Armand NUMÈS

 

 

 

Armand Juda NUNÈS dit Armand NUMÈS

 

comédien et auteur dramatique français

(2 rue Breda, Paris ancien 9e, 07 juillet 1857* – Asnières [auj. Asnières-sur-Seine], Seine [auj. Hauts-de-Seine], 02 mai 1933*)

 

Fils de Juda Jules NUNÈS (Bordeaux, Gironde, 30 juin 1816 –), courtier de change, et de Rebecca Amélie Michel LÉON (Bordeaux, 18 janvier 1830 –), mariés à Bordeaux le 17 avril 1845*.

Frère de Léon Samuel NUNÈS (8 rue Papillon, Paris ancien 2e, 06 mars 1855* 1911), directeur de salles de spectacles et auteur de nombreuses revues.

Epouse 1. Jeanne Louise MOISSETTE (– av. 1918).

Epouse 2. à Asnières-sur-Seine le 15 octobre 1918* Sophie GILLMING (Mulhouse, Alsace-Lorraine [auj. Haut-Rhin], 14 mai 1872* – 6 avenue Casimir, Asnières, 02 juillet 1952*).

Père d'André NUNÈS (1897 – ap. 1952), artiste dramatique.

 

 

Elève de Bressant et de Delaunay au Conservatoire de Paris (où il n'obtint pas de récompense), il débuta au théâtre Saint-Laurent (rue de la Fidélité), dans l'Amour qué'qu' c'est qu' ça : rôle d'un paysan muet (septembre 1872). Il quitta ce théâtre en 1874 et passa ensuite à Beaumarchais (1874-1875), à l'Athénée (1875-1877), au Palais-Royal (1877-1882), à la Gaîté (1882-1883), au Gymnase (1883). Il a créé Madame Agnès ; l'Art de tromper les femmes ; Mon oncle Barbassou ; Famille ; Pension de famille ; etc. Il a repris la Jolie Parfumeuse (la Cocardière) à la Renaissance en 1892 et fait une tournée en Amérique en 1895. Il a également tourné dans plusieurs films muets et parlants. En tant qu'auteur, il a collaboré aux journaux des Quat'z'arts et du Chat-Noir, et a fait représenter au théâtre une quantité de comédies, opérettes, vaudevilles et revues. On lui doit également des chansons. Il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur le 15 janvier 1928.

En 1895, il habitait 6 avenue Casimir à Asnières, où il est décédé en 1933 à soixante-quinze ans.

 

 

 

livrets

 

Atchi !, bouffonnerie musicale en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de Frédéric Barbier (Eldorado, 1880) => fiche technique

Boum ! servez chaud !, opérette un acte, avec Hermil (dit Milher), musique d'A. de Villebichot (Eldorado, 1882)

Mon p'tit oncle, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de Charles Thony (Eldorado, 1882)

Ma vieille branche, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique d'Edouard Deransart (Alcazar d'hiver, 1882)

la Fièvre phylloxérique, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher)et Paul Meyan, musique de Frantz Liouville (1882)

Politique en ménage, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de Charles Thony (Dijon, 1883)

Soupirs du cœur, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de Paul Meyan (Eldorado, 1883)

le Nègre de la Porte Saint-Denis, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de L.-C. Desormes (Eldorado, 1883)

Malbrough, opérette en 3 actes, avec Hermil (dit Milher), musique d'Edouard Deransart (Bougival, juin 1884)

l'Ecole de Tatété-les-Nèfles, vaudeville en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de Charles Thony (Eden-Concert, 1885)

Suzette, Suzanne et Suzon, opérette en 1 acte, avec Hermil (dit Milher), musique de Tac-Coen (Eden-Concert, 1885)

l'Etudiant pauvre, opérette en 3 actes, version française avec Hermil (dit Milher), musique de Carl Millöcker (Menus-Plaisirs, 18 janvier 1889)

Déjazet Revue, revue, avec Henry Buguet, musique de Bonnamy (théâtre Déjazet, 22 décembre 1895)

 

 

 

 

Un accapareur : non content de jouer des pièces, il en fait ! Accordons-lui qu'il les joue bien et qu'il les fait bonnes. Dire la quantité de vaudevilles, opérettes et revues sorties de sa collaboration avec Milher, serait citer une grande partie des succès du Palais-Royal, des Variétés, des Menus-Plaisirs, de Cluny, de l'Eldorado, de la Cigale, de l’Eden Concert, etc. Habite Asnières dans une modeste villa, entouré de ses chiens, de ses chats et de ses oiseaux. Aucune autre ambition que de continuer sa vie comme il l’a commencée, en faisant alterner les succès de l'auteur avec les triomphes du comédien. N'est même pas officier d'Académie, chante faux et est de première force au loto.

Bicycliste enragé, il prétend détenir le record du tour de Dailly en 4 minutes 9 secondes 5 dixièmes. Mais nous attendons, avant de rien affirmer, l'homologation de l'U. V. F.

(le Photo-Programme, 1895)

 

 

 

 

 

 

 

 

D'abord employé de commerce, sous-caissier dans une maison de commission de la rue Martel, il n'avait pas tardé à suivre sa vocation et à entrer au Conservatoire comme élève de Bressant et de Delaunay. Il en était sorti sans récompense ; mais que lui importait ? N'avait-il pas déjà reçu la consécration du public, ayant débuté dès septembre 1872 — à quinze ans ! — au théâtre Saint-Laurent de la rue de la Fidélité, dans un rôle de paysan muet, il est vrai, mais dans le fameux vaudeville de Lambert-Thiboust, Delacour et Clairville : l'Amour, qué qu' c'est qu' ça ! Engagé au théâtre Beaumarchais, en 1874, pour y jouer la revue et le drame, puis à l'Athénée en 1875, il y était encore au moment où il quittait le Conservatoire.

