Raoul LAPARRA
Raoul Laparra en 1931
Raoul Louis Félix Émile Mary LAPARRA dit Raoul LAPARRA
compositeur français
(17 bis rue Turenne, Bordeaux, section 1, Gironde, 13 mai 1876* – 10 quai Gallieni, Suresnes, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 04 avril 1943*)
Fils de Joseph Édouard LAPARRA (Omps, Cantal, 06 janvier 1834* – Bordeaux, section 2, 17 mai 1913*), négociant [fils de Joseph LAPARRA (Aurillac, Cantal, 1784 – Omps, 19 mai 1840), maire d'Omps], et de Marguerite MOLLO (Bordeaux, 04 février 1843 – Bordeaux, 30 janvier 1910), mariés à Bordeaux le 22 janvier 1863.
Frère de William Julien Émile Édouard LAPARRA (Bordeaux, section 2, 25 novembre 1873* – Hecho, Aragon, Espagne, 05 septembre 1920), peintre [épouse 1. à Paris 8e le 27 décembre 1902* Franciszka Joanna Wanda LANDOWSKA (Paris 9e, 12 août 1879 – Paris 15e, 26 mai 1904), pianiste, sœur du sculpteur Paul LANDOWSKI ; épouse 2. à Saint-Jean-de-Luz, Basses-Pyrénées [auj. Pyrénées-Atlantiques], le 14 septembre 1908 Fanny Céline BERTRAND (Paris 6e, 22 avril 1889 – Boulogne-sur-Seine [auj. Boulogne-Billancourt], Seine [auj. Hauts-de-Seine], 09 janvier 1939), traductrice] ; et de Marcel William Édouard LAPARRA (Bordeaux, section 1, 30 septembre 1877* – Paris 14e, 19 décembre 1950*), violon solo des Concerts Colonne et de l'Orchestre national.
Epouse à Paris 17e le 29 octobre 1907 Marie Irène SHANAFELT (Suffield, Ohio, États-Unis, 07 mars 1878 – ap. 1943), soprano.
Parents de Jules Pagès dit Giulio ou Julio Pagès LAPARRA (Los Angeles, Etats-Unis, 05 septembre 1914 – 1978), peintre.
Il entra très jeune au Conservatoire de Paris, où il travailla le piano avec Louis Diémer, l'harmonie avec Lavignac, et la composition avec Jules Massenet et Gédalge. Il y obtint en 1894 un second prix de piano, en 1897 un second prix d’harmonie. Elève de Gabriel Fauré, il remporta le grand prix de Rome en 1903 avec sa cantate Alyssa. Il fut toujours inspiré par l'Espagne où il fit de nombreux séjours. Il a surtout composé pour le théâtre, utilisant fréquemment dans ses œuvres, des thèmes basques et espagnols. On lui doit des œuvres fortes, colorées, émouvantes : Peau d’âne (1899) ; la Habanera (Opéra-Comique, 1908 ; Londres et Boston, 1910), qui a été jouée tant en France qu’à l’étranger avec un grand succès et qui le plaça d'emblée parmi les grands compositeurs lyriques ; Amphitryon, inspiré de Plaute et Molière, et modifié un peu à l'orientale ; la Jota (Opéra-Comique, 1911) ; le Joueur de viole (Opéra-Comique, 1925) ; l’Illustre Fregona (Opéra, 1931). Il a écrit également de nombreuses mélodies pour chant et piano, entre autres : Nuages, Voici le soir, Un Rêve, le Missel chantant (suite de mélodies sur de vieilles poésies françaises), un Quatuor à cordes, une suite d'orchestre : Danses basques, envoi de Rome exécuté à l'Institut (novembre 1907), plusieurs pièces pour piano seul, des œuvres symphoniques et une suite pour piano et orchestre : Un dimanche basque, d’une expression vigoureuse et sincère. Il a écrit lui-même les paroles de plusieurs de ses mélodies, et a été également son propre librettiste. Il a signé une étude, Musique et danse populaire en Espagne (1920), une autre sur Bizet et l'Espagne (1935). Il est mort pour la France à titre civil car il fut tué lors du bombardement du 04 avril 1943.
En 1942, il habitait avec sa femme au 13 rue de l’Abbaye à Paris 6e, où il était domicilié lors de son décès, survenu en 1943 à soixante-six ans. Il est enterré à Chézy-sur-Marne (Aisne).
