Laurence GRIVOT
Laurence Grivot (Bavolet) [à gauche] et Louise Théo (Rose Michon) dans la Jolie Parfumeuse
Joséphine Marie Marthe LAURENT dite Laurence GRIVOT
actrice et chanteuse française
(15 rue de Montreuil, Versailles, Seine-et-Oise [auj. Yvelines], 29 avril 1843* – By, commune de Thomery, Seine-et-Marne, 04 juin 1890*)
Fille d’Adolphe LAURENT (Belfort, Haut-Rhin [depuis 1922 Territoire de Belfort], 30 avril 1812 – Bercy, Seine [auj. dans Paris 12e], 12 février 1856*), employé à la Direction des Contributions directes [fils de Joseph LAURENT (– Belfort, 12 janvier 1836)], et de Louise Clarisse REINIER (Versailles, 08 avril 1825 – Paris ancien 8e, 15 mars 1854*), mariés à Paris ancien 10e le 24 septembre 1842*.
Epouse à Paris 3e le 15 février 1866* François-Antoine GRIVOT (1834–1912), acteur et chanteur.
Elle fut une comédienne fine et, une chanteuse de mérite. Elle débuta, en 1863, au théâtre des Batignolles, sous le nom de Laurence, se fit applaudir ensuite au Vaudeville dans la Chercheuse d'esprit, puis dans le Sacrifice, d'A. Daudet, en 1869 ; joua à la Gaîté (1871), aux Matinées Ballande, au Caire (1872), de nouveau à Paris à la Renaissance (1873), où elle créa la Jolie Parfumeuse, aux Variétés (1878), à l'Odéon (1880), enfin, au Gymnase, où elle tint l'emploi des mères.
=> Laurence Grivot par Joseph Périer (1891)
opérettes créées
la Jolie Parfumeuse (Bavolet) de Jacques Offenbach (Renaissance, 29 novembre 1873) Bagatelle (Georges de Planteville) de Jacques Offenbach (Bouffes-Parisiens, 21 mai 1874) le Singe d’une nuit d’été de Gaston Serpette (première aux Bouffes-Parisiens, 01 septembre 1886)
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Fille d'un chef de bureau au chemin de fer de Lyon et restée orpheline à l'âge de douze ans, elle sortit du couvent pour apprendre l'état de couturière. Mais, prise d'une vocation subite pour le théâtre, elle se fit présenter par une de ses tantes à M. Chotel, qui dirigeait alors les scènes de Montmartre et de Batignolles. La façon dont elle interpréta, à la banlieue, le Petit Nicol, de M. Alfred Seguin, attira l'attention sur la jeune comédienne. Engagée la même année au Vaudeville, elle prit le nom de Laurence et débuta le 2 juin 1863, par le rôle de Nicette de la Chercheuse d'esprit. « Sa voix, dit Théophile Gautier, est fraîche, pure, étendue ; quelques notes de contralto y vibrent et feraient croire qu'il y aurait chez cette jeune personne mieux qu'une chanteuse de vaudeville. Sa figure ronde, à la fois enfantine et piquante, est bien celle du personnage. Elle dit bien la prose ; son jeu est naturel, sans aplomb prématuré, sans gauche embarras. Mlle Laurence a beaucoup réussi. » Elle joua avec le même succès, en 1864, le Florentin, de La Fontaine, et créa, en 1865, Jeannette de la Belle au bois dormant, d'Octave Feuillet. Elle se montra tour à tour dans la Jeunesse de Mirabeau, dans le Talisman, dans le Sommeil de l'innocence, dans les Petites comédies de l'amour, dans la Jeunesse de Piron, etc. Elle se maria en 1866 avec M. Grivot, qui était aussi acteur au Vaudeville, et l'accompagna en province. Revenue au Vaudeville après un congé, elle créa, le 27 février 1867, la petite paysanne normande des Brebis galeuses, de Barrière, et reprit Rosette de Ce que femme veut, Nichette de la Dame aux camélias, etc. Elle interpréta