Marthe RIOTON

 

Marthe Rioton (Louise) lors du Couronnement de la Muse à l'acte III de la création de Louise

 

 

Marthe Louise Estelle Élisa RIOTON dite Marthe RIOTON

 

soprano français

(Beaumont-lès-Valence, Drôme, 18 février 1878* – 43 route des Puits, Vaucresson, Hauts-de-Seine, 25 janvier 1966*).

 

Fille de Jean-François RIOTON (Beaumont-lès-Valence, 09 mai 1847* – 29 mai 1924), scieur de long puis propriétaire, et de Marie Pauline Élisa GRAIL (Beaumont-lès-Valence, 13 octobre 1848* – Beaumont-lès-Valence, 01 décembre 1922*), ménagère.

Sœur de Louise Francine RIOTON (Beaumont-lès-Valence, 30 juillet 1880* – Beaumont-lès-Valence, 02 décembre 1904*).

Epouse à Paris 8e le 25 octobre 1901* Louis Léon Félix LOEWENSTEIN (Paris 9e, 22 octobre 1865* – Paris 16e, 24 janvier 1932*), avocat à la Cour d’appel de Paris, fils de Max LOEWENSTEIN (Altona, Allemagne, 1841 – Neuilly-sur-Seine, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 30 novembre 1909*), négociant, et de Johanna GOLDSCHMIDT (Cologne, Prusse, 02 janvier 1842 – Paris 8e, 07 mars 1902*).

Parents de Jeanne Claire Louise LOEWENSTEIN (villa des Bucailles, Villers-sur-Mer, Calvados, 06 août 1902* – Beauvais, Oise, 14 mai 1985) [épouse à Paris 16e le 10 décembre 1927* (divorcent le 21 mars 1958, et remariés à Paris 16e le 28 novembre 1958) Marcel Mathieu Jules César Godefroy DE PERETTI DELLA ROCCA (Presles, Seine-et-Oise [auj. Val-d’Oise], 09 janvier 1891* – Pont-l’Evêque, Calvados, 1976), médecin] ; et de Louise Marthe Alice LOEWENSTEIN [devenue le 27 mars 1962 Louise Marthe Alice RIOTON] dite Louise RIOTON (Paris 16e, 24 octobre 1905* – Paris 16e, 16 mai 2003), comédienne [épouse à Paris 16e le 28 octobre 1926* (divorcent le 08 février 1949, remariés à Paris 16e le 07 octobre 1949, et divorcent le 02 février 1959) Henri POLLAK (Paris 1er, 03 novembre 1895* – Paris 15e, 06 novembre 1971*), courtier de banque].

 

 

Elève au Conservatoire de Paris, elle y obtint en 1893 une 2e médaille de solfège, en 1897 un 2e accessit de chant, en 1898 un second prix de chant et un 1er accessit d’opéra-comique, et en 1899 les premiers prix de chant (élève d’Edmond Duvernoy) et d’opéra-comique (élève de Paul Lhérie). Engagée à l’Opéra-Comique la même année, seul théâtre auquel elle appartint, elle y débuta le 02 février 1900, quelques jours avant ses vingt-deux ans, en créant le rôle de Louise. Le 10 avril suivant, lors de la 23e représentation, malade de la grippe, elle abandonna au second acte et fut remplacée au pied levé par Mary Garden. Marthe Rioton chanta la 50e (le 26 juillet 1900) et la 100e (le 22 février 1901) de Louise. Elle fut, salle Favart, la première Gretel dans Hansel et Gretel, et y chanta Mireille lors d’une reprise de l’œuvre en 1901. Cette année-là, elle abandonna le théâtre pour se marier. Elle fut nommée officier d’académie le 29 mars 1901.

En 1901, avant son mariage, elle habitait 73 rue Blanche à Paris 9e ; en 1902, elle habitait avec son mari 143 rue de la Pompe à Paris 16e où il est décédé en 1932. Elle est décédée en 1966 à quatre-vingt-sept ans, domiciliée à Beaumont-lès-Valence, où elle est enterrée et où une rue porte aujourd’hui son nom.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Elle y débuta le 02 février 1900 en créant Louise (Louise) de Gustave Charpentier (50e le 26 juillet 1900 ; 100e le 22 février 1901).

 

Elle y participa à la première le 30 mai 1900 de Hansel et Gretel (Gretel) d’Engelbert Humperdinck [version française de Catulle Mendès].

 

Elle y chanta la Basoche (Colette, 16 novembre 1900) ; Mireille (Mireille, 13 mars 1901) ; l'Ouragan (Lulu, avril 1901).

