Auguste HUET
Auguste Huet dans le Magnifique (Octave) de Grétry
Louis Auguste HUET dit Auguste HUET
haute-contre (ténor) français
(Versailles [auj. Yvelines], 09 décembre 1780 – Batignolles-Monceau, Seine [auj. Paris 17e], 30 septembre 1832*)
Fils de Joseph Claude HUET (Paris, 13 janvier 1740 – Paris ancien 3e, 14 mai 1805*) et de Françoise Félicité GODONNESCHE (1745 – Paris ancien 3e, mars 1831).
Epouse 1. (divorce à Paris ancien 2e le 04 février 1809*) Marie Françoise DOYEN.
Epouse 2. à Paris ancien 2e le 27 février 1812* Augustine HAUBERT-LESAGE (1776–1859), mezzo-soprano.
Il débuta au Théâtre des Jeunes Artistes, passa à celui des Troubadours en 1798, et fut engagé à Lille (1799- 1802), Rouen (1803-1804). Il débuta à l'Opéra-Comique en 1805 et se retira en 1813, puis y chanta à nouveau jusqu’en 1827, et en fut sociétaire de 1818 à 1828. En 1828, il prit une part dans la direction du Théâtre des Arts à Rouen, puis dans celle de Lille. Il mourut du choléra au cours d'un voyage à Paris.
En 1812, il habitait 12 rue des Colonnes à Paris ; en 1828, 45 rue de la Chaussée-d'Antin à Paris. Il est décédé en 1832 à cinquante-et-un ans en son domicile, 8 rue de la Paix à Batignolles-Monceau. Il est enterré au cimetière de Montmartre.
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il y débuta le 16 décembre 1805 dans Adolphe et Clara et le Médecin Turc.
Il y créa le 09 mai 1807 les Rendez-vous bourgeois (César) de Niccolo Isouard ; le 29 avril 1813 la Chambre à coucher (le Duc de Richelieu) de Luc Guénée ; le 29 juin 1813 le Nouveau Seigneur du Village (le Marquis) de François-Adrien Boieldieu ; le 13 septembre 1813 Valentin (l'Archiduc) d'Henri Montan Berton ; le 24 août 1816 la Bataille de Denain (le Marquis de Nivernais) de Giuseppe Catrufo ; le 27 janvier 1820 la Bergère châtelaine (le Duc de Bretagne) d’Esprit Auber ; le 16 août 1821 le Philosophe en voyage (le Colonel de Germancey) de Frédéric Kreubé et Louis-Barthélemy Pradher ; le 15 octobre 1821 le Négociant de Hambourg de Rodolphe Kreutzer ; le 21 février 1822 le Petit souper de Victor Dourlen ; le 17 août 1822 le Solitaire (le Solitaire) de Michele Enrico Carafa ; le 28 novembre 1822 Valentine de Milan (Louis de France) d’Etienne Méhul ; le 25 janvier 1823 Leicester (le Comte de Leicester) d’Auber ; le 16 septembre 1823 le Valet de chambre (le Comte Edmond) de Carafa ; le 08 octobre 1823 la Neige (le prince de Neubourg) d'Esprit Auber ; le 04 novembre 1824 Léocadie (Philippe de Leiras) d'Esprit Auber ; le 14 mars 1826 la Vieille (Léonard) de François-Joseph Fétis ; le 30 mai 1826 le Timide (M. de Sauvré) d'Esprit Auber ; le 12 août 1826 Marie (le Baron) de Ferdinand Hérold ; le 31 mars 1827 Ethelwina d’Alexandre Batton ; le 13 octobre 1827 l'Orphelin et le Brigadier (Francœur) de Prosper de Ginestet ; le 22 novembre 1827 le Colporteur de Georges Onslow ; le 27 décembre 1827 Masaniello (le gouverneur de Naples) de Carafa ; le 28 novembre 1828 l’Exil de Rochester (le Prince Noir) de Raphaël Russo Il y chanta Montano et Stéphanie (31 juillet 1818) ; Joseph (Joseph). Le 30 septembre 1820, il y chanta Il est rendu, « chant royal » de la comtesse de Saint-Didier. |
Auguste Huet dans le Calife de Bagdad (le Calife), lithographie coloriée de L. Marin (1825)
Louis-Auguste Huet est né à Versailles. Son père était officier de la chambre de madame Adélaïde tante du Roi, sa mère, cantatrice de la Chapelle. Ses parents étaient, depuis deux cents ans, attachés au service de la Famille Royale. Protégé par la princesse, le jeune Huet fut confié de bonne heure à la bienveillance de M. de Villages chef d'escadre ; il partit à dix ans pour Saint-Domingue. C'était l'époque où les feux de la révolution commençaient à embraser cette riche et superbe colonie. M. de Mauduit, commandant du Port-au-Prince, y avait maintenu l'ordre avec un extrême courage. M. de Villages, son ami, n'arriva que pour le voir massacré par ses propres troupes. Des soldats des régiments d'Artois et de Normandie ayant persuadé à leurs camarades que M. de Mauduit les trompait par de faux ordres qu'il prétendait recevoir de la Métropole, ceux-ci l'assaillirent, le percèrent de coups et dispersèrent ses membres. Un