Henri LAGET
Paul Pierre Marie Henry LAGET dit Henri LAGET
basse française
(Toulouse, Haute-Garonne, 10 décembre 1821* – Rieux [auj. Rieux-Volvestre], Haute-Garonne, 14 septembre 1875*)
Fils de Joseph Henry Frédéric LAGET (Montpellier, Hérault, 28 juillet 1790 – ap. 1838), négociant, et de Jeanne Marie Clara GRESSE (15 août 1802 –), mariés à Toulouse le 21 février 1821.
Epouse à Paris ancien 3e le 07 août 1847* Marie Victorine HORNOGA (– av. 1875).
Elève de M. Despéramons (lui-même ancien élève de Garat) à l'Ecole de Musique de Toulouse, il fut reçu au Conservatoire de Paris en mai 1844. Il en fut rayé lorsqu'il débuta à l'Opéra, puis réadmis de 1846 à 1847. Il chanta également aux Concerts du Conservatoire (sociétaire du 23 novembre 1847 à mai 1851). Mais le théâtre ne lui fut pas favorable, soit que sa santé, qui laissa toujours à désirer, se trouvât mal des fatigues qu'il lui causait, soit que les auteurs hésitassent à lui confier des rôles nouveaux. Toujours est-il qu'au bout de quelques années, Laget quitta la scène pour se livrer à l’enseignement. Par arrêté du maire de Toulouse le 19 septembre 1849, il fut nommé professeur de chant au Conservatoire de Toulouse, classe des hommes, en remplacement de M. Despéramons, décédé. Dans cette nouvelle carrière, il réussit pleinement, et le 1er mai 1856 il était nommé professeur de chant au Conservatoire de Paris en remplacement de Bordogni ; sa classe fut bientôt considérée comme une des meilleures de cet établissement, et l'on peut surtout citer parmi les élèves qui en sortirent MM. Caron, Roudil, Miral, Melchissédec, Bosquin, Géraizer, Mlles Daram, Baretti, Mauduit, etc. Laget a rempli ses fonctions de professeur au Conservatoire jusqu'au 1er février 1875, date à laquelle il démissionna et fut remplacé par Henri Potier, l'état précaire de sa santé l'obligeant à un repos absolu. Ce repos ne suffit pas à la rétablir, et Laget, qui était allé se fixer à Rieux (Haute-Garonne), non loin de sa ville natale, y mourut le 14 septembre suivant, âgé de cinquante-trois ans.
En 1862, il habitait 22 passage Saulnier à Paris 9e.
Il ne doit pas être confondu avec le ténor Auguste Laget.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 02 juillet 1845 dans la Juive (le Cardinal de Brogni). |
Fidelio de Beethoven par les élèves du Conservatoire sous la direction de Habeneck, salle des Menus Plaisirs [22 juin 1845]. M. Laget (élève de Banderali et Morin), a joué et chanté le rôle de basse du geôlier Roc, comme un homme digne de remplir le bel engagement qu’il vient de contracter avec l’Opéra. (le Ménestrel, 29 juin 1845)
Opéra. Après les débuts de M. Arnoux, basse qui n’a pas été admise à prendre place à l’Opéra, et ceux de M. Paulin, le ténor léger et fiorituré, qui a été reçu par contre, nous avons entendu cette semaine M. Laget, élève du Conservatoire, classe de Banderali. Ce jeune artiste a fait sa première apparition dans le Cardinal de la Juive, et, comme nous en avons fait ressortir l’indispensabilité dans notre dernier numéro, il reparaîtra plusieurs fois dans le même rôle. A une première audition, M. Laget a fait le plus grand plaisir ; sa voix est bonne, large, assez souple et imposante, comme il convient aux voix de basse, sans cependant perdre de sa rondeur et de son charme. Nous en reparlerons après une seconde audition. Ce même soir, Duprez était rappelé dans Eléazar, à la suite du quatrième acte ; il a été magnifique. Quelques jours avant, il essayait, mais en vain, de chanter Raoul des Huguenots. Cela tient-il à la musique ou au baromètre. (le Ménestrel, 06 juillet 1845)
Opéra. Laget a reparu dans la Juive, et son succès a été confirmé. (le Ménestrel, 13 juillet 1845)
