Mary GARNIER
Delmence Augustine Eugénie Marie GARNIER dite Mary GARNIER
soprano français
(Annonay, Ardèche, 08 mars 1862* – Paris 17e, 12 janvier 1930*)
Fille d'Eugène François GARNIER (Landrecies, Nord, 14 juin 1829* –), avocat [fils de François Régis GARNIER (Vernoux-en-Vivarais, Ardèche, 11 mai 1803 – ap. 1865), huissier], et de Charlotte Séraphine PICARD (Besançon, Doubs, 05 avril 1833* – Paris 17e, 14 novembre 1919*), mariés à Besançon le 29 octobre 1856*.
Sœur d'Ernest GARNIER, compositeur.
Elle débuta le 13 janvier 1896 à l'Opéra-Comique. Le 02 avril 1898 elle créa au Théâtre Lyrique International de Milan (dans une version italienne), Hedda (Hedda) de Fernand Le Borne, aux côtés d'Enrico Caruso. Elle fut également professeur de chant.
En 1911, elle habitait 44 avenue Niel à Paris 17e, où elle est décédée en 1930, célibataire, à soixante-sept ans.
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Elle y débuta le 13 janvier 1896 dans Lakmé (Lakmé). |
Opéra-Comique. — Début de Mlle Marie Garnier dans Lakmé. Lakmé est certainement la plus remarquable partition d'opéra que l'on connaisse de Léo Delibes. L'on ne peut guère parler de Jean de Nivelle qui fut peu joué. Dans Lakmé, le style de Léo Delibes a subi une transformation. Sans mentir à sa manière, sans renoncer à la forme mélodique, qui est l'essence même de la musique, Léo Delibes compris toute la portée de l'évolution accomplie dans l'art lyrique, si longtemps asservi aux conventions qui en arrêtaient l'essor. Mlle Marie Garnier, qui fut professeur de piano et de chant à Lyon, fut élève de Mme Marchesi dont la classe a fourni de si brillants sujets. Sœur de notre très érudit confrère Ernest Garnier, critique musical au journal Art et Critique, Mlle Marie Garnier a dû retarder son début par suite d'une grave maladie. Le succès qu'elle vient d'obtenir, il y a quelques instants, a pleinement confirmé les espérances qu'avait fait concevoir son bel organe à tous ceux qui eurent l'occasion de l'entendre antérieurement. Mlle Marie Garnier possède une voix de soprano pénétrante, généreuse, timbrée, homogène. Elle a cherché à émouvoir l'auditeur — et nous ne saurions trop l'en louer — moins par les éclats de voix que par la justesse de l'expression et la sincérité du sentiment. C'est au troisième acte, à l'acte ou le rôle de Lakmé s'élargit insensiblement pour arriver à cette suave conclusion : « Tu m'as donné tout le bonheur que l'on peut rêver sur terre », c'est à cette phrase adorable, si poétique, qu'elle a murmurée dans un délicieux pianissimo, que la nouvelle Lakmé a le plus complètement satisfait le public. Des difficultés vocales de l'air des Clochettes, Mlle Marie Garnier s'est fort brillamment tirée ; et dans les deux duos des premier et second actes, ses accents pathétiques lui ont conquis tous les suffrages. L'orchestre a mis en lumière la jolie musique de Léo Delibes, cette musique où la science n’étouffe jamais l'inspiration, pleine d'émotion vibrante et de passion juvénile. (l'Intransigeant, 12 février 1896)
Reprise de Lakmé pour les débuts de Mary Garnier. Grande, brune, de beaux cheveux, beaucoup de grâce avec un peu de gaucherie et naturellement beaucoup d'inexpérience, la débutante d'aujourd'hui n'est plus une jeune fille et il aurait, je pense, été facile de lui trouver un rôle plus en rapport avec ses qualités physiques. La voix est fort jolie, très étendue, très exercée, et monte jusqu'au contre-sol aigu ; — l'artiste paraît excellente musicienne ; le style, le mécanisme et la méthode sont excellents. Mais, par contre, la voix de Mlle Garnier est faible, surtout dans le médium, et dans les ensembles avec Leprestre elle est totalement écrasée. En tous cas, c'est un début heureux, bien que, fâcheux présage, la débutante ait trébuché en entrant en scène ; elle a été très applaudie par une salle d'ailleurs disposée on ne peut plus favorablement. J'ai toutefois bien peur que pour Mlle Garnier, tout se borne à ce début ; sincèrement, je me demande dans quels rôles elle pourrait être appelée à rendre de réels services à notre seconde scène lyrique. On a fait grand succès à Mondaud (Nilakantha), auquel on a bissé la romance du second acte qu'il avait chanté avec autant d'agrément que de goût. (Louis Regnard, la Vie théâtrale, 01 mars 1896)
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De Reims : Une très intéressante, tentative de décentralisation artistique, l'audition intégrale d'un chef-d'œuvre quasi inconnu de Mozart, l'Impresario, vient d'avoir lieu ici avec un éclatant succès. Un auditoire d’élite fêta la parfaite cantatrice Mary Garnier dont on sait les exceptionnelles qualités de voix et de style, éminemment propres à l'interprétation de Mozart ainsi que ses dignes partenaires, MM. Maugière et Chassinat, Mlle Germaine Marquaire, cette dernière élève de Mlle Mary Garnier et qui dès ses débuts a fait preuve des plus rares qualités. La séance avait commencé par une attrayante partie de musique russe : un jeune pianiste au talent remarquable, M. Cognet, interpréta brillamment Islamey, de Balakirev ; et dans une causerie aussi substantielle que charmante et qui fut très goûtée, M. Louis Bourge évoqua la figure de Mozart, son génie et les caractères de son œuvre. (le Figaro, 29 mars 1912)
Ce fut une impression d'art que le public emporta de l'audition des élèves de Mlle Mary Garnier, de l'Opéra-Comique, qui vient d'avoir lieu salle Malakoff. Le succès fut complet et chacun se plut à rendre hommage à l'excellence de l'enseignement, à la façon dont les voix sont posées, à la pureté du style des jeunes filles et jeunes femmes qui interprétèrent des œuvres classiques et modernes. Parmi les plus remarquées nous citerons : Mlle Sonia Darbell, de l'Opéra-Comique, qui, après les succès de ses récitals à Londres et à Paris, fit une grande impression dans « Vision » de Schubert ; Mme Dumény, à la voix si claire et à l'expression si pleine de charme ; Mme Davrillé des Essards, à l'organe si riche ; Mme Svendsen, aux vocalises si remarquables ; Mlle Marquaire, dont l'art est digne d'éloges ; Mme Guignard Marquaire, qui chante en musicienne ; Mlle O'Meara, soprano délicieux ; Mlle de Beauchêne, Mlle Hérissant, parfaite de technique ; Mme Alix-Arnaut, qui interpréta à ravir du Debussy ; Mlle Dalmont, un merveilleux contralto ; Mme Thauverins, dont les progrès furent très remarqués, etc. (L. de Crémone, le Figaro, 07 juillet 1912)
Les obsèques de Mlle Mary Garnier, de l'Opéra-Comique, ont été célébrées hier, à midi, en l'église Saint-Ferdinand des Ternes. (Comœdia, 15 janvier 1930)
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