Adolphe SAX

 

 

 

Antoine Joseph SAX dit Adolphe SAX

 

facteur d'instruments de musique français d'origine belge

(Dinant, Belgique, 06 novembre 1814 – 16 rue Frochot, Paris 9e, 07 février 1894*)

 

Fils aîné de Charles Joseph SAX (Dinant, 01 février 1790 – Paris 18e, 26 avril 1865*), facteur d'instruments de musique belge, et de Marie Josèphe MASSON (Dinant, 1789 – Paris 9e, 02 novembre 1861*).

Frère d'Alphonse SAX (Bruxelles, 09 mai 1822 – Paris 18e, 25 juin 1874*), facteur d'instruments de musique.

De sa liaison avec Adélaïde Joséphine MAOR [prénommée Louise Adèle sur l'acte de sa fille et Marguerite Adèle sur son acte de décès] (Frévent, Pas-de-Calais, 26 août 1830* – Paris 17e, 15 septembre 1860*) [fille de François MAOR (Barcelone, Espagne, 08 novembre 1801 –), trompette des pages du roi, et d'Adélaïde Joseph BINET (Frévent, 17 septembre 1806 –), mariés à Paris ancien 10e le 22 août 1829*], sont nés :

1. Anna Émilie SAX (Paris ancien 2e, 29 avril 1853* –), reconnu par son père à Paris 9e le 24 novembre 1886*.

2. Marie Adèle MAOR (Paris, février 1855 – 50 rue Saint-Georges, Paris ancien 2e [auj. 9e], 10 mai 1856*)

3. Adolphe Charles Antoine SAX (Paris ancien 2e, mars 1857 – Neuilly-sur-Seine, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 06 juin 1858*)

4. Adèle Marie SAX (Neuilly-sur-Seine, 29 novembre 1858* – Villiers-sur-Marne, Seine-et-Oise [auj. Val-de-Marne], 14 septembre 1938), professeur de chant [épouse à Paris 9e le 18 décembre 1886* François Édouard MILLET DE MARCILLY (Paris, 02 octobre 1839 – 1914), statuaire (fils d'Édouard Gustave Louis MILLET DE MARCILLY (Paris, 11 septembre 1811 – Paris, 1885), statuaire)].

5. Adolphe Édouard SAX dit Adolphe SAX fils (Neuilly-sur-Seine, 29 septembre 1859* – Villiers-sur-Marne, 03 avril 1945) (voir ci-dessous), reconnu par son père à Paris 9e le 28 octobre 1886* [épouse 1. à Paris 16e le 25 novembre 1899* Elisabeth Georgina Julia GODEFROID (Puteaux, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 12 janvier 1855* – av. 1934), harpiste [fille de Dieudonné Joseph Guillaume Félix GODEFROID (1820 – av. 1899), compositeur, et d'Elisabeth Anne BOWLES (1826 – av. 1899), mariés à Paris ancien 1er le 08 janvier 1852] ; épouse 2. à Paris 17e le 08 février 1934* Euphrasie Louise ARBONA (Decazeville, Aveyron, 13 mars 1888* – 6 avenue Théodore-Rousseau, Paris 16e, 21 novembre 1959*)]. De sa liaison avec Maria PETITET (1861 –), couturière, est né Adolphe Édouard Louis SAX (Paris 10e, 02 août 1896* – Paris 18e, 16 juin 1903*), reconnu par son père à Paris 18e le 27 juin 1899*.

 

 

Après avoir fait ses classes au Conservatoire de Bruxelles, il continua les travaux commencés par son père et, pour mieux se rendre compte des perfectionnements à apporter à son art, apprit à jouer d'un certain nombre d'instruments. La première amélioration qu'il effectua s'appliqua aux clarinettes. Il s’efforça d’apporter des perfectionnements à divers instruments existants, avant d’en créer d’un type spécial qui, par leur timbre et leur sonorité, établiraient un intermédiaire entre les bois et les cuivres. Le succès ne le récompensa pas d’emblée. Sans se décourager, il n’en persévéra pas moins. Puis, ayant trouvé la loi des proportions qui régit les timbres, il vint fonder à Paris en 1842 un nouvel établissement. Là, au milieu de difficultés sans nombre, de spoliations, de procès que lui suscitèrent ses rivaux, il classa en familles les instruments du même ordre ; perfectionna le bugle, auquel il donna le nom de saxhorn ; inventa le saxotromba, le saxophone (qu’il fit breveter en 1845), le saxotuba, et en général tous les instruments qui portent son nom ; simplifia la notation écrite par l'emploi d'une clef unique, etc. Il a été nommé en 1857 professeur de saxophone au Conservatoire de Paris, poste qu’il occupa jusqu’en 1870. Il fut également organisateur et directeur de la Fanfare de l’Opéra de Paris.

