Gaillard (Jacques) d’Henri Reber ; le 02 février 1853 le Sourd (M. Danières) d’Adam ; le 28 avril 1853 l'Ombre d'Argentine d'Alexandre Montfort et la Lettre au bon Dieu (Pinck) de Gilbert Duprez ; le 20 octobre 1853 Colette de Justin Cadaux ; le 28 décembre 1853 les Papillotes de Monsieur Benoist (Benoist) d’Henri Reber ; le 05 juin 1854 la Fiancée du diable (Pistoïa) de Victor Massé ; le 29 septembre 1854 les Sabots de la marquise (Nicolas) d’Ernest Boulanger ; le 13 février 1855 Miss Fauvette de Victor Massé ; le 16 mars 1855 Yvonne de Napoléon Joseph Ney ; le 02 juin 1855 Jenny Bell d’Esprit Auber ; le 22 décembre 1855 les Saisons (Thibaut) de Victor Massé ; le 02 juin 1856 Pâquerette (Banalec) de Jules Duprato ; le 26 janvier 1857 Psyché (Antinoüs) d’Ambroise Thomas ; le 03 juin 1857 les Dames-capitaines (Fritz Bishoff) de Napoléon Henri Reber ; le 26 janvier 1858 les Désespérés (Fabrice) de François Bazin ; le 04 avril 1859 le Pardon de Ploërmel (Corentin) de Giacomo Meyerbeer ; le 23 avril 1860 le Château Trompette (Champagne) d'Auguste Gevaert ; le 24 décembre 1860 Barkouf (Bababeck) de Jacques Offenbach ; le 12 avril 1861 Royal-Cravate de Philippe de Massa ; le 15 mai 1861 Silvio-Silvia de Paul d'Estribaud ; le 11 décembre 1861 les Recruteurs d’Alfred Lefébure-Wély ; le 10 janvier 1862 Jocrisse (Jocrisse) d’Eugène Gautier ; le 17 février 1862 le Joaillier de Saint-James (Tom Krick) d’Albert Grisar ; le 13 avril 1863 Bataille d’amour (le Chevalier Ajax de Hautefeuille) d’Emmanuel Vaucorbeil ; le 11 janvier 1864 la Fiancée du roi de Garbe (Truxillo) d’Esprit Auber ; le 11 mai 1864 Sylvie (le père Jérôme) d’Ernest Guiraud ; le 26 octobre 1864 les Absents (Léonard) de Ferdinand Poise ; le 09 décembre 1865 le Voyage en Chine (Alidor de Rosenville) de François Bazin ; le 28 mai 1866 Zilda (le Cadi) de Friedrich von Flotow ; le 25 février 1867 le Fils du brigadier (Bittermann) de Victor Massé ; le 23 novembre 1867 Robinson Crusoé (Jim-Cocks) d'Offenbach ; le 15 février 1868 le Premier jour de bonheur (sir John Littlepol) d’Esprit Auber ; le 28 novembre 1868 le Corricolo (le Podestat de Bergame) de Ferdinand Poise ; le 10 mars 1869 Vert-Vert (Binet) d'Offenbach ; le 15 août 1869 la cantate le Centenaire d'Auguste Charlot ; le 20 décembre 1869 Rêve d’amour (Andoche) d’Auber ; le 24 mai 1873 le Roi l’a dit (Miton) de Léo Delibes.

 

Il participa à la première, le 28 mai 1858 des Deux aveugles (Patachon) de Jacques Offenbach.

