Armand DARTOIS

 

 

 

 

François Victor Armand d'ARTOIS DE BOURNONVILLE dit Armand DARTOIS

 

vaudevilliste français

(Beaurains-lès-Noyon, Oise, 07 octobre 1788* 17 mars 1867)

 

Fils de Louis d'ARTOIS DE BOURNONVILLE, lieutenant de cavalerie, et de Louise Félicité Victoire DESMARETZ.

Frère d'Achille DARTOIS et de Louis Armand Théodore d'ARTOIS DE BOURNONVILLE dit Théodore DARTOIS (Beaurains-lès-Noyon, septembre 1786Paris, 1845), auteur de vaudevilles, chansons et poésies.

Père de Victor Armand d'ARTOIS DE BOURNONVILLE [père d'Armand d'ARTOIS, auteur dramatique].

 

 

Né d'une ancienne famille de la Picardie, il fut destiné au barreau et commença par travailler chez un avoué ; mais le succès qu'obtint sa petite pièce des Fiancés, en 1808, le détermina à s'occuper de littérature dramatique. En 1814, il entra dans les gardes du corps (compagnie écossaise) et suivit le roi en Belgique. Il quitta le service militaire et fut décoré de la Légion d'honneur en tant qu'officier de cavalerie le 20 mars 1816. En 1830, il devint, pour quelques années, un des administrateurs du théâtre des Variétés. Il fut un des vaudevillistes les plus féconds et les plus spirituels de son temps et un ardent royaliste. On lui doit plus de deux cents pièces, écrites, pour la plupart, en collaboration avec ses frères, avec Théaulon, Dupin, Dumersan, Francis, Saintine, Brazier, etc., et dont beaucoup eurent un vif succès. Nous citerons, entre autres : les Femmes soldats (1809) ; la Partie carrée (1811) ; Paris à Pékin ou la Clochette de l'Opéra-Comique, parodie-féerie-folie en 1 acte et en vaudevilles, avec Théaulon et Marc-Antoine Désaugiers (1817) ; le Magasin de chaperons ou l'Opéra-comique vengé, folie-féerie-parodie en 1 acte, avec Désaugiers (1818) ; le Perruquier et le Coiffeur (1824) ; Monsieur Pique-assiette (1824) ; Paris et Londres (1827) ; le Château de mon oncle (1827) ; la Grisette mariée (1829) ; le Curé de Champaubert (1835) ; le Flagrant délit (1841) ; la Gardeuse de dindons (1845) ; Un domestique pour tout faire (1846) ; Reculer pour mieux sauter (1854) ; Ma'me Gibou et ma'me Pochet ; etc.

Il est décédé en 1867 à soixante-dix-huit ans.

 

 

 

livrets

 

le Roi et la Ligue ou la Ville assiégée, à-propos en 2 actes avec Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de Nicolas-Charles Bochsa (Opéra-Comique, 22 août 1815)

Un Mari pour étrennes, opéra-comique en 1 acte avec Emmanuel Théaulon de Lambert et Armand Dartois, musique de Nicolas-Charles Bochsa (Opéra-Comique, 01 janvier 1816)

Charles de France ou Amour et Gloire, opéra-comique en 2 actes, avec E. de Rancé et Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de François-Adrien Boieldieu et Louis-Joseph-Ferdinand Herold (Opéra-Comique, 18 juin 1816)

la Bataille de Denain, opéra-comique en 3 actes avec Emmanuel Théaulon de Lambert et Fugence de Bury, musique de Giuseppe Catruffo (Opéra-Comique, 24 août 1816) => livret

le Sceptre et la charrue, opéra-comique en 3 actes avec Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de Louis-Alexandre Piccinni (Opéra-Comique, 14 juillet 1817)

la Comtesse de Lamarck ou Tout pour l’amour, opéra-comique en 3 actes avec Jacques-Antoine Révéroni de Saint-Cyr et Achille Dartois, musique de Felice Blangini (Opéra-Comique, 16 avril 1818)

les Troqueurs, opéra-comique en 1 acte avec Achille Dartois, musique de Louis-Ferdinand Herold (Opéra-Comique, 18 février 1819)

Jeanne d’Arc ou la Délivrance d’Orléans, opéra-comique en 3 actes avec Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de Michele Enrico Carafa (Opéra-Comique, 10 mars 1821)

le Panorama de Paris ou C’est fête partout !, divertissement en 5 tableaux avec Emmanuel Théaulon de Lambert, musique de vaudevilles (Opéra-Comique, 30 avril 1821)

le Duc d’Aquitaine ou le Retour, opéra-comique en 1 acte avec Emmanuel Théaulon de Lambert et E. de Rancé, musique de Felice Blangini (Opéra-Comique, 12 décembre 1823)

