Paul PARAY

 

 

 

Paul Marie Adolphe Charles PARAY dit Paul PARAY

 

chef d'orchestre et compositeur français

(rue de la Batterie, Le Tréport, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime], 24 mai 1886* Monte-Carlo, Monaco, 10 octobre 1979)

 

Fils d’Auguste Adolphe Charles PARAY (Dieppe, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime], 12 avril 1853 Le Tréport, 30 décembre 1934), marchand d’objets d’ivoirerie, sculpteur, organiste et compositeur [fils d’Arsène Charles Nicolas PARAY (Dieppe, 14 octobre 1818 – Dieppe, 12 avril 1866), corroyeur], et d’Hortense Eugénie PICARD (Le Tréport, 26  octobre 1862 Le Tréport, 18 avril 1947), mariés au Tréport le 07 janvier 1880.

Frère d’Auguste Adolphe Charles PARAY (Le Tréport, 30 avril 1883 Armentières, Nord, 27 avril 1950), professeur de musique.

Adopté le 04 décembre 1924 par Marguerite Victoire Marie Louise LAMOUREUX (Paris 16e, 24 août 1861* 23 juin 1941), fille de Charles LAMOUREUX, chef d’orchestre, veuve de Camille CHEVILLARD (1859–1923), chef d’orchestre.

Epouse 1. à Paris 18e le 18 décembre 1918* (divorce le 23 décembre 1930) Marcelle DELIRY (Paris 10e, 11 janvier 1893 Mortain, Manche, 10 juin 1990).

Parents de Paule Madeleine PARAY (Paris 10e, 27 février 1915 Paris 15e, 26 décembre 1998), et de Monique Jacqueline PARAY (Paris 17e, 09 novembre 1919 Avranches, Manche, 04 août 2003).

Epouse 2. à Cassis, Bouches-du-Rhône, le 25 août 1942 Fanny Yolande FALCK (Diemeringen, Bas-Rhin, 18 novembre 1901 Monaco, 15 juin 1985).

 

 

Fils d’un sculpteur qui était de surcroît organiste et chef de musique, il fit ses études musicales à la maîtrise de la cathédrale de Rouen, puis sous la direction de H. Dallier et au Conservatoire de Paris. Elève de Lenepveu et de Vidal pour la composition, il obtint en 1906 un second prix et en 1908 un premier prix d'harmonie, en 1909 un second prix de contrepoint, en 1910 le second grand prix de Rome avec la cantate Acis et Galatée, et en 1911, le premier grand prix avec la cantate Yanitza. Prisonnier en septembre 1914, il a écrit après sa libération un Quatuor à cordes et une Sonate pour piano et violoncelle, qui comptent parmi ses œuvres les plus remarquables. On lui doit des pièces pour piano, à deux et quatre mains, de la musique de chambre, en dehors du quatuor et de la sonate précités, une Sonate pour violon et piano et un Trio pour piano, violon et violoncelle, des chœurs, des mélodies, des motets, un oratorio Jeanne d'Arc, écrit en 1931 pour le 500e anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc, une suite d'orchestre Adonis troublé, d'où il a tiré le ballet Artémis troublée, représenté à l'Opéra en 1922. Paray ne s'est pas moins imposé à l'attention comme chef d'orchestre des Concerts Lamoureux, fonction qu'il a brillamment exercée, d'abord en collaboration avec Chevillard de 1920 à 1923, et seul, de 1923 à 1928, date à laquelle il est devenu directeur de la musique et chef d'orchestre à Monte-Carlo.

Il a poursuivi sa carrière à Vichy, Strasbourg, puis il a succédé à Gabriel Pierné à la tête de l'orchestre Colonne (1932), et a dirigé durant la Seconde Guerre mondiale de nombreuses associations symphoniques dans le sud-est de la France. Sa renommée internationale l’a orienté vers les principaux pays d’Europe et du Nouveau Monde, et l’Etat d’Israël. Il a été élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1950. Il a été nommé grand-croix de la Légion d'honneur en 1975.

Sa carrière de chef d'orchestre à l’Opéra de Paris : en 1923, en représentation, il dirigea son ballet Artémis troublée. Engagé, il y débuta le 24 octobre 1934 en dirigeant Siegfried. Il assura des reprises de Tristan et Isolde, Coppélia, le Coq d’or (1936), Ariane, les Maîtres chanteurs de Nuremberg (1937), Thaïs, Ariane et Barbe-Bleue (1939), la Damnation de Faust (1940). Il y créa le 21 juin 1935 Images de Gabriel Pierné, le 20 mai 1936 Ileana de Marcel Bertrand, le 15 juin 1936 Un baiser pour rien de Manuel Rosenthal. Il y dirigea la première le 19 juin 1936 de l’Amour sorcier de Manuel de Falla.