œuvres lyriques
Peau d’âne, opéra-comique (Bordeaux, 03 février 1899) Alyssa, légende irlandaise, livret de Marguerite Coiffier et Eugène Adenis (Institut, 27 juin 1903 avec Mlle Marcelle Demougeot (Alyssa, la fée), MM. David Devriès (Braïzil, jeune chef irlandais), Félix Vieuille (le Barde, porte-glaive)) => partition la Habanera, drame lyrique en 3 actes et un prologue, livret du compositeur (Opéra-Comique, 26 février 1908) => fiche technique Amphitryon, comédie lyrique d'après la comédie de Molière, envoi de Rome (1905) (Conservatoire, 30 décembre 1908) la Jota, conte lyrique en 2 actes, livret du compositeur (Opéra-Comique, 26 avril 1911) => fiche technique le Joueur de Viole, conte lyrique en 4 actes, livret du compositeur (Opéra-Comique, 24 décembre 1925) => fiche technique las Toreras, zarzuela en 1 acte suivie d'un ballet, d'après Tirso de Molina (Lille, 17 janvier 1929) l’Illustre Frégona, zarzuela en 3 actes, livret du compositeur (Opéra, 16 février 1931) => fiche technique
mélodies
Amour de moi s’y est enclose (l’), poésie du XVe siècle => partition Chanson de mon tout petit (la), poésie de Robert Dieudonné (1909) => partition Comment se peut-il faire ainsi ?, rondel, poésie de Charles d’Orléans => partition Dieu, qu’il la fait bon regarder !, rondel, poésie de Charles d’Orléans => partition En regardant ces belles fleurs, rondel, poésie de Charles d’Orléans => partition En voyant sa dame au matin, poésie du XVe siècle => partition Gardez le trait de la fenestre, rondel, poésie de Charles d’Orléans => partition Is sont trois cornemuseux, chanson, poésie populaire du Berry => partition Jamais, poésie d’Alfred de Musset, musique tirée de la Fantaisie pour piano de Schubert (1907) Lettre à une Espagnole, poésie du compositeur (1907) => partition Lieds de notre amour, poésies du compositeur (1902) => partition Matinale, poésie du compositeur (1909) => partition Missel chantant (le), 48 mélodies sur des vieilles poésies françaises Montrez-les-moi, ces pauvres yeux, rondel, poésie de Charles d’Orléans => partition Moulins moulant (les), poésie populaire du Languedoc => partition Nuages Petit mercier, petit panier !, chanson, poésie de Charles d’Orléans => partition Quand je fus pris au pavillon, rondel, poésie de Charles d’Orléans => partition Seize Mélodies sur des thèmes populaires d’Espagne => partition Siège de Vire (le), poésie d’Olivier Basselin => partition Un Rêve Voici le soir
œuvres instrumentales
Danses basques, suite d'orchestre (Institut, novembre 1907) Rythmes espagnols, pour piano (1913) => partition Sonate n°1 pour violon (1911) => partition Suite ancienne en marge de Don Quichotte (1921) => partition Suite pour piano (1927) Un dimanche basque, suite pour piano et orchestre |
Jamais
poésie d’Alfred de Musset, musique de Raoul Laparra tirée de la Fantaisie pour piano de Schubert
liste des mélodies du Missel chantant de Raoul Laparra
Une bombe a tué, dimanche, Raoul Laparra dans une clinique où il était en traitement, mettant ainsi brutalement en deuil la musique française. Laparra était un des compositeurs qui ont marqué le plus vigoureusement notre théâtre lyrique contemporain. Né à Bordeaux le 13 mai 1876, de famille bordelaise, ayant deux frères : l'aîné William, peintre de talent puissant, mort prématurément ; le cadet, violoniste, qui fait actuellement partie de l'Orchestre national, Raoul Laparra, prix de Rome à vingt-sept ans, avait le tempérament, les aspirations, l'aspect d'un homme du Midi. Du sang maure devait bien certainement couler dans les veines de cet artiste ardent à l'expression directe, généreux, étranger par ailleurs aux cénacles et aux modes, et qui a consacré à la péninsule ibérique – si l'on excepte le Joueur de viole – la plus significative partie de son œuvre. D'abord la Habanera, représentée en 1908 et dont l'Opéra-Comique vient de fêter la centième représentation : dernière joie du compositeur. Puis la Jota. Enfin une « zarzuela » pleine de couleur et de vie, pour laquelle l'Opéra inaugurait une ingénieuse scène tournante : l'Illustre Frégona. Laparra était vraiment l'unique auteur de son œuvre. Il en écrivit les livrets, en prévoyait les décors, en esquissait les costumes, estimant qu'aucun de ces éléments n'avait d'importance moindre, concourant au même but, avec des moyens différents, mais se rejoignant, se complétant. Il disparaît atrocement, injustement, trop tôt. (le Petit Parisien, 08 avril 1943)
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Son œuvre, malgré quelques brillantes pages symphoniques ou de musique de chambre, est principalement axée sur le théâtre. On lui doit quelques ouvrages de qualité, dont il écrivit également les livrets et dessina les costumes et les décors ; il a su y faire vivre une Espagne assurément moins authentique que celle de Falla, mais stylisée avec bonheur : la Habanera, créée à l'Opéra-Comique en 1808, la Jota (1911), le Joueur de viole (1925), l'Illustre Frégona (1929).
(André Hodeir, Larousse Mensuel Illustré, 1951)
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Raoul Laparra en 1903