Marguerite MACÉ-MONTROUGE

 

Marguerite Macé-Montrouge en 1877 [photo E. Tourtin]

 

 

Victoire Elisa MACÉ dite Marguerite MACÉ-MONTROUGE

 

actrice française

(Paris ancien 2e, 24 mars 1834* – Argenteuil, Seine-et-Oise [auj. Val-d'Oise], 24 novembre 1898*)

 

Fille naturelle d'Elisabeth MACÉ (– Paris ancien 12e, 19 novembre 1859*).

Epouse à Paris 17e le 18 avril 1865* Louis Emile HESNARD dit MONTROUGE (1826–1903), acteur.

 

 

Elève de Provost au Conservatoire de 1848 à 1850, elle débuta en 1850 au Gymnase, où elle resta trois ans à jouer les rôles travestis, puis joua aux Variétés, aux Bouffes-Parisiens, lors de la création de ce théâtre par Offenbach (1855), où elle créa plusieurs opérettes, dont le Duel de Benjamin d'Emile Jonas le 20 octobre 1855 ; le Docteur Miracle (Véronique) sur une musique de Bizet (08 avril) et une de Lecocq (09 avril 1857) ; le Roi boit (Louisette) d'Emile Jonas le 09 avril 1857 ; Mam'zelle Jeanne (Margot) de Léonce Cohen le 17 février 1858 ; la Chatte métamorphosée en femme (Marianne) d'Offenbach le 19 avril 1858. Elle joua ensuite à Liège, en province, à la Porte-Saint-Martin, puis entra, en 1863, aux Folies-Marigny, dont elle épousa le directeur, Montrouge. Elle y créa, avec lui, Ondines au champagne de Lecocq le 03 septembre 1866. Elle joua ensuite pendant trois ans au Caire. De retour à Paris en 1876, elle entra à l'Athénée sous la direction de Montrouge. Elle y créa Lequel ?, le Cabinet Piperlin, etc. Cette actrice excellente, pleine de belle humeur et de verve originale, joua ensuite aux Bouffes-Parisiens, où elle fut très applaudie dans les créations de Joséphine vendue par ses sœurs (mère Jacob) de Victor Roger le 20 mars 1886 et de Miss Helyett (l'Espagnole) d'Edmond Audran le 12 novembre 1890. Elle y avait également créé Mam'zelle Crénom de Léon Vasseur le 19 janvier 1888, le Valet de cœur de Raoul Pugno le 19 avril 1888, Oscarine (Oscarine) de Victor Roger le 15 octobre 1888, le Mariage avant la lettre d'Olivier Métra le 05 décembre 1888 et le Mari de la reine (Patouillard) d'André Messager le 18 décembre 1889. A partir de 1894, elle joua aux Nouveautés, où elle créa Fanoche, l’Hôtel du Libre-Echange, la Tortue, et, en dernier lieu, les Petites Folles (1897). Elle jouait ce qu'on appelait les « femmes de feu », et sauvait par sa verve ce que le personnage avait parfois de désobligeant.

En 1895, elle habitait 8 rue Nationale à Argenteuil, où elle est décédée en 1898 à soixante-quatre ans.

 

 

 

 

Le physique de Déjazet, à qui elle ressemble étonnamment. Élève de chant du Conservatoire, elle y est entrée exceptionnellement à huit ans. Ses professeurs furent Samson et Provost ; l'un voulait qu'elle jouât les Agnès, les ingénues ; l'autre les soubrettes et les Dorine. Elle débuta à quatorze ans au Gymnase, dans les rôles de Jenny Verpré. Scribe avait pour elle beaucoup d'admiration. Elle a été de là au Vaudeville et aux Bouffes, dont elle inaugura l'ouverture avec Darcier et Berthelier. Puis elle a voyagé. C'est à elle qu'Hippolyte Cogniard, que Laurent appelle saint Denis parce qu'il a continuellement sa tête dans ses mains, dit qu'elle n'avait pas l'air assez dégagé et le nez assez retroussé pour jouer les Alphonsine. Oh !... c'est vous, monsieur Cogniard, qui n'aviez pas de nez du tout le jour où vous avez commis cette erreur. On voulait lui donner les Colbrun dans les drames ! Mais est-il nécessaire qu’il pleuve dans mes narines pour jouer les soubrettes ? répondit Macé.