Il est décédé en 1979 à quatre-vingt-treize ans. Il est enterré au cimetière du Tréport.

 

 

 

ballets

 

Artémis troublée, ballet en 1 acte, argument de Léon Bakst (Opéra de Paris, 28 avril 1922)

 

 

              

 

Eclaircie, pour piano, de Paul Paray (1912)

 

 

 

Paul Paray porté en triomphe après la proclamation du résultat du concours de Rome

de dr. à g. : Félix Leroux, Marcel Chadeigne, Raymond Pech, G. Paulet ; nos collaborateurs : Louis Vuillemin, René Delange, Schmidt et Sigwalt

(Musica, août 1911)

 

 

 

Paul Paray nous parle de la vie musicale aux Etats-Unis

 

Paul Paray, l'éminent chef d'orchestre français qui fut longtemps à la tête de l'Orchestre des Concerts Lamoureux, puis des Concerts Colonne, est venu à Paris diriger l'orchestre de la Radio-Télévision Française les 12 et 19 avril derniers, pour deux grands concerts exceptionnels. M. Paul Paray dirige, depuis quatre ans, l'Orchestre Symphonique de Detroit, qui compte maintenant parmi les meilleurs orchestres des Etats-Unis.

 

La chevelure à peine moins drue qu'autrefois et toujours flamboyante, l'œil chargé d'éclairs, le geste empreint d'autorité léonine, tel nous avons connu Paul Paray au pupitre des Concerts Lamoureux, des Concerts Colonne, de l'Orchestre Symphonique de Monte-Carlo, tel nous l'avons retrouvé, après cinq ans d'absence, dirigeant l'orchestre de la Radio-Télévision Française. Et l'on sait que le Maître revient en France, ce mois-ci, pour conduire au Festival de Besançon.

Profitant d'une répétition, nous nous sommes glissés dans la salle assombrie du Théâtre des Champs-Elysées, parmi les fauteuils recouverts de housses. Il y règne une atmosphère de travail. Le maître est au pupitre, les violons vibrent, les bois murmurent, les cuivres donnent en douceur dans le lointain : nous sommes en pleine forêt wagnérienne. Tout à coup, au milieu de ces bruissements harmonieux, éclatent des rugissements :

« Non, non et non ! Messieurs ! Gardez-moi ce tempo tout en pensant à celui qui va suivre immédiatement. Vous jouez ta - ta - ta - ta -, et moi je pense déjà à ta ta ta ta, ta ta ta ta : il faut que le second soit comme déjà inclus dans le premier, qu'il en naisse, qu'il en découle. C'est ainsi qu'on crée une atmosphère ! »

Et le pied gauche, les deux bras, les épaules indiquent, avec une sûreté infaillible, le rythme complexe et son enchaînement, tandis que l'orchestre docile reprend, fond, enchaîne et fait surgir, comme par enchantement, sous la main experte, des jeux, du soleil parmi les ramées des lointaines clairières...

« Je n'interprète jamais pendant les répétitions », nous dit Paul Paray qui se repose dans sa loge, « ceci est de la simple mise en place. Il faut que toutes les difficultés techniques soient d'abord surmontées, si l'on veut pouvoir vraiment « jouer » le jour du concert, et communiquer au public le plaisir que l'on éprouve soi-même au contact de la musique. »

 

L'Orchestre Symphonique de Detroit, « orchestre français ».

 

« Oui, j'arrive d'Amérique où l'on m'a confié la direction et la formation de l'Orchestre Symphonique de Detroit, dans l'intention d'en faire un grand orchestre symphonique. C'est à cette tâche que je me suis consacré depuis quatre ans, et je suis enchanté des résultats. Grâce à des appuis sûrs et puissants, et à beaucoup de travail, j'ai pu former un ensemble qui peut s'aligner maintenant avec les plus grands orchestres symphoniques américains. »

— Avez-vous rencontré, dans votre travail aux Etats-Unis, des difficultés, ou des facilités particulières que vous n'auriez pas rencontrées en France ?

— « Non, pas de difficultés particulières. Toscanini et Bruno Walter, pour n'en citer que deux parmi les plus grands, ont répété, à qui voulait les entendre, que les meilleurs musiciens d'orchestre se trouvent en France. Mais un orchestre est, avant tout, ce que le fait son chef. On a dit de l'orchestre de Detroit que c'était un orchestre français. C'est simplement parce que j'insiste sur certaines qualités de finesse, de grâce, de transparence qui sont plus spécifiquement françaises. Par exemple, j'exige que les cuivres ne jouent jamais « gros », mais que l'attaque incisive remplace le volume du son dans les « forte ». Ce qui est beau, c'est le son qui part du fond de l'orchestre et, sans effort, emplit la salle. Un chanteur, qui a peu de voix, mais qui sait chanter, fait passer ses notes jusqu'au dernier rang de la plus vaste salle, alors que des voix énormes en volume peuvent ne pas dépasser le quatrième rang d'orchestre. Avec les instruments, c'est la même chose. Je dégraisse... »

 

Detroit, 4 500 auditeurs à tous les concerts.

