LA COMPLAINTE DU GRAND SAINT HUBERT

(sur l'air du "Bon roi Dagobert")

Paroles de Jules MOINAUX

 

 

 

 

I

Allons pieux chasseurs,

Vers le ciel élevons nos cœurs,

Plus de joyeux mots de grivois propos,

Mais un ton décent

Et d'un tendre accent,

Sur l'air de Dagobert,

Célébrons le grand saint Hubert.

 

II

Un jour que ce payen,

Qui n'avait de croyance en rien,

Suivait, dans les bois,

Un cerf au abois,

Un miracle fit

Tomber le fusil

De la main du chasseur

Et... l'impiété de son cœur.

 

III

Entre les bois du cerf

Soudain, aux yeux du grand Hubert,

Pousse un crucifix,

Notre homme est surpris,

Il regarde et voit

Cette croix qui croît ;

Si bien qu'elle croît tant

Que l'incrédule en fait autant !

 

IV

Hubert, convertis toi,

Dit le cerf, observe ma loi ;

Laisse vivre en paix

L'hôte des forêts ;

Le tremblant chasseur

Croit, dans sa frayeur,

Voir le diable, en ce lieu,

Alors il s'écrie : Ah mon Dieu !

 

V

La bête, au grand Hubert,

Dit : Va-t-en trouver saint Lambert,

Il te bénira,

Te baptisera,

T'apprendra très bien

A vivre en chrétien ;

Et, patron des chasseurs,

Chasse les vices de tes mœurs.

 

VI

Hubert fut à Maëstricht

Et là, du cerf, le pronostic

Se réalisa :

Lambert baptisa

Hubert, qui devint

Capucin et saint,

Triplement saint, dès lors :

D'almanach, d'esprit et de corps.

 

VII

Aussitôt baptisé,

D'un pieux amour embrasé,

Le grand saint Hubert,

Fut, dans un désert,

Manger à foison,

Rhubarbe et cresson,

Et se purgea, bientôt,

De tout humeur et tout défaut.

 

VIII

Hubert, saint proclamé,

Fut, de Liège, évêque nommé ;

Or, en ce beau jour,

On conçoit que pour

Faire, avec éclat,

De Liège, un prélat,

On avait du songer

A prendre un homme très léger.

 

IX

Un ange lui remit

La sainte étole qui guérit,

Les pauvres humains,

De la rage atteints,

Mordus autrefois,

Pourvu, toutefois,

Qu'on ait, profondément,

Brûlé la morsure à l'instant.

 

 

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