En 1886, il habitait 56 rue Laffitte à Paris 9e. Il est décédé en 1894, célibataire, à soixante-dix-neuf ans, en son domicile, 16 rue Frochot à Paris 9e. Il est enterré au cimetière de Montmartre (5e division).

 

Son fils Adolphe SAX fils, fabriquera des instruments pour l’Opéra dont il dirigera la fanfare (directeur de la musique de scène) à la suite de son père ; il était encore en poste en 1934.

En 1899, il habitait 51 rue Blanche à Paris 9e ; en 1903, 142 rue Marcadet à Paris 18e ; en 1934, 138 rue Legendre à Paris 17e.

 

 

 

Adolphe Sax fils en 1904

 

 

 

Il est fils d'un fabricant d'instruments de musique assez connu par quelques inventions qui furent en leur temps fort remarquées. Antoine Sax se livra d'abord à la fabrication des clarinettes, puis vers 1836 s'établit à Paris et construisit en 1838 son premier saxophone. Il remania toute la série des instruments de cuivre et en donna quelques-uns entièrement nouveaux, et qui sont connus sous des noms rappelant généralement celui de leur inventeur. En 1857, on créa au Conservatoire une chaire spéciale de saxophone dont il fut nommé professeur. M. Sax a dû subir une foule de procès qui lui furent intentés par ses rivaux à propos de ses brevets d'invention, et il n'a pas manqué d'adversaires qui l'ont accusé d'avoir contrefait, en bon Belge qu'il était, les inventions de plusieurs de ses concurrents. La justice cependant lui a donné raison. Mentionnons ici le procès ridicule que ce fabricant d'instruments de cuivre a intenté à Mme Marie Sass, de l'Opéra, à laquelle il fit interdire de porter le nom de Sax, sous lequel cette artiste de talent avait débuté à l'Opéra de Paris. Ce procès, véritable réclame faite aux cuivres de M. Sax, n'a pu procurer la fortune à celui qui nous occupe, car tout récemment (1874) une souscription a été ouverte par ses amis dans le but de parer aux accidents qui menaçaient d'accabler l'inventeur du saxophone.

M. Sax est regardé généralement comme un fabricant habile, et ceux qui aiment les orchestres bruyants et fortement montés en cuivre n'ont pas assez d'admiration pour ce constructeur, si utile à nos musiques militaires.

M. Sax a obtenu une médaille d'argent en 1844, la croix de la Légion d'honneur en 1845, une médaille d'or en 1849, une grande médaille d'honneur, à Paris, en 1855.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)

 

 

 

 

 

Adolphe Sax par Charles Giraud

 

 

 

