Léocadie LEMERCIER

 

Léocadie Lemercier en 1860 [BNF]

 

 

Marie Charlotte Léocadie LEMERCIER dite Léocadie LEMERCIER

 

soprano français

(Blois, Loir-et-Cher, 09 avril 1827* – Paris 9e, 09 août 1907*)

 

Fille de Jean François Hippolyte LEMERCIER (Paris, 26 décembre 1798 – ap. 1838), employé à la direction des contributions directes, et de Sophie (Blois, 14 mai 1796 – ap. 1838) [née de parents inconnus], mariés à Blois le 21 juin 1821*.

Sœur d’Honorine Aurélie LEMERCIER dite Aurélie BETTY, soprano.

 

Au Conservatoire de Paris, elle obtint en 1845 un 2e accessit de chant. Engagée à l’Opéra-Comique en mai 1846, alors installé dans la seconde salle Favart, elle y fit de nombreuses créations. Elle quitta ce théâtre en 1862.

En 1855, elle habitait 16 rue Navarin à Paris. Elle est décédée en 1907, célibataire, à quatre-vingts ans en son domicile, 13bis rue des Mathurins à Paris 9e.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Elle y débuta, 2e salle Favart, le 29 juin 1846 dans Zémire et Azor (Zémire) de Grétry.

 

Elle y créa le 16 janvier 1847 Ne touchez pas à la reine ! (Estrella) de Xavier Boisselot ; le 29 octobre 1847 le Braconnier (Lisa) de Gustave Héquet ; le 09 février 1848 la Nuit de Noël (Gertrude) d’Henri Reber ; le 21 février 1848 Gille ravisseur (Isabelle) d’Albert Grisar ; le 13 septembre 1848 la Sournoise (Marion) d’Alphonse Thys ; le 31 mars 1849 les Monténégrins (Régina, avec reprise le 14 août 1858) d’Armand Limnander ; le 07 juillet 1849 la Nuit de la Saint-Sylvestre de François Bazin ; le 01 octobre 1849 la Fée aux roses (Gulnare) de Fromental Halévy ; le 09 novembre 1849 le Moulin des Tilleuls (Justine) d’Aimé Maillart ; le 01 juillet 1850 le Talisman de Giovanni Josse ; le 19 février 1851 Bonsoir, monsieur Pantalon ! (Colombine) de Grisar ; le 05 juin 1851 Raymond ou le Secret de la Reine (la Comtesse) d’Ambroise Thomas ; le 01 décembre 1851 le Château de la Barbe-Bleue (Mirette) de Limnander ; le 19 mars 1852 le Farfadet (Babet) d’Adolphe Adam ; le 02 février 1853 le Sourd (Pétronille) d’Adam ; le 28 avril 1853 l’Ombre d’Argentine d’Alexandre Montfort ; le 16 février 1854 l’Etoile du Nord (Nathalie) de Giacomo Meyerbeer ; le 05 juin 1854 la Fiancée du Diable (Gillette) de Victor Massé ; le 29 septembre 1854 les Sabots de la marquise (Lise) d’Ernest Boulanger ; le 16 janvier 1855 le Chien du jardinier (Marcelle) de Grisar ; le 08 octobre 1855 Deucalion et Pyrrha (Coraline) d’Alexandre Montfort ; le 22 décembre 1855 les Saisons (Zénobie) de Massé ; le 23 février 1856 Manon Lescaut (Marguerite) d’Esprit Auber ; le 20 mai 1857 la Clé des champs (Mme Dubarry) de Louis Deffès ; le 03 juin 1857 les Dames-capitaines (Jeannette) de Reber ; le 26 janvier 1858 les Désespérés (Stéphanette) de François Bazin ; le 28 avril 1858 les Chaises à porteurs (Eliane) de Massé ; le 16 décembre 1858 les Trois Nicolas (Rosette) de Louis Clapisson ; le 13 mai 1859 le Diable au moulin (Toinette) de François-Auguste Gevaert ; le 24 février 1860 le Roman d’Elvire (Lilla) de Thomas ; le 23 avril 1860 le Château Trompette (la Cadichonne) de Gevaert ; le 28 août 1860 le Docteur Mirobolan (Dorine) d’Eugène Gautier ; le 04 mars 1861 le Jardinier galant (Mme Tiphaine) de Ferdinand Poise ; le 12 avril 1861 Royal-Cravate (Toinon) d’Alfred de Massa ; le 30 avril 1861 Salvator Rosa (Bamboccio) de Jules Duprato.

