Hélène BRUNET-LAFLEUR

 

 

 

 

Marie Hélène BRUNET dite Hélène BRUNET-LAFLEUR

 

soprano français

(Bordeaux, Gironde, 03 février 1847* Paris 9e, 20 septembre 1926*)

 

Fille de Jean Eugène BRUNET ( av. 1868), officier de marine, et de Catherine Désirée DUPOUY ( av. 1890).

Epouse 1. à Paris 9e le 05 novembre 1868* André Victor Armand ROUX (Vif, Isère, 03 août 1832* Vif, 13 août 1887*), compositeur et journaliste qui a fait représenter quelques opérettes sur des petits théâtres.

Epouse 2. à Paris 9e le 29 mai 1890* Charles LAMOUREUX (1834–1899), chef d’orchestre.

 

 

Elle fit d'excellents études au Conservatoire de Paris, où elle fut élève de Révial pour le chant, de Duvernoy pour l'opéra et de Mocker pour l'opéra-comique, et y obtint en 1866 un second prix de chant, puis, l’année suivante, les premiers prix de chant (classe Révial) et d’opéra (classe Duvernoy) ainsi qu'un second prix d’opéra-comique (classe Mocker). Sur le conseil d’Auber, elle ajouta à son nom celui de Lafleur lors de ses débuts à l’Opéra-Comique en 1867 dans le Domino noir puis dans la Part du Diable. Elle quitta ce théâtre en 1869 pour aller créer au Théâtre-Lyrique de la place du Châtelet le rôle principal de la Bohémienne. Elle resta ensuite éloignée de la scène pendant quelques années puis elle chanta aux Concerts de l’Harmonie sacrée (fondée et dirigée par Charles Lamoureux) de 1873 à 1876, avec lesquels elle créa le 18 mars 1875 au Cirque d’été Ève (Ève) de Jules Massenet. Elle obtint de grands succès dans ces superbes séances d'oratorios et se fit vivement applaudir en chantant le Messie et Judas Macchabée de Haendel. Le 11 avril 1874, elle avait créé à l’Athénée la Ferme de Miramas de Jules d’Aoust. En 1876, elle fit sa rentrée à l'Opéra-Comique dans une reprise de Lalla-Roukh, y joua Zampa l'année suivante, puis quitta définitivement la scène pour se consacrer entièrement à la musique de concert, où elle fit briller sa belle voix de soprano, d'un timbre merveilleux, que mettait en valeur le grand style de la cantatrice. Le 18 décembre 1878 elle créa aux concerts du Châtelet le Tasse de Benjamin Godard ; le 10 février 1881 elle créa dans la salle des concerts du Conservatoire la Fille de Jaïre de Clémence de Grandval ; le 15 mars 1885 elle créa aux Concerts Lamoureux la cantate la Sulamite d'Emmanuel Chabrier, qui lui est dédiée ; le 25 janvier 1886, elle créa à l’Eden-Théâtre avec les Concerts Lamoureux le Chant de la Cloche (Léonore) de Vincent d’Indy, sous la direction de Charles Lamoureux, qu’elle épousa en 1890. C'est surtout aux Concerts Lamoureux qu'elle se fit une réputation aussi brillante que méritée. Elle fut professeur de chant à Paris, et compta Jane Bathori et Suzanne Boyer de Lafory parmi ses élèves.

En 1899, elle habitait 15 rue de Bruxelles à Paris 9e ; en 1911, 6 rue Jean-Baptiste Say à Paris 9e, où elle est décédée en 1926 à soixante-dix-neuf ans.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Elle y débuta le 18 octobre 1867 dans le Domino noir (Angèle).

 

Elle y chanta la Part du Diable ; Lalla-Roukh (1876) ; Zampa (Camille, 500e le 16 mai 1877).

Sa carrière au Théâtre-Lyrique

 

Elle y débuta le 30 décembre 1869 en participant à la première de la Bohémienne (Sarah d'Arnheim) de Michael William Balfe [version française d’Henri de Saint-Georges].

 

 

 

 

Mlle Brunet-Lafleur a obtenu dans le Domino noir un brillant succès ; mais nous sommes d'avis, avec le Figaro, que Mlle Brunet-Lafleur serait mieux à l'Opéra.

Voici, du reste, comment ce journal, dans un article signé Eugène Tarbé, apprécie ce succès :

« Le succès obtenu mercredi par Mlle Brunet-Lafleur est un des plus grands malheurs qui aient pu frapper cette jeune artiste.

Ce succès a été assez grand, assez complet pour l'encourager à s'engager dans une voie qui n'est pas la sienne.

Mademoiselle Brunet-Lafleur, qui pourrait devenir une des plus grandes artistes de l'Opéra, ne sera jamais qu'une médiocre cantatrice d'opéra-comique, et la personne qui lui a conseillé de devenir pensionnaire de M. Leuven lui a rendu un déplorable service.

On dirait un cheval ardent obligé de faire de la haute école dans un cirque. Elle a un sentiment dramatique profond, une grande voix chaude, une manière de phraser qui réclament le grand répertoire.

Dieu me garde de prétendre rabaisser l'Opéra-Comique ! Je dis seulement que les immenses qualités de Mlle Brunet deviennent des défauts dans un cadre trop étroit pour elle.

A l’Opéra, je lui prédirais une carrière magnifique ; à l'Opéra-Comique, si elle y reste, elle se perdra.

Ceci dit, constatons qu'elle a chanté avec une mesure parfaite, atténuant, le plus qu'il est en son pouvoir de le faire, la puissance de sa nature.

Elle a assoupli même une voix qui semble rebelle aux vocalises, et en a [sic] des recherches de détail très heureuses.

(le Petit Courrier des Tribunaux, 23 décembre 1867)

 

 

Elles sont nombreuses, les fauvettes envolées de la cage, avant et depuis la guerre, sans que l'on paraisse songer à les rappeler ou à les remplacer !

Mme Brunet-Lafleur, l'ex-Bohémienne tombe dans le pot-au-feu conjugal et qu'il serait temps d'en retirer : une voix faite par Révial, une artiste trois fois couronnée au Conservatoire.

(le Théâtre de l’Opéra-Comique, Jules Prével, le Figaro, 17 janvier 1875)

 

 

 

 

 

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