Charles-Joseph Sax s'établit en 1815 à Bruxelles et ne tarda pas à acquérir une grande réputation, surtout dans le domaine de la fabrication des instruments de cuivre, bien qu'il fabriquât aussi des flûtes, des clarinettes, voire même des violons, des harpes, des pianos et des guitares. De sérieuses recherches lui permirent de trouver les proportions les plus propres à donner aux instruments à vent toute l'ampleur et toute l'homogénéité de son possibles. Il lui revient sans doute une grande part dans les découvertes de son fils Adolphe, auprès duquel il se rendit, à Paris, en 1853. — Adolphe Sax, plus célèbre encore que son père, entra au Conservatoire de Bruxelles et y apprit à jouer de la flûte et de la clarinette. Son premier travail fut le perfectionnement de la clarinette et de la clarinette-basse (1840). Sans ressources (son père dépensait beaucoup d'argent pour ses expériences et fut, à plusieurs reprises, subventionné par le gouvernement), il se rendit en 1842 à Paris, n'ayant comme unique recommandation qu'un exemplaire d'un instrument complètement nouveau, inventé par lui : instrument à vent en cuivre, mais à anche simple, comme la clarinette. Mais il attira bientôt l'attention des principales sommités du monde musical parisien (Halévy, Auber, etc.) et trouva, en la personne de Berlioz, un ardent défenseur de ses innovations ; à ces encouragements artistiques s'adjoignirent peu après les secours pécuniaires indispensables à l'inventeur. Sax construisit alors sept modèles différents de son saxophone ; puis il appliqua à la fabrication des instruments à vent en cuivre ses expériences personnelles et celles de son père, sur l'amélioration de la résonance des tuyaux. Les instruments rénovés de la sorte reçurent les noms de saxhorn, saxotromba, etc. Sax fit breveter tous ses perfectionnements et acquit très rapidement une grande renommée ; ses instruments furent adoptés principalement par les musiques militaires françaises. Seule, la jalousie de concurrents, incapables de lutter par d'autres armes, explique les nombreuses attaques auxquelles Sax fut continuellement en butte ; mais tous les procès furent réglés en sa faveur. Quelle que soit la dose de suffisance dont l'inventeur fit preuve, en donnant son nom à tous ses instruments, le mérite de Sax n'en est pas moindre, et l'Allemagne même, après s'être opposée à ces améliorations, fait taire des sentiments d'un chauvinisme arriéré. Sax fut nommé, en 1857, professeur de saxophone au Conservatoire de Paris, et écrivit une « Méthode » pour le jeu de ses instruments.

(Hugo Riemann, Dictionnaire de musique, trad. fr. de Georges Humbert, 1913)

 

 

 

 

 

 

les Artistes de la Fanfare de l'Opéra photographiés avant leur entrée en scène dans Faust

 

 

Saviez-vous que l’inventeur du saxophone a été Chef de la Fanfare de l’Opéra ?

 

Dans l'immensité des galeries de l'Opéra, tout au long, au long de la promenade, vous rencontrez une porte un peu mystérieuse qui s'orne de cette inscription : Studio Adolphe Sax. Le studio est une salle mystérieuse comme la porte, et qui a un usage flatteur : il est le foyer des musiciens de la fanfare.

Entrez si on vous y autorise.

Les murs sont tapissés d'instruments de musique en cuivre et qui affectent le plus naturellement du monde les formes les plus curieuses, peut-être les plus étranges.

 

 

 

Adolphe Sax

 

 

Sur un mur également, un plan de dimensions considérables : c'est le projet d'un théâtre de musique dont l'ovale rappelle celui d'un œuf. Projet, ce ne fut qu'un projet. Adolphe Sax le conçut vers 1865, estima que le théâtre en œuf assurerait immanquablement la meilleure acoustique, et l'acoustique, dans un théâtre musical, semblait très particulièrement précieuse à un infatigable inventeur d'instruments de musique. Le projet ne fut pas exécuté ; mais l'architecte Garnier, qui, lui, n'inventait pas d'instruments de musique, était bien au fait de l'acoustique et de ses lois. Adolphe Sax était cependant un véritable précurseur : le théâtre de Bayreuth indique bien que son idée était valable, elle aussi ; et qu'elle pouvait être employée par d'autres que les circonstances favoriseraient à leur façon...

Tout, au surplus, dans le studio-sanctuaire, témoigne qu'Adolphe Sax avait le génie de l'invention. De l'invention dans la musique. Plus précisément dans les instruments de musique. Une carte postale illustrée, consacrée à perpétuer sa gloire, stipule : « Adolphe Sax, Premier Grand Prix de la Facture instrumentale : Exposition Universelle, Paris 1867... » On est facteur de pianos, d'accordéons, voire de trombones à coulisse... Quand on a la chance d'être Adolphe Sax, on est facteur de bien d'autres choses encore. Et la même carte postale, en son juste enthousiasme, note pour l'avenir : le créateur des fanfares. Mieux. Sax était l'inventeur de nombre d'instruments sans lesquels les fanfares ne seraient peut-être pas, sans lesquels du moins elle ne seraient pas tout à fait des fanfares, sans lesquels il manquerait un élément essentiel au monde qui vit et qui sait écouter.