Elle a créé madame Barbe-Bleue avec un talent rare. Madame Macé est éveillée et très bonne comédienne. Elle aurait dû créer la Belle Hélène. Elle joue en dehors et elle a une mesure extraordinaire. C'est de plus une musicienne des mieux organisées. Elle et son mari font la paire.

(Yveling Rambaud et E. Coulon, les Théâtres en robe de chambre : Folies-Marigny, 1866)

 

 

Elle entra fort jeune au Conservatoire, où elle reçut les leçons de Samson et de Provost. A treize ans et demi, elle débuta sur la scène de l'Ecole lyrique. M. Montigny lui ayant offert un engagement au Gymnase, elle quitta le Conservatoire pour entrer à ce théâtre et y débuta en 1850 dans la Volière. Trois ans plus tard, Mlle Macé passa au Vaudeville. Par son jeu spirituel et vif, elle conquit rapidement la faveur du public. Comme elle chantait fort agréablement, M. Offenbach. l'attacha aux Bouffes-Parisiens, qu'il venait d'ouvrir (1855). La jeune actrice créa avec un plein succès des rôles dans plusieurs opérettes, notamment dans la Nuit blanche, Trafalgar, Orphée aux Enfers, la Chatte métamorphosée, etc. En 1860, Mlle Macé quitta Paris pour aller chanter l'opérette à Liège. De là elle passa à Rouen (1861), et, l'année suivante, elle entra à la Porte-Saint-Martin, où elle débuta dans le Pied de mouton. Montrouge, ayant pris la direction des Folies-Marigny en 1863, attacha à son théâtre
Mlle Macé, qui contribua puissamment au succès de son entreprise et qu'il épousa. Ils quittèrent l'un et l'autre le théâtre des Folies-Marigny lorsque Montaubry en prit la direction ; puis, en 1874, ils se rendirent au Caire. Pendant trois saisons, Mme Macé-Montrouge joua dans cette ville l'opérette et le vaudeville. En 1876, Montrouge prit la direction de l'Athénée-Comique. Sa femme revint alors d'Egypte et lui apporta le concours de sa verve originale et de sa belle humeur.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)

 

 

 

Marguerite Macé-Montrouge (photo atelier Nadar) [BNF]

 

 

Élevée par sa grand‑mère aux Batignolles, elle alla de très bonne heure en pension et montra, aussitôt, une vive intelligence. Dès l'âge de six ans, elle tapotait gentiment sur le piano et chantait la chansonnette avec une verve endiablée.

Très gâtée par sa famille et, encouragée par les compliments qui lui étaient continuellement prodigués, elle manifesta promptement l’intention de monter sur les planches et obtint que ses parent la fissent entrer dans une classe de solfège, au Conservatoire. N'ayant encore que huit ans, elle dut attendre sa dixième année pour se présenter comme auditeur dans une classe de déclamation.

Élève de Samson, elle concourut dans le rôle d'Agnès de l'Ecole des Femmes, fut admise et entra dans la classe de Provost qui, remarquant sa physionomie ouverte et éveillée, la dirigea vers un autre emploi, celui des soubrettes.

Avec deux professeurs aussi éminents, on conçoit qu'elle dut faire de rapides progrès ; aussi n'avait-elle que treize ans et demi lorsque, suivant des errements encore mis en pratique par les jeunes élèves d'aujourd'hui, elle parut pour la première fois sur la scène de l'École lyrique, dans la Fille terrible, et la Veuve de quinze ans.

M. Monteguy l'y ayant entendue n'hésita pas à lui faire des propositions pour le Gymnase. Malgré l'avis de ses parents qui eussent préféré la voir rester au Conservatoire jusqu'à ce qu'elle eût remporté le prix, l'enfant, toute heureuse de se voir artiste dans un grand théâtre de Paris, parvint à faire signer son engagement.

Mlle Macé débuta donc au théâtre du boulevard Bonne-Nouvelle, en avril 1850, dans la Volière ou les Oiseaux politiques. Son succès fut assez vif. Scribe la trouva charmante et Jenny Vertpré, alors la reine de ce théâtre, la prenant en affection, lui donna des conseils.

De 1850 à 1853, la jeune comédienne passa en revue une bonne partie du répertoire de Jenny Vertpré et de Désirée. Ses succès principaux furent : les Pupilles de dame Charlotte, le Souper de la Marquise, les Baignoires du Gymnase, les Mémoires du Gymnase, le Marquis de Labretèche, le Mariage enfantin, etc. Elle fit aussi deux créations : le Vol à la roulade et Faust et Marguerite.

