François-Antoine GRIVOT

 

François-Antoine Grivot en 1877 [photo Nadar]

 

 

Antoine François Jules GRIVOT dit François-Antoine GRIVOT

 

acteur et ténor (laruette) français

(Paris, 26 septembre 1834 – rue Olliffe, Deauville, Calvados, 25 août 1912*)

 

Fils de Pierre François GRIVOT (Paris, 1811 – By, commune de Thomery, Seine-et-Marne, 29 juin 1891*), ciseleur [fils d’Antoine François GRIVOT, garçon de chantier], et de Hortense Elisa DENEUFMARCHAIS (1816 – 1913), ouvrière en dentelles, mariés à Paris ancien 9e le 18 décembre 1832*.

Epouse à Paris 3e le 15 février 1866* Joséphine Marie Marthe LAURENT dite Laurence GRIVOT (1843–1890), actrice et chanteuse d’opérette.

 

 

Comédien excellent dont le hasard avait presque fait un chanteur, il exerçait l'état de graveur sur métaux, lorsque la passion du théâtre s'empara de lui. Il commença sa carrière en 1860, dans les petits théâtres de l’ancienne banlieue, Montmartre et Batignolles. Il passa au Vaudeville en 1863 ; c’est là qu'il commença à se faire remarquer en divers rôles créés dans : la Famille Benoîton, les Brebis galeuses, etc. En 1869, il fait une apparition à la Gaîté, où il se fait applaudir dans Pierrot de la Grâce de Dieu. Un excellent sentiment comique, beaucoup de naturel et une rare sobriété distinguaient déjà son jeu. Après un voyage au Caire, il revient à la Gaîté, alors dirigée par Offenbach, et joue : le Roi Carotte (1872), Orphée aux Enfers (1874), le Voyage dans la Lune (1875), et y participe en 1874 à une reprise d’Une folie (Jacquinet) de Méhul. La Gaîté étant alors devenue un théâtre lyrique, Grivot se trouva appelé à y tenir l'emploi des laruettes, c'est-à-dire l'emploi des chanteurs sans voix, et y créa ainsi : le 13 septembre 1877 l'Aumônier du régiment (Carlo) d’Hector Salomon ; le 14 septembre 1877 la Clé d'or (Des Fournels) d’Eugène Gautier ; le Magnifique. Il y participa à une reprise le 07 novembre 1877 de Si j’étais roi ! (Piféar). A la suite de cet essai lyrique, il fut engagé en 1879 à l'Opéra-Comique, où il créa un grand nombre de rôles dans : Jean de Nivelle, les Contes d' Hoffmann, Galante Aventure, la Nuit de Saint-Jean, l'Amour médecin, Joli Gilles, Diana, Manon, le Légataire universel. Il se fit une situation très enviable à l’Opéra-Comique et devint l'un des artistes les plus utiles et les plus aimés de ce théâtre. Comique au jeu délicat, plein de finesse, Grivot sut se servir de son mince filet de voix avec une habileté remarquable.

En 1890, il habitait 38 boulevard Voltaire à Paris 11e et à By, près de Thomery. Il est décédé à Deauville en 1912 à soixante-dix-sept ans, domicilié 45 rue de Villemomble à Gagny, Seine-et-Oise [auj. Seine-Saint-Denis].

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Il y débuta le 15 novembre 1879 dans la Flûte enchantée (Monostatos ; 100e le 20 mai 1883).

 

Il y créa le 08 mars 1880 Jean de Nivelle (le sire de Malitorne) de Léo Delibes ; le 11 octobre 1880 Monsieur de Floridor (Floridor) de Théodore de Lajarte ; le 20 décembre 1880 l’Amour médecin (le médecin Bahis) de Ferdinand Poise ; le 10 février 1881 les Contes d’Hoffmann (Andrès, Cochenille, Franz) de Jacques Offenbach ; le 31 décembre 1881 la Taverne des Trabans (Nickel) d’Henri Maréchal ; le 23 mars 1882 Galante aventure (le Marquis de Chandor) d'Ernest Guiraud ; le 13 novembre 1882 la Nuit de Saint-Jean (Zacharias Seiler ; 50e le 15 février 1891) de Paul Lacôme, et Battez Philidor ! (Boudignot) d'Amédée Dutacq ; le 19 janvier 1884 Manon (Guillot de Morfontaine ; 100e le 07 novembre 1891) de Jules Massenet ; le 10 octobre 1884 Joli Gilles (Pasquello) de Ferdinand Poise ; le 23 février 1885 Diana (Van der Loop) d’Emile Paladilhe ; le 31 mars 1886 Plutus (Xénon) de Charles Lecocq ; le 15 février 1889 la Cigale madrilène (Mendoce) de Joanni Perronnet ; le 08 mai 1894 le Portrait de Manon (Tiberge) de Jules Massenet ; le 06 juillet 1901 le Légataire universel (Géronte) de Georges Pfeiffer.