L'œuvre d'Adolphe Sax est telle que l'hommage qui lui est attribué dans une galerie de l'Opéra de Paris est entièrement légitime. En sa discrétion même il garde aujourd'hui sa vertu.

 

 

 

Les saxophones soprano, ténor, alto et basse qu'imagina Adolphe Sax. Ces documents nous ont été aimablement communiqués par Couesnon et Cie.

 

 

Il faut se rendre compte de l'existence de combat souvent poignant de l'inventeur — son existence normale — pour apprécier, comme il se doit, l'élémentaire et noble orgueil avec lequel Adolphe Sax, alors qu'il avait déjà franchi tant d'obstacles — pas tous, mais les plus rudes — inscrivait en tête du papier à lettres de sa « maison », ailleurs aussi :

 

 

 

 

Né en 1814, à Dinant-sur-Meuse, Adolphe Sax était venu loyalement en France pour y exercer ses talents. Il avait dépensé, non seulement une activité sans bornes, mais une richesse d'imagination qui tenait évidemment du génie...

Parmi quelles difficultés souvent catastrophiques ! Mais il travaillait toujours et il inventait toujours. Ses inventions se décoraient de noms merveilleux où se dénonce encore une petite marque de génie : Exemple : le saxotromba ! Saxotromba ! Ce n'est point le nom d'un brigand calabrais ! On s'y tromperait aisément. Mais y eut-il jamais des brigands calabrais ? Saxotromba : c'est la somptueuse dénomination d'un instrument de musique, et même d'une famille d'instruments de musique. Une famille extrêmement avenante. En musique comme dans la vie, Adolphe Sax avait le sens de la famille...

Dès 1851, le Rapport du Jury de l'Exposition des œuvres de l'Industrie de toutes les Nations à Londres louait Sax d'avoir créé la « classe entière » des saxhorns et des saxotrombas qui « a produit une révolution complète dans la musique militaire, sur le théâtre, comme dans les salles de concert ».

Et ne parlons pas des saxtubas — Adolphe Sax n'était point homme à ne pas inventer le saxtuba. — Le saxophone, effectivement, requiert d'urgence notre admiration.

Déjà le jury de l'Exposition de Londres proclamait :

« M. Sax a aussi créé la classe des saxophones... L'effet de ces nouveaux instruments est d'un charme égal à l'originalité de leurs sons et ils portent au plus haut degré de perfection la voix expressive. »

Et le jury de l'Exposition Universelle de Paris en 1855 attestait à son tour, parlant de « la famille complète des saxophones inventée par M. Adolphe Sax :

« Le son des saxophones est le plus beau, le plus sympathique qu'on puisse entendre. Son timbre n'est celui d'aucun autre instrument. Mélancolique, il est mieux adapté au chant ou à l'harmonie qu'aux traits rapides quoique son articulation soit très prompte, susceptible de toutes les nuances d'intensité. »

Si la musique adoucit les mœurs, Sax, selon ses aptitudes personnelles, prouvait que les mœurs aussi peuvent adoucir la musique.

Il prouvait tout ce qu'on voulait puisqu'il inventait tout ce qu'il lui plaisait. L'Exposition lui décernait de surcroît la « Grande Médaille d'Honneur » (la seule accordée pour cette spécialité (sic) pour l'ensemble de ses inventions et perfectionnements dans les divers instruments à vent...)

 

 

 

ces instruments ont été créés par Sax pour la fanfare de l'Opéra

 

 

La médaille d'or, c'était une belle récompense... Mais le saxophone, c'était une gloire d'exception. Depuis lors en effet, le saxophone jouit d'une vogue incomparable. Jeté dans le monde des sons en 1840, il fournit une belle carrière jusqu'à la fin du siècle. On craignit un instant qu'il ne s'effaçât devant la postérité. Ainsi en advint-il pour les plus incontestables chefs-d’œuvre. Mais quant au saxophone, les craintes furent vaines. Le jazz lui restitua bientôt toute sa popularité artistique. Avait-il besoin d'une consécration suprême ? Il l'obtint !

Debussy composa vers 1903 une Rhapsodie pour saxophone et orchestre publiée en 1919.