 

Il y chanta Camille ; Cendrillon (le Sénéchal Dandini, 25 janvier 1845) de Niccolo Isouard ; la Dame blanche (Dickson) ; le Déserteur (Bertrand) ; les Deux Chasseurs et la Laitière ; Fra Diavolo (Mylord Cokbourg, 05 juin 1848) ; l’Irato (Docteur Balouard, 28 mai 1852) ; Jeannot et Colin (Blaise, juin 1850) ; Joconde (Maître Lerond) ; le Maître de chapelle (Benetto, 10 septembre 1848) ; Marie ; le Muletier (Flandrinos) ; le Nouveau Seigneur du village (Blaise, 24 mai 1848) ; le Pré-aux-Clercs (Cantarelli, 14 août 1848) ; les Rendez-vous bourgeois (Bertrand, 20 mai 1848 ; Reine, 20 mars 1873) ; Richard Cœur de Lion (Charles Guillot, 27 septembre 1841) ; Rose et Colas (Leroux, 12 mai 1862) ; le Tableau parlant ; les Voitures versées (un Voyageur, 07 mai 1852) ; Zampa (Dandolo, 01 septembre 1856).

Sa carrière au Théâtre-Lyrique

 

Il y débuta le 30 octobre 1862 en créant Hymne à la musique de Charles Gounod.

 

Il y chanta le Médecin malgré lui (Sganarelle, 14 novembre 1862).

 

 

 

 

Sainte-Foy dans le Pardon de Ploërmel (Corentin) en 1859

 

 

 

 

Il sortit du collège pour entrer, en 1836, au Conservatoire, où il suivit les classes de MM. Garaudé et Panseron pour la musique, et de M. Morin pour la déclamation. Sainte-Foy doit nécessairement se faire un nom dans l'emploi des Trial, Moreau, Féréol, qu'il remplit à l'Opéra-Comique depuis le mois de mai 1840. Le retour vers l'ancien répertoire, dont nous félicitons l'administration, ne peut manquer d'exercer une heureuse influence sur la position que Sainte-Foy a déjà su conquérir en jouant tour à tour avec talent la Dame blanche, Camille et le Pré-aux-Clercs.

(Acteurs et Actrices de Paris, 1842)

 

 

De la voix, de la gaîté, de la verve, de la naïveté, du naturel, de la jeunesse. Ste-Foy a succédé à Trial, à Moreau, à Dozainville, à Lesage, à Féréol, — mais comme Charlemagne avait succédé aux Rois Francs, — en les dépassant, d'un seul coup, de toute la hauteur de sa bouffonnerie Pantagruélique. Admirable queue rouge, il complète le triangle joyeux ayant nom Jocrisse, et qui compta a chacun de ses angles deux regrettables comédiens, Brunet et Alcide Tousez.

Sainte-Foy gagne 16.000 francs par an. Engagé pour deux années encore, — pour la forme, — il mourra au théâtre où il est né.

Le grand cousin du Déserteur. — les Rendez-vous bourgeois. — Fra Diavolo. — Valentin de Gille ravisseur. — Dickson de la Dame Blanche. — les Porcherons. — Colette. — les Sabots de la Marquise, etc.

(H. de Villemessant et B. Jouvin, Figaro, 22 octobre 1854)

 

 

Dit Alibajou ; comique par tempérament, il l'est plus par nature que par art. Il est drôle. Vingt-cinq ans de succès confirment la réputation méritée justement que nos pères lui ont faite. Manque d'originalité. Il faut lui rendre cette justice, du moins, que dans ces derniers temps il a laissé de côté les traditions de la vieille école comique à laquelle il appartient de cœur, pour chercher des effets à la manière de la génération nouvelle. L'Opéra-Comique sans Sainte-Foy est un dîner sans vin.

(Yveling Rambaud et E. Coulon, les Théâtres en robe de chambre : Opéra-Comique, 1866)

 

 