 

Il y participa à la première le 28 décembre 1881 de l’Aumônier du régiment (Carlo) d’Hector Salomon ; le 05 mars 1888 de Madame Turlupin (Coquillard) d'Ernest Guiraud.

 

Il y chanta la Basoche (Maître Guillot, 1900) ; Carmen (le Dancaïre) ; le Déserteur (Jean-Louis, 1893) ; le Domino noir (Lord Elfort) ; les Dragons de Villars (Thibaut, 1900) ; la Fille du Régiment (Hortensius) ; Fra Diavolo (Mylord Cockbourg, 1900) ; Haydée (Dominico, 500e le 31 janvier 1892) ; l'Irato (Docteur Balouard, 1900) ; Maître Wolfram (Wilhem, 1902) ; le Nouveau Seigneur du village (le Bailli, 1892) ; le Pré-aux-Clercs (Cantarelli ; Girot, 1500e le 31 mai 1891) ; les Rendez-vous bourgeois (Dugravier, 1890) ; le Roi l'a dit (Miton, 1900) ; les Visitandines (Grégoire, 1900).

Sa carrière à l'Opéra de Paris

 

Au cours d'un Gala, le 19 mai 1892, interprète Monsieur de Pourceaugnac (un Avocat chantant).

 

 

 

 

opérettes créées

 

le Roi Carotte (Koffre) de Jacques Offenbach (Gaîté, 15 janvier 1872)

Orphée aux enfers (Mercure) de Jacques Offenbach (seconde version, Gaîté, 07 février 1874)

le Voyage dans la lune (Microscope) de Jacques Offenbach (Gaîté, 26 octobre 1875)

 

 

 

 

François-Antoine Grivot

 

 

 

[Troupe du Vaudeville] Un petit graveur sur métaux, qui gambade et frétille comme un clown. On a toujours envie de lui présenter un cerceau en papier pour le faire sauter dedans. Quelquefois drôle, il est malheureusement commun.

(Yveling Rambaud et E. Coulon, les Théâtres en robe de chambre : Vaudeville, 1866)

 

 

Trial, débute en 1860, à Montmartre et Batignolles, et continue à Paris une carrière qu'aucun nuage n'a obscurcie. En 1862, Grivot est aux Délassements. En 1863, au Vaudeville, et s'y fait remarquer. En 1869, Grivot passe à la Gaîté, où Pierrot de la Grâce de Dieu lui va comme un gant.

Après deux ans de voyages, il rentre à la Gaîté, et prend part au succès d'Orphée ; se signale dans le Roi Carotte, le Voyage dans la lune, etc. La direction change, le genre aussi : Vizentini succédant à Offenbach, la musique saisit Grivot et ne le laisse plus échapper. Après des créations à la Gaîté-Théâtre-Lyrique, dans l'Aumônier du régiment, d'Hector Salomon, le Magnifique, la Clé d'or et après maintes reprises, Grivot fait une apparition aux Variétés. A l'Opéra-Comique, il a fait trente créations très remarquées et repris une quantité de rôles. Il tient tout le répertoire. C'est un des artistes les plus aimés de la maison.

(Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, juillet 1899)

 

 

 

 

 

Il débuta presque en même temps que sa femme au Vaudeville, où il créa un rôle en 1865, dans M. de Saint-Bertrand, d'Ernest Feydeau. Il l’accompagna, en 1866, à Cherbourg et à Bordeaux. Revenu avec elle au Vaudeville, en 1867, il se fit remarquer dans plusieurs pièces, notamment dans les Faux bonshommes, Une Violette pour deux et le Petit voyage. Engagé à la Gaîté en 1869, il y débuta par le rôle d'Ernest Marteau de la Petite Pologne. Comme il était chanteur autant que bon comédien, il resta le pensionnaire de la Gaîté lorsque cette salle devint le nouveau Théâtre-Lyrique. Dès le mois de mai 1876, il interpréta les rôles de Basile du Magnifique, de M. Jules Philippot, et de Carlo de l'Aumônier du régiment, de M. Salomon. Il a joué également avec succès Aboulifar d’Obéron, Ginès Pérès de Giralda, Jonathan de la Poupée de Nuremberg, etc. Après la fermeture du Théâtre-National-Lyrique en 1878, il reprit, à la Gaîté, son rôle d’Orphée aux enfers.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)

 

Fils d'un fabricant de bronze, au Marais, il était lui-même graveur sur métaux, quand, entraîné par une vocation irrésistible, il débuta au petit théâtre Molière, passage du Saumon, puis fit partie des troupes de Chotel, à Montmartre et aux Batignolles. Engagé par M. Sari, il joua si bien, aux Délassements-Comiques, Alcindor, de la Reine Crinoline, qu'il en sortit pour entrer au Vaudeville, en 1863. Devenu pensionnaire de l'Opéra-Comique, il se fixa à ce théâtre, où il tient l'emploi de Sainte-Foy et de Barré. Il s'est fait applaudir dans un grand nombre de reprises et n'a pas moins réussi dans ses créations, parmi lesquelles nous citerons : le sire de Malicorne, de Jean de Nivelle (1880) ; Bahis, de l'Amour médecin ; Champ d'or, de Galante Aventure (1883) ; Seiler, de la Nuit de Saint-Jean ; Boudignot, de Battez Philidor !; Morfontaine, de Manon (1884) ; Trivelin, de Joli Gilles ; le baron, de Diana (1885). Il a interprété avec succès, en dernier lieu, Coquillard, de Madame Turlupin (1888). Le côté dominant du talent de M. Grivot est de savoir mêler avec un art qui semble un don de nature, le comique au sentiment.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1888)

