SIMON-MAX
Simon-Max en 1895 (photo atelier Nadar) [BNF]
Nicolas Marie SIMON dit SIMON-MAX
ténor et acteur français
(2 rue des Tuileries, Reims, Marne, 24 octobre 1847* – Saint-Denis, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], 25 avril 1923*)
Fils de Nicolas Augustin SIMON (Juniville, Ardennes, 21 janvier 1801 – av. 1879), peigneur de laine [fils d'Etienne SIMON (Ménil-Lépinois, Ardennes, v. 1768 – Juniville, 16 avril 1849), cultivateur], et de Marie-Louise GUÉRIN (Reims, 22 novembre 1816 – Reims, 04 février 1879), mariés à Reims le 27 juillet 1840.
Epouse à Paris 10e le 21 mai 1879* (divorce le 20 février 1896) Juliette SIMON-GIRARD (1859–1959), cantatrice ; parents de Juliette Marie Louise SIMON (Paris 10e, 18 août 1879* – Paris 17e, 20 juin 1978*) [épouse à Paris 9e le 08 novembre 1900* René Marie Joseph Gustave Henri Toussaint MARTIN (Saint-Denis, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], 15 juillet 1876* –), chimiste-verrier], et d’Aimé Max SIMON dit Aimé SIMON-GIRARD (Paris 11e, 20 mars 1889* – Paris 8e, 15 juillet 1950*), acteur et chanteur d’opérette [qui joua le Malade imaginaire (Cléante) de Molière à l’Opéra le 17 janvier 1922].
Il fit ses études musicales à Reims. Chansonnier dans les cafés-concerts il fut applaudi à Paris, Lyon, Anvers et Saint-Pétersbourg. Revenu à Paris en 1872 il se révéla dans le genre sérieux. Il débuta aux Folies-Dramatiques le 09 septembre 1875 dans Anatole de Quillembois ; y créa les Cloches de Corneville ; la Fille du Tambour-major ; Madame Favart ; la Princesse des Canaries ; le Beau Nicolas ; Fanfan la Tulipe ; la Fauvette du Temple ; etc. et reprit la Fille de Madame Angot ; Jeanne, Jeanne et Jeanneton ; etc. Il passa ensuite au Châtelet, à la Gaîté, aux Bouffes-Parisiens, à la Renaissance, et créa dans ces divers théâtres Mademoiselle Asmodée ; la Femme de Narcisse ; le Voyage de Suzette ; et reprit la Jolie Parfumeuse ; le Grand Mogol ; etc. Il fut quelquefois affiché sous le nom de MAX-SIMON. Il fut également directeur-fondateur de la Prévoyance théâtrale et directeur du Casino de Villerville (Calvados) de 1893 à 1913. En 1893, Simon-Max acquit une baleine échouée à Villerville dont il conserva la carcasse, le squelette et la peau pour l’aménager en théâtre comprenant 99 places ; installé en face de son Casino, la Jonas-Revue y est donnée dès le 1er juillet 1894, mais ce petit théâtre brûlera cette année-là lors d’un incendie au Casino de Paris où il avait été transporté.
En 1879, il habitait 68 rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris 10e ; en 1895, 10 rue de Montholon à Paris 10e ; en 1911, 20 rue Génin à Saint-Denis ; il y est décédé en 1923 à soixante-quinze ans.
