Charles DULAURENS
Elzéar Honoré Auguste DULAURENS dit Charles DULAURENS
ténor français
(Beaumont-le-Roger, Eure, 12 novembre 1828* – Paris 8e, 02 juin 1896*)
Fils d’Elzéar Alexandre DULAURENS (1802–), défenseur à la justice de paix, et de Mathilde Félicité Julienne MONTIGNY (1805–).
Epouse 1. à Paris ancien 3e le 27 août 1853* Adèle Joséphine PRÉVOST (– Mandeville, Louisiane, 05 octobre 1858), professeur de musique, fille d'Edme Louis PRÉVOST et de Marie Madeleine Jeanne DEBEAUGRAND.
Epouse 2. à Paris 9e le 17 août 1861* Rosalie Malvina BRUNOT dite Rosalie DULAURENS (Paris ancien 5e, 28 juillet 1840 – ap. 1896), danseuse.
Père de Marie Rosalie DULAURENS [2] (Boulogne [auj. Boulogne-Billancourt], Seine [auj. Hauts-de-Seine], 01 décembre 1872* – Grasse, Alpes-Maritimes, 22 juillet 1958), épouse à Paris 8e le 19 décembre 1896* Henri Antoine DESGRANGE (Paris 10e, 31 janvier 1865 – Beauvallon, Drôme, 16 août 1940), avocat et journaliste sportif, créateur du Tour de France cycliste [parents de Denise DESGRANGE, épouse du chanteur Fred BORDON].
Au début de sa carrière, il chanta Guillaume Tell à Versailles, il était alors caporal d’infanterie. Il débuta en 1851 au Théâtre-Lyrique, puis entra à l’Opéra de Paris. Après avoir chanté à Toulouse et à Lyon, il revint à l’Opéra. A la Monnaie de Bruxelles, il chanta la première de Don Carlos (Don Carlos) le 11 mars 1868. Il chanta également à Bordeaux, où il vint s’établir pour s’y consacrer au professorat. Au Grand Théâtre de Bordeaux, il chanta la Juive (Eléazar, 15 avril 1872, 09, 12 et 20 février 1877) ; Guillaume Tell (Arnold, 18 et 21 avril 1872, 23 et 27 février 1877) ; Robert le Diable (Robert, 24 avril 1872, 19 et 25 février 1877) ; les Huguenots (Raoul de Nangis, 28 et 30 avril 1872) ; la Favorite (Fernand, 04 mai 1872, 11 décembre 1887, 15 avril 1888) ; le Trouvère (Manrique, 07 et 14 février 1877, 26 mars 1877).
En 1861, il habitait 14 rue Neuve Bréda à Paris 9e ; en 1872, à Chatou, Seine-et-Oise [auj. Yvelines]. Il est décédé en 1896 à soixante-sept ans, en son domicile, 43 rue des Mathurins à Paris 8e.
Sa carrière au Théâtre-Lyrique
Il y débuta le 23 octobre 1851 en créant Murdock le bandit d’Eugène Gautier.
Il y créa le 02 août 1855 Paraguassú d’O’Kelly et de Villeneuve ; le 27 octobre 1855 les Lavandières de Santarem (Manoël) d’Auguste Gevaert.
Il y participa à la première le 23 avril 1852 de la Pie voleuse de Gioacchino Rossini [version française de Caignez, Daubigny et Castil-Blaze] ; le 19 juin 1855 de la Sirène d’Esprit Auber. |
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 09 août 1861 dans Robert le Diable (Robert).
Il y créa le 30 décembre 1861 la Voix humaine de Giulio Alary.
