Maurice CAZENEUVE
Maurice Cazeneuve en 1907 [photo Paul Berger]
Pierre Antoine Ernest CAZENEUVE dit Maurice CAZENEUVE
ténor français
(53 rue Truffaut, Paris 17e, 12 janvier 1861* – mort pour la France, Vauquois, Meuse, 06 avril 1915 [acte transcrit à Paris 17e le 27 juillet 1915*])
Fils de Toussaint Adolphe CAZENEUVE (Nantes, 3e et 4e cantons, Loire-Inférieure [auj. Loire-Atlantique], 30 août 1829* – Paris 18e, 07 janvier 1893*), menuisier [fils de Toussaint CAZENEUVE (1800 – Paris, avril 1851), menuisier], et de Flavie Marie GUÉRIN (Paris ancien 6e, 13 mai 1836* – Paris 18e, 30 septembre 1918*), couturière, mariés à Montmartre, Seine [auj. Paris 18e], le 01 juillet 1856*.
Epouse à Paris 11e le 24 septembre 1889* Florentine Virginie PIRARD (Liège, Belgique, 07 août 1862 – Couilly-Pont-aux-Dames, Seine-et-Marne, juin 1939), artiste lyrique.
Parents de Marie Jenny Colette CAZENEUVE dite Jany CAZENEUVE (Gand, Belgique, 25 octobre 1891 – Paris 18e, 29 septembre 1932*), artiste dramatique [épouse de l’acteur Pierre Raphaël LARQUEY].
Il débuta salle Favart en 1900, où il fit l’essentiel de sa carrière. Engagé volontaire en 1914 au 46e régiment d’infanterie, il est tombé au champ d'honneur en Argonne.
Il est mort pour la France de ses blessures de guerre en 1915 à cinquante-quatre ans ; il était domicilié 86 boulevard des Batignolles à Paris 17e.
Il ne doit pas être confondu avec le ténor Emile Cazeneuve.
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il y débuta le 06 août 1900 dans Mignon (Laërte).
Il y créa le 08 février 1901 la Fille de Tabarin (de la Roche-Posay) de Gabriel Pierné ; le 16 janvier 1902 la Chambre bleue (Prémaillac) de Jules Bouval ; le 30 mai 1902 la Troupe Jolicœur (Jolicœur) d’Arthur Coquard ; le 16 décembre 1902 la Carmélite (le Duc) de Reynaldo Hahn ; le 18 mars 1903 Muguette (Peter Pott) d’Edmond Missa ; le 07 novembre 1905 Miarka (le Maire) d'Alexandre Georges ; le 06 juin 1906 le Clos (Blaisot) de Charles Silver ; le 09 novembre 1906 les Armaillis (Fritz) de Gustave Doret ; le 05 juin 1907 Fortunio (Subtil) d'André Messager ; le 06 novembre 1907 le Chemineau (Martin) de Xavier Leroux ; le 10 mars 1909 Solange (Germain) de Gaston Salvayre ; le 07 mars 1910 Léone (Massino) de Samuel Rousseau ; le 04 mai 1910 le Mariage de Télémaque (Styrax) de Claude Terrasse ; le 30 mai 1910 On ne badine pas avec l'Amour (le Baron) de Gabriel Pierné ; le 26 avril 1911 la Jota (Charampla) de Raoul Laparra et le Voile du bonheur (Tchao) de Charles Pons ; le 19 mai 1911 l’Heure espagnole (Torquemada) de Maurice Ravel ; le 18 décembre 1912 la Sorcière (Arias) de Camille Erlanger ; le 01 décembre 1913 Céleste (Garenne) d’Emile Trépard ; le 04 juin 1913 Julien ou la Vie du poète (le Sonneur) de Gustave Charpentier ; le 25 février 1914 la Marchande d'allumettes (premier Apache) de Tiarko Richepin ; le 15 mai 1914 Mârouf, savetier du Caire (un Marchand) d’Henri Rabaud.
Il y participa à la première le 23 mai 1905 de Chérubin (le Duc) de Jules Massenet ; le 26 décembre 1905 de la Coupe enchantée (Thibault) de Gabriel Pierné ; le 28 décembre 1906 de Madame Butterfly (Goro) de Giacomo Puccini [version française de Paul Ferrier] ; le 22 mai 1908 de Snégourotchka Bobyl Bakoula) de Rimski-Korsakov [version française de Pierre Lalo] ; le 13 janvier 1910 de Paillasse (Peppe) de Ruggero Leoncavallo [version française d’Eugène Crosti].