opérettes créées
le Hanneton de la Châtelaine de Georges Douay (Théâtre Taitbout, 28 mars 1875) la Belle Poule (Poulet) d'Hervé (Folies-Dramatiques, 30 décembre 1875) Fleur-de-Baiser de Cœdès (Folies-Dramatiques, 24 février 1876) Jeanne, Jeannette et Jeanneton (Briolet) de Paul Lacôme (Folies-Dramatiques, 27 octobre 1876) la Foire Saint-Laurent (Nicolas) de Jacques Offenbach (Folies-Dramatiques, 10 février 1877) les Cloches de Corneville (Grenicheux) de Robert Planquette (Folies-Dramatiques, 19 avril 1877) Madame Favart (Hector de Boispréaux) de Jacques Offenbach (Folies-Dramatiques, 28 décembre 1878) Pâques fleuries de Paul Lacôme (Folies-Dramatiques, 21 octobre 1879) la Fille du Tambour-major (Griolet) de Jacques Offenbach (Folies-Dramatiques, 13 décembre 1879) le Beau Nicolas (Criquet) de Paul Lacôme (Folies-Dramatiques, 08 octobre 1880) la Mère des compagnons (Gaston de Champrosé) d'Hervé (Folies-Dramatiques, 15 décembre 1880) les Deux Roses d'Hervé (Folies-Dramatiques, 20 octobre 1881) le Petit Parisien (Cottinet) de Léon Vasseur (Folies-Dramatiques, 16 janvier 1882) Fanfan-la-Tulipe (Michel) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 21 octobre 1882) la Princesse des Canaries (Inigo) de Charles Lecocq (Folies-Dramatiques, 09 février 1883) Rip de Robert Planquette (Folies-Dramatiques, 11 novembre 1884) les Petits Mousquetaires (Planchet) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 05 mars 1885) la Fauvette du Temple (Joseph Abrial) d'André Messager (Folies-Dramatiques, 17 novembre 1885) Ali-Baba (Zizi) de Charles Lecocq (Alhambra de Bruxelles, 11 novembre 1887) le Dragon de la reine (Pamphile) de Léopold de Wenzel (Alhambra de Bruxelles, 25 mars 1888) le Mariage avant la lettre d'Olivier Métra (Bouffes-Parisiens, 05 décembre 1888) le Voyage de Suzette (Pinsonnet) de Léon Vasseur (Gaîté, 20 janvier 1890) Mademoiselle Asmodée (Florestan) de Paul Lacôme et Victor Roger (Renaissance, 24 novembre 1891) la Femme de Narcisse (Saint-Phar) de Louis Varney (Renaissance, 14 avril 1892) Miss Robinson (Capédiou) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 17 décembre 1892) Rivoli d'André Wormser (Folies-Dramatiques, 30 octobre 1896) l'Auberge du Tohu-Bohu de Victor Roger (Folies-Dramatiques, 10 février 1897) les Quatre filles Aymon (Pinsonnet) de Paul Lacôme (Folies-Dramatiques, 20 septembre 1898)
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Simon-Max dans les Cloches de Corneville (Jean Grenicheux) en 1878 [photo Nadar]
Depuis que l'opérette occupe une place — trop grande selon moi — dans nos théâtres parisiens, l'emploi de ténorino ou de jeune premier chantant, a acquis une réelle importance. Le théâtre des Folies-Dramatiques particulièrement, en a vu éclore un bon nombre, et depuis deux années elle en possède un, qui semble destiné à tenir longtemps la place qu'il a vaillamment conquise. Je veux parler de Simon‑Max, le Jean Grenicheux des Cloches de Corneville. Né à Reims, d'une famille de commerçants, Nicolas Max SIMON, au théâtre Simon-Max, n'était pas destiné par son père à la carrière théâtrale. Bien qu'ayant montré, fort jeune, des dispositions pour la musique, en faisant partie, comme soprano, de la maîtrise de Saint-Remi, sous la direction de M. Petit, organiste distingué, à la fois maître de chapelle de cette église et directeur de l'Orphéon de Reims, il ne pouvait obtenir de sa famille, la permission de venir à Paris pour suivre la vocation qui l'appelait sur les planches. M. Simon voulait pour son fils le métier d'entrepreneur et il le plaça chez un peintre en décors de bâtiments. Mais cette précaution fut inutile en présence de la volonté tenace du jeune homme qui ne tarda pas à donner suite à ses idées en s'envolant vers Paris où il vint demander conseil et appui au chanteur comique Chaillier, à côté duquel il avait chanté à Reims dans des concerts organisés par son maître, M. Petit. Chaillier le mit promptement en mesure d'avoir une situation dans un café‑concert, et le jeune Simon fît, peu de temps après son arrivée dans la capitale ses débuts au Cheval-Blanc, où il resta pendant quelques mois. Parti, ensuite, en excursion à travers la province, il passa de là en Belgique, puis en Autriche, et jusqu'en Russie. Des tribulations de toutes sortes ne purent le dégoûter de son nouveau métier. Revenu à Paris, Simon alla frapper au théâtre de la Renaissance où il ne fut point accueilli favorablement. Or, comme il fallait vivre, il se décida à entrer à l'Alcazar, bien qu'il se crut déjà en mesure d'aborder une vraie scène de théâtre. Mais bientôt après, au commencement de l'année 1875, un engagement lui fut offert pour la salle Taitbout ; il accepta et y débuta dans une pièce de l’acteur Lassouche : le Hanneton de la Châtelaine. Remarqué aussitôt par M. Cantin, il reçut immédiatement des propositions de ce directeur pour venir aux Folies‑Dramatiques prendre un rôle dans les Cent Vierges dont on préparait une reprise. Depuis cette époque, Simon-Max a tenu en chef l'emploi de tenorino à cet heureux théâtre, et constamment avec succès. Poulet, dans Belle-Poule, Alexandrivor de l’Œil crevé, le Petit Faust, les Mirlitons, Fleur de Baiser, la Foire Saint-Laurent, le mirent tout à fait en évidence, mais Briolet de Jeanne, Jeannette et Jeanneton, et Jean Grenicheux des Cloches de Corneville, lui ont tout particulièrement créé une réelle popularité auprès des habitués des Folies-Dramatiques. D'un physique agréable, possédant une jolie voix, qu'il sait conduire avec un certain art, comédien intelligent et plein d'entrain, Simon-Max est appelé à remplir au théâtre une carrière des plus honorables, et si l'on songe qu'il n'a que vingt-six ans, et que son organe comme son talent se doivent naturellement développer avec le travail et le temps, on ne saurait prévoir encore l'avenir qui lui est réservé. Berthelier et Dupuis ne commencèrent pas mieux ; je souhaite sincèrement au jeune ténorino de marcher sur leurs traces et de devenir leur émule. Un rôle importent est réservé à Simon-Max dans la pièce depuis longtemps à l'étude, Madame Favart, qui doit bientôt être représentée ; nous l'attendons avec confiance à cette nouvelle création.
