Joseph Dieudonné TAGLIAFICO
Joseph Dieudonné Tagliafico [photo Bacard fils] (Musée Carnavalet)
Joseph Dieudonné TAGLIAFICO
baryton et compositeur français
(Toulon, Var, 02 janvier 1821* – Nice, Alpes-Maritimes, 27 janvier 1900*)
Fils naturel de Claire Cécile MERIGON [nommée à tort MERIC sur l’acte de naissance] (Le Muy, Var, 27 juin 1792* – Paris ancien 2e, 19 novembre 1853*), légitimé par son mariage à Besse-sur-Issole, Var, le 29 octobre 1822* avec Laurent Honoré Augustin Marie TAGLIAFICO (Savone, Ligurie, Italie, 11 octobre 1784 – Paris 17e, 25 avril 1867*), receveur ambulant des contributions indirectes, naturalisé français le 29 novembre 1814.
Frère de Louis-Philippe TAGLIAFICO (Bourgoin, Isère, 20 septembre 1830 – Taverny, Seine-et-Oise [auj. Val-d'Oise], 05 septembre 1898), employé au ministère des finances.
Epouse à Paris ancien 1er le 22 mars 1855* Aimée Isabelle Antoinette COTTIAU (Cambrai, Nord, 19 mars 1814* – 21 rue Chaptal, Paris 9e, 03 avril 1905*), artiste lyrique, fille de Joseph Humbert COTTIAU (Cambrai, 1780 – Cambrai, 25 avril 1849), aubergiste, et de Marie Anne Josèphe COUPÉ (Cauroir, Nord, 28 décembre 1785 – av. 1855).
Parents de Julia Marie TAGLIAFICO (Paris ancien 2e, 26 mars 1849* – Paris 9e, 31 janvier 1929), épouse 1. à Warwick, Westminster, Angleterre, le 10 août 1871 [acte transcrit à Paris 9e le 14 novembre 1871*] (divorce le 24 mai 1886) Jean-François OLLER (Saint-Denis, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], 08 janvier 1849 – ap. 1894), commis de commerce ; épouse 2. à Paris 9e le 12 septembre 1900* Paul Louis DUMAS-DESCOMBES (Paris ancien 4e, 01 novembre 1840* – Paris 9e, 09 décembre 1922) ; et de Louise Caroline Geneviève TAGLIAFICO (Paris ancien 1er, 03 janvier 1855* –).
Né d’une mère française et d’un père d’origine italienne. Il fit de remarquables études au collège Henri IV à Paris, où il obtint en 1837 un accessit au prix d’honneur du grand concours. Destiné au barreau, il faisait son droit à Paris, lorsque de vifs succès obtenus comme chanteur de salon vinrent modifier ses idées et déterminèrent sa vocation pour le théâtre. Il prit alors des leçons avec Piermarini pour le chant, des conseils de Lablache pour le jeu scénique. Après avoir fait applaudir sa belle voix de baryton dans les concerts, il débuta le 02 octobre 1844 au Théâtre-Italien de la place Ventadour, dans Linda di Chamouni (le marquis), de la façon la plus heureuse, et à partir de 1847 alla faire chaque année la saison du théâtre de Covent-Garden à Londres, où ses succès furent grands. Tagliafico se produisit avec le même bonheur à Bruxelles ainsi qu'en Allemagne, puis fut engagé à Saint-Pétersbourg, d'où il partit pour l'Amérique. Après une brillante carrière, il renonça à la scène, et, fixé tantôt à Londres, tantôt à Paris, se fit une sorte de spécialité de la traduction française d'œuvres de compositeurs italiens, espagnols et anglais (la Légende de sainte Cécile de Bénédict, Opéra de Paris, 30 avril 1870). Il en publia un grand nombre, et lui-même écrivit les paroles et la musique de quelques romances aimables : Quand l'oiseau chante ; la Chanson de Marinette ; Pauvres fous ; etc.
