Aïno ACKTÉ
Aïno Ackté dans Salomé en 1911
Aino ACHTÉ dite Aïno ACKTÉ
soprano finlandais
(Helsinki, Finlande, 23 avril 1876 – Nummela, Vihti, près d'Helsinki, Finlande, 08 août 1944)
Fille de Lorenz Nikolai ACHTÉ (Pori, Finlande, 25 mai 1835 – Helsinki, 18 avril 1900), compositeur et directeur du Conservatoire d'Helsinki, et d'Emmy Charlotta STROEMER dite STROEMER-ACKTÉ (Oulu, Finlande, 14 novembre 1850 – Helsinki, 02 décembre 1924), soprano allemand.
Sœur d'Irma ACHTÉ dite Irma TERVANI (Helsinki, 04 juin 1887 – Berlin, Allemagne, 29 octobre 1936), mezzo-soprano, élève au Conservatoire de Paris en 1904.
Epouse 1. à Helsinki le 06 mai 1901 (divorce 1917) le docteur Heikki (Henri Gabriel) RENVALL (Turku, Finlande, 19 janvier 1872 – Helsinki, 01 juin 1955), membre du parlement finlandais, avocat et directeur d'un grand journal quotidien ; parents de Glory RENVALL (Paris 17e, 28 novembre 1901* – Helsingfors, Finlande, 26 octobre 1979).
Epouse 2. en 1919 le major-général Bruno JALANDER (Raahe, Finlande, 28 août 1872 – Helsinki, 14 décembre 1966).
Née en Finlande, alors possession de la Russie, elle commença son éducation musicale avec sa mère, cantatrice bien connue en Allemagne et en Scandinavie, et à dix-sept ans vint à Paris, où, en 1894, elle fut admise au Conservatoire dans la classe de chant d'Edmond Duvernoy et celle d'opéra d'Alfred Girodet. Après avoir obtenu les deux seconds prix de chant et d'opéra en 1896, elle remporta le premier prix d'opéra l'année suivante et fut aussitôt engagée par la direction de l'Opéra, où elle débuta fort heureusement, en 1897, dans le rôle de Marguerite de Faust. Sa claire et jolie voix de soprano, délicate et un peu frêle, la facilité de sa vocalisation, lui valurent un succès complet, que justifiaient ses très réelles qualités de cantatrice. Elle joua ensuite Roméo et Juliette, créa le rôle d'Herwine dans la Cloche du Rhin, puis se montra dans Elsa de Lohengrin et Elisabeth de Tannhäuser. Elle déploya un charme délicieux dans le joli personnage de Benjamin du Joseph de Méhul, adapté à l'Opéra avec des récitatifs de Bourgault-Ducoudray. Après avoir créé les rôles principaux dans Hellé et dans Orsola, elle obtint encore un vif succès dans celui de Margyane de la Statue, de Reyer. En 1903, elle alla donner des représentations à Dresde, à Stockholm et à Varsovie, des concerts dans les grandes villes de Suède et de Danemark, puis fut engagée pour deux saisons à l'Opéra Métropolitain de New York, où son succès fut grand ; elle y interpréta le répertoire français, le répertoire wagnérien et la Salomé de Richard Strauss ; et, de retour en Europe, se fit entendre dans sa ville natale. En 1938, elle prit la direction de l'Opéra d'Helsinki.
En 1901, elle habitait 13 rue de Thann à Paris 17e ; en 1905, 47 avenue de Friedland à Paris 8e. Elle est décédée en 1944 à soixante-huit ans.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Elle y débuta le 08 octobre 1897 dans Faust (Marguerite).
Elle y chanta Roméo et Juliette (Juliette, 26 novembre 1897) ; Lohengrin (Elsa, 1898) ; Tannhäuser (Elisabeth, 1899) ; le Bourgeois gentilhomme (première au Palais Garnier, 18 mars 1899) ; Joseph (Benjamin) de Méhul (première au Palais Garnier, 26 mai 1899) ; Hellé (Hellé, 1900) ; Alceste (Alceste, 1900) ; Thaïs (Thaïs, 1910).
Elle y participa à la première le 17 décembre 1902 de Paillasse (Nedda) de Ruggero Leoncavallo ; le 06 mars 1903 de la Statue (Margyane) d'Ernest Reyer.
Elle y créa le 08 juin 1898 la Cloche du Rhin (Herwine) de Samuel Rousseau ; le 14 mai 1902 Orsola (Thisbé) de Hillemacher. |
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Elle y débuta le 12 avril 1906 en participant à la première de la version scénique de Marie-Magdeleine (Méryem) de Jules Massenet.