(Félix Jahyer, Paris-Théâtre, 21 novembre 1878)
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Simon-Max dans la Fille du Tambour-major (Griolet), photo atelier Nadar [BNF]
Epilogue : En l'étude de Me Robert Dubail, avoué à Paris, seront vendues sur licitation au plus offrant et dernier enchérisseur : 1° La Villa Grenicheux, située à Bernières-sur-Mer (Calvados) ; 2° La Villa Serpolette, située au même lieu. Aux requête, poursuite et diligence de dame Caroline-Julie-Joséphine Girard, épouse divorcée de M. Nicolas-Marie Simon, dit Simon-Max. Le temps est loin des amours fidèles de Serpolette* et de Grenicheux* ! [*rôles créés par eux dans les Cloches de Corneville] (la Liberté, 16 avril 1897)
Né à Reims de parents commerçants. A l’âge de onze ans fait partie de la maîtrise de Saint-Rémy. Il y fait de bonnes études musicales sous la direction de son maître Ambroise Petit. A 17 ans après avoir étudié la musique instrumentale avec M. Ménesson, ancien chef de musique de régiment, joue la basse si b à la société des régates rémoises ; chante aussi la chansonnette dans les cercles philharmoniques aux côtés du célèbre Berthelier. Sur les conseils de ce dernier se rend à Paris, chante dans plusieurs concerts, puis à Lyon, Saint-Etienne, Anvers et en Russie où il paraît devant le Tsar. Rentré à Paris, inaugure le théâtre Taitbout, est remarqué par Cantin et engagé par lui aux Folies-Dramatiques où il débute dans les Cent-Vierges, la presse le lendemain relatait son grand succès non seulement comme chanteur mais aussi comme comédien. On lisait : Enfin, M. Cantin vient de trouver le merle blanc de l'opérette. Viennent ensuite toutes ses brillantes créations : les Cloches de Corneville, Madame Favart, la Fille du Tambour-major, le Beau Nicolas, la Fauvette du Temple, Rip, la Princesse des Canaries ; à la Gaité : le Dragon de la Reine, le Grand Mogol, le Voyage de Suzette ; à la Renaissance : Mademoiselle Asmodée, la Jolie parfumeuse, la Femme de Narcisse. Il devient philanthrope car il crée une société artistique à laquelle il donne le nom de : Prévoyance Théâtrale, il est récompensé à l'Exposition du théâtre et de la musique au Palais de l'Industrie. Le Jury lui décerne une médaille d'argent. Puis il devient directeur d'un théâtre original qu’il crée : le théâtre de la baleine. Cette attraction intéressait grands et petits, car cette baleine contenait dans son sein un muséum d'histoire naturelle d'une réelle valeur. Le spectacle qui se donnait sur la scène construite dans la tête de l'animal se composait de chansons imagées dont Simon-Max était l'auteur et le compositeur. Un incendie a détruit ce théâtre original coûtant à son auteur une grosse partie de ses économies. Ensuite il devient Directeur artistique du Théâtre Mondain. Il y monte des comédies, opéras-comiques et des revues mondaines. Puis il revient au berceau de ses premiers succès aux Folies-Dramatiques, crée Cassemajou de Rivoli, Fripard de la Carmagnole, l’Auberge du Tohu-Bohu, les Quatre filles Aymon. Puis profitant de la liberté forcée que lui impose l’installation de l’Opéra populaire dans l’immeuble des Folies, il se fait chansonnier en interprétant ses œuvres, et, dans une seconde scène comique intitulée Sauvons l’Exposition, il chante de nombreuses chansons avec un véritable succès. Puis il est demandé à Trianon pour jouer Grégoire de Niniche et le rôle de Smithson de Miss Helyett. M. O. de Lagoanère, directeur du théâtre de la Renaissance, se l’attacha. L’engagement portait cette mention spéciale : « M. Simon-Max tiendra l’emploi des premiers comiques et les Berthelier. » M. Simon-Max, en ce moment au théâtre des Mathurins, est très fêté dans son répertoire de chansons. (Annuaire des Artistes, 1902)