Figaro ou le Jour des noces, pièce en 3 actes des frères Dartois d’après Beaumarchais, musique de Felice Blangini d’après Mozart et Rossini (Nouveautés, 16 août 1827) => livret

le Chanteur de romances, opéra-comique en 2 actes avec Achille Dartois, musique de Felice Blangini (Variétés, 05 novembre 1830)

le Mousquetaire, opéra-comique en 1 acte avec Achille Dartois, musique de Georges Bousquet (Opéra-Comique, 14 octobre 1844)

la Jeunesse de Lulli, opéra-comique en 1 acte des frères Dartois, musique de Mlle Péan de Larochejagu (Théâtre Montmartre, 28 décembre 1846)

 

 

 

 

Destiné d'abord au barreau, il entra dans une étude d'avoué en 1808 ; mais le succès qu'obtint la même année sa première pièce, les Fiancés, faite avec Théaulon et jouée au Vaudeville, le détermina à travailler pour le théâtre. En 1814, il entra dans les gardes du corps (compagnie écossaise), avec ses deux frères, Théodore et Achille, et pendant les Cent-Jours suivit le roi en Belgique. Mais, comme beaucoup d'autres jeunes gens du monde royaliste, les frères Dartois ne servirent que passagèrement ; ils abandonnèrent l'épée et reprirent la plume. A vrai dire, Armand Dartois l'avait à peine quittée, car si, dès le 20 avril 1814, treize jours avant l'entrée de Louis XVIII, il avait fait jouer au Vaudeville la première pièce royaliste, les Clefs de Paris ou le Dessert de Henri IV, avec Théaulon, il avait, à la rentrée du même monarque, le 22 août 1815, toujours avec le même Théaulon, donné à l'Opéra-Comique un à-propos dont Bochsa fit la musique. Cet à-propos en deux actes était intitulé le Roi et la Ligue. Dès ses débuts dans la littérature dramatique, Armand Dartois, unissant fraternellement son nom à celui de Théaulon, avait montré son dévouement aux Bourbons. Il en fut récompensé en même temps que son collaborateur, en 1817, par la décoration de la Légion d'honneur. Ses convictions politiques étaient d'ailleurs chez lui bien arrêtées et n'empruntaient rien à la spéculation littéraire ou à la circonstance. Nous le retrouvons encore, au déclin de sa carrière, royaliste légitimiste dans les Saisons vivantes, vaudeville réactionnaire qu'il composa, en collaboration avec Roger de Beauvoir et M. de Besselièvre, en 1850. Hâtons-nous d'ajouter que, quoique royaliste de cœur, Armand Dartois était d'humeur libérale. Il eut plus d'une fois à souffrir les coupures des censeurs du gouvernement qu'il aimait. Charles X, à son avènement, avait aboli la censure préalable de la presse. Dartois, dans un vaudeville, les Personnalités ou le Bureau des cannes, écrit en société avec Francis et Gabriel, voulut fêter cette heureuse mesure. Quelques vers causèrent une vive émotion dans le camp, facile à émouvoir, de MM. les censeurs. Un contrôleur de théâtre chantait sur le nouvel ordre de choses un couplet qui se terminait par ces deux vers :

Ah ! pour l'honneur de la littérature,

Ces armes-là ne font plus peur.

Avant ce trait final, un acteur, qui remplissait le rôle d'un tailleur, tirait de grands ciseaux de sa poche, et c'est en les repoussant que le contrôleur répétait le couplet. Le public saisit l'allusion et applaudit à outrance. Les censeurs, furieux, prétendirent n'avoir pas eu connaissance de ce jeu de scène à la répétition. Les auteurs affirmèrent, dans une lettre adressée aux journaux n'avoir rien fait dire ni chanter, qui n'eût été approuvé par l'autorité. La pièce fut interdite. Armand Dartois et ses collaborateurs prirent alors le parti de faire imprimer leur pièce avec cette épigraphe, consolation ordinaire de toutes les oppositions dynastiques : « Ah ! si le roi le savait ! » Le roi le savait et laissait faire, et c'est parce qu'il laissait faire ainsi en toutes choses qu'il devait, à la fin, tomber du trône et aller mourir dans l'exil.