Elle y chanta Carmen (Micaëla) en représentation. |
Aïno Ackté dans Joseph (Benjamin)
Aïno Ackté dans Roméo et Juliette (Juliette) à l'Opéra en 1904
Aïno Ackté dans Tannhäuser (Elisabeth) à l'Opéra en 1904
Aïno Ackté dans Tannhäuser (Elisabeth) à l'Opéra en 1904
Née à Helsingfors, en Finlande, élève de M. Edmond Duvernoy et de M. Giraudet, premier prix de 1897, a débuté dans Marguerite, de Faust. D'emblée, elle a enlevé tous les suffrages et marqué sa place au premier rang des cantatrices de l'Académie nationale de musique. Aussi a-t-elle eu, le lendemain même de son apparition, l'agréable surprise de signer avec MM. Bertrand et Gailhard un nouvel et brillant engagement, remplaçant celui bien modeste qu'elle avait dû contracter suivant les conditions réglementaires faites aux élèves sortant du Conservatoire. Cette jolie et distinguée jeune fille, d'un visage et d'une allure étranges et poétiques, douée d'une voix merveilleuse et stylée, ne s'est pas contentée de chanter Marguerite ; elle l'a rendue avec une étonnante souplesse de talent. C'est une brillante étoile qui se lève ; c'est tout au moins une Nilsson. Mademoiselle Ackté a chanté Juliette (Roméo et Juliette) et Elsa (Lohengrin), avec un succès au moins égal à celui qu'elle avait remporté à ses débuts dans Faust. Elle a créé Hervine de la Cloche du Rhin. (Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, juillet 1899)
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Aïno Ackté dans Faust (Marguerite)
Aïno Ackté dans la Statue (Margyane)
L'éloge de Mme Ackté n'est plus à faire : elle marche, dans chacune de ses créations, de succès en succès. C'est dans le rôle de Margyane, de la Statue d'Ernest Reyer, que nous la représentons, rôle tout empreint d'amour à la fois discret et passionné, où elle s'est montrée adorablement belle. Une fois de plus, elle a tenu son auditoire sous le charme des accents touchants de sa voix pure et cristalline. La Statue, que la direction de l'Opéra vient de faire entrer au répertoire, avait été représentée pour la première fois au Théâtre-Lyrique, le 11 avril 1861. C'est une excellente partition, pleine de correction et de style, mais qui se ressent peut-être un peu trop d'avoir été écrite longtemps avant l'évolution wagnérienne à laquelle nous assistons depuis une vingtaine d'années, et qui nous a valu des chefs-d'œuvre comme Sigurd et Salammbô, qui ont classé Ernest Reyer au rang des gloires de la musique française. Il faut dire, cependant, que, présentée suivant la nouvelle version que vient de nous en donner le maître, qui l'a tout à fait modernisée, elle méritait de figurer au répertoire, à côté de ses autres ouvrages, comme la preuve vivante de la variété de son talent. (Journal de musique, 15 mai 1903)
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Aïno Ackté dans Paillasse (Nedda) |
Aïno Ackté dans Alceste à l'Opéra le 11 novembre 1900
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Aïno Ackté est morte
C’est une vieille dame finlandaise de soixante-neuf ans qui vient de mourir à Helsingfors, sa ville natale. Une chanteuse qui s'était, depuis très longtemps, retirée là-bas, mais qui n'a jamais dû oublier la France, Paris où elle fut autrefois élevée, lancée, fêtée, où elle devint une des plus réputées cantatrices de son époque : Aïno Ackté. Ceux qui l'ont applaudie gardent le souvenir de l'expression la plus pure qu'un visage d'artiste puisse avoir et d'une voix dont la limpidité répondait à un physique particulièrement doué pour être celui de Marguerite, de Juliette, d'Elsa, d'Elisabeth et autres héroïnes chez lesquelles l'émotion a sa source dans la clarté même du sentiment. Aïno Ackté débuta à l'Opéra le 8 octobre 1897 dans Faust. Débuts splendides ; le mois suivant elle faisait ses seconds débuts dans Roméo et Juliette. Sa création, l'année suivante, dans la Cloche du Rhin, de Samuel Rousseau, du rôle d'Hermine auquel elle prêta, par ses accents et par le rayonnement poétique de sa personne, une saveur virginale, fit la plus vive impression. Lohengrin, Tannhäuser mirent en valeur sa science du chant et son sens de la composition dramatique. Elle subit également avec succès l'épreuve du classique en interprétant le rôle de Benjamin, dans Joseph, de Méhul. Puis elle quitta brusquement l'Opéra pour l'Amérique, où sa carrière ne fut pas moins éclatante. Elle revint à Paris pour chanter Marie-Magdeleine, de Massenet à l'Opéra-Comique. Les plus beaux souvenirs d'Aïno Ackté furent assurément ceux que lui avaient laissées les premières années passées à l'Opéra : elles avaient suffi à fixer son nom parmi ceux des cantatrices qui ont le plus honoré notre première scène lyrique.
(journal Opéra, 05 décembre 1945)
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Aïno Ackté dans Lohengrin (Elsa) à l'Opéra en 1900
le Rêve "Seule dans ma misère" extrait de Lohengrin de Wagner [version française] Aïno Ackté (Elsa) et Piano Fonotipia 39089, mat. 36872, enr. à Paris en 1905
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Air des Bijoux extrait de l'acte III de Faust de Gounod Aïno Ackté (Marguerite) et Piano Fonotipia mat. 36870, enr. à Paris en 1905
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valse chantée de Messager Aïno Ackté et Orchestre Fonotipia 39059, mat. 36869, enr. à Paris en 1905
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Valse des Cigales extrait de l'acte III de Madame Chrysanthème de Messager Aïno Ackté (Chrysanthème) et Orchestre Disque Pour Gramophone G.C.-33529, enr. vers 1905
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