 

 

 

 

Fils d'un fabricant de bronze au Marais, et lui-même graveur sur métaux ; s'essaya au théâtre Molière, passage du Saumon, aux théâtres de Montmartre et des Batignolles, et entra aux Délassements-Comiques (1862), où il se fit remarquer dans le rôle d'Alcindor, de la Reine Crinoline. Engagé au Vaudeville, sur la recommandation de Félix, Grivot débuta place de la Bourse dans la Chercheuse d'esprit, rôle de l'Eveillé, en compagnie de la petite Laurence qui allait bientôt devenir Mme Grivot. Tour à tour, il établit des rôles dans Monsieur de Saint- Bertrand, la Belle au bois dormant, Madame Ajax, la Famille Benoîton, Maison Neuve, Aux crochets d'un gendre, etc. Puis, lorsque Koning prit possession de la Gaîté, il passe à ce théâtre comme jeune comique. Vient la féerie, et Grivot joue 450 fois la Chatte blanche ! Engagé avec sa femme au Caire, il y passe toute une saison, revient à la Renaissance, puis à la Gaîté, devenu théâtre d'opérette (Orphée aux enfers, Geneviève de Brabant, le Voyage dans la lune), et reste au Square des Arts et Métiers quand ce théâtre devient théâtre Lyrique. Une nouvelle carrière s'ouvre devant lui : celle de trial. Il déploie une verve endiablée dans le Sourd ou l’Auberge pleine, le Bouffe et le tailleur, la Poupée de Nuremberg, les Rendez-vous bourgeois, etc. Chacun vante son naturel, son entrain, sa verve de bon goût. Les années 1879-1880 le trouvent aux Variétés, mais il se fait enfin une véritable situation à l'Opéra-Comique, où il devait rester à la pleine satisfaction du public pendant plus de 20 ans (1881-1905). Il y fut, dans son genre, une des plus solides colonnes du répertoire (Jean de Nivelle, les Contes d’Hoffmann, l'Amour Médecin, Joli Gilles, la Basoche, Manon). M. Adrien Bernheim, dans le Figaro du 1er mai 1902, à l'occasion de la représentation de retraite de cet artiste, donnée à l’Opéra-Comique après 42 ans de théâtre, rappela tous les services de ce brave homme, laborieux confine pas un, si dévoué comme membre du comité de la Société des artistes. — « Oui, lui dit-il, je donne ma représentation de retraite, mais, voulez-vous me faire un plaisir ? Parlez surtout de la petite Laurence, qui allait entrer à la Comédie‑Française ! » — M. et Mme Grivot, dont les deux existences ne firent qu'une, furent de ceux qui sont l'honneur d'une profession. Tamagno chanta à la représentation de retraite de Grivot, et la recette fut de 20,000 fr.

Un détail peu connu : En 1871, pendant la Commune, il fallait vivre. La Gaîté était sans directeur, sans troupe : M. et Mme Grivot y reprirent la Grâce de Dieu. Il n'y avait plus alors ni Société des auteurs. ni Assistance publique. Les membres de la Commune exigeaient 10% sur la recette, et l'impresario Grivot faisait le contrôle en costume de Pierrot, tandis que Laurence faisait la quête dans la salle ! Et le mois de cette direction se solda par un bénéfice de 4,500 francs.

En 1898, Grivot, âgé de 63 ans, obtint la pension de 500 fr. de la Société des artistes. Officier d'académie 1893, Officier d'instruction publique 1900, médaillé depuis1896, Grivot se trouvait à Bruxelles en 1906.

(Henry Lyonnet, Dictionnaire des Comédiens français, 1912)

 

 

 

 

 

 

les trois tombes de la famille Grivot au cimetière de Thomery : à gauche, celle de François-Antoine et de sa femme Laurence [détail ci-dessous] ; au milieu, celle de son père, de sa mère et de sa soeur Ernestine Hortense Grivot (Paris ancien 8e, 20 octobre 1851*-1934) ; à droite, celle de Céleste Adelina Duclaux (Paris, 06 février 1842-1923) [veuve de son frère Hippolyte Louis Grivot (Paris, 25 février 1838-ap. 1891), limonadier], de leur fille Hortense Céleste Grivot (Paris 3e, 23 juin 1863-1926) et du mari de celle-ci, Rose Arthur Cayot (Moreuil, Somme, 28 mai 1860-1923) [photos ALF, 2024]

 

 

 

 

 

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