Il y chanta Alceste (Evandre, 1914) ; Aphrodite (Philodème, 1913) ; les Amoureux de Catherine (Heinrick, 1901) ; la Basoche (Léveillé) ; le Caïd (Birotteau, 1911) ; Carmen (le Dancaïre ; 1000e le 23 décembre 1904) ; le Chalet (Daniel) ; le Chemineau (Toinet) ; la Cigale (le Garçon de banque, 1913) ; la Dame Blanche (Dickson, 1910) ; le Domino noir (Juliano) ; les Dragons de Villars (Silvain) ; Falstaff (Docteur Caïus, 1901) ; la Fille du régiment (Tonio) ; la Flûte enchantée (Monostatos, 1909) ; Galathée (Ganymède, 1908) ; la Habanera (1er compère, 2e aveugle) ; le Jongleur de Notre-Dame (un Moine poète, 1904) ; le Légataire universel (Eraste, 1905) ; Louise (Noctambule) ; Manon (Guillot de Morfontaine, 1904 ; M. de Brétigny, 1906) ; Marie-Magdeleine (un Disciple) ; la Navarraise (Ramon) ; Philémon et Baucis (Philémon, 1900) ; le Portrait de Manon (Tiberge) ; la Reine Fiammette (Daniélo) ; Rose et Colas (Pierre Leroux, 1901 ; Colas, 1905) ; Sapho (la Borderie, 1909) ; la Tosca (Spoletta, 1913) ; la Traviata (le Vicomte) ; le Vaisseau fantôme (le Pilote, 1904) ; la Vivandière (André) ; Zampa (Alphonse, 1913). |
Sa carrière à l'Opéra de Paris
En représentation, il y chanta Carmen (le Dancaïre) de Georges Bizet les 11 novembre 1900 (première [2e acte seul]) et 29 décembre 1907. |
Maurice Cazeneuve en 1910 [photo Paul Berger]
Maurice Cazeneuve avait d'abord été ouvrier horloger. Il fut ensuite violoncelliste d'orchestre, puis débuta au théâtre comme choriste. Comme premier ténor d'opérette, il parut sur plusieurs théâtres de province. Après avoir passé par Bordeaux, Genève, Bruxelles, il entra comme deuxième ténor à l'Opéra-Comique, où il chanta tout le répertoire. Il appartenait depuis quatorze ans à ce théâtre, où il rendait les services les plus appréciés. A la vérité, très supérieur au rang qu'il occupait, il avait tout à fait une âme d'artiste, une passion d'idéal et de beauté qui faisait de lui un enthousiaste, et cet enthousiasme, il l'exprimait souvent avec les ressources d'un esprit prime sautier, mais qui s'était largement orné. Il se plaisait aussi à la peinture, au paysage, surtout. On le surprenait en été, dès l'aube, sur les bords de la Seine, au travail. Désireux de parfaire ses dons naturels, il s'était inscrit, comme un jeune élève, dans des ateliers. Quand la guerre éclata, il commença par se prodiguer pour les réfugiés, français et belges. Il les attendait dans les gares et leur apportait tout ce qui pouvait leur être utile. Des camarades de l’Opéra-Comique le virent se dépouiller littéralement de tout pour des malheureux. Il poursuivait, en même temps, le dessein de s'engager. Malgré les difficultés, en dépit des refus, sa constance et sa belle humeur triomphèrent. A cinquante-quatre ans, il était enrôlé au 46e régiment d'infanterie, où servait déjà son fils. Il conquit successivement, par sa bravoure et son entrain, les galons de caporal, de sergent, d'adjudant. Son colonel se proposait de le faire nommer sous-lieutenant, quand Cazeneuve fut tué, le 06 avril 1915, en Argonne. Il avait été cité trois fois à l’ordre du jour. Il a été enterré à Aubreville. « Nous admirions son talent, qui honorait l’Opéra-Comique. Nous sommes fiers de sa mort glorieuse, face à l’ennemi. » Ainsi se terminait une note de la direction, affichée au foyer du théâtre. (Paul Ginisty, les Artistes morts pour la Patrie, 1916)
La guerre éclatait le 2 août 1914 et obligeait l'Opéra-Comique à différer sa réouverture qui, normalement devait avoir lieu, le 1er septembre. De nombreux membres du personnel artistique et administratif étaient mobilisés. Je ne m'attarderai pas à décrire, ici, l'attitude généreuse de ce personnel, pendant ces temps difficiles. Qu'il me soit permis, pour le moins, de déposer une fleur du souvenir sur la tombe de Cazeneuve, mort héroïquement à l'ennemi, à l'âge de 54 ans. Cazeneuve occupait, depuis plus de dix ans, à la Salle Favart, l'emploi des ténors légers et des trials. Il avait fait plusieurs créations importantes. En même temps que chanteur, il était un subtil et divertissant acteur de composition. A la déclaration de guerre, Cazeneuve, âgé de 52 ans, s'engageait dans l'infanterie. Deux ans après, il tombait comme simple soldat, dans les tranchées, enseveli sous l'explosion d'une mine allemande. (Cinquante ans de musique française, l’Opéra-Comique par Henry Malherbe, 1925)
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