En 1830, Armand Dartois prit la direction du théâtre des Variétés qu'il garda jusqu'en 1836. Avec ses opinions bien connues, il ne pouvait voir qu'avec répugnance fêter, sur le théâtre placé entre ses mains, la révolution qui renvoyait a l'étranger les princes à qui il avait voué ses affections. Les Variétés prirent peu de part aux réjouissances du moment. « Mais bientôt, dit M. de Biéville, certains actes pusillanimes vis-à-vis de l'étranger, certaines mesures réactionnaires diminuèrent la popularité de Louis-Philippe. Plusieurs théâtres, et le théâtre des Variétés l'un des premiers, offrirent leur concours à l'opposition qui se formait contre son gouvernement. Malgré l'article de la nouvelle charte qui disait que la censure ne pourrait jamais être rétablie, Dartois se vit encore contraint de défendre contre l'autorité, non plus ses propres pièces, mais quelques-unes de celles qu'il jouait sur son théâtre. » Au théâtre des Variétés, il inaugura le genre dramatique et monta Kean, une des plus belles créations de Frédérick Lemaître. Après avoir cédé sa direction, il composa de loin en loin quelques vaudevilles avec différents collaborateurs. Retiré aux Ternes, il y est mort à soixante-dix-neuf ans, à la suite d'une chute dont le caractère n'offrait d'abord que peu de gravité. C'était un beau vieillard, à la physionomie bienveillante, au visage frais et souriant sous de longs cheveux blancs, que l'on rencontrait encore parfois dans les théâtres et les concerts. Son caractère doux, affable, sa loyauté dans toutes les relations de la vie lui faisaient des amis même parmi ses adversaires politiques.

Armand Dartois, dont les débuts avaient précédé ceux de Scribe, partagea pendant plus de quarante ans avec ce dernier les faveurs du public sur les scènes de l'Opéra-Comique, du Vaudeville et des Variétés. Mais il dut cesser d'écrire pour administrer les Variétés, et quand il voulut reprendre la plume, il trouva la place occupée. Il avait fait ses premières armes sous les auspices de Barré, de Radet, de Piis, de Bouilly, de Désaugiers. Il continua leur école avec Scribe, Théaulon, Brazier, Dumersan, Dupeuty, Carmouche, Dupin, Rochefort, Saintine, Francis, de Leuven, Vauderburch, Sauvage, et ses deux frères, Théodore et Achille. Nous citerons parmi les pièces auxquelles il a mis son nom : les Femmes soldats (1809) ; la Partie carrée (1811) ; les Maris ont tort, comédie en un acte (1813) ; la Route de Paris (1814) ; le Matin et le soir ou la Fiancée et la mariée, comédie-vaudeville en un acte (1822) ; le Perruquier et le coiffeur, en un acte (1824) ; M. Pique-assiette, comédie-vaudeville en un acte, mêlée de couplets (1824) ; Paris et Londres (1827) ; Cartouche et Mandrin, comédie-vaudeville en un acte (1827) ; le Château de mon oncle ou le Mari par hasard, comédie-vaudeville en un acte (1827) ; le Portefeuille (1828) ; les Inconvénients de la diligence ou Monsieur Bonaventure, six tableaux-vaudevilles (1828) ; la Grisette mariée, comédie-vaudeville en deux actes (1829) ; le Curé de Champaubert (1835) ; Manon, Ninon et Maintenon (1839) ; Deux systèmes (1840) ; le Flagrant délit, comédie-vaudeville en un acte (1841) ; le Héros du marquis de quinze sous (1843) ; la Gardeuse de dindons (1845) ; Un domestique pour tout faire (1846) ; les Saisons vivantes (1850) ; Une nuit orageuse (1852) ; Reculer pour mieux sauter (1854). Rappelons aussi : Ma'me Gibou et ma'me Pochet, une désopilante pochade ; les Enragés, la Marchande de goujons, Paris à Pékin, le Centenaire, vaudevilles fort applaudis en leur temps et qui sont oubliés aujourd'hui.

Armand Dartois avait eu à triompher d'une presse et d'un public hostiles à ses opinions ; son habileté théâtrale, sa gaieté, son esprit ne suffisaient pas toujours à enlever les suffrages. Aussi, pour résister aux attaques dont il était l'objet, s'était-il un beau jour essayé dans le journalisme. Il avait été avec Rougemont, l'hyperbolique thuriféraire de 1810 et de 1811, qui, après avoir chanté l'Empire, célébrait la Restauration, l'un des fondateurs rédacteurs de la Foudre, feuille satirique qui soutint, pendant trois ans, une ardente polémique avec les journaux libéraux de l'époque, mais qui ne foudroya personne. La Foudre tomba et ne brûla que ses amis, ceux qu'elle essayait de protéger, et qui comme elle représentaient le passé et les vieux abus.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)

 

 

 

 

 

 

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