La Carrière de Simon-Max C'est un des grands chanteurs d'opérette qui disparaît en Simon-Max. Pendant de nombreuses années pas une opérette ne se créait sans que les compositeurs ne fissent appel à Simon-Max pour faire partie de leur distribution. Spécialisé dans les rôles de « trial », il apportait dans ces amoureux comiques une extrême fantaisie, et on se souviendra toujours de sa création du rôle de « Grenicheux » des Cloches de Corneville dans lequel il devait trisser l'air devenu légendaire de « Je regardais en l’air ». Doux et bon de caractère, d'une grande simplicité, Simon-Max fut un artiste sincère et dévoué, ne devant qu'à son talent la situation qu'il occupait. C'est à l'église Saint-Rémi de Reims — sa ville natale — que Simon-Max étant engagé dans la maîtrise, fit valoir, à l'âge de 13 ans, ses premières qualités de chanteur. Venu à Paris, il va trouver Berthelier qui l'initie aux finesses de la chansonnette et lui conseille de se lancer dans ce genre. Ce qui fut dit fut fait, et il débuta dans un petit concert de Paris. La province le tenta puis l'étranger le réclama et Saint-Pétersbourg le retint plusieurs années. C'est à son retour que Cantin, l'ayant découvert, lui confia ses premiers beaux rôles, dans les Cloches de Corneville, Madame Favart, la Fille du Tambour-major, la Fauvette du Temple, le Beau Nicolas, les Dragons de la Reine, la Jolie Parfumeuse, le Voyage de Suzette. Dans toutes ces œuvres, son succès fut très vif, et dès ses débuts la critique pouvait dire de lui : « Enfin Cantin a découvert le « merle blanc » de l'opérette. » Ces dernières années, interpréta à la fois la comédie et l'opérette et parmi ses dernières pièces : la Fiancée du Scaphandrier, la Veille d'Iéna dont il était l'auteur. Comme son camarade Guyon fils, qui débuta au même théâtre que lui, Simon-Max composa de nombreuses chansonnettes, parmi lesquelles Je suis des Batignolles connut une grande vogue. Simon-Max, âgé de 75 ans, chantait encore avant-hier à l'une de ses petites-filles qui cousait près de lui : Cours mon aiguille dans la laine, lorsqu'ayant demandé à se reposer un instant, la mort le prit subitement. Simon-Max sera très vivement regretté de tous ceux qui, l'ayant connu, estimaient son cœur généreux et son âme tendre. Il laisse un fils, l’excellent comédien Aimé Simon-Girard, le cinéaste bien connu, et une fille, Mme Marie-Louise Martin, dont le mari, mort récemment, était l'auteur des mosaïques d'art du Sacré-Cœur et du Grand-Palais. Nous leur adressons nos plus sincères condoléances. Les obsèques de Simon-Max auront lieu lundi 30 courant à 10 heures, à l'église de Saint-Denis de l'Estrée ; l'inhumation au cimetière de Saint-Denis. (Comœdia, 28 avril 1923)
Nous apprenons avec regret la mort subite de M. Simon-Max. M. Simon-Max fut un de nos plus brillants chanteurs d’opérette ; il créa sur les différentes scènes parisiennes et en particulier, aux Folies-Dramatiques, la plupart des chefs-d’œuvre de Planquette, Hervé, Audran, Lecocq. Il fut le partenaire applaudi des Baron, Cooper, Milher, Vautier, Jeanne Granier, Théo, Judic, Simon-Girard qu’il épousa. Depuis quelques années, après avoir toutefois joué la comédie, il avait quitté le théâtre. Il était le père de l’artiste bien connu Aimé Simon-Girard, à qui nous adressons nos vives et sincères condoléances. (la Rampe, 06 mai 1923)
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Théâtre de la Baleine, affiche de 1894