Il y chanta Guillaume Tell (Arnold, 1861) ; Lucie de Lammermoor (Edgard, 1861) ; la Favorite (Fernand, 1862) ; la Juive (Léopold, 1862) ; les Huguenots ; la Muette de Portici (Masaniello, 1863) ; le Trouvère (Manrique, 100e le 08 février 1863) ; Roland à Roncevaux (Roland, 11 juillet 1866) ; Hamlet (Laërte, 1872). |
[Opéra de Paris] Vendredi dernier, ont eu lieu, dans Robert le Diable, les débuts de Mme Rey-Balla et de Dulaurens : un double petit évènement précipité par l’indisposition de Mlle Sax, dont nous serons privés quelques temps encore. Mme Rey-Balla ne doit chanter à l’Opéra que pendant quelques soirées. M. Dulaurens, que nous avions déjà applaudi au Théâtre-Lyrique, a fait des progrès comme chanteur et comme comédien ; il a travaillé son instrument et s’est appliqué à lui donner une certaine ampleur ; parfois ses inflexions de voix rappellent celles de Duprez, avec des sons plus cuivrés. Il a joué avec chaleur et s’est abandonné à des élans passionnés qui, par 30 degrés Réaumur, n’étaient pas dépourvus de mérite, au point de vue de l’abnégation hygiénique. Quant à Mme Rey-Balla, elle nous a semblé insuffisante dans le personnage d’Alice. Le public n’a pu lui voter que des encouragements. Mme Vandenheuvel-Duprez a fait des prodiges de vocalisation dans son rôle d’Isabelle. (le Ménestrel, 11 août 1861)
Au milieu de cette distribution de menus faits, que je verse sur le papier, au hasard de mes notes, je ne veux pas oublier une reprise du Trouvère au théâtre du Château-d'Eau, où l'on a applaudi M. Dulaurens, un ténor d'autrefois, resté fort jeune de voix et de talent, M. Quirot et Mme Calderazzi. (Louis Gallet, la Nouvelle Revue, 01 août 1883)
Les obsèques du ténor Charles Dulaurens seront célébrées aujourd'hui jeudi, à midi très précis, en l'église de la Madeleine. On se réunira à la maison mortuaire, 43, rue des Mathurins. (le Gaulois, 04 juin 1896)
Mort du ténor Dulaurens. On annonce la mort à Paris, à l’âge de 68 ans [67 ans], de M. Auguste Dulaurens, ancien fort ténor de l’Opéra. M. Dulaurens, qui avait chanté sur plusieurs scènes de province, et particulièrement à Bordeaux, s’était fait entendre aussi au théâtre d’Angoulême, il y a une quinzaine d’années, dans quelques opéras, notamment dans les Huguenots. (la Charente, 05 juin 1896)
Nous apprenons la mort du ténor Charles Dulaurens décédé en son domicile, 43 rue des Mathurins. Au début de sa carrière, Dulaurens chanta Guillaume Tell à Versailles, il était alors caporal d’infanterie ; sa jolie voix le fit engager à l’Opéra où successivement il joua Roland à Roncevaux, les Huguenots, la Muette, puis il alla à Toulouse, à Lyon, et revint à notre Académie nationale de musique. Depuis de longues années, Dulaurens avait abandonné la scène pour se vouer entièrement au professorat et dernièrement on donnait à son bénéfice une représentation de retraite, mais le pauvre artiste était atteint déjà de la terrible maladie qui vient de l’enlever après une longue agonie, à l’âge de soixante-huit ans. (le Monde artiste, 07 juin 1896)
Nous avons appris cette semaine la mort d'Auguste Dulaurens, qui tint avec distinction, en France et à l’étranger, l’emploi de premier ténor dans le grand répertoire. Dulaurens avait passé à l'Opéra de Paris, non sans succès, à une époque où Gueymard et Villaret ne laissaient guère de place à leurs jeunes émules. Il y a quelques années, il vint s'établir à Bordeaux pour s'y consacrer au professorat, et j'ai eu l'occasion, à cette époque, de rappeler sa carrière artistique. Je ne veux aujourd'hui noter que son année d'engagement à Bordeaux, sous la direction Halanzier, en 1868-1869. Les vieux habitués du Grand-Théâtre se rappellent encore ce petit homme maigriot et barbu, si et si nerveux, qui savait si bien enfler sa voix métallique et en tirait des effets si sûrs et si puissants. Depuis Dulaurens, aucun ténor n'a dit le « brisement d'épée » de la Favorite de façon à le faire oublier ; aucun n'a fait mieux palpiter et vivre, dans le sextuor de Lucie, le personnage d'Edgard. On pourrait rappeler bien d'autres triomphes de sa carrière lyrique qui dura plus de trente ans. Il manquait d'élégance et de charme ; mais quelle solidité, quelle science des effets, quel foyer ! Ne l'avons-nous pas entendu, à la représentation solennelle donnée en l'honneur de Rossini, qui venait de mourir, chanter dans la même représentation la partie d'Arnold, dans le terrible trio de Guillaume, et le rôle d'Almaviva, dans le Barbier de Séville ! Ce dernier rôle, il le chanta par complaisance, il est vrai, mais quel ténor d'opéra, aujourd'hui, serait capable de complaisances pareilles ? (Argus, la Petite Gironde, 08 juin 1896)
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