 

 

 

 

Marthe Rioton (Louise) lors de la création de Louise [photo Reutlinger]

 

 

         

 

Marthe Rioton dans la Basoche (Colette) [à g. dans l'acte I ; à dr. dans l'acte III] lors de la reprise du 16 novembre 1900 à l'Opéra-Comique, photos atelier Nadar [BNF]

 

 

 

 

Monsieur le directeur. A la veille de mon mariage, je me fais un grand plaisir de vous adresser sous ce pli la somme de 1,000 francs que je vous prie de verser à la caisse des retraites de l'Opéra-Comique, en souvenir de mon passage parmi ceux auxquels elle est destinée. Veuillez recevoir, monsieur le directeur, l'expression de mes sentiments dévoués. Marthe Rioton.

(lettre de Marthe Rioton à Albert Carré, 25 octobre 1901)

  

 

« Mlle Rioton a fait un début des plus remarquables dans le personnage de Louise, sa voix est d’un timbre délicieux et l’intelligence de l’artiste est impérieuse. Ajoutez à cela une silhouette des plus gracieuses. Mlle Rioton ira très loin. Elle a déjà fait un bon bout de chemin en une seule soirée. » Cette opinion du Ménestrel résume exactement les rares mérites de la créatrice. Quant à la prophétie, elle ne se réalisa pas, Mlle Rioton ayant quitté la carrière théâtrale qui s’ouvrait si brillante devant ses vingt-deux ans. Premier prix de chant et d’opéra-comique au concours du Conservatoire de l’année précédente, elle avait été réservée pour cette création ; sa jeunesse, son charme, le timbre et la souplesse de sa voix contribuèrent au succès.

(Chassaigne de Neronde, Comœdia, 17 janvier 1921)

 

 

Mardi 10 mars 1925 de 20h45 à 22h sur Radio-Paris : radio-concert avec le concours de Marthe Rioton de l’Opéra-Comique, de Mme Bourgeois et de Mlle Louise Rioton : 1. Ouverture de Cosi fan tutte (Mozart) ; 2. Variations sur un thème (violon) (Corelli) ; 3. A) Vous pleurez en filant (Raoul de Laparra) ; b) la Belle est au jardin d’amour (Raoul de Laparra), chant : Mme Bourgeois ; 4. Valse romantique (Claude Debussy) orchestrée par H. Mouton ; 5. A) le Sacre (Albert Samain) ; b) l’Etoile (Alfred de Musset), poésies dites par Mlle Louise Rioton ; 6. Variations (flûte) (Schubert) ; 7. a) Air (Lully) ; b) Air de Don Juan (Mozart), chant : Mme Marthe Rioton ; 8. Rêverie (violoncelle) (Schumann) ; 9. Orphelines (Jules Massenet), chant : Mme Bourgeois ; 10. Interlude de Louise (Gustave Charpentier) ; 11. la Sérénade inutile (Brahms), chant : Mme Marthe Rioton ; 12. Divertissement (Edouard Lalo).

 

 

 

 

         

 

Marthe Rioton [photos Reutlinger]

 

 

 

Cinquantenaire de Louise à l'Opéra-Comique (28 février 1950).

Marthe Rioton a assisté, hier soir, avec sa petite fille Christiane — qui a hérité sa voix — à l’exécution dans les nouveaux décors d'Utrillo, de l'œuvre que jadis elle créa.

Blonde, frêle, délicate, Marthe Rioton, à 22 ans, fut la première Louise, une Louise d'une fraîcheur extraordinaire.

Sa voix exquise, sa diction impeccable l'avaient fait découvrir par Albert Carré au concours de chant du Conservatoire. L'audition avait eu lieu dans le plus grand secret en présence de Gustave Charpentier et de Messager qui dirigeait l'orchestre.

Son regard vif, son jeu dramatique avaient conquis les spectateurs. A chaque acte elle était une autre Louise, et le public la réclama longtemps après qu'elle eut abandonné le théâtre pour se marier, à l'imitation de... Louise.

Mais, contrairement à certains bruits fâcheux, Marthe tint le rôle de Louise pendant dix-huit mois. Elle ne s'interrompit quelque temps qu'à la vingtième représentation, à la suite d'une épidémie de grippe. Elle joua également, au cours de son court passage devant la rampe, la Basoche, Mireille et Haensel et Gretel.

Depuis, d'autres Louise lui ont succédé : Mazarin, Claire Friché, Suzanne Cesbron, Demeillet, Vallandri, Lamare, Edwina, Geneviève Vix, Marguerite Carré, Brunlet, Fanny Heldy, et j'en passe... Et il y en aura d'autres encore, car Louise sera éternellement chantée. Comme la jeunesse. Comme l'amour.

(Libération, 01 mars 1950)

 

 

 

 

 

au soir de la millième de Louise (23 juin 1956), François Agostini, directeur de l'Opéra-Comique, félicite Marthe Rioton, créatrice du rôle de Louise [revue l'Opéra de Paris n°13, 2e trim. 1956]

 

 

 

 

 

Encylopédie