Du Gymnase, Mlle Macé passa au Vaudeville où on l'applaudit surtout dans : les Vins de France, Madame est de retour, la Faillite de Thibeaudeau.

Lorsque, l'année suivante, les Bouffes‑Parisiens firent leur première ouverture aux Champs-Elysées, Mlle Macé fit partie de la troupe ; ce genre nouveau répondait bien, en effet, à la nature de son talent. Vive, légère, spirituelle et fine, elle avait tout ce qu'il fallait pour aider à la réussite de l'entreprise d'Offenbach. De 1855 à 1859, elle resta à ce théâtre où ses créations eurent lieu dans : la Nuit blanche, Entrez, Messieurs, Mesdames, le Rêve d'une nuit d'été, Trafalgar, la Charmeuse, Orphée aux Enfers (rôle de l'Opinion), Après l'Orage, la Chatte métamorphosée, Six Demoiselles à marier, les Petits Prodiges.

En 1860, elle partit pour Liège, comme chanteuse d'opérette, en compagnie de Zulma Bouffar.

En 1861, elle fut engagée à Rouen, par M. Halanzier, alors directeur dans cette ville. Puis en 1862, elle reparaît à Paris, à la Porte-Saint-Martin, dans une reprise du Pied de Mouton.

C'est en faisant, en province, la fameuse tournée du Pied de mouton, que Mlle Macé rencontra Montrouge dont elle devait devenir la femme. Dans cette féerie, Montrouge jouait Lazarille et Mlle Macé, Guzman.

En 1863 eut, lieu l'ouverture du petit théâtre des Folies-Marigny que Montrouge devait si habilement diriger et qui fut, pendant quelques années, le rendez-vous d'une société toute particulière disparue avec l'Empire.

Là Mlle Macé-Montrouge devint une étoile. Il était impossible, en effet, d'enlever avec plus de brio et d'entrain des rôles dont la plupart du temps son jeu faisait tout le mérite. Les Virtuoses, Barbe-Bleue, le Cabaret de Ramponneau, Ondines au champagne, le Dernier Romain, et Cinq Revues dont le succès dura plusieurs mois pour chacune, la montrèrent comédienne véritable et la rendirent justement populaire.

Lorsque Montrouge eut cédé son théâtre à Montaubry, Mme Macé le suivit nécessairement et l'un et l'autre prirent un temps de repos.

Un brillant engagement les appela tous les deux au Caire, en 1874. Mme Macé-Montrouge fit là trois saisons entières jusqu'à fin 1876, et joua le répertoire le plus varié de l'opérette et du genre léger. C'est peut-être pendant ces trois années qu'elle dépensa le plus de talent ; aussi les gazettes égyptiennes nous apportèrent-elles souvent le bruit de ses succès.

Revenu à Paris un an avant sa femme, quand Montrouge voulut relever le théâtre de l'Athénée-Comique, il dut forcément se passer du précieux concours de la joyeuse artiste ; mais cette année, à la réouverture, l'engagement de Mme Macé‑Montrouge étant expiré au Caire, celle‑ci est vite accourue reprendre sa place aux côtés de son mari, et nous avons retrouvé ce joyeux duo d'éclat de rire si franc et si entraînant, qui fit la fortune des Folies-Marigny. Ainsi , tous les soirs, dans Boum, la Voilà ! l'amusante revue en cours de représentation, c'est une véritable fête de voir l'excellent compère et sa brillante comédienne lutter de belle humeur et de verve endiablée.

Ce qui donne au talent de Mme Macé‑Montrouge une saveur toute particulière, c'est sa complète originalité. Elle n'a imité personne et nulle n'a tenté de marcher sur ses brisées. Nature essentiellement personnelle, elle laisse, dans l'interprétation de ses rôles, une grande place à l'imprévu, à l'inspiration du moment et, malgré cela, elle apporte une mesure extraordinaire dans l'entente de la composition d'un personnage. Son action sur le public s'explique par ces deux qualités, très rares à rencontrer et aussi par l'éclat de son jeu, tout en dehors, autre privilège qui est loin d'être commun. Avec une artiste de cette valeur, l'Athénée, déjà ramené à la vie par son habile directeur, va voir revenir à lui tout public ami de la fantaisie, public plus nombreux que l'on ne croit, aux besoins duquel l'opérette est loin de donner toujours satisfaction.

 

(Félix Jahyer, Paris-Théâtre, 15 février 1877)

 

 

 

 

 

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