Fils d'un ancien soldat du premier Empire qui avait reçu de ses camarades le surnom de Sainte-Foy. Elevé au collège de sa ville natale, il en sortit pour entrer au Conservatoire et débuta au mois de mai 1840 au théâtre de l'Opéra-Comique. Reçu d'abord avec assez peu de succès, le travail et l'étude ne tardèrent pas à lui faire une place honorable à la scène. Doué d'un physique très favorable à l'emploi des niais chantants, d'une voix qui se prête avec souplesse aux excentricités des paysans et des valets lourdauds, d'un jeu excellent et plein de méthode, il a repris avec beaucoup de bonheur les rôles rendus célèbres par le talent des Trial et des Féréol. En outre, il compte dans le répertoire moderne une foule de créations originales. Nous citerons, parmi ses meilleures interprétations : les Deux gentilshommes, Wallace, le grand cousin dans le Déserteur, l'Anglais Kolbourg dans Fra Diavolo, l'Italien dans le Pré-aux-Clercs, l'Auvergnat dans Jeannot et Colin, Alibajou dans le Caïd, Flandrinos dans le Muletier, Benetto dans le Maître de chapelle, Dickson dans la Dame blanche, etc. Plus récemment, il a créé Champagne de Château Trompette, Midas de Galatée, Dandolo de Zampa, Jérôme de Sylvie, la Fiancée du roi de Garbe, Jocrisse dans la pièce de ce nom, le Joaillier de Saint-James, Léonard des Absents (1864), etc. M. Sainte-Foy, qui excelle dans le débit de la chansonnette, a souvent prêté le concours de son talent à des concerts et à des soirées musicales. M. Sainte-Foy a épousé Mlle Clarisse HENRY qui a débuté à l'Opéra-Comique la même année que son mari. Après avoir fait partie des chœurs, Mme Sainte-Foy a rempli quelques rôles où elle n'a obtenu que des succès peu marqués, souvent même contestés ; aussi, quittant bientôt le théâtre, elle s'est bornée depuis à la musique de chambre et de salon et s'est adonnée à l'enseignement musical.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)

 

 

Il était fils d'un soldat du premier empire. Sorti du collège en 1836, il vint à Paris et entra aussitôt au Conservatoire, où il devint l'élève de Panseron et de Garaudé pour le chant, et de Morin pour l’opéra-comique. Il débuta à l'Opéra-Comique au mois de mai 1840, dans l'emploi bouffe auquel Trial, son fondateur, donna son nom naguère, et qui avait été tenu dans la suite par Moreau, Lesage et Féréol. Sa voix aiguë et nasillarde ne fut jamais bien agréable à entendre, mais il en savait tirer des effets très comiques, et il s'en servait avec une habileté très réelle.

Dès ses débuts, Sainte-Foy fit preuve d'un excellent jeu scénique, toujours amusant, empreint selon les cas de ruse ou de naïveté, et qui était servi par une physionomie très mobile et des allures étranges qui ne tombaient jamais dans la trivialité. Parmi les rôles du répertoire que Sainte-Foy reprit avec le plus de succès, il faut citer ceux de l'Anglais dans Fra Diavolo, de Dickson dans la Dame Blanche, de Cantarelli dans le Pré-aux-Clercs, du grand cousin dans le Déserteur, de maître Lerond dans Joconde, de l'Auvergnat dans Jeannot et Colin, puis encore les Rendez-vous bourgeois, Zampa, Marie, le Tableau parlant, les Deux Chasseurs et la Laitière. Il réussit pleinement dans l’emploi qu’il avait adopté et qui lui convenait si bien, et les créations ne se firent pas attendre pour lui. Parmi les meilleures, nous citerons celles qu'il fit dans Giralda, le Caïd, la Fée aux Roses, le Carillonneur de Bruges, le Pardon de Ploërmel, Jocrisse, le Joaillier de Saint-James, le Voyage en Chine, les Absents, le Fils du Brigadier, Zilda, etc. Son talent était d’ailleurs très souple, et nous nous rappelons le succès de larmes qu'il obtint au troisième acte du Joaillier de Saint-James, de Grisar, en chantant de la façon la plus touchante des couplets que la salle voulut entendre jusqu'à trois fois.