 

Elle y chanta Paul et Virginie (Virginie, 1846) de Kreutzer ; les Rendez-vous bourgeois (Julie, 20 mai 1848) de Niccolo Isouard ; le Pré-aux-Clercs (Nicette, 14 août 1848) ; l’Irato (Isabelle, 28 mai 1852) de Méhul ; Zampa (Ritta, 01 septembre 1856) d’Hérold ; Ma tante dort (Martine) d'Henri Caspers ; Rose et Colas (la Mère Bobi, 12 mai 1862) de Monsigny.

 

 

 

 

Léocadie Lemercier

 

 

Reprise de Zémire et Azor à l’Opéra-Comique.

La partition de Grétry sera toutefois fort écoutée des uns avec plaisir, des autres avec recueillement ; tout le monde voudra d’ailleurs applaudir la petite merveille qui vient de se révéler dans le rôle de Zémire. Mlle Léocadie Lemercier joint à toutes les belles qualités d’une extrême jeunesse, à la beauté, à la fraîcheur d’organe, à la naïveté, au naturel, les qualités que d’ordinaire donne seule l’expérience. Elle chante avec beaucoup de grâce, vocalise avec une grande perfection et promet une actrice distinguée.

(la Sylphide, 1846)

 

 

Beaucoup de verve, d'esprit et de malice ; de la soudaineté dans le geste, de la mobilité dans la physionomie ; une voix sonore, un peu chevrotante à l'aigu, mais qui emporte la pièce et fait rebondir l'intention du musicien et le mot du poète ; un brio qui met le feu aux quatre coins d'un rôle. Un défaut, aussi, un tic — qui pourrait devenir une grimace — contracté par la jeune artiste depuis le grand succès de Gille ravisseur, et qui consiste à renverser la tête, comme si elle voulait tenir en équilibre son nez, qui ne doit pas la gêner beaucoup, cependant, sa charmante physionomie.

Mlle Lemercier remplit à ce théâtre un emploi brillamment tenu par trois femmes qui ne se ressemblaient guère : Mme Boulanger, Mme Pradher, Mlle Darcier, — et elle ne ressemble à aucune des trois. Elle ne rappelle ni le charme bon enfant de la première, ni l'élégance, la distinction et le sentiment de la seconde, ni le talent si vrai, quoique profondément étudié de la dernière. Elle leur est sans doute inférieure en bien des points, mais elle est différente, et c'est ce qui la sauve.

Mlle Lemercier a débuté en 1846 ; son engagement expire au mois de mai prochain ; elle gagne 12.000 fr. par an.

Gille ravisseur. — les Rendez-vous bourgeois. — Bonsoir, M. Pantalon ! le Sourd. — le Maçon. — les Sabots de la marquise.

(H. de Villemessant et B. Jouvin, Figaro, 22 octobre 1854)

 

 

Elle est née d'une honnête famille de la bourgeoisie. Elle montra de bonne heure d'heureuses dispositions pour l'art dramatique. Admise au Conservatoire, elle obtint un second accessit de chant au concours de 1845 et débuta à l'Opéra-Comique, le 29 juin 1846, par le rôle de Zémire dans Zémire et Azor, opéra de Grétry. Mlle Lemercier fit preuve d'un véritable talent de comédienne, mais sa voix parut manquer de souplesse et de charme. Renonçant d'elle-même à l'emploi des prima-donna, elle prit celui des Dugazon et son succès fut complet. Dès lors, elle devint la favorite du public et rallia les suffrages des plus difficiles. Les auteurs en vogue s'empressèrent de composer des rôles qui mettaient en relief cette verve endiablée, saupoudrée au besoin d'une pointe de sentiment, cet art de dire, où le naturel s'alliait à l'esprit le plus délicat. La Déjazet lyrique n'avait qu'à paraître pour conquérir l'ovation refusée parfois à ses prétentieuses rivales. Mlle Lemercier s'est retirée du théâtre il y a quelques années, en plein succès. Elle avait une physionomie plus spirituelle que jolie. Ses manières étaient vives, et sa voix, qui rappelait un peu celle de Déjazet, avait plus de mordant que de souplesse. Voici la liste de ses principales créations : Estrella, dans Ne touchez pas à la reine, opéra de M. Boisselot ; Gertrude, de la Nuit de Noël, opéra de M. Reber ; Régina, des Monténégrins, opéra de M. Limnander ; Gulnare, de la Fée aux roses, opéra d'Halévy ; Justine, dans le Moulin des Tilleuls, opéra de M. Aimé Maillard ; Natalie, de l'Etoile du Nord, opéra de Meyerbeer ; Gillette, de la Fiancée du Diable, opéra de Victor Massé ; Marguerite, de Manon Lescaut, opéra d'Auber ; Rosette, dans les Trois Nicolas, opéra de Clapisson, etc. Mlle Lemercier se distingua aussi dans l'ancien répertoire.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)

 

 

 

 

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