Cela valait mieux encore que toutes les récompenses académiques ou médailles d'Expositions universelles, fussent-elles d'or. Cela ravivait ou renouvelait magnifiquement l'éclat souligné avec autorité par Fétis, si important alors, de cette médaille accordée, disait-il, « à M. Sax (Adolphe) pour son génie d'invention dans tous les genres d'instruments à vent, la création de la famille des Saxophones, son système uniforme et régulier de toute la famille des Saxhorns, depuis les plus aigus jusqu'aux plus graves, ses instruments perfectionnés à combinaisons de pistons et de clefs, la variété des dispositions de pavillons pour la production d'effets divers de sonorité, l'excellence de ses cornets de toutes formes et de sa clarinette basse et enfin l'invention et l'excellence de ses timbales sans chaudron ».

Ce n'est pas rien, certes, qu'une timbale sans chaudron. La suite des ans l'a démontré. Et Adolphe Sax, considérant avec attendrissement ce produit mirifique de sa verve inventive, avait le droit de se montrer fier de son immense ouvrage.

 

 

 

la série complète des saxhorns qui furent inventés par Adolphe Sax

 

 

D'autant plus fier qu'il savait à peu près pourquoi il l'accomplissait.

Adolphe Sax n'était pas uniquement un autodidacte impulsif et ingénu. Il était capable de disserter de ses innombrables travaux, de nous munir d'un « plan de réorganisation des orchestres de symphonie », d'élaborer un mémoire sur l'influence des instruments à vent sur les poumons, mémoire dont on ne saurait sans crime déprécier l'utilité majeure.

Adolphe Sax avait la foi !

Malheureusement pour lui il était un apôtre dans l'industrie et le commerce. En son activité sans défaillance, il dut donc supporter tous les maux. Ah ! comme il personnifie l'inventeur ! Oui, sa carrière sombre et brillante est exactement la carrière de l'inventeur...

Elle est l'héroïsme quotidien. Elle est le pathétique hebdomadaire. Alors que ses inventions sont accueillies avec faveur, Sax connaît des années, des années, tous les déboires matériels. Balzac aurait pu le prendre pour personnage capital, peignant, décrivant, animant toutes les tribulations, toutes les calamités imposées à l'inventeur par la malice injurieuse du destin. Louis-Philippe, en sa munificence, lui prête deux mille francs (je dis : deux mille) ; il ne les réclame même pas au jour fatidique de l'échéance. Napoléon III lui prête aussi « des argents », les lui donne même...

Le pauvre Sax n'en est pas moins conduit par le sort à la faillite. Interdiction lui est notifiée de porter la Légion d'Honneur qu'on lui avait décernée... Ses concurrents lui intentent des procès cruels parce qu'onéreux. Il n'est bruit que de contrefaçons. Le pauvre, le bon, l'infortuné et pourtant glorieux Adolphe Sax s'offre en holocauste à ses créations sauvagement contestées. Les heures sont rudes. Elles sont nombreuses. Elles sont longues ! Ah ! l'existence de l'inventeur !

Il n'y a pas que la foi qui sauve. Il lui advient pourtant de sauver.

L'action de Sax domine par ses résultats bientôt évidents.

 

 

 

le trompette à six pistons ; cet instrument est utilisé dans Faust

 

 

Ce grand inventeur, ce petit fabricant prolonge ce qu'il a si vaillamment commencé. Il surmonte tous les obstacles. Voici que les Sax, si recommandables, si émouvants dans leur patience fervente, forment une dynastie. Le fils continue la fabrication. Que dis-je ? l'invention ! Les fanfares, Dieu merci, prospèrent avec toutes leurs armes. Nous savons enfin, à n'en plus douter, ce que peut la puissance de la volonté et de l'idéal, aidée du saxophone...

Qu'Adolphe Sax ait été chef de la fanfare de l'Opéra et ait triomphé comme tel, que son fils ait été amené à lui succéder avec la même autorité, cela justifie tous les hommages et, entre tous les hommages, le nôtre, l'hommage même de l'Opéra de Paris.

(J. Ernest-Charles, revue l’Opéra de Paris n° 2, novembre 1950)

 

 

 

 

 

chapelle de la famille Sax au cimetière de Montmartre [photo ALF, 2007]

 

 

 

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