Jean-Baptiste REY

 

Jean-Baptiste Rey, dessin de Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833)

 

 

Jean-Baptiste REY

 

chef d'orchestre et compositeur français

(paroisse Saint-Barthélémy de Lauzerte et Notre-Dame de Vaux, Lauzerte, Tarn-et-Garonne, 18 décembre 1734* – 37 rue des Martyrs, Paris ancien 2e [auj. 9e], 15 juillet 1810*)

 

Fils de Jacques REY dit LASSERRE, boucher, et de Jeanne Marie BARRIÉ, mariés à Lauzerte le 13 janvier 1719.

Frère de Louis Charles Joseph REY dit Joseph REY (Lauzerte, 26 octobre 1738 – 20 rue Neuve Saint-Roch, Paris ancien 2e, 12 mai 1811*), violoncelliste (voir ci-dessous) [épouse av. 1770 Jeanne Marguerite MASINEL (– av. 1811)].

Epoux de Marie PLISSONNEAU (Nantes, Loire-Inférieure [auj. Loire-Atlantique], vers 1757 – Paris ancien 2e, 26 mai 1815).

 

  

D'abord enfant de chœur, il obtint au concours, à dix-sept ans, la direction de la maîtrise à la cathédrale d’Auch. Après avoir dirigé avec succès la musique des théâtres de Toulouse, Montpellier, Marseille, Bordeaux et Nantes, il devint violoncelle puis chef d'orchestre (batteur de mesure) en 1776 à l'Académie royale de musique, d'abord adjoint de Louis Joseph Francœur, puis premier chef et directeur de la musique de 1781 à 1810 ; il dirigea l'exécution des chefs-d'œuvre de Gluck, Piccinni, Salieri, Sacchini et Spontini. Il dirigea aussi le Concert spirituel de 1781 à 1785. Il fut, à partir de 1782, survivancier de Cardonne à la direction de la musique de la chambre de Louis XVI. En 1792, la Révolution le prive de son poste. Il devient en revanche membre du conseil d’administration de l’Opéra et, en 1795, professeur d’harmonie au Conservatoire. Il se montre fidèle à Rameau et hostile au système de Catel. Mis à la retraite en 1802, il est nommé par Napoléon maître de la chapelle impériale en 1804. Il donna Apollon et Coronis (avec son frère Joseph, Opéra, 1781) ; l'ouverture d'Apollon et Daphné (1788) ; Diane et Endymion (1791) ; et les airs de danse de Tarare, opéra de Salieri, et ceux d’Œdipe à Colone, opéra de Sacchini. Enfin, il composa le troisième acte entier d'Arvire et Evelina, que son ami Antonio Sacchini en mourant avait laissé inachevé. Il ne doit pas être confondu avec un violoncelliste et théoricien du même nom, né à Tarascon vers 1760.

Il est décédé en 1810 à soixante-quinze ans.

 

Son frère, Joseph REY, fut violoncelliste. D'abord violoncelliste au théâtre de Montpellier, puis de Bordeaux, il entra en 1767 à l'orchestre de l'Opéra et, en 1772, dans la chapelle royale puis dans celle de Napoléon Ier. Il se retira de l’Opéra en 1806. Joseph Rey écrivit avec son frère le petit acte d'Apollon et Coronis (1781). Il se coupa la gorge dans un accès de délire.

 

 

 

œuvres lyriques

 

Apollon et Coronis, troisième entrée des Amours des Dieux, opéra-ballet, livret de Fuzelier, musique de Jean-Baptiste Rey et Joseph Rey (Opéra, 03 mai 1781)

Arvire et Evelina, tragédie lyrique en 3 actes, livret de Guillard, musique d'Antonio Sacchini, 3e acte achevé par Jean-Baptiste Rey (Opéra, 30 avril 1788)

Diane et Endymion, opéra en 2 actes (Opéra, 1791)

 

 

 

 

