Œdipe-Roi

 

 

 

Tragédie lyrique en trois actes et quatre tableaux, livret extrait de la traduction française en vers de Marie-Joseph de CHÉNIER de la tragédie de Sophocle, musique de Paul BASTIDE.

 

Création au Théâtre des Arts de Rouen le 21 février 1936.

 

 

 

personnages emplois
Jocaste, reine de Thèbes soprano dramatique ou mezzo-soprano
Antigone, fille d'Œdipe rôle parlé
Ismène, fille d'Œdipe personnage muet
Œdipe, roi de Thèbes fort ténor
Créon, frère de Jocaste baryton
Tirésias, devin basse
le Grand-prêtre basse chantante
Phorbas, berger de Laïus basse
Policlès, messager baryton
un jeune Thébain, coryphée ténor
une Jeune fille thébaine, coryphée soprano
une Femme thébaine, coryphée contralto
Chœurs  

 

 

Œdipe, roi de Thèbes, est bien décidé à châtier le meurtrier qui est cause du courroux des dieux. Mais ce criminel, il l'apprendra petit à petit avec effroi, c'est lui-même, qu'un sort affreux destinait à être l'assassin de son père et l'époux de sa mère. Œdipe s'ôte la vue et quitte Thèbes, désespéré.

Des interludes vocaux (soli et chœurs) remplissent ici le rôle commentateur du « chœur » de la tragédie antique.

 

Analyse

 

Acte I. – Thèbes : La place publique.

Œdipe s'émeut de la douleur du peuple et le Grand-Prêtre l'adjure de délivrer la cité des maux qui l'accablent. Créon, qu'Œdipe a envoyé consulter l'Oracle de Delphes, rapporte que Thèbes ne sera délivrée que quand le meurtrier du vieux roi Laïus aura été châtié. Œdipe jure de le punir, puis rentre dans le palais.

[Premier interlude vocal : les Coryphées et le chœur approuvent cette résolution].

Œdipe reparaît, annonçant au peuple qu'il a, sur le conseil de Créon, fait venir le devin Tirésias. Guidé par un enfant, celui-ci s'avance. Lentement, d'une voix sourde et lointaine, Tirésias déplore de devoir révéler les horreurs qu'il aurait voulu taire. Il révèle que ce fut Œdipe le meurtrier de Laïus. Œdipe, stupéfait, accuse Tirésias d'intelligence avec Créon dont il soupçonne l'imposture. Mais, quand bien même Tirésias dirait vrai, il a sauvé les Thébains qui lui vouent une grande reconnaissance. Tirésias sort, tandis qu'un murmure d'horreur et d'effroi s'élève de la foule.

 

Acte II.

[Deuxième interlude vocal : le Chœur et les Coryphées s'interrogent anxieusement sur l'accusation qui atteint leur roi bien-aimé].

Créon entre, très agité, se plaignant des reproches dont le couvre Œdipe. Œdipe renouvelle publiquement ceux-ci. Il redit l'accusation de Tirésias et prononce le bannissement de Créon. Celui-ci, citoyen de Thèbes, refuse de quitter la ville.

Jocaste, attirée par le bruit, intervient, et Œdipe adoucit la peine. L'adieu de Créon est plein de magnanimité. Jocaste le fait remarquer à Œdipe qui demeure persuadé que Créon lia partie avec Tirésias. Jocaste raconte alors qu'une prophétie funeste fit écarter, dès son berceau, l'enfant de Laïus qui dut périr abandonné dans le désert. Quand à Laïus, il fut victime de brigands au carrefour de trois routes. Cette précision trouble Œdipe, qui questionne plus avant Jocaste sur les circonstances d'un crime dont il craint de se reconnaître l'auteur ! Un seul témoin du drame, Phorbas, en demeure encore. Œdipe demande que cet homme soit amené au palais. Puis il raconte à Jocaste la prophétie de l'Oracle le Delphes le destinant au crime et à l'inceste, et comment il voulut y échapper en quittant volontairement son père Polybe et sa mère Mérope. Toutefois un doute subsiste encore. Les époux rentrent au palais. Jocaste, persuadée que son fils a péri, n'ajoute nullement foi aux déclarations de l'Oracle.

 

Acte III. – 1er Tableau.

[Troisième interlude vocal : Invocation à Minerve].

Jocaste, sortant du palais, croise un vieillard qui demande à parler au roi. C'est Policlès, un berger envoyé par Mérope pour annoncer que le peuple de Corinthe a élu Œdipe roi et successeur de Polybe.

Jocaste fait chercher Œdipe qui apprend à la fois la mort de son père et son élévation au trône de Corinthe. Mais, se rappelant la prédiction de l'Oracle, il craindrait de revoir Mérope. Policlès déclare alors qu'en expirant Polybe révéla qu'Œdipe n'était pas son fils, secret dont lui seul, Polybe, était dépositaire.

Œdipe, angoissé, questionne Policlès sur le mystère de sa naissance. Il veut à tout prix connaître le berger de Laïus qui sauva l'enfant royal abandonné sur le Cithéron. Ce berger, le Grand-Prêtre assure que la reine le connaît. Mais Jocaste refuse de parler. Œdipe insiste. Jocaste fuit, en maudissant sa destinée de mère et d'épouse sacrilège.

Phorbas entre, amené par deux gardes du roi. Œdipe, accablé, lui arrache son terrible secret. Apprenant qu'il est réellement fils de Laïus et de Jocaste, il reproche aux dieux leur inhumaine cruauté et, comme dans un ultime serment, déclare avoir vu le soleil pour la dernière fois. Puis il sort, désespéré.

2e Tableau.

[Quatrième interlude vocal : Les Coryphées et le Chœur déplorent la fatale destinée d'Œdipe].

Le Grand-Prêtre annonce au peuple que le fléau n'étend plus ses ravages et que les dieux sont désormais apaisés. Mais, hélas ! à quel prix : Jocaste s'est donné la mort et, devant son cadavre, Œdipe s'est déchiré les yeux !

De longs gémissements se font entendre dans le palais. Œdipe s'avance. Il est maintenant entré dans la nuit éternelle, et les assistants frémissent tous à ce spectacle d'horreur. Le Grand-Prêtre apprend à Œdipe que ses deux filles, Antigone et Ismène, s'avancent, ainsi que Créon. Œdipe s'accuse d'avoir été coupable à l'égard de Créon et il veut aller mourir au lieu même, où, enfant, il aurait dû périr. Ses fils braveront l'outrage du sort. Quant à ses filles, il les confie à Créon qui règnera à sa place sur Thèbes. Il embrasse Antigone et Ismène qui pleurent. On le relève, on lui remet son bâton dans les mains et il s'apprête à partir. Antigone se précipite vers lui et l'étreint passionnément. Elle le suivra dans son douloureux exil.

Le père et la fille s'en vont lentement dans les lueurs rouges du crépuscule. Le Grand-Prêtre et le Chœur concluent : « Le songe et le réveil, telle est la gloire humaine. Et nul homme, à l'abri de ces retours affreux, ne peut avant sa mort porter le nom d'heureux ! »

 

 

 

 

 

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