En 1849 ; il habitait 10 rue Neuve-Breda à Paris ; en 1855, 3 rue de Parme à Paris ancien 1er [auj. 9e]. En 1896, il habitait 33 avenue de Beaulieu à Nice, où il est décédé en 1900 à soixante-dix-neuf ans. Il est enterré au cimetière du Château à Nice.
mélodies (paroles et musique)
A la campagne, duo Abaissez-vous montagnes Aimer sans être aimé, romance Ami printemps, fantaisie Après !, ronde Après le bal, valse Aux femmes, mélodie Babet, simple histoire Baisers du printemps (les), valse Bella-Bella, florentine Bonjour, voisin, duo Bonnes gens, chanson Bonsoir, bonsoir, duo C’est le jour !, aubade C’est le printemps, valse C’est vous !, mélodie C’était jadis la mode, chanson Carmela, sérénade sorrentine Ce n’est pas vrai !, mélodie Ce qu’on souffre en vous aimant Chanson d’un croyant, chanson Chanson de Marinette (la), souvenir Chanson des fleurs, mélodie Cher cœur !, mélodie Cherchez…, réminiscence Chez nous, duo Chimères, souvenirs Ciel est bleu (le), barcarolle Comtesse, pastel Cousins et cousines, duo De Toulouse à Bordeaux, duo Deci, delà !, chanson napolitaine Dernière valse, caprice Deux roses, impromptu Dis, veux-tu ?, vision Dites-moi vos chagrins, mélodie Do, ré, mi, fa, leçon de chant Douleur a ses charmes (la), stances En plein bonheur, barcarolle En revenant de Rome, duo Et pourquoi pas ?, mandoline Et cœtera, et cœtera, impromptu Fin du monde, canzoncina Gazouillis d’oiseaux, scherzo Grand Saint-Martin Il ne faut jurer de rien, chanson italienne |
J’aime à rêver, mélodie Je n’aime pas les sérénades, boléro Je t’aime, je t’aime, je t’aime, sérénade Je n’ose => partition Je ne la connais pas Je veux vous plaire, valse Mer s’endort (la), berceuse lente Mes trois châteaux, chanson Moissonneurs et moissonneuses, valse Ne me dites pas non, cantilène Nos bons paysans, églogue Nous n’irons plus !, mélodie O nuit !, mélodie Ohé Mamma !, chanson napolitaine Oubliant oublié, mélodie Par ci, par là, serenatella Pauvres amoureux ! Pauvres fous !, chanson de paysan Pauvres nous !, mélodie Pays où l’on aime (le), valse Pour toi !, valse Pourquoi cruelle, lamento Pourquoi je t’aime, napolitaine Quand l’oiseau chante, aubade Quand le critique dort, parodie Quelqu’un m’aime Qui veut acheter mes fleurs Rêve en mer ? Rien à vous dire, réponse S’aimer toujours, valse Saint Janvier, duo San Remo, chanson Secret de Colombine (le), scherzo Si vous saviez ?, mélodie Soleil de mon cœur, rondel Sur le pont de la Concorde, duo Sur les flots bleus, bluette Tararaboom dé-ré, chanson américaine Ton cœur a son mystère, mélodie Tour du monde, idylle Tous deux, duo Tout bonnement, duo Toute chose a du bon, chanson Toute la vie, valse Une histoire bien touchante, mélodie Vieil Homère (le), mélopée Vous aimerez, cantilène Vous êtes si jolie !, mélodie |
Un profil délicat, d'une finesse exquise, et dont les années n'ont pu empâter les lignes pures. Tète florentine, jadis brune, aujourd'hui grisonnante, mais gardant, grâce à des yeux clairs toujours en éveil derrière le binocle, grâce à la courbure distinguée du nez que souligne une fine moustache, un air de jeunesse amoureuse et mélancolique, un reflet de cette passion qui ne meurt pas, ayant pour objet l'immuable Idéal et l'éternelle Beauté. — Causeur aimable, esprit d'une rare pénétration, très cultivé, très varié, très spontané ; a été tour à tour avocat, artiste lyrique, poète, musicien, directeur de théâtre, critique, traducteur, chansonnier, toujours homme du monde. Signe particulier : a été excellent dans toutes les parties du vaste programme qui est son existence. Quelques notes biographiques, aussi rapides que cet instantané, suffiront à donner une idée de cette surprenante organisation cérébrale : raconter en détail sa vie serait écrire un roman. Tagliafico naquit à Toulon, de parents italiens, le 2 janvier 1821. Cette date paraît si invraisemblable pour qui connaît ce jeune septuagénaire, que j'ai cru nécessaire d'en vérifier l'exactitude. Je m'adressai donc à lui, pour plus de sûreté, et il eut la coquetterie de confirmer Vapereau. Après de très brillantes études (voir le palmarès du concours général de 1838) il fit son droit à Paris, et allait entrer comme secrétaire du célèbre avocat Crémieux, quand une irrésistible vocation le poussa au théâtre. Son admirable voix lui avait valu tant de succès dans les salons de l'époque, que son ami et