 

« Des facilités ? J'en ai rencontré de deux sortes, et de précieuses. D'abord l'admirable soutien d'une Société de Concerts qui ne veut pas devoir son existence au mécénat — ce qui est méritoire dans la ville des magnats de la construction automobile — et qui garde, par conséquent, les mains libres au point de vue artistique. Je ne donne qu'un concert par semaine, pour lequel je peux avoir autant de répétitions que je veux, à la cadence de quatre ou même cinq par semaine : donc, une excellente préparation. Mais cet unique concert attire, toutes les fois, 4 500 auditeurs, dont 3 500 abonnés. Vous pouvez concevoir l'indépendance financière et la liberté dans le choix des programmes qu'une pareille assiduité du public peut assurer.

Et ceci m'amène au second point : la ferveur avec laquelle le public américain accueille la musique. On sent encore la jeunesse de ce peuple, qui a soif d'apprendre, son avidité et son humilité devant les trésors de la culture. Vous savez, les Américains viennent au concert comme ça ! » Et Paul Paray esquisse de ses deux mains jointes le geste d'une dévote révérence.

— Cela me permet, reprend-il, de donner beaucoup de musique contemporaine.

— De la musique américaine ?

— De tout. La musique américaine est fort intéressante, mais elle est encore dans le creuset. J'ai conduit, récemment, avec le Boston Symphony Orchestra, une belle symphonie de Samuel Barber. J'ai déploré la mort prématurée de Gershwin. Je suis convaincu qu'il aurait atteint aux grands sommets.

— Vos projets ?

— Retourner à Detroit et continuer l'œuvre si bien commencée à la tête de cet orchestre.

 

(W.-K. Joris, Musica, septembre 1956)

 

 

 

 

Paul Paray en 1958

 

 

Il fallut toute l'autorité de l'organiste Dallier pour que le tout jeune Paul Paray (né au Tréport, en 1886) obtint de ses parents l'autorisation de s'engager sur les chemins de la musique. Confiance qui ne fut pas déçue, puisque, après s'être soumis aux habituelles disciplines du Conservatoire de Paris, Paul Paray en sortait avec le Grand Prix de Rome. Que faire après le séjour à la Villa Médicis ? Courir les risques d'une aride carrière de compositeur ? La guerre venue, et les hostilités terminées, le hasard l'envoie dans une ville d'eau pour y conduire un petit orchestre. Les musiciens (ils sont de l'orchestre Lamoureux) ont remarqué son sens de l'autorité, et le signalent à leur chef, Camille Chevillard, qui lie connaissance avec Paul Paray et lui confie la direction d'un concert. Le public ratifie ce choix. Nommé chef adjoint, Paray deviendra plus tard chef et, après Lamoureux, sera à la tête des Concerts Colonne. Le compositeur ne s'effaça pas devant le chef auquel l'expérience du créateur apportait une pénétration plus sensible. L'étranger lui fait les plus engageantes propositions, et Paul Paray se rend en Amérique où il s'est acquis de solides sympathies.

Ami de la culture classique, aimant plus l'ordre acquis qu'orienté vers les recherches de l'extrémisme, Paul Paray n'en reste pas moins un loyal défenseur de toutes les musiques. Nature enthousiaste, il se donne entièrement à l'œuvre, chaleur intérieure que traduit sa mimique. Il conduit avec ampleur, avec netteté, avec une vigueur qui se double d'élégance. Le geste largement étalé, Paray rappelle l'attitude d'un sportif acceptant de lutter avec les sonorités qu'il discipline. De son pupitre, il domine ses musiciens, qui suivent sa direction franche, décidée, sans dureté dictatoriale, alliant l'intelligence lucide à l'émotion tendue.

(Paul Le Flem, Musica disques, novembre 1958)

 

 

 

 

 

                                       

 

Symphonie pour orchestre et piano sur un chant montagnard français

(Vincent d'Indy) [1er, 2e et 3e mouv.]

Marguerite Long (piano) et l'Association Artistique des Concerts Colonne dir. Paul Paray

Columbia LFX 352 à 354, mat. CLX 1788 à 1791, 1794 et 1795, enr. les 24 et 25 mai 1934

 

 

         

 

Une nuit sur le Mont Chauve

(Modest Moussorgski)

l'Association Artistique des Concerts Colonne dir. Paul Paray

Columbia BFX 14, mat. CLX 1792 et 1793, enr. le 25 mai 1934

 

 

 

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