Poème d'amour
Recueil de six mélodies, poésies de Paul Pierre ROBIQUET (Paris 8e, 14 octobre 1848 – 1928), musique de Jules MASSENET (1878-1880) : 1. Je me suis plaint ; 2. La nuit, sans doute ; 3. Ouvre tes yeux bleus... ; 4. Puisqu'elle a pris ma vie ; 5. Pourquoi pleures-tu ? ; 06. Oh ! ne finis jamais
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1. Je me suis plaint
(Lui)
Je me suis plaint aux tourterelles ; Les tourterelles ont gémit, Et la caresse de leurs ailes M'a consolé comme un ami.
J'ai conté ma douleur au chêne ; Le chêne au cœur dur, fut touché. Les cyprès ont compris ma peine, Et vers moi leur front s'est penché.
Le zéphyr, effleurant mon âme, Bien tristement a murmuré : Mais qui m'a guéri... c'est la femme ! Quand je pleurait, elle a pleuré ! |
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2. La nuit, sans doute
(Lui)
La nuit, sans doute, était trop belle,
Le ciel trop bleu ;
J'eus tort d'admirer avec elle
L'œuvre de Dieu.
C'était dans les nids de verdure
Trop de chansons !
L'étoile brillait trop pure
Sur les gazons !
Oui c'est ta faute, ô nuit sereine,
Si son beau cou,
Son front pâle, ses yeux de reine
M'ont rendu fou.
La nuit, sans doute, était trop belle,
Le ciel trop bleu ;
La nuit, sans doute, était trop belle,
Le ciel trop bleu !...
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3. Ouvre tes yeux bleus...
(Lui) Ouvre tes yeux bleus, ma mignonne ; Voici le jour ! Déjà la fauvette fredonne Un chant d'amour. L'aurore épanouit la rose ; Viens avec moi Cueillir la marguerite éclose. Réveille-toi ! Réveille-toi ! Ouvre tes yeux bleus, ma mignonne ; Voici le jour !...
(Elle) A quoi bon contempler la terre Et sa beauté ?... L'amour est un plus doux mystère Qu'un jour d'été ; C'est un moi que l'oiseau module Un chant vainqueur, Et le grand soleil qui nous brûle Est dans mon cœur !
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Ouvre tes yeux bleus... Albert Vaguet, ténor, avec piano Pathé saphir 90t n° 3658, enr. en 1907
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Ouvre tes yeux bleus... Trio Ackroyd (violon, flûte et harpe) Pathé saphir 80t n° 6322, mat. 93823, enr. vers 1910
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Ouvre tes yeux bleus... Paul Payan, basse, avec Orchestre Disque Pour Gramophone W 345, mat. 3489c (032350), enr. à Paris le 26 juin 1919
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4. Puisqu'elle a pris ma vie
(Lui)
Puisqu'elle a pris ma vie et que j'ai pris la sienne ;
Puisque chaque matin d'extase est embaumé !...
Puisque chaque printemps fleurit la tige ancienne,
Puisque je fus aimé ! je fus aimé !
Le vent peut emporter les feuilles épuisées...
Le ciel peut se voiler et le bois peut jaunir...
Mais rien n'arrachera, de nos mains enlacées,
La fleur du souvenir !...
Puisque je fus aimé !... |
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5. Pourquoi pleures-tu ?
(Lui)
Pourquoi pleures-tu ?...
Sur ton cœur quelle ombre
A passé soudain ?...
Le nid s'est donc tu ;
Le ciel est donc sombre
Sur notre chemin ?...
L'oiseau qui prédit les destins moroses,
D'un vol inégal
A donc effleuré tes paupières closes ?...
Pleurer fait du mal !
Mais non… pour pleurer, c'est assez d'un rêve,
D’un soupir, d'un rien ;
C'est assez du flot qui meurt sur la grève…
Pleurer fait du bien ! |
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6. Oh ! ne finis jamais
(Elle et Lui)
Oh ! ne finis jamais nuit clémente et divine ;
Soleil, ne brille pas au front de la colline...
Et laisse-nous aimer encor ;
Laisse nous laisse écouter dans l'ombre et le mystère,
Les voix, les tendres voix qui n'ont rien de la terre ;
Ne trouble pas nos rêves d'or !...
Oh ! ne finis jamais, nuit clémente et divine...
Oh ! ne finis jamais !... jamais !... jamais !
Ce qu'il faut à nos cœurs, ô nuit, ce sont tes voiles,
C'est l'exquise pâleur qui tombe des étoiles
Sur les amoureux à genoux ;
C'est un mot commencé… qui jamais ne s'achève ;
C'est l'amour éternel, mystérieux, sans trêve…
Pour la terre immense et pour nous !...
Oh ! ne finis jamais nuit clémente et divine ;
Soleil, ne brille pas au front de la colline,
O nuit clémente ! laisse-nous aimer encor !... encor !... encor !...
encor !... |