ensuite, aux matinées de M. Ballande, Angélique de la Fausse Agnès et Eliante du Misanthrope. Cette excursion dans l'ancien répertoire fut couronnée d'un plein succès. A une matinée donnée à la Gaîté, elle joua avec non moins de bonheur Chérubin du Mariage de Figaro. Elle fit, en 1872, une tournée artistique à Niort, à Cognac, à Toulouse, à Marseille, à Toulon. Engagée au théâtre du Caire l'année suivante, elle se fit applaudir dans les rôles les plus divers. Elle vint à Paris créer à la Renaissance, au mois de décembre 1873, Bavolet de la Jolie parfumeuse, d'Offenbach. Elle alla jouer, en 1874, au Grand-Théâtre du Havre ce même rôle de Bavolet où, à coté de Mme Judic, elle apporta autant d'esprit, de naturel et de sentiment que cette dernière sous les traits de Rose Mignon. Devenue la pensionnaire des Bouffes-Parisiens, elle y créa Georges de Bagatelle, d'Offenbach, et reprit les Rendez-vous bourgeois, de Nicolo. Elle a été engagée au mois de février 1878 pour jouer, à la Gaîté, le rôle principal du Chat botté, de MM. Emile Tréfeu et Blum. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)
Appartenant, dès 1877, aux Variétés, elle y reprit, avec Judic, son rôle dans Bagatelle, qu'elle avait déjà joué aux Bouffes-Parisiens, Césarine, de Fleur-de-thé et Gabrielle, de la Vie parisienne. Elle entra ensuite à l'Odéon, où elle créa, en 1880 et 1881, Phrosine, des Parents d'Alice de Charles Garand et Mme Audoin, de l'Institution de Sainte-Catherine d'Abraham Dreyfus. Elle eut plus de succès dans Félicité, du Voyage à Dieppe, et dans le Klephte. La réputation de Mme Grivot comme habile comédienne ne fit que grandir lorsqu'elle devint pensionnaire du Gymnase. Elle a interprété de la façon la plus remarquable les rôles de Mme Mathurel, dans Monsieur le ministre (1883) ; de la marquise de Beaulieu, dans le Maître de forges ; de Mme Aubry, la cousine nécessiteuse du Roman d'un jeune homme pauvre ; de la tante Divone, de Sapho (1885) ; elle n'a eu aucune peine à revenir à la comédie bouffe avec Mme de Bonneval, du Bonheur conjugual (1886) ; elle a accusé plus fortement le rôle un peu effacé de la mère de la « Petite Chèbe », de Fromont jeune et Risler aîné ; elle a saisi avec bien du naturel la sympathique figure de la servante Pauline, de l'Abbé Constantin (1888) ; elle a, enfin, mis plus en relief la duchesse de Rio-Zarès, de Dora. Elle devait créer, au mois de janvier 1889, un rôle important dans l'Officier bleu, lorsque la pièce fut interdite par M. Lockroy, ministre des Beaux-Arts, l'auteur ayant mis en scène, à la cantonade, l'assassinat du tsar Alexandre II. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1888)
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Fille d'un chef de bureau du chemin de fer de Lyon, orpheline à douze ans, couturière, elle débuta à Montmartre en 1863. Le directeur du Vaudeville remontait alors la Chercheuse d’esprit, de Favart, et cherchait une ingénue pour le rôle de Nicette. Il engagea Marie Laurent, qu'il baptisa Laurence, pour éviter une confusion avec l'artiste dramatique de ce nom (2 juin 1863). Mlle Laurence brillait alors dans l'emploi des travestis. C'est ainsi qu'elle remplaça Mlle Daudoird dans le rôle de Théodule, de la Famille Benoîton. En 1866, elle épousa son camarade Grivot. Nous avons dit, à l'article de cet artiste, quel joli petit