mulâtre qui l'avait servi, les rassembla, creusa une fosse, les y plaça, y descendit lui-même, et se tua sur les restes sanglants de son maître. M. de Villages, témoin de ces scènes horribles, ne put y survivre, et sa mort priva le jeune Huet du seul appui qui lui restât. Il revint en France, trouva sa famille exposée aux plus violentes persécutions, et se réfugia avec elle à Valenciennes où il avait des parents ; son éducation, quoique interrompue, avait été soignée, il n'était point étranger à la pratique des arts, et surtout à celui de la musique. Dans des temps plus calmes, il se serait livré à ses goûts, et ses talents, à défaut de fortune, lui auraient assuré des moyens d'existence honnêtes, mais alors tout ne respirait que la guerre ; la jeunesse était tourmentée par les réquisitions, et trouvait peu de moyens de s'y soustraire. Le jeune Huet parvint à y échapper ; mais il fallut pour cela changer d'état, d'habit, de mœurs, et prendre une étrange métamorphose. Apollon avait gardé les troupeaux chez Admète. Ce trait de la fable n'échappa point au jeune virtuose : il se revêtit d'un costume grossier, et sous l’apparence d'un bouvier, s'engagea dans les boucheries de l'armée. Ses fonctions étaient de conduire des troupeaux, métier plus facile alors que celui de conduire les hommes ; il vivait avec eux, et quand il avait pourvu à leur sûreté et à leurs besoins, il s'échappait pour aller, sous une mise, et dans une société plus convenables, passer quelques moments de plaisir. Un jour qu'il était occupé de l'exercice de ses devoirs, il rencontra un jeune officier de santé avec lequel il avait fait la campagne de Saint-Domingue. Celui-ci lui parla avec enthousiasme de l'art de Gallien et d'Hippocrate, lui proposa de s'enrôler dans le collège de chirurgie, ou de pharmacie, et de se sauver ainsi de la réquisition. Huet se laissa persuader, quitta sa houlette de bouvier, et s'attacha à la profession de son ami ; il y fit des progrès si rapides, et l'on avait alors un si pressant besoin d'officiers de santé, qu'au bout de six mois on lui abandonna six cents malades. Il se trouva à Condé à l'époque du siège et de la prise de cette ville, fut fait prisonnier, puis échangé au bout de trois mots. Il fut pris de nouveau à l'affaire de Marchiennes, passa deux ans en Belgique et en Prusse, et revint à Paris en 1795. Alors la terreur avait cessé. Les lois reprenaient quelque empire. On se flattait de jouir de quelque repos sous le gouvernement du Directoire. Le jeune Huet entra d'abord au Val-de-Grâce en qualité de Pharmacien, se dégouta de cette profession, et se détermina à en suivre une pour laquelle il s'était toujours senti une vocation déterminée. Un de ses amis lui ayant fait connaître Lesage qui régissait alors le théâtre de Feydeau, celui-ci le présenta à M. Sageret, et ils se réunirent pour lui faire donner des leçons, le placèrent au Conservatoire, et peu de temps après le firent débuter au théâtre des Jeunes Artistes dans le rôle de Lindor de la Rose d'amour. Il parut ensuite au théâtre des Troubadours, puis au Vaudeville, et toujours avec succès. Huet est bien fait, d'une figure agréable, d'un maintien et d'une tenue qui annoncent une bonne éducation. Ces qualités ne pouvaient manquer de le faire rechercher. Mais il voulait s'attacher de préférence au théâtre de l'Opéra-Comique. Pour se mettre en état d'y paraître avec avantage, il se décida à se rendre en province, et se montra avec distinction sur les théâtres de Nantes, de Marseille et de Rouen ; c'est de cette dernière ville qu'il fut appelé au théâtre de la capitale. Il y débuta dans Adolphe et Clara, le Médecin turc, Maison à vendre, Une folie, et plusieurs autres pièces où il se fit remarquer par une diction pure, un jeu sage et décent, un débit juste ; sa voix a peu d'éclat, mais elle a de la grâce et du charme. A l'époque où les funérailles de mademoiselle Raucourt excitèrent quelque trouble à Paris, Huet se montra zélé défenseur de l'honneur de sa profession, et réclama avec toute la vivacité de la jeunesse contre l'esprit d'intolérance, ce qui lui fit quelques ennemis parmi ceux qui ne veulent pas encore qu'un comédien ne soit pas excommunié ; mais il s'est