protecteur Crémieux, accompagné d'Orfila, l'illustre doyen de l’Ecole de médecine, le présenta un jour au directeur des Italiens. Après quelques mois de leçons de chant par Piermarini et de diction scénique par le grand Lablache il débuta place Ventadour, le 2 octobre 1844, dans le rôle du marquis de la Linda de Donizetti, ayant pour directeur le compositeur lui-même et pour camarades Mario, Tamburini, Lablache, Mmes Persiani et Brambilla. De ce moment, Tagliafico fit partie de cette extraordinaire pléiade d'artistes que l'on appela la grande troupe italienne, et la suivit un peu partout, au hasard des tournées. Un épisode assez curieux marqua son premier voyage en Russie. C'était au lendemain de la révolution de 1848 et son passeport était signé de Caussidière. Quand il fut présenté à l'empereur Nicolas, Sa Majesté lui dit en riant : « Ah ! C'est vous le citoyen ? » Tagliafico devint du reste un des artistes favoris de la cour où il chanta, avec Madame Tagliafico, nombre de duos d'opéras-comiques français, alors fort à la mode. Je passe sous silence les grandes tournées qu'il fit en Angleterre, en Allemagne, en Russie, en Amérique, avec l'Albani d'abord, puis avec la Patti, car outre la grande réputation qu'il s'était taillée au théâtre, il commençait dès cette époque à se faire une grande renommée de « parolier » et de traducteur. C'est ainsi que nous lui devons les excellentes versions françaises des italiens Gordigioni et Campana, des anglais Bénédict et Sullivan, de l'espagnol Yradier, du russe Rubinstein, des allemands Schubert, Abt et tant d'autres. En 1877, Tagliafico quitte la scène pour administrer, jusqu'en 1881, le théâtre de Covent Garden. C'est de cette époque que datent ses premières compositions, paroles et musique, romances, duos chansons, qui ne tardèrent pas à faire le tour du monde et placer leur auteur au premier rang des poètes-musiciens de notre époque. Qui ne connaît les vers exquis de Marinette, ce bijou d'émotion et de raillerie qu'on dirait rimé par Dupont sur une idée d'Alfred de Musset :
Un jour je fis une chanson, Une chanson pour Marinette, Les vers avaient bonne façon, La musique en fut bientôt faite.
Tagliafico n'est pas seulement un poète et un érudit, il est aussi un critique très ingénieux et très fin, et les brillantes chroniques d'art qu'il signe de Retz, au Ménestrel, prouvent qu'en dépit de ses longs hivernages à Nice, il sut garder toute son élégance d'esprit parisien, assez audacieux pour être toujours en avance sur la mode, assez droit et assez instruit pour ne jamais tomber dans ses travers et ses exagérations. (Figures contemporaines tirées de l’album Mariani, 1894)
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Joseph Dieudonné Tagliafico
Un excellent homme et un artiste fort distingué, le chanteur Tagliafico, dont naguère la renommée fut grande, est mort cette semaine à Nice, alors qu'il venait d'accomplir sa 79e année. Joseph Dieudonné Tagliafico était né à Toulon, de parents italiens, le 1er janvier 1821. Destiné au barreau, il fit son droit à Paris après d'excellentes études accomplies au collège Henri IV et un succès au grand concours, où en 1837 il obtenait un accessit au prix d'honneur. Mais des succès de chanteur qui l'avaient accueilli dans les salons décidèrent de sa carrière. Doué d'une bonne voix de basse, il prit des leçons de Lablache et de Piermarini, et débuta en 1844 à notre Théâtre-Italien, puis, en 1847, à celui de Londres, où pendant près de trente ans il ne manqua pas une seule saison de Covent-Garden, ce qui ne l'empêcha pas de se produire, dans les intervalles, en Russie, en Allemagne et jusqu'en Amérique. Tagliafico s'est fait connaître aussi, non sans activité, comme traducteur et comme compositeur. On lui doit beaucoup de traductions françaises d'œuvres de maîtres italiens, espagnols et anglais. Comme compositeur, il a écrit les paroles et la musique d'un assez grand nombre de romances et mélodies, dont plusieurs obtinrent de véritables succès : Je n'ose ; Pauvres amoureux ; la Chanson de Marinette ; Voulez-vous bien ne plus dormir ? ; Pauvres fous ! ; le duo comique de Saint-Janvier, etc. Pendant de longues années, Tagliafico fut le correspondant anglais du Ménestrel, ou ses articles étaient signes du pseudonyme de de Retz. (le Ménestrel, 04 février 1900)
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