couple cela fit, car ils étaient tous deux petits. On disait le « petit Grivot » comme on disait la « petite Laurence ». Ils faisaient des tournées où ils jouaient à eux deux de petites pièces que l'on aurait cru faites pour leurs petites personnes, Jobin et Nanette, Horace et Liline. Cherbourg les vit, et aussi Bordeaux, où ils se firent surtout applaudir dans Peau d’âne. Au Vaudeville, Mme Grivot parut successivement dans : les Brebis galeuses (1867) ; les Faux Bonshommes (1868) ; Nichette, de la Dame aux Camélias (1868) ; Miss Mullton, rôle du Petit garçon (1868) ; le Sacrifice, d’Alphonse Daudet, rôle de Namoun. Fr. Sarcey écrit à ce propos : « Voilà quatre ans que nous nous épuisons à louer le charme de Mme Grivot. — Qu'en a fait le Vaudeville ? A-t-il essayé de mettre ce joyau en lumière ? Il a fallu qu'un poète passât par là, qu'il eût écrit cette adorable fantaisie de Namoun, pour qu'on s'aperçût de l'extrême mérite de cette aimable enfant. » Puis viennent : Ménage en ville (grand succès personnel), Pourquoi l'on aime (1869) ; les Curiosités de Jeanne, la Chasse au bonheur, le Parlement (1870). Elle apparaît aussi aux Matinées littéraires de la Gaîté, du Vaudeville : la Fausse Agnès ; Chérubin, du Mariage de Figaro. En 1872, elle fait des tournées en France avec son mari, et joue Toinette, du Malade imaginaire. Tournée dans le Midi, puis saison au Caire 1872-73. Rentrée à la Renaissance : la Permission de dix heures, la Jolie parfumeuse. Aux Bouffes : Bagatelle (1874), Madame l’Archiduc. Aux Variétés : Césarine, dans la reprise de Fleur de thé ; Gabrielle, dans la reprise de la Vie parisienne. Mais le but visé par Mme Laurence Grivot, c'est la Comédie-Française. Elle en est digne. Odéon (1880-81) : Phrosine, des Parents d’Alice ; Mme Audoin, de l'Institution Sainte-Catherine ; Félicité du Voyage à Dieppe ; le Klephte. Au Gymnase : Mme Mathurel, de M. le Ministre (1883) ; la Marquise de Bealieu, du Maître de Forges ; Mme Aubry, du Roman d'un jeune homme pauvre (reprise) ; la tante Divone, de Sapho (1885) ; Mme de Bonneval, du Bonheur conjugal (1886) ; Fromont jeune et Risler aîné ; la servante Pauline, de l'Abbé Constantin ; la Marquise, de Dora (1888) ; Mme Filoche, de Belle-maman (1889) ; Mme Fripée, de Paris fin de siècle (1890). Réunissant toutes les sympathies du public et de la presse, Mme Grivot était à la veille d'entrer à la Comédie‑Française. On apprit tout à coup sa mort, à By, près Fontainebleau, le 5 juin 1890. Mme Grivot avait succombé à une anémie cérébrale. « Si les qualités de l'artiste étaient grandes, écrivit Eug. Garraud, le rapporteur de cette année 1890, celles de la femme ne l’étaient pas moins. Mme Grivot avait un cœur d'or ; elle était bienveillante, serviable, généreuse. » Ses obsèques, splendides et recueillies, furent célébrées le 7 juin, à Thomery, près Fontainebleau, où, malgré la distance, beaucoup de camarades et d'amis s'étaient rendus. On remarquait dans l'assistance l'illustre peintre Rosa Bonheur, amie particulière de la famille Grivot, et M. Halanzier prononça un discours. Elle laissait un manuscrit de Souvenirs conservé religieusement par son mari. (Henry Lyonnet, Dictionnaire des Comédiens français, 1912)
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tombe de Laurence Grivot et son mari au cimetière de Thomery [photo ALF, 2024]