complètement réconcilié avec eux par la conduite qu'il a tenue en 1815, lorsque Bonaparte rentra en France ; Huet se montra serviteur dévoué de la cause du Roi, et depuis ce temps, ne s'est point démenti. Il est attaché au théâtre Feydeau depuis 1805, et sociétaire depuis 1818. Le rôle du Magnifique est un de ceux dans lesquels il a toujours paru avec avantage ; cette pièce est de Sedaine, et Sedaine l'a imitée de La Fontaine. C'est un de ces imbroglio italiens qui ne manquent ni d'art ni d’intérêt. Le Magnifique est un jeune florentin d’une naissance distinguée, d'un esprit brillant, d'un caractère élevé, qui s'est fait une réputation par ses munificences, son goût pour les arts et ses actes de bienfaisance. Ces qualités brillantes lui gagnent le cœur d'une jeune personne dont le père a été enlevé par des corsaires, et qu’un tuteur avare et sévère tient dans une cruelle captivité. Mais Octave, c'est le nom du Magnifique, parvient à découvrir le père de son amante ; il paye sa rançon, le ramène à sa fille charmée de le revoir, et en obtient la main pour prix de sa générosité. Huet a tout ce qu'il faut pour jouer ce rôle avec succès : maintien, grâces, langage, élégance. Peu d'acteurs ont, comme lui, les manières et le ton des sociétés les plus choisies. (Galerie Théâtrale, vers 1820)
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Acteur français qui a brillé pendant plus de vingt ans sur le théâtre de l’Opéra-Comique, commença sa carrière à l'époque de la Révolution, sur l'aimable théâtre des Jeunes‑Artistes, habilement dirigé par Foignet père et fils, et où l'on jouait beaucoup d'opéras-comiques. Vers 1798, il passa au théâtre des Troubadours, où le répertoire se composait tout à la fois de vaudevilles et de pièces lyriques, et où il commença à acquérir les qualités qui devaient le distinguer plus tard comme comédien. Mais celui-ci ayant fait de mauvaises affaires et ayant fermé ses portes, Huet partit pour la province, où il acheva son éducation scénique. Il était au Grand-Théâtre de Rouen, où il tenait l'emploi des hautes-contre, lorsqu'il fut appelé à l'Opéra-Comique. Il y débuta le 16 décembre 1805, dans Adolphe et Clara et le Médecin Turc. Ses commencements furent modestes, et il se borna à doubler Elleviou et Gavaudan ; mais bientôt on reconnut qu'il était doué d'un physique plein de grâce et de noblesse, d'une voix fraîche et conduite avec gent, qu'il portait le costume avec une rare distinction, et qu'enfin ses progrès en tant que comédien étaient sensibles de jour en jour. A la retraite d'Elleviou il avait été déjà reçu sociétaire, et le départ de ce grand artiste lui donna l'occasion de créer quelques rôles qui lui firent honneur. En peu d'années, Huet acquit, avec un véritable talent, une action légitimé sur le public et une incontestable autorité. Outre les rôles importants du répertoire courant, il s'en vit confier un grand nombre de nouveaux qui établirent solidement sa réputation, et on le vit ainsi dans le Philosophe en voyage, Ethelwina, le Négociant de Hambourg, le Petit Souper, Valentine de Milan, Marie, la Vieille, le Colporteur, l'Orphelin et le Brigadier, Masaniello, etc., se distinguant à la fois par ses qualités vocales et scéniques, et gagnant chaque jour dans l'estime des amateurs. Huet se fit remarquer aussi, d'une façon moins connue du public, par l'énergie, l'activité, l'intelligence et la probité qu'il déploya lorsque, à la réorganisation de l'Opéra-Comique, il fut nommé, par l'autorité supérieure, l'un des quatre acteurs chargés de l'administration de ce théâtre, et l'on assure que sous ce rapport il rendit d'inappréciables services. Huet se retira en 1828, pour prendre avec Paul, son ancien camarade de l'Opéra-Comique, la direction du Grand-Théâtre de Rouen. Tous deux s'étaient associés à cet effet, mais Paul ayant obtenu le privilège en son nom seul, voulut rompre le traité. Huet fit alors valoir ses droits, par des actes authentiques, et obligea Paul à lui payer 40.000 francs de dommages-intérêts. Cet artiste distingué est mort en 1832. (François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, suppl. d’Arthur Pougin, 1880)
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