Il y a sur nos bitumes deux chanteurs appelés Laget : l’un est aussi Tom-Pouce que possible ; l'autre, au contraire, atteint presque la hauteur du géant espagnol ; l'un possède une jolie petite voix de ténor léger [Auguste Laget], l'autre est une belle et bonne basse taille [Henri Laget]. Dernièrement une lettre timbrée de Sées (Orne) arrive à Paris avec cette adresse : Monsieur Laget, artiste dramatique au Théâtre royal de l'Opéra. On la porte immédiatement à l’héritier de Levasseur, qui la décachette et lit ce qui suit : Monsieur, Je siens d'apprendre votre brillant début dans le rôle du cardinal de la Juive, permettez-moi de joindre mes félicitations à celles que vous avez déjà reçues. Il y a bien longtemps que vous aspiriez à cette position et que vous m'avez fait part de vos espérances dans la très agréable soirée que j'ai passée avec vous aux Variétés en 1842. Souffrez que du fond de ma province je m’associe à toutes vos joies ; au mois d'octobre prochain j'espère aller vous entendre et vous applaudir. Recevez, etc. Roger Desgenettes, Receveur des contributions directes. Le nouveau pensionnaire de l’Académie royale de Musique n'ayant jamais ouï parler, en fait de Degenettes, que du célèbre docteur qui s'inocula la peste, pensa bien que cette célébrité défunte n'était pis ressuscitée pour se faire contrôleur des contributions ; en conséquence, il s’en fut trouver son homonyme le ténor, et lui demanda si ce ne serait pas lui qu'on aurait pris pour une basse. Laget le ténor se souvint en effet qu'il connaissait M. Degenettes, mais il avoua franchement qu'il n'aurait jamais cru ce monsieur, qui l'avait applaudi dans le rôle de Daniel du Chalet, capable de supposer qu'il chantait aujourd'hui le rôle du cardinal de la Juive. Il résulte de ce qui précède, ou que M. Desgenettes conserve un bien mince souvenir de M. Laget, et alors il est absurde de lui écrire, ou, — ce qui et plus drôle, — que M. Roger Desgenettes ne sait pas distinguer une basse d'un ténor, ce qui dans tous les cas ne l’empêcherait pas d’être un fort habile contrôleur, même à la porte d'un théâtre. (la France théâtrale, 17 juillet 1845)
M. Laget a une belle figure, une tournure superbe, un œil qui annonce l’intelligence et qui ne ment pas. La nature a été prodigue envers lui, et surtout elle lui a donné une voix de basse comme on en voit guère. C’est toute la force et toute la gravité de la basse, avec le charme et la douceur de timbre de ténor. Je n’ose assurer cependant que M. Laget ait fait des études de chanteur bien complètes. Il a besoin de s’exercer encore, et d’apprendre à tirer parti de ce magnifique instrument. Il y a beaucoup de choses qu’il ne fait pas, ou qu’il fait d’une manière défectueuse : sa vocalisation est pesante et timide ; il attaque souvent avec mollesse, et ne prononce peut-être pas habituellement avec assez d’énergie. Mais ce sont là de petits défauts que l’on corrige facilement avec un peu d’étude et de volonté. M. Laget n’a fait qu’un saut du Conservatoire à l’Opéra. Il a débuté sur cette vaste scène dans la Juive, par le rôle du cardinal Brogni. Il y a obtenu un succès brillant, surtout par les espérances qu’il a données comme acteur. Il a mis beaucoup d’énergie et d’éclat dans la malédiction du troisième acte : Vous qui du Dieu vivant outragez la puissance, Soyez maudits ! Vous que tous trois unit une horrible alliance, Soyez maudits ! etc. Ce n’était pas assurément tout ce qu’un comédien habile et complet aurait pu tirer de cette belle situation, mais c’était déjà beaucoup plus qu’on n’a coutume d’en voir à l’Opéra, où les voix sonores sont moins rares que la faculté de comprendre, de sentir et d’exprimer. M. Laget a donc réussit et l’on peut, ce me semble, espérer beaucoup de ce jeune homme. C’est une bonne acquisition qu’a faite l’Académie royale de musique. M. Laget doit y remplacer M. Levasseur, qui vient de se retirer après une carrière de vingt années, très honorablement parcourue. (L’Illustration, 26 juillet 1845)
David [de Mermet] sera bientôt à la copie, puis en répétition. Mme Stoltz, Gardoni et Laget [remplacé par Brémont lors de la création] seront chargés des principaux rôles. (le Ménestrel, 27 juillet 1845)
Opéra. Lundi dernier [28 juillet], dans Robert le Diable, Laget, qui devait continuer ses débuts par le rôle de Bertram, a été subitement remplacé par Brémont. (le Ménestrel, 03 août 1845)
