les Mères
Mélodie, poésie de Georges BOYER, musique de Jules MASSENET (1892).
Celle qui devient mère, a comme une auréole
Qui nimbe son front pur d'un or éblouissant
Comme elle a dix-huit ans, hier elle était folle,
Maintenant elle est grave, à cause de l'enfant.
Tout ce qui n'est pas lui n'est plus rien pour la mère,
Le très petit enfant a rempli tout son cœur :
Elle adore l'époux, parce qu'il est le père,
Parce qu'elle lui doit le seul, le vrai bonheur
Elle ne comprend pas qu'on parle d'autre chose,
Elle ne forme plus jamais d'autre dessein
Que le sourire éclos sur la bouchette rose,
Sous la goutte de lait qui tombe de sein.
Sans doute, comme nous, elle aime la Patrie,
Elle en pourrait mourir, si l'enfant n'était là ;
Mais la guerre l'affole en son idolâtrie.
La frontière s'arrête au berceau que voilà.
Enfant, vous grandirez ; ainsi que l'hirondelle
Vous vous envolerez, vous vous envolerez du nid chaud et soyeux :
C'est la loi de nature, alors songez à celle
Qui vous suivra de loin, des larmes dans les yeux.