Il entra dans son enfance à l'abbaye de Saint-Sernin, en qualité d'enfant de chœur, et y apprit la musique. A l'âge de dix-sept ans, il obtint au concours la place de maître de chapelle de la cathédrale d'Auch. Des discussions qu'il eut avec le chapitre de cette église le firent renoncer à la maîtrise après trois ans, et il accepta la place de chef d'orchestre à l’Opéra de Toulouse. Jusqu'à l'âge de quarante ans, il remplit des fonctions semblables à Montpellier, Marseille, Bordeaux et Nantes. Il était dans celle dernière ville lorsque la renommée de son habileté dans la direction des orchestres le fit appeler à Paris, en 1776, pour régénérer celui de l'Opéra dans l’exécution des ouvrages de Gluck et de Piccinni. D'abord adjoint à Francœur, il lui succéda en 1781 dans la place de premier chef d'orchestre. Ces grands artistes trouvèrent en lui autant de fermeté que d'intelligence et de sentiment musical. Quelques motets exécutés dans la chapelle du roi avaient prouvé qu'il possédait aussi du savoir dans l’art d'écrire. En 1779, Louis XVI le nomma maître de la musique de sa chambre, lui accorda une pension de 2,000 francs, et lui fit promettre une des places de surintendant de sa chapelle avec la décoration de l'ordre de Saint-Michel. Les événements de la révolution française enlevèrent à la fois à Rey ses avantages et ses espérances. Après le mois d'août 1792, on le choisit pour être un des membres du comité d'administration de l'Opéra, et le décret qui organisa définitivement le Conservatoire de musique de Paris, le désigna comme un des professeurs d'harmonie de cette école. Quelques années après j'y devins son élève, et j'apprit de lui cette science d'après les principes de Rameau, les seuls qu'il connût et qu'il voulût admettre. Dans la discussion relative au système de Catel, en 1800, il s'en montra un des plus ardents adversaires, et cette circonstance, réunie a l'attachement qu'il témoigna à Lesueur dans ses querelles avec le Conservatoire, le fit exclure de cet établissement en 1802. Sa nomination de maître de la chapelle de Napoléon, en 1804, le consola de cette disgrâce. Le sort heureux dont il jouissait fut troublé, en 1809, par la mort de sa fille, jeune personne qui possédait un beau talent sur le piano. La douleur dont il fut saisi par cet événement le conduisit au tombeau, le 15 juillet 1810, à l'âge de soixante-seize ans. Il avait dirigé l'orchestre de l'Opéra pendant plus de trente ans avec une habileté dont il n'y avait point eu d'exemple en France avant lui. Depuis 1781 jusqu'à 1785 il avait aussi dirigé celui du Concert spirituel. Les compositions de ce digne artiste sont : 1° Apollon et Coronis, opéra en un acte, représenté à l’Académie royale de musique, en 1781. — 2° Tous les airs de danse de Tarare, opéra de Salieri, ibid., 1787. — 3° Ouverture d'Apollon et Daphné, 1787. — 4° Le troisième acte d'Arvire et Evelina, opéra que Sacchini avait laissé inachevé. Ce célèbre compositeur avait désigné Rey, son ami, pour terminer son ouvrage, qui fut représenté en 1788. — 5° Les airs de danse d'Œdipe à Colone, opéra de Sacchini, en 1787. — 6° Diane et Endymion, en deux actes, à l'Opéra, 1791. Rey a laissé en manuscrit deux messes solennelles avec orchestre, et plusieurs motets exécutés dans la chapelle au roi. On trouve quelques solfèges de sa composition dans la troisième partie des solfèges du Conservatoire de Paris.

— Louis Charles Joseph REY, son frère, fit ses études musicales, comme lui, à l'abbaye de Saint-Sernin, et entra comme violoncelliste au théâtre de Montpellier, à l'âge de seize ans. En 1755 il se rendit à Paris, pour y prendre des leçons de Bertaut. Après deux années de séjour en cette ville, il accepta une place de violoncelliste au théâtre de Bordeaux, et en remplit les fonctions pendant neuf ans. De retour à Paris vers la fin de 1766, il entra à l'orchestre de l'Opéra l'année suivante, et fut admis dans la chapelle du roi en 1772. Retiré de l'Opéra à la fin de 1806 avec la pension, après un service de quarante ans, il se coupa la gorge avec un rasoir dans un accès de fièvre nerveuse, et mourut à Paris, le 12 mai 1811. Rey eut quelque part dans l'opéra de son frère, Apollon et Coronis. Il a fait graver de sa composition : 1° Trios pour 2 violons et violoncelle ; Paris, Cousineau. — 2° Airs variés pour violon et violoncelle ; Paris, Sieber. — 3° Duos pour 2 violoncelles, liv. 1 et 2 ; Paris, Bailleux. Papillon de Laferté, intendant des menus-plaisirs du roi, ayant exprimé dans une brochure son mécontentement des difficultés que les artistes du théâtre et de l’orchestre lui faisaient éprouver dans l’administration de l'Opéra, Rey y fit une réponse intitulée : Mémoire justificatif des artistes de l'Académie royale de musique, ou réponse à la lettre qui leur a été adressée le 4 septembre 1789 ; Paris, 1789, in-8.

(François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, 1866-1868)

 

 

 

 

 

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