En 1869, Sainte-Foy, engagé par la Russie, quitta l'Opéra-Comique et se rendit à Saint-Pétersbourg, où l'on ne comprit pas la finesse de son jeu. Il n'y resta pas longtemps, et, de retour à Paris, alla se fourvoyer aux Folies-Dramatiques, où il ne passa qu'un instant, pour y jouer la Belle Bourbonnaise. Sa santé, du reste, s'était déjà altérée, et il était sous le coup de la maladie qui devait l'emporter. Il dit adieu au théâtre, et se retira dans une petite propriété qu'il possédait à Neuilly. C'est là que, depuis deux ou trois ans, la paralysie l'avait cloué, lorsqu’il mourut le 1er avril 1877, la santé et la raison l'ayant abandonné.

Sainte-Foy avait épousé une chanteuse, Mlle Clarisse Henry, qui avait débuté la même année que lui à l'Opéra-Comique, mais qui presque aussitôt avait renoncé au théâtre. Les deux époux, d'ailleurs, ne vécurent pas longtemps ensemble.

(François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, supplément d'Arthur Pougin, 1878-1880)

 

 

Mlle Clarisse Henry était une chanteuse fort aimable, et, comme femme, douée d'une rare beauté. Son histoire est touchante. Devenue peu de temps après ses débuts l'épouse de son camarade Sainte-Foy, l'excellent trial, elle quitta presque aussitôt la scène, mais prit l'habitude d'accompagner son mari chaque soir au théâtre, pour l'aider à s'habiller. Un jour, sous un prétexte quelconque, celui-ci lui dit : « Tu ne viendras pas ce soir avec moi », et jamais il ne remit les pieds chez lui. Dès le lendemain il était en ménage avec une autre de ses camarades, Mlle T... Point de bruit, point de scandale, aucune réclamation de la part de la pauvre jeune femme abandonnée, qui d'ailleurs espérait toujours le retour de l'infidèle. Plus tard un notaire intervint et obtint à l'amiable, de Sainte-Foy, qu'il ferait à sa femme une pension, laquelle ne fut jamais payée. Mme Sainte-Foy, restée seule ainsi, vécut alors avec sa sœur, Mlle Laure Henry, chanteuse comme elle. Toutes deux donnaient des leçons, toutes deux entrèrent dans les chœurs de la Société des concerts, menant une existence aussi modeste que tranquille. L'une et l'autre se retirèrent de la Société des concerts en 1870, et avec le reliquat qui leur en revenait, elles achetèrent à Barbizon une maisonnette où elles s'installèrent définitivement et où, — fait touchant — Mme Sainte-Foy aménagea une chambre destinée à son mari, en disant que s'il revenait jamais il serait toujours le bien reçu et accueilli à bras ouverts. Lui, pendant ce temps, partait, toujours avec Mlle T... (qu'il faisait passer pour sa femme et qui portait son nom) pour la Russie, où il n'obtint point de succès et d'où il revint s'échouer aux Folies-Dramatiques, où il ne fut pas plus heureux. On sait qu'il mourut à Neuilly le 1er avril 1877. Quant à sa femme, qui excusa toujours sa conduite envers elle en la mettant sur le compte d'une étonnante faiblesse de caractère, elle est morte à Barbizon au mois de janvier 1896.

(Arthur Pougin, le Ménestrel, 23 août 1896)

 

 

Le 10 novembre 1871, je rentrais à cet Eldorado, par la grande porte ! […] J'étais allé partout étudier les autres artistes et apprendre d'eux ce qui me manquait. À l'Opéra-Comique, je m'inspirais de Sainte-Foy, l'excellent trial de Galathée et du Caïd et surtout de Couderc, dans les Noces de Jeannette. Ce dernier me donnait le type rêvé du jeune paysan, coq du village, fringant dans ses atours, naïf, malicieux, et je l'appliquai à ma chansonnette J' suis chatouilleux qui, à l'Eldorado, retrouva l'énorme succès des Ambassadeurs.

(Paulus, Trente ans de café-concert, 1908)

 

 

 

 

 

Sainte-Foy [BNF]

 

 

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