Gabriel Hippolyte GANDUBERT
Gabriel Hippolyte GANDUBERT
ténor français
(21 rue Palaprat, Toulouse, Haute-Garonne, 03 février 1859* – Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 83 boulevard de l'Hôpital, Paris 13e, 18 septembre 1914*)
Fils de Pierre Louis GANDUBERT (Châteaubriant, Loire-Atlantique, 16 mars 1824 – Toulouse, 08 février 1883), cordonnier, et de Claire OULIÉ (Toulouse, 06 août 1828 – ap. 1914), mariés à Toulouse le 23 août 1852.
Epouse 1. à Paris 10e le 15 octobre 1884* (divorce le 24 mars 1893) Jane PERNYN, soprano.
Epouse 2. à Paris 10e le 05 février 1903* Claudine LAMY (Semur-en-Auxois, Côte-d'Or, 19 février 1850* – ap. 1914).
[renseignements généalogiques fournis par M. François Roughol]
Lauréat du Conservatoire de sa ville natale, où il suivit les cours de Joseph Dufrène et Hoffman et de Mme Émilien Fauré [Adolphine Petit-Brière], il vint ensuite à Paris et, en 1882, fut admis l'un des premiers au Conservatoire national, dans les classes de Danhauser, Ponsard, Obin et Saint-Yves Bax. Il obtint en chant, un 1er accessit en 1883, un second prix en 1884, un premier prix en 1885 obtenu à l'unanimité ; en solfège, une 3e médaille en 1884, une 2e médaille en 1885 ; en opéra-comique, un 1er accessit en 1884, un second prix en 1885.
Sorti du Conservatoire en 1885, il fut engagé tout de suite au Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles (direction Verdhurt), où il débuta le 11 octobre 1885 dans le Chalet (Daniel). Au même théâtre, il interpréta tous les rôles du répertoire courant et y fit, avec un succès notoire, diverses créations dans les Templiers de Litolff, Saint-Megrin d'Hillemacher, Nadia de Bordier, Richilde de Mathieu, Fidelio de Beethoven, arrangé par Gevaert, Lakmé et le Roi l'a dit de Léo Delibes, les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner, etc.
En 1890, Gandubert quitta Bruxelles et se fit entendre successivement à l'Aquarium de Saint-Pétersbourg, au San-Carlos de Lisbonne, au Théâtre Khédivial du Caire, etc. Rentré en France, il chanta avec éclat les rôles de ténor d'opéra-comique dans les principales villes de France, où il fit de nombreuses créations, parmi lesquelles il faut mentionner : le Printemps, d'Alexandre Georges, le 02 mai 1890 à Rouen ; Mademoiselle Colombe, de Charles Haring le 25 avril 1891, et la Statue, de Reyer, à Bordeaux ; la Basoche, de Messager, à Lyon ; Taï-Tsoung, d'Émile Guimet, le 11 avril 1894 à Marseille, etc. Il chanta également à Toulouse, Pau, Le Havre, Aix-les-Bains, Royan, Nice, etc. A Paris, il a interprété, aux Concerts Colonne, l'Or du Rhin, la Symphonie avec chœurs, etc.
Engagé ensuite à l'Opéra, il débuta dans Frédégonde (Fortunatus) de Guiraud et Saint-Saëns le 28 décembre 1895 ; mais, malgré le succès qui l'accueillit, il préféra se consacrer au professorat et s'y adonna bientôt exclusivement. Très apprécié pour les qualités de sonorité et de souplesse de sa voix et aussi pour le mérite de ses conseils, Gandubert a formé à la scène, par l'étude du répertoire complet, un grand nombre d'élèves qui furent lauréats du Conservatoire.
En 1895, il habitait 46 rue des Martyrs à Paris 9e ; en 1911, 9 rue Ganneron à Paris 18e. Il est décédé en 1914 à cinquante-cinq ans, domicilié 47 avenue de Rigny à Bry-sur-Marne, Seine [auj. Val-de-Marne].
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 28 décembre 1895 dans Frédégonde (Fortunatus).
Il y chanta la Favorite (Gaspard, 1896) ; Hamlet (Marcellus, 1896). |
On dirait que l'embonpoint assiège volontiers les chanteurs. Ce résultat serait-il dû à leur état forcément sédentaire, ou le chant et l'usage plus fréquent de la respiration développeraient-ils le thorax, et cætera ? Si la deuxième hypothèse était plus probable, il faudrait en conclure que Gandubert respire bien diaphragmatiquement — ce qui est une appellation bizarre, — mais la bonne, la vraie, la seule manière classique. Et ce souffle passe sur le plus gracieux petit instrument qu'il soit permis d'entendre — souple d'un bout à l'autre de l'échelle vocale — d'un timbre jeune, plein de fraîcheur. Tels devaient être les sons que Daphnis tirait de son pipeau, lorsqu'il initiait aux mystères de l'amour naissant la naïve Chloé, assise à ses côtés, sur les bords du ruisseau. Est-il utile de dire que Gandubert est de Toulouse ? Il a débuté à la Monnaie. Il n'a jamais chanté que là. Il sortait du Conservatoire, où il avait travaillé à se faire une situation et... une famille. Il n'avait pas — à cette époque — son double menton d'abbé, et ses joues ne s'étaient pas encore élargies. Il chantait des duos d'amour ; Mlle Pernin, élève de la même classe, lui donnait la réplique avec ardeur. Ils en chantèrent tant et tant, qu'ils finirent tous deux par y croire, et que la fiction devint la réalité. Mlle Pernin est aujourd'hui Mme Gandubert. (Jacques Isnardon, le Théâtre de la Monnaie, septembre 1888)
Une fois de plus, les tribunaux viennent de faire triompher la vertu ! M. Gandubert, professeur de chant, réclamait 4.500 francs de leçons à une de ses anciennes élèves, qui devait le payer sur son premier engagement. Or, quatre ans étaient passés, Mlle R... n'était point engagée, et le professeur, considérant la chose comme un abandon de la carrière théâtrale, réclamait immédiatement son dû. « Je n'ai rien abandonné, répondait Mlle R..., mais je suis malade depuis longtemps. Quant au seul engagement que j'ai eu, le directeur voulait me faire jouer le rôle de Siébel, dans Faust. J'ai refusé de débuter en maillot, c'était mon droit, et un directeur n'a pas celui de faire violence à la pudeur d'une artiste. » Après une lutte ardente entre Mes Landowski et Raymond Persin, le tribunal a donné raison à l'artiste. Il est entendu qu'un directeur ne peut forcer une artiste à se mettre en maillot pour ses débuts. Mlle R... paiera ses leçons lorsqu'elle sera engagée. (Revue française de musique, 05 février 1905)
M. Gabriel Gandubert, ancien ténor de l'Opéra et professeur de chant, demeurant 47, avenue de Rigny, à Bry-sur-Marne, a été renversé hier soir à onze heures, presque en face de son domicile, par l'auto de M. Cahen d'Anvers. Après avoir reçu des soins dans une pharmacie, M. Gandubert, qui est assez grièvement blessé, a été reconduit à son domicile. (l'Homme libre, 27 octobre 1913)
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