En vertu d'une clause de son engagement, Laget, de l'Opéra, prend le mois de congé auquel il a droit, à partir du 15 août ; notre jeune basse se rend à Toulouse pour arranger des affaires de famille et se reposer un peu des fatigues que les études sérieuses auxquelles il a du se livrer pour arriver à de si brillants débuts, ont rendu inévitables. Laget nous reviendra vers le milieu de septembre pour continuer ses débuts par le rôle de Bertram de Robert le Diable et dans lequel l'attendent de nouveaux succès. (la France théâtrale, 21 août 1845)
Le séjour à Paris de M. Meyerbeer ne devant pas être de longue durée, et le célèbre compositeur ayant désiré entendre notre première basse Laget, ce jeune artiste doit arriver demain de Toulouse, à peine remis d'une indisposition assez grave, mais qui ne laisse aucune inquiétude. (la France théâtrale, 14 septembre 1845)
Opéra. Quant à leur pauvre camarade M. Laget, dont les premières apparitions dans le Cardinal de la Juive avaient fait augurer si favorablement, nous n’avons que de tristes nouvelles à en donner. Pris à l’improviste pour ses débuts à l’Opéra, M. Laget qui sortait de répéter et de chanter Fidelio de Beethoven, la mort des chanteurs, ne prit aucun repos, et il en résultat une telle fatigue de poitrine et d’estomac, qu’aujourd’hui cette belle organisation vocale est condamnée au silence pour longtemps encore. (le Ménestrel, 09 novembre 1845)
Les habitués de l'Opéra n'ont point oublié les débuts brillants de Laget dans le cardinal de la Juive ; ces débuts ont été interrompus par une maladie très grave. — Les amis de ce jeune chanteur, tous ceux qui s'intéressent à la régénération de notre premier théâtre lyrique, étaient dans les plus vives inquiétudes. Nous annonçons avec joie que Laget est parfaitement rétabli, et nous espérons qu'il ira bientôt occuper à l'Académie royale de musique une place restée vacante depuis la retraite de Levasseur. (la France théâtrale, 04 octobre 1846)
Opéra-Comique. On nous annonce l'engagement de Laget, dont les débuts à l'Opéra ont eu du retentissement. Ce jeune artiste, doué d'une belle voix de basse, sera une excellente acquisition pour M. Basset. (l'Argus des Théâtres, 03 décembre 1846)
Nous apprenons la mort à Rieux (Haute-Garonne), de M. Henri Laget, professeur de chant au Conservatoire. Depuis une vingtaine d'années, M. Henri Laget souffrait de la poitrine, et il ne se soutenait qu'à force de soins. Dans ces derniers temps, cette affection s'était compliquée de palpitations de cœur, qui le faisaient beaucoup souffrir, et tout fait supposer que c'est cette dernière maladie qui l'a emporté. (la Presse, 22 septembre 1875)
La succession Laget. M. Henri Laget, professeur au Conservatoire de musique, avait institué deux de ses intimes amis, MM. Cazeaux et Rivière, ses légataires, l'un à titre universel, l'autre à titre particulier. Ils se trouvaient en possession de la fortune du testateur lorsque survint un prétendant inattendu, Mlle Joséphine Daram, artiste de l'Opéra, autrefois élève de M. Laget. Elle avait reçu par la poste, d'une façon mystérieuse, un testament olographe postérieur au premier et lui donnant l'héritage tout entier. L'écriture de cet acte ayant été déniée, une vérification fut ordonnée. Trois experts-écrivains ont conclu à la fausseté de la pièce, attribuée mal à propos à M. Laget. Au moment où l'on allait plaider sur l'homologation de ce rapport d'expertise, surgit un nouvel incident. Un parent éloigné du testateur, M. Bergeron, présentait un autre écrit signé Laget, qui, cette fois, distribuait la fortune en litige entre lui et Mlle Daram. Protestation énergique de MM. Cazaux et Rivière, qui soutiennent qu'il y a abus du nom et de la plume de leur bienfaiteur. L'examen de ces testaments a été soumis au tribunal civil de Muret. Les particularités relatives à l'envoi des deux testaments réputés apocryphes étaient de nature à préoccuper les juges, qui ont entendu les parties en chambre du conseil. Le tribunal n'a reconnu valable que le testament fait au profit de MM. Cazeaux et Rivière, et il a confirmé la prise de possession de l'héritage par ces derniers. (le Rappel, 05 août 1877)
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