Jules PUGET
Jacques Marius PUGET dit Jules PUGET
ténor français
(Marseille, Bouches-du-Rhône, 24 avril 1820* – 5 rue Duperré, Paris 9e, 17 octobre 1887*)
Fils de Pierre PUGET, cultivateur, et de Marie Thérèse ROUBAUD.
Adopte à Paris le 05 août 1872 [acte du 07 septembre 1872 à Paris 9e*] Paul PUGET (1848–1917), compositeur, fils naturel de sa future femme.
Epouse à Paris 9e le 20 octobre 1880* Marie Geneviève Eulalie CURET (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône, 04 janvier 1821* – ap. 1887), fille de Jacques Gaspard CURET (Aix-en-Provence, 06 janvier 1784 – Alger, Algérie française, 24 juin 1871*), bottier puis artiste dramatique, et de Marie Louise Gabrielle Elisabeth DAVID (1788 – av. 1871) ; sœur de Marius Honoré CURET (Aix-en-Provence, 06 février 1809 – Alger, 09 avril 1847*), directeur du théâtre d’Alger ; épouse 1. à Marseille le 08 février 1840* Régis Joseph Marie CARPENTRAS (Marseille, 07 juin 1817 – Marseille, 09 décembre 1879), peintre, parents de Jules Félix Marius CARPENTRAS dit Félix PUGET, ténor [voir ci-dessous].
Doué d'une jolie voix de ténor et poussé de bonne heure par goût vers le théâtre, il se joignit, vers quinze ans, à une société d'amateurs qui s'était formée pour jouer de petites pièces. S'étant fait admettre au conservatoire de sa ville natale, il s'y fit remarquer par ses rapides progrès et remporta les prix de chant, de solfège et de déclamation. Après avoir débuté à Marseille dans la Dame blanche, Puget se rendit à Alger, où il joua la comédie et le drame, puis se tourna définitivement vers les rôles lyriques. Il parut, dans les grands rôles d'opéra et d'opéra-comique, successivement à Toulon, à Nantes, à La Haye, à Marseille, à Toulouse, à Rouen. Engagé à l'Opéra-Comique de Paris par Perrin, il s'y fit applaudir dans la plupart des rôles qu'il avait joués avec succès en province et fut principalement remarqué dans celui de Shakespeare du Songe d'une nuit d'été, dans ceux d'Andréol, de la Fiancée du Diable, et de Desgrieux, de Manon Lescaut, qu'il créa. En 1856, Puget fut engagé au Grand Opéra, ou il apparut avec moins de succès que sur la scène qu'il venait de quitter. L'année suivante, il chanta sur le grand théâtre de Florence. Par la suite, il entra au Théâtre-Lyrique, où il créa notamment le Roi Candaule. Il fut ensuite professeur de chant à Paris, et eut, parmi ses élèves, Emma Calvé.
En 1855, il habitait 38 rue de la Chaussée-d'Antin à Paris 9e ; en 1871, 14 avenue Victoria à Paris 1er ; en 1872, 34 rue Petrelle à Paris 9e ; en 1880, 33 avenue Trudaine à Paris 9e, où il était domicilié lors de son décès, survenu en 1887 à soixante-sept ans. Il est enterré au cimetière de Montmartre (24e division).
Son beau-fils, Jules Félix Marius CARPENTRAS dit Félix PUGET (Marseille, 08 août 1843* – Paris 16e, 06 avril 1923*) [épouse 1. Marie Prosper Euphémie NYON ; épouse 2. Marie Antoinette AMIRAUD], ténorino, a débuté à l’Opéra-Comique le 16 juillet 1873 dans la Fille du Régiment (Tonio). Puis il a chanté au Théâtre de la Renaissance, où il a créé quatre opérettes de Charles Lecocq : le 11 novembre 1874 Giroflé-Girofla (Marasquin), le 21 décembre 1875 la Petite mariée (San-Carlo), le 18 octobre 1876 Kosiki (Fitzo), et le 03 février 1877 la Marjolaine (Frickel), et où il a participé à la première le 27 avril 1875 de la Reine Indigo (Janio) de Johann Strauss II [version française de Jaime et Wilder]. Il a ensuite créé le 20 mars 1880 aux Fantaisies-Parisiennes à Bruxelles la Nuit de Saint-Germain de Gaston Serpette, et chanté aux Fantaisies-Parisiennes (Théâtre Beaumarchais) à Paris, où il a créé le 01 septembre 1880 le Ménétrier de Meudon de Germain Laurens, et le 08 février 1881 la Calza de Mansour.
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il y débuta en juin 1853 dans les Mousquetaires de la Reine.
Il y créa le 05 juin 1854 la Fiancée du diable (Andiol Guillemard) de Victor Massé ; le 23 février 1856 Manon Lescaut (Desgrieux) d’Esprit Auber.
Il y chanta la Dame blanche (Georges Brown, 1854) ; Haydée ou le Secret (Andréa, 1853) ; le Pré-aux-Clercs (Mergy, 1854) ; Richard Cœur de Lion (Blondel) ; le Songe d'une nuit d'été (Shakespeare). |
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 25 juillet 1856 dans Lucie de Lammermoor (Edgard).
Il y chanta les Huguenots (Raoul de Nangis, 1857). |
Sa carrière au Théâtre-Lyrique
Il y participa à la première le 14 juin 1864 de Norma (Pollion) de Vincenzo Bellini [version française d’Etienne Monnier].