 

Il ajoute un jambage à l'n de son nom pour se distinguer de son frère Léon Nunès, le revuiste. Il entre à vingt ans au Palais-Royal, où, pendant cinq ans, de 1877 à 1882, il va interpréter de nombreuses pièces, créer de nombreux rôles, notamment dans Divorçons et le Mari à Babeth. Il possède déjà toutes les ressources de son métier lorsque. après un séjour d'un an à la Gaîté, il entre au Gymnase en 1883 et y joue tour à tour Madame Agnès, l'Art de tromper les femmes, Mon oncle Barbassou, Pension de famille, le rôle de Boisaufray dans Disparu, le rôle de Gomery dans Villa Gaby en 1896, Rosine, les Trois filles de M. Dupont, les Transatlantiques en 1898, l'Aînée, l'Amorceur, etc. Puis c'est au Vaudeville qu'il crée le rôle de Blandain dans Viveurs, celui de Choulette dans le Lys rouge, celui de Louis XVIII dans Madame de La Valette, et qu'il interprète la Robe rouge, Sylvie, le Bon juge. C'est au Théâtre-Antoine que pendant la saison 1902-1903 il joue Boule de suif, Sainte-Hélène, les Tabliers blancs ; et encore au Gymnase qu'il ajoute à ses créations précédentes l'Epave, le Retour de Jérusalem en 1903 et le Friquet en 1904. A cette époque, il a déjà donné toute la mesure de son talent de comédien charmant, au jeu personnel, pouvant tenir tous les emplois et exceller dans chacun d'eux, sachant dessiner ses personnages, apportant à ses moindres créations de rares qualités d'analyse et de composition.

 

On ne peut songer à relever en détail toutes les étapes de sa carrière, extrêmement active et qui n'eut guère d'interruption ; en voici seulement quelques-unes : au Palais-Royal, une Revue, puis le Fils à papa ; aux Bouffes-Parisiens, Papillon ; à l'Odéon, les Corbeaux ; aux Variétés, le Roi en 1908, les Midinettes en 1911, le Bonheur sous la main et l'Habit vert en 1912. Entre temps, il a fait deux saisons au théâtre Michel, à Saint-Pétersbourg.

 

Au lendemain de la déclaration de guerre, après avoir fait une tournée en Amérique avec Lucien Guitry, il joue avec lui à la Gaîté, en 1916, dans Miette, la Châtelaine, Servir, Crainquebille. En 1917, il interprète Monsieur Chose à la Porte-Saint-Martin, il rejoue le Feu du voisin au théâtre Edouard-VII et Ma tante d'Honfleur à l'Ambigu. En 1918, il joue la Folle nuit et la Petite bonne d'Abraham au théâtre Edouard-VII. Après avoir créé en 1918 Notre image au théâtre Réjane et repris Kiki en 1919 au théâtre Edouard-VII, il joue à Fémina Ma femme et son mari, Rafles, et est engagé au Gymnase pour interpréter la Rafale en 1920, le Scandale et Amants en 1921, Barbe-Blonde en 1922.

 

Comme on le voit, sa carrière de comédien fut bien remplie. Il n'en mena pas moins en même temps une autre carrière d'auteur gai, extrêmement féconde en vaudevilles, comédies et revues. Il poussa le vaudeville à grand spectacle et l'opérette jusqu'en Egypte, au Caire, avec l'Egypte moderne, musique de Verney. L'une de ses comédies, Salmigondis, au Palais-Royal ; une autre, Un hanneton, aux Bouffes-du-Nord, eurent grand succès. Depuis l'année 1876, soit seul, soit en collaboration avec Milher, il alimenta les cafés-concerts d'un nombre incalculable de revues de fin d'année, composant avec Darcier chansons sur chansons. Citons, parmi tant d'autres, les Tripatouillages de l'année, revue de fin d'année 1888, au théâtre Cluny ; les Petits Mystères de l'exposition, Au deuxième sur la Tour (1889) ; Ohé ! Buffalo (1890) ; Paris instantané, revue de fin d'année 1890, au théâtre Cluny, pleine de trouvailles amusantes ; l'Année franco-russe (1891) ; les Cambrioles de l'année (février 1893) ; Déjazet-Revue... de fin d'année 1895, etc., etc. Impossible d'établir la liste complète de toutes ses revues et fantaisies. Citons pourtant encore, au théâtre Cluny, les Quatre Coins de Paris, vaudeville d'Albert Barré et Numès, en 1900 ; et, au Grand-Guignol, Casino, hôtel, jeux, etc., pièce en collaboration avec Hugues Delorme, en 1904. Humoriste d'une fantaisie débordante et pleine d'imprévu, Armand Numès était également un poète adroit et excellait dans le quatrain.

 

Cet artiste de talent était aussi un homme affable, toujours prêt à venir en aide à ses camarades malheureux. Il avait fondé avec Adrien Bernheim, commissaire général des beaux-arts près des théâtres subventionnés, l'œuvre des « Trente ans de théâtre ». Toutes ces qualités de cœur et d'esprit méritaient bien la croix de chevalier de la Légion d'honneur qu'il recevait en 1928, à la fin d'une longue et féconde carrière d'excellent comédien et d'amusant auteur dramatique. Armand Numès est mort le 2 mai dernier, dans sa soixante-seizième année.

 

(Jean Monval, Larousse Mensuel Illustré, novembre 1933)

 

 

 

 

 

 

 

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