Il y créa le 09 juin 1865 le Roi Candaule (Gygès) d’Eugène Diaz ; le 22 septembre 1865 le Roi des mines (Otto) d’Edmond Cherouvrier ; le 14 janvier 1867 Déborah (Allan Mac Donald) d’Alphonse Devin-Duvivier ; le 27 avril 1867 Roméo et Juliette (Tybalt) de Charles Gounod ; le 15 août 1867 la cantate Paix et Liberté ! de Jules Massenet.
Il y chanta Rigoletto (le Duc de Mantoue, 16 décembre 1865) ; Faust (Faust, 27 octobre 1867). |
« Figaro a dit de ce jeune artiste : — « La voix de M. Puget est une clarinette d'aveugle ; mais le chanteur ne sait pas encore jouer de son instrument. » M. Puget a beaucoup trop réussi en province ; on le peut comparer à ces touristes qui, ayant parcouru à pied une grande quantité de pays, ont gardé de la boue de chaque localité leurs souliers de voyage. — La critique pourrait baptiser au besoin chacune des excentricités du chanteur : — Ce chevrotement : Rouen ! — ce trait miaulé en fausset : Marseille ! comme un dégustateur qui fait la grimace en avalant du Suresnes. L’artiste ne manque pas absolument des qualités du comédien, mais il est fâcheux que son entrain et sa verve aient toujours le transport et la fièvre chaude. Au demeurant, M. Puget a de l'intelligence et, dans certains rôles, il a conquis le gros du public. Il n'a réussi entièrement que dans la Dame Blanche ; mais il est tombé tout à fait dans le Pré-aux-Clercs. — Une partie de perdue, une autre de gagnée ! — à bientôt, il faut l’espérer, la bonne. 18 mois d'engagement ; 15.000 francs par an. » (H. de Villemessant et B. Jouvin, Figaro, 22 octobre 1854)
La mort continue de frapper sans relâche parmi nos artistes. Nous avons à enregistrer aujourd'hui la perte de Jules Puget, l'ancien ténor de l'Opéra-Comique et du Théâtre-Lyrique, qui est mort dimanche dernier à quatre heures du matin, des suites d'une congestion cérébrale qui l'avait frappé la veille au soir. Né à Saint-Henri, commune de Marseille, Puget, qui était un descendant direct de l'illustre sculpteur Pierre Puget, était âgé de soixante-sept ans, et non de soixante-quatorze, comme l'indique le dictionnaire de Vapereau, qui lui donne aussi par erreur le prénom d'Henri. Après avoir obtenu les premiers prix de solfège, de chant et de déclamation au Conservatoire de Marseille, Puget fit ses débuts au théâtre d'Alger, sous la direction d'Honoré Curet [frère de sa future femme]. Il alla ensuite se faire applaudir à Toulon, à Nantes, à la Haye. Émile Perrin l'engagea en 1853 à l'Opéra-Comique. Là, il créa la Fiancée du Diable, de Victor Massé, et Manon Lescaut, d'Auber, et reprit plusieurs rôles du répertoire. L'Opéra eut aussi Puget pour pensionnaire. Il débuta à ce théâtre dans Lucie, et on assure que Duprez, qui se trouvait ce soir-là dans les coulisses, lui dit qu'à part lui-même, personne n'avait jamais si bien chanté Edgard !... De l'Opéra, l'artiste se rendit en Italie. Il se fit entendre à la Scala, revint chanter en province, et, finalement, signa un traité avec le Théâtre-Lyrique, où, sous la première direction Carvalho, il créa Tybalt de Roméo et Juliette, le Roi des Mines, de M. Cherouvrier, le Roi Candaule, de M. Eugène Diaz, et Deborah, de M. Devin-Duvivier. Ses très grands succès, en somme, furent Haydée et Richard Cœur de Lion. Artiste d'un talent véritable et d'un tempérament passionné, doué de très réelles qualités de comédien, Puget avait malheureusement un défaut naturel et irrémédiable, une sorte de voile qui s'étendait sur sa voix et qui lui enlevait à la fois le timbre, la chaleur et la force. Sans cette particularité, nul doute que le chanteur ne se fit placé au premier rang des artistes de son temps. Il faut mentionner, à l'actif de sa carrière, l'apparition qu'il fit dans Norma, à la Porte-Saint-Martin, lorsqu'en 1864, à la suite du décret sur la liberté des théâtres, celui-ci montra quelques velléités lyriques et donna quelques représentations de Norma et du Barbier de Séville. Dans ces dernières années, Puget s'était voué au professorat, et il forma plusieurs élèves qui lui font honneur : M. Vinche, une excellente basse profonde, qui, croyons-nous, triomphe en ce moment à la Monnaie de Bruxelles ; Mlle Calvé, M. Jourdan, etc... Ami particulier de Rossini, il obtint que le grand maître composât pour lui deux morceaux, un, entre autres, l'Exilé, dont les paroles furent écrites par M. Ferraris, le mari de la célèbre danseuse. Puget laisse une veuve et deux [beaux-]fils : M. Paul Puget, grand prix de Rome et compositeur distingué, et M. Félix Puget, gentil ténorino qui se fit remarquer à la Renaissance. (le Ménestrel, 23 octobre 1887)
|
tombe au cimetière de Montmartre, du compositeur Paul Puget, de sa seconde femme, et de son beau-père le ténor Jules Puget (le médaillon représente Jules Puget)
"Cette semaine, au cimetière Montmartre, de nombreux amis et élèves de Jules Puget assistaient à l’inauguration du tombeau élevé à sa mémoire. On a surtout remarqué un très artistique médaillon du regretté ténor, signé du nom de M. Zacharie Astruc."
(le Ménestrel, 21 octobre 1888)